Les Voies Médianes

[Huyïn]

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Le Tigre examine la porte d'une façon rendue bien courte par la venue d'une autre personne. Une femme, peau bleue, cheveux rouges. Mais elle ne l'intéresse pas. Il porte son attention sur l'entrée, décelant à peine la forme du tourbillon l'ayant amené ici avant que cette dernière ne soit fermée brutalement. Un bref à-coup de son appendice caudal est tout ce qui témoigne de son état d'esprit. Pas besoin de davantage. Il a compris que la voie est en sens unique. Ses oreilles papillonnent, ignorant les questions de la nouvelle-venue pour se concentrer sur la voix de l'ynorien. Et son geste. Il attrape son arme, sa main laissant visible des arcs de foudre. Le Woran a à peine le réflexe de forcer ses yeux à se fermer que la menace est mise à exécution. Ses oreilles perçoivent cinq impacts, puis la voix entre courroux et panique du borgne les maudissant tous. Lorsque Huyïn rouvre les yeux, c'est pour se rendre compte que la femme qui l'a interpellé a disparu, que celle qui parlait à la fillette est étendue et parcourue de soubresauts, de fumerolles également. Il n'y a guère besoin de se questionner longtemps pour comprendre. L'ynorien a tenu parole et fait griller quelqu'un.

L'attention du Woran est accaparée par l'absurdité de la scène. L'Equilibre a du l'entendre penser qu'ils ne risquaient rien et avaient le temps de comprendre leur situation, lui envoyant dans la truffe un incident qui fait irrémédiablement pencher la balance. La magie décrite comme interdite ? Employée. La cave leur permettant d'être à l'abri, discrets, et leur procurant un interlocuteur passablement loquace pour les informer ? Compromise, terminé. Les paroles du Xël et du blond données et assurant que rien de grave n'arrivera, que les présents sauront se tenir ? Des paroles sans poids, puisque rendues caduques par un tiers quelques minutes après que la promesse ait été faite. Ridicule. La fiabilité de ces étrangers inexistante et prouvée de façon spectaculaire. Si le borgne avait le moindre doute à leur sujet, ce n'est définitivement plus le cas. Il n'est donc guère étonnant que l'être à la crinière mauve, qui s'était sagement gardé d'intervenir, laisse échapper un soupir traduisant plus que le ferait n'importe quelle parole. Les yeux du Félin le suivent quand il s'éloigne de sa place, se dirigeant vers les escaliers. Huyïn jette un bref regard à la porte puis pivote pour suivre son exemple.

Les oreilles du Tigre papillonnent vers Xël tandis qu'il se meut, l'entendant jurer et attirant ses yeux vert pâle sur un... Crâne ? Une tête de reptile noire, qu'il oriente vers un endroit vide. Un objet qui... Bouge ? Le Woran a beau être ordinairement curieux, il n'a aucune envie de s'attarder sur quelque possession de ce groupe. Huyïn fait un demi-pas et marque une pause un court instant, scrutant l'humain penché sur le crâne lorsque ce dernier indique à la fillette de... Donner un remède à la foudroyée ? Le Tigre demeure une solide seconde figé, ne croyant pas ce qu'il vient d'entendre. Est-il à ce point stupide ? Pas de guérir quelqu'un qu'il connaît visiblement, quoique si celle-ci est d'un naturel revanchard, l'idée est totalement irresponsable. Le pire, qui fait réagir le Félin, c'est de le faire sous les yeux de celui qui vient de la mettre dans cet état. Alors qu'il lui demandait plus tôt son soutien et son autorité pour ne pas aller jusqu'au bout ? Un compromis qui ne peut qu'envenimer les choses. L'ynorien va certainement se sentir trahi. Et vus ses états d'âme actuels, hors de question de s'attarder dans les environs. Il a déjà fait la preuve de sa puissance magique contre un ennemi précis, s'il laisse libre cours à sa rancune et son incompréhension, nul ne sera épargné.

Huyïn s'avance plus rapidement vers l'elfe à chevelure violette tout en amenant une griffe entre sa laisse et son cou, laissant disparaître ce rôle de bête savante qu'il endossait jusque-là. Inutile de faire croire à sa docilité pour observer davantage, ce à quoi il a assisté jusqu'ici lui suffit amplement. Il fait glisser le nœud coulant et l'ôte de ses épaules, enroulant la cordelette qu'il accroche à sa ceinture puis dardant son regard vert pâle vers l'individu.

"Fâcheux.", dit le Tigre.

Il poursuit à l'intention de l'elfe en habits noirs, ses paroles articulées clairement, mais marquées du petit détail des 'r' légèrement roulés dont il n'a jamais pris la peine de se défaire.

"Un avis quant à nos chances de renouer avec notre hôte involontaire avant le prochain incident, Ser Elfe ?"

Huyïn demeure à distance respectable, son regard s'orientant vers la direction prise par le borgne avant de revenir sur l'être devant lui. Il se tient prêt à le suivre lors de l'ascension de l'escalier, lui-même refusant de demeurer plus longtemps en présence de ce groupe aux émotions plus que volatiles.



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[Leyna]

Nulle ne répondit, sans doute en partie parce que l'ynorien, visiblement énervé contre une elfe ici présente, invoqua une pluie d'éclairs sur elle. Il semblait bien que le coin soit particulièrement agité... et dans un lieu aussi confiné, potentiellement dangereux.

« Problématique. »

Elle commença à reculer alors que l'homme borgne prenait la fuite et le reste du groupe commença à exploser. Un humain vola le sac de l'elfe blessé... mais uniquement pour le reverser. Une étrange tête en sortie... une tête qu'elle reconnu aussitôt. Un frisson la saisie. C'était impossible ! Elle avait déjà vu cette tête, bien qu'elle fut alors bien plus grosse.

Mais par quel sinistre maléfice, la tête du dragon noir s'était-elle trouvée ici ?

Peut-être était-ce justement le destin et ses maléfices qui les avait amené ici avec cet objet pour en disposer. Incapable de retenir sa peur, elle se mit à chanter :

« Le noir ennemi, que nulle n'osait défier,
Moura seule osa l'affronter,
Mais face au pouvoir de la mort,
Aucun être ne pouvait être assez fort.
Par l'âge ou pas l'épée,
Tout le monde fini par tomber.
Ainsi, se révèle son vrai visage,
Le monstre de tous les ravages. »

Puis, elle ajouta, plus calme :

« Il n'est point temps de s'affronter, cette menace nous concerne tous. »

Elle s'approcha d'Akihito :

« Reprenez, je vous prie, votre sang-froid. La colère peut parfois nous égarer, mais notre esprit doit rester clair. Tâchons de comprendre et d'explorer, savoir où nous sommes. Les mesures à prendre, guerrières ou pacifiques, viendront en temps voulu. »

(((Utilisation de la capa RP de barde pour calmer les esprits)))

[Silmeria]

La petite elfette n'avait pas eu le temps de me répondre, je sentais des éclairs relever des mèches de cheveux, je sentais mes muscles trésailler comme pris de spasmes. Soudain les douleurs se firent plus rapprochées, plus puissantes, plus violentes, insoutenables. Mon corps entier se cambra en arrière, tétanisée, raide, incapable de bouger si ce n'était pas tremblement ou spasmes incontrôlés. J'avais cru voir dans les yeux de cette enfant que je voulais protéger un éclat d'horreur, terrifiée de voir un vil bridé s'en prendre à quelqu'un de dos.

Akihito avait lancé un sort, c'est vrai que j'avais sous estimé sa menace, mais Hrist avait eu raison, il avait réveillé dans la sacoche la tête du Gragon qui... Mordait ? Gesticulait ? Trésaillait ? Etait-ce qu'elle reprenait vie ou que la magie de foudre avait animé ses nerfs, j'aurai bien voulu mettre la main dans mon sac pour le vérifier mais j'étais tétanisée, incapable de parler, incapable de prévenir les autres de la menace.

Fort heureusement et contrairement à Akihito, Xël était doué de raison et avait une capacité de réflexion qui le conduisit à la seule chose sensée pour réparer le tort du fulguromancien. Il saisit ma besace et en vida le contenu à même le sol pour récupérer la tête du Gragon et confier à la petite une fiole de soin sensée me remettre en état. Je sentais un drôle de bourdonnement dans mes oreilles, juste assez pour camoufler une voix que je reconnaissais comme celle de Dantes qui partait ulcéré de cette action proscrite dans une ville ou la magie était condamnée. Xël quant à lui me parlait, j'entendais sa voix comme si elle venait du fond d'un puits qu'on aurait rempli avec du coton. Etouffée et lointaine alors qu'il gueulait probablement comme un putois juste au dessus de moi.

Je compris qu'il me donnait cette fiole afin que je revienne mais qu'il ne voulait pas que je me venge. Oh, je le comprends...

J'attendais juste que la petite fasse le nécessaire, qu'elle puisse me donner de quoi revenir.

(" Oooooh, je vois. Il est vraiment vilain ce rebus de rizière. C'est regrettable, je l'aimais assez ce garçon, il était maladroit et timide, un peu benêt sur les bords et champion quand il s'agit de se plaindre ou de râler mais... Il avait le mérite d'être là quoi. Je me demande s'il avait beaucoup contribué, mais bon, peu importe, il a critiqué mes actions chaotiques, moqueuses, mes menaces et tout ça pour imiter exactement ce qu'il avait plus tôt fustigé. Je pense qu'il est en excellente voie pour devenir un vilain, il a trahi ses valeurs Ynorienne et bafoué ses commandements en s'en prenant à une femme de dos, femme qui réconfortait une petite fille en plus ! Il ne manquait que deux ou trois chatons pour ajouter un peu plus d'infamie à son acte. Maiiiiis c'est la vie. Xël est parti je ne sais où avec le Gragon qui pourrait reprendre sa taille d'un instant à l'autre et Akihito lui a jeté un sort dans la cave de l'homme qui semblait craindre la magie comme la promesse d'une condamnation. Et c'est moi la chaotique ?

Beh mon vieux. Je pense qu'on va bien s'marrer. Allez petite, fais moi couler un peu de ce soin dans le bec que je reprenne doucement mes esprits, j'ai hâte de voir la tête d'Akihito lorsque je lui remplirai l'esprit d'horribl... Ah non je n'ai pas le droit de me venger. Xël l'a in-ter-dit... Evidement, je n'ai qu'une parole, peut-être qu'il me faudra la rendre plus tard mais d'ici là...


Hrist... Une fois que tu auras récupéré, je veux que tu sortes et que tu ramènes la tête d'Akihito lacérée, privée de ses yeux et de la langue. A défaut d'une tête de Gragon j'aurai au moins un joli nichoir à oiseau pour ma prochaine maison. ")

[Mathis]

Nous venions à peine d’assurer au propriétaire des lieux que nous saurions nous tenir tranquille et s’abstenir d’utiliser la magie. Pour ma part, c’était assez facile à respecter, puisqu’en dehors de la magie d’Aliaénon, qu’heureusement je ne sentais plus en moi, je n’en possédai aucune. Mais cela sembla plus difficile pour Akihito. Hors de lui, il ne put se contenir et sans penser aux conséquences de ses actes, il lança un sort de foudre sur Silmeria. Il craignait peut-être la supériorité de celle-ci, puisqu’il l’attaquait en traitre. Je comprenais en partie ce qu’il vivait, car j’avais moi même voulu me venger d’elle lorsqu’elle m’avait infligé un obscur cauchemar, mais même en ces moments, je n’avais pas cherchée à la tuer, mais seulement la condamner pour ses actes. Et plusieurs compagnons m’avaient jugé pour mes agissements mêmes s’ils étaient légitimes. En fait, ce sont les conséquences qui avaient agravées la situation. De tous Akihito était celui qui m’avait moins jugée, il avait parfaitement compris ma situation. Je me devais de comprendre la sienne aussi et m’assurer que les dégâts collatéraux ne soient pas trop importants.

Silmeria gisait sur le sol, consciente mais figée et impuissante. Ce fut Xel qui pris la situation en main. S’accaparant du sac de Silmeria, il en versa le contenu sur le sol. La tête remuante du dragon en sortit, menaçant de reprendre sa taille sans prévenir. Il nous somma de tous quitter la salle. J’aurais pu lui venir en aide, mais je savais qu’il était le mieux placé pour s’occuper de la sombre tête pouvant l’expédier dans un portail au moment opportun. J’aurais pu donner une potion de soin à Silmeria, mais Xël me devança en requérant l’aide de la jeune elfe apeurée. En fait, cela m’arrangeait, je n’avais pas envie que Silmeria me frôle et m’inflige un cauchemar alors que j’aurais tenté de l’aider.

Le propriétaire, bouleversé, nous maudit et s’enfuit par les escaliers vers les étages supérieures. L’elfe aux cheveux mauves le suivit, ainsi que l’homme-tigre qui parla pour la première fois depuis son arrivée. La nouvelle venue ,dont l’arrivée passa presque inaperçue, tenta de calmer Akihito.

Pour ma part, je préférai monter les marches à mon tour à la suite du propriétaire des lieux jusqu'à sa boutique, m’assurant qu’il ne tenterait pas de nous livrer pour se protéger , Praline sur mes talons.

(((Mathis monte les marches de l’escalier dans le but de suivre le propriétaire des lieux jusqu’à sa boutique. Praline suit Mathis de près)))

[Dracaena Paletuv]

Combien de temps ça faisait? Quelques minutes? Quelques années? Impossible à savoir. J'étais dans un grand vide, une sorte de néant, où il n'y avait rien, je n'entendais rien, je ne ressentais rien. Et quand il n'y avait plus rien, alors mes souvenirs prenaient le dessus, s'affichaient, se pavanaient dans mon esprit. Ma jeunesse, mes années passé à chasser, apprendre, découvrir. Tous les drames qui avaient parcouru ma longue existence, et fait de moi ce que j'étais. L'origine de toutes mes cicatrices, de toutes mes brulures, les pertes de ceux qui comptaient le plus pour moi. Ma rage contre l'existence, les erreurs que j'avais fait, les limites que j'avais dépassé. Puis, la retombé, la prise de conscience, la fuite, l'isolement. Et le rien.

Le rien qui j'avais vécu pendant près de dix ans. Un rien où je me cachais derrière des recherches orphelines, et où la fatigue et le désespoir avaient commencé à me ronger.

Ce rien qui n'était, finalement, pas si différent ce que je ressentais ici.

Puis, Aliaénon. Ce monde hors du commun, l'étincelle qui avait raviver le feu en moi. Qui m'avait rappelé que les lois de l'univers pouvaient être pliées: elles n'en avaient juste pas assez consciences.

Et cette fin frustrante. Frustrante, mais qui... quelque part, pouvait être vu comme un motivateur. Une nouvelle raison d'aller de l'avant.


Toutes ces pensées avaient déjà fait le tour de ma tête plus d'une dizaine de fois.

Avais-je passé tant de temps dans ce vide, ou étais-je devenu très rapide pour me remémorer le passé?


Et, tandis que je me lançais dans cette réflexion, une petite lueur se démarquer du rien. Petite lueur qui devint un grand flash.

Et ce flash lui même se transforma pour devenir...

...

Des briques.

BOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUM



Je venais d'atterrir dans un immense fracas sur un sol dur et froid fais de pierre. Le bloc de terre qui était parti avec moi à Aliaénon avait éclaté, me recouvrant presque entièrement. Le visage face au sol, le nez(?) dans la terre, je me sentais... différent. Quelque chose n'était plus pareil.

Je compris immédiatement de quoi il s'agissait: je ne ressentais plus en moi le tumulte et le chaos de la magie d'Aliaénon. A la place, une sensation de liquide coulait en mon fort intérieur. Mon plus gros blasphème: le fluide de feu que j'avais absorbé.

Il faisait relativement sombre, mais j'arrivais à sentir sur mon écorce quelque chose de plus que la terre: de la cendre. Toute celle qui me recouvrait avait été nettoyée en tombant dans le lac, mais la, de suite, je la sentais revenir, comme si mon corps la produisait. Comme si le monde voulait me rappeler à quel point mes pouvoirs étaient contre nature.

J'entendais un sacré boucan autour de moi: crépitement, bruit d'objet tombant, pas rapide, une étrange mais agréable musique, voix pleines d'émotions négatives, et même une étrange mais agréable musique. Je n'avais pas besoin de lever la tête pour savoir qui était présent, et me faire une idée de ce qui devait se passer: l'équipe des Bras-cassés™ était la dans toute sa splendeur: incapable de s'entendre, incapable de travailler ensemble, et surtout, prenant des décisions hâtives sans considérer les autres.

Comme nous renvoyer sur Yuimen alors que certains d'entre nous avaient encore des choses à faire à Aliaénon.

Cette pensée fit monter un sentiment qui avait attendu bien patiemment de pouvoir exploser: de la colère. J'avais été assez conciliant pour les quinze prochaines années, il était temps que j'redevienne honnête avec mes sentiments. Soupirant d'abord un bon coup, je plaçai brusquement mes mains sur les cotés, m'en servant pour me redresser, avant de hurler:


"CA VOUS AURAIT TUÉ D'ATTENDRE DEUX MINUTES AVANT D'NOUS FAIRE RENTRER?!"


Me maintenant en équilibre avec une main, je soulevai haut la deuxièmes avant de l'abattre point fermé sur le sol, déclenchant une petite explosion de feu à l'impact, dont les flammes furent vite étouffées par la terre ambiante.
Je sentais la chaleur sous mes doigts, l'intensité des lueurs de mes yeux qui grossissaient et grossissaient. J'avais presque l'impression d'avoir de la fumée qui émanaient de mes branches.


Je m'attendais à beaucoup de chose en redressant la tête. Mais le spectacle qui se déroulait sous mes yeux était encore plus chaotique que ce que j'imaginais:
Une Silméria blessée, buvant une potion, un Akihito fou de rage, des éclairs crépitants le long de ses doigts, un Xël paniqué, tenant la tête du Dragon noir dans la main. Mathis et son chat, courant vers des escaliers. Un loup sur deux pattes, et une femme en train de chanter. Un type au ch'veux violet. Une elfe(j'crois qu'c'est une elfe) à l'air choqué. Le tout dans une salle en pierre, petite, sombre, froide.

Ca ne r'semblait ni a Oranan, ni au genre d'endroit où on d'vrait croiser un dieu.

C'était quoi encore s't'histoire?

Dernière ma colère, au fond de moi, je n'l'avais pas encore réalisé, mais un petit sentiment avait commencé à se manifester. Comme s'il savait quelque chose que le reste de mon esprit ne savait pas. Comme s'il avait compris que ce retour forcé était en fait le début de quelque chose de nouveau.

Ce petit sentiment qui tout comme moi, disait:

"C'était quoi encore s't'histoire?"

Mais sa voix à lui, elle était pleine... d'excitation.




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[Akihito]

Exultation.


Je mentirais si je disais que je ne prenais pas mon pied à voir la magie de nouveau obéir à ma volonté. La voir de nouveau suivre l'impulsion que je souhaitais, la sentir de nouveau courir dans mes veines telle une part de moi. La voir fuser sous la forme d'éclairs au nombre de cinq -cinq ! Je n'en avais jamais émis autant d'un coup- fit parcourir comme en réponse un léger courant le long de mon échine. Pure satisfaction. Pure satisfaction aussi de les voir frapper ma cible, allant je le sentis crescendo, en témoignant Hrist s'écrasant sur son propre poids comme une immense statue d'encre épaisse et solide redevenant soudainement liquide. Je regardai la Régicide s'effondrer, parcouru de spasmes. J'avais infligé suffisamment de blessures magiques pour savoir que ce qui l'avait touché était mortel. ma rage assouvie se teintait d'exultation et de satisfaction. Si personne ne l'aidait, si on la laissait mourir ici, comme elle le méritait...

« Soyez maudits ! Vous ne nous emmènerez pas dans votre chute ! »

La voix du borgne me tira de ma contemplation. Ma démonstration n'avait pas été bruyante : si je voulais faire du bruit, je l'aurais voulu -les nuages d'orage que j'invoquais n'avait rien de rigolo- mais pourtant, il semblait persuadé que nous étions repérés. Comment, pourquoi, par qui ? Je l'ignorais. Mais tout ce qu'il me restais à faire, c'était achever Silmeria. Ma cicatrice était le témoignage que je savais de quoi je parlais quand je disais que la foudre pouvait être douloureuse. Elle avait beau être une garce, je n'étais pas un monstre.

« Itulë c’est ça ? Je suis Xël. J’ai besoin de ton aide. Tu vois la gourde à ma ceinture ? Est-ce que tu pourrais la prendre et en donner à l’elfe par terre ? Ça va la remettre sur pied. Silmeria si tu m’entends. Je ne te soigne pas pour que prenne ta revanche. »

Je suspendis mon pas. Xël. Xël la soignait. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais rien. Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?!

« C’est peut être l’occasion de te recommencer à zéro une nouvelle vie. »


Amertume.


Refaire une nouvelle vie. Je me revis des jours en arrière, le dos raidi par les mains de l'Hinïonne enserrant ma taille alors que nous faisions route vers les collines oniriques. Sa présence ne m'avait pas rassuré, mais j'avais parlé avec elle. J'avais découvert une femme lasse, avec des failles, des aspirations simples. Une femme enfouie sous une apparence de froideur et de frivolité, de folie et de cruauté. J'avais fini par pensé ensuite que ce n'était qu'un masque de plus pour m'induire en erreur, mieux me tromper.
Mais alors que je la regardai au sol, je prenais conscience qu'elle n'avait jamais trompé qui que ce soit. Elle avait juste agit selon ses envies. Egoïstement et sans considération aucune pour nous, mais elle avait été "honnête", d'une certaine façon. Je relevai les yeux, les posant sur la jeune fille terrorisée qu'elle caressait juste avant que je ne l'abatte. Je ne regrettai pas mon geste, simplement qu'il ait apeurée une jeune fille qui n'avait pas l'air très rassurée dès mon arrivée et l'était sans doute beaucoup moins maintenant. Silmeria avait essayé de la réconforter.

Un goût de bile remonta dans ma bouche, et je balayais l'espace autour de moi. Xêl se fichait éperdument de moi, ne m'adressant pas un regard. Pas plus que Mathis, qui s'engouffra dans les escaliers sans un mot. Le Woran s'enquit de l'avis de l'elfe mauve.

Je me sentis seul. Abandonné par mes paires. J'avais l'impression de n'être... Que le décor. L'amertume commença à être de nouveau remplacé par une colère d'injustice, quand une voix résonna. Une voix que ma mémoire n'oublierait jamais, qui me ramenait encore au delà des collines oniriques, à la bataille de Kochii. Couvert de blessures, j'avais vu, impuissant, l'armée de Karsinar se jeter dans la brèche dans les remparts d'Oranan, après que ce dernier m'ait vaincu en duel. J'étais désespéré, au fond du trou, et cette voix avait retentit.

« Le noir ennemi, que nulle n'osait défier,
Moura seule osa l'affronter,
Mais face au pouvoir de la mort,
Aucun être ne pouvait être assez fort.
Par l'âge ou pas l'épée,
Tout le monde fini par tomber.
Ainsi, se révèle son vrai visage,
Le monstre de tous les ravages. »

La barde earionne qui avait chanté sur le champ de bataille était apparue derrière moi, comme par magie. Je me rappelai l'avoir porté jusqu'au rempart, refusant qu'elle meurt pour une raison qui m'échappait alors. La fierté, peut être. Ou pour qu'elle puisse revenir ici, en ce lieu.

« Il n'est point temps de s'affronter, cette menace nous concerne tous. Reprenez, je vous prie, votre sang-froid. La colère peut parfois nous égarer, mais notre esprit doit rester clair. Tâchons de comprendre et d'explorer, savoir où nous sommes. Les mesures à prendre, guerrières ou pacifiques, viendront en temps voulu. »

Sa voix calme me pénétra, éteignant les braises naissantes d'une nouvelle rage. Quelqu'un se souciait de moi.

« Je... Oui. Merci. »

Je n'étais pas seul.

Lentement, je m'approchai de Silmeria. Chaque pas faisait ressurgir l'envie de l'achever, l'exécuter comme Crean l'avait fait pour Aenaria. Mais chaque pas me rapprochait aussi de la jeune fille. De la bienveillance dont avait fait preuve la Régicide. De la vulnérabilité que j'avais perçu, juché sur Falafel ou sous les étoiles des collines Oniriques.

Mettant un genou à terre, je lançai un regard dénué de toute hostilité à la fille aux cheveux d'argent pour la rassurer. Puis je posai une main sur le bracelet d'Ombre de Silmeria. Et parla d'une voix lente.

« Xël, quand Silmeria se réveillera, dit lui que j'ai épargnée la femme qui me disait rêver d'une maison tranquille entourée d'abeilles et de ruches. Et que si c'est la "Régicide" qui vient me retrouver, je n'aurais plus cette clémence. »

Je retirai ma main, sentant la faible signature magique que j'avais imprégné sur elle. Je laissai en vie une femme et une assassin revancharde, qui voudrait sans doute m'ouvrir en deux dès son réveil et se lancerait à ma poursuite. J'étais déjà assez stupide de la laisser en vie, je n'allait pas non plus la laisser me prendre par surprise.


Résignation.


Me relevant, je finissais par regarder la tête décapitée, mais bien vivante et miniature, du Shinigami. Xël l'avait entre les mains, la tenant à bout de bras. Si les choses allaient dégénérées ici à cause de moi, c'était aussi à moi de l'assumer.

« CA VOUS AURAIT TUER D'ATTENDRE DEUX MINUTES AVANT D'NOUS FAIRE RENTRER?! »

Une nouvelle voix. Encore. Une voix tonitruante, encolérée, et elle aussi bien connue. Celle de Dracaena. Je me figeai un instant : alors d'autres continuaient à arriver ? Alors... Alors peut être que... Yli ?

Un claquement de mâchoire me ramena au moment présent. L'espoir fou qu'elle arrive dans les prochaines minutes, secondes même, ne me dédouanait pas pour autant. Je me résignai à enfouir cette envie au plus profond de moi et tendis une main à Xël pour récupérer la tête un Dragon Noir, afin l'enfouir elle dans ma besace.

« C'est moi qui ai utilisé la magie, je paye les pots cassés. Mettez moi tout sur le dos si une quelconque milice vient vous emmerder. J'emporte la tête le plus loin possible, si elle reprend sa taille. Drac, garde bien la rune Zu avec toi. »

Résigné, je lançai un dernier regard à la porte d'où était sorti l'Oudio, espérant voir deux prunelles de lapis-lazuli apparaitre. Lorsque Xël me donna finalement la tête, je me détachai de cette porte porteuse de promesses pour m'enfoncer dans l'inconnue des escaliers et d'un monde dont j'ignorais tout.


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Place une marque de Tonnerre volant et utilise le sort RP de foudre "Orientation" Rang 5 sur le Bracelet d'ombre de Silmeria.

Se rend à l'étage avec la tête du dragon dans sa besace

[Yliria]

Je tombai. Ou alors je m’élevai… En tout cas quelque chose me tirait et c’était sacrément désagréable. Et j’eus beau ouvrir les yeux, il n’y avait rien d’autre que l’obscurité. Je n’en voyais même pas mes mains. Où est-ce que j’avais atterri cette fois ? Je me souvenais du combat sur le pic rocheux, l’arrivée du dragon Noir et le combat contre lui. Je me rappelai d’une chute, puis plus rien. J’avais dû me cogner violemment la tête pour supporter une migraine comme celle que je ressentais. Aucun son ne me parvenait, aucune sensation non plus, comme si je ne flottai dans rien. Si je n’avais pas mal au crâne, je me serai même demandée si j’avais encore une enveloppe physique tant je ne ressentais et ne percevais rien. Jusqu’à ce qu’une porte n’apparaisse, comme si c’était parfaitement normal. Une porte toute banale, avec une poignée usée et du bois qui a déjà vécu. Je tendis ma main et la posai sur la poignée.

L’ouverture instantanée de la porte me surpris et je basculai en avant, n’évitant de m’étaler que de justesse avant de redresser la tête. Loin du lac et du promontoire sur lequel on se trouvait, c’était une cave aux murs et sol en pierre qui m’accueillit. Les choses devenaient vraiment bizarres et la migraine qui me minait le crâne n’aidait en rien à ce que je réfléchisse posément à la situation ; pas plus que le hurlement qui me vrilla le crâne quand Alyah m’interpela comme si j’avais été à l’agonie.

(YLIRIA !! ENFIN !! Comment tu te sens ?!)

(Moins fort… J’ai un nain qui mine mon crâne comme s’il y avait trouvé un filon de mithril…)

(T’es restée inconsciente si longtemps... Tu m’as fait peur. Et je n’étais pas la seule.)

Inconsciente ? Voilà une nouvelle qui ne me plaisait pas du tout, mais expliquait pourquoi je venais de passer à une chute dans l’eau d’un lac à une cave de pierre. Enfin... ça n’expliquait rien, en fait, mais si j’avais raté plusieurs heures, ça faisait sens. Ce qui el faisait moins, en revanche, c’était la sensation qui parcourait mon corps. Il n’y avait plus cette pression constante que je ressentais depuis notre arrivée sur Aliaénon. La magie semblait revenue à la normale. On était de retour sur Yuimen ? La migraine n’aidait pas à ce que je me concentre et je me frottai le front en fermant les yeux une brève seconde avant de balayer la pièce du regard. J’y vis des visages familiers, d’autres inconnus. Jorus et Mathis n’étaient pas là, mais tous les autres étaient présents. Il y avait aussi des elfes que je n’avais jamais vu, une bleue, un aux cheveux mauves et une plus jeune.

Ce qui me surpris le plus, surtout, ce fut de voir Silmeria sur le sol, comme si elle était inconsciente, Xël à son chevet et Akihito au-dessus d’elle. Je n’allais pas me plaindre que la chieuse en chef soit enfin silencieuse, mais je me demandais quand même ce qu’il se passait pour qu’elle soit au sol de cette façon. Pas de traces de Jorus ou de Mathis et je me demandais vraiment ce que tout ce beau monde faisait dans une cave qui n’avait à priori rien à voir avec Aliaénon. Puis Akihito tourna la tête vers la porte et je haussai un sourcil dans sa direction en lui faisant un signe de la main. Il tirait une tronche de six pieds de long, comme si quelqu’un était mort. Il se passait quoi ici, exactement ? J’avais raté combien d’épisodes depuis le combat sur le promontoire rocheux ? Il pleurait pas Silmeria, quand même ?

« Il se passe quoi ? j’ai raté des trucs on dirait… »

(T’as même pas idée… je vais les laisser te résumer, mais je peux au moins t’assurer d’une chose. On n’est pas sur Yuimen.)

Ah… évidemment, ça aurait été trop beau.

[Cromax]

La Cité des Ombres
???

Jour 1 – début d’après-midi.

Tremblant comme une feuille morte, la petite elfe exécuta les dires de Xël, se saisissant d’une potion dans l’escarcelle du mage pour la faire glisser dans la bouche entrouverte et baveuse d’une Silmeria bien mal en point. Problème : ça ne semble pas avoir le moindre impact sur elle. Les blessures étaient-t-elles trop importantes pour être seulement balayées d’une potion de soin ? Trop nombreuses, peut-être ? Les potions fonctionnaient-elles seulement sur ce monde ? En tout cas, allongée par terre, molle comme un vers mort, elle ne put réagir quand Xël vida son sac par terre pour étaler ses affaires et se saisir de la tête du dragon noir. La tête gigotait dans les mains de Xël et… il lui sembla qu’elle commençait à grandir quand il la donna à Akihito. En quelques secondes, il dut la tenir à deux mains sous peine de la voir choir au sol. Ce qu’ils redoutaient arrivait : elle était en train de reprendre sa taille normale. Ce n’était qu’une question de secondes. De minutes dans le meilleur des cas. Il ne put dès lors la mettre dans sa besace pour grimper les escaliers à son tour. En tout cas avait-il marqué Silmeria de ses sorts : une marque de foudre, un sort d’orientation. Et pourtant, elle ne semblait pas prête à bouger de cette cave.

Restaient dans celle-ci Xël, la poétique Leyna, la jeune elfe tenant toujours entre ses mains tremblantes la gourde du mage, le corps inerte de Silmeria et l’arrivée impromptue de deux êtres qui ne devaient pas comprendre grand-chose : Drac et Yliria.

En haut, les grimpants se rejoignirent petit à petit. Bergeac, d’abord, qui ne jeta pas même un regard à la jeune femme inquiète avant de se ruer vers la porte pour tenter de l’ouvrir. Et se retrouver par là même face à un obstacle invisible et inattendu. Il percuta Jorus, qui fut envoyé contre la porte, alors que Dantes faisait un pas en arrière, surpris.

« Sorcellerie ! C’est le malheur qui s’abat sur nous, ma fille ! »

Arrivèrent à cet instant Naral Shaam et Huyïn, auquel le premier répondait d’une voix lasse et calme :

« Aucune. Laissons à ces imprudents le fruit de leur bêtise, et quittons cet endroit au plus vite. Plus loin je serai d’eux, mieux je me porterai. »

Il ne semblait pas exclure de prendre en sa compagnie le chat-noir. Fanny n’en revenait pas, posant la question à la volée, alors que Mathis arrivait à l’étage, suivi de près par Akihito et sa tête draconique entre les mains :

« Mais bon sang, qu’est-ce qui se passe ? »

N’y répondant guère, mais voyant l’ynorien se pointer, il l’accueillit avec un ton menaçant :

« N’approchez pas ça de moi ! Restez dans cette cave que vous avez condamnée de votre magie malvenue ! Vous apportez ma ruine, vous serez jugés pour cela ! Rompez donc cet enchantement m’empêchant de sortir : je dois quérir l’avis de puissants pour que les Chevaliers ne nous tombent pas dessus. »

Fanny rétorqua :

« D’Esthalor ? Tu n’y pense pas, père… Il nous vendrait aussitôt ! »

Le père soupira, répondant :

« Non. J’espère obtenir les faveurs et le silence de Cedran de Montfort. Il nous doit bien ça. »

Une mine sombre toma sur la jeune femme, mais elle ne commenta guère plus…


[HJ : ceux de la cave qui grimperaient les escaliers sans parler au sein de la cave peuvent être témoin de ce dernier échange entre la fille et le père Dantes, juste après l'arrivée d'Akihito. Les autres n'en entendent rien.]

[Akihito]

(Aki !)

(...)

(Aki !)

(...)

(AKIHITO !)

(Je sais...)

J'avais fait quelque chose qu'Amy aurait du mal à me passer. J'avais beau essayer de me persuader qu'elle était prévenue et qu'elle avait choisie de me tourner le dos, que je n'avais rien fait de mal et que c'était son problème, au final. Et je le pensais. Mais c'était loin de l'image que je pensais avoir de moi, que je voulais donner. Le Akihito Yoichi que je pensais être n'aurais jamais attaqué une personne dans le dos.

(On réglera ça plus tard- Yliria !)

(Hein ?)

(Yliria est dans la cave ! Je sens Alyah ! )

Je m'arrêtai brusquement. Je sentis mes pieds commencer à lentement pivoter sur mes talons. La voir, m'assurer qu'elle allait bien, sentir son coeur battre, ce fut tout ce qui emplit mon esprit pendant un moment. Et j'aurais descendu, j'aurais dévalé ces foutus escaliers quatre par quatre si je n'avais pas cette putain de tête de Dragon entre les mains. Une tête que je sentais grossir, s'alourdir de seconde en seconde. Je mourrai d'envie de retrouver Yli, mais je ne tenais pas à mourir avec elle écrasé entre plusieurs tonnes de pierre et plusieurs tonnes de viande draconnique.

« Chier...! »

Je recommençai à grimper les escaliers, forçant mon corps à aller dans une direction qu'il ne voulait pas suivre. La tête avait la taille d'une belle pastèque quand je fini par arriver au rez-de-chaussée : une très fournie quoi que modeste échoppe de tailleur. Un bric-à-brac de produits et de tissus qui allaient de....

Non. je n'avais pas vraiment le temps de m'attarder sur ce qui m'entourais. Moi qui comptais m'enfuir dans la campagne environnante pour y cacher la tête et entrainer les recherches à ma suite, je compris vite que ça n'allait pas être possible. Sortir de la boutique serait déjà une petite victoire, avant que la fraction de monstre entre mes mains ne devienne trop lourde pour que je puisse la transporter.

« N’approchez pas ça de moi ! Restez dans cette cave que vous avez condamnée de votre magie malvenue ! Vous apportez ma ruine, vous serez jugés pour cela ! Rompez donc cet enchantement m’empêchant de sortir : je dois quérir l’avis de puissants pour que les Chevaliers ne nous tombent pas dessus. »

Quel enchantement ? De quoi il parlait ? Non, pas le temps. La porte était condamné ? Plan B, donc.

« Cette chose est dangereuse ! Vous devez me laisser passer ou nous mourrons tous dans quelques secondes ! »

Les boutiques de ce genre avaient souvent une arrière boutique et une petite porte arrière, mais c'était prendre le risque de ne pas la trouver dans les quelques secondes que j'avais devant moi, ou me trouver face à une porte verrouillée. J'avisai alors ce qu'il y avait de part et d'autre de la porte. Des tentures et des draps, plus ou moins épais, posé en tas ou suspendus sur des mannequins au plafond. Devant une vitrine. Elle n'avait pas l'air bien épaisse.

...

Ca allait quand même faire mal. Et est-ce que j'avais le choix ?

J'espérai que l'enchantement, le sortilège ou que ce soit qui empêchait la sortie ne couvrait pas non plus ces parois de verre.
En donnant mon injonction, j'avais regardé le tailleur borgne avec le plus de sincérité et d'urgence que j'avais pu. Puis j'avais pris mon élan pour le contourner, espérant que j'avais pu le faire douter suffisamment longtemps pour qu'il n'est pas le temps de se mettre en travers de ma route.


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Utilise les Bottes de foudre pour prendre de vitesse le borgne et avoir l'élan pour passer à travers la vitre, épaule avec les spalières les plus épaisses en avant. Vise entre les mannequins, en sautant pour ne pas se prendre les pieds dans le tissu au sol (compétence Grand Saut si besoin).

[Mathis]

Une fois à l'étage, je vis que nous étions dans une boutique de tailleur, nous ne pouvions mieux espérer pour trouver des vêtements qui permettraient de passer inaperçu.
Il n'y avait pas que Praline sur mes talons, Akihito aussi me suivit. Une fois en haut, j'entendis le propriétaire s'adresser à Akihito, le sommant de ne pas approcher Ça de lui.

(Ça ? )

Je me retournai aussitôt pour constater que c'était Akihito qui avait à présent la tête du dragon entre les mains... Le pire, c'était qu'elle avait déjà augmenté de taille, et qu'elle allait grossir encore jusqu'à atteindre sa taille originale. Je compris alors l'empressement de Akihito. Mais je ne comprenais pas pourquoi, elle n'était plus en possession de Xël.

Le père était encore plus perdu que moi. Il craignait une punition terrible et avait donc décidé d'aller quérir l'aide d'un dénommé Cedran de Montfort. Il voulut sortir, mais en fut incapable et nous accusa donc d'avoir jeter un sort sur la porte.

Puisque j'étais incapable de magie en dehors d'Aliaénon et que Akihito venait tout juste de monter l'escalier derrière moi, il ne pouvait s'agir que de l'homme-chat ou de l'elfe aux cheveux mauves.

Je m'adressai alors à eux
" Si l'un de vous deux a jeté un sort sur cette porte, retire-le vite. Akihito doit sortir vite avec cette tête de dragon avant qu'elle n'atteigne la taille d'une maison. "

Mais Akihito, n'avait pas attendu que la porte soit libre, il avait bifurqué vers la vitrine et s'était lancé dedans.
(Pourvu qu'il réussisse )

Je m'approchai de la jeune femme, celle-ci ne semblant pas d'accord avec la décision de son père et je lui demandai d'une voix douce afin de ne pas l'apeurer.

"Je me prénomme Mathis, et je ne vous veux aucun mal Fanny, ni vous causer le moindre souci. Nous partirons d'ici dès que nous en aurons l'occasion. Mais pour le moment, j'ai besoin de comprendre ce qui se passe dans cette cité. Qui est ce Cedran de Montfort, et pourquoi n'êtes vous pas de l'avis de votre père ? "

[Huyïn]

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-5-

La voix du borgne leur parvient tandis que l'elfe et le Woran atteignent l'étage. Une échoppe de tailleur, à première vue. Tenues et étoffes décorent la pièce autour d'eux tandis qu'ils font leurs premiers pas dans la salle. Les oreilles de Huyïn se tournent vers celui qu'il accompagne, l'écoutant lui répondre par la négative quant à la possibilité de renouer cordialement avec leurs hôtes. Elles tressaillent une nouvelle fois quand il sous-entend l’inclure dans ses projets, l'invitant à laisser les responsables s'occuper de leurs erreurs par eux-mêmes, et à quitter les lieux. Il ajoute que plus loin il sera d'eux, mieux il se portera. Son calme et la lassitude de son ton laissent entendre un passif désagréable, ou au moins des circonstances déjà vécues plus d'une fois. En entendant des pas dans l'escalier et en y jetant un regard pour constater la venue de l'ynorien volatil, il ne peut qu'approuver l'idée.

"Sentiment partagé."

Les yeux du Félin restent un instant rivés à l'objet porté par l'humain, comprenant que la tête semble effectivement gagner en taille de plus en plus rapidement. Quoi que cette chose soit, elle a potentiellement la capacité de causer des dommages importants et d'attirer inévitablement l'attention sur son origine. Et donc, eux. À sa vue, le borgne bloqué à la porte en invective le porteur, ordonnant à quiconque ayant enchanté celle-ci pour l’empêcher de sortir de rompre la magie. Lui et sa fille échangent, évoquant quelques puissants personnages susceptibles de les aider. D'Esthalor et Cedran de Montfort. Ni l'un ni l'autre ne rappelle la moindre chose au Tigre. Célébrités locales d'une autre ville de Yuimen, peut-être ? Puisqu'il ne connait que Nosveris, et de façon limitée, cela ne serait pas étonnant. Ni aussi saugrenu que cette idée d'un autre monde.

Ses oreilles puis son regard se tournent vers l'humain blond qui les interpelle, lui et l'elfe. Plus exactement, il les exhorte à retirer le sort si l'un d'eux en est l'auteur, indiquant que l'ynorien -Akihito- doit sortir avec le morceau croissant de reptile. Cet homme se présente comme Mathis à Fanny, prenant un ton mielleux et faussement concerné pour l'interroger, oubliant totalement ses précédentes paroles qui pourraient pousser à la panique. La queue noire fait un bref mouvement latéral. Cet humain blond a auparavant juré que personne ne poserait problème, et voyant que le contraire s'est produit, il change de tactique. Le voilà qui se met à sous-entendre que tous les arrivants sont vils sauf lui, en les accusant tous deux de façon implicite, histoire de les discréditer davantage. S'il y avait encore la moindre chance d'amadouer les locaux, elle s'est définitivement envolée avec la méfiance qu'il vient d'instiller en eux. Il n'a même pas cherché à savoir. Il les a vu, a entendu la mention d'un acte magique, et a pointé son doigt. Soit il a un biais à leur encontre, soit son but est plus simple : se présenter sous son meilleur jour, afin de séduire une femelle qu'il doit estimer aisément influençable. La bêtise humaine revêtue d'hypocrisie dans toute sa splendeur.

L'accusation implicite fait à peine réagir Huyïn, qui y répond par un souffle nasal dédaigneux. Son regard coule par contre en direction de l'elfe à chevelure violette, un brin de curiosité l'étreignant. Le Tigre se doute bien qu'il n'y est pour rien dans cette histoire d'obstacle, l'elfe ayant à l'instant déclaré vouloir partir au plus vite. Il se demande toutefois si ce dernier va réagir avec autre chose que davantage de lassitude à la déclaration. Après tout, c'est la seconde fois en une poignée de minutes que quelqu'un lui impute devant témoins la responsabilité d'un problème que nul n'est en mesure d'ignorer. Les yeux vert pâle se plissent légèrement puis se rouvrent en grand quand il s'adresse à lui.

"Accordez-moi un instant, Ser, le temps de clarifier un détail avant de partir."

Tout en gardant un pavillon auditif tourné vers l'elfe en noir, il dirige l'autre et son regard vers la jeune femme, ignorant totalement l'individu blond à ses côtés.

"Jeune personne, Fanny. Dites-nous également si la population locale est uniquement composée de vos semblables ou si elle comprend des individus plus... Singuliers.", s'enquiert-il, faisant un vague geste de la main griffue et désignant son faciès félin en une précision implicite.

Si en Pohélis certains habitants le regardaient avec dédain ou désapprobation malgré l'existence de plusieurs humorans vivant dans la cité, dans une région qui n'a jamais vu l'un des siens, il ne peut qu'attirer une attention indésirable. Ils n'ont vraiment pas besoin de ce fardeau supplémentaire. D'autant que s'il se fie au son des pas de course débutant dans la pièce, un nouvel incident est sur le point de se produire et irrémédiablement tous les impliquer. Faire profil bas pour ne pas être associé à ce chaos ou à leurs auteurs va s'avérer être complexe, mais hélas indispensable.



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[Xël]

« Ça ne fonctionne pas … »

Remarquais-je en observant l’état de Silmeria resté inchangé. Soit les blessures sont trop grandes soit les potions ici sont inefficaces. L’urgence me ramène au plus préoccupant, la tête. Elle grossit. Elle grossit vite. Je la confie à Akihito, ayant été témoin de la vitesse qu’il peut atteindre.

« Fais vite ! »

Le priais-je alors que la porte s’ouvre pour laisser entrer Yliria à nouveau sur pied. Il ne semble pas l’avoir aperçu à en juger la manière dont il a escaladé les escaliers. J’observe les nouveaux venus un instant avant de tendre doucement la main vers l’elfe tremblante pour récupérer ma gourde.

« Merci. Ça va aller. »

Je me redresse et soulève délicatement la régicide pour la mettre sur mes épaules avant de proposer une main à Itule pour qu’elle se relève.

« Nous devrions partir d’ici. »

Je me tourne ensuite vers les deux mages flamboyants.

« Nous sommes dans un lieu inconnu qui n’est ni sur Aliaénon, ni sur Yuimen. Ici la magie est interdite mais Akihito s’en est servi pour s’en prendre à Silmeria, provoquant chez notre hôte qui n’a rien demandé une petite crise de panique. Le plus important pour l’instant c’est que Akihito éloigne la tête du Dragon Noir d’ici avant qu’elle ne reprenne sa taille normale et qu’elle nous écrase tous. »

Ce bref résumé fait je monte à mon tour les escaliers pour rejoindre le rez-de-chaussée pour voir le fulguromancien foncer vers une vitrine du magasin de vêtements dans lequel nous avons atterris.

[Jorus Kayne]

Faisant rempart de mon corps et le propriétaire des lieux désirant sortir rapidement d’une situation qui le dépasse, l’union des deux ne peut donner naissance qu’à un choc. Forcé de reculer d’un pas, par la confiance qu’il a de passer, Dantes fait de même. Il pense cependant que c’est là une sorcellerie ou un malheur qui s’abat sur et…sa fille ? Bon, il faut avouer qu’elle a l’âge pour cela, même si rien n’empêche l’union entre deux âmes qui s’aiment, ou des beaux-parents qui aiment l’argent au point de marier leur fille. Bref, un père et sa fille. Je note cependant la réaction. En aucun cas, il ne pense qu’un être se tient devant lui. La magie est si mal vu et son utilisation proscrite au point où il serait aisé de se méprendre. Si on fait croire qu’un homme invisible est un rempart insurmontable, alors que peut-on faire croire encore ? Pouvons-nous laisser croire qu’un enfant possède des pouvoirs sur la chair si je me mets à ligoter Dantes en étant invisible ? J’y pense, Si mes fouets s’échappent à plusieurs mètres de moi, deviennent-ils visibles ? L’heure n’est pas à la question. Du monde arrive à commencer par Naral et le Woran.

(Tous deux semblent bien s’entendre, à croire qu’ils sont félin pour l’autre !)

(…)

(Tu n’aimes pas ?)

(C’est trop téléphoné !)

(Thé-lait-faux-nez ?)

(Misère !)

Préférant laisser ma faéra à ses lamentations personnelles, je porte mon attention sur Akihito, le nouvel arrivant. Ou devrais-je dire LES nouveaux arrivants. Alors il y a certes, Mathis qui arrive, mais Akihito et l’énorme truc pendouillant qu’il transporte. C’est un Ynorien, donc bien entendu qu’il ne s’agit pas d’une partie de son anatomie pour être si grosse. Non, c’est la tête du Dragon noir qu’il détient. Cette même tête en possession de Silméria il y a peu. A-t-elle décidé de la confier à Akihito ? J’en doute, au vu de la tension entre eux. D’ailleurs, j’ai cru comprendre qu’il s’est produit quelque chose, en voyant Dantes rappliquer si vite et ma première supposition a été un usage de la magie. Mais si Akihito a usé de magie contre les jumelles, comment est-il parvenu à monter avec la tête, sans une seule blessure, moi qui pensais le revoir à l’état de sushi ? Aurait-il eu de l’aide ? Je doute que Xël ait fait quoi que ce soit. Une autre personne serait arrivée ? Ou alors il aurait vaincu à lui seul, les deux femmes ? De sa seule magie ?

Pour l’heure, l’urgence est à sortir cette tête du bâtiment. On est dans une merde noire si elle continue de grossir à l’intérieur et nous avec. C’est d’ailleurs pour cette raison que Mathis demande au responsable d’ôter le sort qui empêche toute sortie. Cependant, l’Oranais ne compte pas attendre aussi longtemps et je le comprends. Prenant en compte ses possibilités, il opte pour une autre voie, en passant au travers de la vitrine.

Je pourrais me dévoiler, montrer qu’il n’y a aucun sortilège et que l’on peut sortir sans encombre. Cependant, nous sommes dans une cité qui, au descriptif que nous avons eu, va nous voir d’un très, très mauvais œil. Si Dantes se fait capturer et interroger, il fera l’identification de chacun de nous. Rester hors de sa vue sera un avantage non-négligeable. Je n’ai pas non plus l’envie de montrer à Naral que je possède la capacité d’être totalement invisible. On ne sait jamais avec lui.

Alors pour continuer à rester tel quel, je profite que Mathis demande à arrêter le sort qui bloque le chemin et que l’attention soit portée sur Akihito et son brisage de vitrine, pour poser une main sur la porte et attendre le moment du choc pour ouvrir doucement la porte et sortir à l’extérieur.

[Leyna]

La tête du dragon commençait à grandir, comme si le monstre était en train de se réveiller. S'il reprenait sa taille initiale, ils seraient tous écrasés ! Akihito le ramassa et se rua vers la sortie.Tout ce qui se passait était incompréhensible, mais l'urgence était de se débarrasser de cette menace. La jeune femme se lança à sa suite. En haut, il avait été arrêté par le marchand, toujours hystérique. Apparemment, la porte était bloquée. C'était bien leur veine !
Dans la foulée, le fulgomancien se précipita vers une vitrine à un vitesse surnaturelle. Leyna se précipita à sa suite et s'interposa devant le marchand :

« Point ne vous accusera de ce qui se passe ici ! Car tous s’accorderont sur notre propre responsabilité ! Nous allons partir et emmener le mal avec nous, et alors, vous aurez la paix. »

Et dans la foulée, elle se recula, prête à aider son compagnon si celui-ci ne parvenait pas à sortir de la masure.

[Dracaena Paletuv]

Encore pas mal déboussolé, j'écoutais aussi attentivement que possible ce que Xël avait à dire. Saisissant mon visage dans mes mains, mes pensées s'échappèrent à haute voix:

"...Okay, donc encore un nouveau monde qui est pas Yuimen, je vois je vois. Et s'quoi ce nouveau monde? Pareil, s'qui notre hôte? La magie est interdite ici? Quoi?! Et c'était quoi ce portail qui nous a aspiré? Qui j'dois baffer pour ça? Et Aki et m'dame Silméria se sont battu en plus? Elle va s'en sortir d'ailleurs, elle a pas l'air bien. Ou si? Et c'est qui les autres gens? C'est eux les hotes? Pourquoi j'ai vu une personne super poilue? Bon sang d'bonne sève, s'quoi encore ce bordeeeel?!"


J'écartai les doigts, mon attention attiré par un visage que j'avais l'impression de n'pas avoir vu depuis longtemps:

"Ah, et Yliria... t'es réveillée! Content d'te voir debout. T'en a zappé des choses, mais avant tout, dans quel état t'es? T'es restée dans les vapes assez longtemps, et d....

........

Attendez...

Z'avez bien dit... que la tête du Dragon reprend sa taille normale?

La?

Ici?"



Je me redressai lentement, m'époussetant au possible, et ramassant mes affaires au sol.

"...Y a plein d'truc que j'ai a d'mander, ou à me plaindre, et tout et tout mais... La tête du Dragon reprend sa taille normale...
Bon bah, Y a un plan plus précis ou Akihito va juste filer vers l'inconnu de ce monde qu'est pas Yuimen ou Aliaénon avec la tête du DEVOREUR D'ÂME dans sa poche?
Nan, pas'que, j'comprends l'urgence hein, mais... ça va mal se finir j'pense. "



Je plongeai ma main dans ma besace, faisant danser les runes entres mes doigts.

"Hmpf, sur'ment pour ça qu'il m'a d'mandé d'faire gaffe à ça... Okay, dans s'cas, très rapid'ment:
1: C'est qui notre "hôte"?
2: La magie est interdite parce qu'elle fait n'importe quoi comme sur Aliaénon ou c'est une raison plus stupide (et j'l'espère, moins dang'reuse)?
3: Y a quoi la haut?"
concluais-je en pointant du doigt les escaliers de pierre au fond de la pièce. Mes yeux bifurquèrent rapidement entre Yliria et Silméria, craignant que la situation déjà confuse ne dégénère encore plus au vu du passif des deux femmes de sang.

Keeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerf... Décidément, y aurait pas d'repos pour cet oudio. Et pourtant... et pourtant... Héhéhé...

[Yliria]

je ne comprenais absolument rien. Aki m’avait savamment ignoré – ou pas vu - pour courir au-dessus, suivi d’autres que je ne connaissais absolument pas et n’avais jamais vu, dont un woran et une elfe bleue. Et là Xël me fit un résumé aussi concis qu’incompréhensible qui me laissai avec plus de questions que de réponse, tout en emportant une Silmeria inconsciente de par une attaque d’Akihito. Aucune trace de Jorus, il y avait une enfant, on était dans une cave et…

(Bordel ma tête…)

Accroupie et la tête entre les mains, j’entendis soudainement Dracaena commencer un monologue qui m’appris que je n’étais pas la seule à ne rien comprendre à ce qu’il se passait. J’aurai bien aimé savoir quand, comment et pourquoi on avait réduit le dragon noir à une tête dans une poche et pourquoi elle grossissait de nouveau, mais vu que tout le monde avait décidé de se tirer vers l’étage, autant m’asseoir sur mes réponses comme je le fis avec le sol froid de la cave.

« Contente de te voir aussi, mais parle moins fort, Dracaena, par pitié, j’ai un de ces mal de crâne… »

Je retins quand même que la magie était interdite, restait à savoir pourquoi, et qu’Akihito ne m’avait pas ignorée sciemment, mais qu’il fallait foutre la tête qui grossissait loin d’ici. Restai à savoir quoi faire maintenant, parce que pendant que Xël emmenait Silmeria sur son épaule, je perdrai toute source d’information un minimum renseignée. Au moins je pouvais éclairer Dracaena sur quelques trucs…. Je crois.

« Le poilu c’est un woran, une race de Yuimen. Un peu comme des tigres bipèdes… avec les griffes et tout. »

C’était pas plus con qu’un arbre brûlé qui parle en plus, je vois pas ce qui el surprenait.

« Et Silmeria l’a sûrement méritée, encore une fois. Avec la chance qu’on a c’est elle qui nous a entraîné ici en voulant faire je ne sais quoi avec la magie d’Aliaénon. »

Ce n’était pas plus idiot qu’une autre théorie. Et ça faisait sens. En quelque sorte. Restait à savoir quoi faire maintenant. Je me mis à fouiller mes affaires pour boire une longue gorgée d’eau. J’avais soif. Et faim aussi.

« J’ai rien pigé aux explications de Xël. »

Bah, s’il savait expliquer des trucs, ça se saurait, de toute façon…

[Silmeria]

« Quelle ironie… Après tant de meurtres, d’attaques en traître, le sort te rattrape enfin. Le linceul glissera bientôt sur toi, Silmeria. »

Pardon ? Ah oui ça y est. Je pète complètement une dentelle. Je suis folle. A lier. Folle alliée. Folle comme un chapelier. Z'ai pas de chapeau mais ils veulent bien me le faire porter. Comme ils sont mignons à débattre ainsi mais je ne suis pas encore froide et cette voix elle ne vient de personne, à moins que la petite Itulë ne soit elle aussi dotée d'une double personnalité ?

C'est Xël qui refile le cadeau empoisonné à Akifurry qui se carapate à l'étage, j'entends des bruits, des explications, la voix de Gloria et le craquement de vieille porte qui grince quand Drac communique avec ses cordes vocales en lierre. Une compote de son qui parvient à mes oreilles et qui n'a rien à voir avec le son net et précis de ce murmure. Ce n'était pas la voix de Hrist ni celle de Cèles. J'étais portée comme un vulgaire sac sur l'épaule de Xël qui au moins avait continué à montrer sa loyauté.

Je sentais les marches me faire rebondir sur son épaule et je priais pour ne pas vomir.

[Ezak]

J’étais bien ! Aussi bien que l’on pouvait se sentir lorsque l’on profitait d’un repos réparateur. Je me laissai aller, sans pression. J’avais bien mérité ce repos éternel qui s’offrait à moi. Je ne pensais pas que l’on pouvait être si soulagé de mourir. Sans doute avais-je fini par céder à cette lassitude qui s’emparait déjà de moi depuis la fin de la guerre. Il fallait être un raté, et n’avoir pas d’autres échappatoires pour apprécier une vie d’aventure et d’errance. C’était fini pour moi, j’avais tiré ma révérence… Alors je me laissai sombrer encore plus profondément. Que ce monde me laisse… Je partais en héros, en guerrier. Je ne lui devais rien.

Dormir…

Mais au loin, des bruits sourds me parvenaient. Un brouhaha, un boucan presque imperceptible, qui me ramenait à la conscience.

Mais bon sang, qui pouvaient être ces impudents qui osaient troubler mon repos ? Qui pouvait faire autant de boucan un jour de gloire ? Oui, de gloire ! Je mourais en laissant derrière moi mon nom dans les chroniques. Bientôt, je finirais dans le Mausolée des Héros, à jamais honoré pour des siècles et des siècles. L’Histoire… C’est important pour un kendran, la postérité. Mais quelque chose, ou des choses, s’évertuaient à faire un boucan monstre au loin.

Un sentiment d’agacement léger commençait à poindre en moi avant de laisser place à de l’incompréhension.

Un tel charivari dans une crypte que j’avais nettoyée de son mal ? L’incohérence de cette pensée me fit ouvrir les yeux. Surprise et stupeur. Je n’y étais plus... Je regardai tout autour de moi, la tête lourde. Je ne reposais plus dans ce charnier d’os. J’étais sur un sol dur, dans une bâtisse. On m’aurait tiré des profondeurs de la crypte et ramené à Akinos ? Freida ?! Je lui avais pourtant interdit de s’impliquer. Non… J’étais sur un sol froid, j'avais le corps encore poussiéreux, et mon sang avait séché sur mon armure et ma peau. Comme si cela faisait des jours que j’avais affronté la dépouilles d'Aaron et les forces nécrotiques de la crypte. Qui aurait pris la peine de me tirer de là sans me laver ? Sans me coucher dans un bon lit ? Alors j’étais prisonnier ! Non... Impossible ! Emprisonné avec toutes mes armes ? Ces geôliers seraient bien stupides ! En plus, j’avais encore la main sur le casque d’Aaron comme si je n’avais pas bougé de la grotte, mais je n’y étais pas.

Je me relevai lourdement. J’avais soif, comme si je n’avais pas bu depuis des jours. Et peut-être n’étais-je pas loin de la réalité. J’attrapai ma gourde et laissai le liquide tomber dans ma gorge, me désaltérant comme jamais. Et pendant que je buvais, une voix non loin employa des mots qui résonnèrent dans mon crâne avec force. Silméria ? Aliénon ? Xël ?

"Quoi ? Mais qu'est-ce que...?"

Étais-je en Enfer ? Cette suite de noms n’avait aucun rapport entre eux dans ma tête. Quel rapport entre l’Irrévérencieuse, un monde maudit et un brave kendran ? Sans doute étais-je encore dans l’hallucination du poison… Et pourquoi cette voix précisait-elle « sur Yuimen » ? Je n’étais quand même pas de retour sur ce monde de merde, honni des dieux, du bon sens ? Je n’étais pas revenu sur Aliénon quand même ? Je haïssais ce lieu probablement autant que j’avais pu haïr Omyre. Cette pensée eut le don de déclencher en moi un frisson de dégoût qui me réanima complètement. Je mis le casque d’Aaron sur mon crâne, rangeai l’ancien dans mon paquetage et j’ouvris la porte qui se trouvait dans la petite pièce où je me trouvais. Une autre pièce s’offrit à moi, plus grande, éclairée par une torche. Nous semblions être dans une cave. Oui, "nous" car je n’étais pas seul.

Je fus estomaqué de tomber face à un être étrange, un arbre à moitié calciné qui semblait se mouvoir. Un oudio ? J’avais déjà entendu parler de tels êtres, mais je croyais presque que c’était une légende. L’autre personne m’était étrangement familière. Une elfe noire, du moins, une demi-elfe au vu de ses traits. Elle ressemblait à quelqu’un que j’avais déjà vu, mais je n’en étais pas sûr. Mon cerveau hésitait. J’étais troublé, n'arrivant pas à mettre le doigt sur l’identité de cette personne mais j'étais à moitié persuadé de l'avoir vu quelque part, lors d'un évènement important. Mais la chose qui me choqua le plus, c’était sa cape.

Non,non,non,non,non impossible ! Si ! Je ne pouvais pas me tromper. Il y avait en ce monde des objets exceptionnels et uniques, j’en étais moi-même bardé. Cette cape, je ne pouvais l’oublier puisqu’elle avait appartenu à Mongoor Vlash, celui-là même dont je possédais le sabre et l’armure. Cet ennemi puissant que nous avions vaincu avec Maxasnith, Naral, sa sœur Amaltia, et Tathar. Et c’était ce dernier qui en avait hérité. Alors pourquoi, par la barbe de Neran Ier, la cape de l’un de mes plus vieux amis se trouvait sur les épaules d’une semi-shaakt ? Mes pensées traversèrent ma bouche :

« Bon sang, pourquoi parlez-vous d’Aliénon, de la Régicide et d'Almaran ? Et pourquoi la cape du dragon mauve se retrouve-t-elle sur vos épaules ? »

[Mitya]

Étrange. Il n'y avait pas d'autres mots pour décrire cette situation. Alors que je sortais tout juste d'Anorfain avec Ihlir voilà que je tombais sur un tas de champignons qui m'étaient inconnus. Jusque là, rien d'anormal en soi. Non, ce qui est étrange en revanche c'était ce portail qui était apparu juste après avoir cueillit ce champignon.

C'était flippant et grisant à la fois. Je regardais l'objet de ma cueillette, avançant vers ce qui semblait être la seule issue tout en me questionnant sur les capacités incroyables que ça représentait.
Trop obnubilée par mes pensées je ne vis point la porte m'arriver en pleine face.

« Aïïïe !!! »

J'ouvris la porte, portant ma main à mon front, gardant ce champignon dans l'autre avant de me figer. Un endroit inconnu. AVEC des inconnus. Des inconnus et... Un arbre ? Un arbre qui bouge, un Oudio ! Le premier que je croise.

« Incroyaaable ! »

Me sortant de mon admiration, un kendran se mit à balancer des noms tous plus inconnus les uns que les autres, me ramenant à la réalité et au stress qu'elle représentait. Donc, un endroit inconnu, avec des inconnus pour le moins étranges et enfermés dans une pièce ? Nerveusement, je me mis à triturer ce pauvre champignon qui n'avait rien demander avant de compter les issues.

(Deux. Avec un peu de chance et de discrétion je pourrais reprendre la porte d'où je viens et retourner près d'Ilhir.)

Je mis une main sur la poignée en inspirant un grand coup avant d'ouvrir à nouveau cette porte mais en sens inverse espérant ne pas être remarquée.

[Cromax]

La Cité des Ombres
???

Jour 1 – début d’après-midi.

Au rez-de-chaussée, l’afflux sans cesse plus grand d’aventuriers paumés rendait à l’endroit une ambiance encore plus bordélique, chaotique, tant visuellement que sonorement. Naral Shaam ne répondit que d’un soufflement mi-rieur mi-agacé à Mathis qui l’accusait à demi-mot (ou complètement), d’avoir lancé un sortilège sur la porte. De toute façon le blond kendran tourna les talons pour aller éperonner la demoiselle des lieux, suivi de près par son chat, et Pas-Son-Chat. Celle-ci regarda les deux olibrius avec un air offusqué, et clama en réponse :

« Fanielle ! Fanielle Dantes. Par les tréfonds, quelle familiarité ! Seuls mes amis m’appellent Fanny. »

Elle fait une moue vexée, mais tâche de répondre aux questions posées.

« Il se passe le quotidien, jusqu’à ce que vous débarquiez. Si Ashaar peut vraiment se targuer d’avoir un quotidien. Montfort, c’est un bourgeois des Voies Hautes. Comme D’Esthalor d’ailleurs. Et il fait jamais bon d’avoir à faire à eux. »

Elle regarde la boutique d’un air dépité.

« Même si là… ça demandera bien ça pour faire taire le vacarme de votre apparition. »

Et se tournant vers le chat-homme sombre, le dévisageant au passage :

« Non, désolé, personne à votre tête ici. Y’en a bien qu’ont des poils sur la face, y’a qu’à voir mon père, mais personne a vos oreilles ou… votre… museau ? »

Elle continue de lorgner sur la tête d’Huyïn jusqu’à ce qu’un bris se fasse entendre. Bondissant héroïquement sur la vitrine barrée de tissus pendus, Akihito se lance avec une vitesse et une agilité incroyable au vu de son chargement. L’assaut est fluide, l’exécution parfaite. Il passe à travers la vitre comme si elle-même avait accueilli son sort. Au lieu de se répandre totalement, seule sa silhouette y reste, trou dans le verre. Et les éclats qui glissent au sol dans un son cristallin ne l’ont guère blessé. Pas plus qu’il ne s’est pris les pieds dans les linges éparpillés. Les pans de tissus se sont comme écartés sur son passage. Le voilà donc dans la rue, si on peut appeler ça une rue. La boutique donne sur une sorte de coursive large, une sorte de balcon démesuré donnant sur un vide vertigineux et… entièrement urbanisé. L’étage où ils se situent a l’air plutôt huppé, au vu des constructions massives et ornementées qui s’y trouvent, même si la boutique est carrément plus modeste. En contrebas, une énorme artère grouille de monde.

Là où il est, et c’est une chance inespérée, aucun témoin. Aucun passant, aucun garde, grouillot, gueux ou nobliau pour observer sa sortie. C’eut été, sans doute aucun, des plus gênants. D’autant que la tête du dragon, il est forcé désormais de la lâcher, ou de la retenir, mais plus de la porter : elle a maintenant la taille d’un humain adulte, prête à choir au sol.

Jorus ne tarde pas à le rejoindre. L’action d’éclat d’Akihito lui a bien servi de couverture, et le pan de métal et de verre se referme doucement, sans un bruit, derrière lui. Il a également vue sur la cité incroyable qui s’étend sous eux, et qui pourtant ne semble pas avoir de ciel : les niveaux sont nombreux encore au-dessus d’eux, et se perdent dans la brume et la fumée sans indice d’un quelconque soleil.

À l’intérieur, Bergeac est pantois, et répond à Leyna d’un ton abasourdi.

« Je… Disparaissez d’ici. Tous. S’il vous plait. »

Il a l’air soudainement abattu par la situation, tout ce qui arrive. Il recule, s’adosse à un mur, le regard dans le vague. Naral lui passe devant sans un mot, jetant un regard d’or vers Huyïn, comme une invitation silencieuse à le suivre, et… ouvre la porte sans aucune difficulté. Il ne prête même pas un regard à Akihito une fois à l’extérieur.

Xêl, arrivé entre-temps à l’étage, est témoin de tout ça, Silmeria hissée sur ses épaules. Itulë a apparemment choisi de ne pas le suivre, restant à la cave avec les autres…


Dans cette fameuse cave, l’afflux continue. La jeune elfette a effectivement décidé de rester au rez-de-chaussée contre les indications de Xël. Elle s’approche d’un Dracaena décidément prolixe et saisit l’une de ses mains-branches. Alors qu’Ezak passait la porte du portail, tout interrogateur, elle répond aux interrogations de la semi-elfe et de l’oudio d’une voix fluette et posée. Les larmes ne semblent plus au rendez-vous, même si elle préserve une mine inquiète.

« Il faut se calmer, monsieur l’arbre. Le bruit c’est dangereux ici. On est chez un monsieur qui s’appelle Bergeac Dantes. Il a dit que la magie était interdite par un… ordre ? L’ordre du Soleil Noir. Et les Chevaliers des Cieux, aussi. Qu’on lui attirerait des problèmes en se faisant remarquer. Et… »

Elle fait une moue dépitée.

« Ben apparemment ça a pas suffi : y’a un type en armure d’écailles qui a foudroyé la gentille elfe. La méchante a disparu, et l’autre est tombée toute raide au sol. Le monsieur avec sa grosse armure l’a emmenée là-haut. Bref, la magie a été utilisée, et y’a la tête d’un dragon qui grandit à vue d’œil dans les bras du manieur de foudre. Puis ils sont tous partis là-haut. »

Elle observe l’escalier.

« Je sais pas ce qu’il y a là-haut, mais c’est sans doute plus dangereux qu’ici, vu ce que le patron borgne a dit. Et avec le boucan qu’ils font, ça va sans doute bientôt l’être encoooore plus. »

Elle regarde vers Xël, sans pouvoir répondre à ses interrogations, mais s’attarde sur l’elfe à la chevelure immaculée qui vient d’apparaître et tente de fuir la cave par la porte par laquelle ils sont tous arrivés.

« Et elle, c’est qui ? Vous la connaissez ? »

Mitya, elle, a réussi à ouvrir la porte sans mal. La pièce qui s’ouvre à elle est plongée dans l’obscurité, que seule perce le seuil sur lequel elle se tient, y faisant pénétrer un rai de lumière dévoilant quelques formes : des tonneaux, caisses. Des arches de pierre et, à l’opposé, une plus grande porte. Une double porte. Une autre cave, moins vide celle-ci.

[HJ : A vous ! La prochaine màj obligatoire est le 7 septembre, mais si vous vous chauffez avant on peut encore faire un tour ou deux. ^^]

[Yliria]

Je me redressai un peu en entendant la porte derrière nous s’ouvrir. A peine le temps de me retourner que le type qui en sort, un blond au visage contrit et pédant m’alpague comme si je lui devais quelque chose. Le fait qu’il connaissait ma cape et que ça l’énervait était quelque peu curieux tout de même. Je ne le connaissais pas, cet humain, pourquoi il venait me chercher des noises à peine débarqué sur ce monde ?

« Parce que les deux étaient sur Aliaénon. Et nous aussi. Et qu’on n’y est plus. Et j’ai cette cape sur les épaules parce qu’à la ceinture ce serait vachement moins pratique. Vous êtes qui de toute façon ? »

J’avais posé la main sur la garde de Stellarhys, dénudant le haut de ma lame au cas où il tenterait quelque chose, mais la voix de la jeune elfe me fit plutôt tourner la tête vers elle. Elle m’offrit enfin quelques réponses, bien que succincte. Je l’observai une seconde et rengainai ma lame en lui souriant. Elle semblait apeurée par la situation, ce qui n’avait rien d’étonnant si elle venait elle aussi de Yuimen. Je me décalai légèrement pour être entre elle et l’humain énervé, juste au cas où. Je m’adressai à la jeune elfe.

« Merci pour ces informations. Tu veux venir avec nous ? On ferait mieux de ne pas traîner ici trop longtemps. »

Cela valait aussi pour Dracaena et l’autre humain. Et l’autre elfe, également. Une Eruïone ? Je n’en avais pas vu depuis ma visite au Naora, cela faisait longtemps, mais le teint de sa peau ne laissait guère de doute.

« Non, je ne la connais pas, mais j’imagine qu’elle est arrivée là comme nous. »

Et elle était visiblement assez curieuse pour ouvrir la porte qui débouchait vers une autre cave avec une autre porte. J’avais envie de rejoindre Aki et de grimper les escaliers, mais ça m’ennuyait de laisser les autres en plan. Je m’adressai donc aux quatre personnes présentes.

« Je m’appelle Yliria, et n’ai aucune idée de ce qu’on fait ici, mais d’autres personnes de Yuimen sont à l’étage, il serait peut-être bon de les rejoindre et de savoir où on se trouve. Ne serait-ce que pour quitter cette cave.»

[Xël]

Mais enfin pourquoi il ne prend pas la porte ?

Je dépose Silmeria sur le sol pour rejoindre Akihito à l’extérieur, préoccupé uniquement par la taille du crâne draconique qui fait à présent ma taille. L’extérieur, si on peut le qualifier ainsi, m’a l’air d’être plutôt une succession de bâtiments empilés les uns sur les autres me donnant l’impression d’être écrasé. Impossible de discerner le ciel à travers la brume et la fumée de cette étrange cité dont je comprends désormais le sens de son nom.

En contrebas en revanche je peux voir une large avenue grouillante de monde, soit la population de la cité est élevée soit il s’y passe un évènement particulier. Même la rue principale de Kendra Kâr n’est jamais aussi bondée.

« Lâche la tête ! Tant pis pour la discrétion, si on ne fait rien la tête va détruire toute la rue ! »

Dis-je à l’attention du fulguromancien avant de me concentrer pour la soulever du sol grâce à la magie et la déplacer vers le vide au dessus du gouffre. Assez loin de nous pour être hors de sa portée quand elle reprendra sa taille normale et plus haut pour que personne ne suspecte notre étage et la boutique de Dantes une fois qu’elle sera repérée. Je prends en même temps soin de ne pas m’approcher trop du bord pour ne pas être vu par les passants en bas.

« Je ne veux blesser personne. Est-ce que tu arriverais à attirer leur attention pour qu’ils aient le temps de fuir la rue avant que je ne laisse tomber la tête en bas ? »

Demandais-je à l’Ynorien en restant concentré sur ma magie.


(( Utilisation du sort rp Telekinesie rang ultime pour soulever la tête et la maintenir assez loin au dessus du vide.))

[Mathis]

Je répondis à Fanniel.

"Désolé pour la familiarité."

Pendant ce temps, Akihito avait passé à travers la fenêtre et était sorti avec la tête du dragon qui devenait de plus en plus encombrante.

Puis comme réponse à la demande de Dantes, je me contentai d'hocher la tête et de sortir de la boutique à la suite de Xël qui venait de faire irruption d'en bas.

La tête du dragon avait à présent notre taille et n'était pas prête d'arrêter de grossir. Xël proposa alors de jeter la tête en bas et demanda à Akihito de faire diversion afin qu'il laisse tomber la tête. J'intervins alors auprès de Xël

"Au lieu de la laisser tomber, te serait-il possible de la faire descendre doucement. La tête est tellement grosse qu'elle va faire diversion d'elle même et cela donnera le temps aux gens de libérer la place."

Cela dit, je regardai en bas, scrutant attentivement les lieux, cherchant un gouffre à boucher.

((( Utilisation de la capa rp Pistage, afin de trouver un trou en bas. )))

[Ezak]

La réponse de la semi-Shaakt à mes questions était pleine de désinvolture. Si elle satisfaisait mes interrogations au départ, en m'apprenant qu'ils — j'imaginais que cela concernait aussi l'Oudio — étaient sur Aliénon avec Almaran et l'Irrévérencieuse, je notai également la conjugaison au passé de sa phrase, ce qui me rassura. Nous étions donc sur Yuimen et non dans cette bouffonnerie géante qu'est Aliaénon. Néanmoins elle ne me répondit pas clairement à ma question sur la cape, tout en faisant usage de sarcasme :

« Et j'ai cette cape sur les épaules parce qu'à la ceinture, ce serait vachement moins pratique. »

Merveilleux ! J'étais tombé sur la comique du coin ! Je doutai qu'elle n'eût pas réellement compris ma question et je devais avouer que ce jeu de dupe m'agaçait quelque peu. Cela me fit lever un sourcil, d'autant que sa main s'était rapprochée de sa garde comme si elle se méfiait.

Je n'eus pas encore eu l'occasion de lui répondre qu'une petite voix se fit entendre dans la pièce. Je tournai mon regard vers elle pour apercevoir une petite qui s'approchait de nous pour s'accrocher aux... branches ?... de l'Oudio et lui demandait de se calmer.

Alors, elle nous fit un résumé de ce qu'elle savait et il s'avérait qu'elle avait un paquet d'informations à partager. J'appris le nom du propriétaire des lieux, que la magie y était interdite par un « Ordre du Soleil Noir » et les « Chevaliers des Cieux ». Le reste était un peu plus... confus. L'un avait foudroyé une elfe ou deux. L'une se serait volatilisée, une autre se serait écroulée et le type agressif aurait une tête de dragon qui grossissait entre ses mains à vue d'œil et tout ce petit monde serait monté à l'étage. D'accord... Soit cette petite avait consommé des drogues puissantes, soit j'étais tombé dans une maison de fous. Elle paraissait en tout cas vraiment apeurée à l'idée de monter là-haut, craignant que le raffut causé ne nous mette en danger. Et si ce qu'elle racontait était vrai, elle avait raison d'avoir crainte. Elle me regarda un instant avant que son attention ne soit détournée par une autre présence. Il y avait là une elfe, un peu étrange. Je savais qu'il y en avait de toutes sortes, mais je n'en avais jamais vu de telle. Avec sa peau mate et ses cheveux immaculés, elle avait presque l'air d'une Shaakte un peu diluée. Une métisse Shaakt, elfe blanche ? Bref... Qu'importe. Elle avait l'air encore plus paumée que nous autres, ouvrant la porte par laquelle nous étions entrés et par laquelle on pouvait apercevoir au loin une double porte.

À la question de savoir si je la connaissais, je me contentai de lever les épaules. La semi-Shaakt remercia la petite pour les informations et nous proposa de monter rejoindre d'autres Yuimeniens au rez-de-chaussée -

(Mais pourquoi s'évertue t'-elle à préciser « Yumenien » ? N'est-ce pas ce que nous étions tous ? Il y a t'il des gens d'Aliaénon qui seraient venus avec eux sur Yuimen ? )

- pour tenter de sortir d'ici et de savoir où nous nous trouvions, avant de se présenter comme étant Yliria. Ce nom, je le connaissais. Il était connu sur tout le continent, tout comme le mien et à peu près pour les mêmes raisons. Alors elle venait de là, mon impression de déjà-vu. J'avais dû la voir à Kochii dans la bataille finale contre Oaxaca. Pourtant, j'avais beau regarder la jeune femme, je restais incertain. Son image ne me revenait pas clairement.

« Yliria ? Comme l'héroïne de Kochii ? Je suis Ezak d'Arkasse, Chevalier de la Cour kendranne, j'y étais aussi. Et vous pouvez vous détendre, nul besoin de chercher la proximité de votre garde. Je n'ai jamais eu l'intention pas m'en prendre à vous.» dis-je calmement.

« Et puis ce n'est pas comme si vous auriez pu faire quoi que ce soit contre moi de toute façon... » dis-je un peu plus bas, commentant comme pour moi-même, toujours aussi confiant quant à ma supériorité martiale.

Je repris plus haut :

« La cape que vous possédez, j'ai fait partie de l'expédition qui a éliminé celui à qui elle appartenait à l'origine, tout comme mon armure et mon sabre lui appartenaient aussi. C'est un ami, dont j'ai perdu la trace, qui en avait hérité, alors comprenez mon incompréhension quand je vois cette partie de mon histoire personnelle sur des épaules inconnues. Je cherche juste à savoir ce qui a pu arriver à un frère d'armes qui m'est cher... Alors ce n'est pas la peine de me prendre de haut ! » dis-je tout aussi calmement mais avec une pointe d'agacement sur ma dernière phrase.

Je me détendis, revenant aux priorités.

« Mais soit, je comprends qu'au vu de ce qui vient de nous être rapporté, il y a plus urgent pour le moment, alors nous verrons ça plus tard. Vous avez tous l'air aussi à l'ouest que moi et si la jeune dit vrai, et qu'il y a un tel raffut, cela risque de ramener des entités dont on ne connaît ni la nature, ni les effectifs, ni leurs véritables intentions envers nous. Ce qui est sûr, c'est que si nous... si les personnes là-haut ont commis un interdit, ils ne risquent pas de nous accueillir les bras ouverts. Il serait peut-être judicieux de s'assurer si il existe une solution de retraite dans cette cave. Nous devrions unir nos forces. »

Je tournai ma tête vers l'elfe qui à la chvelure blanche qui venait de faire son apparition.

« Vous ! Je ne sais pas comment vous vous appelez mais vous ne voulez pas vous rendre utile et regarder s'il n'y a pas un passage dérobé quelque part derrière cette porte au fond de la salle et venir nous prévenir si jamais c'est le cas pendant que l'on va voir ce qui se passe là-haut ? » Une demande un peu dirigiste, j'en avais conscience, mais rien ne l'obligeait à obéir. Je n'étais pas son supérieur, ce n'était qu'une suggestion.

Je jetai un dernier regard à la petite elfe et lui souris d'un air confiant dévoilant toutes mes dents, pour la rassurer.

« N'aie pas peur petite. Avec moi, il ne t'arrivera rien, je n'ai pas la réputation de faillir. »

Et sur ces mots, je montai.

[Jorus Kayne]

Je commence à fortement apprécier cette invisibilité que je bénéficie. Nulle personne pour me dire quoi faire, aucune attente à mon sujet, la possibilité d’espionner qui je veux et surtout, la capacité d’agir comme bon me semble, au moment que j’aurais choisi. Je vois la scène qui se déroule comme un véritable spectateur, jouissant d’une pièce de théâtre à représentation privée. Il y a de quoi se faire plaisir avec une pléthore de personnages aussi divers que variés. Un être aux puissants pouvoirs à la hauteur de son passé sombre, tiquant avec un rictus de la bouche sur sa potentielle responsabilité concernant l’unique sortie. Un chat qui le suit de près, aussi perdu que le reste des protagonistes. Un blondinet qui s’inquiète autant du passage de sortie, que de l’état de la belle demoiselle qui, à défaut de paniquer comme le fait son père, explique deux ou trois choses concernant le lieu où nous nous trouvons et qui sont les personnes citées précédemment. Un héros d’un autre monde, portant sur ses épaules la victime de ses actes passés. Enfin, mêlé parmi les individus, un homme d’action, portant à ses bras la tête d’un dragon dont la mort se refuse à lui. Il n’attend pas que le passage se libère et s’en va foncer sur la vitrine avec son colis qui ne cesse de grossir, menaçant d’altérer la structure du bâtiment et par conséquent, l’intégrité physique de ses occupants. Il brise d’ailleurs la vitrine d’une façon peu commune, ne laissant au travers de la vitre que l’empreinte parfaite de sa silhouette. Un passage très remarqué, qui me permet, simple spectateur que je suis, d’ouvrir et de fermer la porte en passant à l’extérieur, sans que nul n’y ait remarqué quoi que ce soit. Comment ne peut-on pas apprécier la magie dans ces conditions ?

(Mmm…et si c’est toi qui étais espionné de la sorte, tu apprécierais autant ?)

(Touché !)

Avoir la possibilité de se rendre où je veux, passant devant n’importe quel garde, sentinelle ou soldat en faction, simplement en étant le plus discret possible, est un don du ciel. Cependant, est-ce une raison pour en abuser comme le laisse entendre ma faéra ? L’heure n’est pas aux questionnements, mais à l’analyse du nouvel environnement qu’est l’extérieure de cette ville inconnue, dans un monde inconnue qui châtie la magie, avec un groupe de voyageurs, dont les seuls à n’avoir aucun pouvoir son simplement classé dans la section : magie absente ou inconnue.

(Donc tu te ranges parmi les mages donc ?)

(Disons que mes fouets ne sortent pas par la grâce divine. Ca m’emmerderait royalement d’ailleurs. D’autant plus que j’ai deux ou trois bricoles magiques sur moi. Pareil pour Mathis et sa capacité d’envoyer son esprit dans un chat. Bref. Si on est attrapé, on est dans une sacrée belle merde !)

(Suffit juste de pas montrer vos pouvoirs et toi tes fouets.)

(Pas sûr que ce soit aussi évident pour tout le monde. Nos mages étaient retenus par l'instabilité provoquée par Aliaénon. Qu'en est-il ici ?)

Nous sommes donc à l’extérieur et, chance inouïe, nul passant n’est présent pour nous voir sortir avec cette tête qui grossit, grossit. Nous faisons face à une coursive large et une ville particulièrement présente. Ce n’est pas tant la présence de bâtiment important qui attire l’œil, même s’il y a de quoi avoir le tournis tant les constructions sont massives. Non, ce qui m’interpelle, ce sont bien les nombreux étages présents. Il y en a en bas, où une artère massive grouille de monde. Une chance qu’on ne soit pas arrivé par l’un de ces bâtiments. Il en va de même pour les hauteurs. Des étages à n’en plus finir, n’ayant que pour cieux qu’un amas de brume et de fumée.

(Eh ba ! Je sais pas où on est, mais y'a rien de très réjouissant !)

(Tu parles de quoi ? Des installations du genre caverneuse avec une ambiance sombre, ou de la chié de personnes potentiellement prête à vous vendre aux différents groupes anti-magie ?)

(Indubitablement, un mélange des deux.)

(Mais...ils font quoi là ?)

Le questionnement de ma faéra vient de l’inquiétude de certains membres du groupe, qui tire sa source du retour à la taille normale de la tête du Dragon. Plutôt que de la laisser grossir et décarrer d’ici le plus vite possible, Xël opte pour un changement bien à lui. Voulant probablement détourner l’attention sur l’espace où nous nous trouvons, il compte faire voler la tête et la laisser tomber dans le gouffre et…ce qui me semble être une rue bondée ? S’il est certes un sauveur sur Aliaénon et un puissant mage sur notre monde, il va s’attirer une tout autre réputation en prenant le risque de faire tomber la tête sur la foule, quand bien même il demande à Akihito d’inciter les gens à foutre le camp. Est-ce une bonne idée ? Pas sûr. En tout cas probablement pas pour les personnes en bas. Mais, qui sait combien d’autres individus vont encore apparaître et combien de temps cela va-t-il durer ? Est-ce que tous les Yuiméniens vont subir ce passage forcé ? Laisser tomber la tête offrira un peu plus de temps à d’autres voyageurs afin de sortir, avant que les forces locales ne comprennent que la tête vient d’ici.

(Si les mages du coup sont aussi prêts à ce genre d’action, tu m’étonnes que la magie soit interdite ici ! En tout cas il aura pas fallu longtemps avant qu'on utilise la magie en pleine rue.)

Nous allons avoir besoin d’un repli et rapidement, avant que l’attention ne viennent sur nous. Je scrute les environs de notre niveau, cherchant un passage sombre et discret pour nous éloigner d’ici, mais porte également attention à d’éventuels hommes armés qui nous poseraient problème.