Ce qui semblait un château est en réalité une structure bien plus complexe. Fortifiée, mais parsemée de trous d'envol, elle impose une silhouette de taille modeste pour un humain, mais tout de même extraordinaire si on considère la taille des aldrydes qui y vivent !
L'entrée est très étroite et débouche sur une cour ouverte où patientent deux cents aldrydes en armures lourdes. Derrière cette cour, un passage débouche sur une nouvelle, bien plus vaste, où se dresse un extraordinaire amas de branchages et de tiges d'encens, attachés par des fils de soie. On dirait une sorte de château de bois de bien dix mètres de haut, avec des trous d'accès et dont la forme évoque indubitablement le gigantesque nid d'un rapace.
"Voyez ! Le cœur de notre sanctuaire ! proclame Vala'iss. Le Nid du Phénix, assemblé patiemment pendant les derniers siècles, suivant des plans ancestraux ! Nos seuls contacts extérieurs sont des expéditions secrètes pour en rassembler les ingrédients ! Et cette nuit, le cycle s'achèvera ici et la fontaine de jouvence renaîtra ! Que commencent les réjouissances !"
Alors, tandis que les ombres du soir tombent sur la Ruche du Phénix, des aldrydes affluent de partout, apportant des mets dans un ballet aérien impressionnant. Ce sont de véritables escadres qui apportent toute sorte de nourriture avant de se livrer à une fête aux proportions improbables : car les aldrydes n'ont pas la restriction de rester au sol et bien des conversations, des festivités et des joutes se déroulent au dessus de vous !
Fatalement, la nourriture peut sembler peu abondante pour des humains, mais elle est suffisante pour vous sustenter. Il y a là quelques fruits, mais aussi des champignons des cavernes, de l'alcool à base de suc de chonkras, des larves de chonkras, peu appétissantes au premier abord mais au goût exotique appréciable... Il y a même des petites choses croustillantes qui se révèlent être des chrysalides vides de chonkras grillées ! Si vous demandez aux aldrydes autour de vous, vous apprendrez sans surprise que ces étranges chenilles qui produisent le slim, le tissu dont sont fait leurs vêtements, sont à la base d'une bonne partie de l'alimentation, ici ! Elles sont élevées au sommet du pic, broutant des lichens et des arbustes résistant au froid.
Alors que la nuit tombe, les aurores envahissent le ciel. Curieusement, elles semblent plus faibles qu'à leurs débuts. Pour autant, le spectacle est toujours aussi magnifique. Des flambeaux sont allumés un peu partout, enrichis d'encens, et la musique éclate un peu partout autour de vous. D'ultimes joutes sont organisées entre mâles, entre femelles, ou intersexe, ou chacun fait la démonstration de ses talents de vol. Certains poussent le risque jusqu'à danser et cabrioler avec des flambeaux en main, dessinant des arabesques lumineuses aussi belles que dangereuses, car il faut prendre garde à ne pas incendier ses ailes...
Puis, bientôt, les chants s'unissent jusqu'à en former un, qui n'est pas sans évoquer des souvenirs à Mathis... et pourtant il est différent. Une version ancestrale et sans doute plus proche de ce qu'il était... et aussi beaucoup plus joyeuse !
"La mort était vent et lumière,
Quel spectacle merveilleux s'il y avait eu des yeux !
Le monde n'était qu'une nuit d'enfer,
Jusqu'à ce qu'ils naissent au milieu.
Une étincelle de flamme et de feu,
Née pour la vie, dansait parmi eux !
Quelle beauté, quelle merveille !
C'est par lui que le monde s'éveille !
Quels mots pourraient être assez malin,
Pour son don qui nous éclaire ?
Il n'y en a pas, pas besoin,
Si ce n'est de lui dire « Merci bien » !
Merci bien, pour la lumière de la vie,
La chaleur et la douceur du foyer.
Merci bien pour le chemin tracé ici,
Celui de la fête et de la gaîté !
De ses ailes il a ralentit le vent,
Pour que de nous tous s'assemblent les éléments !
Naissant du néant, nous levons les yeux,
Et croisons son regard chaleureux.
Dans le silence, s'élevèrent les premiers chants,
Le crépitement du feu, et nous, dansants, le célébrant !
Notre cœur bat au rythme de sa vie,
Et de tout cœur, nous lui disons merci !
Merci bien pour les doux nuages des cieux,
Sans tourmente, ni chagrin des dieux,
Car les autres, tous, chantaient le refrain,
Lui clamant « Merci bien » !
Lorsque la terre s'ouvrit, que l'ombre s'en vint,
La terreur, gueule avide de pouvoir, est monté des souterrains,
Le ciel n'était plus un refuge sain,
Alors, il est aller défier l'ennemi sur son terrain.
Ses mots étaient aussi doux que sa colère était brillante,
Son âme frappait par grâce et gloire étincelante.
Une nouvelle paix, par ses mots avisés fut trouvée,
Et les frères ennemis enfin réconciliés.
Merci bien pour avoir combattu l'ombre,
Sauvez nos vies condamnées à la tombe.
Malgré de son ennemi le venin,
Il est revenu et nous lui disons « Merci bien » !
Lorsque la mort vint réclamer son dû,
Croyez-vous qu'il se serait avoué vaincu ?
Certes non, il chercha une solution,
Et ses yeux se portèrent vers l'horizon.
Il partit aux confins des étoiles, entourés de ses frères,
Jusqu'à arriver sur une nouvelle terre.
Sur les hauteurs des montagnes il fit son nid,
Afin que tous les cinq cents ans, renaisse la vie !
Depuis, ici, nous l'attendons et nous chantons,
Sa volonté nous célébrons, jamais n'oublions,
Le temps passe, le souvenir fuit, reste le refrain
Nous chantons pour lui dire « Merci bien » !"
(((illustration et musique ici)))
Alors, les étoiles semblent briller plus fort. Les flambeaux voient même leurs flammes se mettre à danser, et les ombres également, dansent et dansent sur les murs, sans plus suivre les mouvements de ceux qui les portent ! Une véritable transe, mélange de joie, de douceur et de tristesse, envahit l'audience, et, dans le ciel, les aurores s'agitent, s'écartent comme des portes merveilleuses faites de lumières extraordinaires. Et au milieu, glorieuse dans une aura de flammes, si belle et si étrange, apparaît une forme de flamme évoquant un oiseau qui approche, qui descend du ciel.
Vous êtes submergé par un sentiment complexe que vous devinez ne pas être le vôtre mais celui de l'entité qui vient. Un mélange de joie et de tristesse, comme un vieux père de famille, longtemps séparé de ses enfants, et qui les voit aujourd'hui rassemblé autour de son lit de mort. Lentement, il descend, immense et illuminant toute la Couronne des rois de sa lumière ardente, et de nouvelles pensées se forment dans votre esprit. Il cherche à comprendre... à retrouver votre langue pour pouvoir la parler... et alors, enfin, sa voix retentit dans votre tête :
(Une fois de plus, alors que le cycle touche à sa fin, vous avez traversé les millénaires pour être toujours au rendez-vous, mes enfants. Malgré la peine qui m'accable, sachant vos sacrifices, je chante vos louanges, comme les chante le reste de votre peuple. Le chant des exilés qui ont tout sacrifié pour assurer la renaissance du cycle. Je vous salue aussi, représentants de Yuimen. Vous aussi, par delà les générations, vous êtes toujours fidèles au rendez-vous. Je sais que vous avez bien des questions, comme ceux qui vont ont précédé. Nous aurons très bientôt l'occasion d'y répondre. Mais, alors que ma vie touche à son terme, permettez que je communie une dernière fois avec mes enfants perdus...)
Il semble se ramasser sur lui-même, rentrant la tête dans les ailes, et une onde parcours l'assistance, comme une douce pensée qui envahit les esprits. Si les humains ne ressentent qu'une aura bienveillante. Tous les aldrydes semblent pendant un instant plongés dans l'extase. Impossible de ne pas être heureux en cet instant, au point que la plupart fondent en larmes de bonheur. Impossible également de douter de la révélation qui vient de se faire en eux : Les aldrydes ne sont pas un peuple de Yuimen, à l'origine. Ils viennent d'un monde à la fois proche et lointain appelé Avissérion. Le monde des oiseaux. Là, les quatre dieux oiseaux ont chacun leur peuple, et les aldrydes sont les enfants du Phénix. Une partie de leur peuple a émigré vers Yuimen par amour pour leur père, se privant de sa présence pour pouvoir préparer sa mort et sa renaissance. Un sacrifice et un isolement qu'il ne leur a jamais demandé, bien au contraire, mais qu'ils ont choisi en secret pour l'aider à protéger leur peuple et tout Avissérion de l'extinction.
Aujourd'hui, cette tâche sacrée va de nouveau être mise à l'épreuve. Et vous, aventuriers de Yuimen, êtes appelés par le destin à y contribuer.
(((Libre à vous de RP la fête comme vous l'entendez. Si vous avez des demandes de précisions à faire, n'hésitez pas !)))