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par Jorus Kayne » ven. 4 avr. 2025 21:21
Bien entendu, mon irruption n’est pas du goût des deux individus présents. Shirel surprise de me voir soudainement, ne comprenant très certainement pas la raison de ma présence et Batsk qui s’offusque de voir un total étranger dans une réunion, dont il ne devrait pas avoir connaissance. Bien entendu, il s’en offusque, mais il me permet néanmoins d’accéder à ma demande en me permettant de témoigner.
Je rassemble le flot de mes pensées en prenant une grande respiration, lorsque nous sommes tous surpris par l’arrivée de deux autres personnes. Celles-là même pour qui je tente de retrouver en compagnie de la diplomatique et pacifique Shirel : Mitya et Itulë.
(Bon ba du coup…il y a-t-il une raison de poursuivre avec Batsk maintenant qu’elles sont là ?)
(Alors oui. Déjà, il nous faut justifier notre interruption de cette séance, sans quoi c’est Dantes père qui risque de se prendre les foudres. Et puis, de cette réunion pourrait bien conclure une dégradation de Shirel pour la Veine, tandis que son petit camarade irascible pourrait lui, jouir des Voies Médianes. Très clairement, je n’ai pas envie de le voir gérer les situations avec les Yuiméniens. Imagine qu’ils apprennent qu’Itulë est de chez nous et que la nature de ses pouvoirs dont on ignore tout, pourraient à eux seuls justifier un envoi direct pour la ville-prison.)
Sans plus attendre, le caractère enjoué de la jeune Hinionne prend le dessus sur son attitude et c’est en me secouant une manche comme un arbre fruitier qu’elle exulte en me voyant.
“Jorus ! Tu t’es pas fait choper ! Ou si. Enfin bref. T’es là, c’est trop bien !” Clame-t-elle, me lâchant un sourire à revoir la jeune elfe, brisant ma surprise à la revoir et plus particulièrement en ce lieu.
(D’un coup je suis content de ne pas avoir eu la bonne idée de me faire passer pour un autre.)
En revanche, cette nouvelle interruption n’est ni au goût de Shirel, dont la mâchoire se serre et encore moins de Batsk, qui voit son sacro-saint bureau devenir la réunion de la foire à la saucisse pour Yuiméniens. Trop surpris de voir que son tête-à-tête avec Shirel est devenu le lieu à la mode pour les rencontres et retrouvailles, il lâche dans un souffle et d’une voix sèche de nous expliquer la situation dans l’immédiat.
(Hé ba super ! Une belle entrée en matière pour espérer protéger Shirel.)
D’un geste discret de la tête, Mitya nous salue moi et Fanielle et prend les devants en expliquant qu’elles sont ici pour rencontrer la Colonelle d’Esthalor.
(La Colonelle…mais pour quel motif ?)
Mon regard se porte sur l’administrateur, Shirel, les deux nouvelles venues, avant que mon choix ne se pose sur les deux personnes qui ont le pouvoir et l’autorité de nous mettre dans une belle merde.
"Veuillez pardonner cette nouvelle intrusion, j’ignorais qu’elles se trouvaient ici." Dis-je, esquissant déjà les prémices d’une défense pour la blondinette, vers qui je me tourne.
"Après votre capacité à calmer la situation dans la Veine, je me suis dit que vous étiez la plus à même de m’aider à retrouver la dernière qui manquait à l’appel." Puis d’un geste de la main, j’indique la présence de Mitya. "Voici Mitya, que vous recherchiez et qui est le dernier membre de notre monde à être présente à Ashaar." Dis-je en serrant très légèrement et à plusieurs reprises, le bras de la jeune Itulë.
J’espère ainsi que la jeune Hinionne comprendra au travers de mes paroles et du signe discret à son attention, que je cherche à préserver ainsi son appartenance à Yuimen. Puis je porte rapidement mon attention sur Batsk et m’incline légèrement avant de reprendre en le regardant dans les yeux.
"Grand Intendant Batsk, je renouvelle mes excuses pour cette nouvelle intrusion. Je n’ai qu’une intention : protéger les miens. Les intrus dont vous avez récemment entendu parler. A ce titre, la capitaine Shirel s’est montrée particulièrement efficace en stoppant une escalade de violence qui aurait pu porter atteinte à la protection d’Ashaar et au bon fonctionnement de la cité. Or, j’ai appris que celle-ci risquait une sanction pour son acte."
(Compte-t-il toujours m’écouter, maintenant que l’entretien privé est devenu une réunion d’anciens camarades ? En un sens, il m’a demandé la raison de ma présence et non mon plaidoyer. Commençons déjà par répondre clairement à sa question.)
Je m’arrête un instant pour prendre une inspiration et poursuivre.
"On vous dit sévère, mais toujours juste et d’une droiture à nulle autre dans la cité. Je suis donc venu pour vous relater les faits, avec des informations que vous pourriez ignorer sur la situation et l’acte de Shirel. Telle est la raison de ma présence. Dès lors, vous aurez tous les éléments à disposition pour rendre un jugement impartial. Si toutefois, vous me permettez de poursuivre."
Batsk m’écoute avec une grande attention. Cependant, à le voir la tête entre les mains et ses doigts sur les tempes, quelques souvenirs d’enfance me reviennent. Ceux-là même qui se terminaient par une réprimande sévère à mon encontre avec mes rares proches. Agaçant. Tel est l’adjectif qui me caractérise le plus selon lui. Pour le moment ça va, j’ai connu pire comme description. En revanche, il m’explique qu’il n’a pas à connaître les détails concernant les affaires régies par d’autres que lui. Je commence à craindre que cette réunion n’ai en rien lien avec l’intervention physique de Shirel. Tous à Ashaar a son rôle, ses tâches et ses responsabilités et à ce jeu, les Yuiméniens fraîchement arrivés n’en font pas partie et par la raison de notre présence, nous nous permettons bien plus qu’on ne le devrait. D’autant plus que cette intervention, doublement intervenue d’ailleurs, pourrait bien être retenue contre la Capitaine d’Esthalor pour manquement à ses devoirs de protection. Si l’on voit au travers des soldats parlant entre eux, la crainte de voir leur honorable Capitaine avoir des problèmes, Batsk lui y voit des langues bien trop pendues et des sanctions à prendre en conséquence.
Mon souffle, retenu durant sa prise de parole se relâche lorsqu’il soupire un brièvement, avant d’admettre que maintenant que nous sommes présents, autant témoigner concernant sa subordonnée. Mes dires venant ainsi compléter les informations reçues. Il termine en expliquant que la Colonelle est retenue ailleurs, mais qu’il est en possibilité d’y répondre si cela concerne les Voies Médianes. Dans le cas contraire, il leur faudra attendre son retour, ou voir avec la Capitaine d’Esthalor qui la remplace en son absence. Une information qui ne tombe pas dans l’oreille d’une Hinionne sourde qui se penche vers nous en demandant dans un murmure s’il y a d’autres d’Esthalor dans l’Ordre, leur présence en grand nombre devant presque une affaire de famille.
(En un sens elle n’a pas tort la p’tite.)
La présence des d’Esthalor dans l’Ordre et à de telles fonctions est une information connue des citoyens d’Ashaar et ses questions pourraient bien dévoiler sa véritable origine. Je me tourne brièvement vers Itulë pour brièvement lui suggérer de ne pas en dire plus à ce sujet.
"Plus tard, promis." Lui dis-je en murmurant.
De son côté, Mitya annonce qu’elle souhaite attendre, s’entretenir avec la Colonelle ne pouvant se faire par le biais d’une tierce personne et tente de calmer les questions d’Itulë. Silencieuse, je profite de ce moment pour porter toute mon attention sur Batsk qui me permet de narrer mon récit.
"Merci Seigneur Batsk." Dis-je en m’inclinant à nouveau, avant de témoigner de manière claire et posée.
"Les miens étaient aux prises avec les soldats de l’Ordre. Ils ont pu y réchapper en grimpant sur les toits par mon intermédiaire. La raison est simple, sans distance de sécurité entre les deux parties, le conflit n’aurait fait que s’accentuer et je connaissais alors à titre personnel, les risques que pouvaient engendrer un usage de la magie pour Ashaar et ses citoyens. Deux choix s’offraient à nous : se rendre ou fuir. La capitaine Shirel a tenté de parlementer, mais son intervention n’a pas plus à l’individu qui a affronté les miens avant que ceux-ci ne lui échappent. Touché selon moi dans son ego, il n’a eu de cesse de continuer des provocations aussi futiles que risquées. De notre position, les miens avaient le loisir d’user de la magie à leur disposition et dans notre monde, où ils étaient encore quelques heures plus tôt, l’usage n’est pas prohibé. Comprenez que porter atteinte à un homme qui vous insulte et multiplie les provocations, aurait été aussi facile que de frapper un enf…un infirme, le tout en facilitant la fuite par les toits."
Je m’arrête brièvement pour en venir à l’intervention de Shirel.
"J’ai bien senti que les miens voulaient en découdre. J’ignore si la capitaine Shirel a eu cette intuition, mais elle est intervenue à temps en reprenant le contrôle de la situation. Cela a eu pour effet d’arrêter cette escalade de violence et de provocation, de parlementer avec les fuyards jusqu’à obtenir une reddition totale et le tout, sans aucune utilisation de la magie, protégeant l’intégrité d’Ashaar, de ses citoyens et de son bon fonctionnement." J’incline de la tête, concluant ainsi mon témoignage.
(Pas d’usage de la magie, des fuyards interpellés sans violence et aucune interférence pour le commerce de la cité. Normalement j’ai touché les différents points sensibles pour Batsk.)
(Salade, tomates, ognons, le combo gagnant !)
Une fois la fin de mon témoignage, Batsk conclu sobrement qu’il a écouté mes dires et va étrangement me demander s’il peut terminer avec Shirel, à moins de répondre à une autre demande. Sa réponse m’interpelle et me met sur le qui-vive. Qu’attend-il d’autre ? N’ai-je pas été assez clair dans mes propos ? Mes arguments étaient ils dénués de sens où n’ont-ils trouvé qu’une oreille incapable de prêter réellement attention ? Itulë brise mes questions en demandant quand la "m’dame d’Esthalor" compte revenir, précisant bien qu’il ne s’agit pas de celle déjà présente, sans obtenir de réponse. De l’Intendant, celui-ci est moins agacé après mon témoignage.
(Serais-je parvenu à offrir gain de cause en faveur de Shirel ?)
Cette dernière réplique que la Colonelle se trouve probablement à l’infirmerie avec les deux sœurs.
(Ha ! Elles se sont croisées donc.)
Reste à savoir que faire à présent. Rester et insister sur la bonne influence de Shirel. Profiter de notre présence pour faire des demandes à Batsk. Lui soutirer des informations sur les d’Esthalor, sur cette cité-prison où sont déjà certains de nos camarades, peut être une influence concernant le sort de ceux à qui j’ai poussé à se rendre hier et qui sont peut-être en train d’être jugé. Mais toutes ces possibilités pourraient se retourner contre mon entreprise actuelle. Trop étant l’ennemi du bien, je profite de l’invitation à sortir sans nécessité d’escorte, ni d’argument pour nous faire envoyer beaucoup plus bas. Je m’en tiens à mes propos, plutôt que de rester et insister pour défendre Shirel.
"Bien entendu, Grand Intendant. Merci encore de m’avoir accordé votre précieux temps, malgré notre interruption." Dis-je en m’inclinant avant de me tourner vers le reste du groupe et de les inciter à partir en ma compagnie.
"Laissons-les, nous les avons suffisamment dérangés comme cela."
(Bon nous n’avons pas mentionné Dantes et Fanielle n’a pas eu à intervenir. Au moins, nous ne devrions pas avoir de problème de ce côté.)
A ma demande, le reste du groupe prend la direction de la sortie sans rien ajouter. Alors que je m’assure que nous nous éloignons des gardes devant la portes, ce n'est qu’une fois dehors que Mitya proposer d’aller à l’infirmerie, là où nous avons vu brièvement Saraï et où Fanielle se propose de conduire tout le monde. Une proposition qui interpelle à juste Itulë, pour ainsi se promener dans le bastion en toute liberté. Répondant à cela, Mitya évoque la broche en leur possession, la présentant comme un laissez-passer de choix. Un œil sur le bureau de Batsk pour voir guetter la sortie de Shirel, je confirme les propos de Fanielle.
"En effet nous l'avons croisée plus bas, cependant nous avons bénéficié d'un accès interne. Pas sûr que l'on puisse l'utiliser à nouveau cela dit et en voulant rejoindre la Colonel, on pourrait bien la manquer si elle monte. Donc il nous faut utiliser le même chemin qu'elle. Soit on tente notre chance avec un soldat pour descendre, soit on attend la capitaine Shirel."
(En revanche pourquoi demander à voir la Colonelle ? S’est-il passé quelque chose qui nécessite sa présence ou même sa protection ?)
"Pourquoi voir particulièrement la Colonel d'ailleurs et...c'est quoi cette...broche ?" Dis-je curieux.
Fière d’elle, Itulë présente le bijou comme un passe-partout ultime, prétextant des entrées dans la hautes. Visiblement, la jeune fille exagère quelque peu les faits…ou pas. Fanielle reconnaît rapidement sa signification, le désignant comme rien de moins que le blason des d’Esthalor et s’interroge sur son origine, avant de poursuivre que la possibilité d’utiliser les accès internes de l’Ordre grâce à lui.
"Le blason des d'Esthalor ?" Fais-je, atterré par l’annonce.
(Bon sang, mais comment elles ont obtenu cela ? Certes, cela nous permettra de jouir d’une liberté de mouvement très importante, néanmoins pouvons-nous et surtout devons-nous l’utiliser avec désinvolture ? Cette famille a beau être très influente, on ne sait pas comment peuvent réagir nos interlocuteurs.)
"Effectivement, un tel objet permet d'ouvrir bien des portes, mais il serait sage de ne pas s'en servir à tort et à travers. Si vous voulez voir la Colonel, cela peut très bien se faire sans. Mais par les tentacules d'Oanès comment avez-vous pu vous procurer une telle chose et pour quelle raison voulez-vous voir la Colonel ?"
Je n’obtiens pas de réponse concrète concernant Saraï, mais visiblement, leur idée était d’aller dans les Bouges pour trouver un moyen magique de rentrer chez nous, mais qu’avant de le faire, elles ont eu l’envie de s’équiper en conséquence. J’ignore encore comment elles en sont venues à rencontrer le patriarche des d’Esthalor, à ma connaissance la personne la plus puissante et la plus influente de tout Ashaar, mais elles ont une sorte d’accord avec lui. Au lieu d’utiliser la magie soi-disant à profusion dans les Bouges, elles auraient accès à celle que possèdent les d’Esthalor , "un truc beaucoup plus lourd", en échange d’informations sur les Yuiméniens.
(Des informations ? Que veut-il savoir sur nous et surtout dans quel but ?)
Je ressens une vive inquiétude face à ces révélations et focalisé sur ce point je délaisse cette histoire avec la Colonel pour le moment.
"Le grand patriarche des d’Esthalor propose une puissante magie en échange d’informations sur les Yuiméniens ? Qu’attend-il comme information et que lui avez-vous dit sur nous ?"
Peu de choses en vérité. Notre nombre, les utilisateurs de magie et que nous recherchons à rentrer via l’usage de la magie. Soit l’homme est d’un altruisme stupéfiant en risquant l’intégrité d’Ashaar afin de nous aider en échange de modestes informations, soit il cache ses véritables intentions. En-tout-cas, je comprends par la suite la raison qui les pousse à aller voir la Colonel. Usant du lien familial, celui-ci compte utiliser Saraï et sa haute position dans l’Ordre pour parvenir à ses fins. Alors, compte-t-il nous aider ou a-t-il d’autres intentions nous concernant ? Le suspense est insoutenable.
(Tu crois qu’il a vraiment des mages sous sa botte ?)
(Les de Monfort ont utilisé le Soleil d’Or pour faire remonter une mage doté de pouvoir. La question n’est pas de savoir les d'Esthalor en ont, mais combien et de quoi sont-ils capables ?)
Parmi les demandes du patriarche des d’Esthalor, celle de rassembler les nôtres à lui. Suite à quoi il tiendra sa promesse. Honnêtement, c’est louche, mais peut-être que nous pourrions user de ses envies pour faire remonter tout le monde, comme l’ont fait les de Monfort. Si Itulë paraît prendre cette affaire à la légère, ce n’est pas le cas de Mitya.
"Je te rejoins." Dis-je ne hochant aux craintes de l’elfe. "Il cache ses véritables intentions à notre égard. Peut-être obtiendrons-nous des informations par le biais de Shirel, en espérant que mon intervention nous le permette." Puis je me tourne vers itulë, plus bas. "Pour le moment l'Ordre ignore ta véritable origine. Tu as révélé d'où tu viens à d'Esthalor père ?"
Celle-ci hausse les épaules, prétextant que n’étant pas aussi stupide, ils doivent déjà la connaître.
"Pas exactement. Des personnes recherchées, il manquait une femme correspondant à la description de Mitya, ainsi que Hirst. Nul n’a mentionné une jeune elfe dotée d’un sacré cran." Dis-je en rappelant la scène lors de laquelle nous avons fait passer Itulë pou une fille de la haute. "C’est la raison pour laquelle j’ai préféré passer cette information sous silence."
Tous entendu pour prendre l’ascen-sœur interne de l’Ordre, nous attendons que Shirel sorte du bureau de Batsk pour retrouver sa sœur.