Le Temple de Gaïa

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Yuimen
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Le Temple de Gaïa

Message par Yuimen » mer. 27 déc. 2017 17:14

Le temple de Gaïa

Lorsque l’on franchit les portes du temple de Gaïa, la première chose que l’on voit en son centre, c’est la statue guerrière de Gaïa la grande Déesse…

Dans les contours du temple des chambres sont ouvertes pour les quarante moines et quarante prêtres y vivant. D’autres portes sont fermées et non accessibles facilement par les touristes. L'une d'elles conduit à une salle d’entraînement et d’apprentissage de sorts, une autre à une bibliothèque assez grande et riche en livres, documents et autres parchemins.

Il y a pas mal de coins et de recoins à découvrir pour les méditations, les visites surprenantes ou simplement pour la tranquillité.

Tout le monde est bien accueilli et a le droit au gîte et au couvert si besoin, mais personne n’a accès aux bureaux et appartements du grand Prêtre Alkha Celtzaire qui, eux, sont sacrés.

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Yliria
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Re: Le Temple de Gaïa

Message par Yliria » dim. 26 juil. 2020 18:24

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Difficile de manquer le temple de Gaïa, à vrai dire. Le grand bâtiment trônait au cœur de la cité, là où de nombreuses rues et ruelles se rejoignaient. L'endroit était bien plus propre que les rues que j'avais empruntées et, même si l'agitation était toujours présente, elle était plus diffuse, comme si tous se calmaient face au temple d'un blanc immaculé, contrastant véritablement avec la roche ou le bois moins noble des bâtiments alentours. Il ne semblait pas y avoir foule, mais les allées et venues étaient réguliers et je vis plusieurs hommes enchâssés dans d'épaisses cuirasses aller et venir. Je restai un moment, hésitante, non loin de l'entrée, puis finis par me décider à entrer sous les encouragements d'Alyah. L'intérieur était silencieux, mais magnifique. Une statue imposante représentait une femme, casquée et en armure, portant une grande lance et un bouclier et je la fixai un moment, surprise de trouver cela ici. Gaïa n'était-elle pas supposée être bienveillante ? Cette représentation guerrière me surprit et je me rendis compte que j'en savais fort peu sur elle, finalement.

Çà et là, des personnes discutaient, des hommes et femmes habillés de blancs, parfois rehaussés d'or, arpentaient la vaste chapelle, chuchotant parfois avec l'une ou l'autre des personnes présentes. Mon regard étudia l'intérieur avec une certaine surprise. Je n'avais jamais été dans un temple avant, mais l'atmosphère paisible qui y régnait me plaisait. Tout à ma contemplation, je ne vis pas arriver un des prêtres. Sa voix me fit sursauter et je me tournai vivement vers lui alors qu'il affichait un sourire bienveillant. Grand, le visage carré, il arborait un crâne chauve et un menton tout aussi imberbe. Il avait des yeux d'un brun sombre, le nez légèrement de travers, et sa posture, les mains croisées dans le dos, invitait clairement à la discussion. Il me détailla un instant, quelque peu surpris, et je ne pouvais pas lui en vouloir.

- Bienvenue au temple de Gaïa jeune ouaille. Je suis le prêtre Vikar, peut-être puis-je vous aider, vous semblez hésitante, jeune.. ?

- Yliria, monsieur. C'est la première fois que je viens ici... ou dans un temple.

- Fort bien, jeune Yliria. Êtes-vous ici pour apprendre de Gaïa ? Pour le Savoir ? Pour le Pouvoir ? Pour le Pardon, peut-être ?

- Je.. Probablement un peu de tout ça à la fois...

Il m'offrit un sourire chaleureux et me fit signe de m'asseoir avec lui dans une alcôve non loin de là. Ses gestes étaient empreints de calme, bien loin de l'effervescence habituelle de la ville, comme s'il n'avait pas besoin d'aller vite pour faire ce qu'il devait. Il me scruta à nouveau avant de reprendre, désignant mon visage caché.

- Vous n'avez nullement besoin de ça ici, mon enfant. De quoi avez-vous peur, exactement, pour vivre ainsi cachée ?

- Je doute que ma présence soit appréciée... je ne veux pas d'ennuis.

- Tout le monde est le bienvenu ici. Seuls les serviteurs de l'ombre et du mal sont chassés. Vous n'avez rien à craindre, faites-moi confiance.

Le pouvais-je vraiment ? Je n'en étais pas sûre. Je n'avais rien à me reprocher depuis que j'étais arrivée en ville et je n'étais en aucun cas un serviteur du mal ou quoi que ce soit qui puisse s'y rapporter. C'était un risque, un gros risque, de dévoiler mon visage au cœur même de la ville, mais j'avais besoin d'informations, je voulais avoir des réponses à des questions qui étaient dans ma tête depuis bien trop longtemps. Je hochai la tête et enlevai ma capuche avant que mon masque ne suivre. Un éclat de surprise passa dans les yeux du prêtre, puis il me fixa à nouveau avant de sourire.

- Tout cela semble vous peser. N'ayez crainte, vous ne risquez rien ici.

- Comment pouvez-vous en être aussi sûr ? Je suis...

- Une jeune fille qui vient pour apprendre, n'est-ce pas ? Alors il n'y a pas à avoir peur. Dites-moi plutôt ce que vous souhaitez savoir, nous verrons ensuite où cela nous mène.

- Je... Je suis née avec des fluides de feu, j'ai une certaine affinité avec et j'aimerais en faire de même avec mes fluides de lumières.

- Je vois... Simple curiosité, comment avez-vous absorbé ses fluides de lumière. Un élixir, j'imagine ?

- Non.. En fait je suis tombée sur un résidu magique ancien et je l'ai laissé entrer.

- Vraiment ? Intéressant... Qu'avez-vous ressenti ?

- Du calme... une certaine plénitude.

- Pas d'effets indésirables ?

Je niai de la tête, me souvenant très bien que la chose m'avait paru parfaitement naturelle et bienveillante. Cela tira un air intéressé au prêtre qui me fit illuminer mes mains après que j'eus retiré mes gants. Il observa ma magie sans que je comprenne ce qu'il pouvait bien y voir, mais je restai muette, attendant des explications qui allaient peut-être venir. Sans un mot, il prit mes mains, les observa de nouveau avant de hocher la tête, comme s'il avait compris quelque chose de lui-même. Il m'exposa les siennes, paumes vers le haut, et elle s'illuminèrent d'une façon similaire, bien que plus vivement. Puis, doucement, un globe se forma au-dessus de ses paumes avant de s'élever lentement.

- La magie de notre déesse peut faire bien des choses. Calmer le corps ou l'esprit, accompagner le voyageur dans les endroits les plus sombres et même créer de toutes pièces des phénomènes lumineux fascinants et captivants. Je ne peux que vous encourager à persévérer dans cette voie si vous en avez l'envie. Si je puis me permettre, vous semblez sujette à une certaine tension, une angoisse qui, je pense, doit être fréquente. Aimeriez-vous un moyen d'y faire face ? De soulager votre esprit ?

Je le fixai, interloquée par sa perspicacité. C'était un peu effrayant la façon qu'il avait eu de me comprendre en si peu de temps. Cela dut se lire sur mon visage car il sourit à nouveau, posant une main apaisante sur les miennes.

- J'ai appris par l'expérience à discerner les sentiments et les émotions des gens, n'ayez crainte. Mon but est uniquement de vous aider à faire la paix avec vous-mêmes, si vous le souhaitez.

- Parce que Gaïa prône ce genre de chose ?

- Entre autres, oui, mais j'ai à cœur d'aider ceux dans le besoin. Et vous semblez avoir grand besoin de sérénité et d'apaisement. Le choix est vôtre, cependant, je ne vous force en aucune façon.

Le choix ne fut pas difficile, ni très long à prendre. Il sourit et se leva, me faisant signe de le suivre. Je lui emboîtai le pas, tenant fébrilement mon masque à la main. Évidemment, on me regarda avec surprise, mais personne ne m'arrêta grâce à la présence du prêtre à mes côtés qui saluait les gens avec bonne humeur. Il m'emmena dans une pièce lumineuse et s'assit en tailleur sur le sol, m'enjoignant à faire de même. Je m'exécutai et lui fit face alors qu'il s'illuminait d'une douce lumière blanche.

- Commençons, si vous le voulez bien. Quand vous sortirez d'ici, j'ai bon espoir que vous serez plus détendue et à même de faire face à ce qui vous attend, quoi que cela puisse être. Méditer permet de faire le vide, de se recentrer. C'est un processus qui demande une grande concentration et une capacité à faire abstraction de tout stimuli extérieur. Fermez les yeux, ne pensez à rien, laissez votre magie emplir votre corps et laissez-vous porter.

Je fermai les yeux, pleine d'espoir. Ce n'était pas vraiment la raison de ma venue, mais cela ne pouvait qu'être bénéfique, après tout.

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Yliria
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Re: Le Temple de Gaïa

Message par Yliria » dim. 26 juil. 2020 19:15

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Les yeux fermés, je suivis les indications du prêtre et laissai mes fluides parcourir mon corps tandis que je tentai de faire le vide, de ne penser à rien d'autre. Alyah me conseilla de me focaliser sur ma propre respiration et je suivis son conseil. Je me sentais, m'entendais inspirer, puis expirer, lentement. Je me concentrai sur cela, tentant de faire abstraction de tout le reste. De la rumeur diffuse qui me parvenait depuis l'extérieur. Des réflexions qui me prenaient depuis le début de mon voyage. Des regrets qui me suivaient partout où j'allais. Plus je cherchais à m'en détacher, plus j'y pensais, au final et finis par ouvrir les yeux, le cœur se mettant lentement à accélérer en pensant à tout ce qu'il ne fallait pas. Le prêtre ne semblait pas m'avoir quitté des yeux et m'invita à recommencer.

- Ne cherchez pas à ignorer, laissez ce qui vous gène passer. Comme si vous étiez au milieu d'une rivière. Vous n'avez qu'à laisser tout ça suivre son cours. Cela va vous atteindre, puis vous dépasser. Ce n'est pas un exercice évident, j'en conviens, mais vous me semblez en être capable. Puisez dans vos fluides, laissez les voyager à travers votre corps et votre esprit.

Je hochai la tête, pas vraiment certaine de comprendre sa métaphore de rivière, mais fermai à nouveau les yeux. A nouveau des pensées parasites vinrent troubler ma concentration, mais je tentai de suivre les conseils du prêtre et laissai couler. Plutôt que me concentrer sur ma respiration, je suivis le mouvement des fluides que je libérai selon les indication du clerc. C'était apaisant, cette sensation. Comme si je suivais une petite lumière au cœur des ténèbres, une source de bien-être dans les abîmes d'une vie difficile. Je perdis un peu la notion du temps en le suivant ainsi, ce mouvement des fluides, cette ondulation qui m'apaisait peu à peu. Rien ne disparaissait vraiment, il y avait toujours l'angoisse, la tristesse, le doute, qui traînaient dans les parages, mais cela semblait relégué au second plan, pour une fois, comme si, finalement, ce n'était pas le plus important.

- Votre visage s'est détendu... un thé ?

J'ouvris les yeux, surprise. Le prêtre n'avait pas l'air d'avoir bougé, mais il me tendait une tasse fumante que je pris délicatement, le remerciant du bout des lèvres avant de les tremper dans la boisson chaude. Un goût étrange fondit sur ma langue et, en voyant mon air surpris, il m'expliqua que c'était un thé provenant d'Ynorie, un pays voisin, et parfumé d'une fleur locale, dont lui raffolait particulièrement. Je l'écoutai en silence, sirotant la boisson qui semblait parfaitement adaptée à un moment de quiétude de ce genre. Lui fit peu de cas de son breuvage et vida sa tasse rapidement, s'en servant une deuxième à l'aide d'une théière blanche posée à côté de lui. Cette fois, il prit son temps, la sirotant de la même façon que moi.

- Maintenant que vous êtes plus calme, je pense pouvoir vous être utile, concernant la magie de lumière. Je pense que vous en avez compris une des applications, au moins.

- Me calmer ?

- Exact. Vous êtes encore jeune et novice, donc c'est un simple sentiment apaisant, mais avec l'expérience, vous serez capable de chasser les émotions qui vous pèsent lorsque cela est nécessaire. Je dois cependant vous mettre en garde. C'est un sentiment appréciable, mais nos émotions nous définissent en partie, et plus vous reculez l'échéance, plus elle frapperont avec force en revenant. Certains n'en supportent pas le contrecoup et j'ai déjà vu des braves devenir fou ou mettre fin à leurs jours tant la douleur ressentie était vive et intolérable.

- Je comprends... Je serai prudente.

- M'en voici ravi. La magie est une bénédiction, mais il faut savoir jouer avec ses contrecoups et ne jamais en abuser. Maintenant, je vais vous montrer quelque chose. Un exercice très basique, pour vous aider à mieux appréhender vos fluides et les diffuser de façon plus naturelle.

Se plaçant à côté de moi, il remplit à nouveau ma tasse de la boisson fumante et m'offrit un petit sourire avant de placer ses mains au dessus de la tasse, de chaque côté. Peu après, un cercle apparut. Un anneau se forma au dessus de la tasse, possédant plusieurs couleurs, comme un arc-en-ciel. Je fixai la chose, surprise et, bêtement, voulus la toucher, ne rencontrant que la vapeur et tirant un rire amusé au prêtre. Je le regardai, sans comprendre et il s'éclaircit la voix.

- Nous savons depuis longtemps que la lumière a des effets étranges lorsqu'elle se reflète sur de l'eau, de la glace, qu'elle traverse la poussière, la vapeur. Ceci, est ce qu'on appelle une gloire. C'est comme un arc-en-ciel, en plus petit et en forme d'anneau. Bien sûr, à l'état naturel il est bien plus difficile d'en voir, mais la magie a ceci de merveilleux que de tels phénomènes sont réalisables, même à notre échelle.

- Vous voulez dire qu'avec la magie je peux créer des arc-en-ciel ?

- Avec suffisamment de pratique et les bonnes conditions, oui, c'est possible. Vous voulez essayer ?

Je hochai la tête avec enthousiasme, le faisant à nouveau sourire et je plaçai à mon tour mes mains là où il avait placé les siennes. Je diffusais mes fluides, mais rien ne se passa et, sous ses conseils, je réduisis leur intensité, les diffusais de manière plus légère, comme si je voulais couvrir une plus large zone avec moins de magie. Je tâtonnai un moment, suivant ses conseils avec applications, avant de finalement voir un anneau apparaître. Il n'était pas aussi bien tracé que le sien, ni même aussi coloré ou net, mais il était là et cela ma suffit à me tirer un sourire.

- Vous comprenez vite et êtes persévérante. Je ne peux que vous encourager à trouver d'autres applications. La créativité est aussi un domaine que Gaïa apprécie, et il est bon de vous laisser trouver vos propres idées, cela ne peut que vous être bénéfique, là encore.

- Merci de vos conseils.

Il secoua la main, comme si mes remerciements n'étaient nullement nécessaires, et m'invita à boire mon thé avant de se lever. Je l'accompagnai et sortit, constatant par l'une des fenêtres que le soleil avait dépassé son zénith et qu'il était déjà l'après-midi. J'avais passé des heures ici, et n'avait absolument rien vu de la ville, mais je ne m'en plaignis pas trop. J'avais appris des choses intéressantes et me sentait un peu mieux qu'en entrant. Le prêtre me raccompagna à la sortie, faisant taire dans l’œuf les murmures qui se seraient sinon élevés à mon passage. Lorsque je fis face à la porte, je remis mon masque et me tournai vers lui. Il gardait ce visage serein et cet étrange calme qui ne semblait jamais vouloir le quitter.

- Merci beaucoup pour votre aide et... pour le thé.

- Le plaisir a été pour moi, jeune Yliria. N'hésitez pas à repasser ici, je serai ravi de m'entretenir à nouveau avec vous. J'espère que, d'ici là, vous aurez trouver le moyen d'ôter ce masque de votre visage. Il est dommage de cacher ainsi une personnalité comme la vôtre.

- Je... Comment...?

- Puisse Gaïa illuminer votre route, jeune Yliria. Et souvenez-vous. Peu importe à quel point les ténèbres sont épaisses et vous paraissent infranchissables, il y aura toujours une lueur pour vous guider, où que vous soyez.

Sur ses paroles, et sans m'expliquer davantage, il s'inclina et prit congé, me laissant là, pantoise, face à la sortie. Je restai immobile quelques instants, essayant de mettre une explication sur ce qu'il venait de dire, sans succès probant. Pas vraiment avancée, je tournai la tête et pris le chemin de la sortie, les paroles cryptiques du prêtre tournant en boucle dans ma tête alors que je m'aventurai à nouveau dans les rues de Bouhen.

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Akihito
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Re: Le Temple de Gaïa

Message par Akihito » sam. 15 août 2020 18:24

Dans le chapitre précédent...
Interarc : Apprendre des meilleurs.

Chapitre XI.1 : Arrivée à bon port.

Quand Akihito ouvrit les yeux, il vit un plafond inconnu au-dessus de lui. Il soupira avant de regretter en sentant son ventre le lancer. Il commençait par avoir l’ennuyante habitude de se réveiller avec un décor différent à la fin de chaque combat un peu trop intense, et ça commençait à lui peser. Fermant les yeux, il prit le temps de sonder un peu son corps. Courbatures, douleur dans le ventre, mais tout semblait aller malgré ça. Sentant une présence rafraichissante dans son esprit, il sourit malgré lui.

(Amy.)

(Akihito.)

(J’ai dormi combien de temps ?)

(Rester inconscient serait plus approprié, mais ça fait 2 jours. Tu as eu quelques phases de lucidité, mais trop courtes pour que tu en gardes des souvenirs.) lui expliqua Amy d’une voix calme, ce qui étonna un peu Akihito.

(Pas de sermon cette fois-ci, sur l’état dans lequel je finis ?)

(À quoi bon ? J’ai beau tout te dire, tu ne changes pas d’un poil. Enfin… Là, c’était différent. Tu n’as rien fait de particulièrement suicidaire et si quelques-uns de tes choix étaient osés -comme compter sur un sort non maîtrisé pour en finir avec la Shaakte- ils étaient tout de même réfléchis.)

(Ouais… Cette Shaakte était juste sacrément plus coriace que prévue.) résuma Akihito en se remémorant le combat sur le fil qu’il avait mené.

(C’est à peu près ça.)

Akihito allait lui demander où étaient Frans et Anthelia quand il entendu une légère respiration sur sa gauche. Emmitouflée dans une couverture, la tatoueuse dormait sur une chaise. Dans cette petite pièce qui avait pour seule autre fourniture une petite table où reposait une bassine d’eau et des bandages sales et propres, Akihito aperçut le ciel à travers la petite lucarne. Un ciel orangé, il était donc soit la fin de journée ou le début. Il tendit la main et la posa doucement sur la tête baissée d’Anthelia, caressant ses cheveux. La concernée se réveilla dans un petit sursaut, puis tourna un regard aux yeux lourds sur lui. Un sourire éclatant illumina rapidement son visage.

« Bonsoir Monsieur le Héros. Alors comme ça, on se la coule douce ?

- Vous devriez en faire autant madame la tatoueuse, vous avez une sale mine. »

Dans un petit rire, elle se leva et vint s’allonger un instant, se lovant quelque peu contre lui. Assez pour qu’il puisse la prendre dans ses bras, mais pas assez pour qu’elle appuie sur ses blessures. Après quelques minutes de quiétude, elle s’extirpa à contre cœur de l’étreinte de son amant.

« Nous sommes dans un temple de Gaïa après tout, un peu de tenue.

- Un temple de Gaïa ? On est donc arrivé à Bouhen ? demanda Akihito, curieux de savoir où ils en étaient.

- Oui, on est arrivé ce matin. Après que t’ai latté cette poufi… Cette Shaakte, on t’a retrouvé dans un sale état. On t’a récupéré avec Frans, puis on a rejoint Bouhen à marche forcée. J’ai cru que Betty allait nous claquée entre les doigts tant elle peinait à tirer la charrette sur la fin. Mais bon on est arrivé ce matin, à l’ouverture des portes de la ville. Ta blessure était pas belle à voir, mais on avait réussi à la stabiliser sans trop de soucis. Une fois arrivée, on t’a emmené voir un guérisseur de Gaïa, qui t’as soigné rapidement. Puis tu as continué à dormir ici.

- Et Frans ?

- Parti livrer la Keraunos. Tu te rappelles que c’est pour ça qu’on a voyagé hein ? »

L’enchanteur acquiesça, avant de froncer les sourcils. Avec Anthelia non plus, il n’avait pas le droit à des réprimandes. Il lui posa la question donc, curieux.

« Boh, tu sais je commence à avoir l’habitude, puis c’est pas comme si tu m’écoutais. Enfin remarque, là on a fait au mieux pour affronter cette garce. Tu as été blessé dans un rude combat où t’as pas pris de décision suicidaire, donc comment je pourrais t’en vouloir ? D’ailleurs, moi aussi j’ai été blessée, ajouta-t-elle en exhibant fièrement un bandage à son bras droit.

- Peu ou prou ce qu’à dit Amy… marmonna Akihito.

- Oui ?

- Non non, rien. J’ai une question en revanche : la comète pour te débarrasser du dernier squelette à la fin, c’était nécessaire ?

- Bah… Il était en train de t’étrangler ? Puis t’es immunisé au feu je te rappelle.

- C’est quand même un peu abusé. Une boule de feu aurait suffi.

- Roooh. D’abord, c’est pas une comète, c’est un obus de feu. Ensuite, c’est le résultat qui compte !

- On sait jamais ! »

Finalement, ce qui vint interrompre la chamaillerie entre les deux Oranais, ce fut l’entrée d’un prêtre de Gaïa. Devant l’énergie que pouvait bien déployer les deux jeunes gens, il les congédia du temple, tout en prodiguant une pléthore de conseils au blessé pour qu’il se remette correctement de ses blessures. C’est donc sous la lueur du soleil couchant que Akihito rejoignit Frans à l’auberge de la vieille Paulette. En chemin, il put observer cette nouvelle ville qu'il découvrait et n'avait pu qu'apercevoir lors de son premier passage en bateau. Les rues étaient sans aucun doute tracées avec des objectifs de défense militaire simple : droites et larges. Mais elles ne camouflaient pas la misère qui l'envahissait à mesure qu'il s'éloignait du centre de la ville et du temple : les mendiants n'étaient pas rare et si les maisons avait ce style kendran tout en ayant une certaine influence Ynorienne notamment pour les toits, il était difficile de pouvoir les mettre au même niveau. Les bâtisses de la Cité Blanche étaient... Et bien blanches, quand celles de Bouhen n'avait pas cette uniformité qui faisait le charme de la capitale. Pour ne rien rajouter, les nombreuses patrouilles de miliciens qu'ils croisèrent semblaient sur les dents. Ce qui n'avait rien d'étonnant quand on savait que Luminion et Oranan avaient subis des assauts d'Omyre, et qu'une guerre de grande ampleur planait sur la région. Cette ambiance lourde et un peu pesante se dissipa néanmoins quand les deux voyageurs poussèrent la porte de l'auberge, s'immergeant dans un univers autrement moins morose.



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Yliria
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Re: Le Temple de Gaïa

Message par Yliria » sam. 2 janv. 2021 14:17

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Baignée de Lumière

Le trajet jusqu'au temple fut comme une course contre mes propres pensées. Je marchai à vive allure, ignorant tout le reste, me contentant de regarder d'un air absent ce qu'il se passait autour de moi. Je refusai de fixer quoique ce soit, faisais de mon mieux pour que mes yeux n'accrochent rien qui puisse me faire penser à ce que je souhaitais oublier. Puis il fut en vue et je me ruai presque à l'intérieur, cherchant des yeux le visage familier du prêtre au visage souriant. À la place, ce fut un jeune homme qui s'approcha et me lança un regard curieux. Il était vêtu d'une toge également, mais d'une autre couleur, plus sombre que celle du prêtre Vikar et il me fixa. La vue de ses yeux me fit aussitôt paniquer et avant même qu'il n'ouvre la bouche, je commençai à reculer avant qu'une main ne se pose sur mon épaule. Un cri m'échappa alors que je bondissais en me retournant, repoussant la main alors que la mienne atteignait la garde de mon arme. Je croisai un visage familier chargé de surprise et d'incompréhension face à ma réaction.

- P... Prêtre Vikar ?

- Yliria... Que se passe-t-il ?

- Je...

Je serrai la mâchoire et tentai de calmer les furieux battements de mon cœur tandis que je sentais la détresse humidifier mes yeux. Malgré mon masque, je vis le prêtre me fixer et froncer les sourcils face à mes réaction. Sans rien ajouter, il assura au jeune humain que tout allait bien et me poussa doucement en posant sa main dans mon dos. Je me laissai entraîner sans rechigner cette fois et entrai dans la pièce lumineuse dont il avait ouvert la porte. Petite, elle n'en restait pas moins chaleureuse, avec ses tapis colorés, ses fauteuils et la table basse qui occupait son centre. Une autre porte se situait sur le côté, mais le prêtre se contenta de me faire asseoir dans l'un des fauteuils et, sans dire un mot, sorti des tasses, en posa une devant moi avant de s'agenouiller à ma hauteur. Délicatement, il porta ses mains à mon visage et je ne fis rien pour l'empêcher d'enlever mon masque qui cachait les larmes ruisselant sur mes joues. Il m'observa un instant et sa voix n'était plus qu'un murmure.

- Gaïa toute-puissante... Que s'est-il passé, Yliria ?

Je hoquetai, racontant tant bien que mal la traque, la peur, l'attaque, les coups et le poison, puis ma séquestration par les hommes de Kisp, le face-à-face avec Cherock que je dépeignis comme la seule bonne chose qui m'était arrivée dans tout cet enfer. Quand vint le moment d'expliquer le moment le plus douloureux, j'eus envie de vomir, de me réfugier quelque part pour ne plus jamais en sortir et ne plus avoir à affronter quoi que ce soit et je crus ne jamais pouvoir être assez forte pour que les mots sortent enfin. Il fut patient, très patient, me réconforta du mieux qu'il put sans prolonger un contact qu'il semblait avoir sentit comme étant délicat. Lorsque les mots parvinrent à nouveau à franchir mes lèvres à travers mes sanglots, je vis son visage peu à peu perdre cette lueur de calme et de sérénité pour se métamorphoser. Ce ne fut pas le dégoût qui prit place dans ses prunelles, mais une tristesse empreinte d'une compassion dont je n'avais que rarement été l'objet. Il me laissa terminer et prendre tout le temps dont j'avais besoin. Je ne me sentais pas mieux après, c'était tout le contraire même. Sa voix se fit encore plus douce qu'à l'accoutumé.

- Regarde-moi.

J'obéis, la gorge serrée et les yeux douloureux. Je vis ses mains s'illuminer doucement et il les approcha de moi avant de les arrêter à quelques centimètres de mon visage, comme pour me demander ma permission. Je déglutis et hochai la tête avant de sentir ses doigts se poser sur mon visage, encadrant mes joues avec douceur. Je sentis la magie glisser contre moi et la peine sembla s'évanouir par son toucher. Je savais ce qu'il faisait et le regardai avec un mélange d'étonnement et de gratitude. Il avait pourtant dit de ne pas en abuser, mais il semblait avoir décidé que j'en avais réellement besoin.

- Je suis navré Yliria. J'aurai aimé te venir en aide, mais c'est tout ce que j'ai pu faire pour toi. Tu es en sécurité à présent, aussi vais-je t'aider à surmonter tout cela, du mieux que je le peux, mais ce sera à toi de guérir et d'avoir la force de surmonter cela. L'artifice de la magie ne saurait être la solution et si j'en ai usé à ce moment, c'est parce que tu étais dans un état où tu risquais de ne jamais réellement sortir de cette angoisse qui semblait s'être emparée de toi.

- Je comprends pas ce qui m'arrive... Ils sont morts ! Je.. je ne devrais pas réagir comme ça !

- Calme-toi, calme-toi... Ce que tu as vécu a été horrible, éprouvant et je n'ai pas les mots qui pourraient réellement qualifier correctement ce que tu endures. Ce que tu ressens n'est pas ta faute et c'est parfaitement normal que tu ais peur, que tu sois perdue, déboussolée, en colère ou emplie de doutes. Ce qu'il faut, c'est que tu parviennes à canaliser et surmonter ces émotions qui, sinon, te rongeront de l'intérieur.

- Je sais, mais je n'y arrive pas... c'est pour ça que...

- Que tu es là ?

Je hochai la tête et un fin sourire empli de compréhension se dessina sur le visage du prêtre. Doucement, il m'invita à recommencer l'exercice de méditation qu'il m'avait expliqué la dernière fois, recommençant presque à zéro, reprenant sa métaphore de la rivière, que les émotions coulent plutôt que j'essaie de lutter contre. Il me fallut cinq essais avant de parvenir à fermer les yeux plus de quelques minutes sans sentir à nouveau les sanglots briser la barrière de mes lèvres. Ma respiration parvint à reprendre un rythme calme et régulier et je pus enfin me vider l'esprit suffisamment longtemps pour que l'odeur du fameux thé au jasmin emplisse mes narines. Il me tendit la tasse sans un mot lorsque j'ouvris les yeux et je la pris en le remerciant d'un souffle. Nous bûmes la première dans un silence apaisant. Il m'en servit une deuxième, ainsi qu'à lui.

- Comment te sens-tu à présent?

- Mieux... Mais j'ai peur que ça recommence encore et encore... Comment vais-je faire si je panique dès qu'on m'approche, dès que quelqu'un essaie de me parler ou me regarde simplement ? Je ne peux pas vivre comme ça... Je veux pas... qu'est-ce que je dois faire ?

- Je n'ai malheureusement pas la réponse à cette question Yliria. Chacun réagit différemment et tout ce que je peux faire, c'est essayer de trouver, avec ton aide, ce qui cause cette panique dans ton esprit. Le souvenir c'est à toi de le surmonter et, hélas, personne ne pourra t'aider. En revanche, mettre le doigt sur ce qui cause une si puissante angoisse pourra nous aider à trouver une solution. Cela va être un exercice difficile et douloureux, je le crains, mais...

- Je suis prête à le faire !

Il me fixa un instant, un sourire montrant qu'il savait à l'avance que j'allais répondre cela.

- Commençons alors.

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Yliria
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Re: Le Temple de Gaïa

Message par Yliria » lun. 4 janv. 2021 01:38

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Pendant ce qui me sembla être des heures, je discutai avec le prêtre. Au début il me fit répéter à nouveau la scène et ce fut autant un calvaire que la première fois, puis il m'aida à trouver ce qui, au-delà même de l'acte que j'avais subi, m'angoissais. Il disait très justement que je conversai avec lui ou Cherock sans difficulté, donc ce n'était pas les hommes qui me faisaient peur, c'était autre chose qu'il fallait que je comprenne pour pouvoir le surmonter. Après une longue réflexion, je pensais que c'était le fait d'être restreinte qui m'avait le plus touché, mais il accentua la chose et je compris. Je m'étais senti impuissante et ça, plus que le reste, ça m'avait terrifié. Je m'étais sentie seule et sans défense, incapable de faire face comme j'avais l'habitude de le faire. C'était pour ça que je n'avais pas peur de Cherock ou du prêtre, parce que je savais qu'ils étaient des amis, des alliés et non pas des inconnus qui pouvait m'attaquer dans un moment de faiblesse. Je ne savais pas si réaliser cela allait vraiment m'aider, mais au moins je pouvais essayer.

- Comment te sens-tu ? Tu a le regard fixé sur le vide depuis dix bonnes minutes.

Je m'ébrouai et portai mes yeux sur le visage du prêtre qui avait fait preuve de tant de patience. Étonnamment, je ne me sentais pas mal, sans pour autant dire que je me sentais bien. C'était un entre-deux étrange qui me laissait avec un sentiment que je ne comprenais pas dans la poitrine. Je hochai la tête et il sourit avant de se lever. Lorsque j'amorçai le mouvement pour le suivre, il me fit un signe pour me dire de rester, aussi me réinstallai-je.

- Je vais nous chercher de quoi nous restaurer. J'aimerais que tu médites en t'aidant de tes fluides pendant ce temps. Prends le temps de guérir, Yliria, rien ne presse quand il s'agit de gérer un événement de cette violence. Je ne serai pas long.

Il sortit de la pièce en refermant doucement la porte derrière lui et j'inspirai lentement avant de suivre ses conseils. Je fermai les yeux et tentai de vider mon esprit, laissant couler les pensées les unes après les autres avant de doucement laisser la Lumière glisser dans mon corps pour supprimer les dernières traces de mal-être. Du moins c'était l'idée initiale, mais le sentiment ne disparut pas, au contraire, il ne fit que s'accroître et je perdis le fil, les pensées négatives revenant à la charge avec une telle violence que je crus être physiquement atteinte. Cela me frappa comme un poing au milieu du ventre. Seule, j'étais désespérément seule à nouveau. Je me recroquevillai sur le fauteuil tandis que je perdais le contrôle de ma magie qui se canalisait seule. J'entendis la porte s'ouvrir, mais la lumière qui brillait dans la pièce m'obligeait à garder les yeux fermés alors que la voix du prêtre parvenait jusqu'à mes oreilles. Il y eut comme un « Pop » et la lumière décrut subitement. Le souffle court, j'ouvris les yeux, fouillant la pièce du regard pour tomber sur le visage ahuri du prêtre qui fixait le mur opposé avec de grands yeux surpris. Je tournai la tête et aperçus quelque chose d'étrange.

Flottant dans l'air en brillant de différentes couleurs lumineuses, un poisson illuminé ondulait de bas en haut, comme pour se maintenir au même niveau. J'entendis le prêtre pousser une exclamation à mi-chemin entre la surprise et l'émerveillement, mais avant que je ne puisse lui demander ce qu'il se passait, l'étrange poisson lumineux ondula jusqu'à moi. Sans vraiment savoir pourquoi, je tendis la main, posant mon index sur le bord de sa tête. Un sentiment de plénitude m’envahis alors, encore plus intense que lorsque j'avais absorbé des fluides de lumière, comme si c'était une version concentrée. Le poisson ondula le long de mon bras et et le sentiment s'intensifia violemment lorsqu'il se posa contre ma poitrine. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait, mais je savais que je n'avais rien à craindre de l'étrange poisson qui venait d'apparaître.

- Par la déesse...

- Prêtre Vikar ! Que se passe-t-il ?!

- Reste calme, tu n'as rien à craindre, c'est juste... surprenant. Captivant même. Tu as appelé un élémentaire de lumière à tes côtés... un illuminé de Gaïa.. C'est très rare. Je n'en ai jamais croisé, bien que j'ai entendu parler de ces mages qui pouvaient invoquer les élémentaires...

Je restai circonspecte et pleine de questions quant à l'apparition d'un... élémentaire ? Je fixai un instant le poisson qui s'était mis à nager autour de moi en de lents mouvements circulaires qui laissaient une traînée lumineuse derrière lui. Le seul élémentaire que j'avais croisé c'était une masse informe d'ombre qui faisait décrépir la chair au toucher. En quoi cette horreur ressemblait au poisson lumineux qui était là ? Alyah semblait surexcitée par tout cela et, lorsque je lui demandai ce que je devais en faire, elle rit un instant avant de répondre.

(Je n'ai jamais connu qui que ce soit ayant le pouvoir d'invoquer un élémentaire... Tu vas devoir découvrir ça par toi-même. Commence par lui donner un nom peut-être? Tout cela devient très intéressant !)

Intéressant peut-être, mais j'étais complètement perdue et cela dût se lire sur mon visage car le prêtre Vikar s'approcha de moi. Il avait posé un plateau empli de nourriture sur la table et se tenait à présent devant moi, fixant avec intérêt l'élémentaire qui ondulait doucement, parfaitement à son aise.

- Les élémentaires sont des manifestations de fluides pures qui sont rares en soit. Nul ne sait s'ils choisissent un maître ou bien si c'est le mage qui les soumet à leur volonté, consciemment ou non. Certains pensent que ces mages sont bénis des dieux puisqu'ils peuvent invoquer une créature née du fluide.

Je l'écoutai en silence, hochant la tête sans vraiment croire à cette histoire de bénédiction divine. Sans trop savoir pourquoi, je restai persuadée que c'était autre chose. Peut-être une prédisposition ou une chance insolente. L'idée qu'un poisson de lumière me suive partout en tout circonstance me sembla quelque peu étrange.

- Il sera toujours avec moi ?

- Je ne pense pas. Tu dois pouvoir être capable de le révoquer à l'envie, mais n'essaie pas tout de suite, j'ai une proposition à te faire. Mangeons tout d'abord, tu dois avoir faim.

Je ne le contredis pas, bien que mon esprit soit plus accaparé par les récents événements étranges que par l'idée de me remplir l'estomac. Pourtant il apparut que j'avais vraiment besoin de manger lorsque je sentis mon ventre gronder après la première bouchée d'un des biscuits savoureux qu'il avait ramené. Plaisantant sur le cuisinier qui avait l'habitude de faire des extravagances culinaires, le prêtre mangea avec moi, nous resservant tous deux dès que j'avais fini mon assiette ou ma tasse. Je dus presque l'implorer d'arrêter pour ne pas m'empiffrer et un sourire amusé fleurit sur ses lèvres avant qu'il ne m'explique son idée.

- Cet élémentaire pourrait te permettre de marcher à visage découvert sans crainte.

- Quoi ?! Mais.. comment ?

- Je pourrai parler de toi à notre haut prêtre, expliquer qui tu es et ce que tu es capable de faire. Je ne doute pas un instant que cela l'intéressera grandement. Rares sont les mages capables de cette prouesse et se priver de l'une d'entre eux à cause de ses origines serait une erreur que je ne vois pas le haut-prêtre commettre. Et si tu prends le temps de marcher avec moi dans le temple, accompagnée de ton élémentaire, cela n'aura que plus de poids.

- Je … je n'ai pas l'intention de rejoindre le temple ou...

- Ce n'est pas ce que je te demande, rassure-toi. Tu es une jeune fille pleine de promesses, Yliria, et je n'ai nullement envie de voir un potentiel gâché par des préjugés qui ne te sont visiblement pas inconnus. Cela prendra du temps, je le crains, mais avec de la patiente, tu pourras être perçue comme étroitement liée à Gaïa, voire même adorée par cette dernière.

- Mais rien ne prouve que...

- Je sais, Yliria. Il faut jouer sur les apparences. Elles sont nettement plus en ta faveur maintenant qu'elles ne l'ont jamais été, ça je peux l'affirmer sans craindre de me fourvoyer. Tu ne seras pas révérée du jour au lendemain, mais je suis sûr que pouvoir te déplacer en ville sans crainte serait un soulagement. Celle-ci ou une autre d'ailleurs.

J'ouvris la bouche et la refermai, pensive. Il n'avait pas tort, il avait même parfaitement raison, à tel point que cela en était perturbant. Pouvoir marcher en plein jour sans craindre autre chose que d'éventuels regards, c'était bien trop tentant pour ne pas dire oui.

- D'accord... je veux bien essayer... Vous pouvez en parler au haut prêtre et je me montrerai en partant... Vous êtes vraiment prêtre ?

Il se mit à rire doucement en se servant une tasse après m'en avoir offert une nouvelle. Il en but une gorgée avant de me lancer un clin d’œil complice.

- Nous avons tous nos secrets Yliria.

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Faëlis
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Re: Le Temple de Gaïa

Message par Faëlis » mar. 5 janv. 2021 21:37

Même à l'intérieur de la ville, l'activité était féroce, la milice, partout. Les gens commentaient avec inquiétude les nouvelles : la guerre était là, jusqu'au nord. Alors que Faëlis se perdait dans les montagnes et assistait à la dissolution des Amants de la Rose Sombre, les forces d'Omyre lançaient une offensive terrible contre les forces du monde libre. Si l'empire kendran avait bien tenu, dans les duchés, les défenses au nord d'Oranan avaient au contraire cédées.

Devant cet élan furieux, il semblait que les différentes forces de Nirtim s'étaient enfin accordées sur une entente. Les ynoriens, d'ordinaire isolés bien que défendant malgré eux tout un flanc de l'empire, allaient finalement recevoir des renforts. Oaxaca massait ses forces, et d'innombrables armées convergeaient. Du côté kendran, elles se rassemblaient au val d'abondance... Lorsque la bataille éclaterait, elle serait la plus terrible depuis Pohélis !

L'elfe se rendit au temple de Gaïa. Il n'aurait sans doute pas l'occasion de rendre hommage à la déesse avant longtemps... et s'il ne priait pas maintenant, il ne prierait jamais ! Lui dont la vénération allait autant à la déesse qu'à ses jolies prêtresses, pour une fois, ne venait que pour la prière :

(Lumière créatrice, soleil de ce monde... Tu as fait de mon ton émissaire et je t'en suis reconnaissant. J'ai conscience des risques qu'il y a à aller là-bas, et j'ai aussi conscience des risques si nous échouons. Je persiste à penser que je suis un bien piètre serviteur ! Quelle drôle d'idée de vous allouer les services d'un courtisan coureur de jupon ! Et pourtant, me voilà : archer de la lumière, ayant appris plus sur un autre monde qu'au camp d'instructeur de ma ville natale. Le destin réserve décidément bien des mystères. Je l'accepte pleinement. Ma déesse, je fais le vœu de protéger mes compagnons ! Ce vœu auquel j'ai si souvent failli par le passé... je n'y renoncerait pas pour autant ! Je m'acharnerais jusqu'à y parvenir ! Car que vaut un serment qu'on brise parce qu'il est trop dur ? La vraie parole est celle qui se renforce devant l’adversité.)

Ce veux dicton qu'il avait appris étant enfant prenait enfin un sens. Il comprenait et était plus déterminé que jamais. En se levant, il sourit à la statue de la déesse. Il n'était pas le seul à venir la prier. Il y avait dans le temple un grand nombre d'hommes et de femmes parmi lesquels il devinait, à leur maintient, d'innombrables soldats qui partiraient bientôt pour le nord.

Ces gens, il les aiderait.

Mais en attendant, c'était lui qui avait besoin d'aide. Heureusement, les tendances racistes des kendran ne résistaient guère au danger mortel qui approchait. Reconnaissant en lui un guerrier aux pouvoirs lumineux, certains soldats ne se firent pas prier pour lui indiquer une boutique de magie à laquelle se rendre. Il sortit du temple, respirant un peu mieux l'air lourd de la ville, pour prendre le chemin de la boutique des milles arcanes.

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