Un proverbe raconte qu'en chacun de nous il y a deux loups, l'un bon, l'autre mauvais, et celui qui domine est celui qu'l'on nourrit. Une façon simple mais facile de faire comprendre aux gens que tout relatifs que le bien et le mal étaient, nos choix et nos actions restaient les principaux responsable de la direction que nos vie, notre mental, notre éthique prenaient.
Mais dans ma situation actuelle, le corolaire à ce proverbe était plus adapté: en chaque loup il y avait un oudio. Ni bon, ni mauvais, il n'avait pas besoin d'être nourrit: il fallait juste qu'il pique les rennes à cette cochonnerie lupine!
"SALE BÊTE! COUCHE! MECHANT!"
J'esquivais de justesse un coup de mâchoire. Le monstre recula, me toisant, grognant, cherchant à m'intimider. Il marchait lentement, une petite onde générée par chacun de ses pas, comme s'il se déplaçait sur du liquide. Pourtant, y avait rien d'mouillé dans l'coin. Tout était flou, tout était trouble. Des formes de forêts, de rochers me semblaient apparaitre. Du rouge, du noir, du vert, les couleurs alternaient, dans une danse presque hypnotique. Et au milieu de tout cela, qui brillait plus que tout le reste: du doré. Scintillant, chatoyant, la "couronne" de la créature en était presque aveuglante.
Ce qui la faisait énormément détoner avec le corps transparent de l'animal.
Un nouvel assaut! La créature... ou plutôt devrait-je dire, son âme, se rua sur moi, mais bifurqua à la dernière seconde pour ma passer à coté avant de revenir, la gueule grande ouverte, sur moi. N'ayant pas réagit assez vite pour éviter la feinte, j'attrapai le haut et le bas de la mâchoire du monstre, l'empêchant de se refermer sur moi.
Je ne sentais pas ses crocs traverser mes mains, mais je sentais sa force, son énergie, ses émotions. Sa haine, sa colère, dirigée contre moi. Cette chose ne pouvait pas parler, mais la, au cœur de sa tête, au cœur de son être, il n'y avait pas besoin de mot pour se comprendre.
"Vas t'en! Sort d'ici!"
Oui, tout animal qu'il était, j'entendais son désir résonner dans ma tête. J'étais chez lui, sur son territoire. J'étais l'envahisseur, j'étais le parasite. Une âme sans corps, ayant trouvé un potentiel refuge. Et en regardant mes mains, bloquant toujours les mâchoires ésotériques de la créatures, je ne pu m'empêcher de ricaner: si nous étions dehors, tous les deux dans nos corps respectifs, je n'aurais jamais réussi à accomplir une telle prouesse. Mais la, j'étais une âme. Une âme errante.
Il n'y avait pas d'histoire de muscle, de tige et de tronc. Il n'y avait pas d'histoire de croc et de physique: il n'y avait que nos âme. Que nos esprits. Que nos mental. Et cet animal était grand, était puissant, était intelligent, je le sentais, mais son âme, elle n'était qu'une âme parmi tant d'autre. Et la mienne? La mienne se gorgeait encore de la joie et l'excitation que j'avais ressentis précédemment en explosant. Elle était requinquée, prête à tout. Mon être entier c'était rappeler quel plaisir c'était de s'abandonner à l'excès et la curiosité!
Cet animal voulait que je parte, parce que j'étais chez lui. Mais moi, je voulais son corps pas parce que j'en avais envie. Mais parce que j'en avais besoin. Parce qu'il le fallait, parce que la, dehors, en ce moment, des gens se faisait massacré, des alliés, potentiels ou pas, étaient en danger. Et je n'allais pas les laisser en plan, je n'allais pas les abandonner! J'étais déjà passé par de plus grands extrêmes pour réussir à rendre service, à aider, alors piquer le corp d'un chien un peu plus musclé qu'la moyenne, c'était rien!
Je le sentais, il voulait survivre, mais moi aussi. Je le sentais, il voulait protéger sa meute, mais moi aussi. Mais j'avais un truc en plus, qui, ajouté à mon désir bien plus débordant que le sien d'aller de l'avant, me ferait gagner cette bataille: j'étais incroyablement, terriblement curieux d'expérimenter sur ce vol de corps! Les sentiments, les sensations, bonnes, mauvaises, qu'importe! Je ne voulais pas de son corps, mais je désirais ardemment un corps!
D'un mouvement brusque, je soulevai l'âme du loup en le tenant par la mâchoire avant de l'écraser à mes pieds. Il n'y avait pas de sol, mais la violence de ma pensée, de mes désirs, l'atteignait. L'animal se dégagea, essayant de prendre du recul, mais je le poursuivi. Nos jambes, nos pattes, nos racines, tout cela était métaphorique, métaphysique, inconcret et inconsistant: dans la nature, ce monstre m'aurait dépassé, mais ici, celui qui allait le plus vite était celui qui avait la force d'esprit d'aller le plus vite.
Je sautai sur le dos de la créature, atterrissant racines les premières sur lui, entendant tout son être trembler, hurler de douleur à mon impact. Me prenant par surprise, il se retourna, et planta ses crocs fantomatiques dans mon âme. Je voyais son regard, je sentais sa haine... Mais, lorsque je plongeai mes yeux dans les siens, je le vis les écarquiller. Réaliser ce qui se passait. Car, oui ,j'avais mal. Oui, son âme était bien plus puissante qu'elle n'y paraissait, et elle cherchait à m'écraser.
Mais la raison pour laquelle sous les lueurs de sa crète, ce loup sembla choqué, c'est qu'il avait prit conscience d'un fait tout simple:
J'adorais ça.
J'avais l'impression qu'il pouvait me briser en deux. Mais c'était la première sensations auquel j'avais droit depuis ma mort. Pas de corps revenu à la vie et insensible à tout, pas de fantôme flottant et traversant l'existence: non, la, il atteignait le plus profond de mon être. Et je ne ressentais. Cette horrible sensation, presque aussi intense que celle des flammes s'infiltrant dans mon écorce. Oui, oui, c'était insupportable! Mais c'était la preuve que j'étais la, que j'étais vivant!
Ce loup se battait pour sa survie, pour celle de sa meute. Je me battais pour ma survie, et celle de mes alliés. Mais lui, avait peur de mourir, avait peur de se rater. Son instinct le lui dictait. Et c'était ça la grande différence entre nous deux: ce monstre, ce chef, ce roi c'était lancé dans cette bataille avec la peur de mourir.
Pas moi.
Si je devais périr ici, alors qu'à cela ne tienne. Si mon âme devait être brisée, ça s'rait pas d'chance, mais ça s'rait mieux que d'la voir effacer en une aspiration par Brythagon. J'avais besoin de ce corps tout autant que lui. Je n'avais pas peur de perdre ici. Je n'avais pas peur de mourir ici. Et, par dessus tout ça: je prenais du plaisir dans tout ce qui se passait.
Mes doigts remontèrent tout le long de la couronne du loup, caressant cette dernière, avant de s'enfoncer à l'intérieur. Je me mi à ricaner, approchant lentement mon visage de son oeil me dévisageant, voyant l'étincelle de peur que j'avais repérée plus tôt se transformer en un brasier. Je ressentais ce qu'il sentais, et il ressentais ce que je sentais: la douleur, la joie, l'excitation.
Mes doigts s'enfoncèrent de plus en plus dans la tête de l'animal. Il essaya de se dégager, mais il n'arrivait pas à bouger, à rétracter sa mâchoire. Des vignes et des branches fantomatique poussaient tout le long de mon corps, enroulant, étranglant l'âme du lupin. J'avais toujours été sensible aux émotions des autres, et cette peur, oooooh, cette peur, elle était délectable.
La lueur de la crète dorée devint de moins en moins intense, tandis que celle dans mes yeux resplendissait, grossissait à vu d'œil. Je n'entendais plus que des échos de plaintes de cris désespérés, tandis que le loup semblait devenir de plus en plus petit devant moi. Il avait admit, au fond de son cœur, au fond de son être, la défaite. Il voulait encore gagner, il voulait encore se battre, je le sentais. "Vas t'en! Arrête! Laisse moi!" Mais je n'arrêtais pas. Je ne stoppais pas. Je ne le laissais pas.
J'étais une ombre titanesque, un arbre gigantesque, un être monstrueux et incompréhensible à ses yeux. Mes racines se plantaient dans le sol, se rependant à toute allure à travers le flou et la brume. Les semblants d'images de plaines et de rochers laissaient place à des silhouettes de forêt et de chatoyante flammes. J'avais réussi, ma graine était plantée, germée. Et si un long hurlement de loup se mit à résonner de partout, il fut très vite couvert par un rire, montant et montant, plein de joie et d'excitation, pour finalement être surplombé par le choc d'une gigantesque explosion de lumière, englobant tout ce qui se trouvait, ici, la, et la bas. Tout ce qui était et qui existait.
Puis...
Le silence.
Boum boum, boum boum...
J'ouvris les yeux, encore un peu sonné, ne comprenant pas trop ce qui venait de se passer. Je regardais autour de moi, ayant du mal à distinguer clairement les formes, mais remarquant que les couleurs du monde avaient changées tout était plus gris. Je voulu faire un pas en avant, et je me sentis tomber. Puis, de la douleur.
Je regardai à droite, à gauche, essayant de me prendre la tête dans les mains, et je ressenti de nouveau une douleur, mais au bras cette fois. Et puis, surtout, je pouvais sentir ma tête.
Et elle était pas comme d'habitude.
Essayant de me concentrer, tout fini enfin par devenir plus clair: j'étais à Elscar'Olth. J'essayais de me masser les branches, mais une fois de plus, douleur au bras, et difficulté à le monter. Puis, je vis surtout que ma main avait une tête très différente: c'était une patte.
Je n'étais plus dans la tête du loup.
J'étais le loup.
KAHAHAHAHAHAHA! J'avais réussi! J'avais réussi mon coup! Je regardais à droite, à gauche, cherchant à voir dans quel état se trouvait son âme, avant de me rappeler que je n'pouvais plus les voir maintenant que j'avais un corps! Kahahaha, j'étais triste pour lui ,mais il se trouv'rait bien un cadavre à posséder, hein!
Je savais que j'pouvais réussir, je savais que c'étais possible! La force d'une âme déjà brisée, et portée non pas par le désespoir, mais par la curiosité, était redoutable!
KahahahahahuUEAAAAARGH!
BLAM!
Boum boum, boum boum...
Je venais de tomber, une fois de plus. J'avais essayé de danser pour fêter cette victoire. Mais le corps d'un quadrupède était pas trop fait pour ça. J'étais assaillis par de nouvelles sensations, et je redécouvrais d'anciennes. Mais il me fallait redescendre de mon petit nuage: j'aurais tout l'temps pour expérimenter sur ce nouveau corps plus tard. La, il me fallait déjà comprendre comment l'utiliser.
Boum boum, boum boum...
Je me mis à me regarder pendant plusieurs minutes, mes pattes, mes... autres pattes, une queue que j'apercevais, à l'arrière. Plus je me calmais ,et plus je me sentais... bizarre. Je ressentais un truc en moi, un truc étrange. Et plus que ressentir, je sentais des choses, et par le visage, non pas par les feuilles et les branches, comme d'habitude. Enormément d'odeurs fortes, dérangeantes, déplaisantes, dont je n'arrivais pas à savoir si je les appréciais ou non. Puis, il y avait un gout. Un gout localisé, au niveau de la tête toujours, et pas dans tout le corps, comme d'habitude. Je sentais un truc couler le long de ma bouche, un truc que j'n'arrivais pas à identifier, mais qui semblait un peu gluant.
Boum boum, boum boum...
Posant l'une de mes pattes au sol, je réalisais qu'à l'inverse, je ne ressentais rien du bout des doigts: j'avais des griffes, longues et incurvées. En raclant le sol avec ces dernières, je les senti vibrer, résonner en leur base. Essayant de pousser, toucher un peu le haut de ma patte avec, une douleur très vive monta immédiatement. Je du appliquer beaucoup moins de force pour ne pas avoir mal. Et la, sous mes yeux ébahit, je vis mon écorce
s'enfoncer. Tendre, souple, ça n'était pas de l'écorce, c'était de la peau. Plus bizarre encore, elle ne se brisait pas, mais j'arrivais à sentir en dessous, à l'intérieur, que ça se touchait. C'était... intriguant... mais bizarre.
Boum boum, boum boum...
J'essayai de toucher mon ventre, de la même façon, tentant de me tenir debout sur trois pattes, avant de finalement allonger le bas de mon corps sur le sol. Je sentais le gravier en dessous de moi. Je le sentais s'enfoncer. Et, quand ma griffe, mon doigt, finit par atteindre mon vendre, alors la, ça n'était plus souple: c'était mou. Flasque. Et quelque chose à en dessous semblait gronder, vibrer.
Boum boum, boum boum...
Et il y avait ce bruit, ce bruit incessant, ce battement dont je ne comprenais pas l'origine. Etait-ce mon ouïe plus développée qui entendant les pas d'un ennemi au loin? Non, c'était trop régulier. J'essayais de me concentrer. Fermant les yeux, me calmant, cherchant la source de cet agaçant boucan.
Et la, d'un coup, je compris de quoi il s'agissait: c'était un battement de cœur. C'était mon cœur.
Boum boum, boum boum...
Et avec cette prise de conscience, je fus envahit par de nouvelles informations. Je sentais quelque chose me couvrir, bouger, circuler. Du sang. Mon sang! C'était... c'était...Erk... Tout ces fluides... tout coulait... à travers moi... Je l'entendais maintenant, c'était insupportable C'était écœurant. C'était...c'était...
BLEUARGH!
J'étais la, la bouche ouverte, ayant encore la sensation de ce qui venait de sortir de mon corps. Je... Je venais de... de vomir. C'était... Déguelasse comme sensation. ça brulait. Et pas de la bonne façon. ça sentait. Et je me sentais assoiffé d'un coup. Pourquoi les êtres de chair avaient autant de fluides immondes qui pouvaient sortir de leur corps?!
Boum boum, boum boum...
Tout cela était fascinant, oui, mais c'en était pas moins dégoutant! Arg! Oui, j'avais réussi à piquer ce corps, youhou, mais c'était tout bon'ment immonde! Aller... Aller... Fallait pas s'laisser abattre... L'âme d'un loup enragée m'avait pas intimidée, c'était pas du sang... et d'autres trucs liquides qui allaient me faire peur...
Boum boum, boum boum...
ET ASSEZ AVEC CE BRUIT! J'devais réussir à l'ignorer. Les êtres de chair arrivaient à vivre avec ce truc comme si de rien était, non? Alors moi aussi j'pouvais le faire. Concentration...concentration... Aller... J'devais avancer, utiliser ce corps pour bouger, aider les autres. Lentement... Un pas devant l'aAAAAAUAUUUUTRE!
BLAM!
Encore tombé. Erk. Marcher avec quatre jambes c'était plus compliqué que prévu. Surtout que j'avais du mal à savoir laquelle était sensée être laquelle, ou si je mettais la bonne pression sur le sol et tout. Erk... Aurais-je crier victoire trop vite? Non, aller, au moins dans ce corps ça f'sait un enn'mi d'moins pour les autres, c'était d'jà ça. Et puis bon, y avait bien d'aut' chose que j'pouvais faire avec ce corps.
MordRe! Manger! Lumière!
...Hein?
Attaque! Attaque! Grrrr!
Qu'est ce que... Ces voix... Non... Non, c'était pas des voix. C'était plus des émotions, des sentiments. Les miens? L'instinct bestial de mon hôte peut être? Ou alors...
En arrêtant de me concentrer autant sur le coté écœurant de ce corps, ou le coté agaçant de ce cœur... Je r'sentais... Quelque chose d'autre... Quelque chose de nouveau. Un sentiment puissant... Non, un sentiment de puissance. Je fermais les yeux, essayant de centrer toute mon attention dessus. Et la, je vis un humain fuir, et une terrible envie de mordre.
J'ouvris les yeux brusquement! Ce... C'était... Un autre loup? Je dressai la tête, regardant le champ de bataille, apercevant tous ces loups à cornes, plus petits, plus rouge, mais similaire à ce nouveau corps. Et, en les voyant, j'étais pris d'une envie. D'une envie de leur parler. De les diriger. J'avais l'impression qu'ils... qu'ils étaient à moi, à mon service. Je me sentais grand. Je me sentais imposant. Je me sentais roi.
Je me concentrai de nouveau, essayant de revoir à travers les yeux du précèdent loup. Je revis l'humain d'il y a quelques secondes, mais cette fois ci, il était à terre, en larme, hurlant, essayant désespérément de reculer. Je ressentais une envie de se nourrir, une envie de l'attaquer. Il fallait que j'arrête ça, il fallait que ça se
STOPPE!
...
L'humain se cachait derrière ses bras, les yeux fermés, attendant le coup fatal. Puis, après quelques secondes, il ouvrit les yeux, hésitant, puis me regarda, toujours aussi effrayé, mais désormais surpris. Enfin, il "me" regarda, il regarda le loup qui l'attaquait. Et qui ne semblait plus bouger. Et si... Je désirais qu'il reparte? Qu'il fasse demi tour? Et bien, à peine j'eu pensé ça, que le loup s'exécuta, se retournant brusquement, et s'éloignant en trottinant, sans se retourner.
Oh.
Ohohohohohoho!
Drac, mon petit Drac, Oudio si sexy et si intelligent, ptet bien qu'ce corps allait être beaaaaaucoup plus utile que prévu. Cette créature était capable de contrôler ses pairs... Alors si j'pouvais pas bouger effica'cment dans ce corps, j'pouvais au moins envoyer quelques loups aider les autres à ma place!
Non, définitivement, j'avais fait un excellent choix en piquant ce corps! Et si on m'le demandais, oui, je prétendrais que j'avais tout prévu et que tout était volontaire!
Il me fallait me concentrer à nouveau. Qu'importe les battements de cœur, qu'importe le sang qui circule, il fallait que je me concentre sur les loups. Sur MES loups. Je les voyais, la, passer au loin, mais je les ressentais aussi. Je devais les faire m'écouter, je devais les faire m'obéir. Et je les entendais répondre, je les ressentais, comme une extension de moi même. Un, puis deux, puis trois...
Gnnn....Gnnrnnnrrrrrnnrnnnrr......GRAAAAAAAAAAAAAAAH!
Je me sentais léger. Je me sentais royal. J'avais l'impression que mon corps s'étendais par delà les limites de mon physique. Je n'étais plus un. J'étais nombreux. J'étais légion. Car ils étaient moi. Ils étaient une extensions de moi. Je les ressentais tous, un par un... Ils étaient la... Oui...
Mes cent soldats...
C'était parfait! C'était génial! C'était... C'était fatiguant. Ma tête tournait un peu... L'ef...L'effort mental était ptet un tantinet trop important. Surtout pour une première fois. Surtout après la bataille mentale contre le proprio d'ce corps. Je... Je devais faire vite. Je devais donner toute mon énergie, tout mon être pour contrôler ces créatures. Mes créatures.
Fermant les yeux, je voyais défiler à toute vitesse leur point de vue à chacun, et il fallait absolument que je commence par un ordre important:
TOUT CEUX QUI ATTAQUENT DES HUMAINS: STOOOOOOOOP!!!
Je ressentis comme une vague d'émotion me traverser. Du calme, de la stabilité. J'entendais au loin, avec ma nouvelle ouïe surdéveloppée, des cris de surprise venant d'un peu partout.
Et, dans le cas de certains, une risposte.
On attaquait mes loups. Il fallait que je réagisse vite. Juste les laisser immobile à se faire tuer, ça serait du gâchis. Non, je devais agir, je devais protéger. Je repassais à nouveau par leur point de vue à tous, voyant défiler des images à une vitesse hallucinante. Et deux choses finirent par remonter jusqu'à mon cerveau: la première, c'est que je n'avais pas vu de Xël, d'Yliria, de Maïssa ou de Golemito à travers leurs yeux. Une bonne chose.
La seconde, c'est que j'avais vu des cochons.
Beaucoup, beaucoup de cochons.
Et pas du genre mignon des prairies à manger des champignons.
Non, du genre gros, effrayant et dont quelques uns croquaient dans des passants.
Ils avaient l'air nombreux, très nombreux. C'était la cible idéale. Tant que je contrôlais ce corps, tant que j'étais la, je pouvais utiliser cette armée pour repousser une autre armée.
Je changeai de position. Droit, posé sur mon arrière train, la tête assez haute pour observer l'action au loin, mais suffisamment à l'aise pour ne pas avoir à me concentrer sur mes jambes. Je les voyais, à travers mes yeux et à travers ceux de mes loups. Tous ces sangliers... Ils avait l'air coriace, idiot, et, étrangement... appétissant?
Non, pas d'instinct animal bizarre ou j'savais pas quoi! Pas maintenant! J'devais me concentrer, me concentrer. C'est qu'j'allais devoir gérer un sacré paquet d'bestiaux moi... Il fallait voir ça comme ... comme un jeu! Ou comme une histoire, un rêve que j'écrivais. J'allais être tout le monde et personne à la fois!
Je me concentrai...Et lentement, tous les loups, un par un, se tournèrent en direction des sangliers. J'avais des groupes de cinq à six loups par endroit, des solitaires par d'autres... Quand à mes proies, elles étaient moins bien organisées, chacune allant un peu de son plein gré. Il fallait frapper vite, avant qu'ils ne se rendent compte de ce qui se passait. C'était un jeu, une histoire, une pièce de théâtre. C'était une guerre totale que j'allais déclencher... J'étais l'auteur, le metteur en scène, le général! Et je comptais bien finir couronné de succès!
"AOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUH!"
La bataille était lancée! Tous les loups se mirent à fondre sur les sangliers, sans hésitation! Visant les yeux, visant la gorge, ils savaient ce qu'ils devaient faire pour vaincre leur cible.
Groupe de loup Acajou sautèrent à trois sur le même sanglier, l'accablant de blessure, le faisant s'effondrer sur le sol. Tandis qu'ils s'apprêtaient l'achever, trois autres sangliers se mirent à les charger par surprise, éliminant deux d'entre eux.
Groupe Bouleau, composé de juste deux loups, eux, réussirent à faire le premier sans en notre faveur, le premier canidé attrapant à la gorge un sanglier en train de se repaitre d'un cadavre, tandis que le second loup planta ses cornes, puis ses crocs dans le flan de l'animal, l'achevant au passage.
Groupe Cocotier, suivit de groupe Dragonnier, réussirent à dévorer cinq sangliers prit de panique, profitant de leur grand nombre, dépassant la vingtaine, pour les massacrer.
Les sangliers commencèrent à se rebiffer, et à se réunir, chargeant avec violence, mordant tout ce qui passait à leur portée. J'ordonnai au loup de se réunir eux aussi: l'arbre qui cache la forêt, la horde qui en cache une autre! Une quarantaine de loup fonça prendre à revers un regroupement de sanglier, tandis que j'ordonnais à d'autre d'entre mes soldats de se cacher derrières les décombre de la ville, afin de prendre par surprise les porcin isolés.
L'un des cochons était clairement plus redoutable que les autres. Il envoyait valser mes loups d'un coup de tête, en empalant plusieurs sur ses défenses, fonçant comme un enragé à travers tout, brisant même une palissade installée. Je me rendit compte que la direction qu'il prenait me semblait familière. Ouvrant les yeux, je le vi, au loin, fonçant dans ma direction. Ce porc, grand monsieur qu'il était, avait visiblement décidé de s'attaquer au chef en premier. Avec une certaine satisfaction, je vis une dizaine de loup jaillir de ses cotés pour lui sauter dessus et l'immobiliser avant de l'achever. J'avais bien fait d'en rappeler certains auprès de moi en cas de besoin.
La bataille faisait toujours rage. J'observais, physiquement et mentalement la situation. Mes loups étaient plus avantagé dès qu'il s'agissait de prendre dans le dos, ou en embuscade, mais un sanglier arrivait facilement à éliminer un loup isolé, et ces bestiaux n'étaient pas intimidé par un regroupement: ils fonçaient dans le tas, et avaient le temps de faire voler bon nombre de mes soldats avant de succomber aux morsures et coups de corne.
Je sentais quelque chose bouillir en moi, voyant le sang gicler de partout, entendant les cris qui résonnaient bien plus dans mes nouvelles oreilles que dans les anciennes. J'essayai de regrouper mes loups survivant, afin d'organiser plus d'embuscade, ou d'aller achever les blessés, mais, il fallait bien se rendre à l'évidence: nous étions en train de perdre. Je sentais le nombre de canidé diminuer de plus en plus, mais je n'arrivais pas à tous les gérer assez précisément. Ils étaient trop dispersé, et je n'arrivais pas à être partout.
Mais, tandis que j'observais, à travers les derniers membres du groupes Cocotier, deux sangliers survivant approcher pour les achever, je vis une lumière bleutée les couvrir. Elle était chaleureuse, fascinante...Elle était...
Sexy!
Alossarh était en train de pourchasser les derniers sangliers survivants, brulant les fuyard de ses sublimes flammes. C'était poétique, cathartique! J'avais peut être perdu cette bataille, mais les sangliers, eux, avaient perdu la guerre! Relâchant un peu la pression, je me félicitais de tout ce qui venait de se passer, ayant techniquement fait d'une pierre deux coups, en faisant éliminer les sangliers et les loups rouges, mais un halètement plaintif attira mon attention.
C'était un loup.
Un loup rouge encore vivant.
Mais pas vivant pour longtemps.
Il avançait, boitant, une plaie gigantesque sur le ventre, saignant de partout. Il se trainait vers moi, presque désespérément. J'eu à peine le temps d'essayer de voir à travers lui, de ressentir à travers lui, qu'il finit par s'effondrer à quelques mètres de moi. Mort.
Je regardais le cadavre canin. Peut être était ce à cause de ce corps, ou à cause de la fatigue, mais je ressentais une certaine tristesse à le voir comme ça. Après tout, je venais de forcer cet être, lui et tous les siens, à sauter dans une bataille perdue d'avance. Je les avais poussé à la mort. Certes, ça faisait parti du plan, mais je les avais poussé à la mort. Alors qu'ils cherchaient juste à m'obéir. A m'aider.
...
C'était une bonne chose que cette tristesse m'affecte en fait. Je n'devais pas oublier mes valeurs. Certes, c'était des monstres sanguinaires, et sans mon intervention, ils auraient tué bien plus d'innocent. Mais je m'apprêtais à jubiler de leur mort, et je ne devais pas. Je les avais utilisés, consumer dans les flammes de mon ambition et de mes intentions.
L'minimum que j'pouvais faire, c'était au moins respecter leur mémoire.
Cette prise de conscience bien admise, je commençai à me trainer difficilement jusqu'au cadavre. Ramassant ce dernier dans ma bouche, et essayant d'ignorer l'immonde sensation que je ressentais sur ma langue, je me trainai avec mon paquet prêt d'un mur effondré tout proche. Relâchant le corps du loup, je posai une de mes pattes sur sa plaie, cherchant à l'imbiber le plus possible de sang.
Difficilement, je posai ensuite la patte sur le mur derrière moi, essayant de faire un trait, puis un autre, puis un autre. Jusqu'à, enfin, former un simple mot:
"Drac"
Puis, essayant de faire ce qui pouvait être une flèche, je fini par m'effondrer sur le sol. Perte d'équilibre ET fatigue. Mais au moins, j'avais noté mon message.
Y avait plus qu'à espérer que quelqu'un le lise avant de m'attaquer sans réfléchir...
((Drac attends au pied de son mur en essayant de reprendre des forces. Il reste sur le qui-vive si jamais une créature (ou un sorcier) décide de l'attaquer ))