Lande Noire

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Jorus Kayne
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Re: Lande Noire

Message par Jorus Kayne » ven. 3 mars 2023 21:22

Passé la tension du moment, avec la présence du dragon noir et sa menace sur Esseroth, mon état, sans avoir empiré, n’est plus aussi supportable qu’avant. Le mutisme dans lequel est plongée ma faéra ne fait qu’accroître la douleur ressentie. Je me laisse porter par les événements, suivant le groupe sans vraiment prendre conscience de ce qui m’arrive. C’est donc autour d’une table, assis sur des chaises sans confort, que nous nous retrouvons tous. Si les prises de paroles s’enchaînent et les informations se passent de l’un à l’autre, je ne me sens pas à l’écoute, plongé dans une bulle que j’ai moi-même érigée, tenant mon bijou entre les mains, guettant le moindre signe d’activité de ma faéra.

Le temps passe sans que je ne m’en rende compte, jusqu’à ce que finalement, le premier qui s’inquiète de mon état soit Vissélion, pensant qu’il s’agit-là d’un effet secondaire dû à une utilisation massive de la magie. Pourtant, loin de ressentir une forme d’empathie de sa part, je me méfie de son attitude et fixe la table devant moi en me prenant la tête.

"Pardon excusez-moi je…je ne me sens pas très bien depuis que je suis…revenu ici. J’ai réussi à un peu passer outre avec…l’urgence, mais…je…je ne saurais pas expliquer ce qui...m’arrive, ni comment faire passer cet…état. Mais…je ne crois pas que cela soit en rapport avec la magie…du moins, pas son accumulation. Teruki et…sa femme…sont dans le même état."

Puis j’entends Xël proposer de se rendre ailleurs, avant de s’inquiéter à son tour de mon état. S’il est le premier des aventuriers, Yliria est la première à venir jusqu’à moi, posant une douce main sur mon front, cherchant un signe de fièvre, sans que je n’oppose aucune résistance.

"Je me disais bien que t'étais trop silencieux. Si tu veux rester te reposer ici, tu peux, d'accord ?"

(Finalement elle aura succombé à mon charme !)

Puis elle demande aux sorciers si l’un d’eux possèdent des aptitudes de guérisseurs. Les maux qui m’affligent, semblent visiblement hors de la portée de ses sorts magiques. Zacara est spécialisé dans la magie curative, mais ses pouvoirs semblent particuliers. La Lande Noire demande parfois une contrepartie pour les soins majeurs.

(Zacara ? Ha non par pitié, pas lui ! Le guérisseur sera pire que le mal qui m’atteint !)

"Trop silencieux ? Je suis censé le prendre co...comment ?" Fais-je en retour à Yliria, retenant de justesse un haut-le-cœur.

"Comme la vérité. Va te reposer. Si tu vas pas mieux à notre retour, on trouvera une solution." Dit-elle avec un petit sourire moqueur.

Les échanges ne cessent pas malgré l’inquiétude de mon état, mais plus alerte, je comprends que tous sont décidés à partir.

(J’ai navigué durant de nombreuses années, je vais pas me laisser dicter ma conduite par un petit mal de mer !)

"Vous partez ? Je...je viens. J'ai tenu tête à un dragon, je suis...sûr d'être utile..." Fais-je en me levant difficilement. Puis un étrange sentiment de malaise le force à s'asseoir. "...ou pas !"

(Ha non, c’est pas qu’un mal de mer ça !)

"Et...vous allez où au juste ? J'ai pas été...hyper attentif !"

(C’est là qu’Ysolde m’aurait sermonné un truc du genre : Pas attentif ? Comme d’habitude quoi ! »)

Yliria me propose à boire, avant de m’expliquer qu’ils savent que notre camarade à l’allure de vieil arbre cramé et le sorcier Ibn, sont détenus en cellule, grâce à une vision de Xël. Puis elle m’encourage à aller voir Zacara, avant de m’autoriser à les accompagner.

(Et voilà Yli qui m’envoie vers ce bourreau de Zacara !)

De ces dernières informations, je me dis que finalement, ma mission avec les dragons s’est peut-être pas si mal déroulée au vu de la situation de l’Oudio.

"La prison ? Finalement je crois que...que je m'en suis mieux sortie en...en envahissant le corps d'un dragon ! Même si lui n'a guère app...apprécié !"

Puis mon regard tombe sur l'étrange manège. Plusieurs yuiméniens semblent s’intéresser à l’identification de runes en leur possession. Si j’ai peut-être moi aussi de tels objets dont la nature devrait requérir leurs savoirs, il y a une chose sur laquelle je n’ai pas de réponse.

"Tant que...tant qu'on y est, il y a quelqu'un qui pourrait jet...jeter un œil ou deux sur ma...cape ?"

C’est Akihito, l’oranais qui vient à moi, proposant ses services. Il prend la cape que je lui tends et fronce les sourcils.

(Ha ça y est ! Je suis sûr que je suis tombé sur une copie ou un vieux truc miteux !)

"Mmmh. C'est pas commun." Commence-t-il, attisant mon intérêt, avant de l’enfiler et de disparaître sous mes yeux, ne laissant qu’un très léger un cliquetis de métal que j’ai du mal à percevoir. "Je sais pas ou vous avez trouver ça, Jorus, mais votre cape est enchantée d'un puissant sort de camouflage. J'ignore exactement combien de temps il peut durer, mais au moins plusieurs dizaines de minutes." Déclare-t-il en apparaissant dans mon dos.

Je me tourne lentement vers lui pour lui faire face, alors qu’il approche pour me rendre la cape.

"L'enchantement se déclenche par la pensée, mais son utilisation est très limitée : ce type de magie demande du temps avant qu'elle soit réutilisable. Vous en saurez plus en l'utilisant."

"Vraiment ?" Fais-je en écoutant les détails de la cape. "Je comprends mieux à présent !" Dis-je pour moi seul, avant de recroiser le regard de l’homme qui me rend son bien. "Moi qui ne pensais avoir trouvé qu’un brimborion. Je vous remercie Akihito, vous et votre sapience." Fais-je en ne m’inclinant que légèrement à cause de mon état.

Puis je me décale vers le reste du groupe, sans pour autant offenser Akihito en lui montrant le dos. Il me semble avoir compris que la situation de l’arbre est due à cause des Sans-Bannières.

"Vous allez à l’encontre des Sans-bannière c’est...cela ? Faite attention à vous. Egregor m’a expliqué qu’ils ont...commis des actes impardonnables à Esseroth lorsqu’ils y étaient présents. Ils semblent...prêts à tout pour éliminer toutes traces du Sans-Visage de ce monde."

Tout le monde n’a pas l’air de m’écouter, ou alors c’est mon état qui me le fait croire. Il me faut trouver Zacara. Si vraiment il peut faire quelque chose pour mon état, allons voir ce sorcier dont la parole suffit à me faire frémir. Or le sorcier se trouve à l’extérieur. J’ai la chance de pouvoir compter sur Yliria et ses ailes. C’est une fois sur place que je retrouve le sorcier. Une fois sur la terre ferme, je vais me diriger vers lui d’un pas chancelant.

"Zaca...zaca...za..., za...ca...ra pardon, je ne suis pas en...très bonne forme en ce moment. On dit que vous...pourriez peut-être guérir mon...état actuel. Savez-vous ce qui...m'afflige actuellement ?"

Devant ma difficulté à prononcer son nom, il m’invite à l’appeler de la façon la plus simple pour moi, sans craindre de l’offenser. Ce à quoi j’accepte d’un simple : "Entendu." Il accepte volontiers de se pencher sur mon état et me demande ce que je sais de ce qui m’arrive et les diverses sensations ressenties.

"Je n'ai pas le moindre idée de ce qui...m'arrive à dire vrai. Je suis dans cet...état, tout comme les deux surv... vivants de Fan-Ming. Nous so... sommes ainsi depuis notre arrivée...sur la Lande Noire."

"Vous étiez plus tôt sur la Lande, pourtant, et ne sembliez pas en souffrir alors." Dit-il avec un air indescriptible, avant de poser le revers de sa main sur mon front. "Vous n'êtes pas fiévreux, et ne semblez souffrir d'aucune blessure physique. Votre court séjour à la montagne n'a pas pu vous faire contracter si vite une maladie, et je n'en connais aucune qui possède aussi peu de symptômes clairs. Est-ce de la fatigue ? Cela pourrait ressembler à l'épuisement ressenti lors d'une trop vive utilisation de la magie."

Je me perds déjà dans ses propos, mais je tâche de comprendre l’essentiel.

"Visselion a déjà... pensé à une utilisation de la ma...magie, mais cela n'explique pas... l'état des survivants. Un effet se...se... secondaire de la magie vous pensez ?" Je m'arrête un instant avant de reprendre. "Mais comme vvvvous dites, j'allais très bien hier avant de pppartir."

Si ma proposition attise son intérêt, il m’invite à décrire les différentes sensations ressenties, qu’il s’agisse de mes émotions, des troubles physiques, comme de la sensation de moi et de mon environnement.

"Vous expliquer ? D'accord. Alors, je me sens... comment dire, divisé. Je me sens terriblement fatigué, mais en...en même temps avec la sensation d'avoir plein de...force. Je suis assis, inerte, tout en...ressentant une... une immense liberté de mouvement. Je ressens une colère qui n'est pas...mienne, qui n'a nulle...source. Je ressens une gêne lorsque je veux...m'asseoir, comme s'il y avait quelque chose dans....mon dos."

"Ce que vous dites n'a pas beaucoup de sens... Laissez-moi tenter ceci."

Il pose ses mains sur mes tempes, et une sorte de chaleur me s’invite à l’intérieur de mon être. Une chaleur assez agréable. Puis à un moment, il s’arrête la tête pensive.

"Vous... C'est curieux. Vous semblez être ici, mais pas entièrement. Comme si votre âme avait trouvé un moyen de partiellement sortir de votre corps pour s'en aller ailleurs. Êtes-vous coutumier des projections astrales, yuimenien ? Mais cela n'explique pas votre état. Je pourrais essayer ceci..."

Il pose sa main cicatrisée sur mon torse et use de nouveau sa magie. Cette fois-ci, la chaleur est plus forte, plus profonde et plus intense que précédemment. Or, loin de me transformer en un brasier vivant, elle me donne une force renouvelée, tandis que mal qui m’accable depuis mon retour s’est grandement dissipé, bien que toujours présent.

"Vous... devriez vous sentir... mieux. Mais... mais votre âme est... toujours morcelée. Je... je ne comprends pas."

"Effectivement, je me sens bien m…" Puis je remarque son état. "Je suis désolé. Lorsque les vôtres ont mentionné que votre magie pouvait vous demander une contrepartie, je ne pensais pas que cela vous coûterais tant ! Votre magie est véritablement remarquable, il est regrettable d’en subir de tels retours. Comment-vous sentez-vous ?"

"Ca ira, j'ai l'habitude, ne vous inquiétez pas." Commence-t-il pour me rassurer. "Mais sachez que rien n'est gratuit, dans la vie : tout a des conséquences, directes et visibles ou indirectes et pernicieuses. Gardez cela en tête quand vous agirez."

A ces mots, le souvenir des corps de Fan-Ming fait écho en moi, de même que la vue du dragon, quittant la cité avec la mauvaise impression que je lui ai laissée.

"Je tâcherai de faire preuve de prudence ! Souhaitez-vous que je vous raccompagne ?"

Il clame vouloir rester ici, n’appréciant pas que les siens le voient dans un tel état de fatigue. Il préfère aller s’asseoir sur un roc à sa hauteur. Sa respiration trahit une fatigue bien plus importante qu’il ne le laisse paraître.

"Dans ce cas, je vais rester avec vous un peu." Dis-je en m’asseyant à ses côtés. "C'est de ma faute si vous êtes dans un tel état. Cependant, votre attitude pique ma curiosité. Si vous me le permettez, pourquoi crainte le regard de vos pairs ?"

Il répond que c’est leur attitude protectrice qu’il préfère éviter. Ils ne voient de ce pouvoir que le coût qu’il réclame, plutôt que la bénédiction que Zacara éprouve pour sa propre magie.

"Je pense que vous avez tous raison. Votre pouvoir est une bénédiction. Cependant, au vu de ce qu'il vous coûte, prendre soin de vous c'est aussi conserver ce pouvoir." Puis je regarde l'orbe. Cette sphère dont l’étrangeté et la nature me dépassent. "Que s'est-il passé ici au juste ? J'ai pas suivi tous les détails à cause de mon état ? Du moins, si vous vous en sentez la force bien sûr !"

Il explique qu’il a déjà connu pire et montre sa main abimée par le feu. Puis il m’explique ce qu’il sait des événements.

"Ce qui s'est passé... Nous ne sommes sans doute pas, vous comme moi, assez éclairés pour comprendre la totalité de ce qui a eu lieu. Un miracle des profondeurs qui a rétabli l'équilibre de la Lande et énervé le Titan. Une défense héroïque des vôtres qui ont créé leur propre titan pour contrer l'ailé. Puis le chaos, cette créature venue de nulle part, arrachant vie et pouvoir aux deux entités titanesques. Mais c'était plus que ça : les enjeux, les puissances à l'œuvre. Nous ne sommes que fourmi face à l'infiniment grand."

J'écoute la version qu'il me narre en plissant les yeux.

(Oui, je suis sûr que Vissélion aura une tout autre version de ce qui s’est produit.

"Oui, je pense qu'il y a plusieurs versions des faits en fonction des personnes qui l'expliquent. C'est une chance que les choses se soient miraculeusement bien passées. Visselion n'aurait jamais dû inciter à agir contre le plan initial, mais nous en resterons sur le résultat final." Puis je m'inquiète de sa main. "Est-ce arrivé à cause ou en raison de votre pouvoir ? Qu'elle est sa nature exactement ?"

Zacara m’explique que la Lande reprend ce qu’elle lui donne, lorsqu’il se sert de sa magie pour soigner, dans un équilibre parfait. Contrairement aux autres sorciers qui utilisent la magie pour créer des sortilèges, lui a créé un lien puissant qui lui permet de jouer avec les préceptes de la vie et de la mort. Chaque usage de la magie affecte son corps, mais également sa psyché dont l’équilibre doit être complet pour éviter de sombrer dans les travers de l’esprit, tandis que les stigmates physiques et la douleur perdurent. Le contrecoup de sa magie, ce lien harmonieux qu’il entretient avec la Lande, le pousse à la réflexion et à se questionner de tout. Puis il plonge mon regard dans les yeux, m’offrant une image de son demi-visage un reflet malsain, avant de me demander si je crois au destin et si toutes actions est déjà écrite.

(Ha ! Je retrouve ce bon Zacara, à poser des questions existentielles. Avant, j’aurais été gêné par ce genre d’interrogation, mais maintenant que je comprends comment il en est à se questionner ainsi et qu’il m’a pratiquement guéri au détriment de son propre être, je lui dois au moins une réponse franche et une réflexion sincère.)

Fixant l’horizon devant moi, je tente d’exprimer mon ressenti à ma manière, avec mes propres mots.

"Le destin ? Est-ce que tout ce qui nous arrive est fixe ou sommes-nous les maîtres de nos vies ? Voilà une question que peu se posent, moins encore se targuent d'avoir la réponse et qu'aucun ne détient réellement. Nos vies sont écrites selon moi. Nous naissons, nous mourrons. Rien ne changera ce destin, un peu comme une chanson déjà écrite. Chacun la chante à sa manière, mais de la première à la dernière note, toutes sont les mêmes au final." Je m’arrête un instant avant de terminer. "Le destin existe-t-il ? Est-ce la vraie question à se poser ? Car si tel est le cas, cela changerait-il réellement les choses ? Si nous connaissons déjà la chanson, le vrai plaisir n'est-il pas de la chanter ?"

"Ces questions sont précieuses, et trouver leur vérité peut prendre toute une vie. Et pourtant... cette vérité est-elle un but en soi ? La connaître ne gâcherait-il pas l'existence ? Je crois qu'il est sage de se poser ces questions. Moins d'y répondre." Me dit-il en souriant.

"Je suis d'accord avec vous. La vérité est un but, une course qui nous fait avancer, mais dont l'arrivée doit s'éloigner au fur et à mesure que l'on s'approche, pour que jamais, nous ne cessions d'avancer. Elle est un horizon, visible mais incertaine, un besoin égoïste mais impalpable, elle pousse l'imaginaire et force à progresser vers l'avant."

Puis sans chercher à aller plus loin dans la réflexion, nous observons tous deux la Lande Noire, son paysage chaotique, qui pourrait bien ne plus l’être avec la chance scandaleuse dont certains joueurs ont fait le pari fou. Au bout d’un moment, je me lève. Non pas que je me lasse de ce silence, mais en étant rétabli, je me dois d’être présent et d’agir. Je fais quelques pas pour me dégourdir mes jambes, ankylosées par la roche, avant de faire face au sorcier.

"Lorsque je suis arrivée ici, j’ignorais si nous aurions été capable ou non de venir à bout du Titan. Mais lorsque j’ai su que les sorciers d’Elscar’Olth, qui faisaient de nombreuses recherches sur la magie de la Lande, étaient toujours en vie, j’ai commencé à penser à l’avenir. J’ignore si la cité va renaître de ses cendres, mais ceux qui en étaient son essence, sont encore en vie et perdureront ce pourquoi la cité était : ses recherches sur la magie. Or, il faut quelqu’un à la tête des sorciers. Vous pourriez vouloir un chef. Vissélion pourrait très certainement remplir le vide laissé et je pense qu’il est capable de beaucoup, même si sa vision ne m’inspire guère confiance. Il portera la magie là où nul n’a jamais osé le faire avant. Cependant, je crois que c’est d’un guide que les sorciers ont le plus besoin et c’est ce que je vois en vous Zacara. J’aime ce lien que vous entretenez avec la Lande, cette harmonie que vous nourrissez, que vous chérissez et que nul ne semble comprendre. Avec un guide tel que vous, le souvenir Elscar’Olth mourra, de même que sa terrible réputation, laissant à la place quelque chose…d’unique, à façonner."

Je m’arrête un instant avant de reprendre.

"J’ai craint nos premiers échanges, aujourd’hui j’en suis presque avide. J’espère que ce renouveau, touchera Aliaénon, comme vous avez su le faire pour moi. Il ne tient qu’à vous de faire naître cette vision que j’aperçois. Merci pour le coût que vous avez accepté de payer pour moi et si les prochains événements m’empêchent de vous retrouver, je vous dis à bientôt, en espérant que vous serez toujours présent pour échanger quelques mots et réflexions en ma compagnie à l’avenir."

Sur ces mots, je m’incline devant le sorcier et m’en vais retrouver les autres, pour partir en quête de problèmes à l’odeur de bûches fumantes.

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » sam. 4 mars 2023 01:16

- Réunion dans la grotte
- Emmène Jorus voir Zacara
- Discussion avec Silmeria en prenant un bain
- Rapide échange avec Akihito.
- Laisse Xël faire son portail et l'emprunte sans hésitation.

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » sam. 4 mars 2023 02:20

« Je deviens un putain de sorcier de vision ou quoi ? » S'était exclamé Xël. Je m'étais installée à côté de lui parce que nous avions fait un assez bon duo dans la tâche qui nous était confiée. Mais je venais de le voir tourner de l'oeil comme s'il était victime d'une attaque d'apoplexie. Je venais tout juste de disposer une petite serviette de tissus sur la table, prête à entamer le miam qui m'avait été donné par Astérix-le-baveux quand Xël tournait de l'oeil.

Il prit une profonde respiration avant de continuer brièvement :

« Je viens de voir une vision d’Ibn et notre ami feuillu. Je pense qu’il faudrait songer à les récupérer. Rapidement. »

Yliria fut la première à s'intéresser à notre ficus vagabond en s'inquiétant d'une menace, d'une blessure - ça saigne, un sapin cramé ? - mais Xël n'avait pas de mauvaise nouvelle à ce sujet, ils étaient enfermés, probablement dans une des villes mentionnées par la gentille Simaya plus tôt, la ville de Ibn, ce curieux enturbané qui avait participé au comité d'accueil lors de notre venue sur ce monde. On envisageait déjà qu'il était grand temps d'aller secourir notre courageux camarade, au petit matin - ON ATTAQUE !

Tandis que l'ébauche d'un plan de sauvetage se profilait, je tenais à préciser un simple détail :

" Orbe qu'il faudrait envisager de récupérer, soit dit en passant. Je le vois pas rester là, aux quatre vents à attendre. "

Ylira commençait à prendre le rôle du chef de groupe, elle rassemblait les informations, les renseignements et dispersait les aventuriers comme ses forces sur l'échiquier que représentait ce monde. Etions-nous en train d'assister à l'éveil d'une figure émergeante de notre aventure ? Avait-elle pris le temps d'observer, d'analyser les personnages, les caractères, les capacités ? J'en doutais, elle n'avait pas l'air d'avoir parlé à beaucoup de monde malgré que je supposais qu'elle connaissait déjà la quasi totalité des aventuriers.


" La diplomatie pourrait-elle être employée à sortir Drac de là ? Je ne pense pas que, aussi maladroit qu'il puisse être, il ait pu faire quoique ce soit de grave. L'usage de la force devrait être utilisé en dernier recours. On peut aussi envisager d'y aller de nuit et de l'extraire de sa cellule furtivement. "

Elle me répondit que l'affiliation à Xël aurait pu être une des raisons pour laquelle notre flamboyante fougère avait été mise aux fers, je trouvais ça cher payé pour ce grand feuilli maladroit aussi inoffensif que ses cousins inanimés. Par ailleurs, elle insistait - non sans me regarder dans les yeux - sur l'importance d'éviter les initiatives foireuse.

" D'initiative foireuse, c'est à dire, je dois demander l'autorisation avant de mettre un cauchemar à quelqu'un ou le tuer ? "

J'avais parlé un peu trop vite, j'ignorais si elle était au fait de ma capacité à plonger les gens dans des cauchemars ou des stupeurs, mais tôt ou tard il fallait bien se dévoiler, ce n'était qu'en mettant en commun toutes nos capacités que l'on pourrait tisser un plan suffisamment solide pour être exécuté sans " initiatives foireuses ''

" Des actions irréfléchies comme tuer quelqu'un sans sommation ? Si jamais ça met l'un des notres en danger, je n'hesiterai pas une demi-seconde. " J'avais envie de la taquiner, elle était assez ferme avec les aventuriers mais je sentais une certaine réserve comme si elle ne me rentrait pas totalement dans le lard. C'était curieux mais amusant. Mais je suis assez bonne joueuse, si la Shaakte veut se montrer digne du rang de cheffe, peut-être allait elle me montrer une facette des Shaakts autre que ce qui me faisait littéralement vomir de dégoût. Je m'inclinais avec amabilité, comme pour lui céder.

" Si tu souhaites prendre les choses en main pour ce sauvetage, je serai sagement à côté de toi en attendant d'avoir une menace à éliminer. "

J'avais envie de voir ça de près, ne dit-on pas qu'il faut être proche des gens ? J'avais terriblement envie de m'approcher d'elle, de la sentir à côté de moi, allait-elle être à l'aise de me savoir systématiquement derrière elle ?

" J'ai besoin de me préparer avant. " Avais-je dit à tous, il ne fallait pas négliger l'importance d'une bonne hygiène et d'une excellente préparation avant une mission, qu'elle soit de sauvetage ou... De carnage.

On m'avait indiqué la fameuse source qui traversait ses ruines, à travers les galeries de pierres mal éclairées. Je suivais un minuscule cours d'eau qui rampait plus qu'il ne coulait sur les pierres lissées par son onde. A mesure que je m'enfonçais, le cours se fit plus large, devenant presque un petit ruisseau glacial qui coulait dans les entrailles de la terre. Pour toute intimité, un ballot de linge usé jusqu'à la corde, je n'y trouvais rien de bien intéressant si ce n'était qu'un ancien drapé que je roulais en boule sous mon bras avant de l'étendre plus loin.

Personne. Je détachais ma cape et laissais la robe filer le long de mon corps. Le tissus s'était accroché, presque collé par mon propre sang à ma peau glacée. J'avais froid. J'étais... Fatiguée ? Je sentais mon humeur me fuir, comme pour me plonger dans une étrange mélancolie. J'enveloppais mon corps dans ce linge blanc usé et me penchais pour nettoyer cette ancienne plaie béante sur ma gorge, le ruisseau se teintait de sang. Je sentais mes doigts s'engourdir, malgré ça, je continuais, mes cheveux alourdis par l'eau pendaient dans le vide, je troublais ce miroir qu'était la surface de l'eau à chacune de mes plongées dans laquelle je perdais toujours plus de sang. De la crasse. De la sueur. Une présence se fit sentir, je me tournais pour observer cette femme se dévêtir de son armure. C'était Yliria.

Elle avait les cheveux aussi blancs que les miens, c'était là le seul point commun que j'acceptais de reconnaître. Je ne pense pas que Hrist tolère l'espace d'une demi-seconde que je concède quelque chose d'aimable à son sujet, c'était juste que... Dévêtue, elle n'avait pas l'air si farouche, on devait avoir à peu près le même âge. Je détournais le regard, m'occupant de ma toilette, malgré notre caractère, je pense qu'il est important de bien préserver des moments " démilitarisés ". Je repensais par extension aux Garzoks. A Graal, Kurgoth, ce troupeau d'imbéciles heureux de Pohélis. Ces brutes épaisses et maladroites, malgré ça, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il y a bien de temps en temps des nourrissons Garzoks, des berceuses Garzoks, des biberons Garzoks et qu'on ne mouline pas la hache de guerre en poussant des hurlements bestiaux aussitôt pondu. Qu'est-ce qui fait que le monde devient fou ? Qu'est-ce qui arriverait si on mettait un enfant Garzok dans une famille d'humains aimants, allait-il retrouver ses instincts guerriers et égorger son père avant de pendre sa mère avec ses propres entrailles avant de sodomiser copieusement le chat en poussant des hurlements guturaux à la gloire de je-ne-sais-quel-totem-tribal ?

Celle que le Cornu avait appelé " peau noire " pestait de la froideur de l'eau. J'étais pourtant persuadée que les Shaakts étaient habitués à vivre sous terre comme les taupes et qu'un peu d'eau fraiche n'était pas un obstacle pour eux. Je toussottais légèrement, lui désignant du menton une marmite qui plus loin chauffait de l'eau.

L'eau froide a un côté très vivifiant. Autant avoir l'esprit affûté pour ce qui nous attend. " Je ne faisais que constater l'évidence, je me sentais toujours mieux après m'être gelé le corps, je respirais mieux, je me sentais plus... eveillée.

- Je préfère quand même ne pas grelotter en tenant ma rapière.

Elle m'observait sans s'en cacher. Je ne savais pas si c'était là du jugement ou de la curiosité, nous aurions pu être deux mortelles adversaires et pourtant nous voici, nues à nous laver dans une grotte. Si Tal'Raban me voyait...

- J'ai été surprise de t'entendre dire que tu allais me suivre.

" Il n'y a pas de quoi être surprise, tu sembles vouloir prendre les choses en main. J'ai toujours connu Xenair et ses directives, je n'ai pas l'habitude de travailler seule. Enfin si mais... sans aucune supervision. "

"J'aurais préféré ne pas avoir à le faire, mais au vu de la situation... Si Xel et compagnie donnait leurs informations je n'aurais pas eu à faire ça."

Elle commence à s'essuyer, sa toilette avait été rapide, là où je prenais mon temps pour rester dans l'eau glacée comme si sans m'en rendre compte, j'aimais me faire souffrir. La morsure du froid engourdissait totalement mes doigts et bientôt, je le savais, je ne pourrais plus les fermer entièrement comme si la rigueur de la mort m'avait frappée plus tôt que prévu.

- Je te pensais plus du genre à agir selon tes envies. Que ce soit pas le cas c'est... Rassurant. Tu es ici sur les ordres de Xenair ? Après qu'on l'ai vaincu je pensais qu'il ferait profil bas.

" Xenair s'est retiré. Laissant derrière lui sa place vacante, de mon côté je voulais me retirer de la vie d'Omyre et faire profil bas comme lui. Mais ma Faera a senti une grande perturbation et j'ai commencé à enquêter. J'ai infiltré la milice d'Oranan, passé les gardes et suis arrivée ici. Quelque part ça correspond un peu à ce que tu imaginais. J'ai écouté les petites voix dans ma tête. " C'était peut-être ça, elle devait me prendre pour folle. Comment pourrais-je la blâmer, je m'entêtais à systématiquement me rendre complexe à appréhender, sans parler de mes changements d'humeurs. Etait-ce quelque chose de naturel ? Avais-je su me confectionner ce mécanisme de défense ou... Suis-je simplement folle à lier ?

- Une grande perturbation... maintenant qu'on sait ce que c'est, ça fait sens.

Elle s'étire et commence à se rhabiller.

- Je ne t'imaginais pas non plus avoir une faera. J'imagine que j'en sais trop peu sur toi, au final.

" Exactement ce qu'on attend de deux personnes qui discutent pour la première fois, quoique je sais deux trois choses à ton sujet quand même. C'est bien la moindre des choses de se renseigner sur les personnes qu'on doit tuer. "

J'étouffais un petit rire, après tout, ça faisait parti de mon personnage, n'avais-je pas dit sur le même ton à Akihitochounou que je devais tuer la Peau noire ? Si seulement j'avais pu voir sa tête, si Falafel a pu être témoin de son expression, il a dû bien rire.


" Mais Tal'Raban a levé l'ordre à la défaite d'Oaxaca. C'est de l'histoire ancienne. "

- Tal'Raban voulait ma mort au point de te l'ordonner ? il devait l'avoir mauvaise...

Elle ne semblait pas en tirer de la crainte, plutôt une grande satisfaction. A vrai dire, elle avait fait assez forte impression dans les rizières, même Kurgoth voulait sa peau, s'il était tombé sur elle, ça aurait pu moins bien se passer. J'aurai probablement profité de leur affrontement pour la prendre à revers et la tueur plus ou moins proprement.


- Et que sais-tu à mon sujet ?

" Que ce qu'il a bien voulu le dire. Tu es adroite à la lame, tu peux employer de la magie solaire, tu as vaincu Xenair et participé à sa capture. Lui par contre... il doit l'avoir mauvaise. Je ne sais pas trop s'il attendait la bonne occasion pour se retirer ou s'il s'est senti vaincu et que son honneur lui a dicté qu'il était temps de se retirer. " C'est quand même fort compliqué de trouver des informations en plein champ de bataille, en réalité, il faut procéder à une filature, connaître sa cible, savoir où elle vit, ce qu'elle mange, ce qu'elle ne mange pas, qui sont ses amis, où ils vivent, qui sont ses ennemis, pourquoi le sont-ils ? Sur un champ de bataille, c'est plus ou moins facile, on mange tous de la terre, du sang et des larmes, les amis sont tous autour d'elle, les ennemis tous devant, et pourquoi le sont-ils, c'est uniquement parce qu'ils sont devant. Une fois aussi grossièrement simplifié, prenez toutes vos forces, mélangez le tout, ajoutez un soupçon de magie noire à travers un Gragon de mauvaise humeur et... Vous obtenez du riz au sang.

" Tal'Raban m'a même confié un Gentâme pour te traquer. "

Xenair peut s'estimer heureux. Si je n'avais pas stoppé Xël, il l'aurait tué alors qu'il était désarmé.

C'était vrai que ce petit fils de chat a voulu fumer mon ancien maître... J'avais presque oublié ce détail.

- On a eu affaire à son gentâme. Etrange créature... Ravie qu'il ne soit pas sur mon dos.

" On a eu l'occasion d'en discuter avec Xël, en effet. Mais c'était la guerre, j'imagine que ca fait partie du jeu. "

J'alignais mes lames dans le petit cours d'eau et laissait le sang s'écouler doucement. La Tueuse de Mage brillait à la lueur des faibles lumières dans cette eau qui déformait les reflets éclatant de cette lame argentée.

" En effet, il s'est retourné contre moi quand j'ai essayé de tuer Léona, cette morue. " C'était une petite façon de lui faire comprendre que oui, je m'étais retournée contre Oaxaca, d'une certaine façon et que bien que loyale à Xenair et Tal'Raban, j'avais participé à cet effort de guerre... A ma façon. Je n'étais pas tellement fière de ce qui pourrait être jugé comme une trahison, mais j'étais encore plus déçue de ne pas avoir pu atteindre le coeur de Léona, j'aurai bien essayé le cerveau, mais le coeur était probablement plus gros.



- J'appellerai pas ça un jeu... Et je sais même pas qui est Léona, mais si elle était dans son camp c'est pas si étonnant.

Comme quoi, j'aurai bien pu la tuer, je n'en aurai tiré aucune gloire.

- Enfin, ravie de savoir qu'il n'y a aucune animosité à ce niveau-là. On a assez de problèmes...

" Nul besoin d'animosité en fait. C'est mon travail. Je n'ai pas de haine envers les personnes que je chasse, c'est juste des noms sur une liste "

Je frottais les dagues avec un chiffon usé, l'entretient de la lame et du fourreau est trop souvent sous-estimé, je n'ai jamais connu que les Ynoriens pour vouer un culte à l'entretien de son arme.

" Quel est ton plan une fois sur place. Tu comptes faire un repérage ou demander immédiatement leur libération ? Je pourrais être utile pour espionner, je peux envoyer mon ombre espionner les alentours sans risquer de me faire prendre, ça me laisse cependant assez vulnérable puisque c'est comme si mon corps dormait pendant ce temps. "

- Le plan ? Trouver où est détenu Dracaena et, en fonction des forces sur place, la jouer fine ou bourrine. J'ai comme le pressentiment que négocier va être impossible, au vu du peu d'informations que j'ai concernant le rapport avec Xël. Mais si j'ai besoin d'une espionne, je saurai à qui demander.


" La jouer bourrine face aux forces d'une ville n'est pas la meilleure idée, je ne pense pas que nous ayons quoique ce soit d'impressionnant. On est même pas une équipe soudée, alors certes on verra sur place, mais j'ose espérer que face a la menace d'un énorme Gragon corrompu, ils estiment que notre Ficus cramoisi ne vaut pas le coup. "

Je soufflais comme déçue d'avance de ce plan.

' Mais compter sur le côté pragmatique des gens... "

- On avisera. Je préfèrerais éviter un bain de sang, dans tous les cas, mais c'est parfois la seule solution. Et puis peut-être que Xël a tout simplement prit un coup sur la tête et Dracaena va en fait très bien. Je trouve ses visions un peu trop pratiques et arrivant au bon moment...

Je n'y croyais pas une seconde, tout le monde était prêt à organiser le sauvetage à la seconde où il en avait parlé sans le remettre en question, je pense bien qu'elle y croyait ferme, que c'était juste une question de trouver un semblant de doute dans ce qui était un nid de certitudes. Elle aussi entretenait son arme avec soin.

- Avec un peu de chance, il y aura un type un peu moins crétin que les autres qui nous écoutera sur place.

" Comment tu fais pour les adversaires en armure lourde avec cette arme ? " Je trouvais admirable, cette longue lame fine, elle me semblait un peu souple mais j'étais curieuse de voir ce que ça donnait en combat. J'en avais déjà croisé quelques unes parmi mes victimes, mais la providence a fait qu'aucun n'eut le temps de la tirer de son fourreau.

- Soit je passe dans les jointures, soit je fais fondre le métal et le perce pour les embrocher. Et ça a le mérite d'avoir plus d'allonge que des dagues.

" Oh, intéressant. Ça demande une excellente dextérité en combat. C'est vrai que les dagues manquent d'allonge, mais ce n'est pas vraiment pour les combats à la loyale. L'une est empoisonnée, l'autre est enchantée et passe à travers les armures sans laisser la moindre trace. Mais il faudrait que je trouve mieux pour notre enquête. "

- Je m'entraine beaucoup, il faut bien que ça paye.

Elle semblait observer les dagues avec une certaine circonspection, comme si elle cherchait à savoir laquelle était enchantée et laquelle était empoisonnée. J'avais omis de préciser que j'avais également le Serpent qui offrait une excellente arme de secours

- Passer à travers les armures ? On dirait de la triche... De toute façon, si on doit sortir les armes ce ne sera pas pour faire joli, inutile de chercher à les remplacer pour le moment. Je préfère avoir tout le monde au meilleur de ses capacités, au cas où ça tourne mal.

" De la triche.. oui peut-être. De toutes façons c'est toujours mieux de ne pas laisser trop d'opportunités a son adversaire. Mais je ne suis pas rompue dans le combat a la loyale, c'est sûr. Ça ne dispense pas d'entraînement pour autant. "

J'arrange ma ceinture, m'assurant que toutes les fioles soient bien enveloppées. Ca serait vraiment catastrophique que la corruption se retrouve ici dans le ruisseau, si ça se trouve c'était un coup à empoisonner tout le monde et ne retrouver que des êtres corrompus à notre retour - si on revient, comme je l'espère.

" De toutes façons, la dague n'est qu'une façon de travailler. Pour le reste, les poisons sont d'excellents alliés. Rien de bien intéressant face à un Gragon... j'en ai peur. "

Les combats à mort sont rarement loyaux, quoi qu'en dise les chevaliers. C'était vrai, je pensais à Duval, son combat à la loyale était vaguement biaisé par son bouclier et sa lance, nous aurions dû nous battre à arme égale mais soit... Au moins il m'avait offert une mort assez plaisante, presque romantique, je crois que je l'aime bien. J'irai lui rendre visite peut-être, pas pour le tuer, juste lui faire un joli sourire et voir sa réaction. J'ai tellement hâte.

Elle rengaine son arme propre et met son bouclier à sa ceinture en haussant les épaules, elle avait fait assez vite, je n'étais toujours pas habillée.

- Je doute qu'une seule de nos armes soit efficace contre le Dragon. Seule notre magie aurait une chance et je pense savoir comment faire, mais il nous faut en discuter tous ensemble.

Soit. Je lui fit signe que je resterai ici un moment. J'avais envie de sentir l'eau froide encore, elle n'avait plus d'effet sur ma peau, je ne la sentais plus s'hérisser, je n'avais plus froid, au contraire, je sentais même une chaleur envoutante au bout de mes doigts qui se réchauffaient. Je me demandais pourquoi j'en étais là. Je me laissais faire facilement, je suivais en silence. Est-ce que j'étais destinée à ça ? Il y a toujours eu une certaine noblesse à servir Xenair et Oaxaca, c'était une situation bien plus enviable que les tire-laine et les autres bandits de grand chemin, tout juste bon à fuir devant la milice. Mais aujourd'hui, n'était-il pas grand temps de faire le point et d'envisager de nouvelles choses ? Je rêve toujours de cette maison perdue à la campagne, un petit jardin, des légumes, des ruches et des fleurs pour faire plaisir aux abeilles. Je voudrais avoir une petite maison, couverte de glycine, ne pas avoir peur des araignées qui s'inviteraient chez moi en hiver. Me contenter d'une soupe chiche pour le seul plaisir de tenir un bol chaud entre mes mains et de savoir qu'elles ne sont pas couvertes de sang. Oublier un peu l'odeur de la mort que je sème au profit de fleurs et de parfums plus légers.

Oui, ça serait une vie heureuse.

----------------------------------------

Va remonter et emprunter le portail de Xël.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » sam. 4 mars 2023 04:10

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

21 : Yliria prend les choses en main.

Déjà prêt à partir, Akihito pu observer les autres se préparer à leur tour, mais chacun à son rythme. Par exemple, Xël évoquait la possibilité de fractionner l’orbe rouge dans plusieurs objets, pour éviter de le laisser à l’air libre. L’idée n’était pas foncièrement mauvaise, mais pour contenir la toute puissance d’un dieu, cela allait demander des réceptacles dignes de ce nom et un processus magique qui pouvait facilement leur revenir à la figure. C’était le cas de beaucoup de choses sur Aliaénon, mais elles impliquaient rarement l’âme d’un Titan qui irradiait suffisamment la destruction pour affecter toutes les personnes autour de lui.
Simaya rassura tout le monde en ajoutant que grâce à la magie de Mathis, elle était désormais capable de maintenir le dôme tant qu’elle était à proximité. Et par proximité, elle entendait la région, ce qui était pratique pour qu’elle puisse les accompagner à l’abri de la grotte. En plus, Alossarh, Belarien et Zacara -l’homme au masque doré, comprit l’enchanteur- allaient garder un œil dessus. Si Bellarien n’avait pas eu l’occasion de montrer de quoi il était capable, les deux autres avaient prouvés leur compétence.
La semi-shaakte était un peu plus remontée, en revanche. Las elle aussi d’avancer à tâtons dans un monde qu’elle ne connaissait pas, elle demanda à l’Esserothéenne une carte, des informations sur la situation géopolitique sur Aliaénon, qui étaient puissants ou non. Akihito était à peu près sûr d’avoir formulé une demande similaire à son arrivée deux jours plus tôt, aussi s’attendait-il à ce que sa demande soit à peine répondue.

Peut-être n’avait-il pas demandé assez clairement.

Car une fois autour d’une table avec Visselion, Simaya et l’homme cornu d’Arthim’Olth, la mage se munit d’un parchemin, d’une plume et se lança dans un bref mais complet résumé des forces qui régissaient les différentes cités-états d’Aliaénon. Le tout en traçant en même temps une carte rudimentaire, mais fonctionnelle, du continent. Une pointe d’agacement passa sur le visage de l’enchanteur en constatant qu’ils auraient pu avoir ce qu’il estimait basique dès le début, mais il chassa vite ce sentiment. Ca n’aurait rien changé, de toute façon. Le seul participant dont Akihito n’avait pas le nom parla alors de sa ville d’Arthim’Olth. Une ancienne cité esclave, propriétaire de mines extrayant un métal dit indestructible. Cela intéressa naturellement l’enchanteur qui avait toujours sa curiosité pour les métaux exotiques, même si aux réactions des habitués d’Aliaénon, l’argent noir n’était pas simplement indestructible et quelque chose de moins reluisant y était associé. C’eut été trop facile.
Xël, de son côté, fut pris d’un mal soudain et ce qu’il annonça fut assez surprenant pour qu’Akihito se détourne de la carte de Simaya et des explications de l’homme cornu.

« Je viens de voir une vision d’Ibn et notre ami feuillu. Je pense qu’il faudrait songer à les récupérer. Rapidement.

- Les détails, Xël. Où sont-ils ? On les attaque ? qui les attaque, combien, comment ? Sont-ils blessés ? »

Yliria était elle aussi exaspérée par la rétention d’informations du mage, qui s’en excusa pour préciser son alerte : les deux concernés étaient emprisonnés, et l’Oudyo s’entretenait avec un Chevalier de Naral, un de ceux qui avaient juré de se débarrasser de tout ce qui avait un lien de près ou de loin avec le Sans-Visage. Une situation qui était étrange, pour qu’Ibn soit visiblement emprisonné dans sa ville natale dont il était un de ses membres imminents. Akihito aurait bien été sceptique sur la vision, s’il n’avait pas fait les frais lui-même des pauvres capacités relationnelles de Dracaena. Il était tout à fait probable que ce dernier ait parlé sans langue de bois.

(Très drôle, Aki.)

(Ose me dire que j’ai tort.)

(T’as pas tort, mais pourquoi tu l’as laissé y aller, si tu étais sûr que ça allait capoter ?)

(Je savais pas qu’il y aurait ces fameux chevaliers. Et eux, ils ont pas l’air de faire dans la demi-mesure.)

Si Dracaena avait tendance à ne pas savoir quand se taire, Akihito estimait que ce dernier avait au moins un instinct de survie. Et comme il ne connaissait rien des Chevaliers de Naral, il avait peut-être eu un mot malheureux au sujet du Sans-Visage ce qui l’avait condamné.

« Si les Sans-bannière sont présents, ils en sont sans doute responsables. Je crois savoir que les Cadi Yangin défendaient ardemment le Sans-Visage. Pas... ceux d'Ibn, mais ceux de Messaliah. C'est peut-être lié. »

Et Simaya donna immédiatement raison à l’enchanteur après avoir donné sa carte à Mathis pour que ce dernier puisse annoter certaines choses dont il se souvenait de ses précédentes missions sur Aliaénon.

« Oh si, ça va vous rendre dangereuse, peau noire. »

Akihito haussa un sourcil. S’adresser à Yliria de la sorte était risqué. Alors certes, le natif d’Arthim’Olth ne le savait évidemment pas, mais ça restait rude de s’adresser à quelqu’un en le réduisant à une caractéristique physique. Et surprenamment, elle ne le prit pas mal. Pas en apparence, du moins.

« Ça peut être utile alors, Monsieur le Cornu. Vous pouvez en faire des armes de siège ? Baliste, scorpions, avec les munitions qui vont avec, ce genre de choses ?

- L'argent noir n'est réellement efficace que s'il se nourrit de l'énergie de son porteur. Et il sert davantage à la protection qu'à l'offense. En faire des armes est possible, mais pas vraiment effectif. »

Voilà le point où l’argent noir révélait sa faiblesse. Yliria voulut en savoir un peu plus sur la potentielle létalité du métal, mais se ravisa avant d’aborder le sauvetage de Dracaena. Xël, Mathis et lui allait être envoyé sur place pour exfiltrer les deux prisonniers, le tout en évitant « de foutre le bordel ou de tuer quelqu’un » pour conserver des relations cordiales avec les mages du désert. Pendant ce temps, elle et les autres allaient rester sur place pour étudier l’orbe et savoir quoi en faire. Et s’il avait décidé de ne plus s’imposer dans les décisions du groupe, Akihito n’était pas idiot : s’il avait une remarque, il allait la formuler.

« Aller porter secours à Dracaena me dérange pas, en cas de problème je peux m'enfuir, mais sans Mathis. Et devoir traiter avec ceux qui ont juré de tuer ceux liés au Sans Visage avec Xël qui porte un de ses fragments me paraît dangereux. »

La voix et le ton neutre qu’il s’efforçait d’adopter fluctuèrent un peu quand il se tourna vers Xël, mais il reprit rapidement le contrôle dessus.

« Je t'ai appris le transfert magique : je peux t'aider à enchanter un portail vers ici dans un de mes objets subséquemment on aura un moyen de revenir sans toi dans les parages.

- Nous pouvons essayer mais plus qu’un sort, ce pouvoir est un don unique que l’on m’a confié. Je ne sais pas si ça peut marcher il vaudrait mieux faire un essai avant. »

Tout ou presque était possible ici avec la magie, mais le plus expérimenté des mages yuiméniens semblait l’avoir oublié. Il précisa aussi à Yliria que ses portails ne pouvaient être manifestés qu’en des lieux qu’il avait lui-même visité : une vision n’était pas suffisante pour qu’il puisse utiliser son pouvoir directement sur les prisonniers.
Yliria, puis Mathis déformèrent alors ses propos. Ils pensaient qu’il voulait aller libérer le duo seul, quand il ne faisait que rappeler que son pouvoir ne marchait que sur lui. L’enchanteur ne s’acharna pas à se justifier, ç’aurait été futile. Et puis de toute façon, la semi-shaakte semblait avoir pris le contrôle des opérations. Il lui découvrait une facette qu’il ne connaissait pas, plus affirmée, décisionnaire. L’ordre militaire de Tanaëth et son poste de vice-commandeur y était sans doute pour quelque chose, pour que même Silmeria et son aversion pour les shaaktes se range sans broncher à son avis d’y aller tous pour le sauvetage. Mais toujours avec une des remarques désarçonnantes qui la caractérisaient.

« Je peux tâcher de me faire discrète même si des morts fâcheuses ne sont pas à exclure. »

(Du pure Silmeria.)

(Pas Hrist ?)

(Hrist ne se serait pas exprimée au conditionnel. Elle aurait dit que les morts SONT à prévoir.)

Tout le monde avait l’air de vouloir aller sur place, sauf Jours qui n’avait pas décroché un mot depuis un moment et Xël qui n’était pas conseillé pour les négociations, mais qui était nécessaire. Même la raisonnable Simaya était partante pour y aller ‘en force’. Alors quand Mathis argua qu’il fallait au moins un Yuiménien pour rester à côté de l’orbe, Akihito leva la main.

« Ça peut être moi. Ça me dérange pas.

- Si on doit les libérer par la force, on y va tous les six. Pas besoin de nous pour garder l'orbe pour le moment, on trouvera une solution une fois la situation réglée. Si on doit le faire diplomatiquement... vaudrait mieux laisser Xël en dehors de ça pour éviter d'ajouter de l'huile sur le feu, mais ça risque du prendre un temps qu'on a pas. Seront-ils ne seraient qu'un instant enclins à discuter, de toute façon ? S'ils ont emprisonnés Dracaena pour son acoquinage avec Xël, venir demander sa libération nous mettra immédiatement dans la même catégorie. Autant gagner du temps et passer directement à la partie où on passe en force. Un assaut surprise ce serait le plus efficace.

- Je vois pas pourquoi on est pressé par le temps au point de risquer de se mettre une ville à dos sans tenter de savoir ce qui s'est passé avec Dracaena et Ibn. »

Tout le monde arriva peu ou prou au consensus de rester tous ensemble, et d’aviser une fois sur place, en laissant Simaya sur place pour continuer d’isoler l’orbe. La discussion n’alla pas beaucoup plus loin car beaucoup finirent par s’inquiéter du mutisme de Jorus. Ce dernier finit par dire qu'il ne se sentait pas bien mais il ne connaissait pas l'origine de son mal, et encore moins comment s'en remettre. L'enchanteur regarda tout ce petit monde se précipiter à son chevet, avant d'avoir son regard attiré par ce que sorti de sa bourse Mathis : des runes. Et il ne savait visiblement pas ce que c'était, puisqu'il les désigna comme des "cailloux". L'aventurier expérimenté ne l'était peut-être pas tant que ça, en fin de compte. Mais l'Ynorien pouvait l'aider, néanmoins.

« Ce sont des runes, des lettres-mots du Dieu Zewen. Enchâssez les dans un objet pour le dôter d'un pouvoir qui est associé à la rune de manière permanente, ou dites leur nom à haute voix et libérez leur puissance d'un coup.. La deuxième se nomme Tez, et signifie "Endurance". C'est avec elle que j'ai stabilisée Silmeria lors du combat contre les corneraures en stimulant son endurance. Les autres, je les connais pas. Mais je peux essayer de les identifier. »

Xël intervint en comblant les deux runes qu'il ne connaissait pas, les runes Xegu "Porte" et Aru "Soleil". Et à peine les nommait-il qu'elles se dédoublaient, reposant à côté de double rigoureusement identiques.

« Ah bah marrant. C’est la première fois que ça arrive. »

Akihito n'avait jamais vu de chose pareil, lui non plus. Encore, que... Il fouilla dans sa poche de runes, et confirma qu'il avait bel et bien les runes doublons qu'il avait trouvé sur lui, le lendemain de la nuit dans les collines oniriques. Il avait pensé que c'était un mauvais tour de son cauchemar avant de réaliser qu'il ne rêvait plus. Et la présence des runes doublons en était la preuve. Un effet d'Aliaénon ? Mais alors pourquoi la rune Tez ne s'était pas dédoublée, elle ? Il écouta et hocha distraitement de la tête aux remerciements de Mathis, tout à ses réflexions.

« Je te remercie Akihito... j'avoue que sans la présence de gens s'y connaissant, je me serais peut-être débarrassé de ces petits cailloux. »

Il releva à peine le Kendran alors qu'il donnait les doubles de ses runes à Xël qui les empocha sans broncher. Un paiement très généreux, car si la rune "Porte" allait difficilement être utilisable, la rune "Soleil" pouvait être bien plus puissante.
De son côté, Jorus était en plein délire. Tout en buvant difficilement dans la gourde que lui tendait la semi-shaakte, il raconta avoir envahi un corps de dragon. C'était sans doute possible, mais l'enchanteur pensait -espérait très fort, surtout- que c'était un geste trop stupide et dangereux, même pour une tête brûlée comme Jorus. Mieux valait pour lui que ce soit une divagation.

« Tant que...tant qu'on y est, il y a quelqu'un qui pourrait jet...jetter un œil ou deux sur ma...cape ?

- Je peux voir ce que je peux faire. »

A force de voir des artéfacts en tout genre, l'oeil d'Akihito s'y était habitué et la cape écarlate surpiqué d'or avait tout de suite retenu son attention quand l'enchanteur avait vu le jeune homme à Oranan. Enfin, si il était honnête avec lui-même, il l'avait surtout remarqué car elle détonnait beaucoup sur son propriétaire. Maintenant, il avait la chance de vérifier si son intuition était correcte.
La cape était faite d'un tissu très coûteux, même lui put le sentir. Et ce qu'il sentit aussi, ce fut l'enchantement qui était profondément incrusté dans le tissu. Fronçant les sourcils, il suivit du doigt les très légers motifs réhaussant le col. Le temps avait effacé les caractères, mais l'enchanteur pensa reconnaître les runes Aob et Tem, entre autre. La maîtrise de la lumière. Mais dans quel but ?

Le procédé lui rappelait l'enchantement présent sur ses propres bottes de Foudre. L'Ynorien en déduisit que la cape avait été enchanté par un enchanteur très doué, et qu'elle devait avoir un fonctionnement similaire.

« Mmmh. C'est pas commun. »

D'un geste, il passa la cape par dessus ses épaules. Si elle avait été créée de la même façon que les Bottes de Foudre de l'enchanteur Silverberg, alors il suffisait de penser, faire appel au pouvoir de l'artéfact mentalement pour le manifester. Utilisant ses sens aiguisés et particuliers d'enchanteur, il sonda l'artéfact.

(La maîtrise de la lumière. Bon, On peut faire quoi, avec ? En produire ? Non. L'absorber ? La lueur des bougies n'a pas l'air de s'affaiblir... La rediriger ? Visiblement pas ça. Ah. Visiblement.)

Une légère ondulation parcouru le vêtement, et il vit autour de lui le visage des personnes autour de lui marqué par la surprise. Regardant ses mains, il constata qu'il avait visé juste : il ne voyait plus son corps.

(L'enchantement permet à la cape de faire glisser la lumière sur le tissu, la dévier autour d'elle pour que le regard de quiconque voit ce qui se trouve derrière. Comme si le porteur était transparent. C'est astucieux,) reconnut la Faëra.

Après avoir fait quelques grands gestes juste devant le visage d'Yliria et Jorus pour confirmé les capacités de la cape, Akihito se déplaça pour voir à quel point l'enchantement restait viable en mouvement. Et elle l'était. Quand il retira la cape en s'étant mis de l'autre côté de la table, il constata que personne ne semblait savoir qu'il se trouvait là.

« Je sais pas ou vous avez trouver ça, Jorus, mais votre cape est enchantée d'un puissant sort de camouflage. J'ignore exactement combien de temps il peut durer, mais au moins plusieurs dizaines de minutes. »

C'était difficile de quantifier la durée d'un enchantement, simplement en sentant la magie circuler dans l'artefact. En tout cas, la petite vingtaine de secondes qu'avait duré son tour n'avait visiblement pas entamé la puissance encapsulé dans le vêtement. Il rendit la cape à son propriétaire en ajoutant d'un ton neutre et détaché.

« L'enchantement se déclenche par la pensée, mais son utilisation est très limité : ce type de magie demande du temps avant qu'elle soit réutilisable. Vous en saurez plus en l'utilisant.

- Moi qui ne pensais avoir trouvé qu’un brimborion. Je vous remercie Akihito, vous et votre sapience.

- Il n'y a pas de sapience là dedans. Juste un don que j'ai la chance d'avoir. Rien de plus, » répondit laconiquement l'enchanteur.

Le groupe se sépara ensuite, certains ayant besoin de préparatifs. Akihito n'était pas de ceux là. Avec lui, Mathis était resté lui aussi s'occupait de son chat; malgré l'apocalypse et les divers événements tous plus délirants les uns que les autres qui se passaient autour d'eux, l'animal était encore présent. Absence totale d'esprit de conservation ? Absolue dévotion envers son maître en dépit d'être un chat ? Toujours est-il qui sorti une tête et jeta un long regard curieux à l'enchanteur, présent à l'autre bout de la table. Peu désireux de faire la conversation, Akihito enfouit sa tête dans ses bras et ferma les yeux un temps. Une micro sieste la était la bienvenue et il ne rouvrit les yeux qu'un peu plus tard. Mathis n'était plus présent.

(Un peu moins de vingt minutes,) lui répondit Amy, anticipant sa question.

L'ynorien s'étira un coup. La nausée était passée, la colère et le ressentiment envers ses coéquipiers aussi, ou au moins apaisé. Il ne comptait pas pour autant revenir sur sa décision : ça n'allait pas être facile, mais il allait devoir se faire violence pour se tenir éloigné des décisions du groupe. Déjà dans la précédente discussion, il n'avait pas pu s'empêcher d'intervenir, pour un résultat très limité. Il se rendait peu à peu à l'évidence qu'il n'était pas un bon meneur, tant il était loin de faire l'unanimité. Et ce n'étaient pas ses coéquipiers qui étaient particulièrement indisciplinés ou individualistes : Yliria n'avait pas ou peu eu de problème dans la réunion précédente.

Posant sa sacoche sur un rocher-siège à côté de lui, il remit un peu d'ordre dedans regarda la fiole que lui avait donné le marchand la veille, qui n'avait pas encore trouvé sa place dans son paquetage. Quelque part, c'était un peu lui au sein du groupe. Il devait encore trouvé sa place, trouvé la distance à adopter avec les autres. Comme lui avait dit Silmeria.

Des pas résonnèrent dans son dos et l'enchanteur se surprit à savoir qu'il s'agissait d'Yliria sans avoir à se retourner. Malgré l'écho de la caverne, il reconnaissait la cadence volontaire de son amie, comme le léger bruit de sa rapière battant sa cuisse. Toujours avec l'artéfact dans la main, il se tourna vers elle. Ses cheveux encore légèrement humides témoignaient d'une toilette dont il devrait lui aussi songer à prendre.

(J'espère pour toi que tu sens pas le bouc.)

(Je doute que ce soit le genre de chose qui gêne Yliria,) se défendit mollement le mage.

(Ca t'empêches pas d'être un peu présentable pour elle.)

(... Tch.) Ils allaient allé dans un désert : il se laverait après avoir sué et été balayé par le sable, pas juste avant.

« T'as une minute ?

- Bien sûr. Tout va bien ? répondit-elle en lui jetant un regard curieux.

Il hocha légèrement la tête pour éluder la question, et lui présenta la fiole. De toutes les personnes présentes ici et malgré tout ce qui se passait, elle restait celle qu'il voulait le moins perdre.

« C'est un artefact qui réagit en changeant de couleur quand une personne choisie est en danger : c'est le cas, il aura une nitescence rougeâtre et son nom apparaîtra. Je peux désigner deux personnes, et j'aimerais que tu sois l'une d'elle. Juste pour le temps de notre voyage sur Aliaénon, je l'effacerai à notre retour.

- Pour être franche, çe me plaît moyennement... D'accord. Je dois faire quoi ? la boire ?

- Il me faut simplement une goutte de ton sang, à déposer là, » dit-il en pointant une extrémité de la fiole. Elle sortit sa dague et s'entailla le doigt pour y faire perler une goutte de sang, qu'elle déposa sur l'emplacement que lui avait indiqué l'antiquaire. Elle suçota son doigt tout en lui demandant comment il faisait pour tomber sur ce genre d'objet. Coinçant la fiole dans son baudrier à côté de la fiole d'hiver, il ferma sa sacoche et la remit sur son épaule.

« Aucune idée. A quia. Mais quitte à l'avoir, autant que ça serve à quelque chose, répondit-il évasivement en balayant la caverne du regard.

- Tu cherches quelqu'un ?

- L'un de ceux qui va monter la garde de l'orbe. J'ai pas envie de savoir rapidement si ce truc marche vraiment, mais si l'orbe échappe au contrôle de Simaya pour une raison ou une autre, j'ai envie de le savoir avant de revenir ici.

- Demande directement à Simaya, non ?

- Ou elle, oui. Peu importe qui.

- Tu es sûr que ça va, Aki ? »

Elle l'observait d'un air suspicieux. Il hésita à lui partager ses états d'âme, son décalage avec le reste du groupe. Et avec elle, bien que les raisons étaient différentes.
Il haussa son épaule valide et trouva une réponse qui allait faire écran, car ayant un bon fond de vérité.

« Aussi bien que ça peut aller après avoir appris que le Dragon noir était encore en vie.

- On va faire en sorte de s'en débarrasser pour de bon cette fois. »

Elle réussissait à trouver le moyen d'être compatissante, malgré tout. Peu fier de lui cacher ses réelles tracas, il s'éclipsa rapidement, en direction de la sortie de la grotte. Alossarh et Bellarien n'étant toujours pas revenu, ils étaient en toute logique encore à côté du massif globe rouge. Et il les y trouva, avec un peu plus loin le sorcier Zacara et Jorus. Ce qui n'était pas plus mal : des sorciers d'Elscar'Olth, ces deux là étaient ceux qu'il estimait le plus. Au milieu de nul part, son arrivée n'eut pas de mal à être remarqué et le duo se retourna vers lui; Bellarien était légèrement en retrait, ayant encore du mal à digérer les évènements de la matinée.

« Vous gardez l'orbe jusqu'à ce qu'on trouve d'autres personnes pour le faire, ou l'un de vous compte rester quoi qu'il arrive ?

- L'orbe est proche de notre grotte, nous la surveillerons en permanence, même si vous deviez vous barrer ailleurs pendant un moment. On n'aura qu'à se relayer.

- C'est un artefact qui me permet de savoir si quelqu'un qui y met une goutte de son sang est en danger, expliqua l'enchanteur en ressortant sa fiole. Je pensais à avoir l'un d'entre vous pour que si ça dégénère ici, je sois au courant. Parce qu'on quitte le coin : on va voir ce qui se passe à Metbe-el.

- Vas-y, j'ai pas d'arme sur moi. »

Loin de la défiance et l'accueil brutal de la veille, le sorcier tandit sa main sans sourciller et laissa Akihito entailler la pulpe de son annuaire sous le regard circonspect de Bellarien.

« Merci. C'est une précaution que j'espère inutile.

- Vaut mieux prévenir que guérir, répondit-il avant de continuer. Vous partez, donc ?

- Xël dit avoir eu une vision d'Ibn Al Sabbar et de Dracaena -l'arbre vivant qui nous accompagnait- en mauvaise posture. On va voir ce qu'il en est. »

Acquiesçant, le pyromancien assura qu'ici tout était sous contrôle et qu'ils étaient prêts à participer à l'effort de guerre pour abattre le dragon. Akihito soupira à la première partie de sa phrase.

« Il va nous falloir plus qu'un coup de main contre cette abomination, croyez moi. Et la situation est "gérée" oui... Vous vous souvenez des réserves que j'avais à propos de Visselion ?

- Je vous avais prévenu, intervint finalement Bellarien, tandis qu'Alossarh Crath' se contentait d'hausser un sourcil interrogateur.

- Et vous aviez raison. Vous parliez de plusieurs sorciers, d'un rituel complexe, de temps, Alossarh. C'est miraculeux si à trois seulement, ils ont pu remettre en place un seul sceau de cette manière. Tout aurait pu arriver avec ce sceau, y compris sa destruction. »

Rangeant sa fiole, il conclut.

« Je serais vous, je le surveillerais de près. Des fois que ce coup de chance insensé lui donne d'autres idées peccamineuses.

- Des fois, les risques paient : ça a été le cas ici. Sans son initiative, nous en serions encore au même point, sans savoir si nous pouvons agir réellement, ou réussir notre plan. Des fois, il faut passer par-là, et ne pas tergiverser cinquante ans pour rien.

- Aliaénon n'était pas à quelques heures près. Qu'est ce que ça aurait coûté de revenir avec un portail de Xël chercher d'autres sorciers ou nous pour sécuriser le rituel ? 5, 10 minutes ? Mieux vaut prévenir que guérir, non ? »

il secoua la tête de dépit, lançant un regard désolé à Bellarien qui semblait de son avis. Cet homme si suspicieux et réfractaire à la présence des Yuiméniens semblait le tenir en un peu plus haute estime... Et Akihito n'était pas certain que son approbation allait avoir un quelconque poids, même s'il avait décidé de continuer à participer aux décisions. Il avait été le premier sorcier d'Elscar'Olth avec qui il avait discuté, et avait naturellement pris sa philosophie prudente comme celle dominante de la ville. A tort : le résultat importait plus que la méthode, ici.

« Mais visiblement, nous sommes trop peu à nous préoccuper de comment ça aurait pu finir. Je ferai avec.

- C'aurait pu tout aussi mal tourner, même en étant nombreux. Et rien ne dit que toutes les salles des glyphes étaient accessibles. Une autre entreprise aurait pu être longue et fastidieuse, voire vouée à l'échec. Mais bon, de fait c'est derrière, et tant mieux. Ca fait du bien de voir que vous avez quelqu'un de prudent parmi vous : garder le sang froid peut parfois être également la solution, conclut Alossarh.

- Le sang-froid. J'aurais aimé le garder. »

Sur ces mots amers, il salua brièvement le duo et retourna en direction de la grotte. A son entrée, il déposa une marque du Tonnerre : il ne pourrait l'utiliser aujourd'hui, mais ça ne servait à rien de savoir Alossarh en danger si il ne pouvait pas le rejoindre. Sa fiole en main, il profita du chemin pour l'observer un peu plus en détails : un peu plus grosse que son majeur, il devait désormais savoir ce qu'il allait en faire. C'était bien de savoir que quelqu'un était en danger ; le remarquer suffisamment vite pour qu'intervenir ai encore une utilité, c'en était une autre. D'autant plus que si elle luisait quelque peu, c'était loin d'être remarquable si il était au beau milieu d'un combat et qu'elle était à sa ceinture.

(Et pourquoi pas la porter autour du cou ?)

(Mmh. C'est un peu lourd, mais ça sera toujours mieux que rien, si j'arrive pas à trouver une autre idée.)

En combat, son champ de vision se portait toujours devant lui. Toujours en première ligne, consulter quelque chose à sa ceinture ou à son cou était un luxe qu'il n'avait pas toujours le temps d'avoir. Ce qu'il avait en permanence dans son champ de vision, en revanche, c'était son bouclier. La face intérieure était en cuir, y amémager une cavité pour la fiole pourrait être possible. Sa Faëra lui fit remarquer qu'il n'avait pas toujours son bouclier à la main, et que les ennuis n'allaient pas attendre qu'il ai son bouclier devant lui pour se présenter.

(En revanche, tu as ton bras qui tient ton bouclier qui est aussi toujours dans ton champ de vision.)

(Oh.)

Jetant un oeil à son avant-bras, Akihito passa le pousse sur l'intérieur de son avant bras droit. Un espace protégé tant qu'on ne visait pas délibérément cet endroit, qu'il pouvait vérifier du coin de l'oeil et qui ne manquerait pas d'être remarqué. Sa cotte d'écailles en Drakarn était sanglée à cet endroit, et glisser la fiole entre les lanières de cuir se révêla assez dérangeant. Il lui fallait quelque chose de plus pratique, qu'il pourrait porter par dessus ses protections.
Alpaguant un des sorciers rescapés, il lui demanda si parmi les survivants se trouvait un tailleur, un forgeron, ou tout autre artisan capable de travailler tissu ou cuir. On lui pointa une femme non loin de là, assise sur un tabouret et entouré de dizaines de chaussettes, braies et autres habits en tout genre. Elle maniait l'aiguille et le fil avec adresse, malgré des traits tirés par la fatigue. Deux tresses blondes s'échappait de sa coiffe et encadrait son visage concentré. Et comme elle ne semblait pas remarquer sa présence alors qu'il venait de se mettre devant elle, il eut le temps d'observer son travail : à en voir sa dextérité, le travail du textile n'était pas simplement une tâche qu'on lui avait donné faute de personne qualifié, mais un artisanat qu'elle maîtrisait.

L'enchanteur, au bout d'une longue minute, se racla la gorge.

« Herm. Pardonnez moi, vous auriez une minute ?

- Hmm.

- J'aurais besoin de vos services. Vous pouvez prendre une... commande ? » dit il après un temps de réflexion, faute de mot plus approprié.

Akihito avait connu des commerçants plus chaleureux : quand elle soupira pour lever finalement ses yeux noirs vers lui, il eut vraiment l'impression de la déranger. Il attira néanmoins sa curiosité quand il la vit pencher la tête le côté. Son ton, lui, resta aussi froid que son attitude global.

« Vous êtes avec ces étrangers, n'est-ce pas ? Qu'est-ce qu'il vous faudrait de plus urgent que mon travail actuel ?

- ... Un service. Qui n'est en rien urgent, alors je vais pas vous importuner plus longtemps. Pardonnez le dérangement.

- Dites. Je jugerai c'est urgent ou non, rétorqua-t-elle, et l'enchanteur s'exécuta, n'ayant pas grand chose à perdre.

- J'ai besoin d'une gaine. Pour sangler solidement cette fiole sur la face intérieur de mon avant-bras, en laissant la partie bleuté visible. »

Regardant la fiole, elle posa la chaussette qu'elle était en train de repriser et se retourna vers une table derrière elle où trônaient plusieurs sachets, couteaux, fils et autres ustensiles de coutures. Elle se saisit de deux lacets de de cuir et sans vraiment demander l'avis du jeune homme, noua le bout d'un des lacets à chaque extrémité de la fiole. Puis après plusieurs tours, elle fixa la fiole à son avant bras dans un assemblage rudimentaire, mais solide; son expertise se révéla même à travers l'attention qu'elle eut lors de l'attache pour que les liens ne soient pas trop serrés et passés entre deux écailles de Drakarn pour ne pas entraver la circulation du sang. Une fois le tout fait, elle lui jeta un regard interrogatif.

« ... Merci. Comment je peux vous payer ? Vous rétribuer ? »

D'un haussement d'épaules, elle lui demanda en retour s'il avait participé à la chute du Titan. Ce qu'il avait fait... En partie.

« Mon groupe, oui. Je n'ai pas été d'une grande aide.

- Ben dites-leur merci. Ca vous va ou je peux faire mieux ? »

L'enchanteur ignorait s'il la dérangeait, ou si elle était simplement inamicale.

(Probablement les deux. N'oublie pas qu'elle a perdu sa cité.)

« L'idée était de faire quelque chose de plus permanent, une manchette que je pourrai enfiler, un brassard à sangle. Donc oui, vous pouvez faire mieux. Mais est ce que vous en avez le temps, expliqua finalement l'enchanteur.

- Hm. Je pourrais vous en tricoter un, mais je doute que ce soit ce que vous attendiez. Si vous aviez des matières premières, du cuir en l'occurrence, je pourrais faire quelque chose... mais là. Va falloir attendre de trouver un artisan avec son atelier.

- Je n'ai que du cuir de cochon. pas ce qu'il y a de plus pratique à travailler, de ce que je sais. »

Le matériau aurait pu faire l'affaire selon elle, mais elle aurait eu besoin d'être plus outillé. En regardant ce qu'elle avait avec elle, il prit conscience que pour une rescapée, elle restait décemment bien équipée. La chance, ou des sorciers qui l'avaient aidés car soucieux d'avoir des vêtements présentables et des chausses sans trous.

« Tant pis. icelui fera l'affaire en attendant. Inutile de s'opiniâtrer, répondit-il d'un ton égal avant de sortir le cristal des collines oniriques. Parmi les rescapés, il y a quelqu'un qui pourrait m'en dire plus sur ce cristal ?

- Pas une couturière, en tout cas. Ca ressemble à ces pierres qui existent en nombre dans les souterrains de la Lande. Doit y avoir un lien avec la magie, j'imagine.

- C'est ça. Du peu que je sais, c'est de la magie solide. Donc, vous ne connaissez personne ?

- Devait y avoir des sorciers qui étaient spécialisés dans les gemmes, oui, répondit la couturière d'un ton pincé, le forçant à éluder.

- Je verrai de mon côté, alors. Merci quand même, dame...?

- Zelneth. Vous l'aurez oublié demain.

- J'espère que non. Akihito. Portez vous bien, dame Zelneth. »

Elle le salua distraitement, déjà de retour à ses reprisages. L'Ynorien rejoignit le groupe au grand complet, n'attendant plus que lui. Vérifiant que son pavois ne gênerait pas sa fiole, il se posta à côté de Xêl, et jette un regard à la cheffe de l'expédition.

« Je peux servir d'avant-garde, au besoin. Qui sait si on aura pas un accueil musclé. »


-----------
« »
Mots placés : peccamineux, icelui, s'opiniâtrer, nitescence, subséquemment, sapience
A découvert les Runes Aru "Soleil" et Xegu "Porte"
A placé une marque du Tonnerre à l'entrée de la grotte d'elscar'Olth
A activé sa fiole de surveillance avec le sange d'yliria et Alossarh (à marquer sur la fiche)
Se prépare à être l'avant garde dans le portail et à avoir un comité d'accueil.
Modifié en dernier par Akihito le ven. 24 mars 2023 01:23, modifié 3 fois.

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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 4 mars 2023 04:49

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (Xël, Yliria, Silmeria, Mathis, Akihito et Jorus) VI






Hop-là boum tous les aventuriers dans le portaillinou de Xëlito, sans aucun pnj les accompagnant. La suite dans le Désert du Raa’ska.



Image






[XP :
Mathis : 0,5 (discussion)
Xël : noté quand complété.
Jorus : 0,5 (discussion) + 0,5 (aparté)
Yliria : noté quand complété.
Silmeria : 0,5 (discussion) + 0,5 (aparté) + 0,5 (bain).
Akihito : 0,5 (discussion) + 0,5 (identifications) + 1,5 (apartés)



[Jeu des mots :
Jorus : 10 points.
Akihito : 30 points.]

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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 18 mars 2023 01:09

Cauchemar en Aliaénon : Elscar’Olth I




Arrivant sur le seuil de la grotte des sorciers d’Elscar’Olth, tous purent voir qu’en une grosse dizaine de minutes, rien n’avait réellement changé. Alossarh’ et Bellarien surveillaient toujours l’orbe rouge gigantesque sous le dôme de protection de Simaya, absente. Zacara n’était plus là, Jorus se doutait qu’il avait sans doute besoin de repos, tout comme Xël et Silmeria le savaient pour Visselion. Pour Dracaena, forcément, c’était un choc : le corps du titan ailé et noir se tenait debout non loin des ruines de la cité souterraines, transpercé de part en part de la même manière que le Titan de magie sur les anciennes plaines d’Or. Un ennemi qu’ils avaient cru invincible, et qui s’était fait tuer en un clignement d’œil.

Ibn, sur l’épaule de Dracaena, était toujours totalement inconscient. Xël, lui, prit également conscience qu’il ne saurait plus utiliser le moindre portail avant un bon repos, les clouant sur place pour le moment. L’ambiance semblait pesante, dans l’équipe. Une ambiance délétère, très en inadéquation avec leur tâche commune.

Alossarh Crath’ approcha, curieux. Il posa les yeux sur Maïssa et son faucon et demanda :

« Hey, c’est qui ça ? Cette grotte est censée être secrète ! »

Il n’avait pas l’air totalement ravi de la venue d’inconnus. Maïssa, bien entendu, resta totalement silencieuse, lui faisant face d’un air de défi. Qu’ils répondent, arrangent la situation ou quittent la scène sans un mot, les aventuriers étaient désormais livrés à eux-mêmes, au moins jusqu’au lendemain. Ibn Al’Sabbar, l’âme furieuse du titan, il y avait encore quelques soucis à régler ici, mais comment ?





[HJ : La discussion générale est ouverte pour ceux qui restent sur la scène de sortie du portail. Pour les autres (et ces premiers s’ils finissent par la quitter), les actions sont libres : discutez avec les PNJ, entre vous, râlez dans votre coin, tentez de trouver des solutions et expérimentez-les. Je vous demande de vous servir du sujet de ‘Coordination’ pour indiquer vos intentions personnelles, y compris les apartés entre vous. Selon ça, j’interviendrai ou non en MP avec vous.]

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Re: Lande Noire

Message par Xël » jeu. 23 mars 2023 21:09

En arrivant dans la Lande mon seul désir est de m’écarter du groupe. Je me sens vidé, autant de mon énergie que de l’espoir de pouvoir aider les habitants de Methbe-el. Je retire mon casque, voulant respirer plus librement, même si il s’agit de l’air lourd de la Lande Noire. Je pose une main sur l’épaule de Maïssa avec un regard à la fois désolé et sincèrement compatissant. Je pense que tous les deux nous savons qu’il est déjà trop tard.

Finalement je m’écarte du groupe pour m’asseoir plus loin contre un rocher, reposant mes jambes et mes oreilles pour ne plus entendre je ne sais quelle leçon. J’en ai assez de ça, je veux être tranquille ce soir. Je profite de cette solitude pour me reposer, pour méditer, pour réfléchir. Je crois même que je parviens à m’endormir pendant un temps jusqu’à ce que je sente une présence toute proche. Akihito, ayant laissé son armure au profit d’une robe noire ressemblant à ce que porte les gens à Oranan. J’ouvre les yeux, dardant un regard sévère vers lui alors qu’il me fixe sans bouger.

« Je peux t’aider ? »

"Oui. Ça fait 4 jours qu'on court partout et on a jamais pris le temps de se parler entre yuiméniens. Savoir ce qu'on veut faire, comment. Et là, on a un peu de temps devant nous, donc je pensais faire cette discussion ce soir."

« Comme tu le dis on court partout et ouvrir des portails à travers le monde me coûte beaucoup d’énergie. J’ai besoin de repos. Vous savez le nécessaire, vous n’aurez qu’à me dire demain matin où vous voudrez vous rendre. »

Il rétorque que la question n’est pas de savoir où on va mais avec qui avant de me jauger du regard. Comment suis-je censé le comprendre ? Est-ce une menace ? Veut-il m’exclure du groupe ? Ils auront le temps de discuter quand il devront traverser la région à pied. Il poursuit, déclarant qu’il se rend compte qu’il ne me connait pas aussi bien qu’il le pensait avant de soulever le fait que les tensions entre les aventuriers risquent de ne pas s’arranger.

« Nous avons infiltré un manoir pour tuer deux des personnes les plus puissantes de Yuimen mais à part ça nous ne nous connaissons pas, comment on pourrait prétendre tout savoir l’un de l’autre. »

Répondis-je d’abord avant de poursuivre.

« Et les tensions ne s’arrangeront pas parce que certains décident d’être les mieux placés pour faire la morale et donner des leçons. J’ai compris que nous avions un objectif commun mais moi je me refuse à abandonner les cités et les peuples de ce monde avec comme seul prétexte que de toute manière le Dragon Noir les tuera tous si nous ne nous concentrons pas sur lui.  »

Il répond avec un haussement d’épaule que c’est justement parce que nous ne nous connaissons pas qu’il faut parler et que le minimum devient primordial.

"Je suis le premier à admettre que je suis pas du tout accorder avec vous. La majorité de ce que j'ai proposé ne vous a jamais convaincu. Sauf que si on continue de se disputer et de se monter les uns contre les autres, on court à la catastrophe. Methbe-El sera pas libérée et le Dragon Noir pas inquiété. Je te forcerai pas à venir, mais tu sais comme moi qu'on en a besoin. Tous."

« Il est sans doute déjà trop tard pour Methbe-El. La tête du père de Maïssa roule sûrement sur le sol avec celles de citoyens interrogés au hasard pour répondre à des questions auxquelles ils n’ont aucune réponses. Tu l’as dit toi même, tu préfères savoir que tu n’auras pas à compter sur moi plutôt que de t’inquiéter à savoir quand ma prochaine « lu-bie » va me faire vriller. Une chance que mes lubies m’ont poussés à me rendre devant Oranan dans une bataille qui nous marquera à jamais pour lui éviter un sort terrible. »

Je n’ai aucune envie de discuter avec tous le monde. Encore moins dans le but de leur expliquer qui je suis malgré tout l’effort que met Akihito pour me convaincre. Il commence par se servir de Maïssa, prétextant qu’elle n’aurait pas fuit sa cité et laissé son père si il était vraiment en danger. Elle l’a fait parce que son père l’a sans doute convaincu mais j’ai senti dans son regard qu’elle m’a traîné vers le portail l’inquiétude et la résignation qu’elle porte en elle. Il poursuit, mettant en cause la raison pour laquelle j’ai participé à la bataille de Kôchii, arguant que je n’étais pas là pour aidé Oranan mais pour me battre pour mon pays et vaincre les Treize et prétextant que j’aurais trouvé la chute d’Oranan comme un sacrifice lourd mais nécessaire pour arrêter Oaxaca et avoue qu’il pense pareil. Un aveu qui me révolte et m’écoeure mais je n’ai pas le temps d’y réagir qu’il m’interroge sur l’influence de l’âme du Sans Visage.

« Je sais que son influence est moins forte parce qu’à l’époque ça a poussé Simaya à essayé de nous tuer alors que nous n’avions aucune idée de ce qui se cachait dans la grotte. »

Expliquais-je en observant mon sac avant de relever les yeux vers lui.

« Je n’aurais pas supporté qu’Oranan disparaisse. C’est quelque chose que j’ai vécu trop de fois. Je n’ai pas rejoins l’armée de Kendra Kâr pour défendre le royaume. Je l’ai fait pour être capable de défaire la menace qui planait sur Yuimen et sur Aliaénon. Quant à Maïssa je pense qu’elle ne voulait tout simplement pas que cela dégénère. »

Il n’a pas l’air de me croire et me demande si j’ai vu beaucoup de ville de la taille d’Oranan se faire raser.

« Trois. Quatre si je compte Elscarl’Oth, même si pour celle-ci je n’en ai pas été témoin. »

Il incline légèrement la tête mais ne semble ps plus convaincu. Voilà pourquoi il y a un tel décalage entre nous. Il n’a pas vu Esseroth être mise à sac par Vallel, le Bourg-d’Or rasé par un Titan et Fan-Ming être submergé par des Garzoks fuyant le réveil d’une créature endormie depuis longtemps. Je n’attendais que qu’il s’en aille pour avoir à nouveau la paix mais au lieu de ça il s’accroupit pour me demander si il peut tenir l’âme du Sans-Visage.

« Tu sais bien que non. »

Répondis-je en posant une main protectrice sur mon sac.

"Essaye de me comprendre, Xël. Tu ne dis pas que tu *contrôles* le fragment, tu dis que son influence est moins forte que celle qui a poussé Simaya a tous vouloir vous tuer, à l'époque. Ca, plus ce qu'on a vu avec l'orbe du titan, plus ton comportement qui a changé... Qu'est ce qui t'empêcherait de me le laisser, un court instant seulement ? Tu as peur que je le détruises ? Que je fuis avec ? Que je ne te le rende pas ?"

« Ce n’est pas comme si tu me demandais d’expliquer comment appâter une poule… Je ressens que je dois le protéger et pour ça je dois le garder sur moi. Tout simplement, donc non je ne peux pas te le confier. »

Il rétorque qu’on pourrait le protéger à deux. Plus il l’ouvre, plus il m’agace, je me montre alors plus sec pour clore la conversation.

« Non ça ne fonctionne pas comme ça. Je pense que la seule alternative c’est que je le cache dans un endroit que je sois le seul à connaître. Alors son influence fonctionnerait sur celui qui tombe dessus par hasard, comme c’était le cas avant. »

Il m’observe longuement avant de se redresser en poussant un soupir déçu, demandant si je comprends au moins qu’il soit méfiant.

« C’est évident. »

Je m’en tape ! Lâches moi maintenant ! Mais il ne s’arrête toujours pas, réitérant sa demande sur ma présence à sa réunion.

« Non. Je pense que je vais en rester à ma première décision et prendre un peu mes distances pour l’instant. »

Pour un moment même car si son but était de me convaincre de mieux connaître le groupe c’est tout l’inverse que je ressens. Je n’aime pas la façon qu’il a de se montrer protecteur, voir paternaliste, comme si j’étais un enfant. Il grimace et insiste encore, demandant simplement que j’y assiste. Je ne daigne même plus répondre et secoue simplement la tête. Nouveau soupir, le prochain pourrait être celui de trop. Puis nouveau commentaire sur ce que je dois faire, me reposer dans ma tente. J’incline la tête pour lui faire plaisir afin qu’il se barre pour de bon. Je peux maintenant rajouter l’agacement à la liste de choses qui agite mes tripes.

Je reste encore un moment assis dehors à ruminer ma colère et chercher à nouveau une certaine forme de sérénité jusqu’à ce que je décide d’entrer dans la grotte pour prendre des nouvelles d’Ibn qui devrait être plus tranquille maintenant que les Yuiméniens papotent entre eux.

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Re: Lande Noire

Message par Akihito » ven. 24 mars 2023 01:22

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

24 : Moulin à paroles.

La transition entre les deux climats fut aussi rude que lors de l’arrivée dans le désert, mais la différence restait que l’environnement de la Lande était bien plus appréciable. Le portail avait été ouvert sur la colline qui surplombait les hauteurs de la ville en ruines, à proximité de la grotte. Akihito repéra les deux sorciers qui étaient resté monter la garde, haussant un sourcil surpris de les voir revenir aussitôt. Leur visage se durcit cependant quant à mesure que le groupe débarquait, Maïssa passa le portail en tirant d’une main autoritaire Xël.

« Hey, c’est qui ça ? La grotte est sensée être secrète ! »

(Merde.)

Les sorciers n’avaient jamais évoqué ce point, mais maintenant qu’il était énoncé il était évident. Pour ne rien arranger, Maïssa ne se laissa pas impressionner et défia du regard le sorcier, toujours silencieuse. Celui qu’elle avait traîné se releva et après avoir retiré son casque, s’était éloigné. Dépité ? En colère ? Fatigué ? Probablement un peu des trois, même si la dernière option semblait prédominer à en voir ses traits. Akihito retira kyu aussi son casque pour profiter de l’air plus frais et s’avança dans le même mouvement. Il fallait apaiser les tensions le plus rapidement possible, en commençant par des présentations. De sa voix neutre, il se tourna tour à tour vers les deux belligérants.

« Alossarh, je vous présente Maïssa, fille de Bassem, un des dirigeants de la ville de Methbe-El. Nous l'avons emmené avec nous car pour sa participation à l'évasion de Dracaena et du sorcier Ibn Al Sabar, sa vie est en danger. Nous aurions dû vous consulter avant, c'est vrai, et nous nous en excusons. La situation ne nous a pas vraiment permis de prendre ce temps.
Maïssa,
dit-il en se tournant cette fois vers elle, voici les sorciers Alossarh Crath' et Bellarien d'Assamoth, originaires de la ville d'Elscar'Olth qui se trouvait ici. Je vous prie de comprendre leur méfiance quand une étrangère arrive dans une situation compliquée comme celle-là.
Aucune aide ne sera de trop dans la traque du Dragon Noir et Maïssa pourrait servir d'émissaire pour acquérir à notre cause la coopération de Methbe-El. Si cela vous convient. Dracaena pourra vous en dire plus, ayant été sur place. »


- Livraison spéciale... Un Vieux Valétudinaire à Vision, où est l'infirmerie...la...plus...proche ? »

La voix râpeuse de l’Oudyo mourut peu à peu tandis qu’il contemplait le monolithique cadavre. Réaction normale, mais c’était celle des sorciers qu’Akihito attendait.

« Je le savais qu'ils finiraient par nous causer du tort : Voyez, ça commence.

- Comprenez que vous nous exposez dans une position de faiblesse inédite. Il y en a qui sauteraient sur l'occasion pour nous buter, tous. Alors si vous vous portez garants d'elle, ça passe pour cette fois. Mais n'emmenez plus personne ici. »

Akihito grimaça légèrement au commentaire de Bellarien, qui était plus que légitime. Mais il accueillit la décision d’Alossarh d’un hochement de tête soulagé et fit un pas en arrière. La médiation avait porté ses fruits. Il laissa Dracaena et Jorus s’occuper d’Ibn, puisqu’ils devaient le laisser aux bons soins de Zacara qui avait déjà soigné l’homme de Wiehl. Akihito, lui, n’avait qu’une envie : se laver.

(Pas trop tôt. Je suis bien contente de pas avoir de nez pour te sentir.)

(Au cas où t’aurais pas remarqué, on a été pas mal occupé ces derniers temps.)

(Yliria a trouvé le temps, avant de partir dans le désert,) pointa Amy.

(Oui, et moi j’ai trouvé plus intéressant de me nettoyer APRES être passé dans le désert.)

(Haaan.)

La Faëra resta silencieuse quelque temps, comme étonnée de la réflexion de son maître. Avant de revenir avec une pique qu’il n’avait pas vu venir.

(Donc tu sous entends qu’Yliria est pas assez intelligente ?)

(Mais ? Non, ça n’a rien à voir. Si on était resté coincé dans le désert, c’est moi qui aurais été embêté.)

(Donc c’est toi qui a pas assez réfléchi.)

(Tu files un mauvais coton. C’est Alyah qui t’apprends tout ça ?)

(Qui sait,) ricana la Faëra.

Bien qu’agacé par sa Faëra, Akihito senti le coin de ses lèvres tressaillir. La situation bien que stable, n’était pas reluisante ; Amy essayait à sa manière de lui faire garder le moral en le stimulant et en le taquinant. L’intention restait louable.
Sur le chemin de la petite grotte où il savait qu’un courant passait et où il pourrait faire ses ablutions, l’enchanteur reconnu le réseau d’abri de fortune : l’atelier de Zelneth se trouvait non loin. Jetant machinalement un regard à ses vêtements, il se fit la réflexion que ses habits avaient bien vécu. Il n’avait pas eu le temps d’en acheter de nouveau à Oranan et ceux qu’il portait avaient vécu ses errances dans la campagne ynorienne. Savoir jouer de l’aiguille lui avait permis de repriser correctement le tout, mais il ne disait pas non à une nouvelle tenue. Il fit donc un crochet et retrouva la couturière dans la même position qu’il l’avait trouvé. Seuls changeaient la pile de vêtements qu’elle recousait et la chaussette sur laquelle elle travaillait.

« Rebonjour, dame Zelneth. Vous auriez des vêtements à me vendre ?

Une fois de plus coupée dans son travail, elle va lever vers toi un regard d'abord agacé, puis compréhensif.

- Vous ne deviez pas partir ? J'ai quelques réserves, oui. Que souhaitez-vous ? répondit la femme après que son regard agacé d’être de nouveau dérangé ne s’adoucisse. Un peu.

- Notre voyage a été plus court. Et il me faudrait une tenue complète, chausses braies tunique. »

Se retournant, elle fouilla dans une malle placée derrière elle et une trentaine de seconde plus tard, en tira une série de vêtements noirs. Si les braies et les chausses noires n’était pas différentes de ce qu’il portait d’habitude, la chemise en soie et la tunique de laine -toutes deux noies- étaient plus dans le genre des habits locaux. Le col haut et les épaules plus rigides lui rappelait quelque peu les kimonos traditionnels d’Ynorie, mais en plus sobre et plus cintré. Collant les vêtements à son propre corps, l’Ynorien hocha la tête : la couturière n’avait eu besoin que d’un coup d’œil pour estimer ses mensurations et lui sortir une tenue à sa taille.

« Merci. Et si vous avez un linge pour m'essuyer après un bain, ce serait parfait, ajouta l’enchanteur en étant rapidement récompensé d’une longue chute de tissu ocre. Je peux faire quelque chose pour vous remercier ?

- Rien, non. Je vous aurais bien dit d'en laisser pour les miens, mais la mort de ce titan signifie qu'on rejoindra bientôt la ville. Et mes réserves. Grâce aux vôtres. Mais peu à vous, tel que vous me mi dîtes lors de notre dernière rencontre.

- Si vous changez d'avis, n'hésitez pas. »

Il la salua rapidement de la tête, et elle lui rendit son salut avant de replonger sans tarder dans sa tâche. Sa nouvelle tenue sous le bras, il reprit le chemin de la cavité contenant le ruisseau. Plutôt éloigné du reste du campement des réfugiés, une simple planche de bois brisée était posée contre le mur à côté. Marqué sur une face d’une croix et sur l’autre d’un rond, Akihito retourna la planche sur la croix pour signifier que quelqu’un était présent et s’enfonça dans le court tunnel à peine éclairé par la torche fixée à son entrée et celle à l’intérieur. Le doux chuintement de l’eau sur la roche l’accueillit et l’air se rafraichit notablement. Devant lui, un cours d’eau souterrain coulait paresseusement. Quelques marches inégales naturelles permettaient d’y accéder et de profiter de l’eau assurément froide, mais claire. Avec un soulagement manifeste, il déposa son équipement, défit son armure et se mit torse nu, ne gardant que ses braies. Il posa ses nouveaux habits à côté du tissu ocre et entra dans l’eau.

« Lsssh ! »

L’eau n’était pas froide, elle était glaciale. La dernière fois qu’il avait pris un bain aussi froid, c’était dans les Cimes Sifflantes. Et là, c’était à son tour de siffler. Il mit une bonne vingtaine de secondes à s’immerger au-dessus du bassin, passant la délicate limite de ses bijoux de famille. Une fois cette épreuve franchie, l’eau devint plus supportable. Loin d’être vraiment agréable, mais certainement vivifiante. Frottant ses bras, il retira progressivement la crasse avant de se décider à plonger la tête dans l’eau. Le brusque contact froid lui fit ouvrir les yeux sous l’eau et lâcher une bordée de bulles sous la surprise, mais il maintint sa tête sous l’eau et passa plusieurs fois la main dans ses cheveux. Quand il n'en put plus, il jaillit hors de l’eau pour reprendre une goulée d’air bienvenue, qui resta longuement dans ses poumons. Car devant lui venait d’apparaître dans une volute de fumée noire Silmeria, assise sur l’autre rive du ruisseau.

« Tu ne m'avais pas dit que tu étais chatouilleux Akichou. »

La vue de l’assassin fit sursauter l’Ynorien. Instinctivement, il fit un pas en arrière et ramena sa main gauche au niveau de ses côtes supérieures, paume tournée vers l’Hinïonne. Prêt à relâcher sa magie sur cette femme… Qui l’aurait presque fait rougir, s’il ne savait pas qui elle était. De sa tenue habituelle déjà plutôt féminine, Silmeria n’avait gardé qu’une légère robe de lin blanche élimée se confondant avec sa peau d’albâtre, se terminant sur des jambes nues trempant légèrement. Le fin tissu laissait suggérer des courbes sensuelles sans pour autant les dévoiler ; l’absence de claire démarcation entre ce qui était sa peau et le tissu était trompeur ; son imagination aurait donc pu s’enflammer, mais la voir jouer tranquillement avec ses dagues acérées empêcha tout départ de feu. Quelque part dans son esprit, il sentit aussi Amy se crisper.

« Bordel. Silmeria. Qu'est-ce que. Vous foutez. Là, dit-il en articulant lentement, essayant de reprendre le contrôle de son calme.

- Ooooh il parle. Ça grandit si vite à cet âge. » Le sarcasme évident perçait dans sa voix, faisant visiblement référence à sa décision de l’ignorer. Elle ajouta ensuite en pointant sa posture d’un geste vague que cela pouvait être dangereux.

(Sans blague ? Et pourquoi je réagis comme ça, à ton avis ?)

« Quand une assassin notoire apparaît devant vous avec deux lames en main, se sentir menacer est légitime.

- Quand on sort d'un environnement sableux, on doit polir ses lames et les entretenir.

- Polissez les, alors. »

La réplique sèche du jeune homme avait pour but de couper court à la conversation, et il s’éloigna de quelque pas pour continuer à se frotter, tout en gardant l’assassin dans son champ de vision.

(Elle est pas gênée, elle !)

(Encore une fois, on parle de Silmeria. La voir ici ne me choque qu’à moitié, et c’est en partie dû à la surprise,) maugréa l’enchanteur avant de se figer : débouchant une fiole contenant un liquide noirâtre, elle la plaça au-dessus de l’eau en déclarant qu’il l’agaçait. Il en aurait d’habitude tiré une fierté s’il n’avait pas réalisé ce qu’était le contenu noir : de la corruption qu’elle avait récolté dans les collines oniriques. Une si petite quantité ne pouvait à son avis pas contaminer une rivière, mais… Si c’était le cas ?

Akihito frissonna. Non pas à cause de l’eau, mais à cause de la situation. Il n’allait pas pouvoir l’ignorer, cette fois. Se tournant vers elle, il fut surpris de voir ses contours flous, comme si les limites de son corps étaient un gaz troublé par un faible vent. Et à son poignet, une marque luisait faiblement désormais : une Murène. Un TATOUAGE de Murène. Avec beaucoup de difficulté, il écarta la nuée de questions qui l’assaillit et se focalisa sur son interlocutrice forcée.

« Si vous répondiez à ma question, ça serait plus simple de pas vous ignorer, Silmeria.

- Nous sommes censés avoir une conversation. Tu n'avais pas l'air de vouloir t'y résoudre.

- Une conversation à propos de quoi ? L'hallucination cauchemardesque que vous m'avez envoyée ? demanda-t-il en refoulant le ton ironique qui ne demandait qu’à sortir.

- Admettons.

- Et… ?

- Et manifestement tu as oublié notre première conversation. »

Ils n’avaient échangé que quelques mots, et déjà son caractère sibyllin l’agaça. Mais autant par fierté que par volonté de ne plus se laisser avoir par l’assassin à lui faire confiance, il garda son ton distant.

« On a beaucoup parlé, sur Falafel.

- Qu'il ne fallait pas s'opposer à mes objectifs. Tu aurais écouté ce que j'avais à dire peut-être ? Tu comptais éteindre le glyphe de quelle façon ? Et si Xël avait voulu te retenir, toi qui avais déjà commencé à hausser le ton. Tu aurais cédé à la violence ?

-J’aurais écouté, oui. Mais vous aussi vous vous êtes opposé à mes objectifs. Vous nous avez tous mis en danger, sans nous consulter. Tout aurait pu mal se passer. Et venir pour vous avertir que vous êtes sur le point de crever à cause de vos actes, donc venir pour vous sauver, ça justifiait le cauchemar ?

- Crois-tu qu'on ignorait que le Titan avançait ? Je veux dire... il pèse quand même plus lourd que ton égo, c'est le genre de chose qui s'entend. »

La réplique fit mouche, alors qu’elle rajoutait que si elle avait voulu le tuer, elle n’aurait pas pris la peine de le tirer dans le portail. Était-il vraiment si imbu de lui-même, à être intervenu comme il l’avait fait ? Quelque part, il savait que oui et qu’elle avait raison. Une réminiscence de son syndrome du Héros. Ce n’était cependant ni la seule raison, ni la plus importante : il était avant tout descendu les chercher car il s’inquiétait de leur sort.

« D'accord, concéda-t-il calmement, vous avez votre point de vue, j'ai le mien. Je reconnais que j'ai été agressif, pas que me faire vivre l'enfer était mesuré. Mais bon. J'ai voulu vous faire confiance, et j'arrive plus à le faire maintenant. Donc je préfère limiter mes contacts avec vous.

- Te faire ce cauchemar était une excellente façon de te faire taire sans trop te brusquer.

- Sans trop me brusquer ? Je suis chanceux alors. »

Avec réticence, l’Ynorien reconnu que son point de vue se défendait. Même, il faisait sens avec le personnage qu’il avait découvert au fils de leurs rares mais longs échanges. Alors qu’elle murmurait une nouvelle fois que personne ne lui criait dessus, le voile nébuleux altérant ses contours se dissipa en même temps que son tatouage s’éteignit. Une nouvelle fois, l’enchanteur réprima l’envie de lui demander pour en savoir en plus et planta son regard las dans le sien.

« Et maintenant, on fait quoi ?

- Ce pourquoi nous sommes là. Quelle question.

- Je me lave, et vous polissez vos lames ? ironisa légèrement le jeune homme avant de continuer en soupirant, voyant son air se durcir. Vous pouvez commencer par ranger vos dagues ?

- Tu penses m'avoir assez agacée pour que je puisse te tuer dans ton bain ? N'as-tu rien appris ?

- Non, mais je préfère. Question de principe et de politesse. »

L’assassin se décida à lâcher sa lame -s’il se souvenait bien, elle l’avait appelé la « Tueuse de mage »- sans pour autant reboucher la fiole de corruption. La notion de discussion désarmée lui échappait visiblement, mais il s’en contenta.

(De toute façon avec cette tarée, on peut pas s’attendre à mieux.)

Akihito prit une brève inspiration et plongea la tête dans l’eau avant de la remonter. La tension ne lui faisait plus ressentir l’engourdissement causé par le froid, mais le contact glacé sur son visage redonna un peu d’énergie à sa voix. Il ne perdrait rien à discuter franchement avec l’assassin et quoi qu’il veuille, ça restait le moyen le plus simple de la faire décamper.

« Bon ! Silmeria, laissez-moi d'abord vous poser une question. Pourquoi vous tenez autant à vous expliquer avec moi ? Ce que je pense de vous vous importe tant que ça ?

- Mais... Un Gragon haut comme la tour noire vagabonde en fauchant des Titans sans se fouler, et je me retrouve ici à devoir t'expliquer l'importance du travail en commun ? Comment on peut accomplir quoique ce soit si tu fais la tronche à chaque contrariété ? demanda-t-elle, comme honnêtement surprise. À Omyre celui qui me contestait, je pouvais le tuer moi-même ou le faire éplucher et épingler quelque part pour l'exemple, là je suis obligée de faire avec toi et ton égo, il serait bon que tu comprennes que toi aussi, il te faudra faire avec moi.

- Oui, je me suis emporté et j'ai commencé à hurler. J'en suis désolé. Mais vous vous trompez sur un point : je ne fais pas "la tronche". Je ne suis pas aveugle et j'ai constaté que je suis pas en phase avec le reste du groupe. Mes initiatives sont marquées du sceau de la poisse et mes idées et plans n'ont que rarement votre approbation. Alors plutôt que de m'obstiner à essayer de vous convaincre, je ravale maintenant mon égo et ne fait plus que suivre le groupe parce que si c'est ce qui permet d'abattre ce dragon, c'est pas cher payé. »

Il écarta les bras, comme pour énoncer une évidence.

« Et dans ce groupe, y a vous. Et si je dois coopérer avec vous, je le ferai. Point. Je pensais bien faire en vous tendant une main et en essayant de mieux vous connaître, pour ne pas être deux inconnus forcés de travailler ensemble. Mais visiblement nous sommes trop différents : j'ai donc préféré limiter les contacts pour ne pas créer d'autres accrochages. Voilà pourquoi je vous ai évité.

- Nous sommes trop différents... Quelle vaine excuse d'être aussi puéril. Tu crois que tu ressembles à cette Shaakte que tu observes à la dérobée dès que tu en as l'occasion ? Tu crois que tu ressembles à Mathis ? À Xël ? »

(Qu’est-ce qu’Yliria a à faire là-dedans ?) se demanda le jeune homme un peu déstabilisé tandis que Silmeria lâchait un léger rire en ajoutant à la liste des comparaison Dracaena, le ‘Ficus fou et cendré’.

(Ca, j’en sais rien. Mais c’est vrai que tu la regardes souvent.)

(Pas plus qu’avant, c’est toujours mon amie,) se défendit-il.

(Une amie qui est maintenant un très joli brin de femme.)

L’enchanteur balaya mentalement la remarque d’Amy comme la question de Silmeria, et se reconcentra sur la conversation et ce qui l’intéressait réellement.

« Tu n'as pas ravalé ton égo, je pense juste qu'il est froissé. Si tout le monde venait à faire comme toi, le Gragon aura de beaux jours devant lui.

- Il a été froissé oui. Mais je le ravale aussi. Si vous ne me croyez pas, je sais pas ce que je peux dire de plus pour vous convaincre. »

Dans un bruit étouffé, Silmeria se laissa glisser dans l’eau. Le tissu de sa robe s’imbiba d’eau se colla rapidement à sa peau, moulant un peu plus un corps qu’il ne pouvait qu’admettre qu’il était séduisant. Il adressa une prière silencieuse à Valyus, Yuïa ou qui que pouvait être la divinité suffisamment miséricordieuse à son égard pour avoir rendu l’eau si froide. La situation était suffisamment délicate sans qu’il ait à en plus gérer la réaction peu gracieuse de son bas-ventre.

Silmeria s’approcha de lui, imperturbable, regard vissé dans le sien.

« Peut-être que c'est parce qu'il n'y a pas d'argument, répondit-elle.

- Et vos arguments à vous, ce sont lesquels ? A part affirmer que vous connaissez mieux mes états d'âmes que moi et que je mens ?

- Du factuel, uniquement du factuel. Tu fuis, tu t'isoles, tu boudes, tu es presque résigné et ça je ne peux pas le tolérer bien que j'en sois en partie la cause. On en revient à la conversation avec Hrist aux Collines Oniriques. Le poids que tu mets sur tes épaules est si lourd que tu ne peux supporter la moindre contrariété.

- J'ai fuis et je me suis isolé sous le coup de la colère. Je l'ai reconnu. Mais je ne boude pas, ni ne me suis résigné, je vous l'ai déjà dit. »

Les phrases de Silmeria reposaient sur un fond de vérité. Mais elles occultaient toujours le plus important.

« As-tu peur de quelque chose ou tu ne t'attendais pas à une conversation ?

- Je n'ai pas peur de cette conversation ou de quelque chose. Simplement, vous... il chercha un mot avant d'en choisir un honnête : ... Vous me perturbez. Me retrouver dans un ruisseau gelé avec une belle femme assassin notoire légèrement vêtue mais armée, c'est pas quelque chose dont j'ai l'habitude. »

Avec sa remarque qui était à moitié un compliment, Akihito espéra remettre la main sur le rythme de la conversation… En vain. Silmeria assura que ce n’était pas dans ses habitudes non plus, et encore moins quand il s’agissait de ses proies.

« Mais je me disais que te prendre au dépourvu sans te laisser une option de fuite était la meilleure chose à faire.

- Donc je suis proie ? Eh bien. Dans tous les cas, ça a marché. »

Il la dévisagea longuement, avant de lui demander lentement quelque chose qui avait germé lentement dans sa tête au fil de la conversation.

« Vous parliez de notre première discussion : vous vous souvenez de la partie où je vous parlais d'être une ‘porte d'entrée’ vers le groupe ?

- Groupe avec lequel tu dis ne pas être en phase et que tu ne fais plus que suivre ?

-Lui-même. Depuis qu'on est arrivé, on passe d'un problème à l'autre, sans temps mort ou presque. Et au final, on ne se connaît pas ou peu. On fait des erreurs, j'ai fait des erreurs. On n’a jamais pris le temps de parler tous ensemble. C'est pas une solution miracle mais de la même façon que cette discussion a mis à plat les choses entre nous, le faire avec le groupe entier rendrait les choses plus simples et le climat moins délétère. »

S’il s’était emporté le matin même, c’était après avoir craqué sous l’enchainement ininterrompu de dangers, d’actions, dans un flou semi-opaque. Et il était là, à discuter avec Silmeria, et devait reconnaître que la discussion l’avait apaisé vis-à-vis d’elle. Il ne lui pardonnait pas aussi vite, mais l’hostilité qu’il avait eu s’était éteinte au fil des mots.
Leur groupe n’était pas stable et beaucoup ne se connaissaient pas ou ne s’étaient presque jamais parlé. Akihito lui-même n’avait presque pas parlé à Jorus et Mathis. La coopération naissait difficilement dans un groupe d’étrangers.

« Comprendre que je ne pense pas en phase avec les autres, c'est bien. Mais si je ne sais pas ce que je vais suivre, alors ça ne sert à rien.

- C'est normal. Depuis que nous sommes arrivés, nous restons dépendants des portails de Xël et passons rapidement d'un point à un autre sans en savoir beaucoup plus. Je pense même qu'au aurait eu intérêt à supprimer les derniers soldats pour protéger le père de Maïssa. On s'est pressés pour revenir pour au final quoi ? Prendre un bain et discuter ? De quoi ? De ce qu'on sait déjà ? Il y avait bien quelque chose à apprendre, quelque chose à savoir. C'est dommage de se fixer à un objectif lointain, manquer d'informations finira par nous coûter énormément.

- Je suis d'accord, approuva le jeune homme. Alors on pourrait profiter de cette accalmie pour arrêter de courir à gauche à droite sans savoir pourquoi, avec des personnes dont les motivations nous sont au mieux flou. Je vais le proposer aux autres pour ce soir. Ça vous intéresse ?

- Bien. Ravie qu'on s'entende là-dessus.

- Je viendrai vous chercher alors. »

La discussion s’apaisa aussi brutalement qu’elle avait commencée et, comme satisfaite, Silmeria se retourna et revint à ses dagues. L’Ynorien releva rapidement les yeux qui s’étaient laissé hypnotiser un instant par le balancement des hanches de la jeune femme. Qu’elle ait des yeux derrière la tête et lui lance une pique narquoise était possible ? Comme beaucoup de choses avec la Régicide.

« Pour le reste, ménage tes humeurs, je détesterai avoir à me répéter, je préfère nettement mes humeurs plus légères.

- Ménagez les vôtres aussi. Votre cauchemar, d'autres y aurait répondu par la violence, répliqua-t-il sur le même ton de constat, sans animosité.

- Si j'avais voulu te faire du mal, je t'aurai fendu la gorge pendant que tu vomissais tes dents... Akichou. »

D’un clin d’œil et avec un sourire espiègle plaqué sur le visage, l’assassin disparut et laissa enfin le jeune homme tranquille, qui sentit ses épaules se détendre brusquement. La discussion avait été stressante mais enrichissante. Le marasme qui l’avait gangrené s’éloignait peu à peu, tout en laissant des séquelles.

Il plongea une nouvelle fois la tête sous l’eau. Le contact froid le fit frissonner et son corps se rappela à son bon souvenir : s’il ne voulait pas tomber malade, il ne devait pas traîner. Couper de tout son, il organisa ses pensées et décida de rester sur ses décisions : voir le monde avec un œil plus positif n’empêchait pas de voir la vérité en face : Silmeria restait un électron libre peu fiable et lui restait un leader médiocre, aux initiatives discutables et à la magie le plus souvent capricieuse.

(Pourtant rassembler les autres est une bonne initiative, et le genre d’idée d’un chef de groupe.)

(Je suis un mauvais stratège, si tu préfères.)

(Mmmh. Oh. Ça, ça va être intéressant.)

(De ?) interrogea l’enchanteur en sortant finalement la tête de l’eau.

(Tu verras.)

La Faëra s’obstina à ne pas lui répondre tandis qu’il finissait de frotter les zones de son dos qu’il pouvait atteindre et le visage en frissonnant, quand il entendit un raclement de gorge derrière lui. Il sursauta et dans un premier temps, pensa à un retour de Silmeria. Il écarta immédiatement cette solution : l’assassin n’aurait pas la délicatesse de se signaler, et la voix ne collait pas.

(Alors, qui…) se demanda l’enchanteur en se retournant. A quelques pas de là, se trouvait nulle autre qu’Yliria.

(Surprise !)

La jeune femme se tenait droite comme un piquet, à quelque pas du bord, les yeux affolés regardant partout sauf dans sa direction. Le malaise qu’elle ressentait ne faisait aucun doute.

« Yliria ?!

- Je voulais te parler mais j'ai vu... Enfin... tu vas bien ?

- Mais qu'est-ce que tu fiches là ? » demanda-t-il, aussi incrédule que gêné.

Son teint pris la drôle de teinte pourpre qu’elle avait lorsqu’elle rougissait. Elle bredouilla avant de finir par laisser échapper quelques mots.

« Je te cherchais et je... enfin avec Silmeria tu... je pensais pas te déranger, désolé. »

L’Ynorien se passa la main sur le visage. D’abord Silmeria, et maintenant Yliria.

« Bordel de bon dieu de… on peut plus être tranquille pour se laver. »

Narquoise, Amy lui fit remarquer que se faire approcher par deux jolies femmes dans son bain pour discuter, beaucoup auraient donné cher pour être à sa place. Il la rabroua, agacé, et n’eut en réponse que son rire amusé. La semi-Shaakte lui tournait désormais le dos, mortifiée.

« Au point où on en est... tu voulais parler de quoi ?

- Je... Je voulais juste... m'excuser et ... qu'on parle de ce qu'il se passe et... on peut le faire quand t'es habillé, plutôt ? Je suis pas à quinze minutes...

- Attends-moi dehors. » dit-il après quelques secondes. La jeune femme ne se fit pas prier et fila hors de la grotte, tendit que l’enchanteur se hissait hors du cours d’eau. L’air extérieur lui donnait presque chaud après ses longues minutes dans l’eau glacée et il se dépêcha de se sécher après avoir retirer ses braies détrempées. Il enfila les habits nouvellement acquis, essora son vêtement et après l’avoir enroulé dans le tissu qui lui avait servit à s’essuyer, l’accrocha à la l’extérieur de sa besace. Il ne voyait pas l’intérêt de se rééquiper intégralement, aussi ne garda-t-il que la Kizoku Rana à la ceinture et ses bottes de Foudre. Ses cheveux encore humides furent noués comme à leur habitude et il se dirigea vers la sortie.

(M’est avis qu’Yliria a apprécié ce qu’elle a vue.)

(Et c’est bien ça le problème.)

(C’en est un que si tu continues de la repousser.)

Akihito claqua de la langue, ennuyé. Il ne savait pas à quoi jouait sa Faëra et ça ne lui plaisait que peu. Il ignora donc ses ricanements quand il finit par sortir du boyau pour retrouver Yliria.

« Je suis à toi.

(Magnifique choix de mots.)

- Je pensais pas te déranger avec Silmeria.

- Moi non plus, commenta-t-il en roulant des yeux aussi bien à l’évocation qu’au commentaire mental d’Amy.

- Ecoute, j'ai... Je suis désolée d'avoir posé cette distance entre nous... Pour être honnête je suis complètement perdue dans ce monde et les réactions des autres m'aident pas à garder la tête froide et je... J'y arrive pas et j'ai besoin qu'on... soit sur la même longueur d'onde ?

- Oui, je suis pas bien à l'aise non plus. On n’a pas arrêté de se balader d'un bout à l'autre d'Aliaénon sans vraiment se poser. C'est pour ça que ce soir, je vais réunir tout le monde pour qu'on soit au moins au clair. Avec Xël, entre autres. Pour ce qui de juste nous deux... »

Il hésita un peu, puis soupira. C’était une discussion nécessaire, ils n’allaient pas pouvoir y couper longtemps.

« Ça risque de prendre du temps. On en parle dans un endroit plus confortable ? Avec un truc à manger ? »

La semi-Shaakte acquiesça à ses deux propos, bien qu’elle ne semblât pas plus emballée que lui sur ce qui allait venir.

« Tu as un endroit en tête ? J'ai monté ma tente mais je sais pas si... non rien, oublis. »

(J’entends de là les ricanements d’Alyah. Regarde là à tiquer de la lèvre, elle ne doit pas lui mener la vie facile avec ses lapsus.)

(Toi non plus tu m’aides pas. Alors si tu pouvais te taire dans les minutes qui vont suivre, je te saurai gré.)

Vu les sujets personnels et sensibles à évoquer, aller dans sa tente ou la sienne était une mauvaise idée. La grotte n’allait pas leur offrir beaucoup d’intimité, aussi ne restait plus que…

« Les Landes et Elscar'Olth en ruines ne sont pas un décor très joyeux, mais on sera tranquille à l'extérieur ? » dit-il en grimaçant un peu.

Elle hocha la tête silencieusement, et ils se mirent tout deux en marche. Sans dire un mot, sauf quand il lui indiqua qu’il allait déposer une partie de son paquetage dan sa tente pour ne pas être encombré. Il hésita un instant à laisser sans surveillance son précieux équipement, mais il finit par se convaincre : personne ne le regardait et fouiller la tente d’un de ceux qui les avaient sauvés ne viendrait surement pas à l’idée d’un des réfugiés. Dans le doute, il laissa une de ses marques sur son marteau accroché à son pavois, et rejoignit Yliria à l’extérieur. Comme annoncé, le décor était loin d’être idéal, mais après s’être éloigné à l’opposé de l’orbe du Titan et de ses gardiens, ils étaient bels et bien seuls. Trouvant un rocher à peu près plat, il invita la jeune femme à s’y asseoir et à faire face à la Lande Noire. Un spectacle bien morne, mais toujours plus agréable que celui attristant d’un colosse mort surplombant une ville en ruine. Le ciel couvert et la puissante colonne de lumière verdâtre empêchait toute notion du temps par rapport au soleil et à la nuit, mais le corps de l’enchanteur lui indiquait qu’ils étaient en train d’entamer la soirée.

« Je crois bien que je déteste cet endroit.

- On a rien de mieux sous la main, malheureusement, dit-il en la regardant un instant, puis s'asseyant en laissant son regard dans le vide. T'avais pas à t'excuser pour la distance. T'avais- non, t'as toujours le droit d'en mettre. Je sais pas à quel point, mais j'ai bien reçu que je t'ai pas facilité la vie... »

Le regard perdu dans le lointain elle aussi, elle finit par lâcher :

« J'ai essayé de te détester. »

Il sentit son regard peser sur lui, et la laissa continuer.

« Sur l'île des dieux... Tu es parti. Je sais que c'est idiot mais, sur le moment, avec tout ce qui m'est arrivé, je t'en ai voulu. Je me disais que c'était tout ce que je valais à tes yeux et j'ai vraiment essayé de te haïr. Je pensais avoir réussi. Et il a simplement fallu te revoir à Oranan pour que ça s'évapore comme par magie. Je peux juste pas t'ignorer ou te détester et je sais que... Que c'est juste.. Moi. Je ne suis vraiment pas faite pour ça... Ce que je veux dire... Je crois... C'est que... On peut juste faire comme s'il ne s'était rien passé ? »

Les pieds étaient mis dans le plat, Akihito devait donc aussi le faire. Il se sentait frustré par la peine qu’il avait pu lui infliger et dont il ne prenait vraiment conscience que maintenant, et peiné par ce qu’il allait dire. S’il avait surmonté la disparition d’Anthelia, ça n’en restait pas moins un souvenir douloureux. Il serra, desserra les poings, avant d’entrelacer ses doigts à mesure qu’il se confiait lui aussi.

« J'ai eu un beau discours sur Nyr, mais je savais pas que la perte d'Anthelia allait autant me toucher, commença-t-il. J'ai passé des semaines à me perdre et à vouloir oublier en parcourant la campagne d'Ynorie, à ne plus pouvoir évoquer son nom même en pensée. Ça me bouffait de l'intérieur, je devais ressembler à un purotin. Puis j'ai rencontré Camille. Une Chevalier de l'écu, un ordre de Valyus errant. Elle m'a bien secoué et m'a remis les idées en places. Ça a pris des mois, mais quand nous nous sommes croisés à Oranan, j'avais tourné la page. J'étais simplement heureux de te revoir et... »

Il détacha enfin son regard du paysage morne pour le poser sur la jeune femme.

« ... Et j'ai compris que j'avais pas été là alors que j'avais dit que je le serai. Ce que j'ai vécu n'est pas une excuse valable pour t'abandonner. Je suis désolé, Yliria. »

La voix neutre se teintait peu à peu de remords et d’émotions. Ne sachant si son ire pouvait l’embarrasser, il finit par détourner de nouveau les yeux.

« Si tu veux faire comme si tu ne m'avais pas... comme s'il ne s'était rien passé, je le ferai. C'est la moindre des choses. Et pour ce que ça vaut... Si tu veux me parler de ce qui s'est passé pour toi sur Nyr, avec quelques mois de retard, je le ferai avec "plaisir", ajoute-t-il prudemment en mimant les guillemets.

- Tu n'as pas à t'excuser. Je t'ai imposé ça sans me mettre à ta place et je sais pourtant ce que ça fait de perdre quelqu'un... »

Après ça, Yliria lui avoua son malaise, le fait qu’elle ne savait pas quoi faire de ce qu’elle pouvait ressentir et de l’ambiance étrange qui régnait désormais entre eux. Elle était perturbée. Akihito la laissa parler, simple oreille attentive à ce qu’elle disait. Le savoir et l’entendre dire n’avait pas le même impact, comme pour Yliria qui devait se sentir libéré d’un grand poids.
Elle resta aussi assez évasive sur la raison de sa transformation physique, à Nyr. Il se doutait qu’elle ne lui disait pas tout et il n’insista pas. Si elle voulait lui en dire plus tard, elle le ferait.

« Tu vois la cicatrice que j'ai sur le nez ? je me la suis faite en explosant un miroir à force de taper dedans et de mettre des bris de verre partout... en y repensant, c'est mieux que t'ait pas été là, je sais pas comment j'aurai réagi si tu... enfin si t'avais été là. »

Il ne put s’empêcher de sourire à cette anecdote.

« C'est tout à fait toi ça. Et si j’avais été là, je t'aurais sans doute tendu une potion en râlant. Mon fameux syndrome du héros.

- Je l'aurais pas refusé, je pense, répliqua-t-elle en lui rendant son sourire. Au final j'aime bien l'avoir, cette cicatrice. Comparé aux autres que j'avais c'est rien et au moins celle-là j'ai choisi de la garder... D'accord, dis comme ça c'est stupide, mais sur le moment ça l'était moins. J'aurais dû venir te parler beaucoup plus tôt. Je me sens idiote, maintenant.

- On pas vraiment eu le temps d'avoir cette conversation, faut dire. Puis les cicatrices, c'est fait pour se souvenir, » dit-il en lui agitant son bras marqué et dévoilant une partie de sa cicatrice. Regardant les nervures gravées sur sa peau, il se rappela avoir eu l’idée à un moment de tatouer par-dessus sa cicatrice. Pas pour l’effacer, mais pour la rendre plus harmonieuse. Comme il le disait, le but était de se rappeler de la folie qui avait faillit le tuer, pas l’occulter sous l’encre.

(Yliria voulait quelque chose de similaire.)

« D'ailleurs, en parlant de cicatrices... tu voulais que je m'occupe de ton dos avec un tatouage, mais c'était avec ton ancien... corps. C'est toujours d'actualité..?

- On dirait un éclair... Le tatouage ? AH ! Je dois t'avouer que je n'y ai pas vraiment repensé... L'idée me plaît quand même, au final.

- Je l'ai eu en me faisant à moitié foudroyé. Sauf que ça n’a pas été sans conséquence comme à Oranan, je te raconte pas l'état de mon bras sur le moment. »

L’image de son bras en charpie flotta un instant dans sa tête, mais il le chassa et se concentra plutôt sur l’envie de son amie, qui arquait un sourcil en s’inquiétant à juste titre sur sa dangereuse tendance à se faire foudroyer.

« C'est l'essentiel, que ça te plaise. Là actuellement, je peux faire que de simples tatouages puisque les fluides ne sont pas trop... accessibles. J'ai bien idée pour faire un tatouage arcanique avec des matériaux d'Aliaénon et de la magie d'Aliaénon, mais ça va me demander des recherches en plus.

- Je vais me contenter d'un tatouage de chez nous, si tu veux bien. Je dois réfléchir au dessin, de toute façon...

- Bien sûr, bien sûr. Et je pourrai te conseiller pour le dessin. »

Son estomac se rappela à lui et il mordit avec hésitation dans son pain désormais un peu dur d'Esseroth. Le goût fort des épices se répandit dans sa bouche et s’il eut un instant un haut-le-cœur, il finit par faire refouler l’envie. Les maux de ventre de la matinée s’estompaient peu à peu, et avoir de nouveau quelque chose de solide dans le ventre lui fit le plus grand bien.

« Et toi raconte-moi ton retour à Tulorim ? Tu as pu retrouver... Nyllyn, c'est ça ? » demanda l’enchanteur en fouillant dans sa mémoire le nom de la jeune fille dont lui avait parfois parlé Yliria. Acquiesçant, elle lui raconta alors son retour en Imiftil : les Danseurs d'opale qui la croyaient morte, son commandant Sorinion qui avait commencé à lui apprendre les ficelles du commandement… Elle avoua avec un peu de difficulté que son nouveau corps avait compliqué sa reprise de l’entrainement physique tant il lui semblait étranger. Elle hésitait dans un premier temps mais à mesure qu'ils parlaient, elle se détendit et se montra plus bavarde. Evoqua quelques anecdotes amusantes. Elle eut même un ou deux éclats de rire sur certaines, puis conclut sur son changement de mission pour venir à Oranan quand elle se préparait à aller rejoindre la résistance taurionne.

Après leur longue discussion, il leva le nez en l'air, ferma les yeux et se senti mieux. Parler de sujet plus léger lui avait fait du bien. Cela le conforta dans son idée qu’une discussion était ce qui manquait à leur groupe.

« Ça fait du bien d'avoir une discussion plus simple, comme ça.

- Ça aurait dû rester simple, dit-elle finalement après un long moment de silence.

- Ce qui est fait est fait. Alors le mieux qu'on puisse faire, c'est qu'on oublie ce qui s'est passé sur le, euh... dos de Cromax. Et on repart sur des bases saines. Et si ça arrive de nouveau, on... »

(On…)

On quoi ?

La bouche ouverte, Akihito resta figé. « On avisera », voilà ce qu’il s’était apprêté à dire. Comme si dans une situation similaire à venir, les choses allaient pouvoir être différentes. Et la vérité était que les choses étaient différentes : Anthelia n’était plus là, et Yliria n’était plus une adolescente. Il savait pertinemment que même quand ils s’étaient rencontré, elle avait déjà plus du double de son âge et pour les standards des métisses humains elfiques, cela correspondait plus ou moins à l’état de maturité pour un humain de son âge. Mais il était difficile de ne pas la considérer comme une adolescente alors que c’est à quoi elle ressemblait.

(… Mais maintenant, c’est une jeune femme,) intervint sa Faëra d’une voix douce.

(Je croyais que tu ne voulais pas t’impliquer dans les histoires de cœur de tes Porteurs, Amy.)

(Même si je serai toujours de ton côté, j’ai moi aussi commencé à apprécier Yli. Et ça m’ennuie de la voir en peine.)

(Et tu comptes me pousser dans ses bras ?) demanda-t-il avec une subtile pointe d’indignation et de colère. La Faëra ne répondit pas, laissant le jeune homme seul à ses pensées. S’il était parfaitement honnête, il appréciait le caractère d’Yliria et sa nouvelle apparence, bien que très loin des femmes qui l’avaient attirée jusque-là, lui plaisait beaucoup aussi. Mais il avait bâti son affection pour elle comme envers une jeune fille qu’il ne pouvait même pas considérer comme une potentielle amante. Et pour tomber amoureux d’elle, il faudrait qu’il se débarrasse de cette image qu’il avait d’elle. Devait-il lui dire ça ainsi ? Cela risquait de lui donner l’espoir d’une relation qu’il n’arriverait jamais à lui donner, et il se refusait à lui mentir pour satisfaire ses sentiments. Si elle l’apprenait, ni lui ni elle ne pourrait lui pardonner.

« ...On avisera, » finit-il par lâcher, évitant soigneusement son regard. C’était le mieux qu’il pouvait faire selon lui. Il ne voulait ni lui mentir en lui disant que ça ne pourra jamais arriver, ni lui donner de faux espoirs.

« Ça n'arrivera pas, j'ai retenu la leçon. Tu n'as rien à craindre. »

La dernière partie de sa phrase le peina, et il grimaça. Pour elle, il voyait son affection comme un danger. Il la regarda et vit que son regard s’était fermé.

« N’en parlons plus.

- N'en parlons plus, acquiesça-t-il, n’ayant pas envie lui aussi de prolonger cette discussion. On rameute tout le monde pour arrêter de se mettre des bâtons dans les roues ? »

Elle hocha la tête sans rien rajouter et se leva à sa suite. Descendant dans le même silence qu’ils étaient montés, Akihito aperçu au loin l’orbe rouge du Titan un peu à l’écart, la silhouette de Xël. Le Kendran n’avait pas bougé depuis leur arrivée.

« Entre sans moi, Yli. Je vais aller voir notre mâtin de Xël.

- Et bien je te souhaite bon courage. »

Yliria semblait vraiment remontée contre l’aéromancien : une preuve de plus qu’ils courraient au désastre si un point n’était pas rapidement fait avec le reste du groupe.
Se séparant de la bretteuse, Akihito se dirigea vers Xël. A mesure qu’il approchait, il vit plus en détails ses yeux mi-clos et sa bouche légèrement entrouverte. Jugeant qu’il ne devait dormir que d’un œil, il se posta devant lui et attendit qu’il le remarque. S’il ne réagissait pas, il allait le…

« Je peux t’aider ? »

Dit-il en ouvrant des yeux sévères. L’enchanteur comprit rapidement que faire des ronds de jambes n’allait être d’aucune utilité avec une personne aussi aigrie que lui. Il ne se départit cependant pas de son ton neutre : braquer une personne quand on voulait sa coopération n’était pas une bonne idée.

« Oui. Ça fait quatre jours qu'on court partout et on n’a jamais pris le temps de se parler entre Yuiméniens. Savoir ce qu'on veut faire, comment. Et là, on a un peu de temps devant nous, donc je pensais faire cette discussion ce soir.

- Comme tu le dis on court partout et ouvrir des portails à travers le monde me coûte beaucoup d’énergie. J’ai besoin de repos. Vous savez le nécessaire, vous n’aurez qu’à me dire demain matin où vous voudrez vous rendre.

- La question c'est pas de savoir aller, c'est savoir avec qui on va, répliqua l’enchanteur en mettant l’emphase sur les mots ‘qui’ et ‘où’. Et je me rends compte que je te connais pas aussi bien que je le pensais, Xël. J'ai à peine parler à Mathis ou Jorus, et je pense pas que tu en ait fait plus. Et les tensions ne vont pas en s'arrangeant.

- Nous avons infiltré un manoir pour tuer deux des personnes les plus puissantes de Yuimen mais à part ça nous ne nous connaissons pas, comment on pourrait prétendre tout savoir l’un de l’autre. »

Il se montra ensuite particulièrement acerbe en pointant du doigts sans les nommer des personnes du groupe qui se plaçaient en moralisatrice, quand lui ne pouvait se résoudre à abandonner des peuples et cités en danger. Même si c’était pour aller s’occuper d’un danger plus grand.

« Et c'est pour ça qu'on doit parler. On doit pas tout savoir les uns sur les autres, mais le minimum devient primordial. »

L’Ynorien haussa les épaules avant de continuer.

« Je suis le premier à admettre que je suis pas du tout accordé avec vous. La majorité de ce que j'ai proposé ne vous a jamais convaincu. Sauf que si on continue de se disputer et de se monter les uns contre les autres, on court à la catastrophe. Methbe-El ne sera pas libérée et le Dragon Noir pas inquiété. Je ne te forcerai pas à venir, mais tu sais comme moi qu'on en a besoin. Tous.

- Il est sans doute déjà trop tard pour Methbe-El. La tête du père de Maïssa roule sûrement sur le sol avec celles de citoyens interrogés au hasard pour répondre à des questions auxquelles ils n’ont aucune réponse. Tu l’as dit toi-même, tu préfères savoir que tu n’auras pas à compter sur moi plutôt que de t’inquiéter à savoir quand ma prochaine ‘lu-bie’ va me faire vriller. Une chance que mes lubies m’aient poussés à me rendre devant Oranan dans une bataille qui nous marquera à jamais pour lui éviter un sort terrible.

- Si Maïssa et Methbe-El étaient si en danger que ça, est ce qu'elle aurait fui, vu le caractère qu'on lui connaît ? Est ce qu'elle t'aurait traîné de force dans le portail, si son père était en danger de mort imminente ? Est ce qu'elle aurait désigné le désert et les Chevaliers en route pour Messaliah et pas les types qui sont encore en ville ? Est-ce que la ville que tu as aperçue avait l'air sous le joug d'une armée capable de massacrer au hasard des habitants ? »

Face au cynisme du mage, Akihito lui opposa une énumération de faits qui, selon lui, prouvait que la cité n’était pas en danger imminent. Xël lui connaissait son amour prononcé pour sa patrie, et c’était sans doute pour ça qu’il avait abordé le sujet d’Oranan. Autant parce qu’il n’appréciait pas cette manœuvre que pour montrer qu’il se voulait parfaitement objectif, Akihito continua.

« Je pense pas que tu ais aidé Oranan, Xël. Tu voulais te battre pour ton pays avant tout et faire la peau des Treize. Oranan n'est qu'une conséquence de tout ça. La preuve, tu n'as pas défendu ses remparts, tu as rejoint l'armée de Kendra-Kâr après notre raid échoué. Et je ne te le reprocherai pas. Tu t'es battu pour ce qui était important pour toi. Oranan aurait été détruite que tu aurais sans doute trouvé ce sacrifice lourd, mais nécessaire pour arrêter Oaxaca. Ça me fait mal de le reconnaitre, mais je pense la même chose, déclara-t-il avant de pointer du doigt la sacoche où l'orbe du Sans Visage était rangé, puis l’Orbe du Titan. "je vous déconseille vivement d'essayer de m'en séparer", "son influence est encore forte". Ça, et ce globe qui a rendu Silmeria cinglée. T'as changé depuis qu'on a commencé à se pencher sur l'âme du Sans Visage et que tu l'as ramassé. A quel point ça a une influence sur toi, Xël ? L'âme d'un quasi-dieu dans le creux de la poche ça ne peut pas être sans conséquence.

- Je sais que son influence est moins forte parce qu’à l’époque ça a poussé Simaya a essayé de nous tuer alors que nous n’avions aucune idée de ce qui se cachait dans la grotte. »

(C’est précisément le genre de chose qu’on aimerait savoir, Xël,) grogna intérieurement l’Ynorien. Quand le Kendran avait annoncé qu’il ne fallait mieux pas le séparer de l’âme du Sans -Visage, Akihito avait pensé que la raison était une sorte de relation symbiotique ou fragile et qu’il était simplement plus prudent que lui s’en occupe, d’autant plus qu’il avait visiblement par le passé été en contact avec l’ex-Titan. Maintenant, il découvrait que c’était surtout parce qu’il risquait de riposter s’ils tentaient de les séparer.

« Je n’aurais pas supporté qu’Oranan disparaisse. C’est quelque chose que j’ai vécu trop de fois. Je n’ai pas rejoint l’armée de Kendra-Kâr pour défendre le royaume. Je l’ai fait pour être capable de défaire la menace qui planait sur Yuimen et sur Aliaénon. Quant à Maïssa je pense qu’elle ne voulait tout simplement pas que cela dégénère.

- Sans vouloir être vétilleux, tu as vu beaucoup de villes de la taille d'Oranan se faire raser ? demande-t-il, un peu circonspect.

- Trois. Quatre si je compte Elscarl’Oth, même si pour celle-ci je n’en ai pas été témoin. »

Il n’était pas très convaincu par de tels propos. Aucune ville de Yuimen n’avait à sa connaissance été rasée récemment. Peut-être qu’il parlait de villes sur Aliaénon ?

(On est d’accord qu’il a une âme dans sa poche, non ?) intervint Amy.

(Oui ?)

(Et si c’était le Sans-Visage qui avait vu ces viles rasées ?)

(… Oh.)

L’idée qu’il ne s’adresse pas à Xël, mais à une entité ayant pris son corps ou une sorte d’union entre les deux âmes ne lui plaisait vraiment pas. Il devait le vérifier, et pour ça, il s’agenouilla pour être plus proche de son compatriote de monde et continua de sa voix qu’il souhaitait calme, inoffensive.

« Xël, tu peux me laisser tenir l'âme du Sans Visage un petit moment ?

- Tu sais bien que non, répondit le mage du tac au tac en posant une main protectrice sur son sac.

- Essaye de me comprendre, Xël. Tu ne dis pas que tu contrôles le fragment, tu dis que son influence est moins forte que celle qui a poussé Simaya a tous vouloir vous tuer, à l'époque. Ça, plus ce qu'on a vu avec l'orbe du titan, plus ton comportement qui a changé... Qu'est ce qui t'empêcherait de me le laisser, un court instant seulement ? Tu as peur que je le détruises ? Que je fuis avec ? Que je ne te le rende pas ?

- Ce n’est pas comme si tu me demandais d’expliquer comment appâter une poule… Je ressens que je dois le protéger et pour ça je dois le garder sur moi. Tout simplement, donc non je ne peux pas te le confier.

- On peut le protéger à deux. C'est même ce que fait tout le groupe déjà. »

Rien n’y faisait, Xël restait intraitable et refusait catégoriquement de lui laisser approcher le fragment. Il le regarda longuement, avant de pousser un petit soupir déçu en se relevant.

« Très bien. Tu comprends quand même qu'on puisse être méfiant ?

- C’est évident. »

(C’est déjà ça…)

« On s'est un peu éloigné du but de ma venue. Tu comptes nous rejoindre ?

- Non. Je pense que je vais en rester à ma première décision et prendre un peu mes distances pour l’instant.

- Même pas simplement y assister ? insista l’Ynorien une ultime fois en grimaçant avant de se heurter à un nouveau refus et d’abandonner. Tant pis. Mais quitte à te reposer, fais ça bien : dans ta tente. Reste pas là. »

Il hocha vaguement la tête, se désintéressant de l’enchanteur, qui s’éloigna de lui. Sans Xël, la réunion perdait un peu de son sens. La contrariété qu’il vivait était compréhensible, mais frustrante. La méfiance qu’il provoquait n’allait que s’amplifier et s’il préférait évidemment la version qu’il présentait, c’était sa parole contre la sienne. Et sa parole était peut-être influencée par l’âme du Sans-Visage.

En laissant son regard glisser sur l’orbe et les sorciers qui le gardaient, l’enchanteur se rappela d’une question qu’il voulait poser à des sorciers, Zelneth n’ayant -à raison- pas pu le renseigner. S’approchant d’Alossarh et Bellarien, il sorti le cristal de magie et le leur présenta.

« Ça vous dit quelque chose, ça ?

- Ça ressemble aux cristaux des souterrains de ce monde. Il y en a dans des grottes profondes ou si l'on creuse suffisamment. C'est... assez commun je dirais. Je crois que les Cadi Yangin les utilisent, une fois raffinés, répondit Bellarien tandis qu’Alossarh ne semblait pas savoir grand-chose à leur sujet.

- De ce que j'avais compris par moi-même, ce serait de la magie cristallisée. Parmi les sorciers d'Elscar'Olth, l'un de vous sait les raffiner ?

- Pas que je sache. A Arthim'Olth, ils le font peut-être. Chez les sorciers du désert, c'est certain. Il y avait peut-être des groupes de recherche sur elles, à Elscar'Olth, mais... Bon. Il n'y en a plus, vraisemblablement. »

(Arthim’Olth… Ah oui, lui.)

Le sorcier aux cornes et à la peau blafarde, qui avait appelé Yliria ‘Peau Noire’, était de cette ville. Ou du moins, il semblait bien la connaitre. Aller s’adresser à lui pouvait être pertinent.

« Si nous devons passer par Arthim'Olth ou les Cadi-Yangin, j'essaierai d'en apprendre plus, alors. Merci. »

D’un rapide signe de tête il les salua avant de repartir d’un pas vif vers la grotte. Le cornu, puis Simaya au sujet de Xël et du Sans Visage… En s’enfonçant dans le tunnel faiblement éclairé, il marmonna.

« Pour quelqu’un qui tient à rester à l’écart des décisions, je m’implique vachement. »

(Un vrai moulin à paroles,) approuva Amy, de laquelle émanait malgré sa plaisanterie une certaine forme de soutien et peut-être, de fierté. La Faëra approuvait ses actions.

L’homme qu’Akihito cherchait ne passait pas inaperçu, heureusement. Aussi quand il demanda où il pouvait trouver un homme avec des cornes, on eut pas de mal à lui indiquer une tente plus large que les autres où il serait. S’en approchant, il passa la tête dans l’embrasure de la toile entre-ouverte, à la recherche du sorcier. L’intérieur était un bric à brac de plusieurs objets et coffres débordants de choses qu’il arrivait à peine à identifier : les restes d’une fuite précipité. Une table à tréteaux était aussi dressée et recouvertes de différents papiers à côté d’un lit de camp, sur lequel Visselion était allongé. A son chevet, l’homme cornu.

« Mmmh, pardon, vous avez une minute ? »

Si perturber quelqu’un en convalescence n’était pas dans ses habitudes, il fit une exception pour Visselion. L’homme qu’il avait appelé se fit excuser auprès du sorcier et sorti de la tente, enjoignant l’Ynorien à le suivre. Une fois à distance respectable, il l’interrogea du regard. En réponse, Akihito lui présenta la pierre.

« J'ai appris d'Alossarh que le Cadi-Yangis raffinait ces pierres et il a évoqué la possibilité que les sorciers d'Arthim'Olth s'y soient aussi intéressés. Vous venez de là-bas, non ? Vous pouvez m'en dire plus ? demanda-t-il avant d’ajouter : Et comment je dois vous appeler ?

- Smarag’Din, répondit-il en examinant la gemme. Hm oui nous en trouvons tellement dans nos mines que nous avons bien fini par les utiliser. Incrustées sur des armures en argent noir, elles permettent d'en canaliser la magie sombre.

- Vous leur connaissez d'autres utilisations ? Et j'en ai vu de différentes couleurs, ça change quelque chose ?

- Leur couleur ne change pas grand-chose, de ce que je sais. Enfin pour nous en tout cas. Ces machins sont des petits concentrés de magie, ils ont sans doute d'autres utilités, mais je ne les connais guère.

- Mmmh. »

Les Yuiméniens pouvaient exploiter librement la magie de ce monde : s’ils pouvaient utiliser ces cristaux pour amplifier leur puissance, ce serait un atout non négligeable pour le combat à venir. Smarag’Din ne semblait pas en connaitre beaucoup sur les pierres, mais il avait encore quelques informations à tirer de lui. Faisant distraitement rouler la pierre entre ses doigts, il continua ses questions.

« Smarag’Din, vous en savez plus sur l'incrustation dans vos armures ? J'imagine qu'il faut altérer d'une manière ou d'une autre ces cristaux pour qu'ils "canalisent la magie sombre" et ne fasse pas autre chose.

- Oui, nous lissons leurs imperfections et ne gardons que les plus purs. Et puis, bon... c'est mieux si ça en jette, non ? J'suis pas expert dans les enchantements utilisés pour les armures. Je suis davantage lié à la conception de ces dernières et à leur entretien qu'à cette option.

- Celle-ci est considérée comme "pure" ? »

L’homme cornu ne mit pas longtemps à rendre son jugement : la pierre comportait de nombreuses fêlures et brisures sur toute sa surface. Elle avait été extraite par « un bourrin » selon lui, en plus d’avoir été ternie par le soleil.

« Et une gemme pure sera plus efficace qu'une gemme comme la mienne ?

- Sans aucun doute, oui. Vous avez déjà essayé de faire une paire de botte avec un vieux morceau de cuir tout corné ? Ben là ça doit être pareil. »

(Donc une bonne gemme de magie doit être extraite en souterrain et comporter le moins de défaut possible.)

(Pas d’extraction au fluide pour nous, alors.)

(Et je vais pas m’en plaindre.)

Il rangea la pierre et repensa à son objectif initial : moudre un cristal pour la transformer en encre et tatouer une magie d’Aliaénon. C’était une application de la magie et un enchantement qui était complexe, et il doutait que son interlocuteur puisse lui répondre.

« Je suis moi-même un enchanteur sur mon monde, et j'ai quelques idées qui pourraient être exploitées avec ces cristaux. Si nos pas nous mènent à votre cité, qui est ce que je pourrais aller voir pour en savoir plus sur la méthode d'enchantement ?

- Hmm. Meyr'Lhun pourra vous aider. C'est notre enchanteur en chef.

- Et je vais pouvoir rencontrer une personne aussi importante facilement ? questionna le fulguromancien, dubitatif.

- Pas sans moi. Mais ne considérez personne comme important à Arthim'Olth. Nul ne l'est : ni vous, ni nous. Nous étions esclaves, il y a peu.

- Alors plutôt qu'importante, disons plutôt une personne "occupée". Et si nous y allons sans vous, vous avez un autre nom ? »

Smarag’Din lui répondit simplement que sans sa présence, personne ne pourrait entrer dans la cité. Couplé à sa précédente déclaration sur l’absence de personne importante et le passé d’ancienne ville esclave, Akihito se fit la muette remarque que la ville risquait d’être délicate à aborder. Il remercia néanmoins l’homme d’une brève inclinaison.

« C'est bon à savoir. Merci des renseignements, je ne vous dérange pas plus longtemps. »

Ne restait plus qu’une seule personne à aller voir, Simaya. Se souvenant vaguement de la partie du camp où elle avait résidé, il s’y aventura et ne mit qu’une poignée de minutes avant d’entre-apercevoir sa chevelure blonde. La rejoignant, l’Ynorien vit Mathis s’éloigner d’elle. Espérant qu’elle n’était pas fatiguée d’être abordée par les Yuiméniens, il l’aborda prudemment.

« Dame Simaya. Vous avez un instant à m'accorder ?

- Oui ? Des nouvelles d'Ibn ? Vous voulez aussi me parler de l'arme de Messaliah ? De l'âme du Titan ?

- Non, non et presque. »

Akihito s'installa face à elle et après avoir vérifié que personne n'était à proximité, il se mit à parler plus bas : le sujet était sensible.

« Je viens de m'entretenir avec Xël. Et il m'a parlé de votre... expérience, au contact de l'âme du Sans Visage lors de ses premiers voyages ici. Quelque chose de similaire à ce que nous avons vécu avec Silmeria et l'âme du Titan. Est-ce que c'est vrai ?

- Vous voulez parler de la possession qui m'a contrôlée lorsque je me suis approché de celle-ci la première fois ? J'ai été jusqu'à attaquer des amis pour la protéger, tant elle prenait de place dans mon esprit. »

L’âme du Sans-Visage était bien similaire à l’âme du Titan, la différence étant que l’un poussait à un besoin impérieux de le protéger, quand l’autre exacerbait la violence.

« Et comment vous ont-ils libérés ?

- Je... je ne me rappelle plus. En me rendant inapte à agir, et en m'écartant de l'âme.

- Cette influence de l'âme est un peu similaire à celle qu'exerce l'orbe du Titan, non ? voulu confirmer l’enchanteur, ce que Simaya fit. Donc, si nous mettons l'âme du Sans-Visage sous la même coupole, elle serait probablement neutralisée aussi ?

- Je... doute qu'elles puissent interagir entre elles. »

Ce n’était pas vraiment ce à quoi il pensait, mais l’information était bienvenue.

« Très bien. Parce que si l'influence de l'âme du sans visage semble moindre, la manière dont elle affecte Xël m'inquiète.

- Moindre, ce n'est pas ce que j'utiliserais comme terme. Il l'a avec lui, c'est ça ? Comment... Comment s'y est-il pris ?

- Aucune idée, répondit Akihito en haussant les épaules. Mais toujours est-il que je trouve que son comportement a changé dernièrement, et que ça ne me plait pas. »

Il la regarda un peu plus en détail, comme pour déceler des traces de fatigue.

« Vous êtes lié à la magie d'Elscar’Olth et ça ne vous épuises pas. Mais pour combien de temps ? Notre magie dure rarement plus d'une journée. Si le lien se rompt brusquement, combien de temps pensez-vous pouvoir maintenir votre dôme ?

- Je crois que le sort de Mathis me permet de faire perdurer mon dôme indéfiniment si je ne quitte pas les alentours. Les quitter signifierait la résorption du sort. C'est... curieusement passif, comme maintien. »

(Enfin une bonne nouvelle.) Cela forçait Simaya à rester sur place, mais c’était un moindre mal, assurément.

« C'est déjà ça. Concernant Xël... Vous pensez que nous devrions lui retirer l'âme du Sans-Visage ?

- Il est celui de vous qui le connait le mieux. Peut-être est-ce une force. Peut-être une faiblesse. C'est difficile à dire. Qu'en pense-t-il ? demanda l’Esserothéenne, ce à quoi il répondit avec un haussement d’épaule.

- Comme quelqu'un qui a reçu pour priorité absolue de le protéger. S'en défaire même quelques secondes n'est pas envisageable. Et je n'ai pas envie que dans un moment critique, ils décident de faire passer leur survie avant nos objectifs. Ou que le Sans-Visage ait ses propres plans dans notre dos. »

Visiblement elle n’était pas convaincue et lui demanda s’il pensait que quelqu’un serait plus apte à porter le fragment, dans ce cas.

« Non, mais la mettre en quarantaine comme l'autre âme me rendrait plus tranquille. Le temps de savoir quoi en faire.

- Ne serait-ce pas un risque ? Elle est convoitée, cette âme. Vous le savez. Et... En ce sens, Xël voudra la protéger.

- Ca ne me plait pas, mais nous pouvons lui prendre par la force. Par surprise. Vous pouvez manifester un autre dôme d’anti-magie en plus de celui que vous maintenez ?

- Non, je ne peux créer qu'un dôme à la fois. Et... je ne suis pas pour l'usage de la force contre un allié. Ce serait créer la discorde dans ce groupe qui semble déjà si peu soudé. »

Akihito grimaça. Lui non plus n’était pas enjoué à cette idée. Mais l’idée que Xël ne soit pas complètement maître de lui-même et puisse être un danger lui plaisait encore moins. Autant pour le groupe que pour l’aéromancien lui-même. Et sans le dôme de magie de la magicienne, Xël pourrait riposter avec la magie.

« Je ne veux pas en arriver là, mais la discussion que j'ai eu avec Xël n'est pas pour me rassurer. C'est une option que je ne peux pas écarter, pas quand on affronte un danger comme le Dragon Noir. Pour ce qui est de la cohésion de notre groupe... J'espère y remédier ce soir. Un tant soit peu.

- Son instinct protecteur envers l'orbe n'est-il pas identique à celui que vous avez pour protéger votre monde ? Ou moi le mien ? En quoi serait-ce négatif ?

- Parce que vous avez fait le choix de protéger votre monde, répondit calmement l’Ynorien. Et que vous aurez le choix de prendre des risques. Xël, lui, n'a pas l'air de l'avoir.

- Il a choisi d'emmener cet orbe en sachant pertinemment ce dont il est capable. Il s'est rendu vers lui pour aller le chercher, sans influence de sa part. Ou du moins je l'espère.

- Peut être. Mais là, a-t-il encore le choix ? »

Simaya l’ignorait, comme l’attesta son haussement d’épaules. Il aurait préféré qu’elle soit plus catégorique dans ses affirmations, choisir la manière forte ou non aurait été plus simple qu’avec ces réponses en demi-teinte. Pour l’énième fois de la journée, il soupira.

« Merci pour votre avis. On essayera de faire un choix en nôtre âme et conscience, dit-il en partant avant de penser à une dernière chose et de revenir vers elle. Vous avez une suggestion à nous donner sur la prochaine chose à faire, peut-être ?

- Trouver que faire de l'orbe du Titan. Je dois me rendre à Esseroth pour les prévenir du danger du Dragon. Et si je m'en vais... vous savez ce qui arrivera. A moins que vous n'y alliez à ma place, mais cela vous ferait perdre un temps précieux. Quels sont vos objectifs actuellement visés ?

- Pour Esseroth, c'est plus sage de laisser quelqu'un d'autre que vous le faire. Tout le monde peut servir de messager, mais vous seule pouvez contenir l'âme du Titan. Pour le reste, je ne sais pas trop ; et je suis pas un très bon décisionnaire. Je laisserai les autres décider. »

La magicienne répondit qu’en plus d’être l’oiseau de mauvaise augure, elle voulait rentrer chez elle pour défendre sa cité.

(C’est pas moi qui vais lui jeter la pierre, mais…)

« Ça sera votre choix, mais vous en connaissez aussi les conséquences. Enfin, connaître est un bien grand mot. Disons que vous vous doutez de ce qui pourrait arriver. Et rien de très réjouissant en l'état.

- C'est pourquoi je préconise de trouver une solution pour l'orbe.

- J'avais proposé de le confiner dans les profondeurs d'Elscar'Olth. Loin des regards avides, loin de toute personne influençable. Personne n'avait l'air d'adhérer à cette idée, alors espérons que les autres seront plus sages que moi, éluda dans une moue l’enchanteur, ce qui la fit hausser un sourcil.

- Dans la salle du trône ? Et comment comptiez-vous l'emmener là-bas ? Sans compter que les Sorciers voudront sans doute rejoindre leur cité, maintenant que le Titan est mort.

- Avec un portail. Et avant d'avoir accès à leur salle du trône, les sorciers vont avoir les mains déjà bien prises avec la reconstruction de leur ville et le déblaiement des décombres. Le confiner dans la salle du trône ne réglerait pas le problème, je sais, mais on gagnerait un peu de répit le temps régler le reste. Et Valyus sait qu'on en a des problèmes plus urgents à régler. »

La mage ne semblait pas convaincue de sa proposition, mais elle opina du chef. Il lui rendit son salut et s’éloigna sur les pas de Mathis. Il était temps que les Yuiméniens aient une discussion.

(Espérons que ça ne finisse pas en pugilat.)

(Tu es bien optimiste, Akihito.)

(Moi ? Toujours.)


-----------
« »
Mots placés : Mâtin, vétilleux, purotin.

Rameute le peuple pour la grande discussion.

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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » ven. 24 mars 2023 11:50

À notre retour dans les landes, je constatai avec soulagement qu’il ne s’était rien passé de fâcheux en notre absence. L’orbe rouge se trouvait toujours sous le dôme de protection de Simaya, Alossarh’ et Bellarien le surveillant toujours.

Alors que j’aurais dû m’en attendre, Alossarh n’apprécia pas du tout la présence d’une inconnue parmi nous. Sans aucune délicatesse, il demanda de qui il s’agissait, nous répétant que l’existence de la grotte était censée être secrète.

Ce fut Akihito qui intervint le premier. Il présenta Maïssa, précisant ses origines. Il précisa qu’on lui devait l’évasion de Ibn Al Sabar et de Dracaena et qu’en agissant ainsi, elle avait mis sa vie en danger.

Bellarian exprima son désaccord non seulement à la présence de Maïssa, mais également à la nôtre. Il était persuadé que nous n’allions que leur causer du tort.

Alossarh fut beaucoup plus compréhensif. Il nous prévint par contre qu’en amenant des étrangers dans les landes, nous les rendions plus vulnérables. Il nous somma donc de ne plus recommencer. Il termina en indiquant à Dracaena où il trouverait Zacara.
Alors que Maïssa allait suivre Dracaena, je l’interpellai :

« Maïssa, j'aimerais vous parler une petite minute avant que vous suiviez Dracaena, si vous le voulez bien. »

Malgré le regard soupçonneux qu’elle me rendit, elle accepta de m’écouter. Dracaena dit qu’il l’attendrait, puis me prévint qu’elle ne pouvait me répondre que par un oui ou par un non. A cette intervention, je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils et pour deux raisons. Tout d’abord, il me prenait pour un idiot. J’avais de moi-même constaté que la jolie jeune dame ne disait mot et ne répondait que par des signes. Et puis, il n’avait pas besoin de l’attendre, j’étais une personne de confiance et pour sa part, il devait se rendre au plus vite auprès du sorcier guérisseur.

Conscient du peu de temps dont je disposai, j'allai droit au but:

« Tout comme vous, j'ai un compagnon (compagne dans mon cas) à qui je tiens beaucoup. »

Ce disant, je sortis Praline de mon sac dans mon dos. Et lui présentai.

« Voici Praline. Je trouverais dommage que ma chatte serve de repas à Alsaqr ou encore que Praline n'attaque ce splendide faucon. Êtes-vous d'accord pour que l’on soit vigilant vous et moi afin d'éviter les conflits entre eux d'eux ? »


Pour ma part, ce n’était pas la présence de Maïssa qui me troublait, mais celle de son immense faucon. Ce dernier volant au-dessus de nous, Maïssa accepta ma requête d’un signe de tête.
Soulagé de sa réponse, je déposai Praline au sol. Cette dernière fut bien contente de se dégourdir les jambes. Mais à peine deux pas de franchis, elle alla se frotter contre une des jambes de Maïssa.

Cette dernière ne sembla pas savoir comment réagir aux avances de Praline, m’interrogea du regard.

« Je suis désolé de son attitude, je crois que vous lui plaisez »

Dis-je avec un sourire sincère et nullement déplacé. Tout en haussant les épaules.

« Si vous en avez envie, vous pouvez lui caresser le dos, sinon, juste déplacer votre jambe et elle comprendra le message et poursuivra son chemin. »

Curieusement, elle continua à m’interroger du regard sans s’intéresser au chat.
Voyant qu'on l'ignorait, Praline n'insista pas et continua son chemin. Pour ma part, je voyais bien qu'elle se posait des questions à mon sujet, mais je ne devinais pas ce que ça pouvait être.
Alors dans le doute, j'en dis plus que moins.

« J'ai adopté Praline alors qu'elle était un tout petit chaton. Puis un jour alors que je la caressai, mon esprit sortit de mon corps pour lui tenir compagnie dans le sien. Ne sachant, comment survient ce phénomène, je l'appelle personnellement : emprunt. Lorsque je le désire, Praline me fait une petite place dans son corps. Ce qui me permet d'explorer des lieux sans semer le doute d'éventuels ennemis... qui se méfierait d'un chat ? »
Après un court moment, je rajoutai:

« Est-ce que j'ai répondu à votre interrogation ? »


Pour toute réponse, elle leva les yeux au ciel et souffla par le nez et repartit en direction de Dracaena.
Je compris bien que trop tard qu’elle était pressée de rejoindre Draceana. Je la trouvai tout de même malpolie. Au lieu de me questionner du regard, elle aurait pu simplement faire un acquiescement de la tête et poursuivre son chemin, et j’aurais compris. Par ailleurs, un petit sourire en plus n’aurait pas été du luxe.

Je me tournai vers le dôme de protection et m’approchai d’Alossarh. Sans surprise, Bellarien s’éloigna en se plaçant de l’autre côté du dôme, ce que j’ignorai.
Je m'arrêtai aux côtés de Alossarh, j’observai l'orbe un petit moment, avant de me tourner vers lui pour lui demander :

« Du nouveau au sujet de cet orbe ? Aucune manifestation ? »

Il confirma que la protection de Simaya n’avait pas faibli.

« C'est bien. Je vous remercie d'avoir accepté de le surveiller. Auriez-vous besoin de prendre une pause ? Je peux prendre la relève. »

Il refusa poliment mon offre, tout en soulignant que nous étions partis qu’un court moment. Il n’avait pas eu tort. Je ne m’attendais pas à retrouver Dracaena et le sorcier dès notre arrivée. Son attitude à notre égard, à mon égard du moins, avait changé. Il se rendait sûrement compte que nous étions plus utiles qu’il ne l’avait cru au départ.


Je lui souris avant de répondre:

« Il est vrai que nous avons été chanceux. Nous sommes tombés sur Dracaena dès notre arrivée, il quittait la cité avec Ibn sur son épaule... »

Je m'arrêtai quelques secondes puis je lui demandai:
« J'aimerais connaître votre avis sur les chevaliers sans bannières... Nous les avons rencontrés et j'avoue m'être fait vite mon opinion, mais la première impression n'est pas toujours la bonne, ce pour quoi je vous demande ce que vous pensez d'eux ? »

Il ne les avait jamais vus dans les landes. Il supposa qu’ils les craignaient. Il me précisa que sur le territoire, ils employaient le terme de Marcheur de Mort pour parler du Sans-Visage.

« Ce qui est clair, c'est qu’ils veulent détruire l'âme du... Marcheur de Mort. Ils ont décapité devant nos yeux, un des leurs qui s'apprêtait, je pense, à dévoiler innocemment leur plan. Ils sont partis dans le sud dans le but de trouver une arme antique qui pourrait nous être utile pour détruire le dragon noir, mais qu’eux voudraient obtenir pour autre chose... Ils nous ont affirmé également qu'il n'y avait plus de mages sur Methbe-El. »


Il ne connaissait pas Methbe-El et ne voulut pas juger le comportement des chevaliers entre leurs propres compères. Tant qu’ils ne s’intéressaient pas à Elscar’Olth, le comportement des chevaliers lui importait peu. Il rajouta que Bellarien aurait un point de vue différent.

Ce à quoi je répondis :

« Je devine qu'ils ne les aiment pas... de la même façon qu'il n'apprécie pas notre présence, moi et mes compagnons, sur Aliaénon. Ai-je raison ? »

Il m’expliqua que Bellarien vivait dans le passé et n’acceptait pas que les croyances anciennes fussent remises en question. Par contre, il pensait que la colère contre les Yuimeniens avait une tout autre source.

« Vous en savez plus sur cette colère à notre endroit ? »

Jugeant que ce n’était pas à lui d’en parler, il me précisa seulement qu’il y avait un lien avec la mort de son frère.

J'opinai de la tête.

« Vous m'en avez dit suffisamment pour que je comprenne en gros son attitude envers nous. Je n'ai pas besoin d'en savoir davantage. »

Il me répéta ses doutes envers Maïssa et nous somma de la surveiller de près. Il ne voulait pas qu’elle communique avec des gens de l’extérieur. Il craignait sans doute qu’elle ne dévoile leur position.

« Tout ce que je sais d'elle, c'est qu'elle a grandement participé au sauvetage du sorcier Ibn... Eh oui, je vais la surveiller, l'on vous doit bien ça. »

Après qu’il eut acquiescé, je pris congé de lui.

« Je ne vous importune pas davantage, je retourne dans la grotte pour planifier avec les autres notre prochaine étape. »


Il me confirma que je ne l’ennuyais pas. Je le saluai puis je pris la direction de la grotte.

Une fois dans la grotte, je cherchai Simaya du regard. La trouvant seule dans un coin, je la rejoignis.

« Nous voici de retour avec Ibn. Et vous ? Comment vous sentez vous ? »
Tout en soulignant notre rapidité, cette jolie et élégante dame blonde répondit à ma question par une autre question, s’informant de Dracaena et du sorcier. Pour sa part, elle n’avait rien de particulier à raconter.

« Le sorcier est inconscient. Draceana a dû le cacher dans des vêtements et le porter sur ses épaules pour le sortir de la cité. Il a réussi à en sortir grâce à l'aide de Maïssa, la fille de Bassem. Ils se dirigent en ce moment tous les trois vers Zacara afin qu'il puisse s'occuper du sorcier. »

Elle ne connaissait ni Maïssa, pas plus que Bassem. Inquiète de l’état du sorcier, elle m’en demanda la cause.

« Ça, je ne le sais pas trop. Je sais qu'il avait été fait prisonnier par les chevaliers sans bannière et que Dracaena a réussi à l'évader de sa cellule, aidé de la fille de Bassem. »


Que Ibn soit prisonnier de Methbe l’inquiétait avec raison. Ainis elle s’informa de ce qu’on y avait appris.

« Les chevaliers sans-bannières semblent contrôler la ville... Ils ont affirmé de leur côté, qu’il n'y avait plus de mages à Methbe-El. Nous sommes arrivés face à une cinquantaine de chevaliers sans bannière. Ils m'ont fait immédiatement une mauvaise impression... Bref, ils se dirigeaient vers le sud d'Aliaénon, dans le but de rechercher une ancienne arme... Messa ? Masse ?... La connaissez-vous ? Cette arme serait assez puissante pour détruire le dragon noir, mais je pressens que les chevaliers veulent s'en servir pour détruire l'âme du sans visage... Désolé, je ne me souviens plus du nom de l'arme... »

Après quelques secondes d'hésitation, je me repris:
« Messaliah ! Mais c'était le nom de la ville et non le nom de cette puissante arme ! »

Elle ne voyait pas de bon augure la présence des chevaliers sans bannière à Messaliah. Les habitants des lieux, les Cadi Yangin était leur ennemi. Lorsqu’elle siégeait au conseil d’Or, il avait déjà été question d’une arme à Messaliah… mais il s’agissait peut-être de rumeurs. Elle croyait se souvenir que Xël avait déjà visité cet endroit. Puis elle termina que si les chevaliers disaient vrai et qu’il n’y avait plus de mage à Methbe-El, cela signifiait qu’ils les avaient massacrés.

« Xël semblait être assez au courant à propos de cette arme, il a même pensé y aller, mais il était plus urgent de rentrer ici pour faire soigner Ibn. Croyez-vous que Zacara y arrivera ? »


Simaya ne connaissait Zacara que depuis notre arrivé, mais il lui avait fait l’impression d’être un soigneur de qualité. Comme dans toute situation, je pensai à une solution alternative :

« Et si il échouait, qui pourrait le guérir ? Dans les landes ou sur Aliaénon ? »

Après une courte réflexion, Simaya m’appris qu’Aetheris à Esseroth était le meilleur. Il l’avait remise sur pied en moins de deux. Elle me précisa que les soins n’étaient pas la spécialité de la lande noire.

« Ça pourrait être une bonne solution, si Zacara ne réussit pas.... Et pour l'orbe, j'avoue ne pas avoir pris le temps d'y réfléchir... Auriez-vous une idée ? Nous ne pouvons vous imposer d'user votre magie pour le conserver sous le dôme, ça va finir par vous épuiser. »

Reconnaissante, il m’assura que grâce à moi, elle ne s’épuisait pas. Je ne fis aucun commentaire, mais j’étais fière de moi. Bien entendu, elle était de mon avis, son dôme de protection n’était qu’une solution temporaire, nous devions trouver une solution à plus long terme. Tout comme moi, elle n’avait pas de solutions.

« Il faudra régler ce souci avant de passer à autre chose. Et puis, si on va à la recherche de cette arme, votre présence nous sera bien utile. »

Si elle était d’accord pour qu’on trouve une solution de remplacement au dôme de protection, elle ne pensait pas nous suivre à Messaliah. Elle considérait que sa place était à Esseroth aider les siens, et aussi les prévenir du dragon qui rôde sur Aliaénon.

Sa réflexion était légitime.
« Oui je comprends. »

Cela dit, je pris congé d'elle tout en lui annonçant mes intentions.

« Je vous laisse pour le moment, je m'en vais voir comment s'en sort le sorcier Ibn. »


Je ne vis pas Praline dans la grotte, mais je ne m'en souciai pas trop. Je m'inquiétais pour la santé du sorcier et je décidai donc de me rendre directement au lieu qui leur servait de lieu de guérison.

A mon arrivée, je vis le sorcier Sabbar allongé sur un matelas de mousse végétale, un Zacara fatigué à son chevet.

«Bonjour, je venais voir l'état de Ibn... »

Dracaena m’informa qu’il n’y avait pas de changement. Zacara l’avait examiné et considérait que la magie du sorcier était instable. Je restai muet un moment écoutant la conversation avec Dracaena, Jorus et Zacara. Je compris que guérir le sorcier Ibn demandait beaucoup d’énergie à Zacara et que ça pouvait mettre sa vie en danger.

Ce fut à ce moment que j'intervins:

« Je partage l'avis de Jorus. J'ai discuté avec Simaya et il y a à Esseroth un sorcier qui pourrait guérir Ibn sans s'affaiblir... Il s'agit d'Aetheris ... On pourrait l'apporter à Esseroth.. et je pense même que certains d'entre nous ont conservé de sa salive dans une fiole... si il y en a, ça pourrait le stabiliser. Qu'en pensez-vous ? »

Il avait déjà envisagé la salive d’Aetheris, mais puisque Ibn Sabbar était inconscient, il était dangereux qu’il s’étouffe avec le liquide épais.

Bien qu’il souhaitait vraiment guérir le sorcier, Zacara compris le bon sens et accepta de retirer ses mains du corps du sorcier. Nous voulions qu’il guérisse Ibn, mais pas au prix de sa vie.

« Il faut agir vite alors..Je me propose d'aller chercher Simaya, pour qu'elle l'apporte à Esseroth. Xël est sûrement trop épuisé pour ouvrir un portail mais Simaya pourra s'il est à ses côtés... à moins que vous ayiez un meilleur plan ? »

Jorus semblait avoir une autre idée à nous proposer. Il commença cependant par expliquer comment la magie de Zacara fonctionnait. Lorsqu’il guérissait quelqu’un, il en accusait un contrecoup afin de préserver l’équilibre dans les landes. Je compris alors que ce que voulait dire lorsqu’elle m’avait affirmé que la guérison n’était pas la spécialité de la lande noire. Jorus racontait ensuite ce qui lui était arrivé après son départ d’Elscar'Olth. Il nous affirma être partie plus d’une journée. Cette affirmation me fit hausser les sourcils de surprise. Dracaena répondit le premier, que Jorus nous avait bel et bien quitté en matinée et non pas la veille.
Puis Dracaena eut l’excellente idée de proposer que Zacara boivent lui-même la potion baveuse. Lui, étant conscient, il ne risquait pas de s’étouffer et puis il aurait plus d’énergie pour soigner le blessé.

Je me tournai vers Jorus pour lui répondre:

« En effet, nous sommes partis seulement aujourd'hui.... le temps semble s'être déformé pour vous.... et je pense qu'il vaudrait mieux utiliser notre magie en dernier recours. »

Puis je poursuivis pour Dracaena,

« Je pense que vous avez une bonne idée Dracaena.»

Puis vers Zacara:
« La potion que vous tend Dracaena ne peut que vous aider. »

Non sans hésitation, Zacara consentit à boire la potion. Il ne put retenir une légère grimace avouant qu’il la trouvait visqueuse. La potion ne tarda pas à faire effet. Je vis toute de suite la différence. Zacara visiblement plus en forme infusa sa magie sur le sorcier. Cela dura un peu moins d’une minute avant qu’il ne s’effondre sur la mousse. Al’Sabbar pour sa part s’asseya subitement sur son matelas. Regardant autour de lui, il demanda où il se trouvait.

Jorus répondit à ses questions rajoutant que nous devions sortir afin de le laisser récupérer.
Dracaena entreprit de tout donner les détails, précisant la contribution de Jorus, Zacara et de Maïssa.
Je souris au sorcier tout juste éveillé:

« Bon retour parmi nous !... Dès que vous irez mieux, nous pourrons rejoindre les autres, on a beaucoup de choses à discuter et vous nous saurez d'un grand secours. »

Je regardai Jorus et Dracaena et Zacara:

« Vous n'auriez pas une autre dose de salive pour Zacara ? Je pense que ça pourrait l'aider. Pour ma part, je peux vous offrir une potion de soin ou d'énergie de Yuimen, mais je ne sais pas si ce type de potion fonctionne ici. »

Jorus se rapprocha de moi, me regardant dans les yeux avec la probable intention de m’intimider, précisant que Zacara avait besoin de repos, balayant de la main mon offre. Il se plaça ensuite devant Zacara comme pour faire un bouclier.

Je comprenais ses intentions et elles étaient nobles, mais si je les trouvais exagérées. Je lui souris, aucunement impressionné et je sortis sans hésiter.
Modifié en dernier par Mathis le sam. 25 mars 2023 04:39, modifié 3 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Lande Noire

Message par Jorus Kayne » ven. 24 mars 2023 21:18

Le portail nous mène jusqu’à l’entrée de la grotte des survivants et n’étant partis depuis guère plus d’une dizaine de minutes, il n’y a aucun changement à noter. Le corps du Titan est toujours présent, aussi inerte que troué, tandis que Alossarh’ et Bellarien surveillent encore l’orbe. Seul peut-être Zacara n’est plus là où nous étions et je me doute qu’il doit être en train de se remettre des soins qu’il m’a prodigués. En revanche, l’attitude d’Alossarh’ me rappelle presque notre première rencontre il y a deux jours. Celui-ci est visiblement peu ravi de voir qu’une totale étrangère connaît l’emplacement de la grotte secrète des survivants. La dénommée Maïssa garde le silence, mais entre sa tenue guerrière et son attitude étrange, nous pourrions être au seuil d’un échange de coups. Heureusement, nous pouvons compter sur Akihito et son sens inné de la diplomatie pour rétablir la situation. Alossarh’ consent même à ce que Dracaena emporte Ibn vers Zacara pour se faire soigner.

(Zacara ? Il n’était pas en pleine forme lorsque je suis parti, je ferais mieux d’aller m’inquiéter de son état.)

"Les pouvoirs de Zacara requièrent un contrecoup. J'ai déjà eu recours aux services de Zacara et il avait l'air particulièrement épuisé. Je vais venir avec vous et m'assurer qu'il n'en fasse pas trop. De plus, il y a un point qui m'interpelle depuis mon arrivée à Methbe-El."

Je jette un regard bref et discret à Yliria et Akihito.

(Il y a cette histoire disant que nous sommes partis ce matin qui n’est pas clair !)

Mathis demande un instant pour parler à Maïssa en privé, ce à quoi l’oudio lui donne un petit conseil.

"...J't'attends ici, Maïssa... Et vous, m'sieur beau blond, préconisez les questions qui s'répondent par oui ou non." Sans quitter la femme du regard, il va ensuite s’adresser à moi. "...M'sieur... Jorus. Si vous vous inquiétez aussi et qu'vous avez des trucs à vérifiez, vous pouvez v'nir. Enfin, attendre avec moi, pour l'moment."

Yliria ne m’aurait pas menti et Akihito n’aurait pas non plus pris ce risque inutilement. Je ne peux qu’admettre cette possibilité qui me paraît inconcevable, alors que j’étais dans le corps d’un dragon il y a peu : ils disent la vérité ! C’est à peine croyable, mais c’est la seule explication que je trouve pour le moment. Je dois en parler à Zacara. Il sera, je pense, en mesure de me confirmer si oui ou non, une telle chose est possible et si cela explique mon état.

(D’ailleurs, n’a-t-il pas dit que j’étais divisé, que mon âme lui semblait être ici et ailleurs en même temps ? Cela expliquerait même pourquoi je me sentais à la fois fatigué et plein d’énergie, à la fois inerte et libre comme si je volais !)

"Hum hum !" Fais-je simplement en attendant, encore un peu dans mes pensées.

Voyant que l’échange avec Mathis s’étant mal passé, je vais avoir un discret sourire en coin en voyant venir Maïssa.

"Ha ! L’échange avec le beau blond ne s’est pas très bien passé. Ta copine me plaît déjà !"

Puis je profite de l’occasion pour parler avec l’arbre durant notre marche.

"Tu devais revenir avec un moyen de communication, mais tu es revenu avec deux personnes. Sur ce coup, on a obtenu le même résultat toi et moi !"

Ma remarque le tire de ses pensées. S’excuse avant de croire que j’ai réussi à rallier les dragons à notre cause. Je ne détourne pas les yeux, scrutant droit devant moi et surtout, je veux éviter de croiser son regard lorsqu’il entendra le récit bref de mon échec.

"Les dragons ? Non on peut faire une croix dessus. D’ailleurs, s’ils viennent, c’est que celui à qui j’ai parlé a pas trop aimé que je possède son corps ! Mais je doute qu’ils osent venir là où pourrait se trouver le Dragon Noir. Néanmoins, je comprends le point de vue qu’on m’a…comment dire…expliqué de force !" Fais-je d’un sourire crispé.

"Vous................avez...................fait QUOI avec le corps d'un dragon?!" S’étonne-t-il.

(Hein quoi qu’est-ce que j’ai dit ? Ca pourrait signifier autre chose chez les hommes-arbres ? Houlà, je sens déjà l’allusion salace.)

"Oui, non…non…non…c’est pas ce que tu crois, y’a rien de perv…."

Voyant la réaction de Drac, je vais expliquer un peu plus en détail la scène.

"Bon, déjà, il faut savoir que Fan-Ming est détruite. Le Dragon Noir y est passé et a tué tout le monde, enfin sauf deux rescapés. Du coup, pour rechercher des indices, j’ai escaladé les lieux. Je veux dire littéralement, la cité est…était, bâtie sur une falaise. J’ai fini par trouver deux rescapés qui se trouvent actuellement non loin de là où nous nous dirigeons. Comme prévu, j’ai utilisé l’appeau à dragon. Comme prévu, un dragon est venu à notre rencontre. Il m’a agrippé dans ses serres et m’a sauvagement balancé dans un escalier, et ça…c’était pas vraiment prévu. J’ai tenté d’expliquer notre situation, demandant leur aide contre le Titan. C’est là que j’ai appris que ce n’était pas un Titan, mais un dragon qui avait ravagé Fan-Ming et qu’en aucune manière les dragons ne nous soutiendraient. Apparemment, à chaque fois qu’ils ont œuvré avec les hommes, ils ont perdu les leurs. Du coup, ils s’enferment dans leur territoire et ne comptent pas en sortir."

Je m’arrête un bref instant avant de reprendre.

"Les dragons sont comme nous, chacun à ses propres opinions. J’ai déjà eu l’occasion d’en rencontrer deux et j’ai participé à la mort de l’un d’eux. Ha ! C’est justement ce que m’a reproché celui que j’ai vu. D’après lui, je sens le dragon mort et ça ne lui a pas vraiment plus. Pour finir, j’ai eu droit à une grosse papatte dragonique sur moi et je m’en suis sorti grâce à la magie d’Aliaénon, en inversant les âmes de nos corps. Chose qui, aussi folle que cela puisse paraître, a marché. J’étais dans son corps et lui dans le mien !"

Après avoir expliqué la situation, je termine mon histoire.

"Malheureusement, les choses ont mal tourné. Il a utilisé le même pouvoir que nous, celui qui nous permet tout et n’importe quoi, pour m’empêcher de parler. Comme il avait juré de s’en prendre aux deux survivants que j’avais retrouvé, il m’a fallu l’éloigner d’eux pour les protéger avant qu’il ne se rende compte des pouvoirs qu’il possédait, le temps de retrouver ma voix. Tout comme notre perte de magie durant notre présence dans la Lande Noire, j’ai donc patienté en dormant, pensant que le sommeil m’aiderait à me tirer de ce mauvais pas. Sauf que je me suis retrouvé dans mon propre corps, très loin du dragon qui avait retrouvé le sien et des survivants. Heureusement, je les ai retrouvés vivants le lendemain matin et j’ai de nouveau utilisé la magie pour créer un portail similaire à Xël pour revenir, apprenant que mon voyage n’avait servi à rien, si ce n’est d’avoir sauvé deux vies !"

Contrairement à mon imagination, l’oudio n’avait aucune pensée malsaine. J’ai raté l’occasion de me taire moi. En revanche, mon récit concernant l’échange de corps entre moi et le dragon attise sa curiosité, comme un feu de dragon sur une forêt en pleine sécheresse.

"...Charbon chaud et brindilles brisées, cette histoire, mazette, CETTE HISTOIRE! Vous étiez devenu le Dragon?! ...C'était comment? ça a été compliqué à faire? ça f'sait quoi d'être dans le corps d'une bestiole comme ça? Genre, s't'un pouvoir que vous aviez de base et qu'à été amplifié, ou détourné ?"

Puis il comprend alors qu’avec cette même magie, il aurait pu s’échapper de sa prison depuis longtemps. J’avoue que sa réaction de mon altercation face au dragon gonfle mon égo.

"Etre un dragon ? C’est…un sentiment de puissance sans pareil ! Au début, je me sentais pataud, mais j’ai pris le temps de m’habituer à ce corps. A mesure que je volais, je me sentais plus à l’aise, débordant d’une force et d’une énergie que j’ignorais jusqu’alors. Je te parle pas du souffle de dragon. Il m’a fallu un moment pour comprendre comment l’utiliser, mais dès que j’ai compris le truc ça sortait tout seul, même si j’avais toujours du mal à doser la puissance."

Je m’arrête un instant avant d’expliquer ce que j’ai tiré de mon expérience.

"En revanche, ce n’est pas une chose que je referais, ni ne recommanderais. D’une part pour des raisons personnelles, mais surtout, le dragon avait le contrôle de mon corps tout comme il avait accès à la magie qui m’a permis cet échange. Imagine un être possédant à la fois une telle puissance et la détermination de l’utiliser pour nuire à tout son entourage ! De plus, il y avait un lien particulier entre nous. D’instinct, je savais que je ne pouvais prendre le risque de le tuer sans me tuer également !"

Puis enfin, je réagis à sa dernière remarque.

"Je pense que la seule limite que nous ayons avec cette magie est notre simple imagination. Je sais maintenant que chaque sort que nous utilisons n’est ni inaltérable, ni éternel. Alors oui, tu aurais pu utiliser cette magie pour t’échapper, mais sans avoir la certitude du résultat. J’ai ouvert un portail menant à la Lande Noire, alors que je voulais aller me rendre à Essertoh. De plus, moi comme les deux survivants, avons subi un contrecoup singulier. Zacara est parvenu à me guérir en grande majorité, mais je me sens toujours comme…divisé, comme si tout mon être n’était pas totalement ici. Sauf que celui que nous allons voir ne se porte pas très bien, je doute qu’il puisse guérir Ibn dans l’immédiat. Que lui est-il arrivé au juste ?"

Drac semble être ravi de l’utilisation que j’ai fait de la magie, même si j’ai effectivement omis de mentionner la disparition des corps morts de Fan-Ming, ainsi que la danse du dragon-poule, mais je trouve que ces détails ne sont pas…nécessaire, à la question posée et ne feraient que semer le trouble dans l’explication. Il évoque ensuite l’état du sorcier qui a puisé dans sa force, par le biais d’une technique secrète, en envoyant une vision pour les aider. L’oudio explique également qu’il a déjà utilisé le remède miraculeux d’Aetheris, pour le remettant d’aplomb, après avoir reçu de copieux arguments frappant de la part des gardes. Il termine enfin en évoquant son trouble lorsque Maïssa l’a arrêté lorsqu’il a voulu lui en redonner une nouvelle dose suite à son évanouissement, le problème étant que les êtres de chairs ne peuvent rien ingurgiter lorsqu’ils dorment.

"De ce que j'en déduis pour l'instant, ça m'a l'air d'être une trop forte utilisation de ses pouvoirs. Un peu comme pour Simaya lorsqu'elle a utilisé sa magie lors de notre venue en ce monde il y a quelques jours. Il lui a fallu du repos pour s'en remettre. Utiliser la...potion...d'Aerheris ne nous sera d'aucune utilité. Zacara devrait être en mesure de confirmer mes soupçons, mais si tel est le cas, il serait préférable de ne pas trop en demander au sorcier. Le traitement que j'ai reçu l'a très éprouvé ! On en profitera pour trouver de quoi étancher votre...soif... après cela."

Tandis que Dracaena pense à voix haute, croyant que la potion aurait permis de régénérer l’énergie de celui qui l’a boit, il me demande si nous sommes encore loin du sorcier.

"Non, nous devrions rapidement le trouver." Fais-je brièvement.

Grâce aux personnes présentes, nous trouvons la tente de fortune où Zacara s’est allongé pour se reposer. Il n’a que pour matelas un tas de mousse séchée. Il ne se redresse que du coude lorsqu’il nous voit arriver, ne posant la raison de notre présence par une question muette, posée par son regard, toujours à moitié recouvert. Connaissant l’ensemble des parties présentes, je m’approche du sorcier pour faire les présentations.

"Zacara, voici Maïssa et le sorcier Ibn de Methbe-El. Je vous sais fatigué du traitement que vous m'avez procuré, mais avez-vous au moins la force d'examiner le sorcier ?"

Si Maïssa reste muette, l’homme-arbre de son côté le salue de la main. Il s’excuse de le déranger, sachant l’effort qu’il a subi pour mon propre traitement et explique comment le sorcier en est venu à cet état particulier. Soucieux du bien-être d’autrui, Zacara accepte de l’examiner et nous demande de le déposer près de lui, ce que nous faisons sans attendre. Il sonde l’état du corps d’Ibn Al Sabbar en posant une main sur son torse et ferme les yeux pour sonder son corps à l’aide de sa magie. Lorsqu’il rouvre de nouveau son unique œil visible, il nous donne un diagnostic.

"Il subit un épuisement total, mais ce n'est pas tout : la magie en lui semble... instable. Curieusement instable. Je... je crois que je peux l'aider, même si..."

Il n’en dit pas plus, craignant certainement que s’il explique plus en détail le contrecoup qu’il va subir, nous refuserons son aide. Une chose qu’il n’apprécie pas selon moi. Actuellement, il doit être tiraillé entre l’envie d’aider quelqu’un dans le besoin et les conséquences s’il venait à effectuer le traitement. Selon moi, si nous forçons Zacara ou du moins, si nous l’incitons à agir, non seulement il en prendra un choc très fort, rajouté à son état de fatigue, mais les autres sorciers d’Elscar’Olth ne nous verraient plus d’un très bon œil. Ils s’inquiètent tous de son état lorsqu’il prodigue ses soins, alors le pousser à franchir cette limite serait nous mettre à dos tous les sorciers que nous nous sommes évertués à aider.

(Il ne dit rien, mais il n’a pas besoin de le faire. J’ai pleinement conscience de la gravité de son cas s’il vient à soigner son homologue du désert. Peut-être que son état n’est pas si grave, mais s’il le faut, j’emploierai la magie d’Aliaénon pour lui prêter main forte !)

Posant une main sur son épaule, je vais m’inquiéter de la gravité de l’état dans lequel se trouve le sorcier du désert.

"Vous n'êtes pas en état actuellement pour lui procurer des soins, je le crains. Son cas est-il grave, est-il en danger si nous n'agissons pas immédiatement ?"

J’entends quelqu’un approcher. Je reconnais là la voix de Mathis qui vient s’inquiéter de la santé d’Ibn, tandis que Dracaena comprend la gravité de la demande à Zacara. Celui-ci souhaite intervenir malgré son état, pensant comprendre que nous avons besoin de lui dans l’immédiat. Il place ses deux mains sur son torse et commence à inspirer pour se plonger dans l’usage de sa magie, avant que je ne l’arrête et hausse le ton.

"Non Zacara ! Si cela doit mettre votre propre vie en jeu, cela ne vaut pas le coup !" Puis je poursuis plus calmement. "Écoutez, ce n'est pas que je refuse de le soigner, mais vous n'êtes actuellement pas en état. Nous vous l'avons apporté parce que nous avons craint pour sa santé. Moi je suis venu parce que je craignais pour la vôtre. Si l'état est préoccupant, j'utiliserai la magie qui coule en moi pour équilibrer la balance que vous seul supportez. Mais cette magie est instable. Je préfère me référer aux autres avant de l'utiliser. Ils auront peut-être une approche différente et plus efficace que la mienne. Donnez-moi le temps d'en discuter avec eux et promettez-moi que vous ne ferez rien tant que JE ne serais pas revenu !"

Mathis partage mon avis, proposant l’idée de l’oudio en usant des capacités à soigner d’Aetheris, avant que l’homme-arbre ne lui explique qu’il faut être éveillé pour être en mesure de boire la…le…le remède miraculeux. Comprenant que j’ai déjà une idée en tête, il me pousse à agir, mais les choses ne sont pas si simples. Puis il demande à Zacara ce qu’il entend lorsqu’il fait mention de la magie instable du sorcier inconscient.

"Oui... Vous avez raison, cela me coûterait sans doute cher. Un peu trop cher." Consent-il à mon intervention avant d’expliquer qu’il pourrait s’étrangler en ingurgitant la potion dans son état. Puis il oriente son regard vers l’oudio. "Je dirais qu'elle bat comme un cœur. Une fois présente, une fois absente. Elle est duelle, un peu comme la mienne." Il montre son visage à moitié découvert pour imager ses propos et continue. "Tout comme lui, elle est entre la vie et la mort. Entre l'existence et l'absence. Dissonante dans notre réalité."

La réponse da Zacara va me faire frémir. Si effectivement la vie d’Ibn Al Sabbar est entre la vie et la mort, alors nous devons agir au plus vite. Je me tourne vers mes camarades pour expliquer l’idée que j’ai en tête, en commençant par l’explication de la magie de Zacara.

"Zacara est en mesure de le soigner. Cependant, sa magie le relie à la Lande Noire et elle à lui, formant entre eux un équilibre, une harmonie. A chaque utilisation de ses pouvoirs, cet équilibre penche et naturellement, le lien qui l’uni à la Lande cherche à retrouver cette harmonie, en lui affligeant un contrecoup physique et psychique."

Puis je me tourne vers le sorcier de la Lande Noire pour lui expliquer comment nous pourrions tout de même agir.

"Le problème n’est pas si vous pouvez ou non soigner, il réside dans ce contrecoup, bien trop lourd à supporter. Vous-même l’admettez. Ce que je propose n’est pas non plus de rompre cette harmonie, mais de faire pencher la balance avec quelqu’un d’autre, en utilisant la magie d’Aliaénon qui nous anime. J’ai ouvert un portail, j’ai fait naître une vision du passé, j’ai échangé mon esprit avec celui d’un dragon, je ne doute pas que cela puisse être possible !"

Je m’arrête un instant avant de reprendre.

"Sauf qu’en plus de craindre une perte de contrôle de la magie, alors que des survivants déjà affligés par la destruction de leur cité sont présents, je n'ai pas utilisé cette magie depuis mon retour et mon état…divisé. J’ai d’ailleurs entendu quelque chose qui m’a particulièrement dérangé en arrivant à Methbe-El. Je suis parti à Fan-Ming et j’y ai passé la nuit, ne me faisant revenir que le lendemain de mon arrivée. Pour moi, je suis partie hier. Or, il semblerait que les expéditions n’aient été réalisées que ce matin !"

Je me tourne vers Mathis et Drac pour confirmer les dires.

"Vous pouvez confirmer ce dernier point l’un comme l’autre ?"

Si mes deux camarades Yuiméniens me confirment ce point, Zacara émet des réserves concernant l'utilisation de la magie et avec raison. Cependant, l’oudio lui propose de boire la pot…le remède d’Aetheris pour essayer si cela le soigne. Je regarde le sorcier guérisseur et lui réponds.

"C'est en effet un risque, mais si comme vous le dites, il est à l'image de sa magie entre la vie et la mort, c'est un risque à prendre !"

Je m'arrête un instant avant de reprendre.

"Je ne connais pas les effets précisément que procurent Aetheris. S'il guérit tous les maux du corps ou s'il fait de même avec la force vitale. Nous l'avons évoqué, parce qu'il est le seul guérisseur que nous connaissons, mais peut être que d'autres existent à Esseroth, ou des êtres capables de vous redonner de la force à vous Zacara ! Si la potion ne fait pas l'effet désiré, autant suivre l'idée de base du bl...de Mathis et de demander l'avis à Simaya."

Moi qui pensais qu’une telle potion ne ferait que soulager les maux physiques, elle redonne une plus grande force au sorcier, suffisamment pour lui permettre de soigner son confrère du désert. Alors que Zacara affiche un sourire de satisfaction, teinté d’une douleur qu’il ne connaît que trop, il se couche face au mur, pour que nul ne le voit, alors qu’Ibn se relève s’inquiétant de notre localisation.

"Vous êtes là où résident les survivants d'Elscar'Olth. Zacara vient de vous soigner, mais il a besoin de récupérer pour l'instant. Venez avec nous si vous avez d'autres questions."

Je les invite tous à sortir de la tente de Zacara, pour le laisser se reposer et laisser Zacara loin des regards indésirables, préférant dans ces moments-là, la solitude. Dracaena va malheureusement aller à l’encontre du désir du sorcier de la Lande en lui demandant comment il se porte, après avoir expliqué brièvement la situation à d’Ibn Al Sabbar. Mathis, lui, est ravi de retrouver le sorcier du désert et lui propose de retrouver les autres yuiméniens lorsqu’il se sentira assez bien. Connaissant l’efficacité du traitement de Zacara, cela ne saurait tarder. Je me prépare donc à partir avec eux dans l’instant, m’assurant que personne ne viendra déranger le sorcier de la Lande dans son sommeil bien mérité.

Tandis qu'Ibn remercie le sorcier et que celui-ci répond avec peine qu'il va aller mieux, je m'assure que tout le monde parte pour le laisser tranquille, mais un perturbateur vient s'en mêler. Nous regardant moi et l'oudio, il nous propose d'offrir une nouvelle dose du remède d'Aetheris. Si efectivement cela lui permettrait d'aller mieux, Zacara connaî les effets de sa magie, ce n'est pas la première fois qu'il le ressent et il en a fait sa compagne après ses nombreux traitement. Même si je possède de quoi soulager sa peine, cela m'enlèverai la possibilité plus tard de soigner quelqu'un aux portes de la mort, comme je l'ai fait avec Teruki. Voulant mettre fin aux agissement autour de Zacara qui ne demande que la solitude en guise de compensation pour ses services, je me rapproche de Mathis, le regardant dans les yeux avant de répondre d'un ton qui se veut impérieux, sans aucune réponse en retour.

"Zacara a surtout besoin de tranquillité. Alors du balais le blondinet ! Ca vaut pour tout le monde ici présent ! Notre présence ne fera que le gêner, vous comme moi !"

Faisant rempart de mon corps, je me place entre eux et Zacara, m'assurant que tous quittent les lieux pour le laisser tranquille. Puis je pars à mon tour pour retrouver les autres.

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » sam. 25 mars 2023 00:30

Sitôt la grotte atteinte, Ibn fut amené vers un soigneur et chacun alla c’occuper de ses petites affaires. Moi y compris. Je sortis de la grotte et, profitant d’avoir encore mes ailes, décollai pour aller m’installer un peu en hauteur, mon regard balayant le paysage dévasté, la cité en ruine et l’immense cadavre de Titan. J’inspirai lentement, me craquant la nuque avant de fermer les yeux, laissant la tension lentement couler hors de moi.

Tout ça m’emmerdait prodigieusement.

(Tu n’as guère été conciliante.)

(Je l’aurai été s’ils y mettaient du leur. Xël n’a eu qu’une envie, c’est faire ce qu’il voulait dans son coin.)

(Il voulait sauver des gens, Yliria.)

(Comme nous tous ! Mais il a pas réfléchi une seule seconde ! il aurait tué quatre ou cinq personnes et peut-être libéré la ville, merveilleux. Les types seraient revenus, auraient vu ce qu’il s’est passé et aurait sans doute été se venger sur la population, tuant plus de monde et torturant d’autres pour savoir qui avait fait ça. Mais non, le grand Xël, héros d’Aliaénon, pense qu’il peut régler tous les problèmes en jouant aux chevaliers solitaires. Quelle grosse blague.)

Ça me mettait en rogne, son comportement. Il croyait quoi ? Qu’on était heureux de voir la situation actuelle ? Que l’âme du Sans-Visage l’influence était une chose, qu’il ne prenne même pas une minute pour réfléchir aux conséquences que ses actions peuvent avoir en est une autre. Et je restai persuadée qu’il avait été prêt à utiliser sa magie contre nous et ça…

(Mais il ne l’a pas fait.)

(Une chance pour lui, je ne lui aurais pas fait de cadeau, quitte à le trainer inconscient jusqu’ici.)

Plus les heures passaient et moins j’avais envie de rester sur ce foutu monde. J’avais techniquement rempli ma mission : trouver l’origine de l’explosion qui avait rasé la milice d’Oranan. Le Dragon Noir. Rien que je puisse faire contre ce squamate des enfers, et aux vues de l’anarchie qui régnait dans le groupe… Silmeria était cinglée, Xël avait son complexe du héros mal placé, Jorus était mal en point, Akihito n’ouvrait plus la bouche, Mathis disait oui à tout et changeait d’avis sans cesse et Dracaena était carrément mis de côté, involontairement certes, et semblait plus intéressé par découvrir de la magie que régler les problèmes. Et moi… Je soupirai, consciente que j’avais passé mes nerfs sur l’entièreté du groupe, n’arrangeant absolument pas la situation.

(C’est déjà bien que tu t’en rendes compte par toi-même.)

(Ils sont tous tellement… énervants ! De toute façon, parler ne sert à rien, ils n’écoutent pas, peu importe ce qu’il se dit. Qu’ils aillent se faire foutre, je vais les regarder se disperser et en profiter pour me tirer d’ici. Quitte à perdre mon temps, autant l’utiliser pour rentrer sur Yuimen.)

(Tu les laisserais se débrouiller ?)

(Quand je vois Xël et Silmeria plus intéressés pour tuer quelques personnes pour un effet limité au lieu de faire ce qu’ils peuvent pour sauver l’entièreté du monde, franchement j’ai pas envie de continuer à travailler avec eux.)

(Et Akihito ?)

Si je pouvais la fusiller du regard, je l’aurais fait. C’était bas, comme coup, et elle le savait très bien. Je me contentai de soupirer, incertaine. La situation le concernant me pesait et je ne savais absolument pas comment arranger les choses. J’avais bien compris que ce que je ressentais à son sujet n’était pas réciproque, mais m’éloigner de lui n’avait rien fait pour calmer les choses. A la place, poser mes yeux sur lui me serrai la poitrine.

(Va lui parler, mettez les choses au clair ?)

(Tu as raison…)

Je me levai. Quitte à foutre tout en l’air, autant y aller en mettant les deux pieds dans le plat.

(Oh, wah… je m’attendais pas à ce que tu m’écoutes. Ça change.)

Je levai les yeux au ciel avant de décoller pour paner tranquillement jusqu’à l’entrée de la grotte. Je repérai la silhouette de Xël, visiblement occupé à se reposer, mais l’ignorai. Si j’allais le voir, ça ne risquait pas d’arranger les choses. Je passai mon chemin, atterrissant souplement devant la grotte avant d’y entrer, commençant à chercher Akihito du regard, sans succès. La grotte n’était pourtant pas très grande. Peut-être était-il allé chercher de l’eau … Je me dirigeai vers la rivière souterraine sans penser une seule seconde qu’il pouvait aussi y être pour une raison bien différente.

(Oh par Meno…)

Au détour d’un mur de roche, je trouvai Akihito… en train de prendre un bain. Je détournai aussitôt le regard, tombant au pire moment. Et avec lui se trouvait Silmeria ? C’était quoi ce bordel ? J’avais cru apercevoir une lame… Partagée entre l’envie de ne pas le laisser seule avec elle et celui de ne pas approcher plus, je me retrouvai à me cacher stupidement derrière un morceau de paroi, me demandant comment j’en étais arrivée là. Et aussi pourquoi il fallait toujours que ce soit les pires moments qui se produisent.

(Oh non, ça aurait pu être pire.)

(En quoi ?)

(TU aurais pu être nue dans la rivière.)

Vu comme ça… Par chance, je n’eus pas besoin d’attendre longtemps à me demander quoi faire, Silmeria quittant la rivière peu après, laissans Akihito seul… Et visiblement suicidaire, merde. Le voir plonger sous l’eau et ne pas remonter me fit un instant me demander ce que Silmeria avait pu lui dire ou faire. Je sortis de ma cachette et me rapprochai pour me retrouver bêtement à fixer son dos lorsqu’il émergea à nouveau… Je me sentais stupide.

(Ah et puis tant pis, au point où j’en suis !)

Je me raclai la gorge, le faisant réagir et se retourner. Je fixai en toute hâte un point loin sur la gauche, pas vraiment prête à lui parler alors qu’il ne portait rien. Tout en me demandant sans cesse comment j’en étais arrivée là et pourquoi, par tous les dieux du panthéon, je n’avais pas juste attendu qu’il sorte de là une fois habillé, j’essayai de savoir si tout allait bien. Prendre un bain avec Silmeria, quelle idée..

- Je voulais te parler mais j'ai vu... enfin.. tu vas bien ?

(Discussion avec akihito)

(Se rend à l’endroit de la réunion et attend que les autres arrivent.)

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Dracaena Paletuv
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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 25 mars 2023 03:27

"Livraison spéciale... Un Vieux Valétudinaire à Vision, où est l'infirmerie...la...plus...proche?"

Haaaa, Elscar'Olth! Ses cailloux. Ses ruines. Ses grottes planquant des survivants. Son putain de cadavre de titan flottant à l'horizon. Ca m'avait manqué tout ça...

Et ouais, j'avais traversé le portail plein de pensée guères joyeuses, j'avais essayé de mettre un peu d'humour dans mon message de r'tour (okay, d'accord, ptet pas avec mon ton dynamique habituel, plus avec un coté pince sans rire), mais sérieux, le PREMIER truc que je voyais en arrivant, c'était le cadavre du titan ailé.

Le titan ailé qui avait clamsé pendant que j'étais pas la.

L'évènement d'une vie que j'avais raté. Tout ça pour rendre service (et satisfaire des désirs personnels qui n'ont finalement pas été satisfait.). Rendre service à des gens, qui au final s'en foutait pas mal de ma personne.

Ma voix ralentissait au fur et à mesure que je prenais conscience de tout ce que ce macchabé monstrueux représentait... Et finalement, elle laissa place à des grommèlements. Des marmonnements. Des râles. Pensées compressées qui s'échappaient bien malgré moi de ma bouche ,sans réussir à former un véritable sens.
Frustrant, si frustrant...
Et histoire d'en rajouter une couche, j'entendais le sorcier aux flammes sexy, monsieur braise bleue, rallant sur Maïssa qu'elle était un potentiel danger pour sa bande de planqué ou je sais pas quoi. Pauv' Maïssa qui avait abandonné sa ville et son père pour venir nous aider... Merci beaucoup, allumeur ingrat, ça veut avoir de l'aide pour régler ses problème mais ça se plaint quand on lui en ramène... J'vous jure... J'espérais presque que l'archère craque et ouvre sa bouche pour l'envoyer bouler, le transformant au passage en une carpette suppliant la p'tite dame de s'essuyer les pieds sur sa tronche...

Mais qu'elle était cette autre voix qui retentissait? Oh, mais oui, c'était celle d'Akihito, Diplomate, héros et problème d'égo, qui visiblement participait aussi à cette discussion. Super, une raison de plus de ne pas m'y intéresser... Manque de pot, mon nom finit par être prononcé, me forçant à rediriger l'attention que je portais au colossal cadavre vers les p'tits gens à prise de tête. Et c'était le bon moment pour visiblement, vu que monsieur flammes bleues se tourna vers moi pour me sortir un:


"Zacara est à l'intérieur de la grotte. Voyez avec lui s'il peut vous aider."


Zacoqui? Zacoquoi? C'était qui ça? M'aider? Comment ça? Il pourrait me libérer de cette horrible frustration qui me dévorait?

...

Ah....Oui, bien sur... Ibn. Il pourrait aider à soigner m'sieur Ibn. La personne dont ce groupe avait REELLEMENT quelque chose à faire...
Je sentais le poids du vieil homme sur mon épaule, mais aucune pensée négative ou mauvaise à son égard ne remontait en moi. Il s'était montré sympathique avec moi. Il avait sincèrement essayé de m'aider, même dans sa situation plus tragique. Il était prêt à rester derrière pour me permettre de m'évader. Hé, il a carrément utilisé sa technique secrète qui met dans l'coma pour moi. Alors, oui, c'est sur, on pourrait penser qu'il avait fait ça pour lui avant tout, car si les secours débarquaient ils pourraient l'aider aussi, mais non, il savait que son action allait lui couter cher. Il nous avait bien dit à Maïssa et moi de le laisser derrière!

Non, vraiment, j'n'avais pas d'raison de lui en vouloir à lui. Au contraire, j'lui étais reconnaissant. Et si j'devais ravaler ma fierté et mes mauvaises pensées pour l'aider à aller mieux, j'le f'rais. J'étais égoïste, pas ingrat! Pis, je f'sais aussi un peu ça pour Maïssa, envers qui j'étais aussi reconnaissant, même si c'était un peu différent. Et justement, en parlant d'la dame au faucon, je vis que l'autre malpoli mais sexy c'était éloigné, me permettant ainsi de la rejoindre.


"Il est comme ça avec tout le monde, fait pas attention. Heureusement qu'il a ses flammes bleues pour lui cet allumer de mes krmgmgmgmm".

...J'sais qu'tu t'inquiète pour m'sieur Sabbar, tu veux m'accompagner jusqu'à ce Zacatruc?"


De toute les personnes présente c'était visiblement celle qui connaissait le plus personnellement m'sieur Sabbar, c'était plus que normal de lui proposer d'rester à son chevet. Et puis bon, sa compagnie silencieuse me semblait sur le coup plus agréable qu'une discussion avec l'un des faux-cul du coin.

Elle me fit un oui de la tête, et commença à me suivre alors que je m'engageais dans la grotte. Mais la, quelqu'un m'interpela. Jorus, l'autre type envoyé à des kilomètres via portail par le groupe, mais qui avait visiblement été considéré comme suffisamment important pour qu'on vienne le chercher sans appel à l'aide via vision du désespoir...

"Les pouvoirs de Zacara requièrent un contre-coup. J'ai déjà eu recours aux services de Zacara et il avait l'air particulièrement épuisé. Je vais venir avec vous et m'assurer qu'il n'en fasse pas trop. De plus, il y a un point qui m'interpelle depuis mon arrivée à Methbe-El."

Hmph. Alors comme ça le type sensé soigner le vieux comateux sur mon épaule était un vieux au bord du coma. Sérieux, la gratitude des gens du coin... En tout cas le Jorus semblait savoir où le trouver, et s'inquiéter pour le bonhomme. En tout cas pour s'qui était de rester tranquille avec la fausse muette, c'était raté. Et histoire d'en rajouter une couche, à peine eu-je le temps de commencer à répondre, qu'une autre voix nous interpela. C'était l'beau blond, qui visiblement voulait discuter d'un truc avec... Maïssa.

"Maïssa, j'aimerais vous parler une petite minute avant que vous suiviez Dracaena, si vous le voulez bien."

Mais sérieux c'était quoi leur problème à tous? Laissez la pauv' fille tranquille bon sang. Je regardais le blondinet de haut en bas, me demandant s'il allait mettre les pieds dans le plat ou pas? J'avais pas passé beaucoup de temps avec l'archère, mais j'avais ironiquement bien plus interagit avec qu'elle avec le Mathis ici présent. Et une chose que j'avais compris avec l'archère vénère, c'est qu'elle était pas patiente, et que l'agacer au point de la faire parler allait faire chier à tout le monde, elle incluse.

Mathis, lui, j'en savais pas grand chose au final, à part qu'il était impressionnant, flamboyant, et qu'il m'semblait un peu trop rentre-dedans... Je voyais déjà le drame venir...


"...J't'attends ici, Maïssa... Et vous, m'sieur beau blond, préconisez les questions qui s'répondent par oui ou non."

Il me regarda avec un air presque... vexé. Qu'il le prenne mal s'il le voulait, mais ce conseil était autant pour lui que pour elle: reste simple dans tes questions et la saoule pas. Maïssa, elle, accepta de suivre le beau blond, et je restai à les regarder, me tenant prêt à réagir au moindre truc bizarre qui se passerait. Sans les quitter du regard, je répondis à Jorus.


"...M'sieur... Jorus. Si vous vous inquiétez aussi et qu'vous avez des trucs à vérifiez, vous pouvez v'nir. Enfin, attendre avec moi, pour l'moment."


Il ne fallut pas longtemps pour voir une Maïssa plutôt courroucer revenir dans notre direction. Erk...Y pouvait pas dire que j'l'avais pas prévenu...


"Ha ! L’échange avec le beau blond ne s’est pas très bien passé. Ta copine me plaît déjà !"

Te plaire? Oh, mon gars, si tu savais...

En tout cas, une fois l'humaine du désert revenue auprès de nous, nous nous mîmes en route vers le fameux Zacara. Au début, nous marchions juste dans le silence, me laissant m'enfoncer dans mes pensées, positives ou pas trop, repensant à tout ce qui c'était passé, au fait de n'avoir finalement rien vu des sorciers de feu, au cas de Bassem, s'il avait réussit à s'en sortir ou pas, au titan, à ce satané dragon noir... Une fois de plus, inconsciemment, des mots mâchés et incompréhensible s'échappèrent de ma bouche, devenant une sorte de marmonnement constant rythmant mes pas.

Et j'aurais pu continuer à tranquillement marmonner si Jojo Jorus n'eut pas décidé de faire la causette.


"Tu devais revenir avec un moyen de communication, mais tu es revenu avec deux personnes. Sur ce coup, on a obtenu le même résultat toi et moi !"

Le même résultat? Il essayait de me provoquer la? Il était aller voir des dragons avec un sifflet fait pour, et avait pu être rentrer tranquillement au bercail, tandis que moi on m'avait lâché sans rien dans une ville sous occupation de fanatiques, et j'avais du faire des pieds et des mains pour pas me faire exécuter. Il avait surement ramené deux dragons et moi j'avais ramené un vieux dans les vapes et une introvertie dangereuse pour la santé. Et avec tout ça, j'avais complètement raté mon objectif principal, qui était de recharger ces fichues pierres de vision, qu'on ne m'avait pas confié de toute façon!

Tout ça ne fit que changer mes marmonnements en grommellements.

Mais bon, j'imaginais qu'il fallait au moins maintenir un semblant de façade avec cette troupe d'énergumènes, alors autant discuter avec lui. D'une part, il valait mieux que je me renseigne sur ce qui c'était passé durant mon absence, et de l'autre, fallait avouer qu'j'étais curieux d'en savoir plus sur les dragons qu'il avait rencontré.


"Kré? Hein?.... OH! Oui, les portails, les dragons, j'oubliais... S'cuzez, j'suis ailleurs... Donc, z'avez ram'né du monde? ...En fait ça c'est passé comment pour vous? Z'avez vu les dragons?

...Z'étiez déjà rev'nu donc j'imagine qu'ça c'est mieux déroulé que d'mon coté..."



-Les dragons ? Non on peut faire une croix dessus. D’ailleurs, s’ils viennent c’est que celui à qui j’ai parlé a pas trop aimé que je possède son corps ! Mais je doute qu’ils osent venir là où pourrait se trouver le Dragon Noir. Néanmoins, je comprends le point de vue qu’on m’a…comment dire…expliqué de force !" Fais-je d’un sourire crispé.


...Il... Il venait de dire quoi la?


-Vous................avez...................fait QUOI avec le corps d'un dragon?!"


"Oui, non…non…non…c’est pas ce que tu crois, y’a rien de perv….


Bon déjà il faut savoir que Fan-Ming est détruite. Le Dragon Noir y est passé et a tué tout le monde, enfin sauf deux rescapés. Du coup pour rechercher des indices j’ai escaladé les lieux. Je veux dire littéralement, la cité est…était, bâtie sur une falaise. J’ai fini par trouver deux rescapés qui se trouvent actuellement non loin de là où nous nous dirigeons. Comme prévu, j’ai utilisé l’appeau à dragon. Comme prévu, un dragon est venu à notre rencontre. Il m’a agrippé dans ses serres et m’a sauvagement balancé dans un escalier, et ça…c’était pas vraiment prévu. J’ai tenté d’expliquer notre situation, demandant leur aide contre le Titan. C’est là que j’ai appris que ce n’étais pas un Titan mais un dragon qui avait ravagé Fan-Ming et qu’en aucune manière les dragons ne nous soutiendraient. Apparemment, à chaque fois qu’ils ont œuvré avec les hommes, ils ont perdu les leurs. Du coup, ils s’enferment dans leur territoire et ne compte pas en sortir.

Les dragons sont comme nous, chacun à ses propres opinions. J’ai déjà eu l’occasion d’en rencontrer deux et j’ai participé à la mort de l’un d’eux. Ha ! C’est justement ce que m’a reproché celui que j’ai vu. D’après lui je sens le dragon mort et ça ne lui a pas vraiment plus. Pour finir, j’ai eu droit à une grosse papatte dragonique sur moi et je m’en suis sorti grâce à la magie d’Aliaénon, en inversant les âmes de nos corps. Chose qui, aussi folle que cela puisse paraître, a marché. J’étais dans son corps et lui dans le mien !


Malheureusement les choses ont mal tourné. Il a utilisé le même pouvoir que nous, celui qui nous permet tout et n’importe quoi, pour m’empêcher de parler. Comme il avait juré de s’en prendre aux deux survivants que j’avais retrouvé, il m’a fallu l’éloigner d’eux pour les protéger avant qu’il ne se rende compte des pouvoirs qu’il possédait, le temps de retrouver ma voix. Tout comme notre perte de magie durant notre présence dans la Lande Noire, j’ai donc patienté en dormant, pensant que le sommeil m’aiderait à me tirer de ce mauvais pas. Sauf que je me suis retrouvé dans mon propre corps, très loin du dragon qui avait retrouvé le sien et des survivants. Heureusement, je les ai retrouvés vivants le lendemain matin et j’ai de nouveau utilisé la magie pour créer un portail similaire à Xël pour revenir, apprenant que mon voyage n’avait servi à rien, si ce n’est d’avoir sauvé deux vies !"



Plus il parlait, et plus je sentais un tumulte d'émotion remonter en moi. De la surprise, de la curiosité, une pointe d'admiration, et une cascade d'intérêt. Son histoire était tout simplement invraisemblable, et chaque fois que je me disais que ça ne pouvait pas être plus farfelu, la phrase d'après me prouvait le contraire. Me dérouillant au fur et à mesure, je me senti le besoin de regarder plus d'une fois en direction de Maïssa, cherchant dans son regard la confirmation que oui, le type qui marchait avec nous la disait bien s'qu'il était en train de dire.

Oui, j'étais frustré. Oui, j'étais blasé. Oui, j'étais méfiant. Mais par les fesses de Fearadhach c'était pas tous les jours que j'entendais l'épopée d'un mec piquant son corps à un dragon et brisant les règles de la magie et de l'espace temps par sa détermination. Moi qui était un bourgeon bougon depuis mon retour, je me retrouvais finalement complètement emballé par la situation.


"...Okay, donc deux choses:

Premièrement: Je sais pas s'que vous avez imaginez m'sieur Jorus, mais NON mais réaction par défaut n'est pas de penser à des pratiques intimes bizarres dont seul les êtres de chair ont le secret.


Nan parce que sérieux, ils avaient un problème à ne penser qu'à ça à chaque fois...


Secondement: ...Charbon chaud et brindilles brisées, cette histoire, mazette, CETTE HISTOIRE! Vous étiez devenu le Dragon?! ...C'était comment? ça a été compliqué à faire? ça f'sait quoi d'être dans le corps d'une bestiole comme ça? Genre, s't'un pouvoir que vous aviez de base et qu'à été amplifié, ou détourné?

Ou alors la magie de ce monde éclate vraiment toutes les limites...


Tant de question! Tant de détail! Tant de possibilité que je n'avais même pas effleuré d'envisager!

Mais...à bien y réfléchir, s'il avait réussit à faire ça, est ce que ça voulais dire que...

...Par les fesses de Fearadhach, j'réalise... J'aurais... J'aurais pu créer un portail depuis le début si j'avais essayé?"

J'aurais... J'aurais potentiellement pu me sortir du désert de moi même? Sans avoir à marchander et faire le diplomate? Peut être même... payer ma dette et rester aider les gens de la bas contre les sans-manières?
...Je m'étais pour l'instant raté avec mes sorts, qui n'avaient toujours pas eu le moindre effet, mais est ce que le problème, c'était que j'avais été... trop sobre? J'avais manqué d'imagination, j'avais montré trop de retenue?

...

Une fois de plus, l'ironie de la situation ne m'échappait pas...



-Etre un dragon ? C’est…un sentiment de puissance sans pareil ! Au début je me sentais pataud, mais j’ai pris le temps de m’habituer à ce corps. A mesure que je volais, je me sentais plus à l’aise, débordant d’une force et d’une énergie que j’ignorais jusqu’alors. Je te parles pas du souffle de dragon. Il m’a fallu un moment pour comprendre comment l’utiliser, mais dès que j’ai compris le truc ça sortait tout seul, même si j’avais toujours du mal à doser la puissance.

En revanche, ce n’est pas une chose que je referais, ni recommanderais. D’une part pour des raisons personnelles, mais surtout, le dragon avait le contrôle de mon corps tout comme il avait accès à la magie qui m’a permis cet échange. Imagine un être possédant à la fois une telle puissance et la détermination de l’utiliser pour nuire tout son entourage ! De plus, il y avait un lien particulier entre nous. D’instinct, je savais que je ne pouvais prendre le risque de le tuer sans me tuer également !


"Je pense que la seule limite que nous ayons avec cette magie est notre simple imagination. Je sais maintenant que chaque sort que nous utilisons n’est ni inaltérable, ni éternel. Alors oui, tu aurais pu utiliser cette magie pour t’échapper, mais sans avoir la certitude du résultat. J’ai ouvert un portail menant à la Lande Noire, alors que je voulais aller me rendre à Essertoh. De plus, moi comme les deux survivants, avons subi un contrecoup singulier. Zacara est parvenu à me guérir en grande majorité, mais je me sens toujours comme…divisé, comme si tout mon être n’était pas totalement ici. Sauf que celui que nous allons voir ne se porte pas très bien, je doute qu’il puisse guérir Ibn dans l’immédiat. Que lui est-il arrivé au juste ?"



"J'ai...TELLEMENT de question en plus à poser, mais..."

Je jetai un coup d'oeil rapide à Maïssa, histoire de jauger son niveau d'agacement.
...Mouais, difficile à dire, mais j'pense qu'il valait mieux s'assurer que ma curiosité ne me desserve pas auprès d'elle une fois de plus...

"ça attendra. En tout cas, bravo pour l'idée, essayer de faire l'impossible c'est le genre de chose qui m'plait!

Et j'étais sincère. C'était toujours un plaisir de voir un gars aller jusqu'à déchirer son âme en deux pour atteindre ses objectifs. Détermination, imagination, et rejet de la nature et d'sa cohésion. Tout ce que j'pouvais aimer chez quelqu'un.

Quand à ce pauvre m'sieur Sabbar... Il a utilisé un truc...un technique secrète ou je sais pas quoi, pour puiser dans ses forces et vous envoyer une vision d'appel à l'aide. Il s'est évanoui juste après.
....Ah, oui, j'précise que j'l'avais déjà soigné un peu avant, avec la....potion miracle d'Aetheris. Vous savez, quand j'disais qu'les sans manières l'avaient tabassé. Ouais, bah il était vraiment dans un piteux état. Mais une fiole de s'truc et woooooup! Il était de nouveau sur pied.
...Enfin, non, il était toujours enchainé au fond d'une cellule incapable de s'mettre debout, mais niveau santé ça allait mieux quoi.

J'devais lui donner une deuxième dose de potion miracle pour l'aider à se remettre de sa technique secrète, mais Maïssa m'a fait comprendre qu'apparemment, les êtres de chair peuvent vraiment pas boire quand ils sont dans les vapes. Genre, même pas un tout ptit peu. J'ai toujours cru l'contraire pourtant... Quand j'y pense s'pas pratique, vous pouvez pas vous nourrir en dormant et tout... En parlant d'ça moi j'dirais pas non à un peu d'eau. La terre de la bas était sèche, pas terrible en minéraux...


C'est vrai qu'ça f'sait un certain temps que j'm'étais pas vraiment restauré moi. Trois jours sans boire, j'avais fait pire, mais après la chaleur du désert, j'me sentais tout d'même déshydraté.

Bref! Dans tous les cas on sait pas si c'est juste un gros dodo qu'il nous fait la ou si c'est plutôt un coma, alors autant aller voir un pro du soin pour l'ausculter. "

-De ce que j'en déduis pour l'instant, ça m'a l'air d'être une trop forte utilisation de ses pouvoirs. Un peu comme pour Simaya lorsqu'elle a utilisé sa magie lors de notre venue en ce monde il y a quelques jours. Il lui a fallu du repos pour s'en remettre. Utiliser la...potion...d'Aerheris ne nous sera d'aucune utilité. Zacara devrait être en mesure de confirmer mes soupçons, mais si tel est le cas, il serait préférable de ne pas trop en demander au sorcier. Le traitement que j'ai reçu l'a très éprouvé ! On en profitera pour trouvez de quoi étancher votre...soif... après cela."

-Me semblait que cette...potion marchait aussi pour s'qui était d'la régénération d'énergie. Mais bon, ça sert à rien de spéculer dans l'vide, plus on verra ce m'sieur Zacara, plus vite on s'ra fixé. S't'encore loin d'ailleurs? "
Jorus Kayne/Ehök — 21/03/2023 12:57

-Non nous devrions rapidement le trouver."

Et effectivement, quelques instants après, nous nous retrouvâmes face à une tente, avec à l'intérieur le fameux Zacara, qui ne semblait pas dans le meilleur des états. Par contre, le tas de mousse sur lequel il était allongé ressemblait à ceux sur lesquels j'avais l'habitude de dormir avant. Très confortable, me faudrait essayer la mousse du coin.

Jorus commença à faire les présentation, et expliqua pourquoi on était la. Voyant clairement la fatigue du pauvre soigneur en face de nous, je me dis que l'allais un peu lui macher le travail. Il ne m'avait rien fait de mal (pour le moment) ce pauvre gars, alors autant se montrer sympa. Je me mis à le saluer de la main avant de compléter les propos de Jorus:


" D'solé d'vous déranger, m'sieur Jorus m'a expliqué qu'vous avez déjà beaucoup donné d'vot personne.
Si vous avez l'énergie pour ça, et qu'ça peut aider, j'vous fait un résumé rapide: m'sieur Sabbar s'est fait passé à tabac, j'l'ai soigné avec un super remède revigorant, et pas longtemps après il a utilisé un gros morceau de ses pouvoirs et d'son énergie, avant d's'évanouir. Si vous voulez plus de détail, d'mandez."



"Posez-le ici, près de moi. Je dois pouvoir l'examiner.

Je m'exécutai, ressentant un certain soulagement à ne plus avoir le poids du vieil homme sur mon épaule (pour un truc majoritairement fait de peau et d'os, il était pas si léger qu'ça...).

...Il subit un épuisement total, mais ce n'est pas tout : la magie en lui semble... instable. Curieusement instable. Je... je crois que je peux l'aider, même si..."


Si mes connaissance sur les humains et les êtres de chair étaient parfois incomplètes, je savais que pour un oudio, je les connaissait plutôt bien. Surtout quand il s'agissait de comprendre leurs expressions faciales.
Mais une grimace comme ça, c'était la première fois que j'en voyais. Ce type avait peut être plus besoin d'un médecin qu'Ibn en fait...

Jorus semblait plutôt d'accord, demandant à Zacara de ne pas se forcer à utiliser ses pouvoirs pour soigner le Cadi Yangin. Mais si le cas de ce dernier était plus grave que prévu, il nous fallait bien trouver une solution...
Et à défaut de solution, un potentiel avis supplémentaire pointa le bout de son nez: Mathis, qui venait prendre des nouvelles du sorcier de feu. Erk, pas la personne la plus adapté sur le moment, mais ça aurait put être pire: ça aurait put être Akihito.

Voyant le visage de Maïssa se raidir à son approche, je me plaçai entre le blond et la brune, au cas ou. On aurait du mal à soigner le vieux Sabbar si ces deux la finissait par décider de se crêper le chignon.


" Bonjour, je venais voir l'état de Ibn..."

-Pas de changement, m'sieur Zacara ici présent dit qu'sa magie semble instable."

Et en parlant de ça, mon attention se redirigea vers Zacara.

"Même question que m'sieur Jorus: c'est grave et urgent son cas ou pas?... Et le votre de cas? Z'allez vraiment pas l'air bien..."

Nan, vraiment, il faisait peine à voir la...

"Vous semblez avoir besoin de lui urgemment. Et j'ignore si son état s'améliorera vite, si je n'interviens pas. Il a l'air dans une sorte de... coma."


"Non Zacara ! Si cela doit mettre votre propre vie en jeu cela ne vaut pas le coup !"

Écoutez, ce n'est pas que je refuse de le soigner, mais vous n'êtes actuellement pas en état. Nous vous l'avons apporté parce que nous avons craint pour sa santé. Moi je suis venu parce que je craignais pour la vôtre. Si l'état est préoccupant, j'utiliserai la magie qui coule en moi pour équilibrer la balance que vous seul supportez. Mais cette magie est instable. Je préfère me référez aux autres avant de l'utiliser. Ils auront peut-être une approche différente et plus efficace que la mienne. Donnez-moi le temps d'en discuter avec eux et promettez-moi que vous ne ferez rien tant que JE ne serais pas revenu !"


"Je partage l'avis de Jorus. J'ai discuté avec Simaya et il y a à Esseroth un sorcier qui pourrait guérir Ibn sans s'affaiblir... Il s'agit d'Aetheris ... On pourrait l'apporter à Esseroth.. et je pense même que certains d'entre nous ont conservé de sa salive dans une fiole... si il y en a, ça pourrait le stabiliser. Qu'en pensez-vous ? "

"On a déjà considéré la ba...potion miracle d'Aetheris, mais tant que m'sieur Sabbar est évanoui, impossible de lui administrer...

Si au moins on arrivait juste à le réveiller...

Quand à s'que vous proposez m'sieur Jorus, si vous connaissez quelqu'un qui peut aider, et qui n'met pas sa vie en danger pour ça, allez y. J'promet de rien essayer d'insensé. On va pas s'risquer à faire de bêtises si vous avez une solution..."

La situation semblait plus compliquée que ce que j'avais imaginé. Un mal magie difficile à gérer, difficile à soigner, le seul vrai médecin au bord de l'évanouissement...

Je m'approchai du corps d'Ibn, m'accroupissant à son niveau, et posant ma main sur lui, l'air pensif.

"Quel truc farfelu z'avez bien pu faire comme ça pour nous m'aider, mon pov' gars...."

Hors de question de le laisser dans sa mouise comme ça. Il fallait déjà comprendre exactement la source de son problème pour réussir à le régler.

"M'sieur Zacara, z'entendez quoi précisément par "la magie en lui est instable"?

"Je dirais qu'elle bat comme un cœur. Une fois présente, une fois absente. Elle est duelle, un peu comme la mienne."

Il montra tour à tour les deux coté de son visage, l'un masqué l'autre non, pour illustrer son propos.

"Tout comme lui, elle est entre la vie et la mort. Entre l'existence et l'absence. Dissonante dans notre réalité."


"Il faut agir vite alors..Je me propose d' aller chercher Simaya, pour qu'elle l'apporte à Esseroth. Xël est sûrement trop épuisé pour ouvrir un portail mais Simaya pourra s'il est à ses côté... à moins que vous ayiez un meilleur plan ?

"Zacara est en mesure de le soigner. Cependant, sa magie le relie à la Lande Noire et elle à lui, formant entre eux un équilibre, une harmonie. A chaque utilisation de ses pouvoirs, cet équilibre penche et naturellement, le lien qui l’uni à la Lande cherche à retrouver cette harmonie, en lui affligeant un contrecoup physique et psychique.

Le problème n’est pas si vous pouvez ou non soigner, il réside dans ce contrecoup, bien trop lourd à supporter. Vous-même l’admettez. Je que je propose n’est pas non plus de rompre cette harmonie, mais de faire pencher la balance avec quelqu’un d’autre, en utilisant la magie d’Aliaénon qui nous anime. J’ai ouvert un portail, j’ai fait naître une vision du passé, j’ai échangé mon esprit avec celui d’un dragon, je ne doute pas que cela puisse être possible !


Sauf qu’en plus de craindre une perte de contrôle de la magie, alors que des survivants déjà affligés par la destruction de leur cité son présents, je n‘ai pas utilisé cette magie depuis mon retour et mon état…divisé. J’ai d’ailleurs entendu quelque chose qui m’a particulièrement dérangé en arrivant à Methbe-El. Je suis parti à Fan-Ming et j’y ai passé la nuit, ne me faisant revenir que le lendemain de mon arrivée. Pour moi, je suis partie hier. Or, il semblerait que les expéditions n’aient été réalisées que ce matin !

"Vous pouvez confirmer ce dernier point l’un comme l’autre ?"


"Oscille entre la vie et la mort hein... Comme si elle essayait de ne pas cesser d'exister...
M'sieur Sabbar m'avait dit que son action risquait de lui couper sa magie pour un temps, allant de quelques heures à quelques...années...."


Il savait que son pouvoir serait le principal impacté. Mais peut être que ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que son pouvoir aurait en retour un impact sur lui? Après tout, dans ce monde, la magie ne venait pas de fluide élémentaire, elle semblait faire partie à part entière d'une personne. Peut être qu'avec cette vision ultime, il avait poussé son pouvoir à bout, et épuisé son âme au passage.

Je me plongeais dans les réflexions autour des propos tenu et de la situation, jetant de temps en temps des coups d'oeil en direction de Maïssa, en espérant la voir proposer une solution, avant d'émerger pour répondre aux remarques de Mathis et Jorus.

"Ptet qu'on peut s'amuser à ouvrir des portails, j'me demande...
Quand à ce que vous m'demandiez m'sieur Jorus, j'suis parti une bonne journée la bas au moins, mais j'ai pas passé de nuit la bas. Après, j'ai passé un certains temps en cellule, et après avoir raté un sort, ptet que le temps est passé plus vite que s'que j'pensais..."


Visiblement le Jorus avait voyagé dans le temps. Ca ne me semblait pas plus farfelus que d'aller dans un autre monde ou voler le corps d'un autre être vivant, alors à ce prix la...
Peut être que si on pouvait voyager dans le temps, on pourrait revenir en arrière, à un moment où Ibn serait en état d'nous expliquer comment marche exactement son pouvoir, ou alors revenir à un moment ou Zacara serait encore en état de le soigner, et pas complètement vidé de son énergie et...


..................

Une petite minute....

On a pas arrêter de penser à faire prendre la bave magique du faux vieux à m'sieur Sabbar...

Ne me dite pas que.... personne n'a pensé à s'en servir... autrement...Pas vrai?


"J'y pense...M'sieur Zacara... Vous l'avez essayez, vous, la "potion miracle"? "

(nan c'correct niveau tempo, jorus est bien fucké de fou 😄 )

Il ne sembla pas avoir compris la question. Ni lui, ni les deux autres gus. Je sortis l'une de mes deux fioles restante et je la tendis à Zacara, me demandant sérieusement si la solution était aussi simple.

"Non. Je proposais d'essayer de vous soigner vous, la ,de suite, avec la dite potion. ça a remit un Sabbar en sang sur pied, peut être que ça vous redonnera assez d'énergie pour essayer s'que vous vouliez faire sans risquer d'y passer?"

"Je pense que vous avez une bonne idée Dracaena. La potion que vous tend Dracaena ne peut que vous aider."

...Sérieusement?

"Je ne connais pas les effets précisément que procurent Aetheris. S'il guérit tous les maux du corps ou s'il fait de même avec la force vitale. Nous l'avons évoqué, parce qu'il est le seul guérisseur que nous connaissons, mais peut être que d'autres existent à Esseroth, ou des êtres capables de vous redonner de la force à vous Zacara ! Si la potion ne fait pas l'effet désirée, autant suivre l'idée de base du bl...de Mathis et de demander l'avis à Simaya."

Sérieusement?!

ça serait aussi simple que ça?

L'homme au demi masque attrapa la fiole et l'avala d'un air un peu hésitant, mais à peine eu t'il finit de boire que son visage commença à se montrer plus...vivant.

"C'est plus... visqueux que je n'aurais cru. Oui, oui ! Ca peut marcher ! On ne le saura pas sans essayer, et maintenant le risque est moindre."


Il posa ses mains sur les corps du sorcier de feu pendant de longue seconde, avant de s'effondrer sur son matelas de mousse. Son visage affichait un sourire satisfait, mélangé à un rictus de douleur. Et, tandis qu'il se tourna pour nous donner le dos, probablement pour ne pas nous inquiéter, Ibn Al'Sabbar, lui, s'éveilla brusquement, et surtout, à première vue en pleine forme. Il balaya la salle du regard, confus au possible, avant de me fixer et de lacher:

"Cela a réussi ? Où sommes-nous bon sang ?"


Oui, c'était aussi simple que ça. Ils étaient tous tellement obsédé à l'idée de soigner m'sieur Sabbar, que personne n'avait envisagé de simplement... soigner d'abord le soigneur du coin.

De l'égoïsme, de l'oublie, du manque de jugement, ou de la bêtise pure, je ne savais pas quelle était la raison derrière cette situation ridicule, mais pour sur ça m'blasait pas mal...

Mais bon, il fallait se concentrer sur le principal: notre comateux était désormais de retour parmi nous!

"Vous êtes là où résident les survivants d'Elscar'Olth. Zacara vient de vous soigner, mais il a besoin de récupérer pour l'instant. Venez avec nous si vous avez d'autres questions."

Je plaçais ma main sur l'épaule du mage de feu, un grand sourire sur le visage (non pas que quelqu'un dans la pièce réussisse à lire ça sur mon visage):

"Kéhéhéhé, mon bon m'sieur Sabbar, j'vous avais bien dit que j'vous aiderais. Mais ouais, comme dit m'sieur Jorus, si vous voulez remercier quelqu'un, c'est ce brave m'sieur qui vous as soigné au péril de sa vie."

Je pointai Zacara du doigt, rendant l'honneur à celui qui le méritait vraiment. Et sur ce sujet la, je me dirigeai vers Maïssa, les jambes fléchies, les bras au dessus de ma tête, pointant cette dernières des doigts, dans une pose digne de moi même.

"Ah, et remerciez aussi Maïssa qui vous a fait sortir d'vot sale cellule. Et ouais, vous avez réussi vot' coup: Xël et les autres ont débarqués pas longtemps après qu'vous soyez tombé dans les vappes pour v'nir nous chercher.

Bon, comme vous la dit m'sieur Jorus, on est à Elscar'Olth. Y s'est passé pas mal de chose, va falloir qu'on vous mettes au jus. Quand vous vous sentirez bien dans vot' robe et prêt à décoller, faite signe!"


Je me tournai vers Maïssa, et plutôt que de la fatiguer avec un long discours, je me contentai de lever le pouce vers elle, en signe de victoire. Quelque part, j'me disais qu'elle préférait probablement plus ce genre de message sobre et silencieux.

Mais je ne voulais pas laisser le vrai héros du moment seul dans son coin. Je me rendit auprès de Zacara, m'accroupissant à son niveau, voulant m'assurer que même avec la super salive, il n'en avait pas trop fait.

"M'sieur Zacara, on vous dois une fière chandelle. Vous tenez l'coup?"

"Gnnh. Ca... ça ira. Hmmmf. Sans... sans cette potion je.... aahh. Je n'y serais pas parvenu."


"Vous n'auriez pas une autre dose de salive pour Zacara, je pense que ca pourrait l'aider. Pour ma part, je peux vous offrir une potion de soin ou d'énergie de Yuimen, mais je ne sais pas si ce type de potion fonctionne ici.""

Et c'était la question que je redoutais. Zacara avait l'air d'être revenu à son précédent état (le "appelez un médecin pour ce médecin), et je me sentais redevable envers ce qu'il venait de faire.

Mais...

Mais j'avais bien vu, par deux fois désormais, l'incroyable effet de cette salive. Je repensais à la tête de l'aubergiste et à son sourire narquois, et si ça m'agaçait terriblement, il fallait bien le reconnaitre: il avait eu raison. Il ne m'avait pas menti sur la marchandise: sa bave était belle et bien un remède miracle.
Je regrettais le fait de ne pas avoir pris plus de fiole quand j'en avais eu l'occasion... Erk, une fois de retour à Esseroth, je prendrais en tout cas le temps d'aller le voir pour m'excuser d'avoir douté de lui. J'savais admettre quand j'avais perdu.

Dans tous les cas, il ne me restait plus d'une fiole, et je ne savais pas si je devais l'utiliser maintenant, ou la conserver pour un problème plus grave, et qui cette fois ci, me concernerait peut être. Car pour le moment, cette potion miracle, je n'en avais pas particulièrement profité moi même... Quand à la gratitude envers m'sieur Zacara, si elle était la, ça n'était pas exactement la même chose que m'sieur Sabbar ou Maïssa qui c'étaient mis en danger pour me sauver la vie.

Conserver la potion pour moi, ou l'utiliser maintenant pour remercier Zacara... Je réfléchissais, mais je n'arrivais pas à savoir lequel était le bon choix...

Finalement, ce fut Jorus qui décida à ma place, bien qu'indirectement:


"Zacara a surtout besoin de tranquillité. Alors du balais le blondinet ! Ca vaut pour tout le monde ici présent ! Notre présence ne fera que le gêner, vous comme moi !"

En nous forçant à partir maintenant, je n'étais pas obligé de révéler que j'avais une troisième fiole. Et si le besoin (ou la culpabilité) se ferait sentir, je pourrais toujours revenir voir Zacara plus tard pour la lui donner.
De toute façon, il avait ptet vraiment besoin d'repos! Paraissait qu'les êtres de chair se remettaient de presque tout après une bonne nuit de sommeil!

Ah, et ne pas oublier d'avoir l'air surpris, surtout!


"Okay, okay, pas la peine d'être agressif. L'impatience, j'vous jure...
M'sieur Zacara, s'fut un plaisir, reposez vous bien."



Un problème à régler plus tard, et pour le moment, une bonne chose de faite! Une fois sorti de la tente, je me tournai vers les personnes présentes pour tout de suite leur proposer la suite:

"Bon, j'pense qu'on a tous besoin d'une p'tite mise à jour de la situation d'part les gens qui étaient sur place, mais est s'qu'on pourrait s'faire tout ça autour d'un point d'eau, j'dis pas non. J'pense qu'on appréciera tous de s'rafraichir un peu et pour ma part j'ai rien bu d'puis trois jours ."


Et puis bon, si on allait parler du Dragon noir... J'allais avoir besoin d'un verre...





Jeu de mot: Valétudinaire
Modifié en dernier par Dracaena Paletuv le sam. 25 mars 2023 12:47, modifié 2 fois.

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » sam. 25 mars 2023 05:20

Nous étions à peine rentrés que déjà le groupe se séparait comme si tout le monde ne parvenait plus à supporter l'animosité qui y régnait. Les aventuriers s'en allèrent simplement sans plus de convenances et vaquèrent tous à leurs occupations. J'aurai bien pu aller faire une petite sieste pour tuer le temps en attendant la prochaine lubie d'un compagnon qui nous conduirait à l'autre bout de monde - à supposer que Xël ne se soit pas tiré à Essroth pour picoler des litres de vin plongé jusqu'au cou dans un bain chaud et moussant avec deux nymphes qui lui frottent le dos en gloussant. Je le vois bien regarder par delà son balcon, alcoolisé à faire des doigts d'honneur dans le vide en songeant à la triste troupe d'aventuriers au rabais se taper des centaines de kilomètres pour rejoindre péniblement un point jusque là inconnu dessiné sur une carte en vitesse par Simaya. Il avait la une occasion de bien se marrer et je dois dire qu'à sa place, je n'aurai pas hésité une demi seconde à laisser crever tout ce petit monde pour revenir quelques semaines plus tard leur demander de ramper à mes bottes pour s'excuser de leur incroyable assurance.

Mais faute d'un tel pouvoir, je pouvais faire ce que je faisais de mieux, la filature, la traque et mon jambonneau serait ce bêta d'Akihito. Il voulait éviter de discuter de ce qui était arrivé en publique, je comprends, mais il n'avait pas non plus fait des merveilles d'imagination pour venir me parler lorsque nous étions seuls, non, vraiment, j'avais le sentiment de devoir tout faire pour simplement lui faire entendre raison et que mes réserves de patience étaient à peine plus fournies qu'un grenier de maraud en plein hiver. J'allais peut-être devoir faire abstraction de ma sympathie pour une fois et me montrer quelque peu menaçante, après tout... Il l'a dit lui même. Je suis une personne hostile qui pourrait très bien être son ennemie, je me demande ce que ferait un avant-goût de cette sensation dans sa caboche étriquée.

Il conversa brièvement avant de se mettre en quête du fameux ruisseau où j'avais discuté plus tôt avec Yliria, c'était une assez bonne chose, l'endroit était assez isolé et l'eau glacée faisait que les gens ne s'y attardaient pas particulièrement. Et si on prenait en compte l'infâme fumet disgracieux de certains aventuriers, on était pas nombreux à connaitre l'existence de la toilette sommaire ici.

Je suivais donc discrètement Akihito, il n'avait pas l'air de se rendre compte que je le filais, il faisait ses petites affaires avec une sorte d'insouciance qu'on reconnaît chez les personnes qui ignorent qu'on les observe avec attention. Je détournais le regard lorsqu'il se séparait de son armure, préférant faire de même. S'il allait s'immerger, je comptais bien lui tomber dessus à ce moment, il serait occupé à lutter contre l'eau glacée et ça ajouterait comme un petit air de torture à cette ambiance que je devinais déjà délicieuse.

Je me débarrassais de la robe noire, des bottes, de ces gardes qui lui avaient fait voir un horrible cauchemar qu'il ne puisse me le reprocher. Ne gardant que les bracelets, mon collier, la fiole de corruption ainsi que mes deux dagues. J'avais pris soin de mettre au clair la Tueuse de Mage, son éclat a quelque chose d'hypnotique, j'avais toujours un sentiment d'émerveillement lorsque mes yeux contemplaient cette lame longue et rigide sans le moindre accroc, sans la moindre rayure. Elle me rappelait les Murènes, Katalina qui me l'avait offerte avant mon départ pour les terres enneigées. Je poussais un petit soupire nostalgique et tendit la tête pour voir Akihito s'immerger complètement. C'était le moment.

J'observais le bord de la cuvette dans laquelle il se trouvait pour y apparaître assise, hors de question d'apparaître dans l'eau, s'il se trouvait sur une grosse pierre et que je finissais dans un creux de deux mètres de profondeur, mon entrée aurait été quelque peu...

" Tu ne m'avais pas dit que tu étais chatouilleux Akichou. " J'étais assise sur le bord de l'eau claire, tenant mollement la Tueuse de Mage à la main, ça n'avait rien de bien menaçant mais sa simple présence au clair aurait de quoi lui montrer que cette fois-ci, il n'aurait pas l'occasion d'éluder notre conversation.

"Bordel. Silmeria. Qu'est ce que vous foutez là." Il avait mentionné ces mots avec une certaine précaution, comme s'il s'attendait à un second clignement sur lui, il tenait son point armé d'une drôle de façon, paume tendue vers moi. S'il utilisait la foudre, ça aurait vite de drôle de conséquences, est-ce que l'ombre allait plus vite que l'éclair ? Est-ce que mon coup serait retenu avant que la foudre ne me tétanise ?

Elle mine l'air étonnée et dit d'une voix aiguë " Ooooh il parle. Ça grandit si vite à cet âge " Je chassais ces questions pour me plonger dans la moquerie caustique.

Il était manifestement en train de ce défendre, c'était amusant de voir à quel point son côté défensif et si peu sûr de lui voyait cette ouverture à la conversation comme une menace létale, mais franchement, j'ai plus de finesse qu'un Garzok. " Ça pourrait être dangereux " Disais-je en pointant du menton sa position défensive.

"Quand une assassin notoire apparaît devant vous avec deux lames en main, se sentir menacer est légitime."

" Quand on sort d'un environnement sableux, on doit polir ses lames et les entretenir. "

"Polissez les, alors."

Il détourna l'attention, préférant se frotter le cuir que de m'écouter ou simplement de dire ce qu'il avait sur le coeur. Je n'en revenais pas que ce soit à moi, la Régicide, la Plume de Xenair, d'avoir à faire dans le social pour délier les langues sans même pouvoir user de la torture. Mais tout ici m'inspirait, l'eau glacée allait probablement agresser son corps et mettre ses nerfs à vifs, un petit soupçon de poison serait le bienvenue également pour accroître son malaise.

" Tu sais, ton indifférence m'agace. "

Je laissais le Muutos envelopper mon corps dans une volute évanescente qui rendait chaque mouvement, bien que lent, plus difficiles à observer. Le petit " plop " du bouchon de liège enveloppé de cire résonna à mes oreilles comme une douce menace. La corruption présente dans la fiole était inoffensive, j'avais moi même participé à l'activation du Glyphe qui était sensé repousser toute trace de corruption, ce n'était pas ces trois goutes d'encre de chine dans le bain de pied qui allaient changer grand chose, mais ça, Akihito ne le savait pas, et s'il n'était pas tout à fait sûr, ça suffirait à le faire douter et par conséquent, me craindre.

"Si vous répondiez à ma question, ça serait plus simple de pas vous ignorer, Silmeria." Disait-il l'air vaguement tendu tout en me faisant face. Je crois que j'adorais le torturer moralement, tellement que ça me donnait envie de venir à lui faire des sévices corporels par pur caprice.

" Nous sommes sensés avoir une conversation. Tu n'avais pas l'air de vouloir t'y résoudre. "

"Une conversation à propos de quoi ? L'hallucination cauchemardesque que vous m'avez envoyé ?"

" Admettons "

Avais-je laissé échapper tout bas tout en observant la magnificence des reflets bleutés de cette corruption prisonnière de sa petite fiole en verre.

"Et ?"

" Et manifestement tu as oublié notre première conversation. "

"On a beaucoup parlé, sur Falafel."

J'avais l'impression qu'il utilisait le nom de Falafel pour m'amadouer, me rappeler au moment où j'avais moi-même baptisé ce vilain poney de ce sobriquet ridicule pour me repousser dans mes humeurs légères et vite se débarrasser de ma curiosité mesquine.

" Qu'il ne fallait pas s'opposer à mes objectifs. Tu aurais écouté ce que j'avais à dire peut-être ? Tu comptais éteindre le glyphe de quelle façon ? Et si Xël avait voulu te retenir, toi qui avait déjà commencé à hausser le ton. Tu aurais cédé à la violence ? "

"J'aurais écouté, oui. Mais vous aussi vous vous êtes opposé a mes objectifs. Vous nous avez tous mis en danger, sans nous consulter. Tout aurait pu mal se passer. Et venir pour vous avertir que vous êtes sur le point de crever a cause de vos actes, donc venir pour vous sauver, ca justifiait le Cauchemar ?"

" Crois-tu qu'on ignorait que le Titan avançait ? Je veux dire... il pèse quand même plus lourd que ton égo, c'est le genre de chose qui s'entend. Et tu m'as crié dessus. Ça justifiait complètement mon geste. Et sur le point du sauvetage, je t'ai fait passer le portail sinon c'etait dans tes tripes que tu baignerai à cette heure. "

"D'accord, vous avez votre point de vue, j'ai le mien. Je reconnais que j'ai été agressif, pas que me faire vivre l'enfer était mesuré. Mais bon. J'ai voulu vous faire confiance, et j'arrive plus à le faire maintenant. Donc je préfère limiter mes contacts avec vous."

" Te faire ce cauchemar était une excellente façon de te faire taire sans trop te brusquer. "

Je m'amusais à renvoyer le faible éclat de la lueur des torches vers ses yeux grâce à la lame. Il semblait monter légèrement son ton, il fallait lui rappeler qu'il n'était clairement pas en position de force, que j'étais là pour le dominer.

" Personne ne me crie dessus. " Avais-je murmuré. Je n'aime pas qu'on crie, je n'aime pas les gens qui le font, pour moi, ils sont attardés, bas de plafond. Il y a tellement à dire sans passer par les beuglements de putois décérébrés.

"Sans trop me brusquer ? Je suis chanceux alors."

Il ne détournais pas son regard du mien, visiblement désemparé et fatigué d'avance du peu de conversation que nous avions eu.

"Et maintenant, on fait quoi ?"

" Ce pourquoi nous sommes là. Quelle question. "

"Je me lave, et vous polissez vos lames ?"

Je poussais un profond soupire tout en lui envoyant un regard plein de mépris, c'aurait été une de mes répliques insensées pour provoquer un adversaire, mais je n'acceptais pas qu'on sous estime mon envie de régler un problème par quelques pitreries, c'était plutôt mon rôle.

"Vous pouvez commencer par ranger vos dagues ?"

" Tu penses m'avoir assez agacée pour que je puisse te tuer dans ton bain ? N'as-tu rien appris ? "

"Non, mais je préfère."

De nouveau, il plongea la tête dans l'eau, probablement pour se rafraîchir les idées ? Quoiqu'il en soit, la voix qu'il avait été vaguement plus ferme comme s'il avait trouvé dans le fond de son bassin l'inspiration pour finalement entretenir une conversation cordiale.

"Bon ! Silmeria, laissez moi d'abord vous poser une question. Pourquoi vous tenez autant à vous expliquer avec moi ? Ce que je pense de vous vous importe tant que ça ?"

" Mais... " Quelle question à la con franchement, un petit signe de la main manifestait à lui tout seul toute ma surprise ainsi que la candeur de sa question.

" Un Gragon haut comme la tour noire vagabonde en fauchant des Titans sans se fouler, et je me retrouve ici à devoir t'expliquer l'importance du travail en commun ? Comment on peut accomplir quoique ce soit si tu fais la tronche à chaque contrariété ? "

Armant un poing fermé sous mon menton, je continuais mollement, presque dans mes pensées : " À Omyre celui qui me contestait, je pouvais le tuer moi même ou le faire éplucher et épingler quelque part pour l'exemple, là je suis obligée de faire avec toi et ton égo, il serait bon que tu comprennes que toi aussi, il te faudra faire avec moi. "

"Oui, je me suis emporté et j'ai commencé à hurler. J'en suis désolé. Mais vous vous trompez sur un point : je ne fais pas "la tronche". Je suis pas aveugle et j'ai constaté que je suis pas en phase avec le reste du groupe. Mes initiatives sont marquées du sceau de la poisse et mes idées et plans n'ont que rarement votre approbation. Alors plutôt que de m'obstiner à essayer de vous convaincre, je ravale maintenant mon égo et ne fait plus que suivre le groupe parce que si c'est ce qui permet d'abattre ce dragon, c'est pas cher payé."

Il ouvrit les bras, envoyant une rafale de gouttelettes autour de lui.

"Et dans ce groupe, y a vous. Et si je dois coopérer avec vous, je le ferai. Point. Je pensais bien faire en vous tendant une main et en essayant de mieux vous connaître, pour ne pas être deux inconnus forcés de travailler ensemble. Mais visiblement nous sommes trop différents : j'ai donc préféré limiter les contacts pour ne pas créer d'autres accrochages. Voilà pourquoi je vous ai évité."

" Nous sommes trop différents... Quelle vaine excuse d'être aussi puéril. Tu crois que tu ressembles à cette Shaakte que tu observes à la dérobée dès que tu en as l'occasion ? Tu crois que tu ressembles à Mathis ? À Xël ? " J'éclatais comme une bulle de savon un petit rire cristallin.
" Ou encore de ce Ficus Fou et cendré ? "

Je me laissais glisser lentement dans l'eau glacée pour lui faire face.
(" BWAAAAAAH... Elle est froiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiide. ")

" Tu n'as pas ravalé ton égo, je pense juste qu'il est froissé. Si tout le monde venait à faire comme toi, le Gragon aura de beaux jours devant lui. " J'espère que ce sinistre ahuri ne va pas entendre le trémolo dans ma voix qui trahit que je me suis givré la pêche en faisant la maligne à lui faire face comme si de rien n'était.

"Il a été froissé oui. Mais je le ravale aussi. Si vous ne me croyez pas, je sais pas ce que je peux dire de plus pour vous convaincre."

" Peut-être que c'est parce qu'il n'y a pas d'argument. "

Je gardais un regard ancré dans le sien, sans ciller une seule fois, tentée de secouer la tête de dépit.

" As-tu peur de quelque chose ou tu ne t'attendais pas à une conversation ? "

"Et vos arguments à vous, ce sont lesquels ? A part affirmer que vous connaissez mieux mes états d'âmes que moi et que je mens ?"

" Du factuel, uniquement du factuel. Tu fuis, tu t'isoles, tu boudes, tu es presque résigné et ça je ne peux pas le tolérer bien que j'en sois en partie la cause. On en revient à la conversation avec Hrist aux Collines Oniriques. Le poids que tu mets sur tes épaules est si lourd que tu ne peux supporter la moindre contrariété. "

"J'ai fuis et je me suis isolé sous le coup de la colère. Je l'ai reconnu. Mais je ne boude pas, ni ne me suis résigné, je vous l'ai déjà dit."


A dire vrai, ça commençait à devenir intéressant, je commençais presque à trouver amusant de le pousser dans ses retranchements afin de le faire douter ou simplement le voir essayer de se justifier tout en ayant la conviction que quoiqu'il dise, je ne le croirai pas.

"Et je n'ai pas peur de cette conversation ou de quelque chose. Simplement , vous..." il cherche un mot avant d'en choisir un honnête.... Vous me perturber. Me retrouver dans un ruisseau gelé avec une belle femme assassin notoire légèrement vêtue mais armée, c'est pas quelque chose dont j'ai l'habitude."

" C'est pas dans mes habitudes non plus. Généralement je traque mes proies pour les tuer, pas pour discuter avec. Mais je me disais que te prendre au dépourvu sans te laisser une option de fuite était la meilleure chose à faire. " Il avait presque su me désarçonner. Ca me rappelait comment Xël avait réagi, avec plus de décontraction cependant, mais aucune menace ne pesait sur lui à l'époque. Je dois dire que pour un humain, il n'avait rien de bien repoussant, il fallait avouer qu'il avait su s'entretenir et au moins il tâchait de rester propre, même si sa peau était froide et humide et qu'elle avait un aspect de chair de poule à cause de la fraicheur du bain... Mais qu'est-ce que je raconte moi ?


"Donc je suis proie ? Eh bien. Dans tous les cas, ça a marché."

Manifestement nous étions tous deux quelque peu mal à l'aise, mais j'avais l'ascendant sur la conversation que j'avais moi même imposé et m'efforçais de le cacher le plus possible.

"Vous parliez de notre première discussion : vous vous souvenez de la partie où je vous parlais d'être une "porte d'entrée" vers le groupe ?"

" Groupe avec lequel tu dis ne pas être en phase et que tu ne fais plus que suivre ? "

"Lui même. Depuis qu'on est arrivé, on passe d'un problème à l'autre, sans temps mort ou presque. Et au final, on se connaît pas ou peu. On fait des erreurs, j'ai fais des erreurs. On a jamais pris le temps de parler tous ensemble. C'est pas une solution miracle mais de la même façon que cette discussion a mis à plat les choses entre nous, le faire avec le groupe entier rendrait les choses plus simples et le climat moins délétère."

"Comprendre que je ne pense pas en phase avec les autres, c'est bien. Mais si je ne sais pas ce que je vais suivre, alors ca ne sert a rien."

" C'est normal. Depuis que nous sommes arrivés, nous restons dépendant des portails de Xël et passons rapidement d'un point à un autre sans en savoir beaucoup plus. Je pense même qu'au aurait eu intérêt à supprimer les derniers soldats pour protéger le père de Maïssa. On s'est pressés pour revenir pour au final quoi ? Prendre un bain et discuter ? De quoi ? De ce qu'on sait déjà ? Il y avait bien quelque chose à apprendre, quelque chose à savoir. C'est dommage de se fixer à un objectif lointain, manquer d'informations finira par nous coûter énormément. "

"Je suis d'accord. Alors on pourrait profiter de cette accalmie pour arrêter de courir à gauche à droite sans savoir pourquoi, avec des personnes dont les motivations nous sont au mieux flou. Je vais le proposer aux autres pour ce soir. Ça vous intéresse ?"

" Bien. Ravie qu'on s'entende la dessus. " Je lui tournais le dos, à dire vrai, il aurait très bien pu m'attraper le bras pour me retenir ou encore essayer de m'étrangler, je crois qu'il n'avait pas fait attention au serpent argenté qui se lovait contre mon ventre sous la chemise de lin... Mouillée jusqu'à la poitrine. Il avait peut-être pu m'observer par transparence ? Noon, il était bien resté regarder mes yeux. Ou alors j'ai pas fait attention. Et puis qu'importe, je n'allais pas entrer là avec la Robe des Sylphes, c'était pas le genre d'apparat qu'on porte dans un bain. Je récupérais mes lames, je serais bien remontée à la surface moi même mais j'avais peur que la chemise n'accroche ou ne dévoile quelque chose qu'il n'aurait pas voulu oublier.

" Pour le reste, ménage tes humeurs, je détesterai avoir à me répéter, je préfère nettement mes humeurs plus légères. "

"Je viendrai vous chercher alors."

Il me suivait du regard tandis que je longeais le bord du bassin pour trouver un endroit convenable où disparaître.

"Ménagez les vôtres aussi. Votre cauchemar, d'autres y aurait répondu par la violence." Petite menace contre une menace, mais que c'est mignon. Mais il avait raison, je suis sûre que la Shaakte a toujours des vestiges arriérés de sa race et des traits bestiaux qui la feraient réagir comme une bête sauvage face à une étincelle.

" Si j'avais voulu te faire du mal, je t'aurai fendu la gorge pendant que tu vomissais tes dents... Akichou. " Je lui envoyais un petit sourire moqueur, celui que je fais d'ordinaire quand je tourne quelqu'un en bourrique, histoire de lui rappeler à quel point j'aime me montrer insaisissable. D'un côté, ça aurait pu être contre-productif de laisser croire que toute cette conversation n'était qu'une vaste farce, mais il avait aussi besoin de se rassurer, de savoir que lorsqu'il viendrait me chercher, il trouverait une personne aimable et docile et non pas une mégère revêche et grossière prête à lui beugler des propos disgracieux tels que " Donne tes bijoux, le drôle ! " tout en agitant devant son nez une lame et un fumet de mauvaise haleine.

L'ombre me porta plus loin, j'y retrouvais mes affaires tout en laissant derrière moi une flaque d'eau glacée qui tombait telle une pluie cinglante sur le sol froid et humide. Ce n'était pas particulièrement discret...
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Complètement vêtue et séchée, je m'étais échouée dans une paillasse pas trop malodorante et y fermais les yeux, jouant du bout des doigts avec les bracelets de l'ombre. Je me serai bien levée pour aller voir les autres aventuriers, mais je n'avais pas envie de me confronter à des personnes qui seraient trop pressées d'aller courir à gauche à droite sans raison à la manière d'un poulet sans tête, je préférais mille fois attendre la conversation orchestrée par Akihito, il avait là une occasion merveilleuse de se montrer digne d'être écouté et suivi. Mais quelque chose me chiffonnait...

La Shaakte était montée au créneau il y a peu, aujourd'hui c'était au tour d'Akihito de faire ainsi, il se pourrait que les deux cherchent à se partager l'autorité de ce groupe pour essayer de soumettre Xël avec qui ils ont eu tous deux des différents exprimés à plusieurs reprises. L'ennemi commun est une excellente façon de rallier les troupes mais je craignais quelque peu pour Xël. Face au sentiment d'impuissance rencontré face au Gragon, ils pourraient très bien jeter leur dévolu sur Xël et ainsi essayer de le dominer par des objectifs communs et probablement une bonne dose de bon sentiment. Mais sans les portails de Xël, l'exploration de ce monde sera un véritable calvaire et nous manquerons aussi nos objectifs et toute possibilité de faire des enquêtes.

Je laissais mon ombre sortir.

Il fallait réfléchir, il fallait prendre un coup d'avance. Mais le faire avec Xël ? Avec Akihito ? Avec ce Ficus Fou ? Simaya ? L'horrible Aigre-Gor ? La conversation se tournerait, je le devinais, vers une sorte de procès pour Xël. Si celui-ci assiste à la réunion et que tous se liguent contre lui, je devrai probablement choisir un parti, le plus logique et le plus efficace. Ca ne faisait aucun doute pour moi.

Mon ombre gambadait joyeusement dans les galeries jusqu'à trouver par surprise Mathis, le Ficus Fou et l'abominable Jorus. Tous étaient avec un mage étendu, Ibn, que le Ficus Fou avait finalement renoncé de trimballer sur son épaule comme un tapis jusqu'à la fin de notre aventure. Un autre magie du nom deeee... Bacarat.

Tous parlaient de soigner Ibn inconscient mais le petit groupe s'heurtait à un détail, celui de faire avaler la salive d'Asterix à Ibn sans que celui-ci ne s'étouffe. Selon Bacarat, sa magie était instable et cela n'était pas de bon augure à en juger les mines graves qu'ils tiraient.
Je me demandais bien pourquoi ils ne s'étaient pas contentés de mettre de la salive sur un doigt pour en frotter la bouche d'Ibn, après tout, c'était comme l'horrible salade de glaviot que nous avaient offert Aigre-Gor et Asterix.

Mais la fiole de bave arriva dans les mains de Bacarat pour qu'il puisse y puiser la force nécessaire de soigner Ibn à l'aide de sa propre magie. Je m'étais demandé ce que ferait un Brise magie sur un sorcier de ce monde. Chez nous, la magie répondait à un sorcier grâce aux fluides qui l'occupaient, mais est-ce qu'en ce bas monde, la logique était la même ? Allait-il offrir un effet different ? Et est-ce que le Gragon utilisait la magie ? Un fluide inconnu issu des enfers ? Par la barbe de Xenair, je n'aurai jamais assez de poison pour un si gros lézard.

Le résultat que cherchait ce troupeau maladroit fit finalement mouche et Ibn se releva devant un publique aussi hétéroclite que niais. Je rappelais mon ombre ne trouvant personne d'autre à écouter en silence, n'ayant pas trop notion du temps, je préférais ne pas m'éterniser, Akihito a dit qu'il viendrait me chercher, j'aime autant qu'il ne me trouve pas inconsciente.

L'ombre embrassa de nouveau mon corps, reprenant pleinement possession de mes moyens je sentais des larmes noires couler le long de mes joues, plus nombreuses qu'à l'accoutumée.

(" Merde, ça empire. ")
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 25 mars 2023 15:49

Cauchemar en Aliaénon : Elscar’Olth II



Akihito avait prévenu tout le monde d’une petite réunion nécessaire pour poursuivre l’aventure « sereinement ». Sans courir partout comme une poule sans tête à quatorze pattes, en tout cas. Viendrait qui voulait, mais l’endroit était tout choisi : la table où ils avaient été précédemment accueillis pour cette même raison… avant de partir de nouveau vers une destination sans prendre le temps de se poser les bonnes questions. Et d’en payer le prix par une ambiance de groupe délétère. À chier, pour ceux qui aiment les choses claires.

Ainsi furent-ils réunis autour du héros ynorien, comme des disciples autour d’un maître unificateur. Ou pas. D’autant que chacun ne viendrait peut-être pas. Simaya et Ibn étaient là, eux. Mais aucun sorcier de la Lande n’ayant été convié, aucun ne vint. Le sorcier de feu du désert semblait un peu perdu, mais avait définitivement l’air plus vivant que dans les bras de Dracaena quelques instants avant. Maïssa aussi était là, collée à l’arbre comme s’il était un tuteur pour cette belle plante silencieuse. Les rôles s’inversaient.

Les choses allaient pouvoir être mises à plat, enfin. Peut-être.


[HJ : Petite particularité pour la réunion, vue avec Aki pour plus de facilité : AVANT de commencer la discussion générale, Akihito se propose de faire un petit discours d’accueil (qu’il postera dans ladite discussion générale). Suite à ça, nous allons ellipser totalement la partie « don d’informations » pour ne pas se perdre en réponses exagérément longues et infos croisées. A ce titre, je vous demanderai de créer CHACUN une liste synthétique (par tirets, idéalement) des informations que vous donnez au groupe. Si vous en donnez. Je créerai un channel discord spécialement pour ça.
APRES que tout le monde se soit manifesté sur ce channel, la discussion générale pourra commencer, chacun ayant été mis au courant des infos partagées. Et on fera des tours classiques de parole, ponctués chacun d’une réponse de ma part.]




[XP :
Xël : 0,5 (aparté)
Akihito : 2,5 (apartés), 0,5 (situations diverses et rencontres)
Mathis : 1,5 (apartés), 0,5 (rencontre)
Jorus : 1 (apartés)
Yliria : noté quand complété.
Dracaena : 1 (apartés)
Silmeria : 0,5 (aparté), 0,5 (espionnage)]



[Jeu des mots :
Aki : 15
Drac : 5]

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