Dans le chapitre précédent...
Evénement : La fin d'une ère.
49.1 : Le forgeron parmi les forgerons..
Le soleil frappait encore les pavés. Impossible de dire combien de temps il avait passé dans l'Ordalie, mais le soleil semblait presque dans la même position que lorsqu'il grimpait les marches menant aux colonnades du Sanctuaire. Une heure, à tout casser. L'enchanteur, malgré sa fatigue, se surprit à une nouvelle fois admirer les bâtiments qui n'avaient rien de commun avec ceux sur Yuimen. Il passa notamment à côté d'un magnifique jardin fleuri, océan de verdure et de couleurs chatoyantes. Certains elfes dorés y flânaient et discutaient posément de rien comme de sujets qui semblaient très sérieux. D'autres avaient l'air d'y méditer, stoïques aux yeux fermés qu'ils étaient avec leurs poses étranges. Se délestant de sa besace et de ses armes, il prit le temps de souffler et laissa son esprit vagabonder un instant. Les derniers jours n'avaient été qu'un tourbillon chaotique de moments de doute, de félicité et de désespoir abyssal. Le grandiose avait côtoyé l'atroce, le surprenant l'improbable.
Rien qu'aujourd'hui, il avait rencontré ses deux dieux tutélaires, reçu la reconnaissance d'un d'entre eux ainsi qu'un cadeau inestimable. Mais juste avant, il avait eu une discussion difficile avec Yliria. Elle avait exposé ses défauts. Plus tard, en repassant devant la porte pour récupérer sa sacoche après avoir mangé, il l'avait entendu pleurer à chaudes larmes, des sanglots étouffés qui avaient compressé son coeur douloureusement. Il avait voulu entrer, essayer de la consoler, de savoir ce qui n'allait pas. Il n'avait rien fait. Elle lui aurait reproché de vouloir encore jouer les héros ou pire, elle lui aurait dit qu'elle pleurait par sa faute. Le jeune homme avait donc préféré ne pas s'en mêler même si ça lui en coûtait.
Le jardin perdit de sa splendeur alors qu'il comprenait pourquoi il le trouvait si apaisant : il lui rappelait le jardin d'Ynorie et le Sablier du temps, deux lieux où il avait aimé passer du temps, notamment avec Elle. Les couples qui se trouvait sous ses yeux se voilèrent peu à peu des images de lui et d'Elle, de ce à quoi ils auraient pu ressembler s'ils s'étaient retrouvés tout deux ici, dans un jardin similaire. Douloureuses visions phantasmées qui lui firent détourner le regard et essuyer d'un geste rageur les larmes perlant à ses yeux.
(J'ai besoin de repos,) se dit-il. Dormir pour se reposer. Dormir pour oublier.
Son paquetage sur le dos, il ne fit que quelques pas avant qu'une bordée de jurons n'attire son attention. Les elfes, Ermansi ou non, n'étaient pas connu pour leur proportion à jurer. Alors que l'un d'eux le fasse en des termes aussi exotiques avait de quoi intriguer. Curieux malgré la lassitude, il s'aventura en direction du bruit et découvrit une échoppe à l'allure singulière : plus petite, plus large aussi que ses voisines et surtout dotée d'une vaste paroi de glace derrière laquelle brillaient plusieurs mannequins. Si la plupart étaient ornés de bijoux et autres parures luxueuses comme Akihito n'en avait jamais vu, l'un d'eux était drapé d'une armure de plates rutilantes d'un argenté brillant, poli et aux accents nacrés. L'enchanteur fronça les sourcils : qui pouvaient ainsi exposer une telle pièce si finement ciselée sans crainte ? C'était le genre d'article qui restait bien protégé derrière le comptoir, pas à la vue de tous.
(Si je ne me trompe pas, intervint une Amy ravie de pouvoir changer de sujet, (il s'agite en plus de Mythril.)
Allons bon. Du Mythril. Akihito n'en avait jamais vu et pour cause, c'était ce qui se faisait de plus rare en matière de métal de forge. Une simple dague pouvait sans aucun souci devenir un héritage de famille noble et voilà qu'une armure complète était exposée à la vue de tous ! On aurait pu remplir un baril complet avec la salive de n'importe quel voleur Kendran qui serait passé par là. L'Ynorien se rabroua : évidemment que sur l'ile des dieux, les voleurs n'existaient pas ou peu. L'artisan qui exposait ça pouvait le faire sans crainte, même si ça n'expliquait pas la ribambelle d'injures qu'il avait entendu plutôt.
Avant, l'elfe injurieux avait sa curiosité. Désormais, il avait son attention.
Pénétrant dans l'échoppe, Akihito resta abasourdi un instant. Tout ici était le travail d'un maître forgeron, de la plus petite pointe de flèche à la plus massive des hallebarde. Le père d'Hïo, qui pourtant l'avait habitué à voir du travail de premier choix, n'était peut être capable que d'égaler les pièces les moins prestigieuses qui étaient actuellement sous ses yeux. Mais déjà, une son attention se reporta sur la silhouette qui était écroulée au sol, ensevelis sous le contenu d'un râtelier de lances. L'Ermansi, plus bloqué que vraiment blessé, continuait de jurer.
"Bon dieu de con, que le grand cric me croque si j'étais pas foutu de...!
- Monsieur, laissez moi vous aider, intervint ce qui eut pour effet d'interrompre le flot du vieil elfe.
- Monsieur... ? Vous n'êtes pas d'ici, vous..."
Laissant tomber son paquetage, Akihito fit plier ses articulations dans une grimace muette avant de soulever une brassée de lances pour les pousser sur le côté, puis tendit une main vers l'Ermansi calmé pour l'aider à se relever. Ce dernier poussa moitié un soupir de soulagement, moitié un grommellement et se dégagea seul, ne daignant pas saisir la main de l'humain. Un comportement un peu vexant qui trouva sa réponse quand le visage elfique se fit visible : une longue bande rougeâtre traversait horizontalement ses yeux, telle une cicatrice de brûlure. Pris d'une soudaine compassion pour l'aveugle, il joignit la parole au geste.
"Prenez ma main. Et non, je ne suis pas d'ici, je viens de l'Ynorie... De Yuimen.
- Je m'en doutais, on m'a parlé de votre arrivé."
D'une main tâtonnante, il finit par trouver l'avant bras d’Akihito et s'en saisit avec une poigne surprenante pour un vieillard de sa stature. Cependant, après l'avoir relevé, il garda sa main sur l'avant bras qui l'avait aidé à le relever : plus étonnant encore, il y joignit sa deuxième main et se mit à tâter la cotte d'écailles de Drakarn.
"Mmmh. Cette pièce n'est pas de première jeunesse. Le travail est correct, mais son créateur devait pas être un artisan très renommé. Pas du métal, non plus. Un gros saurien ?
- Un Drakarn, c'est une sorte de gros léviathan marin, bleu. précisa le jeune homme, malgré tout impressionné par l'analyse.
- Jamais vu, mais les écailles me semblaient effectivement venir d'une créature aquatique. Enfin, merci."
D'un balayement rapide de la main, il tâtonna et rassembla toute les lances. Une fois le râtelier vide, c'est avec une stupéfiante dextérité qu'il rangea une à une les lances. Un simple passage de la main sur la hampe et un soupèsement lui permettait d'identifier chacune des armes puis les replacer au bon endroit. Akihito n'osa pas lui venir en aide, mais il n'avait pas l'air d'en avoir besoin de toute façon. Le rangement effectué, il se plaça d'un pas vif et énergique derrière le comptoir qui faisait l'angle de la pièce : un comptoir à l'image du reste de la boutique et du parquet, donc en bois précieux et lustré. Son regard aveugle se tourna vers le jeune homme qui n'avait pas bougé. Entendre parler de la remarquable gestion de l'espace par les aveugles était une chose, la voir était tout autre.
"Je suis Aer' Nistral, maître artisan de Nyr'Tel Ermansi. A part le Dieu Meno lui même, vous ne trouverez pas meilleur que moi ici. Et à qui ai-je l'honneur ?
- Akihito Yoichi, d'Oranan. C'est donc vous qui avez forgé tout ça ?
- Bien évidemment ! Mes yeux ne voient peut être plus la lumière, mais mes doigts n'ont rien perdu de leur savoir faire.
- Ah, euh..."
(Sans vouloir vous vexer maître Nistral, est-ce bien prudent ?) fut la question qui brûlait les lèvres du jeune homme, mais il se mordit la langue pour se retenir de la poser et réfléchit plutôt à l'opportunité qui s'offrait à lui : un des meilleurs artisans se trouvait devant lui et s'il pouvait accomplir ne serait-ce que la moitié de ce qu'il exposait, Akihito était certain d'en sortir gagnant. Il avait besoin d'une nouvelle armure de torse... Et d'un bouclier. Pas un qu'il aurait pris ou acheter : son bouclier.
"Si vous êtes d'accord pour me forger quelque chose, Maitre Nistral, j'aurais bien besoin de votre talent.
- Une armure ? Tu n'as pas l'air d'en porter, ou alors elle est en cuir.
- Vous avez deviner ça qu'avec votre ouïe ?
- Perdre la vue développe les autres sens, crois moi. Je pense également que tu n'as pas de casque, et tu dois avoir un bouclier assez imposant vu le boucan qu'il a fait. Peut être même une hache ou un marteau avec ; je pencherai d'ailleurs pour la deuxième option.
- C'est... exact, bredouilla Akihito. Eh bien, j'ai besoin d'un pavois. J'aimerais qu'il soit de la meilleure qualité possible, et fait en Keraunos."
Alors que le forgeron exprimait son enthousiasme à l'idée de travailler un métal qu'il n'avait pas toucher depuis des lustres, l'enchanteur farfouillait dans sa besace pour en sortir les lingots de Keraunos. Il déposa la cotte de maille sur le comptoir pour dégager l'accès à ces derniers et les sortis un par un. Le long fragment de croc du dragon Noir attira aussi son attention. Seuls les coups d'une déesse avait pu briser ces dents, et encore pas dans leur intégralité. Si le forgeron pouvait aussi l'incorporer... Ca serait une occasion qu'il ne pouvait manquer sous aucun prétexte. Et il prendrait un malin plaisir à défendre les innocents avec ce qui avait semer la mort parmi eux.
"Maitre Nys...
- Votre cotte de mailles est fichue, asséna l'Ermansi : ladite armure était déjà dépliée sur le comptoir et il passait ses doigts experts dessus, énumérant trous et réparations. Ici, ici, ici... Par les Dieux, vous êtes encore en vie après avoir pris autant de coups ? C'est tout aussi aberrant qu'elle ai pu tenir. C'est pas du très grand art là aussi, mais le forgeron qui vous a fait cette cotte savait faire des armures solides. Malheureusement, elle est trop abimée pour que je puisse espérer la réparer décemment.
- Elle m'a accompagnée dans un paquet de bourbiers, ça c'est sûr. Vous ne pourriez pas la refondre pour la reforger ?
- Mmmh... Compliqué Ser Akihito, compliqué. La refonte va faire perdre une partie de la Faerunne. Moins de métal, moins de maillons.
- Dans ce cas... Avoir un pavois en partie en Faerunne le rendra plus léger, et c'est pas forcément quelque chose de mal. Je me bats avec un marteau à deux mains, donc il faut qu'il soit quand même un peu lourd pour qu'il fasse contrepoids. J'ignore également si c'est dans vos capacités, mais j'ai récupéré un petit quelque chose du dragon noir lors de la bataille : vous pourrez peut-être en faire quelque chose. Pour le reste des lingots, vous pourriez me confectionner une protection de torse ? En écailles de métal superposées."
Posant également le bouclier du Roi Markus contre le comptoir ainsi que son casque, il conclut :
"Enfin si vous pouviez rebosseler mon heaume, je vous en serait reconnaissant : le bouclier servira lui à couvrir une partie des frais du tout."
Alors qu'il portait la main à sa bourse pour en sortir les pièces qu'il ne manquerait pas d'user, sa main tomba sur les quelques runes qu'il avait reçu de la part des Ermansi. Les identifier par lui-même ne ferait qu'amplifier son mal de crâne. Peut être que le forgeron serait également capable de lui indiquer leur signification...
"Une dernière chose, Maïtre Nys'Tral : seriez vous capable de me donner le sens de ces runes ?"
HRP :
- Vente
- Achat
- Fonte de la cotte de maille de Faerunne : 10 * 4 = 40 yus. (Récupération de 3 doses de Faerunne).
- Le rempart de innocents (Grand bouclier, qualité Héroïque) avec 2 dose de Faerunne, 2 doses de Keraunos, Fragment de dent du Dragon Noir : 4 400 + 4 * 10 = 4 440 / 2 (dent du dragon) : 2 220 yus.
- Plastron d'écailles de l'orage (Protection de torse légère, qualité Haute) avec 1 dose de Faerunne, 2 doses de Keraunos : 4 000 + 4 * 10 = 4 040 yus.
- Réparation RP du Heaume Ynorien à l'éclair de Keraunos = 0 yus.
- Total : 40 + 4 040 + 2 220 - 1700 = 4 600 yus.
- Identifications des runes Aob, Ahu, Nou, Taot, Tek.