Dans le chapitre précédent...
Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre
Chapitre XXXIII.1 : Chevaucheur de foudre
La journée était bien entamée quand les deux jeunes gens arrivèrent à destination. Anthelia avait voulu les faire passer par une série d’endroits que Akihiko se devait de voir, mais ce dernier lui dit qu’elle aurait tout le temps de lui faire visiter toutes ces choses les jours suivants et que le plus tôt leurs différents achats étaient réglés, plus ils seraient libres de faire ce qu’ils veulent par la suite. La jeune femme acquiesça mais les firent tout de même passer par le parc de la Bise d’Ynorie. Un parc construit il y a bien des siècles par un comte excentrique tombé sous le charme de l’Ynorie. Et Akihiko dut bien le reconnaître, le noble n’avait pas fait les choses à moitié. Il y régnait une ambiance sereine, douce, enveloppante, qui lui rappela avec force sa patrie natale. Les champs menant au temple de Rana, la forêt l’entourant… Le parc était un véritable morceau d’Ynorie au milieu d’une capitale kendrane. Akihiko se laissa bercer par le bruit du vent soufflant dans les arbres fleuris du printemps et Anthelia apprécia également ce moment. C’est donc dans un silence contemplatif que les deux traversèrent le parc, franchissant ses arches dans un soupir de regret. Akihiko se sentit apaiser et se tourna vers Anthelia.
"C’est un magnifique parc. Il faudra y retourner pour profiter d’un repos dans un des petits kiosques que nous avons croisés. Ca doit être tellement relaxant !
- Content de te l’entendre dire, j’allais te proposer la même chose. Allez, la boutique de Lilo n’est pas loin, pressons le pas. "
La boutique en question n’était effectivement pas loin du tout, une poignée de minutes de marche. La devanture était élégante, une vitre de verre sur laquelle "Lilo" était écrit en lettre doré. À mieux regarder, Akihiko vit que le terme le plus exact était peint. Il sentait d’ailleurs une certaine excitation monter en lui, une impatience de la suite de ses aventures, où tout cela pouvait l’amener. Frans était un magicien sûrement exceptionnel, jusqu’à quel point pourrait-il progresser dans la magie ? Pourrait-il lui montrer une voie ou des informations dans la recherche d’Orphal et des œufs des dragons de foudre ? Peut-être même, un moyen de les ramener à la vie ?! Même s’il n’avait rien de tout cela, il faisait le voyage avec Anthelia. Anthelia a qui il pensait souvent en ce moment, sans vraiment savoir pourquoi. Il fallait dire qu’il n’était pas insensible à ses charmes, surtout après plusieurs jours passés à la côtoyer en permanence. Mais ça allait plus que la simple attirance physique désormais : la jeune femme avait su se révéler douce et forte, fragile et déterminée, attentionnée et énergique. Une femme qui même lorsqu’elle s’énervait contre lui, le faisait toujours avec un bon fond. Elle était...
"Akihiko ? "
Il se retourna vers elle. Elle se tenait devant lui, une main sur la hanche, et le regardait avec un regard interrogateur. Dieux qu'il aurait pu se perdre à cet instant pendant des jours dans le regard émeraude de la tatoueuse, à y observer les lueurs changeantes de ses émotions et de la lumière dans ces yeux qui ne prônaient pas le mensonge, qui n'était que le miroir de ses pensées et son humeur. A bien des égards, ces yeux étaient semblables aux ailes de sa Faëra. Mais la différence était qu' Anthelia gardait toujours cette crinière d'un blond cendré qui lui avait toujours plu. Et cette façon qu'elle avait de les attacher pour dégager son visage… La simplicité et l'élégance d'une coupe de cheveux pour dévoiler le visage de nacre qu'il aurait pu croire tailler dans le marbre tellement Akihiko n'y voyait pas d'imperfection. La bouche qui, enfin, s'étirait toujours dans un sourire charmeur qui avait plus d'une fois fait manquer un battement de son cœur. De petites lèvres, roses et pulpeuses, qui accrochaient autant la lumière que son regard.
(Quel goût peuvent-elles bien avoir ?)
Et alors que Akihiko ressentait l'irrépressible envie de la serrer dans ses bras, la jeune femme lui envoya une pichenette dans le front. L'envie s'évanouit comme un mirage et le laissa perdu, l'esprit un peu emmêlé alors qu'il reprenait le pas sur les émotions qui l'avaient submergé.
"Eh, Akihiko, ça va ?
- Euh.. Oui oui…
- T'as eu l'air absent pendant quelques instants, c'était assez inquiétant.
- Absent, oui… C'est le mot, très bizarre. Comme si mon esprit avait laissé place à mon instinct et mes émotions.
- Ah mais oui ! Je sais pourquoi, regarde, dit elle en le dépassant, laissant une traînée d'odeur qui enveloppa doucement les sens de l'enchanteur alors qu'il se retournait.
Tu vois ce mot, "Lilo" ? Il est écrit en astrium, l'or liquide."
La nouvelle eu l’effet d’une douche froide pour Akihiko qui retrouva complètement ses esprits.
"L’astrium ! C’est le métal qui fait s’exprimer plus fortement nos émotions, même celles que l’on veut dissimuler.
- C’est tout à fait ça. Quand j’étais petite, je suis passé devant quand j’étais très en colère et je peux te dire que j’ai fait une sacrée crise à Jack juste après.
- Ouah… Je comprends mieux ce qui s’est passé.
- Ouaip. On ne peut pas empêcher l’astrium d’agir sur nous, mais on peut au moins en limiter l’impact en étant préparé. Et du coup, qu’est-ce que tu as ressenti toi ?
- Tu… Veux pas le savoir, répondit Akihiko en rougissant.
- Ohoh, alors Monsieur le Héros, on se laisse avoir par un peu de peinture métallique ? "
Il savait que s’il ne changeait pas rapidement de sujet, Anthelia allait le cuisiner jusqu’à ce qu’il craque. Et au vu de ce qui avait bien pu lui passer par la tête…
(Non, j’ai besoin de faire le tri dans tout ça.)
(Dans quoi donc ?) s’immisça Amy.
(Ma relation avec Anthelia. Va falloir que je fasse le point sur pas mal de choses.)
(Oh. Ta relation hein ?) déclara la Faëra d’un ton glacial en enfilant de nouveau ses gants de frappe rouge dans son esprit.
(N’hésite pas à me consulter, je serai parfaitement IM-PAR-TIALE.)
(J’ai un petit doute sur ce dernier point…)
(RAAAAH !)
Une nouvelle fois, Amy déchaîna sa fureur contre le sac de frappe, ses cheveux et ses ailes aussi rouge que ses gants. Cette petite scène avait au moins eu l’intérêt de lui faire oublier le moment qu’il venait de vivre et il sauta sur l’occasion pour changer de sujet.
"Un peu de peinture métallique MAGIQUE, laisse moi te corriger. Allez, allons voir ce fameux Lilo et sa devanture aussi particulière. "
Les deux jeunes gens entrèrent donc dans la première partie de la boutique, une petite pièce habillée de quelques fauteuils semblable à ceux qu’avaient Anthelia et un comptoir. C’est derrière ce dernier que, pour les avoir vu discuter devant sa boutique, le propriétaire les attendait déjà. Lilo était un elfe gris à l’apparence très raffiné, habillé d’un élégant pourpoint en queue-de-pie en cuir gris bordé d’or. En dessous était enfilé une chemise bouffante blanche, serré par une ceinture à laquelle une rapière richement ornementée pendait. Akihiko remarqua qu’à la position de son fourreau, l’homme devait être un bretteur gaucher puisque la lame battait son flanc droit.
(SI l’arme était simplement d’apparat, il ne la porterait pas pour la tirer avec sa main d’épée puisque c’est très inhabituel. Il doit sûrement savoir s’en servir.) se fit comme réflexion l’enchanteur. Il ne voyait pas le sindel comme un adversaire potentiel, mais cette particularité lui avait sauté aux yeux dès leur entrée. Lilo prit alors la parole d’une voix grave reflétant un âge avancé que son visage quelque peu marqué de rides laissait entendre et que sa chevelure grise, bien que naturelle chez les sindeldi, amplifiait.
"Madame, Monsieur, bienvenue dans mon humble boutique. Que puis-je faire pour vous ?
- Bonjour, mon ami désirerait acquérir une cape de voyage, pourriez-vous le guidez dans son choix ?
- Mais très certainement, suivez-moi je vous prie."
Jetant un regard interrogateur à la jeune femme, ne sachant pas pourquoi elle avait pris la parole à sa place, cette dernière lui retourna un sourire et emboîta le pas à l’elfe. Il haussa les épaules et les suivit dans une pièce circulaire. Divers mannequins ornaient les murs en face de lui et sur sa droite, arborant tous des capes ou des manteaux de voyages. Plusieurs vitrines contenant des bijoux en tout genre occupaient les deux autres murs ; et Akihiko avait beau ne pas si connaitre en bijoux, il voyait bien que certaines bagues étaient si finement ciselées qu’elles valaient probablement plus que tout ce qu’il avait sur lui. Une des vitrines contenait quant à elle une paire de bottes de cuir. Cela détonnait car elles étaient non seulement les seules à être exposées ainsi (les autres étant rangées dans de petits casiers numérotés près des capes), mais également parce qu’elles étaient particulièrement bien exposées, juste sous un chandelier et ne partageaient leur vitrine avec aucun autre article. Son attention fut vite reportée sur Lilo qy=ui l'interpela, près d'un miroir au côté du quel se trouvait Anthelia.
"Bien, Monsieur… ?
- Akihiko.
- Monsieur Akihiko, que cherchez-vous exactement ?
- Je souhaite quelque chose de sobre et élégant, qui pourra me protéger des intempéries. Avoir quelque chose de près du corps de préférence. Qu’est-ce que vous me conseilleriez ?"
Achat HRP : Achat d’une cape : Manteau sombre de voyage (Haute qualité) : 1000 yus.