(Boujour toi !)
(Salut mon mignon ! Ca va je te sens troublé !)
(Mon mignon ? Je devrais mourir plus souvent je c…)
(Ha non, c’est pas drôle ! Tu commences pas avec des remarques de ce genre qui portent l’œil ! T’es pas assez mort comme ça ?)
(D’accord, d’accord. Je te taquine.)
(Je te surveille attention !)
(Bien reçu madame !)
Les petits échanges avec ma faéra m’offrent des moments d’évasions toujours agréables. Un vent de fraîcheur avant d’entamer les étirements habituels. Ayant l’impression d’avoir un dos de vieillard après ce sommeil terrible sur des rochers, je fais quelques exercices d’assouplissement du dos. Je n’ai pas de poisson volant, de portail magique ou de bouclier lourd. Pour me battre, je n’ai que mon corps et son agilité pour me battre. Céder au pire moment, parce que je n’ai pas assez pris soin de moi n’est pas concevable.
Alors encore une fois, une fois parmi tant d’autres, je ne néglige aucune partie de mon être et pousse mon corps dans ses limites. Après mon dos, c’est toute la partie inférieure qui subit ce que beaucoup nomme : une torture inconcevable. Pourtant, c’est cette discipline qui me permet encore aujourd’hui d’avoir des jambes souples. Mes acrobaties ne sont pas réalisables sans cette capacité à bouger sans contrainte. Les petits pas simples mais maîtrisés qui évitent les attaques d’un poil de cul ne sont permis que par cette tonicité dans les chevilles. Je connais aussi peu de personnes qui sont en mesure de réaliser un grand écart, ou même brandir une jambe droite au-dessus de la tête. Après avoir souffert de nouveau, je passe aux bras. De la fulgurance de mes bras à la souplesse de mes poignets, rien n’est à oublier si je veux être en mesure de frapper comme j’en ai l’habitude.
J’ai bien senti dans mes exercices précédents que le passage de plusieurs jours inerte, n’a pas été sans conséquence. Plus je passe de temps sans m’exercer et plus il m’est difficile de conserver ce niveau d’exigence que je m’impose. Etirant mes bras, je sens comme une douleur à l’intérieur. Quelque chose de nouveau dont je porte la responsabilité sur cette période dans la cuve. Ainsi, je force davantage sur eux, accroissant au fur et à mesure cette étrange douleur. Mieux vaut ne pas provoquer de déchirure inutilement, alors je préfère ne pas forcer, juste un dernier mouvement avant de m’arrêter. Mais ce mouvement est de trop.
Alors que mon bras est tendu derrière-moi, je suis surpris par une vive douleur de la naissance de l’avant-bas, près du coude, jusqu’au creux de ma main, mais plus encore par ce qui suit. Une force venant de derrière-moi me tire violemment. C’est comme si, mon bras tendu avait saisi quelque chose et tirait de toutes ses forces. Chose totalement impossible, car il n’y a rien à moins de deux mètres dans cette direction. Pourtant, me voilà projeté contre un mur. J’ai au moins la chance, grâce à mon bras que j’étirais à ce moment-là, de pouvoir amortir le choc. Néanmoins, ma tête frappe contre des débris, faisant résonner l’ensemble de ma tête.
(Ca va mon Jojo ?)
(Ho punaise, je sens que je vais avoir un mal de tête moi ! Oui, tout va bien. Je…j’ai juste pas compris ce qu’il s’est passé.)
Je prends le temps de me relever, ainsi que d’observer ce qui m’entoure. Rien. Personne n’est présent. Y aurait-il quelqu’un en mesure de cacher sa présence, d’être totalement invisible ? Je pense d’entrée de jeu à la régicide qui doit cacher des secrets, ou même Akihito qui aurait pu user de ses pouvoirs de foudre. Cependant, je trouve cette dernière idée sotte. Je ne le connais peu, mais je doute fortement qu’il soit ce genre d’homme. Mais alors qui ou quoi ?
Je frotte mes mains l’une contre l’autre pour enlever la poussière qui s’y trouve, avant de sentir quelque chose de nouveau encore. Sur le creux de ma main, une cicatrice en forme de croix y est présente. Du moins, deux sillons sont tracés comme des coupures, mais pas de trace de sang visible. Cette croix me rappelle mon rêve dans lequel j’avais arraché les fouets de mon double. Il avait les mêmes marques dans le creux de ses…
(Deux mains ! J’ai ces trucs sur les deux mains !)
(C’est…c’est peut-être rien !)
Pas vraiment convaincu, je me fais la réflexion de voir Zacara dès que possible. En-tout-cas, un léger mal de tête arrive rapidement, m’empêchant de penser à ce problème pour le moment. De toute façon, c’est pas comme si j’étais capable de faire quoi que ce soit. Alors je ramasse mes affaires, tâchant de ne pas aggraver mon mal de tête, avant de partir rejoindre les autres.
En chemin, je ne cesse de ressasser le rêve de cette nuit. Mon double et ses fouets m’ont laissé un souvenir désagréable. La main droite portée à la tempe à cause de la blessure plus qu'au mal de tête, c’est la gauche que j’observe encore et encore. Particulièrement cette croix dans la paume de ma main. L’avais-je déjà hier ? Est-ce que sa présence à un rapport avec mon rêve ? Je n’en sais fichtrement rien et en plus de n’avoir aucun moyen d’y répondre, je me suis encore perdu. Bordel ! Bon cette fois-ci j’arrive à retrouver mon chemin un peu plus rapidement et après avoir erré dans ce dédale, je retrouve la salle commune, où un espace semble nous avoir été réservé. J’y retrouve du monde déjà présent : Teruki bien entendu, Vissélion, Ibn et Maïssa. Je déplore donc la présence agréable de la belle semi-shaakt. Tant pis. Je salue les personnes déjà présentes levant la main et par réflexe, je préfère ne pas dévoiler les marques sur mes paumes. Puis je m’en vais prendre une chaise, me permettant de voir venir les prochains intervenants, guettant la venue d’une personne en particulier.
J’ai mal à la tête, j’ai encore mal au dos de ma nuit et j’ai ce maudit rêve encore en tête. Pourtant, mon visage s’éclaire lorsque je vois Yliria arriver. Je regarde sa douce silhouette, sa démarche, son allure, le regard qui se pose sur moi avec un soupir. Hein, un soupir ? Mon cœur se met à battre la chamade en la voyant venir jusqu’à moi. A-t-elle réfléchi ? Souhaite-t-elle s’ouvrir à moi et m’offrir son cœur ? Non, pour le moment juste un tissu propre et un regard curieux me concernant. Tant pis. Cependant, elle semble attendre une réponse et tandis que tout le monde pose déjà les bases des sujets à venir, mon monde ne tourne qu’autour d’elle et de ses yeux envoûtants. Je perçois toujours de qui se passe, comme la venue des uns après les autres, ou même la présence de la régicide derrière-nous.
Je me saisis de son tissu et remarque que ma main est tâchée de sang. Du sang ? Je fais rapidement le rapprochement avec ma blessure et la curiosité de la belle enchanteresse. Que devrais-je lui dire ? Je ne sais pas comment l’expliquer moi-même ! J’ai été projeté soudainement contre le mur. Ce n’est pas quelque chose d’anodin et encore oins explicable.
(Si j’en parle on va encore m’accuser d’avoir voulu utiliser la magie ! Non faut que…que je trouve autre chose !)
"C’est rien. Tu devrais voir l’autre gars d’en face !" Fais-je en souriant, avant de reprendre. "Non j’ai juste eu un réveil…mouvementé !"
Je prends un peu d’eau avec moi et m’essuie la main ainsi que le visage. M’amusant de la réplique d’Yliria sur le fait de confondre un oreiller avec un rocher. Pendant ce temps, tout le monde parle de sujets divers. Silmeria affirme que Trifalgin n’a plus de raison de se venger de la mort de Vallel, Xël rétorque qu’il n’était que curieux du sceau et s’il est resté en dehors de la ville, c’est que la brume qu’il produit dévore la chair. Contrairement à toute attente, c’est Xël qui évoque son intérêt de partir pour Messaliah et s’il ne dispose plus de ses pouvoirs, Ibn se joindra à nous pour nous servir de guide ou même tenter de ramener ses apprentis à ma raison. De plus, il faudra un Cadi Tangin pour réactiver la pierre. Yliria elle, toujours aussi charmante même lorsqu’elle s’agace, s’offusque en évoquant notre mort, sujet important pour elle et que tout le monde semble éviter. Mathis la remercie de porter le sujet sur la table et en plus d’excuses, il explique en détail ce qui l’a poussé à agir et invite même à Silmeria à en parler, comme cela vient d’elle. Hélas, nulle explication ne viendra. Dracaéna porte d’autres sujets sur la table comme la possibilité des ouessiens à communiquer entre eux. Capacité que moi-même j’ignorais. Cependant, je tâche de garder en mémoire son étrange appellation du fléau qu’il nomme : Brythagon.
Enfin, Vissélion répond aux inquiétudes du sceau, minimisant les craintes et les réduisant aux seules connues actuellement. Une simple étude serait préférable, mais je pense que s’est surtout sa curiosité qu’il met avant tout, avant même les risques. Puis à la question de l’oudio sur la présence d’un sorcier ayant participé à la création du sceau, il évoque la vieille Lamiria Guéryick, mais qui n’aurait plus assez sa tête pour être de bon conseil. Akihito cherche et je dois l’admettre, avec raison, à recentrer le débat sur un même sujet à la fois, à commencer par le problème actuel du sceau. Poussé par Mathis, Vissélion déclare que nous pouvons aider aux défenses, mais sous-entend que cela nuirait à notre lutte contre le dragon. Cependant, l’étude du rayon et la reconstruction des défenses restent prioritaires. Yliria, qui s’intéresse aux renforcements de la cité devra rencontrer Alossarh le responsable actuel des travaux. A Silmeria qui propose d’offrir le produit particulier d’Aetheris à l’ancienne, Vissélion doute que cela puisse calmer les effets secondaires du temps sur son esprit.
Je regarde le groupe, presque sidéré par ce que j’entends, ou n’entends pas. Jusque-là, nul n’a évoqué la disparition de Silmeria. A croire qu’au final, c’est une bonne chose. Mais ce n’est certainement pas mon avis.
"Je suis d’accord avec Akihito, il y a beaucoup de choses à voir. Des points essentiels comme notre passage au royaume des morts, le sceau principal ainsi que le gros problème ailé. Il y en a d’autres comme les ouessiens qu’il faudra évoquer. J’ai cru comprendre avant cette réunion que ce que je prenais pour prioritaire semblait secondaire, mais pourrions-nous ne pas oublier Simaya ? C'est la première fois qu'on la mentionne ! Elle est portée disparue, pas morte !"
Je m’arrête un bref instant, durant lequel je me gratte la paume des mains sous la table, avant de reprendre.
"Mais un sujet à la fois ! Le sceau donc. J’ai eu l’occasion de rencontrer l’âme de l’ancien archisorcier Thensoor Val’Crooh. Lorsque j’ai évoqué la situation du sceau et la régression de la corruption, il l’a trouvée inquiétante. Selon lui, si la Lande Noire cherche à s’étendre, elle ne peut se résorber. Et si le cœur de ce monde venait à être purifié, cela perturberait l’entièreté de la magie." Je poursuis en portant mon attention à Vissélion. "Des possibilités que vous-même Vissélion avez émis, dont également l'éventualité que rien ne se passe, ou que le monde explose, mais personnellement, je n’ai pas vraiment envie de prendre les paris et risquer la vie de toutes les âmes de ce monde."
Je regarde ensuite les autres dans les yeux en enchaînant, sauf Silmeria qui est toujours dans mon dos et ne fait nullement l’effort du contact visuel.
"Eriger des défenses de la ville est une bonne chose, mais cela ne réglera pas l’absorption de la corruption et nous seuls pouvons agir avec notre magie. Magie dont on ne sait rien de son origine et si on la perd, pour une raison ou une autre, on aura plus le moyen d’agir sur elle. Je pense donc qu’on ne peut se permettre d’attendre pour rétablir le sceau, comme il était prévu, mais avec la menace du Titan en moins."
Xël offre une magnifique porte de sortie à Vissélion, déclarant que c’est aux sorciers d’agir sur leur sceau, puisque nul autre ne possède de connaissance à ce sujet, quand bien-même j’avance l’argument de la fin du monde ou de la perte de la magie, unique arme contre le dragon actuellement. Vissélion consent au préalable que la disparition de Simaya est préoccupante, trouvant pertinent de savoir ce qui s’est déroulé, il maintient que l’étude est primordiale avant toute action, arguant que la désactivation du rayon pourrait être tout aussi catastrophique. Il est certes connu pour son imprudence, mais il prétend que la sagesse est mère de sûreté. S’appuyant sur l’affirmation de Xël, il clôt ainsi le sujet sur le sceau.
(Merveilleux ! Comment balayer des arguments de fin du monde d'un revers de la main ! Bon et bien il a plus qu’à s’occuper du dragon, avant que tout ne nous pette à la gueule ou que la magie ne nous fasse défaut ! Vu notre vitesse, c’est pas gagné ! Et dire que Mathis espérait le fameux lien entre Xël et Simaya pour retrouver cette dernière. Quelle blague !)
J’ai beau essayer de prendre la chose du bon côté, je ne peux m’empêcher d’être frustré. Laisser le sceau et probablement le destin du monde entre les mains de Vissélion ne me plaît guère. D’autant plus que personne ne semble relever mes avertissements et les craintes portées par Thensoor. Vissélion a beau être le sorcier le plus compétant, il est en partie parce que beaucoup sont morts. Ca et cette démangeaison qui ne cesse de…Mais c’est quoi ça ? Une sensation étrange et particulièrement inquiétante est perceptible en me grattant. Portant un regard pour confirmer qu’il y a bien quelque chose, je constate qu’il y a non seulement une intrusion qui n’a rien à faire ici, mais que cela me rappelle mon double dans le cristal avec ses trucs ignobles dans les mains. C’est tout de même pas…
"Ho non !" Fais-je dans un murmure, refermant mes mains l’une sur l’autre d’un coup sec, alors qu’un sentiment de panique commence à naître.
(Par les tentacules des annedoti, c’est…c’est…c’est ces maudits fouets ! Je les reconnaîtrais entre mille ! Ca me pousse dans les mains comme celui qui se prétendait être moi dans le cristal. Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Suis-je en train de devenir comme mon double ? Cette espèce de monstre dont la seule envie était de me faire subir des souffrances pour l’éternité ! Vais-je avoir les mêmes pulsions sadiques ? Bon sang, que va penser Yliria si elle voit ça ? Allez, ça va, c’est rien, il y a quoi quatre ou cinq centimètres pas plus…hooo merde ça pousse encore, comme si ça voulait sortir en entier !)
(Essaye de te calmer ! J’ai l’impression que plus tu paniques et plus ils sortent. Essaye de penser à autre chose ! Pense à Yliria !)
Mais la panique se fait de plus en plus forte et les questions arrivent plus inquiétantes les unes que les autres.
(Que va-t-il se passer si ces choses sortent là comme ça, d’un coup ? Que vont penser les autres ? Que va penser Yliria de moi ? BORDEL, JE DEVIENS QU…)
Interrompu dans mes pensées, c’est un relent de bile noire comme l’encre d’un calamar qui me sauve de mon état. Sauf que ce n’est pas un mollusque qui vient de rependre ses fluides, mais Silmeria. Je suis stupéfait de me savoir sous une fontaine à l’eau plus que douteuse. Pourtant, loin du dégoût que cela pourrait provoquer, je prends plaisir à ne plus ressentir la pression qu’exercent ces horreurs dans le creux de mes mains. En les ouvrants, un profond soulagement m’étreint, comme si mon monde venait d’être sauvé. Yliria et Akihito m’invitent à me rendre à l’infirmerie et d’emmener avec moi l’outre à gerbe noire. Je ne sais si c’est à cause du liquide ignoble sur moi, ou si elle a remarqué mon état particulier, mais je m’en moque complètement à présent. J’ai non seulement l’envie d’aller voir Zacara, mais j’ai une opportunité en or pour m’éclipser d’ici immédiatement, avant que ces choses ne refassent surface et je vais pas me faire prier.
"Oui, oui ! Tout de suite !"
Je me lève et fais de même pour l’elfe qui a fini à genoux, se rattrapant à moi pour ne pas finir au sol. Cherchant comment je pourrais m’y prendre, je commence à hésiter. Le plus logique serait de passer un bras par-dessus mon épaule pour la soutenir, mais elle pourrait voir mes mains. La porter sur mes bras ? Il ne manquerait plus que ces choses sortent et se baladent sur son corps, lui faisant croire à un abus de ma part, et sur elle se surcroît ! Non, je ne peux clairement pas me permettre ça, pas tant que ces choses sortiront d’elles-mêmes ! Au bout de quelques secondes d’hésitations durant lesquelles j’ai regardé les paumes de mes mains, je finis par la prendre par les jambes, faisant basculer le haut de son corps par-dessus mon épaule. C’est sûr, c’est pas la meilleure position pour quelqu’un qui vomit, mais vu la gueule du truc, mieux vaut dehors que dedans. Sans demander mon reste, je quitte notre petite réunion pour finalement rejoindre l’infirmerie et Zacara.
Fort heureusement pour moi, la fontaine ambulante se laisse faire. J’ai donc le loisir de la transporter dans les couloirs de la cité, tout en m’assurant que rien ne soit visible pour elle. Il ne manquerait plus qu’elle balance à tout le monde ces machins dans mes mains, alors que j’étais en train de la transporter et…
(Par les griffes des Drakarns elle reviennent !)
Comme deux vers sortant de terre, ces odieux machins refont surface. Heureusement que l’autre cinglée n’est pas en mesure de voir ça. Croisant des sorciers sur mon passage. Je cache mes bras dans les manches opposées. Ainsi, pas de problème. Même si je sens ces choses se répandre dans mes manches, grandissant encore et encore.
(Il faut que tu te calmes ! C'est la panique qui les fait ressortir.)
(Facile à dire quand on se trimbale pas un danger ambulant crachant de la bile noire !)
(Honnêtement, je suis pas sûr que ce soit elle le problème !)
(On arrive à l’infirmerie ! Faut que je les fasse rentrer à nouveau !)
(Ton double avait l’air de les manier à la perfection, je pense que tu devrais en être capable ! C’est comme le jet de flamme du dragon, faut trouver le truc.)
(Le truc hein !)
Faire rentrer quelque chose dans son propre corps, y a pas à dire, le seul exemple qui me vienne ne m’inspire rien de glorieux. Pourtant, c’est la seule chance qui me reste si je veux éviter de montrer mes paumes de mains à tout le monde. Alors, me concentrant sur mes mains, je fais comme si j’étais accroupi le cul à l’air, aspirant par les fesses ce qui refuse de lâcher prise depuis plusieurs longues minutes. Etrangement, je sens un changement s’opérer. Se baladant dans mes manches, ces choses font le chemin en sens inverses et disparaissent à l’intérieur de mes mains.
(Sauvé !)
(Aspirer de la merde par le cul ? C’est tellement…toi !)
Arrivant à l’infirmerie, je cherche Zacara et son attention, de même qu’un lit ou un table disponible.
(Une planche à clous aurait tout aussi bien fait l’affaire !)
(Avec des trucs bien pointus !)
"Zacara ! On a... Elle est... Voyez vous-même !"
(Tu voulais pas voir Zacara aussi ?)
(Ca me fais chier, mais pour le moment faut s’occuper d’elle. S’il lui arrive quelque chose on va me le reprocher !)
Ne comprenant pas, il demande si elle regrette d’avoir mangé de la poussière. Il ne semble pas inquiet par la gerbe noire qui se trouve sur ma nuque. La régicide s’assoit avant de s’essuyer la bouche et de me tendre une gourde d’eau en s’excusant, pour que j’en use afin de me nettoyer. Provoquant une réelle surprise.
(De quoi ?)
(Elle…)
(…a dit…)
(…qu’elle…)
(…s’excusait ?)
(Visiblement oui !)
(Je rêve pas ?)
(Alors on serait deux à faire le même rêve ! Nom d’une belette si on m’avait dit que j’entendrais un truc pareil ça me…)
(Ca me coupe le sifflet !)
"Heu...merci mais c'est plus qu'une gourde qui me faut." Fais-je en repoussant gentiment sa proposition. "Mais y a... Y a pas d'lézard, j'avais justement d'autres chats à fouetter ! Ou(Si…Non !i...non, mauvaise image !"
(Ha ba pour le coup non, l’image est bien venue ! Bon il n’y a pas de chat !)
(Si, il y a la chatte de…)
(Nom d’une belette tu as raison ! Vas lui fouetter les patounettes de la minette à ce fichu blondinet !)
J’ignore si elle feint la comédie, mais elle paraît triste en gardant sa gourde avec elle. Elle explique qu’elle a commencé à pleurer des larmes noires, il y a plusieurs heures de cela, avant de vomir cette chose ignoble. Puis elle termine en terminant qu’elle-même ne sait pas ce qui lui arrive. C’est étrange, mais la voir comme ça c’est…on la croirait presque fragile.
"Pour info, sur notre monde c'est pas quelque chose de très normal. A mi-chemin entre l'inquiétant et le franchement flippant !" Dis-je. Des fois qu’il existe un peuple ici adepte des relents particulièrement immonde.
Réfléchissant au premier abord, il pose une main sur la gorge de Silmeria qui, alors que je m’attendais à ce qu’elle sorte ses lames pour lui couper les doigts, se laisse faire. Après un bref instant de concentration, il clame qu’elle est cependant en forme. La noirceur est présente en elle, comme l’est la corruption de la Lande Noire et il se demande si elle est infectée.
(La corruption de…Ho, on est pas dans la merde !)
Silmeria confirme avoir été sous l’effet de la corruption, mais elle précise que c’est principalement à cause de l’effet de bracelets qu’elle porte. Sachant la dangerosité que possèdent déjà ses objets personnels, je regarde la source de son état avec une certaine inquiétude.
"Encore un truc dont il faut se méfier, comme les cauchemars ?"
Elle me répond franchement, du moins je l’espère, qu’ils lui permettent de disparaître dans les ombres, me remémorant la scène où elle disparaît, juste avant qu’on ne meurent à cause du sort de Mathis. Zacara porte son attention sur eux, loin de se méfier comme je le fais. Rien ne lui arrive, mais s’il confirme qu’il y a bel et bien de la magie à l’intérieur, il ne l’a comprend pas. Puis il s’intéresse à ce qu’ils sont et comment ils l’affectent. Elle explique qu’il s’agit d’une relique et qu’elle a longtemps été épargnée par ses effets, mais qu’aujourd’hui, elle se déclare fatiguée. Elle ignore s’ils réagissent à ce monde, la corruption de la Lande Noire ou la magie, mais un phénomène se déclenche à chaque fois qu’elle les utilise. Elle le prouve sous nos yeux. Disparaissant sur le lit d’en face, ses yeux débordent d’un liquide sombre, deux sillons noirs se forment lorsque ses larmes se mettent à couler sur ses joues.
"Du coup...mieux vaudrait éviter de les utiliser non ?"
Zacara va plus loin et propose même de se débarrasser de ces choses. Cependant, elle a déjà tenté de le faire, mais ils l’appellent sans relâche. De même, si elle les retire, elle subit toujours les effets, comme s’ils étaient à présent une part d’elle, ou elle une part d’ombre.
" Ça n'a aucun sens." Se lamente-t-elle.
"Il y a bien des choses qui n'ont pas de sens !" Dis-je dans un murmure, regardant les croix dans la paume de mes mains, à l'abri des regards indiscrets.
Ignorant quoi faire, Zacara propose une idée surprenante : un exorcisme. Une idée qui semble donner un peu d’espoir à l’hinionne qui demande si cela pourrait purger son corps de cette corruption.
(Si seulement ça pouvait purger bien plus, comme sa folie passagère !)
(Ses penchants pour les actes dangereux !)
(Ses cauchemars !)
(Son double !)
(Sa folie !)
(Tu l’as déjà dit.)
(Oui mais c’est parce qu’elle est vraiment dingue !)
(…Pas faux.)
(Ses aptitudes au trouble de groupe !)
(Ses allégeances douteuses !)
(Sa capacité de se faire insulter par ses supérieurs !)
(Sa capacité à se faire influencer par le premier esprit tordu !)
(Ses attitudes en public !)
(Son amour pour les belettes !)
(De quoi ?)
(Folle comme elle est, je suis sûr qu’elle les adore !)
(…Sûrement !)
En tout cas de leur côté la situation stagne et la mention des ouessiens pouvant posséder le savoir nécessaire me ramène à la conversation.
"Les Ouessiens ? Sérieusement ?" Fais-je en soufflant. "Quand bien même ils sauraient quelque chose, ils ne divulgueraient rien ! Ils gardent le savoir de ce monde pour eux !"
Alors que Silmeria m’invite à venir la voir, m’offrant une mauvaise impression de vouloir s’occuper de l’autre côté de ma nuque, elle remercie le sorcier et en gage d’héritage confie ses maudits bracelets à Vissélion. Zacara lui secoue la tête à mes propos, critiquant mon raccourci et justifiant qu’aucun de nous n’auraient été présent à Elscar’Olth s’ils avaient de même nous concernant.
(Ainsi donc Zacara en sait plus sur les ouessiens ! Je suis curieux de connaître son avis les concernant.)
"Ha ! Dans ce cas je serais ravie d'en savoir plus, mais..." Je me rapproche de lui sur le ton de la confidence. "Pourrais-je également vous voir pour..." Je regarde Silmeria et invite du bras Zacara à s'éloigner d'elle. "C'est... comment dire...le mieux serait de vous montrer directement...enfin si j'y parviens !"
Je montre la paume de mes mains dans lesquelles des cicatrices en forme de croix sont présentes.
(Bon heu…comment on fait pour les faire ressortir maintenant ?)
(Je dirais une bonne dose de stress ! T’as pensée à ce qu’Yliria va dire quand elle te verra avec des horreurs ?)
Il ne faut pas plus de temps pour que de mes mains, un fouet de quelques centimètres commence à s'extraire, gigotant comme un ver à la découverte d’un monde nouveau. Déjà pas à l’aise avec ces choses, le sursaut du sorcier ne m’aide en rien pour me sentir mieux. S’interrogeant sur ce qu’il m’arrive, il se met à plaisanter que l’air de la Lande ne semble pas être à notre goût, à moi et l’elfe.
(Encore son humour ! Autant avec l’ouessien c’était drôle, là je suis trop en panique pour apprécier.)
"Je sais que vous êtes un adepte des jeux de mots et d'un humour particulier, mais j'ai vraiment besoin de vous Zacara ! Je...ces choses me terrifient ! Qu'est-ce que c'est ? C'est magique, ou un parasite peut-être ?"
Ma panique s’accroît avec les différentes possibilités envisagées et avec elles, les fouets s'agitent et grandissent au fur et à mesure, transformant les petits vers en grands lombrics déchaînés. Zacara pose une main sur un de mes poignets et reprend sérieusement qu’il est incapable d’expliquer ce qui m’arrive. Je suis en parfaite santé, sans présence de parasites de sa connaissance. En-tout-cas cela n’affecte en rien ma santé et il insiste sur le sérieux de son hypothèse quant à l’influence de la magie de la Lande Noire.
"D'accord. Très bien ! Et du coup comment on procède pour enlever ces machins ?" Fais-je loin d’être rassuré par les propos du sorcier.
Mon inquiétude commence rapidement à se transmettre à ces choses qui sortent de mes mains. Elles commencent à prendre plus d'ampleur, me forçant à devoir me contrôler. Je visualise cette crotte que je cherche à faire revenir à l’intérieur, cette sensation d’aspiration qui je transmets jusqu’à mes mains. Plus calme, je finis par les faire disparaître dans mes mains, ne laissant que la cicatrice en forme de croix comme seule preuve de leur présence. Si le sorcier me propose de les couper pour m’en débarrasser, il suggère qu’au lieu de voir une malédiction, je porte une vision optimiste, bénéfique, comme un pouvoir qui me serait propre. Je le regarde presque effaré.
"Un pouvoir ? Mais en quoi faire sortir des espèces de vers de mes..." Mon ton ayant été trop haut, je porte mon regard sur Silmeria et me déplace pour l'empêcher de voir mes mains, plus efficacement. Puis je reprends en murmurant à nouveau. "Comment ça pourrait être un don ?"
Il l’ignore. Bien sûr qu’il l’ignore. Il n’a jamais vu un truc pareil alors comment il pourrait savoir. Cependant, orientant l’échange sur ma capacité de les faire sortir et rentrer, plus ou moins volontairement, il me demande si je peux contrôler les mouvements avec plus de précision.
(Plus de précision ? Comme…lui…moi ?)
"Je...je ne sais pas, je...je n'ai pas vraiment essayé ! C'est arrivé juste avant de venir en fait !" Puis je porte mon regard sur mes mains. "C'est le stress qui les fait sortir et pour les faire rentrer... disons que ça ne m'aidera pas pour les bouger !"
(C’est sûr qu’imaginer un étron gigoter sur tes mains ça va pas aider mais…il marque un point. Ton double maniait ses fouets avec une grande habileté. Tu pourrais être en mesure de faire pareil !)
(Mais…c’est que…)
(Tu aurais l’impression d’être lui et ça t’effraie ? Ecoute-moi bien mon jojo : Tu n’es pas lui ! Tu m’entends ?)
(…Et si…)
(Tu ne deviendras pas comme lui non plus !)
De son côté, le sorcier réfléchit de nouveau sur la mention du stress. Cependant, c’est Vissélion qui est lui semble le plus à même pour étudier le phénomène dont je suis le porteur. Quand bien même il aime les bizarreries, moi je ne suis pas un grand adepte de ses méthodes. Il termine néanmoins sur la nature magique de mon changement, voir même divin, avec une potentielle bonne impression auprès du Sans-Visage qu’ils nomment ici Marcheur de Mort.
"Bizarrerie hein ? C'est tout ce dont j'avais besoin d'entendre !" Fais-je reprenant son terme avec une pointe de sarcasme, alors qu’il me demande comment je pourrais appeler cela. Mais plutôt que de m’inquiéter de la nomination, j’oriente mes pensées sur la possibilité divine. "Non rien de bien ou de mal que je sache. Cependant...j'ai déjà vu ces... j'ai déjà vu cela dans le cristal, sur...sur mon double, celui qui nous a jugés pour nos crimes ! Sur lui, ça avait l'air...presque naturel !"
Réfléchissant à ce fameux juge dont il a dû entendre parler, il me questionne sur la possibilité que cela puisse venir de ses pouvoirs, même par-delà son trépas.
(Le juge ? Non. Les autres ne semblaient pas avoir eu d’expériences similaires. Mathis en tout cas. Ca paraissait…presque normal pour mon double !)
"Non, de ce que j'en sais, le cristal n'a généré que des copies conformes, tant dans les souvenirs que dans les techniques de combat."
(C’est vrai qu’en y réfléchissant, il y avait le rêve de cette nuit. Est-ce qu’il y a un lien à tout cela ?)
"Cette nuit j'ai... j'ai fait un rêve ! J'ai rêvé de mon double, d'un affrontement contre lui. Il avait enfoncé ses choses dans mes mains et j'ai fini par lui arracher les siens. Et...mon rêve a débuté avec une vision du sceau, de sa puissance et...c'est comme si, dans mon rêve, j'avais réagi à son pouvoir !"
Cela aurait pu confirmer des hypothèses et émettre de nouvelles si j’avais des dons divinatoires, mais cela peut tout aussi bien être l’influence des événements dans les cristaux. Une théorie qui prend son sens, sachant qu’il y avait aussi la présence du veilleur dans l’histoire. Puis évoquant nos copies, Zacara explore une nouvelle possibilité : celle d’un pouvoir enfuis en moi. Je n’aurais qu’à peine découvert ses possibilités, mais que cela vienne de moi et non d’un effet extérieur, ne me rassure pas non plus.
"Ce qui m'arrive n'aurait donc aucun lien avec ce monde ou la magie de la Lande ? Si tel est le cas, peut-être que quelqu'un sur mon monde sera en mesure de m'expliquer ce qu'il m'arrive !"
Une possibilité parmi tant d’autres valable pour le sorcier, mais il lui semble important que peu importe la nature, il est important de les contrôler ces appendices, d’en connaître les possibilités qu’elles m’offrent.
(J’ai déjà eu un aperçu dans le cristal : répandre plus de sang !)
"Donc selon vous, il n'y a...pas de raison de... s'inquiéter ?" Dis-je en résumant ma situation le plus positivement possible.
Jusqu’à ce que ces choses s’en prennent à moi ou à l’elfe présente contre ma volonté.
(Attends…c’est…c’est possible ça ?)
"Vous... vous êtes sérieux ?" Dis-je inquiet, alors que je ressens de nouveau le besoin de cacher mes mains.
"Je pense qu'il faut que vous les maîtrisiez plutôt que l'inverse. Ca, j'en suis convaincu, qu'importe leur origine."
(Alors ça oui ! C’est un conseil auquel j’adhère complètement !)
"Très bien je...je vais m'atteler à cette tâche !"
Je rentre de nouveau mes fouets et me tourne vers Silmeria.
"Vous pensez que son état est inquiétant ?"
Il me répond à sa façon que oui. Hélas, s’il ne semble pas être en mesure de pouvoir lui venir en aide, mieux vaut ne pas le déranger davantage et rester à ses côtés.
"Si vous ne pouvez rien pour elle, je...je vais rester à ses côtés pour la surv...pour veiller sur elle. Au moindre changement inquiétant je vous appelle, si vous avez à faire ailleurs !" Puis après un bref moment. "Merci de vos conseils Zacara et de ne pas m'avoir donné l'impression d'être un monstre !" Avant qu’il ne s’éloigne après avoir opiné de la tête, je l’arrête une nouvelle fois. "Heu...accessoirement, vous auriez de quoi se laver ici ?"
J’apprends qu’il y a de quoi faire dans la salle commune. Une étape importante avant la suite des événements. Je laisse enfin Zacara pour aller m’asseoir en face de Silmeria.
"Comment tu te sens ? Ça empire ?"
Malgré ses larmes noires et sa nervosité à se bouffer l’index, elle cherche à me rassurer qu’elle va bien, s’excusant de nouveau de m’avoir vomi dessus. Encore une fois, son attitude à l’excuse répétée est…troublante de sa part.
"Ya pas de problème vraiment. J'avais justement... besoin de voir Zacara. Au final, ton intervention est venue au bon moment, quand bien même c'est répugnant !" Fais-je en débarrassant une partie de gerbe de mon épaule.
Je la regarde se lever, poussant ma méfiance lorsqu’elle cherche à enlever ce qui reste sur mon épaule, m’invitant à ne pas la craindre, qu’elle ne fera rien contre moi. Pourtant, les événements des cristaux montrent qu’il vaut mieux être vigilant.
"La dernière fois que tu as été aussi proche de l'un de nous ça s'est pourtant mal fini !" Puis voulant éviter les sujets sensibles par souci de diplomatie, j'enchaîne avec autre chose. "Donc ça fait un moment que tu vas pas bien ?"
Ne comprenant pas mon allusion avec Mathis, elle prétexte que c’est sa jumelle Hirst qui me fait face dans la pyramide. Cependant, non seulement elle n’est plus présente depuis qu’elle a réintégré son corps, mais sa faéra reste avec elle.
(De quoi ? L’autre givrée avait conclu un lien avec une faéra ? Je croyais les faéra plus, perspicaces dans leurs choix !)
(Pourquoi ? Tu en as bien une toi !)
(Tu veux dire quoi par là ?)
(Rien, rien.)
(bref. C’est étrange à dire mais…j’ai l’impression de me retrouver dans ses paroles. Ton absence entre le corps de dragon, ton mutismes de retour à Elscar’Olth et enfin ma mort. Je crois savoir ce qu’elle vit !)
Pendant ce temps, Silmeria m’explique que son changement date de la bataille de Kochii avant de me demander la même chose me concernant. Le trouble commence à m’atteindre et je commence à me sentir assez mal.
"Moi ? Moi...quoi ?"
Elle répond qu’elle a une ouïe parfaite grâce à ses oreilles d’elfes.
(Ha ? Les elfes ont ça ?)
L’agitation se fait ressentir dans mes mains, m’obligeant à cacher mes paumes contre mes cuisses.
"Et tu as...entendu quoi... précisément ?" Fais-je alors que je lutte intérieurement contre cette crotte que je fais rentrer.
Elle rétorque qu’elle l’ignore et qu’elle n’a pas cherché à comprendre par soucis d’intimité. Si sa réponse me permet de me détendre un peu, je ne suis pas totalement confiant. Si vraiment elle a une bonne ouïe, elle sait tout ce qu’on s’est dit.
"Et donc...Hirst est ta jumelle c'est ça ? Comment vous avez réussi à partager le même corps ? Les âmes défuntes sont pas censées rejoindre Phaïtos ?"
Triturant ses doigts, elle m’explique qu’elle n’a pas le souvenir précis, sa présence remontant d’aussi lui qu’elle s’en souvienne. Et pour une elfe, ça remonte assez loin. Cependant, elle termine que parfois, sa jumelle prend le contrôle de son corps.
(Ha oui ? Très charmant ! Ceci dit, ça explique certaines choses !)
"Je comprends du coup les changements de personnalité. Mais, la dernière fois que vous étiez ensemble c'était quand ? La pyramide ?"
Après la pyramide plus précisément. C’est d’ailleurs elle qui a cherché à me tuer et a failli réussir, laissant sous-entendre que je lui en veux pour ça. Puis elle me demande pourquoi je me suis détourné de ce qui était convenu dans la pyramide.
(Donc elle pensait à tort que j’étais d’accord avec Vallel. Prêt à tout pour revivre comme l’a fait précisément Mathis !)
"Tu sembles avoir l'impression que je vous ai trahi n'est-ce pas ? Mais je n'ai trahi que l'image que tu t'es faite de moi. A aucun moment je n'ai eu aucune envie d'aider Vallel, bien au contraire ! Libérez les âmes c'était...pas une bonne idée ! Et t'en fais pas pour Hirst. C'est pas la première à vouloir me tuer et pas la dernière. Je suis plus coriace que j'en ai l'air !" Puis je m'arrête un instant pour dévisager Silmeria et reprendre plus sérieusement. "Son absence te pèse c'est ça ?"
Elle comprend que l’un comme l’autre on ne se connaît pas. Elle moi voyant comme un pilleur avec les armes de Xenair sur moi et moi, ne voyant que son célèbre titre de régicide. Puis après une courte pause, elle me confirme qu’effectivement son absence est lourde à porter.
(Donc j’avais raison. On a vécu la même chose elle et moi !)
La tête baissée au souvenir de cette lourde perte, je m’ouvre sur le même sentiment que j’ai éprouvé.
"Tu sais, je crois que je suis celui qui comprends le mieux ce que tu ressens, cette absence. J'ai été dans le corps d'un dragon loin de..." Je regarde autour de moi pour vérifier si quelqu'un n'est pas présent pour m'écouter "...ma faéra. Ensuite, j'ai perdu tout contact avec elle en revenant à Elscar'Olth et je ne l'ai retrouvé qu'une fois de retour dans mon corps après notre mort. Elle représente énormément pour moi et ne plus l'avoir à mes côtés c'était...dure, très dure. Je n'ai pas ta jumelle dans mon cœur, mais...je connais ce vide. J'espère qu'elle te reviendra !"
(Allez tant qu’on est lancé sur les révélations !)
"Il est vrai que n'ai de cesse de te voir comme la régicide, je dois l'avouer, cependant...me concernant c'est plus complexe que cela. J'ai commis une faute que je ne me pardonne pas. Je me méprise moi-même autant que je méprise un autre homme et par l'acte qui t'a rendu si célèbre, il a gravi une nouvelle marche du pouvoir et ça...ça m'irrite au plus haut point ! Mais ça, t'en es pas responsable !"
Selon elle, on ne sera plus les mêmes en quittant de monde dans la version la plus optimiste ou on reviendrait chez nous vivants. Puis curieuse, elle me demande le nom de cet homme. Je préfère ne rien rajouter pour éviter de passer pour un faux optimiste, mais à sa question, je la regarde dans les yeux avant de répondre après quelques secondes d'hésitations.
"Le compte Ybelinor !"
Ce nom lui est familier, apparaissant pendant une réunion de guerre avant Kochii. Elle me demande ensuite pour quelle raison je voudrais le tuer. Me poussant à la surprise.
(Le tuer ? C’est…c’est vrai que j’ai dû dire ça mais…c’était sous le coup de la colère. Je doute réellement le tuer de sang-froid.)
"Je n'ai pas parlé de tuer, mais voir une personne aussi méprisable à une telle fonction ça ne me plaît pas. Enfin, j'suis pas Kendran et il n'y a aucun roi pour dicter mes actes." Puis je dévisage l'elfe avant de poursuivre. "Comment t'as fait pour atteindre le Roi malgré l'armée présente ?"
Ma réaction la pousse à s’excuser de nouveau. Visiblement, à Omyre, c’est ainsi qu’on règle les différends. Quelle ville charmante. Puis elle évoque que les autres cités comme Kendra Kar emploient des assassins et laisse entendre qu’ils ne croupissent pas dans un coin à être payé sans rien faire. Enfin, elle m’explique dans les grandes lignes sa chute des cieux, transportée par Xenair et un poulet à trois yeux. Ensuite, c’est Hirst qui a pris la relève, usant de l’ombre noir pour apparaître sur le destrier royal. Sa garde personnelle n’a pas eu le temps de réagir tant tout s’est déroulé rapidement. Elle termine, ses yeux plantés dans les miens, qu’elle est parvenue à disparaître au sein même des soldats. Ma stupéfaction est totale devant ces propos.
"Eh bien ! Je pense que je serais admiratif devant un tel exploit, si je n'avais été dans le camp opposé ! C'est Xenair qui t'as donné l'ordre de tuer le roi ? Il a dû être fier de toi !"
Xenair n’est pas ce genre d’homme à montrer sentiments, affection et encore moins de l’admiration, bien qu’il l’ait recueilli. Il a quitté Omyre, sans révéler où il se trouvait à présent. Me révélant que Xël voudrait sa peau, ainsi que celle des anciens lieutenants d’Oaxaca disparus, elle me demande ce que je ferais si je devais croiser sa route. Il me faut un petit moment pour assimiler le tout.
(D’accord. Donc Xenair est libre ! D’accord. Les hinion ont donc pas été foutu de le garder captif ! C’est du beau !)
"Aucune idée. Jusqu'à maintenant, je croyais qu'il était toujours en détention, comme les hinions ont survécu au pouvoir du Dragon Noir !"
Puis elle me surprend encore en me demandant pourquoi je le déteste tant.
(Moi le détester ? Mais…mais elle va chercher ça où ?)
"Détesté qui ? Xenair ? Je le déteste pas, je l'ai combattu car il était dans le camp d'en face ! Avant la guerre, je n'avais pas de grief contre lui, ni contre aucun des autres lieutenants. Vallel c'est un peu particulier ! Pourquoi tu penses cela ?"
Elle l’ignore, justifiant ses propos par le fait qu’il lui semble normal de détester celui qui est en face, probablement pour justifier la violence qu’on s’apprête à générer.
(Oui enfin du coup…on devrait tous la détester et inversement non ?)
(Oui, moi aussi je commence à perdre un peu le fils.)
(Fil !)
Elle poursuit en expliquant que c’est elle accompagnée d’Aerq qui l’ont secouru. L’ayant sauvé par le passé, elle avait une dette à rembourser. L’honneur des assassins dit-elle en fixant le vide.
(Elle avait pas mentionné les assassins de Kendra Kar ?)
(Ha oui, c’est vrai ! Je suis curieux de ça.)
"Tu as mentionné que Kendra Kar avait des assassins. Tu as déjà eu affaire à eux je suppose !"
Malheureusement, elle ne fait que des suppositions, puisqu’ils sont raisonnablement assez malins pour ne pas se présenter. Cependant, la princesse doit bien avoir poussé certains à lui rapporter sa tête pour quelques pièces d’or.
(Des suppositions ? Elle établit ce qui ressemble à des faits avérés sur des suppositions ? Bref. Mais ça pose une autre question.)
"C'est très certainement le cas et d'ailleurs ça me pousse à une question : qu'est-ce que tu fais là ? Je veux dire que tu es recherché par Kendra Kar, quand bien même tu t'es retournée contre Oaxaca ! Tu cherches quoi en venant ici à risquer ta peau avec nous ?"
(Quelle sens de la diplomatie !)
(Je sens comme une odeur d’ironie !)
(Tu as du flair dis donc ! Je suis sûr que tu as été un chien renifleur dans une autre vie !)
(Je…merci ? Je crois ?)
Elle répond tout simplement qu’elle n’est pas à Kendra Kar et pour ce qui est des potentiels profiteurs de situations, elle clame qu’elle estime mieux valoir faire bande à part ou s’associer avec Vallel, plutôt que de rester avec des gens qui la méprisent.
(Mais elle a pas dit que tu détestais Xenair parce qu’il était dans le camp d’en face ? Comme elle quoi !)
(Si…si. Moi aussi je…c’est dur de suivre quelqu’un qui se contredit !)
Elle explique enfin que c’est Celès, sa faéra, qui a senti les perturbations de ce monde et qui l’a poussé à enquêter. De plus, l’enjeu dépasse la mort du roi et la prime sur sa tête et ça, je suis on ne peut plus d’accord avec elle. Raison principale qu’on ne s’est pas mis sur sa tronche. Puis haussant les épaules, elle me demande si récupérer la prime m’intéresserais.
(La prime de cette femme qui ne voit que par la noblesse du sang ? Et puis quoi encore ?)
"Désolé mais je ne suis pas le toutou de la princesse ! Et si on retourne sur Yuimen, j'ai bien d'autres préoccupations qui m'attendent." Dis-je en souriant à la proposition. Puis je m'arrête plus sérieusement. "Mais je crois que tu fais erreur. On ne te méprise pas, on te craint et avec raison, si je puis me permettre. Il y a peu, on était dans des camps ennemis, donc faut pas s'attendre à se faire une confiance totale. En plus de cela, t'as pas eu l'attitude adéquate pour te permettre de te faire accepter. Tu as activé le sceau principal avec Xël, agissant hors du plan initial. Tu t'es moqué de nos actions individuelles juste avant de partir sur un coup de tête, en voulant mettre l'orbe du Titan dans la dent de dragon. Résultats, on a fini mort parce que Mathis a subi un cauchemar venant de toi. Tu as participé à la destruction de la pyramide séparant le monde des vivants et celui des morts. Tu as, devant moi, juré allégeance à Vallel, qui est sur ce monde pas des plus appréciés pour les morts qu'il a semés, ainsi qu'aux treize qu'on a combattus il y a peu. Et ça, c'est uniquement ce dont je suis au courant !" Je m'arrête pour résumer aussi calme que possible pour ne pas la froisser. "Tout ça pour dire que si tu veux qu'on travaille ensemble, sans se méfier de toi, tu vas devoir changer tes façons d'opérer. On est pas à Omyre à régler les problèmes à coups de lame ! Tout dépend de toi, mais on peut te tendre la main, ne serait-ce que pour abattre le Dragon Noir. D'ailleurs, Akihito a déjà commencé à te redorer une meilleure image, avec plus ou moins d'insistance."
(Oui, insistance est même un euphémisme !)
Elle ne semble pas apprécier la remarque et si elle admet les conséquences de ses actes, elle demande ce qu’il en a été des décisions de notre groupe. Trouver Maïssa et son aigle a été la seule vraie réussite pour le moment. Puis elle explique qu’elle compte jouer de son allégeance pour obtenir ses bonnes grâces au moment opportun, plutôt que de m’envoyer négocier, moi qui ai été jusqu’à user de notre magie contre les membres de notre propre groupe, pour m’opposer à lui. Elle fait ensuite référence à la magie que Mathis a employé et prétexte que lui comme moi, avons le luxe du pardon.
(Je pense qu’il va falloir clarifier une ou deux choses…ou trois !)
Elle se lève ensuite, fais un pas vers moi pour venir placer son visage en face du mien. Je la regarde venir à moi sans broncher, ne réagissant pas à ce que je perçois être une provocation. Elle laisse sous-entendre que si elle avait à régler ses problèmes comme à Omyre, elle m’aurait éliminé, de même que Mathis et Yliria. Elle poursuit, clamant qu’elle a fait preuve de plus d’adaptation que beaucoup d’entre nous, alors qu’on continue à nous voiler la face. Elle n’a pas peur et ne voit que par un unique objectif, la mort du Gragon…Dragon ! Elle ne reculera rien pour parvenir à ses fins, qu’importe si pour cela il faut détruire la pyramide, s’opposer à nous ou même activer le sceau principal. Puis elle me prend en exemple, m’intimant à réfléchir à ce que je serais capable de faire pour ce même objectif, me leurrant sur le pouvoir de l’amitié qui nous sauvera des dommages collatéraux. Il y aura la mort, la destruction, des villes à feu et à sang durant les terribles affrontements avec le monstre et ça en vaudra la peine.
(Je…je sais pas quoi en penser là ?)
(Oui moi non plus. C’est tellement sens dessus dessous ! Son allégeance alors que Vallel l’appelle la putain des treize. Penser qu’éliminer ceux qui vont pas dans son sens permettrait une meilleure cohésion d’équipe. Ses actions contraires à son objectif. Croire vainement que détruire la pyramide était la seule et unique chose à faire. Supposer que j’ai besoin d’un quelconque pardon et que Mathis a obtenu le sien. Il y a trop à dire et c’est déjà la merde à la suivre ! Si je me lance dans des arguments point par point, je vais perdre le peu de…de…bordel je sais même plus ce qu’elle cherche à faire !)
(Je…essaie de te contenter de l’essentiel !)
(Faisons ça ! L’essentiel !)
"J’ai tellement de trucs qui me passe par la tête, mais je vais pas m’enliser dans un argumentaire qui n’aurait pas de sens. Saches cependant que je n’éprouve pas le besoin d’un quelconque pardon concernant la pyramide. Selon moi, il y avait d’autres possibilités que notre magie nous offrait, mais que Mathis a trop rapidement balayé et pour ça, je lui ai moi-même dit qu’il n’avait pas ma confiance. En ce qui concerne les décisions graves à prendre, j’ai déjà assez en tête pour m’imaginer en plus tous les pires scénarios et comment y réagir." Je m’arrête un bref instant avant de poursuivre, sans chercher à rompre le contact visuel. "En revanche, je suis totalement d’accord avec toi sur nos actions de groupe. Pour le moment, c’est un échec cuisant. Notre plan contre le Titan ne s’est pas déroulé comme prévu et alors qu’on n’avait pas encore défini comment s’occuper de l’orbe, il y a eu des précipitations. Dans le premier cas, ça a coûté la vie inutilement à des sorciers, ça les menace encore maintenant et il se pourrait bien que tout ce monde soit en danger. Dans le second, on a non seulement perdu la vie, mais aussi quatre jours, à présent cinq sur les actions de notre ennemi commun. Des conséquences qui ne font qu’agir en faveur du Dragon et dans les deux cas, le dénominateur commun : c’est toi ! Mais ce n’est que mon avis sur la situation. Si j’ai tort, je suis tout ouïe !"
(Ho punaise ! Que je n’aime pas ce petit sourire tout guilleret qu’elle affiche là !)
Elle rétorque que ce n’est pas elle qui a engendré notre mort via l’invocation du juge et suppose qu’il n’a pas eu droit au même discours. Elle dégaine une de ses armes pour venir la plaquer contre moi, m’invitant à mettre un terme au problème principal de notre groupe. Puis elle tapote la dague de Xenair que je porte et m’invite à être digne de la lame du plus grand assassin d’Omyre, en agissant avec froideur et détermination.
"Je suis un fardeau à porter Jorus ? Le suis-je ?" Fait-elle d’une voix différente, plus froide et cinglante qu’auparavant.
(Est-elle sûre que Hirst est vraiment partie ? Je commence à avoir un doute !)
Je ne fais aucun commentaire cependant sur ce changement soudain, prenant la lame qu’elle me force à saisir.
"Concernant le juge, non pas vraiment. Pour la simple et bonne raison qu’à sa place, j’aurais agis pareil si j’avais vu tout notre groupe périr par ta lame, sauf que le résultat aurait pu être pire ! Toi-même tu appelles ça : une décision lourde de conséquence !" Puis je porte la lame près de nos visages, déjà proches, la prenant par la lame. "Je suis au regret de te décevoir, mais je ne suis pas un assassin. Tu veux savoir si tu es un fardeau, un obstacle en faveur du Dragon ? Il n’y a qu’une seule personne qui peut se targuer d’avoir un tel jugement…" Je repose la dague sur elle en poursuivant. "…c’est toi-même ! Poses-toi cette question. En quoi tes actes et leurs conséquences t’ont rapproché de l’objectif que tu t’es fixé ?"
Elle reprend son arme et la rangeant, calme qu’elle ne regrette pas son geste. Si elle et sa jumelle partageaient le même corps, elles n'ont pas forcément les mêmes avis sur la façon d’agir. Mais maintenant qu’elle n’est plus ici, on a plus ce problème, quand bien même ce duo était naturel chez elle. Puis après un petit rire, elle me demande qu’elle est ma spécialité, moi qu’elle pensait être un assassin. Elle va même me proposer un duel amical, prétextant ainsi renforcer les liens et créer une excellente dynamique. Une pratique à laquelle elle aime s'adonner.
(Un duel ? C’est…il n’y a rien de mortel rassure-moi ?)
(Franchement, je commence à croire qu’on parle pas la même langue alors…tout est possible ! Cependant, son absence me met toujours mal à l’aise. Je me revois quand elle en parle.)
"Je ne vais pas nier que l'absence de Hirst ne va pas m'empêcher de dormir. Mais je connais ce vide que tu ressens. J'espère que tu parviendras à le combler." Fais-je avec une note de tristesse dans la voix. "Et pour ce qui est de ta proposition, avec les différences de compréhension et de point de vue, j'ai peur de ce que tu appelles un : duel amical !"
Il ne s’agit selon elle que d’un échange sans entailles plus ou moins profondes, ne laissant les armes que dans les fourreaux.
(Ben voyons !)
(…)
(Quoi tu n’envisages pas d’accepter tout de même ?)
(Si…Non ! Si. C’est juste qu’elle est très douée au combat et que, même si je me sais pas aussi habile qu’elle, je pourrais en tirer avantage avec un duel de la sorte. Ne serait-ce qu’en appréhendant l’écart entre nous !)
"Pourquoi pas ! Mais pas maintenant, j'ai vraiment pas la tête à ça !"
Il en est de même pour elle. Cependant, elle met l’accent sur la crainte que je ne devrais pas avoir avec elle. Si sa jumelle a voulu me tuer, elle sait faire abstraction des erreurs des autres. Me tournant le dos pour s’asseoir, elle prétexte qu’elle est probablement la seule à le faire. Je profite qu’elle ne me voit pas pour lever les yeux au ciel comme jamais.
(Oui par contre le fait qu’on soit dans la merde à cause d’elle et que l’on ne la mette cependant pas sur le pilori, ou que Akihito s’acharne à la défendre, ça…c’est secondaire !)
"Tu m'as fait comprendre qu'il y aurait eu moins de monde si tu avais eu recours à quelques coups de lames. Je suppose que pour Mathis c'est d'avoir généré le juge, mais pour Yliria ? Il y a une raison particulière ?"
(Oui c’est vrai, j’ai pas relevé d’agissements contre ta petite chouchoutte !)
(C’est pas ma…Passons !)
"Hrist n'a ni ma patience ni ma retenue, en effet. Yliria, c'est une Shaakte. Les Elfes noirs sont responsables de la mort de mes trois sœurs."
(Pardon ?)
"Je suis la seule survivante d'une mission commanditée par le Roi de Kendra Kar."
(Attends, de quoi ?)
"On devait avoir des renforts pour faire face aux Shaakts et l'état major a préféré nous laisser tomber. Hrist a juré de tuer le Roi et les matriarches de Caix. Le sang des Shaakt coule dans ses veines aussi, elle n'aurait pas eu besoin de beaucoup plus qu'un regard de travers. Mais je suis plus... souple."
(Mais elle…)
Je sais pas quoi dire, ni quoi penser pour le coup. J’arrive plus à savoir le vrai du faux quand elle parle que j’en reste bouche bée, mes yeux clignant plusieurs fois tout au long de ses explications. Loin de savoir que je lutte intérieurement pour garder un semblant de cohésion dans mon esprit, elle me demande si cette conversation, ce premier échange entre elle et moi a pu m’apaiser. Encore une fois, je cligne des yeux de stupeur.
(…)
(Pfff hahahahah ! Elle est sérieuse ?)
(Mais comment elle peut croire à ce qu’elle vient de dire et après tout ce qu’elle m’a déballé ?)
(Tu sais quoi ? Plutôt que de chercher un démêlé le sac de beuh de son esprit, j’aurais mieux fait de m’installer et profiter du spectacle !)
(Attends s’il te plaît ! Ne m’égare pas, c’est moi qui dois faire le tri et…bordel j’aimerais tellement être à ta place !)
"Heu…on peut revenir sur tes derniers propos. Non parce qu’entre Yliria que tu pourrais éventuellement tuer parce qu’elle ressemble à quelqu’un que tu as connu, tu as également déclaré que tu n’avais que des suppositions concernant les assassins à Kendra Kar et maintenant j’apprends que tu as été l’un d’eux. Tu dis aussi que Hirst est ta jumelle, mais elle a également du sang shaakt que…ben que tu n’as pas ! Donc là, apaisé c’est pas le terme précis que j’aurais employé !"
(Tu m’étonnes ! J’aurais dit anéanti, égaré, coulé, désemparé, désorienté, décontenancé, déboussolé, désespéré…)
(Oui merci, j’ai…j’ai saisis !)
Silmaria explique la méprise. Le sang shaakt faisait référence à Yliria et malgré le grand ressentiment pour cette race, elle ne compte pas la tuer. Quant au roi, il passait via un intermédiaire du nom de Lune. Elle ignorait donc à ce moment qu’il s’agissait du Roi. D’ailleurs, elle ne travaillait pas directement pour le Roi ou Oaxaca. C’est par le biais de Xenair qu’elle recevait ses missions, et par extension, Omyre a joui davantage de ses capacités.
(Donc si je comprends bien, elle était globalement neutre. Elle a juste œuvré en tant qu’assassin, qu’importe la mission. Cela explique pourquoi elle en veut au Roi pour l’échec de la mission qui a valu la mort de trois des siens.)
"D'accord donc de ce que j'en comprends, tu n'étais pas vraiment affiliée à Omyre par le passé, mais tu faisais plus partie d'un groupe d'assassins, aux ordres de Xenair qui lui, œuvrait pour ceux qui payaient bien. C'est ça ? Mais si ce que tu dis sur le roi de Kendra Kar est vrai, je comprends pourquoi tu as voulu sa tête !"
Elle poursuit que si la princesse lui propose une mission, plutôt que de lui envoyer des assassins se tuer à la tâche elle y réfléchira, même s’il y a peu de chance qu’un tel événement se réalise. De plus, elle précise que peu importe le commanditaire, sous les ordres de Xenair, elle tuait bien plus de Garzocks que de Kendran.
"Et juste par curiosité, les services d'un assassin de ta renommée s'élèvent à combien ?"
Cela dépend bien entendu de la cible et de son entourage. Un officier ou un noble, il faut compter entre cinq et dix pièces d’or. Un groupe de soldats armés autour d’un politicien ? Plus de dix pièces. Bien entendu, ce n’est pas à l’assassin de gérer la transaction, mais il lui est déjà arrivé de se faire payer deux œufs durs par une femme qui avait perdu fille et époux par le fil de l’épée. Cependant, maintenant qu’elle a une renommée mondiale, il est temps de prendre sa retraite, laissant sous-entendre des tarifs exorbitant à présent. Néanmoins, après un petit temps de réflexion, elle pourrait me vendre ses compétences pour mille yus en citant un certain comte.
(Mille yus ? Ce n’est pas cher payé je trouve !)
"Je t'ai dit que je ne comptais pas tuer le comte. Cependant, si d'aventure je devais réviser mon jugement, je suis du genre à vouloir gérer le problème moi-même ! Je ne suis pourtant pas aussi doué que toi, donc je garde ça en tête." D'un coup, une petite interrogation amusante me vient en tête.
(Ho toi ! A quoi tu penses là ?)
"Et moi ? Combien je vaux ?" Dis-je en souriant, tendant le bâton pour me faire battre.
Disparaissant sans prévenir, je sens l’une de ses armes titiller amicalement une de mes côtes, avant de l’entendre que je ne vaux guère plus que cinq yus. Elle éclate d’un rire amusé, comme celui d’une petite fille charmante après l’une de ses farces, même si après sa disparition, une nouvelle larme noire coule le long sur sa joue. Je l’écoute sans rien dire, profitant de ce moment que j’estime privilégié et surtout, très rare.
(Si je puis me permettre, il y a un autre événement rare auquel tu devrais porter de l’intérêt ! Un bain !)
(Oui, c’est vrai que j’ai toujours une bonne partie…d’elle, sur moi et je ne sais pas ce que va donner l’étrange liquide dans lequel on m’a plongé. Ha ! Que ne donnerais-je pas pour retourner à l’île des elfes dorés ! Leurs bains, leurs parfums, cette eau chaude si agréable !)
"Je pense que tu n'as pas besoin que je reste, ton état semble s'être stabilisé pour le moment. Je vais en profiter pour aller me nettoyer plus en profondeur !"
"Faites donc mon cher. Je vais les laisser terminer leur réunion. J'ai a penser de mon côté."
Un peu surpris par sa réponse et entre les tensions de nos multiples échanges verbaux, terminer par une note d'humour ne fera pas de mal, surtout qu'on est ammené à travailler ensemble. Je me laisse porter par l'ambiance actuelle, visiblement plus agréable pour un et pour l'autre. Je me lève et fais une révérence à Silméria, avant de quitter les lieux pour me rendre à la zone commune, évitant aussi d’être repéré par les autres pour profiter d’une tranquillité agréable.
(Dommage ! Yliria aurait pu te rejoindre !)
Qu’importent les taquineries de ma faéra, je me déshabille pour entreprendre de laver mon corps, grâce au seau d’eau et à des savons à la graisse de bête.
(Houuuuuuuu qu’elle est froide !)
(Oui. Et finalement, c’est peut-être pas plus mal qu’Yliria ne soit pas là, vu à quel point elle est froide !)
A défaut de ma faéra, j’ai toujours ma précieuse broche pour me réchauffer. Je fais au plus vite cependant pour me laver, craignant d’être rejoint pas quelqu’un de mal avisé, juste un peu trop curieux, ou simplement ayant eu la même idée que moi. Ensuite, c’est sur mes vêtements que j’enlève les morceaux de bile noirâtre. J’inspecte ensuite mes armes, prenant grand soin à elles. Après cela, il reste un dernier point à voir et de taille. Demandant un espace libre de regard indiscret, j’arrive dans une pièce qui me semble correspondre aux attentes. Du moins, je l’espère.
Je regarde mes mains avec une certaine fébrilité. Les paroles de Zacara résonnent encore en moi en contemplant les croix qui sont présentes dans le creux de mes paumes.
"Je pense qu'il faut que vous les maîtrisiez plutôt que l'inverse. Ca, j'en suis convaincu, qu'importe leur origine."
Le sorcier a toujours été de bons conseils, éclairant mon chemin dans un brouillard insondable. Alors soit. Si je dois maîtriser ces choses, autant commencer maintenant. Je sais faire rentrer ces...appendices, comme le dis Zacara, au prix d’un effort de volonté. Ce qu’il me faut, c’est savoir comment les faire sortir et les rentrer plus facilement. Une main à la fois pour plus de simplicité. Je regarde ma main droite et tente de faire sortir cette espèce de vers. J’essaie plusieurs façons, plusieurs images dans ma tête, comme cette façon si particulière de les faire rentrer dans mes mains. Hélas, rien ne semble vouloir sortir.
(J’y ai déjà songé. Je crois que la première fois qu’ils sont sortis, c’est lorsque tu as voulu t’étirer. Tu devrais, essayer quelque chose de similaire !)
Il est vrai que hormis le stress, ce n’est qu’au premier matin de mon retour dans le corps qu’ils sont sortis pour la première fois. Cependant, je n’ai pas envie de répéter l’erreur de finir dans un mur. Je tends ma main devant moi, laissant ma paume bien ouverte droit devant. Je n’ai certes pas de visuel ainsi, mais dans l’idée que j’ai, cela me paraît…plus naturel.
(Voilà, maintenant…tu dois les faire sortir !)
(Oui, c’est un peu le but de la manœuvre !)
(Non ce que je veux dire c’est…pour toi, ton double semblait les manier de façon naturelle, comme s’il respirait. Je me trompe ?)
(Non c’est ça !)
(C’est donc une partie de toi, capable d’aller au-delà de ta propre main !)
(Je ne vois pas où tu veux en venir.)
(Ecoutes ! Imagine que ta main est posée sur la surface d’un objet. Maintenant, sans bouger, essaie de repousser cet objet !)
(Je crois que je comprends ce que tu veux me pour à faire !)
Suivant les directives de ma faéra, je mets ma main droite, simulant un objet et me retenant d’avancer, pousse cet objet illusoire. Je sens quelque chose s’agiter dans ma main…non, dans mon avant-bras même. Cette sensation se répercute jusqu’au creux de ma main, jusqu’à cette impression déjà trop bien connue, que cette chose en sort. Je tourne la main pour le contempler, craignant que cela ne l’arrête, mais la progression se poursuit lentement mais sûrement, du moins tant que je garde ma concentration. Je m’arrête, reprends ma progression, m’arrête de nouveau.
(Ca marche je…je le contrôle !)
(Oui t’arrive à sortir ce…t’arrive à le sortir tout seul ! C’est loin d’être une maîtrise parfaite, utilisable en combat comme ton double, mais c’est clairement un très grand pas en avant ! Essaye de les faire rentrer à présent, mais sans ton truc de crotte qui rentre s’il te plaît !)
(J’ai fait ce que j’ai pu avec les moyens du bord !)
(A présent tu as le temps, donc plus d’excuses ! Répète le même geste mais au lieu de pousser, essayer de…tirer à toi, comme si c’était collé.)
De nouveau, je m’exécute sans broncher et tandis que cet appendice sort de plus d’un mètre je crois, gesticulant de façon totalement libre de ma volonté, je tends la main et cherche à visualiser un objet que je tirerai à moi. Déjà capable de les rentrer, l’exercice est encore plus simple que le précédent et le contrôle plus fluide qu’avec ma première version.
(Et c’est moins dégueulasse !)
C’est presque euphorique que je m’exerce à sortir et rentrer cette chose de ma main. A mesure que je répète le geste, les vas-et-viens sont plus en plus rapide. Même s’il y a un temps d’arrêt pour passer de la poussée au mouvement contraire.
(Oui bon ça va aller là ! Tu passes de répugnant à salace. Je te reconnais bien là !)
Laissant tomber cet enchaînement que moi, je qualifie d’exercice pratique de rapidité, je recommence en poussant fort et tirant de même. Evitant ainsi les remarques désobligeantes. Cependant, un imprévu fait irruption.
(Mais…c’est…normal…que…ça…aille…si…loin ?)
Tout aussi surpris que ma féra, ce qui ressort de mon bras commence à prendre une longueur assez surprenante. Bien plus loin que dans mon souvenir. Par réflexe je le retire, mais Ysolde voit différemment.
(Non, non ! Pousse-le au maximum !)
(Quoi mais si jamais...je sais pas…)
(Si quoi ? Au pire il va peut-être sortir de ton bras !)
L’argument est tellement le bienvenu qu’une seule seconde de réflexion me suffit pour brandir mon bras et pousser aussi loin que possible. Hélas, il semble y avoir une limite à ce que je peux faire et ce qui ressors de ma main refuse de s’extraire complètement. Je ne me laisse pas abattre et tire plusieurs dizaines de centimètres, avant de pousser plus fort, espérant qu’un peu plus de force suffise. Toujours pas et étrangement, j’ai l’impression que la distance semble similaire à chaque fois, pour ne pas dire complètement identique.
(Bordel mais il est particulièrement long non ?)
(Oui en effet ! Mon double ne pouvait, ou ne voulait pas en faire de si long !)
(Essaie de faire pareil avec ton autre main !)
Poussé dans mon désir de les dominer plutôt que l’inverse, j’ai complètement oublié que mes deux mains sont affectées par le même problème. Laissant plusieurs mètres sortir de ma main droite et se promener comme il l’entend, je tends mon autre main et pousse comme précédemment. Mais rien.
(Tu es sûr de bien le faire ?)
(Pour être sûr oui ! C’est…c’est comme si ça refusait de sortir. Un peu comme mon autre main qui semble atteindre une limite !)
(Mais on est bien d’accord que tes deux mains peuvent en sortir ?)
(Ha ça je te le confirme ! Je me revois encore à la réunion et ces choses sortant de mes deux mains, les cachant pour qu’Yliria ne les voient pas.)
(Ha ce propos, sa faéra est juste derrière-toi !)
(Que…quoi ?)
Je me retourne vivement pour la regarder complètement paniqué, mais encore une fois, Ysolde s’est jouée de moi. En revanche, j’ai un nouveau problème. Sous l’effet de ma frayeur, plusieurs mètres de ce qui ressort de ma main s’agitent dans tous les sens et ce, nerveusement. Ca frappe, ça claque contre tout ce qui est à portée et ça fouette sans les airs. Je suis moi-même attaqué et reçois des coups qui blessent davantage mon égo que mon corps.
(Rentre-le ! Mais rentre-le !)
Sans plus attendre, je fais tout rentrer dans ma main, avant d’avoir d’autres problèmes.
(C’était pas bien malin ça !)
(Peut-être, mais on sait une chose grâce à moi !)
(Ha oui et laquelle ? Que si je perds le contrôle je pourrais m’étrangler moi-même ?)
(Disons deux choses alors ! Même si tu as paniqué rien n’est sortie de ta main !)
Elle dit vrai. Là où mon autre main aurait dû réagir, rien n’est sortie. Comme si…
(Comme si tu ne pouvais pas systématiquement les sortir ensemble !)
(C’est étrange non ?)
(Pas forcément, faut juste comprendre pourquoi. Trouver ce qui différencie l’usage à deux mains et une seule ! En revanche faut qu’on parle d’une chose là !)
(Laquelle ?)
(J’en ai marre d’entendre parler d’appendices, de trucs, de machins…Nomme-les une bonne fois pour toutes !)
(Quoi mais…)
(Si tu le fais pas, moi je les appelle Jean et Jaques !)
(De quoi…)
(Rox et Rouky ? Tic et Tac ? Je sais, je sais ! Perte et fracas !)
(Bon d’accord. Quitte à nommer ces ch…quitte à les nommer, autant que ce soit quelque chose que je comprenne. Mais pas tes noms sortis de je ne sais où !)
(Bien, c’est mieux ! Alors quoi ? Des lianes ? Des tentacules ? Des poils dans la main ?)
(Des fouets !)
(Des fouets ?)
(Oui c’est…de ce que mon double m’a montré, c’est l’impression la plus naturelle qui ressort.)
(Très bien, va pour les fouets du carnage et du vice !)
(Non, juste fouet. Pas la peine d’en faire des caisses !)
(Pfff quel rabat-joie ! Allez, essaie de voir avec l’autre. Il est peut-être différent ! Qui sait si des épines vont pas pousser !)
Etrangement, cette idée ne me rassure en rien, mais il n’y a qu’un moyen de le savoir. Je tends mon bras et fait sortir cette ch…le fouet qui est présent. Tout comme son frère, il est parfaitement identique, à mon grand soulagement. Et lorsque je fais sortir celui de ma main droite : rien. Alors que c’est celui que j’ai le plus pratiqué.
(Et les deux en même temps ?)
(Essayons !)
Je rentre tout dans ma main et tends les deux bras devant moi. Les deux sortent sans problème, même si simultanément est un peu plus difficile qu’en s’exerçant sur une seule main. Je les pousse encore et encore, mais je ne parviens pas à atteindre la même distance. C’est deux à trois fois moins grand.
(Deux fois seulement je dirais !)
(Ha ? Madame est une experte en calcul des distances ?)
(Tu veux parier ? Moi je peux déterminer la taille avec une bonne précision.)
(Je suis curieux de voir comment tu as t’y prendre !)
(Si j’y parviens, tu m’appelleras sa sainte beauté resplendissante!)
(Paris tenu et si c’est pas le cas ?)
(Laisse-moi rire ! Bien, prend ta lame la plus affûtée et trace une marque au sol. Mets-toi devant l’espace le plus large possible.)
J’ai un moment d’hésitation à sortir la lame de dragon, mais ce n’est qu’une marque au sol. Puis suivant les directives de ma faéra, je vais sortir mes deux fouets, cherchant à les tirer le plus possible en longueur. Ils sont encore indisciplinés, mais moyennant une marge d’erreur avec le chef d’étude, je plante la lame là où il m’a semblé être la limite. Puis, sortant le fouet d’une main et l’attrapant de l’autre, je fais le tour du manche. Je force le fouet à sortir de ma main lentement, tout en le tirant de l’autre, reculant jusqu’à la première marque. A quelques centimètres près, je suis incapable de pousser davantage.
(Ho yeaa ! Ho yeaa !)
(Ca va, fais pas gonfler tes chevilles maintenant ! Le pari c’est de déterminer la longueur des fouets. Pas le rapport une main/deux mains !)
(Tu es tellement naïf ! Allez, allonge-toi au sol et mets tes pieds au niveau de la marque. Pas de triche hein !)
Je m’exécute et une fois cela fais, je dois faire une autre marque avec ma dague de glace.
(Attention de pas te couper avec !)
(Merci je connais mes propres armes !)
(Je connais mes propres armes, sa sainte beauté resplendissante !)
(Tu n’as pas encore remporté le pari !)
(Une question de temps mon p’tit !)
Je m’allonge au sol, fais une marque et comprends enfin ce qu’elle a en tête.
(Combien tu mesures ?)
(Heu…un mètre quatre-vingt quinze et un p’tit chouya !)
(Pheu quelle blague ! Ou avec les cheveux dressés alors ! Non, toi tu dois faire un bon mètre quatre-vingts de mémoire ! Allez, recommence à partir de la nouvelle marque et oublie pas d’enlever ta dague, ça pourrais gêner d’avoir un truc pareil dans le dos.)
Je suis les indications d’Ysolde que je suis sur le point de devoir nommer autrement. Je fais une autre marque là où s’arrête ma tête et regarde ce qu’il en est.
(Bien alors mon Jojo. Si la première marque il y a de la marge, la seconde est plus proche, même si elle dépasse un peu. Alors il y a quoi, cinquantes, soixantes centimètres, un peu plus peut-être ? Allez mettons cinquante, c’est plus facile à calculer. Donc mon Jojo tu fais un quatre-vingts, trois soixante pour la seconde marque et si on enlève ce qui dépasse, trois dix, sachant qu’il y en a un peu plus. On a compté au plus bas. A mon avis, tes fouets doivent faire dans les trois mètres et si tu n’en utilises qu’un seul, tu arrives à six mètres. Voilà !)
(Heu…je…je sais pas quoi dire là !)
(Moiii…je saiiis !)
(Merci ?)
(Merci, sa sainte beauté resplendissante !)
(Merci, sa sainte beauté resplendissante !)
(Pardon ?)
(Merci, sa sainte beauté resplendissante !)
(Excuse-moi je suis un peu dure de la feuille, tu peux répéter…bien, bien plus fort pour les gens du fond ?)
(Merci, sa sainte beauté resplendissante !)
(Ha ! Voilà qui est mieux ! Bon on passe à la suite !)
(La suite ?)
(Il est temps de passer à l’exercice pratique ! Ton double était capable de pas mal de choses avec. Maintenant, tu vas devoir t’entraîner à fond pour atteindre son niveau.)
(C’est vrai. Hormis les sortir et les rentrer, jusque-là on n'a pas vraiment fait de progrès. Bien !)
Mon double était capable de non seulement frapper avec mes fouets, mais il était également en mesure de manier une arme à son extrémité, lui faisant gagner une allonge hors norme. Laissant sortir le fouet de ma main droite, je le fais sortir de quelques centimètres et l’enroule autour de la garde de ma pourfen’dent. Il me faut du temps et de la concentration pour réaliser cette simple prise, mais j’arrive à extraire mon arme et étends mon fouet à son maximum.
(Je…je sais pas si c’est une bonne idée !)
Grâce à mes réussites précédentes, je suis assez confiant et surtout, j’ai envie de savoir si je suis capable des mêmes exploits. Sans attendre, je fais quelques mouvements simples avec mon arme et mon fouet, sans vouloir immédiatement tenter d’attaquer des adversaires imaginaires. Le fouet m’obéit avec difficulté. Non, disons qu’il se déplace parce que je lui en donne l’ordre, mais pas vraiment là où je le désir. J’essaie de le forcer à ma volonté, mais en agissant trop prématurément, il se met à s’agiter dans tous les sens vivement. Trop vivement même. Mon fouet commence à devenir incontrôlable, frappant ce qui m’entoure et fouettant l’air avec une lame dont je connais que trop dangerosité. La panique qui commence à monter graduellement n’est pas vraiment pour me porter secours.
(Faut que tu lâches ta dague mon Jojo !)
(C’est déjà ce que j’essaye de faire !)
Evidemment, lâcher une arme lorsqu’elle est liée à vous et devient incontrôlable, c’est l’évidence même, mais c’est une tout autre paire de manche lorsque vous la maniez via un fouet incontrôlable, long de plusieurs mètres, que vous avez découvert la présence le matin même et que vous tester pour la première fois votre maîtrise à le manipuler. J’en arrive donc à devoir éviter les attaques aléatoires de ce qu’on peut appeler : mon propre membre. J’arrive, je ne sais comment à desserrer la prise sur ma dague, mais cette-ci arrive au pire moment. Relâchant la pression alors que le fouet cingle l’air, ma propre dague se voit projeter dans la direction. Contrairement à ces nouvelles excroissances, j’ai eu beaucoup plus de temps à maîtriser mon corps, le façonnant et appréhendant ses limites. Avec vivacité, je me laisse choir au sol, pliant mes jambes je brise la tension musculaire qui me retient debout. J’évite ainsi de me faire trancher par ma propre arme, perdant au passage une petite touffe de cheveux. Je finis ainsi dans une position inconfortable, dos au sol et les jambes tellement pliées que mes pieds arrivent à hauteur de mes fesses, nécessitant un changement rapide de position si je veux que mon sang continue de circuler de nouveau en dessous de mes genoux. Au moins, je suis toujours en vie et ça, c’est très appréciable.
(Je propose d’éviter de sauter les étapes !)
(Je vote pour ! Des conseils pour apprendre les bases du coup ?)
(Laisse-moi réfléchir ! Avant de manier tes fouets de la sorte, il faut déjà savoir si tu peux les contrôler avec facilité avec une petite longueur. Un petit exercice ludique en quelque sorte !)
(Ha je sais ! Sur les bateaux, j’ai souvent vu un jeu intéressant avec des lames qui se déplacent rapidement sur une main écartée !)
(Wow, wow, wow ! Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée après ta dernière expérience !)
(Je vais juste faire une variante beaucoup plus sûre.)
Joignant le geste à la parole, je commence à écarter la main droite, paume face à moi et sortant le fouet sur une dizaine de centimètres, je le pousse à se déplacer selon ma volonté et visiblement, ma volonté paraît faire la sieste. Même avec si peu de longueur, j’ai l’impression de bouger les doigts d’une autre personne. Il me faut de la patience pour saisir comment le déplacer uniquement pour le passer de l’espace entre mes doigts à un autre.
(Je crois que ça va être long. Trèèès long ! Mais c’est le meilleur chemin pour apprendre sans finir empalé sur sa propre lame !)
Découverte de mes fouets, apprentissage de ceux-ci et tout premier apparté avec Sissichtouille qui ne se finit pas avec du sang, c'est à marquer comme il se doit !
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