Plaines de Kôchii

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Xël
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Xël » dim. 27 juin 2021 18:00

Le sort étant quasiment acquis je dois m’occuper de ce qui concerne le tatouage. Les derniers jours ont étés difficiles et je suis bien content que la marche se soit arrêter pour la nuit. Mes jambes, mes bras, mes paupières sont lourdes. L’épuisement écrase ma nuque et mes épaules, si je m’installais dans un coin je roupillerais avant d’avoir le temps de bailler. Mais le temps est compté et je n’ai pas le droit d’être en retard sur le champs de bataille.

Je trouve enfin Cherock dans un recoin du campement de fortune, pas loin de son renne étrange. Il semble remarquer ma présence et comprend que je viens pour lui demander quelque chose:

« J’ai décidé de retourner au Val pour retrouver les troupes de Kendra Kâr. Mais j’aimerais te demander un service… J’ai réfléchi et je me suis dit qu’un tatouage pourrait m’être utile. »

Il répond qu’il n’y a pas de problème et que l’on peut incruster un sort de feu ou de lumière si nous attendons Aenaria et Faëlis. 

« Non c’est l’un de mes sorts que j’aimerais transférer. »

J’ignore pourquoi mais l’idée d’utiliser une autre magie que celle de l’air me rends mal à l’aise. J’extirpe de mon sac une fiole de fluide et l’agite.

« J’ai même ce qu’il faut. »

Il commente que c’est plus que suffisant tout en sortant ses outils, affirmant qu’il peut encore le faire ce soir. Je m’approche de lui, me délaissant de mon armure pour exposer mon bras tandis qu’il me demande quel genre de tatouage je désire.

« Bah… j’aimerais bien quelque chose qui symbolise la puissance du vent et ça me fait du mal de l’admettre mais je n’ai jamais vu plus majestueux et puissant qu’un dragon… »

Malgré qu’un bon nombre soient des trouducs. Surpris, il me demande si j’en ai déjà vu. Amusé, je lâche un rire franc:

« Putain ouais. J’en ai vu un paquet, aux noms imprononçables. »

"Un paquet ?! Non de... Est ce que par hasard, y avait-il parmi eux des dragons d'une couleur jaune doré, avec des cornes et une certaine affinité avec la foudre ?"

Le dragon de la tour d’or était doré mais j’ignore quel genre de pouvoir il possède.

« Un doré, oui… avec des cornes… non. Pour la foudre je n’en sais rien. Peut être. Je n’en ai vu que deux utiliser leur pouvoirs. Naral, un dragon rose et un autre, plus gros, noir, qui a bien failli me carboniser. »

« Mmmh... Peut être pas ceux que je cherche alors. Enfin bon. Un dragon, sur l'avant bras. Des requêtes particulières ?"

« Un dragon, quelque chose lié au vent, je te fais confiance pour le reste. »

Il m’installe sur le banc du conducteur et s’assoit à côté de moi. Après un instant de réflexion il m’annonce qu’il souhaite me tatouer le bras mais que la peau y est plus fine et que ça va être douloureux. Je réponds que ce n’est pas grave, qu’il peut s’en donner à coeur joie, qu’il exprime son art comme il le désire et il en semble ravi.

Il parcourt d’abord le long de mon bras en stimulant mon bras à l’aide de décharges. Ce n’est pas douloureux, c’est même plutôt relaxant et peu à peu, mes muscles tendus par les heures passés, se relâchent et se détendent. Cherock se saisit alors de son maillet et d’aiguilles et je l’observe débuter un travail auquel je n’avais jamais assisté, traçant d’abord les contours de la créature ailé. Il en profite pour m’interroger sur les dragons et je lui raconte ce que j’ai vu sur Aliaénon. La bataille de Fan-Ming et leur apparition. Je suis surpris de l’entendre avouer qu’il ne connait pas l’existence de ce monde et de cette cité Ynorienne postée sur ce monde. Je lui explique que le fluide permettant d’y accéder se trouve pourtant à Oranan et que la cité à demander de l’aide il y a quelques années. Je me souviens du monde devant les portes de la ville, ça n’a pas pu lui échapper.

«  Il y a quelques années, j'étais encore un adolescent... alors ce genre de chose me passait au dessus de la tête. Quoi que, ça concorde avec la tentative d'invasion d'il y a 3 ans.

« Ca fait plus que concorder. Oaxaca a tenté d’envahir Oranan en passant par ce monde. Nous avons réussi à l’en empêcher. »

« Eh bien... J'imagine que je dois te remercier pour ça aussi. Et comment on fait pour rejoindre ce fameux monde ? »

« Il existe un fluide dans le sous sol de la Millice mais c’est impossible de l’emprunter pour l’instant, il est bouché de l’autre côté. »

« Je suppose qu’on n’y peut rien, du coup. »

« Non pas pour l’instant. »

Avouais-je avec tristesse. Je suis triste de ne rien pouvoir y faire. Triste de ne plus pouvoir y retourner. Triste en pensant à ceux qui sont coincés sur Yuimen. Triste de penser que je ne verrais peut être plus jamais Sheeala. Triste de repenser à Simaya qui semblait si dépressive sans ses pouvoirs. Je garde le silence alors que le tatouage prend la forme d’une créature splendide. Une longue queue partant de mon coude pour rejoindre l’intérieur de mon bras, le corps massif en occupant toute la largeur alors que ses ailes s’étendent pour regagner le dessus. Des pattes arrières tendus pour donner l’impression de vitesse alors que les membres antérieurs donnent l’impression que le dragon s’apprête à saisir une proie. Seul la gueule manque encore et alors que Cherock commence à mettre des couleurs je lui demande ce qu’il s’est passé après que Crean ait emporté ma cage et il suspend son geste et me raconte qu’Aenaria a été exécuté sans sommations comme j’avais pu y assister. Lui, condamné à mourir de faim et de soif dans sa cage. Faëlis avait eu le rôle de messager comme l’avait annoncé Lorener lors de notre courte entrevue.

Le fulguromancien reprend le travail pour graver écailles par écailles au rythme des coups de maillet. Je garde le silence, le laissant se concentrer alors que je vois des signes de fatigue se dessiner sur son visage. Je reste muet, fasciné par la façon dont le tatouage prend vie peu à peu, allant du vert émeraude au bleu pâle en passant par un nuancé de gris. Je ne peux retenir un « wow » impressionné quand il se lance dans le dessin délicat de la tête. C’est à peine si je ressens le gêne que cause l’aiguille s’enfonçant dans ma peau tant la dextérité de Cherock me coupe le souffle. Une gueule ouverte, garnie de crocs, poussant un rugissement qui se mue en une tempête qui va jusqu’à ma paume. Le tatouage possède la même couleur que mon plastron de Faerunne. Le travail est magnifique, symbolisant parfaitement ce que je désirais. La puissance et l’impétuosité du vent représenté par la créature la plus majestueuse des airs perçant un nuage en rugissant. Cherock admire son travail et je m’attends presque à ce qu’il me demande de me défaire de mon bras pour qu’il puisse le conserver. Après une retouche au niveau des ailes il impose sa main sur le dragon qui se met à briller d’une lueur argentée. Haletant, il m’invite à incruster mon sort dans le tatouage en m’aidant du sort de transfert magique. Je n’ai aucun mal à le visualiser maintenant que j’ai compris l’astuce. Ce couloir où j’enferme un courant d’air en attendant que l’ouverture d’une porte ne le libère. Seulement cette fois le sort prend dans mon esprit la forme du dragon tatoué sur mon bras, fendant les cieux et poussant un rugissement puissant qui chasse les nuages face à lui. Son souffle puissant se glisse dans le couloir de pierre, en prenant tout l’espace qui me paraît même trop étroit pour le contenir. Je ressens en effet que je ne peux pas incruster la puissance du sort tel que je le désire. Je suis forcé de réduire la force dévastatrice du souffle pour ne pas faire céder cette cage spirituelle. Physiquement cela se traduit par mes fluides magiques qui s’extirpent de ma peau sous de fines volutes aux couleurs de mon tatouage. Elles glissent jusqu’au tatouage, faisant briller ses ailes majestueuses avant de s’insuffler dans son corps pour remonter le long de son cou et atteindre sa gueule. Toute la créature se met à vibrer comme si elle prenait vie alors que mes fluides s’insèrent dans chaque trait que Cherock à gravé sur ma peau avant qu’une brise ne se libère de mon bras, faisant virevolter nos vêtements.

« Ca y est. Je crois que c’est bon. »

J’admire l’oeuvre terminée à la lumière de l’éclair qu’a invoqué le fulguromancien pour finir son travail malgré le couché du soleil.

« C’est vraiment magnifique. Merci pour ça. Et merci d’être venu me libérer. »

Je laisse l’Ynorien se reposer tandis que je remets mon armure de sorte à ce que mon tatouage reste visible. Tout comme mon camarade, je me trouve quelque chose à manger avant de sombrer dans un sommeil profond.

((Séance de tatouage avec l’utilisation de mon fiole de fluide d’air et incrustation du sort vents infernaux rang 3))

XP : 1 (Discussions avec Cherock) + 0.5 (Tatouage arcanique)

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Eldros Rougine
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Eldros Rougine » dim. 27 juin 2021 23:08

Le prédateur ultime se lève de son siège quand nous pénétrons dans sa tente. De sa hauteur, il étouffe tout l’espace, donnant la sale impression d’être coincé dans une souricière. Un intrus est présent, presque invisible tant il est discret. Je comprends de qui il s’agit avant même que la Plume si fière aille ployer le genoux devant lui pour lui faire son rapport. Rapport que je confirme de quelques mots en plongeant mon regard de celui de Karsinar, rapidement suivi de Kurgoth qui, alors qu’il se dressait fièrement, tombe soudainement à genoux pour s’excuser de manière pathétique. Je fais donc partie des trois personnes qui se tiennent encore debout dans cette tente et cela n’a rien d’une surprise et ce n’est pas anodin. C’est le signe de leur infériorité par rapport à moi et preuve de leur hérésie. Je ne ploie le genoux que devant les Dieux et malgré leur apparence, leur hauts faits ou leur allégeance, ils restent des mortels de forte déplaisante compagnie. La colère de Karsinar est si prévisible que son coup rageur sur son bureau ne m’étonne pas, ma surprise vient surtout du fait que le bois n’a pas céder sous l’impact. Il jure que les traîtres seront punis pour avoir parjuré un pacte de sang. Quant à nous, il nous ordonne simplement de participer à la bataille. Est-ce tout ? Voilà qui est presque décevant malgré que ce soit rassurant. Je prends la parole, content à l’idée de terminer rapidement cette courte entrevue.

« Je vais de ce pas rejoindre les forces de Darhàm. Où serons nous déployés ? »

Le géant me rétorque que la flotte tient le port d’Oranan sous les ordres de l’Amiral de l’armée Oaxcienne et il doute que ce soit là bas que je sois le plus utile. Je hausse un sourcil. Flatterie, ignorance ou jalousie ? Je rétorque à mon tour:

Où pourrait-on avoir besoin d’un pirate si ce n’est dans la mise à sac d’une cité ?

D’une voix sombre il me confie que la stratégie consiste à attendre que les murs de la cité tombent pour attaquer le port. Il dit vrai, comment satisfaire Phaïtos si je dois passer mon temps à attendre ? Je suis ici pour semer la mort et la désolation, faucher des âmes pour le royaume des Enfers. Ma réflexion est interrompu par une sortie insolente, encore une, de l’elfe blanche :

" Général Karsinar, j'espère que votre envie de plaire à la Reine valait la peine d'engager des inconnus plutôt que de laisser aux assassins l'occasion de réussir cette mission du premier coup. Nous n'avons fait qu'accumuler les ennemis durant cette mission, j'espère que vous vous en tiendrez désormais à dresser des Lykors. "

Elle détourna son regard, méprisante. Je m’attends à ce que sa tête soit arraché de son visage comme on débouche une outre alors que Karsinar semble s’étouffer d’une rage intérieur. Pourtant ce qui suit est bien plus jouissif, elle prend une gifle de son si adoré maître suivie d’un commentaire sec. J’ai rarement vu une telle humiliation, l’Hinionne en guise de réponse va se planque derrière le jupon du maître des assassins, comme une gamine, en nous jetant un regard mauvais. Risible, voilà qui est bien mérité. Remise à sa place d’enfant car au fond elle n’est pas bien différente d’Ezak. Ce sont deux gamins, aveuglés par une ambition mal mesuré, terrifiés à l’idée de décevoir, se vantant pour des hauts faits oubliés de tous et se croyant au dessus des autres alors qu’ils ne sont rien, l’un se pavanant derrière de nombreux hommes l’autre remise à sa place comme une petite merdeuse après s’être fait vaincre par un corbeau ridicule. Je me racle la gorge, faisant passer mon désir de pousser un rire moqueur pour relancer l’échange:

« Bien. Je saurais me montrer utile ailleurs. »

Je garde ensuite le silence, observant Silmeria sans laisser transparaître d’émotions, gardant un silence parfait et une respiration sereine tandis que les plus gros bas échangent sur la stratégie en place. Maintenir les Ynoriens enfermés le temps de vaincre leurs alliés avant de raser la cité. Il est question de mort, de sang, d’honneur, des broutilles alors je songe à des massacres, des océans rouges, l’annihilation de tout ce qui vit sur ses plaines. Je veux que toutes les âmes présentes sur cette partie du continent soient offertes à Phaïtos et je dois trouver comment.


Karsinar me tire de ma réflexion en annonçant l’entrée d’un nouveau protagoniste dans la pièce. Un bâtard mi-homme, mi-animal, une aberration, grand, puissant et capable de parole comparé au spécimen qui se trouve sur La Baliste. Présenté comme Sirat, dont j’ignore les titres hormis celui concernant le dragon noir, la création de mon vénéré Dieu tutélaire. Je plisse un oeil avant qu’une grimace de mépris ne passe sur mon visage. Encore un titre auto-proclamé, sorti de nulle part, j’en aurais eu mon lot au cours de ce pèlerinage. Je le hais avant même qu’il dit demande où sont les traîtres. Stupide chat de gouttière balafré. Difficile de camoufler ma hargne face à une telle engeance et le voici qui part dans une longue tirade pour répondre aux accusations de Kurgoth, l’accusant déjà de trahison. Il vend les informations qu’il possède sur des mercenaires à la solde de Kendra Kâr. Des bohémiens, des pirates, des soit-disant dragons et autres acrobates ratés venant du cirque d’où cet animal s’est échappé. Ridicule ! Ils ne sont rien face au pouvoir que m’a confié Phaïtos et ils seront tous balayés !

(En votre nom et pour votre gloire ô puissant Phaïtos.)

Je ne dois pas laisser ces inepties troubler ma quête, répandre la mort. A nouveau, je me racle la gorge pour attirer l’attention :

« Puis-je vous demander une vue globale sur les forces en présence ainsi que l’arsenal que vous possédez ?»

Karsinar soupire lourdement, sans doute ennuyé de devoir formuler une phrase intelligible. Il y parvient cependant, m’expliquant ce qu’il est autorisé à me dire:

"Le gros de nos troupes sera concentré sur la Plaine de Kôchii, dirigé par les généraux Aerq, Leona, Sisstar et Xenair ici présent. La cité d'Oranan restera en blocus total, et mon armée ainsi que les troupes inutiles en mer du général Perailhon tiendront à distance du combat les troupes d'Ynorie, si tant est qu'elles osent intervenir. Une armée dirigée par les généraux Lorener et Khynt flanqueront l'armée de Kendra Kär et ses alliés, rejoints par l'armée de shaakts de Caïx Imoros."

Xenair quitte la pièce après quelques paroles, suivie de sa pupille qui ose encore faire preuve d’insolence en exagérant une révérence malgré l’humiliation qu’elle vient de subir. Je reprends la parole une fois cette gamine hors de ma vue.

« Peut être qu’il y a un moyen de rendre la flotte dans la baie plus utile. Le navire sur lequel je navigue est équipé d’une baliste. Nous avons des artilleurs et des charpentiers compétents. Si nous en avons encore le temps, avec tous les bras qu’il y a sur les navires, nous pourrions peut être équipés d’autres navires de la sorte et faire pleuvoir des projectiles depuis la mer. »

Mais visiblement, malgré des navires déjà armés, la flotte ne s’engagera dans la bataille qu’au dernier moment. Indubitablement, ma place ne sera pas en mer. J’incline la tête, n’ayant rien de plus à apprendre de la part du prédateur. Je quitte la tente à mon tour et observe les autres mercenaires partir vers l’armée principale.

(Bon débarras. )

Pensais-je. Si ma place était encore parmi eux Phaïtos me l’aurait fait savoir.

« Monsieur Rougine. »

Jiat Laeten attire mon attention, me détournant du regard méprisant posé sur mes anciens équipiers.

« Nous retournons en mer, nous sommes chargés du blocus du port. Nous devrons redoubler d’efficacité pour piller Oranan. Je compte bien rentabiliser cette attaque. Ne perdons pas de temps. »

J’ouvre la bouche pour exprimer mon refus que j’attends être mal reçu par mon capitaine mais un son familier me coupe l’élan. Derrière moi une nuée de corbeau s’envolent en poussant leur cris funestes, filant vers l’est, vers les montagnes, loin de la mer.

(Selon votre volonté ô puissant Phaïtos. )

Je me tourne à nouveau vers Laeten en déclarant.

« Je regrette mais Karsinar m’a confié une autre mission pour rattraper notre échec. »

Le capitaine me lance un regard suspicieux mais incline finalement la tête.

« Bien. Nous nous reverrons après la bataille mais sachez que vous aurez une part réduite si vous ne participez pas au pillage. »

« C’est tout à fait normal. Mais si je refuse d’obéir c’est mon corps qui sera réduit d’une tête. »

Il incline la tête et me souhaite sincèrement d’être prudent avant de faire volte face et de retourner vers le port. Ainsi nos chemins se quittent pour le moment. Phaïtos m’a mit Laeten sur ma route et maintenant il m’en montre une nouvelle que je vais suivre, porté par ma foi inflexible.

XP : 1 (Réunion et discussions)

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Jorus Kayne
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Jorus Kayne » lun. 28 juin 2021 14:26

Alors que nous nous sommes préparés pour affronter deux des lieutenants d’Oaxaca, voici qu’un accord avec ces derniers est conclu. En promettant de parler au roi dans l’intérêt des porteurs de fluides sombres, nous gagnons un délai supplémentaire avant d’envoyer l’armée des morts marcher sur les troupes kendrannes. Si nous arrivons à permettre aux mages noirs de ne plus être inquiétés de répressions, en plus de leurs permettre de pratiquer leur art, considéré actuellement comme interdit, le grand nécromancien accepte de trahir l’accord qui l’unit à Oaxaca. C’est en tout cas le souhait d’Herle, l’imposant à son apprenti.

L’accord étant conclu, le maître nous invite à quitter les lieux pour les laisser continuer leur rituel. Mes camarades s’y dirigent de bon gré, m’obligeant à me dévoiler pour les suivre. Je sors du passage, pénétrant ainsi dans la lumière sous les yeux surpris de ces deux êtres, dont le simple nom sonne l’effroi. Nos regards se croisent, en particulier ceux de Gadory qui ne semble pas apprécier de ne pas avoir repéré un ennemi potentiel. Je m’arrête entre les deux hommes, mes armes toujours en mains attendant de voir leurs réactions de surprise. En me révélant, je montre que nous avions un atout dans notre manche, mais que nous avons préféré l’écarter pour respecter l’accord. Ce geste démontre, je l’espère, notre bonne foi. Contrairement à l’apprenti, Herle joue gros s’il est sincère dans ses propos. Face à un homme un vient tout de même de trahir le plus grand danger de Yuimen, je range mes armes et hoche brièvement la tête vers le maître. Nous avons perdu l’opportunité de vaincre un puissant adversaire, mais nous pourrions obtenir à la place un allié de valeur. Qui sait si Naral ne va pas refaire surface ou si le portail menant à Aliaénon, ne va pas faire surgir un Titan. Si ce jour arrive, l’aide d’un mage comme Herle sera un atout considérable.

J’avance sans plus de cérémonie et pars à mon tour, traversant en passant entre les quatre statues et près du prince elfe, ainsi que son regard à refroidir une créature de glace. Seules des statues elfiques momifiées me semblent les plus chaleureuses avec leur expression absente. Puis c’est par le biais de l’antichambre de la mort, que nous avons aperçue précédemment, qu’il faut parcourir pour sortir de ces ruines. Sans le moindre geste agressif, serviteurs d’os nous laissent passer, alors qu’un assaut ferait un effet des plus redoutables maintenant. Etrangement, mes compagnons ne semblent plus aussi affectés que précédent. Les différents signes de malaises paraissent les avoir quittés. Même la créature à l’entrée des ruines, un gentâme selon les dires des nouveaux résidents, ne pipe mot à notre passage. Seul un picotement sur les deux marques du poignet se font ressentir et même si cela me démange de passer mon doigt dessus, je fais un effort de volonté pour l’oublier.

Une fois à la surface, je prends une grande inspiration, rapidement interrompue par une vision des plus étranges. Alors que l’aube d’un jour nouveau et ses rayons revigorants nous atteignent, Yliria réagit d’une façon unique à la présence du soleil. Rayonnant comme si elle était la manifestation de l’astre solaire, elle disparait presque comme avalée par ses rayons, ne faisant qu’un avec lui. Puis cette étrange manifestation s’interrompt, nous laissant observer la jeune semi-shaakt sans prononcer un mot. Une forte puissance émane d’elle et s’est avec une certaine fierté, que je me sens faire partie de son cercle restreint en tant que membre des danseurs.

C’est finalement Tobias qui nous sort de notre rêverie, rappelant que le gentâme nous a averti de l’attaque contre le roi. Nous reprenons donc prestement la route avec nos montures. Cependant, il ne nous faut pas autant de temps qu’à l’aller pour retrouver l’armée. Au bout de quelques heures de chevauché seulement, nous faisons face à l’armée et lorsque nous rencontrons les premiers soldats qui viennent à nous, Tobias prend les devant. Nous apprenons que le suzerain se porte bien et le capitaine fait venir le comte jusqu’à nous. Ce n’est que plus tard, lorsque l’armée fait une pause que nous avons l’opportunité de voir notre responsable de mission. Tobias tente de demander une audience auprès du roi, mais le comte Ybelinor ne semble pas l’entendre de cette oreille, attendant lui-même le rapport de notre excursion. Yliria tente bien d’user de la tentative d’assassinat sur le roi, mais elle n’obtient que mépris et méfiance concernant la tentative avortée que nous ne devrions avoir connaissance. Après avoir exigé à Tobias son rapport celui-ci relate les faits, ainsi que l’accord passé avec les maîtres nécromants. Cependant, je crains que nous n’obtenions rien de la sorte.

(Ce sale type peine déjà à tolérer Tobias alors deux semi-shaakt et moi qui suis né dans les rues, cherchant à argumenter dans l’intérêt de deux puissants nécromants, on part perdant avant d’avoir même commencé !)

(Il est vrai que c’est un con parmi les cons, mais c’est aussi un proche du roi. Comment tu penses que vous devriez faire ?)

(Jouer son jeu. Se faire passer pour quelqu’un qui ne tolère pas les shaakts et la magie noire. Je pense qu’il ne partage pas l’ouverture d’esprit du roi. Si j’arrive à me le mettre dans la poche, je pourrais être l’argument parfait pour montrer au roi qu’il a tort. Une fois devant lui, ne j’aurais plus qu’à changer de discours !)

(Minute papillon, on est d’accord que tu comptes trahir ton groupe là ! Tu risques de te les mettre à dos !)

(Nous n’arriverons pas à voir le roi, j’en suis certain. Pas comme ça en tout cas. Qu’ils me méprisent, qu’ils me haïssent, qu’importe tant que je vois le roi !)

Mon visage se ferme devant une situation fermée et alors que Tobias vient établir son rapport de notre expédition, je décide d’intervenir. Je m’approche de notre commanditaire et le salue respectueusement en posant genoux à terre, la tête pointée à ses pieds.

"Mon seigneur, bien que je ne sois pas militaire, j’ai moi aussi un rapport à vous faire part. Comme l’a expliqué le capitaine, nous avons atteint les ruines et trouvé la source des lueurs magiques. Deux individus étaient présents et se sont identifiés sous les noms de Herle Krishok et de son apprenti Gadory. Il y a effectivement eu un échange où l’accord que Tobias vous a énoncé a été conclu. Cependant, il élude certains points. D’une part, ils étaient en plein rituel magique et donc plus vulnérable à un assaut. Je pense que cet accord de trêve n’était là que pour nous amadouer et permettant ainsi à ces mages maudits de poursuivre leur sordide rituel. D’autre part, je m’étais préparé à affronter des adeptes de cette répugnante magie noire, en préparant en amont de la brise-magie. Mon arme possède une capacité particulière, qui aggrave les blessures au fur et à mesure du temps. Non seulement une simple estafilade aurait anéanti le pouvoir magique du maître nécromant, mais sans ses pouvoirs, elle lui aurait été fatale. Mon seigneur, nous avions l’opportunité de mettre un terme définitif à la vie de la pire engeance que les mages noirs aient pu compter…et nous l’avons sottement perdu."

Je prends le temps d’une inspiration avant de regarder les membres de mon groupe.

"Mes…camarades, avaient connaissance de cela. C’est tapis dans l’ombre, en attendant le meilleur moment pour frapper, que j’ai été témoin de ce…cette trahison de l’homme que vous avez promu et de ces shaakts !"

Puis je pose à nouveau mon regard sur les pieds du comte.

"Mon seigneur, vous nous avez confié une tâche et c’est en laissant le rituel magique se poursuivre que nous sommes repartis. Je ne suis certes qu’un gueux à vos côtés, mais j’ai le sens de l’honneur et du devoir. C’est dans le simple but d’être certain que l’entièreté des faits vous soit révélée, que je me suis assuré de revenir vivant. Je n’ose imaginer la réaction du roi lorsqu’il apprendra le triste échec de votre mission, mais si vous me permettez d’être présent, je m’assurerais qu’en aucune manière votre honneur n’en soit bafoué lorsque le roi réclamera des résultats !"

Je relève la tête pour poser lourdement mon regard sur Yliria et Kiyoheiki

"Votre seul tord ait été de faire confiance aux mauvais individus !"

(Par tous les dieux tu es fou ! J’espère que tu es prêt à en subir les conséquences parce que si tu te rates, ça va faire très mal !)

(Nous le devons. Qu’ils me méprisent, qu’ils me haïssent, qu’importe tant que je vois le roi !)

La réponse d’Yliria ne se fait pas attendre et parmi eux trois, c’est elle que je crains le plus de par notre lien aux danseurs.

"De tous les abrutis que j'ai croisés sur Yuimen, t'es clairement le Roi incontesté, Jorus. Redescend de ton foutu piédestal avant de croire pouvoir te mesurer à deux des nécromanciens les plus puissants de Yuimen alors que t'es pas fichu de tuer un simple mort-vivant sans te faire arracher la moitié du visage ! Ils avaient une armée ! Une PUTAIN d’armée ! Tu serais mort, Jorus, et nous avec et personne n'aurait su pour cette armée qui les aurait attaqués dans le dos si nous avions simplement agit sans réfléchir. À quoi bon mourir si cela ne change rien, tu peux me le dire ? Et tu oses nous dire que nous avons trahi ? Alors que nous empêchons deux nécromants de créer un ost de morts ? Que nous sauvons des milliers de vies ? Que nous affaiblissons les forces d'Oaxaca sans même avoir à combattre ? Comme tu l'a dit, t'es qu'un gueux, Jorus, si t'as même pas conscience de ce qui s'est joué là-bas et si tu penses que nous avons échoué. J’ai bien plus de raisons que toi de haïr Oaxaca, ses shaakts et ses hordes, mais je suis visiblement plus mature et réfléchie qu’un débile inepte dans ton genre. Tu ne mérites pas le pendentif que tu portes autour du cou si ta seule volonté est de tuer ce que tu ne peux comprendre, sans chercher à voir au-delà de ce que tu as sous le nez. Tu vas me le rendre, ou je le prendrai par la force et t’es clairement pas capable de m’en empêcher, Jorus Kayne."

La main tendue, elle exige que je rende le pendentif de mon propre chef, sans quoi elle me l’arrachera de force.

(Bon sang, elle n’y est pas allée de main morte !)

(Je la comprends en même temps, vu ce que tu as balancé. Tu tiens le coup ?)

(J’avoue que ça fait mal, mais il faut prendre un tel risque si je veux avoir cette chance de voir le roi !)

Il s’ensuit Tobias qui malgré mes propos, continue de demander son audience. Quitte à ce que nos histoires se contredisent, le comte pourrait nous amener à voir le roi pour en connaître le dénouement. Jusque-là Kiyoheïki qui s’était montré d’un tempérament assez calme, démontre que même sans hausser la voix, il est possible de frapper par des mots. Une deuxième fois, mon attitude est malmenée. Alors que je n’ai cessé de fixer Yliria, à son ordre de lui rendre le pendentif, je me lève en lui faisant face sans ciller.

(Sois fort, car tu ne peux plus faire marche arrière désormais.)

(Qu’ils me méprisent, qu’ils me haïssent, qu’importe tant que je vois le roi !)

"Me l’arracher de force ? Je serais curieux de voir cela, cependant je ne souhaite pas m’afficher ainsi devant le comte."

J’enlève délicatement l’emblème des danseurs autour de mon cou et rassemble dans le creux de ma main l’ornement, ainsi que sa chaîne.

"C'est par ma seule volonté que mes armes se meuvent !" Dis-je en déposant le tout dans sa main, sans aucune forme d’hostilité. "Certaines choses doivent être dites et d’autres doivent être faites ! J’assume l’entièreté de mes propos aujourd’hui et demain."

Je fixe sans rompre le duel visuel entre moi et la jeune sami-shaakt.

"Et j’ai pleinement conscience à qui je dois ma loyauté."

(Je la dois à mes compagnons d’armes, je la dois à ceux qui se battent et risque leur vie, je la dois à ceux qui me porte et que je porte en retour. Pas à cette espèce de merde prétentieuse !)

Puis je regarde Kiyoheïki avant de reprendre.

"J’ai dit ce que j’avais à dire. Pour la suite, je laisse le soin au comte ainsi qu’au roi de prendre les mesures qui s’imposent et si je dois réitérer mes propos devant sa majesté, alors qu’il en soit ainsi !"

Encore une fois, Yliria se montre particulièrement incisive dans ses propos en saisissant l’emblème des danseurs.

"Ne me cherche pas Jorus, tu n'es pas capable de me tenir tête et tu en as parfaitement conscience. Et tu n'as pas le droit de prononcer ses mots quand tu n'en comprends pas les tenants et aboutissants."

(Qu’ils me méprisent, qu’ils me haïssent, qu’importe tant que…)

" J'espère que tu réussiras à dormir en vivant comme un lâche et un traître à présent."

(…tant que…)

"Profite bien de ton petit moment de gloire et que nos routes ne se croisent jamais à nouveau..."

(Arrête je t’en prie !)

Garder mon calme commence à être un véritable défis, tant j’ai envie de dire que tout n’était que mensonge. Le comte me permet de penser à autre chose en résumant la situation.

"Si... je résume bien la situation : Vous avez laissé deux nécromants surpuissants et clairement identifiés comme nos ennemis œuvrer librement à des rituels pouvant faire tourner l'avantage de la bataille à venir en leur faveur contre une simple promesse orale qu'ils n'en feront rien, et ce dans le but de sauver votre propre peau."

Alors qu’il s’interrompt un instant, j’ai un frisson glacé qui me parcourt le dos.

"Si vous étiez des soldats de l'armée, vous seriez sur-le-champ exécutés pour haute trahison au Royaume et à la Couronne. Puisque vous n'êtes que des aventuriers, et je déplore encore davantage la décision de vous faire confiance pour ces tâches majeures, je vais juste vous congédier CÉANT des alentours de cette armée."

Tobias, élevé au titre de capitaine, se fait déchoir de son titre et évite de peu l’exécution. Nous avons ordre de nous rendre en première ligne de front, tandis que le conseiller du roi transmettra son rapport. Alors que nous sommes congédiés comme des malpropres, je suis le seul à être acquitté des faits retenus contre nous. Pire encore, la chance de voir le roi me passe sous le nez, mon visage devenant blême. Alors que je garde le contrôle sur les tremblements de mes mains, je cherche le regard de notre interlocuteur.

"Mon seigneur avant d’aller me préparer à la guerre, puis-je vous demander la possibilité d’être présent lorsque vous relaterez ces faits au roi ? Nul doute qu’il demandera de plus amples explications quant aux raisons de notre échec. Vos érudits pourraient demander de plus amples détails concernant le rituel en cour, ou orienter ma mémoire sur des faits qui m’auraient paru anodin. Cela pourrait être utile pour contrer les forces ennemis de Nayssan et orienter les décisions du roi."

(Par tous les dieux je vous en prie, accordez-moi cette faveur ! Qu’ils me méprisent, qu’ils me…qu’ils me…)

(Tiens le coup Jorus !)

"Résumez la situation comme cela vous arrange, cela ne m'importe plus. J'en ai terminé avec vous, les Kendrans. Je ne risquerai pas ma vie à nouveau pour des gens comme vous, qui se complaisent dans leur haine, leur médiocrité et leurs œillères en étant moins ouvert au dialogue que ceux qu'ils traitent de monstres. Je me battrai pour le salut des autres peuples, mais certainement pas pour le vôtre." Lance à nouveau la jeune semi-shaakt.

Sa remarque est autant dirigée sur le noble que sur moi. J’ai mal, j’ai trahi mes camarades et me prendre tant de coups de la sorte est à peine supportable. Sans la présence réconfortante de ma faéra, je pense que j’aurais vacillé depuis longtemps. Alors que la danseuse se tourne vers nos deux autres compagnons, le comte me répond finalement, sonnant le glas de mon être.

"Non. Faites-moi un rapport détaillé par écrit de toutes vos découvertes, sans rien omettre, et je lui remettrai. Mais dans la situation actuelle, il est impossible que vous le voyiez directement. Quant à dénicher des conclusions dans votre mémoire, demandez donc à vos partenaires de vous y aider. Si tant est qu'ils acceptent encore de vous adresser la parole."

XP : 0.5 (Retour vers l'armée), 1 XP (Discussions et rapport houleux).

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TheGentleMad
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Re: Plaines de Kôchii

Message par TheGentleMad » mar. 29 juin 2021 17:11

-----K-----


En posant pied à terre, le groupe d'aventuriers fut accueilli par un groupe de soldats dont le chef semblait connaître Silméria. Lorsqu'il lui demanda qui étaient ses deux compagnons, elle les présenta comme des "murènes", un nom qui fit réfléchir Kurgoth. Kurgoth avait déjà entendu ce nom lors de son année au temple d'Omyre, mais il avait beau chercher dans sa mémoire, il n'arrivait pas à retrouver ce à quoi il était associé. Ayant suivi le groupe machinalement en réfléchissant, il se trouvait déjà en train de pénétrer dans la tente du prédateur ultime. Là, ce dernier se releva de toute sa hauteur, dominant la pièce, en demandant un rapport. L'assassine fit alors son rapport à Xenair qui se trouvait également là, évoquant la trahison et l'évasion. Le pirate de son côté précisa l'identité des traîtres avant que le garzok n'intervint à son tour.

"Je confirme leurs dires. Le sergent de Lorener et ses hommes nous ont livrés à l'ennemi pour sceller leur alliance. Nous avons échoué à tous les tuer lorsque nous avons réalisé la supercherie... Veuillez pardonner notre faiblesse."

Sa voix vacillant alors qu'il tremblait de rage, furieux de devoir à nouveau avouer un échec à l'un des treize lieutenants de la Cheffe de Guerre Suprême, il se laissa tomber à genoux, tête baissée, le visage déformé par la rage. Furieux, Karsinar manqua de briser sa table en frappant dessus. Il intima ensuite aux mercenaires de rejoindre l'armée où ils serviraient pour s'acquitter de leur pacte, tout en maudissant les traîtres. Resserrant sa prise sur son arme, le chevalier répond aussitôt avec ferveur :

"Pour chaque traître nous ayant échappé, dix soldats mourront !"

De leur côté, le pirate demanda où rejoindre les marins de Darhàm tandis que l'assassine s'entretint avec son supérieur qui lui proposait une nouvelle tentative de régicide. Le prédateur ultime paru apprécier la dévotion du prêtre de Thimoros en l'encourageant avant d'indiquer au pirate que le port étant déjà sous contrôle, Pérailhon n'aurait pas besoin de lui d'après leur plan de siège. L'elfe décida alors provoquer Karsinar en le blâmant pour la trahison et l'incitant à se contenter de dresser des liykors. Alors que celui-ci parut sur le point d'exploser de rage et de la réduire en charpie, Xenair remit à sa place sa sbire d'une gifle sonore. Le garzok se releva alors pour changer de sujet et se renseigner :

"Comment avez-vous prévu la bataille ? Quelle y sera notre place ?"

Karsinar expliqua, toujours nerveux, que les troupes autour de la ville ynorienne, resteraient uniquement à tenir le siège et empêcher toute sortie tandis que le reste de l'armée s'attaqueraient aux alliés venus sauver la cité humaine, laissant le choix aux aventuriers de leur rôle au milieu de tout cela. Kurgoth répondit aussitôt, réfléchissant à mesure qu'il s'exprimait :

"Si votre objectif était de prendre la ville par un assaut des murailles, ç'aurait été un honneur de combattre sous vos ordres et d'être le premier à prendre pied sur les remparts. Mais je crains que Thimoros n'apprécie guère de me voir attendre que la vermine daigne sortir alors que je pourrais mener la charge contre l'armée kendranne. Permettez que je vous quitte ici pour rejoindre l’officier commandant le reste de l'armée noire."

Le général approuva puis présenta un autre colosse, cette fois plutôt de la taille du chevalier, mi-humain mi-bête qu'il nomma "Celui-qui-chante" et qui portait, sembla-t-il une marque du Dragon Noir. À peine entré, celui-ci demanda au pirate et au barbare où se trouvaient les traîtres, les nommant par leurs noms comme s'il les connaissait. Avant de lui répondre, le prêtre de Thimoros s'attarda sur son nom, puisqu'il se rappelait de rumeurs sur un mercenaire portant le même nom, entendues à Omyre. Ainsi, il questionna les généraux :

"Messires, des rumeurs qui sont arrivées à mes oreilles. Celui-qui-chante est un paria à qui nul ne doit adresser la parole. Si c'est bien lui que fait-il ici ?"

Puis, jugeant qu'il pouvait bien lui parler puisque les généraux l'acceptaient sous leur tente, il demanda au nouveau venu :

"Quant à toi, paria, d'où connais-tu ces traîtres ? Et comment peux-tu avoir une marque du dragon noir en étant un paria ? Tu es encore un traître au service de cette vermine kendranne ? Tes amis ont rejoint leur maître après nous avons vendu, inutile de les chercher ici !"

Le premier à répondre fut le sang-mêlé, expliquant que son statut de paria importait peu puisqu'ils luttaient tous deux pour la victoire d'Oaxaca, évoquant un danger à venir qu'elle seule pourrait affronter. Il nia ensuite toute amitié avec les traîtres, ayant croisé les nécromants lors d'une mission précédente et précisant qu'il tuerait le sergent s'il lui barrait le chemin. Il se mit ensuite à lister les mercenaires engagés par la couronne kendranne, les décrivant brièvement, et indiquant qu'il en avait croisé d'autres sans les connaître. L'un des noms fit réagir l'elfe, apparemment désireuse de trancher cette gorge si elle la croisait. Kurgoth répondit au bâtard d'un ton suspicieux :

"Tu n'auras ma confiance que lorsque je te verrai mettre à mort ceux que tu viens de citer."

Le prédateur ultime intervint ensuite pour rappeler au chevalier que leurs armées étaient hétéroclites, chacune ayant ses propres intérêts, mais qu'elles s'étaient rassemblées et étaient si nombreuses justement parce que ces intérêts particuliers se rejoignaient. N'ayant rien à répondre à cela, le barbare se contenta de demander :

"Prédateur Ultime, puisque nous ne combattrons pas sur le même front, pouvez-vous m'indiquer à quel général je dois m'adresser pour la bataille à venir ainsi que la direction à prendre pour le rejoindre ?"

Après avoir expliqué vaguement le positionnement des corps d'armée pour répondre au pirate, le colosse indiqua au garzok de se rendre à l'Est, avec Xenair, puis de demander ses ordres à Sisstar. N'écoutant pas une autre question du pirate, Kurgoth s'apprêtait à suivre Xenair et sa subalterne qui venaient de sortir de la tente en déclarant :

"Si l'un de vous est à pied, j'ai une charrette."

C'est alors qu'il se rappela qu'il ne savait pas la récupérer, puisqu'il l'avait confiée à la liykor noire avant de partir de mer. Ainsi, il posa une dernière question à Karsinar :

"Où sont les écuries ? Sarl s'était occupée de ma monture avant notre départ."

Se voyant indiqué la direction Sud-Est, il quitta la tente après un salut militaire au général. Là, Xenair et l'elfe étaient déjà hors de vue. Le garzok se précipita alors aux écuries afin de récupérer sa monture avant que l'Assassin Solitaire ne quittât le camp sans lui, jugeant que son armée dans le gros de l'armée serait plus simple en accompagnant le général. Aux écuries, il reconnut rapidement sa monture, qui dépassait d'une tête au moins toutes les autres, comme lui parmi les siens. Ainsi l'animal le reconnu aussi rapidement lorsqu'il le siffla et vint se présenter d'elle-même à son maître. Trop occupés à leurs tâches, aucun palefrenier ne tenta de l'empêcher de récupérer son véhicule et il prit rapidement la direction de l'Est pour rejoindre le reste du groupe prenant cette direction.

Après être sorti du camp de siège de Karsinar, à présent en compagnie de Xenair, Silmeria et Sirat "Celui-qui-chante" qui les avait rejoints et étrangement aucun garde, Kurgoth demanda à l'assassine :

"Tout à l'heure, tu as parlé de murènes. J'ai quelques fois entendu parler de ça à Omyre. C'est quoi exactement ?"

Se rappelant le mépris qu'elle démontrait envers tout le monde, y compris Karsinar, il s'empressa d'ajouter :

"Je ne parle pas des poissons."

Elle répondit qu'il s'agissait d'une caste d'assassins formée à Omyre, ajoutant rapidement avec une fierté non dissimulée qu'elle s'étendait à présent jusqu'à Kendra Kar. Devant l'orgueil si voyant, le garzok ne put s'empêcher de réagir, reprenant la même expression que l'assassine à propos du roi humain.

"Au nez et à la barbe, hein ? Ceux-ci doivent être longs pour que sa gorge ne soit toujours pas tranchée... Je comprends mieux notre libération et ce diplomate sorti de nulle part."

Elle se défendit alors que le roi n'était pas le rôle de cette caste, ce qui parut bizarre au garzok si celle-ci servait Omyre, mais elle ajouta qu'elle attendait une occasion pour tuer le monarque depuis longtemps pour raisons personnelles avant de menacer une fois de plus les traîtres. Un peu plus tard sur le chemin, Kurgoth remarqua le bâtard en train de ralentir sa monture pour arriver au niveau du chevalier et l'inciter à laisser quelques mètres entre eux et les assassins pour discuter. Il commença la conversation en abordant la méfiance dont il était l'objet précisant que tous n'étaient pas aussi méfiants envers lui. Pensant qu'il ne s'agissait que du prédateur ultime, le barbare répondit froidement :

"Que tu sois parvenu à convaincre Karsinar est une chose, les traîtres qui nous ont vendus l'ont fait aussi. Je n'irai pas contre la volonté des treize et je combattrai donc à tes côtés. Pour autant, tu n'as pas ma confiance et je me garderai bien de te l'accorder avant que cette bataille ne soit terminée."

Bien que son interlocuteur était ouvertement méfiant, le bâtard, lui, semblait sûr d'en gagner la confiance, rappelant les propos de Karsinar : ils avaient des buts différents, mais un même moyen pour les accomplir. Toujours suspicieux, Kurgoth demanda :

"Irais-tu jusqu'à me dire ton but ? Que je sache à quel moment nous devrons nous entretuer..."

Si Kurgoth n'attendait pas grand-chose avec une telle question, il obtint encore moins que prévu : une question sur ses connaissances d'Astérök.

N'offrant pas plus qu'il avait obtenu, Kurgoth répondit :

"Les ruines dans les montagnes ?"

Souriant, le sang-mêlé prétendit qu'il s'agissait là de l'avenir des garzoks qui prendrait place à la fin de ce conflit. Il alla même jusqu'à lui suggérer d'entrer dans l'histoire en en faisant partie. Se méfiant toujours de cet étrange paria marqué par la Cheffe de Guerre Suprême, le barbare décida de botter en touche, ainsi son interlocuteur ne pouvait être assuré que ses tentatives de persuasions étaient vaines. Il le laisserait ainsi dévoiler son projet pour mieux livrer ce traître à la déesse une fois la bataille et son utilité dépassée. Kurgoth était un prêtre de Thimoros, jamais il trahirait la fille de ce dernier, mais conserver le doute avec ce bâtard lui permettrait sans doute d'être récompensé par la fille de son dieu tutélaire.

"Commençons par gagner cette bataille, car si nous la perdons, mon peuple sera éradiqué de ce monde une nouvelle fois."

Alors qu'il faisait référence aux anciennes légendes racontées au temple, le semi-félin assura qu'il ne le permettrait pas, prétendant avoir de nombreux amis peaux-vertes. La conversation terminée, ils se rapprochèrent des assassin et le groupe rejoignit le camp de l'armée principal sans plus de discussion.
1915mots
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Akihito
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Akihito » mar. 29 juin 2021 18:24

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

26 : Raid éclair.

Akihito avait fait bon nombre de choses terrifiantes et fascinantes. Mais voler dans les airs à haute vitesse tout en sentant l'air frapper son visage et faire voler ses cheveux, ça se plaçait aisément dans son top 5 des choses les plus effrayantes et grisantes qu'il avait vécu. Passée la longue minute d'ascension à une vitesse vertigineuse, il se permit d'ouvrir les yeux, pour observer sous lui le sol à des centaines de mètres. Instinctivement, ses doigts se refermèrent sur la crinière de Cromax avec plus de force, alors qu'il serrait entre ses jambes sa monture volante, pour ne pas tomber.

(Bordel de...)

(Ouais, ça fait haut là.)

(On peut vraiment lui faire confiance ?)

(Est ce que tu as vraiment le choix, maintenant ? Puis, si sa logique m'échappe un peu pour ne pas dire complètement, il avait l'air sincère en disant qu'il voulait sauver Xël. Donc quelque part, autant accepter son aide. T'y serait allé quoi qu'il arrive.) philosopha la Faëra.

Avec le temps, Akihito fini par s'habituer au vol, et se redressa pour regarder autour de lui. Le battement puissant des ailes du destrier ailé claquait dans l'air à intervalles réguliers, ajoutant au hurlement ambiant du vent. Il tenta bien d'interpeller Cromax, mais sa voix se perdait dans le bruit à chaque fois. Il renonça donc à parler avec lui et profita un peu plus du paysage. Le soleil, haut dans le ciel, avait commencé sa lente décroissance. Il baignait de sa lumière le monde sous ses pieds, faisant briller le lac de Nostyla au loin, comme un joyau brillant de milles feux. Et puis, il y avait la forêt, non loin. Une vaste étendue émeraude, entourées de champs. A une telle altitude, il ne pouvait avoir aucun détail. Mais la beauté d'une vue si vaste, si immense comparée à lui, ne pouvait pas le laisser indifférent.

Il ne put s'empêcher d'éclater de rire. Ce moment semblait suspendu dans le temps. L'horreur de la guerre et de ce qui était et allait être ne semblait pas pouvoir toucher la magnificence d'un tel spectacle. Il commençait à envier les oiseaux, shamans et autres Cromax de pouvoir avoir ce genre de vue si facilement. Mais, au milieu de ce spectacle, un long filin noir venait tâcher le tableau. Sa monture volante commença à piquer et à mesure qu'ils s'approchaient du sol, le filin devint un ruisseau, une rivière, un fleuve d'acier et de et de chair. L'armée de Crean était en marches, des milliers de soldats progressant lentement à travers la campagne ynorienne. Akihito regretta de ne pas avoir gardé son bouclier avec lui : il espérait un assaut nocturne, mais il ne s'attendait pas à ce qu'ils rejoignent Xël par les airs, et à une telle vitesse. Mais ce qui était fait était fait : l'enchanteur allait devoir réfléchir à autre chose, alors que Cromax descendait de plus en plus pour se camoufler près dans un bosquet à proximité avant de reprendre sa forme originelle. Il avait survolé la colonne de guerre en attendant que la procession s'arrête pour une pause.

"Une préférence d'approche ?"

il haussa un sourcil à sa question. Il était là en support, c'était plutôt lui qui devait lui dire quoi faire.

"Eh bien... Xël doit apparemment être jugé à Omyre, donc attendre la faveur de la nuit ne me semble pas une mauvaise idée. Après, ils seront sans doute moins vigilants là en pleine journée."

il se gratta le menton, observant l'armée. Xël, ou du moins sa cage qu’Akihito ne connaissait que trop bien, était perceptible. Mais en plein milieu d'une cohorte de charrette, gardée par des silhouettes cuirassées... Ca allait s'avérer coton si c'était des gardes de Crean, ce qui avait de fortes chances de l'être.

"Avec votre capacité de... Métamorphose, là, vous pouvez vous glisser sans problème dans le camp ?

- Les orques sont dans leur élément, la nuit. Œuvrer de jour, tant qu'ils ne marchent pas, me semble opportun. Je peux prendre l'apparence de l'un d'eux. Voire même d'un guerrier de Crean. J'organiserais une diversion pendant que tu le libères ?

- Va pour le jour. Pour la diversion... Je me voyais plus dans ce rôle. Pour avoir échangé quelques coups avec les types autour de Xël, je sais que c'est pas des rigolos. Je pourrais en gérer deux, peut être trois. Mais pas tout en le libérant. Ça serait suicidaire, au mieux."

Akihito réfléchit un instant. Si Cromax proposait cette organisation, alors qu'il était dans la capacité de s'infiltrer sans le moindre effort, c'est qu'il y avait une raison. Peut être celle de ne pas se retrouver à proximité des généraux, au moment de la libération. Et si ses liens avec eux étaient aussi compliqués qu'il le laissait entendre...

"Et il y a quelque chose qui me chiffonne. J'ai vu une sorte de golem de métal au Palais, pendant notre assaut. Une des créations de Khynt. Je doute qu'elle en ai emmené qu'une seule pour la bataille, mais je les vois pas dans ce convoi. A moins qu'ils puissent réduire en taille, ils doivent bien être quelque part."

S'approchant de la lisière du bosquet, il jeta un oeil aux sillons des charrettes laissées par le déplacement du convoi laissé à l'arrière. La terre sèche n'avait que peu imprimés leurs empreintes, mais la cargaison desdits engins semblaient assez lourdes pour marquer le Sol. Uniquement du matériel et des vivres, ou des surprises moins agréables ?

"J'ai aucun moyen d'en être sûr, mais je pense qu'elles sont dans ces charrettes toilées. Un assaut éclair pourrait les éveiller, et ca réduirait encore plus mes chances de sauver Xël."

L'enchanteur balaya ses options, ses pouvoirs, avant d'avoir l'ébauche d'un plan où Cromax servait effectivement de diversion. C'était, littéralement, quitte ou double.

"Si vous pouvez trouver et cacher ce médaillon près de là où il se trouve, je peux me charger de sa libération pendant que vous faites distraction."

Le Sindel se frotta le menton, et sembla considérer le plan en observant la procession.

"Je pourrai lui amener le médaillon sans risque. Mais... Pourquoi ? Et pourquoi une diversion dans ce cas ?

- Je pourrais me déplacer instantanément sur ce médaillon, libérer Xël pendant que vous avez attiré une partie de l'attention et de la garde. Puis on empruntera les portails pour fuir. Ça m'éviterait de devoir forcer un cordon de sécurité même réduit. Ou alors... C'est moi la diversion, mais je ne sais pas si ca aurait autant d'impact que vous transformé en... Je sais pas, un centaure a 2 têtes ou un dragon de foudre.

- Je voyais quelque chose de moins... Spectaculaire, pour la diversion, répondit Cromax en haussant un sourcil. Suffisamment pour vous laisser le temps de fuir à deux sans attirer l'attention, mais pas assez pour attirer l'intégralité de l'armée vers nous.

- Je doute que la crème de la crème des guerriers de Crean quittent tous ensemble la garde de la cage, même cas de force majeure. Et même si j'arrivais à rejoindre la cage sans que les rares restants me vois, l'ouvrir va se faire à coups de marteau pour faire sauter le loquet. Donc peu discret, d'où la nécessité de le libérer vite pour s'enfuir toi aussi rapidement."

Il esquisse un sourire un peu amer.

"A moins que vous arriviez à vous procurer la clé de sa cage, mais aux dernières nouvelles, elle était en possession du premier des Treize...

- Évitons de mêler Crean à ça directement. Je peux créer une diversion et ensuite m'occuper des guerriers de Crean restant avec toi. Avec comme priorité absolue la libération du mage. Fuyez dès que possible sans vous soucier de moi. Avez-vous un moyen de retrouver rapidement les vôtres ou aurez-vous besoin de moi pour le faire ?

- On va avoir besoin de vous, je pense."

La transformation fut radicale, en lieu et place du presque frêle Sindel se trouvait désormais un golgoth de plus de deux mètres de haut, à la peau sombre et aux muscles boueux aussi épais que ses propres cuisses. Pour achever ses préparatifs, Akihito réenchanta ses équipements des sorts consommés pendant la bataille, et s'équipa de nouveau de son armure. L'abandon de son bouclier se révéla être une erreur, mais allait lui laisser ses deux mains de libre pour fracasser la serrure aussitôt arrivé. Il bu une potion pour recouvrir ses fluides, grava rapidement la marque du Tonnerre volant sur le médaillon et le tendit à Cromax.

"Je guetterai une ouverture après votre entrée en scène et je serai sur place au plus tard une demi minute après le début."

L'enchanteur jeta un oeil à la lame qui pendait au flanc de Cromax. Il hésita un instant, puis tendit la main : ils avaient échoué dans leur mission par manque de précaution, précipitation et malchance. Il ne comptait plus jamais faire la même erreur.

"Est ce que vous pouvez me confier votre épée une seconde ? J'ignore comment ça va se dérouler sur place, alors j'aimerais couvrir toutes les éventualités, cette fois ci."

Le colosse haussa un sourcil broussailleux, puis dégaina sa lame pour la lui tendre sans un mot. Une magnifique rapière qui tenait presque du cure-dents entre ses énormes battoires, mais dont la qualité était indéniable. Et d'un métal noir aux reflets ocre qui était inconnu au jeune homme, qui pouvait se targuer de ne pas être un ignorant dans ce domaine. Ses sens d'enchanteur l'informèrent faiblement que la lame semblait comme... Consciente. Comme si une personne vivait à l'intérieur.

Une troublante sensation et une question à laquelle il n'eut là aussi pas le temps de répondre, et se contenta de saisir deux pierres au sol, et en colla une sur la lame de la rapière, avant d'y infuser ses fluides. Il sentit le champ magnétique se former entre les deux, un vieux truc qu'il avait inventé sans jamais trop savoir à quoi ça pourrait bien lui servir. Mais maintenant, il lui trouvait une utilité. Il fit de même avec la deuxième pierre mais sur la Kizoku, et lui tendit avec son arme.

"Cette pierre pourra elle vous servir de boussole pour retrouver mon sabre et donc par extension, moi. J'ai la même pierre liée à votre rapière. Ca ne marchera pas plus qu'une petite journée et je pense -j'espère- que nous n'en aurons pas besoin."

Il prit une grande inspiration et focalisa toute son attention sur la cage.

"Je suis prêt. A votre signal."

L'ynorien regardait le garzok déguisé se diriger vers le campement avec une certaine anxiété. Est ce que tout allait bien se passer ? L'opération n'était pas sans risque. il se frappa les joues de ses deux mains pour refocaliser son attention, se rappelant qu'il n'était plus l'heure de reculer. Alors lentement, il prépara un sort d'Orage. Peu importait comment allait être la diversion de Cromax, ça n'allait faire qu'aggraver la panique.

Cromax s'approcha de la cage et à cause de la distance, il ne su pas ce qu'il disait. Ca criait, ça agitait les bras, avant de finalement partir le long de la caravane. L'épaisse silhouette garzok disparut, avant qu'un crac "sonore" ne viennent rompre l'air, rapidement suivi d'une colonne de fumée. La panique s'empara de cette portion du convoi, et trois des gardes de Crean quittèrent temporairement la surveillance de la cage. C'était un bon début... Mais pas suffisant.

Lentement, Akihito écarta les mains et libéra son sort. Il avait eu le temps de le préparer, il était donc sûr de le réussir, cette fois-ci. C'est donc un lourd nuage d'orage qui craqua au dessus de la caravane, libérant un grondement intimidant qui rajouta à la confusion. Toujours depuis le couvert des arbres, le fulguromancien tira deux munitions de foudre, visant le garde de Crean le plus proche de lui. les quelques dizaines de mètres les séparant ne rendirent pas l'action facile, aussi était-ce la raison pour laquelle il tirait deux orbes. le premier s'écrasa contre la roue de la charrette, dans une explosion d'étincelles. le second frappa sa cible au mollet, ce qui fit flancher un instant le garde qui se retourna dans la direction d’Akihito, sans l'apercevoir dans la végétation.

(... Le hasard est décidément bien capricieux...)

Le garde en question était celui qu'il avait affronté brièvement dans la salle d'entrainement, reconnaissable entre autre à son épée monstrueuse qu'il prit dans sa main sous l'assaut surprise. Un troisième orbe vola, et le guerrier l'encaissa du plat de sa lame, minimisant sa puissance.

"Avec moi !" beugla-t-il, avant de courir dans sa direction, lame au clair. Plusieurs garzoks marquèrent un temps d'arrêt avant de suivre la charge furieuse de l'épéiste. Sans doute la soif de la bataille qui les poussaient à suivre sans poser plus de questions que ça... Les deux autres gardes restèrent eux sur place, balayant l'espace autour d'eux du regard. Et deux soldats d'élites, c'était dans les cordes d’Akihito.

L'avantage de la fulguromancie, c'était la vélocité de ses sorts qui prenait facilement ses cibles de court. Presque simultanément, Akihito utilisa le sort contenu dans sa cotte de Faerunne ainsi que la marque du Tonnerre Volant. Comme quelques jours auparavant, il sentit son corps accélérer, se désagréger, et de nouveau se retrouver haut, si haut dans les nuages. Contemplant la longue ligne sombre formant le cortège mortel de Crean, épaisse comme un ruban de la hauteur à laquelle il était. Puis, une nouvelle fois, il se précipita vers le sol à une vitesse prodigieuse, droit sur la charrette de Xël. Son piqué foudroyant côtoyait les éclairs de son Appel de Valyus, lancé précédemment et il atterrit une fraction de seconde après que ses éclairs frappèrent le sol.
Le bourdonnement dans ses oreilles consécutif à la chute de trois éclairs s'accentua quand il enchaîna avec le le sort de Conductivité. Les marques spéciales qu'il utilisait pour son sort d'Appel furent utilisées par le second sort, frappant une nouvelle fois les gardes qui peinaient déjà à se remettre de l'assaut précédent. Celui de gauche semblait particulièrement blessé, et le courant de foudre qui le traversa une seconde fois arrêta brutalement son cri de douleur. Il s'effondra comme une poupée de chiffon. Le sort sorti ensuite du cadavre et fondit vers le deuxième colosse, qui avait l'air d'avoir mieux résister à son assaut. La deuxième dose de foudre le frappa de plein fouet, mais il tint bon, encore debout malgré son armure sévèrement brulée et partiellement fondue là où la magie avait touché. Akihito aurait pu essayer de l'achever, mais déjà les ennemis qu'il avait leurré revenaient à la charge.

(Il t'as reconnu. Et je t'épargne ses insultes, c'est très fleuri.) informa la Faëra à son maître encore partiellement sourd. Ce dernier esquissa un sourire avant de saisir sa masse à deux mains. Dans la cage, Xël devait sans doute avoir un peu de mal ce qui se passait avec le déluge de flashs lumineux.

"RAAAAH !" hurla Akihito en abattant le marteau de Valyus sur le loquet. Il ne possédait pas la force de Faëlis, mais au prix d'une violente douleur dans les épaules et les poignets en ayant frapper sans retenue, le loquet vola en éclats.


HRP :


XP : 0,5xp : Préparation du plan ; 1xp : Chevauchage de Cromax

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Akihito
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Akihito » mar. 29 juin 2021 18:26

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

27 : Continuer de se battre.

Pas perturbé pour deux yus, l'aéromancien fraîchement libéré sortit de sa cage, un morceau de pomme de terre machouillé au coin de la bouche. Il dit quelque chose qu’Akihito n'entendit pas, avant de créer un de ses portails menant quelque part. il ne savait pas où mais c'était sans doute loin de tout ça.

Il n'eut que le temps de lui tendre son bâton avant de lever la hampe de son marteau au dessus de sa tête. La lame d'une hallebarde, arme du guerrier de Crean encore debout, exerçait une pression terrifiante sur ses poignets meurtris alors qu'elle se rapprochait lentement de son cou. Akihito fut forcé de mettre un genou à terre pour ne pas se faire égorger. Une torsion du buste fit glisser la hampe de l'arme d'hast le long de la sienne et dévia le coup qui s'enfonça dans le bois de la charrette. Non sans mordre la chair de l'intérieur de son bras. Akihito grimaça de douleur avant porter un coup de pied à la poitrine de son adversaire blessé, profitant d'être surélevé. Le garde lâcha son arme, tituba et sa jambe lui fit défaut à causes des attaques magiques précédentes. Un genou à terre, il dardait toujours un regard emplis de colère vers les deux mages.

Et déjà, le troisième garde arrivait. Passer à travers le portail à la suite de Xël allait le rendre vulnérable, et il ne voulait pas se prendre une épée à deux mains volante dans le dos. Il allait devoir couvrir la retraite de Xël le temps de se débarasser des gardes restants.

"Xël, tire toi !"

Le bruissement du tissu qui se déchire attira son attention. Sur sa gauche, la toile d'une des charrettes semblait gonfler, révélant d'épaisses couches de métal. Et le fulguromancien n'était pas sûr d'aimer ce qu'il trouverait en dessous... Mais Xël ne l'entendit pas de cette manière, et leva sa baguette qui canalisa ses fluides d'air avant de lever une véritable muraille de vent. Le vent hurlait, couvrant le peu de sons qu’Akihito pouvait de nouveau entendre mais il n'eut pas vraiment besoin de ça pour comprendre que son compagnon ne partirait pas sans lui. Et cette barrière suffirait à les repousser pour leur faire gagner du temps. Il hocha la tête et invita Xël a prendre son portail, prêt à le suivre de près. Le mage d'air s'y engouffra alors que le vent tombait déjà, révélant derrière une masse mouvante d'acier et de foudre. Les charrettes transportaient bien les colosses de Khynt, et deux d'entre eux se dirigeaient d'un pas lourd vers lui.

le tatoueur s'engouffra dans le portail, à reculons, d'une part pour prévenir toute attaque mais également pour capter du regard le guerrier de Crean fulminant qui forçait son chemin, peu à peu, à travers les bourrasques faiblissantes. L'enchanteur se saisit d'une de ses vieilles aiguilles de tatoueur et la planta dans une interstice des planches de bois.

"Un cadeau pour Khynt. Mes amitiés à votre Générale."

puis il bascula en arrière et roula dans l'herbe, pour voir le portail se refermer sur le vide alors qu'il relevait la tête. Le calme se fit soudainement, alors que le portail se refermait et qu'ils se retrouvaient à plusieurs dizaines de mètres dans la plaine. Akihito s'accroupit pour ne pas que sa silhouette se découpe trop nettement dans le paysage et attirer l'attention de celles qui tournaient encore, au loin, autour des charrettes. Cromax réapparut dans le même voile d'air trouble que lors de l'infiltration, rompant du même coup son déguisement.

"Une affaire rondement menée ! Il n'y ont vu que du feu. Et du vent. Et des éclairs, un peu. Vous saurez vous débrouiller pour rejoindre un endroit sûr, ou je vous emmène ?"

Une touche d'humour qui fit hausser un sourcil à l'enchanteur : ça s'était effectivement bien passé, mais lui ne pouvait pas affirmer être aussi décontracté. Il massa ses poignets douloureux en regardant en direction du convoi : personnes ne les avaient encore vu, mais ils allaient rapidement se mettre à leur recherche.

"On est encore un peu proche du campement, alors avant de faire quoi que ce soit, mieux vaut se mettre hors de leur champ de vision, contre proposa Akihito quand l'aérmancien annonça pouvoir créer un portail vers Oranan, mais qui nécessiterait une longue minute pour être canalisée. Un autre portail courte distance serait judicieux Xël, tu ne penses pas ?"

Cromax intervint, disant qu'ils étaient en sécurité et qu'il s'occuperait de tout ce qui pourrait bien arriver pour les menacer. Et avant de se présenter, il répondit à Xël qui proposait de tous les emmener à Oranan.

"Je ne vous accompagnerai pas, non. Mes... relations m'obligent à jouer discrètement cette phase sensible. Je suis juste content que vous soyez tous les quatre indemnes. Nous aurons l'occasion de nous revoir, sans aucun doute."

Akihito laissa un instant au mage le temps d'intégrer tout cela, avant d'enchaîner.

"Personnellement, je serai d'avis de rejoindre Faëlis et Anthelia, puis de tous nous ramener auprès d'Andelys pour faire notre rapport. Bien que nous n'ayons pas grand chose à rapporter, si ce n'est notre échec."

Xël sembla légèrement ahuri, autant sur la résurrection d'Aenaria brièvement résumée par Cromax, que sur l'identité de son sauveur. Le "Dragon partouzeur des sept sabres"... un des innombrables surnoms qui circulaient sur le sulfureux Cromax, bien que le nom que l'Ynorien avait en tête différait légèrement.

(Même si l'idée reste la même.)

Toujours était-il qu'ils devaient choisir quoi faire : Xël pouvait créer un portail vers un lieu, mais pas une personne. Et tout comme lui, Cromax n'était pas sûr que ce soit une bonne idée d'aller vers Oranan. Pas maintenant, du moins.

"Cromax, vous pensez pouvoir retrouver Faëlis et Aenaria Et nous transporter ? Tant qu'à faire, autant ne pas les laisser rentrer seuls, surtout avec Aenaria dans son état...

- Les retrouver ? Je pourrais rapidement rejoindre l'armée naine, aisément identifiable de loin, mais je crains que retrouver deux personnes perdues dans la nature ne soit pas dans mes capacités. Vous pourriez les attendre parmi les nains et ensuite rejoindre l'armée kendrane ? Ou rester avec les nains. De mon côté, si j'ai un cap fixe, je peux vous y mener.

- Nous n’avons qu’a rejoindre les troupes naines. Je pense que c’est ce qu’il y a de plus proche. Mais si tu préférés rejoindre la capitale pour mener le combat cela me va aussi. A toi de voir."

Akihito soupira en entendant les réponses et avis de ses alliés. Rien n'était jamais simple, et ce malgré leur accès à des moyens de déplacements efficaces.

Et lui... qu'est ce qu'il voulait ? Il voyait trois fronts à rejoindre : l'armée Kendrane pour faire son rapport et se battre avec Theli et Yliria, si elle était revenue indemne de sa mission. Les forces Thorkines pour un match retour avec l'armée de Crean, accompagné de son équipe. Ou bien, défendre sa ville natale avec son armée à elle. Trois choix qu'il n'arrivait pas à départager... Mais il aurait le temps de penser à ça après.

"Pas la peine, Xël. Cromax, emmenez nous à l'armée Thorkine. La priorité pour l'instant, c'est de faire rentrer Aenaria saine et sauve.

Cromax hocha de la tête, tout en louant sa fidélité à son équipe. La froideur entre les deux hommes s'était évaporée depuis leur rencontre houleuse, et bien qu’Akihito éprouvait encore un peu de ressentiment a son égard, il se permit un petit sourire. Les compliments d'un tel homme n'étaient pas léger.

"Je prends mon rôle de protecteur à coeur."

puis il se retransforma en étalon ailé, sur le dos duquel Xël sauta sans hésitation. Pas un mot sur la transformation, ou sur le moyen de transport. L'enchanteur en fut surpris, avant d'entendre une clameur s'élevée depuis le convoi. Visiblement, on les avaient repéré. Alors sans se faire prier, il enfourcha à son tour... Cromax.

(Décidément, je m'y ferais jamais.)


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Le deuxième vol fut plus agréable que le premier, bien que plus rapide. D'une part parce que la sensation était connue, d'autre part parce qu'il se prépara au décollage et qu'il était bien plus détendu d'avoir secouru avec succès Xël. Il arrivèrent en fin d'après midi, sous un soleil ardent, à proximité du campement. Pour des raisons évidentes, Cromax atterrit à l'abri des regards où il reprit sa forme de Kendran blond. Il allait présenter ses respects au général Thorkin, avant de les rejoindre. L'enchanteur hésita à le rejoindre, mais se ravisa rapidement. Le général n'avait aucun intérêt à écouter leur rapport car il n'en était pas le commanditaire, et que ses hommes n'avaient finalement pas participer à l'opération. Il allait donc se reposer en prévision des combats à venir... Et rééquiper ses armes et armures de sorts. S'il n'avaient pas tous été très efficaces contre Crean, ils avaient indubitablement prouvés qu'ils ménageaient efficacement ses réserves magiques.

Sur le chemin menant au premier cercle concentrique de tentes thorkines, Cromax et Xël discutaient devant lui jusqu'à ce que le premier frappe du poing le second, prenant complètement par surprise l'Ynorien. Il porta vivement la main à la garde de la Kizoku : le Sindel les avait-il finalement trahi ? Un sauvetage pour mieux apprécier leur désespoir ? Des hypothèses qui s'évaporèrent aussitôt alors que les deux hommes continuaient leur route, Xël visiblement pas plus gêné que ça par l'attaque soudaine qui n'était pas si puissante que ça, finalement. Un coup de poing "amical" ?
Il renonça à comprendre, et le trio arriva finalement au campement, près de l'endroit où était parqués les montures pour la nuit sur ce campement temporaire. Le blond kendran les fit passer sans problème, et alors qu'il s'enfonçait dans le campement à la rencontre du Général, un joyeux braillement attira l'attention du mage. Il tourna la tête et un sourire fleurit sur son visage.

"Brume !"

La renne était là, attachée à un poteau à proximité des autres montures de son groupe et de leur charrette. Il la rejoignit et fut accueillit par son habituel coup de langue humide et rapeuse, ce qui le fit éclater de rire. Ca dispersa une partie du stress et il passa un petit moment à flatter son encolure, gratter derrière ses bois. Finalement, après avoir récupérer ses affaires, il entendit des pas dans son dos et trouva l'aéromancien qui le regardait. Visiblement, il voulait lui dire quelque chose.

"Oui, Xël ?

- J’ai décidé de retourner au Val pour retrouver les troupes de Kendra Kâr. Mais j’aimerais te demander un service…

- Un service ? Bien sûr dis moi.

- J’ai réfléchi et je me suis dit qu’un tatouage pourrait m’être utile."

Un tatouage ? Maintenant qu'il le disait, c'était vrai qu'il avait eu l'air intéressé lorsqu'il l'avait observé tatouer Faëlis. Akihito opina donc du chef.

"Sans problème. On peut même attendre que Faëlis et Aenaria reviennent, si tu es intéressé par un sort de feu ou de lumière.

- Non c’est l’un de mes sorts que j’aimerais transférer, dit-il en sortant et agitant une fiole de fluide. J’ai même ce qu’il faut.

- Oh ? Eh bien... je n'ai pas besoin d'une si grande fiole, mais si ca te va, soit."

il porta main à sa sacoche et en extirpa ses outils avant de lever le nez, estimant le temps qu'il lui restait pour profiter de la lumière solaire.

"Mmmh... dépendamment de ce que tu veux, ça devrait le faire pour ce soir.

- Bah… j’aimerais bien quelque chose qui symbolise la puissance du vent et ça me fait du mal de l’admettre mais je n’ai jamais vu plus majestueux et puissant qu’un dragon…

- Un... Dragon ? Tu en as déjà vu ?"

De ce que savait Akihito, il n'existait que deux types de Dragons : ceux qui appartenaient aux légendes, comme les dragons de foudre de Valyus ou un dragon mauve qui aurait semé le trouble il y a des décennies, et le Dragon Noir d'Oaxaca. Et rares étaient les personnes encore vivantes après avoir assister à un de ses vols car ses passages n'étaient que mort et désolation. La créature était ce qui de rapprochait le plus d'un cataclysme naturelle vivant. Et la réponse de Xël ne se fit pas attendre : il en avait vu, et un sacré nombre.

"Un paquet ?! Non de... Est ce que, par hasard, y avait-il parmi eux des dragons d'une couleur jaune doré, avec des cornes et une certaine affinité avec la foudre ?

- Un doré, oui… avec des cornes… non. Pour la foudre je n’en sais rien. Peut être, je n’en ai vu que deux utiliser leur pouvoir. Naral, un dragon rose et un autre, plus gros, noir, qui a bien failli me carboniser.

- Mmmh... Peut être pas ceux que je cherche alors. Enfin bon. Un dragon, sur l'avant bras. Des requêtes particulières ?"

Tout comme Faëlis avant lui, Xël lui laissait toute latitude pour exprimer son art. Il voulait un dragon, sur le bras droit. Visuellement, Akihito se remémora les rêves qu'il avait fait, dans lesquels Orphal et les autres dragons de foudre étaient apparus. Des êtres quadripèdes, munies de longues ailes membraneuses, d'un long cou et d'une longue queue hérissées d'écailles plus épaisses, et une tête cornue à l'aspect reptilien. Telle était l'image qu'il avait d'un dragon. Mais les dragons de foudre étaient dorés, pour se rapprocher de la foudre. Si Akihito voulait faire un dragon en lien avec le vent, les écailles devaient être d'une autre couleur. Et alors qu'il installait Xël sur le banc conducteur de la charrette et prenait place à ses côtés, muni de ses outils, il entendit le tintement si familier de son armure. Tellement familier que la plupart du temps, il ne l'entendait plus. Une cotte de Faerunne, le métal de l'air. Avec ses nuances grises, bleues et vertes...

(Ca ferait des couleurs parfaites pour le dragon. Et en plus, le fluide d'air a une teinte argentée et vu la quantité qu'il me donne, j'ai pas à m'en faire là dessus.)

Restait à savoir ce qu'il en était de la pose et de l'endroit où Akihito allait tatouer. Comment Xël utilisait sa magie ? Il l'avait vu utiliser aussi bien sa baguette que sa main nue. Et il voulait que le dragon représente la violence, la puissance et l'impétuosité des vents. Alors si le dragon pouvait être symboliquement l'origine des sorts...

"Xël, je pense à tatouer l'intérieur de ton bras. La peau y est relativement fine, alors ça risque d'être plus douloureux. Ca te vas ou tu préfères sur le dessus du bras ?"

L'aéromancien lui répondit qu'il lui faisait pleinement confiance et qu'il pouvait y aller comme il l'entendait, aussi Akihito ne se fit pas prier. Il parcourut l'ensemble de la peau qu'il allait tatouer avec ses doigts relâchant de petites décharges électriques, stimulant et relaxant les muscles, nerfs et autres articulations. Lorsqu'il remarqua que la main du mage était désormais complètement relâchée, il se saisit de son maillet ainsi que d'une de ses aiguilles prismatiques, et commença son travail.

La première heure se passa à effectuer le tracer du dragon. Une longue queue serpentine, commençant à la pointe du coude pour s'enrouler autour du bras et arriver sur la partie clair de la peau, à l'intérieur. Le membre s'élargissait pour former le corps du dragon, massif, occupant toute la largeur du bras de Xël. Ses deux pattes arrières étaient tendues vers l'arrière, offrant le moins de résistance au vent dans ce vol imaginé, alors que les ailes membraneuses elles s'étendaient, pleinement ouvertes, repassant sur le dessus du bras. Les pattes avant, elles, étaient écartées, toutes griffes -serres ?- dehors. Le monstrueux prédateur volant donnait l'impression de fondre sur une proie, prête à lui asséner un colossale tacle lacérant. Il s'arrêta là, cependant : la gueule du reptile allait se trouver au niveau du poignet, là où la peau était la plus fine et sensible. Le tatoueur préférait terminer le reste du corps et du tatouage avant de s'attaquer à la partie la plus délicate.
Le deuxième heure fut consacrée à remplir le dessin. Une tâche autrement plus simple, mais fastidieuse puisqu'il devait tatouer une à une les écailles, tout en dosant la couleur et l'encre qu'il injectait dans la peau. Mais peu à peu, le dragon prenait vie. Les écailles hautes de son corps ainsi que la rangée dorsale était d'un vert émeraude profond nuancé de gris, alors que le ventre et l'intérieur des pattes tiraient plus sur un bleu pâle. Les ailes, elles, étaient elles aussi vertes, mais un vert plus léger.

"Dis moi Xel, ces dragons... Tu les as rencontrés où ? Je cherche ceux dont je t ai parlé, demanda l'enchanteur pendant le tatouage.

- Sur Aliaénon pour la plupart. Il y existe une région peuplé de ces créatures. Pendant la bataille de Fan-Ming, quand le Titan s’est réveillé, ils sont descendus de ce plateau par centaines et ont emportés les aventuriers venus de Yuimen pour aller l’affronter…

- Aliaénon ? Feng Ming ? J'ai aucune idée de quoi tu parles."

Xël lui expliqua que le premier était un autre monde que Yuimen, et le second un avant poste Ynorien. Le tout accessible par un fluide qui se trouvait à Oranan, ce dont Akihito n'avait jamais entendu parler : A l'époque, il n'était pas encore un aventurier.

"Il y a quelques années, j'étais encore un adolescent... alors ce genre de chose me passait au dessus de la tête ou ne me concernait pas. Quoi que, ça concorde avec la tentative d'invasion d'il y a trois ans.

- Ca fait plus que concorder. Oaxaca a tenté d’envahir Oranan en passant par ce monde. Nous avons réussi à l’en empêcher.

- Eh bien... J'imagine que je dois te remercier pour ça aussi. Et comment on fait pour rejoindre ce fameux monde ?

- Il existe un fluide dans le sous sol de la Millice mais c’est impossible de l’emprunter pour l’instant, il est bouché de l’autre côté."

(Quand il dit fluide, il parle de fluide spatial. Ca permet de transcender les lois de l'espace et parfois même du temps. Ils sont très rares, et potentiellement mortels si empruntés négligemment.)

(Ah, je comprend mieux.)

"Je suppose qu'on n'y peut rien, du coup.


- ... Que s’est-il passé quand Crean m’a emporté ?" demande-il après un instant de silence.

Le maillet d’Akihito s'arrêta un instant à la question de Xël, avant de reprendre.

(C'est vrai, il est parti en premier.)

"... Pour faire simple, résuma Akihito d'une voix lente, Crean nous a condamné à mort, Aenaria et moi. Elle a été exécutée sans sommation, tandis que moi je devais rester enfermer le temps que la bataille se termine. j'avais réussi à obtenir un sursis avec Khynt, bien que ça me dispensais visiblement de nourriture et d'eau pour survivre en attendant leur retour. Faëlis a été lui missionné pour rapporter la nouvelle de notre échec à l'armée. Mais quand tout le monde est parti, il est revenu par les souterrains pour me délivrer, avant que Cromax n'entre en scène. Son arrivée a été.... Mouvementée, mais il a réussit par je ne sais quel miracle à faire revenir notre Sindelle des griffes de Phaïtos. Le reste... Tu le connais."

Prenant une pause pour détendre ses doigts crispés, il observa avec satisfaction comment il avait réussi à faire ressortir les muscles noueux de la créatures, figé dans un roulement puissant sous les écailles. La silhouette évoquait sans problème la puissance du vent. Pour souligner la violence et l'impétuosité désirée, il tatoua également un nuage lacérée un peu derrière la patte avant en premier plan, comme déchirée par les griffes lors du vol. Un autre nuage était lui coupé en deux non loin de la queue, éventré par un battement de cette dernière.

Le soleil commençait à teinter le ciel des lueurs mordorées du crépuscule quand Akihito s'attaqua enfin à la tête du reptile. Une nouvelle dose de foudre fut envoyé pour endiguer la douleur, et le travail minutieux commença. La gueule ouverte, garnie de crocs, poussait un hurlement silencieux. Les cornes légèrement arquées vers l'arrière, défiait le ciel. Les écailles étaient là un kaléidoscope changeant de bleu, gris et vert. Seul point réellement coloré, l'oeil de la bête. Un saphir d'un bleu pur, azur, fendu. Enfin, dernière touche, Akihito dessina une série de points et de traits partant de la gueule, pour finir au centre de la paume de Xël. Là, un tourbillon se formait, aux contours encore indistincts. L'enchanteur ignorait si des dragons pouvant créer des maelstrom de vent existaient, mais il avait l'intuition qu'ils le feraient ainsi si c'était le cas.

Désormais éclairé par un éclair statique qu'il avait invoqué sur le dernier quart d'heure de tatouage, Akihito posa une main épuisée sur le tatouage. Le fluide argenté qu'il avait intégré tout au long du tatouage se mit à luire, éclairant le dragon de la pointe de la queue au maelstrom en formation. Le tatoueur arcanique pris quelques secondes pour admirer son travail, et la manière dont la lueur mêlait avec plus d'impact le bleu et le vert. Il n'était pas totalement satisfait des ailes, mais c'était surtout parce qu'elles lui semblaient moins impressionnantes une fois le fluide brillant de sa lueur argentée. Il corrigea ça rapidement en nervurant les ailes avec un peu de fluide d'air, ce qui harmonisa un peu mieux l'ensemble.

(Il faudra que je m'entraine à faire ce genre d'ailes pour une prochaine fois...)

"Allez, Xël, haleta Akihito, A ton tour maintenant. Tu te souviens de ce que je t'avais dis sur le transfert magique, un courant d'air emprisonné ? Injecte ton sort dans le fluide maintenant en essayant de visualiser cette image. Je m'occupe de t'ouvrir la "porte" pour que tu y engouffres ton vent."

Xël parvint sans trop de mal à intégrer son sort, ce qui était attendu d'un mage de son envergure. Satisfait, Akihito bailla à s'en décrocher la mâchoire. Il n'était pas contre une vraie nuit de sommeil après des jours mouvementés et des nuits peu reposantes. il restait un peu des provisions embarquées pour leur voyage, aussi Akihito piocha allègrement dans la viande séchée et fromage. Le pain était un peu dur, mais encore comestible. Une fois le ventre bien rempli, il souhaita une bonne nuit à son compagnon d'une voix éteinte et s'installa à l'arrière de la charrette pour s'y effondrer, sombrant dans un sommeil réparateur.

Le lendemain arriva bien trop tôt au goût au d’Akihito, réveillé par les bruits d'un campement qu'on démontait. Il se leva, s'étira, et rassembla rapidement ses affaires. Il ignorait où Xël avait dormi, mais il était déjà prêt à partir, Cromax non loin. L'aéromancien se tourna vers lui, l'interrogeant du regard : il acquiesça. Sans un mot, il tendit une main, sembla se concentrer alors qu'un portail se formait lentement devant lui. Lorsqu'il fut achevé, Akihito revenait avec Brume en la tenant par les rênes. Le créateur de portails eu un regard amusé, avant d'agrandir un peu plus le portail pour que la monture puisse elle aussi passer.

"Merci pour tout Xël. Quand ce merdier sera terminé, j'insiste pour te faire profiter de l'hospitalité oranaise. Et je compte sur toi pour transmettre l'invitation à Faëlis et Aenaria."

Il disait y avoir déjà goûté, mais acceptait l'invitation avec plaisir. Et selon lui, Cromax pourrait être intéressé. Il jeta un regard en biais au Sindel déguisé, pas sûr de savoir quoi penser. Il les avait aidés, indubitablement. Mais son allégeance des plus changeantes n'était pas pour le mettre à l'aise. Finalement, sous les conseils d'Amy, il décida de lui en faire la proposition : il pouvait au moins le remercier, sans pour autant avoir à nouer des liens avec lui.

"Vous êtes aussi le bienvenu, Cro... Charmant. Vous nous avez été d'une aide précieuse, alors je me dois de vous remercier également.

- Avec plaisir."

L'affaire était entendue. Tenant sa monture par la bride, le jeune homme pénétra dans le portail menant vers son prochain champ de bataille. Après avoir longtemps hésité, il avait fait son choix : il affronterait les forces d'Oaxaca dans sa ville natale.


HRP :
  • Consommation d'une fiole d'air 1/4 sur la fiche de Xël
  • Ajout à la fiche de Xël :
    Tatouage arcanique

    • Dragon Faerunne de la tempête
      Description : Dragon s'étendant sur l'intérieur du bras droit, du coude à la paume. Représenté en plein vol et transperçant les nuages de sa queue et de ses griffes déployés comme pour plaquer une proie. Ses écailles vont du vert émeraude sur ses écailles dorsales au bleu pâle sur ses membres inférieurs, les deux couleurs se mêlant en un gris argenté. Le fluide d'air est imprimé et présent sur l'ensemble des écailles, apportant les nuances de gris, mais aussi dans le maelstrom se formant devant la bouche ouverte du dragon, au centre de la paume.
      Contient le sort : Vents infernaux, Rang 3
      Post du tatouage.
XP 2xp : libération de Xël ; 1xp: longue discussion avec Xël; 1xp : création du tatouage

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Sirat
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Sirat » mer. 30 juin 2021 13:50

Au cœur même des entrailles de ce géant de fer, de crocs et de cuir, se nichait comme pour le camp Kendran un marché. Sirat avait suivi l assassine de Xenair. Alors qu’elle faisait des achats, il s’approcha d’elle.

Plume? c’est ainsi que tu te nommes ou c’est le nom que te donne ton maître?

Plume se retourna et fronça les yeux en voyant le zélote chevauchant le loup. Que viens-tu faire ici, paria ?

le ton était sec

Un sourire naquit sur ses lèvres en réponse à cette petite estafilade.

Voilà bien une plume aiguisée comme une lame. Je viens discuter il me semble à première vue

Levant un sourcil curieux, elle se contenta d'ajouter simplement : " Tu devrais plutôt te tenir prêt pour ce qui arrive. "

J’ai toujours attendu ce qui va arriver. C’est la suite que je ne cerne pas encore.

" Encore un peu de patience, tu auras vite une idée de l'avenir. Mais sache que si tu fais quelque chose d'idiot, je te faucherai moi même "

Il ne perdait pas son sourire. Tandis qu’elle payait grassement le gobelin qui la servait.

Cela fait beaucoup de monde à faucher pour une si petite plume. Mais je ne doute pas de ta capacité à le faire. Tu es déterminé pourquoi donc être la servante de Xenair ?

Accrochant la gourde fraîchement achetée à sa ceinture, elle lui répondît simplement d'un air distrait " Quelques âmes de plus, qu'est-ce ? Quant à ma présence et mon rôle, n'y prête pas attention, la piétaille comme toi devrait plutôt se concentrer pour ouvrir une brèche dans les lignes. "

Piétaille, parle pour toi je ne suis pas l'esclave d' un être humain. Je suis là où je désire être, il me semble que toi aussi et que tu joues un rôle.

Il plissa les yeux puis repris sa bonhomie

Quand tu auras finis de jouer tu saura me trouver

Il tapota sur le flanc de sa monture et s’en alla, sans faire plus attention au crachat du marchand gobelin qui avait choisi son camp en fonction de sa bourse.

Il déambula un instant puis retrouva Kurgoth, il dirigeait une charrette. Plume les rejoignit aussi et ils prirent la direction de l’est.

Sirat ne les écoutait pas. Il attrapa deux orbes magiques dans son sac et il y concentra sa magie afin de l’utiliser plus tard.


Sirat les avait suivis sur son loup Plume la tueuse et Kurgoth le garzok. Alors que leur chemin se séparait, le zélote se rapprocha du garzok.

Kurgoth c’est cela ? Je comprends ta défiance envers moi, mais tu vas devoir faire avec. Certains des tiens non pas le même discours à mon encontre bien qu’ils ne soient pas majoritaires.


"Que tu sois parvenu à convaincre Karsinar est une chose, les traîtres qui nous ont vendu l'ont fait aussi. Je n'irai pas contre la volonté des treize et je combattrai donc à tes côtés. Pour autant, tu n'as pas ma confiance et je me garderai bien de te l'accorder avant que cette bataille soit terminée."

L’armée de l’est se dessinait maintenant, une ombre impénétrable drapant la plaine couronnée d’oriflammes, de pique et de catapulte et autres armes de sièges.

Je gagnerais ta confiance, soit en sûr. Mais karsinar t’as lui même expliquer je n’ai pas le même but seul les moyens concordent


d'un air suspicieux il lui répondit "Irais-tu jusqu'à me dire ton but? Que je sache à quel moment nous devrons nous entretuer..."


Sirat souriait

Tu connais Asterok ?

"Les ruines dans les montagnes?"

Ces ruines sont l’avenir de ton peuple. Elles doivent prendre place à la fin de ce conflit. Tu pourrais en faire partie. Entrer dans l’histoire de ton peuple

il le regarda d'un air amusé avant de répondre avec sérieux: "Commençons par gagner cette bataille, car si nous la perdons, mon peuple sera éradiqué de ce monde une nouvelle fois."

Il opina du chef un air déterminé dans le regard.

Je ne laisserai pas faire cela. J’ai trop d' ami parmi les tiens


L’armée était prête, sur les plaines une marée sombre s’étendait d’est en ouest, sans qu’on ne puisse voir la fin. Sirat la traversa seule sous les regards des formes larges, trapues, grandes, sinistres recouvert de grand heaume, d’écu et des lames, hallebardes et autres. Une clameur parcourue l’assemblée alors qu’il se positionnait a l avant. Devant lui, les hommes, elfes et Kendran du Nirtim, fiers et prêts. Sirat ne disait encore rien, il restait silencieux. Puis il intima à son loup d’avancer, il le fit de quelques mètres afin d’être visible de toute la ligne de soldat. Au trot le loup fit un va être vient lent devant eux alors que son regard fixait les lignes ennemis avec hargne. Il se stoppa et se retourna pour regarder les garzoks qui se tenaient là un peu surpris.


Paria! Peau verte! Monstre ! c’est comme cela qu’ils vous nomment ! il montra du doigt les lignes Kendran.

Eux et leur tyrannie qui vous exclue à cause de votre différence et vous prive de votre liberté.

ici! Je ne vois pas de paria ni de monstre, mais dès frères réunis, ensemble en armée ! un peuple en défiance à l’injustice imposée !

C'est en Être libres que vous êtes venus vous battre , en Être libres que vous êtes ! Mais comment garder votre liberté ? Il faut se battre !!!

Son regard était déterminé, emplit de rage et d’ardeur. Ses muscles étaient en ébullition sous son armure.

Zewen vous regarde, l’histoire vous regarde aujourd’hui ! Ici et maintenant vous allez vaincre et briser l’âge des hommes !! Ensemble ! Nous vaincrons ou mourrons en légende !

Il leva son arme pour accompagner d’un geste rageur son discours.

mise de Pm dans les orbes / discours on est ready
XP : 1 (Discussions) + 0.5 (Discours enflammé et arrivée dans l'armée)
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Meraxès
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Meraxès » jeu. 1 juil. 2021 00:38

Son bâton serré contre lui, les gouttes ruisselaient et remontaient son visage jusqu'à ses cheveux battants. Tout était blanc, immaculé... La sensation de chute dans ce brouillard était délicieuse. Après un aussi long voyage, il était bon de se laisser aller dans un nuage... Il oubliait les journées passées loin de sa famille d'adoption qu'il avait abandonné. Les courants aériens étaient nouveaux. Plus de proies isolées dans le désert, plus d'espaces bleutés et arides. Les terres fertiles de Nirtims avaient défilées sous ses ailes, ainsi que l'onde à perte de vue. Un nouveau monde s'offrait à lui, sur la simple promesse d'un marchand à l'agonie.... Bientôt, il faudra mettre pied à terre, retourner dans le tumulte des hommes, des elfes, des autres... loin des bêtes.

Lorsqu'il sortit du cumulus, la plaine de Kochii se dessina sous ses yeux. À quelques kilomètres dessous, vers l'ouest, il aperçu aeronland qui scintillait, tandis que les fiers contours d'Oranan dressaient un rempart infranchissable contre une armée noire et grouillante. Voilà qui promettait d'être intéressant, se dit-il.

Les rumeurs étaient donc vraies.

Meraxès se laissa tomber au dessus de l'agitation, savourant les dernières secondes, et se changea de nouveau en carnassier écarlate. Après avoir tracé de grands cercles paisibles, facilement repérable avec sa robe rouge, quelques battements d'ailes le propulsèrent sur l'océan de casques et de piques, et ouvrant sa largue gueule, il poussa un cri strident.

Il choisit finalement un endroit dégagé en arrière des troupes, et après avoir engagé une descente, il se changea en elfe. La chute aurait pu être brutale, si sa magie de vent n'eut soulevé une bourrasque amortissant sa chute.

Une fois au sol, le mage regarda ses pieds avec curiosité, puis les alentours.

Un groupe d'orques se tourna vers lui, et l'un d'eux, le plus baraqué, s'approcha encore plus pour le pousser.

« Hé ! T'es qui toi, l'moustique ? »

Meraxès accusa la tape sans comprendre, et pointa son bâton sous le nez de l’impertinent.

« Mes pieds foulent ce continent pour la première fois. Un instant de solennité.... »

« Donc tu sors de nulle part, ouais. Mais t'es qui, j'y ai d'mandé ? »

Meraxès soupira, mais sembla se résigner et baissa sa garde. Après tout, il était venu à leur rencontre. Il était de son devoir de se présenter.

« Je suis Meraxès, celui qui assiste. Pourrais-tu m'indiquer qui commande ici ? »

« Attends attends, ça m'dit un truc. T'sûr que c'est la première fois qu'tu viens là ? C'est la Reine Noire qui nous commande, Oaxaca. Tu débarques ma parole. »

Encore une réaction étrange à son nom, mais Meraxès ne s'en formalisa pas pour autant. Il était donc dans le fief d'Oaxaca, la fameuse Reine Noire. Pour lui, qui fut si longtemps loin de tout, isolé dans son monastère, loin dans les cieux ; il ne connaissait du monde que les rumeurs, les multiples histoire qu'il put lire, et aussi la brève rencontre avec Aerq, quoique cette partie là de sa vie restait ténue.
Il ne se souvenait que d'un désastre, un longue solitude dans le désert et enfin, la voie animale qui s'était offerte à lui. La mémoire dispersée par les sables, il demanda un peu naïvement :

« Alors mène moi à Oaxaca. J'aimerai me présenter. »

Le garzok et ses comparses éclatent de rire.

« POUAHAHA ! T'es un timbré, mec. Elle est pas là, sinon tu l'saurais. Pis pourquoi elle voudrait te voir, d'abord ? »

L'éclat du garzok fit sursauter l'elfe, qui accueillit néanmoins sa réaction avec entrain. Il se mit d'ailleurs lui aussi à rire, d'un rire plein de clarté.

« Parce que nous partageons les même plaisirs... »

Le garzok reprit un air des plus sérieux et le poussa à nouveau :

« Hé ! T'essaierais pas de l'insulter là, par hasard ? La Déesse a rien à faire avec un avorton comme toi ! »

Meraxès leva une main indolente en direction de l'orque, l'atmosphère devint alors électrique. Des claquements et des arcs lumineux apparurent entre ses doigts.

« Si la Reine noire n'est pas présente, alors introduit moi auprès de ton supérieur. Cette discussion commence à me lasser... »

Le garzok souffla par ses nasaux et rétorqua en pointant une direction du doigt :

« Va voir là-bas, y'a Sisstar qu'est pas loin. Mais fais gaffe pas la gonfler, ou tu finiras dans le ventre de son zoziau ! »

Meraxès observa la direction indiquée, et apaisa son fluide. Ce nom ne lui était pas inconnu. Les treize avaient leur réputation, même sur Imifltif. Après avoir glissé un sourire de remerciement à l'orque, son visage et tout son corps se déformèrent pour laisser échapper un saurien au duvet pourpre. Il s'éloigna de quelques battements d'ailes, jusqu'à apercevoir une créature vaguement draconique. Une femme s'occupait d'elle. L'arrivé en trombe du carnassier ne passa guère inaperçu, mais il se changea immédiatement pour retomber paisiblement en face de Sisstar.

Deux lames dégainées vinrent accueillir la gorge de Meraxès, alors que l'elfe grise lui dardait un regard noir :

« Donne moi une bonne raison de ne pas te tuer sur le champ. »

Surprit par la vivacité de la commandante, Meraxès se figea en sentant l'acier froid sur sa peau.

« Je ne vois pas non plus de raison pour me tuer sur le champ... »

Elle appuya la pointe d'une de ses armes contre sa gorge, fendant légèrement la peau qui laissa échapper une goutte de sang.

« Pour mon plaisir ? Parce que tu débarques face à moi sans prévenir ? Pour nourrir ma Belle ? Qui que tu sois, tu as surtout de la chance que je sois dans un bon jour, sans quoi je n'aurais pas même daigné poser la question. Iras-tu jusqu'à me la faire répéter ? »

Visiblement indisposé, l'elfe se fit plus rigide.

« Je suis Meraxès Orzhov. Je ne suis personne, venu de loin. Seulement pour me délecter du spectacle. Je souhaite simplement le faire en bonne compagnie... »

Elle préserva son regard perçant, mais rengaina ses lames.

« Alors tu joueras les voyeurs loin de moi, Personne. Si tu n'es pas là pour contribuer, tu peux te tirer aussi vite que tu es venu. »

Meraxès recula d'un pas, décontenancé par le rude accueil. Cependant, encore une fois, cela lui plaisait. L'idée de jouer avec le feu fut plus forte que lui.

« Participer n'est ni dans ma nature, ni dans mes projets. Mais je ne suis pas inutile pour autant. J'ai quelques talents... de naissance. Je suis un bon guérisseur, discret, et... » ajouta-il en indiquant la monture ailée de Sisstar, « je peux vous suivre où que vous aller. »

Il semble hésiter un instant, pliant les genoux, pour enfin se remettre droit.

« Vous n'êtes pas le genre de dame à se flatter d'une révérence... Acceptez simplement ma compagnie. Aussi intempestive qu'elle puisse paraître, je suis bien élevé. »

Puis, avec un large sourire :

« Et vicieux. »

Elle le jaugea du regard, des pieds à la tête, sans daigner être discrète pour le faire, puis haussa les épaules.

« Soit. Je n'ai rien à perdre à avoir un guérisseur près de moi. Mais ne t'avise pas de te mettre sur le chemin de mes lames. »

Elle flatte l'encolure énorme de sa wyverne et précise :

« Ni entre elle et sa proie. »

« Elle... » émit Meraxès en plissant des yeux.

« Ma venue ici n'est pas intéressée. Je vous assure. Mon simple intérêt est la guerre, le désastre... Je veux voir ça. »

« Et en ce qui me concerne, le spectacle sera payant : surveille mes arrières et tu peux rester. Mais si tu n'es d'aucune utilité, trouve toi un perchoir loin de moi. »

L'elfe se fit affable et s'inclina cette fois-ci d'une révérence marquée, pour conclure :

« Je saurais me faire discret, et utile en temps voulu. »

Sisstar opina brièvement du chef, sans l'ombre d'un sourire et retourna s'occuper de sa wyverne sans plus un mot, ni un regard.
Satisfait des présentations, Meraxès s'installa non loin et sortit sa bible de Gaïa. Il l'ouvrit et posa ses yeux dessus sans lire. Cette page, il la connaissait par cœur, la suivante aussi. Ce n'était qu'un rituel, comme un oiseau se posant sur sa branche. Il retrouva son confort, avant les festivités.

XP : 0.5 (Arrivée en Nirtim) + 1 (Discussions)

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Eldros Rougine
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Eldros Rougine » jeu. 1 juil. 2021 18:51

Les corbeaux me mènent loin à l’est, au delà de l’armée principale. Certains osent me dévisager mais je n’en tiens pas rigueur. Juché sur la monture au manteau sombre que j’ai pu emprunter à l’écurie du camp de Karsinar, je suis toujours équipé de l’armure aux couleurs de Kendra Kâr provoquant bon nombre d’émotions différentes et confuses. J’imagine que ces imbéciles se seraient déjà jetés sur moi si je ne m’étais pas intelligemment paré d’un blason aux couleurs de la Dame Noire. Je me fraye un chemin à travers les troupes de peaux vertes, grises, brunes…Aucun n’ose répliquer, aucun n’ose m’interpeller ou s’opposer à mon avancée. Ils seraient bien fous de se dresser face à un homme guidé par Phaïtos.

J’atteins,au gré de longues heures de route, sur une autre armée, composé de combattants en armure plus que lourde et d’armes aux dimensions démesurées. Je remonte le courant humanoïde au trot pour trouver un campement entrain d’être monté alors que la nuit s’apprête à tomber. J’interpelle un soldat au hasard pour qu’il me mène à son général. C’est vers deux personnes qu’il me mène. L’un, plus âgé, portant une armure d’or et de noir, l’autre, au visage trop lisse pour être appréciable, un équipement plus intriguant. Je comprends qu’il s’agit de deux autres Lieutenants de la reine d’Omyre. Crean et Khynt, dont la réputation n’est plus à faire. Deux tacticiens ingénieux qui font trembler les stratèges Kendrans depuis des années. Je suis enfin en présence d’êtres que je peux considérer comme mon égal. En me remarquant ils cessent leurs discussions et m’interroger du regard sans dire un mot.

(Merci Ô Phaïtos de mettre enfin sur ma route des personnes qui n’ouvrent pas la bouche inutilement. )

En effet leurs regards suffit pour que je comprenne ce qu’ils veulent savoir. Pas de « Qui va là? » stupide ou de « Qui êtes vous ? » lamentable. Non, enfin, entre hommes au dessus du lot, nous savons nous comprendre sans mots quand cela n’est pas nécessaire. Sans attendre je descend de ma monture, reconnaissant ainsi que nous sommes sur un pied d’égalité, avouant que je ne me sens pas supérieur à eux. Je retire mon casque pour le caler sous mon bras et incline la tête en guise de salutations avant de déclarer d’une voix ferme et clair, sans l’ombre d’une hésitation ou d’un bafouillage:

« Mon nom est Eldros Rougine. Un des mercenaires engagé par Karsinar pour tuer le Roi Kendran et son état major. Mission qui s’est soldé par un échec dû à la trahison d’un sergent Oaxcien du nom d’Ezak d’Arkasse qui a rallié des faux adorateurs de Phaïtos à sa cause. Pour nous racheter, Karsinar nous à ordonné de participer à la bataille. Je viens donc apporter mon aide. »

Le premier des Treize réagit à l’évocation du perfide d’Arkasse, grognant entre ses dents qu’il paiera sa trahison, dérivant ensuite sur un recrutement dans un bagne. Un bagne ? Ezak aurait donc été recruté dans une prison. Interessant. Une servitude en échange de sa liberté ? Un marché pire encore ? Difficile de le dire pour l’instant mais j’ai le sentiment que c’est une partie du long puzzle qui servira dans ma vengeance. Une chose à la fois: je réponds à Khynt qui me demande quel sont mes atouts.

« Ma foi. Elle est sans limites, inflexible, puissante. Elle aurait broyé d’Arkasse si ce pleutre ne s’était pas caché derrière ses hommes qui ont fini en miettes avec l’invocation morte vivante de son camarade nécromancien en s’y frottant. Ma foi est au service de votre cause, elle écrasera nos ennemis et répandra la mort et la désolation sur ceux qui nous défieront. »

Il faut qu’ils comprennent tous les deux en face de qui ils sont. J’ai la force que me confère Phaïtos pour me récompenser d’être un pieux serviteur.

Lorener enrage d’avantage, furieux de s’être fait retourner des hommes lui appartenant à l’origine. Il devrait pourtant s’en réjouir, ils étaient faibles et de ce que j’ai entendu Lorener recherche la perfection physique alors que Khynt recherche la perfection tout court. Celui-ci rétorque :

"Hé bien espérons que votre puissance soit à la mesure de votre foi, homme. Car la bataille qui nous attend ne fera survivre aucun faible."

Je réponds d’abord à Crean, lui donnant un espoir de pouvoir lui-même trancher les têtes de ses hommes sans loyauté si les Kendrans sont assez désespérés pour les recruter lors de la bataille à venir. Puis vers Khynt:

« Les forts… les faibles... Tous mourront si mon dieu le décide ainsi. Permettez moi de me tenir à vos côtés. »

Ils s’échangent un regard, un commun accord à nouveau sans prononcer un mot, avant d’acquiescer. Crean précise tout de même:

"Tâchez de nous éviter sa sentence, alors."

Il ne sourit pas malgré l’allure de plaisanterie de sa phrase. Je doute que ce soit de la peur pourtant. Simplement de la reconnaissance de mon pouvoir, sans doute, bien que c’est me donner trop d’importance.

« Je ne peux que garantir la victoire, pas la survie. »

Déclarais-je. Si grâce à Phaïtos j’ai les moyens d’apporter la victoire je ne peux néanmoins pas empêcher ma divinité de prendre les âmes qu’il désire. C’est même tout l’inverse de mon but. Le premier des Treize ricane en guise de réponse et je m’approche alors d’eux, prenant pour la bataille à venir la place qui est la mienne, aux côtés de deux des combattants les plus dangereux de ce continent pour le réduire en cendres.

XP : 0.5 (Arrivée dans l'armée) + 0.5 (Discussion avec ses "semblables")

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Kiyoheiki
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Kiyoheiki » jeu. 1 juil. 2021 19:05

Auparavant


La sortie des ruines se fait dans un calme étrange. La sensation pesante s'atténue également, nous permettant de quitter les lieux sans combat supplémentaire. J'en demeure quelque peu surpris, mais également soulagé de ne pas avoir à affronter les créatures croisées dans la grande salle. Mon esprit, aidé par les discrets conseils de Okina, se recentre sur la situation la plus urgente : apporter les nouvelles obtenues et la proposition à qui de droit.

Une fois sorti, notre quatuor se met rapidement en selle et galope en direction du camp. Une certaine tension monte quand les troupes kendraines viennent à notre rencontre une poignée d'heures plus tard. Toutefois, j'apprends comme mes compagnons qu'il nous est impossible de faire notre rapport tant que les troupes sont en marche. Il nous faut attendre une halte des soldats.

Je demeure stoïque même si devoir attendre une pause de l'armée vue l'urgence de la situation me paraît aussi humiliant qu'irresponsable. Nous finissons toutefois par avoir notre entrevue avec le Comte, qui se montre toujours aussi hostile que la première fois. J'ai beau me dire que je le voyais venir, je n'apprécie toujours pas son attitude. En revanche, j'apprécie de voir le jeune homme avoir les épaules pour faire son rapport sans naïvement tout révéler à son supérieur.

Soudain, l'autre humain du groupe prend la parole. Non seulement il le fait impoliment, mais il se place en redresseur de tort, outré par notre décision de d'avoir opté pour la diplomatie avec les nécromants. J'ouvre malgré moi des yeux ronds à sa soudaine déclaration et fronce lentement les sourcils. Je suis rarement piqué au vif à ce point, mais là, je suis révolté par son attitude et n'intervient aucunement pour retenir les paroles ou gestes de Yliria. La jeune femme ne se privé pas d'envoyer des mots blessés et offensés, désagréablement surprise elle aussi par le revirement de son compagnon d'arme. J'attends que le capitaine Arthès ait fini pour m'avancer à ses côtés, retirer mon casque et l'approuver d'un signe de tête.

Il me faut respirer lentement pour refouler ma juste colère et l'ensevelir sous un masque de calme. Je me tourne ensuite vers l'homme au genou à terre.

"Notre mission était d'enquêter sur les lueurs décelées dans les ruines, d'en apprendre l'origine et d'y mettre un terme."

Je jette un regard perçant au jeune homme.

"La mission est accomplie, au moins pour la durée du conflit à venir. Vous doutez des paroles des nécromants rencontrés, mais ils avaient amplement la possibilité de se débarrasser de nous voire de nous ajouter à leurs troupes. Et ils n'ont pas cherché à nous frapper dans le dos, contrairement à vous...

Non seulement vous vous êtes abstenu de manifester votre opinion sur place, vous vous permettez maintenant de faire preuve d'irrespect envers votre jeune capitaine et cherchez à semer la discorde entre nous et l'armée kendraine à la veille d'un conflit majeur où tout bras armé compte.

Ne lancez pas ainsi des accusations de traîtrise envers un gradé ynorien, ni quand votre propre attitude n'est guère plus glorieuse, Kayne."

Je marque une petite pause, mettant un point d'honneur à retirer l'appellation polie que j'utilisais envers le jeune homme et secoue lentement la tête.

"Je puis encore en faire fi sur le champ de bataille, mais je vous conseille de ne guère compter sur la magie curative de qui vous avez ainsi insulté lors du conflit proche."

Je soutiens Yliria et Tobias des yeux. D'autres paroles sont échangées et la jeune femme finit par s'éloigner, visiblement en proie à de fortes émotions. Le jeune ex-capitaine, dégradé par le comte, fait de même. Je reste silencieux et lui emboîte le pas. Après m'être un peu éloigné, je me place à sa hauteur et fais mine de remettre mon casque pour lui adresser la parole.

"Ser Arthès, j'ignore quelles sont vos pensées, mais oyez les miennes. Je ne puis tolérer voir le résultat de nos efforts réduit à néant par le caprice d'un tiers. Rattrapons Yliria. Nous ne devons pas en rester là."

Mon interlocuteur semble un peu dépité, sans doute quelques illusions brisées, mais il accepte de m'accompagner. Malgré ma révolte, je ne suis pas vraiment surpris. J'ai déjà été aux premiers rangs pour assister au revirement d'aventuriers. Je cherche la semie shaakte du regard puis la rattrape.

"Yliria, un instant je vous prie."

J'attends d'avoir son attention et indique d'un signe discret de tête une zone bien moins fréquentée par les soldats où nous pourrons échanger quelques mots. Le dépit de la jeune femme est tel que si je propose de rendre la monnaie de son yû à notre ancien équipier, elle n'est pas partante.

"Ce n'est pas ma priorité. Ce qui l'est, c'est de faire parvenir ce que nous avons découvert à qui de droit."

J'arbore un air sévère.

"Le comte a ordonné un rapport écrit, mais cela part du principe que Kayne sait manier la plume, qu'il est capable d'établir des faits de façon objective, et que ce bout de parchemin atteindra les bonnes mains avant la fin du conflit. Long et hasardeux, ordre aussi ridicule qu'irresponsable. En ces circonstances, je n'ai aucune confiance en la fiabilité ou l'intégrité du Comte."

Je secoue lentement la tête et la redresse, me tenant avec détermination et fermeté.

"Il n'incarne en rien la solidarité semblant chère à son souverain. S'il n'est pas capable de mettre son étroitesse d'esprit de côté pour se concentrer sur ce qui est crucial, trouvons quelqu'un qui sera en mesure de le faire."

Nous discutons brièvement quant à nos options et tombons d'accord sur l'urgence de trouver un autre general moins étroit d'esprit. Ensemble, nous parcourons la zone du bivouac et finissons par en atteindre les limites. Là, à proximité de quelques arbres, Kayne semble se morfondre et... Se mutiler avec sa propre arme. J'ignore si c'est une coincidence ou si Yliria nous a délibérément guidés ici, mais j'assiste à un échange plutôt pathétique. L'humain qui a cru bon de nous traiter en imbéciles accuse le coup. Visiblement, faire de nous des irresponsables faisait partie d'un plan qui n'a pas tourné comme il l'espérait.

Je demeure pensif en voyant l'état de l'humain mais me se contente d'un léger soupir en guise de réaction. Ce n'est effectivement pas la première fois que de louables intentions causent plus de dégâts qu'autre chose. Je m'inquiète toutefois de l'état mental de Kayne et de l'instabilité de ses humeurs à l'avenir. Je me contente de quelques mots en ynorien.

"Mordu une fois par un serpent, effrayé par de modestes cordes pendant dix ans..."

Je suis encore piqué par les paroles imbéciles du jeune homme et ne compte donc plus me fier à lui. Le tolérer si les deux autres le font, le traiter avec une froide indifférence sinon. Je choisis de museler mon empathie et de ne pas m'impliquer.

"Je suis de l'avis du Ser Arthès, ne perdons pas de vue nos priorités."

Nous nous mettons en quête d'une oreille attentive et finissons par être dirigés vers le général Andelys. Le Ser Arthès expose brièvement la situation, et notre nouvel interlocuteur se montre bien plus ouvert. Il prend l'initiative de nous conduire auprès d'un contingent de chevaliers lourdement équipés et je suis surpris de voir le visage du roi parmi eux. Nous sommes aussi rejoints par le comte qui s'offusque de notre présence.

Alors que des paroles sont échangées, j'ai des difficultés à me concentrer sur ce qui se passe autour de moi. Ma main se crispe sur les rênes de mon étalon, une sensation étrange m'envahissant. C'est comme si quelqu'un cherchait à attirer mon attention à l'aide de gestes à travers une brume dense. J'essaie de suivre la conversation et la réponse du roi à la demande de Herle Krishok, mais l'appel se fait de plus en plus pressant.

Okina murmure dans mon esprit, me guidant par ses suggestions. Je me concentre sur cet appel, comprenant qu'il vient d'un être familier. Je sais que la situation demande toute mon attention, mais une impression d'etreinte autour de mon torse se renforce. Je ferme les yeux, suivant ce son flou vers un lieu se faisant de plus en plus distinct. Et bientôt, les murs de ma cité natale m'apparaissent distinctement.

Je rouvre le regard, juste à temps pour comprendre que la réponse du souverain va être apportée au nécromants. Vivement, je mets pied à terre et flatte les naseaux de ma monture. J'aperçois des kendrains plus loin menant des chariots de provisions et prends une décision. J'avise brièvement mes compagnons et les informe à la hâte de ma décision de ne pas les suivre. Je fais volte-face, l'impression d'être appelé de plus en plus puissante. Je me hâte auprès des humains, me présente et leur confie mon percheron.

Joignant les mains et fermant les yeux, je me concentre sur ces images qui me viennent. Ma cité assiégée, ma boutique où brûle un encensoir, mon épouse et mes amis se tenant en un cercle, tous ceux en capacité de se battre portant leurs armes et armures. Malgré leur courage, leurs cœurs sont emplis de crainte. Il me faut les rejoindre, car ils sont en grand danger. Je veux être auprès d'eux.

Ma magie pulse, ma faera m'encourage. Dans un silencieux effet de lumière, ignorant ceux et ce qui m'entoure, je m'unis à ce lien intangible. Mon pouvoir se manifeste.

Je ne suis plus dans les plaines auprès des soldats.


~Suite~

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Xël
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Xël » jeu. 1 juil. 2021 21:07

Le matin n’est pas levé que les troupes se préparent à se remettre en marche en me réveillant au passage. Je trouve de quoi manger et profite d’une bassine d’eau pour une toilette rapide avant le départ. J’enfile mon armure, prenant de nouveau soin de laisser mon tatouage apparent. J’aperçois Charmant non loin, en train de se préparer, et Cherock qui s’approche de moi avec son étrange monture. Je comprends ce qu’il veut d’un regard. Nous avions discutés de nos choix pris. Il désire retourner à Oranan et je peux l’y aider. Je me concentre un instant et forme le portail le menant à sa ville, assez grand pour lui et sa monture.

"Merci pour tout Xël. Quand ce merdier sera terminé, j'insiste pour te faire profiter de l'hospitalité oranaise. Et je compte sur toi pour transmettre l'invitation à Faëlis et Aenaria."

« J’ai déjà goûté à l’hospitalité Oranaise d’une certaine manière. Mais j’accepte l’invitation et je ferais en sorte de le transmettre. Je crois que Cromax serait intéressé lui aussi. »

Un mince sourire se dessine sur mes lèvres avec le souvenir des Ynoriens et surtout Ynoriennes que j’ai rencontré dans ma vie. Je suis certain que le partouzeur des Sept Sabres a déjà goûter au même genre d’accueil. Il m’approche d’ailleurs une fois que le portail se referme et me demande si je suis prêt à partir et quel monture me ferait plaisir.

« Tu peux vraiment prendre n’importe quel forme ? »

"Y compris des formes qui n'existent pas."

Comment imaginer des formes qui n’existent pas ? J’abandonne bien vite les tentatives et me rabats sur des choses plus réelles.

« Je dirais bien un dragon pour faire une entrée fracassante mais j’ai peur d’être accueilli par des flèches. »

"Hem. De fait, quelque chose de plus... discret peut-être ? Les kendrans ont quelque peu soupé de mon... apparence draconique."

« Ah oui. C’est vrai. Je crois que je n’ai jamais volé à dos de Gryffon encore. »

Dis-je en haussant les épaules. C’est l’occasion de le faire. Il se change aussitôt en une créature à l’apparence d’aigle mais possédant un corps et une queue de lion. Il déploie ses longues ailes de plumes sombres après que je sois monté sur son dos et décolle, m’offrant un nouveau voyage loin au dessus des terres. Au loin j’aperçois les fumées des feux de camp ennemis et crois pouvoir déceler la marrée de Garzok qui y siège. Je ne peux en détacher le regard alors que Cromax se dirige vers le sud de la cité, à la rencontre de l’armée Kendran. Il me dépose sur sa route avant de se retransformer en un elfe gris.

« Comment je pourrais te reconnaître sur le champs de bataille si tu prends une autre forme ? »

"J'y serai sous mon vrai visage, que tu connais."

« D’accord. Merci pour ton aide Cromax. »

Nous nous serrons la main en échangeant un sourire sincère avant de nous séparer.

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Jorus Kayne
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Jorus Kayne » jeu. 1 juil. 2021 22:10

La réponse du comte brise quelque chose en moi. J’ai tant misé sur cette mise en scène, que je me retrouve dépouillé de toute volonté après avoir tout perdu. C’est à peine si j’ai la force de bouger les lèvres, alors que tous me quittent un par un. Je reste seul, avec le vent qui emporte les dernières parcelles de ma conscience. Quelques bribes de souvenirs me viennent, errant dans le camp sans but. Je ne sais trop comment je suis arrivé dans une tente inoccupée. Mon corps est présent, mais mon esprit n’est plus, trop loin pour l’atteindre. Même la voix de ma faéra, qui autrefois était une source inépuisable de courage, d’espoir et de détermination, n’est plus qu’un vague murmure dans le brouillard. J’ignore comment je suis arrivé, ici, tout comme j’ignore comment ma dague s’est retrouvée hors de son fourreau, tournoyant dans ma main. Ma lame rouge sang, reflète la lumière sur des yeux vides de volonté, secs comme s’ils venaient de remplir un lac entier des jours et des nuits durant. Au travers du reflet de la lame, ce sont les critiques de mes camarades d’armes qui viennent me hanter, rappelant la douleur de ce moment. Plus encore que Tobias ou Kiyoéhiki, c’est Yliria qui ne cesse d’être présente. Ses critiques venant encore et encore, telles des vagues qui agressent inlassablement un roc, qui autrefois me semblait indestructible, est désormais sur le point de se briser. Une douleur si forte qu’elle est insupportable. Pourtant, la simple présence de mon arme est source d’apaisement. Comme si ajouter une nouvelle teinte sanglante à sa coloration pourrait être une délivrance.

(Pourquoi pas ? Nul ne me regrettera. On ne retrouvera de moi, qu’un homme ayant eu peur de la guerre. A quoi bon me battre si je n’ai personne à protéger ? A quoi bon vaincre si personne n’est là pour s’en réjouir avec moi ? A quoi bon vivre, si je n’ai plus de raison ?)

Lentement, je pointe le tranchant de mon arme en direction de mon poignet. Le flot de sang s’aggravant, suffira à en finir rapidement.

(Non ! C’est trop facile, trop doux pour un misérable comme moi !)

Ainsi, je tends ma lame pour lui indiquer une nouvelle direction. Son extrémité pointant désormais vers ma gorge. Ainsi, j’aurais le loisir de trancher cette maudite langue qui me cause tant de souffrance, qui brise les promesses et méprises mes proches. Pourtant, même si le désir de ne plus souffrir est grand, ma main refuse de faire parcourir les quelques centimètres nécessaires à une dague qui tremble. Je finis par l’empoigner à deux mains, puisqu’une seule ne suffit pas. Rien n’y fait. L’extrémité de la lame ne fait que s’accroître avec les tremblements de deux mains réunies.

"Jorus tu n’es qu’un lâche, alors agis au moins en tant que tel !" Fais-je en grognant du bout des lèvres.

Les tremblements s’accentuent sans que ma lame ne touche ma gorge. Malgré cette contradiction, entre mon être meurtrie jusqu’à l’âme et mon corps qui refuse d’en finir, je commence à sentir l’aura froide de ma dague, sonnant bientôt l’heure de la délivrance.

Des chocs se font entendre. Rapides et répétés. De plus en plus fort et de plus en plus proches. Une force m’attrape une main, envoyant valser ma lame rédemptrice et m’arrachant cette libération que je désire tant. Quelque chose est devant moi, non, quelqu’un. Mon corps est projeté au sol. Une douleur à la mâchoire me lance terriblement, rappelant mes sens. Puis une voix, pleine de colère, m’ordonnant de m’expliquer. Je me lève lentement, encore un peu groggy par le choc. Devant moi, un être se dresse. Sa présence, cette soudaine douleur physique à la mâchoire et avant cela les chocs répétés me semblent liés, mais je n’ai même pas la force de chercher à comprendre en quoi. Seul son ordre résonne encore. Mon visage se lève, encore moins expressif que les créatures d’Herle. Mes yeux, aussi vides que je le suis à l’intérieur, se lèvent sur l’inconnu.

"Yli ?" Fais-je dans un murmure.

Je regarde autour de moi, me rappelant presque ce que je faisais ici. C’est une voix monocorde, dénuée de vie, que je réponds finalement.

"Ce que je fais ? N’est-ce pas évident ? Je ne fais que te donner raison. Chacun a son rôle dans cette guerre. Les soldats, les généraux, les héros…et les lâches !"

La jeune semi-shaakt me rétorque que face à la créature à deux têtes, dans les ruines de Nayssan, j’ai prouvé que je n’étais pas le lâche que mes derniers actes laissent à penser. Elle demande des explications concernant mon mutisme face aux nécromants, alors que j’ai tout balancé devant le comte, frappant lâchement mes compagnons.

Mes yeux se perdent dans le vide, au souvenir de ce moment fatidique, lorsque j’ai pensé me jouer du comte. Des explications, c’est certainement le minimum que je leur dois après mon acte. Baissant la tête, ma voix est faible.

"Cette sale merde ne pouvait pas sentir Tobias, alors qu’il était membre d’un corps d’armée. Alors deux semi-shaakt et un humain de basse extraction, argumentant sur la bonne foi d’un maître nécromant ennemi, promettant la paix en échange de certaines conditions vis-à-vis des possesseurs de fluides sombres…c’était voué à l’échec avant même de commencer. C’est ce dont j’étais persuadé. Alors j’ai agi ainsi, non pas contre mes compagnons, mais contre des shaakts et leurs arguments pacifiques concernant les fluides noirs. Je pensais m’attirer une forme de sympathie du comte afin qu’il m’emmène voir le roi, le laissant penser que l’ouverture d’esprit de son souverain qu’il ne partage pas était une erreur et que j’en portais la preuve. Mais face au roi, je comptais délivrer un tout autre discours et l’aurais incité à vous entendre pour appuyer mes dires. Cependant, rien ne s’est déroulé comme je le pensais. Pire même, j’ai donné à cette raclure plus d’arguments contre ceux qu’il méprise. J’ai trahi la promesse de Tobias au lieu de la porter, j’ai trahi le courage Kiyoheïki au lieu de nourrir le mien, j’ai trahi ceux qui me tendaient la main, ne demandant simplement en retour que je poursuive mes idéaux. Je me suis trahi moi-même et tout ce pourquoi je me suis battu jusqu’à aujourd’hui."

Aucune envie de rédemption n’émane de mes mots. Non pas que je ne le souhaite pas, j’ai la simple conviction que je ne les mérite pas. Aussi bas que peut l’être un murmure, je me répète ce même mantra :

"Qu’ils me méprisent, qu’ils me haïssent, qu’importe tant que je vois le roi."

La jeune femme s’agenouille vers moi. Sa main se dirige vers moi, mais au lieu de me frapper de nouveau comme je m’y attends, c’est un léger coup sur le front qui m’atteint. Plus encore, c’est sa réponse qui me surprend.

"T'es un idiot, Jorus. Je suis habituée à ce genre de comportement de la part des humains et j'imagine que Kiyoheiki aussi, on aurait trouvé une solution ensemble pour passer outre cet imbécile obtus de comte. Et au lieu de vouloir te punir pour une faute, essaie plutôt de la corriger pour t'en amender. Et si tu veux mon pardon, t'as intérêt à lever tes fesses d'ici et nous aider." Déclare-t-elle avant de se trouver vers Kiyohéiki et Tobias que je n’avais pas encore remarqués, obnubilé par la jeune Yliria, et leur demande s’ils sont d’accord avec cela.

A son tour, Tobias vient devant moi, mais je n’arrive pas à oser le regarder dans les yeux. C’est probablement grâce à la promesse qu’il a faite à Herle que nous devions cette opportunité unique. Promesse que j’ai sabotée en l’espace de quelques instants. Plutôt que de m’accabler, il retourne l’échec sur tout le groupe, prétextant l’absence de concertation. Il part avant de faire volte-face.

“Néanmoins, si je puis t’adresser un conseil, en tant que compagnon à présent, la prochaine fois, préviens-nous avant de prendre ce genre d’initiative... Enfin non, pas la prochaine fois, celle d’après. La prochaine fois, je suis d’avis que tu te taises.”

La remarque me fait presque esquisser un sourire. Il annonce ensuite que le temps nous manque, voulant trouver le général avant le départ de l’armée. Je les regarde tous les trois, toujours le cul au sol. Alors que j’ai détruit leurs réputations, brisé une promesse et trahi leur confiance, ils sont là près de moi, tout comme les critiques qui me hantent encore.

"Me racheter ? Moi ? Un gueux, un abruti inepte, le roi incontesté des abrutis, pas foutu de tuer une simple créature sans être à moitié défiguré, que puis-je faire ? Je sais que ces mots étaient mus par la colère du moment, mais cela n’enlève rien à leur véracité !"

Yliria s’excuse pour les mots qu’elle a prononcés. Elle promet qu’on réglera cela plus tard, mais pas avant d’avoir retrouvé un certain général du nom d’Andelys. De son côté, Kiyoheïki prononce des mots dans une langue que je ne comprends pas, avant lui aussi de s’inquiéter du général.

(Jorus…Jorus…Jorus ! Mais tu vas m’écouter bon sang ?)

L'espace d'un instant, la surprise s'affiche sur mon visage.

"Ys..."

(Stooooop ! Je sais que ça fait bizarre d’entendre soudainement ma voix alors que ça une éternité que je le tue à hurler dans ta tête, mais évite de prononcer mon nom ! Bon sang, j’ai bien cru que t’allais réussir la pire idée que t’ai jamais eue ! Te planter une dague dans la gorge, mais c’est venu d’où cette idée à la con ?)

(Je…je…je ne savais pas quoi faire et là…je suis plus perdu que jamais !)

(Et ben moi, je vais te faire retrouver le chemin alors écoute-moi bien ! Ouvre ton sac et sors la boule à neige que Sibelle t’a offerte !)

(Quoi ? Mais pourquoi tu…)

(Discutes pas non d’une belette et fais ce que je te dis !)

Je finis par obéir et ouvre mon sac pour sortir la boule à neige que je contemple. J’y vois un vieux souvenir, celui de mon voyage en mer sur la perle brune. Ces années passées peuvent se résumer en un seul mot : la liberté. La liberté de voyager d’une ville à l’autre, de rencontrer des gens, sans craindre mon passé à Eniod. Pour la première fois de ma vie, j’entreprenais un voyage loin de tout, ne pensant qu’à moi seul, au milieu d’un vaste océan. J’étais libre, libre et heureux de parcourir le monde. Revoir ces souvenirs m’a fait réaliser qu’il y a beaucoup de choses auxquelles je tiens. Même si je ne peux effacer ce que j’ai fait, j’ai envie d’aller de l’avant.

(Je veux naviguer à nouveau !)

Lorsque j'ai terminé, j'ai toujours un visage fermé par l'acte que j'ai commis, mais je ne suis plus aussi abattu. Avant que tout le monde ne parte, je tiens à m'adresser à eux en les regardant dans les yeux.

"Attendez je...je... . Merci. Merci de ne pas m'avoir abandonné !"

XP : 1 (Discussions et rédemptions) + 1 (Tentative de suicide)

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Silmeria
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Silmeria » ven. 2 juil. 2021 04:31

Il n'y eut que peu d'interaction durant le chemin qui conduisait les aventuriers jusqu'au campement. Là se trouvaient de nombreuses tentes, nettement moins alignées que celles du Val, on y trouvait un sol boueux, piétiné et jonché de détritus. Il y avait des tonneaux débordant de flèches, des fagots de lances et de hallebarde grossièrement ficelées à même le sol, des caisses éventrées, des feux de camp éparpillés autour desquels se serraient Garzoks, Gobelins, mercenaires, tout ce qu'Omyre avait à offrir comme chair fraiche à broyer dans les rouages d'une guerre imminente.

Le groupe qui composait Kurgoth, Sirat, Xenair et Hrist se sépara. La Murène resta avec son Maître, celui-ci conduisit sa seconde jusqu'à la tente de l'apothicaire. Un homme discret, de petite taille avec qui le Faucon échangea quelque mots. Un signe de tête sembla conclure la demande de son Maître et le petit homme fouilla dans ses rangements. La tente était remarquablement bien organisée, quelques étagères en osier contenaient de petites boîtes de bois, d'autre contenants de verre polis étaient rangés dans des paniers couverts d'un morceau de cuir huilé. L'odeur était caustique, poudrée et irritait légèrement les yeux. L'apothicaire tendit une main pâle à Xenair qui récupéra de cet échange silencieux six petites fioles. Ensemble, ils quittèrent la tente et Hrist ferma les yeux et respira l'air pur. Elle avait eu l'impression d'entrer dans une cave trop longtemps restée fermée. L'air libre du dehors, en dépit des feux de camps âcre et de l'odeur du cuir, du métal usé et des Garzoks était à ses narines, des plus agréable.

" Je ne voulais pas vous offenser, Maître. Mais... je n'ai aucune confiance envers ce général depuis ce qui s'est produit. L'affaire dans laquelle nous sommes aujourd'hui est bien trop tendue pour tolérer de l'amateurisme, aussi, je suis rassurée de vous savoir avec moi. Aviez vous prévu quelque chose concernant le Roi ? " Elle avait reconnu que son intervention était peut-être maladroite, mais la Murène portait pour Karsinar un mépris sans pareil, elle détestait cette brute épaisse, ce général dégénéré, cet ours fornicateur de Lykors, pour elle, sa simple existence les couvrait tous de honte.

"Il n'est pas question d’offense, mais de respect de la hiérarchie de nos alliés et d'humilité. Ne le condamne pas d'amateurisme alors que toi-même n'a pu déceler la traîtrise chez eux, allant même jusqu'à faire échouer ta mission par la trop grande confiance que tu leur accordais." Avait-il déclaré froidement. Après un soupire, il ajouta comme pour la consoler :

"Au moins mon message est partiellement passé : rien de tel pour un assassinat qu'une personne unique et formée à ça."


Elle leva les yeux au ciel ajoutant d'un haussement d'épaules " A dire vrai... ce n'est pas tout à fait moi. Mais ma jumelle. "

Son iris se rétréci et sa voix devint moins incisive. Un frisson traversa son corps, sa poitrine se gonfla d'une énergie nouvelle, faisant oublier temporairement à l'âme noire de Hrist la colère latente, le poids des remords et une fatigue considérable. Silmeria prit le contrôle temporairement.

" Oui... petit excès de confiance vis-à-vis de mes alliés comme vous le soulignez. Comprenez maintenant pourquoi elle se méfie davantage des inconnus. "

Son iris devint noir comme quelques secondes plus tôt.

" Quelque part, je comprends la confusion. Quant à la personne unique et formée pour ça, n'aviez vous pas parlé d'y aller à deux ?"

Il ne sembla pas réagir à l'échange d'âme, bien que Hrist ne se souvienne pas d'avoir déjà procédé à une telle manifestation devant son maître. A dire vrai elle n'était même pas sûre qu'il soit au courant de cette cohabitation entre elle et Silmeria. Il se contenta de dire :

"Une seule lame tranchera la gorge du roi. Je serai là pour t'ouvrir la voie."

" Oh, je ne pouvais imaginer pareil soutien. " Dit elle avec sincérité.

" Après ça, j'ai une liste de cibles, nos fameux traîtres... " Dit-elle comme une enfant demandant une faveur à un adulte.

"Une fois le Roi tué, tu seras libre de tes actions... Pourvu que celles-ci aillent dans le sens de notre Reine."

Hrist reculera d'un pas, manifestement surprise de ce qu'elle venait d'entendre. " Que voulez-vous dire par ça ? N'aies-je pas toujours été fidèle à Omyre et sa Reine ? " Visiblement elle avait pris la remarque comme une insulte mais s'était amusée à surjouer pour espérer créer un dialogue plus amusant.

"Si ce n'était pas le cas, tu ne serais pas libre de tes actions."

" Probablement " disait elle en baissant le regard. Manifestement son petit jeu n'avait pas intercepté la moindre émotion chez son Maître. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, elle se contenta d'éluder cette tentative pour passer à autre chose.

" Comment comptez vous procéder ? Le Roi a sa cavalerie et sa garde rapprochée. J'ai entendu parler de ce Bogast, un magicien, à la fois conseiller et protecteur. Il faudra une force considérable pour créer la discorde chez eux et ouvrir une opportunité. De plus, je ne pense pas que le roi soit sot au point de ne pas avoir augmenté sa garde. "

"Dans le chaos d'une bataille, nul ne sait ce qui peut se passer. Il sera temps d'aviser sur le moment : réagir à ce que nous voyons, tirer le maximum de chaque situation. Les plans ne servent qu'à s’obnubiler sur des rails parfois faussés."

" Je vois. " Peu dérangée par cette absence totale de plan, elle semblait même ravie de cette incertitude qui lui autorise souvent des moments de folie.

" Et que préconisez-vous ? Juste derrière la première ligne pour avoir un assez bon visuel sur le terrain ? "

"Premier objectif, repérer le Roi. Pour ça une position derrière les premiers escadrons me semble de fait efficiente. Pas trop proche de la ligne de front, où le grabuge entraînera une perte de vision globale. Ensuite, trouver un moyen de l'atteindre en déjouant ses défenseurs. Trouver une ouverture ou la créer. Le leurrer, éventuellement. Et quand la lame frappera, s'assurer que ça sera pour lui arracher son dernier souffle."

" Depuis notre dernière rencontre j'ai découvert quelque chose. Un usage nouveau à l'Ombre Noire. Elle me permet de pouvoir apparaître a bonne distance... une quinzaine de mètres. Sans crier gare, d'un battement de cils. Je pense que cet usage en plein jour consomme beaucoup d'énergie aussi ne peut il être effectué qu'une seule et unique fois. Mais je pourrai ainsi traverser une ligne de soldats et de gardes pour trouver de quoi arracher son dernier souffle. "

"Bien."

" Y a t il autre chose ? "

Il ne répondit pas, se contentant d'un simple signe de tête pour lui signifier que non, c'était là tout ce qu'ils avaient à ce dire. C'est avec silence et beaucoup de langueur qu'ils entreraient dans l'histoire de Yuimen.

" Si vous me permettez alors, je vais trouver quelques bricoles pour les combats à venir. "

Elle tendit la main pour récupérer les six précieuses fioles que Xenair lui céda contre quelques pièces d'or. Rangeant précieusement son nouveau trésor, Hrist progressa dans le campement pour y trouver un comptoir d'échange. Elle avait précipité son arrivée dans cette histoire et estimait qu'il était plus que nécessaire de se préparer avec bien plus de sérieux compte tenu des combats à venir. Il lui fallait un petit avantage tactique et plus ce serait vicieux, mieux ce serait.

Le comptoir d'échange débordait d'activité, on y réparait des armes, vendait des pièces d'armure supplémentaire, quelques forgerons retapaient des armures antiques pour donner une chance à leur porteur de survivre à la première charge, un début de chaos au doux parfum de fer chaud, de cuir moite et de sueur caustique.
(" Vos conversations avec Xenair sont toujours des plus passionnantes. Vraiment j'en suis presque amoureuse. On a eu tellement de chance n'empêche, c'était pourtant pas donné de trouver la seule personne sur cette terre qui soit encore plus froide que toi. ")

Hrist s'amusait de la réaction de sa Faera, Cèles n'avait jamais été très claire quant à son ressenti pour Xenair, mais Hrist l'appréciait et Silmeria de même, ce devait bien être une des seules personnes au monde à avoir autant de considération de la part de la Murène.
(" Tu sais, il n'est pas tant question de froideur, c'est un rapatrié, un ressuscité comme nous, tout le monde ne réagit pas de la même façon au doux baiser de la faucheuse. Par ailleurs je ne conçois pas un assassin trop extravagant, on se doit plutôt d'être discrets. ")
(" Ne me prend pas pour une courge, espèce d'asperge. Tu sais quand même laisser libre court à tes idées folles. Surtout Sissi d'ailleurs, mais niveau extravagance vous êtes quand même hors concours parfois. Tiens, regarde, les Shaakts pendus à bord de la Laide ? ")
(" Un détail, un soucis du détail même. J'ai toujours aimé les entrées en matière remarquable. ")
(" Toujours pas convaincue, tout ce qu'on a réussi à avoir, c'est une prime sur nos tronches. ") Sentenca la Faera.

Voyant une ouverture jusqu'à un comptoir tenu par un gobelin, Hrist s'avança et commença à négocier avec lui. Au début, le Sekteg était plutôt réfractaire à lui laisser autant de précieux produits mais voyant qu'elle ne flanchait pas et qu'elle arborait un insigne d'officier, il céda et se fit payer. Tandis qu'elle organisait ses nouveaux achats sur sa tenue, le gobelin leva les yeux sur une présence nouvelle, quelqu'un venait de derrière elle, la femme pouvait sentir un parfum animal, plus puissant que celui des Garzoks, une teinte de chien mouillé.

C'était Sirat, Celui-qui-chante, le fameux paria envoyé par Karsinar, encore un potentiel traître, un inconnu envoyé dans leurs lignes sous prétexte que le Général Brute-épaisse-et-dégénéré l'avait voulu ainsi. Hrist se demandait bien s'il ne valait pas mieux que celui-ci charge seul les lignes du roi en quête de gloire pour plaire à Oaxaca et à sa louve et finisse hérissé de flèches Kendrannes jusqu'à ce qu'on ne puisse plus distinguer la moindre parcelle de son visage aussi hideux que bestial.

" Plume ? C'est ainsi que tu te nommes ou c'est le nom que te donne ton Maître ? " Visiblement, il était déjà en quête d'information, bien qu'il soit moins vindicatif que cette crapule d'Ezak, Hrist n'en était pas moins réticente. Elle lui lâcha un simple : " Que viens-tu faire ici, paria ? "

Voilà bien une plume aiguisée comme une lame. Je viens discuter il me semble à première vue.

(" Ouuuh, je crois qu'il se fout de ta gueule. Tu vas le tuer ? ") S'esclaffait Cèles. Elle connaissait la réaction de Hrist face à l'ironie et le premier degré.
" Tu devrais plutôt te tenir prêt pour ce qui arrive. " Cracha-t-elle d'une voix aussi sèche que son coeur.

" J’ai toujours attendu ce qui va arriver. C’est la suite que je ne cerne pas encore "
" Encore un peu de patience, tu aura vite une idée de l'avenir. Mais sache que si tu fais quelque chose d'idiot, je te faucherai moi même "

Sirat ne perdait pas son sourire, il était avenant, poli, il ne réagissait pas plus que ça au fiel de la Murène. Peut-être était-il sincère ? Les adorateurs et les fanatiques étaient parfois plus complexe à cerner que les autres. Celui-ci ne faisait pas exception à la règle, elle ne parvenait pas à l'irriter.

Cela fait beaucoup de monde à faucher pour si petite plume. Mais je ne doute pas de ta capacité à le faire. Tu es déterminé pourquoi donc être la servante de Xenair ?

" Quelques âmes de plus, qu'est-ce ? Quant à ma présence et mon rôle, n'y prête pas attention, la piétaille comme toi devrait plutôt se concentrer pour m'ouvrir une brèche dans les lignes. " Sans le savoir, elle fit mouche, Sirat réagit cette fois-ci, peut-être avait-il compris que cette conversation ne sortirait rien de bien intéressant, c'était là ce qu'il avait peut-être toujours connu, de la réticence, de la méfiance, du mépris. Elle lui avait servi ça sur plateau et le lui avait jeté en plein visage malgré son approche pour le moins amicale, pire encore, le regard des Gobelins du comptoir d'échange suivait le mépris qu'alimentait la Murène, quelques uns discutaient entre eux dans leur langue barbare et l'ambiance se fit plus pesante.

" Piétaille, parle pour toi je ne suis pas l'esclave d' un être humain. Je suis là où je désire être il me semble que toi aussi et que tu joues un rôle. "
Flattant l'encolure de son loup, il s'éloigna comme il était venu, en silence, seul.
" Quand tu auras finis de jouer tu saura me trouver "

(" Curieux personnage. Je pense que c'est un modèle de fanatique différent de ceux que nous avons connus jusqu'à ce jour. Ca nous changera d'Eldros qui se frotte l'asperge dès qu'il entend le nom de Phaïtos. ")
Le gobelin du comptoir jeta un regard à Hrist, mimant un geste de son pouce griffu sous sa gorge en désignant le batardé. Hrist savait que d'un simple geste de la main, elle déchaînerait les gobelins sur Sirat et celui-ci serait condamné, s'il mourrait, son destin se scellerait, s'il survivait, il passerait immédiatement pour un traître en plus d'un paria et serait probablement tué avant pu s'expliquer ou s'enfuir. Elle n'en fit rien, se contenant de ricaner de sa réaction, malgré ses airs posés, il n'en était pas moins fragile et le laissant partir tel l'indésirable qu'il était, elle détourna le regard.

" Misérable Paria, apprend à respecter tes officiers ou tu finira avec du métal dans les côtelettes avant la fin du jour" Cria le gobelin avant de cracher dans la direction de Sirat. Visiblement les Sektegs aussi avaient une notion du zèle et de l'entrée en matière. Riche d'une certaine somme d'argent venant de la Murène, celui-ci avait voulu se faire bien voir d'un officier en s'interposant maladroitement dans un conflit qui n'en était pas un, une vulgaire joute verbale désintéressée que le gobelin avait considéré, dans sa culture primaire, pour une offense qui méritait la mort.

Paria! Cria t il Peau verte! hurla-t-il. Monstre ! c’est comme cela qu’ils vous nomment ! il montra du doigt les lignes Kendran.

Eux et leur tyrannie qui vous exclue à cause de votre différence et vous prive de votre liberté.

Ici! Je ne vois pas de paria ni de monstre, mais dès frères réunis, ensemble en armée ! un peuple en défiance à l’injustice imposée ! C'est en Être libres que vous êtes venus vous battre , en Être libres que vous êtes ! Mais comment garder votre liberté ? Il faut se battre !!!


Son regard était déterminé, emplit de rage et d’ardeur. Ses muscles étaient en ébullition sous son armure.

" Zewen vous regarde, l’histoire vous regarde aujourd’hui ! Ici et maintenant vous allez vaincre et briser l’âge des hommes !! Ensemble ! Nous vaincrons ou mourrons en légende ! "

(" Un fanatique j'te dis. Du genre à se scarifier le nom de son dieu sur le ventre en se fouettant avec des orties et des ronces les soirs de pleine lune pour plaire à quelconque divinité. ")
(" Fanatique ou pas, il n'est pas si loin de la vérité. Je crois que c'est ce que Karsinar avait de moins pire à nous envoyer. Je crois qu'il n'est pas si médiocre que ça finalement. ")

Elle s'en alla, arrangeant sans cesse ses pièces d'armure, ses lames acérées et sa ceinture. Tout était millimétré, tout était à portée de main, son équipement, bien que déchiré, taillé, usé était fin prêt. Lorsqu'elle rejoignit Xenair, elle vit que celui-ci se tenait devant un garzok enchaîné fermement maintenu par les épaules par deux de ses congénères. Un déserteur. La sentence était sans appel, elle savait que Xenair méprisait la lâcheté et sans surprise, il fut condamné à mort. La Murène se chargerait de la mise à mort. Nulle foule ou manifestation d'autorité pour la victime, un solide Garzok au moins aussi massif que Kurgoth, il périt immédiatement d'un coup de lame dans la tempe. Tombant raide mort, un autre Garzok s'approcha du cadavre et abattit sa lourde hache sur la gorge de son congénère le décapitant d'un coup sec. Le sang coula à flots, sombre et épais, il se mêla à la terre. Hypnotisée par ce manège pourpre, Hrist observait la gorge se vider petit à petit jusqu'à ce qu'une nouvelle lubie ne lui vienne.

Elle se pencha sur la gorge tranchée et déposa sa main creusée pour contenir le précieux sang de l'artère avant de le porter à sa bouche. (" Heu... A ta santé ? ")
(" Je voulais savoir quel goût ça avait. ")
(" Un goût de fer ? ")
(" Un peu plus que ça. Un goût de vie. Un goût de mort. Un goût fugace, une étincelle qui s'endort, la vie qui périme, la fleur qui fane, le sang abreuve la terre assoiffée, le sang coule, le cercle se ferme. Je trouve ça magnifique. ") La bouche et le menton encore rouge, elle observa longuement le corps mort. A la place de sa tête s'était formé une piscine de sang dans laquelle se débattait un vers rose qu'elle recueillit du bout des doigts.

" Salut toi. Je vais t'appeler... Grüber Van Der Ver. Tu seras le véritable héro des jours à venir. Bientôt tu pourra grouiller avec tes amis dans de la chair moite, ferme, éventrée ou juste choquée. Mais pour ça, il faut que tu sois patient. Tu veux devenir mon ami petit ver ? "

Elle le caressa du bout de son index. Il se redressait et pointait ce qui semblait être sa tête vers le visage de la femme qui lui parlait. Autour d'elle, quelques Garzoks s'échangeaient des regards concernés vis-à-vis de la femme.

" Regarde, Grüber Van Der Ver. Là bas, il y a de la viande d'humain. Elle est plus goûteuse que celle des Garzoks je pense. Mais si je peux te donner un conseil, entre amis. N'entre pas dans la tête d'Ezak pour te nourrir de son cerveau. "

Elle le reposa et laissa son nouvel ami dans la boue et le sang.

" Tu pourrais mourir de faim. "
(" La rancune aussi tenace qu'une tâche de sang sur un drap propre à ce que je vois. M'enfin n'oublie pas qu'il a réussi à vous rouler tout de même. Il n'est pas si imbécile que tu le dis, et tu aurais tort de croire ça, je pense même que ça te conduirait à une nouvelle déconfiture. ")
(" Tu es bien gentille, mais je vois bien ce que tu vois. Je sais que ce n'est pas l'imbécile que je dépeins. Je dis juste que sa plus grosse erreur est d'avoir attiré sur lui des foudres qu'il sera incapable de contenir. Il serait bon pour lui de se cacher derrière des centaines d'hommes, des cavaliers, des archers, il ne sera jamais bien loin de la colère de Kurgoth, de ce vaniteux Eldros ou de moi même. A dire vrai, je pense qu'il aura beaucoup de chance s'il meurt simplement de la main d'un guerrier demain. Au moins ce sera sans haine, sans intention de le faire couiner, de le saigner, de le voir se vider par tous les trous avant d'expirer définitivement. Je crois que je reviendrai même plus tard pour mutiler sa dépouille. Juste un peu, tu vois. Juste assez pour que les témoins puisse employer le mot tartiné en mentionnant ses restes. Mais avant ce beau jour, je vais prendre un peu de repos, ma chère jumelle bouillonne d'envie et d'impatience. ")

Son iris rétrécit sensiblement. L'âme de Hrist fut renvoyée dans l'Ombre Noire et Silmeria sautilla sur place, le sang du Garzok toujours aux lèvres, elle avait en bouche cette amertume oxydée, ce goût puissant presque poudré qui harcelait ses papilles d'une longueur entêtante, si puissante qu'elle pouvait le sentir à chacune de ses respiration.

Sautillant dans la boue et le sang, Silmeria jubilait, elle clapotait les mains comme une enfant gâtée et murmurait, comme pour elle même :

" Je sens que je vais me faire tellement de nouveaux amis ! Vivement demain ! "

XP : 1.5 (Conversations multiples) + 0.5 (Emplettes) + Une Rune Si offerte par mes soins (et Grüber Van Der Ver)
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Azra
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Azra » ven. 2 juil. 2021 15:50

Azra demanda à Rendrak de se cacher avant d'arriver à l'armée. Ils se retrouveraient plus tard. Pour l'heure, mieux valait éviter les incidents. Lorsque les deux nécromanciens se présentèrent à l'entrée, ils furent bien évidemment accueillis avec suspicion par les soldats, mais ceux-ci acceptèrent de les conduire sous bonne garde auprès des commandants. Là, se trouvait un rude nain en armure et un chevalier en armure bleue. Ainsi, les nains allaient se battre au côté des duchés. Cela confirmait ce qu'ils avaient appris : les hommes des montagnes semblaient être de plus en plus proches des nains plutôt que de la lointaine Kendra Kâr. Il faudrait se souvenir de ce détail à l'avenir.

Mais la plus grande surprise fut d'y trouver Maâra, qui se trouvait aussi sous bonne garde. Il la salua d'un signe de tête. Un peu de renfort ne serait pas de trop ! Mais le plus urgent était de convaincre l'état-major. Azra inclina la tête à l'adresse des deux hommes :

« Humbles salutations. Je suis Lord Azraël, et avec mes compagnons ici présents, je représente l'ordre des Messagers du Corbeau, basé à Luminion. Nous n'avons aucune envie de voir les envahisseurs d'Omyre continuer à saccager les montagnes où nous vivons en paix. Nous vous offrons donc nos services dans cette bataille. »

Le général humain semblait avoir entendu parler de l'ordre, mais ce n'était pas le cas du nain qui s'inquiétait qu'ils soient possiblement des mages noirs. Bon, il allait falloir répondre prudemment...

« Vous êtes fort bien informé, sire ! C'est en effet nous qui nous sommes installés dans les ruines abandonnées d'Endor. Et pour vous répondre, Seigneur Throg'inn, nous apprécions certes les corbeaux pour le symbole qu'ils représentent pour nous, mais pas que... »

Voyons, il connaissait bien les légendes, comment Phaïtos était-il représenté chez les nains, déjà ?

« Nous vénérons effectivement celui que vous connaissez sous le nom de Skaldon, le dragon des profondeurs. S'il est redoutable et destructeur, il peut aussi guider le mineur vers le bon filon, et respect ceux qui rivalisent aux énigmes avec lui. Il en va de même pour la magie noire. Seuls quelques-uns parmi nous la pratiquent et nous n'ignorons pas les choses sinistres qu'elle permet. Mais elle n'est qu'une arme, un don du gardien des morts. Une épée peut causer bien des souffrances, mais entre les mains d'un juste, elle peut apporter la paix. Nous restons avant tout des hommes et des femmes qui aspirent à vivre leur foi tranquille. »

Il écarta les bras d'un geste triste :

« Cela ne sera pas possible avec les boucher d'Omyre arpentant nos montagnes. Les spectres des âmes en souffrance vont se multiplier, rendant toujours plus ardue la tâche de notre dieu, qui est de veiller à l'équilibre entre la vie et la mort. C'est pourquoi nous souhaitons terminer cette guerre au plus vite, afin que le monde retrouve sa quiétude. »

Les deux semblaient moyennement satisfaits, mais l'affaire était gagnée : ils attendaient de lui qu'il fasse montre de ses capacités en faveur des duchés et de Kendra Kâr. À cela, Azra, satisfait, hocha la tête :

« J'ai déjà prouvé ce que j'avais à prouver à Kendra Kâr en participant à sauver le roi d'une tentative d'assassinat des Omyriens. Notre aide vous est acquise. »

Daemon intervint alors, ajoutant qu'ils étaient envoyés par la princesse, ce qui acheva de convaincre le général humain. Il s'ensuit ensuite de la nature des forces adverses. Apparemment, ils allaient faire face à l'armée de Crean Lorener et Khynt, deux des plus terribles lieutenants d'Oaxaca. Leurs armées de soldats surentraînés et de créatures d'acier. Cela ne semblait guère déranger le nain, et même presque l'amuser.

Maâra prit également la parle pour demander s'ils avaient une place particulière dans la bataille, mais le principal soucis du commandant Perussac était de ne pas les voir troubler les formations. Aussi, elle accepta aimablement sa proposition. Azra insista néanmoins :

« Cependant, avez-vous connaissance d'un lieu idéal pour observer le champ de bataille et intervenir là où ce sera nécessaire ? »

Mais la bataille allait avoir lieu en plaine, donc il n'y avait guère de lieu surélevé. Azra demanda ensuite :

« Vous semblez avoir quelques connaissances de l'armée d'en face, y a-t-il des ennemis particuliers qui pourraient mettre vos troupes plus en difficulté et que nous devrions traquer ? Un flanc qui pourrait avoir besoin de renforts ? »

Apparemment, toutes les troupes d'élites étaient susceptible d'être problématique : monstres d'aciers, guerriers maudits... il allait falloir se concentrer là-dessus ? À ce moment-là, Daemon intervint pour faire apparaître Nienna et l'envoyer chercher des informations. Une bonne initiative qu'heureusement, les officiers laissèrent passer sans trop de problème. Azra se glissa vers Maâra pour la saluer :

« Bienvenu parmi nous. Je sens qu'un peu de renfort ne sera pas de trop. Pour la gloire de Phaïtos, envoyons nos ennemis à la mort. Retrouvez-moi dès que nous serons prêts »

Puis, il s'écarta de l'armée pour aller rejoindre Rendrak :

« Il nous reste peu de temps... »

« Peu de temps avant la baston ? C'est plutôt une bonne nouvelle, non ? »

« On va dire ça comme ça... »

Azra se mit en position... et commença à répéter les mouvements qu'il avait appris avec Ezak. Cela fit rire le liykor, qui se mit également à travailler quelques enchaînements. Ils n'avaient pas de multiples ennemis à disposition, mais Azra désigna un caillou comme cible, et lui comme son compagnon pouvaient jouer le rôle d'ennemis moins statiques. Ils enchaînèrent une succession d'assaut, sous différents angles, pour essayer de mimer l'affrontement avec plusieurs ennemis, travaillant leur « danse », comme disait le maître d'arme. Un coup à gauche, un pas de côté, un coup à droite, une esquive... Un coup à gauche, une esquive, balayette du pied...

Comme précédemment, sa plus grande maîtrise permettait à Rendrak de mieux s'habituer aux mouvements, et Azra voyait bien qu'il n'arriverait sans doute jamais à l'égaler. Mais cela ne l'empêcherait pas de faire de son mieux ! Il observait la chaîne qui virevoltait et frappait dans un tourbillon presque gracieux...

« Comme quoi, tu aurais pu faire un bon danseur, Rendrak ! » s'amusa le nécromancien.

« Je n'ai jamais été aussi léger ! Ça aide ! »

Balayage à gauche, tourbillon couvert par le bouclier, jaillissement de chaîne à droite, attaque frontale ! Oui, pas à dire, il se débrouillait bien ! Azra s'assit en tailleur, pour reposer un peu ses os, tout en observant attentivement les mouvements de Liykor. Ils auraient besoin de tous les talents possibles, dans quelques heures...

(((Suite de l'apprentissage d'enchainement brutal)))

XP : 0.5 (Rapport et présentatation) + 0.5 (Arrivée et entrainement)

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Jorus Kayne
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Jorus Kayne » ven. 2 juil. 2021 21:35

Sur les pas de Tobias, nous partons en quête du général, interrogeant les soldats pour le retrouver. Suivant les conseils judicieux du soldat, je me tiens en retrait sans émettre le moindre avis, le moindre commentaire…le moindre mot en somme. Ma technique d’approche muette nous permet rapidement de trouver l’homme en question. Plus ouvert que le comte Ybelinor, le général nous conduit jusqu’au roi, après que Tobias ait terminé son rapport, comprenant le marché conclu avec Herle. Heureusement pour moi, je n’ai pas erré trop loin et grâce à ma faéra, je peux retrouver mon cheval et suivre le reste du groupe. C’est devant une troupe de soldats que notre guide nous amène. Echangeant avec le général Borgast brièvement pour voir le roi, un homme en armure lève son casque, nous permettant de reconnaître le roi. Je crois à notre bonne étoile, jusqu’à ce que le comte arrive au même instant. Andelys vient nous prêter main forte en prétextant que le comte n’a pas saisi l’essence même de notre rapport dans son entièreté. Alors qu’Ybelinor retient sa colère, le roi nous invite à lui présenter notre rapport.

Après nous avoir présentés, il détaille calmement aidé par Yliria, le déroulement de notre mission, terminant par l’accord passé avec le maître nécromancien. Le comte intervient, impliquant le général Andelys dans l’affaire. Finalement après avoir mainte fois débattu de part et d’autres, le roi clame qui s’il ne peut prendre de décision immédiate, sa décision finale sera influencée par les agissements du nécromancien. Il consent également à ce que nous portions sa réponse à l’intéressé. Tobias évoque les informations reçues du Gentême, mais la nature de la créature de l’ombre, aide le comte à argumenter dans son sens vis-à-vis du roi. Pourtant, à force de montrer sa nature particulièrement pénible, le comte s’attire les foudres de quelqu’un qui ne faut pas.

"Vos insultes commencent sincèrement à me fatiguer, « Comte ». Vous n’avez ouvert la bouche que pour déverser mépris et insultes au mépris du multiculturalisme promu par votre Royaume. Vous avez délibérément cherché à saboter notre rapport dès le début pour vous faire mousser sans même essayer d’entrapercevoir les possibles conséquences. Je me demande pourquoi j’ai risqué ma vie pour votre Royaume si c’est pour recevoir un tel traitement. Vous nous avez offensés à peine sortie de la tente après le discours de votre Roi et sans aucune raison. Je ne vois pas pourquoi je risquerai ma vie pour des gens qui, une fois la victoire remportée, n’hésiteront pas à me cracher au visage leur mépris injustifié. Alors à moins que nous n’ayons fait quelque chose pour vous offenser et mériter insultes et mépris, excepté le simple fait d’être différents de vous, j’exige des excuses. Et si c’est mon ascendance Shaakte qui vous dérange, dites-vous que je les hais bien plus que vous et que ça ne justifie pas que vous me traitiez ainsi." Clame Yliria sans aucune crainte.

L’espace d’un instant ma raison souhaite poser une main sur l’épaule de la jeune bretteuse, mais mon cœur à tellement envie de voir la joue du comte caresser la semelle de la jeune Yliria, que je m’en abstiens. C’est le roi qui interrompt cet échange sans permettre aucune autre réplique. Cela nous permet cependant de retourner aux ruines, sans Kiyoheïki qui a subitement disparu après notre entrevue avec le roi. A notre retour, nous trouvons porte close. Herle apparaît cependant confirmant, après avoir entendu la réponse du roi qu’il tiendra parole. Cependant, son apprenti participera bel et bien au combat.

Nous finissons par nous séparer, mes camarades se remercient l’un de la présence de l’autre. De mon côté, je me contente à l’attention de Tobias d’un simple "Au revoir et merci." Jusque-là, je me suis contenté de suivre à la lettre les recommandations du soldat.

De loin, je suis Yliria. De toutes les personnes présentes, elle est celle à qui j’ai fait le plus de mal et dont l’opinion compte pour moi. Alors qu’elle discute avec un elfe blanc, je me rapproche d’eux, en prenant mon courage à deux mains. Depuis l'entrevue malheureuse avec le comte Ybelinor, je ne suis plus vraiment l’homme que j’étais avant. Comme si j’étais dans un épais brouillard dont je n'arrive pas à sortir, me raccrochant au seul phare qui brille.

"Yliria ?" À mon arrivée, je salue brièvement son interlocuteur. "Je...désolé de t'avoir suivi. En ce moment je...je suis un peu perdu et inconsciemment je crois que...en fait, j'espère que l'éclat qui t'anime pourrait éloigner les ténèbres qui m'envahissent."

"Tu as merdé, Jorus. Je te faisais confiance, ON te faisait confiance et tu en as abusé, même si tes intentions étaient bonnes. Je vais avoir du mal à pardonner ça. J’aurai pu te tuer Jorus… Je ne sais pas ce que tu t’imagines que je sois, mais tu te trompes lourdement."

L’elfe blanc déclare à la suite d’Yliria, que j’aurais l’opportunité de briller dans les ténèbres de la bataille. Enfin, c’est ce que je retiens brièvement. Je remercie celui qui conversait avec yliria avant mon arrivée, sans trop comprendre le sens de ses mots. Peut-être les comprendrais-je au moment voulu. Pour l'instant, je reste focalisé sur la jeune demi-elfe et accepte la main qu'elle me tend.

"Je crois que... qu'à travers toi, j'essaie de me faire pardonner mon comportement auprès des danseurs."

Elle m’explique que, furieuse, elle s’est octroyé le droit de me le prendre et s’en excuse en me le tendant. Dans le même temps, elle secoue ma main d’une manière étrange, tout aussi étrange, bien que les souvenirs de mon acte soient encore présents, ils n’animent plus de pensées noires. Bien qu’elle exprime ne plus avoir confiance en moi, elle tient cependant à préciser qu’elle préfère, que le soutient que propose l’hinïon, se tourne vers moi plutôt qu’à elle. Je regarde tour à tour yliria et Faëlis, ainsi que le collier en main quelques instants avant de le lui rendre.

"Je préfère...je préfère que tu me le rendes à la fin. Je crois que...que je dois me retrouver moi-même. J'ai trahi tant que gens, mais je me suis trahi moi-même. Je dois retrouver qui je suis avant toute chose. Si nous sommes encore en vie, nous en reparlerons !"

La réaction d’Yliria ne se fait pas attendre.

"Pour l’amour de Gaïa, Jorus, porte tes couilles et arrête de te lamenter ! Oui tu as eu tort, oui tu nous as déçu et oui je t’en veux pour ce que tu as fait, mais ce n’est pas la fin du monde, par contre ça va l’être si tu ne te ressaisis pas. Si on doit se battre côte à côte, tu as intérêt à te réveiller ou tu nous feras tuer tous les deux. Tu veux être digne de ce pendentif ? Agis en conséquence pour redorer ton image et t’en montrer digne, mais ne compte pas sur moi pour te dire quoi faire ou te prendre par la main, parce que ce n’est ni mon travail, ni ce que je sais faire. On t’a jugé digne de le porter, alors porte-le. Mon avis n’a aucune importance, parce que je ne suis personne. Alors soit tu te ressaisis, maintenant, soit tu restes en retrait. Et si t’as besoin d’un coup de pied pour avancer, je t’assure que tu vas décoller !"

J’observe la réaction d’Yliria, qui laisse sortir son exaspération. Stupéfait de sa colère, une émotion enfouit au fond de lui fini par ressurgir, face aux propos de la jeune semi-elfe. Une boule se forme jusqu'à finalement éclater en un rire puissant et franc. Il me faut tout de même quelques secondes avant de pouvoir parler.

"Désolé. Bon sang ce que ça fait du bien de rire, j'ai l'impression que ça faisait une éternité que ça n'avait pas été le cas. Ce n'est pas que je ne m'en montre pas digne ou quoi que ce soit, c'est juste que je voulais l'être à tes yeux. Parce que tu es un idéal que je voudrais devenir. Cependant, je constate que c'est peine perdue avec une tête aussi dure que la tienne." Finis-je par dire en refoulant un nouveau rire et gardant le pendentif avec moi.

"Tu n’as pas envie de devenir comme moi, Jorus, crois-moi. Mon obstination et ma volonté ce sont cependant mes plus grandes qualités, merci de l’avoir remarqué." Me dit-elle, avant de changer de sujet pour l’elfe blanc et ses aptitudes.

"Je suis un archer-protecteur. Disons que, si vous me voyez tirer une flèche de lumière vers vous, n'esquivez pas ! Je serais en mesure de vous soigner et de vous soutenir avec mes pouvoirs de lumière autant qu'avec mes flèches."

Tout comme moi, Yliria sent qu’il veut nous tirer dessus. Nous sommes dans une armée elfique, j’espère que tous ne sont pas comme lui. Le regardant avec une certaine incrédulité. Mi-amusé, mi-inquiet, je demande également.

"Tirer dans le dos de vos alliés, c'est une coutume hinïonne ou c'est juste un trait personnel ?"

Il confirme que cela ne le concerne que lui. Cependant, ces tirs permettront à sa magie d’être plus efficaces au combat. Encore une fois, Yliria pousse l’elfe à me choisir plutôt qu’elle. Elle me demande d’ailleurs si je compte la suivre. Certainement en rapport avec les suggestions de l’elfe blanc concernant la proximité nécessaire à son soutien.

Depuis qu’elle est parvenue à me faire rire, je ne cesse d’avoir un petit sourire en coin en la regardant.

"Je serais sur le même champ de bataille, quant à savoir si je serais près de toi, cela va dépendre du déroulement du conflit. Néanmoins, je suis curieux de savoir comment ta créature œuvre au combat !"

Elle m’explique qu’il s’agit-là d’une invocation et non d’une créature. Etrangement, ça ne m’aide pas vraiment à mieux cerner ce poisson, dont la lumière qui le fait briller est à peine plus étrange à mes yeux que sa capacité à respirer hors de l’eau. Elle déclare néanmoins, que cette invocation n’est apparue que depuis peu. Elle n’en connaît donc pas tout les tenant et aboutissant.

Je sens que nous sommes sur le point de nous séparer pour la bataille à venir et en moi, une inquiétude ressurgit. Les elfes sont connus pour la grande sagesse et les connaissances qu’ils possèdent. Peut-être a-t-il des informations intéressantes.

"Tant que j'y pense...Faélis c'est bien cela ? Sauriez-vous ce qu'est un Gentâme, ou connaîtriez-vous quelqu'un avec de solides connaissances de créatures...étranges ?"

Malheureusement pour moi, l’elfe blanc considère les Gentâmes comme des créatures de compte. Sa mère aurait peut-être des informations, mais il laisse entendre qu’il n’y a probablement rien à savoir de particulier.

XP : 1.5 (Rapports et discussions multiples) + 0.5 (Arrivée chez les elfes)

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Mikkah-El Sôdehbek
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Mikkah-El Sôdehbek » ven. 2 juil. 2021 21:57

Du Val te prit en croupe de son cheval et tu t’accrochas à son armure alors que vous quittiez le campement provisoire. Le Garde Royal ne parlait pas ; il galopait. C’était – autant que tu pouvais e juger – des terres agricoles à perte de vue. L’armée avait environ un jour d’avance sur vous. Cela, tu l’appris durant l’un des rares moments où du Val marmonnait ses pensées. Si les deux premières heures finirent par apaisé ton anxiété par monotonie au point que la ballade finît par en être agréable, la chevauchée de l’après-midi de ce premier jour fut, en revanche, une véritable torture. Tes muscles étaient courbaturés du combat de la nuit et toutes ces heures passés assis, les cuisses plaqués contre le flanc gonflant et chaud de l’animal et les bras serrés autour de du Val, les crispèrent davantage. Ce soir-là, tu pouvais à peine marcher. Tu n’aurais pas été bien loin de toute façon : tu sentais la rage et la frustration de du Val être dirigée contre toi à défaut des prisonniers échappés. Mais tu avais pris la décision que tu ne tenterais pas de t’échapper. Ainsi donc – et puisque tous tes membres étaient fourbus à l’exception de tes doigts – tu passas cette première nuit à enjailler les champs alentours de chansons de romance et d’exploits guerriers. Ton gardien ne se dérida pas une seule fois. Ce n’était pas grave – tu l’aurais à l’usure.

Au matin du deuxième jour, tu te réveillas frais, ayant dormi comme un loir avec l’assurance que du Val, suspicieux que tu ne tentasses de profiter de l’obscurité pour t’enfuir, t’avais veillé, assurant de fait ta protection. Tu grimaças lorsque tu te remis en selle – non, décidément, tes cuisses avaient décidé d’être ton pire bourreau – mais tu serras les dents. Au deuxième soir, tu voulus t’éloigner pour t’entraîner. Évidemment, du Val t’en empêcha.

"Laissez-moi ! Je n’essaie pas de m’enfuir, je veux juste m’entraîner. J’en ai besoin. Hors de question que je perde à nouveau le contrôle en pleine bataille."

Il te relâcha et ne sembla plus se préoccuper de toi. Tant mieux, avoir un spectateur ne te mettait pas particulièrement à l’aise.

Tu fis une boule de terre et d’herbe et la plaça un peu en hauteur. Tu saisis ton luth, te força à respirer lentement, calmement. Aucune précipitation. Il y avait alors une légère brise et tu l’utilisas pour sentir celle qui se trouvait à l’intérieur de ton être. Une brise que tu relâchas d’un geste ferme sous la forme d’un accort de base – et qui se transforma en une tornade, un cyclone t’enveloppant. La motte de terre fut projetée au loin avec force et tu entendis du Val chanceler. Ton doigt sur la dernière corde, tu prolongea le cyclone pendant deux secondes entières. Tu examinas le visage du Garde Royal à la dérobée. Il continuait de froncer les sourcils, mais ce n’était plus uniquement par colère. Tu refis une motte de terre et tu relanças le sort. Précision. Tu forçais ton cerveau à associer le geste de faire de la musique à cette sensation toujours étrangère qui accompagnait le moment où tu faisais usage de tes fluides d’air. Tu réessayas une troisième et dernière fois. Puis tu te rassis. Essoufflé. Tu réussis néanmoins à chanter quelques minutes. Du Val laissa voir son appréciation.

« Bonne nuit » te répondit-il d’un ton bourru lorsque tu blottis contre ton luth afin de t’endormir.

La troisième nuit, du Val ne te fit aucun commentaire lorsque tu pris tes distances pour t’entraîner. Ce soir-là, ton but fut de réussir à lancer l’OEil du Cyclope de façon subite. Pour cela tu te mis à marcher d’un pas lent en chantant et lorsque ta faera apparaissait brutalement sous tes yeux – sous la forme d’un papillon, d’un coléoptère ou d’une simple boule de lumière – tu lançais le sort aussi vite que possible. La première fois, il te fallut cinq accords avant de réussir à retrouver la concentration propice à l’exercice de la magie. La deuxième fois, quatre accords. Puis les deux fois suivantes, seulement deux. Tu t’arrêtas là, trop fatigué.

Vous finîtes par arriver là où avait été installée l’armée principale de Kendra Kâr. C’était impressionnant à voir – et un peu intimidant. Tu ne savais pas ce que du Val comptait faire de toi, mais tu jugeais que, avec tout l’effervescence et le nombre de personnes présentes, lui fausser compagnie ici ne devrait pas être difficile. Ton objectif désormais était de retrouver Ezak d’Arkasse et le faire condamner, mais pas au risque de te retrouver en première ligne. Non, cette bataille, tu la verras de derrière.

(HJ : Fin d'apprentissage pour le sort Œil du Cyclone. Les autres parties : I - II - III)

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Xël
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Xël » ven. 2 juil. 2021 22:23

« Almaran ?! Mais t’es pas mort espèce de connard ? »

Ai-je vraiment l’air d’être tout à fait vivant ? En tout cas je gratifie l’éclaireur d’un sourire malgré mon air fatigué et ma démarche légèrement boiteuse.

« Ca fait des jours qu’on t’a pas vue. Bogast refusait de te considérer comme un déserteur, t’étais où ? »

« C’est confidentiel. »

« Oh je vois. Ça fait la maline. »

« Où est le Général ? Je dois le voir. »

Demandais-je pour couper court à la provocation. Il m’indique d’un geste de le suivre et laisse quelques consignes à ces camarades avant de m’emporter à contre courant de la marche bleu et blanche jusqu’à ce que mon guide remarque Bogast. Je remercie l’éclaireur qui repart aussitôt vers l’avant du serpent qui avance dans la plaine. Je me présente devant le général avec une posture militaire, le saluant selon le protocole. Il rétorque d’un ton qui m’étonne, plus paternel que militaire, peut être est-il content de me revoir en vie.

« Je viens au rapport. Nous avons lamentablement échoué. Crean Lorener nous a vaincu. Mais nous sommes tous en vie et libre grâce à l’intervention d’une de vos ancienne connaissance. Un certain Cromax, il vous transmets ses amitiés. »

"Cromax ?! Voilà un nom ressurgi d'un lointain passé. Une bonne chose qu'il de batte toujours pour la liberté qu'il chérit tant... même si je ne sais qu'en penser, au vu de ce qu'on dit de lui."

Il marque une pause avant de poursuivre.

"C'est regrettable que vous ayez échoué. Nous avions placé beaucoup de confiance en vous. En avez-vous fait le rapport au General Andelys ? C'est lui qui, je crois, s'occupait de votre mission."

Des mots douloureux que j’encaisse difficilement. Ils avaient beaucoup de confiance en nous mais ils savaient aussi que c’était une mission quasi-suicidaire. En faite que nous en sommes tous sortis en vie relève de l’exploit sinon du miracle, ce n’est pas peu dire. Je ne rétorque cependant pas et me contente de répondre sobrement à sa question:

« Non je suis venu vous trouver directement. Je souhaite prendre part à la bataille en première ligne avec mes compagnons d’armes de Bouhen, si vous êtes d’accord. »

Il accepte, admettant qu’il voit mal comment il pourrait me le refuser. Il semble cependant s’inquiéter du sort de son propre groupe. Je lui réponds que je n’ai pas plus de nouvelles que lui et je le regrette étant donné que son groupe est fait de deux personnes que je considère comme des amis précieux. En revanche je l’informe de la position des troupes de Crean et Khynt, de la confiance qu’ils ont en eux et du chargement qu’ils possèdent, ce qui ne manque pas d’aiguiser sa curiosité.

« J’ai cru voir quelque chose au moment de mon évasion mais rien de certain. Connaissant Khynt, je dirais des machines. »

"Hm. C'est vague, mais nous pouvions nous y attendre. Les combats à la Porte d'Ynorie nous aurons au moins rapporté qu'elles avaient des points faibles."

Je garde le silence, bien conscient que malgré les points faibles, les insectes géants d’acier étaient difficile à abattre. Bogast me demande alors si je n’ai rien à ajouter. J’ouvre la bouche, m’apprêtant à lui faire part de mes regrets de ne pas avoir choisi son escouade mais je me ravise, me rendant compte que je n’avais aucun regret. Je venais d’affronter le guerrier le plus puissant de Nirtim et je me suis rendu compte que je n’étais pas encore prêt à vaincre un tel monstre. Mais je m’en suis tout de même tiré pour progresser d’avantage avant de le vaincre. J’ai découvert ce qu’est le destin, mon destin. Je regrette de ne pas pouvoir en discuter avec Sirat, lui qui ne jure que par ce mot. Je réponds alors d’une voix assuré que je n’ai rien à ajouter puis d’un ton plus ferme encore lorsqu’il m’ordonne d’être vaillant pendant la bataille.

« A vos ordres Général ! »

Je me mets au garde à vous et m’éloigne pour reprendre la marche. Il ne faut pas beaucoup de temps pour qu’on remarque ma jambe blessé. Une charrette se met à ma hauteur et un gradé m’ordonne d’y monter. J’ai la bonne surprise de tomber sur Chet qui s’occupe de blessures superficielles ayant eu lieu pendant le démontage du camp.

« Comment tu t’es fait ça ? »

Demande un soldat à côté de moi, le pouce gonflé comme si il venait d’être frappé par un marteau.

« Crean Lorener m’a cassé la rotule. »

Dis-je penaud. Le soldat m’observe un instant avec sérieux avant d’éclater de rire.

« Haha le con. Je sais pas comment tu as fait pour rester aussi sérieux. Lorener ! Sans blague ! »

L’hilarité se répand dans le chariot tandis que Chet Christo remarque enfin ma présence.

« Xël ? Ravi de te revoir ! Je vais m’occuper de ta jambe. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, il s’empresse d’imposer ses mains sur mon genou pour en chasser la douleur. Il m’invite ensuite à me reposer tant que personne d’autres ne réclame des soins. J’accepte volontiers, l’occasion parfaite de préparer la dernière chose à faire avant de me reposer. Je saisis mon bâton et me concentre. Pour affronter des ennemis mortels j’ai besoin d’une arme plus mortelle. Il est temps de me servir du transfert magique. Je visualise le sort, mon bâton se transforme en couloir scellé puis je dessine dans mon esprit l’arme que je désire. Une lance, au pique ressemblant à une tornade au bout d’un long manche bleuté se terminant par le soleil de Kendra Kâr à la couleur azur. Comme les fois precedentes, le sort que je désire transférer s’insuffle dans le bâton offert par Sheeala, ainsi mon arme physique pourra devenir une arme magique capable de percer le cuir Garzok.

Le sort termine de m’épuiser et je sombre dans un sommeil profond pour reprendre toutes mes forces avant la bataille.

(( transfert du sort Arme magique rang 5 sur le bâton d’antivol.))

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Yliria
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Yliria » ven. 2 juil. 2021 22:47

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Son regard vide me surpris, tout comme ses paroles. À quoi jouait-il exactement ? je n'aimais pas son ton monocorde, pas plus que je n'avais aimé le voir avec sa propre lame sous la gorge. Pourquoi est-ce que je m'en souciais, après ce qu'il avait fait? Je laissai échapper un soupir de frustration. Toute cette situation me rendait folle.

- T'avais rien d'un lâche quand tu t'es jeté devant cette goule pour me protéger ! Explique-moi, Jorus, parce que je ne comprends pas ! Pourquoi tu n'as rien dit ?! Pourquoi as-tu décidé de nous planter un poignard dans le dos ?! Réponds-moi Jorus...

Entendre Jorus expliquer les raisons de son acte me donnèrent la sensation d'une douche froide. Je pouvais comprendre sa logique, d’une certaine façon, mais de là à nous faire le haïr pour hypothétiquement avoir une chance de voir le Roi... Je n'arrivais pas à savoir s'il essayait de se racheter auprès de nous en mentant ou si c'était la vérité et qu'il était juste un idiot encore plus naïf que moi. J'eus en quelque sorte la réponse en observant son air abattu et soupirai. Ce n'était pas ce à quoi je m'attendais. Je m'agenouillais devant lui et approchai ma main, lui frappant le front d'une pichenette pour qu'il me regarde.

- T'es un idiot, Jorus. Je suis habituée à ce genre de comportement de la part des humains et j'imagine que Kiyoheiki aussi, on aurait trouvé une solution ensemble pour passer outre cet imbécile obtus de comte. Et au lieu de vouloir te punir pour une faute, essaie plutôt de la corriger pour t'en amender. Et si tu veux mon pardon, t'as intérêt à lever tes fesses d'ici et nous aider.

Je me redressai et tournai la tête vers Tobias et Kiyoheiki.

- Enfin, si c'est bon pour vous deux

Tobias prit à son tour la parole et je haussai un sourcil face à ses paroles et lui jetai un regard mi-amusé, mi-réprobateur. Je n'étais pas sûr que remuer le couteau dans la plaie soit vraiment utile, mais il passait rapidement à autre chose. Lorsque Jorus fit la liste des remarques que j'avais prononcées sous le coup de la colère, je grimaçai et me frottai la nuque.

- Désolée pour ça... Je m'emporte trop lorsque les choses me tiennent à cœur. On règlera tout ça plus tard, pour l'heure,Tobias a raison, il nous faut trouver le général Andelys au plus vite. Je ne sais simplement pas où chercher.


Kiyoheiki resta également distant mais accepta que Jorus cherche à se racheter auprès de nous. Je hochai la tête, tournant un regard qui devint perplexe en voyant Jorus fixer une étrange boule blanche dont je ne compris ni l’intérêt, ni l’effet. Je me contentai de suivre les deux autres avant que Jorus ne nous interpelle tous, nous remerciant de ne pas l’avoir abandonné. Je ne répondis rien, me contentant d’un hochement de tête sans le regarder. J’avais bien fait de le frapper, finalement.
Suivant la direction indiquée par un soldat tandis que l'armée se remettait en marche, nous arrivâmes aux côtés du fameux Andelys, près duquel Tobias mis pied à terre, marchant au lieu de rester sur son cheval. Etait-ce une parce qu'il était un simple soldat face à un général ? Ce'la m'échappait complètement, aussi me contentai-je de les suivre, laissant Tobias expliquer la situation avec suffisamment de flou pour nous laisser une marge de manœuvre. Nous avions vu ce que le Comte avait fait des informations lâchées par Jorus, autant éviter cela une seconde fois. Lorsque Tobias se tourna vers nous, je hochai poliment la tête vers le Général.

- Général, mon nom est Yliria Varnaan'tha et j'aimerai simplement ajouter que nous avons fait notre possible dans cette affaire. Le... Ybellinor a été plus qu'odieux, méprisant et insultant envers moi et compagnons alors que nous avons risqué plus que nos vies pour revenir apporter ces informations suite à nos négociations. Je ne cherche ni gloire, ni argent, cela ne m'intéresse pas, je souhaite juste que nos actions n'aient pas été vaines et que nous puissions simplement exposer la situation à votre souverain au plus vite. Nombre de morts pourraient être évitées sur une simple entrevue...

Le général, ayant visiblement moins d'air dans le crâne que le Comte, perçut sans mal l'importance de notre demande après que Tobias la lui ait expliquée. Sans attendre, il nous mena au cœur de l'armée, près d’une troupe composée de chevalier en armure rutilante aux couleurs du royaume kendran dirigé par un autre Général. Je compris la raison de notre venue à cet endroit lorsqu'un des chevaliers releva sa visière, laissant apparaître le visage du roi. Habile stratagème contre les assassins d'Omyre. La voix du Comte s'éleva alors, me faisant crisper les mains sur la selle, mais malgré son intervention outrée, le Général Andelys put expliquer au roi notre présence qui accepta d'écouter ce que nous avions à dire. Je soupirai et laissai Tobias expliquer la situation, racontant tout de A à Z sans omettre le moindre détail. Et je le vis à plusieurs reprises nous jeter des regards comme s'il espérait une intervention de notre part. Je jetai un regard au Comte qui semblait bouillir de rage et ne pus retenir un rictus satisfait avant de reporter mon attention sur Tobias qui terminait sa tirade. Il avait bien expliqué la situation, mais j'avais le sentiment qu'il fallait poursuivre.

- Si vous permettez, j’aimerais ajouter quelque chose. Je ne suis pas particulièrement friande de la magie d’obscurité, mais la magie, quelle qu’elle soit, n’est qu’un outil tout comme l’est un couteau ou une hache et son utilisation dépend entièrement de celui qui la manie. Je comprends parfaitement la méfiance vis-à-vis de la magie sombre, mais ils sont peu nombreux à en user et probablement que les éduquer et les entraîner au nom du Royaume éviterait que des nécromanciens solitaires ne cherchent à faire des recherches clandestines en attaquant qui que ce soit. La demande ne concernait que l’autorisation de pratiquer la magie et la fin de la traque systématique, vous pouvez parfaitement poser certaines conditions.

Je jetai un œil au Comte. Ses présomptions m’étaient restées en travers de la gorge

- Si je connais les mages noirs et les nécromanciens ce n’est, contrairement à ce que certains peuvent penser, pas parce que je les côtoie, mais parce que j’ai une certaine expérience dans le fait de les combattre, eux et leurs créations. Ils sont toujours seuls et rejetés quand ce ne sont pas des servants d’oaxaca. Peut-être qu’en leur laissant la chance de travailler à un but commun qui bénéficierait à votre royaume, vous en tireriez plus de bénéfices qu’en les traquant. Herle Krishok a pris un risque en ouvrant le dialogue, parce qu’il a clairement été contre les ordres de la Déesse Noire en ne lui fournissant pas cette armée qui aurait pris les vôtre à revers. Ce n’est que l’avis d’une simple aventurière, mais je trouverai ça dommage de ne pas y répondre et trouver un accord. Et si vous doutez de sa parole, rappelez vous simplement qu’il aurait pu nous tuer et vous n’auriez jamais entendu parler de cette armée qui serait alors sortie des ruines, probablement au pire moment.

Le conseiller du Roi ne put s’empêcher d’essayer de nous mettre des bâtons dans les roues une fois nos explications terminées, mais le Général intervint en notre faveur. Le roi, après avoir fermement mit un terme à la joute entre ses deux conseillers, exposa ses pensées concernant la situation. En résumé, il ne pouvait prendre une décision immédiate, ce qui était compréhensible et bien que l’interdiction de la magie noire provienne de la base même de son utilisation, il semblait prêt à ouvrir le débat. Que cela aboutisse ou non, nous avions passé le message et ce n’étai plus de notre ressort. Tobias sembla aussi penser que la conversation était terminée et demanda si le Roi souhaitait que nous informions Herle Krishok de ce dénouement encore incertain.

- J’irai, si vous le souhaitez. Je comptais de toute façon y retourner et m’assurer qu’il n’y ait pas d’autres surprises dans les environs. Je doute qu’il soit encore sur place, cela dit. Si on nous avait reçu rapidement plutôt que de nous faire attendre inutilement un arrêt de l’armée, tout cela serait déjà réglé depuis un moment.

Je dis cela en jetant un regard au Comte qui nous a largement fat attendre sans aucune autre raison valable que celle d’être un profond crétin imbu de sa personne. J’inclinai ensuite poliment la tête vers le Roi.

- Merci de nous avoir écouté malgré la situation, Sire.

Tobias assura vouloir lui aussi retourner aux ruines et je ne tentai pas de le dissuader, c’était un grand garçon, il faisait ce qu’il voulait après tout. Qu’il informe le Roi de ce que le Gentâme nous avait dit me surpris, puisque nous n’avions rien pour étayer ses informations, après tout. Sans surprise, cela attisa la méfiance du Roi. Le Comte ne manqua pas une nouvelle occasion de lancer quelques insultes déguisées et je commençai sérieusement à perdre patience face à cet imbécile. Evidemment le Roi ne pouvait savoir ce qu’était un Gentâme et, face à une nouvelle insulte du comte, je soupirai suffisamment bruyamment pour attirer l’attention.

- Vos insultes commencent sincèrement à me fatiguer, « Comte ». Vous n’avez ouvert la bouche que pour déverser mépris et insultes au mépris du multiculturalisme promu par votre Royaume. Vous avez délibérément cherché à saboter notre rapport dès le début pour vous faire mousser sans même essayer d’entrapercevoir les possibles conséquences. Je me demande pourquoi j’ai risqué ma vie pour votre Royaume si c’est pour recevoir un tel traitement. Vous nous avez offensés à peine sortie de la tente après le discours de votre Roi et sans aucune raison. Je ne vois pas pourquoi je risquerai ma vie pour des gens qui, une fois la victoire remportée, n’hésiteront pas à me cracher au visage leur mépris injustifié. Alors à moins que nous n’ayons fait quelque chose pour vous offenser et lériter insultes et mépris, excepté le simple fait d’être différents de vous, j’exige des excuses. Et si c’est mon ascendance Shaakte qui vous dérange, dites-vous que je les hais bien plus que vous et que ça ne justifie pas que vous me traitiez ainsi.

(Là tu cherches la merde…)

(Je sais, mais il me sort par les yeux ce sale type. Il se croit intouchable ce fils de pute… Connard !)

(Au moins tu t’es retenu de l’insulter à voix haute…)

Je m’étais retenue, mais c’était tout juste. Je ne voulais pas lui donner une occasion de lui donner raison pour nous insulter de nouveau. Je tournai ensuite la tête vers le Roi.

- Ces information sont fiables, Sire, je n’aurais pas risqué mon espérance de vie si je n’étais pas certaine que ce fût le cas et mes compagnons non plus.

Le roi intervint avant que le comte, rendu rouge par la rage, ne dise quoi que ce soit. Le monarque mit fin à la conversation. Cela ne rélait pas le problème, mais au moins il resta poli. Par contre s'il savait où il pouvait se le foutre son futur remerciement. Je jetai un regard mauvais au comte. Je n'en avais pas terminé avec lui. Tôt ou tard je viendrai lui demander des comptes, il pouvait compter lé-dessus, mais le moment était mal choisi. Je me contentai de hocher la tête et de faire demi-tour avec l'intention de partir pour Nayssan. Et s'ils s'attendaient à un salut de politesse avant de partir, ils pouvaient toujours courir. Je jetai un œil à Tobias, pour voir s'il me suivait. S'il voulait venir, il avait intérêt à se dépêcher, parce que tout ça m'avait salement mis en rogne. J'aimerai presque tomber sur un mort-vivant dans les ruines histoire de passer mes nerfs... Presque.

Le trajet jusqu’aux ruines ne nous prit que bien peu de temps et c’était tant mieux. La course m’avait au moins permis de me calmer, mais je restai muette pendant toute la durée, tout de même remonté contre ce comte, contre Jorus et contre globalement toute cette situation. Au moins la vue des ruines débarrassée des âmes me donna un certain sentiment d’accomplissement, même si rien n’était encore joué. Une fois descendue de Ginko, je suivis Tobias pour trouver la nécropole obstruée par un panneau de roche sortit de je ne savais où. Une voix que je reconnus comme celle de Herle s’éleva de derrière nous, s’enquérant de la réponse de Roi. Je me retournai, surprise de le voir soudainement dans la clarté du jour. Tobias fut franc, expliqua que la décision n’était pas prise, que le Roi devait réfléchir et qu’il veillerait à ce qu’ne réponse ferme leur soit donné. Je hochai la tête avant d’ajouter également.

- Probablement qu’une action de votre part fera pencher la balance. Certains kendrans sont des imbéciles et la magie noire n’est pas la seule chose qu’ils détestent, visiblement, mais le Roi a un bon fond, de ce que j’en ai vu, il tiendra parole. Qu’allez-vous faire à présent ?

Herle garda un visage fermé mais serra les poings. Il affirma qu’il tiendrait parole, d’un sens comme dans l’autre et je savais qu’il disait vraie. Que le Roi refuse sa proposition et il déverserait ses armées d’elfes morts sur le royaume. Ce n’était plus de mon ressort de toute façon. Lui allait rester ici à protéger les ruines et s’assurer que personne de malavisé ne viendrait. Je grimaçai légèrement en repensant aux hommes qui avaient disparu ici et à ce que nous avions vu revenir.

- Evitez de les transformer en mort-vivant si cela arrive, cela ne va pas servir votre cause., mais bon vous vous en doutiez. Vous n’encourez pas la colère d’Oaxaca en agissant ainsi ?

- Quand elle verra ma trahison, je serai banni de son empire et condamné à mort. C'est la carte que j'ai jouée, et c'est pour ça que je n'ai plus aucun choix sur la façon d'agir. Qu'il en approche de cette porte, et c'est en morts que je les changerai. Tenez-vous le pour dit.

Je levai les mains en signe d’apaisement. Tous les généraux étaient aussi susceptibles ?

- C'est votre choix. Votre apprenti s'est-il joint à vous ?

- Gadory a son propre avis sur la question. Il sera contre vous lors de la bataille. Sans l'armée elfe, bien entendu, afin que ma promesse soit tenue.

Je hochai la tête. J'avais posé la question pour être sûre, mais je me doutais qu'il serait contre nous. Il avait semblé prêt à nous affronter dès qu'il nous avait vu et particulièrement loyal envers Oaxaca.

- Je vois... Dans ce cas, je vous souhaite bonne chance pour la suite.

Il se contenta d’un hochement de tête avant que nous ne quittions les marches pour nous éloigner ensuite des ruines. Je tournai la tête lorsque Tobias prit la parole. Je soupirai doucement en secouant la tête. Demander le droit d’asile ? Il avait perdu beaucoup, oui, mais se réfugier chez Kendra-kär ? j’en doutais.

- Le droit d'asile ? Tobias, je ne veux pas briser vos rêves, mais je pense que le Roi n'acceptera jamais sa demande. J'ai fait mon possible pour vous aider à le convaincre, mais je sais reconnaître la haine quand je la perçois. À moins que Herle ne les aide pendant la bataille ou que d'autres nécromanciens ne prouvent qu'ils puissent être des alliés, rien ne changera.

Je fixai un instant les ruines avant de répondre à sa question.

- Je vais rester dans les parages. Je ne doute pas de la sincérité de Herle, mais je n'ai aucune confiance en Gadory.

Je reportai mon attention sur Tobias. Il m'était sympathique, franc et droit. Je souris légèrement.

- Tâchez de survivre, capitaine.

Il persista à ne se faire appeler que par son prénom et cela me fit sourire plus largement et je me contentai d’incliner la tête lorsqu’il affirma que ce fut une chance d’avoir été à mes côtés. Je le saluai et le regardai partir de son côté. J’inspirai profondément, espérant sincèrement qu’il survive à ce qui allait avoir lieu. Je priai rarement, mais en cet instant, j’envoyai une petite prière à Gaïa. Qu’elle veille sur lui, car je n’étais pas sûre que son peuple ou ceux qui le gouvernent s’en soucient.

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Yliria
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Yliria » ven. 2 juil. 2021 23:00

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J’avais rarement vu autant d’elfes au même endroit excepté à Gwadh et Nessima, et aucun de ces moments n’étaient des souvenirs particulièrement réjouissants. J’avais repéré l’armée peu après avoir quitté les ruines et m’étais approchée d’elle avec prudence, ne souhaitant pas spécialement me prendre une flèche d’un observateur un peu trop zélé. Par chance rien de tout ceci ne se produisit et je pus approcher sans risque. Les sentinelles me repérèrent et j’approchai avec un visage et une posture aussi innocente que possible. Trois Hinions en armure complète me barraient la route en me fixant avec tellement d’insistance que cela en devenait gênant. Je déglutis, mal à l’aise face à leurs regards, pas confiante pour un sou, mais il était trop tard pour reculer. J’avais choisi d’aller à l’ouest pour m’assurer que les nécromants ne feraient pas de folie, et j’allais le faire.

- Halte ! Qui êtes-vous et que venez-vous faire ici ?!

J’expirai lentement. Voix ferme, mais pas de haine ou de mépris trop apparent et il n’avait rien dit sur mon ascendance, un début prometteur. Je m’éclaircis la voix pour en chasser la nervosité.

- Yliria Varnaan’tha. J’ai été engagée par le Roi de Kendra-Kâr pour régler un problème de nécromants dans les parages et souhaite participer à la bataille qui s’annonce.

- Il y a des nécromanciens dans les parages ?

- Plus maintenant, non.

Je me gardai bien de dire que Herle Krishok faisait le guet dans les ruines un peu plus loin, ils n’avaient pas besoin de le savoir. Je n’avais pas tué le moindre nécromant, mais ça non plus ils n’avaient pas besoin de le savoir et leur dire que j’avais débarrassé la zone de mages noirs ne pouvait que m’aider. Celui qui me parlait plissa les yeux, soupçonneux, mais il garda les mains loin de ses armes, contrairement aux deux autres. Il sembla m’évaluer un moment et finit par s’écarter. Je fus aussi surpris que les deux hinions à ses côtés.

- Se.. Sergent ! C’est une shaakte.

- Si elle s’est débarrassée de nécromanciens, cela importe peu.

- Elle peut avoir menti !

- Elle aurait pu, mais ce n’est pas le cas, n’est-ce pas ?

J’acquiesçai, mal à l’aise. Son regard était étrange, j’avais l’impression qu’il lisait en moi comme dans un livre ouvert. Il hocha la tête et me fit signe de passer malgré les regards fermement hostiles des deux autres. Je hochai la tête et leur passait devant sans attendre, soufflant un remerciement au sergent. Je crus le voir sourire, mais ce fut si bref que je dus l’imaginer. Je m’intégrai à l’armée sans autres effusions particulières et tentai de me placer dans un endroit où je pourrais être tranquille. Je m’attendais presque à devoir passer un interrogatoire, mais visiblement la petite conversation suffisait. Cela avait du bon d’être mandatée par le Roi de Kendra-Kâr, les gens étaient tout de suite plus accommodants. Je regardai autour de moi, étudiant un peu la disposition d l’armée avant qu’un choc suivi d’une douleur au front ne me fasse reculer de quelques pas en lâchant un gémissement de douleur. Je me frottai la tête en grimaçant en libérant quelques fluides pour atténuer la douleur avant de lever les yeux vers un Hinion portant une armure étincelante, argentée et joliment décoré. Un arc dépassait de son dos et un carquois ceignait sa hanche. Son visage me dit aussitôt quelque chose, sans que je ne mette la main sur son nom.

- Désolée de vous être rentrée dedans, je ne regardai pas où j’allais. Vous… vous étiez parmi les aventuriers, non ?

Loin de s’offusquer, l’Hinion, qui se présenta comme Faëlis, m’assura que ce n’était pas grave. Je haussai un sourcil à l’appellation gente dame, parce que ce devait être la première fois que je l’entendais dans la bouche de quelqu’un pour me qualifier. Lui sembla m’avoir reconnu également et il précisa avoir voyagé avec Cherock. Cherock dont j’étais sans nouvelle.

- Avec Cherock ? Où est-il ? Il va bien ?

Je m’interrompis et toussotai, un peu gênée. Je m’étais un peu laissée emporter, pour le plus grand amusement d’Alyah qui ricana dans mon esprit.

- Désolée, monsieur Faëlis. Je m’appelle Yliria, Yliria Varnaan’tha. Cherock est-il avec vous ?

La mine grave de l’Hinion me fit craindre le pire et je me sentis pâlir en écoutant ses explications. Un de leur compagnon avait été grièvement blessé, Cherock emprisonné puis délivré était finalement reparti faire quelque chose de périlleux. L’idée de partir à sa recherche immédiatement me traversa l’esprit, mais si même son compagnon de route ne savait pas où il était, je voyais mal comment j’allais pouvoir le retrouver. Et à présent que la bataille s’approchait à grand pas, je ne pouvais pas hésiter, simplement espérer qu’il aille bien. J’avais la bouche sèche, soudainement.

- Je vois… J’espère qu’il va bien…

Je soupirai, soudainement très inquiète. Je fermai les yeux une seconde pour finalement reprendre.

- Votre compagnon a-t-il besoin de soin ? Je peux peut-être l’aider.


Visiblement non, mais j’écarquillai les yeux lorsqu’il évoqua le fait qu’elle revenait d’entre les morts. C’était possible une chose pareille ? j’eus envie de lui poser la question, mais il changea rapidement de sujet, comme si cela le gênait. Je secouai la tête à sa demande.

- Navrée, je viens d’arriver et je doute qu’ils soient prêts à partager leurs plans avec moi. Déjà que c’est un miracle que personne ne m’ait tiré dessus… J’imagine que vaincre ce qu’il y a en face c’est un bon début. Quant à ce qu’il y aura en face…

Je haussai les épaules. Je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer. J’avais vaguement l’impression que j’allais me retrouver nez à nez avec Gadory depuis que Herle m’avait dit qu’il serait en face, mais rien ne disait qu’une armée de nécromanciens et de morts l’accompagnerait, ni même qu’il serait vraiment en face.

- Nous avons découverts que des nécromanciens s’amusaient non loin d’ici et nous y avons mis un terme, mais peut-être qu’ils reviendront en force. Que comptez-vous faire de votre côté ?

- Ce que je fais de mieux : soutenir, protéger et soigner. Si vous avez besoin de quelqu'un pour vous couvrir dans quelqu'assaut périlleux, ce sera avec grand plaisir !

- Et bien... Je ne vais pas dire non à un coup de main dans ce qui s'annonce. Tant que vous ne me tirez pas une flèche dans le dos par erreur.

Je disais ça avec un sourire pour bien lui montrer que je plaisantais, mais la réalité m’avait appris à ne pas être naïve. Je surveillerai mes arrières malgré tout. Jorus surgit soudain et je le fixai un instant alors qu’il saluait Faëlis. Il me suivait maintenant ? J’aurai décidément tout vu. Il s’en excusa tout de même, arguant qu’il pensait que je pouvais être un genre de lumière qui repousserait les ténèbres pour lui. Je clignai des yeux, un peu perdue. Qu’était-il encore en train d’inventer ? Son visage peiné et la culpabilité de l’avoir frappé et insulté suffirent presque à me faire passer l’éponge. Presque.

- Tu as merdé, Jorus. Je te faisais confiance, ON te faisait confiance et tu en as abusé, même si tes intentions étaient bonnes. Je vais avoir du mal à pardonner ça.

Pendant une fraction de seconde, j’eus envie de le laisser mariner dans son jus, de le laisser se débrouiller avec sa conscience et de lui dire que je ne voulais plus rien avoir à faire avec lui. Je me rendis compte que je l’aurais tué sans remords si je ne m’étais pas retenue lorsqu’il avait déballé son discours au comte. Ça, plus que tout le reste, me terrifia, et je soupirai. Je fixai un instant ses yeux émeraudes avant de lui tendre une main chargée d’assez fluides pour qu’elle brille d’une légère teinte dorée. Je voulais juste chasser la culpabilité et la peine que je voyais dans son regard, pour qu’il cesse de me regarder comme si j’étais la réponse à je ne savais quel trouble intérieur

- J’aurai pu te tuer Jorus… Je ne sais pas ce que tu t’imagines que je sois, mais tu te trompes lourdement.

Faëlis tenta de rassurer Jorus, avec une formulation toute alambiquée qu’il ne sembla pas comprendre au vu de son air perplexe. Je glissai un sourire à l’Hinion avant de reporter mon attention sur Jorus qui souhaitait se faire pardonner, à travers moi, des danseurs, de l’Opale dont il faisait partie, tout comme moi. Je secouai la tête et tournai sa main, paume vers le ciel, pour y déposer le collier que je lui avais pris avant de refermer sa main dessus.

- Je n’avais pas le droit de te le prendre, j’étais furieuse, je suis désolée.

Je gardai sa main dans les miennes et puisai dans mes fluides lumineux pour éclaircir son esprit. Ssussun aurait été plus efficace, mais ça n’avait pas la même signification que de le faire moi-même. Je le fixai à nouveau du regard, puis le lâchai. Je soupirai.

- Tu as fait ce que tu pensais nécessaire, je le sais. Les Danseurs n’auront rien à y redire. On fait tous des erreurs, moi la première, mais je n’ai plus confiance en toi pour le moment.

Même en sachant qu’il l’avait fait dans notre intérêt, ça restait une trahison dans mon esprit et je ne pouvais pas simplement l’oublier et passer à autre chose. Je détournai le regard, le bloquant sur l’Hinion qui observait la scène. Un humain, un Hinion et une semi-shaakte, on aurait le début d’une blague nulle.

- Aideriez-vous Jorus dans ce qui va suivre ? Je sais que ma demande va paraître étrange après ce que je viens de dire mais… Je ne veux pas qu’il meure si je peux l’éviter, mais je ne peux pas veiller sur lui au beau milieu d'une mêlée.

Faëlis n’essaya même pas de discuter et accepta aussitôt, mais précisa que nous devions nous tenir proche l’un de l’autre. Il s’illumina d’une magie familière en le jurant sur son honneur. Je retins de justesse un gloussement. Il aimait le théâtrale, visiblement.

- Merci Faëlis, je compterai sur vous dans ce cas. Et vous pourrez compter sur moi !

Jorus resta fixé un moment sur le pendentif avant de finalement me le tendre, arguant qu’il devait se retrouver lui-même et que je ne le lui rendrais à la fin. Je soupirai plus bruyamment. Je détestai le Jorus pleurnicheur.

- Pour l’amour de Gaïa, Jorus, porte tes couilles et arrête de te lamenter ! Oui tu as eu tort, oui tu nous as déçu et oui je t’en veux pour ce que tu as fait, mais ce n’est pas la fin du monde, par contre ça va l’être si tu ne te ressaisis pas. Si on doit se battre côte à côte, tu as intérêt à te réveiller ou tu nous feras tuer tous les deux. Tu veux être digne de ce pendentif ? Agis en conséquence pour redorer ton image et t’en montrer digne, mais ne compte pas sur moi pour te dire quoi faire ou te prendre par la main, parce que ce n’est ni mon travail, ni ce que je sais faire. On t’a jugé digne de le porter, alors porte-le. Mon avis n’a aucune importance, parce que je ne suis personne. Alors sois-tu te ressaisis, maintenant, soit tu restes en retrait. Et si t’as besoin d’un coup de pied pour avancer, je t’assure que tu vas décoller !

Il y eut un blanc tandis que je reprenais mon souffle. J’étais en train de me passer les nerfs sur lui après tout ce qu’il venait de se passer, je devais vite me calmer. J’inspirai et il éclata de rire. Je le regardai bouche bée, prête à lui demander s’il se fichait de moi, mais j’eus vite la réponse. Il ne voulait pas s’en montrer digne, il voulait l’être à mes yeux, pour une histoire d’idéal que j’incarnerais selon lui. J’allais répliquer, mais il termina en disant que j’étais trop têtue, même pour lui. En des termes moins élogieux et légèrement moqueurs. Je ne pus que lui rendre un sourire légèrement crispé.

- Tu n’as pas envie de devenir comme moi, Jorus, crois-moi. Mon obstination et ma volonté ce sont cependant mes plus grandes qualités, merci de l’avoir remarqué.

(Dis plutôt que t’es une sacrée emmerdeuse bornée.)

(Merci du soutien…)

Je jetai un œil à Faëlis et croisai les mains dans mon dos, ne sachant pas quoi en faire puisque j’avais fini de m’énerver. Autant garder un peu de hargne pour ce qui allait se produire plus tard.

- Vous disiez que vous pouviez nous protéger à distance ? Comment allez-vous faire ça ?

- Je suis un archer-protecteur. Disons que, si vous me voyez tirer une flèche de lumière vers vous, n'esquivez pas ! Je serais en mesure de vous soigner et de vous soutenir avec mes pouvoirs de lumière autant qu'avec mes flèches

Je le regardai en me demandant s'il plaisantait. Visiblement ce n'était pas le cas et je me pris à souffler légèrement, amusée.

- Finalement, vous allez vraiment me tirer dessus.

Jorus compléta avec une petite remarque, essayant de déterminer si tirer dans le dos était la marque des hinions ou juste celle de Faëlis. J’eus envie de rétorquer que poignarder dans le dos semblait sa spécialité, mais je me retins. Nul besoin de remuer le couteau dans la plaie, il s’était senti déjà suffisamment mal. Au moins nos remarques firent-elles rire Faëlis avant qu’il n’explique son don, qui lui permettrait de nous épauler avec sa magie come s’il était près de nous et avec une précision redoutable.

- Oh, je vois, c'est un don intéressant, bien qu'un peu effrayant si on n'y est pas préparé. Si vous deviez choisir, occupez-vous de Jorus avant moi si vous pouvez, j'ai les moyens de me protéger et me guérir seule, pas lui.

Je jetai un oeil à Jorus. Il m’avait suivi jusqu’ici, mais allait-il continuer à le faire lorsque le combat ferait rage ?

- Tu comptes vraiment me suivre, Jorus ?

- Je serais sur le même champ de bataille, quant à savoir si je serais près de toi, cela va dépendre du déroulement du conflit. Néanmoins, je suis curieux de savoir comment ta créature œuvre au combat !

- C'est un élémentaire, Jorus, pas une créature ! Et il n'ait apparu que récemment, donc je suppose que nous découvrirons ça en même temps... Sois prudent. Vous aussi, Faëlis.

Et j’allais l’être aussi. Ou du moins autant que possible et, à entendre le soupir d’Alyah, ce n’était pas gagné. Cela me fit sourire malgré la situation. J’étais nerveuse, très nerveuse, mais je bouillonnai de l’intérieur, comme si j’attendais le combat qui approchait. Et il approchait très vite.
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Maâra
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Maâra » ven. 2 juil. 2021 23:34

Une armée qui avance, c’est lent, très lent pour une elfe grise coutumière des voyages à grandes enjambées. La lenteur n’a pas été le premier problème de Maâra, mais maintenant que sa présence est plus ou moins acceptée comme inévitable mais temporaire, elle s’ennuie de ses propres pas.

La troupe naine qui lui est tombé dessus s’en est débarrassée dès qu’elle a pu, dès qu’un capitaine nain en liaison avec les humains a eu vent de son histoire. Maintes et maintes fois, elle a du répéter les même choses, et a vu dans le regard de ses interlocuteurs le changement opérer systématiquement lorsque sa magie noire était évoquée. Longtemps, les éclaireurs qu’elle avait sauvés l’ont accompagnée pour témoigner de leur récit. Les interrogatoires, car il faut nommer cela ainsi, ont parfois été brutaux mais aujourd’hui, on ne la regarde plus qu’avec une indifférence salvatrice. Elle est devenue tantôt la nécromancienne paria des Duchés, tantôt une traître d’Omyre qui , tantôt une sorcière à brûler, et maintenant, enfin, un élément de décor.

Toujours est-il qu’elle est toujours là et que le dernier nain en charge d’elle est plus renseigné que tous les autres réunis. Un gratte-papier à peine considéré par les guerriers, mais à qui elle n’a pas du expliquer où est Endor, ou répéter les objectifs de leur Ordre. Lui n’a aucun avis sur la gestion des alliés, des troupes ou des aventuriers, lui est là pour que le Monde se souvienne des événements à venir.

Le temps de l’ennui touche à sa fin. Depuis des jours qu’elle est là, confinée, à boire peu et manger moins encore ; le nain gratte papier la rejoint et … lui annonce qu’on l’attend au poste de commandement.


L’annonce de l’arrivée de deux nécromanciens à l’entrée du campement des humains s’est répandu à travers toute la plaine, jusqu’à une tente du campement nains, où était gardée Maâra. « Paraît qu’ils ont donné le même nom qu’toi » lui annonce le gratte-papier. Deux Messagers, deux Nécromanciens …

Les ordres fusent autour d’elle, le soulagement de pouvoir se débarrasser enfin d’elle se sent à chaque mot prononcé. Elle se contente de suivre, des jours que ces jours se résument à suivre les ordres, répondre aux questions et encaisser les coups. Elle ne doit son sursis actuel qu’au fait d’avoir combattu un groupe isolé de Garzok aux alentours de Luminion afin d’aider des éclaireurs nains ; mais elle doute encore assez fortement que l’alliance nains et humains soit si forte, suffisamment en tout cas pour que ses actes envers quelques nains pèsent dans la balance de son statut d’alliée.

Deux nécromanciens donc. Les chances de survie de la Sindel risquent fort d’être anéanties si la régente d’Endor a envoyé des fanatiques sans cervelet pour la représenter.

Après de nombreux arrêts à confirmer son identité, ses gardes nains lui emboitent le pas pour traverser une dernière rangée de guerriers nains et humains, armés et à l’affût du moindre geste déplacé de la Sindel.
Derrière eux, sous une tente militaire, se trouvent plusieurs hauts gradés aux mines graves et préoccupés. Deux d’entre eux s’avancent et attendent que leur soient présentés les invités de dernières minutes. Le physique et la stature de l’humain est incroyablement fidèle à la description qu’on lui a faite du Duc de Pérussac, même si ce dernier paraît plus vieux, plus sévère et plus dépossédé. Le général nain, robuste et imposant dans son armure, a le regard perçant et pressant.
Et devant ces deux généraux, se trouvent deux personnes que Maâra n’imaginaient pas voir ici.
Lord Azraël, respectueux et humble, à l’opposé de ce qu’il a pu être à Endor ; prend la parole en tant que chef du petit groupe que tous ici épient.
Ainsi que Daemon, qui ôte son capuchon en l’apercevant. Lui ? Le deuxième nécromant ? Le visage de Maâra reste figé d’étonnement, dissimulant l’heureuse surprise de cette révélation.

Aussitôt après les mots d’Azra les présentant comme leurs alliés, Maâra met un genou à terre :

« Honorables Généraux. »


Maâra reste silencieuse et observe Azra entamer les négociations, ou du moins tenter dans un premier temps de réduire les doutes du général Nain quant à la présence d’un groupuscule un peu obscur. De Pérussac ne s’oppose pas fondamentalement à leur présence ou à leur aide ; on le dirait même prêt à accepter l’improbable, c’est dire si sa défaite à Luminion a miné la confiance en la victoire de l’ancien Duc. Le général Nain, lui, paraît nettement moins convaincu, et questionne sans embarras l’ancien Duc sur son supposé consentement à pareil groupe.
Azra fait preuve de patience en répondant, usant de diplomatie. Il se place plus certainement en ennemi d’Omyre qu’en allié de Kendra-Kar, ce qu’il n’est effectivement pas officiellement. Sa simple sincérité adoucit le jugement du nain … qui est maintenant à peine moins contrarié à cette idée. Mais qu’il ne soit pas oublié que l’Ordre des Messagers devra légitimer leur présence dans le Duché à l’issue de la guerre.

((Autrement dit, tout ce qu’on fera ici ne suffira pas à nous rendre fréquentable …))

De Pérussac réitère l’aveu qu’ils ne sont en aucune façon en position de refuser toute aide librement offerte et les enjoint à servir les intérêts du Royaume. ((Dont les nains ne font pas parti.)) Maâra note une sorte de conflit à demi-mot entre les deux généraux qui, bien qu’incertains face au dénouement des combats, luttent déjà pour obtenir le commandement des Duchés.

L’accord plus ou moins scellé, Daemon s’interroge sur les informations qu’ont les généraux sur les troupes ennemis. De Pérussac, d’un ton grave, est le premier à répondre.

« Rien de précis, mais nous ferons vraisemblablement face aux armées conjointes de Crean Lorener et Khynt. Dont des machines infernales de métal animé, et des champions qui n'ont plus d'humain que l'apparence, torturés et entraînés pour une seule chose : notre annihilation. »

Aussi lourdes de sens soient ces informations, elles entraînent un air amusé au général Nain qui semble, lui, bien plus confiant que l’Humain quant à ce qu’il adviendra de ces monstres de métal : des boules de fer cabossées.
Peut-il en être autrement ? L’un a perdu Luminion, l’autre l’a libéré. L’un fait face aux dures conséquences de la puissance de l’armée d’Omyre, l’autre est conquis par celle de sa propre armée.

Daemon, fidèle à lui-même, parvient, sans s’en trouver incommode, à se faufiler jusqu’à Maâra pour lui signifier discrètement son ravissement de la revoir. Embarrassée, bien que soulagée elle aussi de ne pas être seule ici, elle lui répond d’un murmure :

« Un moment pour chaque chose. Cachottier. »

Elle se redresse et prend la parole, le plus mesurée possible, reprenant l’une des toutes premières injonctions de De Pérussac.

« En vue de ne point nous mettre en travers de vos formations, nous affectez-vous à un quelqu’un ? Ou avez-vous des exigences à cet effet ? »

Il n’est rien prévu de tel, la seule et unique chose demandée reste de ne pas troubler l’ordre. Maâra, plutôt ravie de la réponse, s’incline et répond avec une certaine déférence.

« Ainsi en sera-t-il. Je suis consciente que nous accepter est une entorse aux lois, et vous remercie de nous donner la possibilité de vous prouver que vous avez pris la bonne décision. »

Elle recule d’un pas, prête à partir, lorsque Azra reprend le flambeau des questionnements, plus tactiques et plus précis que la Sindel. Départ repoussé. Le Duc prend le temps de répondre. Etrange coutume pour Maâra qui a souvenir du caractère hautain des généraux Sindeldi.
Leur but, puisqu’il fallait en trouver un, sera de traquer certaines troupes dans la vaste plaine où les batailles auront lieu. Des guerriers d’élites et les fameux monstres de fer qui attise tant l’appétit du Général Nain. Maâra accueille tout cela avec une neutralité qui n’a d’égale que son impression de ne pas être au bon endroit. Elle, le rat de bibliothèque, au milieu d’un champ de bataille, s’en va bientôt traquer des troupes d’élites … le monde ne tourne pas rond.

Daemon semble plus dans son élément. Il ne se contente pas d’attendre ou de quémander des ordres ou des conseils, il s’impose non sans prendre le risque d’importuner ou choquer l’auditoire. Et contre toute attente, l’initiative de leur montrer ses talents de nécromancien ne fait tourner aucune tête, ni abattre aucune arme. Le mort-vivant qui l’accompagne est le fantôme d’une femme élégante qu’il envoie espionner le camp adverse. Maâra lui fait un signe de tête discret pour lui faire part de son adhésion.

Moins à l’aise, elle salue nerveusement en retour Lord Azrael, lorsqu’il vient la voir, satisfait d’avoir un peu plus de renfort pour la tâche ardue qui les attend.

((Bon, ben, nous y voilà ! c’est excitant))

En sortant de l’entrevue, elle observe les deux armées.

((Nous voilà où ?
- Dans l’Histoire avec un grand H. Tu ne seras plus jamais personne.))

XP : 0.5 (Quotidien du campement) + 0.5 (Réunion tactique)
Maâra _-_ Sindel _-_ Nécromancienne _-_ Maître des Runes
Ceux qui pensent que les morts appartiennent au passé, ne savent rien du futur.

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Re: Plaines de Kôchii

Message par Daemon » sam. 3 juil. 2021 00:18

Coiffé du casque de Rendrak, une mâchoire carnassière dans laquelle on devinait son visage, Daemon prit la route pour la plaine de Kôchii. Ce fut un départ assez expéditif à la poursuite du corps principal de l'armée de Kendra Kar, qui heureusement laissait des traces qu'un aveugle aurait pu suivre.

La marche fut longue et éreintante, surtout pour celui qui souffrait d'une double blessure dans le dos. Ses plaies n'avaient pas eu le temps de cicatriser qu'on le poussait déjà au pas, chargé des effets de l'invocation de son maître. Le repos n'était donc point au rendez-vous, et alors qu'il posait un pied devant l'autre dans la plaine qui n'avait pas de fin, Ezak, lui, semblait connaître une renaissance. La victoire était de leur côté, pour l'instant, et l'assentiment de la princesse semblait lui avoir donné des ailes.
Il échangeait nonchalamment avec Azra, pour lequel son amitié ne faisait plus de doute, et se proposa même de l’entraîner lui et Rendrak, une fois sa réincarnation achevée.

Daemon suivit cet entraînement de loin, épuisé, mais non sans attention. Il dégaina même pour envoyer sa lame de-ci de-là, mimant la danse du guerrier Kendran en espérant en faire autant. Il s’entraîna discrètement et seul, à l'écart du groupe, seulement assisté par les commentaires de Nienna et de Morgoth qui commençait à sympathiser.
L'idée était de frapper plusieurs ennemis d'un même enchaînement. Dans sa tête, c'était plutôt simple, mais dans les faits, le semi-elfe balançait son épée d'un sens puis dans un autre, sans même assurer sa poigne sur le manche. Il ne retenait que la danse, pas la violence. Comme dans un rêve éveillé. Pourtant, il savait se battre et en avait fait montre à moult reprise, mais sa technique demeurait mineure et primitive. Il ne savait qu'improviser sur le fait, lorsque la nécessité lui indiquait la bonne marche à suivre... Jusqu'ici, la chance était de son côté.
Mais un jour — il le savait — sa route croisera celle d'un ennemi qui ne se laissera pas leurrer, et l'écart martial se fera sentir. Il ne savait pas tenir une épée, et dansait pour combler l'écart entre lui et son prochain adversaire.



Après une bonne journée de marche, après qu'Azra eut consulté ses indics, il vint le trouver pour lui demander :

« Les corbeaux m'ont parlé. La guerre se prépare dans les montagnes. Je parts défendre les duchés, viendras-tu avec moi ? »

Daemon ne répondit pas immédiatement. Il comprenait là où son maître voulait en venir. L'ordre des Messagers du Corbeau demeurait dans le Duché de Luminion, et ils avaient tout intérêt à se faire connaître.

« Pour te présenter aux ducs et à leurs armées. J'imagine ? »

Azra confirma ses dires, sa volonté était de se révéler comme allié, autant que possible. Car la première étape du chemin de la grandeur est de ne pas accumuler trop d'ennemis... dans un premier temps.

« Pour l'ordre... » dit-il de manière pensive.

Puis, songeant à leur compagnon de route et pour lequel ils étaient redevables.

« Et Ezak ? Nous l'abandonnons ? »

« Il est au courant. Tout comme nous, il part défendre ce qui lui est cher. Mais je gage que, si Phaïtos ne le prends pas, nous le reverrons bientôt. »

Daemon acquiesça silencieusement de la tête. Il devait faire ses adieux à Ezak.



Daemon alla trouver Ezak parmi ses hommes et lui fit comprendre, sans un mot, qu'il souhaitait s'entretenir avec lui. Lorsqu'il vint le retrouver, toujours silencieux et dissimulé sous sa cape noire, le semi-elfe le regarda longuement en cherchant ses mots.

« Il me semble qu'Azra t'a déjà fait part de ses intentions. Nos chemins se séparent ici même... »

Un sourire prudent se dessina sur son visage, tandis que son regard devint fuyant.

« Je voulais te remercier une nouvelle fois... Sans ton concours, notre engagement n'aurait pas été reconnu par les autorités kendranes. Sans toi et tes hommes, la situation aurait été bien périlleuse, et j'ai déjà failli y laisser ma peau. »

Ezak le remercia à son tour pour l'alliance qu'ils avaient formé et qui leur permit une victoire totale sur leurs ennemis. Il regrettait de devoir se séparer d'alliés aussi fiables, et regretta de n'avoir pu tuer Kurgoth lorsqu'il en avait eut l'occasion.
Sa déclaration n'était cependant pas innocente, car si Ezak souligna la bienveillance d'Azra, ce fut aussi comme une faiblesse et, selon lui, pour vaincre l'engeance d'Omyre, il était nécessaire de se débarrasser de toute pitié. Si Azra était bon et miséricordieux, Daemon devait devenir son côté sombre.

Le semi-elfe observa son maître à son tour, avant de répondre :

« La bonté de mon maître est exemplaire. Même lorsqu'il donne la mort, c'est avec la conviction de construire un monde meilleur. »

Un frisson incontrôlé sembla l'ébranler, suffisamment pour qu'il se perde un instant en roulant des yeux.

« Il est l'élu de Phaïtos, sans aucun doute. Mais il demeure néanmoins humain. L'obscurité à pris son corps, mais sache que l'obscurité peut aussi prendre corps... Je veillerai sur lui, peu importe le prix. »

Ezak fronça les sourcils et admis que son maître et lui avaient le don pour les formules énigmatiques. Il fit ensuite ses adieux, en espérant qu'ils ne se retrouveraient pas en compagnie de leurs dieu, pour achever sa tirade par une tape amicale, l'invitant à être fort. Daemon en profita pour saisir son bras.

« Peut importe le destin de mon maître. Je suis venu te parler, à toi seul. Ezak. »

Son emprise était forte, même violente. Et comme un oracle en pleine transe, il déclama au Kendran :

« L'ombre de la mort pèse sur toi. Elle t'attend, là bas, au nord. Je la vois comme je te vois. »

Ezak marqua une surprise, mais se reprit rapidement. Il lui parla alors de la mort, de ce qu'on trouve sur le champ de bataille, puis de l'oubli. La fin ne semblait l’inquiétée outre mesure, il ne marchait que pour la guerre, l'éclat de la victoire. Allant jusqu'à annoncer qu'il ressortirait immortel de cette guerre. Puis, tout sourire, il lui demanda si cela allait. Daemon semblait peu convaincu par sa tirade.

« Non Ezak d'Arkasse, tu m'inquiètes. Tu attends cette bataille comme on attend le printemps suite à un long hiver. »

Ezak émit un petit rire, avant de rétorquer : «  Tu n’aimes pas le printemps toi ? »

Décidément, le blondinet avait réponse à tout. Il lâcha son bras en affichant un large sourire, et répliqua d'un direct du droit dans le ventre. La surprise décontenança le Kendran, qui se reprit vite et... disparut simplement, dans une ombre qui traversa littéralement Daemon.
Réapparu derrière lui, d'un ton las, il lui demanda s'il avait fini.

« Presque aussi vif que Silmeria... » s'amusa Daemon en se retournant, apparemment agacé de ne pas avoir fait mouche.

« Je voulais te mettre en garde, car tu es trop optimiste depuis notre départ... Mais j'oubliais que tu es un bretteur hors pair. »

Il posa de nouveau une main sur Ezak, mais cette fois-ci une poigne chaleureuse, pour dire :

« Tu as raison. Nous nous reverrons. »
(((Bref début d'apprentissage de l'enchaînement brutal.)))
XP : 0.5 (Voyage éreintant) + 1 (Discussions et adieux)

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Re: Plaines de Kôchii

Message par Daemon » sam. 3 juil. 2021 01:39

Ainsi, les deux nécromanciens changèrent de route pour avancer plus à l'est, vers la direction indiqué par les corbeaux. L'ombre des montagnes devint plus distincte, mais toujours aucun signe d'une armé... autant alliée que ennemie.
Bousculant une motte de terre du pied, Daemon souffla. Ses compagnons de route n'était pas vivant et la fatigue ne les concernaient pas, contrairement à lui. Il se retint cependant de ne pas se plaindre, enfin pas autant qu'à son habitude. Finalement, Azra fit signe de s'arrêter.

Allongé dans l'herbe, Daemon somnola un instant. Une fois remis, il alla trouver Rendrak.

« Dis moi Rendrak... Je vous ai vu vous entraîner avec Ezak. Tu pourrais me montrer deux ou trois trucs sur ce fameux enchaînement ? »

Le Lickor squelette déploya ses dents carnassières en guise d'acceptation. Il ne rechignait jamais quelques passes, ni les combats, qui s'apparentaient pour lui davantage à un jeu qu'à quelque chose de sérieux. Daemon allait cependant devoir être attentif, et prudent. Le squelette avait parfois tendance à s'emporter, et il n'encaissait pas aussi bien que lui...

Face à face, ils s'immobilisèrent un instant. Rendrak présenta ses pièces d'armure, l'invitant à venir s'y frotter. Le semi-elfe dégaina alors et projeta son cimeterre sur la plaque d'acier de son bras. Un son mat résonna. Sans se couper dans son élan, il se retourna en propulsant de nouveau sa lame au même endroit, qui fut repoussée pas un geste brusque du Lickor. Son cimeterre lui glissa des doigts...
D'un rire amusé, Rendrak l'invita à tenir sa prise et à arrêter de danser. S'il voulait tournoyer et abattre son sabre à plusieurs reprises, il devait d'abord maintenir sa prise, et surtout ses appuis. Et joignant la parole aux mots, il fit tournoyer sa chaîne et la projeta sur lui. Avec un hoquet de surprise, Daemon s'accroupit pour échapper à la première salve, et voltigea pour échapper à la seconde de justesse. Il se maintint ensuite à distance des suivantes avec des bonds et des saltos.

Grommelant dans son coin, Daemon s'avança pour reprendre son sabre, et dressa sa garde. Cette fois-ci, il ne devait plus la lâcher. Maintenir la pression, et continuer...

Sautillant sur place en roulant des épaules, il fondit sur Rendrak. Le premier coup l'effleura à peine, mais ne servait que de calibre, car d'un pivot sûr, Daemon tournoya pour assener le second contre le bouclier, et encore, continuant à tournoyer, un troisième, puis un quatrième et dernier coup trouva la base du dos squelette. Le Lickor se redressa en émettant un petit glapissement amusé, et fit tournoyer sa chaîne dans tous les sens.
Le semi-elfe recula en panique, se sachant incapable de lire la trajectoire de son arme.

C'était mieux, cependant. Face à un adversaire immobile, il pouvait le faire. Mais maintenant, il fallait réaliser la même prouesse, face à celui qui répondait.

Le fléau de Phaïtos vrillait autour du Lickor en faisant vrombir l'air, et celui qui le magnait ne comptait pas décélérer. Prenant son courage à une main, l'épée dans l'autre, Daemon sautilla comme à son habitude, et fonça droit devant. La chaîne se déploya à portée et d'un bond, Daemon passa au dessus, pour ensuite prendre le premier pivot et assener un coup sur le bouclier. Alors, d'un geste habile de la main, Rendrak enroula la chaîne autour d'eux, resserrant son étreinte et demandant à Daemon de s'extraire par quelque prouesse acrobatique, qu'il réussit, pour continuer sa danse, frappant la plaque une seconde fois, puis une troisième, avant de basculer en arrière... Rendrak avait tout calculé, ses bascules, ses rebonds, pour nouer la chaîne autour de sa jambe. Le semi-elfe chut sur le dos et sa respiration se coupa. Un rire amusé retentit, et il avait bien conscience qu'en combat réel, le crochet serait venu le trouver...

Azra tapa alors dans les mains, signe de la route reprenait. Daemon souffla longuement, et se redressa...



La première chose qu'ils aperçurent de l'armée des Duchée, fut une nuée de corbeaux et de vautours qui traçaient des cercles bien au dessus. Apparemment les volatiles les suivaient depuis longtemps déjà, et comprenaient la raison d'un pareil attroupement.
L'arrivée des deux nécromanciens ne passa pas inaperçue. Contrairement à beaucoup d'autre cultes, les clercs de Phaïtos n'avaient guère besoin de se présenter. Ils évoluèrent sous leurs capuchons parmi les troupes, en essayant de se faire aussi discret que possible, mais soulevant une ombre d'effroi sur leur passage. À la veille d'une bataille, les hommes voyaient d'un mauvais œil les annonciateurs du trépas.

Ils furent donc amenés aux dignitaires, et Azra se présenta humblement, lui et son ordre, tandis que Daemon acquiesçait discrètement toujours dissimulé sous sa cape, ne laissant percevoir de lui que son regard pourpre. Il aperçut alors Mâara parmi l'assemblée, et se découvrit, puis lui adresser un sourire et une salutation de la main.

Deux généraux les attendaient : le fameux Pérussac, ancien Duc de Luminion, ainsi qu'un général nain, Throgg'In. Son maître se présenta alors comme représentant de l'ordre des Messagers du Corbeau basé à Luminion, offrant ses services pour repousser l'envahisseur. Maâra aussi prit la parole, pour saluer simplement ceux qui daignaient les accueillir.

Le général nain eut une réaction bourru, en ce demandant d'où ils pouvaient sortir, et Pérussac lui répondit qu'il s'agissait d'un ordre obscur s'étant accaparé les ruines d'Endor, signe qu'il était bien informé. Ce dernier paraissait cependant fébrile et pas vraiment à son aise.
Throgg'In n'appréciait cependant pas d'être en présence de corbeaux, qu'il considérait de mauvais augure, ou comme porteurs d'une sombre magie. Son homologue humain ce fit seulement plus pragmatique, moins accusateur, entendant que leur présence était non officielle, sans rapport avec le Duché à proprement parlé.

Comprenant qu'il était nécessaire de passer outre leur méfiance, Azra s'évertua à évoquer l'aspect religieux de leur guilde avec des références propres à la culture et aux us de Mertar, ce qui ne sembla guère convaincre l'auditoire. Le nain n'aimait pas cela, bien que l'humain souligna la nécessité d'accepter toute aide possible.
Puisque l'aspect religieux ne semblait pas porter ses fruits, Daemon décida d'orienter la conversation vers la politique :

« Nous sommes les envoyés de son Altesse Satina de Kendra Kâr, qui a vu en notre concours une aide précieuse. Voyez en notre présence un soutien. Notre seul souhait est de traquer et abattre la corruption Oaxienne. »

Si la précision sembla ne pas toucher spécialement le nain, Pérussac en parut ému, et précisa qu'ils étaient alors les bienvenus. Car, selon lui, la princesse ne donnait pas son soutien à n'importe qui.

Échangeant un regard prudent avec Azra qui surveillait ses faits et gestes, il reprit en s'adressant à Pérussac :

« Avez-vous des informations sur les troupes ennemis à proximité ? Savez-vous par qui elles sont dirigées ? »

Pérussac opina du chef, et déclara qu'ils faisaient vraisemblablement face aux armées conjointes de Crean Lorener et Khynt, composée de machines de guerres et d'humains qui n'avaient plus rien de tels, améliorés pour en faire des machines à tuer. Le ton de l'ancien Duc était grave, pour ne pas dire effrayé, mais sa tirade éveilla une lueur maligne dans le regard de Throgg'In. Le regard de Daemon pivota sur le général nain (c'est à dire vers le bas) pour demander :

« Cela ne semble guère vous inquiéter... »

Le nain va jeta un oeil (vers le haut, mais pas moins fier) à Daemon.

« On les fera couiner, leurs soldats d'élite et leurs machines à deux sous. Tout armuré qu'ils soient, on verra bien la tronche qu'ils tireront quand ils ressembleront à des boules de fer cabossées ! »

Daemon parut un instant sceptique envers la confiance du général Throgg'In, mais son accent caractéristique, sa bonhomie et l'idée de voir l'armée de Mertar à l’œuvre, le rassurèrent et adoucirent ses traits. Lui même avait oublié, mais il avait beaucoup de sympathie pour le peuple Thorkin. Les rouages et les cliquetis de l'ascenseur menant au marché, la douce obscurité de la ville sous la montagne... Les nains ne craignaient pas l'ombre, ni les machines. Ils étaient robustes, persévérants et imbibés d'alcool. Même au fond des marais les plus glauques, ils arrivaient à se coller des murges. Ce n'était pas quelques constructions guerrières et des soldats transformés qui allaient les inquiéter.
Après un bref coup d’œil en direction de la liche, il s'inclina respectueusement et s'approcha de Maâra pour lui glisser discrètement :

« Ravi de voir un visage connu. »

Sous l'impulsion d'Azraël et de Maâra, la discussion s'orienta alorssur des aspects tactiques de la bataille : sa géographie, la composition de l'armée adverse et ses forces et faiblesses. Les nécromanciens étaient décidément démunis, il ne pouvaient que rester en retrait et attendre une occasion pour frapper, ce qui ne plaisait guère au semi-elfe... La victoire ne s'obtient qu'avec un coup d'avance. Il n'était pas question de se laisser surprendre, surtout avec une armée aussi originale qui se profilait à l'horizon.
Alors, au risque de susciter la colère de son maître, Daemon décida de tomber le voile. Allant jusqu'à couper la parole de la liche, il s'avança et dit :

« Nous ne pouvons pas rester ainsi et attendre ce que nous réserve l'ennemi. Si nous voulons être efficace, nous devons employer tous les moyens à notre disposition, et nous en sommes un. »

Il fit quelques pas en avant, pour ce placer au centre du cercle.

« Pour cela, nous devons avoir confiance les uns envers les autres, former une véritable alliance. L'heure approche et nous n'avons plus le luxe de la méfiance... »

D'un geste de main, il fit signe à Nienna. Une volute blanche apparut à ses côtés, dans un élégant tourbillon, l'elfe blanche fantomatique apparut devant l'assistance.

« Nous sommes des nécromanciens du culte de Phaïtos. »

Le général nain, toujours aussi sûr de lui, laissa néanmoins échapper un hoquet de surprise en découvrant l'apparition. Pérussac, lui, ne sembla pas surprit, et lui demanda pourquoi il faisait étalage de ses talents, alors que tous avaient bien conscience de leur nature... Et, toujours selon lui, ils ne l'attendaient plus. Il était déjà là, et dans quelques heures, la bataille allait commencer.
Le regard plein d'assurance, Daemon acquiesça aux dire de Perussac, pour ajouter :

« Il est nécessaire de vous le montrer, pour que vous preniez connaissance de l'origine de nos informations. »

Puis, se tournant vers Nienna :

« Va t'en instamment trouver l'armée adverse et Crean lui même. Prend connaissance de ses préoccupations. Il donnera forcément des indications qui pourront nous être utiles. Une fois que tu auras jugé en savoir assez, reviens moi.
Partage ton ombre pour mieux me retrouver, je resterai en compagnie de Sieur Perussac en attendant. »


Nienna s'inclina d'une révérence, et après avoir lié son ombre à celle de son maître, elle disparut simplement aux yeux de tous.


(((Suite de l’apprentissage de l’enchaînement brutal,
Espion rang 4 de Nienna sur Daemon : portée 10 km.
Daemon reste en compagnie de Pérussac et de Throgg'In, s'il est dans le coin.)))
XP : 1 (Voyage et entrainement) + 0.5 (Réunion stratégique)

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Ezak
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Ezak » sam. 3 juil. 2021 04:03

De nombreux jours nous séparèrent d’Oranan. Nous y arrivâmes après moult efforts. Le camp kendran avait été installé, immense, comme il le fut à Viskory. le regardant de loin, si ordonné, je ne pus que faire la comparaison avec le camp de la verdaille, désordonné et tentaculaire. Un rassemblement de peaux vertes si gigantesque et dégoutant qu’il ne pouvait que corrompre l’air et la terre de mon peuple Ynorien. Je rêvais d’un énorme incendie pour purifier les lieux de leurs présences. Patience… Patience… Nous allions les bouter hors de nos terres, et j’espérais que nous finirions le travail en allant exterminer ces bestioles infâmes et dangereux pour nos grandes civilisations humaines de Nirtim jusque dans leur antre. Oui, c’était cela que nous faisions. Protéger nos peuples ! Empêcher que nos villes réglées et ordonnées ressemblent un jour à la chaotique, l’inhumaine, l’excroissance purulente de ce continent. J’ai nommé Omyre. Notre mission était civilisatrice !

Le début de la bataille étant proche, j’entrepris d’infiltrer le camp kendran, recouvrant du mieux que je pus mes écailles noires à présent trop reconnaissables sous ma cape. Je cachai peu mon visage, pour ne pas paraître plus suspect que je ne l’étais et aussi parce que, là tous me ressemblaient alors il y avait peu de chance pour que ma présence paraisse suspecte.

J’étais à la recherche du Général Andelys et lorsque je le vis sortir d’une tente, j’approchai de lui, le bousculant volontairement avant de lever mon visage vers lui pour lui révéler mon identité. S’il s’offusqua de prime abord, il se détendit lorsqu’il me reconnut. Alors il m’intima de le suivre dans un endroit plus discret, à l’abris des regards et des oreilles.

« Nous sommes en place General, moi et mes hommes. D’autres devraient nous rejoindre sous peu, avant le début de la bataille, je l’espère. Le Roi, a-t-il changé d’avis concernant notre statut ? Devons-nous toujours garder profil bas ? »

Il m’affirma que personne n’avait rien dit au Roi concernant notre cavale alors je devais rester dissimulé en attendant la bataille. La nouvelle m’arracha une moue. Je n’aimais pas agir tel un fugitif. J’étais fait pour la lumière pas pour les ombres. J'avais assez patienté pendant trois longues années dans l'ombre d'Omyre la sombre.


« Ce n’est pas idéal... Bien, nous ferrons avec. Et la Princesse Satina ? Est-elle en sécurité ? Les assassins envoyés par Karsinar n’étaient que de vulgaires mercenaires, des amateurs. Je doute que la Reine n’essaiera pas à nouveau une attaque. Cette fois, avec des fidèles à sa cause... »


"La Princesse est en sécurité. Et le Roi est protégé, caché, et le restera jusqu'au début de la bataille. Après... Il se doit d'être présent pour galvaniser les troupes. Si leur souverain se cache, les soldats y verront un mauvais signe."

J’aimai à entendre cette nouvelle. Le Roi, bien que malavisé, n’était pas un lâche, mais il ne devait pas oublier la nature de notre ennemie. Si sa présence pouvait galvaniser les troupes, sa disparition aurait tôt fait de créer l’effet inverse. J’avais déjà été témoin de la sombre lâcheté dont pouvait faire preuve les nôtres.

« En effet c’est son rôle. Et c’est tout à son honneur. Cependant, il ne faut pas qu’il oublie que lui, il n’est pas une divinité... » Je soupirais longuement en regardant ailleurs. « Quoi qu’il en soit, sachez que ce que j’ai affirmé face à la Princesse ce n’était pas des paroles en l’air. Je veux être sa lame. Je lui suis redevable. Elle est, avec vous la seule qui a cru en moi jusqu’à présent. Alors s'il y a quoi que ce soit que je puisse faire en son nom, demandez-le-moi. C’est pareil pour vous General... Si durant cette guerre vous voulez que je fasse quoi que ce soit, si vous avez besoin de quelqu’un pour se salir les mains, réaliser une missions désespérée que d’autres ne veulent pas faire, demandez moi et je le ferais.

"Il ne va pas aller défier Oaxaca en personne, si c'est ce que vous croyez." dit avant de se passer une main derrière la tête. "Ma foi... Brillez. Soyez un combattant intègre, versatile et malin. Efficace et craint. C'est la tête haute que Kendra Kâr doit gagner cette bataille. Au nom de nos idéaux, contre le Mal. J'aurai cependant assez d'ordres à donner aux troupes : vous, ma seule consigne est la suivante : soyez efficace. Prenez des initiatives. Ne craignez pas les forces qui nous font face, et inspirez nos hommes."


Je tiquai à la notion de Mal. C’était quoi le "Mal "? J’avais passé assez de temps à Omyre pour me rendre compte que nous étions au-delà de ces considérations manichéennes. J’avais rencontré à Omyre des personnes qui n’étaient pas foncièrement mauvaises je m’étais même attaché à certaines. Certes elles étaient peu nombreuses, mais elles existaient. Leur point commun : Aucun d’entre eux n’avait la peau verte. Ceux-là, effectivement, étaient la pire infamie que cette terre pouvait porter. Des créatures naturellement mauvaises, des esclavagistes, des porcs, de la vermine aux senteurs d’oignons frits ! Je me rappelais encore Kurgoth qui voulait torturer des kendrans pour son simple plaisir personnel. Les Garzoks méritaient mille fois pire pour leur faire passer l’envie de se servir de nous comme des jouets. Alors venir me parler d’intégrité face à un ennemi qui n'en avait pas... C'était selon moi malvenu.

« General... Aux yeux du monde, je suis un traître. J’ai pu le mesurer. Personne n’attend de moi que je sois intègre alors je ne le serais pas envers nos ennemis. Ils ne le méritent pas. En ce qu’il s’agit de la terreur, comptez sur moi. Je ferais en sorte qu’ils frissonnent juste en entendant mon nom.»


Le General parut déçu de mon discours, mais il me rappela que je n’étais pas un traître aux yeux de tous et que je ne devais pas décevoir ceux-là. Parlait-il de lui et de la Princesse ? Sans doute, je ne me connaissais pas d’autres soutiens ici. Je les respectais tous deux. JE leur état redevable alors, je me disais que je ne pouvais qu’au mieux essayer d’agir selon leur vision. Au mieux, car il n’était pas question d’être naïf. S’il fallait faire une guerre sale, elle le serait. Nos ennemis n’auraient de toute façon pas plus de considérations pour nous.

« Oui, vous et la Princesse, et je ne vous en remercierais jamais assez ! Alors, j’essaierais au mieux de ne pas vous décevoir... Mais une guerre n’est, j’imagine, pas le meilleur endroit pour faire démonstration de ses plus nobles qualités. Cela m’a plutôt l’air d’un lieu pour exalter ses bas instincts.»
Je soupirai longuement, détournant le regard sur la multitude d’hommes qui se préparaient à combattre furieusement. « General… J’imagine que ce ne sera pas votre première bataille…Ma question risque de vous paraître stupide, mais… c’est comment, la guerre ? »

Il baissa les yeux, inspirant profondément avant de me répondre, les poings serrés, comme s'il était sujet à des images ressurgit de son passé que la guerre état un moment de gloire, de rage, d’honneur mais aussi de tristesse et de désolation.

« Et… durant celles que vous avez menés, êtes-vous toujours resté…intègre ? »


Il me regarda d’un air étrange. "J'ai toujours mené mes batailles de face et avec honneur. On ne devient pas général en se comportant comme un voyou."

Je souris à la réaction du Général. Il me rappelait Azra. En cela, il était un bien meilleur homme que je ne le serais jamais. Un artisan du Bien, lui qui croyait si fermement au Mal. Mais il se trompait. Les voyous étaient dans les camps d’en face, au pied de ma cité natale. On n’agissait pas avec honneur face à des criminels. Je comptais bien agir avec eux comme ils nous traitaient nous. Ils se doivent d’être privés de toutes considérations qui ne valent que pour des êtres civilisés. Ces sauvages d’Omyre méconnaissaient ces codes. Ils pouvaient brandir des mots auxquels ils ne croyaient pas eux même : « Allégeance » « Pacte » « Honneur » des mots vide de sens là-bas. Ils seraient les premier à utiliser la fourberie poru s'en prendre au General. Ce que lui, ne semblait pas disposer à faire. Cela ne le rendait-il pas plus faible, dès lors qu'il ne jouait pas avec les mêmes armes que les autres ?

"Tout ceci vous honore Général ! Ce n'est pas Omyre que l'on entendrait ce genre de discours. Ils recrutent leurs officiers en les enfermant, les torturant, ils tentent d'assassiner des rois lâchement, de prendre des populations entières par surprise en s'attaquant à d'autres mondes qui se désintéressent pourtant des affaire yuimeniennes Et encore... si seulement vous aviez pu voir Omyre de vos yeux et ce qui s'y passe impunément chaque jours.... » C’était à mon tour de serrer les poings, les images de ma vie là-bas me hantant. « Faîtes attention à vos arrières Général. Nos ennemis méconnaissent l'honneur et ils n'hésiteront pas à vous prendre de dos.»

Le Général affirmait avoir déjà combattu Omyre. Ils jugeaient les Garzoks n’étaient pas si différents de nous une fois mort. J’eus envie de vomir rien qu’à l’idée que l’on puisse oser un tel rapprochement entre nitre plastique et l'espèce de chose qui servait de masse informe au corps de ces vils créatures vertes.

"Une fois morts hein... Alors il n'y a plus qu'à espérer que nous ferons de nombreux sosies." Souriais-je.

« Bien. Je vais bientôt retourner auprès de mes hommes. Mais avant dîtes moi : Mes compagnons Corbeaux sont allés rejoindre les forces des Duchés. Il parait qu’une armée se dirige vers eux. Pourriez-vous me donner une idée des forces en présence lors de cette bataille ? Qui allons-nous affronter exactement ? Je sais que cela ne me concerne pas mais j’aimerais savoir dans quoi j'emmène mes hommes. Ils sont sous ma responsabilité. »


Il me répondit avec un regard morne : "Des milliers d'ennemis. Des dizaines de milliers. Garzoks, bien sûr, mais aussi tout ce que les Treize ont comme monstres et difformités. Il ne faudra nous attendre à rien de moins. L'on sait Karsinar et Perailhon aux prises directes avec Oranan, par la terre et par la mer. On sait aussi que Crean Lorener et Khynt occupaient une place orientale dans l'Ynorie : l'armée dont vous parliez qui ferait face à nos alliés nains et des duchés. Quant à nous... Gaïa seule peut savoir ce qui nous arrive dessus en détail."

Je fronçai les sourcils à la mention de Lorener. En voilà un que je voulais transpercer de ma lame, ce sale traître à l’Ynorie. Même si de tous les Treize c’était probablement celui pour qui j’avais un minimum de respect. Il m’avait bien traité, fait prendre soins de moi lors de mon long coma. J’étais partagé entre ma haine pour ce qu’il représentait et mon respect pour un immense guerrier. Je mis fin à la conversation en rebondissant sur les derniers propos du Général, car ce n’était assurément pas une divinité qui allait décider de l’issue de notre guerre. Nos affaires ne les intéressaient pas assez pour ça....

« Et seules nos armes auront à l’éprouver. Je vous remercie General. Je vais y aller maintenant. Puisse le Royaume en sortir grandit et puissions nous en sortir en vie. »

Alors j’allai retrouver mes hommes, non sans un faire un rapide détour pour me ravitailler en potions pour la bataille qui ne tarderait pas. Je n’étais pas sortit totalement indemne de cette dernière entrevue avec le General. Il m'avait poussé à entamer une certaine reflexion. Certes, je ne voulais pas le décevoir, ni lui, ni la Princesse mais faire ce qui était juste me semblait être un équilibre difficile à atteindre et dépendant trop de la vision personelle des individus. Le General et sa droiture était un de ces exemples ? Ces mots y pensait-il vraiment ? Une guerre se gagnait vraiment plus par la moralité que par les armes ? Est-ce que ça ferait de moi une pourriture si j’agissais avec les Omyrihiens comme il agissent avec nous ? La fin justifiait-elle toujours les moyens ? Tant de questions qui me prouvaient à quel point je n’avais pas finis de me construire. Sans doute que cette guerre m'aiderait à bien asseoir des convictions franches. J’étais loin d’avoir encore la stature que je me destinais.

Peu importe, je me jetai dans le feu de l’exercice physique pour me couper de toutes ces tergiversations. Il n’était pas encore temps de faire des choix. J’allais travailler mon estoc droit mais cette fois ce serait en condition. De tous mes guerriers, Mérédor était probablement le meilleur. Il n’avait pas le charisme, ni l’intellect d’Edriss mais s’il faisait partie de mon quator proche ce n’était pas pour rien. De plus, je savais qu’il ne me ménagerait pas sûrement pas.

« Meredor, vient prendre ton humiliation quotidienne. »

Le guerrier piqué au vif ne se fit pas prier.

« Alors là, je vous préviens ! Je ne retiendrais pas mes coups aujourd’hui ! »

« Tu disais déjà ça hier et la veille encore avant ça. Je me demande même si tu ne le disais pas le d'avant aussi. »


Le solide guerrier grogna presque et vint se positionner face à moi. Je me mis en place, j’allais travailler mon estoc droit. J’avais pris le pli du mouvement ces derniers jours, sachant à présent utiliser a bon escient la puissance de ma jambe d’appui, et l’agilité de celle qui balançait pour donner à mon coup de la force mais peut-être n’était-ce pas encore assez vif car le guerrier évita mon attaque avec une facilité déconcertante déjà prêt à contre-attaquer. D’un mouvement fluide, j’écartai l’arme de mon adversaire avec Lassiria. Cette fois, j’envoyai un coup de taille pour mettre une distance entre lui et moi. Cela marche puisqu’il est obligé d’esquiver d’un bond en arrière. Nous nous observons l’un l’autre et je lui laisse l’initiative. Il utilise l’espace qui nous séparer pour prenrdre de l’élan et frapper en direction de mon torse. Je parviens à détourner le coup à l’aide de mon sabre. Emporté par le mouvement de son épée déviée, le corps de Mérédor provoqua une ouverture suffisante. Moment parfait tenter l’estoc droit. Alors que je me mis en mouvement, j’énumérai les différentes étapes dans mon esprit.

(Jambe droite vers l’arrière, balancement vers l’avant et coup d’es..)

Mais je n’eus pas le temps de porter l’attaque, que Mérédor envoyai dans ma face un coup de bouclier qui me sonna et me fit reculer de quelques pas. Groggy je ne cherchai pas à voir le prochain coup venir. Fatale erreur car il serait déjà trop tard. Cependant, je connaissais l’homme, et j’imaginais qu’il frapperait d’un mouvement vertical descendant. Alors, sans même regarder, je fis une esquive de côté et j’eus de la chance, car il fit effectivement le mouvement auquel je m’attendais. Il était proche de moi et je ne comptais pas le laisser s’en tirer comme ça. Poussé par l’égo, blesser et vexé après m’être pris un bouclier en plein visage, je ne décortiquai plus. Mon corps, comme poussé à la répétition de ce geste parla de lui-même. Et alors, quand je pris mes appuies pour lacer mon attaque, ma lame arriva avec tant de force dans le bouclier de bois de Mérédor que celui-ci se fit transpercer avant de ceder en plusieurs morceaux. Surpris le colosse regarda son équipement brisé entre les mains avant de le jeter à terre, passablement vexé.

« Quel bouclier de merde ! C’est de la mauvaise qualité !. »

Je souriai, haletant.

« Laisses donc ce pauvre et brave bouclier, il a bien servi. C’est toi qui est de mauvaise qualité ! »

Mauvais perdant, le barbu me jeta un regard noir sans répondre. Il grommela quelque chose dans sa barbe avant de commencer à se sustenter, le visage morne. Je gouttai avec plaisir de ces derniers moments de camaraderie, et je fanfaronnais parmi mes hommes. Il fallait en profiter car ce serait bientôt le charnier de la guerre qui nous attendrait. Je dardai un regard plein de malice sur ma troupe.

« Alors qui d’autre ? Je me sens en forme. »


HRP :

Suite (et fin ?) de l’apprentissage de la CC Estoc Droit. I

XP : 0.5 (Arrivée en catimini dans l'armée) +0.5 (Entrevue avec Andelys) + 2 (Apprentissage en auto didacte de Estoc Droit)
Modifié en dernier par Ezak le mar. 6 juil. 2021 10:20, modifié 1 fois.

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Cromax
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Cromax » sam. 3 juil. 2021 15:15

La fin d’une Ère – Deuxième partie.
Montée en puissance.




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Le jour était enfin arrivé. L’aube venait de se lever, sur un matin grisâtre au ciel couvert. Dans les plaines de Kochii, autrefois si paisibles et réconfortantes, les armées s’étalaient en piétinant les récoltes d’Oranan. D’immenses armées, composées de plusieurs milliers d’hommes, d’orques, d’elfes, de mains et d’autres créatures. Des armées qui n’étaient là que pour une chose : en découdre. Définitivement, pour de bon. Car la guerre, chacun le savait, avait assez duré.

Du côté kendran, l’armée la plus occidentale, le long des côtes ynoriennes, était composée d’elfes blancs. Une armée dirigée par Linaël Keldanor en personne. Grande générale en chef des armées de l’Anorfain, venus en nombre pour défendre Oranan, assister leur allié kendran et assurer la survie de la communauté hinionne de Viskori. Il y avait là un bon millier de piquiers elfes, au long heaume d’argent ailé, protégés par d’immenses pavois immaculés. Ils étaient assisté par une troupe au moins aussi nombreuse d’archers d’élite, aux longs arcs ouvragés. Toute cette infanterie était disposée sur l’ubac d’une colline un peu rocailleuse, directement au Sud de la cité d’Oranan. Dans les cieux au-dessus d’eux, une centaine de chevaliers elfes nobles montés sur des griffons caparaçonnés de vert et d’Or, aux couleurs de leur Royaume, tournoyaient dans les airs, prêts à fondre sur l’ennemi.



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Directement face à eux, toujours le plus à l’ouest mais cette fois du côté d’Omyre, s’étendait une masse incroyable de morts-vivants, pataugeant dans l’eau poisseuse rendue boueuse des rizières détruites. Majoritairement constituée de milliers de squelettes armés, à pieds, elle était appuyée par une cavalerie de chevaliers squelettiques d’une centaine d’individus. Mais quelque chose de plus inquiétant planait sur cette partie du champ de bataille : tout y semblait plus sombre, plus ombragé, comme plongé dans une obscurité tout à fait artificielle. De plus près, l’on pouvait discerner des ombres, esprits et spectres volant autour et à travers cette armée des morts. D’autres créatures mort-vivantes étaient là aussi, terribles, n’attendant qu’un signe pour fondre sur les vivants adverses. Derrière ces nécrotiques troupes, deux silhouettes se dressaient : celles de leurs commandants. Gadory, d’une part, enveloppé dans son long manteau de cuir sombre, et Tal’Raban de l’autre, imposant son apparence terrible à ses serviteurs défunts. Ils étaient tous deux montés sur des chevaux infernaux, tous faits d’ossements et d’ombres.



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Derrière cette armée de morts qu’on eut dit dégueulée par la bouche des Enfers, c’étaient des hommes qui tenaient à vue les remparts sud de la cité d’Oranan, à bonne distance de celle-ci afin de ne pas se faire flécher. Des hommes sombres, vêtus de noir. Des forbans, des pirates, les pires racailles présentes sur Nirtim, en directe provenance de Darhàm. Les troupes surnuméraires de Perailhon, dont les navires aux sombres voiles faisaient toujours un blocus ferme du port d’Oranan, eux aussi à bonne distance des tirs ennemis.

Aux côtés des elfes blancs s’étendaient les compagnies martiales de Bouhen, principalement composées de fantassins à l’épée, hache, piques et boucliers. Un mélange hétéroclite de différences formations bien ordonnées, prêtes à agir. Monté sur une jument beige, le général Bogast assurait le commandement direct des troupes. Directement à côté des troupes de Bouhen, les armées de la Principauté de Kendra Kâr offraient un spectacle étincelant de blanc, bleu et or. Des troupes nombreuses d’hommes, fantassins, archers, cavaliers, étaient réparties en formations strictes. À la tête de celles-ci, monté sur un étalon blanc caparaçonné de bleu et d’or, le Roi en personne dirigeait ses troupes. Solennel IV ne se cachait plus. Vêtu d’une armure argentée à l’écharpe blanche et bleue, il se faisait seconder par son porte-étendard, escorté par une cavalerie d’élites de gardes royaux aux visages cachés derrière des heaumes couvrants. Encadrant les formations, de redoutables Golems mécaniques faisaient peser le poids de leurs trois mètres de haut sur la plaine. Il devait bien y en avoir une cinquantaine.
Directement à l’est des armées kendranes se tenaient les effectifs du Comté de Shory. Le Vicomte Gabriel Andryr menait une troupe nettement moins nombreuse, composée de la garnison du Fort d’Edrein (des hommes de l’armée kendrane d’un âge souvent plus avancé que la normale, ayant déjà l’expérience des combats et y coulant une fin de service plus paisible) et des troupes de choc de Shory : des paysans armés de fourches et de faux, à peine protégés, mais vaillants malgré leur taille, et une cavalerie de sinaris montés sur des cochons.


Directement en face de toutes ces troupes kendranes, les armées principales d’Omyre s’amassaient en un bataillon unique et mortel, composé de plusieurs dizaines de milliers de Garzoks assoiffés de sang. Des guerriers armés d’armes diverses, et plus ou moins protégés par des armures souvent plus légères que celles des kendrans. Et certains bien plus lourdes, aussi, mais ils étaient plus rares, souvent les dirigeants de pelotons. Des arbalétriers gobelins stagnaient derrière les troupes frontales, escortés par les cavaleries garzoks, montée sur loups géants, et sektegs, montées sur sangliers. Parmi ces troupes terribles, des créatures de tous poils se dressaient ou volaient :
Des locusts, Mantis, scarabées géants et même deux énormissimes Juggernauts étaient présents pour représenter Aerq.
Des basilics, Rois Sauriens, Nagas pourpres et hommes-lézards étaient là sous les ordres de Sisstar.
Des Coquatrices et Katrels volaient frénétiquement autour des troupes, monstres de Xenair.
Leona, quant à elle, avait fait pousser à l’arrière de ces troupes une sorte de muraille de plantes-vivantes monstrueuses, empêchant quiconque de passer par là sans se faire dévorer. Tant leurs alliés qui souhaiteraient déserter que leurs ennemis souhaitant traverser leur armée pour rejoindre Oranan.

Tout ce monde, dans les armées principales, tant d’un camp que dans l’autre, piétinait les champs de céréales ynoriens, pas encore à maturité en ce début de printemps.

Plus à l’Est, deux formations se retrouvaient face à face, sur les vallons herbeux non cultivés, bien mornes en cette sombre matinée. Tout à l’est, l’armée des nains et des Duchés étaient arrivés un peu tardivement par rapport à leurs opposants directs, les troupes de Crean Lorener et Khynt. Ces derniers, composés d’autant de garzoks que de guerriers d’élites de Crean en armure sombre (et départis d’une bonne partie de leurs orques partis rejoindre l’armée principale d’Omyre) et de créatures mécaniques créées des mains de Khynt, barraient la route aux nains et aux cavaliers des Duchés. L’armée naine, impressionnante en nombre, semblait écraser de sa présence les adversaires d’Omyre. Même la seule cavalerie composée tant de cavaliers kendrans que des meilleurs chevaliers des différents duchés, dirigée par Robert de Pérussac en personne, paraissait minuscule à côté du déploiement de forces naines. Ils avaient pu se placer correctement face à l’armée ennemie grâce aux informations glanées par une éclaireuse particulièrement discrète, Nienna, compagne de Daemon. Le Général Throgg’In dirigeait ses troupes de fantassins à la hache et au marteau et arbalétriers depuis son bouc de combat caparaçonné aux armes de Mertar.


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Mais en face, ça n’allait pas être du gâteau. Les guerriers de Crean étaient de redoutables combattants, et les garzoks présents ne déméritaient pas. Et c’était sans même parler des créatures de Khynt : des sortes de Golems électrifiés, rares mais énormes, ou d’étranges et bien plus nombreuses troupes de bases formées d’êtres hybrides faites de métal. (1, 2 et 3). Il manquait, cruellement absents, à cette armée celle des Shaakts de Caïx Imoros, conviés par la Reine Noire mais ayant préféré rester dans l’ombre de leur ville souterraine. Un point faible à exploiter ? Quoiqu’il en soit, Khynt, dressé sur un destrier gris, menait cette armée depuis l’entre-formations.


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Tout ce monde rendait dans la plaine un murmure grondant permanent, ponctués de provocations, d’insultes, de cris de ralliement, de hurlements terrifiants. Le combat allait être mené, sans aucun moyen de faire demi-tour. Oaxaca brillait, elle, par son absence. Nul ne pouvait l’apercevoir parmi ses troupes, pas plus que Leona (malgré ses plantes), Xenair ou Cwedim. Nin non plus de Herle Krishok ou de cette mystérieuse armée d’elfes morts-vivants… Et encore moins le dragon noir d’Oaxaca. Haut dans les cieux volait une wyverne resplendissante, montée par la cruelle Sisstar, semblant superviser le champ de bataille depuis les hauteurs. Une sorte de volatile aux formes imprécises mais à la couleur rouge évidente voletait à ses côtés.

Dans Oranan, les troupes ynoriennes s’entassaient derrière et sur les murailles. Au sud, à l’est, au nord. Ils avaient le meilleur point de vue sur cette bataille à venir, en hauteur. Mais guère l’occasion, tant qu’ils restaient enfermés dans leurs forteresse, d’y participer. Les aventuriers présents dans la cité avaient été dûment invités par les dirigeants locaux à se rendre sur la muraille située juste au-dessus des portes, pour être témoin du commencement.

La ville était assiégée de toutes parts : Les navires aux voiles noires et les créatures de Perailhon (ainsi que son navire amiral) bloquaient, à bonne distance, tout accès au port. Les Liykors noirs des Blakalangs, dirigés par Sarl, occupaient tout le front nord de la cité. Les garzoks et créatures bestiales de Karsinar s’occupaient des pans Est et Sud, aidés au sud par les retors humains de Darhàm. Le prédateur et sa compagne louve se tenaient face à la porte Oranaise, à distance suffisante pour n’être pas fléchés. Comme deux insultes aux Ynoriens, provocateurs.

Au centre de la plaine, entre les deux camps, une poignée de personnes s’était avancée. Les émissaires officiels des deux armées. Le Comte Leamar Ybelinor représentait Kendra Kâr, escorté par le Général Andelys et le Garde Royal Anton du Val. Évidemment, Crean Lorener, premier des Treize et Général des Armées d’Oaxaca, représentait Omyre. Il était entouré d’Aerq, maître des espions de la Reine noire et, avec une surprise notable pour beaucoup, par Cromax. Un être à l’allégeance trouble jusqu’ici, lancé aux regards de l’alliance kendrane comme un partisan d’Oaxaca d’importance. Un coup de pression ? Une représentation politique ? Il était présent, et à cette place si singulière, en tout cas. La mine fermée et les armes au fourreau.

Tous les six avaient laissé un peu en arrière d’eux leurs montures, et se faisaient face. Une discussion commença, trop lointaine de tous pour en écouter les paroles. Des pourparlers pour tenter d’éviter, une dernière fois, la bataille. Une discussion qui, évidemment, ne sembla pas bien se passer. Chacun campait sur ses positions, les uns réclamant Oranan, les autres forçant une paix blanche et un départ des troupes. Assez rapidement, les six firent demi-tour vers leur monture. Le caractère sacré de la délégation officieille envoyée pour les pourparlers était tel qu’ils étaient intouchables… Ou presque, car c’était sans compter la fourberie du camp oaxien. Depuis les cieux élevés, une wyverne descendit subitement en piqué. Sisstar, sur son dos juchée, tenait dans sa main une lance. Sa cible était claire : elle visait le Comte Ybelinor, entremetteur principal de la délégation. La charge fut rapide, violente, insolente. Le Général Andelys, s’apercevant de celle-ci, se jeta sur le Comte avec force, le plaquant au sol de toute sa stature colossale. Une vie sauve… Et un sacrifice. La lance de Sisstar la grise transperça la lourde armure d’or et d’argent du Général bienveillant au niveau de l’épaule gauche. La pointe de la pique ressortit par l’avant, avant de disparaître et prendre la forme d’une épée dans la main de l’elfe grise qui reprenait son envol en ricanant. Un cri déchira les airs, celui d’un Andelys blessé grièvement. Suivi d’un autre, tranchant, provenant de Cromax en personne. L’elfe gris, frère du corps possédé par Sisstar, ne tarda pas à se changer en une créature de légende : un Dragon au dos pourpre et au ventre d’argent, qui prit aussitôt son envol à la poursuite aérienne de la wyverne et de sa sœur.

Cela déclencha le début des hostilités. De part et d’autre, les armées chargèrent. Les trois armées kendranes sur l’armée principale d’Omyre, les elfes sur les morts-vivants, les nains et troupes des duchés sur les armées de Crean et Khynt. Et vice-versa. Oranan ne donna pas l’ordre d’un assaut, ni non plus les troupes de Karsinar. Le statuquo semblait maintenu, là. Ils souhaitaient un siège, non un assaut. Ybelinor et du Val juchèrent un Andelys inconscient sur le dos de sa monture, que l Garde Royal tint par la bride pour revenir au grand galop vers les troupes alliées. Crean rejoignit aussi sa monstrueuse monture pour galoper vers ses troupes, à l’est. Aerq, lui, sembla se faire oublier, disparaissant dans un nuage sans plus laisser de trace.

La grande bataille de cette époque venait de débuter. Le choc des armées serait prompt, violent, sans pitié. Le sang allait couler à flots. Et parmi tout ce monde, une vingtaine d’aventuriers s’apprêtait à changer les choses. À donner à la bataille un visage tout autre que prévu si seules les troupes y avaient participé. Un grain de sable dans cette foule… Mais un gros.

À l’ombre de la muraille de végétaux formée par Leona, Xenair commenta à l’attention d’une certaine elfe blanche, désignant le centre de la plaine du doigt.

« Le roi. Quelle voie prendrons-nous ? »



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[HJ : A vous de jouer, maintenant.
Pour rappel, mes màjs sur le forum décriront l'avancée générale de la bataille et les moments spéciaux prévus par mon scénario (ou induit par vos actions). Votre partie RP, c'est sur Discord qu'elle va se décider.
Petit rappel et précisions des règles de cette seconde partie :
Vous pouvez poster entre UN et QUATRE RP par mois (max un par semaine). Vous avez donc jusqu’au samedi 31 juillet 2021, date de la prochaine màj pour préparer et poster ça.
Toute cette partie sera faite en semi-dirigé : Seul ou à plusieurs, vous allez projeter des initiatives de votre cru. Des objectifs. Suivant ces objectifs, je vous donnerai via discord des consignes personnalisées (combat libre encadré, combat dirigé, consignes autres…) qui vont donner lieu à des sujets de préparation RP, où vous préparerez, à plusieurs et/ou sous ma supervision, les différentes actions que vous mènerez (apartés, discussions et combat dirigés inclus).
Si vous avez des questions, le sujet Discord est là pour ça. SI vous avez des commentaires, la taverne est là aussi. N’hésitez pas !
Attention, celui qui me dit que mon plan est pas clair perd 3XP (cumulable si récidive). Na.]

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Azra
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Re: Plaines de Kôchii

Message par Azra » mer. 7 juil. 2021 20:00

Ils n'eurent que peu de temps de repos avant que Nienna, la fantôme de Daemon, n'apparaisse pour leur proposer de venir. Rendrak s'approcha, cette fois, mais sans venir jusqu'aux officiers. Azra écouta avec soin. Ils apprirent ainsi que l'ennemi les avait devancé et s'était placé entre eux et Oranan. Crean et Khynt attendaient une armée shaakt qui tardait à venir mais ne semblaient pas s'en inquiéter... En revanche, le plus étonnant était la présence d'Eldros parmi les ennemis ! Donc leurs anciens « compagnons » avaient réussi à s'échapper... Et Ezak qui ne voulait pas le croire quand il disait qu'ils n'avaient pas fini d'avoir des problèmes avec Silméria ! Car si Eldros s'en était sorti, alors il n'y avait aucun doute pour elle. Azra serra les poings :

« Daemon, peux-tu envoyer Nienna avertir Ezak ? Si la tueuse s'est échappée aussi, lui et le roi courent un grand danger. Elle pourrait chercher à se venger, voire à finir sa mission meurtrière... »

Puis, il se tourna vers Perrussac :

« Que comptez-vous faire ? Allez-vous charger les flancs avec votre cavalerie ? Dans ce cas, je vais tenter d'affaiblir leur formation juste avant le choc. »

Le semi-shaakt n'était pas prêt à se séparer de son fantôme, alors que celui-ci n'avait que peu de chances de repérer Ezak. Le comte émit l'idée de prévenir le roi, sans plus de succès. Cependant, la charge était imminente, et il allait maintenant falloir la préparer...

Ils se mirent rapidement d'accord sur un plan. Maâra avait invoqué un redoutable liykor squelette, elle aussi, ce qui amena à pas mal de regards intéressés entre Rendrak et ce « Stor Varg »...

Aussitôt décidé, tous se mirent en place. Alors que les cavaliers prenaient du champ pour charger par le nord, les liykor se mirent à avancer, d'abord lentement, puis de plus en plus vite. Azra suivait de prêt, préparant sa magie... Les deux monstres couraient, fondaient sur l'ennemi décontenancé par ces créatures à l'aspect redoutables, mais qui semblaient n'avoir que peu de chances face au mur de leurs lances et de leurs boucliers...

Les ténèbres se concentrèrent entre les mains d'Azra, formant une masse instable, qu'il peinait lui-même à contenir... Les liykor approchaient... plus que vingt mètres... dix mètres... Azra lança son obus magique en cloche !

Alors que les deux bêtes allaient s'empaler sur les lances, une explosion terrible disloqua la première ligne. Aussitôt, les deux bêtes s'y engouffrèrent, hurlant, frappant, comme prises d'une frénésie meurtrière ! Les garzok furent totalement pris au dépourvu : l'ennemi était directement dans leurs rangs ! Et sans attendre, il entama une danse mortelle, d'abord hésitante, puis, portée par la bataille, de plus en plus rodée et redoutable ! L'enchaînement brutal d'Ezak commença à se déployer dans un tourbillon mortel de la chaîne du guerrier mort-vivant !

Les hurlements lupins se mêlèrent à ceux de leurs victimes, et Azra se rua en avant pour les rejoindre. À peine quelques mètres plus loin, le bord de la cavalerie des duchés frappa le mur de bouclier déjà ébranlé. Ayant déjà ajouté son grain de sel au début, Azra avait grande hâte de terminer de vider son sac d'or blanc ! Il se rua devant la mêlée et éclata d'un rire hystérique :

« Ah ah ah ah ah !!! Votre fin est résolue, mortels ! »

Et son pouvoir se déploya en une onde sinistre, propre à tordre l'estomac des plus courageux... une vague de désespoir déferla sur l'armée ennemie alors que le nécromancien plongeait dans la mêlée ! Les liykor avaient déjà fait un beau carnage, déchiquetant leurs proies à coup de griffes et de crocs, au point d'être déjà gantés de sang et vomissant la mort rouge...

Mais bientôt, le fauve de Maâra se replia, fendant à nouveau les rangs ennemis, mais par derrière, bousculant férocement jusqu'à se tailler un passage pour rejoindre sa maîtresse. Qu'à cela ne tienne, Azra était lancé, son bâton dans une main et sa dague dans l'autre. Le premier servait à tenir à distance les ennemis, jusqu'à ce qu'une ouverture lui permette d'utiliser la deuxième pour frapper. Les garzok qui lui faisaient face auraient été mortels s'ils avaient été unis, mais leur ligne de bataille brisée avait laissé place à une pagaille générale dont le nécromancien pouvait profiter. Avisant la présence de plusieurs guerriers hésitant, il entama sa propre danse... Son geste était encore hésitant, mais la dague chantait, avide de nouvelles âmes, et il allait la contenter...

Coup de bâton vers l'avant pour en repousser un, coup de taille de la dague, pas sur le côté, ouverture de la garde avec le bâton et deuxième attaque... réussie ! Deux âmes intégrèrent en hurlant la lame. Deux cadavres de garzok gisaient à ses pieds. Azra poussa un cri de triomphe !

La masse des ennemis se faisait pressante, mais la cavalerie était juste à côté et faisait des ravages. Mais des forces commençaient à s'assembler contre elle. Un peu plus loin, Azra vit un imposant guerrier à l'épaisse armure noire. Un colosse déshumanisé qui frappait furieusement d'une énorme épée à deux mains. Il trancha en deux un cavalier puis, après avoir planté son arme en terre, il saisit le cheval, le souleva de ses deux mains avec un grondement furieux et le projeta contre un autre cavalier, le renversant à terre avant de ressaisir son arme. Voilà enfin un adversaire à sa mesure ! Non loin, Azra vit un jeune cavalier armé d'une lance et protéger par un faible gambison, qui avait aussi remarqué le monstre et semblait hésiter. Le nécromancien tendit sa dague vers le titan noir en criant :

« Voilà une cible digne de nous ! Forçons-nous un passage jusqu'à elle ! »

Rendrak gronda :

« T'as dit forcer ? Ok ! »

Et, usant de son bouclier pour fléchir tout ce qui se trouvait sur son chemin et de sa force surhumaine, il rejeta en arrière les garzok alentours pour permettre à son maître de se tailler un chemin. Pendant ce temps, le jeune soldat avait lui aussi chargé, écartant les troupes désorganisées du poids de son cheval avant de fondre sur le monstre, auréolé d'une lumière magique. Mauvaise idée : il fut ainsi repéré et esquiva de justesse un monstrueux coup de taille !

Rendrak arriva à son tour et envoya sa chaîne vers le colosse, mais celle-ci ne fit que rebondir sur l'armure. En retour, un coup d'épée monumental rebondit sur le bouclier et repoussa même le grand squelette d'un pas sur le côté ! Azra se glissa autour, se gardant bien de s'approcher de la lame mortel d'un adversaire aussi redoutable. Il observait et analysait ses actions, pour anticiper au mieux ses mouvements tandis que Rendrak bataillait férocement pour essayer de franchir la garde du colosse.

Mais la solution vint à l'improviste quand le jeune cavalier sortit de petites pierres de sa besace en criant des paroles magiques. Des runes !

« Oh bordel ! Tous à couvert ! » pesta Rendrak.

Il se rejeta de côté alors que la lance se changeait en un arc de foudre qui fondit vers le guerrier. Celui-ci esquiva au dernier moment, mais la foudre se propagea dans le sol et parcouru l'armure du géant qui se convulsa violemment, paralysé par la foudre.

« Oui ! » s'exclama Azra en se ruant en avant.

Sa dague bondit en avant profitant de l'immobilité de la cible, et se glissa dans la fente de l'armure pour se planter dans sa gorge. Crachant du sang en si grande quantité qu'il sortait même du heaume, le guerrier s'abattit, mort.

Le nécromancien leva un pouce à l'intention du jeune soldat :

« Bien joué ! »

Puis, il décida qu'il était temps de passer aux choses sérieuses... Il avait suffisamment d'âmes dans sa dague pour déchaîner ses pouvoirs ! Phaïtos allait faire connaître sa colère aux armées de la souffrance... Les âmes se mirent à tourbillonner autour de lui, furieuses et avides de retrouver la fureur de la bataille... et c'est ce qu'elles allaient faire. Rejoignant leurs cadavres, les âmes du guerrier de Crean et de deux garzoks firent quasiment fondre la chair, devenue flasque, alors qu'ils se réincarnaient dans les squelettes dépouillés. Ramassant leurs armes, les guerrier étaient prêt à servir leur nouveau maître !

Riant, Azra cria :

« De nouvelles recrues pour l'armée des duchés ! Allez-y, mes compagnons ! Brillez une dernière fois avant de rejoindre la paix de l'autre monde ! »

Et les trois guerrier, dont l'âme trempée dans l'acier du guerrier de Crean, se ruèrent au combat, taillant, massacrant et frappant dans les rangs ennemis. Un spectacle qui, au-delà de l'efficacité de trois soldats supplémentaires, acheva s'ouvrir les rangs ennemis, nombre de soldats refluant, paniqués, tentant de reformer les rangs face à la charge terrible qu'ils venaient d'encaisser, de la part du nécromancien et de la cavalerie.

Azra se saisit de sa gourde pour boire une potion, alors que le cavalier s'approchait, lui demandant s'ils pourraient discuter par la suite. Le nécromancien hocha la tête. Oui, ce serait possible... s'ils survivaient tous deux ! Il but sa potion et se prépara à retourner au combat, cherchant des yeux un automate de Khynt. Il allait bien trouver une cible à sa mesure !

(((apprentissage final de l'enchaînement brutal pour Azra et Rendrak (début ici et suite ici). Usage de la capa peur des deux liykor. Usage d'un obus magique de rang 4 d'une vague de désespoir de rang 4 et d'une animation des morts de rang 4 pour un total de deux garzoks de niveau 9-10 et un guerrier de Crean niveau 19 relevés pendant 6 tours, boit une potion de mana)))

[XP : 2 (combat) + 4 (apprentissages validés pour Azra et Rendrak)]
Modifié en dernier par Azra le sam. 10 juil. 2021 10:47, modifié 2 fois.

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