L'Azurion (Navire d'Event - X3)

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TheGentleMad
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par TheGentleMad » jeu. 4 mars 2021 17:36

-----K-----


La kitranche fendit l'air, ouvrant le torse des humains, défonçant la cage thoracique de sa dernière victime, qui s'effondra raide morte. Des deux humains restants face à lui, l'un frappa en plein dans l'antre de Balmor, laissant une fois son porteur indemne, tandis que le second ne trancha que l'air, le garzok évitant d'un pas de côté. Ce mouvement salvateur, lui permit également d'éviter deux lames lui arrivant dans le dos. Tournant la tête, le barbare vit le jeune barde trancher la colonne vertébrale de l'un des deux misérables l'attaquant de dos, ainsi que le troisième lâche qui se mit lui-même hors combat en se tranchant la cuisse par sa maladresse probablement aidée par la terreur qu'inspirait que garzok furieux. Alors que l'un des premiers soldats blessés venait prendre place face au monstre pour remplacer son camarade au torse défoncé, Kurgoth souriait sous sa visière. Il n'y avait à présent plus que quatre ennemis face à lui, ceux devant lui bloquant les deux autres blessés malgré eux. En un coup, il pouvait tous les toucher, tous les terrasser. Ce fut d'ailleurs ce qu'il tenta de faire, cherchant à moissonner ces âmes une fois pour toute.

[HRP: moissonnage rang4 pour toucher les 3 ennemis dans son devant lui et terminer le coup en touchant celui dans son dos.]
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Mikkah-El Sôdehbek
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Mikkah-El Sôdehbek » jeu. 4 mars 2021 20:48

Il était un peu ironique que tu aidais Kurgoth que, quelques minutes plus tôt, tu avais joyeusement ignoré sur les débris de la jonque. Il semblait que vos destins fussent liés malgré tout et cela était pour te déplaire. Ta main fendit l'air, visant le dos, que tu croyais le plus facile à atteindre, mais par un certain hasard, tu le touchas à la nuque, là où il n'y avait rien que la chair à nue. Le dague s'enfonça mollement et fit jaillir du sang. Le soldat cria et se laissa tomber sur le sol. Il se tenait la gorge et entre ses doigts coulaient des filets rougeoyants. Tu savais qu'il n'en avait plus pour longtemps. Si surpris par ta victoire que tu te figeas l'espace de quelques secondes et ce fut comme si tu voyais le combat de l'extérieur. Tu relevas la tête et tes yeux virent au loin Silmeria qui tenait le capitaine kendran. Aviez-vous gagné ? Mais le combat semblait se poursuivre des deux bords...

(Mikkah-El ! Reprends-toi !)

Tu tressaillis, comme par un mauvais courant d'air. Tu étais mal à l'aise parce que tu venais de faire. Tuer quelqu'un au bout d'un long combat acharné, comme sur le pont de la jonque, était une chose, planter une dague dans le dos d'un homme en était une autre - plus sale. Mais le pire, c'était que Kurgoth était tellement dangereux que malgré leur camarade tombé, les autres ne te prenaient toujours pas en considération. Tes sourcils se foncèrent - de mal être général. Cette partie-là de la guerre était moche, décidas-tu. Cependant tu raffermis ta prise sur ta dague et frappa un autre soldat kendran de la même manière - de dos.

((hrp: attaque simple sur un des soldats le moins blessé qui entoure Kurgoth))
Mikkah - Voleur Haffiz

Multi : Kay de Kallah

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Cromax
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Cromax » ven. 5 mars 2021 11:14

La Fin d’une Ere
(Groupe Omyrien)




Le combat sur la Dunette de l’Azurion se poursuivait malgré la tentative de Silmeria à y mettre une fin pacifique. Abandonné à son sort, le capitaine s’effondra sur la barricade de bois le séparant du pont. Ses forces l’abandonnaient, il crispait les poings sous la douleur, sans aucune blessure visible à saisir. Derrière lui, le sortilège lancé par Eldros fit mouche : la magie noire percuta à nouveau le Second, lui occasionnant une fois de plus une douleur sourde, poignante, consumant ses chairs de l’intérieur. Il se tourna vers le manieur de fluides obscurs avec une rage décuplée… Et ne vit guère venir la lame de la Petite Plume de la Mort s’abattre sur lui. Ultime coup pour venir à bout de sa volonté : il lâcha son lourd gourdin au sol, main portée à la gorge, et plié sous la douleur qui le percutait de partout, s’agenouilla lentement, mains sur la nuque. Il se rendait : vous aviez tous deux prouvé votre puissance supérieure, et désormais son regard encoléré contenait également une demande de pitié, muette.

Sur le pont de l’Azurion, le carnage prenait fin également : Rendrak lança une morsure agressive sur son vis-à-vis, lui arrachant la gorge de ses crocs acérés devant un Daemon qui n’eut même pas à placer son attaque : l’ennemi était mort, défait, et saignait désormais abondamment sur le sol de bois. Ara, lui, profita du chancellement du dernier ennemi ayant été sous le coup de l’illusion de son suivant pour lui asséner le coup fatal, lame à travers de la gorge. Encore une âme dont il devrait décider du sort.

Ezak, quant à lui, dans une ultime danse macabre, découpa, déchira, déchiqueta les chairs des ennemis qui restaient autour de lui, en tuant deux, en blessant trois autres qui ne l’avaient même pas attaqué. Devant cet accès de violence sans cesse accru, les derniers combattants encore valides de l’Azurions déposèrent les armes : les plus vaillants bondirent par-dessus bord pour tenter une fuite vers les côtes. Les blessés et apeurés restèrent à bord, s’agenouillant comme leur capitaine et leur second avant eux. Leur honneur était sauf, et désormais ils priaient pour leur vie. Dans cette vague de reddition, Daemon n’eut aucune peine à récupérer son arme au sol.

Sur le pont de la Laide, le combat perdura un peu plus longtemps : la rumeur de la reddition n’était pas encore arrivée ici, et les adversaires de Kurgoth et Mikkah semblaient acérés par la résistance de l’orque. Par sa nature aussi, sans doute. Mais il leur démontra une ultime fois sa puissance : s’armant de sa hache terrible, il partit d’un nouveau tourbillonnement sur lui-même. À force de l’exécuter, il fallait croire qu’il gagnait en force, en puissance, en destruction : cette fois, la lame de la hache tournoya à hauteur constante, à vitesse haute et à force butée. Les quatres gorges furent découpées net, les têtes tombant lourdement au sol en roulant, sans éjecter la moindre larme de sang. Mikkah n’eut même pas à salir sa lame une fois de plus : ils étaient morts. Et les quelques blessés qui s’agitaient encore rendirent les armes sans tarder à cet ennemi intestable : ils balancèrent leurs armes aux pieds du garzok et pleurèrent sa merci :

« Pitié, pitié, épargnez-nous. »

Les quelques rares combattants qui restaient sur la Laide, aux prises avec son équipage, se rendaient également.


Les bruits de la bataille navale étaient assez loin désormais : seuls persistaient les geignements des blessés graves et les vagues s’écrasant sur les trois coques. Les autres marins de l’Azurion étaient asservis, sous le contrôle des hommes d’Ezak, de la Baliste ou de la Laide. Le combat était terminé, et ils avaient gagné. Gagné ce navire qui leur permettrait d’œuvrer à leur plan.



[HJ : Indiquez-moi vos actions directes d’après-bataille, jusqu’à votre répartition finale et organisation pour le voyage qui vous attendra à la prochaine màj (si vous partez bien).

XP :
Eldros : 3 (combat)
Azra : 2 (combat)
Daemon : 2 (combat)
Silmeria : 1 (combat)
Ezak : 1 (combat)
Kurgoth : 3 (combat)
Mikkah : 2 (combat)]

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Silmeria
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Silmeria » ven. 5 mars 2021 15:48

Le jeune second de la Baliste porta un sort d'ombre sur son adversaire, un éclair noir sembla, le temps d'un fragment de seconde, absorber la lumière du ciel. Sous le choc, abasourdi le temps d'un instant, le colosse émit un léger recul et sa gorge se trouva mordue par la Tueuse de Mage, une entaille directe mais cautérisée par magie sur la seconde où le métal quittait ses chairs, pas une goute de sang pour éclabousser les deux combattants victorieux, le second de l'Azurion a son tour ploya le genou et se rendit, incapable de tenir son gourdin et de presser une plaie inexistante, il n'avait plus dans son regard qu'un sentiment profond d'inquiétude, il n'était pas arrivé au bout de sa mission et le voilà gravement blessé, allait-il vivre assez longtemps pour endurer leurs questions ?

Silmeria observa sans émotion les deux corps déchus et adressa au second Eldros un regard démuni d'expression. Comme à son habitude, la jeune femme ne souhaita pas rester ni s'enquérir de la santé de son compagnon d'arme. Elle s'en alla d'un pas léger, descendit les escalier et vit un tout autre spectacle. La timonerie était restée propre, on aurait peine à croire qu'un combat y avait eu lieu. Pas une goute de sang, pas de dégâts apparents. Quant au pont principal, les cadavres décapités gisaient ça et là, des corps tranchés, des soleils de cervelles éclatées à même le pont, le tout dilué dans une mare de sang. Les embruns de la mer se mêlaient au fer sanguin, à la sueur et à la matière fécale dispersée des éventrés gisants. Silmeria observait à la fois mercenaires et marins victorieux, terminant leurs duels avec les rares téméraires.

Mais elle n'était pas descendue sur le pont pour aider les derniers combattants, le navire était pris désormais, la résistance était matée et on comptait déjà quelques déserteurs qui sautaient par dessus bord, préférant tenter leur chance dans les flots. Peut-être la mort par la mer était plus favorable que le sort qui leur était destiné.

La Sindel ouvrit la porte de la Capitainerie et pénétra dans les quartiers de ce dernier à la recherche d'informations.

(" N'empêche que. Ce Ezak, il semble pas y aller de main morte avec ses ennemis, il semble même y prendre du plaisir, il boit leur sang, il démembrer, au final si ses pigments avaient tirés vers le vert, il serait plus considéré comme un Garzok. ") Commenta Cèles, la Faera de Silmeria tandis qu'elle inspectait les documents dispersés ça et là dans la Capitainerie, il y avait des registres, des autorisations portuaires, des documents maritimes, beaucoup de chose dont elle ignorait l'usage, un Capitaine tel que Laeten et Von Klaash sauraient immédiatement de quoi il s'agissait et riraient d'elle et de son manque de connaissance.

(" Il est vrai. Il est vrai. ") Dit-elle pensivement. Trop absorbée dans ses fouilles pour prêter attention à sa Faera qui semblait trop complimenter le Sergent d'Omyre à son goût.

Alors qu'elle fermait les tiroirs de la Capitainerie, le second de la Baliste ainsi que le fameux Ezak entrèrent à leur tour. Silmeria se tourna et pencha la tête sur le côté, espérant qu'il n'y avait qu'eux, elle détestait les salles combles et la foule dans les lieux clos. Mais ils restèrent trois, la porte se refermait et le second, l'homme que Laeten appelait " Monsieur Rougine " prit parole.

« Avant de vous écharper, je vous suggères d’écouter ce que je vais vous dire. Inutile de le nier, nous sommes sans doute les trois personnes les plus mentalement équilibrés sur ce navire en plus d’être ceux qui possèdent la plus grande force de persuasion. Vous, grâce à l’équipage de la Laide, vous grâce à vos hommes et moi grâce à l’équipage de La Baliste. Faisons rapidement un tour du reste du groupe qui nous accompagne. Nous avons un chien fou se pensant grand stratège, de son animal de compagnie trop muet pour être un barde et de deux prétendus messagers de Phaïtos aux plans douteux. Nous avons étés témoins à plusieurs reprises du manque de cohésion de notre groupe à cause de nos avis et de nos cultures divergentes. Ce que nous devrions faire, ce que nous devons faire, c’est de décider nous trois d’un plan efficace et l’imposer aux autres. Même si nos relations sont tendus nous avons une motivation commune, voir la tête du roi se séparer de son cou et contempler Kendra Kâr en proie aux flammes. Sergent, accepteriez vous de confier à cette dame la première phase du plan dont nous avions discutés ? »


Silmeria leva un sourcil intéressé. Le jeune second de la Baliste semblait être très entreprenant et avait une excellente analyse de la situation. La jeune femme trouvait très intelligent qu'il soit venu, bien qu'un brin flatteur, chercher l'oreille des deux envoyés d'Omyre. Peut-être avait-il pensé que la Liche n'était pas un personnage assez entreprenant pour remplir ce rôle ? Silmeria en doutait, si c'était bien le jeune homme qu'elle avait connu jadis, il avait traversé son lot d'épreuves et de dangers, il n'était plus le même et avait changé, physiquement à l'évidence, mais un tel traitement ne laisse pas un esprit intact, elle s'intéresserait à ce Lord Nécroman un peu plus tard.

Ezak quant à lui semblait moins enjoué face à cette proposition. Il regardait Eldros avec suspicion et dit alors :

«Enfin, les masques tombent.»

Son regard se fait plus pressant.

« Permettez-moi de remettre de l’ordre dans ce que vous venez de dire. Je ne suis pas mentalement équilibrée, loin de là. Cependant, je suis la seule personne à faire partie du cercle des anobli de la Reine Noire ici, c’est moi. Je suis son seul représentant officiel et si nos relations doivent bien se passer vous avez intérêt à tous l’intégrer car j’en ai plus qu’assez de vos tentatives à tous de renverser l’ordre établi. Je ne le répéterais plus. »

Silmeria rentra les épaules et soupira en levant les yeux au ciel. Cèles quant à elle ne manquera pas de piailler dans son esprit (" Ah, tu vois, un défaut très humain ça. Trèèèès humain.")

La Sindel secoua doucement la tête en contestation manifeste, elle n'avait jamais apprécié qu'on rappelle à longueur de temps son rang et son grade, persuadée qu'il s'agissait là d'un conflit interne qui poussait ce Sergent à craindre pour sa crédibilité. Autant, ce simple travers la laisserait silencieuse, après tout c'était son problème, mais il se tourna vers elle et lui porta des propos venimeux.

« Quant à celle-là. Elle ment à un officier, prétend pouvoir le diriger alors qu’elle ne détient aucune attribution royale, menace les membres de la coalition réunis par le Prédateur Ultime et je devrais lui faire confiance juste parce que vous me le demandez ? En quel honneur ? »

Ses yeux se plissent, suspicieux.

« Quelle est la nature de votre relation ? Vous avez déjà combattu ensemble ? Vous êtes liés pas un espèce de code de la piraterie ? Vous forniquez ensemble ? J’aimerais comprendre. Vos demandes échappent à toute logique compte tenu de ce que nous avons vu d’elle jusqu’à présent.»

(" Tu n'as pourtant pas une tête de pirate ? Qu'est-ce qu'il raconte. Il deviendrait paranoïaque ? Il craint que ce soit un complot ? Il se serait entendu à merveille avec Hrist. ")

Elle décida alors de prendre parole, elle commença d'une voix douce, sans avancer ni faire le moindre geste : " C'est regrettable qu'un tel officier tel que vous doive sans arrêt rappeler son rang. Il faut croire que vous n'avez pas ce qu'il faut... " La Murène avança alors d'un pas, se tournant vers Ezak elle le rejoignit doucement, à pas de loup. L'homme avait une stature plus haute et solide que sa condition de Sindel, mais quelque chose le rendait moins honorable, le sang crouté sur son armure ? Les éclats de cervelles dont les os tranchés luisaient à la flamme des bougies ? Tout ceci avait un aspect repoussant et néfaste et il n'en découlait pas moins du regard qu'il lui accordait.

" Je n'ai rien à vous apporter comme preuve, les autres semblent l'avoir compris mais je vais le répéter pour vous. Manifestement la seule présence de cervelle chez un d'Arkasse est étalée sur son armure. Je suis là parce que Xenair l'exige, je suis chargée de veiller à ce que vous mettiez à bien votre mission et aussi à éliminer tous ceux qui souhaiteraient changer d'avis. Je suis celle n'aura pas à répondre à qui que ce soit d'avoir tué... Un sergent belliqueux par exemple. " Avait-elle terminé, non sans un certain sourire. Cet homme qui l'avait défiée plus tôt venait de continuer, il ne semblait pas comprendre qu'elle n'aurait aucun scrupule à pacifier le navire entier pour une provocation trop manifeste, il en était à sa seconde fois, cette fois-ci sans ses hommes, chose qu'elle ne manqua de pas de souligner en s'approchant doucement des lui, les yeux mi-clos, comme une confession d'amoureuse.

" Tu as oublié tes hommes dehors... Est-ce raisonnable de me défier une fois de plus ?" De là, elle sentait le cuir et le sang ferreux lui titiller les narines. Elle n'avait pas souhaité poser ses doigts sur son armure, ne souhaitant guère se salir.

Quant à lui, il ne manqua pas de répondre : « J’en brûle d’envie, alors je serais toi, j’arrêterais d’être si provocante. »

Eldros, sentant une légère tension planer reprit parole.

« Mon but n’est pas de prendre le commandement. Seulement d’augmenter nos chances de réussite. Quant à cette... dame... je ne vous demande pas de lui faire confiance, d’ailleurs je ne lui fait pas confiance non plus, pas plus qu’a vous si il faut être tout à fait honnête. Mais il est à notre avantage de mettre de côté notre colère pour faire tomber des têtes. Je ne la connais pas mais elle semble avoir sous ses ordres un bon tiers des hommes à nos côtés, tout comme j’ai l’oreille de Laeten qui commande un autre tiers. Une union entre nous trois serait assez forte pour imposer notre plan, ou vos ordres, Sergent. Ma volonté de nous faire coopérer est en faite d’une logique simple. Commandez, nous vous seconderons, du moment que vos ordres nous permettent de mener notre mission à bien. Désirez vous dresser un plan d’attaque seul ou voulez vous notre aide ? »

Il se tourna vers Eldros et ajouta d'un ton tranchant : « Je n’ai jamais eu à dessein de commander notre groupe, cependant je goutte fort peu que les décisions que je prends soient contestées. Tenter sans cesse de bouleverser l’ordre c’est culturel chez les Omyrhiens, mais je commence à savoir y faire. »

Comme s'il considérait Silmeria comme étant native d'Omyre, il la toisa de bas en haut avec un air de profond mépris avant de reprendre :
« Il faut les dresser pour que ça rentre. »
(" Heuuuu. Tu n'as pas vraiment le profil d'une Omyrienne, si ?")
Il laisse le silence s’installer avant de reprendre.

« J’accepte ! Mais si quelque chose me déplait, ce sera sans moi. »
(" Je pense que ce qu'il essaie de te dire c'est que si vous faites pas comme il le dit, il changera d'av... ")
(" Je sais, je sais. Il est tout de même intriguant, on pourrait presque croire qu'il est un ennemi de la Reine noire, avec ce mépris pour les engeances d'Omyre, qu'Oaxaca s'efforce de protéger et d'aider. ")
(" Quelque part... Tu ne vaux pas beaucoup mieux, déjà si tu évitais de les appeler Engeance, on pourrait presque te croire mais là, navrée... ")

" Si tu en as si envie, je te propose un petit échange à la nuit tombée, si tu es vainqueur, je répondrai à tes directives sans contester. Si je l'emporte, je récupère ton insigne de Sergent "

Si c'était là, la source de son orgueil, Silmeria n'avait qu'une hâte, celle de l'humilier devant ses hommes, l'équipage et lui retirer la fameuse bague, avec ou sans le doigt. Elle aimait beaucoup les guerriers en armure lourde, ils étaient lents, patauds, la tueuse de mage dévorait n'importe quel acier et la chair tendre avec un appétit égal. Elle savait qu'elle pourrait jouer sur sa légèreté et son agilité pour défaire Ezak en combat singulier. Celui-ci dit alors :

« Ne sois pas si pressée ! On l’aura notre tête à tête, quand je l’aurais décidé, et ce sera pour quelque chose autrement plus important qu’un insigne. »

Face à ce replis soudain, Silmeria fut interloquée le temps d'une seconde, elle était persuadée que son honneur et sa fierté ainsi blessés le pousseraient à accepter l'offense et l'emporter dans un duel avec elle, mais il n'en fut rien, il prétexta alors qu'il lui dirait lorsqu'il souhaitera le duel. Silmeria laissa échapper un rire surpris et pouffa doucement avant de tourner le dos à Ezak, non sans l'avoir gratifié d'un grand sourire moqueur.

" C'est tout ? La grandeur d'un D'Arkasse donne une assez bonne idée du néant. Quand tu le désires, j'espère que tu ne fais pas allusion à ta vie, ce métal semble précieux. "

Laissant le poison de ses mots irriter son orgueil, elle dit alors au second de la Baliste.

" Je vais t'accorder mon aide, Eldros. Manifestement tu es le cerveau de cette mission. "

Celui-ci n'avait pas beaucoup bougé, il semblait concentré, mesuré et patient. Il observait les discordes en se demandant peut-être comment il ferait pour les exploiter à son avantage. Silmeria avait vu ça chez les gobelins, généralement les créatures plus frêles que les puissants Garzoks usaient de malice et de ruse pour parvenir à leurs fins, Ezak était plus massif que le second Rougine, aussi celui-ci avait tout l'air de profiter qu'il ait une grosse armure pour protéger le vide démentiel qui se trouvait sous son casque et le duperait autrement que par la force.

« Maintenant que nous avons trouvé un bout de terrain d’entente. Peut être pouvons nous discuter d’organisation ? Nous avons encore des choses à régler sur le pont. Nous sommes sans doute assez loin de la bataille pour manoeuvrer le navire à présent, je peux m’occuper de la barre mais il faut encore décider de ce qu’on fait des prisonniers avant que le Garzok ne décide de tous les sacrifier. Et enfin il faudra préparer notre attaque sur le camp du Val. Comment procède t-on sergent ? »

« Bien, voilà la première partie du plan. Nous avons l’intention de créer un faux. Ecrire une fausse lettre, avec sceau officiel, à l’attention du Roi de Kendrâ-Kâr et de son Etat-Major, pour leur transmettre un message important : un mouvement impromptu des forces ennemis, des navires ayant pour but de se diriger vers leur position par exemple, mais ce dont ils ne se douteront pas, c’est que nous serons déjà sur place. Ce stratagème nous offrira deux avantages : Premièrement, il nous permettra de justifier le détour de notre navire et son retour au camp royale, mais aussi, il nous permettra d’être guidé précisément dans un camp dont nous ne connaissons pas la disposition, vers la position du Roi. Çà, c’est la partie du plan sur laquelle le Quartier-Maître, et moi étions d’accord. »

Silmeria s'assis d'une demi-fesse sur le bureau de la Capitainerie, elle tapotait des doigts sur ses cuisses et observait tour à tour les deux hommes, se demandant quand tomberait la prochaine provocation d'Ezak, elle doutait de l'avoir mouché pour longtemps.

« Pour que le plan soit mené à bien, je pense qu’il nous faudra obtenir des informations des prisonniers. Il nous faut connaître l’identité des officiers de ce navire, leur grade. Je devrais probablement me faire passer pour celui qui a repris les rênes après leurs disparition, d’où l’importance de connaître précisément leur organisation. Nous, les Kendrans, connaissons le respect des fonctions, ce que la Reine Noire n’a pas su inculquer aux chiens qui composent ses forces. Il faut croire que ce sera le rôle qui me sera dévolu.»

(" Tâche de ne pas répondre, ça prendrait des heures. ")
(" Sois tranquille, pour l'instant je n'ai aucune raison valable de m'opposer à lui, du moins, pas autant qu'il ne s'oppose à moi. Il devra remplir son rôle avec conviction et si le résultat est à la hauteur de son arrogance, alors nous verrons. ")

« C’est tout, en ce qui concerne la première partie de notre plan. » concluait-il sans ajouter davantage de fiel à ses dires.

Avant que l'un de ses deux alliés n'envenime davantage la situation à peine apaisée, Eldros enchaîna :

« Je vais retourner à la timonerie, faire signe aux capitaines que nous sommes prêts à être détachés. Nous devrons reprendre cette discussion plus tard pour compléter ce plan et voir quel sont nos options avec les compétences de chacun. »

Silmeria se laissa glisser de son assise et retomba sur ses bottes, après une profonde inspiration, elle voulu prendre parole avant de se faire interrompre par l'entrée brusque d'un marin.

" Nous sommes prêts, le navire est à nous. Von Klaash a fait mettre quelques prisonniers aux fers, j'irai voir le Capitaine Laeten pour faire le comptage de nos prisonniers et nos pertes. Nous allons désarrimer le navire, Von Klaash attend le signal de Laeten pour qu'on le fasse ensemble, c'est plus prudent. "

Un jeune homme vêtu tel un matelot de la Laide, l'arme encore ensanglantée à la main et suant. Il était temp de pousser la manœuvre de l'Azurion afin qu'il puisse suivre la Laide et la Baliste. Derrière eux, le combat naval faisait rage mais il n'en entendaient plus que des sons étouffés par le vent et l'échos du métal et du bros fracassé devenait de moins en moins audible.

" Eldros a raison. Je vais à bord de mon navire pour confirmer les directives, un marin ira voir Laeten ou Eldros pour annoncer les pertes. "

Elle décrocha de sa ceinture le Dragon Noir aux yeux rouges, son symbole de gradée et le garda en main un court instant. Silmeria sortait de la pièce, au passage, elle jeta son insigne militaire au visage d'Ezak et ajouta simplement :

" Que le monde est petit... "
Modifié en dernier par Silmeria le sam. 6 mars 2021 18:42, modifié 2 fois.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Azra
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Azra » sam. 6 mars 2021 14:13

Les derniers soldats tombèrent finalement, sous les coups de la horde déchaînée. Plus loin, le capitaine et son second avaient été terrassés par Silmeria et Eldros et, dans la foulée, les survivants déposèrent les armes. Le navire était à eux !

La bataille faisait toujours rage autour d'eux mais elle commençait à s'éloigner. Sans attendre, Azra se précipita sur le premier homme qu'il avait blessé. Ce dernier agonisait, rongé par la corruption. Trop de souffrance... une honte pour le dieu Corbeau...

« Tes souffrances s'achèvent ici. Une nouvelle vie t'attend... »

Que ce soit en se réincarnant ou en les servants, cela était vrai. Le nécromancien l'acheva de sa dague. Puis, il se rua vers les chefs de l'équipage. C'était eux qui étaient les plus importants. D'autant qu'ils semblaient également souffrir énormément... L'arme de la tueuse n'avait laissé aucune blessure, pourtant, ils semblaient bel et bien cruellement, voire mortellement, atteints. Sans attendre, le nécromancien les acheva d'un rapide coup de dague, visant des parties de leurs flancs, où les blessures seraient assez faciles à dissimuler.

« Vos souffrances s'achèvent... »

Leurs yeux s'emplirent de terreur alors qu'ils réalisaient le sort qui les attendaient. Mais ils n'étaient pas en état de résister, et leurs âmes furent absorbées dans la dague.

« … mais une nouvelle vie vous attend. »

Il fit un signe à Rendrak. Le liykor avait bien compris, et il rassembla les corps des cinq victimes prisonnières de la dague. Au même moment, Azra fit signe à Daemon d'approcher. Il était temps de recourir aux pleins pouvoirs des messagers du Corbeau ! Il invoqua le pouvoir de la dague, qui semblait maintenant noyée dans une brume d'âmes. Il localisa celles du capitaine, de son second et des trois marins et les extirpa sous formes de fantômes, pour qu'ils se présentent devant lui. Alors, il déclara :

« Votre vie est terminée, vos âmes m'appartiennent et resteront prisonnières de ma dague par alimenter ma magie noire. Vous serez recyclés en armes sans consciences pour notre sainte cause... avant d'être renvoyés en enfer... un jour. Mais il y a une autre alternative. Je peux vous offrir une nouvelle vie. Vous pouvez renaître par la glorieuse volonté de notre seigneur Phaïtos, en pleine possession de vos moyens, à une seule exception : si vous songez ne serais-ce qu'un instant à me trahir, je n'aurais besoin que d'une seule pensée pour mettre fin à cette seconde vie. Acceptez, et vous aurez une seconde chance, un nouveau destin, une nouvelle mission... une vie peut-être différente de celle que vous imaginiez, mais une vie malgré tout. Refusez, et vous ne serez que des reliques amorphes, totalement dépendantes de mon pouvoir. »

Il écarta les bras et tonna :

« Maintenant, spectres, parlez ! Peu de morts ont la chance de pouvoir choisir leur destin. Alors faites votre choix, mais faites-le promptement ! »

(Très grandiloquent...) pouffa Arek.

(N'est-ce pas ce que tu attendais que je devienne ?)

(Une seigneur de la mort ? Oui, bien sûr... et je n'ai pas dit que je n'aimais pas ça ! À travers nous, c'est Phaïtos qui parle. Il faut le faire ressentir...)

(Tu ne convaincs personne...)

La faera ricana depuis son bracelet :

(Je n'en ai pas besoin. C'est toi qui dois convaincre...)

Mais le capitaine s'énerva et refusa. Bon, il allait falloir employer la ruse... Avec Rendrak, il emmena les corps dans la cale et entrepris de recadrer ces foutus spectres. Il avait besoin de leur coopération ! Mais le capitaine, un certain Riad Fer-argent, refusait obstinément d’écouter le nécromancien. Même lorsque le nécromancien se rabattit sur le mensonge, leur expliquant qu'ils auraient là une infime chance de se venger de leurs assaillants, il ne voulut rien entendre ! Le second et les trois marins, en revanche, étaient tentés par l'offre. Désespérés qu'ils étaient et craignant la mort – les fous ! – ils voulaient croire que la liche allait vraiment leur laisser une chance, qu'elle était dans leur camp... Bien sûr, si à un moment où à un autre, ils devaient déraper, il pourrait les anéantir en claquement de doigts. En attendant, il se résolu à bannir le capitaine, prononçant une belle oraison funèbre pour impressionner les autres. Il ne pouvait qu'espérer que cette âme arriverait à trouver la paix... Pas à dire, il aurait bien des pénitences à faire, en revenant de cette fichue mission ! En tout cas, sans le capitaine, les autres acceptèrent de le servir. Enfin...

Alors, brandissant sa dague, il se concentra sur le pouvoir né en lui sur Aliaénon ; Il investi leurs âmes dans leurs corps... et ils se relevèrent. Le second Berth ainsi que les soldats, Rick, Bert et Loen étaient revenu à la vie. Il leur conseilla de chercher des vêtements qui cacheraient au mieux leurs blessures, qui persistaient. L'expédition venait de gagner quatre membres qui seraient fort utiles pour infiltrer le camp des kendrans...

« Sortons, maintenant. Vous naviguez à présent sous le pavillon d'Omyre. »

Et que le fanatisme incorruptible du capitaine aille pourrir en enfer !
Modifié en dernier par Azra le dim. 7 mars 2021 21:40, modifié 2 fois.

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Eldros Rougine
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Eldros Rougine » dim. 7 mars 2021 15:11

Mon sort touche, affichant sur le corps de l’humain une douleur et une rage qui me ravi. Il tombe dans le panneau, concentrant toute son attention vers moi et oubliant l’elfe grise qui lui porte le dernier coup. Il lâche son arme, tombe à genoux et adresse désormais un regard cherchant la pitié. Si la suite du plan ne nécessitait pas d’avoir des réponses de sa part je l’achèverais avec plaisir moi même. Je baisse les yeux vers la petite Sindel après avoir constaté que malgré le combat, la dunette est dépourvue de sang. Elle m’adresse un regard neutre, autant dénué d’émotions que le mien. Comment a-t-elle fait ? De la magie ? Probablement. Elle s’éclipse bien avant que je n’ai le temps de lui demander. Décidément une créature interessante. Je suis ses pas en me rapprochant du pont principal, ne parvenant pas à camoufler un léger rictus en constatant que c’est une boucherie qui a eu lieu. Les corps gisent sans membres, sans têtes, coupés en deux, éventrés, le tout accompagné des cris harmonieux de douleurs et de désespoirs. Je garde la chevelure blonde en vue et remarque qu’elle pénètre dans la capitainerie. Il semblerait qu’elle prend les devants, je ne veux pas qu’elle trouve des informations qui sont indispensables, cela la mettrait dans une position importante en plus de créer plus de tension au sein du groupe. Je balaie du regard le pont pour trouver le sergent d’Arkasse, couvert de sang, au milieu de l’abattoir. Un autre sujet passionnant, le fou d’un échiquier, discret et dangereux. Les autres pièces se mettent en place dans mon esprit. La tour menaçante, le cavalier imprévisible, les pions sacrifiables à souhait et la reine, indispensable mais nécessitant une agressivité prudente pour prendre le roi.

Le temps est venu de se révéler et de forger les alliances nécessaires pour prendre le contrôle de ce groupe et imposer les choix à prendre avant que quelqu’un ne me devance. Je descends de la dunette en tenant mon ventre encore douloureux tout en m’approchant d’Ezak.

« Sergent. Nous devrions échanger quelques mots. »

Je lui désigne la capitainerie alors qu’il acquiesce à ma demande. Nous y retrouvons la petite plume noire, déjà occupée à fouiller les tiroirs du bureau de la cabine ne contenant que le strict nécessaire. Un bureau, un lit, quelques coffrets et espaces de rangements. Je laisse entrer Ezak avant de refermer la porte et de prendre la parole.

« Avant de vous écharper, je vous suggères d’écouter ce que je vais vous dire. Inutile de le nier, nous sommes sans doute les trois personnes les plus mentalement équilibrés sur ce navire en plus d’être ceux qui possèdent la plus grande force de persuasion. Vous, grâce à l’équipage de la Laide, vous grâce à vos hommes et moi grâce à l’équipage de La Baliste. Faisons rapidement un tour du reste du groupe qui nous accompagne. Nous avons un chien fou se pensant grand stratège, de son animal de compagnie trop muet pour être un barde et de deux prétendus messagers de Phaïtos aux plans douteux. Nous avons étés témoins à plusieurs reprises du manque de cohésion de notre groupe à cause de nos avis et de nos cultures divergentes. Ce que nous devrions faire, ce que nous devons faire, c’est de décider nous trois d’un plan efficace et l’imposer aux autres. Même si nos relations sont tendus nous avons une motivation commune, voir la tête du roi se séparer de son cou et contempler Kendra Kâr en proie aux flammes. Sergent, accepteriez vous de confier à cette dame la première phase du plan dont nous avions discutés ? »

Le regard du sergent se pose sur moi. Je pense savoir ce qu’il ressent, une sorte de culpabilité de m’avoir probablement sous estimé. Il n’a pas à en avoir honte, je pratique cet exercice depuis des années, n’importe qui serait tombé dans le panneau. Mais comme il le dit, désormais, les masques tombent. Je n’ai plus besoin de me faire passer pour un matelot sympathique. Je laisse mon visage afficher sa vraie nature, un air dur et impassible alors que son regard émet d’autres sentiments. Se sent-il trahi ? Il ne devrait pas, je ne lui ai pour l’instant causer aucun tord. La méfiance ? Il aurait bien raison, sa vie pourrait s’arrêter ici même. Je suis certain qu’il ne faudrait que quelques mots pour qu’une lutte à mort ait lieu dans cette pièce et l’issue du combat, à deux contre un, a de fortes probabilités de me convenir. J’aimerais y voir aussi de l’interêt, dans ce regard, car si je parviens à les faire coopérer je dois aussi faire comprendre que je suis utile, voir indispensable pour ne pas me faire évincer. Comme je m’y attendais il ne tarde pas à rappeler avec fierté qu’ici il est le seul à représenter officiellement la Reine Noire et qu’il en a assez de se faire contester sa hiérarchie. Parfait. Le choix de me servir du sergent d’Arkasse est incontestablement le bon. Gradé officiel, puissant, une troupe à son commandement présente à nos côtés, une entente déjà en place entre nous deux concernant la stratégie à suivre et cette aura fascinante qu’il dégage quand il perd patience. Quant à son interrogation concernant mon choix de mêler l’elfe grise à notre duo j’admets qu’elle me surprend même si je ne laisse rien paraître hormis une moue de dégoût quand il soumet une hypothèse lubrique. Moi ? Forniquer avec cette créature ? La seule chose venant de moi qui pourrait la pénétrer serait la lame de mon sabre si c’était nécessaire. A croire qu’il n’a pas entendu ce que j’ai dit: a qui d’autres pourrions nous nous fier ? Au Garzok et son jouet musical ? Pfeuh. Peut-être songe-il aux messagers de Phaïtos à cause de ma réaction avant la bataille. Je dois bien admettre que j’ai commis une erreur de jugement mais j’ai compris maintenant pourquoi je me retrouve en compagnie de ses deux corbeaux. Je pensais que Phaïtos avait mit la liche sur ma route pour qu’elle me guide mais en réalité c’est l’inverse. Phaïtos m’a mis moi sur leur chemin. C’est moi qui doit les guider et je jure que je parviendrais à les remettre sur le droit chemin où ils le regretteront. Non, Silmeria est le seul second choix viable. Je l’explique calmement après que l’elfe grise ait répondue aux provocations de l’humain.

« Mon but n’est pas de prendre le commandement. Seulement d’augmenter nos chances de réussite. Quant à cette... dame... je ne vous demande pas de lui faire confiance, d’ailleurs je ne lui fait pas confiance non plus, pas plus qu’a vous si il faut être tout à fait honnête. Mais il est à notre avantage de mettre de côté notre colère pour faire tomber des têtes. Je ne la connais pas mais elle semble avoir sous ses ordres un bon tiers des hommes à nos côtés, tout comme j’ai l’oreille de Laeten qui commande un autre tiers. Une union entre nous trois serait assez forte pour imposer notre plan, ou vos ordres, Sergent. Ma volonté de nous faire coopérer est en faite d’une logique simple. Commandez, nous vous seconderons, du moment que vos ordres nous permettent de mener notre mission à bien. Désirez vous dresser un plan d’attaque seul ou voulez vous notre aide ? »

Le tableau est maintenant dessiné, une triade puissante. Et encore, je me suis montré gentil en sous entendant que les hommes d’Ezak constituent un tiers de nos forces. En réalité face aux équipages de La Laide ou de La Baliste ils ne constituent pas grand chose. Mais c’est mieux de ne pas le dire clairement, ainsi il garde se sentiment de se croire au dessus de nous. Il ne reste que deux options désormais: soit il accepte et à nous trois nous pourrons imposer nos décisions soit ces deux là se battent et le gagnant aura le champs quasiment libre pour mener sa loi, avec mon appui. Dans les deux cas, je suis gagnant. Mais il semblerait que le sergent d’Arkasse choisisse la meilleure option, la coopération. Excellent, maintenant toutes les chances sont de notre côté. Il suffit de trouver le plan adéquat et de l’imposer. Fini les discussions exaspérantes, les avis stupides, les théories fumeuses. Un ordre est établi et comme je le désirais, il possède une influence sur tous les hommes armés à l’exception des mercenaires. Je retiens un rire victorieux, conservant un visage neutre, c’est loin d’être terminé. Je dois à présent m’assurer que ces deux là ne se battent pas avant que le camp Kendran ne soit en cendres. Ensuite ils pourront faire ce qu’ils veulent. Une tâche loin d’être facile car les provocations continuent de pleuvoir. Mon petit jeu semble avoir fonctionné à merveille sur Silmeria qui me désigne comme le cerveau de la mission. J’ignore si c’est de la moquerie, de la flatterie ou un simple don d’observation mais je n’y réponds pas, me contentant de rappeler les priorités.

« Maintenant que nous avons trouvé un bout de terrain d’entente. Peut être pouvons nous discuter d’organisation ? Nous avons encore des choses à régler sur le pont. Nous sommes sans doute assez loin de la bataille pour manoeuvrer le navire à présent, je peux m’occuper de la barre mais il faut encore décider de ce qu’on fait des prisonniers avant que le Garzok ne décide de tous les sacrifier. Et enfin il faudra préparer notre attaque sur le camp du Val. Comment procède t-on sergent ? »

Je pose mon regard sur Ezak, lui donnant la main pour exposer le plan, lui laissant pleinement son rôle de commandant. Il explique alors à Silmeria notre désir de créer un faux document nous donnant accès à l’état major.

« Je vais retourner à la timonerie, faire signe aux capitaines que nous sommes prêts à être détachés. Nous devrons reprendre cette discussion plus tard pour compléter ce plan et voir quel sont nos options avec les compétences de chacun. »

Je glisse un regard vers la minuscule plume noire, sa façon d’apparaître ou bon lui semble ne m’a pas échappé et je compte bien percer les mystères de ce don pour m’en servir. Nous sommes interrompus avant que je ne puisse sortir de la pièce, un marin nous apprend que le navire est bien à nous et que l’Azurion va bientôt être libéré de ses fers. Je fais signe aux autres et sors de la pièce pour regagner la barre. J’ai la mauvaise surprise d’y retrouver le second de Laeten. Manoor Haath, le sang pourpre qui me darde de son regard inquisiteur habituel.

« Où étiez vous fourré Rougine ? Le capitaine attend. »

Je retiens une insulte et me contente d’incliner la tête avant de me tenir au bastingage. Je remarque le manège du Lord Azrael et de son acolyte mort vivant qui rassemble les cadavres. Alors les officiers sont morts ? C’est regrettable, j’espère que nous trouverons nos réponses dans le livre de bord. Le sang pourpre fait signe aux capitaines des deux autres navires, prêt à manier la barre pour virer de bord et nous remettre dans le sens du vent. Il me lance encore une fois un regard hargneux avant de m’adresser la parole.

« Au boulot Rougine ! Descendez à la cale et faites l’inventaire de ce qu’il y a sur ce navire ! »

Je ne peux contenir une grimace de mépris à laquelle il répond en grognant. Je m’exécute finalement, descendant de la dunette pour lui laisser la place. Le fumier, pour quoi me fait-il passer ? Un larbin ?! Alors que je viens de bâtir le trio le plus puissant de ce groupe, quel sale chien ! Je m’enfonce dans le navire pour le fouiller, sabre à la main au cas où un soldat Kendran se serait dissimulé entre les caisses et les tonneaux. Le ventre secoué par la rage de m’être fait évincer le poste de timonier et la douleur du coup reçu plus tôt.

((Fouille le navire pour en dresser l'inventaire. ))

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Ezak
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Ezak » lun. 8 mars 2021 18:21

Je repartis dans mes enchaînements répétés des milliers de fois. Mes lames tranchèrent une nouvelle tête, empalèrent un nouveau corps et en abimèrent quelques autres. J’étais déchaîné, pris dans cette transe meurtrière que connaissent les guerriers aguerris, ceux pour qui faire couler le sang était devenu une seconde nature.

La vague d’insoumission qui avait parcouru le pont s’affaissa brusquement, cassée par l’imposante crête de notre nôtre fureur. Ces marins n’étaient pas de taille contre nous. Le corps réchauffé par ces échanges et par le sang qui recouvrait ma peau, j’eus presque du mal à retenir les prochains coups que j’armais déjà, mais je repris bien vite mon calme alors que les marins se rendaient, implorant pour certains la pitié.

Je me rapprochai immédiatement de mes hommes constatant leur situation. Nous nous étions bien sortis. Je pris le temps de m’enquérir de l’état de chacun. Il n’y avait que quelques blessés, qui retrouveraient bien vite leur forme. Pour chacun d'entre eux, j'accordai un geste et un mot de félicitation pour le beau travail qu’ils avaient effectués en ce jour glorieux. Nous voguions pour le moment fièrement, sans forcer, sur les mers houleuses de la guerre.

C’est Eldros qui interrompit cette revue improvisée, me suggérant que nous devions discuter. Je compris à son ton et à son regard que l’affaire était urgente. J’acquiesçai avant de donner mes ordres.

« Herkos, Edris, Mérédor, Isham, avec moi ! Les autres, aidez à la gestion des prisonniers, et rapatriez notre homme blessé depuis la Baliste. Nous prenons possession des lieux. »

Je suivis Rougine qui me mena à la capitainerie. Avant d’entrer par la porte qu’il me tenait, je me tournais vers les hommes qui étaient sur mes talons et qui composaient ceux que j'estimais le plus.

« Tant que l’un de nous n’est pas sorti, personne n’approche. »


Je ne pris pas la peine d’obtenir un acquiescement, j’entrai dans la Capitainerie. Une pièce rudimentaire. Un bureau sur lequel se trouvait une carte de Nirtim, un lit, des coffres et en ultime objet meuble, la sindel insolente, le pion de Xenaïr, la garce grise. Je n'avais pas assez de sobriquets pour faire état de toute le ressentiment que j'avais pour cette créature. Elle nous observait attentivement, sur ses gardes.

(Cette saleté est déjà en train de fouiner.)

Je ne comprenais pas à cet instant la réelle signification de sa présence en ce lieu, mais lorsque Rougine ouvrit la bouche, je compris que l’instigateur de tout ça, c’était lui. Je crois qu’à cet instant, je dus me figer, le visage fermé, et les yeux fixés sur lui. Je ne lui avais encore jamais vu cet air, moins amical que que celui qu’il avait arboré sur la terre ferme, plus dur que celui qui habillait ses traits lors de notre accord sur le pont de Baliste. Le visage était sévère et les mots que forma sa voix d’une assurante gravité étaient ingénieux. L’idée était bonne, oui, les arguments ne l’était ne pas moins, mais le culot… Quel culot ! Alors que j’avais clairement spécifié que je voulais voir la grisaille disparaître de ma vue, le marin affirmait vouloir former une alliance entre nous trois pour imposer un plan au reste du groupe. Non content de vouloir l’intégrer, voila qu’il proposait de lui donner autant de pouvoir que moi dans un triumvirat, dont lui même ferait partie. Oui, quel culot…

Ce Rouguine était bien plus ambitieux qu’il ne le paraissait.

« Enfin, les masques tombent.»

Partagé entre l’évidence d’une bonne idée et ma colère d’avoir été contesté je me fendis d’une réponse sèche en plongeant mon regard dans celui d’Eldros. Le ton, le dédain, les mots. C’était une déclaration, dans laquelle j’annonçais officiellement la nouvelle couleur de notre relation. Nous allions parler sans les détours et les petits ornements de ses petites flatteries trop bien tissées et que je n'appréciais guère.

« Permettez-moi de remettre de l’ordre dans ce que vous venez de dire. Je ne suis pas mentalement équilibrée, loin de là. Cependant, je suis la seule personne à faire partie du cercle des anobli de la Reine Noire ici, c’est moi. Je suis son seul représentant officiel et si nos relations doivent bien se passer vous avez intérêt à tous l’intégrer, car j’en ai plus qu’assez de vos tentatives à tous de renverser l’ordre établi. Je ne le répéterais plus. »

Je tournais brièvement mon regard vers la Sindel qui observait attentivement sans mot dire. N’imaginez pas que je ne maîtrisais pas les subtilités du discours. Je parlais d’elle, je lui parlais même à elle, sans jamais m’adresser à elle. Témoignage de mon manque de considération pour cette chose.

« Quant à celle-là. Elle ment à un officier, prétend pouvoir le diriger alors qu’elle ne détient aucune attribution royale, menace les membres de la coalition réunis par le Prédateur Ultime et je devrais lui faire confiance juste parce que vous me le demandez ? En quel honneur ? »


Parce qu’ils se connaissaient ? Quoi ? Ça paraîtrait si incroyable que ça ? Les Capitaines de leurs navires se connaissaient. Et encore, ne venais-je pas d’avoir eus la preuve que cet homme n’était pas à sous-estimer. Il aurait très bien pu être de ce genre à vouloir disposer de plusieurs coups d’avances sur ses adversaires. Un joueur d’échec en somme.

Mes yeux se plissèrent pour tenter de déceler le mensonge sur le visage du Quartier-Maître.

« Quelle est la nature de votre relation ? Vous avez déjà combattu ensemble ? Vous êtes liés pas un espèce de code de la piraterie ? Vous forniquez ensemble ? J’aimerais comprendre. Vos demandes échappent à toute logique compte tenu de ce que nous avons vu d’elle jusqu’à présent.»

C’est ce moment que choisis la Sindel pour réagir. D’une voix exagérément douce qui tranchait avec la réalité de la situation. Je dirigeai mon regard vers elle, et jamais il ne se décolla d’elle. Mais c’est ce qu’elle voulait. Il suffisait d’observer la manière dont elle se mouvait, les pauses qu’elle utilisait pour bien faire sentir ses piques. Comme ce moment où elle sous-entendit que j'avais du mal à faire respecter mon rang sur ce navire. Elle n'avait pas tout à fait tord, mais c'était le jeu des omyrihiens.

Elle semblait penser que la seule raison pour laquelle je ne voulais d'elle était parce que je ne la croyais pas. Comment ne s'en était elle pas rendu compte ? C’était plus profond que ça et en même temps plus simple. Je ne voulais pas d’elle parce que je n’aimais pas ce qu’elle était. Je détestais tout son être, ses mimiques, son insolence. Rien que de poser ses yeux sur elle me donnait envie de lui administrer une gifle monumentale et c’est ce profond sentiment que je ressentis, lorsqu’elle finit son monologue sur un tutoiement provocateur, avec un ton qui contrastait une nouvelle fois avec le dureté de la situation, presque séduisant. Elle me défiait, affirmant que j’agissais déraisonnablement en la défiant sans mes hommes. Je lui répondis sur le même ton.

« J’en brûle d’envie, alors je serais toi, j’arrêterais d’être si provocante. »


Je plongeai mon regard dans le sien, de longues secondes. Un regard dans lequel elle dut y lire tout le mal que je pensais d’elle. Le temps pour Eldros d’intervenir et d’affirmer qu’il ne la connaissait pas, qu’il ne souhaitait pas prendre le commandement, plus encore, il me le proposa.

Quel fourbe, quelle petite vipère qui méritait de se faire écraser sous mes bottes. Et ses mots… Sa manière d’utiliser les phrases pour dire sans dire… Pour menacer sans le faire, pour se moquer sans raillerie. Des comportements dignes de ceux qui fréquentent les sociétés. Mes dernières années, à me coltiner des rustres, la lie de ce monde, m’avaient déshabitué à ce genre de comportement. Je ne sus pas à cet instant lequel des deux personnages me faisant face je haïssais le plus.

C’est pourquoi ma réponse à Rouguine fut d’une sécheresse au moins égale à celle des déserts Imifitilien.

« Je n’ai jamais eu à dessein de commander notre groupe, cependant, je goûte fort peu que les décisions que je prends soient contestées. Tenter sans cesse de bouleverser l’ordre, c’est culturel chez les Omyrhiens, mais je commence à savoir y faire. »

Mon regard se dirigea vers le Sindel. Mes yeux parcoururent son corps de haut en bas, dédaigneux. J’avais assez de haine au fond de moi pour la délivrer à ces deux-là.

« Il faut les dresser pour que ça rentre. »

Je laissais un silence s’installer. Réfléchissant à la proposition sérieusement. J’avais conscience de ne pas en avoir l’air, mais je me pensais en position de force. Mes hommes et moi serions en sous-nombre un temps, mais sur le long terme, nous serions la seule force armée sur ce navire et contrairement à eux, j’avais un véritable allié en la personne d’Azra. La balance de l’influence allait fortement pencher de mon côté. Il me suffisait d’être patient. Je n’avais pas besoin d’eux, mais ils croyaient que oui. La situation n'était pas si mauvaise.

« J’accepte ! Mais si quelque chose me déplaît, ce sera sans moi. »

(Et vous vous en mordrez les doigts petites vermines ...)

La Sindel en profita pour me proposer un duel le soir venu avec en enjeu son obéissance et mon insigne de Sergent. Je m’apprêtais à ouvrir la bouche et à accepter, mais je me retins. Cette langue de vipère essayait de m’amener là ou elle voulait, c’était à moi de lui imposer mon tempo, mon jeu. Patience… Le moment où j’allais dévoiler mes cartes, ce serait pour finir la partie.

« Ne sois pas si pressée ! On l’aura notre tête-à-tête, quand je l’aurais décidé, et ce sera pour quelque chose autrement plus important qu’un insigne. »

Elle se moqua de moi. Suggérant que je ne devrais pas parler de ma vie ainsi avant de me tourner le dos dans une ultime provocation en accordant à Eldros et en le désignant comme le cerveau du trio. Loin de m’agacer, j’en souris dans son dos. Peut-être le premier sourire sincère que je délivrais en sa présence. Pourquoi ? Premièrement, j’étais sûr de mon fait, je savais que je n'étais pas acculé, bien au contraire. Je disposais de nombreuses largesses et options stratégiques dans tous les jeux d’influences qui se mettaient en place sur ce navire. Et aussi, fait plus curieux, elle avait réussi à titiller mon attention.

Une chose était devenue plutôt évidente, elle me ressemblait. J'avais l'impression de me voir dans certaines de ses attitudes. Joueuse, orgueilleuse, provocatrice, voulant imposer l’ordre, mais n’acceptant pas de se le faire imposer à elle, cherchant à attirer la lumière sur elle en soignant ses apparitions, comme un peu plus tôt, maitriser le jeu des silence lors d'un discours percutant. Je compris à cet instant que j’étais probablement un défi pour elle, autant qu’elle l’était pour moi. Elle ne devait pas avoir l’habitude d’avoir à faire à quelqu’un comme moi, qui pousse encore et encore, provocation après provocation, par arrogance, par défi, par jeu. Nous étions pareils sur de nombreux points et c’est probablement pour cela que nous ne nous supportions pas. Nous étions deux lions dominants ne sachant pas se contempler dans un miroir. Eldros interrompit notre échange, probablement pressé d’en finir avec cette situation qui ne le concernait pas. Il me demanda d’annoncer un plan d’action.

Je laissai donc la sindel tranquille. Non, ne vous méprenez pas… Un instant seulement. Je n'en avais pas fini avec elle, je comptais bien la pousser à bout.

« Bien, voilà la première partie du plan. Nous avons l’intention de créer un faux. Écrire une fausse lettre, avec sceau officiel, à l’attention du Roi de Kendrâ-Kâr et de son État-major, pour leur transmettre un message important : un mouvement impromptu des forces ennemis, des navires ayant pour but de se diriger vers leur position par exemple, mais ce dont ils ne se douteront pas, c’est que nous serons déjà sur place. Ce stratagème nous offrira deux avantages : premièrement, il nous permettra de justifier le détour de notre navire et son retour au camp royal, mais aussi, il nous permettra d’être guidés précisément dans un camp dont nous ne connaissons pas la disposition, vers la position du Roi. Çà, c’est la partie du plan sur laquelle le Quartier-Maître, et moi étions d’accord. »

J’enchaînai sur mes désidérata concernant la gestion des captifs.

« Pour que le plan soit mené à bien, je pense qu’il nous faudra obtenir des informations des prisonniers. Il nous faut connaître l’identité des officiers de ce navire, leur grade. Je devrais probablement me faire passer pour celui qui a repris les rênes après leur disparition, d’où l’importance de connaître précisément leur organisation. »

La fin de mon discours était spécialement adressé à la Sindel.

« Nous, les Kendrans, connaissons le respect des fonctions, ce que la Reine Noire n’a pas su inculquer aux chiens qui composent ses forces. Il faut croire que ce sera le rôle qui me sera dévolu.»

Elle ne perdit pas patience, ne réagissant pas à l’attaque cette fois. Soit. Mais j’étais sûr que cela devait la brûler de l’intérieur. Une personnalité si autoritaire ne devait pas beaucoup aimer ces insultes répétées. Je ne le devinais que trop bien, j'étais le même.

« C’est tout, en ce qui concerne la première partie de notre plan. » Concluai-je, faute de réaction.

Ce sur quoi Rougine s’en alla pour reprendre ses fonctions. Je le laissai partir sans un mot, sans un regard. L'esprit déjà plongé dans la suite des évènements. Un jeune matelot profita du fait qu’il soit parti, et donc que mes hommes autorisaient enfin l’accès à la Capitainerie pour venir s’adresser à la Sindel. Elle se dirigea alors vers la sortie et là, il fallut que cette garce m’envoyât quelque chose au visage en sortant. Je reçus l’objet, avec surprise et je n’eus pas le temps de réagir qu’elle avait déjà quitté la pièce me laissant seul avec ma rage, un insigne entre les mains. Je l'observai, un dragon noir aux yeux rouges. Emblème de la milice d'Omyre la Sale, la Noire, la Maudite. Tout autant de qualificatifs que j'aurais pu appliquer à l'Irrévérencieuse. Ainsi, elle faisait partie des forces intérieures, là où je faisais partie de celles extérieures. Elle était donc bel et bien gradée.

« Catin.. »

J’eus envie d’ouvrir la porte et de lui renvoyer l’objet dans la face, mais je n’en fis rien.C’était probablement sa réponse à ma dernière provocation. Le serrant très fort dans ma main, je le glissai dans mes effets. J’aurais tôt fait de l’avoir en tête à tête. Ce n’était que partie remise.

C’est ce moment que choisi Edris pour rentrer dans la Capitainerie.

]« Tout va bien, Sergent ? »

« Oui... Tu es en charge maintenant, le temps que je règle certains détails. Renforcez la présence autour de la Capitainerie. Personne ne rentre ici sans mon autorisation, si ce n’est la sindel et le marin qui viennent d’en sortir, Rougine. Je veux aussi que fassiez remarquer votre présence sur toutes les parties de ce navire. Je veux savoir tout ce qui s’y passe, surveillez particulièrement la Sindel et le Quartier-Maître et tentez de tisser des liens avec les membres de leur équipage. Je veux tout savoir sur eux. Tout.

« Ce sera tout Sergent ? »

Oui, fais exécuter mes ordres maintenant. »

Une fois la porte refermée, j’entrepris de fouiller la Capitainerie de fond en comble à la recherche de papiers, encriers, cire, sceau officiel ou tout ce qui pouvait nous permettre de réaliser notre plan. Je ne manquai pas de chercher des informations importantes en lisant les documents.

[Hj : fouille minutieuse de la cabine]
Modifié en dernier par Ezak le jeu. 11 mars 2021 23:58, modifié 1 fois.

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Silmeria
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Silmeria » mer. 10 mars 2021 18:58

Après s'être débarrassée de son insigne pour le jeter à Ezak en ultime provocation, Silmeria avançait sur le pont de l'Azurion, prête à emprunter les ponts de fortune dressés entre les bastingages qui la conduirait jusqu'à la Laide où elle donnerait quelques menues consignes. Sur son chemin, elle croisa le Lord Nécroman, cette liche maigrichonne, un temps interloquée, elle reconnu sans mal le second du navire, le puissant colosse qu'Eldros et elle avaient terrassé. Comment pouvait-il ne serait-ce que se tenir debout ? Curieuse, elle s'en alla voir Azra, regardant tour à tour la liche et le second de l'Azurion, elle insistant sur ce dernier, plissant les yeux d'une moue curieuse et dit d'une voix étincelante :

" Je ne t'ai pas déjà tué, toi ? "

Nettement moins vindicatif que plus tôt, il jeta un regard maussade à la Liche et dit en haussant doucement les épaules : " Techniquement, c'est plutôt lui qui m'a tué."

Après un petit soupire amusé, Silmeria lui rétorqua une moquerie : " C'est une étape que tu aurais pu éviter, si tu t'étais rendu lorsque je te l'avais offert. "

Cessant un temps ses railleries, elle s'inclina respectueusement à ce Lord Nécroman qu'elle ne reconnaissait plus vraiment. Mais elle était toujours partagée entre l'admiration et le dégoût face à un nécromancien.
" Vous n'avez pas perdu de temps, Nécroman. J'espère que vous en tirerez des choses utiles. "

Laconique, Azra répondit simplement : « Peut-être... demandez ce que vous voulez savoir. »
" Je ne veux rien savoir, je ne suis pas accoutumée à voir mes victimes se relever, c'est tout. "

Sentant que la conversation n'irait probablement pas beaucoup plus loin et qu'il ne souhaitait pas rester discuter, préférant manifestement interroger ses cadavres, Silmeria s'inclina de nouveau et au moment où elle s'apprêtait à prendre congé à bord de son navire, Azra dit quelque chose :

« Et vous... avez-vous finalement réussi à être seule dans votre tête ? »

Sentant doucement la nervosité lui picoter la nuque, comme si le regard de la liche irritait ses chairs, elle haussa doucement les épaules, de toutes façons, il en connaissait plus long que les autres mercenaires quant à son passé, cette question était presque inévitable, autant y répondre pour ne pas trop attirer l'attention, faire comme s'il ne s'agissait que d'un menu détail alors qu'elle, un mal totalement inconnu et vorace grandissait chaque jour.

" Hrist est toujours présente, mais j'ai bien peur que je ne puisse te la présenter. Disons qu'il ne reste plus grand chose d'elle, si ce n'est un résidu de colère et de haine calcairisée. "

Après l'avoir regardée un instant, Azra reprit parole. Il semblait très réfléchi et passait du temps à observer ses interlocuteurs avant de leur répondre, comme si le moindre détail en Silmeria pouvait l'aiguiller sur quelque chose. Pouvait-il voir son âme ? Etait-elle devenue entièrement noire ou au contraire, est-ce que la présence de Silmeria avait apaisé la colère de Hrist ? Avant de lui demander, il lui fallait en savoir plus, était-il apte à l'aider ?

« Je vois. Pour ma part, et par le pouvoir de cette arme, j'ai été totalement libéré. Le prix a payer était somme toute négligeable, comme vous pouvez le constater. »

Il marqua une pause. En effet, il avait changé et pas qu'un peu, elle aurait pu passer des jours avec lui sans le reconnaître si sa Faera n'avait pas trahit son identité.
« Au moins, il semble que nous ayons tous les deux accompli cet objectif, bien que nos sombres passés soient destiner à nous hanter encore. Bah, cela n'a plus guère d'importance... Merci de m'avoir répondu. »

" Hm. Peut-être. " disait elle rêveuse en jouant avec ses ongles. " Ah. Tu ne m'en veux pas trop pour... " elle mima un geste sous sa gorge, lui rappelant son petit coup de théâtre plus tôt. " Je ne te veux aucun mal, sache le. " Toujours rêveuse, ses yeux filaient de gauche à droite sans parvenir à s'accrocher à un point fixe à contempler.

« Le Premier messager du Corbeau te répondra que non, car la mort couve en chacun d'entre nous et nous appellera tous à la fin. Mais puisque tu as plus connu Azra, laisse moi te donner ma véritable réponse : je n'ai pas survécu jusqu'ici, dans les bas-fonds, les égouts, au cœur des cités noires et sur d'autres mondes... en laissant la vie à ceux qui me menacent de mort. Peu importe que cela soit triste pour moi ou pour d'autre. C'est ainsi que je vis ma vie. Mais nous avons une mission accomplir avant cela. J'ose espérer que nous pourrons attendre la fin pour... régler ce compte. »

Nettement moins rêveuse et captivée par ses paroles, elle entortilla une mèche blanche du bout du doigt et dit " La mission d'abord. Ensuite il te faudra voir avec Ezak pour savoir qui viendra me demander des comptes en premier. "

En tout cas, elle était sûre d'une chose, qu'elle ne confierait pas à Azra le loisir de l'ausculter et de voir ce qui troublait son âme. Il pourrait y faire des choses pas très nettes et malgré cette force tranquille qui parvenait à émettre des menaces de mort sans sembler vindicatif, elle préférait garder ses distances avec une pointe d'humour. Il faudrait juste s'arranger qu'Ezak et Azra ne fasse pas duo pour venir à bout de celle qui était devenue leur ennemie commune.
(" Quand on regarde en plus, Ezak et Azra ils ont le même nombre de lettres dans leur nom ! ")
(" Très finement observé... En quoi ça nous sert ? ")
(" A rien. Une pensée vagabonde parmi d'autres. ")

Tandis qu'elle s'éloignait pour grimper à bord de la Laide-les-Maines, Cèles ajouta :
" Dis, les Messagers du Corbeau, c'est pas cette secte de dégénérés en toge noire qui a essayé de te faire la peau à Omyre ? L'un d'eux t'avais maudite, tu ne pouvais plus.. Tuer je crois. Ah ce maléfice de crotte, une tueuse incapable de tuer. "

Les yeux de Silmeria s'ouvrirent en grand et elle eut comme une révélation, " Mais oui, c'est ces fanatiques là ! " Faisant volte face, elle ne vit d'Azra que l'ombre fantomatique qui disparaissait de son champ de vision avec ses ressuscités. " Je suppose qu'il faudra ajouter ça à la liste de nos contentieux..."

Silmeria observa un court instant de réflexion puis cligna à l'ombre des voilures de la Laide, sans le savoir, apparaissant derrière Von Klaash et Kurgoth. Ces derniers semblaient se disputer concernant des prisonniers de guerre, Von Klaash s'était montré démissionnaire et avait renvoyé le problème à la Sindel, disant au Garzok qu'il pouvait toujours se référer à elle, s'il n'était pas satisfait.

Le Garzok massif était recouvert de sang, lui aussi n'avait pas fait dans le détail. Les hommes d'équipage déplaçaient les cadavres, laissant derrière eux de larges bandes rouges sur le pont. " On dirait que le Prêtre a fait ce pourquoi il est né. "

Expulsant de l'air par ses naseaux, il maintint alors que son œuvre n'était pas totalement terminée. "J'ai pas encore fini. Je dois encore attacher ces humains au grand mât de leur navire et préparer leur sacrifice à Thimoros. Nous aurons besoin de toute l'aide des dieux pour réussir notre mission."

Silmeria observait les prisonniers de la Laide, ils étaient pour la plupart terrifiés, tremblants et nerveux, couverts de sang sans pour autant être eux même blessés, ils avaient rendu les armes et tous alignés à genoux, fixaient le sol ensanglanté, inquiets et fébriles. " Soit. Mais je te demande avant de les confier à mon équipage, je veux m'assurer qu'ils ne rencontrent pas les Dieux avant d'avoir dit ce qu'ils ont à dire. Tu auras ton sacrifice mais sur mon navire, à la nuit tombée. Ca nous laissera le temps de préparer quelque chose."

A ces mots, un prisonnier leva des yeux suppliants, comment pouvait-elle accepter de les condamner à mort alors qu'ils s'étaient rendus ? Elle se releva et toisa le géant en se tenant la plus droite possible, s'étant éloignée des prisonniers qu'ils ne puissent pas en entendre davantage :
" Pour une telle mission, il faudra un sacrifice plus édifiant qu'une simple décapitation sommaire. Nous ferons les choses pour plaire aux Dieux, je t'accompagnerai dans ta tâche. "

Le monstre éclata de rire comme s'il venait d'entendre une énormité, puis après s'être ressaisi, il ajouta non sans un peu de mépris dans la voix rauque :
"Tu n'as manifestement jamais vu un prêtre de Thimoros faire de sacrifice pour parler d'une décapitation sommaire! Crois-moi, s'ils ont des secrets à révéler, ils te confieront jusqu'aux honteux d'entre eux pour que tu les décapites, et ce bien avant que j'en ai fini avec eux."

Silmeria se sentait écrasée sous le poids de la culture Garzok, elle en avait fréquenté un bon lot, tous plus dégénérés et sanguinaires les uns que les autres et tous plus à cheval encore sur la culture et les traditions de guerre. Ils étaient capables de se mettre dessus des semaines et déclarer des guerres de clan pour un prisonnier ou un bout de jambon. Ne souhaitant pas se mettre un autre mercenaire à dos pour l'instant et n'ayant pas plus envie que ça de le tuer, elle prit une profonde respiration et ajouta :

" Soit... Qu'on rende ses prisonniers au Garzok, ils resteront à la disposition du prêtre. " Tandis que ses hommes s'exécutèrent pour détacher les captifs concernés, elle s'approcha de Kurgoth, assez proche pour sentir le mélange de sueur, de sang et de cuir encore chaud, son regard s'était fait nettement moins amical et elle ajouta froidement :
" Sache que ça ne te dispense pas du sacrifice de ce soir à mon bord. "

Elle laissa partir le Garzok et ses prisonniers, il emporta même ses cadavres. Silmeria fulminait d'être ainsi chahutée par les mercenaires, elle n'était que peu accoutumée à un manque de discipline, Von Klaash lui se montrait plus philosophique :

" Tu sais, il faut savoir s'entourer. Même temporairement. Comment ça s'est passé avec ce D'Arkasse ? "
" Mouais... Prochainement Ezak Carcasse plutôt. Il est absolument insupportable, impertinent, prétentieux, moqueur, hautain avec un profond mépris d'Omyre, à se demander ce qu'il fait ici parmi nous. Cependant, tu vois, il a quand même une troupe d'hommes et des compétentes martiales, une certaine envie de commander qu'on retrouve chez les subalternes ambitieux, mais j'ai l'impression qu'il n'en est pas capable, ou alors... "

" Ou alors, comme toi il est accoutumé à une autre discipline et ne semble pas apprécier qu'elle soit remise en question. Vous avez plus de choses en commun que vous ne semblez le croire, ce sera peut-être long mais je suis sûr que vous ferez une bonne troupe de guerre. L'important dans ce genre de situation, c'est de savoir que ton voisin fera tout pour te protéger le moment venu. On ne peut pas garder un oeil derrière la tête en toute circonstance. Viens, on va se décrocher de l'Azurion. "

Ils marchèrent ensemble un temps, le long du bastingage, Von Klaash s'assurait que les amarres avaient assez de mou pour se détacher du navire avant de l'abandonner complètement à sa manœuvre. Silmeria repensait à ce conflit affirmé avec Ezak, que fallait-il faire ? Von Klaash avait raison sur un point mais Silmeria avait déjà amorcé les offenses et le duel planait entre eux deux. " Pour résumer, Ezak est un gradé entêté à commander, il dirige une petite troupe d'hommes qui lui sont visiblement très fidèles, il va s'assurer le contrôle de la mission et ne laissera donc que peu de place aux autres mercenaires... Je vois. Un peu comme un oeuf. "
" Un oeuf ? "
" Plein de promesses en forme de zéro. "
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par TheGentleMad » mer. 10 mars 2021 20:52

-----K-----


La kitranche tourbillona une fois de plus, décapitant les quatre humains entourant le garzok. Tandis que les têtes de leurs camarades roulaient sur le pont de la Laide, les deux derniers kendrans jetèrent leurs armes devant la créature en la suppliant de les épargner, mais le barbare assoiffé de sang n'avait cure de leurs supplications et s'apprêtait à les décapiter d'un dernier coup de son arme. Il fut alors interrompu par le capitaine Von Klaash qui vint lui taper dans le dos pour le féliciter pour son combat et ordonner à son équipage de rassembler ces prisonniers avec les autres. Cela surprit Kurgoth qui resta un instant interdit, mais lorsqu'un marin s'approcha de ses prisonniers, il lui barra le chemin de son bras massif et grogna au capitaine d'un ton contrarié:

"Qu'ils les attachent plutôt au mât de leur propre navire ! Je les sacrifierai à Thimoros pendant le voyage !"

Von Klaash rétorqua qu'il voulait d'abord interroger les marins et qu'il les laisserait à disposition du garzok quand il aurait fini. Ce qu'il ignorait, c'est que l'un des premiers enseignements que Kurgoth reçus auprès d'Olur était de savoir conserver son butin de guerre durement acquis. Ainsi, n'ayant aucunement l'intention d'accéder à la demande du pirate, il tonna :

"J'en disposerai comme il me plaira, quand il me plaira. Ce sont mes prisonniers, mon butin de guerre."

Loin d'être impressionné, le capitaine éclata de rire, arguant qu'ils se trouvaient sur le navire de Silmeria et que le garzok aurait besoin de son accord pour faire quoique ce soit. Le chevalier serra des poings en songeant qu'il avait une dette envers l'elfe qui venait d'apparaître derrière lui. Alors qu'elle approchait du colosse en constatant que le prêtre avait fait ce pour quoi il était né, ce dernier souffla des nasaux en répliquant :

"J'ai pas encore fini. Je dois encore attacher ces humains au grand mât de leur navire et préparer leur sacrifice à Thimoros. Nous aurons besoin de toute l'aide des dieux pour réussir notre mission."

L'elfe vint inspecter les prisonniers avant de lui demander d'attendre un peu pour son sacrifice, préférant qu'il fît cela sur son navire à la nuit tombée et qu'elle l'accompagnât pour s'assurer qu'il ne se contenta pas de les décapiter. Kurgoth éclata alors d'un rire sinistre, puis répondit avec mépris.

"Tu n'as manifestement jamais vu un prêtre de Thimoros faire de sacrifice pour parler d'une décapitation sommaire ! Crois-moi, s'ils ont des secrets à révéler, ils te confieront jusqu'aux honteux d'entre eux pour que tu les décapites, et ce bien avant que j'en ai fini avec eux. Et je ne les confierai, ni à ton équipage, ni à personne d'autre. Ces deux-là sont à moi seul."

Silmeria consentit finalement à lui laisser son butin et annula l'ordre du capitaine. Et s'approcha cependant du prêtre et lui annonça froidement qu'il n'était pas dispensé du sacrifice qui aurait lieu le soir même sur son navire. Voyant que les marins commençaient à séparer les trois bateaux, Kurgoth n'insista pas et répondit avant de s'éloigner.

"J'y serai et ensuite, nous serons quittes."

Il s'approcha alors de ses deux prisonniers et jetant à chacun un cadavre décapité, il ordonna :

"Je vous ai épargné, alors maintenant vous transportez vos copains sur votre fichu navire."

Après qu'il se soit retourné pour charger deux autres cadavres sur ses épaules, il remarqua que les soldats n'avaient pas bougé d'un poil. Alors que le crâne malsain autour de son coup s'illumina, il rugit :

"Hé! Soit vous obéissez maintenant ! Soit je vous arrache les membres à mains nues ! Bougez-vous !"

Après un sursaut de frayeur, les humains s'empressèrent de porter les cadavres de leurs camarades avec un dégoût non dissimulé et suivirent leur nouveau maître sur l'Azurion pour les déposer là où il entasserait les siens. Avant de traverser l'une des passerelles entre les deux navires, le chevalier proposa au barde qui l'avait aidé :

"Aide-moi à trimballer tout ça là-bas. Comme tu es venu m'aider, on se partagera les yus et personne prendra quoique ce soit sur ces cadavres avant toi lorsque je me serai servi."

Devant la réponse désintéressée de l'humain, le garzok haussa les épaules et conduisit ses esclaves. Après un second voyage, durant lequel il dû menacer les marins afin qu'ils ne coupèrent les derniers liens entre les navires avant qu'il soit de retour sur l'Azurion, Kurgoth avait transporté les huit cadavres grâce à ses deux prisonniers. Une fois ces derniers attachés au grand mât grâce à la corde qu'il avait dans son sac, le prêtre de Thimoros se détourna des humains pour chercher de quoi soigner sa blessure et fouilla les cadavres de ses huit victimes.

HRP: transfert les cadavres sur l'azurion, les fouille et cherche de quoi se soigner.
836mots

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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Silmeria » jeu. 11 mars 2021 01:24

Après les manœuvres pour libérer l'Azurion les deux Murènes s'installèrent brièvement, Silmeria avait fait demander deux prisonniers pris au hasard dans la cale du navire. Elle souhaitait les interroger discrètement dans la cale de la Laide, là où tout le monde porterait son regard sur le Capitaine et le Second du navire fraichement ramenés d'entre les morts, elle irait glaner des informations dans le bas du panier de l'équipage. Elle savait que les rumeurs chez les marins allaient souvent bon train et qu'elles prenaient la forme de belles histoires destinées à apaiser la difficile vie du large. En s'apprêtant pour les rencontrer, Silmeria coiffait ses longues mèches blanches qui avaient été chahutées par les embruns de la mer et du combat.

" Demander à des troufions des informations cruciales ? Tu es sûre de toi ? "
" Non, et toi ? " Dit elle d'une voix tranquille, les yeux plongés dans son reflet tout en continuant de se coiffer.
" C'est le Capitaine qui a les informations, d'ordinaire c'est lui qu'on cuisine. "
" Six mois. J'ai passé six mois dans cette prison secrète Shaakt à me faire torturer jour et nuit, bizarrement je n'ai pas le moral à torturer qui que ce soit, pas avant que l'odeur de viande crue n'ait définitivement quitté mes navires. "

Admiratif de philosophie, Von Klaash se grattait la barbe en réfléchissant, après tout, les Capitaines et les Seconds étaient des officiers, plus fanatiques que leur équipage et ils avaient tout intérêt à garder leurs informations secrètes, un simple soldat régulier ou un marin lui aurait la décence d'échanger la moindre information pour prolonger son existence.

Lorsqu'elle jugeât sa chevelure satisfaisante, elle descendit dans la cale sombre et humide. Autour d'elle, le bois craquait et les lampes à huiles faisaient planer une brume entêtante qui picotait ses navires. Un homme de Von Klaash montant la garde dans la cellule close fit entrer la Sindel. Les deux marins de l'Azurion étaient reclus dans la cale de grain, assis sur des sacs en toile entassés, ils portèrent tous deux leur regard apeuré sur celle qui pénétrait dans la pièce sombre. Elle ne se présenta pas tout de suite, les deux hommes avaient été témoins de cette petite altercation avec le Garzok et elle entama immédiatement :

" Vous savez, le Garzok en colère voulait vous sacrifier, quelque part, je vous sauve de ses griffes mais pour se faire, je vais avoir besoin de quelques informations. Quel était le nom de votre Capitaine et de son Second, je vous prie. "

Le premier homme la regarda complètement éberlué, il avait des traits qu'on devinait Ynoriens, les yeux légèrement en amande et les cheveux d'un noir profond.
"Nous... Nous sacrifier ? Mais. Mais... on s'est rendus !"

Le second lui tapa flanc du dos de la main et répondit rapidement :

"Oui m'dame. Bien m'dame. Vous nous laisserez vivre hein ? Le capitaine, c'est Riad Fer-argent. Pis l'second, c'est Berth Grandpied. Mais il aime pas qu'on dise son nom, voyez ?"

Silmeria les regardera tour à tour. D'un air compatissant elle dira :

" Je sais que vous vous êtes rendus. Selon les Garzok... enfin CE Garzok, vous êtes plus du butin que des prisonniers. D'autres interrogent déjà l'équipage, tout le monde va y passer. " Elle espérait secrètement que la fin de sa phrase ne laisserait pas sous entendre que tous allaient y passer au sens le plus morbide du terme.

Trouvant une caisse en bois assez confortable à son goût, elle y assit une demi fesse et croisa les mains sur ses jambes, attentive à ce que ces deux matelots pourraient bien lui répondre.

" Merci pour ces noms. Ceux qui sont conduits à bord de l'Azurion seront probablement sacrifiés pour Thimoros et Phaitos. Vous resterez ici si vous acceptez de répondre à mes quelques questions. " S'inclinant légèrement en avant, d'une petite révérence elle dit " Mon nom est Silmeria. Je suis l'assassin envoyé par Oaxaca pour tuer le Roi de Kendra Kar. Qui êtes-vous ? "

Les deux s'échangèrent un regard paniqué. Le premier rétorqua :

"Mais..."

Mais le second l'empêcha de parler et le frappa de nouveau du dos de la main.

"Oui m'dame. Moi c'est Rupert, et lui c'est Gen-mi - son papa est ynorien - et on est matelots sur l'Azurion. Enfin on était. Hein ? Maintenant on est... ben... prisonniers dans votre cale. C'ça m'dame ?"

" Rupert, laissons Gen-Mi s'exprimer. Notre conversation doit être basée sur une confiance mutuelle et je voudrais que vous ayez confiance en moi et inversement. " Silmeria observa davantage le dénomé Gen-Mi pour essayer de le mettre en confiance, son visage était fermé et manifestement il était beaucoup plus stressé que son ami Rupert, la Sindel ne lui envoyait aucun regard vindicatif, elle était plutôt mesurée et très douce dans ses intonations.

" Je sais que vous etes sous le choc de cet abordage. Après mes dernières questions je vous trouverai de quoi boire et manger. "

Ils s'échangent un regard, puis Rupert va demander : "Vous voulez savoir quoi, m'dame ?"

Se penchant légèrement en avant, elle murmurait presque ces mots comme s'il s'agissait d'un secret : " Est-ce que vous savez quelque chose sur le camp du roi ? Les soldats ont bien parlé de quelque chose. N'importe quoi pourrait me convaincre de vous laisser à bord de mon navire... en sécurité. " insista-t-elle, leur rappelant la menace qui pèserait sur quiconque irait à bord de l'Azurion.

Gen-mi semble réfléchir. Rupert, lui, s'exclame : "Ouais, ouais, le camp du roi. Il est construit autour de Viskori, ouais. C'est une ville d'Ynorie, de pécores. Puis j'en ai jamais vu d'si grand."

Rupert fronçait les sourcils, puis questionna d'un air plus inquisiteur :

"Dites, seriez pas la baronne du Ch'truc-qu'est-dur ou j'sais pas quoi ?" La question ne manqua pas de l'amuser, manifestement le passé était toujours prompt à se manifester sans crier gare. Quoi de plus normal après tout, il s'agissait d'un marin de Kendra Kâr, la nouvelle devait être assez édifiante à l'époque pour mériter qu'on s'en souvienne encore, et puisqu'ils n'avaient toujours pas pu mettre la main sur elle, il était normal qu'on rappelle de temps à autre qu'une étrange Baronne autoproclamée était toujours libre et sévissait ça et là dans le monde.

" Autour de Viskori hein, et qui est présent dans son entourage ? "

À Rupert face à sa suspicion, elle se montrera très honnête : " Je ne suis pas là en Baronne. Ce temps est révolu. Je m'adresse à vous de soldat à soldat. Là où d'autres vous tortureraient tous les deux, je voulais vous parler sans haine. " Préférant le rassurer sans attendre, s'il avait entendu des rumeurs basées sur des faits et non des fantasmes, il devrait savoir que la " Baronne " avait un sens très aiguisé pour déceler un mensonger et surtout elle ne manquait pas de raffinement pour le punir.

Gen-mi répliqua immédiatement : "Mais j'suis pas un soldat moi, j'suis qu'un simple matelot !"
Et Rupert de lui frapper à nouveau du revers de la main. "Oui m'dame, on vous sais gré de bien nous traiter m'dame. J'l'ai pas vu, l'roi m'dame. Mais de c'qu'on dit, paraîtrait qu'la princesse est là aussi. ça s'dit qu'elle l'a mal pris que son prince elfe soit r'parti j'sais pas où."

Elle calmera Gen-Mi d'un geste mesuré de la main. " Matelot certes, mais sur un navire militaire lancé en pleine guerre. Mais peu importe maintenant. "

Elle se tourna vers Rupert, face à l'annonce de cette rumeur, les yeux de la tueuse venaient de pétiller d'un espoir nouveau : " La sœur de Solenel est présente dans le campement militaire ? "

Gen-mi haussait les épaules. Rupert, lui, continuait, inarrêtable : "Oui m'dame, c'est c'qui parait. Puis y'en a qui disent qu'y'aurait des elfes avec lui. Des elfes blancs m'dame. Puis des nains aussi. Et puis toute la crème de Kendra Kâr, pour sûr. Rateraient pas ça, ces nobliaux en jupette."

Gen-mi soupira d'agacement et surenchérit : " C'est rien que des rumeurs tout ça. Va encore pour la princesse, mais pourquoi les autres ils seraient là, déjà ? Paraîtrait que les nains l'ont mise à l'envers aux défenseurs de Luminion, après leur avoir volé la victoire."

Elle se laissa glisser de son assise, satisfaite et dit alors : " Les rumeurs ont toujours quelque chose de vrai. Merci de m'avoir répondu. Je vais prévenir mon Capitaine que vous restez à bord de mon navire. Vous serez libérés une fois au port. " Elle fouilla dans sa bourse et tira deux pièces dorées. " Cent Yus chacun pour rentrer chez vous trouver vos familles. Je vais tâcher de vous trouver une tenue différente mais... a dire vrai je préférerais que vous restiez ici, dans la cale. Mêlez vous à l'équipage et restez discrets. "

Elle s'inclina doucement et avant de prendre congés demanda une dernière fois :

" Avez-vous autre chose à dire ? "

Gen-mi opina du chef sans rien dire, et Rupert toujours plus expressif que son compagnon Ynorien : "Oui m'dame, merci m'dame. On va rester là. Puis j'suis sûr que vous y arriverez, hein ? Merci encore m'dame."

Gen-mi poussa un soupire d'éolienne et remercia Silmeria d'un signe de tête peu convaincu, soupçonneux.

Ravie de ses nouvelles trouvailles, Silmeria quittait la cale tandis que dans sa tête, la rumeur de la princesse, soeur du roi l'emplissait d'une joie incommensurable. Si l'information se vérifiait et si le camp du roi était trop protégé pour une approche directe, si le plan d'Ezak et d'Eldros ne fonctionnait pas comme prévu, elle pourrait toujours se rabattre sur un plan de secours, tuer la Princesse provoquerait panique et désorganisation dans l'état major, le Roi pourrait alors, emporté de chagrin, commettre une erreur et se retrouver seul dans les ombres, les humains aimaient se trouver dans les ombres en cas de grand chagrin, peut-être que la tristesse se diluait mieux dans le noir...

Le réfectoire improvisé à bord de la Laide commençait déjà à préparer le souper. Un matelot improvisé en gâte-sauce faisait chauffer un chaudron de cuire dans lequel ils envoyait des fèves, du mouton au sel, des herbes et de nombreuses racines. Silmeria s'installa à côté de lui, elle humait les bonnes odeurs qui émanait du chaudron. Von Klaash qui la rejoignit quelques minutes plus tard grimaçait.

" Si tu avais été dans mon équipage, tu écoperais de dix coups de nerf de boeuf pour tirer au flanc. "
Le cuisinier étouffa un petit rire tout en goûtant sa cuisine.
" Je m'assure que ton graisseux n'est pas un agent de Kendra Kâr qui empoisonne la soupette. Et je ne suis pas dans ton équipage, heureusement pour toi sinon pour avoir parlé ainsi tu serais suspendu par les pieds toute la nuit, ça te laissera le temps de potasser le respect. "

Le regard de Von Klaash laissait entendre qu'il n'appréciait pas plus que ça cette plaisanterie, d'autant plus qu'il parvenait à égaler sans mal les actes de torture et de punition à bord de son navire, il n'avait pas à rougir de honte face aux cruautés de la Sindel.

" Alors comme ça, tu vas transformer mon pont en autel pour un sacrifice ? Remarque, on a vu pire à bord de la Laide. Tu auras besoin de quoi ? J'ai dégagé le fond de cale avant de partir mais il reste quelques affaires de moindre valeur. "

" Alors franchement, je n'ai jamais vraiment fait de sacrifice. Enfin, si des sacrifices surprise à la limite, mais pas de la sorte. Je me voyais bien dans une jolie robe blanche, des torches, des tambours doucement battus et des vapeurs de plante. J'imagine que tu as tout ça dans ta cale ? "

Von Klaash secoua la tête, comme s'il entendait une énormité, il ne percevait pas l'ironie de la Murène qui se doutait qu'elle devrait œuvrer avec ce qu'ils trouveraient, ce sacrifice aurait des allures plus sophistiquées que ce que voulait faire Kurgoth mais rien ne remplacerait la grandeur ténébreuse d'un temple de Thimoros ou de Phaïtos.
" Tu serais surprise de ce qu'on trouve dans les cales de la Laide. Il y a des tambours qui servent à battre la cadence, mais pas d'autel quoiqu'une table fera l'affaire, pour la robe j'ai bien deux trois affaires de femme, ça vient de pillage mais rien qui ne fasse prêtresse. Du simple et pas forcément à ta taille. Tu vas vraiment te faire passer pour une prêtresse ? "
" Plus ou moins, le Garzok est un Prêtre de Thimoros, ça ne pourra que le mettre dans de bonnes conditions, je ne suis pas d'un naturel superstitieux mais je pense qu'un coup de main Divin serait tout de même intéressant vu ce qui nous attend."
" Que ça plaise aux Dieux alors, de toutes façons les Dieux concernés aiment le sang et la mort, aussi ils ne pourront être que d'accord avec toi. " Il la dévisagea un instant et ne manqua pas d'ajouter " Tu devrais manger quelque chose, histoire de reprendre un peu vie... "
" Pourquoi crois-tu que je campe à côté de la soupette ? "


Après un repas chaud, Silmeria descendit avec quelques guenilles confisquée dans les affaires de l'équipage et un gros bol dans lequel se trouvait une bonne quantité de haricots, de fèves, du mouton fumant et baignant dans un bouillon d'herbes odorantes, le matelot qui la suivait portait quant à lui deux gobelets de terre, un carafon d'eau pure et deux cuillères en bois. Tous deux entrèrent dans la cale pour trouver Rupert et Gen-mi.

" Voici, vous avez coopéré et répondu avec sincérité, aussi je voulais que vous puissiez vous habiller, je n'ai pas trouvé beaucoup mieux comme vêtement il faudra faire avec mais avec ça, vous ferez moins marins de Kendra Kâr. Remplissez vous le ventre, c'est encore chaud. Pour l'instant je préfèrerai que vous ne sortiez pas trop de cette cale, j'ai peur que ce Garzok furieux ne vous reconnaisse. Il sera à mon bord ce soir mais pour le reste, vous pouvez disposer selon vos besoins. Le Capitaine s'appelle Von Klaash, il vous laissera partir une fois arrivé au port. "

Quittant les lieux, Silmeria accompagnée du marin longèrent le couloir de la cale, tous deux entrèrent dans une pièce sombre et le marin demanda alors :
" Le Capitaine m'a expliqué ma mission, que je devais surveiller les alentours pendant que vous... Communiez avec les ombres ? Qu'est ce qui va se passer au juste ? "

Silmeria s'assit contre un pan de mur, croisant les jambes pour conserver un équilibre adéquat et dit tout bas : " Je veux être sûre que ces deux là ne m'ont pas raconté des mensonges, un vente plein déliera peut-être les langues, je vais envoyer mon ombre les espionner sans qu'il puisse avoir connaissance de ma présence, mais je préférais avoir quelqu'un à mes côtés pour s'assurer que je ne sois pas isolée et inconsciente... Disons que je n'ai pas trouvé beaucoup d'amis parmi les mercenaires. Tu es prêt ? "

" A votre signal. "

Elle claqua des doigts et sa tête sombra légèrement sur le côté. Son ombre se détacha de son enveloppe physique, dans la noirceur ambiante, elle glissa le long des couloirs et se glissa jusque dans la pénombre qui abritait les deux marins de l'Azurion, si les deux hommes fêtaient la petite victoire d'avoir menti à la Sindel sans se faire prendre, ce repas serait leur dernier.

--------------------------------------------

Synthèse des RP :

Conversation et mise en place d'une entente avec Ezak et Eldros.
Conversation avec le second réanimé et Azra
La Laide-les-Maines se détache de l'Azurion
Rend les prisonniers de Kurgoth et prépare le sacrifice à bord de la Laide à la tombée de la nuit
Interroge les prisonniers dans la cale
Espionne les prisonniers avec l'Ombre Noire sous la surveillance d'un homme d'équipage.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Azra » jeu. 11 mars 2021 18:27

Alors qu'il sortait de la cale, il fut abordé par Silmeria. Toujours aussi orgueilleuse, elle s'amusa de voir le second en vie alors qu'elle l'avait tué, ce qui ne tira qu'un commentaire maussade comme quoi c'était surtout Azra qui avait terminé la besogne. Ceci dit et après encore quelques commentaires goguenards, elle signala au nécromancien qu'elle espérait obtenir des informations utiles. Laconique, Azra répondit :

« Peut-être... demandez ce que vous voulez savoir. »

Mais elle n'avait rien de plus à demander. Elle l'examinait avec curiosité. Cela lui rappela la question qu'il s'était posé récemment, et qu'il formula assez directement. :

« Et vous... avez-vous finalement réussi à être seule dans votre tête ? »

Aussi, il s'excusa poliment et se retira, suivi de Rendrak et des marins.

« Hrist est toujours présente, mais j'ai bien peur que je ne puisse te la présenter. Disons qu'il ne reste pas grand-chose d'elle, si ce n'est un résidu de colère et de haine calcairisé. »

Intéressant... bien qu'il soit impossible d'assurer si cela était vrai. Il la contempla attentivement, sans rien déceler, avant de déclarer en montrant son arme :

« Je vois. Pour ma part, et par le pouvoir de cette arme, j'ai été totalement libéré. Le prix a payer était somme toute négligeable, comme vous pouvez le constater. »

Il disait cela d'une voix neutre, car après tout, être changé en mort-vivant était effectivement un prix minime.

« Au moins, il semble que nous ayons tous les deux accompli cet objectif, bien que nos sombres passés soient destiner à nous hanter encore. Bah, cela n'a plus guère d'importance... Merci de m'avoir répondu. »

Elle semblait se perdre dans ses pensée, manifestement instable, se demandant rêveusement s'il lui en voulait pour ses menaces, assurant qu'elle ne lui voulait aucun mal. Il laissa échapper un ricanement :

« Le Premier messager du Corbeau te répondra que non, car la mort couve en chacun d'entre nous et nous appellera tous à la fin. Mais puisque tu as plus connu Azra, laisse moi te donner ma véritable réponse : je n'ai pas survécu jusqu'ici, dans les bas-fonds, les égouts, au cœur des cités noires et sur d'autres mondes... en laissant la vie à ceux qui me menacent de mort. Peu importe que cela soit triste pour moi ou pour d'autre. C'est ainsi que je vis ma vie. Mais nous avons une mission accomplir avant cela. J'ose espérer que nous pourrons attendre la fin pour... régler ce compte. »

Pour toute réponse, elle lui demanda d'aller trouver Ezak , car ils allaient devoir se disputer la place d'ennemi mortel. Décidément, cette mission allait finir en boucherie ! Il s'inclina sobrement et parti en quête du sergent d'Omyre. Sur le chemin, Daemon s'approcha, l'air surpris en voyant les hommes qui le suivaient. Il l’entraîna à l'écart, lui demandant ce qu'il avait fait. Azra lui répondit par un regard lourd, attendant de savoir pourquoi il lui parlait sur ce ton. Comme il commençait à s'exciter sur le nombre de personne à surveiller, Azra balaya l'assertion d'un revers de la main :

« Je ne te demande rien. Le capitaine, qui refusait de trahir les sien, s'est retiré, les autres sont avec nous. Je ne doute pas qu'ils nous sauront se rendre utiles. »

Il jeta un œil aux kendrans à l'air maussade. Il lui expliqua ensuite qu'il devait aller voir Ezak. Il y avait encore beaucoup de choses à préparer. Comme le semi-elfe continuait à se plaindre, le regard du nécromancien se fit plus dur. Il avait d'autres choses à faire que gérer ses états d'âmes !

Ils arrivèrent devant la porte de la capitainerie où attendaient les hommes d'Ezak. Ils hésitèrent un peu, mais laissèrent finalement passe les deux Corbeaux. Ezak, occupé à fouiller, lâcha qu'il les attendaient. Alors que Daemon croisait les bras, boudeur, le nécromancien montra ses suivants :

« Le second et trois matelots ont accepté de nous aider. Le capitaine a refusé. Bon, que voulais-tu me dire ? »

Évidemment, il fallut qu'il s'énerve lui aussi, en demandant comment il pouvait faire confiance à ces gens, propos immédiatement appuyé par Daemon, qui fustigeait sa naïveté. De plus en plus agacé , le nécromancien grogna :

« Ainsi qu'ils le savent, et ainsi que devrait le savoir mon compagnon, le pouvoir qui les maintient en vie n'existe que par moi. S'ils font ne serais-ce que mine de se révolter ou même s'ils s'enfuient à l'autre bout du continent, je n'aurais besoin que d'une seule pensée pour mettre fin à cette seconde vie. »

Le second marmonna que c'était effectivement assez dissuasif, alors qu'Azra concluait :

« Les risques, s'ils existent, sont largement inférieur aux gains potentiels. »

Il ne souhaitait pas en discuter davantage en leur présence et, le regard dur, expliqua que lui, Eldros et Silmeria prenaient le commandement, sans lui demander son avis. Devançant Daemon, qui risquait fort de se rouler par terre dans les secondes qui allaient suivre, Azra croisa les bras et déclara calmement :

« Je comprends. Les serviteurs officiels d'Omyre avant tout, les autres sont juste bons à être des esclaves, je connais le principe... Qu'il en soit ainsi. Mais je ne fonctionne pas ainsi personnellement. Aussi, vos ordres ne seront pour moi que des suggestions. J'espère pour vous qu'ils seront suffisamment avisés pour ne pas que j'ai trop d'intérêt à m'en détourner... »

C'était là un avertissement neutre, la déclaration d'un fait qui allait de soit. Il était un mercenaire, pas un esclave d'Oaxaca. Ezak en avait conscience et fit savoir qu'il prendrait garde à ses attentes. Le but restait d’apaiser les tensions dans le groupe, ce sur quoi ils étaient bien d'accord, et le nécromancien le fit savoir :

« Je n'en demande pas plus, merci. Hors donc, qu'en est-il du plan, et de cette fameuse lettre qu'il fallait écrire ? »

Il demanda d'abord à faire sortir les marins, et Azra s’exécuta. Il expliqua ensuite le plan et ses nécessites. Daemon assurait qu'il pourrait obtenir toutes les informations nécessaires sur le camp. Pour le reste, Azra fournit le nom du capitaine :

« Riad Fer-argent, voilà son nom. Quand au second, comme vous avez pu le constater, il n'est pas mort, et se fera un plaisir de valider votre récit... ou de mourir à l'instant où il cherchera à nous trahir. Si vous avez besoin de plus d'informations, il se fera un plaisir de vous les fournir. Vous seriez surpris du nombre de gens qui considèrent qu'être en vie alors qu'il devrait être mort est un paiement qui vaut toutes les allégeances. »

Ces informations seraient à dédier au second de l'officier. D'autant qu'Ezak n'avait pas confiance, ce qui commençait à agacer Azra, las de se répéter :

« Tu ne sembles pas comprendre l'ampleur de leur dépendance. Ce n'est pas comme si j'avais besoin d'invoquer un sortilège pour les tuer. Je peux les tuer à la vitesse de ma pensée. Si l'un d'eux levait une arme dans la mauvaise direction, il serait mort à l'instant... Cela dit, il y a effectivement une limite : ils doivent rester près de moi. Si j'ignore leurs actes, je ne peux y réagir. Une limitation de taille j'en conviens, mais tant qu'elle est prise en compte, nous ne craignons rien. »

Daemon était tout aussi dubitatif, et assura qu'il faudrait les garder à l’œil, car ils n'avaient plus rien à perdre. De son côté, Ezak conclu par quelques avertissements sur la confiance à accorder aux gens, à bord de ce navire. Cela tira un petit rire au nécromancien :

« Je ne te prétendrais même pas que tu doive me faire confiance. Tu le sais : je suis ici pour servir mes intérêts... personne, à bord, n'est digne de confiance. »

« Ouai, il y en a qui lui ont fait confiance et ont perdu beaucoup de poids... » gloussa Rendrak en tapotant son armure. »

« Mais merci de l'avertissement. Je vais m'assurer que les informations disponibles soient transmises à ton subordonné. Et Daemon devrait être en mesure de récupérer les informations nécessaires dans le camp. Nous verrons la situation sur place. »

Et le nécromancien sortit, entraînant ses compagnons avec lui. Une fois dehors, il demanda à ses « alliés » de lui signaler tout ce qui pourrait être utile à bord, cache d'armes, compartiment secret du capitaine... dans l'espoir de se voir indiqué quelque chose d'intéressant et d'aller y fouiller.

(((Demande aux kendrans de lui indiquer les éventuels compartiments secrets du navire et de faire un rapport sur la hiérarchie à bord au lieutenant d'Ezak)))

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Ezak
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Ezak » jeu. 11 mars 2021 23:56

J’étais pris dans mes fouilles. Ma transe guerrière avait laissé place à la concentration, à l’examen minutieux de chaque recoin de tiroir, de coffre, mais je fus interrompue par la porte qui s’ouvrit. C'était Edris.

« Sergent, des mercenaires demande à vous voir. »


« Qui ça ? »

« La Liche ... et tous ses suivants. »

« Laisses les entrer. » avais-je lâcher bien trop occupé par ma fouille pour percuter sur le sens de cette phrase. Azra fit son entrée dans la cabine, avec son subordoné, je levai à peine les yeux sur eux, bien trop préoccupé à réunir les éléments qu’il nous fallait pour la réalisation du plan.

« Tu tombes bien, Lord. Nous avons à parler. »


« Le second et trois matelots ont accepté de nous aider. Le capitaine a refusé. Bon, que voulais-tu me dire ? »

Relevant la tête, j’ouvris grand les yeux lorsque j’aperçus les Kendrans derrière lui. J’en oubliai un instant ce que je voulais lui dire.

« Tu as perdu la tête ? Tu leur fais confiance ?»


Le semi-shaakt en profita pour faire savoir avec sarcasme qu’il n’était pas d’accord avec son maître.

Azra tenta de ma rassurer, indiquant qu’il pouvait se débarrasser d’eux d’une seule pensée. Je fronçai les sourcils, ne comprenant qu’à cet instant que ceux-là étaient mort, et qu'Azra avait pris possession de leur âme. Je ne savais pas quoi en penser. Je n’étais pas toujours à l’aise lorsque j’étais en présence de magie. Mais ça pouvait être un pouvoir très utile pour nous, mais je refusais d’évoquer ne serait-ce que des opportunités devant mes compatriotes vaincus.


« On en rediscutera, mais pas en leur présence. »

Je posai les deux mains sur le bureau et plongeai mon regard dans celui d’Azra, franc.

« Il faut que tu saches que les choses ont changé par ici. Le Quartier-Maître, la Sindel et moi-même unissons nos forces pour imposer notre volonté. Nous établirons le plan et bien sûr, on ne vous laisse pas le choix. Sans rancune. »


Du coin de l’œil, je vis que le Semi-Shaakt ne pris pas bien la nouvelle. Son corps entier s’était tendu et son expression laissait clairement apparaître qu’il était scandalisé.

Azra quant à lui se contenta de croiser les bras affirmant qu’il comprenait la logique d’Omyre, mais qu’il n’obéirait à nos ordres que s'il était d’accord avec. Je crus déceler dans ses propos du ressentiment, car il laissa sous-entendre que nous le considérions comme un esclave. J’en fus surpris, ce n’était clairement pas mon intention. Ce que j’avais affirmé à Rougine un peu plus tôt était sincère. Je ne désirais pas les commander.

« Cela ne me fait pas plaisir, si tu veux savoir. Vous n’êtes pas de l’armée, je n’ai aucun droit de vous ordonner quoi que ce soit. Je ne suis pas à l’origine de tout ça, on me l’impose aussi en quelque sorte. Mais c’est la meilleure chose à faire pour apaiser les tensions au sein du groupe. »

Je réfléchis un instant, faisant un geste pour prouver ma bonne foi et tenter de ne pas cristalliser d’opposition à notre prise de pouvoir.

« Saches en tout cas que tu as mon oreille s'il te faut quoi que ce soit. »


Il sembla apprécier le geste. Il m’en demanda plus sur le plan que nous confectionnions en retrait. Je m’assis au bureau et pris un ton sérieux avant de désigner les Kendrans du regard.

« Fais les sortir d’abord. »

Ce qu’il fit, d’un geste. alors je commença :

« La première partie du plan et celle Eldros et moi avions soutenu sur le pont de la Baliste. Il nous faut parvenir à créer une fausse lettre officielle à l’attention du Roi pour justifier notre retour au camp et aussi pour pouvoir nous faire mener à l’Etat-Major. Il faut que le prétexte de notre retour soit suffisant à les faire se réunir en urgence. Mon rôle sera de me faire passer pour celui qui a repris le commandement après la mort du Capitaine et du Second et dont la mission est de faire parvenir au roi la fameuse lettre. C’est pour cela que j’ai besoin d’informations précises. Comme l’identité du Capitaine et du Second. L’organigramme sur leur navire. Qui est sensé prendre la place de Capitaine s'ils disparaissent. Des informations sur le camp, également, seraient un bonus plus qu’appréciable. »



Le Semi-shaakt se déclara comme apte à récupérer les informations sur le camp. Je hochai la tête, indiquant que je prenais note. Azra, lui, me délivra l’une des informations. L’identité du feu-Capitaine ; Riad Fer-Argent. Il suggérait aussi que le second pourrait nous aider à confirmer notre version et qu’il répondrait à toutes les questions que je lui poserais.

Je fis une légère grimace, remettant sérieusement en doute ce qu’il venait de dire. Si le Second était en vie, et se faisait voir, comment expliquer qu’un autre que lui assure la place de Capitaine. Cela rendrait la première partie du plan caduc. Et puis, il fallait encore que j’intègre cette idée de travailler main dans la main avec un ennemi, que nous venions de vaincre qui plus est, et pour l’instant, je préférais éviter.

« Pour les questions charges t’en. Tu n’auras qu’à transmettre ce que tu sais à Edris, c’est mon homme de confiance. Je ne veux pas avoir affaire aux Kendrans pour le moment. Je ne leur fais pas confiance. »


J’émis une pause avant d’expliciter ma réticence vis-à-vis de ces morts-vivants.

« D’ailleurs, qui te dit qu’ils n’agissent pas dans le but de nous poignarder dans le dos dans une dernière action héroïque ? Quand bien même tu les tuerais juste derrière, ils auraient atteint leur but. »


Azra sembla un peu s’agacer devant mon manque de compréhension, il argua que je ne comprenais pas le lien qui l’unissait à ses morts. Il avoua qu’il y avait tout de même une limite à son pouvoir puisqu’il devait être à proximité de ses morts pour connaître ses faits et gestes.
Son suivant répliqua pour marquer une nouvelle fois son désaccord avec son entreprise. Mais ses mots ne semblaient pas atteindre Azra qui, encore une fois l’ignora. Ces deux-là avaient vraiment un lien de subordination marquée.

(Drôle de famille.)

« Effectivement, j’ai du mal à comprendre ces histoires de magies sombres. Ce n’est clairement pas mon domaine... »
Avouai-je, plus pour en finir avec cette conversation rapidement que par réel accord.

Après m’être donné pour tuer des Ynoriens, des Kendrans, et à me disputer avec des Omyriens j’étais épuisé émotionnellement. Inutile de me battre en plus avec un Lord Necromant. Cette situation d'appartenir à partout et à nulle part à la fois, sans avoir de véritable refuge était épuisante. Ma vie n'était que combat et je commençais à en avoir marre pour ce jour.

Je soupirai sans même m’en rendre compte, mon corps traduisant cet épuisement.

«Écoutez, beaucoup de choses se sont passées aujourd’hui. Je dois réfléchir à tout ça et régler quelques petits détails. On reparlera de tout ça plus tard, quand certaines choses se seront mises en place. »


Je m’apprêtais à les laisser partir sur ça, mais par respect et pour la sympathie que j’éprouvais pour Azra, je me permis de leur donner un avertissement.

« Une dernière chose... Méfiez vous des deux autres, surtout de Rougine. »


Je me tournai vers le Lord.

« Tu avais raison, il n’est pas digne de confiance. »


Azra eut un petit rire avant de rétorquer que personne n’était digne de confiance sur ce bateau, et que, même moi, je ne devrais pas lui faire confiance mais il me remercia tout de même avant de quitter la cabine avec toute sa troupe sur les talons. Je restai assis de longues secondes, seul, les yeux fixés contre la porte, réfléchissant à l’entretien que nous venions d’avoir. Je m’y trompais pas. Le Lord Necromant était venu entouré de toutes ses apparitions, et ce n’était pas un hasard. C’était une démonstration. Un message. Il marchait pour le moment, mais montrait qu’il avait les capacités de nous nuire. J’appelais à travers la pièce et la porte s’ouvrit sur la présence d’Edris.

« Pour eux aussi, surveillance accrue. »

Je repris ma fouille, les épaules lourde et le regard las. J’étais fatigué par cette situation.

HJ : Fouille de la cabine

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Daemon
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Daemon » ven. 12 mars 2021 05:49

Alors qu'il s’apprêtait à frapper, la chaîne de Rendrak virevolta au dessus d'eux et s'abattit sur le marin ensanglanté. Le crochet avait fait son office. Daemon enjamba le cadavre et recouvra son sabre perdu plus loin. La lame était intacte, aucune goutte ne la maculait, tandis qu'autour de lui, sur le pont de la caraque qu'ils venaient d'aborder, des flots de sangs ruisselaient jusqu'aux dalots. Il le rangea dans son fourreau et porta sa main à son front. Décidément, ce n'était pas son jour.

Les derniers échanges meurtriers persistaient sur le pont de la Laide, tandis qu'Azra s'attelait déjà à offrir miséricorde aux agonisants.
Daemon resta hébété un moment, ne sachant réellement quoi faire. Il s'inquiéta alors de la bataille qui faisait toujours rage, et fut rassuré de découvrir que les trois navires, solidarisés, s'éloignaient progressivement du théâtre des opérations. Les bâtiments Kendrans ne se détournèrent guère de leur route pour venir à leur rencontre, sûrement ne les percevaient-ils même plus, trop préoccupés par l'imminence du combat.

Il finit par imiter Azra, qui s'activait toujours, pour rassembler les cadavres ennemis sur le pont. Les carcasses de militaires retenaient certainement des informations exploitables pour un nécromancien, donc des ressources à ne pas négliger. Lorsque le semi-elfe traîna le corps du capitaine pour l'amasser avec les autres, un détail retint son attention. Il le retourna sur le ventre, de nouveau sur le dos, ouvrit sa veste et palpa tout son corps, sans trouver de plaie. Enfin si, juste une, infligée par Azra sous ses yeux... Pourtant certaines déformations, notamment au niveau du ventre, étaient indiscutablement anormales. Le souvenir de la sindel le soulevant aux yeux de tous lui revint alors. Sa magie de disparition avait déjà éveillé sa curiosité et voilà qu'un nouveau mystère lui apparaissait... Sans approfondir son examen, il entreprit de faire les poches du capitaine et des défunts rassemblés par leurs soins, à la recherche d'objet insolite, de valeur, ou de carnet contenant la moindre information.

Il remarqua alors une connivence entre Ezak et le second de Laeten, qui pénétrèrent dans les cabines du navire, suivis par des hommes du lieutenant. L'expression de leurs visages trahissait une certaine fermeture, ou un empressement. De plus, Silmeria avait aussi investi les lieux. Projetaient-ils de la faire disparaître ? ou d'initier quelques discussions secrètes ?
Daemon préféra suivre son instinct et abandonna sa sinistre besogne. Dans l'ombre d'une coursive, il se retrouva nez à nez avec trois hommes d'Ezak gardant une porte. Leurs regards froids se passait de discours, et le semi-elfe hésita un instant, avant de tourner talon. Il n’était visiblement pas le bienvenu.

De retour à la lumière du soleil, légèrement frustré, il constata que le Premier Messager s'était envolé. Il fit le tour du navire sans le trouver, sans trop s'inquiéter non plus, conscient qu'on ne faisait pas disparaître une liche aussi aisément.
Finalement, légèrement nauséeux, il s'appuya sur le bastingage pour observer la bataille s'éloigner. Quelque chose n'allait pas. Le mal de mer lui vint à l'esprit, ou encore l'utilisation abusive de sa magie, car il se refusa de bouger. Son regard se perdit dans les abysses, comme happé par une force invisible... tandis qu'une angoisse indescriptible l'investissait.



Émergeant de lui même, comme sorti d'un rêve, il regarda autour de lui sans savoir combien de temps s'était écoulé. Il retrouva finalement le centre du pont, où Azra était en pleine conversation avec Silmeria, et derrière eux, attendaient, penauds, quatre marins kendrans. Les prisonniers se tenaient curieusement tranquille, sans être surveillés ou menacés, et Daemon comprit lorsqu'il reconnu l'un d'eux. Il avait fouillé son cadavre quelques minutes plus tôt...

Attendant avec impatience que la discussion s’achève, il fit des yeux ronds à Azra et l'attira à l'écart.

« Quatre ? Tu as ramené quatre Kendrans ? »

La liche posa sur lui un regard lourd, visiblement mécontente du ton sur lequel il lui parlait. Puisque la réponse ne venait pas, il désigna les prisonniers du doigt et haussa le ton.

« Un seul suffisait ! Que va-t-on faire d'eux maintenant ? Et ne compte pas sur moi pour les garder à l’œil... »

Azra balaya sa rengaine d'un revers de main, déclarant d'un ton monocorde qu'il ne lui demandait rien. Le capitaine, qui avait refusé de trahir les siens, s'était retiré, et les autres étaient avec eux. Il ne doutait pas qu'ils pourraient leur être utile. Tourné vers les marins un peu égarés, l'air maussade, il ajouta qu'il devait s'entretenir avec Ezak.

« Laisse moi mettre en doute leur fiabilité ! Nous sommes leurs meurtriers quand même, l'aurais-tu oublié !? »

Son compère s'éloignait déjà vers les cabines et Daemon continua :

« Et je me demande ce que tu as pu leur raconter... »

Le nécromant lui adressa alors un regard glacial, avant de se glisser sous la dunette. Le semi-elfe souffla, exaspéré, et laissa passer les kendrans en adressant un regard méfiant aux alentours.



Lorsqu'ils passèrent la garde et pénétrèrent dans la capitainerie, ils interrompirent Ezak dans la recherche minutieuse des feuillets et documents sur le bureau. Daemon, Azraël et ses fraîches résurrections investirent l'espace. Avec une impatience à peine feinte, le nécromant en vint au fait et déclara avoir récupéré le second et trois matelots, pour demander ce que le lieutenant avait à lui dire.
Ezak afficha une sincère surprise et lui demanda s'il avait perdu la tête, précisant s'il faisait confiance à ces soldats ennemis. Daemon s'adossa sur une paroi et, les bras croisés, ajouta non sans cynisme :

« La naïveté de mon maître n'a rien à envier à sa maîtrise des arcanes... »

Le nécromancien grogna et rappela alors que, comme il le savait, le pouvoir qui les maintenait en vie n'existait que par lui. S'ils faisaient mine de se révolter ou de s'enfuir, une simple pensée suffisait à les éteindre... Les risque étaient donc — selon lui — largement inférieurs aux gains potentiels.
Le lieutenant d'Arkasse fronça les sourcils, visiblement peu convaincu, mais repoussa la discussion. Un autre sujet lui importait. Lui, le quartier-maître Rougine et Silmeria avaient uni leurs forces pour imposer leurs volontés. Le plan concernant le reste de la mission allait être définit par eux seuls, qui ne leur déplaise. Daemon bégaya d'indignation. Il comprenait maintenant ce qui se tramait plus tôt dans la capitainerie... Il ne prit cependant pas la parole. Son maître le fit à sa place, avec une subtilité plus frontale, car il se considérait au dessus de leurs manigances. Si des ordres lui devaient être donnés, il ne les respecterait simplement pas.

Un bref silence investit la pièce. Le lieutenant, qui ne devait guère s'attendre à cette réponse, eut un soupir de déception. Il put convenir que le nécromant n'étant pas de l'armée, il n'avait guère de légitimité à lui donner des ordres. Cependant, il assura agir pour le mieux, pour assurer la mince cohésion dans le groupe de mercenaires, tout en se dédouanant d'initiative sur ces tractations.

Le sujet clos, Azra demanda ce qu'il advenait du plan et Ezak demanda a faire sortir les Kendrans. Une fois seuls, il présenta le projet d'une missive qu'ils apporteraient aux généraux de la cité blanche, prétextant une urgence, pour les rassembler et leur porter un coup fatal. Cette manœuvre nécessitait donc des informations à propos du camp, mais aussi de l'équipage en détail, sur leur organisation, car il projetait de prendre l'identité du second.
Un pari risqué pour Daemon, mais qui pouvait être intéressant. Il ne restait qu'à savoir ce qui les attendait.

« Pour ce qui est de la récolte d'informations, je m'en charge. Vous en ferez ce que vous voulez... »

Le nom du capitaine fut donné par Azra : Riad Fer-argent ; puis il ajouta que le second n'était pas mort et se ferait un plaisir de valider leur récit. Pour le reste, les prisonniers demeuraient une mine à exploiter et c'était ici que Daemon comptait agir.
Les représentants des forces armées s'étaient alliées pour dicter leurs lois. C'était prévisible et ils ne pouvaient guère les en empêcher. Pour le bien de la mission, ou non, les Corbeaux avaient tout intérêt à tirer eux même les aveux et à s'approprier leurs secrets. En distillant les bonnes informations et en laissant croire que les idées viennent d'eux-même, manipuler les prises de décisions du trio... serait un jeu d'enfant.

Alors que la discussion se concluait, une dernière mise en garde d'Ezak le sortit de ses pensées. Il les intima de se méfier des deux autres, et surtout de Rougine, qui ne serait pas digne de confiance. Le personnage avait déjà semblé louche à Daemon, qui ne s'en était pas vraiment soucié. Mais sa récente manœuvre et sa présence lors du rituel de Karsinar n'étaient pas anecdotiques ; peut-être cachait-il habilement son jeu...


((( Fouille des cadavres Kendrans. )))
Modifié en dernier par Daemon le ven. 12 mars 2021 21:37, modifié 2 fois.

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Mikkah-El Sôdehbek
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Mikkah-El Sôdehbek » ven. 12 mars 2021 14:17

Tu étais décidé à abattre ta dague une fois encore dans le dos d’un ennemi, mais tu n’en eus pas le temps : quatre têtes tombèrent subitement, sous la féroce puissance de Kurgoth. Tu ne te sentais déjà pas très bien, mais là tu étais carrément nauséeux et détournas le regard.

(Siliwiih, je n’aime pas ça du tout.)

Sur le pont de la Laide, c’était enfin la reddition. Tu étais quelque peu soulagé pour les kendrans – un soulagement qui faillit être de courte durée car le Garzok semblait encore en vouloir, tu te raidis, mais il fut interrompu par von Klaash qui, le félicitant, détourna son attention. Tu te détendis et ton regard se porta sur l’Azurion ; les rumeurs de la bataille étaient encore davantage estompées et tu en déduisis que le combat s’était achevé plus tôt. Des cris – ceux de la peau verte – attirèrent à nouveau ton attention sur la Laide ; c’était Kurgoth qui ne voulait pas qu’on lui enlevât ses prisonniers. Il parlait de sacrifices.

(Rectification : c’est ça que je n’aime pas du tout.)

Un espoir saugrenu se fit jour parce que Kurgoth parlait de les attacher au mât et disons que tu t’attendais à ce que personne n’accueillît chaleureusement une proposition de Kurgoth impliquant le mât du navire. Tu en souris presque puis Silmeria apparut et ton visage redevint grave. Tu n’aimais pas du tout cette tendance qu’elle avait à pouvoir surgir sans prévenir. Au moins, elle aussi tenta d’empêcher Kurgoth de faire son sacrifice. Ah non : simplement de le faire selon ses règles. En entendant cette conversation, tu tournas aussitôt les talons. Trop, c’était trop.

Tu te dirigeas vers le bord du navire, où tu avais laissé ton luth. Tu remisas ta dague dans son fourreau, non après avoir essuyé la lame et te penchas vers l’instrument pour le prendre en douceur. Tu vérifias qu’il n’avait rien. Tu enfilas la bretelle pour le coincer dans ton dos et tu dirigeas vers l’Azurion. En repassant devant Kurgoth, celui-ci t’interpellas. Tu fis l’erreur de détourner la tête dans sa direction : il transportait les cadavres des kendrans comme du bois de chauffage. Tes narines se retroussèrent. Kurgoth te proposa de l’aider à transporter lesdits cadavres en échange de la priorité de les fouiller – après lui-même bien entendu. La façon dont il t’avait parlé laissait entendre qu’il te faisait un vrai honneur. Tu n’en avais cure.

"Non merci. Ce genre de butin ne m’intéresse pas de toute façon."

Sans plus te soucier des actions de la peau-verte, tu sautas sur le pont de l’Azurion, enjambant le vide bleu entre les deux navires. Là tu cherchas des yeux tes autres compagnons. Juste pour savoir où ils étaient passés. Tu fis beaucoup de cadavres et d’entrailles qui refroidissaient, mais tu ne les vis pas tous. Tu supputais qu’ils devaient être en train d’interroger les survivants – suivant le plan sur lequel vous aviez réussi à vous mettre d’accord. Tu haussas les épaules. Tu avais envie d’être seul, loin d’eux, et cela t’allait donc très bien. Tu te dirigeas vers la proue et t’installas sur le bastingage, les yeux fixés sur l’horizon miroitant.

Il y avait tant à penser après cette bataille. Sous tes yeux défilaient les images du combat, les membres arrachés, les poitrines enfoncées, d’où jaillissaient des flots chauds et rouges. Cela était tellement fidèle aux chansons de guerre que tu avais apprises à réciter. Mais le vivre, le voir de tes yeux… La poésie enlevait la réalité des mots, quelque fussent ceux qu’elle employait.

(Je ne sais vraiment pas si je vais survivre à cette mission.)

(Tu as peur de mourir ?)

Tes yeux revinrent se poser sur le pont. Les survivants fouillaient les morts, les trois bateaux étaient détachés les uns des autres, les gestes des uns et des autres étaient tellement… banals.

(Non… Autre chose. Tu crois que ça existe, des peuples fondamentalement mauvais ? Des méchantes gens qui aiment être méchants.)

(Tu y crois ?)

(J’ai toujours voulu croire que tout est question de point de vue. Mais je commence à me poser la question.)

(Fais attention à toi, alors.)
Mikkah - Voleur Haffiz

Multi : Kay de Kallah

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Cromax
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Cromax » ven. 12 mars 2021 22:47

La Fin d’une Ere
(Groupe Omyrien)



Le combat cessé, chacun y alla de sa petite activité. Plusieurs rencontres eurent lieu, de quoi pimenter la suite du voyage. Plusieurs fouilles, aussi : Ezak, dans la cabine du capitaine, ne trouva guère de seau officiel : il dénicha cependant des lettres privées du capitaine, d’autres officielles, portant sa signature directe : « Capitaine Fer-Argent ». « Riad » sur les lettres plus intimes. Dans un petit coffret, il trouva également la somme de 970 yus. La paie de l’équipage pout les actions menées ? Une belle somme, en tout cas. Eldros, ensuite, qui farfouilla parmi le navire pour en faire l’inventaire. Le fret n’était pas énorme : ces gens-là partaient pour se battre, pas pour commercer. Il n’y avait que de quoi subsister en mer pour plusieurs semaines : aliments et boissons en suffisance, quelques armes en réserve : arcs et flèches, épées, piques et boucliers moyens (le tout en bonne qualité). Il dénicha dans un recoin de la cale un peu reculé un petit paquet contenant 160 yus en petite monnaie. Un des marins avait-il quelque chose à se reprocher ? Sans doute était-il parmi les morts, désormais. Ou parmi les prisonniers, ce qui revenait apparemment un peu au même.

Les morts aussi furent fouillés, sans aucune compassion ou respect pour leur cadavre frais. Kurgoth, de son côté, put récupérer s’il le souhaitait plusieurs armes de bonne qualité : épées et haches, dagues. Les armures de ses ennemis étaient trop petites pour lui. Et il n’avait déjà pas beaucoup de place restant dans son paquetage. Il trouva 70 yus dans les bourses de ses victimes, qui ne s’alourdissaient visiblement pas des masses pour le combat. Il ne dénicha aucune potion de soin, mais bien quelques bandages et baumes inconnus qui sentaient les plantes. De quoi désinfecter ses plaies et les faire reposer pour les jours qui venaient. Daemon, lui, trouva à peu près pareil sur les siens : des armes et pièces d’armure légère de bonne qualité : à lui de voir s’il souhaitait en ramasser. En fouillant leurs bourses, il dénicha 290 yus au total. Un pillage un peu honteux. Une chose était sûre, cependant : ils n’en auraient eux-mêmes plus besoin.

Les navires se séparèrent alors, sous l’ordre des deux capitaines : Laeten et Von Klaash. Aucun n’avait été nominativement nommé pour l’Azurion, même si une sorte de Triumvirat temporaire paraissait désormais prendre les rênes de l’expédition. Les trois navires commencèrent leur voyage vers le port temporaire ennemi. Ils mettraient pas moins de deux jours complets de navigation pour atteindre l’endroit. Quarante-huit heures dont les mercenaires embauchés par Karsinar (ou autre) devraient profiter pour fignoler leur plan d’attaque sur le camp ennemi. Une lettre à rédiger ? Des costumes à piller ? Des groupes à former ? Et d’ici là, rester en vie sans se disputer trop avec les soi-disants alliés.

Silmeria, seule aventurière à n’être pas restée à bord de l’Azurion, profitait du confort de la Laide. Après avoir amené un repas généreux à ses prisonniers, elle les espionna de par les ombres de sa relique. Si Rupert mangeait de bon gré le repas, Gen-Mi semblait plus soupçonneux et se contentait d’observer avec pitié son partenaire qui s’empiffrait. Rupert, la bouche pleine, s’exclamait :

« Pour chûr qu’on a d’la chanche. Les z’aut’ vont tous ch’faire chécher. On est à l’abri ichi, la patronne a l’air chympa pour une Omyrienne. »

Et Gen-Mi de rétorquer, amer :

« Jusqu’à ce qu’elle décide de nous réduire en charpie pour nourrir son équipage. Une chose est sûre : sitôt sur la terre ferme, si on la revoit un jour, j’me casse de ce continent de fou. J’ai aucune envie d’me retrouver pendu à Kendra Kâr pour trahison, buté sur le champs de bataille entre deux camps auxquels je pige rien, ou troué par une ordure d’Omyre pour satisfaire son plaisir sadique : Tulorim, me voilà. »

Hagard, tout sourire, Rupert s’exclama de nouveau :

« Nous voilà ! »

Suite à quoi Gen-Mi lui octroya un regard soulé, ses yeux roulant dans ses orbites. Il consentit enfin à manger un bout de ce que Silmeria lui avait apporté, voyant que son congénère semblait bien se porter… pour l’instant.


[HJ : Vous avez cette fois DEUX JOURS de voyage à RP. 48h. Reposez-vous, apprenez à vous connaître, interpelez les prisonniers (pour les occire ou faire leur connaissance). Attention, veillez à respecter le fait qu’on ne peut aisément se balader d’un navire en marche à l’autre. Tout le monde ne « cligne » pas.
Enfin, fomentez votre plan d’assaut, votre ruse, votre approche pour le camp kendran : une fois sur place, ça sera trop tard.
Terminez votre RP à l’approche de ce dernier, avec ou sans la Laide et la Baliste, je dois le savoir. Et en étant prêts à débarquer avec toutes vos intentions. Je règlerai ça à la prochaine màj.

XP :
Silmeria : 0,5 (triscussion) + 0,5 (Discussion avec Azra) + 0,5 (courtes entrevues avec Kuku et Von Klaash) + 0,5 (interrogatoire)
Azra : 0,5 (convaincre les marins morts) + 0,5 (discussion avec Silmeria) + 0,5 (aparté avec Ezak et Daemon)
Eldros : 0,5 (triscusion) + 0,5 (fouille)
Ezak : 0,5 (triscussion) + 0,5 (fouille) + 0,5 (discussion avec Azra)
Kurgoth : 0,5 (entrevue avec Silmeria et Von Klaash) + 0,5 (fouille)
Daemon : 0,5 (entrevue avec Ezak et Azra) + 0,5 (fouille)
Mikkah : 0,5 (décompression)]

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Silmeria
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Silmeria » sam. 13 mars 2021 17:57

L'ombre venait d'avaler entièrement Silmeria. Les marins autour de leur repas se dessinaient sous la forme d'esprits lumineux dans un univers d'un gris noir tirant vers le néant. Le vacarme était assourdissant, on y entendait pêle-mêle le chant de l'océan, des flots s'écrasant contre la coque de la Laide, la respiration des marins, le raclements des couverts généreusement enfoncés dans les gamelles. Les deux êtres lumineux semblaient rassurés et leurs commérage ne trahissait aucun mensonge. Ils avaient été honnêtes, plus occupés à songer à l'avenir et aux jours radieux qui les attendaient à Tulorim qu'à la guerre en cours. Silmeria en avait entendu assez, elle les laissa en paix. Mais lorsqu'elle s'apprêtait à longer le couloir de son ombre pour retrouver son corps, elle eut une étrange sensation, comme si l'ombre elle même tentait de l'en empêcher, si était retenue par des cordes invisibles la tirant peu à peu dans les ténèbres environnants. Elle n'avait jamais ressenti ça auparavant, la sensation de ne pas être en sécurité dans les ténèbres, d'être épiée et de ne pas être capable de trouver la source de cette gêne. C'est au prix d'une grande concentration qu'elle parvint enfin à se trainer jusqu'au bout de ce corridor qui lui semblait désormais si loin. Derrière elle, des bruits singuliers, trop clairs et trop proches pour être confondus avec les sons qui lui parviennent du monde réel, comme si l'échos de ses pas avait pris du retard et ne remontait à ses oreilles que quelques secondes plus tard. C'est lorsqu'elle se retourna qu'elle la vit. La seule Ombre capable d'employer la magie de l'Ombre Noire. Une jeune femme, le visage enfouis dans les ténèbres, mais Silmeria n'avait pas besoin de voir clairement ses traits pour la reconnaître. Elle connaissait cette femme depuis toujours : Hrist.

Depuis sa folie, elle errait telle une âme en peine dans un monde plongés dans les ténèbres, celui de l'Ombre Noire, et Silmeria en utilisant les bracelets de l'Ombre avait emprunté un chemin dans l'enfer de Hrist. Cette dernière ne lui disait rien, les seuls sons étaient ceux de ses pas, résonnant dans une onde noire qui courait jusqu'à Silmeria. Prise d'un sentiment entre la panique et la joie, elle recula d'un pas pour mieux observer son âme-sœur de toujours, désormais fantôme éthéré. La démarche de Hrist était singulière, elle n'était pas aussi affirmée qu'autrefois, son buste se balançait d'avant en arrière et ses jambes hésitaient, elle avait le pas des grands blessés qui pouvaient de nouveau marcher mais en avait presque oublié l'équilibre. Sur ce pas déboîté, elle vit enfin son visage, un sourire déformé, ses yeux violets laissant couler des larmes noires... Sans trop comprendre la suite, Silmeria se réveilla en sursaut, la bouche ouverte d'angoisse. Le marin qui la surveillait se pencha sur elle pour lui saisir les épaules et s'assura de savoir si elle allait bien.

" Tout va bien. Tout va bien... " Dit-elle entre deux profondes inspirations. Le regard du matelot se fit inquisiteur et Silmeria comprit que ses yeux pleuraient. Lorsqu'elle s'essuya du bout des doigts, elle comprit que ses larmes étaient aussi noires que la nuit.


" Je dois me préparer pour le sacrifice... " Elle se releva et quitta les lieux en vitesse. Dévalant les marches qui menait jusqu'au pont et s'enferma dans la loge du Capitaine. Von Klaash était à la manœuvre et préparait le grand pont pour le sacrifice du soir. Avec l'équipage, ils avaient retourné la cale pour trouver le nécessaire afin de plaire aux Dieux, bien qu'il ne soit pas plus croyant que Silmeria, l'idée d'un sacrifice Divin leur était apparue comme symbolique.

Silmeria s'essuyait le visage avec un chiffon mouillé, le noir persistant sous ses yeux, elle s'humidifia la peau, ayant presque oublié le doux baiser de l'eau douce après avoir eu l'épiderme desséché à cause de l'air marin et du sel qu'il transportait inlassablement. Se demandant comment faisaient les marins pour survivre des mois en mer en avoir accès à un minimum, ses souvenirs lui évoquaient sans pitié aucune, les six mois passés dans la prison Shaakt et les inlassables tortures qui lui donnèrent une relativité toute nouvelle pour aborder ses questions existentielles.

Von Klaash avait rassemblé des effets, certains antiques, pour qu'elle puisse se préparer au sacrifice. Il y avait des poudres, du mica de différentes couleur, de quoi se laver et revêtir une robe blanche d'une simplicité exemplaire. Les marins n'avaient pas un grand sens du détail et tout ce qui rapportait à la femme dans cet univers avait une fâcheuse tendance à " porter malheur " pour les esprits les plus simples.

" Sinon... Tu ne veux pas trop en parler ? " Cèles venait d'apparaître sur son épaule, sous la forme d'une petite araignée noire.
" D'avoir vu Hrist ? J'imagine que c'est un cauchemar, cette salope de Shaakt a corrompu ma tenue avec sa sale magie. Tu as vu comme les végétaux meurent quand je me laisse emporter par la colère ? Encore une magie Shaakt, j'imagine que la Robe est trop imprégnée pour que ça me laisse tranquille un jour. "
" Beeeeh, je pense qu'il s'agit plutôt d'autre chose, en fin de compte, Hrist elle vient d'où ? Enfin, psychiquement je veux dire ? De ton esprit ? "
" Non. J'ai plutôt tendance à croire qu'elle s'est ancrée en moi, c'est ce qu'elle me disait au début. Elle s'est attachée à moi pour voyager et grandir, j'imagine. Sans elle je ne serai sans doute pas là." Disait-elle, amère, en se déshabillant complètement.
" C'est vrai, je pense que sans elle et bien... Tu serais au fond de l'eau ? C'est là qu'elle t'a sauvé pour la première fois non ? Tu allais te suicider en te laissant couler du port de Tulorim ? "
" Oui, ça remonte déjà à si loin... Je venais de fuir les vendeurs d'esclave. Encore une magnifique bribe de ma vie. "
" Mais non. Ca aurait pu être largement pire tu sais ? Tu aurais pu finir catin à Tulorim ou encore servante pour un noble appréciant les jeunes femmes frêles dans ton genre... En plus tu en sais quelque chose, quand tu étais petiote ta maman de substitution chez les esclaves, c'était un peu ce qu'elle faisait non ? "

Silmeria poussa un léger soupir en enfilant la robe blanche. Elle était légèrement trop grande pour elle, se tenant la plus droite possible, elle repéra la longueur de tissus en trop et saisit sa dague.

" C'est vrai. Une fausse mère prostituée, une enfance plus que miséreuse... On peut dire que je m'en suis pas trop mal tirée. Qui a besoin d'une figure paternelle ? "
" Pourtant... On peut dire que des papas qui venaient voir la maman, c'est pas ça qui manquait."
" Moui, il faut reconnaître que j'ai tiré, de ces cohortes de père-d'un-soir une certaine ouverture d'esprit. Mais détrompes toi sur un point, ces voyageurs, si je puis dire, ne venaient pas à l'auberge comme de magnifiques vaisseaux chargés de trésors et de fatigues. Plutôt comme de grosses baleines échouées, pressée et harassées, pour se rouler dans la boue de l'amour tarifé. "
" Tu sais, qu'elle t'aimait beaucoup tout de même. "

Silmeria mélangeait du bout des doigts quelques poudres minérales de mica doré pour s'en confectionner un maquillage distingué.

" Quelque part... Je crois que je la détestais plus que tout. Au moins aussi fort que mon amour pour elle. Tu sais, petite j'aimais la musique. "
" Tu me l'as dit répété des centaines de fois mais admettons, oui. "
" Tu sais, elle n'a jamais eu honte de sa profession ni de fierté d'ailleurs. Son seul intérêt était plus ou moins de me plaindre. Son esprit geignard me voyait comme une malheureuse déracinée, sans père ni mère, sans oncle, grand parent, cousin... Bref, je manquai de racines, de tronc tutélaire et d'ombre protectrice, à travers ses larmes quotidienne, elle m'imposait impitoyablement une image triste et sordide de moi même. Celle d'un petit machin grelottant dans le néant glacé. Ensuite elle se montrait désolée de me voir angoissée. "
" Quel rapport avec la musique déjà ? "

La couleur dorée venait de prendre un teint clair et délicat, elle s'installa devant un miroir argenté et commença à se dessiner les runes sur le visage.
" Tu sais, les mères bouffies d'ogueuil veulent toujours ce qui se fait de mieux pour leur progéniture. La mienne avait compris que j'aimais écouter la musique à la fenêtre les soirs, intérêt qui a été confondu pour un don pour la musique... Un matin, elle est entrée dans ma chambre, couverte de bleues sous sa poudre blanche et m'a tendu avec une bizarre grimace qui mêlait sa souffrance de pute maltraitée, sa raideur Oranaise, sa fierté de mère et je ne sais quelle démentielle confiance en moi, une vraie vièle à roue enveloppée dans un coupon de soie animale. "

Un silence pesa lourdement. Les runes dessinées, elle coiffait ses cheveux en arrière en graissant légèrement ses mains dans l'huile de baleine séchée. Derrière la porte, Von Klaash toquait pour lui signaler que tout était prêt. Elle lui fit savoir qu'elle serait bientôt présente.

" On disait ? "
" Que si mon amour de la musique a suvécu à ce rictus, ça relève du miracle. "

Inspectant l'ensemble des Sylphes soigneusement étalée au sol, Silmeria vérifiait les sangles de cuir qui maintenaient les fourreaux et la souplesse avec laquelle les lames sortaient. La robe des Sylphes était déchirée de partout, loin de la grandeur et de l'élégance qu'elle reflétait des années plus tôt.

" Ce jour là, j'ai tellement pleuré sur mon insupportable cadeau... Elle restait assise, à me regarder de côté. De temps en temps, elle ouvrait la bouche pour me parler mais la refermait sans rien dire. Je me demande si cette discussion qui n'a pas eu lieu aurait changé quelque chose... "
" Pourquoi tu as pleuré ? C'était un joli cadeau... "

Silmeria reniflait ses larmes et déglutit une gorgée de morve salée. " Parce que je l'aimais... Et que je me voyais pour elle comme... Un poids intolérable. Comme si je pesais sur son dos comme une paire d'ailes de plomb. Je ne savais pas que cette femme aussi inculte et rétrograde qu'elle était, considérait la Musique comme une discipline reine et qu'elle méritait une Majuscule. A la base, j'aimais l'écouter, pas en jouer... Mon maigre entendement ne me permettait que de me détester. Quant à elle, il ne manquait pas grand chose pour que mon amour ne se mue en haïne. "

Inspirant profondément, elle ferma les yeux un court instant, le temps d'une méditation nécessaire pour apaiser ses nerfs tout irrités d'avoir ravivé ces souvenirs qui ne méritaient pas d'être éclairés.


Le pont avait été remarquablement aménagé par Von Klaash et ses hommes. Au milieu, sous le grand mât était dressée une table sur laquelle un homme était allongé, bras et jambes entravés, la poitrine dénudée, il ne portait qu'un pantalon de matelot, seul effet que les marins de Von Klaash lui avait laissé.

Tous les marins et les soldats étaient autour du bastingage, certains portaient des torches illuminant le chemin de Silmeria jusqu'à l'autel, d'autres tapaient doucement sur de lourds tambours dans une atmosphère mystique, enveloppés dans la fumée des torches à l'huile de baleine. Silmeria se plaça juste devant l'homme entravé, il était parfaitement conscient de ce qui lui arrivait et semblait complètement résigné. Il ne se débattait pas, au contraire, ses yeux croisèrent ceux de la Prêtresse improvisée.

Il était brun, les yeux marrons, une barbe de quelque jour piquait ses joues. Elle ne ressentit pas grand chose tandis que leurs regards se croisaient, il aurait pu être un inconnu croisé sur une route, un marchand, un passant... Mais la vie aussi cruelle que moqueuse l'avait destiné à mourir sous sa lame. Elle lui caressa le front avec beaucoup de douceur, son regard lui envoyant une grande compassion. Il détourna les yeux. C'était déjà l'heure, le Capitaine Von Klaash prit parole, vantant la mort et la Grandeur des Dieux. Silmeria ne serait que la main armée qui enverrait son âme dans l'au delà.

"
A toi Phaïtos. Toi qui veille sur les âmes torturées que nous t'envoyons.
A toi Thimoros, guide notre lame et notre fureur pour écraser nos ennemis.

Le feu du combat est le dément sculpteur de l'univers.
La passion du sang est un murmure.
La lave jaillissant de nos cœurs entrouverts
Ronge de la pudeur les antiques armures.

Le sang est le cercle où dort toute fragilité.
Il referme sur nous ses ondes maternelles.
Invitant à cueillir la fleur de la mortalité,
Son chant liquide découlera du sacrifié.

L'univers est en nous. Sa force devient nôtre.
Phaïtos est l'entité qui assemble et unit.
Des mondes et des êtres il a tissé nid,
Préparant à la mort dont il s'est fait apôtre."


Un homme tendit à Silmeria une grosse dague, lourde et épaisse. Le genre d'instrument qui ne trouve sa place que dans les rituels sacrés, trop lourde et inconfortable pour être maniée autrement que sur une victime résignée. Ses doigts couverts de mica doré s'enroulèrent autour du manche de son arme et elle la leva au ciel, les Dieux pouvaient ainsi voir le coup plonger dans la poitrine du sacrifié. L'écume pourpre aux lèvres, ses yeux roulèrent dans ses orbites et il sombra sans attendre dans le doux sommeil que lui offrait l'éternité.

C'en était terminé pour elle, le prochain sacrifié était réservé à Von Klaash et à la cruauté de l'équipage, il serait tué sous peu, certes, mais il allait endurer d'odieuses souffrances avant son trépas, il fallait également plaire à Thimoros qui ne se satisferait pas d'un simple coup de dague en plein coeur, c'était trop rapide, trop propre. Le Dieu Noir aimait ses sacrifices violents avec, de préférence, beaucoup d'éclaboussures.

Silmeria retourna dans la Capitainerie de la Laide et se prépara à quitter son navire, peut-être pour la dernière fois. Avec une rapidité qui témoignait d'une grande habitude, elle enfilait ses effets, plaçant machinalement ses lames à l'endroit le plus accessible. Rajustant ses cheveux, négligemment chutés en arrière, la Sindel se tenait prête. Un léger frisson parcourait alors son dos, celui de se savoir seule face à l'immensité de l'inconnu que lui offrait cette mission. Elle était à l'aube de réaliser le rêve de Hrist, bien que Silmeria n'ait pas à coeur de décapiter le roi et de promener sa tête au bout d'une pique en présentant ses derniers traits à qui voulait bien le voir, non, elle avait un autre projet pour le roi, bien plus propre et digne, mais c'était uniquement si elle y parvenait... Les autres mercenaires auraient certainement beaucoup moins de pitié.

Elle quitta la Capitainerie pour se diriger jusqu'à la cale dont l'entrée se trouvait au bout du navire, la foule de marins et Von Klaash faisaient hurler le pauvre hère à la mort au rythme battant des tambours. Ses cris devinrent des hurlements qui retentissaient dans le ciel marin, s'entendant probablement jusqu'au deux navires qui accompagnaient la Laide dans ce périple.

Dans la cale, elle retrouva les deux prisonniers, Rupert et Gen-mi à qui elle demanda : " Tout va bien pour vous ? Je vais poster un homme devant la porte, si vous avez besoin de quelque chose demandez lui. J'ai d autres question pour vous "

Gen-Mi maugréa : "Savez, on n'a aucun moyen de s'enfuir d'un navire. C'pas la peine de nous garder."

Et Rupert lui frappa de nouveau l'épaule, ce devait être une manie chez lui : "M'dame garantit juste not' survie ! Demandez c'que vous voulez, m'dame."

" Tu sais Gen-Mi, je suis plutôt soucieuse de votre sécurité. Les autres mercenaires n'accepteraient probablement pas que je vous libère. "

Après s'être inclinée légèrement elle ajouta " Connaissez-vous le nom de l'amiral de la flotte Kendranne ? Enfin... de votre général ou si d'autres informations vous sont venues dans la nuit. "

Gen-Mi renifle, dodelinant de la tête en laissant le bénéfice du doute. Rupert, lui, répondit : "L'Amiral Jorbert Caillot, de Bouhen, m'dame. Et à part que Gen-Mi ronfle comme un orage, y'a rien qu'est v'nu cette nuit."

Amusée par cette dernière réflexion elle ajouta : " Vous aviez des missions spécifiques ? Comme capturer des prisonniers ? Et une fois le combat naval remporté, deviez-vous voguer quelque part en particulier ? Sachez que finalement le navire ne rentrera pas a Kendra Kar. Le Capitaine a jugé plus prudent de voguer jusqu'à Tulorim, il craint de voir son navire reconnu. "

Elle fouille dans sa bourse, cliquetant quelques pièces entre ses doigts " Du coup, avez vous besoin de davantage d'argent pour ... ?" Sous entendant qu'ils pourraient revenir à Kendra Kâr sans pour autant trahir son espionnage magique.

Rupert répond : "Oh m'dame, vous savez, nous on suivait les ordres. Quand on s'lance dans c'genre de bataille, on sait pas trop c'qu'il adviendra d'nous après. Le cap'taine savait sûrement quoi faire... Vous aurait été plus utile que nous, m'dame. Tulorim c'est très bien m'dame, on risque pas de r'fourguer notre trogne à Kendra Kâr d'sitôt savez. Z'aiment pas trop les déserteurs dans le coin. Mais si vous avez plus à nous donnez, pour sûr qu'on..."

Gen-Mi toussotte et l'interrompt. "On vous est déjà bien assez redevables. Si votre capitaine nous libère à Tulorim, nous en serons plus qu'heureux."

Silmeria referma ses doigts autour de deux autres pièces d'or. Elle les envoya à Rupert pour qu'il puisse partager avec son compagnon. " Allez à l'auberge du Pied levé à Tulorim, ils y servent le meilleur ragoût de poisson du coin... Enfin, je dis ça sans être trop sûre, ça remonte à si longtemps, je vous laisse messieurs, nous ne nous reverrons probablement jamais... " Et sans leur laisser le temps de répondre, elle disparut.
Modifié en dernier par Silmeria le lun. 15 mars 2021 17:55, modifié 1 fois.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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TheGentleMad
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par TheGentleMad » dim. 14 mars 2021 10:57

-----K-----


Sur les cadavres de ses huit victimes, kurgoth ne trouva que soixante dix yus qu'il n'eut donc à partager avec personne. Devant la quantité d'armes récupérées, et puisqu'il n'avait récupéré sur la jonque que des armure légères, le pillard jugea préférable de se délester des armures légères, peu chères, pour emporter plutôt des armes qu'il saurait revendre à bien meilleur prix. Sur l'une des victimes, il trouva également des bandages et une sorte de baume odorant sentant la forêt, semblable à ceux qu'il trouvait occasionnellement durant sa vie de pillard de villages dans les duchés. Devinant qu'il s'agissait de matériel pour se soigner, il l'étala sur sa blessure à la cuisse avant de bander celle-ci. Tout en surveillant ses deux prisonniers du coin de l’œil, Kurgoth fouilla de pont du navire et y dénicha quelques outils, notamment des pinces, des cordes pour récupérer la sienne, des seaux, des marteaux et des clous. Rassemblant son matériel près du grand mât, il détacha ses prisonniers et leur ordonna de se déshabiller.

"Allez, déshabillez vous. Vous êtes mon butin de guerre, mes esclaves. Vous ne porterez que l'équipement que je vous autoriserai à avoir."

Hésitant un instant, l'un d'entre eux demanda s'ils pouvaient tout de même garder leurs sous-vêtements qu'ils portaient sous leurs armures, arguant que leur maître ne tirerait pas un yus de ceux-ci. Le chevalier soupira, mais accepta, menaçant toutefois de les leur arracher et les laisser mourir de froid sans hésiter s'ils osaient lui désobéir. Espérant encore vainement sauver leur peau, les deux soldats s'exécutèrent avant de se retrouver "par précaution" attachés au mât tandis que leur maître allait entasser leurs affaires sur celles de leurs camarades décédés. Il en profita pour aller remplir l'un des seaux d'eau de mer et revint vers les prisonniers, se saisissant d'une pince à arracher les clous. Il se planta alors devant le plus obéissant des kendrans et demanda.

"Pour votre information, et puisque vous allez devoir me servir, sachez que je m'appelle Kurgoth. Certains m'appellent même Kurgoth "Le Cruel". Et toi, quel est ton nom ?"

L'humain trembla un peu en entendant le qualificatif du garzok puis ouvrir la bouche pour répondre. Son maître ne lui laissa cependant pas le temps de prononcer un seul mot. Dès qu'il eût ouvert la bouche, le garzok usa de sa grande main brune pour la maintenir grande ouverte en lui écrasant le nez de sa paume. Une à une, il arracha les incisives et les canines de son esclave à l'aide de sa pince tandis que les chaudes larmes coulaient contre sa main et que les premiers cris de douleur se faisaient entendre sur le navire. Imperturbable dans son œuvre, le prêtre de Thimoros ironisa :

"Pourquoi pleures-tu? Thimoros te regarde. Montre lui ton plus beau sourire."

Lorsqu'il eut enfin fini son arrachage de dent, il proposa à sa victime de boire un peu d'eau pour se nettoyer la bouche et lui versa dans le gosier l'eau de mer de son seau que l'humain recracha aussitôt en hurlant. Un sourire sadique déformant son visage, il s'approcha du second marin qui, lui refusa de parler, maintenant sa mâchoire fermée et ses lèvres pincées. Kurgoth, se contenta de hausser les épaules et d'arracher d'un geste les vêtements du marin. Bien que la peur fit place à la panique sur son visage, l'humain garda sa mâchoire fermée. Mais le garzok n'y prêta pas attention puisqu'il se servit de sa pince pour écraser l'un des testicules de sa victime. Ce dernier ne put retenir un cri déchirant, offrant ainsi à son bourreau l'occasion de lui maintenir la bouche ouverte en lui écrasant le visage de sa main. Le chevalier répéta son opération d'arrachage de dents, soupirant une fois celle-ci terminée en s'essuyant les doigts sur le torse de sa victime.

"Ça, c'est fait. Même s'il vous vient l'envie de vous suicider en vous coupant la langue, vous ne pourrez pas m'échapper, édentés comme vous êtes."

HRP: jette les armures légères de son paquetage pour pouvoir emporter un maximum d'armes, en particulier des dagues
703mots
Modifié en dernier par TheGentleMad le sam. 20 mars 2021 20:18, modifié 3 fois.

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Azra
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Azra » dim. 14 mars 2021 21:01

Alors que le navire s'éloignait de la bataille, Daemon se présenta à lui, vérifiant l'absence les présences autour d'eux pour s'assurer qu'ils soient tranquilles. Il souhaitait mettre les prisonniers sous clés, avec des cadavres pour avoir une réserve de morts à ressusciter en cas de besoin, mais également les interroger pour s'assurer de leur loyauté. Le nécromancien prit le temps de réfléchir à la situation. L'affaire était hélas plus compliquée que ce que pensait le semi-elfe...

« J'ai eu beaucoup de peine à obtenir leur confiance. Je n'en ai rien dit à personne, mais j'ai même dû mentir sur certaines choses pour les convaincre. Si nous voulons pouvoir profiter de leur aide pour infiltrer le camp, il va falloir être plus subtile et gagner leur confiance. Les interroger est une bonne idée, mais hors de question de les enfermer. Je ne les ai pas ressuscités juste pour devoir les éliminer parce qu'ils auraient toutes les raisons de vouloir nous trahir. »

Azra guettait du coin de l’œil les kendrans pour être sûr qu'ils n'entendaient rien... mais il y avait une chose que tout le monde allait entendre sur le navire, c'était le hurlement de souffrance qui retentit à travers les flots. Sursautant, Azra se retourna vers le mat. Le monstrueux garzok venait d'y attacher deux prisonniers et commençaient a leur arracher les dents en lâchant quelques moqueries !

Le nécromancien serra les poings, mais ce n'était rien comparé à Arek qui hurla dans son esprit :

(Arrête cette hérésie ! La volonté de Phaïtos ne saurait être bafouée ainsi !)

(Je vais lui parler...)


(Lui parler ? Depuis quand t’embarrasses-tu de scrupules ? Cette abomination doit être recyclée en enfer ! Le monde doit connaître et appliquer la volonté de Phaïtos ! À quoi bon essayer de mettre fin à la guerre si c'est pour laisser ce genre de monstre répandre la souffrance ?)

(Je m’embarrasse de scrupule depuis que j'ai une mission à accomplir ! Tu veux que je me fasse massacrer par tout le navire ?)

Cette fois-ci, la faera marqua une hésitation.

(La mort n'est pas à redouter...)

(Non, mais vivre pour servir le Corbeau est préférable. Laisse-moi essayer de calmer les choses...)

Une entreprise quasi impossible face à ce fou dangereux de garzok, mais cette fois-ci, ça allait trop loin. Tuer pour la guerre était acceptable. Ce genre de délire pervers et inutile, en revanche, était au-dessus de tout ce qu'il pouvait accepter... Il s'approcha d'un pas vif et lança de sa voix la plus dure :

« Qu'est-ce que cela signifie ? La bataille est gagnée ! Soit on tue les prisonniers, soit on les garde, il n'y a pas d'entre-deux acceptable ! »

Il allait littéralement au devant de la pire situation, et possiblement de l'échec de leur mission, et il en avait conscience... mais il y a des choses avec lesquels on ne transige pas. Le garzok se tourna vers lui, assurant, comme si c'était le problème, qu'ils allaient mourir tôt ou tard, pour le bénéfice de Thimoros. Azra persifla :

« Je me fiche de la bénédiction de Thimoros, c'est celle de Phaïtos qui m'importe. Vous bafouez les préceptes du Corbeau sous les yeux de son Premier messager ! »

Mais bien sûr, il ne voulait rien savoir... Azra voyait néanmoins quelque chose d'autres qui pourrait rentrer dans son crâne barbare...

« Alors livrons-nous un duel. Si tu parviens à me blesser assez durement, tu feras comme bon te semble... sinon, c'est toi qui devra te plier aux exigences de mon dieu. »

Et cela, enfin, il l'accepta. Il tendit la main vers le nécromancien, qui avait cependant trompé et éliminé suffisamment de gens de cette manière pour se méfier... et qui préféra simplement reculer à pas lent vers Rendrak qui s'était placé instinctivement prêt de lui. Le garzok demanda alors qui l'affronterait. Azra haussa les épaules :

« Rendrak fait parti de moi et de mes pouvoirs. Te priverais-tu de tes talents pour ce combat ? Je ne pense pas, et je ferais de même. »

Son adversaire se mit en garde... et chargea ! Le nécromancien commença immédiatement à invoquer ses pouvoirs, tout en bondissant de côté pour esquiver la charge brutale. Le premier coup passa assez loin, et Rendrak enchaîna avec un coup de crochet asséné avec une précision impeccable, arrachant une bonne partie du bras du garzok. Emporté dans sa furie guerrière, ce dernier enchaîna pourtant une série de coups dévastateurs et si rapides qu'il était presque impossible de les éviter ! Sa hache percuta le crâne du liykor et endommagea une épaule du squelette. Mais le souffle de Thimoros était prêt, et il jaillit en une ombre mortelle qui frappa le colosse au niveau de la poitrine, passant à travers l'armure pour le rejeter en arrière tout en siphonnant sa vie.

Le combat n'avait duré que quelques secondes et il était déjà terminé. Azra et Rendrak n'étaient qu'égratignés ce qui, pourtant était un bel exploit de la part de cette brute. Plus que jamais, il avait démontré qu'il valait bien mieux que la plupart de ses congénères que le nécromancien avait croisé. Mais il était hors de combat, et gravement blessé.

Il marmonna que la bataille navale semble finalement suffire à Thimoros. Avec un geste méprisant, Azra sortit sa fiole de potion de soin et versa une dose dans le col de l'armure. Il valait mieux arrêter vite la magie avant qu'elle ne continue à pourrir le corps du garzok et le rende définitivement inutilisable pour cette mission...

« Que cela termine notre discussion en meilleur terme... la volonté du Corbeau est faite. »

(Quoi ? Tu vas le laisser en vie ?)

(Nous aurons tout le temps de conclure cela une fois la mission terminée...)

Décidément, il accumulait les comptes à régler... Puis, il se dirigea vers les prisonniers ruisselants de sang et tira sa dague. D'un geste simple et rapide, il leur trancha la gorge et absorba les âmes, avant d'user du pouvoir de la dague pour les apaiser :

« Gagnez en paix les enfers, sur le chemin du repos... vos souffrances sont terminées. »

Il désinvoqua Rendrak pour qu'il répare sa blessure. Maintenant, il ne lui restait qu'à méditer un peu pour se réparer lui-même... Il alla s'installer à la proue, dos contre le bastingage et, assis en tailleur, se concentra sur ses fluides sombres pour se régénérer, ignorant les marmonnement agacés de sa faera.

(((Utilisation d'une potion de soin pour soigner la blessure grave à la poitrine de Kurgoth)))
Modifié en dernier par Azra le mer. 17 mars 2021 19:57, modifié 1 fois.

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Azra
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Azra » mar. 16 mars 2021 20:54

Azra fut tiré de sa méditation par des hurlements qui commençaient à devenir furieusement familiers. Il se releva d'un bond. Voilà que l'autre navire s'y mettait aussi ! Des prisonniers étaient en train de hurler de l'autre à quelques dizaines de mètres par-delà la mer. Cette fois-ci c'en tait trop ! Puisqu'ils aimaient voir des gens souffrir, il allait leur donner le plaisir de se regarder les uns les autres en train de se noyer ! Un bon obus magique à pleine puissance devrait être suffisant à envoyer ces abrutis par le fond...

C'est alors qu'il remarqua Silmeria qui sortait de la capitainerie. Se ravisant au dernier moment, la liche, dans une envolée de robe de cuir, s'élança à grands pas à travers le navire, arrivant rapidement à sa hauteur.

« Je peux savoir ce qui se passe là-bas ? » gronda-t-il, en désignant de sa main gantée le pont de la Laide, en face.

Comme elle faisait mine de n'entendre que des chansons, la liche serra les poings :

« Nulle ne transige avec la mort ! Les prisonniers doivent être ralliés ou tués ! Tel est le credo du dieu Corbeau... »

C'est ainsi qu'Azra apprit qu'elle avait été la cible d'assassins qui se revendiquaient également du « Corbeau ». Il marqua un temps d'arrêt, stupéfait. Bien sûr il était impossible d'être sûr, mais il ne devait pas y avoir des milliers d'organisations tueurs se revendiquant comme des adeptes de Phaïtos...

« C'est... possible. J'ignore si cela à un lien avec mon ordre, mais si ce que j'entends là-bas est vrai, ce serait fort possible. Alors je vais couper court : J'ai déjà appris au garzok ce qu'il en coûtait de s'opposer à la volonté du dieu noir. J'ai cependant, allez savoir pourquoi, eu la trop grande mansuétude de le laisser en vie et même de le soigner. Mais ma patience arrive à bout ! Alors devons-nous tout régler cela maintenant ou attendrons-nous au moins la fin de cette mission ? »

Il pointa un doigt accusateur vers le garzok qui se remettait de ses blessures. Pour toute réponse, elle disparut pour réapparaître sur le bastingage, avant de redescendre en ironisant sur l'improbable reconnaissance de Kurgoth. Puis, elle disparut encore pour réapparaître derrière la liche avec une prévisibilité qui, pour le coup, était décevante. Il observait avec soins les déplacements, pour pouvoir les lire au mieux...

Elle l'enjoignit à faire preuve de patience, car il serait dommage de se priver d'un atout comme lui... s'imaginait-elle vraiment que l'obscurité naissante allait gêner sa vision de quelque manière que ce soit ?

Il la regarda repasser devant, parfaitement immobile. Calmement, avec un soupir comme un râle de mort, sans dit aucun mot, il la fixait sans avoir de grande difficulté à la suivre. Cette débauche de pouvoir était inutile, seul l'emploi de la force adéquat au bon moment comptait... à peine s'était elle arrêté que Rendrak était déjà rematérialisé dans son dos, ombre immense la dominant et lâchant, presque à son oreille :

« Ouai... et vous aussi vous avez des talents qu'il serait dommage de perdre, non ? »

Elle s'écarta, probablement peu à l'aise de cette présence. Alors que le nécromancien la fixait, toujours sans prendre la peine de parler, elle se contenta de déblatérer des paroles sans rapport sur six assassins qui avaient manifestement rejoints Phaïtos tout en s'écartant. Aucun rapport avec la situation actuelle. Finalement, il se résolu à lâcher un simple mais insistant :

« J'en déduis donc que vous ne ferez rien ? »

Pour toute réponse, elle déclara s'en moquer. Soit... il serait patient. Il se retira en lâchant simplement :

« Non, vous ne vous en moquez pas. Peu importe vos mensonges, ou peut-être vos illusions de liberté, vous avez, comme tout le monde, choisi de qui vous étiez l'esclave. Vous avez choisi votre camp. »

Il devait rester calme. À la fin de la mission, il y aurait beaucoup de choses a régler... mais pas avant. Ignorant les victimes, il descendit dans la cale, espérant que Daemon n'avait pas mis le bazar...

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Silmeria
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Message par Silmeria » mer. 17 mars 2021 19:26

Von Klaash attendait l'Elfe sur le pont. Visiblement nerveux, il faisait les cents pas, à côté de lui quelques hommes s'étaient rassemblés. Tous regardèrent la femme arriver, sachant parfaitement que c'était là un au revoir qui prenait des notes d'Adieux. Assez mal à l'aise, le Capitaine posa une main amicale sur son épaule et fit même un effort pour sourire sans que son rictus ne soit terrifiant. Après un soupir, il dit fièrement : " Ils n'ont qu'à bien se tenir. Les Murènes ne font pas la fine bouche, elles attaquent tout ce qui bouge et avalent ce qu'elles réussissent à arracher... Mais cette fois-ci il te faudra faire preuve de bien plus de talent. Allez, mon amie. Nous nous reverrons et boirons ensemble à nous en péter l'âme et on rira de tes exploits."

C'était la première fois qu'il l'appelait " mon amie " et malgré son air bourru et maladroit comme pas deux avec tout ce qui était élan émotionnel - qui chez Von Klaash ressemblait d'ordinaire plus à une menace qu'autre chose - il était très touchant et la jeune Murène appréciait et cela lui emplit le coeur d'un courant d'adrénaline fort agréable. Nombreux étaient les marins de la Laide à la saluer et l'encourager, il fallait croire que c'était en cet instant qu'elle réalisait pleinement l'importance de sa mission.

" C'est ironique, tout de même. Que pour être couronnée de succès, il faille faire tomber une couronne. " D'un sourire moqueur, elle s'assura qu'il ne lui manquait rien et cligna à bord de l'Azurion, sans s'étaler sur des " Adieux " trop longs et plaintifs, la mission attendait et les deux hommes, Ezak et Eldros devaient à cette heure l'attendre dans la Capitainerie.

Apparaissant dans un flash sombre sur le pont du navire Kendran, elle constata que le Sergent avait déjà militarisé la Capitainerie et s'était emparé du commandement sans se faire prier. Tout sourire, elle inspira et s'apprêta à entrer avant d'être interpelée par sa Faera.

" Attends un peu, mon chou. Tu sais, Ezak... Beh si tu continues sur ta lancée, tu vas arriver sur quelque chose de presque politique avec les valeurs Kendranne contre celles d'Oaxaca. Et tu sais ce que c'est le plus ennuyeux en politique ? C'est que chacun des participants croit qu'il est le seul à connaître l'art de la guerre ou l'esprit machiavélique. Résultat, tu vas te frotter à ce fanatique qui nomme - tactique - sa sauvagerie, - influence - le goût de la réussite et de la gloire et enfin - efficacité - son absence de vue à long terme. On pourrait éventuellement ajouter - victoire - si le camp d'en face fait une bourde. Au final, tu ne devrais pas te lancer dans ce sport sanglant mais le perturber. "
" Whoa... En traduisant ça veut dire quoi ? "
" Que tu ne fais rien."
" Rien ? "
" Rien ! Tu ne réponds pas aux provocations, ni aux doutes, ni aux moqueries. "
" J'imagine que ça ne coûte rien d'essayer... "

Inspirant de nouveau à plein poumons, elle entra dans la Capitainerie sous le regard des hommes qui plus tôt, la menacait de leurs lames.

Silmeria en entrant observera tour à tour les deux hommes, manifestement sa venue n'était pas prévue et Eldros, le second semblait plus que surpris de la voir, à moins que ne soit de la voir avec des runes dorées au visage.

" Rien de grave, un petit sacrifice pour les amateurs de Thimoros et de Phaïtos à bord. Bien qu'ils ne soient pas des exemples de ponctualité, un des travers Garzok, peut-être. "

Lorsque Ezak vit Silmeria rentrer, il jure quelque chose dans sa barbe, manifestement plutôt mécontent de la voir.

« La manière que vous avez tous de vous mettre en quatre pour les petits caprices de vos dieux est absolument ridicule. »

Sa phrase dite, il porte son outre d’alcool à sa bouche et en avale une gorgée en grimaçant.

" Ne vous méprenez pas, Sergent, je ne suis pas une croyante, toutefois beaucoup à notre bord pensent le contraire et voient en ce sacrifice de quoi plaire aux Dieux. Qui suis-je pour blâmer leurs croyances. "

Ezak se contentait pour l'instant de la regarder un moment, comme si il essayait de lire quelque chose sur son visage avant de lever kes épaules :
« Bon… Qu’est-ce que tu veux ? »

Eldros quant à lui, resta impassible à cette première d'une longue série de provocations.

« Comme nous sommes rassemblés. Nous pourrions mettre un plan en place. Le Sang Pourpre m’a assuré que nous serons à destination dans deux jours. »

A Ezak elle répondra avec un sourire jovial :
" Et bien... Nous formons un trio il me semble. "

En s'approchant des deux hommes, elle s'installa d'une demi fesse sur la table en observa brièvement les lettres et dit à Eldros :
" J'imagine qu'en deux jours nous aurons de quoi trouver un plan viable pour mettre pied à terre. La Laide-les-Maines quittera la formation demain en début de soirée. "

« Quoi qu’il en soit, j’annonçais au Quartier-Maître que nous n’avions pas de sceau officiel. J’émettais l’idée de me faire passer pour le Capitaine du l’Azurion, ayant un message de la plus haute importance à transmettre. Il s'appelait Riad Fer-Argent, si l’on en croit ses lettres et les informations du Lord Necromant. »

Il émet une pause. Le temps de se renvoyer une nouvelle gorgée.

« Ah. D’ailleurs, il a ressuscité le Second et quelques membres d’équipages et il veut se servir d’eux pour nous aider. »

Chassant une mèche de cheveux devant ses yeux, Silmeria acquiesçait d'un léger mouvement de tête.

" Pour toi ça pourrait fonctionner, se faire passer pour le Capitaine, à supposer que les ressuscités se tiennent tranquille et ne trahisse personne. Mais... Qu'en est-il de notre Garzok ? Il n'a pas trop le profil d'un combattant de Kendra Kâr, il en va de même pour notre squelette mal liché et son Shaakt de compagnie. Et... " elle haussa les épaules en passant sa main devant elle, comme pour se présenter " Il en va de même pour moi, j'en ai bien peur. Mais je suis assez accoutumée à me fondre dans la masse et rester discrète, des qualités qu'on ne trouvera sans doute pas chez nos autres amis. "

« L’idée des prisonniers voulant livrer des informations n’est peut être pas si idiote. Mais nous ne pourrons pas mener six personnes devant le roi. Même avec une lettre venant d’un capitaine. Mais allons nous vraiment baser notre stratégie sur des Kendrans que l’on vient de vaincre ? »

Silmeria leva le doigt en soulevant ce qui pour elle était une évidence : " A supposer que vous soyez conduits devant le Roi. "

« Peut-être qu’avec personnalité déchue, pour qui le Roi avait fait le déplacement en personne, ça marcherait... » Dit Ezak de manière énigmatique les yeux dans le vide avant de reprendre à l’attention d’Eldros : « J’ai moi aussi mes réserves vis à vis de nos ennemis vaincus, mais ça ne coute rien de l’envisager. Azra prétend pouvoir les éliminer juste par sa pensée. »

Silmeria observera Ezak avec douceur, en inclinant la tête sur le côté comme un oiseau curieux. " Malheureusement les rumeurs qui courent ne sont pas toutes vraies. Le roi n'était pas venu lui même, il a envoyé des troupes certaines mais je n'ai pas eu l'insigne honneur de le rencontrer, mais qui sait, ce sera peut-être amené à changer. "

Ezak jettait un regard à Silmeria et l’observa un moment, l’air piqué de curiosité. : « Je gage qu’il nous devra audience... La tête couronnée de Kendra-Kar ne peut pas prendre des titres arbitrairement , sans avoir de compte à rendre à ses fidèles représentants. N’est-ce pas ? »

« Vous pourriez éclairer ma lanterne ? » Emettait Eldros visiblement absent de la confidence.

Toujours peu convaincue, Silmeria avancera : " Je ne suis pas persuadée que le Roi accorde une audience à une femme telle que moi, quant bien même il ait prit mes terres, j'ai cédé et donné ma reddition il y a fort longtemps pour empêcher un siège et pour protéger les gens de mon domaine. C'est ainsi déchue que j'ai été trouvée par Xenair qui a su reconnaître en moi deux trois talents... Mais c'était il y a longtemps. "

Se tourna vers Eldros : " J'ai été destituée de ma Baronnie à Bouhen pour avoir taquiné la guilde des marchands. Ils ont fait coalition auprès du Roi pour me défaire et ils ont plutôt réussi leur coup. J'avais entravé leurs activités de vente de jeunes femmes sur mes terres. Ils ont voulu payer mon silence et ma bénédiction et pour faire face à mon refus, ils ont voulu s'imposer. J'ai fait une magnifique soirée pour sceller une entente entre la guilde des marchands et moi même. Et puis dans la nuit ils ont tous été arrêtés et exécutés le lendemain. Vous allez me dire que c'était un coup bas, mais bon... J'y ai quand même laissé cinq goûteurs. Enfin, quatre. Du crapaud pulvérisé et nourri à la racine de ciguë marine... Un poison d'amateur qui vous fait passer par tous les affres avant de vous rater. Le dernier goûteur est devenu aveugle. "

Elle marqua une légère pause et dit toute fière :

" Ils sont morts mais bon, les familles des Marchands n'ont rien voulu entendre. Et de fil en aiguille, j'ai eu l'armée de Kendra Kâr à ma porte. "

Eldros se lissait la barbe avec un air pensif.

« Quant bien même se soit de l’histoire ancienne... Vous êtes donc une ennemie du royaume. »

Ezak souffla longuement, l’air désespéré. « Je ne pensais pas sérieusement au fait que le roi vous accorde une audience... C’était une manière de dire que nous allions forcer cette rencontre... » Il hésita un instant avant de reprendre : « J’ai moi aussi quelques problèmes à régler avec la couronne.»

" Quoiqu'il en soit, il faudra un plan solide, si vous entrez dans le campement du Roi et que finalement, le plan est remis en question, vous n'aurez aucun échappatoire et serez pris au piège que vous voulez vous même tendre
Et ça ne répond pas à notre interrogation, comment faire sortir le Garzok, il n'est pas du genre à passer inaperçu, de même que la liche et le Shaakt "


Ezak se mit à éclater de rire.

« Quelle échappatoire ? Cela peut bien être un aller-simple que ça ne change rien pour moi. Je n’ai pas spécialement prévu de revenir. »

Silmeria se méfiait d'ordinaire des hommes avec ce genre de comportement, elle savait que trop combien pouvait coûter un excès d'héroïsme et que la flamme scintillante du glorieux sacrifice était une chimère pour laquelle les hommes s'abandonnaient facilement.
Eldros interrompit sa réflexion en exposant la suite de son plan.

« Et bien... j’ai eu une idée qui nous permettrait de rentrer d’une manière relativement tranquille. »

« Mais reprenons depuis le début. Il y à trois phases importantes: localiser nos cibles, les éliminer et repartir. La plus délicate est la première. J’imagine que pour trouver un roi dans un camp en guerre il faut rechercher l’endroit le mieux défendu mais le problème est de le rejoindre sans éveiller les soupçons. Énumérons ce que nous avons sous la main, une ennemi du royaume, un utilisateur de fluide que tous les Kendrans haïssent, un Garzok dont la simple vision est répugnante, deux personnes aux traits Kendrans et deux autres qui sont tout juste insignifiants et c’est là la meilleur qualité qu’ils ont, celle de passer inaperçu. Constituons prisonniers la liche, l’orc et vous même. »

Dit-il en désignant l’elfe.

Silmeria se redressa rapidement, manquant de faire tomber les lettres empilées sur la table.
" Me faire passer pour prisonnière ? J'ai l'habitude d'infiltrer des places fortifiées et d'éliminer des cibles protégées, pour se faire, je dois rester libre de mes mouvements. Entravée je ne serai pas spécialement utile, sans oublier que le risque de se faire exécuter sommairement reste fort. "

Eldros lui rétoquera sans ménagement :

« Si vous me laissiez terminer. Vous ne serez pas vraiment entravés. Et l’ordre du capitaine sera de vous maintenir en vie. Vous serez donc emmenés sous la bonne garde des hommes du Sergent, parés d’atours Kendran, au sein même du camp. Où vous pourrez vous libérez une fois à l’abri des regards. J’imagine que pour vous, éliminer quelques gardes ne faisant pas partie de nos alliés ne posera pas de problème. Vous aurez alors tout le loisir de vous infiltrer pour rejoindre la tente de l’état major où nous escorterons la liche pour un interrogatoire urgent et d’importance capitale. Le Sergent d’Arkasse et moi devrions pouvoir l’escorter au moins jusqu’à la tente mais il y a peu de chances qu’on nous laisse y entrer. Voilà pour la première partie. Pour résumé, si tout se passe bien, nous aurons la liche en compagnie du roi, des hommes dispersées dans le camp et vous et moi à proximité de l’état major. Il ne nous manquera plus que l’occasion de frapper. »


Silmeria était plus que surprise, à sa connaissance, le groupe ne comptait pas d'autres assassins ou même beaucoup de monde capable d'infiltrer un camp militaire sans attirer l'attention, et la seule personne capable de le faire se devait d'être entravée au lieu d'être lâchée dans les ténèbres, prête à sévir ?

Ezak écoutait attentivement les arguments et lorsque Eldros termina il jettait un regard à Silmeria. « Le plan me semble bon tel qu’exposé. Contrairement à la Liche et au Garzok, vous, vous êtes quelqu’un. Ça donnera du poids à ce plan qui, sans cela, me parait bien maigre. Vous pourriez faire ça pour nous.»

Ezak affichait alors un grand sourire, dévoilant ses dents, et reprenant la phrase de Silmeria en début de conversation, avec un regard espiègle.

« Nous formons un trio il me semble. »

Silmeria leva un sourcil inquisiteur. Elle croisa les bras, observant tour à tour les deux hommes et dit :

" Vous pensez vraiment que je ne serai pas immédiatement entravée une fois présentée ? Et si mon simple rôle est d'être escortée par les hommes d'Arkasse et de me libérer pour vous rejoindre, autant oublier cette étape et que je vous rejoigne directement sans avoir à me faire porter captive. Et puis je vous rappelle que vous n'avez pas autorité au campement du Roi, il y aura l'état major, la garde Royale, autant de personne qui outrepasse votre rang de Capitaine, une fois sur place vous ne donnerez plus d'ordre, car souvenez vous, Sergent, vous les Kendrans connaissez le respect des fonctions qu'Oaxaca n'a su inculquer à ses chiens. "

" Votre rôle sera viable avec la Liche, si vous vous faites prendre, et vous vous ferez prendre avec ce plan bancal, vous serez arrêtés séance tenante et il serait alors bon d'avoir quelqu'un de plus discret pour venir à votre aide. "

(" Si cette personne en a envie... Après tout Ezak est prêt à mourir, Eldros quant à lui ne s'est jamais vraiment mentionné dans son plan, je ne sais pas du tout ce qu'il prépare... ")

Eldros observa Ezak en attendant son approbation.

« Qu’en pensez vous ? C’est à n’en pas douter l’étape la plus cruciale. »

Décroisant les bras elle ajoutera après avoir regardé les hommes tour à tour :
" Je pensais peut-être naïvement que des gentilhommes tels que vous offriraient un verre à une dame ne serait-ce que pour fêter ce début de victoire... "

Ezak leva un sourcil surpris.

« Une Dame ! Voyez-vous ça... » S'exclamait-il.

Il se pencha en avant pour ouvrir un tiroir dont il sorti deux gobelets de laiton, les posa sur le bureau, et commenca à remplir un verre pour l'Elfe avec son outre d’alcool.

« Bien… Essayons de trouver une situation dans laquelle cette gente dame ne serait pas contrainte de souffrir d’une position fort inconfortable. » Son ton ironique lâchait de nouveau un mépris palpable, Silmeria quant à elle ne répondit pas à cette nouvelle provocation, elle savait que dans sa bouche le terme " Gente Dame " évoquait au mieux une saloperie prétentieuse.

Il proposa à boire à Eldros et devant son refus, se remplit un verre pour soi.

« Nous n’avons pas vraiment besoin de sa présence. Madame la Baronne, ayant probablement une certaine publicité au sein de l’élite Kendranne, pour son raffinement lorsqu’il s’agissait de bien recevoir ses invitées, lors des magnifiques soirées qu’elle donnait jadis à Bouhen. »

Ezak mimait un soupir avant de plonger son regard dans celui de Silmeria.

« Quel caractère exquis ! »

Il attrapa son gobelet.

« Constituons le Lord et le Garzok prisonnier et contentons nous de dire qu’ils détiennent des informations au sujet d’une entreprise meurtrière ayant pour cible le Roi, et menée par une fameuse Baronne déchue qui, depuis, utilise ses talents pour le compte de la Reine Noire. Son identité devrait au moins provoquer assez de curiosité pour que ce que le Capitaine a à dire soit entendu. Il voudront probablement entendre et lire un rapport contenant tout ce que nous avons appris et sinon… Il n’y a plus qu’à espérer que le Lord Necromant soit au moins entendu, lui. »

Ezak leva son gobelet dans la direction de Simeria :

« Cela vous sied-il, chère dame ? »


Silmeria, tout sourire d'avoir enfin son verre cligna instantanément pour le récupérer, apparaissant alors juste devant Ezak.

Elle le porta à son nez et y trempa doucement les lèvres en réfléchissant silencieusement. Après un temps, elle releva le nez de son gobelet et dit :

" Très bien. La Liche et le Garzok seront constitués prisonniers, mais sont-ils au courant ? Le Garzok a un sens de l'humour pour le moins approximatif et se montrera peut-être en désaccord. Et qu'en est-il du Shaakt ? "

« Le suivant d’Azra m’a affirmé qu’il irait infiltré le camp. Je l’ai déjà vu à l’œuvre. Il peut être doué pour se fondre dans les ombres. »

Son regard avait changé, laissant entendre qu'elle n'appréciait pas plus que ça les Elfes noirs.
" Soit... Et comment sortons-nous ? Déguisés en cadavres et transportés en civières ? Dissimulés dans un tonneau ? " Souleva-t-elle d'une voix rieuse. " Je pense que ce jeune Shaakt et moi devrions nous entendre sur une façon de faire, s'il est aussi discret que vous le prétendez, nous pourrons vous suivre et pour porter assistance en cas. Mais si les choses tournent mal, il faudra aussi avoir un plan de secours. Déjà il vous faudra mettre la Liche et votre Garzok adoré en sécurité, s'ils sont entravés il conviendra de les secourir pour qu'ils puissent se défendre eux même. "

Eldros fit un signe d’apaisement.

« Parlons d’abord de l’étape deux. Il nous faut créer une opportunité pour éliminer nos cibles. Nous aurons selon ce plan, plusieurs hommes aptes à se fondre dans le campement. Si nous sous entendons que le Roi est en danger et qu’il y a du grabuge dans le camp alors ils pourraient commettre une erreur. Vous vous souvenez que j’avais proposé l’idée de mettre le feu à différents points du camp ? »

« Et enfin, la dernière étape, se retirer. Et bien c’est assez simple dans l’idée... Nous ne tuons pas le Roi. Nous le prenons en otage. Il est bien la seule personne à qui ils ne risqueront pas la vie en plus de nous donner un autre avantage dans cette guerre. Qu’est ce qui a le plus de valeur ? Un Roi mort ou la menace concrète d’un Roi mort ? »

Silmeria secoua doucement la tête, elle ne se voyait pas prendre le roi en otage et attirer ainsi toute l'attention du camp, il y avait des archers d'Oranan capable de mettre une flèche dans l'oeil d'un Garzok à cent pas, un officier zélé donnerait forcément à ses troupes d'élite l'ordre d'abattre sans sommation les preneurs d'otages, fermant pendant longtemps les fenêtres d'attaques sur la Royauté. Elle pensait surtout à la Princesse, s'ils savaient que la Princesse était présente, elle ferait quant à elle un excellent otage. Mais la tueuse aimait garder quelques longueurs d'avance, sans quoi il était difficile de se défaire d'alliés au moment venu.

" Pardon mais j'ai comme une doute pour la retraite. On doit sortir d'un camp fortifié avec le Roi en otage après avoir tué son état major ? Sachant qu'on sera dispersés la grande partie du temps ? "

Silmeria approcha Eldros son verre à la main et bu une petite gorgée. " Et si le Roi meurt durant l'opération ? Qui servira d'otage ? La Liche ? "

Après un temps de silence, il dit : « Si le roi meurt nous n’aurons plus qu’a profiter du chaos mit dans le camp par l’étape précédente. »
Toujours peu convaincue, Silmeria essayait de le pousser dans ses retranchements pour voir si son plan était si solide que ça.

" Ne faudrait-il pas limiter les meurtres opportunistes et affecter des cibles ? "

« Des cibles ? A part le Roi nous n’avons aucune idée de qui compose nos cibles. Il faut se rendre à l’évidence. Notre plan comportera quoi qu’il arrive des zones grises. Et je n’ai de toute façon jamais connu de plan qui se passe sans accroc. »

« En l’état la solution d’Eldros me parait la bonne. Rien ne sert de prendre la tête du roi, Il suffit de faire mat, et toutes les autres pièces du jeu seront tétanisées. »


Une pause.

« Je veux m’occuper du Roi. Je n’ai besoin que d’être dans la même pièce que lui, peu importe le nombre de garde qui l’entoure. Et si le plan doit échouer et qu’il doit mourir, tant pis. Je vais encore le répéter mais mes hommes et moi avons prévu d’aller au bout de notre mission. Revenir n’en fait pas partie. Tous ceux qui m’accompagnent ne sont que les volontaires de mon armée. Ils m’ont suivis en connaissance de causes. »


Enfin elle savait qui déciderait du sort du Roi. Ezak, le Sergent d'Oaxaca voulait sa tête, probablement une histoire personnelle au moins aussi sordide que la sienne, il avait prétexté plus tôt avoir des différends avec la couronne. Il fallait à Silmeria de quoi trouver le Roi avant lui et ses hommes et pour ça, il lui faudrait peut-être pactiser avec le Shaakt. Silmeria ne voulait pas accorder la moindre importance aux ordres barbares du prédateur ultime, comme il se faisait appeler. Elle voulait faire ça proprement, sans haine et avec le respect dû pour un adversaire de cette ampleur.

Silmeria se pencha vers Ezak et ajouta " Vous n'avez pas pour mission de tuer le roi et son état major ? "

« Ça c’est pour les mercenaires Baronne. Nous sommes au dessus-ça. » Chacune de ses paroles étaient empruntes de provocation et d'une haine latente envers elle, faisant cette fois-ci fi du conseil de Cèles, elle s'inclina, amusée " Mes excuses, Sergent, j'ai cru naïvement que c'est ce que vous étiez. "

Tendant son verre avec un petit clin d'oeil " Quelque chose vous empêcherait de trinquer avec moi ? "

Ezak leva un sourcil à la première phrase de Silmeria puis lâcha un demi-sourire.

« Venant d’une roturière qui se prend pour une dame... »

Il trinqua avec elle, le laiton se heurtant et resservi son gobelet ainsi que celui de Silmeria.

" Une roturière vous aurait lancé le contenu au visage, estimez vous heureux de n'être qu'un rustre malappris. "
(" Rhaaaaa mais crotte ! On a dit qu'on restait impassible à ses propos. ")

Eldros recroisa les bras, ne montrant aucun signe d’agacement malgré les sottises des deux mercenaires.

« Nous nous entendons sur ce plan alors ? »

Ezak jetta à Silmeria un regard mélange de reproches et d’amusement.

« Il est vrai que madame la Baronne est bien trop distinguée pour lancer des choses à la figure de ses congénères... Pardon pour cette méprise. »

Il se tourna enfin vers Eldros, un sourire sur ses lèvres.

« Je marche. »

Elle leva les épaules et fit contre mauvaise figure bon cœur, selon elle le plan était trop bancal. " J'ai fait bien plus suicidaire que ca. " dit elle pour tout accord.

« Nous allons avoir besoin de récupérer les uniformes des marins. Quand est-ce que nous mettons les autres au courant pour le plan ? »

"Demain ça me semble bien. Çà laissera le temps aux autres de se s’imprégner du plan. Ou de ronger leur frein si ils en sont mécontents."


" Le Sergent sera sans doute d'accord avec moi. Mais l'autorité doit être respectée ou imposée si besoin. Je vous dis bonsoir, je serai sur le pont à célébrer la rondeur de la lune ou je ne sais quoi de ridicule pour honorer les Dieux. "

Les saluant une dernière fois, Silmeria termina son verre et le retourna sur la table, juste à côté des lettres.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Silmeria
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Silmeria » sam. 20 mars 2021 00:38

Les joues légèrement rougies d'avoir bu, Silmeria ferma un instant les yeux. L'air frais du dehors l'embrassait et sa peau picotait de plaisir. Le ciel noircissait de plus en plus et petit à petit les étoiles se dessinaient sur la constellation qui semblait infinie. Frottant ses doigts glacés pour se réchauffer, elle n'avait pas d'idée particulière pour passer la nuit, les prochains jours seraient spartiates quoi qu'il arrive. N'ayant pas particulièrement envie d'aller dans la calle, elle marchait sur le pont encore collant de sang brun. (" Il faudrait peut-être commencer à nettoyer tout ce désordre, ça ferait de mauvais ton une fois arrivés au port. ")

Elle avançait tout droit, d'un pas peu décidé, ralentissant régulièrement pour regarder à gauche et à droite jusqu'à ce que l'ombre de la Liche ne se dessine et que celui-ci ne l'interpelle en pointant du doigt la Laide-les-Maines, manifestement de très mauvaise humeur, il demanda sèchement :

« Je peux savoir ce qui se passe là-bas ? »

Sa voix avait grondé comme si elle était venue... D'outre tombe. Quoi de surprenant pour une liche, mais il ne s'était jamais adressé à Silmeria de cette façon, aussi c'était la première fois qu'elle l'entendait ainsi. Observant le doigt pointé, le navire et les yeux brillants de la liche, elle risqua un léger mais moqueur " Ils chantent ? "

Serrant la main qui pointait du doigt le navire de Silmeria d'où résonnaient les cris de douleur du sacrifice de Thimoros qui continuait encore, la liche semblait bouillir de rage, le cuir de ses gants avait crié à mesure que ses points serrés le malmenait.

« Nulle ne transige avec la mort ! Les prisonniers doivent être ralliés ou tués ! Tel est le credo du dieu Corbeau... »

(" Qu'est ce qu'il est rabat-joie celui-ci. Après tout, il est sur le point d'être tué hein... C'est juste que ça prend un peu de temps. ")

Passant de l'humour au sérieux, Silmeria tenta de lui rappeler qu'il avait envoyé des assassins pour elle, il y a encore quelques années elle était la cible de ces truands de bas étage : " Le même Corbeau qui a envoyé six assassins après moi ? Soyez patient, la mort viendra bien assez tôt pour lui, qui qu'il puisse être. "

Peut-être ne s'attendait-il pas à un tel rebondissement, avait-il oublié ? Ou était-il simplement ignorant de cette direction ?
« C'est... possible. J'ignore si cela à un lien avec mon ordre, mais si ce que j'entends là-bas est vrai, ce serait fort possible. Alors je vais couper court : J'ai déjà appris au garzok ce qu'il en coûtait de s'opposer à la volonté du dieu noir. J'ai cependant, allez savoir pourquoi, eu la trop grande mansuétude de le laisser en vie et même de le soigner. Mais ma patience arrive à bout ! Alors devons-nous tout régler cela maintenant ou attendrons-nous au moins la fin de cette mission ? » Il désignait en parlant le Garzok qu'elle devinait, assis contre la rembarde plus loin.

Silmeria cligna pour apparaître sur le bastingage et s'accrocha à une corde tendue, droite sur ses bottes, elle observait la Laide qui se noyait dans la noirceur de l'océan, seule quelques éclats de lanterne permettait d'en distinguer certaines parties.
Sachant que la Liche tentait de l'intimider, elle passa de nouveau sur la touche d'humour tandis qu'elle descendait du rebord, elle dit radieuse :

" Vous êtes grand Seigneur de l'avoir épargné, il doit vous en être très reconnaissant "

Et moqueuse qu'elle était, Silmeria profita de l'omniprésence des ténèbres pour cligner derrière Azra et lui murmura : " Maitrisez votre patience Seigneur Azrael... " Glissant jusque devant lui comme une Murène entournant sa proie. " Après tout, je ne me priverai pas d'un atout tel que vous dans la mission qui va suivre. " elle eut un petit ricanement en observant la liche de haut en bas.

La liche, et elle s'en doutait, n'avait aucun mal à voir dans la pénombre, son raclement funèbre qui se voulait être un soupire lui rappelait vaguement Ezak. Derrière elle, une présence apparut. La Liche avait plus d'un tour dans son sac, ayant invoqué une créature de l'ombre de grande taille qui dit juste au dessus d'elle
« Ouai... et vous aussi vous avez des talents qu'il serait dommage de perdre, non ? »

Glissant comme une ombre sur le côté, Silmeria se mit en position de pouvoir voir l'apparition, la forme massive d'un grand Lykor noir arborant une armure d'un noir plus profond qu'une nuit sans lune.

" Et bien nous sommes d'accord, il vous faudra attendre la fin de tout ça... N'oubliez pas qu'ils étaient six... vos assassins. Vous n'êtes que deux. " Elle envoya un petit clin d'oeil coquin au Lord Nécroman qui, impassible dit :

« J'en déduis donc que vous ne ferez rien ? »

" Vous déduisez bien, Nécroman. Tous les Dieux auront leur dû, vous vénérez Phaitos manifestement, certains préfèrent Thimoros et moi dans tout ça... " elle haussa les épaules " Je m'en moque éperdument. "

« Non, vous ne vous en moquez pas. Peu importe vos mensonges, ou peut-être vos illusions de liberté, vous avez comme tout le monde choisi de qui vous étiez l'esclave. Vous avez choisi votre camp. »

Il s'en alla, aussi énigmatiquement qu'il était apparu.
" Hein ?"
" Hein ? "

N'ayant pas compris l'envolée lyrique de la liche au sujet de l'esclave ou de la liberté, elle resta un moment interdite à observer la liche s'en aller jusqu'à ce qu'elle soit totalement hors de vue.
La petite plume de la Mort.

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Eldros Rougine
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Eldros Rougine » sam. 20 mars 2021 13:24

Je referme la caisse de bois après en avoir inspecté le contenu à la lueur maigrichonne de ma lanterne. J’inscris dans un carnet son contenu, à savoir des boucliers, juste en dessous des armes que contient la caisse précédente, elles même en dessous du contenu d’un tonneau examiné lui aussi. Au final un pirate pourrait en conclure que c’est une bien mauvaise prise. Peu d’objets de valeur, ni même de Yus pour les dépenses éventuelles. Je trouve tout de même un petit sac d’argent dissimulé dans un recoin de la cale mais je ne prends la peine de le noter celui-ci. Je jette un oeil à l’inventaire, au moins rassuré à l’idée que nous avons des vivres en quantité suffisante pour l’aller puis le retour, sans compter qu’il y aura sans doute moins de bouches à nourrir pour ce voyage là.

Je sors de la cale alors que les prisonniers commencent à y être déplacés. Je rejoins un coin réservé aux marins où sont installés des colonnes de hamacs pour un maigre confort. L’endroit sent le sel, la sueur et la bile. Je ne m’y attarde pas non plus, dépossédé d’objets personnels ayant de la valeur ou de l’interêt, je ne fait que m’infliger des odeurs désagréables.

Je remonte sur le pont pour regagner la timonerie où Haath me grogne dessus pour m’accueillir.

« Rien de valeur monsieur. »

Me justifiais-je de mon retour les mains vides. Je porte une main à mon ventre en escaladant la dernière marche, encore douloureux suite au coups du Second Kendran.

« Pourquoi vous n’allez pas chez Velley ? Je l’ai vu monter à bord. »

« Il s’occupe d’un homme du sergent d’Arkasse. »

Le Sang Poupre répond d’une grimace méprisante et d’un bruit de bouche agacé. Je m’appuie contre un tonneau d’eau et m’en sers une rasade avant de récupérer de l’eau de mer pour me débarrasser du sang séché sur mes mains et mon visage histoire d’être présentable. Je remarque le Garzok entrain de piller les cadavres qu’il a ramené sur le pont. L’imbécile se met à vider son sac des armures ramassés sur les Ynoriens pour le remplir de dagues. C’est si pathétique. Une fois son butin à l’abri voilà qu’il fait déshabiller ses prisonniers, m’arrachant une grimace de dégoût. Je ne savais pas que les Orcs avaient un penchant si lubrique. Il les attache ensuite au grand mât, provoquant un grognement chez le second à côté de moi.

« Si il ne fait rien qu’une écorchure à ce mât. Je jure sur Moura qu’il ne passera pas la nuit. »

Mais que le Sang Poupre se rassure, ce n’est pas au mât qu’il souhaite s’en prendre. Il saisit fermement la gueule d’un soldat pour lui arracher les dents avec une pince.

« Sauvage. »

Crachais-je entre mes dents. Si la torture ne me répugne pas quand elle est bien faite et qu’elle a un but, voir ainsi un tel manque de finesse me fait bouillir. Je ne suis pas le seul car la liche s’en mêle rapidement en vociférant à l’attention du tortionnaire. Si je n’entends pas tout à cause des beuglements des soldats je comprends que la tension monte et qu’ils sont sur le point d’en venir aux mains.

« Vous n’allez pas intervenir ? »

Demande Haath, habitué aux règles de Laeten au sujet des règlements de compte à bord.

« Pas encore. »

Lâchais-je simplement alors que je me redresse pour mieux assister à la scène. Je trouve le dénouement intéressant. Non seulement j’apprécierais que le chien fou prenne une correction mais j’attends aussi de voir ce dont ce serviteur de Phaïtos est capable. Maintenant que je commence à comprendre comment fonctionne les fluides sombres qui reposent en moi, observer un manipulateur plus aguerri ne peut que m’être bénéfique. Le duel démarre est il est pour le moins expéditif. Après une charge de l’orc, la créature d’Azrael lui déchire le bras avec son crochet et si le garzok réplique d’une série de coups qui parvient à toucher ses adversaires ça ne suffit pas pour vaincre. La magie d’ombre frappe et blesse sévèrement le combattant, terminant ainsi le combat. La vie des prisonniers est offerte à Phaïtos avant que la liche n’aille à la proue pour se reposer. Je vais m’asseoir à mon tour à l’arrière du navire, dos à l’océan pour me reposer sous l’œil courroucé du Sang Pourpre.

Je me réveille plus tard alors que la nuit commence à tomber. L’esprit clair et reposé, bercé par le bruit des vagues contre la coque. J’observe les voiles se gonfler au rythme du vent frais venant du nord.

« Nous serons à destination dans deux jours si nous gardons ce vent. »

Explique le second alors que je me redresse pour m’approcher de la barre, observant le pont.

« Pas de poursuivants ? »

« La vigie n’a rien signalé. »

Les marins commencent à allumer les lanternes, seul source de lumière au milieu de l’océan quand l’astre nocturne se fait discret. Je baisse les yeux vers la capitainerie, fortement surveillée par des hommes d’Ezak qui doit encore se trouver à l’intérieur. Pas de traces de Silmeria qui a dû retourner sur La Laide. C’est un moment de calme avant la tempête et je réfléchis au prochain coup à jouer. Ezak est maintenant méfiant, ce ne sera plus aussi facile de me servir de lui, je dois retrouver un semblant de confiance chez cet homme pour qu’il soit encore attentif à mes paroles mais aussi parce qu’au départ de La Laide et de La Baliste il sera avec ses hommes en supériorité numérique, sans compter les messagers de Phaïtos qu’il semble connaître. Une alliance avec la plume noire pour renverser une tentative de prise de pouvoir me paraît vaine. Je ne sais rien d’elle mais elle semble instable, en proie à la folie en plus d’être une provocatrice. Ça ne serait pas prudent et en plus je doute que cela suffirait. C’est donc du côté du sergent d’Arkasse que je dois instaurer une confiance.

« Vous avez remarqué Rougine ? Les hommes de votre sergent... ils parlent beaucoup avec l’équipage. »

Je plisse les yeux, balayant le pont du regard pour tomber sur un homme d’Omyre discutant avec un des gabier. Ça n’a rien d’étonnant, il veut en savoir plus sur moi, probablement trouver des failles. Je lui souhaite bon courage, à part Laeten et son second, aucun n’a réussi à voir le visage hideux qui se dissimule sous mon masque de chair. Au contraire cela pourrait se retourner contre lui car c’est un autre homme que moi que les matelots de La Baliste connaissent. Je glisse encore mon regard sur les marins, persuadé de découvrir autre chose que je ne tarde pas à trouver. Je croise le regard d’un autre guerrier qui s’empresse de faire mine d’être occupé. Evidemment, je suis surveillé. Je feins également de ne pas l’avoir remarqué, je trouverais un moyen de mettre à profit cette surveillance. Mais d’abord, Ezak d’Arkasse. Je dois semer les graines me permettant de rester du bon côté de la lame si le vent venait à tourner.

Je quitte la dunette pour me présenter devant la capitainerie, les gardes me laissent passer et je découvre un Ezak en tenue de civile, propre, les cheveux attachés. Il ressemble à un noble paré de riches vêtements. Il est assis derrière le bureau, une outre d’alcool à la main. Il me lance un regard neutre avant de me demander avec calme pourquoi je ne suis pas entrain d’honorer mon dieu. Une provocation, je m’y attendais. Si il sait pour ma foi c’est qu’il en à parlé avec son ami Azrael.

« Je l’honore chaque secondes. »

Répondis-je simplement tout en m’approchant pour m’installer face à lui.

« Navré que cela est dû se passer de cette façon mais attendre plus longtemps aurait pu nous être préjudiciable à tous. Je comprendrais votre méfiance vis à vis de moi mais soyez certains que je sais être un allié utile. »

J’étais en partie sincère. J’étais loin d’être navré mais pour le reste tout est vrai. Nous sommes prit par le temps, je comprends sa méfiance et je sais être un allié indispensable, ou un ennemi mortel... Ezak rétorque simplement qu’il n’en demande pas plus. Je hoche la tête, je n’insiste pas. Il n’y a pas plus à en dire, soit il se ferme complètement à cette idée soit il y réfléchit et cela se verra dès les prochaines heures.

« Avez vous trouvé ce que nous cherchons ? »

« Non. Pas de seau officiel. Mais ça ne change rien selon moi. »

Il ouvre un tiroir et jette un paquet de lettres devant moi en commentant.

« Riad Fer-Argent, le Capitaine de l'Azurion. Je peux lui voler son identité. Après réflexions, cela m'étonnerait qu'il soit plus connu qu'un autre parmi toutes ces coquilles pleines d'âmes, dores et déjà perdues, que Solennel a envoyé combattre pour lui. »

Il n’a pas tord mais il suffirait d’un seul homme qui pourrait le connaître pour percer à jour la mascarade. Je fais une grimace embêtée, sur le point de le lui rappeler quand la porte derrière moi s’ouvre pour laisser entrer Silmeria. Couverte de runes dorées, je ne m’attendais pas à la voir maintenant et je ne peux dissimuler ma surprise. Elle justifie son accoutrement par un sacrifice à la gloire de Phaïtos et Thimoros, provoquant un juron noyé dans la barbe du sergent qui ne manque pas de blasphémer à nouveau. Mais je dois admettre qu’il n’a pas totalement tord de railler ainsi l’apparence de la plume noire. Il est inutile de se déguiser de la sorte pour vénérer Phaïtos. Quoiqu’il en soit, elle se défend de l’attaque d’Ezak en assurant qu’elle n’est pas croyante. Quelle ignominie de lâcher de telles sornettes, c’est me cracher en plein visage ! Les Dieux existent, ce ne sont pas que des légendes racontées dans les temples. Il suffit d’observer pour distinguer leurs signes. Il faut être stupide ou fou pour les ignorer et les défier ainsi ! Mais soit, je sais que tous n’ont pas l’intelligence de comprendre ce qui touche au divin. Si intérieurement je fulmine je n’en montre rien, exposant une impassibilité à toute épreuve alors que d’Arkasse montre son agacement, demandant à l’elfe d’expliquer les raisons de sa présence.

« Comme nous sommes rassemblés. Nous pourrions mettre un plan en place. Le Sang Pourpre m’a assuré que nous serons à destination dans deux jours. »

Interférais-je pour rendre sa présence utile et tenter d’éviter une nouvelle réponse légère, en vain car elle ne manque pas de répondre d’un ton jovial que nous formons un trio à présent. Elle s’approche ensuite pour s’assoir d’une demi fesse sur le bureau pour observer brièvement les lettres.

« J'imagine qu'en deux jours nous aurons de quoi trouver un plan viable pour mettre pied à terre. La Laide-les-Maines quittera la formation demain en début de soirée. »

« Quoi qu’il en soit, j’annonçais au Quartier-Maître que nous n’avions pas de seau officiel. J’émettais l’idée de me faire passer pour le Capitaine du l’Azurion, ayant un message de la plus haute importance à transmettre. Il s'appelait Riad Fer-Argent, si l’on en croit ses lettres et les informations du Lord Necromant. »

Il poursuit après une gorgée.

« Ah. D’ailleurs, il a ressuscité le Second et quelques membres d’équipages et il veut se servir d’eux pour nous aider. »

Vraiment ? Cela pourrait être un avantage indéniable, c’est certain. Mais les risques sont si gros que je ne suis pas enchanté à l’idée de me servir des soldats que nous avons vaincus surtout pour une tâche aussi forte symboliquement que de tuer un roi. Silmeria admet que cela pourrait fonctionner mais émet tout de même quelques réserves valables sur l’utilisation des morts vivants. Cependant elle fait part de ses doutes sur un camouflage semblable pour le Garzok, la liche et son larbin.

« Il en va de même pour moi, j'en ai bien peur. Mais je suis assez accoutumée à me fondre dans la masse et rester discrète, des qualités qu'on ne trouvera sans doute pas chez nos autres amis. »

Conclue-t-elle. Une personne bien extravagante pour quelqu’un qui se prétend discrète. Je garde cette réflexion pour moi.

« L’idée des prisonniers voulant livrer des informations n’est peut être pas si idiote. Mais nous ne pourrons pas mener six personnes devant le roi. Même avec une lettre venant d’un capitaine. Mais allons nous vraiment baser notre stratégie sur des Kendrans que l’on vient de vaincre ? »

Silmeria lève un doigt, rappelant qu’il n’est pas certain que nous soyons mené devant le dirigeant du royaume.

« Peut-être qu’avec personnalité déchue, pour qui le Roi avait fait le déplacement en personne, ça marcherait... »

Dit Ezak de manière énigmatique les yeux dans le vide. De qui parlait-il ? De lui ? De la plume ? Il reprend à mon attention, admettant qu’il a aussi des réserves concernant le projet du nécromancien. Silmeria répond alors à mon interrogation concernant la dernière phrase du sergent, c’est de elle qu’il est question et je leur demande d’éclairer ma lanterne pour ne pas rester ainsi ignorant. Elle m’explique qu’elle est une ancienne baronne mais que les armées de Kendra Kâr l’ont chassée de ses terres pour avoir taquiné, selon ses mots, la guilde des marchands. Je porte une main à mon visage pour lisser ma barbe, l’air pensif. Je me souviens avoir entendu parler d’une baronne dans les alentours de Bouhen qui aurait fait cuir un marchand véreux pour le faire manger à ses mercenaires. Des rumeurs que j’avais entendu sur la place du marché alors que j’étais derrière mon stand de poterie. Une époque bien lointaine où je devais chaque jour dissimuler les apparences. Je me souviens de la colère de mon père en apprenant le mauvais sort de la guilde des marchands. Savoir que Silmeria est à l’origine de cette rage l’a rend plus supportable. De fait, comme l’a sous entendu le sergent, avoir une ennemie du royaume sous la main nous permet d’avoir un appât de choix.

« Quant bien même se soit de l’histoire ancienne... Vous êtes donc une ennemie du royaume. »

Ezak pousse un soupir, l’air désespéré.

« Je ne pensais pas sérieusement au fait que le roi vous accorde une audience... C’était une manière de dire que nous allions forcer cette rencontre... »

Il précise à demi-mots qu’il a aussi ses comptes à régler avec le royaume.

" Quoiqu'il en soit, il faudra un plan solide, si vous entrez dans le campement du Roi et que finalement, le plan est remis en question, vous n'aurez aucun échappatoire et serez pris au piège que vous voulez vous même tendre. Et ça ne répond pas à notre interrogation, comment faire sortir le Garzok, il n'est pas du genre à passer inaperçu, de même que la liche et le Shaakt "

Le sergent éclate alors de rire, affirmant qu’il n’a pas spécialement prévu de revenir. J’interviens alors d’un ton calme et réfléchi.

« Et bien... j’ai eu une idée qui nous permettrait de rentrer d’une manière relativement tranquille. Mais reprenons depuis le début. Il y à trois phases importantes: localiser nos cibles, les éliminer et repartir. La plus délicate est la première. J’imagine que pour trouver un roi dans un camp en guerre il faut rechercher l’endroit le mieux défendu mais le problème est de le rejoindre sans éveiller les soupçons. Énumérons ce que nous avons sous la main, une ennemi du royaume, un utilisateur de fluide que tous les Kendrans haïssent, un Garzok dont la simple vision est répugnante, deux personnes aux traits Kendrans et deux autres qui sont tout juste insignifiants et c’est là la meilleur qualité qu’ils ont, celle de passer inaperçu. Constituons prisonniers la liche, l’orc et vous même. »

Dis-je en désignant l’elfe qui s’en offusque, se redressant et m’interrompant pour s’indigner qu’elle a l’habitude d’infiltrer les places fortifiées et éliminer les cibles et que pour se faire elle doit être libre de ses mouvements.

« Entravée je ne serai pas spécialement utile, sans oublier que le risque de se faire exécuter sommairement reste fort. »

Interessant. Venait-elle de confier une faiblesse ? Sa réaction traduisait-elle la peur d’être enfermée ou exécutée sans moyen de s’en sortir ? Cette petite Elfe craignait-elle les cages et le désespoir d’attendre la mort sans pouvoir lui échapper plus qu’une autre personne ? Quoiqu’il en soit je rétorque sans cacher mon agacement.

« Si vous me laissiez terminer. Vous ne serez pas vraiment entravés. Et l’ordre du capitaine sera de vous maintenir en vie. Vous serez donc emmenés sous la bonne garde des hommes du Sergent, parés d’atours Kendran, au sein même du camp. Où vous pourrez vous libérez une fois à l’abri des regards. J’imagine que pour vous, éliminer quelques gardes ne faisant pas partie de nos alliés ne posera pas de problème. Vous aurez alors tout le loisir de vous infiltrer pour rejoindre la tente de l’état major où nous escorterons la liche pour un interrogatoire urgent et d’importance capitale. Le Sergent d’Arkasse et moi devrions pouvoir l’escorter au moins jusqu’à la tente mais il y a peu de chances qu’on nous laisse y entrer. Voilà pour la première partie. Pour résumé, si tout se passe bien, nous aurons la liche en compagnie du roi, des hommes dispersées dans le camp et vous et moi à proximité de l’état major. Il ne nous manquera plus que l’occasion de frapper. »

Le sergent écoute attentivement, laissant croire que mon intervention plus tôt à porté ses fruits. La graine est bien semé et je n’ai plus qu’à l’arroser pour qu’elle grignote heure par heure la méfiance de l’homme.

« Le plan me semble bon tel qu’exposé. Contrairement à la Liche et au Garzok, vous, vous êtes quelqu’un. Ça donnera du poids à ce plan qui, sans cela, me parait bien maigre. Vous pourriez faire ça pour nous.»

Il affiche un grand sourire, observant la dame du trio avec un sourire espiègle.

« Nous formons un trio il me semble. »

Il reprend une gorgée de son breuvage alcoolisé alors que Silmeria explique sa réticence à porter des chaînes.

" Vous pensez vraiment que je ne serai pas immédiatement entravée une fois présentée ? Et si mon simple rôle est d'être escortée par les hommes d'Arkasse et de me libérer pour vous rejoindre, autant oublier cette étape et que je vous rejoigne directement sans avoir à me faire porter captive. Et puis je vous rappelle que vous n'avez pas autorité au campement du Roi, il y aura l'état major, la garde Royale, autant de personne qui outrepasse votre rang de Capitaine, une fois sur place vous ne donnerez plus d'ordre, car souvenez vous, Sergent, vous les Kendrans connaissez le respect des fonctions qu'Oaxaca n'a su inculquer à ses chiens. Votre rôle sera viable avec la Liche, si vous vous faites prendre, et vous vous ferez prendre avec un plan bancal, vous serez arrêtés séance tenante et il serait alors bon d'avoir quelqu'un de plus discret pour venir à votre aide. "

Je me tourne vers le Sergent, attendant son avis sur ce qu’elle propose. J’ai bien compris qu’insister ne me ferait que perdre du temps. Nous faire perdre du temps. Elle ajoute alors qu’elle pensait que des gentilshommes tels que nous lui offrirait un verre. Ezak lève un sourcil avant de se pencher pour se servir dans un tiroir du bureau, en extirpant deux gobelets en métal pour y verser le contenu de son outre.

« Bien… Essayons de trouver une situation dans laquelle cette gente dame ne serait pas contrainte de souffrir d’une position fort inconfortable. »

Il me propose un verre mais je le refuse poliment d’un signe de la main.

« Nous n’avons pas vraiment besoin de sa présence. Madame la Baronne, ayant probablement une certaine publicité au sein de l’élite Kendranne, pour son raffinement lorsqu’il s’agissait de bien recevoir ses invitées, lors des magnifiques soirées qu’elle donnait jadis à Bouhen. »

Ezak mime un soupir avant de plonger son regard dans celui de Silmeria.

« Quel caractère exquis ! »

Il attrape son gobelet. Visiblement les provocations reprennent. Ces deux là ne pourront pas s’en empêcher je le crains.

« Constituons le Lord et le Garzok prisonnier et contentons nous de dire qu’ils détiennent des informations au sujet d’une entreprise meurtrière ayant pour cible le Roi, et menée par une fameuse Baronne déchue qui, depuis, utilise ses talents pour le compte de la Reine Noire. Son identité devrait au moins provoquer assez de curiosité pour que ce que le Capitaine a à dire soit entendu. Il voudront probablement entendre et lire un rapport contenant tout ce que nous avons appris et sinon… Il n’y a plus qu’à espérer que le Lord Necromant soit au moins entendu, lui. »

Le sergent lève alors son verre, feintant de vouloir trinquer.

« Cela vous siérait-il, chère dame ? »

Silmeria, tout sourire d'avoir enfin son verre use de nouveau de son pouvoir pour le récupérer, apparaissant alors juste devant Ezak. Elle le porte à son nez et y trempe doucement les lèvres. Après un temps, elle releve le nez de son gobelet et dit :

" Très bien. La Liche et le Garzok seront constitués prisonniers, mais sont-ils au courant ? Le Garzok a un sens de l'humour pour le moins approximatif et se montrera peut-être en désaccord. Et qu'en est-il du Shaakt ? "

Je ne m’inquiète pas de ça. Après tout l’idée vient à la base du Garzok, nous n’avons que fait la rendre plus viable.

« Le suivant d’Azra m’a affirmé qu’il irait infiltré le camp. Je l’ai déjà vu à l’œuvre. Il peut être doué pour se fondre dans les ombres. »

" Soit... Et comment sortons-nous ? Déguisés en cadavres et transportés en civières ? Dissimulés dans un tonneau ? "

Se moque Silmeria.

"Je pense que ce jeune Shaakt et moi devrions nous entendre sur une façon de faire, s'il est aussi discret que vous le prétendez, nous pourrons vous suivre et pour porter assistance en cas. Mais si les choses tournent mal, il faudra aussi avoir un plan de secours. Déjà il vous faudra mettre la Liche et votre Garzok adoré en sécurité, s'ils sont entravés il conviendra de les secourir pour qu'ils puissent se défendre eux même. "

Je montre un signe d’apaisement, signifiant qu’il ne faut pas brûler les étapes.

« Parlons d’abord de l’étape deux. Il nous faut créer une opportunité pour éliminer nos cibles. Nous aurons selon ce plan, plusieurs hommes aptes à se fondre dans le campement. Si nous sous entendons que le Roi est en danger et qu’il y a du grabuge dans le camp alors ils pourraient commettre une erreur. Vous vous souvenez que j’avais proposé l’idée de mettre le feu à différents points du camp ? »

Dis-je à Ezak.

« Et enfin, la dernière étape, se retirer. Et bien c’est assez simple dans l’idée... Nous ne tuons pas le Roi. Nous le prenons en otage. Il est bien la seule personne à qui ils ne risqueront pas la vie en plus de nous donner un autre avantage dans cette guerre. Qu’est ce qui a le plus de valeur ? Un Roi mort ou la menace concrète d’un Roi mort ? »

" Pardon mais j'ai comme une doute pour la retraite. On doit sortir d'un camp fortifié avec le Roi en otage après avoir tué son état major ? Sachant qu'on sera dispersés la grande partie du temps ? "

Silmeria s’approche de moi son verre à la main en buvant une petite gorgée.

" Et si le Roi meurt durant l'opération ? Qui servira d'otage ? La Liche ? "

« Si le roi meurt nous n’aurons plus qu’a profiter du chaos mit dans le camp par l’étape précédente. »

Car il faut aussi le prendre en compte. Si les hommes infiltrés dans le camp causent assez de diversion, tout le campement sera désorganisé, dispersés entre les flammes ou que sais-je encore.

" Ne faudrait-il pas limiter les meurtres opportunistes et affecter des cibles ? "

Rétorque-elle. C’est le sergent d’Arkasse qui intervient.

« Des cibles ? A part le Roi nous n’avons aucune idée de qui compose nos cibles. Il faut se rendre à l’évidence. Notre plan comportera quoi qu’il arrive des zones grises. Et je n’ai de toute façon jamais connu de plan qui se passe sans accroc. En l’état la solution d’Eldros me parait la bonne. Rien ne sert de prendre la tête du roi, Il suffit de faire mat, et toutes les autres pièces du jeu seront tétanisées. »

Exactement. Il a comprit ce qui m’a amené à penser à cette idée. Et si il me suit encore, il a conscience qu’un bon nombre de pièces sont sacrifiables pour gagner la partie.

« Je veux m’occuper du Roi. Je n’ai besoin que d’être dans la même pièce que lui, peu importe le nombre de garde qui l’entoure. Et si le plan doit échouer et qu’il doit mourir, tant pis. Je vais encore le répéter mais mes hommes et moi avons prévu d’aller au bout de notre mission. Revenir n’en fait pas partie. Tous ceux qui m’accompagnent ne sont que les volontaires de mon armée. Ils m’ont suivis en connaissance de causes. »

S’ensuit à nouveau une joute verbale entre les deux représentants d’Oaxaca. Je croise les bras, dissimulant mon agacement en profitant d’un instant de flottement pour demander si nous sommes d’accord sur le plan. Après une dernière pique à l’attention de madame la Baronne, Ezak se tourne vers moi en souriant pour affirmer qu’il marche. Mon regard se dirige ensuite vers l’elfe qui admet qu’elle a fait plus suicidaire que ça. Bien. Parfait. Une bonne chose de réglé.

« Nous allons avoir besoin de récupérer les uniformes des marins. Quand est-ce que nous mettons les autres au courant pour le plan ? »

« Demain ça me semble bien. Ça laissera le temps aux autres de se s’imprégner du plan. Ou de ronger leur frein si ils en sont mécontents. »

« Le Sergent sera sans doute d'accord avec moi. Mais l'autorité doit être respectée ou imposée si besoin. »

Elle s'incline en une légère révérence et termine son verre avant de le poser retourné sur la table.

« Je vous dis bonsoir, je serai sur le pont à célébrer la rondeur de la lune ou je ne sais quoi de ridicule pour honorer les Dieux. »

Encore un blasphème, il ne sera pas bon d’être à côté d’eux quand les Dieux décideront de leurs faire regretter leurs paroles. Je me lève pour quitter la cabine à mon tour. Je rejoins directement la cale pour m’assurer d’avoir assez d’armures. Je m’empare d’une lanterne pour descendre l’échelle en bois, en m’approchant de l’endroit où sont maintenus les prisonniers j’entends une voix féminine discutant avec ce que je reconnais être la voix du Shaakt. Cela provient du fond du bâtiment et c’est avec la lanterne dressé, une main sur le manche de mon sabre que je me rapproche, passant entre les rangs de soldats vaincus. Je découvre alors une scène macabre ou le larbin de la liche est vautré, seul, sur un tas de cadavres.

« Que faites vous donc ? »

Dis-je en retenant une grimace à la fois de rage et de dégoût. A quel jeu se livre donc cette engeance infâme ? A qui appartient cette voix ? Se vautrer dans de la chair morte, est-ce sa façon de vénérer le maître des enfers ? Espèce de dégénéré ! Il sursaute et se tourne vers moi, dardant son regard pourpre et brillant dans le mien avant de se redresser. Il prétend ne rien faire et demande, en me tutoyant, la raison de ma présence. Je plisse les yeux devant tant d’insolence avant de désigner les prisonniers.

« J’ai besoin de leurs uniformes. »

Il m’informe que ce n’est pas nécessaire de prendre ceux là, un coffre derrière moi contenant déjà le nécessaire. Je me tourne pour vérifier le baquet tout en rétorquant.

« J’ai entendu une voix. Une voix de femme. »

Il affiche un air faussement amusé avant de répondre que mon imagination me joue des tours.

« Il n'y pas de femme sur ce navire, hormis... »

Son regard va alors se perdre un instant. Il ne parvient même pas à trouver une conclusion à sa tentative de mensonge. Quelle maudite vermine ! Je laisse une grimace de mépris s’emparer de mon visage avant de reprendre un air impassible.

« Si tu tiens à mentir fais le au moins correctement. Je vais aussi avoir besoin de leurs noms, de leurs prénoms et de leurs grades. »

« Aux prisonniers ? »

« Aux prisonniers oui. Il serait regrettable que notre infiltration échoue parce que nous ne connaissons pas les noms présents sur une liste de bord. »

« Nous avons le second : Berth, que tu connais bien... et les matelots et soldats de Bouhen : Rick, Bert et Loen. Si tu souhaites en savoir davantage, tu demanderas directement à mon maître. »

Je retiens un soupire agacé tout en posant mon regard sur les corps sans vie.

« Pourquoi vous ne les jetez pas par dessus bord ? »

Il répond comme si c’était une évidence.

« Il peuvent encore servir pour les combats à venir, pour le renseignement... et ils sont très confortables. Nous nous en séparerons quand l'odeur deviendra moins supportable. Combien de jours de voyages avons nous ? »

Sauvage.

« Deux jours si le vent nous reste favorable. »

« J'espère qu'ils tiendront d'ici là... »

Il soulève un bras mort et le laisse retomber avant de poursuivre avec un air malicieux insupportable.

« Rougine, c'est bien ça ? Nous avons eu vent de tes manigances... qu'essayes-tu de réaliser ? »

Je contiens mon envie de lui rétorquer que c’est monsieur Rougine ainsi que de cesser de me tutoyer mais je sais parfaitement que c’est inutile. Je constate que c’est un esprit insolent, contestataire, n’ayant aucun respect pour l’autorité et le respect d’un être lui étant supérieur. D’ailleurs sa manière de mettre sur le tapis ce sujet prouve qu’il a du mal à l’accepter. Des manigances... quel imbécile.

« Mes... manigances ? Mon but est le même que le votre. J’oeuvre pour l’accomplissement de notre mission. Je remets de l’ordre dans le chaos qu’apporte ce chien fou de Garzok, je nous épargne des discussions interminables sur la manière de faire. Ce que je réalise ? C’est une chance de réussir notre tâche et d’en revenir en vie pour continuer à servir. »

Et si il est trop stupide pour le remarquer alors dommage pour lui.

« Si avec ce que je lui ai mis aujourd'hui, le garzok ne se calme pas, je ne sais pas ce qu'il faut... Mais il y en a d'autres, sur l'autre navire, qui auraient bien besoin d'une leçon... »

La liche venait d’apparaître et poursuivit ses paroles en se tournant vers moi pour s’excuser, ce qui ne manque pas de m’étonner.

« D'ailleurs désolé, j'ai bien peur, ce faisant, d'avoir mis un peu de bazar cet après-midi, mais c'était un cas de force majeur. J'espère que ça ne posera pas de problème ultérieurement. »

« Désolé ? Aucune raison de l’être. Les Orcs semblent être ainsi, comme l’a dit le sergent, des chiens qui ont besoin d’être dressés. »

« Les passagers de l'autre navire ne sont pas en reste, à torturer des prisonniers. Côtoyer autant de barbares abrutis m'agace. Et vous, que faites-vous dans ce qui semble être l'antre de mon compagnon ? Qui s'y est taillé un siège fort confortable à ce que je vois... »

Je darde un regard froid sur le semi-shaakt qui se permet un commentaire sur le confort de son siège.

« Je venais préparer le nécessaire pour la suite de notre mission. Puis j’ai entendu une voix étrange venant de là où votre... ami ? Etait allongé. Mais comme il me l’a si bien dit il n’y a pas de femme à bord, n’est-ce-pas ? »

Le larbin réplique, au bord de l’extase, qu’à sa connaissance il n’y a aucune femme qui respire avant de me conseiller de me méfier, avançant qu’il n’est pas prudent d’écouter aux portes. Je sens un courant d’air glacé me traverser. L’oeuvre du Shaakt pâle sans aucun doute. Un frisson me parcours des pieds à la tête alors que mon masque de chair se brise pour laisser apparaître un sourire de satisfaction.

« Le froid glacé de la mort ne m’effraie pas. Il est souvent annonciateur de satisfaction. »

Je me tourne ensuite vers Azra qui m’assure qu’il se porte garant des actions de son compagnon et que ses mauvaises farces n’ont jamais causés de tort à personne. Il souhaite aussi en savoir plus sur le plan que nous avons mit au point avec Ezak et Silmeria. Précisant qu’il en a été écarté. Une précision que je ne relève pas.

« Il reste quelques points à peaufiner mais il sera annoncé à tout le monde demain matin. Vous y avez un rôle important, si ce n’est le plus crucial. J’espère que vous serez à la hauteur. Quant à vous...»

Dis-je en m’adressant au larbin.

« J’espère que vos compétences de discrétion sont meilleurs que vos talents de menteur. »

« Bon... je n'aime pas l'idée d'être ainsi tenu à l'écart, mais je conçois que de simples mercenaires ne soient pas considérés comme des partenaires de premier choix. Quoiqu'il en soit, j'écouterais avec attention. Vous pouvez compter sur moi, j'ai l'habitude de me débrouiller des situation difficiles. »

Puis, sur un ton plus léger, il ajoute :

« Lors des derniers combats, vous avez fait preuve d'une plus grande maîtrise des arts obscures. Je ne vous ai pas félicité pour cela... Au fond, vous avez peut-être juste besoin de pratique. S'il n'est pas trop tard, je pourrais vous enseigner un ou deux petits trucs... »

« J’ai simplement écouté votre conseil. Vous aviez raison, quelque chose en moi essayait de retenir cette force, j’ai fait taire cette chose pour laisser cette magie sombre se libérer pleinement. C’était... »

J’inspire avant de conclure ma phrase dans une expiration.

« Fort plaisant. Il me tarde de recommencer alors j’accepte votre proposition. »

Voilà peut être le moyen de semer une autre graine. Cette liche finira par m’apprécier, j’en suis sûr. Curieux, il me demande ce que j’ai dû faire taire. Difficile à dire, peut-être une partie de moi qui refuse de me soumettre totalement, ou une infime part de bon que j’essayais tant de faire grandir dans mon plus jeune âge. Peut-être la peur de perdre le contrôle.

« Je n’en suis pas encore sûr. »

Ma réponse donnée il prend un instant pour réfléchir avant de m’expliquer en détail comment superposer un spectre en souffrance à mon apparence. Selon lui je dois trouver une âme environnante et lui donner corps grâce à ma magie avant de l’amener à fondre son visage dans le mien. L’image est interessante est j’admet qu’elle me plait. Pouvoir ainsi manipuler les âmes errantes pour qu’elle me donne un aspect capable de terroriser mes ennemis. Je le laisse terminer ses explications avant d’incliner la tête.

« C’est entendu. J’essaierais. J’ai une dernière question pour vous. J’ai entendu dire que vous vouliez vous servir de soldats ressuscités. A quel point leur feriez vous confiance pour nous aider dans notre mission ? »

« Daemon comptait justement s'assurer de leur loyauté. J'imagine qu'il pourra m'en dire plus... Je doute qu'ils soient gagnés à notre cause aussi facilement,mais les mortels ont peur de la mort. Et ils ont vu à quel point le pouvais facilement disposer de leurs âmes. C'est un bon début. Mon compagnon pourra confirmer. Et au pire, s'ils essaient de nous trahir... ils n'auraient même pas le temps de finir ne serais-ce que d'articuler une phrase avant de mourir. »

Dit-il après un haussement d’épaules.

« Je vois. Mais vous comprenez que si ils s’effondrent soudainement alors que nous cherchons à tromper l’ennemi nous arriverons au même résultat que si ils avaient dit quelque chose ? »

« L'idée même de la mort, fut-ce pour sauver un roi qu'ils n'ont en vérité jamais vu, leur ôtera toute envie de nous trahir, cependant. En fait seul le capitaine était vraiment dévoué jusqu'à la mort à sa patrie... c'est pour cela que je ne l'ai pas ramené. Mais bien entendu, il faut des preuves plus concrètes pour mettre toutes les chances de notre côté, voilà pourquoi Daemon les a interrogé. Il est doué pour déterminer les pensées des gens... ah et... voilà aussi pourquoi j'aimerais qu'on évite les tortures et autre méfait à bord. Afficher des comportement barbare et hostiles ne vont pas les convaincre qu'ils peuvent se refaire une vie dans le camp d'Omyre... »

J’incline la tête, avouant que je suis du même avis. Le compagnon d’Azrael ajoute alors à voix basse que si tous ne sont pas de confiance, certains feraient n’importe quoi pour s’en sortir. Le silence s’installe alors et je quitte leurs antre après un signe de tête pour regagner le pont. Je regagne la timonerie, toujours tenu par le sang pourpre hargneux qui grimace en m’apercevant avant de m’aboyer un ordre.

« Rougine, prenez la barre. Je vais me reposer un peu. Réveillez moi au moindre problème. »

J’acquiesce avant de prendre le relais, dirigeant le bâtiment dans l’obscurité. Seul subsiste les lueurs de La Baliste et de La Laide sur mes flancs. Je pousse un soupir, relâchant toute la tension de ce premier jour avant de me concentrer sur les détails du plan.

La première nuit se déroule sans encombres et Haath me laisse la barre pour faire le tour des hommes de La Baliste et s’assurer qu’il ne manque de rien. Velley est venu me voir au lever du jour pour me demander si le stock de vivres permettait de faire un repas pour tout le monde. Mon hochement de tête lui avait provoqué un sourire ravi. Immonde. Le voilà de retour, distribuant ce dont le corps à besoin pour tenir en mer.

« Vous pensez que je peux rentrer dans la capitainerie ? »

Ezak y était encore, prenant sans doute goût à l’endroit le plus confortable du navire. Je lui réponds qu’il ne devrait plus tarder et justement j’entends la cloche d’appel être sonnée.

« Prends la barre. »

Je descend la dunette pour rejoindre Ezak et Silmeria, patientant quelques instants que chaque mercenaire puisse arriver. Finalement le sergent s’avance pour prendre la parole.

« Nous vous avons rassemblé pour parler de ce que nous allons faire. Je vais laisser le Quartier-maître Rougine prendre la parole. En effet, tout ceci n’aurait pas été possible sans lui. Il a fait preuve d’une réelle volonté pour nous unifier et se retrouver au cœur des décisions. Une personnalité ambitieuse n’est ce pas? »

Il m’observe et je contiens un haussement de sourcil. Que cherche-t-il à faire ?

« En même temps, après avoir été jeté dans le fond d’une cale comme une vulgaire immondice, on doit nourrir des envies de prendre le contrôle de la barre, comme un signe de revanche sur le monde. L’adage ne dit-il pas : Tout petit bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs ? »

C’est donc ça. Est-ce là votre revanche sergent d’Arkasse ? Que cherchez vous ? A m’afficher ? Croyez vous que de de m’exposer ainsi va me vexer, tous sont déjà au courant de la position que j’occupe, vous l’avez vous même déjà appris aux messagers de Phaïtos, à vos hommes qui me surveillent. Pensez vous que je me soucie de l’opinion de l’orc et de son barde ?

A m’humilier alors ? Une vaine tentative. Voilà qui est bien décevant si c’est tout ce que vous avez trouvé sur moi. En effet La Baliste m’a découvert au fond d’une cale, traité comme une simple marchandise mais je n’ai pas à en avoir honte. Depuis j’ai permis à l’équipage d’amasser une grande fortune, j’ai gravi les échelons jusqu’au poste de quartier-maître et je suis en route pour honorer la promesse que j’ai fait à l’homme qui m’a jeté au fond de ce navire marchand : revenir à Kendra Kâr pour mettre la cité à feu et à sang. Je suis fier de ce que j’ai accompli depuis cet épisode malencontreux, guidé par Phaïtos, une divinité que vous insultez à la moindre occasion. Et vous, qu’avez vous donc accompli pour en être là ? Je finirais bien par découvrir vos petits secrets, ceux qui vous serrent l’estomac de honte quand vous y repensez.

Ou est-ce simplement une invitation à la joute comme vous le pratiquez avec la petite plume noire ? Vous allez rapidement comprendre que je ne suis pas le même oiseau que cette elfe.

« Je laisse donc la parole à notre bienfaiteur à tous. »

C’est cela Sergent, laissez moi la parole. Moi aussi je connais un adage : œil pour œil, dent pour dent et avec moi vous allez apprendre, sergent, que la vengeance est un plat qui se mange froid. En attendant j’ai la réponse tout adapté. Je laisse apparaître un mince sourire moqueur sur mes lèvres ponctué d’un souffle nasal railleur, tout pour lui faire comprendre que sa tentative ridicule, pathétique, n’a pas eu l’effet escompté.

Je m’avance alors à mon tour, laissant définitivement tomber le masque que je porte depuis de nombreuses années. Mon visage impassible se durcit, mon regard devient froid, mes lèvres prennent la forme d’une grimace cruel et alors que je me dresse face aux mercenaires voilà que me revient la vision que j’ai eu à Darhàm. Une fumée opaque s’élève autour de nous tandis que l’océan s’enflamme. Je porte à nouveau cette armure sombre, cette bague d’Olath, ce pendentif à tête de corbeau et cette lame rouge dégoulinante de sang. Ca ne dure qu’un court instant mais cela me suffit à savoir que l’heure approche.

(Bientôt ô Phaïtos. )

Je me pare d’un sourire cruel, prenant une posture pleine d’assurance avant de m’éclaircir la voix.

« Nous avons gardé la base du plan qui était proposé au départ. A savoir, le seigneur Azrael et le garzok se feront passer pour des prisonniers, les autres se pareront des uniformes à disposition sur le navire. Veillez à connaître le nom et le grade de ceux à qui vous prendrez l’armure, un bafouillement de votre part une fois au camp si on vous demande qui vous êtes pourrait nous coûter la vie. »

Je darde mon regard vers Kurgoth, ravalant mon dégoût de devoir lui adresser la parole pour ajouter.

« Les votres ont pour réputation de ne pas se laisser capturer facilement. Une bonne chose que la liche vous ait un peu malmené, tachez de ne pas paraître en trop bonne forme. Nous vous éviterons l’exécution en vous faisant passer pour des prisonniers importants, détenant des informations au sujet d’une entreprise meurtrière ayant pour cible le roi et menée par une baronne déchue utilisant ses talents pour le compte de la Dame Noire. Tout ceci sera appuyé par le capitaine Riad Fer-Argent qui sera interprété par le sergent d’Arkasse. »

Dis-je en désignant Ezak d’une main avant de pointer mon regard sur Azrael.

« Peut être qu’il sera accompagné de son Second en personne... »

Dis-je de manière énigmatique, sachant que je suis compris par ceux qui sont dans la confidence.

« Le but sera de rejoindre le Roi mais inutile de croire que nous pourrons tous nous y rendre. Vous, vous serez celui qui devra être interrogé, en présence du capitaine. Nous verrons jusqu’où nous pourrons vous accompagner, nous espérons au moins atteindre la tente de l’état major. Vous pourrez voir les détails avec le sergent. Kurgoth lui sera sans doute mener quelque part au sein du camp, escorté là encore par nos propres troupes qui trouveront un endroit pour le libérer de ses chaînes en attendant la prochaine étape.»

Je me tourne vers Daemon.

« Quant à vous nous avons entendu parler de vos talents pour la dissimulation. Vous irez voir Silmeria pour avoir plus de précisions sur le rôle qui vous attends. Tachez d’accorder vos violons. »

Je jette un oeil par dessus mon épaule, l’aversion de la plume pour les elfes noires ne m’a pas échappé. J’espère qu’elle saura mettre cette rage de côté pour pouvoir se coordonner avec le larbin de la liche.

« Une fois que nous serons dispersés il sera temps de créer une diversion, semer le chaos dans le camp afin de désorganiser l’ennemi. Je vous rappelle que j’ai confectionné des bombes incendiaires qui sont à votre disposition. Ce sera le moment pour les proches du roi de frapper. A un détail près mais qui a son importance. Nous ne devrons pas tuer le roi, nous le prendrons en otage pour s’en servir de billet de sortie. Cette honneur reviendra au sergent d’Arkasse. Il est le seul homme qui ne doit pas mourir, pour le reste, vous pourrez vous en donner à cœur joie. »

Concluais-je en observant l’orc avant de faire volte face pour retourner derrière Ezak.

« Merci Sergent. Je vous laisse la suite.»

Lui glissais-je en passant.

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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par TheGentleMad » sam. 20 mars 2021 20:15

-----K-----


À peine le prêtre de Thimoros eut-il le temps d'arracher les dents de ses sacrifices, que la liche vint l'interrompre, lui demandant d'un air ulcéré ce que "tout cela" signifiait. Une fois qu'elle eu fini de s'énerver sous prétexte que, la bataille étant terminée, il fallait à présent tuer ou épargner les prisonniers, mais en aucun cas les torturer, Kurgoth répondit:

"Cela signifie que Thimoros nous aidera dans notre mission. Ils mourront, sois-en certain."

Cela ne sembla pas convaincre le mort-vivant qui se moquait de la bénédiction du dieu sombre, lui préférant son jumeau. N'ayant aucunement l'intention de se priver de vénérer son dieu tutélaire, le barbare répliqua avec véhémence :

"Eh bien moi, je suis prêtre de Thimoros ! La bénédiction de son frère n'est bonne que pour ceux qui comptent mourir."

Celui qui se présentait comme le premier messager de Phaïtos proposa alors un duel, le premier blessant gravement son adversaire pouvant décider du sort des prisonniers. Sûr d'avoir le soutien du dieu pour lequel il avait commencé son sacrifice rituel, le chevalier accepta de bon gré.

"Soit. Que les sombres jumeaux nous dictent leur volonté ainsi."

Le garzok tendit alors la main vers le squelette, l'invitant à la lui serrer pour accepter solennellement les termes convenus pour le duel. Méfiante ou sentant que cela était un piège destiné à terminer le duel avant même qu'il ne commençât, la liche se contenta de reculer d'un pas au côté de son compagnon lupin décharné. Brandissant son arme en direction des deux cadavres, Kurgoth demanda :

"Toi contre moi ou lui contre moi ?"

Son adversaire répliqua que la créature faisant partie de lui et de ses pouvoirs, arguant ainsi qu'il était légitime qu'ils affrontèrent ensemble le garzok qui n'aurait, selon lui, pas renié un tel avantage s'il l'avait possédé lui-même. Le barbare ne répondit pas, préférant confirmer l'intuition de son adversaire en le chargeant. Son attaque ne parvint cependant pas à surprendre la liche qui esquiva le premier coup tandis que son serviteur parvint à enrouler sa chaîne autour du bras du barbare, plantant le crochet au bout de celle-ci profondément dans le muscle du chevalier à travers un défaut de son armure. Dans son élan, kurgoth répliqua en voyant sa kitranche sur le crâne de l'invocation, mais gêné par la chaîne, ne parvint pas à la blesser sérieusement. C'est alors que la liche lança un sort puissant qui traversa les entrailles du garzok. Cela ne l'empêcha pas de terminer son enchaînement brutal durant lequel il ne parvint cependant qu'à briser une côte du mort-vivant. Contraint de s'avouer vaincu, le garzok se laissa tomber au sol, tremblant de frustration, avant de reconnaître sa défaite.

"Apparemment, la bataille navale suffit à contenter la soif de sang de Thimoros pour aujourd'hui. Ils sont à toi."

Le squelette versa avec mépris une potion de soin dans le col de l'armure du barbare pour empêcher sa vicieuse magie de se propager et tuer le garzok. Ce dernier tendit son bras valide et y récupéra une potion de soin qu'il versa sur sa blessure après avoir dégagé le crochet de son bras. Si cela permit d'arrêter le saignement, la douleur resta indemne, mais la douleur, Kurgoth avait appris à l'endurer. Ce qu'il craignait par-dessus tout, c'était de rouvrir ses profondes blessures juste avant d'arriver au port ennemi. Ainsi, il ramassa ses affaires et se traîna vers un coin du pont où il put observer tout ce qui se passait à bord.

Ce qu'il remarqua en premier, ce furent les hommes du sergent surveillant tout un chacun, le garzok blessé y compris. Il vit ensuite l'hïnionne sortir de la cabine du capitaine sans savoir comment elle y était entrée. Il grimaça en suspectant une quelconque forme de magie envers laquelle il portait la même aversion qu'envers toutes les autres. C'est alors qu'il vit la liche venir lui chercher des noises à propos des cris qui résonnaient depuis son navire. Aucun combat n'eut lieu entre ces deux-là cependant, à sa grande déception, et la liche retourna dans la cale après un court jeu entre les protagonistes, chacun cherchant à impressionner l'autre par ses dons mystiques. La nuit qui commençait alors fut des plus calmes et rien ne se passa de notable. Ce n'est que le lendemain que la cloche embarquée sur le navire sonna pour rassembler tout le monde devant la cabine du capitaine. Kurgoth, lui, resta dans son coin, écoutant de loin. Ezak prit la parole, toujours aussi arrogant et insupportable, se mettant étrangement à encenser Rougine que le garzok détesta aussitôt tout autant que le sergent. Le nouvel allié du méprisable se mit alors à exposer un plan qui n'avait presque pas changé par rapport à la proposition de Kurgoth. Ce dernier et la liche qu'il avait affrontée seraient traités comme prisonniers conduits par les deux kendrans vers le roi tandis que le sbire du mort-vivant serait sous les ordres de l'hïnionne, qui avait manifestement participé à la conception du plan. Après avoir répété un plan connu, consistant à s'infiltrer autant que possible avant de semer subitement le chaos et profiter de ce dernier pour atteindre l'état-major, il conclut en ordonnant d’épargner le roi, dont l'exécution serait le privilège d'Ezak, après s'en être servi comme otage pour fuir le campement. Alors que le matelot rendait la parole à l'insupportable militaire, Kurgoth se mit à applaudir bruyamment, mais surtout lentement pour faire comprendre le sarcasme lié à son geste.

"Mes félicitations à vous ! Après vous être enfermés une soirée entière, vous n'avez réussi qu'à nous proposer un plan déjà connu. Tout ce que nous avons appris aujourd'hui, c'est que nous avons sous-estimé l'ego de ce sergent, qui peine à avoir la moindre imagination tactique, malgré son insupportable prétention à commander au point de se réserver l’exécution du roi."

Il se racla alors la gorge pour envoyer par-dessus bord un gros mollard avant de continuer.

"Ne vous en faites pas pour moi, je saurai tenir mon rôle. Après tout, c'est moi qui, le premier, ai proposé ce plan."

HRP: utilise une grande potion de soin pour stabiliser sa blessure au bras.
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Azra
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Azra » lun. 22 mars 2021 17:40

Alors qu'il descendait, il entendit devant la voix d'Eldros, qui discutait avec Daemon. De mauvaise humeur, la liche débarqua à côté d'eux à grand pas alors que le fanatique expliquait sa vision de leurs actions et de ce qu'il devait faire, notamment calmer Kurgoth. Daemon l'écoutait, vautré sur une pile de cadavre.

« Si avec ce que je suis ai mis aujourd'hui, le garzok ne se calme pas, je ne sais pas ce qu'il faut... Mais il y en a d'autres, sur l'autre navire, qui auraient bien besoin d'une leçon... »

Il se tourna vers Eldros :

« D'ailleurs désolé, j'ai bien peur, ce faisant, d'avoir mis un peu de bazar cet après-midi, mais c'était un cas de force majeur. J'espère que ça ne posera pas de problème ultérieurement. »

L'homme ne semblait guère ému, estimant que c'était là chose normale. Azra poursuivit avec humeur :

« Les passagers de l'autre navire ne sont pas en reste, à torturer des prisonniers. Côtoyer autant de barbares abrutis m'agace. Et vous, que faites-vous dans ce qui semble être l'antre de mon compagnon ? Qui s'y est taillé un siège fort confortable à ce que je vois... »

Alors que le semi-elfe approuvait, Eldros s'énervait, demandant pour une raison quelconque s'il n'y avait pas de femme à bord. Daemon, s'agitant comme lorsqu'il prépare un mauvais coup, n'avait rien à lui dire, si ce n'est lui conseiller d'éviter d'écouter aux portes. Azra gratta le sol du pied :

« Ne commencez pas à vous battre, la situation à bord est déjà assez tendu. Eldros, je ne sais pas ce que mijote mon second, et croyez-moi, j'aimerais le savoir, mais je me porte garant de lui. Ses mauvaises farces n'ont jamais causé de tors. « 

Même si à Endor, cela avait bien failli...

« Il y a déjà assez de femmes à bord à mon goût, n'en rajoutons pas... En attendant, Eldros, si vous me parliez du plan dont vous et vos collègue m'avez si gentiment écarté ? »

L'homme précisa que tout serait expliqué le lendemain et qu'ils y auraient un rôle important... à condition que Daemon se révèle meilleur espion que menteur.

« Bon... je n'aime pas l'idée d'être ainsi tenu à l'écart, mais je conçois que de simples mercenaires ne soient pas considérés comme des partenaires de premier choix. Quoiqu'il en soit, j'écouterais avec attention. Vous pouvez compter sur moi, j'ai l'habitude de me débrouiller des situation difficiles. »

Puis, sur un ton plus léger, il ajouta :

« Lors des derniers combats, vous avez fait preuve d'une plus grande maîtrise des arts obscures. Je ne vous ai pas félicité pour cela... Au fond, vous avez peut-être juste besoin de pratique. S'il n'est pas trop tard, je pourrais vous enseigner un ou deux petits trucs... »

Il répondit avoir effectivement du taire quelque chose en lui et qu'il était fort aise d'avoir ainsi réussi à libérer une partie de son pouvoir.

« Vraiment ? Je suis curieux de savoir... qu'avez-vous donc dû faire taire ? »

Il prétendit ne pas être sûr... De cela, le nécromancien en doutait, mais il devinait aussi qu'il n'obtiendrait rien de plus. Réfléchissant à ce qui pourrait l'intéresser, il déclara :

« Vous êtes un peu faible au combat. Mais il est un sortilège qui pourrait vous intéresser. Les âmes ont de multiples utilités, voyez-vous ? En superposant un spectre en souffrance à votre apparence, vous pouvez produire un effet qui ne laissera personne indifférent. Pour cela, il vous faut vous concentrer sur le monde qui vous entour... sans la capacité à voir les âmes c'est un peu compliqué, mais cela peu se faire, car vos fluides sauront les trouver. Ensuite, il s'agit d'infuser les fluides d'ombre dans l'âme pour lui donner un corps légèrement plus matériel... autant que les fluides puissent être matériels, bien sûr... »

Il mimait des gestes en même temps, comme un pêcheur qui attrape un poisson dans ses filets :

« Ensuite, vous amener l'âme à dériver dans votre direction. Attention à ne pas trop forcer, les fluides sont fragiles et l'âme peut facilement s'échapper. Une fois qu'elle est arrivé à vous, superposez son visage au vôtre et ajouter encore un peu plus de fluides pour qu'elle devienne subtilement visible. Ce sortilège s'appelle le faciès d'outre-tombe. Ce n'est que l'une des nombreuses inventions fort élégantes et intelligentes de Lord Yama Zatchlas, en matière d'utilisation des âmes. C'est un sortilège qui ne réclame pas une grande puissance, mais beaucoup de... doigté. Il fera un bon entraînement, y compris pour mieux maîtriser vos autres pouvoirs. »

Puis, il se tourna vers Daemon :

« Et pendant qu'on y est, cette leçon pourrait aussi t'être utile. Pourquoi ne pas apprendre à devenir un véritable nécromancien ? Puisque tu as une pile de cadavre, je te propose un sortilège qui commence de la même manière. Il s'agit de capter des âmes errantes, mais pour les amener à se réincarner. C'est toujours plus facile quand on a des cadavres à porté, mais ce n'est pas obligatoire. Donc, Daemon, tu procède comme avec le faciès d'outre-tombe pour commencer, mais ensuite, tu concentre tes fluides pour appeler l'âme à revenir. Tous les spectres errants ont quelque chose qui les retient en ce monde. Exacerbe cette volonté de subsistance, montre leur qu'ils peuvent encore accomplir quelque chose en ce monde et, peut-être, parviendra-t-il à trouver la force d'assembler un nouveau corps. Si tu ne dirige vers un cadavre existant, même autre que le sien, ce sera d'autant plus facile. Il se relèvera et t'obéira... à condition que tu garde une véritable emprise sur lui en restant concentré pour focaliser ses pensées. C'est l'un des plus anciens sortilèges de la nécromancie, et l'un des plus compliqué, mais tu as déjà quelques bonnes connaissances en magie noire, avec de l’entraînement, je suis sûr que tu y arriveras. »

Il frappa dans ses mains :

« Si vous avez des questions, posez-les. Sinon, essayez. Les pouvoirs de Phaïtos ne se livrent pas aisément à ceux qui veulent se les approprier, mais ils ouvrent de nombreuses portes insoupçonnés à qui en acquière la maîtrise. »

Il comptait s’entraîner, mais s'interrogeait au passage sur la fiabilité qu'ils accordaient aux soldats ressuscités. Azra haussa les épaules :

« Daemon comptait justement s'assurer de leur loyauté. J'imagine qu'il pourra m'en dire plus... Je doute qu'ils soient gagnés à notre cause aussi facilement, mais les mortels ont peur de la mort. Et ils ont vu à quel point le pouvais facilement disposer de leurs âmes. C'est un bon début. Mon compagnon pourra confirmer. Et au pire, s'ils essaient de nous trahir... ils n'auraient même pas le temps de finir ne serais-ce que d'articuler une phrase avant de mourir. »

Comme il affinait ses doutes, le nécromancien précisa :

« L'idée même de la mort, fut-ce pour sauver un roi qu'ils n'ont en vérité jamais vu, leur ôtera toute envie de nous trahir, cependant. En fait seul le capitaine était vraiment dévoué jusqu'à la mort à sa patrie... c'est pour cela que je ne l'ai pas ramené. Mais bien entendu, il faut des preuves plus concrètes pour mettre toutes les chances de notre côté, voilà pourquoi Daemon les a interrogé. Il est doué pour déterminer les pensées des gens... ah et... voilà aussi pourquoi j'aimerais qu'on évite les tortures et autre méfait à bord. Afficher des comportement barbare et hostiles ne vont pas les convaincre qu'ils peuvent se refaire une vie dans le camp d'Omyre... »

Il acquiesça sans en dire plus et se retira. Azra passa la suite à apprendre de Daemon le reste des informations données par les prisonniers, afin de pouvoir en faire le rapport complet. Puis, il passa le reste de la nuit à méditer.

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Daemon
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Re: L'Azurion (Navire d'Event - X3)

Message par Daemon » mar. 23 mars 2021 03:55

De retour sur le pont après leur entrevue, Daemon arrêta Azra pour lui dire le fond de sa pensée. La tournure des événements le préoccupait et, même s'il ne voulait pas s'opposer frontalement au triumvirat, il ne comptait pas rester les bras croisés. S'assurant qu'aucune oreille indiscrète ne puisse entendre, il prit la parole :

« Nous devons mettre les prisonniers sous clef, pour éviter les problèmes. Nous approprier leurs secrets et... »

Une main posée sur son front, il comprit que l'étrange migraine refaisait surface.

« Dans la cale... avec les cadavres entassés. Ils seront indisposés, mais nous n'avons pas vraiment le choix. Nous avons besoin des dépouilles, de leurs uniformes, et si les choses tournent mal nous aurons une armée de réserve. »

La détention ne séduit guère Azraël, qui admit avoir eu du mal à obtenir leur confiance. Ce fut en usant du mensonge et de la manipulation qu'il avait pu les amadouer, en les laissant croire qu'ils pourraient agir dans leur intérêt. Une approche qui n'allait pas faciliter l'interrogatoire auquel Daemon comptait s'adonner... Qu'est ce qu'il lui était passé par la tête ? Il avait décidément parfois du mal à le comprendre, car rien ne garantissait que l'un d'eux mûrisse l'idée d'un dernier coup d'éclat...

« Je n'aime pas vraiment cela. Si d'autres l’apprenaient, les mercenaires verraient ça d'un mauvais œil. La situation est déjà tendue sur le navire. Enfin, je suppose que je n'ai pas le choix. Laisse moi les interroger, un par un, et identifier ceux qui seront dignes de confiance. »

Azra jeta un regard aux kendrans qui attendaient non loin, lorsqu'un cri de douleur accapara son attention. D'autres prisonniers avaient été attaché au mât par Kurgoth, le garzok défiguré, qui entreprit d'arracher leurs dents une à une avec une pince. Intolérant à la barbarie, le nécromancien serra les poings et se dirigea dans sa direction. Daemon voulut le retenir, sans oser pour autant intervenir. C'était peine perdu...
Des mots furent échangés dans un calme apparent, mais la mésentente entre la liche et le garzok devint évidente... Daemon rejoignit les kendrans et leur fit signe de se tenir à l'écart. Une poignée de main fut échangée pendant la conversation, et sans prévenir, Kurgoth déploya son imposante hache de givre. Une véritable avalanche de coups s’abattirent sur le nécromancien, qui recula en conséquence.
Daemon hésita à intervenir, mais le garzok fut retenu par la crochet de rendrak figé dans son bras, et essuya un sortilège d'ombre de plein fouet. L'affrontement aussi bref que violent s'acheva, visiblement les prisonniers ne valaient pas la peine d'aller plus loin.
Tandis qu'il admettait sa défaite, Daemon s'adressa aux prisonniers.

« Descendez dans la cale, il n'y a plus rien à voir. »

Il les accompagna sous le planché, dans un coin de la réserve, non loin des corps de leurs anciens compagnons. L'endroit était sombre, sans ouvertures ni lumière. Trouvant une lampe à huile suspendu à une des poutre du plafond, il sortit son briquet et alluma la mèche.

« Restez ici et faites vous discret. L'équipage n'appréciera pas de vous voir vagabonder, et le garzok que vous avez vu à l’œuvre risque d'être d'une sombre humeur... »

L'inquiétude se lisait dans leurs regards, mais aussi de brèves lueurs de défit, ce qui ne rassura pas Daemon...

Après s'être assuré de leur installation, il rejoignit le pont où il trouva les deux prisonniers attachés au mât exécutés, d'un trait dans la gorge. Le nécromancien s'était battu pour préserver leurs âmes, mais pas leurs vies... Dans un coin et à distance respectueuse, Mikkah avait apparemment assisté à la scène, autant fasciné qu'effrayé. Daemon dégaina alors brutalement son cimeterre et rompit les liens qui retenaient les malheureux. Il ferma les yeux pour éloigner sa migraine et dit à Azra sur un ton réprobateur :

« Tes invités sont dans la réserve, sous nos pieds. »

Il traîna les corps un par un jusque dans la câle et poursuivit son œuvre sur le pont, récoltant des membres disséminés ça et là, et s'amusant de la dernière grimace d'un décapité : un mélange de surprise et d'incrédulité, qui tirait la langue... Son labeur fut alors interrompu par Mikkah, qui vint lui demander ce qu'il faisait.

« J'entrepose les cadavres dans la réserve. Nous avons besoin de leurs uniformes pour notre arrivée au campement et... ils pourraient servir, sait-on jamais. »

Le jeune haffiz ne répondit rien et se contenta de le regarder faire. Après un moment, il se saisit finalement d'un corps pour l'imiter. Ils descendirent tout deux dans la pénombre et entreposèrent les restes de la bataille en un tas qui commençait à devenir imposant. Daemon retira la veste d'un corps flasque et l'examina sous toutes les coutures.

« Prends leurs uniformes et met de côté ceux qui ne sont pas trop tâchés de sang. »

Mikkah acquiesça de la tête et ils dépouillèrent les cadavres en silence, comme on épluche des patates au fond d'un rad miteux. Le haffiz ne semblait pas à son aise et après avoir longuement hésité, il lui demanda s'il savait faire de la magie. Le semi-elfe, qui ne s'attendait pas à cette question, s'esclaffa sans pour autant se détourner de sa besogne.

« Si on peut appeler ça de la magie... Je ne sais pas vraiment. Je connais les arcanes des dieux noirs, oui. Ils m'ont été transmis par ma famille, par mon ordre... »

Mikkah fronça les sourcils à la réponse, qui ne devait pas lui convenir, puis replongea dans son mutisme... Daemon secoua une veste et lui tendit.

« Pourquoi ? Tu veux apprendre la magie ? »

Un haussement d'épaule lui répondit, accompagné par un laconique « Je ne sais pas... ». Les yeux rivés sur ses bottes, il ne semblait pas s'ouvrir davantage, donc Daemon n'insista pas. Pourtant, après quelques minutes dédiées à leur tâche, il reprit la parole pour lui demander si on pouvait faire de la magie spontanément. Le semi-elfe prit cette fois-ci le temps de réfléchir sérieusement.

« Et bien, oui. La magie peut apparaître comme ça, sans qu'on ait rien demandé. C'est un don. Mais elle nécessite aussi d'être travaillée. La maîtrise du fluide intérieur est nécessaire à toute incantation.

Il t'est arrivé quelque chose d'étrange ? »


Une lutte intérieure semblait avoir lieu dans le jeune homme du désert, qui finit par lui avouer avoir vécu quelque chose d'étrange pendant la bataille. Il avait cru voir l'air vibrer autour de lui.

« Si tu penses en être la cause, ça ne coûte rien de s'en assurer. Retrouve l'état d'esprit que tu avais à ce moment, concentre toi et si tu détiens un fluide, il se manifestera. »

Daemon sélectionna des uniformes en bon état et les amassa dans un bac en bois. La volonté de poursuivre la conversation était présente, mais il hésitait à présent, ne sachant quoi dire. La timidité outrancière de Mikkah commençait à le déstabiliser, et après un moment de réflexion, il prit un air moqueur :

« Dis moi, qu'est ce que tu fais ici ? Sans vouloir t'offenser, tu n'as pas l'air d'un guerrier. Tu as même l'air plutôt fragile... »

La pique du semi-elfe ne sembla pas importuner Mikkah, qui, calmement, répondit qu'il était un artiste. Il ne cherchait pas la gloire, mais celle des autres pour chanter leurs victoires ou leurs défaites. S'il devait trouver la notoriété, ce serait par la musique. Dans un premier temps, l'idée de se tenir spectateur parut lâche à Daemon, mais après réflexion, il ne manquait pas d'impétuosité en s'associant à une pareille mission... par simple amour de la musique.

« Tu ne manques pas de courage... N'as-tu pas peur de la mort ? »

Avec un large sourire, probablement de désespoir, il lui répondit que cette idée le terrifiait, mais que ce n'était pas comme s'il pouvait se réfugier quelque part. Ils étaient pour ainsi dire sur le même bateau. La fébrilité du jeune haffiz toucha Daemon, qui voulut faire un pas vers lui, sans oser.

« Tu fais bien de craindre. D'ici quelques jours nous serons probablement tous morts... Mais si cela peut te rassurer, je ferai en sorte que cela n'arrive pas. Je te protégerai. Il serait regrettable que tu rejoignes le royaume des enfers comme musicien inaccompli. »

Mikkah ne répondit rien et se contenta de sourire. Un sourire qui restait sur son visage et qu'il ne savait comment interpréter. Puis, sans un mot, le haffiz abandonna les vêtements récoltés dans le baquet et, prenant son luth au passage, rejoignit la clarté du jour.

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