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par Sirat » jeu. 21 mai 2020 22:17
Ils cheminèrent en silence sur la route bordé de conifères, ils marchaient sur un tapis de brindille qui avait fui les sapins poussé par le vent et craquait sous leur pas.
Sirat observa Hatsu qui marchait devant lui à quelques pas. Elle avait une démarche souple et agile, droite elle avançait, méditative vers sa destination.
Combien de temps pour arriver à destination ?
Il fallait quatre jours vers l'est et une journée au nord. Elle avait répondu sans se retourner.
Sirat acquiesça
Vous êtes songeuse, tout vas bien?
Elle hausse les épaules, elle réfléchissait simplement à ce qu'elle allait faire une fois là-bas.
Il leva les yeux au ciel. Les pics rocheux se perdaient dans les nuages.
Vous jouez déjà la partie... Si vous pensez ce que l'on va faire, c'est que vous savez ce que l'on va trouver, d'ailleurs quesqu'on cherche exactement ?
Elle n'aimait pas se jeter dans l'inconnu sans avoir de plans de secours. Elle ne se sentait pas taillée pour le combat et elle préférait l'éviter et y réfléchir pour en tirer un avantage. Elle jeta un regard derrière son épaule et reprit, ils cherchaient un carquois simplement.
Il esquissa un sourire au mot simple
Je suis taillé pour la bagarre cela vous fait un atout de plus dans votre manche, je suis ravie.
Elle l'observa à la dérobée alors qu'il était remonté à son niveau.
Il lui rendit son regard, elle jaugeait son équipement, lui les formes sveltes et athlétique de la jeune femme.
Il vous plait ? Mon équipement... Des souvenirs de voyage
Dit-il fièrement en bombant légèrement le torse.
Elle haussa un sourcil, il était bien trop encombrant pour elle et trop voyant, de toute façon elle n'aimait pas le contact.
Il laissa s'échapper un rire un peu fort
Le contact ça a du bon, croyez moi. Mais je me doutais bien que vous n'enviez pas mon marteau, à la façon dont vous le regardiez, je parlais plus de ce qu'il représente. Vous êtes toute jeune, mais on ressent que vous êtes pleine d’allant pour ce genre de quête.
Elle avoua que l'aventure l'attirait, qu'elle ne voulait plus être enfermé dans un carcan, entre quatre murs. Le rôle de petite fille sage ne lui convenait pas.
Rien de mieux en effet que l'aventure !
Il laissa un silence s'installer et marcha un peu sans rien dire. L'atmosphère était empli de fraicheur et de l'odeur sucrée de la résine de pin.
Vous n’êtes pas de ce genre... De celui qu'on enferme
Elle sourit, son visage s'éclaira, radieuse au compliment de l'humoran. Elle était une chasseuse et elle aimait la liberté, même si elle préférait la foret à la montagne. Elle contempla les alentours un instant, le froid se lisait partout, sur les pierres, sur le bois, dans l'air.
Elle lui demanda ce qu'il l'avait poussé à venir.
Il la jaugea un instant
L'aventure, je suppose aussi, l'envie de vous aider, des choses simples
Il lui rendit son sourire
Et j'avais besoin d'une bonne chasseuse à mes côtés.
Elle le scruta une seconde avant de reporter son attention sur la route.
Et bien, il ne reste qu'à espérer que ce voyage soit intéressant pour tout le monde.
Ils marchèrent sur le chemin rocailleux encore quatre jours. Le paysage se déroulait devant leurs yeux, en silence. Leurs sacs et leur armement se balançaient au rythme de leur pas, saccadé par instant par la route escarpée.
Il progressait régulièrement et sûrement, sous le couvert des sapins, entre les rochers abrupts et les vallées larges qui séparaient les massifs, toujours cachés dans le brouillard glacial.
Plus il montait en altitude, plus l'effort devenait ardu.
La nuit ils se relayaient pour monté la garde.
Il n'était plus qu'a un jour.
Sirat regardait le ciel, la nuit était claire, s'était son tour de garde. Les étoiles parsemaient une toile ténébreuse. La lune brillait, haute dans le firmament perlé de lumière.
Le duo dormait un peu plus loin. Seul le hululement d'un hibou venait rompre ce silence. Sirat était assis, il respirait lentement. Son esprit vagabondait, il leur restait une journée de marche et il espérait enfin voir de l'action, l'inaction commençait à le peser et son esprit moins afféré se permettait des libertés. Sa mémoire charriait les souvenirs qu'il pensait oublier.
N'kpa, l'île maléfique, leur séparation et le rôle qu'il avait joué. Cette petite archère avait remué des cadavres qu'il espérait enfoui.
Il soupira. Inconsciemment, il se remémora la maison où ils avaient vécu heureux, simplement. Il la voyait, elle chantonnait, tandis qu'il lézardait sur le lit. Il se mit à fredonner, la nostalgie de cet instant, il ne connaissait pas les paroles, mais dans l'atmosphère glaciale des montagnes, il chantonna un air délicat et simple qu'elle lui avait chuchoter jadis.
Il était seul, dans la pénombre, sa cape le protégeait du gel. Mais avec cette chanson il se sentait moins abandonné.
Isolé, il ne l'était pas. Occupé qu'il était à caresser ses pensées, il n'avait pas entendu, non loin de lui, l'archère qui s'était redresser.
Elle avait sorti une flûte d'ivoire en forme de loup qui luisait au clair de lune, un délicat son en était sorti et il se mêlait au fredonnement du zélote.
La mélodie se glissait parmi les rocailles pour l'accompagner.
Il se stoppa un instant, surpris, mais la mélodie qui évoluait sous les doigts et qui était portée par le souffle subtile de la jeune femme, lui plaisait. Il reprit la chansonnette se concentrant juste sur ses sensations et ses désirs.
Lorsqu'elle retira la flûte de ses lèvres et qu'un souffle embrumé s'échappa, elle leva son regard vers l'Humoran avant de poser son instrument avec délicatesse.
Elle espérait ne pas l'avoir dérangé, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas profité de musique et le fredonnement du zélote lui avait donné envie de jouer.
Il s'arrêta et prit un instant pour contempler le crépuscule.
Non, vous ne m'avez pas dérangé, juste un peu surpris au début... Je pensais que vous dormiez.
Il se retourna et la considéra dans l'obscurité. Elle était près du feu, qui s'étiolait, une braise rouge éclairait encore son visage juvénile.
Approchez-vous, je n'aime pas parler à quelqu'un dans mon dos.
Elle haussa un sourcil puis les épaules avant de se lever, emmitouflée dans sa couverture et son manteau. Elle vint s'installer sur la droite du zélote, se postant de sorte qu'il puisse la voir sans se tordre le coup. La lune dessinait sa silhouette élancée dans un jeu de contraste enivrant.
Elle ne dormait pas, elle réfléchissait, torturé, martyrisé par ses réflexions encore. Finalement elle conclut que Kraska avait raison quand il se plaignait qu'elle pensait trop. Elle lui demanda si il pensait lui-même à quelque chose en particulier pendant qu'il fredonnait.
Il attrapa un galet au sol et le jeta dans la pénombre. Puis il observa Hatsu. Elle était jeune et belle, elle avait toute la vie devant elle et lui, il se sentait comme une relique usée par le temps qui cherche éperdument à revivre ses belles années.
Dés fois, j'aimerais penser à rien, comme votre ami, juste dormir, le cœur léger. Mais le sommeil apporte souvent son lot de débris.
Il prit une grande inspiration qui releva ses épaules une mine désabusée.
Je pensais à quelqu'un que j'ai perdu et qui me chantait cette chanson.
Elle ne dit rien, elle l'épiait à la dérobée, puis elle fixa un point invisible dans la voûte céleste. Elle était désolée d'avoir ravivé de vieux souvenirs douloureux.
Il fit la moue.
Il était déjà bien vivace avant que vous me rejoigniez. Mais merci, vous jouez très bien à ce propos.
Elle sourit. Elle avait pris des cours étant jeune. Elle frotta ses mains avant de souffler dessus pour chasser le froid qui les ankylosait. Elle voulait en savoir plus, mais il n'était pas obligé de se confier.
Il enfonça sa tête dans ses épaules et plongea son regard dans le sol. Puis il redressa son visage et examina Hatsu et il rebaissa la tête.
Je ne sais pas... Il prit un instant ennuyé.
C'était ma compagne...
Hatsu détourna le regard, gênée par sa propre curiosité. Elle n'avait jamais vraiment connu ça, la mort d'un être cher. Tous ceux qu'elle connaissait étaient vivants et parmi toute sa famille, celle qui avait failli mourir, c'était elle. Elle était désolée.
Ne le soyez pas, ce n'est pas de votre faute dans ce cas précis, c'est plus le mien.
Elle demanda s'il y avait un lien avec le sceau du dragon. Elle était perspicace.
Il cracha par terre, au point ou il en était, il pouvait en dire plus. Il ne la voyait pas comme une menace et finalement, ce n'était pas vraiment un secret.
Lors de notre rencontre, on avait été kidnappé pour être remis comme esclave. L'humoran se vend bien sur le marché noir. Libéré, on a vécu un temps cours heureux, puis on a été enlevé encore une fois...
Il fit un rictus de dépit.
Mais cette fois-ci s'était différent...
Il prit un instant et passa sa main sur son visage.
On était dans les geôles des treize, ils nous avaient amenées sur un île avec plein d'autres. Avec des colliers, ils pouvaient nous contrôler, nous asservir. Pour la sauver, j'ai prêté allégeance à khynt et au dragon en échange de sa liberté.
Il observa Hatsu dans la nuit.
Elle ne voulait pas, mais je l'ai obligé. Depuis, je ne l'ai plus revu, elle a disparu, morte ou vivante, je ne sais pas.
Elle l'écouta avec gravité et hocha la tête. Elle comprenait parfaitement ce qu'il avait tenté de faire pour sauver celle qu'il aimait. Ce qu'il disait semblait raisonner en elle. Avec beaucoup de soin elle fit la remarque que tout n'était pas perdu et qu'il ne fallait pas baisser les bras. Elle le fixa de ses prunelles sombres, elle était navrée d'avoir douté de lui et de son honnêteté.
Il esquissa un sourire.
Non, vous avez eu raison de vous méfier de moi et vous devez continuer a vous fiez a votre instinct.
Il lui rendit son regard, plongeant dans le sien.
Même si elle n'est pas morte ce que je souhaite, je ne peux plus prétendre à vivre avec elle. Ce qui est passé est mort...
Il revue K'nee dans la grotte le sermonner, elle avait raison, il devait avancer. Il gardait son sourire troublé.
Non, je vais vous aider, car c'est ainsi que cela doit être. Ne vous entichez juste pas de moi, c'est quand je décide de ne pas suivre mon destin que celui-ci se retourne contre moi et ceux que j'aime.
Ses yeux se perdirent dans le vague, un sourire songeur passant fugacement sur ces lèvres.
De manière cinglante, elle répondit qu'elle ne s'enticherait pas de lui, mais cela ne l'empêcherait pas de vouloir en savoir plus sur ceux qui l'accompagnent. Elle pointa un doigt sur Kraska qui dormait toujours. Elle fit remarquer qu'il n'était pas le plus bavard.
Il haussa les épaules et jaugea le garzok
Je ne suis pas bavard non plus, faire des confidences, vous êtes bien la première...
Avec intérêt, mais pudeur dans l'attitude, elle s'en trouva honorée. Elle expliqua qu'elle avait appris à écouter cela devait être un plus.
Ou alors c'est moi qui m'entiche de vous.
Il la taquinait, il voulait mieux la comprendre, malgré le mur qu'elle dressait devant lui. Elle le jaugea un instant, considérant le commentaire de l'humoran, blaguait-il. Il ne laissait en tout cas rien transparaître. Elle trancha finalement et en guise de menace lui déconseilla, son dernier fiancé avait plutôt mal fini et elle y avait veillé.
Voilà donc un point que nous avons en commun et que lui est il arrivé ?
Elle eut un sourire étrange, carnassier et profondément malsain, comme si elle se réjouissait de son sort. La maison du prétendant avait brûlé, il était tombé en disgrâce et il avait fui pour ne pas finir en prison. Elle songeait qu'il devait être en train de fomenter une vengeance quelque part.
l'humoran ne put réprimer un rire, il lui répondit avec ironie.
Finalement, c'est moi qui devrais me méfier de vous. Si je ne veux pas finir comme ce pauvre bougre