Lande Noire

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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » mer. 7 juin 2023 18:51

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

34 : Poupée vide.

S’il avait pu avoir la chair de poule et des hauts les cœurs, Akihito les auraient eu. Se voir depuis l’extérieur était déjà assez perturbant, mais l’état de son corps était… A la hauteur de sa mort. Alors qu’Alossarh accompagnait la forme spectrale du mage tout en grommelant que Visselion allait être furieux si il apprenait ce qui se passait ici, il déposa le corps stigmatisé de l’enchanteur.
Son propriétaire s’était préparé à le voir dans un état pitoyable : après tout, il avait senti son corps se briser lentement et brûler en même temps, qui d’autre que lui pouvait être mieux placé ? Mais malgré les soins évidents qu’il avait reçu sans doute d’Yliria, son enveloppe charnelle faisait peine à voir. Elle tenait à peine debout, dans une parodie grotesque de corps humain où il pouvait voir des traces de brûlures encore bien visibles sur son bras droit et des angles disgracieux de ses os pas tous ressoudés. Ses yeux, vides de tout éclat de vie, lui donnait l'impression bien trop réaliste de regarder une coquille vide, brisée.

Secouant la tête, il se tourna vers le sorcier spectral : Alossarh ne semblait pas le voir, alors il restait son relais vers l’extérieur.

« Quoi qu'il se passe, remerciez Alossarh de ma part. Et merci à vous aussi. »

Une phrase mélodramatique qui tourna purement au ridicule quand il traversa purement et simplement son corps meurtri. Il avait anticipé que sa tentative n’ait des répercussions désastreuses sur son âme, qu’il se sente repoussé, rejeté. Pas… De simplement passer au travers.

« Il vous dit merci.

- Je me demande bien pourquoi... »

(Il doit bien y avoir quelque chose. Un lien, une présence, n’importe quoi ; c’est mon corps merde !)

Réavançant prudemment vers son corps, il le pénétra de nouveau et s’efforça de l’intégrer totalement, de ses pieds jusqu’au bout de ses doigts. Puis il ferma les yeux, chercha la moindre trace de ce qui avait lié son être d’émotion à celui de sensation. Introspection, auto-persuasion, expansion des sens qu’il lui restait, pur effort de sa volonté, concentration sur son corps qui était supposément le siège de son âme… Il tenta bien des choses. Toutes échouèrent. A court d’idées, il chercha aussi à rétablir le contact avec Amy, toujours dans son médaillon ; en vain, là aussi. Pire, il ne voyait plus le bijou autour de son cou. Etait-il avec le reste de ses affaires qu’il ne portait plus sur lui ? Quelqu’un l’avait-il pris ? Ou était-il simplement caché par ses vêtements, invisibles à ses yeux spectraux ? Aucune de ces explications ne lui plaisait vraiment puisque même dans le dernier cas, il n’arrivait pas à atteindre son amie. Il ressorti du corps, dépité.

« Putain d'échec.

- Apparemment, ça n'a servi à rien, déclara le sorcier à son confrère. Mais pas de mon fait : c'est l'incrédulité de l'ancien possesseur de ce corps qui l'a amené à prendre ces risques. N'est-ce pas ?

- Je... j'espérais que comme nos âmes n'étaient pas d'ici, elles n'étaient pas régies par les mêmes contraintes et que peut être... Je suis à court d'idées. Si je ne peux pas retrouver mon corps par ma seule volonté...

- Ca valait le coup d'essayer, c'est sûr. Bon, j'peux rentrer ce truc ? Paraîtrait qu'il ait besoin de soins, encore. Vous étiez dans un état plutôt lamentable... Pour ce qui est de vivre à nouveau. Hé. Des fois la mort doit être acceptée. »

Akihito le regarda, alors qu’il répondait à un autre de ses compagnons spectral qui pensait utiliser le pouvoir de l’orbe -sans doute Silmeria. Venait-il de faire preuve de compassion ? Ou était-il juste fataliste ? Il n’était en revanche plus aussi agressif que dix minutes auparavant, et c’était toujours ça de gagné.

« Désolé de vous avoir embêter avec ça. Vous, vous ne savez pas où sont partis mes compagnons vivants, n'est ce pas ? Est ce que Alossarh le sait ?

- Aucune idée, non. Hé. Ils sont partis où, les deux de Yuimen et la femme du désert ?

- J'sais pas exactement, ils parlaient de... libérer le Sans-Visage. Chez les Ouessiens je crois, à Nagorin.

- Nagorin... »

Il essaya de faire appel à sa mémoire et à la carte que Simaya avait tracé avant de partir pour Messaliah. Elscar’Olth se trouvait au sud du continent, Nagorin se trouvait donc forcément au Nord. Mais à l’Ouest ? à L’Est ? Pouvait-il se permettre de battre tout le continent ? S’il ne pouvait pas retrouver son corps par lui-même, alors un être aussi puissant que le Sans-Visage pourrait peut-être l’aider. Et il était le seul Titan un tant soit peu coopératif d’Aliaénon, du peu qu’il savait…

« J'imagine que le Sans-Visage est toujours mieux que Vallel… conclut l’enchanteur en soupirant. Dans quelle direction se trouve Nagorin ? Et vous savez à quoi ressemble la ville, que je la repère facilement ?

- Je ne sais rien sur Nagorin. C'est dans le Royaume d'Ouessie, vers le nord-est. Au delà des Montagnes de Sansarth où vivent les géants. C'est des cinglés qui changent d'avis comme de chemise sur le Marcheur de Mort : une fois ils le vénèrent, une fois ils l'exècrent. Ca doit être une ville isolée, difficile d'accès.

- Manquait plus que ça... Désolé de vous demander de nouveau un service, mais est ce que Dame Simaya s'est sortie indemne des cristaux ? Elle a il me semble déjà été à Nagorin, et pourrait plus facilement nous indiquer quoi chercher plutôt que de passer tout un pan du continent au peigne fin...

- Je viens de vous le dire. Personne ici en saura plus. Y'aurait bien eu Simaya, oui, mais elle a mystérieusement disparu avec son double la nuit précédent le départ de vos amis.

- Bon... eh bien, pas le choix. Merci quand même de votre aide. »

Visiblement, tout partait à vau l’eau. Il pouvait soit rester là à attendre que quelque chose se passe sachant que rien n’allait en s’arrangeant, ou tenter de battre la campagne à une vitesse pharamineuse en espérant tomber sur la fameuse Nagorin.

(En temps normal, j’aurais choisi la sécurité mais…)

Le mot « normal » avait quitté son vocabulaire depuis qu’il avait mit les pieds ici. Et il n’avait de toute façon pas le luxe de laisser le temps filer. L’Ynorien s'inclina à l’encontre du sorcier autant que son âme lui permettait, et se dirigea sans plus tarder vers la direction du Nord-Est, en prenant une nouvelle fois de la hauteur pour chercher ce qui ressemblerait le plus à une ville de fous furieux.


-----------
HRP : Se dirige vers Nagorin au Nord-Est, en prenant de l'altitude pour voir le maximum et en ayant en tête les maigres informations en sa possession.

post précédent complété : viewtopic.php?f=147&t=2122&p=14062#p14062

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Jorus Kayne
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Re: Lande Noire

Message par Jorus Kayne » ven. 9 juin 2023 19:49

(Bien voyons ce que cette protection donne !)

Il ne me faut pas longtemps pour comprendre de quoi parlait le sorcier éthéré. Dans sa destruction, certaines parties des murs de la cité laissent place à des ouvertures visuelles à l’intérieur. Pourtant, même si je ne suis plus soumis aux restrictions physiques de mon corps, il m’est impossible d’y accéder. Comme si un mur, dont mon esprit reniait l’existence-même, s’érigeait autour de la cité, totalement hermétique à ma
défunte présence. J’ai beau essayer de faire le tour pas en haut ou en bas, je ne trouve aucune faille, aucune faiblesse dans cette protection qui englobe parfaitement les ruines de la cité et l’empêche d’aller plus loin.

(Au moins je n’ai pas été repéré dans ma tentative d’intrusion. Il ne me reste plus qu’à espérer qu’un accès se fasse là où le sorcier est apparu.)

Je reviens donc sur mes pas, guettant furtivement si le sorcier est toujours présent pour veiller sur les escaliers et l’accès que je convoite. La sentinelle fantomatique réapparaît avec Alossarh, portant le corps d’Akihito. Une double présence qui m’interpelle particulièrement, sachant la menace que cela pèse sur nos corps, et qui me fait remarquer à la vigilance du guetteur qui s’empresse de me menacer.

(Flûte ! Va falloir jouer au con maintenant. Heureusement que c’est un domaine que je maîtrise plutôt bien !)

Je me dirige vers le groupe en répliquant de la plus simple des manières, feignant le malentendu.

"Qui vous parle d'entrer ? Je n'ai rien à faire hormis attendre le retour de mes camarades et espérer qu'ils parviennent à me ramener à la vie. Autant faire le tour de ce qui reste de votre cité pour ne pas les rater s'ils viennent de l'extérieur, puisque l'accès m'est interdit ! D'ailleurs, n'avez-vous pas évoqué des protections ? Pourquoi tant de colère si nul ne peut pénétrer à l'intérieur ?'

Je change ensuite de sujet pour orienter l’attention sur autre chose. Le corps de l’Oranais semble vivant, du moins c’est ce que je constate en le voyant ainsi debout, mais c’est tout. Pas d’autre traces d’activité, comme s’il n’y avait personne pour tenir les rênes. Son corps possède encore des traces d’une lutte terrible, faisant eccho avec son état lors de notre arrivée à Jesuir.

"Pourquoi avez-vous ramené son corps, je croyais que c'était dangereux ?"

Il ne semble pas être crédule à ma tentative et s’il ne répond pas à ma question, il n’agit pas non plus contre moi physiquement, ou plutôt étheriquement. Je me fie donc à mon intuition, ainsi qu’à la conversation que j’entends à moitié, pour répondre à ma propre question et ne dit rien dans l’instant, pour laisser s’échapper les soupçons contre moi. Je regarde le corps de mon camarade toujours aussi inexpressif. S’il n’a pas été en mesure de réintégrer son corps, il est bon de savoir que d’autres n’y arrivent pas non plus.

"Je vois. Akihito a tenté de reprendre son corps c'est cela ? Voyant son corps inerte cela n'a pas marché. Je pense que sans l'aide du Sans-Visage, ou de l'influence de son âme, nous n'arriverons pas à nos fins." Je pose mon regard vers le sorcier spectral. "Vous devriez en parler à Visselion. User du pouvoir de l'orbe pour retrouver nos esprits pourrait bien attiser son intérêt, et nous, nous pourrions retourner nos corps de cette manière."

Des suppositions confirmées rapidement, mais il évoque son refus d’utiliser l’orbe, vu la situation que cela a causé. Selon lui, ils ne gagneraient qu’à devenir cinglés.

"Je n'ai pas connaissance de la tentative que vous évoquez à peine, néanmoins je pense qu'il est possible d'affecter les âmes grâce à l'orbe. Reste à savoir l'utiliser correctement, si je puis le dire ainsi. En revanche, de quoi parlez-vous lorsqu'il est question de devenir cinglé ?"

Le sorcier évoque un départ d’Yliria, Xël et la muette du désert direction Nagorin, dans le but de libérer l’âme du Sans-Visage. Il m’invite ensuite à aller vers l’orbe du Titan, riant de ma capacité à être affecté positivement alors qu’il entrevoit une transformation en esprit frappeur, pensant à tort que c’est de cela dont je parlais. Une énième provocation dans sa bouche. Je sens que la conversation est plus fluide et au travers des réponses données, nous ne sommes plus que deux. Akihito certainement au vu de la présence de son corps. Mathis étant déjà parti, le quatrième esprit devait être la régicide, venue elle aussi pour son corps. Elle est certainement venue ici avant de tenter sa chance à Orsan. Mais du coup…quid de Dracaena ?

(Mais…je ne peux frapper personne, quand bien-même je le voudrais ! En tout cas, la libération du Sans-Visage est une bonne chose pour nous. Il est celui qui a conféré ses pouvoirs sur les esprits à Vallel et celui qui sera le plus à même de nous faire réintégrer nos corps.)

"Je ne parlais pas de l'âme du Titan ailé, mais de celle du Sans-Visage ! Xël et Yliria sont certainement arrivés à la même conclusion que moi. Sans l'aide de la divinité, nous ne pourrons revenir à la vie, mais je ne pensais pas qu'ils iraient jusqu'à essayer de le ramener à la vie. Que savez-vous de Nagorin ?"

Malheureusement, Nagorin semble entouré de mystères et peu d’informations utiles nous sont révélées. Il s’agit d’une cité difficile à accéder dans le royaume d’Ouessie au nord-est, par-delà les montagnes de Sansarth, terre des géants. J’ignorais jusque-là qu’ils existaient. Les habitants sont des cinglés selon les termes exacts du sorcier. Vénérant le Sanns-Visage un jour et l’exécrant le lendemain.

"Quelqu'un aurait connaissance de l'emplacement de Nagorin, d'un détail dans la région qui pourrait nous aider à nous repérer ?"

Ma réponse est aussi rapide que brutale, le sorcier s'insurgeant qu’il vient de dire que nul n’en saura plus ici.

(Non tête de fion, t’as dit que toi t’en savais rien ! Les autres sont peut-être plus sage que toi en connaissances et aptitudes à parler-sans-générer-d’envie-de-t’enfoncer-le-poing-dans-le-fondement-jusqu’à-l’épaule !)

J’en soupirerais presque si je n’étais mort qu’une autre révélation vient de se faire. Il évoque Simaya qui aurait pu assouvir notre curiosité, mais elle a disparu avec son double la veille du départ pour Nagorin.

"Quoi ? Comment ça deux Simaya ? Et comment ça disparu ?"

Durant l’événement des cristaux, Xël a réussi à extirper, non pas une, mais deux Simaya de la prison. Une normal et une autre désirant la tuer, son double provenant du cristal, sans parvenir à déterminer qui était l’original. Il prétend que l’une aurait tué l’autre et serait partie.

(Simaya morte, ou simplement disparu on ne sait où ? Bordel de merde !)

"Putain c'est pas possible ?" Fais-je en ramenant mes mains contre mon visage, mon existence intangible se rappelant à mon souvenir lorsqu'elles me traversent. "Et les vôtres, comment vont-ils ? Que s'est-il passé ce jour-là ?"

Le sorcier clame simplement que quasiment tout notre groupe est décédé, des suites de l’utilisation de notre magie incontrôlable. Je sens dans sa voix un sarcasme profond, la mort par un usage immodéré de notre magie, dont les siens seraient bien trop sages pour en être victimes comme coupables.

(Notre magie hein !)

"Ce n'est pourtant pas faute d'avoir prévenu dès notre arrivée sur l'utilisation de la magie. Si elle n'a pas porté préjudice aux vôtres c'est déjà une bonne chose, cependant je m'inquiète du sort de Simaya. Comment se passe votre situation à Elscar'Olth, maintenant que le Titan n'est plus ?"

Il m’envoie balader comme un vulgaire saltimbanque, dont la présence ne sied pas aux hauts dignitaires présents. Cependant, le visage colérique d’Alossarh permet de recadrer mon interlocuteur, m’expliquant enfin qu’ils sont ici pour constater ce qui reste de leur cité, avant de tout reconstruire. Ils vont s’atteler aux besoins de bases, puis étapes par étapes, reconstruire la cité du temps de dans sa splendeur.

(Tout reconstruire ? J’espère qu’ils y parviendront. Chacun a droit à un foyer et le savoir d’Elscar’Olth ne doit pas tomber dans l’oubli. Reste à savoir sous quelle direction ils orienteront leur avenir.)

"Je n'aimais guère les pratiques à Orsan, mais ce n'est rien de plus qu'une opinion parmi tant d'autres. En revanche, votre maîtrise de la magie est sans pareil. Il serait dommage que tout soit perdu. J'espère sincèrement que vous rebâtirez votre cité. Merci d'avoir pris le temps de nous répondre, malgré vos... réticences à notre égard. Je ne perds pas de vue mon désir de retrouver mon corps, alors je vous dis à bientôt !"

Je m’élève, quittant les deux sorciers présents, sous la satisfaction certaine de mon unique interlocuteur du coin. Mes derniers échanges ont été plus rapides encore, signe qu’Akihito est également parti, peu après la mention de Nagorin. Atteindre la cité n’est pas chose aisé quand on sait qu’elle est cachée, en plus de ne connaître que son emplacement approximatif. Atteindre Orsan pour supplier Vallel de me donner un corps est hors de question. Je préfère encore mon état actuel. Au moins, je peux aller et venir où je veux à ma guise et avertir les vivants, mais pour cela, il faut trouver un moyen de communiquer avec eux. Il n’y a donc qu’une destination possible à mes yeux : Esseroth. La cité possède tant d’habitants, ceux-ci ayant chacun une capacité qui lui est propre, il y a de fortes chances qu’il y en ait un avec la capacité de communiquer avec les esprits. Si tel est le cas, j’aurais ainsi la possibilité d’informer Egregor de la situation avec la corruption de la Lande Noire, du tueur de Tian, et au fond de moi, j’espère que derrière la disparition de Simaya, il n’y a qu’une utilisation de sa magie réfléchissant les pouvoirs de Xël et trouvant refuge à Esseroth.

C’est donc avec la capacité unique des esprits à se mouvoir, que je me rends à Esseroth.
Modifié en dernier par Jorus Kayne le ven. 16 juin 2023 20:47, modifié 1 fois.

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » ven. 9 juin 2023 20:36

Devant moi... Oui. Une magnifique Morne Plaine. C'était ainsi que mon petit théâtre à Darhàm s'appelle. Mais je reconnais que j'envie la beauté fétide de ces terres. On y... Sent une énergie monstrueuse. Tout ce qui y pousse y est vicieux, sale et torturé. Je sentais une énorme excitation monter en moi, chaque fois que mon regard se posait quelque part, j'y trouvais une merveille. Un tronc velu qui poussait dans un angle saugrenu, un marais qui bouillonnait, des plantes phalliques, des herbes folles, des ronces antiques aux épines acérées, des vapeurs verdâtre qui flottaient mollement dans l'air sans jamais être dérangées par un mouvement brusque, comme si tout ce qui vivait en ce lieu était tapis ou trop craintif pour se mouvoir lourdement.

Je croisais de temps à autre des créatures de chair et d'os. On pourrait tout à fait croire que je parle d'un humain mais... Presque. Chair et d'os car les squelettes de certains semblent plutôt faire office de cage à la chair plutôt que de tuteur. J'ai vu une chose qui, bien que bipède, semblant sautiller pour avancer maladroitement, une cage thoracique enveloppant une poitrine trop maigre qui semblait ne tenir qu'à la force de deux malheureuses vertèbres. A tout moment, il casserait comme de la paille, me disais-je. Mais il semblait tenir bon, l'éclopé avançait non sans mal et je m'amusais à le suivre.

J'observais ce ballet chaotique de ces membres, tantôt trop court, tantôt trop longs pour assurer une marche stable dans le biotope qu'il affrontait. A de nombreuses fois il manquait de se vautrer en avant et par de nombreuses fois on croisait la route d'autres créatures toute aussi difformes. Des ventres énormes desquels dépassaient des têtes si ridiculement petites qu'on eut dit qu'elles appartenaient à un enfant sur un corps de colosse. Un énorme amas de chair attirait mon attention car il ressemblait aux amalgames alphas que j'avais croisé lors de la guerre. Sa mâchoire prodigieusement longue ne tenait que par la force des bras d'un tronc humain greffé à son bout. La chose avançait d'un pas lourd, comme si de puissants cuissots portaient avec toute la peine du monde cet énorme tas de viande.

Je l'observais non loin d'une créature autrefois humaine, n'ayant que la peau sur les os et quelques cheveux, elle avait de grands yeux qui fixaient le creux de sa main, je vis scintiller un petit objet et l'entendait murmurer " mon préciiiiiiiiiiiiieux " avant de décamper derrière une roche après avoir regardé en ma direction. Avait-il pu me voir ? C'était ridicule, jusqu'à présent je n'avais jamais été aussi discrète.

Mon spectre avançait plus vite, je suivais machinalement un contingent de ces créatures éparpillées après avoir compris une chose, elles empruntaient la même direction. Un marais plus profond, plus noir. Au milieu d'un terre plein dépourvu de plantes vivantes se tenaient une colonne, comme un temple en ruine. D'ordinaire, les marais abritent beaucoup de vie, des oiseaux, des grenouilles, des sangsues, des libellules, des moustiques longs comme un pied, des poissons... Mais là, tout semblait être mort. Morne. Triste. Et tellement beau.

Ces lueurs de morts sous la timide lueur qui perçait la brume que je devinais toxique... C'était un doux rêve et je ne voulais pas me réveiller. Les êtres se rassemblaient autour d'un... autel ? On dirait les grandes plaques de marbre destinées à allonger le corps d'un preux héros ou d'un notable. Avec beaucoup de difficulté, certaines créatures semblaient... Ployer ? Elles s'affaissaient volontairement et donnaient l'impression de se confesser à cet pierre.

Est-ce que les monstres prient ?

Est-ce que les monstres croient aux Dieux ?

On a tellement chassé ces créatures pour leur seul aspect qu'ils ont peut être trouvé en eux, dans leur incommensurable détresse, une foi plus brillante que la nôtre. En avais-je une ? Je l'ai oublié. C'était il y a si longtemps, j'ai oublié comment prier, comment m'adresser aux cieux et comment baiser la main d'espoir qu'ils voudraient bien me tendre. J'ai aussi été chassée, à de nombreuses reprises et il fallait aujourd'hui que je sois entourée de ces créatures effrayantes pour me sentir un peu à l'aise.

Je fermais les yeux et tendais une main au dessus de la pierre qui faisait cet autel.

Le silence ici pose
Sur le marbre luisant
Une porte de sang
Qui est à jamais close
Dans cet endroit maudit
Où suinte le sacré
Parmi les sépultures
Je recherche le havre
Où guérit ta blessure
Où pourrit ton cadavre.


Je voulais ressentir quelque chose... Je me demandais si... Ces créatures, elles étaient faites par Vallel ? Sont-ils ici en pélerinage pour honorer la mémoire non pas d'un Dieu mais... De leur créateurs. Créature face à créateur... C'était logique. Voyaient-ils quelque chose ? Sentaient-ils quelque chose ?

Avais-je besoin de... Posséder quelque chose pour mieux voir ? Mon spectre était un excellent moyen de me déplacer mais je dois reconnaître... Je suis très curieuse de sentir la puanteur de cet endroit. Et de voir à travers les yeux d'un des chefs d'œuvre de Vallel. Je voyais devant moi une créature bien qu'abjecte tendre un bras squelettique affublé de griffes longues et tranchantes. Sa poitrine fendue en deux par le haut, mais la tête était greffée là où l'épaule se trouverait sur un humain normalement constitué.

Pouvais-je ? Oserais-je ?

Oh, ça...

J'ai déjà fait beaucoup plus idiot que ça.

-----------------------------------------------------

Tentative de posséder ce petit bonhomme à la " gueule de porte bonheur "
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 10 juin 2023 00:34

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) IV




Elscar’Olth

Délaissant désormais la surface de la cité des Sorciers de la Lande Noire, Jorus et Akihito prirent leur envol vers deux destinations différentes, toujours sous leur forme spectrale.



Comté d’Orsan

Mathis parcourut encore la Lande. Il était difficile de tout en voir rapidement : s’ils voyageaient vite, leurs sens ne leur permettaient pas de tout engranger en peu de temps. De bâtiment, il n’en vit guère. Pas plus que de trappe spécialement visible sans une fouille réellement approfondie. Des grottes, il put en voir certaines. Des rocs formant des sortes de dolmens, des tas de cadavres qui laissaient de vastes espaces dans leur cage thoracique. Dans l’une d’elle, elle croisa toute une meute de canins charnus étranges et monstrueux.


Image


Partout où il se rendit, il y avait des créatures de chair difformes. Des monstres issus d’expériences passées, innombrables. Ils erraient là sans but, abrutis.

À un autre endroit du Comté, Silmeria avait décidé de prendre possession d’un corps de ces monstres déformés. Elle concentra son esprit sur ce corps aux chairs explosées, aux tripes pendantes et… s’y accrocha. Elle y perçut une lueur… toute petite. Presque éteinte. Un reste de vie honteusement massacrée de l’intérieur. Elle n’en percevait que la détresse absolue, le trauma total. Et instantanément, la lueur disparut sans laisser de trace… Et sa perception changea. Elle n’était plus une âme vacante, mais cette-même créature répugnante. Ses voisins horribles semblèrent le sentir. Ressentir cette nouvelle présence. Ils se tournèrent vers elle, curieux mais passifs, la lorgnant curieusement. Avant de se tourner de nouveau vers ce curieux autel de ruines passées. Là, venant d’apparaître dans les détours ombreux de ce tertre sans forme, un être avec une présence nettement plus… charismatique te regardait. Enfin, te regardait. Deux trous sombres sortaient d’un visage qu’on eut presque du mal à qualifier de tel.

Image

L’être était fait de chairs à vif, possédait deux paires de bras et à la place de ses jambes, une longue queue serpentine lui permettait de tenir debout. Une voix absente de tonalité, comme un souffle rauque, s’adressa à la nouvelle-née.

« Ainsi vous avez réussi. Au moins un. Un choix de corps pour le moins original. À moins que ce n’ait été qu’une sordide expérience ? »

Aucun doute possible : c’était Vallel.


[HJ : Aki et Jorus, suite à vos destinations respectives. Silmeria, go aparté en MP. Mathis, comme la semaine passée.]


[XP :
Mathis : 0,5 (fouille)
Akihito : 0,5 (discussion 1er post), 0,5 (discussion 2ème post), 0,5 (départ)
Jorus : Noté quand complété.
Silmeria : 0,5 (tentative)]

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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » dim. 11 juin 2023 20:15

Je parcourus rapidement la lande, peut-être trop vite même, puisque je ne pouvais m’attarder aux détails. Je ne vis aucun bâtiment. En ce qui concernait les trappes, il m’aurait fallu explorer plus attentivement et moins rapidement pour être certain d’en trouver. Je vis quelques grottes, des rocs formant des dolmens et surtout des tas de cadavres dont la large cage thoracique servait de refuges à une meute de bestioles ayant vaguement l’apparence de canidés, mais pourvues de plusieurs rangées de dents. Les monstres, probablement les résultats des nombreuses expériences de Vallel semblaient errer sans but comme s’ils étaient dépourvus d’intelligence et même d’instinct.

Je m’arrêtai là, explorer ainsi était vain, je devais changer de stratégie. Si je me référais à ce qui s’était passé dans les alentours d’Elscar’Oth seulement l’habitant doté d’un pouvoir spécial avait pu communiquer avec moi. Dans cet état, je n’avais même pas eu conscience de la présence des autres. Donc si Vallel ne possédait pas encore de corps, on avait pu se croiser sans s’en rendre compte. Cependant, il était fort probable que Vallel n’avait pas perdu de temps et s’était lui-même procuré un corps. Croyant que nos corps d’origine ne seraient pas en état de recevoir nos âmes, il nous avait proposé des corps sans âme…

(Il s’agit probablement de toutes les monstruosités que je croise depuis mon début à Orsan.)

Mais sa proposition n’était pas désintéressée, en retour je lui serais redevable. Une idée surgit alors en moi.

(Si j’emprunte l’un de ses corps, il me retrouvera sans doute assez rapidement afin de recevoir son paiement.)

Le hic, c’était que jusqu’à présent, à peu près toutes les créatures que j’avais croisées me dégoutaient. Il m’avait pourtant affirmé qu’il pouvait m’en fournir répondant davantage à mes goûts.

Je partis donc à la recherche d’un nouveau corps…mais un corps temporaire seulement, en attendant que je retrouve le mien. Explorant cette fois, les êtres vivants et non les lieux, je recherchais un corps potable, sachant pertinemment que je ne pourrais en trouver un qui rivaliserait avec le mien. Je vis de nombreuses créatures à quatre pattes toutes plus affreuses les unes des autres, dont une qui avait l’allure d’une énorme tique gorgée de sang. De toute façon, je recherchais un bipède, qui si possible ne me donnerait pas la nausée. Je rencontrai un long squelette muni de quatre bras, une créature humanoïde marchant sur les mains et pourvue d’une longue queue. Je vis aussi un guerrier siamois. Pourvu de deux troncs, mais d’une seule paire de jambes, ses deux têtes, quoique différentes, rivalisaient de laideur. J’aperçus un imposant bonhomme qui ressemblait à un ogre… trop gros. Puis alors que je détournai un rocher, j’aperçus de dos une silhouette qui marchait avec grâce et souplesse. Munie de quatre bras, son arrière-train et ses jambes musclées, semblaient sculptés pour la course, elle était d'une taille semblable à la mienne. Je m’empressai de la dépasser afin de la voir de face, craignant le pire. Arborant un corps féminin, délicieusement proportionné, le bas de son visage était intact et exempt d’une horrible dentition. Le haut de son visage avait tout de celui d’un insecte. J’arrêtai donc mon choix sur elle, sachant que je pourrais difficilement trouver mieux.

Je m’approchai d’elle et lentement et avec précaution, comme si je lui demandais la permission, je tentai de pénétrer doucement son corps. Je sentis une faible présence spirituelle, désespérée. J’essayai de lui faire de la place, mais ma présence fut malgré tout trop importante et elle disparut, avant même que je puisse en ressortir sans la blesser.

Je me sentis tout d’abord piteux, triste. Puis je pris conscience de ce corps d’athlète bien proportionné, de ces quatre bras se déplaçant avec grâce. Je décidai de tester mes cordes vocales. Me doutant que Vallel ne pourrait m’entendre, j’essayai tout de même de l’appeler.

« Vallel ! Vous êtes là ? »

Comment un corps si délicat pouvait posséder une voix féminine si rauque, si monstrueuse ? Sans surprise, je n’entendis aucune réponse. J’attirai par contre un regard curieux des autres créatures à mon intention.

Je fis quelques pas de course afin de tester mon nouveau corps. Même s’il n’était pas formidable comme le mien, je ressentis le bien-être d’en posséder un. Et puis, je sentis un certain soulagement de ne pas ressentir la magie d’Aliaénon en moi. En tant qu’esprit sans corps, j’avais conservé mes capacités de pisteurs. Possédant à nouveau un corps, athlétique de surcroit, je devais tester si j’avais toujours ce sens d’équilibre qui m’habitait. Je tentai donc d’exécuter quelques acrobaties ainsi que de marcher sur les mains. Une fois, ces essais faits, je m’asseyais sur une roche et je réfléchis.

Vallel croyait que nos corps seraient décomposés, car sans vie et sans âme… suivant cette logique, et pour éviter la décomposition de ses créatures, il leur aurait insufflé une parcelle d’âme uniquement suffisante pour les maintenir en vie et leur permettre de déambuler à leur gré. Cette hypothèse me semblait plausible, mais je savais que c’était aussi une façon pour moi de me déculpabiliser d’avoir pris possession de ce corps élégant.

M’accrochant à l’idée que Vallel, sachant que j’avais pris possession du corps de l’une de ses créatures, me retrouverait, je me mis en route. Au petit trot, je poursuivis l’exploration des lieux tentant de trouver Vallel en attendant qu’il me retrouve.

((( Mathis tente de faire des acrobaties, et aussi de marcher sur les mains avec son nouveau corps
Mathis se remet en route au petit trot (vitesse avoisinant celle d’un jogging à basse vitesse. )))
Modifié en dernier par Mathis le mer. 21 juin 2023 01:22, modifié 1 fois.

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » sam. 17 juin 2023 00:37

Je l'avais vu, j'ai senti. Quelque chose d'à la fois imperceptible et si riche. Comme une étoile mourante. Un éclat si intense qui ne laisse qu'une fumée évanescente. J'ai écrasé cette âme, ce vestige, ce naufrage. Si il restait une étincelle de la personne qui se trouvait au milieu de ce tas de chair, je l'ai écrasée comme un misérable insecte. J'ouvrais mes yeux, sentant mes membres se tendre, comme si une pluie d'aiguilles et de fourmillements me faisaient comprendre quelle était l'étendue de ce nouveau corps qui était le mien. Ce bras anormalement long qui me servirait d'arme, ses doigts étaient si effilés qu'ils pourraient sans mal remplacer la vieille rengaine. Alors que je découvrais mes traits au travers de ces yeux noirs enfoncés dans ce crâne chauve à la mâchoire pourfendue, donnant l'impression d'un cri muet et continu, c'est là qu'il apparut.

Il se tenait debout sur une longue queue draconique et tenait son corps droit comme la justice d'un équilibre parfait. Deux paires de bras entouraient une puissante stature et son visage m'évoquait brièvement Kynth, dans le sens où il était difficile de dire si nous avions là un visage d'homme ou de femme.


" Seigneur Vallel.. attendez ? C'est ma voix ça ? Absolument hideux. Peu importe. Je me disais que c'était la meilleure façon de vous trouver. Je ne pouvais vous voir une fois sortie de la pyramide. Jorus a essayé de s'opposer à nous, ma jumelle l'a... malmené mais je crains qu'il soit toujours en vie. "

Je n'avais poussé qu'une laborieuse compote de son embrouillés et rauques mais il semblait me comprendre sans difficulté, c'était là un bon point, au moins je n'aurai pas à me répéter, ces cordes vocales n'était habituées qu'à grogner ces derniers temps et je sentais déjà qu'elles s'irritaient

"Les âmes étaient... par trop transparentes, oui. Je me disais que vous arriveriez à retrouver ma voie. Vous avez tardé. Les autres sont-ils à ce point attardés ?"

Beh... Sur une échelle de Jorus à Praline, on est pas très haut dans le ciel de l'esprit, je dois dire.

"Qu'importe ce Jorus, qu'il reste dans ses idéaux tronqués. Nous revoilà en vie, désormais."

" Les autres sont persuadés que je suis folle ou sotte. J'en joue à vrai dire, être sous estimée à quelques avantages. Nous revoilà en vie, comme vous le dites. Mais.. mon corps va me manquer. Celui-ci me semble plus faible. Moins agile. Il me tarde de le retrouver, Seigneur Vallel. "

"Vous êtes la seule sage parmi eux, apparemment. Eux dont les valeurs les feront errer éternellement sous forme d'âmes inutiles. N'ayez crainte de ce corps : il est plus résistant qu'il ne peut en avoir l'air. Et a des... avantages certains. Mes œuvres ne sont pas toujours plaisantes au regard, mais certainement pas regrettables."

Enfin ! Je dois me dire que c'est vraiment que les généraux d'Oaxaca pour trouver une valeur en moi. Ah, la vie aurait peut-être été bien différente si un des officiers du Roi avait vu en moi ce qu'ils redoutent aujourd'hui. Mais on ne refera pas le passé, les morts n'ont pas notion des regrets.

" Merci de me le prêter. Je me dois de vous annoncer, Seigneur. Lorsque vous nous avez vues pour la première fois sous forme d'âme, nous étions deux, c'était la première fois que nous étions séparées. Aujourd'hui, nous sommes toutes deux rassemblées et prêtes à vous assister dans votre tâche.

"Oh, vous ne me privez de rien. Ils sont faits pour ça. Ma tâche, avant tout, est la reconstruction de ce qui fut détruit. Ce Dragon, en ce monde, est une menace même pour moi. Vous ne me rendrez pas meilleur service qu'en rejoignant les vôtres dans sa chasse. Convainquez-les de ma bonne volonté, et voyez quelle aide je peux leur apporter."

" Avoir mon corps leur permettra de m'écouter, si ils me voient ainsi, je serai attaquée à vue. Xël est peut-être la plus grande menace pour vous, avec mes capacités je pourrais le retenir ou le priver de sa magie. Vais-je pouvoir le récupérer ? "

D'une certaine façon, l'homme qui gardait Elscar'Olth a bien précisé que les âmes ne rentraient pas, mais il n'a pas parlé des beautés fatales telles que moi, d'autant plus qu'une créature de Vallel devrait - je l'espère - trouver grâce à ses yeux. Je le laisserai même me sucer le doigt si ça lui fait un peu plaisir, mais uniquement dans le but de retrouver mon corps (ou de gagner 5 Yus)

"Votre corps ? Est-il seulement récupérable ? Je ne fais pas dans la nécromancie, vous savez. Les âmes de ce monde peuvent se glisser parmi les vivants, mais guère parmi les morts. Sans votre Xël, cela aurait été envisageable, avec quelques efforts et du temps de recherche. Mais... tout a été détruit lors de son "action héroïque" visant à m'abattre. Crétin. Des décennies d'expériences réduites à néant."

" Nos corps ont été récupérés et maintenus par notre Shaakte de ce que j'ai compris. C'est un homme à Elscar'Olth qui nous l'a annoncé, il a aussi fermement internet notre entrée dans la citée sous forme d'âme, toutefois je présage qu'il ne sera pas non plus d'avis que je rentre dans la citée ainsi conçue. "

"Maintenus ? Curieux. Oui, Elscar'Olth a toujours été fermée aux morts. Ce n'est pas plus mal, vu la dangerosité de leurs expérience avec la magie brute des Landes. Quant à vous vous arriver comme ça... Oui, ça risque de poser souci."

" Quel genre d'expérience parlez-vous ? "

"Ils testent tout ce qu'ils peuvent tester sur la magie. Chacun dans sa spécialité. Ce sont des chercheurs, loin de se satisfaire de pouvoirs acquis comme les Esserothéens."

" Est-ce que quelqu'un a essayé de suivre votre route ? De modeler ainsi chairs et os ? C'est quelque chose qui nous aurait été bien utile durant la guerre. N'avez-vous pas d'apprentis ? "

"Des apprentis, oui. Bouchers, chirurgiens manipulant la même chair, mais à l'aide d'outils : scalpels, scies, aiguilles de suture... Tous morts, tués par votre allié. Un gâchis monumental. Mais il n'y a que moi qui possède ce pouvoir."

" Mon allié... faut le dire vite. J'ai quand même tué son Roi. Il agit en allié parce qu'on a un objectif commun mais on ne devrait pas sous estimer la soif de vengeance d'un homme. Vous de même, Seigneur. Il aurait toutes les raisons de vous.. de NOUS attaquer à vue. Surtout avec notre forme actuelle. Qu'avez-vous prévu pour contrer ça ? "


C'est assez vrai je dois dire. J'apprécie Xël, je l'estime et l'admire plus que je n'oserai l'admettre si j'avais mon corps originel, mais il n'a pas entièrement le profil d'un allié, il a assez de griefs en son coeur pour un jour pouvoir justifier l'inexcusable, j'espère seulement ce jour là pouvoir esquiver ses terribles bourrasques pour ne laisser de cet aéromancien qu'un faible souffle s'échappant de sa poitrine, puissante tornade devenue sifflet funeste, avant de lui arracher les yeux et de vomir mon petit déjeuner dans ses orbites pour lui apprendre à se rebeller.


"Je suis déjà mort deux fois en sa présence. Et pourtant je l'ai dit aux vôtres : je ne cherche pas la vengeance. Je répliquerai seulement si l'on m'attaque. Alors, rien ne pourra m'arrêter. Il n'a qu'à pas se fier aux apparences pour choisir ses alliés."

Mais... Je me demandais le temps d'un instant s'il n'était pas légèrement attardé ou s'il n'avait pas passé trop de temps à se liquéfier le cerveau chez Akibouba. On parle quand même de Xël. Il avait l'air de rien comme ça mais avait quand même pulvérisé une bonne partie de mes alliés lors de la guerre. Et puis il a une facheuse tendance à clouer des lézards volants de plusieurs tonnes au sol. Alors une queue à quatre bras au masque cartilagineux je ne pense pas qu'il se montre très aimable. Et puis c'était il y a peu de temps, l'affrontement que Vallel a connu avec Xël datait déjà d'il y a quelques années.

" Seigneur, il a sûrement évolué depuis vos dernières rencontres. Il a tué Aerq en un sort. Rien ne laisse présager que vous pourriez contre-attaquer. Il n'est même pas question de vengeance ou pas, que vous lui voulez du mal ou non il vous attaquera. "

"Avec la libération des âmes de la Savane Tanathéenne, je ne crains aucune destruction de corps. Et ça, je compte bien le prendre en avantage. Jusqu'à le menacer d'écraser son propre esprit, ou ceux de ceux à qui il tient."

" Oh. Donc s'il persiste à vous tuer, ce n'est pas si grave ? J'aurai pu tâcher de le contenir mais ainsi transformée... qui voudrait discuter avec ma trogne d'amour. " J'avais machinalement pointé mon doigt - griffe affreuse - vers mon visage qui n'était pas beaucoup plus reluisant.

"Il vous suffira de mourir pour que votre âme soit à nouveau libre. Vous choisirez... une personne plus présentable, alors. Sachez juste que vous la détruirez. Ou qu'elle vous absorbera. Ou vous chassera d'elle. Tout dépend de sa puissance spirituelle. Là où mes créatures, criminels et déserteurs, sont déjà détruits de l'intérieur. Ils ne peuvent rien contre une invasion."

Oooh c'était bon à savoir. Se faire tuer, revenir dans un état probablement plus pitoyable qu'à sa mort, recommencer... Je vais encore laisser des corps derrière moi, on est parti pour une grande aventure aussi sanglante que chaotique.

" Je me disais que c'était trop beau pour être à la portée du premier venu. Et puisque nous sommes deux, pensez-vous que ça offre davantage de puissance spirituelle ? "

"Je n'en ai aucune idée. Cela pourrait la réduire, l'une s'attaquant à l'autre, mais... vous vivez dans une telle symbiose. Je ne saurais dire. Il serait plaisant de mener quelques expériences sur vous."

" Des expériences ? Déjà me traiter de putain et maintenant me voir comme cobaye, un peu de tenue tout de même. Ne recommencez pas, je vous prie. Et dites moi plutôt ce que je peux faire pour vous, sinon j'irai tenter ma chance sous cette forme pour retrouver mon corps, mais vous avez peut-être moins suicidaire ? " Je m'étais reculée, essayant de manifestement une expression proche de la colère ou de la surprise, mais je ne crois pas avoir fait un grand effet, il restait impassible.

"Rien qui n'aille à l'encontre de vos propres volontés, nous jouez pas les effarouchées. Je l'ai dit, ce que vous pouviez faire : aider les vôtres à éliminer ce dragon et veiller à ce que Xël ne vienne pas se mêler d'affaires qui ne le regardent plus."

" Oh. Dans ce cas, je suppose que je serai ravie de vous aider. Au même titre que les Murènes, ma caste d'assassins se fera un devoir sacré que de vous aider si d'aventure vous reveniez sur Yuimen. D'ici là, je serai une ombre errante ça et là et à votre service. "

"Bien. je doute revenir sur Yuimen mais... sait-on jamais, un jour. Nous serons sans doute amenés à nous recroiser en ces terres. Je n'ai que peu de doute."

Je me retournais pour affronter de nouveau la fange, laissant Vallel privé d'un de ses monstres. Quelques enjambées plus loin, je m'écriais.

" J'espère que lorsque ce jour viendra je n'aurai pas l'impression qu'un char de guerre me soit passé dessus. ET MES CHEVEUX ME MANQUENT. "

Avant de beugler toute seule dans le marécage.

" UNE FAUTE DE GOÛT, VALLIVALOU. "

Hrist était toujours endormie, je ne crois pas qu'on puisse avoir beaucoup de force dans cet etat, je pense que la corruption qui innonde mon corps d'Elfe est en quelque sorte un terreau fertile à notre puissance commune, mais que cette enveloppe, aussi infâme soit-elle, n'est pas quelque chose qui l'éveille particulièrement.

Je rebroussais chemin, il me fallait avancer vers Elscar'Olth, malgré mon joli minois, je savais bien qu'on ne m'offrirai pas beaucoup de fleurs en chemin, j'espérais pouvoir tomber sur un adorateur de Vallel qui pourrait éventuellement me comprendre et me permettre de rentrer me trouver mon corps d'Hïnionne afin de convaincre Xël de laisser Vallel tranquille, il est certainement là pour nous aider, puisqu'il l'a annoncé.

Hrist s'éveille dans un bref instant, comme un éclat de lucidité dans un sommeil de plomb avant de me glisser.

" Il veut... Le corps du Gragon pour ses expériences. Sa seule motivation."

Chose qui me fit légèrement frémir. Si Vallel parvenait à faire quelque chose de la dépouille du Gragon, il aurait toutes les cartes en main pour dominer le monde. Mais je doutais déjà qu'on puisse en venir à bout si facilement, il avait probablement boulotté Brytouille et s'était fait un cure dent avec son épée. Et quant bien même, avait-il la puissance nécessaire pour employer son esprit, que ce soit le sien ou non à contrôler pareille créature ? Hrist avait peut-être vu juste, mais si c'était le cas, j'étais bien sotte, quoique bien placée pour que Vallel ne cherche pas manifestement à me nuire, ce qui n'est pas le cas de l'affreux Jorus et ça c'était bien fait pour sa sale gueule de con.

J'avançais à travers les marais et le brouillard pestilentiel avant de gagner un terrain assez solide pour essayer la force de mes nouvelles jambes, là où mon spectre n'avait aucun mal à traverser de grandes distances, est-ce que le sac d'os sanglants que je suis arriverait à courir assez vite sans se péter une rotule ? Déjà que la moitié de son corps est pas vraiment au bon endroit, ça serait quand même vachement con d'aggraver ma face de concours.



--------------------

Se dirige vers Elscar'Olth en... Courant. Cours Forest ! Couuuuuuuuuuuuurs.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 17 juin 2023 15:37

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) V



Mathis, sous son élégante et répugnante forme de monstruosité de chair, réclama Vallel. Il ne vint pas, bien sûr : il n’avait pas l’air à portée de voix. En revanche, deux bestioles de chair alentours s’approchèrent de cette demoiselle sanglante pour la cerner et en saisir les bras pour l’emmener avec eux. Fermement, mais pas agressivement. À elle de voir si elle les laisserait faire ou non… Ils avaient, en tout cas, des sales trognes. L’un était une sorte d’humanoïde qu’on avait pelé pour en faire de curieuses ailes, alors qu’une bouche immonde remplaçait tout son buste.



Image


L’autre, un amas de chairs rampant amélioré de métal brillant, aux tentacules remuants. Immonde, évidemment.



Image



Silmeria, de son côté, s’était mise à courir. Elle se rendit vite compte que les jambes effilée de sa nouvelle enveloppe… Bah couraient bien, mais sans lui conférer de vitesse surnaturelle. À part puer les tripes à l’air et faire peur à tout ce qui s’approchait, elle n’avait pas encore trop pu constater de l’efficacité de son corps. Et, courant ainsi, elle tomba sur cet étrange trio, ces deux monstres escortant une dame de chair en direction de l’endroit où se trouvait Vallel. S’arrêterait-elle ? La demoiselle de viande l’apostropherait-elle ?


[HJ : indiquez au plus vite dans le sujet « coordination » si vous interpelez l’autre, afin que j’ouvre un sujet de discussion. Sinon, notez simplement vos actions dans votre RP.]


[XP :
Mathis : 0,5 (nouveau corps)
Silmeria : 0,5 (discussion), 0,5 (départ)]

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Re: Lande Noire

Message par Mathis » mer. 21 juin 2023 02:12

J’étais en train de tester les capacités de ce nouveau corps temporaire lorsque je vis deux bestioles s’approcher de moi. Je ne m’en occupai pas au départ, trop occupé à faire des pirouettes et par réaliser que ce nouveau corps était beaucoup plus souple que le mien, ce qui n’était pas facile en soi. Mes quatre bras me permettaient de maintenir des postures difficiles sans le moindre effort. J’avais l’intention de connaître mes aptitudes à la course lorsque ces deux créatures immondes me saisirent par le bras fermement sans pour autant être agressifs. Curieux de voir où ils voulaient m’emmener je me laissai faire. Si la destination s’avérait dangereuse, je saurais bien me libérer. Mes griffes au bout de mes orteils et celles à mon talon pouvaient s’avérer de redoutables armes. Ce fut dons sans crainte que je laissai les monstruosités m’accompagner. Celui de gauche était une créature vraiment ratée, sans offenser Vallel. Il portait une immense toile sur la tête. Il pouvait peut-être parer sa chute s’il tombait d’une immense falaise, mais je n’y voyais aucune autre utilité, à part peut-être celle de dissimuler cette gigantesque et affreuse bouche qui occupait plus de la moitié de son ventre. Pour ce qui est de la suivante, elle me semblait familière…cette grosse masse gluante qui se dandine… elle me faisait penser à …

(Jorus ! )

Lorsque nous étions dans la pyramide, Jorus avait tenté d’utiliser la magie pour nous transformer Hrist, Silmeria et moi, en affreux homonculus. Le sort s’était retourné contre lui, et il s’était transformé en cette boule de gras. Je me retournai vers mon geôlier graisseux et je l’examinai attentivement, me demandant si Jorus aurait pu prendre ce corps. D’un autre côté, il était tellement réticent aux idées de Vallel qu’il ne s’était sûrement pas rendue ici.
J’étais encore dans mes réflexions lorsqu’une créature avançait dans notre direction à pas de course. Grotesque créature difforme, dont seules les jambes avaient une configuration normale lui permettant de courir assez rapidement.
Sourire aux lèvres, sur le ton de la plaisanterie je lui proposai :

« Vous vous joignez à nous ? »

La créature, dépourvue sans doute de la moindre parcelle d’intelligence, et sûrement dotée d’une mauvaise ouïe, poursuivit son chemin sans avoir manifesté la moindre réaction.

Cette brève rencontre me donna une idée et me permettrait de mesurer pleinement mes nouvelles capacités physiques.

« Et si on accélérait le pas ? Histoire d’arriver plus vite à destination » dis-je à mes nouveaux compagnons.

Cela dit, j’utilisai mes deux bras libres pour les soulever de terre, fermement, mais sans les abîmer. Et puis, affublé de ce double fardeau, je tentai de courir à toute vitesse, tout en poursuivant dans la même direction, sans dévier d’un iota.

(((Mathis sous son corps musclé, empoignent ses deux créatures, les soulèvent de terre et tente de courir à toute vitesse sans les lâcher, histoire d’arriver plus vite à destination. )))

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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » sam. 24 juin 2023 00:09

Mon avancée ne se fit pas comme je l'avais espéré. Ces jambes bien que solides n'étaient pas d'un grand secours pour traverser de longues distances avec empressement, quoique frêle en apparence, elles supportaient ce corps que je trouvais lourd, plus lourd que mon enveloppe charnelle de base évidemment. J'étais tentée de fouiller dans cette cavité béante pour voir si ce corps produisait des glandes acides ou bileuse qui pourraient servir de projectile sur un éventuel adversaire, mais me rappelant que je n'étais pas particulièrement douée pour le lancer, je n'y adressais qu'un simple regard dans cette salade débordante de tripes putréfiées. La masse remuait à chaque enjambée et je dois reconnaître que c'était particulièrement oppressant à la longue, ce fourmillement gluant et mat qui réagissait à chaque mouvement occupait rapidement mes pensées.

Quant à cette bouche, la mâchoire était complètement fendue, rien ne retenait ma mâchoire inférieure qui pendait dans une prison d'arrêtes acérées. Quoique ce corps eut comme régime ces derniers temps, ce n'était probablement pas végétarien. Mes pérégrinations me conduisirent jusqu'à un étrange trio, une créature comme j'en avais déjà vu, un être semblable aux cerfs-volants du festival des lumières d'Oranan, un mélange curieux, je soupçonnais Vallel de s'être inspiré de ces écureuils dont la peau recouvrait les pattes et qui étaient capables de voler de branches en branches... Même si je voyais mal créature si singulière grimper à un arbre et de toutes façons, la végétation n'était pas particulièrement luxuriante par ici.

Une autre boule graisseuse semblable à l'affreux Jorus semblait chier constamment d'énormes quantité de tripes et semblait condamnée à les piétiner sans arrêt. Un autre être à l'aspect plus proche de Vallel cette fois-ci m'interpella. C'était bien la première fois que pareille chose s'adressait à moi, il ne me semblait pas avoir entendu autre que des grondements caverneux et des roucoulement guturaux, provoqués entre un mauvais conduit et un rot acide.

J'ignorai la demande de cette créature, je ne savais pas pourquoi celle-ci jetait son attention sur mon, peut-être parce que je suis la seule à aller dans la direction opposée, est-ce là une créature douée de pensée ? Un monstre d'Elite de Vallel ? Est-ce la seule créature à des kilomètres à la ronde dont le cerveau n'a pas été violé par un contingent d'asticots partouzeurs ?

Je continuais ma marche laborieuse jusqu'à Elscar'Olth, inspectant mon corps avec la ferme intention de deviner ce qui rendait Vallel satisfait de son existence.

Est-ce que ma gueule d'amour pouvait s'allonger et mordre à distance ? Cracherait-elle des arrêtes pointues et purulentes ? Je crachais pour essayer mais faute de langue, j'ai l'impression que ça me tomberait directement dans le bac-à-tripes. Et ces tripes, est-ce qu'à défaut de pouvoir en lancer une pour humilier mes adversaires, je pourrais en tirer une assez longue et souple pour en étrangler un ? Mais avec quelle main j'allais exercer de la pression, je n'en avais qu'une et ses griffes bien que très longues semblaient très fines. Elles ne me permettraient probablement pas de pouvoir tenir efficacement un objet dans le but de le lancer.

Peut-être l'haleine était-elle mortelle ?

--------------------------------------------

Continue sa route jusqu'à Elscar'Olth, cherche à voir si ses tripes sont utilisables pour le lancer ou si sa mâchoire permet de mordre d'une quelconque façon.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 24 juin 2023 19:02

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) VI



Comté d’Orsan

Mathis présagea mal de ses forces : les deux bestioles, en plus de faire approximativement sa taille, furent complexes à se laisser porter. L’ailée se débattit, sans qu’il puisse trouver de point d’accroche. Quand à la grosse larve armurée, elle était trop lourde pour son corps élancé. Quant la demoiselle de chair se mit à courir, ce ne fut que l’ailé qui le suivit, rapide et agile. Il prit son envol et devança Mathissa pour lui indiquer le chemin vers Vallel. Le gluant vers géant, lui, resta en arrière, bien trop lent. Le nouveau corps du kendran finit par arriver dans un décor sordide : ce qui ressemblait à un tas de rocs et de brocs issus d’une probable ruine qu’il avait loupée dans son exploration. Le tout ressemblait à un autel religieux immonde, cerné d’arbres morts.


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Au pied de cet autel, entouré de dizaines de créatures de chair, l’une d’elle marquait par sa présence saillante. Un être rouge de sang, visage curieux couronné, double paire de bras et corps terminé, tel celui d’un serpent, par une longue queue.


Image


Celui-ci s’adressa à la carcasse vivante de Mathis.

« Bon choix, Yuimenien. Vous avez du goût. Dites-moi, lequel êtes-vous ? »

Lui, il ne faisait aucun doute de qui il était : Vallel.





Elscar’Olth.


Plusieurs arrivèrent aux alentours d’Elscar’Olth de concert. Silmerimoche, déjà. Après avoir couru inlassablement nuits et jours pendant près de trois cycles, ce monstre répugnant qu’elle était devenue arriva en vue des ruines de la cité des sorciers, à l’ouest de la cité. De même que la lumière revint aux disparus de Nagorin : Akigolem au buste brisé, Yliria, Xël, Dracarbre-le-mort-qui-vit, Afedajorus le bi-être à la main géante et Maïssa, dont tous étaient sortis de la subjugation. Près d’eux se trouvait la silhouette du Sans-Visage, immobile et silencieuse, qui regardait au Sud, vers la cité. Vers la carcasse encore debout du Titan ailé. Une profonde tristesse transparaissait de son être, qui semblait paralysé par ses émotions.


Image



En bas, à plusieurs centaines de mètres, un carnage avait lieu. Les sorciers d’Elscar’Olth étaient en train de défendre leur cité. Des monceaux de cadavres de monstres de la Lande stagnaient et s’amassaient aux alentours. Depuis combien de temps étaient-ils là à se battre ? Alossarh et son feu bleu. Bellarien et ses boucliers, Visselion et son corps invincible, armé. Les frères B-B et leur pouvoir de manipulation de l’éther. Et d’autres encore. Dont certains n’étaient plus que des cadavres. Les cadavres d’une communauté déjà fort touchée par le malheur. Les créatures des environs semblaient déterminées à envahir la cité, curieusement. Et il y en avait de nombreuses, et de nombreuses sortes.

Il y en avait qui étaient là en nombre : hordes et meutes surnuméraires, harcelantes par leur nombre. C’était le cas de curieux quadrupèdes chitineux blanchâtres à la bouche en bec crochu se déployant comme une fleur. De la taille de sinaris, mais en moins sympa. Par centaines. C’était aussi le cas de gros sangliers carnivores visiblement avides de sang, crocs pointus et yeux rouges. Plus musclés et grands que des sangliers classiques. Plus agressifs aussi. Par dizaines. Et, par dizaines eux aussi, des sortes de créatures canines rouges hérissées de pics noirs et pourvus d’une longue queue, de la taille de chiens de berger, rapides, vifs.

D’autres n’étaient là que de quelques individus, de trois à quinze, plus menaçants, imposants. À l’image de la quinzaine d’hommes-bêtes sombres, visiblement organisés en clan uni. Ces cinq curieuses créatures tentaculaires qui semblaient maîtriser de la magie sombre qui blessait à distance, comme rongeant les chairs et attiraient à eux leurs pour les agripper et dévorer une fois près d’elles et blessés mortellement. Lentes, presque immobiles. Ces quatre créatures volantes aveugles dont la tête n’était que formée d’une bouche remplie de dents, qui tournoyaient au-dessus de la scène comme des vautours, attendant qu’une cible soit isolée. Ou ces huit massifs quadrupèdes au dos hérissé, à la tête protégée d’un casque d’onyx, aux ailes tout juste assez puissantes pour les porter sur quelques mètres, guère plus.

Mais certains monstres étaient seuls, sans doute les plus dangereux. Comme cette espèce de blob dégueulasse dont le corps semblait prêt à absorber le moindre coup, pour finir par intégrer tout le corps de celui qui avait osé lui porter et le digérer de l’intérieur, tels que l’attestaient les silhouettes, visages et bras prisonniers de lui, qui hurlaient d’horreur de se faire ronger vivants. De ce lupin noir à la tête squelettique dorée auréolée d’une couronne, qui restait à l’écart et semblait à l’envi pouvoir posséder mentalement une partie des chiens rouges sur le champ de bataille pour venir à sa défense ou servir ses intérêts. Et enfin de cette menaçante tête géante monstrueuse qui dépassait d’une brume sombre, à l’arrière de la cité, masquant son corps. Une créature de plusieurs mètres de haut, aux airs inquiétants et inquisiteurs, prête à fondre sur les ruines pour les réduire à néant.

Et puis bon. Y’avait aussi ce truc, à l’ouest. Silmeria savait.

Les sorciers étaient en mauvaise posture, visiblement éreintés, au bout de leur vie. Ils peinaient à maintenir l’afflux de ces créatures qui, dans un chaos absolu, se battant même parfois entre elles, semblaient avoir comme but d’intégrer la ville.


[HJ : A vous de voir si vous laissez les sorciers se démerder ou si vous volez à leur secours. Auquel cas : phase de combat semi-dirigé :
  • Vous précisez dans la coordination quel type de bestioles vous ciblez pour la semaine qui vient, et si vous vous attaquez à plusieurs à ces dernières ou non.
  • Un jet de dé déterminera l’issue de cette partie du combat pour les participants : à vous de le scénariser derrière, seul ou ensemble. UN SEUL type de créature combattu cette semaine par personne (plusieurs peuvent être sur le même groupe).
  • Niveau difficulté : les hordes et meutes sont du menu fretin individuel. De la chair à canon pour vous. Le danger réside dans leur nombre et leur acharnement. Les groupes sont plus dangereux individuellement, sans doute de quoi se mesurer à vous en 1V1. Gare à en avoir plusieurs sur soi, du coup. Les créatures uniques sont… plus puissantes. Difficile à combattre seul. Les jets de dé décidant de la victoire, totale ou partielle, ou de l’échec, total ou partiel, dépendront de cette difficulté et de vos décisions d’actions communes.
  • Toutes les tentatives magiques sont à faire valider par moi-même via un JET DE DÉ demandé en MP ! Je noterai le résultat sur la partie coordination. Ceux-ci peuvent, évidemment, être game-changer et passer outre le tirage originel des dés d’issue des combats.
  • J’autorise UN tour de parole au sein de la discussion générale pour annoncer aux autres ce que vous comptez faire et si vous leur demander de l’aide.


Mathis, pour toi c'est de l'aparté en privé. :p ]








[XP :
Mathis : 0,5 (trajet)
Silmeria : 0,5 (trajet).]

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Xël
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Re: Lande Noire

Message par Xël » mer. 28 juin 2023 22:46

Trop tard. J’arrive déjà trop tard. Les créatures des sous-sols d’Orsan sont déjà là et je n’ai aucun doute sur celui qui a permis cette assaut sur Elscar’Olth. L’urgence maintenant est d’aider les sorciers de la cité en difficulté. Le Golem d’argent sombre s’agite et l’arbre mort vivant m’encourage à neutraliser l’Ouessien qui pour une raison que j’ignore nous a accompagné. Ce n’est pas le moment !

« Ton corps est là-bas. Je vais ouvrir un portail pour les rejoindre sans devoir affronter les créatures. Je le laisserai ouvert. Libre à vous de suivre ou pas. Moi, je vais prêter main forte aux sorciers. »

Dis-je en désignant à Akihito les ruines de la cité. Sans plus attendre je créer mon portail pour rejoindre les sorciers et me précipite pour aider Alossarh aux prises avec des insectoïdes dégueulasses qui l’assaillent par centaines. D’assez petites tailles ils ne manquent pas d’armes avec leurs pattes pointues et leurs gueules aux dents acérés. Une autre créature se trouve parmi eux, plus grande, plus humanoïde, et celle-ci ne semble pas être de leur côté.

Je me préoccupe de celle qui sont proches de moi et qui m’encerclent rapidement, m’éloignant du sorcier que je voulais protéger. Si mon bouclier est assez solide pour briser les crânes de ces créatures elles parviennent à briser mes défenses et je peux sentir leurs attaques venir à bout de mon armure. Je me retrouve isolé, me débattant comme je le peux, grognant de rage en ignorant ma fatigue, ma faim et ma soif, chassant de larges coups les gueules qui tentent d’engloutir mon casque. Je n’ai pas le choix, je vais devoir me servir de ma magie. Je choisis un sort défensif, semblable à celui qui a fonctionné à Nagorin. Je me concentre sur mon armure et y insuffle ma magie pour qu’elle puisse me protéger des attaques venant de toute part.

Je parviens à esquiver une créature en me baissant, écrase mon bouclier contre le crâne d’une seconde mais une troisième me charge le flanc et là … Je constate que mon sort n’a pas été inefficace. Tout se passe très vite mais je perçois tout au ralenti. Un filet d’air semble se glisser entre nous deux, absorber le choc puis le renvoyer mais avec une puissance hors de contrôle, semblant puiser dans ma réserve de magie jusqu’à l’épuisement.

Je sens mon corps se briser alors qu’une onde de choc souffle les créatures tout autour de moi, les réduisants en morceaux, comme une tempête qui réduirait une forêt en brindilles. Aucune ne s’en sort, pas plus que la bestiole qui s’en prenait aussi à eux. Ce sont les dernières choses que je distingue avant de m’effondrer, vidé de toute ma magie et d’une partie de ma vie. Je tombe lourdement, mon dos s’enfonçant dans le sol boueux et cendre et du sang des chitineux. Je perçois de mon regard flou le corps du Titan immobile. Je suis incapable de bouger et sens ma vie lentement m’abandonner.

« Ah. »

Le visage lunaire de Fin’ apparait devant moi, flou mais plus réel que d’habitude, comme si je m’approchais de son univers.

« Là aucun discours motivant ne pourra te sauver. »

Son ton n’a rien de drôle pourtant le cynisme dont il fait preuve sans s’en rendre compte provoque une grimace rieuse sur mon visage. Incapable de lui répondre ni même de lui faire un geste, il ne poursuit pas et s’installe simplement pour observer le Titan en silence, patientant pour ne pas que je meurs seul entouré de carcasses d’insectes en morceaux.

« T’es vraiment le pire des crétins. »

Cela pourrait-être Yliria mais non, c’est Trieli. Voilà que je vois des fantômes de Yuimen, c’est mauvais signe. D’autres visages apparaissent, ceux des autres soldats morts dans les plaines d’Ynories par le sort du Dragon Noir. Aldchet apparaît à son tour, le visage toujours aussi sévère qui se meut en frayeur, la même que lorsqu’elle a senti la vie la quitter. Cela provoque le dernier geste que j’arrive à faire, resserrer mon emprise sur mon bouclier, son bouclier.

« Je connais ce regard. Mais cette fois ta volonté ne suffira pas. »

Commente Fin’ avec un air triste.

(Peu importe si je meurs tant que cette cité soit sauvé.)

Les visages s’effacent, seul Fin’ demeure proche de moi tandis qu’un golem sombre entre dans mon champs de vision alors que celui-ci s’assombrit. Mon regard se perd par dessus l’épaule du golem alors que je prononce péniblement quelques mots.

« Sans-Visage … »

Le début d’une prière que je poursuis dans mon esprit.

(Sans-Visage. Je n’ai pas eu le temps de demander de quoi vous avez papoter avec le Dragon. Je sais que tu laisses les choses se faire, l’importance que tu accordes au libre arbitre. Je t’en supplie, sauve cette cité et ses sorciers de ces monstres. Sauve ce monde de la destruction du fléau venu de Yuimen. Vois le … comme une dernière volonté. J’espère que tu accepteras de me l’accorder… l’ami.)

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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » jeu. 29 juin 2023 12:20

Ce nouveau corps s’avérait très musclé et pourvu d’une force impressionnante… mais pas autant que je l’avais souhaité. Je n’ai point réussi à soulever ne serait-ce d’un centimètre la grosse larve munie d’une armure. L’autre plus léger, se débattit et échappa à ma prise. Cependant, l’ailé me précéda comme pour s’assurer que je prenais le bon chemin. Même si j’espérais qu’il me mène à Vallel, un léger doute m’habitait. Peut-être me conduirait-il droit dans un piège.

(Et si c’était le cas,… qu’avais-je à perdre ? )

Si j’avais réussi à envahir ce corps, je pourrais le faire une seconde fois sur un autre. Cependant, je ne le ferais pas de bon cœur, j’avais ressenti un léger malaise de déloger la faible âme qui habitait cet élégant corps humanoinsectoïde.

Grâce à ses jambes musclées j’arrivai rapidement dans un nouveau lieu encore plus abject que le premier. Cette fois, je ne faisais pas face à des mains géantes, mais à des structures pointues se terminant par un simulacre de croix. On aurait dit des clochers d’églises tombant en ruines, encerclés d’arbres morts.
Au pied d’un autel, entouré par ses disciples, immondes créatures de chair, se présentait un être filiforme rouge et d’une allure gluante. Équipé de quatre bras, tout comme moi, sa tête était ornée d’une couronne épineuse et une longue queue terminait son corps.
Il devina immédiatement qu’un yuimenien avait pris possession de l’une de ses créatures. Il me félicita de mon bon goût et me demanda de m’identifier.

« Je suis Mathis. J'aurais préféré mon propre corps, mais j’avoue que celui est plus athlétique et souple. »

Silmeria lui avait dit que nous corps avait résisté à la décomposition. Il m’informa que cette dernière, ayant pris possession d’un corps tout comme moi, était partie vers Elscar’Olth afin de rejoindre nos compagnons.

Je lui donnai, pour ma part une information supplémentaire.

« Oui, ils sont intacts, mais gardé dans la cité dont l'entrée nous est interdite...Quel est son plan ? »

N’ayant pas été dans les confidences de la belle, il supposait qu’elle tenterait d’entrer dans la ville. Il s’enquit ensuite de mes plans à présent que mon âme était libéré.

« J'avoue que j'hésite...aider a sauver Alieanon et récupérer mon corps ensuite ou bien récupérer mon corps d’abord et sauver Aliaenon après... Et vous quel est votre plan ? »

Il souhaitait rester dans ce lieu abject et reconstruire ce qui avait été détruit, tout en souhaitant que le dragon noir ne contrarierait pas ses plans. Tout comme il l’avait apparemment fait à Silmeria, il proposa son soutien pour combattre le dragon.

Lors de notre rencontre sous la terre, il m’avait informé que je lui devrais une faveur en échange d’un corps. Je m’attendais à ce qu’il réclame son dû, ce qu’il n’avait pas encore fait. Je fus donc prudent et lui demandai ses honoraires.

« Je pense qu'aucune aide ne devrait etre refusée...mais quel en sera le prix que vous exigerez ? »
A ma grande surprise, il m’annonça que je ne lui devais rien, puis que j’avais concouru à lui rendre la vie. Cependant, si je pouvais le protéger contre les attaques de Xël, il deviendrait mon ami. Je comprenais sa requête, mais je préférai jouer franc jeu avec lui et ne pas lui promettre ce que je ne pouvais lui offrir.

« Xël n’est plus celui que j’ai connu...il n’est plus le naïf orphelin...je naï aucune influence sur lui. Et je crains de ne pas être à la hauteur pour le combattre et pour vous protéger .Et puis vous avez plus d’un ennemi...Jorus n’est pas un gros obstacle, mais les autres si. Et puis j’ai déjà fait une promesse à Egregor, il pourrait avoir conflit d'intérêt. Par contre, je vais faire mon possible pour raisonner Xel et l’empêcher de vous approcher. Mais Silmeria sera sans doute plus efficace que moi...J’ai discuté avec Eaeria et j’ai su que tous les habitants d'Esseroth ont des pouvoirs...même si les vôtres sont arrivés tard...quels sont-ils ? Ont-ils rapport avec votre capacité de faire des créatures ? Enfin, ce qui m'intéresse plutôt cest la forme que peut prendre votre aide ? »

Il comprit mon hésitation et m’enjoint à faire mon possible. Puis sans que j’en comprenne la raison et il tendit sa main droite. Je vis aussitôt mon bras se tordre, pénétrer dans mon corps, et puis disparaitre. Puis, sous le retrait de sa main, mon bras reprit naissance. Chose curieuse, je n’avais ressenti aucune douleur. Je ne compris son geste seulement après, lorsqu’il me dit qu’il maniait les chairs. Il me somma également de ne plus l’associer aux esserotheens, il n’avait plus rien à avoir avec eux.

Après qu’ils l’aient renié et surtout suite à la mort de ses parents, je compris aisément que c’était à son tour de les ignorer. Il précisa ensuite que ses pouvoirs ainsi que ses nombreuses créatures pourraient nous aider grandement. Mais comment je lui demanderai de l’aide, une fois là-bas ?

« J'ai bien compris votre avertissement. Et si je veux faire appel à vous une fois que je ne serai plus ici comment je pourrai y parvenir ? »
Surpris de ma question, il me répondit que je devrai aller le chercher ou envoyer un messager.

« Je croyais que vous pouviez communiquer via vos créatures. »

Voyant qu’il ne répondait pas à ma remarque j’enchaînai

« Et quel est la direction que je dois prendre pour me rendre à Elscar ‘Olth ? »

Sans un mot, il me pointa l’est.

Je le remerciai d'un signe de tête, puis sans tarder, je courus le plus vite possible vers la cité demandée.


Il était plus rapide de se rendre d’un lieu à l’autre en temps qu’esprit, mais o combien plus agréable de posséder un corps, de ressentir les muscles se contracter, de sentir le contact du sol sous les pieds. Et surtout, ne pas être invisible aux yeux des autres et pouvoir interagir avec eux.

Je n’étais pas encore arrivée à l’entrée de la ville que j’y vis un embouteillage de monstres. Lorsque nous avions discuté avec le jumeau qui gardait la cité, il nous avait bien dit que les bestioles étaient attirées par le faisceau lumineux. Honnêtement, je n’avais jamais pensé qu’il pourrait y en avoir autant.

Utilisant mes yeux composés d’insectes je vis les mages aux portes de leur ville tentant de repousser les assaillants. Je décidai donc de me rendre là en premier afin de leur prêter main-forte.

Je fis donc face à une centaine d’étranges créatures quadrupède de la taille d’un gros chien. Une tête circulaire munie d’un bec d’oiseau surmontait de minces pattes chitineuses blanches. J’arrêtai là l’observation pour me mettre immédiatement à l’action.

Arrivant dans leur dos, j’empoignai la tête du premier à ma portée à l’aide de mes quatre mains puis je le balançai dans la masse de ses congénères. Ayant attiré l’attention sur moi, je levai ma grande queue musclée à l’horizontale, et puis gracieusement telle une ballerine, je fis quelques rotations sur moi-même, mon appendice caudal assommant plusieurs individus à la fois. Puis, utilisant ma queue comme appui au sol, je repoussai les bestioles qui m’attaquaient à l’aide de puissants coups de pieds. J’enchainais cabrioles, coup de griffe, coup de pied et coup de queue, lorsque je sentis un immense vague d’air me frapper de front, je n’eus que le temps de me sentir tomber à la renverse que mon âme quitta ce corps.

Au-dessus de ce dernier, je le regardai un petit moment, j’aurais aimé pouvoir profiter un peu plus de ce corps athlétique. Je levai ensuite mon regard pour m’apercevoir que toutes les bestioles chitineuses étaient décédées. J’aperçu alors au sol, le seul survivant visiblement amoché : Xël. Et puis, une espèce de gros golem filer dans sa direction.

Je devais intégrer vite un nouveau corps pour le protéger. Je levai les yeux au ciel et je vis quelques énormes lézards volants dont la grande bouche comportait des centaines de dents. Je filai donc vers eux. Et sans scrupule cette fois, j’entrai dans le corps du plus gros bien décidé à écraser son âme.


((( Mathis file jusqu’à cette bestiole pour la posséder )))

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Jorus Kayne
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Re: Lande Noire

Message par Jorus Kayne » ven. 30 juin 2023 22:11

Si je suis capable de prendre le contrôle pour parler, même faiblement, je n’ai pas la possibilité de faire davantage. Un noir total m’enferme, sans comprendre ce que c’est, comment c’est venu, par qui, ni même si je suis la seule cible ou si tout le monde a été pris avec moi. Une sorte de cadeau surprise offert en un gros lot, même s’il paraît annonciateur de mort, une fois de plus. Cependant, ce n’est là aucunement la fin. La lumière nous revient nous offrant une scène des plus incroyable et pour moi, une vision indéfinissable.

Grâce aux capacités de mon hôte, je continue de percevoir le monde différemment et je m’en serais plutôt bien passé. C’est une marée, que dis-je un océan d’âmes qui se meut dans un même mouvement, une vague immense qui ne fait que déferler sans cesse sur les ruines de la cité d’Elscar’Olth. Je perçois également un conflit à ses portes, des êtres qui luttent pour leur survie, très certainement les sorciers de la Lande Noire, luttant avec ardeur contre ces êtres. Nul doute qu’il s’agit-là d’une armée avide de chair et de sang, mais dans quel but ? Massacrer les sorciers ? Conquérir ce territoire ? Posséder le trône de la Lande Noire ou le corps du Titan ? Tant de questions m’assaillent à présent, de même que la soif et la faim qui me pousseraient à un déferlement de violence pour un simple bout de pain et un fond d’eau.

Cependant, il y a un autre point à prendre en compte dans cette situation particulière : mon colocataire. Particulièrement affecté par ma présence, sa proximité avec les innombrables âmes et le conflit qui se déroule devant nos yeux. Ma présence le frustre, comme une preuve de son incompétence. Mais ce que je sens aussi, c’est sa peur. Il paraît complètement perdu par la situation actuelle me hurlant en pensée de partir, de quitter ce corps, prenant la première âme venue et clamant qu’il n’a rien à faire sur un champ de bataille.

Ils sont...si nombreux !" Comme lui, je suis perdu, apeuré. Cependant, j’ai déjà connu les horreurs de la guerre et la terreur en ayant affronté Oaxaca, personnification de ce qu’il peut y avoir de pire dans la guerre. Je ne suis pas pour autant immunisé par cela, mais je sais que ce que je ressens, viens davantage de mon camarade que de moi, me permettant de me…nous reprendre en transmettant ma volonté de me ressaisir à mon colocataire. "Chacun est libre ou non de participer à une bataille ou non. Contrairement à toi, je vais protéger ceux qui sont ici. Cependant, j'ai besoin de mon propre corps pour cela ! Tu as voulu mettre mon âme dans le corps d'une de vos créatures, tu pourrais mettre mon âme dans mon corps d'origine ? Nous avons déjà tenté de le faire, mais en vain, nous les traversons tout simplement."

Il me rétorque n’être capable que d’alimenter les golems en âme, dont un est avec nous ici. Puis, après m’avoir demandé où se trouvait mon corps, il m’interdit de mettre le sien, propriété précieuse de son peuple, en danger.

(La vie de ces sorciers m'est toute aussi précieuse, de même que le corps de camarades, présent dans la tour, qui ont subi le même sort que moi. Hors de question que je m'esbigne. Il fallait y réfléchir à deux fois avant de mettre les âmes de n'importe qui dans vos golems !)

Autour de moi, mes compagnons s’agitent. Xël le premier déclare au golem présent à ses côtés que son corps se trouve dans la cité et que le portail qu’il vient d’ouvrir lui permettra de le rejoindre. S’il ne compte pas s’en servir, le maître des portails compte bien être présent dans ce conflit.

(Le golem ? Son corps ? Mais c’est…Ce golem-là, son âme,...bordel tu t'es servi d'un des miens pour vos fichus golems !"

La colère monte en moi, une émotion qui se nourrit de ma frustration de n’être qu’inutile depuis ma mort et que nous ne sommes que des ressources aux yeux des vivants.

(Écoute-moi bien, et avec une attention toute particulière. Tu n'es qu'un jean-foutre qui se moque de l'existence d'autrui pour ton intérêt et je suis à présent à deux doigts de te faire subir le même sort en affrontant cette armée avec ton corps ! Si tu veux espérer retrouver les tiens, tu vas devoir vite apprendre à faire à mon corps ce que tu as fait aux golems !)

Cependant, il va me falloir expliquer la situation aux miens. Les golems oeuvraient contre Yliria et compagnie, et que ces golems étaient l’œuvre mon colocataire. J’en conclus sans trop de peine que mon hôte était un adversaire avant d’être mon réceptacle. Forçant le contrôle sur mon corps, je vais m’avancer vers le golem, le centre de l’attention actuelle.

"Les gars, je sais que ça va paraître bizarre, mais c'est nous, enfin c'est moi, c'est Jorus. On est deux dans ce même corps, c'est...pas évident à vivre...comme de voir ça." Dis-je en pointant la horde de la main la plus fine. "Akihito, c'est bien toi dans ce golem non ? Je sens qu'on va avoir besoin de notre magie et j'ignore si mon colocataire est en mesure de le faire. Mais ce qui est sûr c'est qu'il nous...me sera très compliqué de me...nous battre ainsi. Sauf si le Sans-Visage peut remédier à cette situation !"

Si le golem acquiesce à mes propos, hélas, le Sans-Visage ne semble pas réagir. Je sais qu’il me voit, au travers de mon enveloppe de chair. Je sais qu’il est en mesure de me rendre à mon corps, mais celui-ci s’y refuse visiblement. Est-ce là, la conséquence de la mort de son frère ? Lui qui avait tout fait pour tenir les siens à l’écart de ce monde, il ne les a cependant que fait s’endormir. Est-ce parce qu’il était incapable de plus, ou simplement qu’il ne pouvait se résoudre à un tel acte envers les siens ? Toujours est-il que par son inaction, il ne me reste plus qu’à espérer retrouver mon corps par les pouvoirs de celui qui je partage. Avant de partir sur le champ de bataille de nouveau équipée d’ailes, Yliria s’approche de moi.

"Je suis contente que tu sois de retour. Meurs pas à nouveau, une fois m'a suffi."

Ces mots, ces simples mots adressés à moi depuis…depuis ma mort, me donne une force nouvelle, prenant sa source d’une envie de vivre comme jamais auparavant. Je n’en comprends pas la raison, mais si par habitude je tiens à éviter de froisser l’enchanteresse, capable de ravages dévastateurs, cette demande trouve en mon instinct de survie une réponse favorable. J’aimerais lui faire un signe, ou même lui dire un mot, mais je ne parviens pas à prendre pleinement le contrôle de mon…notre corps. Si ce bref échange m’a été agréable avant d’engager les hostilités, mon colocataire refait surface, m’expliquant que ses pouvoirs lui ont échappé, il ne comprend pas comment Akihito et moi-même nous nous sommes retrouvés respectivement dans les corps d’un golem et du sien. Puis il enchaîne, me menaçant que je n’ai pas pleinement le contrôle sur ce corps et qu’à la première occasion, il nous fera tuer tous les deux, les siens s’occupant de son âme restante. N’avait-il pas dit que son corps était précieux ? Puis, il tente de me chasser une nouvelle fois. Une tentative qui m’agace plus qu’autre chose car lui autant que moi, sommes incapables de repousser l’autre.

(Une fois que j'aurais quitté ce corps, tu feras quoi, t'y as pensé ? T'es en capacité de retourner chez toi sans avoir à te frayer un chemin de sang ? Aide-moi à retrouver mon corps et je te ferais repartir auprès des tiens. N'as tu pas dit que ton corps était précieux ? C'est ta seule chance pour qu'il ne lui arrive rien. Moi, je suis mort de nombreuses fois déjà, tu sais que je dis vrai. Je suis plus à une prêt ! Je ne peux t'aider que si tu m'aides en premier. T'en dis quoi ?)

Il me rétorque que j’en suis tout bonnement incapable, un peu comme cette tentative de dialoguer. Pas d’une chose en particulier, mais de simplement tout. Cependant, il s’inquiète d’une chose. Plus longtemps nous serons à deux et plus nos âmes de rongerons l’une l’autre jusqu’à ce que la plus puissante l’emporte. La sienne prétend-il, de sa volonté infinie. Qu’elle blague. Au moins à défaut de pouvoir interagir avec les autres, il me laisse prendre le portail. Une chose est claire, je serais incapable de me battre en étant coincé dans ce corps, opposé à une âme qui s’y refuse catégoriquement. Pour l’heure actuelle, je ne suis capable que de me déplacer avec celui-ci pour retrouver mon propre corps et ainsi, participer à l’affrontement. Vaincre ou périr, mais ensemble, unis dans un même but pour une fois.

J’arrive au travers du portail, m’approchant davantage de mon objectif. Ma présence surprend Bellarien qui me hurle de savoir qui je suis, ainsi que ce que je compte faire, tout en maintenant une magie formant des boucliers aux siens. Une réplique que mon colocataire et son sale caractère ne vont pas apprécier.

(Laisse-moi gérer sinon on a aucune chance de se séparer.)

Oui, mieux vaut que je garde le contrôle des échanges avec les sorciers, même si Bellarien ne m’aime guère, il aimera encore moins mon double.

"Trop longue histoire Bellarien. Pour faire court, il y a deux âmes dans ce corps. La première cherche à retrouver son corps sans âme gardé dans la cité pour vous prêter main forte, la seconde espère se séparer de la première et foutre le camp d'ici. Pardonnez-moi de ne pas rester, ce corps n'est d'aucune utilité face à cette horde !"

Or, Bellarien ne souhaite visiblement pas qu’un Ouessien passe ainsi dans l’enceinte de la cité, alors qu’un conflit hurle à l’extérieur. De plus, il me défend d’atteindre les corps, protégés par les sorciers. Cependant, il perd sa concentration pendant qu’il me répond et il rage en voyant un des siens se faire dévorer par des chiens rouges. Clairement, il n’a pas la possibilité de m’empêcher de passer.

"BELLARIEN !" Fais-je en hurlant. "L'heure n'est pas à vos petites guéguerres entre cités ou à débagouler des sottises ! Vous avez besoin de toute l'aide disponible ! Ce corps ne sert à rien dans une bataille, son véritable hôte est terrifié, incapable de quoi que ce soit et vous, vous n'avez pas la force de me retenir. Protéger les vôtres est votre faix, vous aider est notre devoir et notre choix. Les miens se battent, au prix de leur vie pour vous. Laissez-moi rejoindre mon corps pour me joindre à vous. Vous nous haïssez depuis longtemps, aujourd'hui, il faudra avoir foi en nous !"

Malgré mes propos, je comprends l’attitude de Bellarien, ce qui m’enrage d’autant plus.

(Et toi, tu as intérêt à vite trouver comment mettre une âme dans autre chose qu'un golem !)

Cet idiot ne fait que m’agacer encore et encore, prétextant que je ne vais que nous faire tuer par ceux de l’intérieur, ce que je doute fort au vu de ce qui se trouve à l’extérieur. Il continue sur le fait qu’il ne peut user sa magie uniquement sur ses golems, même si je doute qu’il ait un jour déjà essayé sur autre chose. Selon lui, je n’ai qu’à me trouver un golem et si je n’aime pas ma situation, je n’avais qu’à me laisser faire à Nagorin. Ben voyons. Cependant, sa hargne ne cesse de déteindre sur moi lorsque je lui réponds tout en continuant ma course.

(T'as intérêt à vite apprendre ou à trouver une solution parce que si on n'arrive pas à arrêter ce flot, t'y passe aussi. On sait rien de ces choses, ni même si elles peuvent ou non atteindre les âmes !)

J’espère ainsi trouver une source pour l’unir à mon objectif, cherchant ainsi à la pousser dans mon sens, plutôt que de les briser sévère au moindre pet de travers. Le chemin est particulièrement cahoteux et les accès sont juste assez déblayés pour être praticables. J’arrive ainsi à une intersection et trois choix s’offrent à moi : à droite, tout droit et à gauche. J’arrive ainsi dans la salle qui accueille les blessés et le nombre de personnes au sol a de quoi me faire froid dans le dos dès les premiers pas. J’éprouve cependant une brève joie de voir Zacara en vie et auprès des blessés, mais une vision efface cette petite brise de gaieté, pour une inquiétude grandissante. Teruki est au sol et sa femme à son chevet. Le revoir ainsi me rappelle notre première rencontre à Fan-Ming et son sauvetage in extremis.

"Teruki !" Fais-je tout haut, avant de me porter à son chevet immédiatement après. Sachant déjà la réaction de sa femme, j’interpelle Himeka qui va s’interposer dans l’instant entre lui et moi. "N'ayez crainte dame Himeka, c'est moi, c'est Jorus ! Je sais, je passe du corps d'un dragon à celui d'un Ouessien, mais on n’a pas de temps ! Comment va-t-il ?"

Elle me répond qu’il vivra, avant de s’étonner de mon corps et de la raison pour laquelle je ne me bats pas actuellement. Effectivement, je vois Teruki endormi, paisiblement. Ses blessures sont nombreuses et les plus graves ont été soignées, le laissant loin de l’emprise de la mort. Nul doute qu’il s’est battu avec ardeur et héroïsme. Je porte ensuite mon attention sur Zacara, accablé par la fatigue. C’est sans avoir recours à la magie qu’il soigne les blessés. Le voir ainsi me tiraille le cœur, car je sais que s’il n’use pas sa magie, c’est qu’il est à bout de force et en proie à des tourments qui laisseraient n‘importe qui sur le carreau. Pas lui. Il reste, perdure dans son rôle auprès des siens, même si lui-même aurait besoin d’une attention toute particulière.

"J'aimerais pouvoir me battre, mais ce corps et son véritable propriétaire n'en sont pas capables. Il me faut à tout prix retrouver mon corps pour en reprendre possession. Où se trouve-t-il à présent ?"

Agressé une nouvelle fois par mon colocataire, Himeka se tourne vers Zacara, prétextant que nos corps sont à l’abri, même d’elle et de Teruki. Ayant entendu notre conversation, Zacara porte son attention sur nous.

"Vous avez l'air tout indiqué pour donner un coup de main, pourtant." Sa remarque est accompagnée d’un léger moment de silence, avant d’enchaîner sur une autre toute aussi savoureuse. "Que sait-il faire alors, ce corps ? Vous ne pourriez pas jeter un œil aux blessés ?"

J’aimerais rire intérieurement, mais je suis affligé par le comportement de mon double qui s’insurge en saisissant dans ces propos une insulte à son égard.

(Du calme, Zacara est ainsi. Ne cherche pas querelle là où n’y a rien !)

"Vos mots ne cesseront jamais de m’amuser Zacara, mais celui avec qui je partage ce corps moins. Sur mon corps originel, j’ai de quoi vous redonner toute votre vigueur et des potions pour les soins les plus graves. J’espère être en mesure de le réintégrer, même si mon double prétend en être incapable. Peut-être avez-vous eu l’occasion d’user de vos pouvoirs pour sonder nos corps sans âme ? Akihito a eu l’occasion d’essayer de prendre possession de son corps, en vain. Il nous manque quelque chose pour y parvenir."

Hélas non, les corps ont bien été soignés pour ceux qui en avaient le besoin, mais ils sont à présents dans ce qu’il appelle des capsules protectrices de Visselion, dans un lieu auquel je n’ai pas accès. J’ignore de quoi il retourne, mais je n’aime déjà pas ce que sont ces capsules. Il a également eu vent de la tentative d’Akihito, indiquant que c’est une vaine tentative, avant finalement me demander ce que je suis prêt à faire pour récupérer mon corps.

"Tout Zacara ! Tout !" Fais-je simplement. Comme si la solution pour récupérer mon corps allait me tomber comme ça sur le coin du bec. En même temps, que puis-je faire d’autre ?

Selon lui, dans ce cas, j’ai peut-être une chance. Puis, clamant que Visselion va vouloir sa tête, il m’oriente dans la direction où se trouvent nos corps, me redonnant ainsi un nouvel espoir. Un être de plus sur le champ de bataille sera toujours un atout supplémentaire, un plus capable d’user d’une magie terriblement puissante si elle est contrôlée. Je pourrais ainsi sonner la contre-attaque des sorciers d’Elscar’Olth au lieu de subir les assauts sans fin. Et au milieu de la masse grouillante d’ennemis, un nouvel adversaire, heureux d’avoir retrouvé son corps : le retour de Jorus.

"Si on n'agit pas rapidement, vous pourriez bien être le dernier protecteur de vos patients ! Merci Zacara. Dame Himeka venez avec moi ! Il y a sur mon corps de quoi sauver les sorciers et votre époux !"

J’espère que ces simples mots la pousseront à me suivre. Je n’ai guère le loisir à palabrer, trop de temps à déjà été perdus. Je me précipite sur la voix donnée par Zacara, suivi de près par Himeka. L’espoir de guérir son mari a peut-être été le déclencheur suffisant. Cette femme ne m’a pas laissé une bonne première impression, mais il est clair qu’elle tient à son mari, au péril de sa vie s’il le faut. Je reviens sur mes pas et prendre la gauche cette fois-ci et à droite à l’intersection suivante. Nous arpentons un escalier sordide et au bout du dernier passage, ce que je perçois nous y invite, mais ce n’est guère accueillant. L’endroit où nous débouchons ne prête pas vraiment à un banquet de liesse. Je vois les fameux cylindres, dont des formes humanoïdes, et d’autres inconnues, baignent dans un liquide, une vision tout ce qu’il y a de plus flippante. L’image me rappelle presque Orsan. Nous sommes cependant arrêtés par une voix mécontente que peu importe qui nous sommes ou prétendons êtres, nous n’aurions jamais dû être présents en ce lieu. Le cornu, cette charmante personne, vient se présenter à nous, gardien des êtres immobiles. Il dégaine une lame en main dont la lueur presque trop similaire à celle qui émane du sceau principal, m’invite à la plus grande prudence s’il venait à m’attaquer.

(Ha punaise lui, je me disais aussi que je l'avais pas vu encore !)

"Pour commencer, je ne prétends pas, je suis Jorus, du moins son âme. Un de ces corps m'appartient, j'ai donc toute la légitimité de venir me présenter pour le réclamer. Je partage ce corps avec l'ouessien qui en est le propriétaire et quelqu'un ayant le pouvoir de déplacer les âmes. Que sont ces choses dans lesquelles vous avez mis nos corps ?"

J’entends mon colocataire presque apeurée en voyant la lame sortie. A croire qu’il n’a participé dans ses ordres de troupes d’aveugles que depuis l’extrême arrière-garde. Le gardien cornu, demande des preuves de mon identité, prétextant que c’est ainsi qu’un ennemi chercherait à nous nuire. L’intervention d’Himeka permet d’apaiser la tension, prête à assumer la responsabilité des conséquences. La remerciant, j’ai ainsi le loisir d’observer les différents corps, jusqu’à enfin trouver le mien. J’apprends qu’il est baigné dans un liquide qui le protège des interventions extérieures et maintient son état.

"Si cela peut vous rassurer, à notre première rencontre, vous m'avez dit que j'ignorais tout de la Lande, lorsque j'ai mentionné n'avoir jamais entendu parler d'être de votre espèce. Je n'avais de connaissance des résidents de votre cité que les shaakts d'Oaxaca, avant de nous laisser discuter, moi et Visselion." Grâce à ma perception particulière, je n’ai pas besoin de forcer si le liquide obstrue la vue d’un œil. "Voici le mien ! Pourriez-vous y extraire mon corps je vous prie ? Il n'y a que nos corps ou nos effets personnels à notre mort à l'intérieur ? Je possède un élixir qui ferait grand bien à Zacara !"

Il explique que seuls nos corps sont ici, le reste des affaires étant dans un coffret sous le tube. Actionnant un levier près de la capsule, je perçois le liquide disparaître, laissant mon corps vivant, mais dénué d’une réelle vie, même s’il ne semble pas avoir perdu de sa tonicité. Une bonne chose lorsque je l’aurais récupéré. Néanmoins, me voir ainsi me…perturbe. Je ne perds pas de temps à chercher le fameux coffre, fouillant la précieuse gourde, ainsi que mon bijou, dont le contenu à lui seul vaut tout ce déplacement. A l’intérieur, ma faéra qui n’a plus donné signe de vie depuis notre retour de Fan-Ming.

"Je te demande pardon, je t'ai promis que nous ne serions plus séparés et je m'apprête à le faire encore !"

Je la sens et je sais aussi qu’elle perçoit mon double dans ce corps, la rendant tout bonnement incapable de me répondre. Je me tais sur la raison de ces paroles, gardant le bijou avec moi. La salive d'Aetheris est présente avec des doses de brise-magie et il serait dommage de se tromper. Je prends ainsi une autre gourde, celle contenant mes potions de soins les plus puissantes pour l'y vider.

"Himeka, prenez ceci. A l'intérieur se trouve de la bave d'un homme nommé Aetheris. Allez donner ceci à Zacara. Je sais c'est... répugnant, mais cela va redonner à Zacara la force de guérir à nouveau. C'est dans le cas où je ne parviendrais pas à reprendre possession de mon corps. Il y a également quatre potions pouvant guérir les blessures graves et quatre autres plus puissantes encore. Dites également à votre mari que sa sœur l'aime. Elle est morte en paix en défendant ses valeurs et son peuple. Elle compte sur lui pour faire revenir les ynoriens de Yuimen pour reconstruire ce qui a été perdu. Tel est le message qu'elle m'a laissé pour lui. Ce message vous le confie à présent. De même que ceci."

Je lui tends mon bijou, dans un geste protecteur, portant tout l’amour que j’ai pour Ysolde.

"J'y tiens plus qu'à ma propre vie. Soyez-en la gardienne jusqu'à mon retour !"

Himeka me regarde de façon étrange, mais c’est tout ce qu’il y a de plus normal quand on ignore ce que je sais et que oui, j’ai conversé avec l’esprit défunt de sa belle-sœur. Ne perdant pas un instant, elle quitte les lieux pour retourner auprès de son mari et Zacara, après avoir acquiescé à mes dernières paroles. Du moins de ce corps, je l’espère. Le message du royaume des morts est transmis. Les potions pour sauver des vies ont été données et ma faéra est enfin entre des mains protectrices. Il ne me reste plus qu’à la dernière partie : réintégrer mon corps. Rien de plus facile quand on est un esprit complètement intangible ! Pourtant, la crainte de voir mon colocataire se retourner contre nous m’inquiète, d’autant plus qu’à présent, plus rien ne me retient de m’extraire de ce corps d’après les termes de ma propre proposition. Il cherche à nouveau à m’expulser et je sens qu’une résistance entre nos âmes se fait, comme si elles commençaient à s’unir l’une à l’autre. Cependant, avant de partir, je tiens à une dernière mise en garde orale, pour que le cornu soit aussi témoin de ce qui va se passer.

"N'oublie pas que si tu souhaites retourner auprès des tiens, il nous faut survivre tous et cela pourrait bien passer par la réintégration de mon corps. Si j'apprends que tu as attenté aux vies des personnes présentes, pendant que nous nous battons, aucun lieu en ce monde ne saura te cacher de moi !"

A ces mots, je m’extrais avec une véritable difficulté. J’ai occupé ce corps bien assez longtemps et c’est à la limite où nos âmes auraient fusionné, que je parviens à sortir par un effort de volonté. Sans attendre, son rayon bleu m’atteint et me projette avec force sur mon corps, en vain. Mon esprit cogne encore et encore contre ma forme de chair, comme si elle était faite de la plus dure roche au monde. L’ouessien arrête finalement ses tentatives, demandant au cornu s’ils n’ont pas un golem sous la main.

Clairement, c’est un échec et des plus désastreux. Même si j’ai fait tout ce qui m’était possible à faire en cas d’échec, cette incapacité à réintégrer mon corps me brise l’esprit. Je suis incapable de rejoindre mes camarades, me battre à leurs côtés comme avant, ne faire plus qu’un avec ma faéra, ressentir encore l’ardeur de vivre. Qu’ai-je fait pour échouer ainsi ? Pourquoi ne puis-je pas y arriver ? Pourquoi ? Mes pensées et ma frustration se tournent vers le seul être qui peut changer cela. Encore faut-il qu’il en ait l’envie.

Je hurle, aussi fort et aussi inutilement qu’un esprit puisse faire, frappant mon corps dans la plus futile des manières.

"Pourquoi ? Sans-Visage, pourquoi ? Une partie de vous a permis à Vallel de posséder ce pouvoir sur les âmes, de manipuler les esprits avec la même facilité qu’il le faisait avec la chair. Mais pourquoi n’acceptez-vous pas de m’aider ? Qu’ai-je fait pour ne pas pouvoir me battre aux côtés des miens, de retrouver celle qui est une partie de moi ? Pourquoi ? POURQUOI ?"

Mes poings traversent mon être rendant une image de moi des plus pitoyables. Des vaines tentatives qui démontrent la détresse et le désespoir qui me submerge. Ma forme intangible ne trouve aucune résistance face à ce corps qui était il y a quelques secondes, plus résistant que la plus dure des roches. Une idée me vient, presque sotte, nourrit au cœur du maëlstrom d’émotion qui m’étreint. Je me tourne vers l’ouessien et sa grande main pour capter son attention. Je me déplace pour que mon âme épouse du mieux possible mon corps et fait signe à mon ancien camarade de corps d’agir à nouveau.

"Si on ne peut me transférer à l’intérieur de mon corps, peut-être cela marchera-t-il si mon âme y est déjà !"


Mots : débagouler, faix, jean-foutre,

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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » sam. 1 juil. 2023 01:36

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

37 : Pandémonium.

Ssussun n'eut pas le temps d'agir, pas plus qu'Yliri. Avait-elle même compris ce que lui demandait l'enchanteur ? Rien n'était moins sûr. Ce qui l'était, en revanche, c'était qu'armures comme hommes aux yeux bandés n'étaient plus un problème. Car à l'instant où Xël prononça le nom de la cité des sorciers, le paysage autour de lui se déforma subitement. Son nouveau corps ne put lui transmettre qu'une partie des sensations, noyées dans la douleur permanente qui s'il arrivait à s'y accomodé, continuait de parasiter ses autres sens. Mais il sentit très bien son corps se soulever un bref instant par un force supérieure tandis que tout devenait noir... Avant de se sentir retombé, dans un décor à peine plus lumineux. La Lande Noire. Elscar'Olth. Ses mages, son Titan ailé mort... Ses centaines de créatures toutes plus cauchemardesques les unes que les autres assaillants la cité.

(Mais qu'est ce que...?!)

Peu importait la raison de son déplacement soudain, sans doute un tour l'aéromancien ou de son ami Sans-Visage. Ce qui était urgent, à l'heure actuelle, c'était le combat qui se déroulait en contrebas, quelques centaines de mètres au loin. Les survivants sorciers s'opposaient à une horde de bêtes : certaines évoluaient par meutes entières, véritables groupes lupins rouge sang qui tentaient de briser par leur nombre la formation défensive désespérée des sorciers; d'autres, plus forts, n'avaient pas besoin d'être en nombre pour être menaçants ; ces créatures tentaculaires lançant des volutes obscures, ces espèces de gargouilles sans yeux massives et puissantes, ou encore cet immense crâne cornu émergeant des ténèbres nuageux, annonciateur d'une bête au moins aussi imposante que le Titan mort... Qu'est ce qu'il pouvait bien se passer, bon sang ?!

(Ahahahah, Aki, mon cher Aki, crois tu qu-)

Le lien unissant l'Ynorien à sa Faëra se coupa brusquement, aussi brusquement que le saut d'Yliria de son épaule. La jeune femme avait-elle récupérée son pendentif après sa m... Sa disparition ? Probable, mais surtout une question qui était de troisième importance au mieux. La première importance, c'était d'aller aider les sorciers. Alossarh avait beau user de ses brasiers azur, Visselion avait beau se battre comme un beau diable, les pauvres habitants n'allaient pas tenir le coup : il devait les aider.

(Non, je veux les aider.)

Devoir, vouloir. Une sombre question de sémantique que le Protecteur ne se serait pas posé avant et qui avait fait son chemin après des heures (des jours, des mois ?) à réfléchir dans Jesuir. Mais la deuxième question d'importance, c'était de savoir comment. Car dans son état, parcourir la distance le séparant de la mêlée était bien trop importante pour qu'il puisse la franchir avec son corps affaiblit. Ou du moins, il serait bien trop lent pour pouvoir aider qui que ce soit.
Il devait être soigné, ou réparé, peu importait le mot qui était le plus approprié à la situation. Problème, il n'avait ni ses potions sur lui, ni accès à sa magie. La seule chose qui lui restait, c'était de faire appel à ses compagnons.

(EH. Vous. Pouvez. Réparer ça ?)

Lever la main, l'agiter, puis pointer ses entrailles sectionnées. Sans paroles, il n'avait plus que le langage des mains pour se faire comprendre. Si Xël rétorqua qu'il allait ouvrir un portail vers son corps meurtri et blessé pour qu'il en reprenne la possession -une intention louable, mais vaine-, Yliria répondit néanmoins à sa requête. Lui jetant un long regard métissée d'émotions contraires, elle finit par apposer ses mains sur son plastron, aidé de son poisson de lumière. Au sein de la mer de douleur diffuse, une sensation de bien-être ténue mais bienvenue vint : les câbles se ressoudèrent, sa mobilité revint. La mage blanche avait de nouveau fait des merveilles, et sans plus de possibilités d'expressions que ce qu'il aurait voulu, il ne put que lever un pouce à son encontre pour exprimer sa gratitude.

(Merci, Yli.)

Pendant qu'elle le retapait, Dracaena qui avait aussi été transporté se mit à déblatéré tout un tas d'informations incohérentes quant à sa protection de Maïssa. La jeune archèr edu désert, pour qui il aurait donné sa vie quelques instants plus tôt... Et ce sentiment avait disparu. Un sentiment apparu en même temps que son cri désespéré. Alors c'était ça, son pouvoir ? Assouvir à sa volonté et obtenir l'obésissance de tous ceux qui entendait sa voix ? Un destin peu enviable, de l'avis d'Akihito. Mais c'était aussi une marque de confiance : la réticence de Maïssa à parler et donc user de son pouvoir la désignait comme une personne bien intentionnée. Du moins, en apparence.
Pour ne rien rajouter à la confusion, une autre personne s'était retrouvée transportée. L'Homme bandé à la main mécanique, qui avait essayé de l'absorbé. Et il se présenta comme... Jorus, qui avait pris possession du corps de l'homme. Ou du moins, essayait. Cela lui rappelait ce qu'il avait appris sur la possession de corps par des âmes errantes : les deux âmes se battaient et seule la plus forte survivait, absorbant la deuxième. Jorus allait-il s'en sortir ? Rien n'était moins sûr. Et sans moyen de communiquer efficacement, chercher à en savoir plus allait s'avérer plus laborieux qu'utile.

Pointant du doigt le champ de bataille, Akihito se lança d'un pas lourd prenant rapidement de la vitesse à la suite de l'Oudyo. Seul l'enchanteur savait la nature de son pacte avec le Dragon Noir. Lui en voulait-il ? Pas Vraiment. Lui faisait-il confiance pour autant, alors que le charme de l'archère était vraisemblablement rompu ? Pas vraiment.

« Aki, mon pote, c'est vraiment toi ? Sympa l'nouveau corps. Pas aussi sexy que moi, mais sympa! »

(... Non. C'est visiblement toujours le Dracaena que je connait.)

Alors qu'il courrait à côté de lui, leurs longues enjambées avalant les mètres, Akihito dressa une nouvelle fois son pouce à l'encontre cette fois ci de l'Oudyo, en signe d'acquiescement. Mais était-il digne de confiance ? Libre de ses mouvements, après son pacte ? Il esquissa une série de signes, espérant se faire comprendre.

Il pointa donc l'Oudyo. (Toi.)

Puis sa tête. (Ton esprit).

Il croisa ensuite les poignets dans un tintement métalliques, comme deux mains prises dans des fers. (Tu es prisonnier...)

Avant de terminer par deux mâchoires formées par ses mains se refermant. (Du Dévoreur d'âmes ?)

« Ma tête... des dents... Ah, "est ce que le gros trucs bouffeur d'âme contrôle ma tête ou pas?" Non, ni ma tête, ni mes pensées. Mais j'suis pas libre pour autant...
S'compliqué à expliquer, mais même si j'peux agir ou penser comme je veux, j'ressens au fond d'mon âme... qu'à n'importe quel moment il pourrait juste m'anihiler. Donc faut qu'j'la joue fine, faut qu'j'la joue fine... »


C'était une "bonne" nouvelle, et Akihito ne put exprimer son soulagement tout relatif qu'en mimant un épongement de son front du dos de la main, avant de se saisir de son épée. Leurs pas les menaient vers les créatures tentaculaires pourrissant les chairs de leur magie. Pour un Oudyo mort-vivant et une armure animée, le choix était tout trouvé.

« D'ailleurs m'dame Yliria, d'solé de tout l'cirque que j'vous ai fait plus tôt! S'pas facile d'vous aider sans s'faire chopper quand y a des toutous d'Brythagon dans la même pièce. J'ai fait mon maximun pour pas vous blesser. Mais là, tant qu'on a pas l'aut' bouffon bandé à gros bras qui nous colle, j'peux vous filer un coup d'main plus direct! Ah, et sincèr'ment, content d'vous revoir tous les deux ! »

Levant brièvement ses "yeux", l'Ynorien/armure vivante constata qu'une dizaine de mètres au dessus d'eux, se tenait Yliria. Arborant les mêmes ailes blanches que lors de son combat contre le Titan Noir, la guerrière volait au-dessus du duo, semblant leur prêter main forte.

« J'apprécie, mais j'aurai aimé que tu nous donnes un indice, on était prêt à te massacrer. Surtout Xel. Enfin, tout s'est presque bien terminé et je suis contente que tu sois en vie. Toi aussi Aki... »

Le ton douloureux de la semi-shaakte le fut tout autant pour l'Ynorien. Il luii rappelait qu'il n'était pas le seul à avoir souffert de sa mort... Et cela ne faisait que le questionner plus sur sa relation avec elle.

« Vos corps sont en sécurité et maintenu en état par magie. Dès qu'on a defonce tout ça, je vais trouver un moyen de vous les rendre. Alors faites rien de stupide, d'accord ?

- Kahahaha, j'vous ai donné le plus gros des indices: j'vous ai pas écrabouillé dès qu'j'en avais l'occasion. Et bon sang d'bonne sève, y en a eu des occasions! Et nos corps ont survécu? Hahaha, ça veut dire qu'une fois sorti d'cette prison, y a ptet vraiment une chance pour moi! Et toi aussi Aki! Kahahahaha, t'avais raison, elle abandonne jamais ! »

S'il avait pu sourire, nul doute qu'il l'aurait fait. A moitié gêné par la remarque, mais aussi fier d'avoir eu raison. En toute réponse, il ne put que se contenter de dresser un poing victorieux et combatif à l'encontre de la jeune femme, avant que le Dracaena hilare ne finisse par devenir sérieux.

« Dès qu'on arrive, laissez moi passer devant. J'sens pas la douleur, et autant qu'ce corps encaisse à vot' place.. »

Un message bien alarmiste, qu'Akihito aurait tenté de retenir en temps normal. Mais sans voix, distancé par les longues enjambées de l'arbre "vivant".

(Mais qu'est ce qu'il compte f-)

Une explosion. Non, une onde de choc explosa un peu plus loin sur sa gauche, là où il avait vu Xël se diriger. Une déflagration qui balaya tout sur son passage, balayant et pulvérisant les dizaines de créatures blanchâtres et horrifiques. Et au centre de l'impact, l'aéromancien. Qui s'écroula, sans vie. Ayant à peine le temps de réaliser ce qu'il se passait, une deuxième explosion eut lieu juste après, et bien plus proche. Plus ardente, plus démentielle dans sa visibilité. Une colonne de feu ardente qui réduisit en cendre tout ce qui se trouvait autour de son instigateur, Dracaena. Les créatures tentaculaires disparurent dans la fournaise, quand l'armure vivante qu'il était devenu protégea l'enchanteur de la majorité des dégâts, surchauffant à peine son blindage grêlé par une pluie de copeaux d'écorce incandescente.

(Drac...! Sombre crétin !)

Il avait pourtant dit et répété que la magie était dangereuse, qu'il fallait l'utiliser avec parcimonie ! Ou peut être qu'il l'avait utilisé sciemment, pour se défaire de l'emprise du Shinigami ? Vraiment ? Dans tous les cas, la menace était désormais écartée, et la présence de l'âme Oudio dans les environs n'était si une de ses priorités, ni quelque chose qu'il pouvait vérifier. Alors, que restait-il à faire ? D'un geste de la main, il essaya d'attirer l'attention d'Yliria pour lui indiquer le corps toujours immobile de Xël, mais cette dernière se rua en volant vers Maïssa, qui était aux prises avec les gargouilles imposantes et visiblement en fort mauvaise posture.

(Non, Yli, laisse moi faire ! Va plutôt sauver Xël, moi je peux pas utiliser ma magie !)

Seul un grincement métallique à peine audible sorti de sa "gorge", échappant complètement à l'attention de la semi-shaakte ailée. Sans aucun autre moyen de l'interpeler, ni même de la toucher pour attirer son attention tant elle volait haut, Akihito se résolut à tourner les talons et avancer vers le corps inanimé de son compagnon, au centre d'un cratère. Sur sa route, une dizaine de canidés sanguins tentèrent de le retenir, de glisser leurs crocs dans les fentes de son armure pour en sectionner les câbles; une vaine tentative. Moulinant de son épée dentelée imposante, Akihito ne fit pas dans le détail. Son rôle n'était pas de tuer, il était de se créer un passage. Si une créature lupine se mettait en travers de son chemin, elle se ferait hacher menue, tout simplement. Et c'est ce qui arriva à une bonne parite d'entre eux, quand un duo plus chanceux parvint à le prendre à revers et à sauter dans son dos. Leurs crocs eurent à peine le temps de se refermer sur ses câbles que sa pigne se referma impitoyablement sur la mâchoire et la brisa dans un craquement sec. Hurlant de douleur, le loup ne put qu'agonir de plus belle quand la poigne se referma sur sa mâchoire cassée pour saisir son corps et le balancer sur son confrère. Désarçonné; le second lâcha sa prise et fut envoyé roulé dans la poussière, non sans prendre un coup d'épée envoyé hâtivement à l'arrière au passage. Fut-il tranché ou juste étourdi, l'armure vivante n'en eu cure : tout ce qui lui importait, c'était la survie de son ami.

(Par Valyus...)

Même camouflé par son armure, il était évident de constater que le corps de l'aéromancien était brisé de toute part. L'onde de choc ne l'avait pas épargné, signe d'un sort de magie qui avait un peu trop bien marché. Le mage agonisait, sans l'ombre d'un doute. Et son seul espoir était une armure mouvante sans aucun moyen de guérison. Un claquement métallique se fit entendre tandis que l'enchanteur "serrait" les dents. Ce qui avait bien pu provoquer ce bruit lui importait peu : sans moyen de contacter qui que ce soit, il avait deux choix : laisser Xël mourir ici et aller aider d'autres survivants, ou tout faire pour le sauver au risque de l'achever dans son transport, mais pouvoir l'amener en sécurité.

L'hésitation ne dura qu'une demi-seconde. S'il doutait sur un choix, c'est qu'il devait le faire. Rangeant son arme dans son dos et rmassant aussi délicatement que possible le corps brisé de Xël, Akihito se précipita en direction des lignes des sorciers. Peut-être avait-il un soigneur capable de maintenir en vie le mage, d'ici la fin de la bataille... Ou peut être arriverait-il à se faire comprendre d'un des sorciers présents pour sauver son compagnon.


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HRP : se dirige vers les sorciers d'eslcar'olth en agitant une main et en pointant Xël reposant dans son autre bras. Tend une paume pour se montrer innocent.

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » sam. 1 juil. 2023 02:17

D’un foutoir à un autre. Le paysage devint flou et changea, devenant les plains d’Elscar’Olth. Et au lieu d’une cité en ruine silencieuse et calme, c’était une véritable guerre qui se déroulait devant nous. Des centaines de créatures aux formes diverses se jetaient à l’assaut des murs éventrés de la cité. On pouvait apercevoir les sorciers tenter désespérément de repousser l’invasion, mais c’était plutôt mal parti pour eux. D’où venait cette horde et pourquoi attaquait-elle la cité ? Une bonne question sur laquelle je pouvais toujours m’asseoir pour avoir une réponse, connaissant le seul capable de nous informer. Mais pour l’heure, action d’abord, question plus tard. J’avais grand besoin de me défouler et si c’était sur un tas de saloperie plutôt que sur cette andouille de Xël, c’était la meilleure solution. Une pierre trois coups.

Il se volatilisa d’ailleurs bien vite et incita Akihito – Et un Jorus manifestement enfermé dans un corps de chair avec une grosse main de métal… bizarre - à rejoindre son corps au plus vite. Le problème était qu’il n'y aurait plus de corps à rejoindre si on ne se débarrassait pas de ces saloperies en premier. Et visiblement il l’avait compris parce qu’il se mit à suivre Dracaena qui filait à toute allure vers des trucs… bizarres. Impossible de décrire un tel tas d’horreur sans rentrer dans le vulgaire.

(Oui et toi et la vulgarité ça fait tellement deux, c’est bien connu. Gardons-nous de dire des injures. Crotte de bique.)

(Rhoo ça va.)

Mais en voyant le golem où résidait Aklihito dans cet état et qui demandait visiblement quelques soins, je m’approchai et posai mes mains sur lui. J’avais du mal à voir Akihito dans ce tas de ferraille, mais peu importait pour le moment. Il était là, quelque part entre ces machins bizarre et tout e métal. Il fallait juste qu’il en sorte et redevienne comme avant. Il leva le pouce quand moi et Ssussun eûmes fini et je hochai simplement la tête, préférant ne pas ouvrir la bouche. Je ne voulais pas qu’il en sorte quelque chose qui nous ferait mal à tous les deux. Il partit au pas de course, avec ce qui était la version presque maléfique de Dracaena, dans la direction des grandes créatures tentaculaires, ce n’était plus le moment de tergiverser. Il fallait agir. Je les avais déjà vu mourir une fois, il était hors de question que ça se reproduise.

- Ssussun, un petit coup de main.

J’inspirai, Sussun collé contre mon torse. Des ailes. Pour les accompagner, pour les protéger et les couvrir, au besoin. Et ça fonctionna. La sensation revint et avec elle l’euphorie étrange de pouvoir à nouveau évoluer dans le ciel, libre de toute contraintes. Mais alors que je m’apprêtais à décoller, j’avisais Jorus, toujours là, seul. Ce n’était pas le Jorus que je connaissais, ce corps n’était pas le sien. Et, plus que les autres, je me sentais responsable de sa mort. Si j’étais restée avec lui…

- Prend le portail, Jorus. Tu n’es pas habituée à ce corps et mieux vaut que tu ne vois pas de combat tout de suite…

J’aurais aussi préféré qu’Akihito s’abstienne, mais il m’aurait renvoyé mes propres paroles à la figure, et avec raison. Les voir mourir avait changé la donne… J’étendis mes ailes en ajoutant quelques mots qui eurent du mal à sortir tant j’avais la gorgé nouée.

- Je suis contente que tu sois de retour. Meurs pas à nouveau, une fois m'a suffit.

je décollais d’un coup et filai à al poursuite d’Akihito et Dracaena, Ssussun me suivant avec aisance. Je regardai ma lame en espérant… du givre… un jour je comprendrai commennt lle marche, cette foutue magie d’Aliaénon, mais pour l’heure, je pouvais égoïstement profiter du moment. Je retrouvais bien vite les sensations de vol et me permis une bonne accélération pour les rejoindre avant de me positionner au-dessus d’eux alors qu’ils couraient droit vers le rassemblement de créatures. Aucun d’eux n’avait une quelconque ressemblance avec leurs véritables corps et c’était perturbant de me dire que cet amas de truc de métal engoncés dans un ordre chaotique était Akihito…

(Clair qu’il est moins séduisant, maintenant…)

(Oui, c’est clairement le seul problème.)

Je levai les yeux au ciel. Non mais vraiment. Je savais bien qu’elle faisait ça pou essayer de me détendre, mais là ça n’aidait pas beaucoup. J’entendis soudainement la voix de Dracaena et baissai les yeux avant de descendre pour entendre de quoi il parlait. Akihito se contentait de faire des signes… qui j’imaginais compréhensibles pour certains. Ce qui n’était pas mon cas.

- D'ailleurs m'dame Yliria, d'solé de tout l'cirque que j'vous ai fait plus tôt! S'pas facile d'vous aider sans s'faire chopper quand y a des toutous d'Brythagon dans la même pièce. J'ai fait mon maximun pour pas vous blesser. Mais la, tant qu'on a pas l'aut' bouffon bandé à gros bras qui nous colle, j'peux vous filer un coup d'main plus direct! Ah, et sincèr'ment, content d'vous revoir tous les deux !

- J'apprécie, mais j'aurai aimé que tu nous donnes un indice, on était prêt à te massacrer. Surtout Xel. Enfin, tout s'est presque bien terminé et je suis contente que tu sois en vie. Toi aussi Aki...

Mais je n’arrivais pas à me me dire qu’il était coincé là-dedans. C’était dur de me faire à l’idée que son âme était piégée dans un monstre de fer et d’acier.

- Vos corps sont en sécurité et maintenu en état par magie. Dès qu'on a défoncé tout ça, je vais trouver un moyen de vous les rendre. Alors faites rien de stupide, d'accord ?

Dans l’idée, ils ont l’air d’accord avec ça et c’était plutôt une bonne nouvelle. Jorus n’avait pas été aussi imprudent que je le craignais et avait suivi ma demande, mais ces deux-là avaient foncé comme des taureaux, droit sur l’ennemi. De quoi me donner quelques sueurs froides. Ou, dans le cas présent, très chaud. Trop chaud. Je me demandais si quelqu’un m’écoutait, parfois, dans ce groupe hétéroclite de fortes têtes incapables de comprendre le plus strict sens commun quand il s’agissait de mener à bien une mission de groupe.

Enfin Dracaena se met à rire et assure qu’il vaut mieux qu’il prenne les coups à notre place. Et avant que je ne puisse lui dire d’arrêter ses conneries et de travailler en équipe, le voilà qui accélère et… prend feu. Le tout en riant comme un dément. Je l’observe, éberluée, avant de piquer ver slui pour qu’il se calme. Mais trop tard. Une énorme déflagration me souffle en arrière et je manque de m’écraser plus loin, reprenant le contrôle de ma hauteur de justesse. Plus aucune trace des ennemis et de Dracaena, hormis un petit tas informe et fumant. Et au même moment, une autre espèce d’explosion a lieu plus près de la cité. Je serrai les mâchoires, me retenant d’insulter ouvertement ces crétins.

(Je lui avais bien dit « sois prudent non ? Bordel mais je dois le dire en quelle langue pour qu’ils comprennent, ces espèces de… Rhaaaa !)

Et déjà le golem repartait dans une autre direction, là où les insectes bizarres avaient été massacrés. Sans doute par Xël. Si ce crétin ne s’était pas implosé avec toutes les bestioles, j’allais lui rentrer dans le crâne qu’on n’utilisait pas la magie seule. Mais en tournant, j’aperçus Maïssa en difficulté, elle et son oiseau attaqués par d’étranges créatures mi félin mi ailée. De toute parts, la situation était critique, mais je n’hésitais pas. Je fondis sur le groupe, Ssussun à mes côtés. Les créatures étaient occupées, c’était le moment. Je grimpai un peu avant de me laisser tomber. Il fallait attirer leur attention loin de Maïssa.

(Oh, ça va être un carnage…)

Le premier n’eut même pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Je lui atterris violemment dessus, l’écrasant sur le sol, ma rapière lui perçant le crâne d’un seul coup alors que son dos se brisait en un craquement sonore et immonde. Elle tomba, inerte, et les autres se détournèrent de Maïssa et de son oiseau pour me fixer, crocs découverts. J’avais au moins capté leur attention, restait à m’en débarrasser, maintenant. Il en restait quatre. Je bondis en arrière pour éviter un coup de patte et donnai un grand coup de mon bouclier dans le museau du suivant qui s’était jeté sur moi. Un glapissement, quelques dents qui volèrent et la bestiole allait réfléchir un peu plus avant de foncer sur moi.

Abandonnant leurs proies déjà blessées, ils commencèrent à m’encercler et cela devenait difficile d’anticiper leurs actions. L’un d’eux se permit même de faire une espèce de feinte pour qu’un autre m’attaque sournoisement. Je ne sauvais ma jambe que grâce à un bon réflexe et un coup de coude dans une mâchoire. Alors, je fis la seule chose qui me semblait pertinente. Je m’envolais. J’éloignai la menace de Maïssa et j’évitai l’encerclement. Puisque les créatures étaient ailées, elles allaient sans doute…

(Gagné…)

(Elles ont sans doute plus l’habitude de voler que toi.)

(Oui je sais, mais il y a un truc qu’elles n’ont pas.)

(Une faera remarquable et toujours à l’écoute qui t'es fidèle et est toujours de bon conseil ?)

(Une rapière…)

(Ah ! deux choses donc.)

Je grognai et pris de la hauteur, jetant des coups d’œil derrière moi. Les bestioles étaient plus rapides que moi, leur corps sans doute plus adapté que le mien pour évoluer dans les airs, mais ils firent exactement ce que je voulais. Alors qu’ils me rattrapaient, je cessai de grimper et plongeai, tête la première, rapière en avant, droit sur l’une d’elle qui, pas préparée à ça, n’eut pas le temps d’esquiver quand je lui rentrai dedans à pleine vitesse, la transperçant de part en part. Le poids de son corps sans vie m’entrainait vers le sol, alors je dégageai ma lame d’un coup sec et m’aidai de son corps pour me jeter et battre des ailes pour remonter alors qu’elle s’écrasait dans un nuage de sang et de poussière, quelques mètres plus bas. Une de moins.

Sans savoir où étaient les autres, je bifurquai sur ma droite, les cherchant des yeux avant que l’un ne me fonde dessus. J’évitai de justesse son attaque, ses griffes raclant mon bouclier, et me mis à le poursuivre, plongeant à sa suite. Mais elle était plus habituée que moi et impossible de la rattraper. Alors je fis l’exact opposé de ce que j’avais fait tout à l’heure. Je piquai vers le sol et atterrit en glissant sur la caillasse, à bonne distance de Maïssa. Sans surprise, les créatures me suivirent ; j’attendis que la première soit assez proche et me jetai sur elle. Un battement d’aile pour m’aider et je la percutai. Nous roulâmes tous les deux sur le sol, mais si ses pattes ne lui permirent pas de m’attaquer, mon bouclier lui écrasa la mâchoire d’un coup sec avant que ma rapière ne lui transperce le crâne. Je me redressai, haletante. J’avais une fringale monstrueuse et la rapide gorgée d’eau que j’avais prise en venant ici n’avait pas étanché cette soif soudaine. Cet effet secondaire de ce transport inattendu n’aidait vraiment pas…

Les deux dernières créatures se jetèrent de concert sur moi. J’évitai la première d’un bond sur le côté, cueillant la seconde d’un coup de botte dans le visage ; je profitai de la position pour me propulser en arrière et profitai de l’élan pour zébrer l’autre abomination d’une estafilade sur le cou. Pas assez profond pour lui faire grand-chose, hélas. Je reculai de quelques pas, gardant les deux en ligne de mire. J’inspirai lentement avant de sprinter vers la première. Surprenamment, elle fit de même, mais elle restait un genre d’animal. Je savais me battre, elle agissait à l’instinct. Je pivotai brusquement sur le côté. Elle me dépassé et je lui enfonçai ma rapière dans le flanc. Elle glapit et s’effondra dans sa course alors que la seconde se ruai sur moi. Sa mâchoire déjà cassée ne lui était d’aucune utilité, donc j’en profitai. Je m’envolai brusquement pour lui retomber directement sur la gueule, l’écrasant sous moi avant de l’achever d’un coup sec de Stellarhys.

Titubant pitoyablement à cause de sa blessure, la dernière s’était tout de même relevé pour me faire face ; Qu’est-ce animait ces créatures, je n’en avais aucune idée, mais je n’avais pas de raison de les laisser souffrir. Je la laissai me foncer dessus et enfonçai ma lame dans sa gueule ouverte sur laquelle elle s’empala d’elle-même. Elle me fit reculer par son élan, mais bien vite, son corps devint un poids mort et elle retomba sur le sol quand j’arrachai ma rapière de son crâne. Je la secouai pour retirer le sang les résidus divers avant de la ranger et de cour vers Maïssa. Je n’étais pas trop inquiète à présent, mais je ne savais pas exactement jusqu’où allaient ses capacités de guérion, alors autant en pas prendre de risque. Je lui tendis une gourde en arrivant à sa hauteur.

- De quoi soigner votre oiseau. Ne perdons pas de temps, les autres vont avoir besoin d’aide. Ne vous éloigne pas trop de moi. J’en ai marre de voir des gens mourir.

Plus que marre, même…

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Dracaena Paletuv
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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 1 juil. 2023 02:31

On v'nait d'passer de termite en pivert. Y a deux s'condes, on était au milieu du foutoir sans nom de la ville des bouffons bandés. Et la, le temps de cligner(?) d'l'oeil, et on s'retrouvait en face d'une ville attaquée par des hordes de monstres. J'étais encore complèt'ment déboussolé par s'qui venait d'se passer.
Enfin... Qu'est s'qui venait d'ce passer justement? J'observais à toutes vitesses les alentours: y avait Xël, Yliria, Maïssa (et Alsaqr), le golem qui prétendait être Akihito, l'Sans-visage, et un bouffon bandé au bras surdimensionné. Au loin, j'pouvais apercevoir le cadavre géant du titan ailé, s'qui voulait dire qu'une chose: on était d'retour à Elscar’Olth.

Et ça avait changé depuis la dernière fois: beaaaaucoup plus de monstres que dans mes souvenirs. Des hordes de bestioles, volantes, rampantes, courantes, par grand groupe ou petite armée, en train d'attaquer les habitants de la ville. Je reconnaissais rapidement, au loin, les sublimes flammes bleues d'un certain allumeur, qui essayait désespérément de se défendre.

Je n'avais pas oublié mon objectif: lui rendre suffisamment service pour qu'il me doive de me laisser étudier ses séduisantes capacités. Et même, voir des carnages, comme ça, ça me rappelait pas d'bon souvenirs. J'étais grand. J'étais fort. J'étais mort-vivant. Je pouvais aider. Je pouvais être utile. Mais avant ça, il fallait que je m'assure de n'pas être surveillé, d'être tranquille. J'savais pas si Elscar’Olth était loin de l'autre ville où on était juste avant, donc j'n'étais pas sur d'être sauf, "libre" de mes mouvements...

Xël, lui, me prouva une fois de plus qu'il était le genre de personne à pas s'attarder en réflexion dans les moments urgents. Il fit apparaitre un petit portail très rapidement, qui était sensé mener au corps d'Akihito. Puis, sans attendre, il fonça en direction de la ville, le regard clairement centré sur Alossarh.

Il avait raison. J'avais passé trop de temps à me perdre dans mes pensés. J'devais agir. Et vite. Je scrutai le plus vite possible le ciel et l'horizon, à la recherche de mon cher et tendre "Patron", mais rien. Un animal pareil, c'était facile à repérer, alors si j'le voyais pas, c'est qu'il était pas la.
Mais en ram'nant mon regard vers le bas, il atterrit sur le type au bras énorme: une de ces saleté de bouffons bandés qui partagent toutes les infos qu'ils voient avec leur copain amateur de bondage. Krrr, j'devais donc bien gérer avec un empêcheur de tourner en rond...

Mais cette fois ci... c'était différent. Il était seul, la zone était grande... Mon regard se posa sur Maïssa le temps d'une seconde: le culot, y avait qu'ça de vrai finalement. Le type avait l'air déboussolé, alors autant le prendre pour l'abruti qu'il était surement! Feignant une sorte de douleur, je saisis ma tête entre mes mains, parlant d'une voix saccadée, comme si j'essayais de résister à quelque chose.


"Ma...volonté...m'obéit...plus...doit...protéger...Maïssa...Danger...danger..."


Puis, je fis semblant de tituber, vérifiant discrètement la réaction du bouffon bandé, qui semblait toujours déboussolé, avant de foncer en direction de Xël à coup de grandes enjambées. Décidément, faudra qu'j'paye un coup à Maïssa après l'avoir autant utilisée indirectement, la brave fille.
Oui, c'était vraiment un mensonge gros comme mon nouveau corps, mais hé! Y avait pas d'raison qu'ça passe pas. Grace à mes grandes jambes, je réussis à rattraper Xël assez rapidement, lui adressant aussi discrèt'ment que possible une petite demande:



"Si tu peux t'arranger pour qu'ce type aux yeux bandés qui épie tous mes faits et geste "disparaisse", j'pourrais vous aider plus facilement."


Je lui fis un clin d'oeil complice... enfin, l'équivalent d'un clin d'oeil complice pour ce corps, avant de bifurquer de son chemin, me dirigeant vers un point différent de la ville. Il allait clairement filler un coup de main à Alossarh au prise avec une légion de ptits quadrupèdes, et j'pense qu'à deux, ils pourraient gérer. Enfin, j'espérais. Le truc est que Xël allait probablement pas m'faire confiance si j'me ramenais de leur coté, donc autant éviter les accidents. Et ailleurs, au loin, je pouvais voir d'autre bestioles, moins nombreuses, mais beaucoup plus grosses, en train de faire un carnage. Des trucs couvert de tentacule, attrapant tout ce qui passait à leur porté, humain ou monstre, et les dissolvant à moitié avant de les avaler.

J'étais grand, fort, en bois, et j'sentais pas la douleur. Autant profiter des avantages de s'corps pour m'occuper d'ces gars la. Pis avec un peu d'chance, les autres verront bien que j'essais d'leur rendre service. Cinq monstres de cette taille, c'était ptet un peu beaucoup, mais quand j'voyais les dégâts qu'je faisais en me retenant de blesser les gens, y avait des chances qu'en se battant sérieus'ment j'arrive à m'en sortir. Au pire, j'avais toujours ma solution d'secours...

Un bruit métallique interrompit tout de suite cette pensée. Regardant derrière moi, je vis le golem me rattraper en courant. Ce truc allait vachement vite pour une telle masse. Je ralentis un peu la course pour me mettre à son niveau. Il semblait me regarder intensément. C'était vraiment Akihito dans ce truc? Comment aurait il atterrit la d'dans? Le Sans-visage avait dit qu'les âmes étaient désormais libre d'aller où elles voulaient sans la brume, mais pour aller d'la savane Tanathéenne à la ville des bandés, ça avait prit un ptit moment en Brythagon-express. Comment Akihito aurait pu nous r'joindre aussi vite? Ptet que les âmes étaient en fait capable d'atteindre des pointes de vitesses incroyables? Plein de questions super intéressantes, mais qui devrait attendre pour plus tard. De toute façon, Akihito dans un golem, c'était pas plus insensé que moi dans un arbre géant. Alors, autant pas s'prendre la tête tout d'suite!


"Aki, mon pote, c'est vraiment toi? Sympa l'nouveau corps. Pas aussi sexy que moi, mais sympa!"


Ce qui était vrai. L'écorce de ce corps était pas d'première fraicheur, mais elle était clairement plus agréable à regarder que ce gros truc noir, froid et métallique devant moi. Après, ça aurait pu êt' pire. ça aurait pu êt' de la peau, kéhéhéhé.
En tout cas, le golem voulut confirmer mes dires, me répondant d'un pouce levé décidé. Ouais, c'tait probablement le vrai Akihito. Plus tôt d'ailleurs, il avait eu la possibilité d'retourner vers son corps via l'portail de Xël si j'comprends bien? Et il avait préféré m'suivre pour filer un coup d'main? Décidément, depuis qu'on avait faillit s'faire bouffer tous les deux par Brythagon, il gagnait de plus en plus mon respect le bonhomme.

Golemito se mit à faire de nouveaux gestes, pointant sa tête, faisant une crois avec ses poignets, puis mimant une sorte de mâchoire se refermant. C'était... pas le genre de langage des signes que j'avais vu dans les livres ça. Ma tête? Il voulait m'dire qu'effectivement j'étais plus sexy? Non, pas d'rapport avec le mouv'ment d'mâchoire... Il... il voulait que j'le morde peut être? C'était... pas le moment pour ce genre de chose? Surtout pas avec un corps en métal?
Non, attendez, c'était pas cohérent. Tête... croix... mâchoire... Peut être "Le gros trucs bouffeur d'âme contrôle ta tête ou pas?"?
ça... ça aurait plus de sens. Après tout, c'était le seul à m'avoir vu accepter la proposition de Brythagon. Et il avait probablement assisté à ma "résurrection". Plus, s'il était déjà dans la ville des bouffons bandés quand j'faisais semblant d'attaquer Xël, Yliria et Maïssa, normal qu'il se méfie.


"Ma tête... des dents... Ah, "est ce que le gros trucs bouffeur d'âme controle ma tête ou pas?" Non, ni ma tête, ni mes pensées. Mais j'suis pas libre pour autant...
S'compliqué à expliquer, mais même si j'peux agir ou penser comme je veux, j'ressens au fond d'mon âme... qu'à n'importe quel moment il pourrait juste m'annihiler. Donc faut qu'j'la joue fine, faut qu'j'la joue fine... Héhéhé...héhé...hé..."



Je ne pu m'empêcher de rire nerveus'ment sur cette dernière pensée. Il est vrai que depuis qu'j'étais dans ce corps, je n'me sentais plus "libre". Au fond de moi, je savais... je savais que je jouais ptet un peu trop avec le feu, même pour moi, à n'pas obéir aveuglément à Brythagon.
Golemito s'essuya le front pour faire signe qu'il était soulagé, et avant d'avoir le temps d'angoisser plus sur le sujet, un bruit de batt'ment d'aîle attira mon attention. Levant la tête, je vis qu'Yliria volait au dessus de nous. Elle venait m'aider?
Non... Non, elle venait probablement plus aider Akihito. J'imaginais qu'elle devait être soulagée en bonne partie soulagée de voir qu'son âme avait bel et bien survécu. Ouais, surtout qu'à bien y réfléchir, comme Xël, elle devait toujours me prendre pour un ennemi. Il était temps que j'm'explique. Sans m'arrêter d'avancer, je l'interpelai:


"D'ailleurs m'dame Yliria, d'solé de tout l'cirque que j'vous ai fait plus tôt! S'pas facile d'vous aider sans s'faire chopper quand y a des toutous d'Brythagon dans la même pièce. J'ai fait mon maximum pour pas vous blesser.
Mais la, tant qu'on a pas l'aut' bouffon bandé à gros bras qui nous colle, j'peux vous filer un coup d'main plus direct!


Et, hésitant presque, je fini par ajouter:


Ah, et sincèr'ment, content d'vous revoir tous les deux !"


C'était pas mes personnes favorites au monde. C'était pas les gens pour qui j'avais le plus d'affection. Ils ne m'avaient pas toujours bien traité, et malgré des signes d'efforts, je m'attendais à ce que ça n's'améliore pas après tout ça. Mais... Mais quelque part, entre la solitude, et les mauvaises fréquentation, j'étais content qu'ils soient la.
Et aussi, après tout ça, après tout ce par quoi on était tous passé, j'étais content d'voir qu'ils avaient, l'un comme l'autre, décidé d'aller aider les habitants de la ville.

Des héros? Non, c'était des tas de chair névrosé et gorgé d'égo. Mais, quand les choses allaient mal, ils réfléchissaient pas, et ils fonçaient pour aider. Malgré toutes les erreurs et malgré tous les accidents.
Et ça, ça en f'sait au moins des gens admirables.


"J'apprécie, mais j'aurai aimé que tu nous donnes un indice, on était prêt à te massacrer. Surtout Xel. Enfin, tout s'est presque bien terminé et je suis contente que tu sois en vie. Toi aussi Aki..." me répondit Yliria en s'approchant un peu plus du sol. Elle avait toujours son culot, mais c'était d'bonne guerre.

" Vos corps sont en sécurité et maintenu en état par magie. Dès qu'on a défoncé tout ça, je vais trouver un moyen de vous les rendre. Alors faites rien de stupide, d'accord ? " ajouta-t'elle.
La nouvelle fit monter une certaine bonne humeur en moi: mon corps était toujours la? En bon état? J'aurais cru qu'il aurait finit broyé, comme celui d'Akihito, mais... non. Et visiblement, même celui d'Akihito avait l'air de bien se porter. La magie, probablement? La magie, très certainement!
Culot ou pas culot, égo ou pas égo, et colère ou pas colère, j'devais bien admettre que le simple fait qu'Yliria m'inclue dans la liste des gens à ramener me f'sait chaud au coeur de bois. Et elle semblait prête à en découdre avec les bestioles aussi, c'était le genre d'émotion qui m'emplissait d'énergie: la détermination!

Par contre, pas faire de truc stupide, ça... j'pouvais rien promettre. Car de toute façon, si le résultat était la, c'est qu'c'était pas si stupide que ça!



"Kahahaha, j'vous ai donné le plus gros des indices: j'vous ai pas écrabouillé dès qu'j'en avais l'occasion. Et bon sang d'bonne sève, y en a eu des occasions!

Nan pars'que bon, j'pense pas qu'elle réalisait à quel point j'aurais pu les éliminer de plein d'façon différente. Mais bon, juste pour cette fois, j'insist'rais pas.

Et nos corps ont survécu? Hahaha, ça veut dire qu'une fois sorti d'cette prison, y a ptet vraiment une chance pour moi! Et toi aussi Aki! Kahahahaha, t'avais raison, elle abandonne jamais! "


J'aurais bien coller une tape amical à l'humain au corps de fer, mais l'heure n'était plus à la rigolade. Nos avions presque atteint les créatures tentaculaires, certaines ayant d'ailleurs remarquées notre arrivée, se tournant déjà vers nous, prêtes à nous tentaculer à mort. De prêts, elles étaient aussi plus grandes que ce que je pensais, ce qui rendait leur capacité à me gêner avec leurs tentacules plus importante. J'avais... un mauvais pressentiment. C'était préférable que j'passe immédiat'ment au plan d'secours. D'une voix beaucoup plus sérieuse, je prévenus mes deux compagnons:



"Dès qu'on arrive, laissez moi passer devant. J'sens pas la douleur, et autant qu'ce corps encaisse à vot' place..."


Et sans plus attendre, j'accélérai le pas, afin de les distancer. Arrivant le premier à porté des monstres, un premier essayant déjà de se jeter sur moi, je me mis à me concentrer. La magie de Yuimen était instable ici. Mais, en mourant, j'avais compris quelque chose: c'était les fluides qui étaient instables, pas forcément le concept de magie. Et ces fluides étaient rattaché à nos corps, à nos enveloppe charnelle.

Hors... hors, ce nouveau corps, ce "cadeau" de Brythagon, était emplie d'autre chose. Je l'avais ressentis dès le début, en même temps que ma liberté et mes sensations s'envolaient, je pouvais ressentir une puissante magie, m'attachant à ce corps, m'attachant à Brythagon. Mais... cette puissante magie n'était pas seule. Elle n'avait pas fait que ça. J'n'étais pas sur au tout début, mais maintenant, j'en étais persuadé: ce corps pouvait utiliser la magie. Et pas la magie des fluides. Un autre genre. Je la sentais, stockée dans l'ambre qui parcourrait ma tête, mon torse, mes jambes: il y avait de la magie en moi.

De la magie non instable!

Enfin... supposément non instable.

Mais de toute façon: j'allais quand même essayé d'l'utiliser.

Déjà, parce que la situation l'exigeait, mais aussi, et surtout, parce que ce passage chez les morts m'avait rappelé à quel point j'm'étais enfoncé dans le doute, l'hésitation. Je devais arrêté d'avoir peur d'agir. J'étais la seule personne qui testerait et prouverait ce que je recherchais. J'étais le meilleur de tous les cobayes. Et cette fois ci, y avait pas d'risque de blesser les autres.

Normal'ment.

Mais au cas ou, quand j'me mis à canaliser mon énergie, je mis une grande partie d'ma concentration sur le fait de viser tout SAUF dans la direction d'Akihito et d'Yliria. J'avais reculé d'un pas pour esquiver un tentacule, et les autres créatures commençaient aussi à s'approcher. J'devais les blesser, ou les repousser. Un souffle. Il me fallait un souffle de feu. Qui les carboniserait tout en les envoyant valser, tel un vent infernal. Je mis tout mon esprit à la tâche, visualisant parfaitement l'action, puis, je relâchai ma puissance magique, les mains tendues vers les monstres.


Et...


Rien.


Puis, une flamme. Petite. Pas jaillissant de mes mains, mais recouvrant ces dernières. Progressivement. Puis, remontant, si lentement, mais pourtant si vite, le long de mes bras. ça n'avait pas marché? Je m'étais donc trompé? Toutes les magies étaient donc instable dans ce monde, pas juste celles des fluides? Ou alors, ce que je sentait en moi c'était une forme de fluide? Bon sang. Bon sang d'bonne sève! Que c'était frustrant. Mais bon, c'était le risque à m'utiliser comme cobaye. Les créatures, elles, c'étaient interrompue, visiblement surprise par les petites flammes qui me couvraient... Progressivement... Sans que je n'ressente rien...

Rien...

J'avais oublié.
J'avais oublié qu'ce corps ne sentait pas la douleur. Ne sentait rien. Depuis ma mort, c'était la première fois que je revoyais des flammes. Flammes qui m'avaient déjà tant dévorées et embrassées par le passé. Cette sensation inoubliable de terrible chaleur, emplissant mon écorce et mon être, horrible, si horrible qu'elle avait finit par devenir hypnotique, fascinante.

Et la, rien. C'était... C'était presque ça le plus frustrant de la situation. Pas le sort raté. Pas cette histoire de magie instable. Pas les monstres qui allaient probablement bientôt me sauter dessus.

Non.

C'était le fait de ne pas réussir à revivre ce nostalgique traumatisme qui avait façonné ma vie.

Je crois que jamais je n'avais prit autant conscience de ce que j'avais sacrifié en acceptant le marché de Brythagon que maintenant.


Rien.


Rien.


Rien...


Ri...en?



Que... quelque chose. Quelque chose. Je ressentis soudainement quelque chose. Différent du feu. Quelque chose de magique, quelque chose de puissant, quelque chose en moi, qui montait, montait, montait... Quelque chose qui...

Oh...

Je venais de comprendre. Je venais de comprendre ce qui m'attendais. Ce que je venais de déclenché. Je repensais rapidement à la phrase précédente d'Yliria. "ne faite rien de stupide". C'était... Trop tard.
Mais comme dit plus tôt, si ça donnait des résultats... C'est qu'c'n'était pas si stupide que ça.
Et ça, ça ne tenait plus qu'à moi d'les obtenir, les résultats.

Je contemplai mes mains une dernière fois ,réalisant que les flammes avaient atteint mes épaules, et commençaient à se répandre partout sur le corps.
Ca n'était pas la sensation habituel. Mais ça n'était pas inintéressant. Cette énergie en moi, voulant sortir, et ces flammes, sur moi, voulant rentrer... C'était... intriguant.
Captivant.
Fascinant.

Et, face à tout ça, j'eu la réaction la plus naturelle du monde. Celle que toute personne dans ma situation, avec mon vécu, devrait avoir.



"Kéhé...


Kéhéhé....


Kéhéhéhé....


Kéhéhéhahahaha, Kahahahahaha, KRAAAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA, KRAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA!"


Image


J'avançais, dansant presque vers les créatures, qui tentaient de reculer en me voyant approcher de mon corps incandescent. Oui, ouiiii, reculez, courrez, fuyez, essayez futilement d'éviter n'inéluctable, ça ne rendait le tout que plus amusant. Car il n'y avait que ça a faire, rire de la situation: dans ce corps d'esclave, désormais appartenant au feu, ma némésis tentatrice de toujours, dans ce corps qui était l'ultime preuve de mon désir de vivre, d'avancer pour moi, pour le monde, pour moi, oui, dans ce corps, ce corps vide mais pourtant si remplit, débordant de partout...


J'allais mourir!


Je le sentais en moi, ce sort que j'avais raté, c'était plus qu'un simple échec, c'était l'ultime échec: j'allais mourir, mon expérience insensée allait me couter la vie, une fois de plus. Mais cette fois... Cette fois, pas de double débile et injuste. Pas de mort en un claqu'ment d'doigt, vive et vide. Non, cette fois ci, j'allais mourir comme je l'entendais. De façon grandiose. De façon glorieuse. Comme je l'ai toujours voulu. Dans les flammes! Dans la sève! En étant fidèle à moi même, à mes principes, à ma volonté. En ayant essayé jusqu'au bout. En cherchant à aider, moi, et les autres. Mais surtout, surtout:

Pas tout seul!


Sans arrêter de rire, je pressai le pas, me jetant au milieu des cinq créatures, sentant toute cette énergie, cette magie, ce plaisir déborder de moi. Et, encerclé par ces monstres, je fis une dernière pirouette.


"Kéhé...
KRAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA!"




BOOOOOOOOOOOOOOOOUM

Image


Je venais d'exploser.
Toute l'énergie que je sentais monter en moi c'était libérée d'un seul coup, et je venais d'exploser.
C'é...tait....

GENIAL!

J'observais le résultat, voyant les corps carbonisé et briser des cinq monstres autour de me mes restes. J'avais laissé une gigantesque trace. Un peu plus loin, j'pouvais voir Golemito et Yliria qui allait parfait'ment bien, n'ayant pas du tout été atteint par l'explosion. C'était parfait. Je n'aurais pas pu mieux espérer. Avec un final comme ça, j'étais satisfait, j'pouvais accepter ma mort.

...

Sauf que...

...

J'étais encore la. A voir le résultat explosif de mon grand final. Il n'y avait plus de brume. Mon âme n'était limité à rien du tout. Pas d'enfer, pas de Savane, pas d'Akouba. J'étais libre...

Libre?

Je... je ne sentais plus ce poids. Ce poids horrible qui pesait sur mon être tout entier depuis mon pacte avec Brythagon. Ce... ce serment... Il était... lié à ce corps? Ce corps dont il ne restait que des bouts de charbon éclaté?
Je... J'étais... VRAIMENT...Libre?


Ke...kéhéhéhé....KAHAHAHAHAHA, KRAHAHAHAHAHAHA, KRAKRAKRAKRAKRAKRAKRA! MAIS CE FINAL ETAIT DEFINITI'VMENT GRANDIOSE!
PARTI DANS LES FLAMMES, ELIMINANT MES ENNEMIS, EPARGNANT MES ALLIES, ET LIBERANT MON ÂME D'UNE ETERNELLE SERVITUDE! KRAKRAKRAKRAKRA!!!


Et tandis que j'étais la, flottant au dessus de la scène, une autre explosion, au loin, me prit par surprise. Probablement un coup de monsieur Xël, et j'espérais qu'il était tout aussi magistral. Malheureus'ment, j'aperçu aussi au loin Maïssa et Alsaqr au prise avec une horde de quadrupèdes. Et clairement... ils perdaient. Sans attendre, je voulu foncer dans leur direction, mais Yliria se montra plus réactive que moi. Fonçant vaillamment vers la femme du désert, enchainant les monstres de sa rapière, et réussissant à dégager Maïssa et son faucon de la mêlée.

J'aurais applaudit si j'avais encore des mains, et justement, ça allait vite être un problème ça: si mon précédent corps me liait à Brythagon, c'était aussi un corps. Concret. Physique. Palpable. Et plutôt fort. La, en âme flottante, j'allais pas réussir à aider grand monde. Hors, ma nouvelle mort, tout aussi glorieuse qu'elle était, n'devait pas m'détourner d'mes objectifs. Akihito avait réussi à posséder un golem, et Akouba avait parlé du principe: qu'à c'la n'tienne, j'allais essayé moi aussi d'posséder un corps! M'élevant un peu dans les airs, j'me mis à rechercher désespérément quelque chose d'adapté. Mais... dans cette ville de naze, j'apercevais pas le moindre arbre. Le moindre bout d'bois. Quand à un corps d'oudio, y en avait bien sur aucun à l'horizon.

J'allais... J'allais pas devoir faire ça quand même, si?

...

Visiblement si. J'allais devoir m'abaisser à ce niveau: prendre un corps de chair... et de sang.

J'devais laisser l'dégout et les états d'âme pour plus tard: observant un peu s'qu'il y avait de disponible à ce niveau, j'aperçu au loin une créature qui se cachait des autres. Qui semblait observer. Une sorte de gros canidé, avec une collerette dorée. Bon... Autant tenter le tout pour le tout! Posséder ça d'vait pas être bien compliqué: probablement qu'il fallait rentrer dans la bestiole.

Allez...Et qu'on dise pas qu'fais jamais rien pour les autres.


((Drac va essayé de posséder ce truc la.))

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » sam. 1 juil. 2023 04:08

Mes pas, mes jambes, punaise... Je n'étais plus un spectre et je ressentais de nouveau les fourmillements des courbatures en tension le long de mes muscles. Enfin, de ces muscles, techniquement je savais que ce n'était pas du tout mon corps et qu'il était hors de question que je puisse m'identifier à cette gueule d'amour que j'arborais mais il était... Quelque peu confortable, j'allais sans doute me faire traquer à vue mais j'espérais, Ô combien j'espérais que je puisse parler et me faire comprendre par quelqu'un d'autre que Vallel.

Après une marche interminable, je me trouvais enfin à portée de la ville mais...

" Bordel, c'est quoi ça ? "
" Les mages sont assiégés... Tu n'as rien entendu ? "
" Non, j'ai pas mes oreilles d'elfe, souviens toi, j'ai deux horribles trous pleins de poils et de matière. Je n'entends pas aussi loin. "
" C'est une excellente chose. Ainsi ils verront que la créature que nous sommes ne leur veut pas de mal et peut-être tenons-nous là une porte d'entrée pour notre corps. Je dois avouer qu'il me manque beaucoup, Cèles plus encore. "

Il était vrai que Cèles était la Faera de Hrist, pas tout à fait la mienne, après tout c'était elle qui lui avait donné son nom, je ne faisais que partager cette relation un peu comme un parasite et Cèles avait la délicatesse de me laisser participer, elle aurait très bien pu se montrer muette à mes demandes et ne répondre qu'à Hrist. Si ça se trouve elle peinait à faire la différence ? Non c'était une supposition idiote, elle devait très bien nous différencier, tout comme nous étions capables de savoir qui était Hrist de Cèles et Silmeria des autres.

" Je ne sais trop par où commencer ? Il y a des... Saloperies partout ? "
" Peut-être devrions-nous oublier les hordes de petites créatures. "
" Oh oh oh, non non, justement non, on devrait clairement pas sous-estimer l'impact que peut provoquer un débordement en combat, c'est toi qui me l'a appris ! "
" Avec notre corps d'Elfe, celui-ci est plus robuste, Vallel nous l'a dit lui même."
" Oh oui, j'ai hâte de voir une dizaine de créatures inqualifiables déchiqueter mon corps si robuste. "
" Tout ça pour dire... Il y a quelques créatures qui sont seules, isolées... On pourrait y prêter attention. Après tout les cibles seules c'est ce qu'on a souvent traqué. "
" Avec notre corps d'Elfe, encore. Hm... Hrist... " Je voulais me pincer l'arrête du nez mais avec ces doigts, je me serai lobotomisée. J'avais l'impression que Hrist ne réalisait pas qu'elle était dans un corps autre que le sien, elle... Pensait comme si la tueuse qu'elle était, avec agilité, une bonne arme et l'ombre noire, on aurait probablement pu fendre une artère d'un de ces monstres solitaires sans même qu'il ne nous remarque, mais j'ai les jambes en compote, je crève de faim et de soif... Punaise, j'avais dû posséder un vorace, quelque chose qui était affamé, normal au final, quand on a la moitié des tripes à l'air, on doit pas ingérer grand chose.

" Tout ça pour dire qu'avec mon corps actuel, je suis juste bonne à exceller dans les avortements clandestins ! J'ai qu'un seul bras doté de griffes, le ventre à l'air et une gueule à faire peur à un Garzok ! Alors... S'il te plaît, je t'en prie. Cesse. Cesse donc de mentionner ce qu'on est capable de faire quand on est nous. "
" Essaie de raisonner clairement Silm..."

Je la coupais, j'en avais assez, j'en avais assez de ce corps et je voyais la ville où attendait mon corps véritable assiégée, je contemplais là l'éventualité de perdre mon enveloppe charnelle, mon corps, ma vie, mon oeuvre, ma Cèles, mon pouvoir, ma corruption, je voulais...

Je voul... " Elle nous appelle. "

" Je la déteste ! "

" Et pourtant on ressent toutes deux le vide. "

Elle disait vrai, la corruption... Je voulais de nouveau la sentir me tuer petit à petit. Je la savais en moi, à couler dans mes veines, à empoisonner mon sang sans jamais pouvoir me tuer. Elle était là la source de toutes mes appréhensions, de toutes mes craintes et mes folies, mais maintenant qu'elle n'est plus là je n'ai d'yeux que pour elle. Silmeria, Hrist, moi. Je veux ce corps, je veux y déposer mon âme, mon spectre, mon éther, mon enveloppe immaculée d'un blanc diaphane et...

Regarder la corruption le détruire ! Tuer le blanc pour le salir à jamais d'un vice inconnu qui me prend aux tripes et m'empêche de respirer, qui coule des larmes noires de mes yeux quand j'abuse de son pouvoir... Je veux redevenir Silmeria, j'ai faim, j'ai soif... Je refusais cette éventualité de mourir, j'avais besoin de prendre ma tête entre mes mains et même si j'avais imité ce geste, putain je n'avais qu'un bras. Cette enveloppe est abjecte à mourir et pourtant c'est un putain de chef d'oeuvre de Vallel, si prétentieux. La corruption me manque, je veux ressentir le poids de ces bracelets me torturer, je veux sentir la magie de l'ombre me pourrir l'esprit, tuer Hrist, empoisonner Cèles et m'emporter en dernière pour que je puisse souffrir leur mort avant la mienne.

Ma tête tournait, j'entendais la voix de Hrist essayer de me raisonner.

" Silmeria... Ecoute ma voix. "
" Elle m'appelle. J'entends la voix de Silmeria. Elle me parle. Elle me parle ! Elle veut que je vienne. "
" Respire, Silmeria, tu divagues. Concentre toi, ils vont avoir besoin de nous. Concentre toi. "
" Est-ce qu'elle pleure ? Est-ce qu'elle est triste. Il y a des larmes noires. Le long de ses joues, des larmes noires et du sang, du silence et de la souffrance. "


Je n'avais pas d'autre choix... Il fallait reprendre le contrôle de cet être abject. Silmeria ne l'aimait pas vraiment, je dois dire que je suis inquiète, très inquiète. Elle n'a pas réagit comme d'ordinaire, elle a une crise de panique... Je n'avais jamais vu ça. D'ordinaire elle se mure dans un caveau d'ironie et de railleries pour éviter les sujets compliques mais cette fois-ci, elle s'est montrée à nue, vulnérable, envoûtée par cette corruption ou je ne sais quoi. J'avançais vers la grosse créature que j'avais vu plus tôt. Je sentais toujours la détresse de ma jumelle et je n'étais pas tranquille. Jusqu'à présent, nous avions toujours combattu ensemble, d'un commun intérêt et là... Sa détresse pesait lourd sur mon moral.

Ma cible était... Curieuse. Difforme, comme obèse et disproportionnée mais se tenait debout et avait en apparence toute ses capacités et surtout un corps translucide qui semblait contenir des formes différentes, peut-être absorbait-il ses victimes par la peau ? Par simple contact, ça rendrait le combat beaucoup plus compliqué. Je sentais la panique de Silmeria m'embrumer l'esprit, mais il fallait faire face ! J'attaquais, je me ruais vers mon adversaire sans la moindre posture, presque en clopinant, la bouche pendue comme si un hurlement idiot allait accompagner mon assaut. D'un grand coup de griffe, je portais mon coup, j'avais entaillé sa chair comme espéré mais... Aucune blessure.

Il se tourna maladroitement vers moi comme surpris d'être assailli par derrière, son assaut était franc, porté avec force et bien qu'en temps normal, l'esquiver aurait été aisé, son mouvement si ample colla une partie de son corps à mon flanc et ma jambe, j'étais prête à reculer mais je me ressentais comme... Soulevée. J'étais littéralement entrée dans cet être et il venait de soulever dans aucun mal ma carcasse de monstre. Je sentais mon corps malmené et balancé mais il était hors de question d'abandonner, Silmeria pleurait ou son esprit mimait des pleurs, c'était du pareil au même. Il fallait abattre ce monstre et le coup que j'avais porté n'avait pas suffit à entailler ses chairs, ou plutôt; elles s'étaient recollées sans même le gêner.

Autour de nous, des hurlements, des cris d'animaux, des corps échoués, entaillés, pulvérisés par la magie sous la forme de grande gerbes de flammes bleutées, mon bourreau collé à moi dans une danse mortelle, il tanguait de gauche à droite tant sa masse devait être compliquée à gérer. Avec mon corps... Silmeria n'aurai jamais pu le tuer. Il aurait fallu de la magie, ou l'entailler en si petits morceaux qu'il ne pourrait user de sa capacité régénératrice...

Alors... Peut-être avais-je là une idée des plus sottes, mais je voulais l'essayer, j'ouvrais grand la bouche et la referma sur ses chairs, avec un peu de chance, je pourrais l'avaler et l'extraire via ma cavité pour m'en débarrasser ou simplement le recracher au loin... J'observais le colosse en me disant qu'il y avait un sacré banquet... Mais c'était manger ou être mangée.



--------------------------------------------

Tente de mordre le Blob pour recracher sa chair et le blesser.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 1 juil. 2023 21:03

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) VII



Dans le cœur de la cité, Jorus dut faire face à un nouvel échec. Il eut beau s’installer « confortablement » dans son corps en tant qu’âme, cela ne lui permit en rien de le réintégrer de quelque manière que ce soit. Pire : il avait perdu toute possibilité de communiquer oralement avec quiconque : Afedafax le lui fit savoir après qu’il eut attiré son attention.

« Je ne comprends rien, je ne peux plus t’entendre ! C’est comme je t’avais prévenu : il n’y a rien à y faire : je ne suis pas nécromancien. Trouve une autre solution. Moi, je vais aider ces gens comme je peux… »

Et il quitta la salle, revenant sur ses pas. Smarag’Din regardait la scène, curieux, sans savoir que faire. Il jaugea le corps de Jorus, se demandant sans doute s’il devait ou non le remettre dans ce liquide protecteur. Son obsession à rejoindre au plus vite son corps semblait le desservir, et il n’obtint pas plus de réponse du Sans-Visage. Il était libre… mais emprisonné de sa condition.

À la surface, au cœur des ruines, Golemiko avait réussi à rejoindre les sorciers. Ils l’avaient laissé atteindre le centre de leur formation, où Bellarien avait constaté avec amertume la présence du corps mourant de Xël. Il avait apostrophé l’énorme golem d’argent noir :

« Laissez-le là, on se charge de lui. Et par pitié, qui que vous soyez, continuez à vous battre. »

Afedafax apparut à cet instant, s’écriant : « Je peux aider ! ». Et il alla s’emparer du corps de Xël, de sa large main cuivrée. De ses bras libres, il se saisit d’un autre sorcier blessé, et s’en alla au coeur de la ville où il avait eu accès une première fois. Il atteignit la salle de soin où Zacara se tenait, visiblement en forme, aux côté d’un Teruki qui semblait vouloir se battre à nouveau, retenu par son épouse, Himeka, qui paraissait vouloir l’en empêcher. Le sorcier soigneur administrait des potions toutes yuimeniennes aux blessés du cru. Lorsqu’il vit Xël arriver, il le fit poser sur un lit libre et s’occupa de lui en priorité, concentrant sa magie curative sur le mage de vent. Le pouvoir ingéré, plus une potion supplémentaire, et Xël fut de nouveau sur pieds. Presque un miracle, compte tenu de son état. Les interventions de Akihito, Afedafax et Zacara lui avaient sauvé la vie. Et celle de Jorus aussi, moins directement, dont c’étaient les potions.

À la surface, la bataille continuait de faire rage. Le Blob qui avait à moitié rongé Silmeria n’eut guère plus de mal à subir sa morsure que le reste de ses coups précédents. Voyant Visselion peiner à le mettre à bas également, et compte tenu des renforts yuimeniens qui tombaient à pic, les sorciers de la Lande se concentrèrent sur ce gros tas gélatineux. Les frères vinrent blesser son âme, alors que Visselion le lardait de coupures qui se refermaient presque instantanément. Le coup fatal vint du feu bleu d’Alossarh, qui fit brûler cet être répugnant tout entier. Pas de bol pour Silmeria : elle y était toujours enfermée et se consuma de même. Ce corps disgracieux qu’elle avait emprunté à Vallel fut détruit, carbonisé, et son âme de nouveau libérée.

L’âme de Mathis s’était projetée dans les hauteurs, atteignant ces massives créatures volantes aux quatre ailes sombres, sans yeux. Il tenta d’en posséder une. Son esprit pénétra ce corps de monstre, et fut contraint à un choix, cette fois. La volonté de la créature était trop faible pour lui résister, mais il devait choisir qu’en faire : l’absorber dans la sienne et la réduire à néant, la chasser de son nouveau corps ou tenter une cohabitation dangereuse. Quoiqu’il en fut, Mathis avait désormais une nouvelle apparence. Et était complètement aveugle, ne percevant que le son de a bataille, avec une précision incroyable. Seule chose qu’il voyait : la puissance du rayon magique provenant du cœur d’Elscar’Olth. Et une curieuse et malsains attraction pour lui.

Dracaena, lui, fit un choix un peu plus complexe. Le canin noir couronné d’or était un monstre unique, épique, à la volonté forte. Il y lança son âme et dut y faire face : le possesseur du corps canin se débattit. Il n’eut guère le choix de le combattre pour prendre possession du corps : une seule issue possible, un des deux serait chassé de ce corps combattif. Et Dracaena finit par vaincre, imposant son esprit à celui de la bête. Un tout nouveau monde s’offrit à lui. Il se sentit animal, mais roi. Il savait qu’il avait du pouvoir sur cette meute de loups rouges aux cornes noires. Sur… tout lupin, peut-être ? Il pouvait tenter de contrôler certains d’entre eux. Tous, peut-être ? Ou agir de son propre corps. Mais difficilement les deux.

Maïssa s’était tournée vers Yliria, avait accepté la potion qu’elle lui tendait et l’avait administrée à son piaf. En lui rendant sa gourde, elle opina du chef. La femme de Methbe’El suivrait la semi-shaakt pour ce qui allait suivre. Sur les hauteurs, le Sans-Visage n’avait lui toujours pas fait le moindre mouvement. Immobile, fixe, comme hypnotisé.

Mais l’assaut contre la cité des sorciers n’était pas fini : il restait toujours les nombreux loups rouges, les sangliers sanguinaires, les hommes-bêtes noir et les quatre vers volants dont l’un d’eux était possédé par Mathis. Comme le lupin noir possédé par Dracaena. Mais qui d’autres qu’eux le savaient ? Et puis, surtout, cette tête draconique de chair et d’os, semblable de près ou de loin à ce dont était capable les pouvoirs de Vallel, mais à une échelle jamais atteinte jusqu’ici. Sa brume, à l’intervention des yuimeniens, avait commencé à avancer vers la cité. Ainsi que lui, protégé dedans, caché à l’intérieur, observant de ses nombreux yeux la scène. Terrible.




[HJ :
Mathis et Drac : indiquez le « combat » mental que vous menez contre votre nouvel hôte pour commencer le RP. Soyez originaux !
Jorus et Silmeria : indiquez moi par MP ce que vous faites.
Xël, Yliria, Akihito, Mathis, Dracaena : Indiquez dans la partie coordination votre nouveau groupe de monstres cible, ou toute autre action que vous désiriez commettre. Comme précédemment, ça se règlera d’un jet de dé et d’un combat semi-dirigé.]



[XP :
Xël : 0,5 (branlée monstrueuse), 1 (#jememeurs)
Mathis : 0,5 (discussion), 0,5 (départ, tentative de possession), 0,5 (libéré, défoncé : c’est décidé je m’en vais.)
Jorus : 2 (discussions), 0,5 (tentatives)
Akihito : 0,5 (discussion), 0,5 (passage parmi les iench), 0,5 (sauvetage de Xël).
Yliria : 0,5 (soin), 0,5 (discussion), 2 (combat)
Dracaena : 0,5 (discussion), 0,5 (branlée incendiaire), 0,5 (tentative de possession)
Silmeria : 3 (combat difficile)]


[Jeu des mots :
Jorus : 10 (jean-foutre ne respecte pas les règles : le mot n’a pas été prononcé de manière audible.)]

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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » jeu. 6 juil. 2023 03:36

Au moment où je m’étais dirigé vers le monstre, c’était avec l’intention d’écraser son âme primitive sans en éprouver le moindre scrupule. Mais il y a une différence entre ce que l’on pense pouvoir faire et ce que l’on peut faire vraiment. En fait, une fois à l’intérieur de ce gros corps volant, je cherchai instinctivement la petite étincelle afin de veiller à lui faire une place et d’éviter de l’écraser. J’étais un voleur dans l’âme, mais pas un voleur d’âme et encore moins un assassin. Mes recherches furent vaines. Je ne vis ni ne perçus aucune étincelle, c’était le noir absolu. Ce ne fut qu’à ce moment que je réalisai que la bestiole volante était aveugle, et que je ne percevais l’environnement que par les autres sens. Dépourvue de cette importante faculté, ma difficulté à combattre les monstres sans m’en prendre à mes compagnons s’avérerait plus difficile. Je devrais trouver une solution, mais dans l’immédiat, j’avais plus pressant à faire, trouver l’âme-hôte pour négocier avec elle un espace dans sa demeure. J’en étais là dans mes réflexions lorsque je fus pris d'une violente nausée, une forte odeur oppressante venait d’envahir l’espace. Cette odeur poisseuse et pesante se faisait des plus pénétrante. J’avais le sentiment qu’elle cherchait à me tasser dans un coin.

(S’agirait-il de l’odeur de l’âme ?)

Suivant cette hypothèse je tentai de m’imposer un peu, tout juste assez pour me faire une place et embaumer l’intérieur de ce corps de mon odeur plus fraîche et agréable. L’odeur repoussante se mit légèrement en retrait et me laissa prendre les rênes. Je décidai alors de faire demi-tour et de m’attaquer à ses congénères. Ce qui ne plut pas à mon colocataire qui voulait poursuivre son trajet en direction du faisceau de lumière. Voulant reprendre le contrôle, elle s’imposa, m’infligeant une senteur putride et persistante. Ce fut trop ! Incommodé et contrarié, j’en perdis les pédales et la repoussa violemment, inondant tous les recoins de ce long corps de serpent volant de ma douce et fraîche exhalaison. Je la sentir faiblir, expulsant une faible odeur d’ammoniac avant de disparaître complètement. Je réalisai trop tard que je venais de l’expulser de son chez soi, elle serait désormais une âme itinérante. J’aurais pu en avoir des remords, mais ce n’était pas le cas. J'avais pour mission de sauver mes compagnons et j’avais fait pour le mieux en prenant l’enveloppe d’une créature apte au combat.

Contrairement à mon idée de départ, je ne pouvais sauver Xël du gros golem qui fonçait droit sur lui, puisque j’étais une créature aveugle. Cependant, mon ouïe très aiguisée me permit d’entendre le moindre bruit. Malgré cela, il m’était impossible de discerner les sons qui appartenaient à Xël, au golem, ou à l’un de mes compagnons. Je pensai quelques instants que je n’avais pas fait le bon choix de possession jusqu’à ce que je perçus, non loin de moi, un bruit particulier. Un bruit qui m’apparaissait clairement comme celui causé par le claquement d'ailes membraneuses fendant l’air.

La gueule grande ouverte, je me dirigeai droit vers ce son, sentant au creux de mes entrailles une faim intenable. Ce fut donc sans réfléchir que je croquai dans ce long corps monstrueux, faisant pénétrer mes dents le plus profondément dans ses chairs fermes. Mon adversaire eut d’abord un soubresaut de surprise, puis tenta de se débattre. Mais je tenais bon, tenant ma proie fermement, je balançais ma tête de gauche à droite, la secouant brutalement. Tentant de sauver sa peau, elle faisait pénétrer ses griffes dans ma chair, mais en vain. Plus elle griffait et plus je serrais les dents et secouai ma tête d’un côté et de l’autre, l’étourdissant, lui faisant perdre tout contrôle et tout repère. La manœuvre sembla fonctionner puisque je la sentis faiblir au bout d’un moment et puis devenir molle sans vie.

J’aurais dû la lâcher et en attaquer une seconde, mais au lieu de ça, l’agrippant de mes petites pattes avant, volant sur place, je la dévorais. Victime d’une faim insatiable, j’en prenais une bouchée, puis une autre, tentant de me convaincre à chaque fois que c’était la dernière. Attirée sans doute par mes bruits de mastication ou encore par l’odeur du sang se répandant dans l’air, une autre bestiole volante vint dans ma direction. Alerté par ses battements d’ailes, je grognai la prévenant de s’éloigner. Mon avertissement ne fut pas pris au sérieux puisque je la sentis tirer sur ma proie. En colère et contrarié de me faire voler mon butin si chèrement gagné, je lâchai prise et je sautai sur la voleuse de repas. Sur son dos, mes pattes arrières bien ancrées dans sa peau coriace, je lui mordis à la base de la tête tentant de la persuader de lâcher mon repas. Mais elle n’en fit rien. Je m’attaquai alors à ses ailes que je déchirai une à une à l’aide de mes nombreuses dents acérées. Lorsque je jugeai les avoir suffisamment abîmés, je lâchai ma prise. J’aurais bien aimé la voir tomber à pic, mais je dus me contenter d’entendre son cri de douleur et percevoir le courant d’air et l’éloignement de son odeur. Malheureusement, elle apportait avec elle dans sa chute, ma proie sanglante.

Je venais à peine de la lâcher que je sentis une brûlure dans ma chair.

« GROOOOAAAAAR !!!! »

On venait de me transpercer le flanc, tout juste derrière mes pattes postérieures. Je tournai ma tête vers l’arrière tentant d’arracher avec mes dents ce qui me semblait être une flèche, mais mon corps était insuffisamment souple. Le projectile était trop proche de la base de ma patte, les articulations de celles-ci ne me permettaient pas de la retirer. Je ne pouvais mourir tout de suite, il existait une quatrième bestiole et je devais la tuer avant. Je décidai alors de faire fi de ma blessure et faisant du surplace, je me concentrai sur les bruits d’ailes et de l’odeur caractéristiques de ces bestioles volantes. Ce fut vain. Je n’entendis et ne sentis rien. Je m’étais peut-être trompé sur le nombre, ou bien elle était morte des mains d’un autre, ou bien elle s’était enfuie.

Mon corps ailé ayant accompli la mission que je lui avais destinée, il ne me restait plus qu’à m’en débarrasser. Je repliai donc mes ailes et fonçai en piqué vers le sol dans le but flagrant de m’enlever la vie.

((( 1. Mathis tente de cohabiter avec l’âme-hôte puis finit par l’expulser. 2. Mathis tue 2 serpents ailés et se fait blesser gravement par une flèche. 3. Mathis s’écrase volontairement et violmment au sol. )))
Modifié en dernier par Mathis le dim. 9 juil. 2023 15:12, modifié 1 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Lande Noire

Message par Jorus Kayne » ven. 7 juil. 2023 21:57

Rien, il ne se passe absolument ren. L’ouessien me regarde sans comprendre mon intention et comme il ne peut plus m’entendre, j’ai beau brasser mes bras en l’air et m’égosiller à plus soif, mes tentatives sont vaines. Tout comme mon appel au Sans-Visage. A aucun moment je ne perçois le signe de son intervention, ou même de sa présence. Je retrouve mon état intangible et cette incapacité d’agir qui caractérisent chaques esprits. Face à moi l’ouessien me fait face avec sa grosse paluche et un étonnant sens du devoir. N’étant pas apte à se battre, il s’en va prestement aider tous ceux qu’il pourra. Cette soudaine attitude me laisse sans voix, en plus d’être sans corps. Lui qui était particulièrement irrascible, devient soudain un fervant défenseur de la veuve et l’orphelin. Si seulement j’étais en mesure d’aider moi aussi.

(Mais j’y pense, grosse paluche m’avait pas dit un truc là-dessus ? A notre arrivée. Oui de…de quitter son corps et de…de posséder une des créatures présentes ! C’est possible ça ? Sauf que si je n’y arrive pas et que je me trouve au milieu de tout ça, qu’est-ce que…mais qu’est-ce que je risque ?)

Cette seule possibilité m’entraîne à elle seule, m’éloignant de l’idée du fardeau que je suis actuellement. Pauvre âme errante qui ne peut que regarder les siens se battre. A la réflexion, ce n’est pas la première fois qu’on me faire part d’une telle possibilité. Vallel aussi, mais l’idée de déposséder un ancien propriétaire m’avait éloigné de la mémoire ce chemin empruntable par une âme. Mettre dehors une pauvre âme innocente, a de quoi refroidir mes ardeurs. Cependant, lorsqu’il s’agit d’individus cherchant à occire les miens, ma priorité est toute autre. C’est donc poussé par cette perspective que je traverse les murs de la cité, ne prêttant par à vérifier si Himeka a bien respecté mes consignes, par l’urgence. La salive aurait été bien plus bénéfique sur son mari, mais Zacara en aurait fait un meilleur usage. J’espère seulement que lui indiquer la présence d’autres potions, capable de le guérir tout aussi efficacement de graves blessures, vont l’éloigner de mes craintes. Qu’importe, mon intangibilité ne sera qu’une source de frustration si tel est le cas et je perdrais un temps trop précieux.

Le voilà, le champ de bataille. Je vois à présent les créatures telles qu’elles sont. Ces êtres de chair qui s’agglutinent contre les sorciers qui se battent vaillamment, il faut le reconnaître. Mes camarades n’en sont pas moins inefficaces, bien au contraire. La masse grouillante, marée de chair et avide de sang me paraît bien moindre qu’auparavant. Est-ce un effet de la perte de perception de l’ouessien ? Perception qui ne me permettait pas de mettre un visage sur la chose au loin et qui maintenant que c’est possible, me faire craindre le pire. Une tête, rappelant celle d’un dragon, scrute le conflit attenant quelque chose. Si je ne pouvais percevoir plus que sa tête, je vois qu’une brume dissimule le reste de son corps. Que nous cache-t-il ? Deux autres têtes ? Une autre armée attendant de nous voir fatiguer et blêmir face à des renforts ? Un groupe musical folklorique ? Qu’importe la réponse, l’heure est à l’action, ou plutôt à la possession. Il me faut un corps à présent.

Mon regard se pose sur les diverses créatures sur place. L’idée de plonger vers une des créatures ailées me fait regretter de ne plus être dragon à cette heure. Mais si je venais à posséder un tel corps, cherchant le souvenir de ces moments dans les airs, je pense que je vais être très sincèrement amer. Je pourrais encore m’en quérir d’un des nombreux sangliers, des chiens présents, ou encore même, de cet être canin plus massif encore, mais mon intérêt va davantage se poser sur les hommes-bêtes. Des êtres qui se déplacent en groupe, comme une meute, plus proche de l’être humain que j’étais et correspondant plus à ce que j’aspire pour me battre. Ils semblent être un groupe, mais aucun chef, aucun dirigeant ne se distingue du lot. Ainsi, ils ont tous une cible dans le dos pour moi. Je me déplace sur celui en fin de cortège, le moins attentif à une attaque. Mon esprit pénètre son corps et immédiatement, un conflit entre nos âmes s’installe, comme durant ma colocation avec l’ouessien, mais en pire.

Nous ressentons l’autre et pour ma part, c’est une immense fureur qui m’oppresse. Un instinct animal, sauvage, qui tente de me défaire de son enveloppe charnelle. Nos esprits luttent, opposés comme le feu et la glace. Un mélange de fureur de vaincre, frayeur d’échouer. Nos émotions se mêlent et s’entremêlent dans le maëlstrom qui tourmente nos âmes. Contrairement à l’ouessien, cette fois-ci c’est un véritable affrontement qui rugit. J’en viens à regretter sa présence et si je devais comparer les deux entités, il a fait preuve d’un sens de l’accueil à mon égard. Nos volontés ne cessent de lutter l’une contre l’autre, et à la limite du supportable, quelque chose en moi, en nous, se rompt et nos esprits chutent au plus profond de nous-même.

Le noir est omniprésent, me rappelant le souvenir du cristal, même si tout ne m’est pas revenu en mémoire. Je ne vois rien, mais je sens. Je sens une présence qui m’est particulièrement hostile. Des bruits de pas, me parviennent. Une course. Puis, une griffe vient m’arracher le dos, sortie de nulle part et disparaissant immédiatement. Cependant à son contact, mon environnement change. Le sol auparavant noir est paraît désormais comme fissuré, perclus de veines rouges très vives, laissant entrevoir des pierres aussi solides qu’acérées. Cependant, cela ne vaut que pour la zone près de moi, à un mètre ou deux. Au-delà, le noir est toujours présent. De nouveau des bruits de pas et encore, des griffes qui pénètrent davantage ma peau à l’épaule. Le changement de décor est bien plus présent, presque proportionnel aux blessures reçues. Le noir laisse place à des pics rocheux, les fissures sont désormais des veines de laves d’où la chaleur persistante est aussi désagréable que la fumée qui s’en échappe. La lumière provenant de la lave est loin de la surface, donnant à la scène une aura lugubre de fin du monde. Autour de moi, des silhouettes d’hommes-bêtes sont présentes. Plusieurs, immobiles, elles attisent ma méfiance. Le décor est à présent sur une bonne trentaine de mètres.

Encore ces bruits de pas et pourtant, aucune des silhouettes ne bougent. Une morsure m’arrache le bras gauche et tout me paraît irréel. Malgré la douleur qui m’oppresse, je ne peux m’empêcher d’observer les cimes en feu des volcans en éruption. Ils m’entourent, m’enferment, comme une prison dans laquelle les éléments même se liguent contre moi. Le sol n’est plus qu’un gigantesque labyrinthe, de roche, de veines de lave, de collines lugubres, le vent emportant jusqu’à moi d’agressives poussières dans ma gorge et mon nez. Le ciel lui, n'est que noirceur sans nom. Des nuages si sombres qu’ils sont capables d’étouffer l’éclat de la lave jaillissante. Ce type d’environnement, ce décor si particulier, je le connais, il s’agit de la Lande Noire. Un lieu hostile pour quelqu’un qui n’a rien, ni arme ou armure pour se protéger contre son assaillant. Je n’ai que mes poings et ma rage de vaincre comme alliés. Les silhouettes sont à présent plus distinctes. Des hommes-bêtes, figés comme des statues, dans des postures de chasses et de combat qui se veulent souvenirs mémorables de celui qui me fait face. Celui-là même, qui se rue encore pour m’achever.

J’ai mal, non pas à mon corps, mais à mon âme qui souffre de ce combat à sens unique. Ma volonté faiblie, mais mon âme n’est pas vaincue. Dans un effort, tiré du plus profond de moi-même, je saute sur moi-même. Ignorant comment je dois éviter l’attaque, je le fais d’instinct et cela me vaut un répit. La charge passe près de moi, et mon adversaire me fait à présent face, tandis que je retrouve le sol ferme et stable d’un plancher de bois sous mes pieds et qu’une bruine vient me rafraîchir le corps. Tout n’est que localisé sur moi, mais je me sens presque moi-même, comme si je venais de me retrouver dans ce si petit espace, plus sombre encore que le décor de lave. L’homme-bête arme son bras et frappe le vide tandis que je disparais dans les ombres. Je réapparais l’instant d’après pour le frapper, d’un uppercut violent qui lui arrache une ou deux dents, ainsi qu’un couinement agréable. Mon adversaire est sonné, reculant par le choc et la surprise. Surpris, je le suis également en voyant que la pierre et les veines de lave sur plusieurs mètres, sont remplacées par le plancher d’un pont qui tangue au rythme des vagues. La fine pluie fait place à des rafales d’eaux, provenant des flots qui viennent s’échouer sur ma propre projection de mon âme, un bateau, secoué par une mer agitée.

Je n’aime guère le paysage de la Lande Noire. Même s’il m’est familier, avec le temps que j’ai passé à l’arpenter, cet endroit est l’opposé à mon propre environnement. La terre de feu contre un bateau voguant sur l’eau. Une opposition qui se marie pourtant alors que nous nous faisons face. Lui me fixe de toute sa haine, immobile, la gueule illuminée par la lave non loin et moi, le regard qui ne cille pas, mes jambes suivant le rythme du pont qui tangue et savourant la fraîcheur de la pluie, apaisant presque mes blessures. Je regarde près de moi, un peu déçu de ne rien voir d’autre que le ponton nue d’un bateau. La présence d’un mât a toujours été pour moi une source sûre, le centre de mon univers maritime, comme un repère éternel. Cette pensée, qui me paraît pourtant aussi réelle que le reste, le devient. Près de moi, un mât apparaît, comme pour prouver que c’est par ma seule volonté que mon univers se meut. Une emprise de ma volonté qui n’est pas au goût de l’homme-bête. Chargeant sans plus attendre, il s’empresse d’imposer son domaine au mien. Je le sais, je l’ai senti. Il est clairement plus fort et plus agile que moi. S’il me surpasse sur le plan physique, je dois le surpasser par la ruse. Je saute d’un bond sur le côté, cherchant un moyen de retourner la situation en reproduisant la même tangibilité que pour le mât. Or, sauter dans les airs et contre-attaquer par l’imagination n’est pas chose aisée, surtout lorsqu’on n'en a pas l’habitude. J’évite un nouveau coup de griffes, mais ma jambe se fait attraper et sa poigne m’entraîne violemment sur le sol, devenant soudain un bloc de roche au milieu même de mon bateau. Un choc qui me rappelle un souvenir douloureux, que je m’apprête à partager avec générosité. Alors que sa mâchoire vient chercher ma gorge, une poulie le percute violemment au visage sur le côté. Le sol rocheux disparaît et mon bateau prend soudain toute son ampleur. Un magnifique trois mâts qui ne cesse de vaincre des vagues pourtant très haute, des voiles gonflées par une tempête qui apporte avec elle une pluie torrentielle. Si tout est sombre, à la limite de la noirceur totale, nous avons encore pour nous les lumières gracieusement offertes par des éclairs qui zèbrent mon ciel nuageux. Au loin, les volcans sont toujours présents, preuve que je n’ai toujours pas remporté mon duel. Un peu partout, des images de moi sont présentes. Je me revois fuyant mon Eniod, luttant contre le mage, affrontant des pirates par une mer toute aussi déchainée, ma première venue en Aliaénon, ainsi qu’au Naora, la bataille de Kochii, ma présence sur l’île des elfes dorés, mon affrontement avec le drakarn et enfin ma seconde venue sur Aliaénon. Les événements de cette dernière escapade à de quoi égaler presque tout le reste de ce que j’ai vécu, mais je n’ai pas le temps de voir plus en détail toutes les scènes. Le grognement sourd de l’homme-bête qui reviens et qui se lasse de ce duel.

Toute griffe dehors, il reprend sa course et brusquement, au dernier moment, il accélère la cadence, me prenant de court. Je n’ai pas le temps d’esquiver et encore moins de générer une parade. Ses griffes se ferment en deux poignes fermes, pénétrant ma chair de mes bras, tandis que sa gueule se referme allègrement sur ma gorge. La morsure est insoutenable, comme la douleur qui me vrille l’âme et mon monde ne s’écroule pas, il éclate. Venu du fond des mers, une éruption volcanique propulse mon bateau dans les cieux dans une immense gerbe de lave, brûlant presque tout sur son passage. Je lutte autant que possible, les doigts cherchant une prise solide entre ses dents pour m’extraire par la force de mes bras. Il ne reste de mon domaine qu'un bateau à la dérive dans les airs et sa gueule qui ne cesse de me presser contre ma chair va bientôt mettre fin à tout.

S’il est robuste, il possède lui aussi des faiblesses évidentes. Mes mains abandonnent l’idée de remporter le duel de force et s’en va presser, avec toute la force dont je dispose les orbes oculaires, au plus profond de sa boîte crânienne. Œil pour œil, dent pour dent ! Mon entreprise marche et fait lâcher mon adversaire. Les éléments se déchaînent autour de nous et plus rien n’a de sens. La lave affronte des raz-de-marée comme deux armées cherchant à prendre le dessus sur l’autre. Mon bateau chute et je sens ma volonté faiblie à grand pas. Il me faut en finir vite, avant que mon navire ne s’écrase au sol. Moi comme le reste, je chute, flottant juste au-dessus du pont principal. L'homme-bête lui, use de ses griffes pour se tenir au bois. Il ne voit plus, mais il renifle l’air et perçoit sans nul doute, le sang qui ruisselle sur mon corps.

Toute dent dehors, il se propulse sur moi, qui ne peut compter sur une de mes acrobaties dont j'ai l'habitude. Cependant, j’ai plus que ça. Usant de toute ma volonté, je manipule la grande voile pour qu’elle se détache et vienne envelopper la bête. Cet effort me demande beaucoup et au travers de celui-ci, le bois se brise en de nombreux morceaux. Signe que je suis à ma propre limite. Alors, donnons tout. Le bois se brise à nouveau et le mât central se détache, tandis que j’attire à moi, la voile qui enferme mon ennemi, de même une des cordes liées au mât central. Un effort, le dernier, pour en finir. Je tire, de toutes mes forces et de toute mon âme, ma corde et la voile, à m’en déchirer ce corps actuel. Qu’importe, si je ne réussi pas, il ne restera plus rien de moi, même pas une âme pour pleurer mon triste sort. Ainsi, par ce dernier effort, et sans avoir à lutter contre sa force prodigieuse, je propulse la voile de l’homme-bête, qui vient briser le nid-de-pie et se fait transpercer par le sommet du mât. Une tâche sanglante transparaît au travers de la voile et dans un déferlement d’éclairs qui se déchaîne partout,…

…tout s’arrête.

Je reprends possession du corps de l’homme-bête, sans ressentir la gêne de le partager avec un autre. Plus de tension d’une autre entité, plus de sarcasme, ni d’instinct bestial pour entraver mes propres émotions. Pour la première fois depuis un temps qui me paraît être une éternité, je suis enfin dans un corps rien que pour moi. L’adaptation n’est pas évidente cependant. Je l’ai vu en luttant contre l’homme-bête, ce corps est plus agile que le mien et plus fort également. Cependant, je n’ai pas le temps de m’habituer à le maîtriser à la perfection. Il m’a fallu quelques heures pour correctement appréhender le corps du dragon rouge, je n’ai malheureusement pas ce luxe ici. D’autant plus que je passe de la vision si particulière de l’ouessien pour un tout nouveau sens. En plus de son corps plus puissant, il dispose d’un odorat particulièrement développé. Le constat est sans appel : ça pue la mort ! Pour être plus précis, un mélange de sang et d’envie meurtrière. Il est étrange d’associer une envie à une odeur, mais pour celle-ci, j’aurais tendance à la définir comme une senteur animale, comme une bête sauvage dans les bois, à laquelle il faudrait ajouter des extraits de cendres volcaniques et une note de poisson avarié. Pas ce qu’il y a de plus idéal si on souhaite en faire commerce et sur un champ-de-bataille, une fois qu’on s’y habitue, ça pousse à aller au-devant du danger, comme pris par une ivresse.

Un danger qui menace justement le golem, en possédé par l’esprit d’Akihito. La horde dont l’ancien propriétaire de ce corps faisait partie, s’est rué sur lui avec la ferme intention de lui arracher chaque partie de son être mécanique. Il commence à se faire submergé par le nombre et se fera rapidement déchiqueter si rien n’est fait. J'ignore combien de temps s'est passé durant mon affrontement interne, mais cela n'a pas d'importance. Sans attendre, je me précipite vers golemito qui, luttant comme un damné, m’expose son dos à moi ainsi qu’à un autre homme-bête. J’ai la chance d’avoir une opportunité unique de frapper pour tuer. Ma cible me croit de son côté et couplé avec une attaque de dos, l’échec m’est interdit. Me précipitant sur ma cible qui s’apprête à bondir, je frappe d’un bon coup de pied l’arrière de son genou fléchi, le forçant à ployer. Il ne me reste plus qu’à saisir sa tête fermement et à arracher sa gorge. L’odeur du sang emplit mes narines, se mêlant à une rancœur dans l’air de la part des autres créatures. Pour les néophytes, la rancœur est une base de jus de citron, de piment extra-fort et une touche d’huile d’olive. Deux d’entre eux s’en prennent à moi tandis qu’un autre groupe s’échappe de la zone d’influence de golemito. Leurs attaques sont vives et leur maîtrisent de ce corps supérieur à la mienne. Heureusement pour moi, j’ai l’expérience de nombreux combats pour m’épauler. L’avantage de frôler la mort à multiples reprises certainement. Ca vaut bien une tripotée de potion et des heures de convalescence pour survivre à ce moment.

Le temps de trouver une issue à ce combat qui me serait favorable, je me focalise sur une attitude défensive, les poussant à se gêner l’un l’autre dans leurs assauts. Leur haine contre moi n’a d’égale que leur précipitation à vouloir ma peau. Dans mon entreprise de les gêner mutuellement, je parviens à semer le trouble dans leurs offensives, m’offrant une ouverture que je saisis. J’attrape le bras d’un adversaire à ma gauche pour le projeter contre celui de droite. Ils se percutent, perdant tous deux leurs stabilités. Une occasion rêvée pour tester la force qui réside dans la mâchoire de ces bêtes. Mes crocs s’enfoncent avec force dans la nuque de ma proie, me faisant goûter à leur sang et à leur pelage. C’est franchement répugnant. On dirait un vieil ivrogne dont la sueur est gorgée d’un très mauvais whisky et qui n’a connu le principe de la douche que théoriquement. Ca me laisse sans voix et au bord de la gerbe. Laissant à son autre complice, l’occasion de se ruer sur moi. Nous luttons, l’un contre l’autre sur un sol dont je tairai cette fois-ci l’odeur qui s’en émane. Il est plus fort que moi, mais je sais mieux me battre. Plaçant mes mains sur ses bras pour minimiser la force qu’il peut déployer, il reste cependant capable de me lacérer au niveau des épaules. Sa gueule plus libre, ne cesse de vouloir m’arracher ma gueule, pour le moment sans succès. Derrière-moi, le combat fait rage encore. Couché sur le sol avec une bête sur moi, il m’est difficile de percevoir clairement le combat. Heureusement, golemito se détache particulièrement dans cette fureur. Une idée me vient, j’espère simplement qu’elle ne se retournera pas contre moi ou lui.

De tout son poids, il m’empêche de me servir de mes jambes. Je parviens cependant, en agitant mes membres inférieurs et cherchant à le déstabiliser, à libérer mes jambes. D’un coup de genou, je l’écarte et viens placer une patte sur son ventre. Si mon entreprise rapproche un peu plus nos gueules respectives, de l’autre jambe, je le frappe entre les cuisses par un couinement agréable, me rappelant mon combat intérieur pour la gestion de ce corps. Je tente d’appeler golemito d’un hurlement sauvage et je le pousse, entamant une rotation jusqu’à rejoindre mes deux pattes et le propulser derrière-moi, vers le golem, qui ne fait qu’une bouchée de lui. L’attrapant au vol, il l’écrase de tout son corps dans une roulade de l’épaule, avant de le briser définitivement d’un unique coup de poing, mais tellement puissant.

Plusieurs sont déjà morts, mais il en reste encore et pour cela, il me faudra retourner dans la mêlée. Mon allié mécanique a peut-être compris qui j’étais, lui qui a également pris possession d’un corps qui n’est pas le sien, ou peut-être pas. Pour achever les créatures et protéger autant les miens que les sorciers d’Elscar’Olth, il me faut prendre le risque d’être pris pour cible par ceux qui œuvrent à mes côtés. Qu’importe ! Qu’est-ce que je risque, si ce n’est mourir une nouvelle fois, montant d’un cran supplémentaire le nombre de mes morts ? Alors j’y retourne. Encore. Pas assez mort, dirait ma faéra si elle était présente. Prenant pour cible celui qui me serait le plus facile à éliminer. Mais les choses ne se passent pas comme je l’aurais espérées. Ma cible est plus habile que les autres et sait manier avec une aisance effrayante, l’art de la contre-attaque. Mon coup manque de peu l’adversaire que je cherchais à défaire et ce dernier, me fait rapidement comprendre la gravité qu’entraîne un tel échec sur un champ de bataille. Filant au travers de ma garde avec une aisance déconcertante, sa main tranchante vient se ficher dans ma gorge si profondément, que plus rien n’a d’importance. Même si ce n’est pas mon corps, même si je pourrais essayer d’en chercher un autre, l’instinct de survie de ce corps est plus fort que tout. Je recule par la blessure qui me sera fatale si je ne parviens pas à l’arrêter et la patte que je pose pour endiguer le flot de sang qui s’échappe ne me sera pas d’un grand secours.

Je finis par chuter au sol, ployant les genoux à terre entre la douleur et l’envie naturelle de survivre. Non loin de moi, golemito peine contre les hommes-bêtes restants. Les créatures se font cependant défaire par l’intervention de Vissélion, visiblement plus efficace que nous autres. Ainsi, nos adversaires du moment se sont fait défaire, mais pas totalement. Je suis toujours là, un autre aussi semble vivant et c’est vers moi que golemito se dirige. Un pas lourd, dépourvu de la moindre émotion. Sait-il que je suis dans l’un d’eux ? Sait-il faire la différence entre toutes ces créatures, ceux qui l’ont attaqué et celui qui lui a prêté main-forte ? L’a-t-il simplement remarqué ? Beaucoup de questions dont la seule réponse pourrait être ma tête finissant sous sa poigne de fer, écrasé comme un fruit juteux. Je cherche du soutien quelque part, une idée pour survivre, mais je ne vois que la terrible tête de dragon a déjà disparu derrière le brouillard. Il est encore là lui et il faudra toute l’aide disponible pour en venir à bout. Vivre n’est donc plus un choix, mais un devoir. Que faire ? Comment faire comprendre à ce golem qui je ne suis pas comme les autres ? Je suis incapable de parler et ce n’est pas avec une main sur la gorge que je vais pouvoir paraître crédible. N’importe qui verrait un adversaire cherchant la clémence, alors qu’il œuvrait pour la mort purement et simplement.

Que faire ? Que ferait Yliria dans cette situation ? La question me ferait presque rire, car en admettant qu’une telle chose soit possible, à aucun moment elle ne cesserait de se dresser fièrement. Cependant, la notion d’Yliria résonne en moi. Elle et Akihito se connaissent bien et si l’idée d’écrire simplement mon nom au sol est envisagée, c’est très complexe lorsqu’on est dans une situation critique comme la mienne. Ainsi, déblayant autant que possible un maigre espace devant moi, je dessine un rond dans un croissant de lune. Bien plus simple et rapide qu’en peinant à écrire mon nom, sous des éructations sanglantes. Reste à savoir si le message sera compris. Ma survie dépend à présent de ce que Akihito sait d’Yliria.

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Re: Lande Noire

Message par Yliria » ven. 7 juil. 2023 22:50

Le chaos régnait en maître sur les plaines sombres. A peine mon combat finit avec ces étranges créatures mi félin mi piaf, voilà que, de tous côtés, ça se battait dans tous les sens, parfois même les créatures entre elles, se massacrant sans aucun regard pour leur propre survie. Mais je ne savais pas ce qui tait le plus stupide entre se jeter dans la êlée ou aller seul voir cette énorme tête cachée par la brume. J’aperçus Xêl trop tard, et laissai tomber. Il avait visiblement décidé, encore une fois, de la jouer solo, de n’en faire qu’à sa tête en se foutant complètement des autres. Héros ou non, il allait falloir qu’il comprenne que ses actions influaient sur la vie de tous, pas seulement la sienne. J’étais lasse de voir son comportement de merde à chaque fois que je posai les yeux sur lui après les avoir posé ailleurs une seconde. Et s’il s’en sortait, il allait juste me sortir le fameux « ça a marché. ». Une salade de phalanges dans son sourire d’hypocrite aussi allait marcher s’il continuait d’agir comme le dernier des trous du cul.

(Si tu t’occupais de ton cul au lieu de ceux des autres. Y’a des trucs bizarres devant ton nez je te signale.)

(Hein ? Ah merde !)

Je piquai en vitesse alors qu’une espèce de ver géant, volant et avec une bouche avec beaucoup trop de dents me passai au ras des ailes. Des serres me frôlèrent, crissant sur mon bouclier. Et je me retournai pour voir la créature, aveugle, me foncer dessus avec une vitesse et une aisance quelque peu affolante. Comment ce truc pouvait me repérer ? Et à en croire l’assaut infructueux de l’oiseau de Maïssa, cette bestiole avait une capacité sensorielle très affutée. L’ouïe, peut-être. C’était la seule explication logique. Je remontai en vitesse, battant des ailes et attirant aussitôt l’attention de ce truc. Si la nature avait engendré une horreur pareille, Aliaénon était encore pire que Yuimen. Et si ce n’était pas le cas…

Cette chose me suivait avec acharnement, peu importe que je pique, me redresse ou fasse demi-tour, il ne me lâchait pas d’une semelle. Il m’avait pris en grippe et les flèche de Maïssa ne faisait que péniblement l’effleurer, dans le meilleur des cas. Visiblement il voulait ma peau. Je fixai le sol bien dégagé et repliai les ailes, piquant aussitôt vers le sol qui se rapprocha à une vitesse ahurissante.

(Redresse… Yliria, redresse… REDRESSE !)

Je déployai mes aile et grimaçai sous la pression de l’air qui s’y engouffrait, tirant violemment sur des muscles que je n’avais jamais senti jusqu’à là. Je frôlai le sol, mes semelles frottant même la caillasse noirâtre, avant de redécoller, jetant un rapide coup d’œil en arrière… elle me suivait toujours. Visiblement elle ne se ferait pas avoir par quelque chose de ce style, donc il était temps d’en finir de la manière rapide et brutal. Je fis demi-tour et fonçai dessus, rapière en avant.

Le choc fut brutal. Je percutai cette horreur de plein fouet et ma rapière le traversa avec une facilité déconcertante. Je pensais en finir rapidement, mais je sentis un grondement et la bestiole gigota alors que j’essayai de m’éloigner pour ne pas qu’on s’écrase quelques mètres plus bas. Je vis avec horreur sa b s’ouvrir et plonger vers mon bras. Je l’abaissai de justesse, mais j’avais oublié un détail. Un sacré et très nouveau détail. Je hurlai de douleur en sentant les mâchoires broyer l’aile gauche qui ornait mon dos.

- Putain de saloperie de…

Elle me mâchouillait l’aile, cette merde ! Et ça faisait un mal de chien ! Serrant les dents, je me concentrai sur ma rapière et bandai mes muscles pour la lever. Lentement, elle commença à trancher l’intérieur de cette saloperie qui gelait en même temps qu’elle me bouffait. Je sentais qu’on en volait plus, on piquait vers le sol à une vitesse affolante et le choix était simple. Soit elle me lâchait, soit on s’écrasait toutes les deux. Alors, plus enthousiaste à l’idée de peut-être survivre une chute que de mourir bouffée par un ver aveugle, je retirai ma rapière et la lui enfonçai là où j’estimait que le cerveau devait se trouver. Le smachoires arrêtèrent de me mâcher, mais elles me tenaient toujours fermement alors, je me servis de Stelarhys comme d’un levier, ouvris la bouche de cette saperiez morte et me jetait en arrière. Je sentis nettement quelques trucs être arrachée dans la manœuvre et hurlai de nouveau alors que l’autre truc tombait non loin. J’entendis un battement d’ailes et me sentis soudainement retenu par les épaules. La violence du choc me fit grincer des dents et je crus me déplacer des os dans el processus, mais je touchai terre avec une lenteur toute relative. Je levai les yeux pour voir le piaf de Maïssa retourner ers sa propriétaire. On était quitte, j‘imaginais…

Mordant dans la poignée de ma rapière, je débouchai ma gourde et versai assez de potions pour transformer la bouillie d’os et de chair en un truc qui ressemblait un peu plus à l’aile que j’avais juste avant. La douleur s’atténua et je pus à nouveau respirer normalement.

(Euhm… Amy me tanne pour que tu la ramène à Akihito.)

(Dis-lui gentiment qu’elle m’emmerde et que je fais ce que je peux ! Elle va pas se mettre à me les briser, elle aussi…)

Il était où, en plus, Aki ? Ah, je le repérai sans trop de difficulté. Je me relevai péniblement et m’approchai de Maïssa, lui désignant le golem du bout de ma rapière. Restait juste à le rejoindre.

Et j’allais marcher un peu, là.

***
potions : 1 énorme et 1 grande potion de soin pour réduire la blessure à légère.

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Xël
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Re: Lande Noire

Message par Xël » ven. 7 juil. 2023 23:18

Je sens mon corps s’élever, Fin’ disparait, la douleur se réveille et me fait pousser des grognements de douleur. Je cherche autour de moi à comprendre sans pouvoir bouger la tête. J’entends des voix étouffées dans des bourdonnements et des sifflements puis la luminosité baisse encore me poussant à croire que moi aussi je vais m’éteindre. Je ne lutte plus pour garder les yeux ouverts, mon corps semble se poser aussi, immobile, je m’apprête à rendre mon dernier souffle, étrangement serein.

Mais il n’en est rien, mes forces me reviennent subitement, me coupant le souffle de surprise. Je sens ensuite un liquide sucré dans ma bouche, terminant de me rendre pleinement conscience. Je me redresse pour observer autour de moi. Une infirmerie avec de nombreux blessés. Alors j’ai survécu ? J’inspecte mes membres, m’assurant que je peux bouger normalement. Puis je lève les yeux vers les personnes autour de moi, m’attardant sur Zacara en particulier.

« Bon bah euh… merci. J’y retourne du coup … »

Une autre chance pour défendre la cité. Une réponse à mes prières ? J’engloutis une grande rasade d’eau en y songeant. Combien de fois puis-je frôler la mort si le Sans-Visage m’empêche de mourir.

Je me redresse et suis les indications pour retrouver la sortie et le champs de bataille qui s’est bien clairsemé. Il reste quelques groupes de créatures que les autres ont déjà prit pour cibles. Puis il y a ce dragon dissimulé dans sa brume, qui patiente tout en progressant lentement vers la cité. J’ai l’idée en tête qu’il guide cette armée vers la cité et quelque chose l’envoi lui. J’interpelle Visselion qui me parait épuisé et qui me répond que cela fait maintenant deux jours qu’ils se battent sans interruption. Je ne cache pas ma surprise, deux jours ? Mais nous n’avons passé au plus que quelques heures à Nagorin. Je ne m’attarde pas, ce n’est pas le moment de poser des questions alors que cette brume menaçante s’approche. J’insiste, lui demandant si il est capable de m’aider ou non et il répond sans détour qu’il ne peut pas et qu’ils sont sur le point de craquer. Je m’approche et lui donne une tape dans l’épaule.

« Courage. C’est bientôt terminé. »

Puis je m’éloigne pour me diriger droit vers le dragon, évitant les créatures qui se trouvent entre lui et moi. En m’approchant je commence à sentir mes yeux et ma gorge me piquer puis ma peau me brûler et cela s’accentue à chaque pas que je parcours. Je cesse d’avancer, sentant bien que m’aventurer plus loin me serait fatal. Seulement je suis encore trop loin du dragon pour l’arrêter et il doit s’arrêter. Je fouille dans mon sac et attrape une potion de clairvoyance qui devait me servir dans ce genre de cas précis pour ne pas me retrouver incapable de combattre comme contre Sirat. Je modèle aussi ma magie pour me former une bulle protectrice, me préservant ainsi de finir dévorer par ce brouillard mangeur de chair.

Je peux désormais deviner le corps du dragon plus longiligne que son crâne ne le laisse penser. Il n’avance plus, dressé sur ses pattes arrière, me fixant sans sembler vouloir m’attaquer.

« Qui vous envoie ? Vallel ? »

Je tente ma chance, jusqu’ici tous les dragons étaient capables de communiquer alors il n’y a pas de raison que lui ne puisse pas. L’important est de gagner du temps pour que les autres se débarrassent des autres créatures et biensûr que la brume n’atteigne pas la cité. Le dragon recule sa tête pour s’enfoncer dans le brouillard, puis il rapetisse pour prendre une forme humaine. Je m’avance, sur mes gardes, tandis qu’il se tient face à moi, silencieux. Je répète ma question:

« Qui vous envoie ? »

Ses traits se précisent: une sale tête, chauve, pâle, les yeux noirs, la peau marquée de failles sanglantes. Il répond qu’il est ici de sa propre volonté, par curiosité, attiré par la lumière du sceau. Je crains le pire en lui demandant d’où il vient et si c’est bien lui qui mène cette armée de monstres. Il rétorque de sa voix sifflante qu’il ne mène rien et qu’elle sont comme lui attirées par la lumière.

« Ça ça fait chier. C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Si c’est la curiosité qui vous mène ici. Je peux supposer que vous n’êtes pas spécialement hostile ? »

Si c’est le sceau qui attirer toutes les créatures de la région alors la cité n’est pas prête de s’en remettre. En revanche, si ce type étrange n’est pas un ennemi alors je peux peut être en faire un allié.

"Pas sssssspécccccialeement. Sssssssavez-vous de quoi il ssssssssssss'agit ? Vous êtes l'un des sssssssssssauveurs, n'est-ccccccce pas ?"

« C’est exact et oui je sais, c’est un sceau retenant la corruption de la Lande Noire. Mais vous savez ce qui serait super ? C’est que vous nous aidiez à repousser les dernières créatures hostiles et que vous rangiez votre brume mangeuse de chair. Je suis certain que les sorciers d’Elscarl’Oth seront capables de répondre à toutes vos questions pour satisfaire votre curiosité. »

Il me précise que la brume disparaitra tout seul, qu’il s’agit d’un effet secondaire de sa transformation.

"Je craignais de m'approcher, ils auraient pu vouloir m'attaquer. Cccccccccc'eut été gênant. Mais avec vous à mes côtés... Peut-être. Mais je ne sssssssssservirai pas à grand chossssssse ssssssssssous cccccccccette forme. Et puisssssssssque vous ne sssssssssouhaitez pas de brume..."

Dit-il en penchant la tête sur le côté. Je regarde pas dessus mon épaule pour constater de ce qui se passe sur le champs de bataille. Il semblerait que nous prenons l’avantage, les meutes de loups et de sangliers étant maintenant clairsemés. Les créatures ailées et les espèces d’hommes bêtes s’entretuent.

« On va patienter que votre brume se dissipe, j’ai l’impression que nous prenons l’avantage. C’est quoi votre nom ? Moi c’est Xël. »

Il se présente sous le nom de Trifalgin, ancien serviteur d’Orsan. Evidemment cela me fait réagir, demandant si il connaissait Vallel. Sans surprise il me répond qu’il le servait autrefois, me rendant plus méfiant.

« Vous savez qu’en cas de coup fourré je suis en mesure de vous le faire regretter ? »

Dis-je sans agressivité.

"Je sssssuis bien placccccccé pour le ssssssssavoir, dessssssstructeur."

Destructeur. Si ça se trouve la tour d’Orsan lui est tombé sur le coin du bec. Je réponds simplement que Xël suffira pour me nommer et patiente que la situation évolue.

((Consommation d’une potion de clairvoyance))

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » sam. 8 juil. 2023 02:23

J'avais beau boulotter cet énorme sac de gelée, il semblait s'en cogner comme de son premier flan au caramel. J'avais cette sensation cottoneuse dans la gorge tandis que j'essayais d'avaler ces morceaux pour mieux les vomir mais rien n'y faisait. Vaisselier lui même y perdait ses lames sans pour autant lui faire le moindre mal, c'était là une créature fascinante, avait-elle un point faible ? La magie probablement mais je n'avais rien de bien magique, j'étais juste pleine de griffe et de crocs cariés, pas de quoi invoquer une boule de feu ou un éclair pour le foudroyer sur place et le transformer en vulgaire tas de... De quoi ? C'était une bonne question, qu'est-ce que c'était que cette immense saloperie dans laquelle je venais de sauter à pieds joints, franchement ?

Fort heureusement, la magie arriva bien vite pour frapper le monstre, fort malheureusement, je n'ai pas eu le temps de m'en extraire, je sentais une vague de chaleur, d'abord supportable mais... Très vite je sentais que je brûlais, ma peau parcheminait, pelliculait et finalement fondait littéralement, laissant les chairs sombrer et découvrant mes os.

" Non, non non non non noooon NOOOOOOOOOOO... Ah ? J'ai rien senti en fait ? Chouette. Mission accomplie ! Le sac à moche est mort. "

Je me retrouvais à flotter, autour de moi il y avait un chaos total mais... Allez savoir, je me sentais bien sous cette forme éthérée. Akouba l'aurait franchement mauvaise de me voir me promener ainsi dans ce monde avec pour seule forme mon esprit, au moins j'ai de nouveau mes cheveux et je n'ai plus à supporter cet horrible corps. Au moins Vallel a le sens du pratique, s'il pouvait y ajouter un soupçon d'esthétique et un peu plus de cheveux ça serait quand même très appréciable.

La bataille faisait rage mais... Je la sentais nettement plus lisible que celle qui opposait les forces de Tata Oaxaca et celle de Tonton Solennel. Mon dévolu quant à la prochaine possession était tout trouvé, il y avait là une volute de brume, cette grande tête reptilienne, ces yeux luisants de méchanceté et de malice, ces dents capables de boulotter des centaines de blob ! Mais oui ! C'était lui, aussi appétissant qu'un énorme beignet sucré fourré au caramel après un effort physique ! Il me le fallait !

Mon esprit se concentra et... Et bien tout fut extrêmement rapide en fait. Il y avait des corps sans vie à perte de vue. Oh quelque chose de propre hein. Même Von Klaash avait pas ce goût du sale et de la torture pour imiter pareil paysage. Des flashs intercalés de pendaison publiques, de corps suspendus à des crochets, de lambeaux de chair, de langue arrachée à la pince chauffée, d'yeux perforés avec des objets non pointus, un véritable délice pour les oreilles que d'entendre ces beuglements désespérés, oh il y avait bien des cadavres d'enfants lancés sur des pals, certains ayant plus de chances et morts sur le coup, d'autres empalés à la cuisse étaient restés griller en plein soleil par un bel après-midi d'été, oh tout ça me donnait envie d'une petite promenade dans les plaines, j'aime bien grignotter un petit quelque chose avec un bon flacon de Shu Shen d'Oranan pour profiter du chant des oiseaux, des pleurs d'enfants, des hurlements de femme et des suppliques désespérées des hommes à qui on prend tout, à commencer par la vie de leurs femmes et enfants. Ce chant si doux et si... pur. Je ne comprends pas pourquoi on va chercher dans les temples des gamins aux noisettes coupées pour s'extasier devant la pureté de leur voix. Franch'ment ? La détresse et la panique totale de ces hommes et femmes qu'on torture habilement c'est largement plus pur et honnête, il n'y a rien de travaillé, personne ne s'entraîne à pleurer ainsi, personne ne va pendant des heures répéter un cri, un pleur, un hurlement, non tout ça vient du coeur, des tripes, il y a là bien plus de conviction dans un cri de quelque seconde que dans un chant orchestré. Oooooh... Il manque que les odeurs, l'odeur de la chair brûlée qui me rappelle ces doux souvenirs de Keresztur quand on avait assis un marchand de la guilde sur un trône de fer chauffé à blanc, c'était un parfum unique. Et quel spectacle mes amis, quand on a forcé ses complices à choisir entre le dévorer ou se faire démembrer sur place ! Le bourreau avait jeté de gros morceaux de marchand brûlé coupé grossièrement sur une table et même s'ils étaient timides au début, voir deux trois récalcitrants se faire trainer par les pieds pour se faire découper avec méthode devant leurs yeux a tôt fait de les rappeler à l'ordre. Ils avaient mangé ! Comme des bêtes, les doigts dans la chair, le sang coulant de leur menton encore luisant, le nez gras d'avoir plongé le visage dans la viande chaude de leur ancien maître, ils mastiquaient en silence, étouffaient des rots honteux, avalaient en retenant une nausée insidieuse Un spectacle magnifique. Je me demandais si ce serpent suspect voyait mes souvenirs également ? A ne pas douter, je voyais les siens, toute cette mort et ces cadavres... Brrr, j'en avais des frissons dans mon éther. Je me sentais... D'humeur très.. Très moi !

Mais savez-quoi ? Ce petit fumier m'a gratifié d'un " tire-toi grognasse " et m'a expulsé de son corps avec un soulagement de grand constipé.

Je veux dire... Merde quoi ! Je suis Silmeria, la Régicide, si ça ne me permet même pas une fois de temps en temps d'aller posséder une créature inconnue dans un monde inconnu grâce à un pouvoir inconnu pourquoi est-ce que je m'ennuie à faire tomber des couronnes ? Toute personne sensée s'en serait retourné mais... Ahahaha.





" FAIS-MOI UNE PETITE PLACE MON GROS BEIGNET ! "




Et cette fois-ci, je n'avais pas pour accueil un magnifique panorama de cadavres en tout genre, non vraiment j'étais presque déçue, j'avais juste une sensation écrasante, comme quand je dormais à bord de la Laide-les-Maines et que Von Klaash trop ivre s'était couché sur moi - avec l'odeur en moins - j'avais... Une sensation de... Claustrophobie. Un sentiment que quelque chose s'appuyait sur moi et m'empêchait de respirer ou me contractait... C'était compliqué à décrire, je ne savais pas trop ce que je ressentais. Entre deux respirations insoutenable, je tâchais de m'exprimer clairement, après tout si je suis en lui, il devrait bien m'entendre, si ça se trouve je suis sa nouvelle Faera !

" Dis moi mon petit beignet, à coup sûr tu es le commandant de cet assaut, personne d'autre que toi ici ne semble aussi cruel. Que viens-tu faire ici ? "

"Je ne commmmmande pas, j'obssssssserve. Et je ne sssssssssssssuis pas cruel, je n'agis que par nécesssssssssité. Que tu es sssssssssotte d'avoir tenté de me possssssssséder."

" Je ne cherchais qu'a capter votre attention. Je suis envoyée par Vallel. Je dois convaincre ces êtres que son retour n'est pas un mal, et votre présence, putride seigneur, n'est pas très arrangeante. Au fait, n'auriez vous pas vu un Gragon en colère ? "

"Valllllllllel ? De retour ? Vous êtes sssssssssssûre ? Ainsssssssssssssssssssi ne dois-je pas ssssssssuprimer les vôtres par vengeanccccccccccce ? Veux-tu ssssssssssssssortir, sssssssssssatanée en vahissssssssssseuse ?"

" Et bien oui, il est de retour. J'ai participé à le ramener de la Savane tana. Né. Tané. Tanénamachin. Il est de retour et attend plus loin, il m'a offert un corps que le feu bleu à détruit. Nul besoin de le venger, je suis sa messagère et je prends congé de vous. Mais... par quel nom puis-je vous appeler, si je croise Vallel, je pourrai ainsi lui dire combien vous étiez compréhensif quant à son objectif, il en sera ravi. "

"Nommez moi Triffffffalgin."

Et de nouveau, le sphincter se relâche et m'expulse dans la réalité ! J'apparaissais loiiiin, si loin de Trafalgar que je ne voyais plus que des yeux rougis de colère dans une brume à couper au couteau. Si Triphasé était une créature de Vallel, il devait pas être un demi-valet, c'était sûr. Je n'avais jamais entendu parler de ce vilain Triboudin, mais il avait une force que je n'avais jamais vraiment senti... Sauf si on omet le Gragon, d'ailleurs il ne m'a pas répondu quand je lui ai demandé si il en avait vu un.

Mais Trifaldinde restait en retrait, il semblait s'amuser du spectacle qui opposait ces créatures à ces sorciers, personnellement je n'aime pas trop la magie mais faut avouer que je n'en étais pas à jubiler de voir des chiens enragés s'en prendre à des mages éreintés de ces assauts répétés. Il y avait de quoi faire encore en matière de combat, c'est là que mon corps me manque tout de même, mais bon, des lames courtes pour affronter ces adversaires, c'est quand même se mettre en danger inutilement pour rien ! Le Sceau de Sol pour une hallebarde mes amis !

Mais soit. Il y avait bien ces horribles hommes... Qu'ils étaient... Oh... Voui... Ils sont comme ils sont certes, je ne suis pas trop portée à juger le physique mais là tout de même, ils ne me facilitaient pas la tâche. Ils sont tellement moches que même un Garzok s'en rendrait compte avant la nuit de noce. Mais faute de grive, on mange du merle !

Où est mon petit beignet poilu ?

Je trouvais un homme bête un peu esseulé, encore hagard au milieu de la mêlée et y plongea mon âme.

Mais il se défendait ce petit fumier, il opposait une résistance bestiale même, mais... J'avais l'ascendant, il se débattait, il semblait gesticuler, chercher dans son esprit siphonné un échappatoire mais il n'en trouva aucun, je n'avais pas comme pour Trafalgar l'occasion de le chasser de son propre corps, là... J'avais l'impression de devoir le détruire, comme si j'essorais une éponge et que je laissais son âme se répandre à terre. Oui c'était ça ! Il fallait faire couler son âme, son esprit, son être dans cette terre morte assoiffée de sang ! J'écrasais mon adversaire avec une maladresse certaine, habituée aux lames et aux poisons, détruire un esprit avec sa force mentale était un exercice compliqué mais... J'y parvins, je ne sais trop comment à dire vrai, j'étais juste là, lui aussi et puis je l'ai senti faible et comme si je me concentrais en fronçant un peu les sourcils je le sentais perdre pied, perdre espoir et finalement disparaître et lorsque j'ouvris ses yeux devenus miens...

Un bruit assourdissent de crocs qui claquent et de coups mats donnés par des pattes griffues, des hurlements de loup, de bête, des corps qui tombaient, se relevaient, ou pas. Des bêtes féroces qui se jetaient à la gorge des autres, s'accrochaient comme des chats en colère et poussaient des hurlements intempestifs aussi affreux qu'irritants. Je prenais conscience de la force de mon nouveau corps et de sa stature, il semblait être nettement plus grand et massif que mon corps de Sissi, le pas lourd, les muscles puissants et saillants, je tentais bêtement deux coups de patte devant moi, il y avait de grosses griffes qui semblaient pointer sous les poils duveteux de mes doigts, c'était très vilain mais... Il y avait quelque chose de fort, de puissant comme quand on contemple un animal sauvage et qu'on sait qu'il s'agit là d'une bête terriblement puissante. Mes coups dans le vide ne semblaient gêner personne, il y avait tant d'animation et d'agitation que dans ce capharnaüm j'aurai très bien pu jouer du banjo que ça n'aurait pas été plus surprenant. Une bête fondit sur moi et d'un coup d'un seul frappa mon épaule, y laissant une griffure tiède et piquante, emporté par son élan, la créature se trouva un autre adversaire, un loup sanglant qui venait d'arracher la gorge d'un sanglier, il s'en prit à elle sans même tenter un nouvel assaut sur ma personne, j'errais comme une idiote dans ce corps inconnu au milieu d'une mêlée quand la dure réalité d'un combat me fit soudainement face, un loup déjà grièvement blessé chercha à m'arracher la gorge, je parvins à bloquer sa mâchoire de mes mains et ses crocs claquaient devant mon visage. Un peu comme l'horrible hybride de lion et de castor que j'avais rencontré dans les plaines onirique, si j'avais eu un moment de peur, mon adrénaline prit vite le dessus et usant d'une force nouvelle et encore brute, je serrais les doigts sur cette gorge déjà griffée par d'autres que moi. Je sentais avec étonnement les os fragiles se courber son mon emprise, bientôt les os plus robustes cédèrent à leur tour, n'ayant offert qu'une brève résistance, le craquement étouffé par le combat se fit entendre et la bête ferma ses crocs dans le vide pour ne jamais plus les ouvrir.

Un autre adversaire me fit face, le corps du loup n'était pas encore complètement vidé de sa vie que voilà déjà qu'on voulait ma mort. Un assaut rude, fort mais qui manquait de finesse, un véritable animal, une brute épaisse et sans cervelle cherchant à griffer et à mordre, voilà ce que je pensais être mon adversaire mais il y avait un semblant de technique, comme un art martial inculqué dans une caboche trop vide pour en comprendre l'essentiel. Des assauts lourds que je parvins à éviter comme fronçant les sourcils de voir un des miens m'attaquer. - Des miens ? Je ne suis quand même pas affiliée à ce genre de vilaine bête. -

Comme le disait un grand mage, le second plus grand mage que le Royaume de Kendra Kar ait connu, cette phrase entrée dans l'histoire en revêtant une parure d'épique :

" Couché sale beyte ! "

Mais ma bouche n'accepta de cracher qu'un :

" GALGULABRAWA ! "

Avant que mes griffes ne perforent sa gorge, le faisant reculer pour s'étaler presque en silence, conscient de sa blessure, il ne se releva pas pour m'opposer une quelconque résistance.

A mesure que les bêtes mourraient, je voyais que les survivants semblaient bien identifiables, il y avait un énorme golem mécanique aux avants bras rougis du sang de ses adversaires et mon bon vieux Vaisselier qui n'avait pas attaqué, pour une raison que j'ignorais d'ailleurs. J'avais pourtant le faciès contrariant et à sa place je ne me serai pas gênée.

Les cris se firent bientôt plus discrets, il y avait moins d'agitation, moins de poussière dans l'air et je ne ressentais plus cette fine pluie de sang jaillissant d'artères diverses. Le Golem haut comme deux moi me fit face et contre toute attente écrit quelque chose au sol que je parvins à déchiffrer. Il y avait...

Aki ?

Akichou ?

Akichou-le-canaillou ?

Mon Aki ?

Aki-le-ravioli ?

Aki-le-fournisseur-d'onigri ?

C'était une nouvelle incroyable ! J'avais bien envie de lui sauter au cou mais il aurait pris ça pour un assaut d'homme chien décérébré et j'aurai terminé de colorer ses rouages de mon sang et de ma cervelle ! A mon tour je me penchais au sol, chassant du revers de la main un oeil qui avait roulé devant moi et y dessina une fleur. Une rose précisément.

Ce bon vieux Akichou-le-flagadou comprendrait ! Je le savais. Et il comprit ! C'était exceptionnel, dans ce carnage tout juste éteint, il y avait un soupçon d'entente, malgré nos corps différents, on avait su se comprendre, se reconnaître ! Oh comme j'avais hate de retrouver mon corps pour lui envoyer un bisou sur la joue bien mérité. De préférence devant sa copine Shaakt pour voir si ça la rend jalouse. Oh, si ça se trouve elle a été boulotté par les loups ou les sangliers, qui sait ? Il opina du chef et m'invita à le suivre en direction des sorciers non sans m'adresser un signe sans équivoque de ne pas faire de connerie.

Aaaaah, sacré Akichou-le-canaillou, décidément il me connaît trop bien.


------------------------

Suit Aki en direction des sorciers.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Dracaena Paletuv
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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 8 juil. 2023 03:55

Un proverbe raconte qu'en chacun de nous il y a deux loups, l'un bon, l'autre mauvais, et celui qui domine est celui qu'l'on nourrit. Une façon simple mais facile de faire comprendre aux gens que tout relatifs que le bien et le mal étaient, nos choix et nos actions restaient les principaux responsable de la direction que nos vie, notre mental, notre éthique prenaient.

Mais dans ma situation actuelle, le corolaire à ce proverbe était plus adapté: en chaque loup il y avait un oudio. Ni bon, ni mauvais, il n'avait pas besoin d'être nourrit: il fallait juste qu'il pique les rennes à cette cochonnerie lupine!


"SALE BÊTE! COUCHE! MECHANT!"


J'esquivais de justesse un coup de mâchoire. Le monstre recula, me toisant, grognant, cherchant à m'intimider. Il marchait lentement, une petite onde générée par chacun de ses pas, comme s'il se déplaçait sur du liquide. Pourtant, y avait rien d'mouillé dans l'coin. Tout était flou, tout était trouble. Des formes de forêts, de rochers me semblaient apparaitre. Du rouge, du noir, du vert, les couleurs alternaient, dans une danse presque hypnotique. Et au milieu de tout cela, qui brillait plus que tout le reste: du doré. Scintillant, chatoyant, la "couronne" de la créature en était presque aveuglante.

Ce qui la faisait énormément détoner avec le corps transparent de l'animal.

Un nouvel assaut! La créature... ou plutôt devrait-je dire, son âme, se rua sur moi, mais bifurqua à la dernière seconde pour ma passer à coté avant de revenir, la gueule grande ouverte, sur moi. N'ayant pas réagit assez vite pour éviter la feinte, j'attrapai le haut et le bas de la mâchoire du monstre, l'empêchant de se refermer sur moi.
Je ne sentais pas ses crocs traverser mes mains, mais je sentais sa force, son énergie, ses émotions. Sa haine, sa colère, dirigée contre moi. Cette chose ne pouvait pas parler, mais la, au cœur de sa tête, au cœur de son être, il n'y avait pas besoin de mot pour se comprendre.

"Vas t'en! Sort d'ici!"

Oui, tout animal qu'il était, j'entendais son désir résonner dans ma tête. J'étais chez lui, sur son territoire. J'étais l'envahisseur, j'étais le parasite. Une âme sans corps, ayant trouvé un potentiel refuge. Et en regardant mes mains, bloquant toujours les mâchoires ésotériques de la créatures, je ne pu m'empêcher de ricaner: si nous étions dehors, tous les deux dans nos corps respectifs, je n'aurais jamais réussi à accomplir une telle prouesse. Mais la, j'étais une âme. Une âme errante.

Il n'y avait pas d'histoire de muscle, de tige et de tronc. Il n'y avait pas d'histoire de croc et de physique: il n'y avait que nos âme. Que nos esprits. Que nos mental. Et cet animal était grand, était puissant, était intelligent, je le sentais, mais son âme, elle n'était qu'une âme parmi tant d'autre. Et la mienne? La mienne se gorgeait encore de la joie et l'excitation que j'avais ressentis précédemment en explosant. Elle était requinquée, prête à tout. Mon être entier c'était rappeler quel plaisir c'était de s'abandonner à l'excès et la curiosité!

Cet animal voulait que je parte, parce que j'étais chez lui. Mais moi, je voulais son corps pas parce que j'en avais envie. Mais parce que j'en avais besoin. Parce qu'il le fallait, parce que la, dehors, en ce moment, des gens se faisait massacré, des alliés, potentiels ou pas, étaient en danger. Et je n'allais pas les laisser en plan, je n'allais pas les abandonner! J'étais déjà passé par de plus grands extrêmes pour réussir à rendre service, à aider, alors piquer le corp d'un chien un peu plus musclé qu'la moyenne, c'était rien!

Je le sentais, il voulait survivre, mais moi aussi. Je le sentais, il voulait protéger sa meute, mais moi aussi. Mais j'avais un truc en plus, qui, ajouté à mon désir bien plus débordant que le sien d'aller de l'avant, me ferait gagner cette bataille: j'étais incroyablement, terriblement curieux d'expérimenter sur ce vol de corps! Les sentiments, les sensations, bonnes, mauvaises, qu'importe! Je ne voulais pas de son corps, mais je désirais ardemment un corps!

D'un mouvement brusque, je soulevai l'âme du loup en le tenant par la mâchoire avant de l'écraser à mes pieds. Il n'y avait pas de sol, mais la violence de ma pensée, de mes désirs, l'atteignait. L'animal se dégagea, essayant de prendre du recul, mais je le poursuivi. Nos jambes, nos pattes, nos racines, tout cela était métaphorique, métaphysique, inconcret et inconsistant: dans la nature, ce monstre m'aurait dépassé, mais ici, celui qui allait le plus vite était celui qui avait la force d'esprit d'aller le plus vite.

Je sautai sur le dos de la créature, atterrissant racines les premières sur lui, entendant tout son être trembler, hurler de douleur à mon impact. Me prenant par surprise, il se retourna, et planta ses crocs fantomatiques dans mon âme. Je voyais son regard, je sentais sa haine... Mais, lorsque je plongeai mes yeux dans les siens, je le vis les écarquiller. Réaliser ce qui se passait. Car, oui ,j'avais mal. Oui, son âme était bien plus puissante qu'elle n'y paraissait, et elle cherchait à m'écraser.
Mais la raison pour laquelle sous les lueurs de sa crète, ce loup sembla choqué, c'est qu'il avait prit conscience d'un fait tout simple:

J'adorais ça.

J'avais l'impression qu'il pouvait me briser en deux. Mais c'était la première sensations auquel j'avais droit depuis ma mort. Pas de corps revenu à la vie et insensible à tout, pas de fantôme flottant et traversant l'existence: non, la, il atteignait le plus profond de mon être. Et je ne ressentais. Cette horrible sensation, presque aussi intense que celle des flammes s'infiltrant dans mon écorce. Oui, oui, c'était insupportable! Mais c'était la preuve que j'étais la, que j'étais vivant!

Ce loup se battait pour sa survie, pour celle de sa meute. Je me battais pour ma survie, et celle de mes alliés. Mais lui, avait peur de mourir, avait peur de se rater. Son instinct le lui dictait. Et c'était ça la grande différence entre nous deux: ce monstre, ce chef, ce roi c'était lancé dans cette bataille avec la peur de mourir.

Pas moi.

Si je devais périr ici, alors qu'à cela ne tienne. Si mon âme devait être brisée, ça s'rait pas d'chance, mais ça s'rait mieux que d'la voir effacer en une aspiration par Brythagon. J'avais besoin de ce corps tout autant que lui. Je n'avais pas peur de perdre ici. Je n'avais pas peur de mourir ici. Et, par dessus tout ça: je prenais du plaisir dans tout ce qui se passait.

Mes doigts remontèrent tout le long de la couronne du loup, caressant cette dernière, avant de s'enfoncer à l'intérieur. Je me mi à ricaner, approchant lentement mon visage de son oeil me dévisageant, voyant l'étincelle de peur que j'avais repérée plus tôt se transformer en un brasier. Je ressentais ce qu'il sentais, et il ressentais ce que je sentais: la douleur, la joie, l'excitation.

Mes doigts s'enfoncèrent de plus en plus dans la tête de l'animal. Il essaya de se dégager, mais il n'arrivait pas à bouger, à rétracter sa mâchoire. Des vignes et des branches fantomatique poussaient tout le long de mon corps, enroulant, étranglant l'âme du lupin. J'avais toujours été sensible aux émotions des autres, et cette peur, oooooh, cette peur, elle était délectable.

La lueur de la crète dorée devint de moins en moins intense, tandis que celle dans mes yeux resplendissait, grossissait à vu d'œil. Je n'entendais plus que des échos de plaintes de cris désespérés, tandis que le loup semblait devenir de plus en plus petit devant moi. Il avait admit, au fond de son cœur, au fond de son être, la défaite. Il voulait encore gagner, il voulait encore se battre, je le sentais. "Vas t'en! Arrête! Laisse moi!" Mais je n'arrêtais pas. Je ne stoppais pas. Je ne le laissais pas.

J'étais une ombre titanesque, un arbre gigantesque, un être monstrueux et incompréhensible à ses yeux. Mes racines se plantaient dans le sol, se rependant à toute allure à travers le flou et la brume. Les semblants d'images de plaines et de rochers laissaient place à des silhouettes de forêt et de chatoyante flammes. J'avais réussi, ma graine était plantée, germée. Et si un long hurlement de loup se mit à résonner de partout, il fut très vite couvert par un rire, montant et montant, plein de joie et d'excitation, pour finalement être surplombé par le choc d'une gigantesque explosion de lumière, englobant tout ce qui se trouvait, ici, la, et la bas. Tout ce qui était et qui existait.

Puis...

Le silence.



Boum boum, boum boum...


J'ouvris les yeux, encore un peu sonné, ne comprenant pas trop ce qui venait de se passer. Je regardais autour de moi, ayant du mal à distinguer clairement les formes, mais remarquant que les couleurs du monde avaient changées tout était plus gris. Je voulu faire un pas en avant, et je me sentis tomber. Puis, de la douleur.
Je regardai à droite, à gauche, essayant de me prendre la tête dans les mains, et je ressenti de nouveau une douleur, mais au bras cette fois. Et puis, surtout, je pouvais sentir ma tête.

Et elle était pas comme d'habitude.

Essayant de me concentrer, tout fini enfin par devenir plus clair: j'étais à Elscar'Olth. J'essayais de me masser les branches, mais une fois de plus, douleur au bras, et difficulté à le monter. Puis, je vis surtout que ma main avait une tête très différente: c'était une patte.
Je n'étais plus dans la tête du loup.
J'étais le loup.

KAHAHAHAHAHAHA! J'avais réussi! J'avais réussi mon coup! Je regardais à droite, à gauche, cherchant à voir dans quel état se trouvait son âme, avant de me rappeler que je n'pouvais plus les voir maintenant que j'avais un corps! Kahahaha, j'étais triste pour lui ,mais il se trouv'rait bien un cadavre à posséder, hein!
Je savais que j'pouvais réussir, je savais que c'étais possible! La force d'une âme déjà brisée, et portée non pas par le désespoir, mais par la curiosité, était redoutable!
KahahahahahuUEAAAAARGH!

BLAM!

Boum boum, boum boum...


Je venais de tomber, une fois de plus. J'avais essayé de danser pour fêter cette victoire. Mais le corps d'un quadrupède était pas trop fait pour ça. J'étais assaillis par de nouvelles sensations, et je redécouvrais d'anciennes. Mais il me fallait redescendre de mon petit nuage: j'aurais tout l'temps pour expérimenter sur ce nouveau corps plus tard. La, il me fallait déjà comprendre comment l'utiliser.

Boum boum, boum boum...

Je me mis à me regarder pendant plusieurs minutes, mes pattes, mes... autres pattes, une queue que j'apercevais, à l'arrière. Plus je me calmais ,et plus je me sentais... bizarre. Je ressentais un truc en moi, un truc étrange. Et plus que ressentir, je sentais des choses, et par le visage, non pas par les feuilles et les branches, comme d'habitude. Enormément d'odeurs fortes, dérangeantes, déplaisantes, dont je n'arrivais pas à savoir si je les appréciais ou non. Puis, il y avait un gout. Un gout localisé, au niveau de la tête toujours, et pas dans tout le corps, comme d'habitude. Je sentais un truc couler le long de ma bouche, un truc que j'n'arrivais pas à identifier, mais qui semblait un peu gluant.

Boum boum, boum boum...

Posant l'une de mes pattes au sol, je réalisais qu'à l'inverse, je ne ressentais rien du bout des doigts: j'avais des griffes, longues et incurvées. En raclant le sol avec ces dernières, je les senti vibrer, résonner en leur base. Essayant de pousser, toucher un peu le haut de ma patte avec, une douleur très vive monta immédiatement. Je du appliquer beaucoup moins de force pour ne pas avoir mal. Et la, sous mes yeux ébahit, je vis mon écorce s'enfoncer. Tendre, souple, ça n'était pas de l'écorce, c'était de la peau. Plus bizarre encore, elle ne se brisait pas, mais j'arrivais à sentir en dessous, à l'intérieur, que ça se touchait. C'était... intriguant... mais bizarre.

Boum boum, boum boum...

J'essayai de toucher mon ventre, de la même façon, tentant de me tenir debout sur trois pattes, avant de finalement allonger le bas de mon corps sur le sol. Je sentais le gravier en dessous de moi. Je le sentais s'enfoncer. Et, quand ma griffe, mon doigt, finit par atteindre mon vendre, alors la, ça n'était plus souple: c'était mou. Flasque. Et quelque chose à en dessous semblait gronder, vibrer.

Boum boum, boum boum...

Et il y avait ce bruit, ce bruit incessant, ce battement dont je ne comprenais pas l'origine. Etait-ce mon ouïe plus développée qui entendant les pas d'un ennemi au loin? Non, c'était trop régulier. J'essayais de me concentrer. Fermant les yeux, me calmant, cherchant la source de cet agaçant boucan.

Et la, d'un coup, je compris de quoi il s'agissait: c'était un battement de cœur. C'était mon cœur.

Boum boum, boum boum...

Et avec cette prise de conscience, je fus envahit par de nouvelles informations. Je sentais quelque chose me couvrir, bouger, circuler. Du sang. Mon sang! C'était... c'était...Erk... Tout ces fluides... tout coulait... à travers moi... Je l'entendais maintenant, c'était insupportable C'était écœurant. C'était...c'était...


BLEUARGH!



J'étais la, la bouche ouverte, ayant encore la sensation de ce qui venait de sortir de mon corps. Je... Je venais de... de vomir. C'était... Déguelasse comme sensation. ça brulait. Et pas de la bonne façon. ça sentait. Et je me sentais assoiffé d'un coup. Pourquoi les êtres de chair avaient autant de fluides immondes qui pouvaient sortir de leur corps?!

Boum boum, boum boum...


Tout cela était fascinant, oui, mais c'en était pas moins dégoutant! Arg! Oui, j'avais réussi à piquer ce corps, youhou, mais c'était tout bon'ment immonde! Aller... Aller... Fallait pas s'laisser abattre... L'âme d'un loup enragée m'avait pas intimidée, c'était pas du sang... et d'autres trucs liquides qui allaient me faire peur...

Boum boum, boum boum...

ET ASSEZ AVEC CE BRUIT! J'devais réussir à l'ignorer. Les êtres de chair arrivaient à vivre avec ce truc comme si de rien était, non? Alors moi aussi j'pouvais le faire. Concentration...concentration... Aller... J'devais avancer, utiliser ce corps pour bouger, aider les autres. Lentement... Un pas devant l'aAAAAAUAUUUUTRE!

BLAM!

Encore tombé. Erk. Marcher avec quatre jambes c'était plus compliqué que prévu. Surtout que j'avais du mal à savoir laquelle était sensée être laquelle, ou si je mettais la bonne pression sur le sol et tout. Erk... Aurais-je crier victoire trop vite? Non, aller, au moins dans ce corps ça f'sait un enn'mi d'moins pour les autres, c'était d'jà ça. Et puis bon, y avait bien d'aut' chose que j'pouvais faire avec ce corps.


MordRe! Manger! Lumière!


...Hein?


Attaque! Attaque! Grrrr!


Qu'est ce que... Ces voix... Non... Non, c'était pas des voix. C'était plus des émotions, des sentiments. Les miens? L'instinct bestial de mon hôte peut être? Ou alors...
En arrêtant de me concentrer autant sur le coté écœurant de ce corps, ou le coté agaçant de ce cœur... Je r'sentais... Quelque chose d'autre... Quelque chose de nouveau. Un sentiment puissant... Non, un sentiment de puissance. Je fermais les yeux, essayant de centrer toute mon attention dessus. Et la, je vis un humain fuir, et une terrible envie de mordre.

J'ouvris les yeux brusquement! Ce... C'était... Un autre loup? Je dressai la tête, regardant le champ de bataille, apercevant tous ces loups à cornes, plus petits, plus rouge, mais similaire à ce nouveau corps. Et, en les voyant, j'étais pris d'une envie. D'une envie de leur parler. De les diriger. J'avais l'impression qu'ils... qu'ils étaient à moi, à mon service. Je me sentais grand. Je me sentais imposant. Je me sentais roi.

Je me concentrai de nouveau, essayant de revoir à travers les yeux du précèdent loup. Je revis l'humain d'il y a quelques secondes, mais cette fois ci, il était à terre, en larme, hurlant, essayant désespérément de reculer. Je ressentais une envie de se nourrir, une envie de l'attaquer. Il fallait que j'arrête ça, il fallait que ça se STOPPE!


...


L'humain se cachait derrière ses bras, les yeux fermés, attendant le coup fatal. Puis, après quelques secondes, il ouvrit les yeux, hésitant, puis me regarda, toujours aussi effrayé, mais désormais surpris. Enfin, il "me" regarda, il regarda le loup qui l'attaquait. Et qui ne semblait plus bouger. Et si... Je désirais qu'il reparte? Qu'il fasse demi tour? Et bien, à peine j'eu pensé ça, que le loup s'exécuta, se retournant brusquement, et s'éloignant en trottinant, sans se retourner.


Oh.


Ohohohohohoho!


Drac, mon petit Drac, Oudio si sexy et si intelligent, ptet bien qu'ce corps allait être beaaaaaucoup plus utile que prévu. Cette créature était capable de contrôler ses pairs... Alors si j'pouvais pas bouger effica'cment dans ce corps, j'pouvais au moins envoyer quelques loups aider les autres à ma place!
Non, définitivement, j'avais fait un excellent choix en piquant ce corps! Et si on m'le demandais, oui, je prétendrais que j'avais tout prévu et que tout était volontaire!

Il me fallait me concentrer à nouveau. Qu'importe les battements de cœur, qu'importe le sang qui circule, il fallait que je me concentre sur les loups. Sur MES loups. Je les voyais, la, passer au loin, mais je les ressentais aussi. Je devais les faire m'écouter, je devais les faire m'obéir. Et je les entendais répondre, je les ressentais, comme une extension de moi même. Un, puis deux, puis trois...

Gnnn....Gnnrnnnrrrrrnnrnnnrr......GRAAAAAAAAAAAAAAAH!

Je me sentais léger. Je me sentais royal. J'avais l'impression que mon corps s'étendais par delà les limites de mon physique. Je n'étais plus un. J'étais nombreux. J'étais légion. Car ils étaient moi. Ils étaient une extensions de moi. Je les ressentais tous, un par un... Ils étaient la... Oui...

Mes cent soldats...

C'était parfait! C'était génial! C'était... C'était fatiguant. Ma tête tournait un peu... L'ef...L'effort mental était ptet un tantinet trop important. Surtout pour une première fois. Surtout après la bataille mentale contre le proprio d'ce corps. Je... Je devais faire vite. Je devais donner toute mon énergie, tout mon être pour contrôler ces créatures. Mes créatures.

Fermant les yeux, je voyais défiler à toute vitesse leur point de vue à chacun, et il fallait absolument que je commence par un ordre important:

TOUT CEUX QUI ATTAQUENT DES HUMAINS: STOOOOOOOOP!!!


Je ressentis comme une vague d'émotion me traverser. Du calme, de la stabilité. J'entendais au loin, avec ma nouvelle ouïe surdéveloppée, des cris de surprise venant d'un peu partout.

Et, dans le cas de certains, une risposte.

On attaquait mes loups. Il fallait que je réagisse vite. Juste les laisser immobile à se faire tuer, ça serait du gâchis. Non, je devais agir, je devais protéger. Je repassais à nouveau par leur point de vue à tous, voyant défiler des images à une vitesse hallucinante. Et deux choses finirent par remonter jusqu'à mon cerveau: la première, c'est que je n'avais pas vu de Xël, d'Yliria, de Maïssa ou de Golemito à travers leurs yeux. Une bonne chose.
La seconde, c'est que j'avais vu des cochons.
Beaucoup, beaucoup de cochons.
Et pas du genre mignon des prairies à manger des champignons.
Non, du genre gros, effrayant et dont quelques uns croquaient dans des passants.
Ils avaient l'air nombreux, très nombreux. C'était la cible idéale. Tant que je contrôlais ce corps, tant que j'étais la, je pouvais utiliser cette armée pour repousser une autre armée.


Je changeai de position. Droit, posé sur mon arrière train, la tête assez haute pour observer l'action au loin, mais suffisamment à l'aise pour ne pas avoir à me concentrer sur mes jambes. Je les voyais, à travers mes yeux et à travers ceux de mes loups. Tous ces sangliers... Ils avait l'air coriace, idiot, et, étrangement... appétissant?

Non, pas d'instinct animal bizarre ou j'savais pas quoi! Pas maintenant! J'devais me concentrer, me concentrer. C'est qu'j'allais devoir gérer un sacré paquet d'bestiaux moi... Il fallait voir ça comme ... comme un jeu! Ou comme une histoire, un rêve que j'écrivais. J'allais être tout le monde et personne à la fois!
Je me concentrai...Et lentement, tous les loups, un par un, se tournèrent en direction des sangliers. J'avais des groupes de cinq à six loups par endroit, des solitaires par d'autres... Quand à mes proies, elles étaient moins bien organisées, chacune allant un peu de son plein gré. Il fallait frapper vite, avant qu'ils ne se rendent compte de ce qui se passait. C'était un jeu, une histoire, une pièce de théâtre. C'était une guerre totale que j'allais déclencher... J'étais l'auteur, le metteur en scène, le général! Et je comptais bien finir couronné de succès!


"AOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUH!"


Image


La bataille était lancée! Tous les loups se mirent à fondre sur les sangliers, sans hésitation! Visant les yeux, visant la gorge, ils savaient ce qu'ils devaient faire pour vaincre leur cible.


Groupe de loup Acajou sautèrent à trois sur le même sanglier, l'accablant de blessure, le faisant s'effondrer sur le sol. Tandis qu'ils s'apprêtaient l'achever, trois autres sangliers se mirent à les charger par surprise, éliminant deux d'entre eux.

Groupe Bouleau, composé de juste deux loups, eux, réussirent à faire le premier sans en notre faveur, le premier canidé attrapant à la gorge un sanglier en train de se repaitre d'un cadavre, tandis que le second loup planta ses cornes, puis ses crocs dans le flan de l'animal, l'achevant au passage.

Groupe Cocotier, suivit de groupe Dragonnier, réussirent à dévorer cinq sangliers prit de panique, profitant de leur grand nombre, dépassant la vingtaine, pour les massacrer.

Les sangliers commencèrent à se rebiffer, et à se réunir, chargeant avec violence, mordant tout ce qui passait à leur portée. J'ordonnai au loup de se réunir eux aussi: l'arbre qui cache la forêt, la horde qui en cache une autre! Une quarantaine de loup fonça prendre à revers un regroupement de sanglier, tandis que j'ordonnais à d'autre d'entre mes soldats de se cacher derrières les décombre de la ville, afin de prendre par surprise les porcin isolés.

L'un des cochons était clairement plus redoutable que les autres. Il envoyait valser mes loups d'un coup de tête, en empalant plusieurs sur ses défenses, fonçant comme un enragé à travers tout, brisant même une palissade installée. Je me rendit compte que la direction qu'il prenait me semblait familière. Ouvrant les yeux, je le vi, au loin, fonçant dans ma direction. Ce porc, grand monsieur qu'il était, avait visiblement décidé de s'attaquer au chef en premier. Avec une certaine satisfaction, je vis une dizaine de loup jaillir de ses cotés pour lui sauter dessus et l'immobiliser avant de l'achever. J'avais bien fait d'en rappeler certains auprès de moi en cas de besoin.


La bataille faisait toujours rage. J'observais, physiquement et mentalement la situation. Mes loups étaient plus avantagé dès qu'il s'agissait de prendre dans le dos, ou en embuscade, mais un sanglier arrivait facilement à éliminer un loup isolé, et ces bestiaux n'étaient pas intimidé par un regroupement: ils fonçaient dans le tas, et avaient le temps de faire voler bon nombre de mes soldats avant de succomber aux morsures et coups de corne.

Je sentais quelque chose bouillir en moi, voyant le sang gicler de partout, entendant les cris qui résonnaient bien plus dans mes nouvelles oreilles que dans les anciennes. J'essayai de regrouper mes loups survivant, afin d'organiser plus d'embuscade, ou d'aller achever les blessés, mais, il fallait bien se rendre à l'évidence: nous étions en train de perdre. Je sentais le nombre de canidé diminuer de plus en plus, mais je n'arrivais pas à tous les gérer assez précisément. Ils étaient trop dispersé, et je n'arrivais pas à être partout.

Mais, tandis que j'observais, à travers les derniers membres du groupes Cocotier, deux sangliers survivant approcher pour les achever, je vis une lumière bleutée les couvrir. Elle était chaleureuse, fascinante...Elle était...

Sexy!


Alossarh était en train de pourchasser les derniers sangliers survivants, brulant les fuyard de ses sublimes flammes. C'était poétique, cathartique! J'avais peut être perdu cette bataille, mais les sangliers, eux, avaient perdu la guerre! Relâchant un peu la pression, je me félicitais de tout ce qui venait de se passer, ayant techniquement fait d'une pierre deux coups, en faisant éliminer les sangliers et les loups rouges, mais un halètement plaintif attira mon attention.

C'était un loup.

Un loup rouge encore vivant.

Mais pas vivant pour longtemps.

Il avançait, boitant, une plaie gigantesque sur le ventre, saignant de partout. Il se trainait vers moi, presque désespérément. J'eu à peine le temps d'essayer de voir à travers lui, de ressentir à travers lui, qu'il finit par s'effondrer à quelques mètres de moi. Mort.

Je regardais le cadavre canin. Peut être était ce à cause de ce corps, ou à cause de la fatigue, mais je ressentais une certaine tristesse à le voir comme ça. Après tout, je venais de forcer cet être, lui et tous les siens, à sauter dans une bataille perdue d'avance. Je les avais poussé à la mort. Certes, ça faisait parti du plan, mais je les avais poussé à la mort. Alors qu'ils cherchaient juste à m'obéir. A m'aider.

...

C'était une bonne chose que cette tristesse m'affecte en fait. Je n'devais pas oublier mes valeurs. Certes, c'était des monstres sanguinaires, et sans mon intervention, ils auraient tué bien plus d'innocent. Mais je m'apprêtais à jubiler de leur mort, et je ne devais pas. Je les avais utilisés, consumer dans les flammes de mon ambition et de mes intentions.

L'minimum que j'pouvais faire, c'était au moins respecter leur mémoire.


Cette prise de conscience bien admise, je commençai à me trainer difficilement jusqu'au cadavre. Ramassant ce dernier dans ma bouche, et essayant d'ignorer l'immonde sensation que je ressentais sur ma langue, je me trainai avec mon paquet prêt d'un mur effondré tout proche. Relâchant le corps du loup, je posai une de mes pattes sur sa plaie, cherchant à l'imbiber le plus possible de sang.

Difficilement, je posai ensuite la patte sur le mur derrière moi, essayant de faire un trait, puis un autre, puis un autre. Jusqu'à, enfin, former un simple mot:

"Drac"

Puis, essayant de faire ce qui pouvait être une flèche, je fini par m'effondrer sur le sol. Perte d'équilibre ET fatigue. Mais au moins, j'avais noté mon message.

Y avait plus qu'à espérer que quelqu'un le lise avant de m'attaquer sans réfléchir...


Image


((Drac attends au pied de son mur en essayant de reprendre des forces. Il reste sur le qui-vive si jamais une créature (ou un sorcier) décide de l'attaquer ))
Modifié en dernier par Dracaena Paletuv le sam. 15 juil. 2023 13:54, modifié 1 fois.

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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » sam. 8 juil. 2023 06:05

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

38 : Danse avec les loups.

Tenir, endurer, serrer les dents qu’il n’avait plus. L’urgence des situations qui ne faisaient que s’enchainer sans temps mort commençait à ne plus faire suffisamment effet sur son mental pour qu’il ignore la douleur permanente qui rongeait son corps dépourvu de nerfs. Mais le corps brisé de Xël dans ses bras était une raison suffisante pour le maintenir focaliser sur son objectif : rejoindre les sorciers, en un seul morceau. Et sans se faire attaquer, c’était toujours mieux. Avec soulagement Akihito vit que sa communication non verbale faisait ses preuves : devant lui, les rangs clairsemés des sorciers s’ouvrirent pour le laisser passer. Leurs visages fatigués et brisés de tension nerveuse faisaient peine à voir.

(C’est la guerre,) se convainquit l’enchanteur en s’avançant vers un visage connu, celui de Bellarien. De pareilles mines, il en avait vu plus qu’à son compte lors de la bataille contre Oaxaca et durant les mois qui suivirent. Se battre dans un combat qui paraissait sans fin, où chaque vague repoussée, chaque groupe de pillards démantelé, en laissait apparaitre deux de plus. Parfois plus retors, parfois simplement plus nombreux. Un calvaire qui entamait la patience et le moral avec une terrifiante efficacité. Et c’était une preuve d’autant plus flagrante que quelque chose n’allait pas. Aussi épuisants que pouvaient être les combats, il n’avait quitté la ville que quelques heures au plus et les défenseurs semblaient se battre depuis bien plus longtemps que ça. Deux jours, une semaine ? Sans moyen clair de se faire comprendre, Akihito abandonna l’idée d’avoir une réponse à cette question et s’approcha de Bellarien.
Même le mage noir semblait perturbé, jetant un regard presque las, amer, sur le corps mourant de l’assassin de son frère. A travers ses yeux, Akihito pouvait sans peine imaginer ses pensées. Voir sa rancune comme futile, mal dirigée vers une personne qui n’avait pas pensé à mal, au fond. Qui avait fini dans un état lamentable pour sauver sa cité, une fois de plus. Un conflit interne entre la raison froide, scientifique qui était l’âme des sorciers de sa ville, et les émotions beaucoup moins rationnelles qui le faisaient le haïr.

« Laissez-le là, on se charge de lui. Et par pitié, qui que vous soyez, continuez à vous battre. »

Bellarien lâcha finalement ces mots du bout des lèvres, mettant l’immédiat et la survie des siens avant ses rancunes personnelles. Akihito s’exécuta et déposa délicatement le corps du Kendran sur le sol, à proximité d’un autre sorcier au visage crispé de douleur. Sa manche comme érodée laissait apercevoir un bras noirâtre et purulent, atrocement rongé par une corruption nauséabonde. Le malheureux avait eut la ‘chance’ de se faire toucher qu’au bras par un sort des créatures tentaculaires qu’avaient fait exploser Dracaena. S’il souffrait visiblement le martyr, il n’en était pas mort. Pas encore du moins.
Passant un bras dans son dos, l’Ynorien referma une main incertaine sur la poignée de son arme. La magie corruptrice n’allait pas tarder à atteindre son bras, à ce rythme-là. Peut-être était-ce mieux de l’amputer maintenant ?

« Je peux aider ! »

Surgissant de nulle part, Jours / homme au bras de cuivre se précipita dans leur direction, et se saisit des deux corps avec délicatesse, avant de faire demi-tour et se précipiter vers les ruines de la ville.

(S’il n’arrive pas à se battre, Jorus trouve au moins une façon de se rendre utile.)

L’esprit un peu plus rassuré de savoir que son compagnon était entre de bonnes mains et qu’il n’aurait pas à prendre le choix d’amputer ou non le malheureux sorcier, Akihito se tourna de nouveau vers Bellarien. « Qui que vous soyez, continuez à vous battre », avait-il dit. Tout au plus avait-il tué une douzaine de loups rouges sur les centaines qui composaient la horde… Frappant du poing sur le torse en un bruit sonore, l’enchanteur exprima son intention concrète d’éprouver une bonne fois pour toute le corps taillé pour le combat qu’était désormais le sien. Dégainant son épée aussi grande que son ancien corps, il traça sur le sol une nouvelle fois son prénom : ’Aki’. Bellarien savait sans doute lire, mais savait-il lire la langue commune de Yuimen ? Une question qu’il ne se pris pas le luxe d’avoir la réponse : tournant les talons, l’Ynorien se mis à courir en direction du champ de bataille, observant le foutoir qui s’était tout de même très sensiblement clairsemé.

Plus aucune des gargouilles harcelant Maïssa n’étaient visibles, et cette dernière se tenait à côté d’une Yliria visiblement encore en état de se battre. Elle ne tarda pas à se lancer dans un nouveau combat contre quatre nouvelles monstruosités qui ressemblaient à des sortes de dragons à la peau terne, glabre, dotés de deux paires d’ailes mais pas d’yeux. D’au moins cinq mètres de long, c’était sans nul doute des adversaires formidables contre qui Akihito ne pouvait rien faire, sans magie. Il détourna donc à contre-cœur le regard, portant son regard sur le reste du terrain pour trouver une menace dans ses cordes. Il écarta de nouveau les loups rouges, comme la harde massives de sangliers aux allures bestiales très prononcées : toujours trop nombreux pour lui. L’amas gélatineux était lui en train d’être défait par une coalition de sorciers menés par Alossarh et Visselion ; le lupin noir au casque squelettique doré n’était lui plus visible du point de vue de l’enchanteur.

Ne restait que deux options : affronter le crâne géant et peut être annonciateur d’un corps tout aussi titanesque, ou s’occuper des hommes bêtes qui étaient en train de tourner comme des prédateurs autour d’un duo de sorciers terrorisés et blessés. Sans trop réfléchir, Akihito fit son choix : son épée aussi imposante qu’elle était, ne ferait de dégâts qu’aux créatures de sa taille. Sentant une chaleur étrange monter depuis ses jambes, l’enchanteur s’approcha de la ligne de défense des sorciers et sans ralentir, sauta. Le sol s’éloigna brusquement de plusieurs mètres tandis que le bon prodigieux du golem le faisait passer dans les grandes largeurs au-dessus des sorciers sans rompre leur formation.

Les hommes bêtes ressemblaient à ce que donnerait l’union de Sarl et Karsinar : des créatures plus hautes que des Lykors, aux épaules larges tout en restant élancées, mais avec un air patibulaire caractéristique de leur géniteur. Ils étaient une quinzaine, à jouer avec la sorcière encore en vie quant son compagnon lui rendait son dernier souffle, la robe sombre complètement éventrée laissant apparaitre les tripes du pauvre homme. Ses mains étaient crispées sur ses entrailles, dans une instinctive mais futile tentative de les garder à l’intérieur de son corps. Son regard noyé se figea définitivement sur Akihito qui venait d’arriver, lame au clair, avec toute la furie qu’un tel spectacle évoquait en lui. Du simple chat s’amusant avec une souris à la bande de voyous harcelant une personne dans la rue, voir des prédateurs jouer avec leur victime était quelque chose qui l’avait toujours dérangé. Bien conscient que son arrivée serait des plus remarquées avec ses dizaines de kilos de métal, l’enchanteur fit tournoyer son épée en tout sens pour disperser les créatures. Pas encore tout à fait dextre de ses doigts mais contrôlant désormais les membres principaux sans problème, le but de la manœuvre fut rapidement accompli et Akihito apparut comme un indésirable particulièrement impressionnant.

Tombant sur les fesses, la sorcière poussa un autre hurlement terrifié et de son bras gauche, soutint son bras droit à la manche poisseuse de sang et déchiré. La main pointée vers le golem s’illumina d’une faible lueur bleue nuit, avant de s’éteindre : quoi qu’avait voulut conjurer la sorcière, la peur ou la fatigue l’avait empêcher de finir son sort. Brandissant sa lame dentelée, Akihito enchaîna les coups de tailles pour créer le vide autour de lui et accaparer l’attention des hommes-bêtes. La flexibilité toute nouvelle de son corps qui avait moins de contraintes sur ses articulations permit de faire des gestes très amples avec des orbites surprenantes. Un des hommes-bêtes se fit d’ailleurs surprendre par une trajectoire brutalement ascendante qui découpa presque entièrement son bras, lui faisant pousser un hurlement lupin de douleur. Essayant de capitaliser sur ce premier assaut réussit, il essaya d’enchaîner avec un coup de taille en biseau pour lui ouvrir le torse de l’épaule à l’aine. Un brusque impact dans son dos lui fit largement manquer le coup. La sorcière s’en prenait à lui, désormais ? Se tournant vers celle qu’il était venue sauver, Akihito ne la vit nulle part. Autour de lui, il n’y avait plus qu’une masse fauve de pelages noirs, des hommes bêtes le prenant en tenaille. Il était désormais la cible, la proie.

(Qu’ils essayent !)

Le balai de l’acier et des griffes entama alors une danse aussi mortelle que frustrante pour les deux camps : de son côté, Akihito n’arrivait plus à toucher significativement aucun de ses adversaires, bien trop agiles et désormais prudent après avoir vu ce qui avait faillit arriver à leur frère ; mais le blindage du golem était en revanche trop épais pour que les griffes et les crocs puissent le percer. Jouant de son physique bien plus massif et de l’absence manifeste du concept de fatigue musculaire, l’Ynorien balaya inlassablement l’espace autour de lui, veillant à toujours rester en mouvement pour ne jamais exposer son dos trop longuement à un adversaire. Tranchant, taillant, découpant l’air tout autour de lui, il ne parvenait qu’à infliger des estafilades ici et là. Sa main gauche bien suffisante pour manier l’arme, Akihito se mit alors à jouer de sa main griffue pour multiplier les attaques, essayant de saisir les bras d’un de ses adversaires cherchant à atteindre ses failles dans son armure. En vain.

(Arrh… Allez, concentre toi… Concentre toi… Il est où, l’autre que j’ai eu ?)

En bon chasseur, le lycan blessé évoluait parmi ses semblables et essayait de toujours se trouver dans son angle mort. S’il était compliqué de différencier les autres hommes-bêtes et d’attendre une action en particulier d’eux, identifier celui qui avait un bras à moitié arraché était autrement plus simple. Alors quand Akihito lui tourna délibérément le dos, il n’eut pas à attendre longtemps avant d’entendre des pas lourds se précipiter vers lui. Balayant de sa large main griffue l’espace dans son dos, la poigne de fer fut évitée par un lycan opportuniste mais se referma impitoyablement sur le bras valide du presque manchot. Dès lors, son destin fut scellé : son bras désormais prisonnier d’une étreinte à laquelle il ne pouvait se soustraire, l’homme bête ne put que se débattre futilement avant de se faire transpercer de part en part. Les pointes bordant le fil de la lame déchiquetèrent les chairs et transformèrent le ventre musclé en une bouillie sanguinolente. Le corps sans vie s’écroula au sol : pas le temps de savourer la victoire, trois lycans se jetaient déjà sur son flan gauche. Une nouvelle entaille vint orner son plastron, et la danse d’acier recommença.

Ses adversaires n’étaient pas dénués d’intelligence : tout en communiquant par des grognements très bas et graves, ils furent d’un coup plus prudent sur leurs tentatives d’approche dans son dos. Pire, ils se coordonnaient : une feinte ratée laissa l’opportunité pour deux des leurs de se jeter sur son bras droit pour tenter de l’immobiliser. C’était sans compter sur la force colossale conférée par le golem, qui souleva sans peine les deux assaillants et tenta de violemment les écraser sur le sol, ce qu’ils évitèrent en sautant souplement sans demander leur reste. Ce mouvement découvrit une nouvelle fois son dos, et sans possibilité de riposter, il s’attendit à encaisser un nouvel assaut… Qui ne vint pas. Pas de choc, pas de bruit crissant matinée de la crainte que ce coup là soit plus chanceux et parviennent à sectionner un câble, rien. Car derrière lui, et alors qu’ils avaient jusque-là montré une synchronisation et une unicité remarquable, un des loups était en train d’arracher la gorge d’un de ses congénères agenouillés. Une exécution brutale qui ne s’arrêta pas là ; les babines pleines de sang, l’homme-bête dissident se jeta dans un corps à corps brutal avec un autre lycan.

(Bordel, qu’est ce qui se passe encore ?!)

Une crise de folie ? La rage ? Un sort de contrôle mental ? Puis une solution s’imposa avec un peu plus de force que les autres : une âme. Un damné qui avait pris possession du corps du loup, et l’avait retourné contre ses congénères. Vu le contexte, c’était crédible, mais… Qui serait assez fou pour investir le corps lupin d’une créature en plein milieu d’une mêlée ? Si Akihito avait une voix, il aurait rit tout seul à sa propre réflexion. Dans son groupe, il n’y avait presque que des personnes capables de tel coup de folie. Silmeria, peut-être ? Ou Mathis ? Une autre personne ? Peu importait : un deuxième lycan venait de se retourner contre les siens, et la méticuleuse organisation de harcèlement venait de sombrer dans le chaos le plus total : Akihito ne comptait pas laisser l’occasion lui passer sous le nez.
Un des hommes-bêtes eu la mauvaise surprise de voir le golem lui foncer droit dessus, et se baissa prestement pour esquiver un coup qui l’aurait décapité s’il avait hésité une seconde de trop. Profitant de sa position basse, il chercha à s’agripper à sa jambe pou planter ses crocs à l’arrière de son genou. Il ne rencontra que la ferraille avant d’être envoyé bouler par une violente secousse du pied. S’avançant vers lui, Akihito arma un deuxième puissant coup de pied pour lui pulvériser la mâchoire ou n’importe quel os qui aurait le malheur de se trouver sur la trajectoire. Une partie du choc fut amorti par une manœuvre d’esquive désespérée, mais un jappement douloureux s’échappa de la gorge du loup. S’avançant d’un pas décidé pour l’achever, l’enchanteur dut renoncer à son intention quand une sournoise prise à revers le força à lâcher des yeux quelques secondes sa proie, qui échappa à sa vigilance.

Un puissant rugissement se fit entendre, et le golem tourna naturellement son regard dans la direction. Juste à temps pour voir un lycan faire une projection d’un de ses congénères par-dessus lui, le propulsant de ses deux jambes musculeuses. Un geste très technique, trop technique par rapport à ce que les hommes-bêtes avaient pu faire jusque là : un des loups dissidents venait donc de lui envoyer un adversaire dans sa direction. Accompagnant sa torsion du buste de sa main griffue, celle-ci suivit la trajectoire du loup envoyé cul par-dessus tête, le cueillit au niveau du ventre dans lequel les doigts effilés s’enfoncèrent sans problème. Le lycan fut soulevé pour accompagner le mouvement avant d’être violemment écrasé au sol qui lui fractura le bassin. La douleur qui envahi le loup fut de courte durée, car le poing serré d’Akihito se leva puis s’abattit au milieu de la cage thoracique, l’enfonçant impitoyablement de plusieurs centimètres.

C’est à ce moment que choisit le lycan précédemment frappé à coup de pied pour venir chercher sa revanche, accompagné de trois autres. Dans la mêlée furieuse qui s’ensuivit, l’enchanteur ne sut pas vraiment ce qui se passa : le seul constat qu’il put faire, c’est que quelques secondes plus tard, son épée était au sol et un des loups avait perdu un œil, emporté comme une bonne partie de son visage par un balayage de la main griffue du golem. Ils n’avaient pas l’intention manifeste de se servir de la lame dentelée, mais avait néanmoins compris qu’il serait dangereux de continuer à le laisser la manier. Et en combat à mains nues pures, Akihito n’était pas un expert, contrairement à ses adversaires. Sans pouvoir bénéficier de l’allonge considérable de son arme, le combat tourna rapidement au désavantage du mage. Ses adversaires se glissaient souplement sous ses coups, cherchaient à viser ses articulations ; un coup plus vicieux que les autres déplaça temporairement les câbles de sa jambe droite, rendant ses mouvements moins fluides, plus raides. Une opportunité que ses harceleurs ne manquèrent pas… Mais c’était sans compter le facteur ‘congénère dissident’, qui surgit dans le dos de l’un d’eux et perça son flanc de ses griffes. Le golem se jeta donc sur l’épée en profitant de la désorganisation temporaire et parvint à remettre la main dessus. Elle entra immédiatement en action et d’un large geste, sectionna la jambe d’un loup qui chuta. S’ensuivit un rapide et sanglant corps à corps au sol, où la puissance écrasante du corps de L’Ynorien ne laissa aucune chance à son adversaire.

(Trois…) compta l’enchanteur en se relevant. Autour de lui, le double de corps gisaient au sol. Un septième vint les rejoindre quand il profita de la distraction provoquée par une charge de sangliers passant tout proche pour décapiter de dos le ‘spectateur’. La moitié était encore debout… Et il devait faire attention à ne pas toucher à un de ses alliés. Attendre qu’on l’attaque alors ? C’était chose aisée : les hommes-bêtes n’étaient décidément pas enclin à le laisser tranquille plus d’une seconde.

Le combat se poursuivit, dans ce même mélange frustrant de coups échoués pour lui, et inefficaces pour eux. Car même si attraper un loup signait sa fin dans la majorité des cas, c’était les attraper qui posait problème. D’autant plus qu’à un moment, il constata avec inquiétude qu’il ne voyait plus qu’un lycan allié. Où était l’autre ? Mort ? Mourant, comme celui qui avait la gorge arrachée au sol ? Ou avait-il fuit ? Son absence ne faisait que rallonger cette guerre d’attrition qu’il allait remporter, sans trop de questions. Le problème était surtout qu’il perdait du temps, et prenait le risque de perdre son deuxième allié. Puis une lame effilée traversa chair, os et sang du loup éborgné, révélant une mâchoire métallique.

(Valyus tout puissant, pour une fois que je suis content de le voir, lui.)

Visselion était venu en renfort, démontrant une habilité lame en main que le mage ne lui aurait pas soupçonné. Bien plus à l’aise aux commandes de son corps d’origine que les deux âmes coincées dans des corps d’emprunts, l’arrivée du sorcier précipita la fin des quatre hommes-bêtes survivants. Ne pouvant plus bénéficier de leur tactique d’encerclement, ils furent rapidement poussés dans leurs retranchements. Les blessures s’accumulèrent, infligées par le lycan complice et l’épéiste. Maculant de sang leur pelage et ralentissant leurs mouvements, deux d’entres eux finirent par être suffisamment lent pour que l’épée dentelée d’Akihito ne viennent les cueillir pour les couper en deux au niveau du tronc. Quand le dernier bâtard de Sarl et Karsinar s’écroula enfin, le golem se tourna finalement vers celui qui l’avait aidé. De multiples entailles parcouraient son corps, mais il ne semblait pas en souffrir. Et surtout, il restait stoïque. Pas d’attaque, pas de fuite, juste un échange de regard l’air de dire « Et maintenant ? » Visselion semblait lui aussi attentif à la moindre réaction du lycan, sa lame pas encore rengainée.
Usant de son épée bâtarde, le golem traça une nouvelle fois son prénom au sol. Si l’âme en face de lui était bien un membre de son groupe, il réagirait d’une manière ou d’une autre. Et réaction il y eut. Mieux, le loup traça à son tour au sol un symbole. Une tige, des feuilles, des pétales… Une fleur ? Personne n’avait de nom de fleur dans son groupe, pourtant. Et qui s’amuserait à ne pas écrire son prénom comme… Oh.

(Silmeria… Elle m’a dit qu’elle s’était faite appeler « Rose », par le passé.)

Est-ce que c’était vraiment elle ? A entendre ses jappements, le lycan n’avait pas plus de moyen que lui de parler. Après quelques instants de réflexion, il finit par se résoudre à lui accorder le bénéfice du doute, non sans la prévenir en pointant de deux doigts ses yeux, puis les siens, à plusieurs reprises. Avant de lui faire un signe de tête en direction des sorciers.

(Je te surveille. Suis moi.)

Un gargouillis écoeurant arrêta son pas : le lycan à la gorge lacérée horriblement le fixait du regard, tout en tapotant le sol à proximité de lui pendant que son autre patte tentait à grande peine d’endiguer l’écoulement carmin de sortir de son cou. Un symbole y était maladroitement tracé, une sorte de lune dans un cercle. Il ressemblait peu ou prou à l’emblème des danseurs d’Opale, l’ordre de guerriers d’Yliria, de Tanaëth et de Jorus. Or, Yliria semblait encore bien vivante, Tanaëth n’était pas mort sur Aliaénon aux dernières nouvelles et Jorus était dans le corps au bras mécanique. Un précédent danseur mort lors d’une précédente expédition yuiménienne ? Ou peut-être était-ce un symbole avec une totale autre signification ? Dans le doute, et parce que son comportement indiquait qu’il était très certainement la deuxième âme à l’avoir aidé, il ne comptait pas le laisser là. Lui répétant le même avertissement visuel, il rangea son arme dans son dos et le porta dans ses bras, interrogeant du regard Visselion pour lui demander s’il comptait les suivre. Car pendant que son combat avec les hommes bêtes se déroulait, le reste du champ de bataille avait peu à peu retrouver son calme. La tête gigantesque avait disparue dans la brume qui l’entourait ; le loup à tête osseuse n’était pas réapparu ; les monstres volants auxquels Yliria s’était attaqué n’arpentaient plus le ciel ; et les deux immenses hordes bestiales avaient fini par s’entretuer, leurs survivants dispersés par les sorciers. Pour Akihito la marche à suivre était évidente : se regrouper, soigner les blessés et potentiels alliés… Puis savoir où étaient passés les deux dernières créatures.


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HRP : se dirige vers les sorciers d'Eslcar'olth en portant cabot-rus.
Modifié en dernier par Akihito le jeu. 13 juil. 2023 18:00, modifié 1 fois.

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