Le Val d'Abondance

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Sinaëthin
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Sinaëthin » sam. 23 janv. 2021 09:31

Sous mes yeux ébahis se dressait le pirate Sirius, aussi dépenaillé que la dernière fois que je l’avais vu, le cache-oeil de travers et l’haleine chargée, la magicienne Sindel Aenaria, avec sa longue chevelure blanche et une parure élégante qui me rappelait la mienne, un semi-elfe à la peau couleur de cendre, aux cheveux longs et noirs et aux yeux améthyste dont j’avais oublié le nom ainsi qu’un autre homme aux cheveux bruns coupés ras et à la mine renfrognée qui me rappelait pourtant bien quelque chose. Tous étaient comme tout droit sortis de mes récentes réminiscences de la guerre en Aliéanon et pour certains même de mes terrifiants souvenirs de l’île des Treize. Et pourtant, ils étaient bien là. Je ne perdais pas l’esprit. Les années avaient durcit leurs traits, assombrit leurs regards, mais jamais je n’aurais pu oublier les visages de ceux qui s’étaient battus à mes côtés. Et un doute monta en moi, qui ne cesseraient pas de me tarauder de si tôt. J’ignorais tout de ce qui rassemblait à nouveau en ce jour ces mêmes guerriers que pourtant rien ne semblait lier. Rien d’autre que le courage de se salir les mains dans des missions à haut risque dans la lutte contre Oaxaca. Et si c’était là les héros que Yuia m’avait demandé de trouver, de rassembler, et de mener au front ? C’était une pensée bien présomptueuse et pourtant déjà je sentais qu’elle me tarauderait longtemps.

Autre chose toutefois occupait toutes mes pensées à cet instant précis. Si jamais je n’aurais pu oublier les visages de ceux qui s’étaient battus à mes côtés, il en allait de même pour ceux qui s’était un jour trouvé en face sur le champ de bataille. Là, parmis les autres, et comme s’il n’y avait rien de plus naturel, se tenait un immense Humoran borgne à la crinière rousse et dorée, couvert de cicatrices, aussi lourdement armé qu’il était caparaçonné, et qui fit monter le long de mon échine un frisson méfiant. Sirat. Devant Oaxaca en personne il avait prêté son allégeance au chaos, et pourtant m’avait détachée de mes liens. Il m’avait même encouragée à fuir sans me soucier de ceux qui restaient, dont Sirius - qu’il saluait à présent comme un vieil ami. Il m’avait porté secours… Ou avait-il simplement suivi les ordres d’Oaxaca ? Puisqu’elle ne m’avait voulu aucun mal ? Et pourtant… Il me semblait bien l’avoir reconnu à Fan-Ming, dans le flot des guerriers qui s’était lancé à l’assaut des murs de la cité… M’étais-je trompée ? Tout ceci n’avait aucun sens. Et je ne pouvais pour lors que me prêter à mon instinct, qui me dictait qu’il ne semblait pas représenter une menace immédiate, et à l’attitude de tous les autres guerriers et mages autour de nous, qui l’acceptaient manifestement sans broncher dans leurs rangs.

Un gardien kendran s’approcha du groupe et interrompit mes pensées. Reconnaissable à son armure d’apparat rutilante et à son air fier, j’avais reconnu en ce soldat un peu particulier un membre de la garde rapprochée du roi. S’il se trouvait là, j’avais toutes les raison de pensée que le roi lui-même se trouvait dans le campement ou y arriverait prochainement. Arrivée à notre niveau il se contenta de faire un geste de la main pour nous demander de le suivre et nous guida dans une vaste tente somme toute plutôt semblable à ses voisines de l’extérieur. Sans m’être attendue à grand chose, je ne m’étais certainement pas attendue à me retrouver aussitôt face au roi Solennel IV lui-même.

Confortablement installé sur un trône aux dorures plutôt simples derrière un vaste bureau en bois vernis, il posa sur nous un regard préoccupé avec cet air de grand stratège perdu dans ses réflexions. L’azur et le blanc de sa royale tenue, les couleurs de son royaume, lui donnaient un air froid et vaguement décalé dans cette vaste pièce encombrée de monde en armure complète. De part et d’autre de son trône se tenaient son conseiller, un homme plus âgé à la barbe sombre, et une jeune femme qui ne pouvait être autre que sa soeur. Les bavardages avinés n’avaient pas menti sur le jais de ses cheveux ni sur la douceur de son regard bleu. Nul n’aurait pu nier le lien de parenté qui la liait au roi et pourtant la ressemblance se limitait bien à leurs traits. Quoique. Elle ne semblait pas non plus tout ça fait à sa place. Mais qui aurait pu leur reprocher d’être moins à l’aise sur le terrain que dans leur hautes tours derrière leur hautes murailles à des semaines du front… Je me demandai ce qui pouvait justifier leur déplacement.

Autour de nous, d’autres hauts gradés et d’autres soldats avait patienté, attendant que ne débute ce qui semblait être une réunion stratégique. Le gardien désigna pour nous un érudit grisonnant qu’il présenta comme Général Bogast, grand magicien des vents, puis un impressionant soldat armé d’une masse plus impressionante encore, qu’il introduisit comme sieur Andelys. Et c’est cet Andelys qui rompit enfin les discussions basses, les chuchotements et le cliquetis de nos attirails pour entamer la réunion.

« Aventuriers, au nom de sa Majesté le Roi Solennel IV et de l’ensemble des armées kendranes, je vous remercie pour votre venue nombreuse et preste. Tous autant que vous êtes. Comme vous le savez sans doute, une terrible bataille s’augure, entre les forces d’Omyre et nos forces alliées. Nous sommes ici pour répondre à l’appel d’aide d’Oranan, et pour mettre fin à cette guerre contre Omyre par la manière forte. Jamais de telles armées ne se sont rencontrées dans le passé, mais nous avons toutes nos chances de gagner cette bataille. Comme l’adage le dit : « Qui veut la paix prépare la guerre ». Et c’est pour préparer au mieux cet affrontement que vous êtes là aujourd’hui.
Nous avons des informations qu’il nous appartient d’utiliser pour prévenir au mieux des désastres à venir. La force de frappe d’Omyre est immense, mais comme vous le savez sans doute, elle est divisée en individus aussi puissants que cruels : les Treize. Généraux de la Noire Déesse Oaxaca, maudit soit son nom. Et pour réduire leur influence sur la bataille, c’est d’eux dont vous allez vous occuper. »

Je pris une profonde inspiration. C’était aussi évident que pertinent mais aussi très téméraire.

« Votre première tâche sera de vous répartir en trois groupes équitables auprès des personnes que je vous indiquerai. Trois missions différentes, que votre nombre permet de couvrir, qu’il faudra mener dans un même temps, afin que l’ennemi n’apprenne pas nos plans. »

J’aurais souhaité intervenir, prévenir quelqu’un que je n’aurais peut-être même pas dû me trouver là mais il était assurément impensable d’interrompre le conseil de guerre du roi. Je pouvais toujours régler cela plus tard.

« La première équipe rejoindra son éminence le Comte Ybelinor. Ce groupe dit « De la Mer Verte » ira enquêter sur d’étranges rituels observés la nuit dans les grandes plaines d’Ynorie. Nous gageons qu’il s’agit de puissants nécromanciens préparant le terrain pour la bataille à venir. »

À ces mots, le conseiller quitta le côté du roi et alla se poster dans un coin de la tente. Il s’appelait donc Ybelinor.

« Le second groupe accompagnera le Général Bogast pour sa réunion. Il s’agira du groupe « De Vandrak », dont la mission sera de rejoindre le Château éponyme via les mers d’Ynorie, place forte occupée par l’ennemi au Nord d’Oranan, où il est presque certain que Karsinar la bête sauvage et Perailhon le Carapacé ont leurs quartiers. »

Yuki avait donc dit vrai et ignorait seulement que Perailhon avait déjà posé le pied en Ynorie. Je supposai qu’il valait mieux l’affronter sur la terre ferme et que ce n’était peut-être pas plus mal. Comme le comte avant lui, le général alla se poster dans un autre coin de la tente et je compris qu’ils attendaient ainsi que des groupes ne se forment. Allait-ce être aussi simple ? N’aurait-il pas fallu se concerter sur les compétences de chacun et leurs connaissances du territoire ? Ou ces équipes avaient-elle simplement été formées en amont ?

« Le troisième groupe, nommé « De la Roseraie » aura pour mission d’infiltrer une autre forteresse. Le Palais de la Roseraie de Soie. D’après nos informations, c’est là que Khynt le ferrailleur maudit et Crean Lorener, le Premier des Treize, se terrent en attendant la bataille. Ce groupe-là devra venir près de moi. Réservez vos questions pour vos contacts respectifs, et gardez à l’esprit qu’à partir de maintenant, vous êtes dans un secret absolu dont le sort dépendra de vos actes, et scellés par vos vies. S’il se transmet par mégarde, à qui que ce soit, ce sont vos vies qui seront mises en danger. Je vous suggère de ne pas choisir votre destin par hasard : Ce sont là trois missions différentes demandant des qualités et connaissances bien spécifiques. Je vous laisse décider entre vous de vos arguments. Veuillez ne pas traîner, cependant. »

Je jetai un regard confus autour de moi mais déjà tout le monde s’était mis en branle et prenait position. D’un salut militaire, un très jeune homme roux rejoignit Andelys.

« Cherock O'Fall d'Oranan, mandaté par le Conseil d'Ynorie. Général Andelys, permettez-moi de rejoindre l'équipe De la Roseraie sous votre commandement. Crean a déjà été à l'origine de l'attaque de ma cité natale il y a neuf ans de cela et il a terrifié beaucoup des miens... Je compte bien lui rendre la pareille avant qu'il ne recommence. »

Puis ce fut le tour d’une Shaakt, non d’une semi-elfe à la peau noire et aux cheveux longs et blancs, qui se porta à la rencontre d’Ybelinor.

« Conseiller, mon nom est Yliria Varnaan'tha et je souhaite participer à la mission de la Mer Verte. J'ai des griefs personnels contre les nécromanciens, j'ai déjà affronté nombre de leurs sombres créations et je me suis prémunie contre leurs sorts noirs. Je laisse volontiers à d'autres l'honneur d'affronter le chef des treize ou leur amiral, je souhaite simplement empêcher les morts d'être sortis de leur repos. »

Sirius ne manqua pas de filer à la suite, avant de minauder devant le conseiller avec autant de grâce qu’un cubi de mauvaise mélasse. J’avais toujours du mal à définir s’il était perpétuellement ivre ou tellement ravagé par le soleil et le rhum que ces derniers avaient eut un effet indélébile sur ses facultés mentales et son sens des conventions sociales. Dans le fond, il donnait surtout l’impression de feindre toutes ses maladresses pour irriter le plus grand nombre. Savant stratagème ou triste affliction ? Le résultat était le même. Et je me doutais que pour être présent devant le roi en ce jour et choisi pour participer à l’une de ces périlleuses contre-offensives il devait avoir de nombreux talents. Très nombreux.

« Mes hommages, monseigneur. Vous aurez besoin d'un marin expérimenté tel que moi pour vous attaquer au château de Vandrak, n'est-ce pas ? Au fait, moi c'est Heartless, capitaine Heartless, vous avez sans doute entendu parler de moi, c'est un plaisir, que dis-je, un honneur de faire votre illustre connaissance. »

Il avança une main vers le conseiller avec le plus grand des mépris pour le respect qui était dû à un personnage aussi important et pour les informations qui venaient pourtant tout juste d’être partagées avec nous. L’attaque du château de Vandrak était dirigée par le général Bogast, non le conseiller… Il se ravisa aussitôt de lui-même, comme saisi d’une subite révélation, et s’éloigna avec force courbettes et avec un air faussement désolé qui disparut dès qu’il s’approcha de Bogast.

« La mer, c'est mon domaine, l'ancien. Vous pouvez déjà dire à vos hommes que le capitaine Heartless prendra les rênes de cette opération. J'espère que ça convaincra sa Majesté que la Confrérie d'Outremer est digne de confiance et disposée à des entreprises plus... délicates. »

De l’autre côté de la salle, l’homme qu’il m’avait semblé reconnaitre se portait volontaire pour l’attaque du palais de la Roseraie avec le dénommé Cherock et me rappelait enfin son nom. Xël Almaran. Oui. Je me souvenais de ce nom. Et ceci confirmait bien mon souvenir de l’avoir croisé à Fan-Ming. Hormis ceci il ne m’avait toutefois pas laissé un souvenir impérissable. L’autre visage familier et inconnu à la fois, celui du semi-elfe à la peau grise, se présenta comme Sergent D'Esh Elvohk Kiyoheiki, milicien d’Oranan. Ceci expliquait sa présence à Fan-Ming également. Il rejoignit sans tarder la demi-elfe à la peau sombre dans la mission qui enquêterait avec le conseiller sur les rituels menés dans la pleine de la Mer Verte. Une parente peut-être ? C’était une pensée un brin raciste mais lur ressemblance me frappait personnellement. Tout comme devait l’être celle d’Aenaria avec moi sûrement… Un jeune Hiniön blond que je n’avais pas remarqué jusque là se rallia au rouquin et au puissant Andelys dans l’attaque du palais. Et quand on pense au loup… La Sindel ne tarda pas à le suivre.

« Aenaria Imfilem, lieutenant de l'armée Sindel pour vous servir général. Tout comme Faëlis, j'ai eu l'occasion par le passé de m'introduire dans le palais de la Roseraie, je connais donc bien les lieux. »

Deux jeunes hommes rejoignirent à leur tour le conseiller. Il y avait donc quatre volontaires pour le Palais de La Roseraie, quatre volontaires pour les plaines, et… Une Hiniönne à la crinière rousse se porta au niveau de Sirius.

« Je me joins à vous. Je ne suis pas douée en mer, mais j’ai de bonnes aptitudes aux combats. Et puis, il m’est possible de voyager par la voie des airs et ma vision est perçante, ce qui pourrait être un atout pour agir comme éclaireur. »

Elle jeta un regard à Sirat, attendant manifestement sa décision. Une autre Hiniönne… Capable de voler ? Je lui jetai un regard curieux. Oui, nous formerions probablement une bonne équipe. Ou peut-être aurait-il mieux valu répartir intelligemment ce genre de compétence entre les groupes ? Elle ne portait pas d’arc en tout cas, et je remarquai un magnifique sabre ainsi qu’une épée courte à ses côtés. J’étais probablement une meilleure candidate au poste d’éclaireuse. De ce que je savais d’elle pour l’instant en tout cas.

« Là où elle ira, j'irai. » annonça simplement Sirat au mage et en réponse à la demande muette de ma semblable.

Trois pour Vendrak. Trois pour prendre la mer et assaillir le château de Vendrak sous l’égide du général Bogast. Ils étaient onze en tout. J’étais la dernière pièce de cet assemblage trop bien huilé pour sembler naturel. Quelqu’un avait-il prévu ma venue ? J’hésitai puis suivis l’humoran.

« Général Bogast. »

Je le saluai d’une très légère inclinaison du buste et retirai mon heaume. Je n’étais plus milicienne, certainement pas soldate et n’avais jamais digéré la bourde judiciaire dont j’avais fait les frais aussi je me contentai du niveau minimum de protocole requis.

« Je dois ma présence à un coup du sort assez fantasque et si douze volontaires étaient prévus je n’étais certainement pas la douzième… Si quelqu’un vous fait défaut je peux bien le ou la remplacer mais… Ces équipes ont été organisées en fonction des compétences de chacun je suppose ? »

Je jetai un nouveau coup d’oeil à la pièce. Je me retrouvais à nouveau prise dans des rouages dont la logique imparable m’échappait. Non pas que je fusse contre, mes tout ces hasards avaient de quoi me rendre perplexe.
Modifié en dernier par Sinaëthin le jeu. 28 janv. 2021 05:24, modifié 1 fois.
Silma, Héraut de Yuïa, hinïonne aussi connue sous le nom de Sináëthin Al'Enëthan, accompagnée de Nildë, harfang des neiges.

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Cromax
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Cromax » sam. 23 janv. 2021 13:30

La Fin d’une Ere
(Tout le groupe de Kendra Kâr)


La répartition se passa au mieux pour chaque groupe, même si l’un ou l’autre des aventuriers se fit remarquer, arrachant des regards inquiets au Roi ou à sa sœur quant à leur capacité de mener leur mission à bien. Ils étaient bien loin des soldats rompus aux ordres et à l’ordre de manière générale. Les trois responsables des missions accueillirent silencieusement (pour l’instant du moins) les aventuriers dans leur groupe. Lorsque les différentes équipes furent créées officiellement, Solennel se leva de son fastueux siège pour dire un petit mot.

« Aventuriers de toutes contrées, vous êtes réunis ici ce jour pour prouver la multi-culturalité et la force des valeurs de notre bon Royaume Kendran. Restez unis dans vos actes, veillez les uns sur les autres, et gardez en tête vos objectifs : plus vous arriverez à perturber l’ennemi, plus la bataille qui suivra sera gérable par nos troupes. Revenez-nous victorieux, et bien en vie : vos actions ne s’arrêteront pas là, et entreront alors dans la Légende. Pour le Royaume, pour Kendra Kâr ! »

Il fit une sorte de salut militaire, imité aussitôt par les deux généraux et le Conseiller Ybelinor. Puis, sans demander son reste, il quitta la tente en compagnie de sa sœur, la princesse Satina. Les trois groupes quittèrent conjointement la tente à leur tour, et se séparèrent au sein du campement, menés par leur responsable. Le Sieur Anton du Val, lui, reprit sa garde des tentes de l’Etat-Major sans un mot.


[HJ : Suite dans les posts suivant par groupe]

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Re: Le Val d'Abondance

Message par Cromax » sam. 23 janv. 2021 13:52

La Fin d’une Ere
(Mission « Roseraie de Soie (Aenaria, Xël, Faëlis, Cherock)




Une fois sortis de la tente, le Général Andelys mena les aventuriers à travers le camp, commentant brièvement les premiers commentaires qu’il avait récolté. À Cherock, en premier :

« Ne laissez pas la haine de la vengeance vous obscurcir l’esprit, jeune homme. La rancœur est souvent une arme à double tranchant. Puissiez-vous vous en servir avec sagesse. Faites la fierté d’Oranan en agissant avec discernement. »

À Xël, ensuite :

« J’ai appris, soldat, que vous vous étiez conduit en héros à Luminion, allant même jusqu’à provoquer personnellement Crean Lorener. J’entends votre motivation, et l’approuve. Prenez cependant garde à ne pas sous-estimer votre ennemi : Il n’est pas le premier des Treize pour rien. Et sa force n’a d’égal que sa fourberie. »

À Faëlis et Aenaria, après :

« Votre connaissance des lieux sera un atout majeur pour cette mission. Veillez à garder cet avantage à votre profit. Je gage que nos ennemis n’ont pas eu le temps de percer tous les secrets de cette forteresse, pour l’heure. Servez-vous en pour les surprendre, et survivre à cet assaut. »

Ils arrivèrent finalement près des écuries du camp, où paissaient dans de larges prés de nombreuses montures, et autres animaux de l’intendance. Le Général Andel’Ys s’arrêta là et fit face aux quatre aventuriers volontaires pour sa mission. Il s’éclaircit la gorge et prit une longue inspiration pour commencer son explication.

« Bien. Vous l’avez compris, votre objectif sera d’infiltrer le Palais de la Roseraie de Soie, dans le Nord-Est Ynorien, afin de rompre la quiétude de ceux qui s’y terrent. Visez le palais : Crean et Khynt y sont présents, de source sûre, après leur défaite à Luminion. Un vaste campement de guerre entoure la forteresse, grouillant de guerriers de Crean, de créatures de Khynt et de maudits Garzoks. Une approche trop directe serait du suicide. Votre permier objectif sera de rejoindre le Nord de la Forêt de Nostyla, où nos alliés Thorkins ont dressé leur camp. Là, vous rencontrerez leur général ainsi qu’une vieille connaissance à moi. Un ami sûr. Vous discuterez avec eux de vos différentes options. Pour ce faire, le Royaume laisse à votre disposition des montures, si vous n’en possédez pas déjà. »

Il marqua une pause.

« Le départ s’effectuera dans une heure au plus tard. D’ici là, servez-vous des différents points du campement pour préparer votre voyage et votre mission. Je reste à votre disposition si vous avez des questions. »

Et il laissa les aventuriers en quartier-libre pour l’heure…



[HJ : Vous avez une heure libre pour vaquer à vos dernières occupations : ravitaillement en matériels divers (objets RP, potions, équipements de qualité « bonne » maximum sont disponible sur le campement contre vos précieux sous-sous.)
Vous avez le droit de faire des apartés entre vous sur Discord pour les intégrer dans votre post. A deux, trois ou même quatre, si vous le souhaitez. Pareillement, Andelys est disponible pour la discussion si vous restez en sa compagnie, idem en aparté sur Discord.
Terminez votre RP de cette semaine avec le départ à cheval (ou autre) au sein de ce sujet RP. La prochaine màj aura lieu pour vous le Samedi 30/01. Veillez donc à avoir tous RP pour 10h à cette date-là.
Le Samedi sera dorénavant votre jour de màj, d’une semaine à l’autre.]

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Cromax
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Cromax » sam. 23 janv. 2021 14:32

La Fin d’une Ere
(Mission « Mer Verte » (Yliria, Kiyoheiki, Jorus, Tobias))




Le Comte Ybelinor, intime conseiller du Roi, mena ses troupes hors de la tente de commandement. Il ne s’en éloigna guère, scrutant le départ de son fils bâtard avec circonspection avant de s’intéresser aux différents aventuriers s’étant portés volontaires pour sa mission. En commençant par Yliria, à qui il répondit posément.

« Votre inévitable connaissance de ce côté obscur des forces ennemies sera un précieux atout pour votre mission. J’ose espérer que le Ser du Val ne fera pas regretter son choix de vous avoir accueillie. »

Des mots qui détonnaient un peu avec la « multi-culturalité » prônée plus tôt par le roi. Il se désintéressa d’elle pour poursuivre avec Kiyoheïki, d’un regard balayé.

« Le Ser du Val, ou le Conseil d’Oranan. »

Il continua avec la recrue Tobias Arthès.

« Soldat, je vous charge personnellement du bon fonctionnement de votre équipée en vous donnant le grade temporaire de capitaine de troupe. Vous dirigerez vos pairs d’une main de fer, je n’en doute pas. Quant aux relevés topographiques, il faudra vous en passer, je le crains… Hem. »

Il conclut avec Jorus, d’un regard un peu pédant, sans un mot, vérifiant à son tour les hauts de pantalon de l’humain, puisque cela semblait particulièrement l’inquiéter. Il secoua la tête et commença plus avant les explications de votre mission.

« La mission que vous avez choisie est sans doute à la fois la plus complexe et la plus floue. La plus secrète aussi. Je compte sur votre entière discrétion pour n’en parler à personne d’ici votre départ du camp. En vérité, nous ne faisons que suspecter cette présence nécromancienne sur les terres de la Mer Verte. De vagues rumeurs ont fait état de lueurs verdâtres, macabres, aux abords des ruines d’une antique cité elfe, Nayssan, à la frontière entre la Mer Verte et la zone agraire d’Oranan, les Plaines de Kôchii. Une zone bien plus proche de notre actuel campement que les lieux de missions de vos autres camarades. Nous avons dépêché une mission de reconnaissance sur place, mais… voilà tout ce qui en est revenu… »

Il désigna une toile recouvrant une sorte de grand objet oblongue. Deux gardes proche de l’objet étrange tirèrent avec une prudence ostensible et une certaine crainte dans le regard la toile, révélant une cage de fer où un être… pour le moins surprenant et écœurant crissa d’un bruit strident au retour de la lumière du jour. C’était un être difforme, plus vivant que mort, au squelette déformé.


Image


Le Comte fit un geste de la main et les deux soldats recouvrirent la cage. Il commenta sombrement.

« Il ne fait aucun doute qu’il s’agit là du capitaine d’escouade que nous avions envoyé en reconnaissance. Nous n’avons aucune trace des autres membres de son équipe. Il a visiblement été durement mutilé, transformé en cette chose immonde et heureusement inoffensive jusqu’ici. Les procédures normales n’ayant aucunement fonctionné, nous avons fait appel à des… aventuriers, spécialistes du terrain, vous, pour résoudre ce mystère de mauvais augure à la veille d’une bataille de cette importance. Vous avez carte blanche pour cette expédition, mais tâchez de trouver ce qui se trame dans ces ruines maudites, et mettez-y fin. »

Il scruta le quatuor intensément avant de poursuivre :

« Des montures peuvent être mises à votre disposition, et vous pouvez acheter dans le camp du matériel qui vous manquerait. Quant à notre… capitaine, faites-en ce que vous voulez. Tuez-le, étudiez-le, emmenez-le avec vous. En ce qui me concerne, il est déjà mort. Je reste ici dans le cas où vous auriez des questions. Votre départ se fera dans l’heure. »

Il darda du regard Tobias, attendant sans doute qu'il prenne séant les choses en main.


[HJ : Vous avez une heure libre pour vaquer à vos dernières occupations : ravitaillement en matériels divers (objets RP, potions, équipements de qualité « bonne » maximum sont disponible sur le campement contre vos précieux sous-sous.)
Vous avez le droit de faire des apartés entre vous sur Discord pour les intégrer dans votre post. A deux, trois ou même quatre, si vous le souhaitez. Pareillement, le Comte est disponible pour la discussion si vous restez en sa compagnie, idem en aparté sur Discord.
Terminez votre RP de cette semaine avec le départ à cheval (ou autre) au sein de ce sujet RP. La prochaine màj aura lieu pour vous le Dimanche 31/01. Veillez donc à avoir tous RP pour 10h à cette date-là.
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Cromax
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Cromax » sam. 23 janv. 2021 15:21

La Fin d’une Ere
(Mission « Castel Vandrak » (Sibelle, Sirat, Sinaëthin, Sirius))



Avant de sortir de la tente, le Général Bogast laissa traîner un instant son regard vers la recrue Xël, qui partait vers une autre destinée qu’il semblait avoir prévue pour lui. Il souffla, haussa les épaules et mena son quatuor au travers du camp kendran. Ils marchèrent plusieurs minutes, jusqu’à l’arrivée au port temporaire où mouillaient moult navires. Pendant la marche, le vieux mage militaire eut tout le loisir de répondre aux différentes interventions de ses aventuriers, à commencer par le maladroit Sirius.

« L’ancien, l’ancien… J’en connais sans doute plus que vous sur la navigation, jeune garnement. Tâchez déjà de ne pas vous tromper de cap en prenant la mer. J’ai entendu dire que vous étiez arrivé avec un navire… Vous ne voyez aucun inconvénient à ce que soit celui que vous utiliserez pour la mission, n’est-ce pas ? »

Il eut un bref sourire amusé, qu’il dissimula vite en passant à Sibelle et son extension poilue, Sirat.

« Voyager par la voie des airs ? Un rêve pour beaucoup de nous. Je gage que ça saura vous être utile, tant pour la reconnaissance du terrain que pour un débarquement furtif. C’est une bonne chose. Vous volez aussi, vous ? »

Termina-t-il à l’encontre de Sirat, avant de se tourner vers l’elfe blanche représentant Yuïa sur ces vertes terres.

« Soyez honorée de votre présence. Nous n’attendions pas un nombre précis d’aventuriers, aussi vous êtes la bienvenue. Quant à vos choix des différentes missions, j’espère que chacun aura songé à ses propres compétences avant de s’y lancer. »

Il lança à l’elfe un regard de connivence se voulant rassurant, puis poursuivit.

« Je ne connais personnellement aucune des vôtres, aussi aurais-je eu du mal à vous choisir. »

Lorsqu’ils arrivèrent au port, étant partis à cinq mais n’y étant pas trois mille, le mage de la Cour, général à ses heures, se concentra pour expliquer les tours et détours de la mission.

« Bon. Le Castel Vandrak. Il s’agit d’une forteresse au nord de la cité d’Oranan, actuellement entourée par les troupes de siège de Karsinar. Autrement dit, le dernier endroit où vous voudriez être. Et pourtant c’est là qu’on vous envoie, avec un objectif clair : trancher la tête du serpent dirigeant ces bêtes sauvages. Mais pas que : Nous avons reçu un message désespéré de la part du seigneur de ce castel, enfermé chez lui par le Meneur de Bêtes. Il indique la présence de plusieurs des Treize, à la date d’écriture de son message. Dont Perailhon, cité distinctivement. Nous gageons que ce dernier ne sera sans doute plus sur place, dirigeant certainement la flotte d’Omyre pour s’emparer du Port d’Oranan… Mais rien n’indique que vous ne lui ferez pas face. À lui ou à un autre. Aussi vous encouragerai-je à la plus grande prudence, lors de cette mission. Vous serez en territoire ennemi, à lutter contre les entités les plus puissantes de ce monde. Ce n’est guère chose aisée mais… Vous avez votre talent de votre côté, et je sens énormément de potentiel en chacun de vous. »

Il marqua une courte pause avant de poursuivre les consignes.

« Empruntant le navire du Ser Sirius Heartless, vous avez pour mission de contourner la bataille navale sans vous y mêler afin d’atteindre les rivages nords d’Oranan. Là, il vous faudra trouver un moyen de pénétrer le castel, d’éliminer nos ennemis et de libérer notre allié. Et de songer à une voie de retour : vous perdre lors de cette mission serait aussi compromettant que de l’échouer. Ne soyez pas imprudents. Pour ce qui est du départ, je suggère que vous partiez dans l’heure. Rejoignez-moi ici après avoir éventuellement profité de ce court temps de répit pour préparer vos dernières ressources. Je suis disposé à répondre à vos questions… Dans la limite de mes connaissances, bien sûr. »



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Terminez votre RP de cette semaine avec le départ à cheval (ou autre) au sein de ce sujet RP. La prochaine màj aura lieu pour vous le Lundi 01/02. Veillez donc à avoir tous RP pour 10h à cette date-là.
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Aenaria
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Aenaria » sam. 23 janv. 2021 17:13

Les derniers aventuriers prirent position et finalement, les trois groupes furent composés de 4 membres, un équilibre parfait sur le papier mais les compétences étaient-elles de même niveau ? Seul le temps nous permettrait de le savoir. Ce fut le moment que choisit le roi afin d'intervenir pour boucler cette réunion. Il mit en avant le côté multi-culturelle de nos origines, il nous demanda de rester uni, de veiller les uns sur les autres et de poursuivre nos objectifs. Perturber l'ennemi en plusieurs endroits, le ralentir le plus possible, cela permettrait de réduire les troupes sur le champ de bataille. Il termina en nous demandant de revenir en vie, de revenir victorieux, cela nous garantirait notre entrée dans la légende.

Il finit par un salut très militaire, auquel je répondis en me mettant au garde à vous et quitta la tente, suivi de près par sa soeur. Le général fut le premier à partir de la tente, nous le suivîmes à travers le camp. Il s'adressa en particulier à Cherock pendant que je me faisais une réflexion.

(Je ne fais pas ça pour entrer dans l'histoire.)
(Pourquoi alors ?)
(Parce que c'est la chose à faire et que j'ai déjà mis les pieds à Omyre, je ne veux pas ressentir cette terreur de nouveau, je ne veux pas voir Oaxaca faire tomber la cité blanche, je ne veux pas voir le mal entourer de ténèbres ce continent.)
(Voir le bien gagner, peu importe le prix.)
(Je ne mourais pas de nouveau Crystallia, je t'en fais la promesse.)

Je repris le fil de la conversion, Andel'ys s'adressa ensuite à Xël puis à Faëlis et moi avant de finalement s'arrêter pour terminer de donner ses consignes. Nous étions arrivés près des écuries, nous allions donc prendre des montures pour nous rendre au palais de la Roseraie, quoi de plus normal après tout. Le général se racla la gorge afin de nous donner enfin de plus amples informations sur notre mission. De source sûre, Crean et Khynt sont bien présents dans le palais que nous devions infiltrer, un important campement entoure le lieu, grouillant de guerriers de Crean, de créatures de Khynt et de garzoks.

(Et ba, joli comité d'accueil.)
(M'en parle pas, je ne sais pas ce qui est le plus à craindre : les guerriers de Crean ou les créatures modifiés de Khynt...)

Nous ne pouvions attaquer de front car nous risquions de nous faire tuer, cela allait de soi. Andel'ys proposa une autre approche, nous devions rejoindre ses alliés dans le Nord de la forêt de Nostyla, les Thorkins. Nous devions rencontrer leur général et un de ses amis, sur place nous pourrions discuter des différentes options d'approche.

(Pas les nains...)
(Tu m'expliques ?)
(Plus tard.)

Une idée me vint alors à l'esprit concernant le trajet et dont je voulais faire part au général. Il nous laissa une heure pour nous préparer avant de prendre congé. Xël prit les devant en lui posant une simple question

- "Vous savez que si on les tues ils pourront tout de même revenir pas vrai ?"

Le général fronça les sourcil avant de répondre.

- "Pas à temps pour la bataille. Le sort qu'ils ont utilisé et dérobé au Temple de Gaïa de Kendra Kâr pour revenir à la vie est un rituel long et complexe, qui nécessite à la fois la présence d'Oaxaca et des âmes des Treize. Ce n'est pas si... automatique que vous pourriez le croire. Mais vos connaissances sur le sujet sont épatantes.

- Je sais bien mais... Disons que depuis Luminion, je n'ai qu'un but, m'en débarrasser définitivement et je me suis un peu renseigné auprès de personnes plus compétentes que moi dans ce domaine et je me demandais si... ce n'était pas l'occasion de s'en débarrasser pour de bon."

Le mage marqua une pause, ses propos faisaient sens. Les tuer une bonne fois pour toute nous permettrait de régler ce problème une bonne fois pour toute.

- "Nous avons une théorie, c'est que pour qu'une âme des Treize revienne, elle doit séjourner en enfer. Vallel ne peut pas revenir parce qu'il est mort sur Aliaénon, reposant dans des landes innacessibles pour Oaxaca. Enfin c'est la théorie. Mais d'après ce qu'on m'a dit, il existerait une autre façon d'éviter l'enfer. En scellant l'âme par exemple ou en la purifiant. Vous n'avez personne dans l'armée capable de faire ça ?"

De nouveau, Aliaénon revint dans la conversation. Cet autre monde avait vu la défaite et même la mort de l'un des Treize, un sacré exploit pour ces héros qui partageaient la mission pour le palais de la Roseraie. A ces mots, le général leva un sourcil, perplexe.

- "J'avoue ne rien savoir de si précis à ce sujet. Sceller des âmes... Cela ressemblerait presque à de la nécromancie. Je doute que quiconque sur ce campement en soit capable."

Xël se gratta un sourcil, semblant gêné par cette réponse ou bien par ce qu'il allait dire.

- "Je vois... Est-ce que vous pensez que ce serait une bonne chose de faire venir des gens qui en sont capables ? Ramener le corps de Crean ou de Khynt ici c'est dans mes cordes mais je suis incapable de pratiquer le rituel."

Le visage du général changea d'expression, la demande de Xël semblait le déranger.

- "Ramener leurs corps ? Je... je ne sais s'il s'agit d'une excellente idée ou d'un risque énorme. Et comme je vous le disais, je doute que quiconque puisse réaliser un tel rituel ici. Peut-être au Temple de Gaïa de la Kendra Kâr, après tout cela..."

La magie n'était clairement pas son domaine, c'était évident. Xël s'excusa, visiblement embarrassé. Cherock proposa l'aide du général Bogast dans ce domaine mais Xël reprit en mentionnant une personne qui lui avait assuré son secours dans ce domaine et sa présence dans le camp. Notre général haussa les épaules et proposa d'enquêter sur cette piste durant notre absence.

Nous n'avions pas encore mis les pieds en dehors du camp que déjà le général devait se renseigner. Cherock et Xël semblaient bien connaître nos adversaires. Je ne les connaissais qu'à travers les livres, des connaissances très utiles. Me portant alors aux côtés du général Andel'ys, je me postai à l'écart des oreilles des membres de mon groupe avant de lui parler.

- "Général Andel'ys, puis-je vous importuner ? J'ai des informations qui pourraient s'avérer utiles pour nous rendre sur place mais je préfère vous en parler d'abord avant d'en parler au reste de notre groupe."

L'énorme masse de métal se tourna vers toi et me répondit.

- "Je vous écoute."

- "J'ai par le passé eut l'occasion de prendre d'assaut de manière furtive le palais de la roseraie. Pour nous y rendre, le groupe dans lequel j'étais à pris une route qui n'est présente sur aucune carte topographique de la zone. Pensez-vous que cela serait intéressant pour garantir notre sécurité de prendre ce chemin ?"

Il leva un sourcil, surpris.

- "Un passage dérobé, vous voulez dire ? Cela sera très certainement d'une grande utilité. Je savais que votre expérience du terrain serait bienvenue. Gardez cette information en tête, elle pourra être cruciale. Vous pourrez l'aborder avec mon contact sur place, pour vous organiser au mieux."

- "Bien général, merci pour votre écoute."

Je fis un signe de tête très respectueux envers le général et rejoignis le reste de l'équipe.

- "Veuillez m'excusez messieurs, je voulais m'entretenir d'une information avec le général. Je pourrais vous en parler une fois que nous serons au campement des Thorkins. En attendant, je vais aller faire quelques petits achats de dernière minute."

Tournant la tête vers les écuries, j'y distinguai un renne, une monture bien inhabituelle, des palefreniers qui s'affairaient autour de tous ces animaux, leur prodiguer des soins et leur donner de quoi manger et boire.

(Les Thorkins ?)
(Nous avons eu l'occasion de nous rendre à Mertar avec les meilleures de ma promo et disons que l'un d'eux a eu la main baladeuse, ce qui a fortement déplu à Ehemdim qui a eu un coup plus haut que l'autre créant presque un incident diplomatique...)
(Donc pas un bon souvenir de ton passage sur place.)
(Se faire peloter les fesses, j'ai vu mieux. Ma main est partie à une vitesse impressionnante dans le visage du malotru.)
(Elle devait être à la bonne hauteur en plus ta main !)
(Et oui !)

Riant intérieurement, je profitai de ma taille pour scruter les toits des différentes tentes et y discerner la cheminée d'une forge, laissant penser que les autres boutiques étaient au même endroit. Par chance, elle se trouvait non loin de notre position, je n'avais pas beaucoup de route à faire et donc aucune chance de me perdre. Avant même de pouvoir partir, je fus rapidement rejointe par Faëlis qui me s'enquit des informations que je possédais concernant les habitants du Palais de la Roserai de Soie. Ami ou ennemi ? Faisait-il parler des Amants de la Rose Sombre ? Que pouvais-je vraiment dire sans déshonorer la promesse faite à Cromax lorsque je l'avais quitté ? Mieux valait faire preuve de prudence en répondant de manière élusive.

- "Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'ai investi les lieux il y a de nombreuses lunes afin d'y débusquer un ennemi au chef d'un groupe dont je faisais partie à l'époque. Je ne sais si je peux vous en dire plus."

L'hinion fut surpris et me parla d'un original à corne dont je n'avais pas connaissance puis il enchaîna en parlant d'un sindel qui était à la tête de la guilde, il connaissait donc Cromax. Regardant autour de moi, je surveillai les personnes présentes du coin de l'oeil avant de prendre Faëlis par le bras pour l'emmener dans un coin plus tranquille entre deux tentes.

- "Je parle bien du sindel, très charismatique, très beau mais ne connaissant pas les codes de la société sindel."

Je pris un temps afin qu'il se rappelle de Cromax sans pour autant citer son nom.

- "Je pense que vous avez du vous rendre au palais après moi car je l'ai quitté au moment de l'apparition de Brytha sur Yuimen. J'ai depuis quitté ce groupe et je suis vouée au secret. Je suppose donc, sans les nommer, que vous en faîtes parti ?"

Faëlis afficha un air à la fois sombré et soulagé pour répondre à mes propos. De nombreuses informations sortirent dans la discussion, écoutant Faëlis avec attention, j'affichai une mine de plus en plus grave au fur et à mesure qu'il me parlait. Certains propos de l'elfe retinrent mon attention et aussitôt mon sens de la tactique prit le dessus.

- "Une embuscade... Le palais a du sûbir des dégâts qui n'ont probablement pas eu le temps d'être réparé, cela peut s'avérer utile si nous en sommes en capacité de les repérer..."

Puis revenant sur les Amants, je m'enquis un peu plus de la situation.

- "Notre ami s'est retiré sur une île lointaine ? Ce groupe a donc disparu ? Le Temple n'accueille plus personne ?"

Faëlis me répondit qu'il n'avait plus de contact avec la guilde, qu'il n'avait pas pu terminer son intégration, que les lieux avaient été désertés depuis lors et que Cromax s'était retiré de la circulation depuis de tragiques évènements.

- "Je suis bien attristée de l'apprendre. Vous êtes donc libre de toute attache si je comprends bien ?"

- "Si vous parlez de la guilde, oui. Si vous parlez d'autre chose... plus ou moins, mais oui ! Allons, ne faites pas trop grise mine. Les choses sont allées ainsi, et il semble que c'était pour le mieux. Les ténèbres qui se cachaient au sein de l'ordre étaient trop sombres... Espérons qu'après notre bataille, le palais de la roseraie de soie aura enfin une chance d'avoir des occupants dignes de son nom poétique."

Je ne pus m'empêcher de sourire aux propos de Faëlis. Je lui présentai ma bague de fiançailles et me mis machinalement à triturer mon anneau de l'équilibre.

- "Oui je parlais de la guilde évidemment. Je ne peux qu'approuver vos propos concernant ce lieu, le palais mérite des occupants dignes du nom qu'il porte. Maintenant si vous me le permettez, j'aimerais faire quelques petits achats supplémentaires pour notre périple. Nous ne savons pas trop combien de temps nous serons en dehors du camp, j'aimerais être préparé le mieux possible. Souhaitez-vous m'accompagner ?"

Il accepta ma proposition et nous partîmes rapidement dans la bonne direction. En peu de temps, nous arrivâmes en vue de ce qui ressemblait à un petit marché propre au camp. L'achalandage était important, on y trouvait vraiment de tout, c'était parfait. Comme dit par Faëlis, nous allions bivouaquer, il fallait donc de quoi se reposer et se protéger au besoin du mauvais temps. Il fallait également penser à du matériel d'exploration, nous ne savions pas vraiment si les thorkins pourraient nous en fournir, je préférais être prévoyante dans mes achats.

Approchant d'une tente qui disposait de tout, je hélai l'enseigne présente derrière le comptoir tout en lui souriant, un peu de douceur ne faisait pas de mal dans ces temps de malheurs.

- "Bien le bonjour jeune homme, j'aimerais faire quelques achats avant de partir en mission. Et j'aurais une question pour toi : saurais-tu où je peux récupérer une carte de Nirtim qui soit à jour ? Pas avec l'occupation des différents camps, mais avec tous les lieux notables, une carte avant le déclenchement de la guerre."

(((Achat de :
- Longue-vue : 350 yus
- Matériel d'escalade (pics + clous + corde) : 60 yus
- Matériel de crochetage (crochets, chance de se briser sur une serrure complexe) : 75 yus
- Flasque : 15 yus.
- Tente-soldat (une place) : 25 yus
- Couverture : 5 yus
- Étui à cartes/parchemins (5 emplacements) : 25 yus
TOTAL = 555 yus)))
Modifié en dernier par Aenaria le lun. 25 janv. 2021 17:43, modifié 2 fois.

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Faëlis
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Faëlis » dim. 24 janv. 2021 14:01

Une fois avec leur chef, le général Andel'ys, ils purent écouter le briefing, qui se révéla simple mais intéressant : Suite à la bataille remportée par l'armée à laquelle appartenait Xël, les forces d'Omyre du col de Luminion s'étaient repliée vers l'ancien palais des Amants. Le campement de leur armée s'était établis devant les portes, mais l'objectif était bien de trouver un moyen de rentrer pour éliminer les deux généraux. À l'occasion, Faëlis appris que Xël avait fait face à Crean, le premier des Treize, en personne ! Décidément, ce type était épatant !

Ils allaient devoir rejoindre des alliés Thorkyn qui attendaient au nord. Les nains, après la bataille de Luminion, se préparaient aussi à l'ultime affrontement ! Faëlis ne connaissait pas le peuple des montagnes, mais ils avaient la réputation d'être de farouches guerriers. Leur aide serait précieuse...

Xël fit remarquer cependant que les treize étaient quasiment immortels. Leur élimination ne serai que temporaire... à moins qu'on puisse ramener leurs cadavres pour tenter de les emprisonner. Le général était dubitatif, ne sachant rien des gens qui pourraient accomplir une telle chose.

« L'idée vaut quand même le coup d'être tenté... » estima l'hinïon.

Aenaria, de son côté rappela qu'elle connaissait le palais où ils allaient, et insista pour en discuter à l'écart avec le général. Cela instilla un doute dans l'esprit du jeune homme. Si elle connaissait le palais, c'est qu'elle devait avoir appartenu aux Amants de la Rose Sombre... ce qui n'était pas forcément une bonne nouvelle. Lorsqu'elle revint, il se glissa près d'elle et demanda innocemment :

« Vous dites connaître les lieux... mais que savez-vous des gens qui y ont résidé avant que ne viennent les forces d'Omyre ? »

Elle affirma y avoir déjà affronté des individus sinistre il y a de cela bien des lunes. Décidément, cet ordre était donc coutumier des luttes internes ! Mais il devait être sûr du camp das lequel elle se trouvait...

« Il y a si longtemps ? Mais qu'avez-vous fait depuis ? Un chef... j'en ai croisé quelques-uns... un original avec une corne sur la tête par exemple ! Quels gens étranges ! Était-ce celui-là ? A moins... qu'il ne s'agisse d'un sindel comme vous ? Excusez-moi, cette brève histoire est un peu embrouillée dans mon esprit ! Je suis fait pour les galanteries, et non pour la politique ! »

Apparemment, elle crut à ce pieux mensonge et lui expliqua avoir été au service d'un sindel, et sa description correspondait parfaitement à Cromax. Voilà au moins qui était rassurant... Elle affirma avoir quitté le groupe depuis longtemps, tout en restant vouée au silence, mais s'interrogeait sur le fait qu'il puisse encore en faire partie.

« Oui et non. Ce groupe n'existe plus au sens propre, tout au plus ses reliques. J'étais au service du même homme que vous... Il me ramenait à l'organisation après un long voyage sur un monde étranger pour que je sois des leurs... mais les choses avaient bien changé. Ce n'est pas pour rien que les forces d'Oaxaca ont pu s'emparer du palais. Après l'embuscade que nous y avons subis, il ne restait plus guère de gardes. Et il en est allé de même à Kendra Kâr. L'ordre n'existe plus, si ce n'est à travers notre... ami commun. Et encore, il s'est retiré sur une île lointaine. Disons... que mon intégration n'est donc jamais arrivée à son terme. »

Il ajouta à cela qu'avec la mort de la Rose sombre, de son sbire cornu et le retrait de la plupart des autres chefs, il ne restait finalement pas grand-chose de la guilde.

« Je suis bien attristée de l'apprendre. Vous êtes donc libre de toute attache si je comprends bien ? »

Sentant effectivement une pointe de tristesse, il prit le parti de l'humour :

« Si vous parlez de la guilde, oui. Si vous parlez d'autre chose... plus ou moins, mais oui ! »

Il éclata de rire :

« Allons, ne faites pas trop grise mine. Les choses sont allées ainsi, et il semble que c'était pour le mieux. Les ténèbres qui se cachaient au sein de l'ordre étaient trop sombres... Espérons qu'après notre bataille, le palais de la roseraie de soie aura enfin une chance d'avoir des occupants dignes de son nom poétique. »

Elle lui montra avec le sourire une bague de fiançailles, sans qu'il voit trop le rapport avec ce qu'il avait pu dire. Puis, ils décidèrent d'aller ensemble faire quelques achats. Il partit donc au camp pour acheter une tente à deux places, mais aussi du papier et du matériel d'écriture. Ainsi, il pourrait facilement envoyer des messages aux officiers pour tenir compte de l'avancement de la mission.

(((Achat d'une tente, corde et grappin, de papier, d'une plume et d'encre)))

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Akihito
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Akihito » dim. 24 janv. 2021 22:46

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

3 : Equipe de la Roseraie de Soie.

Le Général hocha la tête à l'encontre du jeune homme, avant de reporter l'attention sur les autres aventuriers présents qui ne se firent pas attendre avant de se signaler. Son équipe se composa de trois autres membres : Xël Almaran, le mage cuirassé qui l'avait accueillit avec Ser Anton. Dans un murmure, sa Faëra l'informa qu'il était un aéromancien de tout premier ordre. Couplé à son attitude avenante et malgré une maladresse de sa part, l'enchanteur ne se fit aucun souci sur sa capacité à bien s'entendre avec lui. Ils furent rejoint par l'Hinïon dont il ignorait le nom jusque là, un certain Faëlis, puis par Aenaria, la Sindelle. Tout deux avancèrent qu'ils étaient familiers avec les lieux de leur assaut, ce qui ne manquerait pas d'être un avantage tactique indéniable. A eux quatre, leur escouade était complète. Et aucun d'eux n'était un semi-shaakt.

(Eh bien... Je vais devoir laisser Yliria aux bons soins du Dragon d'Or.)

Ces deux-là avaient choisis la même mission, celle de la Mer Verte. Yliria avait notamment eu l'air particulièrement vindicative en abordant le sujet des Nécromanciens : elle avait de vieux comptes à régler avec eux... Il espérait néanmoins qu'elle ne se mettrait pas en danger inutilement poussée par la vengeance... Une réflexion qu'on lui renvoya peu après. En effet, les équipes se composèrent avec une efficacité redoutable et le roi Solennel IV prit la parole.

« Aventuriers de toutes contrées, vous êtes réunis ici ce jour pour prouver la multi-culturalité et la force des valeurs de notre bon Royaume Kendran. Restez unis dans vos actes, veillez les uns sur les autres, et gardez en tête vos objectifs : plus vous arriverez à perturber l’ennemi, plus la bataille qui suivra sera gérable par nos troupes. Revenez-nous victorieux, et bien en vie : vos actions ne s’arrêteront pas là, et entreront alors dans la Légende. Pour le Royaume, pour Kendra Kâr ! »

Un discours des plus engagés, qui eu le mérite de galvaniser les troupes. Ca et là, il voyait les poitrines se gonfler de fierté ou d'une froide détermination. Les têtes couronnées quittèrent la tente et le Général Andelys emmena le groupe d’Akihito lui aussi à l'extérieur, avant que ce dernier ne s'adresse à lui.

« Ne laissez pas la haine de la vengeance vous obscurcir l’esprit, jeune homme. La rancœur est souvent une arme à double tranchant. Puissiez-vous vous en servir avec sagesse. Faites la fierté d’Oranan en agissant avec discernement.

- Rassurez-vous général. Le combat mené par une colère aveugle ne fait pas partie de mes plans, je préfère utiliser cette même colère comme un combustible à une détermination prudente mais affirmée. »

Le général hocha la tête, avant de s'adresser à Xël, qui marchait au même niveau que lui.

« J’ai appris, soldat, que vous vous étiez conduit en héros à Luminion, allant même jusqu’à provoquer personnellement Crean Lorener. J’entends votre motivation, et l’approuve. Prenez cependant garde à ne pas sous-estimer votre ennemi : Il n’est pas le premier des Treize pour rien. Et sa force n’a d’égal que sa fourberie. »

Une affirmation qui impressionna Akihito, d'autant que le principal concerné la confirma. Ainsi donc il avait d'or et déjà affronté le Premier des Treize et était encore en vie ? La réputation de Crean ne laissait que peu de place à des survivants. Alors avoir l'un d'eux était une information précieuse. Leurs pas les emmenèrent aux écuries, où le général posa sa lourde masse au sol comme si elle n'était pas plus lourde qu'une bêche et leur expliqua la suite des opérations.

« Bien. Vous l’avez compris, votre objectif sera d’infiltrer le Palais de la Roseraie de Soie, dans le Nord-Est Ynorien, afin de rompre la quiétude de ceux qui s’y terrent. Visez le palais : Crean et Khynt y sont présents, de source sûre, après leur défaite à Luminion. Un vaste campement de guerre entoure la forteresse, grouillant de guerriers de Crean, de créatures de Khynt et de maudits Garzoks. Une approche trop directe serait du suicide. Votre permier objectif sera de rejoindre le Nord de la Forêt de Nostyla, où nos alliés Thorkins ont dressé leur camp. Là, vous rencontrerez leur général ainsi qu’une vieille connaissance à moi. Un ami sûr. Vous discuterez avec eux de vos différentes options. Pour ce faire, le Royaume laisse à votre disposition des montures, si vous n’en possédez pas déjà. »

L'enchanteur écouta le vieux Kendran expliquer les différentes informations qu'ils avaient collectées, sans doute au prix de nombreux espions et éclaireurs. Lui de son côté, commençait à compiler ces miettes, ces indices, dans le but de mettre en place l'ébauche d'une stratégie. Il interrompit bien rapidement ses pensées quand le mage de vent prit la parole pour lancer une conversation aussi passionnante... Que terrifiante.

« Vous savez que si on les tues ils pourront tout de même revenir pas vrai ? »

Abasourdi, il écouta le général et le soldat échanger sur l'immortalité des Treize. Akihito croyait jusqu'alors que leur supposée immortalité venait avant tout de leurs puissance et de leurs prouesses guerrières si impressionnantes qu'ils en devenaient virtuellement immortels. Malheureusement, c'était une magie bien plus pernicieuse, un cycle de réincarnation éternelle mené par la déesse Noire en personne. Une réincarnation bien trop exigeante et longue pour que si l'une des missions parvenaient à abattre l'un des Treize, ils ne pourraient retrouver leur corps avant la fin de la bataille. Une solution temporaire... Xël évoqua la possibilité de sceller des âmes à l'aide de la magie fluidique, ce qui n'eut pas l'air de plaire au général.

« J'avoue ne rien savoir de si précis à ce sujet. Sceller des âmes... Cela ressemblerait presque à de la nécromancie. Je doute que quiconque sur ce campement en soit capable.

- Je vois... Est-ce que vous pensez que ce serait une bonne chose de faire venir des gens qui en sont capables ? Ramener le corps de Crean ou de Khynt ici c'est dans mes cordes mais je suis incapable de pratiquer le rituel.

- Peut être le général Bogast ou un autre mage serait un peu plus versé dans ce domaine ? intervint l'Ynorien, voyant que le guerrier n'avait pas l'air très à l'aise avec les arcanes magiques.

- Si c'est le cas il n'en a jamais parlé. Je crois vraiment que ça relève davantage du domaine de la prêtrise que de la magie de guerre. Je tâcherai d'enquêter sur cette piste en votre absence. »

Le général leur laissa une heure, une heure pour se préparer et faire les derniers ajustements nécessaires. Akihito ne pensait pas avoir besoin de quoi que ce soit : ses provisions, ses affaires, tout avait été préparé en vu d'un combat brutal. Il n'avait besoin de rien. Puis... Il vit passer une troupe de soldats, près des écuries. Tous étaient armés d'un pavois, ces larges boucliers offrant une protection plus qu'efficace. Une protection qu'il avait toujours délaissé, bien que son père ai tenu à le former à son usage en bon fils d'humain de Wiehl. Pour preuve, le dernier combat qu'il avait mené contre lui, juste avant son départ pour Mertar, il s'était battu avec. Cela remontait à si longtemps...

(Et pourquoi le pas en prendre un ?)

(Parce qu'un katan Ynorien ne s'utilise pas avec un bouclier ? Et que mon marteau se manie avec mes deux mains ?)

(Et tu n'as jamais entendu parler de la technique des Phalanges ? Compenser une arme lourde à deux mains par un imposant bouclier pour contrebalancer le poids ?)

(Ca me dit vaguement quelque chose. Mais pourquoi m'en parler maintenant ?) questionna le fulguromancien, voyant mal où sa compagne de voyage de toujours voulait en venir.

(Et tu penses pas qu'en affrontant des adversaires comme les Treize, un peu plus de protection serait la bienvenue ?)

Une remarque qui faisait sens. Mais il n'avait jamais manier de grand bouclier... Et si le principe restait sensiblement le même, leur maniement était différent. Pour continuer de convaincre son Maître, la Faëra enfonça le clou en appuyant sur une corde sensible.

(Et le bouclier, n'est-il pas l'apanage de Valyus le Protecteur ?)

Un nouvel argument massue, qui séduisait de plus en plus le jeune homme. Lui qui voulait protéger, il pourrait le faire encore plus efficacement à l'aide d'un bouclier. Et si il lui permettait de se servir au passage de son Marteau de Valyus pour canaliser sa magie... Il pourrait faire d'une pierre deux coups.

(Et je voyage assez léger... Je peux me permettre de prendre ce bouclier, je pense.)

Il n'avait rien à perdre, aussi demanda-t-il au Général où il pourrait trouver une forge ou un arsenal susceptible de lui fournir pareil équipement. Une forge lui fût rapidement pointée du doigt, qu'il rejoignit en s'enfonçant de quelques dizaines de mètres sur les bords du camp.

Là, une imposante tente brune était dressée, garnie de râteliers d'armes et de caisses débordant de tout les côtés de pièces d'armures et d'ustensiles de mort en tout genre. A vrai dire, outre la tente qui se détachait facilement au-dessus de toutes les autres, il aurait été difficile de passer à côté la forge de campagne. Le fracas de l'acier surpassait aisément le bruit du campement, et ça n'allait pas en s'arrangeant à mesure qu'il se rapprochait de la forge. Une rapide attente plus tard, Akihito tenta de hurler par dessus le martèlement incessant des enclumes, et compris pourquoi tout ses prédécesseurs s'étaient présentés avec un bout de parchemin griffonné pour récupérer armes et armures. A grand renfort de gestes et de signes de la main, l'Ynorien parvint à acquérir un large égide frappé des armoiries kendran. Une épaisse couche de bois rivetée et cerclée d'acier, une sangle de cuir et une poignée à l'intérieur, pour un peu plus d'un mètre vingt de protection. Simple efficace, et d'une qualité somme toute correcte, surtout avec ce qui était possible sur une forge de campagne. Une poignée de yus d'argent échangé plus tard et il était déjà sur le chemin du retour.

Ses compagnons étaient également parti prendre faire quelques emplettes, sans doute peu de temps après son propre départ. Le Général le jugea d'un rapide regard avant d'hocher la tête... Satisfait ? Il l'espérait. Apercevant dans l'étable qu'un palefrenier avait amené Brume, le jeune homme sourit et déposa une partie de son paquetage à côté du poteau auquel la renne était attaché. Réclamant par un bramement sourd quelque attention, il flatta son encolure un instant avant de se tourner vers le Général, soudain pris d'une idée.

« Comme vous pouvez le voir Général Andelys, j'ai ma propre monture, alors l'armée kendrane n'aura pas à m'en fournir une... En revanche, qu'en est-il des provisions ou d'un nécessaire de camp ? Serait-il possible que vous nous fournissiez de quoi faire ce voyage, moyennant finance si besoin ? Je peux m'en passer, mais un voyage dans des conditions optimales serait un plus pour que nous soyons frais et dispo une fois au Palais de la Roseraie.

- Curieuse monture, je n'en ai jamais vu de telle, reconnu le militaire dans un sourire, paraissant d'emblée plus amical. Pour le matériel, vous pouvez voir ça à l'une des intendances du camp. C'est du matériel de l'armée, mais ils voudront bien s'en séparer contre quelques yus. Après, je peux vous avoir de quoi monter un camp, en prêt. Ça devrait être dans mes cordes.

- Il serait plus simple de vous emprunter le matériel qu'il nous manque, dans ce cas, que ce soit pour les vivres et le couchage. Ah, et autre chose : est-ce que vous auriez une carte à nous fournir ? j'ai une vague connaissance de l'emplacement du palais, mais une carte serait plus aisé pour rejoindre le plus rapidement la base d'opération des thorkines. Et éviter les campement garzoks, au passage, si vous avez des informations sur leurs emplacements.

- Bien, je me chargerai de vous fournir ça. Quant à la carte, vous la trouverez sans doute à l'intendance aussi. Mais elles ne sont pas très précises, et surtout pas annotées des présences ennemies. Suivez mes instructions, vous ne devriez pas rencontrer d'ennemis sur la route. Sauf si nos éclaireurs sont des incapables bien sûr ! »

Le militaire ne se départit pas de son sourire en répondant à ses questions, riant légèrement de temps en temps. Il avait l'air très sûr de lui, ou d'eux, pour paraître si détendu. Quel que soit la raison de cette tranquillité apparente, Akihito le remercia et s'éloigna un instant. Rien ne servait d'aller à l'intendance tout de suite, il fallait qu'il consulte ses niveaux compagnons pour savoir ce qui leur manquerait. Peut-être allait-il avoir des idées ou des recommandations auxquelles il n'avait pas pensé lui même.

Puis, sortie de nulle part, Yliria vint le voir, lui demandant d'une petite voix s'ils pouvaient échanger un mot ou deux. Ce qu'il accepta volontiers et la suivit un peu à l'écart, toujours en ligne de vue des écuries pour guetter l'arrivée du reste de l'équipe.

« Je venais juste te dire au revoir. Je pensais pas qu'on se séparerait dans ce genre de situation.

- Moi non plus. Mais si ça nous permets de rester en vie... Mieux vaut aller vers ce qu'on sait faire de mieux. »

il se pencha vers elle, cherchant à se mettre à son niveau.

« Ca va aller pour toi ?

- J'en sais trop rien, trop d'inconnus, mais j'en ai vu d'autres alors ça devrait aller. Le comte est un idiot, pour parler poliment, mais on va s'en tirer. »

Elle n'avait pas vraiment l'air d'apprécier le comte. Et vu l'air sévère du bonhomme... La "multiculturalité" prônée par le roi ne devait pas être à son goût. Puis elle mentionna que ses risques inconsidérés n'allaient pas plaire à Anthelia, ce qui le fit sourire.

« Raison de plus pour revenir pour qu'elle me passe un savon. Et j'ai toujours un moyen de me replier en cas d'extrême urgence... D'ailleurs, en parlant de ça... »

Akihito posa une main sur sa tête, caressant affectueusement sa tête avant de sentir son serre tête sous sa main. La marque qu'il avait posé sur sa mère... ce lien qui lui permettait de la rejoindre en un claquement de doigt. Il l'avait posé sur sa main, comme un tatouage. Mais il pouvait sans aucun doute la poser sur un objet : et ce serré tête, Akihito était sûr qu'Yliria ne le quitterait jamais. Une petite décharge se propagea dans le bijou. Confirmant qu'il sentait bien le mince lien entre lui et la jeune fille .

« Voilà. Sur ton serre tête, J ai mis un petit cadeau de ma part. Si jamais tu es dans une situation désespérée, sans espoir... Demande à Alyah de me trouver. Si je le peux, je viendrai te rejoindre en renfort, toi et ton équipe. Mais je ne peux rien te garantir... »

elle n'avait pas l'air d'avoir réellement entendu ce qu'il avait dit. Elle se contenta d'hocher distraitement de la tête avant d'avoir un geste des plus surprenants. Alors qu'il se relevait, elle empêcha ce mouvement en passant les bras derrière son cou pour se serrer contre lui. D'abord interdit, un sourire attendri fini par se dessiner sur son visage alors qu'il tapotait affectueusement son dos.

(Je compte plus pour elle que je ne l'imaginais,) pensa Akihito alors que la jeune fille lui intimait une nouvelle fois, la tête de son épaule, de ne pas mourir.

(Et tu trouve toujours rien de suspect dans son comportement ?)

(Amy, pour la centième fois, arrête de voir des choses là où il n'y en a pas. J'ai Anthelia, et elle le sait. Je suis juste... Une sorte de grand frère pour elle, ou quelque chose dans ce genre là.)

Franchement agacé par le commentaire de sa Faëra, l'enchanteur ne le laissa pas transparaître alors qu'il sortait doucement de l'étreinte d'Yliria.

« T'en fais pas pour ça. Je suis préparé, et j'ai la survivabilité d'un cafard, c'est pas un des Treize qui va m'abattre. »

Jetant un œil derrière lui, il vit que tout le monde était revenu : le temps d'un conseil stratégique était arrivé. Il offrit un dernier sourire amicale à la jeune fille.

« On se revoit après ce foutoir. Prends soin de toi. »

Et il tourna les talons pour rejoindre son équipe. Il n'eut pas vraiment le temps de réellement s'éloigner car une tension sur son manteau l'arrêta. Yliria avait sans doute encore une chose à lui dire...?

(Qu'est-ce que ?!)

Une pression humide sur sa joue le fit tiquer. Humide et un peu douce, comme un baiser. Le temps de se tourner vers Yliria, complètement pris au dépourvu, il n'eut que le temps de la voir disparaître dans la foule. Elle venait réellement de...?

(Un grand frère, hein ?)

(Amy, encore une réflexion comme ça, et je trouve le moyen de t'arracher moi même tes ailes à la tenaille.)

Le rire moqueur de la Faëra l'agaça profondément, le poussant à la limite de la colère. Sa présence quitta son esprit, probablement pour aller se loger dans son médaillon. Enfin en paix dans sa propre tête, l'agacement laissa place à la perplexité et l'incompréhension. La simple idée qu'Yliria pouvait éprouver plus que de la simple sympathie à son égard le rendait mal à l'aise. Leur passif commun ne s'y prêtait absolument pas. Mais ses actes disaient le contraire...

Frustré de ne pas savoir quoi penser de tout ça et quelle part de vérité il y avait dans toutes les hypothèses qui le traversaient, il décida de repousser tout cela à un moment plus opportun. Il y avait des choses bien plus importantes qui requerraient son attention à partir de maintenant. Akihito pris une profonde inspiration pour se calmer, et rejoignit finalement son groupe. Les trois autres aventuriers avaient l'air de déjà se connaitre, et à part son prénom et sa ville, ils ne savaient probablement rien de lui. Et avec le temps qui s'écoulait...

« Désolé de l'attente, surtout quand on est un peu limite sur le temps... Bref. Je me suis entretenu avec le Général, l'armée est prête à nous laisser emprunter une partie de son matériel pour cette mission. Vivres, tentes, nécessaire de cuisine;.. Ce genre de chose. J'irai à l'intendance pour prendre ce dont on a tous besoin, alors vous me direz ce qu'il vous manque ou ce qu'il serait intéressant d'emmener avec nous, commença Akihito avant d'enchaîner après une petite pause. Mais avant tout ça, il me parait essentielle d'en savoir un peu plus les uns sur les autres. Et mon arrivée un peu mouvementé m'a pas laissé l'occasion de me présenter proprement. Je suis Akihito Yoichi, natif d'Oranan et envoyé ici par le Conseil d'Ynorie : autrement dit, je suis avant tout là pour protéger ma patrie et ma ville natale. Je ne pense pas avoir de faits d'armes suffisamment explicites pour vous permettre de jauger mes capacités, sachez simplement que j'ai une grande maîtrise de mes fluides de foudre et que mes compétences de combat au corps à corps n'ont pas à en rougir. Je suis aussi depuis peu un Tatoueur Arcanique, mais je vous en parlerai plus en détail plus tard. »

L'enchanteur colla alors les mains le long de son corps et s'inclina à l'attention des trois autres, exprimant aussi bien son respect que sa grattitude.

« Merci de me prêter main-forte dans cette entreprise dangereuse en bien des points. »


(HRP : Achat d'un Égide kendran (Grand bouclier, Qualité Bonne) : 600 yus.)

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Xël
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Xël » dim. 24 janv. 2021 23:36

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Les groupes se forment rapidement, par motivation personnelle, par stratégie ou pour accompagner une personne en particulier. Aenaria et Faëlis rejoignent le groupe composé de moi et Cherock et je me retrouve donc avec des personnes que je ne connais pas. Aucun problème pour moi, j’apprécie les nouvelles rencontres, surtout quand elles sont aussi ravissantes et farouches comme semble l’être l’elfe grise. Je leur adresse un sourire, ravi de les avoir à mes côtés après avoir vu un bref aperçu de leurs pouvoirs. Nous sortons de la tente à la suite du général Andelys après les derniers encouragements du roi. Je ne peux m’empêcher d’observer sa soeur quand elle quitte la tente en sa compagnie, qu’est-ce qu’elle est belle...

Andelys a un mot pour chacun d’entre nous, conseillant à Cherock de ne pas laisser la haine de la vengeance obscurcir son esprit, assurant aux deux elfes que leur connaissance du palais sera un atout majeur et enfin me mettant en garde de ne pas sous estimer Crean en rappelant qu’il n’est pas le premier des Treize pour rien. J’incline la tête, j’en suis bien conscient. Je me souviens du mal que nous avons eu à le blesser à trois contre un, la façon dont il a soulevé cette plaque d’acier d’une seule main... Je ne le sous estime pas, je le crains encore, mes mains tremblent rien qu’en repensant à la bataille. Je n’oublie pas non plus les créatures de Khynt, j’en porte encore la marque indélébile sur ma poitrine.

Le général nous laisse une heure pour nous préparer après avoir répété l’objectif : infiltrer le palais et se débarrasser de Crean et Khynt. Selon lui un vaste campement entoure la forteresse. Nous devons d’abord rejoindre le nord de la forêt de Nostyla où les Thorkins ont dressés leur camp. Alors ils sont présents eux aussi, cela me rassure. J’ai été témoin de leur charge dévastatrice. Andelys nous informe que nous avons un contact à trouver là-bas, une vieille connaissance à lui et nous pourrons convenir d’un plan pour mener notre mission à bien. Avant de nous séparer j’observe le général avec un air grave.

« Vous savez que si on les tues ils pourront tout de même revenir pas vrai ? »

Andelys fronce les sourcils et s’étonne de mes connaissances sur le sujet. Il m’assure toutefois que le rituel pour les faire revenir n’est pas facile à réaliser et qu’ils ne seront pas là à temps pour la bataille. J’en ai bien conscience mais je lui explique alors les théories issues de ma discussion avec l’obscurologue et Anastasie après la bataille de Luminion. Je peux voir son visage devenir perplexe alors que je lui parle de l’âme de Vallel prisonnière d’un autre monde, le scellement ou la purification des âmes des Treize pour les empêcher d’aller aux enfers et ainsi rendre impossible leurs résurrections. Plus son visage se change, plus je me sens gêné par ce que je raconte. Pourtant au fond de moi je suis convaincu que c’est le moment où jamais de tester cette théorie. Il avoue ne rien savoir de précis à ce sujet et qu’il doute que quelqu’un soit capable de sceller une âme sur le campement. Je me gratte un sourcil avant de continuer.

« Est-ce que vous pensez que ce serait une bonne chose de faire venir des gens qui en sont capables ? »

Je poursuis en lui expliquant que je peux ramener les corps de Crean et de Khynt ici une fois vaincu grâce à mes portails mais que ça ne sert à rien si personne n’est présent pour pratiquer le rituel. L’expression dérangée qu’il arbore m’embarasse d’avantage, j’ai vraiment l’impression de lui faire perdre son temps. Je devrais me contenter d’obéir sans poser de questions. La tâche qu’on nous confie est déjà assez difficile. L’air perdu il avoue qu’il ne sait pas mais qu’il faudrait voir tout ça avec le temple de Gaïa à Kendra Kâr une fois tout cela terminé.

« Bien général. Désolé de vous avoir dérangé avec ça. »

Je ne veux pas insister, me sentant déjà assez ridicule mais Cherock intervint alors, supposant que Bogast ou un autre mage pourrait être plus versé dans ce domaine. Je jette un regard à l’Ynorien, à la fois surpris et rassuré que mes paroles ne me fassent pas passer pour un dingue. J’ose alors ajouter quelques mots après un haussement d’épaule.

« J’avais rencontré quelqu’un m’assurant qu’elle pouvait purifier une âme. Je suis un peu déçu de ne pas la voir ici. »

En effet, Anastasie m’avait dit qu’on se reverrait à la prochaine bataille incluant les Treize. Pourtant elle n’est clairement pas parmi les aventuriers et je doute qu’elle est comme moi rejoins l’armée pour occuper un poste plus militaire. Andelys hausse à son tour les épaules avant de déclarer que le général aeromancien s’est bien gardé de lui faire part d’une telle connaissance si il l’a possède mais il accepte d’enquêter sur cette piste en notre absence. Je le remercie et le salue militairement avant de le laisser tranquille, adressant un hochement de tête à l’hinïon qui estime que le coup vaut d’être tenté.


J’inspire un grand coup avant d’expirer lentement, songeant à chaque instant qui m’a mené ici. J’ai peur et pourtant jamais ma volonté n’a été si forte. J’aperçois succinctement le visage de Fin’ se dessiner sur mes paupières quand je ferme un instant les yeux.

(Oui. Je vais faire bon usage de ton pouvoir Fin’...)

Après avoir discuté à part avec Andelys Aenaria nous informe qu’elle aura une information à nous fournir une fois au campement nain et que pour l’instant elle nous propose de discuter dans un coin tranquille en attendant l’heure du départ.

« J’ai encore quelques achats à faire. J’imagine que le voyage va durer plusieurs jours, je ferais mieux de prendre le matériel pour camper. Je vous retrouve plus tard. »

Je m’enfonce alors dans le campement vers la tente de ravitaillement. J’y retrouve un soldat de Bouhen s’activant pour ranger le matériel qu’on lui rapporte.

« Tiens salut Almaran. Besoin de quelque chose ? »

« Salut. Oui, il me faudrait l’ensemble du campeur. »

« Ah oui ! La randonnée c’est un excellent loisir en cette saison. »

Ironise-il en me tendant rapidement une tente et une couverture déjà assemblée ensemble par une lanière de cuir.

« Méfie toi juste des chutes de Garzoks. J’ai l’impression que de vilains nuages viennent du nord. »

« Hilarant. »

Je laisse quand même s’afficher un mince sourire en le voyant se marrer comme une baleine.

« Bon c’est pas gratuit, envoie les Yus. La guerre ça coûte cher puis tout le monde sait que tu es riche depuis que tu arbores cette armure. »

Je ris à mon tour en déposant les pièces dans sa main avant de poser le paquetage sur mon épaule. Il m’interpelle avec un air plus grave alors que je m’apprête à partir.

« Almaran ! Si on se revoit pas avant la bataille... Fais attention à toi. »

J’incline la tête, la mine plus sombre.

« Toi aussi ... »

Je reprends ma marche en direction des écuries quand un autre soldat m’interpelle.

« Hey le piquet ! Du courrier pour toi. Tu pourrais prévenir quand tu quittes ton poste, tu crois que ça m’amuse de parcourir tout le campement pour te trouver ?! »

Je récupère l’enveloppe en m’excusant platement alors qu’il reprend sa distribution en grommelant dans sa barbe blonde. J’observe la lettre avec un regard étonné, ne m’attendant pas à recevoir du courrier, surtout venant de Kendra Kâr. Je retrouve les écuries en compagnie d’Aenaria et Faëlis et m’installe sur une botte de paille, un peu à l’écart, pour déplier ma lettre et la lire, butant encore sur certains mots, je suis les lettres du bout de l’index en bougeant les lèvres pour articuler les syllabes à voix basse.
Bonjour Xël,

Nous avons eu vent du rassemblement qui se tient en Ynorie. Il faut dire qu’une armée de cette taille qui quitte Kendra Kâr n’échappe pas aux regards des plus jeunes... Enfin, tu sais ce que c’est n’est-ce-pas ? Nous nous doutons tous de ta présence là-bas, si bien qu’Alena s’efforce de me convaincre de te faire changer d’avis et de rentrer à la maison.

Ne t’inquiètes pas je ne vais pas gâcher mon encre à faire ça. En faite je t’écris pour te dire que je suis fière de toi, j’ai confiance en toi et que je crois en toi, en ta force. Je veux que tu te battes comme un lion, que tu te battes de toutes tes forces pour me revenir victorieux, en vie et en un seul morceau.

Nous croyons tous en toi ici et je veux que tu fasses honneur au nom que nous partageons.

Je t’aime Xël.
Nous t’aimons tous.

Méli Almaran et tous les enfants de l’orphelinat.
Je replie la lettre en reniflant avant d’essuyer une larme qui se forme au coin de mon œil. Moi aussi je t’aime... maman. Plus motivé que jamais, je range avec précaution le courrier dans mon sac, le sourire aux lèvres. Le jeune Ynorien revient peu de temps après, équipé d’un large bouclier. Je l’observe avec plus d’attention alors qu’il nous précise que le général nous laisse emprunter une partie de son matériel pour la mission. J’observe la tente et la couverture que je viens d’acheter, reposant à mes pieds, en poussant un souffle amusé par le nez. Il se présente plus en détail ensuite, donnant ses motivations de défendre sa ville natale. C’est vrai que ses yeux en amendes lui donnent un regard Ynorien, pourtant j’en ai croisé peu qui me dépassent d’une bonne tête et ayant un teint si sombre. Il précise également qu’il a une grande maitrise des fluides de foudre et je jette alors un regard vers les deux autres membres du groupe, possédant aussi des fluides magiques. Il assure que ses compétences au corps à corps sont aussi développées et je n’en doute pas au vu de sa largeur d’épaule, de l’épaisseur de ses bras et surtout du bouclier et du marteau qu’il trimballe. Je hausse cependant un sourcil perplexe quand il dit aussi être un tatoueur arcanique, promettant de nous donner plus de détails plus tard. Il conclue en s’inclinant, nous remerciant de lui prêter main forte.

« On dirait que nous avons une équipe maitrisant la magie alors. »

Dis-je amusé en regardant d’un air complice les deux elfes avant de tourner à nouveau mon attention vers Cherock pour me présenter à mon tour.

« Je suis Xël. Tu disais avoir déjà entendu mon nom. Faëlis...» dis-je en désignant l’elfe blanc aux cheveux blonds. « Me disait l’avoir entendu à Kendra Kâr au sujet d’un tournoi dans l’arène. C’est peut-être là que tu l’as entendu toi aussi. Sinon, je suis ce qu’on pourrait appeler un aeromancien, j’utilise exclusivement des fluides d’air et aussi je suis capable de tordre l’air pour rapprocher deux points éloignés. »

Je me tourne vers les autres les laissant le soin de se présenter eux-même tout en me levant pour préparer mon cheval.

« J’ai déjà pris une tente et une couverture pour moi mais c’est vrai que des vivres ce serait pratique. Je suis mauvais chasseur... et mauvais cavalier aussi. »

Dis-je avec une moue embêté. Lire la lettre de Méli a éclaircit mon humeur, ça fait partie des nombreux pouvoirs qu’elle a sur moi. Mon amour pour elle me donnerait la détermination de déplacer des montagnes et pour la mission que nous avons ce ne sera pas de trop.

« En tout cas, je suis content de partir avec vous. Je suis certain que nous mènerons notre mission à bien. »

Je ressers correctement les sangles de mes bagages avant de flatter l’encolure de la monture avant d’ajouter avec un air plus grave.

« Il le faut. »

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Faëlis
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Faëlis » lun. 25 janv. 2021 20:36

Le tour fut rapide et, une fois les achats fait, les deux elfes revinrent vers le génral. Le groupe était en train de se reformer avant de partir, et Cherock en profita pour se présenter : il était un envoyé du conseil d'Ynorie, spécialiste de la magie de foudre et connaissant également le combat au corps à corps. Xël en profita pour refaire sa présentation, et Faëlis devina qu'il allait devoir faire de même :

« Faëlis Nyris'kassilian, anciennement novice de l'armée de Cuilnen, aujourd'hui aventurier ayant déjà déjoué par deux fois les manigances des Treize. Je n'étais pas seul, n'allez pas vous imaginer des choses ! Je suis un piètre combattant au corps à corps, mais un archer tout à fait correct, et je possède bon nombre de sorts de lumières et de capacités pouvant être fort utiles. Je ne pourrais guère m'exposer, mais vous pouvez compter sur moi pour vous apporter tout le soutient possible ! Même les blessures les plus graves ne peuvent me résister ! »

Il n'avait pas grand chose à dire de plus. Ses talents de masseur, danseur ou poète seraient hélas moins pertinents ici. En revanche, il ajouta avec amusement :

« Oh et, s'il faut gambader sur les toits ou escalader le mur de la forteresse, je suis votre homme ! »

Il conclut son commentaire d'un rire assorti d'une révérence, comme un comédien qui aurait fini sa pièce. Mais comme le reste du groupe restait grave, il conclut plus sobrement :

« Que Gaïa Angharradh et Yuia Elenaril nous supportent dans cette mission. Notre lumière ne faiblira devant aucune ténèbre. »

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Aenaria
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Aenaria » lun. 25 janv. 2021 21:54

Le jeune kendran me répondit qu'il possédait des cartes de Nirtim et me gratifia d'un petit compliment avant de me faire cadeau du document. Je ne m'attendais pas à tant de gentillesse de sa part mais je n'allais pas lui rendre au risque de l'offenser. Il fit le compte de tout ce que je lui devais et malgré mon compte qui était juste, il me rendit quelques pièces, souriant et tout rouge. C'était vraiment adorable de le voir se comporter ainsi, il avait ce petit quelque chose de juvénile et d'innocent en lui. Une guerre n'était pas trop le lieu pour voir ces jeunes personnes. Je mis aussitôt la carte du continent dans l'étui prévu à cet effet avant de prendre congé de l'enseigne.

- "Merci pour tout. Force et courage pour la suite."

Je récupérai tous mes achats et emboîtai rapidement le pas de Faelis qui pris la route en sens inverse afin de retrouver le reste des membres de notre petit expédition. Nous retrouvâmes Xël qui était tout seul et fûmes rapidement rejoint par Cherock, le petit dernier de notre trio. Il prit d'ailleurs la parole afin de nous expliquer qu'il avait prit des dispositions pour que l'armée nous fournisse du matériel pour l'expédition comme des vivres et du matériel de cuisine, très bonne initiative. Faelis et moi avions fait quelques emplettes et je m'étais équipée du nécessaire. Il ajouta qu'il devait se rendre à l'intendance afin de compléter notre équipement au besoin. Il enchaîna en se présentant à nous plus en détail avec notamment ses motivations premières à sa présence en ces lieux aujourd'hui, il voulait protéger sa terre natale, quoi de plus normal. Il ajouta qu'il maîtrisait la foudre et qu'il était également doué pour le combat au corps à corps, un quatrième membre fort utile maniant également les fluides. Il termina en ajoutant qu'il était Tatoueur Arcanique mais qu'il aurait l'occasion de revenir sur ce point. Il se mit alors au garde-à-vous avant de nous remercier de l'assister dans sa tâche.

Xël enchaîna en faisant une remarque sur le fait que nous étions tous des manieurs de fluide, même si cela présentait un mais : foudre dominant, air dominant, lumière dominant et moi en multi-élémental avec les trois éléments énoncés avant, pas mal mais dommage que l'arsenal magique à notre disposition ne soit pas encore plus varié. Xël parla de sa capacité à créer des portails, expliqua qu'il avait pris une tente et une couverture mais que l'anticipation de Cherock était la bienvenue. Faëlis prit ensuite le pas en donnant ses faits d'armes notamment contre les Treize et qu'il était un allié de poids en tant que support à distance, par le tir et par la magie.

- "Bien messieurs, il semblerait que ce soit mon tour pour les présentations. Je me nomme Aenaria Imfilem, lieutenant de l'armée sindel. Je suis probablement dans notre petit groupe celle qui a la plus longue expérience du combat avec mes cinquante années de formation militaire. Cela ne va pas dire pour autant que je serais capable d'élaborer des plans, ce n'est pas ma spécialité. Je tiens à te remercier Cherock pour ton initiative concernant notre matériel."

Je fis une petite pause afin de regarder tout à tour les personnes présentes autour de moi avant de m'adresser seulement au fulguromancien.

Pour compléter les faits d'armes, je n'ai pas grand chose à mon actif à part la mort du régent du camp de la déportation d'Omyre. Et non, tu n'es pas fou, tu entends bien ma voix dans ta tête.

Je laissai le temps au tatoueur de comprendre ce qu'il venait de se passer en laissant passer quelques petites précieuses secondes avant de continuer.

- "Je ne connais pas encore la distance à laquelle je pourrais vous envoyer des messages télépathiques messieurs, mais je pense que la superficie que je peux couvrir est immense, je dirais au moins à l'échelle d'un continent. Ce qui représente un certain avantage durant une mission d'infiltration. Tout comme Faëlis, je possède des fluides de lumières, des fluides d'air comme Xël et des fluides de foudre comme toi Cherock. Je suis aussi très à l'aise avec ma lame elfique et mon bouclier, comptez sur moi à l'avant lors d'un combat comme à distance."

Il ne restait plus grand chose à voir pour le moment mais une pensée traversa mon esprit concernant la préparation de notre expédition.

- "Cherock, serait-il possible que nous ayons chacun à notre disposition non seulement une monture équipée de renne, d'une bonne selle et d'une grande sacoche en plus d'un cheval avec la charrette ? Pour ma part, j'ai pris ce qu'il fallait pour le voyage mais pour ce qui est des vivres, du matériel de cuisine et autres objets utiles, je suis preneuse. J'ai pris la liberté d'acheter de quoi escalader, une longue-vue mais j'ai également récupéré une carte du continent, si nous avons des informations sur des mouvements de troupes, nous pourrons les y consigner."

(Tu fait partie d'un groupe organisé et prévoyant apparemment.)
(Je suis confiante, nous allons réussir, nous devons réussir.)

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Akihito
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Akihito » mar. 26 janv. 2021 22:28

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

4 : La chasse aux Treize est ouverte.

Tour à tour, ses compagnons se présentèrent.Confirmant les dires de sa Faëra, Xël affirma être un aéromancien, maîtrisant exclusivement cette magie mais à un haut niveau. Il était même capable de tordre l'air, pour rejoindre deux points éloignés.... Cherock était bien incapable de savoir ce que ça pouvait bien vouloir dire, mais il garda sa question pour plus tard : ils auraient tout le temps de découvrir plus en profondeurs les capacités des autres. Il conclut en affirmant sa détermination de mener à bien sa mission, une lueur plus que convaincante dans les yeux.

Faëlis prit ensuite le relai : lui n'était pas un combattant de première ligne, comme son arc le laissait supposer.

« Je suis un piètre combattant au corps à corps, mais un archer tout à fait correct, et je possède bon nombre de sorts de lumières et de capacités pouvant être fort utiles. Je ne pourrais guère m'exposer, mais vous pouvez compter sur moi pour vous apporter tout le soutient possible ! Même les blessures les plus graves ne peuvent me résister ! »

Un mage blanc et un guérisseur... Voilà qui était un atout non négligeable. Si ses potions de soins pouvaient le tirer d'un mauvais pas, avoir une personne capable de résorber des blessures de manière bien plus convaincantes était bien plus pratique. D'une manière ou d'une autre, il allait devoir assurer sa protection pour assurer la survie de leur groupe. Lui, ou bien...

« Bien messieurs, il semblerait que ce soit mon tour pour les présentations. Je me nomme Aenaria Imfilem, lieutenant de l'armée sindel. Je suis probablement dans notre petit groupe celle qui a la plus longue expérience du combat avec mes cinquante années de formation militaire. Cela ne va pas dire pour autant que je serais capable d'élaborer des plans, ce n'est pas ma spécialité. Je tiens à te remercier Cherock pour ton initiative concernant notre matériel. »

Aenaria. Une cuirasse légère, une lame elfique et un bouclier : elle était sans aucun doute une combattante de proximité, et pourrait tout aussi bien assurée la défense de Faëlis.

(Une militaire, qui plus est. Elle dit ne pas avoir l'habitude d'élaborer des plans, mais son expérience parlera pour elle.)

L'élaboration de plans, c'était quelque chose que Cherock n'avait jamais réellement eu l'occasion d'utiliser. Du moins, pour un groupe : il avait toujours combattu seul ou très rarement accompagné, et était plus habitué à la micro-gestion d'un combat qu'à la macro-gestion. Néanmoins, feu son père avait été à la tête de son escouade lorsqu'il était en expédition à l'extérieur des murs d'Oranan. Et en bon père de Wiehl, il avait abreuvé de son savoir Cherock dans son enfance, entre deux entraînements physiques. Il allait devoir faire remonter des souvenirs vieux de plusieurs années et jamais utilisés depuis, mais c'était mieux que rien. Mais ses réflexions furent interrompus brusquement par une voix qui résonna dans sa tête, et il ne put s'empêcher de sursauter.

(Pour compléter les faits d'armes, je n'ai pas grand chose à mon actif à part la mort du régent du camp de la déportation d'Omyre. Et non, tu n'es pas fou, tu entends bien ma voix dans ta tête.)

(Aenaria ?! C'est vous ?)

Aucune réponse ne vint. Mais comme la jeune femme le regardait lui spécialement, il comprit qu'elle s'était bien adressé à lui par la pensée. Mais pourquoi est-ce qu'elle ne répondait pas ?

« Je ne connais pas encore la distance à laquelle je pourrais vous envoyer des messages télépathiques messieurs, mais je pense que la superficie que je peux couvrir est immense, je dirais au moins à l'échelle d'un continent. Ce qui représente un certain avantage durant une mission d'infiltration. Tout comme Faëlis, je possède des fluides de lumières, des fluides d'air comme Xël et des fluides de foudre comme toi Cherock. » ajouta la jeune femme avant de confirmer les suppositions de Cherock : elle était une guerrière confiante en ses capacités.

La Sindelle conclut en faisant l'inventaire de ce qu'elle avait achetée de son côté et de ce qu'elle pensait avoir besoin pour la suite du voyage. Xël et Faëlis ajoutèrent à leur tour ce dont ils manquaient, chargeant le jeune homme de s'occuper de cet aspect logistique.

« J'ai également récupéré une carte du continent, si nous avons des informations sur des mouvements de troupes, nous pourrons les y consigner.

- Belle initiative également, Aenaria. J'en ai déjà touché deux mots au Général Andelys et il pourra nous indiquer un itinéraire plutôt sûr suivant les rapports des éclaireurs. Il faudra faire quelques annotations, répondit l'enchanteur en indiquant le Kendran du menton, non loin d'eux. Je vous laisse voir avec lui. De mon côté, je vais prendre une tente pour moi même à l'intendance, ainsi qu'une lanterne et quelques torches, au cas où. Et des montures pour vous trois ainsi qu'une charrette remplis de vivre pour... Mmmh. Aenaria, je peux voir votre carte ?»

La concernée déroula une carte sorti d'un étui et la montra à Cherock. Leur campement se trouvait dans le Val d'Abondance, et le campement Thorkin qu'ils devaient rallier se trouvait au Nord de la Forêt de Nostylia. S'aidant de l'échelle inscrite en bas de la carte et de son pouce comme mesure, il calcula approximativement la distance les séparant de leur objectif avant de rendre la carte à la jeune femme.

« Mmmh... A vol d'oiseau, on en aurait pour six jours, probablement un jour ou deux de plus avec les détours de la route et un ou deux encore avec mon estimation.... Donc histoire d'être tranquille, je vais demander l'équivalent d'une douzaine de jours de provisions pour nous et les chevaux. Et le nécessaire pour la cuisine. Je pense en revanche que l'une de nos montures devra tirer la charrette, je ne sais pas si l'armée peut s'offrir le luxe de pouvoir se séparer d'un cheval supplémentaire. Mais nous verrons bien. »

Il offrit un sourire à tous et s'éclipsa rapidement en direction de l'intendance. Nul besoin de demander au Général cette fois-ci, il avait déjà repéré ce qui devait être la tente abritant l'intendance : avec toutes ses caisses, ses objets et ses tentes enroulées, il était presque sûr de savoir où elle était. Et c'était bien elle, près de la forge de campagne. A l'intérieur, un jeune homme était debout, le regard dans le vide. Haussant un sourcil, Cherock passa sa main devant ses yeux, le tirant de sa rêverie.

« Ah ? Euhm, pardonnez-moi j'étais perdu dans mes pensées.

- Aucun problème. je suis en mission pour le Général Andelys, et il m'a autorisé à pouvoir emprunter du matériel de l'armée. »

L'évocation d'un membre de l'état-major de l'armée eu le mérite de complètement réveiller l'enseigne qui écouta avec attention la liste de Cherock.

« Le tout dans une charrette à l'écurie, près de la sortie nord. Vous pensez pouvoir préparer ça pour dans une vingtaine de minutes ? Notre départ est imminent.

- Quinze seront suffisantes. Nos supérieurs nous ont avertis que plusieurs expéditions requérant du matériel allaient partir aujourd'hui, alors nous nous sommes préparés.

- Parfait, je vous remercie, salua l'Ynorien avant de se diriger vers la sortie de la tente, avant d'être hélé par le militaire. Oui ?

- Dites, en venant ici, vous auriez pas croisé une jeune femme ? Une elfe blanche, les cheveux blanc et rose, magnifique...

- Mmh... »

(C'est Aenaria.)

(C'est complètement elle,) approuva Amy.

(Ouais. Mais je dois lui dire quoi ? Il a l'air complètement transi d'amour.)

(Ne lui dis rien. T'as pas vraiment le temps de jouer les entremetteurs. On y songera si les deux survivent à cette bataille.)

« ... Non, désolé. »

Un air abattu passa sur le visage de l'enseigne, avant qu'il ne se reprenne et il annonça que tout serait livré à temps. Le jeune homme retourna donc rejoindre ses compagnons : le départ approchait.


(HRP : Emprunt à l'armée Kendrane de :
  • 12 jours de vivres
  • Une tente militaire (2 places)
  • Nécessaire de cuisine
  • Lanterne et torches)

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Sirat
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Sirat » mer. 27 janv. 2021 09:23

Quand les répartitions furent terminées, le roi se leva. Il n’avait que réagit par regard aux uns et aux autres aventuriers. La troupe était hétéroclite, plus que son armée habituelle.

Aventuriers de toutes contrées, vous êtes réunis ici ce jour pour prouver la multi-culturalité et la force des valeurs de notre bon Royaume Kendran. Restez unis dans vos actes, veillez les uns sur les autres, et gardez en tête vos objectifs : plus vous arriverez à perturber l’ennemi, plus la bataille qui suivra sera gérable par nos troupes. Revenez-nous victorieux, et bien en vie : vos actions ne s’arrêteront pas là, et entreront alors dans la Légende. Pour le Royaume, pour Kendra Kâr !

Sirat jaugea le discours d’un œil suspicieux, le Roi pensait il vraiment ce qu’il disait, voyez t'il son royaume unis malgré les races. Il se gratta le visage et se retourna vers son groupe. Siwih, l’hinione venait de les rejoindre, elle semblait avoir un air presque absent, froid. Ils formaient un quatuor étrange : deux elfes l’une était un brasier indomptable, brûlante au reflet automne, l’autre blizzard polaire, rude et abrupt comme un hiver de Nosveris. Deux borgnes, un pirate volubile et aviné, mais pour l’avoir vu combattre, Sirat savait ce qu’il valait et que sa folie était l’égale de son adresse. Et lui, traître de son état, incontrôlable et destructeur, le semeur de chaos comme l’avait nommé Triman.

Après le salut militaire du Roi, ils se quittèrent tous, sortant de la tente chacun avec leur responsable. Sirat sentit le regard de son père sur lui, il ne fit rien, bien que cela l’irritait. Il devait se concentrer sur sa mission.

Ils suivirent le mage du vent, le capitaine Bogast jusqu’au port. Sa robe orange se balançait derrière lui, balayant la poussière des chemins crée dans la plaine par les charrettes militaire. Cette plaine autrefois verte, était maintenant scarifiée de sillon terreux. Bien que temporaire, le port voyait sa masse s’étaler et se répandre sur la rive, recouvert de navire et de frégate. Il semblait que même construit à la hâte, le génie Kendran et son organisation quasi-militaire venait de faire naître une petite citée.


Le vieux déroula alors la mission devant ce décors maritime. Le Castel Vandrack était une forteresse sur la côte Oranienne au nord. Les troupes de Karsinar avait envahi les lieux, ses troupes y siégeaient maintenant. Il fallait couper la tête de leur chef, crée le chaos dans leur formation.

Sirat esquissa un sourire.

Un message du régent du château, enfermer depuis indiquait la présence de plusieurs des treize, Dont Perailhon. Pourtant, celui-ci serait sûrement en train de diriger la flotte a l’assaut d’Oranan. Flotte qu’il faudra éviter pour frapper par surprise en plein cœur de leur organisation.

Sirat perdit son sourire et se figea. Cela lui semblait étrange, ces messages qui annonçaient la présence d’une partie de treize. Qui gageait de la véracité de ces missives. Le zélote trouvait cela étrange, un stratagème des hordes noires peut-être et bientôt, il n’eut que cette pensée à la tête.

Quand Bogast eut fini, il leur donna une heure pour se préparer. Sirat s’approcha du magicien. Il sortit de sa poche la pierre qui se trouvait avoir été doublé par un coup du destin. Non, il se souvenait. La jeune élève aux cheveux cendre, elle l’avait frôlé. Sa mémoire remettait le geste passé inaperçu la première fois. Elle avait glissé une deuxième pierre dans sa poche.

Bogast l’observait avec curiosité alors qu’il était resté interdit.

J’ai ces deux pierres vous savez à quoi elles servent.

Le mage fronça ses sourcils broussailleux et gris puis regarda l’humoran avec surprise.

Ce n'est pas tous les jours qu'on se permet ce genre de demande directe avec moi. Enfin... Ce sont deux runes. L'écriture divine de Zewen, tirée de son livre du Destin pour influencer ce dernier sur la planète. Donc loin de simples cailloux. La première se prononce "Pi", et signifie "Renforcer". La seconde se prononce "Vi", et signifie "Attaquer". Usez-en avec prudence, humoran.

j’ai beau être un de ses serviteurs je n’en reste pas moins un des moins érudit... Merci

L’écriture de Zewen, Sirat se sentait stupide, lui prêtre et Zélote, il lui restait tant à apprendre. Mais le sot est celui qui ne pose aucune question et reste dans ses certitudes. Il en était persuadé.

Vous savez comment sa marche ?

Il eut un rictus amusé.


Il y a deux manières connues de les utiliser : en les incrustant sur un objet, un équipement, ils lui donnent un effet spécifique, une sorte de pouvoir, dépendant de la signification de là ou des runes incrustées. C'est un procédé risqué qui peut avoir des effets néfastes. L'idéal est de cumuler plusieurs runes pour former une "phrase" qui sera la plus précise possible quant à l'effet désiré. La seconde utilisation est ponctuelle. Le possesseur invoque le pouvoir de la rune en la tenant en main et en citant son nom. L'effet est immédiat, temporaire, mais potentiellement plus puissant que lors d'une incrustation. C'est un sujet d'études passionnant, mais je dois bien avouer n'en savoir guère beaucoup plus.


Vous m’avez en tout cas bien aidé, je serai prudent et suivrais vos conseils, merci.

Sirat allait rejoindre les autres et s’enfoncer dans les dédales marchandes qui pullulaient autour des navires. Mais un doute subsistait sur cette mission et sa litanie berçait son esprit rendant obsolète tout autre réflexion.

Si je puis me permettre, le message du maître du Castel enfermé comment l’avez vous eut? Qui vous a informé ? Et les autres missions comment avez vous sût ?

Bogast se concentra un air soucieux dans les yeux.

Ma foi, je ne sais pas trop. Un éclaireur nous l'a ramené. Nos experts ont pu identifier l'écriture et le seau du maître des lieux, et le message, que j'ai moi-même lu, était clairement un appel à l'aide. Je gage que ce dernier a eu de la chance que l'on trouve sa missive, même si j'ignore comment il a pu la faire parvenir à notre éclaireur.

Il fit une pause avant de reprendre.

Quant aux autres missions, j'avoue moins bien en connaître les contours : je sais que les éclaireurs nains nous ont transmis la position des troupes de Crean et de Khynt, pour le Palais de la Roseraie, et que les hommes du camp ont capturé un... Indice confirmant les rumeurs de pratiques étranges dans les ruines de Nayssan

Sirat était confus, préoccupé.

c’est étrange, je trouve... Des indices et des messagers sans origine. Hormis les nains, j’avoue devoir vous présenter mes doutes. On se disperse, je trouve et on fait le jeu de l’ennemi en courant plusieurs lièvres. Vous en pensez quoi ?

Il secoua la tête : Je ne pense pas : vos forces et pouvoirs, à tous, seront autant d'éléments précis pour la réussite de ces missions. S'il suffisait simplement d'être nombreux pour les résoudre, nous aurions envoyé des troupes, pas des aventuriers chevronnés. Et plusieurs objectifs oui, pour contrer la pluralité de nos ennemis, qu'ils considèrent comme une force. En mettant à mal plusieurs généraux, on balaie plus largement nos chances de remporter la victoire. Mais je comprends vos doutes et votre prudence.

Sirat resta septique pourtant

faites une dernière chose pour moi, faites comme si ce que je disais était vrai et allait arriver. Je ferais de même avec cette mission. il prit un instant peut-être que notre destin se joue à cet instant, précis

Bogast répondit contrarié Comment ça ? Je ne comprends pas ce que vous attendez de moi.

Je vous demande d’être vigilant... Et vous remercie d’avoir dissipé mes doutes.

Fit il avec un sourire forcé

Il laissa le mage, qui lui rendit son salut. Il ne pouvait décider pour lui, mais son hypothèse restait pour lui valable.

Il alla rejoindre les autres et faire des achats.

Potions, nécessaires d’escalade, grappin, pièges, corde et quelques rations avec un peu d’eau suffirait. Le reste était laissé au destin.

Il s’approcha du bateau. Sirius était déjà là parlant à son équipage.

Sirat s’avança et grimpa sur le pont.

Tu es sûr qu’il flotte ton rafiot demanda t’il au borgne

Il flottait quand je suis arrivé ici.

Bonne nouvelle, j’espère qu’il continuera

Il observa l’horizon et la mer qui s’étendait à perte de vue.

Tu as une idée pour nous amener à destination

Le pirate laissa échapper un rire.

J’ai toujours une idée.

Sirat lui répondit par un sourire.

C’est toi le marin, as toi de jouer.

Sibelle suivit et monta sur le navire un peu embarrassé.

Elle demanda à Sirius s'il avait un remède contre le mal de mer, celui-ci lui tendit une bouteille d’alcool. Sibelle jeta un regard dédaigneux sur la fiole l’ouvrit, renifla le parfum de la gnole et le refusa. Sirat s’approcha de la rousse. Cela l’étonnait qu’elle souffre de tel maux, mais après tout, elle avait le doit d’avoir des faiblesses.

Couvre-toi bien, mange bien et bois beaucoup d’eau et reste sur le pont ne va pas en cabine et ça devrait aller

Il attendit que les quatre soit réunis sur le pont avant de les rassembler. Si Sirius avait confiance en son équipage alors il pouvait parler devant eux. Dehors sur la terre ferme, il ne savait pas qui pouvait les écouter.

Il s’adressa aux deux elfes et au pirate.


Je dois vous parler, d’un doute et vos avis m’intéressent.

Il prit un instant afin d’avoir l’attention de tout le monde.

L’information de la présence de Karsinar vient d’un message. Je trouve cela étrange, ils n’ont aucune idée de comment le messager leur est parvenu. L’auteur a pu être torturé pour l’écrire et nous attirer là-bas. Pour le reste des missions cela repose sur un indice et un éclaireur… Je sais que l’on peut tout remettre en doute et discuter de tout, là n’est pas mon but. Je suis juste suspicieux, nous connaissons tout le camp ennemi, nous savons que son esprit est fourbe. Il me semble que si nous voguons vers Karsinar, nous devons avoir cette idée en tête. Ils peuvent nous tromper et nous disperser. Je voulais aussi connaître vos points de vue.


Sibelle regarda ses compagnons un à un avant de planter son regard dans celui de l'humoran. Il plongea dans ses yeux amande. Elle trouvait tout cela étrange aussi, elle voulait en savoir plus, d'ou venait cette information et qui en avait fait part au zélote. Elle était inquiète, car s'il y avait traîtrise, tous les soupçons se porteraient sur son ami. Le visage de l'humoran s'alluma d'un intérêt nouveau, car il comprenait qu'elle se souciait de lui. Elle réclamait une transparence sans faille de chacun.

Sirat était heureux de cette réponse et ne le cachait pas.


Traître, j’ai l’habitude cela ne me dérange pas. J'ai simplement demandé à Bogast un complément d’information et je lui ai aussi fait part de mes doutes. Je ne vous cacherais rien de tous, je n’aurais pas pu rêver mieux comme équipe.


Sirius prit la parole, pour lui, ce groupe était le moins capable de contenir un traître. Ils jouaient le rôle d'appât. La mission était suicidaire, les quatre étaient prêts pour ce guet-apens, et même si l'armée Oxacienne savait tout de leur déplacement. C'est pour cela qu'ils y allaient, le sourire aux lèvres. Déclarait-il nonchalamment une lumière de folie dans l'œil.

Sirat acquiesça.

Et ils n’imaginent même pas ce qui va leur tomber dessus !
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Sibelle
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Sibelle » jeu. 28 janv. 2021 04:35

Sans prononcer de mots inutiles, Sirat suivit Sibelle comme l’aurait fait un garde vis-à-vis son roi. Se positionnant devant le général Bogast, son discours fut bref, mais éloquent… du moins pour la guerrière qui se surprit à sourire. Sans fioriture, il avait déclaré se rendre où Sibelle irait.

Tous les autres groupes avaient leur contingent de participants. Il ne restait plus qu’une aventurière qui n’avait pas pris de décision… mais lui restait-il le choix ? Lorsqu’elle la vit s’approcher du mage des vents, Sibelle s’interrogea sur la motivation de l’hinionne à faire équipe avec eux. Sobrement, la dernière venue expliqua que c’était par hasard qu’elle se retrouvait dans ce camp militaire. Quoiqu’il en fût, ils devraient apprendre à travailler ensemble, à faire équipe. Et le voyage en mer leur offrirait cette opportunité d’en apprendre un peu plus sur les autres.

Sibelle ne fut pas sans remarquer une certaine déception dans le regard du général Bogast en direction de Xël lorsque celui-ci se dirigea vers une autre mission que la leur. Sibelle aussi aurait souhaité la présence de Xël dans leur équipe…Bien qu’elle le trouvait un tantinet trop bavard.

Ils sortirent de la grande tente de l’état-major à la suite de leur général de mission. Ce dernier les mena à travers le camp se faufila entre les diverses rangées de tentes dressées, les conduisant jusqu’au port improvisé.

Chemin faisant, il répondit aux diverses questions et remarques des aventuriers qui s’étaient présentés volontaires pour sa mission. Il commença par remettre gentiment Sirius à sa place, lui soulignant qu’il en savait probablement autant que lui sur la navigation et proposa que Sirius utilise son propre navire. Puis, se tournant vers Sibelle, il commenta sa capacité de voler, lui avouant qu’il s’agissait sûrement d’un rêve pour certains, tout en concluant qu’elle pourrait s’avérer utile comme éclaireur ou encore comme attaque-surprise. Pourvu d’un humour rafraichissant, il questionna Sirat sur sa capacité de voler, faisant vraisemblablement référence à l’affirmation de ce dernier. Pour aller où elle va, les ailes étaient pratiques. Cette question étant plus une boutade qu’autre chose, il n’attendit pas la réponse et s’intéressa à l’autre hinionne, la rassurant dont ils n’attendaient pas un nombre précis d’aventuriers et qu’elle était la bienvenue.

Une fois au port, il entreprit d’expliquer plus en détail la mission. D’une façon claire, honnête, sans détour inutile, il leur précisa que leur mission était périlleuse qu’ils devaient trancher la tête de Karsinar. Lui et ses troupes avaient pris possession du Castel Vandrak, une forteresse située au nord d’Oranan. Ils avaient eu vent de la situation par le seigneur légitime des lieux qui, emprisonné dans sa propre demeure, avait envoyé un messager. Ce dernier indiquait la présence de Karsinar, mais aussi celle de Perailhon. Il poursuivit son petit discours en les encourageant à la prudence, leur rappelant qu’ils allaient lutter contre les plus puissants de Yuimen, rajoutant cependant qu’il sentait beaucoup de potentiel en chacun d’eux. Ils ne devaient pas prendre part à la bataille navale et atteindre les rives Nord d’Oranan. Ils devraient ensuite forcer les portes du castel, tuer les ennemis et libérer leur prisonnier. Ils devaient aussi revenir sains et saufs afin de ne pas compromettre la mission. Cela dit, il leur laissa quartier libre afin de faire leur dernier achat, leur demandant d’être de retour dans l’heure qui venait.

Chacun partit de son côté et Sibelle se rendit directement à une forge qu’elle avait repérée en se rendant au port. Elle s’y était intéressée puisqu’elle avait aperçu un mage. Enfin, ce fut ce qu’elle en déduisit par son habillement qui ressemblait plus à celui d’un homme pratiquant la magie que celui manipulant le métal sous une chaleur ardente.

« Bonjour, je désirerais munir quelques pièces de mon équipement de protections élémentaires. »

Le mage, un homme séduisant, aux tempes légèrement grisonnantes, malgré sa jeune trentaine, se contenta de faire signe de la tête, laissant la guerrière poursuivre.

« Pour ma brigandine, je voudrais une protection pour les dégâts d’eau, et mes brassards des dégâts d’obscurité. »

L’homme rajouta d’une voix agréable : « … et votre cape est déjà ignifugée… »

Il s’approcha de Sibelle, lui demanda de se retourner et lui apposa les mains dans son dos sur sa brigandine. La guerrière, non bavarde de nature, attendit silencieusement qu’il enchante la brigandine. Il lui demanda ensuite de se retourner de nouveau. Il regarda les brassards de cuir, puis plaça ses mains tout juste au-dessus. Sibelle vit une lumière apaisante jaillir des mains du mage. Elle sentit une chaleur qui s’évanouit quelques secondes après.

Alors qu’elle sortait les yus de sa bourse, le mage lui fit une remarque plutôt pertinente sur le ton de la conversation.

«Vous craignez la magie, parce que vous ne la connaissez pas… Il vous serait profitable de tenter de l’apprivoiser. »

Sibelle remit la somme due avant de rétorquer.

« Votre conseil est sans doute juste, mais une protection contre la magie me suffira, pas besoin d’en apprendre davantage. »

L’homme lui sourit avant de vaquer à ses occupations.

Sibelle poursuivit sa marche parmi les étals des marchands et s’équipa d’une corde de 50 m, d’une gourde magique moyenne, 2 Grand élixir d’énergie, 1 Potion de coagulation, 1 Potion de clairvoyance, 1Potion de stabilité, 1 torche, 4 bougies, barre à levier, briquet et amadou, matériel d’escalade, couverture, filet de capture, lot de 6 dés. Après avoir fait un petit détour pour se trouver de la nourriture, elle revint au quai.

Alors que Sirius et Sirat étaient déjà sur le pont du navire, Sibelle, demeurée sur le quai, hésitait à tel point qu’elle se demandait si elle avait fait le bon choix. Elle gardait de nauséabonds souvenirs de son dernier voyage en bateau. Son orgueil aidant, elle traversa la passerelle et rejoint les autres aventuriers.

Sans perdre son air fier, elle demanda à Sirius.

« Donne-moi tous les conseils que tu connais pour diminuer le mal de mer. »

Sans attendre, il alla à sa cabine pour revenir presque aussitôt, une bouteille à la main, lui tendant cette dernière vantant les mérites de son contenu. Méfiante, Sibelle la prit, la déboucha et la renifla prudemment. Suite à quoi, elle la referma et la mit de côté. Elle n’émit aucun commentaire, mais elle pensa comprendre d’où venait la marche houleuse du pirate.

Étant à proximité, Sirat la conseilla de bien se couvrir, de boire beaucoup d’eau, et bien manger et surtout de rester sur le pont. Sibelle le remercia d’un hochement de tête et d’un sourire crispé. Elle anticipait déjà les maux qui risquaient de l’affliger.

L’heure était presque écoulée, tous les quatre étaient sur le pont. Sirat en profita pour leur dévoiler une information qu’il avait. Il trouvait étrange que la présence de Karsinar au Castel Vandrak leur ait été dévoilée par un messager. Il soupçonnait un piège, ce qui n’aurait pas été étonnant de la part du camp d’Oaxaca.

Sibelle regarda ses compagnons un à un avant de planter son regard sur l'humoran:

« Que sa présence vienne d'un message, c'est plutôt étrange en effet... et cela pourrait être un piège. D'un autre côté, comment as-tu obtenu cette information ? Qui t'en a fait part ? N'oublie pas que s’il y a un traitre parmi nous, les doutes pèseront sur toi. Si on veut faire équipe tous les quatre, une équipe fonctionnelle, on doit tout se dire.... pas de cachette... en ce qui concerne la mission bien sûr. »


Sirat avait obtenu le complément d’information de Bogast. L’attribut de traître ne le troublait pas, il en avait l’habitude. Et il n’avait pas l’intention de rien leur cacher, tout en avouant que leur formation lui plaisait déjà.

Sirius pensait sensiblement la même chose. Il considérait que leur groupe était sans doute le moins susceptible de renfermer un traître, puisqu’ils étaient tous arrivés les derniers. Il était persuadé qu’ils servaient tous d’appâts. Il soupçonnait que les troupes d’Oaxaca étaient au courant de leur déplacement.

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Yliria
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Yliria » jeu. 28 janv. 2021 21:41

<< Précédemment

La formation des équipes se poursuivit après que je me sois placée près du conseiller qui resta muet. Chacun leur tout, les personnes rassemblées ici se placèrent près de leur responsable de mission. Je vis Kiyoheiki s'approcher et se placer à mes côtés. Je répondis d'un sourire à celui qu'il m'offrit et masquai mon amusement derrière ma main lorsqu'il buta sur le mot « dame », contente qu'il ait pris ma demande avec sérieux. J'observai tour à tour les volontaires avant que le troisième de notre groupe ne nous rejoigne. Le jeune humain aux cheveux bouclés et au visage fin, se présenta comme Tobias Arthès et membre de l'armée de Luminion. Je l'observai se présenter et expliquer ses raisons un peu gauchement, visiblement mal à l'aise dans cette situation, sans que j'en comprenne la raison. Je répondis à son hochement de tête avec le même salut, tout de même perplexe de la présence d'un soldat de métier dans ce groupe. Ne voulaient-il pas des « aventuriers » justement ?

(Alyah?)

(Fluides de lumière en petite quantité. Tu veux mon avis?)

(Depuis quand tu te gênes pour le donner?)

(Plains-toi ! Enfin bref. Je pense qu'il ne s'attendait pas à être là, regarde son visage, il a l'air perdu.)

Je haussai un sourcil et fixai curieusement le soldat avant qu'un autre humain ne se joigne à nous. Ce fut avec un sourire que j’accueillis Jorus alors qu'il s'ajoutait à notre petite troupe. Je n'avais fait que le croiser au Naora, mais savoir qu'il faisait partie des Danseurs simplifiait grandement les choses, mais je savais que je pouvais lui faire confiance et c'était bien suffisant. Au moins je n'avais pas de souci à me faire pour lui parler, nous aurions largement le temps et je préférais me renseigner auprès de lui plutôt qu'auprès de Sibelle qui m'avait semblé assez distante dès le début. Notre groupe était donc finalement composé et avant nul ne fasse un mouvement, le Roi Solennel prit la parole. Son discours semblait quelque peu forcé et je plissai le nez en le voyant quitter la tente après nous avoir « encouragé », non sans mettre son royaume au centre de tout.

(Je t'avais prévenu. Pédant ces Kendrans.)

Chaque groupe partit de son côté aussitôt et je suivis le mien après m'être retournée pour tenter de retenir Cheorck. Je serrai les dents en suivant finalement mon groupe pressé de bouger. Nous suivîmes le comte juste à la sortie de la tente où il fixa un instant un autre groupe d'aventuriers avant de reporter son attention sur nous. Et ce qu'il me dit me fit aussitôt tiquer. À ses yeux je connaissais forcément les sombres sorts et macabres rituels des ennemies, parce que j'en étais une, visiblement. Il en fut de même pour le sergent, le comte allant même jusqu'à remettre en cause le jugement de ceux l'ayant envoyé ici. Cela commençait bien. Je serrai les dents, me gardant de répondre pour ne pas lui envoyer mon point ganté dans la figure. Pour qui se prenait-il ?

(Pour un noble. Kendran, ce qui est pire. Je te conseille de te calmer rapidement, parce que ça ne risque pas d'aller en s'arrangeant. Et te voir t'énerver contre lui serait sans doute un très beau spectacle, mais je n'ai pas envie de te voir moisir en cellule, ou pire. Alors respire.)

Je l'écoutai et restai aussi stoïque que possible, échangeant néanmoins un regard avec Kiyoheiki lorsque le comte fit du soldat notre chef de groupe, le nommant même capitaine pour l'occasion. À en juger par la réaction de totale stupeur du concerné, ce genre de chose ne lui était pas venue à l'esprit et il semblait assez perturbé par cet ordre qui allait à l'encontre même de l'idée d'envoyer des indépendants s'occuper de telles missions. Je retins une réplique cinglante, avisant bien vite que le soldat n'y était pour rien, et écoutant plutôt le détail de la mission, prenant place dans la ville en ruine de Nayssan où d'étranges lueurs macabres y aurait été aperçues. Une mission secrète donc, visant à stopper quoi que ces rituels pouvaient être. Lorsqu'il désigna une cage recouvert d'un drap comme étant la troupe de reconnaissance envoyée, je haussai un sourcil avant de grimacer face à ce que j'avais sous les yeux. Cela ne ressemblait plus à un vivant, de près ou de loin, sa chair était mutilée et ses os apparent transperçaient le peu de peau qu'il restait par endroit.

L'immonde créature poussa un cri strident face à la lumière du jour et les soldats remirent le drap sur la cage. Le comte donne de sordides détails, mais affirma qu'elle avait été inoffensive pour le moment. Je réprimais un reniflement dédaigneux. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que cette horreur, comme la plupart des morts-vivants, n'agissait pas sans ordres. Si elle ne faisait rien, c'est que ce qui la faisait bouger ne s'était pas présenté. Le comte nous laissa carte blanche pour la suite et disposer de cette chose, mais la façon qu'il avait de nous parler, comme si nous étions la boue sous sa semelle commençait sérieusement à m'énerver. Lorsqu'il eut fini, je marmonnai vaguement avoir quelque chose à faire et tournai le dos à ce type pour m'éloigner et respirer un bon coup.

Filant un moment dans le camp, je trouvai finalement le groupe dans lequel se trouvai Cherock. Xël en faisait également partie, ainsi qu'une Sindel nommée Aenaria et un Hinion, Faëlis. J'hésitai une seconde avant de finalement m'approcher de Cherock à qui j'offris un maigre sourire avant de lui demander si on pouvait discuter quelques instants, un peu loin. Une fois à distance des oreilles des autres, j'inspirai.

- Je venais juste te dire au revoir. Je pensais pas qu'on se séparerait dans ce genre de situation.

Je hochai la tête lorsqu'il affirma qu'il fallait faire ce que l'on savait le mieux faire, pour rester en vie. Il se pencha à ma hauteur et je hochai à nouveau la tête, pas vraiment certaine de savoir si une réponse pouvait convenir. Est-ce que ça irait ? Je ne pouvais que l'espérer.

- J'en sais trop rien, trop d'inconnus, mais j'en ai vu d'autres alors ça devrait aller. Le comte est un idiot, pour parler poliment, mais on va s'en tirer. Toi ? J'arrive pas à croire que tu ailles attaquer le chef des treize... Anthelia te tueras quand tu reviendras.

Si tu reviens... Les mots restèrent coincés dans ma tête et je serrai les dents en les entendant tourner dans mon esprit. Y penser n'allait pas arranger les choses de toute façon. Il acquiesça et me caressa affectueusement la tête comme il l'avait déjà fait à Oranan. Je sentis une douce chaleur m'envahir et évitai de le fixer, espérant ne pas m'être mise à rougir alors qu'il m'assurait qu'il pourrait me rejoindre si j'en avais besoin. D'où pouvait-il sortir une telle assurance alors qu'il ne savait ni où j'allais, ni-même si on se reverrait après ça ? Je voulais y croire, mais ce n'était sans doute qu'une façon de nous rassurer tous les deux. Je levai les yeux vers lui alors qu'il retirait sa main, gravant une dernière fois son visage dans mon esprit avant de hocher la tête. Sans réfléchir, je profitai qu'il soit à ma hauteur pour l'étreindre soudainement, le prenant au dépourvu en enserrant mes bras autour de son cou, ma tête calée dans le creux de son épaule.

- Juste... ne meurt pas.

- T'en fais pas pour ça. Je suis préparé, et J ai la survivabilité d'un cafard, c'est pas un des Treize qui va m'abattre.

Il dit ça après m'avoir affectueusement frotté le dos et être sortie de mon étreinte soudaine. Après un dernier sourire, il tourna les talons et je sentis une boule me monter dans la gorge. Je tendis le bras et attrapai son poignet avant de tirer légèrement. Lorsqu'il tourna la tête, je me haussai sur la pointe des pieds et dans un geste stupide, lui embrassai la joue. Je reculai en le lâchant et tournai les talons, me retenant de justesse de courir, marchant d'un pas aussi vif que je le pouvais. Mon visage me brûlait et Alyah n'aida pas à me calmer.

(Après ça tu ne peux plus nier. Yli... Qu'est-ce que tu vas faire ?)

(J'en sais rien... Rien... Je ne vais rien faire du tout.)

(Yliria...)

(Laisse tomber Alyah. S'il te plaît.)

Cela ne servait à rien, je le savais, et le fait qu'elle n'insiste pas davantage me fit comprendre qu'elle le savait aussi. Qu'est-ce qui m'avait pris exactement ? Qu'allait-il penser après ça ? Je me frottai l'arête du nez, lasse de ma propre action et un peu angoissée à l'idée que cela ne ruine à jamais... quoi exactement ? Je devais me ressaisir. Je n'étais rien de plus qu'une p-être amie pour lui, rien de plus. Voilà. Certaine désormais que j'aurai dû m'abstenir au vu du pincement au cœur que je ressentais à présent, je retournai auprès de mes compagnons de missions, lesquels semblaient avoir obtenu quelques informations çà et là. Sur le mort tout d'abord, qui apparemment attaquerait les porteurs de fluides de lumière et de façon suffisamment précise et pensée alors que c'était un non-mort. Pas si inoffensif donc. Je jetai un regard en coin au comte. Pas difficile de comprendre qu'ils avaient visiblement sous estimé la menace.

La voix de notre désigné chef de groupe me fit tourner la tête et je grimaçai lorsqu'il demanda qui avait besoin d'une monture. Évidemment que nous n'allions pas faire le trajet de manière simple, il nous fallait ces maudits canassons. Je soupirai et levai la main pour me faire remarquer, lasse à l'idée de devoir me faire violence pendant le trajet sur un de ces trucs.

- Je n'ai pas de monture.. Si c'est possible d'avoir un truc pas trop... nerveux, ce serait bien. Je ne suis jamais montée à cheval et j'aurai préféré ne pas avoir à le faire donc une monture docile ce serait mieux.

Il hocha la tête et se tourna vers chacun pour s'enquérir des besoin avant de partir. Je l'observai un instant avant de poser mon sac et de vérifier son contenu. Jorus, lui, partit rejoindre les fameux soldats ayant trouvé la créature et je restai là quelques temps, à fixer la cage recouverte d'une toile avec beaucoup d'interrogations. Ça ne ressemblait à rien de ce que je connaissais et l'idée qu'il n'attaque que les mages était quelque peu inquiétante. J'aurai voulu en être sûre. Jorus revint après quelques temps, confirmant l'identité supposé du mort-vivant et la façon pacifique avec laquelle il avait été capturé, ce qui me parut vraiment étrange vu l'attaque portée au sergent Kiyoheiki. Je haussai un sourcil lorsqu'il évoqua la possibilité d'un semblant de mémoire résiduel l'ayant conduit ici. Je ne rejetai pas l'idée, mais pour moi il avait juste été envoyé pour semer la panique, tout simplement. Je souhaitais tout de même vérifier quelques théories de moi-même.

Je m'avançai vers la cage et, sans prévenir, me glissai sous la toile la recouvrant. La créature, repliée contre l'autre extrémité de la cage, émit un cri strident semblable à un sifflement en se retrouvant exposée à la lumière du soleil et je rabattis la toile derrière moi en commençant à compter lorsque l'obscurité retombait. Je voulais voir si la créature réagissait à ma présence, et au bout de combien de temps. La voyant parfaitement dans l'obscurité, j'attendis. Vingt petites secondes et elle se jeta sur moi avec une vitesse et une agilité qui me prirent au dépourvu vu sa physionomie. Elle m'entailla la joue et je reculai en jurant sous la douleur aiguë. Inoffensive qu'il disait ?! Je créai une boule de lumière à ma droite avant de sortir, laissant la créature s'agiter en m'essuyant la joue. Une simple égratignure, heureusement, similaire à celle reçue par Kiyoheiki. J'éteignis mon orbe de lumière avant d'attendre quelques instants, une fois le calme revenu sous la toile. Je passai la main en dessous sans y entrer pour en créer une nouvelle, obtenant une réaction instantanée de la créature, partie visiblement se réfugier loin de la sphère lumineuse.

(C'était quoi l'idée derrière ça?)

(Vérifier que cette chose a bel et bien peur de la lumière et savoir qu'elle est agressive et très rapide. Je voudrais être certaine qu'elle agresse en priorité les porteurs de fluides...)

Une idée me vint et je me tournai vers Jorus avec détermination, lui demandant s'il acceptait de m'aider pour vérifier une théorie. Il accepta, non sans un regard anxieux lorsque je lui demandai d'entrer lui aussi sous le voile à l'opposé de l'endroit où j'entrai moi-même. Une fois tous les deux à l'intérieur, je vis que la créature me faisait face. Comme la dernière fois, elle se jeta sur moi avec violence. Bien plus alerte cette fois, je parvins à éviter son attaque visant à nouveau ma tête, mais elle parvint tout de même à faire crisser ses longs doigts griffus sur mon armure avant que je ne sorte, imitée par Jorus que je remerciai.

Je vis que celui nommé capitaine revenait accompagné de plusieurs montures. Il m'en présenta une plus petite que les autres et de couleur crème qu'il nomma Ginko. Les oreilles de ladite jument s'agitèrent à l'évocation de son nom et je la fixai, pas vraiment à l'aise, mais me forçant tout de même à saisir la bride qu'il me tendait, reportant mon attention sur lui lorsqu'il avoua que j'avais sauvé la vie de Ginko aujourd'hui. Lorsque j'en demandai la raison, il avoua qu'elle était vieille et qu'elle aurait sans doute finie en repas sous peu si je n'avais pas demandé une monture aussi docile qu'elle. Je fixai un instant la concernée, dont les grand yeux sombres semblait s'attarder également sur moi alors que ses oreilles s'agitaient toujours. Je laissai un léger sourire apparaître sur mon visage en portant mon regard sur mon compagnon de mission.

- Merci, je prendrai soin d'elle. C'est gentil à vous d'avoir accédé à ma requête.

Il hocha la tête et sourit à son tour, d'un sourire un peu crispé qui me laissa un peu perplexe. Je portai mon attention sur la petite jument dont j'avais la bride en main et, hésitant un peu, je tendis mon autre main. Elle porta d'elle-même sa tête à sa rencontre et je me détendis un peu, lui grattant le front quelques instants. Je n'étais pas encore à l'aise, mais peut-être que ça pouvait être un bon début si elle était aussi docile que cela. Je laissai Tobias amener sa monture à Jorus et m'adressai alors à tous les membres du groupe.

- Je peux donner quelques informations sur cette... chose. Elle craint bel et bien la lumière, magique ou non et il lui a fallu à chaque fois environ une vingtaine de secondes pour repérer une cible et l'attaquer, cela semble être un atout à ne pas sous-estimer. Cette chose est loin d'être inoffensive, elle est rapide et clairement faite pour tuer, elle a à chaque fois visé ma tête et je la soupçonne capable d'attaquer même de jour, si une cible est repérée. Comment fait-elle pour se repérer, je n'en sais rien, mais elle est assez précise et cela seul est déjà dangereux. Je pense également, même si je ne peux pas l'affirmer avec certitude, qu'elle attaque les porteurs de fluides, spécifiquement les porteurs de fluides de lumière peut-être, ce qui expliquerait qu'elle soit restée sans agir face aux soldats qui n'en possédaient pas. Elles pourraient être dévastatrices contre ceux n'ayant pas l'habitude de combattre les morts-vivants de ce genre. Le mieux serait de la tuer au plus vite et de faire de même avec d'autres, s'il s'en présente.

Jorus prit ensuite la parole, proposant que ce soit le frère de celui transformé en cette horreur qui fasse le sale boulot. Je ne pus m'empêcher de le regarder, complètement ahurie par ce que j'entendais. Était-il sérieux ? Avait-il la moindre idée de ce que ça pouvait créer chez cet homme de voir son frère ainsi et de le tuer ensuite ?

- Je suis totalement contre l'idée. Cette chose n'est plus le frère de qui que ce soit, c'est un corps mutilé et sans-vie avec pour seul but de tuer et de servir son créateur. Si personne ne veut le tuer, je le ferai, mais je ne laisserai pas celui qui a été son frère le faire.

- En quoi est-ce problématique ? L'homme que j'ai rencontré est brisé et croit encore que son frère est vivant ! Ce n'est ni plus ni moins qu'une manière de faire son deuil. A défaut il faudrait au moins le laisser être présent, mais je suis curieux de savoir pourquoi vous vous y opposez ?

- S'il est brisé, ça ne va pas arranger les choses, le voir ainsi et le tuer ne va pas l'aider à aller mieux. Imaginez-vous apprendre qu'un de ceux que vous aimez est mort, puis lui faire face, transformé en mort-vivant et prêt à vous tuer. J'ai vécu ça une fois, je ne le souhaite à personne d'autre!

- Mais vous êtes là et cela vous a probablement rendue plus forte ! Ce n'est pas les obstacles qui nous rendent plus forts, c'est de le franchir ! A lui de trouver la force de surmonter cette épreuve et c'est dans cette optique que j'ai fait cette proposition. Prenez au moins le temps de le rencontrer avant de décider à sa place !

Ma mâchoire se crispa et je serrai les poings en fixant Jorus avec colère. De quel droit assumait-il que c'était une chose positive. Lui n'avait sans doute jamais connu ça, il ne pouvait pas savoir à quel point c'était douloureux. J'avais envie de lui faire rentrer le bon sens à coup de bouclier dans la tête, mais Alyah m'incita au calme et je pris une grande inspiration avant de soupirer, haussant les épaules en feignant de me calmer alors que je bouillais intérieurement.

- Je n'ai fait que donner mon avis sur la question. Si vous êtes tous d'accord, alors faites, mais moi... - Commençai-je en tenant plus fermement la bride de Ginko- je n'assisterai pas à ça et vous attendrai à la sortie du camp.

Et, sans attendre une réponse, je tournai les talons avant de dire ou faire quelque chose que je pourrai regretter. Je parcourus le camp d'une traite, sans lever le nez de mon chemin avant de finalement m'asseoir à la sortie, attirant le regard un peu perplexe des gardes. Ginko, docile, ne bougea pas et se contenta de brouter l'herbe grasse tandis que je maugréai un moment contre Jorus et ses idées que je trouvai cruelles pour le pauvre frère de celui transformé en abomination. Il voulait bien faire, je le savais, mais ça n'enlevait pas le caractère affreux de son idée. Je fermai les yeux un instants et les souvenirs du combat dans le cimetière de Tulorim revinrent avec une netteté alarmante. Je pensais avoir surmonté ça, mais je me voilai la face. J'hésitai à utiliser d'un peu de magie pour supprimer la rancœur qui montait peu à peu, suivant de près la tristesse apportée par ses souvenirs, mais me ravisai au conseil d'Alyah.

(Seul le temps peut t'aider à panser tes plaies, Yli, tu le sais.)

(Oui, je sais...)

(Je préfère.. Allez, calme-toi. Et tu sais ce qu'il te reste à faire.)

(Oui, oui, je m'excuserai ce soir... J'ai compris.)

(Bien. Et maintenant parlons un peu de ce que tu as fait à Cher..)

(Rhaaaa, la paix avec ça!)

Elle ricana et je fis la moue en l'ignorant, attendant les autres avec patience, jetant parfois un regard à Ginko qui n'essayait même pas de s'éloigner. J'espérais que le voyage allait se dérouler sans trop d'accrocs. À commencer par chevaucher la petite jument. J'avais comme un mauvais pressentiment.

Byrnisson
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Byrnisson » ven. 29 janv. 2021 00:05

Chapitre II - L’inexplicable promotion - [Précédent chapitre ici ]

Je croise le regard du Comte qui hoche légèrement la tête en guise d’acceptation. Je reporte mon attention sur les aventuriers restants, qui finissent de se répartir dans chacun des groupes. Mon regard divague et détaille les autres volontaires pour la mission dite de « la mer verte ». Le premier est le sergent D'Esh Elvohk Kiyoheiki, de la milice d’Oranan. La présence d’un autre militaire me rassure ; au moins partagera-t-il certaines valeurs qui pourront nous être salutaires dans notre mission. Il semble appartenir au peuple elfique, tout comme celle qui s’est présentée sous le nom d’Yliria Varnaan'tha. Cette dernière arbore de longs cheveux long piqués de mèches sombres ainsi qu’un attirail d’armes et armures assez impressionnant. À regarder mon dernier compagnon, un humain athlétique répondant au nom de Jorus, je constate que tous sont avantageusement équipés. Ce dernier semble d’ailleurs s’inquiéter de l’intégrité de l’une de ses pièces, pourtant bien protégée par des jambières de cuir.

Je ne m’attarde pas sur ce dernier détail, attiré du regard par le roi qui sort de son mutisme pour prendre la parole. Sa voix est calme, posée. Il porte en lui la responsabilité d’une nation, et pourtant son visage fin encadré de mèches brunes parait extraordinairement serein.

« Aventuriers de toutes contrées, vous êtes réunis ici ce jour pour prouver la multiculturalité et la force des valeurs de notre bon Royaume Kendran. Restez unis dans vos actes, veillez les uns sur les autres, et gardez en tête vos objectifs : plus vous arriverez à perturber l’ennemi, plus la bataille qui suivra sera gérable par nos troupes. Revenez-nous victorieux, et bien en vie : vos actions ne s’arrêteront pas là, et entreront alors dans la Légende. Pour le Royaume, pour Kendra Kâr ! ».

Il conclut son discours par un salut militaire, que je reprends à sa suite. Le roi et son entourage sortent ensuite de la tente, bientôt suivis par les trois troupes nouvellement formées. Le Comte Ybelinor mène notre groupe à quelques pas de la tente. Ses premières paroles, adressées à Yliria et Kiyoheïki, sonnent comme une mise en garde mais je n’en saisis pas le sens.

Le Comte se tourne ensuite vers moi et déclare :

« Soldat, je vous charge personnellement du bon fonctionnement de votre équipée en vous donnant le grade temporaire de capitaine de troupe. Vous dirigerez vos pairs d’une main de fer, je n’en doute pas. Quant aux relevés topographiques, il faudra vous en passer, je le crains… Hem. »

(Hein ? Que... quoi ?)

Mon sang ne fait qu’un tour à cette annonce surréaliste. Ybelinor ne me laisse pas une seconde pour répliquer et nous expose plus en détails notre mission. L’état-major suspecte une présence nécromancienne dans la mer verte. Depuis quelque temps, des lueurs verdâtres apparaissent aux abords d’une cité en ruine, appelée Nayssan. L’escouade qu’ils ont envoyée enquêter n’est jamais revenue à l’exception d’un individu, ou du moins ce qu’il en reste. Le Comte nous désigne une toile recouvrant un objet massif gardé par deux soldats à quelques pas de nous. Sur un ordre du comte, deux gardes retirent la toile, révélant une créature des plus immonde. La chose me rappelle les cadavres que j’ai ensevelis par centaines à la suite de l’attaque de Luminion. Un frisson me parcourt quand je réalise que ce cadavre-là est encore vivant. Comble de l’horreur, la chose est dotée de longs bras aux terminaisons pointues. Cet être dérangeant pourrait sortir de mes plus sordides cauchemars. Il me répugne et me dégoûte. J’en oublie même ma récente promotion.

La lumière du jour semble écorcher les chairs immondes et putrides de l’être qui pousse un cri strident et insupportable. Les soldats recouvrent la cage et la créature redevient silencieuse. Les images de la créature continuent de hanter mon esprit. Je prie pour que personne ne lève de nouveau la toile, ou du moins pas en ma présence.

Le comte reprend la parole. Selon lui, cette créature est tout ce qu’il reste du capitaine de l’escouade envoyée en reconnaissance. Les investigations qu’ils ont menées jusqu’ici ne les ont pas conduits à découvrir d’élément probant sur la nature de l’être ni sur son origine. Ils ont donc décidé de faire appel à des ressources externes à l’armée ; à des « aventuriers » - souligne t'il avec une once de dédain. Il nous somme de découvrir quels sombres agissements se trament dans les ruines et d’y mettre fin.

Son briefing terminé, le comte braque sur moi un regard chargé d’expectative. Je lui rends un regard interrogateur, curieux de savoir ce qui me vaut une telle attention. Les yeux du comte se font plus durs, sa mine plus sévère. Je réalise finalement qu’il attend que son capitaine, fraîchement nommé prenne les choses en mains. Dans ma tête, c’est littéralement la panique. Je n’ai même pas encore digéré cette information : Tobias Arthès est nommé capitaine de troupe. Pour être assimilable, il faudrait déjà que cette donnée ait du sens. Pourquoi moi, plutôt que ce sergent elfe qui semble avoir une solide expérience du terrain ? Au regard du comte, s’ajoute celui de Jorus, qui attend probablement que le jeune « prodige » que je suis fasse usage de ses capacités de leader. Les deux autres membres de la troupe ont disparu de mon champ de vision.

Un cri strident me tire de ma rêverie. À quelques mètres de là, le dénommé Kiyoheiki a, semble-t-il, tenté un premier contact avec l’étrange créature.
Une vague de peur ressurgi de ma mémoire, encore bien fraîche. Étrangement, cela m’aide à reprendre mes esprits. Je mets de côté mes états d’âme et me rafistole un semblant de contenance. J’adresse une première question au comte, histoire de m’octroyer quelques secondes de cogitation supplémentaires.

« Cher Comte, vous avez précisé que les ruines de la cité de Nayssan étaient maudites. L'étaient-elles avant l'apparition de ces lueurs étranges dont vous avez parlées ? Dans ce cas, avez-vous connaissance d'une quelconque puissance que l’ennemi aurait pu exploiter là-bas ? ».

La réponse d’Ybelinor me donne l’impression d’un blâme adressé à un enfant ignare.

« Je n'ai aucune connaissance de ces ruines. Autant vous adresser à un hinïon pour en savoir plus, s'il en est encore qui soient vivants de cette époque ».

(Je rêve où il est mal aimable ?)

Ce bref échange m'a au moins permis de retrouver mes esprits. D’un côté, moi Tobias, simple soldat, alias « Luciole reine de la casserole », capitaine d'une troupe visant à enquêter sur l’origine de cette sinistre créature que nous avons entraperçue et de l’autre, trois aventuriers aguerris. Mieux vaut leur faire confiance pour étudier la créature avant notre départ. Je décide donc de prendre à ma charge l’organisation de l’expédition.

Je m’adresse de nouveau au comte.

« Je souhaiterais disposer de chevaux pour pouvoir nous rendre le plus rapidement possible à Nayssan, ainsi que d'une semaine de vivre. Où dois-je me rendre pour récupérer ces effets ? ».

« A l'écurie et à l'intendance, capitaine. J'espère que vous saurez faire preuve de plus d'esprit d'initiative sur le terrain ».

Aoutch. La réplique fuse mais j’encaisse. Ce genre de sévices, j’en ai écopés de bien pires auprès de mon instructeur à l’académie. J’espère juste que mes compagnons de route sont trop occupés par le manège du sergent Kiyoheiki pour avoir entendu cette réplique. Je réponds calmement, étayant ma demande initiale dans un pur style bureaucratique.

« Très bien, Cher Comte, dans ce cas, pouvez-vous me procurer la lettre de mission qui me permettra de récupérer ces effets ? ».
Touché. Le Comte soupire et répond, dépité.


« Oh vous, les militaires. Dites-leur que vous venez de ma part. Faites-vous accompagner par l'un de ces aventuriers si vous craignez de n'être pas cru ».

« C’est bien noté, merci cher Comte. Quant à ces aventuriers, ils m'ont l'air bien plus aptes à percer les secrets de cette mystérieuse créature que je ne le suis. Je préfère qu'ils consacrent le temps qu'il nous reste à cette activité plutôt qu'à résoudre de banales questions logistiques ».

Le comte ne prend même pas la peine de répondre. Je me tourne alors vers le reste du groupe. Au même moment, Kiyoheiki sort de sous la toile, en se tenant la gorge. Apparemment, la créature lui cause quelques ennuis. Heureusement, il ne semble pas sévèrement blessé. Yliria réapparait ; il semble qu’elle s’est absentée pendant au moins une partie de ma discussion avec le comte.

Je m’éclaircis la gorge.

(C’est parti Tobias, inspire-toi du capitaine Sabar Ord. Soit concis et précis.)

« Sergent D'Esh Elvohk, Kiyoheiki je constate que vous avez pris l’initiative en commençant à étudier cette créature. Accepteriez-vous de nous faire part de vos observations ? »

Je sens mon visage rougir d’une teinte à chaque mot prononcé. Le sergent répond, un mince filet de sang dégouline de l’estafilade laissée par la créature sur sa gorge. Je ne comprends pas complètement la réponse de l’elfe, qui semble être initié aux secrets de la magie. Je pige néanmoins que la créature est dangereuse. Elle fuit la lumière du jour mais se révèle agressive dans l’obscurité.

Je réponds en m’adressant à l’ensemble des aventuriers.

« Merci. Je… je ne tenterai pas de tromper les apparences, je n’ai pas les compétences requises pour déterminer la nature de cet être. C’est pourquoi je vous propose de m’occuper des aspects logistiques liés à notre départ prochain pendant que vous continuez de récolter des informations. J’irai chercher les provisions et des cheveaux. Qui parmi vous aurai besoin d’une monture ? ».

Un mot de plus et j'atteignais un splendide bleu violacé. Je reprends mon souffle et attends les réactions de l’assistance. Un soupir exhale de l’elfe aux cheveux argent et ébène. Son visage sombre semble dissimuler un dilemme. Hésite-t-elle à m’envoyer paître ?

Elle lève la main d’un air las et déclare :

« Je n'ai pas de monture... Si c'est possible d'avoir un truc pas trop... nerveux, ce serait bien. Je suis jamais montée à cheval et j'aurai préféré ne pas avoir à le faire donc une monture docile ce serait mieux ».

J’acquiesce et me retourne vers Kiyoheiki que j’entends répondre, d'une voix neutre.

« Je dispose de ma propre monture, Capitaine Arthès ».

Le dernier, se contente d’opiner du chef en guise d’approbation.

« Très bien, je m’en vais chercher le nécessaire et je vous propose de partager les informations que vous aurez pu obtenir, à mon retour ».

Je laisse le petit groupe et rejoins les écuries situées à quelques minutes de marche à peine. J’y trouve un responsable auquel je demande la mise à disposition de trois chevaux.

« Z’avez qu’à choisir – me répond-il sur un ton nonchalant en me désignant plusieurs box - ces quatre-là sont disponibles et suffisamment reposés pour partir en mission ».

J’étudie brièvement chaque bête et porte mon choix sur une jument couleur crème et un cheval à la robe louvet. Ces deux-là sont dans la force de l’âge et m’ont l’air en parfaite santé. Ils seront idéaux pour Jorus et moi. En revanche, aucun des chevaux désignés ne répond aux critères d’Yliria. Par curiosité, je jette un œil aux enclos voisins : un jeune alezan nerveux (hum non, ça ne conviendra pas), un splendide hongre haut sur pattes et gris foncé… j’imagine déjà l’elfe au visage d'ébène éprouver le tranchant de sa dague sur le fil de ma gorge pour lui avoir présenté un tel cheval. Désespéré, j’examine le dernier box et tombe nez à nez sur une petite jument à la robe café au lait. Placide, la belle me darde de son regard fier.

(Oh, bonjour ma belle)

J’alpague le responsable de l’écurie.

« Excusez-moi, serait-il possible de prendre celle-là ? ».

L’homme pousse un soupir parfaitement audible et traverse l’écurie en traînant des pieds.

« Celle-ci ? Ah non, trop vielle la petite Ginko, trop placide. Elle inapte au combat. Elle en a vu des batailles ; pour sûr qu’elle vous gardera en selle. Mais si vous menez une charge au dos de celle-là, vous atteindrez l’adversaire après la piétaille ! ».[/color]

« Je n’ai pas prévu de mener une charge, plutôt une patrouille. Elle devrait faire l’affaire non ? ».

« Elle pourrait oui, elle est endurante, plus que les jeunes étalons là-bas... Mais elle restera ici. Voyez-vous, quand les chevaux sont trop vieux pour la charge, on préfère les tailler en steak plutôt qu’ils nous mènent à la boucherie. Et ce soir, c’est au tour de la petite Ginko, si vous voyez ce que je veux dire ».

Accompagnant ces derniers mots, son regard s’éclaire, transpirant l’avidité. Son visage bouffi déformé par un sourire salivant, la succession d’incompréhension, la frustration accumulée au cours de cette journée sans queue ni tête parachèvent un assemblage de colère brute qui ne demande plus qu’à s’exposer au grand jour. La bonde lâche, et je déverse mon agressivité sur ce pauvre type qui voulait « juste se tailler un bon steak avec les collègues avant de marcher sur l’ennemi ».

« J’en ai rien à faire, vous irez vous trouver votre bout de viande sur un autre bestiau ! Cette brave jument, et les deux chevaux là-bas, viennent avec moi. Si ça vous pose un problème, vous irez vous plaindre du capitaine Tobias Arthès au Comte Ybelinor ».

J’ouvre chacun des box et fais sortir les trois chevaux sous les yeux ébahis du responsable, qui se contente de marmonner.

« Meuh oui, je vous la laisse, vous pouviez simplement insister ; et porter vos gallons aussi… ahem mon capitaine ».

Ma colère s’évanouit en quelques secondes laissant un arrière-gout désagréable, celui de l’auto-déception. Je risque de ne pas faire long feu si je perds mes moyens sur le terrain. L’homme ne semble pas me tenir rigueur de mon emportement ; l’habitude de traiter avec des gradés sous pression, peut-être. Il me parle de la pluie et du beau temps tandis qu’il m’aide à harnacher et sangler des sacoches sur les bêtes. Je lui lâche un « Bonne journée » aimable en quittant l’écurie en me jurant de mieux gérer mes émotions.

Je marche d’un pas rapide jusqu’à l’intendance, pensif. Le camps est en effervescence, les arrivages successifs de nouvelles troupes mettant continuellement à mal la logistique du camps. J’occulte les mille et unes questions qui me trottent dans la tête et focalise mon attention sur le souvenir agréable de mes compagnons d’armes, Tessy et Bernas. J’espère les retrouver à mon retour, pour bavasser un peu avant la bataille qui s’annonce.

L’officier qui m’accueille à l’intendance me déroule le tapis rouge dès que j’évoque le nom du Comte. Il me fournit du matériel pour bivouaquer et suffisamment de vivres pour remplir les sacoches des trois chevaux. Il ajoute même une petite fiole contenant un remède destiné à apaiser les blessures. À ma demande, il me fournit également une carte de la région. Je le remercie chaleureusement et rejoins « ma troupe » en consultant ma carte sur le chemin.

En revenant près de la tente de commandement, je constate que la cage contenant la créature n’a pas bougé. Je tends la bride de la petite jument à Yliria en ajoutant :

« Elle s’appelle Ginko et vous lui avez en quelque sorte sauvée la vie aujourd’hui ».

Elle tend lentement la main vers la longe, visiblement pas très à l’aise. Elle décoche un haussement de sourcil et répond.

« Ah euh... merci... Pourquoi sauvé la vie ? ».

Je lâche la bride et lui répond, tâchant de réprimer le souvenir de ma récente crise de nerf.

« Cette petite mamie est soi-disant devenue trop lente, trop docile. Un délice pour n'importe quel débutant ; le maître d'écurie n'y voyait rien de mieux qu’un filet mignon ».

Elle observe Ginko pendant un court instant puis m’adresse un sourire fugace.

« Merci, je prendrai soin d'elle. C'est gentil à vous d'avoir accédé à ma requête ».

Le sourire que je lui rends est un brin plus crispé. Mal à l’aise, je m’éloigne pour présenter sa monture à Jorus.

« Je vous propose de prendre ce cheval, il s’appelle Gratouille. Pour ma part, la jument restante me conviendrait parfaitement ».

L’intéressé acquiesce, visiblement sans comprendre la référence. Je ris intérieurement de ma petite facétie. J’écoute ensuite les nouvelles informations récoltées par le groupe au sujet de la créature. Jorus, qui a profité de notre temps libre pour interroger l’un des soldats qui ont capturé la créature, prend la parole.

« C’est effectivement le capitaine des éclaireurs qui devait enquêter sur les ruines, cela a été confirmé par son propre frère qui a participé à sa capture et les morceaux de son uniforme l’attestent également. La créature est arrivée durant une patrouille de nuit dans la partie nord de ce camp. Ils lui sont tombés à plusieurs pour le capturer. Personne n’a jugé bon de nourrir la créature depuis et on ne sait rien des hommes qui étaient avec lui, ni même s’ils sont parvenus aux ruines. Le pauvre homme espère qu’il existe un moyen de retrouver de l’humanité de son frère, mais je ne vois pas comment. En tout cas, le fait qu’il soit revenu jusqu’ici est étrange non ? Comme si effectivement, une partie de sa mémoire était encore présente. Il y a deux autres hommes qui peuvent servir de témoins, mais ils ne sont pas dans le secteur.
Je n’ai pas obtenu d’information utile concernant les lueurs. Il faudra interroger les habitants de Viskori pour cela. »


Jorus et Yliria ont également testé certaines facultés de la créature pendant mon absence. J’écoute religieusement les conclusions de l’elfe. D’une part, la créature craint la lumière, qu’elle soit d’origine naturelle ou magique. D’autre part, elle est relativement lente à agir (peut être ses capacités mentales sont-elles diminuées par son état). En revanche ses assauts sont rapides et précis et exclusivement dirigé vers la tête. Enfin, dernière hypothèse, la créature semble attaquer les porteurs de fluides lumineux » ce qui expliquerait pourquoi elle n’a pas attaqué les soldats qui l’ont capturée. Ces derniers mots me laissent songeur. Je n’avais jamais entendu l’expression « porteur de fluide » prononcée, mais du fait des expériences récentes que j’ai réalisées avec mon pouvoir, je comprends qu’elle parle de personnes manipulant la magie ; une magie produisant des effets lumineux ; la mienne donc. Une bouffée de peur resurgit subitement en moi. Si l’hypothèse émise par Yliria est avérée, je serais une cible de choix pour cette créature.

(J’espère que ma vielle épée sera efficace contre ces êtres, sinon je risque d’être particulièrement démunis.)

En sortant de ma rêverie je constate que mes compagnons ne sont pas d’accord sur ce le traitement que nous devons réserver à la créature avant notre départ. C’est Jorus qui s’exprime lorsque je reprends le fil de la conversation.

« Nous devrions faire venir le frère de la créature. D'une part nous pourrions voir s'il y a un restant de conscience et je pense que s'il faut le tuer, c'est à son frère de le faire. Du moins il faudra le lui proposer ! ».

Visiblement concernée par le sujet, Yliria lui rétorque.

« Je suis totalement contre l'idée. Cette chose n'est plus le frère de qui que ce soit, c'est un corps mutilé et sans-vie avec pour seul but de tuer et de servir son créateur. Si personne ne veut le tuer, je le ferai, mais je ne laisserai pas celui qui a été son frère le faire. »

« En quoi est-ce problématique ? L'homme que j'ai rencontré est brisé et croit encore que son frère est vivant ! Ce n'est ni plus ni moins qu'une manière de faire son deuil. A défaut il faudrait au moins le laisser être présent, mais je suis curieux de savoir pourquoi vous vous y opposez ? »

« S'il est brisé, ça ne va pas arranger les choses, le voir ainsi et le tuer ne va pas l'aider à aller mieux. Imaginez-vous apprendre qu'un de ceux que vous aimez est mort, puis lui faire face, transformé en mort-vivant et prêt à vous tuer. J'ai vécu ça une fois, je ne le souhaite à personne d'autre ».

« Mais vous êtes là et cela vous a probablement rendue plus forte ! Ce n'est pas les obstacles qui nous rendent plus forts, c'est de le franchir ! A lui de trouver la force de surmonter cette épreuve et c'est dans cette optique que j'ai fait cette proposition. Prenez au moins le temps de le rencontrer avant de décider à sa place ! ».

A ces mots, Yliria semble réprimer une montée de colère puis se résigne dans un soupir.

« Je n'ai fait que donner mon avis sur la question. Si vous êtes tous d'accord, alors faites, mais moi... – elle empoigne la bride de la jument avant d’ajouter - je n'assisterai pas à ça et vous attendrai à la sortie du camp ».

Le sergent Koyoheiki se charge de continuer de donner la réplique à Jorus.

« Mais vous n'êtes pas en mesure de savoir quel impact aura effectivement cet acte sur lui. Si le résistant roseau sait courber et endurer, il peut toujours finir par se fendre quand trop durement sollicité. Nous ne sommes pas tous aptes à nous redresser au même rythme. »

Mes compagnons semblent avoir communément admis que la créature devait être froidement exécutée. Ce postulat me gêne et je leur fait part de mes inquiétudes.

« Avons-nous la certitude que l'état de cette créature est définitif ? Qu'aucun retour en arrière n'est possible ? Après tout, nous ne savons même pas par quel processus il a été changé de la sorte. Peut-être pourrions-nous le garder emprisonné en attendant d'avoir élucidé ce mystère ? ».

« Désolé de le dire comme ça – me répond Jorus - mais vu sa tronche j'ai du mal à le revoir revenir de cet état. Il est mort et les morts doivent le rester. – Il ajoute ensuite à l’attention de Kiyoheiki - C'est un risque en effet, mais c'est aussi un soldat préparé à la guerre. Un frère et soldat est mort. C'est par respect envers ceux qui se préparent à se battre que je le propose ».

Je ne persiste pas plus dans mon raisonnement. Après tout, ce Jorus semble savoir de quoi il parle.

« Très bien, vous paraissez être sûr de ce que vous avancez. Vous me paraissez donc légitime pour décider du sort de cette créature, et les moyens associés. Pour ma part, je vais rendre compte à Ybelinor des éléments que vous avez mis au jour. Je vous retrouve ensuite pour faire route vers ces ruines maudite ».

Je me détourne de mes interlocuteurs pour aller m'adresser au comte, qui malgré le désintérêt qu’il affiche, n’a pas bougé d’un pouce depuis qu’il nous a exposé notre mission.

« Cher Comte, nous avons glané un certain nombre d’informations qu’il me semble important de vous faire part avant notre départ, au cas où d’autres êtres de ce genre approcheraient le camp. Tout d’abord, la créature que vous nous avez présentée n’est pas inoffensive. Elle est capable, de porter des attaques extrêmement vives même si ces dernières semblent lui demander un certain temps de préparation. Elle semble cibler préférentiellement les porteurs de fluides, notamment lumineux – reprendre ces termes me donne l’impression de réciter une leçon – et là ou cela est le plus dommageable, c’est-à-dire la tête. Elle semble être vulnérable, ou du moins n’apprécie pas la lumière, naturelle ou magique, fait que vous avez vous-même constaté. Les investigations ont également confirmé qu’il s’agissait du capitaine de l’escouade partie enquêter aux ruines. – je marque une pause puis ajoute - Nous partons sur le champs. »

J’exécute un salut militaire puis rejoins ma monture pour vérifier les fixations de mes paquetages. Je murmure quelques mots bienveillants à Friponne, puisque c’est ainsi que je l’ai baptisée et monte sur son dos. J’attends ensuite mes deux compagnons à quelques mètres, près à partir lorsqu’ils auront achevé leur tâche morbide.

Suite
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Sinaëthin
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Sinaëthin » ven. 29 janv. 2021 09:04

..........Le général allait me répondre lorsque le roi interrompit les conversations pour une brève allocution qui se voulait encourageante. Je me serais presque attendue à ce qu’il nous demande d’être sage. Son ton était aussi pompeux que condescendant. Revenir en vie ? Oh, bien sûr, quelle bonne idée ! Je n’y avais pas songé… Mais après tout Solennel était roi et ses paroles creuses étaient généralement suffisantes pour rassurer le peuple. Il n’était pas habitué à être sur le terrain en temps de guerre et il y avait bien une raison pour qu’il ait des généraux chargés de la stratégie à sa place. Il remercia l’assemblée d’un salut militaire puis sorti, suivi des dirigeants des trois équipes spéciales et de la princesse. Nous primes naturellement leur suite. La réunion était terminée. C’était probablement la réunion stratégique la plus brève à laquelle j’avais participé mais si j’avais bien compris il était vu comme primordial pour le plan que nous en sachions le moins possible sur les faits et gestes de chacun. Pour que même la torture ne puisse nous arracher des informations dangereuses peut-être ? Enfin, avec les Treize, je ne doutais pas qu’ils eussent des moyens encore plus efficaces pour obtenir des informations, comme des sortilèges de vérité ou de contrôle d’esprit. J’en avais déjà fait les frais sur l’île…

..........Une fois dehors les groupes se séparèrent et nous suivîmes Bogast à travers le camp, en direction de l’Ouest. Nildë m’aperçu aussitôt et reprit son vol, me suivant de loin tout en observant les alentours. Nous nous dirigions vers le port. Dès que nous fûmes suffisamment hors de portée d’oreille des autres la langue du mage se délia enfin et il entreprit d’éclaircir certains point sur notre mission tout en répondant aux questions que nous avions posé dans la tente. Il s’adressa en premier au pirate, dont il entendait profiter sans pour autant avoir une grande confiance en ses facultés. Il fut donc décidé que nous emprunterions le navire de Sirius. Puis il se tourna vers moi et me fit remarquer que je devais me sentir honorée d’être parmi eux, tout en confirmant qu’il n’avait pas la moindre idée de nos capacités et qu’il comptait sur nous pour avoir judicieusement fait notre choix.

..........J’étais scandalisée. Honorée d’être là ? On nous avait demandé de nous répartir comme on aurait demandé à des enfants de former des équipes pour un jeu de balle. Il me semblait bien à présent que nous seulement les autres n’en savaient pas plus les uns des autres que moi-même et que, pire encore, le général n’en avait pas grand chose à faire. Je n’étais pas général mais tout de même, l’organisation de tout ceci était si précaire que je ne pouvais me défaire d’un très mauvais pressentiment. Ca sentait le plan foireux et j’en avais déjà eu ma part au fil des années. Je n’allais pas rester silencieuse sur le sujet mais le mage me pris de cours. Il nous fit un nouveau résumé de la situation, légèrement plus long mais pas vraiment plus complet, et nous informa qu’il se tenait à notre disposition pour répondre à toute question que nous aurions.

..........Sirius et l’elfe partirent chacun de leur côté, probablement en vue de faire diverses emplettes. Sirat s’approcha aussitôt du mage pour s’entretenir avec lui au sujet de pierres qu’il avait en sa possession. Je décidai d’attendre qu’ils finissent et me tins à distance respectable, tout en écoutant leur conversation d’une oreille, mine de rien. Ils parlaient de runes et de la façon de s’en servir. En les intégrant à un objet ou en invoquant leur pouvoir. Le mieux étant de combiner plusieurs runes à la fois pour former une intention plus spécifique et rendre ainsi leur effet à la fois plus puissant et plus précis. Bien que je n’eusse jamais été versée dans la magie je connaissais le pouvoir des runes et avais toujours eu une certaine curiosité sur la façon dont de simples symboles étaient source de magie même pour celui ou celle qui en était a priori dépourvu. J’avais une théorie selon laquelle nous étions tous reliés à la magie du monde, certains simplement plus que d’autres, ou peut-être plus attentifs, plus sensibles à ses manifestations. Et que quoi il en soit nous avions tous en nous-même un certain potentiel pour atteindre et user de cette vaste énergie. Les dieux en détenaient peut-être les clés mais étaient eux-mêmes limités par ses fondements. Pour avoir rencontré la déesse Yuia je commençais même à songer que ces divinités, étant aussi imparfaites que nous le sommes, ne méritaient pas l’adoration que nous leur portions. Ou en tout cas pas davantage qu’un grand chef de guerre, qu’une illustre peintre ou qu’un célèbre barde ne le mériteraient.

..........Nildë poussa un appel qui me tira de mes pensées et fit un grand cercle dans le ciel avant de venir se poser maladroitement sur mon épaule. Ce qu’elle était lourde ! Ses serres s’enfoncèrent dans mon épaule et m’arrachèrent une exclamation. Je la chassai spontanément et réajustai mon épaisse cape de cuir et de fourrure avant de l’inviter à revenir s’i poser. Tant pour lui fournir un meilleur perchoir que pour rendre la chose moins douloureuse pour moi. Elle était vexée et confuse mais revint prestement sur mon épaule. Je la caressai doucement et posai le côté de ma tête contre son plumage frais. Elle ne saisissait pas l'entièreté des réflexions qui m’habitaient et avait à vrai dire peu d’intérêt pour elles. Elle était fatiguée de notre long vol et avait faim. Je ressentais la même chose et lui promis mentalement de bientôt y remédier.

..........C’est alors que la mention du message à l’origine de notre expédition et des autres missions attira mon attention. Sirat avait changé de sujet et je tournai subrepticement l’oreille gauche vers lui pour mieux entendre la réponse de Bogast. Des experts avaient pu identifier le sceau et l’écriture de la lettre comme appartenant au maître du Castel. Des éclaireurs avaient repéré les troupes de Crean et Khynt au Palais de la Roseraie. Et des soldats avaient capturé quelque chose ou quelqu’un qui avait confirmé la pratique d’étranges rituels dans les plaines. Mais où l’éclaireur avait-il trouvé ce message ? Avait-on une preuve solide de sa provenance ? Un sceau pouvait être volé, une écriture - imitée. Sirat était manifestement aussi préoccupé que moi et fit remarquer que nous risquions de faire le jeu de notre ennemi en nous dispersant. Bogast écarta les craintes de Sirat en louant notre force et nous pouvoirs. Nos pouvoirs ? Il ne connaissait absolument rien de nous ! Comment pouvait-il compter aussi aveuglément sur nous ? Il n’était même pas prévu que je me joigne à leur équipée et pourtant il m’avait accepté sans plus de formalité que cela ! Nous avions devant nous le parfait exemple de tout ce qu’il ne fallait pas faire pour s’assurer du succès d’une stratégie. A croire, encore un fois, qu’il se fichait pas mal de ce qui adviendrait, malgré ses grands discours… Sirat abandonna alors leur conversation, échangeant un bref salut avec le général avant de s’enfoncer dans une allée perpendiculaire du camp.

..........Je n’aurais su dire si l’Humoran s’inquiétait comme moi de l’allure douteuse de tout ça ou s’il était en réalité là en tant qu’espion et s’était simplement inquiété que qui que ce soit découvre l’origine de la lettre. Quoi qu’il en soit, ça ne présageait rien de bon. Qu’il soit allié ou ennemi, et probablement l’Hiniönne avec, puisqu’ils se connaissaient si bien, le problème se résumait à ceci : Etait-ce un piège ? Etions-nous tout bonnement envoyés dans la gueule du loup ? Qu’importait la raison et l’instigateur ou l’instigatrice qu’il y avait derrière ce piège, je n’allais pas laisser qui que ce soit y foncer bêtement. Je pris une grande inspiration et m’approchai de Bogast avec un air neutre.

..........
--- En aparté avec le général Bogast ---
..........

..........« Général Bogast ? » Il se tourna vers moi. « Si je puis me permettre... Que savez-vous de cet Humoran ? » J’hésitai un instant. « Je l'ai à croisé à plusieurs reprises lors d'affrontements avec les légions d'Oaxaca et il n'était... comme qui dirait pas nécessairement de notre côté.»

..........Il secoua la tête.

..........« Moins que je ne le devrais, si vous me posez la question. Je ne le connaissais pas avant qu'il se présente ici. Ce que vous dites est fort grave, le Ser Anton du Val, Gardien du Royaume, aurait-il mal fait son boulot ? Quelqu'un s'est-il désigné garant de ses actes ? Il semble proche de cette autre elfe blanche… »

..........Il n’avait manifestement aucune idée des faits de Sirat et je n’eusse su dire s’il était plus ennuyé par le danger potentiel que cela représentait ou par le fait qu’il avait été pris à défaut dans son rôle de supervision...

..........« Je l'ignore. Comme je vous l'ai fait remarquer plus tôt je viens tout juste d'arriver au campement et avais pour seule information qu'un camp Kendran s'était établis là et entreprenait de lancer une contre-offensive suite à la prise du Nord de la région et à l'attaque de Luminion. J'ai rencontré Sirat il y a plusieurs années et... Il m'a déjà porté secours par le passé mais je ne sais que penser de son alignement. »

..........J'avais un air soucieux. Mais je savais aussi que je pouvais vérifier de quoi il retournait plus tard en l'interrogeant directement sur ses intentions et son allégeance (avec la relique du murmure de vérité). J'étais surtout soucieuse du manque de recherches qu'il y avait eu avant de lancer cette expédition. Je secouai la tête comme pour chasser les questions du mage.

..........« Je tirerai ça au clair bien assez tôt. Et je vous en informerai si nécessaire. »

..........Ou pas. Je n'avais pas plus confiance en Bogast qu'en Sirat. Et pourtant il n'avait jusqu'à présent pas semblé chercher à me cacher quoi que ce soit. A moins que la perle offerte par Yuki ait perdu de son effet hors du sanctuaire ?

..........« Je vous en serai gré. » répondit-il. « Ce sont des accusations fort graves que vous prononcez à son égard, et si elle se confirme vous serez tous trois en danger. Il a prétendu ici défendre les intérêts de Zewen... Ce qui veut tout et rien dire. Il semblait lui-même soupçonneux de quelque chose. Essaie-t-il d'embrouiller les pistes ? Restez particulièrement prudente à son égard, lors de la mission. En espérant qu'il ne retourne pas sa veste… »

..........J’acquiesçai et enchaînai avec une autre question, qui avait davantage pour but de confirmer mes doutes que de me rassurer.

..........« Comment se fait-ce que vous en sachiez si peu sur vos recrues ? J'entends bien que quelqu'un d'autre était chargé du recrutement mais... Vous m'avez accueillie sans poser de question, vous conviendrez qu'il s'agit là d'une procédure assez inhabituelle ?

..........- Vous n'êtes pas vraiment des... recrues. Vous êtes des aventuriers, libres de tout contrat, et libre de vos actions, que nous comptons récompenser pour des actions d'éclat visant à affaiblir l'ennemi sur ses différentes positions. C'est un coup de poker : Si vous réussissez, nous aurons tout gagné. Si vous échouez... Pardonnez-moi ce raccourci direct, mais nous n'aurons rien perdu. Et nous ne prenons guère de risque pour l'armée à vous envoyer au-devant du danger. Mais vous êtes bien consciente de ça, n'est-ce pas ? »

..........Je me détendis enfin. Son approche très directe avait eu le mérite de présenter la situation sous un angle aussi logique que pertinent. Le seul qu'ils avaient pris était d'avoir accueilli des étrangers dans leur camp mais qui aurait pu dire si ce risque-là n'avait pas été calculé également. Je supposai que pour Yuki soit au courant de ce campement, nos ennemis devaient également en avoir connaissance. Il n'avait jamais été question d'une manœuvre discrète. Du moins c'était là que nous intervenions.

..........« Ai-je des raisons de me méfier de vous ? » reprit-il.

..........« Non. Bien que ma valeur n'a que peu de parole pour quelqu'un qui ne me connait pas. Mais si vous vous renseignez vous apprendrez que j'ai été milicienne pour Kendra-Kâr et ai par ailleurs combattu au côté de vos armées de mon plein gré à de multiples reprises. Bien que mon objectif soit noble, à savoir libérer nos terres du danger que représentent Oaxaca et les siens, sachez que j'apprécie d'autant plus les compensations qui viennent en échange que, comme vous l'avez si bien rappelé, ce sont nos vies que l'on met en jeu. »

..........Il me semblait inutile de mentionner Yuia ou toute autre noble quête dans laquelle je m'étais lancée. Me faire passer pour un simple mercenaire me convenait tout à fait et attirait généralement davantage de confiance qu'une obscure figure héroïque sortie de nulle part. Il est toujours plus confortable d'interagir avec des individus dont nous connaissons clairement le jeu. Et tout ceci était en soi une simple affaire, une vente de services, sans garantie de succès mais avec une belle récompense à la prime si nous rencontrions le succès - Je n'en doutais pas. Voilà bien une chose que je ne pouvais reprocher aux représentants de Kendra-Kâr : Il savait honorer comme il se devait ceux qui se battaient pour eux.

..........« Honoré d'avoir parmi cette escouade une partisane chevronnée, alors. Et oui, n'ayez crainte pour vos gages : le Roi sait dûment récompenser qui l'aide au péril de sa propre vie. »

..........Je le remerciai d’une légère inclinaison du buste.

..........« Pour en revenir à notre mission, puis-je vous demander comment l'éclaireur a-t-il obtenu le message dont vous avez tiré toutes vos informations ? Sait-on qui l'a écrit ? »

..........Il grimaça.

..........« C'est étrange, ce Sirat a posé la même question. J'ignore personnellement comment cet éclaireur a récupéré le message, et je crains n'avoir pas de solution à vous proposer : il est sans doute reparti sur le terrain... Quant à l'auteur de celui-ci, c'est sans aucun doute le Seigneur Vandrak d'Arkasse. Nous avons pu identifier son sceau et son écriture. »

..........Ce n’était rien que je ne savais déjà mais c’était une manière de mettre à nouvelle fois à l’épreuve la sincérité de Bogast. La perle à mon oreille resta silencieuse. Il ne nous cachait rien. En tout cas pas volontairement.

..........« Savez-vous où cet éclaireur a-t-il obtenu ce message ? A quelle distance s'est-il approché du château ? Savons-nous le nombre d'ennemis qui nous y attend ? Y-a-t-il traces à l'extérieur du château du passage d'un régiment ? N'importe quel indice qui pourrait nous enseigner sur ce qui nous y attend ? Ou peut-être avez-vous dans vos rangs des mages capables d'obtenir ces informations par de quelconques sortilèges ?

..........- Hélas non, nos trop rares mages ne sont pas tellement spécialisés dans l'obtention d'informations. Moi-même je n'y puis rien. Quant à connaître le trajet exact de l'éclaireur, j'ai peur de vous décevoir de nouveau : je n'ai reçu ce message qu'indirectement, via son capitaine de troupe. Je gage que cet important marchand a pu faire jouer les avantages de sa guilde pour transmettre ce dernier. Car nos éclaireurs ne vont pas si loin derrière les lignes ennemies. Par contre, nous savons que les troupes d'Omyre, et plus particulièrement de Karsinar, encerclent Omyre pour préparer un siège. Le Chateau Vandrak se trouvant dans sa périphérie, il est fort à parier qu'il est également encerclé. Pareillement, le message fait mention de leur amiral de flotte, Perailhon, ce qui confirme la présence et l'avancée de la force maritime omyrienne sur le port d'Oranan. J'espère pour vous que les troupes ennemies seront trop occupées à assiéger la ville pour s'occuper de vous. Sans quoi vous devrez sans doute œuvrer de nuit. à considérer que ces engeances de Thimoros dorment...

..........- A-t-on des informations sur la composition de ces troupes et les éventuelles créatures qui les accompagnent ? »

..........A défaut de pouvoir faire confiance au message ou au messager je pouvais faire confiance au général Bogast aussi je décidai de partager en partie mon secret avec lui et de lui soumettre ainsi une suggestion.

..........« Que pensez-vous d’une reconnaissance aérienne ? Un oiseau qui irait survoler le castel et ses environs... C’est à plusieurs heures de vol mais peut-être ceci vaudrait-il le coup de retarder notre départ en attente de plus d’informations ? Nous pourrions également prendre la mer pendant ce temps mais nous manquerions de fait l’occasion de nous équiper en conséquence et risquerions de nous jeter dans un piège... » J’ajoutai rapidement : « À combien de temps de navigation sommes nous du Castel par la mer ? »

..........J’étais moins familière des notions de temps et de distance quand il s’agissait de navigation que de vol d’oiseau, de marche ou de trajet à cheval. Il parut réfléchir un instant avant de répondre.

..........« Aucune information précise. Les rapports de l'attaque du nord Ynorien par Karsinar mentionnent des troupes garzoks, évidemment, mais aussi des créatures sauvages immenses. Des fauves monstrueux, dont nous n'avons aucune description précise. La ligne de surveillance Oranienne n'a pas eu beaucoup de survivants pour témoigner... Seuls ceux ayant fui la bataille ont eu la vie sauve... » Il posa le regard sur Nildë. « Une reconnaissance aérienne serait un atout majeur, évidemment. C'est fantastique que vous puissiez avoir cette capacité. Je gage cependant qu'il serait dangereux de retarder votre départ. Il sera toujours temps de faire ladite reconnaissance quand vous serez à proximité de votre objectif, pour voir ce qui vous y attend. Quant au temps de trajet... Avec le détour que vous devrez faire pour éviter la bataille maritime dans le port d'Oranan, je pense que deux jours seront nécessaires. Peut-être moins si les vents vous portent... »

..........Deux jours... Nous avions effectivement le temps de faire une reconnaissance entre temps. Mais la situation pouvait également largement changer d'ici là... Puisqu'il n'avait pas davantage d'informations à m'offrir sur la situation il était temps de se préparer au départ. Et de discuter de tout ça avec notre capitaine, l'Humoran et son amie...

..........« Vous ne nous accompagnez pas ? » réalisai-je soudain.

..........Il secoua la tête gravement.

..........« Sachez qu'à une autre période, j'aurais apprécié. J'ai personnellement aidé une mission d'aventuriers sur l'archipel perdu de Verloa, il y a plusieurs années. Mais mon statut m'empêche de le faire cette fois : les troupes ont besoin de leur général. Et le roi de protection. »

..........J'acquiesçai respectueusement.

..........« Fort bien. Je vous remercie pour le temps que vous m'avez accordé et les réponses que vous m'avez apportées. J'ai une dernière question... Des vivres ont-ils été prévus pour nous ? Et pouvons-nous emprunter du matériel ? Je pense à du cordage, de quoi faire du feu, de quoi désinfecter et refermer des plaies de taille raisonnable, de quoi écrire et vous transmettre un message si besoin…

..........- Vous aurez des vivres embarqués sur le navire, effectivement. Pour le reste, vous trouverez tout ce que vous souhaitez à l'intendance et aux forges du camp. Surprenamment, je n'ai pas tout ça sur moi. »

..........Il retint un petit rire et je lui retournai un sourire amical.

..........« Ou puis-je trouver l'intendance et les forges ?

..........- Suivez la fumée, l'intendance sera juste à côté. »

..........Il pointa un doigt vers le ciel en direction d’une épaisse colonne de fumée au Nord de notre position, à quelques minutes de marche peut-être. Je l’avais déjà remarquée à notre arrivée et il était difficile d’ignorer l’odeur âcre dont elle emplissait l’air mais je n’avais pas fait le lien avec une forge. Je le remerciai d’un signe de tête et partis en direction des volutes noires.

..........
--- Forge et intendance ---
..........

..........Dans le camp chacun vaquait à ses occupations avec la frénésie que l'on connait à l'aube des grandes batailles. Les mouvements étaient efficaces, les démarches, assurées, et cette agitation me donnait presque envie de trotter moi aussi. J'ignorai combien de temps avait passé exactement mais je savais avoir encore le temps de m'équiper sans avoir à trop me presser. Bientôt nous arrivâmes devant la forge à ciel ouvert. Un impressionant four tout en briques avait été monté et une véritable brasier grondait en son coeur. Un forgeron et des apprentis équipés d'épais tabliers et gants de cuirs s'activaient à réparer des rapières, affûter des lames, retaper des boucliers cabossés, et même fondre ce qui semblait être destiné à devenir des carreaux d'arbalète. Juste à côté une vaste tente laissait entrevoir différentes caisses, sacs et barils par un pan rabattu sur le côté. Un jeune homme se tenait dans l'entrée, derrière un petit bureau en bois mal dégrossi sur lequel il avait étalé un parchemin, une plume et de l'encre. Ce devait être l'intendance. Je me répétai mentalement ce que je souhaitais emprunter puis me présentai à lui avec un bref salut Kendran.

..........« Bonjour. Le général Bogast m'a envoyée ici pour m'équiper avant de partir en mission pour lui. »

..........Il semblait fasciné par Nildë et lorsqu'il détacha son regard d'elle, ce fût pour me regarder avec le même regard rond et vide. Je supposai qu'il attendait que je lui fournisse ma liste et repris donc la parole d'une voix suffisamment lente pour que rien ne lui échappe.

..........« J'aurais besoin d'un nécessaire de couture avec au moins une aiguille courbe pour pouvoir recoudre des plaies si nécessaire, une fiole d'alcool à brûler pour désinfecter les blessures, une corde, une pierre à feu... »

..........Il avait commencé à prendre des notes et tout air hagard avait disparu de son visage. Il était jeune, probablement un peu moins de la vingtaine, typé Kendran, et c'est un regard très sérieux qu'il remonta vers moi en attendant la suite.

..........« … Du parchemin, de l'encre, une plume, ainsi qu'une bourse en cuir si vous avez quelque chose du genre, pour pouvoir transmettre un message par chouette si besoin… Ah et sauriez-vous où je pourrais trouver une épaulette en cuir ? »

Il observa à nouveau la chouette avec curiosité, puis nos regards se croisèrent et ils les baissa aussitôt, rougissant subitement. Il s'éclaircit la gorge maladroitement.

..........« Ahem… Euh… Oui. Bien sûr. Hem… Je… Attendez ici je vous prie je vais chercher ça. »

..........Il disparu promptement dans la tente. Je l'entendis fouiller un moment tout en répétant dans sa barbe la liste de mes demandes. Pendant ce temps j'admirai le travail des forgerons. La force, la précision de leurs gestes, le tintement des métaux qui s'entrechoquent, le rythmes de leurs coups de marteau, le sifflement des lames à chaud plongées dans l'eau, et l'éclat de leurs ouvrages finis qui étaient adossés ici et là dans leur espace de travail ou encore étalés sur une couverture étendue au sol au-devant. Je me demandai si ces armes étaient à disposition ou soumises à un inventaire… Le jeune homme reparu et s'éclaircit la gorge pour attirer mon attention.

..........« Ma dame, je… Est-ce que cela convient ? »

..........Il posa son butin sur le bureau. Une bobine de fil clair, une aiguille en métal droite, une aiguille en os courbe, une petite fiole qui devait contenir de l'alcool, un flacon d'encre sombre, une plume d'oie taillée pour l'écriture, quelques parchemins roulés et tenus par une ficelle, un gros éclat imparfait de pierre noire attaché à une petite stylet en métal que je reconnu sans mal, un morceau de cuir doublé passé sur une sangle à boucle qui devait être l'épaulette, un rouleau de corde assez volumineux mais pas intransportable… J'aurais pu me passer de la corde dans la mesure ou le navire n'en manquait certainement pas mais c'était à mon sens une mesure de sécurité tout à fait raisonnable une fois au sol. Que ce soit pour lier des prisonniers ou encore peut-être transporter un blessé sur mon dos en cas de besoin ; Je n'avais encore jamais eu l'occasion de tenter quoi que ce soit de tel et espérais de pas avoir à y recourir mais je supposai que transformée en ours, à défaut de pouvoir maintenir cette forme pour un combat, je pourrais au moins m'en servir pour transporter quelqu'un qui ne serait plus en état de se déplacer…

..........« Je n'ai pas trouvé de bourse en cuir mais j'ai un morceau de cuir qui serait normalement utilisé pour raccommoder une armure souple et je pense que si vous le portez au forgeron il acceptera de vous y percer des trous pour que vous puissiez le fermer en paquet… »

..........Il accompagna son explications de gestes pour illustrer ce qu'il avait en tête. Je lui adressai un sourire reconnaissant et il perdit toute son assurance.

..........« Je… Hem… Normalement vous devez nous donner un bon en échange de la corde et de la pierre à feu, ou payer de votre poche, mais je… »

Il fit un signe des deux mains et inclina la tête pour me faire comprendre qu'il m'en faisait cadeau. Il rougit à nouveau, un sourire maladroit aux lèvres. Je le saluai à nouveau pour le remercier et lui adressai un sourire plus chaleureux encore.

..........« Je vous en remercie beaucoup. Il est bon de savoir l'armée Kendranne peuplée de bonnes âmes comme la vôtre. Et merci encore pour le cuir, ça fera parfaitement l'affaire. Je vais de ce pas voir le forgeron et si besoin je trouverai moi-même de quoi percer ce cuir. C'est très aimable de votre part. »

..........Il bafouilla quelque chose et je continuai de sourire, ne souhaitant pas le mettre plus mal à l'aise encore en lui demandant de répeter, tout en commençant à ramasser mes nouveaux effets personnels. Je plaçai tout mon petit nécessaire de survie dans mon paquetage, demandai à Nildë de me laisser un instant pour passer ma nouvelle épaulette puis repartis, le morceau de cuir de rapiéçage à la main. J'adressai un dernier sourire à l'intendant puis marchai jusqu'à la forge.

..........Là, sur le grand carré de toile posé au sol, une série de cinq dagues accrocha aussitôt mon regard. Leur lame était longue comme une main, fine comme deux doigts, affûtée des deux côtés, taillée en biseau à la pointe et légèrement courbée. Elle s'arrêtait à une garde en métal doré légèrement courbée en demi-lune, les pointes vers la lame. Sa poignée était en bois clair couvert de cuir sombre lacé comme un joli corsage avec une insertion de métal doré en dessous qui représentait les phases de la lune. Son pommeau n'était pas plus large que le reste mais finement ouvragé, du même métal doré qui devait être en fait du laiton, et était percé et agrémenté d'un anneau qui devait permettre de les accrocher facilement à la ceinture. Des fourreaux en cuir reposaient à côté, agrémentés du même symbole et de cordon qui devait permettre de les attacher. Ces dagues étaient très différentes de ce que l'on pouvait trouver sur le reste du continent. Les Ynoriens étaient connus pour leur maîtrise des sabres et avaient porté la création de ces armes au rang d'arme - là ou les autres Humains se contentaient généralement d'aller vers le concept le plus efficace ou se contentaient de rajouter des fioritures étouffantes.

..........Je songeai que je n'avais pas même un couteau sur moi. Pas de quoi trancher une corde, dépecer un lièvre, tailler du bois ou me défendre en cas de besoin… Je portai la main à ma bourse et en fis tinter les yus. J'avais une petite fortune avec moi. S'il me fallait en dépenser pour acquérir l'une de ces petites beautés j'étais prête à m'en défaire. Je fis signe à l'un des apprentis qui était en train d'affûter une épée et il laissa son ouvrage pour se porter à ma rencontre. Je lui demandai si les dagues étaient à vendre et leur prix. Six cent yus la pièce… Ce n'était pas donné mais c'était largement dans mes moyens. Et s'agissait là d'une véritable oeuvre d'art en laquelle je savais pouvoir également avoir confiance. Pas un vulgaire poignard acheté quelques sous sur le marché. Il me proposa de descendre à cinq cent la dague si j'en prenais deux. J'hésitai un moment. Je n'étais pas tellement familière de la défense ambidextre mais il me semblait toujours plus sûr d'avoir les deux armes en mains que de laisser une main libre et inoffensive.

..........J'acceptai son offre et en profitai pour lui présenter le morceau de cuir et ce que je voulais en faire. Il opina, alla promptement percer le cuir avec le pointeur utilisé pour les ceintures et revint avec une cordelette tressée similaire à celle des fourreaux des dagues. J'avais prévu de couper un morceau de corde et de la délier pour utiliser une partie de ses fils pour fermer ma bourse. Cette cordelette était plus que bienvenue. Je lui sortis une pièce d'or, qui alluma une étincelle dans son regard, et entrepris d'achever la création de ma petite bourse en cuir. Le résultat était un peu disgracieux, car mal fini, mais ça ferait amplement l'affaire. Je l'attachai à ma ceinture tandis qu'il me rapportait les deux dagues. Il les mis dans leurs fourreaux puis me les tendit à plat sur ses deux mains, paumes vers le haut.

..........« Maître Kajiya vous remercie pour votre achat. »

..........Je pris les dagues à deux mains également et nous nous inclinâmes tous deux.

..........« Ah ! » s'exclama-t-il avant de me faire signe de patienter.

..........Il retourna auprès de la roue à aiguisage et revint avec une fine pierre grise.

..........« Vous n'avez pas d'épée. Je suppose que vous n'avez pas de pierre à affuter ? »

..........Je saluai sa perspicacité et acceptai gracieusement la nouvelle pierre. Je me demandai si la chance m'avait fait tomber sur les membres les plus courtois de ce campement, s'ils se seraient comportés ainsi avec n'importe qui d'autre, ou si mon attirail me faisait passer pour un gradé ou autre personnage important. A bien y réfléchir, il n'était pas absurde de me considérer comme quelqu'un d'important. Nous allions peut-être porter un coup fatal qui déstabiliserait les armées Oaxiennes et permettraient ainsi à l'armée de remporter une victoire tant attendue. Le regard de l'apprenti s'attarda sur Nildë qui avait repris place sur mon épaule puis nous nous saluâmes et il se remit au travail. Ce devait être une bien étrange figure que je présentait. Pas plus étrange que celles des autres aventuriers réunis un peu plus tôt sous la tente du roi, mais certainement pas commune.

..........
--- Au port ---
..........

..........Suivant l'air marin et surtout le souvenir de notre orientation, je me mis en route pour le port où je devais retrouver les autres. A mon arrivée mes trois compagnons étaient déjà montés à bord d'un galion peint d'un bleu délavé qui devait probablement le rendre moins facilement discernable en mer. Avec ses voiles ferlées et ses grands mâts tout encordés, il ressemblait à un enchevêtrement complexe dans lequel aurait pu se piéger un dragon. Mais son fuselage et son allure élancée ne me trompaient pas. Pas plus que le baliste installée à la proue. Sous ses airs chaotiques, ce navire devait être une véritable machine de guerre. Pas étonnant pour un pirate… J'espérai toutefois que nous n'aurions pas à nous servir de la baliste.
Alors que je rejoignis son bord, Sirat prit la parole.

..........Il évoqua sa conversation avec Bogast, la possibilité que le message soit un piège et que le mage lui-même soit un traître - ce que je savais désormais faux. L'elfe lui rappela aussitôt que si traître il devait y avoir, ses doutes porteraient sur l'Humoran en priorité. Je haussai les sourcils. L'allégeance de l'Humoran était donc bien quelque chose qu'il nous faudrait aborder au plus tôt. Il resta toutefois complètement indifférent à l'accusation de l'elfe, voire amusé. Et Sirius résuma fort bien sa pensée en déclarant que nous n'étions de toute façon que des appâts, que le camp adverse savait probablement tout de nos mouvements et qu'un piège nous attendait certainement, que Sirat soit un traître ou pas. Sirius ne semblait pas le moins du monde dérangé par l'idée. Ce n'était sûrement rien de plus que les risques du métier pour lui.

..........« Bogast ne nous a rien caché. » ajoutai-je. « Et Sirat non plus pour l'instant. J'ai moi-même interrogé le général une fois Sirat parti. Il ignore tout de l'éclaireur qui a ramené la lettre, où et comment il l'a obtenue, ainsi que ce qui nous attend là-bas. Comme il me l'a si bien expliqué, si nous échouons ils n'auront rien perdu… Que nous vainquions ou non nous occuperons au minimum un peu les troupes stationnées à Vendrak - à moins que nous ne dépassions pas la zone de combat au large d'Oranan. Quoi qu'il en soit, ils ont tout à y gagner et rien à y perdre. Partons effectivement sur le pire scenario possible et avisons en fonction de cela. J'ai à ce sujet une ou deux suggestions, mais avant cela je pense que des présentations s'imposent. »

..........Je les regardai tous tout à tour.

..........« Pas la peine de perdre trop de temps là-dessus, nous aurons tout le loisir d'échanger sur nos expertises et établir une stratégie une fois en mer - après tout nous avons deux jours de voyage devant nous - mais je souhaiterais vérifier quelque chose, si vous le permettez. » Je fis une pause. « Accepteriez-vous de vous présenter chacun et chacune brièvement en nous précisant vos compétences ainsi que la raison de votre participation à cette mission suicide ? » Je me tournai vers l'elfe. « Je ne connais même pas votre nom. »
Modifié en dernier par Sinaëthin le ven. 29 janv. 2021 21:17, modifié 1 fois.
Silma, Héraut de Yuïa, hinïonne aussi connue sous le nom de Sináëthin Al'Enëthan, accompagnée de Nildë, harfang des neiges.

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Kiyoheiki
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Kiyoheiki » ven. 29 janv. 2021 14:31

~Auparavant~

~11~

Yliria et moi sommes rejoins devant le Comte par deux personnes. Un jeune soldat nommé Tobias Arthès, visiblement intimidé face à notre interlocuteur, mais qui fait au mieux pour se présenter ainsi que ses états de service. Il est suivi par un autre jeune homme, dénommé Jorus Kayne qui semble tout aussi peu confiant que son prédécesseur. J'ai brièvement un sentiment nostalgique en les voyant, me remémorant certains de mes apprentis à la milice. Je n'ai cependant pas le loisir de m'attarder sur ce sentiment, les groupes se formant rapidement auprès des diverses figures d'autorité. Une fois cela fait, le Roi kendrain fait un discours mettant en avant que notre présence permet de prouver la multi-culturalité et la force des valeurs du royaume de Kendra Kâr. Il nous enjoint à rester unis, à veiller sur nos camarades, à remplir nos objectifs et surtout à revenir victorieux et en vie. Il ponctue ses paroles par quelque chose qui me fait légèrement plisser les yeux. Tout son monologue est achevé par un "Pour le Royaume, pour Kendra Kâr". Quid de mon peuple dans tout ceci ? Si ce sentiment patriotique peut encourager les kendrains et ceux qui se réclament du royaume voisin, ce n'est pas mon cas. J'ose espérer que ce qui le préoccupe est la raison de cette omission, et pas une certitude latente que la République d'Ynorie est de retour sous l'égide de la couronne.

Nous sortons de la tente de commandement à la suite du Comte, restant à proximité. Il commence par s'adresser à Yliria, et déjà son ton posé contraste avec la brutalité de ses paroles. Il laisse entendre que la jeune demie-elfe a inévitablement des connaissances en obscurité, ce qui me laisse perplexe. D'où lui vient cette certitude ? Il enchaine en espérant à haute voix que le Ser du Val, le garde qui nous a accueilli, ne s'est pas fourvoyé en acceptant de la laisser passer et n'aura pas à regretter son choix. Il me jette alors un bref regard, appuyant sa remarque pour l'élargir au Conseil d'Oranan. Cette fois-ci, je resserre lentement les doigts sur mon casque. Se rend-il seulement compte de ce qu'il vient d'insinuer ? Je connais ces regards dédaigneux ou hostiles, les recevant depuis plus longtemps que je sais tenir debout, et je peux passer outre. Mais entendre un étranger se permettre de remettre en question la sagesse des miens aussi ouvertement m'irrite grandement. J'ose espérer qu'il n'est qu'un individu dans la masse, et que tous ceux de son acabit ne sont pas aussi étroits d'esprit.

À peine a-t-il réussi à me causer un brin d'irritation que ses paroles suivantes me font écarquiller les yeux. Non content de mépriser ouvertement Yliria et moi-même, visiblement à cause de notre ascendance, il pousse le vice jusqu'à nommer le soldat Arthès Capitaine temporaire du groupe, ne doutant pas qu'il soit capable de nous diriger d'une main de fer. Mes yeux violets font un rapide mouvement pour regarder le jeune homme de haut en bas avant de se diriger vers la semie-elfe. Nous échangeons un regard lourd de sens. Mon sang d'ynorien pulse sur un rythme offensé pendant quelques instants, mettant un certain laps de temps à concevoir que mes états de service sont ouvertement ignorés, simplement pour placer qui ressemble le plus au kendran à la tête du groupe. Multiculturalité. S'appuyer les uns sur les autres. Message des plus candides quand le Conseiller même du Roi cherche à courroucer et semer la discorde avant même que nous soyons au fait de ce qui est attendu de nous. J'inspire lentement et souffle de la même manière, recouvrant lentement mon calme et chassant ce sentiment indigne de moi. D'autant que le soldat promu aussi brutalement semble momentanément perdu.

Froidement, je mets de côté mon irritation pour me concentrer sur les faits. La mission choisie est la plus floue et la plus secrète. Une présence nécromancienne est suspectée aux abord des ruines de Nayssan, une antique cité elfe à la frontière entre la Mer Verte et les terres agraires d'Oranan. Il est fait mention de lueurs verdâtres, vers lesquelles une mission de reconnaissance a été envoyée et dont est revenu... Quelque chose. Il se tourne vers un grand objet couvert d'une toile, que deux gardes retirent avec prudence. À la lueur du jour, je découvre une cage de fer dans laquelle est enfermée une créature humanoïde. Elle émet un bruit strident, et il me faut un bref instant pour que ma surprise passe. Chauve, peau grise cadavérique, des os apparents, des bras démesurés se terminant un un trio de griffes longues, des haillons indiquant que cet individu a vraisemblablement été... Autre chose.

(Par Gaïa, quelle apparence terrible. Pourvu que le pauvre hère ait perdu la vie avant d'être devenu ainsi... )

Après avoir fait recouvrir la cage, le comte indique qu'il s'agit du capitaine de l'escouade envoyée. Je n'ai pas besoin de l'entendre confirmer qu'il a été mutilé et transformé, mais suis suspicieux quand il la prétend inoffensive jusque-là. C'est inconcevable, car elle a toute la panoplie du prédateur mort-vivant. Il me faut l'étudier de plus près pour en apprendre davantage et établir des certitudes. Je m'efforce de ne pas montrer mon indifférence tandis que notre interlocuteur nous laisse carte blanche pour l'expédition, avant de préciser que le camp met des montures et du matériel à notre disposition. Quant au capitaine enfermé, il s'en lave les mains, nous laissant le tuer, l'étudier ou étrangement l'emmener avec nous. Quelle idée saugrenue. Pense-t-il qu'il s'agit d'un animal que nous pouvons dresser afin de la tourner vers ses éventuels semblables ?

Je lève brièvement les yeux au ciel et me détourne des humains. Tandis qu'Yliria s'éclipse de son côté, je me dirige vers la cage. L'idée que cette créature ait des semblables me pousse à vouloir en apprendre le plus possible par elle. Casque sous le bras, je soulève la toile de l'autre main. Immédiatement, la grande et pâle chose recule contre l'autre côté de la cage. Je prends le temps de l'examiner. Elle a le teint pâle de qui a perdu la vie, et je ne perçois pas la plus petite pulsation indiquant un reste d'activité biologique. Elle est dépourvue d'yeux et se tient immobile, ne tressaillant même pas d'un semblant de souffle. Ce qui ressemble à ses bras originels est replié et entravé dans les excroissances formant les longues griffes actuelles. À première vue, elle ne semble pas spécialement vive, même lorsqu'elle s'est éloignée de la source de lumière. Plissant les yeux, je prends résolument la décision de changer les conditions de mon observation et laisse la toile choir dans mon dos. En-dehors de la faible lueur émise par la pierre de mon casque, la cage est assombrie.

Attentif, j'inspire lentement. J'ai à peine le temps de souffler que la créature émet un cri effroyable et lance l'un de ses bras droit en direction de mon visage. Je l'esquive de justesse en me jetant en arrière, devinant la forme de la griffe ayant failli m'atteindre déformer la toile. Clignant des yeux à deux reprises, je finis par secouer la tête lentement. Inoffensive, ça ? Un peu de pénombre et elle m'a identifié en tant que proie, visant avec précision mon visage à découvert. Je me coiffe de mon casque, ayant besoin d'en avoir le cœur net. De nouveau, la créature s'éloigne quand la lueur du soleil est perceptible dans la cage. J'entre vivement, laissant la toile retomber derrière moi. J'ai besoin de vérifier quelque chose et manifeste ma magie lumineuse, lançant le sort d'éclairage. Avec une fulgurance incroyable, le bras de la créature se tend de nouveau et cette fois, la griffe m'érafle la gorge.

Je m'empresse de m'éloigner, écoutant la bête non-morte crier avec une violence inouïe tandis que je porte la main à mon cou et perçois les gouttelettes sanguines sur ma peau. J'ai à peine le temps de faire le point que notre jeune promu s'adresse à moi, constatant mes efforts et demandant si je peux partager mes observations. Je lui adresse un bref regard et reporte mon attention sur la cage.

"Cette créature n'est en rien inoffensive. Elle semble redouter et fuir la lueur du jour, certes. Mais dans la pénombre, après quelques instants, elle m'a attaqué. Et avec précision, visant la tête malgré son absence d'yeux et visiblement de conscience propre."

Je serre légèrement le poing et l'élève contre ma peau éraflée.

"Quand j'ai utilisé ma magie en manifestant le sort d'éclairage, elle n'a pas fui mais a attaqué aussitôt. J'envisage qu'elle a été spécialement... Conçue... Contre les porteurs de fluides lumineux."

Le soi-disant dirigeant de notre groupe me semble brièvement mal à l'aise. Il le confirme en balbutiant d'abord puis en avouant ne pas avoir les compétences requises pour déterminer la nature de cet être. Il se propose pour s'occuper de la logistique du groupe, avant de demander qui parmi nous a besoin d'une monture. Nous diriger d'une main de fer en se montrant aussi affable ? Le soldat promu Capitaine ne semble en tous cas pas vouloir asseoir son autorité comme semblait l'espérer le comte. S'il continue de se montrer respectueux, je ne pense pas avoir de difficulté pour faire équipe avec lui. Mais le considérer comme mon supérieur ? Même temporaire ? Non. Pas sans preuve de sa fiabilité ou de son bon sens, voire de sa capacité à encaisser la pression causée par des éléments visiblement plus expérimentés que lui. Je vais le traiter comme je l'ai fait pour le ser Cherock et Yliria avant notre voyage commun : neutralité polie.

"Je dispose de ma propre monture, Capitaine Arthès."

Pendant qu'il part s'occuper de la logistique, le ser Kayne s'approche du comte puis s'éclipse également. Je demeure à proximité de la cage, remarquant que Yliria semble également vouloir en apprendre davantage sur la créature enfermée. Les tests effectués font hurler la créature également, et la jeune femme s'en sort avec une blessure à la joue.

Une fois tous les membres du groupe réunis, les informations sont échangées. Le jeune humain confirme que le non-mort est bien le capitaine de l'escouade, reconnu par le frère de ce dernier qui a participé à la capture, ainsi que par les restes de vêtements portés. La créature serait arrivée de nuit dans la partie nord du camp, et les soldats lui seraient tombés dessus. Je fronce légèrement les sourcils. Elle a été qualifiée d'inoffensive, donc elle ne se serait pas défendue face aux kendrains ? Étrange. Il précise que personne n'a nourri la créature, et je vois difficilement comment s'y prendre de toute façon. A-t-elle seulement besoin de s'alimenter ? Le ser Kayne s'étonne du fait que le non-mort se soit approché du camp de son propre chef, comme s'il lui restait des relents de conscience. Il transmet également le voeu du frère restant de voir l'humanité du capitaine restaurée. Je ferme lentement les yeux à cette idée. Les morts ne gardent généralement aucune trace de leur propre identité une fois relevés par magie. Il ne me semble guère avoir connu plus de deux ou trois exceptions à cela.

Yliria apporte sa pierre à l'édifice en indiquant que l'individu prisonnier craint la lumière magique ou non, qu'elle a besoin d'un délai avant de passer à l'attaque mais qu'une fois sa cible acquise, elle est rapide et mortelle. Elle aussi semble penser qu'elle vise en priorité les mages blancs, expliquant possiblement sa docilité à proximité des soldats dénués de fluides. J'imagine sans mal les conséquences si ne serait-ce qu'une meute de ces créatures parvenait à s'attaquer aux médecins et soigneurs dépêchés pour la bataille. Nombre d'entre eux ne connaissent que leur vocation et art, les rendant peu aptes à se défendre contre des adversaires aussi dangereux. De même, sans le soutien des mages blancs capables de lutter, les nécromanciens n'auront plus d'opposants directs. La stratégie serait des plus vicieuses, mais la guerre n'est jamais propre.

Je rouvre les yeux quand le ser Kayne propose de faire venir le frère du capitaine d'escouade à la fois pour vérifier s'il a bel et bien un reste de conscience, et lui offrir l'opportunité d'abattre lui-même le non-mort. Yliria proteste, arguant que le cadavre mouvant n'est plus affilié à qui que ce soit et se portant volontaire pour le détruire. Le ton ne monte pas vraiment, mais la tension est palpable, entre Yliria essayant de faire comprendre que laisser cette sordide besogne à un individu brisé n'est pas la meilleure idée, et le ser Kayne prétendant que c'est là l'occasion qu'il fasse son deuil. Je plisse légèrement les yeux. C'est la première fois qu'il évoque l'état du soldat interrogé, et il le décrit comme brisé. S'il est aussi brutal et maladroit avec nous qu'avec ce pauvre homme, je n'imagine guère l'état final dans lequel il l'a laissé. Fort heureusement, Yliria choisit de couper court à la discussion en prévenant nous attendre à la sortie du camp.

Je la suis du regard, ses propos laissant deviner qu'elle est particulièrement touchée par le sujet. Si elle a effectivement du abattre un proche relevé par la non-vie, elle est la plus à même de partager son expérience. L'insensibilité du ser Kayne, indiquant que cela l'a rendue plus forte, me laisse pantois. Existe-t-il donc des gens si peu empathiques ? J'aimerais lui souhaiter de vivre cela à son tour pour comprendre la portée de ses paroles, mais cela signifierait qu'un individu innocent devrait souffrir pour cela. Je me contente donc de regarder posément le jeune homme et de lui donner mon opinion.

"Mais vous n'êtes pas en mesure de savoir quel impact aura effectivement cet acte sur lui. Si le résistant roseau sait courber et endurer, il peut toujours finir par se fendre quand trop durement sollicité. Nous ne sommes pas tous aptes à nous redresser au même rythme."

Le soldat devenu capitaine demande ensuite si l'état de la créature est définitif, puisque ne sachant pas quel procédé a été utilisé pour le transformer. Toujours aussi délicat, le ser Kayne indique que vue la tête de la créature, il a du mal à la voir en revenir. Je pourrais appuyer cela, même si je suis un des premiers à espérer qu'un jour nous soyons en mesure de défaire ce que la magie sombre et ses rituels sont à même d'exécuter. Sauf que le jeune homme revient une nouvelle fois sur le fait que le frère est un soldat, formé pour la guerre, et que sa proposition est faite par respect pour ceux qui s'y préparent. Je lui lance un regard désapprobateur pour toute réponse. D'abord il prétend que c'est pour que le soldat fasse son deuil, puis pour qu'il en ressorte plus fort, et maintenant par respect pour les autres ? Ses motivations changent au gré des paroles que nous échangeons, et je n'aime guère ce manque flagrant de convictions profondes.

(Proposer à un homme brisé et pourtant encore empli d'espoir de porter lui-même le coup de grâce... J'ose espérer que le ser Kayne est simplement candide, parce que le côté sadique de sa proposition est tout bonnement aberrant.)

(Mots guidés par les sentiments se font plus imposants. En l'esprit, leur ombre voile et atténue l'important, masquant une cruelle vérité que vous négligez, mon Protégé. Recentrez vos pensées.)

(Vérité, Okina ?)

Je réfléchis un instant, ressassant les paroles échangées. Je jette un bref coup d’œil à la cage puis écarquille les yeux, comprenant que mon empathie me fait me concentrer sur le présent. Avec clarté, je considère un 'après'. Si le frère a effectivement l'espoir que son parent soit encore là, dans cette carcasse mouvante, son chagrin peut lui faire faire des gestes absurdes. Comme, une fois suffisamment ressaisi, passer son temps avec la créature à lui parler et à chercher cette étincelle de conscience. Et s'il l'y trouve, véritable lueur ou pas, finir par libérer la créature au moment le moins opportun. Voire dans le pire des cas insister auprès de possesseurs de fluides lumineux pour défaire la malédiction, les mettant de fait en danger. Et d'après ce que je viens d'entendre, ce n'est pas mon interlocuteur actuel qui aurait réussi à lui faire comprendre qu'il ne faut pas rester dépendant de cette faible possibilité.

Je suis pris dans un dilemme, au moment où notre soi-disant Capitaine estime bon de nous laisser nous charger de l'être emprisonné. Lentement, je frotte mon casque. D'un côté, conserver cette créature permettrait de la faire étudier plus avant par les forces kendraines, trouver des détails et attitudes qui nous auraient échappé. D'un autre, la suite des événements à laquelle je viens de penser me fait froid dans le dos. Le risque... Le risque est si grand. Après un instant d'hésitation, je prends ma décision.

"Ser Kayne, puisque vous semblez enclin à éliminer cette créature, prêtez-moi assistance."

Je fronce les sourcils et pousse un léger soupir, prenant mon Fang Bian Chan en main. L'éclat de ma lame en croissant me parait bien froid en cet instant.

"Si minime soit-il, je ne veux pas prendre le risque que son frère le libère, mû par l'espoir ténu que son parent soit toujours quelque part sous cette forme. Quand bien même ce serait le cas, j'en accepte la responsabilité. Finissons-en. "

J'avise la cage, mon arme tenue avec force et aisance. Le ser Kayne et moi nous mettons d'accord pour prendre la créature en tenaille, lui face à elle et moi dans le dos. Le drap est soulevé, et l'humanoïde émet son sinistre cri perçant. J'entends un bruit abrupt de métal heurtant du métal en face de moi. Précis et avec une portée laissant peu de chance au prisonnier, j'abats ma lame dans ses chairs mortes au moment où elle porte son propre coup vers le jeune homme. La violence de l'attaque est incroyable, mais peut-être à cause de mon propre assaut contre elle, elle n'atteint pas sa cible. Des éclats osseux volent tandis qu'elle fracasse ses griffes contre les barreaux. Je m'empresse de contourner la cage, poussant un souffle soulagé quand la seconde griffe lancée dans une dernière tentative se plante heureusement dans le sol au lieu du ser Kayne.

J'avise le non-mort, ajuste ma lame en croissant au-dessus de la nuque de la créature. En un geste contrôlé, ravivant un vague souvenir, j'abats mon arme, achevant le mort-vivant au sol. Je patiente un instant, veillant à ce que les soubresauts se terminent jusqu'au dernier avant de ramener mon arme à moi. D'un geste, je secoue la lame, chassant les fluides qui s'y sont accrochés. Sobrement, je prie en silence pour le malheureux puis me tourne vers mon compagnon, m'assurant qu'il n'a rien. Je replace le drap sur la cage puis m'en détourne et vais chercher mon gigantesque étalon.

Plus vite nous partirons, mieux cela sera.


Modifié en dernier par Kiyoheiki le sam. 6 févr. 2021 23:43, modifié 1 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Jorus Kayne » sam. 30 janv. 2021 16:02

Alors que nous sommes pris en charge par le comte Ybelinor, celui-ci élève le soldat arrivé en dernier au grade de capitaine. Cependant s’il croit que ça va suffire pour nous donner des ordres, c’est mal me connaître. Il termine son élocution militaire en évoquant l’absence de relevé toprogaphrique.

(Topographique ! C’est l’ensemble des informations concernant le terrain !)

Il me jette ensuite un regard pédant et pose ses yeux sur mon entrejambe.

(Note à moi-même : dire au comte que c’est pas mon type de femme !)

Il passe ensuite aux détails de la mission. Pour le moment il est question d’une suspicion de nécromancie dans la Mer Verte. Des rumeurs parlent de lumières verdâtres et macabres, près des ruines de Nayssan, une ancienne cité elfique, située entre la Mer Verte et la plaine de Kôchii. Bien plus proche que les autres missions, ils ont d’abord envoyé un groupe en reconnaissance. Le comte nous présente ensuite ce qui est revenue en désignant une toile recouvrant un large objet plus long que large, gardé par deux soldats. Sur ordre, les deux gardes retirent prudemment le voile avec une crainte perceptible dans les yeux. J’en comprends aisément la source lorsqu’une créature enfermée dans une cage de fer hurle, lorsque les rayons du soleil viennent l’agresser, d’un cri à s’en damner l’âme. Un être, où la chair s’acharne à rester sur le squelette particulièrement visible, visiblement humain de son vivant.

(C’est vivant ça ? Tu en penses quoi Ysold ? Avec toutes les vies que tu as vécues, tu as une idée de ce que c’est ?)

(Pas vraiment, mais…)

(Mais quoi ? Si tu as une idée ou un indice c’est bon à prendre !)

(Non, je doute que ça te soit utile !)

(Pourquoi le garder pour toi ? Ecoute on est sur le point d’affronter d’autres créatures de ce genre alors parle ! Quoi que ça puisse être !)

(Bon d’accord ! Cette chose me rappelle…)

(…)

(…un gratin de courgettes !)

(Pardon ?)

(Un gratin de courgette ! C’est un plat avec des courgettes et...)

(Je sais ce qu’est un gratin de courgettes, mais c’est quoi le rapport ? Comment tu peux les comparer ? Ca n’en a ni l’odeur, ni le visuel !)

(Tu ne sais pas de quoi tu parles ! J’étais là moi ! Je sais ce que j’ai vu et c’était…Quelle horreur ! Pauvres courgettes !)

Je préfère délaisser ma faéra avec ses souvenirs idiots pour en revenir à l’essentiel.

"Il ne fait aucun doute qu’il s’agit là du capitaine d’escouade que nous avions envoyé en reconnaissance. Nous n’avons aucune trace des autres membres de son équipe. Il a visiblement été durement mutilé, transformé en cette chose immonde et heureusement inoffensive jusqu’ici. Les procédures normales n’ayant aucunement fonctionné, nous avons fait appel à des… aventuriers, spécialistes du terrain, vous, pour résoudre ce mystère de mauvais augure à la veille d’une bataille de cette importance. Vous avez carte blanche pour cette expédition, mais tâchez de trouver ce qui se trame dans ces ruines maudites, et mettez-y fin."

(Traduction : On n’a pas envie de perdre d’autres soldats alors on préfère payer des mercenaires pour faire le sale boulot !)

Il continue ensuite en mettant à notre disposition des montures, la possibilité d’acheter des biens dans le camp et le destin du capitaine, le comte le considérant comme mort. Dans sa grande bonté, il est à notre disposition pour d’éventuelles questions et annonce que nous devrons être partie d’ici une heure. Il termine en espérant voir le nouveau capitaine prendre les rênes de ce groupe. Ce qu’il fait d’ailleurs en questionnant sur les fameuses ruines, mais il ne trouve qu’une forme de dédain mal déguisée. Il fait la demande pour les chevaux et s’intéresse à l’endroit où il peut s’en procurer. Une question ma foi pertinente puisqu’il serait dommage de prendre le premier canasson venu et qu’il s’agisse en réalité celui du comte lui-même. Mais l‘intéressé ne fait que l’envoyer aux écuries, renvoyant la question à une erreur qu’un être doué d’une brève intelligence ne ferait même pas. Je m’attends à ce que le soldat se voit perturber par la remarque, mais il ne se laisse pas décourager et demande une attestation pour se procurer les montures. Cela fait soupirer le comte qui fait mention de sa parole comme gage suffisant. Pendant ce temps, Yliria s’en est allée on ne sait où et Koyekiki...

(Kiyoheiki !)

...Kyokeiki…

(Kiyoheiki !)

…l’autre semi-shaakt s’est intéressé à la créature. N’étant pas utile et les cris de la chose me rappelant mon passage dans la Lande Noire, j’ai préféré m’intéresser à la conversation avec le comte, mais cela me gonfle particulièrement. Je n’étais pas un fan de ces sales bourges d’Eniod, mais celui-ci crève les standards ! Heureusement Yilira revient et Kakouyaki nous donne de nouveaux éléments. Il apparaît que la créature n’a rien d’inoffensive. La marque au coup en est la preuve. Elle fuit la lumière du jour et dans la pénombre, elle s’est attaquée à l’armure de tête générant de la lumière. De même lorsqu’il a utilisé un sort d’éclairage en visant une partie non exposée, alors qu’elle est aveugle et visiblement dénuée de conscience.

Tobias fait le tour de l’équipe pour savoir qui souhaite prendre un cheval et je suis le seul qui acquiesce positivement à la demande. Le temps qu’il aille chercher les chevaux, je m’approche du comte avec toute la bienséance dont je suis capable.

(Visiblement il n’a pas été très amical avec le soldat qu’il a lui-même promu. Tâchons de parler avec lui avec un respect qu’il ne mérite pas !)

"Monseigneur, en ces temps particulièrement troublé, votre temps doit être précieux. Pouvez-vous m'indiquer qui sont les hommes qui ont capturé cette chose et si des soldats présents ont vu personnellement ces manifestations dont vous nous avez parlées ? Ainsi nous n'aurons pas à déranger une personne telle que vous !"

Il hoche la tête et souffle quelque chose à l’oreille d’un soldat qu’il fait venir. Celui-ci répond abasourdi que l’homme en question est alité. Malheureusement pour lui le comte n’aime pas qu’on lui tienne tête et tonne l’air sévère de le faire venir immédiatement. Le soldat nous quitte quelques minutes avant de revenir avec un type en habit de nuit, fatigué et choqué. Finalement le comte se tourne vers moi et me parle directement pour la première fois.

"Voilà."

(Bravo ! Quel discours, c’est émouvant !)

Le comte me laisse avec les deux hommes qui m’inspectent d’un air étrange. Je regarde les soldats en prenant une pose militaire, semblable à ce que j'ai pu voir jusqu'ici et ceux-ci me le renvoient.

"Merci d'être parvenue à capturer cette chose soldats. Je fais partie du groupe en charge de mettre un terme à ces étranges rituels. Pour cela j'ai besoin de savoir tout ce que VOUS savez ! Commencez par me dire pourquoi vous ou le comte pense qu'il s'agit du chef des éclaireurs envoyés en reconnaissance !"

Déjà pâle, l’homme avec de maigres habits blêmit davantage à l’évocation de la créature. Il a lui-même aperçu la créature durant une patrouille de nuit autour du camp. Plusieurs hommes lui sont tombés dessus pour la maîtriser. Il confirme que c’est bien le chef du groupe de reconnaissance car il s’agit-là de son propre frère et les lambeaux de son uniforme ne laissait aucun doute selon lui. Malgré une faiblesse apparente, il reste debout pour répondre à mes questions.

(Mince en ais-je trop fais ?)

"Asseyez-vous ! Je suis pas un militaire alors prenez pas de gants avec moi messieurs !"


A ces mots je pose les fesses au sol pour les inciter à faire de même.

"Apparemment, ce qu'il reste de votre frère a une réaction particulière à la lumière. Y avait-il quelque chose qui vous revienne à l'esprit à l'énoncé de ce fait ?"

Il s’assied sans se faire prier tandis que son comparse reste debout. Malheureusement je n’apprends rien d’utile, hormis que cette chose est enfermée dans la cage depuis, sans qu’elle n’ait eu à manger. Il n’a pas eu l’autorisation de le voir et ne souhaite pas garder cette image de lui. C’est en pleurant qu’il termine son récit.

(Pauvre homme !)

Je serre le poing en regardant l'homme pour éviter de me laisser emporter par les émotions du soldat.

"Je l'ai vu. Je pourrais vous permettre de le voir...mais je vous le déconseille. Se serait garder un mauvais souvenir de votre frère."

Je m'arrête un instant avant de reprendre.

"Vous l'avez trouvé autour du camp. De quel camp parlez vous et où cela ?"

Il s’excuse et prend quelques instants pour se remettre. Le camp en question n’est autre que celui-ci, là où se trouve l’armée Kendrane et le roi. Il faisant sa ronde dans la partie nord. Il m’apprend qu’aucune nouvelle de ses hommes n’est revenue et comprend que la créature a marché longtemps avant d’arriver ici.

Je fronce les sourcils aux réponses données.

"Effectivement cela fait loin ! Était-il attiré par quelque chose en particulier ? C'était la nuit ou en plein jour ?"

La créature est venue de nuit. Désorienté, il espère qu’il reste de l’humanité dans ce qui reste de son frère.

Je soupire face à l'homme et son espoir vain.

"J'aimerais vous dire que oui, mais je doute qu'il reste encore quelque chose d'humain en cette chose !"

Je passe une main sur le visage et continue.

"Il y a d'autres soldats de cette nuit ? Je ne cherche pas à douter de votre parole, mais ils auraient pu voir quelque chose qui vous a échappée !"

Il y avait effectivement deux autres soldats, mais il me nomme précisément Cédric et Sandros. Néanmoins il m’assure qu’ils ne sauront rien de plus. Ils ont été remplacés par la relève après avoir rapporté la créature. Lui seul l’a accompagnée jusqu’ici. Puis il appelle son frère dans un murmure en regardant la cage.

Le soldat n'a que trop d'espoir à retrouver son frère. Malheureusement dans l'état où il se trouve, je doute qu'il y ait quelque chose de possible.

"Est-ce que l'un de vous deux a aperçu, de vos yeux, les étranges phénomènes ?"

Le frère du capitaine, comme le soldat qui est parti le chercher, m’indiquent que non de la tête. Cependant le premier précise que ce sont les habitants des alentours de Viskori qui ont rapporté les phénomènes lorsqu’ils ont pris refuge dans la cité. Les ruines étaient illuminées la nuit par des lueurs sépulcrales. C’est ce qui a justifié l’envoie de l’expédition.

Une fois que j'en sais plus sur les étranges émanations, je me lève et salut les hommes.

"Je vous remercie de votre temps messieurs et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que ce qui c'est produit n'arrive plus jamais !"

Je regarde le frère du soldat qui s'est vu transformer.

"Je vais voir ce qu'il en est de la créature et je vous tiens au courant de son destin. C'était votre frère, vous avez le droit de savoir, mais préparez vous dans le meilleur des cas à faire vos adieux !"

Il hoche de la tête l’air de comprendre la sentence qui attend son frère et retourne à la tente par le soldat.

A mon retour vers les autres aventuriers, Tobias nous a rejoints avec les montures. J’en profite pour faire un résumé sur ce que j’ai appris.

« C’est effectivement le capitaine des éclaireurs qui devaient enquêter sur les ruines, cela a été confirmé par son propre frère qui a participé à sa capture et les morceaux de son uniforme l’attestent également. La créature est arrivée durant une patrouille de nuit dans la partie nord de ce camp. Ils lui sont tombés à plusieurs pour le capturer. Personne n’a jugé bon de nourrir la créature depuis et on ne sait rien des hommes qui étaient avec lui, ni même s’ils sont parvenus aux ruines. Le pauvre homme espère qu’il existe un moyen de retrouver de l’humanité de son frère, mais je ne vois pas comment. En tout cas, le fait qu’il soit revenu jusqu’ici est étrange non ? Comme si effectivement, une partie de sa mémoire était encore présente. Il y a deux autres hommes qui peuvent servir de témoins, mais ils ne sont pas dans le secteur. Je n’ai pas obtenu d’information utile concernant les lueurs. Il faudra interroger les habitants de Viskori pour cela. »

A son tour, Yliria s’intéresse à la créature et la fait crier à nouveau. Elle revient de la cage avec une griffe au visage et me demande si je suis d’accord pour l’aider à vérifier une hypothèse. Je la regarde perplexe un instant, mais elle doit savoir ce qu’elle fait. J’entre à l’arrière de la cage pour de nouveau voir cette horrible créature. Après un bref moment dans le plus grand calme, la créature se jette sur Yliria et manque de peu de lui arracher la tête sans la présence de son bouclier. Nous quittons en même temps la cage et elle me remercie de ma participation. Avant de nous donner ses conclusions.

(Tant qu’on en arrête-là ça me va !)

"Je peux donner quelques informations sur cette... chose. Elle craint bel et bien la lumière, magique ou non et il lui a fallu à chaque fois environ une vingtaine de secondes pour repérer une cible et l'attaquer, cela semble être un atout à ne pas sous-estimer. Cette chose est loin d'être inoffensive, elle est rapide et clairement faite pour tuer, elle a à chaque fois visé ma tête et je la soupçonne capable d'attaquer même de jour, si une cible est repérée. Comment fait-elle pour se repérer, je n'en sais rien, mais elle est assez précise et cela seul est déjà dangereux. Je pense également, même si je ne peux pas l'affirmer avec certitude, qu'elle attaque les porteurs de fluides, spécifiquement les porteurs de fluides de lumière peut-être, ce qui expliquerait qu'elle soit restée sans agir face aux soldats qui n'en possédaient pas. Elles pourraient être dévastatrices contre ceux n'ayant pas l'habitude de combattre les morts-vivants de ce genre. Le mieux serait de la tuer au plus vite et de faire de même avec d'autres, s'il s'en présente."

L’idée de la tuer définitivement ne me dérange pas, mais j’ai le frère en mémoire et je lui ai fait une promesse, celle de lui tenir au courant du destin de la créature.

"Nous devrions faire venir le frère de la créature. D'une part nous pourrions voir s'il y a un restant de conscience et je pense que s'il faut le tuer, c'est à son frère de le faire. Du moins il faudra le lui proposer !"

Cependant la jeune Yliria est totalement contre, prétextant que la créature n’est plus le frère de personne. Elle se propose même de la tuer si personne ne veut s’en charger.

"En quoi est-ce problématique ? L'homme que j'ai rencontré est brisé et croit encore que son frère est vivant ! Ce n'est ni plus ni moins qu'une manière de faire son deuil. A défaut il faudrait au moins le laisser être présent, mais je suis curieux de savoir pourquoi vous vous y opposez ?"

"S'il est brisé, ça ne va pas arranger les choses, le voir ainsi et le tuer ne va pas l'aider à aller mieux. Imaginez-vous apprendre qu'un de ceux que vous aimez est mort, puis lui faire face, transformé en mort-vivant et prêt à vous tuer. J'ai vécu ça une fois, je ne le souhaite à personne d'autre !"

"Mais vous êtes là et cela vous a probablement rendue plus forte ! Ce n'est pas les obstacles qui nous rendent plus forts, c'est de les franchir ! A lui de trouver la force de surmonter cette épreuve et c'est dans cette optique que j'ai fait cette proposition. Prenez au moins le temps de le rencontrer avant de décider à sa place !"

Je pense avoir touché un point sensible car un fort mécontentement se lit sur son visage. Elle trouve une forme de calme avant d’expliquer que ce n’est que son avis, mais que dans l’éventualité où on fait venir son frère, elle préfère partir nous attendre hors du camp. Sans attendre de réponse et comme personne ne cherche à l’arrêter, elle quitte le secteur de la cage. Kiyoheiki…

(Ouah bravo !)

Kiyoheiki reprend le même chemin qu’Yliria sur un ton plus calme en expliquant qu’on ignorera l’impact d’un tel choc sur le soldat en question. Il fait ensuite l’analogie entre l’esprit du soldat et un roseau qui peut finir par céder s’il est trop sollicité.

"Nous ne sommes pas tous aptes à nous redresser au même rythme." Termine-t-il.

C’est ensuite au tour de Tobias de demander si nous sommes certains que l’état de la créature est définitif. Il propose de la garder vivante, en espérant qu’un retour à son état d’origine soit possible. Je regarde Tobias perplexe en me remémorant, encore ces horreurs de la Lande Noire.

"Désolé de le dire comme ça, mais vu sa tronche j'ai du mal à le revoir revenir de cet état. Il est mort et les morts doivent le rester."

Puis je me tourne vers kiyo.

"C'est un risque en effet, mais c'est aussi un soldat préparé à la guerre. Un frère et soldat est mort. C'est par respect envers ceux qui se préparent à se battre que je le propose."

Etrangement mes mots semblent avoir trouvé un écho en notre capitaine qui me fait confiance pour décider du destin de la créature. Il nous laisse pour rendre son rapport au comte. De son côté, le dernier membre de notre groupe encore présent me demande de l’aider à tuer la créature. J’acquiesce de la tête alors qu’il dégaine une étrange arme à deux mains, un peu comme...comme une pelle.

"Si minime soit-il, je ne veux pas prendre le risque que son frère le libère, mû par l'espoir ténu que son parent soit toujours quelque part sous cette forme. Quand bien même ce serait le cas, j'en accepte la responsabilité. Finissons-en. "

(Maintenant que nous ne sommes plus que deux, il vaut mieux éviter de prendre ce risque ! Je m’assurerais que son frère soit présent lorsque nous brûlerons son cadavre !)

Nous nous mettons d’accord ensemble et je me place face à la créature et mon camarade derrière elle. Lorsque nous enlevons le drap qui la protégeait du soleil, la créature hurle. Je n’attends pas plus longtemps pour frapper et abat ma lame d’un coup rageur. Peut-être ai-je trop été affecté par celui qui considère la créature comme son frère, mais trop large, mon coup frappe la cage au lieu de ma cible. Heureusement pour moi, ce n’est pas le cas de mon camarade qui la frappe dans le dos. Tombant au sol, elle tente de me porter un coup avant de ne pus en être capable. A son tour elle frappe la cage brisant une griffe, avant de choir au sol. Un coup de penne correctement assénée termine définitivement cette seconde vie, attenant le dernier soubresaut pour retirer la lame. Kiyoheiki reste un instant au-dessus de la créature et s’inquiète de mon état. Voyant que je n’ai rien, il replace le drap sur la cage puis s’en va en prenant son cheval avec lui.

Désormais seul et la créature désormais morte, il me reste un devoir à accomplir. Une fois la créature terrassée, je vais vers les gardes qui étaient en charge de sa détention.

"Faites préparer de quoi brûler son corps, dans un lieu plus propice à rite funèbre. Nous nous occupons de l'un des nôtres, il faut faire cela correctement !"

Les gardes répondent qu’ils s’en occuperont, mais il est clair que leur priorité est ailleurs. Je pars ensuite en quête de l'homme qui a ramené le frère du soldat transformé, accompagné de gratouille, le cheval que m’a apporté le nouveau capitaine.

"Pourriez-vous m'amener à l'homme qui a capturé la créature ?"

Il me répond que celui-ci risque de mal supporter d’être réveillé à nouveau vu son état.

"Entendu. Dans ce cas je ne serais pas là lorsqu’il se réveillera. Dites-lui…dites-lui que son frère était déjà mort et que les serviteurs de la magie noire l’ont forcé à vivre un tourment éternel dans un corps meurtrie. Nous avons été dans l’obligation de mettre fin à ses souffrances ! Il recevra une crémation pour s’assurer que le mal qui l’a rongé ne l’empêche pas de rejoindre les innombrables soldats tombés valeureusement au combat. J’aurais voulu être présent, mais je dois m’assurer qu’une telle chose ne se reproduise plus. Faites en sorte qu’il ait la possibilité d’être présent lors du rite funèbre s'il le désire !"

"Je m'en assurerai personnellement, ser. Merci de votre compréhension, et bonne chance pour ce que vous avez à faire, quoique cela puisse être."

Je salue le garde, retourne à la cage pour prendre le drap qui recouvre la cage et l’enroule autour de la créature et qu’aucune partie de la créature n’est visible. Une fois cela fait, je m’en retourne à mon cheval et rejoints les autres au point de rendez-vous.

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Heartless
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Heartless » dim. 31 janv. 2021 19:18

- L’ancien, l’ancien… J’en connais sans doute plus que vous sur la navigation, jeune garnement. Tâchez déjà de ne pas vous tromper de cap en prenant la mer. J’ai entendu dire que vous étiez arrivé avec un navire… Vous ne voyez aucun inconvénient à ce que soit celui que vous utiliserez pour la mission, n’est-ce pas ?

Après ces remontrances, Bogast le laissa pour s'occuper des autres volontaires. À la grande surprise d'Heartless, il fut rejoint par Sirat ainsi que son accompagnatrice, et même la froide Sinaëthin se proposa pour Vandrak. Sirius était à la fois étonné et très enclin à l'idée de faire équipe avec des aventuriers qu'il connaissait mieux que les autres, ceux dont les allégeances étaient ambigües et qui n'étaient pas venus servir aveuglément le royaume kendran. Solennel IV se leva.

- Aventuriers de toutes contrées, vous êtes réunis ici ce jour pour prouver la multi-culturalité et la force des valeurs de notre bon Royaume Kendran. Restez unis dans vos actes, veillez les uns sur les autres, et gardez en tête vos objectifs : plus vous arriverez à perturber l’ennemi, plus la bataille qui suivra sera gérable par nos troupes. Revenez-nous victorieux, et bien en vie : vos actions ne s’arrêteront pas là, et entreront alors dans la Légende. Pour le Royaume, pour Kendra Kâr !

Ses soldats lui répondirent par un salut vigoureux et déterminé, puis tous se dispersèrent pour revenir à leur postes ou, dans le cas des nouvelles recrues, se coordonner avec leur chef de mission. Bogast emmena les quatre qui s'étaient présentés à lui dans un coin du camp pour leur donner ses instructions. Leur cible était une forteresse côtière au nord d'Oranan, la propriété d'un riche marchand qui avait lancé un appel à l'aide après que les troupes de Karsinar eurent occupé son domaine. Cependant, l'objectif n'était pas de venir à la rescousse du bon monsieur, mais de profiter de la présence de Karsinar, Perailhon et, selon la missive envoyée, d'autres membres non-identifiés des Treize pour décapiter l'hydre oaxienne. Une mission d'assassinat déguisée en mission de sauvetage, en sommes.

Ils allaient longer la côte ouest du Nirtim pour rejoindre subrepticement le castel, mais il y avait fort à parier que ces eaux seraient périlleuses en raison de la présence oaxienne. Perailhon allait sans aucun doute embarquer pour partir, à la tête de son invincible flotte, à l'assaut du port d'Oranan. Bien que la tâche confiée semblait démesurée pour un groupe d'aventuriers à la réputation douteuse, Bogast leur ordonna de revenir sains et saufs, et il se mettait à disposition pour répondre à chacune de leurs demandes avant le départ prévu dans une heure. Ce départ empressé était sans doute une manière de réduire les risques d'une fuite d'informations. Il n'aurait guère été surprenant qu'Omyre ait placé des agents dans les rangs kendrans, l'inverse n'était en revanche pas une certitude. À force de vouloir se proclamer l'armée du bien commun, il se pouvait que les fidèles du roi Solennel ne soient pas aptes à faire plein usage de tactiques répréhensibles.

Après cette réunion succincte, Sirius profita d'une occasion de parler avec le général en tête-à-tête. Il savait bien que le vieil homme n'avait aucune sympathie pour l'arrogance d'un jeune vaurien, mais le vaurien en question prenait un malin plaisir à rappeler à ces gens-là que leur prestige ne signifiait rien pour lui. Ce n'était pas avec l'air grave et sérieux d'un patriote qu'il s'entretenait avec le mage, mais avec un sourire faux, commercial.

- Ravi d'avoir ta confiance, l'ancien. Maintenant, dis-moi tout ce que tu sais sur la flotte qui se dirige vers Oranan. D'où y viennent, par exemple. Parce qu'aux dernières nouvelles, Omyre n'a plus de chantier naval. Darham, peut-être ? Pohelis ?
- J'espère,
rétorqua Bogast, que vous ferez preuve d'un peu plus de finesse dans votre mission que la manière que vous avez de vous adresser à un général kendran. La flotte, l'on dit qu'elle est immense. Même privée de chantier naval depuis quelques années, Omyre a toujours eu beaucoup de navires, notamment grâce à sa mainmise sur Darhàm. Je gage que leurs forces maritimes viennent de là. Mais comment pourrais-je le savoir ? Nos yeux ne sont pas postés si loin derrière les frontières du Chaos.

Cette déclaration n'avait pas manqué d'irriter Heartless. Ces paladins étaient-ils si imbus de leur vertu qu'ils rechignaient à se servir d'espions et de désinformation, ou bien Bogast leur cachait-il quelque chose ?

- Ouais, ouais, je vois. Dans ce cas j'ai quelque chose à te demander. Tu peux dire à tes hommes de me procurer trois/quatre tonneaux pleins d'huile, goudron, peu importe le type tant que ça prend bien feu ? Aussi, deux bons gros sacs remplis de charbon et de chanvre, coton... un camp comme celui-là doit bien avoir ça quelque part. Si vous avez assez de teintures pour m'en remplir un autre tonneau, je suis preneur aussi, la couleur est pas importante. Je veux aussi vingt-cinq, non, trente mètres de corde solide et j'apprécierais vraiment que vous me laissiez emprunter une de vos balistes. Je peux même faire une généreuse contribution à vos coffres pour vous séparer de toutes ces bonnes choses, si ça n'emmerde pas trop les kendrans.

Devant l'arrogance manifeste du borgne, Bogast était un mur impassible, ou plutôt, ses sourcils étaient comme deux portes broussailleuses qui se refermaient sur le pif de la sévérité incarnée. Heartless se demanda soudain si ce vieux singe était du genre à rosser ses petits-enfants à coup de ceinturon.

- Votre navire sera affrété de ces diverses marchandises, dont vous auriez éventuellement besoin. Gardez cependant en tête que la baliste, contrairement aux autres produits, ne sera qu'un prêt. Pour le reste, l'armée de Kendra Kâr s'occupera de vous fournir le tout gratuitement. Je vous aurais bien prêté main forte également, mais vous ne semblez pas prêt à en faire la demande poliment. Dommage.

Ou alors il était encore vierge à son âge, la porte des possibilités était toujours ouverte, en tout cas bien plus que son sphincter. Heartless avait perdu son sourire, comme un enfant las qu'on aurait installé de force devant un exercice d'algèbre. Une question susbsistait néanmoins, et tel l'élève, il leva le doigt :

- Quel dommage, en effet. Mais je pense que tu es plus que qualifié pour protéger les deux Majestés. Ah, l'ami, avant de partir, d'un navigateur à un autre, ton avis sur la météo ?
- Temps clair, le vent sera peut-être un peu capricieux.
répondit Bogast, tout aussi fatigué de sa présence.
- Meeeeerci, mon bon monsieur.

Sirius bailla au visage du vieil homme et s'en alla. Bogast leva les yeux au ciel. Deux hommes destinés à ne pas s'entendre et symboles des chemins parallèles qu'empruntent les hommes sans savoir où ils vont.

Alors qu'il se dirigeait vers les quais auxquels était amarré le Masamune, Sirius sortit de sa poche une courte liste griffonnée à la va-vite. Il s'arrêta devant un officier du ravitaillement et s'atella à vider sa liste de courses. Contrairement à la conversation précédente, cet échange était bref et droit au but. Environ une demi-heure plus tard, le pirate se retrouva sur les quais suivi de plusieurs gros bras, l'un portant une arbalète et plusieurs carquois remplis de carreaux sur son épaule, l'autre portant deux grand sacs contenant divers équipements, et tout le reste croulait sous la masse de maintes caisses et tonneaux. Heartless siffla :

- Allez, allez, on se dépêche de charger tout ça sur le navire ! Elle est où la baliste que j'ai demandée, hein ? Allez, embarquez-moi tout ça et que ça saute ! J'ai pas toute la journée !

Une fois leur besogne terminée, les aides de camp kendrans quittèrent les quais, rouspétant sous leur barbe que ce parvenu profitait de cet instant privilégié pour jouer les tyrans. Enfin, quand l'humoran bâtardé, la combattante aux yeux marrons et la voyageuse au pelage de neige arrivèrent à leur tour au port de fortune, Sirius les accueillit à bras ouverts.

- Mesdames et... monsieur, bienvenue dans mon humble demeure !

Il se tourna vers son navire avec un air fier et les mains sur les hanches.

- Le Masamune ! Petite merveille des océans, au profil effilé et aux voiles bleues. Il accuse un peu son âge mais vous n'auriez pas pu trouver meilleure embarcation pour aller botter le petit cul des Trei-

Le monologue d'Heartless fut interrompu par le choc d'une brosse savonneuse sur le haut de son crâne. Furieux, il leva le poing au ciel.

- PLAAAAGG ! QU'EST-CE QUE TU FOUS ?!

Un "j'nettoie les voiles, désolé" lancé du haut du grand-mât se fit à peine entendre dans l'ambience effervescente du port.

- MAINTENANT J'AI L'AIR D'UN CON DEVANT LES AUTRES, T'ES CONTENT ?!

Le "désolé, j'ai dit" qui s'ensuivit était légèrement plus audible. Sirius prit une grande bouffée d'air et reporta son attention sur ses invités.

- Euh, où j'en étais. Roh, et merde, en gros, faites comme chez vous.

Il guida la marche jusqu'au pont, sur lequel une bonne demi-douzaine de marins s'attelaient à diverses tâches. Que des hommes à la mine peu sympathique et aux tatouages évocateurs pour certains, consternants pour les autres. Sirius appela un vieil homme rachitique et grognon à la longue barbe grise.

- Je vous présente Elias, vous pouvez le considérer comme mon second.
- Sa nounou, ouais.
- Eliaaas... En tout cas si vous avez besoin de quelque chose et que, euh, je sais pas, je dors ou alors je fais un truc super important, allez lui parler. Ig !


Un homme colossal et bien en chair, on pourrait même dire, "aussi grand que large", sortit de la cale. Il avait l'air bien plus jovial que les autres, voire même un peu trop. Il sourit à grandes dents devant les visiteurs, des dents qui étaient d'une blancheur surprenante étant donné le contexte.

- Haa, z'êtes des nouveaux ?
- Nan, nan, pas vraiment, mais ils vont nous accompagner. Je vous présente Iguru...
- Moi, c'est Iguru ! Appelez-moi Ig !
- J'ai déjà dit ça... Donc Iguru, tout le monde, tout le monde, Iguru. Voilà, tu peux partir.


Sans être offensé le moins du monde, le gaillard se hâta de revenir dans la cale après qu'Heartless lui ait fait une petite tape sur l'épaule.

- Cuistot, plein de talent. Très sympa aussi. Un peu con. Et Plagg.

Un torchon trempé tomba du ciel.

- TU VEUX QUE J'AILLE LES NETTOYER À TA PLACE, CES PUTAINS DE VOILES ?!
- Ha, j'aimerais bien t'voir essayer !
- ET SI JE ME PÈTE UNE JAMBE EN FAISANT TON BOULOT, C'EST QUI, QUI VA COMMANDER CE RAFIOT, HEIN ?! J'te jure...


Il remarqua qu'on le regardait, un peu gêné, il pointa le grand-mât du pouce. Ceux qui avaient l’œil purent discerner un homme élancé au teint mât qui semblait se mouvoir parmi les cordages aussi naturellement qu'un poisson dans l'eau.

- Le gabier.

Il sembla chercher quelque chose du regard pendant deux secondes puis leva un sourcil.

- Bah du coup, j'vous laisse vous installer.

Sirat profita d'une accalmie pour se rapprocher du capitaine.

- Tu es sûr qu'il flotte, ton rafiot ?
- Il a bien dû flotter pour arriver ici. plaisanta Heartless.
- Bonne nouvelle,
fit Sirat, ne laissant rien transparaître, j'espère qu'il continuera.

Alors qu'Heartless mimait cette dernière phrase derrière son dos avec dédain, le vieux lion s'approcha du bord, le regard perdu dans l'horizon.

- Tu as une idée pour nous amener à destination ?

Sirius se mit à rire.

- J’ai toujours une idée.
- C’est toi le marin, à toi de jouer.


L’œil de Sirat s'attarda un instant derrière le dos du pirate. Heartless se retourna pour tomber nez-à-nez avec Sibelle, la fière guerrière qui semblait néanmoins très nerveuse à cet instant. Elle s'adressa à lui avec un soupçon d'urgence dans son ton.

- Donne moi tous les conseils que tu connais pour diminuer le mal de mer.
- Euh...


Première occasion de se montrer compétent, et le borgne était déjà à court d'idées. Il avait bien sûr sa manière à lui de gérer le mal de mer, mais elle était loin d'être la plus sage. Il lui tendit une bouteille d'absinthe avec un grand sourire.

- Tiens, ma belle. Des merveilles.

Il lui avait en effet montré comment dégobiller plus vite sur le pont d'un navire. Vomir un bon coup avait toujours réglé les choses quand il avait un malaise. Sibelle ouvrit la bouteille et renifla son contenu. Le regard qu'elle jeta ensuite transperça Sirius de part en part. Elle se tourna vers Sirat pour chercher conseil.

Alors que l'heure du départ approchait, et que Sirius, nerveux s'assurait que tout ce qu'il avait demandé avait bien été chargé sur le navire, Sirat organisa un conseil de guerre. Il émit ses doutes quand à la tâche qu'on leur avait confiée. Comment la missive du maître du Castel Vandrak avait-elle pu franchir le blocus oaxien et atteindre l'état major ? Les différentes missions étaient entourées du même voile de mystère, et il était bien possible que les Omyriens aient répandu de fausses informations pour disperser les forces kendrannes.

- Que sa présence vienne d'un message, c'est plutôt étrange en effet... et cela pourrait être un piège. D'un autre côté, comment as-tu obtenu cette information ? Qui t'en a fait part ? N'oublie pas que s’il y a un traitre parmi nous, les doutes pèseront sur toi. Si on veut faire équipe tous les quatre, une équipe fonctionnelle, on doit tout se dire.... pas de cachette... en ce qui concerne la mission bien sûr.

Sirat esquissa un sourire en coin. Il n'en avait cure que sa loyauté soit remise en doute, et il répondait à chaque soupçon avec le même air d'intouchable.

- "Traître", j’ai l’habitude, cela ne me dérange pas. J'ai simplement demandé à Bogast un complément d’information et je lui ai aussi fait part de mes doutes. Je ne vous cacherai rien, je n’aurais pas pu rêver mieux comme équipe.

En effet, une équipe dont la loyauté était davantage à elle-même qu'à la couronne qui se servait d'eux pour faire son sale boulot. Heartless, qui écoutait attentivement jusque-là, prit la parole.

- Ma grande, on est sûrement le groupe le moins susceptible de contenir des traîtres, parce que dans ce joli petit plan de guerre concocté par les kendrans, on joue le rôle d'appâts. On est tous arrivés plus tard que les autres, aucune de nos loyautés n'est assurée et on nous a pratiquement envoyé au front en mission suicide, sans surveillance. Tu peux être sûre que les oaxiens sont au courant de nos déplacements et nous préparent un guet-apens. C'est justement pour ça qu'on y va.

Sa nonchalance portait la marque de sa témérité. En présence d'aventuriers expérimentés, cela avait quelque chose de rassurant. En tout cas, cela amusait fortement l'humoran qui le rejoignit dans son impertinence.

- Et ils n’imaginent même pas ce qui va leur tomber dessus !

Ce fut ensuite Sinaëthin qui se manifesta pour calmer la paranoïa.

- Bogast ne nous a rien caché. Et Sirat non plus pour l'instant.

Elle s'était elle-même entretenue de ses inquiétudes avec Bogast, et elle était arrivée à la conclusion que c'était exactement pour cela que le roi avait réuni des aventuriers, pour explorer les pistes sans disperser ses forces. On les envoyait vers l'inconnu par pragmatisme, et il fallait s'attendre au pire de la part des oaxiens. Avant cela, cependant, elle souhaitait faire connaissance avec le reste du groupe lors des deux jours qu'ils passeront en mer. Un choix avisé, car leur coopération serait la clé, sinon du succès, au moins de la survie.

- Accepteriez-vous de vous présenter chacun et chacune brièvement en nous précisant vos compétences ainsi que la raison de votre participation à cette mission suicide ?

Elle s'était tournée vers l'autre elfe.

- Je ne connais même pas votre nom.
- Sirius.


Sa réponse à une question qui ne lui était pas adressée fit tourner quelques têtes. Il toussota en regardant la guerrière elfe.

- Ahem, pour ceux qui savent pas ou, euh, auraient oublié.

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Cromax
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Cromax » ven. 26 mars 2021 13:54

La Fin d’une Ere
(Groupe Omyrien)



Au soir du second jour de voyage, alors que le soleil avait déjà passé l’horizon lointain de l’ouest depuis plusieurs heures, l’Azurion arriva en vue du campement kendran. Ils avaient déjà pu apercevoir les nombreuses tentes blanches parfaitement alignées tout autour de la cité ynorienne de Viskori depuis le navire.


Image
(Aperçu général du camp. Les fanions sont blanc et bleu et non rouges, et il fait nuit, bien sûr. L’endroit est également un peu plus vallonné que sur l’image.)


Débarrassé de la Baliste au large du port temporaire, et de la Laide-les-Maine partie en direction de Tulorim, loin au Sud-Est, l’Azurion put réaliser sa manœuvre d’approche. Les quais, désertés de la plupart des navires kendrans partis pour la bataille du Port d’Oranan laissèrent tout le loisir à leur navire d’accoster directement à côté du camp sans devoir se servir de canots. L’endroit était éclairé de torchères, et une délégation de gardes vint à la rencontre de ceux qui débarqueraient.


Image



Ils étaient une demi-douzaine, à quelques-uns près, armés de hallebardes, épée au côté, et vêtus aux couleurs de l’armée kendrane, surcot bleu, armure d’acier clair frappée d’un soleil d’or. Ils aidèrent l’Azurion à apponter, amarrer, et se tinrent prêts à accueillir ceux qui viendraient les voir. Et ainsi descendirent du navire la délégation « officielle » prévue par le plan : Berth Grandpied, récemment nommé capitaine et son second, Ezak d’Arkasse. Plusieurs hommes du Sergent de Crean étaient présents aussi, rasés de frais et vêtus comme des soldats kendrans. Ils escortaient deux prisonniers enchaînés : Kurgoth et Azra. Il était à noter que si les fers d’Azra étaient plutôt lâches, pour lui permettre d’aisément se détacher, ceux de l’orque avaient été fort serrés. Pour plus de réalisme à leur petit manège, sans doute, comptant sur la prodigieuse force de ce dernier pour se libérer. Un des hommes d’Ezak portait la hache du garzok, non loin de lui, même si pas à portée directe non plus. Mikkah et Eldros, déguisés en soldats de Kendra Kâr, étaient avec eux.

Berth, l’ex-second, parla le premier aux gardes qui les regardaient s’approcher sur le ponton de bois.

« Bonsoir. Capitaine Berth, récemment promus sur l’Azurion suite au décès du Capitaine Riad Fer-Argent. Nous sommes porteurs de nouvelles inquiétantes trouvées lors de la Bataille maritime du Port d’Oranan. Nous devons être escortés au plus vite aux tentes d’Etat-Major. »

Il prenait le rôle qui lui avait été confié au sérieux. Sans trembler une seconde, il avait déclaré son texte appris. Avec une détermination certaine, même. Un des gardes en face fronça les sourcils et répondit :

« Je dois d’abord en référer au Garde Royal. Veuillez patienter ici. »

Il alla pour faire demi-tour vers le campement quand Berth l’apostropha :

« Attendez : Voici une lettre qui devrait le convaincre de nous rencontrer. »

Il donna au garde le pli préparé par Ezak préalablement. Le garde le ramassa et entreprit de partir en direction des tentes de l’Etat-major, seul. Sur ces entrefaites, Daemon et Silmeria eurent le temps de quitter l’Azurion sans se faire remarquer outre mesure. Un des gardes restés sur place interrogea Berth :

« Et eux, c’est qui ? »

Berth tourna le regard vers Ezak, le laissant expliquer oralement la présence de ces deux prisonniers ici. Quatre gardes du groupe vinrent renforcer les hommes d’Ezak pour surveiller les deux prisonniers. Deux vers Kurgoth, à qui ils dressèrent un regard noir, et deux sur Azra. L’un d'eux frappa son masque deux fois du doigt en regardant Eldros :

« Y'a quoi là-dessous ? »


[HJ :

XP :
Silmeria : 0,5 (discussion avec Cèles) + 0,5 (fin d’interrogatoire avec le duo prisonnier) + 0,5 (triscussion à la capitainerie) + 0,5 (discussion avec Azra) + 0,5 (discussion avec Kurgoth) + 0,5 (discussion avec Daemon) + 1 (combat facile contre Daemon) + 2 (combat amical avec Ezak) + 0,5 (discussion avec Ezak) + 0,5 (espionnage, sacrifice, adieux, écoute du plan) = 7XP.
Kurgoth : 2 (court combat contre Azra) + 0,5 (discussion avec Silmeria) + 0,5 (fouille, torture, écoute du plan) = 3XP
Azra : 2 (court combat contre Kurgoth) + 0,5 (discussion avec Silmeria) + 0,5 (triscussion avec Eldros et Daemon) + 0,5 (discussion avec Daemon) + 0,5 (discussion avec Ezak) + 0,5 (triscussion avec Ezak et Berth) + 0,5 (meurtre des prisonniers) = 5XP
Eldros : 0,5 (triscussion à la capitainerie) + 0,5 (triscussion dans la cale) + 0,5 (explication du plan) + 0,5 (discussion avec Ezak) + 2 (apprentissage réussi) + 0,5 (fouille, échanges avec l’équipage, pilotage) = 4,5XP
Daemon : 0,5 (discussion avec Mikkah) + 1 (rencontre du compagnon) + 2 (discussions avec Rick, Berth, Bert et Loen) + 0,5 (triscussion dans la cale) + 0,5 (discussion avec Silmeria) + 1 (combat court contre Silmeria) + 2 (apprentissage validé pour Daemon, pas encore pour Nienna) + 0,5 (rangement des prisonniers, écoute du plan) = 8XP
Ezak : 0,5 (triscussion à la capitainerie) + 0,5 (explication du plan) + 0,5 (discussion avec Azra) + 2 (combat amical avec Silmeria) + 0,5 (discussion avec Silmeria) + 0,5 (discussion avec Azra) + 0,5 (derniers préparatifs avec ses hommes) + 0,5 (aparté avec Eldros) + 0,5 (fouilles, pensées et boisson) = 6XP
Mikkah : 0,5 (aparté avec Daemon) + 0,5 (repos et préparation) (encore un ou deux essais pour ton sort et ça sera parfait !) = 1XP]

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Eldros Rougine
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Eldros Rougine » dim. 28 mars 2021 08:37

La différence est notable. Voilà un campement en bonne et dû forme. Loin du tas de bois de toile et de merde séchée de ce que les Garzoks osent nommer camp. Ici les tentes sont alignés, disposés méthodiquement en carrés pour créer des allées plus larges, des étendards aux couleurs du royaume, en bon état, battant presque en mesure au vent. Les torches se mettent à scintiller alors que la nuit recouvre les collines de ses ténèbres. C’est une scène agréable à voir, loin du chaos innommable et puant de Darhàm ou à proximité des Garzoks de manière générale. Mais il y a un spectacle qui me ravirait encore plus, celui de voir ce lieu en proie aux flammes et à la destruction. Je me plais à croire que c’est ce que nous apportons.

J’inspecte une dernière fois mon déguisement, m’assurant que rien ne trahirait mon identité. Paré d’un uniforme de marin, aux légères tâches sanguines pour ne pas laisser croire que j’ai fui le combat, mes autres affaires étant dissimulé dans le navire à l’exception d’une fiole incendiaire et de quoi l’allumer caché dans ma sacoche. Je me plonge dans la physionomie du marin revenant d’une bataille, me souvenant de l’insolence de ce jeune soldat, Bert. J’aborde la posture fier du soldat qui ne veut pas se dégonfler devant les autres, le regard vide de celui qui vient de vivre les horreurs de la guerre mêlé à l’expression de rage contenu d’un combattant désirant la vengeance pour ses camarades tombés. La barbe taillée, les cheveux tirés en une queue de cheval enfouie dans mon armure, la tête coiffé d’un casque en cuir.

L’Azurion s’amarre sans difficulté aux mains des marins expérimentés des pirates qui se sont aussi déguisés pour l’occasion et c’est une demi-douzaine de soldats qui viennent nous accueillir. Je me tiens un peu en retrait, du côté de la liche, jetant de temps en temps des regards méfiants au Garzok pour accentuer l’impression revancharde et prudente.

Les premiers instants se passent bien et se déroulent comme prévu. Un garde part prévenir la garde royal de notre présence, portant la missive officielle. Des gardes viennent renforcer notre surveillance des prisonniers, quatre en tout. Deux du côté de l’orc et deux du mien. Rien d’insurmontable pour l’instant et rien qui laisse penser qu’ils ont des doutes sur nos intentions. L’un deux interroge Ezak sur la présence des prisonniers tandis qu’un autre me demande ce qu’il y a sous le masque d’Azrael en tapotant dessus du bout de l’index, bafouant ainsi toutes les règles de prudence et de proximité d’un prisonnier éventuellement dangereux. Un rapide examen m’indique que ce n’est pas un officier et sa question est sans doute plus une provocation à l’encontre de la liche qu’un interrogatoire, je ne dois pas plonger dans une paranoïa qui serait suspecte. Je mets de côté le protocole militaire qui serait nécessaire si je m’adressais à un supérieur.

« Un visage assez immonde pour qu’on l’autorise à garder son masque. Dommage qu’on en est pas trouvé un plus grand pour cette... chose. »

Dis-je en observant l’hideux Garzok avec une rage et un dégoût que je n’ai pas besoin de feinter.

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Ezak
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Ezak » mar. 30 mars 2021 04:49

La nuit était tombée sur les flots Ynoriens, je savais donc que le moment tant attendu approchait. J’avais constaté qu’à mesure que la luminosité s'abaissait, je me sentais de plus en plus stressé. Mes mouvements étaient moins assurés, mes mains tremblaient, même lorsque je faisais quelque chose d’aussi simple que de prendre un gobelet pour me désaltérer. J’étais en train de perdre le contrôle sur mes mouvements. Je crus même mourir à un moment lorsque je fus pris d’une longue crise d’angoisse qui me coupa le souffle. Je mis longtemps à m’en remettre et lorsqu’elle fut finit, j’éclatai en sanglot…
Une fois n'est pas coutume, je ne faisais pas le fier, seul, dans la Capitainerie, terrifié par ce que j’allais faire. Pourtant, je n’étais pas de la bleusaille. J’avais de l’expérience, une belle même. J’avais vu et affronter des choses dignes des plus grandes légendes. J’étais mort, j’avais affronter un dragon, des créatures géantes, j’avais mené des troupes contre des forces cannibales deux fois plus nombreuses. Et tout ça, avec courage, parfois avec témérité souvent avec un peu de peur mais jusque là j'avais tenu bon. Pourtant, ce que je m’apprêtais à réaliser aujourd’hui me rendait complètement malade.

Quelle honte ! Si les mercenaires me voyaient dans cet état, pleurant, assis en position fœtale dans un coin de la cabine, le morve au nez...

Laissez-moi vous faire une confidence, l’une de ces rares que je ne ferais jamais à cause de mon égo. Je détestais ma vie. Quelle bonheur il y avait-il à vivre tel un rejeté ? Haïs par sa famille, haïs par son peuple, enchaînée à une faction que je haïssais du plus profond de mon être. Je ne cessais de me demander ce qui se serait passé si cette nuit-là, celle où les Treize m’avaient attrapé, j’avais pu rejoindre Eliss à l 'auberge comme il était prévu. Si j’avais vécu cet amour. Peut-être aurais-je été apaisé ? Peut-être que pousser par la volonté de chérire la seule femme qui avait su apaiser mes passions, la seule chose authentique que j'avais eus dans ma vie, j’aurais finis par raccrocher les armes. Au lieu d’épées, j’aurais porté deux jolies bambins à tête blonde. Des quarterons elfes, me ressemblant fortement, à moi, ou à leur mère. Au lieu de la haine, j’aurais connue la paix. Au lieu d’être entouré d’ennemis, j’aurais eu la force de ma famille, m’offrant l’amour dont j’avais toujours tant manqué. Peut-être qu’il fallait que je mette fin à mes jours ? Là, tout du suite. Quoi ? Ce serait finit. J’aurais arrêté de subir une vie qui depuis des années ne m’apportait que de la souffrance. Qui m’aurait pleuré ? Personne...
Mais quitte à mourir, je me disais qu’il fallait que ce soit dans un grand feu. Cela tombait peut-être bien… La fin, voila ce qui m’attendait probablement au crépuscule de cette journée maudite et secrètement, je l’appelais de mes vœux. Qui ? À qui appartiendrait la main de celui qui m’accorderait le repos ? Serait-ce celle d’un Kendran ? Ou encore l’une de ces nombreuses mains Omyrhienne qui désiraient ma mort. Eldros Rougine, le Quartier-Maître ambitieux ? Kurgoth le Garzok nourrit par la haine que se vouait nos peuples ? Silmeria l’Irrévérencieuse que j’avais tant bousculé ? Ou un autre, dont je n’attendais pas le visage de l’autre côté de la lame. Azra, Mikkah, Daemon ? L’un de mes hommes ? Comment me donneraient-ils cette mort ? Avec le respect que l’on doit à un adversaire redoutable ? En m’humiliant ? Sans un mot, comme si ma vie n’avait pas laissé de traces en ce monde ?

C’est un visage fatigué, des traits creusés par l’inquiétude et des yeux rougis que je présentai à mes hommes lorsque deux d’entre eux, les plus proches, vinrent me retrouver pour m’aider à enfiler armure, armes et déguisements. Je ne fis même pas d’effort pour cacher mon mal devant eux. Peut-être était-ce par subordination, par pudeur, ou par volonté de ne pas me mettre mal à l’aise, mais ils eurent la décence de faire comme si de rien n’était.
Lorsque je fus à nouveau affublé des écailles de Vlash, je perdis tous mes doutes. Mes angoisses s’en allèrent et ne furent bientôt plus qu’un mauvais souvenir. J’avais de nouveau cette confiance poussée par les effets de l’armure du Dragon Mauve. Après deux jours à avoir côtoyé mon humanité la plus misérable, ma lâcheté la plus crasse, j’avais refait connaissance avec mon animalité. J’étais de nouveau prêt à prendre tous les risques. La légende d’Ezak d’Arkasse s’écrirait ce jour ou elle ne serait pas… Qu’importe. C’était là que toute cette histoire prenait fin. Et pour moi, c’était l’essentiel. En finir. Juste, en finir…

J’étais sortis tard de la Capitainerie, alors que nous approchions déjà des côtes. Le camp, au sud de Viskory était gigantesque. Je fus un instant saisis devant la vision de toutes ces tentes agglutinées, symboles de la puissance de Kendrâ-Kar avant de rejoindre le pont. J’avais pour chacun des hommes, chacun des aventuriers pris le temps d’aller les voir pour leur adresser un « bonne chance », « bon courage », « soyez fort » ou encore un « sois prudent » pour les plus proches. Même ceux que je haïssais le plus, Garzok et Quartier-Maître ils eurent droit à un bref regard. C’était des adieux et pour ceux-là, j’avais ravalé mon égo. Mes hommes eurent droit à des tapes amicales, des sourires se voulant rassurant, et des regards pleins de détermination. La fin était proche…

Lorsque notre navire eut accosté, je rentrai pleinement dans mon rôle. Légèrement en retrait de Berth, notre Capitaine de circonstance, tous deux menant mes hommes qui, eux même, tenaient en respect nos faux prisonniers, tous armes à la main, pour plus de réalisme, et pour être prêt à réagir au moindre soucis. Six gardes vinrent nous réceptionner et Berth joua son rôle à la perfection faisant mander une réception par l’Etat-Major. L’homme, muni du compte - rendu que j’avais rédigé, s’était éloigné en direction du Garde Royale. J’espérais que tout se passe comme prévu. Kurgoth l’avait interpellé mais celui-ci ne lui avait même pas répondu lui témoignant du dédain, probablement parce qu'il avait eut la malchance d'être un Garzok.

Nul doute, je n'étais plus en territoire Omyrhien.

Pendant ce temps, l'un des gardes interrogea notre Capitaine sur la présence des prisonniers, alors qu’un autre se rapprochait d’Azra, lui tapotant sur le masque. Berth se tourna vers moi, il semblait attendre de moi que je réponde. Je pris donc mon air le plus dédaigneux.

« Ceux-là ? Tss… Des officiers de cette sale catin d’Omyre qui se prend pour une Reine. Nous avons réussis à extirper de ces chiens des informations capitales. »

Je me rapprochai d’Azra, je voulais éviter que le garde face à lui ne l’embête plus et ne le démasque. Raison pour laquelle je me plaçai derrière lui, lui donnant un coup de pied dans l’articulation du genoux pour l’obliger à s’agenouiller, tout en maintenant ma main sur son épaule pour le laisser dans cette position de soumission.

«Voilà c’est mieux. C’est comme ça qu’il faut les traiter ces chiens d’Oaxaca. »
Modifié en dernier par Ezak le jeu. 1 avr. 2021 05:56, modifié 1 fois.

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Azra
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Azra » mar. 30 mars 2021 18:13

Un repos de courte durée, car ils arrivèrent bientôt à destination. Alors que le soleil disparaissait lentement à l'horizon, ils arrivèrent en vu d'une véritable mer de tente, d'un camp militaire entourant une petite cité ynorienne, éclairée des lucioles d'une multitude de torches... Ils étaient arrivés. Des entrailles fantômes se crispèrent au fond de son ventre absent. Tout allait se jouer ici. L'avenir du monde... et l'avenir des Messagers. Avait-il choisi le bon camp ? En vérité, il n'y avait pas de bonne réponse... mais il n'avait pas le choix. Il fallait aller de l'avant. Lorsqu'on prend une décision, on peut se tromper, mais la capacité à prendre des décisions implique qu'on peut aussi changer d'avis. Si on ne décide rien, on n'ira jamais nulle-part. Il allait devoir assumer sa décision... sans doute jusqu'à la lie.

Partout autour, l'équipage s'activa pour mettre au point la mis en scène. Azra fit disparaître Rendrak et se cacha sous son masque. Puis, il s'approcha de Daemon et Silmeria, qui préparaient leur mission d'infiltration. Il posa une main sur l'épaule du semi-elfe :

« Je suivrais au mieux votre progression. Que le Corbeau veille sur toi dans ta mission meurtrière... Tâche de revenir vivant, car je compte bien récompenser les nombreux services que tu as rendus à l'ordre... et à moi. »

Tout en disant cela, il invoqua une ombre qui allait les accompagner, histoire de ne pas perdre totalement le contact. Puis, les hommes d'Ezak leur passèrent, à lui et Kurgoth, des chaînes, tout en prenant soin à les faire assez lâches pour s'en libérer aisément le moment venu.

Ils descendirent et furent accueillis par une délégation de gardes royaux qui souhaitaient connaître le motif de leur présence. Azra guettait attentivement les matelots, prêt à en éliminer un s'il faisait mine de vouloir les trahir. Mais pour l'instant au moins, tout se passait bien, et Ezak et Eldros, déguisés, parvenaient sans peine à passer pour des kendran. Berth remit la lettre et un garde s'enfonça dans le camp. Il ne restait qu'à espérer que tout se passe comme prévu...

Bien sûr, certains gardes s'approchèrent pour s'étonner de la présence des deux prisonniers, l'un d'eux allant jusqu'à tapoter le masque du nécromancien ! Celui-ci laissa échapper un grognement qu'il espérait résigné, comme un prisonnier épuisé, alors qu'Eldros intervenait pour prétendre son visage trop laid pour qu'ils osent lui retirer son masque, ce qui était somme toute une très bonne remarque !

Un autre écouta Kurgoth qui se plaignait de ses liens, qu'évidemment aucun soldat n'accepta de desserrer. Une tentative beaucoup trop voyante ! Il n'eut cependant pas le temps de laisser échapper un ricanement qu'un coup derrière les genoux le jeta à terre ! Ezak jouait un peu trop bien sa couverture... Le nécromancien retint un sifflement de colère. Mais pour l'instant, garder profile bas était le plus important. Aussi, il se contenta de jouer les prisonniers abattus, n'ayant même plus la force et le courage de se défendre. Il se releva lentement, prêt à suivre le groupe en silence, la tête base.

(((Lancement d'une ombre espionne de rang 5 pour suivre les infiltrés)))

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Silmeria
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Re: Le Val d'Abondance

Message par Silmeria » mer. 31 mars 2021 23:53

Le campement se dessinait à mesure que le navire approchait. Elle parvenait à voir dans la noirceur naissance une constellation de torches lointaines et sentait déjà l'animation qui grouillait au sein du camp au même titre que la tension qui pesait sur les mercenaires. Elle les observait tour à tour, la bienveillance avait émergé de ce qui fut la hargne et la colère et tous semblaient s'encourager et se souhaiter bonne fortune. Silmeria n'y participait pas vraiment, elle s'était mise dans son coin, sagement à attendre loin de l'énervement qu'elle jugeait trop contagieux. Ce ne fut que Daemon à lui faire un signe discrètement, visiblement le jeune semi-Shaakt souhaitait s'entretenir avec elle, avait-il des doutes ? Des craintes ? Silmeria se dirigea vers le jeune homme qui, tout en se massant la gorge, lui dit :

« Toujours aussi élégante, et délicate... »

Elle ne releva pas ce qui pouvait aussi bien être un compliment ou une moquerie perverse du jeune homme, les autres mercenaires n'avaient pas montré beaucoup de finesse jusque là.

« Même si tu cherches à le nier, j'ai bien compris que ton objectif premier est le roi, et il se peut que j'ai un moyen de te l'apporter sur un plateau. Mais je n'oublie pas que tu es une envoyé de Xenair et nous de Karsinar, et les ententes entre les seigneurs de la cité Noires sont de notoriété... agitées. Je ne voudrais pas qu'un élément imprévu interfère... Alors dis moi : le roi est-il bien ton objectif ? »

Silmeria s'interrogeait, à quel moment avait-elle cherché à nier que sa présence ici était pour le Roi. Au contraire, elle avait bien dit qu'elle venait s'assurer que le résultat soit à la hauteur des espérances de la Reine Noire. Et pour se faire, il était clair que le roi devait quitter l'échiquier. Elle n'avait cependant - il avait raison - crié sur tous les toits qu'elle en ferait sa mission sacrée, contrairement au Sergent qui ne manquait pas une seule occasion de se mettre en avant, de préférence en rabaissant alliés comme ennemis.

" Xenair m'envoie pour le Roi, en effet. De quoi as-tu peur ? Que Karsinar et Xenair se battent comme de vulgaires brigands ? "
Il fallait admettre, cela faisait deux fois qu'on soulevait cette éventualité, mais qu'y pouvait-elle ? Si elle avait la preuve que le Roi était bien mort de sa main, elle l'apporterait à celui qui l'avait commandité pour cette mission, elle se demandait d'ailleurs si Xenair n'était pas meilleur Seigneur que Karsinar, qu'elle imaginait brutal et imposant. Si les deux venaient à se battre pour le fameux trophée, ce qui était peu probable, elle ajouterait le prédateur sur sa liste.

Daemon mima une exaspération passagère à sa raillerie, pour reprendre :

« J'aimerais que les choses soit claires. C'est tout. Pour revenir au sujet, il demeure une faille dans le plan : le temps. Si j'ai bien compris, les autres vont donner une lettre avec pour message leur détention d'informations importantes, et la mise en danger imminente du roi. Non ? »

" Oui. Reste à savoir s'ils vont exposer le Roi en apprenant ledit danger imminent. "

« Justement. Les autres seront menés au commandement, avec de la chance, et ils vont y semer une pagaille pas possible. L'agitation va se répandre dans le campement comme une traînée de souffre, et notre objectif deviendra hors d'atteinte. En plus de cela, trouver le roi... » Il montra le campement se dessiner sur les collines « ...sera comme trouver une aiguille dans une botte de foin. »

Tous deux observèrent le campement s'étendre jusqu'à l'infini, des tentes, des oriflammes et une multitude de torches éclairaient le ciel étoilé.

« Nous devons agir vite, avant que le roi double sa garde ou décide de se dissimuler. Nous devons agir au moment même où il apprend la nouvelle. Alors voilà ce que je te propose. Ferme les yeux et imagine la lettre entre les mains du messager. Que va-t-il faire ? »

Silmeria déglutit, elle voyait où il voulait en venir mais elle trouvait plutôt étrange qu'on lui explique le déroulé de ce qui allait se passer. Elle répondit poliment mais sans davantage de conviction.

" J'imagine qu'il ira rendre un rapport. Auprès d'un membre de l'état major ou d'un haut gradé. "

Disait-elle en jouant avec une mèche de cheveux blanc.

« Et ensuite, que feront les hauts gradés ? »

" Si c'est Ezak qui a écrit ça, je pense qu'ils en riront. "

Avait-elle simplement laissé s'échapper. Elle remarquait que ce jeune semi-elfe avait beaucoup étudié la question, mais il manquait d'expérience de terrain, les assassins savent déjà dans quelle situation ils vont se retrouver et avisent souvent en accord avec ce qu'ils voient ou entendent, bien que la préparation en amont, elle le reconnaissait volontiers, représente l'essentiel du travail. Mais elle sentait qu'il répétait ceci comme pour y voir plus clair.

" Si tu étais Roi. Que ferait Azra pour te protéger dans ce genre de situation ? " Demandait-elle pour l'aiguiller légèrement dans sa démarche.

« Il me laisserai mourir en se disant qu'il pourrait de toute façon me relever... Mauvais exemple. »

Elle se mordit la lèvre, c'était vrai que les nécromanciens avaient ce genre d'aptitude qu'elle n'appréciait pas vraiment, mais les Kendrans n'étaient pas friands de ce type de pratiques que beaucoup jugeaient, à raison, contre nature.

" Je doute que l'état-major soit de cet avis. Le roi peut se trouver dans deux endroits à mon humble avis. Soit dans une demeure fortifiée, soit au campement même, proche de ses hommes et accessible à l'état-major en temps de guerre. "

Elle se tourna vers Daemon, le regard dépourvu de vie.

" Je vois ce que tu veux dire. Suivre les pistes qui conduiront au Roi ou à l'endroit où il est susceptible de se trouver. Avec nos prédispositions pour l'espionnage nous pourrons le vérifier sans mal. Je ne suis pas sûre que le temps soit notre ennemi. Au contraire, il nous faudra une grande patience et beaucoup de sang froid. Je ne compte pas tuer plus que le strict nécessaire... "

Observant de nouveau le camp, elle inspira profondément.

" Contrairement à ceux qui se prétendent au dessus de tous. " lâchait elle amèrement.

Daemon fit mine de ne pas entendre la dernière remarque, mais elle sentait qu'il comprenait à qui ce propos était réservé.

« En effet. Les gradés discuteront de cette nouvelle, ils auront sûrement quelques désaccords, mais ils donneront des ordres. Il enverront des émissaires pour accueillir nos comparses, mais aussi, et forcément, ils préviendront le roi ou sa garde. Nous devons suivre ce message. Je peux lier mon ombre à une cible pour connaître en permanence la direction dans laquelle elle se trouve. J'avais prévu de lier la mienne à mon maître pour le retrouver si les choses venaient à se gâter, mais une autre idée m'est venue. Je vais lier mon ombre à Nienna, et elle fera de même. Ainsi nous pourrons nous retrouver. Il n'y a pas plus discrète qu'elle, et elle pourra suivre la lettre, l'envoyé, et les directives des gradés. Elle pourra suivre le message jusqu'au roi même, et ensuite rester à ses côtés, de manière à ce que mon ombre s'étire en direction de son altesse...
Comprends-tu ? »


Silmeria ne le prit pas comme une offense, elle savait que la lettre n'irait pas stricto-sensus jusqu'au roi, que l'état major lui ferait une synthèse s'il jugeait nécessaire de faire bouger le roi tout en sachant - à supposer que le mensonge passe - qu'il se trouvait être en danger, n'importe quel garde royal ferait automatiquement renforcer la garde rapprochée à la simple connaissance de cette menace. De plus, l'ombre de la guerre faisait que le roi était probablement déjà sous une excellente escorte et ce en plein milieu de son campement fortifié.


" Je comprends. "

Elle eut un sourire compatissant.

" Je vois que tu prends ton rôle très au sérieux et que tu as de la ressource. Nous aurons besoin de Nienna et de l'Ombre noire. Seule compte la mort du Roi, à mon humble avis. Je préfère la discrétion au sillage sanglant, qu'en penses-tu ? "

« Plus vite nous aurons fini, plus vite je pourrais rejoindre mon maître. Je préfère éviter l'agitation et l'alarme, cela le mettrait en danger... »

Puis il continua.

« Nous ne pouvons pas chercher au hasard. Je vais envoyer Nienna, et si elle faillit à localiser le roi, elle a pour ordre de me revenir. Ainsi, si elle échoue, nous le sauront. »

" Nous suivrons les émissaires, ils ne prendront pas le risque de promener les prisonniers dans le camp. Avec ça, nous aurons forcément une piste. Du silence, beaucoup de patience et de sang-froid conduiront, je le souhaite, à un résultat qui pourrait renverser le cours des choses. "

De cette façon, si l'invocation de Daemon venait à ne pas trouver le suzerain, ils seraient assez proches de sa dernière position éventuelle pour prendre la relève avec l'Ombre noire.

« Comme tu l'as déjà compris. Je n'ai pas autant d'expérience que toi pour ce genre de choses. Je te fais confiance pour l'infiltration, car Nienna ne sera plus là pour me couvrir. Je ne servirai que de boussole. »

Elle posera sa main sur l'épaule de Daemon, juste du bout des doigts comme pour l'effleurer. Elle n'appréciait pas spécialement le contact physique, mais elle sentait que le jeune Elfe avait un certain besoin de reconnaissance, comme s'il avait répété tout ceci comme pour lui montrer qu'il ne serait pas un boulet à sa cheville, elle appréciait l'effort et se rendit bien vite compte qu'il aurait un rôle intéressant dans cette histoire malgré leur première approche catastrophique. Le jeune homme était dans l'ombre d'Azra et celui-ci était d'un ennui mortel - c'était peu de le dire - aussi, elle espérait lui transmettre un peu de sympathie et de compassion pour ce plan qu'il avait imaginé et orchestré sans expérience de terrain. Son espionnage invisible et celui de Silmeria feraient d'eux de redoutables adversaires pour peu qu'ils restent bien dissimulés dans les ombres, s'ils venaient à être découverts, ils seraient deux face à une armée sans pouvoir compter sur les autres qui, selon ce qu'elle avait vu de cet odieux Sergent, ne feraient rien pour briser leur couverture, il profiterait peut-être même de l'occasion pour les dénoncer sans attendre.

" Caché comme un secret. Calme comme le couchant. Ainsi tu pourras veiller sur ton Maître. Mieux vaut notre discorde semée que la leur. "

« Ai-je gagné ta confiance ? » réparti Daemon sans dissimuler sa satisfaction.

"Je te l'accorde, pleinement, dans l'espoir que tu gardes ton énergie pour nos ennemis plutôt que contre moi. "
Elle affichait un sourire amical, préférant toutefois lui rappeler que malgré sa patience d'araignée, Silmeria n'accepterait pas une seconde attaque de la part de quelqu'un qu'elle ne connaissait pas. Mais Daemon avait eu quelque chose de rassurant, presque amical et elle appréciait mieux l'idée qu'il puisse veiller sur elle au moment venu.

« Chaque chose en son temps. » Avait-il dit en se montrant un peu gêné. La jeune Hinïonne estimait qu'après la dérouillée de la veille, il y réfléchirait à deux fois avant de réitérer son acte, s'il voulait le faire, il devrait attendre la fin du conflit et attendre après Ezak, Azra et quiconque se mettrait entre elle et sa mission dont le secret était toujours intact.



Lorsque la navire accosta, ils étaient dissimulés dans la foule qui grouillait sur le pont principal, mêlant des marins, les hommes travestis en soldat de Kendra Kâr, les hommes à la manœuvre et le fameux cortège composé autour du Garzok et de la Liche enchaînés. Tous descendirent accueillis par la garde du camp qui se composait d'hallebardiers en armure. Ce fut le second de l'Azurion, promu Capitaine pour l'occasion qui se présenta à eux tandis qu'elle et Daemon filèrent comme des ombres entre deux tentes. Elle s'assura de ne voir personne dans les longues allées qui se dessinaient entre les tentes au carré.

" Les gardes nous ignorent, ils feront du bruit et seront armés de torches, prête y attention et si tu vois quelque chose, dis le moi. " Lui dit-elle tout bas, sentant qu'il était préférable qu'elle prenne les décisions grâce à son expérience de terrain, elle espérait qu'il ne prendrait pas d'initiatives malheureuse. Usant de son ouïe fine, elle entendit le garde prendre la missive donnée et prévenir le groupe qu'il la remettrait au garde Royal, c'était là le début de la piste qu'ils espéraient.

" C'est lui qu'on doit suivre. " Fit elle en lançant un léger signe de tête encapuchonnée. Il ne fallait pas perdre cet homme qui se rendrait jusqu'à leur prochain objectif.

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Suis le garde porteur de la missive

Utilisation des capacité Rp :

Dissimulation : Tant qu’on n’a pas connaissance de sa présence, l’assassin est indétectable.

Silencieux : Le ninja a la capacité d'être totalement silencieux dans ses déplacements, qu'il marche, coure ou saute, s'il prête attention à n'avoir sur lui aucun objet risquant de faire du bruit s'il est nonchalamment porté.

Ouïe d'elfe : Sensibles aux arts musicaux et aux bruits de la forêt, les elfes blancs sont dotés d'une ouïe fine, à la fois plus sensible et performante.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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