Les Rues

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Yuimen
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Les Rues

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 14:37

Les rues de Kers

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Les rues de Kers sont animées et les pas de ses habitants sont accompagnés des fleurs accrochées aux fenêtres des gracieuses maisons de l’une des plus anciennes cités de Yuimen. Plusieurs grandes avenues la découpent, agrémentées de petites ruelles adjacentes n’en restant pas moins agréables à l’œil, mais vous peineriez à y trouver un quartier beaucoup plus pauvre qu’un autre, pas plus que vous n’y trouveriez de mendiant. Les bâtiments eux-mêmes sont de pierres surmontées de coupoles colorées allant du vert à l’ocre en passant par le bleu, le jaune ou le brun selon les lubies de son constructeur, mort il y a peut-être de ça plusieurs centaines d’années.

Dans cette cité si peu touchée par le crime, les citadins vêtus d’habits colorés vaquent paisiblement à leurs occupations tandis que les marchands s’esclaffent les uns avec les autres. Il n’est pas rare de voir une échoppe vide, quoique ornée d’un petit écriteau sur lequel il est indiqué que le commerçant est allé boire un verre dans le magasin d’à côté.

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Yliria
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Re: Les Rues

Message par Yliria » dim. 28 avr. 2019 10:49

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Un jeu dangereux

Je tendis donc la centaine de yus au marchand avant de le remercier chaleureusement pour ses conseils et pour les runes que je rangeai avec les autres, les fioles disparaissant dans mon sac. La rune signifiant « Défendre » pourrait être très utile, mais pour celle qui voulait dire « Livre », je me demandai à quoi elle pourrait bien servir. Un jour, il faudrait que je trouve une utilité à toutes ces petites pierres, je commençais à les entasser. Sortant de la boutique, je repris tranquillement le chemin de l’auberge, flânant un peu çà et là pour profiter, comme à chaque fois, de l’ambiance et de la beauté de la cité qui n’en finissait pas de m’éblouir. Le soleil commençait doucement à décliner dans le lointain, mais l’activité était toujours aussi impressionnante, comme si rien ne semblait pouvoir la freiner. Une fois rentrée à l’auberge, je constatai que Nyllyn n’y était pas, ce qui me surprit un peu. Demandant à l’aubergiste s’il l’avait aperçu, il prit un air légèrement soucieux qui m’alarma aussitôt et ce fut sans détour que je lui demandais si quelque chose avait pu se produire.

- Et bien… elle m’a posé quelques questions sur l’île qui abrite le volcan. Elle voulait s’y rendre et je lui ai indiqué un passeur… mais je l’ai mise en garde car cet homme n’est pas très recommandable.

- Pourquoi faut-il un passeur pour se rendre là-bas ?

- C’est un endroit dangereux. J’ai eu beau la mettre en garde, elle voulait absolument s’y rendre et elle est partie.

- Pouvez-vous me donner l’adresse du passeur ?

- Je vous l’ai dit, cette île est…

- Je me fiche de cette île, mais Nyllyn a peut-être des ennuis, je veux juste m’assurer qu’elle va bien. S’il vous plaît !

Je m’alarmais peut-être pour rien, mais cela faisait un moment qu’elle était partie, ce n’était pas normal. Il me donna donc l’adresse, m’expliquant comment m’y rendre tout en me conseillant de ne pas trop trainer. La ville avait beau être sûre, tout n’était pas parfait non plus et certains esprits mal intentionnés auraient tôt fait de profiter d’une personne seule dans les rues à une heure tardive, comme partout ailleurs. Je sortis donc en trombe et marchai d’un pas vif vers l’adresse du fameux passeur. Elle était presque à l’autre bout de la ville. Dans ce quartier, pas de jardins ou de jolis plan d’eau et, bien que les bâtiments soient sensiblement les mêmes, il y avait quelques différences de décoration et d’entretien qui laissait entrevoir qu’il n’était pas aussi entretenu que le reste. De là à dire que c’était un quartier pauvre, il n’y avait qu’un pas, mais je préférai ne pas m’avancer.

Arrivant devant la porte d’un bâtiment tout à fait similaire aux autres, je frappai trois coups et attendis patiemment qu’on daigne ouvrir. Un homme d’une tête de plus que moi apparut dans l’encadrement de la porte et baissa les yeux vers moi, soupirant avant même que je n’ai pu dire quoi que ce soit.

- Ce n’est pas un lieu pour t’amuser gamine… va embêter quelqu’un d’autre, je suis occupé là…

- Je ne m’amuse pas, je cherche une jeune taurionne, elle aurait dû venir vous voir aujourd’hui, ça vous dit quelque chose ?

Il se passa une main sur le visage d’un air ennuyé et répondit avec une évidente mauvaise grâce.

- Ouais j’l’ai vu. Pourquoi autant de gens la cherche c’te gosse ?

- Quoi ? Qui la cherche ?

- J’sais pas, un type, un Sindel un peu bizarre. Il est passé y’a pas longtemps. Je lui ai dit qu’elle était partie au port, parce que Joris est là-bas et il est parti.

Le remerciant rapidement tandis qu’il soupirait en fermant la porte, je me mis immédiatement en quête du chemin menant au port de la ville. Faisant fi des passants, je me mis à courir le long de rues pavées, évitant du mieux que je pouvais chaque passant qui se dressait sur mon chemin, provoquant parfois des cris de mécontentement ou des soupirs agacés. J’ignorai tout cela, entièrement focalisée sur ma course, veillant à ne pas perdre une minute afin d’atteindre le port au plus vite. Rien ne disait que Nylln soit en danger, mais je n’aimais pas l’idée que quelqu’un soit à sa recherche. Surtout que nous n’étions pas ici depuis longtemps, donc cela devait forcément être lié à nos recherches d’une manière ou d’une autre. J’imaginai Nyllyn clamer à tout-va ce que nous cherchions pour avoir des informations et attirer l’attention. Je chassai ces pensées de mon esprit. Elle n’était pas stupide, probablement que quelqu’un nous avait entendu discuter et avait décidé d’en savoir plus et puisqu'elle était dehors une partie de la journée… Merde, merde, merde.

La route menant au port passait par une avenue bondée qui me ralentit considérablement. Les passants semblaient par ma façon de faire un peu impolie, mais je n’en avais pas grand-chose à faire là encore. Je vis bien le regard suspicieux d’un garde tandis que je passais en vitesse devant le duo de soldat, mais le temps qu’ils se mettent à ma recherche, je serai déjà loin, donc j’ignorai leurs appels, bien décidé à atteindre le port le plus vite possible. Peut-être que je me faisais des idées, peut-être que ce fameux Sindel connaissait Nyllyn ou qu’il l’avait croisé et voulait simplement lui parler ou faire un numéro de charme. Mais j’avais un mauvais pressentiment, et rarement les choses se passaient bien lorsque ce genre de sensation m’envahissait.

(Reste calme surtout.)

(Ce serait tellement plus simple si elle pouvait t’entendre !)

(Je ferais le messager en permanence, non merci, ce n’est pas mon rôle. Mon rôle c’est de te guider.)

(Parfait, alors je vais où là ?)

(Droite, puis gauche, tu y es presque !)

Je suivis donc les indications d’Alyah pour déboucher enfin sur le port, haletante et le front en sueur. Le soleil avait beau commencer à disparaître derrière les bâtiments, il faisait encore suffisamment chaud pour me mettre en nage après une telle course. Reprenant de longues goulées d’air, je scrutai les environs, m’élançant alors dans l’espoir de retrouver Nyllyn saine et sauve et en parfaite sécurité.

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Yliria
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Re: Les Rues

Message par Yliria » lun. 29 avr. 2019 15:14

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L’affrontement avec le Sindel refroidit quelque peu les ardeurs de Nyllyn. Durant les quatre jours qui suivirent, elle fut particulièrement calme, se contentant de m’accompagner lors de mes recherches. Même si elle s’ennuyait, pas une seule fois elle ne se plaignit. La rencontre l’avait profondément troublée et elle semblait surveiller sans cesse les environs, où que nous soyons. Je faisais de même, mais rien d’autre ne survint pendant ces quelques jours où je m’évertuai à trouver des informations sur cette fameuse île. Et, par Meno, c’était absolument aberrant de constater qu’il n’y avait pour ainsi dire rien à se mettre sous la dent. Personne ne semblait aller sur cette île, ou bien les rares qui y soient allés n’en étaient pas revenus ou n’avaient pas souhaité raconter ce qu’ils y avaient vu. La seule source d’information résidait dans le petit journal que le bibliothécaire avait déniché, et c’était bien maigre. Le narrateur ne connaissait rien des espèces qui y vivait, parlant de créature, de plantes, de … trucs qu’il ne connaissait pas et qui l’effrayait. Autant dire que je n’étais guère avancée.

Le bibliothécaire, visiblement ennuyé que la lecture du journal ne m’ait pas totalement fait oublier mes recherches, fut cependant curieux lorsque j’apportai quelques nouveaux éléments. Et bien qu’il semblait très intéressé à son tour pour trouver un ouvrage sur cette fameuse île, après quatre jours de recherches, il fallut se rendre à l’évidence, il n’y avait rien de tel dans cette bibliothèque. Il semblait fort ennuyé par cette situation, encore plus que moi. Il promit de se renseigner auprès de ses collègues, visiblement vexé à l’idée que de telles informations ne soient pas répertoriées dans l’établissement qu’il gérait. Faire chou blanc à ce stade était frustrant et il nous fallait désormais trouver une nouvelle source d’informations. Ce qui était facile à dire, mais autrement plus complexe à trouver.

Installées dans un jardin non loin d’un point d’eau, à l’ombre d’un grand arbre qui nous protégeait de l’écrasante chaleur qu’offrait le soleil, Nyllyn et moi explorions quelques pistes. Ses propositions étaient toujours farfelues et nous auraient immanquablement menées à fricoter avec des hors-la-loi, ou au moins des gens louches et probablement peu regardant de la loi en vigueur ici. Je m’efforçai de la remettre sur le droit chemin. Nous avions eu déjà suffisamment d’ennui, autant éviter de réitérer ce genre de choses.

- On pourrait toujours contacter le passeur, non ? Je n’ai pas eu le temps, mais il doit avoir des informations s’il emmène des gens sur l’île.

- C’est une idée. Encore faut-il qu’il emmène vraiment quelqu’un sur cette île. Je commence à comprendre pourquoi on l’appelle ainsi.

- C’est sûr que c’est moins long que « l’Île sur Laquelle Personne ne Veut Aller Parce que C’est Dangereux et Que Tu Peux y Mourir dans d’Atroces Souffrances».

Je levai les yeux au ciel, esquissant tout de même un sourire, trouvant d’autres noms farfelus pour nommer l’île en allant chez le passeur. Sentant un frisson le long de mon échine, je me retournai soudainement pour scruter la foule, mais sans rien voir, attirant l’attention inquiète de Nyllyn. J’eus beau me retourner de manière irrégulière, j’avais l’étrange impression d’être suivie sans pour autant réussir à repérer le ou les responsables. Nyllyn proposa de retourner à l’auberge, mais je refusai. Mieux valait rester au milieu de la foule et non pas seules dans notre chambre, c’était moins dangereux. Alyah proposa de voleter pour voir de quoi il en retournait mais ne parvint pas plus que moi à repérer quoi que ce soit, la foule étant trop importante.

Il nous fallut une petite demi-heure pour arriver chez le passeur. Le même homme nonchalant m’ouvrit et soupira en nous voyant, nous autorisant tout de même à entrer cette fois. L’intérieur était à l’image de la ville, propre et coloré. L’ameublement était simple mais l’ambiance était chaleureuse. L’homme nous amena dans une pièce servant de pièce à vivre ou un autre semblait occupé à compter des petits tas de pièces. Il leva son nez de son magot et fronça les sourcils lorsqu’il nous vit. Celui qui nous avait ouvert nous laissa avec lui et le passeur nous fit signe de nous asseoir sur les chaises disposées autour de la table. Il prit quelques instants pour sortir de quoi écrire et décala son butin avant de se présenter. C’était un Hafiz du nom de Jonas et il précisa que l’autre était son jeune frère. Après les présentations, la conversation alla directement à l’essentiel et, s’il ne fut pas surpris par notre demande, il prit un air dubitatif.

- Vous êtes un peu jeunes pour vouloir mourir à ce point… enfin c’est votre problème, tant que vous avez de quoi payer.

- Avant cela, vous pouvez nous en dire plus sur l’île ?

- Pas vraiment, je ne fais qu’emmener les inconscients qui veulent y pénétrer. Aucun n’est jamais revenu pour raconter. Je sais simplement qu’il y a des tribus de Woran, des bestioles dangereuses et un lieu de magie obscur, comme tout le monde.

La discussion porta surtout sur les modalités en cas d’une éventuelle expédition pour y être amené, le prix, le temps de transport, ce genre de choses. Le moins que l’on pouvait dire, c’est qu’il ne laissait rien au hasard. Il nous mit de nombreuses fois en garde, nous conseillant vivement de ne pas tenter l’aventure. Lorsque Nyllyn lui demanda s’il était aussi réticent avec tous ses clients, il indiqua simplement que conduire des aventuriers inconscients ou chevronnés ne l’ennuyait pas, mais deux jeunes filles, cela lui posait un cas de conscience. Je notai néanmoins tous les conseils et les informations qu’il pouvait donner avant de prendre congé. Il nous souhaita de ne jamais revenir le voir, ajoutant qu’il préférerait que nous ne renoncions à notre idée. Nyllyn roula des yeux, mais s’abstint de tout commentaire et, après l’avoir remercié, nous reprîmes le chemin de l’auberge, pas beaucoup plus avancées.

L’esprit obnubilé par les mises en garde du passeur et les informations éparses que j’avais pu obtenir, je mis quelques instants à remarquer que Nyllyn me donnait des coups de coude discrets pour attirer mon attention.

- Je crois qu’on est encore suivi.

Je dus faire un violent effort pour ne pas me retourner aussitôt, demandant à la place comment elle le savait.

- Un type appuyé contre un mur, il s’est mis en marche dès qu’on a commencé à s’éloigner. Un Hafiz. Pas très discret.

Je jurai intérieurement. Mon pressentiment se révélait exact, ce qui ne me plaisait pas du tout. D’un commun accord, Nyllyn et moi décidâmes de semer celui qui nous suivait, prenant des ruelles adjacentes de manière aléatoire, détalant dès que nous passions l’angle de la rue. Notre petite combine fonctionna car Nyllyn pu se rendre compte que nous n’étions plus suivies. Ou qu’il était bien plus discret à présent.

- Qu’est-ce qu’on fait ?

- On retourne à l’auberge. De toute façon, on ne va pas rester dans les rues pendant la nuit, ce serait bien trop dangereux vu notre situation. J’aurais préféré qu’il ne sache pas où nous logeons… mais on n’a pas le choix.

- Tu as l’air de savoir comment gérer ça… ça t’arrives souvent ce genre de choses ?

- Non, d’habitude ça ne prend pas aussi longtemps pour que les ennuis commencent, ils me tombent dessus sous trois jours en général.

- Comment tu peux être aussi calme ?

Je la regardai dans les yeux, y lisant une angoisse qui aurait également dû me comprimer la poitrine. Ce n’était cependant pas le cas, et cela me perturba. Pendant la mission à Tulorim, chaque pas dans les rues pouvait signifier ma mort, ou au moins une attaque. Mais ici, tout semblait plus sûre, plus tranquille. Etais-je trop détendue ? Ou bien, ayant vécu pire, cela ne me faisait pas autant d’effet ? Il allait rapidement falloir revoir notre façon de faire, nous ne pouvions pas continuer à attirer l’attention ainsi. Plus vite nous atteindrions l’île, plus vite nous pourrions repartir… Il fallait nous dépêcher.

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Yliria
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Re: Les Rues

Message par Yliria » sam. 13 juil. 2019 02:01

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Notre arrivée à Kers ne fut pas aussi discrète que je l’avais imaginée. Beaucoup de curieux vinrent voir la caravane et des soldats escortèrent notre petite troupe sous les regards intrigués des passants. Je vis quelques personnes saluer un proche du convoi et une boule me comprima la poitrine lorsqu’une femme fondit en larme en ne voyant pas celui qu’elle attendait. Près de la moitié de l’expédition avait disparu et les familles devaient être nombreuses à avoir perdu un proche dans l’histoire. Izar’tho resta parfaitement stoïque, mais je le vis clairement serrer la manche de son arme. Théodore Joraquin avançait sans vraiment se préoccuper des regards, parlant avec un homme vêtue de blanc et de vert qui avait passé le cordon des soldats qui nous entourait. Je jetai un œil à Nyllyn qui n’en savait guère plus que moi et se contenta d’un haussement d’épaule comme seule réponse. Je m’en contentai pour le moment et la foule finit par se disperser lorsque nous pûmes enfin quitter le convoi, deux heures après notre arrivée. Izar’tho vint cependant nous voir, Nyllyn et moi, et nous prit à part.

- Maître Joraquin aimerait vous voir chez lui. Pour votre salaire, mais pas seulement. Si vous voulez bien me suivre toutes les deux.

Nous acceptâmes et le suivîmes dans les rues de Kers, toujours aussi belle et colorée que dans mes souvenirs. J’aurais préféré pouvoir me plonger dans un bain et profiter d’un vrai lit une fois arrivée, mais Nyllyn semblait impatiente d’avoir assez d’argent pour se payer son armure, aussi je ne cherchais pas à discuter et suivis le mouvement. Je posai néanmoins la question à Izar’tho.

- Qui était l’homme qui parlait avec Monsieur Joraquin ?

- L’homme qui… ah, Franrol, un noble qui a en partie aidé à financer l’expédition, du moins son penchant plus scientifique. Il avait l’air content du résumé de maître Joraquin sur ce sujet, même si nous avons payé le prix fort pour cela…

- A ce propos… j’aurai aimé revenir plus tôt parmi vous…

- Ne dites pas de sottises Yliria. Vous avez survécu seule pendant plus d’une semaine sur cette île et votre amitié avec les Woran nous a évité bien d’autres déboires. J’espère que vous ne ruminiez pas ces pensées depuis notre départ de l’île !

- Non c’est… en voyant la femme en pleurs tout à l’heure, je me suis sentie un peu...

- Il faudra vous y faire hélas. On ne peut pas toujours sauver tout le monde. Mais n’allez pas croire que c’est votre faute. Chacun connaissait les risques et vous avez fait de votre mieux, personne ne dit le contraire.

Je jetai un œil à une Nyllyn qui me souriait, confirmant les paroles du chef des mercenaires. Cela allégeait un peu le sentiment de malaise qui naissait en moi.

(Tu te prends trop la tête Yli !Tout ne repose pas sur tes petites épaules. Occupe-toi de toi, t’as déjà suffisamment à faire avec ça.)

(Merci pour tes incroyables encouragements Alyah…)

(Si je te dorlote tu vas te complaire dans tes sombres pensées, un bon coup de pied aux fesses, c’est ça qu’il te faut.)

Cela me tira un sourire au moment où nous arrivâmes devant la demeure des Joraquins. Je retrouvai l’écrasante décoration et le salon des invités avec un sentiment mitigé sans que j’en comprenne la raison. Nyllyn trépignait d’impatience à mes côtés, ce qui me faisait doucement rire. Après une dizaine de minute, Théodore Joraquin entra dans le salon, vêtu d’une tenue plus en accord avec sa richesse et il s’installa face à nous, croisant aussitôt les doigts en prenant la parole d’un ton presque empressé. Il résuma brièvement ce que nous étions supposées faire, ce que nous avions fait et ce que l’expédition avait apporté, sur tous les tableaux, autant financier que scientifique. Si ce dernier point était apparemment une franche réussite, le reste n’était pas aussi incroyable, même si loin d’être aussi désastreux que je le pensais.

- Pour résumer, vous avez toutes les deux accompli votre mission et je vous en remercie. Yliria, votre disparition momentanée a été largement compensée par l’aide que vous avez apportée en traitant avec les Worans, et je ne vous en tenais de toute façon pas rigueur. Votre survie fut une surprise… une bonne surprise, bien entendue.

Il tapa dans ses mains et un serviteur nous apporta deux bourses bien garnies que Nyllyn regarda d’un œil brillant que je ne lui connaissais pas.

- Tout travail mérite salaire, voici le vôtre, j’espère que la somme donnée vous conviendra. Et j’ajouterai autre chose. Si je vous ai demandé de venir aussi vite, c’est parce que j’ai pour projet de publier un ouvrage sur cette expédition et, si j’ai les autorisations des autres, je n’ai pas pensé à demander les vôtres. Les noms de tous les participants figureront à la fin, en remerciement pour leur dévouement et, pour certains, leur vie. M’autorisez-vous à publier les vôtres ?

Nyllyn haussa les épaules et accepta, ajoutant que cela ne la gênait en rien. Je fus plus dubitative face à l’idée. Je n’avais pas spécialement envie que l’on retrouva ma trace grâce à ça, mais Alyah me traita d’idiote.

(Comme si on allait te retrouver avec une trace vieille de plusieurs mois sur un continent que les Shaakts évitent. Réfléchis voyons ! Accepte, tu pourrais avoir des admirateurs.)

(Mais qu’est-ce qu’il faut pas entendre…)

- Soit, faites comme vous voulez.

- Je vous remercie. Une dernière chose. Votre cape, vous la vendriez ?

Je le regardai avec suspicion. C’était un homme riche, probablement cultivé, peut-être avait-il eu vent des artéfacts cachés sur l’île et qu’il aurait aimé avoir cette cape pour lui.

- Non, j’ai suffisamment eu de mal à l’obtenir, je ne compte pas la vendre, ni à vous, ni à personne d’autre.

- Dommage… Sur ce, j’ai à faire, j’espère que vous profiterez de votre séjour à Kers. Je vous souhaite bonne continuation, mesdemoiselles.

Et il s’en fut sans rien ajouter de plus. Cela ne me plut pas du tout et je pressai Nyllyn pour que nous quittions la demeure au plus vite.

- Mais qu’est-ce qu’il te prend ?

- Je n’ai pas aimé la façon dont il a aussi vite abandonné l’idée de se procurer la cape… il cache quelque chose…

Elle leva les yeux au ciel.

- Par Sithi tu es devenue complètement paranoïaque Yliria ! Viens, on va à l’auberge, tu vas prendre un bain avec moi, ça va te détendre, on mangera un repas chaud bien épicé et après une bonne nuit de sommeil, tu seras moins à cran, d’accord ?

Je fis la moue, mais acceptai tout de même avant de la suivre dans le dédale des rues animée et colorée de Kers. Une fois dans le bain, je commençai effectivement à me détendre et le repas qui suivit fut la meilleure chose qui emplit mon estomac depuis deux mois. J’avais néanmoins toujours cette appréhension quelque part. Comme un mauvais pressentiment.

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Re: Les Rues

Message par Yliria » lun. 15 juil. 2019 18:10

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Un départ précipité

J’essayai le bouclier et fit quelques mouvements avant de remercier la forgeronne qui m’offrit un sourire avant de retourner à sa forge où un thorkin de mauvaise humeur la suivit en bougonnant. Je la remerciai et sortit avec Nyllyn qui n’avais qu’une hâte, prendre un vol pour Nessima. Je l’incitai au calme en lui faisant remarquer que nous n’avions pas de vivres et pas de cartes pour nous orienter. Elle fila aussitôt, me donnant rendez-vous à l’auberge le soir-même, me laissant le soin de trouver de quoi nous nourrir. Je la regardai partir, bouche bée, avant de soupirer. Je la trouvai bien impatiente d’aller au Naora malgré les dangers qui nous y guettaient.

(Qui te guettent toi en particulier. Une Taurionne n’est pas une ennemi des Sindeldi.)

(Je sais, mais elle m’accompagne, elle sera considérée avec aussi peu d’égard que moi.)

(Peut-être que tout se passera bien ?)

(Tu y crois vraiment ?)

Le silence éloquent qui s’ensuivit me suffit largement et je soupirai. Je comprenais le sentiment de Nyllyn. C’était comme si moi j’allais retrouver un membre de ma famille, une figure paternelle après des années de séparation. Je comprenais son empressement, je ne le partageais simplement pas, parce que cela impliquait une séparation que je n’avais pas envie de voir arriver. Nous n’en avions pas beaucoup parlé, mais la voir mourir dans mes bras m’avait fait réfléchir, et j’avais essayé de trouver un moyen de la protéger. Et la solution était simple, mais elle serait douloureuse, pour nous deux. J’allais attendre avant de lui ne parler, attendre qu’elle ait retrouvé son mentor, attendre qu’elle soit en sécurité. Alyah avait appuyé mon idée, il fallait juste que je trouve le courage d’en parler avec elle le moment venu, et ça, je n’étais pas certaine d’en être véritablement capable. J’avais déjà fait mes adieux à des amis une fois, j’aurais aimé ne pas le faire de nouveau avec Nyllyn.

(Ce n’est pas encore fait. Profite du temps restant avec elle, et tu sauras trouver les mots le moment venu j’en suis sûre.)

Cela ne me remonta guère le moral, mais j’acquiesçai silencieusement avant d’aller trouver un marchand pour acheter de quoi tenir le temps du voyage. Les rues étaient toujours un débordement d’activités diverses et variées et c’était toujours plaisant de se balader sur les pavés entretenues des grandes artères cernées de maisons colorés, d’étals aux objets scintillants ou aux mets raffinés. Je finis par débusquer ce que je cherchais et après quelques questions et une transaction rapide et peu onéreuse, je pus acheter suffisamment de rations de voyage pour Nyllyn et moi. Cela nous durerait une bonne semaine, j’espérais que cela suffirait. Nyllyn étant partie comme une furie pour chercher une carte, il me restait du temps libre jusqu’au soir et je tuai le temps en me promenant dans la ville, sans rien chercher en particulier, flânant un peu à droite, à gauche. J’étais heureuse de retrouver la civilisation, un certain sentiment de sécurité et même le bruit et les passants qui pouvaient si souvent m’insupporter à la longue. Avisant un endroit où je pourrai m’asseoir, je m’installai à l’ombre près d’un petit bassin agrémentée d’une petite fontaine représentant un poisson. Le léger clapotis de l’eau me berça et je me surpris à somnoler au bout de quelques minutes. Je me repris et ouvris mon sac, ingurgitant une des fioles de fluides de feu, puis une deuxième. Comme toujours, la sensation de chaleur se répandit dans mon corps et un souffle brûlant sortit de ma bouche avant que l’effet ne s’estompe. Je rangeai les deux fioles vides et pris un peu de temps pour réfléchir à ce que le gérant de la boutique magique m’avait dit sur l’obus magique.

(Je te déconseille de t’y entrainer ici)

(Je sais, je ne suis pas folle. Je me demandais simplement quel impact ça pourrait avoir comparé à une boule de feu plus classique.)

(Il faut que tu essaie pour le voir, mais c'est bien plus puissant. J’en ai déjà vu un en action une fois, même si ce n’était pas un obus de feu.)

(Oh ? Et ça a donné quoi ?)

(Un joli cratère et pas mal de blessés.)

Voilà qui était en effet prometteur pour l’utilisation que je comptais en faire. Ayant du temps, je continuai de m’exercer à utiliser le bouclier élémentaire pour le reste de la matinée, monopolisant toute ma concentration. Je voulais absolument maîtriser ce sort avant d’entamer le voyage. Une fois de plus, je me concentrai pour manipuler les fluides et les faire converger face à moi. C’était de plus en plus facile et il ne me fallut que deux essais pour y parvenir cette fois et les fluides s’agglomérèrent pour se concentrer. L’étape de modelage restait la chose plus complexe, mais je finis par prendre le coup de main et leur donner la forme que je voulais presque sans difficulté, créant l’écran protecteur désiré face à moi. Je m’y exerçais un moment, jusqu’à presque épuiser toute ma magie. Je ne voulais pas être dans l’incapacité de lancer le sort si celui-ci se trouvait être utile dans peu de temps. Commençant à fatiguer aux alentours de la mi-journée, je me levai et repris le chemin de l’auberge. Je pensais être parfaitement tranquille dans les rues bondées de Kers, mais une nouvelle fois, je me trompai lourdement et tressaillis lorsque je sentis une pointe me caresser les côtes tandis qu’une voix étouffée me donnait des ordres.

- Très bien, tu vas m’obéir gentiment. Prends à droite. Et pas un bruit, pas un cri, cette lame est empoisonnée et je t’assure que tu n’as pas envie de subir les effets de ce poison. Tu n’en mourais pas, mais la douleur est suffisamment horrible pour que tu accueilles la mort comme une délivrance

Je ne voyais pas qui parlait, mais c’était une femme vu sa voix. Je m’exécutai et pris la première à droite. La ruelle était tout de même large et elle me fit avancer jusqu’à un renfoncement du mur contre lequel elle me plaqua, me délestant de mon arme que j’entendis tomber au sol. J’entendais Alyah trépigner dans mon esprit et cela ne m’aidait pas du tout à me concentrer. Puis la femme me fit face et j’écarquillai les yeux. Vêtue d’une tenue sombre bariolée de teintes colorées, elle portait un foulard rouge devant son visage mais ses cheveux blancs, ses yeux rouges et sa peau sombre ne laissait guère de doute. Une Shaakte. Elle était plus grande que moi et me regardait avec un mépris palpable.

- Ainsi c’est toi Yliria… tout ce chemin pour une gamine hybride…

Qu’elle sache mon prénom me colla aussitôt des sueurs froides et des questions en pagaille se mirent à apparaître dans mon esprit.

- Vous êtes qui ? Qu’est-ce que…

La lame de sa dague se posa sur mon cou et elle émit un claquement de langue exaspéré avant de retirer son foulard.

- Aucun respect… Enfin, j’imagine qu’on ne peut pas attendre grand-chose d’une métisse élevée par une race inférieure… Tu vas venir avec moi, Mère a très envie de te connaître, Valshabarath seule sait pourquoi…

- Il n’en est pas question.

Cela lui tira un sourire amusé.

- Voyons, ne fais pas comme si tu avais le choix, je ne te demande pas de me suivre, je te l’ordonne. Et une jeune fille bien élevée obéit à sa cousine plus âgée.

- Quoi ? Cousine ?

- Ignare en plus… vraiment je ne sais pas ce que Mère a en tête. Je suis Odvala Varnaan’tha et toi, chère cousine, tu vas me suivre jusqu’à Gwadh où notre matriarche t’attends depuis bien trop longtemps.

Suite >>

(((HRP: utilisation de deux fioles de fluides de feu 1/16 + Fin de l'apprentissage du sort "Bouclier élémentaire" )))
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Yliria
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Re: Les Rues

Message par Yliria » lun. 15 juil. 2019 18:28

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Je luttai pour ne pas céder à la panique tandis que la dague me chatouillait la gorge et que le sourire d’Odvala s’élargissait, rictus qui ne laissait transparaître aucune joie ou empathie, plutôt un sourire victorieux et méprisant à mon égard. Je n’arrivais pas à croire que quelqu’un ait pu me retrouver ici, au beau milieu du Naora, encore moins une shaakte qui ne cachait pas vraiment ses traits. Je jetai des regards alarmés de tous côtés mais la seule échappatoire était mon arme qui gisait au sol à deux mètres de moi. J’avais utilisé beaucoup trop de ma magie pour m‘entrainer et ne pensais pas être en mesure de produire suffisamment de puissance magique pour faire autre chose que l’énerver. J’avais toujours mon bouclier, mais difficile de vraiment être efficace en attaque avec un objet censé me protéger. Encore qu’un coup bien placé pourrait faire l’affaire…

- N’essaie pas gamine.

Je reposai mes yeux sur Odvala qui avait cessé de sourire et qui remettait son foulard.

- J’ai bien vu tes regards. Un seul mouvement de travers et je te jure que tu le regretteras.

- Si tu me tues tout ça n’aura servi à rien.

- Qui te parle de te tuer ? Te faire souffrir m’apportera une bien meilleure satisfaction. Morte, tu ne m’amuseras pas et Mère sera mécontente. Alors sois sage et tu ne souffriras pas trop.

Je devais me sortir de là au plus vite, peu importaient les risques. Je n’avais aucunement l’intention de retourner à Gwadh et encore moins dans ces conditions. Tout cela m’intriguait, mais je devais d’abord penser à me sortir de là, plutôt que poser des questions dont je n’aurai sans doute pas la réponse. Odvala se tenait face à moi, une main sur le manche de sa dague dont le tranchant de la lame était à un cheveu de ma gorge. Son autre main était posée sur le mur à ma droite. J’avais peu d’espace pour manœuvrer, ma tête collait le mur et mes bras étaient trop visibles. Je donnai un coup de pied dans le tibia gauche de la shaakte qui éloigna son arme de presque rien en pliant la jambe sous le choc. Mais ce petit laps de temps me permis de saisir son bras pour l’empêcher de me planter sa dague dans la gorge. Je déviai son arme ainsi mais son autre main était libre. Un coup dans le ventre me coupa la respiration et un autre au visage me jeta au sol, un gout métallique se répandant dans ma bouche.

- Espèce de… je vois que tu as choisis l’option douloureuse. Soit.

Je n’écoutai pas, enfilant en vitesse mon bouclier avant de me retourner pour parer l’attaque qui arriva. Je pus surprendre Odvala et dévier son bras avant de donner un coup dans son avant-bras, lui faisant lâcher sa dague en grognant. J’en profitai pour reculer et récupérer mon arme. Je pensais pouvoir m’en sortir, mais elle sortit deux épées et se rua sur moi si vite que je ne parais son attaque que d’extrême justesse. Lame contre lame, métal contre métal, elle essayait de me faire plier et commençai à y parvenir. Elle était plus grande et plus forte que moi et je doutais de pouvoir tenir très longtemps. Espérant jouer sur un effet de surprise salvateur, j’enflammai brutalement mon épée, une gerbe de flamme sortant soudainement de nulle part. Odvala, surprise, relâcha suffisamment la pression pour que je puisse m’écarter et reprendre un appui plus correct sur mes deux jambes. Les coups se mirent alors à pleuvoir vers moi. Mes yeux n’arrivaient tout simplement pas à suivre tous les mouvements qu’elle faisait avec ses armes et je me contentais de parer, éviter ou dévier ceux que je pouvais percevoir, mais plusieurs fois je sentis une lame mordre ma chair. Une blessure particulièrement handicapante apparut sur ma cuisse et Odvala finit par se calmer lorsqu’elle put me jeter au sol, posant sa lame sur ma gorge.

- Pitoyable…

Je respirai avec force, tentant de reprendre un souffle suffisant pour espérer répondre, mais elle ne m’en laissa pas le temps et me traîna brusquement en m’attrapant par les cheveux pour revenir au point de départ, me jetant brutalement contre le mur. Sa botte heurta ma tête, une fois, deux fois, trois fois. Je m’écroulai quand elle me lâcha, tentant vainement de retenir le flot qui sortait de mon nez endolori. Mais elle n’en avait pas fini et elle me releva de nouveau la tête, son visage tout près du mien.

- Je déteste les faibles, je déteste les humains et je déteste les fruits. Toi, tu es faible, la bâtarde d’un humain et t’as une putain d’odeur de fruit qui sort de ton sac.

- Comme si… j’en avais quelque chose à faire… de ton avis…

Le premier coup me coupa la respiration, le second me fit cracher du sang et je m’effondrai au troisième, cherchant de l’air en entendant la voix angoissée d’Alyah dans mon esprit. Je n’arrivais plus à penser, je n’étais qu’une boule de douleur qui pissait le sang. J’entendis Odvala soupirer au-dessus de moi.

- On va pas y passer la journée, cousine. Debout ! Tu as trois secondes et après c’est moi qui te lève. Trois…

Il fallait que je trouve un moyen de m’en sortir.

- Deux…

Je me concentrai malgré la douleur.

- Un…

(Pourvu que cela suffise.)

- Zéro, temps écoulé, tu me les brise !

Elle s’approcha et je lançai aussitôt une boule de feu qui la dépassa largement. Elle eut un sourire moqueur.

- Tu es vraiment pitoyable.

La boule de feu atteignit sa cible, explosant sur le côté du toit dans un vacarme assourdissant, projetant des débris sur le sol dans un concert qui alerta la rue. J’entendis des voix appeler et des bruits de pas convergèrent rapidement. Je vis Odvala froncer les sourcils et me regarder d’un air mauvais.

- Tu ne perds rien pour attendre… la prochaine fois je ne serais pas aussi courtoise.

Et elle fila rapidement à l’opposé des bruits de pas. Je ramassai en vitesse mes effets et m’adossai au mur en tentant tant bien que mal de contenir le flot carmin qui maculait désormais mon visage. Alyah m’affirma avec certitude que je n’avais rien de cassé. C’était malheureusement la seule bonne nouvelle de cette rencontre. Rapidement, deux miliciens se plantèrent devant moi et m’interrogèrent en faisant quelques premiers soins qui calmèrent la douleur et le saignement. Je racontai une histoire d’agression par un lourdaud éméché qui en voulait plus à mon corps qu’à mon argent et cela suffit apparemment à les convaincre. Le plus jeune, un Hafiz aux longs cheveux ébènes, m’aida à me relever et à marcher jusqu’à l’auberge où je m’effondrai sur mon lit dès la chambre atteinte. Moi qui voulais patienter un peu en ville, j’avais soudainement changé d’avis. Nous devions partir, vite.


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