Message
par Vohl Del'Yant » sam. 13 avr. 2019 23:30
Ils sont dans la souricière : sortir va demander de le faire de force, quoi qu’il arrive. En les voyant chevaucher vers eux, certains thorkins ont un mouvement de recul alors que d’autres, les plus modérés, surement, s’écartent pour éviter de prendre un mauvais coup. Pour rajouter en pression, Vohl laisse apparaitre les longues tiges de fer qui prolongent son bras, arme levée. Il n’en reste pas beaucoup au milieu du chemin, mais c’est toujours trop. Ils sont au contact. Vohl joue la carte de la surprise : d’une pression de genoux, il demande à Mahô de sauter l’obstacle qui fait presque la moitié de sa taille. La Cerfe ne se fait pas prier : les plongeons dans les montagnes sont autrement plus effrayants qu’une dizaine de bouilles furieuses, à moitié masquée par des barbes. Ceux qui se sont rangés sur les côtés les agonisent d’injures, mais ils sont bien trop loin pour agir.
Drap noir, la queue de Mahô se déploie pour la faire planer jusqu’au plus loin possible. Elle renverse les thorkins sous elle. De l’autre côté, les Enragés, surpris, ont suivi sa trajectoire des yeux en brandissant ce qu’ils pouvaient pour l’atteindre. Plusieurs carreaux passent encore à côté de lui. La situation de hauteur représente également un désavantage dans une foule qui ne dépasse pas le mètre cinquante. Tant mieux. En plaçant le focus sur lui, ils en oublient le percheron, un peu plus lent, mais bien plus imposant. Le lourd cheval donne l’impression d’être un morceau de métal percutant un bloc de glace : chassés par le poitrail imposant, cinq thorkins se retrouvent à lécher le pavé.
Mahô baisse la tête pour continuer à avancer : les nains s’accumulent entre les cornes alors qu’elle les fait reculer. Vohl suppose toutefois que le poids sera bientôt trop important : il s’éjecte de la selle pour percuter et éparpiller au sol le bloc compact des enragés collés les uns aux autres. Il finit au sol dans la manœuvre, et aura des contusions. Un moindre mal ! Il se relève d’un bond : Mahô est prête à repartir, mais remonter en selle prendra trop de temps.
“Kage !”
Le percheron est bloqué. Peu habitué à ce genre de situations, et manquant de confiance en son cavalier, le cheval affiche des yeux fous en reculant, henissant et se cabrant à mesure que les thorkins brandissent les armes.
“Ils pillent nos ressources ! Ne les laissez pas s’enfuir ! Ces saletés d’étrangers n’ont même pas payé !”
L’un d’eux tire Hïo au sol en le tenant par son havresac. Déconcerté par la chute, le forgeron lâche le sac. Fanatique mais pas fou, le thorkin ouvre le sac. Il tombe sur la barre de faerunne pure.
“Regardez ! Ils nous volent ! Vous savez combien ça vaut ? Ce sont des Wrunkrolls ! Ils méritent d’être chassés ! Nous n’acceptons pas que ça vive avec nous !”
Vohl bondit. Les bottes le propulsent au-dessus des têtes : il atterrit sur le thorkin pendant que Hïo se redresse. Il roule au sol avec le nain, le percutant suffisamment fort pour lui faire lâcher la barre de faerunne et le sac. La barre tombe sur les pavés : pendant que Hïo la ramasse, les thorkins restants se rapprochent pour bloquer toute issue : un second groupe rejoint l’attroupement, faisant doubler le nombre de thorkins. Vohl fait remonter le forgeron en selle. Il fouette du revers dos des griffes la croupe du destrier.
C’est suffisant : il recommence à avancer, ignorant ce qui se passe en dessous de son buste puissant. La clameur des thorkins augmente en virulence. Un carreau se plante dans le ventre du cheval. Dans un hennissement, celui-ci piétine les thorkins devant lui pour fuir la menace. Tout est confus autour de Vohl. Ça braille, ça brandit des pioches et des pelles. Et il y a trop de torche pour songer à faire tomber l’obscurité comme rideau salvateur. Il reste en garde : des coups de pioches s’abattent sur lui. Une chance pour lui que ses adversaires se gênent les uns les autres. Il pare ce qu’il ne peut esquiver en reculant.
Le mercenaire est pieds et poings liés : s‘il blesse un thorkin, il devra en répondre devant les gardes, mais s’il ne fait rien, il sera passé à tabac par une foule délirante. Sa salvation arrive en face de lui : Mahô. Il voit la monture aux prises avec les nains qui tentent de la mettre au sol. Vohl n’a plus assez de place pour s’élancer au-dessus de la marée de nains. Qu’à cela ne tienne, et tant pis pour les blessés : il n’en sortira jamais s’il ne se mouille pas. Les nains ici ne sont pas tous formés au combat : dès que le sang commence à couler, un mouvement de panique s’amorce. Nul doute que si ç’avait été le leur, ils n’auraient pas eu la même réaction. Profitant de la confusion, Vohl force le passage, écopant au passage d’un coup de coude et d’une estafilade au bras.
Il rejoint malgré tout Mahô qui le guette d’un œil acéré. Ceux qui étaient aux prises avec la monture marchent sur lui, armant des frappes diverses et variées : certains montent leur pioche comme pour recevoir la foudre, d’autres, armés de marteaux et portant des armures, se contentent de raffermir leur prise sur les masses.
Il ne passera pas ce mur-ci. Du coin de l’œil, il note que le percheron sort de la foule, Hïo à son bord. Il oblique sa route, espérant que Mahô comprendra qu’elle doit suivre son instinct et fuir en attendant un moment plus propice aux retrouvailles. Le morceau de faerunne toujours à la main, les enragés les plus cupides courent après le forgeron. En lui portant secours, non seulement Vohl évite l’affrontement qui aurait risqué de durer contre les thorkins en armes, mais en plus il espère bien prendre à revers ceux qui ne valent guère mieux que des rats !
La fonctionne, au moins un temps. Les poursuivants se retournent pour affronter la menace, laissant leur proie prendre le large. Vohl s’enfuit alors. Bondissant sur le premier étage d’une maison, il évite d’avoir à franchir les thorkins restants. Il court sur les toits plats, utilisant les bottes pour se donner assez d’élan lorsque les toits ne sont pas mitoyens. Il court ainsi à perdre haleine, suivant le parcours de Hïo et vérifiant que Mahô le suit. Il est obligé de s’exposer, mais quelques tirs se font de moins en moins précis à mesure que les fuyards gagnent du terrain. Ils arrivent à hauteur de l’artère principale. Vohl ne peut franchir ce fossé d’un bon : il doit descendre, en espérant que la perte de temps ne permettra pas le retour des Enragés à leur niveau. Il descend le long de la maison en hâte, se laissant tomber dès que la hauteur lui semble raisonnable pour ne pas se blesser. Puis il reprend sa course. Il est à bout de souffle : la course d’obstacle est épuisante. Fort heureusement pour lui, les thorkins semblent avoir déserté la rue et ont fermé leurs fenêtres en entendant arriver les tambours des Enragés...ce qui lui laisse un passage libre.
Mahô vient à sa rencontre aussitôt qu’il est descendu au sol. Il lui gratte l’encolure en prenant de grandes goulées d’air ; puis il se hisse en selle. Tout conflit avec le groupe des enragés serait délétère, et ils n’en sortiraient jamais gagnants. Ils reprennent leur fuite vers les portes de la ville. A mi-chemin, une silhouette familière se dresse au milieu de la route.
“Oh, par Rana !”
L’exclamation est sortie toute seule. Devant eux se dresse un nain en armure de plates, une morgenstern à la main, écrasant de son poids un bouc des montagnes. Et sous l’armure, le visage rubicond du sergent transpire abondamment. L’éclat de ses yeux n’en est pas moins décidé.
“Prie ton dieu autant que tu le souhaite, païen. Et viens m’affronter.”
“La route est large, je pourrai aussi bien éviter le combat, et vous le savez pertinemment. Arrêtons donc là ce spectacle ridicule !”
“Tu pourrais mais...”
Le thorkin brandit une barre... de faerunne, à n'en pas douter.
“J’ai cru comprendre que toi et ton forgeron cherchiez désespérément ceci. Au bas mot, il y en a pour une bonne somme de yus trébuchants. Et depuis hier, vous n’avez pas eu le temps d’en retirer assez.”
“Figurez-vous que si.”
Vohl tente le bluff. Il préfère repartir sans être certain d’avoir la dose que de risquer la vie de Hïo pour une de ces maudites doses !
“Essaies-tu vraiment de rouler un thorkin en ce qui concerne le minage ? Ton mépris dépasse les bornes, étranger ! Allez, viens. J’offre une chance à ton forgeron de prouver à son pays qu’il vaut moins que la loque qu’il est !”
Le mercenaire jette un œil vers Hïo qui reste muet. L’indécision se lit sur son visage aussi facilement que la folie furieuse sur celle du sergent fou.
“D’accord. Si vous y tenez tant !”
Vohl s’élance rageusement. Il a suffisamment peu d’estime pour le thorkin pour ne pas débuter ce duel dans les règles. Les deux montures se rapprochent l’une de l’autre à une vitesse effrayante. D’un écart, la Cerfe évite la collision frontale qui lui aurait sans doute été fatale. La Morgenstern siffle dans le vide, de même que les griffes de l’assassin. Encore et encore, le schéma se répète, joute de deux chevaliers vouée à l’échec.
Le mercenaire est un fantassin. Son éducation l’a formé à chevaucher, mais pas à combattre en gérant les commandes d’une monture, encore moins lorsque celle-ci n’est pas entrainée pour se battre. Certes, Mahô est débrouillarde et pleine de ressources. Cela ne la transforme pas en cheval de bataille. Vohl prend conscience de cela au moment où il manque de recevoir un coup de la masse hérissée de pics. Les coups se rapprochent de plus en plus de lui, sans que les siens ne parviennent à faire mouche au travers de l’armure du guerrier.
L’ynorien comprend que rester sur sa monture lui fait finalement perdre plus de mobilité que cela ne lui en fait gagner. Il la fait volter pour la dernière fois, face au boyau qui continue et au bouc qui en obstrue le passage.
“Hïo, vas-y !”
“Je t’attends, Vohl. Gagne ce face à face là rapidement !”
“Haha, voilà des paroles courageuses ! Je m’occuperai de toi après, forgeron !”
Le cavalier ennemi charge de nouveau : Vohl laisse Mahô décider de sa fuite. Il bondit hors de selle au moment ou un coup horizontal aurait dû lui arracher le crâne. Il atterrit sur le bouc qui ploie légèrement sous le surplus de poids. Le thorkin ne se laisse pas pour autant désarçonner ! D’un coup de gantelet, il renvoie Vohl au sol. Le mercenaire se redresse en bondissant en arrière : il doit éviter de se faire piétiner.
“Hahaha, pauvre petite chose fragile : tu abandonnes ta monture ? Tu perds un avantage conséquent !”
Le sergent se précipite vers lui : Vohl tente d’esquiver. Tente seulement, car les cornes du bouc le percutent, l’envoyant rouler sur plusieurs mètres. Il se relève une nouvelle fois précipitamment. Le bouc est sur ses traces. Cette fois, Vohl est dos au mur. Tant mieux. Il s’éjecte, décollant du sol à une vitesse prodigieuse. Crochetant une prise lorsqu’il se trouve à son point culminant, il se laisse tomber sur le bouc, les griffes en avant. Une technique qui a fait ses preuves, désormais ! Il vise le cou du nain, légèrement visible par l’interstice de l’armure. La vitesse accumulée par la chute est impressionnante.
Le réflexe du thorkin l’est tout autant : laissant pendre le bras portant la masse, qui serait trop lent à relever, il pare avec son autre main, gantée elle aussi de lourdes plaques de fer. La force de l‘impact est tel que la poigne du nain se desserre : le tube métallique roule au sol, hors de portée des deux protagonistes, juste sous le bouc, qui sous l’impact ploie l’échine. Vohl écarquille des yeux grands comme des soucoupes en comprenant que l’incroyable poids de son attaque a été vaine.
Le sergent est clairement un combattant d’un certain calibre. Autour de lui, il n’y a personne d’autre que Hïo et les deux montures. Personne pour constater le spectacle, personne pour s’interposer, encore moins pour leur prêter main forte. Le cavalier tente de saisir le poignet de Vohl pour le maintenir en place alors que la morgenstern s’élance vers son visage. Telle une anguille, il glisse entre les doigts de son ennemi. Il s’en est fallu de peu.
Le mercenaire analyse encore la situation. La force prodigieuse du nain porte un sacré coup au moral de l’ancien soldat. Il ne peut espérer le contraindre : il doit être plus vif, plus précis. Facile à dire. Le sergent lance une nouvelle charge, faisant tournoyer la chaine au-dessus de sa tête. Vohl esquive d’un bond sur le côté : la masse vient s’écraser contre la paroi de pierre. Les éclats volent en tous sens : l’un d’entre eux, particulièrement aiguisé, vient créer une nouvelle estafilade sur le bras du mercenaire.
Voilà la faiblesse de ce bloc de métal impénétrable. L’inertie. Sa propre force, et la lenteur de remise en route. C’est là-dessus que l’assassin doit jouer. Il saute sur le sergent, toutes griffes dehors. Entre les plaques d’armures, les lames se frayent un chemin. Le sang coule du bras gauche du thorkin. Un coup au but. Il doit reprendre cette tactique ! Le thorkin se tourne vers lui...la surprise et la peur secouent les entrailles de Vohl. Le visage du thorkin n’exprime que la rage la plus pure. Les traits déformés par la haine, il ressemble aux figures mythiques qui ont marqué les combats des légendes. Des combattants si extraordinaires, si puissants, qu’ils auraient, d’après les livres, eu un impact colossal sur les affrontements entre les hommes et les garzoks, bien avant la fondation d’Oranan. Les berserkers. L’instinct de tuer prime. L’instinct de survie n’est qu’une cendre qui passe devant leurs yeux, qu’ils chassent aussitôt qu’elle se présente. Une attaque cherche un mort, ni plus, ni moins. Et la suivante poursuit le même objectif, encore et encore.
La fureur du combat, la soif de sang. Et celui-ci est en armure complète. C’est un désastre. La puissance d’un combattant qui ne mise que sur l’attaque, préservé des conséquences de ses actes par une armure plus solide qu’un bloc de roche. Vohl tourne les yeux vers Hïo, qui observe toujours le combat. Pour lui, il doit essayer. C’est sa mission. Il se concentre de nouveau sur le monstre qu’il a pour proie.
Les échanges recommencent. Le bouc charge et la morgenstern s’abat, ne recontrant que le vide. Les griffes de Vohl cliquettent sur l’armure. Cette dernière en sera quitte pour quelques rayures. D’un revers de la masse d’arme, le thorkin enragé envoie Vohl bouler contre la paroi. Le mercenaire se redresse, un de ses genou ayant pris un mauvais coup. Il se jette sur le côté, laissant le nain créer un nouveau renfoncement dans le tunnel principal de Mertar. Il se jette aussi vite que possible dans le dos du fanatique. Mais ce dernier l’attend. La poignée de la morgenstern se dresse soudain devant l’assassin, le percutant au thorax.
“Gwah !”
“Tu ne m’auras pas deux fois avec la même ruse, lavette !”
Le thorkin fait volter sa monture. Ses yeux sont plissés par la haine, mais un soupçon de moquerie et de certitude apparaît désormais.
“Oh, tu vas souffrir mille morts lorsque tu seras en cellule. Pauvre brebis égarée. Personne n’entendra tes cris, mais tu vas souffrir !”
Plus que le discours, c’est le regard du thorkin qui fait perdre espoir à l’ynorien. Alors que lui commence à ressentir des contusions et que ses membres fatiguent, pas le moindre reflet de souffrance dans les yeux du milicien.
“Hïo ! Pars !”
“C’est ça ! Fuis, forgeron ! Laisse ce bon à rien qui t’a sauvé la vie mourir ici ! Fuis, lâche que tu es !”
“Ne l’écoute pas !”
“... Comment savez-vous qu’il m’a sauvé la vie ?”
Le soldat hésite un bref instant.
“C’est évident !”
“Vous...”
“Vous étiez de mèche avec le shaakt ! C'est comme ça qu'il a pu tromper la vigilance des gardes !”
“Comment osez-vous ? Nul plus que moi ne défend la cause des thorkins !”
Mais ses paroles manquent de conviction.
“Vendu ! Et vous pavanez, avec vos airs de dévôt à votre cause !”
“C’est ce monde qui se pavane ! Il faut se ranger du côté des vainqueurs !”
“Vous êtes un renégat !”
“Je préserve le peuple thorkin !”
“Traître ! Hïo ! Va-t-en !”
Dans un regard, Vohl capte toute l’hésitation et le remord que partage son compagnon. Il est évident que ce combat ne se soldera pas par une victoire éclatante. Le combattant thorkin est de toute évidence plus expérimenté que ce qu’il pensait. Il est probable que son faible rang dans la hiérarchie de la milice ne soit lié qu’à des idées dérangeantes pour les grands pontes thorkins. Finalement, Hïo fait tourner les sabots à son destrier qui repart en clopinant à cause de sa blessure.
“Vous ne savez rien ! Sans notre travail, la cité est perdue !”
“Votre travail ? Vous n’êtes pas seul dans votre délire ?”
“Bien sur que non ! Nombreux sont ceux qui ont compris la situation !”
“Vous fomentez quelque chose !”
“Lorsque nous auront ce qu’il faut, nous serons libres ! Et nous n’aurons plus à subir votre influence et votre pillage débilitant !”
“Vous êtes fou à lier !”
“Alors c’est que la grande...”
Le reste de sa phrase est noyé dans un geyser de sang. Une lance d’éclair sortie d’une infractuosité du tunnel, derrière Vohl, vient de faire exploser le crâne du thorkin en une gerbe d’os et de cervelle. Sans un grincement, la morgenstern entraine la boite de métal sur le côté de l’animal. Toujours retenu par les étriers, la carcasse pend d’un côté de sa monture. Après être resté un instant paralysé par la surprise, Vohl se rue aussitôt en avant. En passant, il tente de récupérer la barre de faerunne avant de se ruer de nouveau vers la sortie, dépassant l’armure sans tête sur le dos de son bouc. Autant en profiter. Après s'être penché, un nouveau tir électrique passe juste au dessus de sa tête. C'était trop beau pour être vrai ! Quelqu'un a voulu faire taire le traître...et désormais il souhaite probablement veiller à ce qu'aucun témoin ne survive !
“Hïo ! Accélère ! Accélère !”
“Je fais ce que je peux !”
“Un de ces foutus mages essaie de nous tirer comme des lapins !”
Comme pour appuyer ses paroles, un nouvel éclair frôle l'encolure de la monture de l'assassin. Une odeur de roussi s'élève dans les airs : les poils ont été carbonisés par la proximité du courant électrique. Vohl saute brutalement sur la selle de sa Cerfe. Elle ne reste sur place que juste assez de temps pour prendre son passager, accélérant après que le mercenaire se soit agrippé à sa crinière. Ils arrivent bientôt à hauteur du destrier de Hïo : Vohl claque une nouvelle fois le plat de ses griffes sur le postérieur du cheval de trait. Le cheval tente d'accélérer, mais la blessure qu'il a lui ôte toute son énergie : Hïo irait plus vite à pied !
“Hïo, descend ! Prend ma place !”
Un autre roulement de tonnerre indique l'arrivée imminente d'un tir du mage qui veut leur peau. Par chance pour eux, la distance couverte fait perdre en précision au projectile : celui-ci s'écrase au sol à un bon mètre d'eux. Ce qui est tout de même suffisamment peu pour que leurs poils se hérissent. Hïo quitte sa selle sans discuter pour reprendre place sur Mahô. Vohl s'élance aussitôt, en même temps que sa Cerfe. Concentré sur sa course, l'un des éclairs lui frise l'épaule : une odeur de brûlé s'échappe aussitôt de ses vêtements, et son bras se tord douloureusement sous le spasme. A quelques centaines de mètres, ils voient la première enceinte de la cité thorkine. Il continuent d'avancer alors que les éclairs se font de plus en plus rares et de moins en moins précis.