"J'en sais plus que tu ne penses."
J’avais répliqué cela à Yliria avec cependant une crainte que nos hôtes s’inquiètent de nos messes basses. Au travers de cela, je craignais surtout, et encore maintenant, qu’apprendre que l’un de nous ose utiliser la magie en ayant conscience du risque. Ca et le fait que Naral Shaam soit également lié à un massacre sans nom sur un autre monde, peuvent poser quelques problèmes relationnels. La gentillesse des Dantes peut avoir ses limites si à force, les yuiméniens démontrent un mépris total des lois fondamentales d’Ashaar.
Fanielle prouve ses talents de cuisinière en faisant flamber la préparation avant de passer à table. Parties en vadrouille en ville, les deux filles arrivent ensemble et c’est tant mieux, car l’odeur alléchante commence à fortement titiller mon estomac. Une fois que la table est dressée et que nous sommes tous à table, je lance un "Bon appétit !" avant de porter un bon coup de fourchette et de m’intéresser aux deux sacs rapportés par la jeune fille.
"Vous avez trouvé ce que vous cherchiez ? Vous avez ramené de sacrés sacs."
Nous demandant ce que nous avons appris, Mitya évoque également qu’Itulë a trouvé de l’or, laissant l’intéressée se parer d’un grand sourire satisfait et laissant nos hôtes dans l’incrédulité.
"Ha oui ?" Fais-je, tout aussi curieux de l’affaire.
Néanmoins, nous avons appris bon nombre de choses ici et cela passe avant cette étrangeté. Notre retour sur Yuimen reste notre priorité, il sera toujours temps de revenir une fois les informations échangées.
"Nous avons eu une petite discussion avec nos hôtes et il s'avère qu'on a plusieurs pistes à suivre. Dans les Voies Hautes les de Montfort convoitent la place des d'Esthalor et pourraient répondre à certaines de nos questions, à commencer par ce que gagnerait Cydar et peut-être qu'eux aussi auraient un accès pour la surface, qui sait."
Après avoir évoqué un rapprochement avec les rivaux des d’Esthalors, je m'arrête un bref instant avant de poursuivre sur celui de la magie et leurs praticiens.
"Pour ce qui est de la magie et des mages, on a quelques pistes ici, mais principalement dans la Veine. D'ailleurs, il y aurait pas mal de choses à voir là-bas, comme des individus sortant des Bouges pour nous parler de cet étage. D'ailleurs, il y aurait un certain d'Orthel, revenu des Bouges, pratiquant probablement la magie, qui résiderait dans les Voies Hautes."
Je m'arrête une ultime fois avant de finir sur le dernier point, mais pas des moindres. Une pierre qui lierait ce monde au nôtre.
"Il reste...une dernière chose qui nous a intrigué." Dis-je hésitant en fouillant dans mes affaires. "Savez-vous ce qu'est ceci ?" Fais-je en déposant la rune trouvée dans l'asen-soeur sur la table.
Avec la bouche pleine, Itulë répond qu’il s’agit-là des mots du créateur. Elle a donc connaissance des runes. A sa différence, Mitya n’en avait qu’entendu parler et je lui laisse examiner celle-ci. Yliria leur explique que similaire aux nôtres, elles semblent différentes et compte porter son intérêt dessus si elle en a l’occasion.
"Une rune effectivement, mais ce ne serait pas la seule. Il y en aurait beaucoup ici et certains dans la Veine auraient essayé de les rassembler. Le Soleil Noir en a fait envoyer dans les Bouges, mais j'espère qu'ils ne sont pas parvenus à tous les arrêter. Jusqu'à présent, ces runes sont le seul vrai lien avec Yuimen." Dis-je, en désignant l’importance qu’elles représentent.
Itulë réplique qu’il s’agit-là d’une rune lapin, expliquant ceci par les deux barres représentant les oreilles de l’animal, avant de se reprendre, les Dantes ne connaissant pas l’existence des animaux ici. Du moins, pas sous la forme que l’on connaît nous. Mitya elle, marque un point avec les grands nombres de pistes à suivre et l’importance de prioriser celle-ci, même en se répartissant les tâches.
"En effet, et on a la nuit pour réfléchir à ce que chacun veut faire, sachant que plus on descend et plus c'est dangereux." Fais-je, en reprenant ma rune. "Aujourd'hui, on aura peut-être la possibilité d'aller à la taverne des Voies Médianes. C'est un lieu de ragots, de rumeurs et c'est aussi là où l'on pourra trouver Jarry, un de ceux qui auraient une connaissance de la magie. Il a cependant un penchant pour la bibine. On a déjà croisé sa fille hier."
Interrogée par Yliria sur sa connaissance des runes, Itulë explique qu’à son âge, elle en a déjà croisé beaucoup et fait clairement comprendre que c’est une chose, que seules ceux doté d’une vie plus longue que les autres races peuvent comprendre. Une réplique qui semble outrer Mitya et je lève une main dans sa direction pour l'apaiser.
"La vie des hommes est courte c'est un fait. Cela a au moins le mérite de nous pousser à la vivre pleinement. Même si pour certains, il faut survivre à une lame tenue par ses propres remords pour le comprendre." Dis-je en lorgnant mon verre, évitant de croiser le regard d'Yliria.
Le souvenir de mon acte avant la bataille de Kochii, me revenant en pleine face. Son intervention étant peut-être le prélude de mes sentiments à son égard. Quand bien même l’enchanteresse n’a eu de cesse de me dire que je me devais d’oublier ce moment douloureux de ma vie, c’est là une blessure dont nulle magie et aucun soin d’aucune sorte ne saurait complètement refermer. Après une rasade, je reporte mon attention sur Itulë.
"Et du coup, comment tu as fait pour acheter tout cela ? Tu avais de l'or avec toi ?"
Mitya explique que la jeune elfe refuse d’expliquer comment a fait pour avoir tout cela. Elle explique simplement qu’elle n’avait pas d’or, mais que maintenant si. Une affirmation des plus curieuses. Le sujet des runes, où du moins, la connaissance d’Itulë sur ce sujet intéressant Yliria, elle explique ne pas s’en intéresser tant que cela et insiste sur les oreilles de lapin comme argument.
Itulë est encore jeune et j’ai, pour le moment, établi un lien de confiance. Peut-être qu’en allant dans son sens et en jouant sur l’humour, je pourrais en apprendre plus.
"Des oreilles de lapin ? Oui c'est pas faux, mais du coup le symbole à côté c'est quoi ? Un pied qui vient lui botter les fesses ?" Dis-je avec un sourire, avant de revenir sur cette histoire d’or qui vient de nulle part. "Mais du coup, si tu n'avais pas d'or, qu'as-tu vendu pour avoir tout ça ?"
Itulë insiste sur la nature animale de la rune, avant que sa remarque sur l’ignorance des animaux ici ne finisse par vexer Bergeac. Afin d’apaiser notre hôte, Mitya explique ce qu’est un lapin et illustre ses propos en mimant l’animal. Ce qui amuse particulièrement la jeune elfe, ainsi que moi par la même occasion. D’ailleurs, l’amadouer par l’humour semble porter ses fruits, même si elle explique qu’elle a simplement demandé, je reste sceptique.
"Je pourrais vous donner plus de détails, quelque chose que vous pourriez, peut-être davantage comprendre cependant...je vous propose de faire ça après manger. Il n'est pas possible que cela vous...coupe l'appétit." Dis-je hésitant, craignant leur réaction lorsqu’ils apprendront l’origine de leur viande. Du moins, d’un point de vue Yuiménien. Les choses sont peut-être différentes ici.
PuiS je me tourne vers Itulë. Son explication me laisse perplexe. Il s’est certainement passé quelque chose d’autre qu’elle ne nous dit pas. Un marchand ne donne pas ses affaires ainsi, juste en lui demandant.
"Tu as juste demandé...et c'est tout ? Tu lui as fait de l'oeil et paf ?"
(Ca fait des chocapic !)
(…)
(5, 4, 3, 0 et paf Pastèque ?)
(...)
La réponse de la jeune hinionne, confirmant mes questions me laisse perplexe. Il faudra que je la prenne à part à l’occasion. D’ailleurs, je ne lui ai toujours pas demandé la nature de ses pouvoirs. Il faudra éviter de la froisser si je souhaite qu’elle accepte de m’en dire davantage. En-tout-cas, l’imitation de Mitya a semble-t-il adouci Bergeac qui passe d’un état vexé à confus, voyant à présent le lapin comme un être difforme et poilu.
"C’est…en quelque sorte cela...oui." Fais-je en cherchant comment aborder l’explication à venir.
(Bon sang, ça ne va pas être de tout repos de leur expliquer.)
(Force à toi !)
(Oula oui. Il serait dommage qu’ils changent leur habitude alimentaire à cause de moi. Surtout qu’il est super bon ce plat !)
Je termine mon assiette, quitte à demander sur rab. On ne sait pas ce qu’on mangera au prochain repas, une fois qu’ils sauront.
Les Voies Médianes
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Re: Les Voies Médianes
Elle n’avait pas pu voir la scène dans la boutique de ce prêteur mais lorsque Mitya vit Itulë sortir de là avec deux gros sacs faisant gling gling ca ne la rassura pas du tout. Elle prit un air surpris tout en se saisissant du sac qu’elle lui tendait, lui demandant ce que c’était que tout ça. Ce à quoi la jeune fille répondit de façon stupide.
"Ben. De l'or. Ils avaient plus de pain."
Mitya lui demanda donc logiquement comment une jeune fille dans sa situation avait pu obtenir tout cet or. A nouveau, réponse peu crédible…
"Ben j'ai demandé."
Elle fronça les yeux, s’énerva un peu en lui disant qu’un prêteur sur gage ne donne pas d’argent sur simple demande et qu’en tant que camarade elle devait lui donner une explication. Elle marqua une pause, ajouta une formule de politesse sur un ton plus calme.
"Non.", répondit-elle en souriant de manière assurée. "On a tous nos petits secrets."
Elle lui suggère alors de vérifier la présence de la broche des d’Esthalor, signifiant que ce serait embêtant de la perdre. Petite montée de pression dans le corps de l’Eruionne qui s’empressa de glisser sa main dans son sac avant de soupirer de soulagement lorsqu’elle mit enfin la main dessus. Le vol de ladite broche aurait été une explication des plus crédibles pour cet argent et l’idée que la jeunette puisse la voler alors qu’elle se démenait pour l’aider l’avait un peu tendue.
"Tu vas pas te plaindre de ma récolte, tout de même ? J'comptais vous en faire profiter. Toi en tout cas. Mais si t'es pas contente..."
Elle se laisse entraîner jusque chez le tailleur en soufflant du nez et sans décrocher un mot afin de signifier son mécontentement à Itulë. Ce chantage l’irritait au plus haut point. Elle passa la porte énervée et vînt se mettre à table avec les autres, les remerciant sincèrement pour ce repas et leur hospitalité. Alors qu’elle entame sa première bouchée, Jorus soulève la question des sacs, ce à quoi elle répond en grinçant des dents.
"Oui. Itulë à trouvé de l'or."
Tandis de Bergeac et Fanielle s’esclaffent en apprenant le contenu des sacs, les Yuimeniens eux n’ont pas l’air plus choqués que ça par la “découverte” de deux énormes sacs d’or dans une cité où cette monnaie est plus que rare. Itulë faisant mine de rien, le nez dans son assiette, elle n’allait certainement pas leur donner l’explication de si tôt. Alors Mitya demanda ce qu’ils avaient pu apprendre de leur côté.
"Nous avons eu une petite discussion avec nos hôtes et il s'avère qu'on a plusieurs pistes à suivre. Dans les Voies Hautes les de Montfort convoitent la place des d'Esthalor et pourraient répondre à certaines de nos questions, à commencer par ce que gagnerait Cydar et peut-être qu'eux aussi auraient un accès pour la surface, qui sait… Pour ce qui est de la magie et des mages, on a quelques pistes ici, mais principalement dans la Veine. D'ailleurs, il y aurait pas mal de choses à voir là-bas, comme des individus sortant des Bouges pour nous parler de cet étage. D'ailleurs, il y aurait un certain d'Orthel, revenu des Bouges, pratiquant probablement la magie, qui résiderait dans les Voies Hautes."
Il marque une pause, fouille dans sa poche et sort une pierre gravée qu’il pose sur la table. Si dans la théorie l’elfe aux cheveux blancs savaient ce qu’était qu’une rune, elle n’en avait jamais vu en vrai auparavant. Elle la saisit pour l’analyser avant de la rendre à son propriétaire.
"Cha, ch'est les mots du Créateur, nan ?"
"Une rune effectivement, mais ce ne serait pas la seule. Il y en aurait beaucoup ici et certains dans la Veine auraient essayé de les rassembler. Le Soleil Noir en a fait envoyer dans les Bouges, mais j'espère qu'ils ne sont pas parvenus à tous les arrêter. Jusqu'à présent, ces runes sont le seul vrai lien avec Yuimen."
"Boh hey n'importe quoi, c'est la rune du lapin ça. R'garde, on voit ses deux p'tites oreilles."
Elle indique les deux traits sur la rune, puis elle met une main sur la bouche, disant plus bas :
"Ooooh merde, c'est vrai, faut pas le dire. Y connaissent pas les bestioles ici."
Yliria, curieuse, s’intéresse aux connaissances d’Itulë sur le sujet, ce à quoi elle réponds de façon très terre à terre mais assez méchante quant au savoir et à la longueur de sa vie face à celle des deux autres. Elle conclut par une phrase gentillette au sujet de “sa copine” comme pour l’amadouer, ce qui énerve Mitya d’autant plus. Itulë, elle, s’amuse à faire des mimes, sous-entendant que le brun est également un lapin, comme celui sur la rune. Celui-ci s’amuse un peu avec Itulë qui vanne à nouveau leurs hôtes sur leur méconnaissance des animaux. Il était prêt à parier qu’ils allaient finir par se vexer et ça n'a pas manqué. Alors, comme pour les apaiser, Mitya se releva et leur expliqua ce qu’était un lapin.
"Un animal c'est... un être vivant, de chair et de sang comme nous mais qui ont des formes différentes. Souvent ils sont couverts de plumes, de poils ou d'écailles. Le lapin, par exemple, est petit comme ça."
Elle mime la taille de l’animal avant de continuer ses gestes pour illustrer ses propos.
"C'est tout doux, plein de poils et ça a des grandes dents de devant et de longues oreilles toutes droites. Ah oui! Et ça a une petite queue en pompon et une petite truffe qui remue comme ça!"
Elle gigote le nez, toujours avec les doigts derrière la tête, tentant de faire sa meilleure imitation du petit rongeur. L’hinionne trépigne en l’encourageant tandis que Jorus propose de donner plus de détails à leurs hôtes après le repas afin de ne pas leur couper l’appétit.
Rapidement, la discussion de l’or revient sur la table et pour ne pas s’énerver plus que de raison, Mitya s’en désintéressa, pestant que l’elfette refusait de donner une quelconque explication plausible.
"Tu as juste demandé...et c'est tout ? Tu lui as fait de l'œil et paf ?"
"Voilààààà. Tout comme tu as dit."
"Ben. De l'or. Ils avaient plus de pain."
Mitya lui demanda donc logiquement comment une jeune fille dans sa situation avait pu obtenir tout cet or. A nouveau, réponse peu crédible…
"Ben j'ai demandé."
Elle fronça les yeux, s’énerva un peu en lui disant qu’un prêteur sur gage ne donne pas d’argent sur simple demande et qu’en tant que camarade elle devait lui donner une explication. Elle marqua une pause, ajouta une formule de politesse sur un ton plus calme.
"Non.", répondit-elle en souriant de manière assurée. "On a tous nos petits secrets."
Elle lui suggère alors de vérifier la présence de la broche des d’Esthalor, signifiant que ce serait embêtant de la perdre. Petite montée de pression dans le corps de l’Eruionne qui s’empressa de glisser sa main dans son sac avant de soupirer de soulagement lorsqu’elle mit enfin la main dessus. Le vol de ladite broche aurait été une explication des plus crédibles pour cet argent et l’idée que la jeunette puisse la voler alors qu’elle se démenait pour l’aider l’avait un peu tendue.
"Tu vas pas te plaindre de ma récolte, tout de même ? J'comptais vous en faire profiter. Toi en tout cas. Mais si t'es pas contente..."
Elle se laisse entraîner jusque chez le tailleur en soufflant du nez et sans décrocher un mot afin de signifier son mécontentement à Itulë. Ce chantage l’irritait au plus haut point. Elle passa la porte énervée et vînt se mettre à table avec les autres, les remerciant sincèrement pour ce repas et leur hospitalité. Alors qu’elle entame sa première bouchée, Jorus soulève la question des sacs, ce à quoi elle répond en grinçant des dents.
"Oui. Itulë à trouvé de l'or."
Tandis de Bergeac et Fanielle s’esclaffent en apprenant le contenu des sacs, les Yuimeniens eux n’ont pas l’air plus choqués que ça par la “découverte” de deux énormes sacs d’or dans une cité où cette monnaie est plus que rare. Itulë faisant mine de rien, le nez dans son assiette, elle n’allait certainement pas leur donner l’explication de si tôt. Alors Mitya demanda ce qu’ils avaient pu apprendre de leur côté.
"Nous avons eu une petite discussion avec nos hôtes et il s'avère qu'on a plusieurs pistes à suivre. Dans les Voies Hautes les de Montfort convoitent la place des d'Esthalor et pourraient répondre à certaines de nos questions, à commencer par ce que gagnerait Cydar et peut-être qu'eux aussi auraient un accès pour la surface, qui sait… Pour ce qui est de la magie et des mages, on a quelques pistes ici, mais principalement dans la Veine. D'ailleurs, il y aurait pas mal de choses à voir là-bas, comme des individus sortant des Bouges pour nous parler de cet étage. D'ailleurs, il y aurait un certain d'Orthel, revenu des Bouges, pratiquant probablement la magie, qui résiderait dans les Voies Hautes."
Il marque une pause, fouille dans sa poche et sort une pierre gravée qu’il pose sur la table. Si dans la théorie l’elfe aux cheveux blancs savaient ce qu’était qu’une rune, elle n’en avait jamais vu en vrai auparavant. Elle la saisit pour l’analyser avant de la rendre à son propriétaire.
"Cha, ch'est les mots du Créateur, nan ?"
"Une rune effectivement, mais ce ne serait pas la seule. Il y en aurait beaucoup ici et certains dans la Veine auraient essayé de les rassembler. Le Soleil Noir en a fait envoyer dans les Bouges, mais j'espère qu'ils ne sont pas parvenus à tous les arrêter. Jusqu'à présent, ces runes sont le seul vrai lien avec Yuimen."
"Boh hey n'importe quoi, c'est la rune du lapin ça. R'garde, on voit ses deux p'tites oreilles."
Elle indique les deux traits sur la rune, puis elle met une main sur la bouche, disant plus bas :
"Ooooh merde, c'est vrai, faut pas le dire. Y connaissent pas les bestioles ici."
Yliria, curieuse, s’intéresse aux connaissances d’Itulë sur le sujet, ce à quoi elle réponds de façon très terre à terre mais assez méchante quant au savoir et à la longueur de sa vie face à celle des deux autres. Elle conclut par une phrase gentillette au sujet de “sa copine” comme pour l’amadouer, ce qui énerve Mitya d’autant plus. Itulë, elle, s’amuse à faire des mimes, sous-entendant que le brun est également un lapin, comme celui sur la rune. Celui-ci s’amuse un peu avec Itulë qui vanne à nouveau leurs hôtes sur leur méconnaissance des animaux. Il était prêt à parier qu’ils allaient finir par se vexer et ça n'a pas manqué. Alors, comme pour les apaiser, Mitya se releva et leur expliqua ce qu’était un lapin.
"Un animal c'est... un être vivant, de chair et de sang comme nous mais qui ont des formes différentes. Souvent ils sont couverts de plumes, de poils ou d'écailles. Le lapin, par exemple, est petit comme ça."
Elle mime la taille de l’animal avant de continuer ses gestes pour illustrer ses propos.
"C'est tout doux, plein de poils et ça a des grandes dents de devant et de longues oreilles toutes droites. Ah oui! Et ça a une petite queue en pompon et une petite truffe qui remue comme ça!"
Elle gigote le nez, toujours avec les doigts derrière la tête, tentant de faire sa meilleure imitation du petit rongeur. L’hinionne trépigne en l’encourageant tandis que Jorus propose de donner plus de détails à leurs hôtes après le repas afin de ne pas leur couper l’appétit.
Rapidement, la discussion de l’or revient sur la table et pour ne pas s’énerver plus que de raison, Mitya s’en désintéressa, pestant que l’elfette refusait de donner une quelconque explication plausible.
"Tu as juste demandé...et c'est tout ? Tu lui as fait de l'œil et paf ?"
"Voilààààà. Tout comme tu as dit."
Modifié en dernier par Mitya le dim. 8 juin 2025 22:35, modifié 1 fois.
- Yliria
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Re: Les Voies Médianes
Je m’interrogeai sur les paroles de Jorus. Et je ne comprenais pas pourquoi il avait dit ça. Il en savait plus que moi sur Naral Shaam ? D’accord… et donc ? J’attendis la suite, sourcil haussé, mais Bergeac signala que le repas était prêt et Itulë et Mitya revinrent quelques instants plus tard, coupant net toute possibilité de conversation sur le sujet. Je descendis du comptoir pour m’installer à la table avec les autres et remerciai Bergeac pour le repas offert généreusement. L’hospitalité variait grandement à Ashaar, visiblement. A croire que Jorus avait pris la bonne approche en couchant avec sa fille… Ce qui était une étrange pensée à avoir. Et uen pensée sur laquelle je ne m’attardais pas plus que ça. J’avais suffisamment eu du mal à me retenir face à son allusion avec Fanielle. Valait mieux ne pas chercher à en savoir plus sur le sujet.
Je commençai mon repas, délicieusement épicé, tout en écoutant les autres. Itulë avait apparemment « trouvé » de l’or. Cette elfette était définitivement étrange. Plus le temps passait, moins je le sentais, cette histoire. Un truc clochait à son sujet. Elle prenait tout de manière légères, mais il y avait eu quelques moments où son regard ne m’avait pas plu. Et là elle trouvait de l’or, comme ça ? Définitivement étrange… Même Bergeac et Fanielle semblaient suspicieux. Ou en tout cas surpris. Si on n’avait pas autre chose d’urgent à faire, j’aurai gardé un œil sur Itulë, mais ce n’était pas franchement la priorité. Il fallait plutôt se renseigne avec les pistes offertes par Bergeac et contrecarré cette peste d’Esthalor. Ça, c’était urgent.
Jorus, pas spécialement pressé apparemment, préféra center la conversation sur les runes après avoir brièvement explique qu’on avait des pistes dans le coin. Ou en tout cas sur celle qu’il avait trouvée. Sans trop de surprise, les deux autres en avaient entendu parler. Je précisai quand même un détail essentiel.
"Cette rune là n'a rien à voir avec celles de Yuimen, même si elles sont similaires en apparence. J'essaierai d'en apprendre plus si jamais l'occasion se présente."
Notamment avec le fameux revenant des Bouges, une fois que j’aurai réglé le soucis d’Esthalor avec les Généraux. Et là, Itulë me surpris. Elle identifia la rune. Son explication laissait franchement à désirer, mais si c’était vraiment la rune Lapin, pourquoi est-ce que j’avais été incapable de le comprendre ?
"Tu sais étudier les runes, Itulë ?"
Une elfe de souche comme elle avait eu du temps pour les apprendre, ça faisait sens, mais elle le démontra d’une manière un poil condescendante tout de même. Je laissai passer, ce n’était pas le moment de se la mettre à dos. Elle semblait un peu sujette à des changements d’humeur, autant essayer de la garder en version bavarde. Mitya apprécia moins, donc j’essayai de calmer le jeu.
"Elle n'a pas totalement tort, même si j'ai encore quelques centaines d'années devant moi. Ça fait longtemps que t’intéresse aux runes?"
"Je m'intéresse pas forcément aux runes. Mais y'en a des faciles à retenir. Comme celle-ci. Hein oui qu'on dirait ses oreilles, au lapin ?"
Elle mima le geste et je commençai à me demander si elle se foutait pas un peu de ma tronche, quand même… Mais se furent les paroles de Jorus qui, subitement, me firent tourner la tête vers lui.
"La vie des hommes est courte c'est un fait. Cela a au moins le mérite de nous pousser à la vivre pleinement. Même si pour certains, il faut survivre à une lame tenue par ses propres remords pour le comprendre."
Dans un autre contexte, peut-être que je n’aurai pas été là, à le fixer alors qu’il évitait sciemment mon regard, mais pas avec tout ce qu’il m’avait dit. Ils avaient bon dos, les remords, tiens. Il essaya bien de changer de sujet ensuite, mais je préférai ne plus participer, sentant une réplique cinglante fourmiller doucement sous la surface. Peut-être que s’il avait simplement accepté mon refus et était passé à autre chose au lieu de s’accrocher comme ça, peut-être qu’il aurait moins de remords. J’aurai dû me taire, ne jamais parler de quoi que ce soit. Probablement qu’il valait mieux que je fasse ça, maintenant. Les conversations se limiteraient uniquement à comment rentrer chez nous, puisque, visiblement, tout le reste allait lui créer des remords ou je ne sais pas quoi.
(Quand Aki t’a rejeté…)
(Je suis rentrée chez moi et je n’avais plus l’intention de le revoir, je te signale. Sans la mission de l’Ordre et tout ce qui s’est passé ensuite, je serai sans doute en train de tuer des shaakts à l’heure qu’il est, sans toute cette mascarade avec Jorus.)
(Sauf que Jorus n’a pas cette possibilité. Tu devrais mettre un peu d’eau dans ton vin.)
(Je le ferai quand il arrêtera son comportement puéril. Je ne lui dois rien. Je ne lui ai jamais rien dû. J’ai été très claire tout de suite. Il s’est monté la tête tout seul. J’ai eu ma dose de drama, y’a franchement plus important que ma putain de vie sentimentale et sexuelle, merde !)
« Merci pour le repas. Je vous laisse. »
Je me redressai et, sans rien ajouter, sortis de la boutique, histoire de me changer un peu d’air pour ensuite aller faire quelque chose de constructif. Comme me tenir loin de Jorus pour une durée indéterminée. Il allait sans doute apprendre à viser avec fanielle, de toute façon.
(Tu semble presque jalouse…)
(Je suis juste énervée par son hypocrisie… ça va passer.)
(Hmpf...)
Je commençai mon repas, délicieusement épicé, tout en écoutant les autres. Itulë avait apparemment « trouvé » de l’or. Cette elfette était définitivement étrange. Plus le temps passait, moins je le sentais, cette histoire. Un truc clochait à son sujet. Elle prenait tout de manière légères, mais il y avait eu quelques moments où son regard ne m’avait pas plu. Et là elle trouvait de l’or, comme ça ? Définitivement étrange… Même Bergeac et Fanielle semblaient suspicieux. Ou en tout cas surpris. Si on n’avait pas autre chose d’urgent à faire, j’aurai gardé un œil sur Itulë, mais ce n’était pas franchement la priorité. Il fallait plutôt se renseigne avec les pistes offertes par Bergeac et contrecarré cette peste d’Esthalor. Ça, c’était urgent.
Jorus, pas spécialement pressé apparemment, préféra center la conversation sur les runes après avoir brièvement explique qu’on avait des pistes dans le coin. Ou en tout cas sur celle qu’il avait trouvée. Sans trop de surprise, les deux autres en avaient entendu parler. Je précisai quand même un détail essentiel.
"Cette rune là n'a rien à voir avec celles de Yuimen, même si elles sont similaires en apparence. J'essaierai d'en apprendre plus si jamais l'occasion se présente."
Notamment avec le fameux revenant des Bouges, une fois que j’aurai réglé le soucis d’Esthalor avec les Généraux. Et là, Itulë me surpris. Elle identifia la rune. Son explication laissait franchement à désirer, mais si c’était vraiment la rune Lapin, pourquoi est-ce que j’avais été incapable de le comprendre ?
"Tu sais étudier les runes, Itulë ?"
Une elfe de souche comme elle avait eu du temps pour les apprendre, ça faisait sens, mais elle le démontra d’une manière un poil condescendante tout de même. Je laissai passer, ce n’était pas le moment de se la mettre à dos. Elle semblait un peu sujette à des changements d’humeur, autant essayer de la garder en version bavarde. Mitya apprécia moins, donc j’essayai de calmer le jeu.
"Elle n'a pas totalement tort, même si j'ai encore quelques centaines d'années devant moi. Ça fait longtemps que t’intéresse aux runes?"
"Je m'intéresse pas forcément aux runes. Mais y'en a des faciles à retenir. Comme celle-ci. Hein oui qu'on dirait ses oreilles, au lapin ?"
Elle mima le geste et je commençai à me demander si elle se foutait pas un peu de ma tronche, quand même… Mais se furent les paroles de Jorus qui, subitement, me firent tourner la tête vers lui.
"La vie des hommes est courte c'est un fait. Cela a au moins le mérite de nous pousser à la vivre pleinement. Même si pour certains, il faut survivre à une lame tenue par ses propres remords pour le comprendre."
Dans un autre contexte, peut-être que je n’aurai pas été là, à le fixer alors qu’il évitait sciemment mon regard, mais pas avec tout ce qu’il m’avait dit. Ils avaient bon dos, les remords, tiens. Il essaya bien de changer de sujet ensuite, mais je préférai ne plus participer, sentant une réplique cinglante fourmiller doucement sous la surface. Peut-être que s’il avait simplement accepté mon refus et était passé à autre chose au lieu de s’accrocher comme ça, peut-être qu’il aurait moins de remords. J’aurai dû me taire, ne jamais parler de quoi que ce soit. Probablement qu’il valait mieux que je fasse ça, maintenant. Les conversations se limiteraient uniquement à comment rentrer chez nous, puisque, visiblement, tout le reste allait lui créer des remords ou je ne sais pas quoi.
(Quand Aki t’a rejeté…)
(Je suis rentrée chez moi et je n’avais plus l’intention de le revoir, je te signale. Sans la mission de l’Ordre et tout ce qui s’est passé ensuite, je serai sans doute en train de tuer des shaakts à l’heure qu’il est, sans toute cette mascarade avec Jorus.)
(Sauf que Jorus n’a pas cette possibilité. Tu devrais mettre un peu d’eau dans ton vin.)
(Je le ferai quand il arrêtera son comportement puéril. Je ne lui dois rien. Je ne lui ai jamais rien dû. J’ai été très claire tout de suite. Il s’est monté la tête tout seul. J’ai eu ma dose de drama, y’a franchement plus important que ma putain de vie sentimentale et sexuelle, merde !)
« Merci pour le repas. Je vous laisse. »
Je me redressai et, sans rien ajouter, sortis de la boutique, histoire de me changer un peu d’air pour ensuite aller faire quelque chose de constructif. Comme me tenir loin de Jorus pour une durée indéterminée. Il allait sans doute apprendre à viser avec fanielle, de toute façon.
(Tu semble presque jalouse…)
(Je suis juste énervée par son hypocrisie… ça va passer.)
(Hmpf...)
Modifié en dernier par Yliria le dim. 8 juin 2025 18:02, modifié 1 fois.
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Re: Les Voies Médianes
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Les Voies Médianes
Jour 2 – Après-Midi.
Le repas touchait à sa fin, chacun mangeant de quoi se rassasier ou même plus. Le constat était fait : ils avaient encore du temps aujourd’hui pour aller enquêter sur les pistes des Voies Médianes. Pour l’heure, chacun partit vaquer à ses occupations : Fanielle débarrassa la table et alla en cuisine, sans doute pour s’occuper de la vaisselle. Bergeac resta à table, les yeux perdus dans son verre qu’il remplissait sitôt qu’il se vidait. Itulë, elle, s’assit par terre dans un coin de la boutique, farfouillant dans ses deux sacs d’or comme pour en évaluer le contenu.
[HJ : Jorus, aparté possible avec qui tu veux. Yli et Mitya, je ne vous surcharge pas d’un aparté tant que votre post n’est pas complété. On pourra en réaliser un si vous le faites assez rapidement.]
[XP :
Jorus : 0,5 (discussion), 0,5 (repas)
Mitya : noté quand complété.
Yliria : noté quand complété.]
- Mitya
- Messages : 41
- Enregistré le : dim. 25 août 2024 17:38
Re: Les Voies Médianes
Le repas se termina rapidement et Mitya en profita pour aller aider Fanielle à nettoyer, à défaut de l’avoir fait, comme elle l’avait annoncé, pour préparer le repas. Essuyant la vaisselle que lui tendait la jeune femme, elle la remercia pour son aide et son hospitalité, glissa au passage quelques excuses pour le comportement d’Itulë que la jeune fille minimisa de suite. L’elfe acquiesça, bien qu’en léger désaccord. Oui, elle était jeune pour les siennes mais comme elle l’avait si bien dit elle-même, elle avait eu le temps de pas mal de choses à son âge.
La suite de la vaisselle se poursuivit autour d’une discussion sur la culture Ashaari. Mitya apprit qu’il n’y avait en effet pas de forme d’écrit ou de dessin dans cette cité mais qu’ils faisaient plutôt de l’artisanat. Un peu de musique également. Pas de récits de victoire, de conquête des étages ni même de légendes. C’était une culture indéniablement tournée vers le présent et c’était tout à leur honneur. Mais le cerveau encore si Yuiménien de l’elfe avait encore du mal à concevoir tout ça.
Vînt ensuite des comparaisons entre leurs deux cultures. Eux naissaient (si on pouvait parler de naissance) en sachant marcher et parler, le reste était le boulot de la famille. C’était normal pour eux et ça ne les choquait pas plus que de ne pas savoir comment était fabriqué ou produit leur nourriture. Mitya lâcha ce qu’elle pensait être une bombe au sujet des animaux et de la viande mais Fanielle ne réagit pas plus que ca. Elle conclut d’ailleurs la discussion en disant trouver les pensées de la yuiménienne un peu conspirationniste. Sans doute était-ce en partie vrai? Elle n’avait encore jamais quitté sa forêt natale jusqu’à hier et faisait de son mieux pour essayer de comprendre cette civilisation si différente et pourtant si proche de la sienne.
Jetant un rapide coup d’oeil à Bergeac, elle se sentie désolée, ne pouvant s’empêcher de se sentir coupable de son état. Elle fouilla dans son sac, en sortit un petit champignon pas encore trop amoché et grava des yeux et un sourire à l’aide de son couteau à champignon avant de le déposer sur la table devant lui.
“J’aimerais pouvoir faire plus pour vous…"
(( J’ai complété mon ancien post
viewtopic.php?p=15987#p15987 ))
La suite de la vaisselle se poursuivit autour d’une discussion sur la culture Ashaari. Mitya apprit qu’il n’y avait en effet pas de forme d’écrit ou de dessin dans cette cité mais qu’ils faisaient plutôt de l’artisanat. Un peu de musique également. Pas de récits de victoire, de conquête des étages ni même de légendes. C’était une culture indéniablement tournée vers le présent et c’était tout à leur honneur. Mais le cerveau encore si Yuiménien de l’elfe avait encore du mal à concevoir tout ça.
Vînt ensuite des comparaisons entre leurs deux cultures. Eux naissaient (si on pouvait parler de naissance) en sachant marcher et parler, le reste était le boulot de la famille. C’était normal pour eux et ça ne les choquait pas plus que de ne pas savoir comment était fabriqué ou produit leur nourriture. Mitya lâcha ce qu’elle pensait être une bombe au sujet des animaux et de la viande mais Fanielle ne réagit pas plus que ca. Elle conclut d’ailleurs la discussion en disant trouver les pensées de la yuiménienne un peu conspirationniste. Sans doute était-ce en partie vrai? Elle n’avait encore jamais quitté sa forêt natale jusqu’à hier et faisait de son mieux pour essayer de comprendre cette civilisation si différente et pourtant si proche de la sienne.
Jetant un rapide coup d’oeil à Bergeac, elle se sentie désolée, ne pouvant s’empêcher de se sentir coupable de son état. Elle fouilla dans son sac, en sortit un petit champignon pas encore trop amoché et grava des yeux et un sourire à l’aide de son couteau à champignon avant de le déposer sur la table devant lui.
“J’aimerais pouvoir faire plus pour vous…"
(( J’ai complété mon ancien post

- Jorus Kayne
- Messages : 374
- Enregistré le : ven. 21 déc. 2018 20:30
- Localisation : Aliaénon
Re: Les Voies Médianes
Après le repas, nous vaquons chacun à d’autres occupations. Bergeac qui tente de percer les mystères de la vie au travers de son alcool. Fanielle qui s’affaire à faire la vaisselle. Seule Yliria nous quitte si tôt après avoir mangé. Moi qui m’intéressais de la nature des pouvoirs d’Itulë depuis que j’en ai conscience, c’est le moment parfait.
Assise dans un coin de la boutique en fouillant le contenu de ses sacs, je m’approche d’elle sans chercher à la surprendre.
"Itulë, tu aurais quelques minutes à m'accorder ? J'aimerais discuter avec toi d'un sujet en particulier."
D’un oui enfantin, je m’assois à ses côtés, réfléchissant à comment aborder l’étrangeté de ses pouvoirs, sans qu’elle ne s’en offusque, se braque et mette une barrière entre elle et moi impossible à franchir. Sauf que je ne vois pas comment réaliser cela et aborde doucement le sujet.
"Depuis qu'on s'est croisé, je sais quelque chose que tu n'as pas évoqué." Fais-je avant de regarder autour de nous, m’assurant que nul ne nous entende, alors que je balance le sujet le plus simplement du monde.
"Je sais que tu possèdes une forme de magie particulière, qui ne ressemble en rien à la magie élémentaire de notre monde. Je n'en ai parlé à personne et à ma connaissance, je dois être le seul au courant. Je voulais que tu le saches et si tu es d'accord, te demander de m'en parler davantage."
Elle plonge ses yeux dans les miens, d’un sérieux et d’une intensité telle que jamais on ne m’avait regardé ainsi, peu importe l’âge ou la race et cela me déstabilise quelque peu. Elle réplique que Mitya est déjà au courant, qu’elle sait changer les gens en crapaud, avant de ranger la pépite qu’elle admirait, terminant sur le fait qu’elle n’est en réalité pas de Yuimen.
(Pardon ?)
"Quoi mais... comment ça pas de Yuimen ? Tu es sérieuse ou c'est une blague ?" Dis-je, sans savoir si c’est la vérité ou si elle se joue de moi.
Elle réplique que je devrais savoir lorsqu’elle fait des blagues, réitérant sa réponse précédente et que cependant, elle connaît bien Yuimen. Mes yeux se mettent à clignoter rapidement devant la confirmation, bien qu’en disant cela, je ne peux m’empêcher d’observer son regard joueur. Peut-être est-ce cela qui me met un doute sur ses propos. Néanmoins, je pars du principe qu’elle ne me ment pas.
"Attends, attends. Tu n'es pas d'Ashaar, pas de Yuimen, mais tu connais mon monde c'est ça ?"
Un simple oui, ou plutôt "Voui". Une réponse enfantine qui lui colle à la peau à chaque fois qu’elle s’exprime. Pourtant, ce n’est pas la réponse que j’attends et j’ai l’impression qu’en apprendre plus va m’être compliqué. Désarmé par les réponses trop courtes de la jeune elfe, je prends sur moi pour approfondir le sujet.
"Et tu accepterais de me parler plus de toi et de ton monde ?"
Ses yeux se dressent dans ma direction. Accueillant soudainement, des larmes que je ne pensais pas faire venir par cette simple question, elle explique tout simplement que c’est une histoire triste et qu’elle ne reverra jamais son monde. Cette révélation me fait porter un nouveau regard sur Itulë. Convaincu par la véracité de ses propos, je suis attendri par la tristesse qu’elle me témoigne et cale une main sur sa joue pour lui témoigner mon affection.
"Pourquoi dis-tu cela ? Raconte-moi."
Pourquoi ? Parce que si ce n’est la réponse que j’attends, telle est la vérité et écrasant une larme d’un revers de main, elle renifle et précise que sa peine est trop forte et sa perte trop douloureuse pour parvenir à mettre les mots.
"Rien ne t'oblige à me raconter ton histoire si tu n'en a pas envie ou...si tu ne me fais pas assez confiance pour cela. Je comprends." Fais-je sans insister sur son histoire. "Je voulais juste te connaître un peu plus." Dis-je en retirant ma main de sa joue.
En moi, je revois la découverte de Teruki et de sa femme à Fan-Ming, ou du moins ses ruines. J’ignorais alors de qui il s’agissait. Ce n’est qu’après que j’ai appris qu’il était en réalité le Seigneur de cette cité, attaquée par le Dragon Noir. De son peuple, ils en étaient les seuls rescapés. L’idée qu’une chose similaire soit arrivée à Itulë ne me paraît pas absurde et explique la difficulté d’évoquer le sujet.
"Nos histoires nous façonnent. Nous portons tous avec nous nos joies et nos chagrins, nos victoires et nos échecs. Ce que nous acceptons de dévoiler aux autres et..." Je ramène ma main à moi, dévoilant une cicatrice en forme de croix présente au creux, me demandant si je dois prendre le risque de dévoiler ce qui se cache dans la paume de ma main. "...nos secrets."
Un échange entre nous deux, un secret pour un autre, espérant que cela suffise pour lui permettre de s’ouvrir à moi. La marque dans la paume de ma main l’intrigue et elle termine sur sa crainte de perdre Yuimen, comme elle a perdu son monde.
"Quoi qu'il te soit arrivé dans ton monde, nous ferons tout ce qui est possible pour l'éviter. Reste qu'il est plus facile d'y parvenir si on sait à quoi s'attendre. Mais j'attendrais que tu sois prête à m'en parler." Puis je porte mon intérêt sur ma main, hésitant malgré tout à dévoiler ce qui s’y cache. "Ca c'est...quelque chose qui m'est arrivé sur un monde précédent en le sauvant d'une terrible menace. Cependant...je crains toujours la réaction des gens à qui je suis prêt à montrer ce que mes mains renferment." Dis-je en la regardant.
Il ne faudrait qu’un signe de sa part, d’un intérêt à peine plus poussé sur ce sujet pour que je le lui révèle. Cependant, au lieu de cela, elle clame connaître elle aussi Aliaénon.
(Quoi…mais…comment ?)
"Tu connais Aliaénon ? Combien de monde connais-tu au juste et...comment savais-tu que je parlais de celui-là ?" Fais-je alors que je sens mes yeux sortent presque de leurs orbites.
Sa réponse me laisse sur le cul et me gêne, tant l’évidence est flagrante : on n’arrête pas d’en parler depuis que nous sommes ici.
"Ha oui, c'est pas faux." Dis-je gêné.
Son monde, Aliaénon, Yuimen. Cela fait tout de même plusieurs mondes déjà visités et une idée émerge dans mon esprit. Celle que ses pouvoirs seraient en réalité liés à une capacité de se déplacer d’un monde à l’autre, expliquant autant de mondes visités.
"Mais combien de monde tu as connu ?"
Juste les trois que nous avons déjà évoqués. Ca plus Ashaar ce qui est beaucoup pour une si jeune fille.
(Qui sait, peut-être qu’elle ne sait pas contrôler ses pouvoirs et espère l’aide des Chevalier des Cieux pour y parvenir ?)
"Et comment se nommait ton monde ?" Fais-je en tentant un bout de réponse, quelque chose qui la pousse à se confier, à se reposer sur moi.
Hélas, cela fait partie des informations que je ne peux obtenir. Est-ce trop dur pour elle ou ne me fait-elle pas assez confiance pour cela ? Me demandant si je vais l’aider à retourner sur Yuimen, je réprime la déception qui me vient et porte toute mon attention sur elle, en venant légèrement appuyer le bout de son nez de mon doigt, la forçant à loucher. Une attitude enfantine qui m’amuse beaucoup.
"Je vais tout faire pour que ce soit possible."
Elle pointe ses deux sacs d’or et semble espérer que cela va nous servir à atteindre cet objectif. Sauf que je ne suis pas tant convaincu. Je reste toujours septique quant à la manière qu’elle a eue d’obtenir tant d’or et aussi facilement. Craignant quelque part que cela puisse provenir d’une forme de magie, je crains que cela ne nous retombe dessus.
"Je l'ignore. D'autant plus que, même si je te crois, je ne comprends pas comment quelqu'un a pu te donner autant sans rien en contrepartie. Ça n'a pas de sens en vérité."
Elle réplique simplement qu’elle sait être convaincante et qu’il a probablement eu peur d’être transformé en crapaud.
"Sûrement oui." Dis-je avec un sourire, en posant amicalement ma main sur sa tête et secouant sa petite tignasse. "Tu es vraiment capable de transformer les gens en crapaud ? Un gros crapaud ou un tout petit ?"
Je pourrais le savoir sans mal, si par malheurs je deviendrais un méchant Jojo, avant de me demander avec toute son innocence, si je préfère être un gros ou un crapaud minuscule. Une réplique qui me fait hésiter, douter de ses intentions, mais à laquelle je préfère y répondre d’un sourire amusé.
"Heu...je suis obligé d'être un crapaud ?"
Bien sûr que non. Il suffit que je reste le gentil Jojo qui s’assure que tout se passe bien, me lâche-t-elle en m’offrant la vue de ses dents particulièrement blanches. A mon tour, je réplique avec mon petit sourire en coin, forçant quelque peu la vanité.
"Ha ba dans ce cas j'ai rien à craindre alors !"
(Finalement, tu n’as pas trop à te forcer !)
"Tu parlais d'Aliaénon tout à l'heure. Où as-tu été et qui tu y as rencontré ?"
J’évoque le sujet comme on parle d’escapades entre deux voyageurs. Qui sait si elle n’a pas rencontré une connaissance commune et peut-être voudra-t-elle apprendre ce qui leur est arrivé. Je n’aimerais pas lui révéler la mort d’Ibn, mais elle pourrait apprécier d’apprendre le chemin que vont prendre Teruki et Himeka. Sauf que voilà, j’apprends qu’elle a inventé cela.
Une lame s’enfonce en moi. Moi qui étais prêt il y a peu à lui présenter ce que je cache dans le creux de mes mains, elle me balance ça et…ça fait mal. Je suis encore meurtrie par ce que m’a révélé Yliria et moi qui ne supporte pas qu’on me mène en bateau, du moins par des personnes de confiance, ça me blesse.
"Tu...tu n'as jamais été sur Aliaénon ? Tu m'as menti ? Pourquoi ?"
Au-delà de la blessure qu’elle m’a infligée, certes, ce n’est pas un mensonge terrible et il n’engendre pas des conséquences dramatiques, mais cela me peine pourtant qu’elle m’ait menti. Cependant, il existe peut-être une raison à cela. Une explication qui justifie son acte et pourrait adoucir ma peine. Alors qu’elle l’ignore dans un premier temps, elle prétend qu’elle voulait faire comme nous.
Une idée me vient. Une explication possiblement logique à cela. Nous n’avons eu de cesse comme elle l’a dit de parler d’Aliaénon, de nos actes, de nos batailles, peut-être même de ce qui s’est produit à Kochii si elle en a entendu parler. Elle, une jeune fille, au milieu de tant d’individus qui parlent de choses presque irréelles si on ne les a pas vécues. Elle se sentait peut-être seule.
"Mais quel est l'intérêt ? Tu avais peur d'être exclue ?"
J’ai vu juste. Elle se mord la lèvre et au bord des larmes, se serre contre moi. Je la serre en retour, attendant sans rien dire le temps qu’elle se blottisse.
"Écoute. Qui que tu sois, d'où que tu viennes, cela ne change rien à mes yeux. Et si tu veux toi aussi rentrer chez toi, on fera tout ce qui est possible pour y parvenir. Mais je te demanderais de nous faire confiance et à défaut, de ME faire confiance !" Je m'arrête un bref instant et repends avec une pointe de tristesse dans la voix. "Et...plus de mensonge. J'ai...du mal à faire confiance aux gens qui me mènent en bateau et je n'ai pas envie que tu en fasses partie. C'est d'accord ?"
Un accord se fait entre nous et plus encore, elle me propose d’en savoir plus sur elle, sur son histoire, sur qui elle est. Je dois néanmoins me soumettre à une seule et unique condition : conserver le secret le plus absolu. Toujours dans mes bras, je sens qu’elle est sincère cette fois-ci, du moins, je l’espère. Qu’est-ce qui pourrait être aussi grave pour justifier qu’elle le garde pour elle seule ? Est-elle la fille d’un être prêt à tout pour la retrouver, dans ce monde ou dans un autre ? Est-elle poursuivie par quelqu’un pour une obscure raison ?
"Je veux te connaître davantage. Je veux connaître la vraie Itulë, sans masquer la vérité, sans la déformer et sans artifices. Tu as le droit de garder certaines choses pour toi si elles sont trop difficiles à partager, mais pas de mensonge. En échange, je répondrais à toutes tes questions à mon sujet. Ya pas de raison que tu sois la seule à subir un terrifiant interrogatoire." Dis-je en prenant une fausse grosse voix sur la fin, pour tenter de détendre l'atmosphère.
Elle se recule et je la regarde, attendant ses paroles, ses mots, ses explications, qui elle est et son histoire. Sauf qu’elle n’ouvre pas la bouche. A la place, elle pose une main sur mon front et ce n’est que plus tard que je comprends le sens de ses paroles. Il n’existe aucun mot en mesure d’expliquer ce qu’elle souhaite me révéler. Ce qu’elle fait, est plus fort encore, plus surprenant et plus clair à la fois : elle me le fait vivre. J’ai été le Titan des tempêtes, regardant le monde à travers ses yeux. Percevant la foudre comme on regarde le cours d’eau s’écouler, observant la faune le faire vivre dans une harmonie absolue. Pourtant, cela ne m’a pas préparé à ce qui m’arrive.
Un flot d’images, de scènes, de moments cruciaux s’enchaînent et se suivent. J’y vois des choses que je n’aurais jamais pensées possible, des choses que je n’aurais jamais osé imaginer et pourtant, j’ai l’impression de les vivre. Non, en réalité je les vis. A travers elle, à travers ses yeux, à travers son être. Je les vis comme j’ai vécu chaque moment de ma vie. Un flot d’émotion me submerge. Je ressens son état de chaque moment, ses nombreux ressentis, de chaque vision qu’elle partage avec moi et ce, jusqu’à ce que la dernière se termine ici, à Ashaar, dans la cave de Bergeac.
Je m’attendais à des révélations, j’ai bien plus que cela. A présent, je connais Itulë plus qu’aucun autre. Je sais qui elle est. Pas simplement son identité, je la connais, comme on connaît un livre après l’avoir parcouru, connaissant ses moments de doutes et de faiblesses dans sa plus profonde intimité.
Je regarde le vide, opposition parfaite à l’immensité qui m’a envahie. Il me faut du temps, du temps pour assimiler tout cela en moi, tâchant de ne pas me faire emporter par ce flot, de conserver mon esprit indemne comme un arbre après une tempête terrifiante. Petit à petit, je reviens. Je me rappelle mon enfance dans les rues. Je me rappelle ma première fois en mer, de mes fuites et de ces moments cruciaux où j’ai décidé de prendre ma vie en main. Je me rappelle de mes amours, de mes peines et des êtres qui ont parsemé le chemin de mon existence. Je me rappelle qui j’ai été et qui je suis. Je suis là, face à cette jeune fille, qui a vécu tant de choses.
Comme pour se rappeler qui je suis, après tout cela, après cette révélation intime, ma première réponse est à mon image.
"Hé ba. J'avais pas autant été surpris depuis qu'on m'a révélé que le ragoût de bœuf de ma taverne préférée, se faisait avec tout, sauf du bœuf !"
En parlant, je sens des larmes sur mes joues. Elles ont coulé en même temps que je vivais ces moments. Laissant une marque légèrement humide sur ma peau. Elle s’est ouverte à moi et à mon tour, je fais de même. Je n’ai pas les mêmes capacités qu’elle alors je laisse les mots le faire pour moi et lui exprime, cette chance qu’elle m’offre, la remerciant pour ce qu’elle a fait. En retour, elle saisit mon visage entre ses mains, me faisant confiance pour notre retour.
"Je te fais confiance, Jojo le Pas-Crapaud."
Elle se fie à moi, plus qu’aucun être auparavant ne l’avait fait. Au travers de cela, cette manière de l’exprimer derrière cette apparence de grande fille, m’amuse assez.
"Jojo le Pas-Crapaud. J’ai connu pire comme sobriquet." Dis-je en souriant, avant que cela ne me ramène aux sacs d’or.
Je lui confirme que je compte bien mener cette mission à bien mais pas qu’avec elle, avec aussi avec tous ceux des Bouges. Eux non plus n’ont pas leur place ici. Il reste cependant une crainte quant à la façon dont elle a acquis ces sacs d’or, lui demandant la vérité et il s’avère que l’usurier chez qui elle a été a également vu qui elle était et lui en a fait don. En ce qui concerne les crapauds, il ne s’agit là que d’une facétie de sa part, elle qui aime imaginer ce que les gens peuvent ressentir lorsqu’elle les menace ainsi. Elle me dit cela à sa manière candide, même s’il y a un peu de faux là-dedans. Cependant, si cette réponse avait pour but de me rassurer, il n’en est rien. En insistant, elle précise qu’elle n’a laissé aucune trace, comprenant par là mes craintes que je dissimule vainement.
Pris sur le fait, je lève les mains en signe de reddition, admettant sans le moindre mal que ce n’est pas moi qui vais lui apprendre la magie. Pourtant, nous ne savons rien de ces Chevaliers des Cieux et je lui présente ma crainte les concernant. Ils sont considérés comme des dieux et si tel est le cas, mieux vaut éviter tout usage, surtout pour n’obtenir qu’un peu d’or.
"Alors pas de magie jeune fille !" Dis-je en donnant de petits coups du doigt sur son front.
Elle perd son regard mutin pour un autre un peu plus noir. Justifiant que l’or nous offrira plus de possibilités que la magie ici. Cela valait le coup et elle ne compte pas en faire plus. Ce qu’elle dit n’est pas dénué de sens. Aller dans la Veine en quête d’information sur les runes et ceux qui y sont présents ne sera pas chose aisée et l’or pourrait effectivement être très utile, mais pas indispensable.
"Je dois admettre que tu n’as pas complètement tord. Je compte partir à la pêche aux informations dans la Veine et cet or, pourrait effectivement nous y aider, enfin m’y aider. Une manière simple d’y parvenir, mais pas la seule. Il y a toujours plus d’un sentier pour arriver au bout du chemin." Dis-je en regardant encore les sacs avant de revenir sur Itulë. "Cet or t’appartient et de mon point de vue, tu as pris de gros risque pour l’avoir, donc fais attention avec. Il faudra trouver un moyen de le dissimuler. Tu ne peux pas te permettre de te balader aussi ostensiblement avec. Tu comptes faire quoi dans les jours à venir ?" Dis-je en m’intéressant à ses objectifs.
"Trouver une source puissante de magie." Me répond-elle, me faisant comprendre la raison derrière cette idée qui semble bien imprégnée dans son esprit et je dois admettre qu’elle a un argument de poids.
(Ainsi, nous pourrions partir d’Ashaar. Cela a du sens, mais rien n’est certain. Cependant, peut-être que nous pourrions user d’un moyen pour le sécuriser.)
Je lui fais par qu’au travers des runes que l’on pourrait trouver, il n’est pas exclu que la solution qu’elle me propose nous offre plus de chances de succès. Elle n’aime pas trop l’idée, leur usage tenant davantage du hasard, sauf si nous parvenons à en rassembler assez pour former une phrase. Une phrase complexe et précise.
"Des runes donc. Je tâcherais d'en rassembler autant que possible dans la Veine pour y parvenir. J'espère que ta future excursion à la surface se déroulera comme il faut, que ces êtres ailés ne soient pas un obstacle à notre retour. D'autant plus que nous n'aurons aucun moyen de communiquer s'ils te retiennent. Restent les Bouges et ce qu'on pourrait y dégoter."
Je regarde Itulë avec des yeux hésitants. Dans sa vision, j’y ai vu sa rencontre avec Naral Shaam. J’ignore quels mots ils ont échangé, mais elle ressentait…comme si elle percevait que sa présence était une chose positive, alors que nous avions tous été arraché là où nous étions. Lui, ce fichu elfe rose. J’ai en mémoire la réaction du Sans-Visage lorsque je me suis intéressé à son marché entre lui et le Dragon Noir. Si Itulë n’a pas souhaité me révéler la teneur des propos, mieux vaut que je porte mon attention sur ce qui m’inquiète réellement. "Tu m'as fait voir ta rencontre avec Naral Shaam, sa présence te semblait positive, vous avez échangé quelques mots d'ailleurs. Tu sais ce qu'il compte faire en se rendant dans cette ville-prison ? Je sais qu'il s'y est rendu sous sa forme de dragon."
Tout comme elle, il est en quête d’une source puissante de magie. Ce n’est peut-être pas déconnant avec tous ces mages en bas. Pourtant, ce n’est pas là l’information que je retiens le plus et reste focalisé sur ces quelques mots qui ont ponctué sa réponse. Une poignée de mots qui pourtant, me déroutent. Hélas, je ne parviens pas à en savoir davantage et je vois bien que plus j’insiste et plus elle tourne autour du pot.
Je me frotte le visage avant de terminer, balayant nos derniers propos d’une conversation stérile.
"Bon, il va me falloir affronter un autre problème de taille à présent : expliquer ce qu'est un animal à Fanielle et son père, sans engendrer de répulsions de leur part."
"T'as qu'à pas leur décrire un crapaud !" Me dit-elle de son air enfantin.
(Décidément, elle et ses crapauds !)
Ma conversation et surtout les informations que j’ai eues m’ont quelque peu détourné de ma faéra. Cependant, je sais qu’elle est tout aussi troublée que moi. Peut-être que nous en parlerons plus tard entre nous. Je laisse la jeune elfe et m’en vais retourner vers nos hôtes.
Assise dans un coin de la boutique en fouillant le contenu de ses sacs, je m’approche d’elle sans chercher à la surprendre.
"Itulë, tu aurais quelques minutes à m'accorder ? J'aimerais discuter avec toi d'un sujet en particulier."
D’un oui enfantin, je m’assois à ses côtés, réfléchissant à comment aborder l’étrangeté de ses pouvoirs, sans qu’elle ne s’en offusque, se braque et mette une barrière entre elle et moi impossible à franchir. Sauf que je ne vois pas comment réaliser cela et aborde doucement le sujet.
"Depuis qu'on s'est croisé, je sais quelque chose que tu n'as pas évoqué." Fais-je avant de regarder autour de nous, m’assurant que nul ne nous entende, alors que je balance le sujet le plus simplement du monde.
"Je sais que tu possèdes une forme de magie particulière, qui ne ressemble en rien à la magie élémentaire de notre monde. Je n'en ai parlé à personne et à ma connaissance, je dois être le seul au courant. Je voulais que tu le saches et si tu es d'accord, te demander de m'en parler davantage."
Elle plonge ses yeux dans les miens, d’un sérieux et d’une intensité telle que jamais on ne m’avait regardé ainsi, peu importe l’âge ou la race et cela me déstabilise quelque peu. Elle réplique que Mitya est déjà au courant, qu’elle sait changer les gens en crapaud, avant de ranger la pépite qu’elle admirait, terminant sur le fait qu’elle n’est en réalité pas de Yuimen.
(Pardon ?)
"Quoi mais... comment ça pas de Yuimen ? Tu es sérieuse ou c'est une blague ?" Dis-je, sans savoir si c’est la vérité ou si elle se joue de moi.
Elle réplique que je devrais savoir lorsqu’elle fait des blagues, réitérant sa réponse précédente et que cependant, elle connaît bien Yuimen. Mes yeux se mettent à clignoter rapidement devant la confirmation, bien qu’en disant cela, je ne peux m’empêcher d’observer son regard joueur. Peut-être est-ce cela qui me met un doute sur ses propos. Néanmoins, je pars du principe qu’elle ne me ment pas.
"Attends, attends. Tu n'es pas d'Ashaar, pas de Yuimen, mais tu connais mon monde c'est ça ?"
Un simple oui, ou plutôt "Voui". Une réponse enfantine qui lui colle à la peau à chaque fois qu’elle s’exprime. Pourtant, ce n’est pas la réponse que j’attends et j’ai l’impression qu’en apprendre plus va m’être compliqué. Désarmé par les réponses trop courtes de la jeune elfe, je prends sur moi pour approfondir le sujet.
"Et tu accepterais de me parler plus de toi et de ton monde ?"
Ses yeux se dressent dans ma direction. Accueillant soudainement, des larmes que je ne pensais pas faire venir par cette simple question, elle explique tout simplement que c’est une histoire triste et qu’elle ne reverra jamais son monde. Cette révélation me fait porter un nouveau regard sur Itulë. Convaincu par la véracité de ses propos, je suis attendri par la tristesse qu’elle me témoigne et cale une main sur sa joue pour lui témoigner mon affection.
"Pourquoi dis-tu cela ? Raconte-moi."
Pourquoi ? Parce que si ce n’est la réponse que j’attends, telle est la vérité et écrasant une larme d’un revers de main, elle renifle et précise que sa peine est trop forte et sa perte trop douloureuse pour parvenir à mettre les mots.
"Rien ne t'oblige à me raconter ton histoire si tu n'en a pas envie ou...si tu ne me fais pas assez confiance pour cela. Je comprends." Fais-je sans insister sur son histoire. "Je voulais juste te connaître un peu plus." Dis-je en retirant ma main de sa joue.
En moi, je revois la découverte de Teruki et de sa femme à Fan-Ming, ou du moins ses ruines. J’ignorais alors de qui il s’agissait. Ce n’est qu’après que j’ai appris qu’il était en réalité le Seigneur de cette cité, attaquée par le Dragon Noir. De son peuple, ils en étaient les seuls rescapés. L’idée qu’une chose similaire soit arrivée à Itulë ne me paraît pas absurde et explique la difficulté d’évoquer le sujet.
"Nos histoires nous façonnent. Nous portons tous avec nous nos joies et nos chagrins, nos victoires et nos échecs. Ce que nous acceptons de dévoiler aux autres et..." Je ramène ma main à moi, dévoilant une cicatrice en forme de croix présente au creux, me demandant si je dois prendre le risque de dévoiler ce qui se cache dans la paume de ma main. "...nos secrets."
Un échange entre nous deux, un secret pour un autre, espérant que cela suffise pour lui permettre de s’ouvrir à moi. La marque dans la paume de ma main l’intrigue et elle termine sur sa crainte de perdre Yuimen, comme elle a perdu son monde.
"Quoi qu'il te soit arrivé dans ton monde, nous ferons tout ce qui est possible pour l'éviter. Reste qu'il est plus facile d'y parvenir si on sait à quoi s'attendre. Mais j'attendrais que tu sois prête à m'en parler." Puis je porte mon intérêt sur ma main, hésitant malgré tout à dévoiler ce qui s’y cache. "Ca c'est...quelque chose qui m'est arrivé sur un monde précédent en le sauvant d'une terrible menace. Cependant...je crains toujours la réaction des gens à qui je suis prêt à montrer ce que mes mains renferment." Dis-je en la regardant.
Il ne faudrait qu’un signe de sa part, d’un intérêt à peine plus poussé sur ce sujet pour que je le lui révèle. Cependant, au lieu de cela, elle clame connaître elle aussi Aliaénon.
(Quoi…mais…comment ?)
"Tu connais Aliaénon ? Combien de monde connais-tu au juste et...comment savais-tu que je parlais de celui-là ?" Fais-je alors que je sens mes yeux sortent presque de leurs orbites.
Sa réponse me laisse sur le cul et me gêne, tant l’évidence est flagrante : on n’arrête pas d’en parler depuis que nous sommes ici.
"Ha oui, c'est pas faux." Dis-je gêné.
Son monde, Aliaénon, Yuimen. Cela fait tout de même plusieurs mondes déjà visités et une idée émerge dans mon esprit. Celle que ses pouvoirs seraient en réalité liés à une capacité de se déplacer d’un monde à l’autre, expliquant autant de mondes visités.
"Mais combien de monde tu as connu ?"
Juste les trois que nous avons déjà évoqués. Ca plus Ashaar ce qui est beaucoup pour une si jeune fille.
(Qui sait, peut-être qu’elle ne sait pas contrôler ses pouvoirs et espère l’aide des Chevalier des Cieux pour y parvenir ?)
"Et comment se nommait ton monde ?" Fais-je en tentant un bout de réponse, quelque chose qui la pousse à se confier, à se reposer sur moi.
Hélas, cela fait partie des informations que je ne peux obtenir. Est-ce trop dur pour elle ou ne me fait-elle pas assez confiance pour cela ? Me demandant si je vais l’aider à retourner sur Yuimen, je réprime la déception qui me vient et porte toute mon attention sur elle, en venant légèrement appuyer le bout de son nez de mon doigt, la forçant à loucher. Une attitude enfantine qui m’amuse beaucoup.
"Je vais tout faire pour que ce soit possible."
Elle pointe ses deux sacs d’or et semble espérer que cela va nous servir à atteindre cet objectif. Sauf que je ne suis pas tant convaincu. Je reste toujours septique quant à la manière qu’elle a eue d’obtenir tant d’or et aussi facilement. Craignant quelque part que cela puisse provenir d’une forme de magie, je crains que cela ne nous retombe dessus.
"Je l'ignore. D'autant plus que, même si je te crois, je ne comprends pas comment quelqu'un a pu te donner autant sans rien en contrepartie. Ça n'a pas de sens en vérité."
Elle réplique simplement qu’elle sait être convaincante et qu’il a probablement eu peur d’être transformé en crapaud.
"Sûrement oui." Dis-je avec un sourire, en posant amicalement ma main sur sa tête et secouant sa petite tignasse. "Tu es vraiment capable de transformer les gens en crapaud ? Un gros crapaud ou un tout petit ?"
Je pourrais le savoir sans mal, si par malheurs je deviendrais un méchant Jojo, avant de me demander avec toute son innocence, si je préfère être un gros ou un crapaud minuscule. Une réplique qui me fait hésiter, douter de ses intentions, mais à laquelle je préfère y répondre d’un sourire amusé.
"Heu...je suis obligé d'être un crapaud ?"
Bien sûr que non. Il suffit que je reste le gentil Jojo qui s’assure que tout se passe bien, me lâche-t-elle en m’offrant la vue de ses dents particulièrement blanches. A mon tour, je réplique avec mon petit sourire en coin, forçant quelque peu la vanité.
"Ha ba dans ce cas j'ai rien à craindre alors !"
(Finalement, tu n’as pas trop à te forcer !)
"Tu parlais d'Aliaénon tout à l'heure. Où as-tu été et qui tu y as rencontré ?"
J’évoque le sujet comme on parle d’escapades entre deux voyageurs. Qui sait si elle n’a pas rencontré une connaissance commune et peut-être voudra-t-elle apprendre ce qui leur est arrivé. Je n’aimerais pas lui révéler la mort d’Ibn, mais elle pourrait apprécier d’apprendre le chemin que vont prendre Teruki et Himeka. Sauf que voilà, j’apprends qu’elle a inventé cela.
Une lame s’enfonce en moi. Moi qui étais prêt il y a peu à lui présenter ce que je cache dans le creux de mes mains, elle me balance ça et…ça fait mal. Je suis encore meurtrie par ce que m’a révélé Yliria et moi qui ne supporte pas qu’on me mène en bateau, du moins par des personnes de confiance, ça me blesse.
"Tu...tu n'as jamais été sur Aliaénon ? Tu m'as menti ? Pourquoi ?"
Au-delà de la blessure qu’elle m’a infligée, certes, ce n’est pas un mensonge terrible et il n’engendre pas des conséquences dramatiques, mais cela me peine pourtant qu’elle m’ait menti. Cependant, il existe peut-être une raison à cela. Une explication qui justifie son acte et pourrait adoucir ma peine. Alors qu’elle l’ignore dans un premier temps, elle prétend qu’elle voulait faire comme nous.
Une idée me vient. Une explication possiblement logique à cela. Nous n’avons eu de cesse comme elle l’a dit de parler d’Aliaénon, de nos actes, de nos batailles, peut-être même de ce qui s’est produit à Kochii si elle en a entendu parler. Elle, une jeune fille, au milieu de tant d’individus qui parlent de choses presque irréelles si on ne les a pas vécues. Elle se sentait peut-être seule.
"Mais quel est l'intérêt ? Tu avais peur d'être exclue ?"
J’ai vu juste. Elle se mord la lèvre et au bord des larmes, se serre contre moi. Je la serre en retour, attendant sans rien dire le temps qu’elle se blottisse.
"Écoute. Qui que tu sois, d'où que tu viennes, cela ne change rien à mes yeux. Et si tu veux toi aussi rentrer chez toi, on fera tout ce qui est possible pour y parvenir. Mais je te demanderais de nous faire confiance et à défaut, de ME faire confiance !" Je m'arrête un bref instant et repends avec une pointe de tristesse dans la voix. "Et...plus de mensonge. J'ai...du mal à faire confiance aux gens qui me mènent en bateau et je n'ai pas envie que tu en fasses partie. C'est d'accord ?"
Un accord se fait entre nous et plus encore, elle me propose d’en savoir plus sur elle, sur son histoire, sur qui elle est. Je dois néanmoins me soumettre à une seule et unique condition : conserver le secret le plus absolu. Toujours dans mes bras, je sens qu’elle est sincère cette fois-ci, du moins, je l’espère. Qu’est-ce qui pourrait être aussi grave pour justifier qu’elle le garde pour elle seule ? Est-elle la fille d’un être prêt à tout pour la retrouver, dans ce monde ou dans un autre ? Est-elle poursuivie par quelqu’un pour une obscure raison ?
"Je veux te connaître davantage. Je veux connaître la vraie Itulë, sans masquer la vérité, sans la déformer et sans artifices. Tu as le droit de garder certaines choses pour toi si elles sont trop difficiles à partager, mais pas de mensonge. En échange, je répondrais à toutes tes questions à mon sujet. Ya pas de raison que tu sois la seule à subir un terrifiant interrogatoire." Dis-je en prenant une fausse grosse voix sur la fin, pour tenter de détendre l'atmosphère.
Elle se recule et je la regarde, attendant ses paroles, ses mots, ses explications, qui elle est et son histoire. Sauf qu’elle n’ouvre pas la bouche. A la place, elle pose une main sur mon front et ce n’est que plus tard que je comprends le sens de ses paroles. Il n’existe aucun mot en mesure d’expliquer ce qu’elle souhaite me révéler. Ce qu’elle fait, est plus fort encore, plus surprenant et plus clair à la fois : elle me le fait vivre. J’ai été le Titan des tempêtes, regardant le monde à travers ses yeux. Percevant la foudre comme on regarde le cours d’eau s’écouler, observant la faune le faire vivre dans une harmonie absolue. Pourtant, cela ne m’a pas préparé à ce qui m’arrive.
Un flot d’images, de scènes, de moments cruciaux s’enchaînent et se suivent. J’y vois des choses que je n’aurais jamais pensées possible, des choses que je n’aurais jamais osé imaginer et pourtant, j’ai l’impression de les vivre. Non, en réalité je les vis. A travers elle, à travers ses yeux, à travers son être. Je les vis comme j’ai vécu chaque moment de ma vie. Un flot d’émotion me submerge. Je ressens son état de chaque moment, ses nombreux ressentis, de chaque vision qu’elle partage avec moi et ce, jusqu’à ce que la dernière se termine ici, à Ashaar, dans la cave de Bergeac.
Je m’attendais à des révélations, j’ai bien plus que cela. A présent, je connais Itulë plus qu’aucun autre. Je sais qui elle est. Pas simplement son identité, je la connais, comme on connaît un livre après l’avoir parcouru, connaissant ses moments de doutes et de faiblesses dans sa plus profonde intimité.
Je regarde le vide, opposition parfaite à l’immensité qui m’a envahie. Il me faut du temps, du temps pour assimiler tout cela en moi, tâchant de ne pas me faire emporter par ce flot, de conserver mon esprit indemne comme un arbre après une tempête terrifiante. Petit à petit, je reviens. Je me rappelle mon enfance dans les rues. Je me rappelle ma première fois en mer, de mes fuites et de ces moments cruciaux où j’ai décidé de prendre ma vie en main. Je me rappelle de mes amours, de mes peines et des êtres qui ont parsemé le chemin de mon existence. Je me rappelle qui j’ai été et qui je suis. Je suis là, face à cette jeune fille, qui a vécu tant de choses.
Comme pour se rappeler qui je suis, après tout cela, après cette révélation intime, ma première réponse est à mon image.
"Hé ba. J'avais pas autant été surpris depuis qu'on m'a révélé que le ragoût de bœuf de ma taverne préférée, se faisait avec tout, sauf du bœuf !"
En parlant, je sens des larmes sur mes joues. Elles ont coulé en même temps que je vivais ces moments. Laissant une marque légèrement humide sur ma peau. Elle s’est ouverte à moi et à mon tour, je fais de même. Je n’ai pas les mêmes capacités qu’elle alors je laisse les mots le faire pour moi et lui exprime, cette chance qu’elle m’offre, la remerciant pour ce qu’elle a fait. En retour, elle saisit mon visage entre ses mains, me faisant confiance pour notre retour.
"Je te fais confiance, Jojo le Pas-Crapaud."
Elle se fie à moi, plus qu’aucun être auparavant ne l’avait fait. Au travers de cela, cette manière de l’exprimer derrière cette apparence de grande fille, m’amuse assez.
"Jojo le Pas-Crapaud. J’ai connu pire comme sobriquet." Dis-je en souriant, avant que cela ne me ramène aux sacs d’or.
Je lui confirme que je compte bien mener cette mission à bien mais pas qu’avec elle, avec aussi avec tous ceux des Bouges. Eux non plus n’ont pas leur place ici. Il reste cependant une crainte quant à la façon dont elle a acquis ces sacs d’or, lui demandant la vérité et il s’avère que l’usurier chez qui elle a été a également vu qui elle était et lui en a fait don. En ce qui concerne les crapauds, il ne s’agit là que d’une facétie de sa part, elle qui aime imaginer ce que les gens peuvent ressentir lorsqu’elle les menace ainsi. Elle me dit cela à sa manière candide, même s’il y a un peu de faux là-dedans. Cependant, si cette réponse avait pour but de me rassurer, il n’en est rien. En insistant, elle précise qu’elle n’a laissé aucune trace, comprenant par là mes craintes que je dissimule vainement.
Pris sur le fait, je lève les mains en signe de reddition, admettant sans le moindre mal que ce n’est pas moi qui vais lui apprendre la magie. Pourtant, nous ne savons rien de ces Chevaliers des Cieux et je lui présente ma crainte les concernant. Ils sont considérés comme des dieux et si tel est le cas, mieux vaut éviter tout usage, surtout pour n’obtenir qu’un peu d’or.
"Alors pas de magie jeune fille !" Dis-je en donnant de petits coups du doigt sur son front.
Elle perd son regard mutin pour un autre un peu plus noir. Justifiant que l’or nous offrira plus de possibilités que la magie ici. Cela valait le coup et elle ne compte pas en faire plus. Ce qu’elle dit n’est pas dénué de sens. Aller dans la Veine en quête d’information sur les runes et ceux qui y sont présents ne sera pas chose aisée et l’or pourrait effectivement être très utile, mais pas indispensable.
"Je dois admettre que tu n’as pas complètement tord. Je compte partir à la pêche aux informations dans la Veine et cet or, pourrait effectivement nous y aider, enfin m’y aider. Une manière simple d’y parvenir, mais pas la seule. Il y a toujours plus d’un sentier pour arriver au bout du chemin." Dis-je en regardant encore les sacs avant de revenir sur Itulë. "Cet or t’appartient et de mon point de vue, tu as pris de gros risque pour l’avoir, donc fais attention avec. Il faudra trouver un moyen de le dissimuler. Tu ne peux pas te permettre de te balader aussi ostensiblement avec. Tu comptes faire quoi dans les jours à venir ?" Dis-je en m’intéressant à ses objectifs.
"Trouver une source puissante de magie." Me répond-elle, me faisant comprendre la raison derrière cette idée qui semble bien imprégnée dans son esprit et je dois admettre qu’elle a un argument de poids.
(Ainsi, nous pourrions partir d’Ashaar. Cela a du sens, mais rien n’est certain. Cependant, peut-être que nous pourrions user d’un moyen pour le sécuriser.)
Je lui fais par qu’au travers des runes que l’on pourrait trouver, il n’est pas exclu que la solution qu’elle me propose nous offre plus de chances de succès. Elle n’aime pas trop l’idée, leur usage tenant davantage du hasard, sauf si nous parvenons à en rassembler assez pour former une phrase. Une phrase complexe et précise.
"Des runes donc. Je tâcherais d'en rassembler autant que possible dans la Veine pour y parvenir. J'espère que ta future excursion à la surface se déroulera comme il faut, que ces êtres ailés ne soient pas un obstacle à notre retour. D'autant plus que nous n'aurons aucun moyen de communiquer s'ils te retiennent. Restent les Bouges et ce qu'on pourrait y dégoter."
Je regarde Itulë avec des yeux hésitants. Dans sa vision, j’y ai vu sa rencontre avec Naral Shaam. J’ignore quels mots ils ont échangé, mais elle ressentait…comme si elle percevait que sa présence était une chose positive, alors que nous avions tous été arraché là où nous étions. Lui, ce fichu elfe rose. J’ai en mémoire la réaction du Sans-Visage lorsque je me suis intéressé à son marché entre lui et le Dragon Noir. Si Itulë n’a pas souhaité me révéler la teneur des propos, mieux vaut que je porte mon attention sur ce qui m’inquiète réellement. "Tu m'as fait voir ta rencontre avec Naral Shaam, sa présence te semblait positive, vous avez échangé quelques mots d'ailleurs. Tu sais ce qu'il compte faire en se rendant dans cette ville-prison ? Je sais qu'il s'y est rendu sous sa forme de dragon."
Tout comme elle, il est en quête d’une source puissante de magie. Ce n’est peut-être pas déconnant avec tous ces mages en bas. Pourtant, ce n’est pas là l’information que je retiens le plus et reste focalisé sur ces quelques mots qui ont ponctué sa réponse. Une poignée de mots qui pourtant, me déroutent. Hélas, je ne parviens pas à en savoir davantage et je vois bien que plus j’insiste et plus elle tourne autour du pot.
Je me frotte le visage avant de terminer, balayant nos derniers propos d’une conversation stérile.
"Bon, il va me falloir affronter un autre problème de taille à présent : expliquer ce qu'est un animal à Fanielle et son père, sans engendrer de répulsions de leur part."
"T'as qu'à pas leur décrire un crapaud !" Me dit-elle de son air enfantin.
(Décidément, elle et ses crapauds !)
Ma conversation et surtout les informations que j’ai eues m’ont quelque peu détourné de ma faéra. Cependant, je sais qu’elle est tout aussi troublée que moi. Peut-être que nous en parlerons plus tard entre nous. Je laisse la jeune elfe et m’en vais retourner vers nos hôtes.
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Re: Les Voies Médianes
Une fois sortie de la boutique, j’inspirai longuement. Je ne comprenais pas vraiment el sentiment oppressant que j’avais commencé à ressentir à l’intérieur, mais m’éloigner était la meilleure chose à faire. J’avais besoin de me calmer, de penser à autre chose. Je levai les yeux vers ce qui aurait dû être le ciel. Il n’y avait que cette satanée caverne. Le Soleil me manquait vraiment. Méditer sous ses rayons m’aurait apaisé plus sûrement que la douce chaleur de Ssussun contre ma poitrine. Même lui, je ne pouvais pas l’appeler. J’en avais marre de ces mondes qui repoussaient sans cesse l’utilisation de la magie. Elle faisait partie de moi, comme un bras ou un œil. Ne pas pouvoir m’en servir, c’était horriblement frustrant et difficile. J’avais l’impression qu’elle allait exploser à un moment où à un autre. J’espérai franchement que grimper à la surface serait possible et me libèrerait de cette entrave particulièrement douloureuse.
En attendant, je déambulai un peu au hasard. Je perçus quelques regards curieux, mais rien d’hostile ce qui était un changement appréciable. D’ordinaire, arriver dans une nouvelle ville c’était supporter à nouveau les regards au minimum suspicieux. Ici, ma tenue semblait davantage attirer l’œil, pas mon métissage. Il fallait bien un bon point à ce monde étrange. Je passai devant la devanture d’une taverne et ralentis le pas. Je me demandais si, comme sur Yuimen, c’étaient des nids à informations. Cela pouvait valoir el coup de se renseigner sur quelques bricoles. Notamment sur le fameux inconnu spécialiste des runes dont Bergeac avait parlé. Si lui était au courant, sans doute que d’autres aussi. Le problème étant que j’avais aucune monnaie locale… je me décidai à entrer quand même. Je serai juste une cliente comme les autres.
(Toi qui bois pas et qui n’a pas d’argent, c’est vrai que c’est parfait, comme couverture…)
(Je… trouverai un truc.)
J’entrai sans une pièce chaleureuse, avec relativement peu de monde assis. Derrière le comptoir, le propriétaire, un homme barbu et souriant, lavait un verre. Un vrai verre, pas un godet en bois ou en argile. Intéressant. Je m’approchai et me posai au comptoir en le saluant.
« Bonjour ! Navrée de vous déranger, je cherche quelqu'un, vous pourriez m'aider ? »
« Aucun dérangement, tous sont les bienvenus. Même les personnes si... curieusement équipées. Je vous sers quelque chose ? »
Hmm… j’ignorai la remarque sur mon équipement, je n’avais pas envie qu’il s’y attarde trop. Le fait qu’il ne réponde pas à la question et me proposai plutôt à boire m’ennuyai, j’aurai aimé annuler cette étape, si possible, mais visiblement… Je souriai néanmoins, il avait l’air agréable, aucune raison de s’inquiéter dans l’immédiat. Je sortis ma bourse pour lui présenter une pièce d’argent, au cas où.
« Vous prenez l'argent sous cette forme ? »
Il inspecta la pièce, mais la refusa, arguant qu’il ne prenait que l’or et que cette médaille – aussi jolie soit-elle – ne ferait pas l’affaire. Je retins un juron. Je n’allais pas lui filer une pièce d’or pour avoir une boisson quand même…
(Même le Roi de Kendra-Kar ne paie pas son verre aussi cher. )
« Dommage, c'est tout ce que j'ai… puis-je quand même vous demander une information ? »
Il me surpris en me versant quand même un verre, arguant que c’était la maison qui offrait. Une médaille -une pièce d’argent donc - suffirait pour uen autre. Vraiment sympathique, ce commerçant. Je me demandais s’il parvenait à faire du profit avec une attitude pareille. Enfin, ça m’arrangeait.
« Que puis-je vous faire savoir ? Vous êtes bien étrange : que faites-vous sur les Voies Médianes si vous n'avez pas le sou ? »
Je pris le verre et el regrettai assez vite en constatant que c’était de la bière. J’aurai dû précisé ce que je pouvais apprécier avant… tant pis. Je sirotai une gorgée en faisant de mon mieux pour ne pas grimacer et, prétextant de quand même payer la boisson, je plaçai deux pièces d’argent sur le comptoir. Une information se valait, peu importe l’endroit. A voir s’il comprenait le geste. Au moins la bière n’était pas trop forte, même si l’amertume me racla la gorge d’une manière assez peu agréable.
« Oh c'est une longue histoire sans intérêt avec laquelle je ne vous ennuierai pas. On m'a dit qu'un homme pouvait m'aider, mais pas moyen de mettre la main dessus. Je me suis dit que vous auriez peut-être des informations, ici. Un certain d'Orthal... d'Orthoal ? Orthel ? Quelque chose comme ça. Cela vous dit quelque chose ? »
je faisais vraiment de mon mieux pour essayer de ne pas avoir l’air suspecte et de ne pas en savoir assez afin de vraiment nécessiter de l’aide. Cela sembla payer.
« D'Orthal... Oh ! Salmeck d'Orthel ? Le nouveau phénomène des Voies Hautes ? Il n'est jamais venu en personne, mais... quelques rumeurs courent sur lui. »
je retins un sourire de victoire. Parfait ! Je me penchai, intéressée.
« Oh, il est connu ? vous pourriez m'en dire plus ? Je ne sais pas trop à qui je vais avoir à faire, pour être honnête... »
« Connu... Disons plutôt qu'il intrigue. Comme vous l'disiez, le gars remonte apparemment des Bouges. Mais pas comme les autres qui remontent des Bouges. Lui, il a été catapulté directement sur les Voies Hautes. Vous savez c'que ça signifie, hein. Grande fortune, tout ça. On souffle aussi qu'il aurait des accointances avec la magie mais... ce sont des rumeurs délicates. Il doit être surveillé de près par le Soleil Noir. »
« Ah, je vois. j'imagine que ça doit faire jaser certains... »
Intéressant. Les rumeurs confirmaient plus ou moins ce que Bergeac avait dit, mais j’en apprenais quand même u peu plus sur le fameux d’Orthel, outre son prénom. Mais avant que je ne puisse poser une autre question, quelqu’un se joignit à la conversation. Un homme plus âgé, aux cheveux et à la barbe blanche, l’œil un peu vitreux. Sans doute un soiffard, même si plutôt bien habillée.
« Et il a des yeux qui éclairent la nuit de leur lueur bleutée. Il est secret, discret, et n'aime sans doute pas qu'on fouille dans ses affaires. »
Drôle de manière de s’intégrer à la conversation. Un proche du fameux D’Orthel ?
« Je cherche à le rencontrer, nullement à fouiner dans ses affaires, soyez sans crainte, monsieur...? »
« Je me fiche de ce que vous lui voulez. Je vous mettais juste en garde. »
Charmant personnage… un peu brut mais pas méchant. Mais le tavernier reprit notre conversation, je dirigeai donc mon attention sur lui plutôt que sur l’assoiffé soiffard.
« Le rencontrer ne va pas être simple si vous n'avez pas moyen d'aller aux Voies Hautes. En faisant passer un message via l'un des commerçants de cette Voie qui doit s'y rendre, ça passerait. Ou si vous croisez quelqu'un de la haute qui accepterait. Parce qu'effectivement, il ne viendra sans doute pas de lui même ici. »
« Je connais quelqu'un qui pourrait l'informer. Je me débrouillerais. C''est plus que ce que j'espérais, merci »
C’était plus une idée qu’une vérité. Bergeac avait peut-être réellement un moyen de le contacter ; sinon… eh bien on irait faire un petit tour dans les Voies Hautes. Le tavernier me désigna mon vosin de comptoir qui buvait son verre de vin.
« Z'inquiétez pas pour lui. C'est Jarry, mon frère. Il est pas méchant, mais il peut être acerbe quand on parle de... magie. »
« Compréhensible... C'est le genre de sujet qui peut offrir un aller simple en bas. »
Comme on l’avait amèrement constaté… Au moins, maintenant, les choises s’étaient un peu calmé, même si je m’inquiétais quand même pour les autres. Surtout pour Akihito… même si j’étais persuadée que la vraie menace viendrait de Xël. Une intuition. Une habitude, aussi. Je sirotai ma bière sans l’apprécier, n’étant vraiment pas capable d’apprécier l’amertume d’une telle boisson. La prochaine fois, je demanderai un hydromel d’entrée de jeu. Et puisque j’étais loin de l’avoir finie, je demandai une autre information, l’air de rien.
« Vous avez entendu parler du grabuge qui a eu lieu hier ? »
«Pour sûr. Oh et pour le bordel d'hier, évidemment qu'on en a entendu parler. Toutes les Voies Médianes parlaient que de ça. Et la Veine pareil, j'imagine. Quel foutoir. Mais ici on était aux premières loges. Pauvre vieux Dantes... Z'en savez plus sur ce qui s'est passé ?»
Les informations allaient vite, par ici. Je ne jouais pas la surprise, tout le monde était au courant. Par contre, il valait mieux que je taise mon implication et tout ce qui tournait autour de ça.
« Je sais juste qu'on a saccagé sa boutique, rien de plus. Il m'a rendu service, je comptais aller voir comme il allait. »
« Ah ? J'pensais que vous auriez plutôt parlé de ce truc énorme qui est tombé dans la Veine en écrabouillant masse de gens, et qui a grondé comme si la ville elle-même se réveillait. Enfin oui. Tout est parti de chez Bergeac. Des personnes bizarres qui ont débarqué de chez lui. Des personnes équipées un peu comme vous, maintenant que j'y pense.. »
Merde… Si ej commençai à soulever des questions, ça n’allait pas vraiment aller dans mon sens. Le Soleil Noir n’allait pas apprécier si de plus en plus de gens étaient soudainement au courant de la vérité et de la présence de Yuimeniens.
« Je prenais ça pour des inventions, mais vous dites que c'est vrai ? Etrange. »
J’allais en rester là. Puis Jarry s’exclama, soudainement.
« Pour sûr, il y en a même qui ont débarqué chez moi par la cave. C'ma fille qui m'l'a dit. Mais elle m'a fait promettre de rien... »
(Que… hein ? )
je tournai mon regard vers lui, surprise. Il jura dans sa barbe, sans doute pour avoir vendu la mèche, mais ej n’allais certainement pas lâcher le morceau tout de suite. D’autres seraient arrivés en même temps ? D’autres Yuimeniens ? Par Gaïa, ça changeait radicalement un paquet de choses.
« Dites m'en plus. Et n'ayez crainte, ça restera entre nous. C'est un sujet qui m'intrigue. »
(Tu m’étonnes !)
« J'ai promis de rien dire. Vous tentez de profiter des faiblesses d'un homme troublé par l'alcool... Ce n'est pas très sympathique. »
« Loin de moi cette idée. Cela semblait intéressant, mais je ne veux pas profiter de votre.. faiblesse. »
Fait chier… tenter de lui arracher les vers du nez seraient trop suspect. Il fallait que j’obtienne des informations sur ces autres arrivants, il y avait peut-être une piste à creuser avec eux.
(Bergeac le connaît peut-être. Ou sa fille, ça peut valoir le coup de demander.)
(Tu as raison… Je vais finir ma bière et filer cher Bergeac. Il faut prévenir les autres.)
Mais je sentis le regard du tavernier et haussai un sourcil. il fixait mon armure avec une attention que je n’aimais pas beaucoup.
« Un problème ? »
« Aucun, m'zelle. J'me demandais juste où vous aviez déniché tout ce bardas. C'est pas commun par ici tout ça. Puis vos armes... Le Soleil Noir vous laisse vous promener avec ça ? »
Ah… merde. Il fallait que j’invente un truc pour qu’il ne s’y intéresse pas trop. Il allait falloir que ej commence à me balader sans elle… ça ne ma plaisait pas trop.
« J'ai un accord de principe avec eux. Et c'est un... comment dire... »
(Putain Alyah aide-moi)
(Maaaaaais je sais pas moi ! Dis que tu… fais des essais ?)
« Un... essai, pour faire simple. Si l'équipement est viable dans des situations diverses ça pourrait servir à équiper ceux qui se risquent dans les Bouges, par exemple. »
« Un accord de principe ? Hé bé. On a de la visite de qualité ! »
J’offris un sourire au tavernier, mais son frère, Jarry, ne semblait guère convaincu par mon explication. J’inventai un truc sur el tas, pas vraiment plus convaincue que lui et il n’était clairement pas dupe. Mais puisque j’avais finis ma bière – avec difficulté – je remerciai le tavernier et pris congé comme si de rien n’était. Une fois dehors, en revanche, j’accélérai le pas pour rentrer rapidement chez Bergeac afin de parler d tout ça avec les autres. S’il s’avérait que d’autres Yuimeniens étaient sur place, ou même venant d’un autre monde, tout allait sensiblement se compliquer. Un portail c’était déjà étrange, mais un accident pouvait arriver. Deux, au même moment, à deux endroits différents, ça relevait d’une volonté. Et qui pouvait dire s’il n’y en avait pas eu davantage ? Plus haut. Ou plus bas. Et le Soleil Noir n’en avait nullement parlé. Soit ils n’étaient pas au courant et il fallait absolument le leur cacher. Soit ils nous menaient en bateau depuis el début. La situation, qui n’était déjà pas simple, venait de brusquement se complexifier.
En attendant, je déambulai un peu au hasard. Je perçus quelques regards curieux, mais rien d’hostile ce qui était un changement appréciable. D’ordinaire, arriver dans une nouvelle ville c’était supporter à nouveau les regards au minimum suspicieux. Ici, ma tenue semblait davantage attirer l’œil, pas mon métissage. Il fallait bien un bon point à ce monde étrange. Je passai devant la devanture d’une taverne et ralentis le pas. Je me demandais si, comme sur Yuimen, c’étaient des nids à informations. Cela pouvait valoir el coup de se renseigner sur quelques bricoles. Notamment sur le fameux inconnu spécialiste des runes dont Bergeac avait parlé. Si lui était au courant, sans doute que d’autres aussi. Le problème étant que j’avais aucune monnaie locale… je me décidai à entrer quand même. Je serai juste une cliente comme les autres.
(Toi qui bois pas et qui n’a pas d’argent, c’est vrai que c’est parfait, comme couverture…)
(Je… trouverai un truc.)
J’entrai sans une pièce chaleureuse, avec relativement peu de monde assis. Derrière le comptoir, le propriétaire, un homme barbu et souriant, lavait un verre. Un vrai verre, pas un godet en bois ou en argile. Intéressant. Je m’approchai et me posai au comptoir en le saluant.
« Bonjour ! Navrée de vous déranger, je cherche quelqu'un, vous pourriez m'aider ? »
« Aucun dérangement, tous sont les bienvenus. Même les personnes si... curieusement équipées. Je vous sers quelque chose ? »
Hmm… j’ignorai la remarque sur mon équipement, je n’avais pas envie qu’il s’y attarde trop. Le fait qu’il ne réponde pas à la question et me proposai plutôt à boire m’ennuyai, j’aurai aimé annuler cette étape, si possible, mais visiblement… Je souriai néanmoins, il avait l’air agréable, aucune raison de s’inquiéter dans l’immédiat. Je sortis ma bourse pour lui présenter une pièce d’argent, au cas où.
« Vous prenez l'argent sous cette forme ? »
Il inspecta la pièce, mais la refusa, arguant qu’il ne prenait que l’or et que cette médaille – aussi jolie soit-elle – ne ferait pas l’affaire. Je retins un juron. Je n’allais pas lui filer une pièce d’or pour avoir une boisson quand même…
(Même le Roi de Kendra-Kar ne paie pas son verre aussi cher. )
« Dommage, c'est tout ce que j'ai… puis-je quand même vous demander une information ? »
Il me surpris en me versant quand même un verre, arguant que c’était la maison qui offrait. Une médaille -une pièce d’argent donc - suffirait pour uen autre. Vraiment sympathique, ce commerçant. Je me demandais s’il parvenait à faire du profit avec une attitude pareille. Enfin, ça m’arrangeait.
« Que puis-je vous faire savoir ? Vous êtes bien étrange : que faites-vous sur les Voies Médianes si vous n'avez pas le sou ? »
Je pris le verre et el regrettai assez vite en constatant que c’était de la bière. J’aurai dû précisé ce que je pouvais apprécier avant… tant pis. Je sirotai une gorgée en faisant de mon mieux pour ne pas grimacer et, prétextant de quand même payer la boisson, je plaçai deux pièces d’argent sur le comptoir. Une information se valait, peu importe l’endroit. A voir s’il comprenait le geste. Au moins la bière n’était pas trop forte, même si l’amertume me racla la gorge d’une manière assez peu agréable.
« Oh c'est une longue histoire sans intérêt avec laquelle je ne vous ennuierai pas. On m'a dit qu'un homme pouvait m'aider, mais pas moyen de mettre la main dessus. Je me suis dit que vous auriez peut-être des informations, ici. Un certain d'Orthal... d'Orthoal ? Orthel ? Quelque chose comme ça. Cela vous dit quelque chose ? »
je faisais vraiment de mon mieux pour essayer de ne pas avoir l’air suspecte et de ne pas en savoir assez afin de vraiment nécessiter de l’aide. Cela sembla payer.
« D'Orthal... Oh ! Salmeck d'Orthel ? Le nouveau phénomène des Voies Hautes ? Il n'est jamais venu en personne, mais... quelques rumeurs courent sur lui. »
je retins un sourire de victoire. Parfait ! Je me penchai, intéressée.
« Oh, il est connu ? vous pourriez m'en dire plus ? Je ne sais pas trop à qui je vais avoir à faire, pour être honnête... »
« Connu... Disons plutôt qu'il intrigue. Comme vous l'disiez, le gars remonte apparemment des Bouges. Mais pas comme les autres qui remontent des Bouges. Lui, il a été catapulté directement sur les Voies Hautes. Vous savez c'que ça signifie, hein. Grande fortune, tout ça. On souffle aussi qu'il aurait des accointances avec la magie mais... ce sont des rumeurs délicates. Il doit être surveillé de près par le Soleil Noir. »
« Ah, je vois. j'imagine que ça doit faire jaser certains... »
Intéressant. Les rumeurs confirmaient plus ou moins ce que Bergeac avait dit, mais j’en apprenais quand même u peu plus sur le fameux d’Orthel, outre son prénom. Mais avant que je ne puisse poser une autre question, quelqu’un se joignit à la conversation. Un homme plus âgé, aux cheveux et à la barbe blanche, l’œil un peu vitreux. Sans doute un soiffard, même si plutôt bien habillée.
« Et il a des yeux qui éclairent la nuit de leur lueur bleutée. Il est secret, discret, et n'aime sans doute pas qu'on fouille dans ses affaires. »
Drôle de manière de s’intégrer à la conversation. Un proche du fameux D’Orthel ?
« Je cherche à le rencontrer, nullement à fouiner dans ses affaires, soyez sans crainte, monsieur...? »
« Je me fiche de ce que vous lui voulez. Je vous mettais juste en garde. »
Charmant personnage… un peu brut mais pas méchant. Mais le tavernier reprit notre conversation, je dirigeai donc mon attention sur lui plutôt que sur l’assoiffé soiffard.
« Le rencontrer ne va pas être simple si vous n'avez pas moyen d'aller aux Voies Hautes. En faisant passer un message via l'un des commerçants de cette Voie qui doit s'y rendre, ça passerait. Ou si vous croisez quelqu'un de la haute qui accepterait. Parce qu'effectivement, il ne viendra sans doute pas de lui même ici. »
« Je connais quelqu'un qui pourrait l'informer. Je me débrouillerais. C''est plus que ce que j'espérais, merci »
C’était plus une idée qu’une vérité. Bergeac avait peut-être réellement un moyen de le contacter ; sinon… eh bien on irait faire un petit tour dans les Voies Hautes. Le tavernier me désigna mon vosin de comptoir qui buvait son verre de vin.
« Z'inquiétez pas pour lui. C'est Jarry, mon frère. Il est pas méchant, mais il peut être acerbe quand on parle de... magie. »
« Compréhensible... C'est le genre de sujet qui peut offrir un aller simple en bas. »
Comme on l’avait amèrement constaté… Au moins, maintenant, les choises s’étaient un peu calmé, même si je m’inquiétais quand même pour les autres. Surtout pour Akihito… même si j’étais persuadée que la vraie menace viendrait de Xël. Une intuition. Une habitude, aussi. Je sirotai ma bière sans l’apprécier, n’étant vraiment pas capable d’apprécier l’amertume d’une telle boisson. La prochaine fois, je demanderai un hydromel d’entrée de jeu. Et puisque j’étais loin de l’avoir finie, je demandai une autre information, l’air de rien.
« Vous avez entendu parler du grabuge qui a eu lieu hier ? »
«Pour sûr. Oh et pour le bordel d'hier, évidemment qu'on en a entendu parler. Toutes les Voies Médianes parlaient que de ça. Et la Veine pareil, j'imagine. Quel foutoir. Mais ici on était aux premières loges. Pauvre vieux Dantes... Z'en savez plus sur ce qui s'est passé ?»
Les informations allaient vite, par ici. Je ne jouais pas la surprise, tout le monde était au courant. Par contre, il valait mieux que je taise mon implication et tout ce qui tournait autour de ça.
« Je sais juste qu'on a saccagé sa boutique, rien de plus. Il m'a rendu service, je comptais aller voir comme il allait. »
« Ah ? J'pensais que vous auriez plutôt parlé de ce truc énorme qui est tombé dans la Veine en écrabouillant masse de gens, et qui a grondé comme si la ville elle-même se réveillait. Enfin oui. Tout est parti de chez Bergeac. Des personnes bizarres qui ont débarqué de chez lui. Des personnes équipées un peu comme vous, maintenant que j'y pense.. »
Merde… Si ej commençai à soulever des questions, ça n’allait pas vraiment aller dans mon sens. Le Soleil Noir n’allait pas apprécier si de plus en plus de gens étaient soudainement au courant de la vérité et de la présence de Yuimeniens.
« Je prenais ça pour des inventions, mais vous dites que c'est vrai ? Etrange. »
J’allais en rester là. Puis Jarry s’exclama, soudainement.
« Pour sûr, il y en a même qui ont débarqué chez moi par la cave. C'ma fille qui m'l'a dit. Mais elle m'a fait promettre de rien... »
(Que… hein ? )
je tournai mon regard vers lui, surprise. Il jura dans sa barbe, sans doute pour avoir vendu la mèche, mais ej n’allais certainement pas lâcher le morceau tout de suite. D’autres seraient arrivés en même temps ? D’autres Yuimeniens ? Par Gaïa, ça changeait radicalement un paquet de choses.
« Dites m'en plus. Et n'ayez crainte, ça restera entre nous. C'est un sujet qui m'intrigue. »
(Tu m’étonnes !)
« J'ai promis de rien dire. Vous tentez de profiter des faiblesses d'un homme troublé par l'alcool... Ce n'est pas très sympathique. »
« Loin de moi cette idée. Cela semblait intéressant, mais je ne veux pas profiter de votre.. faiblesse. »
Fait chier… tenter de lui arracher les vers du nez seraient trop suspect. Il fallait que j’obtienne des informations sur ces autres arrivants, il y avait peut-être une piste à creuser avec eux.
(Bergeac le connaît peut-être. Ou sa fille, ça peut valoir le coup de demander.)
(Tu as raison… Je vais finir ma bière et filer cher Bergeac. Il faut prévenir les autres.)
Mais je sentis le regard du tavernier et haussai un sourcil. il fixait mon armure avec une attention que je n’aimais pas beaucoup.
« Un problème ? »
« Aucun, m'zelle. J'me demandais juste où vous aviez déniché tout ce bardas. C'est pas commun par ici tout ça. Puis vos armes... Le Soleil Noir vous laisse vous promener avec ça ? »
Ah… merde. Il fallait que j’invente un truc pour qu’il ne s’y intéresse pas trop. Il allait falloir que ej commence à me balader sans elle… ça ne ma plaisait pas trop.
« J'ai un accord de principe avec eux. Et c'est un... comment dire... »
(Putain Alyah aide-moi)
(Maaaaaais je sais pas moi ! Dis que tu… fais des essais ?)
« Un... essai, pour faire simple. Si l'équipement est viable dans des situations diverses ça pourrait servir à équiper ceux qui se risquent dans les Bouges, par exemple. »
« Un accord de principe ? Hé bé. On a de la visite de qualité ! »
J’offris un sourire au tavernier, mais son frère, Jarry, ne semblait guère convaincu par mon explication. J’inventai un truc sur el tas, pas vraiment plus convaincue que lui et il n’était clairement pas dupe. Mais puisque j’avais finis ma bière – avec difficulté – je remerciai le tavernier et pris congé comme si de rien n’était. Une fois dehors, en revanche, j’accélérai le pas pour rentrer rapidement chez Bergeac afin de parler d tout ça avec les autres. S’il s’avérait que d’autres Yuimeniens étaient sur place, ou même venant d’un autre monde, tout allait sensiblement se compliquer. Un portail c’était déjà étrange, mais un accident pouvait arriver. Deux, au même moment, à deux endroits différents, ça relevait d’une volonté. Et qui pouvait dire s’il n’y en avait pas eu davantage ? Plus haut. Ou plus bas. Et le Soleil Noir n’en avait nullement parlé. Soit ils n’étaient pas au courant et il fallait absolument le leur cacher. Soit ils nous menaient en bateau depuis el début. La situation, qui n’était déjà pas simple, venait de brusquement se complexifier.
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Re: Les Voies Médianes
La Cité des Ombres
Les Voies Médianes
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Jour 2 – Soirée.
Tous se retrouvèrent à nouveau chez Dantes. Vaisselle faite, Bergeac somnolent à table et Itulë au visage marqué de larmes auprès de Jorus. Le tailleur fut tiré de ses rêveries par le champignon donné par Mitya. Il sursauta et posa les yeux sur la petite chose.
“Oh ! Oh, c’est tout mignon !”, dit-il en souriant sincèrement.
Il se voulut rassurant :
“Je ne vous demande rien, je vous assure. Tout finira par s’arranger.”
Itulë s’étira et vint rejoindre la scène en même temps que Jorus et Yliria. Après un sourire amusé par le champote décoré, elle s’étira félinement et dans un gémissement soulagé, commenta :
“Gnniiiih. Bon, qui fait quoi ? On s’retrouve ici pour la nuit, si on se sépare ?”
[Hj : Pas d’aparté ou de discussion : notez simplement votre réaction dans votre post. Et votre potentiel objectif en final.]
[XP :
Mitya :
Post 1 : 0,5 (discussion), 0,5 (repas)
Post 2 : 0,5 (discussion), 0,5 (don de champignon)
Jorus : 0,5 (discussion). Tu retrouveras la rune Lu dans une de tes poches, par hasard.
Yliria : 0,5 (discussion), 0,5 (allez-retour à la taverne).]