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" Allez ! Par ici la monnaie ! "
Le Spadassin est ravi, je lui tends les pièces d’une main tremblante et je remarque son ricanement quand il s’en aperçoit. J’ai peur. Malgré la précipitation des guérisseurs, le moine ne s’était pas relevé et le Woran s’était écroulé à son tour une minute après la fin du combat. Le reste de l’équipe de sécurité avait accouru pour les transporter hors de l’arène en continuant de leurs prodiguer des soins. La scène tourne dans mon esprit, encore et encore. La violence des coups, la rage et la volonté que mettent les participants pour remporter la victoire, je ne suis pas prêt pour affronter des combattants qui ont visiblement l’habitude de se battre et sont capables des prouesses que j’ai vu lors des deux dernières rencontres. Les comédiens d’entre deux combats entrent en scène, l’un d’eux, déguisé vulgairement en Woran subit les coups d’épées en mousse des neuf autres sans broncher. Symbolisant ainsi la résilience de la bête qui venait de remporter la manche. Le public est hilare mais à mes côtés les visages restent fermés. L’heure du repas approche mais aucun de nous ne souhaite quitter notre pièce pour rejoindre le réfectoire. Nous profitons de ce qu’il reste, en quantité abondante, sur la table à l’intérieur. Une pomme rouge et lisse me fait songer à autre chose, le sort du moine, cette concentration de magie du vent qui formait une sphère lisse. Jamais je n’avais vu, ni ressenti, un sort si puissant. Loin des vents infernaux dont j’avais pourtant déjà poussé la force bien haut. J’attrape la pomme et l’observe un instant dans ma paume ouverte. Une main vient soudainement s’en saisir.
" Je te la pique avant que tu ne tombes dedans. "
La jeune Kendranne en cuir lâche un rire cristallin avant de me faire un clin d’œil et de rejoindre un fauteuil pour croquer le fruit volé. Je n’ai pas faim, je ne me sens pas bien. L’inquiétude qui saisit mon estomac m’empêche d’avaler quoi que ce soit. Je quitte la pièce sous les regards méprisants ou inquiets. J’erre dans les couloirs avant de poser mon front brûlant contre la pierre froide des souterrains de l’édifice. J’inspire lentement mais expire par saccade, incapable de contrôler l’angoisse qui me saisit la poitrine. Qu’est-ce qui m’a prit ? M’inscrire à un tournoi sans avoir la moindre expérience en duel ! Je m’affale contre le mur et me laisse glisser pour me mettre assis sur le sable. Les images des dernières confrontations surgissent à nouveau dans mon esprit. La précision et la sérénité des coups portés par la bretteuse, la violence de ceux du Woran. Deux adversaires que je serais amené à affronter si je passais cette première phase. Jamais je ne pourrais le faire. J’allais mourir dans cette arène. L’idée de fuir, de me faire un portail me menant loin d’ici traverse mon esprit mais heureusement il est vite chassé, je ne peux pas fuir. Je refuse de passer pour un lâche, de donner raison à ce gros idiot de Garvus. Je dois me battre, trouver un moyen de remporter victoire sur victoire, au moins jusqu’à le battre, lui. Pour Alena.
" Pour Alena... "
Soufflais-je à voix basse avant d’expirer lentement. Je ferme les yeux, forçant les mauvais souvenirs à s’effacer pour repenser aux exercices de méditation des moines de Khan. Je me met en tailleur, joins mes mains, inspire longuement, visualise dans mon esprit les montagnes blanches et tranquilles de la chaîne du Karathren et expire doucement, un long souffle régulier. Je sens mon estomac redescendre, mes poumons se vider. Je recommence, gonflant ma poitrine à la recherche de sérénité. Je sens mes fluides magiques parcourir mon corps, mes épaules se décontracter, ma mâchoire se détendre. Nouvelle inspiration, je visualise le flux d’air parcourir mon corps de la plante de mes pieds jusqu’au sommet de mon crâne, emportant toute l’angoisse et la peur qui s’y accumule pour les chasser à travers une longue expiration. Des images de la veille apparaissent sur mes paupières closes, les acclamations des voyageurs aux portes de la cité, mes retrouvailles avec Méli, les moments passés avec Sheeala, le contact de son front contre ma joue, de sa main dans la mienne, profitant du spectacle nocturne de Kendra Kâr. Ces souvenirs m’apaisent, me réconfortent. Je poursuis ma méditation jusqu’à ce que les tremblements du plafond me rappellent que le prochain combat va débuter. J’ouvre les yeux et me redresse pour rejoindre le salon alors que s’activent déjà les chaînes et engrenages qui amènent les combattants dans l’arène. Les autres participants de mon groupe sont déjà en place pour observer la rencontre.
" J’ai raté quelque chose ? "
Dis-je, un peu plus serein.
" Le Woran et ton moine sont encore inconscient mais sont à priori hors de danger, les guérisseurs s’activent pour que le Woran soit sur pied pour les combats d’après demain. " me répond la jeune Kendranne.
Je reprends ma place entre elle et l’Ynorien pour observer les combattants. Je repère le nain à la barbe grise aperçu plus tôt dans la salle où nous étions réunis, sa grande arbalète fixée dans son dos. Je remarque également qu’il porte plusieurs harnais où sont fixées des carreaux, séparés à l’unité, en plus du carquois accroché à sa cuisse. A sa ceinture pendouille également des besaces de couleurs différentes.
" Dix Yus sur la boite de conserve dorée là-bas. "
Le spadassin désigne une guerrière, à en juger par les formes de son équipement, laissant plus de place au niveau de la poitrine. Intégralement parée de la tête aux pieds d’une armure lourde d’une couleur dorée qui produit une douce lumière blanche. Elle porte également un bouclier large et un marteau de la même couleur que son armure.
" Ca à dû lui coûter cher tout ce San-Divyna. On sait qu’elle, c’est pour l’argent qu’elle est là. "
Plaisante l’Ynorien.
" C’est pour ça que je parie sur elle ! Y a pas de plus grandes motivation que l’or ! "
Rire gras du Whielois tandis que la Sindel se permet un commentaire.
" On dirait qu’elle est agitée. "
Les têtes se tournent vers l’elfe grise avant d’inspecter avec plus d’attention la combattante. Avec plus d’observation, je peux en effet remarqué qu’elle raffermit sans cesse la prise sur son arme et agite son bouclier. Son attention est portée exclusivement sur un seul combattant à l’autre bout de l’arène contre lequel elle parait impatiente de combattre. Habillé d’une bure noire comme la nuit qui s’agite comme si elle était battue par le vent, ses mains et la partie de son visage qui ne sont pas obstrué par sa capuche laissent apercevoir une peau grise. Pas comme celle d’un elfe gris, mais plutôt comme une peau fanée, flétrie, qui n’aurait pas vu le soleil depuis des années. Il ne porte pas d’armes mais il tripote de sa main droite une étrange amulette pendante à son cou en souriant d’un air mauvais alors qu’il semble s’adresser à quelqu’un ou réciter une prière. Le combattant le plus proche de lui ne semble pas tranquille non plus, son visage découvert laisse apparaître des gouttes de sueur ruisselantes sur son crâne chauve. Il se tient déjà en garde, brandit devant lui son épée longue en tremblant des genoux. Presque tout le groupe en réalité semble se méfier de ce participant inquiétant car un autre guerrier équipé d’une armure de maille fait les cents pas en agitant ses deux sabres courts de style Ynorien en dardant vers lui un regard assassin.
" Je sens que je ne vais pas aimer ce que je vais voir. "
Déclare Kimu tandis que la jeune femme à côté de moi s’agite à son tour.
De l’autre côté de la zone de combat, les cinq autres participants sont un Sindel aux cheveux d’ébène, vêtu d’une longue robe grise parsemée de broderies argentées et portant dans sa main une canne de couleur noir. Un Varrockien au crâne dégarni et au ventre potelé. Torse nue, le nez rouge, une longue barbe rousse bien touffue sur laquelle coule un liquide pourpre. Il tient dans sa main une outre qui doit contenir une boisson dont il a déjà trop abusé vu la façon qu’il a de tituber et vaciller de droite à gauche.
" MAIS IL EST ROND COMME UNE QUEUE DE PELLE CELUI LA ! "
S’égosille le spadassin, toujours premier pour commenter à voix haute ce que tout le monde à remarqué, ponctué par les exaspérations du lancier à nos côtés. Un second nain se trouve dans l’arène, brandissant devant lui une hache et un bouclier rectangulaire. Équipé d’une armure lourde de couleur cuivre qui contraste étrangement avec sa barbe tressé de couleur noir qui lui descend jusqu’à la ceinture. Il fixe son semblable avec un air d’impatience mêlé de profond respect. Les deux derniers participants paraissent assez banal à coté des autres, deux humains aux cheveux blonds portant une armure de maille, une hache à deux main pour l’un et une épée longue pour l’autre. Tous les deux dardent vers l’homme en bure un regard méfiant.
" Alors ?! Vous jouez pas ? "
S’étonne le spadassin. Nous ne répondons pas, à l’image des combattants présents dans l’arène, nos regards sont pointés vers cet inquiétant participant en robe noir qui semble avoir jeté un malaise ambiant sur toute l’arène car même le public reste silencieux.
" Rabats joie. "
Crache simplement le Whielois déçu juste avant que la trompette ne sonne le début du combat.
L’épéiste aux crâne chauve est le premier à se lancer à l’assaut, il pousse un cri de rage et charge l’homme dont tous se méfie, accompagné du combattant aux sabres Ynorien. Le sourire sur le visage flétri s’étire, dévoilant une rangée de dents usées alors que sa robe s’agite d’avantage. Ses adversaires approchent mais il ne bouge toujours pas. Pour la première fois, la foule ne pousse pas un cri, faisant peser une atmosphère d’autant plus lourde sur la rencontre. Nos yeux sont rivés vers eux en nous doutant bien que quelque chose allait se passer. Soudainement la bure se soulève et laisse échapper une silhouette féminine fantomatique aux cheveux noirs qui flottent dans tous les sens, portant une robe blanche déchirée. Elle s’élance à toute vitesse, filant dans l’air en direction du guerrier chauve en poussant un cri tenant à la fois d’un hurlement de douleur et de terreur d’une femme, des appels à l’aide d’un enfant terrorisé et d’un rugissement de bête sauvage. Le son résonne dans toute l’arène et fait trembler toute la foule qui se bouche les oreilles et ferme les yeux pour ne plus voir cette vision de femme décharnée hurlant à s’en décrocher la mâchoire. La jeune Kendranne à coté de moi recule en criant et ramène ses poings serrés contre sa poitrine pour se protéger de la créature. Le combattant victime de l'apparition se tétanise de terreur au point d’en faire tomber son arme, le fantôme lui traverse le torse et semble lui happer toute vie. Ses yeux se révulsent et il s’effondre alors qu’une grimace de terreur se fige sur son visage.
" Une Banshee. "
Sanglote la jeune femme à coté de moi, tremblante de peur. Le Whielois réagit également en crachant sur le sable.
" Un nécromancien. "
La banshee fait quelques tours au dessus de sa victime alors que le combattant aux sabres atteint presque son maître, celui ci attrape sa capuche et l’abaisse, révélant à son assaillant un visage fantomatique rongé par les vers dont la bouche s’étire du menton jusqu’au front en poussant un autre hurlement rauque qui fait hurler le public de peur. L’attaquant cesse immédiatement sa charge et parait même vouloir se tourner pour fuir. Le nécromancien lève une main d’où s’échappe une volute de fumée noir qui encercle son adversaire qui se met à hurler de terreur à son tour alors que son visage vieillit à vue d’œil. Il se met à maigrir, sa peau à se sécher et nous pouvons apercevoir sa vie s’échapper sous le regard satisfait du mage sombre. Heureusement l’équipe de sécurité se décide à intervenir et enveloppe le guerrier d’une lumière éblouissante avant que son corps lévite à toute vitesse vers le bord de l’arène où un guérisseur se prépare à fournir des soins. La banshee rejoint son maître hilare, alors que d’autres guérisseurs se précipitent en renfort pour venir en aide aux victimes. La foule se met alors à huer le nécromancien, à l’injurier, à montrer leur mécontentement.
Il se produit quelque chose qui n’était pas encore arrivé depuis le début du tournoi. Les combats, qui n’avaient pas encore vraiment commencés, cessent un instant et tous les combattants se tournent vers le participant à l’armure doré. Même l’adversaire qu’elle combattait s’écarte pour lui laisser la place. Le public se tait à nouveau et seul le hoquet du Varrockien ivre trouble le silence. La combattante dorée incline alors la tête et s’avance vers le nécromancien sous les encouragements puissants de la foule. Le mage sombre relâche son amulette et prend un air bien plus concentré, voyant visiblement en la guerrière une vraie menace.
Les combats démarrent alors pour de bon, sous les tonnerres d’applaudissements, le nain à la hache charge son semblable qui saisit une autre arbalète sous sa cape et la pointe en direction de son assaillant. Le mage Sindel dirige son attention vers l’ivrogne avec un regard méprisant. Le blond à la hache qui se dressait au départ devant la guerrière dorée se tourne vers le blond à l’épée et après un haussement d’épaule simultané, ils chargent l’un vers l’autre. Le mage Sindel agite sa canne et fait apparaître un pic de glace qui virevolte un instant en l’air avant de foncer vers le Varrockien, celui-ci tend sa main libre et fait surgir une vague de flamme qui parcourt l’espace de combat et fait fondre le projectile qui filait vers lui. Le Sindel se préserve de l’attaque en dressant un mur de glace qui dévie la vague de feu qui continue sa progression à une vitesse folle, si bien que les deux blonds sur sa trajectoire, trop occupés à s’affronter le remarque tard. Ils parviennent tout de même à éviter de finir en torche en se repoussant mutuellement. Le sort termine sa course en percutant le mur de l’arène qui protège les spectateurs. La zone de combat s’en retrouve transformée, scindée en deux par un mur de flammes infranchissable. Le responsable observe un instant sa main, semblant étonné que cela provienne de lui, avant de hausser les épaules avec un demi-sourire satisfait. D’un côté, le nécromancien et son adversaire dorée qui n’ont toujours pas entamé l’affrontement, les deux nains et le blond à la hache. De l’autre, le mage de glace, le blond à l’épée et l’ivrogne Varrockien, qui profite du court moment de répit pour se rincer le gosier.
La banshee présente donne à cette rencontre une atmosphère pesante, nous entendons ses lamentations et la regarder me met dans un état de détresse que je ne peux expliquer. Elle donne l’impression d’être enfermée dans une cage de verre contre laquelle elle donne des coups pour tenter de s’échapper. Son visage arbore un air triste et implorant. Le nécromancien s’avance finalement vers la guerrière dorée qui brandit sa masse s'illuminant d'une vive lueur blanche. Le mage sombre lève les bras et un voile de ténèbres surgit de ses mains pour recouvrir une zone de l’arène où disparaissent le lanceur du sort, son adversaire et la banshee dont on entend à nouveau le cri strident. Impossible de discerner ce qu’il s’y passe et les autres combattants ne s’y attarde pas.
La rencontre est belle est bien lancée et le blond à la hache qui avait décidé de charger le nain à l’arbalète s’en rend compte. Une erreur qu’il paie bien vite car le nain à la barbe grise parvient à l’esquiver, je l’aperçois fouiller dans une de ces nombreuses besaces de sa main libre avant de la poser contre le flanc de son opposant. Une gerbe de flamme apparaît et le blond est projeté avec violence, il roule dans le sable avant de léviter pour rejoindre les guérisseurs qui ne sont pas encore occupés par les deux victimes du nécromancien. Je déglutis, depuis le début du tournoi, je ne les avais jamais vu avoir autant de mal à remettre un blessé sur ses pieds. Les nains se retrouvent face à face et n’ont visiblement pas l’intention de se faire de cadeaux. Celui à la barbe noire abat d’ailleurs sa hache droit sur son semblable. Celui-ci, occupé par son précédent adversaire n’a pas eu le temps de se positionner. Il dresse soin poignet pour arrêter le mouvement de l’arme et je ferme déjà un œil pour ne pas voir totalement son bras se faire trancher. Mais il n’en est rien, la lame est repoussée violemment à la grande surprise du public qui émet un son surpris et du nain à la barbe noire qui instinctivement place son bouclier face à lui. L’artilleur avait en effet pointé son arbalète droit sur lui et venait de faire feu. Le carreau est relâché et au lieu de ricocher contre le bouclier comme un projectile normal il s’illumine d’une flamme rougeoyante et explose au contact de la protection du combattant de mêlée.
" C’est quoi ce bordel ? "
S’agite le spadassin.
" Des runes. "
Déclare la Sindel studieuse d’un ton impressionné. L’artilleur range son arbalète pour saisir la grande dans son dos, il se met à genou, se stabilise et tire. Le son de la corde qui se détend produit un son mat qui résonne dans tout l’édifice. Sa cible roule sur le côte pour esquiver le projectile qui fait tout de même mouche. Le second blond se retrouve traversé de part en part alors qu’il tentait de mettre hors combat le Varrockien qui, même ivre, semblait avoir de la ressource. Projeté hors de son champs vision, il ne semble pas comprendre ce qui vient de se passer et le mage de glace en profite, formant un nouveau pic de glace qui lui transperce l’épaule. Je le vois mimer un « aïe » du bout des lèvres avant de riposter d’une boule de feu vers le Sindel qui refait apparaître un mur de glace opaque pour se protéger. L’ivrogne en profite est accoure aussi vite qu’il le peut vers son opposant, relançant une seconde boule de feu pour que le mage maintienne son mur. Arrivé à proximité, j’aperçois son ventre gras devenir écarlate et fumant, il s’élance vers la paroi de glace, ventre en avant et celle-ci se brise à l’impact, faisant tomber une pluie de cristaux glacés et monter un nuage de vapeur. Débute alors un corps à corps étrange, la simple proximité entre les deux mages créer des volutes de vapeurs épaisses. Des boules de feu et des pics de glaces volent dans tous les sens tandis que les poings de l’ivrogne se nimbent de flammes et que ceux du mage de givre se recouvrent de particules de glaces. Les deux mages opposés lancent simultanément un sort qui les fait totalement disparaître dans un nuage de vapeur. La foule semble perdue, d’un côté de l’arène une zone noire et de l’autre un nuage de vapeur. Quatre combattants invisibles qui semblent les frustrer.
Pourtant du côté des deux Thorkin, l’affrontement est brutal. Le nain à la barbe noir est parvenu à revenir au contact de celui à la barbe grise. Visiblement équipé uniquement d’armes à distance, il cherche tant bien que mal à remettre de la distance entre lui et son adversaire. Heureusement pour lui, malgré son physique rond, il se montre plutôt agile et parvient à esquiver les coups que son bracelet ne repousse pas. Mais il se fait finalement toucher à l’épaule et une gerbe de sang tâche le sol de l’arène, il pivote et roule sur le côté en espérant s’enfuir. L’autre nain s’élance vers lui pour en finir mais il se retrouve soudain prit dans un piège de glace qui surgit du sol et l’emprisonne jusqu’aux cuisses. L’artilleur se repositionne face à lui, à quelques mètres à peine, ne prenant pas le temps de s’éloigner d’avantage. Il saisit à nouveau sa grande arbalète qu’il entreprend de recharger. L’action est fastidieuse malgré l’outil qu’il utilise pour rendre l’opération moins pénible. L’autre nain comprend qu’il doit faire vite et commence à attaquer la glace qui lui emprisonne les jambes à coup de hache à un rythme frénétique. Les spectateurs semblent enfin trouver un intérêt à la rencontre et décide de claquer lentement des mains, secondes après secondes pour symboliser le temps qui s’écoule car le plus rapide des deux nains prendra l’avantage. La corde de l’arbalète est maintenant tendue et les claquements de mains s’accélèrent et s’intensifient. Le nain à la hache parvient à se libérer une jambe et s’acharne sur la glace en criant d’effort et de rage. L’artilleur extirpe rapidement un des long carreaux de sous sa cape et la positionne sur son arme. La deuxième jambe se libère, les claquements de main sont frénétiques. L’artilleur vise, le guerrier charge, le public hurle. Le son de la corde résonne encore dans l’arène, un nuage de poussière s’élève et le son d’un choc contre l’acier se réverbère de longues secondes. Trois duels, trois nuages qui s’éclipsent finalement en même temps après un nouveau cri de banshee qui parait plus strident encore que les précédents. Le voile ténébreux s’évapore peu à peu et dévoile une zone grise, parsemée d’impacts, de sang et de zones où une brume noirâtre qui semble animée persistent. La guerrière dorée gît au milieu de tout ceci, séparée de son casque, elle arbore un visage figé dans un cri d’horreur et une fumée noire s’échappe de sa bouche et de son armure dont la brillance s’est atténuée. Le nécromancien s’avance en boitant, la face tordue par une grimace de douleur et de haine. Il tient son bras gauche qui dégouline de sang. Aucune trace de la banshee en revanche dont les lamentations ne se font plus entendre.
Le nuage de poussière entourant les nains retombe sur le sol sableux pour révéler l’issue du duel. L’artilleur se redresse et pose sa main droite sur son épaule blessé qui s’illumine à son contact. A ses pieds, se trouve le guerrier dont le carreau à transpercer le bouclier et l’armure lourde. Son corps et celui de la combattante dorée se mettent à flotter dans les airs pour rejoindre l’équipe de sécurité. Les spectateurs tournent alors leurs regards vers l’amas de vapeur qui s’élève dans les cieux pour former un nuage blanc au dessus de l’arène. Les deux combattant sont encore debout, bien qu’ils soient en piteux état. Le mage de givre a subit de nombreuses brûlures au visage, à tel point qu’une partie de son crâne arbore une trace atroce de brûlure à la place du cuir chevelu. L’ivrogne quant à lui à le bout des doigts, du nez et des oreilles gelées et ils se sont colorés d’une couleur noire pourrissante. L’ivrogne lève son outre vers le ciel et reste ainsi immobile quelque secondes sous le regard ahuri du Sindel qui ne semble plus avoir la force d’en profiter. Puis l’ivrogne frappe, claquant son outre contre le visage de l’elfe gris en provoquant un bruit flasque. Il s’effondre au sol, inconscient.
Plus que trois combattants dont deux semblent sérieusement blessés. Le nain se redresse, jette un coup d’œil à sa gauche puis à sa droite. Le nécromancien lance un regard mauvais au nain et lâche son bras blessé pour tripoter à nouveau son étrange amulette. Le Varrockien, lui, saisit son outre pour en boire une dernière rasade avant de s’effondrer lourdement dans le sable.
" J’y crois pas ! Mais j’y crois pas ! "
Le spadassin vocifère, jure, se plaint que cette rencontre est une plaisanterie. La foule se met à huer le mage sombre et acclamer le nain. Le combat reprend et le nécromancien tend son bras pour libérer un flux de magie obscur, le nain tend son bras gauche vers le jet ténébreux, celui-ci disperse le sort qui se scinde en filaments avant de s'évaporer sous le regard colérique du lanceur de sort. L’artilleur tire ensuite sur la manche de sa tunique, révélant une arbalète de taille plus réduite fixée à son poignet. Il laisse filer un premier projectile qui s’enfonce dans le torse de sa cible qui recule sous la violence de l’impact tandis que la foule rugit. Le nain recharge son arbalète en quelques secondes avant d’en tirer une seconde qui touche le ventre, projetant le nécromancien à terre. Il bouge encore mais peine à le faire, le nain approche d’une démarche lourde et rapide, son arbalète chargée à nouveau, il saisit un projectile soigneusement fixé à son harnais et tient en joue son adversaire.
" Il n’annonce pas la fin du combat ? " Demandais-je.
Personne ne s’exprime et je me contente de leur lancer des regards curieux. La foule reste silencieuse et les milliers de visages arborent une grimace haineuse. Le nain parvient finalement à la hauteur du nécromancien qui fait le signe de l’abandon. Le nain redresse la tête pour observer l’équipe de sécurité, l’un d’eux se tourne alors vers l’organisateur Varrockien qui va faire une grimace haineuse avant de se retourner, rapidement imité par l’équipe de sécurité puis par toute la foule. Les millier de personnes présentes se retournent sans un mot. Il en est de même pour les membres de mon groupe qui décident également de se tourner pour ne pas être témoin de ce manquement aux règles. Le nain incline la tête, écrase du pied le bras qui se tient tendu vers le ciel. La jeune Kendranne m’attrape par les épaules et me force à me retourner juste avant que j’entende le son distinctif de la corde qui se détend et lâche son projectile. Je perçois un flash lumineux qui éclaire le mur face à moi puis plus rien si ce n’est l’organisateur qui déclare d’une voix sinistre.
" Dubar. Artilleur de Mertar. Vainqueur. "
Je me retourne et vois le nain quitter la zone de combat sans même attendre les applaudissements qui ne viendront jamais.
>>>
(( -10 Yus à ma bourse. Perte du pari du combat précédent.))