Salle du Destin

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Cromax
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Salle du Destin

Message par Cromax » sam. 22 nov. 2025 13:21

La Cité des Ombres



Epilogue



Jour 3.




Alors que tout se déroulait normalement, ou tout du moins selon la vraisemblance de la situation de chacun, un événement pour le moins inattendu vint perturber la continuité de l’étrange aventure qu’ils vivaient tous. Leur réalité se fondit de noir, et ils se sentirent transportés. Pas comme des mains qui les portaient alors qu’ils étaient inconscients. Non, comme dans un portail. Comme quand ils étaient arrivés en ce monde bizarre.

Lorsqu’ils recouvrèrent leurs sens, ils étaient dans une vaste salle circulaire au sol et murs de marbre et d’or. D’élégants chandeliers éclairaient son pourtour, mais la plus vive lumière provenait du centre de la pièce : une sorte d’autel où reposait, flottant en son milieu et à la verticale, un objet aux propriétés inconnues. Un sceptre ? Une lance ? Un bâton magique ? Tout ça à la fois, ou rien du tout de connu ? Ça semblait être fait d’or, en tout cas. Encore. Des éclairs vifs et lumineux rebondissaient dessus, provenant de ce qui semblait être un trou dans le plafond en coupole donnant sur un ciel orageux. Ou un portail nuageux ?


Image




Le plus étrange était sans doute cet être, tout de blanc et d’or vêtu. D’une élégance rare, d’un charisme certain. Sa présence imposait le respect. Mais plus que son accoutrement, c’était sa tête insectoïde immaculée ou ses grandes ailes membraneuses. Un masque et une cape, ou étaient-ils bien face à un humanoïde d’une espèce inconnue ?


Image




Une voix s’éleva, audible de tous, sans que le “visage” de l’être ne bouge.

“Bien, vous êtes tous là. J’imagine que vous devez avoir de nombreuses questions quant à votre situation. Je vais tâcher d’y répondre au mieux, dans le cadre de ce que je suis autorisé à divulguer.”

Ses yeux aux multiples facettes parcoururent chacun rapidement, et il poursuivit.

“Commençons par la raison de votre présence ici-même. Vous êtes arrivés en ce monde par une force qui nous est encore incomprise. Nous suspectons à ce titre un mélange entre la magie débridée d’un monde, Aliaénon, de la présence parmi vous d’une déesse ayant la capacité de voyager entre les mondes – bien qu’elle ne semble pas maîtriser ce pouvoir – et de l’emprunt régulier ou récent, ou la présence proche de fluides spatiaux.”

Il fait un signe de la main, comme pour chasser ce sujet précis.

“Ce faisant, vous avez donc pénétré Ashaar involontairement et malencontreusement. Il ne s’agit pas d’un monde comme les autres. Pas comme vous pouvez en connaître. Il s’agit d’un échantillon de monde-test sous contrôle. Nous, les serviteurs du Temps et de l’Espace, y étudions les conditions de vie d’êtres de notre création dans des milieux de notre création, en vue d’en faire des mondes définitifs et plus vastes. Dont l’évolution serait pertinente au sein du Grand Tout. Arrivant donc ici, vous avez quelque peu faussé l’observation de cette génération de sujets. Une erreur que nous avons d’abord décidé de se répandre. Une volonté d’observer l’intervention d’extérieurs au sein d’un monde-contrôle. Ça s’est avéré... intéressant. Chaotique au possible, si vous me passez l’expression. Ce fut, pour nous, riche en enseignements, et nous mettrons désormais tout en place pour que ça n’arrive plus dans les futures occurrences d’Ashaar.”

Il fait une pause, longue, et poursuit ensuite.

“Futures, oui. Car l’intervention de l’une d’entre vous via le compliçage d’un... individu particulier... a condamné la cité telle que vous la connaissez. Enfin. Elle l’aurait fait si nous avions laissé faire, aussi connaissez-vous la nature de notre intervention : nous limitons les dégâts causés et prendrons part à l’observation attentives des retombées d’une subite réduction de moitié du territoire qu’ils nomment les Bouges. Plusieurs hypothèses ont été formulées à ce titre, dont je tairai ici la nature.”

Il écarte les bras.

“Ainsi, pour en revenir à vous, je suis mandé ici avec la permission du Grand Zewen, notre maître à tous, pour vous permettre de retourner sur votre monde d’origine, Yuimen. Pour ce faire, vous devrez monter sur l’estrade derrière moi et toucher de la main le sceptre doré qui porte-au-loin. Mais avant cela, un choix s’offre à vous : j’ai la possibilité d’efface de votre mémoire l’existence de ce monde et de tout ce que vous y avez accompli. Si vous préférez garder cette expérience avec vous, nous vous saurions gré de ne jamais en parler : vous passeriez au mieux pour de farfelus complotistes auprès des vôtres, et ce n’est dans l’intérêt de personne que soient révélés l’existence de ces mondes-test. Inutile de formuler oralement votre choix : vous devrez juste y penser très fort en touchant le Sceptre. Dans un cas comme dans l’autre, la Bénédiction de Zewen vous accompagnera désormais partout, compensation notoire pour avoir été ainsi malmenés. Le Destin sera désormais toujours un peu avec vous, favorisant vos choix et actes.”

Il salue le groupe de la tête.

“Vous avez le droit de quitter Ashaar, désormais. Si vous avez la moindre question, je tâcherai d’y répondre au mieux.”

Tout le monde était bien là. Même Naral Shaam et cette petite elfe qui se faisait appeler Itulë. Aucun des deux ne prit l’initiative d’une prise de parole, ou de l’approche du sceptre.


[HJ : Nous voilà donc à la fin de l'événement de la Cité des Ombres. Une fin précipitée tant en jeu par la corruption répandue par Hrist qu'hors du jeu à cause d'une baisse énorme de volonté et de moral de mon côté, d'un manque de courage pour poursuivre ce grand dirigé pour le moment. Afin de ne pas vous bloquer inutilement, et parce que je doute que la volonté revienne un jour sur cet événement bien précis, j'ai pris la décision longuement réfléchie de vous rendre à votre liberté. Peut-être ferai-je à l'avenir d'autres événements. Peut-être même qu'Ashaar pourrait s'intégrer d'une façon ou d'une autre dans le nouveau concept des Chroniques. Mais je ne promets rien pour l'heure. Merci d'avoir suivi tout ça jusque là. De votre soutien et de votre participation. De votre compréhension. A bientôt en jeu !
De nouvelles récompenses en XP et cette fameuse "bénédiction" seront ajoutées à votre départ effectif de l'événement, au sein de ce sujet. En attendant, vous pouvez RP votre réaction à tout ça et vos éventuelles questions. Pas de rythme imposé : je répondrai sitôt qu'il y aura une réponse ici. Merci cependant de respecter les tours de jeu et la possibilité à chacun de prendre la parole : un seul post sera autorisé par personne jusque samedi prochain, après quoi un nouveau tour débutera même si tous n'ont pas répondu. Si vous avez des questions HJ, Discord est votre ami !]



[XP :
Hart : 0,5 (semi-vérités)
Xël : 0,5 (arrivée chez les mages)
Ezak :
post 1 : 0,5 (discussion), 0,5 (retour vers Blanche)
post 2 : 1 (apartés), 0,5 (nuit)
post 3 : 0,5 (arrivée chez les mages)
Akihito : 0,5 (gestion de la situation)
Huyïn : 0,5 (discussion), 0,5 (tampon)
Mathis : 2 (combat), 0,5 (parlote)
Yliria : Noté quand complété.
Silmeria : 0,5 (go dodo)
Leyna : 0,5 (go dodo)
Dracaena : Noté quand complété
Jorus : 0,5 (avancée)
Mitya :
Post 1 : 0,5 (gestion de la situation)
Post 2 : 0,5 (avancée]

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Jorus Kayne
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Re: Salle du Destin

Message par Jorus Kayne » dim. 23 nov. 2025 15:47

Je rattache les mains de Cole sous le regard froid de Mitya. Je comprends que cela ne lui plaise pas. Elle et moi avons la certitude qu’il ne tentera rien contre nous, or, ce n’est clairement pas le cas de notre guide et pour l’heure, il nous faut faire avec ses exigences. De notre prochaine rencontre dépend l’acquisition de runes et surtout des informations concernant leurs présences en ce lieu. Un lien existe entre nos mondes, un fil conducteur uni Yuimen à Ashaar qui est pour l’heure uniquement tissé de runes. J’ai un plan, ou en tout cas, une ébauche pour de parvenir à retourner dans notre monde et il nécessite des runes, un grand nombre et pas n’importe lesquelles. Je doute fort que la rune lapin nous soit d’ailleurs utile. Pour le moment, soyons patient.

De son côté, Itulë semble intriguée par ce qu’il y a à l’étage supérieur. Qui ou quoi peut-il bien y avoir pour qu’elle soit ainsi sur ses gardes ? A tous les coups, ça pue la magie et il n’est pas impossible qu’un ou une utilisatrice y soit caché. Qu’importe, nous n’avons plus qu’à attendre quelques instants que la patrouille passe pour reprendre notre route. Une route que nous ne reprendrons finalement jamais.

Un noir, profond et intense s’infiltre en moi et submerge ma conscience et celle de ma faéra pour nous faire perdre pied avec la réalité. En même temps que je perds la sensation qui m’entoure, je sens pourtant mon corps se déplacer, porter par un pouvoir mystérieux. Un phénomène des plus curieux, particulièrement lorsque j’ouvre les yeux.

Une grande salle circulaire se présente à moi, éclairée par de somptueux chandeliers et au centre, une lumière plus vive encore. Sur un socle parfaitement circulaire, un étrange objet lévite en son centre. Il m’est impossible de le décrire. Ce qui se dresse pourrait à la fois être une arme, un bâton magique, un sceptre divin ou même un cure-dent en or taille XXXL particulièrement classe. Telle une relique divine, elle émet une puissante magie ou l’attire, faisant venir à elle des éclairs provenant d’un plafond qui n’en est pas un. Une tempête semble y avoir élu domicile et en son centre, le cœur d’un maelström foudroyant.

Rien à voir avec la vielle bicoque rafistolée où je me trouvais encore il y a peu. Le doute en moi se tait, laissant place à une vérité écrasante : on est plus dans la Veine, ça c’est sûr. Quand je dis on, c’est bien tous les Yuiméniens au grand complet dont il est question. Des Bouges à la Veine, tout le monde est présent et visiblement, ils semblent bien se porter, aussi bien que leur permets leurs nombreuses blessures, avec un air aussi perdu les uns que les autres. J’échange des regards et hochements de tête à ceux qui portent leurs yeux vers moi. Réunir des êtres venant de lieux différents au même endroit au même moment, indique un pouvoir énorme, l’autorisation d’en faire usage malgré l’interdiction et que quelque chose de majeur est sur le point de se produire.

Nouveau lieu, nouvel hôte et à la place du type mécontent de voir un groupe d’inconnu pénétrer chez lui et manquer de faire rappliquer le Soleil Noir, c’est un être tout de blanc vêtu. Des habits chics aux liserets d’or qui interpelle, mais bien moins que ses ailes et sa tête d’insecte. Cependant, il n’est pas possible de définir s’il s’agit bien d’un être singulier ou d’une armure atypique. Au moins, il est doté de parole et explique la situation dans ce qui lui est permis.

En premier lieu, nous apprenons que notre arrivée est un mélange entre la magie d’Aliaénon et les pouvoirs de Brytha. On savait pour beaucoup l’usage de la magie explosive d’Aliaénon, la présence des pouvoirs de Brytha dans le phénomène précise notre venue en ce monde. Enfin monde, pas selon nos standards. Ashaar est défini comme "Monde-teste sous contrôle". Une étude des conditions de vie d’êtres créés par les serviteurs du temps et de l’espace, dans le but de générer un monde définitif plus vaste et de ce que j’en comprends, plus parfait. Or, notre arrivée a semble-t-il perturbé leurs observations. Bien que possédant le pouvoir de nous ramener chez nous, ils ont préféré laisser les événements se dérouler, cédant à la curiosité de ce qu’une intervention extérieure à ce monde pourrait bien engendrer dans leur création. Or, des événements marquant au sein des Bouges à nécessité l’intervention des observateurs qu’ils sont, au prix de la moitié des Bouges, afin que l’expérience puisse se poursuivre.

Il écarte les bras avant de terminer sur notre sort et ce qu’implique notre présence ici à tous.

“Ainsi, pour en revenir à vous, je suis mandé ici avec la permission du Grand Zewen, notre maître à tous, pour vous permettre de retourner sur votre monde d’origine, Yuimen. Pour ce faire, vous devrez monter sur l’estrade derrière moi et toucher de la main le sceptre doré qui porte-au-loin. Mais avant cela, un choix s’offre à vous : j’ai la possibilité d’efface de votre mémoire l’existence de ce monde et de tout ce que vous y avez accompli. Si vous préférez garder cette expérience avec vous, nous vous saurions gré de ne jamais en parler : vous passeriez au mieux pour de farfelus complotistes auprès des vôtres, et ce n’est dans l’intérêt de personne que soient révélés l’existence de ces mondes-test. Inutile de formuler oralement votre choix : vous devrez juste y penser très fort en touchant le Sceptre. Dans un cas comme dans l’autre, la Bénédiction de Zewen vous accompagnera désormais partout, compensation notoire pour avoir été ainsi malmenés. Le Destin sera désormais toujours un peu avec vous, favorisant vos choix et actes.”

Alors qu’il termine en nous permettant de rentrer chez nous, je reste sans voix l’espace d’un instant. Cette impression d’être dans une fourmilière, un trou dans une grotte comme des lapins qu’on élève en masse, cette abjecte sensation n’était pas si loin de la vérité finalement. Tout ceci n’est qu’une vaste curiosité des dieux…non, d’un dieu : Zewen. Ainsi le lien entre nos mondes est révélé et pourquoi il nous était possible de trouver des runes divines. Ashaar n’est qu’une création dans le but d’assouvir la curiosité des dieux.

Pourquoi ? Dans quel but ? Il se garde de nous le révéler et en ce moment, j’avoue que je m’en cogne divinement. Ils ont créé des êtres dotés de vies et surtout de sentiments et d’émotions. Mais ce destin qu’ils leur ont imposé me paraît d’une cruauté abyssale. Fanielle, Bergeac, son ami potier, les excès des De Monfort, l’autorité abusive du Soleil Noir, l’interdiction de la magie et l’absurdité de ce pseudo-bouclier, les difficultés de la vie dans la Veine, ainsi que des Bouges dans l’image que je m'en fais, par les quelques explications reçues, tout me vient en tête et se mêlent à cette unique convergence : une simple et stupide observation des conditions de vie imposées par les dieux. En moi, une colère profonde naît. Une colère que seuls mes poings serrés le long de mon corps parviennent à contenir.

(C’est un être doté d’un pouvoir qui ne peut se concevoir. Laisser ta colère s’exprimer pourrait mettre tout le monde en danger.)

(J’en ai conscience, mais partir sans mettre en évidence la cruauté dont ils ont fait preuve m’est tout simplement impossible.)

Faisant quelques pas en avant, je laisse les mots sortir, faisant au mieux pour ne pas transparaître ma colère grondante.

« A quoi bon tout cela ? Quel est l’intérêt de laisser des êtres survivre dans la misère ? Pourquoi laisser les puissants les piétiner sans aucun égard ? Quelle satisfaction tirez-vous du jour du don, à laisser les étages inférieurs dépendre de la générosité des niveaux d’au-dessus ? Pourquoi faire des êtres dotés de magie si c’est pour les en priver et semer le germe d’une terreur profonde, en pulvérisant sans états d’âme ceux qui s’obstinent à faire vivre ce qu’ils ont en eux ? Sur notre monde, des êtres vénèrent les dieux, espérant un signe, une intervention pour la foi inébranlable à laquelle ils ont consacré toute leur vie, en vain. Si je ne comprenais pas cette dévotion, j’en sonde à présent toute l’inutilité que cela représente. »

Je m’arrête quelques instants, fixant la tête insectoïde avant de terminer, une note en bas de page sur leurs observations.

« Tant que vous ne ferez pas l’expérience vous-même de ce que signifie être mortel, de sentir perdre tout ce qui fait de nous des êtres vivants, au point de se morfondre dans la tristesse la plus profonde ou de voulant y mettre un terme définitif, les enseignements que vous ferez seront biaisés. Vous n’êtes pas des dieux. Au mieux des enfants gâtés, jouant avec des fourmis. »
Modifié en dernier par Jorus Kayne le sam. 13 déc. 2025 23:32, modifié 1 fois.

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Cromax
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Re: Salle du Destin

Message par Cromax » dim. 23 nov. 2025 17:06

L'être se tourne vers Jorus et parle d'un ton égal.

"Nous ne vous demandons pas de comprendre nos buts et raisons. Elles dépassent sans aucun doute l'entendement ou la logique de mortels comme vous. Sachez cependant que nous ne faisons que créer le monde et y placer des individus ainsi que l'accès à certains technologies et pouvoirs. Tout le reste, que ce soit le jour du don, la misère, les puissants et les misérables ou même ce qu'ils pourraient vénérer, nous ne l'influençons guère. Tout est de leur initiative. Aux premiers et à leurs successeurs. De la même manière, nous ne réalisons ces expériences d'observations que pour savoir la pérennité d'un écosystème, quoiqu'il s'y passe. Afin de créer un monde se basant sur ce schéma et, là, éventuellement devenir de simples dieux apte à répondre à ceux qui se trouvent sur la planète. S'y mêler ou s'en tenir à l'écart."

Il hausse les épaules.

"Nous ne sommes pas des dieux. Juste des scientifiques menant une étude."

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Mathis
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Re: Salle du Destin

Message par Mathis » dim. 23 nov. 2025 17:44

Ma main droite faisant pression sur ma blessure au ventre, je regardai mon adversaire couché sur le sol agonisant. Mais je ne pus me réjouir de ma victoire, puisque c’était lui qui riait à gorge déployée, ne répondant nullement à ma question, ni m’indiquant le chemin pour me rendre au temple des Hétaires.

Alors que je me résignai à quitter ce lieu sanguinaire, conscient que je n’aurais pas de réponses de la part de ce fou sanguinaire, la noirceur envahit les lieux. Une obscurité, différente de celle de la nuit, mais qui m’était familière, celle-là même qui m’avait transporté du monde d’Aliaénon jusqu’ici. Je ressentis un léger pincement au cœur, souhaitant ardemment retourner auprès d’Eaeria sur Aliaénon.

Lorsque le noir s’estompa et que mes sens reprirent leur droit, je me retrouvai dans une grand pièce circulaire et luxueuse. Les murs de marbre étaient agrémentés de somptueuses colonnes d’or et de chandeliers qui éclairaient la pièce. Le plancher, non en reste, de marbre également était enjolivé par de magnifiques arabesques d’or incrusté au sol. Toutes ces parures pour mettre sans doute en évidence l’élément central: un autel sur lequel trônait en son centre un majestueux spectre duquel émanait beaucoup plus de lumières que tous les chandeliers de la pièce réunis.

Malgré toute cette beauté, je m’en retrouvai déçu, je n’étais pas là où j’avais souhaité être.

Levant les yeux au-dessus de cet objet à trois dents, je vis le ciel. Et je réalisai à quel point il m’avait manqué. Bien que le temps était à l’orage et que les éclairs menaçaient de nous tuer à tout moment, le ciel était bien là.. je n’étais plus dans les sous-sols d’Ashaar.

Je n’étais pas seul dans la pièce, tous mes compagnons yuimeniens étaient là. J’allais interpeller Bois-Carmin lorsqu’une voix nous interpella. Je me retournai immédiatement vers ce nouvel interlocuteur.
Alors que mes oreilles écoutaient attentivement ses paroles, mes yeux le scrutaient de curiosité. Vêtus élegamment de blanc et d’or, de somptueuses ailes transparentes recouvrant son dos, il était flanqué d’une tête plutôt inusité, celle d’un insecte. J’étais ébahis, je n’avais jamais vu de ma vie un humanoïde à la tête d'insectes. Mais curieusement, je ne ressentis aucun dégoût, aucune réticence à son endroit, j’étais plutôt charmé par sa personne. Bien qu’il n’était pas muni d’une bouche, je savais que c’était lui qui s’adressait à nous.

Conscient que nous avions de nombreuses questions à lui poser, il prit les devants en tentant de nous expliquer au mieux la situation dans laquelle, nous nous étions retrouvées.

Lui, ni son peuple n’était responsable de notre venue sur Ashaar. Ils ne comprenaient pas la nature de la force qui nous avaient menés à eux, mais ils soupconnaient que la magie débridée d’Aliaénon en était pour quelque chose ainsi que la présence d’un être parmi nous ayant la capacité de voyager entre les mondes sans pour autant la maîtriser.

Lui et les autres serviteurs du temps et de l’espace créaient des êtres vivants, les plaçaient en situation diverses, dans des endroits divers afin de les observer, les tester. Il s’agissait d’un échantillon. S’il les tests se seraient avérés concluants, ils auraient pu s’en servir pour faire des mondes plus vastes et définitifs. Notre arrivée avait quelque peu perturbée leurs expériences. Mais ils ont préféré ne pas intervenir, laisser les choses aller et évoluer. Bien que ces observations furent enrichissantes, ils feraient en sorte que cela n’arrive plus dans leurs prochains échantillons tests. Il explique ensuite qu’un individu en particulier a détruit une partie de la cité. Je me retiens de tourner la tête vers Silmeria, car je n’ai aucune doute qu’elle est à l’origine de cette destruction et sans doute de notre venue jusqu’ici.

Du grand Zewen en personne, il avait obtenu la permission de nous ramener sur Yuimen.

(Sur Yuimen ! Pas sur Aliaénon ?)

Il nous suffisait de monter sur l’estrade et de toucher le sceptre. Mais avant tout de chose, il nous proposa d’effacer de notre mémoire ce que nous avions vécu sur Ashaar. Si nous refusions cette offre, nous devions ne jamais parler de ce que nous avions vécu pendant ces quelques journées sur Ashaar.

Jorus prit la parole le premier. Sur un ton agressif et plein de ressentiment, il exprima son désarroi pour les pauvres êtres qui avaient servi de cobaye. L’être à la tête d'insectes resta de marbre, expliquant qu’il n’y était pour rien de ce qui s’était passé, ils n’étaient que des observateurs, que des scientifiques.

Les sourcils froncés, respirant lentement afin de contrôler la douleur de ma blessure, d’un ton calme, mais bien senti que je contrôlais ma voix pour le demeurer, je répliquai:

“Mais pour que l’écosystème soit complet, il aurait fallu que vous y ajoutiez de la flore et de la faune,... les gens auraient eu d’autres alternatives,, ils auraient pu être davantage autonomes et probablement moins souffrir. Je sais qu’il est trop tard pour eux, mais puisque vous ferez d’autres de ces expériences et qu’on ne peut vous en empêcher, prenez note que commencer votre expérience avec des sujets adultes est un biais en soi. Le passage de la petite enfance, à l’enfance, au pré-adulte puis à l’état adulte n’est pas toujours facile, mais il est nécessaire à la formation et à l'épanouissement de ce que nous sommes.”

Je n’appréciais pas tout ce que j’avais vu dans ce monde, mais j’étais conscient que s’ils en étaient les précurseurs, ils n’étaient pas responsables de tout.

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Huyïn
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Re: Salle du Destin

Message par Huyïn » dim. 23 nov. 2025 18:53

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-57-


Alors que le Tigre échafaude déjà quelque plan pour pouvoir sauver sa patte d'une amputation indésirable, sa vision semble faiblir, se teinter de noir. Pourtant il n'a nullement l'impression de sombrer dans l'inconscience contrairement à la multitude de fois précédentes. Non, il se sent comme... Attiré. Huyïn ferme les yeux. Quand il les ouvre, c'est pour se retrouver... Ailleurs. Une vaste salle circulaire, de marbre en grande partie et qui ressemble à une sorte de... D'office. Le Félin doit cligner du regard à plusieurs reprises, le temps que ses mirettes s'habituent au changement de luminosité par rapport aux Bouges. Le point le plus lumineux s'avère être une sorte de sculpture à l'aspect guerrier, pointue comme une lance et trônant sur un socle au milieu de la salle. Sous un trou qui semble donner lui aussi... Ailleurs.

D'un regard circulaire, le Tigre se rend compte que la totalité des yuiméniens croisés, ainsi que d'autres individus dont les aspects ne lui disent rien, se trouvent réunis dans le lieu. Quand il aperçoit le Dragon Mauve, Huyïn l'approche et vient se placer à ses côtés avec tranquilité, comme s'ils n'avaient été séparés qu'un court instant. Il le détaille brièvement de pied en cap, à la recherche de quelque blessure ou différence et, n'en trouvant pas, il se contente de lui faire un léger signe de tête en guise de salutation.

L'attention du Woran est alors attirée par un individu pour le moins étrange, mais à la logique parfaitement assumée pour ce monde : une sorte d'humanoïde entièrement blanc, avec une tête et des ailes insectoïdes. Si Naral Shaam est tout de noirceur, cet arrivant est l'exact inverse. Sa voix leur parvient sans que rien ne l'atteste sur son visage comme un masque. Il apporte des réponses, indiquant que c'est probablement un mélange de magie d'un autre monde, la présence d'une déesse inexpérimentée capable de voyager entre ceux-ci et des... Fluides spatiaux, quoi que cela soit, qui aurait causé leur venue. Un concours unique de circonstances, en somme.

Huyïn croise les bras en écoutant leur interlocuteur brillant indiquer qu'ils sont dans une expérience contrôlée par les serviteurs du Temps et de l'Espace, un monde de leur création tout comme sa population. Leur but étant de vérifier la viabilité d'un... Equilibre artificiel, afin de créer des mondes pérennes. Raté dans celui-ci, quand la plus élémentaire des règles de la vie n'est pas respectée. Cette Ashaar n'est donc qu'un terrain qui leur permet une observation en conditions choisies, et qui s'avère être condamnée par les agissements d'une yuiménienne du groupe. Un souffle amusé échappe au museau félin, parce que évidemment il fallait l'intervention d'un des leurs pour causer plus grande catastrophe encore.

Le regard animal se plisse quand il comprend que ces êtres sont des serviteurs d'un dieu, et pas n'importe lequel. Zewen, celui auquel est attribué la paternité de leur propre monde. Cela signifie-t-il que d'autres races ont des chances de venir un jour sur Yuimen ou leur monde est-il considéré comme définitif ? Et s'ils expérimentent en continu, combien de mondes ont-ils engendré ? Quand comptent-ils s'arrêter ? La queue striée du Félin se meut lentement d'un côté à l'autre. L'individu leur offre la possibilité d'effacer de leur mémoire ce qu'ils ont vécu ici, ou de la garder tant qu'ils n'ont pas l'idée saugrenue d'en faire part puisque cela les ferait passer pour des fous. Huyïn plisse le regard. Cette créature sous-estime grandement le pouvoir de la création artistique, des vérités dissimulées sous les fables les plus populaires. Mais cela sera pour plus tard. Quant à oublier... Huyïn tourne le museau en direction du Maître du Sommet. Oublier... Quand cette mésaventure a mis tant de choses en perspective ? Ouvert tant d'horizons ? Conforté le Tigre sur ses compétences et mis en lumière ses lacunes ?

Jamais.

À la possibilité de formuler des questions, certains yuiméniens se lancent... Et laissent leur affect colorer leurs paroles. Toutes ces vies capables de ressenti, sacrifiées pour des raisons d'étude, ne sont pas du goût de tout le monde. Mais seuls quelques paramètres sont du fait des scientifiques insectoïdes, la souffrance et la hiérarchie n'est que l'évolution de ce que les premières générations ont implanté.

Si l'insecte luisant indique que leurs buts et raisons dépassent l'entendement ou la logique des mortels, Huyïn y décèle un principe directeur très simple : faire un brouillon. Voir ce qui fonctionne sur la durée et rectifier les paramètres en cas de couac, comme l'artiste élaborant une œuvre. Car pour ce dernier aussi, peu importe les notes testées et jetées, les ratures noircissant les caractères, la boulette d'argile envoyée au rebut. La fin justifie les moyens. Mais leur but final demeure quand même de devenir les divinités, à l'écoute directe ou distante, de ces mondes créés. Sous couvert de bien des principes, ils veulent tous la même chose, en fin de compte : diriger sans égal des vies éphémères. Peut-être en tirent-ils quelque chose de spécial. Peut-être la foi de ces peuples s'éteignant en un claquement de doigt est ce qui permet leur propre divinité et pérennité. Mais comment le savoir ? Ce serait un secret plus jalousement gardé encore que l'existence de ces mondes-test.

Puis, Mathis intervient à son tour, affirmant que s'il est trop tard pour les actuels ashaaris, les prochaines générations devraient avoir un passage formateur par l'enfance. Huyïn fronce la truffe, intrigué par un point soulevé par le blondinet.

"Si je comprends bien, vous considérez cette occurrence comme terminée. Comment allez-vous... Disons... Faire table rase ? Quid de ses ressortissants, en particulier ceux qui ont été en contact avec les... Éléments extérieurs que nous sommes ?"

Si la plupart des ashaaris ne trouvent pas grâce aux yeux du Tigre, il y en a quand même un ou deux un peu plus supportables que le reste et dont il aimerait connaître le destin.



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Modifié en dernier par Huyïn le jeu. 4 déc. 2025 17:26, modifié 2 fois.
Huyïn, Woran sombre, Aéromancien

Musique du chat noir et Ses variations de voix

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Cromax
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Re: Salle du Destin

Message par Cromax » dim. 23 nov. 2025 18:54

A nouveau, l'être humanoïdo-insecte répondit à Mathis d'un ton explicatif sans émotion.

"Si nous offrons un écosystème tel que vous en connaissez sur d'autres mondes, il ne servirait à rien de l'observer : les occurrences de mondes avec ces prédispositions sont nombreuses. Ici, les principaux préceptes du monde étaient une place réduite, une immortalité totale et la technologie pour créer des êtres biologiques. Ne connaissant ni animaux ni végétaux, ils ont longtemps uniquement créé des êtres à leur image. Puis les ont séparé en castes. La zone habitable est devenue leur "Surface", et ils ont creusé la cité, où ils ont placé des êtres qui leur sont devenus "inférieurs". Je parle ici dans le langage qu'ils utilisent, et non via un quelconque jugement de valeur. D'autres occurrences de ce monde ont vu l'inverse se produire : les nantis habitaient sous le sol tandis que les serviles dédiés au travail construisaient de hautes plateforme pour y habiter tant bien que mal. Certains mondes aux mêmes paramètres ont préféré ne pas se reproduire, préservant uniquement les êtres originels. D'autres comme ici ont semé la vie et conçu des systèmes sociaux plus complexes. Très verticaux comme ici, ou plus équitables."

Il clôture :

"Je ne veux pas vous ennuyer avec tous ces détails. Sachez que c'est d'un intérêt notable que d'observer tout ceci. Et je vous vois coincé dans votre vision unique de l'appréhension de la vie telle qu'elle doit être, mais je vous assure que d'autres sont heureux avec de tout autres paramètres. Vous qui vivez sur une planète dont l'hétérogénéité est notoire, vous devriez le savoir : chaque peuple évolue différemment en fonction de sa nature, des itérations qui le composent : longévité, habitat naturel, culture, civilisation, intellect, sociabilité... "

Il se tourne vers le chat-main.

"Elle n'est pas terminée, non. L'observation de ce qui suivra sera intéressante, et de nombreuses hypothèses sont déjà en vue. Mais l'observation systémique réelle est faussée par votre présence ces quelques cycles sur place. Cette itération a été faussée et ne saura être retenue comme pertinente pour la création d'un monde."

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Capitaine Hart
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Re: Salle du Destin

Message par Capitaine Hart » lun. 24 nov. 2025 11:00

« Alors, mission accomplie ? »

Je ne pensais pas si bien dire.
Ce qu’il s’est passé ensuite est dur à décrire, mais je vais faire de mon mieux. C’était comme si des volutes d’ombres avaient recouvert le monde l’espace d’un instant, obscurcissant les visages de ceux autour de moi. Puis, avant que je ne puisse réagir, je me suis retrouvé transporté autre part. Une grande salle d’or et de lumière, présidée par un grand être blanc à la tête de papillon.

Avec moi avaient été transportés une cohorte haute en couleurs, qui représentait sans doute la totalité des Yuiméniens perdus sur Ashaar. J’en reconnaissais certains. Mathis, en particulier, que je croyais ne plus revoir. Il y avait aussi le mage qui m’avait électrocuté à Kochii. Leyna, Dracaena, Jorus, la shaakte qui devait s’appeler Yliria, le mage Xël accompagné d’Ezak d’Arkasse, les deux filles qui m’avaient aidé à prendre l’eau et bien sûr, Hrist. Non, ses cheveux étaient blancs. Silmeria.
Le reste, inconnu au bataillon. Il y avait bien ce type aux cheveux mauves et au sourire narquois qui me disait vaguement quelque chose, mais impossible de me souvenir quoi.

Une fois que tous les Yuiméniens ont été réunis, notre hôte a commencé à s’expliquer.

Ashaar était un monde-éprouvette. Une expérience menée par des « serviteurs du Temps et de l’Espace », mandatés par Zewen pour ajouter à sa création. Ils observaient l’histoire d’un monde étriqué dont les habitants, immortels, étaient capable de créer la vie de manière artificielle. Notre arrivée dans ce monde était le fruit du hasard, un caprice du destin qui a altéré leurs plans. Ses ocelles semblaient désigner Silmeria comme le principal élément perturbateur qui aurait accéléré la perte d’Ashaar. Au final, cette perturbation avait atteint un stade intenable, et ces scientifiques célestes ont décidé de nous retirer de l’expérience. L’insecte nous donnait l’opportunité de quitter Ashaar, et même de tout oublier si nous le voulions, en touchant le grand sceptre qui flottait au milieu de la salle.

Bien entendu, malgré mon silence alors que j’écoutais toutes ces explications, j’étais furieux. Jorus s’était avancé le premier pour protester, et ce qu’il a dit alors n’était pas loin du fond de ma pensée. Réalisaient-ils seulement qu’ils jouaient avec de vrais êtres pensants, souffrants ? Que se servir d’eux comme de simples sujets d’expérience était d’une arrogance et d’une cruauté que je reprocherais même à un dieu ? Mathis l’avait rejoint dans sa critique, du fait d’avoir créé des circonstances aussi propices à la désuétude.

Mais cette colère était balayée d’un revers de la main. Les sujets de cette expérience, il me semblait clair, étaient ces êtres appelés les Lumineux. La décrépitude d’Ashaar était davantage leur fait que celui de leurs créateurs. Je n’aimais pas vraiment ça, mais je pouvais comprendre à un certain niveau. Ils étudiaient la nature de leur création, douée de libre arbitre. Et ce libre arbitre à mené leur monde à un terrible status quo. D’autres mondes, similaires à Ashaar, avaient selon le papillon blanc atteint des conclusions divergentes, plus équitables, plus heureuses.

Mais en ce qui concernait Ashaar, l’expérience était un échec. Par l’intervention des Yuiméniens, le résultat était devenu caduque, faussé. Ce monde allait persister, mais son étude ne serait pas retenue de la même manière.

C’était dégoûtant. Tout simplement. Répugnant, de penser à toutes ces vies, celles de Brianne, Sebastian, Guinald, les Maraudeurs, tous les autres, comme à des vies de fourmis coincées sous terre, esclaves de décisions qui les dépassaient de loin. Certes, on pouvait en dire de même pour les Yuiméniens, mais je ne pouvais pas ressentir autre chose que de la pitié et de la colère en pensant à leurs circonstances.

Je leur ai dit que je les sortirais de là, que je les aiderais à changer ce monde ou à le quitter. Cet insecte et sa cohorte invisible m’ont fait mentir. Mais il ne servait à rien de laisser la colère parle rà me place. Après tout, et je le savais bien, depuis le début, je ne faisais que me mêler de ce qui ne me regardait pas. Mais bon gré mal gré, j’étais maintenant concerné par le destin de ceux qui avaient écouté mes promesses ridicules et versé du sang à mes côtés.

C’était à mon tour de m’avancer. Si Jorus et Mathis n’avaient pas parlé d’abord, je n’aurais fait que répéter leurs reproches. Mais vue que la situation venait d’être clarifiée, j’avais des demandes à faire. Et tout ça, bien sûr, a commencé par un molard bien dégueulasse sur ce sol lustré.

« De ce que j’comprends, on était jamais censés trouver ce monde et y foutre le boxon. Moi, comme les autres, j’aime pas la manière dont tu te détaches de tout ça, tête de mite. Mais bon, j’suis pas un héros, j’suis capitaine. Même si j’aurais été plus qu’heureux de pouvoir enfoncer mes bottes dans la tronche de vos créations, ces petits dieux du dimanche qui ont eu l’idée géniale de fonder une cité-prison dans ce monde que vous leur avez donné… Je dois me soucier de mon propre équipage, avant tout. Et c’est là que j’ai un problème. »

J’ai reniflé bruyamment. Je ne comptais pas commencer une baston avec ces prétendus serviteurs de Zewen, mais je n’allais pas leur cacher mon dédain non plus.

« Voyez, je peux pas m’empêcher de remarquer que mon équipage est pas au complet en ce moment. J’ai d’nets souvenirs d’avoir prêté serment à une bande de types qui avaient sans doute pas pris le moindre bain depuis la création de votre petit monde-éprouvette, et pourtant, même si j’dois avouer qu’on a là des odeurs pas communes, ça sent quand même moins le bouseux que ça n’devrait. »

Oubliant ma fatigue un instant, je me suis mis à marcher lentement, nonchalamment. Pas tant pour l’effet théâtral, je m’étais juste rappelé que la botaniste à la peau sombre avait encore une de mes lames et qu’il me peinerait de partir sans. Surtout si on devait convaincre Monsieur Mite par la force.

« On empiète sur votre territoire ? Vous voulez qu’on s’en aille ? D’accord, je comprends. Mais vous empiétez sur le mien aussi. Comme je l’ai dit à la cheffesse des Maraudeurs, ma Confrérie ne s’embarrasse d’aucune frontière, et il se trouve que si je pars sans demander mon reste, j’abandonnerais mes confrères à Ashaar. Vu que votre expérience est partie en eau de boudin, ça doit pas faire une grande différence pour vous, non ? »

Sur ces mots, j’ai tendu la main à Mitya, lui intimant de me rendre l’arme que je lui avais si gentiment prêtée quand nous nous sommes retrouvés dans cette cité des ombres.
Modifié en dernier par Capitaine Hart le lun. 24 nov. 2025 15:32, modifié 1 fois.

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Cromax
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Re: Salle du Destin

Message par Cromax » lun. 24 nov. 2025 13:39

L'homme-mite, comme Hart l'avait appelé, resta silencieux un instant, traduisant oralement ce qu'il comprenait de la demande du pirate.

"Vous demandez si vous pouvez emmener avec vous des résidents d'Ashaar..."

Un instant de silence de plus. Ca posait visiblement question à l'être, qui partagea ses doutes.

"Vous avez raison sur un point : cela ne ferait pas de grande différence pour nous. Mais avez-vous pensé à eux ?"

Il désigne Mathis de la pointe de son visage d'insecte.

"Comme votre compatriote l'a souligné, ils diffèrent en tout de vous. Ils sont totalement inadaptés à une vie sur votre monde, où tout sera nouveau pour eux. La mortalité, la vastitude, le ciel... La natalité, l'enfance. Et j'en passe. Je ne suggère pas là que leur monde d'origine arrive à leur manquer, de ce que j'ai compris de ceux que vous vouliez emmener, mais... perdus devant l'absolu, ils ne pourront que ressentir un vertige inextinguible. Et pour les plus faibles, un déclin vers une folie inévitable."

Il redevient silencieux, puis conclut :

"Je ne suis pas certain que vous leur rendriez service en agissant ainsi. Mais de notre côté, nous n'avons effectivement pas d'objection à leur départ. Au prix, bien sûr, de leur mémoire."

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Dracaena Paletuv
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Re: Salle du Destin

Message par Dracaena Paletuv » ven. 28 nov. 2025 19:40

Il y a encore quelques instants, je devais jouer les faux divins pour une bande de fanatiques, et il y a moins de trois jours, je devais faire face à l'un des plus grands fléaux des mondes. Et la, je me retrouvais face à une mite sous stéroïdes en train de m'expliquer que tout le foutoir que je subissais ces derniers temps, tout le stress, l'absence de soleil, les fanatiques, la souffrance, tout ça c'était... une expérience.

Une expérience de scientifiques aux capacités hors du commun.

Mon regard balaya la pièce, observant l'immense pointe dorée attirant éclairs et magie se trouvant prêt de nous, et puis tout le reste. Tout le reste de celle salle factice de ce monde factice. Et après que ma tête ait fait le tour du lieu plusieurs fois, dans un lourd craquement, mes yeux se posèrent sur le "scientifique".

Un insecte.

Un insecte traitant la vie et la création comme des insectes.

L'ironie ne m'échappait pas.


Ça pensait comme un dieu. Ça avait les pouvoirs d'un dieu. Mais c'était un scientifique...


Le flot de pensée et d'émotion qui me traversa était violent. J'avais envie de pleurer. J'avais envie de hurler. J'avais envie d'applaudir. De rire. Et à en croire les mots de la phalène au physique phénoménal, il devait entendre, sentir tout ce que je ressentais. Quelle frustration de ce dire qu'il avait probablement plus de recul sur mes émotions que moi même...
Ce flot de sentiments fut si violent qu'il passa la limite de ma sanité pour atteindre l'envie d'exploser et de tout déverser, pour finalement continuer sa route et revenir à la ligne de départ.

Le résultat était que je me sentais calme. D'un calme incroyable. Froid comme la pierre. Froid comme le bois. Et c'est de ce calme que je pris enfin la parole.


"...Incroyable. C'est tout bonnement incroyable. Vous n'avez pas idée d'à quel point je suis admiratif de tout votre système, de toute les possibilités. Ou peut être que vous en avez une idée, vu que si j'ai bien saisi, vous avez la capacité de lire dans nos tête et dans nos cœurs. C'est hors du commun... Et je reviens d'un monde hors du commun...

Vous avez la possibilités de créer des mondes... De créer des êtres... De changer la nature du vivant... VOUS décidez les lois de la nature...
Comme j'aurais voulu, dans d'autres circonstance, en parler avec vous. Comprendre vos méthodes. Comprendre votre logique. Lire votre documentation, m'abreuver de votre savoir, m'en servir pour faire bouger les choses! Aider les autres! Vous pouvez faire ce pour quoi j'ai œuvré toute ma vie...

Et vous vous en servez... Pour faire ça.


C'est... Non... je n'ai pas les mots.


Vous possédez tout ce que j'ai toujours rêvez d'avoir, tout en incarnant tout ce que j'ai toujours haïs. C'est... tellement paradoxal que j'arrive ni à en être heureux ou outré.

Être de chitine, je n'ai point votre nom, et je ne compte point rester ici. Mais puisque vous nous accorder quelques questions, j'en aurais trois:

Le pourquoi. Quel est le but de cette recherche? Vous faites tout ça avec un objectif précis en tête, ou parce que vous le pouvez, et vous espérez trouver de l'utilités aux résultats?

Le comment. Comment, par quels moyen vous atteignez... ça?! Quel méthode vous permettent de tordre la matière, de changer les règles du réel? Comment reproduire ça?

Et en troisième, quelque chose qui n'a rien à voir: nous sommes arrivez ici avec une tête. Où est elle? "





Mon corps se tordit légèrement, se mettant dans une position immobile un peu étrange, comme si mon physique accusait l'impact du choc mental que j'avais subit. Il était étrange de se sentir si calme alors que chaque petit polymère en moi avait envie de hurler. Comme si j'étais au centre de l'œil d'un cyclone.

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Cromax
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Re: Salle du Destin

Message par Cromax » sam. 29 nov. 2025 12:28

Il se tourna vers Dracaena, l'observant de pied en cap.

"Oui, ils se sont bien amusés sur votre monde, définitivement."

S'il pouvait sourire, sans doute serait-il en train de le faire. Mais avec une bouche mandibulaire, c'plus difficile. Il répondit aux questions de l'arbre.

"Tout d'abord, sachez que nous ne possédons de noms. Nous ne nous reconnaissons pas en tant qu'individus ou entités incarnées. Nous sommes juste les Observateurs. Vos questions sont pertinentes, je vous l'accorde, même si elles sont biaisées par votre vision du monde tel que vous le connaissez de par votre expérience personnelle. L'objectif de la recherche, de l'observation de mondes éprouvettes multiples et réduits permet de vérifier la viabilité d'un concept afin d'en tirer les meilleurs aspects pour la création d'un monde réel sous ces conditions précises. En nous basant sur les statistiques observées sur les différents échantillons, nous corrélons les résultats et décidons si la tentative est objectivement réalisable. Des mondes où la majorité des populations finissent par se détruire d'elles-mêmes totalement sont inintéressants."

Il poursuivit avec la seconde question.

"Nous ne changeons aucune règle du réel, nous créons de nouvelles réalités, avec ses propres règles, grâce au souffle initial du Grand Zewen, démiurge absolu. Ce que vous percevez comme la réalité n'en est qu'une parmi tant d'autres. Les paramètres des mondes éprouvettes, eux, sont le résultats d'hypothèses communément travaillées et mises en place par nos soins. Quant à reproduire ceci... Je crains que ce soit impossible. C'est notre nature profonde que de réaliser ceci, et je doute que les individus puissent parvenir à de tels résultats, même à leur infinitésimale échelle."

Quant à la troisième question...

"Oh, oui, la tête. Intéressant artefact de votre monde initial. Les surfaciens d'Ashaar l'ont "condamnée au Grand Désert", comme ils nomment ça. Cela signifie surtout que nous l'avons récupérée pour l'étudier. Elle ne causera plus de tort pour quiconque. Nous pouvons dire que votre action commune aura eu ça de bien pour votre réalité : vous êtes débarrassés de cette engeance pour de bon. J'ai cru comprendre qu'elle n'était pas des plus agréables. Vos dieux eux-mêmes la redoutaient. Enfin. L'être qui allait avec, en tout cas."

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Capitaine Hart
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Re: Salle du Destin

Message par Capitaine Hart » dim. 30 nov. 2025 00:47

« Vous demandez si vous pouvez emmener avec vous des résidents d’Ashaar... Vous avez raison sur un point : cela ne ferait pas de grande différence pour nous. Mais avez-vous pensé à eux ? »

Selon ce papillon de lumière, le choc d’être catapultés sur Yuimen, voués à vivre une existence d’aliénation, de regret, de folie, était un sort cruel. Cela le laissait pensif, mais il n’avait pas d’objection à cela, si tant est qu’ils laisseraient leur mémoire derrière eux.

Le monde d’Ashaar était en effet si différent de Yuimen. Ses habitants ne connaissaient pas la mort, ni l’enfance. Ils n’avaient pas les outils pour se reproduire, et la soixantaine d’années qui faisait la vie de la plupart des mortels était pour eux aussi passager qu’une vaguelette s’écrasant sur la roche. Leur rendais-je seulement service ?

Dracaena, à peine remis de ses émotions, avait bien sûr son mot à dire. Estomaqué par l’étendue du savoir et de la puissance de son interlocuteur, il l’enviait ouvertement. Mais sa création, leur création, le décevait au plus haut point. Un manque de créativité, ou plutôt, la créativité au service de quelque chose qui trahissait ses plus profondes aspirations, voilà ce qu’il leur reprochait.

« Oui, ils se sont bien amusés sur votre monde, définitivement. »

D’ordinaire, j’aurais ouvertement pouffé en entendant Drac se prendre une remarque cinglante, mais elle n’était pas juste humiliante pour l’oudio, mais pour tous ceux de son espèce, Mythanorië inclus. Plus encore, je ne pouvais pas voir autre chose dans ce ton narquois qu’un soupçon de mépris pour la création que nous sommes.

« Tout d'abord, sachez que nous ne possédons de noms. Nous ne nous reconnaissons pas en tant qu’individus ou entités incarnées. Nous sommes juste les Observateurs. Vos questions sont pertinentes, je vous l’accorde, même si elles sont biaisées par votre vision du monde tel que vous le connaissez de par votre expérience personnelle. L’objectif de la recherche, de l’observation de mondes éprouvettes multiples et réduits permet de vérifier la viabilité d'un concept afin d'en tirer les meilleurs aspects pour la création d'un monde réel sous ces conditions précises. En nous basant sur les statistiques observées sur les différents échantillons, nous corrélons les résultats et décidons si la tentative est objectivement réalisable. Des mondes où la majorité des populations finissent par se détruire d'elles-mêmes totalement sont inintéressants. »

Sa manière de parler m’horripilait. Traiter nos valeurs et nos expériences comme de simples biais, tout en parlant de viabilité, d’objectif, de résultats, d’échantillons… Ces créatures, car les Observateurs en étaient bien, de créatures, utilisaient leurs pouvoirs pour tester les limites de la création, sans une once de culpabilité pour la souffrance qu’ils occasionnaient. Directement, indirectement, malgré tout ils se targuent d’observer. Ils ne doivent pas réaliser à quel point les Lumineux de la Surface sont le miroir de leur arrogance. Il devait y avoir d’innombrables expériences ratées, similaires à Ashaar. Non, même une, c’était déjà de trop.

Mais pour autant que j’aimerais en être capable, je ne pouvais pas y faire grand-chose. Fussé-je un dieu, j’aurais peut-être été le premier à faire redescendre ces insectes de leur piédestal. J’aime à croire que Moura en ferait de même. Hé, tout mortels que nous sommes, si tous les Yuiméniens ici présents leur fonçaient dans le lard en même temps, on avait peut-être une chance. Presque inconsciemment, je caressais le manche de mon arbalète. Oui, je brûlais d’envie de coller un carreau entre ces deux antennes, mais agir seul n’avait aucun sens. Je ne pouvais pas risquer de trahir Brianne et les autres.

C’est Drac qui a abordé en premier la question que beaucoup d’entre nous étaient en droit de se poser. Qu’était-il arrivé à la tête du Dragon Noir ?

« Oh, oui, la tête. Intéressant artefact de votre monde initial. Les surfaciens d’Ashaar l'ont « condamnée au Grand Désert », comme ils nomment ça. Cela signifie surtout que nous l’avons récupérée pour l’étudier. Elle ne causera plus de tort pour quiconque. Nous pouvons dire que votre action commune aura eu ça de bien pour votre réalité : vous êtes débarrassés de cette engeance pour de bon. J’ai cru comprendre qu’elle n’était pas des plus agréables. Vos dieux eux-mêmes la redoutaient. Enfin. L’être qui allait avec, en tout cas. »

J’ai échangé un court regard avec l’oudio. Je ne savais pas exactement ce qu’il en pensait, mais j’imaginais qu’on partageait les mêmes doutes quant à laisser ces êtres « étudier » le Dragon Noir neutralisé. Selon moi, ils n’allaient pas forcément s’en servir à but néfaste, mais une force telle que le Dragon Noir était dure à contrôler, même pour les dieux de notre monde. Quelque part, j’avais envie de les voir échouer, que la créature échappe à leur contrôle et leur rende leur arrogance en pleine face, même si les conséquences seraient potentiellement désastreuses. Je ressentais presque comme une étrange solidarité Yuiménienne avec ce lézard de malheur devant ces faces de poux.

Mais bon, si ça voulait dire qu’on en serait débarrassés…

Un haussement d’épaules plus tard, j’en suis revenu à mes oignons.

« Vous devez penser que c’est cruel de les arracher à Ashaar parce que vous n’avez jamais su ce que c’est de sentir le monde s’effriter sous vos pieds et vous écraser à la fois. Quitter tout ce qu’on a connu, tout ce que l'on connaît de nous est parfois le prix de la liberté. En ce qui concerne mes gars, le choix leur revient. Ceux qui étaient à mes côtés quand vous m’avez transporté ici. Les gars de Brianne, les Encoulés, et même les Maraudeurs, parce que j’ai prêté serment à leur meneuse. Ils pourront choisir de rester à Ashaar ou de la quitter pour Yuimen, où ils seront libres de choisir la vie qui leur convient. Si vous comptez effacer leurs souvenirs, effacez aussi les blessures que leur ont infligé votre monde. Qu’ils puissent renaître sur Yuimen et repartir de zéro. C’est dans vos cordes, j’imagine, et ce serait la moindre des choses. Dans les deux cas, vous veillerez à ce qu’ils oublient tout ce qu’ils auront vu ici, j’ai pas raison ? »

Je n’avais pas l’impression d’en demander beaucoup à une bande d’observateurs omnipotents. Mais il y avait quelque chose d’autre qui me turlupinait.

« Ah, j’y pense ! » ai-je ajouté avec un doigt levé. « Je crois que je parle pour tous mes euh, compatriotes, quand je dis que ce Dragon Noir a causé énormément de malheur. Je l’ai vu gober tout un tas d’âmes qui ne pourront jamais reposer aux Enfers. Et vu que ces âmes n’appartiennent ni à lui, ni à vous, vous pouvez très bien les rendre à Yuimen et leur accorder le repos, si vous le pouvez seulement. Je sais pas s’il les a consumées, peut-être qu’aucune n’est récupérable, mais c’est bien la seule façon qu’on a de régler cette dette. »

Je n’ai pas pu m’empêcher de me fendre d’un sourire narquois. Un sourire derrière lequel brûlait un feu sombre et calme, une colère mêlée d’impuissance.

« Peut-être que ça vous apprendra à être plus respectueux des âmes qui sont coincées à supporter vos petites gaffes. »

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Cromax
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Re: Salle du Destin

Message par Cromax » dim. 30 nov. 2025 12:08

"Je ne parle pas en termes de cruauté et ne jugerai pas de vos choix, je suppute simplement les conséquences d'une telle opportunité sur leur psyché. Concernant vos pairs, il s'agira d'un transfert simple : je ne les rencontrerai ni n'aurai accès à eux. Ils apparaîtront aléatoirement dans votre monde si vous ne leur donnez de destination, là où vous pourrez la choisir. Quoiqu'il en soit, pour la première fois, ils seront confronté à leur mortalité : certains mourront avant même d'avoir pu réaliser qu'ils auront changé de monde."

Il pencha ensuite la tête sur le côté.

"Le principe d'âme et d'enfers est assez lié à votre monde, je crois. Je ne suis pas un expert de votre origine : nous ne sommes plus en contact avec vos Divinités, nos anciens confrères. Eux sauraient vous renseigner. Mais nous n'avons, je crois, découvert nulle trace de vie, quelle qu'elle soit, entre les crocs de cette tête de Dragon."

Itulë, pour la première fois depuis votre arrivée là, intervint. Toujours sous ses traits d'enfant, mais un air sombre bien adulte collé au visage.

"Il n'y a plus aucune trace des âmes de ceux qui sont morts à Kochii. Le Dragon Noir les a consumées, détruites, dévorées comme il l'aurait fait avec chacune des âmes de votre monde si je n'étais pas intervenue. Elles ne souffrent plus, dans un certain sens, mais ont... totalement disparu, sortant de tout cycle de réincarnation."

L'insecte reprend ensuite.

"Je pense également que vous surestimez nos pouvoirs et influences sur vos réalités. Nous sommes précurseurs d'idées initiales, puis simples observateurs. Quand certains se voient confier un monde, ils deviennent décideurs et acteurs. Mais nous, nous n'avons prise sur ces réalités que le souffle de leur création. Aussi vous suggérai je de ne pas vous appesantir sur des jugements fantasmés de nos influences sur les choix des êtres habitant nos tentatives de monde. Non pas qu'ils puissent nous toucher, mais cela vous enlèvera de désagréables ressentiments bien futiles. Une fois encore, je ne vous en veux pas de ne pas comprendre nos buts et le sens de notre existence."

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Jorus Kayne
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Re: Salle du Destin

Message par Jorus Kayne » dim. 30 nov. 2025 16:19

L’être insectoïde m’explique quelque chose qui m’échappe. Sa façon qu’il a d’expliquer le monde me perturbe et comme il le dit lui-même : cela dépasse notre compréhension. De même qu’il déclare être un scientifique et non un dieu, reste à savoir ce qu’est cette chose.

(Un scientifique ? Vois-le comme un érudit ou savant dont l’intérêt est porté sur la science et le progrès. De ce qu’il explique, il pose le cadre de son étude et, en fonction de cela, observe et analyse les comportements des êtres qui s’y trouvent. Il créer tout, mais n’interfère en rien. Il n’a aucune attache aux êtres présents. Les émotions que les habitants de la cité ressentent, ne sont qu’une donnée parmi tant d’autres. )

(Si je comprends bien, il existe bien des mondes comme Ashaar. D’autres cités, dans des situations plus ou moins enviables, dont la seule raison d’exister est d’observer comment ils s’en sortent avec les cartes à leur disposition ? Certains pourraient tout avoir et d’autre rien, parce qu'eux ont décidé qu’il en serait ainsi. )

(Oui c’est… cela.)

(Et ils ne se considèrent pas comme des dieux avec ça ? Du moins, pas dans l’immédiat si j’ai bien retenu ses derniers propos.)

Suite aux explications de l’insecte, entre mes dents, je laisse échapper un mince filet d’air empli de dédain. Il est clair qu’ils ne souhaitent pas expliquer pourquoi ils désirent un monde qui jouira de l’aboutissement de leurs observations et je n’ai absolument pas la force de les en empêcher. Je retiens cependant que Zewen sait, que je sais où il se trouve et que peu importe le temps et la manière, je finirais par lui botter son divin postérieur. En-tout-cas, je ne suis pas le seul à penser de la sorte, de la manière qu’ont ces scientifiques d’utiliser ainsi la vie et les réponses de notre hôte, ne font que renforcer mon opinion à leur sujet.

Je préfère me tourner vers les miens, en particulier Itulë et Mitya, avec qui j’ai noué des liens avant d’apparaître ici.

« Notre quête pour rentrer chez nous aura été plus bref que prévu et sans engendrer le sang de ces pauvres individus dans leur cité sous la terre. Je ne sais pas où nous arriverons une fois chez nous, mais si tu le désir et si c'est en mon pouvoir, je te raccompagnerais jusqu’à ton foyer si tu le souhaites Mitya. » Puis je me tourne vers la jeune elfe, arborant un sourire amical, teinté d’un voile un peu sombre lorsque mes yeux se posent brièvement sur Naral. « Je sais que ton retour se fera sans encombre. Puissent nos routes se rejoindre encore. Et comme j’aime voyager, qui sait… peut-être que je finirai par venir jusqu’à chez toi. »

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Leyna
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Re: Salle du Destin

Message par Leyna » lun. 1 déc. 2025 19:50

Pourtant, lorsqu'elle ouvrit les yeux, Leyna n'était plus dans le camp. Elle était... ailleurs. Dans une salle chargée d'énergie, grandiose et dorée. Une sorte de bâton crépitait en direction d'une sorte de portail. Devant, se trouvait une sorte d'homme papillon. Instinctivement, la prêtresse posa un genoux à terre, car elle sentait l'aura divine de l'entité.

L'être expliqua qu'ils n'auraient pas dû être ici. Que ce monde était une « expérience » menée par les entités telles que lui, des « gardiens du temps et de l'espace ». Un malheureux concours de circonstance les y avait emmené.

Les autres étaient là, aussi, interrogateurs. Le capitaine, notamment, n'avait pas l'air ravis. Étonnamment, il voulait malgré tout trouver un moyen de sauver les âmes prisonnières du dragon, car sa tête allait être conservée ici pour ne plus jamais faire de dégâts, hélas, ces âmes, de l'avis de la créatures, n'existaient plus. La prêtresse se releva pour s'approcher du pirate :

« Votre souhait est louable. J'ai peur, hélas, qu'il n'y ai plus rien à faire que nous occuper des vivants. La confrérie vous attend toujours. Elle a besoin de vous. »

Puis elle se tourna vers l'être :

« Les affaires des dieux ne regardent que les dieux, je vous comprends. Je souhaite garder la mémoire de ce qui est advenu, même si, effectivement, il servira à rien d'en parler. Au moins, je saurais la grandeur et l'étrangeté de l'univers, même si ce que j'ai vu me répugne. J'espère, néanmoins, que toutes vos expériences ne sont pas si cruelles. Ce monde... il porte un mal si profond que rien de bon ne saurait en découler. J'espère que sa contamination ne s'étendra pas au-delà de votre expérience... »

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Cromax
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Re: Salle du Destin

Message par Cromax » mer. 3 déc. 2025 12:31

"Tu y seras le bienvenu, Jorus.", répond la jeune elfette avec un sourire enfantin.

L'insecto-humanoïde se tourne vers Leyna :

"N'ayez crainte : la corruption qui ronge la cité ne dépassera pas ses frontières. A dire vrai, elle ne progressera pas davantage puisque la source de cette expansion est ici même avec nous."

Il désigne Silmeria et poursuit.

"Nos expérimentations peuvent vous sembler cruelles, mais elles permettent qu'un monde réel à bien plus grande portée ne le soit pas. On ne crée pas de monde sans une bonne base de données statistiques pertinentes."

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Huyïn
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Re: Salle du Destin

Message par Huyïn » jeu. 4 déc. 2025 17:26

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Visiblement, même si elle n'aboutira pas à la création d'une réalité, cette version actuelle d'Ashaar a encore à faire pour satisfaire la curiosité de leur interlocuteur. Même s'il reste vague, l'individu luisant laisse entendre que quantité de mondes avec des propriétés similaires au leur existent déjà, d'où la nécessité de procéder à des expériences pour tester la viabilité d'autres systèmes. La chose est d'une logique certaine, mais le Tigre ne peut que se demander à quoi ressemblent ces réalités approuvées où L’Équilibre et les grandes lois naturelles n'existent pour ainsi dire pas. Et si ces Observateurs dénués d'identité propre se voient confier un monde, sur quels critères cela se fait-il ?

Peu à peu, d'autres yuiméniens se lancent et posent leurs questions, entre faisabilité de réitérer la chose à une autre échelle et possibilité transférer certains ashaaris sur Yuimen. Beaucoup de remarques faites via le prisme de ceux qui connaissent la mortalité et la délivrance que le trépas peut apporter. En particulier quand d'aucun a pu voir la souffrance des habitants du coin. Huyïn écoute attentivement, bras croisés, et un détail lui fait papillonner des oreilles.

"Vous semblez réticent ou juste pas intéressé par la perspective d'échanger avec les êtres de votre expérience. Pourtant, là non plus cela ne vous dérangerait guère... D'une vous correspondez à cet élément familier, donc moins déroutant, que sont leurs Chevaliers des Cieux, et de deux parce que leurs souvenirs de cette rencontre pourraient être effacés.", indique de façon pragmatique le Félin sombre. "S'il n'est pas dans vos habitudes d'entendre ceux qui se trouvent aux premières loges de ces... Tests... À l'approche de leur conclusion, alors vous vous privez de perspectives parfaitement en adéquation avec votre tentative."

L'appendice caudal du Tigre se meut latéralement lentement, sa main griffue s'élève légèrement puis il enchaîne là où il souhaite réellement en venir.

"J'ai en tête deux... Non, disons trois... Trois ashaaris de cette itération dont je serais curieux de connaître la réflexion quant à la véritable nature d'Ashaar et à la perspective d'un ailleurs. En l'occurrence, Dame Scarla de Montfort...", commence le Tigre avant de tourner la tête vers son voisin elfico-draconique. "Qui tenait à vous exprimer sa gratitude de vive voix." Puis vers le papillon humanoïde. "Sieur Salmeck d'Orthel qui, s'il ne s'est pas simplement joué de ma méconnaissance, a gardé un œil sur la totalité de mes déplacements jusqu'à maintenant. Et enfin..."

Le regard du Félin se pose brièvement sur l'être en armure mauve, compagnon d'armes de Naral Shaam, avant de retourner vers leur interlocuteur.

"La sombre dame Blanche, étrangement informée et bien au fait de certaines prouesses évoquées, pour qui est supposé ignorer son statut de... Sujet."

Huyïn croise de nouveau les bras, ayant une autre question bien plus prosaïque à poser, mais s'attendant à ce que d'autres arrivants accidentels le fassent à sa place.



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Modifié en dernier par Huyïn le mer. 10 déc. 2025 20:04, modifié 1 fois.
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Musique du chat noir et Ses variations de voix

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Yliria
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Re: Salle du Destin

Message par Yliria » sam. 6 déc. 2025 21:30

Ce n’était pas ainsi que j’imaginais cette histoire se finir. Encore une fois, on se jouait de nous avec une facilité et un flegme sans égal. Transportée dans cette pièce circulaire avec tous les autres yuimeniens, je les laisse argumenter, opposer leurs idées face à cet étrange être insectoïde. Leur logique n’a rien à voir avec la nôtre. Etrangement, je ne suis pas vraiment surpris de tout ce qu’il dévoile. Tout cela sentait l’essai, même si je n’imaginais pas une telle ampleur. Zewen et ses sbires créent et tentent des choses. Avec des vies. Des âmes. Qui pourrait dire qu’aucun d’entre nous n’a pas été, un jour, un de leur jouet, sujet aux mêmes expérimentations. Qui sait depuis quand cela dure ? Sommes-nous vraiment maîtres de quoi que ce soit, en vérité ? Tous les choix que j’ai fais jusque-là, est-ce que c’est aussi une simple manipulation d’un élément supérieur ?

(Yli, tu es la seule qui décide de ce que tu fais.)

(Tu en es sûr ? ou bien toi aussi tu es manipulée ? )

Les faeras sont des êtres si différents. Qui peut dire qu’elles n’ont pas elles aussi un lien avec les observateurs ? Qu’elles sont la version propre à yuimen ?

(Bien sûr que non !)

( Comment tu peux le savoir ? Si Zewen a créé tout ça, qui dit que ce n’est pas votre rôle, que vous le sachiez ou non ?)

Elle ne sut quoi répondre et je commençai à m’enliser dans els questionnements. Tout ça... je détestai tout ça. C’était trop à encaisser. On n’était que des petits pions insignifiants dans un grand jeu divin. J’avais déjà eu ce sentiment face à Oaxaca et aux Dieux sur leur île, mais là… Ma dextre serre nerveusement mon autre bras. Seule mon armure m’évite de m’enfoncer mes gants dans ma peau. Je voulais pas savoir tout ça. J’avais pas besoin qu’on me dise que j’étais insignifiante, que nos vies pouvaient n’être que des test menés par des créatures et êtres au-delà de notre compréhension.

Mon regard se mit à balayer la pièce. Mon regard s’attarda un bref instant sur les yuimeniens avant d’enfin trouver sa cible. Je me décalai jusqu’à rejoindre Akihito contre lequel je pressai mon épaule quelques secondes, cherchant un peu de réconfort dans toute cette histoire merdique. Le savoir en vie me fit me sentir mieux. Tout le monde semblait là. Même cette conasse, la responsable de toute cette histoire. Elle arborait encore ce foutu air suffisant insupportable.

«Qui nous dis que cette corruption ne se manifestera pas sur Yuimen si elle y retourne avec nous ? »

La main sur la poignée de ma lame, ma magie me démangeait violemment tandis que je désignai Silmeria du menton. Après tout ce qu’elle avait fait, la laisser en vie risquait de créer encore plus de morts et de dévastation si elle rentrait avec nous sur Yuimen. Ma lame se tira de quelques centimètres, laissant apercevoir le métal nimbé de flammes dorées qui n’attendait que de purger cette engeance de la surface de ce monde et de tous les autres.

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Cromax
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Re: Salle du Destin

Message par Cromax » sam. 6 déc. 2025 22:02

L’Observateur indique en réponse à Huyïn :

« Nous sommes aux premières loges. Eux sont sur la scène, tous. Vous l’avez également été. Nous visons à l’objectivation, non au questionnaire de ressenti. D’ailleurs, des ressentis, ils en partagent eux-mêmes entre eux. La plupart du temps, ces commentaires sont égoïstes et peu pertinent à l’échelle d’un monde. »

Il penche la tête.

« Ces trois avis que vous requérez, je ne peux vous les offrir : cela signifierait les faire venir ici, ce qui est exclu comme je vous l’ai indiqué. Ou leur faire venir sur votre monde, mais sans plus de mémoire. Ce qui ne servirait pas davantage votre demande. Je crains ne pouvoir accéder à votre souhait. »

Naral, très attentif à tout ce qui se passe, opine du chef en regardant le chat lui préciser le pardon de la Rouge.

« Bien, même si je n’en ai cure : ce ne fut au final qu’un contretemps. Hihihi. »

L’hôte se tourna vers Yliria.

« Je peux vous l’assurer : nous avons purgé sa… consœur de cette affliction en nous débarrassant de la source de sa malédiction. Un être… inopportun, que nous pensions inaccessible dans les tréfonds de ce monde-test. »

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Jorus Kayne
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Re: Salle du Destin

Message par Jorus Kayne » dim. 7 déc. 2025 15:36

Ces… êtres et leurs foutues expériences, cette incompréhension de notre part qu’ils ne cessent d’évoquer à chacune de nos questions, évidemment qu’on ne peut se comprendre. Ils créent la vie, établissent des règles plus ou moins en faveur de leurs créations et regardent comment elles réagissent. Nous, nous sommes des curiosités entre leurs mains. Ils pourraient créer un environnement propice au développement d’une vie saine, mais reproduisent des environnements différents, des règles différentes, sans tenir compte de ce que nous estimons être le plus important : notre vie au milieu de tout cela. Du danger ? Ils peuvent rendre les êtres immortels, ou même éliminer le concept des menaces. La faim ? Créons des plantes qui donnent les nutriments nécessaires à la vie. Une justice ? Ils voient tout, savent tout et quand bien même ils ne voudraient pas faire justice et qu’ils souhaitent absolument créer des êtres avec des défauts, ils peuvent créer un être, une sorte d’avatar de la justice, qui présentera les faits à un tribunal. Tout leur est possible et ils se contentent de simplement observer le comportement de leurs créations. D’ailleurs, peut-être que notre présence en est justement une. Nous avons interrompu leur expérience, brouiller leurs observations, mais rien ne dit qu’un être n’a pas usé de ses capacités, pour observer notre comportement à nous dans cet écosystème.

Je commence à avoir le tournis avec tout cela. Finalement, rien de bon ne ressort de notre échange avec cette créature, si ce n’est ce… ces connaissances à propose des expériences sur leurs créations, ou même d’Ashaar. A la réflexion, seule ma rencontre avec Itulë marque un réel intérêt dans toute cette aventure. Je me suis fait une amie, qui a transformé notre bref périple avec un assaisonnement tout particulier.

Le temps passe et arrive avec lui celui de notre départ, du mien tout du moins. Je ne sais pas comment va se dérouler notre retour, où nous atterrirons et si nous seront envoyés chacun à différents endroits. C’est peut-être mon dernier moment avec eux et avant de partir, j’ai une demande à achever et un sombre devoir à accomplir.

Je laisse la jeune elfe, lui retournant son sourire avant de porter mon attention sur Drac, le visage fermé avant d’annoncer l'autre information qui assombrit mon cœur ces derniers jours.

« Drac ! Tu m’avais demandé des informations concernant la magie de feu d’Alossarh. Je n’ai malheureusement aucun écrit à t’offrir. Si tel est ton souhait d’apprendre sa magie de feu, il te faudra étudier en sa compagnie…le temps nécessaire. » Dis-je, éludant les années nécessaires pour cela.

Puis je cherche le regard de Xël. Cette fois-ci, un voile sombre se dresse sur moi. Bien que les nombreux événements ont permis de mettre cela de côté, l’émotion me revient en cherchant mes mots et avec, la peine.

« Xël. Je suis au regret de t’annoncer la mort d’Ibn Al Sabbar. J’ai moi-même assisté à son dernier souffle, avant de me faire emporter jusqu’ici. Si d’aventure, tu viendrais à retourner sur Aliaénon, ses dernières paroles ont été pour Zaria et de l’immense fierté qu’il ressentait à son égard. » Fais-je en inclinant brièvement la tête.

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Ezak
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Re: Salle du Destin

Message par Ezak » dim. 7 déc. 2025 19:51

Ezra m’aida à serrer les dernières lanières de mes protection quand tout changea autour de moi. Conseil de la SOMA ? Évaporé. Nous venions d’apparaître dans un lieu inconnu — un espace sans nom, sans horizon, où une créature humanoïde, ressemblant à un insecte faisait face. Je grimaçai devant tant de laideur. Je ne savais même pas comment appeler cette chose.

Je n’étais pas seul. Nous n’étions pas seuls. Nous étions beaucoup à être là, tous Yuimeniens ramenés par je ne sais par quelle main divine ou capricieuse dans une salle circulaire. Mon fidèle acolyte Xël était là, Naral aussi. Seule Ezra semblait s’être évaporée… Il y en avait d’autres encore, des silhouettes reconnaissables, la mi-thorkin mi-elfe Silmeria ( sinon comment expliquer sa taille ?) l’autre type au tein mate qui avait été d’une grossiereté hallucinante face à Satina.

Et puis… ceux à qui j’avais parlé ici. Ici ? Qu’est-ce qu’“ici” voulait encore dire ?Et d’autres dont je ne savais rien, sinon qu’ils avaient survécu jusqu’à cet instant. Ce tigre cherchant Naral. Et d’autres encore.

Toujours d’autres.

Ah. Cette elfe que j’avais envoyée chercher une sortie avant de faire le grand saut. Je l’avais même oubliée.

Et puis cette petite fille intrigante, présence dissonante parmi les nôtres.

L’homme-insecte prit alors la parole. Sa voix résonna comme un froissement sec, un bruit qu’on n’oublie pas. Il nous parla. Il nous expliqua ce qu’était Ashaar. Ce que nous étions venus fouler sans le comprendre.

Je crus être pris de vertige.

Tout cela me paraissait si difficilement imaginable que mes yeux se brouillaient. Je titubais presque, contraint de faire de véritables efforts pour conserver ma posture droite, altière, parce qu’un chevalier qui vacille donne aux dieux exactement ce qu’ils souhaitent : notre faiblesse.

Je commençais à comprendre ce monde… mais sans le comprendre. Une vérité renversée, insaisissable.

Et quoi qu’il en soit, personne parmi nous ne comprenait pourquoi nous, précisément, avions été amenés ici dans ce monde-test. Pas même nôtre hôte qui évoquait la présence d’une déesse parmis nous dans ce monde…

Un monde qui devait être détruit.
Un monde soumis à la mort.
Un monde soumis à des épreuves inimaginables, sous la surveillance de Zewan.

Je grinçai des dents. À chaque pas, mon opinion sur les dieux se radicalisait.

Était-ce cela, la finalité de la vie : se libérer de ses propriétaires absents, de ces entités si hautes qu’elles ne voyaient en nous que des locataires de fortune dans un immeuble voué à l’incendie ?

Des jouets.
Des pièces interchangeables.
Je les haïssais...
Je haïssais ceux qui se repaissaient de nos destins comme d’une distraction.
Et ils devaient tous périr.

Peut-être … peut-être … étais-je prêt à exclure Brytha de cette haine. Notre sauveuse… Peut-être.

Justement je cherchais du regard cette fameuse déesse capable de voyager entre les mondes. N’était-ce pas là une caractéristique de Brytha ? Par la Couronne de Neran Premier, de qui parlait-il ?

Je me gardai bien de parler, de dire quoi que ce soit, me contentant d’observer.

Le type à la peau mat état tendu face au révélations et je l’observai lâcher son fiel, comprenant déjà le resultat qu’il obtiendrait. Une hauteur que j’apparentais à du mépris. Nous ne pouvions pas comprendre, soit-disant, nous miserables insectes. J’acoutais les autres informations

On nous expliqua qu’il était possible de ramener des Ashaaris chez nous… mais sans mémoire.
Intéressant.On nous rappela aussi que nous étions libérés de la menace de la Tête du Dragon.

Encore plus intéressant.Je pensais à mes expérimentations. Ayant réussi à aller contre l'immortalité d’Ashaar. Le dragon que même les dieux craignaient ne nous avait-il pas remis, malgré lui, les armes capables de les détruire ? Yuïa Turé avait presque été annihilé par une seule dent. Une dent.

Alors… et si cette dent permettait de détruire les dieux eux-mêmes ?

Vertigineux. Fascinant. Réjouissant même…

Je continuais d’écouter, toujours plus déstabilisé, toujours plus plongé dans un vertige avec ces termes et concepts, de monde textes, itinérances, de versions… Ma vie me paraissait soudain comme une sorte de mensonge manipulé. Je regardais tout le monde et quand vint une discussion sur les âmes prises par le Dragon Noir, j’eus la faiblesse de ressentir un espoir bien vite balayé par la petite elfe dont les paroles me firent tournés les yeux vers elle. Elle parlait comme Brytha, comme si c’était elle qui avait intervenue. Notre sauveuse était donc là devant moi, une déesse. Une de celles à qui j’avais promis la fin. A partir de cet instant mon regard ne la quitta jamais plus. J’étais entre deux eaux. Cette certitude qu’il fallait s’en débarrasser, et cette gratitude d’avoir fait la chose juste quand tous les autres dieux ne s’étaient pas encore décidés à bouger pour nous contre ce que eux même avaient engendrés. Une dent en plein cœur… Et s’en était peut-être finit d’une déesse pour toujours.

J’écoutais tout ce qui se disait malgré ce regard posé sur elle, et je détournai le regard quand le tigre parla de Blanche. Je le regardai un instant, bref. Et enfin, je me décidai à prendre la parole alors que la tension se faisait sentir chez certains. J’étais las des lamentations. J’étais las des peurs. Je voulais pousser plus loin. Ouvrir un chemin.

Je me tournai vers l’homme-insecte, et, d’une voix claire, je déclarai :

« Il y a quand même des choses qui ne collent pas dans ce que vous dîtes. Vous craignez que si nous ramenons des Ahaaris avec nous, ils sombrent dans la folie, puisqu’ils arriveront dans un monde qu’ils méconnaissent… Mais pourtant vous parlez de leur enlever mémoire.
À quoi bon prétendre qu’ils sombreraient dans la folie en arrivant chez nous, s’ils n’auraient même plus la mémoire de leurs vie d’avant ? »


Je levai légèrement le menton et déclarai :

« Ma deuxième question est la suivante : qu’est-ce qui m’assure que ceci n’est pas un piège ? »


Je désignai le tridents au centre geste lent et précis.

« Quand je toucherai cette… chose, où vais-je apparaître exactement. Qu’est-ce qui me garantit que j’apparaîtrai bien chez moi ? Et non dans un autre monde-test, ou dissous dans je ne sais quel néant ? Qu’est-ce qui m’assure que vous n’essayer pas tout simplement de vous débarasser d’un problème bien gênant pour vos experiences ? Nous. Pourquoi devrais-je vous faire confiance ? »

Ces mots résonnèrent un instant. Je les laissai peser, volontairement. Puis je continuai, ma méfiance se changeant en un fil de curiosité acerbe.

« Ma troisième question: vous sujet de Zewen qui êtes au centre de toutes les manipulations des mondes. »

Je me penchai légèrement en avant, comme pour mieux décortiquer ce qui se cachait derrière son étrange visage.

« Les dieux ont-ils… une âme ? »

Je laissai cette interrogation flotter un instant, consciente qu’elle n’était pas anodine. Une âme. Quelque chose de vulnérable et destructible pour ceux qui possédaient un artefact du Dragon Noir.

Enfin, mon regard glissa vers la petite fille cette enfant énigmatique, dont la présence détonnait dans un décor pareil.Je la regardai calmement, sans animosité mais sans détour :

« Et pour finir… Une question pour toi. Tu es Brytha n’est-ce pas ? »

Mes yeux restèrent fixés sur elle, aiguisés, interrogateurs. Je voulais comprendre. Je voulais des réponses. Et j’étais prêt à accepter celles qui feraient vaciller mes certitudes.

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Capitaine Hart
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Re: Salle du Destin

Message par Capitaine Hart » dim. 7 déc. 2025 23:52

Le papillon a précisé que je pouvais décider de l’endroit où atterriraient ceux que j’appellerai à Yuimen. Ils allaient devenir mortels, à priori. Certains mourraient même sur le coup. J’ai pensé à l’Encoulé décapité et certains blessés qu’il faudrait sans doute soigner pour éviter les complications. Ou bien parlait-il d’autre chose ? Je n’allais quand-même pas les emmener à leur mort d’une telle façon. En tout cas, ce transfert allait sans doute être brutal, cet Observateur n’avait pas l’air de me donner une grande marge de manœuvre…

Pour ce qui était du Dragon Noir, pas de chance non plus. La petite elfe que j’avais rencontrée à mon arrivée, Itulë, a pris la parole, dévoilant son vrai jeu.

« Il n’y a plus aucune trace des âmes de ceux qui sont morts à Kochii. Le Dragon Noir les a consumées, détruites, dévorées comme il l’aurait fait avec chacune des âmes de votre monde si je n’étais pas intervenue. Elles ne souffrent plus, dans un certain sens, mais ont… totalement disparu, sortant de tout cycle de réincarnation. »

Leyna s’est approchée, froide comme à son habitude.
« Votre souhait est louable. J’ai peur, hélas, qu’il n’y ait plus rien à faire à part nous occuper des vivants. La confrérie vous attend toujours. »
« Je pense également que vous surestimez nos pouvoirs et influences sur vos réalités. Nous sommes précurseurs d’idées initiales, puis simples observateurs. Quand certains se voient confier un monde, ils deviennent décideurs et acteurs. Mais nous, nous n’avons de prise sur ces réalités que le souffle de leur création. Aussi vous suggérerai-je de ne pas vous appesantir de jugements fantasmés quant à nos influences sur les choix des êtres habitant nos tentatives de monde. Non pas qu’ils puissent nous toucher, mais cela vous enlèvera de désagréables ressentiments bien futiles. Une fois encore, je ne vous en veux pas de ne pas comprendre nos buts et le sens de notre existence. »

Je comprenais. J’ai vécu assez de cataclysmes pour comprendre. J’avais même accepté ce sentiment de fatalité, et j’avais décidé qu’il était faux. Le monde était régi par des énergies complexes qui dépassent de loin l’expérience mortelle. Mais j’étais le seul décideur de ma place.
Ce qui me tapait sur les nerfs, c’était cette espèce de bureaucratie nonchalante que cette créature semblait représenter. À en croire ses dires, les Observateurs ont une existence purement utilitaire.
Et si on est là, c’est précisément parce que la situation leur a échappé.

« Au moins, je saurais la grandeur et l’étrangeté de l’univers, même si ce que j’ai vu me répugne. J’espère, néanmoins, que toutes vos expériences ne sont pas si cruelles. Ce monde… Il porte un mal si profond que rien de bon ne saurait en découler. J’espère que sa contamination ne s’étendra pas au-delà de votre expérience. »
« N’ayez crainte, la corruption qui ronge la cité ne dépassera pas ses frontières. À dire vrai, elle ne progressera pas davantage puisque la source de cette expansion est ici-même avec nous. »

Et bien sûr, ça a désigné qui ? Je vous le donne en mille. Silmeria.

« Nos expérimentations peuvent vous sembler cruelles, mais elles permettent qu’un monde réel à bien plus grande portée ne le soit pas. On ne crée pas de monde sans une bonne base de données statistiques pertinentes. »

Je sentais que j’allais m’endormir si je continuais de l’écouter. Ou c’était peut-être juste le manque de sommeil qui me rattrapait.

En tout cas, plusieurs choses ont été confirmées. La « simulation » avait été coupée nette et tous les éléments perturbateurs, nous compris, avaient été extraits ou neutralisés. Pas plus de détails, mais ils ne semblaient pas vraiment du genre à bêtement supprimer ce qui leur déplaît une fois un monde lancé. Et personne ne pouvait venir ici, voir ce que l’on voyait. Toute cette histoire de ramener les autres à Yuimen de leur plein gré commençait à sentir mauvais.

Ezak d’Arkasse s’est avancé. Sa réponse à lui était le doute.
Pourquoi croire à tout ce que cet Observateur venait de raconter ? Comment savoir si ses protocoles le poussaient à dire toute la vérité ? Une information pouvait être vraie, l’autre fausse. Comment leur faire confiance ?
Cela le poussait à d’autres questions. Il voulait en savoir plus sur la nature des dieux ainsi que celle qu’il devinait être Brytha, nulle autre que la jeune Itulë.

Cette histoire était alambiquée, mais elle se raccordait à ce que m’avait raconté Dracaena. Notre arrivée sur ce monde était de l’ordre de la coïncidence, une déflagration magique provoquée par les volontés troubles de Silmeria et, semblerait-il, Brytha, et la magie particulière d’Aliaénon.
Je n’ai pas saisi tous les détails expliqués par l’oudio, mais je me souviens des adieux faits par Hrist ce jour-là. Même après avoir rempli sa fonction avec brio dans l’armée oaxienne, elle s’était sentie plus vide que jamais. Alors que je m’étais préparé à ne jamais la revoir et à laisser en plan les comptes non réglés, elle avait disparu à Aliaénon, affrontant une menace universelle tout en étant méprisée par les Yuiméniens qui partageaient son combat.

Ce n’est peut-être pas une coïncidence après tout. Si j’avais la bonne idée de ses pensées à ce moment fatidique, il n’est pas étonnant qu’elle ait emmené tout le monde à Ashaar. La plupart de ses connaissances, et quelques étrangers happés par le chaos, peut-être une sorte de résonance avec sa personne, celle de Brytha, ou même le Dragon. Tout ce beau peuple perdu dans un monde de ténèbres, d’injustices, et de désespoir sans fin. Et elle la première est arrivée à sa source, faisant siennes ses ténèbres pour le dévorer tout entier.

Alors j’avais conclu que toute cette histoire n’était véritablement qu’un accident provoqué par Silmeria, en majeure partie. Sur ça au moins, je croyais ce qu’avait daigné révéler le papillon de lumière.

C’est ironique, non ? Devais-je en déduire que même les plans de Zewen n’étaient pas imperméables aux accidents, ou bien…
J’avais remarqué les airs peinés de certains d’entre nous, abattus par le poids d’une fatalité plus réelle que jamais. Beaucoup étaient en colère, à n’en pas douter. Moi aussi, mais pas envers ces Observateurs, encore moins Zewen. À mon échelle, j’ai vu des choses qui n’ont pas lieu d’exister.

« Je crois que je commence à comprendre. C’est pas facile de se faire à l’idée d’une bande de voyeurs qui tripote le monde avec des aiguilles pour élargir le domaine de la création. Si on veut reprocher à quelqu’un l’état d’Ashaar, c’est à ceux qui ont utilisé leur libre arbitre pour en faire ce qu’elle est maintenant, c’est ça ? Des gars à vous qui ont dû mettre la main dans le cambouis. Z’êtes pas si différents de nous, maintenant que j’y pense. Ptèt encore moins qu’il n’vous plairait de l’admettre. »

Était-ce un des ces Observateurs déifiés qui avait appelé ses semblables à l’aide, ou était-ce la volonté de Zewen lui-même ? J’anticipais trop la seconde réponse, honnête ou non, aussi je n’ai pas posé la question.

« T’as raison, tête de pou. C’est superflu d’en avoir contre toi et ton espèce. C’est comme reprocher à un castor de construire des barrages. En ce qui me concerne, je suis venu au monde sans qu’on attende rien de moi. Il m’aura fallu un moment, mais j’ai trouvé une vocation et une destination. J’ai parcouru le monde qui m’a été offert en choisissant chaque détour, chaque raccourci. C’est pour ça que je place le libre-arbitre au dessus de tout. C’est la seule chose dont je peux vraiment être fier. C’est pour ça que je ne peux pas forcer qui que ce soit à quitter Ashaar. Si vous avez peur qu’ils découvrent la vérité au point de leur refuser même le choix, je n’ai plus rien à demander. Ah, si. »

Des êtres motivés par la logique, la raison, la préservation et la continuation de l’univers. Ils sont mal tombés. C’est l’arbalète pointée vers la tête de la créature que j’ai continué. Pas de faux sourire, pas de plaisanterie. C’était l’heure de parler.

« T’es qui ? Une poignée de vagabonds d’un autre monde débarque et vous arrêtez tout parce que votre test part en bourrique ? J’ai promis à des gens d’ici que j’allais leur donner le choix entre changer Ashaar et la quitter. Alors oui, j’suis un filou. Je dis des conneries, je mens parfois. Mais quand je fais ce genre de serment, c’est pour de vrai, et ça compte plus que ma propre vie. Du coup je demande ça à toi et toute ta fourmilière : t’es qui pour forcer Sirius Hartingard à trahir sa promesse ? »

Je ne l’ai réalisé qu’au moment où j’avais cet énergumène dans ma ligne de mire, mais j’étais prêt pour ce moment, advienne que pourra. Nous allions sans doute devoir affronter un être semblable à celui-là pour arracher Ashaar à ses maîtres tyranniques, de toutes façons.

Et lui, là, en face, il devait s’en douter en suivant son « expérience ». Les Yuiméniens ne sont pas faciles à contrôler, et dans des moments comme ça, je suis le moins raisonnable de tous.

« Je n’quitte pas Ashaar tant que je peux pas offrir à mes gars le choix qu’ils méritent. Quitte à massacrer tous les Surfaciens. Si vous êtes vraiment des observateurs, alors z’avez rien à foutre sur mon chemin. »

Je m’efforce de ne pas trembler. La peur d’un être dont je ne connaissais pas les limites ou les pensées, l’angoisse de m’être mis en échec dans un jeu qui me dépassait de loin, la fatigue accumulée depuis que ce portail m’a balancé ici. Tout ça pèse sur ma rotule, des pics de douleur fantôme, mes doutes les plus profonds engravés dans mes nerfs par la botte de Karsinar.

Le bras ne flanche pas. Le point invisible entre ses yeux d’insecte est plus clair qu’un rayon de lumière. C’est en me souvenant de ce qui s’est jadis retrouvé du mauvais côté de cette arme que je me rappelle qui je suis. Un engin banal ayant à peine survécu à des tonnes de modifications infructueuses. L’arme des paysans effrayés, des brigands de bas-étage, de la chair à canon recrutée la veille. Dans sa mire, spectres et bêtes sauvages, le dos du Prédateur Ultime si sûr de sa supériorité derrière un mur de flammes, la tête de la divine renégate prête à détruire le monde. Organisme bâtard de bois et de câbles tendus, cet Œil de Lynx a toujours craché son dard avec arrogance, peu importe l’adversaire, pour un jour se laver de son premier péché. Un mécanisme qui ignore être un mécanisme.

Qui allait me défier ? Qui allait me soutenir ? Qui allait rester observateur ? Par-dessus mon épaule flotte un pavillon noir. Un affrontement pouvait survenir à n’importe quel moment. C’était ouvertement du bluff. Si Zewen était bien le régisseur de toute cette mascarade, il pouvait me réduire au silence de toutes les manières possibles et impossibles. Mais tant qu’il ne m’arrêtait pas… L’expérience allait continuer.

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Huyïn
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Re: Salle du Destin

Message par Huyïn » mer. 10 déc. 2025 20:04

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La demande du Tigre finit rejetée, le papillon se tenant à sa ligne de conduite d'observateur, et donc sans contact avec les sujets de l’expérience. Impossible de les faire venir ici, impossible donc de consulter leur avis sur un éventuel déménagement. Huyïn n'est guère convaincu par ce qu'il entend, leur interlocuteur indiquant que les échanges sur le ressenti des ashaaris entre eux ne sont guère utiles à l'échelle d'un monde. Donc moins encore pour qui construit le décor où ils évoluent. Décevant. Voir leur tête une ultime fois, en particulier celle de la Sorcière qui semble tellement en contrôle permanent, aurait été inspirant.

Dans la pièce, d'autres yuiméniens se font entendre. Dubitatifs mais pertinents. Celui en armure mauve en particulier, s'intéressant entre autres à l'artefact qu'il faut toucher pour quitter l'endroit... Et qui pourrait parfaitement être un piège, apte à mener à un autre faux monde ou même effacer la mémoire malgré l'assurance qu'un choix est possible. Le Tigre lorgne l'individu à sa question des moins anodines sur la détention d'âme par les divins, mais anticipant personnellement une réponse évasive, ou rappelant que le concept d'âme est plutôt lié à leur monde d'origine.

Puis, les oreilles du Félin se tournent vers le troisième individu, le borgne, s'étant déjà intéressé au sort de ceux qu'il voulait ramener avec lui. Le discours que ce dernier tient est... Quelque peu fascinant. Placer le libre arbitre au-dessus de tout, au point de revenir sur l'idée de faire partir des ashaaris sans leur demander leur avis, puis accuser les Observateurs de... D'avoir peur que leurs sujets découvrent la vérité. Huyïn cligne des yeux une unique fois en constatant qu'une arbalète est pointée sur leur interlocuteur, une menace évidente, parce que le dénommé Sirius Hartingard a fait un serment et compte bien le tenir. Changer Ashaar ou permettre à ses occupants de quitter cette vie qui n'en est guère une. Et sa solution est donc d'employer contre les Observateurs leur propre statut et protocoles pour qu'ils n'interviennent pas lorsque le borgne entamera une révolution dans cette cité-test, acte qui n'exclut pas le massacre des Surfaciens pour y parvenir.

Le Tigre est intrigué par l'audace dont l'individu fait preuve, mais peut-être que cette situation inattendue piquera la curiosité du papillon. Il doute toutefois que la menace d'une arme soit pertinente, d'autant plus si...

"Hm...", lâche-t-il de la truffe, gardant les yeux sur la scène tout en orientant légèrement sa tête et son museau vers Naral Shaam. "Quelles sont les chances pour que ce... Poste d'observation... Soit également situé sur le territoire d'Ashaar ?"

Et donc soumis à ses règles d'immortalité, ou non. Apte à voir l'interférence d'une autre entité, ou non. Sans oublier la question de savoir si les membres de ce groupe, visiblement sans identité propre avant de diriger leur propre monde, accorderont même le moindre intérêt à la potentielle neutralisation d'un des leurs. D'un côté, le Tigre a un élan d'appréciation pour ce geste déterminé. De l'autre, il déplore la façon dont les éphémères se montrent perpétuellement aussi impulsifs et irréfléchis, basant leurs actions sur des sentiments neufs. Se montrer prêt à défier une entité inconnue, et mettre sa vie en jeu, au profit d'une poignée d'individus connus depuis quelques jours tout au plus ? Quand lesdits individus sont davantage des poupées avec une fiche de traits prédéterminés ou des pions repeints des dizaines de fois pour évoluer sur un plateau d'une couleur différente ? Quand ils ne sont, en somme, que des idées d'individus et pas de vrais personnes destinées à vivre plutôt que simplement exister ?

Huyïn observe avec attention sans s'en mêler, curieux d'en voir le dénouement et si cet Observateur est du genre à parlementer, à négocier ou... Plutôt à se débarrasser de ce contretemps en effaçant directement la mémoire des ashaaris concernés, rendant définitivement caduc le serment prêté par le borgne.



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Huyïn, Woran sombre, Aéromancien

Musique du chat noir et Ses variations de voix

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Yliria
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Re: Salle du Destin

Message par Yliria » sam. 13 déc. 2025 12:10

Je rengainai ma lame d’un coup sec. L’idée de trouer Silmeria ne m’aurait pas dérangé, loin de là, mais sans une bonne raison – en dehors du fait que ce soit une immense conasse doublée d’un danger de tous les instants – je n’allais pas intervenir. Si la corruption n’était plus, qu’elle rentre et ne croise plus jamais mon chemin. Seule la magie fluctuante d’Aliaénon l’a protégée d’une comète sur le coin de la figure. Pae quartier sur yuimen, si elle faisait un peu trop la maligne.

Je soupirai, et craquai mon cou. Par les Dieux, j’avais envie de rentrer sur Yuimen et de laisser toute cette satané frustration derrière moi. Un lit, un bain, un repas et je me sentirai vraiment mieux. Surtout en partageant le tout avec Akihito contre lequel j’étais appuyée. Il restait étonamment silencieux, mis ej en pouvais pas lui en tenir rigueur. J’étais encore indécise quant à la suite. Tout oublier et ne pas penser à notre insignifiante existence chaque ou garder tous les souvenirs, les bons comme els moins bons ? Au moins n’allais je pas oublier la nuit sur Aliaénon. Mais oublier la gêne de mes conversations avec Jorus ou la révélation cocnernant Zewen, ça, je pouvais le faire. J’en avais envie, même.

j’écoutai d’un oreille distraite les palabres des autres. D’Arkasse posait beaucoup de questions pertinentes. Mais se furent les mots du pirate qui me firent hausser un sourcil et lever les yeux au ciel. Un pirate avec de l’honneur et une parole, n’importe quoi…

- Quitter Ashaar pour Yuimen ? Et qui prendra la responsabilité des éventuelles horreurs qu’ils créeront ou vivront, exactement ? Toi ? Qui va leur donner travail, logis, nourriture, objectif et une vie décente ? Toi ?

il était bien gentil, avec son joli message, mais il n’avait pas l’œil en face du trou, le borgne.

- Peut-être qu’ils étaient dans les Bouges pour une bonne raison. Peut-être pas. Mais y’a assez de criminels et de tarés sur Yuimen sans ajouter une bande dont je doute de la santé mentale après avoir vécu dans cet enfer.

Il avait même tiré son arbalète, comme si ça allait changer quoi que ce soit.

- Sûr qu’en tant que pirate, ça doit faire ton sur ton, mais on n’est pas tous des meurtriers sanguinaires et certains aimeraient sans doute ne pas ajouter plus de chaos et de confusion. Surtout si c’est pour voir ces types devenir pirates à leur tour.

Je savais comment fonctionnaient les pirates. J’en avais connu plusieurs, j’avais même voyagé avec certains d’entre eux. Les traiter de meurtriers sanguinaires était un peu exagéré, mais il y en avait qui remplissaient cette catégorie. Trop.

- Et quid des autres Ashaariens ? pourquoi ce serait ces gens-là qui auraient ce choix et pas les autres, exactement ? Où est la logique là-dedans ? Où est l’équité ? D’autres souffrent et auraient le droit à une meilleure vie. Sous prétexte que tu leur as donné ta parole, ils auraient un choix qu’aucun autre Ashaarien n’aurait ? Tu n’y vois que ton propre intérêt et ça flatte ton égo, c’est tout, ce n’est pas une histoire de parole.

Il essayait de passer pour le gentil mais ça ne prenait pas avec moi. Ce n’était qu’un égoïste beau parleur de plus.

- S’ils désirent une vie meilleure, soit, mais d’autres ont ce droit. Et, dans tous les cas, je suis contre l’idée qu’ils débarquent sur Yuimen avec leurs passés, leurs vices et les horreurs qu’ils ont vécu dans leur sillage. Si on leur donne le choix de venir sur Yuimen, je demande à ce qu’on leur efface la mémoire. Et qu’ils se décident en sachant cela.

Je n’allais pas empêcher des gens de venir vivre une meilleure vie. J’avais aperçu les Bouges. Personne ne méritait de vivre là-dedans. Je doutais que les autres soient d’accord, mais peu m’importait. Sans règles, on courrait au désastre. Et on avait assez de problèmes sur Yuimen sans venir en ajouter depuis d’autres mondes.

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Cromax
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Re: Salle du Destin

Message par Cromax » sam. 13 déc. 2025 15:51

L’Observateur ne se départit à aucun moment de son calme. Ni devant les questions sans doute un peu impertinentes d’un Ezak dubitatif, ni devant les menaces ouvertes du pirate borgne. Il laissa Yliria poser sa diatribe et se tourna ensuite vers Huyïn pour répondre à son unique question, sans sembler prêter la moindre attention à l’arme braquée sur lui.

« Nous n’y sommes pas. »

Puis, vers Ezak, posément :

« Le corps garde ses traumas, même quand l’esprit est séparé de sa mémoire. Je ne prétends rien, cependant, je suppute. Ce n’est qu’une hypothèse ayant de fortes probabilités de se concrétiser. Que leurs souvenirs effacés ne soit pas la cause de ces troubles, leurs différences fondamentales le seront. »

Il laissa un instant traîner.

« Vous devez être un survivant notable, chez les vôtres. Je n’avais même pas imaginé que l’on puisse y voir un piège. Quel but cela desservirait-il ? Que vous me fassiez confiance ou non, vous n’avez pas vraiment le choix : c’est l’unique issue qui s’offre à vous. »

Il pencha la tête sur le côté.

« Votre question sur l’âme des dieux est intéressantes. Vous avez parcouru Yuimen, vous avez parcouru Aliaénon, vous savez que les âmes n’ont pas le même statut, la même nature en ces deux mondes. Nous ne pouvons avoir aucune certitude quant à l’occurrence d’une âme chez les Observateurs ou les dieux. Peut-être qu’en créant leur monde, les miens obtiennent un fragment de l’âme de celui-ci ? Je n’ai aucune réponse définitive à vous offrir. »

Puis vers Hart, enfin.

« Je ne suis personne. Pas comme vous pourriez l’envisager, en tout cas. Mon individualité n’a aucun sens, aucune utilité. Si je comprends bien vos dires, vous souhaiteriez rejoindre Ashaar ? N’avez-vous pas entendu mes paroles ? Vous ne pourrez plus la quitter alors. Et Vos idéaux ne seront que quelques variables oubliées dans nos rapports. Ce monde-test est condamné. Surfaciens, comme vous les appelez - ou les autres – seront détruits et archivés lors du déclassement de cette expérience. Si vous y retournez, vous finirez par périr, avec tous ceux que vous croyiez connaître. »

Il ne commenta même pas l’arme dressée contre lui. Itulë, elle, répondit dans un souffle à Ezak. Elle n'avait plus le regard d'une enfant. Une mélancolie séculaire se lisait dans son regard bleu-gris, et son ton se fit assuré, presque encoléré.

"Brytha, oui. Coincée dans ce corps sans que je sache pourquoi ni comment en sortir."

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Jorus Kayne
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Re: Salle du Destin

Message par Jorus Kayne » sam. 13 déc. 2025 23:22

Je transmets mon message avec une pointe d’amertume dans la voix. Nous avons vaincu le Dragon Noir sur Yuimen, mais cela n’a pas été sans pertes. Mes derniers instants sur ce monde auront été près du lit de mort d’Ibn Al Sabbar, premier des Cadi Yangin, mage de feu et de vision, emportant avec lui un millénaire de souvenir. Cela ne se serait pas déroulé, si nous avions trouvé un moyen de lui rendre la main mise sur sa puissante pierre. Bien des choses ne se sont pas déroulé comme prévu et dans cette série d’événements chaotique, la victoire sur le Dragon Noir aura tout de même été l’aboutissement.

Enfin… la fin de notre présence sur ce monde et notre arrivée sur un autre : Ashaar. Une cité souterraine, des niveaux régis par le statut social et l’argent, des êtres qui ne meurent pas de vieillesse, une interdiction formelle de magie et l’absence d’enfant, mais étrangement pas de rapports charnels, c’est déjà ça. Si l’absence de faune et de flore est à noter, la nourriture présente provient des étages supérieurs presque magiquement, ne laissant qu’aux niveaux et échelons sociaux inférieurs, que les restes à se partager, avant de ne laisser encore une fois que de nouveaux restes aux niveaux plus bas. Une façon de procéder qui ne peut qu’accroître l’écart entre les étages.

Tout cela, cette cité, cette culture, ces êtres qui y vivent, ne sont en réalité qu’une expérience. Une étude d’observateurs qui créent la vie, le monde, établissent des règles et prennent en note des observations. Ils mettent sous terre des êtres qui au mieux exploitent les autres, au pire vivent une éternité de souffrance. Des raisons qui échappent à notre compréhension, des expériences parmi tant d’autres, laissant entrevoir une multitude de monde et bien plus encore d’êtres vivants dans des situations similaires, sous l’influence du Grand Zewen. Rarement je n’ai eu d’envie d’aller voir les dieux et c’est pour aller botter du fiac divin.

Tout comme moi, les autres prennent mal la situation. Ils ont tissé des liens avec les êtres vivants, faisant des promesses sur l’honneur et apprendre la dure réalité ça fait mal. Pas étonnant que le carreau d’une arbalète se pointe vers l’insectoïde. Cependant, je doute que la menace soit prise au sérieux et vu les…capacités dont disposent ces observateurs, ce n’est pas une arbalète qui sera un grand danger. Quand bien même sa vie se terminerait ainsi, il y a sans doute bien d’autres êtres de ce genre dans les alentours. Et cela pour quoi ? Faire venir sur Yuimen des ashaaris qui ne sont pas adaptés à la vie sur notre monde. J’ai bien vu la morphologie locale, nos mondes ne sont pas faits pour se mélanger.

L’autre intervention qui retient mon attention, c’est ce type en armure mauve, ressemblant à une armure de dragon. Ma mémoire me rappelle aux événements de Kochii, mais pas moyen de mettre un nom sur lui. En revanche, son intérêt pour Itulë m’interpelle et lorsqu’il demande si elle est Brytha, celle-ci répond d’un simple oui, précisant qu’elle est coincée dans ce corps qu’elle ignore comment en sortir. Elle a des pouvoirs surprenants, s’il existe quelqu’un en mesure de trouver une solution, c’est bien elle.

Yuimen, Ashaar, du sang, des morts, du chaos, des incompréhensions, des discordes, des tensions, une magie imprévisible puis interdite, un amour naissant avant d’être piétiné sauvagement. Je suis las, fatigué d’avoir enchaîné tant d’événements et d’émotions en si peu de temps. Je ne veux qu’une chose : reprendre la route et rentrer chez moi. Mon monde avec son vaste ciel, sa mer à perte de vue, ses hautes montagnes et ses chevauchées sur les plaines. Sur Ashaar, j’ai été privé de mon besoin d’espace, s’il faut risquer de finir je ne sais où, dans je ne sais quel état et bien tant pis. C’est soit le risque de l’inconnu, soit l’éternité sur Ashaar et je sais que me concernant, ce ne sera qu’une demi-vie dans ce monde, une éternité d’agonie à me demander si je n’aurais pas mieux fait de toucher ce foutu sceptre, ou peu importe ce que c’est. Alors à quoi bon rester ?

« Nous baser que sur les dires de cet être pour rentrer chez nous est… des plus incertains, mais quel autre choix avons-nous ? » Fais-je à mes camarades avant de me diriger vers l’étrange objet. « J’ai vu assez d’Ashaar pour savoir que ce monde n’est pas pour moi, alors s’il en faut un pour vérifier ce machin, je serais le premier à m’y risquer. »

Une fois devant, je regarde la scène qui m’est offerte avec une certaine crainte. Ces éclairs qui zèbrent un plafond insondable, ce n’est pas tous les jours qu’on voit un truc pareil, surtout si sa source est non seulement divine, mais de Zewen lui-même. Sans être un fervent adepte religieux, je ne suis pas tranquille face à une telle puissance, pas plus que je ne le suis face à un Titan qui s’apprête à me poser son énorme orteil sur la tronche. Je me tourne une dernière fois devant les autres, leur disant au revoir de la main.

« Je vous dis au revoir ou… à jamais. On verra bien ce qu'il y a de l’autre côté. A plus les gus ! »

Puis, avant de tendre la main vers l’étrange objet, je porte mon attention sur l’insectoïde. Le pirate a fait une demande à sa manière, en y réfléchissant, j’aurais moi aussi une chose à soumettre.

« A notre arrivée sur Ashaar, nous avons été accueillis par un père et sa fille. Pouvez-vous… si ce passage est bien ce que vous dites, transmettez leurs l’information que nous avons trouvé le chemin jusqu’à chez-nous. C’est là l’unique demande que je vous fais. Elle devrait être largement dans vos cordes et sans altérer vos… observations. » Dis-je avec un goût âpre dans la bouche à ce dernier mot.

Après quelques secondes à regarder l’être, je porte mon intérêt sur l’objet. Ma curiosité envers celui-ci n’a d’égal que mon envie de partir et ma crainte de l’inconnu. Je tends une main fébrile avant qu’une petite voix ne m’interpelle.

(Pour tes souvenirs, qu’as-tu décidé ? Tu comptes les conserver ou non ?)

(C’est une bien bonne question. Je pourrais oublier ce que les dieux sont capables de faire. Si je décide de me souvenir, je garderai en mémoire les actes des dieux et de ces observateurs qui pourraient me rendre fou.)

(Je vois. Si tu oublies, j’oublierai certainement aussi.)

(Non je ne compte pas oublier.)

(Quoi ? Mais pourquoi ?)

(Je suis mes choix et mes actes. Mes souvenirs sont l’histoire de mon existence et oublier tout ou une partie revient à arracher les pages du livre qui forme ma vie. Je m’y refuse. Je m’y refuse comme je m’interdis d’oublier Fanielle et son père, comme je n’accepte pas de mettre un trait aux agissements des dieux et... aux révélations d’Yliria. Nos chemins ne sont pas destinés à se croiser, du moins pas ainsi, pas comme je l’avais espéré. Ma route se fera sans elle. Si effacer ses propos me soulagera le cœur et me rendra la tâche plus facile, je préfère prendre la voie la plus dure. Elle aura au moins le mérite d’être vraie et non drapée d’un voile d’illusion.)

(Contente de te voir penser de la sorte, cela te ressemble bien. Arpentons cette route à deux mon Jojo.)

Je prends une grande inspiration avant de poser la main sur le sceptre et alors que je commençais à me souvenir de mon Eniod Natale, un rappel se fait à moi.

(Heu…j’ai pas laissé des affaires à Oranan moi ?)

L’image se fait en moi, celle où je dépose des effets trop encombrant avant d’emprunter le fluide pour Aliaénon, celle de la cité avant la guerre de Kochii, de mon baiser avec Castamir, d’avant mon départ pour le Naora et de ma première expédition pour Yuimen. Finalement, l’image d’Oranan se superpose et remplace l’idée que je m’étais faite de ma potentielle destination.

Direction Oranan du coup.

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