Esseroth

Avatar du membre
Cromax
Messages : 675
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 20:51

Re: Esseroth

Message par Cromax » sam. 22 oct. 2022 02:33

Cauchemar en Aliaénon : Esseroth IV




Esseroth – Collines Oniriques (Début – Drac)

Eaeria mena Drac’ jsuqu’à un Pachy. Elle y grimpa et aida l’oudio à s’y jucher à son tour. Sans attendre, ils quittèrent la cité, en fin d’après-midi. Il faisait encore assez clair pour voyager sans peine, à cette heure-là. Ils furent vite dans les collines herbeuses, entourés de talus montants et descendants qui côtoyaient d’abrupts éperons rocheux, dont certains étaient ouvertement cernés de blocs de pierres précieuses brutes, vertes ou bleues. Dracaena put constater l’efficacité de cette monture originale : non seulement rapide, elle était particulièrement agile, et sautait ou grimpait sans peine ce qu’un cheval n’aurait pu faire. C’était plutôt cahotant, sur son dos, mais la selle confortable aux étriers solides permettaient d’accuser les chocs avec une certaine aisance : c’était un pli à prendre.

Ils croisèrent tous deux les mêmes animaux que les aventuriers avant eux : Cervidés étranges, monstres difformes, animaux déformés et monstres carrément étranges.

La soirée tomba assez vite, plongeant l’avancée dans une obscurité progressive. Le pachy eut bientôt sa double paire d’yeux verts illuminée, comme si ça ne lui faisait rien de progresser dans le noir. Eaeria, lorsqu’il fut assez sombre, leva les mains et des sortes d’orbes lumineux apparurent autour de vous, au nombre de dix (comme sur son image, COMME PAR HASARD). Ils éclairèrent la voie, assez pour qu’ils puissent continuer.



Esseroth – Collines Oniriques (combat – les z’autres)


Alors qu’Akihito s’encourut pour protéger Silmeria de son bouclier, le corneraure attaqua ce dernier. Sa morsure sanglant échoua sur le lourd bouclier de l’ynorien. Mais ce n’était pas le seul danger poursuivant ce dernier : le fauve l’ayant pris récemment pour cible le suivit avec rapidité. Il percuta durement le jeune homme, éraflant sa main d’une corne ravageuse, heureusement tenue à distance par le bouclier (blessure légère à la main principale). Ça lui permit de plaquer sa rune sur la gorge d’une Silmeria mourante. L’autre assaillant d’Akihito resta sur place, incapable de bouger. Et l’effet fut étonnant : non seulement cela lui fit pleinement reprendre conscience d’elle-même, mais en plus elle fut prise d’une énergie renouvelée (PE au max). Son sang s’arrêta, temporairement du moins, de couler. Si elle était toujours mortellement blessée, il n’en paraissait rien : elle pouvait agir comme si de rien n’était. Enfin… Sauf parler : sa gorge restait arrachée profondément.

Les deux bêtes au corps à corps avec Mathis tentèrent de le frapper avant-même qu’il tente son saut : le premier échoua devant l’agilité du kendran, et le second manqua presque de se vautrer en tentant de lui mettre un coup de queue. Mathis, lui, sentit la magie affluer en lui : il sauta haut, oui, mais retomba sans aucune précision : il échoua au sol entre les deux corneraures qui l’assaillaient, tellement brutalement que ses chevilles lui firent bien comprendre qu’il ne devrait plus trop les mettre à rude épreuve pour l’heure (deux blessures graves aux chevilles).

Le corneraure sous Yliria tenta, à raison, de la désarçonner. Il y parvint d’un vif soubresaut du bassin. La semi-elfe, agile, retomba néanmoins sur ses pieds. Son second ennemi voulut la mordre, et y parvint : les dents s’enfoncèrent dans le poitrail de cette dernière, lui arrachant douleur et sang malgré les écailles (Blessure grave au torse). Elle attaqua alors brutalement… un peu trop sans doute. Dès sa première fente, elle perdit maladroitement son arme qui rencontra une corne trop dure pour elle. Le reste des assauts ne put être mené… L’arme tomba au sol, s’éteignant de tout enchantement, sous elle, pour le plus grand plaisir des carnassiers. Egregor grimaçait, mais ne pouvait se soustraire à sa concentration : il devait, pour l’heure, maintenir celle-ci à travers le champ de bataille pour maintenir Kaar en vie.

D’ailleurs, à ce propos, Sussun fit parler de lui, mais bien trop peu : le sort qu’il tenta sur Kaar le sauva certes de la mort, mais ses blessures restèrent suffisantes pour l’empêcher de se battre. Il resta à genoux, souffrant. Heureusement plus en danger de mort immédiate. Et Jorus intervint là, dans le bousin : arrivant à portée de Kaar en hurlant, il avait réussi à attirer l’attention de son dévoreur : la queue de ce dernier balança à l’arrivée de l’humain, le heurtant en plein buste, coupant sa respiration et sa course, sans trop de mal heureusement (blessure légère au torse).

Puis vint Xël, et ses idées de grandeur. Ses trombes d’air ne furent pas efficientes, trop nombreuses sans doute pour sa maîtrise. Elles eurent au moins le mérite d’exister, faibles et très temporaires, faisant bondir de quelques dizaines de centimètres les créatures du sol, sans plus. Cela aura au moins le mérite d’offrir du temps à ses alliés.

Mais le pire était peut-être encore à venir : des tréfonds des collines un tremblement retentit, une ombre chargea, terrifiante et énorme. Elle rejoignit vite la zone éclairée par le poisson-volant,,. révélant ses traits : un monstre terrible ressemblant de loin aux corneraures. Une bête près de deux fois leur taille déjà massive, aux cornes dorées pointant agressivement vers l’avant. Une peau bleutée recouverte d’écailles, et partiellement d’une fourrure immaculée. Des griffes terribles, une queue menaçante au bout massif… Aucun doute sur l’identité de la créature…


Image
Image
Image



« Cornes d’Or ! »

Cria péniblement Kaar, au sol. Et ça sonnait comme un cri de désespoir. Le monstre légendaire rugit, d’un cri qui fit trembler l’âme de chacun présent. Même les corneraures, qui tournèrent la tête vers lui. Le temps sembla presque s’arrêter. Qu’allaient faire les aventuriers ? Continuer de combattre ? Tourner leurs forces vers l’énorme apparition ? Se plier à son imposante volonté ? C’était leur choix… Lysandre, lui, tournait toujours en rond dans les airs.


[HJ :
Drac : Tu peux RP le trajet, durant lequel on peut, si tu en as envie, faire un aparté avec Eaeria, au moment que tu souhaiteras.
Les autres : la Discussion générale est ouverte pour AU MOINS un tour. Selon vos actions/réactions.

Blessures :
PNJ :
Egregor : ok
Lysandre : ok
Kaar : 2 Blessures incapacitantes au bide.

PJ :
Silmeria : blessure létale à la gorge.
Mathis : blessure bénigne à l'épaule + légère au torse + 2 blessures graves aux chevilles
Akihito : blessure grave au ventre, blessure légère à la main droite.
Jorus : blessure incapacitante à la main gauche, blessure légère au torse.
Yliria : Blessure grave au torse.]


[XP :
Drac : 0,5 (aparté) + 0,5 (autres actions)
Silmeria : 1 (événement traumatisant).]


[Jeu des mots :
Yliria : 2*5 points.
Aki : 3*5points.
Mathis : 1*5 points.]

Avatar du membre
Jorus Kayne
Messages : 346
Enregistré le : ven. 21 déc. 2018 20:30
Localisation : Aliaénon

Re: Esseroth

Message par Jorus Kayne » jeu. 27 oct. 2022 22:00

Esseroth III.
Esseroth IV


Je savais que toute tentative pour empêcher la mise à mort de Kaar se serait soldé par un échec. La distance est bien trop grande pour que je puisse faire quoi que ce soit. Du moins, pas sans détourner l’attention de la bête. Aussi étrange que ma course en beuglant puisse paraître, elle a le mérite d’attirer l’attention du fauve sur moi. Un fait que ne manque pas de me faire comprendre le corneraure, m’affligeant d’un puissant coup de queue en plein buste qui me stoppe net et me force à expulser l’air de mes poumons. Heureusement que j’ai refait mon plastron durant mon séjour chez les elfes dorés, je m’en serais sortie autrement qu’avec une blessure légère sans cela.

(Yli a ordonné à son invocation de soigné l’orc, mais je n’ai pas l’impression pour le moment qu’il soit en état de se battre. … ! Mais c’est quoi ça ?)

Ce qui m’interpelle, ce n’est pas une étrange magie qui fait lever les monstres au-dessus du sol, non. Un tremblement, semblant provenir des lointaines collines, se fait ressentir. D’abord grondement sourd, le bruit terrifiant se meut en une charge claire, à mesure qu’elle se rapproche de nous. Une charge si puissante qu’elle paraît provenir de l’unisson d’une troupe entière de Corneraures. Hélas, c’est peut-être pire qui nous attend. Ressemblant à ces saloperies de fauves, ce n’est pas une horde, mais un unique spécimen qui apparaît à la lumière de la zone éclairée de l’invocation. Un monstre deux fois plus grand que les bêtes contre lesquelles nous luttons pour survivre. Ses cornes sont dorées, de même que les écailles qui parsèment son corps, jusqu’à une queue de castor version extra-large et prévu pour les tatanes massives. J’ai déjà eu droit aux crocs des versions réduites, je n’ai clairement pas envie de laisser un bras devant sa gueule, ni de lui titiller les griffes correctement proportionnées pour son gabarit, mais démesurées lorsqu’elles vous lacèrent les entrailles. Kaar identifie la bête comme étant Cornes d’Or. Un monstre qui aurait déjà fait parler de lui, assez pour laisser transparaître le désespoir dans la voix du jeune orc.

(Et moi qui pensais que ça pouvait pas être pire !)

(Depuis le temps que je te dis que penser c’est pas fait pour toi !)

Pour le moment, les monstres ne sont pas une menace directe, enfin, pas l’énorme monstre doré. D’ailleurs, il aurait plus à Yürlüngür celui-là. Elle aurait certainement aimé dépecer la moindre surface dorée ! Kaar possède une emprise sur ces monstres et Egregor craint pour la vie de celui-ci. Il est impératif que l’un comme l’autre soient en mesure d’utiliser leur plein potentiel. Je profite donc de l’instant qui m’est laissé pour saisir la gourde, à gauche dans mon dos, et répands une dose d’énorme potion de soin sur l’orc ainsi que sur ma main meurtrie. Or, avant que je n’ai le temps de le soigner, la magie du poisson volant d’Yliria le soigne, m’évitant ainsi de perdre une dose précieuse. Je reste cependant sur l’idée de base et soigne la blessure particulièrement grave à mon bras gauche.

De nouveau sur pied, les étranges pouvoirs de Kaar restent un atout particulièrement important pour nous. Pourtant, il semble avoir besoin de rester concentré sur sa magie pour qu’elle soit effective et j’ose croire que le fauve qui me fait désormais face, ne ratera pas cette occasion parfaite de le mordre à mort, s’il en a l’occasion. Si la menace de l’énorme fauve nous inquiète tous, elle est une chance selon les dires de Kaar, qui voit en cette créature un puissant allié.

"Je sais pas ce que vous comptez faire Kaar, mais faites vite ! Je vais m’occuper de celui-ci !"

Ma seconde main étant désormais disponible, je dégaine ma dague de glace. Je ne suis pas capable d’user de deux armes à la fois face à un adversaire comme d’autre, mais si un ennemi venait à surgir, je serais cette fois-ci en mesure de les affronter. Ma pourfen’dent est mon arme la plus terrible et c’est avec elle que j’espère mettre fin à la vie la créature qui me fait face. Un ennemi qui n’a d’autre envie que de se servir de moi pour se remplir la panse. Si j’apprécie grandement de voyager à dos de monture singulière, de pénétrer dans des lieux uniques, l’estomac d’une bête n’en fait en revanche pas partie. Je compte en finir en une fois, gorgeant mon bras de mon énergie qui se tarit petit à petit. Qu’importe, être à court de force est toujours préférable qu’être à court de vie. Je pourrais bien sûr sauter sur le côté pour éviter une attaque et me placer favorablement pour la suite, Kaar serait ainsi en danger et je ne peux l’accepter. Je frappe donc mon adversaire, visant sa gorge, filant avec la force et l’agilité d’un serpent qui bondit sur sa proie. Hélas, mon coup n’atteint pas sa cible. Mon adversaire est aussi puissant qu’agile et a certainement déjà eu son compte d’adversaire avant moi. Il profite de mon échec pour frapper de sa patte, rien n’y fait. Nous sommes visiblement l’un comme l’autre, plus habile pour éviter les coups qu’engendrer des frappes mortelles.

Si mon échec me vide d’une partie de ma réserve d’énergie, elle ne diminue pas mon moral. Derrière-moi, l’orc possède un pouvoir sur les bêtes que je ne saurais égaler. Une force qui nécessite que je reste au moins présent pour le tenir éloigner du danger. D’une main tendue jusqu’au fauve, le jeune dompteur parvient à user de ses pouvoirs sur mon adversaire, le transformant soudainement en une monture. Sur son dos, il s’élance rapidement vers Xël criant au mage d’attendre.

(Il se barre comme ça ? Et moi alors ?)

Il ne part finalement guère loin. Dans le chaos du combat qui oppose des bêtes aux hommes, un étrange sort fait son œuvre. Des volutes de magie s’échappent d’un corneraure, puis d’un autre. La vie s’échappe d’eux pour finalement s’agglutiner jusqu’à l’elfe blanche. Rapidement, les autres fauves sont également touchés, mais cela ne s’arrête pas cela. Nos propres montures subissent les affres de cette magie qui concentre ces volutes noires en un maelström centré sur l’utilisatrice. Dépourvue de vie, la monture de Kaar tombe au sol, envoyer celui-ci chuter lourdement au sol. Il ne reste plus de fauve, plus d’adversaire si ce n’est le plus dangereux, l’énorme bête aux cornes d’or. Une menace qui a elle seule, nous fait regretter les versions plus nombreuses, mais également plus réduites.

Une menace qui pourrait prendre fin avec le pouvoir de Kaar. Je me précipite donc jusqu’à lui, m’inquiétant autant de son état, que des alentours. Ces bêtes sont venues par vagues, rien ne dit que d’autres ne vont pas surgir de l’obscurité.

"Kaar, c’est pas le moment de faire une sieste là !" Fais-je en le soulevant.

(Pour le coup, tu regrettes pas qu'il soit parti sans toi là !)

Sonné par le choc de la chute, le retour à la réalité fait particulièrement mal. Il hurle son désespoir, les larmes ruisselant sur son visage, lorsqu’il réalise que les montures dont il semblait s’inquiéter, sont mortes. Toutes, sans exception, pachylaire comme corneraure. Du moins pour un temps. La magie d’Aliaénon fait de nouveau parler d’elle, car les fauves que nous avons tués se relèvent. Loin d’un sortilège de magie noire, ils sont mus par une nouvelle étincelle de vie. Alors que nous faisions face à un unique danger, voilà que quinze autres problèmes ouvrent les yeux, scrutant les alentours comme s’ils paraissaient surpris et nous de même.

Alors que l’hinïonne a eu recours à la magie d’Aliaénon, en éliminant aussi bien les fauves que nos montures, elle recommence à puiser dans cette magie, un pouvoir toujours teinté de noirceur. De sa main, une multitude d’esprits s’échappent. Un horde fantomatique de pachylaire et de corneraure courent, unis dans une même ruée, la charge est surnaturelle, effrayante et orientée vers Corne d’Or et Xël sur le dos de celui-ci.

(Mais qu’est-ce qu’il fout là lui ?)

Au moins, cette charge spectrale surprend également l’énorme monstre qui chargeait également, le poussant à l’arrêt. Les esprits l’atteignent et…disparaissent subitement, dans des volutes de fumée, jusqu’à ce que plus rien ne témoigne de leurs présences, si ce n’est peut-être le grand fauve, observant autant la régicide que les corneraures ressuscités.

Au-dessus de nos têtes, un orage marque sa présence d’un grondement sourd. Un éclair surgit non loin, dévoilant des nuages d’un noir peu accueillant. Comme un écho au grondement naturel des éléments, celui de Corne d’Or se fait entendre. Loin de l’hostilité dont il a fait preuve jusque-là, le monstre d’or, comme les corneraures, paraissent apaisés.

(Avant de se faire attaquer, nous devions installer le campement. Mais, est-ce judicieux avec ces créatures ?)

Toujours en compagnie d’un Kaar dévasté, j’essaie de lui faire changer ses idées en lui rappelant notre mission.

"Kaar, je ne peux imaginer votre détresse, mais vous devez vous ressaisir. Nous devions nous arrêter pour la nuit, mais…le peut-on ? Nous avons manqué de finir en repas il y a quelques instants, mais ces bêtes sont…calmes ? Dites-moi qu’elles n’attendent pas le moment propice pour se jeter sur nous !"


Modifié en dernier par Jorus Kayne le ven. 11 nov. 2022 21:52, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Silmeria
Messages : 278
Enregistré le : sam. 5 janv. 2019 11:39

Re: Esseroth

Message par Silmeria » ven. 28 oct. 2022 02:56

Il ne restait plus rien.

Pas même le noir insondable qui m'avait emportée. Je n'étais qu'une pellicule de plus dans un néant, une goute de sang de plus dans un charnier, une petite âme de plus fauchée par la vie. J'écoulais le mélodieux écoulement du temps avec la certitude que rien ne troublerait jamais mon sommeil. Mais la mort n'était aujourd'hui qu'un mirage, j'avais cru la toucher, l'étreindre, l'embrasse, mais elle aussi comme tout ce que j'avais connu au cours de ma vie, me refusait.

La respiration alourdie par la surprise, je m'étais redressée d'une traite, les yeux déjà brouillés de larmes, de sang et de corruption, je voyais Akihito me tourner le dos, criant quelque chose qui ne semblait à mes oreilles qu'un bourdonnement imperceptible. Je voulais articuler quelque chose mais ma gorge me chatouillait, pour toute réaction, je sentais ma bouche s'emplir d'un goût métallique, celui du sang.

(" Debout ! Vite !") La voix de crécelle de Cèles parvenait à épingler quelques idées claires dans mon esprit perdu. Je me relevais avec l'énergie d'une vieille mal tuée, tenant sur mes jambes avec l'équilibre d'un faon tout juste pondu. Se faisant, le sang qui s'était contenu dans les plis de ma cape et ma robe coulait le long de mon bras droit, j'en était couverte. Tout autour de moi semblait allait si doucement, un bourdonnement faisait trembler mes oreilles de l'intérieur, je ne parvenais pas à savoir si la bête n'avait pas cherché à me dévorer pendant... Combien de temps ?

(" Ton chevalier servant, Akichou, il a utilisé une rune pour t'éveiller. Mais tu as toujours... Un énorme trou à travers la gorge. Prend ta potion !! ")

("...") Je ne savais trop quoi lui répondre, je cherchais mon équilibre et à savoir si j'étais entière.

(" Tu fais chier ! Je vais éveiller Hrist. ") Je ne me souvenais pas quand remontait la dernière fois que Cèles s'était énervée contre moi. Généralement, elle était plus le tampon qui calmait les frictions entre ma jumelle et moi, jusqu'à présent, elle n'avait jamais eu à faire un choix ou manifester une de ses préférence. Peu à peu, je sentais mon esprit se resserrer, comme une énorme migraine poindre dans mon crâne. L'aura de la Frémissante grandissait, la pulsation de son éveil n'annonçait rien de bon, je savais qu'elle finirait pas prendre ma place.

J'étais là, dans ce monde plein de magie, désorientée mais quelque chose me venait à l'esprit. Ce n'était pas une potion qu'il me fallait, mais... De la vie. J'avais au creux de ma main une petite pierre sur laquelle était autrefois gravé le mot Divin qui m'avait ramenée de l'au-delà. La Rune désormais inanimée d'Akihito. C'était bien là un véritable protecteur, et il avait tenu parole.

Je fis un pas, puis un autre. Je sentais des éclaboussures de sang grêler ma cape, je tournais doucement la tête, sentant ma peau se découper davantage sous le mouvement de mon cou, l'humain blond pataugeait dans une immense mare de sang, Akihito, devant moi, rompait l'assaut d'un de ces monstres de son pavois. Ma vision se précisait peu à peu. Une forme non loin de moi sursautait comme prise de spasmes. Je vis à sa gueule rougie qu'il s'agissait probablement de mon faucheur. Ce satané félin porteur de mort. Sans trop comprendre ce que je faisais, je tendais la main vers lui.

A ce moment j'entendis sa voix dans ma tête. Celle de Hrist, d'abord un murmure. Aussi doux qu'une promesse d'aimante.

(" Laisse la magie entrer. ")

J'inspirais profondément. Je cherchais, je ne sais pourquoi, à enfoncer mes bottes dans la boue comme pour être plus proche de ce qui créait ce monde. Me rapprocher de cette terre noire, boueuse, celle la même qui des décennies avant ma présence ici avait avalé tant de corps.

(" Quoi de mieux qu'ici... terre, air, sang, mort, vie. Tout se lie. ") De ma main libre, je posais mes doigts sur cette blessure béante que m'avait gratifié cet horrible félin. Il allait mourir, il était comme moi, le peu de vie qu'il avait encore devait s'écouler à travers la sève de ce monde et de cette terre pour me revenir, soulager la souffrance qu'il m'avait infligé.

(" Et de l'onde, tout de féconde... " )

Mes doigts se fermaient. Je crois que d'une certaine façon, j'avais eu raison. La corruption et moi avons quelque chose en commun. Était-ce un appétit dévorant pour la vie ? Ou pour la mort ?

La bête s'était effondrée, un nuage sombre l'avait quitté. Il s'élevait dans les airs comme une Murène et vint à moi, tournant autour de mon être pour entrer en contact avec ma peau rougie de sang, la corruption des Sylphes l'avala. Mais les Sylphes avaient encore à faire, la Mort n'avait pas souhaité s'arrêter là. Il y eu celle qui affrontait Akihito. Elle aussi, comme une Murène boréale, une ombre glissant à travers la nuit, auréolée de la lumière bénie du poisson rouge, s'en alla rencontrer ma blessure qui peu à peu, se refermait. Je sentais un petit pincement. Un pouvoir grisant montait en moi, je ressentais un nouvel éveil, comme si la fatigue, la tristesse, la peur, ces sentiments indomptables, tous s'évanouirent.

Ils tombèrent tous, les uns après les autres, la corruption devenait avide, cruelle, sans plus reconnaître amis et ennemis, elle s'attaquait même aux doux Pachypoils et à mon adoré Falafel, la plus sympathique papatte à des kilomètres à la ronde. Le combat avait tourné court, comme si la Providence m'avait retrouvée et avait jugé inacceptable que je sois ainsi fauchée par si piètre adversaire.

Je ressentais alors le poids de leurs âmes. Le poids de leur souffrance, tous criaient, les Corneraures feulaient dans une détresse inexplicable, à côté d'eux, les Falafel couinaient de désespoir. Cèles quant à elle, nous flanqua la soufflante de notre vie.

(" Mais.. Mais ? MAIS !!! ")

(" C'était un peu plus fort que ce que j'escomptais. ")

(" PLUS FORT ? Mais bande de connasses attardées ! Notre tête est une putain de ménagerie fantomatique !!! ")

("...")
("...")

(" Vous êtes de véritables fléaux ! Des ... Des... ") Toutes deux, sentions la colère grandissante de Cèles, alimentée par chaque cri poussé comme une supplique par les animaux fauchés.
("... En vérité. Je me retrouve ici avec vous deux, coincée à pas pouvoir me montrer sous risque de finir aspirée par ce monde comme une vulgaire nouille, et voilà que Silmeria reste aux prises avec un Ours de trois-cent kilos et que... ")
(" Un cha..")
(" TA GUEULE ! Tu aurais pu t'enfuir en clignant ailleurs, et te voilà qui meurt et qui revient et Hrist qui sort de sa sieste et vous trouvez quoi à faire ? UN ZOO ! Dans notre TÊTE ! UNE MENAGERIE DE CHAT, OURS, CE QUE TU VEUX ET CES ABRUTIS DE PACHYPOILS ! Mais allons-y !! Allons chercher des poules des oies et des DINDONS ! Vous croyez pas qu'on était assez nombreuse comme ça ? Entre Sissi qui se plaint dès qu'elle se pète un ongle ou qu'elle trouve une arrête dans son poisson et Hrist qui veut assassiner tout ce qui ne pense pas exactement comme mââââdame. Des fléaux, vous êtes des fléaux ambulants ! ")

Hrist et moi restions silencieuse un instant, bien qu'attentive à ce qui nous entourait, particulièrement à la réaction du plus gros des adversaires jusque là épargné par la corruption, qui chargeait en notre direction.

Je ressentais alors comme un éclair brouillé autour de moi. Hrist avait pris le contrôle, silencieuse elle fit quelques pas en avant, pointant sa main vers le Corneraure majestueux et... Purgea en quelque sorte toutes les âmes en souffrance qui filèrent vers le chef de meute, le Corneraure Alpha. Autour de nous, je voyais les autres créatures se lever, déboussolés, comme je l'étais il y a quelques instants. Je ne comprenais pas ce qui avait éveillé les monstres, est-ce que ce sortilège incroyable n'avait fait que les endormir ? Avais-je purgé les vie des Pachylaires au lieu de celle des Corneraures ? Je ne comprenais plus ce qui arrivait, mais l'Alpha cessa sa course, ma vue était encore quelque peu embrumée et je n'avais pas vu qu'il était chevauché par Xël. Il avait sous doute été témoin de cette nuée de fantômes, ça lui apprendrait à s'inviter dans mon bain.

Autour de nous, il n'y avait plus que désolation. Les animaux ne semblaient plus hostiles, au contraire, tous s'échangèrent des regards comme si une conscience collective agissait en eux. Ni homme ni bête n'avaient réagi lorsqu'un éclair tombait non loin de nous, nous éblouissant de d'un grand flash blafard.

Hrist avançait toujours, elle avait une prestance différente de la mienne, là où j'étais plus joviale, légèrement voutée, souriante, moqueuse, elle n'exprimait rien. Couverte de sang, les cheveux rougis et collées de boue, de sang et de corruption, elle approchait de Cornedor, enfonçant ses yeux dans les siens.

Ses doigts s'ouvraient, elle cherchait à poser une main pacifique sur sa crinière en lui disant d'une voix douce que je ne lui soupçonnais plus.

" Je ne te veux plus de mal. "


---------------------------------------

Tente de poser la main sur Cornedor tout en restant pacifique.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Avatar du membre
Akihito
Messages : 336
Enregistré le : mar. 29 janv. 2019 14:26

Re: Esseroth

Message par Akihito » ven. 28 oct. 2022 03:37

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

6 : Le Monarque Cornu.

La rune se mit à luire, brillant à travers les doigts de l'enchanteur. Instinctivement, ce dernier senti que la rune avait un effet positive quand Silmeria ouvrit subitement les yeux. Il n'eut pas le temps de se réjouir de cet heureux événement, car un impact sourd vint ébranler ses appuis. Le crissement des griffes sur le métal se fit entendre et rappela que derrière son bouclier, il restait un Corneraure bien en vie. Et malheureusement pour Akihito, il avait été suivit par celui qui était encore en état de se déplacer. Sa patte frappa alors qu'il saisissait son marteau, entaillant superficiellement mais douloureusement sa main d'arme. Faisant un moulinet intimidant avec son marteau, il se replaça face aux deux créatures : Silmeria derrière lui allait mettre un certain temps à se relever, et d'ici là il allait devoir se débrouiller seul.

(Bon, je commence par leq-)


ROOOAR !!!


Le rugissement qui survint fit trembler de la tête aux pieds Akihito, qui ne put s'empêcher de se tourner vers l'origine. Là trônait une créature suffisamment imposante pour faire passer les Corneraures ou les Drakarns Yuiméniens pour des animaux de compagnie. Franchissant le cercle de lumière, celui que nomma "Corne d'Or" avec un cri d'angoisse Kaar était sans aucun doute le mâle alpha des panthères sous stéroïdes qu'étaient les Cornedaures. Sauf que lui n'avait visiblement pas pris que des stéréoïdes, ni n'était le chef de meute sans une bonne raison : deux voir trois fois plus volumineux qu'un de ses subalternes, il n'était qu'écailles bleutées, excroissances cuirassées couleur or et fourrure blanche immaculée. Sa queue large et épaisse battait lourdement le sol en le faisant trembler, des yeux de prédateur luisant sous les cornes torsadées et dorées qui ornaient son front.

(Il serait déjà dur à tomber seul, mais entre vos blessés et les Corneraures survivants... Ca sent le sapin, Aki.)

Lui ne put qu'acquiescer, avant d'entendre une nouvelle cavalcade : Xël chevauchait son Pachy et s'éloignait du groupe, sa baguette tendue vers le Corne d'Or. Une diversion ? Une façon de gagner du temps ? L'idée n'était pas mauvaise, mais c'était lui leur porte de sortie, avec ses portails.

"XEL ! FAUT SE REPLIER AVEC TES PORTAILS !"

Le mage ne l'entendit pas, ou l'ignora, alors qu'une tempête de vents s'abattait sur le monstre. Depuis le début de la mêlée, il avait essayé de communiquer avec ses alliés, mais personne n'avait l'air de lui prêter attention. Il avait l'impression de parler dans le vide. Il jura avant de se focaliser de nouveau sur ses adversaires, qui n'allaient pas gentiment attendre. Encore, que... De curieuses petites tornades contraignaient les deux Corneraures en face de lui. Mais aussi les autres qui s'élevaient un peu partout sur le champ de bataille, les privant d'une partie de leurs mouvements. Un cadeau qu'il imputa à Xël, mais la faible tornade commençait déjà à s'effondrer sur elle même. Reprenant son moulinet menaçant, Akihito tordit subitement son poignet pour changer l'orbite de sa masse qui s'écrasa sur le côté du félin ayant fraichement arraché la gorge de Silmeria dans un flash lumineux. La créature s'écroula dans un craquement sinistre, moribonde, la boîte crânienne enfoncée au delà de toute guérison naturelle. Cette soudaine violence mis sur ses gardes son semblable qui esquiva le deuxième assaut, tout juste libéré de l'emprise venteuse. La hampe qu'il espérait plus traître manqua elle aussi la mâchoire inférieure du Corneraure, tout comme le dernier coup qui tenta de lui fracasser sa patte droite dans un ultime revers.

"... Bwaah !"

Il avait retenu sa respiration pour lancer son combo, mais les torsions de son bassins relancèrent la douleur de sa blessure reçue plus tôt dans le torse. Sa runique commençait lentement à se gorger de sang : attendre plus risquerait d'aggraver encore plus la plaie. Peu désireux de voir ses entrailles se répandre au sol, l'Ynorien profita de la distance qu'il avait créé entre lui et son adversaire pour se saisir de sa gourde magique et de la porter à ses lèvres. Le liquide sucré coula dans sa gorge, activant son système qui accéléra la guérison de son corps, refermant peu à peu la plaie de son ventre. Pas assez pour la considérer comme complètement guérie, mais suffisamment pour la rendre "simplement douloureuse".

Quelque part, derrière lui, Akihito entendit un cri d'Yliria. Dy. Pas empli de douleur ou de terreur, plus d'urgence. Une rune, peut être. Ou alors il n'avait pas entendu tout. Peu de temps après, ce fut la voix de Kaar qui surplomba une nouvelle fois le champ de bataille.

« Noooon ! C’est une créature puissante, elle pourrait nous servir !! »

(Mais qu'est ce qu'il raconte ?!)

(Pourquoi tu me poses la question ?! J'en sais pas plus que toi !) s'énerva Amy, alors que son maître dressait une nouvelle fois son Rempart pour encaisser un énième coup de griffe. Il sentit ses genoux plier sous l'impact, et se félicita une nouvelle fois d'avoir fait en partie son bouclier de Faerunne ; un autre métal aurait été plus épuisant à manipuler. Au moins, le combat commençait, du moins ici, à mieux se dérouler. Le rugissement et les tremblements indiquaient que le Corne d'or avait mordu à l'hameçon, se jetant à la poursuite de Xël et de son Pachy ; il n'avait qu'à se débarrasser d'un bon coup de marteau son adversaire, puis aller prêter main forte à quelqu'un d'autre.

Protégé derrière son bouclier, Akihito balaya sa droite. Si la vue d'une Silmeria debout, le regard vif et prête à se battre malgré sa gorge manquante lui fit écarquiller les yeux -décidément, sa rune Tez avait vraiment bien marché cette fois !-, c'était Mathis qui accapara l'attention d'Akihito. Il était seul face à deux Corneraures, et semblait être de plus en plus dépassé. Pire, il n'avait aucune arme en main !

Ayant encaissé le choc pour Silmeria, il pouvait se permettre de la laisser gérer la suite, mais non pas sans donner un dernier coup de marteau. Campant fermement ses deux pieds au sol, il fit légèrement glisser le manche dans sa main pour générer plus d'inertie et de force à son prochain coup. De plus, il relâcha le revêtement élémentaire lumineux : il n'avait servit à rien et la magie était trop incertaine pour la maintenir. A moins que...
Réinjectant une nouvelle fois sa magie dans son marteau, Akihito envoya son arme dans le même arc de cercle terrible qu'il avait tenté plus tôt dans le combat. L'artefact Thorkin frôla le sol et sembla se gorger des émanations sombres qui en sortaient depuis peu, faisant pourrir la végétation. L'arme enduite d'une eau suintant ces vapeurs méphitiques traversa l'air et ne rencontra que la fourrure du Cornesaure. Le coup manqua d'un millimètre son adversaire qui se plaqua au sol à l'ultime moment, rendant une nouvelle fois leur échange sur un nul. Dans un juron, Akihito poursuivit néanmoins son objectif initial : l'amplitude de son mouvement fit pivoter son buste vers la droite, et ses pieds solidement placés tournèrent brusquement dans le même sens pour propulser l'enchanteur en direction de Mathis. Une sage décision quand il aperçut la queue alourdie de l'un de ses adversaires le prendre en défaut et lourdement s'enfoncer dans ses côtes, le mettant au sol dans un craquement écœurant. Le bellâtre Y avait sans doute laisser quelques côtes, et qui savait quels organes les fragments osseux avaient percés ?

Plus tôt, Akihito avait déclaré à l'assassin qu'il n'avait pas la faculté de se dédoubler. Et vu comme il courait partout pour protéger l'un ou l'autre, il commençait à regretter que ce ne soit pas le cas. Ses bottes lui permettaient de rejoindre rapidement différentes escarmouches du combat mais ne lui donnait pas la capacité d'être à plusieurs endroits en même temps. La voix de Kaar résonna une nouvelle fois, intimant à Xël d'attendre. Quoi qu'il faisait, il n'était plus sur son Pachy : le barrissement affolé et douloureux signant sa mort des crocs du Corne d'Or l'attestait.

Une nouvelle fois, l'enchanteur se retrouva à faire barrage de son corps face à deux Corneraures. Il espérait sans trop y croire que ca allait se passer aussi bien qu'avec Silmeria. Et en un sens ce fut le cas. Les deux créatures s'effondrèrent devant lui, un lien sombre sortant de leur corps et se dirigeant vers Silmeria. Un lien sombre qui sauta ensuite au Pachy juste derrière Mathis. Puis au second. Puis à Falafel.

(Tu... Silmeria emploie la magie.)

(Et c'est moi qui lui ai appris à le faire. Valyus tout puissant, pour peu je commencerai à regretter.)

(Espérons qu'elle ne s'en servira pas contre vous,) espéra la Faëra en constatant la propagation de la corruption abattre l'un après l'autre les animaux présents dans la scène. indifféremment Pachylaires, Cornesaure mourant ou en pleine forme. Tous furent fauchés, tandis que l'Hinïonne semblait plus en forme que jamais. Seul le sang sur sa robe rappelaient que sa gorge d'un blanc délicat et pur avait disparue en une ouverture sanglante une poignée de secondes plus tôt. Comme si elle avait aspiré la vitalité des animaux pour se guérir. Probablement ce qu'elle avait fait.

Cela ne plut évidemment pas au Corne d'Or, qui chargea dans un rugissement de pure fureur sur leur groupe. Avec la silhouette d'un Xël le chevauchant tant bien que mal sur le dos.

Se remerciant pour avoir eu la présence d'esprit de garder sa gourde en main, il versa le contenu de sa potion la plus puissante sur les côtes déjà violacées d'un mauve inquiétant de Mathis puis se releva sans décrocher un mot; c'est à peine s'il entendit son remerciement. Pour une raison qui lui échappait, Kaar voulait qu'on ne blesse pas le Corne d'Or. Ca tombait bien puisqu'Akihito n'avait pas vraiment envie de toucher par mégarde son "cavalier" et qu'il disposait justement dans son arsenal d'un sortilège permettant de neutraliser ses adversaires sans les blesser. A la seule différence qu'il n'avait jamais ciblé de créature aussi massive.

(Immobiliser ses pattes avants sera suffisant pour le rendre largement moins dangereux. Je crois.)

Plus musculeuses et larges que celles arrières, elles devaient au moins porter la majorité de son poids. Ne restait plus qu'à... Attendre que le déferlement de silhouettes spectrales de Pahcylaires et de Corneraures ne finissent de se déverser sur le Corne d'Or. Une vision terrifiante qui fut sans doute la raison du cri de désespoir de Kaar. Lui qui semblait très attaché à ses montures, ce spectacle avait de quoi l'affecter lourdement. Probablement que Akihito aurait été tétanisé sur le champ aussi s'il n'avait pas assisté au Charnier des Âmes et affronté Oaxaca. Il libéra son sort en direction du Corne d'Or : la sphère de vignes de foudre fonça vers lui avant de prendre une curieuse et inattendue trajectoire verticale, se perdant dans l'obscurité du ciel avant d'exploser en une toile de foudre. Sans effet. A moins qu'elle ne soit à l'origine de la résurrection pure et simple de tous les Corneraures.

"C'est pas bientôt fini ces gueuseries ?!" grogna avec frustration Akihito. Il commençait à fatiguer sérieusement et avait été blessé, comme la plupart des autres sans doute. Et voilà qu'ils devaient tout recommencer depuis le début ?

Un craquement lumineux éclaira le silence, suivit du tumulte lointain du tonnerre. Son sort qui déclenche un orage, c'était plus cohérent. Et comme pour y répondre, le grondement du Corne d'Or qui avait interrompu sa charge. Un grondement plus... Calme ? Le monarque cornu semblait tout aussi désemparée que l'Ynorien sur le retour à la vie de ses congénères, qui semblaient avoir eux aussi abandonné toute envie de combattre. Ou bien étaient-ils juste paumés d'être revenu à la vie peu de temps après leur mort.

"Venez, Mathis. Rejoignons les autres."

Akihito baissa lentement son marteau et son bouclier et d'un pas lent, s'approcha du reste de son groupe centré autour d'Egregor et d'un Kaar dévasté, soutenu par Jorus. Un autre combat serait encore plus éprouvant et dangereux : ils devaient éviter la confrontation avec les bêtes le plus possible. Adopter une attitude pas hostile, mais confiante. Ne pas montrer qu'ils étaient des proies. Il se crispa en voyant Silmeria s'approcher du Corne d'Or, sans crainte.

"Je ne te veux plus de mal."

(Bordel, je la sens mal, Aki.)

(La situation, ou notre assassin enfantine favorite qui s'improvise dresseuse de loup sous stéroides ?)

(Les deux.)

(Pareil.)

Il intégra le groupe et d'un rapide coup d'oeil, ne repéra aucune lourde blessure. Jorus saignait, mais rien d'urgent. Attentif à son environnement, il serra dans sa main la rune "Ni". Prête à la déclencher à la moindre attaque des bêtes sauvages. Car si les autres avaient l'air de croire que la crise était passée, Akihito les voyaient plus vulnérables que jamais.



Se prépare à utiliser la rune "Ni" (Défendre) si il aperçoit la moindre attaque dirigée sur son groupe.
Effets actifs :
• -15 aux jets de touches adverses (grand bouclier)
• Effet arme élémentaire sur le marteau.

"Les Mots, c'est la Puissance !" : Gueuserie.
Modifié en dernier par Akihito le mer. 16 nov. 2022 00:40, modifié 2 fois.

Avatar du membre
Xël
Messages : 339
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 14:50

Re: Esseroth

Message par Xël » ven. 28 oct. 2022 20:57

Mon sort se développe mais pas aussi fort que je l’espérais. Je parviens tout de même à nous faire gagner quelques précieuses secondes alors que les autres passent un mauvais moment. Je vois la Régicide se redresser quand Akihito vient à son secours et le jeune orc se redresser avec difficultés. Pour les autres, Yliria se fait mordre brutalement et Jorus prend un violent coup de queue.

J’espère que mon sort qui a fait décoller nos assaillants de quelques centimètres suffira à leurs permettre de reprendre le dessus. Mais une autre mauvaise surprise surgit accompagné d’un tremblement terrifiant, le bruit d’une bête énorme qui apparait dans la lumière. Gigantesque, aux écailles bleues et aux cornes d’or pointés vers l’avant, des pattes immenses aux griffes géantes et une queue semblable à celles des corneraures mais en bien plus grosse. Si elle nous charge maintenant, le groupe pourrait ne pas s’en relever. Je dois absolument éviter ça, le seul encore sur une monture, je la diriger à l’écart du groupe tout en attirant son attention et pour ça rien de mieux qu’une bonne pichenette. Le souffle puissant s’extirpe de mon bâton pour frapper ce que Kaar a desesperément nommer Cornes d’Or. J’ignore si c’est réellement une bonne idée mais elle a le mérite de fonctionner. Le monstre pousse un cri terrifiant et part à ma poursuite, avalant plus vite que je le pensais la distance qui nous sépare. Il s’approche trop dangereusement mais alors que je m’apprête à aider la course de ma monture grâce à la magie Lysandre intervient finalement, alors qu’il s’était fait engueuler par Yliria à l’instant. L’éclaireur s’élance en piqué vers le visage du cornu doré, ralentissant sa charge. J’entends une autre voix parvenir à mes oreilles malgré les rugissements de nos assaillants. Akihito qui n’a toujours pas saisi que je ne pouvais pas nous faire parcourir de longues distances dans ce genre de situation. Est-ce que je lui avais au moins déjà expliqué ? Ce n’est pas sûr. Je devrais le faire un jour mais ce n’est pas vraiment le moment. Je ne réponds pas et me contente de conseiller à mon pachylaire de ne pas se laisser attraper. J’ouvre ensuite un portail mais pour atteindre le dos du gros monstre malgré une autre voix qui s’élève encore mais sans que j’en comprenne la raison.

Mon atterrissage est brutal et je me rattrape de justesse à la fourrure blanche avant que Lysandre ne m’attrape par les épaules pour me hisser jusqu’à une position plus confortable. Je constate alors que les autres ont réussi à profiter de la diversion pour se débarrasser des corneraures mais les pachylaires sont tous morts également, le mien y compris, déchiqueté par les crocs de ma nouvelle monture qui de rage charge à nouveau le groupe. Je tente alors d’invoquer une sphère tempétueuse dans ma main, plus rapidement que je le fais sur Yuimen mais c’est un manque de patience qui me coûte en puissance car le vent suffit à peine à décoiffer la bête.

« MAIS POUSSEZ VOUS ! »

Hurlais-je en agitant une main tandis que je me cramponne de l’autre. Mais soudain l’horreur se produit, un cauchemar me fond dessus, composé des fantômes des bêtes tombées enveloppés d’un voile brumeux qui avale tout mon courage. Un amas de corps décharnés hurlant de désespoir et d’agonie. Je ne suis pas le seul à être atteint, Corne d’or se fige, manquant de me faire valser. Heureusement mes deux mains s’étaient refermés sur les poils blancs et refusent encore de lâcher prise. Mon corps ne m’obéit plus, il tremble. Mon estomac se noue jusqu’à m’en donner la nausée. J’oscille entre le froid et le chaud. Ma poitrine me fait mal à cause de ma respiration et des battements de mon coeur saccadés. Je m’allonge sur le ventre, posant ma tête contre la fourrure du monstre désormais immobile et silencieux avec dans la tête le souvenir terrifiant de cette ruée fantôme alors que je sens l’épuisement prendre le pas sur la peur.

Avatar du membre
Dracaena Paletuv
Messages : 91
Enregistré le : mer. 7 sept. 2022 01:58

Re: Esseroth

Message par Dracaena Paletuv » ven. 28 oct. 2022 21:54

Le voyage se passait sans encombre, avec comme seuls vrais échange Eaeria m'indiquant la route à suivre et moi commentant ce que je voyais dans ma barbe, mon attention surtout concentrée sur le fait de ne pas tomber de ma monture.

Les bestioles rencontrées sur la route était bizarre, mais franchement pas plus bizarres que ce que j'avais pu voir dans certains livre. A part si l'une d'entre elles manifestaient des propriétés ignifuges, tant qu'elles nous laissaient tranquille, ces créatures ne m'intéressaient guère.

Au bout d'un certain temps, le soleil finit par se coucher, et je fus agréablement surpris de voir que les yeux des pachy s'illuminaient dans le noir. Visiblement, la bestiole était nyctalope. J'comprenais un peu plus pourquoi Egregor-balai-dans-le-corps en avait temps venter les mérites comparé aux chevaux.

Puis, me prenant toujours par surprise, Eaeria invoqua une dizaine de petites...sphères lumineuses, qui se mirent à virevolter autour et devant nous, comme pour nous indiquer la route à prendre. Approchant un doigt d'une des sphères, je déclarai à Eaeria:

"Ma chère m'dame Eaeria, serait-ce donc ça votre pouvoir? C'est plutôt enchanteur en tout cas! Pratique aussi."

Enchanteur, pratique, mais à des kilomètres de ce que j'imaginais quant elle l'avait mentionné plus tôt dans la journée.

"Mon pouvoir, oui. Je peux les mouvoir à volonté, mais il reste dangereux : chaque boule peut exploser au contact... Et indépendamment de ma volonté. Restez en loin. Vraiment. Je peux en changer l'élément, aussi. Ils ont bien des utilités."

Entendant le mot "Exploser", je rétracte immédiatement mon doigts, mon bras, et toute ma personne.
Mes yeux lumineux se posent sur l'une des sphères, puis sur Eaeria, puis de nouveau sur la sphère, avant de revenir à Eaeria.

"Oh....Ooooooooooooooh.... Et dire que j'ai faillis en toucher une haha.... Le feu je veux bien, mais les explosions ont tendance à...Partir plus facilement avec des morceaux!"


Je me mis à dandiner des doigts en direction de ma guide, un sourire dans la voix.

"Faut pas croire, ça repousse pas forcément ces charmants appendices!"



Donc, ces petits machins sphérique pouvaient exploser. Rien que ça. Plutôt intéressant. Et chargeable en élément en plus. Son inquiétude précédentes prenait petit à petit plus de sens à mes yeux.


"Et donc... Vu la tête que vous avez tirez quand on en a parlé plus tôt, j'imagine que c'est pas d'la ptite explosion hein?"



Je ne voyais pas très bien son visage avec la lumière réduite, mais, peut être à cause de l'ambiance de la zone, ou du silence pesant, quelque chose me disait qu'Eaeria n'était pas très souriante sur le moment.

"Un pouvoir varié... destructeur....Parfois incontrôlable...Erk... Je comprends mieux pas mal de chose...

....

Vous aussi on vous a châtié pour ça non? Parce que vous êtes vous même?"



Peut être que cette femme et moi avions plus en commun que ce que j'aurais imaginé...

"Non. Les miens sont ouverts et compréhensifs, mais c'est un pouvoir qui n'a aucune utilité à Esseroth. Trop dangereux. Ce sont des explosions... imprévisibles niveau ampleur. C'est bien le souci. Et une fois invoquées, elles persistent jusqu'à destruction. Il faudra directement en aviser nos alliés, si nous les voyons."


Ou peut être pas. Ouais, forcément, c'était naïf de ma part d'espérer rencontrer quelqu'un qui sait ce que ça fait d'être rejeté pour ce qu'on est...Pour voir les choses en grands, essayer de faire les choses de façon différente.
Les "siens" étaient ouvert et compréhensifs hein? Bien de la chance...

....

J'étais un peu jaloux, fallait l'avouer.

"C'est bien d'avoir eu des gens capable de vous accepter... Même si, à vous entendre... J'ai l'impression que la personne qui ne s'accepte pas complètement, c'est un peu vous. "Aucune utilité et trop dangereux"? M'dame Eaeria, ptet que j'ai pas tout le tableau, mais j'ai du mal à voir comment ça n'a pas pu être utile, ne serait ce que pour vous défendre. Ou ptet nettoyer un terrain pour permettre de contruire derrière, ou faire disparaire un rocher bloquant la voie.

Bref, j'vous trouve un peu dur avec vous même. Foi d'arbre qui brule.

....

Vous avez dit que vous pouvez en changer les éléments en plus non? Ce sont les même que les fluides Yuiménien? Eau, terre, feu, foudre, lumière et ténèbres? Ou vous avez des éléments plus uniques, genre... le sang? Ou je sais pas quoi? "



Je me mis à me gratouiller un peu le menton.

"Nan parce que même ça j'en vois un coté positif et utile."

J'entendis la voix de ma guide, devant moi, s'élever.


"Je n'ai pas exploré toutes les possibilités élémentaires... Eau, feu, lumière. Il faudrait que j'essaie l'éclair. Nous n'avons guère besoin de nous défendre, depuis longtemps. Et guère avec un pouvoir qui pourrait raser une partie de la cité ou de ses murs. Quant à une utilisation plus quotidienne... Trop imprévisible, trop dangereux. Un peu comme votre magie à vous, yuimeniens."


De ce que je distinguais, elle s'était mise à hausser les épaules.


"Peut-être que ma place est d'être à vos côtés, pendant votre quête contre cet ennemi inconnu..."


Guère besoin de se défendre? Quel degré de paix avait atteint cette ville?! Pour moi qui était habitué aux traquenards, attaques de bandits et batailles omniprésentes, cette phrase semblait surréaliste, encore plus que tous les autres trucs surréalistes de ce monde.

Et puis bon, raser la cité, raser la cité, c'est justement pour ça qu'il faut mieux s'entrainer. On me ferait pas croire que cette magie, comme celle des Yuimeniens, était pas un minimum contrôlable.

Haaaaa, quelle tristesse. Apprendre que quelqu'un possède un tel potentiel mais décide de se limiter par peur de soit même. ça me rappelait... Un peu moi par moment, c'est sur mais bon. Moi, j'étais honnête avec moi même. Ce que j'essayais de contrôler, c'était mon intérêt pour mes propres pouvoirs, mais le fait de les maitriser.

En tout cas, sa dernière phrase me confortait dans ma première impression: la personne qui semblait le plus craindre Eaeria et ses pouvoirs, c'était elle même. Triste, tellement triste.

"Votre place à nos cotés? M'dame Eaeria, m'dame Eaeria... Ne raisonnez pas comme ça. Votre "place" est la où vous souhaitez qu'elle soit. Si pour le moment vous voulez nous aider, alors c'est super, mais ne vous limitez pas à ça.

Parce que si vous commencez comme ça...

Vous finirez par vous perdre vous même, par vous détruire, en essayant d'atteindre les attentes des autres. Foi d'arbre qui brûle..."


Terminant ma phrase, tandis que le silence retombait, je me remis à observer les orbes nous éclairant, me demandant si ce qu'on allait trouver au bout du chemin nous demanderais de nous en servir.

D'un coté, j'étais pas emballé à l'idée de croiser une grosse bestiole, un démon ou je ne sais quoi, mais de l'autre coté... J'avais très envie de voir le badaboum de l'un de ces ptits machins.

Histoire de voir si c'était moi qui minimisais ou Eaeria qui exagérait.

....

Oui, bon, aussi pour le plaisir d'un badaboum!


"Concrètement, on risque de croiser quelque chose qui demanderas d'utiliser vos sphère, selon vous? "

"Ne vous inquiétez pas, je vis très bien mon pouvoir et ma citoyenneté à Esseroth. Mon pouvoir est dangereux, et peu utile au quotidien, mais je ne le prends pas mal. Chacun a ses spécialités, et si je peux le mettre cette fois au service d'une cause, c'est avec plaisir que je le fais. Quand bien même je suis plus habituée à la vie citadine qu'aux campagnes et périples."

Elle parut réfléchir.

"Je crois qu'il y a des animaux nocturnes qui pourraient être dangereux, mais ces Collines ne sont pas une zone de non droit. Il faut le vouloir pour les attirer. Je ne pense pas que nous risquions grand chose, si nous restons prudents."

Plus habituée à la vie citadine? Surprenant, je lui trouvais pourtant des airs de guerrière. Peut être le style vestimentaire peu conventionnel? En tout cas, après sa réaction, je fini par me demander si c'était moi qui projeter sur elle, ou elle qui cachait bien son jeu...

...Quoi? Qu'elle soit juste "sincère"? Mouais. Les gens sincères j'y croyais plus trop. La tranquillité d'esprit non plus fallait dire....

Dans tous les cas, Eaeria semblait dire que l'endroit était rarement dangereux. Une bonne chose, fallait juste être prudent.

...

Un flash soudain, de tout ce qui c'était passé sous le cadavre du titan, me revint en tête. Prudent, oui, je savais faire. Eaeria aussi semblait savoir faire. Mais...

Et les autres branches cassées? Jusqu'à présent, ils m'avaient pas mal prouvé qu'ils étaient sujet à... C'était quoi déjà la façon de le dire? "Maladresse?" Non...

AH! Oui, ça me revenait! "Faire des conneries."! C'était ça! Ils avaient tendances à faire des conneries!

Ma voix rauque s'éleva dans la pénombre percée des sphères de lumières d'Eaeria.

"Je... Je ne sais pas pourquoi j'ai un mauvais pressentiment... On devrait être sur nos gardes quand on retrouvera les autres... Je... Quelque chose me dit qu'on fonce droit vers une trèèèèès mauvaise surprise..."


"Un mauvais pressentiment ? Au vu du danger vers lequel ils se rendent, si l'on en croit Lysandre, ce n'est pas peu dire."

Et nous continuâmes dans notre avancé, accélérant le pas, guidé par les sphères d'Eaeria.

Avatar du membre
Yliria
Messages : 464
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: Esseroth

Message par Yliria » sam. 29 oct. 2022 00:08

<< Précédemment


Et tout se passa de la pire façon. Alors que j’armai mes coups, le corneraure rua brusquement. Je me sentis être soulevée de sons dos et partir en arrière. D’un coup de hanche, je parvins à redresser ma position et terminai ma chute sur les pieds plutôt que sur le sol. Une vive douleur s’empara de mon torse et l’air se vida de mes poumons alors que le sang afflua dans ma bouche. Je hoquetai sous la douleur et fixai d’un œil mauvais le félin qui avait percé mes défenses. Je serrai les dents et assénai mon coup.

La douleur, la colère, tout m’empêcha de faire quoi que ce soit. Ma lame ripa contre une de ses cornes et me glissa des mains, tombant sur le sol. J’entendis le cri d’Alyah, mais je ne pus que cracher du sang sous mon masque, incapable de respirer correctement. Je ne savais pas si Ssussun avait réussi. Je ne savais pas ce qu’il se passait ailleurs. Merde.

Ce fut le rugissement brutal d’une créature qui me fit tourner el regard une brève seconde. Au loins, surplombant les alentours, une immense créature ressemblant aux corneraures était apparues. Une masse or et bleu, cuirassée, fonçait vers nous. Est-ce que les choses pouvaient plus mal tourner ? Par chance, les corneraures semblèrent étourdie par l’apparition. Corne d’Or… La voix de Kaarl me parvint. Bien, il était toujours vivant. Les petits souffles d’air qui apparurent sous les corneraures me donnèrent un peu de temps pour agir. Quoiqu’il en fusse, j’en profitai. Une potion éclaboussa ma blessure, reléguant la douleur au second plan et ma main se referma sur une rune. J’aurai aimé la garder pour autre chose, mais à situation désespérée…

- DY !

Un précieux allé, ce corneraure. Alors voir cet être à la peau sombre et aux yeux rouges le tuer ainsi me mit en rage. De quel droit osait-il ? Mes yeux tombèrent sur ma lame tomber un peu plus tôt et je me ruai sur elle avec la ferme intention de tuer cette ordure. Il n’avait pas le droit.

(Yliria ! C’est ton allié. Egregor est ton allié, reprends-toi !!)

Comment un allié pouvait tuer sans remord mon plus fidèle amie ? Non… la voix aussi était une ennemie ! Seul mon poisson était un ami fidèle. Il revenait, fier d’avoir accompli sa mission. Et l’heure était venu de venger mon camarade justement tué ! Par ce type ! Moche en plus !

(T’as bu du lait de licorne fermenté ma parole ? Ressaisis-toi !)

Oh j’allais me ressaisir, oui. J’allais massacrer ceux qui faisaient du mal à mes précieux amis ! Mais tout s’emballa. Des sombres volutes noires s’élancèrent de partout, rebondissant d’un animal à l’autre et leur autant la vie. Comme ça. Je restai bouche bée face à ce spectacle avant de retenir un hoquet en voyant l’étendu du carnage. Ils étaient tous mort. Tous.

- Non…

Il ne me restait qu’une chose à faire. Je tombai à genoux près de mon compagnon défait et posai mes mains sur son pelage si doux.

- Ssussun, ramène les pachylaires à la vie.

Et moi, je fis appel à tout ce que j’éprouvai pour cette magnifique créature et la relevai d’entre les morts. Les relevai tous d’entre les morts et… Merde…

(Yliria ? Qu’est-ce que tu fous ?)

(Que… quoi ? Mais il s’est passé quoi ?! Oh par les nichons de Gaïa, c’est quoi ce merdier ?)

(Je te pose la question !!!)

(Mais j’en sais rien !!!)

Putain de bordel de merde de saloperie d’enculé de…

(On a compris je crois.)

C’était le chaos. Les pachylaires étaient tous morts. Mes compagnons, les vrais cette fois, étaient tous plus ou moins épuisé ou en piteux état. J’entendis les pleurs de Kaar et me tournai vers le corneraure le plus proche. Il semblait tout aussi abasourdi que moi ? Je tâtai mon torse, indemne et remerciai Egregor qui, Alyah m’en informa, m’avait soigné quand j’étais encore en train d’être sous l’emprise de ce que j’imaginer être la rune. Je commençai vraiment à détester Aliaénon… Et voilà qu’un orage se formait au-dessus e nous en plus. Quel endroit de merde

Avec Corne d’or arrêté, les corneraures hébétés, les pachylaires annihilés et notre équipe essouflée, la situation était vraiment à chier, mais pas catastrophique. Si Kaar pensait que le mastodonte pouvait nous servir… je me ruai vers l’orc, tapotant gentiment le dos de Jorus en passant. Je l’avais vu se jeter devant Kaar pour le protéger. Je lui murmurai quelques mots.

- Dis-moi si tu veux une potion, j’ai ce qu’il faut. Merci de l’avoir protégé.

Je m’approchai d’un pachylaire et posai la main sur lui. La pauvre bête méritait mieux… Et merde… je fermai les yeux et inspirai.

- Ssussun, aide-moi à ramener ces pachylaires à la vie.

Je posai mon autre main sur Ssussun, dans l’espoir qu’il serve de catalyseur et amplifie la magie. Quitte à y dépenser tout mon énergie, je voulais que les pachys recommence à respirer, à vivre. Même s’il fallait les soigner et prendre soin d’eux ensuite. Juste leur redonner l’étincelle de vie qui les avait quittés.

***

Cherche à ramener les pachys à la vie, en duo avec Ssussun, en utilisant toute son énergie et celle de son poisson en contrepartie du sort.

Utilise 10 points pour essayer d’assurer le truc.

Avatar du membre
Mathis
Messages : 184
Enregistré le : jeu. 20 déc. 2018 00:30

Re: Esseroth

Message par Mathis » sam. 29 oct. 2022 02:41

Avant même que je prenne mon élan, une des deux bestioles tenta de me happer alors que la seconde essaya de m’assommer avec sa queue. J’esquivai agilement ces deux attaques.

La magie s’accumulant dans mon corps, je réussis sans difficulté à effectuer mon saut, mais la descente ne correspondit pas à mes espérances. Manquant de précision, je ratai le dos de l’animal et retombai au sol entre les deux corneraures. L’atterrissage fut brutal et douloureux.

Aïe !

Je dus prendre de grande respiration afin de calmer la douleur qui s’intensifiait au niveau de mes chevilles. Bien que je retombais sur mes pattes comme un chat, je ne possédais pas toute leur agilité. Mes chevilles subirent donc un choc violent et par les brûlures intenses ressentis, je supposai y avoir quelques fractures. Il m’était encore possible de marcher pour le moment, mais je devais désormais être plus prudent, je ne pouvais tolérer longtemps une telle blessure. Contrairement à ce que j’avais prévu, ce saut ne m’avait rien apporté… rien de positif en tout cas.

Alors que nous peinions à combattre les corneraures, voilà qu’un autre monstre à cornes s’apprêtait à rejoindre le champ de bataille. Surgissant des collines, une bête plus massive que les précédentes, mais arborant une tête de canidé plutôt petite par rapport à son robuste corps d’écaille bleuté se dirigeait vers nous.

Kaar, connaissant apparemment toute la faune d’Aliéanon, le nomma : Corne d’Or.

Ce dernier venu lança un cri qui nous fit tous trembler, les corneraures y compris. Levant ma tête au ciel, je remarquai que Lysandre y tournait toujours en rond.

De son côté, Akihito cria au mage des vents de nous créer un portait afin de battre en retraite.

Je vis Xël galoper à l’écart, sans doute pour attirer l’immense Corne d’Or dans sa direction, ce qui fonctionna puisque la créature s’élança à sa poursuite. Et cette fois, Lyssandre fondit en piqué et attaqua les yeux de Corne d’Or.

Désormais encerclé, je pris rapidement une grande potion de soin désirant au moins soigner une de mes chevilles afin de prendre appui sur elle afin d’effectuer une cabriole. Celle-ci me permit de mieux me placer et d’esquiver une attaque de mes adversaires. J’avais légèrement surestimé ma capacité à reprendre mon équilibre, et sous-estimé mes blessures. Je réussis néanmoins, au prix de douleur et d’effort à conserver mon équilibre.

Alors que je buvais une seconde potion de soin afin de guérir ma seconde cheville, j’entendis Kaar crier de ne pas attaquer Corne d’Or, qu’il pourrait nous servir. Disant cela Kaar était lui-même juché sur un corneraure qui semblait tout à fait inoffensif et lui obéir au doigt et à l’œil. Je compris alors où il voulait en venir. Il avait sûrement un pouvoir de persuasion envers tous les animaux. Je m’écriai alors à mon tour.

« Vas-y Kaar, fais de ce Corne d'Or notre alliée ! »

Cela dit, j’attaquai de mes deux griffes le corneraure se tenant le plus près de moi. Ce dernier m’esquiva sans peine, mais ne réussit aucunement à riposter. Alors que je n’avais d’yeux que pour lui, je ne vis pas arriver la longue queue de l’autre spécimen et encore moins la mailloche pointue qui en bordait l’extrémité. Je n’eus même pas le temps de faire ouf, que je sentis un objet transpercer ma peau, mes muscles, mes côtes avant d’être propulsé dans les airs pour m’effondrer lourdement au sol.

«Mmmph ! »

Un cri étouffé ou une expiration forcée.

J’étais cloué au sol, le souffle court, mes côtes douloureuses et brûlantes, ma vision floue. Je peinais à garder mes yeux ouverts afin de ne pas sombrer dans l’inconscience. Il m’était impossible et inutile de parler, ni de bouger. Je tentais simplement d’inspirer et d’expirer, même si chacune de ses actions respiratoires, normalement anodines, ne faisait qu’amplifier ma douleur… mais elle me permettait de rester en vie...

Enfin, temporairement… il m’était impossible de me relever, ce n’était qu’une question de seconde avant que les corneraures, me piétinent, m’éventrent ou me dévorent.

Puis je vis une énorme boule de sang se ruer dans ma direction et éclater juste au-dessus de nous. Ce geste secourable ne pouvait être l’œuvre que de Egregor, mais ne me donnait qu’un petit sursis, aveuglant mes assaillants, ce qui ne les empêcherait pas de me piétiner à l’aveugle.

Alors que le liquide carmin et visqueux m’englobait et que mes narines s’avéraient inondées d’une odeur de fer, contre toute attente, j’entendis et je sentis deux lourdes masses s’effondrer au sol, faisant éclabousser le sang qui m’aspergea de nouveau, ce qui ne fit qu’une couche de plus à tout ce sang qui m’enveloppait. Je n’avais aucune idée qui avait tué ces bêtes, mais cette personne m’avait sauvé la vie.

Je me concentrais encore sur ma respiration difficile lorsque je sentis un liquide m’asperger. Aussitôt, ma respiration fut plus facile, et mes douleurs aux côtés plus tolérables. Nourri de l’espoir de m’en sortir, je trouvai la force de ramasser une gourde à ma ceinture et de boire une autre grande potion de soin. Ce liquide bienfaiteur s’épandit vers dans tout mon corps guérissant la plus grande partie de mes blessures aux côtés et aux poumons. Alors que je me croyais à la fin, je me sentis enfin revivre.

Je me rassis donc et retirai le surplus de sang qui me recouvrait le visage. Lorsque j’ouvris les yeux, je via Akihito ranger sa gourde à sa ceinture, marteau en main.

« Grandement merci. » Me contentai-je de dire sincèrement. Lorsque je me relevai, je vis mes deux adversaires corneraures au sol. J’étendis mon regard et je vis avec surprise que tous les corneraures étaient morts, ainsi que tous les pachylaires. Abasourdi et le cœur serré de savoir les pachylaire décédés, je demeurai la bouche ouverte, les yeux grands ouverts sans rien comprendre de ce qui s’était passé alors que j’étais aveuglé par le liquide carmin.

Je vis alors avec effroi, le corne d’Or, toujours vivant malheureusement, foncer droit sur nous.

Kaar l’amoureux des animaux, poussa un cri de désespoir, un cri de détresse, un cri du fond du cœur.

Ce fut à ce moment que la magie d’Aliéanon sembla une fois de plus opérer. Je vis le corneraure à proximité de Yliria se relever, puis un autre, et un autre, ainsi que les deux maculé de sang à mes côtés. En quelques secondes à peine, ils avaient tous retrouvé la vie, mais semblaient tous aussi inoffensifs les uns des autres.

(Kaar a le pouvoir de ressusciter les animaux ? )

Coi de toutes ces manifestations magiques, j’en avais oublié le corneraure qui fonçait sur nous. C’est alors avec surprise que je vis ce à quoi Silmeria semblait capable de faire. De sa main tendue, je vis surgir de terrifiants fantômes des pachylaires et corneraures décédés qui se dirigèrent tous vers le corne d’Or. Je ne compris pas ce qui s’était vraiment passé, mais cette attaque fantomatique sembla l’avoir calmé.

Tout semblait enfin terminé.

Akihito m’invita alors à aller rejoindre les autres.

J’acquiesçai positivement. Je fis un pas, puis m’arrêtai. Il m’était impossible de demeurer dans ce lamentable état. Je regardai le ciel et même si le tonnerre grondait, pas une once d’eau semblait vouloir tomber.

Je fermai les yeux et me concentrai sur cette magie d’Aliaénon qui faisait partie de moi et que je devais apprendre à dompter.

( Doucement, tout doucement, le sang qui me recouvre va se retirer de lui-même, pour s’écouler au sol sous la forme de ruisseau. Et seulement ce sang qui ne m’appartient pas ou qui ne fait pas partie de moi. )

Je choisissais mes mots, sachant l’importance d’être précis dans mes désirs.

((( Mathis utilise la magie pour se nettoyer de tout ce sang qui le recouvre.)))

Avatar du membre
Cromax
Messages : 675
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 20:51

Re: Esseroth

Message par Cromax » sam. 29 oct. 2022 04:08

Cauchemar en Aliaénon : Esseroth IV



Kaar regarda Jorus tenter de consoler sa profonde tristesse. Il venait de perdre plus que de simples compagnons : il venait de perdre des amis. Confus, il répondit à l’humain d’Imiftil sans assurance.

« Je… je ne sais pas, je… Il faudrait que… pardon. Je… »

Les larmes coulaient sur ses joues. Visiblement, il n’était pas en état de faire quoique ce soit, présentement. Il tâcha de respirer posément, fermant ses yeux un instant pour calmer sa peine. Yliria intervint à ce moment, et après avoir proposé à Jorus de quoi le soigner, se concentra sur le problème des pachys morts. Sussun et elle infusèrent leur magie curative, défiant les lois de la mort. Et cela fonctionna. Plutôt bien, même. Trop, presque. Une aura lumineuse les cerna, englobant toute la scène. Une lumière douce, pas aveuglante. Lorsqu’elle se calma, les pachylaires se relevaient, un peu abrutis par ce qui venait de se passer. Tous, sans exception, vivaient. Même celui tué par Cornes d’Or, quasiment tranché en deux par la mâchoire du légendaire corneraure. Mieux : toute la corruption lancée par Silmeria sur les végétaux alentours se résorba, et les herbes redevinrent vertes et vives. Mieux, encore : toutes les blessures du groupe furent guéries, sans exception. Il ne resta pas le moindre mal à quiconque. Mais c’était trop beau pour être juste ça… La magie, déjà indépendante, échappa davantage à Yliria et son poisson. De la terre surgirent des squelettes de plein de formes différentes. Des animaux morts là depuis des temps immémoriaux. Des Serhos, ces cervidés aux cornes minérales, qui s’éloignèrent vivement. Des gronküürs, ces bêtes disgracieuses à la tête tentaculaire e au corps mêlé entre un saurien et un mammifère. Des périssodactylirhinocornes, sortes de rhinocéros difformes aux appendices de tête impressionnants, qui restèrent là, méfiant des corneraures présents. Des nasiflares, ces drôles de quadrupèdes ailés violets au nez si énorme qu’il faisait presque la taille de leur petit corps dodu. Et, hélas, des macrarques. Des fauves petits e agiles, aux griffes acérées et dents pointues, à la musculature saillante et souple. Ceux-là semblèrent agressivement déroutés : ils se tournèrent en grognant vers les autres animaux et aventuriers présents…

Une menace qui ne fut que de brève durée : les corneraures présents jaillirent sur ces quelques spécimens et, le temps d’un clin d’œil, mirent fin à leurs jours retrouvés au-delà de la mort. C’en fut tout pour cette résurrection de masse. Une vraie ménagerie entourait désormais les yuimeniens et leurs alliés esserothéens. Et… ça semblait bien se passer. Curieusement. Les pachylaires étaient en vie, et Kaar se redressa, admiratif. Comme dans un rêve. Ses yeux pétillaient d’un plaisir non feint, d’une émotion forte et profonde. Il était dans son élément. Totalement. Il se tourna vers Yliria, commentant brièvement, mais avec la plus réelle des sincérités :

« Merci. Du plus profond de mon cœur de sang-mêlé, merci. »

Il tourna vers Jorus un regard non moins gratifiant. Egregor vint le retrouver, posant une main sur son épaule. Une main de réconfort.

Akihito ne dut pas user de sa rune pour le moment. Lysandre, lui, vint se poser au milieu de tout ce beau monde et se changea dans sa forme humaine, n’osant rien dire. Et Mathis, usant de sa magie pour se débarrasser du sang le recouvrant, parvint à maîtriser cette dernière pour se nettoyer de a à z. Il fut vite aussi propre qu’un sou neuf. Avait-il compris quelque chose, en formulant son souhait de manière si précise ?

Sur le dos de Cornes d’Or, Xël tomba dans l’inconscience la plus totale. Heureusement stable, il persista sur sa monture légendaire, confortablement installé sur la fourrure blanche du monstre immense. Silmeria, fac ) ce dernier, apposa sa main sur la patte avant de celui-ci. Un ronronnement profond naquit de sa gorge, et il baissa la tête jusqu’à ce que ses yeux rencontrent ceux de l’elfe blanche. Une sorte de communication muette s’établit entre eux. De ses yeux d’un bleu brillant, il promit à Hrist de ne plus faire de mal à son groupe. Elle pouvait en être presque certaine.

Petit à petit, les animaux sauvages se dispersèrent aux alentours. Seuls restèrent les corneraures et pachylaires. Kaar, reprenant ses esprits, tendit les mains vers Cornes d’Or. Quelques longues secondes plus tard, il prit la parole d’un ton clair et haut.

« Les cornesaures ne nous feront plus aucun mal. Nous leur avons prouvé notre supériorité… Leur alpha, Cornes d’Or, assurent qu’ils seront désormais à notre service, comme lui. Ils… acceptent de nous aider dans notre tâche, à condition que nous nous en montrions tous dignes. »

Il fit un tour de regard. Aventuriers, animaux. Pachylaires.

« Ils veilleront sur nous, cette nuit. Nous pouvons nous reposer en paix. »

Ils furent donc aptes à monter le camp. Nul ne s’y opposa. Au cours de la nuit, Dracaena rejoignit la compagnie, accompagné par Eaeria. La lumière des orbes qui les entouraient, en hauteur, se mêla à celle de Sussun, toujours active au-dessus de leur tête. L’heure était au repos. Peut-être… L'orage grondait toujours, mais ne serait pas plus menaçant de la nuit, tournant autour de votre position sans jamais éclater réellement. Sans pluie.


[HJ : Indiquez dans votre RP l’installation du camp, les éventuels tous de garde nocturnes (arrangez-vous dans la partie coordination si vous décidez d’en faire), et votre repos. Les apartés son bien entendu autorisés cette semaine. Que ce soit entre vous ou avec les PNJ. Si personne ne s’occupe spécialement de Xël, Lysandre et Egregor s’en chargeront et le mettront à coucher. Xël, tu peux avoir des apartés tardifs dans la nuit après avoir un minimum repris tes forces. Attention, Drac est absent cette semaine, donc pas d’aparté avec lui. Eaeria, en revanche, est disponible à son arrivée, comme n’importe quel autre PNJ. Bravo pour ce combat rondement mené !
Effet des Collines Oniriques : Lorsque vous dormez ou méditez, vous serez assaillis par des rêves des plus étranges. Liés ou non à l'event ou à ce que vous vivez, ils vous mettrons dans une situation tordue déformant la réalité sans pincette. Les trois rêves les plus originaux et travaillés obtiendront respectivement 20, 10 et 5 points pour le "jeu des mots".]


[XP :
Jorus : 3 (combat) + 3 (situation d’ensemble)
Silmeria : 3 (combat) + 3 (situation d’ensemble)
Akihito : 3 (combat) + 3 (situation d’ensemble)
Xël : 3 (combat) + 3 (situation d’ensemble)
Dracaena : 0,5 (aparté) + 0,5 (trajet)
Yliria : 3 (combat) + 3 (situation d’ensemble)
Mathis : 3 (combat) + 3 (situation d’ensemble)]


[Jeu des mots :
Akihito : 1*5points.]

Avatar du membre
Mathis
Messages : 184
Enregistré le : jeu. 20 déc. 2018 00:30

Re: Esseroth

Message par Mathis » dim. 6 nov. 2022 23:32

Comme je l’avais souhaité, tout le sang, visqueux et à l’odeur désagréable de fer, qui me recouvrait se détacha peu à peu de mes vêtements, de ma peau, de mes cheveux et de mes bagages, pour s’écouler sur le sol sous forme de petites rigoles. Lorsque je fus tout propre, j’attendis un peu, attentif afin de m’assurer que la magie s’était arrêtée là. Je savais bien que la magie d’Aliaénon devait être utilisée avec parcimonie. Avoir été à proximité d’une auberge, je me serais contenté d’un bain bien chaud étant conscient qu’il n’aurait pas été facile de déloger tout ce sang collé et que ça aurait demandé plusieurs changements d’eau. Mais nous étions dans les collines, au grand air sans installation propice à un tel nettoyage. En entendant l’orage qui grondait, j’avais bien espéré que la pluie tombe, mais ce ne fut pas le cas. N’ayant pas trouvé d’autre alternative, j’avais utilisé la magie pour me décrasser et je ne regrettais pas ma décision. De plus, il s’avérait utile de tester cette magie afin de bien la contrôler et de l’utiliser de façon adéquate au moment opportun. Et puis, si jamais le sang n’avait pas pris le chemin souhaité, ou que le sang des autres avait été sollicité par la magie, il y avait Egregor qui aurait pu se servir de son talent pour remédier à la situation.

Enfin propre, je levai mon regard sur la scène qui nous entourait et je ressentis de la tristesse. Je ne connaissais l’existence de ces pachylaires que depuis quelques heures et leur perte m’affectait. Ma peine était bien dérisoire comparée à celle de Kaar pour qui les animaux faisaient partie de sa famille. De plus, il côtoyait sans doute ceux-ci depuis de nombreuses années. Jorus et Yliria étant déjà à ses côtés pour le consoler, je me contentai de regarder la scène de loin, ne voulant pas jouer les voyeurs inutilement.

Puis je vis Yliria s’approcher d’un pachylaire décédé et y apposer sa main droite alors que de la gauche, elle toucha son poisson flottant. Je fus d’abord perplexe, ne comprenant pas trop ce qu’elle faisait, ou le type de recueillement ou de prière qu’elle effectuait. Je compris enfin ses intentions lorsque je vis une aura lumineuse les cerner. Cette douce lumière dura un certain temps et lorsqu’elle s’évanouit, les pachylaires, un à un se relevèrent. Yliria et son poisson rouge les avaient tous ressuscités… Elle avait raison un peu plus tôt : elle gérait bien la situation. Même si Yliria, cette très jolie femme aux longs cheveux blancs, avait sans doute eu ce qu’elle souhaitait, la magie, elle, ne s’arrêta pas. L’herbe et les plantes corrompues par Silmeria verdirent à nouveau, et mes blessures légères à l’épaule, aux chevilles et au torse s’estompèrent. J’imaginai qu’il en était de même pour celle de mes compagnons. Comme si elle avait sa propre volonté, la magie d’Aliaénon poursuivit le mandat qu’il lui avait été confié et alla bien au-delà. Des animaux morts surgirent de la terre, d’abord des cervidés, puis d’autres bêtes, plus ou moins effrayantes. Toutes semblaient inoffensives, toutes sauf une dizaine de petits félins au poitrail bleu et à la longue queue rayée. Contrairement aux autres, ceux-ci ne fuyaient pas, plutôt tournés vers nous, ils menaçaient de nous attaquer.

Je n’eus le temps que de ranger mes griffes, mais pas celui de sortir mes armes que les corneraures vinrent à notre secours en nous débarrassant rapidement, à coups de cornes, de griffes et de dents, de nos nouveaux éventuels assaillants.
Ses amis ressuscités, Kaar retrouva le sourire et très reconnaissant, il remercia chaleureusement Yliria.

Lysandre nous rejoint alors sur la terre ferme et reprit sa forme humaine, mais ne prononça le moindre mot. Il devait sans doute se sentir honteux d’avoir pris la voie des airs au lieu de nous prêter main-forte. Pour ma part, je faisais confiance au jugement d’Egregor qui m’avait confié que l’homme oiseau était jeune, inexpérimenté, mais pas dénué de courage.

Kaar ayant entré en communication avec Corne d’Or, il nous assura que notre supériorité ayant été prouvé, les corneraures seraient désormais à notre service. Ils acceptaient même de nous aider dans notre tâche si nous nous en montrions dignes.

(Et comment vont-ils juger ça ?)

Il termina en nous disant que les corneraures allaient veiller sur nous cette nuit et que nous pourrions dormir sur nos deux oreilles.
Alors que nous nous apprêtions à nous installer pour la nuit, Akihito prit la parole s’adressant à tous. Après s’être excusé de nous avoir mis en danger à deux reprises. Il se proposa de faire les trois premiers tours de garde, ne faisant pas vraiment confiance aux corneraures. Nous rappelons qu’ils étaient nos ennemis quelques minutes plus tôt.

Constatant que Lysandre semblait mal à l'aise, je me dirigeai vers lui. Et d'un ton encourageant et sincère, je mis ma main sur son épaule et lui dis :

« Tu t’es bien débrouillé pour protéger Xël, tu peux être fier de toi, tu as vaincu ta peur. »

Il m’avoua avoir agi sans réfléchir. Il avait vu Xël en danger, il se devait de l’aider. Il avoua avoir été terrorisé et n’avoir aucune expérience au combat.

Je lui souris aimablement.

« C'est bien normal. Même après l'expérience de combat que j'ai, j'éprouve toujours de la peur et cette fois-ci n'a pas fait exception. Être courageux, ce n'est pas de ne pas avoir peur, mais plutôt de les affronter. »

Il comprit mes explications et avoua ne pas souhaiter revivre ça.

« Si ça peut te rassurer, tu n'es pas le seul dans cette situation. »

Il me sourit me précisant que moi au moins, je ne l’avais pas traité de lâche. Je considérai alors que ceux qui s’étaient permis un tel jugement avaient été trop sévères envers le jeune esserothéen.

« C'est déjà arrivé... Laissez-les dire, ils changeront d'opinion. Vous êtes encore jeune... Moi, je ne vous considère pas ainsi, de même qu'Egregor. »

Il avait remarqué que les esserothéens jugeaient moins rapidement que les yuimeniens.

« Courage... ils finiront par comprendre... et je suis là pour vous soutenir... Egregor aussi... il saura leur faire comprendre le bon sang. » Terminai-je avec le sourire.

Il me remercia. Puis regardant les bêtes qui nous encerclaient, me demanda si je leur faisais confiance.

« Je fais confiance en Kaar... et puis, nous allons également faire des tours de garde. »

Il m’affirma alors qu’il veillerait sur nous, étant persuadé ne pouvoir trouver le sommeil. Ce qui n’était pas mon cas. Je sentais déjà la fatigue m’envahir et mes réflexes plus au ralenti. Il était temps que je m’installe pour la nuit, mais avant je voulais récupérer Xël sur le dos de corne d’Or.

« Je vous en remercie. Je vais de ce pas, récupérer Xël, puis m'installer pour la nuit. »

Lorsqu’il m’offrit son aide, je lui répondis :

« Silmeria, n'est pas loin, je vais demander son aide. Merci. »

Je sautai agilement sur le monstre immense pour prendre place tout juste derrière Xël. Il dormait à poing fermé tout bien étendu sur la fourrure blanche du Corne d’Or. Je le pris doucement dans mes bras. Silmeria, qui était tout près, avait déjà ramassé son bouclier et le reste de ces affaires. Avant de descendre de l’immense monture, je lançai un regard à cette jolie dame puis en lui souriant, je lui demandai aimablement :

« Vous pourriez monter sa tente pour moi, afin que je le dépose à l’intérieur ensuite ? »

Elle sembla hésiter un court moment, mais accepta de m’aider, puis glissa le long de la crinière de Corne d’Or. Je fis de même, mais un peu plus lentement et plus prudemment ayant une charge considérable de fer et de muscle dans les bras.
Lorsque j’arrivai en bas, elle avait déjà monté la tente... mais de façon très précaire, tellement qu’elle ne tint en place que quelques courtes minutes avant de s’écrouler. Je poussai un léger soupir de déception avant de lui demander calmement :

« Pouvez-vous recommencer ?... Mais cette fois, la base va sur le sol et la pointe en haut. »

Elle tenta de nouveau, mais semblait complètement perdue. Elle ramassa les pièces de la tente, une par une, ne sachant vraiment pas quoi en faire, plantant à moitié les piquets au sol.

Ne tenant pas à passer une partie de la nuit avec Xël dans mes bras, je retins un sourire moqueur et je lui dis :

« Laissez-faire, je vais demander à quelqu'un d'autre de m'aider. »

À mon grand soulagement, elle ne fut aucunement insultée que je la remplace ainsi. Elle en semblait même plutôt contente.
Je n’eus pas à chercher longtemps puisque Yliria se trouvait non loin de là. Je lui demandai :

« Vous pourriez monter la tente de Xël pour moi s'il vous plait ? »

Sans dire un mot, elle monta de façon efficace et rapidement la petite tente une place de Xël.
Pendant ce temps j’en profitai pour la remercier :

« Merci pour les pachylaires et pour la guérison de nos blessures. »

Elle haussa les épaules avant de me répondre humblement qu’elle avait fait de son mieux.

« Et Merci pour la tente ! » Ajoutai-je avant de la laisser pour aller déposer Xel sous son abri, tout juste monté à la perfection.

Un peu à l’étroit dans cette tente pour une personne, je fis de mon mieux afin de l’étendre puis de le couvrir de sa couverture. Je jetai un bref coup d’œil de loin à son équipement que Silmeria avait déposé là. Je me retins de m’en approcher, craignant de succomber à la tentation de le fouiller et de ramasser ce qui me plairait. En d’autres occasions, je me serais servi sans aucune gêne, mais nous avions trop besoin des uns des autres pour que je risque de créer une inimitié avec l’un d’eux en leur chapardant quelques-uns de leurs biens.

Tout en m’éloignant de la tente de Xël, j’aperçus Kaar. Je profitai donc qu’il soit seul pour m’en approcher et le saluer.

«Votre habileté à communiquer avec les animaux m'a impressionné, vous détenez cette capacité depuis que votre enfance ? » Demandai-je admiratif.

Seuls ses yeux rougis trahissaient la peine qu’il avait eue un peu plutôt lors du décès de tous les animaux. Sa voix était à présent stable et ce fut en souriant qu’il me répondit. J’appris qu’il possédait ces capacités de communication depuis son adolescence. Les animaux le comprenaient lorsqu’il lui parlait et il les comprenait également. Il pouvait aussi leur soumettre des ordres, ce qu’il faisait le moins possible.

Même si ma relation avec Praline était loin de celle qu’il entretenait avec les animaux, je pouvais tout de même le comprendre.

« Oui, je comprends. Il est important de leur laisser leur liberté. Pour ma part, je peux faire des emprunts avec les chats. Cependant, je préfère me limiter à des chats que je connais bien et qui acceptent bien ma présence dans leur esprit. Praline accepte de me faire une petite place dans son esprit quand j'emprunte son corps. J'ai même l'impression qu'elle l'apprécie. Mais je tâche de faire mes incursions les plus brèves possible et seulement si nécessaire. Je m'introduis en elle de façon respectueuse et je tâche à bien m'occuper d'elle. »

La mimique exprimée par son visage de mi-orque m’indiqua qu’il n’avait pas entièrement compris en quoi consistait l’emprunt. Et heureusement, il ne resta pas dans l’incompréhension et me demanda des explications supplémentaires.

« Je crois qu'il faut vite que je vous explique pour éviter les confusions. En fait, au contact de Praline et avec son accord, je quitte mon corps et mon esprit va rejoindre le sien.... Praline me prête son corps et je déambule mon esprit d'humain dans le corps d'un chat. Mon corps d'humain est vulnérable en revanche. Heureusement, je réintègre mon corps d'humain, aussitôt qu'un vivant s'y approche de trop près. »

Son visage s’illumina et il comprit qu’il s’agissait d’une sorte de possession de corps. Curieux d’en savoir plus, il me demanda ce qui advenait de l’esprit de Praline lorsque je l’habitais.

« Il reste là, bien intact, me faisant une place et acceptant que je prenne temporairement les commandes de son corps... nous cohabitons en quelque sorte. Comme emprunteur, je respecte son corps, sans le blesser ou le soumettre sous des conditions qui pourraient l'endommager. »

Je rajoutai:
« Si elle le désirait, elle pourrait me refuser l'accès. »

Il comprit que Praline, ou un autre chat pouvaient refuser ma présence. Il avoua connaître peu de félins qui accepteraient une telle intrusion. Il me demanda également si cela m’avait déjà causé des soucis.

« Non, à vrai dire que je n'ai fait ce genre d'expérience qu'avec Praline que j'ai adoptée depuis qu'elle est un tout petit chaton... Je pourrais sûrement m'imposer... mais je me refuse de faire ça, ce serait comme une violation de son corps. »

Il hocha de la tête et n’exprima qu’un « Hmm. »

Je plissai des yeux, le questionnant du regard, l'invitant à poursuivre.
Il me regarda sans rien dire, apparemment mal à l’aise.

Je poursuivis donc:

« Quelque chose vous dérange dans l'emprunt ? Vous ai-je offensé d'une façon quelconque ? »

Il m’affirma que tel n’était pas le cas et qu’il se sentait seulement fatigué, le combat ayant été difficile et pas seulement physiquement.
J’en profitai donc pour en venir au but de ma discussion avec lui.

« D'accord, en fait, je ne venais pas vous voir pour vous parler de l'emprunt, mais plutôt pour vous poser une question.... et si elle vous semble indiscrète, soyez bien libre de ne pas me répondre. »

Puisqu’il me pria de poursuivre, j’enchaînai :

« En fait, je sais bien que le temps se déroule plus rapidement ici que sur Yuimen. Mais vous semblez bien jeune... et tout à l'heure, vous avez mentionné être un sang mêlé...Je me demandais si vous étiez déjà né à ma première visite sur Aliaénon. »

Il m’interrogea d’abord si je faisais allusion à la guerre contre Vallel et je lui répondis par l’affirmative. Il expliqua donc qu’il n’était pas né à ce moment-là. Son père était un garzok accueilli à Esseroth après avoir fui l’armée de Vallel. Il habitait toujours cette ville.
Cette fois, ce fut moi qui retins un léger malaise, espérant que rien n'y paraisse. Pendant la dernière bataille, j’avais manqué complètement de jugement en plaçant en première ligne des orques qui s’étaient livrés. N’ayant pas en tête les valeurs des orques, j’avais pensé à ce moment-là qu’ils ne tiraient jamais sur leur semblable. Ce qui ne fut pas le cas. J’avais donc sacrifié ces orques et m’en étais servi comme bouclier. Avec raison Glanaë m’en avait voulu, et moi-même, je m’en voulais encore.

« Ma curiosité est satisfaite, merci d'avoir bien voulu la satisfaire. Et merci encore pour votre aide, sans vous, nous ne serions plus là pour vous remercier. »

Il me rendit la politesse en me remerciant à son tour.

« C'est ce qu'on appelle le travail d'équipe. » Dis-je en souriant, même si j'étais conscient de ne pas avoir été bien utile dans ce combat.

Il sourit à son tour.

La fatigue se faisant sentir, je cherchai un endroit où la verdure était présente et le sol assez plat et je m’y couchai utilisant ma cape comme couverture. Ce faisant, je réfléchis aux conversations de cette fin de journée et je compris trop tard ma maladresse avec Kaar et le malaise que j’avais ressenti de sa part. J’avais insisté de pas vouloir m’imposer lors d’un emprunt, considérant ça comme une violation… alors que lui, il imposait, bien que rarement, sa volonté aux animaux. En aucun moment, je n’avais voulu insinuer qu’il outrepassait les limites, bien conscient que son pouvoir nous avait plus qu’aidé. Et puis ma situation était différente de la sienne. J’espérais ne pas l’avoir blessé avec mes propos maladroits.

Je regardai les étoiles et puis je sentis le sommeil m’envahir petit à petit.

****
Je m’étais bien installé au centre d’une jolie marguerite sauvage aux couleurs exotiques, sous un soleil resplendissant, profitant de sa chaleur bienfaisante tout en humant les douces fragrances du nectar de ma marguerite ainsi que des fleurs environnantes.
Une brise légère s’éleva puis s’amplifia, mais sans pour autant réussir à me déloger de mon perchoir. J’entendis alors Xël s’excuser de son échec rajoutant :

« MAIS POUSSEZ-VOUS »
Et puis, alors que j’étais bien affairé, quelque chose ou plutôt quelqu’un d’énorme vint me faire de l’ombre. Son sévère visage noir muni de deux gros yeux rouges me fixait tout en criant :

« Essaie, j’ai dit ! »


Puis, il fit place à une Yliria qui après avoir affirmé : « Je gère » à ses congénères, dirigea sa paume droite dans ma direction. Aussitôt, les gracieux pétales blancs qui m’encerclaient prirent vie et tentèrent de se refermer sur moi et de m’emprisonner à jamais dans leur centre jaune.

« Ingrate » criai-je à la marguerite,

« Je ne fais que te butiner et me reposer » rajoutai-je avant de m’envoler.





Ce fut alors désespéré que je m’enfuie du mieux que je pus, effectuant un vol irrégulier, tentant de prendre vitesse et altitude. De ma position dans les airs, je vis les plantes se flétrir à une vitesse alarmante et entendis Silmeria s’écrier :

« C’est tout à fait à chier. »

Devant moi se dressa ensuite le mage de foudre, qui me lança une immense fiole de fluide de couleur rose. Celle-ci me manqua de peu et la bouteille s’écrasa au sol, se brisant en de multiples morceaux dévoilant un liquide à l’odeur envoûtante. Alors que je les avais distancés, ma nature me trahit et je fis demi-tour pour aller saucer ma trompe dans ce nectar si magnétique. J’allais atteindre ma cible lorsqu’un arbre calciné prit place devant moi. Je tentai de le contourner par la droite, mais il y était déjà, je tentai vers la gauche, sans plus de succès, c’était l’arbre le plus rapide que je n’avais jamais vu. Je filai alors droit sur lui et au dernier instant, je bifurquai avec habileté pour passer entre deux de ses longues branches noircies.

Je me pensais sauver, lorsque j’entendis des battements d’ailes derrière moi. Il s’agissait de Lysandre, sous forme d’oiseau bleu qui me poursuivait sans relâche, claquant du bec, il manqua de me gober à quelques reprises. Je descendis alors en piqué et j’allai me camoufler sur le sommet du capuchon bleu foncé de Jorus. Je pus enfin me reposer. En fait, c’est ce que je croyais jusqu’à ce que j’entende la voix de Kaar s’écrier : « Tu as tué mon père ! » J’eus juste le temps de me tourner la tête pour voir une immense godasse de cuir brune s’abattre sur moi.

****

Lorsque je me réveillai, agité et en sueur, je vis la ravissante Eaeria . Je me levai prestement et la salua. Des boules lumineuses l’encerclant en hauteur, elle répondit à ma salutation par un signe de tête, et fit remarquer que je n’avais pas l’air de bien aller.
Un peu confus par le cauchemar dont je venais tout juste de m’extirper et conscient que je n’étais pas au sommet de ma forme, je lui répondis :

« Je viens à peine de me réveiller, veuillez excuser mon état. »

D’un ton légèrement inquiet, elle me demanda s’il en était toujours ainsi lors de mon réveil.

« Non, jamais, j'ai un sommeil paisible d'habitude. »

Esquissant un sourire éblouissant qui la rendait encore plus charmante, elle me fit remarquer que les collines oniriques pouvaient provoquer cet effet.

Trop fatigué, je ne m’en étais pas méfié lorsque je m’étais couché la veille. Mais je me doutais bien que je pouvais vivre un phénomène perturbant puisque j’en avais discuté avec Egregor un peu plus tôt dans la journée. Et puis, même si j’y avais pensé, ça n’aurait rien changé, il était sans doute peu probable que j’y puisse quelque chose.

« C'est donc ça... Et ce n'est pas toujours le cas ? »

Elle avoua n’avoir jamais tenté l’expérience, expliquant qu’elle quittait rarement Esseroth. Elle me proposa de poser la question à Kaar ou à Lysandre. Ce qui était une bonne idée en espérant qu’ils seraient plus volubiles à ce sujet qu’Egregor.

« Je ne manquerai pas de leur demander... mais pas tout de suite, je préfère penser à autre chose pour le moment. Vous êtes arrivés parmi nous depuis un moment ou vous y arrivez tout juste ? »

Ils étaient arrivés en tout début de nuit puisque c’était Akihito qui montait la garde.

Je l’interrogeai poliment sur leur voyage :

« Et tout s'est bien passé ? Pas de mauvaises rencontres ? »

Ils furent plus chanceux que nous et ne firent aucune malencontreuse rencontre. Montrant du regard notre camp et les animaux qui s’y trouvaient, elle dit ne pas trop comprendre ce qui s’était passé, malgré les explications d’Akihito.
Enchanté de converser avec cette adorable Esserothéenne, je lui proposai :

« Si vous me dites ce que vous avez du mal à comprendre, je tenterai d'éclairer votre lanterne. »

Akihito lui avait résumé que nous avions été attaqués par des bestioles, qu’elles étaient mortes et qu’elles étaient revenues à la vie. Il n’avait pas parlé de ce qui les avait attirés, et puisqu’il se sentait déjà coupable et s’en était excusé, je décidai de ne pas mettre d’emphase là-dessus.

Je résumai donc les faits à ma manière, complétant ce qui avait été dit.

« Sur Yuimen, la magie est possible à ceux qui possèdent des fluides élémentaires. Ce qui n'est pas mon cas. Mais ici, même moi, je sens la magie parcourir mes veines. Nous sommes néophytes et ne la maîtrisons pas du tout et elle a tendance à s'emballer, je crois. Attirés sans doute par le bruit que nous faisions, les corneraures nous ont attaqués. C'est cette magie, utilisée par l'une de nous, qui a tué les corneraures et les pachylaires, et c'est cette même magie non contrôlée utilisée par un autre d'entre nous qui les a fait revivre. »

Elle avait en effet entendu dire par les vétérans ayant vécu la guerre d’Aliaénon que la gestion des pouvoirs des Yuimeniens sur Aliaénon s’avérait plutôt compliquée. Et me demanda de lui confirmer que j’en étais aussi.
J'hésitai un moment, craignant que mon rêve ne refasse surface.

« Oui, j'y étais. »

Tout en plissant les yeux, elle demanda si la situation actuelle était différente de celle d’alors et demanda par le fait même si nous allions réussir à réprimer la menace sur Aliaénon.

« Très différente en fait. La première fois, je n'avais aucune manifestation de magie en moi, mais oui, les possesseurs de magie de Yuimen avaient de la difficulté à la maîtriser. Et puis, à cette époque, la menace venait de l'extérieur, d’Oaxaca... mais cette fois, elle semble venir de l'intérieur. Et je n'en sais pas plus, c'est là-dessus que nous sommes venus enquêter. »


Elle me corrigea gentiment en précisant qu’Oaxaca avait agi par l’intermédiaire de Vallel qui était un esserothéen. Concluant que la menace n’était pas si extérieure que ça, même si les armées provenaient de Yuimen.
Je réfléchis un court moment avant de répondre:

« Vous n'avez pas tort. »

Elle répliqua que je n’étais pas non plus dans le tort, puisque la menace actuelle était invisible bien que réelle.
J’appréciais beaucoup la conversation avec cette jeune femme, elle était agréable, intelligente, posée en plus d’être très jolie.
J’attendis poliment de voir si elle avait d'autres questions avant de lui en poser à son tour. Ses questions apparemment terminées, je poursuivis la conversation en la questionnant sur sa ville et la fonction qu’elle y occupait. Je ne voulais surtout pas mettre un terme à notre agréable entretien.

« Si je puis me permettre, j'aimerais savoir quel métier vous exercez à Esseroth. »

Elle fut d’abord surprise par mon emploi du mot métier. Puis elle m’expliqua ne pas avoir d’obligation particulière au sein d’Esseroth. Elle qualifia ses pouvoirs d’inutiles, voire même dangereux. Elle s’occupait des tâches quotidiennes, prenait des nouvelles des habitants, veillait à ce que tout se passait bien dans la cité.

Je la regardai, mon sourire s'élargissant:

« Que je vous envie ! ... Pardonnez ma curiosité, mais en quoi ça consiste de veiller à ce que tout se passe normalement ? Et puis, j'aimerais savoir, en quoi votre pouvoir peut être dangereux ? Je vois bien que vous n'êtes jamais dans l'obscurité, mais je suppose qu'il ne s'agit que d'un mince aperçu de vos capacités. »
Dis-je d'un ton enthousiasme.

Elle s’occupait des relations entre les habitants, visitait les différents quartiers s’assurant que chaque tâche nécessaire à la vie soit bien effectuée. En ce qui concernait son pouvoir, il revêtait plus formes. Toujours sous la forme d’orbes, elle pouvait les imprégner de différents éléments. Au moindre contact, ils explosaient, ce qui causait un véritable souci. Et elle avoua ne pas en maîtriser la puissance, un peu gênée de la situation. De plus, ces orbes demeuraient présents jusqu’à leur destruction, ce qui n’était pas pratique.
Je la regardai admiratif et je lui répondis de ma douce voix de ténor.

« Lorsque je suis venu sur Aliaénon la première fois, Esseroth avait été détruit… Il ne restait plus grand-chose... Je suis bien content de voir que tout est reconstruit. Qu'il doit être agréable de vivre dans cette cité, je suppose que vous réalisez la chance que vous avez... Pour ce qui est de votre pouvoir, vous êtes encore jeune, avec le temps et la patience, vous arriverez sûrement à le contrôler... Et existe-t-il des maîtres, des personnes ressources pour vous guider ? Ou bien chaque pouvoir fait de vous des êtres uniques ?Et pardonnez-moi, toutes ces questions, libre à vous de ne pas me répondre et de me fermer le clapet si je vous embête. »

Je venais de prendre conscience que mon intérêt à ses propos avait généré en moi beaucoup de questions. Et je ne voulais surtout pas l’en bombarder et l’assommer de mes questions. Je n’étais pas un de ces hommes qui imposait sa présence à la gent féminine. Et encore moins de ceux qui ne parlent que d’eux sans s’intéresser à leur interlocuteur.

Elle me rendit une fois de plus mon sourire. Elle était consciente être encore jeune et espérait pouvoir contrôler un jour ce puissant pouvoir. Il n’était pas pertinent pour elle, et surtout dangereux de s’entraîner dans la cité. Et effectivement, comme je l’avais supposé, chaque pouvoir, sauf de rares exceptions, était unique. Cela rendant plus difficile la diffusion de conseils, sans oublier qu’il n’existait pas de professeur de magie pour les encadrer.

L’air apparemment amusé, elle m’affirma que je ne la dérangeais aucunement, au contraire. Et qu’elle aimait discuter.
Encouragé, je poursuivis

« Alors je vais en profiter, puisque j'aime bien discuter aussi. Et puis, Esseroth est si différent de mon monde. Je savais déjà qu'il n'y avait pas de monnaie sur Aliaénon, mais c'était à peu près tout. Donc pas de professeur de magie... Et les enfants ? Bénéficient-ils d’un enseignement particulier ou ils sont libres comme l'air de leur journée, ou bien occupés à aider à leurs parents ? »

La vie sur Esseroth me semblait particulièrement intéressante et j’étais désireux d’en savoir plus. Elle me répondit que dans leur enfance, ils apprenaient des rudiments de base (histoire d’Esseroth, lecture, langue, utilité de chacun, et les valeurs de la cité). Il y avait également des séances où ils apprenaient à découvrir leur pouvoir dès que les premiers signes se présentaient. Et ceci, encadrés par des anciens sages.

« Vraiment fascinant ! Kaar m'a dit qu'il avait découvert ses pouvoirs à l'adolescence... c'est pareil pour tous ? Ou certains les découvrent beaucoup plus tôt, ou beaucoup plus tard... ou même pas du tout ? »

Règle générale, les pouvoirs se développaient au début de l’adolescence, mais cela pouvait varier. Cela se produit plus tôt chez certains alors que seulement à l’âge adulte pour d’autres. Elle raconta qu’il était déjà arrivé que le pouvoir tarde tellement à s’exprimer que les Esserothéens de l’époque crurent que la personne n’ayant aucun pouvoir et l'avaient exclus de leur cité. Il s’agissait en fait de Vallel. Ayant appris de leur erreur, cette pratique n’était plus, chacun découvrant son pouvoir à son rythme.

« Et il y en eut d'autres comme lui qui durent quitter Esseroth à cette époque ? » Dis-je vraiment intéressé par la conversation.

Elle n’avait pas eu vent de d’autres cas similaires. Ce sujet était plutôt tabou. Et ça se comprenait. Elle m’apprit que les parents de Vallel l’avaient accompagné vers la lande noire, mais n’avait pas survécu au long et dur trajet. Cette tragédie expliquant la rancœur nourrit par Vallel.
« C'était une grave erreur en effet. Heureusement que cette pratique n'a plus lieu. Et pour vous, comment et quand cela s'est manifesté ? Si ce n'est pas indiscret, bien sûr. »

Les pouvoirs des filles apparaissaient plutôt que chez les garçons. Un peu moins à l’aise, elle me fit comprendre que ça correspondait à leur première période de saignement, ce que je ne compris pas immédiatement. Ce qui fut vers l’âge de dix ans dans son cas.

« Oh ? »J’hésitai un instant songeur, puis je compris

« Ah oui, je vois... »

Puis avec le sourire toujours sur les lèvres, je commentai :

« Puisque les pouvoirs se manifestent vers l’âge de la puberté, est-ce qu'ils s’estompent lors du début de la vieillesse où vous en profitez toute votre vie ? Au départ, je considérais que vous aviez une chance inouïe de posséder ces pouvoirs, mais après une journée passée sur vos territoires, j'ai vite réalisé qu’il s'agit plutôt d’une lourde responsabilité à porter. »

Une fois de plus ma question l’amusa. En fait, si leur pouvoir débutait à la puberté, il ne s’évanouissait pas à la fin de la fertilité. Elle me fit comprendre que les pouvoirs des Esserothéens étaient pour la plupart maitrisés et inoffensifs. Ce qui n’était pas le cas de notre magie.

Je réfléchis un peu à ses paroles, et toujours souriant je répondis:

« Vous avez raison, j'ai confondu magie qui nous envahit yuimeniens lors de nos visites dans votre monde et les pouvoirs des Esserothiens.... une nette différence.... Et j'avoue que je ressens davantage d'admiration que de peur face à vos pouvoirs. »

Tout en souriant, elle me corrigea gentiment sur le nom donné aux habitants d’Esseroth. Puis elle ajouta que je devais par contre craindre les siens.

« Oui, Esserothéens, désolé, je vais tâcher de m'en souvenir. »

Je m’arrêtai un moment, cherchant visiblement mes mots avant de rajouter

« Je suis persuadé que vos pouvoirs sont admirables également. Et que ce n'est qu'une question de temps avant que vous ne les domptiez. »
Terminai-je sur un ton encourageant.

Elle se contenta d’un haussement d’épaules.
Voyant que mes compagnons commençaient à se lever et s'approcher de nous, je profitai des derniers moments de notre conversation privilégiée pour lui demander.

« J'aurais une requête à vous faire, mais sentez-vous libre de la refuser, si elle ne vous convient pas. »

Tout en lui souriant, je demandai:

« Lorsque nous serons de retour sur Esseroth, ou bien plus tard, lorsque notre mission sera plus avancée, j'aimerais bien vous accompagner une journée entière dans Esseroth, vous assister dans votre routine quotidienne, échanger avec les Esserothéens, faire leur connaissance, leur rendre service... »

Elle me répondit sans hésitation que ce serait un plaisir pour elle. Mais que je devais d’abord me concentrer sur notre mission qui était urgente.

Content qu'elle accepte, je lui offris mon plus beau sourire.

« Oui, oui la mission d'abord. Ce sera après, lorsque nous pourrons nous le permettre. Et je vous remercie grandement d'accepter cette requête particulière. Je tâcherai de ne pas être encombrant ou assommant, mais de vous être utile. »


Elle se contenta de baisser la tête tout en fermant les yeux.

Cette conversation fut si plaisante que j’en avais oublié mon cauchemar.

Lorsque je vis Xël sortir de sa tente, je m’adressai à lui, espérant que sa nuit fut meilleure que la mienne.

Lorsqu’il fut à portée de voix, je lui demandai :

« Bien reposé ? »

Il n’en était pas certain. Mais je ne questionnai pas davantage, craignant que la conversation s’oriente ainsi sur les rêves et je n’avais aucune envie de parler du mien.

Aimablement, je lui proposai.
« Il vous est toujours possible de retourner dormir, si vous le souhaitez. C’est mon tour de garde. »

Il refusa mon offre, expliquant que le jour était sur le point d’arriver.

Ce à quoi je répondis :
« Vous pouvez me tenir compagnie si vous voulez.»

Il hocha la tête, puis s’approcha, me demandant ce qui s’était passé après le combat.

« Je ne sais pas si vous étiez endormi quand cela s'est passé... mais les corneraures ont été ressuscités... et par la suite, ce fut les pachylaires qui l'ont été… c'est l'œuvre de Yliria. Je vous ai descendu du pachylaire, Silmeria a porté vos affaires et Yliria a monté votre tente... après les essais infructueux de Silmeria. Et puis je vous ai installé dans votre tente avec votre couverture. Vous dormiez comme un bébé.. .vous aviez vraiment besoin de repos.»

Il me remercia d’avoir pris soin de lui et expliqua que son intense fatigue était due au contrecoup de la magie. Et ajouta qu’il aurait été préférable qu’il demeure à Esseroth. Il s’enquit ensuite de la gravité de nos blessures.

« Non, nos blessures ont été soignées tout de suite après la résurrection des pachylaires et de la flore environnante. »

Et je commentai sa précédente remarque :

« C'est une bonne chose que vous soyez rétabli et une bonne chose également que vous soyez aussi ici avec nous. »

Il confia souhaiter que le problème se règle vite sur Aliaénon, il s’inquiétait pour Kendra Kâr.
Je le regardai, perplexe:

« Et pourquoi ? »

Suite au décès du Roi Solennel, la question de la régence du royaume demeurait.
Je réfléchis un court moment avant de lui demander:

« Et si la situation perdurait ici ? Ce qui n'est pas impossible...que feriez-vous comme choix ? »

Bien entendu, il respecterait son engagement envers Aliaénon, mais à son retour sur Yuimen, il s’en prendrait à la personne qui aurait causé souci à la princesse, le cas échéant.

« Je vous comprends... mais elle n'est pas sans ressource, et il doit y avoir des gens fiables pour la seconder.... sans diminuer bien sûr l'importance de votre présence auprès d’elle. »

Il précisa justement qu’il était absent.

« Inutile de vous culpabiliser, vous êtes exigeant avec vous-mêmes, vous ne pouvez être partout à la fois. »

Affirmation qu’il approuva avant de s’enquérir de l’endroit où se trouvait ’Egregor.

Je haussai les épaules :

« Je l’ignore, désolé. »

Alors que je ne l’avais pas vu de la nuit, voilà que Praline fit son apparition et se lova contre mon pied gauche.

Avatar du membre
Jorus Kayne
Messages : 346
Enregistré le : ven. 21 déc. 2018 20:30
Localisation : Aliaénon

Re: Esseroth

Message par Jorus Kayne » ven. 11 nov. 2022 21:51

Esseroth IV.
Esseroth V



Malheureusement pour moi, Kaar est bien trop atteint par la perte de nos montures, pour être en mesure de tenter quelque chose. Yliria arrive à ce moment-là vers nous. Voyant l’état de ma blessure, elle me remercie d’avoir protégé le garzock et me propose une potion pour soigner cette vilaine plaie. Pendant qu’elle se porte vers Kaar et les montures en compagnie de son invocation, j’examine un peu plus ce gros bobo, dont la douleur vive me rappelle sans cesse à son souvenir.

(Je suis sûr que c’est rien, juste une grosse estafilade qui saigne et…ha putain ! Mais c’est que ça pisse de sang de partout !)

(Ben oui tatache ! Tu croyais quand même pas que ton bras était solide comme le roc !)

(Haaa ! J’ai vu un truc blanc ! C’est l’os ! J’suis sûr qu’il m’a ouvert jusqu’à l’os ! Ha putain de saloperie de vache à lait de…)

Je n’ai pas le temps de jurer davantage, qu’une douce lumière nous englobe, ramenant à la vie nos montures, même celle qui s’est faite tranchée en deux.

(Jorus regarde ton bras !)

Effectivement, la lumière disparaît, emportant avec elle la douleur de mon bras ainsi que mes diverses blessures. Plus encore que cela, des squelettes s’extraient du sol. Parmi elles, des créatures que nous avons déjà vues reprennent vie et s’éloignent rapidement lorsqu’elles se rendent compte de la proximité avec les corneraures. Mais ce n’est pas le cas de tous. Des fauves musclés avec des griffes et des dents tranchantes. Des créatures qui regardent, humanoïdes comme bêtes, en grognant agressivement. Hélas pour elles, cette seconde vie ne sera que de courte durée, lorsque les corneraures mettent cette nouvelle menace au rang de corps inerte.

Kaar est sûrement le plus stupéfait de tous et s’empresse de remercier Yliria, avant de me porter un regard gratifiant, puis rejoint par Egregor. Mon bras fraîchement retrouvé dans sa nature intacte, je me tourne vers Yliria pour le lui faire signaler.

"Je te remercie, mais en plus d’avoir ce qu’il faut, je suis comme neuf. Ce n’était d'ailleurs qu’une simple égratignure !"

(Une égratignure ? « Haaa mon bras il est fendu jusqu’à l’os ! Haaa ! » Une vraie pissouse !)

(Tu veux pas aller voir l’autre blondinet pour lui baver dessus ?)

(Mais c’est qu’il est jaloux le p’tit Jorus ? C’est trop mimi !)

Autant pour arrêter cette conversation que par inquiétude, je porte mon intérêt sur Lysandre qui reprend forme humaine au milieu de tous, sans oser dire un mot. Il donne ainsi une impression de profonde solitude. Alors que je ramasse ma torche avant de m’avancer jusqu’à l’homme-oiseau, Kaar affirme que les corneraures, ainsi que Corne d’Or, ne seront plus un danger pour nous et sont prêt à veiller sur nous.

(Une bonne chose !)

(Tu crois qu’on peut se fier à ces bêtes ?)

(Moi je me fie à Kaar. De plus, elles ne nous attaquent plus, alors qu’elles sont clairement en supériorité numérique. Mais elles pourraient savoir ce qui se passe dans la région. Il faudra demander à Kaar.)

M'inquiétant de l'état d'esprit de l'homme-oiseau, je m'approche délicatement jusqu'à lui.

"Lysandre ! Comment vous portez vous ?"

"Avec des ailes ?" Essaie-t-il vainement de plaisanter avant de poursuivre en grimaçant qu’il sent son cœur au bord de l’explosion.

Je souris à sa plaisanterie, mais cherche à préciser ses émotions.

"Exploser ? C'est-à-dire ?"

Il me confirme que cela vient de sa peur. Il va me falloir le réconforter, ou du moins, tenter de le faire. Je pose une main apaisante sur son épaule en de répondre.

"Comme nous tous Lysandre. Malgré cela, vous vous êtes dressé contre nul autre que corne d'or. Vous ne semblez pas être un guerrier à première vue, pourtant vous avez risqué votre vie pour protéger quelqu'un d'autre. Un acte d'une grande bravoure !"

Il secoue la tête. "Non. Non, je n'ai jamais eu à me battre. J'observe, et je rapporte. J'observe, et je fuis. Je... je n'ai agi que par instinct, ici. Tout me disait de fuir, de partir loin."

Se contredisant lui-même, j'enchaîne rapidement aux derniers propos.

"Mais vous ne l'avez pas fait Lysandre ! Vous ne l'avez pas fait ! Vous avez toujours observé, mais là où nous nous rendons, vous risquez de devoir faire plus." Je laisse un peu de temps pour lui permettre d'assimiler l'idée. "Je n'ai pas eu l'occasion de vous le dire, mais vous avez un don merveilleux ! Voler de la sorte est tellement grisant. Je connais quelqu'un qui est similaire à vous. Une elfe avec la capacité de se transformer en animal volant. J'ai eu la chance de voler sur son dos. Je comprends ce que vous ressentez, mais vous pouvez faire plus que simplement observer Lysandre. Egregor était un guérisseur, même si c'est la colère qui l'anime, il a dû transformer ses pouvoirs autrement. Il en est de même pour vous. Il vous suffit simplement d'obtenir ce qui vous manque !"

"En mangeant des graines ?"

Encore une fois, il détourne la situation à l’humour, bien qu’il ne croit pas à mes propos. Alors que je pouffe de rire, il continue de clamer qu’il n’est qu’éclaireur et que cette situation lui va bien.

"Non, en prenant confiance en vous. Egregor est d'accord sur ce sujet. Mais je dois avouer que votre humour me plaît beaucoup !" Je reprends une expression un peu plus sérieuse, pour ce que je vais dire. "Ce qui s'est passé à la tour d'or, sa destruction, puis la mort du titan...des événements importants sont en train de se produire et le danger nous guette tous !" Je m'arrête un instant avant de reprendre. "Autrefois... j'étais comme vous : fuyant. Le danger ne m'a pas fait fuir que ma ville natale. J'ai laissé mon meilleur ami et une jeune femme à qui je tenais un peu plus. Je ne suis revenue que trois ans plus tard. Mon ami ne l'était plus et quant à la jeune femme...elle..." A ce douloureux souvenir, l’émotion me gagne et une larme vient naître dans un coin de mon œil. Une larme que je réprime rapidement. "Encore une fois, j'ai fait la seule chose que je savais faire : fuir. C'est peu de temps après que les choses ont changé. J'ai eu à me battre à deux reprises, risquant ma vie pour la première fois. Mais à la seconde, j'aurais pu fuir et éviter d'être aux portes de la mort, mais cela aurait mis en danger des enfants. Pour la première fois, j'ai fait le choix de ne pas fuir. Un choix que vous-même avez fait ce soir ! Je ne me bats pas par goût du risque ou par soif d'adrénaline. Je me bats pour protéger !"

C’est en baissant les yeux qu’il s’exclame.

"Je ne pense pas être fait de ce bois-là. Vous êtes, tous ici, des héros, des aventuriers. Je ne suis qu'un esserothéens. Et ça me satisfait. Je ne fais ici que mon devoir, en tant qu'éclaireur, mais je ne pourrai jamais être comme vous."

(Mais bon sang, qu’a-t-il avec cette histoire de héros ?)

Surpris je demande.

"Et qu'elle est votre définition du héros ?"

"C'est... heu... quelqu'un qui de dresse contre l'adversité et sauve un peuple, une ville, une famille. Pour eux, il devient un héros."

"En somme, quelqu'un qui va agir pour les autres, au détriment de son propre intérêt. Un peu comme vous l'avez fait avec Xël !" Je m'arrête un instant avant de reprendre. "Egregor se bat pour Esseroth et tous ses habitants, Kaar doit probablement désirer protéger son peuple, mais aussi la cité qui l'a accueilli. Et vous ? N'avez-vous personne à protéger ?"

"J'œuvre aussi pour le bien de ma cité. Je suis éclaireur, je veille à ce qu'aucun souci ne se passe dans les alentours, qu'aucun ennemi n'arrive sur le territoire. Mais un simple être accomplissant son devoir n'est pas un héros. Et cela me va très bien."

(Ca y est, il recommence !)

"Si nous parvenons à empêcher la corruption jusqu'à Esseroth, pensez-vous que les vôtres ne vous verrons pas en tant que tel ? Vous minimisez votre propre rôle avec nous. Avoir un éclaireur est crucial, mais nous aurons certainement besoin de plus. Vous l'avez vu ce soir. Votre intervention nous a été bénéfique, mais un peu tardive selon certains, une hésitation selon moi. Mais la prochaine fois, cette hésitation pourrait bien coûter la vie de l'un de nous !"

"Je... Je ne peux pas vous promettre d'agir plus rapidement, la fois prochaine. Je suis peureux, c'est comme ça. C'est pour ça que je n'ai pas l'étoffe d'un héros. Il n'y a rien à y faire. Alors je joue l'éclaireur, sans plus. Et je tâcherai de vous aider au mieux. Vous, les héros."

(Bon, va falloir qu’il arrête avec cette histoire de héros là !)

Je pose une main sur l’épaule de Lysandre.

"Vous vous trompez sur de nombreux points. La première, c’est de nous considérer comme des héros. Moi par exemple. Il y a peu, je pointais ma propre lame en direction de ma gorge à cause d’une terrible erreur que j’ai commise. Je ne suis pas un héros et ne considère pas mes camarades comme telle. Surtout une personne en particulier." Fais-je plus bas cette dernière phrase avant de reprendre. "Je ne vois qu’ici des personnes prêtes à agir et risquant leurs vies au service d’une même cause. La seconde, c’est de sans cesse vous dévaloriser. Vous nous citez comme des héros, mais sans vous y inclure. Pourtant, vous-même avez pris le risque d’être frappé mortellement par Corne d’Or. Un acte bien loin de l’étiquette de lâche que vous vous affublez. Et dernièrement." Je resserre un eu plus ma main sur son épaule. "Nous avons tous peur, même maintenant. La seule différence, c’est que nous ne laissons pas cette peur nous guider. Elle peut causer la mort face à un danger imminent, mais vous savez ce qu’il y a de pire à cela ? C’est de vivre dans une peur constante, car elle n’est qu’au final, qu’une lente agonie que la mort libère. Vous avez le pouvoir de voler dans les cieux, mais votre peur vous enchaîne. Apprenez à dompter votre peur, ou elle domptera votre vie !"

Sur ce, je pars et laisse Lysandre méditer sur ces mots. Il me laisse partir, baissant de nouveau les yeux.

(Bon au final, je n’ai rien pu faire pour l’aider !)

(Je pense que tu te trompes. Tout acte à ses conséquences. Tu as posé une graine dans son esprit, laisse-lui le temps germer correctement. Qui sait ce qui va se produire la prochaine fois !)

Après cela, je commence à monter ma tente. Je ne sais pas si la nuit va être courte, donc autant profiter un maximum du temps à disposition. Je mange le peu de vivre qu’il me restait de mon voyage du Nosvéris en plantant ma tente, éclairé par la torche que je plante dans le sol. Habitué à dormir dehors, il ne me faut pas longtemps pour tout mettre en place. Mais avant que ce ne soit fait, je me demande si nous pourrions avoir des informations de Corne d’Or. Après tout, il arpente les lieux sans grande difficulté, il a certainement vu quelque chose.

(Je vais ressasser cette idée encore et encore, retardant mon sommeil. Autant aller voir Kaar maintenant !)

Je le cherche du regard et le vois allongé vers nos montures. Je m'avance un peu, craignant de le déranger. Cependant, la présence de ces créatures pourrait nous être d'une plus grande aide que prévu dans le déroulement de notre mission.

"Kaar, je suis désolé de vous déranger. Aussi, je ne vous prendrais pas plus de temps que nécessaire. Lorsque vous aurez le temps, pourriez-vous user de votre capacité à communiquer avec les corneraures pour savoir s'ils ont vu quelque chose dans ces terres qui pourraient nous aider. A moins que vous ne l'ayez déjà fait ?"

Prétextant que je ne le gêne pas, il s'étire et se frotte les yeux, avant de me répondre.

"J'ai communiqué avec Cornes d'Or. Il a vu la corruption et a confié qu'elle a déjà marqué certains des siens. Il nous y accompagnera là-bas. Je comptais vous en parler à l'aube."

"Alors non verrons cela à l'aube. Vous avez été très touché par ce qui est arrivé aux montures. Est-ce là un effet de votre pouvoir ou simplement votre dévouement personnel avec elles ?"

Il acquiesce confirmant que c’est un peu des deux. Son pouvoir lui permet de se lier aux animaux comme à de véritables personnes. Les perdre, revient à perdre un proche.

"Je comprends. Vous sembliez craindre Corne d'Or. Est-ce là une information tirée des animaux avec qui vous converser ?"

"Cornes d'Or est un animal de légendes. Peu peuvent se gausser de l'avoir aperçu, et bien moins nombreux sont ceux qui en sont revenus vivants. C'est un être dangereux, qui n'a pas d'âge. Croiser sa route signifie bien souvent la mort. Nous... pouvons nous estimer chanceux."

"Dans ce cas vous devriez profiter de l'occasion pour entretenir de bonnes relations avec lui. Cela pourrait permettre, à l'avenir, d'éviter des rencontres mortelles avec lui et peut être même, avoir un puissant allié dans la région !"

Il affirme que c’est déjà un grand honneur qu’il accepte de nous aider et s’emploie du mieux possible pour entretenir un lien avec lui.

"Alors nous tâcherons d'être à la hauteur de ses attentes ! Hormis Cornes d'Or, savez-vous si nous devons craindre d'autres créatures de ce genre dans la région ?"

"Des créatures de légende ? Oui, il est fait mention d'un Serhos unique, mélange d'un Serhos et d'un fauve. Mais nul ne sait s'il existe : personne ne l'a jamais aperçu, de mémoire de vivant."

"Un Serhos ? Je suppose qu’il ne s’agit pas là d’un charmant brocard n’est-ce pas ? Aucune chance non plus de rencontrer des lapins distribuant des friandises dans la région ?"

"Vous devez en avoir vu : ces cervidés aux cornes de pierre. Par contre... Pas de lapin non." Termine-t-il en me fixant d’une drôle de manière.

"Laissez, ce n’est là qu’une divagation d’une journée trop longue sur le corps, dont la fatigue devient maîtresse. Il est temps pour moi de me reposer. Je n’ai guère confiance en ces créatures, en vous si ! Je vais donc faire comme vous et en profiter pour dormir un peu."

"Je vous en prie. Prenez donc du repos."

"Reposez-vous bien !" Dis-je en posant une main amicale sur son épaule, avant d’aller me coucher.

Finalement, après de longs exercices de respirations pour calmer la récente tension du combat avec les corenraures, mon esprit s’évade.

Une détonation me tire brutalement de mon sommeil. Je tâte autour de moi. Je suis toujours dans ma tente et malgré le pic d’adrénaline, j’ai l’esprit dans les vapes. Rapidement, je sors à l’extérieur pour voir ce qui s’y trouve, avec la certitude que le pire nous attend.

(Ce ne serait tout de même pas… ?)

Et si.

"Mais bon sang qu’est-ce que tu fous ?"

Ma terrible crainte refait surface.

"J’ai pas fini, je gère !" Répond Yliria, secouant sans peine une poêle de deux fois sa taille, sans compter le manche. "Regarde ce qu’on peut faire avec juste un œuf de Sibelle quand elle est en forme de piaf !"

"Je t’ai pourtant prévenu que les choses sur Aliaénon étaient différentes que sur Yuimen ! Tu vas faire quoi si c’est trop cuit ?"

Hélas, la jeune femme ne m’écoute pas et lance en l’air une crêpe d’une taille abyssale. A son retour de chute, la crêpe recouvre la semi-shaakt ainsi que le sol qui l’entoure sur plusieurs mètres. Craignant qu’elle ne s’étouffe, je me fraie un chemin jusqu’à elle, armé de mon courage, d’une cuillère et d’un gros tas de confiture au creux de ma main. La sueur perle sur mon front. Je ne sais pas qu’elle quantité j’ai mangé, ni même si j’ai pensé à refermer la tente derrière-moi. Je commence à fatiguer et ma culière s’émousse petit à petit. J’arrive enfin jusqu’à un dôme, taillant la pâte pas assez cuite et délivrant la malheureuse. La magie d’Aliénon est traîtresse. Voici maintenant qu’Yliria s’est transformée en ces étranges créatures au nez disproportionné. Je l’extrais de son entrave pâteuse, en la tirant avec les doigts dans le nez. Je la porte avec moi, jurant de l’aider à retrouver son apparence.

Alors que je regarde autour de moi, je m’aperçois que la pâte à crêpes nous englobe de nouveau. Mes jambes y sont prises comme dans des sables mouvant et mon corps se fait lentement aspirer dans cet amas gluant. Incapable de m’extirper de là, je cache Yliria dans ma veste. Il ne faut surtout pas que la pâte entre par son nez ! Autour de moi, d’autres créatures sont également présentes. Mon affolement les terrifie et leur nez se met à grossir encore et encore. Ils deviennent d’énormes nez blanc avec des taches rouges, jusqu’à ce qu’ils explosent les uns après les autres. Ma veste comment à me serrer dangereusement. C’est à présent à Yliria d’avoir le nez qui croît sans cesse. Bien plus gros que ses congénères, je ne peux la garder avec moi. Et l’explosion arrive. Je suis projeté plus loin, pris dans une mélasse qui reprend l’aspiration de mon corps. Lorsque finalement ma tête se fait engloutir, je prends une grande inspiration.

Un énorme pet sonore retentit, issu de mon fondement.

"Arrête tes bêtises, on a besoin de toi !" Me crie Simaya.

Je suis juché sur son dos, dans sa forme draconique. Face à nous, un dragon rose et le terrible dragon noir s’opposent dans un duel d’acrobatie aérienne. Nul coup de griffe, nulle morsure ne les opposent. Seule l’habileté d’un balai aérien les affecte mutuellement.

"Si le dragon noir réussit sa vrille en se touchant le museau avec sa queue, nous sommes perdus. Je ne puis hélas vous être d’un grand secours, il faut absolument que je termine de faire mon nid avant l’arrivée des œufs !" Clame-t-elle.

Ainsi, Simaya est enceinte et tout va donc dépendre de moi. Il est vrai que la magie m’affecte et cette fois-ci, je sais que je suis en mesure de me transformer. Encore une fois, je me concentre. Je bande tous mes muscles et focalise mon esprit sur un immense dragon. Je visualise un saurien de la tête jusqu’au bout de la queue. Rapidement, l’image du drakarn me revient. La magie d’Alaiénon fait son œuvre et me voilà transformé en un terrible dragon qui s’impose comme un puissant adversaire, mais chute au sol. Le drakarn n’a pas d’aile et je n’ai pas eu le temps de les imaginer correctement. Deux petites ailes minuscules sont néanmoins présentes, mais largement insuffisantes pour me faire voler.

"Que fais-tu ? Bats des ailes !" Hurle la magicienne.

"C’est ce que j’essaie !" Lui dis-je en usant frénétiquement de mes membres atrophiés.

Incapable de résister à la force de la gravité, je chute. J’atteins le sol au beau milieu d’un champ de bataille devant les armées de Kendra Kâr. Les murs d’Oranan sur ma droite et Oaxaca près de moi qui m’oblige à les attaquer. Mais j’en suis incapable. Je voudrais lui dire que je suis avec eux, mais toute la pâte à crêpes a fortement remué dans mon estomac et seules des remontées gastriques s’échappent de ma gueule dans un rot tonitruant. De l’haleine qui s’échappe, des effluves terribles frappent tous les êtres vivants et les font tomber au sol. Seuls les plus endurants et les elfes protégés par un mouchoir parfumé, parviennent à résister. Devant moi, Oaxaca ricane odieusement face à cette terrible hécatombe.

"Maintenant, il ne reste qu’une poignée de survivants ! Dès qu’ils seront capturés, ils devront laver le linge des garzocks jusqu’à la fin de leur vie !"

Cette simple déclaration fait frémir d’effroi l’armée hinïonne, dernier rempart des hommes libres, qui fuit.

"Hahaha ! A présent que plus personne ne peut s’opposer à nous, il est temps de partir pour Kendra Kâr !"

"Mais je ne peux pas voler avec mes ailes !" Dis-je en me lamentant.

"Alors tu prendras la mer à bord d’un bateau !" Ordonne-t-elle.

Non loin de moi, la mer s’étend à perte de vue et un navire m’attend pour prendre le large. Je monte dessus, mais il est bien trop petit pour moi. J’arrache les mâts, les voiles et tout ce qui se trouve sur le pont, provoquant la colère du capitaine. J’ai beau m’excuser, il faut bien que je monte dessus, mais c’est à peine si une seule de mes pattes tient, alors faire tenir les quatre est un exercice périlleux, d’autant plus qu’il faut garder l’équilibre.

J’arrive à tenir bon, sur mon embarcation jusqu’à rencontrer un vol d’oiseaux migrateurs. Ses derniers me prennent pour un gros rocher sur lequel ils se posent et se cessent de déféquer. J’ai beau les repousser avec ma grosse tête, tout ce que j’arrive à faire, c’est de les attirer dans mes grosses narines. Chatouillé de l’intérieur, j’éternue si fort que je tombe à l’eau. Dans ma forme humaine, mon esprit s’égare alors que mon corps se laisser aller au gré du courant marin. Je rencontre Yliria complètement à l’envers.

"Mais pourquoi tu ne tombes pas ?" Lui dis-je.

"C’est plutôt à toi qu’il faut le demander !"

Comprenant que c’est moi qui suis à l’envers, je tombe lourdement au sol, manquant de peu de me briser la nuque.

"Relève-toi ! Le destin du monde est entre tes mains !" Clame-t-elle en regardant droit devant elle dans une posture héroïque.

"Mais j’ai besoin de toi !"

"Je ne peux pas t’aider, je dois fixer l’horizon d’un œil sévère !" Répond-elle. "Va à la barque et dirige-toi jusqu’au centre du lac !"

Les pieds sur le sol meuble d’une plage, je monte sur la barque et prends d'énormes plumes de paon en guise de rames. Une fois au centre du lac, je regarde autour de moi, sans savoir ce que je dois y faire. Une canne à pêche est présente dans l’embarcation. Je l’utilise donc et envoie l’hameçon au loin, avant de me demander si j’y ai mis un appât. Pas la peine, ça mord déjà ! Je ne sais pas ce qui se trouve sous l’eau, mais c’est gros, voire énorme. Heureusement que la barque reste en place. Au bout d’un énorme effort, une gerbe d’eau surgit vers les cieux et une créature mi-humaine, mi-poisson s’en extrait pour se diriger vers moi très rapidement. Il s’agit en fait d’une sirène, avec le bas du corps d’une truite et le haut appartenant à Silméria, la régicide. Elle fonce sur moi, sans ralentir, un rouleau à pâtisserie et un pachylaire en mains, en hurlant :

"Falafeeeeeeeel !"

Puis me percute violemment.

Je me relève soudainement de ma couche, le dos en sueur. Mon cœur bat comme jamais il n’avait battu. Je tâte autour de moi pour constater que je suis dans ma tente. Tous mes effets personnels sont présents.

(Bon sang, ce n’était qu’un affreux cauchemar !)

Je ressens le vif besoin de prendre l’air. Dehors, d’autres sont déjà debout. Il y a le blondinet, mais surtout la ravissante Eaeria. A mon approche, celle-ci se lève pour me saluer. Elle porte sa tenue légère, qui met ses ravissantes formes en avant.

"Depuis que je vous ai vu, je n’ai cessé de penser à vous. Je ne pouvais plus rester à Esseroth sans vous avoir dit ce qui me brûle sur les lèvres et embrase mon cœur !"

Pas vraiment surpris par son comportement, je parcours la distance qui nous sépare dans une démarche de séducteur. Incapable de résister à l’attirance qui nous lie l’un à l’autre, elle se jette sur moi et prend mon visage dans ses mains, le tenant à quelques centimètres du sien et de ses lèvres. Nos souffles se croisent et nos regards se perdent l’un dans l’autre.

"Jorus ! Jorus ! Embrassez-moi !" Me supplie-t-elle.

Fermant les yeux, je m’approche d’elle, obéissant à mes propres pulsions.

"Non pas comme cela, ouvrez les yeux !"

J’obéis et à la place de son visage angélique, se trouve la tête de ses odieuses créatures avec des tentacules en guise de bouche. Ces tentacules englobent l’intégralité de ma tête, me soulevant du sol, tandis qu’une chose gluante pénètre dans ma bouche.


Je me relève soudainement de ma couche, le dos en sueur. Mon cœur bat comme jamais il n’avait battu. Je tâte autour de moi pour constater que je suis dans ma tente. Tous mes effets personnels sont présents, de même qu’un horrible sentiment d’être encore dans mon rêve. J’ouvre la bouche et gratte ma langue de mes mains, pour m’assurer qu’aucun corps étranger n’est présent. Je regarde par l’ouverture de ma tente pour constater que Mathis et Eaeria sont présents, exactement comme dans mon cauchemar, à une différence près.

(Jorus ça va ? Tu trembles particulièrement et ton coeur est sur le point d'exploser !)

(Oui…je…je crois que…j’ai fait un rêve vraiment très étrange ! Je vais attendre un peu avant de sortir. Je crois. Ca vaut mieux !)

(Si tu le dis.)

Il me faut un peu de temps avant de reprendre le contrôle de ma respiration et stopper les tremblements de mon corps. Une fois dehors, je m’avance vers les deux que j’ai vus, mais l’horrible impression de mon rêve est aussi tenace qu’effrayante. Ce qui est sûr, c’est qu’après un tel rêve, je ne risque pas de retrouver le sommeil, quand bien-même j’en aurais envie. Je préfère donc m’éloigner et scruter les alentours, attendant que tout le monde se lève. Rien de particulier ne se passe cette nuit-là, si ce n'est que bien avant les premières lueurs du jour, les corneraures nous quittent, disparaissant dans l'obscurité de la nuit, laissant cependant Cornes d'Or avec nous.

(Je crois qu'eux aussi ont fait des rêves bizarres !)

Modifié en dernier par Jorus Kayne le ven. 18 nov. 2022 21:31, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Xël
Messages : 339
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 14:50

Re: Esseroth

Message par Xël » ven. 11 nov. 2022 21:59

J’ouvre les yeux, ressaisissant à deux mains l’objet rond que j’ai entre les mains. J’exécute un mouvement vers la gauche, redressant la trajectoire de la monture que je dirige. Une monture qui pourrait sortir du laboratoire de Khynt, assemblage d’acier, de commandes et de lumières qui bouge bien vite aux côtés de beaucoup d’autres sur un chemin large et gris. Bizarrement je sais comment m’en servir, mon pied gauche appuie sur une pédale tandis que ma main droite attrape un levier que je baisse avant de relâcher la pédale pour ensuite appuyer sur une autre de l’autre pied. La monture ralentit tandis que je répète l’opération plusieurs fois jusqu’à m’arrêter sur le bord du chemin, laissant passer les autres cavaliers dissimulés derrière la cuirasse de fer. Je défais la sangle qui me maintient pour pousser la porte et m’extirper de la machine, remarquant au même instant mon accoutrement. Des chausses toutes basses et fines qui me protègent à peine de la fraicheur du sol, nulle doute qu’elles prendraient l’eau si il pleuvait. Un pantalon sombre au tissu rugueux et usé dans lesquelles je trouve au fond de mes poches d’étranges objets: un paquet de feuilles pliés, douces et épaisses sur lesquelles sont estampillées des feuilles de lotus blanches et un étrange rectangle plat qui s’éclaire quand je tapote sa surface du bout du doigt.
Un autre tissu recouvre mon torse, trop fin pour me protéger efficacement du froid et de l’humidité et qui serait surtout incapable de me protéger d’un coup de hache Garzok. Un bruit assourdissant me fait cesser de m’inspecter, redressant la tête vers son origine, une machine de Khynt immense à la face carré, vrombissant comme un éboulement tandis que ses deux yeux m’éblouissent de leurs lumières éclatantes. Je dresse ma main alors qu’elle me fonce dessus, préparant ma magie pour me protéger mais rien ne vient. Seulement un crissement de cuir et un autre son assourdissant.

J’observe la machine s’éloigner en compagnie des autres pour retourner dans celle qui semble m’appartenir. Sangle, pédale, levier, tout me semble automatique et instinctif pour remettre en branle la monture qui se met à parcourir la distance bien plus rapidement qu’un cheval ne pourrait le faire. Je poursuis sur le chemin que j’ai l’impression de connaitre. Je m’arrête à une étrange lumière rouge pour reprendre quand une autre devient verte. Je continue jusqu’à m’arrêter devant un large bâtiment qui lui aussi me parait familier. Je descend de la monture de fer et y entre, salué par quelques personnes que j’ai le sentiment de connaître. Ils paraissent chaleureux, souriant en tout cas, bien que leurs visages sont prit d’une lassitude et d’une fatigue marqués. L’endroit est vaste, éclairés par d’étranges torches sans flammes qui sont orientées vers le bas. D’autres étranges machines prennent place un peu partout, dégageant une forte odeur et un bruit de soufflets et de scies en émettant une étrange lueur bleutée. Suis-je dans le royaume de Khynt ? Tout semble mécanique, fait de métal et atrocement bruyant.

Mes jambes me guident vers un endroit plus tranquille juste à côté de cet étrange entrepôt. Je pousse une porte me menant à un bureau où se trouve trois postes différents. D’une fenêtre je peux apercevoir ce qu’il se passe dans la grande salle à côté. Je vois même que les machines transforment du papier blanc en papier coloré. A travers la fenêtre, une femme blonde me salue d’un signe avant de sourire et de soulever un paquet de papier pour les poser sur un ensemble de planches de bois. Je décide de retourner dans cette pièce bruyante pour voir tout ça de plus près. Prudemment je m’approche de la machine la plus proche, je constate qu’elle ne parait pas vraiment animée, qu’elle répète simplement un mouvement mécanique. Des bras viennent attraper du papier pour l’emmener sur une table qui m’a l’air de l’aspirer pour l’empêcher de bouger. Ensuite la table fait de large mouvements de droite à gauche, passant dans la machine à l’abri de mon regard, provoquant simplement cette étrange lueur et à chaque passage, le blanc du papier se recouvre d’encres de différentes couleurs, mais aussi de lettres et de dessins. Comme si des centaines de scribes s’affairaient à l’intérieur. J’aimerais en voir plus mais du fond de la salle, je distingue quelque chose qui me fige sur place. Les fantômes des pachylaires et corneraures qui traversent le mur pour me charger en poussant leurs rugissements d’outre-tombe.

Je me réveille en sursaut, haletant, cherchant où je me trouve. Je reconnais l’intérieur d’une tente et distingue mes pièces d’armures dans un coin de celle-ci. Rassuré de ne plus être perdu dans mon cauchemar mais encore tremblant de sa conclusion, je me redresse pour m’équiper et sortir tandis que la nuit semble se terminer.
C’est Mathis qui vient me trouver en premier pour me demander si je me suis bien reposé.

« Je n’en suis pas sûr. »

Dis-je à la fois un peu endormi et en repensant à cette étrange rêve, perdu dans un royaume inconnu qui me semblait pourtant si commun. Mathis me propose de retourner me reposer mais face à mon refus, remarquant que le jour ne devrait plus tarder, il me propose de lui tenir compagnie. Je lui demande alors de m’expliquer ce qu’il s’est passé après le combat. Elle me raconte que les montures mortes sont revenues à la vie grâce à Yliria et que lui et Silmeria m’ont aidés à descendre de Cornes d’Or pour m’installer dans ma tente.

« Je vois. Merci … C’est le contrecoup de la magie. J’aurais mieux fait de rester à Esseroth. Pas de blessés graves ? »

Il répond que non et semble rassuré de me voir rétabli, assurant que c’est une bonne chose que je sois présent.

« J’espère que nous trouverons vite une solution pour Aliaénon. Je ne suis pas tranquille au sujet de Kendra Kâr. »

Il me regarde perplexe et me demande la raison.

« A cause de la situation pour la régence du royaume. »

Il réfléchit un court instant avant de demander ce que je ferais si la situation ici perdure.

« Je me suis engagé à aider ce monde et je le ferai. Mais si en rentrant j’appends qu’il est arrivé quelque chose à la princesse… le responsable aura de gros problèmes. »

" je vous comprends... mais elle n'est pas sans ressource, et doit avoir des gens fiables pour la seconder.... sans diminuer bien sûr l'importance de votre présence."

J’ignore si des gens fiables l’entourent. En revanche je sais qu’elle n’est pas loin de vermines.

« Difficile de parler de présence alors que je suis absent. »

Rétorquais-je à la conclusion de ses paroles. Il me conseille alors de ne pas me culpabiliser, rappelant que je ne peux pas être partout à la fois. Il a raison et je dois donc vite résoudre ce problème et faire part de mes hypothèses à quelqu’un qui pourrait les concevoir.

« Ouais. Une chose à la fois. Est-ce que tu sais où est Egregor ? »

Il répond qu’il l’ignore d’un haussement d’épaules et je prends alors poliment congés pour trouver l’Esserothéen dans un coin du campement, veillant de loin sur la grosse créature sur laquelle dort la régicide. Inquiet, je demande à Egregor si tout va bien. Étonné il répond que oui et que c’est presque miraculeux même si il ne sera soulagé que quand nous aurons arrêtés les nuées sombres.

"J'imagine que tu as un lien avec le coup de fouet que j'ai eu pendant le combat ?"

Il acquiesce, expliquant qu’il a fait ce qu’il a pu pour me faire tenir plus longtemps.

" Je te remercie pour ça. J'ai cru comprendre que personne n'est blessé, soigné par un sort qui a même ramené les montures à la vie."

"Je n'arrive pas à l'expliquer. Tous ces morts, puis tous ces vivants... Votre magie fait de plus en plus n'importe quoi, j'ai l'impression. Pour le bien comme pour le pire. Et ces nouveaux aventuriers n'ont visiblement pas votre prudence d'antan."

"Je n'ai pas toujours été prudent moi non plus. Je pense qu'ils comprendront vite que la magie n'est pas un jeu."

Répondis-je avec un hochement de tête.

"Pas s'ils pensent que ça se finira toujours bien comme ce soir. Je compte sur toi pour leur faire comprendre : il semble qu'ils ne m'apprécient guère. Des pieds-tendres, si tu veux mon avis."

Rétorque-t-il. Je les défends alors:

"Ils ont aussi eu leurs lots de malheur. C'est simplement le fait de ne pas comprendre comment la magie fonctionne ici qui les inquiete. La première fois que je suis venu sur Aliaénon je n'avais pas leur experience alors j'ai pu découvrir sans avoir un modèle de comparaison. Ils essaient, ils cherchent les limites et les façons de canaliser leur puissance."

Mais Egregor semble surtout s’agacer de leur susceptibilité mais hausse finalement les épaules et cherche à se persuader qu’ils sont là pour aider et pas aggraver les choses.

"Je les connais. Ils ne sont pas du genre à provoquer des incidents volontairement."

"Tu les connais... tous ? Ils sont dignes de confiance ?"

Je réfléchis un court instant et me rappelle que même si j’ai pu voir la régicide nue, je ne la connais pas vraiment. Et son sobriquet ne suscite pas vraiment la confiance.

"Ils le sont. Et ils sont de bonne volonté."

Répondis-je malgré tout. Il incline la tête et m’avoue qu’il a le sentiment qu’Aliaénon est vouée à subir les pires choses. Nostalgique tous les deux nous espérons qu’un avenir meilleur et plus paisible attend ce monde.

« J’imagine que nous ne tarderons pas à repartir. Une fois la menace examinée nous pourrons retourner à Esseroth. »

"Oui, dès l'aube nous irons. Et j'espère non seulement examiner, mais aussi éradiquer cette menace avant notre retour."'

« Si c’est ce que je crois alors nous ne pourrons pas le faire sans nous rendre dans les profondeurs de la Lande Noire… »

Il m’en demande plus et je lui explique ma théorie:

"Je pense que c'est lié au Sans-Visage et il cachait l'origine de sa magie dans La Lande Noire, peut être que c'est ça qui corrompt la région."

Pensif, il rappelle que La Lande Noire a toujours été sous une forme de corruption et me demande pourquoi elle s’étendrait ainsi alors que le Sans-Visage est mort. Je hausse les épaules et réponds:

« Et si il n’était pas mort et qu’il s’était simplement caché pour trouver un nouveau moyen de faire disparaître les Titans ? »

"Peut-être... Tu penses que c'est lui qui est à l'origine de tout ça ? Au moins sa disparition a fait partir ces foutus chevaliers."

« J’ai du mal à croire que l’effondrement d’une tour puisse le faire disparaitre complètement. »

"C'est vrai. Je ne me fie qu'à ce qu'a dit Glanaë. Si nul ne l'a vu, c'est qu'il se cache. Et s'il se cache, c'est qu'il se passe quelque chose."

Il souffle.

"Enfin. Il a peut-être trouvé le confort des cités qui le vénèrent, tout bêtement. Ca, Glanaë ne peut pas le savoir."

Je lui demande si il connait d’autres cités hormis Arothiir qui était plutôt du côté du Sans-Visage. Il me parle de Nagorin fut un temps. Des hommes du désert et peut être La Lande Noire. Il affirme en tout cas que ce n’est pas le cas d’Esseroth.

« Nagorin a épousé la cause de Naral Shaam. Je pense même qu’ils ont enfermés une partie du Sans-Visage dans leur temple. C’est pour ça que je tenais à venir. La description de la corruption ressemble à ce que j’ai pu voir à Nagorin lors de ma dernière visite. »

"Les Ouessiens y seraient pour quelque chose ?"

Dit-il en soufflant du nez.

"En tout cas, ce foutu elfe mauve n'est pas là. Et c'est tant mieux."

« Ça on en est pas encore persuadé. »

Je me méfie de ce lézard rose. Ce n’est pas parce que je ne le vois pas qu’il n’est pas là. Exactement comme le Sans-Visage au final. Et même si Egregor a du mal à me croire je lui rappelle qu’il y a d’autres fluides menant à d’autres mondes et que si celui pour Oranan et ouvert alors peut être que les autres aussi.

"Hm. Nous devrions voir à Elscar'olth, alors. C'est là que se trouvait le seul autre fluide connu vers un autre monde."

J’acquiesce.

« Il y a beaucoup de choses à faire à beaucoup d’endroits. J’espère que nous réussirons à ne pas trop nous éparpiller. »

"Vous saurez faire ce qu'il faut, je n'en doute à aucun instant."

Je reste silencieux, observant avec lui l’immense créature qu’est Corne d’Or avant de préparer mes affaires pour poursuivre le voyage.

Avatar du membre
Yliria
Messages : 464
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: Esseroth

Message par Yliria » sam. 12 nov. 2022 02:01

<< Précédemment

J’inspirai et sentis la magie s’éveiller, nous emplir et nous englober. Une douce lumière nous enveloppa et se diffusa autour de nous. J’ouvris les yeux en sentant le pachylaire que je touchais se lever. L’animal semblait déboussolé, mais il était bien vivant. Comme l’étaient tous les autres. Mais ça ne s’arrêta pas là. La magie se diffusa, semblant redonner vie aux plantes et à des animaux morts depuis des lustres. Je cillai en voyant des squelettes sortir du sol, dont certains semblaient agressifs. Pas pour longtemps, puisque les corneraures en firent leur affaire. Le calme redescendit dans les plaines et je m’assis quelques secondes, caressant le ventre de Ssussun en observant les alentours. Les autres allaient bien. Très bien même. Sauf Xël qui semblait s’être évanoui.

Je tournai la tête vers Kaar qui me remerciai et lui offris un simple sourire, ravie de voir qu’il allait bien et qu’il avait cessé de pleurer la mort des pachylaires. Je hochai la tête en direction d’Egregg et me redressai alors qu’il réconfortait Kaar d’une main sur l’épaule. Nous avions évité le pire, semblait-il. Le semi-orc nous assura que les corneraure et leur chef ne nous attaqueraient plus et je lui faisais confiance. Il était temps de monter le camp. Sans avoir vraiment sommeil, le dernier effort magique m’avait quand même vidé et je préférais ne pas jouer avec le feu, surtout ici.

Je m’installai dans le centre créé par les animaux et dressai ma tente. Une fois cela fait, je m’étirai, jetant un œil aux alentours, apercevant Silmeria qui ne savait visiblement pas comment monter une tente. Je retins un ricanement et m’approchai. Mathis me demanda un coup de main et je hochai la tête, dressant la tente qui devait servir à abriter Xël le Bel Armuré Dormant. Mathis me remercia alors pour le soin, la résurrection, la tente. Je me contentai de dire que j’avais fait de mon mieux. Cela avait même dépassé mes espérances à vrai dire. Tout ce combat n’avait pas mené à grand-chose, au bout du compte. Tout le monde était en vie, c’était l’important.

Une fois el camp monté, j’entendis akihito s’excuser, mais je me gardai d’intervenir. Il avait compris sa connerie tout seul, je n’avais rien à rajouter. J’aperçus kaar, entouré par les pachylaires et décidai d’aller voir comment il allait. Le pauvre avait connu un premier affrontement des plus brutaux…

- Est-ce que ça va ? Pas trop secoué ?

Vu la tête qu’il tirait et le regard qu’il avait, j’avais déjà en partie ma réponse, mais mieux valait être sûr qu’il n’allait pas craquer. Lui qui voulait nous rejoindre, peut-être que ce premier combat allait l’en dissuader.

- Si. Complètement. Je... j'ai frôlé la mort, j'ai perdu mes compagnons, et les ai retrouvés dans la minute. Je... suis complètement paumé.

Je m’asseyais à ses côtés en lui tapotant l’épaule pour le réconforter. Même moi j’étais un peu dépassée par ce qu’il se passait et j’avais pourtant l’habitude des trucs de ce genre.

- Ça a tendance à faire ça, au début. On s'habitue et on finit par ne plus s'étonner de grand chose, avec le temps. Il faudra vous y faire si vous voulez partir à l'aventure.

- L'aventure, oui mais... Se jouer ainsi de la mort ? La voir, la ressentir, puis ignorer jusqu'à son existence ? Je ne peux le comprendre...
Je soupirai. Il fallait bien que je le lui dise…


- Personne ne vous en voudra de rentrer si vous le souhaitez. On a tous frôlé la mort, à un moment où un autre. Plusieurs fois pour certains.

- Non. Non, vous l'avez tous vécu, et vous êtes tous là aujourd'hui. Que serais-je, sinon un lâche, si j'abandonnais à la première difficulté ? Je n'imaginais juste pas... ça.

- Mieux vaut se jouer de la mort que la voir l'emporter.

Le souvenir des plaines de Kochii se fixa devant mes yeux et je soupirai un instant en tâchant de chasser ce souvenir avant de poursuivre.

- C'est vous qui voyez. Si j'avais le choix, je me rangerais et ne sortirai plus les armes. Et puis, votre première difficulté a failli vous coûter la vie. Je vous le dis, personne ne vous en voudrait. Vous comptez toujours nous accompagner alors ?

- Oui. J'y compte bien. J'irai jusqu'au bout. Ou je mènerai Cornes d'Or où vous souhaitez établir votre... force de frappe ? Ces alliés que vous pourriez rencontrer pendant vos périples. Il est hors de question d'arrêter, désormais. Là, j'ai pris cher, oui. Mais je sens que je peux aimer ça. Le danger, l'action... C'est fait pour moi, j'en suis sûr.

- Très bien. Ce n'est pas à moi de vous en empêcher, si vous en êtes sûr. Ce serait hypocrite de ma part.

J’étais sincère, mais j’ajoutai une nuance, un sourire aux lèvres.

- Il va falloir vous entrainer à ne pas vous faire encorner par contre. Ssussun et moi ne serons peut-être pas toujours là.

- Ah, bah vous me direz comment vous faites pour voir derrière-vous pendant que vous lancez un sort alors.

Il souriait, mais je lui répondis d’un air parfaitement sérieux.

- En m'entrainant les yeux bandés. On prend des coups au début, puis on apprend à voir sans voir.

Puis j’ajoutai, en souriant.

- Vous vous en êtes bien sortis en tout cas, si on omet ce détail. Vous êtes sûr que les corneraures sont... pacifiés ?

Il ne sembla pas gober mon histoire concernant l’entraînement les yeux bandés, mais je ne pouvais lui en tenir rigueur. Sorinion avait ses méthodes, après tout… Concernant les corneraures, en revanche, il semblait être plus sûr de lui. Enfin… un peu.

- Je ne sais rien du tout de ce revirement concernant les corneraures. Mais oui, ils semblent apaisés. J'ignore si c'est du fait de votre sort ou de la présence désormais paisible de leur alpha.

Tant qu’ils ne se réveillaient pas pendant la nuit pour me croquer une jambe, cela me suffisait. Je caressai un pachy. Les pauvres animaux avaient aussi eu leur lot de traumatisme dans ce combat ; C’était le moins qu’on puisse dire ;

- Comment vont les pacylaires ? J'imagine qu'eux aussi sont un peu secoués

- Ils ne comprennent pas plus que moi. Je leur ai été d'une bien pauvre aide. Mais enfin, ils sont simples : ils sont en vie, et cela leur convient.

- Ne vous en voulez pas trop, vous avez fait ce que vous pouviez. On a tous été dépassés par ce qu'il s'est passé.

- C'était... incroyable. Et ça se finit étrangement bien. Je doute que ça se passe toujours ainsi.

- Espérons que ça se passe mieux, surtout. Je n'ai pas envie de devoir ressusciter tout le monde à chaque fois. Ça se serait mieux passé sur Yuimen...

- Vous maîtrisez davantage la résurrection sur Yuimen ?

je ne pus m’empêcher de rire doucement. Je connais quelques personnes ici qui auraient quelque chose à redire sur ma magie sur Yuimen…

- Non, je maitrise mieux la magie. Tout le monde la maîtrise mieux. Le problème aurait été réglé bien plus vite et efficacement.

- Nous maîtrisons très bien notre magie ici aussi. C'est vous qui... amenez le chaos avec vous. Mais la puissance, aussi.

- J'ai cru comprendre oui. Cela vient de la différence entre ici et yuimen. Il n'y a pas de fluide magique sur Aliaénon donc tout est plus hasardeux pour nous. J'échangerai sans peine la puissance pour une maîtrise plus sûre, mais bon, on va devoir faire avec le temps de notre séjour ici.

Je m’étirai un peu. Mine de rien, ce n’était pas aussi simple que sur Yuimen. Ici, j’avais l’impresson que ça me vidait e mon énergie, pas juste de l’énergie magique…

- J'espère ne pas avoir à ressusciter tant de monde à chaque fois. C'est épuisant la magie ici.

- Oui, ça pompe pas mal. Par contre, des fluides magiques ? De ce qu'on m'a dit, Aliaénon est constituée principalement de magie, il doit bien avoir des fluides là-dedans non ?

- Aucune idée. Je sais juste que ça n'a rien à voir avec Yuimen, qui abrite des fluides élémentaires liés aux dieux. S'il y en a ici, leurs formes doivent être différentes.

Je ris doucement. Comme si je pouvais apporter la moindre réponse. Ce n’était clairement pas dans mes aptitudes.

- Je ne suis vraiment pas du genre à avoir les réponses, je ne suis pas particulièrement érudite. Une fois rentrée à Esseroth je me pencherai peut-être sur la question. Cela pourrait être utile pour ne pas faire exploser tout ce qu'il y a autour en cas de pépin magique.

Sans trop savoir comment, la discussion divergea sur… des arbres à pains. Des arbres qui donnaient des pains ; Au début, je pensais qu’il se payait ma tête, mais il me certifia que des arbres donnait des pains chauds avec des garnitures variés et il était même surpris que Yuimen n’en possède pas. Soit il tait très bon comédien, soit il disait la vérité. Alors quand il sortit les fameux pains supposément poussés dans des arbres, le fixai d’un air dubitatif mais pris tout de même les pains pour els examiner. Ils sentaient bon, on ne pouvait pas le nier, mais un boulanger sur Yuimen pouvait sans doute faire de même… J’acceptai de les garder et me promis de poser la question à Xël ou Mathis, qui devaient savoir, eux. Encore une étrangeté de ce monde… Je ne pus retenir un soudain bâillement et m’excusai en me levant.

- Pardon. Je vais vous laisser, tachez de vous reposer vous aussi. Si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas à me le dire.

- Merci. Merci, pour tout ça.

Je tournai le regard vers lui ; il semblait vraiment reconnaissant, souriant en caressant le flanc de son pachy. Je lui offris un simple sourire et fis signe que ce n’était rien. J’avais simplement fait ce qu’il fallait, après tout.

- Pas besoin de me remercier. Je suis simplement heureuse que tout le monde s'en soit sorti. Bonne nuit, Kaar.

- Bonne nuit, Yliria.

Je retournai vers ma tente et m’y installai confortablement en fermant les yeux. SSussun me suivait toujours et sa présence était réconfortante. Autant que la berceuse que le douce voix d’Alyah chantonna à mon oreille.

(J’ai plus l’âge des berceuses…)

(Mais moi j’adore ça…)

Je pouvais l’imaginer bouder et la laissais donc faire, flottant entre deux eaux. Je sortis de la boue en m’étirant. Je levai les yeux vers le ciel grisâtre et clignai des yeux. Le murmure du vent m’accompagnait alors que je marchais entre les arbres qui me suivaient du regard. Certains ouvraient même la bouche pour prononcer d’une voix grave des mots qui m’étaient inconnus. Il ne faisait pas froid, mais pourtant la brume recouvrait le sol tel un tapis blanchâtre. Où était la porte déjà ? Une branche tenta de m’attraper par l’épaule, mais je la repoussai, fusillant du regard l’arbre qui grommela avant de s’écarter. Les autres suivirent le mouvement pour la plupart, mais quelques-uns s’amusèrent à essayer de me faire tomber dans la brume.

- Arrêtez vos bêtises un peu ! Je ne veux pas gêner la brume.

Quelle bande d’idiot. Et pas de trace de la porte. Je pinçai le nez de l’arbre le plus proche qui geignit avant que je ne le fixe d’un air suspicieux.

- Où est la porte ?!

- Gne Gnai paaaaas !

Je soupirai. Ils avaient vraiment le chic pour m’énerver, ces idiots. Je regardai partout, mais aucune trace de la porte… Ah ! Elle était là ! Je grimpai dans l’arbre le plus proche, ignorant ses protestations en lui grimpant sur l’oreille pour enfin fermer cette porte. Fichu courant d’air ! On n’avait pas idée de laisser une porte ouverte dans une forêt ! Ma mission terminée, je pus enfin descendre de l’arbre et observer la lune dans le ciel. Voilà qui était mieux. Elle me fit un clin d’œil et je levai le pouce avant de faire demi-tour. Il était temps de retourner dans la vallée.

-Yliria…


Je clignai des yeux et me redressai, regardant autour de moi. La tente… je l’ouvris et retrouvai les plaines ainsi que les pachylaires. Que venait-il de se passer exactement ?

(Un rêve, je dirais)

(Bizarre comme rêve… enfin… j’ai assez dormir je pense… C’est toi qui m’a réveillée ?)

(Ah non, pas du tout.)

J’avais pourtant bien entendu une voix… non ? Cela me laissa perplexe, mais je ne m’y attardai pas trop. Les rêves étaient… ben des rêves, je n’allais pas me griller le cerveau à essayer de comprendre quelque chose dont je ne me souvenais même pas clairement. Je m’étirai en sortant de la tente et avisai Lysandre, l’homme oiseau. Il semblait nerveux et je repensai à ce qu’il s’était passé plus tôt… Je soupirai et allais vers lui.

- Je peux m’asseoir ?

Il me fixa d’un air étrange et hocha la tête en désignant son genou gauche. Je haussai un sourcil et m’installai à côté de lui, pas certaine e comprendre le rapport avec son genou.

- Je tenais à m'excuser pour... hrmm... m'être un peu emportée, durant l'affrontement.

Il cessa de sourire et haussa les épaules, affirmant que j’avais eu raison, qu’il ne faisait rien. J’insistai néanmoins. Je n’avais pas eu le bon comportement pour le faire agir et je tenais vraiment à m’en excuser auprès de lui. Il finit par accepter et je souris, rassurée. Je ne tenais pas à m’aliéner qui que ce soit ici, après tout.

- Ne vous jetez pas la pierre. Je ne pense pas qu’il n’y ait beaucoup de personne capable de foncer sur Corne d'Or comme vous l'avez fait. C'est une preuve de courage. Ou de folie, mais ça ne semble pas être le cas.

- Ahah. Non, sans doute pas de courage. Après coup, je ne sais pas si je le referais. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête.

- Je connais ça. On fonce tête baissée, on s'en sort et avec le recul on se demande pourquoi on a fait ça. J'imagine que ce n'est pas le genre d'expérience que vous vivez souvent ?

- Jamais. Moi, je... j'observe, et je rapporte. Je regarde, et je fuis si ça tourne mal. Je n'ai aucune expérience ou compétence au combat.


Une chose qu’il aurait été bon de savoir avant… m’enfin.

- Pourquoi être venu dans ce cas ? Egregor vous a-t-il forcé la main ?

- Non, non. J'ai... je suis le seul à avoir vu cette corruption, et le seul à pouvoir vous y mener. C'est pour ça que je suis là, pour faire mon... boulot d'éclaireur. Egregor ne force la main à personne, vous savez. Il est juste... impressionnant.

- J'imagine que tout le monde file droit. Il a dû déchanter avec notre groupe... Ce sont les corneraures qui vous rendent nerveux ?

- Ben... Un peu. C'est des sacrées bestioles quand même. Puis vous savez, j'suis jamais qu'un gros oiseau, pour eux.

- Kaar m'a dit qu'on ne risquait rien. Essayez de vous détendre.

Il semblait à peine plus rassuré, mais c’était déjà un bon pas. Ne comprenant pas ce que j’entendais par filer droit, je tentai e lui expliquer et appris que, ici, les ordres étaient tout sauf monnaie courante. Il n’y avait pas de gouvernement, pas d’armée. Tout était très différent de Yuimen. Les menaces n’étaient pas si nombreuses, même si les monstres de la Lande noire et les Titans représentaient u danger certain. Cela me donna à réfléchir. Je me levai. Il semblait tout de même un peu apaisé, c’était déjà ça.

- Tachez de vous reposer, vous n'avez rien à craindre, on veille au grain.

Pour lui, cela voulait surtout dire fixer les corneraures comme s’ils allaient lui bouffer les orteils s’il les lâchait du regard.

((Reste aparté avec Dracaena))

Avatar du membre
Dracaena Paletuv
Messages : 91
Enregistré le : mer. 7 sept. 2022 01:58

Re: Esseroth

Message par Dracaena Paletuv » sam. 12 nov. 2022 04:04

Eaeria et moi avions continué notre voyage sans soucis, et, en plein milieu de la nuit, nous finîmes enfin par retrouver les autres. Les traces de batailles qu'on avait croisé sur la route n'avaient fait que m'enfoncer encore plus dans l'idée que la troupe de bras cassés c'était mise dans la mouise. Pourtant, à ma grande surprise, tout ce qui se trouvait face à nous n'était qu'un campement des plus classiques.

Quelques tentes posées de ça de la, certaines déjà occupées, un feu de camp, les montures dormant dans un coin, et les divers membre du groupe vacant à leurs occupations. En tout cas, ceux que j'apercevais, les autre devaient déjà être en train de pioncer. Il y avait tout de même un truc de nouveau: une énorme bestiole, avec des cornes dorées, qui était allongée tranquillement dans un coin. Ptet un cousin des pachys, ou le chien de garde du coin. En tout cas, vu comme ça présence ne semblait déranger personne, j'allais partir du principe que c'était juste une monture ou un familier de plus et pas trop me prendre la tête avec ça. Ptet en demander plus à Eaeria, au pire. Descendant de ma monture, en faisant bien attention à ne toucher aucune orbe lumineuse, je me tournai vers ma compagne de voyage pour lui adresser quelques mots.



Bon, visiblement j'ai paniqué pour rien, ils ont l'air de tous aller bien. Comme quoi, z'aviez raison m'dame Eaeria. En tout cas, j'vous l'dit pas assez, mais merci encore pour m'avoir conduit jusqu'ici! Je....


Mais je n'eu pas le temps de finir ma phrase, ou de lui poser la moindre question sur le toutou géant cornu, car remarquant (enfin) notre présence, Machintruc, le seul et l'unique, fonça dans notre direction, nous saluant rapidement, pour engager la conversation... avec Eaeria. Oui, c'est vrai que je faisais globalement parti du décors moi, j'oubliais presque... Profitant de ce moment pour me remettre à observer le camp, je remarquai que je n'apercevais ni Xël, ni Egregor... Probablement déjà couché, et quelque part, ptet pas plus mal. La journée avait été longue, et j'étais pas trop sur qu'une remarque désagréable de plus avant d'aller dormir allait m'aider à passer une bonne nuit.

Mais, alors que je m'apprêtais à faire le tour du camp pour le voir plus en détail (et jeter un coup d'oeil à ce feu de camp, par pure curiosité sans pensées malsaines bien sur) , Machintruc, qui c'était visiblement rappelé que je n'étais pas juste une buche de chauffage ramené au cas ou par Eaeria, m'interpela soudainement.

[Discussion avec Akihito.]

[Discussion avec Silmeria.]

[Discussion avec Yliria.]


Faisant un signe de main à Yliria, tout en lui souhaitant un bon repos, je fis un dernier tour du camp, observant un peu ses horizons, avant de finalement me rendre devant ce fameux feu de camp, et de m'asseoir, mon armure lâchant un bruit métallique lorsque je laissa tomber mon corps sur le sol. Ca me fit presque sursauté, définitivement pas habitué à ce genre de chose. Et dire que j'avais enfin réussi à oublier que je portais tous ces trucs. Je déposai ma lance, à laquelle j'avais attaché mon baluchon, et je revérifiai à l'intérieur de ce dernier que je n'avais rien perdu en route. Toujours ma vielle baguette, toujours mes potions, et toujours aussi les trois fioles de "salive miracle" de l'autre dégueulasse. Je me mis ensuite à retirer les différentes protections que je portais, les déposant à coté de moi. Sérieusement, les êtres de chair devaient faire ce genre de truc tous les jours? PUNAISE, c'était d'un chiant! Je me sentais déjà fatigué à l'idée de devoir me retaper ce rituel tous les matins et tous les soirs.

Mais, une fois complètement libérer de cette camisole métallique, je me sentis soudainement plus léger... en tout cas, durant quelques secondes, avant que la fatigue de la journée, physique et mentale, ne vienne s'écraser sur mes épaules, engourdissant soudainement tout mon corps. Je laissai tomber mon torse en arrière, les bras tendus sur les cotés, tendis que mes jambes restèrent pliées en positions assise, mes racines s'enfonçant lentement dans le sol, à la recherche d'un peu de minéraux de qualité dans le sol. De ce que j'avais cru comprendre, ces collines étaient normalement un endroit où la nature régnait encore, et elles étaient en plus un tantinet magiques. Ca allait forcément être plus agréable à absorber que la terre désolé du cratère, ou le sol pas propre de la ville.

Je laissai s'échapper un long soupir, mes yeux plongé dans les étoiles, repensant à toute cette folle journée. Nouveau monde, nouvelles rencontres, nouvelles perspectives de relations, nouvelles idées, nouvelles possibilités. C'était... vachement beaucoup pour un seul oudio, et en aussi peu de temps. Mais... C'était pas désagréable. Mon corps était épuisé, mais j'étais pourtant détendu...Enfin, en majorité détendu. Je me sentais bien, à l'aise, mais... quelque chose manquait. Et puis, cette sensation de chaleur en direction de mes pieds me rappela que j'avais la meilleure des méthodes pour se sentir bien en face de moi.

Peu de chance de paraitre bizarre en faisant ça, la plupart des gens avaient du partir se coucher...Et puis de toute façon, je m'en fichais au fond de ce qu'on pouvait penser. J'avais juste besoin de ma petite source de bonheur. Je me redressai en position assise, les racines toujours plantées dans le sol. J'enroulai mes bras autour de mes jambes, faisant mes doigts se faufiler les uns entre les autres. Et puis, surtout, je plongeai mon regard dans le feu de camp.

Il était...


Beau.


Beau comme un feu de camp peut l'être.

Son charme venait de sa simplicité. Quelques pierres en cercles, quelques buches à l'intérieur. Il avait déjà visiblement vécu quelques heures, aux vu des cendres qui tapissait le fond de sa base.

Et ses flammes.... Elles dansaient au gré du vent, virevoltant au gré des légères brises qui venaient les caresser de ça de la. Elles n'étaient pas à leur plus haut, mais elles n'avaient pas besoin de leur maximum pour être superbes. Mouvant, bougeant, claquant, elles m'offraient un spectacle des plus captivant, des plus hypnotiques, générant un voile de fumée tourbillonnant et une merveilleuse mélodie à base de craquement et de crépitement pour accompagner leur performance.

Mes yeux étaient plongé devant cette simple merveille de la nature. Je pouvais rester des heures à observer ce genre de chose. Si peu, si peu de gens arrivaient à comprendre la beauté des choses simples... Je n'avais même pas le cœur à être jaloux de ces buches, ou à les pleurer. Je n'avais pas l'énergie à essayer de m'imaginer ce que ça serait de pouvoir caresser ces rubans flamboyant. Ce soir, je voulais juste les admirer, plonger mon regard dans le leur, et me détendre...




Je ne savais pas depuis combien de temps je profitais de cet instant magique, mais une voix me sortie de ma transe, attirant mon attention.


"Alors, toujours pas couché? "

Je reconnu la voix d'Eaeria, qui, au vu du bruit et de la présence que je ressentais, venait de s'asseoir à coté de moi.

-Non, je me laissais aller à détente, c'est un peu la première fois depuis mon arrivée que je peu réellement me reposer.

-Le passage à la fontaine ne vous avait pas suffit.

-Non, non ce n'est pas la même chose. La fontaine, c'était juste un repas, une collation. On ne se relaxe pas de la même façon quand on déjeune que quand on est tranquillement allongé face à un spectacle organisé rien que pour nous.

-Oh, je vois ce que vous voulez dire. Et donc votre "spectacle".... c'est ce feu de camp.

J'approchai lentement ma main du visage d'Eaeria avant de l'attraper, et de gentiment le tourner vers les flammes.

-Oui. Observez, observez les biens. Plongez vos iris dorée dans cette base jaunâtre et brillante. Ne ressentez vous pas la beauté qui s'en dégage? Qu'une si petite chose puisse être si belle, si pratique, si destructrices. Comme vos orbes....

Je ne regardais toujours pas Eaeria, mais je sentis ses joues bouger entre mes doigts pour me répondre.

-Mais...mes orbes ne sont pas belles. Elles amènent juste la destructions, et la peur...

En entendant ça, je me retournai brusquement en direction de ma guide, mon ton devenant soudainement plus dur, mes doigts pressant de façon un peu plus forte ses joues.

-NON! Je ne vous permet pas de dire ça. Ne critiquez pas ce pouvoir que vous possédez. Ne le rejetez pas. C'est votre compagnon, votre ami, votre familier, votre enfant! Il n'est que ce qu'il est! On le mettra dans une case, on dira qu'il ne sert qu'à ça et ça, et que rien d'autre n'est possible. Mais les gens ont tort. Les dieux ont tort. Et le tort tue! Vous avez bien vu avec le titan de magie!

-Fé vfrai qufe le tfitfan est cfevfé...

-Exactement! Hors, qui sait, ptet que s'il était venu vous voir, vous et vos pouvoirs "de destructions qui font peur", ptet qu'il aurait pas clamsé? Ptet qu'il serait encore en vie, et qu'il n'aurait pas laisser une femme titan et un enfant titan seuls derrière lui.

De lointain pleurs, d'une voix sombre et résonnante, s'élevèrent en arrière plan, au timing parfait pour illustré mon propos.

-MAIS NON! Il a préféré faire le con, et vous ignorer, vous blâmer, vous juger comme dangereuse. Mais le truc, c'est que vous pouvez être dangereuse, ET C'EST TRES BIEN! Il faut accepter le danger que l'on est, savoir comment le conquérir!

Je me mis debout brusquement, sans lâcher Eaeria, la faisant se redresser tout aussi brusquement.

-ALORS, que comptez vous faire? Juste rester la à pleurer? NON! Vous allez créer des orbes. Plein d'orbe. Faite les danser, valdinguer, exploser. Cherchez la créativité dans ça. Et si ça ne vous convient pas, chercher à contrôler leur explosion! Je suis sur que c'est largement possible! Je SAIS que c'est largement possible.

Mais, tandis que je faisais mon discours à Eaeria, dont les cheveux c'étaient mit à briller de plus en plus, je sentis une main chaude se poser sur mon épaule. Me retournant, je vis qu'il s'agissait des buches, ayant décidées de se redresser, enrobée de leur tenue enflammée, qui me demandait de danser avec elles.

Sans dire un mot, j'enroulai mes doigt cendreux autour des leurs, avant de commencer à bouger au rythme de la musique qu'Yliria avait commencée à chanter, en tandem avec Silmeria, qui jouait du tambour sur le dos du toutou géant, dont l'acoustique était plus qu'impressionnante. Nous entamèrent une valse au clair de la lune, laissant une trainée de flamme derrière nous, dessinant une œuvre que je n'arrivais pas à décrire, mais qui me semblait très avant-gardiste.

La danse continua de plus belle, même s'il commençait à être dur de bouger correctement, les obstacles jonchant le sol s'emmêlant de plus en plus dans nos pieds. Corde, chaise cassée, planches, poisson, buche, buche, buche, buche, bras, bras, jambe, jambe, jambe, bras, jambe... Je fini par trébucher sur une tête de bois, qui me semblait familières, mais dont le nom m'échappait. Mes partenaires de danse fut emportée avec moi, s'étalant sur mon corps ,m'apportant une chaleur réconfortante, mais un peu douloureuse. Nous restâmes dans cette position quelques temps, sans se regarder, ma tête penchée vers l'arrière observant les membres de chair brulés ramper pour essayer de se rejoindre, formant une sphère, grossissant de plus en plus, flottant au dessus du sol, avant de s'envoyer et d'aller se poser en haut d'une montagne. A son contact, elle explosa tel un volcan, générant une colonne de lumière absolument incroyable. Et des membres brulées commencèrent à tomber, autour de nous, petit à petit, comme de la pluie, comme de la neige, comme des feuilles durant l'automne.

Mais, progressivement, ces membres de chair se durcirent, et se transformèrent en bois. Des bras d'oudio, des jambes d'oudio, à moitié calcinés, complètement carbonisés, et tout ce qu'il pouvait y avoir entre. Je sentis des bras s'enrouler autour de ma taille, et du sol sorti lentement la tête de plusieurs oudios que j'avais connu, mais dont je n'arrivais pas à me rappeler du nom. Les voir me rappelait un sentiment pourtant, que je n'arrivais pas à décrire. Ces têtes se rapprochaient de moi, certaines criaient, certaines pleuraient, et d'autres tentaient de me murmurer des choses à l'oreille.

Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'elles disaient. Mais j'étais sur que c'était surtout des trucs vulgaires. Regardant à nouveau vers le haut, je vis que mes partenaires de danses avaient été remplacée par moi, en feu. Ce moi enflammé me souriait, manifestait la joie la plus sincère que j'eu l'occasion de voir depuis longtemps. Mais pourtant, quand il commença à parler tout ce que j'entendais c'était des cris. Des cris atroce. Ma voix, mais beaucoup plus claire, hurlant comme si on m'arrachait les doigts un par un. Mais le sourire ne disparaissait absolument pas, et semblait même devenir de plus en plus détendu au fur et à mesure qu'il continua son discours.

Il fut interrompu net.

Une gigantesque fourchette venait de se planter dans notre corps à tous les deux, et quelque chose que je n'arrivais pas à voir, nous souleva avant de nous diriger vers sa gigantesque mâchoire. Je n'avais pas peur, je n'étais pas paniqué. Pourtant, quand il nous fit passer à l'intérieur, je vis que dans son estomacs, il y avait un champ de fleur. Et la, je sentis la peur monter. Je ne voulais pas les toucher. Elles étaient, bizarre, étranges. Tout mon corps me disait de ne pas y aller. Cherchant du réconfort, de l'aide dans mon moi enflammé, je vis que ce dernier avait changé. Désormais, il n'était plus fait de bois couvert de feu, mais au contraire, il était conçu de feu et brulait de bois. Ses flammes étaient écorces et sa cendre feuillue.

Il me poussa soudainement, me libérant de l'emprise de la fourchette, mais me forçant à chuter vers ces satanées fleurs.

Je ne voulais pas y aller. Je ne voulais pas les toucher. Elles faisaient peur. J'essayai de crier ces mots, mais au lieu de sortir sous forme de son, ils apparurent sous forme de lettre et allèrent se tapisser sur les murs.

Puis, chaque phrase se sépara en deux, puis en quatre, puis en huit, et très rapidement, les murs étaient couvert de ces mots.

Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur. Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas les toucher. Elles font peur.


Mon corps s'écrasa sur les fleurs. Ma tête se fendit en deux pour crier, mais aucun son ne sorti. A la place, je vis des mains, d'elfe, d'humain, d'orc, de gobelin, d'oudio, de dieu, apparaitre de partout pour refermer de force l'ouverture. Les fleurs sentaient bons. Mais j'avais peur. Et les mains me faisaient mal. J'essayai d'en attraper une avec mon ouverture pour l'avaler, utilisant des racines sortant de ma gorge pour absorber leurs nutriments, mais le gout était immonde.

J'étouffais. Je ne pouvais pas crier. J'avais mal. J'avais peur. Il y avait trop de bruit, trop de pensée , des mots par milliers, que je ne comprenais pas, qui volaient autour de moi et cherchaient à rentrer de force dans mon corps.

Et ça continuait. Sans s'arrêter. Je devais y être depuis une heure. Ou un an. Ou un mois.

Mais j'attendais.






J'attendais.










Le soleil m'éblouit le visage. J'étais allongé sur le sol, mes racines toujours plantées dedans. Je me redressai difficilement, sans dire un mot, observant autour de moi. J'était toujours en face du feu de camp, éteint. Mes affaires, toujours la. Pas de trace d'Eaeria en vue. Par contre, j'avais visiblement gratté la terre inconsciemment près de mes mains. Je retirai lentement, difficilement mes racines du sol...

J'avais l'habitude des rêves du genre. Incapable de comprendre que ça n'était pas vrai, étrangement agréable mais aussi terrifiant, et surtout, durant une éternité...Ma perception du temps était complètement bousillée. Mais au vu des tentes encore présente et des bruits de ronflement que je percevais, c'était juste le lendemain matin, et le groupe était toujours la.

La terre de cet endroit était tout de même d'un autre genre. J'avais beau avoir ce genre de rêve régulièrement, d'habitude, il ne m'épuisait pas autant. Je pouvais encore sentir la sensation de touché sur ma gorge et mon torse. Mph, qui à avoir autant de ressentit réalise, j'aurais préféré juste m'arrêter sur la partie agréable.

Me faudra retenter le coup avec le terreau du coin. Qui sait, j'pourrais ptet en tirer quelque chose de bénéfique?


Me mettant enfin debout, je me mis à m'étirer dans toute ma longueur, faisant craquer mon corps charbonneux, avant de vérifier qu'il ne manque rien dans mes affaires, de m'équiper en pestant de mes protections, et de commencer à faire les cents pas autour du feu de camp, essayant de faire démarrer mon cerveau pour cette nouvelle journée. Y avait plus qu'à attendre qu'Eaeria se lève pour aller la saluer.
Modifié en dernier par Dracaena Paletuv le sam. 12 nov. 2022 04:13, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Silmeria
Messages : 278
Enregistré le : sam. 5 janv. 2019 11:39

Re: Esseroth

Message par Silmeria » sam. 12 nov. 2022 04:09

A cette main tendue, la bête légendaire se laissa bercer. Je pouvais sentir sa fourrure dans laquelle j'enfonçais doucement mes doigts, il baissa sa majestueuse gueule jusqu'à planter son regard dans le mien. Un léger frisson parcourait mon être. Je sentais une certaine confiance, une entente muette, ce genre de regard qu'on pouvait croiser dans l'oeil d'un chat reconnaissant. Même si celui-ci faisait cinq bons mètres au garrot, il n'en était pas moins un félin. S'il avait cherché à nous tuer il y a quelques instants, il avait décidément changé d'avis. Restait à savoir si ce genre de décision n'allait pas être de nouveau changée en cours de route.

Et alors que j'entendis un grognement derrière moi, j'observais avec stupéfaction que les Falafels étaient de nouveau debout, même s'ils avaient un air déboussolé, ils n'étaient bientôt plus les seuls. Une fois encore, la magie de ce monde montrait son irrégularité. Des créatures sortaient de terre, reprenant vie comme si jamais la mort n'avait fauché en ces lieux. Des créatures ressemblant à des élans, des cerfs ou d'autres herbivores imbéciles, d'autres semblaient à des lapins, des rongeurs inutiles et enfin, quelques créatures sauteuses sur patte arborant une gueule droite aux dents pointues qu'on classerait vite dans la catégorie " carnivore " bien que suffisamment bas dans la chaîne alimentaire de ce monde. Et pour cause, les Corneraures en firent des boulettes sans attendre.

(" La mort est capricieuse, aujourd'hui. ")


De son côté, Kaar avait démontré une étrange faculté, celle de pouvoir comprendre les Corneraures, particulièrement leur Alpha. Il nous assura sans détour que puisque notre supériorité avait été démontrée, ils seraient à nos côtés pour peu que nous nous en montrions dignes. Je ne comprenais pas tellement le sens de la dignité que pouvait attendre un prédateur chez des bipèdes tels que nous autres, mais je ne cherchais pas à comprendre davantage, la magie que j'avais employé avait-elle suffit à dompter Cornedor ? S'agissait-il d'une créature qui demandait à se faire battre pour prêter son allégeance ? Voilà quelque chose de curieux que je n'avais vu nul part ailleurs. Un bruit mat parvint à mes oreilles, celui d'un Xël échoué que le blondinet du nom de Mathis venait aider à se relever. Sans succès, Xël était totalement évanoui, Mathis cherchait à le traîner hors de portée de Cornedor et par la force des choses, je m'avançais pour le rejoindre, j'allais proposer mon aide, mais il ne chercha pas à attendre, immédiatement Mathis m'adressa un sourire poli et demanda d'un ton des plus aimables

"Vous pourriez monter sa tente pour moi, pour que le dépose à l'intérieur ensuite ? "
" Sa tente ? Heu, oui. Je pense que je le pourrais. " Ses affaires étaient échouées et dispersées à même le sol. La tente était assez reconnaissable, une toile huilée enroulée dans laquelle il y avait plusieurs bâtons ainsi qu'une boule de corde maintes fois utilisée. Je fis contre mauvaise fortune bon coeur et je me prêtais à l'expérience, ça ne devait pas être si compliqué.

(" Bah alors, tu te retrouves à monter le campement ? ") Piaillait Cèles.
(" Ca y ressemble. Regarde, la toile est là, les bâtons sont là. Si je mets ça dans le sol... ")
(" Mais non, pas comme ça, tu vois le bout là, il est usé et un peu terreux, ça s'enfonce dans le sol. ")
(" Et la toile là, elle va dans quel sens ? ")
(" Le côté huileux vers l'extérieur ? C'est pour que la pluie roule dessus. Il n'y a pas un renfort dans le tissus pour y glisser le bâton ? ")
(" Non attends, si je. Non. Si. Mais ça rentre pas. ")
(" Le premier là, il va lâcher dans... Ah beh voilà. ")
(" Pas assez enfoncé. Je vais... Mais c'est chiant là. La terre est meuble du coup ça tient pas. ")
(" Tu sais Sissi, certains aiment aller planter leur tente dans la forêt pour se mettre en communion avec la nature.")
(" Et sont retrouvés au petit matin égorgés par des loups, oui je sais. ")
(" Mais non ! Pas forcément, pour de vrai, il y a vraiment des gens qui prennent plaisir à dormir dans une tente, écouter la nature, profiter de la fraicheur de la nuit, de la douceur d'une...")
(" N'importe quoi. Dormir dans un sac de toile inconfortable, avoir des fourmis dans ses réserves, prendre froid, être mouillée, reprendre froid encore derrière... Je vois pas en quoi c'est une activité plaisante. ")
(" Mais c'est la communion avec le monde tellurique, la nature dans son ensemble, faire parti d'un tout, un tout immense dans lequel on est un tout petit rien. ")
(" Des idées à la con, chier en éclaboussures ses champignons de la veille dans un buisson et se torcher aux orties, je trouve pas que ça soit de la communion. ")
(" Occupes-toi plutôt de bien enfoncer tes piquets au lieu de râler, espèce de mégère. ")
(" C'est bon, je crois. ")

Je remuais doucement les fondations pour me rendre compte que l'ensemble tenait debout. Certes la toile n'était pas très tendue, elle semblait légèrement pencher vers l'intérieur, ou la droite. Ou les deux. mais l'édifice tenait debout et j'entendais déjà Mathis traîner Xël derrière moi. J'étais toute fière, les mains posées sur mes hanches jusqu'à ce que, mollement une face de la tente ne s'affaisse davantage et emporte le reste avec elle.

" C'est tout à fait à chier. "


Mathis était à ma hauteur, il poussa un soupir déçu, sa demande réitérée s'était faite avec patience, comme s'il ne voulait pas m'offenser.
"Peux-tu recommencer ?... mais cette fois, la base vas sur le sol et la pointe en haut..."

(" Forcément, tu montes ça à l'envers. ")
(" Tu as dit que le bout terr... et puis tu sais quoi ? ")
(" Quoi ? ")
(" Merde. Voilà. ")

Je me penchais pour extraire de la tente échouée les bâtons et le tout venait à moi complètement emmêlé dans un bordel de spaghettis qui retenaient les attaches, la toile et le reste de ma patience.

" Ca ? "

Après en avoir pu démêler une partie de ce désastre, je me trouvais forcée de sentencer : " C'est cassé. "

Un petit sourire traversa son visage, manifestement, il ne voulait pas traîner Xël toute la nuit et moi, je ne voulais pas faire des ateliers de construction pendant soixante ans, alors pour faire gagner du temps à tout le monde, nous nous entendions sur le choix le plus logique, confier ça à quelqu'un d'autre. Le grand blond n'eut aucun mal à trouver une autre bonne âme pour se charger de cette basse besogne, quant à moi, je voulais aller tester l'affection de mon nouvel ami.

(" Akihoto ? ")
(" Akihito. Et non. ")


Mon attention se portait sur Cornedor. Si c'était là une des créatures de légende de ce monde, il me fallait avoir quelques attaches avec lui, pour ça, il valait mieux, à mon humble avis qu'il puisse me sentir, me considérer comme une amie et non comme une créature hostile. J'avais lu quelque part que les chats domestiques nous considéraient comme des chats, différents certes, mais il valait mieux essayer, qu'avais-je à perdre ? Une autre gorge ?

Devant l'énorme Cornedor, je poussais un léger soupire en me disant qu'on aurait jamais assez de rune pour me tenir en vie jusqu'à la fin de cette aventure.











Tandis que la nuit était bien entamée, j'observais Akihito monter la garde, il était à quelques mètres de moi. Cornedor dormait et je craignais qu'en bougeant, celui-ci ne se réveille. Aussi il me restait toujours l'option de l'Ombre. Mon regard se planta devant l'Ynorien et c'est alors que...


" Hmmmm... quelle mine affreuse. "
Avais-je dit juste en apparaissant devant lui.

"Nom de... Silmeria, ça vous dérangerait de pas apparaître subitement devant des personnes qui montent la garde ?" Il eut un brusque mouvement de recul, prêt à saisir son sabre. Ses réflexes laissaient à désirer, j'aurai eu cent fois le temps de retenir son poignet armé pour lui enfoncer du métal dans la gorge, mais il y avait de meilleurs traitement à réserver à son protecteur.

" Derrière, c'est mieux ? " Dis-je en apparaissant derrière lui cette fois-ci, mes mains se posaient sur ses épaules avec la légèreté d'un oiseau moqueur.

"Venir à pied, tout simplement. C'est quand même plus accommodant."

Il recommençait à jouer distraitement avec ses aiguilles, je trouvais ça curieux de monter la garde tout en faisant du dessin, mais après tout, nous avions une assez bonne escorte de félin, et puisqu'il n'y voyait pas plus loin que le bout de son nez dans le noir, on était pas vraiment à ça près.

"C'est donc ca votre transport dans l'ombre ?"

" Ah oui, c'est possible aussi. Mais je peux faire ça que la nuit ou dans l'ombre. "

Je repassais devant lui, cette fois-ci de la seule force des mes jambes et sans employer la magie.

" Bah oui. Tu as eu peur ? " Je voulais une fois encore toucher son pouls afin de sentir son rythme cardiaque, il se laissa faire sans trop résister, même si son calme revint assez vite.

"Évidemment que vous m'avez surpris" Et mauvais joueur en plus. J'avais une certaine envie de l'embêter, je ne savais pas pourquoi, il avait l'air de s'ennuyer seul dans son coin et avait probablement besoin d'une casse-pied.

" Je peux faire pire ! Tu voudrais essayeeeeer ? " J'étais prête à lui envoyer un horrible cauchemar en pleine face mais finalement, je me retenais, il aurait pu se faire mal, se blesser ou carrément faire un arrêt cardiaque, il aurait fallu expliquer ça aux autres et ça aurait été compliqué... Sauf si je laissais Cornedor se repaître de sa dépouille mais il y avait cet affreux cafteur de Kaar.

"Et c'est quoi, au juste ? Et j'ai pas dis que je voulais essayer."

" Oh, rien. Dis moiiiiii. Je peux te poser une petite question ? "

"Une question contre une autre, et je répondrai."

" Je ne pensais pas marchander avec mon Protecteur, mais oui, à toi alors ! "

"Vous avez pas à m'être redevable pour ce qui s'est passé contre le corneraure, vous savez. J'ai fais ce que je pensais juste, c'est tout. Pour la question, disons que c'est une question que je me garde pour plus tard, quand j'aurais besoin d'une réponse sincère. Mais pour l'instant, allez y avec la vôtre : j'ai beaucoup de temps devant moi."

" Soit. Mais des remerciements s'imposent. Ma question est simple. "

Je levais mon doigt en l'air, ça devenait une véritable manie, mais Akihito m'intriguait, je sentais un potentiel intéressant en lui mais j'ai l'impression que mille ancres restaient le retenir et l'empêchaient d'exploiter ses capacités.

" D'où vient ce manque de confiance en toi ? Tu n'as pas besoin d'être si dur avec toi même, les autres le seront bien assez. "

"J'en sais rien. Mais... peut être que je m'implique dans trop de choses. J'essaye de faire tout ce que je voudrais faire, agir pour ceux que j'aimerais soutenir. Mais je me trompe parfois et j'impose mon aide alors que je ne devrais pas."

Il marquait une petite pause, je crois que la question avait fait mouche et qu'il restait pensif, mais à quoi pouvait-il penser ?

"C'est dur de savoir ce qui est juste et ce qui tient du complexe du Héros."

Je mâchonnais un bout de nerf de veau avorté que je venais de retrouver entre mes dents et pensais à une jolie tournure pour lui répondre.

" Est-ce qu'il t'arrive de mettre du parfum, Akichou ? "

"Euh... rarement ? C'est pas une habitude que j'ai prise a force d'être sur les routes."

" Comme pour son soutien, il se suggère mais il ne s'impose pas. Il te faudra apprendre à être plus tendre avec toi même, même si certains sentiments coupent plus profondément qu'une lame. La question du héros ne devrait pas être est-ce que je peux le faire mais plutôt quelque chose comme est-ce que je devrais le faire "

Je levais les yeux, un peu amusée, quelque part je relativisais, étais-je la mieux placée pour parler de ça avec un mortel ?

" Surtout quand on a une longévité comme la tienne. "

"Pourquoi dites vous que je suis dur avec moi même ? Je comprend pas où vous voulez en venir."

' Mais tu me donnes cette impression. Je ne te connais pas assez pour me voiler la face, rien que de te refuser le titre de protecteur, celui de te flageller et de porter la responsabilité de toute chose... "

"Parce que c'est pas un jeu. Si je suis pas exigent avec moi même c'est des vies que je mets en danger. Mais ouais. C'est pas la première fois qu'on me dit que j'en fait trop."

" Qui sait, tu finiras peut-être transformé à la fin de cette enquête. Par son aboutissement, ou par m'avoir fréquentée. "

Je voulais mettre un peu d'entrain, aussi je sautillais sur place comme une enfant pour répéter en rythme :

" Ta question ! Ta question ! Ta question ! "


Mais à son tour, il m'imita, sautillant des épaules et empruntant la même intonation que moi, je levais les yeux d'un regard presque choqué à cette mimique mais l'effaçais bien vite de mes traits.

"Ma question ! Ma question ! Ma question !" Avant de se reprendre.

"Ce que vous m'avez dis sur Falafel, c'était des coquecigrues ? Parce qu'avec tout ce que vous m'avez dis, le ton enfantin ne devrais plus vraiment être nécessaire, non ?"

" Des coquesiquoi ? " Demandais-je d'une grimace.

"Des histoires, des balivernes."

" Aaaaah. Tu mets mes propos en doute ? Tu ne voudrais pas servir de repas à Papatte, tout de même. "

"Vous n'essayeriez pas de changer de sujet, par hasard ? Surtout que vous n'oseriez pas vous séparer de votre nouveau plaisir coupable qui est de me tourmenter."

" Mon air enfantin c'est... mon identité la plus commune, je dirai ? J'ai été bien des choses, Baronne, servante, sage-femme, bijoutière, j'ai dû m'adapter à chacun de ces rôles. Je crois que celui-ci est de loin mon préféré. Ça complique la tâche de ceux qui veulent me cerner, me comprendre... voire même me plaindre " Je plissais les yeux, cherchant visiblement à te classer dans une de ces catégories.

" Quant à te tourmenter... je suis plutôt avenante et aimable, je te dois la vie... enfin, l'actuelle. Suis allée tellement de fois aux enfers qu'on va finir par m'y tutoyer. "

"Ca vous isole beaucoup, si vous laissez autant de distance avec les autres en les empêchant de mieux vous connaître. Après c'est votre choix et j'imagine que vous avez vos propres raisons de le faire."

A mon regard scrutateur, presque inquisiteur, il en rendit un identique.

"Vous êtes allez aux Enfers ? Ceux de Phaïtos ?"

Je levais les yeux, amusée. De qui d'autre ? Grüber Van Der Ver ? Je me demandais d'ailleurs comment il allait depuis le temps. Il devait patauger dans du jus d'homme, être gonflé de chair putréfiée à ne plus pouvoir le digérer.

" Très peu, souvent la magie a su réanimer mon.. mes âmes avant de franchir le seuil. Tu n'as pas voulu aller lui faire un bisou, quand tu étais à Nyr ? "

"J'avais déjà les mains prises avec mes propres dieux. Puis aller voir le dieu qui a créé la saloperie responsable du Charnier des Ames... J'en avais pas vraiment envie. Et peut être que j'aurais été un peu vulgaire."

Cèles ironisait à sa remarque, à savoir qu'il avait les mains prises avec ses Dieux. Avait-il trouvé un moyen manuel de satisfaire ses Divinités ? Ca devait être intéressant à voir, quoique salissant et vaguement traumatisant.

" Hm, effectivement les fossoyeurs doivent encore y être. "

Disais je en me grattant le menton, il fallait dire qu'on avait laissé derrière nous un sacré désordre, le tourisme à Oranan avait du chuter à pic.

" Même Xenair et Aerq ont été troublés. Je pense qu'Aerq serait parti aussi s'il ne s'était pas fait tuer. " Je songeais de nouveau à Cromax qui enfonçait sa lame dans sa poitrine. J'étais toujours persuadée qu'il avait tué Aerq pour qu'il ne dévoile pas un complot de la part de mon ancien mari, après tout, pourquoi le tuer ? Il aurait très bien pu être réanimé, sa blessure ne semblait pas si grave...

"Comme quoi, même pour certains des 13 un massacre aveugle de masse, ce n'est pas acceptable."

Il semblait satisfait de son dessin, j'essayais de me dresser sur la pointe des bottes pour mieux voir, son esquisse avait des airs de félin sur une peau. Elle ressemblait à une peau humaine, mais je doute qu'il soit aussi morbide que ça.


" Les assassins ont un rôle de bourreau. Tuer sans avoir de lien avec la cible, faire ca proprement, silencieusement. Xenair avait des valeurs, celles du respect et de la droiture, mais il ne tolérait pas la lâcheté. Alors voir des centaines, des milliers d'âmes fauchées, dévorées et perdues... ça devait être trop pour lui. A moins qu'il n'ait profité de cette occasion pour quitter à jamais cette vie. "

"Et si vous voulez mon avis, votre masque enfantin est pas celui qui complique le plus la tâche."


" Que veux-tu dire ? "

"Moi, je me méfierai moins d'une bijoutière ou d'une baronne. J'apprendrais à la connaître, à savoir ce qu'elle aime ou déteste, ce qui la fait réagir. Ou du moins je croirai le savoir. Vous ? Je ne sais pas sur quel pied danser, ni ne sait quand vous êtes sérieuse ou non. Alors je me méfierai naturellement de vous."

Il marquait une petite pause, contemplant avec passion son dessin.

"Quoi qu'au final, ça me dit quelque part comment me comporter avec vous."


" C'est peut-être très bien ainsi. Je suis une Murène, après tout. Ce nom me va plutôt bien. "

J'ajoutais d'un ton plus sérieux :

" Tu.. voudrais me connaître ? C'est singulier. On m'a jamais dit ça auparavant. "

"A part savoir que c'est une sorte de poisson, j'ai aucune idée de ce qu'est une murène, ou à quoi ça peut bien ressembler." avouait-il dans un haussement d'épaules. "Et pourquoi je ne voudrais pas vous connaître ?"

" Les Murènes. Ce nom est inspiré d'un poisson vivant dans les roches qui sort pour traquer ses proies. C'est ma caste d'assassins. Nous sommes quatre Murènes. Mon bras droit, du nom de Katalina, qui tient le dispensaire des Pivoines à Kendra Kar. Lydia, une de mes plus chère amie, qui elle est à Omyre, aux Thermes. Ensuite le Capitaine Von Klaash au théâtre de la Morne Plaine à Darham. C'est déjà des informations très confidentielles, rien que dire ça serait synonyme de trahison. Ça t'aide peut-être à sous entendre que je te fais confiance ? Quant à... me connaître. "

Mes joues rougissent légèrement. Je me sentais un peu prise au piège dans ma propre conversation, je n'aimais pas qu'on cherche à savoir qui se cachait vraiment derrière ces moqueries et ces plaisanteries.

" Je ne suis pas très à l'aise sous ma vraie nature. "

Sans même m'en rendre compte, mes bras s'étaient fermés.

"Et c'est là le problème. Comment est ce que moi -ou n'importe qui d'autres- pourrait vous croire sur ce que vous me dites ? Ces informations peuvent aussi bien être vos vrais compagnons, comme des noms donnés au hasard pour me donner ce sentiment de confiance. Si vous jouez toujours sur la corde et la frivolité, personne pourra vous faire pleinement confiance quand vous voudrez justement que ce soit le cas. Je vous demande pas de vous mettre à nue, votre vraie nature ne tient qu'à vous. Mais quitte a choisir, je préférerais savoir un peu qui est la vraie Silmeria. Plutôt que de me demander a chaque fois que vous piquez un fare ou que vous vous mettez en colère, si c'est du lard ou du veau avorté."


" Peut-être, mais je persiste à croire que c'est par mon allégeance à Xenair que vous gardez, tous j'imagine, cette réserve. Regarde Dracounera Pale-vulve, c'est littéralement un arbre en feu et pourtant, personne n'y voit quelque mauvais présage. Et je suis sûre que tu aurais tendance à croire n'importe qui plus que moi. Cela étant, je ne suis pas tellement menteuse. J'ai pas encore ajouté ce vice à ma collection. Et je me mets rarement en colère. Même tout à l'heure, j'ai.. ressenti beaucoup de calme en employant la magie. "

Il ne manquait pas d'air, oser critiquer ce veau préparé par mes soins...

" Et le veau avorté c'est pas si mauvais "

"Le veau avorté est pas mauvais, tant qu'on en connais pas la provenance. Et je peux pas parler pour les autres, mais c'est vrai que le passif de Xenair ne m'aide pas à vous accorder ma confiance. Rappelez vous ce que je vous ai dit cet après midi : je vous jugerai principalement à vos actes que j'ai constaté moi-même. Et si vous êtes loin de l'image de la Régicide sanguinaire qu'on vous colle au dos... Votre attitude m'aide pas à savoir si je peux réellement vous faire confiance."

" Évidemment. Mais pour l'ancienne lame de ce bon vieux Xenair, être insaisissable est mon assurance vie. " J'exagérais une petite révérence moqueuse, cherchant à reprendre le flegme que j'avais vu m'échapper.

"Avoir des personnes pour nous épauler c'est aussi pas mal comme assurance vie, non ?" Ce petit fumier ! Je savais qu'il allait un jour me le reprocher, il n'a pas perdu de temps. Il fallait surtout reconnaître que si un abruti ne s'était pas amusé à jouer avec la magie et m'avait rendue complètement aveugle, j'aurai pu trouver quelque chose à faire pour m'échapper de ce coupe-gorge sur pattes.

" C'est sûr. Une fois en ville je pense que j'investirai dans une arme plus longue. Je suis plutôt formée à tuer des hommes, des fauves de cette envergure, surtout si de la magie m'aveugle complètement, je suis nettement moins à l'aise. "

Je passais ma main dans mes cheveux, ils étaient encore collants, comme parcheminés dans le sang, derrière mon oreille, quelque chose de grumeleux, des croûtes de sang formées et charriées par les mèches. " Oh. Tu veux une croûte de sang ? "

"Voyez ? On peut pas vous prendre au sérieux."


" Évidemment. C'est que je suis douée à ce jeu. Mais n'oublie pas, je ne plaisante pas avec tout. Qui plaisante de la mort trouve à qui parler. ''

J'envoyais la croûte de sang vers ma bouche pour l'avaler et me moquer de lui d'un air un peu morbide, mais la maladresse décida de me rattraper, j'évitais ma bouche et la croûte tomba à terre, perdue à jamais. Je grimaçais en plaignant :
" Z'ai ratéééé. "

Akihito semblait être à bout de sa patience, j'avais déjà bien entamé ses réserves, il ne me restait plus qu'à lui présenter quelqu'un.

" Tu voudrais lui parler ? "

"Parler à qui ?" Dit-il en portant un regard à son cornedor dessiné.

" Mais non, pas à Papatte. Il ne parle pas. Sauf à Kaar. Je veux dire, à elle. A ma jumelle. Maintenant qu'elle est éveillée, nous devons alterner nos consciences. "

"Elle est revenue alors ?" J'imaginais que la question était rhétorique, ou idiote. Je sentais son âme glisser et prendre place sur la mienne, comme la marée montante rognant la plage. Mon mal de crâne s'estompait en un clin d'oeil, je me sentais porter par des flots d'éther, comme bercée par un gigantesque rien tandis que Hrist était aux commandes. Un long silence s'était installé.

"Hrist, je présume ?"

" On dirait que jusqu'à présent, vous arrivez à plutôt bien vous entendre. "

"J'ai de la patience a lui accorder, c'est peut être pour ça. Et j'espère que ça se passera bien avec vous aussi."

" Elle gagne à être connue. Pour qui y parvient. Et pourquoi ça ne serait pas le cas ? "

"Elle n'a pas l'air d'avoir un mauvais fond, mais elle ne nous facilite pas la tâche."

(" C'est vrai, Sissi a un bon fond mais personne pour taper dedans ! ")
(" Mais ta gueule... ")


"Parce que je peux pas m'entendre avec tout le monde. Et que vue vos compétences, à vous et Silmeria, je préférerai ne pas vous mettre à dos."

" Tu penses pouvoir faire quelque chose qui ferait qu'on ne s'entende pas ? "

"J'en ai pas envie, mais comme c'est compliqué de savoir ce qui pourrait déplaire à Silmeria vu son comportement disons... changeant, j'espère que vous serez plus simple à cerner pour ce qui me mettrait du mauvais côté de la lame."

" Ce qui pourrait lui déplaire ? Elle cherche une rédemption en quelque sorte. Mais ton jugement est biaisé, tu sembles persuadé d'avoir en face de toi une folle assoiffée de sang, capable d'attaquer soudainement alliés et ennemis. As-tu oublié qu'à elle seule, elle a tué un Roi derrière ses gardes, face a sa garde royale impuissante tandis que toi et ton groupe avaient échoués à venir à bout de Crean ? "

Sa voix était restée douce. Cela semblait plus une sorte de constat que d'un reproche ou qu'une moquerie.

" Nous sommes ici pour enquêter et trouver un avenir viable à ce monde. Plus vite ces enfantillages à savoir qui peut se faire confiance ou qui sera copain seront terminés, plus vite les choses sérieuses commenceront. Tu n'as plus tellement le choix que de faire avec nous et vice versa. L'entente est un pré-requis, pas une option. "

"Ah bah je préfère ce genre de discours. Mais vous vous trompez sur un point, Hrist : je ne pense pas que votre jumelle soit assoiffée de sang ou folle ou les deux. Je fais simplement preuve de prudence : vous l'avez dit, son assassinat du roi force le respect et est une preuve indéniable de ses capacités. Et jusqu'à ce matin, elle était par essence une ennemie de la plupart d'entre nous ; se méfier un tant soit peu d'un tel profil, c'est le minimum vital de la sécurité."

Hrist eut un petit lever de sourcil, manifestement, elle n'avait pas oublié qu'il avait mentionné «  sanguinaire » à notre égard.

Il fixait Hrist, cherchant ses mots, je ne sais pas s'il faisait de son mieux pour ne pas l'offenser, au moins, je n'étais pas tombée sur quelqu'un qui pensait que je m'étais inventé une autre personnalité pour me rendre intéressante, je ne suis pas persuadée qu'elle aurait apprécié l'offense.

"Alors ouais, l'entente est forcée. C'est pour ça que j'ai voulu en savoir plus sur Silmeria -et sur vous, par extension. La confiance n'est pas essentielle, mais elle facilite beaucoup les choses dans un groupe. A fortiori pour une personne qui n'a pas une très bonne réputation."

" Pas très bonne réputation... Nous sommes là pour remplir nos objectifs. Nous sommes seules maîtresses de notre réputation. Mais notre voie nous incite à nous fondre dans n'importe quel groupe, n'importe quelle situation. Ça sera plus dur pour vous que pour nous, elle cherche à faire des efforts pour s'intégrer. Je le sais, nous partageons le même corps et les mêmes sentiments. "

Hrist ouvrait la main, dévoilant la rune inerte.

" Tu n'as pas eu besoin d'avoir beaucoup attendu pour tisser des liens justifiant l'usage d'une telle rune. Tu aurais pu utiliser la magie, comme nous l'avions fait. La confiance n'est pas de mise. Pour ma part... "

Elle s'avancait légèrement, elle semblait vouloir le tester, ou simplement elle n'appréciait pas qu'il montre tant d'intérêt à vouloir me connaître, je ne savais pas si c'était de la protection mal placée ou si elle cherchait ses limites.

" Je n'ai rien contre le fait que tu frissonnes toujours quand je suis derrière toi. Mais ça serait contre-productif. Pour une fois qu'elle fait des efforts pour essayer de semer autre chose que la discorde, je ne m'y opposerai pas. "

Elle se reculait, l'herbe autour d'elle se flétrissait, elle avait toujours eu dans sa mémoire des souvenirs tourmentés pour jouer des émotions qui alimentaient la corruption des Sylphes.


"Faux. La réputation, c'est les autres qui nous la colle sur le dos, qu'on la veuille ou non. Quant à ça," il pointe la rune, "prenez là comme un investissement et une preuve que je vous considère pas comme une folle, que je suis prêt à vous aider. J'aurais pu utiliser la magie, mais j'ai préféré un moyen plus fiable. On est pas là pour devenir les meilleurs amis du monde. Mais vous devriez songer à être moins fermées à tisser des liens ne seraient-ce que cordiaux. Ca ne vous coûte rien, et ça rendra les autres plus enclins à venir vous aider. Surtout dans un monde où avec la magie à notre disposition, ni vous ni moi ne sommes indispensables. Je peux très bien l'utiliser pour me déplacer dans l'ombre comme vous, et Silmeria peut tout aussi bien jeter les éclairs que je lance habituellement. Et, mmh, c'est pas une menace. Juste l'avis de quelqu'un qui préfère avoir envie de se mettre en danger pour vous aider que de frissonner quand vous passez dans son dos."


" J'ai déjà tissé des liens. Quand je vois ce qu'il advient des êtres chers, tu devrais t'estimer heureux de ne pas en faire partie. "

Elle a un petit sourire et ajoute après " Pour l'instant. "

Ses doigts se referment sur la rune. " Un tel investissement que Silmeria désire le garder. En souvenir de toi. Non pas de la vie qui lui est accordée. "

"sacré souvenir, dit il avant de prendre le temps de peser ses prochains mots qu'il va égrainer d'une voix lente. On a pas à devenir des êtres chers l'un pour l'autre. J'en ai perdu aussi. Dans le Charnier des Âmes. Anthelia. C'était ma compagne. Je sais un peu ce que ça fait de perdre quelqu'un injustement, comme vos soeurs j'imagine. Mais c'est pas pour autant que je vais me couper de tout le monde. On peut être des compagnons de voyage et d'armes qui s'apprécient sans s'investir trop émotionnellement."

Il va lui adresser un sourire amical.

"Puis eh, c'est quand même moins ennuyant d'avoir des personnes à qui parler comme on le fait maintenant, non ?"

" Exactement. "


" Je suis navrée pour ta compagne. Est-ce le Dragon ? "

"Comme beaucoup d'autres, oui."

" Comme beaucoup d'autres... "

"Je peux vous poser une question... indiscrète, Hrist ?"

" Tu peux. "

"Qu'est ce que vous êtes exactement ? Une deuxième personnalité ? Une deuxième âme ? Autre chose ?"

" Peut-être les trois. J'ai souvenir d'avoir été appelée. Des Necromanciens à Tulorim. Mais la séance a échappé à leur contrôle. J'ai su trouver refuge dans le corps d'une enfant qui dormait dans un bordel sordide. Je pensais que ça la tuerait, que mon... être serait comme un parasite pour elle et finirait par en venir à bout. Mais elle a résisté, survécu. Aujourd'hui, nous sommes complètement liées. "

"Je ne m'y connais pas vraiment en nécromancie, et ce que vous me raconter me donne encore moins envie d'en savoir plus..."

Il va hésiter avant de rajouter d'une voix prudente.

"J'espère que vous êtes un cas unique, dans ce cas."

" Je n'apprécie guère les mages, encore moins les necromanciens. Ils apportent plus d'importance à la mort qu'à la vie. Certes, tu pourrais trouver ça surprenant de la part d'un assassin, mais au moins, quand je tues, ce n'est que dans cette vie. Je ne tourmente pas le repos de l'âme ni ne profane les corps. "

"Comme je disais a votre jumelle, j'ai aussi du sang sur les mains alors j'ai pas trop la légitimité de vous faire la morale dessus. Et je vous rejoins totalement sur le repos des Âmes. Même si... je comprend que certains veuillent retrouver des personnes parties trop tôt."

" On est voués à perdre ceux qu'on aime, ou être perdu. C'est parfois si injuste que ça ressemble a une malédiction. Mais... pour les humains je ne sais pas. Je pensais que c'était moins douloureux. Que vous vous y pliez d'assez bonne grâce. "

"On vit tout un peu plus intensément, j'imagine. On a pas des centaines d'années devant nous, encore moins des milliers comme vous. Alors on investit beaucoup dans les autres, parce qu'on sait notre temps limité. Et la mort nous est plus familière car on voit les générations précédentes s'éteindre plus rapidement. Mais il n'empêche qu'on a pas toujours ne temps d'avoir la sagesse d'accepter que la mort emporte ceux qu'on aime."

" Je te souhaite de la trouver, cette sagesse. Mais à en croire tes mots, je pense que tu as déjà bien entamé cette acceptation. Je vais te laisser tenir ton poste, je serai à méditer sur mon nouvel ami. "

"Et ça n'a pas été facile... Reposez vous bien Hrist."

Ma jumelle se contenta de tourner le dos à Akihito, elle regagna Corne d'or, fraîchement rebaptisé « Papatte » par mes soins. Je ne savais pas trop à quoi elle pensait, j'étais dans un état ou je me trouvais... Apaisée. Je ne sais pas si c'était le ronronnement de cet énorme félin, bien qu'il s'agissait plus de sa respiration qu'un ronronnement de plaisir. Elle s'allongeait entre son corps et sa patte après l'avoir longuement caressé en silence. Elle semblait admirative de cette créature de légende. Je ne sais pas ce qu'il pouvait rappeler à ma jumelle, mais elle n'avait pas été indifférente à ce regard qu'il avait plongé dans le sien.

Arrive-t-il parfois qu'on se comprenne sans se parler ? Tous ces mots que nous n'avions jamais osé dire, quand nous nous murions dans un silence mutin. Avait-elle ressenti ça avec Papatte ? Je voulais bien lui demander mais... J'étais apaisée, les sons lointains semblaient un bourdonnement blanc à mes oreilles tandis que ma jumelle se coiffait, dénouant les mèches collées de sang et grattant les croûtes rougies. C'était une toilette très sommaire, il nous faudrait une douche pour rendre à cette enveloppe son charme léger et enfantin. Hrist s'allongeait en silence et fermait les yeux.

Si paisible.





Je me relevais un peu machinalement. Le campement avait bien avancé, une écurie avait été montée dans un silence incroyable autour de Papatte et d'une rangée de Falafels, tous alignés comme des oignons. Mon regard se posait vers un grand feu de camp où les aventuriers s'étaient rassemblés. Xël mimait une danse exotique que je ne reconnaissais pas vraiment mais ça semblait faire rire l'assemblée. J'étais surprise, quoique pas malheureuse de les voir ainsi de bonne humeur, je me disais que c'était là une excellente façon de mieux s'intégrer au groupe. Mathis et le jeune homme du nom de Jorus se réchauffaient les mains devant le brasier, Akihito m'indiquait une place qu'occupait déjà le chat siesteux de Mathis. Je m'installais à ses côté, l'animal ne tarda pas à grimper sur mes genoux pour s'y lover.

Akihito se pencha sur moi pour me demander ce que je souhaitais boire, il agitait une gourde en cuir de sa main droite et une bouteille en verre brun de la gauche.

« Il y a du Shu Shen, c'est d'Oranan, et du bon rhum.  »  Quitte à choisir, je préférais le Shu Shen. Il n'y avait aucun gobelet à disposition, sans comprendre pourquoi, je tendais mes mains comme un récipient dans lesquels il versa son breuvage. Tout avait coulé sur le chat endormi sans que je ne puisse boire quoique ce soit. Il agitait joyeusement ses pieds en l'air comme s'il dansait à son tour, imitant Xël qui sautait à pied joint en claquant des mains, arborant sur son visage une tête de ravi permanent. « Pas trop vite ; Xël, ma gourde est reliée magiquement à un fut de cinq-cent litres, si tu continues de boire cul-sec, je ne répond plus de rien. »

« Peu importe, je dois danser ! Il le faut. » Et il recommença de plus belle. Le chat à mes genoux avait accepté mes caresses mais.. Je me rendais compte que son pelage était particulièrement fragile. Pire encore, mes doigts s'étaient enfoncées dans sa fourrure et avaient creusé un trou. L'animal ne souffrait pas, mais je me retrouvais à l'éplucher totalement sans même parvenir à m'arrêter. Dans cet amalgame de fourrure et de peau, je retrouvais un plus petit chat encore qui sautait hors de cette mue inconcevable pour se lécher l'anus devant nous.

Jorus retirait les bottes de Mathis car ce dernier se plaignait d'avoir des champignons entre les orteils. Je me reculais, visiblement gênée par cette promiscuité dérangeante. Effectivement, le blond avait des champignons gros comme des cèpes entre les orteils, ses ongles jaunes avaient plus des allures de serres de rapace, quand je regardais ses bottes fraîchement retirées, je voyais qu'elles étaient trouées, probablement par ces ergots. Jorus utilisait la dague de Xenair pour nettoyer les pieds de Mathis, il coupait de longues bandes de peau qui se laissait tirer comme un parchemin qu'on dédoublait. Quant aux ongles, il ne parvenait pas à les couper de sa lame, pire encore, il tenait son poignard si maladroitement que je commençais à croire que la griffe céderait et qu'emporté dans son élan, cet abruti ne se poignarde tout seul.

« C'est trop dur. » Il abandonna le poignard, ce qui était une sage décision.
« Je vais le faire avec les dents. » Dit-il en se jetant sur les pieds de Mathis.

Ce qui n'était pas une sage décision.

Xël entama un saut arrière et se réceptionna plutôt bien. D'autres aventuriers nous rejoignaient, Aigre-Gor confiait une longue bande de cuir à Akihito. « Je l'ai faite pisser. » dit-il avant de s'assoir. Au bout de la laisse, je voyais la Shaakte, anormalement maigre, les os roulaient sous sa peau, elle se déplaçait à quatre pattes, je ne m'étais pas imaginé qu'elle était aussi maigre, l'illusion de la voir en habits laissait croire à une toute autre personne.

« Merci mon grand, installe-toi et mange avec nous. J'ai du melon frit et des crevettes. » Il me claqua sur la cuisse, me faisant sursauter et détourna mon regard de nouveau porté sur Jorus qui rongeait le gros orteil de Mathis de ses molaires.

«C'est meilleur que le veau avorté, hein ? »

La Shaakte se cachait derrière Akihito, elle commençait à creuser un trou dans le sol de ses longs doigts. Le petit chat tout juste sorti de la fourrure qui recouvrait encore mes genoux faisait ses griffes dans l'herbe. Akihito saisi alors la Shaakte par le cou et lui cria dessus si fort que j'en plissait les yeux. «  Fais du pain toi aussi ! » Il semblait appeler ça ainsi car ce geste félin imitait la façon que les boulangers avaient de pétrir la pâte à pain.

La Shaakte essayait de s'enfuir, elle avait déjà creusé un trou assez profond pour s'y asseoir jusqu'au bassin. Elle avait des allures d'animal blessé, affamé et maltraité. « Fais du pain aussi ! » scandait-il. A son tour, elle imitait le petit chat, frottant ses ongles noirs dans l'herbe. Des larmes montaient à ses yeux, elle poussait de petits cris stridents, Aigre-gor semblait agacé par ces suppliques. « Tu as bientôt fini oui ? »

« AH enfin ! Elle est là ! Garde, arrêtez cette femme ! » Je reconnaissais la voix de cette personne, je me tournais brusquement, voyant Daemon qui me pointait du doigt.

« Qu'est-ce que tu fais ici, espèce de connard d'attardé ? »
« On parle d'un miracle ici ! La mort n'a pas lieu en cette terre, on raconte que toute personne enterrée ici revit ! »
« Et alors ? Tu veux enterrer Gnééégnaaa et en faire ta sœur ? »
« Hérétique ! »
« Daemon ! Tu veux boire quoi ? »
« Mais vous connaissez ce débile ? »
« Du Shu Shen ! » Dit-il tout heureux. Il fit un grand signe de la main et d'autres apparurent. Des hommes en toge noire qui portaient dans leurs gras un squelette incroyablement long, celui d'Azra mais avec facilement... Deux mètres de plus.

« Enterrez le ici ! » Dit fièrement Daemon. Les hommes en toge s'exécutèrent en silence, à l'aide de pelle, ils creusaient si vite que le corps d'Azra fut presque immédiatement enseveli.


Daemon claqua des mains, il mimait une sorte de prière et le soleil apparu. Puis la pluie. Et de terre sortait alors... Des nourrissons. Dodus, potelés, rouges là où ils n'étaient pas jaunes. De vieilles noix plissées et ratatinés autour d'une glotte vibrant d'indignation.

«Bravo, espèce d'attardé. J'espère que tu as une solide formation à la petite enfance. »

La Shaakte tendit une main pour attraper un cuissot de bébé qu'elle porta immédiatement à ses lèvres et qu'elle dévora en reniflant des bulles de morve luisante qui coulaient le long de ses lèvres. Elle était tout bonnement répugnante.

« Ton Shu Shen est tellement dégueulasse que même un nain s'en rendrait compte. »

« Je dois... Danseeeer » Dit Xël en moulinant des bras sous la pluie. Il frappait des pieds en rythme sur le sol boueux.

Akihito avait sympathisé avec les sbires de Daemon qui s'occupait de mettre les bébés dans une charrette, visiblement mécontent de l'effet de son sort. Il aurait pu être bon perdant, mais ce petit con les envoyait dans la charrette à l'aide d'une fourche. L'Ynorien nous présenta ses nouveaux amis. Un homme qui ressemblait à un poisson, l'autre à une perruche.

« Mon nom est Cruc. »
« Mon nom est Pluc »
« Pardon ? »
« C'est un surnom en fait. Mon véritable nom de naissance c'est Nonente-plus-soixante-neuf. »
« Et moi Variation-par-aisselle »
« Ah faut les comprendre... »

« Hey, Daemon, tu veux pas une petite pipe ? »
« Pardon ? »

Aigre-Gor venait d'allumer une longue pipe en bois, elle avait plus des allures de cor ornemental qu'autre chose, mais elle était bourrée d'herbe incandescente et l'homme aspirait à plein poumon avant de recracher autant de fumée qu'un Gragon en colère.

Je voulais me relever mais maladroitement, je ratais le pas et j'eus la sensation de tomber en avant. Mon corps envoya une décharge d'adrénaline et soudain.


Mes yeux s'ouvraient. J'étais toujours contre Papatte, celui-ci avait des spasmes agités comme s'il rêvait qu'il courrait. Ce n'était qu'un drôle de rêve. Je me frottais les yeux, retirant les petites croûtes de mes cils pour mieux me dresser sur Papatte.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Avatar du membre
Akihito
Messages : 336
Enregistré le : mar. 29 janv. 2019 14:26

Re: Esseroth

Message par Akihito » sam. 12 nov. 2022 05:50

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

7.1 : L'importance d'un nom.

Il n’eut cette fois pas à se servir de sa rune. Car la lumière qui émana du duo formé par Yliria et son invocation résolu le problème d’une façon radicale. Démontrant une nouvelle fois l’étendue des capacité de la magie d’Aliaénon entre les mains d’un Yuiménien, la lueur qui jaillit pour frapper le Pachylaire mort devant la semi-shaakte engloba la malheureuse bête. Qui s’éveilla, poussant un barrissement aussi surpris que pouvait l’être les aventuriers. Car de ce premier miraculé jaillit une onde. Une onde lumineuse, salvatrice, guérisseuse. Soignant tout sur son passage, Yuiméniens comme Esserothéens ; blessure bénigne comme mort. Les pachydermes se relevèrent tous un par un, autant ceux fauchés par le sort de Silmeria que celui qui avait été découpé en deux par Corne d’Or. Ses mâchoires rougies de sang recouvrirent leur teinte originelle alors que le précieux liquide vital réintégrait son propriétaire qui revint lui aussi à la vie. C’aurait pu s’arrêter là. C’aurait dû s’arrêter là.

(Aki, écarte toi.)

(Par les dieux…)

Se décalant, il vit de l’endroit où il se trouvait juste avant un squelette émerger. Une structure d’équidé qui révéla sa nature quand la chair et la toison se régénéra de nulle part tout autour de sa carcasse : c’était un de ces cervidés aux bois minérales majestueux qui ne demanda pas son reste et s’enfuit dans la nuit, tout comme les dizaines d’autres créatures qui revinrent à la vie. Depuis combien de temps étaient-elles mortes ? Des mois ? Des années ? Des décennies ? Une ménagerie surnaturelle qui fit revenir également des prédateurs. Bien moins imposants que les corneraures, les félins roux à la queue rayées eurent tôt fait de retrouver leurs instincts de tueur après leur résurrection, tendant leurs crocs et leurs griffes contre leur petit groupe. Une vaine bravade qui fut étouffée immédiatement par plus fort qu’eux : les corneraures.

Pourquoi attaquaient-ils d’autres chasseurs quand ils pouvaient s’en prendre à tous ces herbivores qui s’enfuyaient dans toutes les directions ? La réponse, il l’eut de la part de Kaar qui, après un remerciement vibrant de sincérité à Yliria, se tourna vers le Corne d’Or. Paumes dirigées vers lui, il sembla entrer en communion avec ce dernier, qui tourna un regard bleu azur vers lui après l’avoir plongé dans les yeux de l’Hinïonne.

« Les cornesaures ne nous feront plus aucun mal. Nous leur avons prouvé notre supériorité… Leur alpha, Cornes d’Or, assurent qu’ils seront désormais à notre service, comme lui. Ils… acceptent de nous aider dans notre tâche, à condition que nous nous en montrions tous dignes. »

Avant d’ajouter dans un presque sourire qu’ils allaient les protéger cette nuit.

Ah.

(C’est… Aussi simple que ça ?) se demanda Akihito, dubitatif. Vraisemblablement, le semi-Garzok était en mesure de communiquer avec les animaux, d’une manière ou d’une autre. Et les bêtes sauvages qui les avaient traquées et prises pour cibles s’étaient calmées après s’être fait battre ? Ces créatures étaient-elles si intelligentes que ça ? L’enchanteur les auraient plus vus déguerpir ventre à terre. C’est ce que faisaient la majorité des animaux sauvages, après tout : s’ils se sentaient en position de faiblesses, ils s’enfuyaient de ce qui se trouvait au-dessus d’eux dans la chaîne alimentaire. Amy lui rappela à ce moment là que certaines créatures se soumettaient à leur alpha plutôt que de fuir.

(Ouais mais là, ils ont 'reconnu notre valeur'. Donc on est leurs égaux ou pas trop loin ? Et ça justifie qu’ils se mettent à nous protéger toute la nuit comme si de rien n’était ?)

(Ce sont les mots de Kaar. Si ça se trouve, le sens s’est un peu perdu dans la traduction.)

C’était aussi une raison. Et pour s’en assurer, il se rapprocha de Corne d’Or, toujours caressé par Silmeria. La bête était aussi majestueuse que mortellement imposante. Une créature qui ne semblait pas le moins du monde effrayé l’elfe qui tourna son regard vers lui quand elle l’entendit approcher.

« On dirait que mon cours de magie a été efficace. Ca va votre gorge ?

- Bah viiiii. J'ai eu un chat dans la gorge. Un tour de magie m'a complètement aveuglée. J'avais l'impression qu'on me crevait les yeux avec un rayon de soleil, dit-elle avant d’ouvrir les doigts pour montrer la rune. Tu portes bien ton rôle de protecteur.

- Au moins, vous avez toujours vos goguenardises pour vous. »

La comparaison le fit sourire, mais quand elle le qualifier de protecteur… Son ton s’assombrit légèrement.

« Mmh. Je le porterai vraiment quand j'aurais plus à protéger les autres des catastrophes que je provoque moi même. »

Fidèle à elle mêmes, l’assassin balaya sa remarque d’un revers de phrases, comme quoi on ne pouvait être responsable de tout. Avant de se refocaliser sur sa nouvelle lubie et ses grosses « papattes ».

« Ça pour en avoir de grosses... Soyez prudente quand même. Et reposez vous.

- Merci, Akichou. Je t'en dois une belle. Je lui dirai de ne pas te croquer dans ton sommeil.

- Glorieuse attention de votre part.

- Ah au fait ! l’interpela-t-elle.

- Oui ?

- Heu. J'ai oublié. »

Cet échange finit de le désarçonner et lui arracha un léger rire, avant de secouer la tête. Non décidément, il n’arrivait pas à se faire l’attitude de la jeune femme.

« Bonne nuit Silmeria. »

Dans tous les cas, l’enchanteur n’était pas près de confier sa nuit à des créatures aussi dangereuses. Le groupe commençait déjà à se ressembler pour monter le camp et Akihito s’y mêla naturellement. Tout était bien qui finissait bien… Sauf pour Xël, qui était à bout de forces et était allongé non loin. Ils en avaient tous réchappés ; mais le regard accusateur d’Egregor se posa un instant sur l’enchanteur. La fièvre du combat retomba, l’adrénaline reflua, et la culpabilité pris la place. C’était son explosion qui avait, semblait-il, attirés les corneraures. Il avait tenté quelque chose, et les conséquences étaient passées à pas grand-chose de l’hécatombe. Tout comme pour son double géant, il avait mis le groupe en danger. Et si une partie de lui-même voulait se cacher derrière le manque d’informations et la nécessité de se renseigner sur ce monde… Il avait tout de même manqué de prudence.

« Tout d'abord, je voulais m'excuser de nous avoir mis derechef en danger. D'abord mon clone, puis les Corneraures... Je suis désolé, dit-il d’une voix coupable en s’inclinant à l’encontre du groupe, le visage fermé. Pour porter mon faix, j'assumerai le premier tour de garde. Je ne sais pas comment vous faites pour communiquer avec ces animaux Kaar, mais vous ne m'en voulez pas; Je ne suis pas prêt à accorder mon sommeil les yeux fermés à des fauves qui voulaient ma peau y a 5 minutes. Combien de temps dure une nuit sur Aliaénon ?

- La même durée que sur Yuimen. Peu ou prou, répondit le noir Esserothéen alors que Lyssandre, l’éclaireur polymorphe, redescendait dans leur groupe.

- Donc il nous reste neuf heures de nuit environ. Je prendrai les trois premières. »

Silmeria annonça qu’elle prendrait le tour à sa suite, suivit de Mathis qui fermerait la marche. La messe était dites et Akihito n’avait pas vraiment envie de s’attarder sur des détails. Le remord commençait peu à peu à le ronger et ce tour de garde allait lui laisser le temps de se remettre les idées en place.

(Te connaissant, tu vas plus te morfondre dans ton coin.)

(Je suis pas comme ça.)

(Ooooh si.)

(Non.)

(Si.)

(Non !)

(Tu vois ? Tu commences déjà à faire la tête.)

(Parce que là, tu me la prends. Voilà pourquoi.)

(Admet que j’ai raison Akihito. Regarde, tu es tellement en colère contre toi-même que tu peines à monter ta tente.)

(Ca, c’est parce que Silmeria me déconcentre à côté. Elle pas l’air d’avoir monter beaucoup de tentes dans sa vie.)

L’Hinïonne était effectivement en train de dresser le camp, non loin. Mais de ce qu’il avait compris, c’était celle de Xël qu’elle montait, ce dernier n’étant évidemment pas en état de le faire. Akihito lui se reconcentra sur sa besogne, l’air sombre. Il désirait s’isoler le plus vite possible.

Se refocalisant sur sa tente, il replanta correctement les pieux qui maintiendrait une des extrémités et tendit le poteau de l’autre côté, qu’il calla avec sa besace. Puis rapidement, il planta les deux autres coins pour stabiliser la tente. Ne restait qu’à faire les derniers ajustements pour bien fixer la tente en dressant le deuxième poteau, puis en replantant les pieux jusqu’à ce que la tente soit bien droite. Dans son dos, la lumière laissée par Ssussun commençait lentement à décroitre et à sa droite, la tente montée par Silmeria s’écroulait, sous son inébranlable expression enfantine.

« C’est tout à fait à chier. »

Et à ce moment, une personne qu’Akihito n’avait pas pensé -ni souhaité- qu’elle vienne lui parler arriva.

« Essayez de garder vos expériences pour des moments opportuns, désormais. Nous avons failli y laisser la vie, cette fois. Et il ne faut pas avoir fait une étude approfondie pour se dire que c'est maladroit d'oeuvrer ainsi en pleine nature sauvage. »

C’était Egregor dont il avait croisé le regard et qui lui avait fait cette déclaration. Un ton las imprégnait sa voix : l’homme semblait épuisé lui aussi et peu désireux de faire une esclandre.

« Désolé de croire qu'une région «en paix» avait pas ce genre de «problème». J'ai merdé, ouais, mais vous aussi. Vous auriez dû nous prévenir qu'il y avait des fauves gros comme des charrettes capable de nous pister sur des kilomètres dans ces collines.

- Ils sont rares et peu présents. On ne tombe que rarement dessus. Il va falloir que vous appreniez à être prudent : personne ne va vous faire un compte-rendu de ce qui peut vous attendre à tel ou tel endroit. Prenez-le comme un conseil : nous approchons de la zone affligée par les volutes noires. Inexorablement. Et nul ici ne sait ce qui s'y cache.

- J'ai essayé de l'être. Mais soit. Je resterai dans les clous maintenant. Qui sait ce que j'attirerai la prochaine fois que j'aurai une idée lumineuse, dit il avec un ton mi sarcastique, mi las en levant les yeux vers l'orage qui couvait toujours et éclairait par intermittence le camp d'une lueur spectrale.

- C'est mieux, oui. Pour notre sécurité à tous. Par chance, les aptitudes de survie et de destruction de votre groupe sont impressionnantes. Je n'avais jamais rien vu de tel, même de la part des vôtres. A part peut-être la création de la Plaine d'Or... »

La Plaine d’Or qu’ils avaient vu n’était donc pas une plaine « naturelle » ? Elle aurait été créé par le groupe de Xël, sans doute.

« C'est la magie de votre monde qui est impressionnante. Nous, on essaye juste de faire avec. Et ça marche pas toujours très bien.

- Elle est chaotique, entre vos mains. C'est ce qui fait votre force... mais aussi l'expression d'un danger permanent. Usez-en avec parcimonie : elle n'a jamais été si puissante, je le sens, ajouta Egregor dans un murmure. L’idée semblait autant l’attirer que le terrifier.

- Oh, après avoir invoqué mon double aussi gigantesque qu'hostile et cet orage inutile, je vais arrêter de faire de la magie pour ma part. Sauf si c'est nécessaire. Quand je l'utilise avec des amis à proximité, ça dérape une fois sur deux.

- Sauf si c'est nécessaire... Et ça le sera, à un moment ou un autre. Sans aucun doute possible. »

La discussion se clôtura dans un silence gênant et défait, où personne n’eut plus rien à dire. Akihito termina d’installer son sac à paille garni des herbes désormais grasses suite au miracle d’Yliria, le tout dans une pénombre mourante. Et dans ce crépuscule, trouver l’éclat de San dyvina qu’il avait fait tomber ne fut pas difficile malgré l’herbe haute : deux corneraures l’avaient retrouvé pour lui et l’observaient avec curiosité, le reniflant même. Et à l’approche de l’enchanteur, les deux félins s’écartèrent sans aucune hostilité. Kaar avait semble-t-il raison de ne plus les craindre…

(… Je vais quand même veiller.) pensa Akihito en ramassant son éclat tandis que l’obscurité tombait réellement sur leur petit groupe hétéroclyte. Ses yeux s’habituant peu à peu à l’obscurité, il put évoluer dans le campement sans grand mal tout en prenant la précaution de faire de large détour à proximité des tentes : se prendre les pieds dans ces cordes tendues était un accident plus fréquent qu’on pouvait bien le croire. Et bien plus humiliant.

La tente qu’il contournait à ce moment-là était dressée par une personne qu’il reconnaissait sans peine dans le noir : le blanc de ses cheveux tranchaient radicalement dans la pénombre, et qui d’autre que la semi-shaakte avait un poisson de lumière volant à proximité d’elle ? Yliria avait elle aussi fini de s’installer ; et à en voir le mouvement de sa crinière, elle devait le suivre du regard alors qu’il passait à côté d’elle.

(Allez, vas y.)

(… Pfff.)

Akihito avait bien conscience qu’il allait devoir tôt ou tard se confronter à la jeune femme : il avait pris cette décision. Mais là… Même aborder ce sujet pour plus tard lui paraissait trop inconfortable. Il se força néanmoins sous l’insistance de sa Faëra, et s’approcha d’elle.

« Faudra qu'on ait une vraie discussion tous les deux. Plus tard, quand t'en auras envie. Prend ton temps. »

Il n’attendit pas de réponse et continua sa route. Yliria l’évitait depuis quelques temps, alors il préféra couper court pour ne pas l’embarrasser plus que nécessaire. Et ne pas s’embarrasser lui non plus. Il sentit très clairement qu’Amy n’était pas vraiment satisfaite de cette réponse si succincte, son avatar se parant de orange. Il continua sa route, se guidant à l’aide de la faible lumière de son éclat jusqu’à une petite butte qu’il avait remarqué plus tôt, avant qu’il ne monte sa tente. Une des créatures réanimées par la semi-shaakte avait eu la délicatesse d’y faire un petit cratère en sortant de terre, proche d’un rocher. Il n’eut pas de mal à s’y installer dans une position pas trop inconfortable.

Derrière lui, il entendait les autres membres de son groupe parler à voix basse, s’organiser, manger parfois. Le bruissement dans la végétation des corneraures tout autour d’eux, s’installant en sentinelles… Ou en gardiens. Puis peu à peu, le silence tomba, émaillé que de quelques échanges étouffés. Akihito referma le poing sur son éclat et se laissa envelopper par la nuit. Seul avec ses pensées, il réfléchit.

Cette journée avait été éprouvante mentalement. Et physiquement aussi, si ce n’avait été pour la guérison de masse d’Yliria. Elle n’avait pas chassé la fatigue d’avoir monté toute la journée, mais Akihito y était désormais habitué et sans y être insensible, il avait bel et bien constaté qu’entre son départ d’Oranan et son retour après le charnier des Âmes, monter Brume tout une journée n’avait plus été aussi éreintant. Et désormais, il avait trois bonnes heures devant lui -plus, certainement. Amy avait raison : il allait cogiter toute la nuit et le sommeil allait être d’autant plus dur à trouver.

Sur cette planète, la magie l’avait autant émerveillé que terrifié. Il avait dit à Egregor qu’il limiterait son utilisation. Sur le coup de la frustration, ou était-ce une décision éclairée et choisie objectivement ? Il aimerait apprendre à la maîtriser. A ne plus la laisser échapper à son contrôle.

(Sur Yuimen aussi, la magie peut être traître, ne l’oublie pas.)

(Oui, enfin j’aimerais qu’elle se cantonne à « je marche » ou « je marche pas ». Pas que les effets soient si aléatoires.)

Mais il devait d’une part faire face au manque de temps que leur mission leur imposait, et d’autre part au manque de sécurité évident que ces tests impliquaient pour lui. Si un simple saut périlleux pouvait déclencher un cataclysme, tout sort mal lancé pouvait faire sauter l’entièreté de la zone. Dans un soupir, il ouvrit la paume de sa main et noua le fragment lumineux autour de son collier de sorte à ce qu’il puisse éclairer ses mains tout en les ayant libre. Levant les yeux, il était curieux de savoir à quoi ressemblait le ciel nocturne d’Aliaénon. Avait-il une lune ? Des étoiles ? Des aurores boréales ? S’il n’y avait pas eu l’orage pour gâcher sa vue, peut être aurait-il pu le savoir…

« Hmmmm... quelle mine affreuse. »

La Kizoku se dénuda d’une bonne de dizaine de centimètres, par pur réflexe. Mais en voyant que ce qui était apparu de nulle part dans les airs n’était autre que Silmeria, l’enchanteur suspendit son geste.

«Nom de... Silmeria, ca vous dérangerait de pas apparaitre subitement devant des personnes qui montent la garde ? »

Non contente de s’amuser de son petit tour de magie, elle disparue de nouveau pour le narguer en apparaissant dans son dos, lui demandant s’il préférait cette solution.

« Venir à pied, tout simplement. C'est quand même plus accommodant.

- Ah oui, c'est possible aussi. Mais je peux faire ça que la nuit ou dans l'ombre. »

Sortant une peau de cochon et son jeu d’aiguilles, il se mit à jouer avec ces dernières pour dissiper le stress que la jeune femme avait éveillé en lui. Et pour faire bonne figure, il avait essayé de changer de sujet.

« C'est donc ça votre transport dans l'ombre ?

- Bah oui. Tu as eu peur ? demanda SIlmeria en posant un doigt sur son cou.

- Evidemment que vous m'avez surpris,» grogna-t-il. Elle prenait de nouveau les battements de son cœur et il ne gagnerait rien à lui mentir, aussi calma-t-il progressivement son rythme cardiaque. Le rire ‘presque’ innocent de l’Hinïonne et sa proposition de tester autre chose de pire ne l’aida pas vraiment.

« Et c'est quoi, au juste ? Et j'ai pas dit que je voulais essayer.

- Oh, rien. Dis moiiiiii. Je peux te poser une petite question ?

- Une question contre une autre, et je répondrai. »


Son interlocutrice prenait un malin plaisir à ne répondre qu’à ce qui lui chantait et cela commençait à prodigieusement l’agacer. Alors il chercha à prendre l’ascendant en menant la discussion.

« Je ne pensais pas marchander avec mon Protecteur, mais oui, à toi alors !

- Vous avez pas à m'être redevable pour ce qui s'est passé contre le corneraure, vous savez. J'ai fait ce que je pensais juste, c'est tout. Pour la question, disons que c'est une question que je me garde pour plus tard, quand j'aurais besoin d'une réponse sincère. Mais pour l'instant, allez-y avec la vôtre : j'ai beaucoup de temps devant moi.

- Soit. Mais des remerciements s'imposent. Ma question est simple, concéda simplement la jeune femme en levant un doigt théâtrale, comme à son habitude. D'où vient ce manque de confiance en toi ? Tu n'as pas besoin d'être si dur avec toi même, les autres le seront bien assez. »

Il ouvrit la bouche puis la referma, plusieurs fois. Il s’était attendu à tout, sauf à une question aussi… Sérieuse. Il lui jeta un regard, mais avec la pénombre et pour seul éclairage son maigre morceau de San Dyvina, il ne pouvait pas déchiffrer son expression. Etait-ce une énième farce ou moquerie enfantine ? Akihito n’arrivait pas à le savoir. Et la question elle-même n’était pas des plus évidentes à répondre, car s’il comprenait bien qu’elle faisait référence à ses excuses récentes… En trouver les raisons, c’était une autre histoire.

«J'en sais rien. Mais... Peut-être que je m'implique dans trop de choses. J'essaye de faire tout ce que je voudrais faire, agir pour ceux que j'aimerais soutenir. Mais je me trompe parfois et j'impose mon aide alors que je ne devrais pas. »

(Et comme Yliria me l’a douloureusement fait remarquer…)

« C'est dur de savoir ce qui est juste et ce qui tient du complexe du Héros.

Est-ce qu'il t'arrive de mettre du parfum, Akichou ? »

Là aussi, il mit plusieurs secondes à répondre. Purement surpris par la question qui semblait sortir de nulle part.

«Euh... rarement ? C'est pas une habitude que j'ai prise à force d'être sur les routes.

- Comme pour son soutien, il se suggère mais il ne s'impose pas. Il te faudra apprendre à être plus tendre avec toi même, même si certains sentiments coupent plus profondément qu'une lame. La question du héros ne devrait pas être est-ce que je peux le faire mais plutôt quelque chose comme est-ce que je devrais le faire. »

Elle fit ensuite une remarque sur son espérance de vie, bien plus courte que la sienne ; une réplique qu’il mit momentanément de côté parce qu’un point l’intriguait dans sa réponse précédente.

« Pourquoi dites-vous que je suis dur avec moi-même ? Je comprends pas où vous voulez en venir.

- Mais tu me donnes cette impression. Je ne te connais pas assez pour me voiler la face, rien que de te refuser le titre de protecteur, celui de te flageller et de porter la responsabilité de toute chose... »

Elle frappait là où ça faisait mal, et il ne détectait aucune malice ou méchanceté dans sa voix. Plus une curiosité, une incompréhension pure et honnête. Elle ne comprenait pourquoi il réagissait comme ça… Et Akihito n’était pas beaucoup plus avancé. Amy lui conseilla de simplement s’exprimer selon le fil de sa pensée. Cela l’aiderait peut-être à poser des mots sur ce qui l’habitait.

« Parce que c'est pas un jeu. Si je ne suis pas exigent avec moi-même ce sont des vies que je mets en danger. Mais ouais. Ce n’est pas la première fois qu'on me dit que j'en fait trop.

- Qui sait, tu finiras peut-être transformé à la fin de cette enquête. Par son aboutissement, ou par m'avoir fréquentée. »

Il la regarda, dubitatif, essayer de… L’encourager ?

(On dirait que vos rôles ce sont inversés et que c’est elle qui te réconforte.)

(Hein ?)

(Tu lui parlais aussi de changer ici, non ? Prendre un nouveau départ sur Aliaénon, où elle n’était plus la Régicide. Juste Silmeria.)

« Comme j'ai dit, je vais me contenter de suivre le flot à partir de maintenant. Ça me fera prendre du recul. »

Le réconforter… C’aurait pu marcher, si le sourire aimable de l’Hinïonne ne s’était pas mué en une expression d’excitation enfantine alors qu’elle scandait :

« Ta question ! Ta question ! Ta question !

Ma question ! Ma question ! Ma question ! »

Il ne put s’empêcher de la suivre dans sa frasque, empli d’un curieux mélange de gratitude pour son étonnante ‘compassion’ et de sarcasme devant cette attitude qui l’empêchait une nouvelle fois de la prendre au sérieux. Il se mit donc à réfléchir en se saisissant d'une peau de cochon. Il commença à tracer de la pointe de son aiguille les contours du Corne d'or, l’être sur lequel il avait jeté son dévolu pour occuper sa nuit de manière un peu productive.

« Ce que vous m'avez dit sur Falafel, c'était des coquecigrues ? Parce qu'avec tout ce que vous m'avez raconté le ton enfantin ne devrais plus vraiment être nécessaire, non ?

- Des coquesiquoi ?

- Des histoires, des balivernes.

- Aaaaah. Tu mets mes propos en doute ? Tu ne voudrais pas servir de repas à Papatte, tout de même. »

Papatte, cela devait être le nom qu’elle donnait au Corne d’Or. Un prénom aussi inoffensif que ne l’était justement pas la bête qui en était affublée.

« Vous n’essayeriez pas de changer de sujet, par hasard ? Surtout que vous n'oseriez pas vous séparer de votre nouveau plaisir coupable qui est de me tourmenter.

- Mon air enfantin c'est... mon identité la plus commune, je dirai ? J'ai été bien des choses, Baronne, servante, sage-femme, bijoutière, j'ai dû m'adapter à chacun de ces rôles. Je crois que celui-ci est de loin mon préféré. Ça complique la tâche de ceux qui veulent me cerner, me comprendre... Voire me plaindre. Quant à te tourmenter... je suis plutôt avenante et aimable, je te dois la vie... enfin, l'actuelle. Suis allée tellement de fois aux enfers qu'on va finir par m'y tutoyer.

- Ca vous isole beaucoup, si vous laissez autant de distance avec les autres en les empêchant de mieux vous connaître. Après c'est votre choix et j'imagine que vous avez vos propres raisons de le faire. »

Il releva un instant la tête et regarda attentivement Silmeria, pour essayer de savoir si elle se payait sa tête. Lui rendant donc son regard scrutateur, même si lui ne voyait pas vraiment grand-chose de son visage.

« Vous êtes allez aux Enfers ? Ceux de Phaïtos ? »

Nouvelle farce, ou réel témoignage de son passé ? Il n’aurait pas cru ce genre de fable avant, mais après avoir visité l’Ile des dieux, affronté une déesse déchue, aller sur autre monde…

(J’ai l’impression que ma vision de Yuimen est passé de « qu’est ce qu’il est possible de faire » à « qu’est-ce qui est IMPOSSIBLE de faire ».)

(Et je sais pas si c’est une bonne chose. En tout cas, Silmeria n’a pas l’air de vouloir s’étendre sur les deux sujets que t’as abordé. Elle ne répond pas à ce que tu dis sur son isolement et est au mieux évasive sur ce qui est des Enfers.)

(Elle parle quand même de « réanimer ses âmes ».) objecta l’enchanteur.

(Mmh. C’est vrai.)

« Tu n'as pas voulu aller lui faire un bisou, quand tu étais à Nyr ?

- J'avais déjà les mains prises avec mes propres dieux. Puis aller voir le dieu qui a créé la saloperie responsable du Charnier des Ames... J'en avais pas vraiment envie. Et peut-être que j'aurais été un peu vulgaire. »

Son aiguille s’attardait sur les pattes cuirassées de ce qu’il allait tatouer sur sa peau une fois le patron fini, imaginant toute une floppée de jurons qu’il aurait lancé à la face de Phaïtos s’il avait été dans son temple. Même s’il savait très bien qu’il n’aurait pas été assez stupide pour insulter un être capable de le pulvériser d’un claquement de doigts, il aurait sans doute juré intérieurement. En espérant que les dieux n’étaient pas capables de lire les pensées des mortels.

« Même Xenair et Aerq ont été troublés. Je pense qu'Aerq serait parti aussi s'il ne s'était pas fait tuer.

- Comme quoi, même pour certains des 13 un massacre aveugle de masse, ce n'est pas acceptable, commenta le mage, sarcastique.

- Les assassins ont un rôle de bourreau. Tuer sans avoir de lien avec la cible, faire ça proprement, silencieusement. Xenair avait des valeurs, celles du respect et de la droiture, mais il ne tolérait pas la lâcheté. Alors voir des centaines, des milliers d'âmes fauchées, dévorées et perdues... ça devait être trop pour lui. A moins qu'il n'ait profité de cette occasion pour quitter à jamais cette vie. »

Akihito hocha la tête, tout en se saisissant enfin de son marteau pour commencer son tatouage. Il avait pu constater que même des êtres comme Créan ou Karsinar possédaient une certaine forme d’honneur, alors pourquoi pas les assassins ?
Puis il revint à la charge, déterminé à ne pas être agacé plus longtemps par le mutisme sélectif de son interlocutrice.

« Si vous voulez mon avis, votre masque enfantin est pas celui qui complique le plus la tâche.

- Que veux-tu dire ?

- Moi, je me méfierai moins d'une bijoutière ou d'une baronne. J'apprendrais à la connaitre, à savoir ce qu'elle aime ou déteste, ce qui la fait réagir. Ou du moins je croirai le savoir. Vous ? Je ne sais pas sur quel pied danser, ni ne sait quand vous êtes sérieuse ou non. Alors je me méfierai naturellement de vous, expliqua-t-il avant de rajouter, en se tapotant la lèvre inférieure de la base de son aiguille : Quoi qu'au final, ça me dit quelque part comment me comporter avec vous. »

- C'est peut-être très bien ainsi. Je suis une Murène, après tout. Ce nom me va plutôt bien, répliqua-t-elle d’une courbette avant d’arborer un air plus sérieux. Tu.. voudrais me connaître ? C'est singulier. On m'a jamais dit ça auparavant.

- A part savoir que c'est une sorte de poisson, j'ai aucune idée de ce qu'est une murène, ou à quoi ça peut bien ressembler. Et pourquoi je ne voudrais pas vous connaître ?»

Pour la première fois, il vit des expressions qu’il ne pensait pas possible sur le visage de la jeune femme. De la gêne, de l’embarras ? Il avait visiblement touché un point sensible alors qu’elle expliquait que les Murènes était le nom de sa caste d’assassins, dispersés dans tout Nirtim. D’Omyre à Dahram, en passant même par Kendra Kâr. Des informations confidentielles, selon elle, qui l’aiderait à ce qu’il lui fasse confiance.

(Si on savait que des assassins affiliés à la Régicide étaient basés dans la capitale Kendrane… Oui, ça ferait du bruit. On retournerait toutes les tavernes de la ville pour retrouver cette Katalina, connaissant le zèle de ses miliciens.)

« Quant à... me connaître.. Je ne suis pas très à l'aise sous ma vraie nature.

- Et c'est là le problème. Comment est-ce que moi -ou n'importe qui d'autres- pourrait vous croire sur ce que vous me dites ? Ces informations peuvent aussi bien être vos vrais compagnons, comme des noms donnés au hasard pour me donner ce sentiment de confiance. Si vous jouez toujours sur la corde et la frivolité, personne ne pourra vous faire pleinement confiance quand vous voudrez justement que ce soit le cas. »

Il l’avait pointé de son aiguille pour appuyer son propos en la regardant, avant de se replonger dans son tatouage.

« Je vous demande pas de vous mettre à nue, votre vraie nature ne tient qu'à vous. Mais quitte à choisir, je préférerais savoir un peu qui est la vraie Silmeria. Plutôt que de me demander à chaque fois que vous piquez un fard ou que vous vous mettez en colère, si c'est du lard ou du veau avorté.

- Peut-être, mais je persiste à croire que c'est par mon allégeance à Xenair que vous gardez, tous j'imagine, cette réserve. Regarde Dracounera Pale-vulve, c'est littéralement un arbre en feu et pourtant, personne n'y voit quelque mauvais présage. Et je suis sûre que tu aurais tendance à croire n'importe qui plus que moi. Cela étant, je ne suis pas tellement menteuse. J'ai pas encore ajouté ce vice à ma collection. Et je me mets rarement en colère. Même tout à l'heure, j’ai... Ressenti beaucoup de calme en employant la magie. Et.. le veau avorté, c'est pas si mauvais. »

- Le veau avorté est pas mauvais, acquiesça-t-il, tant qu’on n’en connaît pas la provenance. Et je peux pas parler pour les autres, mais c'est vrai que le passif de Xenair ne m'aide pas à vous accorder ma confiance. Rappelez-vous ce que je vous ai dit cet après-midi : je vous jugerai principalement à vos actes que j'ai constatés moi-même. Et si vous êtes loin de l'image de la Régicide sanguinaire qu'on vous colle au dos... Votre attitude m'aide pas à savoir si je peux réellement vous faire confiance. »

Il voulait, quelque part, vraiment lui accorder cette confiance. Il sentait que dans tout ce qu’elle lui disait, il y avait une part de vérité. Que le tout était ensevelit sous des tombereaux de frivolité et de comportement enfantin. Mais comment faire le tri dans tous ça ? Comment croire un visage qui passait en un battement de cil d’un air parfaitement sérieux à celui moqueur qu’elle arborait désormais, s’amusant moqueusement d’une révérence que l’absence d’emprise sur elle était sa ligne de vie ?

« Avoir des personnes pour nous épauler c'est aussi pas mal comme assurance vie, non ? » répondit-il en haussant un sourcil désabusé, observant l'insaisissable lame qui avait perdu sa trachée une petite heure auparavant.

(Pas si insaisissable que ça, la lame de Xenair.)

« C'est sûr. Une fois en ville je pense que j'investirai dans une arme plus longue. Je suis plutôt formée à tuer des hommes, des fauves de cette envergure, surtout si de la magie m'aveugle complètement, je suis nettement moins à l'aise, déclara-t-elle avec pragmatisme avant de lui faire une désarçonnant proposition. Oh. Tu veux une croûte de sang ? »

Ce qui ne manqua pas de le faire soupirer.

« Voyez ? On peut pas vous prendre au sérieux.

- Évidemment. C'est que je suis douée à ce jeu. Mais n'oublie pas, je ne plaisante pas avec tout. Qui plaisante de la mort trouve à qui parler. »

C’était peine perdue. Il avait beau essayer d’aller vers elle, il n’arrivait pas à aller plus loin que ce qu’elle avait décidé de lui montrer : pas grand-chose. Il l’ignora donc, tout simplement. Et après un long silence perturbé uniquement par le léger son de son maillet cognant la base de son aiguille prismatique teintant le cuir de cochon d’une crinière immaculée..

« Tu voudrais lui parler ?

- Parler à qui ? »

Le ton plus doux de Silmeria intrigua le mage.

« Beh à ma jumelle. Quand l'une d'entre nous reste trop longtemps éveillée... qu'importe. Alors ?

- Ça arrivera tôt ou tard si je comprends bien, alors autant le faire maintenant tant que tout est calme. »

Levant les yeux de son travail, Akihito regarda l’Hinïonne qui le fixait intensément. Il sentit quelque chose changer dans son expression, mais il ne sut dire quoi. Comme si ses yeux avaient perçu quelque chose que son cerveau n’avait su interprété et l’avait jeté à la poubelle. Le temps qu’il arrête de remettre le doigt sur ce qu’il avait ‘loupé’, il constata qu’en face de lui, SIlmeria n’était plus là. Enfin, l’Hinïonne était toujours droite devant lui ; mais ses traits s’étaient durcis, le léger sourire qui flottait en permanence sur ses lèvres avait disparu, lui aussi. Et comme elle restait silencieuse, il se hasarda à une interpellation.

«… Hrist, je présume ?

- On dirait que jusqu'à présent, vous arrivez à plutôt bien vous entendre. »

Une voix plus posée, plus calme que Silmeria. Des inflexions plus incisives.

(Ou Silmeria est encore plus exceptionnelle en comédie que ce qu’elle prétend, ou j’ai vraiment face à moi une autre entité.)

L’attitude neutre d’un haussement d’épaules allait lui permettre d’observer un peu plus longtemps ‘Hrist’.

« J'ai de la patience à lui accorder, c'est peut-être pour ça. Et j'espère que ça se passera bien avec vous aussi.

- Elle gagne à être connue. Pour qui y parvient. Et pourquoi ça ne serait pas le cas ?

- Elle n'a pas l'air d'avoir un mauvais fond, mais elle ne nous facilite pas la tâche. »

Ce ton détaché, presque las.

« Parce que je peux pas m'entendre avec tout le monde. Et que vue vos compétences, à vous et Silmeria, je préfèrerai ne pas vous mettre à dos.

- Tu penses pouvoir faire quelque chose qui ferait qu'on ne s'entende pas ? »

Cette main qui était désormais posée sur le manche de sa dague, comme pour s’en servir à la moindre menace.

« J’en ai pas envie, mais comme c'est compliqué de savoir ce qui pourrait déplaire à Silmeria vu son comportement disons... changeant, j'espère que vous serez plus simple à cerner pour ce qui me mettrait du mauvais côté de la lame.

- Ce qui pourrait lui déplaire ? Elle cherche une rédemption en quelque sorte. Mais ton jugement est biaisé, tu sembles persuadé d'avoir en face de toi une folle assoiffée de sang, capable d'attaquer soudainement alliés et ennemis. As-tu oublié qu'à elle seule, elle a tué un Roi derrière ses gardes, face à sa garde royale impuissante tandis que toi et ton groupe avaient échoués à venir à bout de Crean ? »

Et cette façon de s’adresser à Silmeria comme une personne complètement différente.

« Nous sommes ici pour enquêter et trouver un avenir viable à ce monde. Plus vite ces enfantillages à savoir qui peut se faire confiance ou qui sera copain seront terminés, plus vite les choses sérieuses commenceront. Tu n'as plus tellement le choix que de faire avec nous et vice versa. L'entente est un pré-requis, pas une option. »

Il y avait bel et bien deux personnalités dans le corps de cette elfe. Avoir enfin un début de certitude dans l’ouragan chaotique qu’était Silmeria et les informations qu’elle distribuait lui arracha un léger rire nerveux, mais aussi soulagé. Akihito avait enfin l’impression d’avancer.

« Ah bah je préfère ce genre de discours. Mais vous vous trompez sur un point, Hrist : je ne pense pas que votre jumelle soit assoiffée de sang ou folle ou les deux. Je fais simplement preuve de prudence : vous l'avez dit, son assassinat du roi force le respect et est une preuve indéniable de ses capacités. Et jusqu'à ce matin, elle était par essence une ennemie de la plupart d'entre nous ; se méfier un tant soit peu d'un tel profil, c'est le minimum vital de la sécurité. »

Il la fixa et continua d'une voix calme comme la sienne sans être dénuée d'un peu de force.

« Alors ouais, l'entente est forcée. C'est pour ça que j'ai voulu en savoir plus sur Silmeria -et sur vous, par extension. La confiance n'est pas essentielle, mais elle facilite beaucoup les choses dans un groupe. A fortiori pour une personne qui n'a pas une très bonne réputation.

- Pas très bonne réputation... Nous sommes là pour remplir nos objectifs. Nous sommes seules maitresses de notre réputation. Mais notre voie nous incite à nous fondre dans n'importe quel groupe, n'importe quelle situation. Ça sera plus dur pour vous que pour nous, elle cherche à faire des efforts pour s'intégrer. Je le sais, nous partageons le même corps et les mêmes sentiments. »

Elle ouvrit la main, dévoilant la rune Tez vidée de son pouvoir. Elle argua qu’ils n’avaient pas tissés beaucoup de liens, et certainement pas assez pour qu’il utilise une rune pour elle quand il avait la magie d’Aliaénon à disposition.

«Faux. La réputation, c'est les autres qui nous la colle sur le dos, qu'on la veuille ou non. Quant à ça, il pointe la rune, Prenez là comme un investissement et une preuve que je vous considère pas comme une folle, que je suis prêt à vous aider. J'aurais pu utiliser la magie, mais j'ai préféré un moyen plus fiable.

- Je n'ai rien contre le fait que tu frissonnes toujours quand je suis derrière toi. Mais ça serait contre-productif. Pour une fois qu'elle fait des efforts pour essayer de semer autre chose que la discorde, je ne m'y opposerai pas.

- On est pas là pour devenir les meilleurs amis du monde. Mais vous devriez songer à être moins fermées à tisser des liens ne seraient-ce que cordiaux. Ça ne vous coûte rien, et ça rendra les autres plus enclins à venir vous aider. Surtout dans un monde où avec la magie à notre disposition, ni vous ni moi ne sommes indispensables. Je peux très bien l'utiliser pour me déplacer dans l'ombre comme vous, et Silmeria peut tout aussi bien jeter les éclairs que je lance habituellement. »

(Ca sonne un peu comme une menace là, non ?)

(… Merde.)

« Et, mmh, c'est pas une menace. Juste l'avis de quelqu'un qui préfère avoir envie de se mettre en danger pour vous aider que de frissonner quand vous passez dans son dos.

- J'ai déjà tissé des liens. Quand je vois ce qu'il advient des êtres chers, tu devrais t'estimer heureux de ne pas en faire partie. Pour l'instant. »

Cette dernière phrase prononcée avec un léger sourire, il n’était pas sûr de savoir si c’était une bonne nouvelle, alors quelle rangeait la rune en indiquant qu’elle -non que Silmeria- la gardait en souvenir de lui, mais de la vie qu’il avait sauvé. L’assassin faisait une différence qui échappait totalement à l’Ynorien.

« Sacré souvenir. On n’a pas à devenir des êtres chers l'un pour l'autre. J'en ai perdu aussi. Dans le Charnier des Âmes. Anthelia. C'était ma compagne. Je sais un peu ce que ça fait de perdre quelqu'un injustement, comme vos soeurs j'imagine. Mais c'est pas pour autant que je vais me couper de tout le monde. On peut être des compagnons de voyage et d'armes qui s'apprécient sans s'investir trop émotionnellement. »

Il s’était perdu sur ce chemin dans les mois qui avaient suivis sa disparition. Cela lui avait pris du temps, mais il avait fini par comprendre que sa mort n’avait pas fait arrêter son monde de tourner. Comme pour appuyer son propos, il arbora un sourire qu’il voulait amical.

«Puis eh, c'est quand même moins ennuyant d'avoir des personnes à qui parler comme on le fait maintenant, non ?

- Exactement. »

Elle resta un instant à le regarder.

« Je suis navrée pour ta compagne. Est-ce le Dragon ?

- Comme beaucoup d'autres, oui.

- Comme beaucoup d'autres...

- … Je peux vous poser une question... indiscrète, Hrist ? demanda Akihito pour dissiper l’ambiance pesante, ce qu’elle accepta. Qu'est-ce que vous êtes exactement ? Une deuxième personnalité ? Une deuxième âme ? Autre chose ? »

Une nouvelle fois, Silmerist resta vague ; mais pas de sa propre volonté puisqu’elle ne semblait pas sûre de ce qu’elle était vraiment. Simplement que Hrist a été invoqué par des nécromants de Tulorim dans un rituel qui avait fini par tourner court. Elle s’était ensuite réfugiée dans le corps d’une enfant vivant dans une maison de passe et les deux entités avaient fini par étonnamment cohabiter.

« Je ne m'y connais pas vraiment en nécromancie, et ce que vous me raconter me donne encore moins envie d'en savoir plus... J'espère que vous êtes un cas unique, dans ce cas.

- Je n'apprécie guère les mages, encore moins les nécromanciens. Ils apportent plus d'importance à la mort qu'à la vie. Certes, tu pourrais trouver ça surprenant de la part d'un assassin, mais au moins, quand je tues, ce n'est que dans cette vie. Je ne tourmente pas le repos de l'âme ni ne profane les corps.

- Comme je disais à votre jumelle, j'ai aussi du sang sur les mains alors j'ai pas trop la légitimité de vous faire la morale dessus. Et je vous rejoins totalement sur le repos des âmes. Même si... je comprends que certains veuillent retrouver des personnes parties trop tôt. »

Faire appel à des nécromanciens pour ramener à la vie Anthelia était un tabou qu’il s’était refusé de creuser. Car même s’il savait pertinemment que son âme avait été dévoré par le Dragon noir rendant toute nécromancie inefficace… Il avait craint la conclusion qu’il aurait pu avoir, à l’époque.

« On est voués à perdre ceux qu'on aime, ou être perdu. C'est parfois si injuste que ça ressemble à une malédiction. Mais... pour les humains je ne sais pas. Je pensais que c'était moins douloureux. Que vous vous y pliez d'assez bonne grâce. »

Ce rappel sur sa condition humaine lui rappela qu’il avait éludé plus tôt, sur son espérance de vie. Tandis que les cornes majestueuses du Corne d’Or se découpaient sur son tatouage, il répondit en se remémorant des brides d’une conversation similaire qu’il avait eu avec Yliria, des mois auparavant.

« Nous les humains vivons tout un peu plus intensément, j'imagine. On n’a pas des centaines d'années devant nous, encore moins des milliers comme vous. Alors on investit beaucoup dans les autres, parce qu'on sait notre temps limité. Et la mort nous est plus familière car on voit les générations précédentes s'éteindre plus rapidement. Mais il n'empêche qu’on n’a pas toujours ne temps d'avoir la sagesse d'accepter que la mort emporte ceux qu'on aime.

- Je te souhaite de la trouver, cette sagesse. Mais à en croire tes mots, je pense que tu as déjà bien entamé cette acceptation. Je vais te laisser tenir ton poste, je serai à méditer sur mon nouvel ami.

- Et ça n'a pas été facile... Reposez-vous bien Hrist.»

Il laissa la femme s’éloigner, et se replongea dans son tatouage. Cette discussion lui… Avait fait du bien. Silmeria se révélait quelqu’un de bien plus complexe qu’il ne l’aurait imaginé et même si elle rendait chaque discussion plus chaotique que la précédente, elle avait eu le mérite de lui faire penser à autre chose. Alors il sentait qu’il allait cogiter toute la nuit comme Amy l’avait initialement prévu, mais peut être d’une manière plus positive. Plutôt que de sombrer dans une spirale auto dépréciative, il allait plutôt mûrir ce qu’ils avaient pu discuter, entre autres.

Il jeta un œil aux alentours. Combien de temps avaient-ils discutés ? Au moins une bonne heure, si ce n’était deux. Silmeria allait donc tout juste avoir le temps de se reposer qu’Akihito allait venir la réveiller.

(Tu crois que Hrist a le réveil méchant ?)

(Non, mais j’ai plus peur de la réveiller un mauvais jour elle que Silmeria.)

(Vrai qu’elle a l’air de s’embarrasser moins des détails. Reste prudent avec elles, Aki.)

(Toujours.)

Son tatouage accapara de nouveau son attention. Le Corne d’Or était représenté au sommet d’un piton rocheux, hurlant à une lune en croissant recouvrant tout l’arrière plan.Une pose contemplative qui allait bien à la bestialité et la noblesse de la créature. L’absence d’une vraie lumière l’empêchait de travailler à son rythme habituel, et il devait faire des pauses fréquentes aussi bien pour se reposer les yeux qu’assurer son poste de vigie. Heureusement pour lui, rien ni personne ne vint troubler le sommeil des aventuriers. Pas même la déflagration flatulente d’un Pachy qui provoqua un exode forcé de plusieurs Corneraures. Et même s’il était loin de la détonation malodorante, l’odeur qui l’assaillit bien qu’atténuée lui avait soulevée un instant le cœur. C’était à ce demander ce qui pouvait bien se passer à l’intérieur de ces bestiaux pour que leurs intestins soient si infâmes.

La nuit avança, et avec l’heure de la relève de Akihito. Aussi quand une floppée de lueurs apparurent à travers les collines, il sauta sur ses pieds et se prépara à sonner l’alarme devant cette potentielle menace inconnue. Qui ne tarda pas à se révéler au bout d’une longue minute : il s’agissait d’un Pachylaire monté par deux personnes : la première était l’Oudio, visible de loin surtout au milieu de cette tâche de lumière entourée de ténèbres. La seconde silhouette qui guidait la monture s’avéra être Eaeria. Et la source de lumière flottait au dessus d’eux, une floppée d’orbes lumineux de différentes tailles, différentes couleurs, projetant une vive lumière à l’instar de celui qui avait éclairé leur champ de bataille. Agitant son éclat de San-Dyvina, l’Ynorien guida les nouveaux arrivants qui fléchirent légèrement leur trajectoire pour rejoindre leur campement. Les deux cavaliers sautèrent du Pachylaire qui trotta pour aller rejoindre ses congénères, quand l’Esserothéenne s’avaança vers lui accompagné du Yuiménien végétal. Ce dernier avait réussi à s’équiper d’une lance et d’une armure relativement correcte, même si il manquait un casque à sa tenue. C’était déjà un petit miracle en soi : trouver une armure qu’un être aussi atypique pouvait enfiler correctement n’avait pas dû être évident.
Il salua les deux voyageurs qui regardaient autour d’eux avec des expressions surprises.

« Dame Eaeria ? Je ne pensais pas vous voir arriver à cette heure-là.

- Je dois bien avouer que je ne pensais pas non plus me trouver là... Contente de vous avoir retrouvés.

- Comment vous avez fait pour nous retrouver au milieu de nulle part ? »

Trouver au sein de ces collines un groupe comme le leur n’était pas dû à la chance.

« Je connaissais votre cap. Et l'odorat prononcé du pachylaire cherchant les siens a fait le reste.

- Des bêtes pleines de ressources, acquiesça le jeune homme en balayant l’espace derrière lui, cerclé des félins. Enfin bon, installez-vous. Vous devez tomber de sommeil. Et ne faites pas attention aux Corneraures.

- Ca va... Ma journée semble avoir été moins fatigante que la vôtre. Que s'est-il passé ici ? Qu'est-ce que c'est que toute cette ménagerie ?

- Pour faire simple, j'ai fait beaucoup de bruit avant la tombée de la nuit. Ça les a attirés et ils nous ont attaqués et dans le combat, on les a tous tués, puis ramené à la vie. Ça a eu l'air d'être un signe digne de respect et de valeur au combat pour le Corne d'or, qui a décidé de nous protéger avec sa meute. »

Un résumé exhaustif, peu flatteur, mais ce qui attira le plus l’attention de la femme fut la dernière partie de sa phrase, plus que la présence de créatures supposées extrêmement rares.

« Tous tués, puis ramenés à la vie ? Ça parait un peu fou. Êtes-vous sûrs de ne rien risquer ? Ce sont des carnassiers, je crois.

- Notre magie ici nous permet de faire beaucoup de choses, même si on ne la contrôle pas très bien. Et c'est pour ça que je monte la garde. Kaar semble confiant sur leur... "honnêteté". Moi beaucoup moins, même si après plus de trois heures ils n’ont fait que monter la garde.

- J'avais entendu parler de vos pouvoirs. Je n'imaginais pas... Enfin. Je comprends la difficulté de votre situation. Je peux veiller pour vous, si vous le souhaitez. Vous devez être fourbu. »

- C'est gentil de votre part, mais j'ai l'habitude des nuits blanches. Et le sommeil ne viendra probablement pas me tenir compagnie ce soir, d’autant plus que nous avons déjà établis nos tours de garde, remercia Akihito dans un sourire gêné, avant de constater qu’Eaeria semblait être venue avec le stricte minimum. Vous n'avez pas de quoi dormir, je me trompe ?

- Vous devriez vous reposer tout de même, avec tout ce qui vous attend. Et non, je n'ai pas emmené de lit avec moi. »

Au moins semblait-elle de bonne humeur, plus que l’Oudio qui l’accompagnait. Il lui était difficile de lire ses expressions faciales puisqu’il voyait pour la première fois un membre de son espèce, mais le mécontentement qui émanait de sa posture bras croisés et de ses ‘yeux’ plissés lui paraissait assez équivoques.

« Je connais mon corps et j'aurais beau essayé, je vais pas pouvoir trouver le sommeil cette nuit. Au mieux une heure de somnolence, lui répondit-il avant de sourire à sa remarque et pointer sa propre tente. Vous pouvez la prendre. Ça ne sera pas aussi confortable qu'un lit, mais autant l'utiliser.

- Bon. Je vous remercie. Mais si vous changez d'avis, et que le sommeil vous vient, n'hésitez pas à me réveiller pour prendre la place. Promettez-le.

- Promis. Mais en échange, si vous pouviez me laisser une de ces sphères, ça m'arrangerait bien. Tatouer avec ma petite source de lumière, ça fait mal aux yeux à force.

- Je... Elles ne peuvent être désinvoquées, avoua Eaeria avec embarras. Je les laisserai en hauteur, le seul moyen de les faire disparaître est qu'elles explosent, au contact de quelque chose. Ne les approchez surtout pas.

- Aucun problème. J'ai mon compte d'explosion pour ce soir. »

Il farfouilla dans sa sacoche et sortir un de ses derniers onigiris, avant de poser une ultime question.

« Pas de lit, et rien à manger non plus ?

- Là encore, je n'ai pas faim. Gardez-ça pour vous, vous en avez bien plus besoin que moi.

- C'est vous qui voyez. »

Eaeria le salua d’un sourire, avant de se détourner et de se diriger vers la tente d’Akihito. Laissant les deux yuiméniens ensemble.
Modifié en dernier par Akihito le mer. 16 nov. 2022 00:39, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Akihito
Messages : 336
Enregistré le : mar. 29 janv. 2019 14:26

Re: Esseroth

Message par Akihito » sam. 12 nov. 2022 05:50

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

7.2 : L'importance d'un nom.

« Vous êtes Dracaerna, c'est bien ça ?

- Non, je suis Dracaena. Dracaena Paletuv.... Et vous, vous êtes celui qui a faillit nous tuer plus tôt avec votre double géant, c'est bien ça ?

- Dracaena, pardon. »

Il poussa un soupir et grimaça à la mention du double. L’oudio ne le ménageait pas beaucoup et avait l’air assez remonté, ce qui était compréhensible.

« Je me suis excusé auprès des autres, mais pas de vous. Comme vous avez dis, je nous ai tous mis en danger plus tôt. Vous le savez sans doute déjà mais ce n'était pas mon attention. Dans tous les cas... Veuillez me pardonner pour ça.

- Le pardon, pour les gens comme moi, ça s'obtient, ça ne se demande pas. M'enfin, j'imagine que ce n'est pas grave, je veux dire... J'imagine que vous n'avez pas eu le temps entre tous ces longs moments où nous avons tous été ensemble. C'était probablement plus facile quand je n'étais pas là je suppose. Après tout, c'est plus facile d'accepter qu'un arbre se faire bousiller plutôt qu'un tas de chair, n'est-ce pas? »

Il avait prononcé des mots durs, pleins de reproches, tout en s’approchant très près de lui. Collant presque son visage de bois au sien. Puis il se recula en balayant la zone, non sans lui demander tout aussi peu amicalement ce qu’il voulait autre que s’excuser pour des actes qu’il avait lui-même rappelé. Akihito tiqua.

(Il y va un peu fort, quand même.)

(Yliria l’aurait déjà transformé en bois de chauffe, si on lui avait parlé comme ça.)

(Peut-être, mais il est légitime dans sa colère. Faudrait juste qu’il voit à pas dépasser les bornes.)

« Vous n'auriez pas aborder ce sujet que je me serais quand même excuser. C'était mon intention. Votre présence ou non n'a pas eu de rapport avec le fais que vous êtes un Oudio. On a juste été embarqué à toute vitesse dans une série d'événements sans vraiment trop comprendre ce qui nous tombait dessus. Vous non plus je suppose. Sauf que nous avons plus d'expérience avec ce genre de mission, alors on n’a pas eu le temps de... Faire attention à ce que des membres soient pris de court comme vous, dit il avant de prendre la peine de se répéter : Mais ça n'a rien à voir avec votre race ou une volonté de vous mettre à l'écart.

- Le pardon, ça s'obtient, ça ne se demande pas, je l'ai déjà dit. Je passe mon temps à me battre contre des faits, donc je sais en voir qu'en j'en vois. Donc, je répète: Vous me voulez quoi?

- J'essaye de vous connaître, vu qu'on va sans doute travailler ensemble. Et avant de vous connaître il me semblait logique de remettre à plat ce qui s'est passé pour partir sur des bases saines.

- Apprendre à me connaitre, hein ? »

S’ensuivit un beau morceau de sarcasme, où l’oudio déclara théâtralement qu’il serait prêt à répondre à tout ce qu’il voudrait savoir, du nom de ses anciennes petites amies à son instrument de musique favori.

« Écoutez, Dracaena Paletuv. »

Agacé par le sarcasme de l'Oudio, le ton de Akihito devint plus froid. Moins amical. Il reconnaissait volonté ses torts, mais il n’allait pas se laisser insulter et mépriser aussi ouvertement.

« Je m'excuse, je fais des pas vers vous alors que je ne vous dois rien et que je vous connais depuis moins d'une journée. Que je sache, c'est vous et vous seul qui avez pris la décision de rentrer dans ce fluide à Oranan : personne et surtout pas moi vous y a forcé. Alors si vous voulez accepter mon offre de repartir sur de bonnes bases, je vous demanderai d'arrêter votre sarcasme et de mettre un peu de bonne volonté. Sinon, vous allez vous passer de moi pour vous intégrer au groupe. »

Il le fixa droit dans les yeux.

« Et je doute pas que vous aurez aucun mal à l'être. On n’est pas les abrutis xénophobes que vous croyez. Sinon, vous verriez jamais dans un même groupe un Kendran, une semi-shaakte et un semi-Garzok cohabiter.

- Ecoutez... »

Dracaena se lança alors dans une large tirade, où il reconnaissait les efforts de Akihito de vouloir se rapprocher de lui, mais qu’il était seule maîtres de ses décisions, notamment celle de sa présence ici. Il lui demanda rhétoriquement combien de personnes l’avaient trahis après lui avoir tendu une main : apparemment, c’était la cause de son apparence 'charbonneuse', comme il le disait.

« Ce n'est pas la xénophobie, ou la race le problème, c'est la personne. J'aurais pu être un gobelin, un elfe, un dragon ou une tranche de jambon qui parle, la réalité est que oui, j'ai été ‘mit de côté’ par vous et le reste de ce groupe, que ça soit volontairement ou non. Je vous l'ai dit plus tôt non : le pardon, ça s'obtient, ça ne se demande pas. Je voudrais vraiment que, dans le futur, vous me prouviez votre bonté, que vous me prouviez que tout n'est pas un accident. Qu'on puisse rire, danser, chanter ensemble, parler de nos rêves et de nos désirs. Mais en attendant, toute votre gentillesse, je ne peux savoir si elle est réelle ou pas. Si vous souhaitez vraiment vous intéresser à moi, Dracaena, en tant que personne, ou si je suis juste un membre de plus de la mission. »

Il avait l’air las de tout ça et les relations avec les autres races ne s’étaient pas très bien passé auparavant, visiblement. C’était sans doute le cas, et alors ?

« Si vous pouvez comprendre ça, alors il n'y aura pas de problème. On n’effacera pas le passé, la base est branlante, et elle le restera. Mais, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas en récréer une par-dessus. Et, en gage de bonne foi, je vais même moi aussi faire un pas dans votre direction : Pour commencer, quel est votre nom. Je n'ai pas eu l'occasion de bien l'entendre jusqu'à présent. »

Pour un arbre, il était bavard. Et peut-être qu'il suffisait de crever l'écorce pour en obtenir la substance. Une personnalité méfiante à bien des égards, et bien des raisons.

« Vous avez l'air de faire difficilement confiance à quelqu'un et je vais pas vous le reprocher. Comme Oudio, vous avez pas eu la vie facile sans doute. Ça, je peux le comprendre. Pas le ressentir comme vous, mais le comprendre. »

Il prit ensuite le temps de se calmer. L'agacement et la tension avait eu raison de lui, aussi essaya-t-il de moduler cette escalade. S’énerver n’allait pas faire avancer la conversation dans le bon sens, mais il avait le sentiment qu’il devait être ferme avec Dracaena pour que les choses s’arrangent.

« Vos actes ne concernent plus que vous, malheureusement. Maintenant, on travaille ensemble. Et de la même manière que mon absence de contrôle à mener à ce géant, une erreur de votre part à une incidence sur nous également. Que vous le vouliez ou non, tant que vous serez parmi nous nos destins seront liés. Et c'est pour ça que j'ai pris la peine de m'excuser : j'ai mis en danger le groupe, j'en paye les conséquences. Tout comme Mathis a failli déclencher l'apocalypse avec son saut acrobatique. Ou comme Yliria a failli se tuer en voulant abattre mon clone. »

Devenant plus sérieux, il posa un index sur l'écorce brûlée de Dracaena.

« Vous parlez de pardon qui sont représentés par des actes concrets et pourtant, à la seconde où j'ai fait un pas vers vous, où j'ai voulu arranger les choses par mes actes, vous avez été odieux et méprisant. Okay, on n’a pas été très accueillants. Notre faute. Mais vous ne nous -m'avez- avez pas donner la moindre chance de nous rattraper. Vous avez peut-être toutes les bonnes raisons du monde de ne pas faire confiance aux ‘êtres de chair’ comme nous. Mais si vous nous montrer que de l'hostilité pour des griefs ‘que’ incommodants, vous arriverez pas à vous faire accepter. »

Joignant comme souvent le geste à la parole, il lui tendit une main. Franche. Symbolique. Sévère. Peut être devait il montrer l'exemple et jouer cartes sur tables.

« Je suis Akihito Yoichi. J'ai vécu et grandi dans Oranan, raison pour laquelle je me suis engagé dans cette aventure : pour protéger ma ville natale d'un danger inconnu. Je suis un mage depuis ma naissance, et je maîtrise la foudre mieux que bien des personnes tout en étant capable de me battre au corps à corps. Je n'ai jamais rencontré de membre de votre ethnie, Dracaena. Mais j'appliquerai avec vous la même doctrine que j'applique à tout le monde : les actes font les hommes. C'est pour ça que je m’entends bien avec Yliria, la semi-shaakte. Je ne vois pas son peuple à travers elle : je veux voir la personne. Et ce sera pareil avec vous. Alors peut être que nous ne serons pas les amis capables de partager des anecdotes au coin du feu. Mais plus que ma relation avec vous, j'ai à cœur de protéger ma ville. Ma famille. Alors même si je vous déteste, je ferai de mon mieux pour vous protéger si vous œuvrer pour résoudre ce foutu cataclysme. J'en ai pas l'air avec mon double destructeur, mais j'aime à penser que je suis un protecteur. Peu importe ce que je peux penser de vous si vous œuvrez pour défendre mon foyer, vous aurez mon bouclier entre vous et le danger, déclara-t-il avant de prendre une ultime inspiration et de conclure : J'ai pas la prétention d'effacer toutes les trahisons que vous avez subit. Ni d'affirmer pouvoir nouer une amitié sincère avec vous. Mais tant que vous œuvrerez dans le sens de ma patrie, vous aurez mon soutien. Inconditionnel. Le reste, ce sera ce que vous voudrez construire avec moi.

- Vous réalisez que vous tapotez sur la cicatrice d'un grand brulé la, hein? Héhé, je ne sais pas si c'est de l'estime ou de l'irrespect, mais vous avez de la conviction, j'vous l'accorde. »

Un ton plus amusé, qui était peut-être signe d’amélioration de la part de l’être végétal. Il restait sérieux, mais pour autant que pouvait en juger l’Ynorien, les traits de Dracaena s’étaient… Adoucis.

« Z'avez mal interprété quelques-uns de mes propos, m'sieur Ma....Akihito. M'sieur Akihito. Mais, dans l'ensemble, moi je saisi bien ce que vous me dites. Vous parlez bien aussi, ça fait toujours plaisir. Vous gagnez sur cette manche la m'sieur, j'vous accorde ma confiance, ou plutôt, j'accorde de la confiance à la confiance que vous portez à ce groupe. J'suis ptet parano, mais j'sais encore reconnaitre de la sincérité. Ou en tout cas, la volonté de faire bouger les choses. Et c'est un truc que je respecte. Et à ce sujet, petite précision. Quand je dis que le pardon s'obtient, je parle d'acte important, impactant. Pas de juste se montrer accueillant, ou de chercher à enfin adresser la parole à quelqu'un. Pensez bien que j'ai conscience de mon manque de savoir vivre, mais que de mon point de vue, un simple ‘pardon’ spontané, bien que louable, ne suffisait pas. »

(Il est gonflé quand même. ‘Je sais que je vous parle comme un chien, mais va falloir faire avec parce que j’ai des exigences élevées’. Il a conscience que je peux le pulvériser sans trop de problèmes, malgré sa nouvelle armure flambant neuve ?)

Akihito n’était pas aveugle : quand il était venu dans la milice, Dracaena n’était équipé que d’un baluchon et il ne possédait que des fluides de feu en quantité assez faible. Donc il ne devait pas être un grand mage, quand l’enchanteur était un combattant accompli et un mage ayant passé l’Ordalie. Ce dernier fait, il ne pouvait pas le savoir, pas plus que son manteau le rendait immunisé à la seule magie que l’Oudio maîtrisait -même si ça ne voulait pas dire grand-chose sur Aliaénon-. Quand bien même, il était très bien équipé, ce qui devait forcément donner une petite indication sur ses capacités. Akihito en était sûr : s’ils venaient à se battre, Dracaena ne ferait pas long f- ne tiendrait pas longtemps face à lui.

(Il doit se dire que t’as aucun intérêt à lui faire la peau. Ou l’écorce, dans son cas.)

(Il a de la chance d’être tombé sur moi pendant la garde, quand même,) maugréa intérieurement l’enchanteur avant d’écouter la présentation de Dracaena.

« Bon, en la refaisant : Dracaena Paletuv, oudio, magicien, paria, cherchant à faire bouger les choses pour aider le monde, et actuellement ici pour la recherche, et pour aider à régler cette histoire de tueur de titan. Ah, et aussi pour le tourisme, potentiellement. Dans tous les cas, enchanté. En espérant que bosser ensemble se passera bien, termina l’oudio alors que leurs ‘mains’ se serraient, signant la fin d'un désaccord.

- Vous pouvez laisser tomber le M'sieur. J'espère aussi que tout se passera pour le mieux. J'ai plusieurs questions en tête, peut être indiscrètes alors hésitez pas à me le dire si c'est le cas. Comment vous vous nourrissez ? Et pourquoi êtes-vous... brûlé ? Un accident ? Une ‘cicatrice’ d'une attaque ?

- D'accord Akihito, s'vous qui voyez. Je me nourris d'eau, de minéraux et de soleil, comme tout le monde. Et en ce qui concerne mes brûlures... les raisons sont et ont y passerait la nuit. Ça sera une histoire prévue pour une autre fois. »

Une réponse banale, qui amena une autre question tout aussi naturelle.

« Mais alors, l'eau et les minéraux vous les mangez ? Ou vous les absorbez par vos... euh, racines ?

- Bah, non, par les racines, comme tout le tombe? Vous mangez l'eau, vous ? répliqua Dracaena avant de rajouter, après quelques secondes de silence voulu : J'vous charie hein, ça se mange pas l'eau, ça s'absorbe, je le sais bien. Mais oui, racine du coup.

- Mmmh. Ça a l'air pratique quand même, pour vous nourrir. Tant que vous allez pas dans un désert.

- Disons que c'est plus simple pour nous que pour vous.»

Il hocha la tête avant de conclure.

« Bon, votre voyage a dû être éprouvant, alors je ne veux pas vous retenir plus que nécessaire. »

Dracaena approuva silencieusement et les deux Yuiméniens se séparèrent.
La conversation se termina plus agréablement qu’elle n’avait commencé, et il se retrouva même à le suivre une poignée de secondes plus tard en se rappelant qu’il devait aller chercher Silmerist pour qu’elles prennent la suite. Comme annoncé, cette dernière se trouvait à côté d’un Corne d’Or toujours aussi impressionnant, visiblement déjà debout. Elle ne lui adressa qu’un simple signe pour la confirmer qu’elle prendrait la suite, non sans avoir fini de caresser le monstrueux prédateur. Profitant de la clarté octroyé par Eaeria et ses globes de lumière, il put avoir tout le luxe d’admirer en détail la créature. Il remarqua ainsi que trois crêtes écailleuses, du même doré que la cuirasse des pattes avant, griffes et autres cornes, striaient la crinière dorsale. Avant de se terminer dans la queue qui était de plus près plus plate qu’il ne l’avait pensé. Sans avoir celle semblable à un castor, elle était bien plus aplatit que la queue standard d’un félin ou d’un canidé.

En regardant de plus près, son poitrail semblait abîmé. Trois larges marques l’ornaient, blanchissant la zone où des écailles abîmées avaient sauté. On aurait dit la marque de griffe d’un prédateur d’une taille similaire au Corne d’Or… Ou de l’auto mutilation ? Akihito n’était pas sûr de savoir qu’elle option il préférait. Mais à l’instar de sa meute, il semblait avoir abandonné toute velléité à leur encontre. Et ça, c’était une bonne nouvelle.

Désormais avec une source de lumière suffisante et après avoir observé son modèle de près, le tatoueur retourna à son rocher et recommença à pratiquer son art, profitant des parties les plus fastidieuses de remplissage pour réfléchir à ce qui s’était passé plus tôt dans la journée. Il avait merdé deux fois, c’était un fait. Mais comme l’avait dit Silmeria, était-ce nécessaire de se sentir si responsable ? De ‘mettre le parfum’, pour reprendre sa métaphore ?
Le complexe du héros. Se suggérer, mais pas s’imposer. Ne pas savoir quoi faire, mais plutôt comment le faire.

C’était dans sa nature de vouloir protéger les gens. Sa nature et ses convictions héritées de sa foi. Mais Yliria puis Silmeria lui avait fait comprendre qu’il n’était pas omnipotent ni omniscient ; être animé de bonnes attentions ne voulaient pas dire qu’il faisait une bonne chose. Vouloir protéger les autres et porter la responsabilité de tout ce à quoi il participait n’était définitivement pas une bonne chose.

(… Je comprends pas pourquoi.)

Admettre qu’il était dans l’erreur ne voulait pas dire qu’il comprenait pourquoi il l’était. Visiblement, on lui reprochait d’être trop protecteur : en quoi était-ce un problème ? S’il voulait faire plus qu’on lui demandait pour les autres, en quoi était-ce mal ? parce qu’il les étouffait ? les privait de leur choix de se défendre par eux-mêmes ?

« Tu appelles ça protection, j'appelle ça du contrôle. »

C’avait été les mots d’Yliria. Ca l’avait marqué. Et il avait essayé de ne pas reproduire cette erreur, mais il n’y arrivait pas en définitive. Alors qu’est-ce qu’il faisait de mal. Où commençait et où s’arrêtaient ses prérogatives, ses valeurs de protecteur. Cela, il n’arrivait pas à le fixer.

(Tout comme je vais limiter ma magie… Je vais limiter ma protection.)

La première était trop dangereuse pour être utilisée sans précaution, la seconde devenait un poids quand il ne la dosait pas correctement. Il décida d’avoir une position plus passive. Observer comment les personnes de son groupe agissaient avec lui. Et surtout, quand elles sollicitaient sa protection ou son aide. S’il commençait par voir ce qu’on attendait réellement de lui, ce serait une bonne valeur étalon. Bien entendu, il n’appliquait pas ça aux situations de danger mortel comme les combats. S’il avait dû attendre que Silmeria réclame son aide pour l’aider, ils auraient sans doute dû enterrer son cadavre. S’il pouvait faire des efforts pour ne plus s’imposer aux autres, ils ne pouvait pas pour autant aller contre sa nature profonde.

Amy l’avait observé avoir son raisonnement, silencieuse spectatrice. Il sentit qu’elle approuvait quelque part sa démarche. Pas dans son entièreté, mais au moins ne semblait-il pas faire totalement fausse route aux yeux de celle qui le connaissait peut-être mieux que sa propre mère.

Ses doigts engourdis finirent par ranger maillet, aiguille et peau de cochon. Il avait suffisamment tatouer pour ce soir, et s’il sentait que son corps pourrait encaisser l’absence de sommeil, il n’allait pas non plus s’épuiser en passant toute la nuit à tatouer. Ranger son matériel lui permit de poser par hasard la main sur l’éclat cristallin qu’il avait récupéré lors de l’explosion fluidique. A la lumière d’Eaeria, il examina l’écharde émeraude d’une vingtaine de centimètres. Translucide, dense. Etait-ce une vraie émeraude ? Akihito n’était pas familier avec cette pierre ou joailler, aussi aurait-il été bien incapable d’en juger.

(Quand même, ca aurait de quoi rendre les Yuiméniens fous. Des plaines d’or, des blocs de pierres précieuses de plusieurs tonnes par dizaines…)

(On ferait exploser l’économie de Nirtim en une semaine.)

Et alors qu’il jouait avec en faisant passer la lumière à travers, il se rappela pourquoi il l’avait ramassé. Pour vérifier si par hasard, la déferlante de magie élémentaire l’avait affecté d’une quelconque façon. Le plaçant dans le plis de son manteau, il confirma déjà qu’il n’émettait pas de lumière après avoir été exposé à un fluide de lumière. Autre chose, alors ? Infusant ses sens dans la pierre, il en ressentit une force magique très intense. Fronçant les sourcils, il essaya d’en déterminer le sens, la nature, l’intention. Mais chaque essai se conclu avec des résultats différents : un échec donc. Mais une sensation qui était néanmoins étrangement familière.

(Les fluides.)

Il avait la même sensation quand il analysait un fluide élémentaire. Cette énergie indomptable changeante, puisqu’elle n’avait pas été modelé par un magicien. Cette écharde verte… C’était de la magie Esserothéenne pure, cristallisée. Restait à savoir ce qu’il pourrait en faire. Un catalyseur magique pour renforcer, stabiliser ses sorts sur Esseroth ? C’était une idée alléchante, mais il avait déjà fait assez de bourdes comme ça. Néanmoins, il se promit d’en parler aux autres et aux natifs d’Aliaénon : peut être eux sauraient comment s’en servir.

Replongeant la main dans sa besace pour y déposer son condensé de magie, il posa sa main sur son carnet de tatouage, répertoriant tous les tatouages arcaniques qu’il avait fait. Ici, il était évident qu’il ne pourrait pas exercer cet art si particulier, sous peine d’être explosé à la seconde où il voudrait tremper son aiguille dans le liquide magique. Car ici, la magie d’Aliaénon était la seule maitresse. Et elle n’existait pas sous forme liquide, de ce qu’il savait. Seulement… Solide.

Il se figea. Puis il se mit à furieusement tenter de se rappeler des cours d’Anthelia, lorsqu’ils étaient en direction de Kendra Kâr. A l’époque où il n’avait pas ses aiguilles prismatiques et devait encore composer avec plusieurs encres colorées. Apprendre la fabrication des encres les plus rudimentaires avait fait partie de sa formation. Et il était presque sûr qu’elle lui avait parlé de plusieurs encres, bien trop chères pour être viables mais appréciées des plus riches, qui étaient teintées par des minéraux. Un liant à base d’eau et d’alcool refroidi auquel on mêlait de la poussière minérale pour teinter l’encre en devenir. S’il appliquait ce principe ici… Il serait en mesure de créer une encre « magique ». Serait-elle compatible avec ses pouvoirs et son sort de Transfert magique ? C’était un peu probable.

(Mais pas impossible.)

La possibilité qu’il puisse tatouer plus ou moins ce qu’il voulait comme sort était bien trop alléchante pour qu’il ne se jure pas de tenter à un moment ou un autre. Ca voulait aussi dire qu’il pouvait tout également intégrer un sort défectueux qui transformerait son lanceur en statue de glace. Les risques étaient grands. Mais si ça marchait…

La tête dans les nuages, l’enchanteur se perdit dans ses idées, les hypothèses qu’il formulait, et les souvenirs plus ou moins flous qu’il extirpait de sa mémoire pour essayer de se rappeler de ce qu’Anthelya avait pu lui apprendre sur les encres minérales. C’est pourquoi quand il rouvrit les yeux pour découvrir que le matin se levait, il fut surpris de s’être endormi.

« Elle est belle, ta garde. »

Au dessus de lui, Yliria le toisait, un sourire moqueur flottant sur ses lèvres.

« Je me suis endormi après, ça ne compte pas.

- Mais bien sûr. Allez, lève-toi, on bouge le camp. »

Autour d’eux, le campement s’activait pour se démonter. Eaeria attendait même à côté des affaires qu’il lui avait prêté et en le voyant rejoindre le groupe, lui avait lancé un regard sévère.

« Je pensais avoir été clair : si vous changiez d’avis, vous auriez dû venir me chercher.

- Je sais bien, mais je me suis assoupi sans m’en rendre compte.

- Mmh. J’espère qu’au moins, mes lumières vous auront été utiles. »

Elle lui tendit ses affaires et d’un mouvement du poignet, fit se rencontrer toutes les sphères qui explosèrent en de splendides pétales de rose dont la couleur était celle de la bulle d’où ils venaient. C’est donc une pluie coloré qui tomba sous des exclamations ravies, tandis qu’Akihito se tournait surpris vers la mage. Elle l’avait mis en garde contre ça ? D’un air renfrogné, elle lui expliqua que comparé à Egregor et aux autres, son pouvoir été minable et elle en avait un peu honte. N’ayant pas spécialement envie de lui servir de coache en motivation, il se contenta d’acquiescer avant de rejoindre Falafel. A sa grande surprise, le Pachylaire semblait avoir pris une dizaine de centimètres, ce que Kaar expliqua sans mal.

« C’est leur mue. Ils perdent parfois leur peau pendant la nuit pour en revêtir une nouvelle plus imposante. On raconte que les plus vieux font plus de vingt mètres de haut !

- Mais, comment perdre une mue, une couche de peau, peut nous faire grandir ?

- Bah… C’est normal ? »

Kaar semblait dubitatif par la question de Akihito, qui répéta la phrase dans sa tête pour être sûr de l’avoir bien formulé. Silmeria ne sembla pas avoir de difficulté à monter malgré tout, mais avant qu’il ne puisse renouveler sa question, le convoi se remit en branle. Les questions attendraient la Lande Noire.

Qui ne vint jamais.
Lysandre l’assurait : la corruption devait s’étendre devant eux à perte de vue, corrodant tout ce qui se trouvait sous elle. Mais voilà, elle n’était plus là. Disparue, envolée. Comme si elle n’avait jamais existé. Jorus et Mathis sermonnèrent agressivement le malheureux polymorphe, et Mathis le premier : il ne supportait pas le mensonge. Le ton monta quand Silmeria tenta de calmer le Kendran, mais ce fut Egregor qui régla la situation en disant qu’il faisait entièrement confiance à Lysandre.

« Certes, mais votre corruption n’est toujours pas là. Alors quoi ? Elle s’est subitement réduite ? Elle a disparu comme par magie ? Sachez que la seconde option me plait beaucoup moins, car elle pourrait être n’importe- »

Akihito n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’une chape de ténèbres s’abattit sur tout l’environnement, cachant la lumière et étouffant les bruits venant de toutes les directions. Falafel sous ses pieds se mit à mugir de terreur, alors que les bras d’Yliria se serraient autour de sa taille par réflexe pour ne pas être désarçonner. Quelqu’un, dans l’obscurité, cria son prénom. Puis la voix disparut. Et la présence de la semi-shaakte dans son dos s’évapora, avant qu’il ne se sente chuter brusquement. Une chute vertigineuse au milieu d’une mer d’encre qui le fit hurler de terreur, être secoué dans tous les sens…

Et être secoué par les épaules.

« Eh, eh ! Aki, ça va ? »

Devant lui, deux saphirs inquiets l’observaient. Yliria venait de le réveiller alors qu’il hurlait comme un damné. Derrière elle, Corne d’Or le regardait avec un air suspect, et tous les autres membres de son groupe avait arrêté leurs activités pour se tourner vers lui.

« Je… Euh, désolé, j’ai fait un cauchemar.

- Par Meno, Akihito, on a pas idée de hurler comme ça. On a tous eu peur. »

Le jeune homme se confondit en excuses, avant de se relever d’un pas tremblant. Son rêve avait été étrangement réaliste. De la tente rendue par Eaeria aux paysages traversés par leur groupe pour rejoindre la Lande noire. Egregor sonna le départ, sur des Pachylaires parfaitement normaux et à une taille tout à fait réglementaire. La mage d’Esseroth fit le rappel à ses globes avant de les disperser violemment dans toutes les directions, provoquant une dizaine de détonations lointaines dans les collines. Sans corneraures dont il fallait craindre l’attaque, le bruit n’était plus un problème. Et ainsi, le groupe se remit en route vers leur objectif.

Mais là encore, il n’y eut pas de Lande noire.

Cela fit douter Akihito. Depuis quand faisait-il des rêves prémonitoires ? Ou peut-être que c’était une simple coïncidence ? Pourtant, tout se déroula dans le même ordre : le retour de Lysandre, la prise à partie de Jorus et Xêl, l’intervention de Silmeria, la résolution de Egregor… Quelque chose clochait.

« Euh, je crois qu’on a un problème. La corruption va nous tomber dessus bientôt, il faut rester grouper ! »

Tout le monde se regroupa à son cri d’alerte et attendit la corruption pendant de longues secondes… Qui se changèrent en minutes. On jeta des regards étranges à l’enchanteur qui rougit d’embarras pour avoir confondu un vulgaire rêve avec la réalité.

« Mais… Je…

- Ecoute Cherockounet, je sais que tu as pas beaucoup dormi alors si tu fatigué, pourquoi ne pas faire une sieste avec tata Sissi ? »

('Cherockounet' ?!)

Il se retourna, croisant le regard espiègle de l’Hinïonne. Non, c’était bien à lui qu’elle s’adressait. Mais qu’est ce que c’était que ce surnom ?

« Allez Cherock, on va faire un grooooos dodo. »

Il la vit disparaitre avant de sentir une violente douleur dans la nuque, lui faisant voir une nuée d’étoiles passer devant ses yeux.

Le noir tomba devant ses yeux.

Quand il revint à lui, il était à l’arrière d’une charrette, les mains liées, en compagnie de trois autres hommes vêtus de fourrure. L’un d’eux, plus richement habillé, était le seul à être baillonné. Et avant qu’il ne puisse se demander ce qui se passe…

« Tiens, vous avez fini par vous réveiller ? »

L’homme en face de lui était bien bâtit, un homme à la peau pâle et aux longs cheveux blonds et tressés. Lui aussi était attaché aux mains.

(Est-ce que je suis… Prisonnier ?) Ca ne faisait aucun sens. Pourquoi l’aurait-on emprisonné ? Et pourquoi ce type lui parlait d’avoir voulu traverser la frontière ? Non, quelque chose ne tournait vraiment pas rond.

« Je n’ai rien à faire là…

- Ouais, moi non plus. Depuis que ces satanés impériaux et leurs elfes ont envahis nos terres, on arrête les braves gars comme toi et moi pour un oui ou pour un non. »

Abasourdi par ce qui se passait, il se vit emmener au sein d’un fort de pierre. Aligné avec les autres prisonniers et d’autres, puis être passé l’un après l’autre sur le billot. Il se sentait si faible… Sa magie ne lui répondait plus, et on lui avait retiré toutes ses armes. Quand un mystérieux rugissement creva l’air, il eut l’impression qu’il pourrait en profiter pour s’enfuir. Mais trop d’archers. Ils auraient fait de lui un porc épic après une dizaine de pas. Résigné, Akihito posa la tête sur le billot de pierre. La dernière chose qu’il vit, ce fut l’ombre ailé menaçante qui se posa sur la tour, avant qu’un océan de flammes ne l’engouffre dans un torrent de lumière aveuglante…

Menant à la lueur du soleil frappant douloureusement ses yeux.

« Debout Akichou, on lève le camp. Falafel va pas t’attendre ! »

Qu’est ce qu’il faisait de nouveau là ? Pourquoi se réveillait-il sous une tente ? Et pourquoi celle qui l’appelait ‘Akichou’ était... Yliria ?!

Dès lors, Akihito comprit qu’il était dans une boucle. Piégé dans un cycle sans fin de réveil et de perte de conscience, chaque nouvelle itération ne ressemblait pas à la suivante et toutes finissaient invariablement par dérailler complètement. Parfois, c’était dès le réveil. Mais dans certains cas comme le cinquième réveil, ce fut lorsque Dracarna proposa de donner son bras comme bois de chauffe du feu de camp le soir qu’il prit conscience qu’il rêvait. Encore.

Il cessa de compter après le trente-troisième réveil où Falafel se mit soudainement à lui parler en plein voyage d’un certain « Nore Vépéhène ». Il cessa d’essayer de forcer sa sortie, cela ne faisait que rendre le rêve hostile et le transformait en cauchemar. Il se laissa alors porter d’itération en itération, priant à chaque réveil que ce soit le dernier.

(Faites que ça cesse.)
Modifié en dernier par Akihito le jeu. 1 déc. 2022 17:33, modifié 4 fois.

Avatar du membre
Cromax
Messages : 675
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 20:51

Re: Esseroth

Message par Cromax » sam. 12 nov. 2022 11:20

Cauchemar en Aliaénon : Esseroth V



Chacun trouva, après cette nuit étrange, le chemin de l’éveil. De gré ou de force : Egregor s’empressa de réveiller sans ménagement les derniers paresseux, grognant face à toutes les revendications. Il semblait avoir passé une nuit pas folle. L’orage était passé, ne laissant dans les cieux que quelques nuages gris aux éclaircies bleutées. Les corneraures, ainsi que les autres animaux sauvages réanimés, étaient partis aux dernières heures d’obscurité. Il ne restait plus que les pachylaires et Cornes d’Or. Kaar, avant le départ, prévint le groupe :

« J’ai discuté avec Cornes d’Or. Ses pairs corneraures sont rentrés dans leurs grottes pour l’heure, mais il saura les appeler si le besoin s’en fait sentir. Pour sa part, il nous accompagnera pour voir les ombres progresser sur nos terres. Il est au courant de celles-ci, et affirme qu’elles corrompent tout ce qui s’y trouve, sols, végétaux et animaux. Certains des siens l’ont hélas subi. »

Sans plus tarder, ils se remirent en route, juchés sur les pachylaires. Une grosse demi-heure plus tard, alors que le soleil n’était même pas encore levé, ils furent là où ils devaient être. Le décor changea du tout au tout.



Image



Les collines vertes, cabossées, se finissaient par une corruption progressive et agressive : devant eux, des arbres pliés semblaient vouloir fuir l’obscurité. Au-delà, la noirceur décrite par Lysandre prenait tout son sens : un paysage dévasté. Des ombres comme vivantes flottaient en volutes dans les cieux, obscurcissant tout sur leur passage. Certaines progressaient même lentement vers vous, comme des boules d’ombres laissant une sombre traînée derrière elles. Tout, sous elle, avait été dégradé : arbres morts, noirs et tordus. Sol parsemé de crevasses poussiéreuses tombant dans une grisâtre infinité sans fond. Lueurs macabres à l’horizon, roches se teintant de couleurs sombres et inquiétantes. L’odeur méphitique décrite par Lysandre s’expliquait aisément : les végétaux semblaient comme pourris.

Dans ce paysage inquiétant, il ne semblait pas avoir âme qui vive. Aucune créature ou animal déformé. En apparence, en tout cas. Cornes d’Or, qui n’avait accepté personne sur son dos, grogna sombrement face à cette vision. Un grognement profond, inquiet. Lysandre, qui volait haut jusque-là, redescendit parmi vous, silencieux, observant avec terreur le décor. D’une voix tremblante, il commenta :

« C’est… c’est encore plus proche qu’hier. »

Egregor descendît de son pachy, visage affligé, fermé, mâchoire serrée. Kaar, lui, resta sur sa monture, silencieux. Eaeria, juchée sur le même pachylaire que Drac’, étouffa un souffle de terreur, main sur la bouche. Sa dizaine de boules lumineuses flottait toujours dans les airs, élevées, autour du groupe. Un silence de mort tomba sur la scène..

Puis, après un temps qui parut fort long, Egregor commenta :

« C’est encore pire que ce que j’avais imaginé. Si cette corruption atteint Esseroth, il en est fini de la cité, en quelques heures à peine tout sera détruit. »

Il se tourna vers les aventuriers.

« Il nous faut découvrir la source de cette horreur. Qui est prêt ici à se mouiller pour la découvrir ? Je ne vous forcerai pas de m’y suivre, mais je dois pénétrer là-dedans. Aller au cœur de tout ça. »

Il se tourna vers Xël :

« Tes doutes, ton hypothèse, se confirment-ils ? »


[HJ : Discussion générale ouverte pour au moins un tour de parole. Chacun y exprimera son avis en une intervention. A la fin du tour de parole, je répondrai et nous verrons si nous en faisons un nouveau. Donnez votre avis sur la situation, votre volonté d’agir ou non, vos desseins. Vos arguments.]



[XP :
Mathis : 2 (apartés), 0,5 (rêve)
Jorus : 1 (apartés), 0,5 (rêve)
Xël : 1 (apartés), 0,5 (rêve)
Yliria : 1,5 (apartés), 0,5 (rêve) je validerai les XP quand le RP sera complété.
Drac : 1,5 (apartés), 0,5 (rêve) je validerai les XP quand le RP sera complété.
Silmeria : 0,5 (aparté), 0,5 (rêve)
Akihito : 2 (apartés), 0,5 (rêve) je validerai les XP quand le RP sera complété.]


Concours des rêves :
1ère place : Jorus (20 points)
2ème place : Silmeria (10 points)
3ème place : Dracaena (5 points)

Ça a été difficile de vous départager. J’ai décidé de récompenser les trois rêves qui ont le plus fait réagir mes émotions. Tout le monde a bien joué le jeu, cependant. J’offre à chacun TROIS RUNES tirées au hasard et trois points dans le jeu des mots. :
Mathis : les runes Xegu, Tez et Aru
Jorus : les runes Zu, Mu et Taot
Xël : les runes Aol, Taot et Hi
Yliria : les runes Aoy, Tem et Dai
Drac : les runes Wu, Pi et Aojy
Silmeria : les runes Yl, Aoz et Bet
Akihito : les runes Tek, Zu et Ytev]


[Jeu des mots : J’en ai vu passer un, mais j’sais plus chez qui XD Et j’ai pas le temps de tout relire. Dites-moi par discord qui l’a fait, j’accorderai les points en fonction. Je ferai toutes les validations ce soir.]

Avatar du membre
Akihito
Messages : 336
Enregistré le : mar. 29 janv. 2019 14:26

Re: Esseroth

Message par Akihito » mer. 16 nov. 2022 17:42

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

8 : Lande désolée.

(Mais puisque je te dis que tu ne rêves plus !)

Akihito ignora la voix d'Amy dans sa tête, observant le paysage alentours. Après avoir vécu des dizaines de réveils tous plus étranges et cruellement réalistes les uns que les autres, il n'était pas prêt de se laisser berner. Amy était elle aussi apparue dans certains de ses rêves : elle n'était pas une preuve de la réalité de ses propos. Il avait encore en tête le réveil où pour prouver qu'elle était réelle, Amy s'était matérialisé en taille humaine devant lui. Exactement comme elle était dans son esprit... Mais elle avait fini par exploser dans une déflagration de vent qui l'avait envoyer valser, pour qu'il s'écrase contre un Corne d'Or chevauché par Silmeria. La créature avait alors commencé à se curer les dents avec une fracture ouverte du bras de l'Ynorien, une scène glaçante autant par son aspect que l'absence de douleur qu'une telle blessure aurait dû provoquer. Corne d'Or était parmi leur convoi, d'ailleurs. Mais sans ses sbires Corneraures, qu'il pouvait appeler si le besoin se faisait ressentir selon Kaar.

(Tsss, ce que tu peux être borné ! Vas y, reste dans ton délire.)

Cette incarnation de sa Faëra parvenait néanmoins à imiter parfaitement l'air boudeur d'Amy. Il jeta un oeil dans son dos, où siégeait Silmeria. Ou Hrist, plutôt, à voir l'air indifférent que l'Hinïonne arborait. Tous ses rêves partaient majoritairement en cacahuètes à partir d'elle, mais elle restait elle aussi très calme. Tout comme le reste du convoi, rien ne semblait sortir de l'ordinaire. Et c'était pour ça qu'il ne baisserait pas sa garde.

« Ah, oui quand même. »

Une exclamation surprise ne put s'empêcher de sortir de sa bouche : de toutes les corruptions que ses cauchemars successifs lui avaient montrés, cette dernière se classait très haut dans le classement. Les collines oniriques qui s'étendaient devant eux, à peine une petite demi-heure après leur départ aux aurores, étaient méconnaissables. Des dizaines de sphères obscures voletaient paresseusement, drapée d'une queue de fumée tout aussi sombre, propageant dans leur sillage la fameuse corruption. Plus le regard de Akihito s'étendait au loin, plus la dégradation semblait importante : les arbres avaient pourris sur pieds, l'herbe séchée et s'était rabougrie. Plusieurs failles craquelaient le tableau comme autant de blessures qu'on avait infligé à cette terre meurtrie. Les orbes de corruption semblaient être les émissaires, et rappelaient par bien des aspects ceux d'Eaeria. La malheureuse avait l'air complètement affolée par ce qu'elle voyait, tout comme les autres Esserothéens qui voyaient la menace imminente sur leur ville. Lysandre se posa au milieu d'eux en énonçant l'évident : la corruption était plus proche qu'hier.

(Bien vu l'aveugle.)

Egregor descendit de son Pachylaire, visiblement très préoccupé. Après une longue minute dans un silence pesant, il se retourna vers son groupe, le visage grave.

« C’est encore pire que ce que j’avais imaginé. Si cette corruption atteint Esseroth, il en est fini de la cité, en quelques heures à peine tout sera détruit. Il nous faut découvrir la source de cette horreur. Qui est prêt ici à se mouiller pour la découvrir ? Je ne vous forcerai pas de m’y suivre, mais je dois pénétrer là-dedans. Aller au cœur de tout ça. »

Pas encore sûr d'être dans un rêve ou la réalité, Akihito resta prudent tout en appliquant sa nouvelle approche vis à vis des autres.

« Si vous pensez que je serai d'une quelconque aide, j'irai. Quant à savoir où chercher... ajouta-t-il en se tournant vers l'homme-oiseau : D'en haut, vous seriez capable d'estimer la forme de la tâche ? On pourrait alors en déterminer la source. Si ça a une forme ronde qui s'étend dans toutes les directions, l'origine de la propagation sera au centre. Alors que si c'est une bande, un cône... la source sera déplacée. Probablement. Et dans le deuxième cas, on pourra contourner la corruption pour se rapprocher de l'origine en sécurité. »

Mathis, qui s'était lui aussi porté volontaire à la suite de Hrist, objecta à sa question en avançant que la corruption ne semblait pas se restreindre au sol, mais évoluait aussi dans les cieux. Et qu'en cas de problèmes, ils auraient besoin de Lysandre pour aller rapidement préparer un exil d'Esseroth. une remarque qui faisait sens, mais en volant assez haut il pourrait peut être passer au dessus de l'influence corrosive et au pire des cas, avoir une petite idée.

« J'ai déjà survolé la ligne de contagion, hier matin. ça se déplace en ligne droite depuis les Landes Noires. Comme si leur frontière avançait. Le mal vient de là, c'est sûr, répondit l'intéressé avant d'acquiescer, peu rassuré par l'idée, à la proposition du Kendran.

- Il serait utile de pouvoir nous protéger par une espèce de dôme un peu comme Simaya l'avait fait, afin de pénétrer dans cette corruption, sans y mourir instantanément et pouvoir ainsi atteindre la source.

- Personne ne doit s’y aventurer tant que nous n’avons pas Simaya avec nous. Je pense savoir où est l’origine de tout ceci. »

Egregor interpela Xël, lui demandant si ses hypothèses étaient correctes. Ce dernier répondit qu'ils devaient revenir à Esseroth pour rejoindre la magicienne blonde et aller dans la grotte du Sans-Visage.

« Tu es sûr que ça concerne cette grotte ? Une erreur pourrait condamner Esseroth... Et, mmh. Peut-être as-tu raison. Mais via tes portails, alors. Je ne ferai pas une journée de retour à Esseroth sans avoir découvert ce qui se trame là. Ne devrait-on pas utiliser cette possibilité comme solution de retrait, et quand même aller inspecter la zone pour en découvrir la nature ? Qu'en pensez-vous, tous ? »

S'ensuivit un débat incompréhensible au sujet du Sans-visage, où Akihito fut perdu. Visiblement, on en savait plus que lui, et si le fait de parler devant lui de quelque chose d'aussi important que leur propre survie sans qu'il comprenne rien l'agaçait au plus au point... Il laissa couler. Il n'avait pas envie de s'investir dans ce qui était peut-être une nouvelle itération onirique, et si ce n'était pas le cas il préférait ne pas perdre de temps en demandant qu'on lui explique de quoi ils pouvaient bien tous parler.

Egregor déclara finalement qu'il serait pur perte de s'être déplacé jusqu'ici juste pour faire demi-tour. Tant qu'ils étaient là, ils devaient en apprendre le maximum sur la corruption, aussi se porta-t-il volontaire pour l'explorer un tant soit peu. Kaar, lui, allait ramener les Pachylaires par la voie terrestre, comme Xël affirmait ne pas pouvoir générer de portails suffisamment volumineux pour les montures. Et ce fut au tour de Hrist d'entrer en scène. D'un balancement de la main, elle fit flétrir la végétation autour d'elle.

« Je suis accoutumée à la corruption. Si elle doit se montrer néfaste sur quelqu'un, peut-être ses effets seraient moindres sur moi, annonça la Régicide d'une voix calme et déterminée avant de demander à la cantonnade, Si quelqu'un possède un cordage, il peut m'attacher au niveau de la taille pour me ramener ici si nécessaire. Si au contraire cela s'avère sans danger...

- J'ai ce qu'il faut. »

Et le Kendran d'attacher à la taille de Hrist une corde longue d'une vingtaine de mètres. Ce qui était presque... Ridicule. On aurait dit une laisse, qui ne laissait pas beaucoup de marge pour l'exploration. Tout semblait très sérieux, mais cette action recommençait à faire douter le mage sur la véracité de ce qu'il voyait.

« Si on a à faire avec une corruption capable dégrader aussi vite des êtres vivants, je doute qu'une corde puisse résister. Puis elle va pas nous permettre de s'aventurer très loin. »

Il enchaina en passant son regard de Silmerist à Egregor.

« Par contre, j'ai la possibilité de poser une marque sur une personne et de la rejoindre en une fraction de seconde en cas de pépin. Silmeria et moi avons un moyen de communiquer à longue distance, donc si jamais quelque chose tourne mal je peux être prévenu et la rejoindre pour la sortir. Avant de mener une pleine expédition groupée, autant faire un premier jet. Si ça vous va.

- Non seulement c'est incroyablement dangereux, mais en plus c'est débile ! On ne sait pas la nature exact de cette obscurité. Si ça se trouve, à peine touché, on est condamné, donc juste y poser un orteil ce serait du suicide. Et ça peut tout aussi bien se propager grâce à ce qui est vivant, donc s'en approcher fera juste qu'ajouter un tremplin supplémentaire. Et rien dit que ça nous apprendra quoique ce soit, surtout si vous y passez sans pouvoir ouvrir la bouche. Il y a plein de choses à tenter de loin avant d'essayer de se jeter dedans, que ce soit à pied ou via la magie. Là ! Aoy et Ytev. Invoquer et taureau. Ou une autre bestiole si quelqu'un à une rune qui vaut le coup. On fait apparaître un truc, Kaar lui dit d'aller dans la brume et de revenir et on voit ce que ça donne. Et si ça marche pas, et bien on tente autre chose. Ou vous voulez vraiment vous jeter là-dedans sans a moindre idée de ce que ça peut vous faire, y compris vous tuer instantanément, par exemple ? Parce que ça corrompt, oui, mais rien ne dit que c'est pas mortel d'un simple toucher. Essayez d'envisager autre chose que la mission-suicide, voulez-vous ? »

Et voilà. Il ne savait pas s'il devait considérer le côté rationnel d'Yliria qui n'était pas connu pour sa prudence comme un marqueur qu'il était encore ancré dans un rêve ou comme une preuve de la réalité. En tout cas, son ton cinglant laissait croire qu'il était normal de savoir qu'elle avait de quoi invoquer un taureau avec des runes. Xël et Jorus partagèrent son avis, arguant que la corruption pouvait tout aussi bien les corrompre de manière irrémédiable. Egregor finit par trancher.

« Si l'esprit de ceux qui s'y aventure est corrompu instantanément, au point qu'il soit irrécupérable et dangereux, il sera de votre devoir de tout mettre en œuvre pour nous arrêter. Car oui, si vous y allez, je me rends avec vous. Encordé ou non. Et le but n'est pas d'aller profondément dans cette corruption pour en trouver la source, mais vérifier quels effets elle peut avoir sur l'esprit, ajouta-t-il en lui jetant un regard à l'enchanteur, avant d'approuver l'idée d'Yliria. Votre idée est très bonne, si elle fonctionne. Mais pas pour remplacer le ressenti profond d'un être sentient. Nous devons multiplier les expériences, selon moi, pour voir quels sont les effets sur les différentes espèces. »

De son côté, Dracaena s'enquérait de l'état d'Eaeria, et de la possible ressemblance entre ses orbes et ceux porteurs de corruption. Elle nia cette hypothèse, mais était plus d'avis de lancer ses propres sphères pour vérifier de la tangibilité de ceux corrosifs. Une idée qui était intéressante : si ces sphères étaient ce qui propageait la corruption, les détruire permettrait d'en arrêter l'avancée ou la ralentir, dans le meilleur des cas.

Il s'avança vers Hrist et tendit la main, comme pour l'inciter à ce qu'elle pose la sienne dedans. Ce qu'elle fit après un temps, le sourcil haussé. Alors qu'il approchait la main de son bracelet, elle le retira vivement en plissant les yeux, puis tendant la rune de Silmeria.

« Ne t'avise plus de toucher ces bracelets.

- Silmeria n'avait pas l'air contre, mais pas de soucis tant que vous la gardez sur vous, rétorqua-t-il en traçant la dernière Marque qu'il pouvait poser, puis en lui expliquant.- Vous en aurez pas besoin si vous vous aventurez pas très loin, mais on perd rien à être trop prudent si vous voulez quand même l'intention d'aller là-dedans malgré ce que pensent les autres. Si jamais y a un problème, que la corde se rompt ou quoi que ce soit vous empêche de revenir, envoyez Célès me chercher. Je viendrai vous tirez de là. »

Elle observa un instant la rune avant de la ranger et de faire un geste qui était des plus surprenants pour une assassin : elle lui tendit ses deux dagues, poignées en avant.

« Si mon esprit venait à être corrompu, il sera plus simple de me maîtriser sans cela...

- C'est pas faux, mais si vous tomber sur quelque chose d'hostiles vous voulez compter que sur Egregor ?

- Tu veux dire, de plus hostile que moi ? »

Il la regarda partir avec un sourire mauvais, et haussa les épaules en rangeant ses armes. Puis il jeta un regard à l'ensemble du groupe : il aurait bien approuvé l'idée d'Eaeria d'attaquer les sphères, mais il resta silencieux. Au lieu de ça, il farfouilla dans sa sacoche à la recherche de son sucre d'orge, et le glissa dans la poche de sa ceinture à la place d'une potion de stabilité. Sa main frôla au passage la fiole d'Hiver, et il se rappela de sa présence. Si comme tout le monde le pensait, la corruption était magique, alors la fiole ne serait pas de trop.

(Et ça, c'est si c'est bien le cas.)

Tout le monde semblait se reposer sur Simaya. Ses pouvoirs étaient certes impressionnants, mais cela semblait aussi lui coûter beaucoup. Alors même en admettant que sa magie pouvait bien les protéger de cette corruption... Combien de temps ça allait durer ? Cinq minutes ? Trente secondes ? C'était mieux que rien, bien sûr. Mais Simaya n'allait pas toujours être là pour les aider.

Avisant un rocher, il y déposa son paquetage, son marteau et son bouclier. S'il devait allait chercher les explorateurs de la corruption, il se voulait le plus léger possible. Il vérifia également le contenu de sa bourse : plusieurs runes s'y entassaient dont certaines depuis plus d'un an alors il pouvait en avoir oublier certaines. Peut-être que l'une d'elle allait s'avérer utile.

(Mmmh. Je savais pas que j'avais une deuxième rune Arbre... Et une deuxième Initiative ? Je l'avais utilisé pour ma cotte de Faerunne, elle s'est peut-être reformée quand je l'ai fait fondre ?)

Mais ça voulait dire qu'il aurait aussi récupéré une rune Maîtrise, ce qui n'était pas la cas. En revanche, il y avait une rune qu'il était sûr de ne pas connaître jusqu'à présent : la rune Ytev. Taureau. Celle qu'avait brandit plus tôt Yliria. Il était sûr qu'à part la rune Ours qu'il avait identifié pour Kage il y a bien longtemps, il n'avait jamais mis la main sur une rune animale. Il n'y avait qu'une justification à l'apparition soudaine de trois runes de Zewen dans sa bourse, quand elles n'y étaient pas la veille et qu'il se trouvait sur Aliaénon.

Akihito replaça la rune dans la bourse, souriant tranquillement.

(Foutu rêve.)



-----------

Marque du tonnerre volant posée sur la rune inactive de Silmeria.
Échange de place entre la potion de stabilité presente dans la ceinture de consommables et le Sucre d'orge de No Hell.
Passage du Marteau et du Rempart des innocents dans le paquetage, kizoku en main gauche (je sais pas si c'est pertinent si c'est que pour le temps de l'action)
Modifié en dernier par Akihito le jeu. 1 déc. 2022 17:33, modifié 2 fois.

Avatar du membre
Mathis
Messages : 184
Enregistré le : jeu. 20 déc. 2018 00:30

Re: Esseroth

Message par Mathis » ven. 18 nov. 2022 02:56

Au terme de la nuit, je vis Egregor se lever. D’une humeur plutôt massacrante, il réveilla ceux qui étaient toujours endormis. Levant les yeux au ciel je remarquai que l’orage était terminé et que les nuages s’étaient presque tous dissipés. Les seuls grognements que nous entendions ce fut ceux d’Egregor, qui avait sans doute lui aussi été victime des collines oniriques.

Alors que prenions place sur les pachylaires, Kaar nous informa de sa discussion avec Cornes d’Or. Les corneraures étaient retournées à leur grotte et reviendraient au besoin suite à l’appel de Cornes d’Or. Ce dernier allait nous accompagner jusqu’à la zone de corruption afin de voir lui aussi la progression des ombres.

Au bout d’un peu plus de trente minutes, nous fûmes rendus à destination.

Je fus alors sans voix. Même si Lysandre avait tenté de nous expliquer ce qu’il en était, je n’avais jamais pensé me retrouver devant une telle désolation. Haut dans le ciel flottaient des espèces de boules noires qui avançaient vers nous, détruisant tout sur son passage et laissant une trainée derrière elle. Ces vertes collines colorées agrémentées d’arbres somptueux passaient d’un noir sombre, qui détérioraient, dégradaient sur son passage. Même les arbres semblaient vouloir fuir leur funeste destin en tendant vainement leurs feuilles, leurs branches et même leur tronc dans la direction opposée craignant avec raison la putréfaction.

Lysandre qui nous avait rejoints ne put que constater que la corruption avait avancé plus rapidement qu’il ne l’aurait pensé.
Egregor descendit de sa monture et je fis de même, Praline dans mes bras. Nous demeurâmes silencieux un petit moment, puis Egregor rompit le silence. Il craignait que la corruption atteigne en quelques heures sa cité et la détruise à tout jamais. Se tournant dans notre direction, il nous expliqua vouloir trouver la source de ce phénomène dévastateur et nous demanda qui était prêt à le suivre. Puis il demanda à Xël si ses doutes en confirmaient.

(De quels doutes s’agit-il ? )

Kaar et Earia étaient demeurées sur leur pachylaire respectif.

Ahikito demanda à Lysandre s’il lui était possible de voler suffisamment haut afin d’évaluer la forme et surtout la direction que prenait la corruption. Croyant ainsi pouvoir en déterminer la source.

Silmeria descendit également de sa monture et se plaçant à la droite d’Egregor, elle affirma se joindre à lui.
Après avait porté attention aux commentaires de mes compagnons, je déposai Praline au sol, et me plaçai de l'autre côté de Egregor et lui répondis d'abord :

« Je vous suivrai moi aussi. »


Puis je me tournai vers Akihito, je lui partageai mon opinion:

« Votre idée semble bonne à la première vue, mais si on y réfléchit bien, on peut constater que la corruption n'atteint pas que le sol, mais l'air, les nuages, le ciel tout entier. Il n'est probablement pas possible de l'observer d'en haut sans y pénétrer. Il est donc préférable que Lysandre ne pénètre pas à l'intérieur. Si jamais on ne sort pas de là, il pourra prévenir la population d'Esseroth afin qu'ils se préparent à un éventuel exil de leur cité et aussi qu'ils envoient d'autres renforts pour tenter d'arrêter cette corruption. »

Après une petite pause, je rajoutai :

« Il serait utile de pouvoir nous protéger par une espèce de dôme, un peu comme Simaya l'avait fait, afin de pénétrer dans cette corruption sans y mourir instantanément et pouvoir ainsi atteindre la source. »

Je me tournai ensuite vers mes compagnons, espérant qu'ils aient plus d'idées que moi et surtout vers Xël, curieux d'entendre ses hypothèses et si elles se confirmaient.

Xël croyait tout comme moi que la présence de Simaya s’avérait essentielle.

Cependant, contrairement à moi, il ne voulait pas que Simaya vienne ici, mais plus tôt nous mener à la grotte où se trouve la magie du sans visage.
Lysandre nous informa qu’il avait déjà survolé la ligne de contagion et qu’elle se déplaçait en ligne droite et que son origine était les landes noires. Il était certain que le mal arrivait de là. Il rajouta qu’il pouvait rapidement prévenir Esseroth en cas d’éventuelle évacuation.

Egregor ne voulait pas perdre une journée de voyage pour retourner à Esseroth, il proposa donc à Xël d’utiliser ses portails pour nous y emmener. Cependant, il désirait d’abord inspecter la zone infectée pour en découvrir la source.

Jorus était aussi désireux de connaître la cause de la corruption et de l’arrêter, mais tout comme moi et Xël, il pensait que la présence de Simaya était importante.

Xël était contre l’idée de pénétrer dans la corruption. Il réitéra son idée de retourner à Esseroth pour préparer une expédition vers la grotte. Il était prêt à faire des portails pour nous tous en autant que les pachylaires n’étaient pas du nombre. Kaar le rassura, il les ramènerait à Esseroth.
Dracaena s’exprima à son tour et affirma vouloir lui aussi suivre Egregor.

Yliria pour sa part, préférait se joindre à Xël et se rendre à la grotte.

Egregor semblait aussi indécis que nous, partagé entre la sagesse de ne rien risquer d’imprudent et le désir d’épargner sa ville à tout prix. Il croyait que l’on devait profiter de notre présence dans ces lieux pour enquêter sur cette corruption, en apprendre le plus possible, savoir quels sont ses effets sur les êtres humains, de quoi elle est constituée. Ce après quoi, il était prêt à retourner à Esseroth.

À ma grande surprise, il annonça qu’il allait avancer et demanda à ceux qui en avaient le courage de le suivre, bien qu’il fût conscient que certains devaient demeurer à l’extérieur.

Je jetai un bref coup d’œil à Eaeria qui regardait avec inquiétudes les boules noires progressant dans le ciel.

L’étrange femme qu’était Silmeria fit un geste en direction d’Egregor, l’intimant à ne pas avancer. Puis, d’un simple geste de la main, elle flétrit la végétation autour d’elle.

(Des pouvoirs sombres… que dire de la dame qui les possède. )

Il y avait certes matière à réflexion, mais pour le moment, il y avait plus urgents. Elle expliqua à Egregor que la corruption était son pain quotidien et qu’elle croyait qu’elle pourrait en être en quelque sorte immunisée. Puis s’adressant à nous tous, elle demanda à un volontaire de lui attacher une corde pour la ramener si cela tournait mal.

Je ne voulais personnellement m’aventurer sans précaution préalable, raison pour laquelle j’avais demandé la présence de Simaya. Mais je n’avais pas d’objection à prêter une corde afin qu’elle s’y jette elle-même.

Je sortis alors ma corde de mon paquetage et je lui répondis.

« J’ai ce qu’il vous faut »

Puis sans un mot, supplémentaire, j’attachai la corde autour de sa taille.
Akihito argumenta qu’une corde ne résisterait pas à la corruption et nous ne pourrions donc pas ramener Silmeria si besoin. Sur ce point, il n’avait pas tort.

Cependant, je n’étais pas davantage convaincu par la solution qu’il se proposait. Il voulait apposer une marque sur Silmeria ce qui lui permettrait de la rejoindre en moins d’une seconde si ça tournait mal pour elle.

(Mais s’il se jette dans la corruption lui aussi… il ne sera pas moins affecté que la corde. )

Mais je n’eus pas le temps de lui faire la remarque que Yliria s’en chargea. C’est à ce moment que je me rendis compte que cette jolie femme au visage angélique avait un caractère bien senti, et elle savait s’exprimer sans détour, sans le moindre tact et plutôt abruptement. Il y avait de quoi à refroidir un quelconque prétendant. Sans mâcher ses mots, elle jugea l’idée de son ami de débile. Elle fit remarquer qu’un infime contact avec la corruption pouvait être suffisant pour nous tuer. Après avoir déversé son fiel, elle proposa une solution. Elle sortit de l’une de ses bourses, deux petits cailloux gravés de symboles uniques. Curieux, je m’approchai de quelques pas pour bien les voir. Elle les nomma : Aoy et Ytev et expliqua qu’il s’agissait de invoquer et taureau. Elle voulait à l’aide de ces cailloux faire apparaitre un taureau et Kaar pourrait lui commander de se rendre dans la zone d’ombre et d’y revenir.
Son plan tenait la route et avait l’avantage de ne mettre la vie d’aucun de nous en danger.

Xël semblait contre toute tentative, mais ne ferait rien pour les empêcher. Il descendit du pachylaire pour être prêt à intervenir au cas où.
Jorus qui n’avait pas encore pris la parole dénonça l’idée d’Egregor avant de s’adresser à Xël. Il lui expliqua qu’il n’avait pas besoin de nous tous pour aller chercher Simaya, qu’il s’y rende seul. Son raisonnement était juste, mais j’avais dans l’idée que Xël voulait plutôt explorer la grotte, croyant pouvoir arrêter le problème à la source et non revenir ici.

Egregor ne semblait plus certain de rien. Puis il répondit à Jorus que si ceux qui s’y aventurent revenaient avec un esprit corrompu et irréversible, ce serait à ceux étant demeurés à l’extérieur de les neutraliser. Il ajouta à l’intention de Silmeria qu’il s’y rendrait avec elle. Son but n’étant pas de se rendre loin pour trouver la source, mais pour vérifier l’effet de cette corruption sur l’esprit. Il n’était pas contre l’idée d’Yliria, mais voulait comprendre le ressenti d’un être pensant.

Kaar semblait d’accord avec l’idée de Yliria et était prêt à jouer le rôle qu’elle lui avait proposé.

Eaeria répondit à une question que lui avait posée Dracaena au sujet des orbes sombres. Bien que la réponse ne m’était pas adressée, elle était suffisamment forte pour que je l’entende. Elle était tentée d’envoyer ses orbes lumineux vers les orbes sombres afin de vérifier la tangibilité et voir comment elle se comporterait dans la corruption.
Pour ma part, je trouvai qu’il s’agissait d’une excellente idée. Si les orbes de lumière arrêtaient l’avancée de celle d’ombre, Esseroth serait sauvée et l’on pourrait poursuivre notre enquête pour trouver la source de ce gâchis.

Je ne tentai pas de proposer une autre solution, je pense qu’il y en avait suffisamment comme ça, mais qu’on devait agir dans l’ordre et avec prudence.
Alors que je réfléchissais à tout ça, je vis Akihito poser une sorte de marque ou de tatouage sur la peau délicate de Silmeria. Suite à quoi, je vis la dame remettre ses armes et se diriger vers la corruption. Je tirai alors légèrement sur la corde pour attirer ton attention.. et lui dire :


« Attendez une minute ! »

À mon soulagement, elle se tourna vers moi. Je lui défilai donc tout d’une traite mon idée, assez fortement pour que tous m’entendent.

« Tentons donc d’y aller progressivement et de garder les tentatives les plus dangereuses pour la fin. Je propose que Eaeria tente de stopper les orbes sombres à l’aide des siennes de lumières. Si ça ne marche pas, Yliria et Kaar tenteront avec les runes… et si ce n’est pas concluant, vous tenterez d’y aller, avec la corde et avec l’aide d’Akihito. Et pendant ces trois tentatives, Xël pourrait aller chercher Simaya. »

Puis me tournant vers Egregor,

« Avec tout le respect que je vous dois, vous ne possédez pas les aptitudes de Silmeria. Elle semble plus apte que vous à affronter cette corruption. Et inutile de sacrifier deux personnes. »

Avais-je convaincu cette jolie femme et cet entêté d'Egregor ? Probablement pas, mais au moins j'avais tenter de les dissuader de risquer l'irréparable.

Avatar du membre
Yliria
Messages : 464
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 18:57
Localisation : À la fin d'une Ere

Re: Esseroth

Message par Yliria » ven. 18 nov. 2022 13:20

<< Précédemment


Le reste de la nuit fut d’un calme absolu. Je veillai, n’ayant aucune envie de me rendormir après cet étrange rêve. Collines oniriques… à croire que tout ici était fait pour nous rendre fou, d’une manière ou d’une autre. Je fixai le ciel nuageux et orageux. Ça ressemblait tellement à Yuimen que c’en était perturbant, quand tout le reste était aussi différent. Je fermai les yeux et inspirai longuement.

Faudra qu'on ait une vraie discussion tous les deux. Plus tard, quand t'en auras envie. Prend ton temps.

Je m’allongeai à même le sol, Ssussun niché contre ma poitrine. Les mots d’Akihito n’avaient fait que tourner en rond depuis qu’il les avait prononcés, plus tôt dans la nuit. Et je ne savais pas quoi faire. Qu’y avait-il à dire de plus, de toute façon ? Parler n’allait pas changer la situation. Au mieux ça allait rendre les choses plus embarrassantes entre nous. J’avais essayé d’oublier, d’enfouir et d’ignorer le gonflement dans ma poitrine lorsqu’il était là. C’était plus simple pour tout le monde. Et pourtant, c’était toujours là. Parler ne ferait rien de plus qu’empirer les choses. Non. Le mieux était de faire comme si tout ça n’existait pas. Le considérer comme un homme comme les autres, tel Xël ou Jorus. J’allais finir par le détester et me détester de la même manière si cela continuait. Il ne s’était rien passé. C’était un rêve.

(J’appelle ça mettre la tête dans le sable.)

(Je m’en fous, Alyah. Et j’aimerais que tu fasses de même et qu’on n’en parle plus.)

Elle n’ajouta rien et je chassai tout ça de mon esprit en me focalisant sure ce qui se passait ici. Les pensées revenaient sans cesse et, à chaque fois, je les repoussai. Ça me sembla durer des heures et j’eus la vague impression de somnoler avant de me redresser en frissonnant. J’avais enlevé mon armure et dormir dehors n’était pas une bonne idée. Sentant l’aube approcher, je me levai et m’étirai avant de prendre mon armure et de la nettoyer. Quelmques écailles avaient besoin d’un peu de maintenance et je m’y attelai jusqu’au départ. Egregor l’ordonna d’une voix forte. J’enfilai mes affaires et sautai sur le dos du pachylaire, juste derrière Kaar à qui je m’attachai à nouveau. Dormir dans cet endroit de malheur ne me faisait guère envie. Méditer me semblait préférable.

Le voyage fut vide de tout événement. Une fois pleinement reposée, j’observai le paysage, espérant repérer quelque chose, mais rien qui pouvait me préparer à ce que ce monde me lança dans la figure cette fois. L’horizon si dégagé et verdoyant était plongé dans l’obscurité, harcelé par des ombres d’obscurité. Les collines si pleines de vie étaient devenues terres mortes, les arbres semblaient se tordre de douleur. Je descendis du pachy, complètement éberluée par ce à quoi nous faisions face. Et on était supposés arrêter ça ? Je déglutis en voyant ce que cela faisait au sol et aux arbres. Pas question que j’approche de cette saloperie. Le mieux serait de trouver la source et de la détruire directement. Toute idée d’y pénétrer semblait juste être une volonté de périr aussitôt. Et Egregor qui parlait d’y pénétrer. Avait-il perdu l’esprit ?

Sur Yuimen, une telle manifestation ne m’aurait fait ni chaud ni froid. Ma cape m’aurait protégé d’une magie d’ombre, peu importe sa nature. Mais ici. Ici je me sentais vulnérable et je n’aimais pas ça du tout. Je serrai les poings, mais j’entendis Xël proposer d’aller chercher Simaya. Il semblait avoir une idée derrière la tête, parlant d’une grotte et du fameux Sans-Visage qu’il avait déjà mentionné. Un plan plus sensé que de se jeter à pied joints là-dedans, pour sûr.

- Je viens avec toi. Si tu penses connaître l'origine, ce sera plus efficace que de patauger au hasard dans cette mer de mort. Au mieux on se perdra, au pire...

Cela semblait sensé, vraiment sensé. Mais non, plusieurs étaient partant pour suivre Egregor et se jeter là-dedans. Akihito compris. Je serrai la mâchoire. C’était quoi l’idée exactement ? On ne savait rien de cette… chose. Et son idée d’apparaître pour aider Silmeria si elle était en difficulté… il comptait faire quoi si elle devenait folle ou mourrait sur le coup ? être une victime de plus ? C’était ça le plan ? Crever et me laisser derrière à essayer de recoller les morceaux ? Sérieusement ?

- Non seulement c'est incroyablement dangereux, mais en plus c'est débile ! On ne sait pas la nature exact de cette obscurité. Si ça se trouve, à peine touché, on est condamné, donc juste y poser un orteil ce serait du suicide. Et ça peut tout aussi bien se propager grâce à ce qui est vivant, donc s'en approcher fera juste qu'ajouter un tremplin supplémentaire. Et rien dit que ça nous apprendra quoique ce soit, surtout si vous y passez sans pouvoir ouvrir la bouche. Il y a plein de choses à tenter de loin avant d'essayer de se jeter dedans, que ce soit à pied ou via la magie.

Au pif.. les runes ! Je me hâtai d’en sortir. Il me semblait bien que j’avais de quoi créer une autre solution… AHA !

- Là ! Aoy et Ytev. Invoquer et taureau. Ou une autre bestiole si quelqu'un à une rune qui vaut le coup. On fait apparaître un truc, Kaar lui dit d'aller dans la brume et de revenir et on voit ce que ça donne. Et si ça marche pas, et bien on tente autre chose. Ou vous voulez vraiment vous jeter là-dedans sans a moindre idée de ce que ça peut vous faire, y compris vous tuer instantanément, par exemple ? Parce que ça corrompt, oui, mais rien ne dit que c'est pas mortel d'un simple toucher. Essayez d'envisager autre chose que la mission-suicide, voulez-vous ?

(Pour moi c’est pas la réaction de quelqu’un qui essaie d’ignorer…)

(C’est vraiment PAS le moment !)

Egregor semblait valider mon idée, mais ajouta qu’il fallait multiplier les expériences. Kaar aussi semblait partant. Quand à la tarée attachée par une corde… elle en avait globalement rien à foutre. Je grinçai des dents. Même Dracaena semblait vouloir suivre tout ce petit monde là-dedans. À croire que Xël était le seul à avoir encore assez de clairvoyance.

Je vis Akihito s’asseoir alors que Silmeria s’avançai vers la brume. Une envie de tirer sur la corde me prit, mais Mathis avait semble-t-il réussit à ralentir Silmeria pour tenter de la convaincre. Ça nous laissait un répit. Je soupirai en fixant les runes. La dernière utilisation avait été... hasardeuse, au mieux. J'espérais vraiment que ça serait plus efficace cette fois. Et que ça ne m'explose pas à la gueule. Un simple taureau. Gentil. Avec une volonté de nous aider. Ce serait vraiment parfait...

- Bon, j'essaie. Aoy Ytev !

***

Utilise les runes "invoquer taureau" pour... invoquer un taureau.

Avatar du membre
Jorus Kayne
Messages : 346
Enregistré le : ven. 21 déc. 2018 20:30
Localisation : Aliaénon

Re: Esseroth

Message par Jorus Kayne » ven. 18 nov. 2022 21:29

Esseroth V
Esseroth VI


Alors que nombreux sont ceux qui ne se réveillent pas, je profite de cet instant pour chasser cet horrible rêve en étirant mon corps. Une douleur physique en échange du souvenir assez perturbant de cette nuit. Je commence par m’étirer le haut du corps, décoinçant les articulations des épaules. Cela me permet de m’assurer que la guérison de la veille, a bien tout remis en place. Une blessure mal cicatrisée n’est jamais une bonne chose et j’ai toujours cette crainte que la magie de soit ne soit qu’un chemin trop court. Pour le moment, tout va bien et je suis content de voir que même en forçant un peu, les articulations de mes bras ne lâchent pas. Une douleur au dos me force à passer à la suite. Une mauvaise position durant mon sommeil en est certainement la cause. En règle générale, je préfère me pendre par les bras à une branche et effectuer quelques tractions, mais il fait trop sombre pour que j’ose, ne serait-ce que m’aventurer plus loin. Je pourrais utiliser une corne de notre nouvel ami, mais…non, on va éviter de se faire dépecer vivant au petit matin. Du coup, il ne me reste plus qu’à étirer mon corps en levant les bras le plus haut possible. Peu satisfait, mais n’ayant pas la possibilité de faire plus, je m’étire les jambes. Fentes avant, sur les côtés, grand écart, je ne lésine pas sur cette partie du corps. Je suis assez fier de mon habileté qui me permet des acrobaties, souvent salvatrices. Bien que pour atteindre cette élasticité, il me faut souffrir régulièrement. Ayant le souvenir du saut acrobatique de Mathis à notre arrivée sur Aliaénon, je préfère terminer en écartant les jambes de plus en plus, jusqu’à atteindre un grand écart parfait. Dans cette position, je m’étire une dernière fois en me penchant sur les côtés, avant de me coucher au sol, refermer les jambes et apprécier cette fin d’étirement. De temps à autre, je jette un regard inquiet vers Eaeria, en particulier son visage que je trouve moins séduisant depuis cette nuit et me garde bien de l’approcher.

Je passe le reste du temps à me préparer pour la reprise de notre voyage. Certains dormant encore, je tâche de faire le moindre bruit possible. Pourtant, si je ne réveille personne, ce n’est pas le cas d’Egregor qui s'occupe des gros dormeurs, sans avoir la notion du respect pour le sommeil d’autrui, ni la notion du ménagement. Qu’importe la manière, il nous faut reprendre la route au plus vite. Kaar nous apprend que Corne d’Or nous accompagnera voir la progression des ombres et qu’il peut appeler les corneraures qui sont partis il y a peu. Il nous confirme d’ailleurs que cette corruption touche tout ce qui s’y trouve : minéral, végétal et animal. Certains membres de sa race ont d’ailleurs déjà subi cette corruption.

(Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu’on va avoir une sorte de confirmation si on pénètre à l’intérieur.)

Je retrouve ma monture et la dirige avec Xël dans le dos. Durant le trajet, je ne pipe mot. Non pas que je n‘ai rien à dire, mais je suis particulièrement alerte sur le paysage qui se dévoile petit à petit et les dangers potentiels. Il ne nous faut qu’une demi-heure pour atteindre un paysage particulièrement dérangeant. Comme tracé d’une frontière bien distinct, la différence entre les collines d’Esseroth et la corruption provenant de la Lande Noire est particulièrement notable. D’un côté, les collines sont verdoyantes, la végétation est vivante et le ciel parsemé de quelques nuages éclairés par la douce lueur de l’aurore. De l’autre, l’atmosphère est dépossédée de toute couleur chaleureuse. Les arbres ont perdu toute vie et la façon dont certains sont, me fait même penser qu’ils cherchaient à fuir cette corruption s’ils le pouvaient. Le sol lui-même semble stérile et fragile, comme si la roche n’était plus qu’un tas de gravats tenant à peine ensemble. Le ciel est horriblement grisâtre, les nuages n’annoncent aucune bienveillance pour ceux qui pénétreraient en ces terres, mais bien plus que des boules de fumées, ombres vivantes laissant traîner derrière elles, des volutes aussi sombres que le désespoir. Ces choses, les seules pouvant être considérées comme vivantes de l’autre côté de la corruption, s’avancent, lentement mais sûrement. Une marche implacable aspirant toute vie.

J’ai soudain l’image d’Oaxaca qui me revient. Si elle est l’incarnation de la terreur, ce qui se passe devant moi est l’image de la mort. Quoi qu’à la réflexion, plutôt de l’anéantissement. J’ai ce profond sentiment que devant moi il n’y a rien, pas même la mort, juste…la fin de tout.

Ce n’est pas Lysandre qui va me rassurer. Revenant vers nous après un vol que la corruption a encore progressé. Egregor le visage ferme, déclare que la réalité est pire que ses craintes, prétendant qu’il ne faudra que quelques heures pour venir à bout de sa cité. Puis il se tourne vers nous.

"Il nous faut découvrir la source de cette horreur. Qui est prêt ici à se mouiller pour la découvrir ? Je ne vous forcerai pas de m’y suivre, mais je dois pénétrer là-dedans. Aller au cœur de tout ça."

Avant de demander à Xël si ses doutes et hypothèses se confirment. Avant que celui-ci ne réponde, c’est Akihito qui s’exclame en premier.

"Si vous pensez que je serai d'une quelconque aide, j'irai. Quant à savoir où chercher..." Puis se tourne vers notre éclaireur. "D'en haut, vous seriez capable d'estimer la forme de la tâche ? On pourrait alors en déterminer la source. Si ça a une forme ronde qui s'étend dans toutes les directions, l'origine de la propagation sera au centre. Alors que si c'est une bande, un cône... la source sera déplacée. Probablement. Et dans le deuxième cas, on pourra contourner la corruption pour se rapprocher de l'origine en sécurité."

La régicide est la première à suivre la proposition du mage de sang. Mais son comportement est différent, plus direct, plus froid. Tout comme le regard qu’elle porte sur le paysage de mort. Une proposition suivie par le blondinet, mais refuse d’envoyer Lysandre explorer de trop près, craignant pour lui. En cas de problème, il sera le plus à même de partir prévenir Esseroth et ses habitants. Quant à l’incursion dans la zone sans vie, il propose que l’on utilise la magie d’Aliaénon pour former un dôme nous protégeant, comparable à celui de Simaya. Ce à quoi l’homme-oiseau détaille que la propagation se fait en ligne droite, comme une frontière qui se déplace d’elle-même. Bien qui l’idée que la cité soit gravement en danger ne l’enchante guère, il consent le temps sera crucial pour l’évacuation et se tient prêt à agir.

Devenu soudainement le centre d’attention Xël donne son avis et plus particulièrement à Egregor.

"Personne ne doit s’y aventurer tant que nous n’avons pas Simaya avec nous. Je pense savoir où est l’origine de tout ceci. Nous devons retourner à Esseroth. Simaya pourra nous mener directement à la grotte où se trouve la magie du Sans-Visage."

Egregor grogne aux propos de Xël. S’il est d’accord pour rejoindre Simaya, cela ne devra se faire qu’à l’aide des portails magiques. Il refuse catégoriquement de perdre un temps précieux pour revenir à Esseroth avec les montures. Mais il maintient sa proposition d’aller tout de même au-devant du danger en pénétrant dans la zone corrompue, avant de questionner l’aéromancien sur la possible provenance de la fameuse grotte.

"Je suis d’accord avec vous. Il est crucial de savoir ce qui cause cette corruption et surtout de l’arrêter ! Nous pourrions user de la magie de ce monde pour tenter de localiser la source, un peu comme l’a fait Xël avec le Titan de la magie. Mais en cas de problème, la présence de Simaya serait la bienvenue." Je m’arrête le temps de réfléchir. "Le temps se déroule différemment entre ici et chez nous. Mais avec la disparition du Sans-Visage, si cette grotte est liée à son pouvoir, son absence pourrait être la source de cette corruption. Simaya est de ces terres si je ne m’abuse, sa seule expertise mérite qu’elle soit présente !"

"Ca y ressemble fortement même si à Nagorin l’obscurité était plus… concentrée… Dans tous les cas se jeter là-dedans est une mauvaise idée. Le mieux est de retourner à Esseroth au plus vite pour préparer une expédition vers la grotte. J’aurais des choses à vous dire avant de nous y rendre." Déclare Xël, avant de demander à Kaar si les pachylaires peuvent rentrer d’eux même, craignant de ne pas être en mesure de faire voyager tout le monde. L’orc propose de les raccompagner par voie terrestre, à défaut de pouvoir le suivre dans ces terres.

(Je comprends pas cette histoire de portail !)

(Là comme ça, je dirais qu’il a une limite à sa magie. Aussi puissante est-elle, il doit être contraint d’une façon ou d’une autre !)

Dracaena est d’accord sur à peu près tout. Mais, bien qu’il admet que cette corruption doit être empêchée, il est plus dans l’étude du phénomène pour le comprendre. Il termine sur les informations qu’il a obtenues sur le Sans-Visage, pensant que sa mort a libéré autre chose. Si Yliria souhaite accompagner Xël vers la grotte, Egregor campe sur ses positions. Pire, il s’apprête à avancer et invite qui le veut à le suivre, ne serait-ce que pour mieux comprendre cette corruption et ses effets sur un être vivant. Silmeria prétend être accoutumée à la corruption et pense y être plus résistante. Elle propose d’utiliser un cordage pour la tirer jusqu’à-nous si la situation l’exige, avant de faire quelques pas dans la zone en question. Mathis propose une de ses cordes, mais l’idée est balayée par Akihito.

"Si on a à faire avec une corruption capable dégrader aussi vite des êtres vivants, je doute qu'une corde puisse résister. Puis elle va pas nous permettre de s'aventurer très loin. Par contre, j'ai la possibilité de poser une marque sur une personne et de la rejoindre en une fraction de seconde en cas de pépin. Silmeria et moi avons un moyen de communiquer à longue distance, donc si jamais quelque chose tourne mal je peux être prévenu et la rejoindre pour la sortir. Avant de mener une pleine expédition groupée, autant faire un premier jet. Si ça vous va."

De son côté, l’arbre vivant s’inquiète de l’état d’Eaeria.

(S’il savait de quoi est capable cette femme !)

(De quoi tu parles ?)

(Non, non, rien. Oublie !)

(Tu es bizarre depuis ce matin. Passons. Tu en penses quoi de l’idée d’aller…là-bas ?)

(On ne peut pas se permettre de prendre un tel risque, on ne sait pas si cela corrompt aussi les pensées des êtres vivants. J’ai déjà eu à combattre Simaya et on a eu de la chance ce jour-là. D’ailleurs, on en est pas vraiment sorti indemne. Imaginer les Yuiméniens se faire corrompre me fait peur, mais voir Egregor en tant qu’ennemi ne m’enchante pas une seule seconde !)

Heureusement je ne suis pas le seul à le penser. Yliria va très clairement mettre cette idée la catégorie des suggestions foireuses, avec une option suicidaire. Elle prétend, et à juste titre, qu’on ignore comment les choses vont évoluer, si un simple contact condamne la victime et si ce risque nous permettra d'en savoir davantage.

(Oui un peu comme l’utilisation de la magie dès les premiers pas ici !)

Elle propose d’utiliser des runes pour faire un test et d’utiliser les runes invoquer et taureau pour envoyer un être que Kaar domptera. Une proposition qu’accepte l’intéressé.

Xël non plus n’est pas d’accord avec l’idée de pénétrer à l’intérieur, mais ne compte pas empêcher ceux qui désirent prendre le risque. Il descend de la monture et se tient prêt à intervenir.

Je scrute le paysage de mort en répondant au mage de sang.

"Ce n'est clairement pas une bonne idée Egregor. On ne sait pas ce qui cause cette corruption, ni même si cela peut corrompre l'esprit. Imaginez que cette... chose, vous pousse à attaquer Esseroth !" Puis je me tourne vers Xël. "C'est quoi cette histoire avec tes portails Xël ? Si tu es limité, autant que tu ailles chercher Simaya seul non ?"

"Si l'esprit de ceux qui s'y aventure est corrompu instantanément, au point qu'il soit irrécupérable et dangereux, il sera de votre devoir de tout mettre en œuvre pour nous arrêter." Me répond-il, avant de confirmer se rendre dans ces terres, même si l’hinionne s’y promène avec une corde. Puis il répond à la proposition d’Yliria. "Votre idée est très bonne, si elle fonctionne. Mais pas pour remplacer le ressenti profond d'un être sentient. Nous devons multiplier les expériences, selon moi, pour voir quels sont les effets sur les différentes espèces."

J’entends Eaeria répondre à Dracaéna, mais cette tête de mule d’Egregor me fait passer à côté de ses propos. Trop inquiet de le voir changer de camp, je descends de ma monture et me déplace jusqu’à lui. Entre-temps, je vérifie que ma gourde contenant la brise-magie est prête à servir. Je me plante devant lui, avec la ferme intention de l’empêcher d’avancer.

"Egregor, je comprends que votre désir de protéger Essroth se mélange à votre impatience, mais laissez Yliria au moins essayer son idée. Avant de voir ce que cela fait sur nous, observons au préalable les effets sur une créature !"

Avatar du membre
Xël
Messages : 339
Enregistré le : mar. 25 déc. 2018 14:50

Re: Esseroth

Message par Xël » ven. 18 nov. 2022 21:44

Le départ est annoncé et chacun retourne à son pachylaire. Je m’approche du mien avec appréhension puis effroi quand l’image de la charge funèbre me revient en tête. Au point de me figer sur place, incapable de monter dessus. C’est la voix de Kaar qui me tire de mon état de stupéfaction, déclarant qu’il a discuté avec la créature immense qui a tenté de nous massacrer. J’apprends que l’ombre venant de la Lande semble tout corrompre, minéraux, végétaux et animaux.

Je profite de ce moment pour demander à Jorus si je peux grimper avec lui sur son pachylaire, tétanisé à l’idée de grimper seul sur celui qui me portait hier. Je ne lui accorde plus un regard de crainte de revoir surgir le cauchemar d’hier. Nous nous mettons en route, accompagné de l’arbre vivant et de l’Esserothéenne qui nous avait acceuillie et ne tardons pas à voir la corruption qui menace Esseroth. Ombres mouvantes et meurtrières pourrissant tous sur leurs passages comme l’avait expliqué Kaar et décrit Lysandre. J’étais venu comparé avec le temple de Nagorin et je constate que la ressemblance est frappante même si les ténèbres qui s’extirpaient du temple semblaient plus concentrées. Mais le paysage ici est bien plus effrayant, mort, pourri, annonciateur du pire et surtout, le plus effrayant, sa vitesse de propagation. Rien ne semble pouvoir l’arrêter, aucune idée ne me vient ne serait-ce que pour essayer de la ralentir. Egregor brise le silence qui était tombé sur le groupe, affirmant la catastrophe que ce serait si la corruption atteint sa cité. Il n’en est que plus motivé pour avancer plus loin pour en apprendre plus avant de me demander si mes hypothèses se confirment.

Je reste silencieux, pesant le pour et le contre, conscient du poids de mes prochains mots. Cela laisse le temps à quelques téméraires de se porter volontaire pour plonger dans cette vague de mort. C’était de la folie. Ce serait les perdre, tous. Ainsi je décide de m’exprimer pour les dissuader:

« Personne ne doit s’y aventurer tant que nous n’avons pas Simaya avec nous. Je pense savoir où est l’origine de tout ceci. »

Je m’adresse alors plus directement à Egregor pour lui répondre.

« Nous devons retourner à Esseroth. Simaya pourra nous mener directement à la grotte où se trouve la magie du Sans-Visage. »

Car je suis convaincu qu’il y a un lien. Sois le Sans-Visage est vivant et à trouver un moyen de gagner de la puissance pour vaincre définitivement les Titans même au prix de régions entières soit quelque chose à corrompu sa magie mais je suis certain qu’il y a un lien. Egregor n’est qu’à moitié convaincu, préférant utiliser mes portails comme solution de retrait une fois que nous aurons plus d’information et beaucoup se rangent de son côté. Je me permets alors d’insister.

« Ca y ressemble fortement même si à Nagorin l’obscurité était plus… concentrée… Dans tous les cas se jeter là dedans est une mauvaise idée. Le mieux est de retourner à Esseroth au plus vite pour préparer une expédition vers la grotte. J’aurais des choses à vous dire avant de nous y rendre. »

Je me tourne vers Kaar.

« Vos pachylaires peuvent rentrer d’eux même ? Je ne suis pas certain de pouvoir tous les faire passer dans un portail. »

Seul Yliria entends raison et préfère m’accompagner mais ce n’est pas le cas du mage de sang qui ne veux pas tout jouer sur ma seule hypothèse. Je comprends que c’est inutile d’insister et je descend du pachylaire après avoir adressé un signe de tête à Kaar qui préfère raccompagné les montures jusqu’à Esseroth. Tandis que le groupe se prépare à avancer Yliria s’exprime avec moins de tact et de patience que moi, montrant plus clairement son désaccord et proposant même une autre solution pour voir les effets de la corruption, voulant grâce aux runes invoquer un taureau. Je suis un peu sceptique mais ne dit rien, pas certain qu’une bête accepte de foncer sans rien dire dans ce paysage terrifiant, même les arbres se plient pour fuir le cataclysme. Je pousse un profond soupire alors que mes yeux se perdent dans l’horizon de La Lande Noire portant mieux son nom que jamais.

« Je ne suis pas d’accord avec vous mais je ne peux pas vous empêcher de prendre des risques. Je me tiendrais prêt à intervenir si vous tenez tant à voir de quoi cette chose est capable. Même si c’est assez clair… »

Jorus me demande alors pourquoi je ne pars pas chercher Simaya seul.

« Parce que je pense que la solution ne se trouvera pas aux frontières de cette corruption mais en plein dans son coeur. Et pour l’avoir vu de prêt, je sais que nous avons besoin de préparation. Même Simaya avait succombé à son pouvoir, tu dois sûrement t’en souvenir. »

J’attends et observe, prêt à extirper le groupe d’une situation délicate si c’est nécessaire, adressant tout de même un regard curieux à l'arbre vivant qui soumet l'idée qu'une chose s'est libéré à la mort du Sans-Visage.

Avatar du membre
Dracaena Paletuv
Messages : 91
Enregistré le : mer. 7 sept. 2022 01:58

Re: Esseroth

Message par Dracaena Paletuv » sam. 19 nov. 2022 02:12

Une fois levé, j'avais fais ce que j'avais dis que je ferais: des salutations à Eaeria, le blabla basique et l'étiquette pour savoir si elle avait passer une bonne nuit, puis, quelques gestes amicaux, en tout cas autant que possible à ceux qui se réveillèrent après moi, constater que les bestioles étaient pour la plupart partie (une explication de l'homme-piaf confirma que les bêbêtes étaient retournées chez elles), seul le gros toutou aux cornes brillantes toujours présent, et puis enfin, rester en silence au milieu de tout ça, à attendre que la suite des évènements arrive. Après une nuit si bizarre et pas des masses reposante (mon baluchon semblait même plus lourd, preuve que j'étais vraiment vanné), j'avais pas trop la tête à blablater, et Egregor-me-les-brise-même-quand-il-a-pas-tort c'était rapidement mit à gueuler comme un cochon pour réveiller ceux qui se sentaient l'envie de faire la grasse mat'. Et, dans l'urgence, il nous entraina jusqu'à la source de son obsession, la fameuse "ombre rampante", la fameuse corruption qui menaçait sa cité chérie.

Et par les Fesses de Fearadhach, quel foutoir c'était. Un monde mort et dévasté s'étalait devant nous. Et pas mort dans le sens habituel, avec des cadavres partout, ou des centres et des ruines, mais plus dans un sens... tordu. Un monde tordu, fait de sol tordu et d'arbres tordus, de la matière noirâtre étalée de ça de la, craquelures et crevasses parcourant le monde, et ombre masquant la moitié du bousin. Et, encore plus étrange, des sorte d'orbes, qui n'étaient pas sans me rappeler celle d'Eaeria, chargées d'une énergie aussi sombre que le reste de cette désolation, flottantes, volantes, faisant leur vie en se promenant au gré du vent...ou plutôt, au gré de rien du tout, vu l'absence de vent dans le coin.

C'était... Pas ouf, c'est sur. Clairement, je passerais pas mes vacances dans un coin comme ça. Par contre, coté intriguant et intérêt, c'était pas mal dans ce que j'espérais. Hein? Quoi? Être choqué? Attristé? Naaaaaan, j'allais pas déprimer pour quelques arbres en tire-bouchon et des nids-de-poule géant. Nan, vraiment, j'avais déjà vu mon lot de territoire dévasté, et si celui la était original, il n'était pas assez... Intense? Impactant? Pour me provoquer un vrai sentiment de tristesse.

Surement parce qu'il n'y avait pas de cadavre.

Ca rajoutais toujours son petit quelque chose, les cadavres.

En tout cas, Egregor-ille-en-guenilles-prenez-garde, lui, était clairement dévasté. Bon, pareil que pour la zone hein, j'allais pas pleurer pour lui, mais au moins j'comprenais bien plus sa panique. C'est sur qu'un truc comme ça s'étalerait sur Esseroth, ça risquait de faire chuter le prix de l'immobilier de façon sévère... Ah, et probablement tuer les habitants aussi. Et bon, franchement, ça m'embêtait pas mal pour eux, surtout ce vieux marchand Orc, et le papy des archives, ils étaient sympa. L'aubergiste dégueulasse par contre, il pouvait finir en nœud-marin au contact du truc clairement ça m'affecterait pas de la même manière.

Pit ça m'embêterait clairement pour Eaeria. Elle était cool avec moi elle, elle méritait pas ça.

Bref, dans tout les cas, il se passa ce que à quoi je m'attendais globalement: Egregor se montra désagréable, monsieur Piaf paniqua, tout le monde prit le temps d'y aller de sa petite réaction choquée/déprimée/blasée, et comme ce que je craignais arriva:


On était comme des débiles devant cette anomalie de la nature à ne rien faire si ce n'est se prendre le chou entre nous.


Pendant que ça blablatait dans mon dos, moi, je me mis à observer et analyser ce que je voyais devant moi. C'était tout de même incroyable ce phénomène, jamais entendu parler d'un truc pareil dans mes livres, ou de la bouche des anciens de la forêt. Une sorte de magie capable d'altérer le monde...Enfin, si c'était de la magie. Toutes ces ténèbres étaient pas du "fluide" comme on l'entendait sur Yuimen, mais est ce que la nature de se truc était vraiment magique?

Est ce que c'était juste "un" truc d'ailleurs? Est ce que c'était pas la combinaison de plusieurs anomalies qui généraient ce phénomène? Nan, vraiment, tout ça méritait plus d'analyse, on avait besoin de plus observer et tester sur ce qu'il y avait devant nous. J'entendais les autres palabrer autour de moi, de s'il fallait aller à l'intérieur ou pas. Je ne les écoutait qu'à moitié, je devais bien l'avouer. J'étais trop occuper à me demander si je devais risquer de toucher ce sol meurtrie de mes doigts, et si je pouvais en prendre un échantillon avec moi. Mais, une chose avait été clairement entendu par mon esprit occupé: le point principal, c'est qu'Egregor voulait aller faire un tour à l'intérieur de cette zone, et voir si on pouvait en trouver la source. J'interrompis mes marmonnements pour essayer de donner mon avis sur la question d'un voix claire... Enfin...Aussi claire que mon timbre rauque le permettait.


''Je vous suis. Cette corruption doit être étudiée pour être stoppé, et les phénomènes bizarres de la nature, ça me connait. Il faudrait voir pour récupérer quelques échantillons, de ces orbes noires en particulier. Faire quelques test peut être...."

Je me mis à réfléchir rapidement, afin d'essayer de remettre en place un maximum de ce qui avait été dit avant. Plusieurs personnes mentionnèrent Simaya, le fait qu'elle connaissait la région, et l'aide qu'elle pourrait nous apporter grâce à ses dômes anti-magie. Ignorant l'image mentale de son visage me regardant d'un air glacial qui venait de flasher dans mon esprit, je pris le temps de rajouter:


-Je vous rejoins concernant Simaya. Elle m'avait dit qu'elle comptait venir ici de toute façon, elle a des choses à faire dans cette grotte...

Je repensai aussi à toutes les discussions et réflexion que j'avais eu à Esseroth, et presque inconsciemment, je rajoutai:

-En tout cas, de ce que j'ai appris du Sans-visage, je continu de me dire que sa mort à clairement permit la "libération" de quelque chose ...."d'autre"."


Malheureusement, le désaccord reprit de plus belle dans le groupe. Si effectivement attendre Simaya était la chose intelligente à faire, Egregor-pas-peur-de-la-mort ne voulait pas attendre, et, bah... J'pouvais difficilement lui donner tort. De son point de vue, plus vite on en saurait plus, mieux ça serait. Après, le bonhomme était clairement délirant s'il pensait qu'en un passage ou un voyage on allait réussir à régler la question. S'bien pour ça que je voulais me concentrer sur l'analyse et la compréhension de ce qui se passait dans le coin: pas juste pour satisfaire ma curiosité, ou dans l'espoir d'y tirer une utilité pour mes objectifs personnel, mais parce que pour régler un soucis, fallait comprendre d'où il venait et comment il fonctionnait. Et les êtres de chairs avaient tendance à oublier que ça prenait souvent du temps ce genre de chose. Typique des gens vivant moins de 100 ans...

En tout cas, on avait globalement deux groupes: l'équipe "on rentre en ville et on prépare une grosse expédition", et l'équipe "pas l'temps de niaiser, on fonce dans l'danger pour tout arranger". Et si ça me dérangeait pas de suivre la seconde, la première avait une logique qui fonctionnait tout autant. Toutes cette discordes, ces tons montants et cette mauvaise ambiance me fit me désintéresser de la discussion. Les deux camps avaient des bons arguments, mais s'ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord ou à trouver de compromis, c'était pas moi qui allait essayer de jouer les médiateurs. Mais avant que mon attention ne s'en retourne à l'observation du terrain et du phénomène, elle fut attiré par la réaction d'Eaeria, dont son attention à elle semblait portée sur les orbes de ténèbres que l'on voyait passer de temps en temps. Tout comme ses copains Esserothiens, elle semblait avoir de l'inquiétude dans le regard, mais aussi... autre chose... Presque...Une pointe d'intéret.

Je me redressai et me rendit auprès d'elle. Elle avait une fois de plus prouvée qu'elle était quelqu'un de cool en ne rejoignant pas la discussion houleuse ayant lieux en parallèle, et mes conduits auditifs sylvestres l'en remerciait. Je pouvais bien prendre de mon temps pour essayer de la rassurer un peu... Si c'était ce dont elle avait besoin. Prenant un ton calme et compatissant, je lui dis:


"M'dame Eaeria, ça va? Vous tenez le coup?"

A bien y réfléchir, ptet que voir des sphères élémentaires comme ça, ça lui faisait penser aux siennes et ça la mettait mal à l'aise?

-... C'est ces drôles de sphères qui vous inquiètes? ça vous...rappelle quelque chose?"

Mais sa réponse ne fut pas ce à quoi j'm'attendais.

"Ca ne me rappelle pas mes propres orbes, si c'est ce que vous sous-entendez : je ne manie pas l'ombre. Mais je me demandais si je ne pourrais pas envoyer mes orbes lumineux vers celles-là pour... vérifier leur tangibilité. Et voir comment ils se comporteraient dans la corruption. Qu'en pensez-vous ?"


C'était donc bien de l'intérêt que j'avais desceller plus tôt dans ses yeux... Et sa proposition était... Intéressante en fait. L'idée, bien qu'un peu basique, n'était pas pour autant mauvaise. Si ses orbes étaient aussi puissante qu'elle le prétendait, alors peut être qu'une petite bombe de lumière était ce qu'il fallait pour repousser la corruption? Je veux dire, dans le meilleur des cas, ça provoque une réaction positive ou utile pour nous, et on progresse dans la compréhension du phénomène et les méthodes pour le contrôler, et dans le pire des cas, ça n'aidait pas plus que ça mais au moins je pouvais voir l'effets des fameuses "sphères instables de la destructions d'Eaeria" en action!

Et de toute évidence, je n'étais pas le seul à considérer que c'était une bonne option: à peine eu-je le temps de réfléchir à ma réponse que le grand blondinet prit soudainement la parole pour approuver.

« Tentons donc d’y aller progressivement et de garder les tentatives les plus dangereuses pour la fin. Je propose que Eaeria tente de stopper les orbes sombres à l’aide des siennes de lumières. Si ça ne marche pas, Yliria et Kaar tenteront avec les runes… et si ce n’est pas concluant, vous tenterez d’y aller, avec la corde et avec l’aide d’Akihito. Et pendant ces trois tentatives, Xël pourrait aller chercher Simaya. »


Voyant qu'en parallèle de tout ça Egregor-pas-si-cador c'était visiblement fait suffisamment secoué de partout pour calmer un peu son empressement, et divers plans plus construit avaient commencé à être proposé, je me tournai vers Eaeria et le grand blond pour enfin donner mon avis sur la proposition de la m'dame.


"M'avez un peu coupé l'herbe sous le pied mon brave mais j'suis globalement d'accord avec vous, et j'suis surtout d'accord avec VOUS, m'dame Eaeria: ces orbes de ténèbres m'ont l'air d'être l'un des rares trucs dans le coin qui ne soit pas d'origine, et qui n'soit pas le résultat de la corruption d'un élément naturel de la région. De ce fait, y a des chances qu'elles aient un rapport avec l'origine de la dite corruption, plutôt que d'en être une conséquence.

J'm'avance un peu vite en disant ça, et bien évidement, c'est juste de la théorie, mais s'il y a bien un truc que je sais de base, en tout cas de ce que je sais de la magie, c'est que lumière et ténèbres ont tendance à s'annuler...ou en tout cas font pas bon ménage. Donc...


Je me mis à lever les pouces (ou devrait-je dire les pousses) en affichant un grand sourire motivateur à (et malheureusement surement incompréhensible pour) Eaeria.

-Faites péter les sphères de lumières! Sans mauvais jeu de mot! ça ne nous coute rien d'essayer et ça sera mieux que de foncer tête baisser ou de perdre du temps en revenant en arrière!


Y avait plus qu'à espérer que personne ne soit en désaccord avec l'idée!

...

Ah, et que cette petite expérience nous tue pas tous aussi. Mais j'avais confiance, c'était suffisamment simple, stupide, risqué, MAIS logique pour marcher!

Avatar du membre
Silmeria
Messages : 278
Enregistré le : sam. 5 janv. 2019 11:39

Re: Esseroth

Message par Silmeria » sam. 19 nov. 2022 03:29

Nuit à chier.

Une de plus. Au moins, il ne pleuvait pas et je m'étais éveillée au sec sans être transie de froid. Egregor se chargeait déjà de réveiller manu-militari les rares siesteux que ses grognements n'avaient pas déjà tiré de leur torpeur. Sans attendre davantage, le campement de fortune s'était désassemblé et tous récupéraient leurs affaires pour les ranger dans les paquetages. J'étais contente de ne pas avoir de chose à ranger, n'étant pas particulièrement matinale, je n'aimais pas les corvées trop tôt. Papatte était un couchage tout à fait convenable, bien qu'un peu tremblottant dans ses rêves, il n'en était pas moins douillet et émanait une tiédeur bienvenue dans la nuit. Nous nous mirent alors en route, Aigre-gor ouvrant la voie, les autres suivant en formation ce chef de file grognon.

Les paysages défilaient jusqu'à prendre une allure lugubre, le soleil semblait presque refuser de se montrer au loin, tout un pan de paysage était enveloppé dans une noirceur évanescente, imperceptible, qui rongeait avidement la flore. Beaucoup restèrent figés, se turent et gardaient un regard choqué invariablement fixé sur l'étendue de cette corruption. Je levais les épaules, quelque part, je savais un peu à quoi m'attendre, j'ai connu les horribles marais de Gutenborg, la corruption des Sylphes, l'haleine de Von Klaash, j'avais de l'expérience en la matière.

Egregor manifestait son désir de traverser, de trouver la source de cette corruption mais je sentais à sa voix qu'il n'était pas si à l'aise que ça, il n'avait pas ordonné cette fois-ci, il avait juste vaguement encouragé à le suivre... Je levais un regard circonspect à cet homme qui se trouvait désemparé devant un tel spectacle. Il était sûr et certain que si la corruption gagnait la ville, s'en serait terminé, quant bien même elle ne s'arrêterait qu'à quelques kilomètres, ça serait déjà trop pour sa situation.

Je me plaçais alors à côté d'Egregor pour lui dire en toute simplicité " Je viendrai avec vous. "

Face à tel paysage, les autres aventuriers échangeaient des informations, certains proposaient à Lyssandre de survoler la zone pour mieux se rendre compte de son ampleur, mais celui-ci, alarmé, annonça sans détour qu'elle avait encore progressé, bien plus vite qu'ils ne le craignaient. Xël manifestait un sentiment plus... expérimenté à mon goût. Il dit clairement que personne ne devait s'aventurer dans cette corruption sans Simaya, encore une fois, le nom de cette femme revenait sur le tapis. Si cette habitante d'Aliéanon était si puissante, que faisions nous ici si elle était la réponse à toutes les menaces qu'on croiserait.

Egregor contre mauvaise fortune bon coeur acceptait l'idée de prendre les portails de Xël pour organiser une retraite, mais il plaça cette idée en second plan, son désir d'explorer la zone restait la seule et unique priorité de son expédition. Encore une fois, Xël contestait en manifestant son désir de rentrer, nous appâtant avec quelques informations qu'il ne semblait pas disposer à partager immédiatement avec nous. Nous serions donc venus ici juste pour contempler la corruption et ne même pas chercher à y accéder ? Je trouvais ça étrange, sans comprendre particulièrement d'où venait cette terreur paniquée pour ces volutes noires dans l'air, elles me donnaient un aspect rassurant, hypnotique, comme une bougie qu'on aurait soufflée et dans la fumée orchestrait une dernière danse, un ultime ballet avant l'évanouissement.

Egregor quant à lui resta ferme et maintenait son choix de l'explorer. Je pense être assez d'accord avec lui, j'étais curieuse également, je sentais... Qu'elle m'attirait. Qu'elle m'appelait. J'étais fascinée, envoûtée par cette ombre, cette marée morbide... Un frisson courait le long de mon dos et ce n'était pas de la peur, mais du plaisir. D'une main; je retenais poliment Egregor, lui dévoilant une fraction de la corruption des Sylphes pour faucher l'herbe autour de moi. J'étais habituée à ce petit tour, j'avais toujours des idées noires qui alimentaient sans cesse la corruption... Qui la nourrissait. Jour et nuit.

" Je suis accoutumée à la corruption. Si elle doit se montrer néfaste sur quelqu'un, peut-être ses effets seraient moindres sur moi. "

Me tournant au petit groupe, je dis alors : " Si quelqu'un possède un cordage, il peut m'attacher au niveau de la taille pour me ramener ici si nécessaire. Si au contraire cela s'avère sans danger... " Faisant quelques pas vers l'ombre, je me laissais faire lorsque le blond décida d'attacher à ma taille une corde assez longue pour me ramener à bon port si quelque chose de fâcheux venait à arriver.

La Shaakt parvint à ébranler la conviction d'Egregor, elle semblait apeurée par ce spectacle, qui aurait cru qu'un jour je croiserai une Shaakte qui avait peur du noir ? Le mage de sang quant à lui semblait... hésiter. La perspective de mourir instantanément avait dû le heurter, quelle triste fin pour un si noble protecteur de sa ville que de mourir perdu dans les ténèbres sans un lieu de repos décent.

Akihoto tendit sa main pour cueillir la mienne, intriguée mais méfiante, je la lui offrit mais lorsque je vis ses doigts s'approcher de l'Ombre Noire, je me retirai à son emprise, c'était là l'origine de nos pouvoirs, il n'allait pas y toucher d'une quelconque façon.

" Ne t'avise plus de toucher ces bracelets." Avais-je dis avec la délicatesse d'un aspic.

" Silmeria n'avait pas l'air contre, mais pas de soucis tant que vous la gardez sur vous " rétorquait-il "Vous en aurez pas besoin si vous vous aventurez pas très loin, mais on perd rien à être trop prudent si vous voulez quand même l'intention d'aller là-dedans malgré ce que pensent les autres. Si jamais y a un problème, que la corde se rompt ou quoi que ce soit vous empêche de revenir, envoyez Célès me chercher. Je viendrai vous tirer de là. "

Il marqua alors la rune épuisée de Silmeria, lui donnant un nouveau sens, une nouvelle vie. Je l'observais un temps, je ne comprenais pas pourquoi Silmeria avait jeté son dévolu sur un tel homme, un simple humain, un de ceux qui aurait tenté de l'arrêter à Kochii, mais elle semblait vouloir se libérer, changer de vie, maintenant que ma vengeance était accomplie, je pouvais bien la laisser faire. Je rangeais la rune et tira la Tueuse de Mage et la Vieille Rengaine de leurs fourreaux pour les lui tendre.

" Si mon esprit venait à être corrompu, il sera plus simple de me maîtriser sans cela..."

" C'est pas faux, mais si vous tomber sur quelque chose d'hostiles vous voulez compter que sur Egregor ? "

" Tu veux dire, de plus hostile que moi ? " Avais-je dis avec un sourire mauvais. Je me tournais vers l'ombre, ajustant le Serpent de Kiraes, remontant de quelques centimètres sa garde, lovée dans la tiédeur de ma poitrine, accessible à tout moment. Si je venais à me retourner contre eux par effet de corruption... C'était une chose, mais je n'offrirai pas ma vie au premier danger qui viendrait me la chercher.

J'inspirais profondément et m'avança. Mathis, le blond tirait déjà sur la corde pour me retenir en me demandant de retenir temporairement mon geste, qu'il n'était pas nécessaire de tenter les actions les plus dangereuses en premier lieu, mais à la vitesse alarmante où cette corruption avançait, il fallait prendre des mesures immédiates, et puis... Egregor ne l'avait-il pas dit ? Il fallait voir ce que ferait la corruption sur l'esprit des gens. Des esprits, il y avait le mien, celui de Silmeria et celui de Cèles. Les Sylphes elles-mêmes étaient corrompues et mes atours étaient bénis contre l'obscurité et je ne souffrais d'aucun empoisonnement... Mathis avait-il raison sur un point ? Avais-je plus de dispositions à résister à la Corruption que notre Chef de file, Egregor ?

J'alimentais dans ma main un sortilège de stupeur pour le bloquer net et l'empêcher de me suivre, mais je me ravisais, il avait été suffisamment ébranlé par les différentes convictions pour se retenir de lui même, il n'était pas nécessaire de le paralyser ici devant tout le monde, ce geste ne ferait que me mettre en mauvaise grâce pour les autres, il fallait garder un petit peu d'entente... Silmeria venait-elle de déteindre sur moi ?

Je regardais Mathis d'un air lassé, il avait raison, cent fois raison mais les convictions n'étant que des paroles en l'air, il fallait penser à employer des mesures sûres et non plus spéculatives, il fallait que quelqu'un aille dans l'ombre. Pas un taureau invoqué par un osselet de Menu, pas un arbre, pas un cactus, ni une poule ou un castor albinos, il fallait un être vivant, doué de conscience, capable de faire des choix, savoir si la corruption chercherait à ronger son âme, à la dominer, à l'asservir.

Je trouvais ça tellement... Excitant.

Les volutes dansaient devant moi, j'avais presque l'impression de pouvoir les respirer. Sentaient-elles comme une braise soufflée ? Comme la chaude odeur d'une confiserie encore chaude ? Avait-il le vilain relent d'un mort encore chaud par un petit matin glacial ? La Corruption des Sylphes semblait bien timide à côté de cette déferlante de ténèbres, mais...

(" Cèles ? ")
(" Oui oui oui oui, je sais. Je suis avec toi quoiqu'il arrive. De toutes façons, j'ai pas l'attention de sortir pour finir dans le néant. Alors autant rester aux premières places... ")
(" Si jamais je venais à perdre l'esprit, si l'ombre me contrôlait... J'attaquerai très probablement... ")
(" La Shaakte.")
(" La Shaakte. ")
(" Ah ! ")
(" Sans déconner, tu parles d'une surprise. C'est même étonnant que tu ne l'ai pas tuée dans son sommeil. Ca te fait pas des plaques de simplement la savoir à moins de quatre cent kilomètres de toi ? ")
(" Akihito pourrait se mettre en danger inutilement, il vaudrait mieux garder Egregor sain pour me maîtriser si besoin. ")

Mon regard se posa sur Egregor à qui je dis :
" Ne vous mettez pas tout de suite en danger... Attendez que je sois bien entrée avant de me suivre, je vous dirai ce que je ressens. "
(" Si tu ne meuuuurs pas dans la seconde comme le disait la vilaine Shaakt. ")
(" Oui, un peu d'humour pour nos ultimes paroles. ")
(" Sileeeence...)"
(" D'ailleurs je te dois 2 Yus. ")
(" A moi ? ")
(" Bah vi. J'ai parié avec moi même que ce serait toi qui aurait une idée assez foireuse pour nous tuer. ")

------------------------------------

Serpent de Kiraes accessible en cas de danger.
Corruption des Sylphes lancée à plein régime.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Répondre

Retourner vers « Aliaénon »