La Plaine de la Désolation

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Yuimen
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La Plaine de la Désolation

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 12:24

La plaine de la désolation


La sinistrement célèbre plaine de la désolation, à première vue son aspect est des plus banal, une vaste surface herbeuse s'étendant à perte de vue. C'est la nuit que celle-ci révèle toute son horreur, au moment où surgissent du néant les ruines de l'antique cité d'Oump Kayoum. Ancienne et opulente cité d'une race aujourd'hui éteinte, elle eut le malheur de vouloir s'affranchir de la tutelle des Dieux. Pour la punir, ils lui jetèrent un terrible anathème. Ils la figèrent dans la plaine, l'enfermant dans une muraille magique qui empêcha ses habitants d'en fuir, et cela même par delà la mort.

Depuis leurs âmes prisonnières continuent à y rôder, en proie à la folie et au désespoir, elles s'attaquent à tous ceux qui oseraient la traverser. La plaine est désormais maudite, et interdite à toute forme de vie, d'où son nom: plaine de la désolation.

Mais il y a mille ans de ça, Xaomir de Phantcal, le grand héros d'Ynorie, dut la traverser coûte que coûte. Il put obtenir de l'aide de Rana, sa déesse protectrice, elle créa un couloir céleste sous la forme d'une bande de lumière, qu'il put traverser à peu près sans encombre. Le couloir existe toujours, mais il n'apparaît aux yeux que de nuit, et ne reste qu'une heure.

Dépêchez vous donc de le traverser !


Lieux particuliers :

Aucun pour le moment.

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Ahrroë
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Ahrroë » jeu. 2 avr. 2020 18:56

Manteau de fourrure sur les épaules, paquetage sur le dos, Ahrroë et Claire avancent relativement rapidement sur la vaste et rase plaine qui les sépare de la forêt des Loups Blancs. Mais malgré l'arrivée imminente de l'été, le sol est encore parsemé de neige et le gibier rare, les obligeant à piocher dans leurs provisions quotidiennement et à s'arrêter dès que la nuit tombe pour monter un camp rudimentaire et se coucher l'une contre l'autre sous d'épaisses couvertures. Pour autant, le terrain est plat et peu accidenté, et quelques bosquets ci et là leur permettent de récupérer quelques branchages pour leur prochain feu pendant leur marche. Mais si la vagabonde, malgré ses blessures, tient le coup sans vraiment broncher, habituée à la rudesse de la vie sauvage, le vent et l'humidité commencent à avoir raison de l'humeur de l'académicienne.

« Je ne pensais pas dire cela un jour, mais j'ai si hâte d'arriver à la forêt des Loups Blancs. »

C'est leur quatrième jour de voyage et Claire est visiblement à bout.

« Si seulement nous avions eu les moyens de nous payer des chevaux... » continue-t-elle.

Cela fait plusieurs heures déjà qu'elle se plaint à répétition, attirant tour à tour le désintérêt et l'amusement de sa compagne de route.

« C'est vrai qu'on s'fait chier, » abonde celle-ci.
« Ce n'est pas tellement l'ennui mon problème... » soupire l'autre.

Ricanements.

« T'as grandi à Nosveris pourtant, non ? »
« Ca ne m'empêche pas d'avoir les pieds humides et le nez gelé, » s'agace la jeune érudite.

Haussement d'épaules.

« Non mais j'croyais que ça t'empêchait de chouiner comme une pleureuse toute la journée, » rétorque sans aucune gêne la vagabonde.

Non pas que les complaintes de son amie la dérangent, en fait elle s'amuse beaucoup des réactions de celle-ci. Elle est simplement sincèrement étonnée de la découvrir si peu résiliente au climat dans lequel elle a grandi.

« Eh bien non, » tranche Claire d'un ton péremptoire. « Ce n'est certes pas ma première expédition, mais je n'ai pas passé ma vie sur les routes, moi. »

Son ton est aussi mordant que le froid qui tombe à mesure que le soleil s'approche de l'horizon. Mais tout comme pour le froid, Ahrroë s'en fout complètement. Ce qui ne l'empêche pas d'emmerder sa guérisseuse de fortune. Pour la forme.

« Et moi oui, du coup c'est toi qu'as besoin de moi pour dormir au chaud, tu devrais faire gaffe. »

Sans détourner le regard de l'horizon, où l'on commence à apercevoir des arbres en nombre, Claire secoue la tête, atterrée.

« Tu ne voudrais pas des massages quotidiens tant que tu y es ? » lâche-t-elle avec sarcasme. Puis, avec une feinte surprise : « Oh mais, ciel, c'est déjà ce que tu as ! »

A ces mots, la vagabonde éclate de rire, ralentissant même le rythme tant la situation l'amuse. Est-ce les conditions de vie ou sa mauvaise influence qui fait effet ? En tout cas c'est bien la première fois que l'érudite se permet d'être aussi sardonique avec elle. Mais loin de s'en agacer, Ahrroë est ravie.

« C'est que mon corps est en convalescence depuis que j'ai dû sauver une certaine personne d'un groupe de bandits, » continue-t-elle après s'être reprise, joueuse.

Enfin un sourire pointe le bout de son nez sur le visage de Claire, visiblement soudain moins ronchonne.

« Et je fais un détour de plusieurs milliers de kilomètres pour me faire pardonner, il me semble que nous sommes quittes. »

La sauvageonne sourit de nouveau, de toutes ses dents. Leurs discussions sont de moins en moins unilatérales. Ce n'est pas pour lui déplaire.

« Et puis, je te ferais remarquer que je n'ai pas besoin de te le demander pour que tu te colles à moi la nuit, » ajoute-t-elle après un silence.
« Ça c'parce que tu me laisses glisser mes mains sous ta tunique, » rétorque Ahrroë le plus naturellement du monde.

A ces mots Claire tourne un regard interloqué vers elle, ses joues rosissants à vue d’œil, mais sa compagne de route l'ignore complètement, ne réalisant même pas l'étrangeté de sa remarque pour son amie. Un nouveau silence s'installe, inconfortable pour l'une, indifférent pour l'autre, alors que la nuit approche à grands pas.

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Gamemaster6
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Gamemaster6 » mer. 30 mars 2022 22:55

L'Aube d'un hiver sans fin


Chapitre 1 : Promenons-nous dans la toundra

Après une nuit calme pour certains, pleines de questionnements et de recherches pour d’autres, ou encore d’animation pour les derniers, le matin apporta avec lui la lumière grisâtre d’un ciel nuageux et peu accueillant alors que chacun se dirigeait vers le point de rendez-vous. Dans la même pièce dans laquelle il les avait accueillis la veille, Hereld Ertiart patientait, vêtu cette fois d’un long manteau orné de fourrure et de bottes épaisses. Son homologue n’était pas en reste, allant même jusqu’à garder son couvre-chef, lui aussi orné de fourrure. Ce fut le premier qui prit la parole une fois que tout le monde fut entré dans la pièce où ronflait toujours un chaleureux feu de cheminée.

- Bonjour à tous ! J’espère que la nuit a été reposante et fructueuse, pour ceux qui se sont aventurés dans nos couloirs. Nous allons nous mettre en route sans tarder, mais avant cela, quelques informations que je vous ai épargnées hier, il y en avait déjà bien assez. Afin de nous diriger dans les montagnes, j’ai fait appel à un trappeur, un local connaissant fort bien les dangers de ces monts. Nous avons rendez-vous avec lui dans un hameau au pied des montagnes, Le Vestibule des Dents de Glace comme l’appellent ses habitants. Nous n’y resterons pas longtemps, mais c’est un passage nécessaire et qui ne nous détourne pas de notre objectif, j’espère que vous comprendrez. Sur ce, il est temps de nous mettre en route.

Et ce fut sans plus tarder qu’il mena le petit groupe à travers les couloirs de l’académie, jusque dans le Hall pour finalement sortir dans le froid glacial de Nosvéris. Et ce fut un spectacle de taille qui accueillit les aventuriers ayant à peine posé un orteil dehors. Face aux grandes portes de l’académie, deux imposantes créatures couvertes d’une épaisse toison blanche attendaient. Chacune d’elle avait une immense trompe occupée à balayer le sol couvert d’une neige épaisse dans laquelle elles s’enfonçaient sans vraiment y faire attention. Derrière elle, accroché fermement, se trouvaient deux immenses traineaux recouverts de fourrures et laissant présager qu’il faisait bien meilleur à l’intérieur que dans el froid polaire du dehors. Et devant tout cela, accueillant d’une voix piaillante le groupe, deux sektegs emmitouflés dans des manteaux si épais qu’ils ressemblaient à deux boules couvertes de fourrure. Le premier, possédant une peau olive ainsi qu’un œil jaune alors que l’autre était vert, s’inclina en annonçant d’une voix aigüe.

- Nous sommes à vot’ service, mesdames et messieurs !

Et l’autre segtek, à la peau couleur de feuille d’automne, possédant lui un œil vert alors que l’autre est jaune, de renchérir.

- J’dirai même qu’on est fin prêt, messieurs et mesdames !

Si les aventuriers pensaient avancer à pied dans les plaines glacées de Nosvéris, la surprise devait être de taille et pas des plus désagréable. Les deux sektegs, Gelek et Velek de leurs noms, se présentèrent comme de simples marchands itinérants ayant accepté d’emmener la petite troupe jusqu’aux pieds des montagnes, grâce à Fenwick et Veronick, leurs deux jeunes mammouths, contre une petite rémunération leur assurant quelques mois au chaud. Et ce fut sans plus tarder qu’il se mirent à préparer leurs deux pachydermes, vérifiant sangles et attelages tandis qu’Hereld Ertiart, après avoir observé d’un air intéressé le travail des deux gobelins, invita les aventuriers à se mettre au chaud. Chacun des traineaux pouvaient contenir pas moins de six personnes, aussi il leur était possible de se répartir à leur guise sans risque de se gêner mutuellement. Andreï, jusque-là plutôt silencieux, s’installa dans le second traineau et, une fois les aventuriers en place, les mammouths se mirent en marche.

Le voyage devant faire pas moins d’une centaine de kilomètres, l’effectuer à pied aurait été long et fastidieux, mais être tiré par des mammouths avait l’avantage de considérablement réduire le temps du trajet. Trajet qui fut on ne peut plus calme, en dehors des inévitables chutes de neiges et rafales de vents violents. Fenwick et Veronick, semblaient inarrêtables, peu importait le temps. Seule la nuit voyait les deux créatures s’arrêter pour être bichonnées par les deux sektegs qui proposaient aux aventuriers de participer avec un entrain des plus étonnant alors qu’ils nourrissaient les deux mastodontes avec les immenses provisions qui tenaient sur leurs dos.

Pendant six jours, les aventuriers durent s’occuper avec ce qu’ils pouvaient. Bien sûr, Hereld semblait toujours enclin à la discussion, à l’inverse d’Andreï qui semblait plus occupé à observer le paysage qu’autre chose. Paysage qui restait blanc pour la majorité. Parfois, il était possible d’apercevoir une silhouette dans la blancheur hivernale, mais il était difficile de distinguer réellement quoi que ce fusse. La seule chose vraiment visible fut une colonie de petites créatures d’un rouge vif, presque sanguin, qui observa la caravane passer avec intérêt avant de s’enfuir lorsqu’un renard aussi blanc que le décor sortit de nulle part, créant une hystérie de « Looooouuuum » reconnaissable entre tous. Même ici, les bouloums avaient visiblement décidé de se camoufler de la pire des façons. LA nature avait visiblement une dent contre ces pauvres bêtes.

Au midi du septième jour, les deux marchands laissèrent les aventuriers reprendre leur chemin, offrant néanmoins aux deux demoiselles du groupe une pomme chacune, affirmant avoir été ravi de rencontre pareille vision dans ces contrés d’ordinaire si glacées. Finalement, après un clin d'oeil appuyé de Gelek.. ou était-ce Velek ? les deux charmeurs laissèrent donc le groupe non loin du hameau qui se dessinait un peu plus loin. Marcher dans la neige devint rapidement pénible pour nos chers aventuriers, sauf pour les prévoyants Sibelle et Ezak, dont les raquettes leur donnaient un avantage non négligeable quand il s’agissait de marcher vaillamment dans la poudreuse. Soudainement, pourtant, Hereld Ertiart s’arrêta. S’il était difficile de voir son visage avec ce qu’il portait pour se protéger du froid, tous purent l’entendre parler.

- Quelque chose ne tourne pas rond…

Face à eux, le hameau était silencieux. Aucune fumée ne s’échappait des cheminées, il ne semblait y avoir aucune activité particulière. Précédant le groupe, il marcha aussi vite qu’il le put vers le village avant de s’arrêter à son entrée. Là, au sol, gisait un corps sans vie. Le hameau, ne comprenant que deux maisons et quelques yourtes, était silencieux et on pouvait voir, çà et là, des endroits où la neige avait commencé à recouvrir les corps gelés et sans vie de ceux qui vivaient là. Il y en avait bien peu, mais leur présence ne rendait pas moins le silence encore plus pesant.

- Par Yuia… Que s’est-il passé ?


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***

Eeeeeeet c’est à vous de jouer mes cocos. Les ennuis commencent à peine. Le village dans lequel vous deviez retrouver le trappeur a été visiblement fauché par quelque chose ou quelqu’un. Vous êtes libre de faire ce que vous voulez, mais il y a quelques consignes. Vous arrivez depuis le haut de la carte ajoutée au texte. Si vous voulez entrer dans l’une des maison/yourtes, vous me dites comment vous le faites et vous terminez votre rp là-dessus. Pareil si vous voulez examiner les cadavres, vous me dites comment vous vous y prenez et je vous détaillerais vos trouvailles dans la prochaine maj. Vous êtes libre d’explorer le hameau et de poser les questions que vous voulez aux PNJs.

Concernant les rps précédents :
Faëlis : discussion de groupe : 0,5xp
Sibelle : discussion de groupe : 0,5xp
Cromax : discussion de groupe : 0,5xp ; Discussion avec Ezak: 0,5xp
Ezak : discussion de groupe : 0,5xp; Discussion avec Cromax : 0,5xp
Arkalan : discussion de groupe : 0,5xp Discussion avec l’étudiant : 0,5xp Recherche : 0,5xp
Madoka : discussion de groupe : 0,5xp ; Discussion avec l’hinionne : 0,5xp Recherche : 0,5xp

Arkalan et Madoka : j’ai pris en compte vos recherches dans leur globalité et vous serez plus à même d’obtenir des informations durant l’aventure sur ce que vous avez recherché et qui peut s’avérer utile. Sur les mages Dan et Hereld Ertiart en eux-mêmes, vous ne trouvez rien de pertinent. Aucune biographie ou autobiographie n’a été faite et, en dehors de leurs propres écrits, leurs noms ne couvrent pas les reliures de livre en particulier si ce n’est un recensement concernant les mages au fil des ans, attestant de l’ancienneté de Hereld Ertiart au sein de l’académie. Et sur la légende, rien de plus que ce qui vous a déjà été raconté.
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Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Arkalan
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Arkalan » lun. 4 avr. 2022 11:15

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Je rencontre à nouveau les différends membres de l’aventure à venir dans la même pièce que la veille. Mes recherches ne se sont pas montrées vraiment fructueuses. J’ai appris quelques informations sur Nosveris mais rien de plus sur la légende ou sur les mages de l’académie. Je devrais faire avec ce que j’ai, comme tous les autres. Je dévoile cette fois mon visage, nid de cicatrices de toutes sortes, cette fois Sibelle ne peut pas nier de me connaître et j’ai la surprise de voir à son cou le pendentif en croissant de lune, symbole de l’opale. Llyann l’aurait-elle envoyée également ? Il me semble qu’elle est pourtant au courant de l’instabilité de cette rouquine. Je fronce le nez tandis que nos hôtes nous informent que nous devons nous diriger vers un petit hameau pour y rencontrer un guide. Un inconnu de plus.

Je suis la troupe à travers les couloirs jusqu’à l’extérieur où nous découvrons deux mammifères immenses sanglés à des traineaux tout aussi grands, ressemblant plus à des tentes mobiles capables de nous protéger du vent et du froid. Gérer par deux Sektegs marchands ambulants aux différences de couleurs et aux noms semblables qui semblent ravi de nous trimballer dans les plaines gelées. Je m’installe dans le traineau où grimpe le moins bavard des mages, espérant passer un voyage tranquille et sans babillages de femelles et surtout loin de la rouquine. Je n’ai hélas pas cette chance. Mais au moins le voyage est plus paisible et moins épuisant qu’à pied et je peux me permettre de simplement soulever de temps en temps un pan de fourrure pour observer l’extérieur tout en méditant pour ne pas m’épuiser inutilement.

Si j’avais pourtant fait part de ma volonté d’éviter les conversations ça n’aura pas tenu bien longtemps car les voyages semblent donner envie aux gens de discuter. Le premier soir déjà alors que je voulais profiter de la chaleur d’un feu de camp en silence, l’Ynorienne s’approche et me salue d’un signe de tête. Nous échangeons des informations aux sujets de nos recherches dans la bibliothèque de l’académie. Il me semblait bien l’avoir aperçu mais je crains que l’un comme l’autre nous n’ayons rien de bien utile. Je fais une réponse courte afin qu’elle puisse rapidement repartir dans son coin mais elle pose une nouvelle question sur mon expérience dans ce genre de situation. Je retiens un soupir, réfléchissant tout de même aux épreuves que j’ai traversé. Il y a bien eu ce moment où j’étais enfermé dans un livre mais si je compte Izurith et Nessima il n’y a rien qui concerne une légende oublié.

« Non. Je ne crois pas. C’est une grande première. »

Lâchais-je finalement. Ça ne suffit toujours pas à la faire partir et elle reste sur place, m’observant de longues secondes avant de montrer sa curiosité féminine en me demandant si je viens de la cité Shaakt de l’autre côté des montagnes.

« Non je suis originaire de Khonfas. La cité dont vous parlez c’est Gwadh. D’autres questions ? »

Demandais-je pour montrer mon agacement. Trop subtil sans doute, j’oublie que j’ai à faire à une femelle. Humaine mais tout de même femelle. Le fait d’avoir repensé à mon emprisonnement dans le comte me rappelle mon camarade Aldryde Nessandro. Il aurait sans doute montré son agacement plus directement, je suis bien trop gentil et tolérant. J’espère qu’il se porte bien. Quoiqu’il en soit, l’humaine à la peau blanche et aux cheveux noires poursuit son interrogatoire. Chez elle, comme chez les autres il y a quelque chose d’étrange mais je ne saurai pas encore dire quoi.

"Moins depuis votre réponse ... mais moins curieuse à votre égard qu'à l'égard de ceux qui nous ont fait venir. Qu'est-ce qui vous a poussé à venir en ces terres hostiles ?"

« Je suis venu rendre un service. Et vous ? »

Je sais que certaines femelles adorent en apprendre plus sur les autres tout en évitant soigneusement de parler d’elles. Fait amusant car il existe aussi l’inverse. Je tente le coup, je n’ai pas grand chose à perdre si ce n’est ma patience.

"Pour faire mes preuves. Je vous laisse à votre solitude. »

Pas trop tôt. J’ai visé juste finalement, l’Ynorienne ne semble pas vouloir trop se dévoiler.

« Si toutefois vous découvrez quelque chose d'intéressant, ou d'important, pourriez-vous m'en faire part ? ... je m'en acquitterais de mon côté."

J’acquiesce sans un mot, dissimulant ma satisfaction de la voir partir après un hochement de tête. Je me crois alors tranquille mais c’est Cromax qui vient alors me déranger. L’elfe gris à la peau trop intact pour être naturelle. Un type que je juge louche malgré la sympathie qu’il affiche m’informe qu’il a besoin de savoir si il peut compter sur moi et aimerait savoir ce que je pense de tout ça. Je pousse d’abord un long soupir, las d’être dérangé pour des choses si futiles. Je pourrais assurer d’être le Shaakt sur lequel il pourrait le plus compter il ne pourrait le voir que lorsque ce sera nécessaire. Je hoche tout de même la tête, consentant à répondre d’un air cynique en jetant un regard vers l’elfe rousse:

« Je peux t’assurer que je suis plus sûr que d’autres ici. »

Je poursuis, admettant que je pense qu’il y a quelque chose qui cloche dans cette histoire et que je compte bien découvrir de quoi il s’agit. Il admet que je ne suis pas le premier à lui faire remarquer et me demande si j’ai des hypothèses personnelles. Puis après un sourire il me demande si je connais la rouquine étant donné qu’elle a eu une drôle de réaction en entendant mon nom la veille. Je réponds d’abord à sa seconde question, d’un ton très calme.

« Oui nous avons travaillé ensemble en Naora. Combattu ensemble même. Avant qu’elle n’essaie de m’arracher la tête avec ses serres lors d’un combat contre des nains de cendres. Une traîtresse donc. Mais je ne vais pas chercher à vous liguez contre elle, en voulant savoir sa version elle vous raconterait l’inverse, jurant ses bonnes intentions et je sais par expérience qu’on a plus tendance à croire la belle elfe blanche que l’elfe noir défiguré. »

Puis après un autre soupir je poursuis :

« J’ai une théorie sur l’implication des Matriarches de Gwadh. »

Le Sindel répète d’abord incrédule le mot de serres, ignorant visiblement la capacité de transformation de la guerrière. Mais il se reprend rapidement:

"En ce qui me concerne, la tête de quelqu'un ne fait pas ses actes. Je suis Sindel, et loin d'être comme mon peuple se comporte. L'un de mes plus proches amis est shaakt, quand bien même j'ai rencontré quelques soucis avec certains d'entre eux. Je connais le danger des préjugés."

Il ajoute avec un air plus réflexif:

"Des matriarches ? Shaakt ? Je ne connais rien de ce continent. Elles ont un lien avec Yuïa et ses créatures ?"

« Ah vous n’êtes pas au courant. Vous sembliez pourtant vous connaître. Elle est capable de prendre la forme d’un hippogriffe. Quant aux femelles Shaakts, leur spécialité est la soumission. Si j’ai bien compris Oaxaca n’est plus, les cités Shaakts ne sont donc plus sous son joug et c’est donc une course au pouvoir pour elles à présent. Tous les moyens seront envisageables. Même libérer l’esprit fou d’une Déesse dans l’idée de le soumettre et de l’utiliser. »

Il m’explique qu’il ne connait pas Sibelle mais qu’il l’a simplement rencontrée à la bataille qui a vu la chute d’Oaxaca. Il m’interroge ensuite sur la position de Gwadh, pensant que seul Pohélis était sous son contrôle.

« Aux dernières nouvelles une lutte interne était en cours entre celles voulant s’allier à Oaxaca et les autres. Mais cela remonte à bien des années. »

Pensif, il me demande sur quoi je base mon hypothèse et si je connais le cryomancien ce à quoi je réponds que c’est simplement une intuition.

"Quelle qu'en soit l'origine, je suis là pour que ces menaces ne voient pas le jour. Et je pense que c'est le cas de chacun des aventuriers présents, même l'elfe blanche. Je n'ai pas de conseil à donner, mais nous faisons équipe désormais, et je sais que le retrait peut amener des doutes, chez certains."

Il plante alors son regard dans le mien, m’assurant que lui ne me jugera que sur mes actes et qu’il croit en mon objectif de régler le problème. Il ne me semble pas hostile, pour autant je ne peux m’empêcher de me méfier, je réponds simplement:

« Je n’ai pas pour objectif de nuire à l’un d’entre vous en tout cas et j’ai conscience qu’il faudra coopérer pour mener cette mission à bien. Mais ça ne signifie pas que je vais accorder ma confiance sans sourciller surtout en ce qui concerne Sibelle. »

"Ah ça, j'imagine bien. Une tentative de meurtre... ça ne s'oublie pas comme ça. Mais je vois que tu es de bonne composition, et moi ça me va. La confiance, j'ai bon espoir qu'elle viendra au fur et à mesure de nos péripéties. Ou pas. La seule chose qui importe c'est de palier à cette menace, chacun avec nos forces, nos faiblesses, notre histoire."

Rétorque-il avec un sourire. J’ajoute après un hochement de tête:

« N’hésitez pas à faire part de votre avis aux autres membres du groupe. Je ne tiens pas à ce qu’ils viennent tous me voir pour savoir si oui ou non je suis fiable. D’autant plus que nous n’en serons persuadé qu’au moment où nous devrons agir. »

Il sourit d’avantage. Je trouve toujours ça suspect les personnes qui sourient trop. Cromax est vraisemblablement un oiseau étrange, difficile de savoir sur quel pied danser avec lui. Je dois rester attentif et méfiant, c’est ce qui m’a jusqu’ici éviter la mort. Néanmoins je n’ai aucune raison de me montrer hostile envers lui ou envers un autre d’ailleurs, ce serait contre productif. Rester dans mon coin, survivre, agir en gardant mon objectif en tête : nuire aux Matriarches.
Il me souhaite de bien me reposer avant de me faire un … clin d’oeil ? En effet il est different des autres Sindeldi, c’est certain. J’incline la tête et le laisse s’éloigner, bien content d’être à nouveau tranquille.

Il se passe quelques minutes avant que je perçoive un bruit venant de derrière moi. Je me redresse et saisis ma dague, scrutant les alentours du campement. Personne. Ce bruit ne vient pas de l’un de nous, il fait nuit et je crois être le seul capable de voir dans l’obscurité. Hors pas de feu en dehors de ceux du campement et le bruit n’est pas celui de l’un des mammouth. Il y a bien les gobelins mais ceux-ci sont tous deux occupés à bichonner leurs bestiaux.
Pourtant le bruit recommence, un bruissement dans un buisson trop régulier pour être dû au vent. Je range ma dague et prépare mon arc tout en m’approchant sur la pointe des pieds. Nouveau bruissement, suivi d’une sorte de reniflement de porc avant d’entendre un détalement dans la poudreuse. Je pousse d’une main les branchages et voit filer une sorte de sanglier à la toison blanche laissant des empreintes ressemblant à des pattes griffues. Je vois au sol, creuser dans la neige des restes d’un repas qui a dû l’attirer jusqu’ici. Un Gakhai sans doute si j’en crois les livres que j’ai lu la veille. Il parait que les Phalanges de Fenris se servent de leurs os pour leurs arcs. Je le laisse filer, trop loin pour être abattu et de toute manière trop volumineux pour être porté. En plus je doute qu’on me laisse vider et dépecer une telle bête dans un traineau au cours du voyage. Je range mon arc et retourne proche du feu pour monter la garde, hors de question que je laisse ce rôle à un autre.

Le second jour est semblable au premier. Les mammouths s’avancent sans se préoccuper du vent ou de la neige. Le soir venu je me fais un feu à l’écart des autres et une seconde fois quelqu’un a en tête de venir me faire la conversation. Le chevalier de Kendra Kâr Ezak d’Arkasse, un humain aux traits Kendran bien que ses yeux sont plus proches d’un Ynorien. Un grand blondinet taillé pour la guerre, à la peau pâle marqué de quelques cicatrices. Il dégage une aura étrange, inquiétante voir intimidante. Suffisant pour que je m’en méfie.

« Ça vous dérange si je m’installe ici un moment Shaakt ? »

Un rictus amusé passe sur mon visage. Je n’ai sans doute pas été assez clair quand j’ai déclaré ne pas vouloir me mêler aux conversations. Ou peut-être ne peuvent-ils pas s’en empêcher, j’avoue que c’est une curiosité pour moi de les voir autant s’obstiner à vouloir nouer le dialogue.

« Je vous en prie. Faites comme chez vous, humain. »

Il rit à ma remarque avant de s’installer pour sortir ses vivres. Au fond il doit avoir envie de tranquillité lui aussi, à l’écart du bavardage des autres. Une théorie bien vite réfuté puisqu’il se met à m’encourager à me reposer et ne pas veiller toute la nuit pour être en forme au moment opportun. Je lui rappelle ou lui apprend que je n’ai besoin que de quelques heures pour vaincre le sommeil et que les balades en traineaux la journée suffisent. Je me garde de lui dire que je ne lui fait pas confiance pour surveiller mes arrières. Avec ironie il souligne la supériorité de la constitution elfique, une remarque à laquelle je rétorque sur le même ton que j’ai aussi des défauts.

« Quoi qu’il en soit je prendrai mon quart cette nuit, alors sentez vous libre de vous reposer un peu si vous en ressentez le besoin. »

« Sentez vous libre de rester éveillé. »

Dis-je simplement mais il est clair que je ne suis pas prêt de bouger. L’air amusé, il me regarde en coin et commente à propos de ma pointe de cynisme que je ferais fureur dans certains lieux de la cité blanche.

« Cela fait longtemps que je ne m’y suis pas rendu. Mais je me tiens à l’écart du public de manière générale. Je pensais que cela se remarquait. »

Mais à priori non comme on s’acharne à me déranger contrairement à ce que le chevalier fait remarquer.

« Eh bien, à moins d’être aveugle, je crois que au-contraire la chose est assez remarquable… Mais je dois avouer que j’ai du mal à vous voir à Kendra-Kâr. J’aurais plutôt crus que vous auriez plus été adepte de cité comme… Omyre. Pour avoir bien connus les deux villes. »

« Je crains que je ne ferais pas long feu à Omyre. Bien trop d’espionnes des Matriarches y sont présentes ou y étaient d’ailleurs. J’ignore comment les choses ont évoluées là-bas. »

Interessant et à la fois étonnant. Comment un chevalier de Kendra Kâr aux traits Ynoriens peut-il bien connaître Omyre si ce n’est via des plans approximatifs venant d’espions humain ou alors pour avoir visité les cachots. Après une courte réflexion il avoue que lui non plus ne sait pas ce que Omyre est devenue depuis la chute de la Dame Noire ajoutant que les Matriarches se sont montrées discrètes.

« Toujours. Elles frappent rarement de face. C’est un peu… leur supériorité de conditions elfiques. Elles ont le temps de comploter. »

« Honnêtement, si elles pouvaient infliger une sévère déculottée aux épigones d’Oaxaca on ne m’en verraient pas ému… Mais il est vrai que je ne connais rien à votre peuple. Peut-être sont-elles pires … En tous cas vous allez l’air de les prendre au sérieux. »

Je garde le silence, convaincu qu’en effet les prêtresses de Valshabarath sont bien pires qu’Oaxaca. Les tortures et les humiliations que j’ai subi refont surgir sur mon visage les émotions habituelles; le dégoût, la rage, la terreur. Je sens le regard de l’humain sur moi mais je ne lui rends pas le regard. Je ne veux pas qu’il croise mon regard horrifié à l’idée de finir entre les pattes des prêtresses. Il se lève après un moment en m’indiquant qu’il va faire son tour de garde comme promis. Je le laisse partir sans un mot et comme je l’avais prévu, je passe la nuit à surveiller le camp, ma vision nocturne scrutant les alentours avec attention.

Le troisième soir j’ai la surprise de voir l’Hïnionne rousse se rapprocher de moi alors que comme d’habitude je me suis mis à l’écart. Elle s’assoit à côté de moi sans rien dire, sans doute déjà trop frustré d’avoir dû s’approcher si près sans cracher sa bile de sorcière. Je pousse un profond soupir, las, las de devoir sans doute avoir une conversation pénible et déjà fatigué de l’avoir avec un être incapable d’avoir une réflexion autre que martial.

« Décidément… Que me vaut cette proximité ? »

Elle plonge alors son regard dans le mien pour déclamer fermement d’un ton neutre que nous devions parler pour régler nos different, ajoutant qu’il est important de nous faire confiance. J’hurlerais volontiers de rire si c’était dans mes habitudes. Typiquement féminin, causer des catastrophes et croire qu’on peut le régler avec une conversation. Ridicule.

« Vous avez menacer de me tuer. Vous avez brisé le peu de confiance que je vous avais accordé. Plus jamais je ne ferai cette erreur. »

Rétorquais-je d’une manière tout aussi ferme.

"Et pourtant je n'ai rien fait de tel. Nous étions en mission d'exploration. Les nains nous avaient attaqués. Nous avions le dessus et le nain s'est rendu. ... le reste aurait dû être simple, .. on le faisait prisonnier, et on le questionnait sur ses intentions.... mais vous l'avez assommé alors qu'il venait de rendre les armes... c'était déloyal.... Et l'autre l'elfe gris, s'était servi de nous deux comme appât... c'est contre lui que vous auriez dû garder rancune, pas contre moi...Et je ne vous ai aucunement menacé de mort. Je vous ai juste immobilisé pour vous relâcher par la suite. Si j'avais voulu vous tuer, je l'aurais fait sans préambule. "

Quel culot. Quelle sotte. Elle refuse d’assumer sa trahison. Elle oublie que nous étions encore en possibilité de perdre l’avantage après avoir essuyé une attaque sans sommations aucune. Avec des alliées comme elle il n’y a pas besoin d’ennemis. Je rétorque toujours avec fermeté, sans aucune douceur et ne me gênant pas pour dire le fond de ma pensée.

« Incroyable. Alors même après le dénouement de toute l’histoire vous ne comprenez pas les conséquences qu’ont eu vos actes. Je ne vais pas gâcher mon temps, mon énergie et ma salive à essayer de vous l’expliquer. Je vais donc aller à l’essentiel pour écourter cette conversation qui m’est agaçante pour beaucoup de raisons. »

Incapable de comprendre qu’à cause d’elle je n’avais plus la preuve de l’existence des Rhakaunens creusant des galeries sous Nessima. A cause d’elle j’ai dû crapahuter dans de vieux souterrains Shaakts pour prouver leur existence. Inutile de lui expliquer, elle ne comprendrait pas, son esprit ne peut visiblement même pas le concevoir. Pour elle, elle n’a rien fait de mal, elle a défendue l’honneur de pauvres créatures qui ont essayés de nous tuer sans prévenir. J’ai envie de lui cracher au visage mais je dois me contenir, me contenir de privé notre groupe d’un boulet qui pourrait nous mener au fond du gouffre.

« Je ne m’en prendrais pas à vous. Je ne suis pas là pour ça et je vois que nous avons une connaissance commune qui n’apprécierait pas que nous en entretuions. »

Je désigne le pendentif en croissant de lune qu’elle porte à son cou.

« Je vais donc me contenter d’être aussi efficace que je l’ai été à Nessima pour régler cette histoire et je vous demanderais de ne pas vous mettre dans mes pattes ainsi que de réfléchir avant d’empêcher moi ou un autre de commettre un geste pas très gentil à vos yeux car aussi moral que votre geste hystérique vous a paru il a condamné beaucoup de vies et fait perdre beaucoup de temps. »

Elle met sa main sur son pendentif, visiblement surprise. Je vois la chaleur rougir ses joues, au moins elle n’aura pas froid et j’aurais encore de quoi l’habiller pour le plus rude des hivers. je suis surpris qu’elle garde son calme. Mais elle rétorque néanmoins, toujours à côté de la plaque à propos des événements qui se sont déroulés dans les montagnes grises.

" Si vous voulez que je ne vous opportunes pas, alors ne vous alliez pas à l'ennemi. Et tentez cette fois de ne pas vous laisser manipuler, comme il fut le cas avec l'officier Sindeli. Et contrôlez votre rancune envers les femmes. Je suis et serai toujours loyal envers ma mission. Si je vous voyais en danger, je n'hésiterai pas une seconde à vous sauver. "

« Ce n’est pas que de la rancune, c’est aussi un jugement. Un jugement que vous confortez à chaque fois que vous prenez la parole. »

D’un geste, je l’invite à partir, conscient que cette conversation ne pourra rien donner.

« Je vous l’ai dit dès le départ. Plus jamais je ne vous ferai confiance. »

Elle ignore mon signe, préférant fixer le feu comme un insecte. C’est donc moi qui me lève et retourne à l’intérieur du traineau pour ne pas rendre ce voyage plus pénible encore.

Les jours suivants se déroulent comme les autres si ce n’est qu’on ne vient pas me déranger le soir. Nous arrivons à destination à la mi-journée du septième jour bien qu’il faille terminer le chemin à pied et seul deux d’entre nous ce sont équipés de raquette pour progresser avec un moindre effort. Le Sindel lui, flotte tout simplement sur la neige grâce à un enchantement ou un sort quelconque. Je songe alors au fait que deux mages à priori émérites sont à nos côtés et que aucun d’eux n’est capable de nous faciliter le voyage. Je prends sur moi, emmitouflée dans mes couches de vêtements pour me protéger du froid jusqu’à atteindre le hameau. Une chose me perturbe cependant alors que nous approchons, il n’y a aucune fumée, aucune odeur de bois brûlé et mon pressentiment s’accroit quand l’autre Shaakt déclare que quelque chose ne va pas. Nous pressons le pas à la suite du cryomancien alors que Sibelle nous demande si nous avons entendu le bruit d’un bête hibou. Les remarques ne manquent pas de la part des voyageurs alors je me contente de soupirer avant d’avancer avec mon arc en main.

Nous distinguons alors le petit village désert, quelques tentes et deux bâtiments plus grands d’où aucune fumée s’échappent et entre eux se tiennent des cadavres gelés qui se recouvrent de neige. Je m’avance proche d’un cadavre devant l’entrée d’un bâtiment, j’aimerais savoir ce qui l’a tué mais je sais que d’autres vont s’occuper de l’examiner, moi ce qui m’intéresse c’est de savoir si le ou les responsables sont encore présents, voir si il y a des survivants. Malgré le peu d’espoir de trouver des traces à cause de la neige, je scrute tout de même le sol, les murs des maison et les arbres à la recherche de la moindre trace de passage. Une touffe de poil, une griffure, une tâche de sang, un vêtement déchiré, n’importe quoi qui pourrait me mettre sur une piste.

((Utilisation de ma compétence de pistage pour trouver la trace d’un survivant ou du/des responsables des meurtres.))

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Sibelle
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Sibelle » mar. 5 avr. 2022 03:11

À mon arrivée dans la salle, je puis voir nos deux hôtes qui nous y attendaient déjà, vêtus tous les deux de longs manteaux bordés de fourrures ainsi que des bottes assorties. Les aventuriers arrivèrent l’un à la suite de l’autre, Faëlis le premier et plus enjoué que jamais. Pour ma part, je me contentai d’un signe poli pour répondre à la salutation des autres.

Lorsque nous fûmes tous dans la salle, Hereld prit la parole. Remplissant d’abord son devoir d’hôte, il s’enquit brièvement sur le confort de notre nuit. Puis, sans tarder, il nous informa avoir fait appel à un trappeur. Ce dernier, expérimenté, nous servirait de guide. Mais, il n’était pas à l’académie, nous allions d’abord le rejoindre chez lui, dans une petite bourgade située aux pieds des montagnes. Un léger détour qui nous serait profitable. Son discours fut bref, et ce fut apprécié, il me tardait de quitter ce lieu amplement réchauffé par le foyer, sans compter la lourde cape de fourrure que j’avais revêtue.

Nous nous rendîmes rapidement au grand Hall pour finalement sortir à l’extérieur. Alors que je m’apprêtais à détacher mes raquettes de mon dos, j’arrêtai mon geste lorsque je vis deux énormes et étranges bêtes munies de cornes et d’un curieux et long appendice, leur servant à la fois de main pour saisir et de nez pour renifler. Dotées d’une épaisse et longue fourrure blanche, ces bêtes demeuraient calmes et ne semblaient pas importunées par notre présence, alors que moi, j’étais intimidée par la leur. Ma bouche demeurée ouverte quelques secondes, je les regardais attentivement, écoutant distraitement les directives et les propos de leur propriétaire que je jugeais moins intéressant. Je n’avais jamais aimé les gobelins. Si au départ, je les détestais, j’avais appris à en apprécier un pendant l’une de mes aventures. Depuis, mon point de vue à leur égard s’était un peu modifié. Je les tolérais davantage qu’avant.

Je ne me souvins pas du nom des marchands segtek, mais leurs animaux de compagnie s’avéraient être de jeunes mammouths qui portaient les noms de Fenwick et Veronick. Ceux-ci furent attelés à de grands traîneaux recouverts de peaux de fourrures. Ces derniers étaient suffisamment grands pour qu’on y prenne place en tout confort. Le voyage allait s’avérer long et prendre plusieurs jours. Andreï prit place dans le deuxième traîneau et je fis de même. Je demeurai assez silencieuse tout au long de la journée, jetant de temps en temps des coups d’œil au paysage d’un blanc à perte de vue, je ne fus pas sans remarquer que Andréï ne lâchait des yeux l’extérieur comme s’il craignait quelque chose.

À la fin de la première journée, après être sortie des traîneaux, je m’approchai d’Andréï, son attitude m’intriguait et je voulais en avoir le cœur net.

« J'aurais quelques questions à vous poser, si vous avez quelques minutes à m'accorder. »

Ma requête semblait le surprendre et il acquiesça à ma demande comme s’il s’agissait d’une corvée.

« Tout d'abord, j'ai suivi votre conseil et j'ai observé le ciel, la nuit précédant notre départ. J'ai vu des lueurs bleuâtres qui illuminaient les montagnes. De ma position, j’avais l’impression que cette lumière venait du cœur des montagnes. Était-ce vraiment le cas... s'agissait-il des phénomènes dont vous parliez ? »

Il confirma mes doutes, rajoutant que ce phénomène se manifestait depuis quelques semaines déjà. Suite à cette entrée de sujet, j’enchaînai avec ce qui me tracassait.

« J'ai remarqué que vous êtes très absorbé par l'observation du paysage... Qui ou quoi craignez-vous ? Quelle menace nous guette ? Il est préférable nous prévenir si vous savez quelque chose. Il vaut mieux que nous soyons prévenus que pris par surprise. »

Je n’étais pas passée par quatre chemins, allant droit au but. Espérant naïvement qu’il me fasse assez confiance pour me dévoiler les raisons de son attitude. Ce fut le nez retroussé qu’il me répondit que je connaissais déjà la source du danger que nous voulions neutraliser et qu’il ne m’en dirait pas plus. Il nia avoir scruté le paysage, prétextant être plongé dans ses réflexions afin de tenter de trouver des réponses à ses questions. Je fronçai les sourcils d’incrédulité, mais je ne fis aucun commentaire. Je le laissai partir à ses occupations et pour ma part, je me dirigeai vers les mammouths. Chemin faisant, je réfléchis à notre courte discussion, j’étais persuadée qu’il m’avait menti et j’en conclus qu’il se méfiait de moi. Si c’était vraiment le cas, j’espérais qu’il me ferait suffisamment confiance dans les jours qui viennent pour me révéler le fond de sa pensée. Car si autre menace, il y avait, il était important que nous soyons plusieurs à être au courant afin de s’en protéger mutuellement.

Les mammouths s’avéraient être des bêtes très calmes, si on départ, j’hésitais à m’approcher de ces mastodontes de peur de me faire piétiner, je m’habituai assez rapidement. Bien dressées par les marchands, elles se laissaient caresser.

Cela faisait à peine quelques minutes que je soignais les bêtes que Madoka se joint à moi. Je la saluai d’un signe de tête, puis lui demanda :

« Aviez-vous déjà vu des mammouths auparavant ? »

Après m’avoir rendu ma salutation elle répondit que c’était sa première fois tant pour les mammouths que pour le froid et me demanda si il en était de même pour moi.

« Oui, et je préfère les mammouths au froid... quoique l'un ne doit pas aller sans l'autre. Tant qu’on n’a pas à naviguer sur la mer, je ne me plaindrai pas. »

Tout en transportant la paille, nous poursuivîmes notre discussion. Madoka trouvait que les mammouths semblaient bien adaptés à ce rude climat. Puis, elle rajouta que contrairement à moi, elle aimait bien naviguer en mer, par contre, elle n’aimait pas voler en Aynore.

« J'ai donc le mal de mer et vous le mal de l'air. J'adore voler que ce soit à bord d'un Aynore ou en vol libre. J'ai d'ailleurs adoré voler sur le dos des dragons, ce fut une révélation pour moi. Pour ce qui est de la mer... j'ai malgré tout accepté une mission à bord du Masamume... un navire dont mon ami pirate est capitaine. Mais je passais le plus clair de mon temps dans le nid de pie... près du ciel... loin de l'eau. »

Même si je m’étais bien gardée de parler de ma transformation, ce fut la conclusion qu’elle en fit, me demandant poliment comment je volais. J’hésitai un peu, puis je précisai.

« Je voulais dire que j’ai monté sur des dragons, un doré puis un mauve. »

Cette femme de taille moyenne aux jolis yeux en amande semblait toujours de bonne humeur, souriant plus souvent qu’autrement. Elle m’informa qu’il avait eu elle aussi l’occasion de monter un dragon et qu’elle avait bien apprécié, le contact avec le vent lui procurant un sentiment de liberté, ce qui n’était pas le cas dans les appareils de la compagnie Air gris.

Je l’observai un moment, plongeant mon regard dans le sien, puis après avoir poussé un soupir je me résignai à en dire un peu plus sur mes aptitudes de vol.

« Je me suis laissée emporter et j'en ai trop dit. Je ne voulais pas trop en parler, mais je ne sais pas mentir... Oui, je peux voler de mes propres ailes, sous la forme d'un hippogriffe. Ça m'est arrivé dans un autre monde Aliaénon. Un monde où la magie était très puissante. »

Mon comportement pouvait paraître bizarre pour ceux qui ne me connaissaient pas trop. En fait, je n’avais aucune honte à parler de ma transformation, c’était juste que je ne voulais en parler d’emblée, je préférais que les gens le découvrent peu à peu. Mais ne sachant mentir, je décidai d’opter une fois de plus pour la transparence.

Compréhensive, Madoka comprit ma réserve et m’assura qu’elle ne m’aurait pas crue quelques mois plus tôt. Un peu curieuse, elle me demanda comment s’était arrivé et si j’en avais souffert.

« C'est arrivé sur Aliaénon, alors que je courrai pour attraper un compagnon. Ce fut un choc, mais je n'ai pas souffert. »

Curieuse à mon tour, je plissai les yeux et je demandai :

« Et que s'est-il passé dans les six mois pour que votre opinion change sur les transformations ? »

Elle me répondit aussitôt qu’elle avait vu un homme se transformer en dragon sous ses yeux. Elle faisait sans doute allusion à Cromax. Elle avait grimpé sur son dos et ensemble, ils étaient partis secourir une amie. Il y avait urgence, elle ne s’était posé de questions sur le coup. Elle était conscience qu’il existait sur Yuimen beaucoup de phénomènes que son esprit ne pouvait imaginer. Sur ce, elle enchaîna sur les esprits de glace et me demanda mon avis.

« Je ne sais pas trop quoi en penser. J'espère juste que nous arriverons à temps avant qu'il se réveille. »

J'hésitai un court moment, puis je décidai de lui faire part de mes observations.

« J'ai observé le mage aujourd'hui. Il semblait inquiet et ne cessait de scruter le paysage. Je l'ai interrogé à ce sujet, mais il a tout nié. Mais je me fie à mon instinct, il m'a menti.... Mais d'un autre côté, je comprends que nous sommes encore des étrangers pour lui, je n'ai pas acquis sa confiance. »

Après avoir jeté un coup d’œil aux alentours, elle m’avoua avoir elle aussi remarqué cette curieuse attitude de la part d’Andréï. Elle avait aussi trouvé son comportement singulier à l’académie. Elle l’avait trouvé réticent à nous donner l’information, à propos entre autres des anciennes gravures.

Je hochai de la tête à sa dernière remarque et j’ajoutai :

« Demain, je vais tâcher d'être encore dans le même traîneau que lui. Et je vais moi aussi observer attentivement le paysage. »

Tout en regardant le mage au loin, elle m’avoua croire qu’il m’avait fait une mauvaise impression. Elle rajouta que je ne semblais pas aimer les imprévus et elle pensait que ça pouvait venir d’une formation militaire.

Je fronçai des sourcils à mon tour:

« Non, j'ai dû mal m'exprimer... Il ne m'a pas laissé une mauvaise impression... je pense juste qu'il est très inquiet et qu'il a très peur. Il en sait plus qu'il ne le dit, mais ne se sent pas encore assez en confiance avec nous pour tout nous dévoiler… Je tente de bien observer et de n'écarter aucune éventualité... non, pas soldat... je n'obéis pas aveuglément à un ordre, surtout s'il est contre mes valeurs et mes principes.»

Elle acquiesça et constata qu’il serait raisonnable d’être sur nos gardes nous aussi. Puis, poussant une fois de plus sa curiosité, elle demanda si j’en étais à ma première mission périlleuse.
« Périlleuse oui... dans ce froid non. Et vous ? »

Elle commençait à en savoir un bout sur moi, alors que je n’en savais pas beaucoup sur elle.

Elle me répondit vaguement qu’elle était dans la même situation que moi.

« Et vous, rien remarqué de particulier ? »

Elle répondit négativement. L’environnement était trop nouveau pour qu’elle décèle l’inhabituel.

Cela faisait quelques minutes que j’avais terminé de nourrir Véronik, mais j’en avais profité pour la caresser à sa grande satisfaction pendant le reste de notre conversation.

Ce fut donc à mon retour de la corvée de nutrition des mammouths, corvée qui n’en était pas vraiment une pour moi, le soir du tout premier jour que je vis Faëlis se diriger vers moi.

D’un naturel plutôt sociable, il engagea immédiatement la conversation. Il trouvait, avec raison, les mammouths étranges. Mais il trouvait quelque chose d’encore plus étrange… le fait que l’on se retrouve loin ? Et on attribuait la cause à un présage divin.
Je lui souris et lui avoua mon incompréhension :

« Je les trouve magnifiques... mais je ne comprends pas pourquoi vous parlez de présage divin ? »

Ma remarque le surprit et tout en secouant la tête, il m’expliqua qu’il faisait référence à nos précédentes rencontres. Tout d’abord à la maison hantée, puis sur les plaines de Kocchii et à présent en Nosvéria. Il considérait que ma présence pouvait être un signe d’expédition difficile et attribuait cela à la volonté des dieux.

Je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils en signe d’incrédulité.

« Je ne crois pas vraiment au présage ni au destin... mais beaucoup plus au hasard, aux coïncidences. Et puis, ce n'était pas comme si vous étiez un boulanger et moi, une pirate en haute mer... Tous les deux aventuriers, les chances ne sont pas si minces pour qu'on se croise. »

Il était sceptique. Puis changeant de sujet, il m’assura que je pourrais compter sur son soutien à distance, m’affirmant qu’il s’était beaucoup amélioré depuis notre dernière rencontre.

« Je crois qu'on va devoir compter les uns sur les autres... et vous, en plus, vous disposez de magie. Êtes-vous guérisseur ? »

Il me confirma que oui. Et il me précisa que je ne devais pas prendre peur si je le voyais pointer une flèche de lumière en ma direction, celle-ci ne me blesserait pas, mais au contraire pourrait m’aider.

« C'est bien de prévenir, il faudrait aussi prévenir les autres. » Rajoutai-je.

En effet, si j’avais présumé qu’il m’attaquait je l’aurais aussitôt esquivé ou pire encore, je l’aurais attaqué.

Il hocha de la tête à mon affirmation, puis repartit comme il était venu. Pour ma part, j’explorai les alentours prenant soin de ne pas trop m’éloigner de notre campement de fortune.

Au deuxième jour, je fis en sorte de me retrouver dans le même traîneau que le mage. Je me plaçai de telle sorte que je l’avais en visuel sans que j’aie besoin de me retourner. Mais cela s’était avéré finalement inutile, puisque mon attention s’était plutôt portée sur le paysage. S’il y avait quelque chose d’inhabituel, je risquerais de le remarquer moi aussi. Par la réflexion du soleil sur la neige, le paysage était d’un blanc éblouissant pour ne pas dire aveuglant. Lorsque le soleil était caché par les nuages, nous avions droit à des bourrasques de vent et des rafales de neige, n’aidant pas davantage à y distinguer quoi que ce soit. Je ne vis que des petites créatures d’un rouge vif et un renard tout blanc…rien pour justifier les inquiétudes d’Andréï. Ma journée d’observation fut donc vaine, et je fus contente de me dégourdir les jambes le soir venu.

Après avoir bien nourri Veronik, je repartis m’installer au feu. J’y restai un bon moment jusque tard dans la nuit, préférant la chaleur du feu à celle du traîneau. Il faisait nuit, les bêtes et les humains endormis, lorsqu’il vient me rejoindre. Enveloppé lui-même dans une peau de rêne, il m’en tendit une seconde, roulée sur elle-même. Faisant preuve d’une rare délicatesse, il demanda une place à mes côtés. J’esquissai un sourire tout en acceptant la fourrure que je déposai immédiatement sur mes épaules. Cette fourrure réconforta alors mon dos que le feu ne pouvait réchauffer. Puis, me déplaçant légèrement afin de lui faire une petite place je répondis:

« Oui, bien sûr, faites. »

Une fois à mes côtés, ce fut sur un ton chaleureux qu’il amorça la conversation, me demandant comment je vivais notre début d’aventure et s’il pouvait me tutoyer.

Je répondis rapidement à la première, qui n’était en quelque sorte qu’un prétexte pour faire connaissance.

« Pour le moment, c'est tranquille... un peu trop... c'est pas que je souhaite que ça aille mal...mais j'ai besoin d'action. »

Sa seconde question me surprit un peu, mais ne me dérangeait pas. Nous allions faire équipe pendant quelque temps, subir sans doute de dures épreuves, surmonter nombre d’obstacles, il s’avérait inutile de s’encombrer de vouvoiement. Après une brève hésitation, le temps de ma réflexion je lui répondis :

« Oui, pas de souci. »

Contrairement à moi, il préférait le calme de notre situation voyant là une opportunité pour apprendre à nous connaitre. Le silence s’installa quelques minutes pendant lesquelles il brassait le feu avec un bâton tandis que j’examinais son profil. Cromax s’avérait être un aventurier légendaire dont la réputation n’était plus à faire depuis longtemps, mais il demeurait simple et accessible, ce qui me semblait l’une de ses forces.

Puis, il reprit la conversation en mentionnant Arkalan et la tension qu’il existait entre ce dernier et moi. Il avoua qu’il lui avait parlé la veille et espérait que l’entente de notre groupe tout entier ne serait pas affectée par notre différend. Ce fut avec un sourire qu’il avait terminé sa phrase.

J’étais un peu déçue par le comportement d’Arkalan, mais pas surprise. Ce dernier avait déjà tenté de nuire à ma réputation sur le Naora, et voilà qu’il tentait le même jeu. Mais je ne mangeais pas de ce pain-là. Je choisis donc d’être transparente et de répondre franchement. De toute façon, je ne savais pas faire autrement.

« Non, pour ma part, il n'a rien à craindre... Je ne tenterai aucune action contre lui. Je suis juste demeurée méfiante après ce qui s'est passé lors d'une mission dans la Naora ou nous étions en équipe lui et moi. »
J’avais répondu sur un ton posé et agréable, mes yeux n’étant pas posés sur le feu, mais sur mon interlocuteur, afin de tenter de cerner sa réaction.

Il renchérit qu’effectivement Arkalan lui avait parlé de notre mission et il m’avait accusée d’avoir attenté à sa vie. Prudent, il rajouta qu’il avait été surpris de ce fait et m’incita à lui donner ma version. Son ton n’était point accusateur ni insistant. Diplomate, il rajouta qu’il comprendrait si je ne voulais pas aborder ce délicat sujet.

Je fronçai les sourcils d’incrédulité… tentative de meurtre à son endroit, rien de moi. Arkalan avait l’esprit encore plus fêlé que je ne l’aurais pensée. Il était donc important que je sois encore plus sur mes gardes à son endroit. Je fus par contre soulagée que Cromax vienne vers moi au lieu de prendre pour du comptant ce que le shaakt lui avait raconté. Ce fut donc sans hésitation que je répondis franchement.

« Je n'avais pas l'intention de parler de cette histoire, je ne voulais pas que les autres se tournent contre lui s'ils avaient appris ce qu'il a fait. Cette expédition risque d'être rude. Il est important que nous formions un groupe uni dans l'adversité... même s'il s'avérait que notre seul ennemi était le froid. »

Je m’arrêtai, plongeant mon regard noisette dans celui de Cromax. Les yeux étant le miroir de notre âme, un seul tressaillement de ceux-ci pouvait s’avérer révélateur. Je poursuivis donc :

« Mais vous... tu sembles plus enclin à rassembler les gens qu’à semer la zizanie. J'accepte donc de donner ma version des faits. »

J’avais en effet remarqué à notre première rencontre à l’académie, ses interventions qui avaient pour but d’éviter la querelle entre Faëlis et Ezak. Deux aventuriers, certainement des combattants aguerris, mais qui semblait apporter une trop grande importante à leur apparence ou à leur notoriété.

Après avoir hésité un très court moment, puis poursuivis:

« Mais d'abord, je dois vous.... te dire que j'ai l'intention d'aller lui parler afin qu'il enterre la hache de guerre... Je ne veux pas toujours être aux aguets et craindre les assauts de quelqu'un qui devrait être mon compagnon et non mon ennemi. »

Je pris ensuite une grande respiration, je n’étais pas habile dans les longs discours. J’allais donc tenter de résumer la situation le plus brièvement et honnêtement que possible.

« Nous étions en mission d'exploration. Les nains nous avaient attaqués et nous nous défendions. Nous avions le dessus et les nains se sont rendus. Le reste aurait dû être simple, on les faisait prisonniers, et on les questionnait sur leurs intentions. Mais Arkalan n'a pas tenu compte du fait qu'ils rendaient les armes et a assommé le nain sans prévenir. J'ai vu rouge, son geste était déloyal.... J'ai relâché l'autre nain et j'ai sauté sur Arkalan, le renversant au sol, et l'immobilisant en le tenant à la gorge. Je le tins ainsi jusqu'à ce qu'il se calme, puis je l'ai relâché. ... Si j'avais voulu le tuer, je l'aurais fait sans préambule... mais je ne tue pas sans raison. Et puis l'officier Sindel s'est pointé... C'était lui qui nous avait envoyés dans l'embuscade. Il s'était servi de nous comme appât. Et comme s'ils n'étaient que des moins que rien, ce sindel a abattu le nain gris qui était encore conscient... C'est contre le sindel que Arkalan aurait dû s'en prendre... pas contre moi... »

Il accepta ma version sans sourciller, sans prendre part pour l’un ou pour l’autre, il conclut au malentendu, déplorant qu’Arkalan n’ait pas compris mon point de vue. Je ne dis rien de plus, mais je conservais mon opinion. Arkalan étant pour moi un shaakt entêté, à l’esprit obtus et dépourvu de bon sens.

Me sortant de mes réflexions Cromax ne me cacha pas sa surprise à l’énonciation de nains sur le Naora, rajoutant qu’il connaissait mal lui-même sa propre patrie, si patrie il avait.

« En fait, ce sont des "nains gris", ils sont différents des nains de Mertar, quoiqu'ils aiment bien être sous terre eux aussi. »

Je me tus un moment scrutant ses traits, tentant en vain de deviner quelle pouvait être sa patrie, puis je repris :

« Et si c'était le cas, qu'elle serait « cette patrie » ? » L’imitant gentiment, utilisant moi aussi mes doigts pour mimer les guillemets.

Après un haussement d’épaules, il m’avoua ne pas avoir eu de vrais contacts avec cette race de petits hommes, peu lui importait la couleur de leur peau. Pour ce qui concernait sa patrie, il était question du Naora, le continent où il avait vu le jour, mais quitté dès l’âge d’un an. Ignorant les raisons de cet exil précoce, il avait grandi avec les hommes dans la Fédération de Wiehl, dans les alentours de Tulorim. Il considérait plutôt qu’une île, nommée Tol’Lhein, située au large de Tulorim était sa véritable patrie. Île dédiée à la liberté.

(Liberté… comme si c’était possible.)

Poliment, il me retourna la question sur mes origines.

« ... La liberté... » Répétai-je à voix haute sans commenter davantage.

Je n’aimais pas parler de moi ou exposer mon passé, même s’il n’était marqué d’aucun traumatisme. C’était le mien et je ne tenais pas à le partager. Par contre, il me semblait ici nécessaire de répondre à cette simple question.

« Je suis originaire de Cuilnen. Parents aimants, enfance heureuse. J'étais une fillette impulsive qui avait besoin de bouger pour canaliser sa colère... rien de dramatique... une histoire banale qui me satisfait. »

Mon résumé le fit sourire. Il déclara que mon histoire n’était pas si banale, faisant remarquer l’aventure que nous étions sur le point de vivre, évoquant aussi d’un air taquin ma faculté de me transformer en hippogriffe. Cette dernière remarque me surprit un peu. Il l’avait sans doute appris d’Arkalan, ou bien il en avait eu connaissance sur les plaines de Kochii… Bref, peu importe, je n’avais pas honte de cette faculté que je considérais comme un don précieux. Il me questionna ensuite sur ce qui m’avait amenée au métier d’aventurier.

« J'ai toujours eu besoin de bouger, de respirer le grand air, je n'ai jamais craint la solitude, même si j'ai fini par apprendre que dans certaines occasions, la compagnie peut être profitable et agréable. »

Puisque je savais qu’il avait aussi le pouvoir de prendre une forme animale, je ressentis le besoin de partager mes impressions, ou plutôt de connaître les siennes.

« Puisque tu me parles de ma transformation... Je t'ai vu te transformer en dragon sur le champ de bataille, ce qui m'amène à quelques interrogations. ... T'est-il arrivé de conserver cette forme plusieurs jours ? Si oui, n'as-tu pas eu l'envie de rester sous cette forme définitivement ? D’oublier la vie elfique… et ne vivre qu’avec les dragons ? »

Il me fit d’abord remarqué que nous avions plusieurs points communs, lui aussi ayant toujours été à la recherche de l’aventure et du grand air, profitant aussi des moments de solitude. L’ile des dragons, Verloa, en était une inhospitalière, il n’y avait pas de chances qu’il choisisse d’y vivre. Il avoua qu’il prenait cette forme, car elle était unique et magnifique. J’étais bien d’accord sur ce dernier point, j’avais moi-même admiré la puissance et l’allure des dragons. J’avais par contre déploré leur arrogance, leur méchanceté et leur mépris envers tout ce qui n’était pas leur petite personne. Heureusement, transformé ainsi, Cromax en demeurait tout de même lui-même. Enfin, c’était que j’en déduisais pour avoir connu Naral qui lui aussi avait la faculté de se transformer en dragon.
L’écoute des autres semblait être aussi une grande qualité de ce guerrier de renom, ainsi il devina que j’avais songé à demeurer sous la forme d’un hippogriffe.

Était-ce la chaleur du feu ? La froideur du climat ? L’isolement dans un lieu inconnu ? Ou bien l’empathie et le charisme de Cromax qui m’incita à m’ouvrir ainsi ? Je n’avais pas l’habitude de parler si ouvertement de moi, mais cette nuit-là, je le fis.
Je quittai le regard de Cromax pour regarder le feu.

« Je ne pense pas être avide de compagnies. Je ne suis pas facile à vivre, j'en suis consciente. Je suis impulsive, susceptible et colérique. Sous ma forme d'hippogriffe, je me sens bien et sereine. »


Je n’avais jamais eu de scrupules à parler de mon caractère. J’étais consciente de mon impétuosité et puis les gens me côtoyant le discernaient assez rapidement.

« Lorsque j'ai quitté le Naora, je me suis rendue en Nirtim, dans les massifs des jumeaux, écoutant bêtement un rêve que j'avais fait. Puis là, j'ai fait la rencontre d'un hippogriffe mâle. Je l'ai d'abord craint, puis je me suis rendu compte qu'il me faisait la cour. Il m'a appris à chasser. En l'imitant, j'ai aussi amélioré mes techniques de vol... Dans les jours qui suivirent, je reprenais rarement ma forme elfique. Je me demande ce que j'aurais pris comme décision si ce drame n’était pas arrivé... »

Sans que je m’en rendre vraiment compte, l’émotion me submergea et ma voix se mit à trembler, je me tus donc, honte de dévoiler ainsi mes sentiments. Cromax respecta mon silence, attendant quelques secondes avant de formuler deux simples mots, tout bas, presqu’en chuchotant : "Ce drame ?"

J’avais ouvert les valves, je ne pouvais plus reculer. Même si je tentais de garder le silence, le besoin d’en parler semblait plus fort.

« Je m'étais éloignée de mon compagnon pour reprendre ma forme elfique, ce que je faisais de moins en moins souvent, lorsque j'entendis un cri horrible. De nouveau sous ma forme d’hippogriffe, je le rejoins et le trouvai étendu au sol, une flèche plantée dans son poitrail. J’atterris non loin de là, et un piège se referma sur une de mes serres… Je voyais mon compagnon souffrir et je ne pouvais même pas m'en approcher. Les chasseurs allaient tenter de me capturer en s'avançant vers moi...Je me serais défendue bec et ongles prête à les déchirer. Et c'est là qu'un ancien ami est arrivé... Un humoran, il chassa les chasseurs, me libéra de mon piège. Je pus alors retrouver ma tendre moitié pour me coucher contre lui, jusqu’à son dernier souffle. »

Submergée par les émotions. Je fermai les yeux pour retenir les larmes. Mes derniers mots étaient empreints de peine et de colère. Cromax m’épargna les longs discours, se contentant d’un : « Désolé ». Ce que j’appréciai grandement, un flot de paroles inutiles m’aurait énervée plus qu’autre chose. Puis, il établit un simple contact de sa main dans mon dos en guise de soutien, ce qui me réconforta et me suffisait amplement. Nous nous connaissions à peine, et il semblait m’avoir bien cernée, à moins que ce ne fût qu’un heureux hasard.

Après quelques minutes ainsi, je fouillai dans ma besace et en ressortis une plume blanche, celle de mon compagnon hippogriffe et je la montrai à Cromax sans dire un mot de plus. Avec respect, il l’effleura de ses doigts, partageant ma tristesse, il m’affirma qu’il sera toujours dans mon cœur. Puis, après une longue inspiration, il partagea sa philosophie de vie, affirmant que toutes ces expériences, toutes ces rencontres, toutes ces tentatives de sauver le monde, nous forgeait et nous modelait, affirmant que le principal était de ne jamais abandonner. Je me contentai d’un hochement de la tête et rangeai mon précieux souvenir.

Lorsque je m’en sentis capable, je pris de nouveau la parole.

« Désolée de m'être épanchée ainsi, j'ai fait preuve de faiblesse. »

J’étais une guerrière, je me devais d’être forte, et là, près d’un feu, dans la nuit, je m’étais confiée à un presque étranger. J’avais laissé tomber une barrière, je savais que je n’aurais pas dû, je me rendais ainsi vulnérable.

Me regardant directement dans les yeux, il fronça les sourcils et m’affirma qu’il n’y avait pas de faiblesse dans mon comportement, mais plutôt de la force de poursuivre ma vie suite aux dures épreuves de celle-ci. Il dit m’admirer et me remercia de m’être confiée, lui permettant ainsi de mieux me connaître et me comprendre. Émue par ses paroles, je me contentai de hocher la tête, sans le quitter des yeux. Les traits de son visage étaient fins et agréables, seuls ses yeux noirs aux reflets rouges pouvaient nous mettre en garde de sa puissance. S’il s’était s’agit d’un compagnon de vie, j’aurais préféré des yeux marrons ou bien vert, mais en tant que compagnon d’armes, cela n’avait aucune importance, en autant que sa vision soit bonne.

Après quelques minutes, je me sentis apte à reprendre la parole, mais en prenant soin de changer de sujet :

« Tu ne cesses de parler de liberté...et plutôt tu faisais allusion à un temple. Est-ce indiscret de savoir à quel groupe vous appartenez ? Où quel dieu vous vénérez ? »

Surpris de ma question, il affirma n’appartenir à personne et ne vénérer aucun dieu. Il connaissait Madoka, Faëlis et Ezak dû au fait qu’ils fréquentaient les mêmes lieux. Je n’insistai pas davantage me contentant d’expliquer pourquoi je lui avais posé cette question :

« J'avais cru entendre le mot temple. J'ai dû mal comprendre alors. »

Ma respiration se faisait plus régulière, je me sentais mieux à présent. Mais je demeurai en position, sans m’éloigner de Cromax, ni lui retirer sa main. J’observais à présent le feu, comme hypnotisée par ce dernier.

Surpris une fois de plus, il me parla alors d’un lieu nommé le temple des plaisirs. Ce qui me fit légèrement froncer un sourcil. Puis, il me parla d’un groupe nouvellement créé. Portant le nom d’Ordre pourpre, il prônait la liberté, valeur primordiale pour lui. Nous restâmes ensuite silencieux un long moment se contentant d’observer le feu. Puis, il se leva et me remercia, m’affirmant que je serai un élément fort du groupe. J’appréciai ses paroles gentilles, mais je n’étais pas certaine de sa véracité. Je ne doutais pas de la sincérité de ses paroles, mais plutôt de moi-même. Je me savais impulsive et imprévisible.

Je lui répondis sincèrement :

« Merci... Je vois en toi, l'élément rassembleur. »

Cela dit, il partit alors que je demeurai encore un moment près de la chaleur du feu, méditant à cet endroit, bien emmitouflé dans la couverture, au lieu de me rendre au traîneau.

Pour la troisième journée, je décidai de partager plutôt le même traîneau que Ertiart, celui-ci étant plus volubile que le mage habillé de bleu. La journée fut aussi calme que la précédente.

Le soir venu, je pris l’habitude de me dégourdir un peu les jambes. N’aimant pas me tourner les pouces, ce fut un plaisir pour moi de retourner une fois de plus nourrir Fenwick et Veronik que j’appris assez rapidement à discerner. Le premier était moins sauvage que la dernière, il avait vite deviné que je lui réservais les fruits en tout derniers.

Une fois les animaux nourris, je me dirigeai vers le feu où se trouvait Arkalan. Tel que je l’avais annoncé à Cromax, j’avais l’intention de lui parler afin de terminer le malaise entre nous. Je m’assis donc à sa droite. Quelques instants plus tard, je l’entendis pousser un long soupir avant de m’adresser la parole me demandant pourquoi je prenais place à ses côtés.

Je le regardai droit dans les yeux, telle mon habitude et lui répondit d'un ton neutre.

« Nous devons nous parler... Nous devons régler notre différend...Cette expédition peut s'avérer difficile. Il est important de se faire confiance. » Ma voix était ferme, mais mon ton n’avait pas changé.

Tout comme me l’avait dit Cromax la veille, il m’affirma que j’avais menacé de le tuer et que j’avais ainsi brisé la confiance qu’il m’avait accordée. Il termina en affirmant qu’il ne me ferait plus jamais confiance. Sa voix était ferme, mais calme. Je décidai donc de m’expliquer à mon tour, ayant espoir d’en finir une fois pour toutes avec cette histoire de menace.

Puisque ça semblait être le temps des reproches, j’enchainai à mon tour :

« Et pourtant je n'ai rien fait de tel... Nous étions en mission d'exploration. Les nains nous avaient attaqués. Nous avions le dessus et le nain s'est rendu. ... le reste aurait dû être simple, on le faisait prisonnier, et on le questionnait sur ses intentions.... mais vous l'avez assommé alors qu'il venait de rendre les armes... c'était déloyal.... Et l'autre l'elfe gris, s'était servi de nous deux comme appât... c'est contre lui que vous auriez dû garder rancune, pas contre moi...Et je ne vous ai aucunement menacé de mort. Je vous ai juste immobilisé pour vous relâcher par la suite. Si j'avais voulu vous tuer, je l'aurais fait sans préambule. »

Malgré mes explications, il demeurait sur ses positions. Il parla de conséquences de mes actes sans vouloir s’expliquer davantage arguant qu’il n’allait pas gaspiller son temps ni sa salive. Ma respiration fut plus rapide, mais je demeurai calme.
(Balivernes !) S’il ne pouvait me décrire ces fâcheuses conséquences, c’était qu’il n’y en avait pas vraiment, sinon, il se serait fait une joie de me les lancer à la figure afin que je me sente coupable de mes actes passés. Au lieu de ça, il dit aller à l’essentiel, m’affirmant qu’il ne s’en prendrait pas à moi seulement à cause d’une connaissance que nous avions en commun. Ce disant, il pointa mon médaillon de l’ordre des danseurs de l’Opale. Il affirma qu’il allait effectuer cette mission aussi efficacement que la précédente et qu’il me demanda de ne pas entraver son chemin et de réfléchir avant de commettre un geste inadéquat. Il sous-entendait que mon geste avait fait perdre du temps et des vies. Mais je savais que c’était l’inverse. Grâce à mon intervention, un génocide de nains gris avait été évité.

À l’énonciation de mon pendentif, instinctivement, je le cachai, surprise qu’il en fasse allusion.

Je sentis la chaleur monter à mes joues, mais je réussis à me contrôler et à garder mon calme.

« Si vous voulez que je ne vous opportunes pas, alors ne vous ralliez pas à l'ennemi. Et tentez cette fois de ne pas vous laisser manipuler, comme il fut le cas avec l'officier Sindel. Et contrôlez votre rancune envers les femmes. Je suis et serai toujours loyale envers ma mission. Si je vous voyais en danger, je n'hésiterais pas une seconde à vous sauver. »

Il répliqua qu’il ne s’agissait pas de rancune, mais d’un jugement. Jugement que je renforçais à chaque fois que je prenais la parole. Puis, d’un geste, il m’invita à partir, conscient, tout comme moi que notre discussion s’avérait stérile, mais il crut bon de rajouter que jamais plus il ne me ferait confiance.

Mais je ne fis aucun mouvement. Je restai en place, ignorant sciemment sa demande de quitter les lieux. Je n’avais cure de sa présence ou pas,… c’était lui qui ne supportait pas la mienne… c’était donc à lui de partir. Ce qu’il fit, non sans soupirer bruyamment.
J’entretins le feu une grande partie de la nuit. Puis, je me rendis aux traîneaux, en prenant soin de ne pas prendre le même qu’Arkalan.

Le quatrième jour, j’embarquai dans le traineau la première, laissant le hasard décidé qui seraient mes compagnons de route de la journée. Celle-ci fut aussi paisible même, voire monotone, que les précédentes.

Le soir venu, après m’être occupée de nourrir les mammouths, je pris une longue marche tout en demeurant à une distance sécuritaire des traîneaux. Lorsque je revins, je m’approchai du feu au moment où Cromax le quittait, laissant un Ezak plein d’amertume qui pestait à voix suffisamment haute pour que mes oreilles d’elfes en discernent le contenu.
Le voyant contrarié, je lui demandai :

« Puis-je m'asseoir ou vous préférez demeurer seul ? » Offre que je m’étais bien gardée de faire à Arkalan.
Ekak accepta ma présence, ajoutant que j’étais la bienvenue. Je pris alors place non loin de lui, et je gardai le silence pendant quelques minutes. Je n’étais pas de celle qui avait besoin de meubler les moments vides, je m’en accommodais facilement, surtout devant un feu, hypnotisée en quelque sorte par ses flammes dansantes.

Je finis par contre par lui demander :

« J'ai hâte de me rendre à ce chasseur qui nous servira de guide. Il aura peut-être vu le Maître Dan... ça me fait bizarre qu'il soit parti, seul et avant notre arrivée... Vous en pensez quoi? »

Après avoir poussé un long soupir, Ezak me dévoila qu’il avait l’intuition que ces mages n’étaient pas honnêtes.
Pour ma part, je pensais que son comportement était dû à autre chose que de la malhonnêteté.

« Oui et le mage Andreï me semble très inquiet. Il ne cesse de regarder le paysage toute la journée. »

Tout comme Madoka, Ezak interpréta mal mes mots et pensa que je trouvais louche Andréï

« Non,... je le sens inquiet outre mesure…j’ai tenté de savoir ce qui l’inquiétait,mais il l’a nié. »

Il me rapporta que de son côté, ce fut Ertiart qui était exagérément sur la défensive lorsqu’il lui avait posé quelques questions, concernant entre autres l’état d’esprit d’Andréï.

« Puis-je savoir qu’elles étaient vos interrogations ?

S’assurant d’abord qu’aucune oreille indiscrète ne pouvait l’entendre, il baissa la voix et me déclara qu’il avait ramassé un éclat de dent du dragon noir. Et sachant que cet artéfact pouvait détruire une âme, il en avait informé Ertiart. Posant l’hypothèse que si l’esprit avait une âme, il pourrait la détruire avec le morceau de dent. Ce qui semblait avoir choqué Ertiart, alors qu’il avait affirmé auparavant vouloir le détruire.

N’étant pas certaine d’avoir bien compris, je le questionnai après lui avoir dévoilé que j’avais aussi en ma possession un morceau du dragon.

« De mon côté, j'ai aussi récupéré un éclat de dent de dragon. Sur Ermansi, le forgeron l'a taillé et en a fait un sabre... et je ne serais pas surprise que d'autres qui ont participé à la Grande Guerre contre Oaxaca en aient aussi... Donc il était réticent à ce que tu détruises l'esprit, mais qu'il était prêt à le faire lui-même ? »

Selon Ezak, Ertiart ne pouvait envisager que l’on détruise une âme. Puis, curieux, il me demanda à voir mon sabre.

J’hésitai un court moment, cette arme était puissante et je préférai la maintenir dans son fourreau. Mais à voir les armes qu’il avait lui-même à la ceinture et dans le dos, je me doutais bien qu’il était connaisseur.

Je sortis alors mon sabre de son fourreau et je lui présentai.

Ce fut les yeux brillants qu’il admira mon arme, la caressant du bout du doigt. Il avoua avoir rarement vu une arme de cette qualité, me demandant quel forgeron l’avait confectionné.

« C'est le forgeron de l'ile des Ermansi : Aer' Nistral, c'est un elfe doré. On m'a raconté qu'il serait parvenu à subtiliser les secrets de forge de Meno. Pouvant ainsi forger des armes d'une qualité et finesse exceptionnelles. Meno comprit vite ce que le forgeron avait fait et il le maudit en le rendant aveugle en brûlant ses yeux.. Il perdit une part de ses capacités, mais il demeure tout de même le meilleur forgeron de Yuimen.»

Il avait connu un homme de talent au moins égal au forgeron aveugle. Ce fut en libérant cet homme d’une condamnation à perpétuité qu’il reçut en paiement une arme d’exception.

Tout en rangeant soigneusement mon arme dans mon fourreau, je lui demandai :

« Puis-je la voir ? »

Contrairement à moi, il ne se fit pas prier pour l’exhiber fièrement et me la présenter comme sa fidèle compagne : Lassiria.

Je l'admirai et l'observai en détail avant de déclarer :

« Vous avez de quoi être fière de votre "protégé" »

Il me répondit qu’en effet, elle lui avait sauvé la vie à plusieurs reprises. Puis voyant que je portais deux sabres de chaque côté, il supposa que j’étais ambidextre.

« Oui. » Me contentai-je de répondre avant de rajouter :

« Mais vous portez vous même deux sabres, vous êtes peut-être vous aussi ambidextre ? Ne serait-ce que pour l'avoir remarqué chez moi. »

Il confirma être ambidextre et rajouta que c’était un fait rare et s’avérait un atout dans le combat. Je ne commentai pas ce point. J’étais ambidextre de naissance, cela ne m’avait demandé aucun effort. Mais effectivement, cette aptitude peu fréquente s’avérait souvent un avantage en combat. Il me suggéra ensuite de faire quelques combats amicaux à l’occasion, histoire de se dégourdir.

« Ce sera un plaisir pour moi. Échanger quelques coups, comme vous le dites, pourra tenir lieu d’entraînements. Ce qui est difficile à faire ici. »

Ce fut nos derniers mots, Ezak repartant vers les traîneaux. Je demeurai quelques minutes pensives. La discussion avec Cromax, avait fait surgir la femme en moi, alors qu’avec celle d’Ezak, c’était la guerrière qui prenait le dessus. Et je me sentais beaucoup plus à mon aise dans le deuxième cas.

Les deux jours suivants se passèrent sans incident ou discussion instructive. Quelques échanges de banalités, soins des animaux et guet au feu.

Ce fut au septième jour, le soleil à son zénith que nous abandonnâmes le confort des traineaux et la compagnie de Veronik et Fenwick. Alors que je caressais une dernière fois le pelage des mammouths, les gobelins aux yeux vairons s’approchèrent de moi et de Madoka pour nous offrir une pomme chacune, affirmant qu’ils avaient apprécié notre présence dans ces contrées glacées. J’acceptai le présent et je le rangeai dans mon sac en affirmant que je la mangerai plus tard en fin de journée.

Nous devions faire le reste du trajet à pied. De notre position, nous pouvions discerner le petit village, mais il n’en demeurait tout de même assez loin. La neige était molle, et je voyais mes compagnons de voyage si enfoncés, rendant leur marche pénible. Ce qui n’était pas le cas pour moi et Ezak, puisque nous avions enfilé nos raquettes. Je me doutais bien que la dame du Nord ne m’avait pas menti, mais je n’aurais jamais cru que ces grosses semelles plates pouvaient s’avérer si efficaces.

Alors que nous étions à proximité de notre destination, Ertiart s’arrêta net, quelque chose clochait. En effet, aucun bruit ne nous parvenait, aucune fumée ne sortant des cheminés, le village semblait abandonné. Inquiet, Ertiart augmenta le rythme de ses pas et s’arrêta net à l’entrée du village. Dès que j’arrivai à l’entrée, j’entendis le cri d’un hibou. Aussitôt j’en prévins mes compagnons :
« Avez-vous entendu, on dirait un hululement ? »

Ce fut Faëlis qui me répondit en premier qu’il l’avait aussi entendu, sans pour autant pouvoir identifier son origine. Cromax plus moqueur, me demanda si j’étais allergique aux hiboux, puis me pria de garder mon sang froid, me rappelant qu’il était normal d’entendre de cris d'animaux dans la nature. Sa remarque me déplut et j’en plissai le nez bien malgré moi, signe d’une légère contrariété. Madoka et Ezak n’avaient rien entendu, et Arkalan se contenta de pousser un soupir éloquent. Un hibou, un animal nocturne qui émet son cri en pleine journée, je ne trouvais pas ça normal. Est-ce qu’il s’était fait déranger dans son sommeil ? Est-ce qu’il s’agissait d’un humain qui prenait la forme d’un hibou ? Je pensais alors à Silma avec qui j’avais combattu au palais de Vandrâk, elle pouvait prendre la forme d’un volatile et de plus, elle avait une chouette qui l’accompagnait et avec qui elle entretenait un lien télépathique. On pouvait être en présence de l’un de ces phénomènes. D’un autre côté, seulement moi et Faëlis, l’avions entendu. Tout deux hinions, notre ouïe s’avérait plus sensible… et du coup, l’animal était peut-être très loin. Tout en demeurant prudente, j’avançai dans le village. Bien vite nous vîmes un premier corps inerte au sol, recouvert en partie de neige, puis un second plus loin. On ne sait pas depuis combien de temps ils étaient là. Je m’avance dans le sentier, prudemment les oreilles sur le qui-vive. Arkalan s’arrête non loin d’un premier cadavre, je passe alors mon chemin, longe un bâtiment, puis j’aperçus trois autres cadavres. Pour avoir effectué un début de mission avec lui, je sais Arkalan bon pisteur, je le laisse donc à son talent et m’approche d’un cadavre non loin de l’entrée. Je m’accroupis tout près de la région de la tête. Et je l’observe attentivement, sans le toucher, de la tête au pied. Je cherche une trace de blessure, ou de déchirure des vêtements, je regarde si ses poings sont fermés. Si oui, ils pourraient renfermer quelques choses, puis je regarde tout près de lui, si un objet n’est pas tombé sur la neige. Je tente de trouver tout indice qui pourrait me sembler anormal. Puis le prenant par les épaules, je le détourne tranquillement sur le dos et répète le même examen visuel. Je cherche encore des traces de blessures, ou des marques d’un bijou, pendentifs ou bague arrachés. Puis enfin, je fouille sur ses vêtements à la recherche de poches, dissimulés ou pas.

(((Observe et fouille le cadavre situé à l’avant du bâtiment 1.
Utilisation de sa capa rp : Regard perçant. )))

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Faëlis
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Faëlis » mer. 6 avr. 2022 20:53

Le groupe fut conduit à l'extérieur, où attendait un bien curieux attelage : deux animaux velus et nez incroyablement long et flexibles étaient harnachés à d'impressionnants traîneaux. Deux sekteg se tenaient à côté, noyés dans leurs fourrures. L'elfe contint de justesse une grimace. Ses derniers souvenirs de semblables créatures n'étaient pas très bons...

Il s'agissait apparemment de simples marchants, qui allaient les emmener vers un village appelé le Vestibule des dents de glace, où les attendait un trappeur qui pourrait les guider dans les contrés reculés de Nosvéris. Faëlis s'engagea de mauvaise grâce dans un traîneau, qui avait au moins l'avantage d'être chaud et confortable.

Sibelle était allé voir les curieuses créatures, les « mammouths », comme cela semblait s'appeler d'après les deux marchands. Curieux, Faëlis attendit qu'elle ait fini pour venir la trouver :

« Ces animaux sont étranges, n'est-ce pas ? Moins, cependant, que la propension à nous retrouver de loin en loin... Il y a de quoi se demander s'il n'y a pas un présage divin. »

Sa remarque la prit par surprise. Le jeune homme secoua la tête :

« Nous nous sommes rencontrés devant un manoir hanté, puis sur un champ de bataille terrifiant... Excusez-moi de considérer que votre présence est signe que cette expédition va se révéler plus mouvementée encore que prévu. Non que cela me dérange ! »

Pour elle, cela tenait juste au fait qu'ils étaient deux aventuriers, amenés fatalement à se recroiser, mais cela tira un haussement d'épaule de l'elfe :

« Cela doit jouer... mais jusque dans les glaces de Nosvéris ? Enfin... quand les catastrophes nous tomberont dessus, vous pourrez compter sur le soutien de mes flèches... je me suis beaucoup amélioré depuis la dernière fois ! »

Elle semblait vouloir aller droit au but, il répondit à sa question :

« Oui, je suis un guérisseur. Si vous me voyez encocher une flèche de lumière dans votre direction, ne vous inquiétez pas, elle ne vous blessera pas. Ainsi, je pourrais vous aider plus efficacement. »

Elle approuva, lui conseillant de prévenir les autres. Effectivement, tous n'étaient pas au courant de ses talents. Il faudrait y remédier.

Le deuxième jour se déroula sans encombre. L'elfe passait son temps à contempler les étendus glacés, son regard scrutateur cherchant à s'imprégner de ce qui l'entourait. Au deuxième soir, alors qu'il s'était un peu écarter pour admirer la neige de nuit, Madoka vint à sa rencontre pour lui demander comment il se sentait. Observatrice comme à son habitude, la redoutable rose sombre avait bien vu qu'il avait changé. Il lui répondit par un sourire qui peinait à être plus que de façade :

« Je vais fort bien, soyez rassuré. Qu'est-ce qui vous fait penser le contraire ? »

Elle passa les doigts devant les lèvres de l'elfe, comme pour marquer l’inexistence de son rictus. Elle était inquiète, tout simplement. Il haussa les épaules :

« J'imagine que vous voyez ce que je ne fais que commencer à deviner. Je change. Nous changeons tous, n'est-ce pas ? Pour un elfe, c'est plus lent et plus impressionnant. Comme une vague qui arrive lentement, au loin, mais dont on sait qu'elle va tout balayer. Je change. Et je me demande vers quoi. C'est sans doute le prix des épreuves. Je change. »

Il soupira :

« Vous, vous ne semblez pas tant changer, mais vous êtes toujours aussi indéchiffrable. Vous êtes quelqu'un de rare. Je suis heureux d'avoir une nouvelle occasion de vous observer. »

Avec une pointe de sarcasme, elle fit remarquer que les humains mourraient trop vite pour changer. Mais son revirement le fit sourire pour de vrai, alors qu'elle demandait si c'était en lien avec les épreuves dont il avait parlé.

« Si les humains ne changeant pas, alors votre aptitude à changer de sujet pour éviter mes questions sous-jacentes fait de vous une entité inconnue ! Oui, ma rencontre avec les dieux... a changé bien des choses dans ma façon de voir le monde. Je me pose plus de questions... »

Il la regarda droit dans les yeux :

« Par exemple, je sais que vous êtes une belle femme, cela se voit... mais cette beauté physique, superficielle, m'intéresse moins que de comprendre la profondeur qu'il y a en dessous. Nous nous trouvons encore une fois embarqués dans une aventure... mais j'ignore ce que vous y recherchez, vous... »

Elle persista à prendre l'air de rien. Faisant une courbette ironique, elle joua les superficielles... d'une manière presque convaincante. Comme toujours, elle revint bien vite à son sujet de départ : l'étonnement de le voir si contemplatif.

« Jouer la superficialité est une spécialité chez moi aussi, vous savez ? Mais oui. Avoir contemplé la beauté de Yuia et la gloire de Gaïa en face m'a ouvert les yeux tout en me les fermant. Je ne sais pas ce que je cherche, mais je sais que je dois le chercher. Peut-être que je le trouverais ici ? Seul l'avenir le dira. Désolé si je vous ai perturbé, ce n'était pas le but. Je suis juste... plus souvent perdu dans mes pensées. »

Il claqua des mains.

« Bah assez parlé de cela. Des gens ont été là pour votre peuple ? Cela est vrai. J'espère que l'Ynorie se remettra de ce désastre... En fait, beaucoup de monde à perdu dans cette affaire. C'est le lot de toutes les guerres, j'imagine... Mais personne ne vous a demandé de venir jusqu'ici, si ? »

Non, elle était venue seule. C'était à la fois déroutant et logique. Elle était de ces gens qui semblaient obéir aux ordres, et pourtant, elle agissait de son propre chef... Elle posa alors une étrange question :

« Que pensez-vous du « hasard » qui vous a mené ici, à ce moment précis ? »

Voilà. Enfin une question qui semblait lui importer vraiment... intéressant. Faëlis prit le temps d'y réfléchir, car la réponse semblait évidente, mais peut-être ne l'était-elle pas tant que ça. Finalement, il déclara :

« Ce n'est pas le fruit du hasard. C'est de fait de choix. Des miens, de ceux des autres... ma vie m'a conduit à penser que je devais venir ici. Est-ce une volonté divine ? Yuia m'aurait-elle orienté de manière à ce que j'affronte les ombres de son passé, comme une ultime épreuve ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que des gens auront besoin de moi. Donc je suis là. Et vous ? »

Pour sa part, elle n'avait longtemps pas cru à la destinée, se satisfaisant d'une place loin des dieux et de leurs manigances. Malgré tout, elle ne craignait pas la présence d'un homme qui les avait approchés. À cela, l'elfe hocha la tête en présentant un sourire plus véridique :

« Hé bien, moi aussi, je suis soulagé de voir des têtes connues. Le monde continue de tourner... Espérons que la suite se passera aussi bien ! »

Il allèrent tous les deux se coucher, mais l'elfe avait du mal à s'endormir. Jusqu'à quel point était-il libre de ses actions , Jusqu'à quel point s'était -il soumis aux caprices des dieux en s'en approchant ?

Il fut tiré de ses pensées en sentant un coup de pied ! Un grognement... C'était Ezak ! Il s'excusa, assurant que le geste était involontaire. Après tout, il faisait nuit noire. Avec un grognement agacé, Faëlis se mit à rayonner d'une légère lumière et marmonna :

« Est-ce que comme ça, ça ira mieux ? »

Apparemment, le spectacle l'amusa, au point de demander si ses promesses de lumière, avant le départ, venaient de là. L'elfe haussa les épaules :

« Il y a bien des manières de briller... Que faites-vous debout à cette heure, si je peux me permettre ? »

Il évacua la question, avant de lui conseiller, taquin, de briller ainsi en permanence pour éclairer tous les gens ayant un besoin naturel à satisfaire. Cela tira un rire à l'elfe :

« Hélas, je ne peux briller en dormant ! Et je ne suis pas sûr que vous vouliez que je vous accompagne dans vos affaires ! »

Puis, plus doucement, il ajouta :

« Je ne m'attendais pas à vous voir aussi loin de Kendra Kâr. Comment vont les choses, là-bas ? »

Sans surprise, ça n'allait pas très bien, étant donné l'absence d'héritier. Mais tout cela, Faëlis le savait.

« La princesse devrait être la seule héritière... a-t-elle vraiment des concurrents ? Je sais que les humains ont des problèmes avec le règne des femmes... »

Les derniers mots furent lâchés avec une pointe de mépris irrépressible. La tendance à l’irrationalité des humains n'avait pas fini de leur causer des tors inutiles... Mais étonnamment, Ezak était d'accord avec lui. Deux concurrents étaient mieux placés, et il espérait bien revenir au plus vite pour l'aider.

« J'espère pouvoir vous accompagner à cette occasion... J'ai déjà trop retardé mon retour à ce que je constate. »

Contre toute attente, l'homme, plus amical qu'il semblait jusque-là, en vint à le considérer comme un allié. Comme quoi, il n'est jamais trop tard... L'elfe hocha la tête d'un air appréciateur.

« Qu'il en soit ainsi. »

Puis, repensant à ce que lui avait dit Sibelle, il ajouta :

« Au fait, si vous me voyez, en plein combat, pointé une flèche lumineuse sur vous n'ayez crainte, ce sera pour vous soutenir de ma magie ! »

Il approuva, estimant de toute façon pouvoir lui faire confiance. Hé bien ! Les choses avaient bien changé ! L'elfe le laissa vaquer à ses « affaires » pour se recoucher. Cette fois, personne ne le dérangea, et il finit enfin par s'endormir.

Les jours suivants passèrent, et l'elfe fit quelques efforts pour parler autour de lui, mais la beauté glacée du paysage continuait à le distraire. Les étendues neigeuses étaient pourtant monotones au premier abord. Mais pour qui savait regarder, la neige possédait une infinité de variation. Même le vent dans l'air froid faisait un bruit subtilement différent que seul des oreilles d'elfe pouvaient percevoir.

Malgré cela, il faillit être pris par surprise par Cromax qui s'était approché dans son dos en lançant :

« Faëlis ! Mon Faëlis, comment vas-tu ce jour ? Je t'ai connu plus rayonnant ! »

L'elfe blanc haussa un sourcil :

« Quel piètre demi-dieu de la liberté, qui prétend me tenir en sa possession... »

Il mordit tout de suite à l'hameçon, se défendant de telles prétentions, ce qui tira un sourire au jeune homme, surtout lorsqu'il lui fit remarquer qu'il n'avait pas répondu, comme un « vieux bougeoir ».

« Un vieux bourgeois ?
répondit l'hinïon, en se trompant volontairement sur le mot. Je suis de la noblesse, je te rappelle. Et je te rappelle aussi que c'est toi qui a fui mes cours d’éducation de vie à la cour ! »

Son sourire s'agrandit, la conversation s'annonçait déjà sous de bons auspices ! Sans surprise, il se perdit en complainte sur les nobles, avant de lui demander ce qu'il faisait ici. Voilà bien une question plus compliquée à répondre !

« Après être passé sur l'île des dieux, j'ai voulu apprendre la magie des glaces... et le hasard à fait le reste. Du moins, je suppose que c'est le hasard. Mais il y a tant de têtes connues ici que je vais finir par en douter... »

Le choix était évident, et ils étaient tous les deux d'accord là-dessus. Cependant, il restait une question :

« Et toi, que fais-tu ici ? La dernière bataille n'a pas été assez éprouvante ? Tu repars de coltiner avec les puissances divines ? »

Pour une fois qu'il n'avait pas l'impression d'éviter quoique ce soit, le demi-dieu le reprit, lui demandant les raisons de ses évitements. Cela tira un soupir résigné à l'elfe blanc.

« Ah, je vois que les arcanes de la politique n'auront bientôt plus de secrets pour toi. Excuse-moi, mais je suis un peu secoué par... mes rencontres divines. J'ai un peu de mal à reprendre pied sur terre. Cela... change tellement de choses. J'ai rencontré Gaïa et Yuia. J'ai l'impression que ma vie a pris un nouveau sens, mais je ne suis pas encore sûr duquel. »

Il laissa échapper un petit rire :

« Évidemment, pour un être comme toi, cela doit sembler peu de choses ! Mais pour moi... j'ai l'impression que le monde entier revêt une forme différente. Je suis habitué à en observer la beauté, mais j'ai l'impression de découvrir cette beauté sous un nouvel angle. Comme si je percevais le sens qu'il y a derrière... sans l'avoir encore vraiment compris. »

« Une toute nouvelle expérience à traverser, donc ! Cela devrait t'exciter plutôt que te rendre dubitatif. Profite donc de ce nouveau regard, cherche cette nouvelle compréhension. Et puis bon... divins, divins... Ne le suis-je pas assez pour t'avoir entraîné à les croiser ? »

Faëlis secoua la tête :

« Il faut croire que non. Mais cela viendra. Et puis, divin... divinement beau quand tu es blond, peut-être ? »

Il ponctua d'un clin d’œil son commentaire. Il n'avait pas oublié la petite fourberie de son compagnon.

« D'ailleurs... est-ce qu'il y a une chance pour que je sache changer de forme, un jour, moi aussi ? Cela me permettrait également de... diversifier mes expériences. »

Cela le fit rire, car il ne pensait pas l'elfe vouloir être différent. De toute façon, il ignorait même l'origine de ses pouvoirs. Une déclaration surprenante, et fort peu encourageante, à vrai dire. Car effectivement, l'elfe avait changé :

« C'est ce que j'ai appris des déesses : la perfection n'est pas quelque chose de statique. Elle ne peut être atteinte que par l'évolution constante. Être limité à un corps quasi-parfait n'est pas satisfaisant en soit... Tant pis, je chercherais ailleurs. »

Il était d'accord avec cela, mais ne pouvait rien faire d'autre que lui souhaiter de réussir dans sa quête.

« C'est un plaisir de t'avoir dans le groupe, en tout cas. » conclut-il.

« De même pour moi. » Approuva Faëlis.

La suite du voyage fut longue et ennuyeuse, n'était-ce la magnificence des étendues glacées autour d'eux. Ils croisèrent quelques animaux de la région dont, étonnamment, des bouloums rouges vifs, qui n'avaient visiblement pas compris les règles élémentaires de la discrétion. Le spectacle de ces pauvres créatures fuyant le moins prédateur tira un rire amusé de l'elfe.

Lorsqu'ils arrivèrent finalement au village, ils durent finalement laisser partir le confortable attelage, et continuer avec des raquettes de neige. Ce fut cependant pour trouver les lieux dominés par un silence pesant. Le mage shaakt s'inquiéta et s'approcha prudemment, comme le reste du groupe.

Il y avait des corps étendus dans la neige. Au loin, un hululement sinistre retentit, à peine perceptible. Sibelle, qui avait aussi sa fine ouïe d'elfe, le fit remarquer, et Faëlis hocha la tête :

« Je l'ai entendu aussi, mais impossible de dire d'où il vient, ni ce qui l'a produit... »

Cromax n'en faisait que peu cas, et les autres, des humains, n'avaient rien entendus. Pour autant, Faëlis était inquiet, et il lâcha :

« Si vous permettez, je vais prendre une minute pour votre sécurité... »

Madoka ne semblait pas très heureuse à cette idée, mais il ne lui laisserait guère le choix, de toute façon ! Puis, ceci fait, il ajouta :

« S'il y a des survivants, ils se seront sans doute réfugiés dans le bâtiment principal. Je propose qu'au moins certains d'entre nous aille voir. »

L'ynorienne hocha la tête et proposa d'y aller sur-le-champ. L'elfe lui fit signe de passer en premier, tout en encochant une flèche pour être prêt à régir en cas de problème.

(((Se lie avec les autres PJ. Entre dans le bâtiment principal à la suite de Madoka, prêt à tirer)))
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Madoka
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Madoka » mer. 6 avr. 2022 21:43

En préambule, Hereld fait l’annonce de plusieurs informations quant au voyage en lui-même. Il a fait appel à un trappeur de la région afin de nous diriger dans les monts, que nous devons rejoindre dans un hameau au pied des montagnes. Des informations qu’il avait gardées pour lui la veille, ne voulant pas nous surcharger. Il s’enquiert rapidement de notre compréhension à ce sujet et notre accord tacite concernant ce léger détour. Pour ma part, je me contente de hocher la tête et suit les deux mages tout aussi emmitouflés que nous dans leur manteau et coiffe en fourrure.

L’arrêt dans un hameau et l’appel à un trappeur n’est pas la seule information qu’il avait gardée pour lui … mais la découverte de deux traineaux nous attendant est une heureuse surprise.
Deux imposants mammouths au pelage épais et presque aussi blanc que la neige sont immobiles à quelques mètres de là, leurs trompes balayent le sol, remuant et soulevant la neige ; deux Sektegs enthousiastes terminent d’accrocher les deux traineaux recouverts de fourrure avant de nous accueillir. Deux marchands itinérants, Gelek et Velek, accompagnés de leurs jeunes mammouths, ont accepté de nous accompagner jusqu’au hameau contre une somme d’argent assez conséquente pour être à l’aise les prochains mois.
J’observe d’un œil curieux les deux mages se séparer au moment de s’installer dans les traineaux et en choisi un au hasard.



Au dernier arrêt de ce premier jour de voyage, je participe au mieux de mes capacités et connaissances. Les Sektegs sont visiblement habitués à la vie sur les routes, ils possèdent tout le nécessaire à nos besoins et ne lésinent pas sur les conseils donnés aux plus volontaires d’entre nous ; et, suivant ces derniers, je rejoins l’elfe blanche déjà à l’œuvre auprès des jeunes mammouths, déjà très grands, particulièrement dociles aux soins apportés. Nous nous saluons d’un signe de tête poli et tandis que je prends en main un outil ressemblant à une fourche pour enlever les gros blocs de neige gelée de leurs poils, elle me demande si j’avais déjà vu des mammouths auparavant.

« Oh non, jamais, dis-je en souriant, pas plus qu’une neige si dense ou ce froid. C’est la première fois pour vous aussi ?
- Oui, et je préfère les mammouths au froid … quoique l’un ne doit pas aller sans l’autre.
Répond-elle avant de rajouter qu’elle préfère tout de même cela à la navigation.
- Ils ont l’air dans leur élément oui, quoi qu’avec toutes ces couches de fourrures, on peut faire illusion avec la petite faune.»
Amusée, je lui avoue que j’aime naviguer et que c’est entrer dans les engins des Gris qui me pose problème.

Bien que victime du mal de mer, elle raconte avoir un jour accepté de monter à bord d’un navire, dont le capitaine était un ami. Une preuve de ténacité en soi, bien qu’elle admette avoir passé son temps dans le nid de pie, l’endroit le plus loin de l’eau et le plus près du ciel où elle se sent véritablement bien, que ce soit à bord d’un Aynore, en vol libre ou, plus étonnant, sur le dos d’un dragon. Ce dernier point m’amuse intérieurement, quelles sont les chances que deux personnes ayant cela en commun se rencontrent … mais une chose m’interpelle autrement. Je lève les yeux au ciel, me remémorant ses mots. ((en vol libre))

« Oohh !? Alors vous aussi, vous voler. Comment ? Si ce n’est pas indiscret. »

L’elfe reste muette un moment, les mots en suspens, et finit par préciser avec une légère hésitation qu’elle parlait des dragons, l’un doré, l’autre mauve.

« Aah ! Moi aussi,
avoue-je finalement. Étrangement j’ai beaucoup apprécié. Là haut, dans le vent, on se sent libre, pas comme dans ces boites de fers mécaniques. »

Et je remarque aussitôt que l’elfe ne m’écoute que d’une oreille. Me sentant jaugée par son regard intense, elle soupire et avoue s’être laissée emporter et avoir dit des mots qu’elle ne voulait pas encore prononcer car, oui, elle peut voler de ses propres ailes. Je ne réalise que maintenant à quel point la compagnie de Cromax m’a accoutumé à l’invraisemblable et que ma réaction a pu mettre l’elfe mal à l’aise, se sentant peut être forcée par mes questions.
Sibelle peut se transformer en hippogriffe depuis être allée sur un autre monde ; et afin de la ménager, je souris tendrement avant de répondre d’une voix calme.

« Votre réserve première est très compréhensible, et il y a plusieurs mois à peine, je ne vous aurez pas cru. Comment est-ce arrivé ? Vous n’en avez pas souffert ? »

Elle m’explique que cela lui est arrivé sur ce monde extérieur où la magie y est très puissante, alors qu’elle courrait pour rattraper un compagnon mais que, malgré le choc d’une telle expérience, elle n’en a pas souffert. Revenant adroitement sur mes derniers mots, elle me demande d’où me vient ce virement récent qui m’a fait accepter les transformations physiques.

« J’ai vu un homme se transformer en dragon devant mes yeux … et j’ai grimpé sur son dos la minute suivante. Une amie en commun était en danger et, sur le coup, je n’ai pas perdu de temps à m’étonner de ce qu’il se passait et plus tard, c’était trop tard ! Je me suis fait une raison, ce monde est rempli de chose que mon esprit n’est pas capable d’imaginer. Comme cet esprit des glaces endormi, par exemple. Que pensez-vous de tout cela ? »

Elle prend le temps de réfléchir, ne sachant pas trop quoi en penser et espérant juste que nous arriverons avant qu’il ne se réveille. Elle ajoute ensuite avoir observé l’un des mages aujourd’hui et à la description de ce dernier je comprends qu’elle parle d’Andreï, silencieux et absent depuis notre départ au matin. Malgré leur discussion, elle ne sait d’où lui vient son inquiétude pourtant plus que palpable et est instinctivement convaincue qu’il lui ment en niant ce fait.

« Andreï n’est-ce pas ? J’ai remarqué cela oui, déjà à l’académie, il n’était pas ravi de devoir nous dire certaines choses, notamment à propos des anciennes gravures. Mais vous avez raison, nous ne sommes que des étrangers, et aucun d’eux ne nous a vraiment questionnés sur nos intentions non plus. Ce climat de méfiance peut autant être un atout, car nous sommes à l'affût, qu'un inconvénient majeur si nous nous retrouvons à devoir faire des choix sans informations »

Elle hoche la tête et, visiblement tenace dans ses recherches elle passera la journée de demain à observer à son tour le paysage, comme il l’a fait toute la journée d’hier, préférant son instinct aux mots de l’humain. Je lorgne vers le mage en bleu à qui je n’ai guère adressé la parole jusque là.

« Il semble vous avoir laissé une mauvaise impression. »
Dis-je alors en haussant les sourcils, mais je me trompais à ce sujet, ayant mal compris l’origine de sa méfiance. Consciente elle aussi qu’il en sait plus qu’il ne le dit, elle le pense inquiet et apeuré, pas malintentionné. Ce à quoi j’acquiesce, y voyant là une meilleure raison encore de rester vigilant nous aussi.

« Vous n’aimez pas laisser de place pour l’imprévu, on dirait, c’est de formation ? Vous avez été soldat ?
- Je tente de bien observer et de n’écarter aucune éventualité … non, pas soldat … je n’obéis pas aveuglément à un ordre, surtout s’il est contre mes valeurs et principes.
Et vous, rien remarqué de particulier ?
ajoute-t-elle d’un ton restant calme.
- Rien de particulier non, pas encore. C’est un environnement trop nouveau pour déceler l’intéressant de l’habituel. »

Je la préviens tout de même que je viendrais lui faire part de mes découvertes le cas échéant et nous nous séparons là, ayant fini de nourrir les bêtes, pour trouver nos rôles respectifs dans ce groupe d’étrangers.


J’observe et participe, la tête un peu ailleurs et les yeux fureteurs, lorsque je croise par hasard le jeune chevalier, à qui je fais signe pour attirer son attention.
« Bonsoir Sieur chevalier, veuillez me pardonner, je crois ne pas avoir retenu votre nom.
- Oh bonsoir Madoka. C’est sans doute que j’ai oublié de me présenter. Pardonnez-moi pour ce manque de courtoisie, j’avais l’esprit assez échauffé hier.
Je suis Ezak d’Arkasse. C’est un plaisir,
dit-il en inclinant la tête.
- Enchantée Ezak d’Arkasse. Oui, vous aviez l’air assez remonté. Cette nuit de sommeil et ce froid glacial vous ont-ils permis de retrouver vos esprits ? »

Il plaisante et se dit au contraire remonté contre lui-même et sa stupidité d’accepter de plein gré d’être dans ce froid inhumain.

« Vous êtes injuste envers vous, notre ignorance tout au plus est à blâmer pour être venus ici sans des dizaines d’habits supplémentaires. »

Dit en imitant son ton plaisant, je rajoute tout de même être tranquillisée de ce changement d’état d’âme, surtout compte tenu de ce qui nous attend. Une part de lui est encore sous le coup de certaines choses vécues durant le tragique charnier des âmes. Il reste vague mais tient à limiter mes inquiétudes à son sujet et affirme que tous ici peuvent avoir confiance en ses lames et ses bonnes intentions.

« Je suis plus inquiète de l’éventualité d’une avalanche que du comportement d’une chevalier,
dis-je avec sincérité. Est-ce Kendra-Kar qui vous mandaté pour cette mission périlleuse ?
- Non, je suis venu de ma propre initiative.»

Il avoue être venu ici au départ pour le Royaume, sans doute à la recherche de cette relique, et ironise quel peu sur son changement de priorité, maintenant que le monde et non plus seulement son royaume soit à sauver. Un léger sourire espiègle accompagne sa question sur mon état, me demandant si j’en ressens la pression. Je laisse échapper un soupire rieur, amusée

« Hmmm, non ça va. C’est encore très mystérieux, trop même »
Avant de revenir sur le fil de nos mots. « Vous parlez de cet artéfact n’est-ce pas, à l’origine de votre venue ? Avez-vous pu avoir vos réponses ?
- Et bien, si vous considérez que le manque d’information est déjà une réponse, on peut dire ça … Enfin, ce n’est de toute façon pas une priorité au vu de la situation.
- En s’armant d’un excès d’optimisme, peut être que cela équivaut à une réponse. Et considérant le nombre de mages puissants de cette académie qui sont restés à leurs affaires, la priorité de la situation n’est pas évidente pour tout le monde apparemment.»

Il comprend mon propos, loin d’être un accusatoire et s’avoue lui-même pas totalement convaincu par tout ça. Tout comme moi, ces affaires d’esprits, de magies et de légendes dépassent son entendement ; espérant même que notre commanditaire se trompe car, n’ayant aucun talent magique, il craint d’être tout simplement inutile face à l’esprit … à moins de faire office d’appât. Il réitère ce ton léger, mâtiné de plaisanterie et de crainte inavouée, avec lequel il s’engage, avec mon concours, à garder bonne figure face aux elfes et mages ici présent.

Une légèreté de surface qui ne parvient pas à me faire, nous faire, oublier l’importance de l’enjeu, et l’importance de nos états d’esprits. J’observe un moment le campement face à nous, entouré des traineaux et bordé d’immenses troncs d’arbres cassant le vent violent qui souffle sur cette première soirée. J’inspire profondément et me résigne :

« J'espère qu'un jour vous parviendrez à surmonter votre peine, et surtout à sentir que toutes les prières d'un peuple, le mien, vous sont dédiées, à vous les survivants et à toutes les victimes. C'est l'avenir de plusieurs peuples, du monde entier, que vous avez sauvegardé ... ne pleurez pas les morts parce qu'ils sont morts, élevez-les aux rangs de héros à tout jamais dans nos cœurs.

- Notre peuple ! Je ne suis qu’à moitié Kendran. La moitié de mon sang est pareil au votre. »

Le ton se veut fraternel, mais aussi timide et peu convainquant que mon sourire après l’avoir inspecté de plus près et avoir remarqué ses yeux en amandes. Son désir serait celui-ci, mais il a du mal à voir le dénouement comme une victoire.

« Mais vous avez peut être encore en vous ce qui fait de nous des survivants dans l’âme. L’avenir est l’essentiel, surtout maintenant qu’il n’est plus assombri par Sa présence. Ce ne sera pas facile non … ce qui est important et essentiel ne l’est jamais, c’est pour cela que lorsque vous vous en relèverez, vous en serez grandi. »

Il hoche la tête ; solennel et honnête lorsqu’il s’avoue moitié convaincu par mes paroles qu’il juge digne des sages de chez nous. Je grimace, moins pour le compliment que pour l’origine de la sagesse, tandis qu’il confesse avoir sans doute bien plus hérité de l’impétuosité Kendranne.

« J’étais en pleine mer pendant la bataille de Kochii, j’ai pour moi la culpabilité de l’absence, mais aussi son recul … »

Je peine à maîtriser ma voix malgré les efforts depuis ma promesse faite à Cromax de ne point y penser comme une faute. Son air compatissant se pose sur moi, pendant qu’il me parle de son passé, de ses croyances proches des miennes quant à une réelle maîtrise de nos destinées. L’expérience faisant son office, il entrevoit maintenant la possibilité de forces invisibles et de liens inextricables qui se mêlent à nos vies, qui expliquent nos rencontres hasardeuses, notre présence comme ici, ou notre absence, comme moi là-bas.
Sa main réconfortante sur mon bras, il se dit prêt à penser qu’il y a une raison à nos absences ou nos présences, qu’invariablement j’ai moi aussi un rôle à jouer ici.

« Comme vous l’avez dit vous-même ; l’avenir est essentiel.
- Et nous serons prêts, n’est-ce pas ? »

Sa réaction est radicale. Confiant et conquérant il m'assure qu'il gagne toujours et je ne sens aucune exagération ironique dans ses propos. Après un rapide regard vers le campement, il part se rendre utile, non sans m'avoir salué et dit son plaisir d'avoir ici une compatriote. Partageant ceci, j'affiche un sourire de connivence acentué d'un clin d'oeil, pas très à l'aise avec les formules bien dites.


Je mange ensuite en vitesse autour du feu de camp, ayant pour ma part choisi de dormir le plus tôt possible afin de prendre le tour de garde en dernier. Je croise ainsi l’elfe noir taciturne, isolé du reste du groupe. Je m’approche et le salue d’un signe de tête.

« J’ai remarqué que vous vous êtes rendu vous aussi à la bibliothèque. Je n’ai su trouver des informations satisfaisantes sur l’affaire qui nous occupe, avez-vous eu plus de chance. »

J’espérais sans trop y compter avoir un autre regard sur tout cela mais il n’avait rien trouvé non plus, pas plus qu’il n’était plus familier que nous autres à suivre les traces d’une légende invérifiable. Je l’observe une seconde, me souvenant de ses paroles et du fait qu’il était venu voir ce qu’il se passe. A ma question concernant ma découverte d’une cité Shaakt se trouvant de l’autre côté des montagnes, il répond :

« Non je suis originaire de Khonfas. La cité dont vous parlé c’est Gwald. D’autres questions ? »

Aucune question non ne vient embrouiller mes pensées, seulement ce nom que je n’avais plus entendu depuis tant d’années que je l’avais scellé avec mon passé. Je cache la haine qui se répand en moi derrière une surface neutre et une réponse machinale un brin vive. Je l’observe et remarque son regard, assez similaire à mon ami lui aussi originaire de Khonfas, un elfe libéré par la force de la soumission des matriarches. Je sers les dents, neutralise ma voix et m’oblige à penser les évidences de son détachement et des marques sur son visage.

« Qu’est-ce qui vous a poussé à venir en ces terres hostiles ?
demande-je finalement
- Je suis venu rendre service, et vous ?
- Pour faire mes preuves. »

Il acquiesce ensuite simplement de la tête pour signifier qu’il me ferait part de ces découvertes et j’opine du chef pour confirmer que je ferais de même. Sans attendre, je me lève et regagne un traineau. Emmitouflée sous mes couvertures, je chasse le superflu de mes pensées. Mes rêves d’enfants me reviennent, ceux où mes mains tiennent la tête décapitée d’une matriarche, mes pieds baignant dans le sang de dizaines d’autres … je m’endors, le sourire aux lèvres.




La seconde journée est toute aussi monotone et identique à la précédente. Seule l’attitude de Faëlis m’interpelle, il demeure songeur, le visage fermé au reste du monde, le regard las et perdu. Deux jours sans l’entendre parler me paraît la chose la plus étrange, bien derrière la rareté de la faune locale ou la présence quelque part là haut d’un résidu de divinité en pleine crise de sommeil. Les occasions me manquant dans la journée, je profite de la fin du repas et de son isolement pour aller le voir, lui tapotant l’épaule pour m’annoncer.

« Hé, mon ami, je vous sens absent depuis notre départ, quelque chose vous tracasse ? »

Un simulacre bienveillant de sourire me répond avant ses mots. Se voulant eux aussi rassurants, il me demande d’où me vient cette impression. Du bout des doigts je désigne ses lèvres pincées :

« Et vous ne savez pas mentir ... mais plus que cela, vous êtes distant, silencieux et je m'inquiète de vous voir ainsi. Et je ne peux croire que cela est dû aux états d'âmes d'un humain à votre propos. Alors, je vous le redemande en tant qu'amie inquiète pour vous : qu'est-ce qui vous tracasse ? »

Je déchiffre sa réponse, comprenant qu’il ne parvient pas à comprendre le changement qui sent s’opérer en lui, un changement lent mais impitoyable lorsqu’il s’agit des elfes ; mais qui pourrait aussi être le résultat d’épreuves.

« Vous,
rajoute-t-il après un soupir, vous ne semblez pas tant changer, mais vous êtes toujours aussi indéchiffrable. Vous êtes quelqu’un de rare. Je suis heureux d’avoir une nouvelle occasion de vous observer. »

Le fripon, me dis-je à part, il me refait le coup de celui qui voit en moi ce que je ne vois pas, et ne suis pas. Mais je souris, heureuse moi aussi de le savoir ici, lui qui sait si bien cacher ses secrets derrière un extérieur frivole. Alors je lui réponds comme je sais qu’il désapprouve tout en appréciant. Avec ironie.

« Les humains n’ont pas le temps de changer, on meurt bien avant !
- Si les humains ne changent pas, alors votre aptitude à changer de sujet pour éviter mes questions sous-jacentes fait de vous une entité inconnue.»

Son sourire, cette fois, n’est pas qu’une façade. Alors, plus sérieusement, nous parlons de ces épreuves que j’ai partiellement deviné être liées à la lumière brillante dont il a l’intention d’auréoler Kendra-Kar. Mais j’étais loin de me méfier que cela était lié à sa rencontre avec les Dieux, les Vrais. Une telle rencontre, forcément, a changé sa manière de voir le monde. Il me prend en exemple et m’affirme que la superficialité de ma beauté, ((irréprochable au demeurant)) l’intéresse moins que comprendre la profondeur intrinsèque. Ainsi, il se demande ce que je recherche dans cette aventure.

« Vous me prêtez des attributs que je ne possède pas, je suis tout autant superficielle en dedans qu'en dehors. Voyez, je pensais que lorsque vous parliez des Dieux, ce n'était qu'une autre métaphore utilisée par les elfes.
En fait, je ne suis ici que parce que je le peux, parce que d'autres ont été là pour mon peuple. »

Et aussitôt, reprenant un certain sérieux, car comprendre ce qui se cache derrière son attitude froide et distante reste mon idée fixe, je lui demande si cette nouvelle et récente façon de voir le monde est à l’origine de cette dernière.

« Jouer la superficialité est une spécialité chez moi aussi, vous savez ?
Mais oui. Avoir contemplé la beauté de Yuia et la gloire de Gaïa en face m'a ouvert les yeux tout en me les fermant. Je ne sais pas ce que je cherche, mais je sais que je dois le chercher. Peut-être que je le trouverais ici ? Seul l'avenir le dira. Désolé si je vous ai perturbé, ce n'était pas le but. Je suis juste... plus souvent perdu dans mes pensées. »

Il claque des mains, souhaitant cesser d’en parler, et je n’insiste pas, incapable que je suis de réellement comprendre les tenants et aboutissants de telles "rencontres", je suis simplement rassurée de le savoir sur la bonne voie, peu importe laquelle. Il espère que l’Ynorie se remettra du désastre de Kochii, dit quelques mots sur les horreurs vécues par de trop nombreuses personnes ; et revient sur ses interrogations premières quant à ma présence.

« Hmm … L'Ynorie se relèvera, c'est une certitude ; se morfondre sur les pertes, se perdre en accusation ou se noyer dans le chagrin serait une véritable défaite. Beaucoup ont perdu oui, notre ennemie commun la première.
Mais non, personne ne m'a demandé de venir ici, j'ai quitté cette vie d'aveuglement faite d'ordre et d'indifférence. Aucune recherche très louable ne m'amène non plus, si ce n'est de faire mes propres choix. »

Puis, me souvenant alors qu’il était à l’académie pour une autre affaire, je lui demande ce qu’il pense du hasard qui l’a mené ici, à ce moment précis. Il prend le temps d’y réfléchir et affirme qu’il n’y a nul hasard, seulement le fait de choix, des siens et de ceux des autres. Il ne sait en vérité s’il y a là une volonté divine, comme une ultime épreuve à affronter les ombres du passé de Yuia ; mais des gens auront besoin de lui, donc il est là. Il me retourne la question … et je tente d’y répondre le plus sincèrement possible.

« Hhmm ... jusqu'à récemment je ne croyais pas au destin, je croyais que nous étions tous maîtres de nos vie, et c'est sans doute vrai pour le commun des vivants, pas pour des gens comme vous. Certaines personnes ont une destinée qu'elles suivent, poursuivent ou fuient. Je ne vous envie pas, je l'avoue, je préfère ma place discrète, à l'abri du regard des Dieux, à l'abri de questionnements difficiles et de changements.
En tout cas, je suis heureuse de vous savoir parmi nous, même si vos pensées se perdent de temps en temps »

Son sourire est enfin naturellement sincère. Je le laisse avec ses pensées, moins sombres je l’espère, et plus portées vers l’espoir.



Ce troisième jour je profite d’être dans le même traineau qu’Hereld pour discuter de tout et de rien, de l’académie, son fonctionnement et sa réputation à travers tout Yuimen, des changements ressentis dans la région depuis la disparition d’Oaxaca, de la magie de glace que j’imaginais à tord moins diversifiée.
Les Sektegs aussi sont des compagnons de route agréables, leur entrain et leur joyeuseté me permettent de fuir de temps en temps l’ambiance trop sérieuse qui règne dans les traineaux. Lors d’un arrêt imprévu, causé par soucis d’attaches des harnais, je les accompagne et aiguille moins la discussion vers la vie quotidienne d’itinérant que vers leur point de vue sur la situation. Je savais déjà qu’ils étaient frères et qu’ils avaient toujours été ensemble.

« Les plus beaux frères de la région !
dis-je en guise de salue. Un coup de main ? »

Comme pour le campement ou le soin de leur mammouth, ils ne rechignent pas à un peu d’aide et surtout à partager leurs savoirs.

« J’me demandais. Quand vous n’acheminez pas des mages téméraires au pied de la montagne, qu’est-ce que vous transportez ?
- Tout ce qu’il faut pour vivre, me répond Gelek en levant le sourcil de son œil jaune. Peau et fourrure, bois et huile, même des pierres !
- Pierres pas terrible, ajoute Velek en me faisant sourire. Très lourd, on fait pas ça souvent.
- Et depuis longtemps ?
- Depuis toujours ! Des années, bien avant que la Grande Plaie ne revienne.
- La grande plaie ?
demande-je en me doutant de la réponse.
- Oaxaca pardi !
- Alors vous connaissez parfaitement la région ?»

Tous deux confirment de leur voix assurée et fière, relevant un peu les épaules à se grandir de quelques centimètres. Et lorsque je leur demande s’ils ont remarqué des choses étranges et surtout différentes aux cours des dernières semaines, Gelek me parle d’abord du froid devenu plus froid et Velek des lumières étranges venues des montagnes que j’avais observées depuis l’académie. Velek rajoute la présence de bêtes, des bêtes qui font peur au plus timide de leur mammouth, Veronick.

« Plus agressives qu’avant ou de nouvelles bêtes ? Les mages ont dit que beaucoup d’animaux fuient les montagnes.
- Ils ont raison m’dame. Un truc tourne pas rond.
- D’habitudes y’a pas ce genre de créatures dans les plaines. Maintenant c’est dangereux, même pour nous.
- Vous les avez vues de près ? »

Leur jovialité s’estompe à chaque question, la situation semble réellement inquiéter les deux Sektegs, habitués pourtant à voyager dans des conditions difficiles. Gelek me décrit des trolls mais entièrement blancs et Velek parle de traqueurs, dangereux en meute, que Fenwick est parvenu à faire fuir.

« Un mammouth bien courageux que vous avez là ! Et les habitants des environs, vos clients, ils fuient les monts aussi ?
- Ah ça ! Courageux et fort !
- Peu de monde habite par ici. Sont presque tous partis. C’est notre dernier voyage vers les monts, v’savez ? trop dangereux.
- Et merci de le faire pour nous, bravant ainsi le danger, c’est très courageux aussi ! »

Visiblement très contents du compliment, ils sourient toute dentition dehors. Les attaches remises en étant, je me hâte de rejoindre le traineau. Les yeux fermés, je passe en revue les créatures recensées dans les livres, essayant de trouver lesquelles les frères ont vues, mais le troll blanc n’était nulle part décrit dans ces pages, trop rare ou vivant habituellement trop haut dans les monts pour être aperçu par les très rares voyageurs ; un doute persiste quant aux traqueurs mais je garde en tête ceux qui s’enfouissent sous la glace.


Plus tard dans la nuit, Cromax me rejoint alors que je me suis installée devant le feu pendant que la plupart de nos compagnons étaient en repos. Il s’installe et me demande comment se passe mon intégration au sein du groupe. Un peu perdue dans mes pensées, je réponds mollement.

« Ooh, jusque là tout va bien. Je suis encore en phase d’observation … mais je me sens bien, en tout cas.
- Oui, il est trop tôt pour se prononcer sur chacun. Un avis sur nos chercheurs de l’académie ? Nous n’avons pas tellement eu l’occasion de parler depuis la rencontre.
- Le calme de Hereld m'intrigue, peut être est-ce son âge qui le porte à tant de calme, ou est-ce une trop grande confiance en soi. Andreï semble plus fébrile, plus soucieux et peu loquace ... que tout le reste dépasse mon entendement est une chose actée, mais j'aimerais mieux les comprendre eux.»

Il acquiesce, affirmant que la prudence est de mise ici et m’apprend qu’il y a encore beaucoup de méfiance vis-à-vis des deux mages de la part des autres. Comme lui, je préfère attendre pour me faire une idée. Attendre de les voir à l’acte, de les voir réagir dans l’action, eux qui n’en ont pas l’habitude. Ceci étant dit, il semble confiant de la bonne composition de tous les aventuriers, y compris le shaakt solitaire ; mais grimace et je m’amuse un peu de le voir destituer Ezak en raison de sa fierté mal placée et son tempérament.

« Oh ! Ezak … il est très Kendran oui,
dis-je amusée en me souvenant de ma discussion avec lui. Tu doutes réellement de ses motivations ou est-ce plus personnel ? »

Sans qu’il ne l’avoue explicitement, je comprends que son ressentiment est très personnel, n’ayant en fait rien à voir avec un risque concernant la mission. Je n’imagine pas Ezak non plus mettre quiconque en danger, et je confesse être amusée par le trop sérieux et le trop rigide de la plupart des Kendran rencontré, qui est souvent proportionnel à leur ambition. Je ne sais si cela le satisfait vraiment, je ne lui demande d’ailleurs pas. Je l’observe lorgner le feu de camp, pensif, son profil éclairé par les flammes et la forme des ombres sur sa mâchoire saillante. Ses mots me sortent alors de mes constatations hédonistes, me demandant ce que je pense de cette histoire de menace congelée et si j’ai glanée des informations supplémentaires.

« Rien du tout, ou en tout cas rien de plus que ce qu'ils ont raconté. A lire ou écouter, ça ressemble aux légendes qu'on se raconte enfant pour rêver, comme celle du cheval au bois de cerf chez nous ... mais disons que pour la mission, je vais tout prendre au sérieux, et au premier degré, même l'éventuelle menace extérieure. »

C’est plus facile ainsi, plus de questionnements, plus de tergiversations ; si on me dit demain que telle roche réduite en poudre est capable d’endormir n’importe qui, j’irais casser des cailloux. Lui attend surtout de se faire un avis concret, admettant que tout est finalement possible ; et venant de lui, cela a une définition plus large encore, alors, aussi déterminée que je puisse l’être, je lui avoue dans un soupire :

« Mais de toi à moi, je suis mentalement larguée par tout vos trucs bizarres quasi divin. »

Il sourit et répond d’un trait plaisant, ayant sans doute déjà compris que ma saillie n’a rien de tragique, d’autant que je ne me lasse pas de le voir sous sa forme de dragon.
Plus sérieusement, il estime que ces trucs quasi divins peuvent avoir du bon quand c’est dans notre camp qu’on les a. Et, à ces mots, il ouvre la peau de renne enroulée autour de lui, telle une invitation, et je sens venir à moi une source de chaleur provenant directement de son corps. Je me glisse sous la peau et frémis en sentant la chaleur. Mes pensées, en revanche sont toujours axées sur l’idée de camp. Mes lèvres se pincent involontairement. Pensive, je dis machinalement :

« Possible, mais les allégeances et les camps peuvent changer parfois non ? »

Passant un bras autour de mes épaules pour me recouvrir de la peau, il se dit prêt à penser que nous serons nous deux toujours dans le même camp et me questionne sur cet avis, dont l’évidence m’éblouis malgré mes expériences passées. Je me cale confortablement contre lui et opine du chef, incapable de répondre malgré l’envie, espérant qu’il n’y voit pas un doute.
Emmitouflés sous la peau, collés l’un à l’autre, la chaleur devient plus forte, plus agréable, capable même de faire oublier le froid qui sévit autour de nous. Considérant cela, je l’interroge sur la source de cette chaleur, y voyant là l’œuvre de Lysis, la beauté fatale liée à Cromax. Comme elle lors de notre rencontre il me dit ne faire qu’un avec elle tout en étant deux êtres à part ; et comme alors, je m’en contente, ayant l’impression que les accepter ainsi fait parti de la magie de ce qu’ils sont. Lysis possède un pouvoir calorifique, plutôt utile en effet dans un pays pareil … et contre une créature de glace. A ces derniers mots, il plonge son regard dans le feu à nouveau, pensif, et me demande alors :

« Tu en as eu, déjà, toi, des aventures qui sortent de l’ordinaire ?
- A part la fois où j’ai perdu la tête tu veux dire … Dis-je tandis que cette image s’impose à ma vue et mes sens.
- Hem. A part cette fois là, oui.»

Voir son visage soudain figé, si mal à l’aise par ma faute me serre les tripes ; moi qui ai mis tant de temps pour accepter cette chose que je ne peux pourtant même pas encore nommer sans frémir. Ma main touche ma gorge, là où son regard se perd.

« Désolée … j’oublie que tu y as assisté. »

Délicatement, je dépose un baiser sur sa joue et me détends de le voir sourire d’un air rassuré. Moins violente et ironique cette fois, je continue :

« Mais oui. Cette fois c’était une aventure commencée comme une chasse au trésor. C'est d’ailleurs quand je pense à cette époque que je sais que les camps peuvent vite changer, en un rien de temps ; quand tout un groupe ayant combattu un même ennemi s'entredéchire ensuite en raison d'un choix à faire, ça nous apprend à se méfier, même de nos propres valeurs.
- Qu’est-ce qui a poussé tout ce monde à changer de camp, cette fois là ? Au point que ça dégénère de la sorte ?
- Les détails sont flous dans ma tête. Je me souviens qu'un nécromancien, qui avait œuvré pour Oaxaca et avait tenté ensuite de la fuir, s'était retrouvé prisonnier dans une citadelle au fond de l'océan. Pour s'en délivrer, il a menti, manipulé et sacrifié beaucoup de vies ; or, pour le délivrer il fallait forger une arme terriblement dangereuse. Beaucoup ont finalement choisi d'oublier tout le mal qu'il avait fait en voulant le délivrer. Moi, j'ai scellé son sort en refusant d'y participer et de le laisser mourir dans sa prison sur le point d'être détruite. »

Il écoute attentivement mon récit, se demandant pour lui-même, sans attendre de réponse, comment de simples idées divergentes avaient pu éclater en plusieurs revirements de camp … puis me demande, plus sérieusement si je peux lui en dire plus sur l’avis du nécromant à l’instant fatidique ; étant lui-même en état de savoir ce que cela fait d’être considéré comme un ennemi du bien. Je l’observe curieusement un instant mais répond d’abord à son interrogation avant de rebondir sur la mienne :

« Je pense qu'il a trop longtemps espéré sa liberté, seul avec ses pensées. Je pense que peu sont ceux qui n'auraient pas tenté l'impossible, ou l'innommable pour être libre. Je ne saurais dire ce qui l'a poussé à son dernier acte mais, voyant la citadelle s'effondrer sur les survivants d'un traquenard dont il n'était pas seul fautif, il a accepté le sort que j'avais en partie provoqué par mon refus, il a accepté la mort pour que nous puissions nous enfuir de la citadelle.

Mais toi ? Considéré comme un ennemi du bien ? Comment est-ce possible ? »

Et ma question subite le surprend, lui dont le regard et l’attention étaient tournées vers les flammes. Il se redresse et met plusieurs secondes pour répondre.

« Je... j'oublie que tu n'étais pas présente, dans les Plaines de Kochii. Même si l'histoire est plus ancienne. Tu vois, cette... île où tu es... morte ?... Hem. Hé bien on a fini par la faire percuter les côtes de l'omyrrhie. Là, Oaxaca en personne nous attendait, avec un choix à faire : Mourir sur place, tués par le dragon, ou porter sa marque et la servir à jamais. Je... C'est un choix que je n'ai pas pu faire, aussi lui ai-je proposé, plutôt qu'une soumission, une alliance secrète. J'œuvrais librement pour ses desseins, et je gardais vie et esprit critique. Elle me l'a accordé, et je suis devenu un... Seigneur de l'Ombre. Le Quatorzième de ses Seigneurs de Guerre. »

Je le sens alors frémir malgré la chaleur qui émane de lui. C’est en tant que Quatorzième qu’elle l’a exposé aux yeux et aux oreilles de nombreuses personnes pendant une parodie de pourparlers, avant la bataille. Je sens son étreinte se raffermir sur mon épaule et lorsque je lève le regard vers lui je vois ses mâchoires se serrer.
Il y a entre nous une sorte d’alchimie, une confiance naturelle mêlée de légèreté, une écoute et une entente sans jugement. Aucun de nous ne peut se vanter de connaître l’autre, mais nos rares aveux me donnent toujours l’impression d’être sans filtres … sauf à cet instant. Sans un mot, j’attrape sa main libre et la ramène vers moi, caressant ses doigts de mon pouce. Il ferme les yeux et je sens son corps se relâcher, encore trop légèrement.

« Un choix difficile, dis-je sur un ton compréhensif. Mourir sur place signifiant aussi se soumettre à elle. Quand tu dis œuvrer pour ses desseins … tout en gardant ton esprit critique, cela signifie que tu n’as jamais été soumis à ses ordres ? »

Il ferme les yeux, sa main toujours dans la mienne et avoue avoir fait des choses pour son empire sans avoir dû renier ses propres valeurs. A l’image de l’accord secret qu’il avait passé avec Elle. Son appétence pour la liberté le pousse à devancer les difficultés, la mienne, à peine naissante pourtant, m’a donné la mort.
Pour Elle, il est allé sur un autre monde, où il a renforcé l’influence de l’Empire là-bas, évitant par cet accord, pourtant digne d’une reddition, une guerre totale qui aurait fait des milliers de morts. Mais l’ordre d’Oaxaca le plus funeste fût sans conteste celui d’être à ses côtés lors de ces pourparlers.

« J’imagine que maintenant, et ce malgré tes actes sur le champ de bataille, beaucoup te considèrent encore comme … un seigneur de l’Ombre ? Sa marque, ou ce qui te liait à elle a disparu quand elle a été faite prisonnière ?
- Aucune marque, aucun lien. C’était le marché. Pour le reste... je ne suis seigneur de rien, et je ne suis plus dans l'ombre de personne. »

De tout cela, il en tire une conviction forte, celle que certains des Treize ne sont pas si malfaisants, qu’ils ont beaucoup agi parce qu’ils étaient eux-mêmes enchainés et qu’ils sont maintenant libérés. Sa poigne se raffermit légèrement lorsqu’il rajoute, sur un ton plus grave qu’il n’a cure de ce que l’on pense de lui, qu’il n’agit pas pour le prestige.
Un propos fort que je sais être honnête, aussi honnête qu’une exigence envers soi-même. Et pourtant. Les yeux dans les yeux, je lui demande :

« Mais alors, qu'est-ce que ça fait, d’être considéré comme un ennemi du bien ?
- Hmm. Pris dans mes propres paradoxes … j’aimerais n’en avoir rien à faire, mais le regard des autres est parfois empli de jugement. C'est le sentiment d'injustice qui est le plus dur à accepter. L'impression d'être pris pour qui l'on n'est pas »

Je reste silencieuse à cela et me contente de rester là, contre lui, sans avis, sans jugement. Intimement convaincue pourtant que les auteurs de ces jugements ne le sont qu’à cause de leurs valeurs et leurs principes … les jugements allant de pairs avec les valeurs, tout comme la tolérance allant de paire avec l’indifférence ; les gens comme moi manque de cette passion qui l’anime.
Il sourit alors, se convaincant à haute voix que nul ne voudrait faire le mal volontairement, à moins d’être un monstre.

« Je ne sais pas ... on fait des choix qu'on assume ou pas et dans un cas comme dans l'autre on se trouve toujours des raisons pour avoir agi. Cependant, avoir cure de ce qu'on pense de toi ne fait pas de toi un apôtre du prestige, mais si un jour tu parvenais à ne plus en être atteint ... viendrais-tu encore aider des gens comme les chercheurs ici-même ? ou deviendrais-tu ce que tu n'es pas ? »

Les sourcils froncés, il rétorque qu’il est ici pour aller au-devant d’une menace qui pourrait menacer bien plus de monde ; puis, plus souriant il se résout à admettre que son intérêt présent à la liberté d’autrui est le fruit d’une longue vie égoïste, qui même sans cruauté n’était qu’une recherche de liberté pour lui-même.

« Car il n’existe aucune liberté individuelle si d’autres en sont privés. » Conclue-t-il avant de cumuler les questions embarrassantes pour quelqu’un d’aussi pragmatique que moi, allant jusqu’à lui aussi me questionner sur mes motivations à être ici. Des jours que j’y pense, des jours que je survole les réponses. Je ferais une exception pour lui, me dis-je avant de répondre, les yeux cependant fixés sur le feu.

« Le bien, le mal hein ? Ce sont des concepts trop arbitraires pour moi, comme un outil créé pour juger la nature. Je pense que je mourrais avant de pouvoir me situer quelque part.
Et pour être honnête, si je suis venue avec toi c'est pour prouver à quelqu'un que je suis capable d'autre chose que suivre ses ordres, pour qu'il me respecte au lieu de me rejeter. Pour devenir égoïste en quelques sortes, décider de mon sort et faire ce que je veux. »


Un passage forcé on dirait, pour quiconque est en recherche de liberté. Lui arpente la fin du chemin tandis que je traine à y poser le premier pied, longtemps persuadée que j’avais fait le bon choix en devenant moi-même l’outil d’un homme et d’une cause.
Amusé, il s’annonce meilleur partenaire à ce défi, m’intimant un seul ordre : être moi-même. Je ris intérieurement, un rire mauvais qui passe en revue tant de personnalités jouées ces dernières années, tant de faux-semblant et de duperie, tant de plaisir à n’être personne pour se jouer du monde que je me demande encore si la solution s’y trouve.
Je force mon sourire, chassant mes pensées profondes en m’accrochant à son air mutin et ce son taquin lorsqu’il recentre la conversation sur plus de légèreté. Serrés l’un contre l’autre, je l’observe d’un œil très intéressé. Il y a quelque chose dans son regard naturellement séducteur qui me rappelle Pulinn.
Alors je lui fais part de mon sentiment, de mon impression d’avoir manqué l’essentiel, que son attachement à ce que représentaient les Amants se ressent encore fortement ; lui est intéressé par ce que j’imagine de cette union.

« Un lien sans frontières ni barrières, qui faisait fi de la morale de chacun, sans tabou ni jugement ... En tout cas, c'est ce que j'ai senti en rencontrant Pulinn, et ce qui a déteint de ta réaction à l'altercation dans le hall.
- Ahah oui, Pulinn et moi avons ça en commun.
- Mais tout cela est très solennel. Dis-je d’un air léger et de continuer sur un ton plus provoquant.
La vraie question est : A quel point le nom d'Amants est justifié ? »

Son sourire se fait plus intéressé à son tour, mais joueur comme il se doit il fait tarder l’inévitable. Le jeu est de courte durée, nos motivations importent peu, nos questionnements quant à la signification de ce qui s’entame là sont inexistants. Nos gestes sont ceux de deux êtres sans attaches, sans autre objectif louable que le plaisir, et tout le savoir faire que l’on se découvre l’un l’autre. Les minutes deviennent des heures et nos mouvements une danse chorégraphiée, dans l’intimité relative de peaux et de couvertures.
Tard dans la nuit, plus proche du petit matin, nos corps lovés dans la peau de renne, je m’endors dans ses bras et la chaleur résiduelle de nos ébats. Le bruit du camp qui s’éveille me réveille lentement et je m’étire tel un chat contre le corps de l’elfe gris, déjà réveillé lui aussi. Je dépose sur ses lèvres un court baiser, à l’image du premier qui scella nos dernières paroles la veille, et relève avec malice l’excellence de la réponse à ma question.

Pressée par la levée du camp et le voyage vers cette destination inconnue, je revêtis armure et lourd manteau et vaque à mes habitudes.



Les jours suivants, je les ai passés à observer le monde autour de nous, la partie vivante du groupe du moins car le paysage ne recèle finalement d’aucune singularité.
Lorsque, à la mi-journée du septième jour nous nous séparons des frères, je n’avais vu qu’arbres et neige, hormis quelques rares animaux fébriles et peureux. Les Sektegs nous offrent à Sibelle et à moi une pomme, se disant ravis d’avoir rencontré pareille vision dans cette monotonie glaçante. Je les remercie chaleureusement, ravie moi aussi d’avoir conversé avec ces deux joyeux drilles, et envoie un baiser de la main à Gelek après son clin d’œil appuyé.
Le hameau, bien que guère éloigné, n’est pas une parti de plaisir à rejoindre. Encore peu habituée à marcher longtemps dans le neige épaisse et inégalement dense, je courbe le dos, serre mon manteau contre moi, rabat ma capuche contre mon visage et bénie mes bottes fourrées.

Les heures tranquilles de la semaine passée s’effacent subitement à l’approche du village. Il n’y a ni fumée ni bruit ambiant provenant de là. Malhabiles et poursuivant un Hereld inquiet, nous nous hâtons de rejoindre l’entrée du hameau où nous découvrons le corps d’un villageois, presque entièrement recouvert de neige gelée.
Aussitôt, Sibelle nous alerte vers le bruit d’un hululement, que Faëlis confirme avoir entendu et qui fait hausser les épaules de Cromax, lui conseillant, plutôt que de s’étonner d’entendre un hibou, de rester à l’affût d’un bruit plus menaçant. Personne d’autre n’ayant entendu de bruit, Arkalan soupire et pénètre le premier sur le chemin.
Je croise le regard de Faëlis qui, en trop prudent protecteur, refait ce tour de magie qui le lie aux autres membres du groupe, résignée bien malgré moi, je grimace légèrement, pas très à l’aise à l’idée de recommencer cette proximité avec des fluides magiques, même curatifs.

Le groupe s’organise très vite. Pendant que Arkalan et Sibelle reste dehors pour inspecter les corps, Faëlis et moi, cimeterre en main, nous dirigeons vers le bâtiment principal, et Cromax se rend dans le second bâtiment en dur du hameau.


((Va entrer dans le bâtiment principal en premier, armée, suivie par Faëlis
- dépose son paquetage à terre, sous l’avancée de l’entrée.
- ouvre la porte en grand, observe à l’intérieur avant d’y entrer.

aptitude rp vision nocturne en cas d’obscurité à l’intérieur))

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Ezak
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Ezak » sam. 9 avr. 2022 05:40

Les deux mages de l’Académie nous ayant accueillis la veille étaient déjà présents. Ertiart prit la parole et annonça à mes compagnons ce que je savais déjà pour avoir discuté avec lui la veille. À savoir que nous nous dirigerions vers un petit village de trappeur pour retrouver notre guide. Il nous invita alors à la suivre dehors et quelle n’était pas ma surprise de voir que deux énormes bestioles à la fourrure blanche nous attendaient à l’extérieur. Je fus assez impressionné par ces créatures qui n’existaient pas sous nos contrées, et je n’eus pas le temps de demander ce qu’elles faisaient là que mes yeux tombèrent sur les traineaux recouverts de fourrures qui étaient solidement accrochés à elles. C’étaient donc nos moyens de transports. La suite me plut moins lorsque deux Segteks, faisant visiblement office de sorte de cochers se présentèrent à nous. Je leur jetai un regard noir. Si aucune race ne méritait autant mon dégoût que les Garzoks, les Segteks étaient en bonne position. Il n’y avait pas plus perfide, pas plus lâche, pas plus faible et bête aussi, de ma propre experience. La dernière fois que j’avais eu à faire à eux, à Omyre, l’un de leurs comparses qui avait voler ma bourse avait fini balancer du haut d’un toit par nos bons soins et je n’avais aucun remords pour cela.

Je ne retins par leurs noms, ni même leur fonction, à quoi bon.... Je comptais bien sûr ne pas accorder le moindre intérêt à ces... créatures. Car je ne pouvais les considérer guère plus que cela. Mes cultures m’avaient appris à les haïr et la vie à Omyre n’avait fait que justifier cette haine. Je me contentai de monter dans l’un des traîneaux, au hasard, sans un regard pour nos obligés, bien content tout de même de pouvoir me réchauffer à l’intérieur.

Le voyage se passa sans encombre, et assis dans le traîneau, je me contentai d‘économiser mes forces dans un coin, sans rien dire. Lorsque le crépuscule approchant nous nous arrêtâmes, j’en profitai pour me dégourdir les jambes un moment alors que certains s’activaient pour aider à prendre soin des mammouths, car c’étaient les noms que portaient ces créatures imposantes.

C’est à ce moment que l’Ynorienne qui accompagnait Cromax, Madoka, m’interpella, me faisant remarquer qu’elle ne connaissait pas mon nom.

« Oh Bonsoir Madoka. C’est sans doute que j’ai oublié de me présenter. Pardonnez-moi pour ce manque de courtoisie, j’avais l’esprit assez échauffé hier. » Courtois, je m’inclinai très légèrement.

« Je suis Ezak d’Arkasse. C’est un plaisir. »

Elle me salua de même avant de me demander si la nuit passée et surtout le froid de ces contrées avait permis de me calmer.

« Ah au contraire ! Je suis toujours remonté, mais cette fois contre ma propre stupidité, d’être venu me jeter de plein gré dans ce froid inhumain. » Répondis-je sur le ton de la plaisanterie. Elle y répondit en affirmant sur le même ton que j’étais injuste envers moi-même, et que ne devrais pas me tourmenter de ne pas avoir songé à ramener quelques couches de vêtements supplémentaires. Avant d‘affirmer sur un ton plus sérieux qu’elle était heureuse que je me sois calmé, car nous avions grand besoin de cohésion. Je tiquai sur le mot, un peu exagéré selon moi. Entre Cromax et son attitude de la veille et celle de Faëlis dans les plaines de Kôchii, nous en étions bien loin. Mais nous n’avions pas besoin de tous s’aimer pour être efficace, il suffisait d’être concentré sur le même objectif et tout irait bien, j'en étais sûr.

« Cohésion…. Nous n’en sommes pas là, je pense. Certaines choses vécues durant le Charnier des Âmes sont encore difficiles à accepter pour beaucoup… Mais si c’est ce qui vous inquiète, comme je l’ai déjà dit à Cromax, tous ici peuvent avoir confiance en mes lames, et en mes bonnes intentions. »


Elle m’affirma être plus inquiète par les conditions climatiques que par mon comportement, ce que j’appréciais. Je n’aimais pas vraiment que l’on m’impute une possible défaillance dans ce groupe sous prétexte que je ne réserve pas de courbettes aux personnes qui avaient un comportement que je n‘appréçiais pas. Enfin, elle me demanda si c’était la Cité Blanche qui m’avait envoyé et n’ayant aucune raison de lui mentir, je lui répondis sincèrement.

« Non, je suis venu de ma propre initiative, mais c’est pour le Royaume que je suis venu au départ…. Maintenant, il semblerait que ce soit le monde qui doit être sauvé. »

J’eus un demi-sourire, l’air espiègle. « Ça va aller ? Vous n’avez pas trop la pression ? »

C’était une boutade, mais qui avait un fond de réalité. Entre Faelis, Cromax, Sibelle, des « héros de guerre » comme moi-même, et Arkalan dont les repoussantes cicatrices indiquaient quand même une certaine expérience de la vie, Madoka par sa petite taille et son visage angélique, et son attitude ouverte avait l’air d’apparence la moins expérimentée du groupe. C’était néanmoins un jugement auquel je ne me fiai pas, la vie m’avait apprit à me méfier des «jolies poupées »

Elle ne semblait en tout cas, pas provoquée par mon sous-entendu, elle en rit même, légèrement, dans un soupir, affirmant que ça allait, avant de me demander si j’avais eu les informations que je cherchais par rapport à la relique que j’avais évoqué la veille.

« Et bien, si vous considérez que le manque d’information est déjà une réponse, on peut dire ça…. Enfin, ce n’est de toute façon pas une priorité au vu de la situation. »

"En s'armant d'un excès d'optimisme, peut-être que cela équivaut à une réponse. Et considérant le nombre de mages puissants de cette académie qui sont restés à leurs affaires, la priorité de la situation n'est pas évidente pour tout le monde apparemment."

Elle avait raison, mais je ne pouvais blâmer ces personnes pour des raisons qui m’étaient évidentes.

« Si je dois être franc, je ne suis moi-même pas totalement convaincu par tout ça alors que ces affaires d’esprits, de magies, de légendes nosveriennes dépassent mon entendement... J’espère même que notre commanditaire se trompe. Je n’ai aucun talent magique, je ne vois pas en quoi je peux être utile face à un esprit de glace… À moins de faire office d’appât. »
ajoutai-je en dérision, plus pour détendre l’atmosphère que parce que je le pensais vraiment, même si je me jurai tout de même d’interroger Ertiart sur les propriétés de l’esprit.

"Je partage votre sentiment. Je n'ai aucun talent magique non plus, je ne suis qu'une humaine avec ses lames. En cela, ceux restés en arrière sont sans doute plus raisonnables que nous ! Et malgré tout, nous voilà ici."

« Sans doute… Mais ayons l’air sûr de notre fait, histoire de ne pas être la risée de tous ces elfes qui nous entourent. » Dis-je en baissant légèrement le ton en observant nos compagnons elfiques en quasi-totalité qui s’activaient çi et là.

Elle sourit, visiblement amusée, rentrant dans mon jeu pour affirmer qu’elle me suivait sur ce coup. Alors que son regard se pose sur le campement, la légèreté qui s’affichait sur son visage s’évanouit peu à peu. J’en comprends vite la raison lorsqu’elle reprit la parole. Elle me souhaita de réussir à surpasser la douleur de la guerre, que moi et les autres ayant participé avions sauvegardé le monde. Nous devions faire de nos martyrs des héros au lieu de les pleurer et tout son peuple nous dédiait ses prières.

Je me permis de la corriger.

« Notre peuple ! Je ne suis qu’à moitié Kendran, la moitié de mon sang est pareil au vôtre. »
affirmai-je dans un sourire qui s’évanouit peu à peu alors que je repensais à mes hommes laissés derrière, inanimés à la merci des corbeaux et des chiens, à pourrir devant la capitale de mon pays natal.

« J’aimerais que ce soit si facile, mais vu comment les choses se sont passées là-bas, je dois avouer que j’ai du mal à voir tout cela comme une victoire. Mais vous avez raison, ce sont des héros, des martyrs… »

Elle évoqua alors que j’avais peut-être ce qui faisait des ynoriens des « survivants dans l’âme » et que mettre tout ceci derrière moi ne serait pas facile, mais que j’en ressortirai grandis lorsque ce serait le cas. Oui, peut-être était-il probable que j’eus hérité de cette résilience ynorienne forgée durant sa dure histoire.
J’hochai sentencieusement de la tête. « Vous avez sans doute raison Madoka. Vous parlez comme les sages de chez nous. Il faut croire que j’ai plus hérité de l’impétuosité kendranne. »

Alors sa voix et son comportement changèrent quelque peu. Je la sentis hésitante. Elle avait l’air de ces personnes qui s’en voulaient après avoir commis une faute, et je compris lorsqu’elle me révéla avoir été en pleine mer durant la bataille. Cela lui avait offert une vision d’ensemble et un recul par rapport à la situation, mais elle s’en voulait de ne pas avoir été présente. Je la comprenais, je me serais moi-même maudit si je n’avais pas été là. J’avais mis du temps à accepter que je sois en vie quand tous mes hommes avaient péris. Encore aujourd’hui, je ne comprenais pas pourquoi je n’avais pas succombé au Dragon Noir comme des milliers d’autres, alors j’imaginais bien ce qu’elle devait ressentir après ne pas avoir été présente pour son peuple.

Je l'observai un peu, compatissant.

" Quand j'ai commencé à arpenter les routes, je pensais dur comme fer que j'étais totalement maître de ma destinée. Pourtant, avec l’expérience de tout ce que j'avais vécu, j'ai fini par comprendre que c'était probablement faux. Je ne suis pourtant ni croyant, ni superstitieux, mais je ne peux nier qu'il y a des forces invisibles et des liens inextricables. C'est évident ! Sinon comment expliquer que je croise encore la route de Sibelle alors qu'elle fut impliquée dans une de mes histoires familiales, durant la guerre. Et Faelis, Cromax, vous-même ? Ce n'est pas étrange que nous ayons un point en commun avec le Temple et que nous retrouvions ici même ensemble, en Nosveris ?"

Je posai une main réconfortante sur son bras.

"Toute cette digression pour vous dire qu'il y a probablement une raison pour laquelle vous n'y étiez pas, peut-être que cela à avoir avec le rôle que vous devez jouer ici. Concentrez-vous sur ça. Comme vous l'avez dit vous-même ; l'avenir est essentiel."

Mes mots eurent probablement le don de la revigorer, car une détermination à toute épreuve venait de conquérir les traits de son visage. J’aimais mieux ça.

Elle hocha de la tête: "Et nous serons prêts, n'est-ce pas ?"

Un sourire conquérant, vint se dessiner sur mon visage confiant.

"Et comment ! Je gagne toujours."

Puis je tournai la tête observant ceux qui continuaientt à s'activer pour monter le camp.

"Allez, je vais voir où je peux me rendre utile."

Puis je reportai mon attention sur elle une dernière fois et la salut sur un ton léger, satisfait par l’échange que nous venions d’avoir.

"Ce fut un plaisir chère compatriote."

Elle me répondit par un clin d'oeil de connivence et je m’éloignai pour aider à monter le camp. La nuit se passa sans encombre, il n’y eut rien à noter. Je profitai du temps pour réparer ma lance brisée en deux, en observant les autres vaquer à leurs occupations. Il me semblait avoir remarqué que Arkalan avait passé toute la nuit à monter la garde. Un bien drôle d’oiseau celui-là.

Le lendemain, dans le traîneau, pour le deuxième jour de voyage, je me retrouvai près de Ertiart et animé par le souvenir de ma conversation de la veille avec Madoka, j’en profitai pour l’interroger sur les caractéristiques de l’esprit. J’avais avec moi un chercheur, autant en profiter.

« En tant que cryomancien, dîtes-moi, quel genre de forme pourrait revêtir un esprit de glace ? Je veux dire... Est-ce que mes lames pourraient blesser une telle créature ? Je me suis déjà retrouvé dans la situation où seule la magie pouvait blesser mes ennemis. Je n'aimerais pas que ça se reproduise. »

Il prit un air pensif, ses yeux semblant pétiller d'intérêt.

« Question plus complexe qu'il n'y paraît. Andreï et moi y avons réfléchi et nous pensons avoir une idée proche de la vérité. Il y a trois hypothèses majeures. La première serait que ce soit, comme vous le craignez, un esprit intangible et donc impossible à toucher autrement que par la magie. Je pense que c'est hautement improbable, du fait de la nature même du fluide de glace, pour commencer, mais aussi à cause d'un fait simple : Son frère, l'autre esprit, possédait des objets qui son tangibles et utilisables encore aujourd'hui. Impossible d'utiliser de tels artéfact sans un corps tangible et physiquement palpable. La deuxième hypothèse serait que sa nature soit semblable aux élémentaires. Même si cela le rend tangible, je pense que cette hypothèse n'est pas valable non plus, les élémentaires s'affaiblissent en usant des fluides qui les composent, ce qui n'est pas le cas d'un esprit des glaces, sinon nous n'aurions que peu à craindre de lui, il suffirait de l'affaiblir en le laissant user de son pouvoir sans se reposer. Ce qui nous amène à la troisième hypothèse, la plus crédible à mes yeux. Tout comme les dieux ont une forme incarnée, exceptée la sage Rana, je pense que l'esprit a un corps tangible et matériel, une enveloppe charnelle, ou du moins tangible. Le fait qu'ils soit vulnérable à la magie, qu'il ait été enfermé, plongé dans un sommeil et que l'un des autres esprit maniait des objets encore existant semblent tous converger dans cette direction. Rien n'est sûr, je le crains, mais c'est l'hypothèse la plus probable, si cela peut vous rassurer. »

Exhaustif et précis. J’appréciai la qualité de l’information, qui me plongea un instant dans mes réflexions, le temps d’ingurgiter les nombreuses informations. Elles étaient rassurantes, mais je continuai à fouiller, voulant préparer ce possible combat au mieux.

"Hmmm... Diriez-vous qu'il a une âme ?"

Il sembla surpris par la question, mais prit quelques instants pour la considérer.

« Difficile à dire... L'âme est un domaine que bien peu ont exploré et compris. Ce n'est pas comme si on pouvait se rendre aux Enfers pour poser des questions à ceux qui y résident. Le plus... sage, dirons-nous, serait de penser qu'il a en effet une âme et que c'est l'absorption de celles de ses frères qui l'a rendu plus puissant. Rien ne semble indiquer le contraire, mais impossible d'en être certain. Pourquoi une telle question ? »

Je jetai un long regard à Ertiart, presque méfiant. J’hésitai à répondre conformément à ma méfiance naturelle pour les gens de l’Académie. Je soupçonnais que des choses nous étaient cachés, par volonté ou par ignorance. Mais l’occasion pouvait être bonne. Peut-être était-il temps de jouer aux échecs comme je savais si bien le faire et d’avancer une de mes pièces pour voir ce qu’il avait vraiment dans le ventre. J’y allai donc franchement.

"Je suis en possession d'une dent du Dragon Noir, et si j'en crois un certain enchanteur, je pourrais détruire l'âme de n'importe qui avec cet objet."
Dis-je en observant méticuleusement les réactions de l’elfe.

Son expression changea radicalement, il me fixa éberlué.

« Pardon ?! »

Avant de secouer la tête pour se reprendre.

« Une telle chose... Détruire une âme est la chose la plus infâme que l'on puisse faire à un être, j'espère que vous en êtes conscient ? »

Je plissai les yeux, suspicieux devant une telle réaction. S’inquiétait-il de la nature du pouvoir que j’avais en ma possession où plutôt du sort que j’envisageai d’infliger à l’esprit ?

"Je crois l'être. Mais laissez moi vous poser une question. Si vous aviez le choix entre détruire l'âme de l'esprit de glace pour sauver ce monde, et ne pas le faire, au risque de laisser toutes les belles âmes de ce monde se diriger aux enfers. Vous feriez quoi ?"

Il me regarda d’un air étrange, et je pus lire presque de la méfiance sur son visage.

« La question ne se pose même pas. J'ai monté cette expédition pour éliminer cette menace, qu'elle qu'elle soit. Le moyen m'importe peu. N'allez pas croire que ma curiosité surpasse ma raison. S'il faut détruire une âme pour sauver ce monde, je la détruirai moi-même. »

Je n’étais pas convaincu par ce brusque changement. Pour quelqu’un qui ne se posait pas la question, il avait l’air plutôt émotif au sujet. Je continuai donc mes investigations.

" Alors vous êtes aussi déterminé que je le suis. Il est bon que tout un chacun soit en mesure de comprendre de quoi les personnes qui l'accompagnent sont capables... »

Une phrase à double sens savamment poser pour le maintenir dans un certain inconfort.

« Diriez-vous que votre collègue Andreï serait du même avis ?"

Son regard devint plus dur.
« Je n'ai aucune raison de douter d'Andreï. Si c'est la discorde que vous cherchez, vous allez au-devant d'une grande désillusion. «

Je fus surpris par cette hostilité soudaine, traduisant l’attitude de quelqu’un sur la défensive. Je levai donc un sourcil interloqué.

"Je cherche la discorde ? Parce que je vous pose une simple question ? Vous n'exagérez pas un peu ? "

Il eut un léger haussement d'épaules.

« Les mots sont des armes bien plus efficaces que vous ne semblez le penser. Une simple question peut mettre un empire à genoux ou mener à une guerre. Navré pour mon emportement, mais Andreï est un ami fidèle et compétent et je n'aime guère qu'on imagine le contraire. »

Il ne m'apprenait rien, c'était par les mots que je venais de le faire flancher. Par ailleurs, ses explications étaient farfelues. Pourquoi aurai-je voulu les monter l’un contre l’autre ? Quel était mon intérêt dans tout ceci ? L’Académie des Sciences n’était pas à mes yeux un empire à disloquer, et quel aurait été mon intérêt de les mener à la guerre. Ces justifications me paraissaient être celles d’un homme cherchant une porte de sortie. Mais pour quelle raison ? C’était Andrei ? L’âme de l’esprit ? Qu’est ce qui l’avait amené à une telle perte de contrôle ? Il m’avait paru jusque-là être un comme curieux, mais mesuré, mais méthodique et rationnel.

"Je ne suis pas là pour vous monter contre votre ami. Je suis là pour vous aider, et pour le faire, j'ai besoin de réponses, et de sincérité. "

"Je vous donnerai toutes les réponses que je peux, soyez en assuré. Je n'ai aucun intérêt à vous garder dans l'ignorance, cela ne servirait nullement cette expédition"

J’hochai de la tête. "Je n'en demande pas plus, merci." Un accord de façade, car dès lors je me méfiais vraiment.

Je me mis en retrait pour continuer à observer la shaakt. Il semblait pensif pendant un moment, puis se mit à lire des notes pris sur un carnet, tout en observant parfois le dehors. J’aurai tout donné à cet instant pour savoir ce qui se passait dans sa tête et ce qu’il avait consigné dans son petit carnet.

Le reste du voyage se passa sans encombre. Le soir venu, nous nous arrêtâmes comme la veille. Je pris la décision de m’éloigner du gros du groupe. Encore un peu trop remonté contre Cromax pour pouvoir rester à ses côtés tout en gardant ma nécessaire courtoisie. Arkalan qui s’était mis en retrait avait fait son propre feu, je décidai de m’en rapprocher, le temps de me sustenter.

« Ça vous dérange si je m’installe ici un moment, shaakt ? »

« Je vous en prie. Faites comme chez vous, humain. »

J’eus un petit rire devant cette réponse. Il devait mal avoir pris la mention de shaakt pour me renvoyer cet « humain » en retour. Je ne m’en formalisai pas et je m’assis avant de sortir quelques provisions pour manger un bout..

« Il me semble que vous avez veillée toute la nuit hier. Vous devriez en laisser un peu pour les autres. Il serait dommage que vous ne soyez pas en possession de toute vos facultés le moment opportun. »

Lui conseillai-je. Une déformation de ma part héritée du temps passer à gérer un groupe armé. Il me rappela qu’il n’avait pas besoin de beaucoup d’heures pour se reposer. J’ironisai.

« Ah. La supériorité de la constitution elfique…. Quoi qu’il en soit je prendrai mon quart cette nuit, alors sentez vous libre de vous reposer un peu si vous en ressentez le besoin. »


Il affirma ironiquement avoir également des défauts avant de poursuivre

« Sentez vous libre de rester éveillé. »

Je lui jetai un regard en coin amusé par ses réactions. Tout ce cynisme… je me demandais si c’était naturel chez lui ou s’il essayait d’une manière ou d’une autre de me provoquer. Il en aurait fallu plus pour cela, cela me fit plutôt rire. J’avais vécu à Omyre, ce n’était pas encore assez pour me faire sortir de mes gonds.

« Comme votre langue aime jouer avec les discours d’autrui… Vous feriez fureur dans certains lieux de la Cité Blanche. »

Il m’affirma ne pas avoir rejoint la Cité Blanche depuis longtemps et qu’il cherchait à éviter le contact des autres. Peut-être était-ce un message, mais je m’en fichais. Je fus surtout surpris qu’avec sa race et son facies tellement disgracieux il fut autorisé à passer les portes de la ville.

« Eh bien, à moins d’être aveugle, je crois que au-contraire la chose est assez remarquable… Mais je dois avouer que j’ai du mal à vous voir à Kendra-Kâr. J’aurais plutôt crus que vous auriez plus été adepte de cité comme… Omyre. Pour avoir bien connus les deux villes. »

Il pensait lui, qu’Omyre serait une ville dangereuse pour lui. Il devait avoir des problèmes avec son propre peuple puisqu’il craignait les espions des matriarches shaakts. J’avais vu juste, c’était un exclu. Neanmoins il avoua ne pas savoir si elles y avaient encore de l’influence. Sans doute voulait il evoquer les consequences de la chute d’Oaxaca.

Je réfléchis un peu : « Moi non plus. D’autant que celles que vous semblez craindre se sont montrées discrètes… C’est le cas de le dire. »

« Toujours. Elles frappent rarement de face. C’est un peu… leur supériorité de conditions elfiques. Elles ont le temps de comploter. »

« Honnêtement, si elles pouvaient infliger une sévère déculottée aux épigones d’Oaxaca on ne m’en verrait pas ému… Mais il est vrai que je ne connais rien à votre peuple. Peut-être sont-elles pires … En tous cas vous allez l’air de les prendre au sérieux. »

Il resta silencieux et je l’observai. Il semblait avoir plongé dans son intériorité, s’y noyer même. Son visage se déforma en grimaces traduisant des sentiments puissants et contrariés. Je ne le dérangea pas, finissant de manger en silence. Ce combat n’était pas le mien. Et quand j’eus fini, je m’adressai une dernière fois à lui :

« Je vais vous laisser, et aller un peu monter la garde comme promis. »

C’est ce que je fis, ce soir-là, participant à l’effort. Arkalan, lui, faisant fi de me conseilles monta encore une fois la garde, toute la nuit….

La journée suivante ne fut soumise à aucune parole, aucune action remarquable. Une journée d’ennui, juste à être traîné par ces mammouths et leurs pas serein. Le soir, alors que nous avions posé le camp, je m’éloignai pour soulager ma vessie dans les bois, loin des autres. Lorsque je revins, perturbé par un mouvement de je-ne-sais-quel-animal dans les bois, je ne pus eviter le corps à mes pieds. Je manquai de trébucher dans la pénombre et surpris, je m’excusai d’emblée, avant de reconnaître Faelis.

« Ah… C’est vous. Ce n’était pas volontaire. Je ne suis pas si mesquin. » Me justifiai-je. En effet compte tenu de nos différents, je ne voulais pas qu’il puisse penser que mon acte était délibéré.

Il eut un grognement agacé avant de commencer à illuminer d’une lumière qui semblait émaner de sa peau. J’observai l’elfe devenu torche surpris, et alors que mes yeux parcouraient son corps de long en large, le jugeant quelque peu, ma surprise devint moquerie. Il avait une drôle d’allure comme cela.

« Quand vous disiez que vous brillerez bientôt de milles feux à la cours. C’est donc à ça que vous pensiez ? »

Soit il ne vit pas l’ironie de mes propos soit il les ignora en me répondant qu’il y avait de nombreuse façon de briller avant de s’interroger sur le fait que je sois debout à cette heure de la nuit.

« Disons que j’avais à faire quelques besoins naturels. Et… vous devriez mieux vous placer la prochaine fois. Nous, les humains n’avons pas une aussi bonne vue que certains des vôtres. »
Conclus-je avant de faire deux pas pour commencer à m’éloigner mais je m’arrêtai finalement et lui refit face n’ayant pas perdu cette envie de plaisanter sur le dos de la Torche Elfique.

« En fait, vous devriez vous illuminer de la sorte en permanence. En plus de vous rendre visible vous faites une parfaite torche pour les commissions de nuit. »

L’elfe en rit de me plaisanterier de cœur, ce qui me tira un sourire et eut l’effet "magique" de détendre l’atmosphère entre nous. S’engagea même une conversation, contre tout attente. Et je devais dire que c’était bien la première fois que lui et moi avions un échange aussi long.

« Hélas, je ne peux briller en dormant ! Et je ne suis pas sûr que vous vouliez que je vous accompagne dans vos affaires ! »

Il ajouta ne pas s’attendre à me trouver si loin de Kendra-Kâr et m’interrogea sur l’état du Royaume.

« Hé bien… Le Royaume est choqué par la disparition de son roi et de la quasi-totalité de son armée. Malheureusement, Solennel n’avait pas d’enfants et on se retrouve avec un important problème de succession sur les bras. Pour résumé ça va mal. »

Il se scandalisa sur le fait que Princesse devait être la seule héritière et s’étonnait qu’elle ait des concurrents au trône. Puis il pesta sur les problèmes qu’avait ma race avec le règne des femmes. A vrai dire, je ne savais pas si cela se vérifiait dans d’autres peuples hors de Nirtim, mais même si je n’appréciais pas entendre un elfe critiquer l’humaine condition, je ne pouvais lui donner tort. J’étais aussi écœuré que lui.

« On est d’accord sur Satina. Oui elle a des concurrents, deux pour être exact, et elle n’est pas la mieux placée. J’ai hâte qu’on en finisse avec cette histoire d’esprit. J’aimerais faire quelque chose pour elle. »

Il émit le souhait de m’accompagner arguant qu’il avait bien trop retardé son retour.
J’hésitai un instant. A vrai dire compte tenu de nos relations je n’avais jamais imaginé pouvoir en faire un soutien et je fus pris au dépourvu. Mais qui serai-je si je privais ma seigneuresse de soutiens supplémentaires à cause de mon égo ? Cela n’avait rien de chevaleresque.

« Hé bien…. Si votre but est d’aider Satina, cela fait de nous des alliés naturels. J’essaye de lui obtenir le plus de soutien que possible. Se faire soutenir par des héros de guerre de ne sera pas de trop. Enfin, je propose qu’on en reparle une autre fois, quand nous aurons la tête libérée des problèmes qui nous amènent ici. »

« Qu'il en soit ainsi. Au fait, si vous me voyez, en plein combat, pointé une flèche lumineuse sur vous n'ayez crainte, ce sera pour vous soutenir de ma magie ! »

J’hochai de la tête avant de reprendre avec mon franc-parler habituel.

« Vous êtes certes souvent plutôt agaçant, mais je n’aurais pas imaginé une seule seconde que vous auriez la mesquinerie de m’attaquer. Nous partageons les valeurs des peuples libres… malgré tout..»
Je le saluai d’un signe de tête accompagné d’un léger sourire.

« Je ne vous dérange pas plus. »
Et je retournai me coucher.

Le lendemain, au bout d’une énième journée d’ennui qui m’impatientait de plus en plus je me retrouvai un peu isolé, les yeux plongés dans les flammes du feu de camp. C’est le moment que choisis Cromax pour venir vers moi me demandant s’il pouvait s’installer près de moi.

Encore remonté contre sa personne, je levai à peine les yeux sur lui gardant un visage impassible.
Le lendemain, au bout d’une énième journée d’ennui qui m’impatientait de plus en plus je me retrouvai un peu isolé, les yeux plongés dans les flammes du feu de camp. C’est le moment que choisis Cromax pour venir vers moi me demandant s’il pouvait s’installer près de moi.

Encore remonté contre sa personne, je levai à peine les yeux sur lui gardant un visage impassible.

« Faites. » dis-je en prenant bien soin de restaurer un vouvoiement que je n’aurais jamais dû quitter. La preuve cela lui avait donné des prétentions cavalières. Je comptais bien remettre de la distance entre nous.

Il s’assit alors à mes côtés, nous plongeant dans de longues secondes de silences que je finis par trouver malfaisantes. Lorsqu’il prit enfin la parole, c’était pour me dire qu’il ne pensait pas que l’expédition pouvait bien se passer en nous ignorant l’un l’autre. Il voulait exprimer les non-dits entre-nous et proposa de parler franchement.

J’en étais sûr ! J’étais d’ores et déjà agacé ! Cette façon qu’il avait de jouer à l’intrusif, comme lors de notre tête-à-tête, comme lors de mon altercation avec Faëlis. Finalement, les choses s’étaient détendues avec ce dernier et ce n’était surement pas grâce à son concours. De plus cette façon qu’il avait subtilement de faire entendre que si quelque chose se passait mal, ce serait à cause de notre relation m’énervait encore plus. Je jugeais cela comme encore une façon de rejeter la faute sur moi et c’était la deuxième fois qu’il faisait ce genre de sous-entendus, à me faire passer pour l’élément perturbateur du groupe. Il fallait que cela cesse séance tenante ! Je lui fis voir donc voir ma façon de penser, lâchant mes mots d’une traite, l’esprit échauffé.

« Je dois dire que je ne comprends pas votre volonté de vouloir à tout prix que tout le monde s’entende. Tous les corps d’armes ne sont pas faits de gens qui s’apprécient tous, et cela ne les empêchent pas d’être efficace ensemble. Et en fin de compte peut-être que si vous interveniez un peu moins, les choses finiraient par s’arranger d’eux même…» dis-je en pensant au cas de Faëlis.

Je soupirai à nouveau pour expier la colère qui commençait à prendre possession de moi, pour reprendre plus calmement. Je refusai de perdre mon sang-froid et fis l’effort de l’écouter.

« Au reste, cela n’empêche pas de nous parler librement si c’est ce que vous desirez. »
Il s'expliqua en m'affirmant qu’il aimerait que tous s’entendent, et que les conflits devaient , selon-lui, généralement se régler par les mots ou par les armes. Je manquai de lui objecter qu’il avait une vision bien binaire de la chose et que moi, j’étais capable de lui énoncer bien des manières de régler un conflit en plus des deux seules options qu’il semblait connaître, mais je n’en fis rien. Enfin, il affirma comprendre que j’ai pu être choqué par son comportement direct, mais que je n’avais aucune obligation d’y répondre et il ne comprenait pas comment mon égo pouvait être blessé pas une « simple proposition. »
Alors ça c’était du foutage de gueule ! Pour quelqu’un qui disait comprendre il m’avait semblé bien énervé le soir en question. Je plongeai mon regard dans le sien, les sourcils froncés, luttant contre mon impétuosité naturelle pour ne pas aller trop loin dans mes propos et ne pas lever la voix plus que de raisons. Je me connaissais, et je savais que je pouvais perdre mes nerfs à n’importe quel moment s’il me poussait trop.

« Cromax, je vais vous parler sérieusement. Premièrement, je n’aime pas à avoir à dire les choses plusieurs fois. J’estime ne pas avoir à vous répéter que vous ne m’intéressez pas. Vous pouvez trouver certes cela normal de tenter de changer de formes avec votre étrange magie pour tenter de me faire changer d’avis, mais pour le commun des mortels, c’est étrange ! Ce n’est pas normal et ça ne change pas ce que vous êtes réellement. Deuxièmement, non content de changer votre nature, vous prenez ces habits vulgaires, et vous présentez devant moi à peine vêtue. Honnêtement, cela veut tout dire sur ce que vous pensez de moi. Et j’aimerais vous dire que je suis loin d’être un rustre qui ne pense qu’avec ses pulsions. On ne m’achète pas, ni avec des titres, ni avec des richesses, ni avec de la luxure. Je trouve cela insultant que vous ayez seulement pu imaginer me détourner de la sorte. Et que vous mettiez en colère parce que je vous fais savoir que je n’apprécie pas ce comportement, m’interroge sur vos véritables valeurs. »


Il soupira longuement devant mon discours, sans doute, ne lui avait-il pas plu. Sa réponse fut longue et j’eus envie de la démonter à chacune des phrases qui démontraient à quel point il était à côté de la plaque mais je fis un ultime effort pour me montrer civilisé, me jurant de ne pas l’interrompre alors que j’en mourrais d’en vie.

Il comprenait mon refus, mais ne comprenait pas que je fis entrer la colère en jeu. Je voulus lui répondre que j'avais plus été outré et écœuré que réellement en colère et que cette dernière était reelement venue qu'après qu'il se soit lui même énervé de par ma mise-au-point. Il m’accusa de me permettre de le juger à cause d’une simple apparence sur ses intentions. Ce que je ne compris pas. Je voulus lui répondre qu’il était en tenue légère et avait avoué lui-même avoir espéré que je cède, alors je pensais justement avoir eu un jugement, on ne pouvait plus correct sur ses intentions, mais je le fermai. Il m’affirma que de nombreuses personnes auraient été ravies de sa proposition et j’eus voulu lui répondre que ce n’était pas la question. Certains peuples ont des mœurs différentes cela ne voulait pas pour autant dire qu’ils convenaient à tous. Il affirma que s’il avait voulu être insultant, il aurait pris la forme d’un gobelin couvert de merde, et je manquai de lui répondre que ce n’était pas à lui de juger ce qui m’était insultant ou pas, mais je la fermai. Jusque là, ça allait, et ce n'était que des désaccords qui confirmaient juste que nou ne voyions pas les choses de la même façon. Cepandant, lorqu'il employai les derniers mots de son discours, je tombai des nues.

Il me reprocha de m’être caché derrière un titre, ne pas respecter cela, surtout quand ils étaient utilisés pour rabaisser les autres et celle-là me choqua particulièrement. Je voulus lui rétorquer que ce n'était que des affabulations et que je le mettais au défi me prouver ne serait-ce qu’un seul instant où je m’étais servis de mon titre pour le rabaissé lui, ou quiconque de ce groupe, mais je la fermai, encore…. Enfin, il finit par me proposer des fausses excuses dans lesquelles il s’excusait, je cite « de ne pas avoir vu en moi un cador sans intérêt pour les notions de plaisir et de spontanéité » Je voulus lui dire que ses excuses n’en étaient pas et en outre que j'en attendais pas. Je n'avais eus qu'une seule volonté que je lui avais exprimer clairement, celle ne pas recommencer, mais monsieur le divin n'avait manifestement pas apprécié, mais je la fermai. Je voulus lui dire aussi qu’il exagérait peut-être en affirmant qu’un individu refusant de céder à ses avances n’aurait aucun intérêt pour le plaisir, ni pour la spontanéité, comme s’il était le seul être garant de ces notions à travers le vaste monde, mais je la fermai encore et encore ! J’avais pris tout ça sans rien dire, sans ciller, prenant sur moi, sur ma fierté alors que j'étais victime d’inventions et d’insulte.. Et c’était à moi de tenir le mauvais rôle ici ? C'était tout bonnement risible.

"Bon. Les choses étant dites, pouvons-nous poursuivre cette aventure sans plus s'attarder sur ce qui semble être un malentendu malheureux ?"

Bien sûr, j’allais faire ça. Après ses fausses excuses sous forme d’insultes ? Après avoir soutenu que je m’étais servi de mon titre pour rabaisser les autres alors que ce ne fut jamais le cas ? C’était bien beau de parler de mon égo, quand le sien pourrissait son jugement. Il n’y avait aucun intérêt de continuer cette conversation car si je devais le faire nous en viendrions assurément aux mains et je n’avais pas encore envie que monsieur-la-divinité vienne une énième fois sous-entendre que j’étais un mauvais élément pour ce groupe risquant de faire les choses mal tourner. Après tout je le savais, j’étais une cible idéale sur le dos pour ce genre d’accusations. J’avais du caractère et ne me gênais pas pour dire ce que j’avais à dire et affirmer ce que je pensais, beaucoup n’appréciaient pas une telle liberté de ton.
Hé bien, puisque c’était le cas, il pouvait bien continuer à faire de moi le méchant noble qui se croyait au-dessus des autres et qui mettait en danger la cohésion du groupe. Il pouvait bien aller le répéter à tous et faire de moi un épouvantail. Je ne comptais pas à m’abaisser à son niveau et tomber dans son piège.

« C’était déjà le cas en ce qui me concerne, Cromax. » affirmai-je d’un ton d’une neutralité sans faille.. Le message était clair j’en restai au même point.

"Hé bien. Au moins de mon côté les choses sont dites."

Oh oui c’était le cas de le dire. Je n’allais oublier aucun de ses mots faits de mensonges et de jugements biaisés.

"Bonne nuit, Ezak."

J’hochai de la tête. « Bonne nuit, Cromax. »

Et quand il fut loin, ma langue se délia, jetant l’insulte que j’aurais dû lui lâcher dans sa face dans les flammes face à moi.

« Une nuit pleine de cauchemar, de pustules, et de malédictions, demi-dieu de l’Indignité. »

Les minutes passèrent durant lesquelles je maudissais l’elfe gris d’être venu troubler ma tranquillité. Je faisais des efforts pour ne pas déshonorer mon serment d’allégeance si vite, et d’être conforme à ce que le Royaume attendait de moi, mais on ne me rendait pas la chose facile. Je fulminais à l’intérieur. C’est Sibelle qui me coupa de mes réflexions lorsqu’elle me demanda si elle pouvait s’asseoir près de moi.

"Aucun problème. Vous êtes la bienvenue." Dis-je en essayant de garder un ton calme après ce qui venait de se passer.

Elle prit position et garda le silence de longues minutes, avant de se confier sur sa hâte de trouver le guide qui nous attendait dans le village de trappeurs ? Elle s’interrogeait sur le fameux monsieur Dan qui avait disparu avant notre arrivée et voulu savoir mon sentiment sur ça.

J’eus un long soupir, car j’avais encore la tête à mon échange avec Cromax, mais je consentis à lui répondre.

"Je pense qu'il y a quelque chose de pas clair parmi ces mages. Ce n'est qu'une intuition néanmoins."

Il semblait de son côté que ce fût Andrei dont l’attitude l’inquiétait. Je fus surpris.

"Vous le trouvez louche ?"

Elle répondit par la négative, mais avoua qu’elle le trouvait inquiet, et qu’il niait cet état de fait. Pas de quoi s’affoler selon moi. La vie risquait de disparaître, il y avait de quoi avoir des aigreurs d’estomac, mais ça méritait de rester attentif.

"Hmmm... Ertiart m'a paru excessivement sur la défensive quand je l'ai interrogé sur certains points. Ce qui est sûr, c'est qu'il a une grande confiance en Andrei. J'ai pas à peine posé une question sur son état d'esprit qu'il m'a accusé de vouloir semer la discorde"

Sibelle m’interrogea ensuite sur les questions que j’avais posées. Je regardai autour de moi pour voir si quiconque épiait notre conversation avant de me confier.

"J'ai récupéré une dent du dragon noir après la bataille, et j'ai appris que cet objet était capable de détruire une âme. J'ai essayé de savoir si l'esprit en question en était dôté comme nous autres mortels. Il m'a semblé assez choqué quand je lui ai affirmé que je songeais à la détruire, mais étrangement, quand je l'ai mis face au fait accompli, il m'a pourtant affirmé qu'il serait prêt à détruire cette âme si il le fallait. C'est après cela qu'il m'a semblé plutôt sur la défensive quand je lui ai demandé si Andrei serait prêt à faire le même genre de choix. C'est là qu'il m'a accusé de vouloir semer la discorde et je dois avouer que je ne sais pas quoi en penser. Il m'avait pourtant l'air d'être quelqu'un de rationnel, mais pendant quelques secondes, je l'ai trouvé incohérent et ses réactions plutôt exagérées."


Elle m’affirma avoir elle aussi récupéré un éclat de dent de dragon et en avait fait faire un sabre sur l’île des dieux elle pensait même que d‘autres avaient fait comme elle. Je n’étais pas sûr d’apprécier la nouvelle, il y avait des personnes peu recommandables là-bas. Elle voulu savoir ensuite avoir des précisions sur ce que je venais d’affirmer.

« Je dirais plutôt qu’il avait l’air choqué que l’on puisse vouloir détruire une âme tout court. Après tout, ce n’était pas le premier à me faire ce genre de discours. Alors ne sur-interprétons pas, mais je pense qu’il est de bon ton d’être tout de même attentif. »

Et je changeai de sujet. En tant que maître d’armes, je n’avais plus qu’une envie, c’était de voir son sabre, alors je demandai si c’était faisable. Elle hésita un moment, et je ne le pris pas mal. J’avais moi aussi une relation particulière avec mes armes et n’aimaient pas vraiment que d’autres les touchent, mais elle consentit à sortir l’objet en question de son fourreau.

J’étais estomaqué par la beauté de la lame. D’un œil expert, je l’observai sur toutes ses coutures n’osant pas la toucher.

« Ciel, c’est un travail d’orfèvre… » En m’y autorisa en passant un doigt, légèrement, sur la lame pour en éprouver la qualité du fil.

« Qui est votre forgeron ? La dernière fois que j’ai vu un travail si exceptionnel, c’était pour l’une de mes armes, et cela remonte à loin… »

C'était l’œuvre d'un certain Aer' Nistral, un elfe doré qui aurait volé les secrets de la forge de Meno et payé le prix de sa vue pour ça, ce qui ne l’empêchait pas selon elle d’être le meilleur forgeron sur Yuimen.

J’hochai de la tête, j’aurai gagé il y a quelques années que ce n’était pas tout à fait vrai. Je me rappelais de Randaar, devenu esclave du Dragon Mauve originel sur l’île interdite.

« J’ai connu un homme qui n’avait probablement rien à envier à cet elfe… Il avait été fait prisonnier dans un temple faisant office de forge, condamné à la vie éternelle, mais sans possibilité de quitter ce lieu érigé pour lui. Avant de le libérer de cette malédiction, il a consenti à me faire une arme, que je garde encore avec moi. C’était lors de ma première aventure. Et j’ai l’impression que c’était il y a une éternité…»


Ce souvenir me rappela à quel point le temps avait passé depuis. J'étais si naïf à l'époque, et si égoïste aussi... Sibelle rangea son sabre avant de me demander si elle pouvait voir mon épée.

Je ne me fis pas prier et extirpa de mon foureau dorsal l’arme en question pour la présenter fièrement , un grand sourire sur les lèvres. « Je vous présente Lassiria, ma fidèle compagne. »

"Vous avez de quoi être fière de votre protégée." affirma t'elle après l'avoir regardé sous toutes les coutures?


« Oui. Elle m’a sauvé la mise à de nombreuses reprises. »
Je la rangeai out en détaillant l’équipement de Sibelle de mon regard expert. « Je vois que vous portez deux sabres. Ambidextre ? »

Elle me répondit par l’affirmative et supposa elle aussi que je devais l’être pour l’avoir remarqué chez elle.

"Oui, en effet. L'ambidextrie est rare et fait de bons combattants, j'en ai moi-même pas croisé énormément. Peut-être pourrions-nous échanger quelques coups à l'occasion, de façon amicale, une autre fois ? Je dois avouer que je m'ennuie terriblement, depuis que nous sommes en Nosveris, ce sera l'occasion de se dégourdir les membres."

Elle accepta, arguant qu’il n’y avait pas beaucoup de moyens de s’entraîner par ici. J’en fus heureux, j’avais un grand besoin de me laisser aller à mon art et s’il ne faisait pas si sombre au point de rendre l’exercice dangereux, je lui aurai proposé que l’on s’y mette sur-le-champs. Cela me rappela tout de même à quel point mes hommes me manquaient. J’avais cette impression d’être un peu orphelin sans eux. Ils avaient fait partie de ma famille en quelques sorte le temps de mon service forcé. La fraternité que j’avais tissée avec certains me manquait. Leur origine était roturière, souvent obscure, mais ils avaient bien plus de noblesse d'âmes que beaucoup.

Nous restâmes ainsi, silencieux, Sibelle et moi. Chacun respectant l’autre plongé dans son intériorité, et lorsque mes yeux me piquèrent assez, je me retirai en lui souhaitant une bonne nuit.

Les deux derniers jours furent aussi plats que les autres et j’accueillis avec soulagement le fait de quitter l’équipage Segteks. Ils me rappelaient beaucoup trop Omyre, la scélérate. Ils nous laissèrent à quelques encablures du hameau que nous devions rejoindre nous laissant marcher dans une épaisse neige. Je fus content d’avoir croisé la route de Sibelle, car grâce à elle, j’avais pu avoir ces raquettes qui se révélaient tellement efficaces pour marcher dans la neige.
Cependant, plus nous nous rapprochions du hameau, plus son impression de tranquillité paraissait étrange. Un sentiment qu'Ertiart traduisit à haute voix. IL en était sûr, quelque chose clochait. Lorsque nous arrivâmes assez près, nous pûmes tous constater à quel point cela était vrai. Des corps, une poignée gisaient sur le sol au pied de maison et d’autres structures à la forme étrange auxquelles j’étais incapable de donner un nom.
Sibelle et Faelis affirmèrent avoir entendu un son, un hululement et nous demanda si nous l'avions entendu. Madoka et moi répondîmes par la négative et Cromax intima de garder son sang-froid et de ne pas se formaliser pour ce qui devait être qu'une chouette. Je ne dis rien à cela, peut-être avait-il raison, mais je me fiais tout de même aux deux elfes blancs, s'ils pensaient que ça avait de quoi les inquiéter, il ne fallait pas l'écarter

Le groupe s’organisa et chacun commença à pénétrer le hameau prudemment. Moi, j’étais inquiet par autre chose. Depuis ma rencontre avec Vlash, depuis mon passage dans le bagne maudit, et avoir fréquenté quelque temps Azra le Lord Necromant, je ne considérais pas les morts, comme des morts. Peut-être n’était-ce pas le cas ici, mais c’était pour profiter de notre expérience que nous avions été engagés.

Pour être sûr, je sortis Lassiria et Mongoor de leurs fourreaux, et jetai à la lame de ce dernier un regard attentif. Si la lame n’illuminait pas, ce qui serait signe de la présence de morts-vivants, je comptais me rendre vers les habitations les plus éloignées, et après y avoir jeté un bref coup d’œil pénétrer l’une d’entre elles.


HRP :

-capa RP de spadassin utilisée la première nuit pour réparer la lance.
-sors le sabre du dragon mauve, et épée de Faerunn en main.
- Vérifie la lame du sabre pour la présence de morts-vivants.
- Si il n'y a rien à signaler se dirige vers la yourte numéro 4 et y entre très prudement.

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Cromax
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Cromax » sam. 9 avr. 2022 11:44

Au matin, tout le monde est prêt à partir à la conquête du froid de Nosveris. Hereld, bien vêtu de fourrure, comme tout un chacun, nous mène à l’’extérieur, dans une ambiance morne et grise. Et froide, bien sûr : c’est qu’on se les pèle ici. Et là, ô surprise, un curieux attelage nous attend aux portes de l’Académie. Deux immenses créatures à trompe et défenses recouvertes d’un poil épais et long sont arnachés avec des traîneaux couverts de fourrures. Des mammouths, comme il m’est bientôt précisé. Et ces monstres des glaces sont dirigés par nul autre qu’une paire de gobelins domestiqués. Polis, même. Des marchands, apparemment, nous faisant la grâce de leur matériel pour nous mener à destination. Et sans nous dépouiller ou nous égorger la nuit, visiblement. Une nouveauté qui ne manque pas de me faire sourire.

Nous prenons place sur les charriots sans roue, et partons vers l’inconnu. Pas moins de sept jours de voyage nous attendent dans la plaire nosverienne enneigée. Sept jours à progresser sous les chutes de neige et les vents glaciaux dans un paysage immaculé où rien n’était visible. Je profite des journées pour méditer, assis dans ces traineaux, gardant mon énergie pour rester éveillé le soir, afin de monter la garde pour tout le monde. On ne sait jamais.

Le premier soir, je décide d’approcher Arkalan, celui de la compagnie que je connais le moins. Morose et distant, il n’a pour l’instant pas beaucoup parlé, ni ne s’est fait remarquer. Alors qu’il est assis près du grand feu réchauffant nos corps et nos âmes, je l’apostrophe sans lui laisser l’occasion de fuir la conversation.

« Arkalan, c'est ça ? J'ai besoin de savoir si l'on peut compter sur toi pour cette aventure, toi qui es resté si discret jusqu'ici. Que penses-tu de tout ça ? »

Espérons qu’il soit mieux luné que la veille, et plus loquace aussi. Et ce n’est pas gagné, puisque sa première réaction est un long soupir empli de lassitude. Je grince des dents, mais il semble aussitôt se relâcher, après un regard vers Sibelle. Il se décide à parler, notant qu’il est plus sûr que certains autres convives de cette aventure. Nul doute qu’il évoque l’elfe rousse. Les deux semblent avoir un passif en commun. Il me fait ensuite part de doutes concernant l’expédition, sans préciser lesquels. Une prudence, une crainte, et la certitude de vouloir démêler le vrai du faux. Une bonne note pour lui, en quelque sorte. Je rebondis sur ses affirmations :

« Tu n'es pas le premier à me dire que cette histoire ne tourne pas rond. Des hypothèses personnelles ? »

Puis, mimant son regard vers l’hinionne, je le questionne :

« L'elfe blanche a eu une drôle de réaction quand tu as dit ton nom, hier. Tu la connais ? »

Il s’empresse alors de me narrer, calmement, les histoires passées vécues avec Sibelle. Elle aurait tenté de lui arracher la tête avec ses serres. Alors que mon visage se décompose en une mine incrédule, il poursuit en disant qu’elle expliquerait une toute autre version si je lui demandais. Et rajoute qu’on croit sans doute plus vite une elfe blanche qu’un noir tout couturé de partout. Je rétorque, interloqué :

« Ses… serres ? »

Je me reprends néanmoins et précise le fond de ma pensée sur l’apparence et l’origine de chacun. L’habit ne fait pas le moine, et je l’ai souvent appris à mes dépens.

« En ce qui me concerne, la tête de quelqu'un ne fait pas ses actes. Je suis sindel, et loin d'être comme mon peuple se comporte. L'un de mes plus proches amis est shaakt, quand bien même j'ai rencontré quelques soucis avec certains d'entre eux. Je connais le danger des préjugés. »

Sur l’entrefaite, Arkalan évoque ses doutes sur l’implication des Matriarches de Gwadh dans l’affaire. Une hypothèse surprenante qui ne manque pas de m’intéresser.

« Des matriarches ? Shaakt ? Je ne connais rien de ce continent. Elles ont un lien avec Yuïa et ses créatures ? »

Il commence par m’expliquer le pouvoir de Sibelle de se transformer à volonté en hippogriffe, une sorte d’oiseau quadrupède avec un corps de cheval et des ailes. Et des serres, apparemment. Une question que je suis pressé d’aborder avec elle. Il dérive ensuite sur l’explication de son hypothèse shaakt, précisant qu’elles ne vivent que par la soumission, et que la disparition d’Oaxaca pourrait être un événement les faisant sortir de leur trou pour relayer un pouvoir dévastateur. Même si ça implique de réveiller un ancien esprit créé de toutes pièces par une déesse.

« Je n’ai croisé Sibelle que sur les Champs de Kochii, en Ynorie. La bataille qui a vu Oaxaca tomber. Mais je ne la connais guère. Quant aux matriarches, j'ai conscience de leurs travers nombreux sur votre peuple... Mais Gwadh était-elle sous le joug d'Oaxaca ? Je pensais que seule Pohélis l'était, ici. »

Il m’explique que sans être sous le joug de la déesse noire, les tensions se sont fait sentir au sein de leur peuple, depuis des années. Enfin, rien ne les empêchant de vouloir désormais prendre l’ascendant sur les autres peuples. Ça me semble un peu tiré par les cheveux, d’un premier abord, car rien n’indique l’intervention de shaakt dans l’histoire, mais aucune piste ne peut être écartée. Pourquoi pas, après tout ? Il sait peut-être des informations complémentaires qu’il préfère garder pour lui momentanément. Je tente tout de même de le pousser hors de ses frontières.

« Et cette hypothèse se base sur des faits de ta connaissance ? Tu connais le Cryomancien Ertiart, peut-être ? »

C’est peut-être un peu gros, le raccourci entre ses doutes et le meneur de notre expédition, mais bon, on ne pêche pas un poisson sans appât. Enfin, pas moi en tout cas. Sa réponse reste sibylline : il parle d’une simple intuition. Rien de concret, donc, à me mettre sous la dent. Je décide de le rassurer, et de l’avertir :

« Quelle qu'en soit l'origine, je suis là pour que ces menaces ne voient pas le jour. Et je pense que c'est le cas de chacun des aventuriers présents, même l'elfe blanche. Je n'ai pas de conseil à donner, mais nous faisons équipe désormais, et je sais que le retrait peut amener des doutes, chez certains. »

Fixant mon regard dans le sien, je précise néanmoins :

« Mais ça ne sera pas mon cas. Je ne juge que les actes, et je crois en ton objectif de régler tout ça. »

Il réitère sa non intention de s’en prendre à nous, conscient de l’obligation d’une coopération entre aventuriers pour mener à bien cette histoire. Il précise toutefois qu’il n’accordera pas sa confiance facilement, surtout envers Sibelle. Je ne lui en demande pas tant, surtout qu’il semble de bonne volonté. Souriant, je confirme mon contentement :

« Ah ça, j'imagine bien. Une tentative de meurtre... ça ne s'oublie pas comme ça. Mais je vois que tu es de bonne composition, et moi ça me va. La confiance, j'ai bon espoir qu'elle viendra au fur et à mesure de nos péripéties. Ou pas. La seule chose qui importe c'est de palier à cette menace, chacun avec nos forces, nos faiblesses, notre histoire. »

Il m’encourage à répandre mon avis sur lui aux autres membres de l’expédition, préférant qu’ils ne viennent pas tous le voir pour lui demander ses allégeances. Je comprends bien son désir de rester seul : ce n’est pas un être des plus sociables, même si la conversation s’est somme toute bien passée. Je décide de conclure l’entretien, satisfait.

« Je leur dirai si l'occasion se présente. Je ne t'ennuie pas plus ce soir. Bon repos à toi ! Et si un doute sur l'un de nous s'installe, n'hésite pas à venir m'en parler... Surtout si c'est moi ! »

Et je le laisse à ses occupations, le quittant cordialement.

_______________________

Le second soir, je décide d’aborder la seconde partie de la pièce, dans l’histoire entre Sibelle et Arkalan. Je m’approche de la rouquine, toujours au coin du feu. Une situation que je trouve réconfortante et incitant à la conversation.

« Ça va, pas trop froid ? Je peux m'installer ? »

Elle accepte ma présence, souriante, et je ne me laisse pas désirer, prenant place à ses côtés.

« Alors, Sibelle, comment ça se passe jusqu'ici cette aventure ? Tu permets que je te tutoie ? »

Elle permet le tutoiement, et précise que de son côté, tout est encore trop calme. Elle est une personne d’action.

« Trop !? Hé bien, vu ce que ça peut donner quand ça éclate, je préfère profiter un peu de ce calme avant la tempête. Pour apprendre à nous connaître, par exemple. »

Voilà un bon préambule. Je m’empare d’un bâton traînant là pour farfouiller les cendres sous le feu négligemment, poursuivant amicalement :

« Ca n'a pas l'air d'être tout rose entre toi et Arkalan. Je lui ai un peu parlé hier soir. J'espère que ça ne portera pas préjudice à l'entente de notre groupe. »

Sympathique, mais ferme, je lui fais savoir de manière détournée que des soucis, je n’en veux pas de l’intérieur. Elle assure qu’il n’y aura rien à craindre de sa part, même si elle avoue rester méfiante suite à leur expédition sur le Naora, à deux. L’occasion d’en apprendre plus sur cette aventure. Et surtout sa vision de l’agression décrite par Arkalan.

« Oui, il m'a évoqué cette mission. Vite fait. Il m'a parlé d'une tentative de meurtre envers lui... J'ai été plutôt surpris. J'imagine que tu as une autre version des faits. »

Je l’incite par-là à m’en parler ouvertement, sans crainte d’un jugement déjà arrêté. Je préfère toutefois préciser à son encontre :

« Si le sujet t'ennuie, n'hésite pas à me le dire. »

Franche, elle n’hésite pas à répondre, commençant d’abord en précisant qu’elle ne comptait pas revenir sur cette affaire dans un premier temps. Et que si elle en parle, c’est parce que je le demande. J’opine du chef pour marquer ma compréhension et la laisse poursuivre. Elle évoque l’importance de l’union de notre groupe face à l’adversité, et conclut qu’elle va me narrer sa version des faits parce que je lui semble de ceux qui préfèrent rassembler plutôt que de semer la zizanie. Elle promet d’ailleurs d’aller vers lui pour enterrer la hache de guerre dès que possible. Une initiative que je ne peux que saluer. S’en vient alors le récit de leur périple en Naora. Une mission d’exploration ayant vu intervenir une attaque de nains. J’ignorais la présence de ce petit peuple sur le continent habité de mes semblables. Ils auraient maîtrisé la situation, forçant leur reddition, mais l’elfe noir aurait poursuivi l’agression, assommant leur chef. Sans doute pour s’assurer de leur coopération. Vient alors l’agression de Sibelle, bondissant sur lui pour le maîtriser… et non pour l’assassiner. L’elfe blanche assure qu’elle aurait pu le tuer mille fois si elle en avait eu l’envie, mais que ça n’avait pas été le cas ici. L’affaire se conclut par l’apparition d’un officier sindel les ayant envoyés dans l’embuscade naine sans les prévenir. Un comportement traître les ayant mis en difficulté. Elle regrette qu’Arkalan ait préféré lui en vouloir à elle plutôt qu’à lui. À la fin de l’histoire, je réagis :

« Oh. Je vois quel a pu être le malentendu... Dommage qu'il n'ait pas compris ton intention, alors. »

Je décide de rester neutre dans le conflit qui les anime, ne prenant pas à parti un camp ou l’autre. Cela les concerne tous les deux, et je compte laisser faire les choses, maintenant que j’en sais un peu plus. Je suis toutefois étonné d’un point :

« Mais... des nains ? Sur le Naora ? Je connais vraiment mal ma propre patrie... Enfin, pour peu que j’en aie une. »

Je mime des guillemets quand j’utilise le mot « patrie ». J’ai toujours été sur les routes, depuis ma jeunesse insouciante. Mais jamais sur le Naora. Elle m’informe qu’il existe bien des nains sur l’archipel. Des nains gris, différents de ceux de Nirtim, bien qu’ils aient tous deux une accointance pour les demeures souterraines. Elle me questionne alors sur ma patrie… ou son manque cruel. Je hausse les épaules dans un premier temps.

« Je n'ai jamais réellement eu à faire à des nains, de toute façon. Qu'ils soient gris ou... ben... normaux ? »

L’utilisation du terme est délicate, et je ne m’y attarde guère. Je reviens sur la notion de patrie.

« Je parlais du Naora, la terre qui m'a vu naître. Mais j'y ai été retiré avant même d'y avoir vécu un an. J'ignore toujours pourquoi. J'ai grandi chez les hommes, dans la contrée de Tulorim. Mais de là à considérer cette ville comme ma patrie... Non, je crois que je suis bien partout. Tol'Lhein est ma patrie, désormais, depuis peu. Une île au large de Tulorim, dédiée à la Liberté. »

Je lui retourne alors la question, sur ses origines et son parcours jusqu’ici. Elle précise être originaire de Cuilnen, issue d’une famille heureuse et sans complication. L’aventure s’est ouverte à elle à cause de son caractère remuant, impulsif et colérique. Elle décrit la situation comme banale, sans réel intérêt. Ce à quoi je m’oppose.

« Banale ? Pas tant que ça, puisque te voilà ici, en notre compagnie. Ça, ça n'est pas banal ! Se... changer en hippogriffe non plus, d'ailleurs. »

Boum, les pieds dans le plat. Je la lorgne d’un air taquin, comme si j’avais découvert un secret qu’elle gardait caché. Mais je poursuis alors, demandant des précisions sur ses origines d’aventurière.

« Qu'est-ce qui t'a mené sur les routes de l'aventure ? Qu'est-ce qui a fait que tu es celle que tu es aujourd'hui ? »

Sans s’offusquer, elle répond docilement. Un amour de la liberté, qu’elle décrit fort bien sans jamais utiliser le terme. Respirer, bouger. Elle retourne la question sur la transformation, évoquant mon changement en dragon sur les plaines de Kochii. Et les questions qui suivent m’interpellent.

« T'est-il arrivé de conserver cette forme plusieurs jours ? Si oui, n'as-tu pas eu l'envie de rester sous cette forme définitivement ? D’oublier la vie elfique… et ne vivre qu’avec les dragons ? »

Je comprends sans peine qu’elle évoque par ces interrogations sa propre histoire, ses propres réflexions. Je décide de lui répondre avec transparence.

« Nous nous ressemblons drôlement, dis-moi. J'ai toujours été à la recherche de l'aventure, du grand air, de libertés. Profitant des moments de solitude, mais toujours avide de compagnie. Je... ne crois pas que j'aimerais vivre chez les dragons. Leur île, Verloa, est totalement inhospitalière. »

Un petit rire plus tard, je poursuis :

« Non, vraiment. Je pense que si je prends cette forme, c'est parce qu'elle est relativement unique. Magnifique. Peut-être un peu pour me faire remarquer... qui sait ? Quant à ma vie, comme je te le disais, elle a été tout sauf 'elfique'. Je l'ai construite par moi-même, avec mes choix, mes rencontres. Si tu me poses la question, c'est parce que tu y as déjà songé, toi, à rester un hippogriffe ? »

Elle quitte mon regard pour plonger le sien dans le feu. Son ton devient plus grave, et elle narre une tragique histoire lui étant arrivée. Celle d’un lien créé avec un hippogriffe mâle lui ayant fait la cour. Une expérience forte se terminant fort mal. Elle a vu ce partenaire mourir sous ses yeux, impuissante. Je marche là sur des œufs fragiles, comme me l’indiquent son ton, sa voix et sa posture, prostrée les yeux fermés. L’air grave, je pose ma main sur son dos, pour la soutenir.

« Désolé. »

Acceptant mon geste, elle sort de sa besace une plume blanche de bonne taille. Sans un mot, elle me la présente. Un souvenir. Un douloureux souvenir. J’effleure la plume de mes doigts, d’un air triste.

« Il sera toujours dans ton cœur. »

Inspirant fortement, longuement, je tente de la rassurer.

« Tout ceci fait de nous des individus loin d'être banals. Des personnes que l'on croise ici, sur Nosveris, à tenter de sauver le monde. Ou sur les Plaines de Kochii, pour défendre la Vie. Le principal, c'est de ne jamais abandonner, n'est-ce pas ? Pour les autres. »

Elle acquiesce sans mot dire, puis s’excuse de s’être épanchée de la sorte, avouant un moment de faiblesse. Je fronce les sourcils face à cet auto-jugement sévère.

« Non. Aucune faiblesse. C'est de force dont il est question pour aborder ainsi des événements rudes du passé. Une force que j'admire. Merci de t'être confiée, Sibelle. Cela me permet de mieux te connaître, de mieux te comprendre. »

Rangeant sa plume, opinant de nouveau, elle change de sujet de conversation.

« Tu ne cesses de parler de liberté... et plutôt tu faisais allusion à un temple. Est-ce indiscret de savoir à quel groupe vous appartenez ? Ou quel dieu vous vénérez ? »

En voilà une surprise. Qu’est-ce qui lui a laissé penser que je faisais partie d’un groupe ? Et plus important, pourquoi utilise-t-elle le pluriel pour en parler ?

« Nous ? » rétorqué-je, surpris.

« Je n'appartiens à personne et ne vénère aucun être, fut-il divin. Je connais quelques autres de précédentes aventures communes. Madoka, Faëlis. Nous avions coutume de fréquenter les mêmes lieux, à Kendra Kâr. Ezak aussi, semblerait-il, même si je ne l'avais jamais vu avant la bataille de Kochii, comme toi. »

Je décris mes relations avec les autres, ceux qu’elle a pu penser faire partie de mon groupe. Et ce sans trahir le secret des Amants de la Rose Sombre. Une institution qui n’existe plus guère. Elle insiste en affirmant m’avoir entendu parler de temple. Je la rassure alors :

« Oui. Le Temple des Plaisirs. C'est de ce lieu kendran que je parlais. Le seul groupe dont je pourrais dire faire partie, c'est un rassemblement nouvellement créé autour de cette valeur que j'ai fait mienne, la Liberté. L'Ordre Pourpre, ça s'appelle. Mais aucun ici n'y est rattaché, pour l'heure. »

Et pourquoi pas faire un peu la publicité de ce nouveau rassemblement, à Tol’Lhein ? Elle semble concernée par la Liberté. La sienne en tout cas. N’était-ce pas mon cas, avant que je l’étende aux autres ? Elle ne commente pas davantage.

« Merci, pour tout ça. Je pense que tu seras un élément fort de notre groupe. »

Elle me remercie également, précisant qu’elle voit en moi un élément rassembleur. La discussion est terminée, et de bon gré, je la laisse à ses souvenirs douloureux, le regard plongé dans le feu. Dans la nuit noire, je disparais pour une ronde autour de notre camp.
_______________________

Au courant du troisième soir, c’est de discuter avec Madoka dont j’ai envie. Notre première soirée de présentations s’était fort bien déroulée, et j’ai hâte de renouer le contact avec elle, dans cette ambiance glaciale. Comme usuellement depuis le début du voyage, c’est moi qui fais le premier pas pour la causerie, interrompant sans doute un fort moment de pensées au coin du feu de camp, isolée des autres.

« Alors, comment se passe l'intégration au sein de notre petit groupe ? »

Elle annonce se sentir plutôt bien, en bonne compagnie, bien qu’elle soit encore en phase d’observation.

« Oui, il est trop tôt pour se prononcer sur chacun. Un avis sur nos chercheurs de l'académie ? Nous n'avons pas tellement eu l'occasion de parler depuis la rencontre. »

Elle mord à l’hameçon du ragot en précisant qu’elle trouve Hereld trop calme, craignant une trop grande confiance en soi, ou une maîtrise de soi trop poussée. Elle préserve aussi son jugement sur l’autre mage, Andreï, qu’elle trouve un peu fébrile et peu loquace. J’ai moi-même remarqué ces attitudes en journée, même si je ne suis pas encore allé les consulter outre pour les broutilles du quotidien.

« La prudence est de mise. Il y a pas mal de méfiance de la part de ceux avec qui j'ai un peu discuté sur ces deux professeurs. Moi j'attends de voir ce qu'ils révéleront quand nous serons au cœur du danger. J'ai appris qu'un caractère froid ou taiseux n'était pas forcément marque de malfaisance. Tous les autres, par contre, même Arkalan, me semblent de bonne composition. »

Une épine dans le pied, cependant, que je dénonce après une grimace.

« Sauf le Chevalier d'Arkasse ! Enfin, non qu'il ne me pose souci, mais sa fierté a l'air mal placée. Pour le coup, c'est un vrai kendran. »

Elle semble de mon avis le concernant, me questionnant sur ses motivations. Levant les yeux au ciel, je rétorque :

« Je ne crois pas qu'il mettra la mission en danger de manière volontaire. Mais son caractère a l'air de le faire vriller facilement sur des positions extrêmes. Il n'y a qu'à voir son 'entente' avec ce pauvre Faëlis. Tu le connaissais ? »

Ce n’est pas le cas, mais elle semble s’amuser de son excès de sérieux, de rigidité. Elle précise tout de même vouloir rester sur ses gardes le concernant. Opinant, je me perds un instant dans l’admiration des flammes vacillantes, et poursuis :

« Et concernant cette histoire de menace congelée depuis des millénaires ? Qu'en penses-tu ? Tu as glané des informations supplémentaires ? »

Elle a peut-être mené son enquête de son côté. Plus que moi, sans doute, qui n’ai fait que vivre au jour le jour sans trop me soucier de toute cette histoire jusqu’ici, m’inquiétant juste des membres de notre petite expédition. Grimaçant, elle avoue n’avoir pas tellement de piste, et être un peu larguée par toute cette magie pseudo-divine, secrets ancestraux et compagnie. Ça m’amène un petit sourire.

« Promis, je ne m'enfuis plus en volant cette fois. Mais ça peut avoir du bon, des trucs bizarres quasi divins, quand c'est dans son camp qu'on les a. Pour toute cette histoire, j'attends surtout de me faire un avis concret quand on y sera. En admettant que tout reste possible. »

Autant jouer la carte de la franchise absolue. Avec elle du moins. J’ouvre la peau de renne dans laquelle je suis enroulé, relâchant autour de moi une agréable vague de chaleur, l’invitant à m’y rejoindre.

« Et ce froid permanent, pas trop dérangeant ? »

Elle accepte la muette invitation et vient se lover contre moi sans la moindre hésitation. Je referme le manteau de fortune sur nous-deux alors qu’elle me dit que je fais bien ce que je veux, surtout sous ma forme de dragon qu’elle semble apprécier. Elle me questionne sur la source de la chaleur, posant son hypothèse sur les pouvoirs de Lysis, qu’elle a déjà rencontrée en personne.

« Oui, Lysis. Elle et moi ne faisons qu'un, en vérité, quand bien même nous sommes deux êtres à part, à la base. Son pouvoir calorifique peut nous être plutôt utile, dans un pareil pays. Et... contre une créature de glace, le cas échéant. Je pense que nous, on sera dans le même camp, quoiqu'il arrive. J'me trompe ? »

Le bras autour de son épaule, je la borde doucement. Elle se laisse faire, mains tendue vers le feu pour se réchauffer.

« Tu en a eues, déjà, toi, des aventures qui sortent de l'ordinaire ? »

Elle évoque la fois où je l’ai littéralement vue perdre la tête, sur l’île mouvante de Crean et Khynt. Un trauma que je ne suis pas prêt d’oublier. Elle narre une autre aventure, une chasse au trésor s’étant terminée pas un choix difficile ayant déchiré leur groupe entre les diverses solutions. Mal à l’aise à cause du souvenir de sa décapitation, je tente de chasser cette vision de mon esprit en poursuivant sur cette seconde aventure.

« Qu'est-ce qui a poussé tout ce monde à changer de camp, cette fois-là ? Au point que ça dégénère de la sorte ? »

Voyant mon malaise, elle va se toucher la gorge et me rassurer d’un baiser sur la joue. Elle semble mieux vivre ce souvenir que moi. Puis elle répond à ma question. Un nécromancien d’Omyre ayant fui Oaxaca, prisonnier sous les océans, aurait manipulé, menti et sacrifié beaucoup de vies. Beaucoup décidèrent de pardonner ses erreurs passées pour le libérer finalement. Pas elle. Elle décida de le laisser mourir dans sa prison.

J’opine du chef, me demandant ce que j’aurais pu penser dans la même situation. Je m’exempte cependant de toute décision, ne connaissant que trop brièvement l’histoire. Je commente simplement :

« Un dur dilemme, apparemment. Mais pourquoi la tension a-t-elle à ce point éclaté pour de simples idées divergentes ? »

Me répétant mentalement ce que je viens de dire, je reste un instant hagard, lèvres entrouvertes, avant de me raviser :

« Oui, non. Bête question en fait. Et quel était l'avis de cet être, ce nécromant ? Je pense savoir plutôt correctement ce que ça fait d'être considéré comme un ennemi du bien... »

Ma dernière remarque semble piquer sa curiosité. Elle ne connait pas mes accointances avec le camp oaxien. Je me promets de lui expliquer, mais écoute d’abord sa réponse. Elle a conclu de cet être prisonnier qu’il est trop longtemps resté seul, à désirer sa liberté. Elle évoque cependant son dernier acte, possible rédemption pour son âme noire : accepter la mort inévitable et sauver les aventuriers présents, leur permettant de fuir la citadelle. Je ne me surprends pas de l’existence sur Yuimen d’une telle cité sous-marine. Après tout, j’ai moi-même parcouru un monde uniquement fait de mers et d’océans. Je décide alors d’expliquer à Madoka ma phrase un peu mystérieuse, sur le ton de la confidence.

« Je... j'oublie que tu n'étais pas présente, dans les Plaines de Kochii. Même si l'histoire est plus ancienne. Tu vois, cette... île où tu es... morte ?... Hem. Eh bien on a fini par la faire percuter les côtes de l'omyrrhie. Là, Oaxaca en personne nous attendait, avec un choix à faire : Mourir sur place, tués par le dragon, ou porter sa marque et la servir à jamais. Je... C'est un choix que je n'ai pas pu faire, aussi lui ai-je proposé, plutôt qu'une soumission, une alliance secrète. J'œuvrais librement pour ses desseins, et je gardais vie et esprit critique. Elle me l'a accordé, et je suis devenu un... Seigneur de l'Ombre. Le Quatorzième de ses Seigneurs de Guerre. »

Je frissonne en prononçant ce titre, malgré l’agréable chaleur en provenance de Lysis et des flammes.

« C'est comme ça qu'elle m'a exposé au début de la bataille de cette ère, en tout cas. Même si lors de celle-ci, mon unique but ait été de sauver le plus de vies possibles, dans un camp comme dans l'autre. Je... ne suis pas mécontent de m'être débarrassé de ces liens. »

Je resserre nerveusement ma prise sur son épaule, serrant les mâchoires, me rappelant avec malaise de cette situation quasiment inextricable. Elle le perçoit et m’attrape la main, la lovant dans les siennes et la caressant doucement, me détendant.

« Un choix difficile ... mourir sur place signifiant aussi se soumettre à elle. Quand tu dis œuvrer pour ses desseins ... tout en gardant ton esprit critique, cela signifie que tu n'as jamais été soumis à ses ordres ? »

Fermant les yeux, je rétorque :

« Aucun ordre direct, non. Si ce n'est celui de me tenir à côté de Crean Lorener pendant cette parodie de pourparlers, avant la bataille. Pour m'afficher dans son camp. Mais j'ai fait des choses pour son empire, oui. Rien qui n'aille directement à l'opposé de mes propres valeurs. J'ai assis pacifiquement et secrètement son influence sur un monde extérieur lié à Tulorim, Saldana. Par exemple. Je l'ai fait pour sauver des vies, menacées de guerre totale, sur place. Parce qu'une reddition avantageuse valait mieux qu'un massacre. »

Elle craint que beaucoup me considèrent encore, désormais, comme le Seigneur de l’Ombre. Elle s’inquiète également d’un lien plus… ferme me reliant à Oaxaca.

« Aucune marque, aucun lien. C'était le marché. Pour le reste... je ne suis seigneur de rien, et je ne suis plus dans l'ombre de personne. Tout ce qui me reste de tout ça, c'est la conviction que certains des Treize ne sont pas si malfaisants que ça. Qu'ils ont beaucoup agi parce qu'ils étaient eux-mêmes enchainés. Tout ça les a... libérés, en quelque sorte. Quant à ce qu'on pense de moi, je n'en ai pas vraiment cure. Je n'agis pas pour le prestige.»

Plongeant dans mon regard, comme pour tenter d’y discerner une réponse, elle me répète sa question : qu'est-ce que ça fait d'être considéré comme un ennemi du bien ? Je souris à la formulation que j’ai moi-même utilisée.

« Hmm. Pris dans mes propres paradoxes... J'aimerais n'en avoir rien à faire, mais le regard des autres est parfois empli de jugement. C'est le sentiment d'injustice qui est le plus dur à accepter. L'impression d'être pris pour qui l'on n'est pas. Nul ne voudrait faire le mal volontairement, n'est-ce pas ? A moins d'être un monstre... »

Le suis-je, en vérité ? J’ai déjà commis des actes barbares impardonnables, sacrifié des centaines d’innocents pour mes propres intérêts. Elle conclut le sujet en affirmant qu’il vaut mieux faire en assumant ses choix que ne rien faire du tout. Elle s’inquiète tout de même de savoir ce que je deviendrais si je n’avais vraiment plus aucun intérêt pour le regard qu’on porte sur moi. Aiderais-je encore les chercheurs de ce continent de glace ?

« Je ne suis pas ici pour aider les chercheurs. Je suis ici pour aller au-devant d'une menace qui pourrait menacer bien plus de monde. Mais je n'esquive pas ta question. J'ai longtemps été égoïste dans mes actes. Jamais cruel, mais toujours pour protéger ma vie, ma liberté. Maintenant que j'en suis là où j'en suis, c'est la liberté d'autrui qui m'intéresse. Car il n'existe aucune liberté individuelle si d'autres en sont privés. Et toi, Madoka ? Où te situes-tu par rapport à ces notions de bien et de mal ? Pourquoi es-tu venue 'aider' ces chercheurs, avec moi ? »

Elle sourit, dans un premier temps, mais le perd lorsque je lui pose la dernière question. Elle décrit le bien et le mal comme des notions arbitraires, ne parvenant pas à se situer en elles. SI elle est venue ici, c’est apparemment pour prouver des choses à quelqu’un. Devenir égoïste, sortir de son influence. Une sorte de libération, elle-même. Je souris.

« Et bien nul partenaire ne saurait mieux convenir à cela que moi ! Mon seul ordre : sois toi-même ! Après... même avec ce froid tu veux toujours être là ? »

Elle sourit à ma taquinerie, répondant sur le même ton qu’elle n’aimerait être nulle part ailleurs. Mon sourire se fait plus fort, et je la serre un peu plus contre moi. Je suis content d’être là, avec elle. Un bon moment que nous passons tous les deux. Nous restons quelques temps ainsi, muets de toute parole, jusqu’à ce qu’elle rompe le silence en évoquant les amants et me questionnant sur mon attachement à leurs valeurs. Elle parle d’une union symbolique dont elle pense avoir été tenue à l’écart. Surpris par les termes utilisés, je réponds néanmoins calmement, murmurant presque.

« Ah oui ? Qu'imagines-tu donc de cette union ? »

« Un lien sans frontières ni barrières, qui faisait fi de la morale de chacun, sans tabou ni jugement ... En tout cas, c'est ce que j'ai senti en rencontrant Pulinn, et ce qui a déteint de ta réaction à l'altercation dans le hall. Mais tout cela est très solennel. La vraie question est : A quel point le nom d'Amants est justifié ? »

Son ton est subitement provoquant, susurré avec tentation. Je rétorque sur le même ton :

« Ahah, oui, Pulinn et moi avons ça en commun. Mais attention, il est des questions qu'il ne faut pas poser si l'on ne veut en connaître la réponse. »

Je monte ma main libre vers le coin de sa mâchoire, attirant doucement son visage jusqu’au mien, jusqu’à poser mes lèvres contre les siennes dans un court baiser. Trop court, avant de reculer d’un centimètre à peine, laissant un souffle chaud caresser ses lèvres. Elle se redresse quant à elle, à présent à genoux devant moi, sa bouche proche de la mienne.

« Ce soir, j'ai pour ambition d'avoir réponse à celle-là. »

Et elle m’embrasse sans retenue. Les mots nous quittent, aucunement nécessaires à la suite. Je réponds à son baiser, doucement d’abord, puis avec passion. Avec fougue, finalement. Mes mains se perdent dans le creux de ses reins pour attirer son corps contre le mien, glissant mon visage dans son cou, lèvres contre peau. La nuit qui suit est dédiée au plaisir, à la chair, à la luxure, à un plaisir partagé et commun, à la complicité. Elle finit par s’endormir contre moi. Je nous couvre et reste lové contre elle, l’observant en souriant. Au matin, avant de partir, elle s’étire tout contre moi, réveillant des envies d’encore. Des envies qui resteront là pour le moment, car il est temps de reprendre la route…

__________________________

Le lendemain, je suis d’humeur guillerette. Surprenant, hein ? Je me sens bien, frais, libéré, satisfait. Si bien que je n’ai cette fois pas envie d’attendre le soir pour converser plus longuement avec mes pairs. Et qui de mieux pour partager cette charmante humeur que ce bon vieux Faëlis. Sur le camp, lors d’une pause repas, je le cherche du regard avec intérêt. Je le trouve après un instant, un peu isolé, un peu perdu dans ses pensées. Voilà qui ne lui ressemble guère. Je ne me démonte pas pour autant, et l’aborde avec un air affable.

« Faëlis, mon Faëlis, comment vas-tu ce jour ? Je t'ai connu plus rayonnant ! »

Rien de tel qu’un peu d’humour sur sa brillance naturelle pour le remettre d’applomb. Il hausse un sourcil, et c’est avec sympathie qu’il rétorque, taquin :

« Quel piètre demi-dieu de la liberté, qui prétend me tenir en sa possession... »

« Aucunement, aucunement, mais tu ne peux nier que nous sommes attachés. Par aucun lien contraignant, bien entendu, mais par nos valeurs et nos histoires communes ! Je... note que tu n'as pas répondu à ma question, vieux bougeoir ! »

Il rétorque aussitôt, apparemment de meilleure humeur que je l’aurais cru :

« Un vieux bourgeois ? Je suis de la noblesse, je te rappelle. Et je te rappelle aussi que c'est toi qui a fui mes cours d’éducation de vie à la cour ! »

Haussant les épaules, je rétorque nonchalamment :

« La cour, la cour. Ces cul-serrés n'ont de noble que le nom. A part se sentir les fesses l'un l'autre dans le luxe, que font-ils de réellement important, par rapport à des êtres comme nous ? »

Je lui octroie une tape amicale dans le dos. J’ai l’impression de lui avoir partagé ma bonne humeur.

« Ça me fait plaisir de te voir ici. Toujours sur les bons coups hein ? Qu'est-ce qui t'a amené à répondre à l'annonce d'Ertiart ? »

Il est de ceux qui ont accepté l’invitation des Dieux sur Nyr’tel Ermansi. Il s’y est découvert une nouvelle passion pour la magie de glace, mettant sur le coup du hasard toute la suite. Un hasard dont il finit par douter, entouré par de nombreuses connaissances.

« Ah mais c'est justement parce que ces têtes sont aventureuses que nous les connaissons, répondant toujours aux appels de détresse ! La magie de glace, hein ? Des infidélités à la pure lumière ? Cela ne te ressemble pas ! »

Je reste taquin dans mon ton.

« Par contre, effectivement, s'il y a quelque chose à apprendre sur la glace, c'est bien ici. Et pas avec n'importe qui en plus : deux mages de l'académie ! Bientôt un Maître Magicien ! Une opportunité énorme pour débuter. »

Il s’étonne à son tour de ma présence ici, arguant que la bataille de Kochii aurait pu suffire à mes ambitions, m’arrachant un ricanement.

« Faëlis, ou 'comment détourner les questions sans y répondre'. Je suis sûr que ça serait un succès énorme auprès des cours de ce monde. Pourquoi ces évitements, mon ami ? »

Il me félicite de ma connaissance des arcanes de la politique, avouant à demi-mot que j’ai déjoué son petit jeu. Il avoue être un peu secoué par ses rencontres divines, ayant du mal à s’en remettre. Il lui apparaît un nouveau sens à sa vie. Un sens qui lui reste pour l’instant caché. Riant, il minimise cette recherche en arguant que ce doit être risible pour quelqu’un comme moi, mais pas pour lui. Son amour de la beauté le fait désormais voir celle-ci sous un nouvel angle, jamais abordé jusqu’ici dans ses songes. Voilà qui est intéressant. La passion, l’intérêt, la conquête de nouvelles raisons de vivre.

« Une toute nouvelle expérience à traverser, donc ! Cela devrait t'exciter, plutôt que te rendre dubitatif. Profite-donc de ce nouveau regard, cherche cette nouvelle compréhension. Et puis bon... divins, divins... Ne le suis-je pas assez pour t'avoir entraîné à les croiser ? »

Il fait, en un clin d’œil, une petite référence à mon apparence kendrane lors des événements de la Bataille d’Ynorie, et me questionne sur les changements de formes. Il souhaite apparemment s’y plier également, pour diversifier ses expériences. C’est sûr que ça ouvre tout un champ des possibles. Je ne suis hélas qu’un piètre professeur concernant tout ça.

« Changer de forme ? Ma foi, ça me surprend de toi, qui vénère tant la tienne. Quant à ce qui est d'advenir de tes pouvoirs passés et futurs, je n'en sais rien du tout. J'ai déjà parfois du mal à comprendre d'où me viennent les miens... »

Il s’en désole un peu, précisant qu’il cherchera ailleurs, conscient désormais que la perfection ne peut pas être statique.

« Hmmm, je suis plutôt d'accord avec toi. La perfection ne peut être que multiple. Je te souhaite de trouver ce que tu cherches. C'est un plaisir que de t'avoir dans le groupe, en tout cas. »

Il confirme ma pensée, et nous nous laissons là-dessus, alors que j’observe au loin une petite colonie d’un animal que je ne reconnais que trop bien, malgré son étrange couleur écarlate ici : des bouloums. Qu’est-ce que ces petites fouines malhabiles viennent faire en ces froides contrées ? Et qu’est-ce qui leur a pris d’arborer un pelage aussi voyant ? Fidèles à eux-mêmes, en quelque sorte… Très vite, le trajet reprend.

________________________

Le soir, content de mes dernières interactions fort positives, je décide de me laisser porter par cette humeur généreuse pour aller aborder Ezak. Revenir sur l’histoire de l’Académie pour la laisser derrière nous, nous expliquer sur nos réactions. Prudent, j’approche de lui et, désignant une place à côté de lui sur un tronc couché, je demande :

« Je peux ? »

Il m’y invite, impassible, me vouvoyant. Un début assez froid : il n’a pas tellement l’air de vouloir ma présence. Je ne me démonte cependant pas. Je m’assieds, restant quelques secondes silencieux, cherchant les bons mots pour déballer tout ce que j’ai sur le cœur sans le froisser. Je le sais désormais susceptible et sur la défensive. Je finis par me lancer.

« Je ne suis pas sûr que poursuivre cette expédition en nous boudant l'un l'autre soit la meilleure solution pour que tout se passe bien. Et je n'aime pas laisser des non-dits envenimer les choses. Pouvons-nous parler franchement, Ezak d'Arkasse ? »

Un pas vers lui, en somme. Je n’aime pas les non-dits et les tensions, d’autant qu’il n’y a pour moi aucune raison concrète pour qu’il y en ait. Ma question est pourtant accueillie d’un soupir las et long. Super. Ça commence bien. Il dit qu’il ne comprend pas ma volonté de vouloir l’entente entre nous, argumentant en disant que dans les armées, les corps d’armes ne s’entendent pas forcément entre eux, ce qui ne leur empêche pas d’être efficaces. Il reporte même la faute d’une mésentente sur mes trop nombreuses interventions auprès de tout un chacun. Quel culot, quand même. Et je ne suis clairement pas d’accord avec lui. Nous ne sommes en rien un corps d’armée, mus par une discipline de fer et des objectifs irrémédiablement communs. Dans un groupe d’aventuriers, ça se passe autrement, et les désaccords prennent parfois des proportions énormes, comme l’a encore attesté le témoignage de Madoka hier. Le ton d’Ezak est déjà légèrement nerveux, mais il conclut plus posément en disant qu’il est néanmoins d’accord pour converser librement entre nous. Bon, on va dire qu’il aura fait son pas vers moi aussi.

« J'aimerais que tout le monde puisse s'entendre, oui. Mais je ne suis pas naïf : je sais pertinemment que c'est rarement faisable. Malgré tout j'essaie. Et tout à fait personnellement, je déteste les conflits sous cape. Si quelque chose ne va pas, il faut qu'il soit réglé. Par les mots ou les armes. »

Mes mots s’échappent un peu trop rapidement de ma bouche, et j’en prends conscience. Inutile d’amener le sujet d’une dispute ouverte sur le tapis.

« Je comprends que tu ais pu mal prendre ce que tu as pris pour une invitation trop directe à me sauter dessus. L'idée était certes dans mon esprit, mais guère une obligation pour toi d'y répondre par l'affirmative. Alors j'aimerais comprendre pourquoi ton ego a été si blessé d'une simple proposition. »

Il répond d’un air trop sérieux, trop préoccupé. Je sens qu’il essaie de maintenir son calme, mais sa colère transparait dans ses mots. Il affirme, vexé, n’avoir aucune envie de se répéter. Ce que je ne lui ai d’ailleurs pas demandé. Il mélange déjà tout. Il réitère trouver étrange ma façon de me changer en d’autres. Il poursuit en affirmant que ma proposition était vulgaire ne fut-ce que par les habits dont je me suis paré. Je secoue la tête d’un air incrédule. Jamais je n’ai entendu de remarques de ce type concernant Pulinn, dont les habits sont encore plus diaphanes. Serait-il en train de justifier une attirance coupable qui l’aurait pris et qu’il n’assumerait pas ? Il pense que ce choix d’habits légers était une insulte à son encontre, une conclusion sur des goûts de peu de vertu de sa part. Alors qu’en fait, pas du tout. J’ai tenté d’être séduisante. Belle selon les standards les plus répandus. Belle selon ma propre définition. Et sexuellement attirante. Quel est le mal à ça, en vérité ? Il s’insurge que je me mette en colère alors qu’il serait mieux placé pour ça. Le sang me monte à la gorge. Il est culotté, quand même. Il juge et conclut des choses sur moi alors même qu’il m’accuse de le faire. Je sens le besoin de me justifier, et je déteste ça. Je tente de rester toutefois diplomate dans ma réponse, allant de nouveau vers lui. Essayant, du moins.

« J'ai bien compris ton refus, et ne m'en offusque en rien. Mais cela valait-il vraiment la peine de faire entre la colère dans le débat ? Tu ne sais pas qui je suis, et tu te permets de juger de mes intentions à partir d'une simple apparence ? Oui, c'était une proposition, mais elle n'avait rien d'insultant. Il existe des personnes, nombreuses, qui auraient été ravies de la recevoir. Et je ne la joue moi-même pas à tout un chacun. Et ma nature, elle n'a en rien changé, quoique tu puisses en penser. Homme, femme, je suis les deux et quand je le souhaite, je m'abandonne à l'une de ces formes. Humain, elfe, bête. Si je m'étais changé en vieux gobelin véreux vêtu de merde, là j'aurais été insultant. »

Malgré moi, mon ton et mes mots s’emballent. L’énervement qui point m’enserre l’esprit. Il nique tout mon mojo, ce con au balais dans le cul, ce pudibond puritain aux valeurs misogynes, à l’avis réfractaire à toute liberté sexuelle.

« Et oui, j'ai mal pris ta réaction de bourgeois coincé derrière des valeurs nobles éculées. Se cacher derrière un titre... devant moi ? Je n'ai de respect pour aucun titre, en particulier de la part de ceux qui s'en servent pour rabaisser les autres. Mes valeurs n'ont en rien été malmenées par mon attitude. Je te présente mes excuses, pour n'avoir pas vu en toi un cador sans intérêt pour les notions de plaisir et de spontanéité. L'on ne m'y reprendra plus. »

Je souffle, dents serrées. Il m’a littéralement cassé les couilles. Je tente de me raisonner :

« Bon. Les choses étant dites, pouvons-nous poursuivre cette aventure sans plus s'attarder sur ce qui semble être un malentendu malheureux ? »

Il annonce que pour lui, c’était déjà le cas. Une réponse bien égoïste : moi, ça m’a fait un peu de bien de vider mon sac, de défendre mon point de vue. C’est sa réaction de merde qui m’a énervé, son refus de réellement comprendre mes pensées, restant campé sur ses positions comme un vieux réac. Je romps là la discussion : avec un âne têtu comme ça, impossible de mettre les choses à plat. Il a raison, finalement : autant laisser couler la merde, le concernant, même si dans ma tête, c’est quand même plus utile de la nettoyer avant qu’elle n’entache tout. Lâchant un dernier soupir, je lâche :

« Hé bien. Au moins de mon côté les choses sont dites. Bonne nuit Ezak. »

Il me répond, mais je m’écarte déjà, nerveux. Cette nuit est rongée de mauvaises pensées. Revanchardes envers lui, qui a brisé ma merveilleuse humeur de la nuit dernière et de la journée. Décidément, les kendrans et moi, c’est pas la joie.

____________________

Frustré de la veille, je n’approche plus personne pendant toute la journée du lendemain, prostré dans mon coin. Je tente de rester proche de Madoka et Faëlis, sans leur parler pour autant. Être mieux entouré, pour sortir d’un marasme subit. Le soir, je parviens à retrouver un peu d’élan. Il est temps d’aborder le maître de cette expédition, Hereld Ertiart. Je m’en approche, l’apostrophant poliment :

« Bonsoir, ser Ertiart. Vous auriez un moment à m'accorder ? »

Perdu dans ses pensées, il met une seconde avant de me répondre par la positive. J’enchaine sans demander mon reste :

« J'avais quelques questions... enfin vous devez être habitué au charabia des autres aventuriers. Dites-moi, vous ne connaissez pas grand monde dans vos recrues, je me trompe ? Vous nous faites confiance ? »

Il annonce qu’il apprécie les nouveaux contacts, et que cette discussion se passera sous les meilleurs auspices. Tant mieux, j’en ai soupé des tensions. Il assure savoir qui nous sommes, tous. Ou presque tous. Madoka et Arkalan lui sont inconnus, mais il a déjà entendu parler de tous les autres. Une réputation nous précédant de nos précédents faits d’armes. Nous connaître, sous ces termes, c’est un peu vite dit. Au-delà de la confiance, il précise qu’en conclusion de ces renommées, il n’a aucune raison de se méfier de nous. C’est pas faux. Je nuance néanmoins, non sans autodérision :

« Oh à votre place, j'aurais toutes les raisons du monde de douter de moi ! On me dit d'aucun camp, d'aucune fiabilité, mais d'une efficacité notoire pour m'attirer des ennuis. Et les résoudre par la force, la plupart du temps. Et je le confirme, d'ailleurs, sauf votre respect : si je suis ici, ce n'est pas pour obéir à vos ordres, mais bien pour découvrir ce danger que vous avez fait connaître. Cela vous convient-il de la sorte ? »

Sa réponse est nette :

« Nul besoin de camp, je ne cherche pas à plaire à d'autres. Quelque chose doit être fait pour contrer cette menace, c'est tout ce qui m'importe. »

Il poursuit en affirmant ne pas vouloir nous chaperonner, et se fier à nous pour nos propres forces, se contentant des siennes pour sa part. Un esprit d’équipe et de coopération qui n’est pas sans me déplaire. Il est déjà loin l’académicien un peu trop sérieux que nous avons rencontré alors. Il semble… plus ouvert désormais. Une bonne chose.

« Alors nous allons pouvoir nous entendre. Me permettez-vous d'en apprendre un peu plus sur vous ? Vous êtes un professeur cryomancien de l'académie, ça c'est ce que je sais. Mais pour le reste ? Quel est votre parcours ? »

Ma curiosité est parfois malvenue, mais je m’intéresse aux gens qui m’entourent, à leur passé, à ce qu’ils sont aujourd’hui et à ce qui les a amenés là. Comme avec Sibelle, comme avec Arkalan. Il dévoile alors un passé qu’il avoue n’être pas très intéressant. Élève tout jeune à l’académie, il y a fait ses classes avant de voyager librement sur trois continents à la recherche de savoir, se défiant de la rigueur trop cruelle des siens. Tant des shaakts que des autres chercheurs magiques. Il conclut humblement en disant que sa propre histoire est de fort moindre intérêt par rapport à la mienne, et que si la moitié de ce qu’il a appris sur moi est vrai, ma légende mérite d’être contée. Je ris à cette mention et réponds de nouvelle fois avec humour.

« Oh, bien plus que la moitié, je le crains. Et pas toujours à mon avantage. Mais avant ce parcours de chercheur honorifique et bien chargé, qui êtes-vous, Ertiart ? Vos origines, vos erreurs... Y a-t-il des bris sous cette coquille d'assurance et de savoir ? »

Il répond sans hésiter. Son origine, Gwadh. Sa motivation, la magie. Un passé laissé derrière lui. Je rebondis quand même sur ces maigres informations, me servant de ce que l’autre shaakt du groupe m’a révélé de ses hypothèses.

« Gwadh, hein ? Je ne connais que peu Nosveris, et encore moins ses cités. Juste que celle-ci serait dans une lutte constante entre les pro-oaxiens et ses détracteurs. C'est aussi une vie sous la terrible férule des matriarches, là-bas ? Non pas que je juge votre culture, mais j'ai déjà quelque fois croisé de vos semblables d'autres continents, et c'était quelque chose qui revenait souvent, cette... tyrannie. J'imagine bien qu'on veuille quitter ces cités, après ça... »

Je laisse un silence passer, insistant ainsi sur ma dernière allusion. Puis je poursuis :

« Vous ne semblez pas en garder un bon souvenir en tout cas. Et dites-moi, voyager de la sorte a dû forger chez vous pas mal de choses. Vous vous débrouillez, face à des ennemis ? Toute cette magie, elle doit bien servir à quelque chose, n'est-ce pas ? »

De quelle puissance est ce meneur ? Il avoue n’être pas un faible et pouvoir se débrouiller. De l’humilité ? Je gage qu’il sait davantage « se débrouiller » qu’il ne le dit.

« Oh, mais je ne sous-estime pas vos pouvoirs, mage. Et cet autre acolyte, Andreï... Pentovski, vous le connaissez depuis longtemps ? Qu'est-ce qui a créé votre association ? »

Andreï aurait été l’un de ses élèves, par le passé, avant de vieillir et devenir chercheur, abandonnant au passage une chance d’être maître magicien, comme ce Dan que nous cherchons. L’apostrophe me rappelle ô combien une vie humaine peut être fugace face à celle d’un elfe.

« Hmmm. Et que dire de ses compétences, alors ? Sont-elles semblables aux vôtres, ou plutôt complémentaires ? C'est vrai que ça n'a pas l'air d'être un rigolo, si je peux me permettre. »

Il décrit la magie de l’humain comme plus agressive, instinctive et manquant de finesse. J’ai un peu de mal à décliner ce vieillard sous ces appellations, mais s’il le dit… Il avoue que son confrère n’était pas pour appeler aux volontaires pour cette mission, finalement contraint contre sa volonté de le faire, à cause de l’immobilisme de ses pairs.

« Un bourrin, hein ? On aura au moins un terrain d'entente, lui et moi. On va tâcher de vous donner raison alors. Et concernant notre mission, du coup : où se rend-on là exactement ? A petite et moyenne échelle. »

Un hameau où retrouver un guide est notre destination prioritaire. Il nous mènera alors vers l’origine des lumières, possiblement connue par Ertiart. Il préfère cependant l’habitude d’un local pour nous guider jusque là.

« Hmm. Un beau programme exempt de tout risque, narré de la sorte. Vous parliez de dangers. Outre la montagne elle-même et ses risques inhérents, vous savez sur quoi on pourrait tomber ? »

Il avoue que les risques sont grands. Des monstres terribles habitent ces terres glacées, et parmi elles, l’une des pires : un givralion. Je m’en surprends : jamais je n’ai entendu parler d’eux.

« Un givralion ? Ca sonne bien pourtant. Qu'est-ce que ça a de si dangereux ? »

Sans doute imaginé-je trop bien un félin tout doux avec quelques stalactites de glace pendues au menton. Il me dément directement en me décrivant la bête. Un tueur sans pitié.

« Ah. Oui ça a l'air pas mal dangereux. Bon, bien, espérons ne pas en croiser, de fait. »

Hésitant sur le prochain sujet, je cherche mes mots pour qu’ils ne soient pas mal pris.

« Ca... vous arrive souvent de traiter avec des marchands gobelins ? »

Surprenamment, il les décrit comme efficaces et fiables. Il est vrai qu’ils l’ont été jusqu’ici… Il annonce l’ouverture d’esprit de l’académie face aux différentes races. Mais je garde toujours un doute sur ce genre de créatures.

« Non mais, je comprends tous ces idéaux hein. Je les partage moi-même avec exergue. Mais. J'sais pas, les gobelins ça a toujours été pas bien plus que des animaux habillés, pour moi. Enfin rien de méchant hein, mais par expérience, ils n'ont jamais été bien malins ou bien intentionnés. Enfin vous allez me dire, je ne pensais pas bien mieux des orques, avant. Puis j'ai appris. Mais là, les gobelins... Enfin j'en ai massacré par centaines sans jamais me poser la question quoi. »

Réflexif, je poursuis.

« R'marquez, il me serait pas venu à l'idée d'en manger. Ça doit être ça la différence. Hem. Pardon. En tout cas, ces grosses bestioles, c'est un plus ! Efficace ! Héhé. Bon, ben, je vais vous laisser. J'ai... heu... une nuit à surveiller, moi. Merci de la discussion ! »

Il décrit alors les gobelins comme malins. Ça, je n’en ai aucun doute. Des fureteurs aiguisés, des fanatiques de l’attaque en traître. Ce n’est pas pour me rassurer. Hereld me souhaite la bonne nuit, m’éloignant, je conclus l’entrevue d’une remarque qui se veut humoristique :

« Ah, je dois avoir laissé les plus malins en vie, ça doit être ça. »

Et la nuit se poursuit. Et le voyage aussi.

___________________________


Au cœur du septième jour de marche, nous arrivons enfin à destination. Les sektegs nous abandonnent, emportant leurs précieux traineaux. Les efforts vont être de mise, désormais. Nous approchons de petites masures formant le village décrit quelques jours plus tôt par Hereld. Progressant dans une neige épaisse, au-dessus de laquelle je me laisse planer sans m’y enfoncer, certains sont en difficulté. Ezak et Sibelle semblent quant à eux avoir prévu le coup. Puis, subitement, le meneur du groupe s’arrête, inquiet. Effectivement, la vie semble avoir quitté le hameau. Nous nous avançons pour constater avec horreur que c’est plus vrai que nous aurions pu le penser : des cadavres jonchent le sol, la fumée est absente des maisons. Il s’est passé un drame ici, et nous arrivons bien trop tard pour déterminer de quoi il s’agit.

Les deux elfes blancs s’attardent sur un hululement prétendument entendu non loin. Ils ont des bonnes oreilles. Je rétorque néanmoins :

« Un hululement ? Vous êtes allergiques aux hiboux ? Nous sommes au milieu de la nature, gardez donc votre sang froid... Et vos sens à l'affût de bruits plus menaçant qu'un cri d'animal. »

Habitué aux situations dangereuses, Faëlis nous lie à lui de sa magie de lumière. J’ai plusieurs fois été sous ce charme, ignorant ses effets réels cependant. Il annonce ensuite vouloir aller dans le bâtiment principal. De mon côté, j’annonce :

« Faites ça, je m'occupe du second bâtiment. »

Et laissant chacun s’occuper comme il le désire, je ‘m’approche seul du second plus grand bâtiment du hameau. Je tente d’ouvrir la porte, de gré ou de force, pour en découvrir les secrets…


[HJ : Entrée (de force ou non) dans la bâtisse n°2 pour voir ce qui s'y passe]

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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Gamemaster6 » sam. 9 avr. 2022 16:52

L'Aube d'un hiver sans fin


Chapitre 1 : Promenons-nous dans la toundra

Le silence accueillant les aventuriers sembla s'épaissir alors que chacun se mettait en mouvement pour tenter de trouver ce qui avait bien pu se passer dans ce petit hameau désormais décimé. Ertiart et Andreï approchèrent un des malheureux moitié recouvert par la neige et commencèrent à l'examiner alors que, de leur côté, Madoka et Faëlis entraient dans une des maison, arme à la main et yeux vigilants. Ils ne trouvèrent que vide et obscurité dans la maisonnette aussi simple que sobre. Le feu de la cheminée s'était consumé, mais de faibles braises subsistaient encore. Sur l'unique table entourée de six chaises, un repas entamé attendait, visiblement laissé là par ceux l'ayant commencé, désormais froid si les aventuriers allaient le vérifier.

Cromax, de son côté, ne fut guère plus chanceux. L'endroit était tout aussi vide et rien n'indiquait une quelconque fuite précipitée. Un claquement put le surprendre et faire tourner son regard vers le volet qui battait par moment contre la fenêtre étonnamment entrouverte.

Pour Sibelle, la chasse aux indices ne fut guère instructive en apparence. Le corps sans vie qu'elle chercha à observer était glacé, rigidifié par le froid et couvert de neige. Rien ne permettait de comprendre ce qui avait pu lui arriver. Nulle blessure ou coup ne semblait marquer son corps, le visage figé dans une expression neutre et presque apaisée, comme s'il avait accueillis son destin sans regret. Ou sans le comprendre.

Ezak, lui, sabre au clair, pénétra dans une des yourtes pour ne rien trouver de plus que ses compagnons. Du moins en apparence. Si son sabre restait bien inerte, ne révélant nulle présence nécrotique dans les environs, ses yeux purent remarquer une ouverture dans l'un des murs tendus de la yourte. Quelqu'un semblait avoir tailladé l'une des tentures, créant une ouverture suffisante pour entrer ou sortir.

Arkalan, partis chercher des traces, put se vanter d'avoir trouvé quelque chose. A moitié recouvertes par la neige et difficiles à identifier, de larges empreintes semblaient traverser la partie ouest du hameau pour se diriger vers le nord, droit vers les montagnes. Des traces qui n'étaient nullement humains ou elfique ou même garzok. Des traces d'une créature quadrupède, ce qui était la seule véritable information qu'il pouvait glaner en examinant les traces, la neige tombée en quelques heures ayant drastiquement changé leur forme.

Pas plus chanceux que les aventuriers, les deux mages se redressèrent, n'ayant rien trouvé de plus sur le corps sans vie que Sibelle n'avait pu le faire avec le sien. Andreï affichait un air froid et son regard passait d'un corps à l'autre, sans aucune émotion. Ertiart, lui, pensif comme à son habitude, semblait déjà cherché une origine à ce qu'ils avaient devant les yeux. Et tandis que tout le monde s'affairait dans le hameau, un hululement accompagné du bruit du bois qui craque put se faire entendre de tous, particulièrement de Madoka et Faëlis qui se trouvaient juste en dessous, à l'abri dans la maisonnette. Car sur son toit, observant les allées et venues de toutes ces silhouettes nouvelles, se trouvait une immense chouette d'un blanc pur et dont le plumage présentait de magnifiques dessins d'une complexité étonnante. Elle restait immobile, seuls ses grands yeux dorés se mouvaient pour mirer les mouvements des uns et des autres.

***

Vous avez toutes les informations que vos recherches ont pu mettre au clair. Libre à vous de les partager ou non. Les mages n'en savent pas plus que vous et n'ont rien trouvé de plus que Sibelle sur le corps qu'ils ont examiné. Quant à la chouette, elle vous observe simplement, immobile. Et elle vous juge ! :sifflote:

Gains d'xp

Sibelle : Discussion avec : Madoka ; Cromax, Arkalan, Andreï, Ezak, Faëlis : 3 xp soins des mammouths, repos, etc :0,5
madoka : Discussion avec : Sibelle, Cromax, Faëlis, les deux gobelins, Ezak : 2,5 xp soins des mammouths, sexe enflammé avec le chaud de service, etc :0,5
arkalan : Discussion avec : Cromax, Sibelle, madoka, Ezak : 2xp repos, vigilance constante ! : 0,5xp
Cromax : Discussion avec :Arkalan, Sibelle, Hereld, Faëlis, Madoka : 2,5xp
Ezak : Discussion avec : Arkalan, Cromax, Madoka, Hereld, Faëlis : 2,5xp repos, repas, etc : 0,5xp
Faëlis : Discussion avec Madoka ; Cromax ; Sibelle, Ezak : 2xp repos, repas, etc : 0,5xp
Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Sibelle
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Sibelle » dim. 10 avr. 2022 14:59

J’examinai le cadavre devant moi et je ne vis aucun indice qui pourrait me faire comprendre ce qui s’était passé, si ce n’était que les corps étaient gelés. Dans ce climat, il n’y avait rien d’étonnant… sauf que le froid naturel n’agissait pas instantanément et que ces gens-là auraient eu le temps d’aller se réfugier au chaud. Il s’agissait sans aucun doute de froid magique. Ce qui m’amenait à penser que le responsable de cette tuerie pouvait être un mage de glace.

(Maître Dan ?... ou n’importe quel mage pourvu de tels pouvoirs.)

Donc, il était clair que quelqu’un avait eu vent de notre arrivée et ils voulaient nous mettre les bâtons dans les roues… mais pourquoi tuer tous ces gens ? Il suffisait de s’en prendre au guide. À cette réflexion, je levai la tête en direction d’Andréï et de Ertiart et je leur demandai.

« Est-ce que le trappeur avec qui nous avions rendez-vous est parmi ceux-ci, ou bien il aurait été enlevé ? »

Je venais tout juste de poser cette question qu’un nouveau hululement se fit entendre, cette fois-ci il était suffisamment fort et près pour que tous l’entendent. En d’autres circonstances, j’aurais fait comprendre à Cromax que je ne m’étais pas alertée pour rien, mais là, j’avais plus urgent à faire.

Étant à proximité du bâtiment sur lequel je pensais qu’il s’était posé, je reculai de quelques pas afin de bien discerner l’animal qui venait de pousser un cri.

Et je la vis, une chouette d’un blanc immaculée. Elle était immense et majestueuse. Même si la nature faisait bien les choses, j’avais l’impression qu’elle n’aurait pu faire une telle œuvre d’art. Je me trompais peut-être, mais j’étais persuadée qu’elle était magique.
Ses yeux dorés balayaient les alentours, ne perdant pas un de nos mouvements. Lorsqu’ils se posèrent sur moi, je lui parlai.

« Qui êtes-vous ? Pouvez-vous prendre une forme humaine pour qu’on puisse discuter ? Ou bien, nous faire venir votre maître ? »

Je me moquai bien d’être encore la victime des railleries de Cromax. J’étais persuadée que cette chouette était soit un être transformé ou bien un compagnon. Tout ce que j’avais à espérer c’était qu’elle soit dans notre camp et pas dans celui de l’ennemi. Si tel était le cas, je prendrais ma forme d’hippogriffe prête à défendre mes compagnons de toute attaque.


((( Sibelle s’adresse à Andrei et Ertiart puis à la chouette.
Si la chouette attaque, Sibelle se transformera en hippogriffe, prête à se défendre)))

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Arkalan
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Arkalan » dim. 10 avr. 2022 18:11

Il ne me faut pas longtemps pour trouver des empreintes qui n’ont pas encore étés ensevelies par la neige. Des traces de pattes, d’un quadrupède à en croire l’espacement entre elles. Hélas je ne connais pas assez la faune du continent pour en dire plus. De toute manière je doute qu’un seul animal est pu semer les cadavres dans ce hameau. Premièrement parce que les hommes ici savent sans doute se défendre et deuxièmement pour avoir déjà vu le résultat d’un animal sauvage qui attaque un campement je peux certifier que les cadavres sont en trop bons états et la neige bien trop blanche. Je pense que je ne dois pas me formaliser sur cette piste, ça ne doit être qu’un animal passant par là après la mort des humains. La seule autre explication serait qu’il s’agisse d’une monture mais j’ai beau gratter un peu la poudreuse je ne distingue pas de traces de pas humanoïdes, peut être sont elles déjà effacées par la neige.

Je me redresse, observant les occupations des autres voyageurs qui ont soit visités les habitations soit étudier les cadavres et au vu de leurs visages ça n’a pas l’air de donner grand chose. Je remarque alors quelque chose de suspect sur le tronc d’un arbre. Je m’approche, toujours prudent, on ne se méfie jamais assez des arbres et le souvenir de ceux qui m’ont attaqué dans ce livre de malheur ne risque pas de me le faire oublier. La chose suspecte est en faite une trace de sang, plus qu’une trace c’est un dessin, une inscription même. Impossible cependant de la déchiffrer.

Je darde mon regard vers le nord quelques instants avant de me retourner pour scruter Sibelle qui interroge les deux mages sur la présence de notre guide parmi les cadavres. C’est quand même une étrange coïncidence que le hameau où nous devons trouver notre guide soit victime d’un bien étrange mal. Une drôle d’inscription en sang sur un arbre, des cadavres. Tout ça pue la magie.

Justement, voilà qu’une chouette étrange vient se poser sur un arbre en poussant son cri pour nous fixer d’un drôle d’air. Je n’ai jamais vu un oiseau de la sorte, ni de mes yeux, ni dans un livre que j’ai consulté à la bibliothèque de l’académie. Ma première envie est de lui tirer dessus, n’aimant pas son regard observateur si ce n’est inquisiteur. Je me ravise cependant, ne sachant pas si elle est de bonne ou de mauvaise augure. Surtout voilà que la rouquine se met à lui adresser la parole pour lui demander si elle peut prendre forme humaine pour discuter ou prévenir son maître. Je retiens un nouveau soupir, après tout peut être que les change formes ont un sens leurs permettant de reconnaître les autres. Je lui laisse le bénéfice du doute pour cette fois, étant elle même capable de se transformer en monstre ailé.

Pendant que Sibelle veut ouvrir un dialogue avec la chouette je fais signe aux deux mages de l’académie pour les faire approcher.

« J’ai trouvé quelque chose. »

Dis-je simplement avant de leur désigner la marque dessinée sur l’écorce. J’observe alors attentivement leur réaction. Curieux de savoir si ils sont vraiment érudits, pas tellement ou si ils cherchent à cacher quelque chose.

(( Montre la marque de sang aux deux mages))

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Ezak
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Ezak » lun. 11 avr. 2022 21:17

Mongoor resta impassible gardant son allure habituelle, dès lors, ne me méfiant plus des cadavres aux alentours, c’est d’un pas un peu plus décidé que je traversai l’espace qui me séparait de ces étranges habitations semblables à des tentes royales. J’y pénétrai le pas prudent, les gardes de mes lames bien enserrées dans mes mains. Une prudence bien inutile car il n’y avait personne à l’intérieur. Ce n’était juste qu’un espace de vie délaissé par ses occupants. Cependant, un détail attira mon attention. Dans le fond de la tente, une ouverture semblait avoir été faite, manuellement.

Je fronçai les sourcils devant cette découverte. Pourquoi quelqu’un se serait amusé à faire cela ? J’imaginais que ça ne pouvait être le tueur. Vu le nombre de cadavres à l’extérieur je doutais que ce fut une attaque discrète, porter au milieu de la nuit. Pour moi, il n’y avait que deux solutions : quelqu’un avait créé cette ouverture pour s’enfuir, et soit cette personne fuyait le ou les attaquants, où peut-être était-ce quelqu’un qui avait tenté de fuir par l’arrière discrètement en nous entendant arriver.

Si c’était la deuxième solution, l'individu en question ne devait pas être loin. Pour en être sûr, je ne pouvais que vérifier. Ainsi, je me rapprochai de l’ouverture et m’y glissai pour sortir de l’habitation et constater qu’il y avait aucune une présence aux alentours, pas même des traces fraiches de passage sur le sol enneigé. Il semblait que la neige était assez tombée pour masquer toutes traces visibles pour moi, ce qui écartait ma deuxième hypothèse. Alors peut-être il y avait il un ou plusieurs survivants dans la nature.

Déjà à l’extérieur, je fis donc le tour de le yourte et me dirigeai vers la tente la plus proche, non sans alerter brièvement les autres à haute voix de ma découverte en passant entre les deux habitations.

« Cette tente-ci a été tailladée, comme si quelqu’un avait fui par l’arrière ou y est entré.... On ne devrait pas écarter le fait qu'il y a possiblement des survivants dans la nature. »

Et sans attendre de réaction, je pénétrai l’autre tente.




(HRP :

-Rentre dans la yourte 5)

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Cromax
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Cromax » mar. 12 avr. 2022 11:45

Rien ni personne. Pas de trace de bagarre ou de fuite dans les environs. La chaumière est vide de toute âme. Je fronce les sourcils, me retournant d’un air peu satisfait vers l’extérieur, indiquant d’un regard le manque de résultat de mon côté à qui veut le savoir. Je sursaute un instant, quand un volet ouvert de la masure claque au vent. La fenêtre est entrouverte. J’entre plus avant dans l’habitation et m’approche de ladite fenêtre, pour regarder s’il y a là la moindre trace d’effraction ou de fuite. Ce faisant, je jette un coup d’œil à ce qui se passe dehors.

Madoka et Faëlis semblent toujours occupés avec la bâtisse principale. Sibelle, de son côté, vient d’examiner un cadavre et devise avec les deux mages, près d’elle. Une piste éventuelle ? Ils sont interrompus par Arkalan qui semble avoir déniché quelque chose. Un indice qu’il nous communiquera plus tard, après analyse, vraisemblablement. Ezak, quant à lui, passe de hutte en hutte. Entre deux, il précise tout haut que la tente a été tailladée à l’arrière. Une effraction ? Une tentative de fuite ? Difficile à dire, mais il semble optimiste sur l’existence de probables survivants.

Puis vint un hululement. Le même qu’ont entendus les deux blancs précédemment, mais bien plus proche désormais, plus audible. Et son origine se dévoile peu après : une chouette magnifique, blanche aux dessins de cendre sur son plumage, fait irruption et se pose sur le toit de la maisonnée principale. Ils ont de bien beaux animaux, par ici. Impérieux, l’oiseau semble guetter. Il n’en faut pas plus pour que Sibelle tente de s’adresser à lui. Je retiens un petit ricanement. Elle ne doute de rien, quand même. Considère-t-elle tous les animaux comme des êtres sentients transformés ?

Considérant que ce n’est pas un danger, du moins dans l’immédiat, je me remets à farfouiller dans la baraque. À la recherche de toute trace me permettant de découvrir qui vivait là, et s’il y a une raison de s’être subitement échappé. Parchemins, stocks de nourriture, armes, une trappe éventuelle sur le sol, sous les peaux marquant le plancher. Les restes de cendre dans la cheminée, de braises peut-être ? Tout est bon à prendre.


[HJ : Fouille détaillée de la maison n°2]

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Faëlis
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Faëlis » mar. 12 avr. 2022 21:02

La maison semblait avoir été abandonnée depuis peu. Les chaises étaient encore autour de la table. S'approchant, Faëlis passa la main au-dessus des plats. Ils étaient froids, mais pas gelés. Il fit de même avec le feu. Il émettait encore un peu de chaleur. L'endroit devait être encore occupé il y a moins d'une dizaine d'heures... Madoka examinait également avec soin, et il la laissa faire ses déductions.

Il lui adressa un signe de tête :

« Je vous laisse fouiller, je vais prendre un peu de hauteur, pour ma part. »

Rangeant son arc dans son dos, il ressortit pour entreprendre de grimper sur le toit. Il y avait du bruit, là-haut, aussi, et à cause de la neige glissante, il entreprit d'avancer précautionneusement... mais rien ne pouvait le préparer à tomber nez-à-nez avec une énorme chouette ! Son corps était couvert de plumes blanches.aux motifs improbables, presque hypnotiques. L'animal était imposant, impressionnant... et l'elfe devant ce spectacle, ne put livrer que ces mots mémorables :

« Euh... quoi ? »
Modifié en dernier par Faëlis le jeu. 14 avr. 2022 21:08, modifié 1 fois.
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Madoka
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Madoka » mer. 13 avr. 2022 15:21

La porte s’ouvre sans mal. La pièce est plongée dans l’obscurité, pas de lampe à huile allumée, aucuns volets ouverts, même la cheminée est éteinte. Et pourtant, à peine entrée je sens l’odeur du feu de bois dans la pièce et le résidu de sa chaleur dans l’air. Mes yeux, sur fond de résignation de mon intellect, s’habituent à l’obscurité ambiante sans effort ni volonté. Au centre de la salle chichement meublée se trouve une table arrangée pour un repas, entourée de six chaises.

Dans l’âtre, quelques braises subsistent encore faiblement. Sur la table, les bols, au nombre de six, sont encore remplis, le contenu froid mais l’odeur n’est pas aigre. Trop peu de temps, me dis-je à part, les corps dehors sont rigides, comme congelés, comme s’ils avaient passé des jours dehors. Mais le feu est à peine éteint. Beaucoup de questions sont en suspens mais une certitude me fait traverser la salle rapidement en sens inverse. En écho à Ezak qui vient de nous prévenir qu’il avait trouvé une tente tailladée je poursuis à haute voix afin d’être entendue par tout le monde.

« Il manque quelqu’un oui. Il y a six repas encore frais ici … il y a au moins un survivant, caché quelque part ou en fuite. »

Guère plus loin, je vois le noir suivre une piste à l’extérieur et la blanche examiner en détail les corps. Je retourne dans la cabane afin de chercher des indices lorsque j’entends un hululement, un bruit qui ne m’aurait que peu alerté en temps normal.

« Cette fois-ci oui, je l’ai entendu votre hibou, dis-je à mi-voix à Faëlis. »

Un bruit de bois qui craque retentit en même temps au dessus de nos têtes, sur le toit de la cabane. Réactif, Faëlis se dirige aussitôt vers la tour qui jouxte la cabane. De mon côté, je continue à fouiller à l’intérieur, à chercher des traces de lutte ou d’un endroit où se cacher. Je cherche les équipements, les armes, les objets qui me permettent de comprendre qui étaient ces gens, à vivre là où personne ou presque ne survit longtemps et malgré tout être tués brusquement, sans avoir eu l’air de se défendre. Plus que cela, je cherche les équipements que le trappeur avait du préparer … ce que Hereld nous avait confié sur lui me donne à penser qu’il est peut-être notre survivant.

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Gamemaster6
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Gamemaster6 » dim. 17 avr. 2022 22:10

L'Aube d'un hiver sans fin


Chapitre 1 : Promenons-nous dans la toundra

Dans le village silencieux, les aventuriers continuaient de s’affairer, cherchant l’origine du massacre, des indices sur son auteur ou les éventuelles traces de survivants. Cromax, lui, fouilla de fond en comble la maison dans laquelle il était entré. Etrangement, il trouva, dans un coffre en bois sous un banc, du matériel d’escalade et de voyage. Ceux qui vivaient ici étaient donc soit étendus dehors, soit partis sans emporter de quoi survivre au froid qui sévissait dans la région. En dehors de cela, l’habitation était uniquement pourvue du nécessaire pour vivre dans ces conditions, et quelques provisions subsistaient dans un garde-manger. Rien ne semblait sortir de l’ordinaire aux yeux du Sindel.

Ezak, lui, après avoir donné ses découvertes d’une voix forte, entra dans une autre yourte. Celle-ci, plus spacieuse, contenait un râtelier vide ainsi qu’un coffre en bois ouvert montrant qu’il était tout aussi vide. S’il y avait des armes ou des équipements ici, ils avaient visiblement disparu, emmené quelque part, peut-être par des survivants ? ou pas ce qui avait fauché les habitants étendus dehors.

Madoka, elle aussi en train de fouiller la maison dans laquelle elle se trouve, trouve exactement ce qu’elle cherchait. Tout comme Cromax, il y a du matériel d’escalade et de voyage rangé dans un coffre et qui n’a visiblement pas été déballé lors de la fuite des occupants.

Du côté de Sibelle, les choses ne se passèrent pas vraiment comme elle l’espérait. Les mages ne purent confirmer que le trappeur se trouvait parmi les corps étendus et couverts de neige, n’ayant jamais vu le trappeur en question et ayant simplement conversé via des messages écrits. Il n’avait que son nom : Yodorick, et cela ne les avançait guère. Quant à la chouette, elle ne répondit nullement à Sibelle, se contentant de rester là à observer la scène qui se jouait devant elle, ne tournant finalement la tête que lorsqu’un Hinion visiblement déterminé à observer le paysage alentour, ne pose le pied sur le toit glissant couvert de neige. Pendant un bref instant, la chouette fixa Faëlis de ses pupilles dorés avant de prendre son envol en poussant un long hululement pour filer vers le nord, là où, Faëlis pouvait l’apercevoir, une étrange brume semblait s’avancer vers le village, cachant peu à peu le paysage aux yeux de l’elfe.

Arkalan, pour sa part, intrigua les deux mages qui le suivirent rapidement vers le signe qu’il avait découvert sur l’un des arbres entourant le village. Andreï l’examina attentivement avant de déclarer.

- C’est un signe que j’ai déjà vu dans mes recherches concernant les phalanges de Fenris. C’est en rapport avec la lune ou la nuit en général, mais il y a comme une légère différence… Ah ! l’espèce de virgule traversant la troisième ligne modifie complètement le mot. Cela signifie brume... Même si je ne vois pas en quoi cela peut s’avérer utile. Il y en peut-être d’autres dans les environs, il faudrait essayer d’en trouver.

Cela laissa les deux mages quelque peu pensifs, car ils n’avaient aucune idée de ce qui avait bien pu se passer dans ce village. Et tandis qu’ils réfléchissaient, la chouette disparaissait dans la brume qui continuait d’avancer vers le village, Faëlis pouvant estimer son arrivée grâce à la hauteur prise. D’ici une heure, elle aurait largement recouvert le village. Et les aventuriers avec.

***

Vous connaissez la chanson, à vous de jouer. Questions sur discord, tout çaaaa.
Madoka et Cromax, dites moi si vous voulez récupérer le matériel trouvé, je vous ajouterai ça. Il y a à chaque fois deux sets complets donc vous pouvez en faire profiter deux de vos compagnons.
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Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Cromax
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Cromax » mar. 19 avr. 2022 18:04

Après une fouille plus approfondie du bâtiment, qui ne donna pas grand-chose de très intéressant dans sa globalité, je trouve un coffre non cadenassé. Il contient des outillages pour l’escalade et le voyage en montagne. Une bonne nouvelle pour nous, mais peut-être un souci pour ceux qui semblent être partis, si d’aventure ils ne sont pas tous morts dans la neige extérieure ou dans les bâtisses voisines. Après m’en être emparé, me promettant d’en distribuer une partie, je retourne rapidement sur le seuil de la porte, et entends Faëlis clamer qu’une étrange brume est en train de foncer sur nous à vive allure. Il conseille de nous abriter ici le temps que ça passe. Ou du moins qu’on découvre ce que c’est que cette nouvelle tuile. Un brouillard se mouvant aussi rapidement, ça n’augure rien de bon. Surtout au su des menaces qui pèsent sur nos têtes.

Je constate au passage que la chouette de Sibelle a disparu, sans doute effrayée par les tentatives des deux hinions. Madoka, elle, vient d’indiquer que sa masure contient plusieurs repas frais, intouchés. Preuve d’un départ subit, si les corps ne l’ont pas déjà indiqué. Et ça donne un indice supplémentaire confirant l’hypothèse d’Ezak : une personne a dû disparaître quelque part, puisqu’il n’y a là que cinq corps allongés, pour six portions de repas.

Fort de ces informations, je sors de ma baraque et m’adresse au groupe :

« Retrouvons-nous dans la maison principale, celle explorée par Madoka et Faëlis. Espérons que ça nous protègera. »

Je m’y rends moi-même sans tarder, et attends que la majorité, sinon la totalité, des aventuriers me rejoignent. Une fois rassemblés, je reprends la parole :

« Bien. Quelles sont vos découvertes ici ? Il semblerait qu’au moins six personnes vivaient dans ce hameau. Si on enlève les cinq corps dehors, ça en fait une disparue on ne sait où. De mon côté, j’ai déniché un peu de matériel de survie et d’escalade, ça pourrait nous être utile plus tard. »

J’étale le matériel sur un coin de table non occupé, proposant aux intéressés de se servir. Puis, je m’apprête à écouter ce que chacun a à dire.

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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Faëlis » mer. 20 avr. 2022 17:51

L'animal le toisa d'un regard hautain, puis, s'envola d'un battement d'aile. En quelques instants, elle s'éloignait plein nord. Cela attira l'attention de l'elfe, qui fouillait les environs du regard. De fait, il n'y avait rien alentour... sauf au nord, où une brume épaisse se répandait à grande vitesse. Pinçant les lèvres, l'elfe cria à ses compagnons, en bas :

« Holà ! J'ai bien peur que nous ne devions nous abriter dans ce sinistre endroit ! Un banc de brume descend sur nous ! Il sera là d'ici une heure ! »

Il resta néanmoins sur le toit, encore quelques instants, pour suivre des yeux le vol de la chouette et guetter la brume. Elle avait quelque chose d'étrange, mais il n'arrivait pas à deviner quoi. Elle semblait si soudaine... mais peut-être était-ce normal en ce pays ?

(((Suis la chouette des yeux et examine plus en détail la brume et sa progression, rentre se mettre à 'labris avec les autres dès qu'elle arrive)))
Modifié en dernier par Faëlis le sam. 23 avr. 2022 12:24, modifié 1 fois.
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Arkalan
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Arkalan » jeu. 21 avr. 2022 21:36

J’apprends que l’étrange symbole signifie un mot, tiré du vocabulaire des Phalanges de Fenris. Il doute un peu sur la traduction mais fini finalement par le décrypter grâce à un détail. Il s’agit donc du mot brume et se demande si ll y en a d’autres dans les environs.

A peine le mage me traduit le mot que l’Hïnion qui a prit position sur un toit nous informe qu’une brume étrange nous fonce droit dessus. Quelle coïncidence. Je témoigne de mon agacement par un claquement de langue et me détourne des deux érudits pour revenir vers le hameau. Cromax nous propose de nous réfugier dans un bâtiment, ce à quoi je hoche la tête, rien que par son apparition soudaine ce phénomène a tout d’inquiétant.

Je pénètre dans la maison et attends que tout ceux le souhaitant nous rejoignent pour fermer la porte et trouver un moyen de la verrouiller. Je fais de même avec les fenêtres, nous protégeant le plus possible d’une attaque extérieur qui accompagnerait cette brume. Encore une fois, les similitudes avec mon aventure dans ce livre maudit se font dans mon esprit et cela commence à sérieusement m’inquiéter.

Je laisse le Sindel étaler son matériel et faire part de ses découvertes avec les autres avant de moi aussi déclarer ce que j’ai vu.

« Il y a le mot brume écrit avec du sang sur un arbre dans un dialecte de Fenris. »

Dis-je en observant les mages de l’académie, demandant d’un regard une confirmation tout en ajoutant à leur égard.

« Invocation ou avertissement ? »

En même temps, comme à mon habitude, je trouve un coin où on ne peut pas m’attaquer dans le dos et où je peux voir les issues ainsi que les autres membres du groupe. J’y emmène un tabouret pour m’asseoir et prépare mon arc et mes flèches. Prêt à subir n’importe quel attaque.

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Sibelle
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Sibelle » ven. 22 avr. 2022 01:55

A ma question, les mages ne purent répondre. Ils n’avaient jamais vu celui qui devait les guider, ils n’avaient qu’entretenu quelques correspondances afin de préparer l’excursion. Ils ne connaissaient que son nom : Yororick, ce qui ne m’avançait guère. Cependant, Madoka qui avait fouillé la maison nous signala qu’ils y avaient 6 couverts à la table alors qu’il n’y avait que cinq cadavres. Pour sa part, Ezak nous informa qu’une toile de tente avait été tailladée permettant d’y entrer furtivement ou de fuir rapidement. Il manquait donc quelqu’un à l’appel, et j’avais l’intuition qu’il s’agissait de celui qu’on était venu rencontrer.

Ma tentative de communiquer avec la chouette s’avéra vaine. Celle-ci m’ignora se contentant de nous observer l’un après l’autre. Ce ne fut que lorsque Faëlis grimpa sur le toit qu’elle s’envola prenant la direction nord. Tout en l’observant s’éloigner, je ne pus m’empêcher de penser qu’il ne s’agissait pas d’une chouette normale. Je fus sortie de mes réflexions par Faelis qui n’avait pas perdu la chouette de vue. Il nous annonça qu’un banc de brume s’avançait vers nous et qu’il nous faudrait nous réfugier à l’intérieur.
Cromax nous suggéra alors de tous nous réunir dans le même endroit, le bâtiment principal.

J’étais déjà tout près, je me contentai de hocher de la tête et je pénétrai dans la maisonnette. Toute simple, on pouvait y voir une table comportant un repas encore frais entourée de six chaises, puis un feu de cheminée fraîchement éteint.

Cromax choisit un coin libre de la table et y étala ses découvertes et nous offrit de prendre ce qui nous intéressait. Étant suffisamment équipée, je déclinai poliment l’offre laissant la chance aux autres de prendre le matériel nécessaire.

A la question de Cromax, je répondis :

« Je n’ai rien découvert de particulier sur le cadavre que j’ai fouillé. »

Lorsque tous furent entrés, Arkalan barricada la porte et les fenêtres. Puis il nous expliqua qu’il avait découvert un symbole d’inscrit avec du sang sur un arbre. Bien qu’en dialecte de Fenris, le symbole signifiait : brume. Se tournant vers les mages, il leur demanda s’il s’agissait d’une invocation ou d’un avertissement.

Je réfléchis alors avant de rajouter.

« Si cette brume est nocive, elle pourrait entrer dans cette maison par la cheminée… Je vais regarder si cette cheminée possède un clapet, sinon y repartir le feu empêcherait la brume d’y entrer. »
Je vérifiai la présence d'une trappe qui pourrait empêcher la brume de pénétrer dans la cheminée. Si aucune trappe alors je soufflerais sur les braises puis je rajouterais du bois à moins qu'un autre s'y oppose.

((( Sibelle entre dans le bâtiment principal avec les autres.
Je vérifie si clapet et aucun alors j’allume le feu si personne ne s'y oppose.
Ne prends rien dans l'équipement proposé par Cromax. )))
Modifié en dernier par Sibelle le mar. 26 avr. 2022 13:01, modifié 1 fois.

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Madoka
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Madoka » ven. 22 avr. 2022 16:11

Dans un coffre se trouvent de l’équipement prévu pour l’escalade ainsi que du matériel de voyage adapté à la neige, le tout rangé là bien comme il faut. Personne n’y a touché on dirait, comme si ce qui les avait fait sortir précipitamment de la maison en plein repas n’avait éveillé aucun soupçon quant à sa dangerosité. Mais où sont les armes de chasse ? je n’en vois aucune et il me semble qu’aucune des victimes n’en portent.

Je sors du coffre tout ce qui s’y trouve et les pose sur une table libre.

Dans le reste de la pièce, je ne trouve aucune trappe, aucune cachette et encore moins de trace de lutte, rien n’est dérangé ou brisé ; celui ou ceux qui les ont tué n’ont pas eu l’air de chercher ici.

Je sors de la maison pour continuer à inspecter les lieux et comprendre ce qui s’est passé lorsqu’au dessus de moi, Faëlis nous interpelle tous, indiquant qu’un banc de brume se dirige droit sur nous et qu’il l’estime à environ une heure de notre position.
Aussitôt, tout le monde ou presque s’active à suivre le conseil de Cromax et rejoindre la cabane où je me trouve, avec plus ou moins d’informations. Cromax arrive les bras chargés de matériel d’escalade et de voyage et je montre du doigt l’équipement que j’avais déposé moi aussi ; Sibelle, qui n’a rien trouvé d’intéressant sur le cadavre fouillé, est inquiète à l’idée que la brume puisse s’infiltrer par la cheminée et s’affaire à trouver une solution et, Arkalan nous apprend qu’il a trouvé le mot brume inscrit avec du sang sur un arbre, en dialecte Fenris. Il s’enquiert d’une réponse auprès des mages quant à la nature du message.

La coïncidence n’échappe à personne, la brume qui nous vient n’est sûrement ni naturelle ni inoffensive.

« En attendant. Faëlis est là-haut à veiller ; il nous reste encore un peu de temps pour trouver la trace de celui qui a fuit, ou écrit ce mot. Attendre que ça s’passe, on fait qu’ça d’puis une semaine !»

Quelqu’un a survécu et il n’est pas là, me dis-je en répétant la question du shaakt, invocation ou avertissement celui qui l’a écrit n’est pas ici pour observer ou s’en protéger.

Je sors de la maison en direction de la yourte tailladée, jetant un coup d’œil craintif vers la brume là haut après avoir enjambé le cadavre gelé.


((va vers la yourte N°4 : la contourne pour trouver la déchirure et cherche des traces, de pas ou de sang, afin de savoir si quelqu’un en est sorti ou entré.))

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Ezak
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Ezak » ven. 22 avr. 2022 17:33

Lorsque je pénétrai l’étrange habitation nosverienne je pus me rendre compte qu’elle était plus spacieuse que la précédente. Cette fois, il n’y eut rien qui attira particulièrement mon regard. Pas de dégradation de la tente, aucun signe de vie particulier et c’était peut-être finalement la chose la plus remarquable. L’endroit était vide, comme s'il n’y avait jamais eu personne à l’intérieur, ou comme s'ils étaient partis avec tout ce qu’ils possédaient. J’en avais pour preuve un râtelier complètement vide et un coffre qui ne l’était non moins. Le couvercle de ce dernier était encore relevé. Un départ à la hâte ? Rien ne permettait de l’affirmer vraiment. Je posai une main pensive sur mon menton, tentant de faire du lien et ce fut la voix forte de Faelis qui me tira de mes réflexions.

L’elfe nous alerta sur la provenance d’une brume qui serait sur nous d’ici une heure, ce à quoi Cromax répondît que nous devions nous réfugier dans la première maison. Seul dans l’habitation où je me trouvai, je levai les épaules ne comprenant pas ce besoin de se protéger. Une brume n’était pas vraiment ce qu’on pouvait qualifier d’avarie. Quoi qu’il en fût, nous avions le temps, et le lieu n’avait pas encore été assez inspecté à mon goût. Une habitation avait été oubliée dans la fouille.

Je sortis donc de l’étrange tente et me rendis en direction de la dernière n inexplorée. Non sans râler dans ma barbe contre cette fouille bâclée menée par le groupe. Une partie de celui-là avait répondu à l’appel de Cromax. Faelis, lui était sur le toit de l’habitation principale, le regard préoccupé dirigé vers le nord, alors que Madoka, sortant de l’habitation principale, se dirigeait vers l’habitation que j’avais indiqué comme tailladée. Il y avait au moins deux qui ne travaillaient pas comme des porcins et avaient le souci du détail. J’appréciais.

Alors que je croisai Madoka, je m’adressai à elle sans arrêter ma marche vers mon objectif, j'imaginais qu'elle avait plus d'informations que moi après avoir été avec les autres réunis dans l'habitation principale.

« Quel est le souci avec la brume ? »




(HRP :

- Se dirige vers la yourte numéro 3 pour y entrer.)

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Gamemaster6
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Gamemaster6 » sam. 23 avr. 2022 14:27

L'Aube d'un hiver sans fin


Chapitre 1 : Promenons-nous dans la toundra

Du haut de son perchoir glissant et instable, Faëlis observait la brume. La chouette avait disparu, filant vers le ciel au Nord. Observateur attentif, l’Hinion put remarquer deux choses étranges sur cette brume. La première, c’était qu’elle était très localisée. Elle ne s’étendait pas comme une brume normale le ferait d’ordinaire et semblait se concentrer dans une zone précise. La seconde, c’était sa vitesse. Car il pouvait la voir se mouvoir tel un cours d’eau descendant des rapides, inarrêtable et filant droit sur le hameau. Plus il l’observait, plus il pouvait voir qu’elle n’avait rien de normale et naturelle.

Madoka, elle, fit chou blanc comme ses compagnons précédemment. La neige avait recouvert une bonne partie de l’endroit avant leur arrivée et elle ne trouva rien de plus tandis qu’Ezak se dirigea vers la dernière yourte encore inexplorée. Et la découverte qu’il fit fut pour le moins macabre. Au sol, le corps sans vie d’un autre habitant était allongé, le bras tendu vers le fond de la yourte, comme s’il avait essayé d’attraper quelque chose, en vain, car rien ne semblait sortir de l’ordinaire. Le reste de la yourte ressemblait aux autres, pratique et fonctionnelle avant d’être confortable, seul le corps sans vie et ne présentant aucune blessure la différenciait des autres.

De leur côté, les autres aventuriers trouvèrent refuge dans une des maisons, les mages les suivant à l’intérieur sans tarder. Sibelle, efficace, prit soin de vérifier chaque ouverture avec soin, les bloquant avant d’allumer le feu, n’ayant pas trouvé de clapet pour fermer la cheminée à l’intérieur de celle-ci. Arkalan, après avoir obtenu l’assentiment d’Andreï concernant la découverte de l’étrange symbole fait de sang, put écouter sa réponse.

- Je n’ai jamais entendu parler que les Phalanges maitrisaient une quelconque magie liée à leur langage. Je peux me tromper, mais je pencherai davantage pour un avertissement. Il est possible que la brume qui descend sur nous est un phénomène qui se soit produit plusieurs fois. Ce qui n’augure rien de bon.

Et comme pour lui donner raison, la brume approchait du village et le sabre d’Ezak se mit soudainement à luire d’une couleur violette caractéristique alors qu’elle touchait finalement les premières yourtes. Et au milieu de la brume, une silhouette se dessina. Une silhouette humanoïde dont les pas étouffés par la neige parvenait pourtant distinctement à toutes les personnes présentes dans le hameau, même ceux protégés dans la maison où un feu avait fini par s’allumer grâce aux efforts de Sibelle. La brume se mit alors à encercler le village et la silhouette sortit de celle-ci.

Image

Cachée derrière une armure et un masque, elle était effilée comme la silhouette d’un elfe. A sa ceinture une épée était toujours à son fourreau alors que de la glace semblait tournoyer autour d’elle, prenant parfois forme avant de se déliter en des fragments plus petits, ne semblant avoir aucune cohérence réelle. Son armure même semblait faite d’un métal ressemblant à de la glace et ses yeux luisait d’une aura glacée. Elle resta immobile et silencieuse quelques instants avant qu’une voix froide et féminine ne sorte de derrière son masque.

- Vous qui prétendez pénétrer ces montagnes, rebroussez chemin. Persistez, et vous ne trouverez que la mort.

Comme attendant ces mots, des silhouettes apparurent dans la brume, encerclant le hameau. Elles restaient camouflées, difficiles à discerner, mais elles étaient bien plus nombreuses que les aventuriers et leurs alliés. D’un geste de la main, celle qui semblait les commander ouvrit une brèche dans la brume, dans la direction d'où les aventuriers venaient. Tout autour, la brume commença alors lentement à se refermer sur le village, ne laissant qu’une seule échappatoire aux aventuriers.

- Choisissez vite


***

Vous êtes libres de vos choix. Vous pouvez tenter de discuter avec l’inconnue, de forcer le passage ou de fuir. OU peut-être avez-vous une autre idée ?
Ezak et Madoka, si vous restez dehors, vous ressentez un froid encore plus intense qu’auparavant et vos extrémités commencent déjà à s’engourdir malgré les protections. Vous avez la possibilité de vous abriter en vitesse dans la maison, mais ne trainez pas.
Image

Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Cromax
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Re: La Plaine de la Désolation

Message par Cromax » lun. 25 avr. 2022 13:23

Finalement, les seuls qui écoutent mon conseil sont Sibelle, Arkalan et les deux mages, suivis après un moment par Faëlis descendant de son perchoir. Madoka et Ezak, eux, prennent le risque de s’exposer aux premiers stigmates de la brume qui arrive. Et quand on voit ce qu’elle a probablement fait aux habitants de ce village, c’est clairement un risque qui ne vaut pas le coup. Arkalan et Sibelle, conscients de ça, s’animent pour fermer toutes les ouvertures de la barraque. Preuve qu’ils peuvent être très efficaces en équipe. L’elfe blanche a même l’idée de relancer le feu en soufflant sur les braises. Une bonne idée à laquelle je n’ai pas pensé, confiant en la chaleur de Lysis. Andreï, de son côté, explique qu’il ne connait guère de magie Fenris liée à leur langage. Rapport sans doute à une découverte de l’elfe noir. Une piste qui semble tomber à l’eau.

Et puis, bien plus rapidement que ce qu’avait annoncé Faëlis, la brume rejoint le village, alors qu’Ezak et Madoka sont encore dehors. Mais pas seulement : un bruit de pas étouffé par la neige nous parvient, clair et distinctif. Une voix féminine intervient après un moment, audible elle aussi. Une voix qui pose une menace : rebrousser chemin ou mourir. Elle semble vouloir nous interdire de poursuivre plus loin dans les Monts, et pose même l’ultimatum de nous hâter à choisir.

Curieux, j’avance derrière la porte, que j’entrouvre pour observer la scène. La brume est tout autour du village, l’encerclant en nous enfermant à l’intérieur, étouffante de sa menace. L’étrangère présente se distingue de celle-ci, avançant dans le village. Une silhouette fine, féminine, engoncée dans une superbe armure bleutée. Elle porte une lame à la ceinture, et son casque couvre entièrement ses traits. Il est couronné d’argent et ses yeux bleus reluisent comme des diamants glacés. Je sens le froid se faire de plus en plus présent autour. Si bien que Lysis en moi pousse un peu plus son aura de chaleur. Rien qui ne puisse cependant aider mes comparses.

Très vite, Ezak revient de sa quête en courant presque, hâtif. Il annonce une bien curieuse nouvelle : le village semble être entouré de nombreux morts-vivants, accusant l’étrangère d’être une nécromancienne. J’ouvre la porte plus avant pour le laisser entrer, et en profite pour sortir sur le pas de celle-ci. Le guerrier m'avise de me méfier du corps près de la porte. Un conseil avisé, en présence d'une nécromancienne. Je tâche ainsi de m'en tenir à l'écart. Ou du moins de l'avoir dans mon champ de mire. Il est temps d’agir pour tenter de sauver les meubles, ôter le danger qui nous menace tous. Par la discussion, dans un premier temps… Non sans un brin d’artifice. En moi, je cherche le pouvoir pyromantique de Lysis. Sur une zone de près de 50 mètres de diamètres, centrée sur la nécromancienne à vue, je fais augmenter la température de sorte qu’elle atteigne un 20° agréable. En espérant que mon pouvoir puisse rivaliser avec celui de cette mystérieuse étrangère. Puis, je parle d’une voix claire :

« Nous ne vous craignons pas, dame. Mais nous sommes prêts à discuter si vous nous le permettez. Qui êtes-vous ? Et pourquoi nous empêcheriez-vous de poursuivre notre périple dans ces monts ? Si la raison est bonne, cela ne vaut pas la peine de nous menacer… »

Un petit coup de bluff, que je compte bien poursuivre en posant à mon tour les forces en présence.

« Nous ne sommes pas de simples voyageurs. Avec moi se tiennent les meilleurs mages et bretteurs de ce monde. Je suis moi-même Cromax, demi-dieu. Prendriez-vous le risque inconsidéré de vous en prendre à nous, alors que je vous propose une médiation parlée ? »

Un peu de persuasion, doublée d’une sibylline intimidation. Voyons sa réponse.

Surprenamment, alors que je parle à la mystérieuse arrivante, je constate que le froid parvient à passer outre le sortilège de chaleur de Lysis. C’est quoi cette histoire encore ? Ma moitié est sans conteste l’une des plus grandes pyromanciennes de ce monde, si pas la plus forte, et ses pouvoirs se font balayer comme si elle n’était qu’une débutante. Face à une personne qui ne bouge pas d’un poil, en plus, positionnée avec assurance face à moi, à une vingtaine de mètres. Et donc largement dans mon cercle thermique. Je n’ose même pas imaginer à quel point il fait vraiment froid, du coup. De quoi nous buter tous sans la moindre chance de s’en sortir.

La glacée en armure rétorque qu’elle me connaît, unique raison de notre survie jusqu’ici. Mais aussitôt, elle réaffirme sa position et nous ordonne de quitter ces monts. Soi-disant que nous y risquerions un risque bien plus grand que nous le pensons. J’aimerais bien voir ça, tiens. J’ai ici avec moi une bonne partie de ceux qui ont travaillé à la chute d’Oaxaca. Ce n’est pas une nécromancienne frigide qui va nous faire peur. Sibelle, sortant de la masure, intervient alors. Sans se départir de son, calme, elle interroge l’étrangère sur les morts du village. Après ce que j’estime être une courte hésitation, la femme masquée précise qu’un autre s’est chargé de ça. Un mage, selon ses mots laconiques.

Alors, Ezak s’y met à son tour, beuglant à travers la porte ses questions et affirmant notre propre position, unilatéralement fixée vers notre but. Il propose même à la femme de se joindre à nous. Une idée qui m’était passée par la tête, même s’il l’exprime un peu différemment. Mais une fois de plus, la connasse fait la sourde d’oreille et nous accuse de nous planter. En même temps, avec le peu qu’on sait, c’est sûr qu’on manque d’informations. Mais elle, au lieu de nous informer pour construire une relation plus équitable, elle commence à débloquer sur un ordre nouveau, une révolution. Une purge, en conclus-je même. Et encore, elle nous menace d’un ultime ultimatum. Elle va voir de quel bois je me chauffe, cette glaciale !

« Difficile d'échouer sans avoir essayé. Une révolution, pourquoi pas. Mais quels en sont les tenants et aboutissants ? Nous ne quitterons pas ces montagnes, et encore moins sous la menace. Alors votre solution, c'est d'être suffisamment convaincante pour nous nous rallier à vos projets. Sinon vous nous trouverez sur votre route, je le crains. »

Une dernière tentative, posée mais ferme, pour lui faire entendre raison. Mais sa réponse est sans appel. Elle dénonce notre attachement aux libertés et au chaos qu’elles provoquent. Sale conne. Ainsi elle se dénonce elle-même de totalitariste anti-libertaire. Hé bien elle est mal tombée, avec moi. Elle a beau conclure sur une dernière parole haineuse, dégainant une lame et en faisant apparaître une autre, mettant ainsi fin aux négociations, elle ne m’impressionne guère. Aussitôt, Lysis sort de mon corps pour se tenir à mes côtés. Elle décide d’user de sa magie d’ombre pour mettre à genoux l’assaillante. Une main d’ombre faite pour l’étrangler et lui arracher son énergie magique. De mon côté, je dégaine une de mes lames métamorphe et elle se change instantanément en un arc finement ciselé et argenté. Encochant une flèche de mon carquois, je tends la corde et la relâche instantanément. Ma cible : sa tête. Elle ne mérite visiblement aucune pitié.



[HJ : Lysis lance « main sombre » au rang 5 pour s’attaquer aux PM (et à la vie) de l’étrangère.
Cromax fait une attaque simple à distance vers la tête de celle-ci.)]

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