Corvus Salverac

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Gamemaster7
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Corvus Salverac

Message par Gamemaster7 » mar. 9 déc. 2025 10:35

Présentation
Corvus Salverac

Image
« Le froid ne m’a jamais tué. Ce sont les hommes qui s’en sont chargés. »



Âge : 35 ans
Race et ethnie : Humain Kendran
Traits raciaux :
  • Escalade : Le personnage est capable d'escalader des murs, des surfaces rigides, même celles où les prises sont rares (Exemple : mur de briques fines, écorce d'arbre irrégulières mais solides,...)
  • Pistage : Par sa capacité d'observation, le personnage est capable de repérer les petits détails nécessaires au suivi de traces dans tous types de milieux.

Description physique et de la personnalité :

Corvus est un homme, un Kendran on-ne-peut-plus classique dans la trentaine, originaire d’une petite bourgade à proximité de Kendra-Kâr. Par son origine sudiste et ses nombreuses péripéties aux quatre coins de Nirtim, sa peau est d’une teinte hâlée, ce qui complète assez bien sa chevelure brune et ses yeux verts. Haut d’environ un mètre quatre-vingts, il était autrefois l’archétype du soldat par excellence. Par sa vie mouvementée, passée majoritairement dehors au bon ou mauvais gré de la météo, Corvus avait une carrure plutôt bâtie sans être pour autant une brute épaisse. Cependant, par suite des évènements l’ayant conduit à écouler des années au bagne, Corvus a vu son corps s’affaiblir. Pendant longtemps il n’a été que l’ombre de lui-même, maigre et malade, portant un coup destructeur à sa santé de cheval d’antan.

Aujourd’hui bien qu’il se soit échappé du cachot, il n’a pas encore su retrouver le même gabarit qu’autrefois. Son allure actuelle occulte ce qu’il fut : un soldat droit, dont la seule posture inspirait le respect. Aujourd’hui, la route l’a reconstruit… mais sans lui rendre son éclat. Il en dégage de lui l’image d’un renégat, au corps balafré et à l’ombre de barbe mal rasée.

D’un point de vue psychologique, on peut distinguer très clairement plusieurs Corvus. Celui d’avant son entrée dans l’armée Kendrane, vagabond et voyou des rues. Ensuite celui du soldat émérite, étoile montante et fidèle membre de la garde royale. Enfin, le Corvus d’aujourd’hui à savoir le maraudeur, le prisonnier en fuite, gagnant son pain au fil des petits boulots sales qu’il peut dénicher et – surtout – des larcins. C’est un homme dont la morale a la couleur neutre, aussi grise que les pierres constituant son ancienne prison. Ni héros, ni brigand par choix. Le destin lui impose son rythme de vie. Corvus ne fait jamais le bon choix, il fait le nécessaire. C’est dans sa nature de s’adapter et survivre comme il le peut, donc il n’hésitera pas à accepter de tuer pour de l’argent. Mais n’étant pas un sale type, il s’interdira d’ôter la vie d’autrui si la personne ne l’a pas mérité, du moins selon ses propres codes moraux.

La dureté de la vie de fugitif, ses années passées sous les verrous et la trahison sans précédent dont il a été victime lui ont donné un caractère froid et la plupart du temps peu empathique. Cependant il reste quelqu’un de pragmatique, tâchant de rester fidèle à ses codes et aux (peu) de personnes envers qui il a encore confiance. Corvus – le soldat – était quelqu’un de sûr de lui, fier et loyal. Mais la personne qu’il est aujourd’hui a déformé ces traits pour le rendre plutôt paranoïaque, craignant toujours qu’on le retrouve. Sous la carapace du bandit des grandes routes, Corvus demeure néanmoins un homme d’honneur à la moralité certes endormie, mais toujours présente au fond de lui.

Corvus ne croit plus vraiment en autrui, et n’a que l’ombre de sa compassion d’autrefois. L’amour de sa mère – bien que sporadique, le sentiment de fratrie durant ses belles années à l’armée, l’honneur et les grâces de la garde royale lui ont donné qualités et vertus. Mais son enfance difficile en tant que voyou, la dureté de l’armée et la trahison de son ancien mentor ont corrompu ses idéaux et ont plongé ses bonnes valeurs dans un profond sommeil.

Il ne croit plus en l’Homme, il ne croit plus en lui …
Mais peut-être le destin a jugé qu’il est à nouveau temps de croire ?

Biographie générale :

An 8 – Le froid de la pierre n’aidait guère à reposer sa tête ni sa nuque. D’autant que les flocons de neige tombaient dans sa cellule, s’infiltrant de par la petite lucarne carrée et barrée d’épais fers. Il grelottait, tremblait, le froid était si mordant et saisissant. Pourtant il aurait dû s’y habituer, lui qui, chaque hiver, depuis déjà quatre hivers, subissait le même supplice encore et encore. Malgré les tremblements, il ne criait pas. Il avait appris très tôt qu’endurer sans se plaindre était parfois la seule arme des faibles.

Il tentait tant bien que mal de trouver le sommeil, ce soir-là. C’était toujours plus difficile pendant la rude période hivernale, le froid et la neige rendant périlleuse toute tentative de trouver le moindre apaisement. Cependant, l’apaisement, il ne l’avait jamais réellement connu, et ce depuis tant d’années. La neige, au fond, ne faisait que rajouter de l’inconfort physique. Le problème était ailleurs. Dans son esprit, où des démons le tourmentaient de jour comme de nuit. Alors, pour tenter de les faire fuir, il employait différents stratagèmes. Parfois, c’était faire le vide dans sa tête ; parfois il s’éprenait d’un sursaut téméraire et tentait de les affronter, tel un preux chevalier prêt à occire la créature pour délivrer son royaume du mal.

En vain. Ce soir-là, il tenta l’approche par les souvenirs. Se remémorer était quelque chose qu’il tentait constamment de faire, par peur de perdre ses souvenirs, voire son âme. Il fallait qu’il se souvienne de qui il était. De ce qu’il fut, autrefois. De sa gloire d’antan, de ses amis… de ses ennemis. De ceux qui l’avaient condamné à l’enfer sans feu. À une sentence pire que la mort : l’oubli, le déshonneur et la honte. La résignation lui aurait été si simple ; pourtant il s’y refusait, comme si un feu, bien qu’affaibli, refusait de mourir au fond de lui. Corvus, alors, se remémorait sa vie. Il se revoyait enfant, courir autour de sa mère et l’entendre tantôt rire, tantôt lui dire d’arrêter de courir partout car, sinon, il risquait de tomber et de se faire mal. Un souvenir on ne peut plus banal, mais ô combien chaleureux, au point de lui faire oublier, le temps d’une pensée, ce froid qui lui entaillait la peau telle une lame.

Sa mère. Deliah. Chaque fois qu’il s’autorisait à croire qu’il avait agi pour le mieux, une brûlure lui remontait dans la poitrine – la sensation précise d’avoir trahi un innocent. Dans ce royaume, le déshonneur ne s’arrêtait jamais à la porte d’un homme : il coulait jusqu’aux siens. Deliah en fit les frais. Elle fut couverte d’opprobre et porta, malgré elle, l’écho du scandale qui avait fauché son fils. Toutefois leur histoire était complexe et semblait si lointaine. Le manque de tendresse envers sa mère n’avait d’égal que le manque d’affection de Deliah envers lui. Avec le recul, le prisonnier aux marques de fer rouge avait la conviction qu’elle avait fait au mieux. Les longs hivers à l’isolement lui avaient conféré la sagesse de tout lui pardonner. Deliah, seule – leur lâche de père les ayant abandonnés avant même sa naissance – dépassée et à bout, n’avait ni richesse ni temps à lui offrir, mais elle s’efforçait de transmettre à son fils ce qu’elle possédait : la dignité, même dans la détresse. « On peut être pauvre, mais pas honteux. », répétait-elle parfois. Ironique, pensait Corvus, se retrouvant désormais pauvre et honteux.

Hélas, rien n’empêcha Corvus de glisser vers la rue. Il y devint l’un de ces gosses faméliques qui traînent dans les venelles, à moitié ombre, à moitié menace. C’est là qu’il rencontra ses premiers compagnons – si tant est que ce mot convienne. Une bande de gamins perdus, bravaches et brutaux, qui lui offrirent l’illusion d’un foyer tout en l’entraînant, peu à peu, sur des chemins plus sombres. Dans cette bande, il n’était ni le plus fort ni le plus violent, mais c’était bien souvent lui qui s’interposait quand un plus jeune se faisait malmener. Combien de coups cela lui avait valu… mais la récompense, celle de se faire respecter par ses pairs, lui fit gagner au change.

Ce train de vie le dévora peu à peu, à son insu, et ce ne fut que bien trop tard qu’il s’en mordit les doigts. La faute qui scella son destin survint un après-midi d’apparence banale : un vol à l’étalage, comme il en commettait cent. Mais cette fois, le marchand résista ; la dispute dégénéra, et le sang coula. Quand la milice surgit au détour de la ruelle, la bande s’était déjà évanouie, fuyant en tous sens comme une volée d’oiseaux affolés, laissant Corvus seul au milieu du tumulte. C’est là qu’il comprit, pour la première fois, ce qu’était la trahison – la vraie, nue et brutale.

Quelques instants plus tard, il était jeté dans les geôles de Kendra Kâr.
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An 10 – Corvus, qui avait perdu la notion du temps depuis six hivers, parvenait pourtant à sentir l’anormale froideur de celui-ci. Le froid était plus lourd, plus mordant cette année. Son souffle heurtait la pierre et y déposait une fine pellicule de givre. Quand la lassitude de ses souvenirs devenait trop lourde, il s’efforçait de maintenir ce qu’il lui restait d’adresse. Il ramassait quelques cailloux au sol, les pesait dans sa paume, puis les lançait vers les barreaux de sa lucarne. Toujours au même angle, toujours avec cette précision qui autrefois faisait sa fierté : frapper le fer de manière à ce que la pierre revienne vers lui, presque docile, comme un chien fidèle.

Mais les années l’avaient affaibli. De moins en moins souvent les cailloux rebondissaient comme il le voulait. De moins en moins souvent il les attrapait au vol. Il le savait : même ce geste, le plus simple, le plus intime… lui échappait peu à peu. Il n’était vraiment plus que l’ombre de lui-même.

Souvent arraché à ses pensées au travers des beuglements incessants des miliciens gardant les cellules, le prisonnier était arrivé à glaner quelques bribes d’informations au sujet de la guerre qui faisait actuellement rage sur le continent. Ces dix dernières années avaient été particulièrement dures et éprouvantes pour un militaire comme lui. Le retour apocalyptique d’Oaxaca, son sinistre triomphe sur Omyre grâce au Dragon Noir…

Chaque parole, chaque bribe d’information qui parvenait à ses oreilles avait l’effet d’un coup de poing dans les tripes. Corvus était ravagé par un incurable sentiment de culpabilité alors qu’il pourrissait dans sa cellule sans avoir l’honneur de défendre son royaume et son roi. C’était une sensation horrifique, malsaine et destructrice, qui lui faisait cogner sa tête contre les barreaux de son cachot miteux. Sa place était aux côtés de ses frères d’armes, à combattre et à défendre ce peuple qui autrefois le respectait et l’avait élevé au rang de héros. Comment tout cela a-t-il pu se produire ? Souvent, Corvus repassait en boucle toutes les années qui avaient suivi son entrée à la milice, après qu’il fut contraint d’y entrer pour purger une peine. Celle d’avoir blessé gravement un marchand durant un idiot vol à l’étalage.

Le garçon était encore très jeune, à peine adolescent. Il fit son entrée à la milice par le bas comme beaucoup de monde. À l’aube d’une glorieuse carrière, Corvus ne partait nullement favori alors qu’il n’était qu’un laquais de la milice Kendrane. On accabla la jeune recrue de tâches ingrates et peu valorisantes, dans le but de mener la vie dure à un ancien voyou des rues. Contraint par les évènements et n’étant pas de nature particulièrement rebelle, Corvus se plia. Cependant il demeurait en lui une certaine fierté. Durant ses services, il se remémorait encore sa mère et son “dira-t-on” au sujet de la pauvreté et la honte. À ces instants, Corvus était pauvre mais pas honteux. Il commençait à comprendre la réelle signification de cette phrase.

La trahison de sa bande avait laissé une marque indélébile sur son être, qui le poussait à œuvrer d’arrache-pied pour ne plus jamais retomber dans une pareille situation. La vie n’allait pas lui faire de cadeau, et il n’en tenait qu’à lui de travailler sur lui-même et sur ce qu’il faisait pour la rendre meilleure. Plus que jamais après cet incident, Corvus désirait rendre fière Deliah afin d’effacer la déception qu’elle avait vécue il y a peu. Il ne pouvait résolument se faire à l’idée que la seule récompense que sa mère puisse avoir, malgré leur relation tendue, soit un fils dont l’avis de recherche serait affiché aux portes des casernes et des tavernes aux quatre coins de Nirtim.

Les grains de sable s’écoulèrent dans le grand sablier du temps et il s’avéra que Corvus était né pour ce métier. La milice, avec toute sa rigueur et sa dureté, lui inculqua discipline et honneur, ainsi que le sens de la fraternité. Des repères cardinaux pour le jeune garçon qui tâchait d’accomplir son devoir du mieux qu’il pouvait, résolument décidé à devenir la meilleure personne qu’il pouvait. Protéger la veuve et l’orphelin, voilà une vocation noble, pensait-il souvent pour se redonner de l’entrain. La vie était dure, les entraînements lourds et les supérieurs tous aussi hautains les uns que les autres. Tous… sauf un. Un seul homme parvenait à se démarquer des autres aux yeux de Corvus.

« Richard… Hache-courte… Non… Richard… d’Hallecourt. » Tel était son nom à lui. Cet homme, ce soldat au grade d’instructeur jadis. Le seul officier qui semblait ne pas être un parfait petit tortionnaire se complaisant à écraser les strates inférieures de la milice, dans le seul but de flatter son ego. Du moins aux yeux de Corvus. L’attitude exemplaire et résiliente du jeune garçon finit par attirer l’attention de Richard. Un ordre de mission par-ci, un entraînement réussi par-là, et les deux miliciens finirent par bien s’entendre. Bien entendu, la dureté milicienne était toujours de mise mais une forme de respect, d’admiration mutuelle s’était formée après de longs mois, voire années, entre les deux protagonistes. Corvus, malgré la profonde haine ayant remplacé l’admiration d’antan, se souvenait toujours d’un de ces moments comme si c’était hier.

[« Tu es tombé parce qu’on t’a laissé tomber. », lança l’instructeur à la jeune recrue au sol. Un exercice de mouvement groupé et une seule erreur de coordination avait suffi à Corvus pour se faire brusquement pousser et mettre à terre, sans que personne ne s’arrête pour l’aider à se relever. Richard, à la vue de la scène, avait eu du mal à retenir un froncement de sourcil. Les autres recrues, qui le fixaient en retour d’un air hagard, ne comprenaient pas la déception de l’instructeur d’Hallecourt. Il croisa les bras, s’exclamant dès lors qu’un soldat à terre ne doit jamais être laissé derrière. Ce n’était pas l’esprit de la milice Kendrane.

Il décida alors de montrer l’exemple et s’approcha de Corvus, se pencha et lui tendit une main. Il parla d’une voix un peu plus basse et posée, de manière à ce que seul Corvus puisse l’entendre. « Retiens ceci, mon garçon : ce n’est pas la chute qui compte, mais ceux qui ne te relèvent pas. » déclara-t-il, marquant une pause. Pendant que la recrue Salverac se releva en ayant fermement saisi la poignée solide de son instructeur, celui-ci le perça de son regard sévère mais droit.

« Un soldat seul est un soldat mort. Trouve ceux qui te relèveront.
Et sois celui qui relève les autres.
C’est ainsi qu’on devient un homme de confiance. »

Plus personne n’osa parler.
Pour les recrues, c’était une réprimande.
Pour Corvus, c’était une leçon de vie – peut-être la première qu’on ne lui avait jamais adressée.
Et ces mots, lourds comme un serment, s’ancrèrent immédiatement en lui.
]

Richard, aux yeux du jeune Corvus, était plus qu’un instructeur. Son sens du devoir et sa morale droite firent miroiter à Corvus le rôle d’un mentor. C’était ainsi qu’il avait fini par le percevoir. La jeune recrue pensait avoir trouvé le modèle à suivre. Pendant de très longues années, tout semblait indiquer que Richard était effectivement un bon mentor. Alors que l’instructeur prenait du galon et que Corvus tâchait d’être un parfait soldat, les deux hommes ne cessèrent jamais d’entretenir cette relation maître/apprenti.

Pourtant, l’ordre des choses se mit subtilement à chanceler. Richard fut élevé au rang prestigieux de capitaine de la garde royale. Corps prestigieux, rarement envoyé sur le front, mais chargé d’une mission autrement cruciale : protéger la famille royale. Un poste tantôt militaire et tantôt politique, car proche des élites du royaume. Corvus, naturellement, fut heureux d’apprendre la nouvelle et ne pouvait qu’être fier de son mentor. Richard lui fit la promesse qu’un jour, si Corvus persistait et travaillait d’arrache-pied, il pourrait lui aussi intégrer la garde royale. Le maître et l’apprenti, l’un chef et l’autre sous-chef. Le tableau semblait parfait… mais Richard n’avait jamais eu l’intention d’y faire entrer Corvus.

Pourquoi le voudrait-il après tout ? Corvus, bien que jeune et pas assez expérimenté, avait d’ores et déjà un esprit vif, ainsi qu’un sens du devoir hors norme. Ce qu’il ne possédait pas en expérience, il le compensait par ses autres atouts. À titre d’exemple, l’on pourrait citer sa formidable capacité à pister et trouver des informations en tout genre. Corvus fut, autrefois, un enfant des rues. Bien que ce monde semblât derrière lui, il avait tout de même gardé certains liens et contacts. Bien vu dans les bas-fonds, Corvus était respecté parce qu’il avait partagé la misère de ces gens – il était l’un des leurs. Ainsi, Corvus mettait à contribution ce monde sous forme de réseau d’informateurs. Une pièce glissée, un service rendu… et il apprenait aussitôt qui entrait ou sortait des ruelles. Du moins certains d’entre eux.

Il avait l’oreille des ruelles, et les murmures venaient à lui. Il avait déjà réussi à déjouer une opération clandestine – certes petite – portant sur du trafic d’équipement militaire. Enquêter ainsi n’était pas dans ses prérogatives mais il aimait faire cela. C’était son atout. Il agissait en secret : quiconque fréquentait les bas-fonds risquait la disgrâce… voire pire. Cela lui valut une opportunité inespérée un jour.

Tout commença alors que Corvus remarquait que plusieurs guildes criminelles de Kendra Kâr semblaient redoubler d’activité. Larcins et trafic en tout genre, ainsi que crimes. Là où d’autres miliciens n’y auraient vu que la routine, Corvus fit croiser ces évènements avec les bribes d’informations qu’il avait pu collecter auprès de ses différents informateurs – la plupart étant des gosses de rue ou des maraudeurs traînant dans les milieux les plus sales de la ville. Le résultat de ce croisement ne laissait place à aucun doute : quelque chose de terrible se préparait à la capitale. Corvus pensait que ces guildes étaient soit en train de faire diversion en occupant la milice sur des affaires mineures mais très nombreuses, soit qu’elles s’armaient et se préparaient. Dans les deux cas, son intuition le confortait dans l’idée que quelque chose se tramait.

Dès lors, Corvus décida d’enquêter pour de bon. Il prit de grands risques à retourner dans son ancien monde. Il le faisait la nuit, à l’abri des regards, afin de n’éveiller aucun soupçon et surtout de ne pas se faire reconnaître. Il tenta d’avertir Richard… mais sans preuve, celui-ci se contenta d’un hochement de tête prudent — et n’alla pas plus loin. Durant son enquête, Corvus put apprendre qu’un homme dont personne ne connaissait le nom avait commandité l’une des guildes criminelles pullulant à Kendra Kâr. Dans quel but ? Il finit par l’apprendre après de longs mois de pistage, de croisement d’informations et d’enquête illégale.

Un attentat sur la famille royale allait avoir lieu. La princesse Satina était visée. Corvus avait pu estimer que cela allait avoir lieu lors d’un évènement officiel au temple de Gaïa. Bien entendu, à la suite de telles affirmations, Richard n’avait eu d’autre choix que de prendre certaines mesures et avait augmenté le niveau de sécurité. L’inquiétude se lisait sur le visage de Richard. Bien qu’il félicitât Corvus pour son zèle, il décida de ne pas le poster directement à l’intérieur du temple. Il lui fallait plus de gardes, plus de patrouilles et de surveillance à l’extérieur. C’était son rôle en tant que chef de la garde royale d’assurer que la vie des élus serait sauve.

Pour Corvus, l’ordre de mission était logique et de toute façon, il n’aurait pas pu le remettre en question. Hélas, tout ne se passa pas comme prévu. Le jour arrivé, Corvus était bel et bien posté à l’extérieur du temple, à l’est, surveillant les allées et venues. Les élites royales étaient déjà à l’abri à l’intérieur du temple, signifiant donc que toute intrusion serait forcément détectée aux entrées. Dans la foule à l’est du temple se trouvait de toutes sortes de gens, y compris des enfants, notamment l’un de ces gamins qu’on payait pour faire le guetteur. Corvus en avait payé plus d’un pour des informations et il s’avérait que l’un d’eux était ici. Surpris de voir le gamin ici, Corvus tenta discrètement d’aller lui parler. Ce que lui révéla le marmot lui glaça le sang : on l’avait payé pour qu’il livre une boîte à l’intérieur du temple. À ce moment-là, le milicien comprit que l’attentat n’allait pas avoir lieu à l’extérieur, là où c’était le plus logique. Il allait avoir lieu à l’intérieur même du temple… signifiant donc qu’il n’était pas au bon endroit. Est-ce que Richard savait cela ? Corvus chassa rapidement cette idée saugrenue de sa tête. Il était impossible qu’on lui eût donné l’ordre de rester délibérément loin.

Mais pour que le tueur puisse agir de l’intérieur du temple, cela sous-entendait qu’il y avait forcément une taupe au sein des miliciens qui aurait pu le faire entrer. À force, Corvus pensait devenir paranoïaque mais ce fut son sens du devoir qui le rappela à l’ordre. Alors, il tâcha de se faire remplacer par un camarade à son poste puis quitta son emplacement, tâchant de rentrer dans l’enceinte du temple par l’est, où rapidement, en se frayant un chemin dans la foule, il put observer la scène. La princesse Satina et le roi Solennel, tous deux présents au centre. La foule les entourait mais il y avait des gardes autant autour qu’à l’intérieur même de la foule. Ne voyant guère d’indice pouvant lui faire deviner si le tueur était là ou non, il prit de la hauteur en gagnant les balcons supérieurs.

De là, Corvus dut mettre à l’épreuve tout son sens de l’observation, ses capacités de pisteur et sa mémoire. Durant les mois d’enquête il avait pu collecter quelques informations éparses sur la personne qui porterait le coup. Un homme grand, brun, membre d’une guilde dont la marque était la mort venue de loin. Ils n’étaient pas fins bretteurs mais ils maîtrisaient en revanche l’art de l’archerie, usant de modèles d’arbalète parfois très petits et portables. Son intuition lui ordonna donc de chercher quelqu’un qui pourrait convenir au profil. Regard fuyant, main tremblante, posée sur un sac ou sur un fourreau caché. Quelqu’un qui aurait un long manteau pour cacher son arme, quelqu’un qui serait dans le bon angle de tir pour atteindre la princesse Satina.

Ce ne fut guère évident, de surcroît avec le stress et la pression. Si Corvus ne trouvait pas le tueur, alors la sécurité, voire la vie de la princesse, pourrait s’en retrouver compromise. Puis, ses yeux finirent par se poser sur un potentiel suspect. Son sang se glaça lorsqu’il constata que le suspect était bien plus proche que prévu et que d’un instant à l’autre il pourrait tirer sans qu’il ne puisse l’en empêcher. Guidé par son instinct, Corvus cavala et descendit aussi vite qu’il le put, non sans trébucher de temps à autre par sa précipitation. L’assassin se préparait, désireux de tirer sa flèche au dernier moment afin de ne pas se faire plaquer par un milicien à la vue de son arme. Il fallait que tout soit rapide afin de laisser le moins de temps possible aux gardes pour réagir.

Corvus n’avait jamais autant couru. Le temps jouait contre lui, les secondes passaient et chacune pouvait signifier une grande tragédie pour la famille royale. Ce ne fut l’affaire que de quelques secondes mais il les ressentit différemment. Hélas, il était encore trop loin et chaque pas lui coûtait : la foule était une barrière mouvante. Une vue horrifique se présenta à ses yeux alors qu’il aperçut le tueur furtivement se saisir de son arbalète miniaturisée. Quelque chose d’inouï se produisit. Comme si le destin – ou peut-être Gaïa – avait décidé de dévier le fil des évènements, Corvus aperçut une autre fenêtre de tir. « ÉCARTEZ-VOUS ! » hurla-t-il à plein poumon, se faisant autant entendre au temple que dans sa cellule de prison des années plus tard. La foule devant lui se dispersa alors que des cris commencèrent à s’élever de partout.

Corvus retira furtivement l’épée de son fourreau et, d’un geste coordonné entre ses mains, ses yeux et ses jambes, décida de lancer sa lame. Tous ses sens s’étaient mis en alerte pour tenter un geste impossible. Tout ceci dans un élan désespéré de sauver la vie de la princesse et d’accomplir son devoir. L’épée, lancée, tournoya, transperçant l’air, propulsée à vive allure dans le vide. Il semblait que le milicien n’avait pas visé le tueur directement, mais plutôt un point invisible entre lui et la princesse. C’était à se demander si Corvus n’avait pas eu l’intention de tuer la femme de sang royal lui-même, mais il n’en était rien. À cette distance, il savait qu’il n’aurait jamais eu le temps d’arrêter le tueur directement. Il avait donc tenté autre chose, une idée plus saugrenue, téméraire. Celle de dévier le carreau d’arbalète. Une chance que pas même un fou n’aurait osé calculer. Seul un miracle aurait pu justifier la réussite d’un tel acte, même pour un homme entraîné comme Corvus.

Sans qu’il ne puisse le prouver, le jeune homme pensait alors que c’était l’œuvre de Gaïa. La lame de l’épée frappa de plein fouet le carreau dans un tintement métallique, qui fut amplifié par l’écho des murs du temple. Une gerbe d’étincelles s’alluma au contact des deux objets et la pointe fut déviée de sa trajectoire, épargnant ainsi la vie de Satina. Aussitôt, sans avoir le temps de souffler, le tueur fut violemment plaqué au sol par deux autres miliciens et finit par être maîtrisé. La panique et la cohue gagnèrent la foule. Les gardes royaux s’élancèrent pour protéger le roi et la princesse, suivant ainsi leur strict protocole. Au milieu de ce chaos était Corvus, essoufflé, encore sous le choc de ce qui venait de se dérouler. La princesse avait failli trépasser ce jour-là. L’attentat avait été déjoué… mais à quel prix pour Corvus ? Car pendant qu’il rassemblait ses esprits, Richard, qui avait observé toute la scène, fronça durement les sourcils.
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An 11 – Un septième hiver. La neige n’était pas aussi abondante cette année. Le prisonnier ne savait même plus quel mois il était quand ce vacarme prit possession de la geôle. Les gardes hurlaient en tout sens, ils allaient et venaient. Les détenus étaient tous anxieux, tout le monde sentait que quelque chose d’anormal se déroulait. Corvus, au milieu de cette pagaille, pouvait déceler des éclats de voix. Il ne pouvait malheureusement se tenir informé du front contre l’Omyrhie mais il avait pu savoir qu’une grande bataille avait lieu dans les plaines de Kochii. Un tel niveau d’agitation signifiait que quelque chose d’important avait dû avoir lieu.

La nouvelle tomba comme un coup de hache.
Le roi Solennel VI. Mort.
Pendant un instant, Corvus sentit le monde vaciller. Tout ce qu’il avait juré, tout ce qu’il avait sacrifié… n’avait donc servi à rien.
Toute la milice qui n’était pas sur le front était en état d’alerte maximale. Cette prison secrète, réservée aux pires criminels et ennemis de la couronne allait devoir être évacuée et les prisonniers transférés dans un lieu plus sûr. Il n’en était pas sûr mais Corvus estimait qu’il devait être quelque part dans le Défilé d’Aisunîdoru, en Ynorie. Un lieu complètement reclus et perdu, en milieu hostile afin de réduire les chances d’évasion des détenus.

La proximité avec la terrible bataille qui faisait rage et le besoin de renforts faisaient que la prison devait être évacuée, afin de relocaliser les criminels vers un endroit plus proche du front et qui permettrait aux gardes de venir en renfort. Corvus était en état de choc. La nouvelle de la mort du roi l’avait tétanisé, pétrifié. Comment une telle chose avait-elle pu se produire ? Tout ce qu’il avait fait n’avait donc servi à rien. Son ancien mentor, traître, avait donc eu gain de cause ? Plongé dans la torpeur, il réalisait à peine qu’il se déplaçait hors de la geôle pour la première fois depuis si longtemps. Son esprit était… ailleurs, tâchant de rejouer les derniers mois avant son arrestation et de comprendre comment son roi avait-il pu, en fin de compte, périr ainsi.

La guerre venait de commencer. Oaxaca était de retour et le royaume entier était en état d’alerte. Quelques années auparavant, un attentat avait été déjoué envers la famille royale et aurait pu coûter la vie à la princesse Satina. Plusieurs enquêtes furent lancées dans la milice afin de comprendre tout ce qui s’était passé : comment un tueur avait pu s’infiltrer dans le temple ou, encore, comment Corvus l’avait-il su. Car le capitaine d’Hallecourt ne ménagea guère son protégé ce jour-là. Quand la vérité éclata sur l’enquête secrète de la recrue Salverac, tout un tas de questions se posèrent. Était-il encore légitime en tant que milicien, dans la mesure où il avait mené une enquête parallèle en dehors de ses prérogatives ? Et en ayant informé le capitaine de la garde, pourquoi Richard n’avait-il donc pas pris de mesures plus strictes en termes de sécurité ? Certes, il avait augmenté le nombre de miliciens mais toujours était-il que sa sécurité avait laissé passer un tueur.

Des mois d’enquêtes s’enchaînèrent. La colère du capitaine était noire et Corvus pensait, naïvement, qu’elle était en raison de son comportement irrévérencieux et hors-la-loi. Même si le résultat parlait de lui-même – attentat déjoué – il ne pouvait espérer passer entre les mailles du filet ainsi. Toutefois il ne pouvait simplement être condamné ainsi. Hélas pour Richard, l’acte héroïque de Corvus l’éleva au statut de héros dans la milice et la garde royale. On parlait de l’homme qui avait réussi à dévier un carreau avec une lame… Si l’acte en soi n’était pas impossible, il était incroyablement difficile à réaliser. Pourtant, dans une situation critique où la vie de la princesse fut en jeu, la recrue Salverac avait réussi. Nul ne doutait qu’il n’était ni sorcier ni maître d’armes, et qu’une bonne dose de chance devait lui être attribuée. Mais l’acte restait illustre et sa réputation demeurait.

Le résultat de tous ces mois d’enquêtes et règlements de comptes fut pour le moins surprenant. Richard d’Hallecourt conserva son poste de capitaine de la garde royale mais avait désormais perdu une partie de la confiance du roi. Des miliciens furent bannis. Quant à Corvus, son cas fut intéressant. Il aurait dû être banni aussi en raison de son manquement au devoir en ayant mené une enquête secrète, auprès des malfrats de Kendra Kâr, mais son acte ultime donnait du fil à retordre aux juges militaires. Après de longues délibérations, ce fut un jugement surprenant qui fut rendu : il fut gracié par le roi. Bien que Corvus n’ait jamais réellement pu interagir avec Sa Majesté ou même la princesse Satina par la suite, on lui expliqua que cette dernière avait également proposé son nom pour intégrer le corps des gardes royaux, sous l’autorité du capitaine d’Hallecourt.

Un rêve se réalisait, en quelque sorte. Corvus était soulagé de ne pas être banni mais n’aurait jamais pu espérer une pareille sentence. Il espérait que son mentor partageât la même joie mais celui-ci semblait plus réservé. Richard se confia à lui ; il était bien entendu heureux de sa promotion mais il s’inquiétait du chemin que prenait son protégé. Trop téméraire à son goût et ne respectant pas assez les protocoles, bien que la recrue Salverac fût connue pour être l’un des miliciens les plus droits. Néanmoins, Richard n’avait aucun droit de parole sur la décision, d’autant qu’elle était poussée par le roi et la princesse. Ainsi donc, Corvus devint un garde royal, et malgré les tensions naissantes entre lui et son mentor, celui-ci fit de lui son bras droit de facto.

Nul ne se doutait qu’en réalité, un terrible piège se refermait sur Corvus. Richard d’Hallecourt se cachait derrière les agissements à la limite de la légalité de son bras droit mais, en vérité, sa colère était d’une autre nature. Depuis le début de la guerre, alors qu’Oaxaca avait fait son retour sur Yuimen, quelque chose avait changé en lui. Il ne souriait plus. Ses yeux semblaient toujours ailleurs. Quand Corvus lui parlait, il répondait trop vite – ou pas du tout. Quelque chose s’était fissuré en lui. La plupart des gens trouvaient cela normal car le continent connaissait à nouveau la guerre et il paraissait plausible que cela mette les nerfs d’un officier à rude épreuve.

Le lourd secret que cachait Richard était bien plus sombre. Tout son être n’était qu’une façade. Sa bienveillance, sa droiture, tout était faux. Son élévation au rang de capitaine de la garde royale n’était due qu’à un jeu politique noué avec d’autres aristocrates proches du roi. Certains nobles, trop proches d’Omyre pour oser l’avouer, avaient trouvé en Richard un bras utile. Voilà où se trouvait donc le point d’ancrage de toute cette affaire. Ces ennemis de l’intérieur voulaient faire disparaître le roi et la lignée dans l’espoir de faciliter une victoire Omyrienne. Avec du recul, c’était à se demander si certaines de ces figures n’étaient pas également adeptes d’Oaxaca.

Richard d’Hallecourt s’était fait acheter en échange d’une brillante carrière. Cependant il n’avait guère prévu que Corvus le suive, car trop risqué. La jeune recrue, selon lui, le connaissait bien trop et risquait tôt ou tard de compromettre ses plans. L’attentat déjoué sur la princesse Satina en était le parfait exemple ; Corvus n’aurait pas enquêté, la princesse serait probablement morte comme prévu. À présent, la recrue Salverac était devenue un garde royal et il se rapprochait dangereusement de la vérité. Richard devait absolument mettre un terme à tout ceci, et pour cela, il n’eut d’autre choix que d’ourdir un sombre plan pour faire tomber celui qu’il considérait autrefois comme son protégé.

De l’an 0 à l’an 4, le capitaine d’Hallecourt ourdit plus d’une machination en secret. Ayant retenu la leçon sur le complot au temple de Gaïa, il prit soin de falsifier toute preuve ou trace pour les relier directement à Corvus. Ce dernier avait dû abattre ses cartes lors de son procès et révéler ses liens existants avec le monde des hors-la-loi, bien que ses contacts n’aient pas été membres de guildes criminelles. Le capitaine décida de retourner tout ceci contre Corvus, décidé à le faire inculper pour haute trahison. Le temps passa et le moment de refermer le piège sonna. Un matin d’hiver, une escouade débarqua chez l’officier Salverac, le plaçant en état d’arrestation.

Stupéfait et pris au dépourvu, Corvus ne comprenait guère ce qui lui arrivait. Ce n’est qu’après, arrivé en détention au corps de garde à Kendra Kâr, qu’il comprit. Il était accusé de crime de lèse-majesté, en ayant d’une part orchestré l’attentat contre la princesse Satina quelques années plus tôt, mais aussi d’autres crimes de haute trahison allant de la corruption au meurtre. Tout ceci était absurde à ses oreilles et il ne comprenait guère comment de telles accusations, d’une gravité hors norme, pouvaient être proférées à son encontre.

Ce fut Richard, en personne, qui apporta la réponse. Le capitaine apparaissait faussement en colère, déçu.
« Je suis désolé, Corvus. » Sa voix était trop posée, trop calme. C’était l’une des rares fois où il appelait la recrue par son prénom et non par son nom.

Corvus, le connaissant que trop, décela une joie qu’il cachait. La milice avait intercepté une série de messages transitant par des réseaux de passeurs. Des messages encodés qui, une fois décodés, révélaient des secrets militaires Kendrans à destination d’Omyre… et signés de la main de Corvus Salverac. Ca ne constituait qu’un crime parmi tous les autres dont il était accusé. Ce jour-là, tout s’écroula pour le jeune homme. Il réalisa qu’il était pris au piège d’une terrible machination, orchestrée par Richard. Une douloureuse trahison, qui lui rappela ses terribles heures où, jeune enfant, il s’était fait abandonner aux mains de la milice par sa bande.

Le pire restait à venir. Lui qui était vu en héros et avait réussi à obtenir une certaine forme d’estime auprès du roi et de la princesse fut disgracié et regardé en traître de la pire espèce. Pour des crimes qu’il n’avait nullement commis. Affronter le regard dur et accusateur de ses frères d’armes et de ses supérieurs fut la sentence la plus terrible qu’il eût à endurer jusqu’ici. Corvus ne put se défendre, le faisceau d’accusations monté contre lui était parfait. Richard était dans le coup mais il était impossible qu’il fût le seul commanditaire. La corruption devait remonter jusque dans des cercles très hauts, pour atteindre un tel niveau de manipulation. En hiver de l’an 4, Corvus Salverac fut donc condamné pour crime de lèse-majesté et devait alors passer le restant de sa vie au fond d’une des pires geôles du continent, à pourrir au fond d’un trou, privé de son honneur et emportant Deliah, sa tendre mère, dans la tourmente. Le déshonneur avait une fâcheuse tendance à tâcher son porteur ainsi que son entourage.
---
Quelques mois avant notre ère – Le convoi avançait dans le Défilé d’Aisunîdoru, et rien ne bougeait si ce n’était le vent. Aucun prisonnier ne parlait. L’air semblait lourd, saturé non de poison mais de l’ombre de la guerre qui déchirait les plaines de Kôchii.

Les gardes suffoquaient. Corvus, lui, respirait enfin. Après sept hivers passés à n’apercevoir qu’un carré de ciel à travers les barreaux, la voûte étoilée lui paraissait immense. Presque vivante. Le convoi s’enfonça dans la forêt. Les bruits vinrent avant les silhouettes : craquements, bruissements, un souffle de plus en plus proche. Les brigands rôdaient, attirés par le chaos comme des corbeaux.

Puis tout éclata.
Les flèches tombèrent. Les miliciens dégainèrent. Les hurlements, le métal, le sang – Corvus ne pouvait rien faire, les poignets enchaînés, le corps brisé par sept années de geôle. Les portes de la charrette furent arrachées. Les bandits entrèrent, déçus de n’y trouver que des loques humaines. Sauf un. Une grande silhouette s’avança, repoussa l’un des siens, observa chaque prisonnier. Son regard se fixa sur Corvus — ou plutôt sur la marque brûlée à son épaule.

« Qu’on emmène celui-là. Les autres, achevez-les et brûlez-les avec nos morts. »
Il sourit, un sourire froid comme une lame.
« Un traître à la Couronne… ça peut servir. »

Corvus voulut se redresser, protester, comprendre – mais un coup à la tête le plongea dans le noir. Quand il rouvrit les yeux, il semblait être ailleurs, dans un camp de fortune dans la forêt. Le chef était penché sur lui.
« Souris, l’ami. On dirait que le destin t’offre une seconde chance. »

Croyances :

Il vénère Gaïa.

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Re: Corvus Salverac

Message par Gamemaster7 » mar. 9 déc. 2025 10:36

Caractéristiques et Capacités

Niveau général : 1


Classes :
  • Mêlée : 1
  • Distance : 0
  • Magie : 0

Points d'Endurance : 2/2
Points de Mana :
Expérience avant le niveau suivant : 10

Archétypes :

Capacités d'Archétype :
  • RP :
  • Combat :

Capacités RP :

Capacités de combat :

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Re: Corvus Salverac

Message par Gamemaster7 » mar. 9 déc. 2025 10:41

Équipements :


Objets équipés :


Armes et Boucliers :

Main droite : Épée rouillée (Arme de mêlée à une main - Mauvaise qualité)
Main gauche :


Armures :

Tête :
Torse : Veste rembourrée (Armure légère - Mauvaise qualité)
Jambes/pieds :
Bras/mains :

Divers :

Cape :
Bijoux :
Ceinture de consommables : (Mauvaise qualité)


Rangements :


Bourse : 50 yus

Besace à Runes :
Armes rangées :
Paquetage : (inaccessible en combat)

Inventaire RP :

  • Corde (5m)

Runes connues :


Monture :

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Re: Corvus Salverac

Message par Gamemaster7 » mar. 9 déc. 2025 10:47

Réputation :




Monde :


Continent :


Pays :
  • Principauté de Kendra-Kâr
    • Recherché pour crime contre la couronne et évasion.

Région :


Ville :
  • Kendra-Kâr
    • Reconnu coupable d'avoir utilisé sa position dans l'armée et son réseau criminel pour ourdir un complot de haute trahison envers la famille royale.

Quartier :


Autre :

Guildes :

Nom de Guilde (Grade)

Missions effectuées :

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Re: Corvus Salverac

Message par Corvus Salverac » mar. 9 déc. 2025 17:25


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