Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

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Azra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » dim. 27 oct. 2019 21:23

Aux paroles de la dame des brumes, Maâra répliqua l'importance de survivre et de ne pas condamner les autres disciples. Elle était manifestement elle-même une ennemie de la déesse de l'équilibre, et semblait prête à se battre contre elle, pour peu que Kadria ne trouve pas la mort dans sa quête de pouvoir. La dame blanche en fut finalement que peu ébranlée. En dépit des apparences, elle écoutait bien leurs paroles et était manifestement quelqu'un d'intelligent..Malgré tout, elle répondit :

(Je n'ai pas peur de mourir. Surtout pas par votre main. Je suis la maîtresse d'Endor et mon pouvoir vous dépasse grandement !)

Mais comme elle disait cela, un choc sourd se fit entendre. Un battement terrible... puis un autre. Quelque chose planait dans l'air. Quelque chose qui tira un frisson à Azra.

(Ne me dit pas que...)

(Il semble que si.) répondit Arek, avec un étrange mélange de peur et de satisfaction.

Un peu de poussière tomba du plafond alors qu'un tremblement parcourait le château. Un grondement sourd montait des profondeurs, qui fut bientôt suivi d'une lointaine rumeur de panique. Fronçant les sourcils, Kadria s'exclama :

(Qu'avez-vous fait ?)

Réprimant un tremblement de peur et d'excitation, Azra gronda :

« N'avez-vous pas écouté ce que je vous ai dit ? Je ne viens pas ici pour être le maître de ce château ! Je ne peux l'être, pas plus que toi ! Endor ne t'appartient pas et ne t'appartiendra jamais ! »

Un nouveau choc fit trembler les fondations de la tour et des hurlements montèrent du village à ses pieds alors qu'Azra concluait :

« Mais c'est terminé. La véritable maîtresse des lieux est revenu, et ni toi ni moi n'avons le pouvoir de la vaincre... »

Pour la première fois, Kadria semblait perdue, ne sachant que faire. Elle le regarda en clignant des yeux, cherchant sans doute à lire l'explication dans son esprit, car ensuite, son visage s'assombrit.

(Est-ce possible ?)

« Oui... mais peut-être, à deux, pourrons-nous la vaincre. »

(Je sens dans ton esprit... que tu ne veux pas la tuer.)

« Non, en effet, je parle juste de la vaincre. »

Elle n'était pas convaincu, mais elle l'avait compris : d'une manière ou d'une autre, le pouvoir lui échappait, et elle devait agir sans attendre.

(Allons-y.)

C'était exactement ce qu'attendait le nécromancien. Ils s'élancèrent pour dévaler la tour. Il fallait agir au plus vite, et l'appréhension qui habitait Azra dépassait tout ce qu'il avait connu jusqu'ici. Il devait trouver un moyen de la calmer... et il en avait peut-être un.

Des bruits de lutte résonnaient dans les couloirs. Plusieurs messagers couraient, ça et là, sans trop savoir quoi faire. Azra leur fit signe de se cacher. Il était inutile de risquer trop de vies dans la bataille qui s'annonçait. Le temps où il se cachait derrière des boucliers de chair était derrière ! Enfin, non, si... Rendrak, toujours sur ses talons, n'avait pas de chair, donc ça ne comptait pas, normalement ! Il croisa son regard et vit qu'il avait compris lui aussi ce qui les attendait.

« Rassure-moi, Azra, tu as déjà tout prévu ? Demain, on fête une grande victoire ? » demanda-t-il d'un air fataliste.

« Aujourd'hui sera une grande victoire pour Phaïtos, oui. La question est de savoir si nous la fêterons ici ou en enfer... »

« C'est bien ce que je pensais. »

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Daemon
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Daemon » mer. 30 oct. 2019 01:37

- XV -

Alors que les Messagers s'agglutinaient, Merilian tendit son poignard sans conviction. Daemon s'en saisit sèchement et freina son envie de la secouer. Il ne pouvait décidément pas compter sur cette girouette...
Des cris de paniques montaient et les fuyards affluaient sans cesse, comme autant de pommes chutant au fond du panier. Les morts se lèvent, hurlèrent certain, ce qui acheva d'irriter le semi-elfe.

« Par Phaïtos! Des morts qui marchent, à Endor ! » ironisa-t-il par dessus la cacophonie.

Les dimensions de la pièce se firent étroites et l'espace vint à manquer. Gwandor exhorta tout le monde d'entrer dans le chateau. Daemon suivit la marée, malgré lui, profitant de la bousculade pour malmener quelques traitres au passage. Le hall d'entré, déjà jonché de cadavres et d'os rampants, accueillit la panique générale. Il chercha une issue par laquelle il pourrait s'esquiver de cette folie, mais Asad le saisit par le bras et l'entraina par-delà la grande porte.

L'endoit s'apparentait à ses souvenirs. La salle de réception n'était pas particulièrement luxueuse en comparaison de ce qu'il eut connu en Aliaénon ; plus sobre et massive, avec sa table de banquet, surplombée par des lustres rouillés et des tapisseries en loques, mais la nouveauté résidait dans la phalange squelettique qui les accueillait.
Des lances s'abaissèrent entre les boucliers. Comme une seule entitée, la formation de deux ou trois lignes s'avança d'un pas lourd. Des Messagers voulurent faire demi-tour mais la grande porte était déjà condamné. Le maître de la garde supervisait tout, et il avait les idées claires. Se faire prendre en tenaille était rarement une bonne idée. Restait alors un mur hérissé qui avançait inexorablement vers eux.
Des gardes osèrent des assauts timides et se confrontèrent aux pointes des lances, certes peu habiles, mais les provocations ne brisèrent aucunement la formation. Les squelettes faisaient preuve d'une discipline remarquables pour de simples et maladroites invocations. C'était un bon travail, reconnu Daemon, qui commençait sérieusement à se poser des questions.
À sa connaissance, aucun nécromancien de l'ordre était capable de soulever une armée pareille. Merilian n'avait jamais eu ce niveau, Maya était encore trop jeune et inexpérimentée, et ce n'était guère la façon de faire d'Azra. Il ne restait que Maâra... mais il doutait qu'elle détienne autant de pouvoir. Quelque chose ne collait pas. Les morts affluaient de partout, comme si le château et ses malédictions avaient pris vie et s'évertuaient à chasser tous ces occupants.


Gwandor finit par sonner la charge et emboutit le mur de phalanges. Son armure intégrale était idéale pour la manœuvre. Il réussit à créer une ouverture dans laquelle ses suivants purent s'introduire, non sans se faire sévèrement punir, car le mur de bouclier se referma derrière eux. Le shaakt redoubla de vélocité pour venir en aide à ses compagnons, sans succès. Mais il ne tomba pas. Son courage inspira aussitôt les indécis et l'assaut fut général.
Daemon hésita dans un premier temps. Les batailles rangées n'étaient pas son truc. Ce n'est que lorsque Asad s'élança qu'il se décida à suivre. D'un coup de lame, le basané dévia la lance qui se présentait à lui et força le mur de bouclier de son épaule. Daemon hurla de contentement, mais trop tôt. Lorsque l'ouverture fut assez grande, il comprit que derrières les lanciers, un glaive attendait Asad. Il bondit alors sur un autre bouclier et enfonça suffisamment les lignes pour repousser la lame traitre. Asad profita habillement du désordre pour décoller quelques têtes, tandis que Daemon continuait à bourrer les boucliers qui se présentaient à lui.
Pourtant la formation tenait bon. Ils furent repoussés et d'autres squelettes vinrent remplacer les décapités égarés. Le mur de bouclier se referma à l'identique.

« Ce n'est pas une partie de plaisir... »

« Nous devons trouver comment briser leur formation ! » s'écria Asad.

Des souffles de Thimos vinrent s'écraser sur les boucliers, avec grands crépitements et éclats de magie sombre. Daemon réfléchit un instant, il avisa la grande table de banquet qui divisait la pièce, les vieux lustres, et il se décida enfin.

« Ça tombe bien ! Le désordre, c'est mon rayon ! »

Il monta sur le banc, puis sur la table pour se précipiter entre les deux lignes. Un désordre de lance se leva à sa rencontre, mais il put sauter suffisamment haut pour réussir à atteindre le lustre central. Agrippé à la ferraille, il se suspendit à l'envers et entreprit un long mouvement de balancier au-dessus de la horde de morts-vivants.

« Qu'est-ce que tu fais !? »

« Aucune idée ! » s'écria Daemon aux éclats.

La manœuvre eut pour vertu de distraire les squelettes les plus proches, sans pour autant briser leur rigueur militaire. Bras croisés et main sur le menton, le semi-elfe se demandait quoi faire de plus, quand la gravité le rappela à l'ordre. Faire subir un pareil traitement à une chaîne de plusieurs siècles s'était avéré un peu présomptueux.
Daemon s'écrasa à plat ventre au milieu des restes du dîner, derrière les lignes ennemis. Il chercha machinalement la dague de Merilian à sa ceinture, sans la trouver. Ce n'était pas important, pas du tout même, mais ce fut à sa première préoccupation - avant qu'il n'ait à dévier une lance. Roulant en catastrophe, il glissa sous la table dans l'espoir d'échapper à la vigilance de ses assaillants. Son refuge se transforma rapidement en cage, à travers laquelle les pointes s'insinuaient de partout. L'une d'elle pénétra son épaule. Daemon bondit en hurlant et se tut en rencontrant le plancher de la table.

« Maudits nécromanciens ! Maudite table ! » fit-il en se tenant la tête.

Il s'agrippa à la lance et, serpillant le sol au passage, il réussit à briser son manche avec un râle rageur. Armé de sa nouvelle pointe, il rampa précipitamment jusqu'à l'extrémité de la tablée.

Les squelettes le cherchaient encore en dessous, et il eut un moment de répit pour avoir un aperçu du derrière des forces ennemis. Les morts se soutenaient les un des autres. Ceux de derrières étaient équipés plus légèrement et mieux adaptés au combat de mêlée. C'était vraiment très malin, pensa-t-il. Cependant, tous lui tournaient le dos et il pouvait potentiellement leur infliger de gros dommages.
Mais sa présence n'était pas passé inaperçu. Il se fit rapidement repéré et il recula jusqu'à rencontrer le mur. Pris en étaux, il esquiva un premier éperon et commença sa course. Un glaive vint le cueillit d'une taille horizontale, trop large pour être esquivée d'un pas de côté, Daemon se précipita au sol. D'une roulade il se plaça dans le dos de son assaillant et répliqua aussitôt de son poing dans le bas de sa colonne. Les ossements séculaires se disloquèrent au premier contact et le buste bascula à la renverse.
Daemon brisa le crâne de son talon.

Son épaule blessée eut un soubresaut. Un engourdissement gagnait progressivement son bras, le gauche, heureusement, mais cela risquait d'être handicapant. Il se débarrassa de la pointe de lance qu'il avait conservé, tandis que les squelettes se regroupaient autour de lui. Mais il avait mieux à faire.

Il esquiva leurs présences et se précipita vers la formation, par derrière. Il s'y jeta corps et âme, sans même chercher à les frapper. De tout son poids, il ouvrit une brèches dans un grand éclats d'os brisés, et chuta de l'autre côté.
Asad lui tendit une main secourable, tandis que les autres Messagers achevèrent de pousser l'avantage.

Les derniers squelettes reculaient prudemment au fond de la pièce, tandis qu'ils se félicitaient d'en être venu à bout.

« Tu pourrais éviter de faire n'importe quoi la prochaine fois ? »

« La prochaine fois ? »

Une marche cadencée se fit entendre depuis les catacombes et investit la salle. Le mur de boucliers se solidarisa, et les lances s'abaissèrent de nouveau.

- XVII -
Modifié en dernier par Daemon le sam. 16 janv. 2021 12:56, modifié 11 fois.

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Zu'Gash
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Zu'Gash » jeu. 31 oct. 2019 18:07

(Avant)
(15)

C'est l'foutoir ! D'après un gars qui beugle en passant à côté d'la peau-verte, les morts s'réveillent. Ah. C'est s'pposé êt' nouveau ? C'pas plutôt c'te meute de Messagers qui s'rait du sang neuf, des fois ? La faute de Shaddi', ça ! Les a pas prév'nu ! Les morts qui bougent à Endor, c'est l'point fort du coin ! M'enfin ça panique tell'ment que même l'Patron leur dit d'avancer dans la salle de réception, là où y'aura plus de place. Fait chier ! Plus de place, c'est plus de gens dans les pattes et moins à cogner pour elle ! La garzoke commence déjà à bouder, lorsque ses yeux rouges tombent sur un aut' mur. Qui bouge aussi. Sauf que cui-là est hérissé d'lances. Il lui faut bien se curer la narine deux fois avant d'remarquer qu'en fait c'pas encore un d'ses rivaux, mais un groupe d'sieurs nonos planqués derrières d'gros boucliers et qui s'collent comme une bande de sektegs qu't'as viré du coin d'tente qu'ils occupaient en hiver et qui essaie d's'garder chaud sous la neige. En pleine nuit.

Sauf que là, y'a pas d'neige. Pis... Ca peut chopper un rhume un squelette ? On peut quand même tomber malade quand on est crevé ? Un poids dans son dos et l'impression d'se faire étrangler sort la garzoke de ses questions super importantes, genre quelqu'un qu'a trébuché et s'est accroché à sa cape pour pas s'péter la gueule. Elle n'sait pas qui, et elle s'en cogne. C'qu'elle sait, c'est qu'la barrière d'morts s'rapproche et qu'ils ont pas l'air content. Ça s'voit à l'expression toute raide de leur gueule, quand même ! Zu'Gash jette un oeil à Mériri, restée derrière avec quelques gars. Bon, elle a pas l'air d'vouloir égorger ceux qui ont envie d'casser des os, donc ça doit pas être son boulot, ces morts qui grincent.

Parfait !

Et l'Patron a l'air du même avis ! Il donne l'ordre de s'défendre ! Enfin ! Bastooon ! La peau-verte mate une lance se diriger vers elle, droit vers son bide. Ah nan, hein ! Elle a déjà assez d'creux comme ça ! Elle balance un moulinet du bras, cognant l'métal d'son gourdin et l'envoyant sur l'côté. Sauf qu'elle peut pas faire un pas qu'une aut' brindille pointue s'met sur son ch'min ! Elle la cogne aussi et la vire. Elle va pouvoir s'approcher ! Ben nan, l'aut' est déjà r'venue ! Et ça r'commence !

"Nan mais...", gueule-t-elle en tapant d'ssus. "Allez !", fait-elle encore après un autre clunk. "Maiiis ! Laissez-moi approcher ! J'veux juste...", chouine-t-elle dans l'bordel général du combat. "T'fracasser l'pif ! Qu't'as plus !"

Zu'Gash bataille, incapable d'avancer jusqu'aux morts sans risquer d'se bouffer une lance quelqu'part. Et ça la fait rire. Et moins rire. Et faire la gueule au bout d'plusieurs minutes, quand les aut' gars d'Gwandor sont déjà rentrés dans l'tas !

"Rha ! Rarah !", gueule le piaf noir pas content, volant au-dessus des troupes et évitant d'peu d'se faire embrocher. "Croâh ! RuRah crocroah croa !"

"Hein ?", répond la peau-verte en s'retournant d'un coup et en pigeant c'que sa corbac voulait dire. "Ah ! Mais oais, pas con !"

Pendant que l'Demi s'amuse à s'balancer tête en bas, accroché au vieux chandelier au plafond, la tanneuse s'active, elle ! Elle choppe la morte-bouclier qui la matait sans rien foutre d'une grosse patte derrière la nuque, bien plantée qu'elle était entre elle et Maya. Langue tirée sur le côté, s'marrant d'vant la gueule avec d'grands yeux ronds que fait la Julianna, la peau-verte se planque derrière et... Fonce droit dans les lances avec ! Et bling l'métal des lances cont' le métal du bouclier ! Et clang aussi cont' la grosse armure d'la morte ! C'est qu'ça marche, en plus ! La Juju commence même à réagir en abattant sa grosse épée contre l'manche d'quelques lances, et les pétant comme du bois qu'a pris la moisissure des marais ! Ben putain ! Faut lui t'nir la main, 'fin la nuque qu'a une drôle de grosse bosse, d'ailleurs, mais elle sert à quelqu'chose !

Zu'Gash ramène sa grosse patte tenant la morte-bouclier vers elle...

"Non ! Non nononon ! Non !"

"Au boulot, feignasse !", s'marre la peau-verte en balançant la morte en plein dans la poire du mur !

Et ça pète des lances au passage ! Et ça tangue vers l'arrière, 'fin leur arrière ! Et ça s'repousse vers l'avant ! Et ça tremble ! Et les piques autour essaient d'percer la d'jà morte ! C'est l'moment qu'choisit la garzoke pour ramasser une lance qui v'nait d'rouler là, s'jeter part terre et râcler l'sol avec ! Elle en fauche un qui s'ramasse sur son pote à côté, donc d'une frappe deux coups ! Pis tr...

"Oaille !"

Merde alors ! Y'en a un qui triche ! Il fait pas partie du morceau d'barrière pavoisée visé, lui ! C'pas parce qu'il s'fait chier, à bouffer d'la magie noire dans la tronche, qu'il doit la faire chier elle ! Il s'permet lui percer l'intérieur du biceps qui tient la lance et il la pousse, en plus ! Ça piqueuuh !

"T'veux jouer ? On va jouer !", lâche la tanneuse en même temps qu'son joujou pour agripper à la place la tige pointue enfoncée dans sa chair.

Elle s'relève, s'bouge un peu sur l'côté pour qu'la tête de l'arme longue passe dans l'gras d'son son bras blessé et évite son torse et fait un grand pas en avant. Ah ! L'a l'air con hein ? Maint'nant qu'sa lance est empêtrée dans la chair d'la garzoke, il peut toujours tirer d'ssus, il l'aura pas ! D'son côté, Zu'Gash fait un grand sourire et fait un pas d'plus, s'faisant saigner plus fort. Mais elle s'en fout ! Elle peut s'rapprocher plus vite ! L'voisin du tas d'os n'l'entend pas de c't'oreille bouffée par les vers d'puis longtemps et attaque son bide. L'gourdin d'os la dévie assez pour pas s'la manger, mais elle sent bien qu'sa cape tire un peu. Pas grave ! Elle avance encore et encore, sentant sa tunique céder d'lautre côté, jusqu'à c'que l'sieur nonos vers qui elle avance pas à pas oublie qu'il a une lance et essaie d'lui plaquer son bouclier dans la tronche ! Eh mais hé ! Et ça marche, en plus ! Il la r'pousse une première fois. À la deuxième, Zu'Gash commence à bouder. À la troisième, elle fait carrément la gueule. Mais merde à la fin ! C'est quoi ces nons-joueurs, là ? S'ils ne veulent pas participer, qu'ils sortent du terrain, bordel ! Ent' l'autre qu'à épinglé sa cape et celui-là qui la vire à grand coup d'pavois dans la trogne, elle ne va pouvoir aplatir personne !

L'voisin r'tire sa lance, bien décidé à lui percer la bedaine. Mais c'te fois, la peau-verte est prête ! Elle balance son bras armé d'son gourdin l'long d'l'arme longue, son brassard d'os lui évitant d'se faire salement égratigner au passage, et comme avec l'Patron, elle fait un mouv'ment autour si rapide que l'squelette pige pas c'qui s'passe. Et crac ! La main d'os qui t'nait l'arme est tell'ment tordue dans un sens pas normal qu'elle pète ! Y'a d'la poussière blanche partout ! C'dégueulasse ! Pis ça fait des éclats qui vont s'piquer dans les pieds ! Va falloir qu'elle aille encore chasser pour faire des bottes à tout l'monde ! ... Eh, mais c'est une sacrée bonne idée, ça !

Mais pas maint'nant ! Le chieur du côté est désarmé, elle va pouvoir faire mumuse avec celui qui lui fait f...

"Crac et Plonk ! Pof et Rlrlrl !"

"T'fait chier, Juju' !", s'plaint la peau-verte en arrachant la lance couverte de son sang d'son bras.

"Dommage, il a relevé son pavois trop tôt !"

La morte-bouclier est enfin sur ses pattes, et c'te chieuse a balancé son épée dans l'espace qu'son poids a causé dans l'mur, l'a ram'né d'un coup et ça a décapité son jouet avant d'cogner dans l'gros bouclier ! Merde alors ! C'est elle qu'a fait tout l'boulot, et c'est la morte qui tue l'mort ! C'pas juste ! Et qu'elle aille pas dire qu'y'a qu'les morts qui peuvent tuer les pas-vivants, l'Gwandor s'prive pas d'réduire les aut' tas d'os en p'tits morceaux ! Mais ça veut dire qu'maint'nant, y'a un trou dans l'groupe ! Et y'a pas d'lances autour !

"Pousse-toi d'là, tricheuse ! J'peux encore gagner ! Marquez pas tous les points, Patron !", rugit la tanneuse en abattant son gourdin d'os sur un crâne blanc.

Y'a pas d'raison que c'soit toujours les mêmes qui s'amusent ! Au-d'ssus d'elle, Aroroa vole, croassant d'un côté ou d'l'autre. Elle est bien c'te piaf ! Elle lui indique quel est l'sac d'os le plus proche, histoire qu'elle n'ait qu'à taper un grand coup pour être sûre d'toucher ! Les aut' sieurs nonos sont aussi joueurs qu'elle, mais après un moment, y'a plus qu'elle, Gwandor et quelques copains dont l'type qui s'est défait des lingots d'métal noir d'bout pas loin, l'Demi et son pote. Les aut' squelettes ont l'air d'piger qu'ils n'vont pas gagner au score et r'culent un peu vers l'couloir d'où ils viennent. Un sourire à crocs apparait sur la trogne de la peau-verte, qu'elle perd un peu en matant l'sol. Un vrai bordel. T'as des squelettes qui font des tas pas pratiques avec les boucliers laissés partout, mais t'as aussi plusieurs Messagers par terre. Zu'Gash fait la moue. Faut toujours qu'y'en ait qui soient pas foutus d'attendre les autres. Z'ont intérêt à salement garnir les plats chez l'Grand Patron vu qu'ils y sont allés les premiers !

Aroroa descend un peu, la matant d'son oeil du milieu. Elle lui tourne autour deux fois, croassant bêt'ment. Ben quoi ? Oui elle saigne, et après ? Faudra juste qu'elle récure et répare sa manche ! Et l'bas d'sa tunique ! Et trois ou quatre trous dans son pantalon ! Et... Ben merde, quand est-ce qu'elle s'est mangé toutes ces blessures ? Ah ben oui, y'a aussi des épées par terre. Ça explique ! Et main'tnant qu'le jeu a l'air d'vouloir stopper, elle sent bien qu'elle a dégusté. Merde alors, même son gourdin tremblote un peu et est poisseux d'son sang ! Ah nan, hein ! Pas de gaspillage ! C'est son sang ! Que Zu'Gash se met à lécher goulûment, tirant une tronche dégoûtée d'la morte. Si c'est pas sa trogne de base, hein ? Dur de savoir avec celle-là.

Sa corbac continue d'voler sur place, comme si s'poser sur elle allait lui saloper les pattes. Les yeux rouges s'portent vers l'point d'arrivée des vilains trucs sans barbaque. Y'a du bruit. Et l'bruit s'fait juste avant la vue d'aut' soldats tout frais ! Ou presque. Y'en a un ou deux qui ont des toiles d'araignée dans les trous des yeux. Les doigts d'la garzoke se serrent sur son gourdin et un sourire s'loge sur sa tronche alors qu'elle fait quelques pas pour s'rapprocher du Lord Gwandor.

"On r'met les points à zéro, Patron ?"

La tanneuse roule des épaules, ignorant le picot'ment et l'côté poisseux d'ses fringues à deux-trois endroits. Tant qu'elle peut marcher et cogner, elle peut jouer !



(Après)
Modifié en dernier par Zu'Gash le jeu. 28 nov. 2019 12:01, modifié 1 fois.
Zu'Gash "l'apprivoisée" - Garzoke coureuse des plaines, des Messagers du Corbeau et Aroroa

"Si ça peut crever, j'vais l'éclater. Et si ça peut pas ? Ben j'vais quand même essayer ! On n'sait jamais !
"

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Azra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » dim. 10 nov. 2019 21:20

Suivant les bruits de lutte, ils atteignirent bientôt la grande salle de réception. Là, un spectacle de dévastation les attendait. La salle était emplie de chaises renversées, de débris d'ossements, mais aussi de plusieurs cadavres. Daemon était étalé sur une table, au milieu des restes du lustre tandis que Zu'gash, la garzok, faisait face aux côtés d'un guerrier elfe noir. Les messagers étaient à la peine, alors qu'un rang de squelettes se formait face à eux.

Mais les morts-vivants s'étaient immobilisés. Un frémissement parcourut leurs rangs et ils s'écartèrent pour laisser passer l'un d'entre-eux. Un imposant guerrier en armure ynorienne.
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Ses déplacements étaient trop précis pour être une banale invocation. Il tenait son épée devant lui, en garde, et une voix grave résonna dans la salle :

« Votre place n'est pas ici, mortels. Retirez-vous, et faites place à la véritable châtelaine d'Endor. »

(Qu'est-il donc ? Demanda Azra. Un compagnon nécromancien ?)

(Valoryn, expliqua Arek. Autrefois un grand général qui a obtenu l'immortalité. Son âme est dévouée à Phaïtos, mais il en est avant tout l'exécuteur, et il à le pouvoir de contrôler les morts-vivants avec une efficacité rare.)

L'elfe noir, très certainement le fameux lord Gwandor, se mit en garde face à lui, sans dire un mot. C'est seulement à ce moment-là que les messagers remarquèrent les nouveaux arrivants.

« Dame Kadria ! s'exclama l'un d'entre eux, stupéfait. Que faisons-nous ? »

« Nous luttons pour notre survie ! Nous luttons pour Phaïtos ! » proclama la dame des brumes.

Mais à peine avait-elle prononcé ces mots qu'une voix jeune mais puissante lui répondit :

« Ne prononce pas ce nom à la légère... »
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Et elle apparut, dans un nuage d'ombre aux figures de spectres. Pour la première fois, Azra sentit littéralement des poiles fantômes se hérisser sur sa nuque alors que son âme entrait en ébullition. Zéphanie se tenait devant eux, barrant l'entrée de la salle et écartant les bras :

« Par cinq lord, ton nom prononcé,
Par cinq lord ta gloire chantée,
Ô Phaïtos, dont le silence est d'or,
Je rends à ton service, le château d'Endor. »


Ce à quoi, Valoryn répondit :

« J'ai entendu, Ô reine, ta voix m'appeler,
J'ai attendu, Ô reine, ton retour prédestiné,
Des salles, où ne règne que la mort,
Je m'élève pour te remettre Endor. »


Bon sang, ils avaient le sens de la mise en scène, ces deux-là ! Le nécromancien se sentait presque paralysé. Dire qu'il s'était toujours enorgueilli de sa ferveur... il allait devoir faire des progrès s'il ne voulait pas paraître dépassé !

(Les lords avaient tout un décorum, une vie ritualisée et un nombre incalculable de formules qui étaient autant des salutations que des prières. Mais ce n'était rien comparé aux « vrais prières ». C'est le nom qu'ils donnaient aux improvisations en l'honneur du dieu noir.) expliqua Arek.

Bon... ce point historique étant fait, il allait falloir se concentrer sur le plus urgent : survivre ! Azra fit quelques pas en avant et déclara, en s'efforçant de paraître sur de lui et décontracté :

« Je t'attendais, Zéphanie. Nous avons une discussion à terminer... »

« Je me souviens de tes paroles, Chandakar. Elles ne portent toujours que du poison ! Nous n'avons rien à nous dire ! »

« Je ne m'appelle pas Chandakar ! » hurla la liche.

Mais il se reprit bien vite. C'était ce qu'elle voulait : qu'il perdre pied... Il ne fallait pas céder. Il plongea le regard dans le sien, et il lui sembla y deviner une étincelle de doute. Elle n'était pas sûre d'être de taille... Bien cela leur faisait au moins un point commun...

« Tu viens pour réclamer ton ancien domaine, mais les choses ont bien changé... L'ancien ordre est mort et enterré. Ces gens en représentent un nouveau. »

« Et tu comptais les utiliser contre moi ? »


« C'est à toi de voir... souhaites-tu toujours me tuer ? »

Le souffle de Thimoros fondit sur lui avec une telle vivacité qu'il fut touché et légèrement blessé. Cela lui tira un rire fataliste :

« Bon, j'imagine que ça répond à la question, hein ? »

C'est alors que Kadria entra à son tour en action, et son pouvoir invisible fit chanceler la nécromancienne. Aussitôt, Valoryn le squelette fit un pas en avant, et toute sa phalange de guerriers-squelettes fit de même alors qu'il proclamait :

« Lord Chandakar... depuis le fond des âges, j'attends ce moment... »

Gwandor s'interposa aussitôt :

« Vous ne passerez pas ! »

Une flamme vide s'alluma dans les orbites du squelette :

« Alors vous mourrez. »

Et les lames se croisèrent. Au moins une bonne chose... Rendrak se plaça à côté d'Azra, prêt au combat. Ils allaient pouvoir se concentrer sur Zéphanie...

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Daemon
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Daemon » mar. 26 nov. 2019 23:57

- XVI -

Des cris de douleurs montèrent çà et là, tandis qu’on traînait les blessés au fond de la pièce. Un liquide chaud glissa le long de la manche de Daemon, qui se tint le bras, ce qui ne passa pas inaperçu aux yeux de son compère. Daemon se raidit lorsqu’il vit l’inquiétude poindre dans le regard d’Asad et joua de l’articulation de son épaule pour lui assurer que tout allait bien. La douleur était présente, mais il pouvait encore bouger.
Les portes s’ouvrirent alors derrière eux et un nouveau squelette s’introduisit en trombe dans la salle. Son apparition provoqua un mouvement de recul parmi les Messagers, qui voyaient en sa présence un énième ennemi sorti du caveau. Daemon eut aussi un soubresaut, avant de souffler longuement. Il ne s’agissait que d’Azra.

Mais ce fut une autre liche, sortie des troupes défuntes, qui l’adressa aux vivants en leur demandant partir, pour laisser la place à la véritable châtelaine d’Endor. Tenant son épée à deux mains, en garde, de part sa posture et sa gestuelle, ce mort-mort vivant était différent des autres. Il dégageait quelque chose de plus… humain.

Gwandor, qui tolérait apparemment la présence d’Azra, s’avança sans mot dire en adresse de défit. Ce fut alors que des Messagers perdus demandèrent de l’aide à Kadria. Ce nom n'échappa pas à Daemon, qui découvrit la dame blanche au fond de la salle. Elle avait suivit les pas d’Azra. L’avait-il invoqué ? se demanda-t-il, en posant un regard suspicieux sur la liche.

Kadria tenta alors de galvaniser ses hommes en invoquant le nom de Phaïtos, ce qui lui valut la rengaine d’une autre voix féminine, plus jeune et impérieuse, lui demandant de ne pas user de ce mot à la légère. Daemon se tourna vers la nouvelle arrivante, qui était apparu au centre de la phalange des squelettes. La nécromancienne… c’était elle ! Une jeune femme au visage recouvert de tâches de rousseurs et à la chevelure de feu. Son regard était dur, sombre, tout comme l'aura de magie qu'elle dégageait.
Elle commença à entonner une prière ou des versets en cœur avec le squelette à l’épée. C’était une ode aux Lords nécromants et à Phaïtos, apparemment liée à Endor. Daemon ne l’avait jamais entendu, bien qu’il connaisse de nombreux chants liturgiques.
Une fois qu’elle eut fini, Azra s’adressa à elle avec une familiarité troublante. Elle se prénommait Zéphanie, apparemment, et il déclara l’attendre… À cela, elle répondit ne rien avoir à lui dire, prétextant que ses paroles étaient poisons ; mais le plus surprenant pour Daemon, ce fut qu’elle appela Azra : Chandakar. Ce nom ne lui était pas totalement inconnu, bien qu’il ignorait où il avait bien pu l’entendre. Le Premier Messager réagit d’ailleurs agressivement à l'évocation de ce nom.

« Je commence à ne plus rien y comprendre… »

Des menaces montèrent d’un côté comme de l’autre, l’une prétendant vouloir reconquérir la place qui lui est due, l’autre prétendant représenter une nouvelle génération. Le conflit semblait remonter du tréfonds des âges, ce qui semblait risible, vu l’âge des deux protagonistes. Cela avait l’air d’une mauvaise pièce de théâtre, si seulement une foule armée n’attendait pas à chaque coin de la pièce.

C’en était trop pour Daemon, qui alla trouver Azra.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi t’appelle-t-elle Chandakar ? »

La liche relâcha son attention de la jeune femme rousse, pour lui adresser une brève et laconique réponse. C’était une longue histoire, lui assura-t-il. Mais en attendant, s’il voulait vraiment tuer Kadria, il devait attendre son signal. Son signal ? Daemon vit rouge. Sa question était éludée, et en plus de cela, il n’avait pas à attendre sa complaisance pour éviscérer l’autre affreuse rouquine.

« Alors quoi ?! J’attends les bras croisés ? »

Azra rétorqua que non, qu’il allait avoir besoin d’aide contre Zéphanie, et la suite ne se fit pas attendre. La bataille fit de nouveau rage, cette fois-ci avec moins de tenue que la fois précédente. Les Messagers se précipitèrent dagues levés sur les squelettes, des sortilèges montèrent et rebondirent sur les murs, le tout dans un fracas de cris et d’aciers. Daemon resta un instant furieux et indécis, cherchant Kadria du regard.
Ne sachant plus quoi faire, il retrouva la grande table et sauta dessus une nouvelle fois. Il y trouva le lustre qui avait provoqué sa chute, et se saisit de la chaîne qui le suspendait au plafond. Il tira la structure forgée vers lui et la fit tournoyer au dessus de la foule, remontant progressivement l’orbite au dessus de sa tête, et de son bras, il lui insuffla de plus en plus de vitesse.

« Saleté de Lords ingrats ! » hurla-t-il.

- XVIII -
Modifié en dernier par Daemon le jeu. 7 janv. 2021 22:54, modifié 3 fois.

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Zu'Gash
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Zu'Gash » jeu. 28 nov. 2019 12:00

(Avant)
(16)

Zu'Gash fait quelques moulinets avec son gourdin pour vérifier qu'elle peut encore tabasser sans trop d'gêne, quand l'mur en squelette s'écarte. Ben bordel ! Si elle avait su qu'faire un peu d'vent suffisait à couper un truc en deux ! Beuh ? Ah nan, les nonos à bouclier n'font qu'en laisser passer un grand dans un attirail d'métal lourdingue. Sauf que lui, il cause. La peau-verte hausse un sourcil quand il dit que la place des mortels n'est pas ici et qu'ils doivent faire place à un animal. Une chatte-laine. Ca existe, ça ? Un félin qui fait d'la fourrure qui s'tond ? Pis pourquoi faudrait bouger ? L'est si grosse que ça, la bête ? Alors ça, la garzoke demande à voir ! Elle est si curieuse qu'elle fait à peine gaffe que d'aut' gens s'sont pointés d'puis un autre couloir. L'Patron Gwandor est prêt à castagner encore, pis sur l'côté, les yeux rouges s'rendent compte que l'type masqué et la Patronne à qui qu'elle voulait causer sont descendu d'la tour. Chouette ! Pas b'soin d'aller s'farcir toutes ces marches à la con ! Et elle cause aussi, disant qu'ils s'battent tous pour l'Grand Patron et survivre. Ah ? Mais elle vient juste de débouler, elle ! D'où qu'elle s'incruste comme ça pour lui rafler des points ! C'pas juste !

La peau-verte boude et finit par s'tourner vers une autre voix d'fille, qui s'tient dans l'une des entrées. Une bonne femme sous capuche, comme pas mal des Messagers, quoi. Elle écarte les bras d'un coup, f'sant valser ses manches à un ch'veux des murs ! De ses murs ! Z'ont pas b'soin d'une autre rivale, oh ! Elle ouvre la bouche et s'met à causer. Ou chanter ? Et l'squelette qui peut l'faire aussi lui répond. La nouvelle dit qu'elle rend son château au Grand Patron, et l'squelette le donne à la nana. Les yeux rouges se tournent vers la piaf qui la survole.

"Eh Aro', t'sais pourquoi ils causent comme euh..."

"Rha ?"

"Nan, pas ça. Le truc là, quand tu fais des phrases qui font l'même bruit à la fin ?"

"Cro... Rha ! Croahrah ? Rha."

"Ah bon. C'pas grave, j'trouv'rai bien."

L'type qui pèse rien a l'air d'la connaître, la nouvelle. Zé-fa-ni, qu'il dit. Chant-da-car qu'elle l'appelle, et qu'ça fait gueuler l'type masqué. Ben quoi ? C't'une insulte dans une aut' langue ? Pourquoi qu'elle en sait rien, elle ? C'est elle la garzoke qui jure ! Merde alors ! Même le D'mi a l'air d'pas piger c'qui s'passe entre le type et la bougresse sous capuche. C'que la peau-verte pige, c'est qu'les deux ont un compte à régler, et que gugus laisse entendre que la nana avait l'château avant. La garzoke arrête de suivre ce qu'ils racontent, parce qu'elle pige plus rien. Elle voit juste qu'les Sieurs Nonos d'avant sont pas contents, que ça va s'bastonner entre les Messagers et les squelettes encore, et l'pire de tout... C'est qu'tout ce p'tit monde lui barre l'accès à la cuisine ! Intlo... Inro... Table ? Rablo ? Introba... Non !

L'Demi a l'air d'en avoir marre aussi, surtout qu'l'encapuchonné avec qui il s'est pointé lui donne des ordres de s'tenir tranquille, en gros. 'Fin presque, juste qu'il s'prépare à tabasser la nana qui vient d'lui envoyer un sort noir dans sa tronche. L'grand squelette veut aussi bouffer du Chant-d'Akar ? Chan-da-car ? Chande... Bref, du mot qui veut rien dire, et l'Patron Gwandor n'veut pas l'laisser faire. Ils croisent le fer avec gros bruit pas agréable, pendant qu'le D'mi d'vient dingue et s'met à faire tourner l'lustre. Ca va pas t'nir longtemps, ça encore ! La peau-verte n'a pas envie d'se bouffer du métal dans la pomme ! Pas qu'elle a un problème avec celui des armes, mais cui-là, nan.

Et la bagarre reprend d'vant elle, ses yeux rouges lui f'sant voir des p'tits nuages noirs qui r'bondissent sur les murs et les copains déjà amochés qui s'en prennent encore dans la trogne. La garzoke fait craquer son cou, prête à r'partir à l'attaque, quand un cri d'douleur derrière elle la fait se r'tourner net.

"Maya !"

"Maya !"

"Rah !"

La peau-verte fait d'grands pas et s'penche sur la gamine qui s'mord la lèvre du bas, les pattes pressant fort sur l'côté. Elle saigne du flanc. Pourquoi qu'elle saigne ? Elle est loin d'ceux qui s'battent, pourtant ! C'pas normal, ça ! La tanneuse mate les autres Messagers d'un œil, et r'marque un truc. L'gars qu'elle avait emmerdé avec les lingots d'métal noir et qui a la tunique déchirée sur l'côté du bide n'saigne plus d'là. En fait, il a une peau toute intacte. Tâchée d'sang, mais pas abimée. Comment qu'c'est possible, ça ? C'est même possible, ça ? On peut r'filer les bobos à quelqu'un d'autre ? Mais ça s'fait pas, ça ! Pis pourquoi sur la gamine ? Il l'a fait exprès ?! Mais c'est quoi c'foutoir où les adversaires tapent sur les copains et qu'les copains cognent aussi sur les amis ?! Zu'Gash n'est pas l'genre à s'énerver, mais là, ça fait vraiment chier !

Pendant qu'la Juju' met une patte au sol pour voir la blessure d'la gosse, Aroroa piaille méchamment. La garzoke, elle, prend une grosse inspiration, attendant juste de voir si l'lustre va s'casser la gueule pour savoir quand ouvrir la sienne.

"Whohé, bande de connards ! Ça suffit, c'merdier ! Maya saigne, alors on arrête de jouer !", vocifère la peau-verte sans retenue. Si elle leur pète les oreilles, tant mieux ! "Chandi ! Zéfi ! Et l'Nonos d'grand gabarit !", pointe-t-elle du gourdin les trois emmerdeurs qu'entrainent les autres à s'taper dessus quand ils ont déjà eu leur compte. "Y'en a marre d'vos conn'ries ! Jouez pas les p'tits couillons infoutus d'se bagarrer sans l'aide des aut' sans-cervelle ! Allez vous cogner dehors, là où vous f'rez pas s'effrondrer quelqu'chose ! Fatiguez-vous jusqu'à plus pouvoir mettre une patte devant l'aut' et rev'nez partager un bout d'barbaque ensemble ensuite ! Comme des membres du même clan ! On est là parce qu'on aime tous le Grand Patron, oui ou non ?! Merde à la fin !"

Elle garde son os fétiche tendu, faisant la gueule et fronçant l'pif. Parler d'bouffe ça creuse. Son aut' bras est agrippé gentiment par une Maya qui grimace un peu. Ses affreux jolis yeux brillants r'gardent les corps et l'sang par terre. Elle fixe le type Chandidi, le grand combattant squelette, la Patronne et finit sur la nouvelle nana.

"Pourquoi... Pourquoi cherchez-vous tous à nous monter les uns contre les autres ? ", dit-elle de plus en plus fort, la patte crispée sur son flanc f'sant couler un peu plus d'sang. "Nous sommes aussi des fidèles de Phaïtos... Alors pourquoi ? Pour quelle raison user de force contre nous ?! ", crache la gosse avant d'continuer. Elle a pas l'air bien. "Que vous a-t-on donc fait ?"

Ah ben nan ! Elle s'était calmée ! Et là elle chiale ! Mais vraiment ! Avec de l'eau qui cascade en continu sur sa p'tite frimousse.

"Respectez vos frères et sœurs de l'Ordre ! Ne causez pas de souffrances inutiles ! Avez-vous oublié ces principes les plus élémentaires, ô Lords ?", s'écrie la gamine avant d'fixer Zéfi'. "Je vous le demande... D'une fidèle de notre Seigneur à une autre... Laissez ma famille adoptive tranquille !"

La garzoke sent les mains de la gosse se serrer super fort contre son avant-bras, pis une sorte de vague noire s'dégage de la gosse désespérée d'un coup. La peau-verte a beau être dure à ébranler, même elle sent sa colère s'fâner un peu. Pauv' petite. Elle qui vient d'changer sa morte de soeur en morte-bouclier sans l'vouloir, d'convaincre les autres gugus qu'elle les apprécie juste pour les voir s'faire équarrir par des squelettes inconnus, et qui s'prend une blessure sans avoir participé au jeu... Merde, c'est vraiment pas d'chance. Pis ça vous démotive sa tanneuse d'voir la Maya dans c't'état.

Zu'Gash hésite, retire son bras des pattes de la p'tite et l'passe autour d'ses épaules pour la prendre dans une d'mie accolade. Dire qu'elle s'faisait une joie d'rentrer, la pauvre.


(Après)
Modifié en dernier par Zu'Gash le dim. 19 janv. 2020 11:22, modifié 1 fois.
Zu'Gash "l'apprivoisée" - Garzoke coureuse des plaines, des Messagers du Corbeau et Aroroa

"Si ça peut crever, j'vais l'éclater. Et si ça peut pas ? Ben j'vais quand même essayer ! On n'sait jamais !
"

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Maâra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Maâra » sam. 30 nov. 2019 23:17

Kadria l’écoute jusqu’au bout, le visage fermé et peu expressif, son regard attentif se pose successivement sur elle et le premier messager, silencieux et patient. Toutefois, sa réponse ne satisfait pas la Sindel qui se sent toujours plus lassée par les vivants d’entendre encore une fois ces mots pleins d’irrespect : « Je n’ai pas peur de mourir ».
Celle qui se désigne encore comme la Maîtresse d’Endor dit ne pas la craindre, ne pas les craindre ; se défendant ainsi d’une menace sous-jacente qui n’existe pourtant pas.

((Par les ombres, on dirait une enfant capricieuse.))

Est-ce une manière de lui signifier qu’elle ne mérite pas de réponse sincère et réfléchie de sa part, que de brandir l’immensité et l’étendue de son pouvoir en guise de raisonnement ? Maâra n’aura là non plus de réponse à cette pensée car, soudain, telle l’impérieuse objection du premier concerné, les ruines d’Endor grondent et tremblent. Des chocs bruques et saccadés qui remontent jusque dans les fondations de cette haute tour.

Quelque chose de particulier plane dans l’air, une tension, une influence obscure et familière qui met la nécromancienne sur le qui-vive. Les murs du château tremblent d’une présence si lugubre et imposante, qu’elle inquiète la grande Dame des brumes, les yeux braqués vers l’entrée de sa tour d’où remontent maintenant des complaintes de pure panique. Prise au dépourvu, elle fond sur leur esprit et exclame fort sa surprise, accusant le Premier Messager de ce revirement. Mais l’attitude de ce dernier n’évoque pas la sérénité d’un conquérant aux portes de la victoire, il gronde plus qu’il ne parle, de cette voix sifflante aux accents fébriles.
Endor ne leur appartient pas, ni à elle, ni à lui, et les grondements qui enflent en sont la preuve irréfutable … La Maîtresse des lieux est revenue, et personne, seul, n’est en mesure de la vaincre.

Spectatrice observatrice, Maâra parvient à comprendre une chose et une seule ; la discussion qui suit ne la concerne plus. L’esprit de Kadria, assombrit par la crainte, n’est plus qu’un chétif souffle aux oreilles de la nécromancienne qui n’entend plus rien, si ce n’est de courtes interventions d’Azra, à peine plus pondérées, qu’elle traduit intérieurement comme étant le coup d’envoi d’une future altercation pour une prise de pouvoir, embarquant tous les autres, elle y compris, dans des combats de choix et de jugement hâtif.

((Laisse-moi deviner. Ils sont trois à se battre pour la place de souverain d’Endor.
- Comme au bon vieux temps. Ça me rend nostalgique, toute cette fougue, cette passion, et cette adoration poussée au paroxysme …
- Tout ce que je ne suis pas, en somme.
- Si tu avais un cœur en lieu et place de ce truc tout froid, tu serais parfaite.))



S’il avait l’espoir de pouvoir ressortir vainqueur de l’affrontement avec Kadria, le premier messager semble certain du contraire contre cette mystérieuse maîtresse des lieux, pourtant absente jusque là vu le statut actuel de Kadria et la profonde surprise de celle-ci.


Après quelques longues secondes de réflexion, Maâra décide de les suivre. Peu importe au fond qui prendra le pouvoir, elle profitera de cette expérience jusque dans son essence. Submergée par cette ambiance délicieusement obscure et ces luttes de pouvoir, elle s’en passionne presque ; curieuse de comprendre les motivations et le parcours de ces puissants avides d’un pouvoir de contrôle, désireux d’être le nouveau Maître de cet endroit oublié de tous depuis des centaines d’années. Peut être est-ce le premier pas vers une nouvelle ère pour la nécromancie, vers une nouvelle hégémonie. Il faudrait être sot pour ne pas en être témoin, ou en faire partie.


Elle retire les morceaux de verre de ses mains et sa peau avant de les suivre d’un pied sûr et rapide.
Guidés par les cris et les bruits de luttes, ils courent vers la grande salle centrale où se rejoignent les couloirs menant aux autres parties du château. Une majorité du mobilier est sans dessus-dessous, des chaises et tables renversées servent de barricades. Il règne un chaos indescriptible, les hurlements de douleur font échos aux cris rageurs des combattants encore debout ; la pièce est tant saturée de magie obscure que Maâra la ressent à travers sa peau frémissante. L’agitation et l’hystérie qui l’enveloppe soudain en pénétrant ici la tétanise un instant, ne sachant que faire. Le sol est jonché de débris, d’ossements et de quelques corps abandonné là et parfois piétiné par les survivants luttant contre des revenants en rang.

L’entrée en trombe du premier messager et l’actuel despote des lieux est remarquée par l’escouade de squelettes dont les membres disciplinés s’écartent en bon ordre. Le silence et l’immobilité s’abattent soudain, tel un lourd fardeau pour certains mortels qui en chancèlent. Un guerrier mort-vivant s’avance entre les rangs, paré d’une armure lourde et une longue épée à deux mains, imposant d’autorité et de stature comme s’il n’obéissait qu’à lui-même. Sa voix grave retentit dans toute la salle, intimant à tous de se retirer car ici, les mortels n’ont pas leur place et ici doit arriver la véritable châtelaine d’Endor.
Un discours qui bien que déstabilisant pour les plus faibles, n’a pas l’effet escompté. Personne ne regarde en arrière, personne ne recule d’un pas ; un autre même, à l’instar d’un guerrier elfe noir, s’avance et lui fait face d’égal à égal, lui prouvant sans un mot qu’il ne sera pas facile à déloger. Les plus inquiets supplient Kadria de leur dire quoi faire mais les mots encourageants de la Dame des brumes sont aussitôt repris par une voix provenant de l’entrée que Maâra venait de passer quelques secondes avant. Une jeune femme apparaît alors dans un dense nuage d’ombre, une jeune femme à la peau lisse piquée de tâche de rousseur et dont les yeux trahissent une force de caractère que l’on ne peut avoir si jeune. De sa voix chaude et autoritaire, elle s’adresse d’abord à Kadria afin de lui enseigner la retenue lorsque l’on prononce le nom du Gardien des Morts.

Il y tant de piété, tant de mystère et de magnificence dans la litanie qu’elle partage avec l’imposant guerrier mort-vivant que tous ici les écoutent.

« Par cinq lord, ton nom prononcé,
Par cinq lord ta gloire chantée,
Ô Phaïtos, dont le silence est d'or,
Je rends à ton service, le château d'Endor. »


« J'ai entendu, Ô reine, ta voix m'appeler,
J'ai attendu, Ô reine, ton retour prédestiné,
Des salles, où ne règne que la mort,
Je m'élève pour te remettre Endor. »




Les mots résonnent profondément en Maâra, habituée à bien moins de cérémonial dans son temple isolé et sa vie de recluse.

((Et comment ça se finissait au bon vieux temps, pour la piétaille ?
- Euh ….))

Ni terreur, ni doute ne perle dans ses paroles, elle semble au contraire avoir réalisé quelque chose d’important. Si elle veut survivre, elle va devoir devenir plus forte et ne plus s’en tenir à une logique froide et impersonnelle, si elle veut devenir plus forte, elle va devoir faire ses preuves et prouver qu’elle n’est pas une de ces âmes insignifiantes qu’on sacrifie sur l’autel du fanatisme.

((Que vas-tu faire ?
- Me défendre et ne laisser personne, vivant ou mort, me dicter ma foi ou ma conduite.))



Une exclamation, un mot hurlé par Azra lui permet de préparer son sortilège en toute discrétion, tous les regards étant soudain rivés sur ces deux nouveaux arrivants, cette liche proclamée Premier Messager et Zéphanie, la jeune châtelaine d’Endor. Ce n’est cependant pas leur débat qui anime l’esprit et les réflexions de Maâra, seulement le nom hurlé : Chandakar. Azra se défend avec virulence de ne pas être lui, de ne pas être celui que Zéphanie accuse d’une éternelle perfidie ; mais elle se souvient très clairement, dans la tour, l’avoir entendu se nommer ainsi sous l’impulsion d’une violente frustration. Bien des choses ici se passent sans qu’elle en comprenne le sens, bien des faits ne lui seront jamais expliqués et autant de mystères jamais dévoilés.
Et dans l’immédiat, elle envoie ses fluides sonder ces fameuses ruines d’Endor où ne règnent que la mort pour relever les premiers guerriers de sa propre escouade. Que ceux qui se disputent le trône s’écharpent entre eux, après tout qui est-elle pour s’interposer ? D’autant qu’elle porte encore les stigmates de la seule issue possible à cette entreprise.
Dans l’immédiat, elle va se battre pour ne pas devenir un dommage collatéral, elle va lutter pour survivre et affronter des adversaires qui, cette fois, usent des mêmes armes qu’elle.
Ses trois premiers squelettes, dénaturés par la substance visqueuse qui suinte encore de leur os, sortent de leur cocon d’ombre et se jettent aussitôt dans la mêlée, chacun ramassant arme ou bouclier selon ce qui traine à côté des cadavres encore chaud, qu’ils piétinent sans vergogne. S’estimant encore à l’abri en restant en retrait des échauffourées chaotiques, elle jauge ennemis et ersatz d’alliés. Elle reconnaît les têtes aperçues dans le village ; Daemon en premier lieu trônant au dessus d’une table et dont le regard noir transperce le dos de Kadria ; ainsi que la garzok, animée par rien moins que le plaisir de frapper tout ce qui lui passe à portée. S’en sentant la force, elle réitère le même long sortilège car, une chose était plus que vraie dans toute cette panoplie de faux ; les lieux regorgent d’âmes à manipuler et de haine à cultiver.

Mais tandis que les guerriers suivants entament leur remontée, la Garzok hurle comme une damnée à en faire trembler les murs. Le jeu, car tel était bel et bien ce que c’était pour elle, est allé trop loin. Il est étrange de voir l’un des siens accompagné d’un humain, il est bien plus encore d’en voir un devenir fou à l’idée que cet humain soit blessé … c’est pourtant ce qui motive Zu’gash à ordonner à tous d’en finir avec cet inextricable tas de fiente qui a amocher la plus jeune des femmes à ses côtés. De sa voix grave et tonitruante, elle parvient à faire hésiter presque tout ceux présent, elle parvient à dire tout haut ce que beaucoup, Maâra la première, pense tout bas … qu’ils devraient avoir les bourses assez pleines pour régler leur problème entre eux, sans attendre que le menu fretin le fasse pour eux. Elle croit encore en l’unité que l’Ordre connaissait il y a peu … et elle n’est pas la seule. Blessée et vacillante, la jeune Maya prend aussi la parole, essayant d’une manière poignante de rallumer l’étincelle qui les unissait jadis, de rappeler à tous qu’ils sont tous les fidèles de Phaïtos, qu’ils partagent des principes d’unité et d’entraide qui était encore il y a peu le fondement même de leur Ordre sacré.

Maâra écoute d’une oreille attentive, mais une oreille seulement car elle a passé suffisamment de minutes en compagnie de Kadria pour savoir que leur entendement n’est pas à la hauteur de leur outrecuidante démence et soif de pouvoir. Peut être les hurlements de la peau verte et les larmes de la jeune humaine les feront douter, peur être même parviendront-ils à persuader les trois concurrents au trône à penser qu’ils peuvent être plus puissants ensemble que seuls, peut-être se souviendront-ils de ce qu'il est advenu du tout premier Ordre des Lords Nécromants … mais il est bien plus probable que quelqu’un s’en prenne directement à elles.
Ses yeux scrutateurs balayent la salle, à la recherche d’un geste, d’un visage haineux, d’une manipulation d’ombre ; son corps est prêt, son âme est prête à faire appel aux ombres terrifiantes du pendant élémentaire de celui qui les unit tous.


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Modifié en dernier par Maâra le mar. 21 avr. 2020 19:20, modifié 2 fois.
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Azra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » dim. 1 déc. 2019 11:27

Daemon se glissa près d'Azra pour lui demander à quoi rimait tout ça... mais comment expliquer tout le bazar de son destin emmêlé en quelques secondes ? Impossible ! Mais le semi-elfe pourrait lui être utile. Oui, c'était le meilleur plan qu'il ait... Il lui demanda d'attendre son signal. Le moment venue, sa haine de Kadria pourrait se révéler fort utile.

Maâra avait aussi débouché dans la pièce, mais semblait ne pas vouloir prendre part au combat. Ce genre de prudence n'était pas conseillé en de telles circonstances, mais il était difficile de le lui reprocher.

Zéphanie ne lui laissa pas plus de temps pour réfléchir. Elle bondit vers lui et leurs dagues se croisèrent, se frôlèrent et dansèrent dans un bref échange aussi vif que sans effet. Elle semblait encore plus forte que dans ses souvenirs... Derrière, les affrontements s'amplifiaient. Gwandor reculait pas à pas, déjà épuisé par les combats, face à la mécanique mortelle du squelette.

C'est alors qu'un barrissement puissant emplit la salle avec fureur. C'était la garzok qui lui avait sauté dessus à son arrivée ! Qu'est-ce qu'il lui prenait, encore ?! Elle semblait, surprenamment, mécontente de la bataille, appeler à plus d'unité au service du « grand patron ». De qui est-ce qu'elle parlait ? Si c'était de Kadria, elle s'était trompée dans le genre... Puis, ce fut au tour de la gamine qui l'accompagnait de se relever. Elle avait été blessée, mais cela ne l'empêcha pas de lancer un appel vibrant :

« Pourquoi ? Pourquoi cherchez-vous à nous monter les uns contre les autres ? Nous sommes aussi des fidèles de Phaïtos... Alors pourquoi ? Pour quelle raison user de forces contre nous ?! »

Elle poursuivit, appelant à un principe simple : ne pas causer de souffrance. Autour, les Messagers dépassés semblaient assez d'accord. Voilà bien quelque chose qu'Azra avait oublié malgré son caractère élémentaire : les simples fidèles pouvaient vite se retourner contre des chefs incontrôlables... Quant à Zéphanie, elle sembla choquée par se rappel. Tout à sa haine contre Chandakar, elle prit de plein fouet la remarque. Elle recula de quelques pas, tout en gardant Azra à l’œil, puis se dirigea vers la jeune fille. Le silence était tombé sur la pièce...

… silence troublé par un lustre hors de contrôle qui fendit l'air et emportant Zu'gash la garzok sur son passage pour l’entraîner à grand fracas contre le mur. Aussitôt, la bataille reprit, plus chaotique que jamais, les uns se battant, les autres jetant leurs armes, tandis qu'Azra se prenait la tête dans les mains. Daemon, évidemment...

Zéphanie regardait la gamine droit dans les yeux. Elles n'étaient pas si éloignées en age, après tout... Elle déclara :

« Tu ne comprends pas... ce monstre ne nous laissera jamais en paix. Ses paroles sucrées et ses mensonges ont causé tant de tors par le passé. J'aurais dû le tuer depuis longtemps. Une fois que ce sera fait, tout ira mieux... »

Mais dans son trouble, elle ne remarqua pas tout de suite le déplacement derrière elle, léger comme la brume, presque invisible... Kadria armée de son poignard qui venait éliminer sa rivale... et passait juste à côté de son potentiel bourreau.

« Daemon ! Maintenant ! » hurla Azra.

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Maâra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Maâra » lun. 9 déc. 2019 23:21

Dans ce désordre indescriptible, plusieurs faits et actes distincts sont en passe de devenir les rouages d’un chaos plus conséquent encore. Un premier fait est à noter, les membres de cet ordre manque cruellement de coordination, vétérans ou nouvellement arrivée comme Maâra œuvrent chacun de leur côté, parfois contre un même adversaire, parfois contre le premier qui passe à portée de tir.
Daemon, le jeune semi elfe impulsif, du haut de sa table, vient d’arracher du plafond un lustre à demi effondré et le fait tournoyer autour de lui.
La jeune femme au regard dur, elle, semble particulièrement choquée par l’intervention de la peau verte et sa jeune amie blessée. Elle qui est la châtelaine d’Endor, elle qui se doit d’incarner tout ce qu’il représente en tant qu’ordre, prend de plein fouet les accusations et vœux des deux femmes. Et ce n’est pas la seule, le guerrier mort-vivant à ses ordres cesse immédiatement ses assauts contre le vaillant elfe noir, ses troupes en font autant et bon nombre de guerrier de l’ordre se retourne vers leur chef respectif.
Zéphanie d’Endor marche d’un pas prudent vers la jeune fille et, sans menace aucune envers elle, lui parle d’une voix grave et résignée. Des mots qui resteront entre elles deux, des mots qui s’échangent tandis qu’un lustre, devenu incontrôlable dans les mains du frêle sang mêlé, emporte littéralement la peau verte, qui s’écrase contre un mur de toute sa masse.

L’effet est quasi instantané. Le désordre devient chaos ; il n’y a plus de camp. Les mortels sont les plus touchés par ce chamboulement, certains reprennent les armes, d’autre les abandonnent purement et simplement, d’autres encore se retournent contre leurs alliés potentiels.
Profitant de la plus insensée des confusions, Kadria s’approche en douce de Zéphanie, les yeux fous, un poignard à la main.

Et tout cela en quelques secondes. Sans l’intervention de son Faera, Maâra aurait lancé son sortilège contre Daemon au moment où le lustre touchait la peau verte. Concentrée comme elle l’était sur son observation, elle n’a pas remarqué la mine défaite du semi elfe ; happée par la violence, elle a failli rendre coup sur coup à celui qui venait de saper l’infime et unique chance d’une entente, même partielle, sur le déchainement de folie qui embrase les esprits les plus avides.
C’est alors qu’elle aperçoit le mouvement d’une silhouette presque invisible. Sa lèvre supérieure se retrousse lorsqu’elle reconnait Kadria, sur le point d’attaquer Zéphanie dans le dos. Colère et déception se mêlent aux froides émotions de la Sindel. A quoi bon tenter de lui faire entendre raison, cette femme est décidément trop perdue, gangrénée par une folie nourri à l’avidité au pouvoir et au désir de revanche qui lui ronge l’esprit. Il n’y a pas de paix possible avec une telle femme, pas d’entente, pas de compromis, pas de futur … elle qui n’a aucune once de dignité ou d’honneur.

Entre ses mains, la masse d’ombre et de fluides formant une sphère suintante frémit soudain sous l’impulsion de la l’amertume grondante de Maâra. Et, alors que la liche hurle à Daemon d’intervenir, Maâra porte à sa bouche l’écœurante masse obscure, les yeux soudain noirs, la bouche déformée par un cri silencieux, et projette un souffle d’Obscurité pure vers Kadria.


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Daemon
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Daemon » mar. 7 janv. 2020 20:26

- XVII -

Le lustre noir tournait au-dessus des têtes, menaçant, accélérant à chaque passage. Daemon émit un hurlement de rage, non pas destiné à un ennemi en particulier, mais à tous, tous ces Lords vaniteux et opportunistes. Le lustre aussi, leur était destiné. Ses muscles, son bras, et tout son corps se contractèrent pour donner une dernière impulsion, tandis qu'au même moment, après qu'un beuglement tonitruant et désespéré eut résonné, un calme subit s'installa. Daemon ne put refréner son attaque. Le brandon de discorde était déjà lâché. Il essaya bien de le retenir, le temps de comprendre ce qui se passe, ce qui eut pour seul effet de dévier sa trajectoire.

S'échappant des doigts de Daemon, le tintement de la chaîne se fit entendre un instant, puis Zu-Gash fut balayé par un lustre en perdition.

La brève torpeur s'évapora aussitôt. Sans parvenir à comprendre ce qu'il avait interrompu, Daemon se débarrassa de la chaîne comme si elle était chauffée à blanc. Il resta interdit un moment. La Garzoke risquait de s'énerver et l'idée de retourner dans la mêlée ne l'excitait plus autant.
Azra l'appela alors : "C'est le moment ! " cria-til, en lui indiquant Kadria qui s'insinuait dans l'ombre de Zéphanie.

« Ah non ! J'en ai assez des ordres ! »

- XIX -
Modifié en dernier par Daemon le mar. 23 févr. 2021 01:56, modifié 4 fois.

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Zu'Gash
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Zu'Gash » dim. 19 janv. 2020 11:21

(Avant)
(17)

Pendant un moment, juste le temps d'cligner des mirettes, Zu'Gash a l'impression qu'ses oreilles ont arrêté d'bosser. Elle n'entend plus un bruit, genre gros silence comme quand elle a son duel de r'gard régulier avec les morceaux d'château. Là, c'pareil. Sauf que ça devrait pas êt' pareil parce que l'coin est bourré d'monde ! Ca vous rend sa tanneuse curieuse, ça ! Alors elle lâche la gosse et s'retourne. Et là, vlan ! Zouuuh ! Bam ! Pof et clangclangclaaang ! Un truc à couper l'souffle ! Mais pour de vrai, hein ? Elle se bouffe un énorme objet en plein torse qui l'envoie valser ! Contre le mur ! Ce fourbe de mur ! Cet adversaire qu'hésite pas à d'mander d'l'aide de... Les yeux rouges s'plissent parce que quand même elle n's'y était pas attendu à c'te tour-là, l'foutoir du jeu r'commence de plus belle. Qui qui l'a cogné ? Un des squelettes ? Un copain qui l'a pas r'connu ? Ou... Nan... Si ? Elle s'est fait magiquer la trogne par l'nounours dont elle porte la peau ! C'est fort ! Pis c'est qu'c'est fourbe, un mort. Même que des fois, ça insulte et ça s'relève et ça r'marche ! Alors pourquoi qu'ça r'viendrait pas s'venger en douce à coup d'machin qui fait trembler l'sol ?

Quand même, ça fait bobo c'coup en traître. Elle a du mal à gonfler l'torse pour respirer comme il l'faut. La peau-verte baisse ses mirettes et mate son agresseur. C'quoi c'truc ? C'est arrondi, c'est en métal, ça r'pose d'un bord cont' le sol et l'autre ça la coince contre la pierre et... C'est quoi c't'odeur ? Ca sent l'gigot qui grille... Mais pas la bonne odeur qui donne faim ! Là c'est plus... Comme quand ça r'pose dans les flammes mais quand t'as plus d'barbaque dessus.

"Hééééé !", gueule-t-elle en s'agitant d'un coup. "Touche pas à mon gourdin, loupiote !", rajoute-t-elle en repoussant l'lustre d'un gros revers de son gourdin fétiche, sal'ment léché par une des bougies qu'a eu l'cran d'rester d'ssus. Et allumée en plus !

La peau-verte inspecte son nonos blanc noirci au bout. Sa bouche se tortille et sa lèvre du bas tressaille cont' ses crocs. Zu'Gash laisse alors éclater ses sentiments et... Boude. En tapant du bout d'la botte sur le lustre noir. L'gourdin calé contre son torse qui fait encore mal, elle s'dandine sur elle-même pour câliner l'blessé crâmé brûlé et s'consoler aussi. P't'êt' qu'elle va avoir un bleu. Ou elle a une ou deux côtes enfoncées ? Qui lui auront perforé l'poumon ! Et qui la font saigner en d'dans !! Et comme y'en a pas un comme Luriol ici pour lui rafistoler la couenne, ça y est ! Elle est foutue ! Elle va aller voir l'Grand Patron, comme les copains ! Choueeeette !

Zu'Gash lève son gourdin cramé en l'air des deux mains, tournant sur l'avant d'son pied, plus contente qu'après ou qu'pendant une bonne grosse baston ! Elle va voir l'Grand Patron ! Elle va voir l'Grand Patroooon heuuu ! La garzoke danse un moment, jusqu'à c'que sa corbac à trois mirettes se pose sur l'os tendu en l'air.

"... Rha croâ croa ?"

"Ben, parce que ça y est, j'y vais !"

"Arh ?"

"C'te conne. Chez l'meilleur des dieux, tiens ! Mate !", gueule la garzoke en s'débattant avec ses fringues pour soul'ver sa tunique jusqu'à ses côtes assas... Sazine... Azi... Qui la tuent avec son propre sang !

Aroroa vole sur-place pis s'laisse descendre dans l'air et r'file un coup d'bec de plus dans l'bobo. L'est sympa c'te piaf ! Elle veut êt' sûre que la peau-verte aille bien dans l'royaume du d'ssous !

"Croâh..."

Eh.

"Croroah ! Crâo-rahrah !"

Nan mais, c'pas gentil, ça. Pis comment ça, y'a aucune chance qu'elle y soit balancée d'sitôt ? Elle le sait bien qu'elle est foutue ! Y'a qu'à sentir ses nonos de buste enfonc... Ah ? Ah ben nan, fausse bonne nouvelle. C'est tout engourdi, mais c'pas calé en-dedans comme elle l'avait cru. Merde alors ! Même à deux, l'mur et son pote sont pas capables d'faire un boulot correct ! C'pas vrai ça ! Quel château flemmard alors ! On lui donne l'occasion d'gagner la partie, et l'est pas foutu d'le faire !

"Rhâ rha rha !", s'marre la corbac en s'foutant bien d'sa gueule.

La garzoke s'remet à bouder. Vilaine Aro' ! Et qui veut même pas s'laisser taper par le gourdin fumant sans s'esquiver ! Elle évite un coup, pis un aut', pis la v'la qui vole au-d'ssus d'la troupe bagarreuse, quand y'en a qui beuglent au D'mi d'faire quelqu'chose. Zu'Gash n'peut pas s'frayer un ch'min dans l'tas grouillant, mais elle peut jouer quand même ! Elle attrape ses bolas d'nonos aussi et les fait tourner au-d'ssus d'elle, comme le D'mi l'faisait avec l'lustre. Pis elle vise. Si la garce emplumée croit qu'elle va pouvoir s'planquer dans la mêlée, elle n'connait pas sa tanneuse, foi de... Ben... De tanneuse, en fait.

Les yeux rouges la suivent, son bras s'arme et elle balance son arme ! Pile poil vers la corbac !

"Oh."

Et aussi pile au moment où c'te couillonne noire s'planque derrière la Kadria. Zu'Gash ferme un œil et serre les dents, matant son projectile partir droit vers la Patronne. Oups. Merde. Mauvaise cible. Ça peut faire perdre des points, ça ? Pis, elle peut s'fâcher aussi ? Mouais. Vu comment qu'elle est pas contente d'puis qu'elle est descendue d'sa tour, c'est plutôt sûr qu'elle va s'fâcher.


Pis quand en plus la garzoke pense qu'va falloir aller chercher son s'cond joujou dans c'te cohue... Franch'ment, fait chier !


(Après)
Zu'Gash "l'apprivoisée" - Garzoke coureuse des plaines, des Messagers du Corbeau et Aroroa

"Si ça peut crever, j'vais l'éclater. Et si ça peut pas ? Ben j'vais quand même essayer ! On n'sait jamais !
"

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Azra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » dim. 19 janv. 2020 18:38

Contre toute attente, ou plutôt avec une constance dans l'absurdité désespérante, le semi-elfe refusa d'obéir. En revanche, ce furent ni plus ni moins que Maâra et la garzok qui passèrent à l'action. Un torrent de magie noire frappa la dame des brumes, suivi de bolas qui la frappèrent au crâne. Zéphanie se retourna... juste à temps pour voir son ennemie adresser un regard perdu et fuyant vers le nécromancien alors qu'elle menaçait de s'évanouir. Mais déjà, Azra bondissait pour l'achever d'un coup de poignard. Il y eut un hurlement et, aux yeux de tous, l'âme de la dame blanche fut arrachée et aspirée par la dague maudite. Voilà ! Malgré la défection de Daemon, son piège avait finalement fonctionné, son ultime chance d'ouvrir les yeux à l'ancienne lord...

Alors le silence tomba, tandis que Zéphanie se tournait vers le nécromancien :

« Pourquoi ? Tu aurais pu la laisser me tuer... »

« Parce que, comme je l'ai dit depuis le début, je ne suis pas ton ennemi. Mettons fin à tout cela. Ces gens méritent des explications. »

D'un geste, il désigna les messagers autour de lui. Puis, il proclama :

« Je suis lord Azraël, le Premier messager. Et voici Zéphanie d'Endor. Ce nom ne vous est pas inconnu : elle régna sur ce château il y a fort longtemps. Un de mes ancêtres l'empêcha de regagner le monde des morts, la condamnant à se réincarner encore et encore. Un ancêtre qui, lui-même, tenta de se réincarner en moi... »

« Chandakar, le sixième lord... » comprit Zéphanie.

« Oui. Mais ces querelles et ces malentendus doivent maintenant prendre fin. Ainsi que l'a dit cette jeune fille, nous sommes une famille. Le temps où les lords régnaient en seigneurs est révolu, et les messagers du Corbeau peuvent enfin monter un meilleur visage : celui d'une égalité devant la mort, d'une justice qui frappe aussi bien les puissants que les humbles. En ces temps troublés, nous serons unis non sous la bannière d'une nation, mais sous un idéal de foi et d'égalité ! »

Les combats étaient totalement arrêtés. Même l'elfe noir et le guerrier squelette s'étaient immobilisés. Azra en profita pour donner un symbole fort : il s'inclina devant Zéphanie.

« Je te reconnais, Zéphanie d'Endor, comme propriétaire de ce château. Puisses-tu régner en accord avec nos préceptes. »

La jeune femme sembla soudain mal à l'aise. La puissante sorcière redevenait une jeune femme intimidée face à quelque chose qui la dépassait, mais elle savait néanmoins ce qu'elle avait de mieux à faire :

« Moi, Zéphanie d'Endor, je te reconnais comme le Premier messager. Puisses-tu faire montre de sagesse car tu n'es pas notre maître, mais bel et bien notre guide spirituel. »

Il n'y eut pas d'applaudissement, le domaine du dieu de la mort n'admettrait pas tant de bruit, mais l'atmosphère se détendit enfin vraiment. Les corps furent évacuer, sans histoire, car après tout, ils n'avaient fait que rejoindre le dieu corbeau. Il y avait pire sort que cela. Néanmoins, Azra sentait que, s'il voulait convaincre avec ses histoires d'égalité, il devait faire un peu plus :

« Certains d'entre vous ont sûrement des questions. Posez-les sans crainte. J'y répondrais si je le peux. »
Modifié en dernier par Azra le ven. 14 févr. 2020 19:06, modifié 1 fois.

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Maâra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Maâra » ven. 31 janv. 2020 15:45

Non sans surprise, le semi-elfe, à qui l’ordre d’intervenir contre Kadria est donné, ne bouge pas et en vient même à rejeter l’ordre de mettre un terme à la vie de celle qu’il voulait tant voir mourir quelques minutes avant. Un semi-elfe fort perturbé depuis les révélations de Kadria, tant à son encontre qu’envers le Premier Messager.

Le sortilège de Maâra, lui, atteint de plein fouet l’ancienne servante de Brytha en même temps qu’une arme de jet, fort étrange aux yeux de la nécromancienne qui n’en distingue qu’un amas de bille d’os, mais fortement efficace. Touchée à la tête et affaiblie par la magie d’obscurité ; elle dodeline de la tête et titube, luttant pour ne pas s’évanouir. Son regard perdu croise alors celui du Premier Messager bondissant vers elle.
Maâra les observe sans grimacer ni ciller ; ces deux-là ne pouvaient sans doute n’en arriver qu’à une telle fin. Ils ne luttaient pas pour les mêmes raisons, ils ne recherchaient pas la même chose de leurs pouvoirs respectifs sur cet Ordre en perdition ; et leur récente trêve ne tenait à rien, si ce n’est la peur envers la puissance et l’influence d’une jeune femme inconnue de tout les vivants de cette pièce.

Tout va finalement très vite. Le propre protecteur et serviteur de Zéphanie n’a pas le temps de réagir, ni à l’attaque surprise de Kadira, ni à l’action silencieuse d’Azra. Son attaque est rapide, son coup est précis ; mais une personne attentive ou liée profondément à la Mort peut alors ressentir une brusque perturbation. Quelque chose se passe, un juste milieu entre le châtiment et la récompense ; un miasme indéchiffrable d’une juste corruption. Maâra le ressent plus qu’elle ne le voit ; la dague du Premier Messager a agit sur l’âme de Kadria.

Et ce dernier, à cette seconde, détient le pouvoir de faire basculer la bataille qui se déroule ici. Tuer Zéphanie, surprise et sans défense, ou lui tendre la main après l’avoir sauvé d’une mort presque certaine.

Quelques secondes à peine et le silence se fait à nouveau. Les luttes cessent de toute part mais certains se toisent encore tandis que d’autres soufflent avec soulagement. Maâra a l’impression qu’un grand nombre de personne ici n’avaient agi que par mimétisme, ne sachant guère pour quoi ils abattaient leurs armes sur leurs anciens frères ou pourquoi les morts-vivants de ce château s’étaient retournés contre ceux censés le représenter et le défendre.

Azra prend alors la parole, haute et claire afin que chacun ici entende. De manière solennelle, celui qui se dit guide et Premier Messager se présente enfin à tous les Messagers. A côté de lui, se trouve en réalité Zéphanie d’Endor, un nom connu dans la région comme celle qui régna jadis sur ce château. Les mines incrédules se dérident lorsqu’il dévoile en partie pourquoi une si jeune fille peut se prétendre la Maîtresse d’Endor.

« Un de mes ancêtres l'empêcha de regagner le monde des morts, la condamnant à se réincarner encore et encore. Un ancêtre qui, lui-même, tenta de se réincarner en moi... »

« Chandakar, le sixième lord... » Intervient alors la jeune Zéphanie d’une voix lourde de ressentiment.

Une révélation qui sans doute n’a de réel impact que sur les nécromanciens ici présents, conscients alors de la puissance qu’il a fallu à ce Lord Chandakar et de la perversion de sa propre âme. Un fait rapidement balayé de la main par Azra, qui prône une nouvelle ère pour les Lords et les Messagers du corbeau, où plus personne ne règnera en seigneur omnipotent.

« … unis sous un idéal de foi et d’égalité ! »


Des mots forts et plein de sens pour les Messagers, anciens comme novices, vivants comme morts.
Le regard de Maâra, lui, est fixe et sans grande euphorie face à l’entente nouvelle des deux Lords, qui s’inclinent pour reconnaître officiellement la place et la légitimité de l’autre dans son rôle, l’une sera la régente et l’autre leur guide spirituel. Les pensées de Maâra sont ailleurs, comme souvent, très souvent, mais cette fois elles ne font que remonter le temps, au moment où Azra hurlait qu’il n’était pas Chandakar et celui, guère plus loin, dans la tour de Kadria, où ce dernier s’était pourtant exprimé librement. L’image est floue dans son esprit mais elle se souvient du timbre rugissant de cette voix. ((« Moi, Chandakar, j'ordonne et le monde brise l'échine ! »))
Kadria aussi, l’avait entendu …

Et soudain, une pensée effleure l’esprit las de Maâra, lui infligeant une déferlante d’émotions. Vient-il à l’instant de mentir à tous ceux qu’il est censé guider ? Chandakar est là, quelque part en lui et qu’il ne soit pas réincarné ne le rend pas moins influent. Kadria le savait, Kadria en savait beaucoup, bien trop pour une simple mortelle et elle aussi avait été témoin des mots prononcés. Est-ce pour cela qu’il s’est empressé de la tuer à la première occasion ?
Maâra recule, par réflexe, tel un animal proche d’un prédateur sournois. Elle doit se méfier de lui. Il parle d’égalité, de famille, de justice et d’unité, mais qu’en sera-t-il pour celle qui connait son secret ? Lui qui abrite, elle ne sait comment, l’ennemi juré de Zéphanie, celui à cause de qui elle ne peut espérer un jour trouver la paix, et devant qui elle vient de s’incliner.

((Hmmmm, ça devient intéressant ! minaude Morëla dans l’esprit de Maâra. Si avec tout ça, tu continues à errer sans ouvrir les yeux et les oreilles au monde qui t’entoure, je sais pas ce qu’il te faut. Bien sur, tu pourrais aussi t’enfuir, suivre le p’tit là-bas qui prie Thimy en cachette, j’le vois bien leur tourner le dos. Mais j’suis sûr que tu veux quand même rester, n’est-ce pas ?
- Depuis quand es-tu aussi bavard ?
- C’est tout nouveau. Des mois qu’on se connait et c’est la première fois que je te sens aussi fébrile.
- N’exagérons rien je te prie.
- Oh non, pas de ça avec moi. T’es à ta place ici, c’est ce que tu te dis, tu le ressens jusque dans tes tripes. Entourée de tout ce que tu hais, l’hypocrisie, le fanatisme, le mensonge et les intrigues, tu te sens pourtant à ta place. Parce qu’au-delà des vivants, il y a ici tout le savoir que tu recherches, enveloppé dans un cocon aussi froid et lugubre que ton cœur.
- Et ?
- Et je sais que ça t’émoustille.
- …
- Allez, dis tout à tonton Morëla !
- Dégueu.))



Elle s’avance enfin, fière et guindée, observant du coin de l’œil des Messagers transporter leurs anciens camarades. Elle en voit encore porter la broche en forme de bouche, visiblement un insigne désignant les fidèles de Kadria ; elle reconnait les accoutrements des hommes et femmes croisés dans le village ; et dans ce calme apparent, elle cherche la fanatique folle, Merilian.
Rigide et protocolaire, elle s’incline devant les deux Lords.

« Vous avez sauvés beaucoup des vôtres aujourd’hui. Mais le schisme qui rongeait votre Ordre était là bien avant vos arrivées, les fidèles de Merilian et de Kadria étaient tous prêts à tuer leurs frères et camarades sans procès ni raisons … êtes-vous certains que le calme qui règne ici n’est pas qu’éphémère ? »


Au pied du cadavre frais de Kadria, le proclamé guide spirituel des Messagers répond en premier, de sa voix vibrante.

« Les vieilles blessures ne disparaîtront pas comme ça, c'est vrai. Mais le dieu Corbeau a tout le temps du monde ... nous serons patients. »

Des mots énigmatiques, imprégnés d’une sourde prière de tolérance à l’ensemble de ses ouailles. Une prière empreinte d’un espoir que la jeune et séculaire régente ponctue avec une discipline certaine.

« Mes morts vont assurer la paix... » Aussitôt, et telle une armée, ils se frappent tous le torse d’un même geste parfaitement synchronisé.

Pendant quelques longues secondes, la Sindel observe la rangée de morts en armure encore solidement présents dans leur monde tandis que les siens sont déjà retournés dans les limbes obscures du domaine des esprits.

« Fascinant. » Marmonne-t-elle entre ses dents, presque envieuse ; avant de retrouver son aplomb … et une distanciation physique avec Azra.
« Il semble donc qu’Endor soit enfin entre les bonnes mains. Je pense être arrivée au pire moment pour me présenter à l’Ordre des Messagers, mais ma volonté d’intégrer vos rangs n’a pas faibli. Lord Zéphanie d’Endor, Lord Azraël, poursuit-elle en réitérant une courbette rigide, me permettez-vous de rester ici et solliciter une entrevue lorsque le temps sera plus propice ? »

Une demande qui ne lui ressemble guère quand on se souvient du dégoût manifeste que lui inspire le fanatisme présent en ces lieux. Mais ces dernières minutes, l’esprit de Maâra s’est enflammé. Sa froide logique et son flegme lugubre n’ont pas résisté aux révélations. Ici même, au milieu des ruines d’un illustre château se trouvent l’âme réincarnée d’une véritable Lord Nécromante et le descendant direct de l’un d’eux. Elle se sent prête à côtoyer, de loin, quelques énergumènes écervelés et leur aveuglant fanatisme.

Peu coutumière de la précipitation humaine, une réponse fuse et la surprend. Azra réagit vivement et lui certifie que nul ne peut être exclu s’il fait montre de dévotion envers Phaïtos. L’homme qu’elle pense être le maître instructeur du château intervient alors qu’il rejoint le groupe. Plus qu’une démonstration, il s’agit d’une sorte de rite de passage, qu’ils nomment rituel de l’allégeance au corbeau ; une mission au nom des Messagers du Corbeau : à réussit, bien évidemment. Le principe même n’est pas sans lui déplaire, les palabres n’étant pas son fort.

« La preuve par les actes, donc … qu’il en soit ainsi. J’ai beaucoup à apprendre de vous, je saurais me montrer digne de l’Ordre et de son influence. »

S’ensuit un court échange de questions la concernant, elle et son passé ou ses capacités. Elle résume les choses brièvement car bien qu’ayant vécu plus longtemps bon nombre ici, sa vie n’est apparemment devenue intéressante que depuis qu’elle a atterri sur le continent d’Imiftil, il y a de cela une année à peine. Zéphanie la cerne rapidement, voyant en elle un émissaire plus qu’un mercenaire, et admet que sa vie monacale aura peut être un intérêt.

« Les rumeurs de la guerre descendent du nord. Luminion est en danger, et beaucoup de gens périssent dans la souffrance. Apportez-leur le réconfort, et les derniers sacrements pour les morts. Et si vous pouvez en profiter pour approcher le duc Robert de Pérussac pour l'assurer de notre soutient, ce serait parfait. Je ne voudrais pas qu'il pense que nous sommes des ennemis infiltrés sur ses terres. »

Maâra acquiesce, non sans questions, et fort nombreuses au demeurant, mais le temps n’est pas à l’étude géographique ou de l’histoire récente de ce continent. Il y a ici aussi des mourants et des morts dont il faut s’occuper.
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » lun. 4 janv. 2021 21:37

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis que la situation s'était calmée à Endor. Cela paraissait presque étourdissant pour Azra. Tant de choses en si peu de temps...

Zéphanie avait repris le poste qui lui revenait de droit : elle était la duchesse d'Endor et, en tant que telle, elle régnait sur le château et ses occupants. Azra était le seul à rivaliser en influence avec elle : en tant que premier messager, il était le guide spirituel de l'ordre. Valoryn, le mort-vivant ynorien était devenu le capitaine de la garde alors que Gwandor restait le lord sombre, chargé de la formation des nouvelles recrues.

L'âme de Kadria fut officiellement conservée dans la dague, bien qu'Azra ressentit une pointe de pitié envers elle. Il pensait bien la libérer un de ces jours, sans le dire à personne, mais plus tard, quand l'ordre serait définitivement débarrassé de son emprise.

Merilian, la courageuse, quoiqu'un peu dérangée, nécromancienne fut élevée au rang de maîtresse des rituels, ce qui en faisait pratiquement l'égale d'une Lord. Son zèle serait utile, et elle gardait une bonne réputation qui allait aider à panser les blessures récentes.

Aussi, plusieurs jours passèrent pour tenter de réorganiser l'ordre décimé. La vie à Endor reprit son cour, petite communauté silencieuse et discrète, en dehors du monde...

… jusqu'au jour où le monde se rappela à elle. La guerre grondait en Ynorie, et l'ordre n'était pas prêt pour un affrontement à grande échelle. Azra fit part de ses craintes à Zéphanie, et ils mirent au point un plan risqué et audacieux. Un plan qui allait exiger leurs deux meilleurs éléments tandis que le reste des messagers se fortifiaient, en préparation à ce qui risquait d'arriver. Azra consomma toutes ses fioles de fluides en préparation dans les jours qui suivirent... il en aurait besoin.

Et c'est ainsi que, n'ayant eu que quelques jours de repos alors qu'il en espérait plus, Azra se remit en route, en compagnie de Daemon, vers les territoires ravagés par la guerre de l'Ynorie, et vers ce qui s'annonçait le plus grand défis de leur existence.

(((consommation de fluides 1/16 et 1/4)))

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Azra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » ven. 15 janv. 2021 08:24

Avant le grand voyage, il avait fallu organiser la guilde. Zéphanie s'était installée dans la tour des damnés, tandis qu'Azra récupérait la tour des milles corbeaux de Kadria. Intronisé guide spirituel de l'ordre, il reçut un présent des mains même de la « duchesse ». La nécromancienne retrouvait peu à peu ses anciens souvenirs et à travers cela, des cachettes secrètes dissimulées dans son château. Elle lui apporta ainsi un lourd masque en fer, élément d'un casque qui pourrait remplacer son propre masque de mort. Ce masque avait été utilisé par un nécromancien défiguré et fanatique qui se servait de son pouvoir pour communiquer avec les corbeaux.

C'était un nouveau monde qui s'ouvrait à Azra. Alors qu'il siégeait à sa tour, les innombrables corbeaux qui nichaient en haut faisaient entendre leurs croassement, et ils avaient du sens pour lui... Ce fut l'occasion de découvrir la remarquable intelligence de ces animaux. Le plus intéressant, c'est qu'ils commentaient auprès de leur communauté chacun de leurs voyages, et, si l'essentiel portait sur les meilleurs lieux où trouver de la nourriture, ils faisaient attention aux déplacement des humains, eux-même grands pourvoyeurs de graines et d'abats. Ainsi, la liche pouvait littéralement jouer les devins, annonçant à voix haute des choses qu'il n'aurait pas du pouvoir voir. Cela renforça assez vite son aura, car il semblait que rien ne puisse se passer dans le château sans qu'il le sache.

L'étape suivante fut de développer la guilde. Ils avaient besoin de se fournir efficacement, aussi, les artisans furent organisés et les plus doués pour le commerce furent envoyer établir des liaisons pour se procurer ce qui manquait. Il faudrait sans doute quelques moins pour que les approvisionnements soient optimaux, mais l'ordre pouvait d'or et déjà profiter d'une hausse de la qualité des produits.

Une boutique s'ouvrit dans le village, sous la conduite d'un certain Landrin. Son visage avenant en faisait un commerçant presque agréable, qui pourrait même accueillir des gens de l'extérieur, du moins des gens qui ne connaîtraient pas son passé de meurtrier... La forge, elle, fut installée dans les profondeurs du château, prêt d'un plan d'eau. Parmi les mort-vivants ressuscités par Zéphanie, se trouvait un forgeron de campagne du nom de Yoshimo. Il ne parlait pas, mais faisait son travail avec efficacité. Enfin, le laboratoire était de son côté déjà presque prêt et ne nécessita pas beaucoup d'efforts : Merilian avait déjà fait beaucoup. C'est l'un de ses disciples, Sandroval, qui assurait les services. En effet, ce haut-lieu de la mort n'était pas seulement destiné à étudier la nécromancie et les cadavres, mais aussi à fournir des services magiques à l'ordre.

C'est là qu'il commença par se rendre. Il avait besoin de faire enchanter quelques capes... Sandroval ne saurait refuser cela au maître de la guilde !

(((Enchantement « Couvrant » et « Béni » sur la cape des sept os
Enchantement « Isolé » et « Imperméable » sur la cape de sanglier
Avec réduction de 30% de la guilde : 700 X 4 = 2800 yus )))

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Gamemaster5
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Gamemaster5 » ven. 15 janv. 2021 18:18

Intervention GMique pour Azra


Lorsque ton osseuse majesté descend enfin dans le laboratoire de Sandroval, se dernier se lève instantanément de son siège : il n'était pas préparé à la venue du Premier Messager.


"Premier messager ? Que puis-je pour vous ?"


Tu exposes tes souhaits, invoquant au besoin ton fidèle Rendrak qui donne sans discuter la peau de sanglier qui orne ses épaules.


"Des enchantements mon seigneur ? Je vous les fais prestement."


Tu le vois emporter masque et cape avant de disparaître dans une pièce adjacente, d'où tu ne perçois que plusieurs flash de lumière éclairant le glauque laboratoire de ton serviteur. Il te les rapporte ensuite, chacune entourée du faible halo de lumière caractéristique des enchantements élémentaires.


"Voilà pour vous, noble Premier Messager. Des protections contre la magie d'air sur votre cape, contre la magie blanche pour votre masque et enfin contre la magie de foudre pour votre serviteur Rendrak."


Il hésite, avant de tendre une main fébrile.


"Les... Récents combats ont un peu endommagés mes outils... Si pouviez gratifier votre humble serviteur de quelques pièces, 2100 yus, je pourrais achever de reconstruire mon laboratoire."


Tu lui donnes sans mal ces "quelques pièces", ce qui ravit le nécromant qui se déclare ensuite prêt à exécuter le moindre de tes désirs.
Allez, viens mon copain ! Si tu as des questions n'hésite pas !



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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Daemon » sam. 16 janv. 2021 12:52

- XVIII -
La dague de Kadria s'apprêtait à frapper et le refus de Daemon figea Azra de stupeur. Surement devait-il fulminer intérieurement, ou ressentir une vaste déception à son égard ? — se demanda Daemon. Peu lui importait à présent. Les Lords nécromanciens s'étaient donnés rendez-vous pour leur ultime bataille de pouvoir, et il n'avait pas l'intention de rentrer dans leur jeu. Maintenant, il faisait le sien, c'était décidé.

Pourtant, tous ne furent pas de son avis et un torrent de magie se déversa sur Kadria. Maâra avait décidé d'agir à sa place, comme Zu'Gash qui envoya un jet de bolas en plein dans la tempe de la magicienne, ce qui acheva de la décontenancer. Zéphanie et sa garde firent volte face et découvrirent l'échec de la dame blanche, chancelante, encore sa dague à la main.
L'épilogue fut rapide car déjà Azra se jetait sur elle, enfonçant son poignard dans sa poitrine. Un hurlement terrible résonna et tous purent constater que l'âme de Kadria, la dame des brumes, fut absorbé par sa relique.

Les combats cessèrent et un silence de mort investit la grande salle. Zéphanie, encore surprise par l'apparition de Kadria et l'intervention d'Azra, lui demanda pourquoi il avait agis ainsi. Il aurait aussi pu la laisser faire. Ce qui était justement l'intention de Daemon, qui l'aurait souligné sans mal si un vertige ne l'avait pris.

Azra s'adressa alors à l'assemblée et se présenta comme Lord Azraël, le Premier Messager. Levant un bras squelettique vers Zéphanie, il la présenta comme l'ancienne maîtresse du château d'Endor, qui fut maudite par un de ses lointain ancêtre, l'empêchant de rejoindre le monde des morts et la condamnant à une réincarnation perpétuelle. Ce même ancêtre qui avait tenté de se réincarner en lui : Chandrakar.

Voilà qui expliquait beaucoup de choses, se dit Daemon, dans un mélange d'incompréhension et de regret. Ses oreilles bourdonnaient et un étrange écho rendait tout plus lointain.

Le Premier Messager finit par s'accroupir et reconnu Zéphanie comme étant la propriétaire du château. Elle accepta les honneurs avec grâce et lui rendit la pareille, reconnaissant son titre. Une ovation et des applaudissements montèrent comme un insupportable tumulte.

« Daemon !? Qu'est ce que tu fais sur la table ? Regarde toi ! »

Asad l'appelait d'en bas, plein d'inquiétudes.

« Tu es couvert de sang. »

Daemon passa une main sur son torse où ruisselait le sang. La blessure à son épaule était plus profonde qu'il ne l'avait imaginé... Sa tentative pour prononcer quelques mots échoua, et il bascula en avant.
- XX -
Modifié en dernier par Daemon le mar. 23 févr. 2021 01:57, modifié 7 fois.

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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » sam. 16 janv. 2021 18:41

Légèrement bégayant, l'enchanteur s'exécuta, osant timidement demander un paiement. Azra rit :

« Bien sûr que vous serez payés. J'espère bien que ce laboratoire sera bientôt pleinement opérationnel ! »

Puis, ceci fait, il alla voir Daemon, qui se reposait dans sa chambre. Bien sûr, il était occupé à paresser dans son lit, profitant de son rare privilège d'une chambre tout confort, sous prétexte que son bras était blessé depuis leurs derniers affrontements...

« Debout, on part en mission. Va t'équiper. »

Tout en disant cela, il lui lança une bourse de 4000 yus. Puis, après un instant d'hésitation, il sortit une vieille arme :

« Puisqu'on va à la guerre, il te faut une arme de guerre... Voici le cimeterre d'Al'Carbonn, le roi auto-proclamé d'Esseroth que j'ai vaincu en duel sur Aliaénon, lorsque j'ai libéré la ville. C'est une arme de qualité, je suis sûr que tu t'en montreras digne... »

Et il lui lança également la sinistre épée. Cette lame garzok n'était pas aux armes des messagers, mais elle n'en demeurait pas moins impressionnante, et elle se fondrait facilement dans la masse, là où ils allaient.

Ensuite, le nécromancien sortit du château pour aller trouver la boutique du village. Landrin l'accueilli avec le sourire, sans doute surpris que son premier client soit nul autre que le grand maître. Avoir un poste à responsabilité était décidément perturbant... Enfin, il serait bientôt de retour sur les routes !

« Bonjour, Landrin. Je vois que vous vous êtes bien installés. On dirait même qu'il n'y a pas de fuites dans le toit... »

C'était probablement le seul bâtiment correct du hameau... Azra détailla ses besoins en terme de potion...

(((achat de 2 élixir d'énergie moyens, 3 grandes potions de mana, 3 grandes potions de soin et 1 élixir de lien organique
100+330+300+500=1230 => après réduction 861 yus
Transfert de 4000 yus et du cimeterre lugubre d'Al'Carbonn sur la fiche de Daemon)))

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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Daemon » dim. 17 janv. 2021 06:25

- XIX -

Le chant des grenouilles devenait insupportable. Daemon pouvait toujours refermer la fenêtre ou balancer un pavé dans le bassin en contrebas, mais il rechignait à sortir de ses draps. La fraîcheur matinale n'était pas encore levée et fenêtre refermée aurait indiqué à Asad qu'il s'était lever. Un bon prétexte à ses yeux pour le sortir des draps — risque qu'il ne souhaitait pas prendre.
La source de désagrément fut autre.

« Debout, on part en mission. Vas t'équiper. » déclara Azra en guise bonjour.

Une bourse de pièces sonnantes et trébuchantes rebondit sur le lit. Le tintement des yus provoqua immédiatement l'ouverture des paupières de Daemon.

« Il est encore tôt... » maugréa-t-il sans lever la tête.

Azra s'arrêta un instant à la fenêtre pour contempler les jardins de Zéphanie, puis sorti un sabre du dessous de sa cape.

« Puisqu'on va à la guerre, il te faut une arme de guerre... Voici le cimeterre d'Al'Carbonn, le roi auto-proclamé d'Esseroth que j'ai vaincu en duel sur Aliaénon, lorsque j'ai libéré la ville. C'est une arme de qualité, je suis sûr que tu t'en montreras digne... »

Il jeta l'arme négligemment sur le lit (en plein sur les tibias de Daemon), et disparu aussitôt à travers l’embrasure de la porte.

« Mgmmh... Il l'a fait exprès ce... »

Après un moment qui se voulait délibérément long, mais finalement très bref, Daemon bondit de ses draps pour se saisir de la bourse. Les jambes en tailleur et le cimeterre posé négligemment dessus, il compta les pièces (trois fois), avant de rassembler son courage pour s'habiller.

« Quatre mille yus quand même... Il souhaite donc réellement que je l'accompagne. »

Il descendit dans les jardins pour rejoindre Asad, accoudé sur la balustrade de la terrasse qui donnait sur les montagnes de Nirtim. Ils échangèrent un regard complice et se tournèrent ensuite vers les hauteurs. De grandes fumées noires montaient du plateau de Luminion : le signe de la guerre.

« Azra souhaite que je l'accompagne... »

« Et Zéphanie m'envoie en Imiftil. »

« Pourtant tu es directement affilié à Gwandor. Elle ne devrait pas te donner ce genre de missions. »

« C'est ainsi que les choses sont à présent. Après tout ce chaos, au moins l'ordre est revenu. Toi comme moi avons entendu la nouvelle châtelaine d'Endor et nous savons qu'elle fera pour le mieux. Tout comme ton Premier Messager. »

Daemon émit un soupir. Il ne s'était pas comporté dignement lorsque le chaos s'était emparé de la guilde.

« Je n'ai pas eu beaucoup de contact avec lui depuis qu'il a récupéré la tour des mille corbeaux. J'ignore si je l'ai déçu... Enfin peu importe. J'ai des équipements à acheter. Je suppose que nous n'allons pas tarder. Nous nous reverrons donc après la guerre... ou en enfer. »

Asad décocha une grimace mais il ne parvint pas à dissimuler son inquiétude. Son regard céruléen le trahissait. C'était comme s'il pouvait lire en lui, sans parvenir à formuler ses mots.

« Tu voulais me dire quelque chose ? »

Ils restèrent un long moment à se toiser l'un l'autre, tandis que les fumées s'élevaient dans le lointain.
L'appréhension de Daemon se mua en frustration et il s'éloigna sans un mot. Depuis combien d'années attendait-il déjà ? Ce n'était pas une ou deux guerres qui allaient changer la donne...



Il regagna ses appartements et se saisit du cadeau d'Azraël, ainsi que de sa réserve personnelle. Apparemment un antique forgeron, Yoshimo, avait été réanimé des sous-sols du château, où il tenait les réserves militaires de l'ordre. Il rejoignit donc les vastes couloirs de l'aile est, pour se glisser discrètement dans un des nombreux passages menant aux catacombes. Un alignement de torches le guida dans la pénombre au squelette qui l'accueillit... plutôt silencieusement, sortant une pancarte de derrière son comptoir pour demander à Daemon ce qui l'amenait.

« Tu n'aurais pas des équipements qui traînent ? Mais de la bonne camelote. Des protections quoi. »

Le squelette hocha du casque et apporta une énorme cuirasse et des amas de mailles.

« Non, non. Quelque chose de plus souple. »

Un doigt squelettique se leva. Les orbites vides semblèrent le toiser de haut en bas. Yoshimo se saisit alors d'une torche et disparut un long moment.
Il revint avec des pièces recouvertes d'une couche de poussière. Daemon s'en saisit et comprit rapidement qu'il ne s'agissait pas de protections ordinaires. Après quelques ajustements, les tailles de l'ensemble étaient bonnes et de bonne qualité, ce qui était une véritable chance vu l'endroit.

« De quoi s'agit-il ? Je n'ai jamais vu ce genre de... »

Yoshimo entreprit d'écrire d'une main tremblante une liste sur une ardoise.

« Hein ? Erlast... quoi ? Mercures? Paramith ? Barbutah ? Depuis combien de temps es-tu mort Yoshimo? »

Le squelette haussa les épaules.

[…]

Content de sa trouvaille, Daemon retrouva la lumière du jour et décida de rendre visite à Sandroval, qui officiait sous la cathédrale des lames. Il prit un raccourci et retrouva l'enchanteur dans son étrange atelier sous les basses voûtes. Il lui demanda ce qu'il pensait de ses récentes acquisitions et s'il pouvait en faire quelque chose. Le cuir de l'Erlastron, la protection pour le torse, sembla l'inspiré et il lui proposa un prix d'amis ses rituels. Daemon n'hésita pas et visa le reste de la bourse d'Azra.

« Tu peux même en faire deux. C'est le Premier Messager qui offre ! »

Puis, devant compléter le montant de ses poches, il sortit une rune dont il ignorait la signification.

« Oh, aussi. Tu pourrais examiner ça ? »


(((Achat d'équipements :
Tête : Barbutah (Armure légère, haute qualité) -2000 yus
Torse : Erlastron (Armure légère, haute qualité) -2000 yus
Jambes : Mercure (bottes) (Armure légère, haute qualité) -2000 yus
Bras : Paramith (Armure légère, haute qualité) -2000 yus

Enchantements : Bénie et Isolé sur Erlastron. 2x1000 yus

Total : 10 000 yus (-1000 yus pour Bon d'équipement à moitié prix) (-30% réduction de guilde) : 6300 yus

+ Identification rune : Aot)))
- XXI -
Modifié en dernier par Daemon le mar. 23 févr. 2021 01:58, modifié 3 fois.

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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Gamemaster6 » dim. 17 janv. 2021 12:31

Intervention pour Azra
Agréablement surpris de voir le grand maître, le vendeur s'inclina respectueusement sans se départir de son sourire avenant..

- Bonjour à vous également. Je suis parfaitement à mon aise, je vous remercie. Que vous fallait-il ?

S'affairant avec efficacité, il rassembla sans détour chacune des potions, s'empressant de les verser directement dans la gourde magique qu'Azra possèdait.

- Le compte y est. Je n'en demande que 861 yus. Nous quittez-vous déjà ?
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Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Gamemaster6 » dim. 17 janv. 2021 12:57

Intervention pour Daemon
Une fois les équipements ajustés sur Daemon, le squelette écrivit sur son ardoise la somme complète que l'acheteur allait devoir débourser. S'il avait eu des sourcils, il les aurait sans doute froncés en posant ses orbites vides sur le bon de réduction et entrepris d'effacer son ardoise pour réécrire le prix que Daemon lui versa. Cliquetant, le réanimé repartit à son travail, laissant Daemon à ses pérégrinations le menant à l'enchanteur qui le salua et haussa un sourcil à son exclamation.

- Le Premier ? vraiment ? Bien... Donne moi donc ton plastron et tes bottes, je vais m'en occuper.

Lorsque Daemon lui présenta la petite pierre magique, l'enchanteur la tourna entre ses doigts avant de la reposer vers lui.

- Aot, qui ssnifie Mana. Une bonne rune, fais en bon usage, il ne faudrait pas la gaspiller stupidement.

Il prit un moment dans son atelier pour enchanter tes deux pièces d'équipements et revint vers toi, visiblement satisfait.

- Et voilà ! Et ça nous fera... Hmmm... 1400 yus. Autre chose ?
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Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Azra » dim. 17 janv. 2021 20:13

L'homme affable lui tendit ses articles et empocha la somme, tout en lui demandant s'il partait déjà. Il est vrai que ses fournitures n'étaient pas faites pour quelqu'un qui reste tranquillement derrière son bureau !

« Effectivement, le devoir m'appelle. Si Phaïtos le veut, je reviendrai d'ici quelques mois tout au plus... »

Mais rien n'était moins sûr. Si Phaïtos le voulait, il pouvait tout aussi bien mourir ! Mais la guilde était affaiblie et dans une position précaire. Il leur fallait d'urgence des alliés...

Ses achats terminés, la liche sortit du château pour attendre son compagnon. Celui-ci sortit, en retard, bien entendu, et pour se plaindre bien entendu, puisqu'il demandait s'ils devraient y aller en marchant. Laconique, la liche répondit :

« Oui, alors on ferait bien de se mettre en route tout de suite. »

Ils se mirent donc en route, d'abord en silence. Puis, le semi-elfe fini par demander s'il lui en voulait pour ne pas avoir attaqué Kadria au moment demander. Ah ! S'il lui en voulait d'avoir failli tout ruiné dans une bataille difficile et dangereuse ? Une bataille ou tout était en jeu ? Azra grogna :

« On aurait pu tous y passer. Et l'ordre aurait pu devenir à jamais le pantin de Kadria. Phaïtos n'aurait été qu'un nom invoqué vainement pour le contrôle politique d'une armée dédiée à la lutte contre Brytha. Tu as failli. »

En guise de défense, il assura que le Premier messager était tout à fait à même de vaincre la sorcière blanche, et que c'était plutôt Zéphanie qui l'avait gênée. Apparemment, ça avait l'air de l'amuser ! Pour lui, la venue du premier messager était un bon signe, et il se sentait chez lui comme jamais !

« C'est vraiment la plus pathétique des tentatives pour m'amadouer ! Justement, Zéphanie devait être convaincue, là où Kadria devait être éliminée ! Si Zu'gash n'avait pas réagi, j'aurais peut-être été écrasé entre les deux ! Et ne te réjouit pas trop vite. Aucune victoire n'est définitive... J'espère que la prochaine fois, je pourrais compter sur toi, car l'ordre n'est pas assez fort pour résister aux puissances qui se déchaînent à l'extérieur. Les corbeaux portent la rumeur de la guerre. Il va falloir la jouer fine si nous voulons que l'ordre subsiste. Alors est-ce que, cette fois, je pourrais compter sur toi ? »

Il sembla enfin prendre conscience de la situation et se résolu à être plus fiable à l'avenir... Était-ce vrai ? Justement, seul l'avenir le dirait...

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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Daemon » dim. 17 janv. 2021 21:17

- XX -
Sandroval acquiesça d'un hochement de tête. Il disparut dans son arrière boutique le temps d'apposer ses enchantements, qui ce en pris... puis une fois les vapeurs et odeurs métalliques envolées, il rejoignit le semi-elfe pour lui signifier que la rune en question était puissante et rare. Elle évoquait le mana, selon lui, ce qui n'avait rien à voir ave l'invocation précisa-t-il avant de partir dans des explications ésotériques.
En guise de remerciement, Daemon vida sa bourse de yus et récupéra son nouveau plastron. Il rejoignit ses appartements où il rassembla ses affaires et descendit vers les jardins de Zéphanie, où il ne trouvas pas Asad. Après l'avoir appelé plusieurs fois, visiblement déçu de ne pas trouver de réponse, il se décida à enfin partir...

Une fois hors des murs, Daemon rejoignit le village en contrebas. Le nécromancien l'attendait adossé à une masure en ruine, visiblement impatient de prendre la route. De toute évidence, aucune monture n'était disponible.

« Oh non... Nous allons devoir y retourner en marchant ? »

« Oui, alors on ferait bien de se mettre en route tout de suite. »

Daemon soupira à l'idée de traverser à nouveau le pays et commença a prendre la route. Il se tourna une dernière fois vers les ruines d'Endor, nostalgique de laisser son seul foyer derrière lui.

« Tu m'en veux de ne pas avoir achevé Kadria ? »

La question n'était évidemment pas anodine. Après avoir mis en péril la vie de Zéphanie, il ignorait l'état de sa relation avec Azra. La nouvelle tête de l'ordre semblait chère à ses yeux, elle ou ses réincarnations, auxquelles il avait prêté allégeance.
La réponse d'Azra fut évidemment sèche, l'accusant d'avoir pris des risques inconsidérés envers eux et aussi l'ordre, car sous la domination de Kadria, le culte serait devenu un outil dévolu à soulever une armée contre Brytha, non pour le dessein de Phaïtos.

Daemon leva les yeux au ciel :

« Oh je t'en prie. Tu étais parfaitement en mesure de vaincre la sorcière blanche. Je lui ai seulement laissé un peu plus de temps. Et sans Zéphanie, tu aurais eu les mains libres... »

Il acheva sa phrase en en agitant sa tête vers lui, avec insistance et un soupçon d'amusement.

« Finalement, ta venu est une bonne chose. Je suis heureux que tu aies rejoins nos rangs et notre tête. Avec toi je sais que je peux avoir confiance et je me sentirai davantage chez moi. »

Azra n'était pas dupe ou trop pragmatique pour se laisser amadouer de la sorte. Selon lui, Kadria était redoutable et égoïste, et il devait mettre Zéphanie de son côté ; l'avenir de l'ordre en dépendait. Les Messagers du corbeau étaient encore trop frêles et des forces insoupçonnées se déchaînaient à l'extérieur. La guilde devait se renforcer... Azra avait donc besoin de membres dans lesquels il pouvait y déposer toute sa confiance, et ne pas craindre leurs facéties.
Une réponse toute faite vint à Daemon, qu'il tu pour prendre son temps. Il n'avait pas réalisé que son compère s'était autant dévoué au culte.

« Je ne vois pas aussi loin que toi... Mais tu peux dorénavant me faire confiance. Je ne dois pas me laisser aller, notre mission est trop importante. »

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Maâra
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Maâra » lun. 12 avr. 2021 20:43

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Un calme étrange règne dans la grande salle du château d’Endor. Le schisme qui a ébranlé leur union s’est terminé sans qu’aucune des deux femmes qui se disputaient le pouvoir n’en sorte victorieuse. La plus puissante est morte, et l’autre s’est volatilisée au début de la bataille qui a coûté la vie à plusieurs membres de l’Ordre.
L’ambiance est pesante.
Retrouver l’unité qui faisait leur force sera une rude mission pour les deux nouveaux Maîtres des lieux, qui multiplient déjà les courts échanges avec leurs subordonnés afin d’apporter des réponses.


Maâra, elle, rejoint le groupe des volontaires chargés de s’occuper des morts. Patiemment, silencieusement et docilement, elle aide à ramasser les corps et regrouper les restes d’os des squelettes invoqués dans cette bataille.
Une grande brune d’âge mûr, au visage mince et particulièrement expressif, se joint à elle pour l’y aider. Elle se nomme Estelle et dit se souvenir l’avoir vu emprunter le couloir menant à Kadria, leur régente despote morte pendant la bataille.
Peu loquace, Maâra acquiesce et avoue y être allée, précisant tout de même qu’elle est arrivée à Endor au petit matin ce jour, perdue au milieu d’une guerre intestine. Un coup d’œil avisé sur son visage et la base de son cou, sillonnés de nombreuses griffures et coups de becs, suffit à imaginer l’accueil qu’elle y reçut. Estelle lui fait remarquer que beaucoup, sans oser se l’avouer, n’ont fait que suivre le mouvement, car ils ont fini par perdre de leur curiosité d’esprit en arrivant ici, certain pour leur bien, d’autres pour de mauvaises raisons.

Au rythme des corps ramassés, elles finissent par entamer une discussion presque anodine.

« Je ne suis pas originaire de ce continent, » répond Estelle à la remarque de Maâra sur son physique.

Elles s’étonnent toutes deux sans grand étalage, que sa ville natale ; Yarthiss ; soit l’une des rares villes où Maâra soit allée depuis son départ de Naora.

« Mes racines sont anciennes là-bas, ma famille était de la petite noblesse, nous vivions du travail de nos terres et surtout nos vignes. Mais mon père, paix à son âme, n’était pas très travailleur et nous perdîmes notre domaine et nos titres en raison d’un mauvais partenariat. J’étais jeune à l’époque heureusement, je n’ai de ces années que de bons souvenirs. Mon père, lui, ne s’en est jamais remis. »

Trouvant en Maâra une oreille discrète et polie, elle continue à narrer son histoire, liée à ses précédentes remarques quant aux vies différentes que chacun avait avant d’arriver ici. Fuyant la faillite et la honte, sa mère fit traverser l’océan à ses enfants pour rejoindre les montagnes de Nirtim, où des parents éloignés avaient migré. Une vie plus simple l’attendit alors. Une vie plus difficile mais plus gratifiante à bien des égards, les soucis étaient plus urgents et les solutions plus palpables. Le plus agréable fut pour elle fut d’avoir une certaine emprise sur son futur, notamment en matière d’hommes et de mariage.
D’une voix plus joyeuse, elle raconta sa rencontre avec un homme honnête et travailleur, parcimonieux et angoissé de nature, il était très protecteur et attentif ; il fût surtout le premier à la faire rire aux éclats, même les mauvais jours.
Un homme né avec des fluides d’obscurité bien qu’il ait été incapable de s’en servir toute sa vie. Par prudence, pourtant, ils n’en dirent rien, pas même à leurs enfants. Un jour, un homme arriva au village ; un « homme bon » note Estelle d’un crachat. Il découvrit la vérité sur son mari, soit disant parce que les fluides lui parlaient, et bien malencontreusement, un soir d’ivresse, marqua son étonnement, ravi de savoir qu’un tel homme fut si bien accepté. Et après ce jour, leur vie devint moins facile, et les rires se firent plus rares de mois en mois. L’homme bon fut le premier à se questionner sur l’influence involontaire de cette présence tapie dans l’ombre ; les voisins, ensuite, commencèrent à lier des événements passés à de plausibles doutes ; puis toute la communauté s’y mit. Ils se rappelèrent tantôt d’une mauvaise récolte, tantôt d’une maladie d’hiver plus dure que les autres, et ne cessèrent plus de parler de sa femme qui avait accouchés de deux morts nés …

« En oubliant que mes premiers nés étaient en bonne santé et en âge de partir à la ville ! Ses plus proches parents furent menacés tous les jours, ses plus proches amis finirent par lui tourner le dos, par peur d’être qualifiés de suppôt du mal par association. Mon mari n’a abandonné sa lutte que lorsque ces honnêtes gens s’en sont pris physiquement à moi. Ils l’ont détruit, et je pensais ne jamais le retrouver. Et il y a deux ans environ, nous sommes arrivés ici. Mon mari y a trouvé une certaine stabilité d’esprit, au début, même s’il était un peu trop séduit par Kadria à mon goût ! »

« Et où est-il c’bon vieux Charles ? Demande soudain un homme qui passe à côté d’elles. »

D’un geste doux du menton, Estelle désigne l’un des corps.

« Les bottes vertes, là-bas, encore crottées, dit-elle d’un tremblement blasé dans la voix. Signe d’une bonne journée de travail, comme il disait. » Rajoute-t-elle d’un sourire triste en regardant Maâra, tandis que l’homme tortille sa langue en excuses et en phrases toutes faites presque honteuses.

Maâra observe la femme qui regarde le corps de son mari. Dans ses yeux luit quelque chose que Maâra ne connaît et reconnaît pas, mais qui lui étreint le cœur.

« Vous êtes forte. » Répond alors la Sindel à la question presque silencieuse d’Estelle en la voyant l’observer intensément.
« Je ne pense pas, je suis sûrement encore sous le choc. Vous savez, il est mort dans mes bras, le sourire aux lèvres. Non parce qu’il partait rejoindre son Gardien, mais parce qu’il a réussi à se servir de sa magie, une seule fois et unique fois pour me sauver la vie. Il m’a regardé et m’a sourit, fier de mourir en étant mon héro. »

Les yeux humides, Estelle raconte ses derniers instants avec son mari, pendant que la bataille faisait rage, comme deux amoureux dont le monde se dissocie du reste.

« Et, après tout, nous n’avons plus le même rapport à la mort depuis que nous sommes ici. Cela explique …
- Cela n’explique rien. Intervient Maâra subitement. J’ai passé beaucoup de temps à apprendre, sentir et vivre en lien avec les esprits, et des dizaines d’années à m’occuper des morts et de leurs familles, à leur apporter le réconfort dont ils avaient besoin … mais rien ne nous prépare à affronter la perte d’une personne si proche qu’une partie de vous meurt en même temps.
Lorsque ma sœur bien aimée est décédée
, reprend-t-elle après une longue inspiration, j’ai perdu pied, j’ai sombré. Elle m’a sauvé la vie, elle aussi, mais à sa manière ; elle s’est sacrifiée après m’avoir menti, manipulé et mise en danger. ((Tu parles d’une sœur !)) Et toute mon éducation s’est brisée à cet instant, tout mon savoir m’a rendu folle. J’étais orgueilleuse avant ce jour, c’était ma faiblesse. J’ai pleuré et maudit les cieux, j’ai cherché à utiliser mes pouvoirs pour soulager ma peine … et au lieu de cela, j’ai profané son corps. Alors, croyez-moi : vous êtes forte. »

L’instant d’après, Estelle lui sourit avec la tendresse de celle qui souffre et partage le réconfort qu’elle reçoit. Elle sait bien qu’elle pleurera aussi lorsque toute cette tension sera tombée, elle sait qu’elle maudira les vivants ou une certaine morte pour ce qui s’est passé ; et la Sindel aussi.



Ensemble, elles suivent ensuite le cortège mené par cinq Messagers vêtus de tunique de couleur gris perle de très bonne facture où sont brodés des dizaines de symboles et de noms.

« Les embaumeurs. » Précise Estelle à Maâra. Face à la méconnaissance de cette dernière quant à leurs rites et coutumes, elle continue à décrire et expliquer.

« Le droit coutumier veut qu’ils soient au nombre de sept. La situation actuelle et le brusque changement de souverain sont, je pense, la raison de cette incartade. »

Et ainsi, répondant aux différentes remarques de Maâra, Estelle lui explique posément les us et coutumes des Messagers vis-à-vis de leurs morts. Ils tentent au mieux de suivre les anciens rites, n’ayant pour cela que quelques pages parcheminées, des objets de cette époque encore en états ou plusieurs peintures à l’abri du soleil.

La raison pour laquelle ils ont ramassé avec soin les os et les restes des morts-vivants est qu’ils appartiennent aux anciens membres de l’Ordre. Tout Messager aspire à la paix éternelle et voit en la mort l’ultime épreuve. Leurs lois, leurs dogmes, leurs prières et leurs rites, tout ce qui régit leur vie au quotidien, sont les outils qui leur permettront de trouver le Repos. En compensation de ceci, leurs corps seront voués à servir de réceptacle aux âmes damnées réveillées par les Nécromanciens pour servir leurs idéaux. Le même soin est alors appliqué aux ossements et aux corps lors des rituels d’embaumement.

Les Messagers présents psalmodient des prières courtes. Une lente et monotone mélopée résonne dans la large salle des rituels mortuaires. Les yeux clos, les genoux au sol, les lèvres à demi-close, chacun trouve peu à peu le rythme des autres, les respirations se synchronisent, les bustes bougent mollement à l’unisson. Maâra intègre rapidement les nouvelles prières, fort différentes de celles récitées derrière les lourds murs de son temple du Naora, sous l’égide d’un Shaakt.
Les manipulateurs de magie obscure sont ensuite invités à éveiller leur pouvoir et en user pendant que les embaumeurs lavent les corps avec des essences de fleurs sauvages. Etonnée par cette coutume, Maâra pense et hésite, ne se sentant pas véritablement à sa place. Les mages sombres, en revanche, n’y réfléchissent pas à deux fois et très vite l’air se charge d’une lourdeur familière à la Sindel, et apaisante à sa manière. Tout autour d’eux crépitent des vagues d’encre, froides et angoissantes ; sa peau se parsème d’une délicieuse chair de poule, vibrante et résonnante. Un mage plus sûr de lui se lève et appelle les âmes perdues et les âmes de leurs amis à se manifester. Intriguée, Maâra ne reconnaît pourtant pas la gestuelle du sortilège d’appel. Le mage ne tente pas de faire se relever les morts ; ils les appellent, simplement, à se manifester et faire entendre leur Voix. Certaines parviennent même à prendre la forme d’une brume ou d’un corps fantomatique. Subjuguée, Maâra observe attentivement les gestes du mage mais, soudain, une sensation l’étreint.

Son visage se fend d’une sorte de rictus béat, bien que le mot ne puisse décrire la forme ovale de sa bouche. Là, quelque part autour d’elle se trouve l’âme d’un être proche, un être qu’elle pensait avoir perdu. Elle le sent à travers sa peau et son âme et l’entend avec ses tripes.

« Il n’a pas disparu » murmure-t-elle pour elle-même, bien qu’Estelle tourne son visage vers elle sans oser lui poser de question.

Il n’est pas mort, se dit-elle plus profondément, bien que la condition même de son existence auprès d’elle soit son trépas. Celui qu’elle pensait perdu et broyé sous la force des sortilèges runiques qui emprisonnaient le joyau qu’elle porte au cou, ne l’est pas. Peut-être l’avait-elle sauvé en le renvoyant à temps … au lieu de le condamner comme elle l’avait pensé alors. Mais sa présence et son souffle, portés par le sortilège du Messager mage, ne restent pas longtemps. Pressée, elle questionne l’humaine sur la suite du rituel et apprend, avec un soulagement qu’elle échoue à feindre, que nul n’est obligé de rester pour la suite. Les embaumeurs, avec leurs maigres moyens et savoirs, vont s’occuper des corps, ôter leurs organes et les déposer dans une fosse remplie de sel pendant sept jours. Plus tard, d’autres messes seront organisées pour accompagner l’ultime voyage des morts, mais dans l’immédiat, tous sont libres de remonter et vaquer à d’autres occupations.
Modifié en dernier par Maâra le lun. 5 juil. 2021 22:38, modifié 1 fois.
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Re: Le Château d'Endor (Guilde Messagers du Corbeau)

Message par Maâra » lun. 12 avr. 2021 20:58

Munies d’une torche, les deux femmes s’éloignent de la salle des morts et s’enfoncent dans les couloirs désencombrés. Elles découvrent une sorte de large galerie surplombant un escalier creusé dans la terre en très mauvais état et a demi-bouché. Questionnée par l’humaine, Maâra se livre un peu plus, partageant des brides de son passé. Stor Varg est le nom de l’esprit qu’elle a entendu. Son compagnon mort-vivant, invoqué le soir même de la mort de sa sœur ; un être avec qui elle partage la part la plus sombre d’elle-même.
Elle a senti sa rage et sa bestialité au milieu de dizaines d’autres sons et ronflements ; elle qui pourtant a été privée de son don à communiquer avec les esprits depuis une difficile épopée pour récupérer le joyau de Yama Zatchlas et sauver son âme meurtrie.
Il y avait là-bas ; raconte-t-elle après s’être arrêtée à l’entrée d’un passage effondré ; une magie runique effroyablement puissante qui avait figé toute une tour dans le temps grâce au joyau. Envahit par la honte de ce souvenir, elle passe sous silence les détails des épreuves qu’elle y vécut, et ce qu’elle dut faire pour détruire les sortilèges ; mais ce jour-là, poursuit-elle, le pouvoir des runes a profondément perturbé ses pouvoirs, il avait une telle influence qu’il rendait fous ceux qui s’approchaient. Et Stor Varg, son compagnon mort-vivant, a été fortement touché. Sa voix se brise lorsqu’elle avoue avoir été dépassée par la puissance des sorciers manipulateurs de runes, lorsqu’elle a senti le lien avec son compagnon se délier.


« J’ai dû le renvoyer car je n’avais presque plus d’emprise sur lui, persuadée que je l’avais condamné au néant. Mais il est là, quelque part …
- Mais pourquoi s’éloigner autant ? Demande Estelle qui s’impatiente de voir la Sindel chercher en vain un passage.
- Je ne veux causer aucun mal aux hommes et femmes morts aujourd’hui. »

Une réponse évasive qui, comme souvent, ne peut être compris que d’elle, son Faera ou un nécromancien particulièrement sagace ; et qui inquiète quelque peu Estelle. Plus lentement, Maâra lui explique qu’elle cherche à faire revenir son compagnon.

« C’est un rituel plus long et plus difficile pour nous qui nous exposons plus longuement à l’autre monde. Je ne sais pas pour les autres nécromanciens mais, la première fois que je l’ai invoqué son corps a été créé à partir de cadavres tout proches.
- Miséricorde ! s’étouffe Estelle qui se souvient du récit et des mots concernant le corps de sa défunte sœur. »


Un lourd silence s’installe tandis que Maâra, espérant être assez loin de la salle des morts, commence à tracer dans la poussière des cercles d’invocation. Compte tenu des séquelles provoquées par la magie runique en elle, et la violence de l’exclusion de son compagnon, elle n’est pas sûre d’y arriver sans dommage.

« C’est elle que j’essayais de faire revenir ce jour-là, dit-elle sans contrôle comme pour exorciser ce souvenir. J’ai profondément haï l’être qui est arrivé à sa place, persuadée qu’il la lui avait volée … mais aujourd’hui, je sais que lui seul m’était destiné.»

((Je reste sans voix, dit alors son Faera d’un souffle plein de fierté pour sa protégée.
- Pas assez, rumine Maâra qui pourtant comprend, pour une fois parfaitement, le sens de l’expression. Pardonne-moi de t’avoir accusé de trahison ce soir-là.
- Tu es toute pardonnée.))


Puis Maâra se tait. Pendant une bonne heure, son corps reste inerte, sa respiration si ténue qu’on la dirait statufiée. Les yeux clos, l’intensité des efforts fournis pendant ce rituel se lit sur les traits de son visage, des gouttes de sueur perlent de son front et ses tempes. Elle erre dans le monde des esprits, concentrée sur le lien entretenu avec son compagnon et ses propres émotions, étonnamment exacerbées au contact de cet autre monde, si tentateur par sa pureté.
Dans l’ombre du couloir, une ombre se forme et grandit, deux yeux vides luisent sous la lueur d’une bougie allumée par Estelle, qui retient un hoquet de surprise. Deux ans, c’est bien peu pour s’habituer à la naissance des compagnons si particuliers des Nécromanciens. Celui-ci, contrairement aux compagnons de deux des trois autres nécromanciens du Château, n’est pas un bipède ; mais ne marche pas non plus sur ses deux jambes comme le Lykor de leur nouveau guide spirituel. De sa démarche animale émane une sorte de bestialité naturelle.
Fatiguée et désorientée, Maâra tend la main vers son compagnon revenu, un mince rictus rassuré étire les commissures de ses lèvres et ses yeux, enfin, voit en lui ce qu’il est.

« Bienvenue parmi nous.
-Merci, souffle-t-il entre ses crocs osseux. »

Une grande surprise fige le visage de la Sindel.

« Tu parles maintenant, demande-t-elle d’une voix curieuse et s’imaginant découvrir l’existence d’une sorte d’évolution des âmes défuntes.
- Depuis toujours, répond-il sur ce même ton soufflant en anéantissant les phantasmes conceptuels de la nécromancienne. Avant, tu ne m’entendais pas. »

Le sous-entendu est sans équivoque. Cet être maudit est enfin accepté, pour ce qu’il est, pour ce qu’il représente et surtout ce qu’il fait d’elle. Elle n’est plus une simple adepte et prêtresse d’un temple à l’autre bout du monde, elle n’est plus un mage avec un don de nécromancie. C’est une nécromancienne, un mage entre deux mondes, une âme bien moins insignifiante qu’elle l’aurait voulue.
Se relevant, elle fourre la main dans son sac et touche à travers le cuir de la bourse les runes découvertes dans la tour proche de Bouhen. Ceci aussi, ne lui est pas inaccessible. La puissance destructrice de la magie runique dans cette tour ne l’a ni tuée, ni détruite. Elle s’est mêlée à cette magie inconnue et incertaine, et ce fut une souffrance à nulle autre pareille, mais maintenant … peut-être est-ce l’influence des lieux. Elle se sent moins vulnérable, plus assurée, capable même de maîtriser deux magies aux possibilités incommensurables. Plus jamais elle reculera, plus jamais elle hésitera, plus jamais elle reniera ses pouvoirs ou n’aura peur d’eux, ni de ces runes mystérieuses.

« Et te voilà enfin. »

D’un même pas, la nécromancienne et son compagnon rejoignent le cœur du château d’Endor, suivi de près par Estelle qui s’amuse de l’étrangeté de tous les nécromanciens qu’elle a rencontrés ici.

*******

Dans la chambre qui lui a été attribuée, que d’aucuns auraient nommé cellule sans exagération, Maâra souffle un peu ; enfin au calme, enfin seule ; et l’austérité première de la pièce n’est pas pour lui déplaire. La lumière naturelle y est faible, comme partout à Endor, mais la couche est propre et l’eau du broc est claire et fraîche.

Estelle avait insisté pour s’occuper des blessures de la Sindel. Et elle la laissa faire, sachant toutes deux que l’Humaine retardait au possible le moment ou elle se retrouverait seule. Le silence s’installa entre les deux femmes, à peine perturbé par le froufroutement des cheveux de Maâra pendant qu’Estelle retirait un à un les morceaux de miroirs de son cuir chevelu : souvenirs de sa rencontre avec la Lord Kadria des Brumes, l’ancienne régente d’Endor.
Après avoir partagé un repas frugal, Estelle se retira. Maâra lui offrit un de ses rares sourires, à la fois pincé et discret mais aussi plein d’une empathie saisissante ; une chose dont elle n’est pas réellement consciente, et qui n’est adressée qu’aux personnes si proches de la mort qu’elle en sent l’odeur.

Et depuis, la solitude enveloppe Maâra tel un cocon nourricier. Elle reste longtemps assise, les yeux dans le vide. Pensive, elle fait le tri entre ses récentes découvertes et déconvenues. Et beaucoup des événements qui viennent de se produire glissent à travers son esprit, hermétique à tant de choses.

Seule et confiante, elle attrape sa fiole de fluide ; détenue depuis longtemps, trop longtemps. Il est grand temps qu’elle avance, qu’elle s’accomplisse. Elle brise l’embout et observe les fluides à la texture mâtinée en sortir.

Ils ondulent tel des anguilles autour de ses doigts frémissants. Et à nouveau la sensation d’une caresse envoûtante, tentatrice et corrompue lui revient. Elle frissonne sous le froid glacial de leur toucher qui remonte le long de ses bras, passe derrière ses épaules et enveloppe sa nuque d'une sensation proche de l'extase.
Soudain, les fluides s'agitent tels des poissons piégés dans une marre se tarissant. Acceptés et absorbés par son corps, ils assombrissent les veines qu’ils traversent. Elle convulse alors violemment alors que son visage semble muré dans une expression indéchiffrable. A l'intérieur de son corps, Maâra est ballottée comme une poupée de chiffon, elle sent ses muscles se contracter sous le passage des fluides qui prennent possession de tout son être avec une violence à l’état brut. Une difficile épreuve pour tout mage avide de puissance.
Brusquement, son corps s'arque puis se plie en deux, et elle reste ainsi, immobile dans une position peu naturelle. Possédée entièrement par les fluides d'obscurité qui investissent les dernières parcelles de son être tout entier à leur merci. Et tout aussi brusquement, son corps se redresse comme projeté en arrière par une force phénoménale, mais stoppe son élan si brutalement que sa tête part en arrière et ses vertèbres craquent, un bruit qui fait trembler le Faera à ses pieds. Son visage est entièrement envahi de zébrures noires qui avancent vers ses yeux et leur volent toute couleur. Maâra ressemble à un cadavre, avec ses yeux laiteux et sa bouche coincée dans un rictus improbable.
Mais à l'intérieur … elle a rarement été plus vivante, plus entière. Guidée par cette honteuse aberration qui la hante, elle s’offre à la douleur comme on s’abandonne à l’amour véritable. Elle pleure malgré elle de se sentir si épanouie sous le joug d’une telle douleur.

Son corps raide se traîne jusqu’à sa paillasse. Elle s’endort en une minute, l’esprit vidé.
Modifié en dernier par Maâra le lun. 5 juil. 2021 23:01, modifié 3 fois.
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