Commanderie d'Opale

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Yliria
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » sam. 10 août 2019 17:32

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Hélas le repos attendu ne fut pas aussi doux et calme que je l’espérais et je me réveillai en sursaut, le corps trempé d’une sueur froide, haletant tandis qu’Alyah tentait de calmer mon esprit angoissé. Un cauchemar, un simple cauchemar, mais il m’avait retourné. Veillant à ne pas réveiller Nyllyn, Je vidai d’une traite la carafe d’eau présente dans la pièce et, me sentant étouffée dans ce lieu, je sortis de ma chambre et marchai au hasard des couloirs, la tête encore pleine d’images que mon esprit ne parvenaient pas à chasser. Fallait-il vraiment que je garde cela en tête à chaque instant de ma vie ? Avisant les jardins, la pleine lune les surplombant, je sortis et m’accoudai à un banc, respirant lentement, profitant de l’air marin. Alyah apparut à mes côté, nonchalamment assise sur le dossier du banc.

- Alyah ! Tu …

- Il n’y a aucun risque, calme toi.

Je la regardai quelques instants avant de reporter mon regard au loin, vers le ciel, sans rien regarder en particulier.

- Tu veux en parler ? Tu ne devrais pas garder cela pour toi.

- Tu sais déjà tout Alyah. Je n’arrive simplement pas à faire mon deuil. Il me manque tellement par moment que c’est vraiment douloureux de juste y penser. Et là je viens de revoir sa mort c’est….

- C’était ton père Yliria, c’est normal. Tu n’as connu que lui pendant plus de quarante ans.

- Je sais… Je n’ai même pas pu lui dire au revoir. Je n’ai pas eu le droit de le pleurer comme tout le monde. Et même en y allant plus tard, ça n’a pas aidé à me sentir mieux.

Pourquoi cela remontait-il maintenant ? La peur de ne plus jamais revoir Nyllyn ? La voir agir comme une petite fille qui retrouve son père en la personne de Tanaëth avait ravivé bien trop de souvenirs enfouis. Je n’avais vraiment pas besoin de ça. Je me surpris à verser quelques larmes, les essuyant rageusement en sentant le regard triste d’Alyah sur moi. C’était une des choses pour laquelle elle n’avait pas de solution miracle, pas de conseils avisés ou de plan pour me faire dépasser tout ça.

- Laisse le temps au temps Yliria, tu finiras par faire ton deuil.

- C’est dur Alayh… Chaque fois que j’y pense, je me dis que j’ai raté tellement de choses, j’aurai pu tellement faire plus, j’aurai pu… j’aurai préféré qu’il reste avec moi, je regrette d’avoir fui cette nuit-là.

- Cela n’aurait rien changé Yliria, elle t’aurait emmené et il aurait probablement subit le même sort.

- Je me sens tellement responsable… Tu… tu crois qu’il serait fier ?

- Tu plaisantes ? Evidemment qu’il serait fier et… non Yli ne pleure pas, calme toi…

- Désolé je…

J’expirai en ravalant les perles qui menaçaient de couler. Merde, je pensais avoir réussi à surmonter ça depuis le temps…

- Avec Nyllyn qui reste ici, la mission qui arrive tellement vite, la soudaine arrivée d’une cousine Shaakte sortie de nulle part pour m’emmener à Gwadh et tout le reste, ça commence à me peser un peu. Je me sens si…

- Faible ? Pathétique ? Pitoyable ?

- Tu as un don pour remonter le moral, incroyable.

- N’est-ce pas ?

Je levai les yeux au ciel en souriant malgré mon cœur serré, regardant ensuite d’un air tendre ma petite amie ailée qui me souriait, voletant devant moi, éclipsant la lune quelques instants avant de se tourner vers celle-ci.

- Merci Alyah.

- C’est aussi mon rôle Yliria… Tu pourrais lui demander ?

- Quoi ? A qui ?

- Sithi, à Tanaëth. Tu voulais en savoir plus non ? Et sa faera a laissé entendre qu’elle a connu Sithi, donc elle existe, il suffit de lui poser des questions.

Comme ma faera, mon regard se porta sur l’astre lunaire qui luisait au-dessus de nous. Elle sautait du coq à l'âne, une fois de plus, mais elle n'avait pas tort.

- Peut-être… S’il est d’accord.

- Oh je pense qu’il l’est. N’est-ce pas Tanaëth?!

Je haussai un sourcil avant de suivre le regard d’Alyah et d’aviser une silhouette appuyée sur le mur derrière moi. Je lançai un regard à Alyah qui me sourit. La petite peste avait tout prévu. Je me tournai vers Tanaëth.

- Vous… vous êtes là depuis longtemps ?

Il sourit tranquillement, comme pour tenter de apaiser, ne faisant aucun commentaire sur ce qu’il a pu ou non entendre.

- Depuis un moment, j'aime bien le calme de la nuit pour m'entraîner.

- Désolé si je vous ai dérangé, je ne vous avais pas vu.

- Tu ne me déranges pas. Mais... à quelle question suis-je censé répondre?

- Oh c'est... c'est sur Sithi et votre lien avec elle, j'essaie de comprendre. J'ai été élevé sans jamais apprendre quoique ce soit des dieux donc que l'Ordre y soit si attaché m'intrigue un peu. Vous êtes vraiment lié à une déesse ?

Il sembla réfléchir une seconde avant de m’expliquer la relation que les Sindeldi et Sithi entretenaient. Un rapport différent que nous, yuimeniens, avions avec les dieux. Selon lui, Sithi marchait parmi eux, comme une des leurs, mais plus sage et puissante, leur créatrice. Un respect plus qu’une vénération selon lui qui l’avait déjà rencontré, qui avait pu le serrer contre lui et avec qui il avait pu converser. Je n’étais pas certaine de saisir toutes les subtilités et différences et avouai en partie mon incompréhension tou en lui demandant à quoi elle pouvait bien ressembler. Il se fit pensif après m’avoir expliqué que je pouvais simplement la considérer comme une personne sage et puissante. Selon lui, c’était une Sindel d’une grande beauté, avec de longs cheveux et des yeux captivant, mais il avoua ne pas avoirles mots pour la décrire correctement.

- J'ai toujours imaginé les dieux plus... divins... enfin différents.

(Et tu ne voulais pas vraiment y croire, pas vrai ?)

Je me grattai la joue, un peu gênée, avouant que j’avais eu de sérieux doutes concernant son rapport à Sithi, notamment en voyant Nyllyn être aussi admirative et il avoua qu’elle l’idéalisait, sans pour autant dire si c’était une bonne chose ou non, mais j’avais bien compris qu’il n’aimait pas vraiment cela. Je voulais en savoir plus, sur Sithi, protectrice de cet ordre qui m’avait accueilli et sur lui aussi, qui m’avait fait confiance malgré mes origines qui en rebutaient tant. Calmement, il m’expliqua que Sithi ne pouvait rester sur ce monde et l’avait choisi, lui, pour guider son peuple en lui laissant son libre arbitre, le don le plus précieux qu’elle leur ait donné selon lui. Quand je comparai cela avec les maigres enseignements de Valshabarath que j’avais retenu, je ne pouvais qu’apprécier Sithi encore davantage, la rapprochant bien plus d’une mère que d’une déesse, ce qu’il confirma. Faire ce qui me semblait juste, c’était ça, son conseil. Jetant un regard à la lune comme si c’était Sithi elle-même, j’avouai ne pas trop savoir quoi faire et il répondit simplement que le but m’apparaîtrait si je suivais ce que mon cœur me disait. Mon cœur… ou ma faera, petite manipulatrice. Elle ricana et je ne pus lui en tenir rigueur. Mais ses conseils n’étaient pas faciles en mettre en place, j’étais effrayée par tant de choses, probablement trop jeune pour cerner véritablement tout ce qui m’entourait, je ne voyais que l’évident et ne savais pas ce que je voulais vraiment. C’en était presque risible.

- J'ai pas choisi la voie la plus facile en rejoignant l'ordre et en débarquant au Naora.

- Non, c'est certain. Mais tu sais, à ton âge aussi j'étais empli de peurs... et pour être franc ça n'a pas beaucoup changé; j'ai juste appris à le dissimuler et à ne pas les laisser me dominer. Je crois que seuls les fous et les inconscients n'en éprouvent pas, mais alors où est le courage dans leur cas? Pour le reste, sois patiente, apprends et tu trouveras ton chemin. Souviens-toi aussi que tu n'es plus seule au monde, aucun Danseur d'Opale ne l'est. Si tu as besoin d'appui, d'aide, de conseils, il y aura toujours quelqu'un qui répondra présent.

Je lui adressai un sourire reconnaissant. Il avait raison, je n’étais pas seule et j’avais le temps d’apprendre et de comprendre, de trouver une voie qui me serait propre.

- Merci Tanaëth. Je ne suis pas encore très douée, mais je ferais de mon mieux , je vous le promets. Malgré ce qu'il s'est passé ici, j'aime l'Opale,. En Imiftil, c'était plus simple, mais même ici, j'espère que je finirais par me sentir chez moi un jour.

Il me sourit en retour, un sourire franc et sincère. Il était loin le Tanaëth au visage fermé et dur aperçu plus tôt.

- Pas de quoi. Mon peuple doit s'ouvrir au monde, ça prendra du temps mais cela viendra. Et quand tu le souhaiteras, je tâcherai de t'apprendre une petite danse martiale que très peu d'êtres connaissent. Un atout qui m'a sauvé la vie quelque fois.

J’ouvris grand les oreilles et acquiesçai avec un certain enthousiasme. Comment refuser ?

- Je ne peux pas parler pour les Shaakts... mais j'aimerais qu'ils fassent de même. Je ne dis pas non, j'ai appris à danser et à combattre, mais pas une danse pour me battre, je suis curieuse de voir et d'apprendre ça.

Il restait encore quelques heures avant l’heure du rendez-vous, aussi, pour être sûre d’être prête, je le remerciai une nouvelle fois et retournai dans ma chambre pour y retrouver Nyllyn, toujours endormie, la réveillant sans le vouloir en me blottissant contre elle. Elle ouvrit un œil et je la rassurai d’un sourire avant qu’elle ne me prenne dans ses bras, m’aidant sans mal à retrouver le sommeil qui allait me faire cruellement défaut.

Suite >>

(((HRP religion : Touchée par le portrait que lui a fait Tanaëth de Sithi, Yliria a désormais un certain respect pour la mère des Sindeldi. Loin de la vénérer comme certains, elle apprécie ses préceptes et serait prête à suivre ses enseignements si on lui en laissait l’occasion. )))
Modifié en dernier par Yliria le sam. 10 août 2019 23:38, modifié 2 fois.

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Tanaëth Ithil
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Tanaëth Ithil » sam. 10 août 2019 18:09

Un peu plus tard, ayant besoin de calme et de solitude pour réfléchir aux possibles conséquences de ce "jugement" que je viens de prononcer, je me rends dans les jardins afin de me détendre un peu en pratiquant quelques lentes danses martiales. Je suis bien conscient d'avoir pris un risque en virant simplement les quatre gardes, ils pourraient vouloir se venger en révélant la présence d'Yliria et Nyllyn, mais quelle autre choix avais-je? Je ne peux pas étriper tous ceux qui ont été endoctrinés par le clergé et s'opposent à mes buts, il ne resterait personne à guider et, surtout, ce serait totalement contraire à la volonté de Sithi. Par ailleurs le risque reste mesuré à mon sens, l'idée de se confronter au couple que Sylënn et moi formons a de quoi refroidir bien des ardeurs, d'autant plus que nous avons dorénavant tous deux de sérieux appuis parmi les personnes influentes de Nessima. Quoi qu'il en soit ce qui est fait ne peut être défait, advienne que pourra.

Au bout d'un moment, j'entends un bruit des plus surprenants, évoquant des sanglots étouffés. Intrigué, je m'approche silencieusement de la source du bruit et découvre avec surprise qu'il s'agit d'Yliria et qu'elle est bel et bien en train de pleurer. Les insultes subies l'ont-elles atteinte plus que je ne l'imaginais? A moins que ce ne soit sa brouille avec Nyllyn qui la chagrine? La conjugaison des deux, peut-être, comment savoir? Je songe que je devrais aller la réconforter, mais d'un autre côté je sais que je ne suis vraiment pas doué pour ce genre de choses, sans compter que nous nous connaissons encore bien trop peu pour que je me sente à l'aise à l'idée de m'immiscer ainsi dans son intimité. Mais, alors que je m'apprête à me retirer aussi discrètement que je suis arrivé, la petite voix de sa Faëra m'arrête net :

"Pose lui la question, il te répondra, pas vrai Tanaëth ?"

La jeune femme se retourne vivement, aussi surprise que moi apparemment, puis me demande d'un ton gêné depuis quand je suis là. Prenant sur moi, je force mon visage à arborer un sourire tranquille pour lui répondre :

"Depuis un moment, j'aime bien le calme de la nuit pour m'entraîner."

Empruntée, elle avoue qu'elle ne m'avait pas vu et s'excuse de m'avoir dérangé, à quoi je rétorque en haussant légèrement les épaules :

"Tu ne me déranges pas. Mais... à quelle question suis-je censé répondre ?"

"Oh c'est... c'est sur Sithi et votre lien avec elle, j'essaie de comprendre. J'ai été élevée sans jamais apprendre quoique ce soit des dieux donc que l'Ordre y soit si attaché m'intrigue un peu. Vous être vraiment lié à une déesse ?"

La question me surprend autant qu'elle me soulage, quoique je me sente un peu coupable de ce dernier sentiment, mais peu soucieux de l'importuner avec des interrogations qui la mettraient davantage dans l'embarras, je me borne à répondre :

"Ah. Eh bien, en réalité mon peuple ne voit pas vraiment Sithi comme une déesse, enfin, pas au sens Yuimenien du terme. Nous la percevons comme une entité sage et puissante, elle est notre créatrice et, sur notre monde d'origine, elle marchait parmi nous. Nous la respectons, lui demandons conseil, mais nous ne la vénérons pas. Quant à mon lien avec elle... c'est une longue histoire. Mais disons déjà que je l'ai rencontrée, que je lui ai parlé comme je te parle et que je l'ai serrée contre mon coeur comme je pourrais le faire avec une personne très chère."

"Je ne suis pas sûre de tout saisir, c'est un peu nouveau pour moi. Et vous l'avez rencontrée ? Elle ressemble à quoi ?"

"Ce n'est pas un concept évident à cerner, même pour nous, après tant de millénaires passés sur ce monde. Mais vois-là comme une personne réelle, dotée d'une sagesse et de pouvoirs plus grands, simplement. Quant à te la décrire..."


Je marque une pause, replongeant dans les souvenirs que j'ai de ma rencontre avec elle et cherchant les mots pour décrire ce qui ne peut l'être :

"C'est une Sindel, d'une grande beauté et d'un charisme incroyable. Elle est à peine plus petite que moi, a une peau argentée, de longs cheveux blancs plus doux que la soie et un regard gris pâle si profond que... j'ai craint... et rêvé... de m'y perdre à jamais. Mais ce n'est qu'une pâle description, je n'ai pas les mots qui conviendraient..."


"J'ai toujours imaginé les dieux plus... divins... enfin différents."

La jeune femme paraît elle aussi se perdre dans ses pensées un moment, puis elle se gratte la joue, visiblement empruntée, avant d'ajouter:

"J'étais... dubitative au mieux, concernant tout ça, Sithi, votre rapport avec elle. Nyllyn semblait toujours si admirative en parlant de vous, je trouvais ça étrange. Est-ce que... vous pourriez m'en dire plus un jour ? Je ne sais pas si je pourrais partager la même dévotion que Nyllyn ou les autres, mais je me dis que, si elle existe, je devrais au moins en savoir un peu sur elle. Sur vous aussi."

"Nyllyn...je crois qu'elle voit en moi une sorte de figure paternelle qui lui a manqué, elle m'idéalise beaucoup. Quant à Sithi, je vais te dire ce qu'elle m'a répondu lorsque je lui ai demandé ce que je devais faire pour la "servir" : le seul devoir d'un enfant envers sa mère est de vivre."


Je marque à mon tour un instant de silence, repensant au désaccord que j'ai éprouvé avec ma Créatrice lorsqu'elle a ajouté qu'elle me donnait une parcelle de son pouvoir pour sauver mon peuple et non elle, mais je garde cela pour moi et reprends pensivement :

" Quant à moi... Sithi ne peut pas demeurer sur ce monde, la dualité des fluides qui la composent l'anéantiraient. Aussi elle m'a demandé d'être son héraut, son champion sur Yuimen, et de guider son peuple, notre peuple. Mais elle ne m'a pas dit comment faire, ni quelle voie suivre. Et si cela peut sembler insensé, après tout je suis aussi faillible que n'importe qui, c'est aussi le don le plus précieux qu'elle nous ait fait: le libre arbitre. C'est à moi de décider de mes actes, de la voie sur laquelle tenter d'entraîner les Sindeldi. Ce qui rejoint la devise de l'Opale : c'est par ma seule volonté que mes lames se meuvent. Aussi, le conseil que je pourrais te donner est le suivant: ne te soucie pas de dévotion, fais ce qui te semble juste, à toi et à toi seule."


Yliria sourit lorsque j'évoque Nyllyn, avouant que cette dernière parlait tant de moi que c'en était saoulant, mais la suite de mes paroles la laissent songeuse :

"A vous entendre on dirait davantage une mère qu'une déesse... enfin l'idée que je me fais d'une mère. Et vous comptez suivre sa volonté jusqu'au bout j'imagine ?"

Après avoir jeté un rapide coup d'oeil en direction de la lune, comme si notre Mère allait soudain se manifester, elle complète en disant que c'est ce qu'elle s'efforce de faire, mais qu'elle aurait aimé avoir un but à elle, ce qui n'est pas le cas actuellement. Je souris d'un air amusé à son aveu concernant la jeune Taurionne, mais c'est sur le reste que je rebondis :

"C'est exactement ça, elle est notre Mère. La Première Sindel. Quant à suivre sa volonté, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que mon peuple survive et grandisse dignement, oui. Pas parce qu'elle me l'a demandé, mais parce que c'est mon voeu le plus cher. Pour ce qui te concerne, il n'y a que toi qui puisses décider du but de ton existence. Tout ce que je peux te conseiller, c'est de viser l'excellence dans tout ce que tu fais, de l'acte le plus simple de la vie de tous les jours à tes ambitions les plus folles. Ne laisse jamais qui que ce soit te dicter ta voie, ni la peur te faire reculer, suis ton coeur et le but de ta vie t’apparaîtra lorsque le moment sera venu."


Avec une gêne palpable, la semi-Shaakte hoche la tête tout en s'ouvrant un peu plus :

"J'ai peur de bien trop de choses pour pouvoir suivre vos conseils aussi facilement. Alyah dit que c'est parce que je suis trop jeune, mais je ne sais simplement pas ce que je veux vraiment au final."


Souriant ensuite avec une certaine auto-dérision, elle remarque qu'elle n'a pas choisi la voie la plus simple en rejoignant l'Opale et venant au Naora, ce qui me fait rire doucement:

"Non, c'est certain. Mais tu sais, à ton âge aussi j'étais empli de peurs... et pour être franc ça n'a pas beaucoup changé; j'ai juste appris à le dissimuler et à ne pas les laisser me dominer. Je crois que seuls les fous et les inconscients n'en éprouvent pas, mais alors où est le courage dans leur cas? Pour le reste, sois patiente, apprends et tu trouveras ton chemin. Souviens-toi aussi que tu n'es plus seule au monde, aucun Danseur d'Opale ne l'est. Si tu as besoin d'appui, d'aide, de conseils, il y aura toujours quelqu'un qui répondra présent."


C'est avec un franc sourire qu'elle me répond cette fois:

"J'essaie surtout de rester en vie, c'est déjà pas mal. Merci Tanaëth. Je ne suis pas encore très douée, mais je ferais de mon mieux , je vous le promets. Malgré ce qu'il s'est passé ici, j'aime l'Opale. En Imfitil, c'était plus simple, mais même ici, j'espère que je finirai par me sentir chez moi un jour. "

"Pas de quoi. Mon peuple doit s'ouvrir au monde, ça prendra du temps mais cela viendra. Et quand tu le souhaiteras, je tâcherai de t'apprendre une petite danse martiale que très peu d'êtres connaissent. Un atout qui m'a sauvé la vie quelque fois"
, lui rétorqué-je avec un égal sourire.

"Je ne peux pas parler pour les Shaakts... mais j'aimerais qu'ils fassent de même. Je ne dis pas non, j'ai appris à danser et à combattre, mais pas une danse pour me battre, je suis curieuse de voir et d'apprendre ça."

Heureux qu'elle ait retrouvé le sourire, je lui presse amicalement l'épaule en lui promettant de lui montrer cela dès le lendemain, puis je la salue d'un sourire et regagne mes appartements pour y prendre un peu de repos avant le long périple qui nous attend.

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Tanaëth Ithil
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Tanaëth Ithil » lun. 12 août 2019 17:41

A peine ai-je franchi la porte de nos appartements que je me fige, incrédule face au spectacle qui m'attend : Sylënn s'y trouve déjà, assise devant une table de toilette elle est en train de coiffer sa longue chevelure d'ébène et, plus stupéfiant encore, est vêtue d'une longue robe du même vert pâle que ses yeux. Elle se tourne vivement vers moi en m'entendant arriver, une expression un peu gênée sur les traits :

"Oh. C'est toi..."

Souffle coupé, je referme lentement la porte, dépose mes armes puis me dirige vers elle et, alors qu'elle fait mine de se lever, l'invite à n'en rien faire d'un petit signe de la main. Prudemment, guettant le moindre geste de recul, je lui prends la brosse des mains sans détacher mon regard du sien puis entreprends de démêler avec douceur sa sombre crinière. La scène est tellement surréaliste que j'ai la perturbante impression d'être dans un rêve, vais-je me réveiller soudain et me retrouver face au glaçon que mon épouse s'efforce d'être en toutes circonstances? Je pourrais le craindre, si mes autres sens ne me confirmaient qu'il s'agit bel et bien de la réalité. Le soyeux de sa chevelure sur mes doigts, la fragrance délicate qui émane d'elle, mélange de rares fleurs du désert et de bois rappelant le santal, le son discret de sa respiration à peine trop rapide, tous ces détails pouvant sembler anodins à la plupart sont pour moi autant de signes différenciant onirisme du monde réel. De longues minutes s'écoulent ainsi sans que nous ne prononcions un mot, comme si nous avions peur de briser la magie de ces instants aussi purs et fragiles que du cristal. Enfin, le dernier noeud ayant cédé, je dépose la brosse sur la coiffeuse, presque à regret, en murmurant:

"Voilà..."

Je n'ose lui demander ce qui lui arrive, quel miracle l'a amenée à laisser ainsi subitement tomber le rempart habituellement infranchissable qu'elle a érigé entre nous. Plus emprunté que je n'ai souvenir de l'avoir jamais été, je n'ose pas non plus esquisser le moindre geste supplémentaire et peut-être serais-je resté là, figé comme une statue durant un temps indéfinissable, si elle ne se levait pas presque aussitôt pour me faire face.

(Dieux qu'elle est belle...), songé-je en la contemplant. Ce n'est pas vraiment une découverte, bien sûr, je ne suis pas totalement aveugle ; mais c'est la première fois que je la vois vêtue de manière féminine et sans qu'une coiffure stricte ne durcisse son visage aux traits fins mais toujours fermé. Aucune sévérité ne s'y décèle pour l'instant, cependant. Je ne distingue dans ses prunelles de jade qu'une sourde gêne discrètement teintée d'une très inhabituelle crainte. Il y aurait de quoi sourire, sachant que même lorsqu'elle a failli prendre ma Vorpale en pleine tête nulle peur ne s'est manifestée dans ses yeux, mais je connais son passé et la raison de cette inquiétude qui la taraude. Elle affronterait seule une armée sans sourciller, mais faire face à un homme susceptible de poser la main sur elle, c'est une toute autre histoire.

(Au secours Sindylawë! Je fais quoi?!)

(Eh bien, fais comme si c'était ton épouse), rétorque ma Faëra d'un ton sarcastique.

(Tsssk! Tu ne m'aides pas!)

(Tu n'as jamais écouté mes conseils en la matière, alors débrouille-toi) s'exclame-t-elle, moqueuse.

Retenant un soupir d'exaspération devant l'attitude de ma petite amie fluidique, je lève lentement la main droite pour frôler la joue de Sylënn puis, comme elle ne fait pas mine de vouloir se dégager, me risque à une caresse plus franche. Elle se crispe légèrement à ce contact mais, au lieu de reculer comme je m'y attends, se rapproche au contraire en murmurant :

"Avant de partir, aide-moi...aide-moi à oublier..."


Totalement sidéré, j'en ai la gorge si nouée que je ne parviens qu'à hocher lentement la tête en guise de réponse. Est-ce la mort d'Averenn, l'ignoble crevure qui a abusé d'elle durant sa jeunesse, qui lui donne le courage de faire ce pas immense et totalement imprévu? Ou, plus simplement, le temps que nous avons passé ensemble sans que jamais je ne m'autorise le moindre geste qu'elle n'aurait pas désiré ? Je ne sais pas, et je m'en contrefiche. Je glisse sans hâte ma main libre autour de sa taille et l'attire contre moi avec une infinie douceur, un geste qui m'aurait semblé totalement impensable quelques petites minutes plus tôt. La suite... la suite n'appartient qu'à nous, à nous et à l'écrin d'une nuit qui me paraît longue comme des siècles, et brève comme un clignement de paupières dans le même temps.

Bien trop vite le moment que j'aurais aimé ne jamais voir advenir arrive. Je n'ai plus aucune envie de partir mais, après avoir contemplé pensivement ma compagne durant quelques instants de plus, je me résigne et entreprends de m'équiper pour un voyage qui ne comportera peut-être pas de retour. Un peu plus tard, alors que les prémices de l'aube rosissent à peine les flots de l'Aeronland, Sylënn et moi rejoignons Llyann, Nyllyn et Yliria près des portes principales. La jeune Taurionne, après avoir longuement serré la semi-Shaakte dans ses bras, fait de même avec moi, non sans avoir hésité un bref instant auparavant. Je lui rends bien volontiers son étreinte et dépose un léger sur son front avant de m'écarter doucement d'elle:

"Prends soin de toi, et n'oublie pas ce que je t'ai dit : je compte sur toi."

Puis c'est au tour de Llyann, qui me recommande la plus grande prudence et me promet de veiller sur la commanderie et tous ses habitants durant mon absence. J'aurais aimé avoir plus de temps pour discuter avec elle, nous avons de nombreuses choses à nous dire, mais d'un autre côté nous n'avons jamais eu besoin de longs discours pour nous comprendre. Llyann...elle est la soeur que je n'ai pas eue, l'amie inébranlable sur qui je peux compter sans réserve quoi qu'il advienne... nous nous retrouverons, je le sais. Enfin j'étreins et embrasse mon épouse comme je n'aurais jamais seulement osé rêver de le faire avant cette nuit. De quoi surprendre les personnes présentes, sans doute, mais qu'importe. Après quelques secondes, nous nous écartons l'un de l'autre et Sylënn murmure simplement:

"Reviens."

J'incline sobrement le visage en guise de réponse. Pas de vaines promesses, nous savons tous deux que beaucoup ne reviennent jamais du redoutable Dragomélyn mais, malgré tout, ni elle ni moi ne considérons cet instant comme un adieu. Ce n'est qu'un au-revoir, du moins je l'espère. Peu désireux de prolonger plus que le strict nécessaire ce moment, je lâche à l'attention d'Yliria qui est de nouveau dans les bras de son amie Taurionne:

"Allons, il est temps de nous mettre en route."

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Tanaëth Ithil
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Tanaëth Ithil » ven. 13 sept. 2019 18:10

A peine ai-je franchi la porte de ma demeure qu'une tornade blanche et poilue m'assaille en grondant férocement! La gueule de mon Silnogure se referme sur mon avant-bras instinctivement levé en protection et mon grand fauve entreprend de me secouer sauvagement comme s'il voulait déchiqueter le membre saisi. Mais ce n'est qu'un jeu, quoique la pression de ses crocs me vaudrait sans doute de belles marques si je n'étais protégé par mes brassards de mithril. L'intelligent animal semble d'ailleurs très bien savoir où sont les limites car jamais il ne m'a blessé, même lorsque je ne portais que de simples vêtements. Aussi ravi de le retrouver qu'il l'est, je lutte un moment avec lui sous les regards effarés des gardes, encore peu habitués aux démonstrations turbulentes et bruyantes de mon cher Sinwaë. Un moment plus tard, bien essoufflé - car il faut bien admettre que tenir tête à un Ithilarthëa adulte n'a rien d'une sinécure - je mets un terme à nos tumultueuses retrouvailles d'un simple "assez" prononcé sèchement et salue enfin Elzekiël qui nous observe d'un air ouvertement sarcastique.

"Eh bien, cousin, si tu espérais rentrer discrètement c'est raté. Tu as vu Llyann?"

"Oui, elle nous attendait au port telle une épouse éplorée attendant son marin de mari", lui rétorqué-je avec malice avant d'ajouter plus sérieusement : "j'imagine que tu es au courant des nouvelles qu'elle tenait à nous annoncer avant même que nous n'ayons débarqué?"

"Naturellement, du moins en ce qui concerne la manœuvre de Sylënn. Cette missive que tu as reçue, en revanche, a passablement intrigué Lydiël. Et inquiété Llyann, qui se demandait s'il n'y avait pas un problème avec l'Ordre sur Nirtim. Est-ce le cas?"

"Pas que je sache, le Duc n'y explique rien, il me demande juste de venir au plus vite."

"Juste... c'est tout de même une étrange requête, non?"

"Si. Llyann pense que je devrais y répondre positivement."

"Mais?"

Je hausse un sourcil en scrutant ma trop perspicace cousine, hésitant à éluder sa question mais décidant après un instant de réflexion d'y répondre :

"Mais compte tenu de ce qui se passe ici, je doute qu'il soit pertinent que je perde deux ou trois mois à me rendre à Luminion."

"Je vois. Pourtant tu hésites."

"Oui. Mais laisse-moi arriver, veux-tu? J'ai besoin d'un bain et d'un solide repas."

Une bonne heure plus tard, décrassé et rassasié, je retrouve les membres de ma garde dans l'un des salons de la commanderie. Après les salutations d'usage Elzekiël, visiblement déterminée à me tirer les vers du nez, reprend :

"Alors, si tu nous expliquais un peu de quoi il retourne avec ce Duc humain?"

"Il n'y a pas grand chose à expliquer. Nous avions décidé, voilà de cela quelques années, qu'il était nécessaire pour l'Opale de s'implanter sur d'autres continents afin de nous préserver de la malveillance du Clergé de Sithi. Le Duc de Luminion étant une personnalité influente du Royaume Kendran, ainsi qu'un ami personnel de leur souverain, j'ai été le rencontrer afin qu'il nous autorise à ouvrir une commanderie dans son Duché."


"Et?"

"Et rien. Nous avons obtenu cette autorisation et fondé la commanderie de Luminion."

"Cousin... tu as très bien compris le sens de ma question."

Je hausse les épaules en lui rétorquant :

"Que veux-tu que je te dise de plus? Le sieur de Pérussac a plus ou moins vu en moi un simple mercenaire, non sans raison puisqu'à l'époque j'étais encore banni de ma cité natale et qu'il ne savait de l'Opale que ce que j'ai bien voulu lui en dire."

"Dans ce cas, pourquoi ferait-il appel à toi aujourd'hui?"

"Je n'en ai pas la moindre idée. J'ai abattu passablement de puissantes créatures et de Garzoks dans la région, peut-être qu'il a tout simplement besoin de rudes combattants."


"Tu crois vraiment qu'il a besoin de contacter un Sindel à l'autre bout du monde pour ça? Et comment a-t-il su que sa lettre te trouverait ici, s'il te croyait banni de Nessima?"


"Je n'en sais rien."

Les questions de ma cousine sont pertinentes, sans nul doute. Le royaume Kendran aurait-il des informateurs jusque dans l'une de nos cités les plus fermées? Mais même en admettant que ce soit le cas, pourquoi se seraient-ils préoccupés de moi, et pour quelle obscure raison auraient-ils jugé utile d'en avertir le Duc? A cause de mon mariage avec Sylënn? Si réputée qu'elle soit ici je doute fort que des Kendrans aient déjà entendu parler d'elle, alors quoi? Je finis par chasser ces futiles questions de mon esprit, si je veux des réponses ce n'est qu'à Luminion que je les trouverai. Seulement, cela impliquerait de quitter le Naora pour plusieurs mois et cette idée est très loin de m'enchanter dans le contexte actuel.

(Qu'en penses-tu, Sindalywë?)

(Tu as accompli ce que tu étais venu faire ici, non?)

(Plus ou moins. Mais il reste tant à faire pour ébranler le joug du Clergé et faire en sorte que l'Opale retrouve sa place parmi les Sindeldi. Et puis, il y a tous ces démunis, ici, à Tahelta...sans parler de ces histoires de troupes armées et des troubles chez les Eruïons.)

(Tu n'es pas seul. Sylënn a beaucoup changé depuis votre première rencontre, elle semble désormais s'être rangée à nos côtés et c'est une alliée de poids. Llyann est sans doute capable de gérer la situation dans le coin, surtout avec l'aide d'Yliria, elle est prometteuse cette petite. Il est envisageable aussi que d'autres Danseurs d'Opale s'en mêlent, si l'appel de Sylënn leur est parvenu.)

(Tu penses donc que je devrais répondre à l'appel du Duc, si je comprends bien?)

(Tu as risqué ta vie à de nombreuses reprises pour gagner sa confiance, mais ton légendaire sens de la diplomatie a passablement contrebalancé tes actions. Pourtant il a pris la peine de te contacter, ce qui constitue une sérieuse ouverture, tu ne crois pas?)


(Si, bien sûr, c'est bien pour cela que j'hésite. Mais, quelque part, j'aurais l'impression d'abandonner les miens au pire moment...)

(Renforcer la présence et l'influence de l'Opale, et donc des Sindeldi, auprès des adversaires d'Oaxaca n'a rien d'un abandon, Bien-Aimé. Mais en réalité, la question que tu devrais te poser est la suivante : as-tu assez confiance en Sylënn, Llyann et Yliria, pour les laisser gérer la situation ici?)

Comme souvent, ma Faëra pointe avec une redoutable précision le nœud du problème. Je n'ai pour ainsi dire jamais délégué les tâches cruciales liées à l'Opale, toujours je me suis positionné de manière à être en première ligne. Là encore il y a une part d'orgueil dans ma façon de faire, inconsciemment j'ai systématiquement considéré que mon implication était essentielle à la réussite de nos objectifs. Peut-être est-il temps que cela change, je ne peux être partout à la fois et, surtout, comment espérer que mes proches me fassent confiance si moi-même ne leur accorde pas vraiment la mienne? Avec un léger soupir, je conclus aussi bien à l'attention de Sindalywë que des membres de ma garde :

"Très bien. Nous partirons demain matin pour Nirtim."

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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » dim. 15 sept. 2019 23:15

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Pas le temps de souffler


Le retour à la commanderie se déroula sans incident. Il y eut bien un moment où j’avais craint que quelque chose ne s’envenime lorsque nous passâmes par le poste de garde, mais les laisser-passer octroyés par Sylënn s’avérèrent suffisant pour passer sans encombre et l’immense escalier menant à la bâtisse fut bientôt en vue. Les deux gardes à l’entrée nous virent arriver et j’en vis un plisser les yeux de méfiance avant de prendre un salut martial qui me surprit. Je le lui rendis néanmoins avec un manque d’aisance évident et pénétrai dans la commanderie avec soulagement, retirant mon masque en soupirant. Chaque sortie dans cette ville mettait mes nerfs à rude épreuve, ouverte aux étrangers ou non. Notre arrivée ne passa évidemment pas inaperçue et je vis nettement un des Sindel marcher d’un pas vif en direction de l’étage. Au moins si Llyann était informée ce serait bien plus simple… Je me tournai vers le petit groupe et leur expliquai rapidement la disposition des lieux.

- Bon, voilà… Les chambres sont au deuxième si vous voulez vous reposer. Sinon la cuisine est au fond à gauche, les jardins au centre, il y a une salle d’entrainement au rez-de chaussé et à l’étage pour ceux qui veulent et une bibliothèque au deuxième, au bout du couloir.

Lorsque Llyann descendit et vint nous rejoindre, je vis son regard un peu surpris et souris en retour. Ce n’était pas tous des Danseurs, mais j’avais rempli ma part. Elle me tapota la tête comme pour me féliciter et je roulai des yeux en retour, lui arrachant un sourire. Elle se tourna ensuite vers les autres.

- Bienvenue, je me nomme Llyann Thelwë ! Si vous le souhaitez vous pouvez vous installer dans les chambres qui sont vides, au deuxième étage, j’imagine qu’Yliria vous a expliqué. Nous pouvons vous fournir eau et vivres au besoin, n’hésitez pas à le faire savoir. Si vous avez des questions ou informations qui nécessiteraient une entrevue, nous pourrons parler en privé. D’ailleurs…

Elle se tourna vers moi.

- Nous aurons une petite discussion un peu plus tard, toi et moi. Ne fais pas cette tête je ne vais pas te manger ! Nyllyn est dans la salle d’entraînement de l’étage, si tu la cherches. Profites-en pour te reposer un peu, de ce que j’ai compris le voyage n’a pas été facile.

J’opinai de la tête avant de me tourner vers Astérie.

- Je peux te montrer une chambre si tu veux, mais après je dois y aller, il faut que j’obtienne l’autorisation pour le bateau à Tanaëth, que je demande des provisions et du matériel, que je m’entretienne avec Llyann aussi… enfin tu vois quoi. Je crois me souvenir qu’il y a une archère qui entraîne les gardes ici, si tu veux t’exercer en attendant, dans la salle d’entraînement au rez-de-chaussée. Ah et il doit y avoir un Silnogure qui rôde dans les parages, l’Ithiltartëa dont je t’ai parlé. Je ne sais pas comment ils réagissent entre eux, donc je préférais te prévenir. Il est pas méchant, mais dans le doute…

Je lui offris une moue dubitative, pas certaine de savoir ce qu’il se passerait si les deux créatures se rencontraient. SI elle le demandait, je lui montrerais sa chambre, sinon j’avais beaucoup trop de choses à faire, je me hâtai donc de poser mes affaires dans la mienne, me délestant de mon sac et de tout ce qui m’encombrait au-delà du raisonnable, soupirant en me massant les épaules. Avant tout, je devais mettre la main sur Tanaëth, lui expliquer la situation et obtenir l’autorisation pour un Danse-Lame.

Je mis un certain temps à le trouver, le voyant finalement dans le jardin avec Sinwaë. Je me dirigeai d’un pas rapide vers lui, le hélant pour attirer son attention, mais il m’avait apparemment déjà vu arrivé.

- Tanaëth ! Je vous...te cherchais ! J'aurais un service à demander.

Voyant mon empressement, il sourit et me répondit calmement.

- Eh bien je t'écoute, que puis-je faire pour toi?

- En fait Sylënn avait besoin d'aide et... je dois retourner dans le désert, j'aimerais emprunter un bateau et voir si les Eruïons peuvent nous accueillir à nouveau...

Je le vis froncer les sourcils d’un air inquiet. Me voir retourner aussi vite dans le désert, l’idée n’avait pas l’air de l’enchanter. Il me tendit néanmoins son nécessaire télépathique, m'autorisant à contacter Seraya par ce biais. Je saisis délicatement l'ensemble et envoyai un message expliquant que je revenais rapidement avec une alliée pour mener à bien ce pour quoi j'étais venue la première fois. Tanaëth attendit que je finisse et que je lui rende avant de s'enquérir des détails du voyage.

- Seule ?

Je me doutais que cela l’inquiéterait, mais je le rassurai, au moins sur ce sujet-là.

- Non non, il y a une humaine qui a apparemment déjà été dans le désert qui sera là. Une histoire de Silnogure, j'ai pas tout compris. Donc non, pas seule.

- Ah. Bien, dans ce cas, naturellement que tu peux emprunter un Danse-Lame. Tu pars quand?

- Merci. Ah euh... demain, apparemment.

- Mmm. Je te ferai une lettre pour le capitaine dans ce cas. Mais tu sembles bien pressée, on se revoit avant que tu partes?

- Je sais... j'aurai préféré passer une semaine ou deux au calme, mais vu l'urgence de la situation il vaut mieux que je ne traîne pas. Et.... je sais pas, je dois préparer le voyage, j'ai pas encore vu Nyllyn, je dois passer voir Eshrin aussi, Llyann veut qu'on discute. J'ai pas le temps de souffler en fait.

Il prit un air songeur.

- Je vois. Je dois pour ma part me rendre sur Nirtim, le Duc de Luminion a requis ma présence et je pars demain matin également. Alors... disons-nous au revoir...

- Nirtim ? Dès demain aussi ? Je vois...

Cette phrase me serra le cœur. Encore un au revoir, merde, je détestais ça, les adieux. Avant que je ne puisse ouvrir la bouche, il m’enserra soudainement dans ses bras. Surprise, je sursautai, gênée, avant de finalement me détendre et de l’enserrer avec force à mon tour, nichant ma tête contre son torse.

- Sois prudente, je tiens à toi petite sœur.

J’étais encore la petite sœur de quelqu’un… Je sentis les larmes monter et je les refoulai, le serrant un peu plus alors qu’il m’embrassait le front.

- Merci Tanaëth, toi aussi fais attention grand frère, je serai pas toujours là pour te sauver la mise.

Je m’écartai doucement, un sourire sur les lèvres.

- Je déteste les adieux... m'enfin. Si t'as besoin de moi, je viendrai aussi vite que possible, promis.

- Ce n'est pas un adieu. Nous nous reverrons. Et tu sais pouvoir compter sur moi également en cas de besoin, Llyann saura toujours plus ou moins où me trouver...

- Tu as raison. Je vais apprendre à me débrouiller seule un peu, ça changera. Prends soin de toi surtout et… merci pour tout.

Hésitante, je ne savais pas comment terminer cette conversation… timidement, je m’approchai, me hissai sur la pointe des pieds et embrassai sa joue, comme je le faisais pour Nyllyn, ma sœur. Ils étaient ma famille maintenant, je devais arrêter d’hésiter. J’offris une caresse à Sinwaë qui me lécha la joue en retour, avec bave et entrain, me faisant rire. Je me relevai finalement, souriant à Tanaëth avant de m’éclipser, lui faisant un signe de la main en guide d’adieu.

(Au revoir, pas adieu.)

(Tu as raison…)


Suite >>
Modifié en dernier par Yliria le ven. 20 sept. 2019 20:31, modifié 2 fois.

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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » dim. 15 sept. 2019 23:25

<< Auparavant



Suite à l’au revoir avec Tanaëth, mon empressement faiblit d’un coup. Tout ça n’allait-il pas trop vite ? Je venais à peine de rentrer et je repartais déjà. Pourquoi j’avais accepté d’y aller par Meno ?! Pas le temps de souffler, ni de réfléchir à la suite, je repartais aussitôt sans plus d’une journée de préparation. D’accord l’Opale me fournirait transport et ravitaillement, mais je ne savais absolument pas quoi faire une fois arrivé sur place. J’aurais dû en discuter plus en détail avec Astérie. Voir comment les choses se passaient fonctionnait rarement dans mon cas… Alyah me sortit de mes pensées en me poussant à aller voir Nyllyn, persuadée que cela me remettrait du baume au cœur et que je n’y penserais plus.

(Moi qui croyais que tu voulais que je réfléchisse…)

(Réfléchir, oui, pas t’appesantir sans raison. Tu n’es pas seule et je sais que tu n’es pas stupide. Vous aurez tout le temps de discuter une fois sur le bateau.)

Elle avait raison, bien évidemment et j’acquiesçai silencieusement, prenant la direction de la salle d’entraînement. Les échos des lames qui s’entrechoquaient et des cris de combat me tira un sourire lorsque je reconnus celui de Nyllyn parmi eux. Je poussai la porte de la salle pour la voir méchamment jeter au sol un adversaire avant de faire pleuvoir un déluge de coup sur un second qu’elle désarma, le faisant lever les bras en l’air en guise de reddition. Un large sourire éclairait son visage rougi par l’effort et elle rengaina ses armes, tournant la tête dans ma direction lorsque la porte se referma. Je la vis écarquiller les yeux, surprise, avant de s’avancer d’un pas rapide, avalant les derniers mètres dans une course rapide avant de me sauter dans les bras en riant. Je la serrai contre moi. Pas de doute, j’étais à la maison.

- Tu m’as tellement manquée Yli ! Tu es rentrée quand ?

- A l’instant, j’ai juste eu le temps de déposer mes affaires.

- Je suis tellement contente de te voir ! Et la mission ? Le désert ? Tu as réussi ? tu es rentrée vite ? Il y a un problème ? Tu es blessée ?

- Nyllyn, calme-toi, je vais bien, Tanaëth aussi. On a juste du rentrer précipitamment… je vais te raconter quand tu auras fini.

Elle me regarda d’un air suspicieux et je roulai des yeux.

- Je te raconterai tout, promis.

- J’espère… c’est nouveau tes armes non ?

- Je te raconterai pour ça aussi. Finis donc ton entraînement.

- Oh, je ne m’entraîne pas, c’est moi qui les entraîne. Tu veux te joindre à nous ?

- Pas pour le moment, l’arme est toute neuve, je ne l’ai pas encore utiliser, je vais juste taper un mannequin en attendant, histoire de voir ce que ça donne. C’est Llyann qui a eu l’idée d’une rapière.

- Elle te va comme un gant. Je n’en ai pas pour longtemps, et après, on discute !

Je la laissais retourner massacrer les pauvres hères qui souhaitaient s’améliorer et m’approchai d’un mannequin revêtu d'une armure. Je sortis ma lame, un peu surprise par son poids et son équilibre, très différents de ce à quoi j’étais habituée. Alors que j’en étudiais l’équilibre, une voix me fit sursauter.

- Alors ? Elle te convient ?

Llyann m’observait, un sourire énigmatique sur les lèvres.

- Je ne sais pas, je n’ai jamais utilisé ce genre d’arme.

- Tiens-la comme ça, voilà… elles sont faites pour être rapides et pour transpercer, pas pour trancher. Tu peux bien sûr couper avec, mais le point fort, c’est sans conteste la pointe. Il va falloir t’habituer à te déplacer un peu différemment. Bien, tu comprends vite. Vise un point précis et donne un coup sec vers l’avant.

Je m’exécutai, provoquant un grognement appréciateur chez la maître d’armes. Elle m’indiqua quelques petite modifications à apporter à mon positionnement, me fit recommencer, grogna de nouveau.

- Bien, tu t’en sors admirablement.

- La lame est… c’est si facile.

- Avec le bon outil, tout parait toujours plus facile. Frappe donc le mannequin, voir ce que tu as dans le ventre.

Elle s’écarta et je me mis en position, enflammant ma lame comme j’en avais l’habitude. Je me focalisais et donnais un coup sec, comme elle me l’avait indiqué. La rapière perça sans mal l’armure et le mannequin avant de ressortir sans effort, laissant un trou noirci derrière elle. Je la regardai avec étonnement, faisant disparaître les flammes, ne constatant aucune marque sur la fine lame. Llyann me félicita et m’enjoignis de m’entrainer dès que possible, arguant que cette arme était bien différente de celle que j’utilisais avant, il me faudrait donc un peu de temps d’adaptation, mais que le résultat, selon elle, serait à la hauteur.

- Sur ce, tu vas m’accompagner, nous devons discuter. Nyllyn ! Je t’emprunte ton amie. Ne fais pas cette tête, je ne vais pas… Bon, tu la retrouveras plus tard. Exerces-toi correctement.

Nyllyn hocha la tête, visiblement déçue que Llyann m’accapare, mais je lui lançai un sourire encourageant et elle me fit signe avant que je ne sorte. Suivant Llyann au gré des couloirs, elle m’amena à une pièce peu spacieuse et encombrée. Une sorte de bureau comme celui de Sorinion à la commanderie de Tulorim. Elle s’installa et me demanda de prendre place, haussant un sourcil face à mon air dubitatif.

- Tu te demandes ce que je te veux c’est ça ? Ne t’en fais pas, tu n’as rien à te reprocher, si c’est ce qui t’inquiètes. Pour commencer, peux-tu rapidement me faire un résumé du voyage ?

Je m’exécutai, lui racontant chaque partie du voyage, sans entrer dans les détails, excepté lorsqu’elle les demandait expressément. Elle prit quelques notes, haussa les sourcils plusieurs fois et mis un point final lorsque j’achevai mon récit, reposant la plume dans l’encrier.

- Et bien… vous n’avez pas chômé ma parole ! Même si vous avez dû rentré précipitamment, ce qui se comprend au vu de la situation, c’est une avancée non négligeable.

- Vraiment ? On s’est à peine entretenu avec eux et…

- Tu as obtenu le soutien de la matriarche n’est-ce pas ? Tu as défendu son peuple et leur a permis de subsister en récupérant le matériel volé. Et tu as vaincu Klakhyss également.

Elle sembla pensive quelques instants avant de sourire légèrement.

- Dis moi Yliria, sais-tu qui dirige l’Opale ?

- Je… non. Enfin je sais qu’il y a des dirigeants au Naora, mais je ne les connais pas.

- De fait, tout le monde ne les connais pas. Il s’agit du Triumvirat d’Opale. Ylis Ithil, descendante directe des fondateurs de l’Ordre, Tanaëth, que tu connais, et moi-même.

Elle eut un sourire lorsque j’écarquillai les yeux.

- Etant donné ton implication, il est normal que tu sois mise au courant. De plus, je souhaite, et Tanaëth est d’accord, que tu deviennes une Danseuse d’Opale. C’est un titre honorifique accordé à celles et ceux qui ont prouvé leur attachement aux valeurs de l’Ordre et qui ont œuvré à faire respecter ou diffuser ses préceptes en mettant leur vie et tous ses aspects en jeu pour notre cause. Les noms de ces membres sont connus de toutes les commanderies et, puisqu’ils sont peu nombreux, tu auras un statut particulier, même au sein de l’Ordre.

- Je… je sais pas quoi dire.

- Tu le mérites Yliria, crois-moi. Cela dit, ce titre est normalement conféré après une épreuve et une cérémonie bien particulière, mais vu la situation actuelle, nous devrons attendre ton retour. Lorsque le moment viendra, tu passeras cette épreuve et la cérémonie aura lieu suivant cela.

Je me contentai de hocher la tête, pas vraiment certaine de savoir quoi répondre.

- Ne te mets pas la pression pour autant. Ce ne sera officiel qu’après la cérémonie, cela reste entre nous pour le moment. En attendant, as-tu besoin que l’Ordre t’aide pour ta mission ? J’imagine que tu auras besoin de vivres et de matériel, mais si tu as besoin de quelque chose de spécifique, j’aimerais le savoir pour te le fournir avant ton départ de demain. Vois ça comme la contribution de l’Ordre à ta mission et le remerciement pour tes actions.


- Je… des potions je pense, c’est ce que l’ordre m’avait offert à mon arrivée et j’avoue ne pas savoir où m’en procurer, ni le prix de ces dernières donc…

Après discussion, Llyann dressa une petite liste de ce dont je pourrais avoir besoin pour le voyage, potions inclues et m’affirma que tout serait prêt avant mon réveil demain matin.

- Je te souhaite bonne chance Yliria, que Sithi te protège.

J’allais sans doute en avoir besoin.


Suite >>


(((HRP Récompense de missions de guilde:
*8 grandes potions de mana : 8x110
*5 élixirs moyen : 5x50
*4 énormes potions de soin : 4x200
Total de 1930 yus, à retirer des comptes de la guilde.

Passe au grade de Danseuse d'Opale au sein de l'ordre.)))
Modifié en dernier par Yliria le jeu. 19 sept. 2019 18:16, modifié 1 fois.

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Tanaëth Ithil
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Tanaëth Ithil » mer. 18 sept. 2019 01:23

De retour chez moi, je me débarrasse de mon équipement et, ayant besoin de calme pour assimiler la terrible nouvelle que je viens d'apprendre, vais rejoindre mon fauve dans les jardins. Toute une fraction de mon peuple, sans le moindre doute possible issue d'Eden tout comme nous, anéantie. Un monde détruit, encore, à cause de la folie de quelques êtres. Et moi qui suis parti à cause de la vision d'un avenir qui ne s'est jamais produit... Je me souviens encore du visage de la jeune Sindel qui nous a accueilli à l'entrée de la cité souterraine où vivaient conjointement les Shaakts et les Elfes Gris d'Izurith, si pleine d'espoir, de rêves... Je dois me faire violence pour ne pas hurler de rage, de dépit, autant que pour ne pas laisser un flot de larmes ruisseler sur mon visage.

(Tu n'aurais sans doute rien pu y changer, Bien-Aimé), murmure tristement ma Faëra en mon esprit endeuillé.

(J'aurais pu essayer. J'aurais dû essayer. Là c'est... je les ai abandonnés... comme je m'apprête à abandonner les miens une fois de plus, ici et maintenant. Ça n'a pas de sens...) lui rétorqué-je avec amertume.

(Tu ne peux pas être partout, Tanaëth. Et, parfois, il n'est tout simplement pas en ton pouvoir d'infléchir le destin.)

(Je sais tout ça bordel! Merde! Je suis censé veiller sur mon peuple, représenter Sithi, mais à quoi ça rime si je laisse crever les miens sans rien tenter? Et qu'est-ce que j'ai fait, depuis que je suis revenu au Naora? J'ai tué je ne sais combien de Sindeldi! C'est de la foutaise tout ça, Sindalywë, de la foutaise! Sithi s'est bien plantée en me choisissant...)

(Tu en as aussi sauvé passablement. Des étrangers parcourent les rues de Nessima, aujourd'hui, ce qui n'était jamais arrivé, et ça c'est en grande partie grâce à toi. Rien n'est jamais tout blanc ou tout noir, Bien-Aimé, tu le sais. Sithi est de lumière, mais aussi d'obscurité, comme toute chose. Vie, et mort, il en a toujours été ainsi. Tu as toujours fait de ton mieux, ce qui te semblait juste, je ne crois pas que Sithi en demande davantage.)

(Ça ne suffit pas, Sindalywë. Pour la deuxième fois nous avons détruit un monde, perdu des milliers des nôtres, et si ça se trouve on va remettre ça ici? Combien de guerres, encore? Combien de fois vais-je échouer, encore? Tu crois que je peux vivre avec ça sur la conscience?)


(Crois-tu que c'est en te lamentant sur le passé et en désespérant que tu vas accomplir quoi que ce soit? Je sais que c'est un coup dur, il m'affecte aussi énormément. J'étais aux côtés de ton ancêtre et j'ai vécu la fin d'Eden, j'étais avec toi sur Izurith, avec toi encore chaque fois que tu as dû prendre la vie d'un Sindel. Chaque fois j'ai partagé tes pensées, comme j'ai partagé celles d'Ethernëm. Mais, Tanaëth, nous avons prononcé un serment, le plus sacré qui soit. Peu importe combien de fois nous serons jetés à terre : nous nous relèverons et nous ferons ce qui doit être fait! Nous honorerons notre parole. Ullume au oialë, te souviens-tu de ce que cela veut dire?)


Comment pourrais-je l'oublier, alors même que ma Faëra inonde mon esprit des images de mon aïeul faisant face à Sithi sur la plus haute montagne d'Eden? Qu'elle ravive en mon âme le souvenir de ma propre rencontre avec ma Créatrice? Pour toujours et à jamais. Suis-je vraiment capable de me relever de cet effroyable coup du sort, de vivre avec mes échecs et de me battre encore?

(Ullume au oialë), murmuré-je mentalement avec fatalisme, tout en me demandant quel genre d'être je suis devenu, à force d'affronter la mort et de prendre d'innombrables vies. Un guerrier, sans doute, bêtement. Un sale type, en y pensant, dur et froid, capable de tuer une douzaine de personnes et de s'endormir le plus paisiblement du monde dix minutes plus tard. Capable de sourire gentiment, comme si de rien n'était, à la jeune semi-Shaakte qui arrive juste après que j'aie appris l'extermination de milliers de mes frères et soeurs de race.

"Tanaëth ! Je vous...te cherchais ! J'aurais un service à demander."

"Eh bien je t'écoute, que puis-je faire pour toi?"

Elle m'explique que Sylënn avait besoin d'aide, ce que je savais déjà, et qu'elle souhaiterait emprunter l'un de nos navires pour retourner dans le désert, auprès des Eruïons que nous venons de quitter. Inquiet à cette idée, ce n'est pas pour rien que nous sommes revenus ici en urgence, je lui demande en fronçant les sourcils :

"Seule?"

" Non non, il y a une humaine qui a apparemment déjà été dans le désert qui sera là. Une histoire de Silnogure, j'ai pas tout compris. Donc non, pas seule."

Une humaine ayant déjà été dans le Dragomélyn? Pour une histoire de Silnogures? J'ignorais qu'il y en avait là-bas mais, à dire vrai, si j'en sais probablement plus que n'importe quel être vivant sur les Ithilarthëa, je ne sais quasiment rien sur les onze autres espèces, mis à part qu'elles existent. Et cette humaine, est-elle digne de confiance? J'hésite un instant à approfondir la question mais, repensant à mes récentes cogitations quant à la nécessité de faire confiance à mes proches, et donc au jugement d'Yliria en la matière, je lui rétorque simplement :

"Ah. Bien, dans ce cas, naturellement que tu peux emprunter un Danse-Lame. Tu pars quand?"

La jeune femme me remercie et me répond avec une légère hésitation que leur départ est prévu pour le lendemain. Quoique surpris de cette précipitation, j'aurais imaginé qu'elle voudrait se reposer un peu après notre périple, après tout nous sommes rentrés aujourd'hui-même, je lui dis songeusement tout en lui tendant mon nécessaire d'écriture télépathique afin qu'elle puisse prévenir Sëraya de son arrivée :

"Mmm. Je te ferai une lettre pour le capitaine dans ce cas. Mais tu sembles bien pressée, on se revoit avant que tu partes?"

" Je sais... j'aurai préféré passer une semaine ou deux au calme, mais vu l'urgence de la situation il vaut mieux que je ne traîne pas. Et.... je sais pas, je dois préparer le voyage, j'ai pas encore vu Nyllyn, je dois passer voir Eshrin aussi, Llyann veut qu'on discute. J'ai pas le temps de souffler en fait."


"Je vois. Je dois pour ma part me rendre sur Nirtim, le Duc de Luminion a requis ma présence et je pars demain matin également. Alors... disons-nous au revoir..."

"Nirtim ? Dès demain aussi ? Je vois..."

Cédant à une impulsion soudaine, je la serre contre mon coeur et dépose un léger baiser sur son front en murmurant :

"Sois prudente, je tiens à toi petite soeur."

Elle sursaute à mon geste, un peu mal à l'aise mais, après un court instant, me serre à son tour dans ses bras avec force avant de me remercier et de m'inciter à être moi aussi prudent, d'autant plus qu'elle ne sera pas toujours là pour me sauver la mise. Je souris doucement en contemplant son air taquin et ses yeux brillants, mélange d'émotion et de tristesse sans doute, alors qu'elle déclare détester les adieux. Elle ajoute qu'elle viendra aussi vite que possible si jamais j'avais besoin d'elle, à quoi je rétorque affectueusement :

"Ce n'est pas un adieu. Nous nous reverrons. Et tu sais pouvoir compter sur moi également en cas de besoin, Llyann saura toujours plus ou moins où me trouver..."

"Tu as raison. Je vais apprendre à me débrouiller seule un peu, ça changera. Prends soin de toi surtout et... merci pour tout."

Je hausse les épaules à ces mots, non seulement elle n'a nul besoin de moi pour se débrouiller admirablement, mais en vérité c'est plus moi qui devrait la remercier que l'inverse. Probablement le lui dirais-je, si elle ne choisissait cet instant pour se dresser sur la pointe des pieds afin de pouvoir déposer un baiser sur ma joue, puis caresser Sinwaë qui riposte d'une de ces léchouilles bien baveuses dont il a le secret. Sans perde une seconde de plus, à croire qu'elle ne tient pas en place, elle s'éloigne en me faisant un signe de la main auquel je réponds tout en la suivant des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse de ma vue.

(Veille sur elle, Sithi, je t'en prie...)

Supporterais-je aussi bien l'annonce de sa fin que j'ai encaissé la nouvelle funeste d'Izurith? Non... non, certainement pas. Nous n'avons pas passé tant de temps que ça ensemble, finalement, et pourtant je n'ai pas employé ce terme de "petite soeur" à la légère. Peut-être parce que son enthousiasme et son opiniâtreté me rappellent ma propre jeunesse, peut-être aussi parce que son courage et son altruisme m'ont profondément touché, je ne sais pas trop. Mais ce qui est sûr, c'est qu'elle fait désormais partie des très rares personnes qui me sont vraiment chères.
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Sibelle
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Sibelle » jeu. 19 sept. 2019 01:35

Une fois que Sibelle fut sortie de la garde militaire, elle fit quelques pas dans la rue, puis s’arrêta.

À son arrivée à quai d’embarquement, Sibelle n’avait pas pris le temps de s’arrêter et d’observer la ville. Elle avait suivi l’elfe grise pour se rendre à l’armurerie et ensuite à la garde militaire. Bien qu’elle comptait se rendre à la commanderie sans tarder, elle voulait prendre quelques minutes pour observer l’architecture de la ville. Du haut des airs, elle avait remarqué que la cité militaire était stratégiquement juchée sur la côte rocheuse ouest de l’île de Sansstrya. Sa position lui avait permis d’avoir une vue d’ensemble et de remarquer les immenses remparts et les nombreuses tours qui encadraient la ville. Des murs assez épais pour être visibles du ciel séparaient la ville en quatre sections.

Cette fois-ci munie d’une carte et au sein de la ville, Sibelle se trouvait dans la partie ouest. Pour se rendre à la commanderie, elle devrait passer par la place d’honneur, endroit central de la cité, doté des quatre portes qui donnent accès aux différents quartiers.

Sa réflexion terminée, Sibelle se remit donc en marche, en se dirigeant vers la droite, telle que lui avait indiqué la jeune Yliria. Tout en longeant la rue, elle remarqua sa propreté et son étroitesse, se doutant que ce dernier fait ne devait pas être dû au hasard, mais résulté d’une stratégie militaire. Les bâtiments de cette partie s’avéraient tous imposants, comme de petites forteresses à l’intérieur de la ville et ne possédant guère plus de deux étages, dotés de toits plats permettant l’érection de parapets. Elle reconnut au passage l’armurerie royale où elle avait pu s’équiper convenablement. Elle passa ensuite devant l’écurie puis enfin arriva à la place d'honneur.

Elle s'y arrêta afin de bien l'examiner. Cette grande place fait de pavés blancs, très propres et bien entretenu était cerné de tout côté par des murailles fenestrées blanches. Sibelle supposa que cette place tirait son nom du fait que les cérémonies de remises de distinction devaient s'y dérouler.

Elle traversa ensuite l'arche sud, passa par les gardes se contentant de leur montrer son laisser passer et suivit la petite rue qui la menait au quartier où se trouvait le commanderie d'Opale. Il était plus que facile de deviner qu'elle venait d'entrer dans le quartier des mieux nantis. Les bâtiments, dotés de plusieurs étages, s'avéraient opulents et presque tous pourvus de jardins intérieurs.
Elle poursuivit tout droit pour enfin apercevoir la bâtisse fortifiée décrite par Yliria. Elle s’arrêta au pied du grand escalier blanc gardé par deux soldats.

Sans qu’ils eussent besoin de parler, elle présenta son médaillon et récita la devise de l’ordre :

« C’est par ma seule volonté que mes armes se meuvent. »

Les gardes firent aussitôt un pas de côté pour la laisser passer. Elle gravit donc les marches et pénétra dans la commanderie.
Modifié en dernier par Sibelle le ven. 20 sept. 2019 01:37, modifié 3 fois.

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Asterie
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Asterie » jeu. 19 sept. 2019 10:35

Nous arrivons après une marche rapide dans les rues de la cité, curieux groupuscule sortant clairement du lot de ces grises mines locales, à ladite Commanderie, où après un passage délicat par des postes de gardes, nous pénétrons aisément grâce aux laissez-passer de Dame Tartine. Yliria, une fois sur place, nous fait un bref résumé de la disposition des lieux, chambres à l’étage, bibliothèques, cuisine et tout le tintouin. Une fois cette brève introduction réalisée, une sindel descend les marches de la bâtisse, nous précisant que nous pouvons nous installer librement dans les chambres du second, et que nous ne devons pas hésiter à faire part de nos besoins. Après un bref aparté avec Yliria, la petite se tourna vers moi, précisant qu’elle pouvait me conduire à ma chambre si besoin, mais qu’elle devrait s’en aller ensuite. Elle me précise l’existence d’une salle d’entraînement pour archers, au cas où je voudrais aller pratiquer mon art. Pourquoi pas, oui. Je lui fais signe que je me débrouillerai seule, et la vois rassurée de cette précision. De toute façon, je ne compte pas me reposer de suite : je n’ai encore rien fait de bien actif de la journée. J’ai l’impression d’avoir passé mon temps assise, et ça m’ennuie terriblement. Je prends note mentalement de sa précision sur la présence d’un autre Silnogure sur place, celui dont elle m’a parlé, craignant que ça ne puisse poser problème avec Daelyrn. Après un regard échangé avec mon gros loup, je suis persuadée qu’il ne posera aucun souci, quand bien même l’autre serait un foutu hargneux. Je la laisse aller, et me dirige pour ma part vers la salle d’entraînement de l’étage, où je pénètre d’un pas léger, curieuse.

Deux elfes se tiennent là, discutant l’une avec l’autre. Une épéiste et une archère toute de noir vêtue. Je me dirige vers le duo, souriante, et me présente.

« Bonjour, je suis Astérie. J’ai été menée ici par Yliria : elle a dit que je pouvais m’entraîner ici, sous vos conseils. Je suis une aventurière mandatée par Dame Sylenn la Tartine. Pourriez-vous m’aider ? J’aimerais parfaire mon maniement de l’arc… »

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Tanaëth Ithil
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Tanaëth Ithil » jeu. 19 sept. 2019 13:54

Quelques minutes plus tard, un garde vient me chercher, m'annonçant qu'une Hinïonne portant le symbole de l'Opale et connaissant notre devise vient de se présenter aux portes.

(Eh bien, il y a de l'animation aujourd'hui) songé-je, un peu surpris, en me rendant dans le luxueux hall d'entrée de ma demeure en compagnie de Sinwaë que je tiens prudemment par la peau du cou afin qu'il n'importune pas notre visiteuse. Je découvre alors une Elfe Blanche à la chevelure de feu, équipée comme une guerrière d'une belle armure couleur bronze et d'un splendide sabre de facture inconnue. Un simple coup d'oeil suffit à deviner que ce n'est pas la première venue, rares sont les êtres possédant une telle prestance et pareille assurance dans son regard brun. M'approchant, je la salue d'une petite révérence :

"Bonjour, Dame. Je me nomme Tanaëth. Soyez la bienvenue en ces lieux, Danseuse d'Opale."


La guerrière fronce les sourcils à la vue de mon fauve, plus de curiosité que de crainte ai-je l'impression, puis reporte son attention sur moi. Elle m'apprend se nommer Sibelle, me remercie de l'accueil puis suppose que je dois être l'époux de la commandante et le gendre de l'un des armuriers avant de s'enquérir du nom de mon Ithilarthëa. Souriant, je lui réponds :

"C'est exact. Enchanté de faire votre connaissance. Lui c'est Sinwaë, mon fidèle compagnon."


Voyant qu'elle ne semble nullement en avoir peur, je le libère et l'observe avec un certain amusement donner libre cours à sa curiosité en précisant à Sibelle :

"Il est très curieux, mais vous n'avez rien à craindre de lui."

Mon Silnogure renifle la guerrière puis, bien vite, la pousse gentiment du bout du museau en signe d'acceptation, ce qui achève de me rassurer car si elle avait des intentions hostiles il ne se comporterait certainement pas ainsi. Tandis qu'elle se penche légèrement pour flatter mon fauve sans aucune trace de crainte, j'ajoute :

"Vous êtes ici chez vous, bien sûr. Souhaitez-vous vous restaurer, ou vous reposer peut-être?"

L'Elfe me répond s'être restaurée à la Garde Militaire, puis ajoute qu'elle n'est qu'apprentie au sein de l'Ordre, qu'elle revient d'une mission sur Aliaénon et qu'elle se demandait s'il lui incombait de faire un rapport. Je l'observe un instant d'un regard perçant, avant de lui répondre avec un sourire en coin :

"Une apprentie, vraiment? J'ai vaguement entendu parler de ce monde d'Aliaénon, mais j'ignorais que l'un de nos membres s'y était rendu."

Après une seconde de réflexion, j'ajoute d'un ton amusé :

"Je ne suis pas très adepte du protocole, aussi ne parlons pas de "rapport". Je serais néanmoins ravi que vous me résumiez vos aventures là-bas, mais venez, nous serons mieux dans l'un des salons pour discuter."


Je l'invite à me suivre dans l'un des salons de la commanderie et, une fois installés, attends sans impatience qu'elle me relate ses aventures. Elle m'explique qu'elle s'est originellement rendue à Kendra Kâr pour enquêter sur les aurores boréales à la demande du commandeur Illinwë mais que, la mission comportant davantage d'enquête dans les archives que de combat, elle a vite tourné les talons. Elle marque une brève pause pour me laisser intervenir, mais je me borne à l'écouter avec attention, si bien qu'elle poursuit en disant qu'elle a ensuite vu une annonce à la milice d'Oranan et qu'elle s'y est donc rendue. Elle m'expose ensuite succinctement la mission qu'elle a rempli sur ce monde :

"Il était question de se rendre sur Aliaénon afin de chercher un être nommé le Sans-Visage, ou encore l'unique et le ramener au conseil d'Or... Alors que nous enquêtions, à la recherche de l'un de ses nombreux avatars, nous avons été appelés en urgence à la forêt d’Émeraude afin de venir en aide à ses habitants qui vivaient une guerre interne. Séparés désormais entre deux clans: des hommes animaux : d'un côté les herbivores, de l'autre les carnivores. Nous avons tenté de parlementer et d'éviter la guerre, mais c'était sans compter les harpies qui avaient manigancé dans notre dos. Bref, il n'y eu aucun gagnant dans cette guerre... seulement des compromis d'un bord et d'autre. Et malheureusement beaucoup de morts."

Sans aucun doute l'Hinïonne remarque-t-elle mon air de plus en plus perdu car elle s'interrompt bientôt pour s'excuser, n'ayant pas l'habitude des longs discours et résumant peut-être trop. Mais en soi ce n'est pas tant le fait qu'elle résume que le fait que je n'ai pas la moindre idée de ce à quoi ressemble le monde qu'elle évoque qui me perd, aussi lui demandé-je:

"Eh bien... auriez-vous par hasard une carte de ce monde? Cela m'aiderait à me représenter tout cela."


Pour une raison que je ne cerne pas, Sibelle hésite un peu avant de me répondre que, contrairement à ici, aucune carte ne leur a été fournie et qu'elle a donc dû se contenter de griffonner hâtivement l'essentiel sur un bout de parchemin. A son regard interrogateur, comme si j'allais juger son "travail", je la rassure aussitôt, intéressé que je suis de savoir un peu à quoi ce monde mystérieux ressemble :

"Cela suffira bien, je pense."

Après s'être mordu les lèvres, elle consent néanmoins à sortir ledit parchemin de son sac et l'étale sur la table basse se trouvant devant nous en m'expliquant ce que signifient les diverses abréviations avant de me montrer où se trouve la fameuse forêt d’Émeraude où a eu lieu la bataille évoquée. Visiblement peu fière de son croquis hâtivement tracé, elle rougit un peu en se reculant pour me laisser l'observer, ce que je fais avec attention tandis qu'elle poursuit. Après cette bataille, remerciée par les dirigeants d'Aliaénon, tous les aventuriers revinrent sur Yuimen mais, quelques semaines après, elle y retourna pour une deuxième mission. Lorsqu'elle s'interrompt une nouvelle fois, attendant apparemment que je lui fasse signe de continuer, j'achève mon étude de la carte en remarquant :

"L'essentiel y est, je n'ai pas besoin de plus. C'est un bon plan, concis et clair."


Je lui fais ensuite signe qu'elle peut continuer son récit, ce qu'elle fait en déclarant qu'il s'agissait cette fois de retrouver un dragon mauve nommé Naral, disparu depuis quelques mois. Elle précise que le temps se déroule beaucoup plus rapidement sur Aliaénon que sur Yuimen et que ce Naral avait été vu pour la dernière fois dans des Landes Noires, lieu qu'elle me désigne sur la carte.

"Nous embarquâmes donc sur le dos du dragon d'or qui nous y conduisit. Nous partîmes donc à la recherche de Naral. Et cette fois, je fis la connaissance d'une puissante sorcière nommée Simaya, et aussi du Sans-Visage, qui était impliqué dans la disparition de Naral. Bref, nous retrouvâmes Naral emprisonné dans une tour. Là, tout s'est compliqué, car certains aventuriers, influencés par le Sans-Visage, ne voulaient plus sauver le dénommé Naral. Mais puisque je suis... de nature entêtée, j'ai persisté à accomplir la mission qui nous avait été donnée. Et j'ai ramené Naral aux conseillers de la tour d'Or, là où il devait être jugé... Le sans-visage est alors intervenu et a fait détruire la tour d'or à l'aide de ses frères, d'immenses créatures nommées Titans.... Nous avons dû quitter en urgence le monde d'Aliéanon pour retourner à la milice d'Oranan... Une fois de plus, certains d'entre nous y sont restés.... C'est à la milice que j'ai vu l'affiche demandant de l'aide ici. Naral, sous sa forme de dragon, m'a apporté jusqu'au Naora. Il a poursuivi pour sa part jusqu'à Kers, alors que j'ai fait le dernier bout par mes propres moyens."


Bien que je peine notablement à la suivre, cette pléthore de personnages inconnus me faisant presque tourner la tête et la mention de dragons me faisant grincer des dents, je me garde de l'interrompre et, après un instant de réflexion, lui demande :

"Il y a une chose qui m'échappe. Quel intérêt avait la milice d'Oranan dans tout cela?"

Elle me rétorque que la ville de Fang-Ming, notée sur la carte, est occupée par les Ynoriens qui contrôlent ainsi le passage d'un monde à l'autre, de même que le commerce y transitant, comme de juste, puisque Aliaénon posséderait des ressources inaccessibles sur Yuimen. Ayant remarqué ma grimace à propos des dragons, elle m'assure que ce sont des êtres splendides et très intelligents, quoique condescendants et têtus. Naral serait à l'origine un Hinïon ayant acquis le pouvoir de se transformer en dragon selon son bon plaisir, ce qui me laisse relativement perplexe et me fait murmurer pensivement :

"Je vois... ainsi le Dragon Noir d'Oaxaca n'est plus le seul..."


Une idée qui n'a rien pour m'enchanter, vraiment, à mes yeux un seul monstre écailleux totalement invulnérable était déjà bien de trop sur ce monde sans qu'il soit besoin d'y rajouter un gros lézard mauve m'évoquant davantage un délire d'ivrogne qu'une noble et fière créature. Mais, Sibelle soupirant de lassitude à cet instant, pour s'excuser aussitôt après, je garde ma pensée pour moi et lui dis d'un air ouvertement amusé :

"Pas la peine de vous excuser, je n'aime pas trop m'étendre sur mes aventures non plus. Merci de m'en avoir fait part."


Je laisse filer un bref silence, puis reprends avec sérieux :

"Et maintenant vous voilà, ici, prête à aider mon peuple. Je ne vous cache pas que je suis inquiet, je reviens tout juste du désert de Sarnissa, où l'on m'avait signalé des troubles parmi les Eruïons. Comme j'ai quelques contacts là-bas, je m'y suis rendu en compagnie d'Yliria et nous avons découvert une chose : des Sindeldi étaient impliqués dans des vols de nourriture et de matériel. Je ne sais ce qui se trame mais cela ne me plaît pas. D'autant plus que la révolte gronde parmi les pauvres du royaume, principalement à l'encontre du clergé de Sithi qui s'approprie éhontément richesse et pouvoir."


Après avoir grimacé, ennuyé de devoir ainsi quitter le Naora en cette période trouble, je poursuis :

"Malheureusement, je suis contraint de partir pour Nirtim, le Duc de Luminion a requis ma présence et les intérêts de l'Ordre nécessitent que je réponde à son appel. Là-bas aussi la guerre menace, il se pourrait qu'elle reprenne incessamment. Aussi c'est de vous et d'Yliria que dépendra l'avenir des Danseurs, la place qu'ils prendront, au Naora. Que savez-vous au juste de notre Ordre, Sibelle?"

L'Elfe penche légèrement la tête sur le côté, apparemment étonnée, et pour cause puisqu'elle m'apprend ensuite la présence d'un autre Danseur d'Opale, un Sindel nommé Aeglos, dont j'ignorais totalement la présence et même l'existence.

"Vraiment? Eh bien, c'est une excellente nouvelle. Vous ne serez pas trop de trois", dis-je en haussant un sourcil étonné.

Après une courte pause, elle reprend en m'expliquant que le commandeur Illinwë lui a conté les origines de notre Ordre et qu'il a également évoqué notre rôle premier, à savoir éviter que Yuimen ne connaisse le funeste destin d'Eden, notre monde natal, et faire en sorte que les peuples puissent, un jour, vivre libres et en paix. Puis, fronçant les sourcils comme si elle venait subitement de se souvenir de quelque chose, elle ajoute à ma plus grande surprise :

"Le dragon noir d'Oaxaca, vous dites ? ... Nous avons vaincus, avec difficulté, en travaillant de concert, un dragon noir sur Aliaénon.... s'il était unique, il s'agit probablement de lui... et il a désormais rendu l'âme."

Je plisse les yeux d'incrédulité à ces mots, je ne sais trop si les histoires que j'ai entendues à propos du Dragon d'Oaxaca sont vraies, mais si le quart de la moitié l'est...

"J'en doute fort, les dieux de ce monde ne sont pas parvenus à le terrasser lorsqu'ils s'y sont confrontés à Mertar voilà des millénaires. Je ne doute pas de vos capacités, mais je suppose qu'il s'agissait d'un autre, sans quoi vous ne seriez probablement pas là pour le raconter..."

Haussant légèrement les épaules en signe d'ignorance, je reviens sur le sujet de l'Ordre :

"Sylayëm a bien fait les choses, à ce que je vois. Mais vous avez servi notre cause en oeuvrant sur Aliaénon, surtout sur mandat de la milice d'Oranan. Nous avons tout intérêt à nouer des liens avec l'Ynorie, sachant que nous considérons Oaxaca comme une menace pour l'équilibre de ce monde. Par ailleurs, vous n'avez rien d'une apprentie, je sais reconnaître une redoutable combattante quand j'en vois une. Ce n'est pas très protocolaire, mais je vais vous élever au grade de Danseuse d'Opale séance tenante. Cela vous donnera l'autorité nécessaire au sein de l'Ordre et vous pourrez ainsi utiliser ses ressources aisément."


Sibelle semble si largement surprise par cette soudaine promotion qu'elle en reste sans voix durant quelques secondes, avant d'admettre que j'ai sans doute raison à propos du ou des dragons noirs. Elle précise que celui d'Aliaénon était puissant, ils s'y sont mis à plus de cinq pour le combattre, sans compter l'intervention de la sorcière qu'elle a déjà évoquée, Simaya, et de Naral. Sans ces deux là, dit-elle encore, les aventuriers n'auraient pas survécu à la rencontre. Songeur, je me demande s'il serait possible que ce soit bel et bien le dragon d'Oaxaca qui ait été vaincu sur ce monde lointain mais cette question ne pouvant trouver de réponse ici et maintenant, je la chasse provisoirement de mon esprit. Sibelle ajoute encore que deux des aventuriers l'ayant accompagnée sur Aliaénon ont également répondu à l'appel de mon épouse, à quoi je réponds :

"Je peux me tromper, pour le dragon, je n'ai fait qu'entendre des légendes à son propos, mais toutes évoquent une puissance terrifiante. Quant aux deux aventuriers, j'imagine que c'est une bonne chose?"


L'Hinïonne semble hésiter un instant sur la réponse à m'apporter, puis elle déclare qu'elle n'a fait que la seconde mission d'Aliaénon avec eux et qu'elle ne faisait pas directement partie de leur groupe, mais qu'ils se sont cependant acquittés de leur mission. Une réponse tout en prudence qui m'indique presque aussi clairement qu'elle n'en pense pas grand bien que si elle l'avait dit mais, n'ayant ni le temps ni la possibilité de voir de mes propres yeux ces deux personnes, je me borne à répondre :

"Bien, dans ce cas, espérons qu'ils s'acquitteront également de la mission que vous a confiée Sylënn. Mais revenons-en à votre nouvelle place au sein de l'ordre. Normalement l'élévation à ce grade passe par une sorte d'épreuve initiatique, mais je pense que le temps manque pour cela. Il y a tout de même trois choses que vous devez savoir : la première c'est que, contrairement à ce que prétend le clergé, Sithi est bel est bien vivante. Je l'ai rencontrée. La deuxième c'est que l'Opale est dirigée par un Triumvirat composé d'Ylis Ithil, qui réside dans notre citadelle proche de Tahelta, de Lyann'tar Thelwë, qui demeure ici, et de moi-même. La dernière chose que vous devez connaître, c'est l'emplacement de nos forteresses et commanderies."

Je lui explique alors rapidement où se trouvent nos citadelles et comment y accéder, puis j'achève :

"Enfin, nous avons coutume de récompenser nos membres lorsqu'ils accomplissent de périlleuses missions pour notre cause. Je vois que vous n'avez pas de protections de jambes, que diriez-vous de quelque chose allant avec le reste de votre armure?"


Sibelle paraît une nouvelle fois surprise, ne s'attendant peut-être pas à ce que l'Ordre remercie matériellement ses membres et arguant qu'elle a déjà reçu une juste récompense, sans doute de la milice d'Oranan, pour ses missions. Néanmoins ma proposition tombe juste et elle accepte sans rechigner les protections que je lui propose, à mon plus grand plaisir.

"Si vous savez que je suis le gendre de l'Armurier Asuran, c'est que vous êtes passée par l'armurerie et qu'ils ont vu votre équipement, je suppose?
"

Je ne me trompe pas, elle y est effectivement allée et y a même acheté son bustier et son casque, lequel est suspendu à sa ceinture. Ce qui m'arrange car, plutôt que de voir l'accompagner à l'armurerie royale, je peux simplement y envoyer l'un des serviteurs, sachant que Riziel aura parfaitement mémorisé l'équipement de Sibelle et qu'il pourra donc me fournir des jambières appropriées.

"Fort bien, dans ce cas..."

J'appelle sans tarder le serviteur en question, lui explique rapidement dans notre langue ce dont j'ai besoin puis, une fois qu'il s'est mis en route, reprends à l'attention de l'Hinïonne :

"Nërayn vous apportera cela d'ici peu. Avez-vous des questions, sur l'Ordre, ou autre chose?"


L'Elfe Blanche me répond par la négative et, tout en se levant, me remercie de lui avoir accordé mon temps, me supposant passablement occupé.

"C'était un plaisir. Comme je l'ai dit vous êtes ici chez vous, n'hésitez pas à visiter et à demander aux serviteurs si vous avez besoin de quoi que ce soit. Nous avons des appartements à disposition, ainsi que des salles d'armes où sont enseignés nos arts martiaux"
, lui rétorqué-je en me levant à mon tour.

Les yeux de la nouvelle Danseuse d'Opale s'illuminent à la mention des salles d'armes et c'est sans hésiter qu'elle m'annonce accepter mon offre et aller visiter les lieux. Elle se retire ensuite avec un petit signe de tête en guise d'au-revoir, auquel je réponds de même avant de me diriger pensivement vers mes appartements.

(Qu'en penses-tu Sindalywë?)

(La même chose que toi. Elle m'a fait bonne impression, je pense que c'est une personne sur qui l'on peut compter, et une redoutable combattante. Elle constituera sans aucun doute un précieux atout pour les Danseurs d'Opale.)


(Oui... je partirai le coeur un peu plus léger en sachant qu'elle est là et qu'il y a en prime un troisième membre de l'Opale qui va entrer dans la danse.)
Modifié en dernier par Tanaëth Ithil le jeu. 19 sept. 2019 20:07, modifié 1 fois.

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Yliria
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » jeu. 19 sept. 2019 19:44

Intervention de guilde pour Astérie

Lorsqu’Astérie rentre dans la salle d’entrainement et s’approche, les deux Sindeldi en grande conversation s’interrompent, examinant la jeune femme avec curiosité, l’épéiste s’attardant davantage sur le Silnogure que sa camarade archère. Lorsqu’Astérie évoque Yliria puis « Dame Sylënn la Tartine », les deux Sindeldi semblent légèrement perplexes avant que l’archère de noir vêtue ne prenne la parole.

- Vous voulez sans doute parler de Sylënn’tar Ithil, la commandante de la Garde Militaire de notre ville…

Elle prononce clairement et distinctement le nom de la commandante comme pour s’assurer que son interlocutrice le retiendra correctement cette fois. Elle examine ensuite la jeune femme plus en détail et accepte de lui offrir conseils et aide.

- Je me nomme Elëryann et peux en effet vous aider à parfaire votre maîtrise. Montrez-moi ce que vous savez faire pour commencer.

Elle propose ensuite divers entraînement à la jeune femme qui finit par faire son choix. L’épéiste, curieuse, se contente d’observer tandis qu’Eleryann fait une démonstration des deux techniques qu’Astérie souhaite maîtriser avant de les lui apprendre, pas à pas.

- Non, plus haut le coude, voilà. Moins tendue sur vos appuis, si vous êtes trop rigide vous risquez de faire dévier le tir avec votre respiration. Bien, recommencez. Ne vous bloquez pas ainsi, cela vous épuise plus vite.

Donnant conseils et réprimandes, elle sourit néanmoins chaque fois qu’Astérie parvient à réussir les techniques qu’elle lui enseigne pendant un long moment.

- Tirer plusieurs flèches à la fois est relativement aisé sur une cible immobile lorsqu'on a le temps de se concentrer, faites attention, ce n’est pas aussi simple en pleine action, les flèches ont tôt fait de s’éparpiller. Quant à l’autre, plus loin vous serez, plus efficace elle sera, pensez à en tenir compte.

Lorsque, après plusieurs heures, Elëryann semble satisfaite des progrès de l’humaine à la chevelure de feu, elle la gratifie d’un sourire plus large.

- Vous semblez avoir compris l’essentiel. Soyez sûre de vous entraîner si vous souhaitez perfectionner votre maîtrise, mais vous avez un potentiel certain. Souhaitez-vous d’autres conseils ou avez-vous des questions ?

Si Astérie n’a plus de demande, elle se contente de lui sourire, de lui souhaiter une bonne journée avant de s’occuper d’un Sindel qui semble impatient de tester un arc nouvellement acquis. L’épéiste, quant à elle, salue poliment Astérie sans rien ajouter.

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Sibelle
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Sibelle » ven. 20 sept. 2019 04:45

Les gardes invitèrent Sibelle à entrer dans un vestibule plutôt luxueux lui demandant d’attendre pendant qu’ils allaient chercher le seigneur des lieux. Elle acquiesça d’un signe de tête, puis tout en restant immobile, elle passa les quelques minutes qui suivirent à observer les hauts plafonds richement décorés. Puis, un maître des lieux beaucoup plus jeune et séduisant qu’elle ne s’y attendait s’approchait dans sa direction, tenant par le cou un animal ayant comme celui d’Asterie à la fois des caractéristiques du chat et du chien. Sibelle fronça légèrement les sourcils à la vue du silnogure, non par crainte, mais plutôt par curiosité avant de reporter son attention à l’hôte qui l’accueillait.

Tout en faisant une petite révérence, l’élégant Sindel se présenta et lui souhaita la bienvenue en tant que Danseuse d’Opale. L’hinionne le salua à son tour puis se présenta :

« Je me prénomme Sibelle. Merci de votre accueil. Vous êtes donc l'époux de la commandante et le gendre de l'un des armuriers. »

Puis jetant un coup d'œil à la l'animal mi-chat, mi-chien, elle questionna :

« Et lui ? »

Tout en souriant, le dénommé Tanaëth lui répondit que ces informations au sujet de sa famille étaient exactes et qu’il était enchanté de faire sa connaissance. Il termina les formules de politesse en présentant son fidèle compagnon, Sinwaë. Voyant que Sibelle n’en avait pas peur, il le lâcha afin de le laisser assouvir sa curiosité. Le silnogure profita donc de sa liberté pour aller sentir la guerrière sans tarder et la pousser du bout de son museau, pendant que son maître poursuivit son rôle d’hôte en demandant si elle ressentait la faim ou le besoin de se reposer.

Aucunement intimidée par le compagnon de Tanaeth, Sibelle se pencha légèrement et le flatta derrière les oreilles.

« Je vous remercie, mais je me suis restaurée suffisamment à la garde militaire... »

Sibelle hésita un instant, se demandant si elle devait ou non faire un rapport. Récemment engagé dans l'ordre, on lui avait demandé d'enquêter sur les aurores, mais elle n'avait finalement pas poursuivi cette quête, ne se considérant pas compétente pour cette mission qui s'avérait plus une mission d’enquête que d'action.

Après un court moment d'hésitation, elle se reprit et choisit la franchise, comme si elle pouvait faire autrement.

« Je ne suis qu'une apprentie parmi les danseurs d'Opales, je reviens de mission sur Aliaénon, et je me demandais si je devais ou non faire un rapport. »

L’hôte l’observa de ses yeux noirs et perçants quelques secondes avant de douter, sourire en coin, de son statut d’apprentie. Le monde d’Aliaénon ne lui était pas inconnu, mais il ignorait que l’un des danseurs d’Opales s’y était rendu. Puis sur un ton amusé, il précisa qu’il n’était pas très protocolaire et qu’au lieu de faire un rapport, il se contenterait d’un simple résumé de ses aventures sur Aliaénon.

Tout en faisant un pas en avant et l’invitant à le suivre, il lui suggéra de poursuivre la discussion dans un confortable salon.
Sibelle le suivit donc jusqu'au salon et attendit qu'il prenne place avant de faire de même. N'étant pas portée sur les longs discours, elle résuma au mieux ses aventures.

« En fait, au départ, je me suis rendue à Kendra Kâr pour enquêter sur les aurores dans le ciel, ce fut le commandeur Illenwë qui m'avait confié cette mission. Une fois sur place, après avoir écouté les détails de cette quête et ce qu'on attendait de moi, j'ai tourné les talons. Cette mission comportait davantage une enquête dans les livres, les archives que sur un champ de bataille, je n'avais pas les compétences pour la mener à bien. »

Elle s'arrêta quelques secondes afin de voir si son interlocuteur désirait commenter ou non. Mais puisque cela ne semblait pas le cas, elle enchaîna.

« J'ai vu ensuite une annonce à la milice d'Oranan et je m'y suis rendue. Il était question de se rendre sur Aliaénon afin de chercher un être nommé Sans-Visage, ou encore l'unique et le ramener au conseil d'Or... Alors que nous enquêtions, à la recherche de l'un de ses nombreux avatars, nous avons été appelés en urgence à la foret d'Emeraude afin de venir en aide à ses habitants qui vivaient une guerre interne. Séparés désormais entre deux clans: des hommes animaux : d'un côté les herbivores, de l'autre les carnivores. Nous avons tenté de parlementer et d'éviter la guerre, mais c’était sans compter les harpies qui avaient manigancé dans notre dos. Bref, il n'y eu aucun gagnant dans cette guerre... seulement des compromis d'un bord et de l’autre… et malheureusement beaucoup de morts.»

Voyant Tanaëth plisser les yeux, ayant vraisemblablement de la difficulté à suivre, Sibelle s’en excusa.

« Je n'ai pas l'habitude des longs discours... je résume peut-être un peu trop. »

En guise de réponse et surtout sans doute pour ne pas l’offenser, il lui demanda alors si elle possédait une carte d’Aliéanon, ce qui l’aiderait à mieux se représenter la situation.

Sibelle orgueilleuse et fière hésita un moment.

« Contrairement à ici, aucune carte ne nous était fournie, je n'ai eu que quelques minutes pour griffonner l'essentiel sur un bout de parchemin. »

Elle jeta ensuite un regard interrogateur afin de savoir si Tanaëth tout de même la regarder et il lui répondit positivement.
Elle se mordit les lèvres et consentit à la sortir de son sac, pour l'étaler sur une table basse devant elle

« En manque de temps, je n'ai écrit que les premières lettres de plaines (pl) et de montagnes.(mont)... La forêt d'émeraude (Foret Emer) était ici au nord à gauche d'Aliaénon et juste à l'est d'un lac »
Dit-elle en pointant du doigt ladite foret.

« C'est ici qu'a eu lieu la bataille "forcée" entre les herbivores et les carnivores. »

Elle se recula légèrement, laissant à Tanaeth le soin d'observer sa carte, tout en rougissant légèrement, nettement pas fière de ses gribouillis.

« Les dirigeants d'Aliaénon nous remercièrent et nous retournâmes tous sur Yuimen..... mais quelques semaines plus tard, je me rendis de nouveau sur Aliaénon afin d’effectuer une nouvelle mission. »

Elle s'arrêta une fois de plus, attendant un signe de la part de Tanaëth avant de poursuivre. Ce dernier prit le temps d’examiner la carte avec attention avant de signifier que l’essentiel s’y trouvait et qu’il n’avait pas besoin de plus.

Elle poursuivit donc :

« Cette fois-ci, il s'agissait de retrouver Naral, nommé aussi le dragon mauve, qui était porté disparu depuis quelques mois.... Le temps sur Aliaénon se déroulant beaucoup plus rapidement que sur yuimen. Il avait été vu la dernière fois dans les landes noires, ici tout au sud d'Aliaénon » précisa-t-elle tout en pointant la carte.

« Nous embarquâmes donc sur le dos du dragon d'or qui nous y conduit. Nous partîmes à la recherche de Naral. Et cette fois, je fis la connaissance d'une puissante sorcière nommée Simaya, et aussi du Sans-Visage qui était impliqué dans la disparition de Naral. Bref, nous retrouvâmes Naral emprisonné dans une tour. Là, tout s'est compliqué, car certains aventuriers, influencés par le Sans-Visage, ne voulaient plus sauver le dénommé Naral. Mais puisque je suis ... »

Elle hésita un peu avant de poursuivre:

« ... de nature entêtée, j'ai persisté à accomplir la mission qui nous avait été donnée. Et j'ai ramené Naral aux conseillers de la tour d'Or, là où il devait être jugé... Le sans-visage est alors intervenu et a fait détruire la tour d'or à l'aide de ses frères, d'immenses créatures nommées Titans.... Nous avons dû quitter en urgence le monde d'Aliaénon pour retourner à la milice d'Oranan... Une fois de plus, certains d'entre nous y sont restés.... C'est à la milice que j'ai vu l'affiche demandant de l'aide ici. Naral, sous sa forme de dragon, m'a porté sur son dos jusqu'au Naora. Il a ensuite poursuivi pour jusqu'à Kers, alors que j'ai fait le dernier bout par mes propres moyens. »

Elle s'arrêta ainsi, ne sachant pas trop si Lydiël ou sa femme lui avait parlé de sa transformation. Il s'agit d'un fait relativement nouveau pour elle, et elle ne se sentait pas encore bien à l'aise d'en parler.

Après avoir réfléchi un petit moment, il questionna sur l’intérêt que pouvait avoir la milice d’Oranan dans tout ça.
Sibelle expliqua de mieux qu’elle le pouvait :

« Sur Aliaénon, il y a une ville nommée Fan Ming où les gens dOranan se sont établis afin de contrôler l'accès d'un monde à l'autre à l'aide des fluides magiques. Des échanges commerciaux se faisaient entre les deux mondes, Aliaénon possédant des ressources inaccessibles sur Yuimen. »

Voyant sa réaction face aux dragons, elle commenta :

« Les dragons sont des êtres splendides et très intelligents. Condescendants, ils sont également têtus. Naral pour sa part est un elfe blanc d'origine qui a acquis le pouvoir du dragon mauve. Il peut ainsi prendre cette forme selon son désir... Ils sont très peu nombreux sur Yuimen, il est probablement l'un des seuls. »

Sibelle poussa un long soupir bien malgré elle... Faire de longs discours n'était pas ce qu'elle préférait. Lorsqu'elle réalisa son geste, elle s'excusa.

Pensif, il constata que le dragon noir n’était plus le seul de son espèce sur Yuimen. Il se permit un petit moment de silence, après quoi, il rit du soupir poussé par l’hinionne, affirmant que tout comme elle, il n’aimait pas détailler ses aventures.

Reprenant son sérieux, il avoua être inquiet. Il revenait tout juste du désert de Sarnissa où des troubles avec les Eruïons lui avaient été signalés. Après s’y être rendus avec Yliria, ils découvrirent que des Sindeldi étaient impliqués dans les vols de nourriture et de matériel, ce qui ne lui plaisait pas. Il rajouta que les pauvres du royaume menaçaient de révolte envers le clergé de Sithi qui s’appropriait richesses et pouvoir dans le royaume.

Il s’ensuivit une grimace de déception. Il aurait aimé rester afin d’aider son peuple, mais il devait partir sur Nirtim à la demande du Duc de Luminion afin de répondre aux intérêts de l’Ordre. La guerre menaçait dans cette région, et il craignait qu’elle reprenne. Lui, étant absent, il déclara que l’avenir des Danseurs dépendra d’Yliria et de Sibelle.
Sibelle pencha légèrement la tête sur le côté lorsqu'il ne mentionna qu'elle et Yliria.

« Il y a également un elfe gris nommé Aeglos comme Danseur d'Opale participant à cette mission. »

Il lui demanda ensuite ce qu’elle savait de l’Ordre.

Elle s'arrêta un instant pour réfléchir avant de poursuivre:
« Le commandeur Illenwë m'a raconté l’histoire de l’origine de l’ordre des Danseurs d’Opales. Il m'a aussi parlé du rôle de l'Opale qui était de veiller à préserver un équilibre qui permette la vie, afin d'éviter que Yuimen subisse le sort d'Eden. Le rôle de l'Opale étant aussi de se battre pour ses idéaux et ses principes, lutter pour que les peuples puissent un jour vivre libres et en paix sur ce monde. »

Puis, elle fronça les sourcils, venant subitement se rappeler un fait qu'elle avait oublié de mentionner.

« Le dragon noir d'Oaxaca, vous dites ? ... Nous avons vaincu, avec difficulté, en travaillant de concert, un dragon noir sur Aliaénon.... s'il était unique, il s'agit probablement de lui... et il a désormais rendu l'âme. »

Trop occupé, il n’avait pas été mis au courant de la présence d’un troisième danseur de l’Opale, il fut fort surpris, mais heureux de cette nouvelle.

De surprise en surprise, il fut étonné d’apprendre que les aventuriers avaient vaincu un dragon noir sur Aliaénon. Il doutait qu’il s’agisse du dragon d’Oaxaca, qui n’avait pas pu être terrassé par les dieux de ce monde, il y a quelques millénaires sur Mertar. Sans douter de leur capacité, il supposa qu’il s’agissait d’un autre dragon noir.

Il conclut que Sibelle avait servi la cause de l’Ordre en oeuvrant sur Aliéanon au nom de la milice d’Oranan. Cela lui permettrait de tisser des liens avec l’Ynorie, afin de faire front commun contre Oaxaca qui menaçait l’équilibre de ce monde. Et puis, il réitéra qu’elle n’avait rien d’une apprentie, sachant reconnaitre une redoutable combattante, il la promut au grade de Danseuse d’Opale.

Surprise de cette soudaine promotion, Sibelle resta sans voix. Bien que ne cherchant pas nécessairement à gravir les échelons au sein de l'ordre, elle fut honorée d'une telle reconnaissance.

« Vous devez sans doute avoir raison pour le dragon noir d'Oaxaca. Je ne doute pas un instant de sa puissance. Celui d'Aliaénon était également puissant, mais probablement pas autant que celui d'Oaxaca. Nous étions plus de cinq à le combattre, sans compter l'intervention du dragon mauve et la puissante sorcière, Simaya. Sans ces deux-là, nous ne serions pas ici pour vous en parler... et pendant que j'y pense. Parmi les aventuriers qui m'accompagnaient sur Aliéanon, deux étaient également présents à la garde militaire. »


Il n’était pas si certain pour le dragon d’Oaxaca, mais les légendes racontaient une puissance terrifiante. Il questionna ensuite Sibelle sur la présence des deux aventuriers.

Sibelle hésita à peine un instant avant de répondre, espérant que son hésitation passe inaperçue. Elle n'avait pas à raconter ce qu'elle ressentait envers Yurlungur. C'était à eux de découvrir par eux même si cétait une bonne chose ou non. Elle se contenta donc de s'en tenir au fait.

« Je n'ai fait avec eux que la seconde mission sur Aliaénon, et je ne faisais pas partie du même sous-groupe. Mais ils se sont acquittés de la mission comme tous les autres. »

La guerrière omit également de parler de la colère que Jorus avait exprimée à l'encontre de Sibelle à la garde militaire. De toute façon, la commandante avait été témoin de la scène. Et il était préférable que ce soit une tierce personne, en l'occurrence sa conjointe, qui lui résume objectivement ce qui en était.

Il souhaita alors que les aventuriers mènent à bien également la mission confiée par son épouse Sylënn. Reportant la discussion sur la promotion de Sibelle, il expliqua qu’il y avait d’ordinaire une épreuve initiatique.

Puisque le temps manquait, il insista sur trois choses que devait savoir Sibelle. Premièrement, Sithi était bien vivante puisqu’il l’avait rencontré, alors que le clergé affirmait le contraire. Deuxièmement, l’Opale était dirigée par trois personnes : Lui, Llyann’tar Thelwë qui demeurait à Nessima, puis d'Ylis Ithil résidant tout près de Tahelta. Troisièmement, elle devait connaitre l’emplacement des forteresses et des commanderies. Il lui expliqua alors où elles étaient et comment elle pouvait s’y rendre. Sibelle, concentrée, tenta de tout retenir.

Il termina en expliquant qu’il était coutume de récompenser les membres de l’Opale suite à de périlleuses missions accomplies. Il avait remarqué que la guerrière n’avait aucune protection pour les jambes et il lui suggéra de lui en offrir qui iraient de père avec le reste de son armure.

Un peu surprise, Sibelle répondit :

« J’ai déjà reçu une juste récompense pour ces missions accomplies.... mais vous avez vu juste, des protections de jambes compléteraient mon équipement. Ce sera donc un honneur que d’accepter ce cadeau. »

Il déduisit qu’elle était déjà passée à l’armurerie puisqu’il connaissait son beau-père et qu’ils avaient vu son équipement. Il avait vu juste.

« En fait, j’y ai fait l’achat d’une bonne partie de mon équipement actuel, dont le casque et le bustier. »


Il appela alors un de ses serviteurs et lui parla la langue des Sindel. Une fois le serviteur sorti, il expliqua que le serviteur apporterait la pièce d’armures d’ici peu.

L’entretien tira à sa fin lorsqu’il lui demanda si elle avait d’autres questions.

« Je vous remercie de m'avoir accordé de votre temps, je vous devine assez occupé. Je n’ai pas d’autres questions. » termina-t-elle tout en se levant.

Il fit de même et répondit poliment que le plaisir était pour lui. Il lui rappela qu’elle était ici chez elle et demander aux serviteurs ce dont elle avait besoin, précisant qu’ils avaient des appartements à disposition ainsi que des salles d’armes où des maîtres enseignent les arts martiaux.

Les yeux de Sibelle s'illuminèrent alors.

« Je vais accepter votre offre et visiter les lieux »
Cela dit elle fit un signe de tête en guise d’aurevoir et de dirigea vers la sortie. Tanaëth répondit à la salutation et retourna à ses occupations.

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Asterie
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Asterie » ven. 20 sept. 2019 10:11

Curieuses, un peu perplexes même, peut-être, le duo d’elfe se tourne vers moi et m’avise d’un regard commun. C’est la maître-archère qui répond à mes mots, corrigeant tout d’abord ma prononciation du nom de la commandante Tartine. Qui s’appellerait apparemment plutôt Sylënn’tar Ithil. Oups. Heureusement que je n’ai pas eu à prononcer son nom devant elle : ma tête ornerait sans doute la caserne de la garde militaire à l’heure qu’il est. En tout cas, maintenant, je connais son vrai nom, même si l’idée de le répéter intelligiblement me donne mal à la tête d’avance. Quels noms compliqués ils ont, quand même, ces gris. Ça doit aller de pair avec leur foutue fierté mal placée, sans aucun doute.

« Oui, oui, voilà, elle. »

Elle accepte ensuite de m’épauler pour parfaire ma maîtrise de l’arc, ce dont je lui sais gré. Elle se présente sous le nom non moins complexe d’Elëryann. Par chance, elle me fait grâce de son nom de famille, même si je doute pouvoir me souvenir de son prénom plus de trois minutes. Sans tarder, elle me propose de commencer l’entraînement de suite, par un aperçu de mes compétences actuelles en armes de trait. Elle me propose arc d’entraînement et flèches d’entraînement, mais je ne prends que les secondes, envieuse d’utiliser ma propre arme pour ne pas perdre mes repères. Après quelques traits tirés dans la cible qu’elle me présente, dont un seul échoue, elle opine du chef et s’avance vers moi pour me proposer diverses techniques poussées d’archerie, m’expliquant leur utilité à chacune avec intérêt. Je l’écoute attentivement, puis en sélectionne deux qui peuvent enrichir ma pratique et sauront, je n’en doute pas, me servir dans cette nouvelle mission sur le Naora.

À chaque technique, son apprentissage. La première est presque un fantasme dans le monde de l’archerie : la capacité à tirer plusieurs projectiles en un tir. Avant qu’elle ne m’en parle, je ne pensais pas cela possible, jugeant l’exercice trop compliqué et manquant de précision. Mais il n’en est rien, et elle me le prouve d’une habile démonstration, alors que je la regarde, médusée. Sans tarder, je me mets à l’exercice à mon tour. Les premiers essais sont infructueux et complexes, mais grâce aux conseils de la maîtresse d’arc, j’apprends vite à corriger ma posture, doser ma force et positionner mes doigts pour maintenir les deux projectiles avec souplesse et habileté. S’en suit une bonne heure d’entraînement où je continue à appliquer ses conseils sous son regard attentif.

Lorsqu’elle juge l’apprentissage acquis, nous passons à la deuxième partie de l’entraînement, qui vise cette fois à m’apprendre à faire vriller la flèche que j’envoie vers ma cible afin qu’elle prenne de la vitesse et occasionne une blessure aggravée une fois la cible touchée, via la rotation. Une technique un poil barbare, mais qui peut faire ses preuves contre les ennemis les plus coriaces. Là encore, après une habile démonstration qui manque de faire éclater la cible d’entraînement, elle m’apprend la théorie avant de me mettre directement en pratique, chose que j’apprécie. Les débuts sont compliqués, je ne parviens pas directement à saisir comment elle s’y prend, et les remontrances sur ma posture, ma respiration, ma rigidité sur l’arc pleuvent rapidement. Si elle s’impatiente, elle se montre néanmoins satisfaite et souriante quand enfin je montre des signes de progression, et m’encourage à chaque évolution.

Là encore, même une fois le geste maîtrisé, je m’entraîne pendant un certain temps avant de finir par la remercier pour son temps et sa pédagogie. Le coût de ces écolages est certain, un sacré morceau, mais ça en vaut certainement la peine. Quand elle me demande si j’ai d’autres questions à lui poser, je décline poliment et annonce mon retrait de la salle d’entraînement. Je me rends aussitôt au second étage, dans une chambre libre que je m’approprie tel que me l’ont conseillé Yliria et la maîtresse de maison, et m’y repose quelques minutes pour me rafraichir après l’entraînement, et détendre un peu mes muscles mis à parti.

Je décide ensuite de partir à la recherche de la dénommée Liane. Au moins, elle n’a pas un nom trop difficile à retenir, elle. Yliria a dit qu’elle s’occupait de l’embarcation, mais je dois encore voir pour mes propres provisions. Liane ou tout autre qui pourrait me donner une information là-dessus, d’ailleurs. Je la retrouve non loin de la salle d'entraînement, où elle dispense des cours de combat au corps à corps. M'approchant, je l'apostrophe :

"Excusez-moi, vous sauriez m'indiquer où je pourrais trouver en ville de quoi subsister dans le désert ? Vivres, eau, couvertures pour les nuits,... ou le cas échéant vous pourriez directement me les fournir ?"

Surprise, elle me demande si je vais moi aussi dans le désert, et affirme qu'elle peut m'aider car j'aide l'une des leurs. Je suis mitigée entre la reconnaissance pour sa bienveillance et le soupçon d'un esprit un peu sectaire. Elle me parle d'une liste à laquelle je pourrais vouloir jeter un œil. Sans savoir de quoi elle parle, je réponds :

"Oui, j'accompagne Yliria. Elle ne vous l'a pas dit ? C'est gentil à vous. Mais... Une liste ?"

Apparemment, Yliria a tout de même parlé de moi, puisqu'elle m'identifie alors par mon nom. Et visiblement elle a effectivement bien pris les choses en main : elle a prévu pour moi nourriture et eau, mais rien pour les nuits. Une chance que j'y pense ! Elle me demande une fois de plus si je veux jeter un œil à sa liste. Perplexe, je la regarde curieusement. Est-ce une sorte de trouble du langage ? Une formule de politesse que je ne comprends guère ?

"Ah, c'est bien gentil à elle d'y avoir pensé. Quant à la liste... hé bien, une liste de quoi ?"

Elle me regarde étrangement, comme si ma question sortait de nulle part, avant de me répondre qu'il s'agit d'une liste de ce dont Yliria cherche à se procurer : nourriture séchée, potions, eau, équipements particuliers... Le yus tombe enfin dans mon esprit. Il faut dire, elle aurait pu être précise tout de suite !

"Aaah, cette liste ! Oui. Oui... et non, du coup. Je dois bien avouer n'avoir jamais appris à lire, l'avoir entre les mains ne me servirait pas à grand chose. Des potions, par contre, ça pourrait m'être utile. Des bandages aussi. Et des couvertures pour la nuit. Inutile de nous encombrer d'une tente. Mais... vous fourniriez tout ça ? Enfin je veux dire, pour elle vu qu'elle fait partie de votre... groupe, d'accord, mais moi ?"

Elle confirme qu'elle peut tout m'avoir, sauf les potions qui ne me seront guère utiles en tant que non-mage. Elle est étonnée de ma surprise de son accord, prétextant que c'est normal puisque j'aide une des leurs. Je rétorque en souriant :

"Oui, oui, je serai son alliée. Bien entendu. Et effectivement, des potions magiques ne me seraient d'aucune utilité. Mais des potions de soin, pour gérer les blessures sur le terrain, je pourrais m'en procurer par votre biais ? Ou vous auriez une adresse à m'indiquer ?"

Et après une pause courtoise :

"En tout cas, vous êtes bien plus accueillants que la plupart de vos concitoyens. Je comprends qu'Yliria affirme vous confier sa vie."

Elle soupire, affligée par les millénaires d'endoctrinement qui ont poussé son peuple à un tel niveau de mépris et de fierté, précisant ensuite que certains s'efforcent de faire entendre une autre voix. Encore ce même objectif, répété par tous ceux que je rencontre depuis que suis à Nessima. N'est-ce pas pourtant la cité la plus dogmatique à ce niveau, en qualité de cité militaire ? Des bons chiens obéissant au doigt et à l’œil de leurs maîtres ? Daelyrn grogne entre ses dents lorsque j'y songe, mais il sait tout comme moi que ce n'est en aucun cas la nature de notre relation, à tous les deux. Pas de maître, pas de suivant. Juste deux compagnons, égaux. Elle m'explique alors le chemin pour parvenir à une boutique d'apothicaire, non loin de la place d'honneur de la cité. Je la remercie amplement pour son aide, et elle me laisse sur une bénédiction au nom de leur déesse Sithi, que je ne connais toujours pas. Je doute qu'elle puisse me protéger, du coup. Je me dirige rapidement vers la sortie, prête à suivre les indications de Liane avant de les oublier.

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Tanaëth Ithil
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Tanaëth Ithil » ven. 20 sept. 2019 19:08

J'occupe la fin de la journée à préparer mes affaires pour le long voyage qui m'attend ainsi qu'à discuter avec Llyann de divers points relatifs à l'Ordre. Il importe en particulier que nous adoptions une position claire dans les événements qui frappent le Naora à l'heure actuelle et, surtout que nous nous prémunissions d'une confrontation ouverte avec le Clergé. Pour l'instant du moins, car plus le temps passe plus se rapproche le moment où nous serons contraints de lui faire face. Mais, prenant en cela exemple sur les lointaines actions de mon ancêtre Ethernëm Ithil, nous voulons à tout prix éviter une guerre civile, bien que le traitement réservé aux démunis, bien plus nombreux depuis la prise de nos colonies par Oaxaca, accroisse massivement le risque que le situation nous échappe. Nous décidons également de certaines mesures destinées à soutenir nos membres et les aventuriers engagés par mon épouse pour aider à résoudre la crise actuelle : la mise à disposition gratuite de nos navires, qui croiseront plus fréquemment dans la région afin d'être plus disponibles, une réduction substantielle pour les aventuriers des prix de nos cours d'arts martiaux et de magie ainsi que, si nécessaire, une aide matérielle.

Une fois toutes les dispositions prises, nous nous étreignons fraternellement, sachant que nous ne nous reverrons pas avant de longs mois, puis je rejoins Sylënn, qui vient de rentrer, dans nos appartements. Quelle n'est pas ma surprise de la voir m'accueillir avec un sourire, las, certes, mais un sourire! Plus effarant encore, elle s'avance à ma rencontre pour m'enlacer en m'embrasser avant de poser la tête sur mon épaule en murmurant :

"Je suis heureuse que tu sois de retour."

Par Sithi, où est passé le glaçon des premiers temps?! Ne sachant trop quoi dire, d'autant plus que je n'ai pas exactement la conscience très tranquille, rapport à la relation que j'ai eue avec l'Eruïonne Sëraya dans le désert, je préfère garder le silence et me contenter de caresser tendrement sa longue chevelure de jais. Au bout de quelques minutes de cette situation surréaliste, je finis par m'écarter un peu d'elle pour accrocher son regard :

"J'ai appris ce que tu as fait... j'admire ton courage et je suis plus heureux de ta décision que les mots ne sauraient l'exprimer, mais... pourquoi?"

"J'ai beaucoup réfléchi, après ton départ. Et parlé avec Llyann ainsi qu'avec les membres de ta garde. Je...je crois que tu avais raison, nous ne pouvons pas combattre l'Empire d'Oaxaca seuls. Et puis, il y a ce que tu m'as raconté à propos de Sithi. Le fait qu'elle soit vivante change... tout. Maëren'tar Niaëve, l'Ithil Taerym, ne peut l'ignorer, il s'est rendu sur Nyr'tel Ermansi. S'il a pu nous mentir sur cela, sur quelque chose d'aussi essentiel pour notre peuple, comment pourrait-on encore lui faire confiance pour le reste?"

"Je vois..." lui réponds-je songeusement. Si seulement je pouvais prouver ce que j'avance, l'existence réelle de Sithi, au peuple, le clergé serait balayé comme fétu de paille. Mais je ne peux pas. "Et maintenant, que comptes-tu faire" , lui demandé-je encore?

"Éviter une nouvelle guerre, si je le peux. Ou préparer notre peuple à y survivre au mieux, s'il n'est en mon pouvoir de l'éviter. Et toi?"

"Je dois me rendre sur Nirtim, le Duc de Luminion a requis ma présence. Ce qui signifie que quelques chose de grave se prépare là-bas. Llyann pense que je dois épauler les peuples de ce continent dans leur lutte contre Oaxaca."

"Elle m'en a parlé, déjà. Je partage son avis sur la nécessité de nous allier à d'autres peuples pour contrer l'ambition dévorante de cette Déesse, mais est-il nécessaire que ce soit toi qui t'en charges?"

"Là est toute la question. Je n'ai aucune légitimité par rapport à notre royaume, je ne représente que moi, mon Ordre et Sithi. Mais ce dernier point, comme tu le sais, je ne puis le prouver. Alors je ne sais pas..."

"Acquiers-là, cette légitimité?"

"Comment? En allant voir les Régents et en leur demandant de conférer le pouvoir de représenter le royaume de Sarindel à un illustre inconnu? Ils me riraient au nez."

"Ce n'est pas certain. Tu es connu ici, maintenant, comme je le suis. Et puis, tu as ceci..." dit-elle en tapotant du doigt l'étrange broche en forme de sablier que je porte accrochée au revers de ma cape. "Tu es aussi instructeur de la milice de Tahelta, ce qui n'est pas négligeable. Je pense que tu devrais tenter d'obtenir qu'ils cautionnent ton implication sur Nirtim. Peut-être que cela ne fonctionnera pas, mais qui ne tente rien n'a rien."

Je soupire doucement à cette idée, peu confiant en mes capacités diplomatiques et moins encore quant à la volonté que pourraient avoir les Régents, qui de mon point de vue ne sont que des marionnettes dont l'Ithil Taerym tire les fils à sa guise. Ne serait-il pas plus pertinent d'acquérir d'abord une vaste influence sur Nirtim puis, fort de cela, de revenir au Naora afin de convaincre nos dirigeants d'agir? Mais dans les deux cas, s'ils ne se soucient pas de cette lointaine guerre, ce sera un échec. Bien sûr Oaxaca a conquis plusieurs de nos colonies et attaqué notre capitale, mais cela les incitera-t-il à s'impliquer ou, au contraire, joueront-ils une fallacieuse prudence en refermant le royaume sur lui-même? Il n'y a sans doute qu'une manière de répondre à cette question, mais la seule idée de me rendre au palais de Tahelta me noue le ventre d'inquiétude. Pour autant, dois-je laisser mes craintes dicter ma conduite, ne serait-ce pas me montrer indigne du courage dont mon épouse vient de faire preuve?

"Je vais y réfléchir", finis-je par lâcher d'un ton prudent et incertain.

Sylënn choisit heureusement de ne pas insister, si bien que nous profitons ensuite des quelques heures qui nous sont accordées, simplement, comme les époux que nous sommes désormais. A l'aube, après de brefs mais tendres adieux, je me mets en route pour la zone d'embarcation, accompagné de mes sept chaperons et de Sinwaë qui, sentant que nous repartons à l'aventure, ne tient pas en place.

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Aeglos
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Aeglos » ven. 20 sept. 2019 21:55

Empruntant les rues pavées de Nessima en compagnie d'Yliria, Astérie et Sibelle, il ne pouvait s'empêcher de regarder les alentours, la cité militaire était assez différente de la capitale dans la composition de son architecture et les habitants qui y résidaient. Tout était militaire, très…droit, les bâtiments étaient aussi massifs que ceux de la capitale tout du moins dans le quartier riche de Tahelta. Aeglos ne put s'empêcher de faire la comparaison avec les riches masures des sindeldi d'Izurith, et il en conclut que le royaume de Sarindel surpassait largement Izurith. Il fallait dire qu'il n'avait sans doute pas été au bon endroit et au bon moment pour visiter Izurith et à présent il était trop tard pour cela. Un flot de souvenirs traversa son esprit. Le prêtre de la Dame de Glace se revoyait assis sur ce fauteuil moelleux en train d'écouter patiemment les paroles du chef des Patriarches, ce groupuscule intégrant les mâles des deux espèces elfes de ce monde en ruine. L'échec sur Izurith avait été lourd de conséquence et riche d'enseignements tout à la fois. Lui qui était si prompt à l'établissement d'une paix durable, avait tenté d'attiser les feux de la haine entre les shaakts et les sindeldi, unique moyen selon lui de réconcilier hommes et femmes. Ses tentatives s'étaient avérées infructueuses et la mort de son peuple sur Izurith pesait sur ses épaules. Il soupira légèrement derrière les trois femmes qui l'accompagnaient, se rendant compte que cela ne servait à rien de ressasser le passé et qu'il s'était évertué à faire son possible pour aider un peuple corrompu par la présence des shaakts, il finit par profiter du court voyage jusqu'à ce qu'il semblerait être une commanderie.


Alors qu'ils approchaient de l'entrée gardée par deux factionnaires solidement harnachés et correctement armés, Aeglos ne put s'empêcher de se faire la réflexion que son peuple avait toujours le goût de la démesure en ce qui concernait l'architecture. Sans doute n'était-ce pas le seul domaine où les sindeldi exerçaient leur goût prononcé pour la démesure. Imitant Sibelle lorsqu'il s'approcha des gardes de la commanderie d'Opale, exhibant son pendentif où trônait en son sein un quart de lune, il prononça les mots devenus rituels.

- C'est par ma seule volonté que mes armes se meuvent.

Les gardes le laissèrent pénétrer à leur suite et c'est à l'entrée qu'il aperçut Llyann les accueillir avec le sourire, sans doute ravie de revoir les membres de l'Opale. Leur dernière rencontre avait été mouvementée, une sindel était morte ainsi que deux Ithilausters. Le dernier prêtre de la Lune avait été laissé inconscient dans la clairière. Aeglos avait toujours considéré ce dernier comme un frère. Ils avaient partagé tant de choses, leurs peines comme leurs joies et ils avaient tous les deux suivis assidûment les cours de leur Maître, toutefois la jalousie du désormais Ithilauster avait corrompu la meilleure partie de son être. Il n'était plus que colère et peur. Aeglos espérait que l'eau allait couler sous les ponts avec le temps.


Attendant qu'elle soit de nouveau libre, étant apparemment accaparée par plusieurs personnes, il finit par la croiser de nouveau au détour d'un couloir et la salua.

- Bonjour Llyann, je suis ravi de vous revoir en de meilleures circonstances que lors de notre première rencontre.

Hésitant quant à la marche à suivre, lui qui n'avait jamais fait parti d'un ordre militaire, il continua néanmoins sur sa lancée:

- Le dirigeant de Clair de Lune a été mis au courant de ma mission comme vous me l'aviez demandé. Je dois dire que la mission a été un échec, Izurith a été détruit par le conflit entre les humains, les shaakts d'une part et les sindeldi d'autre part. La division de ces peuples a causé leur pertes. Espérons qu'il n'en aille jamais au sein du royaume de Sarindel, même si divisions il y a je le crains. Un autre shaakt m'a accompagné sur ce monde à présent en ruine, il nous aide aussi apparemment.

Aeglos ne savait toujours pas ce qu'il fallait penser d'Arkalan. Il avait été une sacrée épine dans le pied à Izurith, mais il semblait plein de bonne volonté d'arranger les choses. Légèrement nerveux par la suite, son regard fuyant légèrement celui de Llyann, il finit par avouer en posant rapidement son regard sur sa personne :

- Il y a autre chose... Lorsque la divinité d'Izurith nous a sauvé du cataclypsme qui allait s'abattre sur ce monde, elle nous a renvoyé sur Yuimen avec une mission particulière et une chose plutôt encombrante et je... Disons que je dois protéger un oeuf géant qui contient une créature à l'apparence reptilienne bien vivante.

Il se râcla la gorge.

- Et... Je ne voulais pas qu'Oaxaca ou l'un de ses sbires s'en empare alors je l'ai laissé à Clair de Lune en attendant de savoir quoi en faire. Peut-être que vous devriez avertir l'Ordre à ce sujet et nous pourrons en discuter une fois que le royaume de Sarindel sera plus calme ?

Il attendit sa réponse avec une légère appréhension.

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Yliria
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » ven. 20 sept. 2019 23:00

Intervention de Guilde pour Aeglos


Visiblement en pleine réflexion, la Sindel relève soudainement la tête lorsqu’ Aeglos l’interpelle. Elle fronce les sourcils un court instant avant de prendre un air plus amical, quoique tout en retenu.

- Aeglos… Sentiment partagé, soyez-en assuré. Je ne m’attendais guère à votre venue, je dois bien l’avouer, après ce qu’il s’est passé…

Elle écoute attentivement l’histoire du mage, un air grave s’inscrivant peu à peu sur ses traits au fil des explications. La nouvelle de la destruction d’un monde entier et de la population qui y résidait semble ébranler la Sindel et la présence d’un Shaakt, ici à Nessima, ne l’affecte en rien, comparé à la nouvelle concernant Izurith.

- Je vois… Les fous… C’est précisément ce que l’Opale cherche à tout prix à éviter, que Yuimen subisse un sort semblable à cause des dissensions au sein et entre les peuples. Je suis à la fois triste et écœurée de ce dénouement et cela prouve que nous avons raison… Merci Aeglos, bien que la situation soit catastrophique, je ne doute pas que vous ayez fait de votre mieux pour empêcher tout cela.

Elle hausse un sourcil lorsqu’il évoque la mission qui lui a été confié ; la protection d’un œuf géant renfermant une créature reptilienne. Œuf qu’il avait apparemment laissé à Clair de Lune, sous la surveillance de l’Ordre.

- Un œuf géant ? C’est inattendu. Fort bien, je vais au plus vite contacter les responsables sur place et leur expliquer la situation. Ils cacheront et veilleront sur l’œuf en attendant que nous sachions de quoi il en retourne et que nous prenions une décision plus durable.

Elle semble réfléchir un instant avant de reporter son attention sur son interlocuteur.

- Je vous remercie pour ces informations. Puisque vous comptez visiblement assister le royaume et l’empêcher de sombrer, l’Ordre vous aidera dans cette tâche, nous vous fournirons équipements et vivres, dites-moi ce qu’il vous faut et je vous les ferai parvenir

Elle s’interrompt quelques secondes, laissant le temps à Aeglos de formuler ses demandes, avant de poursuivre

- Je suis tout de même heureuse de voir que les Danseurs s’activent partout en Yuimen, se rassemblent pour faire front commun. Gardez cependant votre pendentif caché hors de ces murs, qui sait ce que le clergé pourrait faire en le voyant. N’hésitez pas à vous installer quelle que soit la durée de votre séjour ici, ni à vous présenter à Sathiel, notre arcaniste. Elle sera ravie de discuter magie avec un confrère, la pauvre n’a pu entraîner qu’Yliria depuis son arrivée ici, les arcanes ne font visiblement pas fureur parmi nos recrues.

Son visage laisse entrevoir un léger sourire.

- Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à me le faire savoir. Que Sithi vous guide, Aeglos.

Elle attend les éventuelles questions et, si aucune ne se présente, salue Aeglos avant de reprendre son chemin, se dirigeant vers la salle d'entraînement la plus proche.

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Asterie
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Asterie » sam. 21 sept. 2019 11:55

Aimable, la vendeuse me confie le lot de potions et les gourdes, déclarant même généreusement m’offrir les bandages que je demande. Finalement, ils ne sont peut-être pas tous aussi rigides qu’ils me l’ont laissé penser au départ, ces gris. Remerciant la vendeuse, j’emporte le tout sans tarder après m’être acquittée du coût, considérable, de tout ça.

Le retour vers la Commanderie de l’Opale est rapide, et la soirée approchant, je préfère me rendre dans la chambre qui m’a été attribuée pour m’assurer d’un repos long et confortable pour les épreuves du lendemain. Me débarrassant de mes effets, je me love dans les couvertures soyeuses et fastueuses, qui ne sont pas sans me rappeler le luxe d’Exech, bien loin de mes nuits forestières sur Nirtim. Et pourtant je regrette ces dernières, même si je parviens à profiter du confort offert : une nuit un peu trop fraîche, à la belle étoile, le vent dans les feuillages assombris par les reflets de la lune… Existe-t-il seulement meilleur moment ? Ces instants qui nous font sentir vivants…

Daelyrn se couche contre moi, en boule, et je laisse la soirée s’abandonner à la nuit et au sommeil. Le lendemain, c’est gaillarde que je me réveille. Je prends le temps de me débarbouiller, de déjeuner avec les fruits et petits pains de la veille, avant qu’un elfe ne vienne frapper à ma porte pour m’apporter un paquetage des ressources précieuses commandées par Yliria et moi-même la veille. Je le remercie amplement, avant de l’arrimer à mon être, prête pour le voyage, parée pour l’aventure.

Je rejoins le hall d’entrée sans plus tarder, où je croise Llyann et Yliria en pleine conversation. Je les salue, souriante et motivée, et elles me rendent mon salut. La première, à ma grande surprise, me tend une bourse contenant un remboursement partiel, fort généreux, de mes frais de la veille. Surprise, je joins mes mains pour la remercier :

« Un tout grand merci pour votre accueil. Soyez assurée qu’Yliria sera en bonne compagnie pour cette aventure. »

Puis, maladroitement, singeant la formule de politesse employée la veille, je conclus :

« Puisse Sithi veiller sur vous. »

Je me sens un peu maladroite dans la formulation, un peu bête peut-être de nommer cette entité que je connais si peu. Mais l’intention est tout de même présente dans mon propos. Je salue la maîtresse d’armes de la tête avant de me tourner sur la semi-elfe, qui me salue et s’excuse de son empressement de la veille. Je pose une main sur son épaule.

« Aucun souci pour moi. J’ai l’impression d’avoir été éveillée d’un sommeil où je m’enfonçais beaucoup trop ces derniers mois. Je suis prête pour l’aventure !! »

Un élan dans ma voix, une vitalité retrouvée, une motivation opportune dont je compte bien me servir dans nos périples futurs. C’est parti pour le désert, affronter une nouvelle fois les mystères du Naora. Accompagnée de la semi-elfe et de Daelyrn, je me mets en route vers le port de Nessima, où nous attend apparemment notre moyen de transport vers notre destination.

C’est parti !

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Yliria
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » sam. 21 sept. 2019 12:45

<< Auparavant


A notre arrivée, Eshrin et l’autre Sindel aux cheveux longs détachés, que Nyllyn m’indiqua comme étant Asuran 'tar Thinel, le père de la commandante, nous saluèrent aimablement, contrairement au troisième qui ne cacha pas son mépris, s’abstenant malgré tout du moindre commentaire. Ce fut presque avec regret qu’il alla chercher une armure tandis qu’Eshrin m’expliquait l’intérêt et al difficulté de travailler les runes pour les incruster. Captivée, je l’écoutai avec attention et ne rechignai pas à verser le double du prix normal pour assurer que les effets des phrases runiques soient véritablement à mon avantage. Tandis que j’essayai l’armure ramené par le Sindel grincheux, Eshrin parti dans l’arrière-boutique. L’armure m’allait comme un gant et suivait parfaitement mes mouvements, aussi remerciai-je le Sindel qui me l’avait apporté. Durant l’heure qui suivit, en attendant de récupérer mes équipements, je racontai le voyage mouvementé à Nyllyn qui semblait complètement ébahis par certains passages, notamment celui avec Klakhyss ou l’attaque dans le désert. Je n’osais pas lui dire que c’étaient des Sindeldi qui étaient à l’origine de l’attaque, je n’avais pas envie que l’un des Sindeldi présents n’entendent. Lorsqu’Eshrin revint finalement avec mes affaires, elle semblait légèrement plus pâle et fatiguée, mais néanmoins souriante. Elle me rendit mes équipements, assurant que les armes de jet me toucheraient plus difficile tandis que la lame trouverait plus souvent sa cible. Je n’avais aucune idée de comment cela était possible, mais je n’allais pas remettre en doute son expertise. En étudiant rapidement mon bouclier, je vis que les symboles runiques y étaient gravés, formant une phrase qui suivait la courbure du bouclier. Ajouter d’autres runes allongerait probablement la phrase donc. Sur ma rapière, les runes étaient sur le pommeau, luisant à la lumière. Je remerciai chaleureusement Eshrin et sortit ma bourse pour payer tout cela, saluant le trio avant de sortir avec Nyllyn qui en avait profité pour renouveler ses lames et affichait un air satisfait qui me fit hausser un sourcil.

- Tu sembles bien contente.

- Oh que oui ! Comme tu es rentrée, on va maintenant voir si on est toujours du même niveau.

Cela me fit sourire.

- Tu exagères, je repars demain !

- Raison de plus, tu dois t’habituer à ta nouvelle arme ! Et après on ira se reposer jusqu’à demain, prendre un bain... D’ailleurs tes cheveux sont dans un état… tu devrais les couper.

- Jamais ! Pas touche !

- Ne fais pas l’enfant !

Je lui tirai la langue en remettant mon masque pour faire bonne mesure, m’attirant un regard à la fois courroucé et rieur. Le retour à la commanderie se fit dans la bonne humeur, ignorant les regards des Sindeldi qui s’attardaient sur nous. Une fois rentrée, Nyllyn me conduisit aussitôt à la salle d’entraînement où d’autres s’entraînaient déjà, jetant quelques coups d’œil curieux lorsqu’elle dégaina ses deux lames courbes. Je haussai un sourcil, me rappelant très bien comment notre dernier affrontement avait fini, mais elle se mit en position avec un large sourire. Je roulai des yeux pour faire bonne mesure mais tirai mon arme avant de glisser mon bras derrière mon bouclier, me mettant en garde. Nyllyn allait me sauter dessus lorsque Llyann arriva, interrompant immédiatement le duel d’un air sévère.

- Pas de ça vous deux, la dernière fois aurait pu très mal finir, alors c’est armes d’entraînements ou rien. Yliria, je peux te parler quelques instants ?

Je la suivis docilement en lançant un sourire d’excuse à une Nyllyn visiblement déçue. Llyann ne me fit même pas sortir de la salle, se contentant de nous ménager un coin avant de s’appuyer au mur.

- J’ai discuté avec l’humaine… Astérie et lui ai offert notre aide.

- Ah, euh… très bien…

- Elle m’a appris que tu confiais ta vie à l’Opale… ou que tu lui as affirmé le faire.

- Oui, j’ai pu lui dire ça en effet, qu’est-ce que…

- Nous ne formons pas de fanatiques, Yliria. Nous laissons ça au clergé, aux Shaakts et aux sbires d’Oaxaca.

- Non je… ce n’est pas ce que je voulais dire quand j’ai dit ça.

- Vraiment ?

- Je… c’est simplement que l’Ordre m’a donné un but, une famille et des endroits où je sais que je serais bien accueillie, où je ne serais pas jugée alors… j’ai simplement décidé de tout faire pour servir sa cause, c’est tout. Ce n’est pas une question de fanatisme, c’est juste que je veux protéger ceux qui m’ont donné cette chance, prouvez qu’ils ont eu raison de me la donner et que ça ne les freinera pas à en accepter d’autres.

Elle m’observa quelques instants, le visage neutre, avant de sourire avec une tendresse nouvelle, sa main caressant le haut de ma tête.

- Je comprends mieux pourquoi Nyllyn et Tanaëth sont attachés à toi. Fais attention dans le désert, jeune Danseuse.

- Je ferai de mon mieux !

- Je n’en doute pas. Oh, j’ai failli oublier.

Elle me tendit un parchemin scellé que je pris délicatement.

- La lettre pour le capitaine du Danse-Lame écrite par Tanaëth. Donne la lui et tu pourras aller où bon te semble.

J’acquiesçai sans mot dire, hochant simplement la tête, ce qui sembla la satisfaire Llyann qui, après un dernier sourire, me laissa retourner auprès de Nyllyn tout en nous surveillant du coin de l’œil tandis que nous reprenions notre petit entraînement, utilisant enfin des armes d’entrainement. Je gardai néanmoins mon bouclier, ceux présents étant bien trop lourds et larges pour moi. La rapière d’entrainement était bien moins équilibrée que celle que je possédais mais je m’en contentai. Nyllyn se jeta presque sur moi, ses lames se fracassant sur mon bouclier, l’une d’elle volant en éclat au premier coup, surprenant tout le monde. Nyllyn, abasourdie, regarda la lame brisée et fut prise d’un fou rire avant de se tourner vers Llyann, lui faisant remarquer que le matériel n’était visiblement pas adapté. Soupirant, la Sindel nous laisse utiliser nos armes, pour le plus grand bonheur de Nyllyn qui se remet aussitôt en garde avant de se ruer sur moi. L’échange était équilibré pendant plusieurs minutes, mais Llyann nous arrêta rapidement lorsque ma rapière manqua de toucher Nyllyn au flanc. Elle nous ordonna d’aller nous reposer, me fixant comme pour me dire qu’elle me parlait tout particulièrement et j’obtempérai sans discuter.

Le reste de la soirée passa rapidement, Nyllyn décidant de profiter des dernières heures pour m’aider à me préparer pour le voyage. Elle me donna des nouveaux vêtements, plus adaptés et neufs, s’occupa de mes cheveux et me rejoignis lorsque j’allais me coucher, me serrant dans ses bras. Je la rassurai du mieux que je pus et elle hocha la tête, collant son visage contre mon cou. Deux fois que je la laissais derrière moi à Nessima, j’espérai sincèrement ne pas en faire une habitude…

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Sibelle
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Sibelle » sam. 21 sept. 2019 14:31

Sibelle n’avait fait que quelques pas dans le corridor que le serviteur la rejoint tenant dans ses mains une paire de jambières couleur bronze. Sibelle s’arrêta net, accordant beaucoup plus d’attention à la pièce d’équipement de haute qualité qu’au séduisant elfe gris qui les tenait.

Sibelle prit la première jambière que lui tendit le jeune homme, l’examina et sans attendre, elle l’essaya et l’ajusta à sa taille. Elle tendit la main et le serviteur lui rendit la seconde qu’elle fixa à son tour. Sourire aux lèvres, elle se releva et demanda au serviteur de remercier une fois de plus son maître pour un tel cadeau. Le serviteur acquiesça et partit sans tarder.

Sibelle poursuivit son chemin dans les couloirs ayant pris la décision de rejoindre sans tarder Arkalan devant la garnison, même si elle avait été tentée d’aller s’entrainer.

Elle venait tout juste d’atteindre le vestibule lorsqu’elle y vit Arkalan. L’elfe noir dont le visage était à moitié camouflé par sa capuche semblait surpris de la rencontrer. L’hinionne, surprise également, se dirigea droit vers lui et lui demanda:

« Êtes-vous, vous aussi membre de l'ordre des Opales ? »

Tout en plissant les yeux, il répondit par la négative.

Elle ne s’attarda donc pas sur la question, ni sur la raison qui l’amenait dans ce lieu précis.

« Êtes-vous prêts à partir ? J'aimerais bien me rendre à Caraën et rencontrer le commandant de la garnison. » Dit-elle simplement.

Après avoir hésité un court instant, il répondit que plus tôt, ils partiraient, que mieux ce serait.

Pressée d’enquêter, elle rétorqua :

« Je suis d'accord. »

Elle sortit la carte de son sac, hésita un peu, puis reprit.

« Sortons par les jardins, j'ai quelque chose à vous montrer avant notre départ. »

Connaissant Sibelle depuis peu, et probablement de nature méfiante, Arkalan lui jeta d’abord un regard soupçonneux, puis se présenta en précisant qu’elle ne devrait pas crier son nom à qui voulait l’entendre. Il ne souhaitait pas que les prêtresses shaakt déjà à sa recherche n’aie vent de sa présence sur Naora, rajouta-t-il tout en suivant la guerrière dans les corridors.

« Je n'ai pas l'intention de crier votre nom. Je m'appelle Sibelle et personne ne me poursuit. Faisons vite pendant qu'il fait jour, je n'ai pas une bonne vision de nuit. »

Dit-elle tout en changeant de corridors, le dernier emprunté menait à un cul-de-sac. Elle héla donc un serviteur qui sortait d’une pièce et lui demanda comment se rendre aux jardins. Ce dernier lui indiqua aimablement le chemin. Elle suivit les consignes à la lettre, puis franchit une porte extérieure. Le shaakt suivit Sibelle à l’extérieur commentant seulement sur sa chance de ne pas être poursuivi. Sibelle se demanda s’il n’était pas un peu paranoïaque, mais n’en laissa rien paraitre.

Une fois dans le jardin, elle déroula sa carte et attendit qu’Arkalan soit à sa hauteur pour lui montrer un lieu. Il s’approcha, regarda, mais ne pipa mot.

« Voici le village de Caraën... on va s'y rendre par la voie des airs. »

Elle attendit sa réaction qui se résuma à un haussement de sourcils.

La guerrière ne savait pas comment lui annoncer sa métamorphose sans l'apeurer. Elle choisit donc d'y aller progressivement.

« Nous allons voyager à l'aide d'un volatile… d'un gros volatile... »

Exprimant une certaine impatience, il lui demanda d’aller droit au but. Légèrement surprise, les sourcils froncés, elle le dévisagea un instant. Sa capuche cachant une partie de sa figure, elle put tout de même discerner un visage entièrement ravagé par le feu. Elle reporta son attention sur les yeux intacts violets et poursuivit.

« Avez-vous déjà vu un hippogriffe ? Car c'est sur son dos que vous allez voyager pour vous rendre à Caraën. »

Puisqu’il ne fit aucun commentaire, ni au sujet de l’hippogriffe, ni sur le fait qu’elle employa le vous et non le nous en ce qui concernait le fait de voyager sur le dos de l’hippogriffe, elle enchaîna tout en rangeant la carte dans son sac et en reculant de deux pas.

« Et l'hippogriffe en question, c'est moi… une fois sous cette forme, je ne pourrai pas vous parler, mais je comprendrai ce que vous me direz… Un cri court sera un oui, et deux cris consécutifs un non. »

Elle ne lui laissa pas le temps de digérer la nouvelle qu'elle se transforma sous ses yeux. Son corps finement musclé, se transformant un corps plus imposant, ses bras devinrent de magnifiques et amples ailes. Sa tête garda sa fière posture et ses yeux noisette faisant place à des yeux céruléens encore plus intimidants.

Sibelle vit Arkalan reculer de surprise et plisser des yeux. Il demeura silencieux, le temps probablement de digérer et surtout bien comprendre ce qui venait de se passer devant ses yeux. Il rompit enfin le silence en demandant de confirmer qu’il pouvait réellement se servir d’elle comme monture.

Sibelle ne pouvant plus parler sous sa forme d’hippogriffe, utilisa le code qu’elle venait d’établir avec lui une minute plus tôt et poussa un petit cri court avant de plier ses pattes antérieures pour lui faciliter la montée.

Son nouveau compagnon, hésitant, monta un peu maladroitement sur le dos de la Fierté d’Azur et prit quelques minutes à choisir une position confortable. Étant assis juste derrière les ailes, légèrement penché à l’avant, il s’accrocha aux plumes du bas du cou de la guerrière transformée et indiqua qu’il était prêt.

Sibelle se redressa fièrement. Jeta un coup d’œil afin de bien s’orienter. Elle fléchit ensuite ses pattes pour se donner un élan, ouvrit ses ailes puis s’élança dans les airs. Elle sentit Arkalan un peu tendu les premières minutes de vol.

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Arkalan
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Arkalan » sam. 21 sept. 2019 15:08

<<<


Le quartier noble porte bien son nom, des grandes maisons à plusieurs étages qui semblent pouvoir encaisser des tempêtes, des rues propres, peu fréquentés. Peu de patrouille, seul l’entrée du quartier parait surveillé mis à part les gardes privés se tenant devant les plus grandes villas. Je croise quelques regards écœurés auxquels je ne prête pas plus d’attention et me dirige à l’aide des indications des gardes vers un immense château bâtie sur un rocher. Je ne distingue que sa façade austère à laquelle je peux accéder par un escalier taillé dans la roche. En approchant de la porte les deux gardes me font signe de m’arrêter.

« Mon nom est Arkalan. Je suis en mission pour Sylënn’tar Ithil avec une jeune semi-Shaakt nommé Yliria. Je suis invité par Tanaëth à venir ici si j’ai besoin d’aide. »

Les deux gardes s’observent avant d’incliner la tête et s’écartent pour me laisser passer. C’est tellement facile que cela me parait méfiant mais Tanaëth avait dit qu’il ferait le nécessaire et s'il m’a décrit ça laisse peu de place pour eux au doute. Un Shaakt hideux avec un arc ça ne court probablement pas les rues de la ville. Je rentre donc dans l’immense bâtiment après avoir remercié ceux qui le garde. Dans le hall de l’entrée je suis étonné de croiser la guerrière Hinionne. Un heureux événement en quelque sorte. En me voyant elle se dirige droit vers moi et me demande si je fais partie de l’Ordre des Opales.

Je plisse les yeux ne m’attendant pas à ce qu’elle soit si direct. Je me contente de lui répondre que non et elle enchaîne alors en m’expliquant qu’elle souhaite se rendre à Caraën pour rencontrer le commandant de la garnison et demande si je suis prêt à partir. Je visualise dans mon esprit la position de la ville sur la carte. Je souhaitais attendre la nuit pour pouvoir éviter la patrouille qui semblait vouloir s’en prendre à moi mais accompagné d’une elfe blanche qui, en plus, est taillée pour la guerre comme elle, je devrais être tranquille.

« Oui. Je pense que plus tôt nous partirons mieux ce sera. »

Elle me dit qu’elle est d’accord et sort sa carte avant de m’inviter à la suivre dans les jardins pour mon montrer quelque chose. Je lui jette un regard méfiant, la dernière fois qu’une femelle a voulue me montrer quelque chose elle m’a ensuite demandé de l’épouser et de lui faire un enfant. Evidemment je doute que ce soit ça que cette elfe veut me proposer mais tout de même, je reste prudent. Je décide tout de même de me présenter. Si nous devons voyager ensemble il sera plus pratique de savoir comment nous appeler.

« Je m’appelle Arkalan. Je vous demanderais de ne pas crier mon nom n’importe où. Si notre mission est déjà dangereuse de base j’aimerais ne pas y ajouter des prêtresses Shaakt qui sont à ma recherche. »

Dis-je en la suivant dans le couloir. Elle répond qu’elle n’a pas l’intention de crier mon nom et qu’elle s’appelle Sibelle et précise que personne ne la poursuit.

« Vous avez de la chance. »

J’ignore si elle se moque de moi ou si elle souhaitait montrer que ça ne lui faisait pas peur. En tout cas elle me pousse à presser le pas en précisant qu’elle voyait mal la nuit. Elle demande son chemin à un serviteur et nous prenons la direction du jardin intérieur. Un grand espace vert parsemé de fontaines. Autour, creusé dans la roche, se trouvent des annexes variées que je ne prends pas le temps de détailler. Mon attention se tourne vers Sibelle qui montre sur la carte la ville qu’elle souhaite atteindre par la voie des airs. Je reste silencieux, pas certain de comprendre. Comptait-elle emprunter un engin volant aux Sindeldi ?

Elle reprend la parole en précisant que nous allons voyager à l’aide d’un gros volatile. Je perçois bien qu’elle est hésitante et cherche ses mots.

« Allez à l’essentiel s’il vous plait. »

Je cache mes signes d’impatience mais j’avais l’impression de perdre du temps et cela m’agaçait. Elle me demande si j’ai déjà vu un hippogriffe car c’est sur le dos d’une de ces créatures que j’allais voyager. Je garde le silence plutôt que de lui répondre que non. Je me mords l’intérieur de la joue pour retenir un soupir d’agacement tandis qu’elle range la carte dans son sac avant de reculer et d’avouer que l’hippogriffe c’est elle et qu’elle va changer de forme. Elle précise qu’elle ne pourra pas parler sous cette forme et me donne alors un code simple à retenir pour communiquer entre nous. Un cri pour un oui, deux pour un non.

Je m’apprête à tourner les talons pour laisser cette dingue à ses délires en regrettant d’avoir perdu mon temps mais elle ne m’en laisse pas le temps. Sous mon regard médusé elle se transforme en créature mi aigle mi cheval. Je recule, me pensant en danger. Je retrouve la raison avant de m’emparer de mon arc, je me contente de plisser les yeux et reste silencieux en réfléchissant à l’avantage de prendre un tel moyen de transport tout en prenant en compte les risques de faire une chute mortelle. Pour être certain de bien comprendre je demande.

« Vous comptez voyager en volant avec moi sur votre dos ? »

Elle pousse un cri, un oui. Elle plie ensuite ses pattes avant pour me faciliter la montée. Hésitant, je monte sur la créature, peu habitué à grimper sur une créature possédant des ailes. Je gesticule ensuite les membres inférieurs en cherchant la meilleure position à adopter et où m’accrocher. Je parviens finalement à me caler correctement derrière ses ailes et m’accroche au plumage de sa nuque. Peu rassuré je déclare finalement.

« D’accord... Je suis prêt... Je crois. »

Elle se dresse fièrement avant de s’élancer dans les airs. Je m’agrippe de toute mes forces et me penche en avant pour ne pas être renverser par l’impulsion. Ça y est, nous sommes partis.

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Aeglos
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Aeglos » dim. 22 sept. 2019 16:19

Llyann semblait profondément concernée par la nouvelle de la destruction d'Izurith, ce qui était fort étrange pour une sindel qui n'y était jamais allée, mais le prêtre de la Dame de Glace ne fit aucun commentaire lorsqu'elle lui avoua que c'était justement ce que l'Ordre désirait éviter et elle était certaine qu'il avait tout tenté pour sauver les sindeldi d'Izurith. La mine d'Aeglos était grave, ce n'était pas un souvenir des plus agréables à garder à l'esprit que de voir tous ces visages à la fois apeurés qui attendaient leur mort prochaine. Arkalan avait peut-être eu raison en coopérant avec les Kerrela et en proposant de commencer une lutte acharnée contre les sindeldi mâles et femelles qui ne se soumettaient pas à leur stupide clan, mais Aeglos n'avait pu se résoudre à laisser des shaakts décider de la survie de son peuple. De ce qu'il avait compris, les sindeldi d'Izurith avaient été bannis bien avant la destruction de leur planète originelle, Eden, ce qui laissait penser qu'ils étaient sans doute décadents. L'idée de s'allier avec des shaakts le prouvait peut-être.

Non, Aeglos avait beau se triturer les méninges, il ne sut ce qu'il aurait pu faire de plus, lui qui avait essayé de créer la paix entre les sindeldi des deux sexes. Il avait manqué de temps pour mieux connaître les Patriarches et il était alors dépourvu de toute crédibilité à l'égard des parties en présence. Les femelles sindeldi avaient débuté cette guerre en soumettant les humains et l'avaient terminé en lançant leur arme de destruction massive. La réplique des humains était alors prévisible et attendue. Que faire alors lorsque même la peur de mourir ne suffisait plus pour éviter la guerre ? Il n'avait pas la réponse à cette question. L'Ordre ou tout du moins Llyann semblait convaincue qu'il fallait s'ouvrir au monde et éviter tout fanatisme. Aeglos partageait cet espoir également, toutefois il n'était pas aveuglé par cette idéologie. Llyann restait jeune et impulsive, Aeglos avait dû lui demander d'épargner le dernier Ithilauster sinon elle l'aurait tué comme les autres. Ce dernier avait été son "frère" et les Ithilausters restaient de surcroît des membres de leur peuple. La lumière et l'ombre, voilà ce qu'était leur peuple et Aeglos cherchait désespéremment à pousser son peuple vers la lumière bienfaitrice de Gaïa.

Llyann lui demanda ce qu'il désirait pour être récompensée de sa dernière mission et Aeglos ne put s'empêcher d'être étonné par une telle reconnaissance. Il allait refuser lorsqu'il songea que de tels cadeaux pourraient être utiles pour leur mission au sein du royaume de Sarindel.

- Quelques rations de nourriture et une gourde d'eau, ainsi qu'un diadème et un nouveau bâton de mage seraient des plus appréciés. Je pars bientôt pour Tahelta voir un ami ou tout du moins une connaissance des Ithil à ce qu'il paraîtrait, mais sinon j'attendrai ces présents près de l'embarquement.

La sindel reprit par la suite en soulignant qu'elle était heureuse que les membres de l'Ordre fassent front commun sur Yuimen et lui conseilla d'éviter de montrer son pendentif. Elle ajouta qu'une certaine Sathiel, une arcaniste, serait ravie de discuter de magie, celle-ci n'ayant eu qu'Yliria comme élève jusque lors. La magie ne semblait guère être très présente parmi les membres de l'Ordre.

- Assurément. Si ma présence reste discrète au sein du royaume de Sarindel, j'apprécierai parler avec elle et pouvoir voir ce dont Yliria est capable. Rien d'étonnant que peu sont des mages au sein d'une commanderie située à Nessima. Après tout, il s'agit de la cité militaire.

Son interlocutrice le saluant, il fit de même avant de quitter la commanderie.

- Puisse Sithi éclairer votre chemin, Llyann.

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Gamemaster7
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Gamemaster7 » sam. 8 févr. 2020 11:43

Émergence : màj pour Arkalan et Yliria


Arpenter les rues de la cité fut plus aisé que ce à quoi les deux aventuriers auraient pu s'attendre, apparemment la nouvelle que des étrangers travaillaient pour la Garde Militaire s'était répandue et comme c'étaient ses membres qui maintenaient l'ordre en ville, Yliria et Arkalan furent somme toute peu ennuyés. Bien sûr il y eut des regards méprisants, ou pleins d'une hautaine indifférence, mais passablement aussi étaient simplement intrigués. Ils n'eurent droit qu'à un unique contrôle sérieux, aux portes du quartier noble, où il leur fallut montrer patte blanche et, surtout, le précieux sésame fourni par Sylënn.

Venants du même endroit et se rendant au même lieu, mais certes pas ensemble, un regard extérieur aurait sans doute pu s'amuser de la chose, voyant là quelques similitudes avec deux enfants boudeurs s'ignorant l'un l'autre tant bien que mal ; mais toujours est-il qu'Yliria, toujours en train de galoper, arriva aux portes de la commanderie d'Opale tandis qu'Arkalan parvenait au pied du long escalier y menant.

Les deux gardes de l'Opale surveillant l'entrée reconnurent sans mal la semi-Shaakte et la saluèrent poliment en s'écartant pour la laisser entrer dans le grand hall, où un serviteur s'empressa d'aller annoncer son arrivée à Llyann. Arkalan, lui, fut accueilli presque aussi aimablement, mais il lui fallut indiquer le motif de sa visite avant d'être autorisé à pénétrer dans les lieux. Si Yliria connaissait déjà fort bien l'endroit, Arkalan en revanche le découvrait et put contempler pour la première fois l'intérieur d'une demeure de la haute noblesse du Royaume de Sarindel. Bien qu'elle n'ait rien d'ostentatoire, l'opulence des propriétaires ne pouvait faire aucun doute : les meubles étaient l'oeuvre d'ébénistes talentueux, d'épais tapis couvraient le sol de pierre, de riches tentures représentant les armoiries de la famille (Champ d'acier surmonté d'une lune d'argent sous laquelle s'entrecroisent deux épées aux gardes de sang, l'une ferrée de lumière, l'autre d'ombre) décoraient les murs et les serviteurs semblaient relativement nombreux.

Quelques courts instants plus tard Llyann, une Sindel d'à peine plus de deux mètres aux longs cheveux blancs et aux prunelles gris acier rejoignit les deux compères d'un pas vif. Son visage dur s'éclaira à la vue d'Yliria et elle s'exclama après l'avoir rapidement examinée de la tête aux pieds :

"Sithi soit louée, tu es en vie ! Et tu as trouvé une bien belle armure, à ce que je vois !"

Elle scruta ensuite Arkalan de la même manière et inclina légèrement le visage en s'adressant à lui :

"Bienvenue, messire. Je suis Llyann'tar Thelwë, maître d'armes et responsable de ces lieux. J'imagine que vous faites partie des aventuriers engagés par Sylënn ?"

Elle se tourna ensuite vers un serviteur pour lui demander de faire préparer des appartements ainsi qu'un repas chaud, puis invita Yliria et Arkalan à la suivre dans une assez vaste salle à manger où elle les pria de prendre place avant d'ajouter :

"Alors, quoi de neuf dans ce pauvre royaume ?"


*****


HRP : La discussion peut se faire sur discord si vous le souhaitez. Arkalan : le coup des crachats c'pas très crédible, les Sindeldi ne sont pas de gros rustauds, ils s'efforcent d'avoir l'air classe et hautain ^^

Gains d'XP :

Yliria : interaction avec Sylënn : 0,5XP ; Total : 0,5XP
Arkalan : interaction avec Sylënn : 0,5XP ; Total : 0,5XP

Réputation :

Yliria : ville de Nessima : a rapporté d'importantes informations à la Garde Militaire.
Arkalan : ville de Nessima : a rapporté d'importantes informations à la Garde Militaire.

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Arkalan
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Re: Commanderie d'Opale

Message par Arkalan » jeu. 13 févr. 2020 18:19

" Évidemment..."

Soufflais-je entre ma mâchoire serrée. Où une Shaakt pourrait passer la nuit dans une ville fortifiée Sindel ? J'ai été stupide de penser que j'en serais débarrassé. En arrivant en bas des escaliers menant à la commanderie j'aperçois la nerveuse Yliria qui en passe les portes sans histoire. Je suis également accueilli presque aimablement, comme lors de ma première visite, ce qui a encore le mérite de m'étonner. Les gardes me laissent entrer après que j'ai donné le motif de ma visite et je rejoins alors la semi-Shaakt dans le grand hall de la riche demeure. Je n'adresse qu'un regard dépité à Yliria après m'être défait de ma capuche, révélant mes cheveux courts taillés grossièrement à la dague, mon oreille et mon visage mutilé, espérant lui faire comprendre que je suis le premier déçu de la revoir et que je suis loin de l'avoir suivi pour lui chercher des ennuis.

Heureusement elle n'a pas le temps de me faire une remarque car une nouvelle femelle vient à notre rencontre d'un pas vif. Une Sindel aux longs cheveux blancs et au visage dur qui semble s'éclaircir en voyant la jeune hybride. Elles se connaissent, elles aussi. Cette femelle à la peau noir a déjà un beau réseau de connaissances, des gens riches et puissant. Évidemment, comment pourrait-il en être autrement ? Yliria lui offre d'ailleurs un large sourire et répond que ça lui fait du bien d'être de retour. Chose intéressante, l'armure qu'elle porte et devant laquelle la Sindel s'est extasiée serait un cadeau de Eruïons pour la remercier. Une information qui me fait hausser un sourcil intrigué, tout comme notre hôte d'ailleurs, mais elle m'avait dit bien les connaître, il est vrai que j'ignore à quel point.

La Sindel dirige ses prunelles grises acier vers moi, m'inspecte de la tête aux pieds et incline légèrement la tête avant de m'adresser la parole. Elle se présente sous le nom de Llyann'tar Thelwë, maître d'armes et responsable des lieux.

" Mon nom est Arkalan. Je vous remercie pour votre accueil. "

Dis-je simplement. Elle m'adresse un sourire et rétorque que j'ai de la chance que la jeune Shaakt soit passée avant moi et qu'il fut un temps où elle m'aurait accueilli armes à la main. Un sourire se dessine sur mon visage alors qu'elle poursuit en me demandant si je connais Khonfas, m'expliquant qu'elle y a eu quelques démêlés avec mon peuple. Un ricanement s'échappe de ma gorge.

" Quel coïncidence. J’ai aussi eu quelques démêlés avec les Shaakts de Khonfas et j’aurais fais la même chose que vous pour l’accueil. "

Je n'ai pas pris ses paroles pour un avertissement, ça n'y ressemblait pas. Cela à pour effet de détendre mes muscles qui s'étaient crispés en entendant le mot Khonfas, faisant remonter les anciens souvenirs de cette cité maudite. Elle conclue qu'elle est ravie de l'apprendre et que dans ce cas nous devrions nous entendre.

" Sans doute si il s’agit de tuer des Matriarches Shaakt. "

Elle rétorque avec un sourire carnassier qu'elle a laissé cet ouvrage à son frère d'âme mais qu'elles se souviendront longtemps d'eux. C'est certain, ces garces n'oublient rien, à croire qu'elles tiennent un livre des rancunes bien garnie. Quatre siècles et mon nom y figure toujours alors que le cadavre de la prêtresse à qui j'ai pris la vie est devenu poussière depuis bien longtemps. Un rictus se dessine sur mon visage en y repensant, revivre ce meurtre me maintient en silence alors qu'elle nous invite à la suivre dans la salle à manger où nous y attend un repas chaud.

Une vaste pièce encore, richement meublée qui sent bon la nourriture fraîche et épicée. Nous nous installons à une table où des serviteurs ne tardent pas à nous ramener une assiette garnie de légumes et de morceaux de viandes mijotés. Ça a l'air délicieux et après les quelques jours de voyage à manger du pain et de la viande séché ou grillé, il m'est difficile d'ignorer l'appel de mon estomac. Alors que la maître d'armes nous demande ce qu'il y a de neuf dans le royaume et qu'Yliria lui raconte ses péripéties dans le désert, je prend une grande inspiration, humant l'odeur délicieuse de mon plat. Ça n'a pas pour but de me mettre en appétit, ou en tout cas pas seulement. Mon nez est surtout à l'affût d'une odeur louche qui pourrait s'apparenter à un ingrédient qui me serait fatal. Bien sûr je ne décèle rien mais comment le pourrais-je entre les arômes de carottes, de pommes de terre et de choux baignant dans un jus sentant le poivre et le laurier. J'en viens alors aux probabilités et il est clair que ce plat à très peu de chance d'être empoisonné. Premièrement ça n'a pas l'air d'être la méthode de la maison, deuxièmement ça aurait peu d’intérêt de m'empoisonner. Troisièmement, cela empoisonnerait aussi ma voisine de table qui semble habituée à venir ici. Je prend alors mon courage à une main, saisissant une fourchette et mettant de côté ma méfiance pour satisfaire mon palais et mon estomac. Je glisse un morceau de viande dans ma bouche qui fond littéralement sous ma langue. Un délice que mon esprit a du mal à interpréter tant il est rare. C'est si bon que je me retrouve un peu gêné de devoir arrêter mon repas pour raconter à Llyann ce que j'ai vu dans les montagnes. J'évite de le faire paraître mais ne peut m'empêcher de lancer un regard vers mon repas avant de raconter à nouveau ce que j'ai déjà raconté au commandant de Caraën et à Sylënn. L'embuscade dans les montagnes, la porte géante, l'agression de Sibelle et son appel des nains innombrables et bien armés. Je la perçois pâlir au fur et à mesure de mes paroles et dénonce la gravité de la situation. Nous sommes pris en tenaille entre deux armées naines. Elle demande comment a réagit Sylënn et je laisse Yliria reprendre la parole pour pouvoir poursuivre mon repas en écoutant tout de même ce qu'elle se racontent. Yliria reste persuadée qu'une négociation serait possible si le clergé était viré du pouvoir.

" Je doute qu’une négociation soit possible. "

Notre hôte est de mon avis et la jeune semi-elfe après un haussement d'épaule déclare que la seule solution est de survivre à l'invasion et mettre un vrai souverain sur le trône si il en reste un. Llyann répond que si le conflit s'enlise il pourrait engendrer des pourparlers mais, elle devrait savoir que dans ce genre de situation ce ne sont que des trêves qui ne durent pas éternellement. Elle demande si nous avons des nouvelles des autres aventuriers et Yliria raconte que l'humaine qui l'accompagnait est morte dans le désert. La maître d'armes demande comment cela est arrivé et l'explication d'Yliria me fait lever les yeux de mon assiette presque vide car elle s'était bien gardée de raconter à Sylënn qu'en suivant les Eruïons elles avaient subit une attaque des troupes de Raynna. Llyann en retient son souffle avant de s’exclamer qu'elle a eu de la chance de survivre aux Fils du Dragomélyn. Elle s'emporte presque, ressemblant à une mère qui gronde sa fille, Yliria se défend platement, gênée et mal à l'aise avant de finalement être rassurée de voir que Llyann déclare que l'important c'est qu'elle soit encore en vie. L'hybride croise mon regard, elle regrette sans doute que je sois témoin de ça. Elle sait sûrement que je pourrais m'en servir contre elle. Un froncement de sourcil déforme mon visage. Quel intérêt aurais-je à me servir d'une information de la sorte, le lien qu'elle avait avec la commandante était bien plus important qu'une rétention d'informations même si le fait qu'elle se déplaçait avec des troupes ennemis n'est pas à prendre à la légère. Je doute que cette jeune elfe trahisse Sylënn car elle aurait trop à perdre si cette cité tombait. Je jette un regard à Llyann avant d'observer un court instant à nouveau Yliria. Trouver dans une cité Sindel un endroit où elle peut avoir du réconfort et de la bienveillante compagnie doit être comme une bouée de sauvetage pour elle, il y a peu de chance qu'elle perce elle même ce lieu qui est sans doute pour elle un havre de paix. Je dois bien l'admettre, elle n'est pas un danger pour Nessima, ni pour moi. Dans l'immédiat en tout cas. Je dois éviter les excès de confiance, je sais pas expérience qu'il m'en coûterait.

Mon visage se détend et je baisse mon regard vers mon plat où j'y déguste la dernière bouchée.

" Quels sont les règles qui régissent votre demeure et que suis-je autorisé à faire ici le temps que Sylënn prenne une décision ? "

La maître des lieux me demande de ne tuer personne et que les deux derniers étages sont des appartements privés. Elle m'indique que je suis libre de me promener dans les reste du bâtiment. Il y a des jardins, des salles d'entraînements où je pourrais apprendre certaines techniques et que si j'ai besoin de quelque chose, je peux demander aux serviteurs où à elle en personne.

" Ça va peut être vous paraître étrange mais je tue rarement des personnes. "

Pas par plaisir en tout cas. Je n'oublie pas mon passé pas si lointain de chasseur de primes qui me permettait d'amasser un peu d'argent. Mais je ne tuais que des ordures, des meurtriers, des violeurs, parfois de mauvais payeurs. Le reste de mes victimes sont mortes alors que je me défendais, des Shaakts, serviteurs des prêtresses de Valshabarath. Le visage de Linwen surgit dans mon esprit. Pourquoi ? Pourquoi la mort de cette maudite femelle m’obsède autant ? Elle voulait me mener à Caïx Imorhos où je m'y serais fait torturer dans ses hautes tours juste pour le plaisir de m'entendre hurler. Je ne pouvais que m'en défendre alors pourquoi son visage suppliant hante encore mon esprit, pourquoi la vision de son corps gisant dans les feuilles mortes et gelés de la forêt vient encore troubler régulièrement mes méditations ? Je m’efforce de chasser ce souvenir pour incliner la tête devant les deux femelles tout en remerciant mon hôte avant de me lever pour quitter la pièce.

J'erre dans les couloirs, toujours perturbé par l'émergence de cette petite Shaakt à la solde des prêtresses que j'ai transpercé de ma dague dans les forêts des feuilles tristes. Le cauchemars de son acolyte, ce mastodonte de muscles et de haine fendue d'une dizaine de haches Gazrok resurgit également, me plongeant dans un état d'angoisse insupportable. Le bruit d'un son mat, d'une corde lâchant son projectile me ramène à la réalité dans un sursaut où je me jette contre un mur en tirant ma dague alors que de grosses gouttes de sueurs dégoulines sur mes joues. Deux secondes s'écoulent où je raffermis ma prise sur mon arme, un second bruit d'arc brise le silence. J'entends cette fois le projectile se planter dans un corps mou, atténuant le choc. Je ne suis pas la cible. Je range ma dague avant qu'un serviteur ne me surprenne mais garde tout de même une main proche du manche tout en m'avançant prudemment dans les couloirs en quête de la provenance des tirs. Un troisième se fait d'ailleurs entendre au bout du couloir, éclairé par la lumière de fin de journée. Je tombe finalement sur un jardin intérieur où s’entraîne une Sindel, encore une, équipée d'une longue cape et d'un arc sombre. Elle bande son arc et se concentre sur des mannequins de paille face à elle, de l'autre coté de la longue étendue de verdure. Je l'observe sans faire un bruit pour ne pas perturber sa concentration. Elle relâche la corde de son arme et laisse filer le projectile. J'écarquille les yeux quand je remarque que la flèche se met à tourner sur elle même à une vitesse folle, si bien qu'elle manque de traverser complètement le mannequin et qui, en tout cas, cause de sévère dommages à la paille.

" Impressionnant. "

Lâchais-je, réellement impressionné. Ma main ayant quitté le manche de ma dague pour venir rencontré mon bras opposé dans une posture de bras croisé. L’archère se tourne calmement vers moi sans s'étonner de mon intervention. Elle m'observe un instant avant de déclarer.

" Vous êtes ce Shaakt qui vient en aide à Sylënn'tar Ithil ? Ravie de vous rencontrer messire. Mon nom est Elëryann, Tireuse d'élite de la commanderie de Nessima. Je peux vous apprendre contre quelques Yus si vous le désirez. "

" Arkalan. Vous ne semblez pas étonnée de me voir. "

Elle secoue doucement la tête tandis que je vérifie le contenu de ma bourse que je m'étonne de voir aussi rempli. Apprendre quelques techniques de maître ne me ferait pas de mal.

" Les nouvelles vont vite par ici vous savez. "

Elle m'invite à approcher tout en rangeant son arc pour se mettre de côté. Je m'approche en préparant le mien sur lequel elle me complimente.

" Un cadeau maudit. "

Précisais-je. Offert par Kerrala en échange d'un prix que je ne connais toujours pas. Mon visage s'assombrit mais l'archère n'y prête pas attention. Elle m'indique comment me positionner et comment donner à mon projectile l'impulsion pour devenir une vrille. Elle m'explique tout en douceur et je l'écoute et obéis avec docilité. Je sens bien qu'elle a beaucoup à m'apprendre. Je perd la notion du temps et au bout de plusieurs heures je me dirige vers ma chambres avec plusieurs nouvelles capacités qu'elle a eu la patience de m'apprendre. Celle de pouvoir faire vriller mon projectile et deux autres concentrés sur la précision.

(( Apprentissage de 3 cc à distance :
- Vrille : La munition de l'utilisateur est envoyée en tournant à grande vitesse, accélérant encore sa rotation avec la distance prise. Lorsqu'elle finit par atteindre sa cible, elle tourne tellement vite qu'elle déchiquette les chairs en infligeant une lourde et profonde blessure souvent suivie d'une hémorragie.

- Tir précis : Permet de passer un tour à viser pour augmenter drastiquement ses chances de toucher au tour suivant.

- Tir chirurgical : Grâce à une précision redoutable, le tireur a une chance d'ignorer totalement la résistance de l'armure en visant les failles de celle-ci (déterminé avec le même jet de dé que celui de touche). Dégâts physiques classique.

Pour un total de 1050 Yus
350x3 = 1050))

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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » ven. 14 févr. 2020 14:19

Traverser Nessima fut finalement plus simple que je ne l'aurai cru. Personne ne tenta de m'en empêcher si ce n'est un contrôle somme tout ennuyeux aux portes du quartier noble où le gradé me scruta comme si j'allais soudainement mettre la le à feu et à sang ou me transformer en je ne savais quelle horreur, malgré mon sourire poli et le laisser-passer de Sylenn. Les regards étaient toujours les mêmes, bien que bien plus curieux par moments et je pus avancer sans devoir me cacher, contrairement aux premiers temps ici. Lorsque je parvins enfin en bas de l'immense escalier menant à la commanderie, je me sentis tout de suite plus légère. Les deux gardes à l'entrée me laissèrent entrer en me saluant poliment et je le leur rendis en souriant. Ce devait être le seul endroit dans cette ville où j'étais réellement la bienvenue, ça valait bien un sourire.

A peine entrée, un Sindel, probablement un serviteur, vu sa tenue, m'accueillit et accepta d'aller prévenir Lyann. Je devais lui parler au plus vite, c'était elle la responsable ici. J'aurai aimé aussitôt retrouver Nyllyn et me reposer, mais le temps précieux n'était pas infini et je devais faire vite malgré tout. J'entendis la porte derrière moi s'ouvrir et ne pus retenir une expression surprise en voyant Arkalan entrer à son tour. Cela valait bien la peine de faire tout ce foin si c'était pour me suivre, finalement... Je retins de justesse de lever les yeux au ciel face à son regard et son attitude peu avenante qui me faisait clairement comprendre qu'il n'était pas heureux de me voir. Je l'ignorai et attendis patiemment Lyann, qui ne tarda pas à arriver, le visage sévère. Un large sourire s'épanouit finalement lorsqu'elle me vit et je lui fis un signe en souriant en retour.

- Sithi soit louée, tu es en vie ! Et tu as trouvé une bien belle armure, à ce que je vois !

- Bonjour Lyann, ça fait du bien d'être de retour. Et oui, un cadeau des Eruïons.

J'en étais un peu fière, il fallait bien l'avouer et Lyann se montra curieuse à son sujet, aussi je lui promis de lui expliquer cela en détail, plus tard. Elle accueillit ensuite Arkalan, évoquant les Shaakts de Khonfas, dont Nyllyn m'avait parlé, arguant que l'accueil réservé à Arkalan aurait été bien moins sympathique si je n'étais pas passée avant lui. J'aurai probablement dû m'en réjouir, mais leur conversation à propos de tuer des Shaakts me mit quelque peu mal à l'aise. Non pas que j'appréciai les Shaakts, mais le ton d'Arkalan avait ce côté dérangeant, et je commençai à me dire qu'il me haïssait, et pour cette raison précise. De toutes les raisons possibles, c'était probablement la plus logique et celle qui m'énervait le plus. Qu'il haïsse les matriarches, très bien, mais me ranger dans le même sac qu'elles, ça m'horripilait. Je les écoutai malgré tout en silence jusqu'à ce que Lyann nous amène à la salle à manger, demandant des nouvelles du Royaume. Je lui résumai ce que j'avais déjà dit à Sylenn au sujet des Eruïons, des Rakhaunens et de la guerre imminente qui approchait. Elle fut aussi atterrée que Sylenn, d'autant plus lorsqu'Arkalan répéta le rapport qu'il avait fait à la commandante. Lyann demanda d'ailleurs qu'elle fut sa réaction et ne sembla pas surprise d'entendre qu'elle ait été choquée par tout cela. Elle semblait bien moins positive que Sylenn concernant leur victoire, parlant de désastre. J'étais accord avec elle, connaissant un peu les dissensions existants au sein du Royaume.

- Je sais... J'ai dit à Sylenn que j'essaierai de trouver une solution... plus pacifique.Mais je ne vais pas y arriver seule, pas avec les rancunes des deux côtés et l'entêtement de ceux qui dirigent le royaume.

- Tu n'es pas seule. Mais nous ne pouvons espérer changer l'état d'esprit de nos dirigeants en quelques jours, ni même en quelques semaines. La Régente ne serait certainement pas favorable à une guerre, c'est une femme intelligente, mais... elle n'a guère de pouvoir. As-tu, avez-vous, envisagé une possible solution ?

Lorsque j'évoquai l'idée de négociations, elle fut presque catégorique, persuadée que c'était impossible. Impossible de faire bouger le clergé, impossible de convaincre qui que ce soit, aussi bien Sindeldi que Rakhaunens, à faire un effort pour sauvegarder leurs peuples. Je n'arrivais pas à comprendre comment on pouvait être aussi aveugle en laissant mourir des milliers de gens simplement pour montrer qu'on avait une autorité sur les autres, tout ça pour conserver un pouvoir corrompu et despotique. En soit, les dirigeants Sindeldi n'étaient pas mieux que les Shaaktes. L'idée de voir le conflit s'enliser et forcer les pourparlers ne m'enchantait guère, pas plus que Lyann d'ailleurs. Elle demanda des nouvelles des autres envoyés de Sylenn, mais j'étais bien incapable de lui donner la moindre information à ce sujet, excepté...

- J'aurai préféré éviter le conflit... Mais pas de nouvelles des autres... Et... Et Astérie, l'humaine qui m'accompagnait, est morte dans le désert...

C'était toujours aussi pénible d'y penser. J'avais fait de mon mieux pendant tout ce voyage, mais elle était le plus gros regret que j'avais. Je n'avais rien pu faire pour elle, et je me sentais coupable de cela. Lyann sembla compatir et demanda comment cela était arrivée. J'hésitai à en parler malgré tout, mais je n'avais pas vraiment eu le choix. Je devais bien me défendre, non ?

- On... On a suivi les Eruïons dans l'Akuynra et... les troupes de Raynna nous ont attaqué, elle a été dans les premières à mourir... j'ai rien pu faire.

Lyann sembla extrêmement choquée par la nouvelle et garda le silence quelques secondes avant de s'exclamer alors que je m'apprêtai à me ratatiner sur ma chaise. Mais ce ne fut pas comme je le pensais... même si elle m'engueula tout de même à demi.

- Les Fils du Dragomélyn ?! Par Sithi, tu as eu de la chance de leur survivre ! Ce sont des bêtes sauvages !

- J'ai vu... ils nous attendaient, j'imagine qu'ils connaissaient le coin.

- Évidemment qu'ils connaissent la région ! La plupart sont nés à Raynna, ils y ont passé toute leur vie avec pour seul objectif de traquer les Eruïons et les bannis en fuite !

Je me sentis comme si j'avais fait une connerie et me faisait taper sur les doigts pour cela, mais elle semblait davantage soulagée qu'énervée et la boule qui s'était formée dans mon ventre se relâcha quand elle se calma, assurant que le fait que je sois là était le plus important. Je la remerciai d'un sourire, assurant que je n'irai pas de nouveau dans le désert de sitôt. Le repas étant servi, je commençai à manger jetant un œil à Arkalan qui, lui, n'avait pas attendu et terminait son repas à l'instant. J'aurai préféré qu'il n'entende pas cette partie de la conversation, mais c'était chose faite, je n'y pouvais plus rien. J'écoutai distraitement la réponse de Lyann à sa question concernant les règles régissant la commanderie, le regardant finalement se lever et quitter la salle sans attendre. Et moi qui pensais que voyager ouvrait l'esprit...

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Re: Commanderie d'Opale

Message par Yliria » ven. 14 févr. 2020 14:23

Je suivis Arkalan du regard et soupirai lorsqu'il fut enfin dehors. Cela me rendait étrangement lasse qu'il semble ainsi me détester. On semblait avoir tous deux une rancune envers les matriarches Shaaktes, mais lui ne voyait que la partie shaakte en moi, comme tous les autres. Je secouai la tête pour chasser cette idée de mes pensées. Je ne le connaissais de toute façon pas, alors je n'allais certainement pas essayer de faire ami-ami avec lui vu la façon qu'il avait de me regarder. Je n'en étais pas certaine, mais j'aurai sans mal pu l'imaginer me tirer dans le dos à la première occasion pour le simple fait que j'avais ce maudit sang Shaakt dans les veines.

- Je crois qu'il ne m'aime pas... Enfin... Je n'ai pas tout dit à Sylenn, en fait, je voulais en parler avec vous d'abord... l'attaque des Sindeldi, je... J'ai été obligée d'en tuer pour aider les Eruïons et... et je sais pas comment je suis supposée agir maintenant. Je suis désolée d'avoir dû en arriver là.

Je l'étais sincèrement. Je me rappelais la réaction de Tanaëth face aux Sindeldi que nous avions combattu dans le désert pour aider la tribu de Moura, la première fois, et j'imaginai sans mal Lyann réagir de la même façon. Elle me scruta d'un air grave et je me sentis de plus en plus mal à l'aise, mais ses paroles furent tout sauf des reproches.

- J'en suis navrée aussi, mais pas pour eux. Tanaëth et moi avons aussi été contraints de prendre des vies de Sindeldi, les fondateurs de l'Opale y ont été contraints aussi, en leur temps. Nous devons voir plus loin, faire ce qui est nécessaire pour atteindre nos buts, si difficile que cela puisse être.

Je hochai la tête, la remerciant en souriant, un peu rassurée par ses mots. Je n'aimais pas tuer, à vrai dire je n'en tirais aucune fierté, je le faisais parce que j'y étais obligée, d'une manière ou d'une autre. Pour me sauver, pour en sauver d'autres. Ça n'avait rien de facile, mais je commençai hélas à m'y faire et à comprendre que je n'avais pas le choix, surtout si je voulais agir.

- Je ne veux pas rester les bras croisés et assister à ça. il doit bien y avoir un moyen... Est-ce que je peux espérer un peu d'aide si je trouve une idée.. disons réalisable ? J'ai compris qu'attaquer le clergé n'était pas vraiment opportun, mais il doit bien y avoir quelque chose à faire.

- Tu n'es pas seule. Sibelle agit également, à sa façon, de même que tous les membres de l'Opale, au Naora et ailleurs. Tu es engagée corps et âme dans ce qui se passe ici, mais il faut te souvenir que ce n'est qu'un aspect de nos danses. Si tu ne te focalises que sur cela, cela reviendra à observer le ciel depuis le fond d'un puits. Chaque Danseur est libre d'agir comme il le pense juste, aussi ce n'est pas à moi de te dire ce que tu dois faire, mais nous avons un objectif commun qui guide nos actions. Bien souvent, s'en rappeler permet de trouver des voies là où il semble qu'il n'y en a pas. Quant à obtenir de l'aide, bien évidemment : l'Opale est avec toi, ses ressources, ses guerriers, nous ne laissons jamais tomber l'un des nôtres.

Tout ça était un peu trop cryptique pour moi, mais me donnait au moins matière à réfléchir, autant sur le rôle de l'Opale que le mien au sein de l'ordre. Et quitte en apprendre plus.

- J'aurai une question... je me sens un peu idiote, mais on ne me l'a jamais dit et c'est vrai que je n'ai jamais posé la question jusqu'à récemment... Pourquoi les Danseurs d'Opale ? Je veux dire, pourquoi ce nom ? Je n'ai pas eu le temps de me plonger dans le passé de l'ordre, mais je suis curieuse. Il y aurait des archives quelque part ?

S'il y avait des archives, elles n'étaient apparemment pas ici, mais à l'Aura de Syriënn, dont j'avais déjà entendu parler, la première citadelle de l'Opale sur Yuimen. Quant au nom de l'ordre, elle m'appris que les fondateurs, des danseurs de guerre, voulaient autant conserver le côté martial de l'ordre que se détacher de son côté guerriers, qu'il aspirait à autre chose, la paix, l'harmonie. Pour symboliser cela, ils choisirent d'associer de nom de l'ordre à une pierre précieuse évoquant Sithi et sa nature changeante : l'Opale.

- Il n'existe pas deux opales semblables, de même qu'il n'existe pas deux Danseurs d'Opale semblables.

Je bus ses paroles avec intérêt, j'avais toujours une curiosité pour tout ce qui touchait au passé de l'ordre et ses quelques informations ne firent que renforcer ma détermination à m'en montrer digne, encore plus que les autres. J'allai pour partir mais demandai finalement des nouvelles de Tanaëth, que je n'avais pas revu depuis un moment, mais Lyann ne semblait pas en savoir davantage et était légèrement anxieuse, la situation là où il se rendait étant apparemment préoccupante. J'espérai simplement qu'il allait bien, puisqu'il avait la même tendance que moi à tomber dans les pires ennuis. Je la remerciai à nouveau et pris congé, non sans demandé à pouvoir m'entraîner à nouveau, ce à quoi elle me répondit, quelque peu exaspérée.

- Tu es ici chez toi, combien de fois encore devrai-je te le répéter ?

- Désolée, c'est encore un peu récent alors... j'imagine que les habitudes ont la vie dure

je dis ça en affichant un sourire, mais elle ne semblait pas totalement réceptive, bien qu'elle se montre comme toujours bienveillante à mon égard. Je la quittai après un dernier salut et montai à l'étage pour poser mes affaires, ne croisant pas grand monde à cette heure, mais au moins les rares Sindeldi n'avaient pas ce regard méprisant ici, ou en tout cas ne l'avaient plus. Je posai enfin mes affaires avec bonheur, enlevai l'armure que j'installai soigneusement avec dans l'idée de la décrasser plus tard. Pour l'heure, c'était moi que je devais décrasser, mais avant même que je ne puisse me diriger vers la salle de bain, la porte de la chambre s'ouvrit à la volée et une tornade verte me sauta dessus. Elle me fit chuter en riant et je ne pus qu'éclater de rire également. C'était bon de la retrouver. J'avais l'impression que cela faisait des mois entiers que je n'avais pas souris ainsi, en serrant Nyllyn dans mes bras. Elle s'écarta néanmoins rapidement en fronçant le nez.

- Tu vas TOUT me raconter... mais d'abord un bain !

Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel, sans parvenir à réduire mon sourire. J'étais définitivement rentrée à la maison et passé l'après-midi dans un calme relatif me fit le plus grand bien. J'expliquai tout en détail à Nyllyn, absolument tout et elle écouta en silence la grande majorité du temps, sans intervenir outre mesure. Seule la sensation de crispation que je sentais dans mes cheveux tandis qu'elle s'en occupait me renseignai sur ses réactions. Lorsque ce fut terminé, elle resta silencieuse un moment.

- On va trouver une solution, Yli, et cette fois je vais t'y aider. J'ai beaucoup appris depuis ton départ, Lyann ne m'enseigne pas que l'art du combat. Fais moi confiance.

Elle n'avait pas besoin de me le dire, je le faisais déjà, aveuglément. Je passai le reste de la journée avec elle, à profiter aussi naïvement que possible d'un peu de repos. Je savais que ça n'allais pas durer, dès le lendemain j'allais me mettre à m’entraîner, apprendre, réfléchir et trouver une solution. Nyllyn et, plus étonnamment, Alyah, m'enjoignirent toutes deux de me reposer au moins jusqu'au lendemain matin. Que je l'avais mérité. Malgré l'urgence, je ne refusai pas, je n'étais de toute façon pas prête à me lancer là-dedans immédiatement. J'allais avoir beaucoup à faire, mais me précipiter n'allait mener nulle part cette fois.

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