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par Vohl Del'Yant » lun. 29 avr. 2019 23:15
Devant le bâtiment, sur l'esplanade, une foule éclectique s'est rassemblée. Voilà maintenant plusieurs heures que le mercenaire a laissé son forgeron aux bons soins du Conseiller Gale. L'homme les avait accueillis avec son éternel sourire contagieux avant d'inviter Hïo à prestement leur dévoiler les spécificités de son armure. Kate avait pris congé en assurant au forgeron qu'il assisterait à la présentation officielle : le jeune homme lui avait retourné un sourire confiant mais nerveux. Ses traits un peu marqués par l'aventure et le travail à la forge laissaient apparaître des petits cernes, bien que son regard soit vif et clair. Vohl s'était alors éclipsé sous l’œil d'or de Gale en croyant percevoir l'ombre d'un sourire malicieux.
Il avait eu le temps de voir, par l'embrasure de la porte, deux des conseillers déjà présents dans la salle. Tout d'abord, la Conseillère Fumito, qu'il avait pu complètement identifier car elle restait parfaitement immobile, dans cette posture à la fois digne et intimidée qui la caractérise notoirement. Le second Conseiller n'était pas moins connu, et pourtant nettement moins apprécié...avec une coiffe qui le grandissait de trente bons centimètres. La réputation de ce dernier est on ne peut plus controversée : si la plupart des Ynoriens ne comprennent pas son intérêt ni même sa présence au sein du conseil, quelques rares dissidents à l'opinion générale soutiennent que sa personnalité perverse et condescendante permet d'une part d'unir les autres Conseillers et d'autre part de maintenir la vigilance des Conseillers sur les manœuvres intérieures autant qu'extérieures.
Voir ces deux personnages publics juges de l’événement inquiète un peu Vohl pour son désormais ex-protégé. La présence de Gale et de son monocle rassure le mercenaire sur le déroulement de la cérémonie, tout en laissant un tendre stress sur la victoire de son forgeron. Le protecteur est désormais sur le parvis du bâtiment du Conseil après avoir déambulé dans la capitale effervescente. Le nombre de citoyens et d'étrangers parés de leurs plus beaux atours lui offre un anonymat complet : il en savoure la sécurité, s'arrêtant même aux étals colorés qui font résonner les rues d'annonces alléchantes au dessus du brouhaha ambiant.
À plusieurs reprises, Vohl croise des êtres dont il ne soupçonnait pas l'existence : des elfes bleus en passant par les hïnions, jusqu'à des créatures plus étranges encore. Si certaines ne sont pas familières de par leurs couleurs, plus encore surprenantes sont les races dont l'aspect établit une parentèle avec certains animaux : loups, renards, tigres... Le peuple déjà assez chamarré d'Ynorie prend des allures de patchwork. La stature massive des thaurions côtoie celle des thorkins, les figures basanées de kendrans apprêtés dans des tenues classieuses croisent celles aux tons pastels d'elfes pâles.
Tout ce monde se croise et se salue dans une ambiance prudente mais rendue joyeuse par l'approche des festivités. Vohl flâne un peu, s'approchant des boutiques pour observer les articles parfois improbables qui en garnissent les devantures. Il ne tarde cependant plus trop : il tient à obtenir une place convenable sur l'esplanade. Quelques centaines de personnes se pressent déjà sur les lieux : l'homme des ombres prend place derrière un couple de kendrans, reconnaissables à leur faciès marqué par des traits plus rudes que les Ynoriens. Après encore quelques moments d'attente ou la foule s'accumule, il entend la protestation étouffée mais fleurie d'un thorkins sur sa droite. Il tourne la tête, intrigué et tiré de ses réflexions par le mouvement. Son cœur se fige avant de précipitamment rattraper son retard lorsqu'il voit la figure connue avancer vers lui en lui adressant un large sourire, qu'il lui retourne avec empressement. Il reprend ses esprits alors que Hatsu Ôkami se place à son côté.
"Une belle journée, pas vrai ? Contente de voir que vous êtes revenu entier et à temps ! Vos pronostics ?"
Après cette petite phrase humoristique sur le temps il est vrai radieux, Vohl sourit en acquiesçant à la phrase de la chasseuse. L'introduction de la jeune femme, comme s'ils revenaient tous deux d'une promenade d'agrément, l'a un peu pris au dépourvu : il se reprend lorsqu'elle lui fait part de son soulagement de le revoir en vie. Il la regarde attentivement, à la recherche d'une pointe d'humour ou de moquerie... peine perdue : elle a l'air parfaitement honnête et heureuse de le trouver là. C'est en tout cas ce qu'il perçoit et savoir qu'elle s'inquiétait réellement pour lui le touche profondément. Il incline la tête pour lui rendre son étrange salutation, avant de répondre :
"Je suis également heureux de vous revoir, chasseresse : j'avoue m'être demandé comment la situation se présentait pendant votre voyage... L'olath n'est pas réputé pour être trouvé dans les endroits recommandables ! "
Après un instant de silence, ou plutôt de calme très relatif au niveau sonore ambiant, il reprend d'un ton rieur :
" Haha, eh bien, j'apprécie trop le jeune Himatori pour que mes pronostics se basent sur la raison et l'expérience. Je miserai donc sur mon protégé : mais c'est à l'aveugle...et j'espère par curiosité que certaines armures m'en mettront davantage plein la vue que celle du clan Himatori !" Il continue, un sourire étirant ses lèvres, partageant avec lui même cette touche d'humour. "Même si j'ai des doutes sur ce point précis ! "
La jeune femme tourne son regard vers l'estrade où les quatre forgerons attendent désormais, comme pour vérifier qu'Onoda ne s'est pas volatilisé. Connaissant de réputation le personnage arrogant, il serait surprenant de le voir manquer un moment qui le mettrait très en avant par rapport à ses homologues. C'est donc sans surprise que le mercenaire le voit en suivant le regard de sa protectrice. Sa posture traduit son assurance, peut être excessive, qui l'oppose radicalement à la forgeronne de kéraunos et - bien que dans une moindre mesure - aux autres participants. Il la voit soupirer du coin de l'oeil, ayant détaché son attention d'elle pour regarder lui aussi vers l'estrade. Le comportement du forgeron semble continuer de l'exaspérer malgré la fin de ses obligations.
A cette observation, il la regarde à nouveau. Elle est habillée avec classe, et évocatrice de la richesse de sa famille. Il semble que les chaînes qu'elle était prête à briser il y a quelques mois lui courent encore après. Une attention plus poussée, quoi qu'il l'espère suffisamment discrète, lui laisse remarquer que l'arc dont il se souvenait ne pare plus son dos. Son attention revient vers la scène alors que le Conseiller Varrockien avance accompagné de quatre égaux, dont Shimi et Kapono.
Après avoir rappelé le nom et le métal de chacun des artisans, il présente les juges. A chaque nom, le Conseiller en question fait signe à la foule massée devant eux. Le silence respectueux laisse progressivement moindre des murmures qui deviennent rumeur à mesure que les derniers paris ferment en attendant le premier nom du classement. La quatrième place est attribuée à l'ynorienne O'oto. Les propriétés magnétiques du métal ont été utilisées sur une armure de plates, permettant à son utilisateur de se passer de fourreau. Une idée intéressante, bien que la jeune femme se soit trop concentrée sur les propriétés et pas assez sur la fonctionnalité de l'armure... Mais le métal est incontestablement intéressant pour cet exercice. Vohl applaudit avec respect. Le travail de la benjamine de la compétition reste respectable, malgré de nombreux défauts.
Vient le tour de Sam Gadjo, forgeron de San-Divyna. Lorsqu'il dévoile son armure, Vohl n'en revient pas... que l'on puisse se tromper à ce point. L'armure semble rayonner malgré le temps ensoleillé. Gale la qualifie d'impressionnante. Vohl la trouve d'une stupidité crasse. Pourquoi rendre visible un soldat si ce n'est pour le transformer en une cible parfaite sur le champ de bataille pour les arcs et arbalètes ? Oh, il aura l'air d'un être légendaire rayonnant de puissance, certes ! Mais une fois mort d'une flèche dans l'oeil, son utilité sera nettement moindre...
Et l'armure, en plus de ce défaut majeur, se targue de posséder la plus grande part des défauts actuels de l'armure ynorienne : le col relevé comme les antiques samouraïs, laissant la nuque à la merci des haches omyriennes, et le gorgerin handicapant. Non, décidément, cette armure ne trouve grâce à ses yeux que pour l'apparat. Un esprit Ynoriens aurait sans doute pu lui éviter de tomber dans une sorte de cliché ancien et aujourd'hui désuet. Ses pensées ont du transparaître sur son visage car Hatsu Ôkami se tourne vers lui et l'inspecte d'un œil circonspect avant de lui demander la raison de son expression dubitative. Il lui en présente la teneur générale, partageant l'avis sur la beauté imposante de l'armure.
Lorsque le Conseiller termine de lire la lettre du forgeron muet, Vohl applaudit poliment, avec un enthousiasme dû plus à l'approche de la conclusion de l'Erementerîfôji qu'à un véritable entrain provoqué par la création en métal de lumière. Son regard est figé sur les deux finalistes alors que le Varrockien explique qu'ils présenteront -même leurs créations respectives. Son cœur bat intensément, comme s'il était lui même sur l'estrade. Que n'a-t-il pas traversé pour permettre à Hïo de survivre à cette expédition ? L'envie de voir gagner 'son' protégé prend le pas sur la satisfaction d'avoir accompli sa mission. L'attente du public pèse sur toute l'esplanade : parieurs, férus de ferronnerie et nobles, étrangers comme Ynoriens, tous se tendent dans un silence émaillé de chuchotis.
Chacun de leur côté, les finalistes découvrent leurs ouvrages dans un parfait ensemble. Ils sont les reflets l'un de l'autre. Onoda offre une moue d'autosatisfaction mêlée de fierté, là où Hïo affiche une fierté et une envie de partager sa création. L'un porte un sourire certain de sa supériorité, là où le sourire de l'autre, communicatif, rayonne de plaisir. Il faut avouer que les armures dévoilées sont dignes autant de la morgue que de la fierté des deux forgerons. Le silence, telle une fragile coquille, se rompt avec fracas lorsqu'Onoda d'avance d'autorité pour présenter le Rempart d'Olath, une armure si sombre qu'elle semble absorber la lumière qui l'atteint. Son discours enflammé sur les affrontements oaxiens reçoit le rugissement d'un public déchaîné par ses propos guerriers. Vohl regarde brièvement Hïo, qui semble attendre avec une hâte mâtinée de frustration que son rival cesse de se donner ainsi en spectacle.
Vohl a un petit pincement au cœur en songeant qu'après un pareil discours, il est compliqué de retenir l'attention de la foule. Onoda semble avoir sciemment choisi un discours de clôture, comme si la foule devait se ruer à l'assaut des frontières aussitôt son allocution terminée. Il ne se contente cependant pas de galvaniser la foule, présentant les avantages techniques de son armure : l'aura terrifiante et l'agencement de plates articulées, permettant une souplesse améliorée par rapport aux plates entières. Au contraire de la création de Sam Gadjo, cette armure aux allures d'Oni serait un atout colossal pour se soustraire à la vigilance ennemie. Et en cas d'affrontement, la terrible aura saura peser dans la balance. Vohl acquiesce, approuvant le travail du forgeron, bien que les défauts inhérents à la plate aux formes classiques soient encore présents. Il applaudit avec force, même s'il ne se joint pas aux mugissements bovins de l'assistance. Le travail d'Onoda est largement salué. Le sourire supérieur et verni de cette certitude est néanmoins un trait de caractère qui ne manque pas d'agacer Vohl. Et dire qu'Hatsu l'a supporté - et de près!- pendant plusieurs semaines! Il lui fait part à la fois de son étonnement quant au fait qu'elle ne l'ait pas étripé d'elle-même, après lui avoir partagé son impression sur le Rempart d'Olath. Elle rougit à ses félicitations, ce qui le trouble suffisamment pour qu'il perde un peu le fil de ce qui se passe à côté.
" Encore heureux, s’il avait bâclé son travail, je lui aurais botté les fesses ! Surtout après tout le mal qu’on s’est donné pour trouver ce métal maudit. Ce ne fut pas facile tous les jours… mais il a de bons côtés. Et de toute façon, j’avais donné ma parole, et je ne le fais jamais à la légère. Himatori semble plus calme et moins arrogant, vous avez bien choisi."
Vohl approuve, un sourire dans les yeux. Son attention revient toutefois sur Hïo après un petit grattement de gorge : ce dernier avance tranquillement vers son armure tandis que son adversaire reçoit les louanges du public avec une assurance trop marquée au goût du mercenaire. Qu'il attende donc un peu. Lorsque Hïo saisit la manche de l'armure, portant la petite boule métallique, Vohl a détourné les yeux, voyant où le jeune forgeron veut en venir. Le flash de lumière ne tarde pas et, même ayant détourné le regard, l'aura marque sa rétine pendant quelques secondes. Après une agitation à laquelle il constate avec amusement que Hatsu a participé, un silence attentif revient lorsque le public entier voit la lueur décroître, en provenance de l'armure de faerunne.
Lorsque Hïo commence à parler, il décrit son voyage, allant jusqu'à mentionner le rôle de Vohl. Un petit air surpris se dessine sur le visage du protecteur. Il ne pensait pas que le forgeron irait jusque là : il faut dire que pas une fois son opposant n'a donné le nom de sa partenaire de voyage... Puis l'artisan se lance dans une description de ce que son armure est susceptible d'apporter en confort et en efficacité. Tournant autour de l'armure au fil de ses explications, il donne à voir à tout le public les plates articulées par la maille, qui groupent force et grâce. Les craintes de Vohl s'apaisent : le public semble captivé par les explications techniques, présentées avec simplicité sans perdre l'aspect fonctionnel. Les explications semblent trancher suffisamment avec l'aspect émotion qu'avait exploité Onoda : le silence attentif ne perd pas un mot du jeune forgeron. Lorsqu'il en vient à l'explication du petit soleil né de l'armure, des murmures curieux et admiratifs se font entendre. Enfin, Hïo annonce le nom de son armure. Plate de Sirocco Aveuglant. Le nom reflète la douceur du vent, la force de Rana et l'élément de surprise de l'armure. Le mercenaire sourit. Voilà qui rend justice à leur aventure.
Le public semble penser la même chose, et il ne se fait pas prier pour le faire savoir. Une ovation rugissante marque la fin de la présentation du forgeron de faerunne. Lorsque celle-ci s'apaise, le Conseiller Gale reprend la parole. Un silence complètement différent de l'attention précédente plane sur la place : celui-ci est empli de hâte et d'excitation. Et le nom tombe. Hïo Himatori. Le jeune homme en est presque pétrifié, et ses confères le ramènent sur terre en lui serrant la main avec enthousiasme. Même Onoda lui serre la main, quoi qu'une grimace ténue marque son désarroi un peu rageur. Après un bref instant d'égarement, une solide tape dans le dos accompagnée de quelque remarque comique le tire de son rêve pour le ramener sur le devant de la scène.
Il y donne alors le discours qui clôturera cet incroyable événement. Faisant part de ses projets, il revient sur l'expérience fascinante et presque mortelle qu'a constitué la recherche de la faerunne. La scène s'efface dans ses yeux pour laisser place à de mornes landes, privées de vie : les plaines noires. Dans les pupilles de Vohl, comme en écho, reviennent les morbides scènes qui ne s'effacent que doucement de son esprit. Les scènes partagées par les banshees, théâtre morbide de la souffrance et de la soif de terreur des bourreaux oaxiens. Lui reviennent également la fuite devant l'escouade de faunes décharnés, la traversée de leur camp fortifié. Un fond d'horreur qui se mêle à la reconnaissance qu'il accorde à Hïo de l'avoir intégré une nouvelle fois à son discours, admettant son rôle : des billes chaudes laissent une marque brillante sur ses joues. Le mercenaire les essuie vite. Mais son cœur continue de remercier le forgeron pour cet hommage. Le rôle d'un homme de l'ombre n'est pas toujours facile a accepter... la reconnaissance du forgeron lui redonne un peu l'espoir qu'il ignorait avoir perdu. Le fils prodigue Himatori clôture enfin son oratoire.
"Si nous laissons Oaxaca et ses sbires envahir nos terres, nous n'aurons plus le luxe de faire quoi que ce soit. C'est ma conviction. Pour le bien de la République d'Ynorie !"
La foule explose en un tonnerre d'applaudissement, bien que des regards étonnés se croisent à l'annonce de sa coopération pleine et entière à l'effort de guerre kendran. Vohl applaudit vigoureusement sans pour autant s'adonner aux vocalises gutturales des thorkins placés non loin. Lorsque l'ovation se calme, il prend le temps d'inspirer profondément afin de libérer la pression qui s'est sournoisement infiltrée en lui pendant la cérémonie. Se tournant vers sa voisine, le désormais ex-protecteur savoure la fin de sa mission aussi bien que la phrase de la chasseresse : l'amitié du forgeron lui va droit au cœur, et celui-ci bat plus vite au soupçon d'admiration qui part dans le souffle de la jeune femme.
Il incline la tête devant ses paroles, marquant discrètement qu'il a perçu l'hommage, avant de se fendre d'une proposition.
"J'aimerai vous entendre me parler de votre quête, Hatsu Ôkami : l'Olath n'a pas du être facile à extraire. Que diriez-vous de célébrer notre retour en vie autour de la table qui a marqué le départ de cette quête ?
Lorsque la jeune femme approuve avec un sourire cette idée, il ne peut se retenir d'afficher la même expression.
"Nous pourrions inviter nos forgerons à se joindre à nous : il serait regrettable que les deux meilleurs forgerons du concours n'aient pas à l'idée de faire connaissance !"
La jeune femme acquiesce une nouvelle fois avant de presser doucement son bras. Il retient de justesse un mouvement pour presser sa main. Elle lui sourit encore avant de partir chercher Onoda. Vohl la regarde s'éloigner avant de se rendre compte qu'il doit également aller prévenir Hïo qu'une table requiert sa présence à l'Auberge des Hommes Libres. Son regard se détache de la silhouette vêtue avec sobriété et élégance de la jeune femme. Dire que derrière ces atours se cache une chasseuse qui tente de faire plier le destin auquel elle semble destinée. La volonté de Rana prend bien des formes. Il secoue la tête. Il doit vraiment aller intercepter Hïo avant que ce dernier ne boive la tasse dans la marée de nobles qui tentent déjà de se frayer un chemin vers le forgeron le plus en vue depuis quelques minutes.
Il finit par contourner la foule afin d'attendre Hïo sur le chemin de la forge familiale. Il décide de se placer à l'entrée du passage qui donne sur les appartements, au lieu de se joindre aux passants qui hésitent entre rentrer dans la boutique et ceux qui ne semblent pas s'embarrasser de la paix que peut vouloir le forgeron pour célébrer son jour de gloire. Après de longues minutes, c'est un forgeron un peu rouge qui arrive devant lui.
"Eh bien ! La célébrité va me faire perdre du poids, si ce n'est la raison ! As-tu apprécié mon discours ?"
"Tu t'en es magnifiquement sorti, Hïo, félicitations. Et Onoda ne t'a certes pas facilité la tâche !"
"Oh que non ! J'ai bien cru qu'il ne cesserait jamais de se jeter des fleurs ! J'ai hésité à l'assommer..."
"Hahaha, grand bien t'a pris de t'en abstenir ! Quant à ton projet de forge, c'est une bonne idée. Je ne doute pas que tu auras un grand succès, en te positionnant ainsi. Cela va attirer les curieux en plus des clients ! "
"Certes oui ! Oh, dis moi, Kage : je souhaiterais que tu acceptes ceci."
Le forgeron tend un parchemin, d'un air solennel, vers son mercenaire. Il en décrit brièvement le contenu en même temps que Vohl lit ce dernier. Ses yeux s'écarquillent à mesure qu'il prend conscience de la valeur de cette petite missive.
"Ce sera un honneur de remercier celui qui m'a permis de gagner ce concours avec une pièce de son choix. Et si le besoin s'en fait sentir, n'hésite pas à revenir vers moi : tu seras toujours le bienvenu à l'Enclume de Rana."
"L'honneur est pour moi d'avoir fait la connaissance d'un forgeron aussi digne, Hïo. Ce que tu m'offres ici est sans prix. Laisse moi à ma mesure te remercier...j'ai rendez-vous à l'Auberge des Hommes Libres dans peu de temps. Que dirais-tu de m'accompagner pour célébrer le début de ta nouvelle vie ?"
"Excellente idée !"
"Parfait ! Je préfère te prévenir : Onoda y sera aussi surement. Sa protectrice et moi avons fait connaissance et ..."
"Ah ! Tu as caché une couleuvre dans le saladier, Kage ! Attends une petite seconde...sa protectrice ? Un rendez-vous dans la meilleure auberge de la ville ? Pour me remercier, hein ? Pas la peine d'en dissimuler la vrai raison ! Je crois deviner le pourquoi de tes instants de rêverie sur le chemin du retour !"
"Cesse donc tes imbécillités !"
Les joues de Vohl rosissent légèrement : il en a bien conscience et cela l'agace. Cela l'agace d'autant plus qu'il n'est pas sur de vouloir reconnaître la raison de cette colère qui le prend sans prévenir. Hïo en joue en avançant encore un peu sur la corde sensible.
"Oh, eh bien, alors je suppose que rencontrer une ravissante jeune femme, compte tenu de ma notoriété récente, sera une bonne idée !"
"Cher forgeron, avez-vous conscience que je n'ai plus de rôle de protecteur ?"
"Hahaha, Kage ! Je plaisante, voyons. Je prendrai sur moi pour Onoda : allons-y."
Contournant la devanture de la boutique, ils empruntent quelques chemins tortueux avant d'arriver devant la taverne. Le forgeron d'Olath et sa protectrice - son ancienne protectrice - sont déjà placés à une table, Onoda semblant prêt à faire un sort à son verre de vin dès que la jeune femme le quitterait des yeux. Elle sourit en voyant arriver l'assassin et l'artisan. Cheminant jusqu'à elle, Vohl se charge des présentations. Celles-ci ne sont pas véritablement nécessaires, mais elles permettent d'engager directement la conversation.
"Vous connaissez évidemment Hïo Himatori. Hïo, voici Hatsu Ôkami, une protectrice dont j'ai moi-même été témoin de l'aisance impressionnante avec un arc. Et nul besoin de vous présenter à sire Fuji Onoda."
"Enchanté, mademoiselle. Pour impressionner Kage, je ne doute pas qu'il faille être douée. Fuji Onoda, bonjour à nouveau, et félicitation pour votre armure. Nul doute que les nobles se l'arracheront à prix d'or !"
Après une petite pique d'Onoda que tous prennent à la rigolade pour éviter de s'en offusquer, ils s'installent à la table. Peu de temps après, les assiettes devant eux sont fumantes et l'alcool coule -dans certains verre plus que dans d'autres, mais sous la surveillance étroite des protecteurs. La discussion tourne évidemment autour de ce qu'ils ont croisé pendant leur voyage, et si les forgerons semblent s'être alliés pour un dénigrement en règle mais mené avec humour des capacités de leurs protecteurs, Vohl comme Hatsu ont la répartie facile et leurs propos déliés par quelques verres ont tôt fait de mettre une certaine animation dans l'auberge.
Finalement, la boisson a raison du plus jeune en premier. Onoda, pris d'un élan de solidarité face à la plèbe mercenariale qui ose critiquer leur art et leur talent, se porte volontaire pour le ramener à la forge. Vohl hésite un bref instant, avant que Hatsu ne le convainque d'un geste de la tête. Après avoir tenté de s'éclaircir un peu les idées, il se rend compte qu'il s'agit de la bonne décision. Les deux compères de boisson auront ainsi une bonne base pour établir des rapports qui dépasseront peut-être leur opposition lors de cette compétition. Soudés dans l'alcool, comme qui dirait. L'assassin laisse donc l'ivrogne notoire se charger de raccompagner un jeune homme qui risque d'entendre le marteau frapper l'enclume très, très près de son oreille lorsqu'il sera de nouveau maître de ses sens.
"Je suis impressionné, Hatsu... Peut-être Onoda a-t-il noirci le tableau, mais je doute qu'il ait tout inventé. Votre maîtrise a encore du se parfaire : peut-être me donnerez-vous des cours, si Rana accède à mes souhaits. "
Après une brève pause, la gorge un peu serrée à l'idée que ce ne sera peut-être pas le cas, il poursuit du ton le plus dégagé possible :
"En parlant des problèmes qu'ont présenté ces derniers mois... J'avais l'impression que vous cherchiez des réponses, à votre départ : les avez vous trouvées? Et je vous dois d'ailleurs des excuses...et des remerciements, pour m'avoir veillé. Je n'ai pas osé vous déranger, vous étiez allée au delà de ce que j'aurais pu vous demander... C'est en partie grâce à vos soins que j'ai pu accomplir mon rôle de protecteur. "
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Vohl Del'Yant le lun. 13 mai 2019 19:07, modifié 1 fois.