Le Château de Vandrak

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Cromax
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Re: Le Château de Vandrak

Message par Cromax » lun. 31 mai 2021 13:45

La Fin d’une Ere
(Mission « Castel Vandrak » (Sibelle, Sirat, Silma, Sirius))



Karsinar grogna lorsque Sirat se permit de le menacer s’il touchait encore le pirate. Il échangea également un regard atterré avec Sarl lorsque l’humoran évoqua Ezak, Daemon et Azra. En parallèle, Vandrak d’Arkasse parut lui-même crispé à l’idée que son fils déchu puisse intervenir, de près ou de loin, dans sa situation. Karsinar s’empressa de grogner une question :

« Comment se peut-il que vous soyez au courant ?! »

Sarl grogna elle aussi, mais davantage pour rappeler Karsinar à l’ordre que contre Sirat. Puis elle prit la parole, dirigeant son regard vers le zélote.

« Vous me donnez plus l’impression d’être un fou et un parjure qui pense connaître l’avenir alors que seul Zewen le peut. SI vous voulez rallier à vous des peuples pour je ne sais quel projet fantasque, fut-il noble, commencez déjà par ne plus les tuer ou les menacer. Sans quoi toute tentative restera vaine, et vous serez seul, à crier au complot, dans ces ruines d’un passé révolu. Oaxaca sortira gagnante de cette guerre, et aucune armée grise inventée par quelque complotiste ne viendra défier sa victoire. Qu’importe que vous sachiez l’allégeance de nos mercenaires : ils accomplissent en ce moment ce pourquoi ils seront payés, et vous n’y pourrez rien faire. »

Elle regarda Sibelle et Heartless se défiler, et précisa à leur encontre :

« Sortez si vous le souhaitez. Escortée par mes loups noirs, vous pourrez quitter le camp sans que rien ne soit tenté contre vous. Tel que notre marché le disait. »

Elle se tourna vers Sinaëthin pour répondre à sa question.

« Cette tentative de voir sortir des forces d’Oranan pour reprendre ce castel ayant échoué, nous allons plonger en plein cœur de cette bataille qui s’annonce. Nous vous y rencontrerons peut-être, mais n’aurons alors plus la moindre once de pitié. Et nous en attendons de même de votre part. Le sang baignera ces plaines jusqu’à ce qu’elles étouffent. »

L'elfe blanche ne détecta aucun mensonge dans leurs dires. Ils étaient sincères. Karsinar inspira longuement face à cette image appréciable, puis se tourna vers Sirat une fois encore.

« Vous dites vouloir mener les orques vers un nouvel avenir. Alors au lieu de repartir vers ces foutus kendrans, restez parmi eux, avec nous. Peut-être pourrons-nous œuvrer ensemble pour votre vision. »




[HJ : La situation future dépend de vos actions et réactions. Si vous leur parlez encore, on peut régler ça par Discord. Si vous quittez le castel, ça se fera sans encombre, escortés par les liykors noirs derrière la porte. Ils vous feront passer par la porte avant, donc vous ne pourrez pas tout de suite constater de la décision des servants du castel. Si Heartless pousse pour y aller, qu’il m’en fasse la demande par MP et je lui donnerai l’information. Dépendamment de tout ça, vous aurez de nouvelles consignes pour la suite.
Sirius, ta tentative de vol s’est soldée par une réussite, tu parviens à choper sans qu’il s’en rende compte la bourse de Karsinar contenant 1560 yus.

Blessures :
Sibelle : Blessure légère
SIlma : blessure légère stabilisée au ventre.
Sirius : Estafilade bénigne au-dessus du coude droit, blessure incapacitante à la main droite.

XP :
Tous : 0,5 (Discussion)
Sirius : 0,5 (vol)]

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Sirat
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Re: Le Château de Vandrak

Message par Sirat » sam. 5 juin 2021 13:07

Sirat croisa les bras. Une moue de déception s'afficha sur son visage. Il poussa son corps en retrait sur son siège.

Je ne suis pas un parjure, mais peut-être le message serait mieux passé avec un autre zélote. Je ne connais pas l'avenir, juste ce qu'on me laisse voir, mais cela ne change rien, je reste un de ses gardiens.

Il plissa les yeux et observa ses compagnons.

La magicienne ne peut gagner, completement, on ne peut éradiquer une idée, mais une nouvelle ère s'ouvre et elle peut en contrôler une bonne partie. Pour ce qui est des mages gris, je ne parle que de ce que j'ai rencontré et combattu. Ils sont là qu'on le veuille ou non.

Il soupira, fatigué par la joute oratoire qui venait de se dérouler. Karsinar lui proposa de rester et il laissa un silence. Il était prostré, il réfléchissait, il ne savait pas ce que le destin lui proposait réellement. Il ne voulait pas revivre l'expérience de Khynt vu qu'elle s'était terminé par sa séquestration et sa torture.

Je pourrais rester, effectivement, je prêcherai ainsi plus facilement. Mais tes hommes seraient ils libre de me suivre? Car pour ma part, je ne serais qu'un observateur neutre, il ne m'est pas permis de prendre parti pour l'instant. Je refuse de redevenir le servant d'un des treize, je n'ai de dévotion que pour Zewen.

Il regarda Sibelle

Et cette dame, je suis sur, que nos destins sont liés.
hrp : n'a pas encore fait de choix
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Sibelle
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Re: Le Château de Vandrak

Message par Sibelle » dim. 6 juin 2021 22:19

Debout, bien qu’ayant annoncé son départ, Sibelle était demeurée immobile, un dernier point la tracassait. Elle avait donc l’intention de poser une dernière question avant de partir.

Alors que Sibelle s’était levée, Sirius à ses côtés avait fait de même. Passant près de Sirat et Silma, il leur dit quelques mots, mais malgré son ouïe fine, Sibelle ne peut en comprendre le contenu. Sibelle le regarda poursuivre sa sortie théatrale. Décidément, Sirius aimait attirer l’attention. Avant de quitter les lieux, il se tourna vers le marchand et lui fit de fausses excuses prétextant qu’étant marchand lui-même, il comprenait ses agissements et étaient conscients des priorités qui lui incombaient.

Karsinar et Sarl ne comprenaient pas comment Sirat avait pu obtenir toutes ces informations au sujet des aventuriers du clan d’Oaxaca qui étaient partir combattre à Oranan. Sarl pensait être en présence d’un fou, d’un charlatan, ou des deux. Elle donna une leçon à l’humoran quant à sa façon de vouloir recruter un peuple qu’il a combattu et tuer de ses membres sans scrupule. Elle termina en précisant qu’Oaxaca sortira vainqueur de cette guerre. Puis elle donna congé à Sibelle et Sirius, répétant une fois de plus qu’ils seront escorté jusqu’à l’extérieur du camp sans tenter de les agresser.

A la question de Silma, Sarl répondit que leur premier plan ayant échoué qu’ils allaient plonger dans la bataille et qu’ils seraient sans pitié envers les aventuriers s’ils les rencontraient.

Sibelle se tourna vers Vandrak, et le regarda dans les yeux pour lui demander :

"Si vous êtes dans leur camp de plein gré,... alors pourquoi ce loup blanc est votre geôlier ? "

La réponse du marchand fit immédiate. Le loup blanc officiait davantage comme gardien pour le protéger que pour le tenir captif.
Sirius questionna à son tour le marchand, s’informant au sujet du petit voilier qu’il avait vu amarré au quai. Vandrak lui répondit qu’il se servait de ce voilier pour rencontrer ses gros clients à Oranan.

En ce qui concernait Sibelle, elle n’avait plus rien à faire là et elle fit quelques pas vers la porte puis s’arrêta net lorsqu’elle entendit Karsinar proposer à Sirat de se joindre à eux. Son cœur fit quelques tours. Elle se tourna vers Sirat, s’approcha de lui et attendit sa réponse. Sirat avait déjà changé de camp par le passé, il n’était pas impossible qu’il fasse de même aujourd’hui. Cependant le lien qui les unissait alors était moins fort. Sibelle plongea son regard dans celui de l’humoran, les autres n'existaient plus, il n’y avait que lui et elle et leur futur à eux deux. Elle ne voulait pas le quitter, mais elle ne voulait pas davantage se battre pour Oaxaca.

Toujours bien assis à sa place, Sirat fit une moue de déception avant d’exprimer plus clairement sa position. Il ne connaissait pas l’avenir, mais pouvait en entrevoir des bribes.

Puis à l’intention de ses compagnons, il leur fit part de son avis. Il pensait qu’Oaxaca ne pouvait gagner complètement, mais elle pouvait en gagner suffisamment pour en contrôler une partie.

Après avoir poussé un soupir las, il répondit qu’il pourrait effectivement rester, qu’il serait ainsi plus simple pour lui de prêcher. Mais est-ce que Karsinar, laisserait ses hommes suivre l’humoran ? Il avoua n’être qu’un observateur neutre. Il ne lui était pas permis de prendre parti. Il refusait d’être le servant de l’un des treize, il n’avait de dévotion que pour Zewen. Puis, regardant Sibelle, il rajoutait qu’il en était de même pour la guerrière, que leur destin était lié.

Sibelle fixa son compagnon, ignorant totalement la présence des autres.

" Je pars…et je n’ai pas le droit de te dicter ce que tu dois faire..."

Les yeux humides, la gorge nouée, elle déglutit difficilement avant de rajouter presque dans un murmure :

"J'aimerais que tu demeures à mes côtés, et que tu me suives hors de ce château.... mais je ne veux pas t'enchainer, ni te l'ordonner,ça doit demeurer ta décision..."

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Capitaine Hart
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Re: Le Château de Vandrak

Message par Capitaine Hart » dim. 6 juin 2021 23:52

Sirat mentionna la présence d'Ezak d'Arkass, ainsi que d'autres aventuriers d'une certaine renommée, sur les quais près du castel. Karsinar, estomaqué par la clairvoyance du quatuor, dût être à nouveau rappelé à l'ordre par Sarl pour éviter un autre épisode violent. Le débat reprit de plus belle. Aux yeux de Sarl, Sirat n'était rien de plus qu'un parjure fanatique cherchant à rallier d'autres à sa cause par la force brute. Lorsque Sinaëthin leur demanda ce qu'ils comptaient faire à présent, la louve répondit avec sa voix enrouée :

"Cette tentative de voir sortir des forces d’Oranan pour reprendre ce castel ayant échoué, nous allons plonger en plein cœur de cette bataille qui s’annonce. Nous vous y rencontrerons peut-être, mais n’aurons alors plus la moindre once de pitié. Et nous en attendons de même de votre part. Le sang baignera ces plaines jusqu’à ce qu’elles étouffent."

Karsinar arbora un air des plus satisfaits à la mention du bain de sang. Sirius en avait assez entendu, il préférait partir de ce pas, d'autant qu'il avait eu la confirmation qu'il était libre de partir sous escorte armée. Cependant, une question posée par le Prédateur le fit s'arrêter net.

"Vous dites vouloir mener les orques vers un nouvel avenir. Alors au lieu de repartir vers ces foutus kendrans, restez parmi eux, avec nous. Peut-être pourrons-nous œuvrer ensemble pour votre vision."

Sirius s'immobilisa, sans toutefois se retourner. Que comptait faire Sirat ? Il lui avait donné l'impression d'un homme intègre jusque-là, mais il fallait se rendre à l'évidence : le wiehl avait vu l'humoran se ranger du côté d'Oaxaca sur cette île, trois ans auparavant. Sirat réfléchit, et sa réponse fut précédée d'une grande inspiration :

"Je pourrais rester, effectivement, je prêcherais ainsi plus facilement. Mais tes hommes seraient-ils libre de me suivre? Car pour ma part, je ne serai qu'un observateur neutre, il ne m'est pas permis de prendre parti pour l'instant. Je refuse de redevenir le servant d'un des treize, je n'ai de dévotion que pour Zewen. Et cette dame..."

Son regard se tourna vers Sibelle.

"Je suis sûr... que nos destins sont liés."

Heartless esquissa un sourire. Le doute s'était emparé de lui l'espace d'un instant, mais le colosse semblait s'être souvenu de leur précédent tête-à-tête. Il faisait confiance au Sirat qui s'était juré de ne pas trahir Sibelle. Il se sentait libre de partir, mais au moment où l'un des loups lui ouvrit la porte, il se retourna vers Vandrak pour une dernière question.

"Ah, au fait. J'ai remarqué un petit voilier amarré aux quais. Vous avez reçu de la visite, dernièrement, messire Vandrak ?"
"C'est le navire que j'utilise pour me rendre régulièrement à Oranan pour rencontrer des gros clients."
"Ah, je vois."


Enfin, le borgne fut le premier à quitter les pourparlers. Alors qu'une troupe lupine l'escortait en bas des escaliers, il ne pouvait s'empêcher de penser au ver moustachu qui s'était fait maître de ce castel piteux. Cette petite frappe avait affirmé plus tôt que le loup derrière lui n'était rien de plus qu'un garde du corps pour le protéger des ynoriens. Qu'il était sûr de lui, le moustachu. Ha, Heartless avait bien envie de le lui piquer, son rafiot à deux yus, maintenant. Arrivé en bas, il s'agrippa le bras de manière dramatique.

"Ahhh, ça fait un mal de ch-eh, je souffre le martyr ! Faut que je bande cette blessure avant que mon poignet dise vraiment merde au reste de mon bras. On peut faire un détour par la cuisine ? J'veux juste emprunter une ou deux serviettes."

Les liykors le regardaient avec un air boudeur, puis deux d'entre eux furent détachés pour le mener jusqu'à la cuisine. Une chance qu'ils étaient plus coopératifs qu'ils en avaient l'air. Maintenant que les choses s'étaient calmées, Heartless s'inquiétait du sort des serviteurs de Vandrak. Il espérait en son for intérieur qu'ils avaient tous suivi son conseil, mais la peur est une maîtresse dont on ne peut se défaire aisément.

Lorsqu'il arriva dans l'arrière-salle, Sirius se mit à la recherche de serviette et autres bandages de fortune pour raccommoder sa blessure, mais ce n'était pas la raison principale de sa venue. Il constata la présence d'une cheminée dans la cuisine, et d'une marmite dans son foyer. Avec les bons outils, il pensait avoir de quoi transformer ce lieu anodin en début d'incendie, du genre secret et dur à discerner avant qu'il ne soit trop tard. À bien y réfléchir, il aurait dû y penser plus tôt, avec tout le chahut que son groupe avait provoqué. Que la perfidie de Vandrak fusse ou non un subterfuge, une manœuvre de ce genre leur aurait peut-être permis de prendre Karsinar totalement à revers, mais l'issue aurait sans doute été la même. Tout le camp aurait été alerté, et retour à la case départ. Cependant, un de ses plans impliquait la crémation du castel Vandrak. Peut-être n'était-il pas trop tard... mais le moment n'était guère opportun.

Sa main droite désormais parée d'un bandage fait à la va-vite, Sirius sortit de la cuisine et avisa la porte des serviteurs. Il fallait trouver un moyen de s'en rapprocher sans faire de vague. Au moins pour récupérer ses affaires, si les pleutres avaient décidé de rester cloîtrés dans leur futur tombeau. Il chercha l'un des Blakalangs du regard.

"Hé, ce serait pas toi qui m'a niqué la main, d'ailleurs ? Ou alors c'est ton camarade ? C'est arrivé si vite, j'ai pas eu le temps de bien retenir vos têtes."

Son compagnon répondit avec une mine agacée.

"Nan celui qui t'a fait ça est pas là. Par contre t'as étalé mon frangin, alors joue pas au con sinon je te plante."
(Ah, c'était pour ça qu'il faisait la gueule depuis l'escalier. Hm, à bien y réfléchir, ils ont tous l'air de faire la gueule en permanence.)


Néanmoins, même s'il était leur ennemi, Sirius n'aimait pas l'idée d'avoir privé un homme de son frère. Ce n'était pas comme s'il l'avait tué par malice, au contraire, il se battait pour sa vie. Et son interlocuteur en était lui-aussi conscient, sans aucun doute. Les Blakalangs étaient parés pour la guerre, menés par Sarl vers des effusions de sang à n'en plus finir, et à des pertes innombrables. Son expression, d'habitude moqueuse et détestable, devint plus sérieuse l'espace d'une seconde.

"T'as mes condoléances, pour ce que ça vaut. Guerre ou pas guerre, ça reste du gâchis."

Il profita de cette conversation pour se rapprocher des quartiers des serviteurs avec tout le naturel du monde. D'expérience, lorsqu'un homme, même coupable, agit sans la moindre nervosité et la confiance la plus absolue, il peut donner l'impression d'agir innocemment. Heartless poussa la porte enfoncée sans demander l'aval de ses gardes loups et jeta un œil à l'intérieur. Malédictions, il y avait encore des ploucs à l'intérieur ! Par contre... la Nani n'était plus là, et il croyait se souvenir qu'il y avait nettement plus de monde là-dedans, à son arrivée, quelques enfants, même. C'était bon signe. Peut-être que cette nana avait vraiment des couilles, au final. Il espérait juste qu'ils soient parvenus jusqu'au Masamune. Les quelques servants qui restaient lui renvoyaient des yeux de chiens battus. Certains étaient sans doute trop faibles pour tenter le coup, d'autres trop lâches. Dommage pour eux, mais ils avaient fait leur choix. Une voix grognard rappela le borgne à l'ordre.

"Vas-y, fais comme chez toi hein. Allez bouge, on dois rejoindre tes potes."
"Ah oui, c'est vrai, pardon pardon ! Allez, bonne chance tout le mooonde !"


Sirius referma la porte après avoir fait un petit signe d'adieu à ceux qui étaient restés. Il sortit enfin de ce maudit castel, suivi de près par ces deux liykors. Ils allaient le suivre jusqu'à son rafiot pour s'assurer qu'il ne tente pas de coup fourré. Tout ça ne lui plaisait pas, car il allait aussi devoir montrer patte blanche en les guidant jusqu'au Masamune. Mieux valait attirer son bateau depuis les quais. Qui sait, le petit coin tranquille qu'ils avaient trouvé plus tôt pouvait encore se montrer utile. Il marcha jusqu'aux pontons, son escorte ne manqua pas de remarquer l'absence de son navire avec un certain énervement, mais il dissipa leurs doutes lorsqu'il porta sa main jusqu'à sa bouche et émit un long sifflement. Après deux bonnes minutes, des voiles bleues sortirent du relief et le Masamun s'amarra au quai de circonstances des oaxiens.

"Il est venu dans ça ?" chuchota l'un des Blakalangs à l'oreille de son camarade.
"Eliaaas ! Abaisse le foutu ponton, tu veux bien ? T'inquiète pas de ces deux-là, ils vont pas mordre !"

Il étouffa un rire nigaud. Quelques secondes plus tard, le ponton branlant de son navire fut déployé. Heartless se retourna donc vers son escorte alors qu'il remontait jusqu'à sa demeure maritime.

"Messieurs, c'est là qu'on se dit adieu, je crois bien. Sauf si vous voulez monter pour un petit verre de rhum ou deux... C'est pas parce qu'on va s'entretuer demain qu'on peut pas s'amuser la veille."

Il était anxieux de voir si les serviteurs échappés avaient bien fini sur son bateau, et s'il allait pouvoir récupérer sa Corne des Profondeurs, par la même occasion. Il avait quand même refilé une relique convoitée par n'importe quel fidèle de Moura à un groupe de serviteurs peureux.

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Sinaëthin
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Re: Le Château de Vandrak

Message par Sinaëthin » lun. 7 juin 2021 07:45

Sarl ne fit que répéter ce qu'ils nous avaient déjà dit. Nous étions libres de partir et de les affronter à nouveau sur le champ de bataille. Ils ne tenteraient rien à notre encontre si nous partions sur l'instant. Et nous tuerais sans hésitation eussions-nous décidé de faire de la résistance. Karsinar nous laissa une dernière chance de rejoindre leurs rangs, dans la noble lutte qu'ils étaient convaincus de mener pour libérer les orques et les guider vers un nouvel avenir. Quel avenir, ça je me le demandais… Les mener d'un bain de sang à l'autre jusqu'à avoir éradiqué tous les ennemis de Karsinar ou d'Oaxaca, quitte à les décimer tant et si bien qu'il ne resterait pas grand chose de la communauté orque, quand bien même fusse-t-elle libérée à la fin ? Je doutais que Karsinar ou les siens se soucient réellement des orques… Ils ne faisaient qu'utiliser une situation et une rancoeur existante à leur avantage. Il n'y avait pas de bon ou de mauvais camp à choisir. Dès l'instant qu'un individu obtient suffisamment de pouvoir il est envahi par l'irrépressible désir d'imposer ce qu'il croit être la meilleure voie aux autres, sans un instant se rappeller que sa vision d'une monde n'est qu'une fraction de la réalité et que nul ne devrait ainsi imposer sa voie aux autres. Karsinar ou Solennel, l'un ne valait pas bien mieux que l'autre. Je m'étais juste trouvée du côté des kendrans jusqu'à présent et donc subit Omyre là où, eusse-je été née Omyrienne, j'aurais très bien pu être la situation inverse.

Sirat comme à son habitude fit preuve d'autant de nébulosité que de prétention. Incertain de la route qu'il devait suivre, lui-même qui revendiquait connaître l'avenir, il était en revanche convaincu qu'Oaxaca serait défaite. Il semblait vouloir offrir une alternative. Une autre voie. Celle de Zewen. Liée ni à Omyre ni à Kendra-Kâr. Il se prétendait investi d'une fantastique mission et vision, qu'il échouait pourtant perpétuellement à présenter. Il ne semblait pas mentir. Il était donc absolument et terriblement incompétent en communication. Par choix ou par manque d'expérience. Et tout comme il avait échoué à nous informer d'éléments clés qui auraient pu nous aider plus tôt dans notre mission, tout comme il avait échoué à faire l'effort de travailler de concert, je devenais convaincue qu'il échouerait dans sa mission personelle. Il n'avait pas les compétences d'un guide. Ni la patience ni l'empathie pour faire comprendre son point de vue à autrui et peut-être même comprendre le leur.

Je ne laissai rien paraître de ces réflexions. Je n'avais pas mon mot à dire. Nous étions sur des chemins différents et je n'avais nul souhait de tenter de l'aider. Ni même la curiosité. Et tout conseil de ma part aurait inévitablement été malvenu. Et peut-être totalement erroné. Puisque je ne savais au final que bien peu de choses de la situation de Sirat… Peu importait. Il remit finalement son destin dans les mains de Sibelle. Partir ou rester. C'était à elle de décider. Leur relation était donc bien plus profonde ce que j'avais imaginé. Et quel poids venait-il juste de mettre sur ses épaules ! Quelle lâcheté. Incapable de décider, incapable d'écouter ses trippes, il rejetait sur elle toutes les conséquences qui découleraient de cette décision, de cet instant précis. Et c'est les larmes aux yeux qu'elle lui annonça partir, et ne rien vouloir le forcer à faire. Tout était pourtant déjà tracé. Il avait déjà dit qu'il la suivrait. Il la suivrait donc. Et elle s'en voudrait un bon moment de l'avoir détourné de son chemin.

Laissant ce drame à ceux à qui ils appartenaient je me contentai de prendre la suite de Sirius peu après son départ. Nildë vola après moi et se posa sur mon épaule droite, bien décidée à ne plus me lâcher pour l'instant. Je la sentis frémir quand nous passâmes la porte et que les liykors au-dehors de la salle plantèrent leurs regards mauvais sur nous. Je n'avais qu'une envie, me transformer et filer par la fenêtre, loin de cette débâcle et dans un endroit calme où je pourrais réfléchir à tout ce qui venait de se passer. Pourtant je n'en fis rien. Il était inutile de dévoiler ce pouvoir à Karsinar et à ses sbires. Que nous ayons ou non à les affronter à nouveau, je préférais garder ce tour bien au chaud et à l'abri des regards pour l'instant. Sirius avait déjà disparu de l'entrée quand je l'atteignis et mon escorte me guida par la porte officielle et au-travers du camp dans un silence rancunier et las. Je ne tentai absolument rien et ne mouffetai pas un mot, tout en restant en vigilance constante dans le cas où les choses tourneraient mal. Ma plaie me lançait toujours et un vrombissement pressant engourdissait mon esprit. Il y a avait beaucoup à déballer, analyser et réfléchir avant de pouvoir décider de la suite pour ma part. Et cette immersion immédiate dans la géopolitique Yuimenienne était un retour très violent à la civilisation après ces dernières années passées dans la vie la plus sauvage. Plus je me battais pour Kendra-Kâr, plus je venais à le regretter. Pourtant nous ne pouvions laisser Oaxaca avancer et c'était le moindre des mals à accepter…

C'est d'une humeur bien sombre et songeuse que j'atteignis le Masamune à mon tour.

J'arrive soit juste avant soit juste après ou en même temps que Sirius, j'ai du mal à jauger ce qui serait le plus cohérent question timing du coup Cromax je te laisse voir ça en fonction de ce qui te semble plus logique et/ou pratique si ça te va.
Silma, Héraut de Yuïa, hinïonne aussi connue sous le nom de Sináëthin Al'Enëthan, accompagnée de Nildë, harfang des neiges.

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Cromax
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Re: Le Château de Vandrak

Message par Cromax » lun. 7 juin 2021 13:59

La Fin d’une Ere
(Mission « Castel Vandrak » (Sibelle, Sirat, Silma, Sirius))



Karsinar, alors que Sirius et Silma quittaient la pièce, donna une ultime réponse à Sirat.

« Après la bataille à venir, nombre orques, liykors, humains auront besoin d’un guide pour leur montrer la voie. Mais tu ne pourras être celui-là que si tu ne les combats pas. Car ils ne suivront pas un ennemi. »

La décision était sienne : combattre ou non les troupes d’Oaxaca, les orques et les liykors noirs. Avec ou sans Sibelle, aussi. Et Zewen restait bien silencieux, comme toujours, sur la marche à suivre. Le Zélote devrait décider en âme et conscience. Sarl eut les yeux un instant plus brillants, quand Sibelle proposa à l’humoran de le suivre. De l’émotion ? Comprenait-elle les sentiments qui étaient en jeu ?

Tous finirent par quitter la salle, puis le Castel, guidés et escortés par les loups noirs de Sarl. Ils arrivèrent l’un après l’autre au navire, et leurs surveillants les y laissèrent sans tenter quoique ce soit contre eux, car telle était la parole de leur maître. Il leur restait à revenir dans l’armée kendrane et à faire le compte-rendu de leurs découvertes au Général Bogast. S’ils le voulaient, bien entendu : leur destin leur appartenait, désormais.


[HJ : C’est votre dernière màj de mission en dirigé strict ! Pour la suite, vous pouvez librement jouer le retour entre vous, ou faire ce que bon vous semble. Si vous tentez une action particulière (le rapport, ou toute autre chose demandant un pnj officiel), on résoudra ça sur Discord, en privé ou sur le sujet de votre groupe. Vous aurez sous peu des nouvelles pour la seconde partie de l’event !

XP :
Tous : 3 (exploration du Castel Vandrak)]

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Ezak
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Re: Le Château de Vandrak

Message par Ezak » sam. 31 août 2024 02:30

Je m’étais dirigé vers mon ancien chez moi, le château de mon père. Revenir ici, je le remarquai, ne provoquait pas une seule miette de nostalgie en moi, alors que revenir à Oranan était toujours un plaisir. Ce lieu, j’avais du mal à le considérer comme chez moi, alors que j’y avais vécu les seize premières années de ma vie. Trop de mauvais souvenirs, trop d’échecs. Le château avait beau se dresser fièrement, son allure n'évoquait plus rien pour moi, sinon un passé que je préférais oublier. Après toutes ces années, j’avais décidé d’aller confronter mon père. La situation avait changé. Il m’avait certes mis dehors, mais j’avais rendu aux d’Arkasse leur place parmi la noblesse. Il ne pouvait plus me traiter comme un moins que rien. Mon cœur battait à l'idée de ce face-à-face inévitable. J’avais proposé à Freida de m’accompagner, et qu’ensuite nous reprendrions la route. C’était aussi une occasion de lui montrer l’environnement dans lequel j’avais grandi, un cadre qui avait forgé autant mon caractère que mes cicatrices. Bien sûr, depuis le temps que nous voyagions ensemble, j'avais finis par tout lui dire de moi, de ma vie et de mes intentions. Des relations compliquées avec mon père et de l'alliance que je voulais lui proposer.

Je m’étais annoncé aux gardes qui veillaient sur l’entrée et ils me menèrent vers mon père. Le chemin à travers le château réveillait une foule de souvenirs que j’aurais préféré étouffer. Les murs austères, les couloirs sans fin, tout cela semblait figé dans le temps, inchangé depuis mon départ. Je pus remarquer que les choses n’avaient pas bougé depuis mon exil. Cependant, on pouvait distinguer ici et là les traces d’anciens campements. Il était étrange de penser que des les forces d'oaxaca avaient souillé ces lieux autrefois si solennels. Quand je pensais que ce gros lourdeau de Karsinar et ses garzoks avaient investi ce lieu… Quelle infamie !

Mon père, avec sa grosse moustache, attendait devant l’antichambre menant à son bureau. Sa silhouette me parut légèrement plus courbée qu’autrefois, mais son regard perçant n’avait rien perdu de sa dureté.


"Ezak le Sans-Nom. N'avais-je pas ordonné que tu te tiennes éloigné d'ici ? Et pas seul, vois-je. Qui est-ce ?"
demanda-t-il, d’un ton qui se voulait impérieux, mais où je décelai une pointe d’agacement.

Je le regardai, impassible, et répondis calmement :
« Des hordes de peaux vertes, malgré des siècles d’inimitiés entre nos peuples, ont pu mettre leurs sales pattes sur les terres d’une famille qui était jadis respectable. Alors pourquoi pas moi ? »

Je désignai Freida d’un geste.
« C’est une amie nosverienne. »

Mon père plissa les yeux et ajouta d’un ton acerbe, teinté d’ironie :

"Oooh, tu me reproches d'avoir su comment survivre et m'adapter, toi, le grand héros kendran sans concession ? J'ai entendu parler de tes exploits à Kochii. Ton orgueil doit être plus grand aujourd'hui qu'alors."

Puis il tourna son regard vers Freida, son expression devenant encore plus dure.
"Et donc, tu es allé fêter ta victoire en Nosveris et as engrossé l'une de leurs filles ? Pourquoi l'amener ici ?"

Son ton, froid et cassant, résonnait comme une insulte déguisée. Et qu'il puisse que je puis être le père de l'nefant de Freida rendait la chose drôle. Mais je ne comptais pas me laisser provoquer si facilement. Je lui lançai un sourire taquin, une étincelle de défi dans les yeux.

« L’enfant du tigre ne naît pas sans griffes. Mon orgueil est le vôtre, Père. Et pourquoi tant de questions sur mon amie nosverienne ? Vous espériez que je vous ramène un petit-fils ? » répondis-je avec une pointe de provocation, jouant sur ses nerfs.

Mais mon père maîtrisait l’art de la riposte verbale. Son visage se ferma, ses poings se crispèrent légèrement.
"Parce qu'elle est là, avec toi. Aurais-tu des craintes de la voir finir comme ta mère ?"

La provocation était brutale, franche. Il savait où frapper. Pendant une fraction de seconde, je fronçai les sourcils, sentant une émotion m’envahir. Cette remarque avait touché une corde sensible. Ma mère, qui était morte en me donnant en naissance.

« Eh bien… Ce qui est sûr, c’est que si cet enfant était le mien, et qu’elle devait mourir en lui donnant la vie, j’aurais agi en véritable père, contrairement à vous qui en avez toujours été incapable ! »

Je laissai mes yeux errer autour de moi, observant ce lieu avec une vague d’émotion que je tentais de refouler.
« Tout ça… ça en valait la peine ? » dis-je, une tristesse à peine dissimulée dans ma voix.

Mon père se redressa, toujours aussi inflexible.
"Ça a valu ma survie. Et désormais, mes marchandises parcourent tant l'Ynorie que les Terres Sauvages. Je participe activement à la reconstruction d'Oranan, et le conseil m'en sait gré."

Il grommela avant d’ajouter :
"Comme lorsque tu étais enfant, c'est à moi de réparer le bordel que tu crées et que tu abandonnes derrière toi. N'inverse pas les rôles, Ezak : tu n'as jamais été digne d'être mon fils. Je me suis leurré des années, mais ton frère l'a perçu avant moi. Depuis ce jour, même si tu en uses toujours comme d'un passe-droit, tu n'as plus aucune légitimité à porter mon nom."


J'étais choqué. Il pensait qu'en posant cette question je parlais du fait qu'elle ai permis à Karsinar alors que je voulais parler de ce traitement qu'il m'avait réservé Quel égotiste ! . Je laissai échapper un rire amer.

« Mais écoutez-vous parler ! « Mes marchandises, le conseil… » »


Je commençai à faire les cent pas, mes émotions s’exprimant à travers mes gestes.
« Quand on ouvre un livre d’histoire, le nom de d’Arkasse est associé à la Cour, à la royauté kendranne. Il était depuis des générations lié à la Couronne. Feu mon grand-père vous a laissé un nom, un héritage, et vous l’avez fait descendre plus bas que terre ! Vous êtes Vandrak d’Arkasse le Déchu ! Moi, je suis Ezak d’Arkasse, le Rédempteur. Vous ne devriez même pas utiliser la particule qui précède ce nom. Vous n’en avez pas le droit ! »

Je m’arrêtai, le fixant droit dans les yeux, ma voix chargée d’intensité.
« Oui, vous avez sans doute raison. Je suis indigne d’être votre fils. Mais digne d’être le descendant de mon grand-père. Un noble, comme moi. Vous, vous n’êtes qu’une tâche ! Vous nous faites honte ! Ce nom est le mien. Je suis Ezak d’Arkasse. Vous n’êtes que Vandrak Arkasse, une ombre sans particule, un petit bourgeois tout juste capable de me parler de marchandises. »


Le visage de mon père se durcit, ses sourcils se fronçant davantage, il semblait que moi aussi j'avais touché sa corde sensible. Il semblait sur le point de céder à la colère, mais il se ravisa, soufflant longuement avant de répondre d'un ton sec :

"Le Rédempteur. Quelle sottise. Tu n'as rien de noble, ni de digne. Tu n'es qu'un arriviste s'accrochant à son nom pour le lancer à la gueule de ceux qui croisent ton chemin. Ce nom sera la laisse de tes maîtres, la prison du Royaume pour lequel tu dis te battre."


Il lissa sa moustache d’un geste nerveux, avant de continuer :
"Je suis libre de tout ça, et fier d'avoir construit de mes mains mon propre empire, sans vivre de la gloire passée de mes aïeux. Mais tu ne peux le comprendre, tout bouffi de fierté mal placée que tu es."

l soupira lourdement, puis son regard acéré se posa sur Freida avant de revenir sur moi, dur comme la pierre.

"Qu'importe ce que tu es venu faire ici, parjure : quitte cette demeure qui n'est plus tienne depuis bien longtemps."

Ses mots tranchants résonnèrent dans l'antichambre, lourds d'amertume. Je pris un instant pour le fixer, une tristesse voilant mes traits, une émotion ancienne réveillée malgré moi. Le père que j'avais autrefois admiré, n'était plus qu'une ombre de ce qu'il avait été, et pourtant, une part de moi continuait d'espérer, d'attendre un signe d'affection ou de reconnaissance.

« Oh si, je peux le comprendre. » Ma voix s’éleva calmement, mais chargée d'une douleur que je ne pouvais plus dissimuler. « J’ai toujours été celui qui était le plus proche de vous, celui qui vous admirait en silence, qui suivait votre exemple. Vous étiez mon modèle. Mais vous n’aviez d’yeux que pour Élan. » Je m'interrompis, me redressant un peu plus. « Ce n’est pas pour rien que je me suis moi aussi bâti seul, sans aide… Quand je suis parti, j’ai cherché Elan. Je voulais nous réunir. Quand j’ai ramené le nom des d’Arkasse là-haut, quand je l’ai fait briller de nouveau, j’étais heureux. Pas pour moi, pour nous. Pour nos aïeux, pour nos descendants. Vous ne pouvez pas m'élever avec cet idéal et ensuite me reprocher d’avoir été ce que vous vouliez que je sois. »

Je marquai une pause, mes yeux scrutant chaque recoin de cette pièce familière mais étrangement étrangère. Mon regard se durcit, et je le fixai à nouveau, mon cœur battant à un rythme plus lourd.

« Vous m’avez élevé en Kendran, avec l’orgueil du nom que je porte. Alors ne prétendez pas que tout cela n'a aucune importance pour vous aujourd’hui. »

Mes mots se voulaient incisifs, mais une pointe de pitié perçait derrière la colère. Ce n’était pas qu’un affrontement entre nous. C’était l’aboutissement de toutes ces années de distance et de non-dits.

« Si je suis venu ici aujourd'hui, c’était pour vous proposer de laisser nos griefs derrière nous. De faire honneur à notre nom, ensemble. Mais tout ce que vous m'offrez, c'est du rejet. Vous êtes hargneux, et je le suis aussi, mais encore une fois, je ne suis que ce que vous avez fait de moi. »

Je pris une respiration, mon regard se radoucissant malgré la tension palpable entre nous.

« Je vous tends la main. Mettons notre orgueil de côté. Bâtissons ensemble quelque chose de grand. Pour l'Ynorie, pour Kendra-Kar, pour ce nom que nous portons. Pour le sang, pour la famille. Elle nous dépasse tous les deux, et je sais, au fond de vous, que vous le croyez aussi. »

Il resta silencieux un moment, ses yeux se plissant légèrement, comme s'il évaluait chaque mot que je venais de prononcer. Un scepticisme marqué assombrit ses traits avant qu'il ne prenne finalement la parole.

"Quel y serait mon intérêt ?" demanda-t-il, les bras croisés, le ton sec et méfiant. "Le tien, je le comprends bien : un noble sans fortune, sans terres, et avec un bâtard à élever... Mais moi ? Qu'y gagné-je, sinon ton mépris quotidien ?"

Un soupir m’échappa, un mélange de lassitude et de déception.

« L’enfant que porte Freida n’est pas de mon sang. » dis-je, d'une voix plus douce, presque pour dissiper ses malentendus. « Je l’accompagne de manière altruiste vers un nouveau chez elle, après que le sien ait été dévasté. »

Je fis un pas en avant, les yeux ancrés dans les siens, cherchant à percer sa carapace.

« Je ne veux même pas de ces terres, ce sont les vôtres, vous les avez gagnées. Votre fortune pourrait m’être utile, c'est vrai, mais je tiens à ce qu'elle reste la vôtre, pas la mienne. Vous me prêtez des intentions qui ne sont pas les miennes. Je vous l’ai dit, vous êtes un modèle de réussite, et moi aussi je veux me construire seul, mais avec des alliés puissants à mes côtés. Je veux une alliance, père et fils. Je veux que notre famille soit unie, que nous enterrions le passé. »

Je laissai mes mots s’installer un instant dans le silence de la pièce avant de continuer, avec plus de gravité.

« Les choses bougent à Kendra-Kar. La succession n’est pas assurée. La noblesse a ses intérêts, le peuple en a d'autres, et nous sommes peut-être au bord d’une guerre civile. Je veux l'éviter. La totalité de l’armée kendranne est décimée, et j'ai déjà commencé à tisser des alliances pour élever mon propre escadron. Je me place du côté de l’héritière légitime, qui manque cruellement de soutien parmi la noblesse. Soyez son allié. Soyez le nôtre. Elle aura besoin de ressources, et je m'arrangerai pour que vos affaires puissent s’étendre à Kendra-Kar et à ses alliés, maintenant que le nom des d’Arkasse n’est plus honni. »

Je laissai mes paroles s'envoler, presque suppliant à cet instant.

« Je veux changer l’histoire de notre famille. Je veux qu’elle soit unie et non plus déchirée. Je veux vous ramener auprès de la couronne, redorer notre blason. Soyons forts ensemble. Faisons des d’Arkasse une famille influente, en Ynorie et dans tout le Royaume kendranne. Soyons du bon côté de l’histoire. »

Je marquai une dernière pause, avant de conclure, d’une voix emplie d’honnêteté :

« Et je vous jure que vous n’aurez jamais l’impression d’être méprisé à mes côtés. Je vous traiterai comme mon égal. Est-ce assez honnête pour vous ? »

Il resta silencieux un long moment. Je pouvais presque entendre les rouages de sa réflexion tourner, ses yeux se perdant dans le vide à plusieurs reprises, comme s’il mesurait chaque aspect de la proposition. Puis, dans un mouvement mesuré, il me tendit enfin la main.

"C'est un marché honnête," dit-il d'une voix plus posée, bien que teintée de retenue. "Allions-nous pour redorer le blason des d'Arkasse et établir mon empire marchand dans un Royaume kendran en reconstruction. Cependant," ajouta-t-il après une courte pause, "j'ai ouï dire que la Princesse ne faisait pas l'unanimité. Est-ce vraiment le bon cheval sur lequel parier ? Il y aurait un fier et courageux Duc dans la course, ami proche de Solennel. Et un conseiller du trône, habile en politique. Sont-ce là de mauvais choix ?"

Un sourire discret se dessina sur mes lèvres, heureux de ce pas vers moi, et je pris un instant pour répondre.

« La question est délicate, » admis-je, « et je vais y répondre le plus honnêtement possible. Son Altesse est, politiquement parlant, le pire cheval sur lequel miser. Pourtant, je l’ai vue à l’œuvre et j’ai rarement rencontré un tel leader. Elle a eu le courage de venir sur le champ de bataille, au lieu de rester cloîtrée derrière les murs de la cité blanche. »

Je marquai un silence, cherchant les mots justes.

« Elle a défié les ordres de son frère, et roi pour me libérer. À sa mort, elle a mené une charge cavalière contre les forces d’Oaxaca. Et enfin, si je ne l’en avais pas dissuadée, elle était prête à affronter elle-même Oaxaca. Une âme comme la sienne est ce qu'il faut pour gouverner un peuple en crise. »

Je fis un pas vers lui, tendant ma main.

« Si vous me faites confiance dans cette voie, alors nous avons un accord. »

Il hocha lentement la tête avant de lever la main.

"Bon, bon. Tu sembles sûr de toi. Je suis plus marchand que politicien, et nous différons là-dessus. Mais d'accord, Ezak." Il me serra la main avec la fermeté d'un homme d’affaires. "Faisons comme ça. Une fois réimplanté dans la capitale blanche, nous ferons fructifier ma guilde marchande."

Je lui rendis sa poigne, satisfait.

« Pour les d’Arkasse, et pour la Reine légitime. »

Après que l'accord fut scellé d'une poignée de main ferme, une tension persistante flotta encore un instant dans l'air. Mon père me relâcha, mais son regard, bien qu'adouci, conservait cette distance. Il n'avait jamais été un homme à accorder sa confiance facilement, surtout pas après toutes ces années de rancœur accumulée. Il hocha légèrement la tête avant de se détourner.

"Je te laisse gérer les détails," déclara-t-il d'un ton pragmatique. "Fais en sorte que tout se mette en place. Je veux voir des résultats rapidement."

Je me contentai d’un signe de tête, respectant son pragmatisme marchand. Il n’y aurait pas de démonstrations d’affection, ni de grands discours sur l’importance de la réconciliation. À ses yeux, nous étions désormais des partenaires liés par un accord mutuel. C'était bien assez pour aujourd’hui.

Freida se tenait à l’écart pendant toute la conversation, silencieuse mais attentive. Son visage ne trahissait aucune émotion évidente, mais je pouvais sentir qu’elle pesait chaque mot et chaque geste échangés. Elle n’était pas dupe de la complexité de ce moment, ni de ce que cela impliquait pour notre avenir commun.

Mon père s'éloigna sans un mot de plus, nous laissant dans la salle qui avait été le théâtre de notre confrontation. Le silence retomba, pesant, jusqu'à ce que je prenne une longue inspiration.

« Allons-y, » murmurai-je en direction de Freida.

Nous sortîmes de la demeure dans un calme solennel, les lourdes portes se refermant derrière nous. L’air extérieur était plus frais, apaisant après l’atmosphère étouffante à l'intérieur. Je laissai échapper un soupir, mêlé de soulagement et d’une certaine fatigue nerveuse. Freida marcha à mes côtés sans dire un mot jusqu’à ce que nous soyons à bonne distance du manoir.

Finalement, ce fut elle qui brisa le silence, d’une voix mesurée, mais teintée d'une pointe de curiosité.

« Je dois dire que ça s'est mieux passé que ce que j'aurais imaginé. »

Je tournai la tête vers elle, un sourire triste étirant mes lèvres. « Oui, si on peut appeler cela un succès. » Un léger rire m’échappa, mais il était sans joie. « Un succès, mais à quel prix ? »

Freida fronça les sourcils, comme si elle analysait mes paroles, pesant la situation dans son esprit.

« Tu as obtenu ce que tu voulais, non ? Une alliance. C’est ce que tu cherchais en venant ici. » Elle marqua une pause, avant d’ajouter plus doucement : « Mais je sens que cela te laisse amer malgré tout. »

Je m'arrêtai un instant, posant mon regard sur l’horizon qui s'étendait devant nous. La mer d'Oranan visible au lointain, vaste et impassible, reflétait en quelque sorte le sentiment que je portais au fond de moi.

« Ce que j'ai obtenu, c'est un marché. Une alliance fondée sur des intérêts mutuels, oui, mais... » Je laissai ma phrase en suspens, cherchant les mots justes. « Pas une réconciliation. Pas vraiment. Nous sommes toujours aussi distants, mon père et moi. Rien n’a vraiment changé entre nous. Nous avons seulement décidé de travailler ensemble. »

Freida hocha lentement la tête, son regard scrutant mes traits.

« Mais c’est déjà un début, Ezak. C’est plus que ce que tu avais avant aujourd'hui. »

Je soupirai à nouveau, mais cette fois avec moins de résignation.

« Peut-être. » Je lui lançai un regard, presque reconnaissant. « Mais ce n’est pas tout à fait ce que j'espérais. J'ai tendu la main, j’ai essayé d’être sincère, de lui proposer plus qu’un simple accord. Mais il n’a vu que ce qu’il voulait voir ; le fils en quête de fortune. »

Freida s’arrêta à son tour, se tournant pour me faire face. Son visage était calme, mais ses yeux, eux, brillaient d’une compréhension silencieuse.

« Ce n’est pas parce que lui ne le voit pas encore que cela ne peut pas changer. Les choses prennent du temps, Ezak. » Elle posa une main douce sur mon bras. « Il a accepté l’alliance. C'est un pas en avant. Peut-être qu'en voyant que tu tiens ta parole, que tu agis pour la famille et pas seulement pour toi, il finira par comprendre. »

Je hochai la tête lentement, absorbant ses paroles. Freida avait raison, bien sûr. Il fallait être patient. Le chemin vers la réconciliation complète serait long, mais c'était déjà un début.

« Oui, tu as raison. » dis-je finalement, un sourire plus sincère aux lèvres. « Ce n’est qu’une première étape. Et nous avons déjà beaucoup à faire. »

Je la regardai avec gratitude. « Merci, Freida. Pour ta patience, pour ton soutien. »

Elle répondit par un sourire chaleureux, avant de se remettre en marche.


HRP : PNJ de Vandrak d'Arkasse à été joué par Cromax

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