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par Malvales le fleuri » jeu. 29 juil. 2021 03:09
Jamais Malvales ne s'était autant amusé de sa vie!
Il était monté à bord de ce gigantesque temple volant, un "Aynore", pour un voyage qui fut particulièrement long, mais si intéressant. Il en avait vu passé plusieurs fois au dessus de la jungle, mais ce fut pour lui une expérience toute nouvelle que de monter à l'intérieur. C'était si grand, si atypique, si "métalleux". Et le voyage, ho, le voyage! Pour un oudio habitué à se déplacer à pied, ou à se laisser entrainer par les cours d'eau, ce fut un réel plaisir que de bouger sans réellement avoir à se mouvoir!
Durant tout le trajet, il avait été entouré d'humain, principalement des habitants de Kers, qu'il reconnaissait aux vêtements qu'ils portaient et à la couleur de leur "écorce". Tous ceux autour de lui se plaignaient de la durée du voyage, mais tout semblait se passer si vite à travers ses yeux de bois. Malvales resta immobile durant une bonne partie du temps de vol, observant les gens autour de lui, amusé de voir les humains s'approcher de lui pour le humer ou le toucher, avant de bondir en arrière lorsqu'ils réalisaient que l'étrange sculpture de bois fleurie à bort de l'Aynore était bien vivante.
Les grands humains étaient généralement les plus hésitant ou les plus méfiant quant à la présence de Malvales, mais à l'inverse, les petites pousses humaines semblaient dévorées par la même curiosité qui habitait l'oudio: plusieurs d'entre elles passèrent le voyage à regarder Malvales avec de grands sourires, ou à essayer de venir le toucher, timidement, avant de repartir en rigolant. L'homme-arbre n'avait eu auparavant que de rares occasions de voir des pousses humaines, mais il les aimait bien. Il découvrir aussi que les plus petites de ces poussent étaient capable de pousser des cris surpuissant, courtoisie de l'une d'entre elle, qui, dans les bras de sa mère, hurla pendant une partie du voyage.
Réalisant après coup qu'il s'agissait de tristesse, et non un chant de joie, Malvales détacha l'une de ses fleurs et alla l'offrir à la mère de la pousse, sous le regard surpris de cette dernière, et du reste de la cabine. Il espérait que l'odeur apaisante de la plante aide la grande humaine à se détendre, elle qui semblait stressée. Ce fut visiblement efficace, car la petite pousse arrêta de pleurer après cela et s'endormie, permettant à l'oudio de réfléchir encore à ce qu'il était en train de vivre.
Il ne réalisait pas la distance qu'il avait parcouru, mais l'homme-arbre sentait qu'il s'était rendu plus loin qu'il ne l'avait jamais fait auparavant. Après tout, il avait lu des livres, il avait vu des cartes, et surtout, il avait aperçu, depuis les hublots, "l'océan"! Il savait que cette fois-ci, c'était bon, il n'était plus à sa terre natale, il n'était plus à son quotidien.
Il avait enfin de nouvelles choses à découvrir!
Et les évènements s'enchainèrent dans ce sens après l'atterrissage. Car, après être descendu de l'Aynore, il fut conduit à l'endroit le plus impressionnant qu'il eu l'occasion de voir de sa vie: un lieu appeler Tulorim.
Soyons d'accord, Malvales avait déjà vu des villes. Mais elles étaient soit en ruine, soit à plusieurs kilomètres de lui. La, pour la première fois de sa vie, il pénétrait à l'intérieur d'une cité active! Avec des gens!!! Encore en vie!!!!! C'était l'une des expériences les plus enivrantes qu'il ait eu l'occasion de vivre. L'oudio avança dans les rues, tournant sa tête dans tous les sens, scrutant et observant tout ce qui rentrait dans son champ de vision: des bâtiments de toutes les tailles, de toutes les couleurs, des étalages en extérieurs, remplis de merveilles en tout genre; des dizaines et des dizaines de personnes, des humains, d'autres espèces, il était même sur d'avoir aperçu un ou deux oudios dans la foule.
Que de joie, que de joie. Le fleuri avait envie de foncer sur tous les étalages qu'il voyait, prendre tous les objets qui retenaient son attention, mais il se rappela des avertissements que les chercheurs lui avaient donné avant son départ: Ici, c'était la ville du troc. On a rien sans offrir quelque chose en retour. Et sur ce continent, la plupart des gens troquaient avec de "l'argent". Des petits morceaux de métaux brillant. L'oudio en avait déjà trouvé sur des corps dans la jungle, et les chercheurs avaient même eux la gentillesse de lui en donner une petite quantité, mais il était un peu frustré de se dire qu'il ne pourrait plus payer en fleur.
Malvales passa presque deux jours à visiter Tulorim, évitant soigneusement les zones et les individus qui lui semblaient dangereux, dormant à la belle étoile dans les alentours de la ville, avant de se souvenir qu'il avait quitté sa jungle pour une bonne raison: rencontrer les Kasuris. Il décida alors de commencer son enquête de la seule façon qu'il connaissait quand l'observation ne suffisait pas:
En demandant.
A tout le monde.
TOUT le monde.
Ainsi, le brave oudio se mit à questionner toute personne qu'il croisait dans la rue, son livre en main, ouvert sur un dessin de Kasuris, et demandant "Où l'on pouvait trouver ces merveilleuses fourmis". Les réactions furent.... variées, mais rarement positives. Les gens, pour la plupart, l'ignoraient, le fuyaient, ou l'incitait à appliquer des pratiques physiques qu'il avait du mal à comprendre. Heureusement, certains essayaient sincèrement de lui répondre, mais si quelques personnes reconnaissaient les Kazuris, aucune d'entre elles ne savaient où se cachait leur tanière.
L'un des passants conseilla à Malvales de demander dans les boutiques: certains marchands voyaient passer beaucoup de monde et entendaient beaucoup de chose, ils pourraient probablement le renseigner.
Le fleuri fut alors frapper d'une réalisation soudaine:
On pouvait rentrer dans les bâtiments.
Il se sentit quelque peu stupide, l'idée ne lui ayant jamais traversé l'esprit auparavant. Se remettant de sa propre bêtise, il décida alors de suivre le conseil et d'aller de boutique en boutique demander des renseignements.
Malheureusement, les recherches se révélèrent aussi infructueuses de ce coté. Déjà ,Malvales se cognait les branches ou raclait les fleurs en passant la plupart des portes, mais en plus, la majorité des marchands, au départ sympathiques, changèrent très vite de comportement quand l'oudio révéla qu'il était juste la pour prendre des informations et non pour acheter. Pire encore, certains devenaient même agressif lorsque Le fleuri, piqué par sa curiosité, restait observer pendant de longues minutes le contenu des rayons sans rien dire.
"Pas de lèche vitrine", "Si vous le cassez vous payez", "Raaah, vous mettez des pétales et des fourmis sur toute ma marchandise!", "Monsieur, qu'est ce que vous faite dans mon salon?!", "Par Gaïa, une fougère qui parle"; Malvales n'avait entendu que des plaintes et des remarques désagréables depuis qu'il avait commencer à rentrer dans les boutiques. Mais ça ne l'arrêtait pas. Déjà, parce qu'il n'était pas du genre à se décourager facilement, ensuite, parce que toute interaction sociale, même mauvaise, était selon lui bonne à prendre, mais surtout parce qu'il ne se rendait pas compte la moitié du temps que les marchands se montraient désagréables avec lui.
Quittant ainsi la dernière boutique qu'il venait de visiter, Malvales descendit la rue, toujours aussi déterminé. Mais, une série de cris et de bruit de course attirèrent très vite son attention. Sans perdre un instant, réagissant comme il l'avait toujours fait, l'oudio fit un bond pour s'éloigner de la source du bruit, ralentissant ses mouvements et se tenant prêt à lancer le premier objet lui passant sous la main pour se protéger.
Devant lui, dans la rue, deux elfes noir et un garzok fuyaient un groupe d'humain bien armé. Il s'agissait probablement des gardiens de la ville, tout comme l'homme-arbre en avait vu passer de temps en temps à la lisière de la jungle de Gaïa. Il ne détacha pas son regard de la scène, prêt à réagir si la course poursuite décidait soudainement de changer de sens pour aller vers lui. Il n'en fut rien, et, continuant d'observer le groupe de coureur jusqu'à ce qu'il s'éloigne suffisamment pour sortir de son champ de vision. Dès qu'il furent hors de portée, l'oudio souffla un grand coup, et, en redressant la tête, quelque chose attira son attention:
Un canard.
Posté sur le toit d'une boutique. Un de ces adorables oiseau des eaux que Malvales aimait tant voir nager des les marres. Quand ils ne se faisaient pas manger par une plus grosse bête bien sur. S'approchant de l'animal pour l'observer de plus près, il fut quelque peut surprit de remarquer un petit bout de cuir sur son dos et une sorte de lanière accroché à son bec. Le fleuri se dit que ce canard était probablement celui du propriétaire de la boutique, vu qu'il ne semblait pas effrayé par l'approche de l'homme arbre. Ce dernier regarda de nouveau l'enseigne de la boutique: "Chez Mazallin Manznar". Il se félicitait un peu d'arriver à lire aussi facilement le texte du panneau, lui qui n'était pas habitué à ce genre de calligraphie "fantasque", et, après avoir jeter un dernier petit regard amusé au canard, décida d'entrer dans la boutique.
Evitant soigneusement de se prendre les branches dans l'encolure de la porte, et obligé de se pencher légèrement pour passer cette dernière, embaumant désormais la pièce du parfum de ses fleurs, Malvales brandit son livre à la page du croquis de Kasuris et déclara:
"Bonjour monsieur marchand. Ou madame marchand, pardonnez moi, j'ai encore un peu de mal à faire la différence! Je suis à la recherche de ces merveill...."
L'oudio ne réussit pas à finir sa phrase. Il s'attendait, comme à son habitude, à voir des humains, ou à la limites des elfes à l'intérieurs. Mais, s'il y avait bien deux humains dans la pièce, sur la table en face de lui se tenait une toute petites humaine. Pas comme les pousses qu'il avait vu auparavant, non, vraiment une sorte de simili humaine, mais....pas plus grande qu'un rongeur. Ou qu'un petit oiseau.
S'avançant silencieusement jusqu'à elle, se penchant pour mieux la voir, le craquement de son bois résonnant dans la pièce, dans un mouvement d'un naturel qui témoignait une certaine habitude de prise de la pose. Il regarda la petite créature plusieurs secondes, réfléchissant à s'il avait déjà entendu parler d'un tel être auparavant. Il se souvint rapidement de mention de "Mutins" ou quelque chose du genre par ses pairs oudios, mais il avait tout de même du mal à croire que ce qui se trouvait face à lui était réel.
Reprenant soudainement ses esprits, il se redressa, sans quitter des yeux la mutin, avant de finalement se tourner vers l'un des deux humains, celui dont l'écorce semblait plus craquelée et fripée. Pointant d'un de ses longs doigts le croquis de son livre, il demanda finalement:
"Bonjour, je cherche des informations sur ces incroyables fourmis géantes, les "Kasuris", vous savez quelque chose à ce sujet? "
"Oh, bonjour à vous très cher client! Ce n'est pas tous les jours que j'ai des gens de votre acabits qui viennent me rendre visite. Avant de parler de toutes ces choses, ne voudriez vous pas regarder un peu ce que ma boutique vous propose! Vous trouverez tout les objets incroyables dont ont besoin les aventuriers! Si vous cherchez à trouver des Kasuris, vous en aurez besoin!"
"Donc, vous savez où les trouver? "
Les yeux blancs de l'oudio s'écarquillèrent, ce dernier rapprochant de plus en plus son visage du vieux marchand. On pouvait presque voir des étoiles briller à travers.
"Donc, vous savez où les trouver?! "
"Euh, oui, j'ai des clients qui m'ont dit qu'on en a aperçu dans les montagnes près du désert de l'est."
"Les montagnes près du désert de l'est? PARFAIT! C'est dans quelle direction? "
"Et bien....A l'est.
...
Hum, mais vous n'allez par réussir à vous y rendre aussi facilement, surtout en étant aussi peu équipé! Regardez, ces deux jeunes gens, vont se rendre dans une ville en direction de l'est, et ils ne seront pas trop d'être deux pour faire le voyage, alors justement, si vous jetiez un coup d'oeil à ma collection d'équipement en tout genre ou même ces potions qui......"
Malvales n'écoutait plus le vieil humain. Son attention s'était complètement rediriger sur les deux autres personnes dans la pièce: l'humain à l'écorce plus lisse, qui avait un feuillage dorée et un teint pale, et la petite mutin. Alors ces deux la était des voyageurs? Comme les chercheurs qui avaient tant apprit à l'oudio? Il avait du mal à se les imaginer bravant les dangers d'une jungle pour survivre. Mais, justement, il y a encore quelques temps, il ne se serait pas imaginer lui même braver les dangers de la ville pour assouvir sa curioté. Alors, pourquoi pas? Après tout, certains des animaux les moins impressionnants étaient les plus dangereux parfois.
L'homme arbre détacha soigneusement deux fleurs de son dos, qu'il tendit de chaque main aux deux aventuriers, se penchant légèrement pour s'approcher de leur niveau:
"Braves voyageurs, j'aimerais vous accompagner dans votre déplacement vers l'est! Je ne connais pas encore la région, et j'ai tant de chose à y découvrir, s'il vous plait, laissez moi vous accompagner! "
Demander à suivre des gens qu'il avait à peine observé, c'est quelque chose que Malvales n'aurait jamais fait par le passé. Son obsession semblait étouffer sa méfiance habituelle. Il s'en rendit compte en ouvrant la bouche, mais ne s'interrompit par pour autant. C'était certes angoissant, mais il y avait aussi quelque chose..... d'excitant, de stimulant dans tout ça. Définitivement....
Jamais Malvales ne s'était autant amusé de sa vie!