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par Vohl Del'Yant » ven. 19 avr. 2019 22:25
Lorsqu’il entre de nouveau dans la boutique, Takoido l’invite directement à se rendre dans la pièce contenant la forge à proprement parler. Hïo est courbé sur une large enclume, un creuset toujours rempli à proximité du feu. Il martyrise à grands coups de marteau une plaque de taille moyenne. Vohl reconnait la pièce représentée par le schéma. Avec l’épaisseur de la pièce, il en déduit qu’il s’agit de la plaque la plus épaisse.
L’assassin reste sur le seuil, n’osant déranger le forgeron, pleinement concentré sur son travail. Vêtu d’un tablier de cuir et torse nu afin de tolérer la chaleur ambiante, l’allure du forgeron est d’autant plus étrange qu’il est pourvu des gants qui caractérisent son art presque autant que le marteau et l’enclume. Les sourcils froncés, son nez frôlant parfois la pièce, on croirait voir un père donnant vie à son enfant. La plaque de faerunne brille d’une lueur étrangement blanche et froide. Pourtant, la sueur perle sur le front du jeune Himatori. A l’aide d’une pince, il remet souvent la plaque dans le brasier qui donne l’impression de vouloir engloutir la pièce. La chaleur est difficilement tenable.
Remarquant enfin que son coursier est de retour, il lui indique de placer les achats dans le coin le plus éloigné du feu possible. Vohl s’exécute, avant de revenir. Il a conscience que pour aider Hïo, il doit lui prêter assistance : ils ont pris trop de retard pour qu’il puisse s’en sortir seul. Le forgeron lui accorde un sourire reconnaissant avant de lui indiquer de la main le soufflet. Dès la première pression, l’aura qui émane des braises semble doubler de taille et se rapproche des tons blancs. L’incandescence semble convenir à Hïo, qui prend à nouveau sa plaque avec une longue pince qui lui permet de mettre la pièce au feu afin de pouvoir la retravailler.
A plusieurs reprises, il marque d’un fort coup de poinçon, à intervalles réguliers, la plaque bombée. Sans déranger le forgeron, Vohl se demande tout de même à quoi vont servir ces trous. Cela lui fait penser aux trous qui permettent de relier les plaques qui forment l’armure ynorienne. Mais il y en a beaucoup trop ! Hïo répète l’opération jusqu’à être satisfait de son travail : se détendant ensuite les muscles, il marque une pause.
“Nous allons attendre que tout cela refroidisse avant de la travailler plus avant. Il nous faut désormais des fils de faerunne. Cela permettra à mes muscles de se reposer avant de retourner sur le gros du travail.”
Vohl soulève un sourcil interrogateur.
“Comment comptes tu créer des fils d’un métal ?”
“C’est là que le tablier va intervenir.”
“Un tablier ?”
“Pas le mien, andouille ! C’est le nom d’un instrument de forge. Celui-ci. Mais dans un premier temps, je dois réaliser un autre élément. Et c'est pour cette raison que nous utiliserons ce tablier ci, avec des rainures environ trois fois plus grosses.”
Il désigne une grande plaque complètement noire. La large surface est marquée de longs traits parfaitement rectilignes et fins. Au sommet de la plaque, un rectangle est également creusé, permettant de faire couler le métal équitablement dans les différentes ‘veines’. Illustrant la technique par la pratique, Hïo saisit le creuset contenant une large quantité de faerunne en fusion. C’est une sensation étrange de voir un métal en fusion irradier d’une lueur blanche. Le forgeron verse délicatement le liquide sur le tablier, à la manière d’un convive servant un verre de vin à un ami. Le métal rempli le réceptacle sans qu’aucune flamme n’indique une impureté prise dans la faerunne.
Le liquide s’accumule dans le rectangle avant de s’engager dans les veines rectilignes. Le spectacle est exceptionnel, et le visage vermillon concentré à l’excès du forgeron ajoute encore à la sensation d’assister à quelque chose de rare. Des tiges de métal s’écoulent sur près de deux mètres. Le forgeron maitrise parfaitement l’écoulement du liquide qui commence aussitôt à refroidir à mesure qu’il remplit les veinures de la plaque. Les fils
“Bien ! Ceci va mettre une demi-heure à refroidir suffisamment pour en faire ce que je veux. Retournons au fourneau !”
Les pièces suivantes ne trouvent pas d’explication dans l’esprit de Vohl. Entre les bracelets et les bagues, le forgeron semble prêt pour ouvrir une boutique de bijoux...le mercenaire de voit pas quoi d’autre. Il doit cependant savoir ce qu’il fait : ce n’est pas pour rien que ce forgeron a reçu sa pièce de forge aussi jeune. Toutes les pièces forgées rejoignent un bac dans lequel elles s’accumulent avec leurs semblables. Au total, quatre bracelets et autant de broches avec une curieuse excroissance en forme de boule, ainsi que six fois plus de segments métalliques plats sont tirés des manipulations expertes du forgeron. Il pense à haute voix, vérifiant la cohérence de ses pièces. Les bracelets sont poinçonnés sur tous leurs bords. Les broches ne présentent aucun poinçon, et les vingt-quatre lamelles aplaties sont percées à leurs deux extrémités. A plusieurs reprises, il essuie la sueur qui lui tombe dans les yeux. Il se tourne soudain vers le mercenaire.
“Il est temps ! Tu peux laisser ce feu tranquille !”
(Mais temps de quoi ?)
Hïo se dirige vers le tablier, où les tiges de faerunne ne dégagent plus qu’une mince aura blanche. Le métal a repris une couleur indéfinissable, quelque part entre les irisations bleues et vertes. D’une pince, il saisit l’extrémité d’une bande qu’il enroule autour d’une barre de fer. Il répète l’opération pour chaque veine : le tout compte au final une dizaine de bandes d’une longueur d’approximativement deux mètres. Il pose enfin les barres de fer sur un genre de râtelier, avant de les bloquer avec des cales en chiffons. De loin, on dirait qu’un serpent blanc s’est enroulé parfaitement autour d’une branche métallique.
“Ne laissons pas ce qui reste refroidir ! Kage, tu peux te reposer. Il n’y a qu’à garder le feu actif pour le moment.”
“Je suppose qu’il ne me sert à rien de de demander des explications sur les différentes pièces que tu viens de créer ?”
Le forgeron tourne vers lui un visage angélique bien qu’en nage.
“Tu supposes juste ! Tu auras la surprise, comme les autres ! Enfin...un peu moins. Mais je tiens à ce que cela t’apparaisse progressivement.”
Hïo reprend l’activation machinale du soufflet, mais son esprit est clairement projeté sur sa création. Il émane de lui des ondes de concentration telles que Vohl jurerai qu’elles sont presque palpables. Suivant un schéma connu de lui seul, les yeux de Hïo papillonnent d’un bout à l’autre de la pièce, en revenant sur les plaques déjà créées. Vohl ne dit rien, admiratif. Le forgeron bâtit son armure à la façon d’un général qui place ses armées. Son protégé l’a impressionné, énervé et parfois exaspéré au cours de leur voyage. Mais c’est bien la première fois que le mercenaire envisage sérieusement qu’il reçoive le titre de forgeron attitré.
Une nouvelle demi-heure s’écoule pendant laquelle Hïo maintien le feu à un état minimum. Puis il remplit à nouveau les veines du tablier, avant de saisir les barres de fer autour desquelles le serpent de faerunne s’est complètement figé. Positionnant soigneusement un lourd hachoir le long de la barre, il tranche le serpent en de multiples fragments. Ce n’est que lorsqu’il tourne la barre à la verticale au-dessus d’une caisse que Vohl comprend ce qu’il vient de se passer. Il s’agit de la préparation des anneaux. Pour une cote de mailles. Et les coups de poinçons, sur le bord des plaques, sont pour permettre à ces dernières de s’intégrer à la côte de maille. Une armure hybride.
Pendant qu’il en arrive à ces conclusions, Hïo a répété l’opération avec toutes les autres barres de fer. Vohl écarquille les yeux. La caisse est remplie à ras bord de mailles d’environ un centimètre de rayon. Et dire qu’il y en a une autre fournée en préparation ! Hïo semble percevoir l’incrédulité du mercenaire.
“Et il y en aura encore six, si mes calculs sont bons. Le reste du corps sera couvert par des plaques. Mais oui. Cela fera beaucoup d’anneaux. La construction de la côte de maille est ce qui me prendra le plus de temps. Et tu ne pourras pas m’aider sur ce point. Nous allons remplir toutes ces caisses pendant que je l’attèle à la création des plaques et à leur décoration. Une fois créés, les anneaux ne pressent pas. Je veux m’assurer que les morceaux de plates sont exactement comme je le souhaite.”
“Comment feras-tu la côte de maille ?”
“Rien de plus simple. C’est juste long et fastidieux. Une maille se construit sur un modèle. Ce n’est pas ce qui manque : j’utiliserai ce mannequin, là-bas. Cela demande rudement plus d’obstination que tous les autres types d’armures, mais bien plus efficace qu’une armure de plate seule, et plus encore si ce que nous avons en face de nos soldats sont des barbares qui se battent davantage avec la hache qu’avec des rapières.”
Tout en racontant cela, le jeune homme étale de nouveau sur le plan de travail une flaque de faerunne. Avec le contact froid de ce nouveau support, elle prend instantanément de la tenue. C’est du moins ce que suppose Vohl, qui n’a pas assisté à la création de la plaque précédente. A l’aide d’un genre de ciseau géant, le couturier du métal découpe la forme souhaitée avant de l’amener sur l’enclume et de commencer à la malmener pour lui donner les courbes qu’il souhaite.
“Tu peux y aller, si tu le souhaite. Je me débrouillerai seul à partir d’ici.”
“Hmmm...tu auras sans doute besoin de moi pour l’application des poudres sur la “cerise” de ton armure.”
“Hmpf ! En effet ! Hmpf ! Je t’appellerai à ce moment-là, mais ce ne sera pas avant demain ! Hmpf ! Je vais devoir travailler toute la nuit si nous voulons être prêts !”
Vohl ne lutte pas. L’air décidé de Hïo lui laisse à penser que son obstination le tiendra effectivement éveillé. Et même si son protégé ne semble pas s’en formaliser, lui-même ne rêve pour l’instant ni d’une armure, ni d’une victoire. Non. Une douche. A tout prix !
[***]
Le savon frottant sa peau et l’eau qui ruisselle en un doux massage lui font le plus grand bien. Débarrassé de la crasse et de la saleté accumulée sur le trajet du retour, il en profite pour nettoyer ses vêtements à grand renfort de frottements. De toute façon, il sait que lorsqu’il retournera dans la forge, ceux-ci sécheront presque instantanément ! Il résiste à l’envie de raser son visage. Quoi qu’il arrive à Kage, Vohl lui est toujours recherché ou au moins condamné à mort si on le retrouve. Non, le programme ne le séduit pas vraiment. La barbe lui convient davantage pour le moment. Takoido l’a prié de se placer dans la chambre commune lorsqu’il en aura assez de patauger. Le mercenaire retrouve avec un plaisir non feint la solidité des couches à l’ynorienne. Le sommeil ne se fait pas prier, tant sa fatigue est intense. Afin de permettre à son forgeron d'avoir le temps de préparer son armure, Vohl a marché jour et nuit à côté de son protégé, porté par le destrier. Il a grapillé une heure ici, une heure là pendant leur sortie du défilé montagneux : ces pauses étaient nécessaires autant pour lui que pour Mahô. Il est néanmoins exténué. Un sommeil sans rêve l'engloutit aussitôt sa tête posée sur le futon. A son réveil, les coups de marteau résonnent encore. Après être descendu, il constate que ce n'est cependant plus son protégé qui occupe la forge : Hïo est endormi dans un coin de l'atelier, à côté d'un amoncellement de pièces dont lui seul connaît l'agencement final. C'est le vieil Akido qui est aux fourneaux, cette fois, reforgeant ce qui semble être une longue lance.
Après ce constat, Vohl regarde ses lames, qui ont vu avec lui plus d'aventures qu'il ne saurait le dire. Il est temps de renouveler son équipement. Il réfléchit : il ne souhaite pas changer foncièrement d'arme : la griffe lui permet une polyvalence et surtout, elle est particulièrement adaptée à son statut actuel de criminel, qu'il le veuille ou non. Côté armure en revanche, il n'y a guère de doutes : tout est à changer ! Son vieil équipement est ébréché, les parties métalliques sont plus tordues que les manigances du Conseil, et les parties en bois n'ont plus vu de laque depuis des années. Il est temps de faire peau neuve. Il s'adresse au vieux forgeron.
"Pardon de vous déranger... Clang! ... je souhaiterais savoir... Clang! ... Si vous sauriez me forger... Clang! ... une armure ?"
Le vieil homme ne répond pas. Pensant qu'il ne l'a pas entendu, absorbé par la tâche, l'assassin répète sa demande. Il n'a guère de doute lorsque les frappes du marteau deviennent de plus en plus lourdes : le vieil homme ne souhaite pas lui parler, sans que Vohl ne sache pourquoi. Les bruits croissant réveillent cependant Hïo, qui s'étire en baillant. Il se redresse en faisant la grimace, sans regarder autour de lui. Il a du travailler jusque très tard dans la nuit... voire plus. Apercevant son protecteur du coin de l'oeil, Hïo lui fait un signe pour lui dire de sortir de la pièce. Vohl s'exécute, revenant dans la boutique où un certain nombre de clients font part de leurs requêtes dans un tohu-bohu incompréhensible à un Takoido aux allures de chef de régiment, restant calme et concentré, traitant les demandes au fur et à mesure. Hïo le rejoint bientôt, et tous les regards se tournent alors vers lui. Le silence se fait avant que ne redémarre de plus belle les demandes, la plus part pour voir l'armure et les autres pour lui demander un article fait main. Takoido leur fait signe avec agacement de prestement retourner dans la partie habitable de la demeure pendant qu'il donne de la voix pour faire revenir un calme relatif dans la boutique.
Une fois à l'abri des clients, Hïo lui affirme une nouvelle fois qu'il n'a nul besoin de lui pendant cette phase de création de l'armure. A son ton sans animosité mais sans équivoque non plus, le mercenaire comprend qu'il le gênerait plus qu'autre chose. Ses plans sont inscrits dans sa tête et il n'en bougera plus : il préfère pouvoir aller à un rythme rapide, libre de se concentrer à loisir sur les tâches qu'il lui reste à accomplir avant de donner le coup de marteau final. Son congé lui étant clairement signifié, Vohl prend le parti de retourner se balader en ville afin d'admirer la floraison des cerisiers, de profiter de l'air marin au port, et de peut-être même en profiter pour engloutir un en-cas copieux dans l'une des auberges de la ville.
Finalement, après une longue marche, il se pose au niveau d'un petit square, abrités des regards par les plantes grimpantes, l'air embaumé par les fleurs de jasmin. C'est ici qu'a commencé la course de l'Erementarîfôji. C'est ici qu'il a vu passer d'un air presser la jeune femme qui avait décidé d'accompagner cet Onoda méprisant.
(La vie a tendance à aimer les cycles... Rana me garde de me prendre les pieds dans cette roue !)
Après un long moment à écouter les mésanges, rossignols et autres passereaux pépier à et déclamer leur joie de revoir le printemps sur tous les arpèges possibles, Vohl se redresse. Il est tendu, mais il ignore la raison de cette tension. Faisant rouler ses épaules, il soupire avant de regarder avec attention autour de lui. Aucune menace, aucun monstre ne surgissant du coin de la rue. Il n'y a véritablement aucune raison... à moins que cela ne vienne d'autre chose ? Il s'est impliqué dans la survie de son protégé... Et malgré ses efforts pour rester professionnel, il apprécie le jeune forgeron. C'est un comble ! Maintenant qu'il peut souffler, le voilà en train de se faire des noeuds au cerveau à propos de la victoire de son protégé !
Il inspire de nouveau l'air en provenance de l'océan. Ce serait bien. Pour Oranan, comme pour lui. Vohl se remet en route. Au gré de ses réflexions, il finit par admettre qu'avoir accompagné le gagnant de cette compétition flatterait son ego. Rana décidera de qui favorisera le sort ! De retour à l'armurerie, il est un peu déçu de ne pas avoir croisé l'autre protectrice en ville. Mais cela devra sans doute attendre encore un jour. Et un seul. Il espère que Hïo a mis à profit le temps disponible. Le mercenaire avoue sans réserve ignorer parfaitement combien de temps cela prendra au jeune génie de la forge de réaliser une armure... et en particulier celle-ci. Bien qu'il ait eu les plans en tête et qu'il ait pu les peaufiner pendant tout le trajet de retour... la partie manuelle reste indéniablement la plus importante.
Le mercenaire pouffe de rire en imaginant le jeune homme, dans une tenue dépenaillée, présenter un croquis aux membres du jury. "Vous voyez", dirait-il, "ce concept est révolutionnaire et particulièrement efficace !" Puis il ajouterai "Et les blocs de faerunne sont juste là ! Il n'y a plus qu'à !". La tête des jurés vaudrait sans doute largement la route faite par les elfes, nains et gnomes qui ont fait le chemin jusqu'ici spécialement pour cet événement ! Regagnant la chambre sans croiser Hïo -il l'entend marquer le contrepoint des frappes de son aïeul, au rez-de-chaussée - il se place dans la pièce principale. Dans un coin de la pièce, un jeu de shôgi lui fait les yeux doux. Il s'en approche, posant le plateau à même le sol avec une délicatesse extrême : l'objet, verni, décoré de nacre et délicatement ouvragé, est magnifique. Pour passer le temps, il se lance dans un exercice interminable : jouer contre lui même. Bien que cela puisse sembler ridicule, trouver ses propres failles, parfois par chance, est un excellent moyen de progresser ou, dans le cas de Vohl, de ne pas laisser son esprit oublier la rigueur et la stratégie. Tombant dans le piège de ses réflexions, la partie d'éternise, et la nuit tombe sans qu'il n'ait vu le soleil se coucher. A son entrée dans la pièce, Takoido le regarde d'un air serein avant de le saluer et d'entrer dans la salle d'eau. Le mercenaire lui rend son salut, puis se lève, range le plateau avant de retourner s'allonger sur la natte souple et confortable de son lit. Ses pensées dérivent du jeu de shôgi vers sa famille, puis de sa famille vers sa soeur, et de sa soeur vers son potentiel fiancé. Ne pas connaître la situation précise le fait enrager, puis il se déride en songeant qu'elle se fait probablement les mêmes réflexions. Lui, fiancé ? Ha ! Qui serait assez fou pour cela. Un renégat, poursuivi par un capitaine à la soif de pouvoir bien trop présente.
Et pourtant, les traits d'une jeune femme de dessinent à nouveau dans son esprit. Il se morigène intérieurement. Allons ! Il ne s'est passé qu'une nuit, et la fièvre qu'il avait du contenir pouvait fort bien provenir de l'adrénaline et de ses blessures. Et si cela se trouve, elle n'aura pas toléré son départ sans un mot ! Mais pourquoi revient-elle de plus en plus souvent dans ses pensées ?
(L'imminence de la compétition. Il vaudrait mieux que ce soit ça. Pour moi, comme pour elle.)
Un sourire envahit finalement son visage. Qu'il est bon de se faire du souci pour des sujets que l'on souhaite en réalité voir arriver, et non pas pour des craintes dont la concrétisation est imminente ! On n’est nulle part aussi bien que dans sa patrie. Son intellect flâne un moment, savourant l’instant, repassant les scènes qu’il a vécues pendant ce voyage. Tout a failli se passer de la pire des façons...et pourtant, il a presque des regrets à clôturer ici cette quête qu’il a acceptée -non, pire, pour laquelle il s’est porté volontaire ! - d’une façon si enthousiaste. Mais si c’était à refaire... il assommerait probablement son protégé pour emprunter la route de Kendra Kar !
A mesure que ses pensées s’égrènent, il finit par trouver le sommeil, aidé par les coups de marteau régulier qu’il entend à l’étage du dessous. Un sommeil sans rêve, réparateur, et plus que bienvenu ! Une voix finit par l’appeler au milieu de son sommeil. D’abord doucement, puis avec insistance.
“Kage ! Enfin mais lève-toi ! Il fait déjà jour et j’ai besoin des consignes qu’Uzuki t’a communiquées !”
“J’arrive ! J’arrive !”
“Haaaa non, je ne crois pas ! Je n’ai plus que quelques ajustements à faire, et l’armure sera complète ! Pas moyen que tu la voie avant qu’elle soit complète, aux neuf dixièmes de sa gloire ! Répète-moi ici ce que t'a dit Uzuki ! Pour le reste, tu dois encore attendre une heure, minimum !”
Vohl répète strictement les instructions qu'il a reçues la veille. Ce n'est rien de compliqué. La première bourse de poudre doit être appliquée sur la surface la plus solide. C'est celle qui émettra la lueur blanche. La seconde bourse de poudre est celle qui devra se mettre sur le fin treillis de faerunne. Le flash blanc aura lieu lorsqu'un choc violent frottera les deux poudres.
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Vohl Del'Yant le sam. 20 avr. 2019 12:55, modifié 2 fois.