Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

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Fenouil
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Fenouil » mer. 18 sept. 2019 02:36

Apparemment déçue de retrouver une salle identique, ou presque, à la précédente, la phalange de Fenris daigna y entrer, l’intimant de poursuivre seul la fouille. Voulant éviter d’y perdre son temps, elle préférait retourner dans le corridor et reprendre la recherche d’une salle de soins quitte à demander l’aide à l’armure rouge.

Fenouil hocha la tête pour signifier son accord sans penser une seconde que Oyrash était déjà partie et ne pouvait voir sa réponse. Tenant à poursuivre ses recherches, il jeta d’abord un bref coup d’œil à la petite commode, mais ne ressentit pas l’envie d’explorer son contenu. Il était davantage attiré vers ce grand lit qui semblait si douillet. Puisqu’il avait exploré le dessous dans la chambre précédente, il opta pour le dessus cette fois-ci. Il sauta à pieds joints dans le lit, puis s’étendit de tout son long en travers de celui-ci. Il était en train d’observer le splendide plafond orné d’une peinture représentant un bosquet de rose sombre, lorsqu’Oyrash fit irruption dans l’encadrement de la porte. Elle annonça d’un seul souffle qu’elle quittait le clan des roses et lui recommandait de veiller à la prêtresse. Il n’eut que le temps d’ouvrir la bouche pour lui répondre qu’elle était déjà partie.

Ne pouvant comprendre quelle mouche avait piqué la phalange pour qu’elle change si rapidement ses plans, il s’assit dans le lit et se gratta la tête, un peu comme son copain d’Izurith Frank l’aurait fait avec sa barbe.

À présent seul, il ne pouvait plus compter sur la protection d’Oryash, ni sur son aide pour secourir la prêtresse. Bien décidé à mener à bien le sauvetage de la jolie blessée cachée dans les bois, il descendit du lit et se rendit jusqu’à l’embrasure de la porte que la phalange avait négligé de fermer. Il marcha à pas de loup tout au long du corridor. Une fois au bout, il regarda à gauche, puis à droite et remarqua une porte laissée ouverte. Il s’y dirigea sans attendre. Dès son entrée, il comprit qu’il était au bon endroit. Quelques petits lits étroits, recouverts chacun d’une couverture d’étoffe grise et d’un oreiller, étaient disposés contre les murs latéraux. Au centre prenait place une grande table ou étaient déposés quelques pansements et baumes. Le mur du fond était pour sa part entièrement garni d’étagères sur lesquelles Fenouil put voir des fioles de toutes les couleurs et grosseurs ainsi que des petits pots de crèmes et des bandages triangulaires. Il était sans aucun doute dans la salle destinée à soigner les blessés. Ne pouvant deviner que la phalange était passée par là, et n’avait pas pris le temps de refermer derrière elle, il se félicita intérieurement de sa perspicacité.

Sans perdre une seconde supplémentaire, il s’approcha des nombreuses tablettes, prêt à y prendre les fioles de soin et déguerpir par la suite. La personne responsable de cette pièce s’avérait quelqu’un de très ordonné, puisque tout semblait classé en catégorie et noté sur des étiquettes. Il suffisait de les lire et de prendre ce qui convenait.

Fenouil regardait ces étiquettes depuis quelques secondes, mais ne réussissait pas à y déchiffrer quoi que ce soit… Et pourtant, l’écriture sur ces petits bouts de papier s’avérait fine, régulière et soignée... Si seulement Fenouil avait su lire, il aurait pu facilement trouver ce qu’il cherchait. Il plissa les yeux, ramassa une fiole au liquide ambré, la regarda à la lumière puis la replaça à sa place. Il se recula d’un pas pour avoir une vue d’ensemble et y réfléchit.

Lorsque sa mère lui faisait sa soupe préférée, il la reconnaissait à l’odeur et par l’apparence. Il considérait inutile d’ouvrir toutes les fioles pour les sentir, car de toute façon, aucune odeur particulière n’avait exhalé de la potion d’Oryash lorsqu’elle l’avait administré à la prêtresse. Par contre, il avait bien vu la couleur et l’opacité. Il se fia donc à ses yeux et ramassa cinq fioles dont les couleurs lui paraissaient semblables à celle de sa compagne aux yeux rougesdont les couleurs lui semblaient semblables à celle de sa compagne aux yeux rouges. Une fois auprès de la prêtresse, il lui présenterait ses trouvailles et celle-ci pourrait lire les petites étiquettes pendues par la cordelette attachée à la bouteille. Il ne lui restait qu’à espérer qu’il eût au moins une potion de soin parmi les fioles choisies.


(((Fenouil ramasse 5 fioles dont la couleur et l'opacité ressemble à la fiole de soin de Oryash)))
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Cromax
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » mer. 25 sept. 2019 12:40

Dans les cieux de Nirtim, clairs et dégagés, je vole d’une liberté insolente. Sanglante, mortelle, même, aujourd’hui. Une liberté qui me coûtera peut-être quelques soucis avec la justice kendrane, dont je n’ai cure, mais qui a surtout ôté la vie d’un homme. Innocent, de surcroît. Et pourtant je ne parviens pas à ressentir la moindre culpabilité. C’est le système qui l’a tué, par ma lame. Une législation trop dure, enfreignant les libertés fondamentales qui a poussé cet homme à me maintenir enfermé alors que je n’avais commis aucun crime. Selon mon jugement propre, en tout cas. Je laisse l’événement derrière : le sang aura coulé ce jour macule mon arme, mais pas mes mains.

Dans les cieux, l’oiselet se fait vite dragon, forme ultime de vie. Ce dragon de gris et de pourpre, ces deux couleurs qui me correspondent tant. De ma vue acérée, je repère vite dans les cieux l’atmos que j’ai envoyé en direction du Clan. Je le survole, le dépasse et le force à me suivre. Nous devons rejoindre ceux qui sont partis plus tôt que nous, sur mes deux étalons d’ébène, sur la trace des deux fuyards du temple. Lorsque je les aperçois, fonçant à travers la plaine, je pique vers l’avant et me pose plus loin, sur leur chemin, afin qu’ils freinent leur avancée. L’atmos me suit, se pose non loin de moi, alors que je reprends ma forme elfique.

Une fois tous les voyageurs rassemblés, je prends la parole pour les unir :

« Laissons derrière-nous Kendra Kâr et allons ensemble à la poursuite de ces meurtriers. Il nous faut être prudents : nous séparer pourrait nous faire risquer notre vie. Voyageons de concert vers le Clan des Roses, où ils pensent se cacher. Je comprendrais que certains ne veuillent pas me suivre dans cette entreprise qui ne les concernerait que peu. Sachez toutefois que toute aide est la bienvenue, et que je saurai me montrer généreux. »

Je me tourne vers Kad’n, lui demandant plus bas de voler vers le Palais de la Roseraie de Soie pour y rassembler mes affaires, les réunir dans l’atmos et prendre information de la situation là-bas. Après quelques consignes supplémentaires ne regardant que lui, je me tourne vers la compagnie, qui a eu le temps de décider de ses buts. Je prends à mon tour l’apparence d’un fier et robuste canasson à la robe d’argent pour permettre, avec mes deux autres étalons et celui de Faëlis, semblerait-il, à tous de voyager à la même vitesse.

Le voyage qui s’en suit est long et fatiguant. Des chevauchées la journée, rapides et soutenues. Et des camps improvisés pour les nuits, avec tours de garde et chasses sommaires et cueillettes diverses pour assurer notre subsistance alimentaire. Ce n’est qu’après plusieurs jours que nous atteignons enfin la Sylve des Premiers Âges et, en son sein, aux racines du Massif des Jumeaux, montagnes ainsi nommées pour leur double occurrence, les abords du Clan des Roses…

Je me change alors, comme chaque soir durant le voyage, en mon apparence initiale d’elfe gris, pour rassembler les volontaires de l’assaut en préparation. Car il s’agit bien désormais d’un assaut, d’une attaque sur cette ancienne forteresse à moitié en ruines. J’avance les prémices d’un plan, connaissant les lieux, mais je laisse mes compagnons le compléter à leur guise, se placer sur cet échiquier que je leur présente, car je ne connais que trop peu leurs propres capacités.

« Le Clan est une forteresse qui n’a qu’un accès principal, une arche en pierre à moitié effondrée, souvent surveillée par des archers. Des personnes plus frêles ou acrobates peuvent s’immiscer par les failles des murs adjacents, dans mes souvenirs, mais ce n’est pas à la portée du premier venu, ni une voie à emprunter en étant à découvert. Idéalement, il faudrait entrer sans avoir à déclencher l’alerte, que nous préservions notre effet de surprise. Aviser des gardes en poste sur les murs et dans la cour et les réduire au silence avant qu’ils n’aient pu prévenir leurs congénères ou ceux qu’on poursuit. Si l’alerte est donnée, tout se compliquera forcément. J’ignore combien de gardes de la rose ils ont bien pu amener ici, et Zarnam autant que cette étrangère masquée sont de puissants lanceurs de sorts. Le but est de les trouver et de les confondre. De les prendre vivants si possible, morts sinon, pour le crime qu’ils ont tenté de perpétrer à l’encontre de Pulinn, Gardienne du Temple, et de chacun de nous via les gardes de la Rose. »

Je me tais un instant, pour reprendre mon souffle, puis déclare :

« Si l’un d’entre vous a une idée ou souhaite faire part de ses capacités particulière, c’est le moment. »

Je tourne les yeux vers Kerenn, ayant été surpris dans le temple de son changement d’apparence. Qui sait ce que cet être à la marge de l’ombre est encore capable de faire ?



[HJ : On va remuer un peu tout ça et passer à la phase finale de l’event. Postez à la suite de ce message l’ellipse du voyage vers le clan des roses selon ce que j’ai décrit. Si vous voulez étayer un peu plus celui-ci, libre à vous bien entendu. Les apartés entre vous ou même avec Cromax (contactez-moi !) sont possibles pendant celui-ci (j’pense à Madoka ou Kerenn qui souhaitaient deviser avec moi). Vu que c’est un gros morceau et que le rythme a été un peu chaotique ces derniers temps, je laisse jusqu’au samedi 5 octobre pour régler tout ça avant de passer à la suite !
Fenouil, je te fais une intervention cet aprèm.]

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Cromax
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » mer. 25 sept. 2019 15:49

Message PNJ

Fenouil n’eut cependant guère le temps de réaliser ses plans. À peine eut-il farfouillé l’infirmerie pour y dénicher ses quelques fioles que la porte de la pièce s’ouvrit sur plusieurs personnes, le forçant à se camoufler instantanément sous peine de se faire découvrir. Deux gardes des roses, aisément identifiables, portaient une troisième personne que le petit être vert reconnut elle aussi sans difficulté : la prêtresse ; Elle avait été découverte, apparemment, par les gardes fouillant les alentours, et était désormais entre leurs mains, au sein de l’infirmerie. Une maladresse d’Oryash ? Peut-être… Il ne pouvait être sûr de rien.

Une quatrième personne les accompagnait, une femme apparemment, toute vêtue de noir et masquée. Elle laissait une main posée sur le front de l’elfe aux cheveux rouges, inconsciente, qui semblait apaisée. La femme parla d’une voix de velours aux deux gardes qui posèrent la prêtresse sur l’un des lits de l’endroit.

« Laissez-nous, maintenant. Elle ne risque plus rien. »

Ils obtempérèrent et laissèrent l’inconnue et l’elfe inconsciente seules dans la pièce avec Fenouil. À lui de choisir ce qu’il allait faire alors : tenter de fuir, avec ou sans discrétion ? Observer, écouter ? Tirer la prêtresse de cette nouvelle prise ? Intervenir directement ? Tel était son choix.

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Fenouil
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Fenouil » ven. 27 sept. 2019 03:19

Ses bras pleins de fioles, Fenouil entendit la porte s'ouvrir. Il eut à peine le temps de les mettre dans son sac et de s'accroupir derrière la table centrale que des gens entraient dans la petite infirmerie. En regardant sous la table, il vit trois paires de chaussures, deux paires de bottes robustes que Fenouil reconnut comme étant celle des gardes de ce palais, et une paire plus petite et délicate. En se penchant encore plus sous la table et levant son regard vers le haut, il vit que les deux hommes transportaient une jolie rouquine... la prêtresse, qu'ils déposèrent sur un des lits disposés contre un mur.

Son casque à présent sur sa tête, le capuchon de sa cape de dissimulation relevée, tentant de demeurer le plus immobile possible, Fenouil regardait les petits pieds, ou plutôt la femme qui les possédaient. Revêtue d'une cape aussi élégante que ses souliers, son visage était à moitié dissimulé par un masque de loup. Mais la vue de ses lèvres pulpeuses rouges, de sa peau satinée, de ses yeux bleus bordés par de longs cils fut suffisante pour conclure qu'elle était d'une beauté incontestable.

Une main sur le front de la prêtresse inconsciente, la dame congédia les deux gardes prétextant que la rouquine ne risquait plus rien. Les deux gardes obéirent et ils ne furent plus que trois.

Fenouil réfléchissait à ce qu'il devait faire. D'un côté, il se sentait soulagé que la prêtresse ne soit plus dans les bois, car il n'avait pas à y retourner. D'un autre, la jeune femme était peut-être en danger parmi ces gens, puisque c'étaient eux qui l'avaient blessée.

Fenouil était un gobelin naïf, mais pas idiot. Il n'y avait qu'une porte dans cette infirmerie. Et si les gardes n'étaient pas dans cette pièce, ils étaient sûrement tout juste de l'autre côté de la porte attendant les ordres de cette élégante dame vêtue de noir. Fuir n'était donc pas une solution cette fois. Et puis, la table ne le cachait guère et sa cape de dissimulation était de piètre qualité. Il vint même à penser que cette femme l'avait peut-être aperçu et que c'était pour cette raison qu'elle avait demandé aux gardiens de sortir. Elle userait probablement de chantage pour le faire parler. Il en vint donc à la conclusion que la meilleure solution était de se dévoiler lui-même avant qu'elle ne le fasse.

Il rabaissa donc sa capuche, mais conserva son masque misant sur son aspect singulier pour déstabiliser sa vis à vis et se leva. Sans dire un mot, il s'approcha de la table où reposait celle qu'il considérait sa protégée, regarda son visage qu'il considérait bizarrement apaisé, puis tourna son attention vers la mystérieuse dame.

Rompant le silence, tentant de prendre un ton assuré, il lui demanda, sans préambule :

"Que lui avez-vous fait ?"
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Kerenn
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Kerenn » ven. 27 sept. 2019 15:36

De retour dans la vaste nef principale je suis rapidement rejoint par le mendiant et le jeune pomponné, qui m'explique que Zarnam et sa complice ont filé via un passage secret, suivis par les compagnons de Cromax arrivés avec lui. Retenant de justesse un juron, je maugrée sourdement :

"Allons bon..."

Mon compatriote emmené par la garde, ses compagnons qui se sont précipités aveuglément à la poursuite d'adversaires d'une rare puissance et moi qui demeure avec deux humains probablement incapables de se servir correctement d'une lame... la situation est réjouissante.

(Pourquoi me suis-je mêlé de ce merdier, déjà? T'es vraiment débile, parfois, Kerenn, tu sais ça?)

Mais, à haute voix, j'ajoute sombrement :

"Allez. Ne traînons pas."

Sans plus attendre, et sans trop me soucier que les deux compères me suivent ou pas, je me dirige vers les portes défoncées puis, de là, droit vers la zone d'embarcation où Cromax nous a assuré que nous trouverions un engin volant lui appartenant. Et de fait, une étrange machine n'ayant pas grand chose à voir avec nos merveilles de technologie et de grâce, sorte de sphère disgracieuse bardée de protubérances qui ne le sont pas moins, attend sur la plaine. Je m'approche aussitôt de l'humain enturbanné de blanc, un homme du désert probablement à en juger par cet accoutrement et son teint hâlé, qui doit être son pilote et lui déclare abruptement :

"C'est Cromax qui nous envoie. Nous devons nous rendre au plus vite dans une espèce de forteresse en ruines située entre la Sylve des Premiers âges et le Massif des Jumeaux. Vous pouvez nous y emmener?"

Quoique ne sachant pas précisément où se trouve le lieu mentionné, l'homme accepte de nous emmener dans cette direction, supposant que l'on devrait pouvoir l'apercevoir du ciel si l'on passe à proximité. Nous embarquons donc rapidement et décollons pour nous diriger au nord. Profitant de n'avoir strictement rien à faire, si ce n'est d'observer le paysage qui défile rapidement sous nous, je fouille dans mon baluchon et en extrais les deux fluides d'obscurité qui me restent pour les avaler coup sur coup. La dose est massive, mais qu'importe, mieux vaut quelques désagréments maintenant qu'un manque de ressources lorsque l'heure sera venue d'affronter nos ennemis. Un froid glacial m'envahit, couvrant mon épiderme de chair de poule, tandis que les ténèbres affluent en mon âme. Pensées macabres, désir inouï de violence, de morts sanglantes et d'impitoyables massacres, je dompte férocement ces dangereuses pulsions, le regard rivé sur l'horizon. Peu à peu, la chaleur regagne mon corps, mes pensées s'apaisent alors que je m'efforce de les axer sur les souvenirs heureux que j'ai de mon épouse.

A peine ai-je encaissé les effets secondaires des fluides qu'une masse sombre nous survole, puis nous dépasse. Mon sang se glace à nouveau dans mes veines et, chose rarissime, je me sens blêmir en découvrant le monstre écailleux qui vole juste devant nous :

"Bordel de dieux! C'est quoi ce truc encore?!"

Un dragon. Un foutu putain de dragon gris et pourpre. Je connaissais leur existence au travers de légendes et de croquis, mais pas une seule fois dans ma longue existence je n'ai seulement songé que je pourrais, un jour, me trouver face à l'un d'eux. Je ne suis pas du genre hésitant lorsqu'il s'agit de préserver ma vie, mes ennemis pourraient en témoigner s'ils vivaient encore. Mais là? Aucune arme ne me servira à rien s'il décide de s'en prendre à nous. Ma magie elle-même ne pourra rien contre cette créature, si ce n'est la rendre folle de rage. Un coup de queue sur l'atmos dans lequel nous sommes et nous nous écraserons comme des fientes de pigeon sur le sol. Une idée exécrable, d'autant plus que je suis déjà mort de cette façon sur Elysian. Revenir une fois encore de l'autre côté du voile ne me tente pas, mais alors pas du tout, en admettant déjà que ce soit possible sur ce monde. Presque tétanisé d'effroi, je finis par réaliser que le monstre ne semble pas décidé à nous abattre dans l'immédiat, mais peut-être n'est-ce là pour lui qu'un jeu semblable à celui du chat et de la souris? Je brûle d'envie d'ordonner au pilote de nous poser immédiatement : au sol j'aurais une chance, non de vaincre cette terreur des cieux, mais de fuir. Seulement, chose absolument incompréhensible à mes yeux, le basané ne semble pas le moins du monde effrayé par l'apparition et dirige son appareil de manière à suivre le gros lézard ailé.

(Sans déconner? Il est plus taré que moi ce mec!)

Mais, s'il y a une chose que je déteste plus encore que la peur, c'est de la montrer. Aussi, puisant dans d'insoupçonnées réserves de volonté, je me force difficilement à reprendre un zeste de contenance. A quoi servirait de paniquer, de toute manière? Si l'heure est venue de crever, qu'il en soit ainsi, quoi que je puisse tenter il n'est pas en mon pouvoir de l'empêcher. Pas face à un tel adversaire. Mon anxiété laisse place, un temps plus tard, à une perturbante incrédulité : le saurien nous a conduit au-dessus des compagnons de Cromax lesquels, montés sur des chevaux, filent à bride abattue vers le nord. Sans tarder, le monstre se pose devant eux, les contraignant à s'arrêter tandis que notre atmos se pose au sol, non loin du dragon qui... se transforme subitement en... Cromax?!

(Merde, mais c'est qui...quoi...ce type?!)

Sortant de l'appareil, je me dirige d'un pas vif vers le Sindel, comme toutes les personnes présentes d'ailleurs, et fronce les sourcils en l'entendant déclarer :

"Laissons derrière-nous Kendra Kâr et allons ensemble à la poursuite de ces meurtriers. Il nous faut être prudents : nous séparer pourrait nous faire risquer notre vie. Voyageons de concert vers le Clan des Roses, où ils pensent se cacher. Je comprendrais que certains ne veuillent pas me suivre dans cette entreprise qui ne les concernerait que peu. Sachez toutefois que toute aide est la bienvenue, et que je saurai me montrer généreux."

Le fixant droit dans les yeux, je gronde d'une voix sourde :

"Je suis avec vous et je n'ai que faire de récompense. Mais bordel, si vous me refaites un coup pareil je vous fais avaler vos dents, tout puissant que vous soyez."

Vaine menace, sans doute, mais qu'il recommence et je tenterai ma chance. Tandis qu'il s'adresse au pilote, je me débarrasse de l'accoutrement ensanglanté du milicien, sans me soucier le moins du monde des regards, et reprends ma forme naturelle en grognant avec dégoût :

"Pouah! Plus jamais!"

Il ne me faut que quelques petites minutes pour me rééquiper avec mon propre matériel, mais c'est plus qu'assez pour que Cromax refasse des siennes. Après le dragon, c'est en canasson qu'il se transforme cette fois... secouant la tête d'incompréhension devant ces pouvoirs qui me dépassent, mais comprenant sans mal l'idée, je l'enfourche d'un bond en songeant que mon quintal et demi sur le dos constituera une bribe de mesquine vengeance pour la trouille qu'il m'a fichue. Quant au mendiant et au nobliau, libres à eux de grimper sur une autre monture, mais pas question qu'ils s'accrochent à moi comme des sangsues et que je me les coltine des jours durant.

Il s'ensuit une longue et épuisante chevauchée, que nous sommes contraints d'interrompre durant l’entièreté de chaque nuit pour que les montures et les humains, véritables loirs incapables de penser correctement s'ils n'ont pas leurs huit heures de sommeil, puissent se reposer. Enfin, pendant que ces fainéants pioncent comme des bienheureux nous autres, Elfes, pouvons toujours occuper notre temps en chassant et en récoltant de quoi nous sustenter. Après plusieurs jours, nous abordons enfin les premiers contreforts du Massif des Jumeaux et, un soir, Cromax entreprend de nous expliquer au-devant de quoi nous allons :

"Le Clan est une forteresse qui n’a qu’un accès principal, une arche en pierre à moitié effondrée, souvent surveillée par des archers. Des personnes plus frêles ou acrobates peuvent s’immiscer par les failles des murs adjacents, dans mes souvenirs, mais ce n’est pas à la portée du premier venu, ni une voie à emprunter en étant à découvert. Idéalement, il faudrait entrer sans avoir à déclencher l’alerte, que nous préservions notre effet de surprise. Aviser des gardes en poste sur les murs et dans la cour et les réduire au silence avant qu’ils n’aient pu prévenir leurs congénères ou ceux qu’on poursuit. Si l’alerte est donnée, tout se compliquera forcément. J’ignore combien de gardes de la rose ils ont bien pu amener ici, et Zarnam autant que cette étrangère masquée sont de puissants lanceurs de sorts. Le but est de les trouver et de les confondre. De les prendre vivants si possible, morts sinon, pour le crime qu’ils ont tenté de perpétrer à l’encontre de Pulinn, Gardienne du Temple, et de chacun de nous via les gardes de la Rose."

Reprenant son souffle après ce long discours, il marque une pause avant d'ajouter que si nous avons une idée, ou des capacités particulières à révéler, c'est le moment où jamais. Je plisse légèrement les yeux lorsqu'il se tourne vers moi à ces derniers mots. Bien que je comprenne l'utilité que chacun sache de quoi les autres sont capables, je n'ai pas pour habitude de révéler mes atouts à de parfaits inconnus, ce que tous ici sont pour moi, Cromax et Faëlis exceptés. Haussant les épaules après un bref instant de réflexion, je lui réponds néanmoins :

"J'ai passé la plus grande partie de mon existence à traquer des Shaakts abâtardis dans leurs maudits tunnels. Si nous agissons de nuit, je devrais pouvoir entrer dans cette forteresse sans me faire repérer et éliminer quelques gardes avant qu'ils n'aient eu le temps de comprendre ce qui leur tombe dessus. Si nous sommes découverts, nos ennemis goûteront au pouvoir des ténèbres et apprendront ce que terreur signifie, mais je ne pourrai sans doute rien contre la femme qui vous a arrêté au temple."


*****
Note GM :

absorption d'un fluide d'obscurité 1/4 et d'un fluide d'obscurité 1/16

Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?
Zenrin Kushu

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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » mer. 2 oct. 2019 21:36

Message PNJ


La femme masquée ne sembla effectivement pas fort surprise de l’apparition du petit être curieusement accoutré à ses côtés. Ou tout du moins n’en montra-t-elle rien. Elle se contenta de répondre à la question du jeune gobelin d’une voix douce.

« Je l’ai fait soigner. Et maintenant elle se repose. Vous ne devriez pas porter si ostensiblement des habits d’un monde si lointain, petit être. Cela pourrait causer des réactions vives à votre égard. »

Elle inclina la tête sur le côté, attendant la réaction du petit en question.

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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Fenouil » mer. 2 oct. 2019 23:12

D'une voix fort agréable aux oreilles du gobelin, la dame répondit sur le ton naturel de la conversation à sa question. Elle prétendait l'avoir fait soigner. Tout en examinant la prêtresse, Fenouil demeurait perplexe, se demandant si le sommeil de la rouquine était réparateur ou pas. Alors que Fenouil ne disait mot, la jolie dame lui fit remarquer qu’il ne devrait pas porter un habit provenant d'un monde lointain. Elle craignait des réactions vives à son égard.

Tout en retirant son casque pour l'accrocher à une sangle de sa ceinture, il commenta d'un ton naturel, comme s'il conversait avec quelqu'un qu'il connaissait bien.

""Je m'inquiète de la voir dormir ainsi. Je ne sais pas si je dois vous croire lorsque vous dites qu'elle se repose. Pourquoi donc songeriez-vous à la soigner après l'avoir blessée ? "

Puis, sautant du coq à l'âne, il rajouta :

"Izurith. Ce monde s'appelait Izurith. J'aime bien ce casque, il me fait rire, il ressemble à une tête d'insectes... mais je trouve le reste du costume très joli tout en étant confortable. C'est le beau chapeau de Frank que je voulais, il m'avait d'ailleurs promis qu'il m'en offrirait un."
Modifié en dernier par Fenouil le dim. 15 déc. 2019 16:23, modifié 1 fois.

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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » mer. 2 oct. 2019 23:17

Message PNJ

Les réactions de la femme masquée sont dures à percevoir, à travers son masque noir. Elle répond cependant.

« La blesser ? Je viens juste d’arriver après une longue chevauchée en provenance de Kendra Kâr. En aucun cas je n’aurais pu la blesser. »

Puis, elle poursuit sur ton autre commentaire.

« Qui est donc ce Frank, et son beau chapeau ? Aussi quelqu’un venant d’Izurith ? Que savez-vous sur ce lointain monde ? »

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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Fenouil » mer. 2 oct. 2019 23:41

La remarque de Fenouil sembla avoir surpris la dame. En fait, c'est ce qu'en déduisit Fenouil par le ton de sa voix, puisqu'il ne put voir l'expression de son visage, le masque de loup l'en empêchait. Elle ne comprenait pas pourquoi, il l'accusait d'avoir blessé la prêtresse, affirmant qu'elle arrivait de Kendra Kâr après une longue chevauchée.

"Il est joli votre masque, mais il cache votre visage... Moi, j'ai enlevé le mien, vous pouvez faire pareil, non ? ... Frank est mon ami d'Izurith... enfin au début, il ne l'était pas, mais ensuite l'est devenu... mon ami. Ce monde est désormais disparu... Il y avait beaucoup de choses bizarres, mais il manquait les plantes et les animaux."

Retournant au propos qui le préoccupait davantage, il rajouta:

"Mais les gardes de ce palais, nous ont reçu de façon très agressive, Oryash et moi, même si elle disait être une amante de la Rose... c'est bizarre comme nom... Bref. J'ai trouvé la prêtresse alors que je longeais la rivière. Elle m'a demandé de l'aide et m'a dit qu'elle ne voulait pas retourner ici, qu'elle y était en danger. Je me suis occupé d'elle. Moi et la phalange, on lui a donné une potion de soin et on l'a caché dans les bois pour venir ici trouver des fioles pour la soigner davantage... "

Puis redressant fièrement les épaules et le menton, il ajouta:

"Moi, je reste ici jusqu'à ce qu'elle se réveille. Je lui ai promis que je l'aiderais. Et je l'aiderais même si je ne lui avais pas promis... Je m'appelle Fenouil."
Modifié en dernier par Fenouil le dim. 15 déc. 2019 16:29, modifié 1 fois.

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Gamemaster9
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Gamemaster9 » jeu. 3 oct. 2019 10:49

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À la remarque de Fenouil sur son masque, Fenouil put voir un mince sourire se dessiner sur les lèvres de la femme masquée. Lorsqu’il eut fini de parler, elle acta sa réponse plus qu’elle ne la parla : elle se débarrassa de son masque et de sa cape noirs, laissant apparaitre ses traits au petit gobelin. Ceux d’une femme élégante et jeune, à la peau pâle et aux yeux clairs, chevelure sombre, dans une robe pourpre mettant en valeur sa taille fine.

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Elle se mit alors, le plus naturellement du monde, comme si elle n’avait jamais porté de masque, à répondre aux questions de Fenouil. Elle ne relança, ce faisant, pas le sujet d’Izurith, se concentrant sur le Clan des Roses et la curiosité du sekteg.

« De ce que je sais, celle dont vous parlez aurait été au moins aussi agressive que les gardes de cette citadelle. Ce qui n’est guère étonnant, venant d’elle. Vous, en revanche, petit être, n’avez pas été reçu en ces murs… Sauf si je ne m’abuse. C’est une bonne chose que vous ayez trouvé et soigné ma prêtresse. Elle aurait pu mourir de ces regrettables blessures, c’eut été une perte horrible pour ce Clan. Votre dévotion est admirable, je vous autorise sans peine à rester à son côté, Fenouil d’Izurith. »

Elle gardait ce même sourire doux sur le visage. À son tour, elle se présenta.


« Quant à moi, je suis la Rose Sombre à laquelle tous ceux-là sont associés. Les amants, les gardes, la prêtresse… Et les autres. Je les connais tous, même si peu m’ont déjà vue sous mon vrai jour. »
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Fenouil
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Fenouil » ven. 4 oct. 2019 02:44

La requête du gobelin fit sourire la jolie dame qui en guise de réponse passa à l'action et retira masque et cape. Il put alors voir qu'elle était encore plus jolie qu'il l'avait imaginé... Ses yeux, qui lui avaient semblé d'un beau bleu, s'avéraient d'un magnifique vert qui se mariait admirablement avec sa peau très pâle et ses cheveux sombres. Sa robe grenat ne faisait que mettre en valeur son élégance.

Ainsi dévoilée, ce fut avec spontanéité de bon cœur qu'elle commenta les propos de Fenouil. Elle lui fit remarquer qu'Oryash avait fait montre d'autant d'agressivité que les gardes. Se grattant la tête, Fenouil dut avouer en dodelinant celle-ci, qu'elle venait de marquer un point. Elle renchérit que pour sa part, il était arrivé là sans permission, tel un voleur. Il hocha de nouveau la tête, elle avait parfaitement raison. Elle avoua par contre que sans son intervention, la prêtresse aurait pu mourir des blessures qui lui avaient été infligées. Suite à son action, elle autorisa le gobelin à demeurer aux côtés de sa protégée.

Toujours avec ce doux sourire qui charmait Fenouil et qui en retour lui offrit le sien, plutôt niais, elle se présenta enfin comme étant la Rose Sombre.

Songeur, il demeura immobile, et répéta dans sa tête les paroles que cette Rose sombre venait de prononcer. Il fronça les sourcils insatisfaits, puis se les répéta une fois de plus. Puis, tout en se croisant les bras, il la regarda, la soupçonnant d'avoir volontairement oublié de parler de la cause des blessures de la prêtresse.

Regardant fièrement la Rose Sombre, il lui répéta mot à mot sa phrase précédente, la prononçant plus lentement, appuyant sur chaque mot, tout en conservant un ton calme et une voix douce...enfin le plus doux qu'il en était capable, malgré qu'elle soit éraillée.
"... Elle m'a demandé de l'aide et m'a dit qu'elle ne voulait pas retourner ici, qu'elle y était en danger. "

Il n'en dit pas plus, la tête un peu relevée afin de pouvoir la regarder dans ses jolis yeux verts. Il était prêt à répéter cette phrase jusqu'à ce qu'elle se décide de la commenter.
Modifié en dernier par Fenouil le dim. 15 déc. 2019 18:38, modifié 4 fois.

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Madoka
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Madoka » ven. 4 oct. 2019 22:44

Les chevaux sont incroyables, ils galopent sans peine et obéissent aisément compte tenu de notre récente rencontre. Et pourtant, le trajet n’est pas simple.
Comme attendu, nous avons très vite perdu le confort des routes et chemins. Nos aptitudes à se repérer et s’orienter grâce au soleil sont limitées, aucun de nous n’est un savant liseur d’astres ou d’étoiles. Passer plusieurs minutes ou heures dans une journée à préférer un chemin risque de nous faire perdre le cap, aussi nous avançons toujours droit grâce à ma boussole et ce, malgré les difficultés du terrain.

Nous nous arrêtons après plusieurs heures de galop pour reposer les chevaux et surtout permettre à la jeune femme de marcher un peu et se détendre les jambes et les bras. Voyant que Faëlis s’occupe des chevaux, je la rejoins sous un arbre où elle s’est installée et lui présente les fioles récupérées au marché. Les mains dans son corsage, elle retire unes à unes les billes ensanglantées de son collier brisé qui s’y étaient logées depuis le Palais. Une belle mort pour un bijou ... me dis-je en appréciant éhontément la vue.
La jeune femme observe les fioles, les reconnaissant sans mal et lève les yeux vers moi, surprise et curieuse, s’inquiétant du coût et craignant que je me sois ruinée pour elles. Pour la rassurer sur ce point sans avoir même à mentir, je lui réponds d’un ton nonchalant.

« Pas le moins du monde, votre charme avait déjà conquis le jeune marchand. Tout cela dépasse mon entendement, mais vous sembliez vraiment peinée en les reposant et j’ai cru comprendre que ces choses sont plutôt nécessaires aux mages. »

Elle sourit avec indulgence en observant les fioles, m’expliquant alors pour trouver une comparaison évidente, que le contenu est l’équivalent des bûches pour un feu de camp. Je me félicite intérieurement d’entendre ces mots précisément, plutôt fière d’avoir su traduire correctement le long discours théorique et complexe de Lilo, trop vieux et érudit pour savoir que son interlocuteur est un non-initié.
La jeune femme hésite cependant à accepter, me demandant ce qu’elle peut m’offrir en contrepartie. Je m’étonne aussitôt de ne pas y avoir pensé avant et secoue la tête.

« Rien du tout, vraiment. A vrai dire, j’ai échangé ses fioles contre des bijoux d’esclavagistes que j’ai tués … vous comprendrez que cela ne nécessite aucune contrepartie. Vous prenez de grands risques pour aider Cromax, si cela peut aider ne serait-ce qu’un peu à les réduire, c’est suffisant pour moi. »

Sa bouche se raidit lorsqu’elle balbutie un mot que je viens de prononcer familièrement.

« Pardon, je manque de tact parfois. » Dis-je sans pourtant deviner lequel entre esclavagistes ou tué l’a surprise le plus.
Elle acquiesce subtilement sans se départir de son doux sourire enjôleur et s’amuse, tandis que nos mains se rejoignent, de ne point connaître mon nom. Nous nous présentons de manière plus officielle en riant, chacune sans le dire repense sûrement à toute la frénésie qui nous charrie depuis notre rencontre.

« Enchantée, Tina de Tulorim, dis-je en relâchant mes mains. C’est très loin d’ici, qu’est-ce qui vous a amené sur notre chaotique continent ? »
« Les affaires » Répond-t-elle hâtivement, et poursuivre après une pause que je reconnais sans mal, celle où l’on choisi les mots qu’on va prononcer, sans trop en dire et sans piquer l’intérêt de l’autre. Une affaire qui l’a mené à Bouhen pour récupérer un objet précieux vendu à la mauvaise personne. « Et j’en ai profité pour …. Jouer un peu les aventurières. »

Un parfait exemple, s’il en est, de l’appel à l’aventure, est la voix de Faëlis qui retentit, nous conviant à reprendre la route au plus vite.

« Oh, l’aventure. Elle va de paire avec la proximité d’un certain Sindel, n’est-ce pas ? »



Avant même la fin de cette journée, Cromax réapparaît, splendide dans sa forme de dragon et suivit de près par le terrible engin volant, transportant l’autre Sindel, étonnamment accoutré de l’uniforme de la milice Kendranne et des deux visiteurs du temple.
Une fois tous rassemblés autour de lui, Cromax prend la parole, sérieux et déterminé. Il nous exhorte à la prudence et au rassemblement mais nous laisse le choix, encore une fois, de le suivre ou non. Je hoche simplement la tête lorsqu’il croise mon regard.

Un court silence s’installe lorsque tous les volontaires s’observent tandis que Cromax renvoie le pilote de l’engin ailleurs, sans passagers. Trois chevaux, sept personnes … même robustes, les bêtes ne tiendront pas le coup, même rapides, les elfes ne suivront pas le rythme.
Sans prévenir, sans une phrase ou un simple mot, Cromax se transforme à nouveau et cette fois en cheval.

((En fait non, j’laisse tomber, ce monde est complètement taré !!))

C’est la goutte de trop. Je vais arrêter de penser et de me questionner ; mes savoirs, ma logique et même mon imagination finissent par être dépassés par tout ça. Je fais volte-face et, en rejoignant ma monture, je croise l’homme au masque blanc vêtu de guenilles. Finalement volontaire pour cette dangereuse expédition, il me demande s’il peut monter avec moi. Je l’observe un instant, détaillant sa taille et son poids et le comparant au nobliau. Plus fin, plus léger et moins vêtu, il devrait réussir à se tenir derrière moi sans être trop gêné par la tente. Je lui désigne un espace libre contre les couvertures.

« Accrochez vot’ barda là si besoin, grimpez et accrochez-vous. »

***
Défile alors une longue et harassante chevauchée à travers la dense forêt au nord de Kendra-Kar. Des journées à user les chevaux et nos arrières trains et des nuits à alterner les tours de gardes et les heures de sommeil bienvenues. Les elfes sont grandement aidés par leur condition et s’occupent principalement de la chasse et la cueillette, tandis que nous montons et démontons le camp chaque soir et chaque matin. Une morne routine s’installe mais les jours passants, je m’adapte au rythme et parviens à gérer ma fatigue.



Un soir alors que nous sommes de garde, je décide de suivre les conseils de la compagne de Cromax. Je m’installe à côté de lui et sers deux bols de l’infusion que je viens de préparer. Mille fois, depuis le Palais, j’ai cherché comment entamer cette conversation et, mille fois, j’ai effacé tous ces essais, intimement convaincue que laisser faire l’instant présent serait plus adéquat.
J’inspire donc profondément et vide mon esprit.


« Est-ce que nous étions proches tous les deux ? Je vous vouvoie depuis des jours mais vous me tutoyez … ça en devient presque gênant pour moi. »

Dans son regard, je ne lis aucune surprise ou réticence à me voir m’installer là. Il s’attendait à ma venue et à mes questions, tôt ou tard. Dans le ton de sa voix, je ressens l’effort et les difficultés à entamer un tel récit. Il m’apprend que nous faisions parti d’une même communauté enquêtant sur les colliers dont j’avais fait mention des jours avant, lors de notre rencontre au Palais de la Roseraie de Soie. Ce n’est cependant pas cette collaboration passée qui justifie son tutoiement, l’autre alternative impose une distance qu’il n’apprécie pas. Je tente une boutade à ce propos, que je regrette presque aussitôt. Ce soir, la nonchalance ou l’humour ne me sera d’aucune aide.
Plus sérieusement, je l’écoute et ferme parfois les yeux, essayant de mettre en images ce qu’il me dit pour raviver ma propre mémoire, notamment lorsqu’il évoque les Treize lieutenants maudits d’Oaxaca, qui géraient une île mystérieuse où notre enquête nous a menés. Il s’enquiert de ce dont je me souviens avant de m’en dire plus et, même si on pourrait penser que la mention de tels êtres surpuissants réveille n’importe qui, ce n’est pas mon cas. Tout est sombre et froid, rien ne ravive ne serait-ce qu’une impression ou une sensation.

« Je ne me souviens de rien, et ça me hante. Mais ce que je sais est pire encore, parce que ce n’est pas naturel et ça me hante encore plus. Je me souviens avoir eu ces colliers en main, puis plus rien jusqu’à … mon réveil, dans le temple de Rana.»

Il détourne le regard, pensif. Je n’ose lui dire que les détails sont inutiles et il semble le ressentir car il juge trop compliqué d’être exhaustif mais se fait fort d’être pertinent malgré son embarras poignant. Les colliers étaient des créations de deux lieutenants d’Oaxaca, Khynt et Crean Lorener dont seuls les noms me semblent familiers, et encore. Grâce à une magie qu’eux seuls maîtrisent, ils en avaient fait des objets surprenants, à la fois capable d’augmenter la puissance martiale des porteurs mais aussi de voir à travers leurs yeux. Mais le véritable but de ces colliers était de contrôler les porteurs de colliers.
Cette seule notion me donne des frissons. Perdre le contrôle, n’être plus qu’un outil sans volonté propre ; cela ressemble à mes pires cauchemars. Je ne sais ce que je ferais si j’étais privée ainsi de ma liberté, emprisonnée de ma propre conscience. Mon sang se glace lorsque je réalise alors que nous portions tous ces colliers à notre arrivée sur l’île, que nous étions sous l’emprise de leur domination.
Et une fois portés, les colliers ne pouvaient plus être ôtés.
Il marque une pause et grimace en me regardant. Ses yeux parlent pour ses lèvres. Il existait quand même un moyen. Mes pensées vont plus vite que ses paroles car le fait est que je ne me suis pas réveillée avec un collier maudit autour du cou. Ma main s’y attarde, cherchant du bout des doigts le relief sous ma peau, senti plusieurs fois depuis mon réveil, comme une cicatrice profonde. Etait-ce finalement la marque du collier ?

Au cours de notre expédition, nous avons combattu des créatures sauriennes dont le chef, vaincu, avait accepté de nous parler.
Il marque une nouvelle pause. Le trouble qui vacille dans son regard est réel, lui qui se souvient de ces moments pesants, lui à qui je demande de les revivre. Ma propre angoisse est difficile à cacher, ma détermination manque de flancher à chaque minute qui passe, à chaque mot qui se rapproche un peu plus de l’instant fatidique. Ma voix s’étrangle lorsque j’ouvre ma bouche desséchée.


« Je suis désolée. J’ai vu ton regard au palais, et j’ai compris. Je suis désolée de te faire endurer ce souvenir … mais je veux, j’ai besoin de savoir. Depuis des mois, cela me hante et me rend folle, je n’arrive même pas à dire le mot à haute voix. Je suis vraiment désolée … mais s’il te plait, continue. »

Il baisse les yeux et hoche la tête en signe de consentement. La discussion avec la créature saurienne n’est pas évoquée dans le détail, sûrement trop décousue dans ses souvenirs . Ce qui en ressort, c’est que je n’ai pas été convaincue par son discours … un doux euphémisme étant donné que ma seule réponse à été de rejeter en bloc les justifications relatives aux colliers et de l’attaquer. Que nous avait-elle conseillé pour que j’en arrive là, de ne pas nous rebeller contre la domination des colliers ? Et là encore, je ferme les yeux, essayant de me rappeler l’influence du collier sur mon état d’esprit à l’époque.
C’est alors que les mots tant attendus que redoutés arrivent aux bords de ses fines lèvres pincées …
Je l’entends décrire ma mort comme on perçoit les sons au fond d’une caverne, sauf que les échos sont portés par les battements de mon cœur. Elle fût rapide … une seconde, encore moins. Figé par l’horreur, mon esprit torturé répète en boucle ce mot maintenant gravé à jamais dans ma mémoire. Décapitée … Ce ne sont pas les marques du collier que je sens sous ma peau, c’est la cicatrice de ma mort, mon corps en porte les stigmates ; ainsi que mon âme, maintenant. Je reste figée, les yeux plantés dans les siens, incapable de bouger ou de respirer. Comment j’ai pu réussir à me convaincre que je devais savoir, comment un mortel est censé vivre avec ça … comment un mortel est censé vivre Après ça ! Mes pensées se bousculent, s’échappent, fuient les images qui s’imposent à moi, comme en châtiment pour avoir transgressé le vœu d’un prêtre qui ne voulait que mon bien.
Soudain prise de tremblements incontrôlables, je me lève et m’agite comme un pantin désarticulé. Les vertiges, les pensées, les images, tout s’agite et se confond tandis que le mot résonne dans tout mon corps. Décapitée …
J’essaye de lever un bras pour m’excuser et m’éloigner sans être suivie. Un effort incommensurable m’emmène à quelques mètres du feu de camp et, à l’abri d’un arbre, j’expulse mon maigre dîner et un flot de bile acide qui me ronge de l’intérieur.

Les minutes passent pendant lesquelles je respire profondément et médite. J’étais persuadée d’être en mesure de surmonter tout cela, j’étais persuadée d’en avoir besoin pour avancer, alors maintenant, je ne peux pas me laisser abattre par mes émotions. Tout ce que je suis, toute l’insensibilité qui m’est propre et qui fait de moi quelqu’un d’aussi étrange remonte à la surface. Je vais dompter ce souvenir, le surpasser et en faire une nouvelle force. Ce ne sera pas rapide, ce ne sera pas facile … mais ce ne sera pas impossible.

Cromax a le regard baissé lorsque je reviens. Il garde le silence tandis que mes mots tentent un premier pas vers un invraisemblable exploit, évoquer ma mort sans y penser.


« Est-ce que … je le savais, quand j’ai … et ma … et mon … » Que disais-je à l’instant, ce ne sera pas facile …
« Je suis désolé, Madoka. Je... je n'ai rien pu faire, ça a été trop rapide. »

Je ne l’entends qu’à moitié, mes mots et mes pensées ne s’accordent soudain plus ; et pour cause, mon regard vient de s’accrocher à un détail qui renverse la situation. Le Sindel n’a plus le collier, celui qui ne s’ôte qu’à la mort du porteur.

« Ton cou … le collier … est-ce que tu ... ? »

Son visage expressif me répond déjà à moitié, il se mord la lèvre et soupire lourdement comme étranglé par un lourd fardeau. Il n’est pas mort sur cette île mais il évoque un sombre accord passé, avec l’un des Treize probablement, pour retrouver sa liberté. Une liberté toute relative à n’en pas douter. Je le sens ennuyé et perturbé, il toussote et poursuit d’une voix plus solennelle. Je m’installe à ses côtés sans grand équilibre tandis qu’il espère sincèrement que savoir que les responsables ont été punis ; qu’il les a fait plier avec leurs propres armes et que l’île a été entièrement détruite ; puisse avoir un effet positif sur moi.
Vite emportée par un courant néfaste de pensées, je ne sais que penser de ce qui ressemble à une vengeance par procuration. Lui-même sent que cela ne peut faire grande différence … si ce n’est sur le regard que je porte sur lui. Lui qui se transforme, lui qui côtoie une créature intimidante, lui qui a fait face à la domination de deux lieutenants d’Oaxaca.

« Cela n’est pas sans importance … peut être pas pour moi. J’ai l’impression que c’est à moi que je dois en vouloir, pas à celui qui m’a … mais c’est une bonne chose que cette île et les colliers soient enterrés. »

D’un soupir las et tremblant, je pense à voix haute pour m’aider à remettre de l’ordre dans mon esprit ébranlé.

« Je crois qu’une petite part de moi espérait que tout cela ne soit qu’une espèce de métaphore spirituelle tordue de prêtre. Je suis stupide, qu’est-ce que j’imaginais …
Moi qui voulais tout savoir, je me demande si je dois aussi chercher à comprendre comment et pourquoi je suis encore là»


Une question rhétorique s’il en est. Une question sans réponse très certainement mais il s’y emploie quand bien même il semble particulièrement troublé lui aussi par mon cas. Je vais de surprise en surprise avec cet être hors du commun car il avoue avoir traversé le Royaume des Morts de son vivant mais qu’il ignore comment ce qui m’est arrivé est possible.

« Il y a encore quelques années, je croyais le monde simple. Et maintenant … tout est devenu compliqué et mystérieux. Trop pour moi, c’est certain.»

Certain ? Un pléonasme serait plus exact !
Il relève la tête, inspire et souffle profondément avant de poser une main sur la mienne. Un contact ferme que je raffermis en serrant mes doigts sur les siens. Un contact rassurant aussi car même troublé et perturbé par tout cela, il reste là, influent à sa manière et confiant.

« Mais si tu es en vie, c'est qu'il te faut profiter de celle-ci. Qu'importe s'il existe une raison précise : tu es la seule à pouvoir décider qu'en faire. Rattraper un passé révolu ou... aller de l'avant. »
« J’ai déjà fait mon choix, je ne reviens pas en arrière. Ma vie est précieuse, maintenant je le sais. »
« Exactement ! » dit-il en souriant « Et je suis content qu'elle ait recroisé la mienne. Sois assurée que je ne laisserai personne te la prendre à nouveau, tant que tu seras à mes côtés. »
Habituée à me servir des états d’âme des autres comme d’un élan, je souris sans peine, sans me forcer. La confiance qui habite ses mots est si saisissante que je tente un trait d’humour, plus à mon intention qu’à la sienne.
« Un jour, je le serais sans doute aussi et malgré tout ! »

Il est loin, le jour où je pourrais faire allusion à cet épisode de ma vie avec un brin d’humour sans sentir mes tripes se nouer. Je pose mon autre main sur la sienne, y cherchant un soutient et un moyen de commencer mon nouvel objectif d’aller de l’avant.

« Merci … sincèrement. Merci d’avoir accepté de me parler. »

Il opine du chef et me répond naturellement que se taire ou pire n’aurait pas été décent. Les mots qu’ils prononcent ensuite font écho aux miens, déclamés il y a plusieurs semaines pour me résoudre à entamer cette stupide quête de vérité. ((Ma vie, mon histoire.)) Je me les répète à nouveau, et cette fois je compte bien en faire ce que je veux. Mais dans l’immédiat, mon principal objectif est de passer la nuit sans toucher mon cou ou de penser à ma tête roulant à mes pieds.

Un bruit de pas dans notre dos met un terme à notre étrange et indescriptible tête à tête. Le Sindel à carrure de Garzok vient prendre la relève avec cette allure qui le caractérise le plus, neutre et hautaine. Encore main dans la main avec Cromax, je desserre les doigts et effleure sa peau plus délicatement et me relève en échangeant le plus naturellement du monde un clin d’œil complice.





Les nuits suivantes ne sont pas les meilleures de ma vie. De nombreux cauchemars me réveillent en pleine nuit mais à nouveau, la routine s’installe et je finis par m’y adapter tant bien que mal.
Après plusieurs jours, les premiers reliefs du massif des jumeaux se dévoilent. Cromax fait arrêter le groupe et nous dévoile son plan. Le Clan est une forteresse en ruine n’ayant qu’un accès principal surveillés par des archers, mais qui dit ruine dit failles et d’après ses souvenirs, des personnes frêles peuvent y accéder et s’infiltrer à l’intérieur pour éliminer le plus de gardes possibles sans donner l’alerte. Il ignore combien ils sont, et je remarque qu’ils les nomment encore gardes de la rose comme si leur existence se résumait à cela.
Il souhaite plus que tout confondre Zarnam et cette mystérieuse femme en noir mais nous met en garde contre eux car ils sont tous deux de puissants lanceurs de sorts. Après une courte pause, il laisse la parole à chacun d’entre nous.

« Je peux m’infiltrer par l’une de ces failles. Et le faire de nuit ne me pose aucun problème. Si je m’associe à votre congénère, nous pourrions réussir à libérer l’arche principale. »

Modifié en dernier par Madoka le mer. 18 déc. 2019 22:00, modifié 6 fois.

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Tina
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Tina » sam. 5 oct. 2019 00:05

[Avant]
-15-

Si la tulorienne pensait pouvoir éviter d'entacher sa réputation en chevauchant de concert avec l'un de ses compagnons, voir l'elfe Faëlis venir à elle avec non pas deux mais trois montures lui fait comprendre rapidement qu'elle n'aura pas le choix. La voilà contrainte à avouer ne jamais avoir chevauché auparavant et ne pas entrevoir d'issue quant à le faire parée de sa robe rouge. L'elfe blond se montre étonnamment confiant en sa capacité à lui inculquer les bases de l'équitation et ne cesse de la rassurer à chaque étape. Il la fait se placer en selle avec un marchepied et son aide puis juste un peu d'aide, jusqu'à ce que la belle parvienne à monter seule. Il fait ensuite marcher sa monture avec lenteur, semblant méprendre le silence de la jeune femme pour une sorte de raideur liée à de la crainte. En vérité, Tina est subjuguée. Elle perçoit le roulement des muscles de la bête, l'écho des sabots à chaque pas, et surtout elle observe les alentours d'un point de vue totalement différent. Voilà qui explique l'arrogance qu'elle a pu constater chez certains cavaliers aux atours trop propres.

Lorsque l'ynorienne les rejoint, accompagnée par un porteur et du matériel, la jeune femme se sent assez en confiance pour diriger le cheval par elle-même. Elle s'assure tout de même se placer entre les deux autres cavaliers, histoire que son cheval ait un repère à suivre et que l'un de ses compagnons la remarque en cas de souci. Son bandana réutilisé en étoffe pour retenir sa longue chevelure, Tina laisse le cheval filer sous le vent. Les premiers temps sont emplis d'émerveillement de voir la vitesse à laquelle les paysages défilent, de sentir la brise contre sa peau, de la sensation de ne plus être tout à fait elle-même. Jusqu'à ce que le chemin se fasse chaotique puis inexistant, que quelques crampes dans les jambes se fassent sentir et qu'une sensation désagréable la saisisse aux épaules, plus tendues qu'elle le pensait. Nul doute qu'elle en aura des souvenirs peu appréciables dans les jours suivants.

Fort heureusement, les autres cavaliers finissent par ralentir puis faire une pause. Pour s'assurer que les chevaux tiennent le rythme, peut-être. Pour vérifier que Tina puisse faire de même, certainement. La tulorienne est à l'abri d'un arbre, en train de retirer le reste des perles ensanglantées du fond de son corsage, lorsque l'ynorienne vient la trouver. Tina laisse choir les débris de son collier sur le sol forestier, songeant qu'elle devra trouver une autre breloque pour apaiser Mémé Samantha, et se retourne. Ses beaux yeux tombent alors sur trois fioles dont deux assez larges que son interlocutrice lui tend. Elles ressemblent à celles emplies de fluide qu'elle avait remarqué au marché. La couturière ne sait que penser sur le coup. L'autre jeune femme l'aurait-elle aperçu renoncer à ces objets plus tôt ? Quand elle songe au prix de la plus petite fiole qui semble la narguer dans ces autres mains...

"Vous avez du vous ruiner.", fait la belle en avisant les yeux noirs de sa camarade.

Cette dernière la rassure, lui racontant que le marchand qui avait tant cherché à écouler sa marchandise avait en fait succombé au charme de la tulorienne. Sous-entendu, il était plus enclin au négoce que pour quelqu'un d'autre. Son interlocutrice confirme l'avoir observée et vue peinée de devoir renoncer à ces fioles. Tina sourit avec indulgence en pensant au commerçant et acquiesce lorsque sa compagne de voyage pense ces fioles nécessaires aux mages. La belle brune réfléchit un instant, songeant que vue la façon dont l'autre femme avait refusé la magie de lumière, la magie tout court ne devait pas être dans ses petits papiers.

"Pour rester dans la comparaison, je dirais que le contenu serait à mon potentiel comme des bûches à un feu de camp.", explique-t-elle en tendant une main vers les contenants proposés puis en reculant finalement les doigts, songeuse. "Elles me seraient nécessaires, en effet.", confirme la belle. "Que puis-je vous offrir en contrepartie ?", ajoute-t-elle sur un ton neutre, curieuse de savoir ce qu'une personne comme l'ynorienne, capable de se battre, de tuer, de jurer comme le plus rustre des charretiers et de rire de bon cœur, est du genre à demander en retour.

Un petit silence prend place. Visiblement, l'ynorienne n'avait pas pensé être ainsi questionnée sur ses intentions. Tina patiente, un sourire tranquille aux lèvres. Il se transforme en une moue surprise quand elle entend ne rien lui devoir du tout. Elle enchaine, expliquant alors avoir troqué des bijoux pillés sur les corps d'esclavagistes tués de sa main contre les fluides. Elle ajoute encore, comme réellement inquiète à son sujet, que les risques pris pour aider Cromax étant grands, savoir ces petites fioles aptes à les réduire un peu lui suffit. La tulorienne, irritée par le seul mot esclavagiste, finit par acquiescer, non sans avoir longuement cogité en quête d'une fois où quelqu'un, autre qu'un membre de sa famille, lui aurait offert un présent sans idée farfelue derrière la tête. La belle finit par glisser ses mains sous celles de son interlocutrice, les effleurant à peine.

"Alors vous avez toute ma gratitude, chère..."

Tina s'interrompt subitement, les lèvres suspendues dans leur mouvement s'arquant pour afficher un petit sourire amusé. Elle l'appuie bientôt d'une expression taquine.

"Avec toute cette agitation, avons-nous seulement échangé nos noms ?", s'amuse la jeune femme, laissant l'autre lui confier les fioles et entourer ses mains de façon presque protectrice des siennes. Elle lui confie alors son nom. "Madoka.", répète-t-elle avant de remarquer quelque chose, de secouer la tête et de se reprendre, en accentuant le prénom de la même façon que son interlocutrice. "Madoka. Je suis Tina, de Tulorim. Ravie de faire officiellement votre connaissance."

Le sentiment d'amusement est partagé. Les deux jeunes femmes discutent un petit moment sur la raison de la présence d'une tulorienne si loin de chez elle. Tina montre à peu près patte blanche, expliquant qu'une affaire d'objet malencontreusement cédé et un désir de goûter à l'aventure sont à l'origine de sa venue. Leur discussion est cependant écourtée par la voix de l'elfe clair, les incitant à reprendre la route. Tina plisse les yeux, cherchant à refouler la raideur persistant quelque peu dans sa cuisse par sa seule volonté. Elle en est distraite par un trait d'esprit de Madoka, lui rappelant à juste titre que l'aventure va de paire avec un certain elfe gris. Elle pense alors brièvement à son hôte et partenaire d'enquête, tellement englué dans l'aventure qu'elle vient le traquer jusque dans ses appartements. Elle espère qu'il aura réussi à se tirer de la situation tendue du temple et enfourche sa monture, aussi élégamment qu'une débutante déjà courbaturée est apte à le faire.

Les montures reprennent la route à bride abattue pendant un long moment jusqu'à ce qu'une ombre gigantesque les survole puis les dépasse. Tina tressaille un instant, ne se reprenant qu'une fois la silhouette de Cromax accompagnée de l'atmos visible. La belle laisse filer un souffle apaisé et accueille avec plaisir la brève pause que leur venue engendre. L'elfe célèbre leur confirme leur destination, le Clan des Roses, offrant aux présents une ultime chance de rebrousser chemin. Certes, toute cette histoire ne la concerne guère, mais elle aurait pu embarquer sur un navire depuis la cité blanche si elle avait voulu rentrer. Sans oublier que c'est une occasion inespérée de lier connaissance avec d'autres personnes pouvant potentiellement devenir de bons alliés. Hors de question de renoncer si aisément. Un simple regard vers la selle de sa monture ravive toutefois un brin d'appréhension et de raideur dans ses épaules qu'elle masque d'un léger mouvement de tête.

La suite du voyage de plusieurs jours est longue et fatigante. Toutefois, Tina met un point d'honneur à ne devenir une charge pour personne. Elle se propose spontanément pour allumer le feu du soir et profite d'être entourée pour avaler, à la hauteur prudente d'une par soirée, le contenu des fioles offertes par Madoka. Elle commence par la plus petite le premier soir, à l'écoute de ses sensations. Le fluide de feu n'a pas de goût à proprement parler, mais il laisse une impression chaude, comme après avoir avalé une lampée de soupe brûlante un soir d'hiver. La tulorienne s'inquiète pendant toute la durée de cette sensation qui, après avoir exploré ses lèvres et sa gorge, s'installe durablement au niveau de son cœur battant. Incertaine de la marche à suivre, elle manie sa magie avec précaution pendant son tour de garde, se contentant de l'utiliser pour raviver les flammes du feu de camp ou créer d'innocentes flammèches aisément contrôlables. La description faite à Madoka semble plus exacte qu'elle ne l'avait imaginé. Elle n'a pas l'impression que son feu intérieur brûle plus intensément, mais il le fait plus durablement. Peut-être que, plus tard, lorsque cette affaire sera terminée, elle ira en quête d'un instructeur apte à lui apprendre à se servir de sa magie différemment.

Les autres fioles lui font un effet semblable, mais qui met un temps bien plus long à s'apaiser. Pendant d'angoissantes minutes, Tina redoute avoir été trop présomptueuse et que réussir à accroître son potentiel la veille n'a été qu'un coup de chance. Elle oscille entre crainte et sérénité, certaine que l'être de feu lié à Cromax serait capable de le conseiller pour lui venir en aide si quelque chose tournait vraiment mal. Fort heureusement, à part plusieurs gouttes de sueur indélicates venant taquiner le bout de son nez et un soupçon d'inquiétude, rien ne lui arrive. Toutefois, la belle se jure de ne pas accumuler davantage de bûches avant d'avoir trouvé quelqu'un susceptible de lui apprendre comment circonscrire correctement son feu de camp et s'assurer qu'il ne s'en prenne pas aux terres autour.

Finalement, leur voyage touche à son terme, en vue d'une ancienne forteresse tombant par endroits en ruine. Cromax prend la parole, exposant son savoir sur l'endroit et son souhait d'y entrer discrètement pour mettre la main sur les adeptes de magie auteurs de l'attaque contre l'elfe gardienne du Temple. Tina croise les bras, effleurant ses lèvres du bout des doigts. Un seul accès principal surveillé par des archers, des failles dans les murailles difficiles à emprunter, des gardes aux aguets qu'il faudrait éliminer avant qu'ils sonnent l'alerte. Plus l'elfe célèbre parle, moins Tina se sent apte à se rendre utile. Elle n'est pas comme Faëlis, capable d'utiliser un arc et potentiellement abattre un garde à distance. Ou comme Madoka qu'elle a vu en action à plusieurs reprises. Ou encore comme Cromax, capable de changer son apparence. La tulorienne se fait pensive.

Le grand elfe gris est le premier à réagir, indiquant pouvoir s'infiltrer de nuit et se débarrasser de quelques soldats sans difficulté, mais ne pas être en mesure de s'en prendre à la femme masquée. L'ynorienne appuie la possibilité, sa souplesse et sa discrétion lui permettant aisément de passer par l'une des failles. Doucement, Tina rajuste son bandana pour changer sa coiffure en une couette basse qu'elle ramène sur son épaule soignée.

"N'ayant aucun talent pour le combat discret, je ne pourrai pas prendre part à cela.", avoue-t-elle sans montrer autre chose qu'une expression quelque peu contrariée. "Je n'ai pour moi que le pas léger, ainsi que... La capacité de mettre le feu à petite distance."

La jeune femme cogite un instant et relève les yeux.

"Je ne peux pas m'occuper des premiers gardes, mais s'il faut créer une diversion flamboyante quelque part, préférablement là où vous voudriez voir la soldatesque occupée, je peux m'en charger.", affirme la tulorienne en effleurant sa gorge du bout des doigts.

Elle n'a pas grand-chose de mieux à offrir, quand bien même elle souhaite de tout cœur prendre part aux futurs événements. Elle jette un regard aux autres compères formant leur groupe si particulier.

[Suite]
- Absorption des fluides de feu 1/16 et 2x 1/8 offerts par Madoka.
Tina, le Rubis des Joyaux tuloriens

Un petit service par-ci peut apporter une belle faveur par-là.

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Kassar le laid
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Kassar le laid » sam. 5 oct. 2019 03:27

Précédemment...

Moins preste que mon compagnon, il est déjà en train d’expliquer la situation au miraculé de la milice quand j’arrive à leur niveau. L’homme de loi, très visiblement peu ravis des nouvelles qui lui sont rapportés, grommelle tout bas au récit de la fuite par le passage secret de Zarnam et du reste de la compagnie de Cromax. Sans doute, aurait-il aimé produire en justice tous les responsables de ce chaos, mais les dieux sont capricieux et personne n’a toujours ce qu’il veut, n’est ce pas ?

Le récit conclus, le garde nous signifie d’un ton sec de le suivre sans traîner, tournant ses talons vers l’entrée du temple. Enveloppé dans mes nouvelles réalisations, mon nouveau désir de poursuivre ce mystère, je lui emboîte le pas, émergeant de nouveau dans les rues de Kendra Kâr. C’est un étrange sentiment de marcher de nouveau dans un espace ouvert, après tant d’événements. Comme si l’horizon des possibilités s’élargissait soudain, une inspiration bienvenue après un confinement étouffant entre quatre murs de tailles.

Glissant dans la foule de curieux qui s’écarte à la vue du milicien, le milicien nous guide vers… Une bien étrange chose, à vrai dire. 
Une énorme sphère de métal ornée de protubérances diverses et incongrues, posé là sur l’herbe de la plaine comme un galet difforme lâché par un géant facétieux.

Ma curiosité titillée, j’observe l’improbable objet de plus prêt, mesurant l’ampleur de l’effort des forgerons à l’œuvre pour assembler pareil mastodonte. Pendant ce temps, le sergent s’en va parler à un homme, à la couleur de peau curieusement sombre et aux vêtements blancs exotiques. De leur conversation, je comprends qu’il s’annonce comme venant de la part de Cromax, et qu’il doit nous emmener dans une forteresse en ruine, sans aucun doute le clan de la rose évoquée tantôt.

L’exotique individu nous fait alors signe de grimper à bord, ouvrant un accès à l’intérieur de la structure. C’est une expérience troublante que de pénétrer dans l’estomac de ce monstre de métal, une étrange pièce composé de chaises et de mille choses incompréhensibles. Dans l’espace exigu, je m’installe sur l’un des sièges, partagé entre la fascination et l’appréhension.


( Qu’est-ce qu’il va se passer maintenant ? Après les résurrections en série, les mises en scènes de meurtres et les phénomènes surnaturels en tout genre, pourrais-je obtenir un peu de répit ? )

Un tremblement. Faible, timide. Comme une secousse naissante. Je m’accroche à mon siège, ongle enfoncé, visage rentré, priant pour que tout se passe bien alors que le tremblement grandit, secoue la cabine. Et soudain… Plus rien.

Surpris, je débloque petit à petit ma prise sur le siège, m’offrant un regard par une vitre attenante pour comprendre ce qu’il se passe.

Kendra Kâr. Elle est en bas. Et elle rétrécit.

Mes mains se resserrent sur le siège, phalanges couleur craies.


«  Par zeri, z’ai de la folie… touzours et encore... »

Le sergent semble tout à fait calme alors que notre mystérieux nouveau compagnon semble diriger cet appareil à travers d’occultes manipulations… Comment font-ils ? Ça ne les terrifient pas ?! Je veux dire, si les dieux avaient voulus que l’on vole, pourquoi ne pas nous donner des ailes et nous ôter la peur du ciel ?!

De longs moments s’égrainent, tandis que j’amadoue lentement la présence de l’appareil, tâchant de trouver dans son doux ronronnement et ses multiples sifflements et grincements une forme d’harmonie. Surprenamment même, je pense que je commence à aimer un peu cela. Une forme de liberté qui transcende même la marche terrestre, qui côtoie presque avec hubris la voûte céleste… 

Une ombre. Tranchante sur le ciel clair, elle plonge entre nous et la lumière solaire. Massive et surtout, terrifiante. Ma mâchoire se décroche en un cri d’horreur muet, alors que mon regard ne sait pas quitter l’abominable apparition, toute de gris et de pourpre. Une apparition que seuls les contes n’avaient vu jusqu’à aujourd’hui l’existence.


« Un d… Un Dragon ?! »

Le milicien crache lui aussi une injure apeuré, blêmissant soudain. Tétanisés, nous observons ce sinistre seigneur reptilien voler juste devant nous, à une distance respectable, mais gardant sa vitesse constante avec la nôtre…. Est-ce un jeu ? Une tactique de proie ? Ne faudrait-il pas descendre, maintenant ?! Un coup d’œil vers le pilote m’apprend, à ma surprise, qu’il ne semble pas incommodé le moins du monde par l’apparition, semblant même calibrer sa monture pour la suivre. Est-il inconscient, ou tout cela fait-il parti d’un plan ? Mon regard dardé de nouveau vers la monstruosité, j’observe, le souffle court et le cœur battant, notre « guide » dragonnique descendre vers le sol, vers ce que la distance de plus en plus courte nous révèle comme un petit groupe d’individus, tous à chevaux, filant à travers bois dans la même direction que nous… Le dragon, se posant devant eux et leur barrant la route, dégonfle soudain. Sa forme titanesque se tord et se change, en la forme bien plus modeste de… Cromax ?! Je reste muet, la voix scellée par le surplus de panique et de confusion. Une femme de feu en étincelle, bien, je comprends l’idée de la métamorphose. Mais un elfe en un dragon ?! Mais de qui se moque-t-on ?! Cela se saurait, si quelqu’un disposait d’un tel pouvoir, n’est ce pas ?!

Hébété, je sors de l’appareil désormais posé à côté de ce petit groupe, trop sonné pour mettre de l’ordre dans ma confusion. D’une voix que je perçois comme lointaine, j’entends ce… Ce… Comment je dois appeler un sindel qui se transforme en dragon ?! … Ce Cromax prononcer une déclaration : 


"Laissons derrière-nous Kendra Kâr et allons ensemble à la poursuite de ces meurtriers. Il nous faut être prudents : nous séparer pourrait nous faire risquer notre vie. Voyageons de concert vers le Clan des Roses, où ils pensent se cacher. Je comprendrais que certains ne veuillent pas me suivre dans cette entreprise qui ne les concernerait que peu. Sachez toutefois que toute aide est la bienvenue, et que je saurai me montrer généreux."

Le sens de ces paroles glisse sur mon esprit comme l’eau sur le galet d’une rivière. J’ai déjà pris ma décision il y a peu, je veux savoir… Et de toute façon, qu’est ce qui peut se passer de mal avec quelqu’un qui peut se transformer en dragon, des ressuscités, un appareil qui vole et toutes les autres merveilles cauchemardesques qu’ils gardent en réserve quelque part dans leurs sacs à miracles, pas vrai ?!

Lorsque le milicien, jetant avec dégoûts ses habits de miliciens, change soudain de forme pour prendre celle de kerenn, je me mets à rire. Un rire sec, craquant, cliquetant, sans doute désagréable, mais – hé ! Encore quelqu’un qui peut se transformer en dragon, si ça se trouve ! Qui peut s’opposer à nous ici, hein ?! Tout ceci est tellement impossible que ça en devient ridicule !

Lentement, alors que chacun se prépare à reprendre la route, je reprends le contrôle sur mon rire, sur mon souffle, sur mes membres endoloris par cette courte mais intense aventure. Nous allons nous jeter dans la gueule du loup de nouveau. Je dois voir ça.

Avisant mon entourage, j’aperçois l’une des jeunes femmes qui a emprunté le passage secret. La première à s’être élancée à la poursuite de Zarnam, si je ne me trompe pas. Elle semble… Concentrée. Terriblement concentrée.


« Ezcuzez-moi, puiz-je monter afec fous ? Zet éftrange obzet métallique ne zemble pas nous zuivre pour la zuite. »

M’adressant un regard intense de pied en cap, la jeune femme désigne d’une main une place derrière elle, entre les couvertures.

« Accrochez vot’ barda là si besoin, grimpez et accrochez-vous. »

Pas besoin de me dire deux fois. J’attache mon bâton à l’emplacement indiqué, puis grimpe à ses côtés. Pour une fois, aucun froncement de nez, aucun signe de répulsion à mon égard. Plaisamment changeant. Même si cela doit être plutôt en raison de l’état de concentration de la cavalière que de sa tolérance à la saleté du monde… Mais qui sait, je ne la connais pas du tout après tout.

Le voyage dure plusieurs jours. La nuit, nous dormons, tandis que les elfes, je le découvre, semble rester éveillé en permanence et nous assure en conséquence la subsistance de leurs chasses et cueillettes. Grâce à eux, nous progressons vite malgré nos haltes nocturnes. Ces nuits, rudes, sont toujours plus agréables que celles , où roulé en boule dans les terres arides de mon continent natal, qui me semblent si loin à présent. Cela ne fait pourtant que quelques semaines… Dans mes rêves, des terres arides se mêlent à des dragons, au corps d’un marchand mort, à des ressuscités dont le visage n’est qu’une immense marque de la milice de Kendra Kâr, et à de difformes objets de toutes sortes volants dans le ciel. Chaque nuit, je me réveille haletant, tremblant, l’esprit incapable d’interpréter dans la paix du sommeil l’énorme absurdité des derniers événements. C’est donc fatigué que, alors que deux immenses massifs s’étalent à présent à notre vue – les Massifs Jumeaux, ais-je cru comprendre – que Cromax nous rassembla pour une nouvelle explication sur ce qui nous attends :



"Le Clan est une forteresse qui n’a qu’un accès principal, une arche en pierre à moitié effondrée, souvent surveillée par des archers. Des personnes plus frêles ou acrobates peuvent s’immiscer par les failles des murs adjacents, dans mes souvenirs, mais ce n’est pas à la portée du premier venu, ni une voie à emprunter en étant à découvert. Idéalement, il faudrait entrer sans avoir à déclencher l’alerte, que nous préservions notre effet de surprise. Aviser des gardes en poste sur les murs et dans la cour et les réduire au silence avant qu’ils n’aient pu prévenir leurs congénères ou ceux qu’on poursuit. Si l’alerte est donnée, tout se compliquera forcément. J’ignore combien de gardes de la rose ils ont bien pu amener ici, et Zarnam autant que cette étrangère masquée sont de puissants lanceurs de sorts. Le but est de les trouver et de les confondre. De les prendre vivants si possible, morts sinon, pour le crime qu’ils ont tenté de perpétrer à l’encontre de Pulinn, Gardienne du Temple, et de chacun de nous via les gardes de la Rose."

Je déglutis. La promesse de croiser plus de ces terrifiants gardes à la hallebarde n’est guère réjouissante… Alors que Cromax continue son discours en nous interrogeant sur d’éventuelles idées ou atouts à mettre en œuvre, je m’interroge moi-même : de quoi suis-je capable ? Qui soit utile ? Rien de bien violent… Ni magique… Ni de prestigieux à vrai dire…

( En même temps, Kassar. Tu espères rivaliser avec une bande d’elfes polymorphes ? )

Un court instant de réflexion plus tard, j’approche, timidement, avec ma solution sans dignité.

« Aiz-ze que za aiderait zi z’attirer leur attenzion vers l’eztérieur pendant que fous rentrez touz ? Rien qui zonnerait l’alarme : zuste, une mendizité bien bruyante à la porte, hiztoire de conzentrer l’attention zur moi un instant, fous foyez ? »

( … Kassar, tu vas te faire tuer. )

Mais s'il faut apporter son eau au moulin, autant proposer non ?


La suite...
Modifié en dernier par Kassar le laid le jeu. 16 janv. 2020 00:16, modifié 1 fois.
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Gaïus Galini
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Gaïus Galini » sam. 5 oct. 2019 12:26

Les informations ramenées par le duo mal assorti ne sembla pas enchanter le milicien qui maugréa quelque chose d'à peine intelligible avant d'inviter ses deux compagnons à l'accompagner sans trop traîner. Le bourgeois n'était pas particulièrement heureux non plus de devoir partir loin de la relative sécurité de Kendra Kâr et les événements le dépassaient complètement en plus du reste. L'homme de loi sortit du bâtiment sans jeter ne serait-ce qu'un coup d’œil en arrière pour s'assurer qu'il était bien suivi et la tentation fut grande pour le jeune mage de fausser compagnie au représentant de la justice. Il en fit rien cependant car les conséquences éventuelles sur sa famille lui occupaient toujours l'esprit et il parcourut donc les rues de la ville blanche avec ses deux compères d'infortune qui ne passaient clairement pas inaperçu au vu du regard que leur jetaient les badauds.

(Pour la discrétion on repassera...)

Si les résurrections et autres meurtres sanglants étaient déjà émotionnellement intenses pour le kendran, la découverte de l'engin volant de Cromax le fut pas moins et des milliers de questions lui passèrent dans la tête sur le fonctionnement de cette étrange sphère accompagnée de choses et autres dépassant du corps principal. A peine le temps de s'émerveiller devant l'appareil que le milicien demanda à son pilote, un homme du désert à n'en point douté étant donné son accoutrement et sa peau mate, de les mener vers la direction indiquée par son supérieur elfique. Le décollage se passa sans encombre et Gaïus alla jusqu'à se pencher légèrement pour voir le sol s'éloigner au fur et à mesure que l'étrange engin prenait de l'altitude. Le vol ne sembla pas bien différent d'une virée en navire à l'habitué de la mer qu'était le jeune fils d'armateur et il passa le voyage à observer les paysages défilant en contrebas, essayant d'imaginer la réaction des personnes s'ils les voyaient et autres choses aussi futiles.

« Hiiiiii ! »

Après un temps de voyage sans encombre, voilà que surgit sans crier gare un dragon qui fit réagir tout les voyageurs mis à part le pilote dont un d'une manière peu masculine. La bête était impressionnante que ce fut par la taille, le battement de ses ailes immenses ou ses couleurs grises et pourpres. Le mage débutant fit une rapide prière à tout les dieux qu'il connaissait mais étonnamment le saurien ne les attaqua pas et se contenta de les accompagner, de les guider même car l'homme du désert sembla suivre le reptile avec sa carriole volante.

(J'en aurais des choses à raconter si je m'en sors).

Le vol dura encore en certain temps où Gaïus passa son temps à jeter des coups d’œil entre le plancher des vaches et l'énorme lézard ailé jusqu'à ce que le dragon suivi de l'engin volant perde de l'altitude au dessus de cavaliers que le jeune humain devina être les compagnons de Cromax. Sous le regard ébahi de toutes l'assemblée ce dernier apparaît d'ailleurs à la place du saurien une fois atterri.

« Que? Quoi? Oh peu importe. »

L'invétéré fêtard se pinça afin de s'assurer qu'il n'était pas en train de rêver depuis le début de la journée mais l’expérience prouva que tout était bien réel. Le groupe hétéroclite entoura le sindel qui devait posséder un énorme pouvoir étant données ses capacités et ce dernier leur proposa de l'aider à punir le couple étrange formé par Zarnam et la femme à tête de loup ou de partir s'ils le désiraient. Une récompense était par ailleurs promise mais ce fut plus la perspective d'être dans les petits papiers d'une personne puissante qui décida le kendra à continuer l'aventure.

« J'en suis même si mes capacités ne valent clairement pas les vôtres. »

Tout le monde assura son soutien même le milicien qui rappela Kerenn dans sa façon de parler ce qui se justifia peu de temps après car ce dernier apparut à sa place comme Cromax à la place du dragon. Le mage néophyte soupira devant le spectacle et se massa les tempes en se demandant s'il pourrait encore être surpris par quoi que ce fut après cette journée. Par contre Gaïus était convaincu qu'il devait se mettre dès que possible à l'étude de la magie car ses possibilités lui semblait désormais infinies. Le groupe des plus étrange remonta en selle tandis que le chef désigné de l'expédition se transforma en cheval sur lequel monta l'elfe à la carrure imposante. Le kendran quant à lui s'approcha de l'hïnion afin de lui demander s'il pouvait monter derrière lui ce qu'il accepta bien que sa monture, elle, sembla hésiter un moment comme si elle jugeait tout d'abord la personne qui allait monter sur son dos.

Si le jeune bourgeois savait monter à cheval, il ne l'avait jamais fait derrière quelqu'un et bien que la personne devant lui ne fut pas la plus désagréable à serrer il aurait tout de même préféré avoir sa propre monture. Le voyage fut relativement monotone, le fêtard n'étant pas un spécialiste des campements ni des nuits à la belle étoile il ne se reposa que peu et apporta une contribution relativement limitée à chaque arrêt. Après plusieurs jours de voyage leur destination apparut et Cromax les regroupa une nouvelle fois afin qu'ils puissent proposer des idées pour infiltrer la forteresse. Tout le monde y alla de sa contribution et le riche dandy y alla de son idée.

« Je ne suis pas bon combattant mais je me débrouille pour escalader les murs même si je suis plus habitué aux gréements des navires, je peux lancer une corde une fois en haut pour ceux ayant plus de mal si on arrive à repérer un coin moins surveillé voir pas du tout. Après coup à part un peu de magie de vent que je ne maîtrise pas vraiment je ne vois pas. »

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Cromax
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » jeu. 24 oct. 2019 09:06

Chacun, avec plus ou moins de précision, y va de son petit morceau de plan, que je tente mentalement d’imbriquer pour sortir en conclusion de leurs dires une idée globale intéressante. Plusieurs préconisent une approche nocturne, plus discrète, qui nous garantirait un meilleur effet de surprise. Kerenn est de ceux-là, commando de l’ombre prêt à tuer dans l’obscurité pour libérer un passage. Madoka avoue elle aussi s’y sentir à l’aise, et propose de combler l’action de l’elfe gris par sa présence. Moi-même faire partie de cet assaut ne me sera d’aucune difficulté. Deux autres ne se sentent pas si à l’aise que ça dans l’obscurité ni dans le domaine du combat, en les personnes de Kassar et Tina. Ils disent pouvoir faire diversion pour attirer les gardes loin de leurs postes. Peut-être pour laisser le champ libre aux premiers de s’infiltrer dans leurs dos. C’est tout de même un plan risqué : ils pourraient se faire flécher à vue sans sommation. Gaïus, lui, précise se débrouiller en escalade et pourrait grimper sur les murailles pour aider ceux qui sont moins doués que lui à le suivre. Faëlis, lui, ne semble pas avoir d’idée précise.

Je suis fort aise que le jeune humain noble qui allait nous trahir au Temple ait retrouvé son esprit et ait décidé de nous suivre jusqu’ici. Une fois leurs avis recueillis, je résume le plan qui me semble plutôt correct.

« Bien, attendons la tombée de la nuit et mettons en place cet assaut nocturne. Tina, Kassar, ne prenez pas de risque inutile en attirant sur vous l’attention des gardes si vous n’avez pas vraiment de quoi vous défendre. Accompagnez plutôt Gaïus sur les murailles pour tenter de vous débarrasser des archers qui y roderaient pendant que Madoka, Kerenn et moi-même nous chargerons des autres en présence. Faëlis, tu es assez peu discret pour un assaut nocturne : agis en seconde vague, lorsque nous serons découverts. Couvre-nous de tes flèches en attendant, si tu perçois un risque. Ensuite, use de ta magie pour nous épauler, comme tu sais si bien le faire. »

Il m’a gaillardement aidé, sur Elysian, dans le combat contre la raclure de Valmarin, sergent de Karsinar le fauve. Il peut le refaire sans peine ici.

Nous attendons donc la tombée du soir, patients et silencieux… Mais alors que les cieux prennent les couleurs crépusculaires de ce début de l’automne, d’oranges nuages mordorés et bas au-dessus de la cime des arbres, notre plan tombe définitivement à l’eau : une flèche vient se ficher sur un arbre juste à côté de la tête de Madoka, suivie d’une autre qui atterrit à mes pieds. Aussitôt, nous sommes sur le qui-vive, en branlebas de combat. Car oui, nous nous faisons assaillir de la même manière que nous pensions nous-même mener l’assaut. Moins discrets que nous ne l’avions pensé, ils nous ont finalement repérés et mènent désormais une charge nombreuse dans notre direction.

« Merde… »

Et pas des moindres, car c’est Zarnam en personne qui la dirige, à l’arrière des troupes des gardes de la Rose en nombre. Une diversion pour permettre à la femme masquée de fuir ? C’est plus que probable. Dégainant mes armes, je me tourne vers Kerenn et Faëlis :

« Restez ensemble pour repousser l’assaut : je vais pénétrer seul dans la forteresse pour me charger de la femme masquée. Prenez garde à Zarnam, c’est un mage puissant et sans pitié. Prenez soin les uns des autres ! »

Et, usant de mon pouvoir de déplacement faerique, je traverse littéralement leurs rangs à une vitesse prodigieuse, lames en bouclier, tranchant tout sur leur passage. De quoi affaiblir une bonne partie de leurs effectifs, alors que le sang n’a pas le temps de m’atteindre, glissant sur mes lames sans qu’ils puissent réagir. Je disparais l’instant d’après dans la forteresse, paré pour combattre ce qui pourrait m’y attendre. VU le nombre qu’ils ont envoyé, il ne doit plus rester grand monde. Mais je reste prudent toutefois : je n’ai pas envie de me faire avoir comme la dernière fois, au Temple, par sa maudite magie.



[HJ : Gros combat final en prévision. Au programme pour vous : plusieurs gardes de la rose de différents niveaux, blessés ou non par la charge de Cromax. L’idéal pour les plus faibles d’entre vous, même s’il y en a suffisamment pour occuper les plus puissants le temps de se défouler. La grosse difficulté sera la confrontation avec Zarnam, que je vous laisse découper en rondelles selon votre humeur. Un challenge pour les plus forts d’entre vous, Kerenn, Madoka et Faëlis pourraient avoir besoin de s’y mettre à trois pour s’en débarrasser. C’est un puissant arcaniste d’ombre/feu/foudre et terre doublé d’un nécromancien ayant la particularité de n’avoir pas de compagnon, l’âme de ce dernier ayant été absorbée par Zarnam lui-même pour augmenter sa puissance. Il peut cependant relever les morts… Donc un challenge pas horrible. Il a une stratégie plutôt défensive, a priori, se servant de sa magie de terre pour se prémunir des dégâts, et de celle de foudre et de feu pour en causer. Il pourra tenter de vous saper avec des sorts d’ombre, mais gardera quelques PM de cet élément pour relever des morts (pendant qu’il regen dans une gangue de terre, par exemple). Bref, bon amusement pour ce combat, l’événement touche bientôt à son terme. Désolé du retard de ce RP. Si vous avez des questions… n’hésitez pas !]

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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Cromax » jeu. 24 oct. 2019 09:11

Message PNJ


Aux mots insistants du jeune gobelin, la dame élégante va répondre d’un sourire tendre.

« Hé bien en ce cas je vous laisse comme promis veiller sur elle et ces « dangers » qui pourraient lui causer du tort… »

Elle fit volte-face et sortir de la pièce, laissant Fenouil en compagnie de la prêtresse endormir. Elle ne se réveilla pas de tout l’après-midi. Lorsque le soir commença à tomber, la porte se rouvrit, et la dame pénétra l’infirmerie, ne souriant désormais plus.

« Il se peut qu’elle ait eu raison, finalement : nous nous faisons attaquer. Les gardes défendent le Clan : protégez la prêtresse en l’emmenant en sécurité ailleurs, là où vous l’aviez laissée précédemment, par exemple. Je vais me charger de repousser ces assaillants également. »

Elle resta un instant en suspens, pour voir si Fenouil avait de quoi lui répondre.

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Faëlis
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » jeu. 24 oct. 2019 18:04

Le voyage, une fois n'est pas coutume, se fit sans embûche. Tout juste fallut-il composer avec les difficultés de Tina, mais celle-ci s'améliorait de jour en jour. Il y avait pire élève à avoir, et ce pour bien des raisons... Madoka lui avait acheté quelques fournitures magiques pour l'assister, ce qui pourrait bien être positif pour la suite.

Les plaines de Kendra Kâr lui étaient maintenant familières, mais lorsque le sol commença à monter, lui donnant une vue de plus en plus élevée sur leur région d'origine, Faëlis ne put s'empêcher de se retourner régulièrement pour contempler avec admiration de panorama grandiose et poétique. Quel dieu avait bien pu se pencher sur ce pays pour lui donner ces étendues lumineuses, tout juste couvertes d'un pudique voile de brume ? Si on en croyait les légendes de la ville, ce devait être Gaïa. Avec un pincement au cœur qu'il ne s'expliquait pas complètement, il poursuivit avec ses compagnes vers les hauteurs.

Halcion était un étalon vigoureux et infatigable, qui menait le train comme si rien ne devait le retenir, et certainement pas les autres. Heureusement, les juments ne firent rien pour le faire attendre, ce qui sembla lui plaire. Faëlis décida, pour plus de sûreté, de l'attacher à l'écart des femelles.

Les cimes des montagnes s'élevaient bien haut devant eux quand le dragon et le véhicule volant les dépassèrent. Cromax ! Il était avec tous leurs compagnons, les rejoignant à temps pour leur signaler la suite du trajet. Le clan des roses les attendait, ancienne forteresse où les assassins s'étaient retranchés. Lorsqu'il leur fit savoir qu'ils étaient libres de le suivre ou non pour la suite, Faëlis n'eut pas la moindre hésitation. Sa réputation à Kendra Kâr était entachée, mais rendre justice à ces criminels était le plus important. Leur fin rendrait le monde meilleur.

Ils prennent donc le chemin de l'ancien château. Leur guide leur expliqua qu'il souhaitait avant tout se venger de leurs ennemis mais, si possible, les capturer vivants. Il comptait pour cela sur une attaque surprise, et attendait les suggestions de ses compagnons.

Kerenn fut le premier à prendre la parole, assurant qu'il pourrait s'infiltrer sans peine, quitte à recourir à la magie noire. Il fut un temps, pas si éloigné, ou Faëlis aurait désapprouvé de telles méthodes, mais le monde était plus complexe qu'il ne l'avait pensé. Même si l'idée d'utiliser la magie noire le dérangeait, il fallait sans doute n'y voir qu'un outil. Du moins il ferait de son mieux pour ne rien y voir d'autre.

Madoka proposa de se joindre à lui. Ce n'était pas une surprise, Faëlis avait déjà constaté à quel point elle était efficace pour se déplacer sans bruit. Ensemble, elle et Kerenn pourrait former un duo redoutable...

Tina et Kassar, en revanche, n'avaient guère de talent pour cela. La whiel pouvait proposer une diversion à 'laide de sa magie de feu, mais les risques étaient grands de sonner l'alerte. Le Laid, plus discret, se proposait de jouer les mendiants à l'entrée. Faëlis fit alors remarquer :

« Les gens qui se sont retranchés ici s'attendent à une attaque. Du feu, ou même un mendiant en pleine montagne, risquerait de les mettre sur le qui-vive... Pour ma part, j'ai bien peur que la discrétion ne soit pas ma spécialité. Si je n'aurais assurément aucun mal à escalader les murs d'une ruine, je risque assez vite de me faire repérer. En revanche, je pourrais couvrir vos arrières de mes flèches. Je devrais pouvoir éliminer quelques gardes si besoin, cependant, s'ils sont trop nombreux, ils ne mettront pas plus de quelques minutes à repérer les cadavres... »

Il réfléchit. Il n'avait guère mieux à proposer.

« Pour le reste, mes pouvoirs de lumière risquent d'être trop voyants. Je ne les utiliserais qu'en dernier recours. »

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Fenouil
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Fenouil » dim. 27 oct. 2019 17:55

Elle ne le connaissait que depuis quelques minutes et pourtant elle savait déjà comment amadouer le petit être vert. Son tendre sourire fit craquer le gobelin qui se décroisa les bras et pencha sa tête sur le côté. Elle lui permit de veiller sur la prêtresse. Sur ce, elle tourna les talons et sortit de la pièce, laissant Fenouil seul auprès de sa protégée endormie.

Fenouil resta ainsi près de la princesse attendant patiemment qu'elle se réveille, ce qui n'arriva point.

Quelques heures plus tard, alors que le jour déclinait, la porte s'ouvrit. Fenouil sur ses gardes se plaça devant la prêtresse, son petit couteau dans sa main gauche, prêt à se défendre. Enfin, c'était l'intention qu'il avait sur le moment. Il restait à savoir si sa nature de poltron n'allait pas prendre le dessus et qu'il ne prendrait pas la fuite laissant la prêtresse à son propre sort.

À son grand soulagement, ce fut la Rose Sombre qui pénétra dans la pièce. Contrairement au moment où elle avait quitté la pièce, elle n'affichait plus aucun sourire. Sans perdre une seconde, elle expliqua qu'elle avait peut-être raison... car le palais se faisait attaquer. Elle suggéra à Fenouil de prendre la fuite avec la prêtresse pour la mettre en sécurité.

Perplexe, se grattant la tête, Fenouil demanda:


"Elle avait raison ? Vous parlez d'Oryash ? Et qui vous attaque ? Des affreux orques ou des vilains gobelins ? "


La Rose Sombre répliqua vivement qu'elle faisait allusion à la prêtresse... puisque cette dernière avait affirmé qu'elle se sentait en danger. Elle rajouta que l'attaque provenait d'un groupe hétéroclite d'aventuriers.

Fenouil tapa sa main gauche contre son front... évidemment, elle parlait de la prêtresse.

"Mais êtes-vous certaine que ce sont des ennemis et non pas des gens venus la délivrer ? " Trop naïf, peut-être, il dévoila ainsi ses doutes envers les gardes qui occupaient le palais en ruines.

Inclinant à son tour la tête, elle précisa que le groupe qui les attaquait n'avait rien demandé avant d'attaquer. Donc, ils ne pouvaient deviner que la prêtresse se trouvait là et encore moins qu'elle était en danger. Elle poursuivit en demandant à Fenouil s'il la trouvait lui-même en danger. En quelques mots, elle venait de désarçonner le petit gobelin.

Confusion était le terme approprié pour définir ce qui se passait dans la tête de Fenouil. Après une seconde supplémentaire de réflexion, il décida d'obtempérer:

"Vous avez raison, je vais l'apporter avec moi et la mettre en sécurité. Merci de repousser ces assaillants pendant que je l'apporte avec moi."

La Rose Sombre opina de la tête et quitta la pièce laissant un Fenouil songeur.

Il s'approcha de la belle prêtresse assoupie et l'observa un moment. Il avait l'intention de tenir parole et de la protéger, mais d'un autre côté, il n'était pas certain d'avoir la force nécessaire de la porter jusque dans les bois pour la cacher sous les fourrés. Et puis, s'ils l'avaient trouvée une première fois, ils pourraient la trouver une seconde fois.

Il entrouvrit la porte de l'infirmerie, puis revint au chevet de la prêtresse. Il prit une bonne respiration et la prit dans ses bras. Bien qu'elle ne souffrait d'aucun embonpoint, elle était tout de même pesante pour le petit gobelin, ce qui le convainc que le plan qu'il s'était forgé dans sa tête à l'instant s'avérait le plus opportun. Il sortit de l'infirmerie et emprunta le corridor qui le mena directement à l'extérieur, lui évitant ainsi de faire un long détour en parcourant les corridors.

Une fois à l'extérieur du palais, mais toujours dans l'enceinte, il s'adossa quelques secondes contre le mur pour reprendre son souffle. Les assaillants n'avaient pas encore pénétré l'enceinte et les gardes du palais étaient trop occupés avec ceux-ci pour s'occuper du petit gobelin. Et il y avait de fortes chances que la Rose Sombre, les ait prévenus de le laisser passer.

Sans perdre une seconde de plus, il traversa le plus rapidement la cour pour se rendre à la petite porte du mur de l'enceinte. Celle qui était située non loin de la brèche et s'avérant être la première porte qu'il avait tenté d'ouvrir. Il prit appui contre le mur afin de libérer une de ses mains pour ouvrir la porte. La porte ouverte, il y pénétra et la ferma derrière lui.

L'endroit était exigu, puisqu'il ne s'agissait que d'un placard de rangement, mais ils y seraient en sécurité le temps que durerait le combat. Il déposa délicatement la prêtresse au sol et s'assit à ses côtés dans le noir complet du petit débarras.
Modifié en dernier par Fenouil le dim. 15 déc. 2019 16:55, modifié 1 fois.

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Tina
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Tina » ven. 1 nov. 2019 15:15

[Avant]
-16-

Chacun des présents tente d'apporter sa pierre à ce dangereux édifice, ce que la jeune femme écoute avec attention. L'expérience du combat est confirmée chez les uns, totalement absente chez d'autres. Finalement, Cromax concrétise le plan à partir des diverses informations données. L'assaut sera donc effectué de nuit, la tulorienne et l'humain masqué répondant au nom de Kassar se voyant conseillés de suivre le jeune Gaïus à l'escalade des remparts pour s'occuper des archers. Les beaux yeux de la belle glissent vers la zone évoquée puis s'abaissent légèrement vers sa tenue. Hors de question d'aller faire de la varappe en robe. D'une, cela serait peu pratique, de deux elle tient trop à cette toilette qu'elle a du rajuster encore et encore pour qu'elle lui aille aussi aisément. Cela signifie donc se parer de la tunique de cet autre monde... La jeune femme pousse un léger soupir, suivant tout de même les directives évoquées. Le grand elfe Kerenn, la très compétente Madoka et la célébrité Cromax se chargeant des autres forces en présence. Quant à l'elfe blond manieur de magie de lumière, il est apparemment peu discret et trouvera son utilité en soutien, par son archerie et ses pouvoirs.

Les instructions données, Tina s'éclipse à couvert de quelques arbres et entreprend de passer la tenue moulante d'Izurith. Si la robe noire lui donnait la sensation d'être très peu vêtue, cet accoutrement-ci l'épouse de très près. Trop peut-être. Si son cœur de couturière se ne se fanait pas à l'idée, elle y aurait cousu au moins quelques pans de tissu imitant quelque pagne rendant l'ensemble un peu plus... Décent. Mais au moins, elle ne ressent pas la brise fraîche accompagnant le progressif coucher du soleil.

Tina est en train d'ajuster sa chevelure en une couette haute tenue par le tissu de son bandana lorsqu'un sifflement précède de peu deux sons de percussion : l'un dans un tronc d'arbre, l'autre dans le sol. Madoka et Cromax ont échappé de peu à un duo de flèches. La tulorienne agrippe l'artefact magique allant avec la tenue, ses traits se fermant d'un coup. Le plan est caduc, et s'il restait le moindre espoir de le mener comme prévu, il tombe définitivement à l'eau tandis que des troupes chargent depuis la forteresse. À sa direction, masqué derrière la garde, le massif et dévêtu Zarnam. La puissante voix de Cromax s'élève, annonçant aller seul en chasse de la femme masquée à l'intérieur. À eux de coopérer et de repousser l'assaut. La tulorienne déglutit vivement, s'efforçant de prendre exemple sur les plus aguerris d'entre eux pour garder son sang-froid. Les beaux yeux clairs clignent un instant. Le suivant, l'aventurier elfique a traversé les rangs ennemis, taillant dedans au passage. Certains gisent au sol, d'autres arborent des plaies relativement handicapantes. La belle ferme les yeux, pense à son jumeau, heureuse de le savoir ignorant de ce qu'elle vit. Quand elle rouvre les paupières, la belle est déterminée à survivre, comme autrefois.

Le cœur battant de plus en plus rapidement, la jeune femme fronce les sourcils. La nuit approche vite, trop pour elle. D'ici peu, elle risque de n'avoir que des silhouettes anonymes autour d'elle peuplant son champ de vision. Elle ne veut pas causer d'accident ! Il lui faut créer une source de lumière, mais c'est prendre le risque de devenir une cible facile pour les archers. Du moins, jusqu'à ce que les soldats soient au contact. Un petit sourire lui vient. Elle fera office de diversion, en fin de compte.

"Je vais attirer quelques regards. Œuvrons de concert !", dit-elle à l'adresse de ses compagnons les plus proches.

De manière vive et féline, la jeune femme se déplace latéralement de quelques pas, canalisant son feu intérieur dans sa main libre. Elle sent ses fluides de feu jouer sous son contrôle pendant d'interminables secondes, car au lieu de les matérialiser pour causer quelque impact ou chaleur destinés à la défendre, elle doit les canaliser pour éclairer son champ de vision proche. Elle se concentre sur sa paume, faisant momentanément la sourde oreille aux gens et à la situation dans laquelle elle est prise. Elle finit par entourer sa main d'une émanation magique, la faisant irradier d'une flamme visible mais froide. Parmi les adversaires n'aidant pas les renversés à se lever, certains la remarquent immédiatement. Une flèche ricoche à ses pieds, frôlant son mollet en rebondissant. Elle recule de quelques pas, attirant quatre gardes dans sa direction. Deux porteurs d'épée et bouclier, un hallebardier ainsi qu'un archer qui n'avance guère vite, son uniforme portant la trace d'une déchirure au flanc.

La belle se mordille la lèvre. Ses pouvoirs sont surtout défensifs et les adversaires faisant front ensemble, elle doute être en mesure d'avoir un quelconque impact. Pas le temps de réfléchir longuement, il faut agir ! Désarmer l'un des porteurs de bouclier ou le hallebardier ? Ses beaux yeux happent la forme de l'archer encochant une nouvelle flèche. Immédiatement, Tina brandit son arme étrangère droit devant elle, ses fluides faisant s'illuminer furieusement certaines zones de l'arme. Vive réaction en face. Les détenteurs de boucliers s'accolent, défendant le porteur d'arme d'hast derrière eux, comme s'ils redoutaient... Coup de bluff, cet artefact n'est pas une sorte d'arbalète magique, et pourtant ils s'attendent à voir partir un projectile. À distance, l'archer semble prêt à décocher un trait en cloche. La tulorienne le prend de vitesse, rassemblant sa volonté de le désarmer dans son sort brûlant.

Deux grondements lui parviennent coup sur coup. L'archer secoue sa main et souffle sur son index. Son sort a du quelque peut rater. Quoique ? Le tireur a été si surpris qu'il a dévié son tir, son projectile finissant dans le dos d'un des trois autres. Lequel ? La belle l'ignore. Aucun des trois ne laisse entrevoir une douleur handicapante.

Motivés par les cris de la bataille, les porteurs de bouclier s'avancent pas après pas, visiblement méfiants de son étrange et brillant objet. Tina bascule son poids d'un pied sur l'autre. Du coin de l’œil, elle remarque certains de ses compagnons presque de dos par rapport à la piétaille. Le plus proche des adversaires à rondache change de direction. Épée brandie, il charge, mais pas dans sa direction.

"Non !", s'écrie la belle, pointant son catalyseur vers l'épéiste.

Bruit de tissu. Le mouvement circulaire a fait mouche ? Tina l'ignore avec angoisse. Ce qu'elle sait, c'est que l'instant d'après, le garde en livrée rouge pousse un sifflement de douleur. Il fait sautiller son arme dans sa main, incapable de la serrer plus longuement. Distrait, il ne voit pas venir le coup l'envoyant rouler à terre, presque à sa hauteur. La tulorienne ne s'en réjouit pas, l'acte rendant ses adversaires furieux et plus motivés qu'avant. Ses beaux yeux cherchent une solution à sa situation. Fuir entre les arbres ? Sa lueur va la trahir, il ne la lâcheront donc pas. Utiliser sa magie pour les désarmer ? Ils vont s'y attendre à force. Elle avise le soldat gisant au sol et se jette sur l'épée par terre. Une vive douleur lui mord les doigts. Brûlure. Sa puissance persiste dans la garde ! Par instinct, elle se rabat sur une autre pièce d'équipement. Le bouclier. Une protection ! Il lui faut de quoi se cacher de ces lames !

Nouvelle frustration, le bouclier est maintenu par une sangle. Une rondache avec une sangle ! Mais pourquoi ?! Bataillant avec l'attache en cuir étreignant l'avant-bras de l'homme, la belle sent ses oreilles bourdonner. Le feu froid fait luire le fer de la hallebarde filant dans sa direction. Crissement métallique. Une lame intercepte le manche, déviant l'attaque juste à temps. La jolie brune se jette en arrière, arrachant finalement son trophée. Elle a juste le temps de le retourner et de se masquer derrière lorsqu'un coup d'épée tombe dessus. Sa main crispée sur la sangle tremble. Peur ou fatigue ? Les deux ? Bloquant son souffle, Tina roule sans une once d'élégance au sol et fait au plus vite pour se remettre sur ses jambes. Tout autour, des cris combattifs se font entendre, des bruits de lames qui s'entrechoquent, des sons stridents et brutaux de magie électrique aussi.

Distraite, Tina sent son souffle lui être volé par un contact brutal contre son bouclier. L'objet étant tenu maladroitement, la rondache percute sa tempe, l'étourdissant un instant. D'autres coups résonnent. Elle sent un engourdissement se faire dans son bras sous la protection. Quelqu'un s'acharne contre sa maigre pièce d'équipement avec fureur ! Tina doit reculer pas à pas sous le déluge de frappes pour ne pas ployer sous les assauts, certaine au son que c'est un autre bouclier qui cogne violemment contre le sien. Un mouvement vif sur sa droite l'incite à instinctivement porter son poids de l'autre côté. Une douleur soudaine mord sa cuisse. Pas de sensation humide ou poisseuse. Quelque chose de contondant vient de la frapper. Un gourdin ? Une hampe ? Tina n'en sait rien et n'ose pas abaisser son bouclier pour s'en assurer, de crainte de tomber nez à nez avec une lame.

Un frisson glacé lui dévale l'échine au moment où elle reporte son poids sur sa cuisse agressée. Une sensation de faiblesse. Elle a du mal à camper sur ses jambes. La belle a à peine le temps de prendre une inspiration conséquente que sa rondache est de nouveau prise d'assaut. Contrainte de reculer, Tina racle le sol de ses bottes. Un contact contre son talon. Une brusque charge dans sa protection. La tulorienne lâche malgré elle un cri surpris. Elle perd l'équilibre, écartant réflexivement les coudes pour se rattraper. Elle tombe en arrière, son dos immédiatement réceptionné par le tronc rugueux lié aux racines traîtresses. Une fraction de seconde avant de le ressentir, elle voit le coup venir. La hallebarde décrit un arc de cercle et se plante sans pitié dans son flanc à découvert. Elle a l'impression de sentir ses côtes griffer le métal. La jeune femme se fige, hébétée et blêmissante. Elle sent le garde lutter pour retirer son arme, réalisant que ce même arbre qui la conduite à cette situation a ironiquement partiellement arrêté le tranchant.

Paralysée par la sensation, Tina se sent extérieure à elle-même. Incrédule. Elle ramène doucement la main parée du bouclier devant elle. Son geste est accueilli avec férocité par un revers d'épée, rendant sa vaine défense inutile. La tulorienne voit alors le bras armé prendre de l'élan vers l'arrière. Pour le dernier coup, droit vers son cœur à découvert. Elle va périr ? Au moment où l'idée lui traverse l'esprit, la flamme faisant office de torche s'estompe, plongeant les deux hommes et leur victime dans une soudaine pénombre. Mourir ici ? Loin de son cher frère ? Pas question... Pas question ! La belle est une survivante ! Une âme forte ! Pas une demoiselle faible ayant besoin de supplier un preux chevalier de lui sauver la vie ! Ils ont hésité à l'achever ? Qu'ils en paient le prix !

La brune blessée rassemble sa magie de feu et avec fureur la laisse éclater en une vague horizontale rouge-orangée. Les deux hommes sont férocement repoussés, tout comme les silhouettes toutes proches. Le hallebardier, cramponné à son arme, s'effondre avec, l'arrachant de sa victime. Tina serre les dents, ne lui faisant pas l'honneur de l'entendre souffrir. Une silhouette à laquelle la belle ne prête pas attention l'achève d'un net coup à la gorge. Le garde au bouclier chute aussi et mal, son bras tordu à cause de la pièce d'équipement qui s'est fermement plantée dans le sol. Colère froide et douleur font se reporter l'attention du Rubis tulorien sur le second homme. Laissant choir son artefact d'Izurith, la jeune femme se jette vers sa proie. Prenant son propre bouclier à deux mains, elle frappe avec violence le profil du garde, le faisant s'étaler sur le dos. Mue par une sauvagerie rare, Tina se jette sur le torse de l'homme, bloquant ses biceps sous ses jambes repliées. Le regard froid mais le cœur battant à tout rompre, elle lève la rondache bien haut, aggravant la plaie de son flanc. Elle en fait fi. Elle veut survivre. Elle va survivre ! Et cela signifie que, des deux, c'est l'autre qui doit mourir !

Elle abat sans pitié le bord du bouclier sur le nez de l'homme. Craquement. Gargouillis infâme.

Mourir !

Droit sur sa bouche, ses dents lacérant ses lèvres sous l'impact. Ses gencives finissent pulvérisées par la rencontre forcée.

Mourir !

Pas assez ! Elle sent encore ses muscles tressaillir sous ses tibias !

(Meurs !)

Encore, et encore, dans des bruits de chair déchirée et d'os fracassés coup par coup. Tina frappe sans s'arrêter ni émettre le moindre son, maculant sa tenue sombre et la rondache de sang et d'autres fluides indescriptibles. Dans la pénombre, elle ne voit même pas s'il reste à sa victime le moindre trait facial encore discernable. Elle continue jusqu'à ne plus percevoir le moindre mouvement dans le torse sur lequel elle est assise. Ses bras relèvent une nouvelle fois le bouclier et se mettent à trembler. Un contact presque doux se fait contre son avant-bras, l'incitant à s'arrêter puis à lâcher l'objet. Elle le fait, et par un coup du sort, il retombe pile sur le visage réduit en purée, le couvrant avec une certaine pudeur. Tina demeure prostrée un moment, percevant qu'on lui dit quelque chose. Elle reporte son attention sur la personne à ses côtés et baisse aussitôt les yeux. Elle sent des larmes chercher à la fuir. Elle ne peut pas se le permettre. Cet aveu de faiblesse est fait pour les jeunes, les couards et ceux qui n'ont jamais vécu de difficultés. Elle ne versera pas la moindre larme.

Doucement, la jeune femme se redresse, refusant d'un geste las de la main l'aide qu'on lui propose. Un sifflement douloureux lui échappe. Ses doigts plongent dans sa sacoche, farfouillant et en extirpant un carré de tissu qu'elle applique contre son flanc. Maintenant qu'elle sent son instinct de survie reculer comme une bête rassasiée, une sensation froide l'étreint. Ses beaux yeux clairs observent la forme étendue au sol, s'écarquillent un peu puis se plissent lentement. Elle ne voulait pas en arriver là. Elle ne se pensait pas capable... Son regard vert d'eau finit par s'en détourner après de longues secondes de contemplation et balaie le champ de bataille, constatant que le combat perdure un peu plus loin. Ses doigts se serrent brièvement sur sa blessure la vidant de ses forces. Sa gorge close lui cause une légère toux avant qu'elle laisse filer quelques mots dénués de mordant.

"Je vais finir par... Prendre en grippe... L'ensemble des hallebardiers.", lâche-t-elle avec un regard neutre sur le corps de son agresseur égorgé un peu plus loin.

Chancelante, elle retourne sur ses pas, ramassant l'artefact de l'autre monde. Elle ignore où en est exactement la bataille et sait que, malgré son état, elle doit être prête à épauler les autres. Son feu intérieur brûle encore assez pour cela.

Si seulement sa tête pouvait cesser de s'alourdir seconde après seconde...


[Suite]
Modifié en dernier par Tina le sam. 9 nov. 2019 20:36, modifié 2 fois.
Tina, le Rubis des Joyaux tuloriens

Un petit service par-ci peut apporter une belle faveur par-là.

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Faëlis
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Faëlis » ven. 8 nov. 2019 19:54

Cromax approuva leurs propositions et mis au point un plan d'infiltration, préférant éviter les démonstrations trop voyantes. Mais le monde est ainsi fait que les choses ne se passent pas toujours ainsi qu'on le voudrait...

Ils furent alors interrompu par une flèche qui siffla au-dessus d'eux. Aussitôt, un début de panique s'empara du groupe. Zarnam, le colosse à corne de rhinocéros se tenait plus loin, les bras croisés avec arrogance, tandis que des gardes de la rose affluaient dans leur direction. Cromax jura, tout en se précipitant vers le château, leur demandant de s'occuper de cet ennemi. Zarnam était un mage redoutable, précisa-t-il, et ils devraient prendre garde...

L'elfe était déjà sur pied. Son entraînement de soldat reprenant le dessus, il avait enfilé son casque, sortit son arc et décocha trois flèches en quelques secondes, abattant un garde et en blessant un autre. Le reste du groupe était aussi entré en action. Le demi-dieu avait chargé à travers les rangs ennemis avec la puissance qu'ils lui connaissait, éliminant plusieurs adversaires et désorganisant leurs rangs. Tina s'écarta tout en préparant sa magie pour les désorganiser encore plus.

Les soldats arrivaient maintenant presque au contact. Faëlis, sans paniquer, ajusta une nouvelle flèche et en abattit encore un d'un tire entre les deux yeux. Puis, contraint et forcé, il tira son sabre contre le suivant. Dansant agilement, il esquiva au mieux les coup d'épée. Parade, déviation... il cherchait une ouverture, mais son adversaire s'y connaissait largement autant que lui à l'épée. Comme pour ne rien arranger, une boule de feu vola vers lui. Zarnam ! Quelle tactique de lâche ! Faëlis plongea à terre pour esquiver, ce qui le mit dans une position plus difficile. Il leva son arme pour parer un féroce coup de haut en bas. Dès que leur fers se croisèrent, le garde de la rose leva un pied pour tenter de lui écraser le torse. Mais l'elfe avait une main libre. Invoquant ses fluides, il y concentra une vive lumière qu'il projeta dans les yeux de son apposant. Celui-ci recula de quelques pas, aveuglé. C'était l'occasion ! Faëlis bondit sur ses pieds et lui fendit la gorge d'un coup de taille. Il lâcha ensuite son épée pour reprendre son arc. Ce maudit magicien noir sadique était sa prochaine cible...

Il décocha une première flèche, mais rata sa cible. Aussitôt, le magicien réagit et une lumière verte parcourut son corps, le couvrant d'une gangue semblable à de la pierre. Madoka bondit des ombres dans sa direction, et fut prise de cours lorsque sa lame heurta la protection magique, ne faisant rien de plus que briser un petit morceau de pierre

Puis, d'un geste, Zarnam invoqua la foudre ! L'arc électrique était si rapide que l'elfe n'eut aucunement le temps de l'esquiver. Il vit la mort transpercer l'ynorienne, puis fondre droit sur son visage, comme aimanté. Pas le temps de réfléchir, pas le temps pour une dernière prière... même pas le temps pour avoir peur. Juste une intense lumière...

La douleur, les membres tétanisés... vivant ? Oui ! Il était vivant ! L’électricité s'était mise à la terre. Un peut plus loin, il vit Madoka qui reculait en rampant, sur le dos, tandis qu'elle cherchait à s'éloigner du monstre. Celui-ci ricana, tout en invoquant une énorme boule de feu entre ses mains. Faëlis encocha aussitôt une flèche et tira, dans l'espoir de le ralentir, mais sans autre effet qu'un tintement et une flèche cassée qui retomba à terre, brisée par l'armure de pierre.

Madoka lui cria alors de se tenir prêt... et disparue ! Elle lui avait donc caché quelques talents ! Zarnam fut si surpris que sa boule de feu s’évanouit dans les airs et qu'il se retrouva, un peu bête, à regarder autour de lui. Pas pour longtemps, cependant. Madoka apparut dans son dos et lui écrasa quelque chose sur le visage. Il y eut un claquement sec et il hurla en portant les mains à son visage environné d'une poussière qui semblait terriblement irritante. C'était le moment ou jamais ! L'elfe encocha une flèche et fit le vide dans son esprit, pour se focaliser entièrement sur sa cible. Il avait bien vu le petit bout d'armure qui avait sauté lors de la précédente attaque de sa compagne, et il s'agissait d'une brèche à exploiter dans l'armure de leur ennemi. Ce n'était pas grand chose, mais il n'avait rien d'un débutant à l'arc. Il guetta et, au moment où la jeune femme le frappait d'un coup vicieux qui le faisait se raidir, il lâcha la corde de son arc et le tir, d'une précision foudroyante, se planta dans la chair.

Le mage noir hurla, jurant et les maudissant. Les ombres coulèrent de son corps et sa magie s'infiltra dans la terre. Faëlis regarda autour de lui, prêt à réagir à tout déferlement de puissance. Il fut pourtant pris par surprise quand quelque chose l'accrocha au niveau de la jambe. Une main squelettique sortait de terre ! Elle elle fut bientôt suivi d'une tête et d'un torse osseux. Ce salaud était un nécromancien ! Poussant un couinement de terreur, Faëlis eut pour réaction purement instinctive de plaquer sa main sur le visage du mort et d'invoquer son pouvoir. On racontait que... oui ! Le souffle de Gaïa fit littéralement tomber en morceau la créature. Lorsque le reste du squelette émergea, il n'y avait littéralement plus que les jambes et de bassin. D'un coup de pied, Faëlis l'acheva. Mais déjà, un autre se présentait à côté de lui. Il tira son épée et sabra violemment, cassant un bras avant qu'un coup de griffe ne ripe sur son armure. Il frappa une deuxième fois, puis une troisième... et la créature tomba en morceau. Sans même avoir le temps de reprendre son souffle, il sentit une main glisser sous son casque pour le saisir à la gorge. Un monstre était monté sur son dos ! Si ce poids-plume avait peu de chance de le déséquilibrer, il était en revanche déterminé à l'étrangler !

Sentant la panique monter en lui, lâchant son sabre pour chercher une solution, l'elfe tenta frénétiquement de saisir les bras de la créature pour les écarter. Elle évita chacun de ses gestes, mais au moins, cela diminuait la pression. Avisant un arbre un peu plus loin, Faëlis se précipita dos contre lui. Et craque ! Pas solide ces saloperies ! Il posa un genoux à terre pour reprendre son souffle.

Un peu plus loin, Zarnam recommence à invoquer son pouvoir. Sa protection magique est tombée, mais il est toujours aussi féroce. L'elfe se relève mais trébuche légèrement. Bon sang, il commence vraiment à fatiguer ! Ce n'est pourtant pas le moment ! Peut-il vraiment survivre à un nouveau sortilège ? C'est peu probable ! Il tente donc d'armer son arc, mais ses gestes sont plus lents...

C'est alors qu'un jet d'eau surgit des ténèbres et frappe de plein fouet le mage noir. Encore Madoka ! Décidément, elle est pleine de ressources ! Le mage tombe à terre en jurant avec la plus grande vulgarité. Il semble commencer à paniquer lui aussi, alors qu'il se met à genoux pour frapper le sol de son poing. Celui-ci se fissure dans un craquement et un hurlement d'enfer, comme si la terre elle-même criait de souffrance. Madoka est littéralement projeté en l'air et va rouler plus loin. Mais entre-temps, une nouvelle flèche est venue se loger dans les muscles puissants du mage qui hurle de douleur. Il se retourne péniblement, le visage crispé, alors que Faëlis arme une nouvelle flèche. Mais cette fois-ci, le projectile décrit une courbe étrange, comme dévié par une force invisible, et vient frapper faiblement le torse de l'ennemi qui lève déjà la main pour un autre sort mortel.

Faëlis remarque alors une ombre qui semble se mouvoir et s'approcher en silence. Se glisser dans son dos. Il faut l'occuper ! Juste quelques secondes ! Alors il crie :

« Il y a une chose que vous devez savoir ! Pulinn est en vie ! »

Sans surprise, le choc le fait hésiter. Son visage se tord de rage, et l'elfe sourit :

« Tout ça pour ça, hein ? Tant de morts... tant d manigances... et tout ça pour ce seul constat. Votre vie n'est qu'un échec. À moins que vous ne me laissiez vous aider. »

Pour toute réponse, il hurle de colère et invoque sa magie, mais Faëlis est déjà prêt, et un fulgurant éclat de lumière jaillit de son corps, aveuglant son ennemi juste au moment où l'ombre est passé dans son dos. Un ombre dont il a deviné la nature...

« À vous, Kerenn ! »

Et, ils surgit de l'ombre. L'elfe gris transperça de sa dague l'ennemi. Cette fois-ci, c'était la bonne. Zarnam était vaincu. Définitivement. Il n'était cependant pas encore tout à fait mort et, alors que l'elfe blanc reprenait son souffle, Kerenn le traîna jusqu'à la porte du château et ramassa une hallebarde pour l'y clouer, comme il l'avait fait de Pulinn. Faëlis n'était pas friand de ce genre de mise en scène, mais la fatigue l'empêcha d'intervenir... enfin, surtout la fatigue.

Sur ce, Kerenn, blessé, se moqua légèrement de lui et de Madoka, tout en s'effondrant et en buvant ses potions de soin. Grand bien lui fasse, le jeune homme n'avait guère envie de l'aider...
Modifié en dernier par Faëlis le sam. 23 nov. 2019 14:52, modifié 4 fois.

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Kerenn
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Kerenn » lun. 11 nov. 2019 01:02

[:attention:] Âmes sensibles s'abstenir [:attention:]


Chacun et chacune y va de son petit discours pour exposer ses capacités, ce qui révèle au final que bien peu ont des talents de combattants puisque la plupart ne se proposent guère que pour effectuer diverses diversions. Outre Cromax qui pourrait sans doute aplatir toute l'armée Kendrane avec les mains attachées dans le dos, il y a tout de même l'Ynorienne qui me paraît plus ou moins capable, dans le tas, ainsi que la loupiotte qui, tout bellâtre futile qu'il soit, sait à peu près viser pour ce que j'en sais. Se basant sur nos sommaires déclarations, Cromax échafaude une stratégie qui, je ne l'ai que trop appris durant les siècles passés dans le Dragomélyn, ne vaudra que jusqu'à ce que débute réellement le carnage. Mais peu importe, un plan asséné avec assurance rassure la troupe, et à en juger par les mines inquiètes de certains, cela n'a rien d'un luxe. Et puisqu'il nous faut attendre la nuit pour mettre notre affaire en route, je vais confortablement m'installer dos à un arbre pour méditer un peu, histoire d'avoir de la hargne à revendre le moment venu.

Seulement, à croire que le destin a décidé de se foutre de nous, le beau plan énoncé capote avant même que nous n'ayons pu en entamer le premier pas. Une flèche se plante à quelques pouces de la tête de l'Ynorienne, une autre frôle les délicats petons de Cromax et un ramassis de bouffons braillards portant le même uniforme que ceux que nous avons eu le discutable privilège de croiser au temple de Kendra Kar nous charge dans la foulée. La meute avide de curée est dirigée par le complexé de service, génitoires au vent et corne phallique orgueilleusement dressée vers les nuées, mais frileusement planqué derrière ses cabots. Cromax lâche un "merde" des plus pertinents, que je complète d'un grognement en me relevant :

"Bordel, tout l'chenil est de sortie..."

Mon compatriote dégaine ses lames en se tournant vers Faëlis et moi pour déclarer :

"Restez ensemble pour repousser l’assaut : je vais pénétrer seul dans la forteresse pour me charger de la femme masquée. Prenez garde à Zarnam, c’est un mage puissant et sans pitié. Prenez soin les uns des autres !"

Sans déconner? Prendre soin de pelés dont je ne sais pas même le nom? Il me connaît mal, s'il m'arrive d'avoir l'esprit de meute ça ne s'applique certainement pas à la clique dont nous sommes affublés. Mais je m'abstiens sagement de le préciser, me bornant à ourler un rictus carnassier et à dégainer mes dagues en guise de réponse. A peine ai-je sorti mon acier que Cromax refait des siennes : se précipitant au milieu des soudards, il fend leurs rangs comme s'ils n'existaient pas, si rapidement que c'est à peine si mon regard parvient à le suivre, laissant dans son sillage bon nombre d'éclopés, plus ou moins mourants mais encore loin de l'avoir seulement remarqué. L'humaine au prodigieux balcon nous incite alors à oeuvrer de concert, puis dissipe les ombres en faisant apparaître une flamme dans le creux de sa main, ce qui me tire un sourd grognement désabusé car cette lueur n'a, pour moi, que le pouvoir d'entraver mes capacités. Je m'écarte vivement d'elle pour replonger dans une zone de pénombre plus propice à mes sombres talents de tueur, observant du coin de l'oeil Faëlis commencer à décocher ses flèches avec un calme remarquable.

Ma "disparition" dans les ombres laisse perplexe un groupe de quatre hallebardiers qui, ébahis et hésitants, cherchent leur proie en clignant comiquement des yeux pour percer la pénombre qui a envahi le sous-bois. Un froid rictus relève mes lèvres alors que je tisse un sortilège d'effroi autour de moi : ceux-là vont crever en compissant leurs chausses, gémissant de désarroi comme une pucelle que l'on déflore hâtivement sur un coin de table et hululant après leur mère. Point de mort glorieuse lorsque l'on s'en prend à la Vipère Démente qui rôde dans la sylve, maintenant avide d'ichor et de tripes déroulées. Il n'y a que dans les niaiseries contées au coin du feu que la mort est toute proprette, que les héros s'en vont trépasser gaillardement, la fleur à la hallebarde, au nom d'une grande cause justifiant tout et n'importe quoi. La mort c'est un truc puant et dégueulasse, la mort elle fleure bon les renvois acides et les intestins percés, il n'y a de poésie que pour ceux qui n'ont jamais planté leur regard dans ses orbites caves. La mort, ça se séduit comme une putain vérolée, on s'amuse, on la laisse s'approcher un peu, mais lorsqu'elle se fait insistante, avide de son écot, on lui crache à la gueule et on l'invite à aller voir ailleurs. Mais tout ça, les quatre ahuris qui entendent me chercher des noises n'en savent rien. Pauvres puceaux de la camarde, j'en éprouverais presque de la compassion en jaillissant soudain des ombres, aussi silencieux qu'elles, pour les déniaiser à ma façon.

Une terreur abjecte souille leurs frémissants minois lorsque je me faufile parmi eux. Ils se figent comme de jolies statues de cire, oh, juste un instant bien sûr, mais c'est un instant de trop. Pas de poésie non plus dans mon assaut, nulle trace de ces savantes bottes emplies de grâce qui font se pâmer d'admiration les coquettes parfumées et fardées dans toutes les salles d'armes du monde, ou presque. Je ne suis pas l'un de ces preux imbéciles adeptes de la pavane et du chiffon noué à sa lance en guise de faveur inestimable d'une poupée creuse. Je suis un fils de Raynna, une raclure des bas-fonds qui n'a connu, en guise de glorieux tournoi, que les sanglantes rixes de rues miteuses. Pas de règles, pas de foutue notion d'honneur, juste un impératif : crever le salopard d'en face avant qu'il ne le fasse. La lame de Shill s'enfonce vicieusement dans l'aine du premier corniaud, pile au défaut de l'armure, tranchant bellement une artère qui, pour grésiller joliment au contact du feu de mon arme, n'en décore pas moins les environs de ses écarlates saccades. Son hurlement de douleur me vrille les tympans, si désagréablement que cela me convainc de prendre une petite précaution : le deuxième ne gueulera pas, pas avec ma deuxième damoiselle d'acier enfoncée jusqu'à la garde dans sa trachée. Un cadeau, quelque part : quitte à crever autant le faire en silence, c'est plus digne.

Malheureusement, la braillée du cabotin a cet effet déplorable de sortir les deux survivants de leur immobilisme. Quoique ayant tous deux l'attrayant regard d'un bovin affolé, ils réagissent avec un bel ensemble pour tenter de me piquer le cuir de la pointe de leurs armes. J'esquive la première d'une contorsion, mais la deuxième trace une sanglante balafre sur mon bras gauche. J'éructe un chapelet de jurons façon Raynna, de quoi faire tiquer le plus rustre des charretiers, et riposte férocement d'une fente qui, pour ouvrir dangereusement ma garde à son compère, me permet de lui planter ma chaleureuse petite vipère dans l'oeil. Nouveau hurlement de douleur, suivi de mon rugissement hargneux lorsque le fer de la hallebarde du second me caresse les côtes. Par chance mon armure, à cet endroit, est de meilleure qualité que mes brassards et limite passablement la casse, mais par les tétons flétris de sa mère, ça commence à bien faire quand même! Le rictus de haine dont je le gratifie, conjugué à mon noir sortilège, le fait reculer d'un pas et relever son arme en une piteuse tentative de défense. Je l'écarte brutalement de mon avant bras gauche, bondis sur lui avec une sauvagerie que ne désapprouverait pas un dévoreur des sables affamé et fracasse son joli minois d'un coup de boule rageur qui l'envoie au tapis, pommette défoncée et pissant le sang de son nez éclaté. Et comme ce petit connard m'a bien mis en rogne, je finasse un brin en lui balançant un grand coup de botte dans la tronche, suivi d'un autre dans le dos, avant de m'accroupir pour lui trancher proprement la gorge.

La vie étant décidément une catin capricieuse, je n'ai pas le temps de savourer à sa juste valeur cet instant ô combien artistique qu'une foutue bon sang de flèche se fiche, toute guillerette et frétillante, dans ma cuisse droite. Et là, un hurlement m'échappe, pas tant de douleur que de rage car cela fait bien longtemps que la souffrance n'a plus le pouvoir de me faire piailler. Je me relève en jurant copieusement et brise d'un coup sec la hampe de la fâcheuse en cherchant des yeux le freluquet qui a osé me prendre pour cible. Comme de juste pour une fripouille d'archer, le bibelot se tient lâchement à l'écart de la mêlée, inatteignable pour l'heure vu que deux de ses camarades s'interposent, visiblement désireux de participer à la petite sauterie en ma délicate compagnie. D'un geste vif je rengaine la dague que je tiens en main gauche et, me confectionnant un masque réjoui, leur tisse un facétieux souffle de Thimoros de derrière les fagots. Le ruffian de droite se racornit comme les nichons d'une antiquité Eruïonne sous la glaciale caresse de mon sortilège, piaillant d'une terreur sans nom. Cela ne suffit pas à le tuer, mais il ne s'en relèvera certainement pas avant que j'aie eu le temps de m'expliquer gentiment avec son comparse. Prenant soin de garder ce dernier entre l'archer et moi, je fonce sur lui en riant comme un dément, envahi désormais de l'exultation irrépressible que font naître en moi la proximité de la mort et la suave douceur d'un bon carnage.

Mais il est dit que rien ne se passera comme prévu aujourd'hui. Alors que, dans ma folle ruée vers ma cible, j'enjambe un cadavre que quelque distrait a laissé traîner là, voilà que le macchabée outrepasse toutes les limites de la bienséance de rigueur pour un type proprement crevé et m'agrippe la cheville! Je voudrais dire que je m'envole gracieusement dans les airs, mais la vague bribe d’honnêteté qui demeure en moi me contraint à faire fi d'enjolivures : je m'écrase lamentablement au sol, museau dans la boue sanglante qui a remplacé la belle herbe bien verte d'origine, en m'exclamant avec toute la finesse qui caractérise habituellement mon verbiage :

"Putain de bordel de merde!"

Évidemment, dans les faits cela ressemble plutôt à un infâme baragouinage incompréhensible, vu que j'ai la braillante pleine de la savoureuse potée constituant le sol, mais l'intention y est. Et comme les emmerdes ne viennent jamais seules, le gougnafier que j'entendais étriper élégamment en profite pour tenter de me clouer dans la purée rougeâtre me servant de couche... un geste instinctif de défense me permet de me retourner d'un soubresaut et de dévier partiellement la pointe mortelle de l'avant bras, mais si j'échappe au pire, l'arme me transperce néanmoins le gras du bras gauche comme s'il s'agissait d'un vulgaire gigot. Et pas question de me dégager, l'enfoiré s'efforçant avec un certain succès de me maintenir au sol avec sa maudite hallebarde, à moins de vouloir me déchirer salement le biceps. Qu'à cela ne tienne, je lui fais le coup du ciseau, coinçant ses chevilles entre mes jambes et pivotant sèchement sur le côté, le gauche pour ne pas trop risquer d’aggraver ma blessure, de façon à le faire choir sans douceur. La crevure se vautre à son tour en beauté, ce qui a accessoirement pour effet que sa putain de pointe dégage de ma chair et me libère enfin le bras. Je serais fortement tenté de l'étrangler très lentement, pour la peine qu'il s'est donnée, mais un menu détail me suggère que ce n'est pas exactement une idée lumineuse : la tafiole d'archer a eu tout loisir d'encocher un nouveau trait et me vise méticuleusement. Aussi, plutôt que de laisser libre cours à ma reconnaissance envers le hallebardier en le faisant suffoquer tendrement, je l'agrippe par les frusques et le tire brutalement sur moi comme une vulgaire couverture.

Une fraction de seconde plus tard, un léger choc suivi d'une piaillée de mon duvet improvisé m'apprend que le trait a bel et bien touché sa cible, quoique certainement pas celle que le tireur espérait à en juger par le juron qu'il lâche alors. Quant à ma couette, elle se débat furieusement et j'écope d'un méchant coup de gantelet dans la frimousse qui me fait voir quelques jolies chandelles. Je tente bien de lui transpercer les reins de la dague que j'ai toujours en main, mais l'enfoiré porte une armure et ma lame ne fait que riper dessus. Alors que je m'apprête à réitérer en visant un peu plus bas, le bougre remet le couvert et m'assène un rude coup sur le crâne, pas de quoi m'assommer mais assez costaud quand même pour m'ébranler sérieusement et me faire gronder :

"Alors toi mon salaud tu vas déguster!"

Usant de mon bras libre, bien que les blessures subies me fassent grogner de douleur, je le referme sur sa nuque pour l'attirer à moi. Il tente bien de résister, mais en vain, ma poigne inexorable le fait lentement plier. A cet instant, le mince vernis d'être civilisé qui m'a été inculqué n'existe plus, il ne reste que le Fauve du Dragomélyn. Et comme la sale bête sauvage que je suis, je referme mes crocs, qui pour n'avoir l'ampleur de ceux d'un félin n'en sont pas moins efficaces, sur la jugulaire du maraud et l'arrache d'une violente traction. Ne vous l'avais-je pas dit? La mort c'est dégueulasse. Indifférent au flot carmin qui jaillit et m'asperge copieusement, je rejette avec mépris le crevard sur le côté et me relève rageusement, mû par une hargne d'une rare intensité. J'ai encore un petit compte à régler, enfin, deux pour être précis : le petit corniaud qui s'est cru finaud d'essayer de me transformer en porc-épic d'une part, et l'espèce de bouffon sodomite qui se pense spirituel en réveillant des cadavres. Et ce dernier, parole de Kerenn, aura droit à un traitement de faveur, d'autant plus que je ne sais quel indélicat a fumé l'archer pendant que je baguenaudai gentiment avec le hallebardier.

Toutefois, avant de me diriger vers le cornu pour lui apprendre ma façon de penser, je parcours rapidement le champ de bataille du regard et avise la Tulorienne qui se vide de son sang non loin de moi. Comme Faëlis semble déterminé à occuper le bouc, je la rejoins en quelques longues enjambées et lui tends ma gourde en grognant :

"Il y a des grandes potions de soin là-dedans. Avalez-en une avant de vous vider de votre sang."

Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?
Zenrin Kushu

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Madoka
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Madoka » mar. 12 nov. 2019 23:28

Attentif à toutes nos remarques et propositions, Cromax prend quelques secondes pour faire le point avant de nous présenter le plan visant à infiltrer la forteresse. Il sépare les membres moins chevronnés au combat des plus téméraires afin qu’aucun ne prenne de risques superflus, et affecte Faëlis à l’arrière-garde en soutient à la fois grâce à son habileté à l’arc et sa magie.


Nous nous éloignons pour attendre la tombée du soir. Nul crépitement de feu de camp, nulle discussion ou chuchotement, nul hennissement ne vient troubler le silence lourd de sens qui règne autour de nous. Les regards sont bas, les mines sérieuses et les corps tendus.
De la pointe de ma dague, je nettoie la saleté logée sous mes ongles ; mes pensées dérivant encore et toujours vers les révélations récentes de Cromax, et ma présence ici. Mes souvenirs ne reviennent pas, bloqués sans doute par quelque chose d’extérieur à ma volonté, en lien avec les colliers ou la Mort elle-même.
Parfois, je me surprends à observer mes mains, à toucher ma peau en me demandant si je suis bien réelle, si je suis en train de vivre ma mort, ou si tout cela est en fait une sorte de rêve dont je ne sortirais qu’en réussissant une épreuve ; d’acceptation ou de réparation ; avant de m’éteindre et reposer en paix.
Et en raison de ces moments profondément perturbants, j’ai retrouvé les bienfaits de la méditation, délaissée au profit d’une vie contrôlée par d’autres. Je me retrouve à travers mon souffle, les battements de mon cœur, je me retrouve en méditant et parviens parfois à me sentir vivante, réellement vivante. Un jour, peut-être, je pourrais regarder mes mains sans me demander si elles sont rêvées.


Un jour oui, sûrement, mais pas ce soir. Un sifflement à mes oreilles, le choc dans l’écorce de l’arbre où je suis adossée, le chatouillement d’une mèche de cheveux qui retombe et mon sursaut, refluent toutes mes incertitudes vers les nœuds tortueux de mon cerveau.
Je suis debout avant de voir et comprendre ce qui se passe. Le plan n’est plus. Il n’y a plus qu’agitation et nervosité.
Nous sommes assiégés par ceux-là même que nous voulions assaillir. Pas le temps de chercher le pourquoi du comment, leurs flèches seront plus précises à chaque pas qui les rapproche de nous. Je me glisse derrière le tronc, temporairement à l’abri. Sur ma gauche Cromax jure entre ses dents, ayant lui aussi échappé de peu à l’un des projectiles. De nouveaux ordres sont lancés et l’instinct fait place à la préparation. D’un geste, il désigne Kerenn et Faëlis et les somme de rester pour repousser l’assaut tandis que lui ira seul dans la forteresse se charger de la mystérieuse femme en noir. Lorsqu’il évoque le nom de Zarnam, je regarde par-dessus mon épaule. Il est là, imposant et dévêtu, derrière les rangs des gardes en livrée rouge. Cromax conseille d’y prendre garde car sous cette apparence athlétique, se cache un mage puissant et sans pitié.

A peine a-t-il fini sa phrase qu’il s’élance, tel un fauve ou un forcené, à travers les lignes ennemies. Quoi que ni un fauve ni un humain ne soit capable d’un tel mouvement. Je le distingue à peine, les contours de sa silhouette se confondent avec la lueur orangée du soleil couchant, et aucun des gardes qu’il heurte ou renverse ne réagit à temps, je doute même que l’un d’eux l’aperçoive vraiment ; sauf peut-être Zarnam, qui tourne son regard vers le dos de Cromax tandis qu’il disparaît derrière l’arche principale.
La situation s’équilibre un peu grâce à lui, car nos assaillants sont maintenant en grande majorité blessés ou désorientés. Passer sous les fers de chevaux les aurait laissés dans un meilleur état. Ils sont nombreux et dispersés, certains aident les moins mal en point à se relever et d’autres foncent à nouveau vers notre camp, sous les yeux immobiles et vicieux du cornu.

Les archers se sont avancés, trop peu pour que je puisse les rejoindre sans risque, mais assez pour mieux viser cette fois. Il va falloir faire attention à rester en mouvement et à l’abri des arbres.
Sur ma droite, entre deux troncs d’arbres un peu plus loin, j’aperçois deux gardes qui s’éloignent et tentent de nous contourner. D’un coup d’œil rapide, j’avise les archers prêts à tirer et m’élance lorsqu’une volée de flèches les surprend, sans doute Faëlis, me dis-je en me remémorant la vitesse de tir dont il avait fait preuve aux abords du Palais de la Roseraie. Une flèche pourtant siffle au dessus de ma tête. D’un bond, je roule au sol et me redresse à l’abri des éventuelles suivantes. Les deux gardes ne sont plus qu’à quelques mètres. Une, deux, trois secondes … ils n’ont pas perçu ma présence et échangent des gestes entre eux, des sortes de codes pour préparer leur attaque sournoise. Mais ce soir, ils ont aguiché l’œil de plus sournois encore.
Les surprendre de dos serait plus efficace, mais cela équivaudrait à offrir le mien à l’archer qui cherche peut-être encore ma position. Je cours à toute vitesse et intercepte le premier des gardes, je bloque et tire la hampe de sa hallebarde de ma main libre et avance d’un geste vif mon bras armé de ma dague vers son cou. L’éclat soudain d’une pointe de lance qui surgit entre nous gâche une mort rapide. Surpris, mon corps réagit tout seul et ma main tremblote sur la peau souple de sa gorge, la plaie n’est pas parfaite, son sang gicle par à-coups et s’écoule trop lentement. D’un mouvement de poignet, je soulève la hampe que ma victime tient encore à l’autre bout et percute celle de son acolyte encore entre nous deux.
Ma première cible s’effondre l’instant d’après, une main contre sa gorge pour retenir son sang de couler. L’autre s’agite étrangement et je comprends un instant presque trop tard qu’il n’est pas en train de se débarrasser de sa hallebarde. Pour moi, ce n’est qu’un bâton trop long, pour lui, même la complexité de la lame est une arme en soi, qu’il manie à merveille. Il me tord le poignet en faisant vriller son arme. Ma souplesse me sauve la mise une fois encore, le crochet de la hallebarde ne faisant qu’effleurer le cuir de mon manteau sous mon aisselle, au lieu de m’arracher le bras. Faisant fi de toute précaution, je bondis aussitôt vers lui le temps qu’il rajuste son bras, espérant l’obliger à lâcher cette saleté de bâton pointu. Comme lors de l’attaque au Palais de Roseraie, je m’acharne bien trop longtemps pour le tuer en raison de cette foutue boîte de ferraille qu’il porte, contrainte à m’y prendre à plusieurs fois et à redoubler de prudence dans ma défense. Son cou de coude contre mon oreille me fait l’effet d’un coup de massue, le choc résonne dans ma tête lorsque je parviens à me soustraire à sa vigilance, esquiver son attaque et passer derrière lui. Ma tête bourdonne encore lorsqu’il tombe à terre, la gorge transpercée de part en part. J’entends quand même les grognements et gargouillis plaintifs du premier, recroquevillé au sol et livide.

« Arrg, meurs en silence, j’ai mal à la tête. »

Le combat fait rage un peu partout, la pénombre se fait de plus en plus intense mais je distingue une lueur mouvante trois ou quatre mètres plus loin, et une silhouette facilement reconnaissable vers qui j’accours aussi vite que possible, munie maintenant de mes deux lames. En mauvaise posture, Tina tient tant bien que mal un bouclier devant elle pour se protéger des coups féroces de deux gardes quand la flamme qui l’accompagnait s’éteint. Ce brusque changement de luminosité me rappelle la nécessité de retourner chercher ma cape si je veux pouvoir rester efficace ; mais une vive lueur m’éblouit aussitôt et se mue en une vague de couleur orangée qui ne dégage étrangement pas de chaleur, mais dont le souffle me repousse et me ralentit. Les deux gardes, eux, sont littéralement balayés et chutent lourdement au sol. Celui à la hallebarde tente de se relever en premier, prenant appui sur un coude et son arme, il se redresse juste assez pour passer sous le fil aiguisé et opportuniste de mon cimeterre. L’autre se démène encore pour se défaire de son bouclier lorsque Tina lui tombe dessus. Je reconnais la frénésie qui l’anime et d’où elle est puisée. Elle lutte pour survivre par ses propres moyens, quoi qu’il lui en coûte ; sa rage la fera tenir ce combat … mais l’après n’en sera pas plus facile.


Lorsque je lui tourne le dos, je vois deux autres gardes charger vers nous, attirés eux aussi par la lueur et les cris. Ils portent une armure faite de cuir et de mailles et ont troqué leur maudite tige sans fin pour des épées droites, quasiment identiques à celles des hommes du Palais. A leur manière de bouger, il est très probable qu’ils se soient fait rouler dessus par Cromax. L’un d’eux a le visage en sang et grimace en s’appuyant sur sa jambe droite ; l’autre doit avoir les côtes en morceaux car lorsqu’il lève son épée pour tenter de m’embrocher au passage, son bras tremble et son cri tient plus du gémissement que du cri de guerre. Mais à une contre deux et sachant à quel point ces pantins en livrée en rouge sont entraînés à combattre ensemble, mieux vaut jouer la prudence. Je me jette sur le côté pour l'éviter lui, son épée et son acolyte, et mettre un arbre entre eux et moi.
Son épée fend l’écorce et s’y coince. Je me relève juste à temps pour faire face au deuxième de l’autre côté mais je me rends vite compte que l’inconvénient d’un tronc d’arbre vaut pour tous les trois, étant moi-même plus habituée aux décors citadins. Mon coup à l’aveugle ne touche rien. Un choix tactique lamentable. Il n’y a personne, il n’a pas contourné l’obstacle … alors où est-il ? Un sursaut d’évidence me tord les tripes. Je me retourne aussitôt, pressée et affolée, la gorge nouée par une émotion indescriptible. Des erreurs, j’en fait souvent, prendre des risques inconsidérés est comme une seconde nature, alors qu’est-ce que c’est ?
Il est là, gêné par son compagnon qui dégage l’épée de l’écorce à deux mains, mais il est là. J’écarquille les yeux et sens la peau de mon cou frémir. Mes pensées sont partagée entre le soulagement de ne voir qu'une botte et, la fatalité d’un coup inévitable. Seulement une botte oui, mais plus grosse que ma tête et je sais ce dont je suis capable, moi, avec mes pieds taille lutin. Un unique sursaut instinctif me fait relever les bras en croix … armes en main.

Mon souffle et mon hurlement se bloquent dans ma gorge et ressortent par le nez en giclée acide. Mon cimeterre claque contre mon oreille, ma dague tombe à terre et mon poignet gauche se fait littéralement écraser par le talon. Je contracte tous les muscles de mon corps pour garder l’équilibre mais malgré l’amateurisme de son coup, son poids, lui, est conséquent. Emportée vers l’arrière, je bute contre quelque chose de dur et m’agite pour tomber le moins lourdement possible. Coincée et empêtrée dans je ne sais quel piège végétal ou de cadavre frais, je reste en plan, incapable de rouler en arrière pour me redresser. La face d’arrogant arborée par mon adversaire me met en rogne. Mais mon pauvre garçon, à ta place je t’aurais défoncé les côtes !
Je lui montre alors la différence avec un coup de pied vers le haut, directement dans les valseuses et il a de la chance que je ne sois pas en pleine possession de mes moyens. Son épée tombe à terre tandis qu’il couine comme un porcelet. Cependant, ni le lieu ni le moment ne sont propices à l’amusement de cette petite incartade. Je pousse sur mes talons pour me relever.
Finis les conneries, les questionnements sur des émotions sans noms. Il y a là-bas un homme qui fait pleuvoir le feu. Un homme qui profite encore des effets de leur attaque surprise pendant que je perds mon temps avec des amuse-gueule. En colère contre moi-même, j’inspire à fond et braque sur eux un regard meurtrier. Je suis prête. Celui avec l’entre-jambe en morceau donne le signal de départ, il se penche et laisse une belle marge de manœuvre à l’autre qui se fend en avant, un coup d’estoc m’obligeant soit à parer, soit à m’écarter. Et dans un cas comme dans l'autre, le deuxième me tombera dessus. Mais pas ce soir.
Me voir lâcher mon arme le déstabilise une seconde pendant laquelle je me glisse entre eux deux. Cette fois, le moment est parfait ! En une seconde, ses articulations du poignet et du coude sont à ma merci ; et la seconde suivante, son bras dévié plonge droit dans le flan de son acolyte à peine relevé.

Le trait d’humour qui se forme dans ma bouche à leur encontre se voit soudain renvoyé d’où il vient. Ce qui ressemble à une boule de feu traverse le champ de bataille, droit vers moi. Je sens alors mon corps, plus spontané et instinctif que mon esprit perturbé, réagir par lui-même. Encore main dans la main, je tire de toutes mes forces le garde en livrée rouge vers moi. L’éclat de l’amas de feu, lorsqu’il percute le dos de mon bouclier humain, me brûle les yeux, la puissance de sa vitesse nous fait basculer en arrière. Paniquée de corps et d’esprit, je me débats pour me défaire du garde dont les vêtements s’embrasent, je rampe au sol en grognant jusqu’à me cacher derrière l’arbre où se trouvent mes armes.

((Maudis soient les mages et leur magie !!))

Impossible de le trouver en plus, il fait trop sombre maintenant pour voir si loin. Je dois bouger avant qu’il ne décide de mettre le feu à toute la forêt, et ensuite quoi ? Un combat interne me fige sur place, une réminiscence plus forte encore de la sensation qui m’avait traversée lorsque je m’étais retrouvée dos aux deux gardes : la peur. Insondable et pernicieuse, elle me ronge l’esprit mais je ne dois pas la laisser gangréner ma détermination, ni faire illusion à la réalité. Je n’ai pas peur de lui, c’est un mage, un putain de mage et du genre qui te grille avant de voir le blanc de ses yeux ; mais, j’en ai déjà combattu. Je n'ai pas peur de lui, j’ai peur de mourir … encore.

((Courage bordel !! ça fait des semaines que tu tergiverses et que t’avances pas ! oui, t’es morte ! et oui, t’es vivante alors maintenant tu bouges ton fion. On t’a pas ramené pour faire dans ton froc à la première emmerde venue !! ))

Je pousse alors un hurlement rageur, un cri plus animal qu’humain.


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Madoka
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Madoka » mar. 19 nov. 2019 22:22

Je file droit vers le campement à quelques mètres de là et me cache à nouveau derrière un arbre. Lorsque j’enfile et noue ma cape, l’effet est une fois de plus saisissant. A contrecœur, j’avale la plus petite des potions censée me redonner un coup de fouet et une bonne rasade de potion de soin. Le goût est immonde, la sensation à l’intérieur de mon corps plus encore ; et de devoir en passer par là ravive la rage qui m’étreint en repensant que tout ceci n’aurait pas eu lieu d’être. S’ils s’étaient sagement laissé égorger les uns après les autres, je n’aurais pas dû boire ces trucs abjects et pas naturels. Cependant, force m’est d’avouer que les effets sont plus rapides que les onguents et emplâtres de plantes médicinales. Si je fais l’impasse sur le frémissement déplaisant sous ma peau, mon bras gauche et mes doigts sont moins douloureux, assez pour ne plus être une gêne.

Ma vision des sous-bois est maintenant nettement meilleure, je distingue la haute silhouette élancée de Faëlis maniant un sabre, celle plus large de Kerenn qui terrasse ses adversaires avec une franche sauvagerie et celle plus malingre de Kassar se débattant tant qu’il peut. Tina est toujours là, affaiblie mais déterminée. Un peu plus loin face à nous se trouve une ombre massive et droite dont le seul mouvement notable est celui de la corne de son casque, à la recherche sans aucun doute d’une proie inattentive. Mes derniers mouvements ont quelque peu changé la donne, car même lui semble m’avoir perdu du vue, lui comme les autres gardes restants.
Une occasion comme celle-là ne se représentera pas, je dois la saisir et ce peu importe les risques ou ces nouvelles sensations qui m’envahissent. Je dois leur faire face et retrouver celle qui avançait sans crainte, celle qui se sentait vivante face au danger, celle qui se délectait de faire mordre la poussière aux plus forts qu’elle. Ma survie, je la dois à mon art, pas à de la couardise. A partir de maintenant, c’est lui ou nous et je ne laisserais personne d’autre faire ma part, je ne suis pas revenue pour devenir faible !


Je me faufile avec prudence dans ce sombre décor et m’approche discrètement de Zarnam. Il ne s’est pas placé là par hasard. Légèrement en hauteur, il profite d’une vue dégagée et une partie du chemin à parcourir est rocailleux, sans arbres et difficile d’accès pour un pas imprudent. L’effort est grand pour ne pas presser le pas, j’ai l’impression de me traîner ; une fausse impression certes, mais qui pèse sur mon sang-froid. Chaque seconde passante, il peut d’un geste tout réduire en cendres, j’en ai la certitude. Cromax nous a prévenus, et dans la bouche d’un être aussi impressionnant, le mot puissant n’est pas à prendre à la légère.
Mais j’y suis, il est là, à portée. Son regard fixé ailleurs, au loin, je suis invisible. Je peux, je vais porter le premier coup qui renversera le cours de la bataille. Je resserre les liens de ma cape et mes doigts autour de ma dague fétiche. Un pas, deux pas … un projectile fond sur lui, rapide et direct, une flèche envoyée de l’un des nôtres … c’est parfait, me dis-je alors en prenant appui sur un rocher.

Enfiévrée par la tournure des événements et le retournement de situation, je bondis haut et loin pour lui tomber dessus. Mon pied a à peine quitté le rocher que je vois la flèche passer à quelques centimètres du corps de Zarnam. Ce n’est pas grave ! Et pourtant, il ne bronche pas, même pas un sursaut de surprise … est-il si confiant ? Pourquoi est-il si confiant ?
Il bouge la tête, juste ce qu’il faut et sans brusquerie aucune pour que je puisse voir son regard. Des yeux ronds et noirs dont la lueur sadique me glace le sang se posent sur moi. Depuis combien de temps me sait-il là, depuis combien de temps se joue-t-il de nous ? Le simple mouvement de sa bouche me donne l’impression qu’il se nourrit de l’effroi qu’il procure, je me sens désarmée, impuissante, dévorée de tout courage ou volonté. Je pousse un cri rageur, tant contre ma stupidité que pour contrer l’épouvante de faire face à un tel monstre. Une aura aux reflets verts remonte soudain le long de son corps et une pellicule semblable à de la terre argileuse se forme et grossit autour de son corps à une vitesse folle, comme si la terre elle-même le protégeait. Mon cri alimente mon courage s’étiolant face aux yeux pourfendeurs de l’ennemi, il surpasse ma peur mais pas la perte soudaine de toute assurance de victoire. Ma dague plonge vers cet amas solide. Toute ma force, ma vitesse et mon poids ne suffisent qu’à briser une petite parcelle de son bouclier naturel.

Tandis que je recule, incapable de comprendre ou d’appréhender l’ampleur de la merde dans laquelle je suis, je l’entends se gausser de nous, j’entends son dédain et ses plaintes à affronter tant de si frêles et naïves créatures, victimes de la traîtrise du trop volubile Cromax.
Ses bras nus, relevés si lentement qu’on le dirait gêné dans ses mouvements, s’entourent alors d’une lumière qui crépite. Toute la conscience, le savoir ou l’agilité du monde n’aurait pu me permettre d’échapper à ce qui suit. Un éclat aveuglant me tétanise et tout mon corps se cambre lorsque ce qui ressemble à un véritable éclair me traverse le corps. Mon propre hurlement est chargé du choc et de la tension qui me traversent. La douleur est telle que mes muscles se mutilent en se contractant. Une deuxième vague me traverse et je sens alors mon cœur devenir fou, tout mon être est parcouru de tremblements incontrôlables tandis que ma gorge hurlante se mutile de toute la détresse de mon âme. Cela ne dure qu’une seconde, peut être moins mais quand cela s’arrête, mes yeux continuent de trembler, mon cœur tape si fort que je peine à trouver mon souffle et mes membres sont comme hantés par des convulsions douloureuses.

Cet homme est inhumain.
Luttant contre une peur bien plus primale que celle de mourir, je recule en rampant sous le rire sardonique du cornu. Cette enflure de mage se croit surpuissant parce qu’il contrôle le feu, la terre et la foudre. Oui, c'est un monstre qui les contrôle et qui sait que cette seule vérité lui fait gagner la moitié de chaque combat. Et il a oublié de quoi sont capables ceux qui n’ont que leur corps et leurs mains pour survivre, ceux qui ont des idées au lieu de sortilèges.

((Alors bordel, trouve en une … et vite))

Une boule de feu est en train de prendre forme entre ses mains, et ce n’est qu’une question de temps pour qu’il l’abatte sur moi, là, sans effort car je lui suis offerte sur un plateau. Seul le vent pourrait s’enfuir assez vite et assez loin pour en réchapper.
Mais …
Nul besoin d’aller loin, quand on peut disparaître de sa vue. Je vois Faëlis tenter une nouvelle attaque rapide et aussitôt un nouveau plan se dessine. D’une main, je fouille l’intérieur de mon manteau et y trouve mon salut.

« Faëlis, crié-je d’une voix cassée, tenez-vous prêt ! »

D’un murmure intimiste, je nomme ma dague au pouvoir sombre devenu pourtant indispensable et disparaîs aussitôt. L’expression du cornu est édifiante, un régal dont je ne savoure malheureusement pas toute l’essence en raison de mon état mais, cela à au moins l’avantage de me ragaillardir. Alors qu’il cherche encore du regard une trace de ma présence, je m’approche de lui, plus discrète que jamais et, ce coup-ci je ne laisse rien au hasard. Au lieu de lancer le metsubushi, je lui écrase directement dans sa face au moment même où je redeviens visible. Son corps a beau être recouvert de cette couche de protection, ses yeux, son nez et sa bouche eux, ne le sont pas. Il grogne et hurle de colère, ses mains ensorcelées ne pouvant même pas retirer la poudre irritante de ses yeux.
Un coup d’œil vers Faëlis m’incite à croire qu’il m’a entendue et comprise, car il ajuste déjà son arc et prend le temps de viser cette fois. Nous avons gagné quelques précieuses secondes qui ne seront pas de trop pour venir à bout de sa protection. Je m’acharne dessus à plusieurs reprises au même endroit tout en évitant son bras lancé à l’aveugle, il jure et grogne de plus belle. Quelques secondes, il ne lui en faudra guère plus pour reprendre le dessus, ça doit tenir, il ne se laissera plus berner une seconde fois. Pressée par le temps, poussée par la rage de lutter contre une magie sordide, et talonnée par la peur qu’il puisse à nouveau se servir du même sortilège ; je puise dans toutes mes forces une dernière fois. Ma dague s’enfonce dans un interstice et je sens le contact particulier de la chair. Il pousse un hurlement qui me fait dresser les poils du corps, une sorte de complainte rageuse, longue et hargneuse.

Nous avons en partie échoué une fois encore. Ni ma dague ni les flèches de Faëlis n’ont touché de points vitaux. Il rugit et me toise, moi le vicieux petit caillou dans sa chaussure, et il ne sourit plus, plus du tout. J’aurais à cet instant préféré ne pas avoir ma cape, ne pas voir son regard, ne pas voir cette substance noire surnaturelle suinter le long de son corps. Quelque chose en moi de l’ordre de l’instinct me dit que ce n’est pas son bouclier qui fond, mais rien en moi n’est apte à comprendre ce qui se passe, hormis que ça pue. Mes membres, pourtant, ne bougent pas, tétanisés par l’effort précédent et la lueur assassine dans son regard.
Lorsque la souillure noire touche le sol et s’y enfonce, l’air se charge d’une lourdeur lugubre suivi d’une multitude de crissements et de craquements provenant des entrailles de la terre. Coupée de tout entendement, j’observe des mains squelettiques sortirent de terre, prolongées par des bras et des corps décharnés.

Cet homme est un monstre.
M’en éloigner est la seule chose qui m’anime. Mes jambes me portent avec l’énergie de l’horreur. J’entends le pas des créatures derrière moi, moins rapides mais assurément plus endurantes. Je cours sans but ni plan, quand soudain, la terre tremble. Encore lui, me dis-je en luttant pour garder le cap. L’horreur se démultiplie lorsque la terre s’ouvre littéralement sous mes pieds. Je bondis sans réfléchir de souches en cailloux saillants, le cœur au bord des lèvres et l’espoir au fond de mes chausses et soudain, la fatalité de ma situation m’assaille : je n’y arriverais pas. Je pousse pourtant sur mon pied d’appui de toutes mes forces, je bats des bras tel un oisillon en chute libre, et je hurle comme une damnée ne voyant que l’abysse. Je m’écrase littéralement juste au bord, mes mains s’agrippent aux branches, à la terre, mes pieds raclent et creusent la paroi, je mords même un bout de racine à portée … mais je glisse, toujours un peu plus. Mon souffle me manque pour hurler et mes yeux un instant se perdent sur la poignée de ma dague qui disparaît de mon champ de vision lorsque je tombe.

Seule éclaircie de cette nuit merdique : ma chute est courte et sans heurt à l’arrivée, juste un gros tas de terre meuble au fond d’une faille de moins de trois mètres au jugé. Deux abominations suintantes sont tombées en même temps que moi, sans heurts elles aussi, et une troisième dandine au dessus de nos têtes.

((Putain de nuit !)) Me dis-je en mettant la main sur le pommeau de mon cimeterre.

((Putain j’enrage !!)) Pesté-je violemment en réalisant qu’il n’est plus là.

« Y’en a marre ! Vous me faites chier, tous autant que vous êtes ! Et vous là, les osselets ambulants, j’vais vous défoncer, ça va pas traîner ! »

Ce disant, j’enfile mes gants ornés de plaque de métal et enseveli mon aversion pour ces choses sous une montagne de rage. Un doute effleure mes pensées lorsqu’ils se décalent l’un de l’autre dans cet espace exigu : sont-ce eux qui ont ouvert le sol sous mes pieds ? J’espère pas …
Habituée au manque de place, je lance les hostilités avant que ne s’éteigne la flamme enragée qui brûle en moi. Si je laisse mon esprit perturbé divaguer sur ce qui m’arrive, je n’en sortirai pas.
Ces monstruosités ne ressentent pas la douleur. A chaque coup porté, ils ripostent aussitôt, rapides, imprécis mais puissants. L’un d’eux soudain se jette sur moi alors que je me redresse à peine d’une roulade d’esquive. Prise au dépourvu, je me décale contre le mur et tente d’accompagner sa charge pour le déstabiliser d’un mouvement de hanche.
Mais son corps est bien différent de celui d’un vivant. Désarticulé, il se tord d’une manière inattendue afin de suivre mon précédent mouvement. Mes doigts glissent sur des lambeaux putrides de peau et se coincent entre deux os de son avant-bras. Le dégoût de ce toucher répugnant me soulève l’estomac et me fait perdre mes moyens. Ma force seule ne suffit plus à le faire choir et nous tombons au sol ensemble. Un roulé-boulé spongieux et incontrôlé à la fin duquel je finis au pire endroit : entre les deux. A peine ai-je réalisé ce détail qu’une main griffue attrape ma capuche et me soulève du sol. Le corps cambré par l’horreur de sentir ses doigts pourris traverser le tissu et agripper mes cheveux ; je me débats frénétiquement, hurlant d’une angoisse indescriptible à l’idée de crever au fond de cette fosse de la main de ces abominations purulentes. Je me retrouve dans une position étrange ; presque parallèle au sol à force d’éloigner mes jambes de cette chose mais je sens le cordon d’attache se resserrer autour de mon cou à chacune de ses tentatives de me ramener à lui. L’autre se relève …
Un frisson me parcourt face à l’étendue de la pitié que je m’inspire à cet instant. Si je ne suis finalement capable que de ça, alors à quoi bon lutter. Ai-je passé tant d’années à vouloir qu’on me prenne au sérieux pour le perdre au moment fatidique ? Est-ce ainsi que j’ai vécu mes précédentes dernières minutes ? A me laisser submerger par mes émotions, à me perdre en réflexion digne des plus faibles ? Je dois reprendre ma vie en main et cesser de regarder en arrière, de penser au passé ou de comprendre le présent. Je ne suis pas un érudit, encore moins un penseur, je suis une tueuse, froide et implacable …

Eux ne sont que des pantins, des osselets ambulants qu’on m’envoie pour gagner du temps !

Je défais le nœud à mon cou et m’arrache de la prise sur mes cheveux en pivotant sur moi-même brusquement. Les doigts du squelette toujours accroché à la capuche, je m’en sers comme point d’équilibre en tenant les deux bouts de la cordelette. Avec une rapidité que je me reconnais enfin, je place un coup de pied dans le thorax du pantin à peine relevé qui recule et perd l’équilibre ; d’un coup sec sur la cordelette, je retrouve mes appuis, me redresse et contourne ma prochaine victime tombée à genoux, entraînée par l’élan de mes mouvements à l’autre bout de ma cape. Je me surprends à retrouver mes sens lorsque je passe la cordelette devant son visage et l’étrangle avec, je me surprends même à sourire lorsque je pose mon pied entre ses omoplates décharnées. Je tire sur mes bras et pousse du pied jusqu’à sentir les os du coup se démanteler et sa tête sauter comme un bouchon.
Prête à en finir avec le deuxième, j’aperçois indistinctement derrière lui une forme tomber dans la faille. Encore un autre. S’il le faut …
Je fonce vers lui et frappe la première avec la ferme intention de ne lui laisser aucune chance de riposter. Concentrée sur mes coups, je fais fi de son apparence. Au contraire, je me sers de l’art du Kata du Tigre pour viser les articulations les plus fragiles, plus facilement que jamais. Entendre et voir ses os se briser sont un régal pour mes sens. Il tombe littéralement en morceau sous mes coups de poings.

« Suivant, dis-je à l’attention du troisième qui s’avance, avant de me raidir et de lâcher un grognement menaçant en voyant mon cimeterre entre ses os. C’est à moi ça.»

J’inspire un grand coup et souffle longuement. Encore un. Je dois rester concentrée et économiser ce qui me reste de forces, car après lui, la partie difficile recommencera. Je me baisse pour esquiver son attaque circulaire et ramasse le fémur parmi les morceaux à mes pieds. Je frappe une première fois sur le plat de la lame et donne un violent coup de pied dans son genou. Il titube et trébuche sur une racine au sol ; j’en profite aussitôt pour me jeter sur lui. Du talon, je m’assure que mon cimeterre reste au sol et le frappe, encore et encore, avec mon gourdin improvisé, me déchargeant de toute la frustration accumulée, de toutes ces maudites émotions qui m’ont perverti depuis mon Réveil, de toutes ces peurs qui m’entravent ; jusqu’à ce que son crâne ne soit plus que fine particule de poussière d’os.

Je m’en tire pas trop mal, finalement. Des contusions surtout, une lèvre ouverte et les doigts de ma main gauche me font un mal de chien. La remontée n’est pas aisée mais j’y parviens sans me blesser en sus.
Je retourne rapidement sur mes pas, à couvert et guette les mouvements et positions de chacun. Le corps de Zarnam est à nouveau nu, sans son étrange armure de terre. Il nous faut une nouvelle diversion, sans cela il recommencera à se protéger et se servir de sa magie pour au mieux, nous tenir à distance et au pire, nous cuire ou nous foudroyer à distance. Un mouvement sur le côté me permet de distinguer Faëlis, un genou à terre en train de se relever et Zarnam le voit, lui aussi.
Les mages seuls savent comment, il recommence à être entouré par une lueur. Cette fois, nul crépitement au bout des bras, nulle substance noire ou aura verte … ses deux mains nimbées d’une lueur orangée ondulent lentement, tandis que ses yeux sadiques lorgnent l’elfe blanc. Je m’active aussitôt sans réfléchir, tant pis pour la diversion prévue, car sans l’elfe, le combat est perdu d’avance. Je cours le plus près possible en prenant garde de n’être point visible par ce monstre et prends le risque d’être vue au dernier moment, lorsque des mains jointes, je pointe mes gantelets vers lui, l’esprit aussi vide que possible et focalisé sur le jet d’eau puissant qu’ils sont capables d’expulser.

Zarnam tombe à la renverse sous la puissance du jet, interrompant du même coup sa concentration et son sortilège.
Il grogne et hurle des mots parfaitement outranciers mais se redresse sans mal et frappe le sol de son poing. Sans ma capuche, je ne m’aperçois qu’un temps plus tard qu’il ne s’agit pas d’un témoignage de sa rage mais bel et bien d’un sortilège, encore. J’entends la terre gronder à nouveau autour de moi et m’écarte aussitôt, mais mes premiers pas de course sont emportés par la secousse. Je n’ai plus la force de penser, de réagir ni même de crier tandis que sous mes pieds la terre se gonfle et me crache comme un morceau de viande avariée. Éjectée vers l’avant, ma tête rebondit contre une grosse branche et je tombe lourdement sur le ventre.
Je me redresse avec le plus grand mal, prise de vertiges, la tête et le corps engourdis par la douleur qui m’assaille. Trop mal en point pour m’en plaindre, je bois une gorgée de la potion censée contrer l’étourdissement et une bonne rasade de potion de soin. Après tout, je ne suis plus à un dégoût près.

((Avec toutes les cochonneries que je m’envoie, j’vais pisser un arc en ciel.))

Les échos du combat qui se poursuit là-bas m’arrivent par vague ; un flot de hurlements et de cris qui résonne dans mon crâne douloureux. Me relevant, je maudis le monde et tous ceux présent, alliés comme ennemis. J’avance à tâtons, cherchant mon équilibre de mes bras quand tout à coup, en guise de réponse à mes prières blasphématoires, j’entends le claquement d’une mâchoire à nue derrière moi. Il en restait un, il en reste un. Mes muscles se contactent et mes doigts se resserrent sur la poignée de mon cimeterre. Je me retourne vivement lorsqu’il s’agite, faisant claquer ses os comme une mauvaise composition musicale ; le coup circulaire du cimeterre passe au-dessus de son épaule et lui emporte la tête. Une douleur terrible, pourtant, m’arrache un cri suraigu alors que l’élan du pantin d’os me fait choir à terre. Plantée sous mon épaule, se trouve ma dague. Cette fichue dague, oubliée sur les rebords de cette maudite faille.

« Ça aussi c’est à moi, putain d’voleurs. » Dis-je en me sentant sombrer.

Trop faible pour m'en émouvoir, je ressens alors la magie du collier de Pragatt'. Une expérience qui m’a fait devenir folle la première fois qu’il s’est activé. Mais je n’ai jamais eu la force de m'en débarrasser ; souvenir d’un homme délicieusement malhonnête. Grognant et gémissant, je retire la dague de la plaie et serre les dents pendant que j’avale une autre potion de soin, l’esprit emmuré dans mon dégoût tandis que je sens ma peau frémir.


Quand je trouve enfin la force de me relever et garder l'équilibre malgré les vertiges, je constate surtout le profond silence qui m'entoure.
Parvenant tant bien que mal jusqu’à Faëlis, je distingue un peu plus loin la large silhouette dénudée et sanguinolente de Zarnam, accrochée aux portes de sa forteresse, tel un trophée aux tripes à l’air. Un merveilleux retour de flammes que je savoure sans m’en cacher, regrettant seulement de ne pas avoir entendu les derniers râles de ce monstre.

Kerenn se retourne vers nous, fier et hautain comme à son habitude. Prophétisant qu’il ne sera pas toujours là pour sortir nos petites fesses des embrouilles, il nous conseille de savoir finir le boulot tout seuls.

« Il a raison, dis-je d’un air très sérieux malgré ma voix brisée et mon apparence de cadavre ambulant. C’est vrai qu’elles sont petites. »


((note hrp : fin du premier combat (gardes) : 1 moyenne potion de soin + un moyen élixir d'énergie .
fin du deuxième combat (zarnam + squelettes) : 1 metsubushi + 1 potion robustesse + 1 grande potion de soin ))
Modifié en dernier par Madoka le mer. 18 déc. 2019 21:24, modifié 4 fois.

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Kerenn
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Re: Le Clan des Roses (Guildes des Amants de la Rose Sombre)

Message par Kerenn » jeu. 21 nov. 2019 19:31

[:attention:] Âmes sensibles s'abstenir [:attention:]


Après que la Tulorienne ait accepté, ou pas, mon offre - et à dire vrai je m'en fous, qu'elle survive ou pas n'a aucune espèce d'importance à mes yeux - je me fonds à nouveau dans les ténèbres afin de me soustraire à l'attention du seul connard qui compte vraiment : Zarnam. Faëlis semble avoir l'avoir raté, à moins que son trait n'aie pu percer l'espèce d'aura verte dont le cornu s'est entouré? Je n'en sais foutre rien, ce sort m'est inconnu mais à en juger par l'attaque suivante de l'Ynorienne, qui échoue lamentablement à blesser le foutriquet lubrique, ce doit bel et bien être une protection. Notre ennemi invoque alors la foudre, atteignant simultanément la loupiotte et l'humaine. Si Faëlis semble plutôt bien encaisser ce sortilège, la jeune femme en revanche se retrouve projetée à terre et, visiblement paniquée, s'efforce de s'écarter du mage en rampant précipitamment sur le dos. Je jure intérieurement tout en me faufilant d'ombre en ombre pour m'approcher de ma cible sans être repéré : il faut que mes deux alliés l'occupent encore quelques instants, juste quelques petits instants... Mais cela semble bien compromis car le cornu ricane odieusement en faisant apparaître une sphère flamboyante tandis qu'une nouvelle flèche tirée par l'Hinïon se fracasse sur son espèce d'armure...

(Par les mamelles vérolées de Valshabarath, il maîtrise combien d'arcanes cet enfoiré?!)

Mais presque aussitôt, la boule ignée se dissipe alors que Zarnam arbore une expression d'intense surprise aisément compréhensible : usant d'une capacité identique, ou similaire du moins, aux miennes, elle vient de disparaître... pour réapparaître une seconde plus tard dans le dos du mage et lui balancer une espèce de poudre au museau! Faëlis en profite habilement pour lui planter un trait dans le corps, pas décisif malheureusement car le Cornu parvient encore à user de ses fluides obscurs pour relever des squelettes qui jaillissent de terre et se mettent à assaillir mes deux alliés ! Je distingue la peur atavique qui naît dans leurs prunelles à la vue de ce ignoble sortilège de Nécromant, mais ils luttent malgré tout avec l'énergie du désespoir pour se débarrasser des maudits. Seulement ce merdier n'arrange pas nos affaires, vaincre ces atrocités est pour eux une nécessité évidemment, mais qui les empêche malheureusement de s'en prendre au Cornu. Et moi je suis contraint de faire un détour de plus pour éviter les invocations putrides et, peut-être, avoir une chance d'atteindre cette crevure de Zarnam.

Alors que j'accélère le mouvement, de manière toute relative car me faire repérer serait stupide, un puissant jet d'eau, sorti d'où je n'en ai pas la moindre foutue idée, renverse subitement notre ennemi! Il pousse un atroce juron mais, loin d'être vaincu encore, frappe brutalement le sol d'un poing qui ébranle la terre si fortement que je manque perdre l'équilibre bien que je sois encore à plusieurs mètres de lui et que l'Ynorienne est littéralement projetée dans les airs ! Faëlis se redresse à cet instant et larde le maudit de deux traits, puis se met à le défier verbalement en lui annonçant que Pulinn est toujours en vie et que toutes ses manigances ont échoué. Un sourire féroce ourle mes lèvres : en focalisant ainsi l'attention de Zarnam, il m'offre la diversion dont j'ai besoin pour agir, enfin.

Je quitte subitement les ombres et fonds sur notre ennemi, invisible à son regard car me trouvant derrière lui. Mon attaque furtive est aussi vicieuse que brutale, mon bras gauche se referme comme un étau sur sa gorge alors que ma précieuse Vipère du Désert s'enfonce profondément dans ses reins exposés, dévastant sa colonne vertébrale. Le bouc lubrique hurle de douleur tandis que son corps est agité d'un terrible spasme, puis ses jambes cèdent brutalement sous lui. Mon coup n'est pas mortel, pas de suite en tout cas, j'y ai soigneusement veillé. Il ne fait "que" le paralyser totalement, simulacre de la morsure de cette vipère à laquelle m'associent les Eruïons et qui lui permet de dévorer tranquillement sa proie encore vivante. Le soutenant toujours de mon bras refermé autour de sa gorge, je me penche et murmure à son oreille :

"J'ai pas aimé ta petite mise en scène à Kendra Kâr, vermine. Ça me rappelle quelques trucs que j'ai vu à Raynna, et ça mon con, y'a pas mieux pour me foutre la haine. Alors maintenant on va régler ce petit compte qu'on a, toi et moi, avant que tu crèves. Tu sais ce qu'on dit : les bons comptes font les bons amis, et je serais navré qu'on se quitte en mauvais termes."

Je retire lentement ma dague de sa chair et l'essuie négligemment sur son corps avant de la rengainer, puis je le traîne jusqu'aux portes de la forteresse en ruines en m'emparant d'une hallebarde au passage. Arrivé devant l'huis, je plaque le Cornu contre l'un des battants, dos à ce dernier, et le maintiens debout d'une main férocement agrippée à sa gorge en souriant froidement :

"Voyons un peu si j'ai bien appris la leçon."

Avec une violence terrible, je lui plante la pointe de la hallebarde dans le ventre, le clouant littéralement à la porte en une sinistre parodie de ce qu'il a fait à l'Elfe Blanche au temple de Kendra Kâr. Puis je me recule d'un pas pour contempler le spectacle durant un bref instant, avant de me tourner vers Faëlis et l'Ynorienne pour lâcher d'un ton ouvertement sarcastique :

"La prochaine fois, tâchez de finir le boulot tout seuls, les amateurs, je serais pas toujours là pour sortir vos petites fesses du feu."

Sur cette démonstration de mauvaise foi absolue digne du bon Sindel que je suis, jamais je ne m'en serais sorti seul contre ce monstre de puissance, j'avale coup sur coup deux grandes potions de soin pour stabiliser mes blessures : m'effondrer à cet instant devant eux aurait un petit quelque chose de dérangeant pour mon orgueil...

Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?
Zenrin Kushu

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