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Cromax
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Message par Cromax » sam. 16 nov. 2024 11:49

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Cromax
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Re: L'Entresol

Message par Cromax » sam. 16 nov. 2024 12:03

La Cité des Ombres
L’Entresol


Jour 1 – fin d’après-midi.




Le socle de pierre descendit jusqu’à un niveau inférieur, où une dizaine de gardes sur le pied de guerre les attendaient. Les gardes des bastions, ceux avec des ailes noires sur le casque. Voyant que le groupe était accompagné de deux capitaines de l’Ordre, ils les laissèrent pénétrer dans un vaste couloir de pierres. Assez vaste pour faire passer plusieurs charrettes de front. Assez vaste pour y planquer une armée. Chaque porte de l’endroit était flanqué de deux gardes aux mêmes casques ailés, qu’elle soit grande ou petite. Une protection presque exagérée, compte tenu du calme ambiant. Un silence presque angoissant. Les pas du groupe résonnèrent dans ce vaste lieux, et Ezra les mena jusqu’à une porte de taille raisonnable, à échelle humaine. Elle l’ouvrit et Shirel y pénétra. La capitaine brune expliqua :

“Voilà l’un de nos réfectoires. Installez-vous, je vais prévenir mes supérieurs de votre présence et vous apporter de quoi vous sustenter. Posez vos questions à Shirel en attendant. S’il y en a auxquelles elle ne sait pas répondre, vous les poserez au Général. Mais évitez de parler de banalités avec lui : son temps reste précieux, surtout le Jour du Don.”


La salle s’ouvrit devant eux, aux dimensions impressionnantes. Des tablées cernées de bancs de bois sur toute la longueur, et aux murs de pierres de nombreusex fanions aux armes de l’ordre : Soleil d’Or sur fond noir. Ou Soleil noir sur fond d’Or.

Image
(image d’ambiance générale : les fenêtres sont remplacées par les fanions décrits, et ceux du fond portent bien le soleil noir, et non une autre forme.)

Shirel s’installa sur l’extrémité d’un banc, à la première table venue, et attendit l’assaut des questions.



[HJ : On peut faire une discussion de groupe à quatre sur discord ou la mener ici, idéalement en postant deux messages sur la semaine, dont l’un avant mercredi. Tenez-moi au jus de votre décision.]

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Xël
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Re: L'Entresol

Message par Xël » jeu. 21 nov. 2024 21:21

Des regards curieux se tournent vers nous alors que la foule s’écarte pour laisser le passage se libérer. L’endroit ressemble assez fortement à la Grande Rue de Kendra Kâr en vérité. Les gens se promènent avec leurs paniers de provisions le long d’étals sous la surveillance des gardes. A croire que le chaos provoqué par la chute d’une tête de Dragon est déjà loin.

Je comprends que nous enfonçons d’avantage dans la cité quand une fois au poste des gardes nous prenons place sur une pierre qui se met à descendre jusqu’à un couloir immense. Immense c’est d’ailleurs le mot qui décrit le mieux tout ce que je croise dorénavant. D’immenses couloirs pouvant abriter une immense armée dans laquelle nous progressons dans un immense silence jusqu’à un immense réfectoire où se trouve d’immenses tables surplombés d’immenses fanions.

Je découvre le lieu avec stupeur, m’interrogeant sur la taille que doit faire l’armée du Soleil Noir pour avoir des locaux si vastes. Ezak s’éclipse avec la brune tandis que la blonde s’installe à une table pour attendre nos questions tandis qu’Yliria s’assoit également avant de demander si la taille de tout ce lieu est nécessaire ou démesuré. Je m’installe à mon tout à côté de la Capitaine pour lui poser des questions plus importantes.

« Vous aviez l’air perturbé quand ces deux là ont entamés la nuit à venir, vous n’aviez jamais vu des gens s’embrasser ou vous avez ressenti un désir particulier ? »

Demandais-je avec une sympathie curieuse avant d’enchaîner sur une question concernant l’alimentation du coin.

« Ah et quel genre de viande vous mangez ici ? Toute votre nourriture vient de la surface ? »

Cela me vaut une tape derrière la tête et un coup de pied dans le tibia de la part des amants d’Ynorie j’apprends également que le Soleil Noir est une immense armée mais que nous n’avons vu, en quelque sorte, que la partie tranquille de la cité et que les forces sont surtout en place en dessous de nous dans la cité inférieur que la capitaine décrit comme un repaire de malfrats voulant l’insurrection. Malgré que ma question soit plus une taquinerie qu’autre chose elle répond tout de même en rougissant que c’était curieux et un peu répugnant avant de cesser sa phrase en rougissant d’avantage. Je m’en amuse et propose d’en reparler quand nous serons seuls pour me plonger plus sérieusement dans la conversation.

J’apprends que l’interdiction de la magie résulte plus d’un ordre, voir d’une croyance, plutôt qu’un quelconque risque, que les révoltes venant d’en dessous sont nombreuses mais constamment étouffées et les responsables jetés dans les Tréfonds. Un endroit où l’immortalité n’est plus et la capitaine doute même qu’on puisse y survivre. J’apprends également que la viande d’ici vient en grande quantité de la surface mais elle ne semble pas savoir ce qu’est un boeuf ou un porc, j’en conclus que les bouchers de la voie Mediane ne font vraiment que de la découpe de viande déjà préparée.

Je gratte ma barbe naissante, perplexe, écoutant Aki demandant une entrevue avec un certain Khimmel qu’Ezak m’avait déjà mentionné, visiblement ce n’est pas un individu avec lequel on peut échanger. Shirel décrit également ce qu’est le jour du Don, une journée qui est en faite le jour où on jette la nourriture aux animaux en cage. Elle décrit tout ça d’un ton léger et pourtant c’est tout ce que ça m’évoque, le souvenir d’un aubergiste jetant ses restes aux poules, aux chats et aux rats.

Elle suscite tout de même ma curiosité en parlant d’un chapitre de Chevalier qui patrouille dans ce qu’elle nomme les bouges. Je pense qu’un mage en dessous a forcement une piste, d’où mon interêt pour une éventuelle personnalité de la cité inférieur qui en connaitrait assez pour nous donner une piste et rentrer chez nous.

J’ai l’impression de ne pas être le seul mal à l’aise face à la façon dont est géré cette cité à voir la façon dont la bretteuse plisse les yeux et pince les lèvres. Je pense la comprendre, il y a un sentiment d’injustice qui pèse sur cet endroit et je n’ai pas envie d’y trainer, malgré la beauté de leurs officiers.

Akihito propose finalement à raison d’écourter nos échanges pour nous restaurer et je demande alors si nous pouvons partager un repas en me demandant si Ezak en apprends plus que nous.

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Yliria
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Re: L'Entresol

Message par Yliria » ven. 22 nov. 2024 00:35

Cette ville foisonnait d’activité, un peu à la manière de Tulorim, avec ses commerçants et tous ses passants qui allaient au marché récupérer denrées et produits en tout genre. C’était un peu bizarre de ne voir aucun enfant fendre la foule en criant ou riant, mais on était visiblement la chose la plus bizarre du coin, au vu des regards qui s’attardaient sur nous avant de vite se détourner à la vue de notre escorte. Peur ou respect, difficile à dire. Le trajet vu donc calme, avant d’arriver au Bastion que nous devions atteindre, via un étrange appareil nous faisant descendre. Je me demandais comment cela fonctionnait… de la magie ?

(Peu probable, vu qu’elle est interdite… Alyah ?)

(Wohey, tu m’en demande trop, j’en ai strictement aucune idée.)

(Même pas une petite ?)

(Tu n’as qu’à poser la question, si tu es si curieuse.)

Elle n’avait pas tort, mais ce n’était pas vraiment important, donc je laissai filer pour le moment, descendant plutôt à la suite des autres pour bientôt arriver à notre destination. Le Bastion était impressionnant par sa taille et par l’étonnante protection dont il bénéficiait. On aurait pu y loger une larmée et chaque porte était gardée. Vu la relative tranquillité que la cité dégageait, j’avais du mal à comprendre pourquoi il y avait une telle démonstration de force à cet endroit. Soit il y avait des menaces venant de plus bas, soit ce n’était qu’une manière de montrer la puissance de l’ordre sans avoir besoin de posséder des effectifs incroyables. Mais si deux gardes étaient alloués à chaque porte, j’imaginais qu’il y avait tout de même une force assez considérable à disposition.

La salle était moins impressionnante, d’une taille humaine, ce qui changeait drastiquement avec le reste du bastion. Je m’installai à droite de Shirel tandis que Xël et Akihito se mettaient en face. Ezak, lui, décida de suivre la capitaine Beaufort qui, étrangement, accepta en s’assurant qu’il soit le seul à venir. Cela ne me disait rien qui vaille. J’avais du mal à accorder ma confiance à cet Ezak après qu’il m’ait presque sauté à la gorge à peine arrivé ici… Mais comme ce qui était fait n’était plus à changer, je me tournai vers Shirel. Autant essayer d’en savoir plus sur la magie et les règles qui la régissaient ici. Surtout la raison de son interdiction. Mais une autre question ma taraudait quand même au vu d l’étendu de ce bastion.

- J'aurai une brève question. Vous avez une armée dans ce bastion ? Pour une cité en paix, la taille me semble quelque peu démesurée.

J’aurai cru que mes deux compagnons allaient aller dans mon sens et poser des questions utile,s mais Xël avait visiblement d’autres plans.

- Vous aviez l’air perturbé quand ces deux-là ont entamés la nuit à venir, vous n’aviez jamais vu des gens s’embrasser ou vous avez ressenti un désir particulier ?

je senti mes joues s’empourprer et me soreilles chauffer. Mon pied parti tout seul dans sa jambe alors que la main d’Akihito volait à l’arrière de son crâne. Cela ne fit que faire rire le magicien, mais la pauvre Shirel ne savait plus trop où donner de la tête, en plus d’être visiblement gêné. Au moins Akihito mis les choses au point.

- Plus tard ce genre de questions, Xël. Et de préférences pas quand les principaux concernés sont à côté.

Voir pas du tout, hein…

- Une véritable armée oui. Et encore vous n'avez rien vu. Et elle est bien nécessaire. Si vous avez vu la partie de la cité bien gérée et en ordre, il n'en est rien de la cité inférieure. Nous devons nous tenir prêts à riposter en cas d'insurrection majeure de la part de ces malfrats. Pour protéger la paix de la cité supérieure. C'est la raison d'être de ce Bastion. De l'Entresol tout entier.

Elle restai gênée par l’intervention de Xêl, me faisant lever le syeux au ciel. Bordel, il avait le chic pour raconter n’importe quoi, notre mage des vents foireux.

- Ignorez cet abruti... Y-a-t-il déjà eu des insurrections majeures ? des assauts armés et aidés de mages, par exemple ?

- Toute insurrection a été matée à ce jour. Et ceux y participant plongés dans l'abîme des Tréfonds, mages ou non. Oui, notre histoire en a connu de nombreuses. Sanglantes, terribles. Mais le Soleil Noir a toujours vaincu.

- En parlant de mages... J'aimerais en savoir plus sur la magie dans votre monde. Vous imaginez bien que retourner sur le nôtre ne se fera pas par des moyens classiques, et il sera plus simple pour nous de juguler son utilisation si nous comprenons mieux son fonctionnement. Vous savez pourquoi l'utilisation de la magie perturberai l'enchantement qui vous maintient tous immortels ? Dans quelle mesure cela l'impact ? Qui l'a mis en place ? Est-ce que cela concerne aussi les artéfacts magiques ?

Ah, Akihito avait vu où je voulais en venir, lui, contrairement à Xël qui s’intéressait plus à, la nourriture qu’à autre chose… Au moins on allait manger de la viande, c’était une bonne nouvelle en soi.

- Je... je ne sais pas. Nous devons empêcher l'utilisation de la magie, ce sont nos ordres. Ou en tout cas empêcher les Chevaliers des Cieux de mener une Purge majeure qui emmènerait quiconque en a été touché, de près ou de loin. Ils ne font pas dans le détail... c'est eux qui maintiennent cet enchantement et punissent ceux qui en risquent l'effondrement. Qu'entendez vous par artefacts magiques ? Elle existerait sous d'autres formes que les sortilèges ?

Oh… merde… Ne pas utiliser la magie était une chose – bien que pénible – mais c’en était une autre si les autorités de la ville essayaient de confisquer nos armes et reliques à cause de leurs liens avec la magie. Je lançai un regard appuyé à Aki en espérant qu’il comprenne qu’il valait mieux ne rien donner comme information à ce sujet. Je n’avais pas envie d’abandonner mes précieux artefacts dans une ville inconnue. Et c’était sans doute pareil pour lui et les autres. Mieux valait détourner l’attention sur autre chose.

- La magie de notre monde se manifeste de nombreuses manières.Mais ce que je trouve étrange, c'est que les Lumineux utilisent la magie sans que cela ne posent problème. Et, arrêtez-moi si je me trompe, mais si des mages se planquent dans les tréfonds et font usage de magie, vous n'en avez nullement conscience et la cité est toujours debout. Je ne remets pas en doutes vos paroles, mais il y a pour moi un truc qui cloche.

- Les Lumineux usent de magie en surface, surtout. Et... j'imagine qu'ils doivent connaître le taux de pouvoirs utilisables. Empêcher toute magie doit être compliqué. Le but de l'interdire est d'en freiner l'usage. Sinon chacun l'ayant en lui l'utiliserait tout le temps. Ils savent ce qu'ils font, j'en suis persuadée.

Je n’étais pour ma part guère convaincue. Ce n’était pas le fait qu’ils sachent ce qu’il faisaient qui me gênait, parce que c’était probable, mais c’était surtout les raisons de tout ça qui me contrariait quelque peu. Je n’aimais pas la manière dont les choses se passaient par ici. Ça ressemblait à une prison gérée par ses détenues ou à un espèce de réserve où on parquait certains le temps qu’on leur trouve une utilité avant de les emmener ailleurs pour je ne savais quelle raison. L’idée qu’ils servent de nourriture n’était pas la plus improbable… Nourriture que Xël attendait visiblement avec impatience. Aki reçu la même réponse que j’avais eu concernant le Grand maître de l’ordre, donc on n’avançait pas vraiment, en termes d’informations utile, mais la discussion se tourna vers le jour du Don que Shirel semblait idéaliser. On leur jetait de la nourriture et il la distribuait avec une équité toute relative. Parler de charité quand on e contente de donner un besoin basique pour la survie, c’était quand même un peu du foutage de gueule. Madame ici présente n’avait sans doute jamais connu la faim de toute sa vie… Un détail attira cependant mon intérêt. Des chevaliers de l’Ordre, ce qu’elle n’avait jamais mentionné avant.

- Les chevaliers descendent dans la cité inférieure ?

- Bien sûr. L'ordre y cherche activement tout usage de magie. C'est un boulot dangereux, mais ils sont puissants et bien équipés. Ils inspirent la peur aux gredins des Bouges.

Et apparemment les Généraux, dont celui que Beaufort allait ramener, les gérait. Cela pouvait valoir le coup de les accompagner, au moins pour voir la situation plus basse et voir si nos compagnons n’y étaient pas réfugiés. En toute logique, un canal finit par descendre, sinon il n’y aurait pas de courant, donc c’est une piste à suivre. Mais je n’arrivais pas à enlever l’inconfort qui s’était logé dans ma poitrine depuis qu’elle avait parlé du Jour du Don. Ici tout semblait régi par l’endroit où on vous avait amené à votre arrivée. Elle semblait mépriser les gens des Bouges, mais étaient-ils là pour avoir fauté ou parce qu’ils avaient été emmenés ici dès le début pour ne jamais être capable de remonter ?

- Quels genre de méfaits condamne à une vie dans la cité inférieure ?

Si rien ne justifiait un tel traitement, ils ne valaient pas mieux que les shaakts. Et même dans ce cas, quel genre de crimes pouvait valoir de finir dans un endroit comme ça ? Elle avait bon dos, à parler de charité, mais est-ce qu’elle pouvait se mettre à la place de ceux qui crevaient de faim ? non, évidemment que non, elle faisait partie de l’élite. Elle n’avait connu la faim qu’en ne pouvant pas prendre une collation entre le repas du midi et celui du soir. Ça m’horripilait.

- Hmmm. Vol majeur. Violence aggravée sur autrui. Irrespect face à l'Ordre du Soleil Noir. Puis ça dépend ce que le Juge Suprême décide. Les peines peuvent être plus courtes.

Ça ressemblait à un ramassis de conneries apprises par cœur… Un juge Suprême ? J’ouvris la bouche pour rétorquer que ça ressemblait à une connerie sans nom, mais la main d’Akihito se posa sur ma cuisse. Je tournai la tête dans sa direction, lèvres pincées, sourcils froncés, mais son visage ne demandait qu’à ce que je garde mon calme. J’inspirai lentement et hochai la tête, ravalant mes paroles pour les laisser, lui et Xël, terminer la conversation. Je me consolai avec l’idée de rencontrer ces chevaliers et de voir par moi-même ce qu’il en retournait, mais plus j’en apprenais sur cet endroit, plus j’avais un sale goût dans la bouche. Mieux valait qu’on fiche le camp au plus vite. Je n’avais aucune raison valable de me mêler de leur cité et de leurs affaires, mais il y avait certaines choses qui avaient toujours un côté plus personnel et qui aient cette ide plus difficile à suivre qu’elle ne devrait.

Je me concentrai sur la sensation de la main d’Akihito sur ma jambe et inspirai longuement en patientant. J’espérai franchement avoir tort, une fois de plus.

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Ezak
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Re: L'Entresol

Message par Ezak » ven. 22 nov. 2024 05:21

Et nous étions de retour au point de départ, au Bastion. Mais cette fois, je pus pénétrer dans l’endroit. Le sol sur lequel nous nous tenions s’affaissa quelque peu, me surprenant, et nous nous trouvâmes rapidement à un étage inférieur, cernés par une dizaine de gardes qui nous laissèrent passer avec notre escorte.

L’endroit était immense, assez pour accueillir une armée. Ezra ne m’avait donc pas menti lorsqu’elle disait que l’Ordre du Soleil Noir était fortement pourvu en effectifs. Toutes les entrées étaient gardées. Ils ne plaisantaient pas ici avec la sécurité. Nous arrivâmes dans une grande salle avec deux longues tables. Ezra voulait que nous restions ici, accompagnés de la capitaine d’Esthalor, en attendant qu’elle revienne. Elle suggérait que nous lui posions nos questions entre-temps. Je n’aimais pas vraiment cette idée. C’était complètement inefficace, on se marcherait dessus. Je voulais profiter de la bonne entente et du respect mutuel que j’avais commencé à tisser avec la capitaine Beaufort.

« Capitaine, puis-je plutôt vous accompagner ? »

Elle me jaugea un instant du regard avant de lâcher sa sentence. "Vous. Nul autre."

(Je savais que j’étais son préféré.)
On était fait du même bois. Je la suivis donc dans les couloirs après avoir jeté un dernier regard aux autres puis, une fois dehors, me mettant à son niveau, j’engageai la conversation.

"Où allons-nous ?"

"Aux cuisines, pour commencer. Pour leur commander de quoi vous nourrir. Ensuite, au bureau du général en charge du niveau."

« J’espère que vous n’êtes pas trop contrariée par la franchise dont j’ai fait preuve face à votre homologue et au Gardien. »

Elle sourit, perdant l’air sévère qu’elle affichait habituellement.

"Au contraire, c'était plutôt récréatif. Il n'y en a pas beaucoup ici qui ont votre cran, que ce soit envers le Soleil Noir ou les Chevaliers des Cieux."

Elle reprit un air plus sérieux.

"Attention toutefois : tous ne le verraient pas comme moi. Vous pouvez vous attirer une sacrée montagne de problèmes si vous cherchez les mauvaises personnes."

Et, d'un air moqueur :

"Shirel, allez-y. Elle est inoffensive. Elle aurait même des scrupules à aller tout raconter à son papounet."

Je souris également.

"Il y a quoi exactement entre vous et Shirel ?"

Elle leva les yeux au ciel.

"Rien de personnel. On a fait nos classes ensemble. Sauf qu'elle a été pistonnée par son père pour atterrir dans un poste des plus tranquilles. Loin des serpents de la haute ou des risques de la Veine."

Elle marqua une pause.

"Ça, et le fait que les examens des grades étaient supervisés par sa propre sœur... elle mérite toutes les piques que je lui lance. La famille et les pistonnés d'un côté, l'effort et la persévérance de l'autre."

« Je suis en phase avec vos valeurs. J’aurais pu être du côté du prestige familial dans mon monde, mais le destin a fait que nous avons dû nous débrouiller sur deux générations. Je me suis fait tout seul, et je ne dois pas mon titre aujourd’hui à un nom prestigieux. Je dois avouer que ça flatte assez mon orgueil... »
dis-je en opinant du chef.

« Entre nous, vous m’avez l’air beaucoup plus compétente qu’elle, et je pense que vos supérieurs doivent le savoir, car vous êtes là où on a vraiment besoin de quelqu’un comme vous. Vous êtes réellement utile à votre société. » dis-je en souriant.

« Et votre Général, il est comment ? »

Elle sembla apprécier mes compliments. Elle eut un sourire flatté, qu'elle masqua rapidement derrière une réponse laconique :

"Vous vous ferez votre propre avis."

Elle fit quelques pas en silence avant de reprendre.

"J'ai toujours du mal à me dire que vous venez d'un autre monde. Comment est-il ?"

Je réfléchis un instant. La question était difficile. Comment décrire un monde qui était tout autre ? Un monde ouvert pour des personnes ayant vécu toute leur existence dans une ville souterraine ? Je me mis à réfléchir à mes aventures, aux belles images qui me manqueraient si je devais rester coincé ici.

"Mon monde est très éloigné de ce lieu… Le monde d’où je viens est coloré, lumineux, immense, d'une vastitude telle qu’il faudrait des années pour en explorer toutes les contrées. Il ne se réduit pas à une seule cité, comme c’est le cas ici. On y trouve des dizaines, toutes différentes, chacune régie par ses propres lois et gouvernements particuliers. Ces cités s’étendent sur des terres séparées par des étendues infinies d'eau à perte de vue. Une eau salée. On appelle cela la mer... Dans mon monde, certains peuples vivent également dans des cités souterraines, mais la majorité d’entre nous habite à la surface, là où le jour est éclairé et réchauffé par une boule de feu majestueuse que nous appelons le Soleil. Il règne dans un ciel bleu constellé de nuages, lesquels ressemblent à des masses de coton flottant à de grandes hauteurs et dont la forme varie constamment. La nuit, quand le Soleil disparaît, le ciel devient sombre, et des étoiles, des petites lumières, scintillent partout. Parfois, les nuages se chargent d’eau qui descend vers la terre en fines gouttelettes, et nous appelons cela la pluie. Elle irrigue une surface tapissée d'herbes et de végétaux en abondance… Il y a également des montagnes, de majestueux pics rocheux qui s’élèvent si haut dans le ciel que, par endroits, leur sommet est recouvert de neige, une poudre blanche qui n'est rien d’autre que l’eau des nuages solidifiée par le froid. Et tant d’autres merveilles encore, qu’il me faudrait des journées entières pour vous en décrire chaque aspect."

Je la vis s’émerveiller à mes paroles, une lueur s’était allumée dans ses yeux, mais je sentis qu’elle se battait pour garder une apparence ferme alors que nous passions devant les hommes de l’ordre. À demi-mot, elle énonça :

"Vous ne pouvez clairement pas avoir inventé tout ça. Et ça semble pourtant si irréel. Est-il courant de voyager entre les mondes chez vous ? Comment vous y prenez-vous ?"


Me revint en souvenir mes deux voyages vers Aliaénon. Probablement le lieu que je détestais le plus après Omyre.

"Ce n’est pas courant, non. Je ne pense même pas que le commun des mortels ait conscience qu’il existe d’autres mondes. On traverse un fluide spatial, une sorte de petite boule lumineuse qui flotte et qui transporte vers l’autre monde au toucher." dis-je avant de reprendre soudainement.

"Enfin, c’est ce qui se passe normalement... Il semble que mes compagnons et moi avons été transportés par d’autres moyens et on ne comprend pas vraiment comment. Mon ami Xël soupçonne la magie. Quelqu'un de chez vous qui peut-être essaierait de s'échapper, mais il faudrait qu'il soit réellement puissant, et en plus, à priori, elle est interdite."


"S'échapper ? Sans avoir même connaissance de l'existence d'autres mondes ? S'il existe une telle chose en ce monde, je ne suis pas assez accréditée pour le savoir."

Elle réfléchit un moment.

"Dans la cité supérieure, il n'existe pas de magie si puissante. Nous l'aurions repérée. En bas, par contre..."

Elle hésita un instant, puis secoua la tête.

Non. Nos Chevaliers en auraient trouvé la trace aussi. Et je doute que les Lumineux veuillent s'échapper."

Elle avait doutée. Un doute suffisant pour me faire comprendre que c’est là-bas qu’il fallait aller.

"Comment vos Chevaliers s'y prennent-ils pour trouver des traces de magie ?"

Elle stoppa net sa progression et planta son regard dans le mien le temps de répondre.

"C'est précisément ce genre de question que vous devrez éviter avec mes supérieurs."


Puis elle reprit en reprenant sa marche.

"Ça fait partie de notre entraînement. Et nous ne pouvons pas en parler."

J’avais compris l’avertissement. J’éviterai d’aborder ce sujet.

« Je comprends. Mais il va falloir être explicite sur ce que je peux dire ou non devant vos supérieurs. Chez nous, il n’existe pas une telle culture du secret. Pas dans ma société en tout cas. »

"Tout ce qui touche à la magie ou à la manière de fonctionner de l'Ordre agacera au mieux le général. Voire le fera quitter la pièce. Au pire, vous serez chassé du Bastion. Par en haut ou par... en bas. S'il considère l'affront de curiosité trop fort et indicateur de volonté de nous nuire."

Elle soupira.

"Ne vous leurrez pas : s'il répondra à certaines de vos questions, il en posera de même beaucoup. Nous devons savoir qui vous êtes et ce que vous faites là. Nous assurer que votre présence n'est pas un danger pour l'ordre de la cité."

« J’espère juste que nous serons traités de manière juste et avec dignité par vos supérieurs. Et surtout avec le respect de nos individualités. Nous sommes environ une dizaine chez vous, je ne connais même pas le quart. Je n’aimerais pas subir de punition collective pour les faux pas d’autres inconnus. »

"Ça dépendra de vous. De votre manière de les traiter avec respect et sans offense. Quant à leur signifier votre individualité et non un groupe organisé, il vous faudra les convaincre. Je crains qu'ils ne puissent vous demander de traquer les autres. De nous y aider en tout cas."

« Traquer des gens dont je ne connais ni les visages, ni les noms ? Je crains d’être bien inutile. Je n’ai vu que ceux que vous connaissez déjà. Il faudra voir ça avec ceux qui affirment en avoir vu une dizaine. »

Bien sûr, je mentais. J’avais vu un oudio, un type blond, une elfe étrange comme je n’en avais jamais vu, la petite elfe, et je savais que Naral était dans le coin, mais quant à ce dernier, il était hors de question que je le chasse. C’était un ami, un frère d’armes, presque un mentor… Un type que j’avais vu pleurer, dont je connaissais la sœur, dont je connaissais l’histoire profonde, histoire dont je l’avais aidé à se libérer. Un type avec qui j’étais lié magiquement dans la vie et dans la mort. C’était hors de question ! Je lui faisais confiance. Libre d’agir, il était un grand atout. Il le resterait, ou du moins, ce ne serait pas pour moi qu’il perdrait cette liberté. Surement pas ! Je continuai :

« De plus, je pense qu’il serait mieux que certains se chargent en parallèle de trouver un moyen de rentrer chez nous. Ainsi, vous serez débarrassés des Yuimeniens. Et qui sait, on pourrait même peut-être à l’avenir tisser des liens entre nos mondes pour que vous ne soyez plus dépendants des Lumineux. »

Elle haussa les épaules.

"Vous voyez trop loin, sire d'Arkasse. Je ne pense pas que vous puissiez retourner un jour chez vous. Un tel pouvoir n'a jamais été perçu ici, à Ashaar. Et aucun de vous ne semble le maîtriser non plus. Tous vous reconnaître et vous identifier est ma meilleure première étape."


"Je n'avais jamais imaginé l'éventualité d'être bloqué ici. Ce serait un désastre..." lâchai-je avant de me taire un long moment, nous plongeant dans un long silence. J’accusai le coup de cette pensée nouvelle dans mon esprit. La gorge nouée, démuni comme rarement, je tentais de détourner l’attention avec légèreté, trop pudique pour laisser voir le trouble qui s’était insinué en moi.

« Eh bien, si jamais cela devenait le cas et que nous étions condamnés à rester ici, j’espère que vous me trouverez un poste au sein du Soleil Noir. Mon métier, ce sont les armes. Je ne sais rien faire d’autre. Je suis persuadé d’être aussi compétent que vos hommes d’élite, sinon plus. »
, dis-je avant de regarder Ezra un instant en la détaillant.

« Et qui sait ? Peut-être que je surpasse même leur capitaine. » ajoutai-je avec un sourire taquin, sur un ton amical.

« Vous allez encore vite en besogne. Il n'est guère aisé de rejoindre le Soleil Noir. Et encore moins un rang gradé. Mais... je suis sûre que vous adoreriez que je vous donne des ordres." Me renvoya-t-elle avec le même sourire taquin.

Je me contentai de sourire face à cette contre-attaque amicale et nous arrivâmes en silence devant une porte gardée, celle des cuisines.

"Que mangent les vôtres ?"

Je la regardai comme s’il lui était soudainement poussé un œil au milieu du front. C’était quoi, cette question ?

"Hé bien... Je suppose la même chose que vous, non ? De la viande, du poisson, des céréales comme du riz ou du blé, des légumes..."

« Oh. Bien. On sait jamais : ça aurait pu être des trucs louches. Vous auriez pu vouloir manger du... dragon ?"

(Touché !)

Elle me laissa sur ce commentaire, entrant dans les cuisines en refermant la porte derrière elle, me laissant seul. Elle revint après une courte minute.

"Voilà ! Direction l'état-major !"

« Hé bien ! C’était rapide ! » dis-je, surpris de la voir revenir aussi tôt, avant de la suivre de nouveau.

" Ils l'apporteront au réfectoire lorsque ce sera prêt."

Alors que nous marchions, une question me vint, mais elle était risquée. Néanmoins, il semblait que nous étions en train de tisser un lien de confiance. Je ne pouvais nier que, pour le moment, on s’entendait plutôt bien. Alors je pris le risque.

« Dites… J’ai bien compris que la magie est interdite, mais nous avons dans notre monde certains objets qui ont des pouvoirs spéciaux. Par exemple, l’une de mes armes me permet de faire des bonds exceptionnels. Vous considérez ça comme de la magie, ou j’ai le droit d’en faire usage ? »

Elle leva un sourcil curieux.

"Des... objets magiques ? Sauriez-vous m'en montrer un ?"

Je la regardai un instant avant de sortir Lassiria et de la lui tendre.

"Voici l'arme dont je vous parlais. Elle vide aussi les réserves des possesseurs de magie lorsqu'elle les touche."

Elle la prit entre les mains et l'analysa, avant d'en faire quelques moulinets dans l'air.

"Incroyable." Dit-elle, impressionnée.

"Elle est si légère et maniable. Et donc elle vous permet de bondir et de vider ses victimes de leur magie ? Il nous en faudrait de pareilles."

Elle regarda la lame plus attentivement.

"Des runes. On en trouve des tas dans la cité inférieure. Leur détention est interdite dans la cité supérieure sous leur forme brute. Trop dangereux. Chacune trouvée est envoyée en bas."


Elle inspecta le métal.

"Je perçois des traces de magie, mais rien qui soit dangereux pour le bouclier, m'est avis. Si je ne la tenais pas en main, je ne l'aurais pas même perçue."

Et elle conclut, en me la rendant.

"Vous pourriez sauter, voir si j'y vois des résidus magiques ?"

(Elle les voit ?)

Je récupérai l'arme et la rangeai dans son fourreau.

"Non, je ne le ferai pas. Son usage est limité et je devrai attendre au moins une journée pour être de nouveau capable de le faire. Je ne sais pas quels dangers nous attendent, alors je préfère m’abstenir, mais je peux faire autre chose."

À peine avais-je fini ma phrase que j'utilisai le pouvoir de rapidité de mes bottes pour aller au bout du couloir et revenir vers elle.

"Ça, par exemple." lâchai-je en souriant de toutes mes dents en m'arrêtant à un pas d'elle.

Elle ouvrit des yeux éberlués et commenta en regardant le sol que j’avais parcouru, comme si elle y cherchait des résidus de magie.

"Non. Aucune trace. C'est très impressionnant."

Elle marcha un peu vers une nouvelle porte.

"Vous pourrez les utiliser sans peine. Évitez peut-être de le faire face aux Chevaliers les plus fervents de notre ordre, qui pourraient croire à un nouveau type de magie."

Elle ouvrit les portes. Les gardes la laissèrent entrer, mais croisèrent leurs hallebardes sur mon chemin. Ezra se tourna vers moi.

"Je reviens vite en compagnie du Général."

J'hochai la tête lorsqu'elle entra avant de détailler les deux gardes du regard et de lâcher :

"Je vous plains. Ça doit être chiant comme boulot..."

Ils haussèrent les épaules. L'un dit :

"C'est notre devoir de protéger. Et puis... on fait des roulements."

Le second envoya un coup du bas de sa lance dans les grèves métalliques du premier, qui se tut aussitôt.

Un sourire d'étonnement se dessina sur mon visage. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils me répondent. Puisque nous étions là, autant engager la conversation.

"Hé, dites-moi. Qui est le combattant le plus redoutable du Soleil Noir, selon vous ?"

Le premier dit d'une manière assurée :

"Le Général Somnis, pour sûr. Et son fils doit être de la même trempe."

L'autre rétorqua :

"Ah ! Un officiel rouillé des combats et un débutant. C'est dans les légendes qu'on trouve les meilleurs. Le Chevalier Dangmar les aplatit tous."


Le premier acquiesça.

"Ouais. Mais ça fait un bail qu'on l'a pas vu remonter. J'aimerais pas croiser les frères d'Ahn non plus. Ni Médalie la Furie."

Le second opina vivement.

"Par contre, Laédia Russelle, on aimerait bien voir le bout de sa lance plus souvent ! Haha."

Le premier lui envoya un coup de coude dans le plastron de son comparse, alors que la porte s'ouvrait sur Ezra, flanquée d'un homme d'âge mûr en armure lourde et à cape blanche. Le Géneral pour sûr. Il était assez charismatique.

Il était suivi d'une dame plus âgée encore, aux cheveux courts, avec l’œil droit masqué par une œillère noire, en habit plutôt qu'en armure. Ils passèrent devant moi, me regardant avec curiosité et me saluant d’un signe de tête. Salutation que je leur rendis avec déférence.

Sans un mot, Ezra me fit signe de les suivre, ce que je fis en silence. Nous retournions vers les réfectoires.

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Akihito
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Re: L'Entresol

Message par Akihito » ven. 22 nov. 2024 09:47

Post squelette

Discussion avec Yliria, Xël et Shirel

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Cromax
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Re: L'Entresol

Message par Cromax » sam. 23 nov. 2024 14:28

La Cité des Ombres
L’Entresol


Jour 1 – fin d’après-midi.




Les gourmands et curieux furent vite satisfaits : à peine eurent-ils fini de questionner Shirel qu’Ezra et Ezak réapparurent dans le réfectoire, bien accompagnés. Le premier qui entra était un homme d’âge mur à la toison et barbe d’argent. Il portait une armure noir et or élégante, ainsi qu’une cape blanche. Son regard acéré se posa sur la petite compagnie.


Image


Ezra prit la parole pour le présenter :

« Voici le Général Tyrrel Somnis. »

Et Shirel de préciser :

« Celui chargé de notre chevalerie, dont je vous parlais plus tôt. »

Le général en question lança un regard scrutateur à la jeune blonde, et ne tarda pas à s’asseoir en tête de tablée, sur une chaise unique. Ezra poursuivit :

« Et voici la Générale Avianne Delaube. »

Une femme âgée, plus encore que le précédent, se présenta alors. Elle ne portait pas d’armure, mais des habits noir et or. L’un de ses yeux était masqué d’un cache-œil noir. D’une voix presque amicale, elle ponctua, jetant un regard à Shirel :

« Et vous n’avez pas entendu parler de moi. »


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Elles s’assirent à la tablée des yuimeniens, dans une configuration finale peu mélangée : Shirel, Ezra et la générale faisaient face à Akihito, Xël et Yliria. Ezak était libre de s’asseoir où il souhaitait. Ezra poursuivit :

« Je vous laisse vous présenter. »

Avianne Delaube prit la parole à leur place.

« Nul besoin. Nous avons là Dame Yliria, porteuse d’un écusson de notre ordre. Sers Xël et Aki, et enfin Ezak d’Arkasse, chevalier de son monde. Je sais aussi que deux d’entre vous ont usé récemment de magie. Vous, et vous. »

Elle désigna tour à tour Akihito et Xël, et poursuivit.

« Et que le premier se dit coupable de ce qui est arrivé avec cette tête énorme sur la Veine tombant depuis les Voies Médianes. J’aurais une question pour vous : lorsque vous avez usé de magie, connaissiez-vous son interdiction ? »

Elle les scruta d’un œil attentif. Sans doute ne valait-il mieux pas lui mentir. Elle regarda Yliria.

« Je sais également qu’il existe parmi vous un être aux cheveux violets, une sorte d’être bipède poilu au visage couvert d’un tissu, une jeune demoiselle frêle, un homme borgne et alcoolisé, une dame à la peau bleue, une autre à la chevelure aussi blanche que l’armure des Chevaliers des Cieux, Deux jumelles pâles, un être fait ou couvert de bois brulé et… Mathis, l’homme blond qui est en train d’être amené à cet étage après s’être montré peu coopératif avec mes pairs des Voies Médianes. »

Elle en savait… visiblement beaucoup. Même s’il manquait une personne parmi tout ce compte. Elle se tourna vers Yliria.

« Voilà qui devrait vous faciliter la mission, n’est-ce pas ? Je sais aussi que vous dites venir d’un monde différent, et qu’il est peu probable que vous mentiez sur ce point. Je sais votre désir de retourner chez vous, et ignore tout comme vous le moyen d’y parvenir. Je sais aussi que vous avez été mis en contact avec le Gardien du Puit. Que vous a-t-il dit ? »

Le général Somnis avait un sourire en coin devant la démonstration de la vieille dame sagace, et prit la parole à cet instant d’une voix ferme.

« Votre travail : les retrouver et les mener ici. Nous devons connaître leurs noms, qualités et intentions. Leur sort dépendra d’eux, le vôtre de vous. Nous sommes ici pour répondre à vos questions, mais avant cela laissez-moi vous en poser une : Jusqu’où irez-vous pour retourner chez vous ? Irez-vous contre nos lois, ou pourrons-nous travailler de concert pour trouver une solution ? »

C’était à eux de parler. Et visiblement, ils ne devaient pas faire d’erreur. Fini de rigoler.

Alors que les officiels terminaient leurs présentations, la porte s'ouvrit sur des hommes vêtus de noir, mais ne ressemblant pas à des militaires. Ils poussaient un charriot d'acier sur roulettes sur lequel moult nourritures s'entassaient : pains de diverses forme, plat de riz et de semoule perlée, boulettes de viande, fromages et crudités. Fruits, assaisonnements. Cruchon d'eau et de vin rouge. Tisane. Omelette et légumes cuits. Et même un gros morceau de viande rôtie.


Image


[HJ : J’imagine que comme vous êtes 4, on fait ça par des posts forum. Essayez de poster avant mercredi, qu’on ait deux tours de parole. Si jamais vous souhaitez plutôt une discussion discord, vous pouvez me le dire.]


[XP :
Xël : 0,5 (discussion)
Yliria : 0,5 (discussion)
Ezak : 0,5 (discussion), 0,5 (promenade accompagnée)
Akihito : noté quand complété.]

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Akihito
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Re: L'Entresol

Message par Akihito » ven. 29 nov. 2024 14:22

Alors que nous finissions de parler en attendant la nourriture, celle-ci finit par arriver en même temps qu’un quatuor de personnes : la capitaine Beaufort et Ezak d’Arkasse, accompagnés de deux personnes à l’allure impressionnante. Je n’eus pas besoin des explications de Shirel pour savoir qu’il s’agissait de deux Généraux. Le premier, un homme grisonnant, était le général Somnis : regard fier, traits durs, c’était un soldat de métier, j’y m’étais ma main au feu. La Générale était elle aussi remarquable, à sa façon : outre son cache œil passant par-dessus ses cheveux blancs, son œil restant était aiguisé et passa rapidement sur nous. Elle me donnait l’impression d’être très rusée et de ne pas avoir volée sa place ici, et elle le démontra rapidement en coupant la capitaine qui essaya de les introduire.

«Nul besoin. Nous avons là Dame Yliria, porteuse d’un écusson de notre ordre. Sers Xël et Aki, et enfin Ezak d’Arkasse, chevalier de son monde. Je sais également qu’il existe parmi vous un être aux cheveux violets, une sorte d’être bipède poilu au visage couvert d’un tissu, une jeune demoiselle frêle, un homme borgne et alcoolisé, une dame à la peau bleue, une autre à la chevelure aussi blanche que l’armure des Chevaliers des Cieux, Deux jumelles pâles, un être fait ou couvert de bois brulé et… Mathis, l’homme blond qui est en train d’être amené à cet étage après s’être montré peu coopératif avec mes pairs des Voies Médianes. Je sais aussi que deux d’entre vous ont usé récemment de magie. Vous, et vous. »

Elle nous désigna, Xël et moi. Avant de s’attarder sur ma personne.

« Et que le premier se dit coupable de ce qui est arrivé avec cette tête énorme sur la Veine tombant depuis les Voies Médianes. J’aurais une question pour vous : lorsque vous avez usé de magie, connaissiez-vous son interdiction ? »

(Ah oui. Très bien renseignée, la Générale Delaube.)

Trop bien, même. Je jetais un œil à Ezak, qui s’était installé près de nous. Est-ce qu’il avait tout raconté ? Coopérer était une chose : balancer tout ce qu’il savait d’entrer de jeu en était une autre. J’écoutais donc mes compagnons accueillir à la leur manière les nouveaux venus -Yliria n’était pas enchantée que Somnis les considèrent comme des ressources, et comptait bien agir en accord avec ses principes, même s’ils allaient à l’encontre des indications de l’Ordre du Soleil Noir. Ezak demanda lui à aller explorer la Cité Inférieure, en prenant pour témoin la capitaine Beaufort sur le zèle qu’il mettait à tenir son serment de Chevalier. Le Général soldat avait quand même des doutes, indiquant que la cité en question était loin d’être un endroit accueillant pour qui s’y aventurait. Tout en se jetant sur la nourriture, Xël annonça vouloir accompagner Ezak : il soupçonnait que l’origine de notre arrivée ici s’y trouvait. Il résuma à la demande de la Générale Delaube leur entretien avec le Gardien du puits avant de demander de la bière, tout en s’excusant de son impolitesse. Je levai les yeux au ciel, alors que Somnis acceptait en riant de bonne humeur. A la jouer aussi décontracté et effronté, il allait tôt ou tard tomber sur un type beaucoup avec qui cette légèreté n’allait pas passer.

« Vous n'avez pas répondu, concernant votre magie, » intervint cependant l’officier borgne, c’était donc à moi d’entrer dans la danse. Je posai calmement les mains sur la table et refrénai mon appétit : manger allait attendre que tout soit clarifier.

« Générale Delaube, permettez moi avant toute chose de vous corriger sur mon identité : "Aki" n'est qu'un surnom, je répond au nom d'Akihito Yoichi, commencai-je en inclinant la tête à son attention, puis au Général, avant de poursuivre. Concernant l'emploi de la magie... mon arrivée ici à été mouvementée : j'étais dans une grande colère et la connaissance de cette interdiction -sans sa raison- m'a été donnée par la personne qui était la source de ma rage. J'avais plus de raison de penser qu'elle me trompait que de la croire, et j'ai fini par la tuer avec l'emploi de ma magie. Enfin, la plonger dans ce qui est le plus proche de cet état ici. Ensuite, la tête qui avait précédemment été miniaturisée s'est mise à grossir et devant le risque qu'elle représente sur notre monde, nous avons jugé qu'enfreindre cette règle était un moindre mal. »

Je pris une pause pour leur laisser le temps de digérer ça, puis poursuivis. Je sentis la main d’Yliria se poser sur ma jambe en un discret soutien, et je la remerciai en pressant brièvement mon genou contre le sien.

« Comme je l'ai indiqué au Capitaine Shirel lors de l'incident, je suis prêt à subir les éventuelles sanctions de ces transgressions. Mais si vous êtes assez cléments pour me les pardonner... j'aimerais en apprendre plus sur la magie de ce monde, sur l'enchantement qui préserve vos vies et pourquoi l'emploi de magie peut le déstabiliser. Rentrer sur notre monde ne se fera pas avec des moyens classiques, en savoir le plus possible sur la magie ne fera qu'augmenter nos chances. La Capitaine Shirel m'a indiqué que vous seriez potentiellement plus informés qu'elle, ou en capacité de me mettre en contact avec les bons érudits. Elle a mentionné le Grand Maître Khymel, même si je me doute qu'il doit être suffisament occupé pour recevoir un étranger comme moi.

- Non. Vous ne le rencontrerez pas. Nul ne le peut. Et je vous suggère de ne pas vous intéresser de trop près à la magie : notre rôle est d'en réduire son utilisation à néant dans cette cité. »

Sans concession, la réponse du Général était du tonneau de ce à quoi je m’attendais venant de sa part. sa comparse le tempéra, visiblement plus souple et mesurée.

« Nous en savons un rayon sur la magie. Les magies, même, de ce monde. Mais pour votre propre sécurité, il nous est interdit de vous en révéler la moindre information qui pourrait vous encourager à l'utiliser. Vous le savez sans doute désormais - et si ce n'est pas le cas je vous l'apprends - l'usage de magie est proscrit à Ashaar pour préserver l'enchantement qui préserve nos vies, comme vous dites. Il s'agit d'un bouclier généré à la surface qui descend dans le sol et la ville. Il est alimenté par l'énergie magique des Chevaliers des Cieux, que nous servons directement en protégeant cette cité de notre présence. Cette énergie est pure, et pourrait être viciée par d'autres types de magie, la réduisant à néant et causant dans un premier temps la mort de ces Êtres Lumineux, ou en tout cas des complications non enviables. Et dans un second temps, outre les conséquences inévitables de l'effet de la souillure magique sur le bouclier - selon le type de magie - une purge totale de la population de cette cité par lesdits Chevaliers. Un massacre unilatéral dont ils ont déjà donné de brefs aperçus par le passé. La justice des coupables de les intéresse pas : ils visent alors tout un groupe de la populace, au hasard. Pour l'exemple, jusqu'à la Purge Finale. »

Une purge indiscriminée et impartiale. Ca ne me plaisait pas. Comme de plus en plus de choses à mesure que j’en apprenais plus sur cet endroit.

« Oh. Et quant à l'usage de votre magie, à vous et à votre compagnon, ça sera à notre Grand Juge Reithel Romars qu'il sera donné d'en décider la punition. Il n'est hélas pas connu pour sa pitié, ou sa souplesse. Mais je gage que si vous nous convainquez de bien vous tenir, au Général Somnis et à moi-même, nous pourrions tenter d'influencer son... choix. »

La conversation se poursuivit, chacun essayant d’avancer ses pions pour savoir quoi faire. Yliria apprit ainsi que son apparence n’avait rien de bien surprenant ici, au pire un plus inhabituelle que la moyenne. Devant l’insistance de Xël et Ezak, Somnis proposa de les faire « surveiller » par son propre fils, un chevalier qui était formé à l’exploration de la Cité Inférieure mais manquait d’expérience. Et visiblement, j’étais inclus dans la proposition.

« Rassurez vous, Général Somnis, mon but -notre but- n'est pas de déclencher une quelconque purge. Simplement, les considérations autour de la magie sont importantes : certains d'entres nous ne savent peut-être que se défendre avec elle, il faut donc savoir comment nous allons évoluer dans votre cité une fois tous rassemblés. Ceux ne pouvant se battre que par elle ne seraient alors pas envoyés dans les milieux dangereux où ils seraient sans défense ou pire, contraint d'utiliser la magie par survie ou par réflexe. Et puis, nous venons d'un monde différent : notre expérience nous a déjà prouvé que notre magie n'était pas toujours soumise au mêmes lois que les autres sur un monde différent. Peut être que son utilisation n'a aucun effet sur l'enchantement ; peut être qu'elle le renforce, ou peut être est-elle néfaste pour lui. Nous sommes arrivés par magie, et nous devrons forcément repartir avec. La question est : comment ? C'est ce que je veux étudier, chercher, d'où ma demande d'un érudit auprès duquel me renseigner. Ou des ouvrages même : j'ai appris à lire. Mais j'accompagnerai votre fils si vous jugez que c'est nécessaire.

- Vous verrez, Khalor saura vous être utile. C'est un combattant d'élite et sa connaissance des secrets des chevaliers de la ville basse sauront vous servir. Il manque juste... d'expérience sur le terrain. Je crains qu'il soit un peu idéaliste, et par là naïf sur sa vision des raclures vivant là en bas. »

J’en profitai ainsi pour glisser discrètement à Xël de faire attention à ses choix quant à où aller : il avait beau être rompu au combat, voir sans doute à celui au corps à corps, il n’était pas un guerrier pour autant et n’avait jamais ou peu tenu combattu à l’arme blanche en situation réelle. Sans l’emploi de sa magie, ses capacités de combat étaient très limitées.

« Générale Delaube, qu'elle est la relation entre les habitants d'Ashaar et les Êtres de la Surface ? Cette "bénédiction" d'immortalité, les Jours du Dons, est-ce que tout ça est offert de manière purement désintéressé ? Ou est-ce que les Êtres Lumineux demandent une rétribution, un service en échange ? »

Mon ton se voulait prudent car les Êtres Lumineux étaient bien perçus ici. Mais je n’arrivai pas à me défaire de l’idée que sur Yuimen comme sur Aliaénon, on n’avait jamais rien sans rien. La Surface procurait à Ashaar l’immortalité et la nourriture, sans rien en retour ? Et prendre le risque de briser la magie d’immortalité était puni de mort d’une façon extrême et cruelle ? Je ne comprenais pas. S’ils étaient si désintéressés que ça, les Êtres lumineux ne réagiraient pas aussi violemment à l’emploi de la magie. Au pire il s’en ficheraient et considéreraient que les habitants ont gâchés une opportunité qui leur était offert, au mieux il se contenterait de remettre l’enchantement. Mais visiblement, c’était lié à leur survie. Une symbiose entre les deux peuples ? Ou… Une relation parasitaire, avec les bergers venant semer la terreur quand le troupeau ne se comportait pas bien et arrêtait de produire de la laine ?

« Vous posez des questions dangereuses, Akihito Yoichi. Des questions qui pourraient vous attirer des ennuis auprès de ceux que vous remettez en question. Non, ils ne demandent rien à la population. Et ils ne demandent à l'Ordre que d'assurer la sécurité de la ville et des citoyens, ainsi que la chasse de toute magie. Y compris dans la Cité Inférieure, où ils n'ont aucun accès. Votre magie est aussi délétère que celle qui est maniée ici. Preuve en est notre forte sensibilité à celle-ci : nous la ressentons sitôt utilisée. C'est une preuve suffisante de son effet néfaste assuré sur le Bouclier. Aussi votre proposition semble sage : n'envoyez dans le danger que ceux qui peuvent s'en sortir sans. J'ose espérer que ce n'est pas votre cas, ou celui de votre comparse Xël. Car si ça venait aux oreilles du Juge, vous finiriez directement dans les Tréfonds. Et je me dis que ça serait sans doute une mauvaise chose.

- Je ne comptais pas remettre en question les Etres lumineux : si on me rend service, je cherche à en faire autant, et je me demandais comment vous faisiez, ou si un quelconque service était rendu en remerciement. Aucun sous-entendu. »


(Tu voulais pas qu’il y ai de sous entendu, mais t’en pense pas moins.)

(Je pensais avoir été suffisamment fin, pourtant.)

(Mmh, la Générale est surtout plutôt clairvoyante. Ou un brin parano sur le sujet. Ou les deux.)

« Comme je vous l'ai dit, reprit la concernée, votre aide pourrait nous être précieuse. Je crains n'en savoir pas plus que vous sur une manière de quitter ce monde. Et aucun mage ne serait assez imprudent pour noter cela dans un livre. Je... je me renseignerai auprès de notre Grand Maître. Il est à la fois sage et érudit. Il aura peut-être une réponse. Mais je vous conjure de rester dans nos bonnes grâces.

- Bien sûr, nous n'avons pas d'intérêt à vous mettre à dos, remerciai-je avant de pointer mon équipement. Je suis apte à me battre, et j'ai normalement un pavois en plus du reste, mais j'aurais besoin de magie pour l'amener à moi. Si je peux vous en emprunter un, ce ne serait pas de refus.

- Alors tout va bien. Il vous sera fourni un pavois en prêt. De même que tout matériel dont vous pourriez avoir besoin en bas. Mais veillez à les ramener : nous ne voudrions pas que les meurtriers des Bouges en soient équipés. »

J’aurais pas à expliquer d’où venait mon Rempart, au moins. S’il parvenait à apparaître depuis un autre monde…

« Puis-je, généraux, soumettre ma candidature pour accompagner ces gens également dans la cité inférieure ? Le Jour du Don tire sur sa fin, et mes hommes sont en bonne gestion de la situation.

- Hmm. Vous n'avez absolument pas la formation d'un chevalier pour visiter les Bouges. Ce n'est pas un jeu, Capitaine Beaufort. Je réfléchirai à votre proposition.

- Si je peux me permettre, de quelle expérience votre fils manque-t-il au juste, Général ? Si c'est sur le point martial, notre groupe peut compenser. Si c'est le "terrain" au sens général, quelqu'un de plus expérimenté à la gestion de la population d'Ashaar et l'exercice de l'autorité de l'Ordre ne serait pas de trop.

- C'est bien le terrain. Mais tous mes chevaliers sont déjà occupés sur place. Et la Capitaine Beaufort n'est pas formée aux pratiques de la Cité Inférieure.

- Mais en qualité d'Officier supérieur du GIGN, je connais certains des criminels qui s'y trouvent. J'en ai même arrêté plusieurs moi-même. »

Un argument que Somnis semblait prendre en compte dans sa réflexion, opinant. C’était sans compter sur Ezak. Pour une raison que je ne m’explique pas, ce dernier se sentit blesser dans son orgueil qu’on remette en doute sa capacité à évoluer seul dans la Cité Inférieure. J’observai avec incompréhension ce dernier expliquer comment il avait survécu à Omyre – ce qui ne disait absolument rien aux Généraux- et comment il n’avait absolument pas envie de servir de chaperon à Khalor Somnis. J’avais l’impression de voir un enfant piquer un caprice car les choses n’allaient pas dans son sens, et qui finissait même par forcer littéralement la main des Généraux en leur proposant des poigner de mains après avoir servis du vin à tous, dans une sorte de décision unilatérale.

« Je retire ce que j'ai dit, je le sens pas non plus, » murmurai-je à Yliria avant de voir nos interlocuteurs essayer d’expliquer avec beaucoup de pédagogie et de patience que non, il ne remettait pas en question son expérience, mais qu’il n’avait juste aucune idée de comment cela se passait dans les bas-fonds d’Ashaar. Pourtant, ce n’était pas non plus très compliqué à comprendre : l’immortalité faisait une différence majeure. Entre un truand d’Omyre qui pensait n’avoir pas peur de mourir et un truand d’Ashaar qui ne POUVAIT pas mourir, leur gestion allait fatalement être différente. La menace de la mort n’avait plus de poids.

« Je crois qu’un accord honorable est la meilleure solution. Cet accord est celui-ci : Xël et Akihito seront jugés pour l’usage de leur magie. Je ferai en sorte que ça ne soit ni une condamnation aux Tréfonds, ni une punition à perpétuité au sein des Bouges. Juste, et ça sera inévitable, une sanction temporaire de privation d’accès à la Cité Supérieure. En échange, vous promettez tous de nous transmettre les informations que vous retrouverez sur les Clans que vous pourriez rencontrer. La présence de Khalor Somnis n’a pas vocation de vous surveiller vous, ou de vous contraindre à quoique ce soit sinon le non-usage de la magie. C’est donc le sieur Xël et le sieur Yoichi qui seront sous sa garde. Si vous voulez prendre le risque de vous aventurer seul de votre côté, libre à vous. Et vous n’êtes pas ses gardes du corps : il est pleinement capable de se débrouiller dans la Cité Inférieure, et sera seul responsable de ce qui pourrait lui arriver. C’est une aide que nous vous proposons là, qui permet un arrangement mutuel. Si cet accord, sans clause supplémentaire, vous convient, alors il sera passé. Si l’un ou plusieurs d’entre vous n’y consent pas, libre à lui de retourner dans la Cité Supérieure, où il sera soumis à nos règles de bienséance et de savoir-vivre. À l’exception des sieurs Xël et Akihito qui devront attendre leur jugement, bien entendu. »
Yliria, après une pique sarcastique au chevalier d’Arkasse, acquiesça à la proposition des officiers tout en affirmation qu’elle préférait rester avec la capitaine Shirel avant de descendre plus bas. Le Kendran ne releva pas la pique et se contenta d’accepter l’avis des Généraux avec une pointe d’amertume, tout en négociant ultimement la présence de la capitaine Beaufort. Tout deux obtinrent gains de cause. Xël avoua son absence de compétence militaire avant d’annoncer qu’il emploierait la magie si nécessaire, tout en resservant de la bière au Général. Ce à quoi Somnis répondit.

« Concernant votre magie, j'aimerais soulever quelque chose : quel serait le pire danger pour vous ? Être confrontés à des ennemis immortels en l'étant vous-même, ou risquer de perdre cette immortalité et avoir sur votre conscience la mort de milliers d'individus ? Et devoir assumer les conséquences de cet acte auprès de nous. Mort, vous ne retournerez pas chez vous. J'espère que je me suis bien fait comprendre. »

Quant à moi...

« Sur notre monde, je suis les préceptes de Valyus, dieu de la Protection, et ai été reconnu comme digne d'être un Chevalier de l'Ecu par l'un d'entre eux. Ma volonté est et a toujours été de protéger ceux qui ont en besoin et les innocents. Je peux jurer de mes bonnes attentions dessus si vous y accorder un quelconque crédit, Générale. Si vous décidez de m'envoyer dans la Cité inférieure avec sir Khalor Somnis, j'irai. Mais je pense que ma place est ailleurs. »

J'embrassai du regard frère d'arme, amante et inconnu, tous de Yuimen.

« Les miens vont aller et venir au fil de leurs explorations, remontant informations et pistes,. Je crois que rester ici pour coordonner cet effort ne serait pas inutile. Je pourrai aussi me mettre à la disposition du Juge Suprême quand il rendra sa décision ou du Grand Maïtre si nécessaire.

« Vous souhaiteriez rester ici ? Je doute que le Juge approuve. De plus, ce rôle, nous pourrons nous en charger pour vous. Comme vous le savez désormais, Avianne Delaube est la maîtresse de l'information dans cette Cité. Elle saura la dispenser aux vôtres avec sagesse, si votre volonté n'est pas acceptée. »

Je n’avais aucune envie d’aller dans la Cité Inférieure, car contrairement à Xël et Ezak je ne voyais pas d’intérêt ou de piste sérieuse à aller y trouver. J’ai essayé de me rendre utile à ma façon, de trouver ma propre voix, mais c’avait échoué. Tant pis.

« Très bien, Général Somnis. Je suis un protecteur et un guerrier accompli alors si vous me fournissez un bouclier, vous pouvez m’envoyer là où vous jugerez nécessaire que je sois. Pour faire amende honorable et montrer patte blanche, je n’ai pas d’autres options. »

Puis en attendant leur réponse, je me composai une assiette pour l’engloutir. C’était mon dernier vrai repas annoncé, alors autant en profiter. Et profiter également d'Yli, dont j'allais encore être séparé. Décidément, notre relation commençait bien...

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Xël
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Re: L'Entresol

Message par Xël » ven. 29 nov. 2024 16:04

Il n’y a pas longtemps à patienter avant que la porte du réfectoire s’ouvre à nouveau, laissant entrer Ezak et Ezra accompagnés d’un autre couple plus âgé. Un homme à la barbe blanche qui est présenté comme étant le Général Somnis et une femme borgne, générale également, portant le nom d’Avianne Delaube. Ils viennent s’asseoir face à nous et la vieille borgne déballe ses connaissances et ses compétences. Aucun doute que c’est chez elle que tombe tous les rapports et qu’elle a des oreilles qui traînent un peu partout. On peut dire qu’elle a l’œil sur nous depuis un moment. Elle connaît nos prénoms, le titre de certain et décrit également les autres qui étaient dans la cave de départ. J’étais peu impressionné en réalité, elle avait nommé le fulguromancien « Aki » ce qui était loin d’être son vrai nom, ses rapports sont loin d’être complets et je me demande si elle n’a pas joué toutes ses cartes pour nous faire croire qu’elle est doté d’un talent particulier. Elle poursuit d’ailleurs sa présentation par quelques questions. Son collègue prend la parole après un sourire fier pour nous décrire notre travail.

Hein ?

Je lui aurais bien rétorqué que je ne suis pas son larbin mais Yliria se montre plus rapide alors que des chariots de nourriture venaient d’entrer dans la pièce, redonnant à mes traits un aspect moins agacé tandis que je distingue fruits, légumes, riz, semoule, viandes, pains et fromages. L’odeur alléchante s’infiltre dans mes narines pour faire réagir mon estomac tiraillé par la faim. Je remercie les individus en noir qui apporte tout ceci tandis que la conversation se poursuite à côté de moi et semble tourner autour de la cité inférieur et de ses dangers car Ezak demande l’autorisation de s’y rendre. Je prends la parole à sa suite tout en inspectant la table à la recherche d’une chose en particulier.

« J’aimerais l’accompagner. Je pense que la source du sort qui nous a mené ici vient de chez vous. Par chez vous j’entends de ce monde donc par des mages ayant peu de rigueur pour vos règles. J’aimerais creuser cette piste. Je pense qu’Ezak et moi nous pourrons nous en sortir. »

Je m’adresse ensuite à la borgne pour répondre à ses questions à propos de l’utilisation de la magie chez le tailleur et notre rencontre avec le Gardien du puit. Si je laisse répondre Aki à la première, je réponds néanmoins à la seconde:

« Concernant le Gardien nos échanges ressemblaient beaucoup à celui que nous avons actuellement. Il voulait connaitre notre nombre, nos noms, nos compétences et nos intentions. Sauf que lui n’a rien proposé à manger ce qui vous rends d’office plus sympathique. »

Précisais-je avec un sourire avant de poursuivre:

« Notre réponse a été la même que maintenant, nous ne vous aiderons pas à trouver nos semblables sans garantie sur vos intentions à vous. Je vais vous répéter ce que je lui ai dit nous concernant: aucun de nous n’a l’intention de rester ici. Nous voulions nous assurer que notre mission de neutraliser le dragon est accomplie et trouver un moyen de retourner sur Yuimen. Suite à ça il nous a demandé de rester discret et qu’il allait chercher un moyen de nous faire repartir chez nous. Je crois qu’il n’aime pas trop nous savoir dans le coin. Ensuite les autres sont arrivés. »

Dis-je en faisant une grimace amer au sujet de notre présence. Je n’avais pas menti. Je n’avais pas tout dit non plus mais je ne connais pas les intentions de ces deux là, sans oublier que nous sommes au milieu de leur bastion et qu’une troupe pouvait patienter derrière la porte de nous tomber dessus. En revanche, je n’hésite pas à demander:

« Je suis désolé. Je vais vous paraître un peu impoli, je suis reconnaissant pour le repas mais vous n’auriez pas un peu de bière ? »

Ma question déclenche l’hilarité de Somnis qui ordonne à ses laquais de chercher de la blonde. Cela me le rend d’un coup plus sympathique. Je lui rends son rire et écoute la suite de la discussion en entamant le repas. J’ai si faim que mon désir est de plonger la tête à même les plats pour me goinfrer mais bienséance oblige, je me sers de grosses portions dans mon assiette, une bonne louche de semoule et de riz, un gros morceau de viande que je saisis à la fourchette, récupérant avec les doigts ce que je fais tomber sur la table pour le porter à ma bouche. Je saisis un épi de maïs brillant pour le croquer à pleine dents tout en versant sur ma semoule et mon riz un généreux filet de sauce.

J’apprends au fil du repas que la magie est interdite car elle risque de détruire la magie qui les rends immortels, elle même nourrie par la magie des lumineux de la surface. Le Soleil Noir parait intransigeant à ce sujet et d’ailleurs il nous est bien fait comprendre à Aki et moi que notre ignorance et le contexte d’urgence au moment des faits n’allaient pas nous épargner un jugement. Mais je comprends également qu’ils ont besoin d’aide ou alors un désir de laisser d’autres se salir les mains pour eux. Les clans sous leurs pieds semblent être tout de même de belles épines. Elle cite deux noms notamment, le Clan Carmin dont Ezak m’avait déjà touché un mot ainsi que le Clan Soma dont elle précise qu’il s’agit sans doute d’une anagramme.

« Une bande de sorciers qui arrive à vous passer sous le nez et assez puissant pour vous inquiéter je pense que c’est une bonne piste pour commencer. »

Dis-je en jetant un regard à Ezak.

« Soma … une anagramme… Heureusement que ce n’est pas Suna … »

Ajoutais-je pensif avant de rétorquer:

« Mais plutôt que de vouloir une promesse de Chevalier pour nous éviter un mauvais jugement, pourquoi ne pas plutôt parler d’un marché de bonne foi ou d’une coopération bénéfique ? Je vous le précise en toute sincérité, si nous trouvons un moyen de rentrer chez nous, nous n’abandonnerons pas l’un des notre à son sort ici même si votre Juge Suprême le condamne. Cela me semble allez à l’encontre, je pense, de l’honneur d’un Chevalier. En revanche comme mon ami Ezak me l’a dit tout à l’heure, si un autre Yuimenien cause du tort nous pourrons lui éclater les dents nous même… »

La conversation se poursuit et me parait tourner en rond. Je dois être jugé et le verdict sera sans doute un voyage dans la cité inférieure, où je veux déjà me rendre. On me conseille pourtant de ne pas m’y rendre si je ne peux me défendre qu’avec ma magie. Je noie une grimace ahurie avec une rasade de blonde en apprenant que Somnis a un fils qu’il veut désigner comme surveillant. L’idée ne me plait pas, j’imagine déjà le pire. Et en plus la copine d’Ezak veut également nous accompagner. Je sens que la discussion s’envenime et j’entends qu’on m’accuse de refuser sur mon honneur de Chevalier.

Hein ?

Je ne parviens pas à contenir un léger rôt quand la borgne impose sa proposition. Elle veut des informations sur les Clans en échange d’un jugement d’Aki et moi, s’assurant qu’il ne soit ni trop dur ni trop long, mais avouant qu’il sera sans doute interdit pour nous deux de remonter dans la cité et nous mettant sous la surveillance du fils du Général. Je n’aime définitivement pas cette idée. Je me ressers une pinte puis me redresse un peu maladroitement pour en saisir une autre, la remplir et faire le tour de la table pour me diriger vers les Généraux en précisant:

« Si je n’ai pas juré sur mon honneur de Chevalier c’est parce que je n’en suis pas un. Je suis un mage, plutôt bon en plus. Donc oui en cas de danger, si ça s’avère nécessaire, j’utiliserai ma magie. »

Je m’arrête à quelques pas des Généraux pour poursuivre:

« Mais ce que vous me proposez c’est d’attendre gentillement qu’un juge me condamne à rester ici au lieu de pouvoir trouver une solution. Pourtant, regardez moi bien avec votre œil qui semble capable de  percer tous les mystères. Je suis le mieux placé pour comprendre une magie ouvrant un passage entre deux mondes et si nécessaire de le copier pour pouvoir rentrer. Vous devez me laisser descendre pour trouver une solution, je veux rentrer chez moi et je suis prêt à fouiller ce que vous nommez les Tréfonds pour y arriver. S’il vous plait. »

Je tends les pintes aux Généraux pour à mon tour conclure l’accord.

« Vous aurez les informations que vous voudrez et nous suivrons la piste pour rentrer chez nous. Puis un mage de plus ou de moins dans la cité inférieur est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Et je croyais que la cité en dessous était hors de la limite du bouclier des immortels ? »

"La Cité Inférieure est aussi sous la garde du Bouclier, sinon nous n'y rechercherions pas les sorciers s'y trouvant. Ce sont les Chevaliers des Cieux qui n'y ont pas accès. Et nous estimons à peu le nombre de mages là-dessous. Et ils ne se permettent pas d'user de magie laissant trop de trace, nous les aurions trouvés depuis longtemps sinon. Ceux condamnés pour pratique de la magie se retrouvent directement dans les Tréfonds. Un endroit où la vie n'est que souffrance, ou l'existence n'est plus même tangible. Aller aux Tréfonds, c'est un sort pire que la mort, sieur Xël. Vous n'y trouverez rien."

Répond la vieille en secouant la tête avant que Somnis prenne la parole après avoir accepté ma bière.

"Vous n'avez pas à nous supplier de vous envoyer là-bas, vous n'aurez pas le choix une fois jugé. Et jugé, vous le serez à la sortie de cette salle, après avoir profité de votre dernier repas correct. Vous ne pourrez remonter avant la fin de votre sentence. Concernant votre magie, j'aimerais soulever quelque chose : quel serait le pire danger pour vous ? Être confrontés à des ennemis immortels en l'étant vous-même, ou risquer de perdre cette immortalité et avoir sur votre conscience la mort de milliers d'individus ? Et devoir assumer les conséquences de cet acte auprès de nous. Mort, vous ne retournerez pas chez vous. J'espère que je me suis bien fait comprendre."

Akihito fait finalement part de son souhait de rester avec Yliria mais cela ne semble pas plaire aux Généraux. Je n’aime pas les tournures que prennent les choses. Nous nous sommes comportés correctement, sans faire de vagues une fois l’urgence de la tête résolue. Pourtant j’ai le sentiment d’être utilisé comme un criminel envoyé au bagne pour se racheter une conduite, de subir un chantage. Cela doit forcément se voir sur mon visage, j’ai senti mes sourcils se froncer quand il a précisé que ce serait mon dernier repas correct et aussi que je n’avais pas le choix. Les deux questions qu’il me pose en font jaillir une autre que j’exprime à voix haute alors que je retourne m’asseoir.

« Mais et vous … Pourquoi avez-vous autant peur de perdre votre immortalité ? »

Une idée me traverse l’esprit: Ne serions nous pas tombés dans la pire des prisons, où même la mort n’est pas accordé à ses prisonniers pour s’en échapper ? Une question que je ne formule pas cette fois mais qui me gâche sacrément mon dernier repas correct.
Modifié en dernier par Xël le ven. 29 nov. 2024 21:44, modifié 1 fois.

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Re: L'Entresol

Message par Yliria » ven. 29 nov. 2024 17:35

Le repas ne tarda pas à nous être servis, accompagnés de deux illustres inconnus. Deux généraux, visiblement. Un qui devait être un guerrier et une borgne à l’air moins sévère que son acolyte. Et elle en savait des choses, cette vieille générale. Probablement la cheffe du service de renseignements et d‘espionnage, ou quelque chose qui s’en rapprochait. Elle ne savait visiblement pas tout, puisqu’il n’y avait nulle mention de Jorus dans son énumération, donc cela venait sans doute de ce qu’on lui avait rapporté et nullement d’un quelconque pouvoir omnipotent présent dans la cité. Donc on pouvait ne pas dire l’exacte vérité sans risquer grand-chose. C’était tout de même impressionnant, l’exactitude de ses propos et la vitesse à laquelle elle avait été informé. Elle devait avoir une coordination efficace avec les troupes du Soleil noir pour que ce soit aussi rapide.

-Vous êtes extrêmement bien renseignée, à ce que je vois

Ce qui pouvait être un problème dans certains scénarios… L’autre général, en revanche, semblait plus nous prendre pour une main d’œuvre à user à son bon vouloir, ce qui me plaisait beaucoup moins.

- Nous ne sommes pas vos pions, Général. J'ai proposé mon aide pour retrouver et rassembler les Yuimeniens pour que d'autres se focalisent sur la recherche d'un moyen de rentrer chez nous, d'où ma possession de ce blason. J'ai considéré qu'une collaboration était préférable à une confrontation et je continue de penser ainsi, mais, que ce soit bien clair, je ne travaille pas pour vous. Je ferai ce qui est nécessaire sans perturber l'équilibre précaire qui régi votre société, sans m'impliquer dans aucune de vos querelles internes, sans prendre parti et sans user de violence, dès lors qu'on ne m'y pousse pas. Mais je défendrai les miens et ma personne si cela est nécessaire. J'espère que cela répond à votre question.

L’entièreté de cette conversation fut un jeu de chat et de souris. Les Généraux voulaient notre obéissance et notre soutien, mais nous n’étions, chacun à notre manière, pas vraiment enchanté par l’idée. Pour ma part, je considérais que nous n’avions pas à intervenir sur un monde qui n’était pas le nôtre. Ce n’étais pas notre combat, pas à nous e faire leur sale boulot simplement parce que nous étions sur place. Je n’avais pas l’intention de créer de problèmes en rassemblant les nôtres, mais c’était tout. Il était hors de question que ces Généraux se servent de nous pour faire ce qu’ils ne pouvaient.

Akihito, comme à son habitude, se montra prudent et compréhensif, mais il était clair qu’il n’avait pas spécialement envie d’être mené à la baguette. Le fait qu’il doive, tout comme Xël, subir un procès me hérissait le poil. S’ils allaient trop loin, interdiction de magie ou non, je n’allais pas rester les bras croisés. Xël, lui… était fidèle à lui-même. Il savait manier les mots, mais il y avait toujours un dérapage un moment ou un autre. Une blague vaseuse et un rot, vraiment ? Enfin, ce n’était rien comparé au dernier. Le d’Arkasse là… Il ne se prenait pas pour de la merde, ce type. Il se croyait en terrain conquis, cet abruti ? Il ne voulait pas d’un chaperon, d’accord, mais était-ce vraiment le moment de montrer un orgueil aussi évident quand on ne savait même pas comment rentrer chez nous ? Déplacé au possible, comme comportement. Et s’il finit par accepter, son sarcasme eu le don de me faire lever les yeux au ciel. Ce n’était pas une compétition, bordel ! Il me fatiguait déjà…

Au moins nous apprîmes certaines choses, notamment que leurs forces n’étaient pas très efficace dans la cité inférieure et qu’ils pouvaient détecter la magie. Ou au moins une partie d’entre eux. Voilà qui risquait d’être emmerdant. Visiblement la magie à haute dose était un problème pour les Lumineux qui la subissait, mais une magie plus diffuse et contrôlée avait plus de chance de passer inaperçu… sauf s’ils la détectaient. Tout ça me laissait tout de même perplexe. La relation entre la ville et les Lumineux était… étrange. Quel était l’intérêt des Lumineux qui, visiblement, fournissait beaucoup sans recevoir en échange. Et pourquoi les forcer à l’immortalité ? Était-ce un don ou une punition ? Ou bien le Lumineux était à ce point désintéressé… mais capable les exterminer à l’envie. IL y avait un but derrière tout ça, c’était obligé, mais lequel ?

(Une fois les Yuimeniens rassemblés, aller faire un tour là-haut pourrait être pertinent…)

(Le Gardien a bien dit que tu ne pourrais redescendre.)

(Pas redescendre, peut-être, mais rentrer sur Yuimen ne rentre techniquement pas dans cette catégorie Et le problème ne se pose pas si on monte tous.)

(Peu probable qu’ils acceptent... enfin, seulement si tu demandes la permission.)

(On verra bien si l’occasion se présente.)

Pour l’heure, il fallait retrouver tout le monde. Je savais où était Mathis donc je commencerai par lui avant d’aller chercher Jorus qui, je l’espérais, saurait laisser des traces. Xël et Ezak allient descendre, visiblement et Aki restait là pour… coordonner ? j’aurai préféré qu’il vienne avec moi, pourquoi il restait dans son coin ?

(Il a sans doute peur que tu le déconcentres avec ton déhanché)

(Arrête de raconter n’importe quoi…)

(On en reparlera…)

Je soupirai alors que la conversation s’achevait et que je me rapprochai un peu d’Akihito. Je n’étais pas spécialement fatiguée et il y avait bien un endroit qui pouvait m’intéresser, surtout dans un bastion d’une force armée.

- J’imagine que vous avez une salle ou une cour d’entrainement dans cet endroit, puis-je l’utiliser ?

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Ezak
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Re: L'Entresol

Message par Ezak » ven. 29 nov. 2024 18:10

Nous arrivâmes rapidement au réfectoire. Les Ashaariens prirent place d’un côté de la table, et je m’assis avec les Yuimeniens. C’était la rencontre de deux mondes. Ils se présentèrent : Général Somnis et Delaube. Cette dernière, bien informée, fit la démonstration de l'étendue de ses connaissances. Elle connaissait nos noms et décrivit plusieurs Yuimeniens qui étaient apparus ici. Je reconnus la description de Naral, ainsi que celles de Silmeria, de son étrange double, de l’oudio, de la jeune elfe, et de l’elfe à la longue chevelure blanche. Une démonstration de force, sans doute. Un instant, je crus qu'il s'agissait d'une sorte de magie lisant nos pensées, mais je dus me rendre à l’évidence : il lui manquait des informations. J’avais également fait usage de magie à travers le fluide de ma prothèse, et jusqu’à présent, personne ne le savait.

(Pas si omnisciente la vieille. Juste très bien renseignée, mais pas infaillible.)

Somnis, comme l'attendait Ezra, nous imposa de retrouver les nôtres, ce qui me fit grimacer, tandis que des hommes entraient pour nous servir des plats et des boissons. Mon regard glissa brièvement sur la table, mais je ne pris rien, trop accaparé par la discussion.

Yliria fit preuve d’une force de caractère que j’appréciais, indiquant au général qu’elle ne travaillait pas pour eux et ferait tout ce qui était en son pouvoir pour partir d’ici, y compris se défendre si nécessaire.

Somnis répondit :

"Du moment que le travail est fait, par vous seule ou plusieurs autres, qu'importent les formes que vous y mettez. Détrompez-vous cependant : l'équilibre de notre société n'est pas précaire. Il est solide et nous nous en assurons. Nous serons assurément vos meilleurs collaborateurs ici bas."

J’en profitai pour prendre la parole :

“Je respecterai vos règles, Général, tant qu’elles n’iront pas à l'encontre des préceptes de mon serment. La capitaine Beaufort peut témoigner de mon zèle jusqu'ici à obéir à ses ordres et à ne pas agir sans son consentement.”

Ezra opina du chef en réponse au regard interrogatif de Somnis. J’émis une pause :

“Avec tout le respect que je vous dois, je doute qu’être aussi nombreux à chercher les membres de mon monde nous rende plus efficaces. J'entends déjà dire que certains ne se montrent pas coopératifs, et il est possible que d’autres ne le soient pas non plus. Je ne peux pas le savoir, je ne les connais pas. Cela me fait penser que la meilleure solution pour tous est de trouver rapidement un moyen de rentrer chez nous afin de ne plus troubler votre ordre public. J’aimerais descendre dans la Cité inférieure avec votre bénédiction, pour y mener des recherches. C'est un endroit destiné aux chevaliers, non ?" lâchai-je comme un argument imparable.

"La Cité inférieure ? Êtes-vous bien certain de savoir où vous mettez les pieds ? La Capitaine Beaufort ne pourra pas vous y accompagner. Les chevaliers sous mes ordres directs la parcourent effectivement, ainsi que d'autres troupes lourdes. Je doute que vous y trouviez quoi que ce soit, mais... j'autorise votre passage. Et votre retour, le cas échéant. Soyez toutefois conscient que les règles sont quelque peu différentes là-bas. Si la magie reste interdite, l'Ordre n'est présent que pour traquer ses utilisateurs. Nous n'y faisons pas régner la Loi. C'est un capharnaüm de criminels en tous genres, qui ne comprennent que la violence. Faites attention, où que vous soyez, peu importe à qui vous vous adressez."

Xel affirma son désir de m'accompagner dans la Cité inférieure.

« Je suis désolé. Je vais vous paraître un peu impoli, je suis reconnaissant pour le repas, mais vous n’auriez pas un peu de bière ? »

« De la... bière ? », s'étonna, incrédule, le général. Puis il éclata de rire.

"AH ! Il me plaît bien, celui-là. Allez donc nous ramener un pichet. Ou deux."


Sur ces mots, des hommes partirent chercher la boisson demandée.

"Bien. Alors vous irez avec le sieur d'Arkasse. Si d'aventures vous trouviez la source de cette magie, veillez à nous envoyer un petit mot, pour que ce genre de chose ne se reproduise plus."

Akihito exprima son désir de rencontrer le Grand Maître et d'en apprendre davantage sur la magie. À ce moment, les mots d'Ezra sur la nécessité d'éviter ces questions me revinrent. D'ailleurs, le général Delaube mit bien en garde l'Ynorien sur le fait de ne pas s'en approcher. Il y avait toujours ce discours en arrière-plan sur la nécessité de ne pas contrarier les Chevaliers des Cieux, qui étaient traités tantôt comme des seigneurs, tantôt comme des dieux. Ezra roula même des yeux, tandis que Shirel adopta une pose fière. Enfin, Delaube affirma que les deux utilisateurs de magie devraient passer devant un juge, pas connu pour sa souplesse, mais elle pensait pouvoir l’influencer. Je n'aimais pas cette idée. Alors qu'Yliria prit la parole, je tentai d'imaginer un stratagème pour éviter ce procès.

"Généraux, je suis conscient que mes désirs ne font pas loi ici, mais j'aimerais descendre au plus vite accompagné de Xël. Or, si j'ai bien compris, mes compagnons doivent subir un procès avant, ce qui ne manquera pas de nous ralentir. Quand aura-t-il lieu ? Est-ce vraiment nécessaire ? Puisque, de toute façon, nous descendrons de notre plein gré dans la Cité inférieure, ce qui est la sentence réservée aux criminels dans votre système.
"

Mon doigt commença à faire le tour du verre de vin posé devant moi.

"J'aimerais également obtenir davantage d'informations sur ce qui s'y passe afin de mieux préparer nos recherches. Si vous ne dictez pas les lois là-bas, alors qui le fait ? Est-ce l'anarchie ? La loi du plus fort qui prévaut ? Ou bien des factions imposent-elles leur propre ordre ? Le Clan Carmin, par exemple ?"
dis-je en guettant les réactions des généraux alors que je lâchai cette information que je savais sensible. Mon information fit mouche, car les deux généraux se regardèrent.

"Un procès ?" s'étonna Somnis. "Non. Juste une décision. Rapide et définitive. Le couperet de la justice qui tombe. Et certes, les criminels sont menés dans la Cité inférieure, mais ils n'ont guère le droit d'en remonter. Enfin, pas tous. Et les mages, généralement, sont destinés aux Tréfonds, d'où nul ne revient. C'est cette décision que la Générale Delaube et moi souhaitons vous éviter."

Il s'éclaircit la voix, se redressant sur son siège.

"Donc oui, c'est nécessaire, et cela peut être rapide, mais ne soyez pas trop pressé."

C'est Somnis qui poursuivit.

"Comment avez-vous entendu parler du Clan Carmin ? Par qui ? Ce sont des mots qui ne devraient pas remonter dans la Ville Supérieure. Quant à la Cité inférieure, elle est assez vaste pour que tout ce que vous décrivez s'y trouve : des quartiers appartenant à des clans, l'anarchie totale où règne souvent la loi du plus fort... ou du plus malin. Mais dans tous les cas, on parle plus de zones d'influence que d'ordre. Ce mot, là-dessous, n'a aucun sens."

Avianne Delaube se permit un commentaire :

"Voilà qui pourrait nous convaincre de passer un mot au Juge : promettez sur votre honneur de chevalier que vous enquêterez sur ces 'clans'. Le Clan Carmin, d'une part, mais tout autre que vous pourriez trouver. Y compris un groupe de sorciers que nos agents n’arrivent ni à situer ni à appréhender, et qui se fait appeler, selon des rumeurs chuchotées, 'Soma'. Une anagramme, à n'en pas douter. Ils sont une épine dans le pied de l'Ordre depuis trop longtemps. Considérez cette information comme un secret défense. Elle non plus ne peut remonter aux étages supérieurs."

L'offre me convenait, et en plus, nous venions d’obtenir une information intéressante, une piste sérieuse. S'il y avait un groupe de sorciers puissants que les autorités n’arrivaient pas à appréhender, c’était eux qu'il fallait rejoindre. Mais, pour une raison qui m’échappa, Xel voulut négocier. Sans doute pour préserver mon honneur, il cherchait à m'éviter de jurer sur mon honneur . Mais je connaissais mon serment mieux que quiconque, rien n’allait contre ce que j’avais promis sous serment en l'état.

"Coopération bénéfique, vœu de chevalier, marché de bonne foi... appelez cela comme vous le souhaitez : je sais le poids des mots qui feront pencher la balance de votre jugement. Et vous êtes dans notre ville. Nos lois s'appliquent à vous, et nous en sommes les garants. Ce que je demande n'est pas compliqué : un accord de votre part pour nous confier toutes les informations que vous pourriez trouver sur les clans de la Cité inférieure, qu'il s'agisse du Clan Carmin, de Soma, ou d'autres."

Somnis précisa :

"Hmm. Si vous ne promettez pas sur votre honneur, je vous mettrai sous la protection et la supervision de mon fils, Khalor. Il est chevalier depuis peu, et cela lui fera du bien de parcourir la Cité inférieure avec un but précis et des... combattants expérimentés."

Encore un peu, et j'aurais écarquillé les yeux tant cette proposition me semblait insensée. Un chevalier, fils du Général, possiblement un fanatique comme certains de ceux qu'Ezra m'avait décrits, à nous surveiller jour et nuit. Et si Xël devait utiliser la magie pour une raison ou une autre ? Et si nous devions pactiser avec des sorciers là-bas ? Cette proposition puait, et pour ne rien arranger, Akihito accepta sans hésitation d'accompagner le fils. Alors ça, c’était un sale coup ! J’étais doublement surpris de comprendre qu’il nous accompagnerait. Pas de problème avec ça, mais s’il était là pour me mettre des bâtons dans les roues, il pouvait bien rester avec sa petite copine, je préférais.

Somnis poursuivit :
"Vous verrez, Khalor saura vous être utile. C'est un combattant d'élite et sa connaissance des secrets des chevaliers de la Ville Basse vous sera précieuse. Il manque juste... d'expérience sur le terrain. Je crains qu'il soit un peu idéaliste, et par là naïf sur sa vision des raclures vivant là-bas."

Je manquai de souffler fortement. "Idéaliste" ? Cela voulait dire quoi ? Un extrémiste ? On avait tiré le gros lot. Je fronçai les sourcils. Je ne pouvais pas dire à haute voix aux autres qu'il fallait absolument éviter d'avoir un type capable de détecter la magie dans nos pattes. Il fallait mettre fin à cette situation au plus vite. L'offre, qui semblait bonne au départ et nous permettait d'explorer la Cité inférieure sans être chaperonnés, devenait désastreuse ! J’étais même un peu en colère, car à l'origine, c'était ma volonté de descendre. Je détestais qu'on s'immisce dans mes affaires, surtout quand c'était pour négocier aussi mal.

Ezra demanda alors :

"Puis-je, généraux, soumettre ma candidature pour accompagner ces gens également dans la Cité inférieure ? Le Jour du Don tire sur sa fin, et mes hommes gèrent bien la situation."

Somnis grogna.

"Hmm. Vous n'avez absolument pas la formation d'un chevalier pour visiter les Bouges. Ce n'est pas un jeu, Capitaine Beaufort. Je réfléchirai à votre proposition."

J'étais perplexe. Que cherchait-elle à faire ? Pourquoi voulait-elle descendre ? Certes, elle serait peut-être une alliée, et elle n’avait pas l’air d’avaler la propagande des Lumineux, m’ayant déjà fourni de précieuses informations, mais avec la proposition de Khalor, la situation devenait compliquée.

"Si je peux me permettre, de quelle expérience votre fils manque-t-il au juste, général ? Si c'est sur le plan martial, notre groupe peut compenser. Si c'est le "terrain" au sens général, quelqu'un de plus expérimenté en gestion de la population d'Ashaar et en exercice de l'autorité de l'Ordre ne serait pas de trop." ajouta Akihito.

Somnis répondit :

"C'est bien le terrain. Mais tous mes chevaliers sont déjà occupés sur place. Et la Capitaine Beaufort n'est pas formée aux pratiques de la Cité inférieure."

Elle intervint alors :

""Mais en qualité d'Officier supérieur du GIGN, je connais certains des criminels qui s'y trouvent. J'en ai même arrêté plusieurs moi-même."

Finalement, je pris la parole d'un ton ferme, mais toujours respectueux et posé, sans jamais élever la voix. Il était tant de sortir le grand jeu. Faire tout pour me débarrasser du fils de et faire comprendre aux autres que nous avons ce qu'il faut pour se débrouiller, au mieux. Au pire parvenir au moins à tirer Xël et moi de cette supervision dangereuse.

« Très bien, mettons les choses au clair. Si j'ai demandé à descendre, c'est en toute connaissance de cause. Je savais parfaitement dans quoi je m'embarquais. Je n'ai nul besoin d'être supervisé. Dans mon monde, j'ai passé des années à Omyre, infiltré parmi leurs forces, vivant selon leur mode de vie, dans une ville soumise au chaos, refuge de tous les criminels de mon continent qui cherchaient un lieu où ils ne seraient pas rejetés. Assassinat, vol, viol, cannibalisme, absence totale de notion de propriété — j'ai dû gérer des individus dont le mode de vie est tribal et basé sur le respect de la loi du plus fort. Alors, votre cité inférieure pleine de criminels ne m'impressionne absolument pas. Ce type d'environnement, je sais m'y adapter. Cela exige des nerfs d'acier, savoir rester impassible quelles que soient les circonstances... Ne pas être un idéaliste qui se cabre à la moindre entorse aux règles... De plus, sachez qu'avec moi, il n'y a aucune crainte que j'utilise la magie. Je n'en possède pas. Mes compétences martiales sont ma seule force. »


Je pris un moment pour réfléchir avant de poursuivre :

« Je suis partisan du respect des individualités. Si Akihito Yoichi désire descendre en compagnie de votre fils, je respecte son choix, mais tel ne sera pas le mien, Général. Ainsi, s'il persiste, nos chemins se sépareront en bas. Lorsque je travaille en équipe, surtout dans ce genre de conditions, je préfère être sûr de mes partenaires. Je refuse de regarder un père dans les yeux et de lui promettre de lui ramener son fils entier, surtout lorsque celui-ci occupe une haute position et pourrait faire pression sur moi s'il le désirait. Il y a là, en plus, une charge émotionnelle et sentimentale avec laquelle je ne souhaite pas m'encombrer. Je veux garder la tête froide et rester pragmatique. C’est toujours ainsi que je travaille.»

Je pris la bouteille de vin posée sur la table et la passai devant chaque personne attablée. Somnis et Shirel m’indiquèrent vouloir être servis, ce que je fis.

« Revenons-en à votre première proposition. Si je m'engage, sur mon honneur de chevalier, à enquêter sur Soma, et que votre juge accorde une chance à Xël Almaran ainsi qu'à Akihito Yoichi, je souhaite en contrepartie pouvoir me passer de la supervision de votre fils. Je tiens cependant à préciser que mon serment m'oblige à protéger les faibles et le peuple. Par conséquent, ajoutons une petite clause à notre accord oral : si je constate, à un moment donné, que ce que vous me demandez va à l'encontre de mes préceptes, notre accord deviendra caduc. Mais il n'y a aucun risque, puisque tout ce que vous faites est orienté vers la protection du peuple, n'est-ce pas ? »

Je me levai, tendant la main aux deux généraux.

« Avons-nous un accord ? Si c’est le cas, nous pourrons trinquer à celui-ci.»

Mon regard croisa celui d’Ezra. Elle était déçue et en colère, ça se voyait ; elle me le faisait comprendre. Je n’avais pas appuyé sa candidature, mais je ne pouvais pas le faire sans prendre le risque de devoir m’expliquer sur le choix de l’un plutôt que l’autre. Je préférais que nous soyons libres de nos mouvements là-bas.

Avianne Delaube prit une profonde inspiration et s’exprima d’une voix calme mais ferme.

"Vous ne comprenez pas... Nous vous avons invités dans notre Bastion où nul n'a accès. Nous vous avons accordé audience, proposé de réduire la peine inévitable de vos compagnons, et montré de la compréhension quant à l'existence de vos pouvoirs. Nous envisageons un accord honnête : une faveur contre une autre, une réduction de peine contre un accès à la Cité inférieure sans enquête préliminaire, et vous trouvez bon de marchander et d’ajouter des clauses, tout en émettant des insinuations douteuses quant à notre volonté de servir le peuple."

Le général prit un air sévère, m'observant avec attention.


"Sieur Ezak d'Arkasse. J'ai conscience que vous avez une certaine expérience dans votre monde, et que vous ne mentez pas sur vos faits d'armes ou votre qualité de combattant. Mais vous faites preuve d'une témérité imprudente. Vous sous-estimez les Bouges et, quelles que soient vos aptitudes à l'adaptation, croyez bien que vous n'avez sans doute jamais vécu ce qui se trouve là-dessous. Prenez conscience de ce que nous vous offrons déjà en vous accueillant ici sans vous condamner pour votre seule présence, ce que les Chevaliers des Cieux auraient sans doute souhaité à un moment ou à un autre. Croyez bien que je ne suis pas la plus sévère de mes collègues. Loin de là. Je comprends votre désir de partir, je comprends votre volonté de ne pas être surveillé, mais comprenez-vous aussi que nous ne connaissons rien de vous et ne pouvons pas vous laisser faire ce que bon vous semble ? Votre ami Xël refuse de jurer sur son honneur de chevalier, et nous savons que certains d'entre vous sont aptes à la magie…"

Elle continua sans tarder :

"Je crois qu’un accord honorable est la meilleure solution. Cet accord est le suivant : Xël et Akihito seront jugés pour l’usage de leur magie. Je ferai en sorte que ce ne soit ni une condamnation aux Tréfonds, ni une punition à perpétuité dans les Bouges. Juste, et ce sera inévitable, une sanction temporaire de privation d’accès à la Cité Supérieure. En échange, vous promettez tous de nous transmettre les informations que vous obtiendrez sur les clans que vous rencontrerez. La présence de Khalor Somnis n’a pas vocation à vous surveiller ou à vous contraindre, si ce n’est à veiller au non-usage de la magie. Ce sont donc le sieur Xël et le sieur Yoichi qui seront sous sa garde. Si vous souhaitez prendre le risque de vous aventurer seul de votre côté, libre à vous. Et vous n’êtes pas les gardes du corps de Khalor : il est pleinement capable de se débrouiller dans la Cité inférieure et sera seul responsable de ce qui pourrait lui arriver. C’est une aide que nous vous proposons là, qui permet un arrangement mutuel."

Elle balaya la table du regard.

"Si cet accord, sans clause supplémentaire, vous convient, alors il sera passé. Si l'un ou plusieurs d'entre vous n'y consent pas, libre à lui de retourner dans la Cité Supérieure, où il sera soumis à nos règles de bienséance et de savoir-vivre. À l'exception des sieurs Xël et Akihito, qui devront attendre leur jugement, bien entendu."

Yliria intervint alors, un sourcil haussé :

"Pour régler la question de votre accompagnateur, pourquoi ne pas tout simplement jauger ses capacités vous-même ? Je suis certaine que vous êtes très doué, chevalier d'Arkasse, mais si je vous lâche dans une cité souterraine shaakt, seul, vous ne ferez pas long feu sans, au minimum, un guide. L'affrontement frontal n'est pas la seule manière de se débarrasser de quelqu'un, ni la plus efficace, et cela vaut aussi pour cet endroit. Ravalez votre orgueil déplacé qui risque de mettre en danger plus que votre simple vie et faites ce qui est le mieux pour que nous rentrions tous. Et tant qu'à faire, demandez leur avis aux deux supposés vous accompagner, non ?"

Elle conclut ses paroles avec sarcasme et dédain, avant de signaler qu'elle voulait rester travailler avec Shirel. Avec de tels alliés, pas besoin d’ennemis. Je lui lançai un regard défait. J'étais déçu. Extrêmement déçu par ces Yuimeniens qui, au lieu de se serrer les coudes, jugeaient bon d’attaquer les leurs devant des étrangers. Le message envoyé ? Nous sommes divisés. Déçu de leur manque de vision. Ils ne comprenaient pas que nous faisions entrer le loup dans la bergerie. Déçu de leur empressement à négocier, brisant ainsi des accords qui, à mes yeux, étaient déjà satisfaisants. J’étais écœuré… Et je n’avais pas vraiment le temps de me lancer dans des batailles enfantines contre ceux censés faire partie de mon groupe. Si elle voulait un conflit, elle allait devoir se battre toute seule, je n'étais pas preneur. Je le lui fis savoir en allant dans le sens de chacun de ses mots, sur un ton blasé et déçu.

« Ce sera tout ce que vous voudrez, Dame Yliria. Cela n’a plus aucune espèce d'importance maintenant de toute façon. Je ravale mon orgueil mal placé à la demande de ma comparse. Je serai probablement un danger pour moi-même et pour les autres, je ne pourrais pas survivre un seul jour sans votre aide dans un environnement que je ne connais pas. Vous avez raison sur tout !"

(Contente ?)

Puis je me tournai vers les généraux, faisant preuve d'une véritable courtoisie cette fois, et m'adressai à eux d'un ton respectueux. Il n’y avait de toute façon plus rien à négocier, et vu les qualités de mes comparses à ce jeu, ils étaient capables de faire pire. Autant en finir.

"Je n’ai clairement pas suffisamment pris conscience de tout ce que vous faisiez pour nous. Vous nous avez bien traités, accueillis et nourris, et je crois qu'aucun d'entre nous ne vous a remerciés pour cela. Je le fais maintenant : À la santé de l’État-Major de l’Entresol et à leur grande générosité."
dis-je en levant mon verre avant d'en boire une gorgée.

Puis, je poursuivis d'un ton respectueux. Il fallait que je gère le cas d’Ezra, qui, pour une raison qui m'échappait, voulait absolument descendre. Peu importe, autant avoir un allié dans le coin :

"Je ferai selon toutes les conditions que vous imposez et respecterai strictement vos règles. Je ne me rendais pas compte à quel point vous nous offriez une chance en nous accordant une escorte, mais maintenant je le vois. Il me semble que la capitaine Beaufort proposait de nous accompagner, et je pense qu’elle ne sera pas de trop. En effet, elle ne connaît pas le terrain, mais elle connaît ceux qu’elle a envoyés en bas. Ses renseignements nous seront précieux. Alors, je vous prie de bien vouloir faire preuve de générosité en nous accordant une nouvelle escorte compétente."

"Bien ! Pour la Capitaine Beaufort, je ne partage pas votre enthousiasme, mais si c'est ce qu'elle souhaite, je n'y vois pas d'inconvénient. Là encore, elle seule sera responsable de ses choix."

Elle accueillit la nouvelle formellement, d'un signe de tête pour acceptation, puis m’adressa un regard reconnaissant.

Un peu contrarié par la tournure des événements je me désintéressai des dernières paroles échangées.

"Je n'ai rien d'autre à rajouter. Je descendrai et enquêterai sur Soma. " Puis rebondissant aux propos d'Yliria qui souhaitait pourvoir s’entraîner : "J'aimerais aussi pouvoir me dégourdir un peu les membres en attendant."
Modifié en dernier par Ezak le mer. 4 déc. 2024 07:14, modifié 6 fois.

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Cromax
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Re: L'Entresol

Message par Cromax » sam. 30 nov. 2024 13:20

La Cité des Ombres
L’Entresol


Jour 1 – fin d’après-midi.


« Pour les mêmes raisons que vous craignez de perdre votre vie, étant prêt à tout, même risquer celle d’innocents, pour la protéger. »

Somnis, après cette remarque, se tourna vers Akihito :

« Un bouclier vous sera fourni, où que vous soyez envoyé. Je vous en fais la promesse. »

Il regarda dans la direction d’Ezak et Yliria.

« Oui, nous en avons plusieurs. Et elles sont réservées à l’entraînement de nos troupes… Ceci dit, je préfère que vous y alliez que vous vous mettiez à faire des passes d’armes dans des endroits inappropriés. Les capitaines d’Esthalor et Beaufort vous accompagneront. »

Tous se levèrent. Le Général Somnis parla à Xël et Akihito :

Suivez nous, votre jugement vous attend. Avianne prit les devants, et les deux accusés de magie furent conduits (de gré ou de force), vers une autre salle de cet immense quartier général.

Ezra et Shirel restèrent près du mi-kendran et de la mi-shaakt. La première prit la parole.

« Suivez-moi, j’ai l’endroit qu’il vous faut. »

Et ils quittèrent également la salle à manger.


____________________________


Xël et Akihito furent conduits dans une salle circulaire à l’entrée bien gardée où ne trônait qu’une estrade derrière laquelle un homme encapuchonné, visage masqué dans l’ombre, vous attendait. Plume à la main, encrier à portée, il remplissait un parchemin qui semblait interminable. La liste des condamnés de la cité d’Ashaar ? Son tableau de chasse personnel…


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Avianne s’approcha de lui, et lui souffla quelques mots à l’oreille, alors que Somnis se plaça en garde de la porte refermée derrière eux. Le Grand Juge prit la parole d’un ton grave et impérieux. Solennel.

« Bien. Bien. Vous voici tous deux soumis à votre procès pour usage de magie au sein de la Cité Haute. Pour rappel des faits, le dénommé Akihito a été surpris à plusieurs reprise faisant usage de sortilèges. Une fois au sein de la maison du dénommé Bergeac Dantes, tailleur des Voies Médianes, et une fois pour descendre de ces Voies Médianes jusque sur la Veine, où fut projeté avant ça une énorme tête monstrueuse. Le dénommé Xël a usé de plusieurs sortilèges, lui aussi. L’un sur les Voies Médianes, tentant d’agir sur cette susnommée tête, l’autre pour amortir une chute de celle-ci en présence de plusieurs membres des Chevaliers des Cieux. »

Il se tut un instant, observant les deux accusés.

« L’usage de magie est comme vous le savez totalement proscrit, et sa sentence est usuellement irrévocable : un envoi sans retour vers les Tréfonds de ce monde. Cependant, il est des circonstances atténuantes. Votre venue d’un autre monde, tout d’abord, forçant votre incompréhension de l’interdiction de l’usage de la magie. Votre arrestation pacifique, ensuite, sans tenter quoique ce soit pour fuir. Un accord avec mes collègues généraux, enfin, visant à enquêter sur les troubles, clans et mages de la Cité Inférieure. »

Il marqua une nouvelle pose, avant de clamer d’une voix plus forte :

« Voici mon Jugement : Akihito, vous serez envoyés dans la Cité Inférieure pour une période de deux semaines, suite auxquelles vous pourrez librement remonter. Xël, suite à votre effronterie à user de magie, je ne peux prendre le risque que vous reveniez dans la Cité Supérieure. C’est une condamnation à perpétuité dans la Cité Inférieure qui vous attend. Que les témoins prennent acte. »

Avianne se positionna devant le bureau surélevé et demanda aux deux mages :

« Avez-vous une dernière chose à dire pour vous défendre ? C’est le moment ou jamais. »


_______________________________


Ezra et Shirel menèrent Ezak et Yliria vers une salle éloignée des Quartiers Généraux. Ils entrèrent sur un chemin bordé d’une balustrade surplombant une grande salle vide où se présentaient des râteliers contenant des épées d’entrainement, émoussées. Une double-porte semblait mener dans une salle voisine, s’étendant sous leurs pieds.

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L'escalier ne mène pas à une porte latérale, mais directement à la balustrade où vous vous trouvez

La Capitaine des forces spéciales de la Veine parla :

« Voici une salle d’entraînement au duel. Nous pouvons, sinon, amener des mannequins d’entrainement stockés à côté. Qu’espériez-vous réaliser ? »




[HJ : Ezak et Yliria : discussion discord pour vous mettre d’accord. Akihito et Xël, discussion discord pour vous défendre. Ce seront sans doute de courtes discussions pour permettre d’autres actions à la suite.]


[XP :
Akihito : 0,5 (discussion), 0,5 (repas)
Xël : 0,5 (discussion), 0,5 (repas)
Yliria : 0,5 (discussion), 0,5 (repas)
Ezak : noté quand complété.]

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Xël
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Re: L'Entresol

Message par Xël » mer. 4 déc. 2024 22:12

« Pour les mêmes raisons que vous craignez de perdre votre vie, étant prêt à tout, même risquer celle d’innocents, pour la protéger. »

Non. C’était faux. Ça n’a rien à voir. Ce qu’ils font ce n’est pas vivre. Ils tournent en rond dans une prison sous terre, à la merci de ceux qui peuvent visiblement du jour au lendemain décider que tout s’arrête. Patientant gentiment de recevoir de quoi se nourrir. Dans quel but ? Ils ne peuvent pas mourir de faim de toute façon. Ils survivent, faute de mieux. Pire, découvrir le terme exact me coupe l’appétit. Ils sont apprivoisés. Ce sont une bande de loups, voir de rats dociles, ayant créer des castes et des rangs au sein de leur cage. Je ressens soudain un profond dégoût pour ces inconnus face à moi et pousse doucement mon assiette.

De toute manière il est temps de partir et Akihito et moi sommes guidés jusqu’au Juge Suprême. Je vois à présent ce monde sous un nouveau prisme, celui d’un monde où faute de trouver en eux le courage nécessaire pour s’élever, ils préfèrent entre eux se donner de l’importance par des postures banales ancrées désormais dans leurs habitudes. Une Milice qui a su se prétendre indispensable, des grades, des armures rutilantes, des lois un peu bancales.

Et ce Juge par exemple, au visage dissimulé sous une capuche. Comprendre: un lâche qui n’ose pas montrer qu’il est un charlatan. Trônant sur une immense estrade. Comprendre: « Regardez moi comme je suis important. ». Blablatant pour rappeller les faits, osant me prétendre effronté pour avoir été totalement sincère. J’ai l’impression d’avoir face à moi des nobles se croyant mieux que les autres. J’ai envie de tout casser. De déchaîner ma magie. De briser leur stupide bouclier et avec les chaînes qui les retiennent si … si … soumis. Jamais Kendra Kâr n’aurait accepté de vivre sous terre sans pouvoir atteindre la surface. Même les Thorkins ne l’auraient pas toléré. Aucun Yuiméniens n’accepterait une telle existence. Une question me vient à l’esprit: Dans quel but sont-ils apprivoisés ?

Je ne cherche pas à me défendre face à ma condamnation à perpétuité dans la cité inférieur. Qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Ils n’ont pas les moyens pour m’empêcher d’utiliser mes portails, ils n’y ont d’ailleurs pas fait mention. C’est étonnant que la Vieille Bique Borgne n’est pas étalée sa connaissance à ce sujet. Ou alors ils ne savent pas. En suivant Somnis à travers les couloirs je me dis que je serais moins en colère dans la Cité Inférieur, dans les bouges, comme ils le répètent. Peut être que là-bas les gens sont moins lâches, plus aventurier, dans le but de remonter vers la surface.

Nous traversons une double porte pour faire la rencontre du fils de Général. Portant le nom de Khalor je le déteste dès que je l’aperçois. Le Général nous présente avant de partir, nous laissant seul avec lui pour lui poser nos dernières questions. Je fais remarquer que nos ventres sont pleins mais que nous ne sommes pas plus reposés tout en mettant mon casque, masquant mon dégoût derrière l’acier.

« Il y a des auberges dans vos bouges ? »

La réponse est négative, mais j’apprends qu’on peut trouver en bas des logements ou des tavernes appartenant aux mieux lotis. Il fait également référence à l’avant poste du Soleil Noir mais retourner avec ces gens là ne me donne pas envie. Tandis qu’Aki réclame de pouvoir une dernière fois de s’adresser à Yliria avant une looooooongue absence de deux semaines, je me renseigne sur ce qui se trouve derrière la porte.

"Derrière ces portes, y'a un ascenseur, puis une armée de protecteurs et leur commandant, puis un mur épais. Après ce mur, c'est... le chaos. Il n'y a que les chevaliers qui se soient pas des criminels. Quoique, même eux ça se discute..."

J’écoute en hochant la tête, me demandant sur quoi peut se baser quelqu’un qui n’a que connu l’ordre pour définir ce qu’est le chaos.

« J’y pense. Pour avoir les informations que vous voulez sur ces clans il va falloir s’en approcher, voir les infiltrer que ce soit en surface ou en profondeur. Mais nous ne pourrons pas le faire si on se promène avec un homme paré des couleurs du Soleil Noir. Vous comptez garder cette apparence ? Pour les mêmes raisons nous ne pourrons pas nous réfugier dans votre avant poste. On serait immédiatement catégorisés comme complices … »

"Pas bête. Je me dois de garder mon armure, mais vous n'êtes pas collés à moi. Si nous sommes amenés à nous séparer, nous pourrions convenir d'un endroit sûr de rendez-vous pour les informations."

Dit-Il après avoir rassuré l’Ynorien. Il réfléchit un instant avant de faire une proposition:

"Oh ! Nous pourrions vous simuler comme un prisonnier dangereux. Enchainé de toutes parts, je vous guidereais vers les profondeurs pour que vous ne soyez pas tenté de remonter... Et... et votre ami vous en libèrerait une fois que je serais parti ?"

Akihito fait part de son avis, voulant rester en compagnie du Fils de Haut Gradé, arguant que la duperie et la simulation ce n’est pas son fort.

« Un prisonnier dangereux serait jeté dans les Tréfonds comme on a tant aimé me le rappeler. Je doute qu’ils tombent dans le panneau. Et si ils parviennent à vous échapper c’est qu’ils vous surveillent plus que vous ne le pensez. Nous serons démasqués dès qu’on nous verra ensemble. »

Commentais-je ensuite, peu rassuré à l’idée d’être enchaîné. Khalor reconnaît que ce n’est pas une bonne idée et me demande ce que je propose. Je lui demande quel serait le protocole en temps normal et il explique que les condamnés sont d’ordinaires jetés après la porte et qu’ils devaient se demerder.

« C’est ce qu’on devrait faire alors. Et nous retrouver plus tard dans un lieu facile à repérer. Tout ce qui sortira de l’ordinaire attirera l’attention. »

Il rétorque qu’il ne peut pas nous surveiller si il est loin de nous. Une déclaration qui me donne envie de le gifler mais je me contente de pousser un profond soupir après un long silence tandis qu’il sous entend que je devrais retirer mon équipement. Il n’a pas l’air d’être le couteau le plus affuté du tiroir, et si c’est moi qui le dit c’est que ça atteint un certain niveau.

Je précise que je tiens trop à mon équipement pour qu’on me l’enlève si facilement. Mon plastron est un cadeau de Perussac après la bataille de Luminion, mon bâton m’a été offert par la Reine de Treeof, Sheeala. Quant à mon bouclier, il est l’énergie et la volonté de défendre Kendra Kâr, l’héritage d’Anne, tombée à Kôchii. Je me redresse pour poursuivre:

« Est-ce qu’il y a un lieu connu des habitants de la cité inférieure ? Une taverne ? Un monument ? Une rue ? On pourrait facilement s’y retrouver une fois que nous serons lâchés dans vos Bouges. »

Akihito explique que personne ne veut me retirer mon équipement mais qu’il faut le dissimuler pour paraître plus crédible en tant que criminel. Lui préférerait s’affubler d’une cape de Chevalier. Khalor pense qu’il peut lui trouver une cape mais pas une armure avant de m’expliquer qu’il y a un bordel qui pourrait être un endroit sûr tant qu’on y consomme mais admet ne pas savoir précisément où il se trouve.

« Aaaah ! Un bar à putes ! C’est parfait ! J’y serais aussi à l’aise que le partouzeur des Sept Sabres. Retrouvons nous là-bas ! On est immunisés à la mort mais aussi à la chaude pisse j’espère ? »

Demandais-je avant d’ajouter à propos de mon équipement.

« Une vieille cape sale ce serait parfait. »

Il rétorque un peu ennuyé que le bouclier n’immunise pas aux maladies et qu’en plus les conditions d’hygiènes sont sans doute déplorables.

« A vivre sans péril on triomphe sans gloire ! »

Rétorquais-je avec plein d’assurance, ne sachant plus où j’avais entendu cette phrase. Je demande alors si je ne devrais pas partir en avance pour espacer nos départs mais les avis semblent différer entre le Fils de Somnis et le fulguromancien. Je décide finalement d’attendre en voyant Ezak s’approcher avec le reste du groupe. Peut être que lui acceptera de m’accompagner.

« On s’est dit qu’on devrait partir un peu plus tôt pour ne pas paraître trop suspect. Si des guetteurs d’un Clan ou l’autre nous voit en compagnie d’un Chevalier du Soleil Noir nous ne pourrons jamais les approcher. Akihito préfère rester avec lui. Tu m’accompagnes ? On s’est donné rendez-vous plus tard dans un bâtiment reconnu là dessous. »

Demandais-je à Ezak.

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Ezak
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Re: L'Entresol

Message par Ezak » jeu. 5 déc. 2024 14:59

Nous fûmes autorisés par le Général Somnis à rejoindre une salle d'entraînement, bien escortés par notre couple de capitaines favori. Après quelques minutes de marche, nous découvrîmes la fameuse salle d'entraînement. Nous la surplombions ; elle était sobre et rustique. En contrebas, sous nos yeux, il n'y avait rien, hormis quelques épées rangées contre le mur. C'était visiblement une salle destinée aux duels.

Ezra nous demanda ce que nous souhaitions faire, précisant qu'elle pouvait mettre à notre disposition des mannequins si nous le désirions. Yliria fit part de son envie de voir les capacités martiales de Shirel, qui parut surprise, à la limite de la panique. J'eus un léger sourire aux lèvres devant cette réaction de d'Esthalor, que je trouvai comique sur l'instant. C'était drôle si peu d'assurance chez une gradée. Je me tournai vers Ezra, sachant également ce que je voulais : simplement travailler une technique, donc je n'avais pas besoin de grand-chose.

« Un mannequin d'entraînement pour moi. Cela fera l'affaire pour le moment. »

« Fais honneur à l'Ordre, blondinette. » prononça Ezra en tapant l'épaule de sa consoeur.

Visiblement, elle n'avait aucune confiance en Shirel, puisque, sitôt ces mots prononcés, elle tenta clairement de contenir un fou rire, qui vint lui gonfler les joues en descendant les premières marches pour aller récupérer une épée. Elle se tourna ensuite vers moi.

« Alors, chevalier. Peur de prendre une raclée ? »

Je fus si surpris par le culot d'Ezra que je restai interdit une paire de secondes avant de rire de bon cœur devant tant d'insolence assumée. Peu importait mon apprentissage de technique, je ne pouvais pas laisser une telle provocation sans réponse.

« Amenez-vous ! Faudra pas venir pleurer après. »

Un sourire satisfait se plaqua sur le visage d'Ezra.

« Bieen. Je vous ai cru intimidé, un instant. »

Elle bondit sur le terrain depuis la balustrade et se réceptionna trois mètres plus bas sans difficulté. Elle me lança une épée de sa position, laquelle tomba au sol près de moi dans un bruit métallique saisissant. Les trois femmes discutèrent un instant de la formation martiale de Shirel, qui avouait qu'elle n'aimait pas se battre, ce qui eut le don de faire rouler des yeux à Ezra. La petite Esthalor me fit un peu de peine sur l'instant. C'était comme si on l'avait forcée à enfiler un costume trop large pour elle.

Yliria finit aussi par sauter de la balustrade. Je regardai les deux femmes, après avoir jeté un œil à ma jambe unique dans un état déplorable, conséquence de ma chute libre. Il y avait un risque que j'aggrave ma blessure si je faisais le beau. Je pris donc la sage décision d'emprunter l'escalier, haussant les épaules.

« Veuillez m'excuser, je pense avoir eu suffisamment de sensations fortes en haute voltige pour la journée. » dis-je en montrant ma jambe. « Mais cela ne m'empêchera pas de me battre. »

Shirel prit une posture classique d'escrime, ce qui déclencha un nouveau roulement d'yeux chez Ezra.

« Tellement scolaire. Et toi, papy ; déjà en train de t'inventer des excuses au cas où ta lame faillirait ? »

(Papy ?! Ah t'es comme ça toi !)

Boitillant légèrement, je finis par me placer face à elle.

« J'espère que tes compétences sont aussi acérées que ta langue. »

Je lui fis signe d'avancer de manière provocatrice avec mes doigts.

« Allez, viens ! Papy va t'apprendre à danser avec une lame. »

Ezra dressa son bouclier et posa sa lame sur le sommet, adoptant une position défensive, sans répondre à ma provocation. Elle ne comptait pas se laisser dicter son premier mouvement.

« On ne va pas se la jouer entraînement cordial, je te préviens. Avec moi, c'est le premier qui abandonne. »

« On fera selon tes règles, capitaine. » Ces mots prononcés, je plaçai ma main libre dans mon dos. « Normalement, je combats avec deux armes. Je suppose que pour toi, une seule devrait suffire. » lançai-je avec provocation avant de me jeter sur elle et de frapper la partie non couverte par son bouclier, les jambes. Vivement, son bouclier descendit pour parer mon attaque.

« Oh, mais va donc t'armer, je vois bien que tu es déséquilibré. Mais n'espère pas un instant le moindre répit de ma part ! »
Elle envoya un coup d'estoc en réponse, que j'évitai sans difficulté.

« Si tu continues à être aussi molle dans tes attaques, il n'y aura pas besoin de monter le niveau ! » lâchai-je avant de répliquer par un coup de taille vers son flanc non protégé. Trop rapide pour elle. Je pus lire la surprise sur son visage lorsque mon épée frappa son armure, la faisant souffler sous le choc.

« Ce n'est pas comme ça que tu me feras abandonner, beau gosse. » dit-elle en m'assénant un coup de bouclier qui me repoussa en arrière. Je manquai de choir sur le dos, et sans mon équilibre exceptionnel, je l'aurai probablement fait..

(D'accord, elle sait se défendre ! Mais qu'est-ce que…)

Du coin de l'œil, je vis une épée s'abattre avec une telle puissance que cela attira mon attention. Yliria venait de recevoir un coup monumental sur le crâne, et elle saignait. Elle avait de la chance que les lames soient émoussées, mais cela ne l'empêcha pas de tenir sa tête en sifflant de douleur, genou à terre.

« Tout va bien ? » m'enquis-je rapidement avant de lancer un coup d'estoc vers le torse d'Ezra, qui le reçut de plein fouet, lui coupant le souffle. Elle tenta de répondre par un balayage de son épée au niveau de mes jambes, mais manqua de portée. Elle grogna de frustration, tandis que la voix d'Yliria me parvenait.

« Ne vous en faites pas, j'ai connu pire. »

(Très bien, nous pouvons donc continuer.)

Je tentai de renverser Ezra d'un coup d'épaule en réponse à une parole que je n'avais pas saisie. « Oof ! » lâcha-t-elle en esquivant mon coup, se fendant sur le côté. Dans le même mouvement, elle tenta de me frapper de son épée, mais manqua sa cible. Elle se redressa rapidement et me fit face, provocante : « Alors, on s'essouffle ? »

« Essoufflé, dis-tu ? Je pourrais faire cela pendant des heures. » lâchai-je dans un clin d'œil. Il était temps d'élever un peu le niveau. Cette fois, je ne pris pas l'initiative de l'attaque ; au contraire, j'utilisai mes capacités d'acrobate pour effectuer une habile cabriole de côté, retombant sur ma prothèse afin de ne pas aggraver la blessure de ma jambe. Surprise par ce mouvement, l'épée d'Ezra s'abattit sur le sol, là où je me trouvais un instant auparavant.

Je frappai brutalement sa lame avec la mienne et, d'un mouvement de poignet, tentai de faire tourner sa main afin qu'elle lâche son arme, mais sa prise resta ferme.

« Bien essayé. » Elle fit une feinte de frappe vers ma tête, détournant mon attention alors que son pied vint me cueillir au genou… de la prothèse. « Aouch. » Elle s'était faite mal toute seule et grimaçait de douleur.

« Jolie feinte ! Cela aurait pu fonctionner ! »

Refusant de rester sur un échec, j'envoyai une nouvelle fois ma lame avec force contre la sienne, soignant ma technique. Cette fois, la botte désarmante fonctionna, et l'épée d'Ezra tomba au sol dans un bruit métallique. Ses sourcils se froncèrent et elle se rua vers moi, bouclier en avant. J'évitai son assaut, et pour la première fois du combat, je sortis ma main de mon dos pour aller récupérer l'épée d'Ezra au sol. Je n'attaquai pas encore, confiant, lui laissant une chance de se retirer.

« Tu n'as plus d'arme. C'est une belle occasion pour t'avouer vaincue, non ? »

Un sourire carnassier s'afficha sur son visage.

« Ah, voilà. Tu as deux lames. Cela va équilibrer un peu le combat. »

Avec une rapidité qui me surprit, elle me tacla en glissant sa jambe en demi-cercle sur le sol, attrapant mes pieds. Trop tard, je ne pus éviter le coup qui me fit lourdement chuter sur mes écailles noires. Ezra en profita pour poser un pied victorieux sur mon poitrail, appuyant pour me maintenir au sol.

« Une belle occasion pour t'avouer vaincu ? »

Je devais avouer que mon ego était quelque peu touché, après un duel que j'avais globalement dominé. Je plissai légèrement les yeux avec défiance.

« Pas encore ! » Et dans un dernier effort pour m'en sortir, je tentai d'attraper sa jambe posée sur mon torse de mes deux mains, afin de la faire chuter au sol et reprendre l'avantage. Elle écarta mes bras d'un coup de bouclier. Sa position était trop stable pour que je fasse quoi que ce soit.

« Ah oui ? »

Je la regardai un instant, toujours avec cette même expression de défi, avant de finalement abdiquer. Il fallait savoir reconnaître quand la partie était terminée.

« C'est bon, je me rends. »

Ezra, le visage fier, retira son pied de mon buste et me tendit une main ferme pour m'aider à me relever. Elle commenta, goguenarde :

« Tu disais vrai, tu te bats bien. Je pourrais te prendre dans mon escouade. »

« Et je finirais sans doute à sa tête. » répondis-je sur le même ton.

« Et je te pousserais pour en prendre la tête, une fois générale. »

Ces mots me firent sourire. Cela me rappelait l'époque où je combattais mes hommes pour rester affûté. Blagues, provocations amicales, rires... J'avais passé un bon moment, et je réalisai à quel point ces instants de franche camaraderie me manquaient.

« Belle passe d'armes. C'était amusant. »

Elle sourit, visiblement satisfaite de cette petite rencontre.

« C'était mieux qu'un mannequin, non ? »

C’est à ce moment que le Général Somnis fit son entrée, muni d’un bouclier.

« Capitaine Beaufort, il va être temps. Yliria, votre ami demande à vous voir. Le jugement a été rendu, ils sont sur le point de partir. »
Je m’adressai au général d’une voix forte, restant à distance.

« Et alors, ce jugement ? Votre juge a-t-il été clément ? »

« Le Grand Juge Reithel Romars ne connaît pas la clémence. Mais il a entendu notre appel. Akihito a été condamné à deux semaines dans la Cité souterraine. Quant à Xël, il a échappé de peu aux Tréfonds, mais devra purger une peine à perpétuité là-dessous. »

J’étais estomaqué. Je ne m’attendais pas à une telle issue. Je suivis Ezra, qui rejoignait son supérieur, les sourcils froncés de colère.

« Quoi ?! C’est une plaisanterie ? Nous avions un accord. Vous deviez veiller à ce qu’ils ne soient ni envoyés aux Tréfonds, ni condamnés à perpétuité ! En échange, nous devions enquêter pour vous. »

J'entendis Yliria qui m'emboitait le pas renifler dédaigneusement : « Eh bien, qu'est-ce que ça aurait été sans votre appel… Doit-on s’attendre à ce que d’autres Yuimeniens subissent le même sort ? »

« Clairement, sans l’intervention de la Générale Delaube, les Tréfonds attendaient votre camarade. Ils ont tous deux refusé de se défendre. Votre ami Xël a insisté sur son intention d’user de magie malgré l’interdiction stricte. Normalement, c’est sans appel… »

Il haussa les épaules.

« Tout dépend de ceux que vous appelez Yuimeniens. Nos lois, vos comportements. À cette heure, aucun d’entre eux ne peut ignorer l’interdiction de magie. Et nos lois sont simples : respectez le savoir-vivre en société. Si vous n’êtes pas une bande de criminels, cela devrait aller. »

Il se tourna spécifiquement vers moi :

« Désolé, nous aurions aimé faire plus. Mais notre accord ne stipulait que l’influence portée au juge. Lui seul est maître de sa décision. »

Il avait l’ait sincère et cela désarma ma colère. Xël ayant visiblement pas cacher ses intentions de faire usage de magie s’était en quelques sortes condamné lui-même.
Je soupirai longuement, accusant le coup. Bon ce qui était fait était fait mais il allait falloir vite éviter d’autres impairs notamment concernant les mages du groupe. J’avais obtenus des informations d’Ezra qu’ils n’avaient pas et je voulais les partager avec eux. Mais comment faire ? Flanqué du Général, flanqué de son fils ? Il fallait nous aménager un temps seul.

« Est-ce que nous pourrons au moins bénéficier d’un moment seuls avec les deux autres, pour leur dire adieu ? »

« Eh bien, n’allez-vous pas les suivre ? Mais oui, vous pourrez leur parler. »

« Merci. » me contentai-je de répondre évitant de répondre aux questions embarassantes.

Alors que nous marchions, mon regard s’attarda sur Yliria et la cape qui se mouvait sur ses épaules. Je me décidai enfin à poser la question qui me taraudait depuis un moment.

« Au fait, Yliria. Je vous avais posé la question tout à l'heure avant d'être interrompu. Mais qu’en est-il de cette cape ? Où l’avez-vous trouvée ? »

Elle tourna un regard empli de suspicion vers moi.

« Au Naora. En quoi cela vous intéresse exactement ? Vous m’avez agressée dès que vous l’avez vue. »

Je levai un sourcil, surpris par ses insinuations, et répondis calmement.

« Agressée ? J’ai peut-être été un peu brusque, en effet. J’étais déboussolé, mais vous agresser n’a jamais été mon intention. »
Je marchai un instant, la tête baissée, réfléchissant à mes mots. Il n’y avait aucune raison d’être insincère.

« C’est un ami cher qui la portait avant vous. Voilà pourquoi cela m’intéresse. » dis-je à voix basse avant de reprendre, presque hésitant, redoutant la réponse. « Quand vous dites Naora, vous parlez de l’île interdite, je présume… »

Elle parut surprise.

« Oui, sur l’île interdite, dans un temple au milieu de la jungle. Et personne ne la portait ; je n’ai pas arraché cette cape au corps encore chaud de votre ami, si c’est ce qui vous inquiète… Comment savez-vous tant de choses sur cette cape ? »

(Si elle l’a trouvée sur l’île, cela signifie sûrement…)

Je hochai la tête sentencieusement.

« Je connais bien l’île, et son temple. Je connais leur histoire. Le temple de la vie, détourné pour en faire un temple de la mort. Une bande de mages aux bonnes intentions, trahie par l’un des leurs : Mongoor Vlash, le dragon mauve. Cette cape lui appartenait, tout comme mon armure, faite de ses écailles, et mon sabre, auquel j’ai donné son nom. Mon épée, elle, porte celui de Lassiria, la mage des vents qui était emprisonnée là-bas, comme les autres. Nous les avons libérés de leur souffrance. »

Je marquai une pause pour rassembler mes souvenirs avant de poursuivre.

« C’était mon premier contrat, après m’être adonné au mercenariat pour survivre, après avoir été chassé de chez moi et déshérité. Un homme, Naral Shaam, avait besoin d’aide sur cette île pour la libérer de son maître, Vlash. Notre expédition comportait une dizaine de membres au départ. De ceux-là, nous n’étions plus que trois lorsque nous avons vaincu Vlash. Beaucoup de ceux que nous avons perdus étaient devenus des proches. Ces événements ont tissé entre nous un lien fort, indéfectible. »

« J’ai hérité du sabre et de l’armure, mon ami, Tathar Linwelin, de son casque et de sa cape, et Naral Shaam, notre commanditaire, possédait son sceptre. »

Je soupirai, le poids des souvenirs pesant lourdement sur mes épaules.

« La légende dit que si l’une de ces reliques est perdue ou abandonnée, elle retourne vers le lieu de sa création. Je ne vois pas Tathar abandonner cette cape. Ces reliques sont une partie de notre histoire. Alors je ne me fais pas trop d’illusions. Il doit être mort aujourd’hui. La dernière fois que je l’ai vu, c’était à Omyre, dans un bagne où nous avions été faits prisonniers par les Treize. Peut-être n’en est-il jamais sorti… Je crois que je ne le saurai jamais. Merci d’avoir répondu, en tout cas. »

« Je suis désolée pour votre ami. Si cela peut vous aider, cette cape m’a permis de combattre les Treize… » dit-elle d’une voix plus douce, surprenante à mes oreilles venant de cette femme avec qui jusqu'à cet instant, les rapports biens que cordiaux avaient été teintés de tension. Elle ajouta ensuite qu’elle avait déjà entendu parler de Naral de la bouche de Xël et que ce dernier ne l'aimait pas.
.
À ses premiers mots, j’hochai la tête en signe d’approbation.

« Vous êtes l’une des héroïnes de Kochii, je n’ai aucun doute sur le fait que cette cape soit entre de bonnes mains. Portez-la fièrement. » dis-je avec un faible sourire avant de poursuivre. « Oui, Xël ne l’aime pas. Je ne sais pas exactement ce qu’il y a entre eux, mais bon… Il apprécie bien la Régicide, alors qu’elle est cent fois pire, alors… » ajoutai-je en levant les yeux au ciel, encore troublé par cette information qu’elle devait connaître, ayant été sur Aliaénon avec eux.

« Peut-être le verrez-vous. D’après Xël, il est aussi ici. »

Yliria avoua qu’elle ne comprenait pas non plus ce que Xël trouvait à Silmeria. (Une histoire de cul, je vous dis…) Pour elle, sa place était en prison. (J’aurais dit un asile.) Elle me demanda ensuite qui, de l’elfe aux cheveux violets ou du Woran, était Naral. (Elle l’a donc vu elle aussi ? Ou elle a déduit cela des informations de Delaube ?)

Je lui fis donc une description complète, efficace des plus ressemblante et parlante :

« Cheveux violets, air prétentieux, rire insupportable. Vous ne pouvez pas le rater. »

« Je saurai m’en souvenir. » répondit-elle, amusée.

Lorsque nous arrivâmes au point de rendez-vous, je n’eus pas le temps de détailler les personnes présentes que Xël m’alpagua aussitôt. Il me présenta un plan qui consistait à partir seuls pour éviter d’être vu avec un chevalier de l’Ordre. Il me proposa de l’accompagner et de rejoindre un point de rendez-vous plus tard ou nous retrouverions l'autorité de l'Ordre plus tard.

« Quelle question ! Bien sûr que je viens. »


HRP : À jour sur le précédent rp également : viewtopic.php?p=15402#p15402

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Yliria
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Re: L'Entresol

Message par Yliria » sam. 7 déc. 2024 10:33

post squelette

- entrainement et blessure
-discussion avec shirel
-Discussion avec Ezak
- Suit le groupe et rejoint les autres

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Akihito
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Re: L'Entresol

Message par Akihito » sam. 7 déc. 2024 11:09

On allait me fournir un bouclier. C’était déjà ça. J’avais passé une bonne partie de mes aventures sans, mais maintenant… C’était difficile de m’imaginer sans. Surtout si je voulais me prétendre un Chevalier de l’Ecu. Mais il était déjà temps d’affronter notre jugement : je terminais rapidement mon assiette et glissait un petit pain et ce qui ressemblait à un fruit dans une poche de mon manteau, pour ne pas délayer plus longtemps notre départ. « Escorté » par les deux généraux, on nous mena à une salle singulière, circulaire et bien gardée. A l’intérieur, ce qui s’apparentais fort à un tribunal. Il n’y avait qu’une personne présente à notre entrée et écrivait à l’aide d’une plume démesurée sur un parchemin d’une taille toute aussi ridiculement grande. Le dénommé Grand Juge, drapé d’une cape à capuche cachant une partie de son visage. Savoir ce qu’il pouvait bien écrire m’effleura l’esprit, mais le jugement tomba rapidement. Après un rappel des faits, Xël et moi furent condamnés sans grande surprise à l’exil dans la Cité Inférieure. Mais ma sanction ne s’étendait que sur deux semaines ; celle de Xël était à perpétuité, pour punir son « effronterie ».

Je trouvai la différence de sanction disproportionnée. Xël n’avait pas sa langue dans sa poche, d’accord, mais est ce que cela valait une si grande différence de traitement ? Je regardai l’aéromancien à mes côtés, prêt à soutenir sa défense tandis que la Générale Avianne Delaube nous laissai une dernière chance de plaider notre cause.

« Nous défendre ? Je croyais que ce n’était pas un procès mais un jugement. Vous me condamnez à errer dans la cité inférieur pour l’éternité ? Qu’il en soit ainsi. »

(C’est… Inattendu.)

(C’est surtout un esprit libre. Avec ses portails, il a la liberté de revenir dans la Cité supérieure quand il veut, et vu son ton et ce qu’il a pu bien dire… Il a pas l’air trop prêt de se plier à leurs règles.)

Et c’était un problème. Beaucoup de choses n’allaient pas avec cet endroit, ça crevait les yeux. Sauf que le moindre de nos gestes magiques pouvaient apporter la ruine à des quartiers entiers de personnes qui n’avaient rien demandées : on devait se montrer prudent sur notre emploi de la magie. Xël pouvait peut être vivre avec le poids de centaines de morts sur la conscience, mais c’était pas mon cas.

« Si cette sanction va a Xël... je n'ai rien à ajouter, votre Honneur. »

Mais je devais garder tout ça pour moi, dans un premier temps. Observer. Agir ensuite. Neutraliser Xël si nécessaire. Est-ce que je serais en mesure de le faire, d’ailleurs ?

« Alors la décision fait acte. Veuillez circuler. Général Somnis, je vous nomme responsable de l'exécution de la sentence. »

Je détaillai le mage d’air de dos, alors qu’on nous faisait sortir et nous dirigeait dans le dédale de couloirs. C’était un mage puissant, pas de doute là-dessus. Il était bien protégé par ses armures, mais ça s’arrêtait là. Ses portails le rendaient très mobile, mais il ne pouvait pas m’empêcher de les emprunter à sa suite. Si je devais en venir à l’affronter, mes meilleurs chances étaient de lui mettre la pression au corps à corps. Ne pas le lâcher, et le faire céder. J’avais juste pas envie d’en arriver à de telles extrémités.
Je fis de nouveau attention au chemin que nous empruntions. Ce n’était qu’un enfilement d’escaliers, de portes et de gardes qui se déplaçaient partout et saluaient respectueusement le général. J’abandonnai vite le plan mental que je commençai à me faire, devant la complexité évidente du bastion, et me contentai de suivre l’officier qui fini par nous mener vers une lourde double porte, protégée par une dizaine de gardes armurés et armés. Avec eux, un homme d’une vingtaine d’années se démarquaient par son armure plus ouvragée que le soldat de base. Des cheveux noirs corbeau entourait un visage couturés de plusieurs cicatrices : Khalor Somnis ne semblait pas totalement frais de derrière les oreilles non plus.

« Je vous présente le Chevalier Khalor Somnis. Mon fils. Khalor, voici Xël et Akihito, respectivement condamnés à perpétuité et à deux semaines dans la Cité Inférieure. Mais ce ne sont pas des prisonniers normaux. Ils viennent d'un monde inconnu et vont enquêter sur les Clans d'en bas, en vue de nous transmettre des informations et de trouver un moyen de rentrer chez eux. Votre tâche sera de les aider à progresser dans les Bouges pour trouver ce qu'ils cherchent.

- A vos ordre, Général.

- Bien. Avez-vous une dernière question pour moi avant de rentrer dans le vif du sujet ?

- On a bien mangé mais on a toujours pas dormi. Il y a des auberges dans vos Bouges ?

[color=#Skyblue]- N'espérez pas dormir ici : une fois jugés, les condamnés sont directement menés en bas. Et pas d'auberge, là-bas. Seulement des recoins sombres pour s'abriter le temps d'un court sommeil, en espérant ne pas se faire empaler ou voler. Les mieux lotis ont des habitations, des logements de clans qui pourraient ressembler à des tavernes. Il y a aussi un avant poste de l'Ordre, pour le repos des Chevaliers. Peut-être irons-nous là. »[/color]

On partait, maintenant ? Ca m’arrangeait pas, un départ aussi soudain. Pas après avoir retrouvé Yli… Je tendis tout de même une main au chevalier afin de me présenter.

« Akihito Yoichi. On ne vous attirera pas d'ennuis. Enfin, pas volontairement. C'est plutôt les emmerdes qui ont tendance à venir nous trouver toutes seules comme des grandes.

- Ravi de faire votre connaissance. Je vais enfin pouvoir aller m'enterrer dans les Bouges. J'attends ça depuis longtemps, » répondit-il sans me rendre la poignée de main. Un geste qui n’était pas courant, ici ? Fallait croire. Je regardai ensuite le Général.

« Quid du bouclier, Général ? Et est ce que notre départ est immédiat ? J'aimerais échanger quelques mots avec Yliria avant de partir.

- Oh, oui, le bouclier ! Et la Capitaine Beaufort qui doit partir avec vous. Effectivement, j'oubliais tout cela. Attendez-moi ici, je laisse à mon fils le soin de vous aiguiller sur les Bouges. »

L’officier nous laissa donc là en compagnie de son fils, qui était (sans surprise) curieux à notre sujet à propos de la magie.

« Parait que vous êtes des utilisateurs de magie ? Vous vous en tirez à bon compte. Normalement, ils n'ont pas cette chance. Enfin. SI on peut appeler ça ainsi.

- Nous venons d'un autre monde, où la magie n'est pas proscrite comme ici. C'est ce qui explique la clémence du Juge Suprême. Désolé d'insister, mais est ce qu'on est obligé de partir à l'instant ? Il faut que je parle à quelqu'un arrivée ici comme nous. J'ai besoin de quelques minutes seulement.

- On verra quand mon père reviendra. Il vous a promis un bouclier, c'est cela ? Vous savez où elle se trouve ?

- Oui. Mon bouclier habituel est invocable magiquement seulement. Et quant à où se trouve mon amie, elle a été accompagnée par les capitaines Shirel et Beaufort vers une salle d'entraînement, répondis-je en me souvenant de la dernière demande d’Yli avant qu’on ne quitte la salle.

- Une salle d'entrainement ? Voilà qui est vague. Si votre amie tient à vous voir, elle sera là. Il a dit qu'il allait quérir la Capitaine Beaufort, vous dites qu'elles sont ensemble... Aucune raison de vous inquiéter. »

Je devais donc prendre mon mal en patience, et espérer qu’Yliria accompagne la capitaine. Pendant ce temps, c’est Xël qui s’enquit de ce qui se passait derrière les portes, demandant s’il n’y avait que des criminels.

« Derrière ces portes, y'a un ascenseur, puis une armée de protecteurs et leur commandant, puis un mur épais. Après ce mur, c'est... le chaos. Il n'y a que les chevaliers qui se soient pas des criminels. Quoique, même eux ça se discute... »

Si c’était autant le bordel qu’ils le disaient, avoir des chevaliers un peu limites ne m’étonnait pas. Fallait avoir un grain ou être pourri pour vouloir aller dans un lieu pareil de son plein gré. Tout comme Khalor. Même si lui avait plus l’air motivé par d’autres choses : gloire, reconnaissance de son père, quête d’aventures… J’allais pas trop le juger : j’avais été comme ça avant de partir vers Mertar. J’avais juste eu le choix d’une expédition pas trop dangereuse en apparence.

De leur côté, Xël et Khalor continuait d’échanger sur comment Xël allait pouvoir s’infiltrer dans les clans sans éveiller trop de soupçons. L’idée d’une mise en scène pour rendre leur sortie du bastion plus crédible ne semblait même pas lui avoir effleuré l’esprit, ce qui démontrait une réelle inexpérience… Ou un manque de jugeote et d’intelligence. A choisir, réponse A. Tous les jours.

« Oh ! Nous pourrions vous simuler comme un prisonnier dangereux. Enchainé de toutes parts, je vous guidereais vers les profondeurs pour que vous ne soyez pas tenté de remonter... Et... et votre ami vous en libèrerait une fois que je serais parti ?

- La duperie et la simulation, c'est pas vraiment mon fort, intervins-je. Et le marché passé avec le Général consiste aussi à vous assister : on peut mettre en place cette mascarade pour Xël, mais je vais de mon côté rester avec vous. Dans un premier temps.

- Ca me va.

- Un prisonnier dangereux serait jeté dans les Tréfonds comme on a tant aimé me le rappeler. Je doute qu’ils tombent dans le panneau. Et si ils parviennent à vous échapper c’est qu’ils vous surveillent plus que vous ne le pensez. Nous serons démasqués dès qu’on nous verra ensemble.

- Ah. Oui, pas bête. Et que proposez-vous alors ? »

Ils se mirent d’accord pour jeté Xël comme un vulgaire criminel, pour qu’il ne sorte pas de l’ordinaire. Tout comme moi, maintenant que j’y réfléchissai.

« Mmmh. Moi aussi, donc. Arrêtez moi si je me trompe mais je dois pas être équipé comme les gens du coin, et encore moins ceux du Soleil Noir.

- Ah ça c'est sûr, votre équipement n'est pas commun. Ca vaut pour vous aussi d'ailleurs. Mais j'vais pas vous demander de vous promener là-bas en braies, vous n'en seriez que des cibles plus fragiles et évidentes. »

Au regard que l’aéromancien jeta à Khalor avant de soupirer, j’hésitai entre le mépris et l’exaspération quant à son émotion du moment. Il ne voulait pas se séparer de son armure, qui comptait pour lui. J’aurais été le dernier à le contredire sur ce point, mais il se plantait de débat.

« Xël, on va pas te demander de retirer ton matos, mais si tu veux passer pour un type qui se fait jeter dans les bas fonds tel le criminel que t'es sensé être, mieux vaut pas rouler des mécaniques dans un équipement tape à l'oeil. Va falloir couvrir tout ça avec une cape ou un manteau un peu miteux. Et si vous avez une cape en trop de l'Ordre pour que je me fonde un peu plus avec vous, Khalor, je suis partant.

- Vous voulez vous déguiser en chevalier ? Une cape, passe encore, mais l'armure, nul ne vous la prêtera. Nous devons la mériter. Ils ne seront pas leurrés. Mais je ne crois pas que cela soit un souci : que vous m'accompagniez fera de vous un allié de notre Ordre, et donc pas un prisonnier. Ca attirera l'attention sur nous plutôt que sur votre ami. Et... attirer l'attention, ça peut avoir du bon aussi. Les Clans sont curieux des anomalies. »

Attirer l’attention dans un endroit malfamé ? Ca me semblait être le meilleur moyen de se coller une cible dans le dos. Xël, lui, accepta l’idée d’une vieille cape sale avant de demander un point de chute pour qu’ils puissent facilement nous retrouver. Khalor avait justement un endroit en tête.

« On raconte qu'il existe un endroit où des femmes se sont réunies. Elles... y vendent leur corps contre une immunité totale, et de quoi vivre décemment. Haem. Une maison close, quoi. C'est sans doute l'endroit le plus sûr, si tant est que vous consommiez. Mais... J'sais pas où c'est. Personne n'a jamais réussi à cartographier cet imbroglio de niveaux chaotiques. Tout ce que je sais c'est que c'est plus bas que l'avant-poste de l'Ordre.

- ... Consommer ? »

Je sentais déjà les emmerdes arriver à l’air enjoué de Xël qui se comparait à Cromax, et je me frottais les tempes. Il allait vraiment falloir que je voit Yliria avant qu’elle apprenne ça par elle-même.

« Bon, on verra sur place j'imagine. Cette maison de passe, c'est une zone grise ou elle est sous l'influence/protection d'un clan ?

- Et j'pense pas que les normes d'hygiène soient respectées, là-bas, commença Khalor en répondant à Xël qui se demandait si les maladies habituelles de ces endroits étaient présentes avec l’enchantement d’immortalité. Mais oui, c'est une zone neutre. Enfin. Contrôlée par ces dames, qui n'admettent pas la moindre violence sur leur territoire, plutôt. Donc. Oui, sous la protection de leur clan, à elles.

- A vivre sans péril on triomphe sans gloire ! Est-ce que je devrais partir en avance ? me demanda Xël sans que je puisse empêcher mes yeux de rouler.

- T'inquiète pas, Xêl, tes coureuses de rempart vont pas s'évaporer si tu attends cinq minutes de plus. Et vu ce que l'on raconte sur les Bouges, tu devrais plutôt profiter du calme tant que tu le peux, et attendre de te faire jeter par le Soleil noir de manière théâtrale et attendue par les espions des Clans.

- Cela vaudrait mieux que vous partiez dès maintenant oui. Histoire que nos départs ne soient pas trop rapprochés. Ça pourrait attirer l'attention. »

Il fallait savoir : il voulait attirer l’attention ou pas ? Je commençai sérieusement à me demander s’il était pas un peu stupide quand un bruit de bottes et d’armure attira mon attention. Le général revenait et il était accompagné d’Ezak, de la Capitaine Beaufort et enfin… D’Yliria.

Ouf. Ma situation était déjà assez compliqué, si je pouvais m’éviter une crise diplomatique avec mon amante..
Modifié en dernier par Akihito le ven. 13 déc. 2024 15:23, modifié 1 fois.

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Re: L'Entresol

Message par Cromax » sam. 7 déc. 2024 12:29

La Cité des Ombres
L’Entresol


Jour 1 – fin d’après-midi.



Le grand socle de pierre emmena Mathis et la Colonelle jusqu’à un nouvel étage. Celui de l’Entresol, quartier général de l’Ordre du Soleil Noir. Passant un accueil d’une dizaine de gardes sans sourciller, elle commença à avancer dans un immense hall, emmenant son prisonnier avec elle. Des portes de toutes tailles bordaient l’endroit orné de fanions et tapisseries aux couleurs de l’Ordre. Chacune était flanquée d’une paire de gardiens au casque ailé. Tout au loin, à l’autre bout de ce long couloir, Mathis put apercevoir un petit attroupement, où il put reconnaitre certains de ses compagnons d’infortune : Yliria, Xël, Ezak et Akihito. Ils semblaient accompagnés de plusieurs soldats du Soleil Noir. Ils étaient encore trop loin pour les héler. Peut-être voudrait-il les rejoindre au plus vite, quitte à se faire mal voir de Saraï ? Ou discuter avec elle en marchant à son rythme…


__________________________


À l’autre bout du Bastion, la petite troupe composée d’Ezak, Yliria, Ezra, Shirel et le Général Tyrrel Somnis arrivèrent à hauteur de Xël, Akihito, et Khalor Somnis. Suite aux paroles de Xël, le général affirma :

« Alors, ne perdez pas de temps. La fin du Jour du Don ne va pas tarder, et les charrettes de restes vont arriver. Il va y avoir à ce moment un tumulte que vous n’avez pas envie de voir si vous voulez ne pas vous faire remarquer. Je vous y escorte tout de suite, si vous êtes d’accord. »

Ezra intervient :

« Moi aussi, je vais avec eux. »

Le général se tourna vers les amoureux.

« Vous vouliez parler, hé bien prenez ce temps pour vous. Khalor vous indiquera le bon moment pour y aller. Vous autres pourrez profiter du… chaos du Don pour pénétrer les Bouges par une porte secondaire. »

Shirel et Khalor s'écartèrent pour deviser ensemble à leur tour.


[HJ : Mathis, dis-moi en privé quel est ton choix. Aparté avec la colonelle ou autre. Tu auras ensuite des consignes pour ton post. Ezak et Xël : je vous crée un sujet discord. Il a pour but de vous mener jusqu’à la Cité Inférieure, sauf si vous y redites quelque chose. Au sein dudit sujet également, donc. Aki et Yli, j’ouvre un sujet d’aparté pour vous.]

[XP :
Xël : 1 (jugement), 0,5 (discussion), 0,5 (aller d’une porte à l’autre.)
Ezak :
post 1 : 0,5 (discussion), 0,5 (repas)
Post 2 : 2 (combat d’entrainement), 1 (discussions)
Akihito et Yliria : noté quand complété.]

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Re: L'Entresol

Message par Ezak » mar. 10 déc. 2024 23:11

Mse paroles prononcées, je pris le temps d’observer les présents. Il y avait un nouvel arrivant, un brun cheveux courts bouclés, l’air confiant et en armure aux couleurs de l’ordre. Probablement, le fils Somnis. Nous ne fûmes pas présentés, et il ne montra pas non plus d’intérêt à le faire alors je me détournai de lui.D’autant que le père nous pressait. Les restes du jour du Don finirait par arriver et cela causerait du grabuge dans la Cité inférieure.

(Des restes ? Bande de dégénérés.)

J’étais partagé entre ce dégout de conditions ignobles imposés à d’autres et l’idée que si c’étaientt de véritables criminels ils mériteraient bien leur sort. Mais combien d’entre-eux l’étaient vraiment ? Qui parmi ceux-là avait eu le le simple tort d’insulter l’Ordre, de remettre en cause la main-mise de ces enfoirés de lumineux, ou juste d’avoir fait usage de magie ? Nous verrions assez tôt. Je n’avais de toute façon pas beaucoup de temps, pressé par le genéral. Il fallait faire vite et j’avais des informations à partager aux autres avant de partir. Nous n’avions pas eu, comme je le souhaitais de moment sans membre de l’ordre autour. Impossible de respirer avec ceux-là. Nous étions surveillés en tout temps. Peu importe.

Je me tournai une dernière fois vers Yliria et lui lâcha tout ce que je pouvais à voix basse de sorte qu’elle seule entende :

"Désolé je ne peux pas faire plus discret mais il faut que vous ayez ces informations avant que l'on se sépare. Ecoutez attentivement : Les membres du Soleil Noir voient là magie, littéralement. Ils peuvent suivre à la trace quelqu'un qui en a fait usage. Visiblement ça ne marche pas avec les reliques car la magie en elles est trop faible pour qu'ils puissent la voir, d'ailleurs elle n'est pas un danger pour leur bouclier. Gare tout de même à leur utilisation. Certains chevaliers sont de véritables extrémistes et pourraient prendre comme magie nouvelle tout action bizarre qu'ils ne comprendraient pas. Dîtes donc à votre ami de faire gaffe à son accompagnateur. Et enfin pour une raison que j'ignore ils ont une peur bleu des runes. Elles sont interdites dans la cité superieure et envoyé en bas des qu'ils en trouvent. Bon courage..."

Et sur ces mots je m’éloignai.

« C’est bon pour moi. Je vous suis. » dis-je à l’attention de Somnis père, suivi par un Xël déterminé à y aller.

Le général opina du chef et observa un instant Ezra d’un oeil scrutateur :

"Hm. Elle ne fait pas très prisonnière, ainsi vêtue. Si le but est qu'ensemble vous faisiez illusion, c'est raté. A moins que vous n'ayez prévu autre chose, pour vous deux ?", questionna-t-il en me désignant la capitaine et moi, alors qu’au loin arrivait le type blond que j’avais vu là-haut avec une soldate de l’ordre, blonde. Je les observai un instant avant de m’en détourner, remettant l’attention sur Somnis, remarquant au passage le regard méfiant de Xel envers les deux nouveaux arrivants.

« Je pourrais lui donner ma cape pour cacher son armure et ses équipements. Ou…

tu as une autre idée ? »
finis-je en direction d’Ezra qui secoua la tête :

"Non, ça serait trop évident, je mettrais en danger votre couverture. Il doit y avoir des résidus d'armures banalisées au Mur. De celles que l'Ordre a ramassée lors de leurs vaines tentatives d'insurrection. Je prendrai ça en passant. Si vous m'autorisez une présence sous couverture, général."

Somnis opina du chef, donnant son assentiment avant de conclure.

"Bien. Allons-y alors."

Les gardes ouvrirent la porte pour dévoiler une nouvelle plateforme qui, comme celle de l’entrée descendit sous l’effet de je ne savais quelle mécanique. Arrivés en bas, l’ambiance changea du tout au tout. Nous prenions place dans un fortin. Il faisait sombre et le peu de lumière que nous avions était émis par des torches. Plusieurs baraquements grouillant de soldat nous encerclaient. Chacun vaquant à ses occupations.

Ezra s'excusa :

"Je vais me changer. Je vous rejoins."

Le général se tourna vers Xël et moi une fois Ezra partie.

"Bien. N'y voyez pas d'offense, vous serez tous trois jetés avec virulence vers les Bouges par les soldats de ce fort. Nous devons rendre le tout crédible. Nous les y relâchons généralement les mains attachées, mais... ça serait partir avec un désavantage certain. Peut-être en laissant les liens lâches ? Ou vous jouez le rôle de prisonniers résignés à leur sort ?"


Je levai un sourcil lorsqu'il évoqua les prisonniers relâchés les mains attachés. Tout de même. Ces types étaient déjà condamnés à l’horreur d’une exclusion de la partie ordonné de la cité, de se battre pour des restes, parfois à perpétuité et en plus de ça par je ne sais quel coquetterie de geôlier, on avait eu l’idée de jeter ces prisonnier dans une geôle mais les mains liés… Ils rigolaient pas avec les criminels ici.

"Vous le leur laissez donc vraiment aucune chance...
" puis je repris : " Nous pourrions avoir des liens lâches et l'un d'entre nous se libérerait pour détacher les autres ?" dis-je en interrogeant Xël du regard qui acquiesça avant que j’observe nos équipements mutuels..

"Vous les relâchez aussi avec leur équipement ?" demandai-ja à l'attention du général, avant que Xël prenne la parole.

« Nous avions prévu de le dissimuler sous des loques. Votre fils disait que nous pourrions trouver de vieilles capes assez amples avant d’entrer dans la cité inférieure. »

"Des capes amples, oui, oui." Il désigna des tissusprotégeant de la poussière quelques caisses d'équipement.

"Cela siérait ? Et nous n'enlevons rien des possessions des prisonniers. Même s'ils sont... généralement moins armés que vous."

Il se lissa la barbe.

"Nous vous fournirons des liens, cachés sous ces capes de fortune, et vous ferez mine de vous en débarrasser rapidement."

Puis il se tourna vers Xël

"Tout ceci est mesure d'exception, j'espère que vous le comprenez. Vous restez un prisonnier d'Ashaar, et votre seule voie d'issue sera de trouver un portail vers votre monde, dussiez-vous user de magie pour ce faire. Et uniquement dans ce but."


"On fera comme cela, donc", répondis-je au général.

Puis je regardai Xel des pieds à la tête à la nouveau. C’était bien un mage. Il n’avait pas une arme de mêlée pour se défendre, à moins de se battre à coup de bâton.

"Il te faut une arme. Fouet, sabre ou masse ? Qu'est-ce que tu préfères ?"

Il me fit savoir sa préférence pour la masse d’arme que je lui filai et confirma au géneral avoir bien compris son rôle dans cette affaire. Il ramassa deux bouts de cordes qu’il nous tendit et que j’attachai négligemment dans mon dos sous cape. Il s'adresse alors à quatre soldats de l'ordre qui passaient par là.

"Vous, arrêtez ces hommes et jetez-les dans les Bouges. Messieurs, bonne chance."

Les gardes vinrent nous saisir aux épaules commencèrent à nous pousser sans ménagement vers le mur du fortin muni d’une petite porte, à taille humaine. Ezra apparu à ce moment là, dans une armure lourde un peu rouillée, débarrassée de tout couleurs de l’ordre. Elle était elle même soutenue fermement par deux autres gardes mais le petit clin d’œil qu’elle fit à l’attention à notre attention avait sans doute pour but de nous rassurer.

Bien le jeu commençait. J’allais m’assurer de rendre le tout crédible. En arrivant au niveau de la porte je commençai à me débattre.

« Lâchez moi ! Chiens de l’ordre ! Même les fonds de semence ont plus de valeur que vous, déchets !"

« Me touchez pas ! Je reviendrais vous faire bouffer les couilles par le cul ! Trouduc’ ! »
renchérit Xël.

Juste avant de passer les portes. Je lâchai à voix basse pour ceux me tenant :

“Je m’excuse par avance pour ce que je vais faire. Soyez rude en retour ! Je peux encaisser.”

Nous passâmes la porte et c’est le moment que je choisis pour envoyer mes derniers mots : "T’es sourd ou quoi ? Lâche moi !”, que je ponctuai d’un méchant coup de boule vers la tête d’un des types me tenant.

Bah quoi ? C’est pas le général qui avait dit qu’il fallait rendre tout cela crédible ? Je faisais juste bien mon travail. Comme toujours.

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Xël
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Re: L'Entresol

Message par Xël » mer. 11 déc. 2024 21:42

Ezak accepte ma proposition avec enthousiasme et j’en suis bien content ! Le Père Somnis nous encourage à nous dépêcher, prétextant que les restes vont bientôt arriver à la cité inférieure et avec eux le tumulte que cela peut générer.

Des restes … Des restes … comme au chien de la maison, comme aux poules du jardin, comme aux chats sauvages du quartier. Je dois partir maintenant avant de lui coller mon poing dans la gueule, si ce n’est une tornade dans le cul. Il invite les tourtereaux à papoter et fait remarquer à sa capitaine que son armure ne fait pas prisonnière tandis que je vois au loin Mathis accompagné d’autres gardes du Soleil Noir que j’observe d’un œil méfiant. Finalement ils n’ont pas le temps de nous atteindre que le Général nous mène vers une nouvelle plateforme qui descend pendant un moment. Je me demande un instant qui a pu creuser tout ça et de quelle manière.

Nous arrivons finalement à un fortin éclairée de torches alors que l’ambiance est bien plus sombre qu’au dessus. Je n’ai pas spécialement peur du noir mais l’idée d’être plongé dans les ténèbres si les torches venaient à s’éteindre ne me met pas à l’aise. Ezra s’excuse et s’éloigne pour chercher des pièces d’armures qui ne la lie pas au Soleil Noir tandis que Somnis père explique que ses gardes vont nous chahuter un peu pour rendre l’infiltration crédible. J’apprends au passage que les prisonniers sont généralement jetés dans les bouges avec les mains liés, un détail qui fait réagir Ezak qui en profite pour demander si ils gardent d’habitude leur équipement.

« Nous avions prévu de le dissimuler sous des loques. Votre fils disait que nous pourrions trouver de vieilles capes assez amples avant d’entrer dans la cité inférieure. »

"Des capes amples, oui, oui."

Dit-il en montrant des tissus écrus protégeant de la poussière quelques caisses d'équipement.

"Cela siérait ? Et nous n'enlevons rien des possessions des prisonniers. Même s'ils sont... généralement moins armés que vous."

Il se lisse ensuite la barbe en proposant de nous fournir des liens que nous pourrons cacher sous nos capes avant de me faire un autre commentaire.

"Tout ceci est mesure d'exception, j'espère que vous le comprenez. Vous restez un prisonnier d'Ashaar, et votre seule voie d'issue sera de trouver un portail vers votre monde, dussiez-vous user de magie pour ce faire. Et uniquement dans ce but."

Encore cette mise en garde. J’ai bien envie de lui rétorquer que je l’enmerde et disparaître devant sa face ahuri pour me retrouver à nouveau dans la cité supérieur face au Gardien du puit et lui demander de me laisser rejoindre la surface mais je me contiens. J’accepte une masse d’arme que me propose Ezak pour être plus efficace qu’avec un bâton en cas de bagarre avant de rétorquer au Général.

« J’avais bien saisi oui. Si je trouve une solution je vous enverrais quérir mes semblables pour partir. »

Il ne semble pas saisir la moquerie de ma réponse et nous confie des bouts de corde pour faire office de liens. Je remplace mon bâton à ma ceinture par la masse d’Ezak et accroche négligemment la corde à mes mains avant de me faire saisir par les gardes pour être poussé vers les portes. En m’en approchant je me débats pour donner de la crédibilité à tout ce cirque, derrière Ezak qui fait de même, n’hésitant pas à les insulter copieusement.

« Lâchez moi ! Chiens de l’ordre ! Même les fonds de semence ont plus de valeur que vous, déchets !

« Me touchez pas ! Je reviendrais vous faire bouffer les couilles par le cul ! Trouduc’ ! »

Nous passons la porte et mon compère se glisse jusqu’au bout dans son rôle, distribuant un coup de tête au garde qui le maintient. Le suivant de près, je tends ma jambe vers ses mollets, esperant le déséquilibrer et le faire chuter si le coup porté le fait reculer d’un pas.

Ça nous rendrait service à tous, ça me ferait du bien de voir un trouduc’ se casser la gueule, ça rendrait notre jeu plus crédible et ça apprendrait l’humilité à ce garde qui se laisse mettre un coup de tête par un prisonnier.

(( Remplace le bâton par la masse d’Ezak en main principale. Tente de faire un croche patte au Garde d’Ezak quand il se prend un coup de tête. ))

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Mathis
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Re: L'Entresol

Message par Mathis » jeu. 12 déc. 2024 16:08

Le silence s’installa entre nous alors que l’immense plateforme de pierre descendait afin de nous conduire à ce qu’ils nommaient l’entresol.
A la sortie de l’ascenseur, nous passâmes devant une dizaine de gardes qui ne bronchèrent point à notre vue. Il en aurait sans doute été autrement, si je m’étais aventuré seul dans ce long corridor.

La colonelle me conduisit ensuite vers un grand hall, bordés de portes diverses, chacune décorées de fanions diverses, de riches tapisseries et gardés par un couple de soldats.

Tout au bout du couloir, je vis un petit attroupement dans lequel je distinguai, Yliria, Xël, Akihito, ainsi que l’homme qui était sorti en trombe de la boutique et avait sauté par-dessus la balustrade. Un saut de cette hauteur ne l’avait apparemment pas affecté...Habitant de Ashaar... ou bien individu d’un autre monde ?

Je rompis alors le silence et commentai à la colonelle : 


« Voilà mes compagnons, vous serez bientôt débarrassés de moi et vous pourrez rejoindre les étages supérieures »

J’aurais bien voulu les appeler, mais ils étaient trop loin pour ça. Je décidai donc d’attendre d’être rendu à leur hauteur. Persuadé qu’ils seraient toujours là


"J'attendrai que votre cas soit traité, surtout."

" Vous m'en voulez à ce point que vous allez tout faire pour que je sois jugée le plus sévèrement possible ? " Dis- je d'un ton neutre

"Non. Il n'y a rien de personnel : je veillerai à ce que vous soyez jugé pour les actes que vous avez commis. Je compte même vous laisser vous-même décrire vos chefs d'accusation auprès du Juge. Je serai présente uniquement pour vérifier la pertinence de ces derniers."

Je me contentai de hocher la tête n'ayant rien à rajouter. Jetant un coup d’œil au loin, je vis que certains de mes compagnons n’étaient plus là. Mais Akihito y était toujours. La distance me séparant de lui étant réduite, je haussai la voix pour l’interpeler.

« Où sont partis les autres ? Que s’est-il passé ? »

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Akihito
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Re: L'Entresol

Message par Akihito » ven. 13 déc. 2024 15:24

Le général confirma ce que son fils avait dit sur le départ en avance de Xël, mais en appuyant avec un argument entendable : les charrettes contenant les restes du Jour du Don allait arriver, et le tumulte que ça allait provoquer serait plus propice à une sortie discrète. Surtout si Ezra et Ezak l’accompagnaient. Et il n’eut pas besoin de me dire que je pouvais parler à Yliria pour le faire : j’avais vu le bandage ceignant son crâne et ne put empêcher un pli soucieux de déformer mon front. S’entraîner, pourquoi pas, mais au point de se blesser ? Je ravalais mon inquiétude et avançait à sa rencontre pour l’emmener un peu à l’écart du groupe avant de l'aborder avec légèreté.

« J'imagine que l'entraînement a été mouvementé ?

- La capitaine s'est... laissée emporter.

- J'espère que tu t'es pas laissée faire ?

- Techniquement ? un peu, mais c'était voulu... Enfin, sauf la blessure, elle m'a surprise. »

Elle éluda le tout avec un petit sourire, ce qui me rassura. Ce fut à son tour de s’inquiéter pour moi, me proposant de m’accompagner. J’hésitai, avant d’être honnête avec elle comme avec moi-même.

« Comme tu veux, Yli. J'ai pas trop envie que tu me suives dans ce coupe-gorge, mais j'ai pas envie qu'on se sépare encore. Puis bon, si tu veux me suivre, tu me laisseras pas trop le choix de refuser, » ajoutai-je en souriant. Je la savais tout à fait capable de se défendre, mais c’était pas une raison pour l’emmener au devant du danger si ce n’était pas nécessaire. Sa moue indécise m’attendrit un peu plus, alors qu’elle avouait qu’elle n’aimait pas ne pas avoir eu un peu de temps rien que tous les deux.

« J'ai promis d'aider à trouver les autres, je ne vais pas revenir dessus, alors tu fais attention, d'accord ?

- Promis. »
je l'attirai à moi pour la serrer dans mes bras. Nos armures respectives ne rendaient pas l’étreinte aussi agréable qu’elle aurait dû l’être, mais je m’en contentai fort bien. Puis après un temps à savourer le moment, j’abordai le sujet brûlant.

« Apparemment, il existe un... Bordel, là dessous. C'est l'un des rares endroits sûrs, une sorte de zone grise. C'est là que je dois retrouver Xël après qu'il ait fait son enquête. On peut se donner "rendez-vous" là-bas dans deux-trois jours. »

J’avais pas prévu qu’utiliser le mot « rendez-vous » pouvait la faire rire à ce point, alors qu’elle étouffait sa voix dans le col de mon manteau. Elle releva finalement des yeux humides d’hilarité, les faisant briller comme deux joyaux dans l’obscurité de la pièce.

« Pardon c'est... hrm original comme rendez-vous, un bordel... Disons dans trois jours, dans ce cas. J'imagine que Xël va... travailler les locaux au corps, mais ne suis pas trop son exemple, hmm ?

- J'aime être original, rebondis-je avec aplomb. Le truc, c'est que, euh... apparemment, faut aussi consommer sur place. Donc si prendre un verre est pas possible, je vais devoir trouver une autre solution. Payer une des locales, mais pas la toucher. Ou un truc dans le genre. Parce que y a qu'une seule personne que je veux "travailler au corps". Mmmh ? »

Je la sentais d’humeur taquine, et je n’allais pas laisser passer une si belle occasion. J’avais une belle longueur d’avance en ce qui concernait les petites chamailleries et les petites… « attentions ». Profitant que personne n'était dans le dos d'Yliria, je pressai furtivement et rapidement ma main sur sa fesse, lui faisant piquer un fard. C’était si facile.

« Crétin... Ça te fera pas de mal de te retenir quelques jours, pour la peine. Seulement si tu nous trouves une chambre propre. »

(Oh, elle deviendrait presque entreprenante.)

(Dix yus que c’est Alyah qui lui a soufflé ça.)

(Alors de un, t’as pas de yus à parier. De deux, qu’est ce qui te fait dire ça ?)

(Qui a dit que je te disais tout ce qu’on se disait, entre Faëras ?)

J'arquai un sourcil tandis qu'un sourire malicieux fleurissait, aussi bien par ce que pouvait me dire Amy qu’Yli.

« Si tout ce dont j'ai besoin, c'est d'une chambre propre et d'un peu de patience... Eh bien, au moins on sera dans le thème de notre lieu de rendez-vous. Il faudra être convaincante, pour ceux nous écoutant... »

Je ricanai à la voir bégayer de nouveau, prise par surprise par ma répartie. Et elle abandonna, préférant changer de sujet. Deux à zéro pour moi. Et histoire de bien lui faire comprendre que je la taquinai plus qu’autre chose, je déposai un baiser sur son front avant de la serrer plus fort contre moi. Sans appréhender la séparation, elle ne me plaisait pas non plus pour autant : alors tout ce que je pouvais prendre de sa présence avant notre séparation, j’allais le prendre. Elle me demanda une nouvelle fois de faire attention, notamment pour Xël et Ezak.

« Je vais pas pouvoir les chaperonner. Mais au pire, Mathis et Ezak n'attireront que des problèmes à eux mêmes vu qu'ils utilisent pas de magie. Xël... Bah c'est pas ma présence qui l'empêchera de faire ce qu'il veut, je pense. Et ca gênera son infiltration. Donc on les laisse faire, et assumer leurs choix, expliquai-je un brin fataliste avant de me séparer finalement d’elle en caressant du bout des doigts sa joue. Et je jouerai pas les héros, t'inquiète pas. Fait aussi attention à toi Yli.

- Ça ne me plaît pas trop, mais... pas vraiment le choix. »

Elle se dressa sur la pointe des pieds et m'embrasse brièvement -trop brièvement à mon goût, mais c’était pas le lieu ou le moment pour. Je fais toujours attention.

« On se voit dans trois jours.

- Trois jours. Cinq, si on a un empêchement quelconque. A partir du sixième, je retourne cette foutue ville. »

On se sépara là-dessus, à regrets. Je pouvais sentir très clairement ma démarche plus lente, mes enjambées plus courtes. Comme si s’éloigner d’elle était plus coûteux que… Non, pourquoi « Comme si » ? C’était plus coûteux de m’éloigner d’elle que de la rejoindre. J’étouffai la petite frustration avec le plaisir éphémère de son dernier baiser et rejoignais le chevalier qui m’attendait, le bouclier amené par son père posé au sol contre sa jambe. Du premier groupe de « fugitifs » et de son père, aucune trace : ils étaient partis pendant que j’étais occupé avec Yli. C’eut été bien que j’attrape Xël avant son départ pour qu’en plus d’un point de chute, on ai aussi une date pour se retrouver, comme avec Yli. Tant pis, j’essayerai de laisser un message pour lui.

« Ser Khalor -ou vous préférez que je vous appelle autrement ?- on peut partir quand vous voulez. Ce bouclier est pour moi ?

- Oui. C'est celui que le général est allé vous chercher. Et vous pouvez m'appeler Ser Khalor si vous voulez. Vous avez eu le temps que vous souhaitiez avec votre amie ?

- Oui, merci. On a prévu de faire un point à votre maison de passe d'ici trois jours. On y fera le point. »

Je pris le bouclier et m'écartai pour le prendre en main, le soupesant et fit quelques moulinets avec le marteau de Valyus. On ne s’était pas moqué de moi : le bouclier avait l’air d’excellente facture, j’aurais pu en acheter un similaire sur Yuimen pour mille cinq cents yus, au moins.

« Un peu plus lourd que celui que j'ai l'habitude d'utiliser, mais il fera très bien l'affaire. Merci.

- Elle va... descendre aussi ? Seule ? Ca ne vous inquiète pas ?

- Pas encore, elle va accompagner la capitaine d'Esthalor pour l'instant. Quand elle descendra je m'inquièterai un peu, évidemment. Mais c'est une combattante au moins aussi habile que moi, voir plus si on se base que sur les compétences martiales pures. Elle ne sera pas sans défense. »

Si je surclassai Yli en terme de magie, elle était une redoutable combattante avec sa rapière. Elle faisait déjà jeu égal avec moi quand je l’ai rencontré, mais après l’avoir vu en action sur Aliaénon elle était devenue plus douée encore. En un contre un, sans l’aide de la magie, je me faisais sans doute ramasser sept duels sur dix, voir plus.

« Hm. Les Bouges ne sont pas vils seulement par la qualité des combattants qui y résident. Leur âme est moisie, pétrie de violence. La cruauté à l'état brut, et la détermination de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Cela peut surpasser le plus expérimenté des combattants, s'il n'y prête pas attention.

- Yliria a aussi vécu son lot de galères et de rencontres avec des pourritures. Sur notre monde, beaucoup ne sont pas tendre avec ceux de sa race. Je dis pas qu'elle pourra se balader dans les Bouges sans soucis, mais... j'ai confiance en elle.

- Sa race ? Que voulez-vous dire ? »

Je lui jetai un regard un peu perdu. Comment ça, « que voulez vous dire » ? Le concept même de race lui était étranger ?

« Ah. Euh. Chez nous, une race est une groupe de personne qui ont des traits physiques similaires. Mes yeux en amandes, par exemple, est typique du peuple du côté de ma mère, les Ynoriens. Yliria est elle en partie Shaakte : peau noire, oreilles pointues, cheveux blancs. Chaque peuple ou race a ses coutumes et ses codes. Pour certains, être méfiant voir hostiles à ceux qui sont différents d'eux simplement parce qu'ils font partie d'une autre race est tout à fait normal. Et de manière général, la race des Shaakts n'a pas une très bonne image.

- C'est... terrible, je trouve. Ici, tous les traits physiques se valent, et ne poussent pas à une catégorisation. Certains ont la peau sombre, d'autres les yeux bridés. Des petits, des grands. Des roux, des blonds. Comment pouvez-vous survivre en étant si divisés ?

- C'est plus complexe que ça. Déjà, tous les peuples ne se détestent pas. On se tolère, fraternise, s'ignore, et cetera. Et puis ici, j'imagine que vous avez vos propres groupes, simplement pas basés sur l'apparence physique. Entre la cité haute et les Bouges, par exemple. Ou entre différents quartiers. Ou entre le sous sol et la surface. Et puis... »

Je remontai les manche de ma tunique, révélant les cicatrices de foudre et de feu ayant marqué ma chair.

« Pour nous, la mort est une réalité. Forcément, on voit les choses différemment que vous. Je dis pas que ça justifie de dénigrer une personne juste parce qu'elle a les oreilles pointues ou autre, juste que... C'est quelque part normal que notre fonctionnement vous paraisse étrange par certains aspects.

- Oui. Oui sans doute. J'ai du mal à imaginer comment votre ville peut être et s'organiser.

- Nous n'avons pas qu'une ville. Nous en avons plusieurs, répandues sur de larges territoires. Mais très, très loin d'être aussi vaste que la vôtre.

- Plusieurs villes... De grands territoires... Quelle plaie ce doit être à gérer pour que ce ne soit pas le chaos.

- Ca se passe pas trop mal... La plupart du temps. »

Inutile de s’étendre sur les guerres, le concept de royauté ou de démocratie Ynorienne. Il avait grandit dans des conditions complètement différentes de la mienne, alors autant ne pas l’abreuver de choses qu’il n’allait pas comprendre. J’aperçu les regards dirigés vers nous des gardes qui restaient silencieux, mais semblait quand même curieux de la curiosité que j’apportai avec moi. Curieux, Khalor l’était tout autant.

« Que faites-vous de vos morts ?

- Ca dépend là aussi des peuples et de leurs rites. Certains brûlent les corps, d'autres les enterrent. Les raisons varient, mais pour certains qui se font incinérer, leurs cendres sont éparpillées dans des endroits symboliques pour eux. Pour ne faire qu'un avec la nature et ce lieu, et pour que leur esprit veille sur les leurs. Pour ceux enterrés, cela permet d'avoir un endroit pour les proches où se recueillir, même si ca arrive qu'on enterre aussi les cendres d'une personne -c'est ce qui se fait chez les Ynoriens. »

Il ne trouva rien à redire, mais ça me fit aussi questionner sur comment eux vieillissaient. L’immortalité, ça pouvait aussi bien être une incapacité à mourir qu’une incapacité à vieillir. Et ici, on avait plutôt l’air d’être dans le premier cas.

« On peut en parler plus si vous voulez, mais est ce qu'on ne devrait pas y aller ?

- Pas tout de suite : D'abord vos comparses, avant l'arrivée des Charrettes. Puis, quand le Don commencera, ça sera à nous. »

Hochant la tête, je restai silencieux un instant, avant de poser à mon tour une question brûlant mes lèvres.

« Comment elle marche au juste, votre immortalité ? Vous ne pouvez pas mourir, d'accord, mais vous devez vieillir non ? Qu'est ce qui se passe pour ceux qui deviennent vraiment vieux et malades ?

- Nous... Nous avons deux étapes de vie, oui. Jeune, et mûr. Mais ce n'est pas le temps qui décide. Il y a deux générations présentes dans la cité. Prenez comme exemple mon père et moi. Je suis jeune, il est mûr. Si les Lumineux purgent mon père, quelle qu'en soit la raison, je deviendrai mur, et il me sera peut-être confié un jeune. Un nouveau Somnis. Les maladies sont soignées par des soigneurs. Enfin. Des experts quoi. Même si toutes ne le sont pas. La Cité Supérieure en est pas mal exempte. En bas, par contre...

- "Donner" ? Mais alors, vous n'avez pas d'enfants naturellement ?

- Naturellement ? Comment n'est-ce pas naturel, si cela fonctionne comme ça ici ? Personne ne vous apporte de nouvelles vies, chez vous ? »

Ca, je l’avais pas vu venir non plus.

« Eeeeh... Non. »

J'essayai tant bien que mal de virer l'air incrédule qui placardai mon visage et me mit à expliquer à un adulte -ou un jeune- comment on faisait les bébés. La situation était bien trop surréaliste pour que je sois gêné.

« Sur notre monde, les générations se refont en ayant des enfants. C'est à dire un homme et une femme qui ont... des... rapports sexuels. Avec quelques essais, le corps de la femme se met alors à créer un jeune être, qui grandit au fil du temps, devient adulte, crée à son tour une nouvelle génération, avant de devenir vieux et mourir. Et ainsi de suite. Il n'y a pas de "jeunes" et de "mûrs". On est tous l'union de nos deux parents.

- Oh, trop bizarre. Mais ça veut dire que vous risquez de créer un être chaque fois que vous avez des relations ? Quelle horreur... Ici, on baise tout le temps, sans avoir ce genre de... risque. »

(Par Valyus, qu’est ce que c’est que cette discussion… Et les gardes qui en loupent pas une miette, évidemment. Ca va jaser dans le mess.)

« Oulah, non et heureusement. Certains mettent des années, d'autres en ont dès la première fois ou sans le vouloir. Et il n'y a rien d'horrible a ça, chez nous. Je trouve même ça beau : on donne la vie, on l'élève et la voit grandir...

- Est-ce une sorte de magie ? Comment les faites-vous grandir ? La femme y laisse-t-elle la vie ? demanda Khalor.

- Non non, c'est complètement naturel. Aussi naturel que de manger, respirer, tomber malade. La naissance peut être compliquée et prendre la vie de la mère, oui, mais en général ce n’est pas le cas. Et ils grandissent tout aussi naturellement. Un adulte comme vous, ça prendrait une vingtaine d'années. D'ailleurs, vous avez quel âge ?

- Je... Nous ne comptons pas nos jours de vie. Quel en serait le sens ? »

C’était… Une bonne question, en réalité. Pourquoi célébrait-on notre anniversaire ? Je dû prendre une bonne minute de réflexion avant de lui répondre un semblant de réponse qui me paraissait satisfaisant.

« Pour nous, la vie est limité. Alors... on compte le temps qui passe et on le célèbre.

- Ah. Ca fait sens. Et combien de jours avez-vous vécu ?

- En jours... beaucoup. Et vous avez pas l'air d'avoir de saisons ici non plus. Donc... euh, je suis à peu près au quart de ma vie. Si tout se passe bien. »

Compliqué d’expliquer le concept de temps qui passe sur de larges durées pour des personnes qui vivaient sous terre et ne tenait pas le compte du temps qui passe…

« Oh quelle tristesse de compter sa vie en quartiers. Vous savez donc quand vous partirez ?

- Non, non, c'est une estimation. De ce que les personnes de ma race peuvent espérer atteindre avant de mourir. Mais je pourrai avoir de la chance et vivre plus longtemps en bonne santé, comme contracter une maladie à même pas la moitié de ce que vivent mes semblables. Ou... mourir en faisant une rencontre malheureuse.

- Quelle horreur. Vous pouvez mourir d'une simple rencontre ? »

Là en revanche, je le dévisageait franchement, essayant de savoir s’il me prenais réellement au pied de la lettre ou s’il était vraiment limité. Et j’espérai sincèrement que là aussi, c’était la réponse A.

« Je parle du genre de rencontre qu'on va avoir dans les Bouges. Le genre de rencontres où la personne en face veut votre peau. Sauf que nous on peut mourir.

- Ah. Oui, il y a des écorcheurs dans les Bouges. C'est assez horrible à voir, il parait. Vous auriez presque de la chance de mourir après une telle rencontre. »

(Très premier degré, le garçon.)

« C'est l'idée. Bref. Et vous quand vous passez d'une génération à l'autre, ça se fait comment ? Progressivement, ou d'un coup ?

- Oh, progressivement. Il faut quelques heures pour que les changements se fassent.

- ... il nous faut des décennies pour que vous passiez de vous a votre père.

- Ah. Oui, c'est plutôt long. Haem. Oh, regardez. Voilà la soeur de la Capitaine Shirel d'Esthalor avec... l'un des vôtres, je crois ? »

Me retournant, je vis effectivement un visage connu, Mathis, accompagné d’une femme armurée comme les autres capitaines que j’avais vu. Malgré les cheveux plus courts et l’air un peu moins sympathique que sa sœur, le lien de parenté ne faisait aucun doute. Maintenant que j’y pensais, sur cinq officiers haut gradés que je croisais, quatre étaient des femmes. Hasard, ou y avait-il une raison derrière ? Je rangeai cette question dans un coin de mon esprit, pour répondre à Mathis qui me hélait et me demandait, en gros, de faire un résumé de la situation.

« Mathis. Je sais pas ce dont vous êtes au courant, mais je vais vous résumer grossièrement ce qui s’est passé depuis le passage dans la rue. La tête du Dragon Noir a été « mise en sécurité » à la surface. Xël et moi avons été jugés et exilé dans la Cité Inférieure, pour usage de la magie. Moi temporairement, Xël indéfiniment. Il est parti explorer avec un autre yuiménien, Ezak D’Arkasse, pour le compte du Soleil Noir. Yliria qui… Qui est partie quand je faisais pas attention, va se mettre à la recherche des autres Yuiméniens pour éviter que ça parte plus en vrille. Elle est d’ailleurs avec votre sœur, Capitaine d’Esthalor, ajoutai-je en faisant un léger signe de tête à la nouvelle venue. Moi, j’escorte le chevalier Khalor Somnis durant mon exil. Et du coup Mathis, j’ai appris que vous aviez été mis en prison ? Pourquoi ? »




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Yliria
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Re: L'Entresol

Message par Yliria » ven. 13 déc. 2024 18:25

Je suivis le général qui nous mena dans une grande où nous attendait tout un tas de monde en plus de Xël et Akihito. Je fus immédiatement soulagée de le voir, même en sachant qu’on allait devoir être séparés pendant une durée qui me paraissait interminable, dites comme ça. Il m’avait avoué ses sentiment sil y avait quoi… ? deux jours ? Et là il disparaissait deux semaines ? C’était à croire qu’on ne voulait pas qu’on soit ensemble. Pressée de profiter du peu de temps qu’il nous restait, je me dirigeai aussitôt vers lui, mais Ezak me murmura quelques informations à l’oreille avant cela. Le genre d’information que j’aurai aimé savoir plus tôt, mais qui étaient plus que bienvenue. Je hochai la tête en signe de compréhension, un peu inquiète d’apprendre qu’ils détectaient la magie et qu’ils avaient peur des runes. J’en avais toute une besace sur moi, ça pouvait vite devenir un problème…

Mais le sujet des runes fut vite mis de côté quand je rejoignis finalement Akihito dont le fornt était barré par un pli soucieux. Ah oui, le bandage et la blessure qui était dessous. Je l’aurai presque oubliée si elle ne pulsait pas quand je bougeais trop la tête.

« J'imagine que l'entraînement a été mouvementé ? »

« La capitaine s'est... laissée emporter. »

« J'espère que tu t'es pas laissée faire ? »

« Techniquement ? un peu, mais c'était voulu... Enfin, sauf la blessure, elle m'a surprise. »

Autant admettre qu’elle m’avait bien eu, sur ce coup. D’accord, j’étais un peu distraite, mais c’était le genre d’erreur qui faisait la différence entre vie et mort. Une chance que les armes fussent émoussées. Le souci résidait dans la capacité à soigner tout ça. S’ils détectaient la magie, un petit sort de soin inoffensif risquait quand même de me valoir de sacrées emmerdes… j’allais sans doute accepter la proposition de Shirel si je ne trouvais pas un moment pour user de magie sans que personne ne soit au courant pendant les heures qui suivaient. Et je craignais qu’il n’arrive quelque chose de similaire à Aki. Les Bouges, ça ne semblait pas être une partie de plaisir…

« Tu veux que je vous accompagne ? je ne pensais pas que tu descendrais si vite et si longtemps... »

« Comme tu veux, Yli. J'ai pas trop envie que tu me suives dans ce coupe gorge, mais j'ai pas envie qu'on se sépare encore. Puis bon, si tu veux me suivre, tu me laisseras pas trop le choix de refuser, »

J’ouvris la bouche, puis pinçai les lèvres. Il avait parfaitement raison, même si ça m’ennuyait vraiment de l’admettre. En plus j’avais ma propre mission de mon côté et j’avais donné ma parole à la colonelle et la remettre en cause risquait de ne pas jouer en notre faveur déjà pas bien reluisante.

« C'est juste... On vient à peine de se trouver et on n'a pas une minute à nous. »

Littéralement ! Je l’ai à peine vu depuis qu’on est ici et il repart déjà, ça me bouffe.

(Ça va tu peux respirer sans sa présence, tu vas t’en sortir.)

Ma seule réponse à Alyah fut un soupir un peu trop appuyé qui sembla tirer un sourire à Akihito. Inutile de tergiverser plus longtemps, mieux valait que je trouve tout le monde pour ensuite retrouver Aki et qu’on puisse enfin être un peu tous les deux. C’était une motivation comme une autre, mais elle fonctionnait drôlement bien.

« J'ai promis d'aider à trouver les autres, je ne vais pas revenir dessus, alors tu fais attention, d'accord ? »

Il me le promit avant de m’attirer contre lui. Les armures rendaient le tout moins agréable que ça n’aurait pu, mais je m’en contentai, enfouissant mon visage dans son manteau. Juste quelques instants comme ça et ça irait pour la suite.

« Apparemment, il existe un... Bordel, là dessous. C'est l'un des rares endroits sûrs, une sorte de zone grise. C'est là que je dois retrouver Xël après qu'il ai fait son enquête. On peut se donner "rendez-vous" là-bas dans deux-trois jours. »

(Hein ? Il a dit bordel ?)

(Bordel ? rendez-vous ? Un rendez-vous dans un bordel avec sa douce Yliria, vierge pas si vierge mais quand même effarouchée ? Oh non, c’est la meilleure ça !)

J’entendis Alyah hurler de rire dans ma tête alors que j’essayai de faire sens de ce qu’il venait de me dire. Si on omettait le lieu franchement… je n’avais même pas les mots, en fait, c’était surréaliste. Sans doute une idée de Xël. Une belle idée de con.

(Au moins il y aura des lits…)

Je pouffai avant de me mettre à rire face à l’absurdité de la nouvelle. D’abord dune auberge dégueu tenue par une tenancière tenant plus de l’horreur sous-marine que de l’humaine et maintenant un bordel. On avait le chic pour trouver les meilleurs endroits pour s’offrir des moments de complicité rien qu’à nous. Tout ça démarrait superbement. Fallait voir le positif, ça pourrait difficilement être pire après ça. J’inspirai avant de relever les yeux vers lui, préférant en rire que de râler sur quelque chose qu’il n’avait probablement pas décidé de son propre chef… u alors il se foutait franchement de moi.

« Pardon c'est... hrm original comme rendez-vous, un bordel... Disons dans trois jours, dans ce cas. J'imagine que Xël va... travailler les locaux au corps, mais ne suis pas trop son exemple, hmm ? »

(Tu peux dire les termes. Allez, Yli, ils vont b..B..B..Baaaaaii…)

(Pas « Ils », Aki ferait pas ça et tu le sais très bien, arrête de raconter n’importe quoi.)

« Le truc, c'est que, euh... apparemment, faut aussi consommer sur place. »

«Consommer sur place ?»

(Tu disais ?)

« Donc si prendre un verre est pas possible, je vais devoir trouver une autre solution. Payer une des locales, mais pas la toucher. Ou un truc dans le genre. Parce que y a qu'une seule personne que je veux "travailler au corps". Mmmh ? »

(Aha, tu l’as cherché !)

Je sentis mon visage s’embraser alors qu’Alyah se payait ma tête et sursautai quand la main d’Akihito se plaqua sur mes fesses et en pelota une sans la moindre gêne. J’étais tellement estomaquée par son geste que je ne pensais même pas à réagir davantage ou à retirer sa main. Il osait vraiment ? Devant tout le monde ?

(Méfie-toi, Yli, tu vas finir nue sur une table du bordel à ce rythme…)

Et elle continuait de ricaner en plus, mais j’allais lui montrer que je pouvais aussi répondre à ce genre de taquineries évidentes. Il n’allait pas renchérir, ce n’était ni l’endroit, ni le moment pour le faire et visiblement les murs avaient des oreilles dans le coin.

« Crétin... Ça te fera pas de mal de te retenir quelques jours, pour la peine. Seulement si tu nous trouves une chambre propre. »

« Si tout ce dont j'ai besoin, c'est d'une chambre propre et d'un peu de patience... Eh bien, au moins on sera dans le thème de notre lieu de rendez-vous. Il faudra être convaincante, pour ceux nous écoutant... »

« T'es... t'es vraiment... »

Je n’ajoutai rien, j’abandonnai purement et simplement la bataille parce que je n’avais pas envie d’avoir des images dans la tête pour les jours restants alors que monsieur était dans les Bouges. Parfois, il fallait admette sa défaite et je préférais perdre là-dessus. S’il y avait bien un domaine sur lequel il dominait, c’était celui-là.

(Aki peut dominer… j’en parlerai à Amy tiens, elle relaiera l’information…)

(Mais quoi ? quelle information ?)

(Rien, rien, fais lui des papouilles mignonnes et laisse faire les adultes.)

Je fermai les yeux pour ne pas voir le visage d’Akihito si Alyah s’amusait à raconter je ne savais quelle connerie derrière mon dos. J’étais suffisamment embarrassée sans rajouter les complications apportées par ma satanée faera qui se mêlait de tout, et particulièrement de ce qui ne la concernait pas. Mieux valait tout simplement changer de sujet au plus vite. Au moins Akihito scella la fin de ce moment embarrassant par un baiser sur mon front. Il devait avoir compris que j’étais trop mal à l’aise pour avoir ce genre de discussion.

« Tu fais attention et tu ne joues pas les héros, Aki. Et surveille les deux autres pour moi... je sens que Xël est prêt à faire des conneries. »

Il m’assura qu’il ferait attention, mais que les deux autres étaient assez grands pour savoir quoi faire. Cela ne me plaisait pas trop, on avait bien vu qu’ils n’étaient pas les couteaux les plus aiguisés de l’argenterie, mais je le laisserai juger de ça le moment venu. J’allais avoir mes propres préoccupations dans les jours à venir. Je l’embrassai doucement alors qu’il me demandait de faire attention, moi aussi.

« Je fais toujours attention. On se voit dans trois jours. »

« Trois jours. Cinq, si on a un empêchement quelconque. a partir du sixième, je retourne cette foutue ville. »

Je n’étais pas certaine qu’il plaisante sur ce coup. Je le regardai s’éloigner, l’envie de juste le suivre et d’envoyer tout bazarder encore fermement présente, mais je soupirai et, après un dernier regard, me tournai vers Shirel qui m’invita à la suivre. Il était temps d‘aller chercher les autres. Jorus n’était pas connu de la Générale, ce qui pouvait s’avérer un atout précieux, mais encore fallait-il le trouver sans en informer l’entièreté de la force de l’Ordre. Ou juste admettre qu’il y avait un type de plus qui était doué pour se planquer et raconter des trucs bizarres sur des attaches et des fouets. Shirel me demanda alors par quoi commencer et j’eus une brève hésitation. C’était elle qui connaissait le coin, pas moi, mais je compris ce qu’elle voulait dire. Elle désigna d’ailleurs Mathis qui arrivait avec la colonelle. Bien, une personne de moins, j’irai le saluer plus tard, il fallait être rapide maintenant.

« Combien la Générale Delaube a-t-elle dit qu'il y en avait ? »

« On doit être une bonne douzaine, si tant est qu'aucun autre ne soit arrivé avant ou après. Commençons par là où on est arrivé, on aura peut-être des témoins dans les environs. Sauf si vous avez de meilleures idées, c'est vous qui vivez ici, vous connaissez le terrain. »

Elle hésita, visiblement certaine que la boutique dans laquelle nous étions arrivés avait été fouillé de fond en comble e que nous perdrions notre temps. Je ne demandai qu’à la croire, mais ça réduisait drastiquement nos chances de les retrouver rapidement et je n’avais pas spécialement été formée à la traque urbaine. Ni à la traque tout court. Certes, trouver une femme bleu, un homme masqué et un autre aux cheveux violets, c’était plus facile que monsieur tout le monde, mais quand même, la cité était vaste et on n’était que deux, pour le moment. Sauf qu’elle mentionna une amie qui pouvait nous aider et faisant partie des forces de la Générale DDelaube. Pourquoi, par les dieux, ne pas l’avoir mentionnée plus tôt ? Mystère.

« Elle saurait les retrouver ? Pourquoi la générale n'en a pas parlé plus tôt ? »

« Hé bien. Ce... la Générale est en charge des Services Secrets. Elle n'aimerait pas que les vôtres soient au courant de l'identité de ses employés. Je crois. »

Oh, elle était mal à l’aise à ce sujet. Quel dommage, ça me passait complètement au-dessus. On avait le moyens de retrouver tout le monde et la Générale préférait jouer les cachotiers pour je ne savais quelle obscure raison. Une raison de plus e se méfier e tout ce petit monde.

« Vrai que vu l'urgence, elle peut se permettre de nous faire perdre un temps précieux ou n'importe lequel des yuimeniens ne risque pas de mettre en danger la ville entière en utilisant la magie. Allons voir votre amie. Dans le pire des cas, je dirais à la Générale que sa rétention d'information était... inappropriée. »

Cela ne plut guère à Shirel qui semblait craindre quelque chose si on apprenait sa participation. Pourquoi en parler dans ce cas ? Cette femme était étrange… Elle craignait que lla Générale ou son père ne la punisse alors qu’elle avait pur ordre de m’aider… Quelque chose m’échapper vraiment, alors je m’efforçai de la rassurer. Ce n’était pas elle qui était responsable, après tout, je ne devais pas m’en prendre à elle.

« Je n'ai pas l'intention d'en parler à Delaubre, sauf si elle amène le sujet sur le tapis. Si vous n'avez pas reçu d'ordre stipulant de ne pas utiliser ses subalternes, elle n'a aucune raison valable de vous inquiéter. Je trouve ça simplement énervant qu'on me demande de les aider sans avoir toutes les cartes en main pour le faire. »

Cela ne sembla pas la rassurer outre mesure, mais elle continua ‘avancer et je la suivis ans les sombres couloirs menant je ne savais où. Puis on tourna dans un oir plus étroit et elle marmonna quelque smots.

« Passer au-delà la hiérarchie, ce que vous me faites faire est tout à fait inhabituel et punissable. »

« Shirel... s'il suffit de demander l'autorisation, faisons-le. Je ne suis pas là pour vous créer des ennuis. »

« La Générale Delaube ne l'autorisera pas. Elle ne prendrait pas le risque de compromettre l'un de ses agents. »

« Pas le risque ? Même face à la possible destruction de la ville ? Il y a probablement plusieurs mages parmi les yuimeniens, ils sont assez commun sur Yuimen. Et si vous la connaissez, je vois mal en quoi cela la compromet, je compte repartir, pas utiliser les agents de qui que ce soit. »

Ils sous estimaient les gens de mon monde. Elle ou la Générale, elles n’avaient aucune idée de ce dont on était capable. Ils ne savaient même pas que j’étais une mage, après tout, mais ils persistaient à traiter ça comme quelque chose d’habituel, en utilisant les canaux qui leur semblait normaux. Cela n’allait pas suffire. Shirel l’avait peut-être compris et c’était sans doute pour ça qu’elle prenait le risque de me faire rencontrer cette Cyrielle. Au final, tout allait reposer sur elle et je promis simplement qu’on lui laisserait le choix une fois que nous l’aurions rencontré. Je suivis Shirel jusqu’à une porte perdue au milieu des couloirs et une femme rousse arborant des vêtements aux couleurs de l’ordre apparu, reconnaissant Shirel aussitôt. La fameuse Cyrielle, à n’en pas douter.

La discussion fut assez brève, parce qu’elle accepta de nous dévoiler les informations qu’elle avait. Deux roupes. Un dans la ville haute et surveillé, un autre peut-être au port et visiblement responsable d’un certain grabuge, d’incendie et de début d’émeute. Le choix fut vite vu, il fallait aller là où ça sentait el roussi, pas là où ils étaient sous surveillance et joignable plus facilement En soit, la discussion n’aurait rien de bien intrigante si, à un moment, elles n’avaient pas fait un étrange geste en collant leurs poignets et en fermant les yeux. Je les observai faire, curieuse, mais gardai mes questions pour moi, même après que nous ayons pris congé et que je remerciai Cyrielle d’avoir pris le risque e nous aider. Je me demandais ce que leur geste pouvait signifier ou à quoi il servait. Peut-être qu’ils pouvaient communiquer comme ça ? Echanger des informations, des images, des sensations ? Ou bien c’était une simple marque d’affection, bien qu’étrange vu le contexte. Je me promis de tirer ça au clair plus tard. Pour l’heure, j’avançai rapidement avec Shirel, direction le port, en espérant y trouver d’autres Yuimeniens, Jorus et Drac en tête de liste.


***HRp ***
(Suis Shirel là où ça semble péter.)

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Re: L'Entresol

Message par Cromax » sam. 14 déc. 2024 13:27

La Cité des Ombres
L’Entresol


Jour 1 – soirée.





Un coup de cloche, audible dans toute la cité. Résonnant longuement après que le heurtoir ait frappé l’airain. Sa signification ? Impossible de le savoir… sauf pour certains chanceux.



______________________________________


Shirel et Yliria quittèrent l’Entresol en direction des Quais du niveau supérieur.


______________________________________


Ezak et Xël avaient été menés à l’étage d’en dessous pour être libérés ( ?) dans les Bouges.



______________________________________



Mathis et la Colonelle d’Esthalor avaient rejoint Akihito et le Chevalier Somnis au moment la cloche sonna. Saraï fronça les sourcils à l’entente du nom de sa sœur, et rétorqua :

« Qu’est-ce que ma sœur irait faire au cœur de la ville ? Elle a son poste, elle doit s’y plier. Et je suis la Colonelle Saraï d’Esthalor, pas capitaine. Je mène le dénommé Mathis à son jugement, mais il souhaitait préalablement s’entretenir avec vous. Je vous laisse un instant, mais la sentence n’attendra pas éternellement. »

Khalor Somnis intervint :

« C’est le Général Somnis, mon père, qui a autorisé la Capitaine Shirel à accompagner l’enquêtrice étrangère. »

Elle eut un regard noir, mais ne commenta pas plus.



[HJ : Yliria : Suite dans la Veine et les Artères. Ezak et Xël, suite dans les Bouges. Mathis et Akihito, aparté possible entre vous. J’vous crée un sujet.]



[XP :
Ezak : 0,5 (discussion), 0,5 (préparation)
Xël : 0,5 (discussion), 0,5 (préparation)
Mathis : 0,5 (errance de couloir)
Akihito :
Post 1 : 0,5 (discussion), 1 (jugement), 0,5 (voyage voyage)
Post 2 : 1 (discussions)
Yliria : 1,5 (discussions), 0,5 (départ vers la Veine)]

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Re: L'Entresol

Message par Akihito » ven. 20 déc. 2024 21:32

A peine rejoint par l’officier que je me faisais reprendre sur son grade. Et elle n’était pas très contente de savoir que sa sœur n’était pas là. Donc : très à cheval sur les règles, et pas commode pour deux yus. Quitte à choisir, je préférai traiter avec Shirel, mais autant ne pas se faire mal voir.

« Pardon de l'erreur, colonelle d'Esthalor.

- M'est-il possible de m'entretenir seul avec Akihito ? »

Une demande que je m’apprêtais à entendre être refusé, mais après m’avoir excusé d’un geste de la main, l’officier opina de la tête avant de nous laisser nous éloigner. Laisser un condamné et un futur jugé parler en privé ? Pas que nous puissions faire grand-chose mais pour le principe, je n’aurais pas laissé ça possible à sa place.

« Merci pour toutes ces infos, je commençais à être inquiet... Pour faire court, j'étais sur le balcon en compagnie d'Yliria et d'une soldate lorsque je vous ai vu sauter vers la tête du dragon. Je voulais y aller moi aussi pour vous soutenir. Mais même si je suis habile en saut et escalade, c'était trop haut pour moi. J'ai donc demandé à la dame soldat de me conduire, jusqu'à vous et elle a refusé. Je lui ai dit que je me devais de vous aider. J'ai donc pris la fuite cherchant un moyen de descendre. J'ai trouvé un espèce d'engin nommé ascenceur et comme j'attendais, j'ai constaté que la tête du dragon avait été neutralisé. L'urgence étant moindre, j'ai rebroussé chemin et j'ai rejoint les soldats qui n'avaient pas réussi à me suivre. Ils m'ont menottés et conduit à la Colonelle. En chemin, j'ai croisé Yliria qui m'a dit qu'elle partait vous chercher et de l'attendre. J'ai répondu aux questions de la Colonelle mais pas suffisamment à son avis. Je lui ai indiqué que les autres se trouvaient à la boutique. Mais elle voulait en savoir plus, disant qu'ils n'étaient plus là... Mais je n'en savais pas plus. Je lui ai donc dit que je ne pouvais faire plus et que j'attendrai le retour d'Yliria qui elle était parti à la recherche des autres. Et puis, ils m'ont mis dans une cellule. Cette dernière était propre et apparemment peu utilisé. Le garde était aimable, et j'ai pu lui poser quelques questions. Puis est arrivé un homme nommé surintendant. Il m'annonça que puisque je ne "voulais" pas coopérer, que je devais remettre tout mon équipement et mes avoirs afin de payer pour ceux qui s'étaient sauvés et qui avaient utilisés la magie. »

(Tu penseras à lui rappeler le sens de « faire court ». Pas sûr que l’état de la cellule soit essentiel…)

« J'ai refusé. Puis après je lui ai dit que je pourrais tenter de les aider... mais l'offre avait expiré. Bref, ne pouvant avoir rien de moi, ils m'ont conduit jusqu'ici. Voyant qu'ils refusaient de me retirer les menottes, je me les ai retiré moi meme et je me suis enfuis. Et ils ont pris Praline en otage, menacant de l'écrabrouiller... Désolée, de parler autant... bref, là la colère m'a envahi et je ne sais pas comment, mais je me suis transformé en un énorme félin menacant. J'ai libéré Praline, j'ai entré seul dans l'ascenceur pour me rendre ici. et j'ai repris ma forme humaine. En bas, m'attendait un Général. Honnête, il a écouté ma version. La colonelle nous a rejoint et a recu l'ordre de m'escorter sans me menotter et sans autre arme...

- Oulah... OK. »

Je me frottai les yeux avant de lui répondre, ayant laissé passer suffisamment de temps pour être sûr qu’il avait bien fini.

« Même si vous ne savez pas pourquoi vous vous êtes transformé -non, JUSTEMENT parce que vous ne savez pas- vous risquez d'être banni "à vie" dans la Cité Inférieure. La magie est interdite ici, vous le savez, parce qu'elle peut perturber voire rompre l'enchantement qui permets aux gens d'ici de rester immortels. Et si ça se passe, les types de la surfaces, les Êtres Lumineux, viennent et déciment une partie de la population. Ces mêmes Êtres lumineux fournissent la nourriture et les générations de citoyens : pas de reproduction naturelle, les générations de "jeunes" sont envoyés depuis la surface pour maintenir la cité. Honnêtement, toute cette situation sens mauvais. Donc faites profil bas, face au juge Suprême vous pouvez essayer de négocier un exil temporaire en échange d'une coopération et de services rendus au Soleil Noir, mais ne vous impliquez pas trop. Restez vigilant. Il y a une maison de passe dans la Cité Inférieure, qui est une zone grise à peu près sûre, on compte y faire un point de chute avec Xël -voir Yliria. Si vous êtes exilé, essayez de repérer ce lieu pour nous rencontrer ou nous laisser des messages. Au cas où. »

Une prudence que le Kendran m’assura qu’il allait prendre, ajoutant que le Général -Somnis, sans doute- s’était montré plus compréhensif que les autres. Puis il résuma assez bien le sentiment qui me dérangeait depuis mon arrivée ici.

« C'est peut-être fou comme idée, mais j'ai l'impression qu'Ashaar est une immense prison gérée par les prisonniers.. Ceux de la surface effacent la mémoire des gens ayant commis un crime et les envoie ici... c'est comme une deuxième chance pour les criminels.... Et le son de cloche que nous venons d'entendre. Savez-vous ce qu'il signifie ?

- Aucune idée pour le son de cloche. Peut être le fameux "Jour du Don" le jour où ils donnent la nourriture. Mais pour cette histoire de prison... ouais. Ça rejoint ce que je dis quand ça pue. Par contre, ressentir le magie ? Comment ça ?

- Le Général Yllish, Protecteur en chef de la Veine, a bien dit qu'il ne sentait aucune magie sur moi. Ce qui signifie que certains, probablement parmi les hauts gradés peuvent détecter les porteurs de magie... Il n'a rien senti sur moi, ça veut donc dire que mes reliques magiques ne contiennent probablement pas suffisamment d'énergie pour qu'ils les "sentent".


- C'est bon à savoir. »

Traquer les mages ne se faisait donc pas au petit bonheur de la chance. Mais les reliques n’étaient pas perçue, donc. Parce qu’elles étaient passives ? Ou qu’elles avaient besoin d’être activées, pour certaines ? Savoir me démangeait, mais je préférai garder cette carte dans ma manche.

« Autre chose ? Je dois pas tarder à partir avec le chevalier.

- C'est tout ce que je sais. Je vous laisse partir et je vais suivre votre conseil avec le Juge. »

La rapide entrevue s’arrêta là, et je rejoignis Khalor qui attendait patiemment, un peu à l’écart.

« Prêt quand vous l'êtes, Chevalier.

- Il est encore fort tôt, hélas. Les charriots de denrées vont seulement commencer à descendre. Il va vite faire bruyant et mouvementé par ici. Que diriez-vous d'attendre en faisant un peu d'exercice ? Un entrainement, comme vos comparses ? Promis, je saurai mieux retenir mes coups que ma collègue des Voies Médianes. »

Je grognai un peu de mécontentement face à la situation. On nous forçait un jugement expéditif pour nous laisser poirauter derrière ?

(Quoi, impatient d’être coincé dans un coupe-gorge ?)

(Non, mais c’est juste… Pas logique. Ca me tends un peu, voilà tout.)

(Mon pauvre chéri, tout psychorigide que tu es.)

(Je suis pas sûr du sens de ton mot, mais certain que tu te payes ma poire encore une fois.)

« Mmmh. Faute de mieux, pourquoi pas, mais vous avez des armes d'entraînement ? demandai-je, m’attendant à devoir escrimer ici pour ne pas perdre trop de temps.

- Oui oui, ne vous inquiétez pas. Nous allons aller dans une salle prévue pour ça. Suivez-moi. »

… On avait plus de temps que prévu, finalement. Je l’invitai donc à me montrer le chemin d’un signe de tête, et le suivi dans une nouvelle enfilade de couloirs, même si nous n’eûmes pas à aller très loin cette fois ci. Nous arrivâmes dans une vaste salle de pierres taillées, dont les murs étaient parsemés de râteliers et autres matériel d’entrainement comme des cibles, des mannequins et d’autres trucs dont j’ignorai l’utilité mais dont la présence ne m’étonnait pas. Une tâche de sang fraîche au sol attira un instant mon attention tandis que je descendai les escaliers vers la zone de combat, avant que Khalor n’attire mon attention en me tendant une épée émoussée, mais bien en acier. Il se saisit à son tour d’une lame et je me délestai de tout ce qui était superflu, armes comprises, pour conserver le bouclier d’emprunt. Le casque à ma ceinture vint couvrir ma tête et après quelques moulinets du poignet pour soupeser mon arme, je me mis en position, bouclier levé.

« Ca fera l'affaire pour un entrainement. A vous l'honneur. »

Genoux légèrement fléchis, bouclier levé et épée au clair pointée vers Khalor, j’étais prêt à le recevoir. Il ne se fit pas prier et se fendit d’une belle fente en avant… Qui passa largement à côté de moi. Est-ce qu’il avait essayé d’anticiper une manœuvre d’esquive ? Bizarre en première attaque, mais je n’étais pas non plus là pour lui faire de cadeaux. Profitant de son attaque manquée, je tordais les hanches pour essayer d'envoyer mon bouclier dans son visage exposée en profitant de l'allonge de sa longueur pour gagner en puissance. Travaillant depuis longtemps ce geste que j’avais appris à ne pas faire du plat mais avec le bord, je profitai de ce duel amical pour essayer d’éprouver le mouvement à un bouclier qui n’avait pas la forme habituelle de celui que je maniai. En tout cas, le coup fut une réussite : il vola en plein dans sa face et le voir cligpner plusieurs fois des yeux pour se remettre les esprits en place m’apporta une certaine satisfaction. Sa riposte, un coup de pommeau porté lui aussi au visage, s’écrasa lamentablement sur mon bouclier. J'enchainais par un coup de taille dans la garde ouverte, visant le une zone bien protégée pour taper dedans avec force sans trop m'en faire. Le bel enchainement toucha au but dans un bruit sonore sur sa cuirasse, ce qui l’enjailla.

« Bien joué ! Prenez ça !

- Va falloir muscler votre jeu, Khalor ! Allez, montrez-moi ce que vous valez ! »

Son nouveau coup visant mon épaule avait été esquivé d’un simple pas de côté. Est-ce qu’il savait seulement se battre en situation réelle ? je commençai à en douter, tandis que j’appuyai ma « motivation » d’une charge de mon bouclier le frappant au menton. Il me rendit enfin le coup en profitant de l’ouverture pour tournoyer et frapper mon côté gauche du revers de sa lame, en une frappe amortie par mon armure d’écailles mais douloureuse quand même.

« Hmf. On pourrait éviter les frappes à la tête ?

- Pas sûr que les types de Bouges vous fassent cette faveur !

- Ouais, mais c'est un entrainement, bon sang ! »

Il n’avait pas tort, aussi muai-je mon nouvel assaut de pavois en une feinte pour frapper à l’opposé de son corps, balancant mon pied gauche violemment vers son genou. Il esquiva en reculant, mais se mit par la même occasion hors de portée pour me toucher. Une série de passe d’armes s’ensuivit sans que l’un n’arrive à toucher l’autre de manière très effective, aussi décidai-je d'utiliser mon bouclier pour cacher un coup d'estoc visant son plastron. Il ne vit pas le coup venir et l’épée fit un "bong" retentissant sur son poitrail. Je fus un peu surpris malgré moi : les frappes d’estoc ne faisaient pas vraiment partie de mon arsenal, la Kizoku-Rana n’étant pas une arme s’y prêtant vraiment -et encore moins le Marteau de Valyus. Il en profita de ce léger moment de flottement pour m'envoyer un sale coup du plat de sa lame sur ta cuisse, claquant en une chaleur cuisante qui me fit siffler de douleur entre mes dents.

« C'est mieux ! »

Me ramassant, je pris une posture plus défensive en campant sur mes jambes de profil, les yeux dépassant seulement du haut du pavois et lame levée au-dessus de la tête pointée vers lui, prêt à sanctionner la prochaine attaque par un contre. Peu habitué à la longueur de mon bouclier, je laissai mes chevilles et mollets à la merci d’une attaque basse. La force était réelle, tout comme une vélocité surprenante malgré son armure massive. Une nouvelle fois, je sifflai pour chasser la douleur en sautillant, avant de brusquement prendre de l'élan dans un de mes sauts pour le percuter bouclier en avant. Je pensai le prendre par surprise : il vit visiblement à travers ma manœuvre et m’esquiva avant de me frapper dans le dos. Inévitablement attiré vers le sol par le poids du pavois, je parvins néanmoins à me réceptionné sans mal mais pas sans un égo indemne. Surtout s’il en rajoutait une couche.

« Dans les Bouges, une fois au sol, vous êtes à la merci de n'importe qui. »

je me relevai, et acceptai ma défaite non sans une pointe de honte.

« C’est pareil partout. Un-zéro pour vous : pour être honnête, je pensais vous dominer, mais faut croire que vous aviez juste besoin de vous échauffer, reconnaissai-je avant de me remettre en position après avoir désigné sa main vide de la pointe de ma lame. Et vous vous battez qu'avec une épée ? Vous faites quoi de l'autre main ?

- Je manie habituellement un estramaçon, une large épée à deux mains. Avantage de l'allonge, du tranchant et de l'estoc. »

Ni lui ni moi ne nous battions donc avec notre arme de prédilection. Mais il était tout de même redoutable : désormais prudent, je commençais par une taille sur son bras d'arme pour ne pas trop m'exposer. Un coup qui le prit par surprise, le faisant tout bonnement lâcher son épée au sol sans pouvoir répliquer.

« Un partout, je le crains. Désarmé, on ne va pas bien loin, » répliqua-t-il en ramassant son épée. Au moins, il n’était pas arrogant : il m’avait « fait la leçon » sur sa chute, mais se l’était aussi faite en lâchant son arme.

(Même si les deux commentaires sont un peu superflus.)

« Vous êtes plutôt marteau, vous ? Curieuse combinaison, un si long manche avec un bouclier.

- Le poids des deux équilibre leur utilisation combinée. Mais j'ai mon sabre pour les combats demandant plus de vitesse ou dans les espaces restreints, expliquai-je un peu plus confiant, puis je tapai du pommeau le bouclier en un bruit sonore. Départageons nous sur une dernière passe d'arme. »

J’avais suffisamment donné à avoir la « courtoisie » de lui laisser la première attaque : c’était un combattant expérimenté que j’avais en face de moi, plus question de lui faire de cadeau. Faisant de rapides moulinets avec mon arme, je lançai trois coups rapides : le premier visait sa jambe, le second était une feinte ascendante avant que le dernier coup ne le frappe à l'épaule en redescendant. Du moins, c’était le but : il interrompit mes plans d’un puissant coup de taille sur mon bouclier, l’écartant vivement de moi. Déséquilibré, aucun de mes assaut ne le toucha. Un peu surpris, je jugeai que ramener mon bouclier allait me prendre trop de temps : je serai les dent et m'attendais à encaisser le prochain coup en faisant un pas en avant, épée reculée, bien déterminé à répondre d'une estoc en plein sternum. La frappe ne se fit pas attendre : il cogna mes spalières avant que l’acier ne s’enfonce dans la pliure de mon coude, forçant mon bras à se baisser et le bouclier à cogner le sol. Une violente décharge parcouru mon bras et je me refusai à tenter un duel de force avec lui, pas dans une position aussi désavantageuse. Je mis genou à terre pour me stabiliser, afin de frapper sous sa garde son sternum avec mon épée d'un coup d'estoc. J'essayai de visualiser Yliria et sa rapière pour ça : l’allignement de son épaule, de son bras se détendant d’un coup sec, le tout sur une jambe d’appui… Mon angle était orthodoxe, assurément, et la technique laissai sans doute à désirer ; le résultat fut en revanche bien là et sous le choc pectoral, il recula sans même pouvoir répliquer.

« Joli coup ! »

Je me relevai tout en poursuivant mon assaut avec en fente ascendante accompagnant mon repositionnement. Le coup ascendant toucha le haut du buste dans un bruit de métal produisant des étincelles, lui tirant une exclamation de surprise quand la pointe de la lame passa très près de sa joue. Une lame émoussée qui pouvait quand même l’éborgner, m’en rendai-je compte. Pour éviter ce genre d’incident, il attrapa l’épée de sa main libre pour la bloquer enfonça en réaction durement le pommeau dans mon ventre. Je sentis l’air quitter brusquement mes poumons et mes talons quitter un bref instant le sol, preuve de la force qui avait été mise dans l’attaque : luttant contre la vision un peu brouillée et obstruée par ma visière, je me fiait à ce qui liait mon adversaire à moi : mon arme d’entraineement. J’essayai donc d'attirer Khalor pour enfoncer la tranche de mon bouclier dans ses cotes. Mais sa force et sa poigne était réelle : il parvint à maintenir une distance trop courte pour que j’ai l’amplitude de toucher efficacement. Mais s'il voulait jouer à ça... Je poussai de tout mon poids en glissant ma jambe derrière la sienne pour le faire basculer en arrière.

C'est un pur duel de force que je lui offrit, et mon poids comme mes muscles ne rivalisèrent pas suffisamment. Avec un sourire d'assurance agaçant, il renversa la tentative et se servit de mon croc en jambe pour le retourner contre moi et m’envoya m’étaler au sol pour la seconde fois, ponctuant l'action par la pose de la pointe émoussée de l'épée d'entrainement dans mon dos.

« Paf. »

(Bordel de…)

Aussi agaçant que ça pouvait être, il fallait que je me rende à l’évidence et admettre que je m’étais fait battre. je levai des mains ouvertes, m'avouant vaincu.

« Un à deux. Je vous cache pas que mon amour propre en prend un coup.

- Vous êtes un bon combattant, le duel était équilibré. Ne prenez pas ombrage de cette défaite amicale.

- Je suis meilleur mage qu'épéiste. Mais bon, ici... »

Me trouver des excuses n’allait pas m’aider, mais c’était quelque chose que j’avais du mal à m’empêcher de faire. Je massai comme je pouvais les endroits douloureux tandis que je me relevai.

« Va falloir que je m'améliore sur mes compétences martiales pures.

- Et moi j'ai un entraînement militaire intense depuis plusieurs années en combat de mêlée. J'vous le dis, vous vous débrouillez plutôt très bien, c'est assez impressionnant. »

Ou peut-être que j’étais simplement trop critique envers moi-même.

« Je vais prendre le compliment tel qu'il est, alors. Vous vous estimez être plutôt une fine lame dans votre Ordre, ou tous vos chevaliers sont de votre trempe ?

- J'ai suivi l'entrainement avec les meilleurs formateurs. Mon père en fait partie, renommé comme le plus valeureux combattant de l'ordre. J'espère arriver un jour à sa qualité martiale. Je pense être un combattant solide, mais... dans la cité inférieure, de vraies légendes font résonner leur nom.

- Et vous êtes impatients de vous y frottez ? enquêtai-je, n'ayant pas très envie de suivre une fine lame qui voulait se prouver quelque chose.

- M'y frotter ? J'admire énormément ces légendes de l'Ordre, mais sans doute pas de là à coucher avec eux, ahah ! »

Circonspect, je me rappelai qu’il était issu d’un monde différent et précisai : « Aaaah. On a pas les mêmes expressions. Quand je parlais de s'y frotter, je voulais dire les affronter. Et je pensais que vous parliez de légendes parmi les habitants de la cité Inférieure, pas de celles de votre ordre.

- Oh ! Oui, on dit aussi 's'y frotter' pour des ennemis. Je pensais que vous parliez des miens. Des légendes parmi les prisonniers ? Hm. Sans doute pour eux. Nous évitons de leur faire penser une telle chose.

- A part dissuader à grands renforts de mandales les téméraires qui voudraient se soulever, les chevaliers -et nous, dans notre expédition à venir- ont un autre but en descendant dans la Cité Inférieure ? »

Visiblement, à part la chasse aux mages pour les condamner aux Tréfonds, les chevaliers n’avaient pas plus de rôle qu’une Milice yuiménienne.

« Donc dans les Tréfonds, les gens ne sont ou ne peuvent plus affectés le Bouclier ?

- On l'ignore. Plus apte à le mettre en danger en tout cas. »

Trop loin, trop profond, ou une autre raison connue des seules Êtres lumineux. Même en me disant que c’était une culture et un mode de vie complètement différent du mien, j’avais du mal à me faire à l’idée qu’on puisse vivre avec autant de points d’ombres d’une importance aussi cruciale.

« C'est... étonnement vague de votre part, quand on sait l'importance de ce bouclier et ce que vous mettez en place pour le protéger. Vous n'avez jamais chercher à le savoir ?

- Les Tréfonds sont un mystère : nul n'en est jamais revenu pour dire ce qui peut s'y trouver. Certains ont essayé, bien sûr. Sans résultat. On sait juste que ce qui s'y passe, ou ce qui ne s'y passe pas, ne met pas en danger le bouclier.

- Mmmh. Et la Surface ? Vous savez ce qui s'y passe ? dis-je en changeant de sujet, essayant de sonder son point de vue vis-à-vis des Êtres lumineux.

- Heu. Ben. Nul n'en est jamais revenu non plus. Enfin sauf les Chevaliers des Cieux, bien sûr. C'est leur domaine. C'est là qu'ils génèrent le bouclier, là qu'ils fabriquent nos vivres. Nous ne pouvons nous y rendre.

- Et c'est très généreux de leur part, de vous nourrir et fournir vos générations sans rien demander en retour.

- Exactement ! »

(Pas le genre à remettre son monde et son fonctionnement en question, donc.)

« Chez nous, autant de générosité serait vu d'un avec suspicion, mais... C'est si différent ici. »

Est-ce qu’on avait intérêt à le faire, même. S’ils étaient heureux de vivre dans ce qui se rapprocherait d’une cage démesurée chez nous, est ce qu’on avait le droit de dire notre mot là-dessus ? Ca pouvait me paraitre incongru selon mes standards, ma façon de vivre, mais ce n’était pas absurde ou incohérent pour autant. Juste… Différent. Du moins, de ce qu’on avait bien pu me dire : et si j’allais pas tenter « d’ouvrir les yeux » de la population pour l’instant, je comptai bien éclaircir tout ce qui restai encore trop nébuleux.

« Oh ?! Vous entendez cette rumeur ? me demanda Khalor en tendant l’oreille. Il va être temps pour vous de rejoindre les Bouges. »

à son interpellation, je fit de même à mon tour avant d'hocher la tête : j’entendais bien au loin les grincements, nombreux, de véhicules roulant sur le sol de pierre de la forteresse.

« On dirait. Je vous suis, dans ce cas. »

Rangeant la lame ayant vu ma défaite sur un râtelier, j’emboitai ensuite le pas de celui qui allait accompagner mes journées pour un petit moment.




Poursuite de l'apprentissage de la CC "Coup de bouclier".

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Mathis
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Re: L'Entresol

Message par Mathis » ven. 20 déc. 2024 23:19

J’étais un peu déçu de voir la plupart des compagnons partir avant mon arrivée. Heureusement, Akihito était encore là, et je savais qu’il répondrait volontiers à toutes mes questions. Ce qu’il fit sans tarder, me résumant ce qu’il savait en gros. Comme je m’en doutais un peu, la tête du dragon avait été neutralisée. Cependant j’ignorais qu’elle avait été déportée à la surface en soi-disant sécurité. Lui et Xël étaient déjà passé par le juge et connaissaient donc leur sentence. Ils étaient tous les deux condamnés à l’exil dans la cité inférieure pour usage de magie. Akihito l’avait été de façon temporaire alors que l’exil était définitif pour Xël. Ce dernier était d’ailleurs parti explorer les lieux avec un autre yuimenien nommé Ezak pour le compte du Soleil Noir.

(Il s’agit sûrement de celui que j’ai vu sauter dans le vide et que j’ai aperçu de loin aux côtés de Xël. )

Yliria était partie avec la sœur de la Colonelle. Pour sa part, il escortait le chevalier Khalor Somnis durant son exil. Après avoir terminé son résumé, il me demanda pourquoi je m’étais retrouvé en prison.

Mais avant que je ne réponde, la Colonelle s’insulta de la méprise qu’Akihito avait fait quant à son titre. Puis, elle s’insurgea de nouveau en apprenant que sa sœur se retrouvait au cœur de la ville.
Celui qui accompagnait Akihito précisa alors que c’était son père, un général qui avait autorisé la sœur de la colonelle à accompagner Yliria. Ce qui ne sembla pas plaire à ma geôlière.

(Décidément, elle tient mordicus à son grade et ne semble pas apprécier ceux des étages inférieurs. )

Après qu’Akihito se fut excusé de sa bévue à la Colonelle, je m’adressai également à elle.

"M'est-il possible de m'entretenir seul avec Akihito ? "

Je fus un peu surpris qu'elle accède à ma demande sans rechigner ou sans aucune condition.

"Merci Colonelle" dis-je avant d'entrainer Akihito un peu à l'écart. Et j’entrepris de lui résumer à mon tour ce que je savais.

"Merci pour toutes ces infos, je commençais à être inquiet... Pour faire court, j'étais sur le balcon en compagnie d'Yliria et d'une soldate lorsque je vous ai vu sauter vers la tête du dragon. Je voulais y aller moi aussi pour vous soutenir. Mais même si je suis habile en saut et escalade, c'était trop haut pour moi. J'ai donc demandé à la dame soldat de me conduire, jusqu'à vous et elle a refusé. Je lui ai dit que je me devais de vous aider. J'ai donc pris la fuite, cherchant un moyen de descendre. J'ai trouvé un espèce d'engin nommé ascenseur et comme j'attendais, le malaise s’était arrêté, j'ai donc conclu que la tête du dragon avait été neutralisée. L'urgence étant moindre, j'ai rebroussé chemin et j'ai rejoint les soldats qui n'avaient pas réussi à me suivre. Ils m'ont menottés et conduit à la Colonelle. En chemin, j'ai croisé Yliria qui m'a dit qu'elle partait vous chercher et de l'attendre. J'ai répondu aux questions de la Colonelle, mais pas suffisamment à son avis. Je lui ai indiqué que les autres se trouvaient à la boutique. Mais elle voulait en savoir plus, disant qu'ils n'étaient plus là... Mais je n'en savais pas plus. Je lui ai donc dit que je ne pouvais faire plus et que j'attendrai le retour d'Yliria qui elle était partie à la recherche des autres. Et puis, ils m'ont mis dans une cellule. Cette dernière était propre et apparemment peu utilisée. Le garde était aimable, et j'ai pu lui poser quelques questions. Puis est arrivé un homme nommé surintendant. Il m'annonça que puisque je ne "voulais" pas coopérer, que je devais remettre tout mon équipement et mes avoirs afin de payer pour ceux qui s'étaient sauvés et qui avaient utilisé la magie.
J'ai refusé. Puis après je lui ai dit que je pourrais tenter de les aider... mais l'offre avait expiré. Bref, ne pouvant avoir rien de moi, ils m'ont conduit jusqu'ici. Voyant qu'ils refusaient de me retirer les menottes, je me les ai retiré moi-même et je me suis enfuie. Et ils ont pris Praline en otage, menaçant de l'écrabrouiller... Désolée, de parler autant... bref, là la colère m'a envahie et je ne sais pas comment, mais je me suis transformé en un énorme félin menaçant. J'ai libéré Praline, je suis entré seul dans l'ascenceur pour me rendre ici. et j'ai repris ma forme humaine. En bas, m'attendait un Général. Honnête, il a écouté ma version. La colonelle nous a rejoint et a reçu l'ordre de m'escorter sans me menotter et sans autre arme..."


Après s’être frotté les yeux, Akihito réagit à mes propos.

"Même si vous ne savez pas pourquoi vous vous êtes transformé -non, JUSTEMENT parce que vous ne savez pas- vous risquez d'être banni "à vie" dans la Cité Inférieure. La magie est interdite ici, vous le savez, parce qu'elle peut perturber voir rompre l'enchantement qui permet aux gens d'ici de rester immortels. Et si ça se passe, les types de la surface, les Êtres Lumineux, viennent et déciment une partie de la population. Ces mêmes Êtres lumineux fournissent la nourriture et les générations de citoyens : pas de reproduction naturelle, les générations de "jeunes" sont envoyés depuis la surface pour maintenir la cité. Honnêtement, toute cette situation sens mauvais. Donc faites profil bas, face au juge Suprême vous pouvez essayer de négocier un exil temporaire en échange d'une coopération et de services rendus au Soleil Noir, mais ne vous impliquez pas trop. Restez vigilant. Il y a une maison de passe dans la Cité Inférieure, qui est une zone grise à peu près sûre, on compte y faire un point de chute avec Xël -voir Yliria. Si vous êtes exilé, essayez de repérer ce lieu pour nous rencontrer ou nous laisser des messages. Au cas où."

Tout comme moi, Akihito trouvait louche la situation des habitants de Ashaar.

"Je vous remercie pour ces conseils. Je vais être vigilant. Et je vais tenter comme vous dites de négocier. J'ai parlé de ma transformation au Général qui m'a accueilli dans l'entresol et il m'a dit qu'il ne ressentait aucune magie à mon endroit. Et peut-être que cela ne se reproduira plus. Ce qu'ils me reprochent c'est de m'être enfui. La colonelle a été blessée dans son orgueil, elle vient avec moi afin que je sois jugée comme il se doit, je vais donc devoir être encore plus prudent dans les mots que je vais employer. J'étais au courant pour les gens qui arrivent ici comme des nouveaux dans une famille d'accueil, ce qu'ils appellent "leur naissance". C'est peut-être fou comme idée, mais j'ai l'impression qu'Ashaar est une immense prison gérée par les prisonniers.. Ceux de la surface effacent la mémoire des gens ayant commis un crime et les envoie ici... c'est comme une deuxième chance pour les criminels.... Et le son de cloche que nous venons d'entendre. Savez-vous ce qu'il signifie ? "


"Aucune idée pour le son de cloche. Peut etre le fameux "Jour du Don" le jour où ils donnent la nourriture. Mais pour cette histoire de prison... ouais. Ça rejoint ce que je dis que ça pue. Par contre, ressentir le magie ? Comment ça ?"


" Le Général Yllish, Protecteur en chef de la Veine, a bien dit qu'il ne sentait aucune magie sur moi. Ce qui signifie que certains, probablement parmi les hauts gradés peuvent détecter les porteurs de magie... Il n'a rien senti sur moi, ça veut donc dire que mes reliques magiques ne contiennent probablement pas suffisamment d'énergie pour qu'ils les "sentent"


"C'est bon à savoir. Autre chose ? Je dois pas tarder à partir avec le chevalier."

"C'est tout ce que je sais. Je vous laisse partir et je vais suivre votre conseil avec le juge."

Je revins vers la colonelle.


"Merci de m'avoir permis de discuter avec mon compagnon. Etes-vous autorisé à me dire ce que c'était ce son de cloche et ce qu'il signifie ? "

Après un signe appréciateur de mes remerciements, elle rajouta.

"Vous avez de la chance que je sois dans un bon jour."

Je ne commentai point cette remarque, gardant pour moi l’impression que je gardais d’elle.. Je demeurais très poli, car j’avais bien compris qu’il fallait marcher sur des oeufs en sa compagnie.

Elle enchaîna en répondant à ma question:

"C'est le premier coup avant le couvre-feu. Lors du Jour du Don, ça signifie aussi que les habitants de la ville haute doivent rentrer chez eux et laisser le reste de la nourriture aux criminels de la basse-ville. Les chariots viendront bientôt en nombre dans ce couloir, et seront acheminés jusqu'aux résidents des Bouges, en bas."

Je la regardai surpris par ses propos :

" Et pourquoi un couvre feu ? Une menace plane sur les habitants passé une certaine heure ? "

"Non. C'est notre manière à nous de marquer les débuts et fins des journées. Sans ça, nul ne saurait quand dormir et quand sortir."


"C'est logique, je n'y avais pas pensé... Mais je pensais que l'entresol était le plus bas niveau... donc il ya plus bas, les bouges... C'est le dernier niveau ? "


"Vous n'avez pas compris grand chose à Ashaar. La ville est séparée en deux : la supérieure, au-dessus de l'Entresol. Et l'inférieure, sous l'entresol. Au-dessus, la civilisation. En dessous, le crime et la haine. Les bouges sont un chaos de quartiers sur plusieurs niveaux, qui vont profondément sous la cité."


" Vous avez raison, je n'avais pas bien compris... Allez-vous me remettre mes armes avant ou après le jugement ? "


"Après."

Je commençais à douter de sa volonté à me remettre mes armes, mais je pouvais toujours attendre après le jugement. Et si elle refusait de me les remettre, je n’aurais qu’à les prendre moi-même. Mais pour le moment je lui laissai le bénéfice du doute.

Elle se dirigea vers une porte qu’elle ouvrit. Elle me fit signe d’y entrer tout en me conseillant;

"Comportez-vous correctement."


J'acquiesçai dune signe de tête et j'entrai dans la pièce, elle me suivit et ferma la porte derrière elle.

La pièce était peu éclairée, mais suffisamment pour que je distingue un homme encapuchonné juché en hauteur, derrière un énorme lutrin. Si je ne pouvais voir son visage, je vis nettement le long parchemin ainsi que la plume qu’il tenait.

D’une voix grave et désagréable, il s’adressa à la Colonelle.

"Colonelle d'Esthalor ? Identifiez votre détenu et les charges pesant contre lui."



"Je donne une chance à celui-ci d'expliciter lui-même ses torts. Si ses propos sont justes, je vous demanderai d'être conciliant, Ô Juge Suprême."

(Sincérité ou piège ? )

J'inclinai la tête en guise de remerciement envers la Colonelle, un peu perplexe quant aux intentions de cette dernière.


"Je me prénomme Mathis. Fils de Marcus de Kendra Kâr, continent de Nirtim dans le monde de Yuimen. On me reproche d'avoir pris la fuite à deux reprises et puis d'avoir agressé la Colonelle ici présente. Je remercie cette dernière de me laisser expliquer les raisons de mes gestes. Tout d'abord, la première fois que j'ai pris la fuite, c'était pour porter secours afin de neutraliser l'énorme tête de dragon. J'avais d'ailleurs prévenu la capitaine de ce fait. Mais la tête fut neutralisée rapidement, j'ai donc rebroussé chemin et je me suis rendu. Ma seconde tentative de fuite, fut lorsqu'on me menait ici. J'ai demandé de ne pas être menotté et vu le refus, j'ai pris la fuite. Blessé dans mon orgueil, je ne croyais pas que les menottes étaient nécessaires pour les gestes que j'avais commis. Et puis, la colonelle m'a demandé de revenir tenant dans ses mains, une chose très précieuse à mes yeux, je suis donc revenu, j'ai griffé le bras de son armure afin qu'elle lâche prise, je n'avais pas l'intention de la blesser. Puis je suis descendu seul dans les veines afin de recevoir mon jugement. Une fois dans les veines j'ai rencontré le Général Yllish, protecteur en chef de la Veine. J'ai remis mes armes à ce dernier. Puis j'ai suivi la Colonelle jusqu'ici. Je n'ai utilisé aucune magie, je ne suis pas porteur de magie. Vous pourrez confirmer cette information auprès du Général qui m'a affirmé ne pas avoir senti de magie en moi. Pour terminer, je suis désolé, d'avoir contrevenu à vos règles, en prenant la fuite ainsi et en agressant la colonelle. Je vous demande humblement d'être clément à mon égard, j'ai agi impulsivement, bouleversé de me retrouver dans un monde inconnu et ne cherchant qu'à retourner dans le mien. "

La colonelle crut bon de rajouter:

"N'ajoutons à cela que le refus de coopérer à la retrouvaille des siens auprès du Surintendant Sirlis Batsk, ainsi que celui de faire caution pour les crimes de ses pairs. Et la transformation en félin monstrueux lors de l'attaque portée sur moi - curieusement sans trace magique - et nous sommes approximativement dans le vrai."

Le juge rendit son verdict:


"Refus d'obtempérer, délit de fuite avec circonstance aggravante ET récidive, violence sur agent en fonction, transformation d'origine inconnue et port d'armes illégales."

(Port d’armes illégales ! )


Tout comme Akihito me l’avait suggérer, j’ouvris la bouche dans le but de négocier. Mais c’était sans appel. Il avait décidé de ma peine et je ne pourrais rien y changer.

"Pour ces délits, je vous condamne, Mathis de Kendra Kar, à une condamnation de six mois dans les Bouges de la Cité Inférieure, à la suite desquels vous pourrez vous présenter ici pour votre libération. Que les témoins prennent acte."

Après avoir pousser un soupir, la colonelle ouvrit la porte, puis me dit:

"Je vais vous mener aux Bouges. Sauf si vous souhaitez utiliser la procédure habituelle ?"

Je la regardai perplexe.. Que signifiait ce soupir ? Avait-elle trouvé le juge trop clément ? Pour ma part, je ne me formalisai pas de cette sentence. Je savais ou retrouver Akihito et les autres, et j’étais à même de me défendre si danger.


"Et qu'elle est cette procédure habituelle ?


"On fait appel à l'exécuteur en chef, qui travaille directement pour le Grand Juge Romars, qui vous escortera avec ses hommes au même endroit que moi."

Je n’avais pas rencontré cet exécuteur en chef, mais il était fort à parier qu’il était encore moins sympathique que la colonelle. Et puis, il serait accompagné de ses hommes, alors qu’elle est toute seule.

"Alors, vous pouvez me conduire vous-même aux Bouges. "


"Bien."

Après avoir salué le Juge, nous sortîmes de cette salle obscure et emprutâmes un long corridor. Celui-ci était désormais encombré par de nombreuses charrettes qui faisaient la queue pour se rendre au monde inférieur.

En la suivant dans le couloir, je lui demandai:

"Je suis curieux de nature et je me demande pourquoi vous vous êtes offertes pour me reconduire ? Alors que je crois que ce que vous souhaitez le plus, c’est de ne plus me voir et au plus vite ?... Et d’après la description que vous m’avez faites des bouges, je vais avoir besoin de mes armes pour sauver ma peau. J’apprécierais donc que vous me les remettiez une fois que vous m’aurez escortés”

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