Re: L'ïle Interdite
Posté : ven. 12 juil. 2019 20:14
<< Auparavant
Un mal de tête lancinant m’accueillit à mon réveil. Je n’avais aucune idée de pourquoi j’étais tombée inconsciente, ni de combien de temps j’avais pu rester ainsi. Je sentais la douceur d’un drap au-dessus de moi et ce n’était pas le sol qui portait mon dos, mais une paillasse. J’ouvris les yeux et aperçus l’intérieur d’une tente. Je me redressai doucement, essayant de remettre mes idées en place. Puis la réalité me frappa de nouveau et une vague de tristesse me déferla dessus tandis que je sortais du couchage. Elle n’était plus, j’étais seule de nouveau. Je sentis Alyah me soutenir en m’envoyant une vague de réconfort, mais même ça ne pouvait combler la culpabilité qui s’installa dans ma poitrine. J’écartai les pans de la tente et me retrouvai au milieu d’un petit campement. Les membres de la caravane avaient apparemment décidé de camper dans les ruines bordant le temple maudit. Je cherchais des visages connus du regard, saluant sans enthousiasme ceux qui me reconnaissait avant de tomber sur Izar’tho qui m’adressa un large sourire.
- Content de te voir en vie gamine. Nous allons avoir besoin de ton aide pour la suite, j’espère que tu es d’attaque. Tu nous raconteras tes aventures aussi, on a hâte d’entendre ça !
Je n’eus pas l’occasion de répondre car il fut appelé ailleurs. Ma réponse ne lui aurait sans doute pas plu de toute façon. Je croisai également Harion et Béarid qui m’adressèrent eux aussi de larges sourires et signes de la main. Je les saluai à mon tour, mais sans enthousiasme, avant de continuer mon chemin. J’avais besoin de calme. Je finis par m’asseoir un peu à l’écart, sur un rocher, les jambes pendant dans le vide, les yeux perdus en direction de la forêt, soupirant.
- Tu vas vieillir avant l’heure à soupirer de la sorte Yli.
Je haussai les épaules. Elle pouvait bien dire ce qu’elle voulait, elle n’était plus là pour m’en empêcher à présent. Je reniflai en silence tandis que des bras m’entouraient doucement et qu’une joue se colla contre la mienne. J’eus du mal à ne pas sangloter immédiatement en la sentant près de moi. Je me contentai de serres ses mains dans les miennes en faisant de mon mieux pour ne pas céder aux larmes.
- Tu m’as manqué Yli.
La voix était tremblante et lorsque je vis son visage et ses yeux humides, je me jetai dans ses bras, pleurant et riant à la fois, tout comme elle. Quiconque serait passé là nous aurait pris pour deux folles, mais je m’en fichai. Elle était là, je pouvais la toucher, elle me parlait, c’était tout ce qui comptait pour moi. Cela dura un moment, un long moment, mais pour rien au monde je n’aurai coupé court à cela. Lorsque finalement nous nous séparâmes avec un sourire, j’essuyai mes larmes et la regardai, tout de même surprise.
- Je ne comprends pas… je t’ai vu…
- Je sais, je n’ai pas compris non plus au début. Tu étais allongée au sol, et il y avait cette licorne. Elle m’a regardé et elle est partie lorsque je l’ai remercié. Je crois qu’elle a souri à un moment, mais je n’en suis pas sûre.
- Une licorne…
C’était elle que j’avais vu dans la forêt, elle qui m’avait averti du danger sans que j’en comprenne pour autant la signification ou la raison. Mais pourquoi ne l’avais-je pas identifiée ?
(Seuls les cœurs purs Yliria… Ton cœur n’est pas impur, mais il comporte son lot de noirceur, contrairement à Nyllyn.)
Je hochai la tête aux paroles d’Alyah, comprenant très bien de quelle noirceur elle parlait, et reportai mon attention sur Nyllyn qui semblait attendre.
[color=##FF80FF]- Tu avais une cape et un bouclier sur toi, tu as trouvé ça dans le temple ?[/color]
- Oui, la cape c’est ce que je recherchais, quant au bouclier… disons que je pense apprendre à m’en servir, c’est tout de même fort pratique.
Nous passâmes un long moment à nous raconter nos aventures et les siennes n’avaient rien à envier aux miennes. Apparemment ils avaient été plusieurs fois attaqués par des Woran sur le trajet jusqu’ici, ils avaient trouvé un vieux campement abandonné depuis des lustres et les quelques chercheurs et intellectuels de la troupe avaient apparemment fait de superbes trouvailles qui, selon eux, valaient largement le déplacement de l’expédition.
- Et après ça, nous avons marché jusqu’ici, puis les fanatiques sont arrivés, en même temps que d’autres créatures particulièrement intelligentes qui nous ont traqués. Nous ne sommes plus qu’une quinzaine sur la trentaine de personnes parties. Il a même été question de rebrousser chemin, mais le chef n’en démordait pas. Certains pensent qu’il a complètement pété les plombs, mais personnellement j’en doute.
Cela me rappela les paroles d’Alyah sur l’état de la caravane. Les choses n’allaient peut-être pas s’arranger autant que je l’espérais finalement.
- Yli… quand… quand tu as disparu je…
- Je sais… enfin je veux dire, je me doute. J’étais très inquiète moi aussi, je me demandais tout le temps si tu allais bien. Mais tout ça c’est du passé d’accord ?
- Tu as raison ! Viens, il faudrait peut-être parler avec Izar’tho. Je pense qu’il aimerait savoir certaines choses, et probablement que monsieur Joraquin également.
Elle n’avait pas tort et je la suivis dans le campement. J’avais toujours du mal à réaliser qu’elle était bien là, vivante et en forme, mais lorsque sa main serra doucement la mienne, comme si elle savait ce que j’avais en tête, je ne pus m’empêcher de répondre à son sourire par un autre. Je remarquai que la majorité des gens dans le camp semblait fatiguée, beaucoup étaient blessés et avaient le visage fatigué et les yeux perdus dans le vide. L’expédition était en train de tuer à petit feu ceux qui la composaient. Arrivée devant la tente de Joraquin, izar’tho nous salua et nous fit entrer, nous suivant à l’intérieur. Intérieur très sommaire, ce qui n’avait rien de surprenant, composé d’un lit, d’un bureau, d’un siège et de quelques caisses. Penché sur un livre, le chef de l’expédition leva les yeux et nous adressa un léger sourire avant de poser la plume qu’il avait à la main.
- Yliria, Nyllyn, je suis content de vous voir toutes les deux en pleine forme. J’avoue avoir été surpris de te voir Yliria, nous te pensions… et bien…
- Je peux comprendre, il n’y a pas de mal.
- Je vois… Tu es toujours la bienvenue dans cette caravane si tu le souhaites, et tu peux bien entendu reprendre ta place de garde, ce qui nous serait utile, je ne vais pas te mentir, nous avons quelques déboires avec un village Woran et les créatures de l’île.
- Justement… à ce sujet, j’aurai quelque chose à vous proposer, si vous voulez bien.
Il hocha la tête, m’invitant à continuer.
- J’ai pu tisser des liens avec des habitants de l’île, un village Woran qui m’a aidé à rester en vie et à parvenir jusqu’ici. Je pense qu’il serait plus judicieux de leur demander un peu d’aide contre un peu de nourriture ou d’autres objets qui leur seraient utiles ici. Et ils connaissent bien cette île, je suis sûre qu’ils pourraient s’entendre avec les chercheurs qui veulent en apprendre davantage et nous aider à repartir ensuite.
Joraquin prit un air pensif et Izar’tho me regarda d’un air étrange.
- Je vais étudier la question Yliria… j’aurai une requête. Pourrais-tu ouvrir de nouveau le temple ? Un de nos hommes s’y est aventuré et j’aimerais savoir s’il est en vie.
- Je… il est mort, j’ai vu son corps en ressortant… je peux toujours essayer d’ouvrir la porte si vous voulez le récupérer. Je vous déconseille par contre d’aller trop loin, les pièces qui se trouvent plus bas renferment une magie sombre qui pourrait affecter ceux qui s’y aventurent.
- Je vois… si tu acceptes, j’aimerais que tu guides un petit groupe jusque-là où cela te semble sûr afin de ramener le corps de notre camarade et les éventuels objets qui se trouvent là-bas.
Je hochai la tête. Je n’avais guère envie d’y retourner, mais je comprenais pourquoi Joraquin souhaitait y aller. Il leur fallait retrouver leur camarade et trouver quelque chose de valeur, que toute cette expédition n’ait pas été menée en vain.
Suite >>
Un mal de tête lancinant m’accueillit à mon réveil. Je n’avais aucune idée de pourquoi j’étais tombée inconsciente, ni de combien de temps j’avais pu rester ainsi. Je sentais la douceur d’un drap au-dessus de moi et ce n’était pas le sol qui portait mon dos, mais une paillasse. J’ouvris les yeux et aperçus l’intérieur d’une tente. Je me redressai doucement, essayant de remettre mes idées en place. Puis la réalité me frappa de nouveau et une vague de tristesse me déferla dessus tandis que je sortais du couchage. Elle n’était plus, j’étais seule de nouveau. Je sentis Alyah me soutenir en m’envoyant une vague de réconfort, mais même ça ne pouvait combler la culpabilité qui s’installa dans ma poitrine. J’écartai les pans de la tente et me retrouvai au milieu d’un petit campement. Les membres de la caravane avaient apparemment décidé de camper dans les ruines bordant le temple maudit. Je cherchais des visages connus du regard, saluant sans enthousiasme ceux qui me reconnaissait avant de tomber sur Izar’tho qui m’adressa un large sourire.
- Content de te voir en vie gamine. Nous allons avoir besoin de ton aide pour la suite, j’espère que tu es d’attaque. Tu nous raconteras tes aventures aussi, on a hâte d’entendre ça !
Je n’eus pas l’occasion de répondre car il fut appelé ailleurs. Ma réponse ne lui aurait sans doute pas plu de toute façon. Je croisai également Harion et Béarid qui m’adressèrent eux aussi de larges sourires et signes de la main. Je les saluai à mon tour, mais sans enthousiasme, avant de continuer mon chemin. J’avais besoin de calme. Je finis par m’asseoir un peu à l’écart, sur un rocher, les jambes pendant dans le vide, les yeux perdus en direction de la forêt, soupirant.
- Tu vas vieillir avant l’heure à soupirer de la sorte Yli.
Je haussai les épaules. Elle pouvait bien dire ce qu’elle voulait, elle n’était plus là pour m’en empêcher à présent. Je reniflai en silence tandis que des bras m’entouraient doucement et qu’une joue se colla contre la mienne. J’eus du mal à ne pas sangloter immédiatement en la sentant près de moi. Je me contentai de serres ses mains dans les miennes en faisant de mon mieux pour ne pas céder aux larmes.
- Tu m’as manqué Yli.
La voix était tremblante et lorsque je vis son visage et ses yeux humides, je me jetai dans ses bras, pleurant et riant à la fois, tout comme elle. Quiconque serait passé là nous aurait pris pour deux folles, mais je m’en fichai. Elle était là, je pouvais la toucher, elle me parlait, c’était tout ce qui comptait pour moi. Cela dura un moment, un long moment, mais pour rien au monde je n’aurai coupé court à cela. Lorsque finalement nous nous séparâmes avec un sourire, j’essuyai mes larmes et la regardai, tout de même surprise.
- Je ne comprends pas… je t’ai vu…
- Je sais, je n’ai pas compris non plus au début. Tu étais allongée au sol, et il y avait cette licorne. Elle m’a regardé et elle est partie lorsque je l’ai remercié. Je crois qu’elle a souri à un moment, mais je n’en suis pas sûre.
- Une licorne…
C’était elle que j’avais vu dans la forêt, elle qui m’avait averti du danger sans que j’en comprenne pour autant la signification ou la raison. Mais pourquoi ne l’avais-je pas identifiée ?
(Seuls les cœurs purs Yliria… Ton cœur n’est pas impur, mais il comporte son lot de noirceur, contrairement à Nyllyn.)
Je hochai la tête aux paroles d’Alyah, comprenant très bien de quelle noirceur elle parlait, et reportai mon attention sur Nyllyn qui semblait attendre.
[color=##FF80FF]- Tu avais une cape et un bouclier sur toi, tu as trouvé ça dans le temple ?[/color]
- Oui, la cape c’est ce que je recherchais, quant au bouclier… disons que je pense apprendre à m’en servir, c’est tout de même fort pratique.
Nous passâmes un long moment à nous raconter nos aventures et les siennes n’avaient rien à envier aux miennes. Apparemment ils avaient été plusieurs fois attaqués par des Woran sur le trajet jusqu’ici, ils avaient trouvé un vieux campement abandonné depuis des lustres et les quelques chercheurs et intellectuels de la troupe avaient apparemment fait de superbes trouvailles qui, selon eux, valaient largement le déplacement de l’expédition.
- Et après ça, nous avons marché jusqu’ici, puis les fanatiques sont arrivés, en même temps que d’autres créatures particulièrement intelligentes qui nous ont traqués. Nous ne sommes plus qu’une quinzaine sur la trentaine de personnes parties. Il a même été question de rebrousser chemin, mais le chef n’en démordait pas. Certains pensent qu’il a complètement pété les plombs, mais personnellement j’en doute.
Cela me rappela les paroles d’Alyah sur l’état de la caravane. Les choses n’allaient peut-être pas s’arranger autant que je l’espérais finalement.
- Yli… quand… quand tu as disparu je…
- Je sais… enfin je veux dire, je me doute. J’étais très inquiète moi aussi, je me demandais tout le temps si tu allais bien. Mais tout ça c’est du passé d’accord ?
- Tu as raison ! Viens, il faudrait peut-être parler avec Izar’tho. Je pense qu’il aimerait savoir certaines choses, et probablement que monsieur Joraquin également.
Elle n’avait pas tort et je la suivis dans le campement. J’avais toujours du mal à réaliser qu’elle était bien là, vivante et en forme, mais lorsque sa main serra doucement la mienne, comme si elle savait ce que j’avais en tête, je ne pus m’empêcher de répondre à son sourire par un autre. Je remarquai que la majorité des gens dans le camp semblait fatiguée, beaucoup étaient blessés et avaient le visage fatigué et les yeux perdus dans le vide. L’expédition était en train de tuer à petit feu ceux qui la composaient. Arrivée devant la tente de Joraquin, izar’tho nous salua et nous fit entrer, nous suivant à l’intérieur. Intérieur très sommaire, ce qui n’avait rien de surprenant, composé d’un lit, d’un bureau, d’un siège et de quelques caisses. Penché sur un livre, le chef de l’expédition leva les yeux et nous adressa un léger sourire avant de poser la plume qu’il avait à la main.
- Yliria, Nyllyn, je suis content de vous voir toutes les deux en pleine forme. J’avoue avoir été surpris de te voir Yliria, nous te pensions… et bien…
- Je peux comprendre, il n’y a pas de mal.
- Je vois… Tu es toujours la bienvenue dans cette caravane si tu le souhaites, et tu peux bien entendu reprendre ta place de garde, ce qui nous serait utile, je ne vais pas te mentir, nous avons quelques déboires avec un village Woran et les créatures de l’île.
- Justement… à ce sujet, j’aurai quelque chose à vous proposer, si vous voulez bien.
Il hocha la tête, m’invitant à continuer.
- J’ai pu tisser des liens avec des habitants de l’île, un village Woran qui m’a aidé à rester en vie et à parvenir jusqu’ici. Je pense qu’il serait plus judicieux de leur demander un peu d’aide contre un peu de nourriture ou d’autres objets qui leur seraient utiles ici. Et ils connaissent bien cette île, je suis sûre qu’ils pourraient s’entendre avec les chercheurs qui veulent en apprendre davantage et nous aider à repartir ensuite.
Joraquin prit un air pensif et Izar’tho me regarda d’un air étrange.
- Je vais étudier la question Yliria… j’aurai une requête. Pourrais-tu ouvrir de nouveau le temple ? Un de nos hommes s’y est aventuré et j’aimerais savoir s’il est en vie.
- Je… il est mort, j’ai vu son corps en ressortant… je peux toujours essayer d’ouvrir la porte si vous voulez le récupérer. Je vous déconseille par contre d’aller trop loin, les pièces qui se trouvent plus bas renferment une magie sombre qui pourrait affecter ceux qui s’y aventurent.
- Je vois… si tu acceptes, j’aimerais que tu guides un petit groupe jusque-là où cela te semble sûr afin de ramener le corps de notre camarade et les éventuels objets qui se trouvent là-bas.
Je hochai la tête. Je n’avais guère envie d’y retourner, mais je comprenais pourquoi Joraquin souhaitait y aller. Il leur fallait retrouver leur camarade et trouver quelque chose de valeur, que toute cette expédition n’ait pas été menée en vain.
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