Lande Noire

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » ven. 22 sept. 2023 23:23

A observer les gens s’affairer à déblayer la zone et la sécuriser, les choses allaient prendre du temps, c’était certain. Mais il me gonflait un peu à me demander d’utiliser la magie, le Alossarh. Je lui avais bien expliqué, pourtant et il avait compris sur le moment. IL croyait que j’allais changer d’avis simplement parce que je voyais de mes yeux que ça n’allait pas être facile ? Il croyait qu’on faisait comment sur Yuimen ? On ne claquait pas des doigts en laissant la magie résoudre tous les problèmes. La magie c’était un outil, certes utile, mais pas capable de tout résoudre. Je comprenais qu’il voulait aller au plus vite pour protéger les siens, mais courir le risque d’empirer les choses alors qu’on pouvait au moins avancer un minimum pour sécuriser la zone c’étai un caprice auquel je n’étais pas près de céder.

(Dans trente minute il te fait un air de chien battu et on verra si tu cèdes pas.)

(Je suis immunisée avec les danseurs à la commanderie.)

(Vrai qu’Elferel a le chic pour te faire les yeux doux dès qu’il veut pas être de corvée.)


(Tous les jours, en somme.)

Cela me tira un discret sourire avant qu’u soupir ne le remplace. Ils me manquaient. La camaraderie et la simplicité de cette vie me manquait. Je n’aurai pas dû accepter cette mission… Je me demandais encore quelle catastrophe allait nous tomber dess…

- YLIRIA! YLIRIAAAAAAAAAA!!! Z'ÊTES OUUUU?

(oh non… il se passe quoi encore)

(Ah tu l’a cherché là, avec ton pessimisme.)

Je me retournais pour voir Dracaena qui me hélait à plein poumons. Je hâtai le pas vers lui, le rencontrant à mi-chemin, un peu inquiète. Le voir courir pour me rejoindre et s’égosiller de la sorte ne présageait rien de bon…

- Dracaena ? Il se passe quoi ?

Des fois je me trompai, et là j’en étais ravie. Des survivants ! Ils avaient trouvé des survivants. Première foutue bonne nouvelle depuis… Première foutue bonne nouvelle.

- Des survivants ? Dans les souterrains ? bordel de... d'accord, j'arrive, laisse moi juste prévenir Alossarh pour qu'il envoie du monde aider au cas où !

le moins qu’on puisse dire, c’est que la nouvelle ne fit pas bondir Alossarh de joie. Il annonça qu’il restait ici pour superviser les efforts en surface et que je pouvais y aller sans crainte. Cela me laissa une sensation étrange. J’aurai pensé qu’il aurait été plus qu’heureux d’apprendre que d’autres de son peuple avaient survécu et que la cité n’était pas qu’un immense champ de ruines et de mort.

(Il n’a pas l’air du genre à s’épancher.)

(Certes, mais quand même… peut-être qu’il veut éviter de donner faux espoirs aux autres…)

Car qui que puissent être ces survivants, ils n’étaient sans doute pas dans un très bon état. A moins que des caches de nourriture se dissimulent sous terre, cela faisait des jours et des jours qu’ils n’avaient eu ni eau ni nourriture. Peut-être même que ça faisait des semaines… Je réprimai des souvenirs bien trop douloureux et suivis Dracaena, bientôt accompagné de Visselion. Les souterrains se ressemblaient et je n’aurai jamais trouvé l’endroit sans eux, mais on arriva devant un trou béant dans le sol, dont dépassait une corde. Et bientôt la voix d’Akihito. Toujours dans les bons coups le Aki. Par prudence, je tirai sur la corde lorsqu’elle se tendit et le vit remonter peu à peu. Il aurait sans doute été plus simple de le tirer à trois, mais je gardai mes réflexions, ce n’était vraiment pas le moment.

(Oh... My…)

Le ton d’Alyah me fit tourner la tête alors que je fouillai mon sac pour essayer de trouver quelque chose d’utile, pour voir Akihito se dévêtir pour maintenir la corde avec son manteau, l’évitant ainsi de frotter. Je levai les yeux au ciel et retournai fouiller mes affaires e ignorant le léger son de frustration qu’émit Alyah

(Franchement, il est bien foutu !)

(J’ai vu des hommes tors nu chaque jour pendant des mois à la commanderie, t’as jamais réagi comme ça, je sais très bien ce que tu essaies de faire.)

(Allez, regaaaaaaaarde. Faudrait lui demander de tâter…)

[color=##0080FF](Alyah…)[/color]

(Voir même croquer un bout...)

(Alyah…)

(Ou bien lécher pour…)

(Je vais te fourrer au fond de mon sac si tu continues !)

(Aha ! T’as regardé.)

Quelle… j’inspirai lentement avant de me retourner, bredouille, mais juste à temps pour voir Bellarien sortir lui aussi du trou. Manquait plus que lui… Et il était toujours aussi agréable, même quand il s’agissait des gens de son peuple. Je serrai les dents pour ne pas lui balancer une réplique acerbe... Il n’avait sûrement jamais connu la faim, il ferait mieux de la fermer.

- La faim... Ça a tendance à pousser à certaines extrémités...

Je sentis le regard d’Akihito, mais je n’avais nullement l’intention de m’épancher sur le sujet maintenant. Ni même un jour. La priorité était tout autre et je me tournai vers les quelques sorciers que Visselion avait pu rassembler. Au moins tous n’étaient pas comme Bellarien et en avaient quelque chose à faire.

- Il faudrait que certains aillent prévenir Alossarh, qu'il rassemble des volontaires, de l'eau et des vivres pour venir en aide aux survivants, quitte à ralentir le déblayage pour le moment. Il faut des gens capables de gérer des débordements, au cas où. Moi et les miens allons dégager un passage aussi sûr que possible avec l'aide de Visselion, mais on ne sera pas assez nombreux... Ssussun !

L’élémentaire apparu près de mon épaule et je lui caressai el ventre, par habitude. Je n’avais plus la sensation d’apaisement instantanée comme je le faisais sur Yuimen, mais c’était toujours agréable. Alossarh allait être ravi, on allait utiliser la magie sur sa cité. Même s’il ne s’imaginait sans douter pas les raisons ou la façon qui allait être employée.

- On va faire simple : construire un escalier.

Avec toute la roche disponible et un trou déjà fait, c’était le plus logique et le moins dangereux à mes yeux. On était quatre plus Visselion, ça allait bien se passer… Sauf qu’Akihito n’était pas en état. Il fallait bien que quelque chose n’aille pas, sinon ça aurait été trop facile.

- Pas faute de t'avoir dit de te reposer.

Ce qui était fait… était fait, inutile de tergiverser davantage. J’observai le puits, essayant de voir la profondeur de ce dernier et comment on allait pouvoir créer un escalier dans ces conditions loin d’être optimales. J’expliquai quand même l’idée aux autres, voir s’ils avaient quelque chose de plus efficace en tête.

- Je vais lancer le sort. Dracaena, tu soutiendras ma magie avec l'aide de Ssussun et Visselion s'occupera d'éviter tout débordement intempestif. J'aurai préféré qu'on soit plus nombreux mais j'ai envoyé les deux autres sur une autre mission pour le moment. Si malgré tout, quelque chose se passe mal, vous courez. Personne joue les héros, vous foutez le camp aussi vite que vous pouvez.

Aucune protestation. Tout le monde acquiesça et Dracaena montra une vive… volonté de participer. Dire qu’il était motivé était un euphémisme et je me permis de clarifier un point. C’était celui qui risquait de coincer avec un peu tout le monde, mais en l’état, j’avais des arguments pour justifier ma prise de position alors qu’il pensait lancer le sort avec moi.

- Oui, et non. Je vais lancer le sort, ton rôle c'est de soutenir mon sort avec ta magie. De ce que j'ai constaté avec Ssussun ou Akihito, c'est le plus efficace. J'ai peur qu'en faisant deux sorts, même avec le même objectif, nos magies ne se gênent l'une l'autre et créent une catastrophe. Et tu aurais pu lancer le sort et j'aurai soutenu, mais je ne sais pas encore comment réagit la magie de Ssussun quand il s'agit de soutenir d'autre Yuimeniens que moi. Je préfère prendre le moins de risque possible, quitte à faire des tests dans un lieu moins dangereux, une fois qu'on aura le temps.

Et… aucune protestation. Il avait compris et visiblement décidé que c’étai une bonne idée. Je retins d justesse un soupir de soulagement. Je n’en pouvais plus des discussions à rallonge et de la bataille d’égo menée par certains. Dracaena semblait plus pragmatique que d’autres… ou alors il voulait juste user de magie et son enthousiasme était purement parce que c’était comme un gamin qui recevait un jouer. Cela me tira un demi sourire ; je ne pouvais que le comprendre, même si je n’avais plus cette sensation depuis bien des années…

- Ssussun, soutient ma magie s'il te plaît. Dracaena, tu me dis quand tu es prêt. Visselion, pareil. Les autres, reculez un peu, on ne sait jamais...

Je me concentrai en attendant le signal, quand je l’entendis, j’expirai lentement et lançai le sort, priant tous les foutus dieux que ça se passe bien. Je voulais juste créer un escalier pour atteindre le niveau inférieur, rien de plus, rien de moins. Juste un escalier praticable.

***

Lance un sort avec le soutien de dracaena, Ssussun et Visselion pour former un escalier menant à l'étage inférieur.

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Dracaena Paletuv
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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 23 sept. 2023 03:00

Décidément, on enchainait les imprévus... non pas qu'ça m'change de d'habitude... En tout cas, j'me retrouvais en présence (très agréable) de Visselion, qui voulait qu'j'aille chercher des gens d'Yuimen pour faire d'la magie afin d'sauver des gens... Enfin, plus précisément, les pauvres hères qui s'étaient r'trouvé coincé sous terre à cause d'l'effondrement de tunnels, due à la réactivation du sceau magique de la ville.

Erk, une bien triste histoire, et malheureus'ment pour nous, Silmeria et Mathis avait déjà du partir, s'qui voulait dire que seul Yliria restait... Soit, la personne la moins enclin à user de la magie. Je prévins Visselion de ce ptit détail, ce qui ne l'enchanta guère...

"A vous de voir. Si vous voulez aller lui demander, je rassemblerai d'autres volontaires de mon côté. Sinon, nous irons de suite à leur rencontre."

"S'il faut utiliser d'la magie, autant met' toutes les chances d'not' coté, j'vais voir pour la convaincre!"

Il opina du chef, et sans plus attendre, j'me mis à rev'nir sur mes pas en courant le plus vite possible. On avait pas de temps à perdre, si des gens étaient coincé sous terre depuis la réactivation du sceau magique, alors ça d'vait faire des jours qu'ils étaient la d'ssous... Et s'il y avait bien un truc que j'savais des êtres de chair, c'est qu'le terreau et les minéraux ça f'sait pas partie d'une alimentation saine pour eux.

Vraiment, des humains affamés, j'en avais vu passer pas mal, et c'était jamais beau à voir... Être resté coincé ici était ptet un manque de bol pour moi, mais j'pouvais le transformer en la chance d'une vie pour bien d'autre!
Me rapprochant de la où j'avais laissé Yliria précédement, je me mis à l'appeler subtilement:


"YLIRIA! YLIRIAAAAAAAAAA!!! Z'ÊTES OUUUU?"


Elle fut clairement surprise en m'apercevant, mais devant s'douter d'un problème, me rejoint rapidement.

"Dracaena ? Il se passe quoi ?"

"Visselion...huff, huff, scuzez, j'ai pas d'poumon mais ça fatigue quand même...

C'est qu'ça f'sait un ptit moment que j'avais pas couru comme ça moi... Mes racines étaient encore endolories de la veille visiblement...


Kerm... On a b'soin d'notre aide... L'accès au sceau est bloqué, et m'sie... Non, une p'tite seconde... Il m'avait lui aussi dit d'arrêter avec les "m'sieur".... Pourquoi c'était maintenant que j'repensais à ça moi?! ...Akihito a visiblement trouvé des survivants qui sont coincé la bas...
Visiblement y aurait au moins b'soin d'not' magie pour dégager tout ça, mais Akihito veut pas lancer d'sort tout seul...du coup il a envoyé m'sieur Visselion chercher d'l'aide...Qui m'a envoyé aussi chercher d'l'aide!

Vous pouvez/voulez nous aider ou z'êtes pas dispo/d'accord/en état pour l'moment? "


"Des survivants ? Dans les souterrains ? bordel de... d'accord, j'arrive, laisse moi juste prévenir Alossarh pour qu'il envoie du monde aider au cas où !"

Elle eu une pointe de joie... non, d'espoir plutôt, dans la voix quand elle mentionna les survivants, avant de réaliser l'urgence et la complexité de la situation. En tout cas, mes précédentes impressions la concernant semblaient fondées: elle aussi elle voulait rendre service à tout prix, et visiblement, elle avait assez de pragmatisme pour tordre sa propre demande de ne plus user de la magie.
Je l'observais prévenir Alossarh (qui ne semblait pas réagir plus que ça), puis revenir en vitesse vers moi, prête à décoller.

"Allons y !"


Sans plus attendre, je lui indiquai le chemin à prendre, et nous nous dirigeâmes à toute vitesse la où j'avais laissé Visselion quelque temps plus tôt. Lui même n'avait pas chaumé, et il avait visiblement rassemblé déjà une bonne douzaine de personne pour aider. Dès qu'il nous aperçu ,il nous indiqua une direction dans laquelle nous nous engageâmes tous, pour finalement arriver quelques étages plus bas face à un trou dans le sol, et une corde plongée dans ce dernier.
Le sorcier de métal se pencha au dessus de cette crevasse non naturelle et cria:


"Vous êtes là ! J'ai amené de l'aide."

Quelques bruits sortir du trou, des voix éloignées, mais je cru reconnaitre celle d'Akihito. Visselion enchaina alors avec Ylira et moi même:

"Le plus simple serait d'user de votre magie pour garantir un accès stable : la corde est praticable, mais ça reste risqué."

"On risque de tout faire s'effondrer au moindre problème, mais si vous pouvez canaliser ce qu'on fait ça devrait marcher..."

Ceux dans le trou nous indiquèrent qu'ils étaient prêt à remonter. Plusieurs des gens ramené par Visselion, Yliria, et moi même, commencèrent à attraper la corde pour ramener jusqu'à nous les spéléologues involontaires. Après de longues minutes, nous finîmes par apercevoir Akihito (j'aurais d'ailleurs juré voir Yliria faire de drôles expression en l'apercevant) et celui dénommé ....Bougeletrain? Mèlarien? Serarien? Enfin, l'acariâtre croisé plusieurs fois dans cette ville, quoi.


Visselion, lui, ne perdit pas de temps, engageant directement avec les questions à peine les deux rescapés remontés. Son zèle était admirable.

"Alors, vous avez trouvé quelque chose ?"

"Ouais, des survivants. Nombreux. Mais ils sont devenus complètement fous !"

L'humain révéla sur sa peau (qui avait une texture très rocailleuse, bizarrement...) des traces de... dents. Il en avait partout sur les bras, et même à la gorge. Ouais, j'avais déjà vu ce genre de cas en vrai, des êtres de chair que la fin avait poussé à se manger les uns les autres. C'était... triste. Il n'y avait pas d'autre mot... Et Akihito semblait aussi de cette avis.

"Pas fous... Juste... Désespérés."

Il reprit son souffle avant de continuer.

"On a retrouvé des survivants. Plusieurs centaines, à une quinzaine de minutes du puits. J'ai parlé avec Tarja Vandran et elle m'a raconté qu'ils ont survécus notamment en réactivant un des sceaux d'Elscar'Olth. Ils sont affamés et n'ont plus rien à manger depuis des jours, raison pour laquelle ils s'en sont pris à Bellarien. Ils ont aussi pris de plein fouet la réactivation du Sceau de la salle du trône, mais... c'est pas le plus important dans l'immédiat : il faut les aider et leur apporter de la nourriture en dépeçant des bestioles qui vous ont attaqués par exemple. La faim... Ça a tendance à pousser à certaines extrémités"


Une série d'image peut ragoutante me revint en mémoire... Des cris, des pleurs, des bruits de mastications... Le principe même de mâcher avait toujours été un peu dégoutant à mes yeux, mais alors mâcher "ça".... Si j'avais eu de la bile elle serait sur'ment remontée...


"Il faudrait que certains aillent prévenir Alossarh, qu'il rassemble des volontaires, de l'eau et des vivres pour venir en aide aux survivants, quitte à ralentir le déblayage pour le moment. Il faut des gens capables de gérer des débordements, au cas où. Moi et les miens allons dégager un passage aussi sûr que possible avec l'aide de Visselion, mais on ne sera pas assez nombreux... Ssussun !"

Après une courte pause, Yliria ajouta:

"On va faire simple : créer un escalier"


Un escalier hum? En soit, pas une mauvaise idée, il fallait surtout adapter le chemin pour permettre d'accéder rapidement aux survivants. Il y avait toujours le risque de les voir attaquer ceux qui descendraient avec la nourriture, mais pour ça, mes expériences passées m'avaient appris quelque chose d'assez utile:


"S'il faut descendre pour leur apporter d'la bouffe, j'veux bien y aller: y z'auront plus de chance de se casser les dents sur mon écorce que sur la votre!"

"Vous n'êtes pas très appétissant, faut dire."

....Mais quel culot ce type... Sa puissance magique devait dépendre de son taux d'antipathie, c'était pas possible autrement... Sinon, sérieux, quel intérêt d'agir comme un tel crétin à chaque fois qu'il ouvrait la bouche?
Il avait d'la chance qu'il y ait autant de monde présent et qu'j'essayais de faire des efforts sur mon comportement Dans d'autre circonstance, je l'aurais probablement rebalancé dans le trou, la corde autour d'un orteil , le temps qu'il s'excuse...
Et vu la tête que tirait Akihito en le regardant, j'étais pas le seul à avoir ce genre de pensée...

M'enfin bon, sans en arrivé jusque la, s'il pensait que j'allais m'laisser démonter par ce genre de remarque débile, il se trompait.
...S'il pensait que j'allais rester sans rien dire, il se trompait aussi.

"Et je vous qu'vous, z'êtes toujours aussi indigeste... Hey, voyons l'bon coté des choses: ça vous a sur'ment sauver la vie!

Sérieux, c'était un coup à faire un intoxication alimentaire de bouffer ce type... Tout ce qu'il eux comme réponse pour moi, ce fut un regard blasé.
Pitoyable, vraiment pitoyable: du genre à insulter les gens qui ne lui ont rien fait, mais même pas la décence d'essayer de répondre... Moi qui espérait un petit duel de répartie, j'étais visiblement tombé sur un adversaire désarmé...

Akihito, lui, décida de prendre les choses en mains, engueulant un bon coup Serarien pour son manque de jugeotte et, faute de meilleur mot, "d'humanité".
Pendant ce temps, Visselion et Yliria discutait de la solution de l'escalier, et quelques remarques du scientifique magique ne tombèrent pas dans l'oreille d'un sourd: la réactivation du sceau présent dans ce trou était donc une sorte de petit miracle, hun? Il m'faudrait m'renseigner un peu plus sur le sujet, à l'occasion.
Mais pour le moment, il n'y avait pas de temps à perdre: Visselion était prêt à nous aider à "canaliser" notre magie, il ne restait plus qu'à lancer le sort.
Entre Yliria, Akihito et moi, ça devrait...

"Désolé Yliria, mais à veiller toute la nuit et à faire mes tests, j'ai pas pu reposer ma magie. Elle est trop instable, donc faudra faire sans moi."

...

Entre Yliria et moi, ça devrait le faire!


"Je vais lancer le sort. Dracaena, tu soutiendra ma magie avec l'aide de Ssussun et Visselion s'occupera d'éviter tout débordement intempestif. J'aurai préféré qu'on soit plus nombreux mais j'ai envoyé les deux autres sur une autre mission pour le moment. Si malgré tout, quelque chose se passe mal, vous courez. Personne joue les héros, vous foutez le camp aussi vite que vous pouvez."

Kmpf, on aurait presque dit le genre de chose que j'aurais pu sortir... Du coup, je n'pouvais qu'approuver: elle voulait être celle lançant le sort et moi l'soutient: pas d'soucis. Après tout, apprendre à maitriser cette capacité que l'on avait de servir de catalyseur était tout aussi importante que le reste.

"Du coup, m'si..Akihito, z'allez chercher d'l'aide auprès des autres en attendant?"

"Non Drac, je vous suis. J'ai pas ma magie avec moi, mais je ne suis pas encore trop fatigué physiquement. Et vous avez besoin que je vous montre le chemin."

Dévoué l'Akihito, ça aussi j'appréciais. Non, vraiment, voir tout ce ptit monde essayer de s'accorder pour sauver des vies, même dans une situation aussi complexe, ça m'réchauffais l'cœur de bois. Même Serarien avait décidé d'aider en acceptant de la fermer et de se barrer de la!

Quand j'leur disais que les gens pouvaient parfait'ment bosser d'concert, quel que soit leurs différences!

En tout cas, il fallait que j'me concentre sur l'principal, et pas prendre le risque de faire de bêtise.


"Okay pour le sort! Donc, on est bien d'accord: on crée un escalier, qui va d'ici à tout en bas? Rien de moins, et surtout, rien de plus, s'bien ça?"


"Oui, et non. Je vais lancer le sort, ton rôle c'est de soutenir mon sort avec ta magie. De ce que j'ai constaté avec Ssussun ou Akihito, c'est le plus efficace. J'ai peur qu'en faisant deux sorts, même avec le même objectif, nos magies ne se gênent l'une l'autre et créent une catastrophe. Et tu aurais pu lancer le sort et j'aurai soutenu, mais je ne sais pas encore comment réagit la magie de Ssussun quand il s'agit de soutenir d'autre Yuimeniens que moi. Je préfère prendre le moins de risque possible, quitte à faire des tests dans un lieu moins dangereux, une fois qu'on aura le temps."

Ssussun, c'était son espèce de familier magique, non? Ouais, si elle pouvait l'utiliser comme aide, autant en profité. En tout cas, elle me dit qu'elle attendait mon signal, et je devins brusquement très silencieux. Il me fallait me concentrer sur ce que je voulais faire. J'utilisais la magie, mais pas comme d'habitude. Je n'étais pas celui qui lançait le sort, je n'étais pas celui qui libérait la puissance: Yliria l'était. Je n'étais qu'un soutiens, qu'un catalyseur, je devais bien l'assimiler, bien l'utiliser.
C'était une expérience différente, mais enrichissante, et je devais me servir de toute émotion possible comme source ce motivation pour tout ça.

Je n'étais pas la flamme, cette fois ci, j'étais la buche. J'étais le charbon. J'étais le combustible. J'étais celui sans qui les flammes de la grandeurs ne pourraient pas naitre, pas vivre, pas subsister. Mais j'étais bien plus qu'un simple tas de bois de cheminé: oui, j'étais le charbon qui ne devait être consumé. J'étais celui qui améliorerait, grandirait, encenserait la magie d'Yliria, mais qui ne se sacrifierait pas pour ça.

Je le voyais dans ma tête, oui... l'escalier, pas comme le voulait, mais comme elle le voudrait. Je n'étais que l'extension de sa volonté, de sa magie... J'étais la fondation de cette action, le soutient qui se devait inébranlable...

J'étais le bois qui ne brulerait pas, mais qui rependrait l'incendie de la vie.

J'étais...

J'étais...

"Prêt à carburer!"




[Soutient magiquement Yliria pour la création de son escalier.]

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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 23 sept. 2023 18:27

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) XV



Les magies combinées d’Yliria, Sussun et Dracaena abaissa sans aucun doute les chances d’un échec cuisant. Mais… apparemment pas d’une envolée dangereuse et incontrôlable de leur magie. La double-moitié-d’une, le poisson volant et l’arbre vivant sentirent la magie puissante les emprisonner dans un tourment incontrôlable. Ça leur échappait complètement. Un escalier commença à se former. Certes, cette partie fonctionnait. Plutôt bien. Un peu trop. L’escalier, immense, colimaçon titanesque faisait trembler tout autour d’eux. Visselion s’arma de sa propre puissance pour contenir la puissance magique du trio, l’enveloppant de celle de la Lande Noire pour qu’elle n’aille pas trop au-delà de leur volonté. Et il fit bien : laisser aller cette puissance aurait conduit à la destruction pure et dure de la cité. À son effondrement de l’intérieur, au moins partiel, au pire total, causant le nombre de morts qu’ils savaient, et frappant d’un dernier clou le cercueil d’Elscar’Olth. Au lieu de ça, ils eurent un escalier. Un escalier… bien plus imposant qu’ils ne l’avaient pensé : il semblait littéralement traverser toute la ville de haut en bas, descendant bien plus profondément que voulu, mais grimpant aussi jusqu’aux cieux à l’extérieur des souterrains. Un… passage somme toute pratique pour circuler entre les différents étages, finalement. Visselion s’effondra au sol, épuisé. Vidé de toute énergié, mais un sourire sur les lèvres. D’une voix faible, il s’exclama :

« Vous… vous m’impressionnerez toujours, Yuimeniens. Si mes propres pouvoirs n’étaient pas si utiles pour contrôler les vôtres, j’en viendrais presque à vous les jalouser. »

Il souffla, comme si la phrase prononcée venait de lui couter.


À l’extérieur, plus loin dans la Lande Noire, Mathis et Silmeria purent entendre une rumeur rocailleuse en provenance de la cité dont ils s’éloignaient. Elle était si petite, là où ils étaient désormais… Et pourtant en se retournant ils purent voir une sorte d’escalier à colimaçon se former, immense, le long de la colonne de lumière, jusqu’à près de 30 mètres au-dessus du sol. La magie était à l’œuvre, là-bas. Mais ils poursuivirent leurs recherches en direction du nord. La piste était ténue, mais leurs qualités de pisteurs les aidaient bien : quand l’un perdait la trace, l’autre parvenait à la retrouver un peu plus loin. Ils marchèrent ainsi des heures, jusqu’à ce que l’obscurité de la Lande se fit plus forte et profonde : c’était la nuit. Et si Silmeria y voyait mieux que Mathis, la nuit, le manque d’étoiles étalt tel que sa propre vision n’était pas des plus nettes. Ils pouvaient continuer, bien sûr, en risquant de s’égarer, et à l’aide de quelques artifices éclairants. Ou s’arrêter et prendre du repos. Voire faire demi-tour, voyant que ça menait visiblement… assez loin. Le choix était leur.



[HJ : Mathis, Silmeria, indiquez dans le channel de coordination vos intentions. En fonction d’elles, je vous donnerai d’autres consignes pour votre post. Les trois autres, vous pouvez papoter dans le chan « Colimaçon-çon-çon » du discord et agir là-bas.]



[XP :
Mathis : 1 (traque), 0,5 (aparté)
Akihito : 1 (exploration), 1,5 (discussion), 2 (situation avec les survivants et Bellarien), 0,5 (remontée)
Silmeria : 1 (traque), 0,5 (aparté)
Yliria : 0,5 (trajet), 0,5 (discussion)
Dracaena : 0,5 (trajet), 0,5 (discussion)]



[Bons :
Mathis : Le Ponctuel !
Silmeria : L’émotif !]

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » jeu. 28 sept. 2023 17:42

Nous étions déjà bien loin de la ville, traquant notre proie, suivant avec l'aisance de nos deux expériences combinées les traces laissées derrière celle qu'on espérait être Simaya. Notre piste ne refroidissait pas vraiment mais elle nous conduisait déjà bien loin de la ville, très loin. A tel point que celle-ci nous semblait déjà si petite lorsque par hasard, nous tournions notre regard vers celle-ci. Bien que nous soyons plutôt concentrés à chercher notre chemin en ces terres hostiles. Au loin derrière nous, un bruit se fit entendre, celui de la magie à l'oeuvre qui venait, si j'en croyais mes yeux, de faire apparaître une sorte de colonne, un édifice qui s'élevait bien au dessus de la ville.

(" J'espère qu'ils n'ont pas transformé Dracouille en colonne de pierre... ") Constatait Cèles
(" Franchement, on pourrait être sur Yuimen que la Shaakte arriverait bien à nous coller ça sur le dos quand même.")
(" On est à assez bonne distance pour faire tomber des boules de feu sur la ville... Ca pourrait la purger de la Shaakte. ")
(" Avec ma chance, j'arriverai à foirer la magie et le soleil en profitera pour s'éteindre. ")

Continuant notre chemin face au soleil qui déclinait ses derniers rayons sur ces terres hostiles, nous nous heurtions à un choix cornélien. Que fallait-il faire ? Mathis n'avait pas de torche et ne voyait pas dans le noir, quant à moi, je pouvais trouver mon chemin et les traces avec plus d'aisance que lui mais ce n'était pas une excellente idée de continuer en pleine nuit sans que nous puissions jouir tous deux de notre plein potentiel. Fallait-il rebrousser chemin ? Il n'était pas nécessaire de perdre nos efforts, nous aurions fait tout ça pour rien et je ne sais pas... J'avais l'impression de faire quelque chose d'utile, la traque, le frisson de la chasse. Mieux valait revenir avec Simaya que sans.

Mathis était tenté d'allumer un feu, mais dans ces terres hostiles sans endroit où cacher avec efficacité notre flamme, ça ne ferait qu'annoncer notre présence en ces lieux, un petit monstre de Vallel qui se perd par là serait gérable, mais tomber sur un clan de ces hommes bêtes l'écume aux lèvres et l'arme à la main... Non, pas vraiment pour tenter ce genre de fantaisie.

" Inutile de faire un feu, on est que deux, pas de quoi se défendre et je n'ai pas envie d'attirer quelqu'un ou quelque chose. Que ça soit de vilains moustiques ou... "

Je n'ajoutais rien, nous commencions doucement à établir un campement dans un endroit adapté, à l'abri d'un bloc de pierre assez haut pour couper les courants d'air lorsqu'on serait allongés. Mais il me fallait être pragmatique, Mathis était plus lourd que moi et fatiguait plus vite et sa condition d'humain nécessitait un sommeil réparateur. Pour ma part, j'avais déjà assez dormi sans compter ma méditation lors de mon passage à l'infirmerie. Je devais encore avoir de la corruption séchée dans le nez et la gorge encore irritée d'avoir tant vomis, mais tout irait pour le mieux, je me sentais en forme.

" Tu dis qu'avoir tué ton Roi fait de moi une ennemie, mais est-ce que tu t'es demandé une seconde pourquoi je suis venue de si loin pour le tuer ? "

"En fait, je n'ai pas dit que tuer mon roi faisait de toi une ennemie, j'ai plutôt dit qu'étant donné que tu as tué le Roi de Kendra Kâr, tu devrais t'attendre à sentir de la méfiance, de la rancune envers toi... mais non, je ne me suis pas demandé pourquoi, mais si tu es disposé à le dire, moi je le suis à t'écouter. "

" Méfiance et rancune, ça reste un comportement proche de l'hostilité. Il est responsable de la mort de mes sœurs. Auparavant je travaillais pour lui. Même si je l'ignorais. Certain commanditaire préfèrent rester anonyme. "

« vous avez raison, il faut toujours s’interroger sur les motivations avant de passer à l'accusation. »

Il marquait une courte pose, je me demandais bien pourquoi il alternait entre le vouvoiement et le tutoiement. Etait-il timide ? Toujours en réserve ?

« On pourrait même pousser la question plus loin... que vos sœurs lui ont elle défaits pour qu'ils les tuent.... et on pourrait remonter encore et connaître les motivations de celles - ci... parfois il est difficile de trouver la source initiale du conflit »

(" Beh on pourrait même blâmer ça sur tes parents puisque sans eux tu ne serais pas là.")

" On avait une mission et il nous a abandonnées. J'ai pris une vie en échange des trois. " Disais-je simplement.

"Et qu'est-ce que ta blessure, l'absence de tes sœurs te pèse moins, une fois le roi assassiné ? "

" Pas du tout. C'était une question de vengeance, apaiser la colère plutôt que de guérir une blessure. Maintenant que la colère est passée, la blessure peut cicatriser. "

Mathis était assis, son chat dénommé Praline venait se faire câliner entre ses mains et j'observais ça d'un oeil distrait tout en scrutant les alentours qui baignaient maintenant dans une noirceur compacte.

" Tu n'as pas peur de la perdre ? Je pensais que les chats aimaient le confort et que prendre la route leur serait désagréable. "

Avais-je murmuré de façon distraite.

"Je ne l'ai pas apporté de force, c'est elle qui a décidé de me suivre, je la laisse choisir... Et puis, je suis pas mécontent de sa présence. Et on sait jamais, elle aurait pu m'être utile. "

" Tant que tu ne la prend pas pour un casse croûte d'urgence. Je vois assez bien dans le noir et les ombres sont un élément assez propice à mes pouvoirs. Tu peux te reposer, Mathis. "

"J'accepte ton offre, je commence à être fatigué, merci. "

" Inutile d'être si formel avec moi, Mathis. "

Je sentais que ma dernière phrase avait peut-être surpris Mathis, mais il était parfois trop aimable avec moi et je n'avais jamais appris à travailler avec quelqu'un qui usait de tant de sympathie, peut-être l'affreux Faëllis à l'époque d'Elysian. J'entrais dans ma surveillance, usant à loisir de l'ombre noire pour alterner instantanément mes postes de gardes. Tantôt en hauteur sur le roc, parfois plus loin sur les étendues plaines. Toujours en cercle autour de Mathis et de son chat farfelu qui dormaient, je l'espérais, à poing serrés. Il avait besoin de se reposer après cette longue marche. Je contemplais la noirceur du monde en me demandant si la mienne était au moins aussi dense et magnétique.

Est-ce que les étoiles qui constellaient le ciel ici étaient celles que j'observais avec Hrist du temps où nous regardions le ciel, à Oranan ? Si nous échouons en ce monde, est-ce que le Gragon irait boulotter d'autres mondes avant celui de Yuimen ? Est-ce que les Dieux allaient faire quelque chose ?

Parfois je me demandais si les Dieux n'étaient pas pervers, nous laisser jouer face à tant de destruction.

Parfois, je me demandais... Si un jour nous aurions l'occasion de les tuer. De nous affranchir des divinités.

Aujourd'hui... Je savais que nous avions déjà fort à faire avec le Gragon, cette immense montagne d'écailles dures comme de l'acier, à la puante haleine et au caractère approximatif. Et qu'en était-il de Brytha ? Le Gragon était-il corrompu ? Avait-il vaincu Brytha où gisait-elle quelque part ? Et son épée... L'épée de Brytha avait su briser les dents du Gragon mais je ne me souvenais pas si elle s'était brisée lors du combat, j'étais trop occupée avec Oaxaca qui aurait mieux faire de garder sa crise d'hystérie pour plus tard.

('' Inutile de repenser à tout ça ma Sissi. " Murmurait Cèles en mon oreille.

Je transportais corps d'un clignement sur le rocher au dessus de Mathis et l'observais un court instant assoupi. Ma main touchait systématiquement le pommeau de ma dague quand je faisais ça, était-ce un réflexe musculaire que d'être prête à tuer en chaque instant ? Je pensais que c'était quelque chose qui appartenait à Hrist mais visiblement... Il n'y avait jamais eu de différence entre elle et moi. Je m'étais voilée la face. J'étais la tueuse. Je l'avais toujours été, j'ai toujours été prête à semer mort et tristesse, affliger les hommes d'une mort violence ou silencieuse, les femmes d'un deuil ou d'une profonde solitude, les enfants d'une famille... Est-ce que son chat serait triste ? Un simple coup de poignet et la Tueuse de Mage aurait coupé ses cervicales, sa trachée et ses artères. Mais je n'en ressentais pas le besoin. C'était comme de voir un poisson sur l'étal du marché et de savoir comment procéder pour le vider et le cuire. Je m'en savais capable mais je ne le voulais pas.

Il avait été aimable avec moi, n'avait pas porté d'insulte à Hrist ou moi même, pour ça je ne voulais pas lui faire de mal et bien que mon caractère ait un penchant très prononcé pour l'autodestruction des équipes, je me sentais presque... Apaisée.

La colère de ma Jumelle était quelque chose de lourd à porter, je savais que je vivrai plus légère moralement mais que désormais, je porterai à la place de cette colère un vide profond doublé d'une infinie tristesse.

(" Je me demande si c'est vraiment mieux... ")
(" On a tous nos fardeaux à porter ma Sissi. Allez, continuons à monter la garde ! ")

D'un clignement, j'avais disparu
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » jeu. 28 sept. 2023 23:41

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

46 : Pain de la compassion.

Rien ne se passa comme prévu, pour ne pas changer la poisse qui accompagnait Akihito sur tout ce qui attrayait à la magie depuis son arrivée sur Aliaénon. Yliria voulait un escalier, et elle en avait un. Sauf que l’excavation fut d’une ampleur beaucoup plus importante que prévue et l’escalier en colimaçon commença non seulement à perforer le sol, mais aussi le plafond. Une spirale perçant la roche comme du beurre et qui s’élargissait de plus en plus. Il n’était pas nécessaire d’être un bâtisseur pour comprendre qu’à ce rythme-là, une large partie de la ville allait s’effondrer. Si ce n’était son entièreté. Visselion leva les mains et subitement, la magie commença à se juguler ; la rune Tao serrée dans sa paume, l’enchanteur regarda avec appréhension la situation peu à peu se calmer après avoir hésité de longue secondes sur s’il devait agir ou non. Car il pouvait tout aussi bien envenimer les choses.

(C’est fini,) souffla-t-il en constatant que le bruit incessant de fractures rocheuses et de pierres qui éclatent s’était tut, de même que les tremblements qui faillirent le jeter au sol au début du sort. Au sol, l’archi-sorcier par intérim l’était : complètement vidé de ses forces, le simple fait de parler semblait éprouvant. Retourner voir les survivants allait devoir se faire sans lui, visiblement.
S’approchant de l’escalier qui s’était contenu à une largeur qui aurait quand même fait jalouser plusieurs architectes, il chercha à savoir jusqu’où la spirale de marches pouvait descendre comme monter. La surface était désormais accessible, sans l’ombre d’un doute, tout comme l’étage des survivants. Mais s’enfonçait-il suffisamment pour rejoindre la salle du trône ? C’eut été commode, mais il faudrait descendre tout en bas pour s’en assurer.

« C'est Bellarien qui va être ravi... soupira Akihito en se reculant avant de se tourner vers l'Oudio qui semblait ravi de ce qui s’était passé. Drac, tu pourras amener Visselion à l'infirmerie ? Y a que toi qui peut le porter sans problème. »

Quel poids pouvait bien peser un homme en grande partie métallisée ? Sans doute suffisamment pour que l’Ynorien ne puisse pas le porter sans mal. L’Oudio, en revanche, pouvait sans doute le faire. Il mit un genou à terre à proximité de Visselion et l'aida à se redresser, constatant par la même occasion qu’il pesait effectivement son poids.

« Merci du coup de main, Visselion. Très impressionnant. On va certainement avoir un flot de personnes affamées qui vont arriver pendant que vous vous reposez. Dans l’immédiat, comment sont les réserves d'Elscar'Olth ? Vous pouvez nourrir quelques centaines de personnes pour un ou deux jours, le temps d'équarrir les bestioles à l'extérieur ? Vous pouvez simplement hocher la tête si c'est compliqué de parler, termine-t-il avant de se tourner vers les sorciers encore présents. Si vous avez la réponse, vous gênez pas pour répondre à sa place.

- Vous… vous m’impressionnerez toujours, Yuimeniens. Si mes propres pouvoirs n’étaient pas si utiles pour contrôler les vôtres, j’en viendrais presque à vous les jalouser.

- Si nos pouvoirs n'étaient pas autant instable que fascinant, j'en viendrais presque à jalouser vos capacité d'maitrises et d'contrôle ! On vous doit encore une fier chandelle m'sieur Visselion! Laissez-moi vous aider! Vous pouvez marcher ou vous préférez qu'j'vous porte ?

- Ne vous inquiétez pas, je sais me mouvoir seul. Ca... fatigue juste très fort et très brusquement. Fiou. »

Pendant que Visselion rassurait qu’il pouvait remonter se reposer seul en se levant, Akihito jeta un œil à son amie. Sans surprise, elle s’en voulait, et sorti un mot dans les accents ne laissaient pas de place au doute : c’était du Shaakte.

(Pour qu’elle utilise sa langue maternelle, elle doit vraiment être en colère.)

(Et encore, si je te faisais la traduction…)

(Qu’est ce qu’elle a dit ?)

(Rien que tes chastes oreilles ne devraient entendre, mon brave Akihito.)

« Même si ça vous a échappé, le pire a pu être évité. Et l'escalier est là, plus utile encore qu'il n'aurait pu l'être. Ne vous torturez pas inutilement.

- J'ai failli tous nous tuer, rétorqua Yliria entre ses dents. C'est ça que je retiens. Ne pas contrôler cette magie est vraiment une plaie...

Regardant la jeune femme commencer à emprunter lentement les escaliers pour en tester la solidité -elle se sentait vraiment responsable de ce qu’elle appelait elle-même un « fiasco »-, Akihito se tourna ensuite vers Visselion qui lui apporta une mauvaise nouvelle assortie d’une belle louche d’espoir.

(Mes préférées.)

« Nous n'avons guère énormément de réserves à portée. Mais celles de la cité pourraient être accessibles, grâce à cet escalier. Et là, ça changerait tout. Avec ou sans dépeçage, même si cette matière carnée reste précieuse. Il faudrait... envoyer une équipe en reconnaissance. »

Cela posait deux objectifs clairs : trouver de la nourriture, et gérer les réfugiés en bas. Regardant la semi-shaakte commencer à descendre après avoir affirmer qu’ils étaient solides, Akihito verbalisa l’hésitation qui le tracassait tout en replaçant son manteau sur ses épaules.

« La priorité est de chercher ces réserves, mais... Je ne sais pas si on peut laisser les survivants sans "surveillance". S'ils venaient à remonter à la surface dans leur état, ça pourrait provoquer beaucoup de chaos... dit-il avant de se décider, une pointe de dépit dans la voix. Je vais retourner les voir. Les informer de la situation et essayer de temporiser au mieux le temps d'avoir de quoi les accueillir.

- Les réserves de la cités seraient à quel "niveau" selon vous? Et y a-t-il un système de sécurité ou autre mauvaise surprise dont il faut s'méfier ?

- Ils iront aux réserves, voir si elles sont intactes, déclara Visselion en pointant du pouce les sorciers qui l’avaient accompagnés. Vous pouvez ou non les y accompagner, mais il n'y a aucune... protection particulière. C'eut été contreproductif de nous munir de défenses dures à passer pour un endroit où nous nous rendions plusieurs fois par jour. Je crois néanmoins que vous feriez bien de ne pas laisser Akihito aller seul voir les survivants, au vu de ce qu'a subi Bellarien.

- On sait pas jusqu'où ça descend. Mais vous aviez pas parler d'éventuelles créatures qui roderaient dans les parties les plus basses des souterrains ?

- Aucune créature, normalement. Je soupçonnais juste certaines bestioles d'avoir pu entrer dans la cité pendant que nous étions dans la grotte. Mais... ce n'était qu'une hypothèse. Elscar'Olth est notre résidence, nous ne gardons pas de monstres en nos murs. »

C’était déjà ça de pris, et Akihito s’en contenta. Il trouvait aussi peu probable qu’une quelconque créature animal est l’instinct assez défaillant pour s’approcher d’une cité au milieu de laquelle est assise un Titan. Mais pour une raison qu’il ignorait, Visselion semblait croire qu’il comptait partir seul, alors il précisa.

« Je pense pouvoir me débrouiller seul, mais je crache pas sur un peu d'aide dans tous les cas. Et je pense que j'ai déjà celle d'Yliria... alors à ta convenance, Drac.

- Bon, bah, j'vais descendre aussi si c'est l'plus utile. Espérons que j'croise pas d'végétarien la d'ssous! »

Accompagné, de l’Oudio, Akihito donna un peu de la voix pour qu’Yliria qu’il ne voyait déjà plus l’entende. Sans lui pour dire à quelle étage elle devait s’arrêter, comment comptait-elle faire ?

« Yliria ! Attends-nous ! »

Elle n’était pas descendue très loin. Une fois rejoint, il l’entendit marmonner entre ses dents avant de se tourner vers lui, ses armes dégainées.

« Même les cités shaakts sont plus accueillantes... Donne les indication Aki, je passe devant.

- Range ça, Yli. Restons prudents, mais y a pas de danger à priori et mieux vaut paraître amical envers les survivants que de débarquer prêts pour un combat. »

Son regard se fit sceptique, mais elle finit par ranger son arme tout en gardant une main sur la poignée.

(J’imagine que je vais devoir me contenter de ça,) pensa-t-il en la dépassant pour continuer la descente. L’escalier fait d’un bloc s’enfonçait avec une régularité effrayante dans les profondeurs de la terre, et bientôt il n’eut que le son de leurs pas, dont ceux plus qu’inhabituel de Dracaena. Après avoir descendu une distance qu’il estima peu ou prou semblable à sa descente en corde, il se mit à faire attention et repéra rapidement un couloir éventré qui s’avéra être le bon. Jetant un coup d’œil à Yliria, il se mit de côté et lui indiqua l’entrée. Sans son bouclier et sans son armure, c’était elle la plus indiquée pour servir d’avant-garde.

[color=#804DFBF00FF]« C'est par là. On en a pour une quinzaine de minutes, je dirais. Si tu veux ouvrir la voie, Yli, vas-y.[/color]

- Des choses à savoir sur nos survivants ? demanda-t-elle en prenant les devants.

- Ils ont été touché par le rayon, et ça a eu un effet particulier sur eux. Ils semblent avoir entre eux tous un lien sensoriel. Comme à Nagorin mais en moins puissant, puisqu'il ne partagent pas leurs pensées. »

Il s'arrêta un instant à l'intersection de deux couloirs, puis pointa rapidement une direction à Yliria.

« Par là. Et cette nouvelle "nature" les dérangent : ils pensent qu'ils sont devenus des monstres et craignent la réaction des autres. Et je pense qu'on ne m'a pas tout dit...

- Ca m'fait penser qu'on a toujours pas pu "discuter" avec main d'airain... Et si ces pauv' gens ont "muté", tu m'étonnes qu'ils ont peur de la réactions des autres. La populace réagit mal à tout ce qui est "contre nature"... »

(Ouais, entre un Oudio carbonisé et une semi-shaakte, on peut pas dire que je sois avec ce qui se fait de plus standards.)

« Quelque chose me dit qu'la partie "sauv'tage" s'ra la plus simple à gérer dans s't'histoire...

- Trouvons-les, on verra quoi faire ensuite. ne parlez pas tout de suite de l'escalier, il vaudrait mieux éviter qu'ils se ruent dehors. Pas sûr que leurs yeux apprécient la luminosité, même faible, de la Lande. Et ça ne ferait que semer la confusion au-dessus. Et Meno sait qu'ils n'ont pas besoin de ça en ce moment. »

La discussion s’arrêta là-dessus, et la marche se poursuivit quelques minutes avant qu’une lueur n’attire l’attention de l’enchanteur. Une lueur venant d’une porte à demi-ouverte, une source de lumière qui n’était certainement pas là lors de son premier passage.

(D’autres survivants attiré par le bruit de l’escalier ?) pensa Akihito, avant de se figer en passant devant. Cinq silhouettes encapuchonnées étaient regroupées autour d’une grappe de bougies et dirigèrent leurs capuches obscures dans leur direction. Pas certain de savoir s’ils allaient lui sauter dessus comme d’autres l’avaient fait sur Bellarien ou s’ils allaient simplement les regarder, akihito dépassa prudemment Yliria tout en restant non loin d'elle. Dans la sécurité relative de l’embrasure de la porte, il prit la parole d’une voix calme.

« Sorciers, nous sommes heureux de vous savoir en vie. Nous venons de la part du Sorcier Visselion et devons nous entretenir avec la sorcière Tarja Vandran, dont le campement n'est pas loin. Est ce que vous êtes de son groupe ?

- Pourquoi elle et non nous ? Ce groupe est le nôtre.

- Car c'est le seul nom de votre groupe que je connais, et c'est avec elle que je me suis entretenu. Si vous connaissez d'autres sorciers qui campent autre part que près du Glyphe, aller les chercher et rassemblez-vous dans la salle du Glyphe. De l'aide va bientôt arriver. De la nourriture. »

après avoir mis l'emphase sur le dernier mot, il fixa avec attention la main tendue, prêt à agir. Il avait volontairement donner le mot qui avait tout déclenché avec Bellarien pour jauger leur réaction, tout en ajoutant une dernière phrase qui, il l’espérait, attesterait de leurs bonnes attentions.

« Votre cauchemar est bientôt fini, sorciers. tenez juste un tout petit peu plus. »

Et ce qu’il vit ne lui plut pas vraiment : un sursaut des quatre ombres derrière son interlocuteur, la main gantée de noir qui se rapprochait définitivement bien trop proche de lui… avant que les doigts végétaux de Dracaena ne viennent interrompre leur avancée en une poignée de main amicale, accompagnée d’une voix aussi douce que la gorge de bois permettait à l’Oudio.

« Salut salut à... vous tous et toutes, du coup. Comme l'a dit mon ami, des vivres arrivent bientôt. Vous n'avez pas de blessé ?

- … Si, nous avons des blessés, des morts, des affamés et des croulants. Des enfants en souffrance, dit-il en retirant sa main, alors qu’un second prend la parole plus hargneusement.

- Elle est où, la bouffe ? Elle est où ? Vous venez pour nous menacer, pour nous blesser, vous débarrasser de nous, hein ? Avouez ! Vous venez, disparaissez avec des promesses et revenez avec créatures et gens armés. Sans le sorcier. C'était votre prisonnier, hein ? Votre leurre ?

- Bien sûr que non. Si j'avais voulu m'en prendre à vous, je n'aurais pas eu besoin de revenir et je vous aurais laissé à votre sort sans revenir. Et si vous saviez que j'étais avec le sorcier Bellarien, vous savez aussi ce qu'il lui est arrivé : il est parti soigner ses plaies. Et cela explique aussi la présence de nos armes : nous compatissons pour votre calvaire, mais nous ne comptons pas subir la même chose que Bellarien.

- Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas une "créature", un golem ou quoi que ce soit, je suis une personne comme vous, avec ces différences, comme vous. Je n'vais pas vous faire de mal. Et je n'compte pas laisser d'autre vous faire de mal. »

Il se voulait franc et logique, pour se montrer sous un jour sincère à ceux qui vivaient l’enfer. Il pointa du doigt le plafond.

« Au moment où je vous parle, on est en train de se mettre en branle pour rassembler ce dont vous avez besoin ; d'autres sorciers ratissent les étages épargnés pour accéder aux réserves. Si nous sommes là, c'est pour rassembler tout le monde au même endroit, savoir combien, qui en priorité. Organiser votre survie. Alors rejoignez le Glyphe et attendez là-bas, s'il vous plait. On saura où vous chercher, et si jamais vous nous faites toujours pas confiance... Vous serez plus en sécurité protégez par le Glyphe et avec les vôtres qu'ici, non ?

- Bellarien, oui. Oh, on nous a mis de côté de sa faute. On nous a dit de nous cacher de vous. Cruelle punition pour avoir voulu simplement se nourrir, se battre face à l'adversité. Nous aurions dû davantage en goûter, de sa chair si juteuse, quitte à en subir de néfastes conséquences.

- Une "punition" qui n'a plus de raison d'être, puisque nous vous avons trouvé. Et vous serez aidé de la même façon que les autres, peu importe ce que vous avez faits. Ou ce que vous comptez faire. »

La conciliation ne marchait pas, il allait donc falloir se faire comprendre d’une façon différente. Saisissant la Kizoku au fourreau, il détacha son arme et sa gaine de bois et pris l’arme en main, pointant la lame vers le bas. Il ne voulait pas faire de mal à ces pauvres hères qui avaient vécu une longue descente aux enfers ; mais parfois, ce qu’il fallait faire n’était pas ce qu’il voulait faire. Il prit une voix qu’il voulut ferme et autoritaire, sans être hostile.

« Mais nous n'hésiterons pas à riposter pour vous neutraliser si vous vous en prenez à nous. Alors contrôlez vous sorciers, et allez rejoindre les autres. Je ne le répèterai pas. »

En posant une main sur son épaule, Dracaena tenta lui de poursuivre la négociation pacifique, en se mettant de leur côté, en disant qu’il les comprenait. Ce qui devait être déroutant pour les sorciers d’entendre un arbre vivant leur parler « d’humanité » et leur dire qu’il les comprenait.

(Il joue le rôle du bon milicien et toi du mauvais.)

(Donc il propose une solution préférable après que je sois monté d’un ton ? Même si cette solution est la même que celle que je proposais ?)

(C’est… A peu près ça, oui.)

(Eh bah, on est pas rendu…)

« Et vous Akihito, pas besoin de vous énerver. Ces gens sont désespéré, comprenez leur manque ret'nue... »

Akihito sentit une pointe d’agacement chatouiller sa nuque. Se montrer plus directif parce que la conciliation n’avançait à rien, c’était un signe d’énervement ? Il n’avait pas été assez clair en disant qu’il les comprenait ? C’était surement plus facile pour l’Oudio de prendre cette posture là quand lui savait qu’il ne mettait pas son écorce en jeu. Il ne laissa pas transparaître son sentiment et s’écarta alors sur le passage d’Yliria qui posa une main sur épaule et d’une simple pression, l’invita à se décaler. Ce qui le surprit, c’était la délicatesse qu’elle mit dans ce geste ; il la savait capable de se montrer douce, évidemment, mais son tempérament d’ordinaire plus martial, rude et franc l’aurait fait écarter Akihito de sa trajectoire sans brusquerie mais sans douceur non plus. Sortant de ses affaires une miche de pain passé et une gourde d’eau, elle les tendit aux hommes et parla d’une voix douce.

« Votre ventre ne crie plus famine, mais vous avez l'impression qu'il vous dévore de l'intérieur. Les jours passent et vous commencez à sentir des choses qui ne sont pas là et à voir votre corps devenir plus malingre et faible sans rien pouvoir y faire. Vous espérez de l'aide, vous imaginez la délivrance et vous envisagez le pire, voire de franchir une limite pour votre propre survie...
Les mots n'ont pas de consistance, autant leur donner du vent. En revanche... J'en ai un pour chacun d'entre vous. Et de l'eau. C'est tout ce que j'ai, mais l'aide arrive, alors mangez, mais mangez lentement, parce que si la faim ne vous tue pas, l'indigestion le fera aussi sûrement qu'une lame plantée dans le cœur. »


Le choix de ses mots fut bien trop précis pour l’enchanteur.

(Elle a connu la faim, la vraie. Et pas qu’une fois.)

Après un moment de réflexion, et un dans un grognement qui traduisait bien l’effort hors du commun qu’ils faisaient, les quatre silhouettes se saisirent des provisions sans les manger, quand le dernier serrait la main tendue de Dracaena.

« Si peu, pour si nombreux. Mais voici les premières nourritures que nous voyons depuis des jours. Nous la partagerons entre nous, tous. Quitte à n'en avoir qu'une miette. Vandran voudra le donner aux enfants, et son opinion se défend. Mais ils ne seront guère utiles pour la suite du sauvetage. Retenez cette information, quand elle nous suppliera de leur confier. »

Puis, de leur pas quelque peu chancelants, ils s’enfoncèrent dans un couloir en une invitation silencieuse à les suivre. Ce qu’ils firent, et aprs avoir réattachée son arme Akihito laissa son regard vagabonder sur le dos d’Yliria, repensant à ses paroles. La faim, le fouet, le deuil dans la solitude… Que pouvait bien receler de plus le passé de la semi-shaakte ? Une sensation désagréable lui étreignit la poitrine. Penser à ça ne lui plaisait pas.

(Tu la prends en pitié, Aki. Et tu sais qu’elle n’aime pas ça.)

(Non. Non, c’est pas ça.)

(Pas quoi ? De la pitié ? Alors quoi ?)

La pitié avait cette approche hautaine qu’il n’aimait pas. On prenait quelqu’un en pitié parce que son sort nous faisait de la peine et surtout, parce qu’on ne voulait pas vivre la même chose. Il y avait quelque chose de… Malsain. Comme un soulagement ou même une réjouissance dans le fait de ne pas avoir subi les mêmes affres. Un sentiment de… Supériorité dans le destin, ou la chance.

(C’est pas de la pitié, c’est de la… Compassion.)

Compassion et pitié étaient les deux faces d’une même pièce et pour Akihito, la différence était fondamentale. La compassion était plus pur, l’expression d’une douleur empathique qu’on partageait pour la situation de quelqu’un d’autre. La compassion ne DONNAIT pas de solution, elle OFFRAIT une présence. On ne se mettait pas au-dessus de l’autre qui était accablé par un malheur ; on se mettait à sa hauteur et on avait mal pour lui.

(Se mettre à sa hauteur…)

Et si ce n’était pas aussi de la pitié déguisée, en fin de compte ? Se mettre à sa hauteur, c’était aussi une forme d’arrogance. « Je te suis supérieur, mais je PEUX me mettre à ton niveau. » L’enchanteur se rappela de ce qu’elle avait pu lui reprocher, de se montrer trop protecteur envers elle. Compassion, pitié ?

Il secoua la tête pour chasser ces idées. Qu’il se pose ces questions et pousse aussi loin sa réflexion était une bonne chose dans tous les cas car même si ce qu’il ressentait était effectivement de la pitié, cela montrait aussi qu’il voulait se séparer de cette vision du monde pour se tourner vers le sentiment plus noble qu’était la compassion.

(Tu te tortures bien trop l’esprit, Aki.)

(J’essaye de faire des efforts pour le faire moins. Mais ces derniers temps, j’ai eu beaucoup à penser. Alors bon…)

(Et tu n’as pas été fichu de te fixer avec Yli ?) railla la Faëra.

(Comment s’appelle ce truc sur lequel tu te défoules de temps en temps en pensée, un « sac de frappe » ? Je devrais essayer avec toi la prochaine fois.)

(En attendant, c’est pas moi qui ait les yeux qui trainent sur son balancement des hanches.)

Passant une main sur le visage aussi bien pour etouffer une quinte de toux étranglé que cacher le feu qui avait sans doute embrasé ses joues, Akihito fut presque soulagé d’arriver sur la salle du Glyphe qui était… Autrement plus bondée. La rumeur était sans doute passée à une vitesse affolante, aidée par leur lien sympathique.

« Ca fait un paquet de monde… » murmura l’enchanteur.

Bien trop pour qu’ils puissent avoir une discussion audible et calme. Il chercha donc le regard du sorcier qui avait mené leur petit groupe et s’adressa ensuite à Tarja.

« Dame Vandran, comme vous voyez je suis de retour avec des compagnons. Pour que l’on puisse organiser l’aide qui se met déjà en place actuellement, il faudrait discuter de certains points. Avec les vôtres, pouvez vous désigner deux ou trois représentants temporaires ? Cela rendra la chose plus aisée. »


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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » ven. 29 sept. 2023 01:04

Alors que nous avions repris notre tâche de pisteur, je crus entendre une vague secousse en provenance de la cité. Bien que la cité n’était plus qu’une petite chose de l’endroit où nous étions, je pus tout de même voir une espèce d’escalier en colimaçon s’élever en hauteur le long d’une colonne de lumière. Je me désintéressai rapidement à ce phénomène pour me remettre à scruter les traces de pas. Dans les heures qui suivirent, moi et Silmeria nous nous servions nos talents respectifs de pisteurs à retrouver les traces de Simaya. De concert et formant une équipe complémentaire, nous avançames ainsi jusqu’à la tombée de la nuit. Si Silmeria semblait y voir encore, ce n’était point mon cas, je n’étais plus d’aucune utilité, d’autant plus qu’aucun satellite ni étoile ne brillait dans le ciel.
Nous décidâmes alors de nous arrêter pour la nuit et rebrousser le chemin dès le lendemain. Je fus tenté d’allumer un feu, ou plutôt de me servir de mon casque de Phénix pour faire assez de lumière pour éloigner les bêtes sauvages.

Silmeria n’était pas de cet avis, elle avait plutôt l’impression que le feu attirerait les bêtes sauvages plutôt que de les allumer. J’obtempérai alors sans m’obstiner.

Étant une hinionne, Silmeria n’avait pas besoin de beaucoup d’heures de sommeil, elle se proposa donc pour monter la garde pendant mon sommeil.

Je trouvai un endroit plutôt plat et exempt de cailloux et je m’y allongeai. N’ayant pas de couverture, je me contentai de ma cape pour me couvrir. Praline vint aussitôt se lover contre moi. Silmeria s’assoit non loin.
Avant que le sommeil ne m’enveloppe, Silmeria entama la conversation. Elle revint sur notre discussion du début de la journée, du moment où je lui avais mentionné qu’ayant tué le roi de Kendra Kâr qu’elle ne devait pas s’étonner que nous nous lui tenions rancune. Elle me fit remarquer que personne ne lui avait demandé ce qui l’avait motivé à tuer le roi.
Ce que je lui répondis:

"En fait, je n'ai pas dit que tuer mon roi faisait de toi une ennemie, j'ai plutôt dit qu'étant donné que tu as tué le Roi de Kendra Kâr, tu devrais t'attendre à sentir de la méfiance, de la rancune envers toi... mais non, je ne me suis pas demandé pourquoi, mais si tu es disposé à le dire, moi je le suis à t'écouter. "


Elle me dévoila alors que le roi était responsable de la mort de ses sœurs. Elle avait d’ailleurs auparavant travaillé pour lui. Même si un meurtre demeurait un meurtre, je comprenais davantage ses motivations.

« Tu as raison, il faut toujours s’interroger sur les motivations avant de passer à l'accusation. »
Après hésitation je rajoutai :

« On pourrait même pousser la question plus loin... que tes sœurs lui a-t-il fait pour qu'il les tue ? Et on pourrait remonter encore et connaître les motivations de celles-ci... parfois il est difficile de trouver la source initiale du conflit »

Même si elle avait ses raisons, je comprenais toujours la rancune des autres envers elle. Mais je n’avais aucune leçon à donner. J’avais moi-même, bien indirectement, causé la mort de mes compagnons. Même si mes raisons étaient valables, la conséquence n’était pas plus pardonnable.

Elle me donna davantage de détails, expliquant qu’il les avait abandonnées en pleine mission. Elle se justifia disant qu’elle n’avait pris qu’une vie pour compenser les trois qu’il lui avait enlevés.

Je la regardai songeur puis je rajoutai, puis sur le même ton de la conversation, sans aucune agressivité.

"Et qu'est-ce que ta blessure, l'absence de tes sœurs te pèse moins, une fois le roi assassiné ? "


Bien que sa blessure ne fut pas guérie par le meurtre qu’elle avait perpétré. Celui-ci avait apaisé sa colère. Une fois celle-ci apaisée, sa blessure pourrait désormais se cicatriser.

Je hochai la tête pour montrer que j'avais compris, mais je ne fis pas de commentaire supplémentaire. À ce moment-là, Praline s'approcha de mon visage, me quémandant des caresses. Je la pris dans mes bras et la gratouilla tendrement derrière les oreilles ce qui la fit ronronner.
Sissi s’étonnait de la présence de Praline à mes côtés, et croyait qu’il aurait été préférable qu’elle demeure là où nous étions.

Je lui souris avant de lui répondre.

"Je ne l'ai pas apporté de force, c'est elle qui a décidé de me suivre, je la laisse choisir... Et puis, je suis pas mécontent de sa présence. Et on sait jamais, elle aurait pu m'être utile. "

Elle rétorqua que tant que je ne songeais pas à m’en servir comme repas, tout allait pour elle. Elle me conseilla de dormir, m’affirmant voir suffisamment dans le noir pour monter la garde.

"J'accepte ton offre, je commence à être fatigué, merci. "

Elle me dit que je n’avais pas à être aussi formel avec elle, je la regardai surpris, sans comprendre ce qu'elle voulait dire. Si elle faisait allusion à mes remerciements, c’était tout naturel pour moi et je n’allais rien changer.

Je fermai mes yeux et le sommeil m'enveloppa rapidement.
Modifié en dernier par Mathis le jeu. 5 oct. 2023 01:06, modifié 1 fois.

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » sam. 30 sept. 2023 01:44

Secousses et tremblements. Démesure. Une fois de plus, rien ne se passa comme prévu et l’escalier prit une taille disproportionnée, traversant plafond et sous-sol comme si de rien n’était. Je reculai, craignant un effondrement mais, curieusement, tout resta en place et les secousses finirent par se tarir. Je contemplai l’ouvrage en serrant les dents, maudissant encore un peu plus la magie de ce monde qui ne faisait rien comme il fallait. Même à trois avec l’aide de Visselion, ça avait failli tourner au drame. Quelle poisse. Ils pouvaient bien trouver splendide et efficace derrière, moi je ne voyais que l’évidence. Ça avait encore fait n’importe quoi, mettant nos vies à tous en jeu. Et Alossarh voulait qu’on rebâtisse sa ville ainsi ? Combien allaient mourir si on faisait ça et que ça échouait ? C’était une plaie. Une Plaie !

- Iblith’s Faer !

(J’espère pour toi qu’Alyah n’a pas traduit ça à Akihito…)

(Ah, mais flûte !!)

(C’est déjà mieux.)

Je soufflai lourdement et fermai les yeux une seconde alors que j’entendais les propos impressionnés et presque admiratifs des autres derrière moi. Ils ne comprenaient pas ma frustration. J’avais vécu toute ma vie avec la magie, depuis ma plus tendre enfance jusqu’à maintenant et jamais je n’avais eu à avoir peur d’elle. C’était une alliée, un outil, une arme, un un remède contre le froid, la nuit ou la peur. Et là, j’en étais privée. C’était comme avoir un bras qui risquait à tout moment de me frapper si j’avais l’audace d’essayer de bouger un doigt. Et si encore ça ne touchait que moi, mais non, je mettais la vie de tout le monde en jeu à chaque fois. C’était pesant. Trop de risques. Trop d’inconnus.

- C'est un foutu fiasco oui... Putain cette magie m'emmerde à un point... Je vais l'emprunter pour en tester la solidité. Attendez que je vous dise que c'est sûr avant de descendre.

Je commençais à descendre, ignorant leurs tentatives de me rassurer. C’était supposé me réconforter qu’on ait évité de peu la catastrophe ? je voulais utiliser la magie, pas risquer de tous nous réduire en poussière au moindre vent magique de nord-est un peu fort !

- J'ai failli tous nous tuer. C'est ça que je retiens. Ne pas contrôler cette magie est vraiment une plaie...

Je m’enfonçai dans l’escalier, testant les marches, sautant sur certaine, tapotant le pilier centrale. Il fallait reconnaître qu’au moins la magie avait fait du bon boulot. Le tout était solide. Peut-être trop. Je levai les yeux, mais restait incapable d’en apercevoir le sommet. Sans doute que ceux de dehors pouvaient le voir… Alossarh allait certainement revenir à la charge avec ses allusions à la subtilité toute relative.

(Il veut le bien des siens.)

(Et moi je veux les garder en vie. J’aurai sans doute tué tous les survivants si j’avais accédé à sa requête. Et j’ai failli…)

(Tu es trop dure envers toi-même. Tu n’as pas volontairement créé de catastrophe et personne n’en est mort. Pas même blessé. Tu en mets trop sur tes épaules Yliria.)

(Et qui va le faire ? les autres sont… )

(Parfaitement capables d’entendre ce que tu as à dire et de penser par eux-mêmes. )

(Cinq minutes sans surveillance et on a vu ce que ça a donné…)

(Veille à ce que ça ne se reproduise plus, mais ne met pas tout sur tes épaules. Tu ne portes pas le poids de ce monde seule. Ce serait arrogant de ta part de penser que tu as la bonne réponse à tout.)

(Je n’ai jamais prétendu l’avoir, mais je considère que certains manquent cruellement de jugeote pour les choses les plus élémentaires. Notre survie, en premier lieu.)

(Une erreur Yliria, c’était une erreur, un accident ! Tu peux pardo…)

(Non ! Je ne vais pas pardonner ça ! Il avait bien des façons de gérer la situation et il a choisi volontairement celle qui avait le plus de chance de créer une catastrophe. Il savait. Ils savaient tous ! Il est aussi coupable que s’il avait planté lui-même une lame dans le cœur de chacun des membres qui sont morts à ce moment-là.)

(Et qu’aurais-tu fait, à sa place ?)

(Utilisé mes armes si vraiment l’illusion était si réaliste que ça. Ce type n’a jamais utilisé la magie de sa vie et son premier réflexe en découvrant qu’il peut tout détruire en la gérant mal, c’est de s’en servir ? Jamais je ne pourrais avoir confiance en quelqu’un comme ça, qui fait fi de la vie des autres pour son propre confort.)

(Tu lui as pourtant confié une mission…)

(Il peut bien se rendre utile non ? Et je préfère le savoir loin d’Alossarh, il serait foutu d’accepter d’utiliser de la magie et de tout faire péter sans en parler à personne. D’ailleurs ils sont partis, mais je me demande bien s’ils ont pensé une seule seconde que ce n’était peut-être pas judicieux de passer plusieurs jours au milieu de la Lande… Ont-ils pris des vivres ?)

(Tu ne leur a pas précisé ça..)

(Pour l’amour de… je ne suis pas leur mère ! Il me semble évident que pour une mission de ce genre, tu prévois des vivres et, si la piste s’éloigne trop, tu rebrousses chemin quand il devient clair que quelques jours ne seront pas suffisant !)

(Tu réfléchis de moins en moins comme une aventurière.)

(Ce terme m’a toujours gonflé, il faut dire…)

(Donne-leur quelques jours.)

(Pas le choix maintenant… J’espère qu’ils ne vont pas s’entretuer…)

(Peu probable. Je pense que Silmeria a largement l’avantage.)

(Tu ne m’aides pas du tout là..)

Je soupirai en me frottant le visage. Akihito s’égosillait depuis le haut de l’escalier et je m’arrêtai au milieu du colimaçon en réfléchissant à tout ça. Il allait falloir que j’aie une conversation avec Mathis. De tout le groupe, c’était celui que je comprenais le moins et il était évident que ça n’aidait pas… Même Silmeria j’avais réussi à davantage la cerner. En partie en tout cas, quand elle ne partait pas dans une lubie étrange ou ne vomissait pas un truc qui ressemblait à de l’huile noire. Encore que sa proposition de suivre Mathis m’avait prise de court, je ne m’y attendais pas vraiment. Au moins j’allais peut-être dormir sur mes deux oreilles vu qu’elle n’était pas là, sans avoir à me planquer au milieu des ruines. Je doutais qu’elle tente que chose, mais mieux valait prévenir que guérir.

J’inspirai lentement et me forçai à mettre ça de côté. Je leur laissai deux jours et après j’irai les chercher si les nouvelles ne venaient pas. De toute façon la priorité était les survivant et la construction des défenses. Cette ville était en ruine, mais j’étais surprise de voir que le réseau de gallerie s’étendait autant. A croire que la ville était plus grande sous terre qu’au-dessus. Ça me rappelait franchement Gwadh, mais au moins là-bas le tout était décoré. Ici, c’était.. de la pierre… et un éclairage verdâtre franchement glauque.

- Même les cités shaakts sont plus accueillantes... Donne les indication Aki, je passe devant.

Je tirai mes armes et me préparai à avancer. Bellarien avait beau être un trou du cul doublé d’un con, il avait quand même été attaqué et presque dévoré vivant. Je préférais être sur mes gardes.

- Range ça, Yli. Restons prudents, mais y a pas de danger a priori et mieux vaut paraître amical envers les survivants que de débarquer prêts pour un combat.

Je ne pus cacher mon scepticisme en tournant la tête vers lui. Il était au courant qu’il était torse nu et donc l’équivalent d’un buffet à volonté encore chaud ?

(Non pas CE genre de buffet Alyah…)

(Raaaah, tu m’as devancé !)

je rengainai mon arme, mais gardai la main non loin. Les gens se battaient pour peu de choses, mais la faim poussait très vite à prendre une pierre un peu tranchante et à fracasser le crâne du voisin pour lui piquer sa nourriture… ou juste croquer un bout directement à la source. Un spectacle bien trop vif dans ma mémoire malgré le temps qui était passé. Je n’allais certainement pas laisser qui que ce soit réserver le même sort à Akihito ou Dracaena… Encore que ce dernier avait l’avantage de ne pas donner envie de croquer un bout… Du moins en théorie... j’avais bien mangé des racines… Je me demandais brièvement s’il considèrerait ça comme quelque chose de barbare ?

- Des choses à savoir sur nos survivants ?

Mieux valait en savoir le maximum plutôt que de débattre de chose stupide comme la vision de Dracaena sur le mâchage de racines… Mais avec le peu d’information disponibles, c’était comme avancer à l’aveugle. Rien de bien nouveau, mais savoir dans quoi on mettait les pieds serait sympa, pour une fois. Quelque chose les affectait, mais quoi ? Mystère et boule de suie. Mais j’étais d’accord avec Dracaena, ça ne présageait rien de bon

- Trouvons-les, on verra quoi faire ensuite. Ne parlez pas tout de suite de l'escalier, il vaudrait mieux éviter qu'ils se ruent dehors. Pas sûr que leurs yeux apprécient la luminosité, même faible, de la Lande. Et ça ne ferait que semer la confusion au-dessus. Et Meno sait qu'ils n'ont pas besoin de ça en ce moment.

Au final, les trouver en fut pas trop un problème. Mais les voir habillé de longue toges et capuches noirs et agir dune manière aussi étrange ne présageait rien de bon. Vraiment pas. On aurait dit un culte un peu bizarre que des nécromanciens n’auraient pas daigné imiter tant l’ambiance était sombre et pesante. Et la discussion l’était tout autant. Je ne parvenais pas à voir leurs visages ou leurs membres, mais leur ton était las, fatigué, faible, envieux, impatient, sec. Ils étaient à bout, mais déterminés… sans doute trop. Soudainement, je n’étais plus aussi certaine de vouloir rejoindre l’entièreté de leur groupe. Voir à nouveau les ravages d la faim allait sans doute me rappeler bien trop de choses que je n’avais nullement envie de revoir remonter à la surface. Mais plsu ils parlaient et plus j’avais envie d’agir, de les aider, malgré leurs airs menaçants et un peu glauques. Ils étaient dos au mur et on leur offrait une aide qui n’était pas là. On ne leur donnait rien…

Lentement, j’avançai, écartant doucement Akihito et Dracaena qui faisaient preuve de beaucoup de patience. Mais ça n’allait pas fonctionner. Pas avec ce genre de dilemme. Ils avaient faim et parler n’aidait pas à la combler. C’était comme cracher hurler sur un incendie en espérant que ça le ralentisse. J’ouvris mon sac et en tirait les quelques provisions qu’il me restait de notre séjour à Esseroth, me maudissant de ne pas avoir plus.

- Votre ventre ne crie plus famine, mais vous avez l'impression qu'il vous dévore de l'intérieur. Les jours passent et vous commencez à sentir des choses qui ne sont pas là et à voir votre corps devenir plus malingre et faible sans rien pouvoir y faire. Vous espérez de l'aide, vous imaginez la délivrance et vous envisagez le pire, voire de franchir une limite pour votre propre survie...

Ils comprendront… Je n’aimais pas l’idée qu’Akihito et Dracaena comprennent eux aussi, mais mon confort passait largement après la survie de ces gens.

- Les mots n'ont pas de consistance, autant leur donner du vent. En revanche...

Je lui présentai un des pains que j’avais. Pas grand-chose, je le savais, mais mieux que rien pour quelqu’un qui avait faim depuis des jours. Il n’était plus de première fraicheur, mais ils pouvaient le manger sans problème. Et c’était le plus important.

(Et toi ?)

(Je trouverai autre chose, peu importe.)

- J'en ai un pour chacun d'entre vous. Et de l'eau. C'est tout ce que j'ai, mais l'aide arrive, alors mangez, mais mangez lentement, parce que si la faim ne vous tue pas, l'indigestion le fera aussi sûrement qu'une lame plantée dans le cœur.

Je l’entendis renifler et, suprêmement, il n’accepta pas la nourriture que pour lui. Ils allaient la partager à tous. Tous les survivants. Je ne pouvais qu’approuver. Mieux valait une petite étincelle à chacun d’entre eux qu’une flamme à un groupe restreint qui aurait laissé les autres dans l’ombre. Avec ça, ils allaient tous savoir que l’aide arrivait et que leur calvaire touchait à sa fin. Je leur donnait à chacun un pain et leur laissait une gourde pleine d’eau avant de leur emboîter le pas à travers les couloirs de la cité souterraine. Tout se passa en silence. Enfin sauf quand Akihito toussa bizarrement derrière moi, me faisant tourner la tête vers lui en haussant un sourcil. Pourquoi semblait-il gêné ?

(Parfois j’oublie que tu es une vierge effarouchée parfaitement aveugle quand ça te concerne…)

(Mais… que.. quoi ?!)

(Rien rien, des divagations de ta faëra deséspérée…)

Soin soupir me fit lever les yeux au ciel et je reportai mon attention devant alors que nous arrivions dans une vaste salle où d’innombrables silhouettes se tenait. Ils semblaient être des centaines, tous encapuchonnés à l’exception d’un petit groupe. Des enfants accompagnés d’une femme bien plus âgée à laquelle Akihito s’adressa directement. C’était elle, celle dont il parlait depuis le début, je comprenais mieux. Je m’approchai, m’agenouillant non loin des enfants en leur faisant un petit signe malgré le nœud qui venait de se serrer ans ma poitrine en voyant leurs visages.

- On est venu vous aider. Je m’appelle Yliria. Pouvez-vous me conduire auprès de vos blessés ? Je vais voir ce que je peux faire pour eux en attendant que l’aide arrive.

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Dracaena Paletuv
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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 30 sept. 2023 05:00

"Ha....Kaha....KAHAHAHAHAHA! HAAAAAAAAAHAHAHAHAHAHAHA!!!"

Riant tel un maniaque, j'admirais l'immense escalier qui avait percé devant nous, née de notre magie commune. C'était si grand, si imposant, si cool! Quelque chose d'aussi colossal créée en l'espace d'une seconde, plutôt que la simple destruction à laquelle on était habitué. La structure avait percée le plafond en toute fluidité: pas de fissure, pas de cassure, elle c'était envolée dans la matière pour visiblement s'extirper à l'extérieur, si loin, si haut que j'avais du mal à en voir le bout. Et pareil, dans les souterrain, elle avait plongée pour nous créer un chemin au fin fond de ces grottes abyssales.
Fascinant, si fascinant! Imaginez ce que ça donnerait, un pouvoir pareil réellement maitrisé. Oh, Aliaénon, tu étais le monde des miracles magiques, définitivement.

Hélas, je semblais être le seul à apprécier la beauté de ce qui venait de se passer. Akihito avait l'air dépité, et Yliria elle, dégoulinait de frustration. Pourtant, nous avions atteint notre objectif, nous l'avions notre escalier! Et vu jusqu'où il montait, il reliait probablement tous les étages de ce dédale souterrain! Un raccourci géant, que demander de plus pour aller chercher les survivants, et même transporter matériel et autre.
Au moins, il y avait une personne qui semblait avoir prit conscience du coté fascinant de notre acte: ce très cher Visselion. Bien qu'épuisé, il était clairement impressionné par ce qui venait de se passer. Akihito m'aborda d'ailleurs à son sujet:


"Drac, tu pourras amener Visselion à l'infirmerie ? Y a que toi qui peut le porter sans problème."

"Le seul qui...?"

Comment ça "le seul qui peut le porter sans problème"? Pourquoi donc? Parce que je semblais moins fatigué que les autres? Ou à cause du metal noir dont le corps du (définitivement très charmant) sorcier était en partie composé? Vu la précédente interaction d'Akihito avec cet Alliage Aliénant d'Aliaénon, j'pouvais comprendre qu'Akihito était pas très emballé à l'idée d'y retoucher, mais il s'imaginait quoi? Que ça m'affecterais pas à cause de mon écorce?

...

C'était une bonne question ça en fait: est ce que ce métal pouvait m'affecter comme il affectait les êtres de chair? Après tout, les seuls moments de contact que j'avais eu avec c'était en temps que mort vivant, donc niveau sensation, c'était pas trop ça. Mais la... Kmmm, ptet que si j'trouvais où était planqué les restes du golem d'Akihito, et en demandant gentiment...

Bah, dans tous les cas, c'était pas la priorité pour le moment, que ça soit pour mes tests avec le metal noir, ou comprendre pourquoi j'étais sois disant plus adapter à prendre dans mes bras Visselion. Je me contentai d'hausser les épaules avant de répondre.


"Boah... Tout l'monde va bien, on a pas eu d'blessé? Yliria, vous tenez encore? Magnifique sort en tout cas, kéhéhé!
Et vous, oh, vous~!"


Je m'approchai du sorcier scientifique d'un pas joyeux, écartant les bras prêt à l'enlacer, pour finalement me contenter de lui tendre la main pour l'aider à ce relevé. J'avais pu sentir son influence, son contrôle sur la magie qui tourbillonnait autour de nous, et clairement, sans lui, nous n'aurions pas eu un résultat aussi magnifique. Ha, si j'avais des lèvres, je l'aurais embrassé, ce catalyseur classieux!


"Si nos pouvoirs n'étaient pas autant instable que fascinant, j'en viendrais presque à jalouser vos capacité d'maitrises et d'contrôle! On vous doit encore une fier chandelle m'sieur Visselion!

Laissez moi vous aider! Vous pouvez marcher ou vous préférez qu'j'vous porte?"


"Ne vous inquiétez pas, je sais me mouvoir seul. Ca... fatigue juste très fort et très brusquement. Fiou.Vous serez plus utile avec les vôtres, j'irai prévenir seul de ce qui s'est passé."


Humble et pragmatique en plus de ça. Charmant jusqu'au bout! Dans la catégorie moins charmante par contre, il y avait Yliria, que la frustration rongeait très clairement. Après avoir lâché ce qui semblait être un juron shaakt, elle m'exprima son point de vue sur la situation:


"C'est un foutu fiasco oui... Putain cette magie m'emmerde à un point..."

Par les de fesses de Fearadhach, oh non pas encore. On en rev'nait à l'auto flagellation et le rejet des principes magiques de ce monde. Un fiasco, et puis quoi encore? L'objectif était atteint ET personne n'était mort ou blessé, bon sang d'bonne sève! On avait eu plus que s'qu'on voulait même! Alors pourquoi? Pourquoi cet agacement? Il y avait quelque chose qui semblait l'atteindre à un niveau presque personnel. Peut être... que lancer ce sort avait eu des effets que seule elle pouvait ressentir? Ou peut être que ça faisait remonter un mauvais souvenir?

"Je vais l'emprunter pour en tester la solidité. Attendez que je vous dise que c'est sûr avant de descendre."

Ca, j'appréciais déjà plus. Elle ne se laissait pas complètement abattre, elle ne se laissait pas complètement bouffer. Oui, qu'importe qu'elle soit frustrée, elle voulait sauver ces gens en dessous, "fiasco" ou pas. Ca, c'était de la détermination! Ca, c'était admirable! Sur ça, elle avait définitivement gagné mon respect.


"Nous n'avons guère énormément de réserves à portée. Mais celles de la cité pourraient être accessibles, grâce à cet escalier. Et là, ça changerait tout. Avec ou sans dépeçage, même si cette matière carnée reste précieuse. Il faudrait... envoyer une équipe en reconnaissance. Même si ça vous a échappé, le pire a pu être évité. Et l'escalier est là, plus utile encore qu'il n'aurait pu l'être. Ne vous torturez pas inutilement."


Cette petite précision que Visselion se sentit le besoin de faire à la demi shaakt aussi, forçait mon respect. La politesse, la gentillesse, et l'attention aux autres dans nos mots, dans nos paroles, ne coutait que très peu, mais pourtant, rares étaient ceux qui prenaient le temps de les appliquer. Ce genre de petits actes faisaient toutes la différences, mais étaient hélas si souvent sous estimé...
Et malheureusement, cet effort tomba dans l'oreille d'une sourde...

"J'ai failli tous nous tuer. C'est ça que je retiens. Ne pas contrôler cette magie est vraiment une plaie... "

Déclara la métisse avant de s'engager dans sa détestée création.

"Comme dit l'monsieur Yliria, soyez pas trop dure avec vous même. Même un "fiasco" a son intérêt, et celui la est pas des moindre!"

Mais pas de réponse. Je soupirai intérieurement: peut être qu'un jour, elle comprendrait...
Et finalement, sa voix retentit de nouveau, mais sur un autre sujet:

"C'est bon, vous pouvez venir ! Au moins c'est du solide"


Et au son de cette dernière, Akihito se prépara à la rejoindre.


"La priorité est de chercher ces réserves, mais... Je ne sais pas si on peut laisser les survivants sans "surveillance". S'ils venaient à remonter à la surface dans leur état, ça pourrait provoquer beaucoup de chaos..... Je vais retourner les voir. Les informer de la situation et essayer de temporiser au mieux le temps d'avoir de quoi les accueillir.
On sait pas jusqu'où ça descend. Mais vous aviez pas parler d'éventuelles créatures qui roderaient dans les parties les plus basses des souterrains ?"


"Les réserves de la cités seraient à quel "niveau" selon vous? Et y a t'il un système de sécurité ou autre mauvaise surprise dont il faut s'méfier? "


"Aucune créature, normalement. Je soupçonnais juste certaines bestioles d'avoir pu entrer dans la cité pendant que nous étions dans la grotte. Mais... ce n'était qu'une hypothèse. Elscar'Olth est notre résidence, nous ne gardons pas de monstres en nos murs.

Ils iront aux réserves, voir si elles sont intactes. Vous pouvez ou non les y accompagner, mais il n'y a aucune... protection particulière. C'eut été contreproductif de nous munir de défenses dures à passer pour un endroit où nous nous rendions plusieurs fois par jour. Je crois néanmoins que vous feriez bien de ne pas laisser Akihito aller seul voir les survivants, au vu de ce qu'a subi Bellarien."


Akihito se tourna vers moi, un peu hésitant, avant de me dire:

"Je pense pouvoir me débrouiller seul, mais je crache pas sur un peu d'aide dans tous les cas. Et je pense que j'ai déjà celle d'Yliria... alors a ta convenance, Drac."

Puis, il s'engagea rapidement dans les escaliers, appelant Yliria pour qu'elle l'attende.
Que faire maintenant? Rester ici? Accompagner les sorciers pour transporter la bouffe pour être de chair? Non, non, le conseil de Visselion me semblait plus pertinent, autant suivre mes deux comparses Yuimeniens. Je s'rais clairement plus utile auprès des survivants, que ça soit pour aider à les gérer, ou pour les refroidir à l'idée de mastiquer tout ce qui passe de mon écorce charbonneuse.


"Bon, bah, j'vais descendre aussi si c'est l'plus utile. Espérons que j'croise pas d'végétarien la d'ssous!"


Je lâchai un petit rire, avant de faire une courbette à Visselion, puis de courir rattraper Akihito et Yliria.

La descente se fit dans la tranquillité. J'observais tout ce qui nous entourait, espérant que cette nouvelle structure révèle quelque chose d'un peu hors du commun, mais rien de spécial ne se manifesta. Akhito et Yliria discutèrent un peu, et le premier conseilla à la seconde de ranger son arme, afin de ne pas inquiéter plus que ça les malheureux d'en dessous. Conseil que j'approuvais complètement: ces gens étaient épuisé, affamé, et visiblement prêt à tout pour survivre: on devait se montrer bienveillant envers eux, pas leur faire peur.

Le silence qui s'installa après ça finit par être brisé par une question assez pertinente d'Yliria:

"Des choses à savoir sur nos survivants ?"

"Ils ont été touché par le rayon, et ça a eu un effet particulier sur eux. Ils semblent avoir entre eux tous un lien sensoriel. Comme à Nagorin mais en moins puissant, puisqu'il ne partagent pas leurs pensées. Par là. Et cette nouvelle "nature" les dérangent : ils pensent qu'ils sont devenus des monstres et craignent la réaction des autres. Et je pense qu'on ne m'a pas tout dit..."

Descendant toujours les marches en dansant (cet escalier faisait bizarre sur mes racines, mais c'était pas désagréable), une pensée me traversa soudain l'esprit:


"Ca m'fait penser qu'on a toujours pas pu "discuter" avec main d'airain...

Et si ces pauv' gens ont "muté", tu m'étonnes qu'ils ont peur de la réactions des autres. La populace réagit mal à tout ce qui est "contre nature"..."


Cette histoire de mutation était intrigante, c'est sur, mais je pensais plus à l'état dans lequel les pauvre malheureux la dessous devaient être. Comment ils devaient se sentir... Leur crainte de représailles des autres sorciers ne sortait surement pas de nul part. J'avais vu beaucoup trop de fois cette situation. Des gens "différents", persécuté, chassé pour ce qui était juste une caractéristique nouvelle, à part, voir une bénédiction dans certains cas.

Mon esprit se fit assaillir de souvenir peu agréable. De visage d'oudios plein de haine, de dégout. Un rire amère m'échappa. Oui, tous ces idiots qui martyrisaient de pauvres personnes n'ayant rien demandé, tout ça au nom de Fearadhach... Comme si la parole idiote de ce dieu débile était la chose la plus sacrée du monde, qu'elle justifiait la haine et les horreurs que devaient subir des oudios ayant juste eux moins de chances que les autres...
Moins de chance? Non... Plus de chance? Non plus en fait. Juste une chance... différente...
Des visages apparurent de nouveaux dans mon esprit. Des visages effrayés, inquiets... Un en particulier, au sourire triste, et une autre, pleine de mélancolie, des feuilles tombant devant l'un de ses yeux... Leurs noms m'échappèrent, s'enfuyant de ma bouche dans un marmonnement inaudible... Un mélange de colère, de tristesse, de déprime envahit mon corps. Ils... ils me manquaient... Ils avaient encore tant de chose à faire, tant de chose à m'apprendre... Tant de choses à vivre...

Et pourtant...

Et pourtant...

Et tout ça parce qu'ils étaient née "maudit"....

.......


Et ces gens, la dessous, qui eux, n'étaient pourtant pas de bois et de sève, craignaient la même chose, risquaient la même chose...


.....


Non. Je ne laisserais pas faire... Ces gens, ces survivants, étaient des victimes de situations qui les dépassaient. Ils ne méritaient aucune souffrance. Pas à cause de ça.
Je ne laisserais pas faire. Plus jamais. Plus jamais de ça. Plus jamais je ne voulais revoir ça. Plus jamais je ne voulais ressentir ça.
Je faisais ça pour me protéger. Et pour cela, il fallait les protéger...

Plus jamais. Non, plus jamais de ça...


"Quelque chose me dit qu'la partie "sauv'tage" s'ra la plus simple à gérer dans s't'histoire..."

Mon ton fut plus dur, plus amère que ce que j'aurais voulu. Mais ma réflexion fit réfléchir Yliria. Vu ce qu'elle m'avait dit de son passé, probablement qu'elle aussi avait assisté à ce genre de... "problème"...


"Trouvons-les, on verra quoi faire ensuite. ne parlez pas tout de suite de l'escalier, il vaudrait mieux éviter qu'ils se ruent dehors. Pas sûr que leurs yeux apprécient la luminosité, même faible, de la Lande. Et ça ne ferait que semer la confusion au-dessus. Et Meno sait qu'ils n'ont pas besoin de ça en ce moment."

Oui, oui c'était pour le mieux. Si on voulait que ça marche, il fallait être logique, pragmatique. Si on voulait les aider, il fallait les protéger des autres, du climat, du monde... et d'eux même.
Après un certain temps, nous finîmes par arriver à l'endroit voulut par Akihito. Et immédiatement, cinq figures encapuchonnées nous repérèrent, et foncèrent sur nous.

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Akihito décida d'engager la discussion avec nos mystérieux interlocuteurs, mais ses mouvements, et son placement rapport à Yliria, trahissaient son stress. Son inquiétude. Elle aussi cachait mal sa méfiance, la main posée sur l'arme, prête à dégainer au moindre geste trop brusque...
Moi, je me contentais d'observer pour le moment, cherchant à apercevoir un bout de tête, de main ou quoi que ce soit d'autre chez les encapuchonnés, pour me faire une idée de leur état, mais sans succès.

"Sorciers, nous sommes heureux de vous savoir en vie. Nous venons de la part du Sorcier Visselion et devons nous entretenir avec la sorcière Tarja Vandran, dont le campement n'est pas loin. Est ce que vous êtes de son groupe ?"

L'un des cinq avança vers nous, répondant d'une voix tremblante, pénible. Une fois de plus, les souvenirs m'assaillaient, et le mal être en moi ne faisait que croitre.

"Pourquoi elle et non nous ? Ce groupe est le nôtre."

"Car c'est le seul nom de votre groupe que je connais, et c'est avec elle que je me suis entretenu. Si vous connaissez d'autres sorciers qui campent autre part que près du Glyphe, aller les chercher et rassemblez vous dans la salle du Glyphe. De l'aide va bientôt arriver. De la nourritures.
Votre cauchemar est bientôt fini, sorciers. tenez juste un tout petit peu plus."



Le malheureux qui c'était avancé tendit lentement, faiblement une main ganté vers Akihito, mais au vu du regard de ce dernier, il prenait visiblement ça pour une agression. J'étais... agacé de voir ça. Agacé de voir tant de méfiance. N'avait il jamais eu faim? N'avait il jamais été désespéré, désemparé, abandonné de tous?
Oui, il fallait toujours être méfiant, mais ces gens, la, en face de nous, étaient des victimes. Des rescapés d'un cataclysme. Ils avaient le droit d'être agressif. Qu'avaient ils fait de mal après tout? Mordre Serarien? Comme si c'était quelque chose de grave au fond...

J'en avais vu des affamés. Oudios comme humains. Des gens se trainer sur le sol, tenant leur ventre, ne pouvant même plus pleurer tant ils étaient déshydraté.
C'était toujours un spectacle terrible. Et ici aussi, c'était un spectacle terrible.

Si ces gens voulaient s'énerver, nous attaquer, nous mordre, qu'ils le fassent! Je leur accorderais les premières morsures. Oui, c'était attaquer ceux qui venaient les aider, mais la, en ce moment, un petit débordement, on pouvait le leur pardonner.

L'écorce et la peau, ça repousse.

Ce que je craignais le plus risquait d'arriver: ces gens devaient être traité avec compassion et attention. Nous devions montrer qu'on ne leur voulait aucun mal. Mais vu la méfiance des deux autres, ça risquait de rapidement dégénérer. Alors, je saisi la main qui venait d'être tendu avec douceur, et je me mis à leur parler, les émotions qui remuaient en moi ayant remplient ma voix de tendresse, de calme, de douceur, et d'une pointe de tristesse.


"Salut salut à... vous tous et toutes, du coup. Comme l'a dit mon ami, des vivres arrivent bientôt. Vous n'avez pas de blessé?

"Si, nous avons des blessés, des morts, des affamés et des croulants. Des enfants en souffrance."

Et l'être de chair retira sa main de la mienne, avec une certaine... "violence", comme un animal apeuré se cachant dans sa tanière. Et c'est ce qu'ils étaient: des animaux affamés, apeuré, désespéré. Peut être était ce du aux souvenirs m'ayant attaqués pendant le trajet, mais mon empathie envers eux était intense. Je ne pouvais littéralement pas savoir ce qu'ils ressentaient, mais je pouvais comprendre ce désespoir...
Désespoir qui s'échappait d'eux sous forme d'agressivité, de colère, de virulence. D'un désir intense de survie:


"Elle est où, la bouffe ? Elle est où ? Vous venez pour nous menacer, pour nous blesser, vous débarrasser de nous, hein ? Avouez ! Vous venez, disparaissez avec des promesses et revenez avec créatures et gens armés. Sans le sorcier. C'était votre prisonnier, hein ? Votre leurre ?"

"Bien sûr que non. Si j'avais voulu m'en prendre à vous, je n'aurais pas eu besoin de revenir et je vous aurais laissé à votre sort sans revenir. Et si vous saviez que j'étais avec le sorcier Bellarien, vous savez aussi ce qu'il lui est arrivé : il est parti soigner ses plaies. Et cela explique aussi la présence de nos armes : nous compatissons pour votre calvaire, mais nous ne comptons pas subir la même chose que Bellarien."

Akihito pointa l'escalier du doigt.

"Au moment où je vous parle, on est en train de se mettre en branle pour rassembler ce dont vous avez besoin ; d'autres sorciers ratissent les étages épargnés pour accéder aux réserves. Si nous sommes là, c'est pour rassembler tout le monde au même endroit, savoir combien, qui en priorité. Organiser votre survie. Alors rejoignez le Glyphe et attendez là-bas, s'il vous plait. On saura où vous chercher, et si jamais vous nous faites toujours pas confiance... Vous serez plus en sécurité protégez par le Glyphe et avec les vôtres qu'ici, non ?"

"Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas une "créature", un golem ou quoi que ce soit, je suis une personne comme vous, avec ces différences, comme vous.
Je n'vais pas vous faire de mal. Et je n'compte pas laisser d'autre vous faire de mal."


"Bellarien, oui. Oh, on nous a mis de côté de sa faute. On nous a dit de nous cacher de vous. Cruelle punition pour avoir voulu simplement se nourrir, se battre face à l'adversité. Nous aurions dû davantage en goûter, de sa chair si juteuse, quitte à en subir de néfastes conséquences."

"Une "punition" qui n'a plus de raison d'être, puisque nous vous avons trouvé. Et vous serez aidé de la même façon que les autres, peu importe ce que vous avez faits. Ou ce que vous comptez faire."

L'humain prit en main son sabre pointe vers le bas tout en le gardant scellé dans son fourreau, et continue d'une voix ferme.

"Mais nous n'hésiterons pas à riposter pour vous neutraliser si vous vous en prenez à nous. Alors contrôlez vous sorciers, et allez rejoindre les autres. Je ne le répèterai pas."

Et voila, ça dégénérait. On tombait déjà dans les menaces de notre coté. Ces gens en face de nous étaient désespéré, prêt à tout pour survivre. Les menacer, c'était juste leur donner une justification pour nous attaquer sans regret... Ils n'avaient plus rien à perdre, alors autant nous charger, comme ça ceux encore debout à la fin auraient de quoi manger, ou alors, ils mourraient tous, et étaient tous libéré de leur calvaire...

J'étais pas le plus grand des diplomates, mais même moi je voyais bien qu'il allait falloir insister un peu plus dans nos propos pour qu'ils écoutent, plutôt que de montrer les crocs...

Je me plaçai entre Akihito et les encapuchonné, les mains levés, afin d'inciter au calme. Mon ton resta doux.


"Calmons nous, calmons nous tous. Messieurs dames, vous souffrez, j'l'imagine bien, mais vous avez bien fait de ne pas manger Bellorarien! Votre retenue prouve votre "humanité", que vous voulez manger de la vraie nourriture, pas vos comparse. Et puis il vous aurait sur'ment rendu malade... Ecoutez nous, réunissez vous comme demandé, et on pourra vous aider. Nous avons tout à perdre et vous tout à gagner, alors faites nous confiance."

Mon regard se tourna vers mon camarade humain.

"Et vous Akihito, pas besoin de vous énerver. Ces gens sont désespéré, comprenez leur manque ret'nue... "

Je n'haussais pas la voix, car le dernier truc que je voulais c'était d'attiser encore plus les tensions... Mais, mes propos étaient clair, et j'espérais qu'Akihito en comprenne la portée réelle.
Le calme semblant se réinstaller, je me tournai vers les survivants, tendant à nouveau ma main.

"S'il vous plait, laissez nous vous aider. Réunissez les autres survivants et attendez nous. Ca vaudra le coup, je vous l'promet."

Et, afin d'étouffer définitivement ce début de querelle inutile, Yliria s'approcha pour régler élégamment le problème:

"Votre ventre ne crie plus famine, mais vous avez l'impression qu'il vous dévore de l'intérieur. Les jours passent et vous commencez à sentir des choses qui ne sont pas là et à voir votre corps devenir plus malingre et faible sans rien pouvoir y faire. Vous espérez de l'aide, vous imaginez la délivrance et vous envisagez le pire, voire de franchir une limite pour votre propre survie...

Les mots n'ont pas de consistance, autant leur donner du vent. En revanche..."


Et la, elle sortie ce qui semblait être du pain de son sac.

"J'en ai un pour chacun d'entre vous. Et de l'eau. C'est tout ce que j'ai, mais l'aide arrive, alors mangez, mais mangez lentement, parce que si la faim ne vous tue pas, l'indigestion le fera aussi sûrement qu'une lame plantée dans le cœur."


Oui, clairement, elle aussi, elle l'avait vu, elle l'avait vécu, ce désespoir. Elle avait fait ce qu'idéalement j'aurais voulu faire, mais hélas, je ne me promenais pas avec de la nourriture pour charnu en temps normal.
Peut être que je devrais commencer à le faire? Oui, vu mes compagnons de voyage, et les gens que j'avais rencontré jusqu'à présent, avoir ce genre de chose sur moi pourrait toujours servir pour aider quelqu'un dans le besoin, à l'occasion.

En tout cas, les cinq encapuchonnés furent clairement touché par l'acte de la shaakt. Le premier finit par saisir ma main et la serrer cordialement, afin de confirmer son accord.

"Si peu, pour si nombreux. Mais voici les premières nourritures que nous voyons depuis des jours. Nous la partagerons entre nous, tous. Quitte à n'en avoir qu'une miette. Vandran voudra le donner aux enfants, et son opinion se défend. Mais ils ne seront guère utiles pour la suite du sauvetage. Retenez cette information, quand elle nous suppliera de leur confier."

Ils saisirent le pain qu'Yliria leur tendit, et, me montrant l'une des plus impressionnante preuve de contrôle de soit que j'eu jamais vu, réussir à le ranger sans en toucher une seule miette. Puis, ils nous conduisirent auprès des leurs, dans une grande salle avec un énorme glyphe, et des centaines d'autres porteur de capuche.
Akihito demanda à parler avec un petit nombre de représentants, afin de faciliter la communication, tandis qu'Yliria se proposa pour aider les blessés.

Il ne restait plus qu'à me présenter moi:


"Bonjour bonjour, je fais aussi parti des s'cours, je suis Dracaena! J'appuis les demandes de mes deux compagnons: organisons nous pour l'aide à apporter, et s'il y a besoin d'une paire de bras quelque part, les miens sont prêt à agir! "

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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 30 sept. 2023 17:05

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) XVI



À la surface, alors que la nuit se faisait noire, Silmeria prend la garde. Une heure passe, deux ensuite. Mathis est dans un sommeil profond quand l’elfe sent un tremblement dans la terre. Un tremblement qui semble venir des profondeurs, se faisant de plus en plus présent. Elle n’a le temps de rien que, avec une rapidité surprenante, la croute terrestre se fait transpercer par une créature de cauchemar : une sorte de serpent géant fait d’ossements. Ses dents, mandibules, patte rappelant les plus immondes crustacés de Yuimen sont autant de menaces. Menace, oui, car cette apparition est clairement là pour les détruire. Les défonder, les réduire en charpie. Ses yeux rouges se dressent sur un Mathis qui vient de se réveiller en sursaut, sa gardienne masquée par les ombres nocturnes. Praline feule, reculant, terrorisée.



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Doivent-ils se battre ? Fuir ? Est-ce seulement possible ?

___________


Au cœur de la cité d’Elscar’Olth, le petit groupe mené par les cinq hères vêtus de noir rejoignent la salle du sceau activé, bondée. Tarja prend le temps d’écouter les dires du trio, mais elle n’a le temps de répondre que le premier des cinq prend la parole.

« Dame, ils ont prouvé leur bonne foi et ont fait don de la pitance qu’ils avaient sur eux. »

Il pose les pains et le litron d’eau à côté d’elle avant de poursuivre.

« Tous ici ont besoin de ces denrées, mais elles sont trop faibles pour nous nourrir tous. Le choix s’offre à nous : ces émissaires parlent de volontaires, de représentants, de responsables. Ceux-là devraient-être les mieux nourris. »

La sorcière regarde les enfants pâles et affamés autour d’elle. Mais là encore elle n’a le temps de parler que l’encapé enchaîne.

« Vous avez raison de songer aux enfants, c’est pourquoi j’ai songé à une solution : moi et les miens sommes sans doute plus en forme que quiconque ici. Les plus volontaires. Soyons ces émissaires, nous nous contenteront d’un pain et d’une gorgée d’eau, laissant le reste pour vos protégés. »

Vandran les observe, silencieuse dans un premier temps. Puis rétorque enfin :

« Les Conjurateurs d’Elurien d’Assamoth. Votre soif de pouvoir ne vous a donc pas quitté avec la disparition de votre meneur. J’apprécie l’offre que vous faites à ces enfants, mais ne peux décider pour nos sauveurs qui les représenteront parmi les nôtres. Laissons-les choisir. »

Et, se tournant vers le trio :

« Sachez que tous ici vous écoutent avec attention. Vous n’aurez pas à répéter vos consignes. »

De fait, le silence est pesant. L’écoute attentive. Tous les capuchons sont tournés vers la scène, rendant un malaise certain à l’ambiance. Le premier des cinq ôte, lui, la robe noire qui le couvre, révélant son apparence. Celle d’un homme pâle aux cheveux blancs, have. Ses yeux brillent d’un vert inquiétant, alors qu’une sorte de couronne magique ceint sa tête sans la toucher.


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« Vous aurez besoin de visages à reconnaître, aussi voici le mien. Et de noms : je suis Belenn d’Erfort, et voici mes compagnons : Dame Illana d’Ur, le jeune Samor d’Alluve, Rich’irth Evrass et la petite Fann Illiss. »

Tour à tour, les dénommés se débarrassent de leur cape, dans l’ordre, révélant leurs traits. La première est une femme ténébreuse au regard fermé et à l’allure noble. Le second un jeune homme aux airs un peu fous, marginal à bien des égards. Le troisième un homme aux cheveux longs, détournant le regard. Et la dernière, plus petite, une jeune adolescente aux cheveux bleus. Belenn reprend la parole.

« Nous avons tous les qualités nécessaires pour diriger ces opérations, sous votre conduite. Je peux mener le nombre sans peine, gérer les flux de mes pairs. La jeune Fann vous mènera près des blessés les plus en besoin de soin, si vous le souhaitez. Quant aux bras, ils seront bienvenus pour soutenir les plus faibles, quand nous irons. »



[HJ : Mathis et Silmeria, on gère le combat dirigé sur Discord. Les autres, discussion générale avec tout ce beau monde. Enjoy your nouveaux pnj.]



[XP :
Silmeria : 0,5 (discussion), 0,5 (pistage et garde)
Akihito : 1 (discussions), 0,5 (avancée)
Mathis : 0,5 (discussion), 0,5 (pistage)
Yliria : 1 (discussions), 0,5 (avancée)
Dracaena : 1 (discussions), 0,5 (avancée)]




[Bons :
Silmeria : Le Ponctuel !
Akihito : Le Ponctuel !
Yliria : L’émotif !]

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » jeu. 5 oct. 2023 20:12

Enveloppée dans les ténèbres qui m'étaient chères, j'avais toute la nuit devant moi. Je clignais ça et là pour observer les alentours quand un tremblement profond attirait mon attention. Au départ, je pensais à des galeries souterraines mais le grincement, les chocs qui faisaient trembler le sol semblaient venir de différents endroits comme s'ils se déplaçaient.

Heureusement ou malheureusement, je n'eus pas le loisir d'avoir à imaginer ce qui se tramait sous mes bottes, l'auteur de ce vilain boucan apparu dans un éclat de gravât et de poussière. Un immense lombric squelettique dont les côtes que je devinais dures comme le roc restaient immobiles dans une jungle de mandibules agités qui claquaient dans le vide. Au départ, je ne vis aucune extrémité qui semblaient être sa tête jusqu'à ce qu'une paire d'yeux rouges maléfiques se plantent dans les miens, m'hypnotisant le temps d'un fragment de seconde.

(" Elle est vraiment vilaine, cette limace... ")

Sans attendre, je tirai la Tueuse de mage et concentra la magie de l'ombre qui m'entourait. En une fraction de seconde, j'étais sur la tête de cette affreuse créature. Elle semblait s'être jetée sur Mathis, j'en perdais presque l'équilibre mais je trouvais mon salut en saisissant ses espèces de cornes pour me maintenir, la créature allait vite, c'était comme chevaucher un immense serpent en furie. La main serrée à m'en blanchir la phalanges sur la Tueuse, j'essayais de frapper mais les mouvements de ce vilain monstre m'empêchaient de toucher ma cible, mon équilibre était bien trop important, bien plus que de porter un coup, Mathis était invisible de là où j'étais, ça allait trop vite et les ondulations de ce squelette ne m'aidaient pas à m'orienter.

Un défaut dans le crâne de la créature m'offrit une aide inattendue, de quoi ranger ma botte, ou du moins incruster une partie de celle-ci pour grandement faciliter mon équilibre, ainsi n'étant plus soumise au balancement de mes bras pour rester droite, j'allais enfin pouvoir attaquer, plus bas je n'entendais que les frottement du roc sur ses os, pas de cri de la part de Mathis, c'était presque une bonne nouvelle, au moins il semblait être entier mais le pessimisme me rappelait que les décapités ou les gens fendus en deux ne crient pas beaucoup... En tout cas beaucoup moins que ceux qui perdent juste un bras ou une jambe.

La dague se plantait enfin dans son crâne, jusqu'à la garde, j'entendis le petit claquement du métal sur son ossature solide, mais rien ne résistait à cet acier enchanté. Je la sortais d'un coup sec après avoir effectué un petit mouvement de poignet mais la bête continuait sans sembler en souffrir, elle ne criait pas ou si elle le faisait, je n'entendais rien du tout. J'enchaîna en attaquant la base de son crâne, là où se trouvait la précieuse moelle épinière pour tenter de paralyser tout son corps mais encore une fois, même si le coup avait touché, l'effet n'y fut pas.

(" Mais c'est une bête magique ! Ne pense pas comme si c'était un humain ou une créature vivante ! ") Insistait Cèles dans mon oreille. Ma petite pelote de fluides avait raison, je me retournais profitant d'être encore assez stable tout en espérant ne pas me faire coincer par une mandibule avant que la bête ne retourne creuser le sol tête la première - ça m'aurait tartinée sur au moins cent mètres. Ma lame frappa l'intérieur du crâne, j'y avais enfoncé mon avant bras tout entier mais... La lueur rouge hypnotique de son regard ne semblait pas palpable comme si c'était là deux flammes intangibles qui brillaient dans un crâne vide. Une patte osseuse me délogea, peut-être avait-il senti quelque chose ? Une partie sensible ou avais-je tout simplement brouillé sa vue ?

Je parvins à tomber sans heurt, Mathis faisait face à la chose avec une agilité certaine mais la bête avait trop de pattes et de mouvements erratiques et il fut lourdement frappé. Je criais à Mathis qu'il fallait employer la magie, je pensais d'instinct à un immense éclair qui viendrait le frapper des cieux, réactions expédiée et aussitôt essayée, chose qui me fut reprochée par la magie de ce monde, durement même. Aussi dure que le roc et c'était bien ce qui semblait envelopper mes mains et mes avants bras. Un glacage de pierre lourde et résistante, je restais interdite devant mes mains figées :

" Bon et bien...je suis immunisée contre la foudre au moins. " Disais-je avec ironie. Mais je lançais de nouveau un sort, essayant de visualiser une immense lame venue des cieux qui irait s'abattre sur le monstre ondulant dangereusement face à Mathis.

(" Et Mathis ? ")
(" Le monstre le tuera de toutes façons, il préférera sans doute prendre un risque que de se heurter à une certitude. ")

En conclusion, la magie fit la sourde oreille mais eut la délicatesse de m'offrir un petit champ de fleurs noires aux herbes touffues grisonnantes en guise de cadeau d'excuses. Mais j'étais têtue et pragmatique, une fois que la beyte aurait transformé Mathis en boulette, elle se dirigerait vers moi et manifestement mes armes semblaient aussi efficace que des claques sur le cul d'une montagne.

Enfin le monde comprit mon désir et s'abat alors sur le monstre une gigantesque lame qui le fendit en deux, s'écrasant sur le sol dans un grondement sourd et un fantastique levé de poussière, la beyte semblait être terrassée. Mes yeux se posèrent sur un Mathis échoué, blessé qui commençait à se vider une potion dans le bec pour tenter de survivre à la nuit.

" Mathiiis. Merci d'avoir occupé la bête. T'as vu ça ? On m'a toujours dit que j'avais un cœur de pierre, mais les mains, ça jamais. "

"Crois- tu que ca va se replacer avec le temps... ou quil faut intervenir ? "

" Il va clairement falloir intervenir. Mais si tu t'occupais plutôt de toi ? C'est assez vilain. Tu vas pouvoir marcher ? On devrait pas rester ici, ça a fait un affreux boucan. "
Et en parlant de boucan, ce fut un horriblement grincement qui revint à nos oreilles, le monstre se recomposait... Comme deux aimants qui se collaient de façon invariable, le gigantesque serpent fixait les membres séparés par la lame magique, mandibules, excroissances étranges et enfin son immense colonne qui recommença alors à onduler de manière menaçante.

" Punaise, débarrasse le plancher, vilain crotale ! Invoque avec moi Mathis, une... ENORME MASSE !! "


Et croyez le ou non, la magie combinée de nos deux pouvoirs entendit notre appel et tomba du ciel...

Un énorme colosse armé de deux haches qui pulvérisa le monstre en tapant dessus comme un sourd.

(" Je vais finir par croire que dès que Mathis lance un sort, il invoque un être singulier... ")

Le colosse réduisit le monstre en morceaux d'ossement si petits qu'on pourrait les utliser pour une bonne partie d'osselets, il s'approcha de nous et à mesure que je le regardais, je sentais comme un frisson glacé parcourir mon dos. A quoi était-ce dû ? Sa petite tête barbue au regard noir perdues dans un immense col de cranes ? Sa stature ? Large comme une charrette et haut comme une grange ? Ses armes rouillées qu'il manipulait comme d'un rien alors qu'elles devaient bien peser cinquante kilos chacune. Ce devait être une peur magique, je me sentais... Mal. Sa voix. Elle tonna dans ma tête.

"Fuyez : il va renaître, bientôt."

(" Non non non mais non en fait. Est-ce qu'on peut passer une putain de semaine sans entendre des voix ? ")

" VieEeEens avec NoOoOUuUs " Criais-je lorsque Mathis qui n'avait pas attendu son reste venait de me passer par dessus son épaule comme un vulgaire sac et entreprenait de courir... Ou plutôt de clopiner et de suffoquer vu qu'il était perforé de partout. Je n'étais pas particulièrement experte en médecine mais j'étais presque sûre que lorsque le jour se lèverait, je pourrai voir le soleil à travers Mathis et ça c'était plutôt mauvais signe. Le colosse répondit à mon appel, je ne sais pas si c'était ma demande ou sa volonté, mais il nous attrapa tous deux, j'eu une peur folle lorsqu'il me saisit dans sa main pour me poser sur son épaule, comme un vulgaire perroquet. Il aurait pu me briser les os sans forcer, au lieu de ça, le colosse se mit à courir loin, je ne voyais pas vraiment si c'était de là qu'on venait, peut-être nous éloignait-il de notre groupe mais... J'étais plus occupée à chasser ma peur en cherchant à en savoir plus. Si ça se trouve... Il nous conduit dans son trou pour nous manger.

" C'est quoi ce vilain monstre que tu as estourbi, mon gros monsieur ? " Je me serai bien tournée pour regarder derrière, mais allez-savoir, je me tenais fermement à... Un crâne. J'avais glissé mes doigts dans les orbites pour me tenir et mieux accuser les secousses de ce colosse aux grandes jambes

"Qu'importe son nom, il vous aurait tué." Sa voix venait de m'arracher un frisson. C'était la boule au ventre et la gorge serrée que je demandais avec un semblant d'aplomb :

" Et... Et toi ? Qui es-tu, gros monsieur ? "

Après une courte inspiration, je desserai les doigts du crâne et designais Mathis qui ne semblait pas beaucoup plus rassuré que moi.

" Je suis Silmeria, lui c'est Mathis. C'est nous qui avons invoqué la magie et tu es arrivé. "

" Tu crois qu'on vient d'avoir un enfant ? " Avais-je tenté vers Mathis pour essayer de détendre l'atmosphère déjà trop pesante.

"Je suis le Cauchemar de ces Landes. Et je ne suis pas votre enfant, ni votre création."

C'en était trop, je sentais mon coeur battre mes tempes et des frissons que je ne pouvais maîtriser. Être directement sur lui et l'avoir vu massacrer ce monstre qu'on peinait à effleurer me faisait sentir un étrange sentiment, celui d'être en confiance, en sécurité tout en sachant parfaitement que le danger était là, sous la forme de ce gigantesque colosse destructeur. Tout ce qui émanait de lui inspirait un profond inconfort, un malaise total, j'observais Mathis à la dérobée et lui aussi était sous le joug d'une peur panique. Je sentais des larmes noires couler le long de mes joues alors que je l'essuyais du revers de la main, je me rendis compte qu'elles tremblaient comme des feuilles aux quatre vents.

Sous la demande de Mathis, le colosse nous déposa au cœur de la Lande.

" M...Merci monsieur le Cauchemar de la Lande... Pourquoi nous avoir sauvés ? " J'avais le sentiment de vouloir savoir, mes idées étaient comme du verre brisé en mille morceaux et je peinais à les rassembler. Mais dans cette confusion, je voulais savoir quels étaient les sentiments de ce géant ? Avait-il était invoqué et était-ce là la raison de son renfort inattendu ? Etait-ce une sorte de serment ? Un pacte avec la magie du monde ? Je m'estimais infiniment chanceuse de voir qu'il ne s'était pas retourné contre nous... J'arrivais à peine à essuyer mes larmes sans m'en étaler sur toute la joue, mes jambes tremblaient à un point que mon dos me fit souffrir et pour ne rien arranger, Mathis me tirait la manche, murmurant qu'il ne voulait pas rester ici

"Parce que cette créature a déjà fait assez de victime gratuitement. A vous de répondre : comment m'avez-vous fait venir ?"

Mathis n'en pouvait plus et je me sentais obligée, forcée par une crainte indicible de baisser les yeux mais rien n'apaisa la peur. Savoir que ce géant était là, face à moi sans que je ne puisse voir autre chose que ses bottes était tout aussi terrifiant. J'avais même cette étrange sensation que si nous étions en plein jour, son ombre à elle seule aurait su assombrir le sol comme s'il faisait nuit. J'avais pourtant précisé que nous avions employé la magie pour l'invoquer, sans trop savoir ce qui allait venir. J'aurai bien voulu faire une moquerie mais... J'en étais tout bonnement incapable. Je murmurais une compote de son confus à tel point que je ne savais même pas s'il m'entendait ou comprenait ce que je bafouillais.

" La.. la magie. La magie vous a invoqué. Sans ça... on s'rait morts. Merci "

Mathis employa alors davantage de force et me traîna plus qu'il ne m'invita à partir, je confondis en excuses, levant par mégarde les yeux sur le colosse et perdit mon souffle.

" On.. on part. Merci, on.. va affronter le Gragon. "

"Nous nous reverrons."

Sa voix résonnait encore dans ma tête. J'avais pris la main de Mathis et c'est silencieux, déboussolés, confus et encore sous le choc que nous marchions pour rejoindre la ville. Bredouilles, blessés...
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » jeu. 5 oct. 2023 20:38

Cela put paraître surprenant, mais je m’endormis dès que j’eus fermé les yeux. Naïveté de ma part ? Confiance absolu (non, sûrement pas), fatigue extrême (oui, plutôt ça.) Je ne sus combien d’heure s’étaient écoulées depuis le tout début de mon sommeil, mais mon réveil fut brutal. Je me réveillai en effet en sursaut, la fine beauté aux cheveux d’ébènes et aux yeux noisettes qui habitait mon rêve, fut vite remplacée par la dure réalité: Un énorme serpent osseux aux yeux rouges globuleux, muni des puissantes mandibules, de longues pattes terminées par des pinces acérés et une longue queue dont la pointe menaçait de me transpercer à la seconde. Cet affreux crustacé géant était sorti du sol, transperçant la croûte terrestre sans difficulté.

Ne pouvant détacher mes yeux de l’affreusité, j’entendis le feulement de Praline. Terrorisée, elle alla se réfugier.

Alors que Silmeria fonçait sur le squelette géant dague à la main. Je me relevai rapidement en effectuant une cabriole, je m’étais relevé juste à temps pour éviter la lourde patte qui s’écrasa au sol avec violence à l’endroit même où j'étais quelques secondes auparavant.

Juchée sur le crâne de la bestiole, entre ses deux cornes, Silmeria semblait tenter de lui transpercer le crâne. Mais je n’eus pas le temps de regarder le résultat de son attaque. Je devais me mêler à l’action et non me contenter d’être spectateur. Avec autant de souplesse que j’avais usée pour me relever, je fonçai à mon tour sur la bestiole. Cette dernière plongea également à ma rencontre et me transperça violemment l’épaule et en ressortit aussitôt son arme. Sous l’effet de l’adrénaline, et profitant de la proximité de mon ennemie, je pris appui sur mes mains, relevant mon corps et mes jambes, j’assénai un puissant coup de pied à l’endroit où aurait dû se trouver un visage. Mon attaque réussie, les os de son visage s’enfonçant dans son crâne. Elle émit alors un sifflement âpre. De mon côté, mon épaule transpercée s’avéra douloureuse, mais je tentai de contenir ma douleur excessive afin de profiter de l'étourdissement apparent de la bête pour l’attaquer. Activant mes griffes tout en me ruant sur elle, je m’attaquai à son corps réussissant à lui casser quelques côtes, qui se détachèrent de cette bestiole sans chair. Cette blessure ne l’importuna point, pas suffisamment en tout cas, puisqu’il s’élança de nouveau sur moi. Heureusement, je l’évitai in extremis par un bond de côté.
Un bref coup d'œil me permit de voir que Silmeria s’affaire toujours sur le crâne de notre adversaire. Un moment de distraction qui me fit rater mon attaque, mes griffes ne balayant que l’air frais. Mon horrible adversaire, en revanche, m’attaqua en plein ventre, son arme ressortant dans mon dos. Alors que je peinais à comprendre ce qui m’arrivait, que la douleur excessive menaçait de me faire perdre conscience à tout moment, la bête me baladait dans les airs quelques secondes comme pour exhiber son trophée de chasse avant de me jeter violemment sur le sol.

La main posée instinctivement au sol, affaibli et accablé par la douleur, je retirai de peine et de misère mon sac de mon dos. Ma main libre tremblante, je fouillai dans mon sac et en ressortis une potion de coagulation que je bus d’un trait. Guettant ma main ensanglantée couvrant le trou béant, je me sentis soulagé lorsque le sang cessa de s’écouler. J’étais encore mal en point et le squelette pouvant se ruer sur moi à tout moment, je me dépêchai de retirer de mon sac, une potion de soin que je bus jusqu’à la dernière goutte. Aussitôt que je sentis ma douleur s’amoindrir, je rangeai mes griffes et dégainai ma dent de la liberté et je l’utilisai pour couper les pattes du monstre à ma portée. Mais la bête au crâne défoncé ne s’approcha pas suffisamment de moi pour que ma dague puisse la toucher. Je profitai donc du court moment à ma disposition pour effectuer une pirouette me permettant de me relever plus rapidement.

Ce fut à ce moment que Silmeria, ayant quitté son perchoir, s’écria, me sommant d’utiliser la magie de concert afin de tuer cette saloperie. Réticent d’utiliser cette magie d’Aliaénon, et persuadé de pouvoir m’en sortir avec mes propres attitudes physique, j’ignorai sa demande.

La bestiole attaqua avec violence Silmeria, mais heureusement celle-ci esquiva assez rapidement pour éviter la patte qui s’effondra pesamment au sol.


Silmeria réitéra une fois de plus sa demande de coopération magique, en annonçant vouloir invoquer un éclair sur notre adversaire acharné et décharné. Ne répondant pas à sa demande, j’utilisai alors ma dent de liberté dans l’intention de lui trancher la partie inférieur de son corps. Mon coup porta au bon endroit et je brisai de nouveau les os de la bête, provoquant la presqu’immobilité de la partie inférieure de son corps. Ce qui était une bonne chose, même si le combat était loin d’être terminé.

Des mains tendus de Silmeria ne sortit aucun éclair, au lieu de cela, la chair de ses mains et de ses avant bras prirent la consistance de la pierre.

Encouragé par ma précédente réussite, j’attaquai de nouveau avec ma dague visant cette fois une des ses pattes non loin de son hideuse tête. Cette fois ma dague ne fendit que de l’air. Heureusement pour moi, la bête m’ignora, Silmeria étant une proie plus appétissante. L’agilité de l’hinionne lui permit d’esquiver une fois de plus l’attaque dirigée contre elle. Je me demandai pourquoi elle persistait à utiliser de la magie, devant le dernier échec, suivant d’un autre. J’ignorais ses intentions, mais je vis de l’herbe et des fleurs noires pousser tout autour d’elle.

De mon côté, je pris un élan et sautai sur le monstre avec l’intention de lui crever un œil de ma dague aiguisée. Mon saut fut à la bonne hauteur, mais imprécis, je manquai totalement ma cible. L’espèce de crustacé profita de ma position fâcheuse pour me happer dans les airs avant de me lancer au sol. Heureusement, j’eus le réflexe, tout comme les chats, de retomber sur mes pieds.
Silmeria en colère, avait les mains tendues. Je vis alors une immense lame apparaître et s’écraser sur notre adversaire. Je poussai un long soupir de soulagement. C’était terminé ! Cet affreux monstre, avait été coupé en deux et ses deux parties gisait à présent sur le sol, sans vie, immobile.

(C’était pas trop tôt. )

En effet, à mes blessures d’envergure aux ventre et à l’épaule, venait de s’ajouter une autre au torse, suffisamment importante pour m’empêcher de combattre de nouveau. Mes côtes atteintes, je respirai difficilement et ramassai fébrilement mon sac, espérant qu’il me reste suffisamment de potion pour améliorer mon état. Ce qui s’avéra le cas. Les mains tremblantes, la respiration sifflante, je bus un autre potion de soin.

Silmeria, agenouillée près de moi, vérifia mon état en tâtant les différentes blessures. Alors que je récupérais lentement, elle me montra ses mains, me lançant à la blague qu’on lui avait toujours dit qu’elle avait un cœur de pierre, mais jamais les mains. J’avais vaguement vu cette transformation lors du combat, mais je n’avais pas eu le temps de m’y attarder. Cette fois, je les regardai avec attention, perplexe.

"Crois- tu que ça va se replacer avec le temps... ou qu'il faut intervenir ? "

Elle croyait qu’il fallait intervenir, mais ce n’était pas sa priorité, elle considérait qu’il fallait d’abord s’occuper de mes blessures, me demandant si je pouvais marcher. Elle n’avait pas tort, si mes potions m'avaient permis de rester en vie et même d’attaquer, il n’en demeurait pas moins qu’elles étaient graves et qu'elles devaient être soignées. Ma tolérance à la douleur me faisait oublier en partie mes blessures, ce qui était une bonne chose en soi, par contre, elle ne faisait que retarder la prise en charge de ces tissus blessés, ce qui n'est pas une bonne option pour la santé de mon corps.
Silmeria suggéra alors de quitter les lieux, le bruit du combat ayant pu alerter d’autres bestioles. J'étais du même avis qu'elle et j'allais lui signifier lorsqu'un bruit d'os qui s'entrechoquent attira notre attention en direction du feu serpent squelettique. Alors que nous avions cru notre combat terminé, notre adversaire s'était reconstitué sous nos yeux et il était à présent intact, exempt de toute blessure, ce qui n'était vraiment pas mon cas. Il n'y avait pas de doutes, nous ne pourrions survivre à un deuxième combat. Je poussai alors un long soupir de découragement.

Toujours en colère contre le serpent d'os, Silmeria me demanda une fois de plus de me joindre à elle afin d'invoquer une énorme masse. Cette fois, ne voyant plus d'autres options pour nous sauver la vie, j'acquiesça à sa demande.

" Oui, cette fois je te soutiens "

Conscient des risques d'un tel geste, mas persuadé qu'il n'y avait pas d'autres solutions, je plaçai ma main sur l'épaule de l'hinionne afin d'unir nos forces. Je me concentrai sur le monstre squelettique me joignant ainsi à Silmeria pour invoquer une masse qui tuerait cette immonde bestiole.

La magie fonctionna et une énorme masse apparue. Comme je l'avais remarqué à mes dépens dès mes premières utilisations de la magie d'Aliéanon, il fallait être précis lorsque nous l'utilisions. Ainsi, même si Silmeria avait invoqué une masse en pensant à cet arme fait d'une boule métallique garnie de pointes et fixée à un manche, elle ne l'avait pas précisé. Alors ce qui apparut fut bien très massif, et s'il s'agissait bien d'une arme imposante, elle était aussi pensante. La créature qui apparut dans les airs dépassait facilement les deux mètres. Ses grosses mains tatouées armées chacune d'un imposante hache, on pouvait voir dépassant de chaque côté de son corps, une épée démesurée attachée à son dos. Alors que je retenais mon souffle devant cette manifestation magique, celle-ci exécuta ce pourquoi nous l'avions convoqué: anéantir le serpent squelettique. Déployant une force incroyable, il broya à une vitesse vertigineuse le squelette pour en faire des confettis osseux. Lorsqu'il se retourna vers nous, je déglutis, prêt à prendre les jambes à mon coup et à fuir. Il ouvrit sa bouche dissimulée par une épaisse chevelure ou barbe ou un peu des deux et s'exprima:

"Fuyez : il va renaître, bientôt."

Cinq mots pas plus,... et heureusement car ces derniers avaient traversé ma peau, ma chair. Je fus pris immédiatement d'une peur irrépressible. Même si cette chose nous avait sauvé la vie, je n'avais qu'un souhait, celui de m 'en éloigner le plus possible et ce le plutôt possible. Jamais au grand jamais, je ne pensai à la contredire, elle nous avait dit de fuir, et c'était ce que j'allais faire sans tarder.

Je savais que mes jambières de Grunfit pourraient m'emporter vite et loin de cette chose terrifiante. J'étais sur le point de partir lorsque j'aperçus Silmeria. Je ne pouvais la laisser seule, mais je ne pouvais non plus l'attendre. D'une voix tremblante de peur, je bafouilla à Silmeria.
" Laisse-moi te porter, je peux aller rapidement "

Silmeria s'avérait légère, mais j'avais sous-estimé mes blessures. Je la hissai ainsi difficilement sur mes épaules. Celle-ci inconsciente du danger qui nous guettait, demanda à la Masse effrayante de nous accompagner. Avant que l'on puisse faire quoique ce soit, l'horreur sur ses grosses pattes, courut jusqu'à nous et nous plaça sans effort sur chacune de ses épaules et nous éloigna à vitesse folle du squelette qui était sur le point de se reconstruire. La peur qui m'avait envahi lorsqu'il avait parlé ne m'avait pas encore quitté. Elle s'était même empiré puisque nous étions désormais sur lui et à sa merci. Mon cœur battait la chamade et je n'entendais plus que lui. Blessé comme je l'étais, je ne pourrais fuir le cas échéant. Je décidai donc de prendre quelques potions de soin afin de diminuer la gravité de mes trois blessures. J'étais en train de terminer ma troisième fiole lorsque Sissi questionna la Masse armée au sujet du monstre qui nous avait attaqué. Lorsqu'il parla, je sentis mon cœur redoubler de vitesse et une sueur froide perler sur mon front, mes mains tremblantes, il s'en fallut de peu pour que j'échappe le contenu de la dernière fiole. Heureusement, je n'en perdis pas une goutte. Je crus comprendre que le squelette nous aurait tué peu importe son nom. Mais je n'avais plus d'intérêt à la conversation, j'étais imprégné de cette peur qui m'empêchait même de penser. La proximité du corps de ce colosse sur le mien ne m'aidait pas à me concentrer et à contrôler ma peur.

( Qu'est-ce qu 'on fait là ? Pourquoi on l'a invoqué ? C'était une mauvaise idée ! On est foutu ! )


Ma peur était telle que je m'emballais, je ne savais que faire me sentant à la merci de cette terreur sur patte, ne sachant pas comment sortir de cette situation. Mais Silmeria, par pure folie, poursuivant la conversation, lui demanda qui il était, nous présentant et lui expliquant comment il était arrivé près de nous. Contrôlant difficilement ma voix, les dents serrés, je demandai avec insistance à Silmeria:
"Pourrais-tu cesser de lui poser des questions, sa voix me terrifie énormément."
La peur m'enlevant tout sens de jugement, je répondis à la question idiote et surtout inutile de Silmeria.

"Il est notre création... tu peux donc le considérer comme ton enfant."

La créature se présenta comme le Roi des cauchemars des landes. Une fois de plus sa grave voix d’outre-tombe me traversa de bord en bord. Les mains moites, la peau blanchie, je fus pris de nausée, de maux de ventre, je déglutissais avec difficulté, et je ne pus contrôler les sphincters de ma vessie, un liquide chaud, mon urine, coula sur mes jambes sans que je ne puisse l'empêcher.

Au bord de la crise de nerf, je regardais le chemin parcouru tentant, en vain, d'estimer la distance qui nous séparait du monstre qui se reconstruisait comme un casse tête. Je savais que je ne pourrais rester encore sur l'épaule du Cauchemar, sans en mourir, ma peur devenant insupportable. Considérant que je ne pouvais rester plus longtemps sur cette monstrueuse épaule et que nous devions pour notre survie poursuivre notre chemin seuls, je m'adressai très poliment à Cauchemar. Une politesse exagérée guidée par ma peur et la crainte de me faire écrabouiller.

"Vous.... pouvez... nous ...déposer ici. Je vous remercie... de nous avoir pris... sur votre épaule. Inutile de nous répondre, ce ne sera pas nécessaire." Ma voix tremblante et faible, j'avais articulé ces mots avec difficulté.

Sans répondre, tel que je l'avais demandé, Monsieur Masse nous déposa au sol. Mon cœur fit deux tours lorsque Silmeria questionna encore la terreur. Pour ma part, je me contentai d'un signe de tête en guise de remerciement. Nous n'avions plus de temps à perdre, nous devions fuir au plus vite, plus question de dormir, je n'y arriverais pas même si j'essayais. A bout de nerf, je m’adressai à Silmeria.

" Vois-tu suffisamment clair pour que nous poursuivions notre route sans attendre à demain ? "

Lorsque je vis le poil facial de l'Horreur bouger, je fermai les yeux et me crispai, redoutant l'onde de peur qui accompagnerait sa réponse. Entendant mon cœur palpiter à toute vitesse dans ma poitrine, j'entendis les mots prononcés, mais je ne les enregistrai point, ou à peine. Je me contentai d'hocher la tête aux dires de Silmeria, même si je n'avais pas porté attention à ce qu'elle disait. Mes nausées se faisaient de plus en plus violentes, et je ne pensais qu'à une chose... fuir...fuir le plus loin possible.

(Partir, s'éloigner, vite, vite.... par où ? Il fait noir ? Et elle voit ou pas dans le noir ? M'a-t-elle répondu ?)

Et je tirai Silmeria par la manche pour qu'elle me suive, en fait, pour qu'elle s'éloigne avec moi du Cauchemar. Je reculai encore, mais la noirceur m'empêchait d'y voir. Je m'adressai encore au cauchemar, la voix tremblante, les yeux exorbités, la peau moite, les battements de mon coeur couvrant mes propres mots.

" Je vous re...mercie en..core mais... vous pouvez partir maintenant... avant que je fasse une crise de cœur. "
dis-je sincèrement tout en sueur.

Pour toute réponse, il annonça que nous nous reverrons...
(non, non pas nécessaire... il part pas... c'est à nous de partir alors... peu importe la noirceur. )

M'éloignant encore de Monsieur Cauchemar, j'activai mon casque dénommé Panache du Phénix et aussitôt, il s'embrasa à la manière d'un petit feu de camp. Je n'avais pas davantage pour m'éclairer, mais j'allais m'en contenter. L'important était de m'éloigner le plus possible de l'endroit où j'étais. Silmeria ne dit mot, elle se contenta de me prendre par la main me conduisant ainsi dans le bon chemin.
Praline qui s'était tenue à bonne distance, nous rejoignit.
Je demeurai silencieux, tentant en vain de contrôler cette peur qui continuerait de hanter mes nuits et mes jours aussi.

((( - S'éloigne du Roi des cauchemars.
- Allume Panache du Phénix. )))
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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » jeu. 5 oct. 2023 22:57

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

47 : Débat houleux.

La salle se calma et autour d’eux, le silence se fit avant qu’aussi bien le groupe des cinq sorciers que la sorcière Vandran ne prennent la parole. En substance, ils annoncèrent qu’ils pouvaient parler iici et que tous entendraient. Le groupe relevèrent leur capuches, dévoilant des visages blanchis par l’absence de lumière et des yeux luant de la même lueur blafarde du rayon.

(Les suivant d’Ellerien… Le frère de Bellarien. Tarja n’a pas l’air de beaucoup les apprécier,) pensa Akihito en regardant autour de lui, avant de réajuster son manteau et parler d'une voix forte et audible.

« Je suis Akihito Yoichi, et je viens comme mes compagnons d'un autre monde appelé Yuimen. Les raisons qui nous ont menés ici sont complexes aussi vais je faire simple : un danger plane sur Aliaénon et dans notre quête nous avons rencontrés les survivants d'Elscar'Olth à sa surface. Nous les avons aidés à régler les crises qui ont secoués votre cité et c'est en explorant les souterrains que nous vous avons trouvés. C'est le sorcier Visselion qui dirige pour l'instant les affaires à la surface. »

il marqua une pause pour laisser aux sorcier le temps d’assimiler ce qu’il venait de dire, puis continua.

« Les sorciers ont été informés de la faim qui vous tiraille et l'aide s'organise. Mais pour accélérer tout cela, nous allons avoir besoin de vous :premièrement, des bouchers ou toute autre personne capable de dépecer et préparer des carcasses d'animaux. Deuxièmement, les réserves de votre cité sont peut être intactes derrières des couloirs effondrés : alors des sorciers disposant de capacités magiques d'excavation ou tout autre pouvoir du même ordre seront utiles.

- Que les volontaires pour dépecer les animaux viennent se faire connaître au sieur Evrass. Ceux visant à retrouver la réserve vers la Dame d'Ur. »

Restait un point à penser : que faire de la nourriture d’Yliria. Il n’y en avait clairement pas assez pour tout le monde, et personne n’allait aimer prendre la décision. Faute de mieux…

« Concernant la maigre pitance que nous apportons, je laisserai ma compagnon à l'origine du don décider de sa répartition. »

… Il préférait lui laisser la patate chaude pour ne pas perdre de temps dans une conversation que personne ne souhaitait. Et tant pis s’il essuyait le regard noir de la semi-shaakte.

« Ce que j'ai pu amener n'offrira rien de plus qu'un très maigre réconfort, mais partagez-le comme vous l'aviez proposé. Navrée de ne pas avoir pu apporter plus en l'instant, tout s'est passé très vite... »

Puis elle demanda à ce qu’une liste soit faite pour les sorciers de la surface afin de les rassurer sur ceux encore présents. L’enchanteur contint une grimace crispé à cette idée : elle partait d’un bon sentiment, mais consigner les centaines de personnes allait prendre un temps considérable pour des résultats très minimes. Il la regarda partir s’occuper des blessés en suivant une jeune sorcière, tandis que les sorciers commençaient à partager le pain entre ceux qui étaient les représentants des sorciers et les enfants, le tout sous un second regard noir : celui de Tarja.

(Les femmes aiment te regarder, décidément.)

(Ce genre d’attention je m’en passerais bien, vois-tu.)

« Fan-Ming, hein, vous disiez ? De quels autres mensonges comptez-vous nous abreuver ? Et lesquels de vos dires devrions-nous croire ?

- Pardonnez-moi, dame Vandran, répondit l’Ynorien en s’inclinant à son encontre. J'ignorais si la connaissance des fluides spatiaux et des autres mondes était répandue parmi les vôtres, alors j'ai préféré simplifier et ne pas vous apeurer en évoquant une ville de votre monde. Et je n'ai pas tout à fait menti en affirmant venir de Fan-Ming : il s'agit d'une colonie de mon peuple sur Aliaénon. C'est le seul écart que je me suis permis : tout le reste n'est que la vérité. »

Quoi que pouvait en penser la sorcière, il n’était pas autorisé à le savoir. il se tourna ensuite vers Belenn.

« Il serait préférable que nous nous limitions à une vingtaine de personnes par groupe. Être trop nombreux à remonter pourrait causer beaucoup de confusion et sera plus difficile à gérer. S'il nous faut plus de monde, nous pourrons toujours revenir chercher des volontaires. Aussi... Dame Vandran m'a informé du lien qui vous unit tous. Est ce la seule conséquence de votre exposition au rayon ?

- Ce lien dont vous parlez n'est qu'une faible conséquence : à peine plus qu'une détermination à nous protéger l'un l'autre. Nous aurions pu l'avoir sans rayon magique. En revanche... Voyez nos yeux, voyez nos corps : nous avons été structurellement changés pour apartenir davantage encore à la magie de la Lande. A ne faire qu'un avec elle. Elle coule en nos veine, plus puissante qu'avant, faisant de nous ses esclaves, et d'elle notre outil.

Une sorte de folie semble sortir de ses lèvres alors qu'il parle. Dracaena, lui, se fait subitement inspecter de plus près par le jeune homme blond du groupe, aux airs originaux. Celui-ci se poste devant l'arbre vivant avec curiosité, l'observant, le détaillant de ses yeux emprunts de magie.

- Je vois... éluda-t-il, n’appréciant que trop peu la folie semblable à celle de Visselion qui perçait dans sa voix. Et qu'adviendrait-il si le rayon de magie était de nouveau scellé comme à l'origine ?

- Comment pourrais-je le savoir ?

- Quand vous dites que vous êtes ses "esclaves", intervint l’Oudio, vous sous-entendez quoi ? Vous avez désormais besoin de cette énergie magique pour vivre? Ou qu'une force supérieure inconnue vous contrôle ?

- Peut-être en avons-nous besoin, oui. J'ignore encore à quel point elle nous est nécessaire. Mais elle ne nous contrôle pas, non. »

En savait-il si peu ? Considérant que le phénomène était très récent et complètement inédit, probablement. Voyant son compagnon végétal s’engager dans une autre conversation avec un autre des sorciers les plus jeunes, Akihito préféra chercher à en savoir plus sur la situation des sorciers.

« Mmmh. Sinon, des idées, recommandations et autre avis sur ce qu'il faudrait faire ensuite ? Ou peut être que vous avez des questions. Je laisserai le soin à Visselion de répondre pour certains points, mais je peux essayer de vous éclairer sur ce que je sais. Vous aussi, dame Vandran, vu que notre dernière discussion s'est terminée prématurément. »

Une vive lueur rouge attira son attention, en même temps qu’une longue procession de « non ». Ils venaient de Dracaena, tout comme la lueur venait de sa fiole de détection des dangers qui affichait en lettre carmin son nom. L’enchanteur eut à peine le temps de se poser la question de savoir ce qui pouvait menacer son compagnon que l’artefact repassa rapidement au bleu. Fronçant les sourcils, Akihito se tourna vers son compagnon. Il semblait aller bien, quoi que très concerné par son interlocuteur.

« Drac ? Tout va bien ?

- Ca va ça va, le ptit gars la a voulu rentrer dans ma tête, mais y a pas de casse! Fascinant, tout bon'ment fascinant ! »

Rassuré -autant qu'il pouvait l'être après une telle annonce- et évacuant de son esprit le constat légèrement déprimant de savoir que tout les Yuiméniens qu’il « surveillait » avec sa fiole, les deux étaient avec lui, Akihito écouta ensuite Tarja qui avait quelques… Réclamations.

« Quand irons-nous ? Pourquoi attendre ? Si vous êtes arrivés ici, c'est qu'il y a un passage : menez-nous à lui et allons quérir cette nourriture que vous nous promettez. Car voilà ma suggestion : nous nourrir, nous abreuver, et au plus vite si vous ne voulez pas de nouvelles effusions malheureuses.

- Quand ? Dès que les équipes seront prêtes. Pourquoi pas maintenant ? Parce que la ville est déjà sans dessus dessous et quintupler la population dans un champ de ruines va surtout semer le chaos et la désorganisation. En plus, voir l'état de la ville alors que vous souffrez déjà de la fin ne serait pas une bonne idée. Il n'y a pas de place en ce moment pour vous tous, là haut. Alors mieux vaut que vous restiez ici où vous êtes organisés plutôt que de se marcher dessus à la surface, dit-il doucement avant d’englober dans son regard également Belenn. Cela reste votre ville. Elle vous appartient. Si vous décidez de monter, je ne vous en empêcherai pas -je n'y arriverai pas, de toute façon. Mais je n'ai pas de mauvaises intentions et j'essaye de faire ce qui me semble le mieux pour vous aider tous.

- Un champ de ruines... Les dégâts sont donc si importants ? Qu'à cela ne tienne : nous voulons quitter cet endroit pour nous nourrir.

- Et nous le ferons, intelligemment. Les groupes se répartiront les tâches, et nous communiquerons nos découvertes. Nul ne sera laissé pour compte, et si nourriture il y a à profusion, elle viendra à vous au plus vite, déclara Belenn avec une prudence qui étonna Akihito et ne sembla pas plaire à Tarja, même si elle n’en dit rien.

- Vous verrez par vous même, Dame Vandran. Mais vous imaginez bien que pour faire s'effondrer des couloirs plusiuers étages sous la surface, il faut une puissance considérable. Je vous ai déjà dit qui était le responsable de tout ça, ca devrait vous donner une idée de l'ampleur des dégâts. »

Du coin de l’œil, il vit Yliria revenir vers eux, le visage presque effondré. A en voir la mine qu’elle tirait, son passage à l’infirmerie ne lui avait pas plus. Elle semblait… Désemparée. Frustrée. Soucieux, il s’approcha d’elle.

« Ça va ?

- Moi oui, répondit-elle dans un soupir peu convaincant. Pas le cas des blessés, mais il n'y a rien que je puisse faire dans l'immédiat, ce serait prendre trop de risques. les potions seraient sans grand effet et ils sont trop nombreux. »

Il avait vu juste. Elle qui aurait pu faire quelque chose avec sa magie sur Yuimen, elle était beaucoup plus réticente à son emploi ici. Si la bretteuse essaya de se donner une contenance en se redressant et en demandant comment cela avançait ici, Akihito n’était pas dupe : il posa doucement un main sur son bras.

« Comme me l'a dit une bonne amie, ne te blâme pas pour ce que tu ne peux pas changer, Yli. On est pas tout puissant : faisons simplement de notre mieux. Et le mieux qu'on puisse faire, là, c'est guider les deux groupes qui semblent prêts, ajouta-t-il en pointant du menton les concernés. T'étais avec Alossarh là haut, tu voudras bien guider le groupe qui s'occupera des bêtes pour la viande ? Il saura où les envoyer ensuite.

- Je ne me blâme pas, mais ça ne m'empêche pas d'être frustrée de mon impuissance… » lâcha-t-elle alors que son regard se posait sur lui après avoir observé sa main.

Il n’insista pas et interpella Belenn.

« On part dès que vous êtes prêts : évitons de perdre du temps.

- Hé bien nous sommes prêts.

- Si tôt ? Rien n'est prêt à les accueillir là haut. il n'y nulle place, rien pour les protéger et s'exposer à la lumière du dehors alors que ça fait des jours qu'ils sont dans le noir... Vous êtes sûrs de vous ? Je peux difficilement garantir votre sécurité. »

Une remarque judicieuse qui avait complètement échappé à l’enchanteur.

(Les yeux s’habituent à l’obscurité, alors la lumière du jour après des semaines sans la voir… Ca peut faire de sérieux dégâts.)

(Oui enfin, la « lumière du jour » dans les Landes Noires…)

Au même moment, les deux sorciers qui avaient composé les groupes s’étaient présenté : une femme aux cheveux raides et au port noble, qui allait guider les sorciers pour l’escavation ; et un homme à la présence qu’il avait d’abord juger effacé mais qui était… Plus vindicatif que prévu. Tout comme Belenn se montra presque condescendant.

« Nous n'avons pas besoin de votre protection, ou d'accueil. Juste d'une voie pour remonter. Notre confort, nous l'installerons nous-mêmes.

- Que vous soyez ou non d'accord, le groupe visant à récupérer de la viande comptera près de cent d'entre nous. On ne nourrit pas des centaines avec vingt volontaires.

- Pardon ?! »

Tout aussi outré que la jeune femme, il préféra la laisser s’épancher puis adoucir son propos tout en montrant que ce qu’ils disaient ne lui plaisait pas non plus.

« Nan, c'est vrai que les hordes de créatures qui peuvent revenir d'un moment à l'autre ne sont pas une menace suffisante. Ils pourraient seulement tous vous tuer, mais loin de moi l'idée d'imposer ma protection à un groupe démuni et affaibli par la faim et la soif depuis plusieurs jours et qui risque gros à s'extraire des sous-sols dans un champ de ruines et de bataille. Ce serait déplacé de ma part..
Et je pense aussi aux survivants à la surface. Même si Bellarien est un sale con, vous l'avez tout de même attaqué et je n'ai pas envie que cent personnes se jettent sur les autres survivants et ça, vous ne pouvez pas me garantir qu'ils ne le feront pas. Sans nous, vous n'avez pas de moyen de remonter. Ce n'est pas une négociation. Vingt personnes. D'autres suivront et les réserves de la cité pourront rapidement combler le manque d'effectifs, mais en attendant, vous vous pliez à nos exigences, pour le bien de tous. Détestez-moi tant que vous voulez, mais c'est dans votre intérêt que je dis tout ça.


-Ce qu'essaye de dire Yliria, c'est que si on parle de vingt personnes, ce n'est pas pour rien. Vos cent volontaires seront mis à contribution, mais pour gérer les choses au mieux nous commencerons par moins. Alors soit vous suivez nos indications, soit vous faites fi de ce que nous vous proposons et vous serez responsables des problèmes qui s'ensuivront.

- Vous êtes stupides. Plus nous serons, plus nous pourrons amasser nourriture, défendre la cité de ces 'hordes de créatures'. Nous nourris, ceux de la surface ne risqueront rien. Vous avez dit vous-même comprendre ce qu'est la faim. Et les réserves ne se nomment pas comme ça pour rien : si de la chair fraiche est à portée, c'est elle que nous devons consommer. Je prends la responsabilité de ces volontaires et de ce qu'ils feront. C'est non négociable. Et si vous refusez de nous aider, ça fera de vous nos ennemis. n'oubliez pas qu'Elscar'Olth est notre cité.

- Vous demandiez des responsables : ils prennent à coeur leur rôle, que voulez-vous. Pouvons-nous y aller ? Qui ira aux réserves, qui ira à la surface ? En est-il un qui restera ici ? »

Akihito fut sidéré par leurs réponses. S’il préférait ne pas s’en prendre verbalement aux autres, il n’aimait pas pour autant qu’on le prenne de haut. Surtout quand il venait avec toutes les meilleures volontés du monde. Le troisième interdit de Valyus n’était pas celui qu’il observait avec le plus d’assiduité, mais il ne le négligeait pas pour autant.

« Des ennemis ? Stupides ? C'est pas la gratitude qui vous étouffe, sorcier Evrass. »

il toisa d’un air méprisant le sorcier qui venait de les insulter et ravala la suite cinglante de sa réplique.

(« Tâchez de vous rappeler que sans nous, la seule chose avec laquelle vous pourriez vous étouffer ce serait votre peuple ». Deuxième interdit de Valyus.)

Tournant les talons, il s'adressa à Belenn.

« J'avais demandé des responsables, pas des gommeux ou des mirliflores. Mais bon, nous ferons avec; suivez-moi.

(« Tu n’offenseras point », hein ?)

(Ils méritent de moins en moins mon respect,) se défendit l’Ynorien.

- Espérons que vous n'ayez pas à réellement prendre cette responsabilité, sorcier. Allons à la surface, nous aviserons ensuite. »

Yliria lui emboita le pas, tout aussi remontée que lui. Dracaena s’arracha un instant à sa conversation pour… Souffler le chaud et le froid. Il essaya tout autant de calmer la situation qu’il se montra réprobateur sur l’attitude des sorciers.

« On peut r'procher leur ton à mes compagnons, mais par leurs actions. Ils ont raisons de s'montrer prev'nant, parce que pour l'instant, la seule personne de "stupide" que je vois ici, c'est vous, qui profère des menaces contre les seules mains tendues qu'vous avez pu voir depuis des jours.
Nous n'sommes pas vos ennemis, et nous n'avons pas l'intentions de le dev'nir. Si vous voulez nous prendre en grippe, alors ayez au moins l'mérite d'faire ça tout seul, et d'pas embarquer dans votre colère des malheureux qui eux veulent vraiment essayer d'survivre.


- La gratitude de quoi ? rétorqua le sorcier aux cheveux longs. Vous arrivez ici en vous proclamant héros sans avoir rien fait que nous trouver. Nous vous serons reconnaissants, quand nous serons sortis de là. Et j'ai confiance aux miens et en leurs capacités, là où vous semblez les craindre et vous méfier. Ils viendront à cent, et vous verrez. »

Akihito ne prit pas attention à ce qu’il put rajouter derrière et continua sans dire un mot. Espérant que la vue de leur cité en ruines les mettrait un peu plus au fait des raisons qui les poussaient à faire les choses progressivement. Il se tourna vers la jeune femme à ses côtés.

« On remonte à la surface, on leur fait prendre conscience de l’état en haut puis toi tu les amènes à Alossarh pendant que je vais du côté des réserves voir comment ça se présente ? Ou tu penses qu’on seras pas trop de deux ? »


-----------

HRP : Remonte à la salle du campement en guidant le groupe, à la recherche de Visselion.
Jeu des mots : Mirliflore, Gommeux.

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » ven. 6 oct. 2023 23:27

Post squelette (complèterais quand je peux.)
- Se rend à l'infirmerie
- S'engueule un peu avec les sorciers.
- Emboîte le pas à Akihito.
- Mène le cortège jusqu'à Alossarh pour lui expliquer la situation.

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Dracaena Paletuv
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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 7 oct. 2023 14:44

Akihito avait prit en main la situation, essayant de s'organiser avec les survivants qui étaient... nombreux. Bien plus que s'que j'imaginais. Ce qui était... pas une bonne nouvelle. Plus de malheureux, plus de risque que ça parte en sucette. Yliria, elle, s'en allait pour voir l'état des plus blessés, et voir ce qu'elle pouvait faire pour eux. Je lui aurais bien proposé mon aide, mais hélas, mes connaissances des corps de chair, bien que bonnes, ne m'permettaient pas de pouvoir vraiment apporter quelque chose à une situation comme ça... Si seul'ment ils avaient des stomates ou du xylèmes, comme des gens normal'ment constitué...

Du coup, je restais la à attendre qu'on ait besoin de moi, pour soulever kek'chose ou soutenir quelqu'un. Tendis que j'entendais la vieille femme aux commandes dire à Akihito de ne pas la prendre pour une idiote (qu'est ce qu'il avait sorti cette fois?), mon attention se porta sur les anciens capuchonnés ayant révélé leurs visages. Leurs têtes ne me parlaient pas vraiment, et ne me semblait pas bien différente des autres, mais je remarquais un certain manque de couleur dans leur peau. Etaient ils déjà comme ça avant ou étaient-ce les conséquences de leurs mutations? Leur chef, Bella...Bellou...Biloute.... Bellem? Bellem, ça d'vait être ça. Oui, donc, leur chef, Bellem, portait une couronne particulièrement originale. Composée de ce qui semblait être des flammes vertes, je percevais plus une sorte de magie pure à l'air libre. Peut être que mon analyse était faussée, mais il me faudrait confirmer mes pensées un peu plus tard. Après tout, j'venais l'aider à sortir de cette situation pourrie, il pourrait bien me laisser toucher à sa couronne en récompense, non?
En tout cas, une phrase de la discussion en cours attira mon attention:


"Ce lien dont vous parlez n'est qu'une faible conséquence : à peine plus qu'une détermination à nous protéger l'un l'autre. Nous aurions pu l'avoir sans rayon magique. En revanche... Voyez nos yeux, voyez nos corps : nous avons été structurellement changés pour appartenir davantage encore à la magie de la Lande. A ne faire qu'un avec elle. Elle coule en nos veine, plus puissante qu'avant, faisant de nous ses esclaves, et d'elle notre outil."


"Quand vous dites que vous êtes ses "esclaves", vous sous-entendez quoi? Vous avez désormais besoin de cette énergie magique pour vivre? Ou qu'une force supérieure inconnue vous contrôle?"

A ce moment la, je remarquai que l'un des ancien capuchonné, un jeune blond aux cheveux blonds aux reflets blancs (encore un faux-vieux...), me regardait. Non, me dévisageait en fait. Un mélange de curiosité et d'hésitation se percevait dans ses yeux. Keeeerk.... ça f'sait pas assez longtemps qu'j'avais eu droit à ça... Oui, des curieux pas habitué à voir un oudio, je connaissais bien... Au moins, celui la semblait vraiment plus intrigué qu'effrayé, comme la plupart des gens me toisant habituellement. Kremf, les êtres de chairs et leur manie de penser qu'il n'y a que des gens comme eux dans le monde... Je devrais me faire écrire sur le tronc "Les végétaux aussi c'est vivant, du gland!", ça m'ferait gagner du temps.
Mais bon, je l'avais dis moi même, c'était des gens désespéré, déboussolé et affamé, alors je pouvais bien leur pardonner un peu de curiosité maladroite.
Et c'est vrai qu'à Aliaénon, on m'avait dit qu'ils n'avaient pas d'oudio...Et ils m'avaient prit pour un golem quand j'étais arrivé ici... Allons bon, essayons de briser un peu la glace, j'suis sur que ce type me regardant comme une bête de foire était pas bien méchant. Je lui fit un salut en agitant les doigts:


"Curieux, mon brave? Si vous avez des questions, n'hésitez pas! Après tout, j'imagine qu'c'est la première fois qu'vous voyez une belle plante comme moi."

Mais mon attention fut attirer ailleurs: Bellem venait de m'interpeler, répondant à mes précédentes questions:


"Peut-être en avons-nous besoin, oui. J'ignore encore à quel point elle nous est nécessaire. Mais elle ne nous contrôle pas, non."


Oh? Au final ils n'en savaient pas de masses sur le sujet. Logique, ils avaient probablement passer plus leur temps à essayer de survivre qu'à essayer de tester l'étendu de leurs changements. Et peut être qu'ils avaient peur aussi, de trop approfondir le sujet et découvrir des choses qui ne leurs plairaient pas... Le genre de truc qui attaquait bien le mental... Probablement comme le ptit faux-vieux qui me dévisageait tout à l'heure, la il s'était mit à dessiner dans le vide, en face de moi.
...Très proche de moi en fait, je n'avais pas remarqué qu'il s'était autant approché. Et le mouvement de ses doigts dans le vide laissait en fait des traces brillantes bleutées. Amusant. Peut être était il muet et il essayait de communiquer par écrit magique? Malheureus'ment pour lui, je n'comprenais pas un mot de s'qu'il écrivait. En même temps, ça r'semblait plus à des symboles que des lettres.


...

Ok, c'était quoi cette sensation?

Quelque chose... me touchait la tête. Mais y avait rien en contact avec moi la. Je tâtai mon front, à la recherche d'une blessure, un insecte ou autre, mais rien du tout... Ca venait... de l'intérieur. Sous mon écorce. Sous l'endoderme. Ca continuait à toucher... creuser, percer même... J'me sentais...lourd... Et l'autre qui f'sait ses gribouilli magique juste devant moi en me regardant avec des yeux de poisson mort...Ma tête....Ma tête....Gribouilli...Oh.... Oh zut....zutzutzutzutzut flute et fils de .....MON ESPRIT! IL ESSAYAIT D'RENTRER DANS MON ESPRIT!!!


"Qu'est ce que...Non! Non non non non non nononononononononononnononononononon et NON!"


Ca forçait... Il forçait... Arg....Je sentais... comme des fêlure, des fissures dans mes pensées... Dégoulinant.... partout... Ma mémoire fuyait... Arg... Non non non et non...NON!
Une tornade d'image et de voix commençait à se rependre dans ma tête, m'assourdissant, m'aveuglant de partout. Mis mes mains sur mon visage...Tandis que des visages passaient devant moi... Rires, pleurs, cris...Non...Sort de la...Sort de la... SI TU M'ENTENDS ARRÊTE CA TOUT DE SUITE!!!
Il fallait que je résiste... résiste... boucher les trous, les cautériser repenser à des choses relaxantes...ou alors si intenses qu'elles repousseraient toute intrusion....

J'avais vaincu l'esprit d'un loup géant télépathe, c'était pas pour perdre contre un ptit humain qui faisait un jeun forcé! Mes doigts s'écartèrent, me permettant de poser le regard sur Belltruc, lui et sa couronne chatoyante. Fallait que j'me concentre dessus...C'était pas d'la magie... c'était du feu! Oui Drac, du feu, regarde ces flammes danser, concentre toi sur ça! Tu sais ce que le feu t'as fait Drac! Et tu sais ce qu'il te fait! Je ne devais voir plus qu'une chose: du rouge! Et du jaune, du bleu, du vert.. du noir... Partout... Chatoyant, cendres tourbillonnant dans ma tête! AU BUCHER LES REGARD, AU BUCHER LES SOUVENIR, ILS N'APPARTIENNENT QU'A MOI ET A MOI SEUL! SEUL MOI AIT LE DROIT DE ME DELECTER DE CETTE MACCABRE NOSTALGIE! ALORS PTIT GARS, TU VAS M'FAIRE LE PLAISIR DE SORTIR

DE

MA

TÊTE!!!!












Le silence.

Tout venait de s'arrêter. Epuisé, mon regard se posa sur l'humain que je pensais à l'origine de tout ça. Il avait arrêter de dessiner dans le vide. Il me regardait juste, la tête penchée. Et la, il ouvrit enfin la bouche:


"Quelle surprenante créature."


Au son de sa phrase ma main se propulsa sur son bras, mes doigts s'enroulant autour de son poignet, le tenant fermement.

Surprenante créature? SURPRENANTE CREATURE?


"C'était...TRES...impoli, ça... Z'auriez au moins pu m'inviter à prendre un verre avant de faire ça..."


Je collai mon visage face au sien d'un geste brusque, nos front s'entrechoquant presque. La voix qui s'échappa de moi n'était pas l'habituelle. Elle était pleine d'adrénaline, de frustration, de fatigue, de colère. Ce ton, que je n'avais que si rarement sérieusement... Ce timbre que certains avaient qualifié... d'effrayant.

""Surprenante créature", j'vous renvois le compliment... Si vous voulez savoir quelqu'chose sur moi, je sais parler, j'suis ouvert à la discussion hein. N'essayez pas d'rentrer dans ma tête sans demander, y a des choses la d'dans que z'avez pas envie d'd'voir, faite moi confiance... Ce genre de chose, ça d'mande un peu d'préparation, qu'on apprenne à s'connaitre, la base de l'étiquette, vous comprenez?

Donc, j'aurais juste deux questions pour vous : pourquoi? Et..."



Et d'un coup, d'un seul, le coté effrayant s'envola, disparu, pour laisser place à l'autre émotion qui dominait désormais toutes les autres: l'excitation.


"Et surtout, comment? Comment Z'arrivez à faire un truc comme ça? C'est l'exposition au rayon? C'est naturel chez vous? Genre, de naissance, ou ça peut s'transmettre? ça marche sur tout? En fait, concrèt'ment, ça marche comment?

J'ai plein d'questions, plein d'questions!!!"



C'était incroyable! Tout bon'ment IN-CROY-ABLE!!! Oui, ce type était un foutu malpoli, mais il avait surtout l'air perdu, confus, pas forcément bien dans sa tête. Et ça , j'pouvais le pardonner, les gens introverti comme ça était souvent très sympa. Et surtout, trèèèèèèèès intéressant! Nan pas'que bon, vous l'avez vu comme moi, il avait essayé d'rentrer dans ma tête hein? Spirituellement parlant! Le mec il pouvait lire l'esprit des gens en faisait des triangle dans l'vide! Moi même en dessinant des triangles sur papier tout ce à quoi j'avais droit c'était à d'mauvaise réflexion d'la part de mon prof de géométrie! Donc bon ,on était plutôt du coté fascinant la force la!!!

Comment ça marchait? Est ce que ça pouvait être utilisé par n'importe qui? Etait ce genre héréditaire au ptit gars? Nan, vraiment, me fallait savoir! Aliaénon était l'monde des miracles! Lire dans l'esprit des gens... Juste incroyable, incroyable! Y avait tant d'chose à faire avec ça!!! Les possibilités sont infinies! Enfin, pas infinies "infinies", mais elles sont gigantesques!!!

J'voulais en savoir plus! Plus! PLUS! PL

"Drac ? Tout va bien ?"

Gné? Que? Quoi? AH! Ah oui, Akihito! Akihito Akihito Akihito! Akikichoubinou! Il devait s'inquiéter pour moi! Il a du voir qu'j'allais pas bien. Ca ou son histoire de fiole bizarre! Ah la la, Aki, ta fiole et tes accessoires bizarres... Qui sont super intéressant aussi, faudra vraiment s'trouver un moment pour parler d'tout ça!
Je m'égard! Je m'égard je m'égard je m'égard! Rassurer Akihito? Rassurer Akihito! Pis Yliria aussi! Qui s'inquiète de l'impact de l'extérieur sur les autres! Elle est sympa Yliria! J'y connais rien à la véritable photosensibilités des humains, mais elle a ptet raison! Ou pas! J'sais pas! Le mec qui lis dans les esprits obnubilais un peu le mien sur le moment! Mais bon, lumière, lumière, ma photosensibilité à moi me disait qu'y avait que pouïc en terme de soleil! Et sur le sujet, j'en connaissais un rayon!

Bref, répondre, je devais leur répondre!


"ça va ça va, le ptit gars la a voulu rentrer dans ma tête, mais y a pas de casse! Fascinant, tout bon'ment fascinant!

Par contre, pour cette histoire de lumière, en haut ça manque cruellement d'soleil, je pense qu'il y a moins de risque qu'on l'imaginerait. Si on veut être sur, on remonte avec quelques volontaires et ils nous disent à quel point l'chang'ment d'luminosité les affecte! "



Où j'en étais moi? Ah, oui, le ptit gars qui lisait dans les pensés! Comment il s'app'lait déjà? Rat mort? Cador? ça mord? Samor! Samor c'était! Nom à retenir, à retenir!!!
Bah... C'est qu'il avait l'air tout perdu le ptit gars, qu'est ce qui lui arrivait? Ptet que j'avais parlé trop dans sa tête en os? C'était ça hein? Quand j'étais excité, j'perdais toute notion d'inhibition, s'qui d'vait sortir d'vait sortir! En tout cas le ptit Samor avait finit par réagir, et à défaut de m'répondre... il se mit à toucher mon visage.

Oh. Entreprenant le ptit. D'abord il tentait d'entrer dans mon esprit de force, et maint'nant ça? On était même pas marié... Quelle audace, kéhéhéhé...
J'rigolais intérieur'ment, mais j'avais toujours un certain respect pour les gens qui n'avaient pas peur de me toucher. C'était rare de pas s'faire traiter comme un pouilleux...
En tout cas, Bellem, qui nous observait depuis un moment, voulu visiblement me rassurer sur la situation:


"N'en prenez pas ombrage, ce n'est pas le plus bavard du groupe. Bien au contraire."

"Il est du genre timide? Il le fait à tout le monde le coup des "glyphe/laisse moi voir ton esprit", ou c'est qu'lui ait vraiment tapé dans l'oeil?"

Mon attention retourna sur celui qui me tripotait la face.

"Haha, vous mettez directement les doigts, z'avez pas froid aux yeux vous, j'aime ça! Ouais ouais, c'est d'la vrai écorce... Et du vrai charbon la où c'est noirci."

Ma main relâcha le poigner du jeune homme, pour à la place attraper ses doigts, les miens s'enroulant autour des siens dans un bruit de frottement de tige.

"On va essayer un truc, touche ce qui t'intrigue le plus et j't'en parlerais. Hoche la tête si t'es d'accord!"

...Bizarre... J'avais la sensation que des gens me jugeaient pour cette phrase... Boarf, surement des bêtises d'humain à l'esprit sale. En tout cas, si le ptit gars était curieux, c'était pas moi qui allait l'arrêter. Et si ça l'mettait suffisament à l'aise pour délier sa langue...


Yliria, elle, était revenue de sa visite aux blessés, et elle semblait frustrée (comme d'hab'), mais surtout dépité. Visiblement leur état était en dehors de ses capacités, ce qui était... inquiétant. Aussi, très triste: ce sentiment d'impuissance qui la dévorait, je le connaissais bien... Mais il fallait rester positif: si on s'y prenait assez bien et assez vite, on pourrait sur'ment sauver un max de gens, avec l'aide des sorciers d'au dessus. Enfin, si les dit sorciers d'au dessus ne décidaient pas de nous poser problème...
...
Et sii les sorciers d'en dessous ne se mettaient pas à nous en poser aussi... Car les tons commençaient à monter entre Akihito, Yliria et un des gars d'en face, ainsi que Bellem, qui m'avait clairement ignoré, ce malappris. Décidément, beaucoup d'gens plein d'potentiel dans cette cité, beaucoup d'malpolis aussi...
De s'que j'comprenais, il s'agissait d'un désaccord entre le nombre de personne qui devait partir vers la surface pour aider à récupérer et préparer la bouffe pour les autres. Aki et Yli voulait en prendre une vingtaine, pour des raisons de sécurité et de gestion plus simple, mais l'un des... chefs? des sorciers survivants, lui, voulait partir avec une centaine de personne, et prendre la tête des opérations.

Pendant ce temps, Samor, qui me caressait les doigts (le polisson) me demanda, l'air évasif:

"Comment faites-vous pour vivre ? Pourquoi existez-vous ?"

Sacrée question philosophique! Il s'attaquait directement à du gros le ptit!

"Ohohohohoh, tu poses les bonnes questions tout de suite mon gars! Comment je vis? Comme une plante très cher, comme une plante. Même s'il fallait pinailler je dirais que je suis plus proche d'un arbre que d'une simple plante à fleur ou herbe. Mais sinon, comme toi ptit gars: je bois et je respire. Enfin, je bois pas vraiment comme toi, mais bon, j'te montrerais ça quand on aura ram'né de quoi te sustenter aussi!

Et pourquoi j'existe? Laisse moi te retourner la question: pourquoi toi existes tu? Pourquoi la chair existe? Petit indice: je n'ai pas été "fabriqué", si c'est s'que tu pense."


Après tout, la première chose à faire quand on se pose ce genre de question, c'est d'arrêter de partir du principe que l'on est la norme, et que le monde et sa logique tourne autour de nous. Moi même quand, il y a des décennies d'cela, j'ai commencé à m'demander pourquoi est ce que la nature mettait les oudios...

...

Zut.

Zut et flute. Les voix commençaient vraiment à s'élever, et Yliria et Akihito étaient clairement en train de perdre patience.

"Oh, excuse moi deux secondes."

J'avais dis qu'je ne mettrais plus ma curiosité et mes désirs perso avant le bien du groupe (sauf cas très spécial du genre... Je sais pas moi, une gigantesque colonne de feu tombée du ciel provoqué par la puissance combinée d'un groupe de sorcier), et mon désir d'en savoir plus sur le liseur d'esprit allait devoir être mit de coté temporairement, mon attention désormais portée sur la discussions de mes deux compagnons. Qui dégénéraient...Je restais la, prêt à intervenir si ça allait trop loin, et finalement, ça arriva! Le mot de trop était tombé!


"J'existe pour comprendre la magie de la Lande. La manier. La chair existe pour être consommée."


Levant les mains, je m'insérai dans la conversation afin d'y ramener un semblant d'ordre. Le ton le plus calme possible, je m'adressai à Akihito et Yliria.


"Calmons nous! Caaaalmons nous tous s'il vous plait.

Akihito, Yliria, vous savez qu'nous sommes en présence de gens désespéré, affamé et quelque part effrayé. Nous n'connaissons par leur mœurs d'avant, et c'est normal qu'ils se méfient maintenant. A leur place, moi aussi je s'rais méfiant, et moi aussi j'essayerais d'garder un minimum de contrôle. Donc, s'il vous plait, même si vous avez tous les deux raisons sur les points qu'vous soul'vez, de grace, ne vous emballez pas aussi vite!"


Je leur fis un sourire sincère, afin de leur montrer que je n'étais pas contre eux, que je comprenais, mais que je disais ça pour le bien de tout le monde ici.
....En espérant qu'ils réussissent à lire mon visage...


"Cela dit..."


Le mot de trop était tombé.
Ce mot c'était "stupide".
Et il n'était pas sorti de la bouche de mes comparses...

Je me tournai vers le sorcier l'ayant prononcé, et mon ton, bien que calme, se fit sec. Plus sec que le désert où j'étais sensé être en ce moment...


"On peut r'procher leur ton à mes compagnons, mais par leurs actions. Ils ont raisons de s'montrer prev'nant, parce que pour l'instant, la seule personne de "stupide" que je vois ici, c'est vous, qui profère des menaces contre les seules mains tendues qu'vous avez pu voir depuis des jours.

Nous n'sommes pas vos ennemis, et nous n'avons pas l'intentions de le dev'nir. Si vous voulez nous prendre en grippe, alors ayez au moins l'mérite d'faire ça tout seul, et d'pas embarquer dans votre colère des malheureux qui eux veulent vraiment essayer d'survivre!"



J'avais commencé à perdre patience sur la fin, mais je me repris. Je devais suivre mes propres conseils, ne pas me mettre en colère. Oui, c'était un ingrat, mais ce rappel à l'ordre n'était pas dans le but de l'intimider, ou de me satisfaire, mais dans le but de garder un minimum de cohésion dans tout ce groupe. Pour aider tous ces gens.
Mon ton se ravisa, redevint plus doux.. triste même...


"...Désolé d'la froideur... J'peux pas savoir à quel point vous souffrez tous, et s'que vous avez vécu, mais j'insiste, vraiment, j'insiste sur ce point: tout ce qu'on fait c'est sincèrement pour vous sortir de cette situation. Alors, s'il vous plait, faites nous confiance."


Je regardai une dernière fois le sorcier, espérant qu'il ait compris le message, avant de me retourner vers Samor.


"Désolé de l'interruption. Tu m'disais donc que t'existais pour comprendre la magie de la lande? Haha, et bien, écoute, j'peux te confier un secret:"

Je regardai à droite et à gauche, afin d'être sur que personne n'était trop près. Je ne parlais de ce genre de chose à personne, mais la... la je pouvais me permettre de révéler un tout petit bout de ma vraie logique, de mes vrais objectifs. Peut être que cela offrirait l'illumination à ce ptit gars perdu. Je me penchai pour lui murmurer dans l'oreille:

"Moi j'existe pour comprendre la logique de la nature. Mais toi comme moi, la vrai question c'est: pourquoi?"

Mais sa réaction ne fut pas celle que j'attendais. Il fit un bond en arrière, l'air... paniqué.

"Vous ne devriez pas nous insulter, nous énerver. Non, vous ne devriez pas."

Hein? Quoi? Visiblement, il avait l'air apeuré par... ce que j'avais dis à l'autre sorcier?

...

Oh, c'est vrai...

Akihito avait dit qu'ils avaient désormais pour la plupart une "connexion". Peut être ressentait il la colère de ses pairs? Pair qui ouvrit la bouche à nouveau, montrant... qu'il n'avait visiblement pas compris la situation.


"La gratitude de quoi ?" rétorque le sorcier aux cheveux longs. "Vous arrivez ici en vous proclamant héros sans avoir rien fait que nous trouver. Nous vous serons reconnaissants, quand nous serons sortis de là. Et j'ai confiance aux miens et en leurs capacités, là où vous semblez les craindre et vous méfier. Ils viendront à cent, et vous verrez."


Pas les fesses de Fearadhach, sérieusement? On avait encore "rien prouvé"? Je pense que la faim empêchait ce gars de comprendre à quel point est ce que notre simple présence ici était déjà une preuve suffisante... Mais bon, comme j'disais plus tôt, il est méfiant, et j'peux pas trop lui reprocher ça...
...Le fait d'être un sale con, ça j'pouvais lui reprocher par contre...
Sale con... J'y allais ptet un peu fort. Surtout qu'il se tourna vers moi pour me répondre, comparé à son copain à la joli couronne:


"Je ne souhaite pas plus que vous être votre ennemi. Mais comprenez qu'aucun de vous n'a le droit de décider qui a le droit de parcourir la cité parmi nous. Ni de nous en empêcher. Allons, maintenant."


"Je ne souhaite pas être votre ennemis, mais j'en f'rais qu'à ma tête et si je l'deviens ça s'ra d'vot' faute" en gros... Super... Il me rap'lait certains des anciens d'mon second village... Se prétendant sage et noble, mais montrant les ronces dès que les choses n'allaient pas dans leur sens...
Qu'importe. Ce type ne m'faisait pas peur, et j'préférais pour l'instant me dire que tout ce cirque, c'était sincèr'ment pour aider les siens...
M'enfin... Akihito et Yliria avait préféré ne pas pousser le bouchon plus loin qu'ça, et bien qu'indigné, ils s'étaient mit, à raison, à la tache, et partaient s'atteler à leurs objectifs. Il était donc grand temps pour moi de les suivre et de les aider.
Mon attention se tourna une dernier fois vers Samor, afin de lui adresser quelques mots avant d'y aller.


"Erk... Désolé mon gars, j'voulais pas t'choqué. J'ai pas pour but de vous insulter ou d'vous énerver, et mes deux compagnons manquent parfois tout le temps de tact, mais ils veulent sincèr'ment vous aider, donc pardonne leur l'agressivité! On a pas vécu les même horreurs que vous, mais ça a été pas mal difficile ces derniers jours, la haut. Dis toi que j'suis mort au moins trois fois...

Aussi, même remarque à toi qu'à l'autre: tu m'parles de pas vous énerver, mais l'premier truc que t'as fait en m'voyant, c'est essayer d'forcer l'entrée dans mon esprit. Moi j'veux bien être vot' copain, mais faut vous montrer sympa en r'tour. Parce qu' t'aurais tenté ça sur mes potes, j'pense que ça se s'rait vach'ment plus mal passé.

Enfin bon... C'était très intéressant comme expérience en tout cas! Si tu veux qu'on repapote (ou me retripoter, ptit coquin), n'hésite pas à faire signe! Si ça t'tente, moi j'suis chaud pour palabrer d'nouveau!

J'vais devoir t'laisser, faut qu'j'aille filer un coup d'main. En espérant qu't'ai pu manger à ta fin quand on reparlera!"



Je fis une petite pirouette sur place, suivit de ma traditionnelle courbette d'au revoir, avant de courir rejoindre mes compagnons, et le groupe de survivant les suivant.

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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 7 oct. 2023 15:51

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) XVII



Alors qu’ils s’apprêtent à remonter à la surface, la jeune adolescente Fann Iliss revient près d’eux, indiquant :

« Je vous accompagne à la surface : les blessés ne seront plus un souci. »

Akihito est le seul parmi ses comparses à remarquer sous la courte robe de la petite (ce voyeur invétéré) des taches de sang au niveau des cuisses et des genoux. Ils se mettent alors en route. Comme convenu, Belenn, Tarja et Samor restent sur place pour gérer leurs pairs. Illana d’Ur, Rich’irth Evrass et la petite Fann mèneront les groupes à leur destination. Et ils sont plus de cent à les suivre : la centaine du groupe de la surface, et les vingt des réserves. Le trio de Yuimen les mènent à travers les couloirs jusqu’à l’escalier en colimaçon. Des éclats de surprise naissent dans la foule à la vision de l’édifice neuf. La progression est lente, bien plus qu’avec un petit groupe. Mais ils parviennent à monter. À un moment, à un étage intermédiaire, Illana déclare :

« Notre objectif est d’aller aux réserves, et je m’y rends sans attendre, que vous m’y suiviez ou non. »

Et elle mène ses vingt vers les réserves. Le reste du cortège grimpe jusque dans les hauteurs, jusqu’à la surface dévastée, ou d’autres émois naissent dans les rangs. Alossarh et Visselion sont présents là. Il fait plus sombre qu'auparavant : la nuit est tombée. Le second vient à votre rencontre immédiatement en voyant la foule des survivants.

« Tout ça ! Mais c’est merveilleux ! Nous pensions avoir été éradiqués, et l’espoir renait ! »

Evrass regarde autour, et dicte ses ordres sans tenir compte de la présence des sorciers de la surface.

« Les carcasses sont nombreuses : allez, frères. Repaissez-vous de leur chair et ramenez-les sous terre. Notre festin de viande n’attend que nous, et nos pairs ont besoin de nous. »

La centaine s’exécute sans se faire prier, telle une foule unie. Ils s’éloignent de la cité, et nombreux sont ceux qui plongent sur les cadavres à pleines dents, déchirant la viande crue pour l’avaler avant de se mettre à la découper. Evrass regarde Akihito avec un air de défi. Alossarh approche à son tour, observant le spectacle un peu macabre sans oser le commenter.

À cet instant, et devant ce spectacle, Silmeria et Mathis parviennent à rejoindre la cité, devant passer par ces acharnés carnivores avant de retrouver les autres.



[HJ : on gère la situation dans le channel discord]




[XP :
Silmeria : 3 (combat), 0,5 (fuite)
Mathis : 3 (combat), 0,5 (fuite)
Akihihito : 0,5 (discussion), 0,5 (départ)
Yliria : noté quand complété.
Dracaena : 1 (discussions), 0,5 (départ).]

[Bons :
Silmeria : Le Ponctuel !
Mathis : Le Ponctuel ! L’Emotif !
Akihito : Le Ponctuel !]


[Jeu des mots :
Akihito : 10 points]

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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » jeu. 12 oct. 2023 03:21

À mesure que nous nous éloignâmes de roi des cauchemars, je sentais la tension diminuer dans mon cou et sur mes épaules. Cependant, une phrase prononcée continuait à me hanter.

(Nous nous reverrons… il a dit: nous nous reverrons… Nous suit-il ? )

Nerveusement, surtout pendant les premières centaines de mètres, je m’étais tourné la tête, m’assurant que la distance nous séparant de lui, augmentait pas après pas. Nous marchâmes en silence, j’avais besoin de calme pour reprendre mes esprits. Bien que le casque à panache fournissait une faible lumière, je me fiais à Silmeria pour me diriger vers la cité.

(Je n’osais pas m’approcher d’elle à cause d’un cauchemar… et voilà qu’à cause d’un autre cauchemar, plus effroyable encore, je lui tiens la main et la laisse me guider… )


La vie nous réservait en effet des épreuves bien curieuses, et surtout impondérables… Si on m’avait dit que je reviendrais dans la cité avec Silmeria, main dans la main, je ne l’aurais jamais cru. Après l’expérience de cette nuit, ma méfiance envers Silmeria avait diminué d’un cran. Je me devais tout de même de rester prudent cette femme s’avérait imprévisible tant dans ses actions que par ses répliques inédites.

Même si au début de notre mission de pistage, j’avais entrevu et surtout ressenti la formation d’un imposant escalier partant sans doute du sous-sol pour remonter à la surface, je n’avais pas imaginé le spectacle qui m’attendait à mon retour. Les cadavres des bestioles que nous avions exterminés servaient à présent de garde-manger à des gens maigres et affamés.

(L’escalier devait servir à les faire sortir des sous-sols… suite à l’effondrement, seul Yuimen sait combien sont toujours sous les ruines effondrées. Certains doivent être morts, d’autres à l’agonie ou encore d’autres qui souffrent d’inanition, de blessures graves ou d’attaques de vermines. )

Si certains découpaient des pièces de viande afin de les apporter aux membres de leur famille, d’autres mordaient d’abord à pleines dents incapables d’attendre plus longtemps. La vie de ces gens ne m’apportait pas le dégoût, mais de la tristesse, de la pitié. J’en venais même à oublier un moment, mes propres soucis et mes propres peurs.

À sa manière, Silmeria commenta la situation, blaguant sur un soi-disant banquet préparé à notre intention. Puis passant du coq à l’âne, se frottant le nez, elle me suggéra d’aller me rafraîchir avant de rencontre Yliria qu’elle surnomma la vilaine shaakt.
Je fus un peu surpris de sa délicatesse, mais je l’appréciai. Tout en relâchant doucement sa main, je lui répondis:

"J'avais effectivement l'intention de faire un brin de toilette. Je te remercie de m'avoir accompagné dans les landes et guidé cette nuit. "

Cela dit, j’avais l’intention de me diriger vers le camp d'Elscar'Olth où je connaissais l'endroit pour faire une toilette. Je ne prévoyais pas m'y attarder, seulement me nettoyer. Il y avait du travail à faire ici et je comptais bien faire ma part.

Mais avant que j’atteigne ma destination, Yliria et Dracaena vinrent à notre rencontre.
Comme une enfant qui tient à être la première à tout raconter, Silmeria leur résuma notre pitoyable expérience d’une manière assez claire et précise.

Ce qui m’arrangeait. Je n’avais rien à rajouter et seule l’énonciation de notre mésaventure m’avait fait blêmir et produire des sueurs froides. J’étais également préoccupé par mes vêtements souillés et sangs coagulés et d’urines séchées.

Je m’adressai à mon tour à Yliria et à Dracaena:

“Silmeria a tout dit. Je file me nettoyer et je reviens rapidement, je crois que vous en avez beaucoup à raconter vous aussi. "

Aucun des deux ne commenta ou n’eut le temps de le faire. Probablement que l’odeur que je dégageais fut suffisante pour les convaincre de ne pas me retenir.

Praline sur mes talons malgré tout, j’entrai dans le camp sans perdre de temps et je me rendis d’abord vers la salle principale, puis je me dirigeai vers le lieu destiné aux ablutions. Isolé des regards par un mur, j’enlevai difficilement ma tunique en lambeaux et imprégnée de sang séché, mon pantalon n’était guère en meilleur état, imprégné de l’odeur d’urine séchée.

Je n’attendis pas que l’eau soit très chaude avant d’entrer dans la cuve de pierre et me frotter et savonner vigoureusement. Plusieurs fois l'image du Roi des cauchemars revint me hanter, mais je la chassai aussitôt. Une fois assuré d’être bien propre, je sortis immédiatement du bain, et m’essuyai. J’enfilai ensuite des vêtements propres, une chemise que j’avais dans mon sac et un pantalon à ma taille que me trouva une résidente à ma demande.

Puis sans tarder, bien propre, mais encore un peu troublé, je ressortis du camp pour me trouver les autres. Je les vis non loin, ils était revenu dans la pièce commune avec le désir de jeter un sort collectif afin de rendre les mains de Silmeria à son état naturel. Moi y compris, nous étions cinq. Nous étions persuadés que nos chances étaient ainsi plus grandes de réussir. Yliria nous expliqua en détail ses consignes. J'acquiesçai d'un signe de tête. Lorsqu'elle lança le sort, je respectai les consignes la soutenant moi aussi grâce à la magie d'Aliaénon.

(((Mathis fait sa toilette, puis retourne rejoindre les autres.
Soutient le sort lancé par Yliria en invoquant lui aussi la magie d'Aliaénon)))

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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » ven. 13 oct. 2023 17:44

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

48 : Le droit de vie ou de mort.

Voir des dizaines de personnes se jeter sur des cadavres d’animaux pour plonger leurs dents dans leur chair crue, ce n’était pas quelque chose qu’il avait prévu de voir un jour. Mais ils étaient là, les sorciers d’Elscar’Olth, laissant libre court à leur faim avant de se munir de courtes lames pour dépecer de larges bandes de viande. Au milieu de ce déchainement primaire, le sorcier Evrass toisait Akihito avec un air victorieux et satisfait sur le visage.

(Tss. Victorieux de quoi ?)

Plus cela allait, moins il avait confiance en ces sorciers. Pétris d’arrogance, le premier groupe avait déjà décidé de faire sécession en faisant eux aussi bien comprendre qu’ils allaient faire comme bon leur semblaient, et que l’avis des Yuiméniens n’y changeraient rien. Pas un mot non plus pour les ruines, ou pour les sorciers de la surface qui les accueillirent.
L’enchanteur secoua la tête de dépit et se tourna vers Alossarh et Visselion, qui observaient la scène à leurs côtés.

« Je vous laisse gérer vos compatriotes. Il y a encore cinq ou six fois ce nombre en bas et ils ont l'air... déterminés. »

Il n’eut pour seule réponse qu’un vague hochement de tête un peu abasourdi. Du regard, il chercha donc ce qui le préoccupait le plus : la sorcière aux cheveux bleus qui avait guidé Yliria jusqu’aux blessés. Elle les avaient rejoint à leur départ des souterrains avec les jambes maculées de sang. Si les blessures étaient graves au point de rendre les potions inefficaces, il n’était pas étonnant qu’elle ait du sang sur les jambes si elle s’était agenouillé à côté d’eux. Mais sa phrase…

« Je vous accompagne à la surface : les blessés ne seront plus un souci. »

« Plus un souci ». Cela évoquait une hypothèse beaucoup plus sombre… Et à mesure qu’il l’approchait et détaillait les jambes de la jeune fille, le doute se faisait de moins en moins grand.

« Ne va pas trop loin ! »

L’Ynorien leva une main en l'air sans se retourner pour signifier qu'il avait entendu Yliria, puis s'adressa à la jeune sorcière dont les jambes étaient non pas tâchée de sang, mais éclaboussées.

« Sorcière Fann, c'est ça ? Qu'est ce que vous sous entendiez au sujet des blessés ?

- Fann Iliss, ouais. Et j'ai fait ce qu'il fallait faire, vu qu'on pouvait pas les soigner.

- Donc... si je comprends bien, après des semaines sous terre à mourir de faim et avec des blessés lourds, pour une fois que vous renouez contact avec l'extérieur et donc de potentiels guérisseurs, vous jugez que c'est désormais trop tard ? Maintenant ?

- Vot' copine a dit qu'on pourrait pas les soigner. Pis ils étaient trop faibles, ils auraient été un poids dont nous n'aurions pas pu nous occuper. C'vous qui avez dit qu'on serait trop à gérer, ici. »

L’aplomb avec lequel elle asséna sa phrase le terrifia presque. Et il sentit aussi et surtout la colère prendre le pas devant une mise à mort aussi injuste.

« Que vous seriez trop nombreux pour vous installer à la surface, bordel ! Je croyais que vous étiez tous liés, ça ne vous a rien fait de d'achever vos compatriotes ? De le décider seule ?

- On n'a jamais dit vouloir nous installer à la surface. Juste y quérir de quoi nous nourrir, dit-elle en observant ses compagnons dévorer les bêtes. Pensez-vous qu'il m'était plus simple de les voir souffrir en les sachant condamnés ?

- Alors c'est un raisonnement encore plus stupide ! Si c'est que la nourriture qui comptait, pourquoi on ne pouvait pas nourrir quelques blessés quand on affirme pouvoir nourrir les centaines des autres ?!
J'ignore ce que vous a dit Yliria exactement, mais certainement pas qu'on ne pouvait pas les sauver. L'escalier, une partie de ce que vous mangez, c'est nous qui l'avons fait. Notre magie est presque omnipotente ici, juste instable. On aurait très bien pu les sauver en joignant nos forces avec l'appui de Visselion, il nous fallait juste un peu de temps. Il y a même Zacara qui a sauvé des types avec le corps en miettes ! Ils n'étaient PAS condamnés !


- Vous parlez sans savoir, sans les avoir vus. Demandez à votre amie. Elle, elle sait. Je vois nombre de sorciers morts, ici. Votre magie n'aurait-elle pas pu les sauver, si elle est omnipotente comme vous l'affirmez ? Et vous comprenez rien non plus. C'est pas de bouffe dont ils avaient besoin, les blessés. C'est nous qui en avons besoin. Nous tous.

- Nous étions absents quand les créatures ont attaqués. Ressusciter les morts, ce n'est pas... »

(Possible.)

Il l’aurait bien asséné avec confiance, mais il avait distinctement vu Yliria ramener à la vie les Corneraures, Falafel et des dizaines d’autres bestioles. C’était définitivement possible : mais ils risquaient tout aussi bien de ramener à la vie également tout ce qui avait attaqué la cité.

« …Quelque chose qu'on arrive à faire. Pas sans prendre d'énormes risques. Mais on aurait pu sauver les blessés, peu importait à quel point ils étaient meurtris. Notre magie nous le permet. »

Tout cela le dépassait. Et levant les yeux vers le ciel, il observa que la nuit était probablement tombée. Cela faisait presque deux jours qu’il était débout, et la fatigue mentale le frappa comme une masse.

« Faites ce que vous voulez. De toute manière, aucun de vous n'a l'air de vouloir de notre aide, et on a déjà suffisamment à faire sur Aliaénon.

- Oui bah vous demanderez à votre copine, là. Pis votre aide, on la prend volontiers, si on peut se passer de vos jugements.

- Dommage, les deux vont ensemble. Je suis pas à votre service. »

Cela ne lui disait rien qui vaille. Mais comme l’avait dit Yliria, Elscar’Olth n’était pas leur priorité : et en multipliant le nombre de survivants par quinze ou même vingt, la situation des sorciers n’était plus aussi préoccupante.

« AKI ! PAR ICI ! »

Une nouvelle fois, la voix de son amie le tira de ses pensées et il se retourna vers la voix. Deux silhouettes l’accompagnait : Dracaena et plus surprenament Silmeria. N’avait-elle pas dit qu’elle comptait accompagner Xël ?

(Une lunatique pareille peut avoir changé d’avis… Ou de personnalité. Oh, regarde.)

(Quoi donc ?)

(Ses mains, on dirait de la pierre.)

Il s’approcha et effectivement, une sorte de surcouche minérale grise recouvrait ses mains. Supposant le résultat d’un sort raté, il ne put empêcher son esprit fatigué de prendre une approche un peu narquoise pour aborder le sujet, jugeant l’idée bonne avec son interlocutrice. Mauvaise idée.

« Drac, mon chou, propose encore une fois de me laver et je te colle un affreux cauchemar.

- Tiens, Silmeria. Sympa tes nouveaux gants, j'imagine qu'on va t'aider à t'en débarrasser ?

- Finalement je ne sais pas qui mérite le plus... dites ? On va vraiment rester ici à les écouter machouiller de la viande froide ? Et puis s'ils meurent de faim, ingurgiter de telle quantité finira par les envoyer dans la tombe. On en fait quoi de tous ces gens ? Ils étaient cachés sous les décombres du Titan ? »

Et alors que tout le monde se mettait d’accord pour rentrer et aider Silmeria a retirer son affliction -il y a avait aussi cette sombre histoire de bain dont l’enchanteur ne voulait rien savoir-, Akihito s’approcha d’Yliria.

« Va falloir qu'on se parle, toi et moi, rapidement. »

Elle hocha la tête et tandis qu’ils se redirigeaient vers le campement pour retrouver Mathis pour les aider -lui aussi était revenu ?-, Akihito posa une main sur l'épaule d'Yliria et la ralentit un peu pour laisser les deux autres les distancer de quelques mètres. La connaissant, elle prenait déjà les sorciers qu’elle avait vu comme sous sa responsabilité. Mieux valait qu’elle connaisse la vérité le plus vite possible pour qu’elle digère l’information.

« Eh, Yli, commença-t-il quand elle se mit à son niveau, quand t'es passé à l'infirmerie à quel points ils étaient blessés les... blessés ? Ssussun et toi vous n'auriez pas suffit ?

- Non... Vu leur état, il faudrait lancer un puissant sort de soin, assez grand pour englober une pièce entière. C'était au delà de mes compétences de premiers soins. Sur Yuimen je m'en serai sortie, mais ici... Faudra en discuter avec les autres pour qu'ils viennent m'aider.

- Je vois... »

Il resta silencieux un temps pour choisir soigneusement ses mots, puis continua un ton plus bas.

« S'il te plait, promets-moi que tu vas essayer de garder ton calme pour ce qui va suivre.

- Euh... Je peux te promettre d'essayer oui... Il s'est passé quelque chose ?

- La sorcière qui t'as accompagné, Fann... Elle les a achevés. »

Sous le choc de l’annonce, elle s’était figée sur place. Il voyait déjà la colère poindre en elle, prête à exploser comme un volcan. Il aurait lui aussi volontiers laissé libre court à la sienne tant toute cette situation en lui plaisait pas, mais il ne pouvait pas.

« Quoi?! Quand ?

- Quand tu es revenu de l'infirmerie, elle y est resté. Elle nous a rejoint qu'après, et c'est en montant que j'ai vu qu'elle avait des éclaboussures de sang sur les jambes. Je lui ai demandé, et elle n'a pas nié.

- Rejoignons les autres, dit-elle après un long moment pris pour se calmer.

- Je vous laisse régler le problème de Silmeria, il est grand temps que j'aille me reposer. »

Une légère inspiration se fit entendre, mais aucune phrase ne vint. Alors qu’ils recommençaient à marcher, Akihito se tourna vers son amie qui se plaignait d’être poussée à bout.

« Quelque chose ne va pas ?

- Si je commence une liste maintenant tu dormiras pas avant le lever du soleil.

- J'en doute pas, mais t'avais l'air de vouloir dire quelque chose ?

- J'ai un mauvais pressentiment à leur sujet...

(Ah, c’était ça,) se dit-il en hochant la tête.

- Pareil. Mais y a rien qu'on puisse faire, Yli. Et comme t'as dit, on est pas là pour faire de l'ingérence. Espérons juste qu'ils se montreront plus aimables une fois le ventre plein. »

Une nouvelle fois frappée par la fatigue, Il bailla à s'en décrocher la mâchoire.

« Ouah. Désolé.

- Va dormir. Essaie de t'installer dans la grande salle, je vais voir pour que tout le monde fasse de même une fois le souci de granit réglé. Mieux vaut éviter d'être séparé pour le moment. »

Une légère pression, sans l’ombre d’un doute emplie de bienveillance, se referma sur son bras. Yliria avait doucement serré son bras sans savoir que le contact allait le mettre mal-à-l’aise. Le tressaillement qui le parcourut le fit presque arracher son membre à l’étreinte, mais il se contint pour délicatement éloigner sa main.

« Désolé de la réaction. Mais depuis l'épisode avec Justice, tout ce qui me serre ou me comprime trop, c'est... »

Elle avait le droit de savoir, et il en profita pour expliquer indirectement sa tenue en la désignant d’un balaiement de la main.

« Mes affaires sont pas loin des tiennes il me semble. Bonne nuit, si je suis pas réveillé à ton retour.

- Désolée... je comprends... Bonne nuit, Aki. »

il lui sourit pour lui faire comprendre qu’il ne lui en voulait pas, puis se dirigea vers le campement. Ses priorités se firent simples : manger et dormir.


-----------

HRP : Va chercher à manger puis aller se reposer.
Modifié en dernier par Akihito le sam. 21 oct. 2023 01:18, modifié 1 fois.

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » ven. 13 oct. 2023 19:04

" Tu as vu ça Mathis ? Ils ont organisé un banquet en notre honneur. C'est les corbeaux qui vont faire la tête. "


Je levais les épaules au ciel en voyant ce spectacle. Nous venions tout juste de revenir dans cette ville que déjà rien n'était reconnaissable. Les corps des créatures étaient démembrés par des affamés amaigris et livides qui se gavaient des organes gorgés de sang noir et épais, d'autres entassaient de larges bandes de chair arrachée à même les mains ou au moyen de pierre taillée ou plus rarement d'un coutelas détenu par un affamé. Le bruit de la chair arrachée m'était assez familier mais je ne m'y faisais pas. Je voyais des mines aux traits fatigués se remplir la panse avec une folle avidité, ils ingurgitaient sans même parfois prendre le temps de mâcher et ce doux parfum... Celui d'une panse d'un animal ouvert qui était à la lisière entre le relent mat des intestins et celui de la viande avariée... Malgré ça, je sentais toujours ce parfum agressif de l'ammoniac me déranger les narines. Je portais à mon nez une main incapable de plier ses doigts pour pincer le nez.

" Tu veux peut-être te rafraîchir discrètement avant de voir la vilaine Shaakte ? "

"J'avais effectivement l'intention de faire un brin de toilette. Je te remercie de m'avoir accompagné dans les landes et guidé cette nuit. "

Yliria et Dracaena, notre gentil ficus fou approchèrent. Je ne leur laissai pas vraiment le temps de nous questionner, je voulais surtout détourner leur attention afin qu'ils ne puissent pas remarquer que Mathis s'était soulagé sur lui même. J'entamais une longue explication en remuant les bras alourdis de leur ancres de pierre.

" Notre traque ne s'est pas avérée très fructueuse. Mathis semble avoir retracé Simaya, on a voulu la suivre mais dans la lande on est tombés sur une créature souterraine immense. Un vers squelettique aux mandibules acérées. Il a bien failli tuer Mathis ce con. Mes lames le traversaient sans rien faire. Même dans le crâne. Et puis j'ai invoqué une lame magique pour le couper en deux, ça a fonctionné. Mais il est revenu à la vie. Donc on a employé la magie avec Mathis et sans le vouloir, on a invoqué un... "

Je frissonnais légèrement à la mention du colosse cauchemardesque.

" Un monstre cauchemardesque qui a massacré le vers et nous a conduit jusqu'ici. Il se faisait appeler le cauchemar de la lande. Et il fait peur. Très peur. Il est vilain et a de grosses armes. Et puis la magie, c'est vraiment capricieux. "

"Ça, ça va être compliqué aussi... Au moins ça n'a pas l'air douloureux. On va voir pour essayer d'annuler ça. Et faut qu'on discute, parce que la situation pas mal évolué ici. On va sans doute devoir tenter quelque chose de sacrément dangereux."

Yliria avait été polie et n'avait rien reproché à ce qui ressemblait être un échec cuisant de la mission confiée, avais-je mal jugé la Shaakte ? Je ne la voyais pas comme un vilain roquet qui aboyait sans cesse et c'était surprenant et agréable. Elle me demanda enfin si selon moi, il y avait d'autre ver maudit comme celui que nous avions croisé

" J'ose espérer que non. C'était déjà compliqué a gérer. Il revenait sans cesse à la vie. Mais au fait..."

Désignant du bout de la brique les boulotteurs de carcasse.

" C'quoi ce banquet. Vous faites un pique-nique sans nous ? Viens mon gros Dracouille, arrête de sucer du sang par les racines. '' Disais-je en faisant un signe du menton vers les racines engluées dans un mélange de sang et de boue.

La présence de ce gigantesque escalier était issue, sans trop de surprise, d'un tour de magie lancé par les aventuriers restants ici, chose qui les conduisit vers les profondeurs où étaient reclus tous ces affamés en perdition. Je les observais ramener des morceaux de viande mal arrachés qu'ils enveloppaient dans des vêtements pour les conduire on ne savait où. C'était d'ailleurs dangereux de se goinfrer en étant à jeun depuis longtemps, c'était même un coup à ce que beaucoup meurent à cause d'un estomac qui cède sous le poids de la nourriture trop vite engloutie après des semaines de jeûne.

" Dites, je voudrai pas me montrer impatiente, mais on pourrait envisager quelque chose pour mes mains ? Parce que je sens que ça vite être compliqué de faire la moindre tâche, sinon il faudra que vous restiez avec moi dès qu'il faudra faire mes lacets et j'ai vraiment envie d'aller me laver après cette traversée de la lande et à part Yliria, j'ai pas trop confiance en quelqu'un d'autre. "

Manifestement, Dracaena ne semblait pas trop comprendre où était le mal à me frotter le dos, à dire vrai, il mentionnait même que le charbon était bon pour la peau. C'était peut-être le cas à Kendra Kâr ou des nobles qui s'ennuient se tartinent le visage de tout ce qui peut leur permettre de garder la jeunesse qu'elle recherche, personnellement, je suis une elfe, alors la jeunesse c'est une notion qui a tendance à faner bien moins vite que chez les humains.

Akihito rejoignit le petit groupe en lançant une boutade assez maladroite que je voulais récompenser par un affreux cauchemar mais j'avais trop de fatigue sur les épaules, même pour Dracaena qui ne comprenait pas trop si c'était là une façon de le remercier de vouloir me frotter le dos ou une façon de l'en dissuader. Un platane cramoisie et complètement siphonné du bocal, merci bien.

Nous nous dirigions alors vers un endroit plus à l'écart afin de tenter quelque chose sur... Et bien mes mains. J'espérais que le sort combiné des aventuriers malgré les conseils de Yliria n'allait pas complètement foirer. Manquerait plus qu'elles terminent en plomb. Ou en fer incandescent. Ou en nuée d'insectes volants à la piqûre mortelle. Ou en branches, tout simplement, si ça se trouve Dracaena serait jaloux de mes nouvelles branches. Je serai l'Elfe la plus branchée du coin.

" Et bien... Allons-y... " Disais-je bien peu sûre de moi. J'hésitai à participer au sort mais je me suis dit qu'ils étaient assez nombreux et que si la magie décidait aujourd'hui de nous faire regretter le jour de notre naissance, il valait mieux que je ne m'en mêle pas.


-----------------------------

Reçoit le sort pour " guérir " ses mimines.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 14 oct. 2023 00:14

Post squelette:

[Action: Soutient le sort d'Yliria dès que cette dernière donne le signal.
Comme la dernière fois, se focalise sur le fait d'aider l'action d'Yliria, c'être son catalyseur/combustible.]

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » sam. 14 oct. 2023 13:43

Remonter à la surface fut plus simple que je ne l’avais imaginé. Mais le spectacle quand nous arrivâmes fut… dérangeant. Les survivants se jetèrent sur les créatures mortes et se mirent en tête de manger la chair à même les cadavres. Je retins un juron et détournai les yeux pour m’adresser à Alossarh, le mettant en garde contre ceux qui dirigeaient les survivants. Je n’avais qu’une confiance limitée en ces types. Un mauvais pressentiment ou une intuition, peu importait vraiment, mais j’étais certaine que leur sauvetage ne serait pas forcément si bénéfique que ça pour les sorciers de la surface. Peut-être étais-je paranoïaque, mais quelque chose clochait, j’en étais persuadée.

En contemplant de nouveau la boucherie qui semblait être moins frénétique et surtout faite pour rassembler de la viande pour les autres, j’aperçus deux silhouettes familières. Silmeria et Mathis étaient de retour. Je me demandais s’ils avaient trouvé des informations intéressantes et me dirigeai vers eux, histoire d’éviter tout quiproquo. Ils ne devaient pas s’attendre à voir des centaines de personnes en train de s’attaquer aux corps inertes de la plaine. Je me dirigeai aussitôt vers eux et Dracaena se joignit à moi, sans doute poussé par la curiosité. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est que Silmeria ne perdit pas de temps. Elle expliqua tout en quelques instants tandis que Mathis s’éclipsait rapidement, une forte odeur rance le suivant à la trace.

(Je ne sais pas si j’ai envie de savoir…)

(Vu son air, ça a dû être éprouvant.)

Il avait semblé pâle, un peu comme s’il avait vu une araignée géante au détour d’un couloir. Au final, ils n’avaient pas trouvé le nid des créatures et avait perdu la piste qu’ils avaient suivi concernant Simaya. Ils rentraient bredouille et Silmeria avait un sacré problème de main… un sort raté sans doute. Ils défendaient leurs vies, difficile de leur en vouloir., Régler le problème allait être une autre paire de manches…

- Ça, ça va être compliqué aussi... Au moins ça n'a pas l'air douloureux. On va voir pour essayer d'annuler ça. Et faut qu'on discute, parce que la situation pas mal évolué ici. On va sans doute devoir tenter quelque chose de sacrément dangereux.

Reconstruire la ville, soigner les blessés. Tout un tas de choses qui risquaient d’empirer la situation… Silmeria voulait vraiment récupérer ses mains avant quoi que c soit et je ne pouvais lui en tenir rigueur. Ça avait vraiment l’air pénible.

- J'imagine, oui... On... va attendre qu'Akihito et Mathis reviennent. Il s'agit d'annuler un sort et avec le bordel que fait la magie j'ai peur que ça annule trop de choses d'un coup si ça se passe mal. J'ai pas spécialement envie d'annuler des existences entières dans l'immédiat. On a assez de problèmes comme ça.

Aki était parti voir Fann, pour une raison qui m’échappait. Je lui avait juste dit de ne pas trop s’éloigner, persuadée qu’on aurait besoin de lui tôt ou tard. Je confirmai la question de Dracaena. Onf erait comme la dernière fois qui avait… pas trop mal fonctionné, en quelque sorte.

- Comme plus tôt, vous ferez tous les catalyseurs et je lancerai le sort. On est passé trop proche de la catastrophe, mais avec deux personnes en plus ça devrait être plus sûr... relativement.

On n’était vraiment sûrs de rien… sans compter que la créature que Silmeria et Mathis avaient affronté m’inquiétait et rien ne me permettait d’affirmer qu’il n’y en avait pas d’autres et l’hinionne s’en savait pas plus que moi sur le sujet. Rien de rassurant donc… Dracaena étant mal à l’aise au milieu de tout ce charnier, nous repartîmes vers les ruines et j’expliquai en quelques mots la situation à une Silmeria intriguée. J’omis mes réserves et mes doutes, il y avait bien plus urgent à s’occuper dans l’immédiat. Ses mains, en l’occurrence, vu qu’elle insistait. J’hélai Akihito quand il s’éloigna de Fann et espérait sincèrement ne pas à avoir à laver Silmeria.

(Fallait pas te proposer aussi…)

(J’ai pas réfléchi ! C’est juste venu comme ça parce qu’elle en a parlé.)

Je n’aimais guère qu’Aki me dise qu’on devait parler avec une tête de six pieds de long, ça n’augurait jamais rien de bon, mais je hochai la tête et me dirigeai avec les autres vers les ruines. Akihito me fit ralentir et je me mis à s hauteur, calquant mon rythme sur le sien, à la fois curieuse et un peu inquiète. Je n’aimais guère qu’il doive me prendre à parti pour qu’on discute, ça n’augurait rien de bon.

- Eh, Yli, quand t'es passé à l'infirmerie à quel point ils étaient blessés les... blessés ? Ssussun et toi vous n'auriez pas suffi ?

Le simple fait de me rappeler leur état… Je soupirai et tentai d’être le plus honête possible. Sans notre aide, il étaient condamnés.

- Non... Vu leur état, il faudrait lancer un puissant sort de soin, assez grand pour englober une pièce entière. C'était au-delà de mes compétences de premiers soins. Sur Yuimen je m'en serai sortie, mais ici... Faudra en discuter avec les autres pour qu'ils viennent m'aider

- Je vois...

Je n’aimais pas du tout son ton ni le silence qui s’ensuivit…

- S'il te plait, promets-moi que tu vas essayer de garder ton calme pour ce qui va suivre.

(Oh-Oh…)

Ça non plus ça en me plaisait pas du tout…

- Euh... Je peux te promettre d'essayer oui... Il s'est passé quelque chose ?

- La sorcière qui t'as accompagné, Fann... Elle les a achevé.

Une sensation de froid envahit tout mon corps et ej me tournai vers lui, lui hurlant presque dessus.

- Quoi?! Quand ?!

- Quand tu es revenu de l'infirmerie, elle y est resté. Elle nous a rejoint qu'après, et c'est en montant que j'ai vu qu'elle avait des éclaboussures de sang sur les jambes. Je lui ai demandé, et elle n'a pas nié.

Je fulminai… cette salope les avait… Je tournai la tête pour la fixer, me demandant par quel moyen j’allais la réduire en miettes. J’avais promis de ne pas m’énerver… Promis… J’inspirai longuement. L’envie de la massacrer était oujours là, mais ce n’était pas la chose à faire. Je détournai le regard.

- Rejoignons les autres.

- Je vous laisse régler le problème de Silmeria, il est grand temps que j'aille me reposer.

J’eus envie de lui dire d’être prudent, mais je me retins, nul besoin que j’exprime ma paranoïa dans l’immédiat. Je me contentai de hocher la tête. J’en avais besoin aussi.

- Je vais faire ça aussi, après. Cet endroit commence à me pousser à bout.

- Quelque chose ne va pas ?

- Si je commence une liste maintenant tu ne dormiras pas avant le lever du soleil.

- J'en doute pas, mais t'avais l'air de vouloir dire quelque chose ?

Je jetai un œil aux survivants qui dépeçaient les animaux morts. Aki pourrait peut-être comprendre…

- J'ai un mauvais pressentiment à leur sujet...

- Pareil. Mais y a rien qu'on puisse faire, Yli. Et comme t'as dit, on n’est pas là pour faire de l'ingérence. Espérons juste qu'ils se montreront plus aimables une fois le ventre plein.

J’en doutais fortement, mais je laissais couler en le regardant bailler un instant. Je lui serrai délicatement le bras.

- Va dormir. Essaie de t'installer dans la grande salle, je vais voir pour que tout le monde fasse de même une fois le souci de granit réglé. Mieux vaut éviter d'être séparé pour le moment.

Il s’écarta brusquement et je récupérai ma main, un peu surprise de ce soudain rejet qu’il expliqua tout de même.

- Désolé de la réaction. Mais depuis l'épisode avec Justice, tout ce qui me serre ou me comprime trop, c'est... Mes affaires sont pas loin des tiennes il me semble. Bonne nuit, si je suis pas réveillé à ton retour.

je l’observai un instant avant de lui souhaiter bonne nuit et de le regarder s’éloigner, partagée.

(Ça expliquerait qu’il se balade sans son armure et torse nu)

(Oui… J’imagine que je ne peux pas lui en vouloir, ce qu’il a vécu… Je ne souhaite ça à personne, même pas à mes ennemis.)

Je le laissais s’éloigner et soupirai avant de rattraper Silmeria et Dracaena. Mathis nous rejoignit sous peu et j’expliquai alors le déroulé de ce qui allait suivre. Si je me concentrai sur autre chose, ça ne pouvait qu’être bénéfique. Pas de pensées parasites, juste le sort et après on verra.

- Bien, on va donc lancer un sort à plusieurs. Dracaena tu sais comment, les autres je vous explique comment ça va se passer. Je vais lancer le sort. Vous, vous devez soutenir ma magie et ne penser qu’à ça, à rien d’autre. Je l’ai expérimenté plusieurs fois avec Ssussun, mon invocation ici présente et c’est plus sûr que de lancer chacun un sort avec un phrasé différent. Si vous vous demandez pourquoi je lance le sort, c’est parce que je contrôle Ssussun et que je ne sais pas qu’elle sera sa réaction si je lui demande de soutenir un autre que moi, et aussi que j’ai plus d’expérience que vous dans l’utilisation de la magie.

J’inspirai lentement et me postai devant Silmeria en lui demandant de tendre ses mains vers moi

- Bien, Ssussun, soutiens ma magie s’il te plaît. Je vais lancer le sort pour annuler le tien Silmeria, alors ne bouge pas je te prie. Et priez pour que ça n’aille pas plus loin que ça… On y va


***
Lance un sort pour annuler le sort de pierre qui fige les mains de Silmeria.
Ssussun soutient Yliria.

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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » dim. 15 oct. 2023 10:01

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) XVIII



L’effort commun des yuimeniens pour concentrer leur magie sur Silmeria s’avéra payant. Heureusement qu’ils s’y prirent à plusieurs, car si nul autre que lui n’en eut conscience, Dracaena sut que c’est son intervention qui tira la magie de ses pairs vers le haut. Que sans lui, le résultat aurait pu être tout autre. Ainsi, Silmeria fut débarrassée de la pierre couvrant ses mains et avant-bras, libérée et souple à nouveau.

Akihito était parti se reposer, et ils se retrouvaient là, sans nouvelles de Xël, Jorus, Maïssa et Ibn. Depuis la surface, de nombreuses silhouettes encapées revenaient les bras chargés de viande. Ils se dirigeaient silencieusement dans les profondeurs, pour nourrir les leurs. Une telle quantité amassée, et bientôt préparée. Une odeur de barbecue monta des tréfonds de la cité, envahissant les sens de chacun. Les survivants du bas s’étaient montrés généreux, et avaient apporté leur lot de viande aux défenseurs de la surface, afin qu’ils puissent eux-mêmes la préparer et s’en nourrir. Un ballet sanglant naquit, entre les allez et les retours laissant sur leur passage une rigole de sang. La dénommée Illana d’Ur remonta, seule, pour prévenir Visselion et Alossarh du fait qu’ils avaient trouvé les réserves et qu’elles étaient intactes. Ils avaient décidé de n’y pas toucher, et de prêter leur soutien à la cuisson des viandes venues de la surface. Elle resterait ici pour surveiller ce qui se passait, là où Belenn d’Erfort restait en bas.

Il restait à chacun à décider quoi faire. La journée avait déjà été épuisante : une bataille contre d’innombrables créatures, une résurrection pour certains, des heures d’exploration ou d’organisation, de nouvelles rencontres et de nouveaux spectacles macabres.




[HJ : Je vous laisse vous occuper pour les heures à venir, jusqu’à ce que pointe le jour. Dormez, nourrissez-vous, entretenez votre matériel, discutez entre vous… Attention, je ne serai pas disponible avant mercredi pour d’éventuels apartés, tenez-en compte dans vos décisions. Clôturez votre post par votre prochain objectif, qu’il soit minime, au sein d’Elscar’Olth, ou plus important. Initiez-le. Akihito, à ton réveil tu sentiras la magie apaisée en toi. Et tu retrouveras ton bouclier intact.]



[XP :
Mathis : 0,5 (Nettoyage)
Akihito : 1 (discussions)
Silmeria : 0,5 (discussion)
Dracaena : noté quand complété.
Yliria : 1 (discussions)]


[Bons :
Mathis : Le Ponctuel !]

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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » ven. 20 oct. 2023 05:02

Après le sort pour ramener les mains de Silmeria à son état naturel, je poussai un long soupir de soulagement. La magie avait fonctionné, Silmeria avait retrouvé ses mains. J’avais bien compris les explications d’Yliria, mais je continuais à penser qu’il y avait un peu de hasard, de chance dans tout cela. J’en venais même à m’imaginer que cette Magie s’amusait à nos dépens, profitant de la moindre petite imprécision de notre part pour n’en faire qu’à sa tête. Pendant mes quelques secondes de réflexion, Silmeria s’était éclipsée.
Pour ma part, je voulais en savoir plus sur la présence de ces gens en surface et sur tout ce travail de dépeçage qui avait lieu. Mais puisque j’étais parti sans me laver, je considérais que je leur devais des détails sur notre expédition.

Je m’adressai ainsi aimablement à mes deux vis à vis.

"Avant que je vous pose des questions sur ce qui se passe ici, avez-vous des questions ou besoin de plus de détails sur l'exploration que j'ai fait en compagnie de Silmeria ?"

Dracaena répondit promptement me demandant de lui confirmer que nous n’avions vraiment aucun indice tangible pouvant nous mener à Simaya.

Un ton de reproche dans la voix, Yliria me demanda pourquoi nous avions laissé tomber la recherche qu’elle nous avait demandé alors qu’il avait été décidé de ne pas tenter la suivre, puisque vieille d’une semaine. J’aurais dû comprendre qu’il ne s’agissait pas d’une question, mais d’une réprimande.
De bonne foi, je répondis tout d'abord à la question d'Yliria,


" Nous n'avons pas laissé tomber la recherche de l'origine de la menace, elle fut assez simple à trouver. En fait, des traces, il y en avait des milliers, comme vous pouvez vous en douter. Elles venaient de toutes les directions, sans prédominance pour aucune. Même pas besoin d'être pisteur pour arriver à cette conclusion. En fait, ces bestioles sont venues ici parce que le faisceau lumineux les avaient attirées. Et puis, parmi toutes ces traces, j'en vis de plus petites, plus légères, chaussées. Deux paires de traces de bipèdes qui se dirigeaient vers le nord. Il n'y avait pas de doutes dans mon esprit, il s'agissait de celles de Simaya... des Simayas "


Je m'arrêtai quelques secondes puis je regardai Yliria droit dans les yeux. Et ma voix pleine d'émotion, bien que contenue avec difficulté je rajoutai.

" Comprenez-moi bien. Il y a la raison qui nous dicte quoi faire, mais il y a ensuite notre cœur qui l'emporte et qui va au delà de toutes décisions prise par la logique. JE SUIS responsable de la disparition de Simaya. Alors si il y avait une mince chance, si petite soit-elle de la retrouver, j'allais la prendre et ce au risque de ma propre vie. C'était bien le moins que je puisse faire. Je n'aurais pu poursuivre ma vie sans remord de ne pas avoir chercher alors que devant moi, sur le sol, se trouvait les traces de celle disparue par ma faute. J'ai alors décidé de la suivre. J'ai demandé à Silmeria de vous donner les conclusions de notre petite enquête et de prévenir de la poursuite de ma recherche. Mais elle a décidé de m'accompagner. "

Puis portant mon regard sur Dracaena, je rajoutai.

"A nous deux, nous avons réussi à remonter les traces, en nous dirigeant vers le Nord. Mais la nuit est tombée et même la vision de Silmeria ne fut pas suffisante pour nous diriger. Nous avons donc fait un arrêt pour la nuit. Au bout de quelques heures, je crois, une bestiole sortit du sol et nous attaqua. Silmeria a bien résumé le reste. Si Silmeria ne m’avait pas accompagné, je ne serais pas ici pour vous en parler. Seul, je n’aurais pas survécu. Je lui en suis donc reconnaissant. "

Je vis Yliria prendre une respiration avant de me répondre, sans me douter le moindre du monde du volcan qui allait se déchaîner sous mes yeux. Dès qu’elle ouvrit la bouche, ce fut pour se répandre en reproches et en accusation. Rapidement, je perdis mon air avenant. Les bras croisés je l’écoutais toujours, mais mon visage était désormais fermé, sévère.

(Quoi !? )

Elle parlait de parole trahie, de confiance accordée. Elle se prenait pour la reine mère qui avait donné des ordres qui auraient dus être respectés à la lettre. Elle semblait s’être octroyé le rôle de chef qui prenait des décisions et que, sous aucun prétexte, on ne pouvait y déroger, sans l’avoir préalablement consulté. Elle revint sur la réunion où il avait été question de Simaya, et elle semblait avoir oublié que j’avais mentionné vouloir la trouver, qu’il s’agissait de l’une de mes priorités.

(Femme de mauvaise foi. )

Elle eut l’audace de rajouter que si moi et Silmeria avions été en difficulté, il serait parti à notre recherche… comme si elle se préoccupait de nous. Silmeria avait raison, tout ce qu’elle cherchait en nous envoyant dans cette mission bidon, c’était de nous éloigner.

Sous prétexte que je ne m’étais pas mis à genoux, que je ne m’étais pas confondu en excuse, que je n’avais pas débité un flot de paroles de rédemption, que je n’avais pas de remords.. Elle ne comprenait pas que chacun avait sa façon de vivre avec ses remords, et de mon côté, j’avais plutôt tenté de régler la situation par l’action au lieu de déverser des torrents de larmes ou de paroles vides…. Elle continuait à parler, mais je ne l’écoutais plus. C’était inutile, un voile de colère brouillait son jugement, et il n’y avait pas moyen de lui faire entendre raison.

Elle eut même l’audace de me pointer la poitrine du doigt, me menaçant. Je restai posé et calme… et je ne cillai même pas. Sa petite crise de femme hystérique ne m’atteignit pas. J’aurais bien voulu qu’elle tente de me frapper, j’aurais bien aimé la voir mordre la poussière lorsque j’aurais esquivé tous ses coups, sans riposter aucunement.

Elle tourna les talons et demanda à Dracaena de m’expliquer la situation. Son départ me convint, je préférais avoir la version de l’Oudio. Je me tournai donc vers Dracaena et j’attendis.

Après avoir salué la shaakt qui s’était autoproclamé la cheffe, il me résuma en une courte phrase la situation: Ils avaient trouvé des survivants sous terre et ceux-ci s’étaient entre dévorés.
Le cannibalisme n’était pas à prendre à la légère, mais il ne fallait pas juger les gens sans comprendre les circonstances. Je lui demandai donc :

« Dites-moi en plus ! »

L’oudio, très volubile tentant de me faire une version courte. Akihito accompagné d’un dénommé Serarien avait trouvé des survivants suite à l’effondrement. Affamé, ils avaient même tenté de s’en prendre à Serarien. A trois, Akihito, Dracaena et la fille noire, avaient créé un escalier géant afin de faciliter la remontée. J’avais eu connaissance de la formation de cette structure au tout début de notre expédition, alors que nous étions encore assez près. Ils avaient alors décidé de dépecer les bestioles afin de leur fournir à manger. Ils avaient aussi développé des pouvoirs étranges.

(Serait-ce le fait d’être dans le sous-sol même d’Aliaénon, en plein cœur de la magie ? Ou plutôt dû à la proximité du rayon ? )

En fait, cette question devrait trouver réponse plus tard, j’avais une question plus importante à lui poser.

"Et pensez-vous qu’il reste encore des gens sous les décombres. Si oui, moi et Praline pourrions être utile....je sais pister et elle peut se faufiler dans des endroits étroits "

Malheureusement, il savait qu’ils étaient très nombreux, mais ne pouvait m’en dire plus. Après une courte réflexion, il me fit remarquer que Praline pouvait s’avérer un plat de chats pour ces gens affamés. À sa remarque très pertinente, je répondis

" Vous avez raison, je n’y avais pas pensé"

Puis hésitant et avec une politesse extrême, il m’avoua vouloir me poser une question. Après la beuglante que je venais d’essuyer, plus aucune question ne pouvait me déranger.

"Allez y, ca peut pas être pire "

Il se demandait si désirait aider par pure bonté d’âme ou si c’était un moyen pour moi de me faire pardonner la saga de Justice.
Lui, ne semblait pas me juger, et je l’appréciais.

"Tout d abord merci de comprendre qu’il s’agit d'un accident"

J'hésitai un instant avant de répondre. Losque j’étais enfant et qu’il était en colère, mon père avait tendance à dire que j’étais égoïste et ne pensait qu’à moi, lorsque je refusais de l’aider dans son magasin. En fait, il me reprochait plus d’aider les autres que de l’aider lui. Donc, oui, aider fait partie intégrante de ma nature, tout en choisissant mes causes. Puis, depuis mon départ de Kendra Kâr, j’avais plus pensé aux autres qu’à moi, ce qui à ma surprise, ne m’avait pas déplu. Je décidai par contre de ne pas lui narrer toutes mes aventures, me contentant de parler de la plus récente ainsi que celle sur Aliaénon.

"Au risque de paraitre prétentieux, je dirais que c'est ma nature. Je n'en suis pas à ma première mission sur Aliaénon. Et puis, j'ai effectué d'autres missions sur Yuimen dont l'une mandaté par feu le roi de Kendra kar "

Dracaena m’expliqua qu’il avait fait plusieurs bêtises de son côté, et qu’il savait faire la différence entre un accident et un acte mal attentionné. Il me pria de ne pas en vouloir à Yrilia, expliquant qu’elle ne cherchait qu’à aider.

(Et bien, elle s’y prend mal.)

Il rajouta que même s’il n'appréciait pas son comportement, il l’a savait sincère. Malgré les gants blancs qu’il avait mis depuis le début de la conversation, il osa affirmer qu’elle n’avait pas tort lorsqu’elle affirmait qu’on devait moins dériver dans nos actions.

Je répondis sans aucune agressivité.

"Je ne parlerai d'Yliria que lorsqu'elle sera là pour entendre ce que j'ai à dire d'elle. "

Je n’avais jamais trouvé utile de reprocher des choses à des gens en leur absence. Ce que je pensais d’elle pour le moment n’était pas flatteur, et lorsque je serai disposé à lui reparler, c’est à elle que j’en ferai part.

Il changea ensuite de sujet me demandant de parler davantage de la créature que nous avions invoquée, Silmeria et moi.

Je poussai alors un long soupir, l'idée de repenser au roi du Cauchemar ne me plaisait pas.

"En fait, nous voulions invoquer une masse, afin d'écraser la serpent tout en os qui nous attaquait. J'ai finalement accepté de me joindre à Silmeria... nous avons en effet invoquer quelque chose de massif, mais ce n'était point une arme.. mais un être vivant, le roi des cauchemars.. autrement dit la Peur en personne. "

Tout en disant cela, je ne pus m'empêcher de frisonner.

"Nous pensions d'avoir qu'il s'agissait d'une création... mais non, on l'a juste invoqué." C'était du moins ce qu'il nous avait affirmé... mais était-il en position d'en parler ?

A la mention d’invocation, Dracaena se demandait si c’était un peu comme ce qui était arrivé à Justice ou au double de Simaya. Il se questionnait lui aussi sur l’origine de toutes ces apparitions. Il se perdit ensuite dans ses réflexions et je ne pus lui mentionner que pour Simaya c’était plutôt un double comme ceux que nous avions affrontés dans nos cristaux respectifs… mais en y réfléchissant bien, ces copies avaient bel et bien été convoqué, mais par Justice et non par l’un de nous.
Je répondis à la révérence de Dracaena par un petit hochement de la tête. Je le laissai partir et pour ma part, je retournai vers le camp dans le but de tenter de compléter ma nuit de sommeil.

J’entrai au camp en silence, il faisait encore nuit et beaucoup dormaient. Je me trouvai une place tranquille non loin dans un coin, dans le lieu qui servait de dortoir et je me couchai. Praline me rejoignit et se plaça sur mes pieds.

Même si la fatigue m’envahissait, je ne pus empêcher mon esprit de vagabonder, sans ordre, ni logique. Je pensai d’abord à Yliria. Son attitude m’avait fortement déplu, j’aurais aimé qu’elle ait un peu plus de compréhension, qu’elle se mette à ma place au lieu de se prendre pour une mère supérieure.

(D’un autre côté, si je me mets à sa place à mon tour, j’aurais paniqué de voir tous mes compagnons décédés. Et pourtant au départ, je l’avais jugé plus calme, moins impulsive, je vais l’éviter le plus possible.…J’avais mal jugé Silmeria aussi… elle est moins froide et plus sensible que je ne l’aurais pensée… par contre, avec Hrist, c’est pas évident…elle n’est pas prévisible et il m’est difficile de savoir avec qui j’ai affaire… Pour Visselion par contre, même si mon intrusion dans son corps a été une période angoissante, où par ma faute j’ai failli disparaître, j’ai appris à le connaître et à l’apprécier davantage. J’apprécie également Akihito, il est le plus sensible et le plus compréhensif du lot.)

Et puis, je pensai à Cauchemar, et là, même s'il était loin et qu'il n'y avait plus de danger, je ressentis un grand frisson, et je me mis à trembler, la respiration rapide.

(Bon, du calme, il n'est plus là, et il y a peu de chance que je le rencontre à nouveau, malgré ses dires. )
Et puis, je pensai au squelette qui m'avait sorti de mon sommeil. Soudain, le rêve de la nuit précédente refit surface dans mon esprit et ce fut le sourire aux lèvres que je m'endormis enfin.
Modifié en dernier par Mathis le mer. 25 oct. 2023 19:31, modifié 7 fois.

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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » sam. 21 oct. 2023 01:11

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

49 : Instant de grâce.

Des brumes piégeuses du sommeil, Akihito en fut tiré par un bruit sourd. Les yeux lourds de sommeil, c'est presque par réflexe qu'en se redressant il tâtonna la droite l'endroit où il avait étendu sa paillasse. Sa peau engourdie reconnu le contact lisse et froid du bois laqué qui composait le fourreau de la Kizoku-Rana.

« Mgnmh ? Quoi, kekipasse...? bégaya l’enchanteur en essayant d’émerger de sa torpeur.

- Rien Aki, rien. Désolé... Rendors toi.

(Aki… Mmh… Y a que…)

- Mgn... Yli, c'toi ? t'vas bien ? »

Ses yeux papillonnant tentaient comme ils pouvaient de chasser le voile flou qui recouvraient sa vision, bien assombris par l’endroit dans lequel il se trouvait. Il tourna la tête dans la direction de la voix de son amie et pensa déceler la silhouette de celle qui l’avais réveillé par erreur et s’en excusait déjà.

« Non... Enfin oui c'est moi. J'ai fait trop de bruit, désolé, je suis un peu énervée. Rendors toi. »

Si Yliria lui disait qu’il pouvait se rendormir, alors il n’avait rien à craindre. Son corps se détendit et relâcha la pression sur son sabre dont le tintement s’éloigna. Les bras chaleureux de sa couverture l’appelaient déjà, l’enjoignant à retourner à ce rêve qu’il avait quitté. Il fit bien un maigre effort pour tenter de se rappeler de ce qui avait bien pu le peupler, mais aucun souvenir net ne vint l’éclairer. Tout ce qu’il restait, c’était le sentiment de bonheur et de contentement qui l’avait accompagné à son réveil. Il se rallongea mais ne put s’empêcher de sentir une pointe d’inconfort, alors qu’il se tournait sur le côté et replaçait sa tête sur son oreiller improvisé.

« 'Aime pas quand t'es énervée, » marmonna Akihito d’une voix pâteuse.

Un cliquetis étouffé fut sa seule réponse, et il n’y pensai déjà plus quand la voix plus calme de la jeune femme l’arracha une nouvelle fois à la torpeur qui tentais toujours de l’attirer.

« T'es pas le seul... Je suis un peu à bout ces derniers temps, désolée.

- Veux t'aider, mais sais pas quoi faire... »

Son amie, celle qui l’avait accompagné et longuement soutenu, était toujours accablée de problèmes. Lui n’arrivait pas à trouver le juste milieu entre l’aide et ce qu’elle considérait comme du contrôle sur ses choix. Cette frustration, il la ressentait un peu avec les autres, mais était encore plus présente quand elle concernait la semi-shaakte.

« Je peux me déshabiller toute seule, t'en fais pas. »

Il aimait entendre sa voix amusée. Pétillante de vie. Cela lui réchauffait le cœur.

« Je dois juste prendre sur moi. »

Lui aussi avait envie de prendre soin d’elle.

(Mgn... Déshabiller ? Pas que ca me dérange si c’toi…)

Il avait eu plus d’une fois l’occasion de toucher ses mains, voir ses avant-bras. Mais qu’en était-il du reste de son corps ? Sa peau était-elle aussi douce, aussi ferme sur le reste de son corps ? Leurs voyages lui avait permis d’en voir un peu plus, même trop dans une situation qu’il aurait aimé ne pas vivre, mais il n’avait toucher qu’avec les yeux, et souvent lorsqu’elle n’était qu’une adolescente. Désormais qu’elle était une jeune femme ravissante, il était curieux de voir le corps qu’elle cachait sous ses vêtements. Et il était prêt à l’aider pour ça.

Perplexe, l’enchanteur avait rouvert les yeux. Les pensées qui l’avaient traversées flottaient, limpides, dans son esprit. Sa bouche encore entrouverte attestait qu’il avait parlé. Mais jusqu’où ? Son incompréhension se dissipa rapidement quand sa vision revint à travers ses yeux mi-clos, offrant le spectacle saisissant des fines jambes et du fessier musclé d’Yliria, à une poignée de mètres devant lui. La jeune femme retirait ses jambières près de son paquetage et lui tournait le dos, offrant une vue qui eut le mérite de réveiller l’enchanteur aussi efficacement qu’un seau d’eau brûlante.

S’il avait verbalisé l’intégralité de ses pensées, il ne donnait pas cher de sa peau. Encore moins s’il devait justifier le rouge qui lui était monté aux joues quand la bouffée de chaleur l’avait envahi, faisant réagir son corps avec un entrain certain.

(Bordel, c’est pas le matin en plus !) jura intérieurement l’enchanteur en remontant rapidement la couverture sur son visage, mortifié et ne voulant pas avoir à expliquer en plus la couleur de son visage quand Yliria viendrait inévitablement lui demander des comptes dans les secondes qui allaient venir…

« Qu'est-ce que tu fais ?

- J'essaye d'éviter de mourir.

- Quoi ? Tu te sens pas bien ?

- Non non, tout va bien... »

Il n’en avait peut-être pas révélé tant que ça, au final. Se frottant le visage comme pour essayer de faire disparaitre les traces de gênes qui l’avaient marqués, il se redressa en découvrant sa tête et en passant une main dans ses cheveux pour remettre un peu d’ordre dans ses cheveux. Yliria était là, une main sur la hanche, un sourcil arqué, dans la même tenue qui la quittait rarement. Des braies sombres, une chemise blanche : pas de fioritures, juste des habits fonctionnels. Un ensemble assez monochrome qui s’harmonisait bien avec son corps, lui aussi de blanc et de noir. La seule touche de couleur qu’elle arborait, outre la discrète boucle d’oreille rouge sang, étaient ses yeux bleus. Il s’arracha à l’observation de ces deux lacs pailletés d’or pour changer de sujet.

« J'étais à moitié endormi alors j'ai pas tout entendu, tu disais ?

- Hum... Rien d'important. Rien qui doive t'alarmer. »

La jeune femme lui tourna le dos et quelques secondes plus tard, elle fit tomber sa chemise au sol. Sous le fin tissu, une peau sombre reflétait les éclats des quelques sources de lumière lointaines éclairant la salle. Un large entrelac de bandelettes blanches traversaient son dos, entourant son torse sous les aisselles. Il l’avait déjà vu chez Camille, pour compresser la poitrine et ainsi rendre le port d’armure plus confortable pour les femmes. Cela n’empêcha pas le cœur de l’Ynorien de manquer un battement.

(Et moi qui voulais le voir… Bordel Aki, reprend toi ! T’es plus un jouvenceau !)

Secouant la tête pour se redonner une contenance, le tatoueur constata aussi ce qu’elle lui avait dit quelques jours plus tôt : les immondes cicatrices qui avaient un jour saturées son dos avaient purement et simplement disparues. Se souvenir de ce qui nous avait meurtris était important et le vieillissement forcé de son corps avait été mal vécue, mais il ne pouvait se dire que cette reconstruction magique avait quand même eu ce bon côté.
Akihito tiqua ensuite quand il la vit rouler des épaules, passer sa main dans le cou et le faire craquer, disant qu’elle n’avait besoin que de se relaxer un peu.

« Si tu as besoin de te relaxer, je peux te proposer quelque chose. t'as l'air tendue, ton dos doit être une boule de nerfs, offrit-il.

- Si tu veux, dit-elle en se tournant vers lui, visiblement pas le moins du monde gênée de se montrer ainsi devant celui qui l’avait repoussé. C'est quoi ton idée ? »

Avec l’étrange impression d’avoir sa bouche qui s’était asséché, il dévoila ses mains de sous la couverture, pliant légèrement les doigts.

« Un massage ? proposa-t-il avant de se reculer à l’extrémité de sa paillasse en l’entendant accepter à voix basse. Assis toi là alors.

-T'as déjà fait ça ?

- Plus souvent que tu le penserais. »

S’approchant de son dos, Akihito posa ses doigts sur le haut de ses épaules nues et commença lentement à presser de ses pouces en différents points pour chercher les noeuds. Une première étape aussi utile pour le massage en lui-même que pour l’aider refaire battre son cœur à un rythme acceptable.

« Quand je passais du temps avec Hïo et qu'il était en apprentissage à la forge, je l'ai aidé plus d'une fois à pas se retrouver avec des muscles durs comme du bois le lendemain. Je devais déjà avoir un petit don, mais ça l'a amélioré. »

Manier le marteau pour battre le fer sur enclume était évidemment une activité contraignante pour les muscles. Un jour qu’Akihito était venu chercher son ami pour jouer, ce dernier avait refusé en se plaignant de ses bras endoloris. Le fulguromancien avait alors jouer de ses doigts pour forcer l’apprenti forgeron à le suivre en supprimant son excuse, et cela avait étonnamment marché. Par la suite, à chaque fois qu’il ressortait de la forge familiale perclus de courbatures, Hïo était venu le voir pour ne pas mettre dix minutes à manger son gruau le lendemain.

« Mmmh. »

Comme il s’en doutait, le dos d’Yliria était à l’image de son corps et de son état d’esprit : athlétique et ferme, mais aussi constellé de nœuds et de nerfs à vif. Il se concentra sur certains points qu'il avait senti plus dur que d'autres, jaugeant le temps que ça allait lui prendre à tous les défaire.

« Puis maintenant que je suis tatoueur, c'est devenu important de détendre les zones que je dois tatouer.
Bon, t'es bien tendu alors je vais commencer, hésite pas à me dire si je te fais mal ou si tu préfères que je m'attarde sur tel ou tel endroit.


- Hmmm... »

S’il la sentait tendu sous ses doigts, il n’en dit rien et attendit qu’elle prenne une longue inspiration pour finalement sentir ses muscles se relâcher et faciliter sa tâche. Usant par moments de ses pouces quand un nœud nécessitait de la force, d’autres fois de ses index et majeurs plus précis et délicats, Akihito fit voleter ses doigts d’un nœud à l’autre. Il oublia rapidement que la jeune femme sous ses mains était celle qui l’attirait de plus en plus pour s’immerger dans sa tâche de façon bien plus professionnelle. Il écouta ses inspirations, vit ses tressaillements, et adaptait ses gestes pour délasser un à un ces épaules qui n’avaient certainement jamais pas de mains pour les détendre depuis longtemps.

« J'en profite pour voir là où je vais devoir travailler plus tard. Une peau sombre comme la tienne, ça va être intéressant, dit-il alors qu’il appréciait la porosité de la peau très aéré idéal pour le tatouage, mais à la couleur qui annonçait un défi très stimulant à relever.

- Travailler ?

- Je croyais que tu voulais toujours le tatouage dans ton dos ? s’étonna-t-il.

- Oh euhmm... oui, oui bien sûr. Pardon, ça m'était un peu sorti de la tête. »

Il continua dans un silence uniquement perturbé par les rares inspirations plus prononcées d’Yliria, parfois en stabilisant d'une main pour appuyer un peu plus fort de l'autre sur les boules qu’il sentait résister sous ses doigts. Après plusieurs minutes, il repassa de simples mouvements amples en faisant par moment rouler ses pouces sur les boules dessinées par sa colonne vertébrale. La voir bailler le fit sourire.

« Tu te sens mieux ?

- Pardon.. oui, je me sens mieux mieux. merci, Aki...

-De rien. Il te reste encore deux beaux noeuds ici et là, mais assis j'arriverai pas à les faire partir, c'est pas stable. Faudrait que tu sois allongée pour ça. »

Masser dans cette position était plus simple, mais avait des limites.

« M'allonger ? Si je fais ça je m'endors.

- Ça tombe bien, s’amusa l’enchanteur, t'es venue pour ça non ? »

(Moi aussi, à la base, j’étais venu pour me reposer.)

Mais l’arrivée d’Yliria avait quelque peu bousculé son programme de sommeil et maintenant qu’il avait commencé, il comptait bien terminer proprement son massage. Et après avoir pesé le pour et le contre, son amie accepta.

« D'accord, mais réveille moi quand tu as fini si je dors. Je dois pas dormir sur le ventre.

(Elle ne « doit » pas ?)

- Te réveiller pour te laisser te mettre sur le dos et te rendormir ? Je peux aussi essayer de te retourner sans te réveiller.

-Euh je... Si tu y arrives... mais j'en doute, j'ai le sommeil léger. Force de l'habitude.

- Je relève le défi, plaisanta-t-il après un court bâillement. Allez, installe toi. »

Elle cessa d’argumenter et se leva pour se couchers sur sa propre paillasse mais… Avec ses bandages. Ce qui interloqua l’enchanteur, tandis qu’elle se redressai sur un coude pour le regarder avec un léger sourire quand il posa sa question.

« Tu... gardes tes bandages ?

- Aki... Je dois vraiment t'expliquer pourquoi je les garde ?

- Euh... bah je comprend leur utilité pour ton armure, mais dormir sans c'est plus confortable quand même, non ?

- Rassure-toi, d'habitude je les enlève. Mais on va faire l'impasse cette fois, si tu permets ? Tu m'as vue nue une fois déjà, tu t'en contenteras. »

Akihito, se rendant compte un peu tard du discours à double sens qu’il était en train de créer, abandonna rapidement l’idée de clarifier la situation. S’il commençait à s’arrêter pour réfléchir à ses actions, il n’allait rendre que la situation gênante pour eux deux.

(Et puis merde. J’y vais à l’instinct.)

« "Cette fois", donc, conclut-il en s’asseyant à genoux, talons sous les fesses, à côté d’elle. Tant pis, tu ne profiteras pas de l'étendu de mes talents.

- C'est si essentiel que ça ?

- Pas du tout. Mais c'est comme un bon repas sans dessert : ca reste bien, mais avec c'est mieux. Tu en jugeras par toi même une autre fois. »

Ses mains reprirent leur ballet, utilisant d’abord l’extrémité de ses doigts, puis le plat de la main, avant d’appuyer avec un peu plus de force depuis la base de la paume, transmettant une partie de son propre poids pour détendre les nœuds récalcitrants. Une fois cela fait, ce furent les pouces qui terminèrent de faire disparaitre les nœuds. Par expérience, le tatoueur savait également qu’insister trop longuement sur un point rendait le massage désagréable ; c’est pourquoi il intercalait des gestes plus doux entre pour maintenir Yliria la plus détendue possible. Très attentif à ses réactions, il remarqua évidemment que passer sur certaines zones étaient plus difficiles pour elle : elle se tendait. L’emplacement d’anciennes cicatrices ? Peut-être. Il n’osa pas poser la question et se contenta d’adoucir ses gestes quand il devait passer ses mains dessus. Puis une fois satisfait de son travail, il dit à voix basse.

« Si tu permets... »

A son léger hochement de tête, il fit de nouveau rouler ses pouces sur sa colonne, commençant entre les omoplates pour descendre progressivement.

(Ses bandages ne bougent pas d’un poil… Elle doit les avoir vraiment serrés très forts.) constata-t-il tout en reculant sur ses genoux pour poser ses mains au-dessus de ses hanches et de… (Comment Theli appelait ça, déjà ? Ah oui, les lombaires.) N’y découvrant aucun réel nœud, il hocha la tête pour lui-même et commença donc la dernière partie du massage : accompagner Yliria vers le sommeil. Ses gestes se firent plus lents ; ses mains utilisèrent toute leur surface pour masser les muscles et la peau dans leur ensemble, chauffant la peau progressivement ; ses pouces massèrent de nouveau chaque vertèbres, faisant remonter progressivement les mains vers le cou.
Ses cheveux blancs étaient jetés sur le côté, dévoilant la racine de ses cheveux et la base de son cou délicat. Avec douceur, ses pouces appuyèrent délicatement sur cette zone tandis qu’index et majeur glissaient jusqu’à la base de sa mâchoire, la zone du cou juste sous les oreilles. Une zone qu’il savait particulièrement efficace pour détendre les personnes car sensibles… Mais peut être trop pour Yliria, qui grommela de la même voix râpeuse qu’il avait eu à son réveil.

« Pas les oreilles.. sensibles... »

il obtempéra sans un mot et retourna à ce qui lui était permis, restant sur des gestes lents et profonds. Sous sa peau, il sentit la poitrine d’Yliria se soulever de plus en plus lentement. Un rapide coup d’œil en se penchant lui confirma que ses yeux clos indiquait qu’elle dormait. Il continua encore quelques minutes pour s’assurer de la laisser glisser suffisamment dans le sommeil, atténuant ses pressions progressivement.

Ses gestes n’étaient plus que des caresses quand il glissa sa main près de son épaule pour la saisir tendrement et de l’autre, lentement la faire basculer sur son bras et la faire glisser sur le dos.

Peut être que ses gestes n’avaient pas été assez lents ; peut-être qu’elle n’était pas assez endormie ; mais quand la jeune femme finit par ouvrir des yeux un peu embués de sommeil, elle les écarquilla aussitôt pour les plonger dans ceux d’Akihito. Rougissant de la couleur ocre qu’il trouvait si charmante sur sa peau sombre.
Il avait utiliser le prétexte du massage et de ce simple service rendu sans arrière-pensée pour ignorer la situation très intime dans laquelle il se trouvait. Désormais, il avait Yliria dans ses bras. Un cœur emballé qui aiguisait tous ses sens. Et une furieuse envie de rendre le geste qu’elle lui avait offert il y a des mois de cela, sur le dos de Cromax.
Voyant qu’il avait commencé inconsciemment à très légèrement se pencher vers elle, il contint la foule d’idées qui lui passa par la tête à cet instant précis et stoppa son mouvement. Au lieu de cela, il l’éloigna de lui en terminant de la mettre sur le dos.

« Raté. »

Le timide sourire qui flotta sur les lèvres sensuelles sous lui mis une nouvelle fois sa résolution à l’épreuve.

« Je te l'avais dit...

- Je te laisse te... mettre à l'aise pour dormir. A demain Yli.

- Bonne nuit Aki. »

Il se releva.
Fit les quelques pas qui séparait Yliria de sa couchette.
Se glissa sous sa couverture.
Ferma les yeux.



Les rouvrit.
Son bon sens avait lâché les chevaux.


(BORDEL DE MERDE QU’EST-CE QUE J’AI FOUTU.)


L’énormité de ce qu’il avait fait, tout ce que ça voulait dire… Mais qu’est ce que ça voulait dire, exactement ?!

(Qu'est ce que j'ai fait qu'est ce que j'ai fait qu'est ce que j'ai fait qu'est ce que ça veux dire pourquoi mais alors peut être que si en fait mais du coup enfin…)

Quel abruti fini il avait été pour laisser ses actes être guidé par son instinct ! Maintenant qu’il repassait sans cesse chaque moment, chaque interaction, il imaginait dix, non vingt, scénarios dans lesquels cela partait de travers. Il avait jouer avec le feu.

Et il avait aimé ça.

Il n’avait pas besoin de tourner la tête pour savoir qu’Yliria était à quelque mètres de lui. Une distance qui lui paraissait ridiculement courte, mais aussi atrocement longue. Ses yeux grands ouverts étaient fixés sur le plafond. Qui était la semi-shaakte pour elle ? Une question qu’il se posait de plus en plus souvent ces derniers temps. Depuis qu’il était mort. Mourir faisait réfléchir les gens. Il avait eu une courte éternité pour réfléchir à ce qui lui était arrivé, aux gens qu’il avait croisé, haïs, aimé.
Yliria lui plaisait. C’était désormais une évidence. Mais est ce qu’il l’aimait ? Pouvait-il seulement l’aimer, alors qu’il ne l’avait retrouvé que depuis quelques jours à peine ? Etait-ce suffisant pour avoir de tels sentiments ? Authentiques, qui ne la blesseraient pas ?
En plus de se connaître d’avant leur réunion, il connaissait ses sentiments. Et bien que court, les derniers jours passés avaient été intenses : c’était une relation qui ne rentrait dans aucun standard, rien de ce qu’il connaissait ou de ce qu’il avait vécu.

Les yeux perdus dans la voute de pierre au dessus de lui, Akihito ne trouva pas le sommeil. Les pensées occupées par celle qui dormait à quelque pas de lui. Il fit à peine attention aux ombres se découpant sur les murs marquant des allées et venues, de la population d’Elscar’Olth se couchant petit à petit. Des sons qui mourraient les uns après les autres, des lumières vacillantes sombrant dans le silence progressivement, ne laissant qu’une maigre lueur servant de veilleuse pour toutes les personnes cherchant le sommeil. Pour les personnes comme l’enchanteur.

Dans l’obscurité et le silence, tous les sons étaient amplifiés. Ce grattement au loin, d’un quelconque rongeur. Ou ce gémissement qui pouvait aussi bien être le sanglot d’un sorcier épleuré, comme celui d’un couple cherchant à briser le quotidien misérable qu’avait été leurs derniers jours. Ce froissement de tissu, qui pouvait être quelqu’un retirant un vêtement, une tente s’ouvrant, un dormeur s’enroulant dans sa couverture. Ce bruit étouffé de pas, ce courant d’air glacé rapidement remplacé par cette chaleur moite sur son flanc.
Tournant le regard, le regard bicolore de l’Ynorien plongea dans celui de la semi-shaakte qui venait de se lover, silencieusement, contre lui. Il avait difficilement supporté le simple contact de la couverture sur son bras, mais la pression du corps d’Yliria ne le gênait pas, au contraire. Elle le réconfortait. Elle était bienvenue. Elle était nécessaire. Il se tourna dans sa direction, lui faisant face.
Sans un mot.
Muet comme elle l’était. Son regard dans le sien. Tout pouvait passer par un regard. Elle devait lire en lui comme dans un livre ouvert tant il se sentait absorber par le maelström hypnotisant des paillettes d’or dans ses yeux. Comme lorsqu’elle l’avait retrouvé dans l’infirmerie, il sentit ses doigts glisser dans ses cheveux, les caresser.
Sans un mot.
Ses doigts fins parcoururent son avant-bras, laissant une sensation engourdissante sur leur passage, caressant la cicatrice de feu qui ornait son bras, dernier cadeau de Justice. Il ne baissa pas les yeux, mais il sut : sous son toucher, la cicatrice disparaissait comme un mirage, comme un château de sable soufflé par le vent. Ses doigts glissèrent sur son torse, allant vers son bras gauche, effaçant à leur tour la cicatrice d’éclair qui parcourait tout son membre. C’était ainsi qu’elle avait perdu les cicatrices de son dos. Elle le faisait désormais pour lui. D’une simple caresse, elle effaçait ses erreurs.
Sans un mot.
La main vagabonde remonta paresseusement, électrisa son cou et termina sa course sur sa joue. Caressant sa peau rugueuse, la barbe naissante, suivant du pouce le contour de sa mâchoire. Faisant disparaître la cicatrice qu’il avait reçu de son père juste avant de partir pour Mertar. Sans qu’il ne s’en soit rendu compte lui-même, sa propre main était aussi sur la joue d’Yliria. Doigts blancs sur peau noire, doigts noirs sur peau blanche. Elle était soudainement bien plus proche. L’autre main de l’Ynorien s’était glissée dans le creux des reins de la jeune femme, sous elle, et l’avait attiré à lui. Les doigts s’harmonisèrent d’eux-mêmes sur les joues. Les regards ne se quittèrent qu’alors qu’ils se fermaient, que les lèvres se rencontraient.
Sans un mot.
C’était une sensation chaude, un baiser maladroit. Un baiser maladroit et avide. Un baiser avide et doux. Une douceur fébrile qui vibrait à l’unisson du corps de l’enchanteur, se laissant emporter par des sensations longuement oubliées. Ce moment n’appartenait qu’à eux, n’était soumis qu’à leur volonté de le faire s’étirer autant qu’ils le souhaiteraient. Le monde n’était plus que la chaleur réconfortante que chacun puisait en l’autre, qu’il essayait de s’approprier en la pressant toujours plus contre lui, quand elle refusait que son visage s’éloigne du sien. Un instant de grâce semblable à nul autre qui se termina d’un commun accord.
Sans un mot.
Les regards se croisèrent de nouveau. Chemise comme bandages avaient mystérieusement disparues du buste d’Yliria, laissant la peau nue de l’homme épouser la sienne, la découvrant et l’imaginant sans même la regarder. Les souffles chauds s’entremêlaient, silencieusement, promesses d’une union passé et à venir. Ils ne se sourirent pas. Ils n’en avaient plus besoin. Ils s’étaient trouvés.
Sans un mot.





Le lendemain, Akihito dans la tiédeur de sa couverture. Emergeant longuement des brumes du sommeil, il étira les bras et à sa grande surprise, ne trouva aucune présence à ses côtés. Tournant le regard vers la droite, il constata l’absence d’Yliria non seulement de sa paillasse, mais aussi de la sienne. La jeune femme était matinale, quand lui avait des heures à rattraper. Ne pas la trouver au réveil n’avait rien de surprenant… Mais il aurait quand même aimé la retrouver à ses côtés. Un sourire flotta sur ses lèvres tandis qu’il fermait les yeux, profitant des derniers moments de torpeur pour se rappeler de la nuit passée.

(Joli rêve, cher Porteur.)

(… Pardon ?)

(Tu m’excuseras de saper ta bonne humeur mais tout réaliste qu’il était, un rêve érotique reste un rêve.)

Troublé, l’enchanteur l’était par les paroles de sa Faëra qui était restée longuement silencieuse et n’intervenait que pour jour les oiseaux de mauvaise augure. Il se redressa avec un mauvais pressentiment et la couverture de voyage glissa pour dévoiler ses deux bras : les cicatrices y étaient toujours présentes, la plus récente irradiant encore du profond inconfort qu’il ressentait depuis son retour à la vie. Un inconfort qui faisait pale figure comparé à la honte qui embrasait le visage d’Akihito.

« Par les couilles de Valyus… jura-t-il. Tout ça, c’était qu’un rêve ? »

Il comprenait mieux pourquoi sa Faëra, d’habitude si prompte à le titiller, s’était montrée bien silencieuse.

(Seulement la deuxième partie. Tu t’es endormi quand tu étais en train de ruminer sur tes sentiments pour Yliria. Quant à ton massage avec elle, j’ai préféré ne pas intervenir : il y a des choses où je n’ai pas mon mot à dire.)

Retenant un nouveau juron, il se leva abruptement et eut momentanément la tête qui tourne, ce qui n’améliora pas son humeur.

(Mais si tu veux mon avis, tu t’en es bien sorti. Et t’as une imagination très inspirée pour tes rêves érotiques.)

(Pourquoi tu me dis tout ça maintenant ?)

(Parce que si tu t’étais comporté avec Yliria comme si tu avais couché avec elle, c’aurait été catastrophique. Bon, très drôle à voir sur le moment, mais une catastrophe quand même.)

Il grommela tout en se dirigeant vers l’endroit qui servait aux ablutions, où il s’aspergea d’une belle rasade d’eau froide avant d’en boire également.

(Merci.)

(Y a pas de quoi.)

Désormais bel et bien réveillé, il retourna récupérer ses affaires et son regard tomba sur la plastron d’écailles de Faerunne et de Keraunos. La protection était légère, elle ne recouvrait pas les bras… Après une longue hésitation, il enfila de nouveau son armure par-dessus sa tunique en grimaçant. L’inconfort régnait et il ne parvint pas à sangler comme il en avait l’habitude : mais c’était un bon début et s’il devait affronter quoi que ce soit, il retrouvait un minimum de protection. Cela lui fit penser à son bouclier, qu’il retrouva avec la même consistance qu’à l’origine. La nuit avait rompu le sortilège qui le rendait semblable à du mochii, et avait aussi calmé la magie à l’intérieur de son corps qui semblait de nouveau encline à lui obéir.

« Autant que faire se peut… »

De nouveau équipé, il se mit à la recherche de ses compagnons. La situation d'Elscar'Olth était désormais presque réglé, puisqu'ils avaient désormais de quoi se défendre et bâtir des défenses, ainsi qu'un moyen d'accéder au Sceau. Ne restait plus qu'à savoir comment s'était déroulé la mission à Messaliah. Si Silmeria et Mathis étaient revenus, alors Xël aussi. Malheureusement, Visselion refroidit d’emblée ses attentes : non seulement Xël n’était pas revenu, mais il était surtout parti avec uniquement Ibn, Maïssa et Jorus, son portail se refermant juste après le passage du dernier. Ca ne présageait rien de bon…


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HRP : passe les gantelets d'écailles de Drakarn dans le paquetage, passe la Kizoku Rana dans les armes rangées et le Rempart des innocents en arme équipée.
Cherche à rassembler les Yuiméniens pour proposer un portail direction la position de Xël si il revient pas d'ici quelques heures. Va chercher Visselion pour faire des tests de magie sur les sorts rp en l'ayant comme garde fou
Modifié en dernier par Akihito le lun. 23 oct. 2023 09:28, modifié 2 fois.

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Dracaena Paletuv
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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 21 oct. 2023 01:53

Je l'avais fais.

Au fond de moi, je le savais. Je l'avais fais. J'avais permis ce résultat. J'avais "atteint" le sort d'Yliria. J'avais réussi à être le catalyseur.
Cette sensation. Elle était étrange, éphémère. Peut être même illusoire. Peut être même que tout ça c'était dans ma tête. Mais non, je le sentais, dans tout mon être, que j'étais celui qui avait permis à ce sort de réussir. Aux mains de Silmeria d'aller mieux.

Qu'est ce que cela voulait dire?

C'était ptet un coup d'chance? Ou à l'inverse, ptet que j'avais compris le truc, compris comment s'utiliser sois même pour tirer la puissance des autres vers le haut? Peut être était-ce le réveil récent de cette énergie en moi, qui ressemblait à d'la magie, mais n'en était pas vraiment? Peut être que j'étais le seul à avoir eu la bonne mentalité? Le seul à avoir vraiment voulu aider Silmeria? Après tout, Mathis, Akihito, même Yliria n'la portaient pas dans leurs cœurs. Et notre magie chaotique semblait très sensible à nos désirs profonds...

Ou peut être que c'était vraiment qu'un coup d'chance....

Qui pouvait l'dire? Pas moi. Pas avec aussi peu d'information. Je mourrais d'envie de ré essayer, de proposer à tout le monde de lancer de nouveaux sorts tandis que je les catalyserais, mais...
Mais ça n'étais pas l'moment. Encore, au loin, j'entendais les bruits immondes de chairs déchirées et de mastications des affamé. Je pouvais palper le malaise, la tension, la fatigue qui touchait tout le monde. Personne n'était en condition pour la moindre expérience... Non pas que ça m'ait déjà arrêté dans le passé, mais le problème était surtout que personne n'était en condition pour écouter le moindre argument concernant ces expériences.

...ça et le risque de tous nous tuer aussi.

J'vous jure... Faire des efforts pour ne pas s'éparpiller ou n'en faire qu'à sa tête, c'est chiant. Encore plus quand j'avais la sensation d'être le seul (sans compter Yliria, la personne à l'origine d'la demande) à vraiment m'atteler à cette tache...

Et en parlant du sujet... Mathis voulu discuter avec nous de ce qui c'était passé avec lui et Silmeria, de leur escapade, la manucure sclérosé de cette dernière, des grosses bestioles croisés en route...
Et Silmeria, justement, maintenant qu'elle n'avait plus des mains en pierre, sentait ses peaux d'pierre s'alourdir, et préféra s'eclipser pour aller s'reposer. Akihito en fit de même. Il lui avait pas l'air juste fatigué. Il avait l'air...

....Sombre. Amère. Je sentais dans ses globes oculaires une certaine colère, mais aussi un sentiment... d'impuissance? Et une lueur, une petite lueur que je connaissais très bien, que j'avais vu mainte et mainte fois dans les yeux spongieux de tant d'êtres de chair: de la méfiance. De la paranoïa. Etrange.
J'hésitai un instant à l'interpeler avant qu'il parte, avant d'me raviser: il avait l'air d'avoir vraiment b'soin d'repos. Et pas qu'physiquement. Ma curiosité macabre pouvait attendre.

Yliria, elle, resta. Elle avait ces même sentiments négatifs dans le regard, mais le coté fatigue était caché par s'qui m'semblait être d'la colère contenue. C'était facile à comprendre, les réactions des êtres de chair une fois qu'on prenait conscience de certains ptits détails, comme la texture de leur peau, le rythme de leur souffle, ou le bruit d'leur respiration. Et la, la Yliria, je sentais qu'elle se ret'nait. Plus qu'à espérer qu'y ait pas d'goutte d'eau qui fasse déborder l'vase...


"Avant que je vous pose des questions sur ce qui se passe ici, avez-vous des questions ou besoin de plus de détails sur l'exploration que j'ai fait en compagnie de Silmeria ?"


Pourquoi j'sentais la v'nu d'une averse, moi?


"Z'avez vraiment rien trouvé sur m'dame Simaya?"


Et pourquoi le vase remplit à ras-bord s'amusait à courir sans parapluie dehors?


"J'aimerais beaucoup savoir pourquoi vous avez laissé tomber la recherche de l'origine de la menace pour suivre une piste qu'on a décidé conjointement de ne pas suivre et vieille de près d'une semaine."


Je restai silencieux. J'savais qu'elle allait d'mander un truc comme ça. Et j'pouvais pas en dire grand chose: elle avait raison d'poser la question. Ouais, j'étais content d'savoir qu'ils avaient cherché m'dame Simaya (au pluriel) , mais concrèt'ment.... s'pas c'qu'ils étaient sensé faire...


" Nous n'avons pas laissé tomber la recherche de l'origine de la menace, elle fut assez simple à trouver. En fait, des traces, il y en avait des milliers, comme vous pouvez vous en douter. Elles venaient de toutes les directions, sans prédominance pour aucune. Même pas besoin d'être pisteur pour arriver à cette conclusion. En fait, ces bestioles sont venues ici parce que le faisceaux lumineux les avaient attirées. Et puis, parmi toutes ces traces, j'en vis de plus petites, plus légères, chaussées. Deux paires de traces de bipèdes qui se dirigeaient vers le nord. Il n'y avait pas de doutes dans mon esprit, il s'agissait de celles de Simaya... des Simayas "

Mathis s'arrêta quelques instants, visiblement secoué par l'émotion. Il avait ce ptit coté "orateur dans son monde" quand il s'y mettait, et c'était pas pour m'déplaire. Ca donnait d'la vie à s'qu'il disait. D'la passion. Du charme, presque. Une sincérité assez belle, que j'trouvais admirable!
...Par contre ça l'empêchait d'voir s'qu'y s'passait autour de lui. A commencer par les gens pas du tout réceptif à ses propos. Comme la Yliria en face de lui qui, j'l'aurais juré sur les fesses de Fearadhach, avait d'la fumé qui lui sortait des nasaux.

" Comprenez-moi bien. Il y a la raison qui nous dicte quoi faire, mais il y a ensuite notre cœur qui l'emporte et qui va au delà de toutes décisions prise par la logique. JE SUIS responsable de la disparition de Simaya. Alors si il y avait une mince chance, si petite soit-elle de la retrouver, j'allais la prendre et ce au risque de ma propre vie. C'était bien le moins que je puisse faire. Je n'aurais pu poursuivre ma vie sans remord de ne pas avoir chercher alors que devant moi, sur le sol, se trouvait les traces de celle disparue par ma faute. J'ai alors décidé de la suivre. J'ai demandé à Silmeria de vous donner les conclusions de notre petite enquête et de prévenir de la poursuite de ma recherche. Mais elle a décidé de m'accompagner. "


Oh. "IL ETAIT" le responsable donc? ....Hm.... Alors que je m'engageai dans une certaine réflexion à ce sujet, le blond m'interrompit, répondant à ma précédente question:

"A nous deux, nous avons réussi à remonter les traces, en nous dirigeant vers le Nord. Mais la nuit est tombée et même la vision de Silmeria ne fut pas suffisante pour nous diriger. Nous avons donc fait un arrêt pour la nuit. Au bout de quelques heures, je crois, une bestiole sortit du sol et nous attaqua. Silmeria a bien résumé le reste. Si Silmeria ne m’avait pas accompagné, je ne serais pas ici pour vous en parler. Seul, je n’aurais pas survécu. Je lui en suis donc reconnaissant. "


Sa reconnaissance était touchante et sincère, mais un peu hors sujet. Quoi que, ptet qu'il essayait d'faire comprendre qu'il n'en voulait plus à Silmeria? En tout cas, moi, j'avais eu l'info que j'voulais, et elle était déprimante: aucune vraie info sur Simaya. Ou sur Simaya. Même pas sur que Simaya et Simaya étaient encore ensemble. Tout s'qu'on savait, c'est qu'elles étaient sensé êt' parties vers le nord...
Kerf, que faire de ça? Pas grand chose. J'aurais bien voulu proposer d'retenter l'coup ou d'suivre les traces plus loin, mais ma ptite branche me disait qu'ça allait mal finir pour moi si j'ouvrais ma bouche. Y avait plus qu'à espérer qu'le plan d'la pierre de vision fonction'rait.
...
Me faudrait r'tourner voir la où était l'portail, des fois qu'il soit réapparu.
Plus tard, plus tard... Pour le moment, il m'fallait me faire discret. Parce que la plus avait visiblement bien fait déborder l'vase, et j'avais pas l'intention de m'faire gicler d'ssus.



"Je vois... Donc votre cœur vous rend stupide en plus de trahir votre parole et le peu de confiance qu'on vous a accordé. Bien, bien. Je vous avais explicitement demandé de ne PAS agir seul dans votre coin et vous l'aviez accepté explicitement, pour au final le faire à la seconde où vous êtes seuls. Ça en dit long sur vous... Et vous étiez là lors de notre dernière réunion et je ne me souviens pas vous avoir entendu être particulièrement impliquée face au sort de Simaya qui devait, je le rappelle, être réglé par votre voyage chez les Cadi Yangin grâce aux pierres de visions. Et tout le monde a convenu d'attendre, vous y compris, mais là encore, vous avez décidé que vous étiez au-dessus de ça, que votre façon de faire était meilleure et que l'avis des autres ne comptaient pas. Vous savez ce qui aurait été vraiment utile ? Revenir ici et essayer de contacter Xël et Jorus par magie, voir comment ils vont, s'ils sont en vie. Ou au minimum revenir ici pour avertir de ce que vous aviez trouvé. Mais non ! Vous avez décidé que c'était plus utile de partir avec une semaine de retard, suivre une piste que n'importe quoi peut effacer, sans carte, sans provisions, sans une seule putain de seconde de réflexion ! Et si vous étiez blessés et incapable de bouger, comment on vous aurait retrouvé, hein ? On aurait dû ratisser l'entièreté de la Lande Noire pour sauver vos miches ! Mais ça non plus, vous n'y pensez pas !"


Je pouvais voir ses poings se resserrer encore et encore au fur et à mesure qu'elle parlait. Ma curiosité me disait d'y glisser un doigt, histoire de voir si elle arriv'rait à l'casser, mais mon instinct d'survie me hurlait que j'risquais plus gros et qu'ça valait pas l'coup.

Et si j'étais pas du genre à suivre ses conseils d'habitude, quequ'chose me disait qu'il valait mieux que j'l'écoute sur ce coup!


"J'en ai plein le dos de vos agissements de merde ! Pas une seule seconde vous n'avez pensé à l'équipe, vous ne pensez qu'à vous, à votre petite personne et vos sentiments ! Des remords ? Mais quelle blague ! Vous voulez qu'on parle de remords ? Vous auriez dû implorer le pardon de tous, à genoux, à la seconde où vous étiez revenu d'entre les morts ! Ne me parlez pas de remords mal placés quand vous êtes le responsable de la quasi destruction de cette équipe et que vos excuses se font toujours attendre. Les autres ont peut-être passé l'éponge, mais pas moi. J'ai pourtant essayé de vous donner une seconde chance et vous merdez à la première occasion sans aucune raison acceptable ! Par chance il n'y a pas eu de morts cette fois, mais avec ce que Silmeria a raconté, je suis sûre que d'autres emmerdes vont nous tomber dessus."


Ah. Toujours cette histoire de "Mathis a tuer l'groupe". Erk... Clair'ment, Yliria chang'rait pas d'avis sur l'sujet. Pas avant beaucoup de temps et d'effort. Après tout, j'connaissais bien s'genre de personne: pour contrer un trauma, il fallait une raison.

Il fallait un responsable.

Je retins un soupir, de peur de m'prendre une boule de feu perdue. Une série d'visage venait d'me repasser en tête. Le visage d'oudios qui n'connaissaient pas le sens du mot "accident". Le visage d'oudios qui avaient toujours besoin d'une justification, d'un responsable.

Même si ça d'vait être eux.

...


"Si ça ne tenait qu'à moi, on vous aurait déjà renvoyé sur Yuimen. Vous avez de la chance que les autres soient trop souples pour leur propre bien. Essayez de vous comporter comme un membre de cette équipe et pas comme une menace pour tous les autres, sinon je peux vous assurer que je ferai ce qu'il faut pour que cette menace disparaisse. J'espère que c'est clair..."


Au fond, elle était plus sympa qu'moi: j'me s'rais pas contenter d'un coup d'racine au tronc direction Yuimen. J'aurais voulu... une compensation. Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose qu'elle aille moins loin qu'moi? J'pouvais pas dire. En tout cas, elle décida de s'en aller, mais avant d'partir complètement, elle se tourna vers moi et lacha:

"Explique lui la situation si ça te chante, je refuse de perdre davantage mon temps. Bonne nuit Dracaena."


Oh. Pas de mépris? De l'agacement clair'ment pas dirigé vers moi. Une tentative de s'contrôler un minimum en m'adressant la parole? Mais c'est qu'j'pourrais presque croire qu'j'étais pas inclus dans les gens qui étaient ciblés par tous ces reproches?

Agréable. Normal aussi, mais vu comment c'était pas arrivé souvent, j'étais content d'la situation. Histoire de maintenir la bonne entente (et parce que je plaisantais pas avec la politesse), je lui adressa un:

"Bonne nuit à vous."


Et je lui fis un petit au revoir de la main. Elle s'en alla sans demander son reste, et sans attaquer (physiquement) Mathis. Une bonne chose. Elle avait vraiment b'soin d'repos. Et j'attendrais l'bon moment pour fouiller autour de cette méfiance qu'elle et Akihito avaient dans l'regard. Ou cette histoire de catalyseur.
En tout cas, une fois la jeune femme partie, je me tournai vers Mathis (qui semblait beaucoup moins émue et vachement plus refroidit) afin de briser le silence qui s'installait:


"... Et donc on a trouvé des survivants sous terre. Des survivants cannibales!"

Super transition mon ptit Drac! Tu gère d'la fougère!

« Dites-moi en plus ! »


"En version "courte":
Akihito à trouvé avec Serarien un groupe de survivant coincé sous terre depuis l'activation de la colonne de magie.
Ils ont mordiller un peu Serarien pask'ils avaient pas bouffé depuis des jours.
Akihito, Yliria et moi on a créé une sorte d'escalier géant pour aller jusqu'à eux et leur donner moyen d'remonter. On a discuté un peu avec eux, histoire de s'organiser, et d'leur trouver à manger.

Ah, et ils ont développé des pouvoirs bizarres, genre un "lien" entre eux. Et y en a un qui a essayé de lire dans mon esprit."


J'me mis à me gratouiller les branches, réfléchissant à ce qu'j'aurais bien pu oublier de dire... Et aussi, cherchant à contrôler mon envie de trop m'étaler.

"Et j'pense que c'est les grandes lignes. La comme vous pouvez voir, certains d'entre eux qui sont remonté se font plaisir."

Je jetai un coup d'oeil rapide au banquet sanglant qui avait lieu au loin. Pour sur, tous ces bruits d'mastications allaient m'rester en tête encore un moment.

"Et pensez vous qu'ils restent encore des gens sous les décombres. Si oui, moi et Praline pourrions être utile....je sais pister et elle peut se faufiler dans des endroits étroits."

"Alors, la, aucune idée. Ils étaient nombreux la dessous. TRES nombreux. Genre, dans la centaine. Et au vu des interactions qu'on a eu... Ils sont... un peu sur la défensive, pour rester poli."


"Connards agressifs et ingrats, trop cons pour leur propre bien", comme la bienséance m'empêchait de dire... Cette chieuse.


"Praline, c'est vot' chat non? Pas sur qu'ça soit une bonne idée de laisser trainer quoi qu'ce soit comme animal de compagnie près d'eux."


J'avais entendu parler d'histoire d'humain qui bouffait des chats, et que des femelles, même sans être affamé ou désespéré, donc bon, autant pas prendre de risque.

" Vous avez raison, je n'y avais pas pensé"


Et le silence s'installa. Me laissant reprendre ma réflexion qui avait été interrompue plus tôt: pourquoi ce besoin de nous dire qu'il était responsable de la disparition de m'dame Simaya? Et toutes ces pincettes? Ces émotions?
A moins que...

"...J'peux vous poser une p'tite question? Du genre... fâcheuse."

"Allez y, ca peut pas etre pire "

"...Votre envie d'aider à tout prix la, c'est juste vot' nature, ou vous chercher à vous faire pardonner "l'accident"?"

Parce que quand on fait ce genre d'erreur, qu'on se sent responsable, on est prêt à tout pour se faire pardonner. Vraiment tout.

Des images me revinrent soudainement en mémoire. Violemment.
J'avançais, au milieu du chemin de pierre. Passant garde sur garde. Certains riaient. D'autre jouaient avec leurs branches, se comptaient les feuilles. Et d'autres encore, avaient l'air ferme, les doigts enroulé sur leurs armes, prêt à réagir en cas de problème, prêt à l'action.
Mais tous me dévisageaient.

Je pénétrais dans la pièce du fond, arrivant dans une salle mal éclairée, sans soleil, envahit par la mousse. L'endroit était comme un petit marécage, mais en intérieur.

Et la, je les vis devant moi. Trois oudios. Jeunes. Chacun placés dans une mare, l'eau leur arrivant jusqu'aux genoux.

... Attachés.

Jambes liées au sol.

Bras suspendus.

Aucun n'osant me regarder.

Et la, finalement, celle de droite leva la tête. Et elle me dit, d'un ton rassurant:


"C'est pour le bien de tout le monde. Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. C'est ce qu'on mérite."


...

Et elle y croyait.


Sincèrement.

...


Elle me manque, cette idiote...

Il me manque tous...



"Tout d abord merci de comprendre qu'il s'agit d'un accident"

Hein?! Que?! Quoi?!

...Ah... Ah oui... J'étais dans une ville... dans un autre monde... Sans arbres... Sans vieux temple reconvertit...

...

Erk.

Rev'nir dans la discussion, rev'nir dans la discussion, rev'nir dans la discussion...


"Au risque de paraitre prétentieux, je dirais que cest ma nature. Je n'en suis pas a ma première mission sur Aliaénon. Et puis, j'ai effectué d'autres missions sur Yuimen dont lune mandaté par feu le roi de Kendra kar."


Quand il prononça le mot "feu", un rapide flash me traversa l'esprit. L'un des trois oudios, à coté d'une tombe, me regardant, l'air choqué.
Je chassai ce souvenir de mon esprit, me reconcentrant sur ce que Mathis m'avait dit. J'n'avais pas grand chose à dire de ses prouesses passée. En temps normal, ça m'aurait intéressé, mais la... La, mon esprit était parasité par une macabre nostalgie, et ça m'déplaisait fortement.


"J'ai fais mon lot d'bêtise destructrice, j'sais reconnaitre un accident de quelqu'un qui cherche à faire du mal.

Un très...trop grand nombre de voix, de tout âge, de tout genre, hurlants "Pourquoi?" résonna dans ma tête. Ne me laissant pas assourdir, je continuai de parler.


"Pour Yliria... lui en voulez pas trop. Elle aussi elle cherche à aider. J'approuve pas forcément son comportement, mais elle est sincère sur le faire de vouloir aider.

Enfin... je pense."


Parce que tout comme j'voyais les efforts maladroit d'Mathis, j'voyais aussi ceux d'Yliria.


"Puis, y a d'la pertinence dans ses remarques: faut vraiment qu'on dérive moins dans nos actions. Et j'dis pas ça d'gaieté d'coeur."

Hélas, y a pas grand monde qui semblait voir les efforts que moi j'faisais. La maladresse, par contre...

Sinon, vous pouvez m'dire quoi du grand machin qu'vous avez... invoquez, si j'ai bien compris?"

"Je ne parlerai d'Yliria que lorsqu'elle sera là pour entendre ce que j'ai à dire d'elle. "

Calme, mais direct. Un certain sens de l'honneur motivant le propos, j'supposais. Peu nécessaire vu la situation (s'pas comme si s'que j'avais dis la j'lui avais pas dis en face), mais passons.

"En fait, nous voulions invoquer une masse, afin d'écraser la serpent tout en os qui nous attaquait. J'ai finalement accepté de me joindre à Silmeria... nous avons en effet invoquer quelque chose de massif, mais ce n'était point une arme.. mais un être vivant, le roi des cauchemars.. autrement dit la Peur en personne.

Nous pensions d'avoir qu'il s'agissait d'une création... mais non, on l'a juste invoquer."



Il était presque... tremblant, en disant ça. En tout cas, la nuance qu'il venait d'installer m'donnait matière à réfléchir.


"Invoqué hum? Un peu comme l'autre démon de la pseudo justice, ou l'double de m'dame Simaya...

Je m'demande... Je m'demande d'où tout ce ptit monde vient..."



Le Sans-Visage avait parlé du "monde des titans". Et j'avais eu l'occasion de visiter le "monde des morts". Peut être que ces créatures invoqués venaient d'un monde précis. En tout cas, elles étaient sentientes, conscientes, et pas forcément belliqueuses envers nous.
Après tout, même le fameux démon de la pseudo justice, de ce qu'on m'avait raconté, semblait juste obéir au désir que Mathis avait lors de son invocation...

Il y avait matière à fouiller. Peut être que ma philosophie s'appliquait ici: qu'il y avait quelque chose de bien à tirer de tous ces accidents. De potentiels alliés?

Ou alors, ça n'était pas des invocations, et la magie de ce monde nous permettait de créer littéralement des vies. Des vies pleines de puissances. Ce qui impliquait tout un tas d'autres choses fascinantes et terrifiantes!

Tandis que je me noyais dans mes pensées, Mathis me manifesta son départ, et je lui fis une courbette d'au revoir, presque par réflexe, tant j'étais occupé à réfléchir et analyser. Et, quelque part, j'étais presque content que mon cerveaux de bois s'active autant sur un mystère intéressant, et pas sur des souvenirs désagréables.

Il me fallait en savoir plus sur cette histoire d'invocation. Mais comment? Qui? Peut être que Visselion en saurait plus sur le sujet? Ou qu'il pourrait me rediriger vers quelqu'un s'y connaissant sur le sujet. Il devait probablement faire le compte des réserves de nourritures qu'ils avaient retrouvés, ou aider les survivants du dessous à avoir de quoi se nourrir.

Je partis donc à sa recherche, afin d'étudier un peu plus la question. Et j'pourrais aussi en profiter pour parler de cette histoire de catalyseur magique avec lui.


Oh, pleins de réflexions intrigantes, intéressantes, oui, oui! Fascinantes, utiles, et surtout...

Dépourvue de toute nostalgie et mélancolie...



[Drac va chercher Visselion (demandant aux gens sur le chemin s'ils l'ont aperçu)]
Modifié en dernier par Dracaena Paletuv le sam. 21 oct. 2023 09:56, modifié 1 fois.

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » sam. 21 oct. 2023 02:24

Le sort fonctionna. J’eus le sentiment qu’il était sur le point de partir, mais non, les mains de Silmeria reprirent leur aspect normal et tout rentra dans l’ordre sans provoquer de catastrophe. Je soupirai et offris une caresse à Ssussun alors que la tension coulait de mes épaules. Une bonne chose de faite, sans surprise et sans problème. Si tout pouvait se passer comme ça… Je jetai un œil à Silmeria pour voir si elle allait bien, mais cette dernière s’éclipsa sans plus de cérémonie, nous laissant tous les trois en plan.

(C’est pas la gratitude qui l’étouffe…)

Peu importait, réellement, mais c’était pour le principe. Enfin, l’heure était au calme et au repos maintenant. Enfin presque. J’étais tout de même curieuse de savoir pourquoi ils étaient soudainement partis sur les traces de Simaya. Ce n’était ni au programme ni d’actualité et contraire à ce que le groupe au complet avait décidé. S’il y avait une bonne raison, soit, mais il allait falloir qu’elle soit excellente pour justifier un tel écart. Sans compter la dangerosité de leur action… Ils avaient visiblement failli y passer. Encore. A croire que Mathis se faisait un malin plaisir d’attirer la malchance et les désastres dans son sillage…

- J'aimerais beaucoup savoir pourquoi vous avez laissé tomber la recherche de l'origine de la menace pour suivre une piste qu'on a décidé conjointement de ne pas suivre et vieille de près d'une semaine.

Et Mathis se lança dans des explications selon quoi son cœur lui a dicté de suivre des traces de pas qu’il pensait être celles de Simaya, que sa raison avait laissé. Sans surprise, rien de ce qu’il racontait ne justifiait leur action. Non seulement ils n’avaient rien trouvé, sans surprise, mais en plus ils n’avaient rien prévu, rien préparé, avait été attaqué et auraient pu mourir sans que personne ne sache où ils se trouvaient. Ils ne réfléchissaient pas. Ces abrutis ne pensaient pas aux conséquences. Ils ne voyaient que leur profit à court terme. Sans doute que retrouver Simaya c’était juste un moyen de se faire bien voir des autres. Comme si j’allais croire une seule seconde à ses « remords. Il croyait vraiment que j’allais gober ça ? Que j’allais tomber dans le panneau alors qu’il n’avait jamais montré un seul instant une quelconque volonté d’agir pour Simaya et qu’il n’avait même pas eu la décence de présenter ses excuses. Quelle… Ramassis… de… Connerie !

- Je vois... Donc votre cœur vous rend stupide en plus de trahir votre parole et le peu de confiance qu'on vous a accordé. Bien, bien. Je vous avais explicitement demandé de ne PAS agir seul dans votre coin et vous l'aviez accepté explicitement, pour au final le faire à la seconde où vous êtes seuls. Ça en dit long sur vous... Et vous étiez là lors de notre dernière réunion et je ne me souviens pas vous avoir entendu être particulièrement impliquée face au sort de Simaya qui devait, je le rappelle, être réglé par votre voyage chez les Cadi Yangin grâce aux pierres de visions. Et tout le monde a convenu d'attendre, vous y compris, mais là encore, vous avez décidé que vous étiez au-dessus de ça, que votre façon de faire était meilleure et que l'avis des autres ne comptaient pas. Vous savez ce qui aurait été vraiment utile ? Revenir ici et essayer de contacter Xël et Jorus par magie, voir comment ils vont, s'ils sont en vie. Ou au minimum revenir ici pour avertir de ce que vous aviez trouvé. Mais non ! Vous avez décidé que c'était plus utile de partir avec une semaine de retard, suivre une piste que n'importe quoi peut effacer, sans carte, sans provisions, sans une seule putain de seconde de réflexion ! Et si vous étiez blessés et incapable de bouger, comment on vous aurait retrouvé, hein ? On aurait dû ratisser l'entièreté de la Lande Noire pour sauver vos miches ! Mais ça non plus, vous n'y pensez pas !

Il se foutait clairement de ma gueule !

- J'en ai plein le dos de vos agissements de merde ! Pas une seule seconde vous n'avez pensé à l'équipe, vous ne pensez qu'à vous, à votre petite personne et vos sentiments ! Des remords ? Mais quelle blague ! Vous voulez qu'on parle de remords ? Vous auriez dû implorer le pardon de tous, à genoux, à la seconde où vous étiez revenu d'entre les morts ! Ne me parlez pas de remords mal placés quand vous êtes le responsable de la quasi destruction de cette équipe et que vos excuses se font toujours attendre. Les autres ont peut-être passé l'éponge, mais pas moi. J'ai pourtant essayé de vous donner une seconde chance et vous merdez à la première occasion sans aucune raison acceptable ! Par chance il n'y a pas eu de morts cette fois, mais avec ce que Silmeria a raconté, je suis sûre que d'autres emmerdes vont nous tomber dessus.

Je m’approchai de lui, et le menaçai de mon doigt, histoire de bien lui montré que je ne plaisantais pas.

- Si ça ne tenait qu'à moi, on vous aurait déjà renvoyé sur Yuimen. Vous avez de la chance que les autres soient trop souples pour leur propre bien. Essayez de vous comporter comme un membre de cette équipe et pas comme une menace pour tous les autres, sinon je peux vous assurer que je ferai ce qu'il faut pour que cette menace disparaisse. J'espère que c'est clair...

S’il continuait ses conneries, je n’aurai plus le moindre scrupule à lui faire comprendre qu’on ne pouvait pas impunément faire n’importe quoi sans en payer les conséquences. Peu importe que ce soit un accident, il devait prendre ses responsabilités, mais il semblait se torcher avec et se fichait complètement de la vie des autres. Quelle ordure ! Je m’éloignai avant de faire une bêtise que je regretterai, lançant quelques mots à Dracaena qui avait dû assister à cet échange houleux.

- Explique lui la situation si ça te chante, je refuse de perdre davantage mon temps. Bonne nuit Dracaena.

J’avais besoin de repos. J’avais besoin de me vider l’esprit, de retirer mon armure et de dormir et essayer de ne pas rêver de cet abruti et des conséquences possibles de son nouvel écart. Ou de mon coup de gueule. J’étais certaine qu’on allait me le reprocher, alors que je n’avais que le bien de l’équipe en tête. Difficile de garder son calme face à un tel manque de réflexion et un tel mépris pour ses compagnons, leurs vies et leurs avis.

J’entrai dans la salle et commençai à fouiller mon sac avec une certaine fureur, ne parvenant pas à me calmer alors que j’essayai de préparer ma couche. Je savais que je devais me calmer, mais rien que repenser à cet abruti et ses vieilles explications. Je me figeai en entendant une voix et tournai la tête pour voir Akihito. Je pestai intérieurement. Obnubilée par ma colère, j’avais complètement oublié qu’il était allé se coucher avant nous et je l’avais réveillée. Je soupirai lentement, navré.

- Rien Aki, rien. Désolé... Rendors toi

- Mgn... Yli, c'toi ? t'vas bien ?

- Non... Enfin oui c'est moi. J'ai fait trop de bruit, désolé, je suis un peu énervée. Rendors-toi.

Il semblait s’être réveillée un peu brutalement et avait instinctivement posé la main sur son sac, non loin de son arme. Sa voix pâteuse me tira un petit sourire qu’il ne pouvait pas voir.

- J'aime pas quand t'es énervée.

(Moi non plus.)

Je secouai la tête et commençai à retirer mon armure, retirant le haut en premier pour être plus à l’aise.

- T'es pas le seul... Je suis un peu à bout ces derniers temps, désolée.

- Veux t'aider, mais sais pas quoi faire...

Il me donnait envie de rire, avec ses mots et son ton pâteux montrant clairement qu’il était à moitié endormi.

- Je peux me déshabiller toute seule, t'en fais pas.

Je pouvais bien le taquiner, dans son état je doutais qu’il fasse la différence. Et j’avais besoin de faire autre chose que penser à l’autre énergumène. Je m’étirais et entrepris de retirer le bas de mon armure et mes bottes, posant el tout sur mon sac.

- Je dois juste prendre sur moi.

je m’étirais à nouveau une fois débarrassée de mon armure et soupirai d’aise ens entant mes épaules craquer. Je me retournais en croyant entendre la voix d’Akihito, pour le voir caché sous sa couverture. Voilà qui étais pour le moins curieux.

- Qu’est-ce que tu fais ?

- J'essaye d'éviter de mourir.

- Quoi ? Tu te sens pas bien ?

- Non non, tout va bien... J'étais à moitié endormi alors j'ai pas tout entendu, tu disais ?

Il sortit la tête de sous sa couverture et je l’observai un instant. Il semblait aller bien et j’étais trop fatiguée pour essayer d’argumenter pour avoir le fin mot de l’histoire. Je me contentais donc de hausser les épaules.

- Hum... Rien d'important. Rien qui doive t'alarmer.

Je retirai ma chemise, ne gardant que les bandages qui enserraient et cachaient ma poitrine et sentir la fraicheur sur ma peau me tira un soupir de plaisir. J’avais bien besoin de ça. Je commençai à m’étirer davantage, craquai manuque, roulait des épaules pour essayer d’en fait partir toute la tension qui s’accumulait depuis des jours sans jamais vraiment s’évanouir.

- J'ai juste besoin de me relaxer un peu.

- Si tu as besoin de te relaxer, je peux te proposer quelque chose. T’as l'air tendue, ton dos doit être une boule de nerfs.

Je me retournai, un peu prise au dépourvu par la proposition, mais, après tout, pourquoi pas, ça ne pouvait pas vraiment empirer les choses, après tout. Et il avait raison, j’étais tendue. Trop.

(Hmpf, j’ai comme un doute. Et je te pensais plus pudique.)

(Quel rapport ? Et il m’a déjà vu moins habillée que ça. De toute façon ça ne montre rien de compromettant, je ne suis pas nue. Je ne suis pas stupide, je ne vais pas me dévêtir entièrement devant lui non plus.)

- Si tu veux. C'est quoi ton idée ?

- Un massage ?

Je fixai ses mains qu’il avait dévoilé et décidai que ce n’était que ça, un massage. Rien de plus, rin de moi. Il rendait service. Il m’aidait à sa manière. Voilà, c’était tout.

(Le déni te va si bien au teint.)

(Ah zut !)

J’acceptais avant qu’Alyah n’ait la bonne idée de me faire douter des intentions d’Akihito. Ce n’était pas le moment ni l’endroit. C’était une pause dans un bazar monstrueux et en m’asseyant là où il me le demandait, je faisais juste en sorte d’aller mieux grâce à lui. Rien de plus.

- T'as déjà fait ça ?

- Plus souvent que tu le penserais.

Je ne savais pas trop quoi faire de cette réponse. Est-ce qu’il essayait de me rassurer ou bien avait-il réellement fait ça suffisamment de fois pour l’avouer sans même y réfléchir ? Il accompagna même le tout d’un récit concernant un ami qu’il aidait de cette manière et je fis sans mal el lien avec le moment présent. J’inspirai longuement et me tendis instinctivement quand ses mains se posèrent sur mes épaules. C’était plus fort que moi. Mon cœur s’accéléra et je fis de mon mieux pour supprimer dans l’œuf ce qui tentait de remonter à la surface. Je le sentis appuyer à certains endroits, allant jusqu’à me faire grimacer et je compris qu si je ne déttais pas un minimum, rien n’allait fonctionner. Alors je pris sur moi, j’inspirai longuement et mis en pratique ce que j’avais appris. Un état proche de la méditation, pour se détendre. Ce fut aisé, avec les mains d’Aki parcourant mes épaules. Elles étaient… plus douces que je ne l’avais imaginé. Je les imaginais plsu calleuse, à force de manier son marteau. Ou peut-être que je ne me souvenais que des mains de mon père, larges et façonnés par le dur labeur qu’il devait abattre chaque jour. La sensation était…. Je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. J’étais parfois si perdue avec les mots…

- J'en profite pour voir là où je vais devoir travailler plus tard. Une peau sombre comme la tienne, ça va être intéressant.

Hein ? Quoi ? De quoi il parlait exactement ?

- Travailler ?

- Je croyais que tu voulais toujours le tatouage dans ton dos ?

Je me sentis un peu bête. Je n’y pensais plus vraiment et sur le moment, ce n’était pas la première chose qui m’était venu à l’esprit. J’étais ravie de lui montrer mon dos et de ne pas lui faire face, je devais avoir une expression qui en disait bien trop sur ce que j’avais pensé quand il avait prononcé ces mots… Non pas que ça me dérangerait que ça devienne quelque chose de récurrent, ce genre de massage.

- Oh euhmm... oui, oui bien sûr. Pardon, ça m'était un peu sorti de la tête.

Le reste se poursuivit dans un silence détendu et je me sentis partir de plus en plus tandis qu’il dénouait chaque muscle de mes épaules. Si je n’étais pas au brusque, je lui aurais sans doute proposé de lui rendre la pareille, mais je risquais davantage de lui luxer l’épaule que de le relaxer, pour sûr…

- Tu te sens mieux ?

La voix d’Akihito me sorti de mon éttsecond et la première chose que mon corps fi fut de lui répondre de la plus honnête des manières. Je baillai à m’en décrocher la mâchoire, une main se postant rapidement devant ma bouche.

- Pardon.. oui, je me sens mieux mieux. Merci, Aki...

- De rien. Il te reste encore deux beaux nœuds ici et là, mais assis j'arriverai pas à les faire partir, c'est pas stable. Faudrait que tu sois allongée pour ça.

Il me demandait vraiment de m’allonger ? pourquoi est-ce qu’il em tentait comme ça ? j’allais m’assoupir en quelques minutes si je m’allongeais et qu’il continuait son massage…

- M'allonger ? Si je fais ça je m'endors

- Ça tombe bien, t'es venue pour ça non ?

Il marquait un point non négligeable et la vue de ma couche me donna follement envie de m’y vautrer et de le laisser faire ce qu’il voulait si ça pouvait m’aider à m’endormir.

- D'accord, mais réveille-moi quand tu as fini si je dors. Je dois pas dormir sur le ventre.

J’avais bien retenu la leçon et ça avait comme effet de non seulement me faire passer une nuit désagréable, mais aussi de rendre ma poitrine douloureuse. Ou sensible, selon la qualité de la literie. Et là, ce n’était clairement pas un matelas de premier choix…

- Te réveiller pour te laisser te mettre sur le dos et te rendormir ? Je peux aussi essayer de te retourner sans te réveiller.

- Euh je... Si tu y arrives... mais j'en doute, j'ai le sommeil léger. Force de l'habitude.

Après des années passées sur les routes à ne dormir que d’un œil pour être prête à toute éventualité, dormir à poings fermés étaient un luxe que je ne m’accordai jamais vraiment. Et surtout pas avec la situation actuelle. Je m’allongeais donc alors qu’il disait relever le défi. Il allait perdre, mais je n’allais pas argumenter là-dessus. Je savais comment mon corps fonctionnait, pas lui.

- Tu... gardes tes bandages ?

Je me redressai sur un coude et lui jetai un regard que j’espérai lourd de sens. Je ne comprenais pas qu’il puisse poser la question. Il pensait que j’étais trop endormie pour me rendre compte de ce qu’il demandait ?

- Aki... Je dois vraiment t'expliquer pourquoi je les garde ?

- Euh... bah je comprends leur utilité pour ton armure, mais dormir sans c'est plus confortable quand même, non ?

- Rassure-toi, d'habitude je les enlève. Mais on va faire l'impasse cette fois, si tu permets ? Tu m'as vue nue une fois déjà, tu t'en contenteras.


Et c’était déjà une fois de trop, surtout u les circonstances. Certes mon corps n’était pas le même, mais raison de plus. Je ne voulais pas franchir une telle barrière entre lui et moi alors que tout ce qui nous liait était strictement amical. Il avait été clair et je n’allais pas jouer là-dessus. Oui c’était inconfortable, mais mieux valait ça que de ne penser qu’au fait que j’étais à moitié nue et entre ses mains. C’était idiot, mais cette barrière de tissu protégeait bien plus qu’un peu de peau… Je le laissais donc faire, même s’il tenta bien de me faire comprendre que ce ne serait pas aussi bien que si je les avais enlevés. Il avait peut-être raison, mais je n’allais pas changer d’avis pour autant. Surtout que si je m’endormais et qu’il devait me retourner et me border… Je sentis mes joues s’empourprer et enfouis mon visage entre mes bras alors qu’il commençait son massage. Je me concentrai là-dessus et occultait le reste. Il valait mieux.

Je n’arrivais pas à savoir si c’était le fait d’être allongée, le massage ou la combinaison des eux, mais ej me sentis vite partir. Je sentais toujours les mains d’Akihito parcourir ma peau et une zone en particulier me fit réagir au début, mais bien vite je me laissais aller et oubliai peu à peu tout. La colère, la crainte, l’envie d’avancer et la peur d’échouer, tout ça disparu pour laisser place à un calme relaxant et bienvenue. J’en avais réellement besoin. Il n’y a que lorsque je cru sentir les mains d’Akihito remonter vers mes oreilles que je réagis, sans penser que cette information était de l’ordre du très intime et que j’aurai dû y penser à deux fois avant de dire pareille énormité. Mais je me sentais si bien…

Je sentis quelque chose et ouvris les yeux pour me retrouver face à ceux d’Akihito. Dans ses bras. Je les écarquillais et le temps sembla se suspendre pendant un instant. Je crus le voir se pencher un peu plus et mon cœur se mit à tambouriner dans ma poitrine, mes joues s’embrasèrent et tout u tas de sensation que je n’vais pas ressenti depuis longtemps se mirent à papillonner dans mon corps. Il allait.. ? Qu’est-ce que .. ? Je devais faire quoi.. ? Mais avant que je ne puisse vraiment arranger mes idées, il m’avait reposé sur ma couverture et me souhaitait une bonne nuit. Je clignai des yeux, encore incrédule et lui répondit par réflexe avant de vite m’enfouir sous mes couvertures.

(Par les seins de Gaïa !)

(Etonnant que tu ne l’ai pas vu venir…)

(Je euhm.. je … )

(Je sais. Je t’avais dit de ne pas abandonner.)

Elle avait raison et je ne savais pas trop quoi faire de cette information. Le regard qu’Akihito m’avait jeté… Rien que d’y penser, je me recroquevillai davantage en fermant les yeux pour essayer de le garder en mémoire le plus longtemps possible. Il en avait quelque chose à faire. Et plus que tout, il y avait toujours quelque chose qui brulait dans ma poitrine. Ça couvait, mais c’était là… je soupirai et eus un mal fou à faire disparaître ce stupide sourire de mon visage. Si j’avais su, je lui aurais demandé un massage plus tôt.

(Pas sûr que la technique marche une seconde fois.)

(Je ne veux pas user de technique, je veux juste… juste qu’il soit là…)

Je n’avais jamais demandé quoi que ce soit de plus…


***

Quand je rouvris les yeux, je me sentis bien. Bien mieux que depuis un moment et en jetant un œil aux alentours, j’aperçus Akihito en train de dormir, à quelques mètres. Je fis de mon mieux pour m’habiller en silence cette fois, malgré le mal fou que j’avais à quitter son visage endormi des yeux. Il y avait une sérénité que j’avais du mal à voir ces derniers temps et c’était dur de ne pas me dire que c’était en partie ma faute…je devais faire en sorte que tout se passe bien. Que tout se passe mieux.

Une fois habillée, ej sortis de la pièce avec la ferme intentionnd’aller voir Alossarh pour organiser l’évacuation de la ville avant sa reconstruction. On était presque tous là, il fallait tenter le coup. Et peut-être qu’une fois la vie des sorciers et leur sécurité stabilisées, le reste serait plus facile pour nous… Je l’espérais vraiment.

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