Episode 2 : Du Mauve et du Noir

[Kívan]

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A l’instant même où mes fluides quittent la paume de ma main droite, ceux-ci se libèrent de mon joug mental, une fois de plus, échappant totalement à mon contrôle et se déversant devant moi dans un déluge de magie chaotique. Et quel flux ! Un large rayonnement de lumière pure fuse devant moi en direction de l’orque caparaçonné, m’éblouissant au passage et me masquant ainsi les réels effets de cette décharge arcanique. Au-dessus de moi, la Tour se désagrège sous l’effet de je-ne-sais quel autre effet, magique ou non, faisant chuter autour de nous des blocs rocheux qui nous évitent par un bienheureux hasard, et je me permets de souffler une fois l’intégralité de l’édifice à terre. On ne s’en est finalement pas si mal sorti malgré un départ plutôt désastreux. Une fois la poussière retombée et la lumière affaiblie, je peux enfin constater les effets de ma magie sur l’orque. Ou plutôt l’absence d’orque, car celui-ci a littéralement disparu ainsi que tout amas rocheux sur une ligne droite devant moi. Après m’être frotté les yeux avec mon bras encore valide pour m’être assuré qu’il ne s’agit pas d’un rêve. Si l’effet observé est loin d’être celui qui avait été escompté, on ne va pas se mentir devant l’efficacité de cette magie.

Affichant un sourire satisfait, je me retourne vers Simaya qui se trouve non loin en compagnie de Jorus. Celle-ci fixe intensément le ciel, à l’endroit où les deux dragons continuent leur combat acharné. Puis, peu à peu, sa physionomie commence à se modifier devant mes yeux ébahis pour adopter celle d’un saurien ailé elle aussi. Décidément, la magie de ce monde saura toujours me surprendre… Son apparence est cependant nettement plus majestueuse et son port plus altier que celui des deux autres dragons présents dans les lieux, sa peau s’étant recouverte de larges écailles aux reflets argentés. Interloqué au départ devant cette nouvelle manifestation, je remarque que la sorcière blonde cache définitivement bien son jeu, mais n’aurait-elle pas pu utiliser ce nouveau pouvoir que je lui découvre maintenant un peu plus tôt lors de nos affrontements ? Cela aurait pu peut-être nous éviter bien des désagréments… Toujours est-il que ce nouveau saurien abaisse son cou pour nous y permettre d’y monter, la magicienne visiblement désireuse d’en finir avec le dénommé Naral. Je ne me fais pas prier et grimpe sur le coup de cette monture improvisée à la suite de Jorus, en étant cependant moins gracieux que l’humain dans mon ascension du fait de mon bras en écharpe. Je m’accroche tant bien que mal de mon unique main valide tandis que Simaya s’élève dans le ciel en direction du combat aérien, brassant l’air de ses puissantes ailes. Je vois qu’au passage elle se saisit de Yurlungur et de l’étrange bipède mauvâtre que nous avions aperçu un peu plus tôt dans la Tour qui n’est désormais plus que ruines.

Une fois installé tant bien que mal et tentant de garder mon équilibre avec un seul bras, je prends seulement conscience de l’unique chance dont je jouis actuellement. Je suis en train de voler ! Sur un dragon ! Je sens le vent décoiffer mes cheveux sales et pleins de terre et prends même le temps de contempler le paysage alentour, bien que ce dernier s’apparente plus à un vaste charnier au sein duquel se déroule une bataille acharnée pour des raisons qui m’échappent encore. Ce voyage en plein ciel aurait en effet été nettement plus agréable s’il s’était déroulé dans un monde en couleur et non dans ce fade dégradé anthracite. Mais l’heure n’est pas aux rêveries céruléennes et Jorus me le rappelle brusquement, demandant à voix haute comment nous allons faire pour stopper le combat entre les deux dragons. J’avise le dragon violacé combattant le dragon noir déjà précédemment identifié. Le premier donc être Naral comme j’ai pu déjà l’entendre être désigné par son surnom de Dragon Mauve à de nombreuses reprises depuis mon arrivée sur Aliaénon. Cela me fait me demander si l’elfe n’a pas acquis le pouvoir de se changer en dragon par je ne sais quel moyen, pouvoir dont semblerait aussi jouir Simaya. Se pourrait-il que ce sortilège puisse être annulé de la même manière que l’étrange liaison mentale qui s’était formée entre la magicienne et l’elfe ?

« Je peux toujours essayer quelque chose… »

Je n’ai de toute façon rien à perdre. Après m’être assuré d’être accroché du mieux que je peux à mon exotique monture, je concentre alors toute mon attention sur le dragon mauve, analysant chacun de ses mouvements tout en essayant de me représenter mentalement l’elfe qui se cache sous cette carapace d’écailles violacées. Je tente de remplacer la gueule bardée de dents longues comme des couteaux par le visage hautain encadré par des cheveux parme, les pattes griffues par les membres frêles de l’elfe, tout en effaçant par mon esprit les ailes de cuir et la longue queue du reptile aérien. Lorsque je me sens satisfait du résultat de mon image mentale, j’envoie mes fluides lumineux dans la direction de Naral, espérant pouvoir inverser magiquement sa transformation en dragon et mettre fin au combat.



[Acharnement contre Naral avec le sort Délivrance : le sort de lumière lancé par l'utilisateur libère les cibles (objets, alliés, ou ennemi) de tous les sorts qui agissaient sur eux. Condition : Pour que la libération s'opère, le sort de délivrance doit être de rang égal ou supérieur au sort éradiqué. Lancé au Rang 2 ;
quand ça a déjà fonctionné une fois, pourquoi ne pas honteusement forcer sa chance ? ]

[Yurlungur]

...

Alors qu'elle courait cependant, elle entendit au-dessus un grand craquement et ne put s'empêcher de jeter un regard. Le type qui chutait, c'était Xël : et ce stupide mage profitait de sa chute pour lancer un sort de vent contre la Tour et la faire ralentir... Il fallait être sacrément timbré pour agir ainsi ; et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir pour le sorcier une pointe d'admiration. Le sentiment, nouveau, redorait légèrement le blason de ce fichu mage que par ailleurs elle avait tendance à mépriser ouvertement - mais là... c'était classe. En plus, il allait mourir d'ici quelques secondes, songea-t-elle à la fin de ce rapide coup d'œil en arrière. Elle courut se mettre à l'abri, sans trop de difficultés grâce au sacrifice du mage et, une fois protégée par un amas de cadavres, ferma les yeux et attendit le choc.

La terre trembla quelques instants et un nuage de poussière fut soulevé du sol. Yurlungur, inconsciemment, s'était agrippée à ce qui ressemblait à un tibia en serrant les dents : le fracas épouvantable retentit dans la Lande pendant quelques instants, puis ce fut tout. Elle ouvrit les yeux lentement, restant immobile. De là où elle était, il était difficile de la repérer - à moitié cachée par les cadavres qu'elle avait pris pour mur protecteur -, et la poussière qui s'était soulevée suite à l'effondrement de la Tour ajoutait un nouvel écran de protection.

La question qu'elle se posait à présent était de savoir si l'archer, comme elle le souhaitait, était bien mort écrasé. Elle lui avait certes profondément entaillé la jambe, de façon à le gêner considérablement dans tous ses déplacements, mais l'intervention de Xël aurait pu lui laisser suffisamment de temps... Elle risqua un regard dehors et aperçut la silhouette du monstre qui se relevait avec difficulté, hors du champ de décombres. Elle fronça les sourcils en se cachant à nouveau.

La volonté de vengeance qui l'animait profitait d'une vigueur exceptionnelle. Une mince douleur en travers de la gorge continuait à la tirailler légèrement, comme pour lui rappeler à chaque instant la mort qu'elle avait frôlée. La prochaine fois, elle ne devrait pas rater le coup mortel. Elle estimait que, ainsi cachée, il ignorait précisément où elle se trouvait : en profitant du nuage de poussière soulevé, elle pouvait se faufiler, et l'attaquer par derrière... Son armure possédait, de ce côté, une ouverture au niveau de la nuque : le relief accidenté du terrain lui offrirait bien une occasion d'attaquer en plein dessus. La probabilité de toucher une artère et de l'éliminer définitivement était élevée, dans la nuque : elle avait par ailleurs une certaine expérience de ce côté-là. Les combats longs et âpres tournaient rarement à son avantage, et son physique la contraignait à attaquer vite et fort, sans faire durer le plaisir...

Elle se releva et, à moitié accroupie, commença à s'enfoncer dans le nuage de poussière, en gardant un œil sur sa cible, tandis que celle-ci regardait dans une autre direction. Elle s'approchait lentement mais sûrement, concentrée sur le monstre humanoïde, évitant de se faire repérer par celui-ci ; elle voyait se profiler de plus en plus nettement les contours des membres de ce dernier. De près, elle pourrait peut-être voir les veines sur ses avants-bras, puis son sang noir étalé sur le sol de la Lande... Elle n'était plus qu'à quelques pas : elle s'élança vers lui, par derrière, le visage crispé en une expression de pure haine, quand soudain une serre gigantesque la saisit au vol.

Elle se sentit soulever de terre et écarquilla les yeux de surprise ; une seconde serre argentée vint s'emparer de l'archer lui-même. Il s'agissait tout bonnement d'un dragon d'argent, qui s'envolait vers les cieux et vers le combat aérien que continuaient de mener Naral et le dragon noir. Elle perçut au-dessus la voix de Jorus, qui devait être à une position “passager” et s'interrogeait sur la façon de combattre deux dragons ; puis l'inconnu à côté d'elle s'adressa à... Simaya. Avait-il perdu l'esprit ? Il était évident que cette dernière n'était pas présente. La voix de Kĩvan se fit percevoir par-dessus, mais la jeune fille ignorait précisément ce qu'il se passait ici.

Yurlungur avait été saisie par le corps, mais ses deux bras restaient libres de tout mouvement : pour autant, elle voyait bien qu'elle ne pouvait l'atteindre avec ses dagues, les serres étant trop écartées. Elle brandit néanmoins la Dague de la Trinité vers l'archer et indiqua d'un ton rageur :

« Qui t'es, toi, pour essayer de me tuer ? Je vais t'étriper, répandre tes intestins sur le sol et te faire regarder ce carnage ; puis j'arracherai tes yeux de leurs orbites et je te couperai la langue, pendard, je te ferai regretter de t'en être pris à moi ! »

Puis, relevant son regard noir vers le dragon, elle surenchérit :

« Ouais, posez-nous au sol ! Je veux me battre contre lui, moi, et je ne sais me battre qu'au corps-à-corps, donc je serai bien inutile face à deux dragons en vol ! »

Puis, pour appuyer son propos, elle donna de petits coups de poings contre les serres du dragon : pas bien méchants, mais de quoi lui rappeler constamment la présence d'une jeune fille qui avait envie d'en découdre avec son voisin.

...

[Gamemaster9]

Lande Noire – Comté d’Orsan

Ariane déclina poliment l’offre de Xël et Sibelle. Blessée, elle préférait rester au sol en compagnie de son lion. Tous deux, ils allaient effectivement aller se mettre à l’abri pour n’être pas les victimes involontaires de ce fantasque combat aérien. Suite à ça, et avec un poil de retard sur le dragon argenté, Sibelle put reprendre son envol vers la lutte terrible entre les deux sombres sauriens. Elle grimpa dans les cieux à leur poursuite, offrant à son unique passager et à elle-même tout le loisir de voir la scène, y compris la nouvelle créature apparue, ce mystérieux dragon argenté transportant quatre membres de leur groupe d’aventuriers.

Pour toute réponse aux protestations de Yurlungur et Endar entre ses griffes acérée, Simaya Sombreroc sous cette toute nouvelle forme se contenta d’un grognement sinistre. Il semblait hors de question qu’elle perde du temps dans son entreprise pour contrer ce désastreux duel aérien pour qu’ils règlent un contentieux sanguinaire. En lieu et place, elle s’éleva encore plus dans les cieux, parvenant à dominer même les deux autres dragons qui continuaient à se tourner autour, Naral esquivant crocs et flammes de la noirceur incarnée sans pouvoir guère prétendre à plus pour le moment.

Sur son dos, Kivan incantait un nouveau sortilège. Il avait constaté que ceux-ci pouvaient être surpuissants, quoique parfois incontrôlables… Cette fois, il noterait qu’ils pouvaient également échapper à leur dessein originel, sans qu’aucune puissance bénéfique ou désastreuse se manifeste. Peut-être avait-il été perturbé par Jorus, juste derrière lui, qui avait tant poussé qu’un pet sonore venait de résonner sur les écailles de l’argentée, sans initier chez lui le moindre changement d’apparence. Au pire pourrait-il toujours se reconvertir en mage de vent… La lumière se manifesta néanmoins, auréolant toute la scène d’une lumière qui changea apparemment de manière durable l’éclairage de la zone. Là où avant les nuages noirs et durs masquaient toute lumière à la Lande, s’éveilla subitement un nouveau jour. Une lueur diurne inconnue de ces gris paysages, qui inonda le Comté d’Orsan de nouveaux reflets, ondoyant au gré des tas de cadavres qui semblaient presque reprendre vie sous ces flux luminescents. Les nuages eux-mêmes furent éclairés d’en bas, striant leur noirceur absolue d’une sorte d’aurore boréale monochrome entièrement blanche. C’était fort joli, en vérité, quoiqu’assez peu utile, sinon rendre son vol à dos de dragon plus agréable…

Puis, tous entendirent le dragon noir rugir de satisfaction. Entre ses crocs terribles venait de se faire piéger la queue violacée de Naral Shaam, qui se débattait désormais avec chaos, battant frénétiquement de ses larges ailes membraneuses pour échapper à l’emprise de son fatal ennemi, quitte à y laisser un morceau. Simaya décida d’agir à ce moment, descendant en piqué vers le duo d’adversaires pour… y lâcher communément les deux prisonniers de ses griffes. Les deux churent un instant à une vitesse folle avant de se réceptionner sur le dos du sombre saurien, maître des cieux de cette Lande, comme il se nommait lui-même. Endar dégringola le long de l’échine du dragon noir, ne se rattrapant qu’in extremis à une pointe dorsale au niveau des lombaires du saurien. Ses plaies le faisaient toujours bien souffrir, et mettaient en danger sa nouvelle position, précaire. Yurlungur, elle, s’en sortait mieux, se réceptionnant bien plus nettement que le Shaakt, au niveau du cou du dragon noir. Un petit choc, mais bien compensé par un équilibre certain. Tous deux étaient désormais juchés sur le dos de la terreur des Landes Noires. Pour honorer leur duel initié ? Prendre part à ce cataclysme aérien ? Le choix était leur, maintenant qu’ils étaient plus ou moins libres de leurs mouvements.

Simaya reprit un peu de distance, attendant de voir ce que sa tentative donnerait… Attendant aussi, peut-être, que ses deux autres passagers agissent à leur tour dans la bataille.

Sibelle et Xël s’approchaient de la scène, restant sécuritairement dans le dos du dragon noir… Si rien n’était fait, Naral Shaam se ferait sans doute happer par la gueule carnassière de son adversaire. Ou rôtir menu sans pouvoir rien y faire.

[Yurlungur]

...

Le dragon argenté ne semblait guère d'humeur à discuter, sans grand étonnement. Parmi les représentants de cette orgueilleuse espèce que Yurlungur avait croisés, tous parlaient : le refus de répondre à leurs revendications relevait de ce fait davantage d'un désintérêt pour celles-ci que d'un manque de compréhension... Coincée comme elle était, elle pouvait difficilement, pour autant, revenir au sol par elle-même - à moins de souhaiter se retrouver écrabouillée en bas. Tenter de blesser les serres du dragon afin qu'il la relâche était absurde, considérant l'altitude à laquelle ils s'étaient déjà élevés ; la prise était trop forte pour qu'elle tente de s'en dégager aisément. Elle se trouvait donc contrainte de rejoindre malgré elle le ballet aérien du mauve et du noir, et tout cela l'agaçait. Le dragon pouvait pourtant bien imaginer qu'elle serait d'une piètre utilité par là-bas... Enfin, elle se contenterait du spectacle, qui serait probablement grandiose. Un frisson lui parcourut l'échine lorsqu'elle songea que Kívan ou son adversaire du jour risquaient fortement de souhaiter, quant à eux, user de leur magie pour atteindre l'un des deux dragons. Il fallait tout de même être sacrément timbré pour avoir de telles idées, mais elle n'avait aucun doute sur leurs intentions - de fait, son voisin, blessé au bras, était probablement incapable d'utiliser son arc correctement à nouveau et manquait d'autres options pour avoir un impact sur la bataille.

Cette crainte ne se fit pas attendre puisque soudainement, alors qu'ils dominaient désormais la lutte, une lumière commença à émaner des nuages noirs eux-mêmes. Il y avait là-dessous une obscure tentative de lancer un sortilège, qui avait complètement dégénéré. Elle observa pendant quelques instants la lumière baigner le Comté d'Orsan et les cadavres en contrebas, inonder la scène d'un éclat nouveau, attendant avec une certaine angoisse l'effet concret de ce sortilège qui, sans doute, n'était guère la volonté exacte de son lanceur. Kívan, probablement, puisqu'il s'était présenté comme un mage de lumière et que le monstroïde à ses côtés n'avait pas esquissé le moindre geste d'incantation.

Mais un autre événement attira son attention. Le rugissement satisfait du dragon noir retentit sur la Lande lorsqu'elle put constater qu'il venait de mordre la queue de Naral. Ce dernier, bien plus petit, n'avait jusqu'ici survécu que grâce à son agilité à esquiver les coups puissants et les flammes terribles de son adversaire ; il semblait à présent dans une bien mauvaise posture. La réaction du dragon argenté ne se fit pas attendre : il piqua sur le duo mauve et noir et Yurlungur, sentant soudainement la gravité reprendre ses droits, s'agrippa comme elle pouvait aux serres d'argent, les yeux grands ouverts et l'expression terrifiée devant cette chute libre qui lui retournait un brin l'estomac. Elle n'avait heureusement pas mangé depuis bien longtemps, mais espérait que, lors de son assaut, le dragon d'argent ne relâcherait pas sa prise par inadvertance... Comment allait-il attaquer, de toute façon ? En mordant ? D'un coup de queue, d'un jet de flammes, s'il en était capable ? Elle voyait avec angoisse se rapprocher les grosses écailles noires et brusquement, le dragon argenté les lâcha tous deux.

« Mais... »

Ce fut le seul mot qu'elle put prononcer en agitant bras et jambes dans le vide, un sursaut d'adrénaline relâché dans ses veines et le regard épouvanté fixé sur les piques dorsales alignées le long du dos du dragon noir, sur lesquelles l'argenté venait de larguer sa cargaison. Elle se réceptionna heureusement sans trop de difficultés et s'agrippa aussitôt à l'une des pointes au niveau du cou, tandis que derrière elle l'archer semblait dégringoler un peu plus loin. Mais qu'est-ce qu'il s'était passé ? Elle jeta un regard haineux au dragon argenté s'écartait à nouveau. (Bien trop lâche pour attaquer lui-même !) Elle grognait en tentant de conserver son équilibre sur le dos d'un dragon en plein combat. Son agitation était quelque peu chaotique, mais elle commençait déjà à s'y habituer, son sens de l'équilibre la maintenant instinctivement dans une position acceptable.

Elle lança un autre regard vers l'autre passager largué en même temps qu'elle. Il avait réussi, malheureusement, à stopper sa chute un peu plus bas, bien que semblant en difficulté. Il ne semblait guère disposer d'un balancement aussi assuré que le sien : il serait aisé de s'approcher et de le projeter dans le vide ; puis il s'écraserait, quelques dizaines de mètres plus bas... Ou non. Il était à prévoir que le dragon tenterait de le rattraper. L'idéal serait de le maintenir ici et, profitant de son désavantage à se battre dans de telles conditions, de le tuer. À ce moment-là, si son corps tombait, qu'importe qu'il soit rattrapé ou non...

Un rugissement craintif de Naral la ramena au combat des dragons. Elle fronça les sourcils et réfléchit quelques instants. N'y avait-il pas moyen de faire d'une pierre deux coups ? Si le dragon noir s'agitait suffisamment, l'autre passager clandestin tomberait probablement... Et Naral lui serait grandement redevable. D'autre part, ce serait diablement épique.

Elle commença alors son ascension vers la tête du dragon, s'agrippant aux épines successives qui montaient jusqu'à la tête, espérant qu'il ne possédait pas trop de nerfs capables de ressentir sa présence ; dans le doute, elle tentait une ascension assez rapide, assurant ses prises pour éviter toute chute - mortelle - mais sans perdre de temps. Elle apercevait, sur le front du dragon noir, une sorte de protubérance dorée, à l'aspect un peu métallique. Elle ignorait ce que c'était, mais ne comptait guère s'en approcher : avec ses dagues, elle serait bien incapable de s'en prendre à ce bidule. Mais il y avait bien un endroit où les écailles ne protégeaient pas le dragon...

Arrivée sur la tête, les mouvements du dragon noir étaient encore plus brutaux et chaotiques que précédemment : elle se jeta sur la protubérance dorée qu'elle agrippa de son bras droit et, du gauche, tenta d'enfoncer sa dague dans l'œil du dragon, prête à la retirer précipitamment et s'accrocher de toutes ses forces à la saillie dorée.

(((Attaque sur l'œil gauche du dragon avec la dague simple)))

...

[Sibelle]

Ce fut poliment que la guerrière blessée annonça préférer rester les pieds bien au sol. Elle et son lion se mettraient à l’abri des possibles retombées du combat aérien qui était en cours.

Puisqu’il n’était pas dans sa nature d’insister, Sibelle prit son envol emportant avec elle le mage Xël et fila à toute allure afin de rejoindre le dragon argenté. Dans un premier temps, en observatrice, elle se positionna derrière le dragon noir à distance sécuritaire, le temps d’évaluer la situation et de prendre une décision.

Le dragon argenté et ses passagers avaient pris de l’altitude alors que les deux autres s’affrontaient en dessous, le dragon mauve plus petit, mais plus agile contre le noir plus lent, mais aussi plus imposant et puissant. Ce qui était à craindre arriva. La queue du mauve dans sa gueule, le géant noir rugit de plaisir. L’elfe-dragon se débattait pour sa survie, essayant en vain de se soustraire aux mâchoires puissantes de son adversaire. Le dragon argenté se mit alors en action, il descendit en piqué jusqu’au dragon noir pour relâcher sur son dos, une partie de sa cargaison : Yurlungur et l’archer ailé.

Il était grand temps à la fierté de l’Azur de quitter sa position de spectatrice pour se mettre à l’action. Contournant le saurien noir, elle évalua rapidement où il semblait le plus vulnérable, et elle choisit de l’attaquer par le côté.

Elle prit un peu de distance afin de mieux de positionner, puis elle augmenta le rythme de ses battements d’ailes afin de prendre de la vitesse et fonça droit sur lui le bec grand ouvert en visant cette gorge déployée qui risquait à tout moment d’enflammer le dragon mauve qu’il fallait à tout prix protéger.

D’une altitude légèrement plus basse que le saurien noir, elle avait l’intention de lui déchirer cette prétentieuse gorge de son bec acéré. Elle était prête à répéter cette action tant et aussi longtemps que le démon noir n’ouvrirait pas sa large gueule pour y laisser tomber sa proie.

(((Sibelle attaque le dragon noir par le côté. Elle l’attaque à la gorge de son bec crochu et pointu )))

[Xël]

Malgré la situation, je laisse échapper un demi sourire fatigué à Ariane quand elle refuse notre invitation. Blessée, elle préfère rester avec son lion, refuse de l’abandonner. J’incline la tête et lui recommande de se mettre à l’abri juste avant que Sibelle ne prenne son envol. Nous filons droit vers le combat aérien, le vent fait claquer ma robe et je me cramponne au plumage de celle qui me transporte. Elle prend de la hauteur et je peux apercevoir sur le dos du dragon d’argent d’autres membres de notre groupe d’aventuriers. J’en déduis que ce dragon est de notre côté. Un soulagement qui me procure une remontée d’énergie, seul le dragon noir est à affronter.

Je détourne le regard, éblouit un instant par le dos du dragon argenté qui s’auréole d’une vive lumière qui chasse même les nuages sombres de la région, changeant complétement le paysage. Nous filons encore à une vitesse folle, je saisis mon bâton confié par l’ancienne reine de Treeof. Si elle savait à quel point son cadeau m’était utile...

Après plusieurs acrobaties et souffles ravageurs, le dragon noir parvient finalement à attraper la queue du dragon rose qui se retrouve bloqué entre ses crocs. Le dragon d’argent choisit ce moment pour s’approcher du saurien sombre et y dépose deux silhouettes dont une que je reconnais. Yurlungur, l’enfant assassin. Elle se réceptionne avec briaud contrairement à la créature qui l’accompagne. Celui-ci, qui semble déjà blessé, chute vers la queue du dragon et parvient à se rattraper avec de faire une chute mortelle. Je retourne mon attention vers la gamine qui se fraye rapidement un chemin entre les épines dorsales du monstre volant. Son agilité m’impressionne mais m’empêche surtout d’agir. Je suspends le geste que j’avais entreprit avec mon arme pour forcer le dragon à se poser. Le mener à terre signifiait laisser Yurlungur et son autre passager à la merci de sa rage.

Je détestais cette enfant, c’est certains mais j’avais beau essayer de me mentir en me disant que sa mort serait une bonne chose, j’étais incapable de passer à l’acte. Incapable d’abandonner une gamine à un sort si cruel. Une étincelle surgit dans mon esprit. J’avais peur de m’être perdu après tant de violence, peur d’être devenu un homme indigne de revoir ceux que j’aime mais je remarque que ce n’est pas le cas. Je ne peux pas retirer la vie sans scrupule. Même celle de Yurlungur. Je n’ai pas le temps de prévenir Sibelle que je ne peux pas me servir de mon bâton qu’elle fonce déjà vers la gorge du saurien sombre pour y planter ses serres et son bec. Je me cramponne de toute mes forces, violemment agité par l’attaque de la guerrière. Juste à côté de moi se trouve la gueule ensanglantée du dragon, le battement agité des ailes des deux dragons et assourdissant. Au plus près du combat, je ne peux pourtant pas agir, condamné à être un simple spectateur. Tout ce que je peux faire c’est me préparer à agir en cas de riposte de la part de notre adversaire. Je concentre mon attention sur les forces qu’il me reste. Je surveille la gorge au cas où j’entendrais le grondement furieux de son souffle se préparer. Je surveille ses pattes au cas où il essaierait de déloger Sibelle de son cou. Je surveille la gueule de Naral qui pourrait cracher son souffle mauve et mortelle.

Je reste attentif pour pouvoir prévenir Sibelle du moindre danger.

[Endar]

Un étrange sentiment l'envahissait au fur et à mesure que ce combat s'éternisait. Il y avait là plus d'appréhension concernant le sort de ce merveilleux monde qu'une véritable peur de mourir. Les shaakts n'avaient guère le droit de ressentir autre chose que le plaisir et la douleur, ces deux émotions étant souvent corrélées. Son sang coulait encore de ses blessures, mais la douleur s'était évanouie, il n'en restait qu'une sensation de gêne. Au moins n'avait-elle pas sectionné ses tendons, songea-t-il avant que l'auteur de cette folie ne revienne sur le devant de la scène. Yurlungur se débattait et bavait de haine à son encontre, usant d'un langage qui conviendrait à un charretier sans l'ombre d'un doute. Les menaces n'eurent guère d'impact sur Endar bien trop concentré sur le combat titanesque entre les deux dragons: le mauve se faisant battre aisément par le dragon noir. Son corps pendait le vide, seulement retenu par les griffes acérées du dragon d'argent qui ruminait et grondait, furieux de les entendre se chamailler sans doute. Las d'entendre l'assassin l'injurier, il tourna ses yeux ambrés vers sa proie et la rabroua durement:

- Mon nom n'a aucune importance, je suis un Sauveur et tu m'empêches d'accomplir ma tâche !

Sa langue claqua à la fin de sa courte intervention. Il était encoléré, frustré et triste d'avoir perdu Trifalgin et ses secrets. La Lande Noire était devenue un terrain de jeux pour des apprentis sauveurs et tout était détruit désormais. Il n'eut guère le temps d'exprimer ses émois que le dragon aux écailles d'argent monta en flèche vers le dragon noir et les lâcha, Yurlungur et lui-même sans autre forme de préambule. Mais pour qui se prenait- elle ?

La chute ne dura qu'un instant, un moment qu'il ne voulait pas revivre de sitôt. L'impression d'être happé par le vide est remplacée soudainement par la rugueur des écailles du dragon noir dont ils ne connaissaient guère le nom mais dont ils pouvaient être certains qu'il était fort compliqué à retenir et à prononcer. S'il vit Yurlungur se réceptionner sans trop de mal sur le majestueux dos de la bête, ce n'était pas son cas et il chut durement contre cette armure d'écailles, la vitesse de sa course l'emportant en direction de la queue du saurien ailé. Il s'accrocha de justesse avec son bras valide à une écaille proéminente de la taille de sa tête. Tout était sans dessus dessous et il eut bien du mal à avancer le long du dos du dragon, serrant fortement les flancs de sa monture momentanée avec ses cuisses.

Le rugissement victorieux de l'énorme créature l'incita à regarder le combat majestueux qu'il menait contre Naral Shaam, cette infâme elfe mauve qui méritait mille morts. Peu importe ce que le dragon noir lui réservait, qu'il le tue ou non, il allait les débarasser d'une vérole polluant Aliaénon. Qu'importe les secrets qu'il a acquis pour combattre le Sans Visage, le serviteur de Thimoros trouvera un autre moyen pour se débarasser de son ennemi et s'intégrer par la même occasion aux Illuminés de Nagorin.

Alors que la mort de Naral allait de soi, celle-ci étant la raison de sa présence dans les Landes, d'autres semblaient destinés à gâcher la fête. Ses yeux emplis d'une haine tenace se posaient sur l'étrange hypogriffe qui volait à proximité et qui transportait sur son dos un individu qu'il connaissait suffisamment de par les vêtements qu'il portait pour ne pas laisser l'ombre d'un doute quant à son identité. Xël n'en faisait qu'à sa tête apparemment, tant pis pour lui. Les Landes Noires ne leur appartenaient pas. Alors qu'il banda son arc, une flèche encochée avec Xël comme cible mouvante, il aperçut une autre menace pour la réussite de la mission du dragon noir. Sa flèche trouva une autre cible: Yurlungur. Elle avait beau l'avoir blessé, ce n'était pas suffisant pour l'empêcher d'utiliser son arc. Il ajusta son tir en prenant en compte sa blessure, s'aidant du dos du dragon pour stabiliser l'un de ses bras en posant son coude contre les écailles et infusa sa magie dans le projectile.

- Dragon noir ! Ils t'attaquent ! hurla-t-il avant de lâcher son trait.

Il espérait que le cri ait alerté sa cible qui perdrait du temps pour terminer son geste. Fermement cramponné et le bout de la flèche sortant de la nuque de la fillette, le messager avait ses chances pour ne pas la rater cette fois.

(Tir critique lvl2 + capa messager: "flèche d'ombre" sur Yurlungur)

[Kívan]

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Les fluides s’échappent de mes paumes prenant la direction du dragon mauve qui se tient devant nous. Malheureusement, déconcentré par un bruit provenant de derrière moi, dont le son trahit sans difficulté de sa provenance, mon contrôle mental sur le sort que je m’apprêtais à lancer est affaibli et ma magie se déverse peu à peu dans l’atmosphère. Je serre les dents, quelque peu inquiet de l’effet que peuvent prendre mes sorts sur ce monde, notamment si je perds le contrôle dessus. Mais rien d’apocalyptique ne se produit. Du moins, rien de destructeur…

La scène qui se déroule devant mes yeux se retrouve auréolée d’une nouvelle clarté provenant d’une faible lueur diffusant à travers les épais nuages et éclairant le sol et les nombreux cadavres qui le jonchent. Le ciel, lui-même, semble être éclairé par cet effet magique non escompté qui, s’il égaie quelque peu l’action qui se passe et ma balade à dos de dragon, est tout bonnement inutile. Encore un nouvel échec magique à rajouter à ma longue liste de bides sur ce monde. Voulant hausser les épaules pour tenter de me donner une certaine contenance, une douleur sourde à l’épaule gauche me rappelle subtilement que cette dernière a été démise lors de mon combat contre le garzok en armure. Préférant éviter de gâcher une nouvelle mes ressources magiques qui ne sont pas infinies, je décide de le faire à l’ancienne, comme j’ai pu déjà l’observer quelques fois lors des entraînements à la milice de Bouhen. Je pose alors ma main droite sur l’épaule gauche et tire d’un coup sec pour remettre cette dernière en place.

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[Jorus Kayne]

Simaya continue son ascension alors que plus loin Sibelle dans sa forme ailée porte Xël sur son dos. Kivan est derrière-moi tandis que Yurlungur et Endar sont pris dans les griffes du dragon d’argent. Seule Ariane n’est pas présente. Lui est-il arrivé quelque chose ou a-t-elle simplement préférée rester auprès de son compagnon démuni face à un combat aérien ?

Dans un confort relatif, Yurlungur et Endar se battent contre la sorcière. L’un ne souhaite que la mort de Naral et ne compte pas aider et l’autre veut la mort du premier. Simaya ne se contente que de grogner face à leurs intérêts personnels. Sauf pour la jeune fille qui n’a que pour envie, celle d’enlacer le coup du Shaakt avec ses armes en mains. Le dragon d’argent s’élève encore plus haut nous offrant un point de vue dominant sur le duel des sauriens, toujours à l’avantage de la puissance du dragon noir.

De mon côté je ne cesse de croire en des capacités inconnues. Pas moins de quatre personnes ont vu leurs corps changer depuis que nous sommes dans la Lande, ce n’est pas un hasard ! Alors que mon corps entier se crispe, mon esprit se concentre sur une unique chose !

(Dragon, dragon, dragon…Ca y est je sens…je sens quelque chose…c’est…c’est puissant, ça…ça monte…ça…ça…)

Prrrrrrrrrrrrrrrrrrrout !

Un pet tonitruant, capable de rivaliser selon moi avec le grognement des dragons, sort de ce que je nomme l’entrée des artistes : un accès restreint, caché du reste du public. Il s’ensuit une forte chaleur entre les fesses, comme si un portail vers un monde infernal s’était ouvert. Un rapide examen m’indique cependant qu’aucun démon ne semble avoir profité de l’occasion pour sortir prendre l’air, bien que je doute toutefois avoir désormais le froc immaculé. Je me tourne derrière-moi pour m’apercevoir que Kivan usait de sa magie à ce moment précis.

"Heu…hum…désolé vieux !"

J’ignore ce qu’il prévoyait de faire, mais une lumière éclaire désormais ciel et terre. Baignée dans une douce, mais non moins importante lumière, la Lande n’est plus vraiment noire avec ce nouvel éclairage et ce n’est pas pour me déplaire. Je profite de l’occasion pour faire oublier ma prestation à mon unique spectateur.

"En tout cas bien joué, on y voit beaucoup mieux comme ça !"

Voler à dos de dragon devient plus agréable, enfin ça dépend pour qui. Un horrible grognement de satisfaction du dragon noir se fait entendre. Dans sa gueule, la queue du dragon mauve est prise au piège et malgré une tentative frénétique de Naral Shaam, il ne parvient pas à s’en défaire pour le moment. La sorcière-dragon-flippante profite de l’attention du saurien noir pour plonger sur lui et larguer les deux captifs de ses griffes sur l’actuel sombre maître de la Lande. Contrairement à Yurlungur, Endar se réceptionne mal et dégringole le long de la colonne de la bête. Il attrape de peu une des nombreuses pointes du dragon. Un peu plus et il aurait fini par faire l’équilibriste sur la queue !

Je m’apprête également à passer d’un dragon à un autre lorsque Simaya reprend soudainement de la hauteur. De mon point de vue j’ai le loisir de voir toute la scène. Xël à dos de Sibelle, fonçant sur le côté du dragon, Yurlungur qui se fraie un chemin en direction de la tête du dragon et Endar qui bande son arc.

(Mais…il ne risque pas de faire mal au dragon vu son angle de tir…à moins que…)

Son avertissement à l’attention du dragon noir confirme mes craintes. Je tape le cou du dragon d’argent pour attirer son attention et parle assez fort pour m’entendre malgré les rugissements des dragons.

"Simaya vous devez empêcher Endar de tirer. Il a déjà blessé l'un des nôtres ainsi que Naral."

[Gamemaster9]

Lande Noire – Cieux du Comté d’Orsan

La situation se rassemblait, autour du puissant Dragon Noir, maître des cieux de la Lande éponyme. La jeune Yurlungur progressait sur la nuque de ce dernier, en vue de lui infliger de grands maux, avec une dextérité hors du commun. Mais toute adroite qu’elle était, elle ne voyait pas dans son dos l’elfe noir à la peau violette, nouveau corps d’Endar, tenter quelque chose contre elle. Blessé au bras et à la jambe, sa tentative était plus que risquée, et son équilibre précaire… Un risque qui sembla subitement bien téméraire. Alors qu’il tentait de se maintenir de sa jambe blessée, et d’juster son tir d’un bras forcé de trembler sous l’effort et la pression du vol, le bout d’une aile membraneuse argentée vint le percuter, lui faisant définitivement perdre l’équilibre sur le bas du dos du dragon et le précipitant dans le vide… Une chance insolente lui fit pourtant se rattraper, in extremis, de son bras sain, à la toute extrémité de la queue du dragon noir battant les ailes. Une situation précaire, mais au moins était-il sauf… Et n’avait-il pas lâché son arme, fermement serrée dans la main du bras blessé… (Je déteste mes dés.)

Le dragon argenté avait écouté le conseil de Jorus, malgré ses frasques antérieures. Le mouvement de côté aida même Kivan à replacer correctement son épaule, dans un choc d’une douleur intense et pourtant nécessaire. L’argentée surplombait désormais le Noir de manière assez proche, afin que les deux êtres juchés sur son dos puissent voir précisément l’action que Yurlungur tentait de son côté.

Vers l’avant de la tête du dragon, du côté de sa gorge plus exactement, Xël assistait à l’assaut de la Fierté de l’Azur sur cet ennemi bien plus gros qu’elle. Un courage qui paya, puisque son bec crochu parvint à molester la gorge écailleuse de l’être sombre, sans doute plus tendre que les épaisses écailles de son dos et de ses membres. La blessure n’était pas impressionnante, tout juste une estafilade en vérité, mais cela prouva à l’hippogriffe que cet ennemi n’était pas invulnérable.

Au même instant, Yurlungur tenta de planter sa dague dans l’œil du reptile. Elle attaqua de toutes ses forces, mais n’avait guère l’habitude de ce genre de situation. Son coup manqua l’œil, s’enfonçant dans les écailles épaisses entourant ce dernier. La réaction à cette double attaque ne se fit pas attendre : le Dragon Noir rugit, plus de colère que de douleur, forcé de lâcher sa prise sur la queue de Naral Shaam. En résultat un brusque mouvement de sa tête qui projeta Yurlungur en l’air, sa dague restant coincée malgré ses efforts dans les écailles de la bête. Elle parvint cependant à se raccrocher à la protubérance dorée sur son front, qui au toucher semblait être d’or.

Naral, libéré de l’emprise de son adversaire tenta le tout pour le tout. Se laissant choir un peu dans les airs, il pivota sur lui-même et se retourna, dos vers le sol, pour agripper de ses propres griffes le cou et l’abdomen du puissant dragon noir. Une position qui s’avérait plutôt sécuritaire pour lui, puisqu’il se prémunissait de toute attaque en provenance de la bouche du saurien. Alors que ses griffes l’arrimaient à son ennemi, sa gueule mordait, et mordait encore la gorge du noir, la cisaillant sans pour autant parvenir à en arracher le moindre morceau, ni à faire s’écouler le sang de la bête.

La situation était toujours critique, néanmoins, et les clés semblaient être entre les mains puissantes des aventuriers présents.

[Yurlungur]

...

Tandis qu'elle progressait vers la tête du saurien, elle entendit derrière elle comme un battement d'ailes. Était-ce le dragon d'argent qui se mêlait à la bataille ? Elle n'osait pas détourner la tête de son objectif et perdre encore du temps. Cela ne sembla guère affecter le dragon noir, qui continuait de mordre avec insistance la queue de Naral : alors qu'elle arrivait au niveau de la protubérance dorée sur le crâne du gros lézard, elle perçut une masse qui fonça vers le cou du dragon. Profitant de ce que ce nouvel allié potentiel puisse attirer l'attention du dragon noir, elle leva sa dague et tenta de l'abattre vers l'œil de leur ennemi commun. Il était clair que ce dernier était d'une force et d'une résistance incroyables : les dragons, qui peuplaient les vieux contes, étaient des monstres de légende, et le fait qu'on en trouve bien plus sur Aliaénon que sur Yuimen n'enlevait rien à leur puissance hors du commun. La seule chance de Yurlungur de blesser durablement cet ennemi, et peut-être même de le vaincre si elle s'y reprenait à deux fois avec succès, c'était d'atteindre les yeux, les seuls endroits où le dragon noir semblait présenter une faiblesse. Tout le reste de son corps était recouvert par un épiderme écailleux qui, elle le sentait au toucher, était suffisamment robuste pour que ses dagues n'y pénètrent probablement pas ; et elle n'avait pas envie de chercher les failles de cette armure naturelle qui le recouvrait - en avait-elle seulement le temps ?

Elle tendit donc son bras aussi loin que possible, et l'abattit vers le crâne du dragon ; mais elle avait sous-estimé les proportions gigantesques de cet adversaire, et sa dague manqua l'œil. Par chance, ou parce qu'elle avait peut-être surestimé la capacité de protection de ses écailles, la dague s'enfonça toutefois, causant probablement une plaie bénigne mais suffisante pour arracher au dragon un rugissement de colère qui fit se glacer le sang de Yurlungur. Celle-ci, laissant sa dague enfoncée vers l'arcade sourcilière du monstre, pour s'agripper de toutes ses forces à la corne dorée qui ornait le front mat du dragon. Sa réaction ne se fit pas attendre : s'il relâcha effectivement Naral, comme prévu, le brusque mouvement de tête qu'il imprima en arrière la fit décoller un instant : ses jambes battirent dans l'air et ses doigts tentaient de se raccrocher à la corne, glissant contre elle, jusqu'à ce qu'il rabaisse la tête et qu'elle atterrisse sur le front de son adversaire, tous les muscles tendus et le visage grimaçant de terreur.

Elle put voir Naral disparaître du champ de vision, se laissant chuter un instant, puis un choc secoua légèrement le dragon, que l'elfe mauve semblait attaquer par-dessous. Mais Yurlungur n'osait pas lancer des regards de côté, trop occupée à rester agrippée à la protubérance. Au-dessous d'elle, le vide s'étalait, comme un autre adversaire bien plus retors : elle se forçait à regarder les écailles du dragon, ou vers l'horizon, au loin, et à calmer ce cœur battant et ces relents d'acide qui montaient de l'estomac. Elle n'avait pas l'habitude d'être secouée ainsi, et se félicitait presque de n'avoir pas trop mangé le matin même...

Elle ne savait même pas que faire. Sa dague était restée plantée au-dessus de l'œil du dragon noir, mais si elle tentait de la récupérer, elle craignait de choir de sa position - la chute qui s'ensuivrait serait mortelle, à n'en point douter, ou alors elle serait heureusement rattrapée par l'un des dragons alliés ; mais elle ne souhaitait pas devoir la vie sauve à l'un d'entre eux, qu'il fût d'argent ou de parme. Elle songea avec une poussée d'euphorie teintée d'angoisse que sa lame resterait peut-être pour toujours plantée entre les écailles noires de ce dragon, témoin d'une bataille passée - à nouveau, l'idée de sa propre mort et de n'être plus là pour s'en vanter lui fit raffermir sa prise contre le monticule d'or. Son imagination hésitait entre la gloire effarante d'avoir réussi à blesser, terrasser peut-être s'ils s'y mettaient tous, et en tout cas survivre à un titanesque dragon noir, et l'idée glaçante d'un destin qui s'arrêterait là. Ces deux sorties étaient si opposées l'une à l'autre qu'elle se trouvait dans la situation pénible de ne savoir du tout à quoi s'attendre : l'expectative était immense, la tension gigantesque.

La corne d'or elle-même semblait un appel aux faits illustres et éclatants : s'ils parvenaient à vaincre leur adversaire, celui qui repartirait avec la protubérance, qui semblait faite d'or, aurait certainement gagné son poids en or pour ses compagnons, le double pour elle. C'était comme si un dieu malin avait voulu placer ce trophée là, afin de pousser des aventuriers à s'en emparer - les tenter vers des batailles sanglantes, ou les récompenser pour leurs efforts ? Quoiqu'il en soit, la présence de cette chose était quelque peu saugrenue. Les lézards, même gros, ne devaient pas faire pousser de métal qui, selon les théories physiques de la jeune fille, poussait dans les grottes et au cœur des montagnes, comme de grosses plantes. Le dragon noir ne pouvait pas être considéré comme une montagne, si ? Dans tous les cas, malgré le peu d'expérience qu'elle avait à propos de ce phénomène physique, elle avait l'intuition que l'organique ne laissait pas émerger du minéral ainsi : ses doigts, lentement, se glissèrent vers la jonction entre les écailles noires et l'excroissance dorée. Si celle-ci avait été ajoutée, artificiellement, magiquement peut-être, il y avait là une nouvelle faille : à l'interface entre l'organique et le minéral, elle pouvait essayer de creuser...

Peut-être qu'elle réussirait, en tailladant suffisamment, à retirer la corne de ce front - il fallait bien être capable de rêver -, peut-être que cela blesserait durablement le dragon ! Certes, elle sentait bien que, si la corne se détachait, elle-même n'aurait plus tellement d'attache et volerait dans les airs ; mais au moins, elle aurait avec elle un beau morceau d'or. C'était par ce genre de raisonnements un brin fallacieux qu'elle parvint à se motiver - inutile de songer à la mort, si l'on avait l'or. Bon nombre d'être humains fonctionnaient ainsi et ne voyaient pas qu'ils ruinaient leur existence en cherchant la richesse : Yurlungur était simplement l'une d'entre eux. Il ne lui restait cependant plus que la dague de la Trinité, l'autre semblant hors de portée pour le moment : le bras droit enlaçant la protubérance, le torse plaqué contre les écailles noires, ses jambes entourant aussi fermement que possible la première pointe de la longue chaîne sur la colonne vertébrale du dragon, elle saisit de la droite la triple dague, qu'elle ramena aussitôt plus près de son visage collé à l'or.

Elle était incapable de voir ce que tentaient les autres aventuriers, et se tenaient suffisamment aplatie pour que, sans doute, seul ceux passant par-dessus puissent voir ce qu'elle faisait, à peu près ; elle se consolait de cette position misérable en songeant que le dragon noir aussi ignorait quel parasite commençait à découper sa chair. Et, méthodiquement, elle commença à taillader autour de la pointe dorée, à la limite de l'organique. L'objectif était simple, limpide même - peut-être seulement un peu osé...

...

[Sibelle]

Réagissant à l’attaque jumelée, mais à des endroits différents, de Sibelle et de Yurlungur, le saurien noir ouvra sa large gueule, rugissant de colère et laissant échapper sa proie. Sibelle s’en éloigna alors en volant craignant avec raison d’être la nouvelle proie.
Naral avait alors saisi l’opportunité qui s’était présentée en se laissant volontairement perdre de l’altitude. Bien vite, il remonta ensuite et se positionna dos contre sol et s’attaqua lui aussi à la gorge de son prédateur noir.

Sibelle, pour sa part, prit légèrement de l’altitude afin d’être cette fois au-dessus du dragon noir. Tout en s’approchant de celui-ci avec un autre plan d’attaque en tête, elle vit d’abord Yurlungur bien accrochée à son cou et elle remarqua ensuite Endar, bien qu’ignorant qu’il s’agissait de lui, en situation précaire, se tenant d’une seule main à l’extrémité de la queue du dragon. Si elle ne l’avait pas entendu prévenir le dragon noir de sa précédente attaque, et si elle ne l’avait pas vu attaquer Naral de sa flèche qui heureusement ne l’atteignit pas à un endroit vital, elle l’aurait secouru. Malheureusement pour l'être aux ailes dysfonctionnelles, elle avait bonne ouïe et bonne vue. Elle l’ignora donc et se concentra sur sa cible, l’aile membraneuse noire qui serait bientôt à sa portée.
Cessant de battre des ailes, se laissant planer quelques secondes, ses serres en avant, elle tenta de s’agripper à l’aile gauche du dragon noir. Dès que ses griffes auront agrippée l’aile noire, elle le refermerait. Battant de ses ailes avec forces, consciente qu’elle ne pourrait emporter le saurien avec elle, mais espérant le déséquilibre fortement, pour le rendre plus vulnérable.


(((Sibelle ignore Endar et Yurlunguer et s’attaque de ses griffes à l’aile gauche du dragon noir.)))

[Kívan]

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A l’instant où je commence à tirer de ma main droite sur mon épaule gauche pour tenter de la remettre en place, Simaya réalise un rapide virage de l’aile, visant l’individu qu’elle avait lâché quelques secondes auparavant sur le dos du dragon noir suite à une injonction de Jorus… Crac ! Le mouvement brusque et inattendu me fait forcer sur l’articulation de l’épaule, m’arrachant au passage un cri de douleur. Je m’agrippe tant bien que mal à Simaya de mes deux jambes et de ma main valide, un rictus déformant mes lèvres. Quelle stupide idée de se remettre une épaule démise sur le dos d’un dragon et en plein combat aérien ! Je fais légèrement bouger mon épaule gauche et, si une légère brûlure sourde persiste, il semblerait que mon geste, aidé du mouvement rapide de ma monture improvisée, ait réussi à remplir son rôle. Je me masse alors légèrement le bras gauche pour en chasser les derniers fourmillements tout en évaluant la situation en contrebas.

Simaya surplombe désormais le dragon noir. Celui-ci semble avoir lâché la queue de Naral car ce dernier a disparu de la scène mais je me doute qu’il n’est pas très loin. Au niveau de la tête, je vois Yurlungur cramponnée à ce qui semble être une protubérance d’un jaune mordoré et elle attaque cette excroissance à petits coups de sa dague. Je me demande bien ce que la jeune fille a encore en tête, mais pour une fois qu’elle ne poignarde pas directement l’un de ses coéquipiers, je pense que l’élucidation de ce mystère pourra attendre. A l’arrière, je vois le bipède violet cramponné d’une main à l’extrémité de la queue du saurien noir, son autre main tenant un arc. L’attaque de Simaya avait donc sûrement pour but de déséquilibrer cet individu. Mais Jorus avait parlé d’Endar… Se pourrait-il que… Je hausse les épaules. Le destin d’Endar m’importe désormais peu et vu la situation dans laquelle cet inconnu est, il ne risque pas d’être très menaçant pour le moment. Enfin, sur ma gauche, je vois l’étrange chimère de cheval et d’aigle attaquer à grands coups de griffes l’aile gauche du dragon. Et sur son dos se trouve Xël. Le magicien aura au moins pu survivre à l’effondrement de la Tour. Et cela indique aussi que cette créature ailée inconnue est dans notre camp. Un allié de plus ne sera pas de refus. En revanche, aucune trace, ni d’Ariane, ni de Sibelle. J’espère qu’il n’est rien arrivé aux deux femmes.

Notre nouvelle position, au-dessus du dragon noir, nous donne désormais un avantage stratégique certain. Il me reste à voir comment l’exploiter au mieux. Je constate, en avisant les manifestations lumineuses aériennes, que cela fait déjà un moment que j’utilise ma magie sans en ressentir le moindre contrecoup. Si l’on m’a fait très clairement comprendre que la magie sur ce monde ne fonctionne pas de la même façon que sur Yuimen j’imagine qu’une utilisation répétée des arcanes aura forcément un coup passé une certaine limite, surtout au vu de mes capacités encore limitées. Et je préfère ne pas imaginer ce qui pourrait arriver si je m’évanouissais à cette hauteur, comme cela a pu déjà arriver dans le passé suite à une utilisation trop rapprochée de mes fluides. Je tente alors une nouvelle approche. Plutôt que de contenir mes fluides et de leur imposer ma volonté pour leur donner un effet souhaité et parfois complexe, ce qui a tendance à m’épuiser plus rapidement, pourquoi ne tout simplement pas les canaliser avant de les envoyer tels quels, sous la forme de magie brute, pour attaquer une cible. Joignant la théorie à la pratique, je commence à concentrer une partie de mes fluides restants au niveau de ma paume de main droite, tout en m’accrochant solidement comme je peux aux écailles de ma main gauche. Une fois satisfait de la concentration lumineuse qui irradie de ma main droite, je tends cette dernière en direction de l’aile gauche du dragon, afin d’aider la monture de Xël dans son assaut.

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[HRP : attaque magique simple sur l’aile gauche du dragon noir.]

[Jorus Kayne]

La dragonne semble suivre mes indications. Elle se dirige vers Endar, armant son arc en direction de Yurlungur. Ainsi donc après Naral c’est la jeune fille qui est la cible du Shaakt. Quoi qu’il puisse être à présent, un elfe noir garde son caractère et ses pulsions meurtrières ancrés en lui. C’est du bout d’aile que Simaya vient le frapper. Son adresse à se tenir droit malgré des circonstances très désavantageuses ne suffit pas à tenir le choc qui est de trop. Il tombe dans le vide et se rattrape de peu au bout de la queue. Bien qu’il ait toujours son arme de son autre main, sa situation précaire le rend bien moins dangereux à présent. Dans mon dos j’entends Kivan hurler de douleur. Je jette un bref coup d’œil pour le voir se masser son épaule endolorie. Malheureusement je ne peux rien pour lui.

Un peu plus loin, si Xël montant Sibelle disparaissent sous le dragon noir, Yurlungur cherche à s’en prendre à un œil du saurien. Bien que je doute qu’elle soit parvenue à atteindre sa cible, sa lame se plante cependant entre les écailles du dragon. La réponse est rapide. Le sombre maître de la Lande rugit de colère, libérant Naral de son emprise et d’un mouvement brusque, Yurlungur s’envole jusqu’à atteindre une protubérance dorée du dragon.

Naral Shaam quant à lui profite de sa liberté pour effectuer une acrobatie aérienne pour se trouver en bonne position pour planter crocs et griffes dans le cou et l’abdomen de son adversaire.

Toujours sur la protubérance dorée, Yurlungur semble s’y intéresser à coup de dague. Sibelle réapparaît toujours dans sa forme ailée pour s’attaquer à l’aile gauche du dragon. Je n’entends plus le magicien dans mon dos et quand bien même, je suis focalisé sur le monstre noir, cherchant un moyen de prendre l’ascendant sur lui. Sa queue, se mouvant au rythme de ses déplacements, attire mon regard comme le serait un chat devant un objet qui s’agite.

De nouveau je tapote le cou de la dragonne pour attirer son attention.

"Simaya, vous qui êtes un dragon, que se passerait-il si vous vous posiez de tout votre poids sur la queue du dragon ? Ne risque-t-il pas de perdre l’équilibre, de se mouvoir plus difficilement voir même de tomber ?"

Ma remarque est autant une question qu’une proposition à conclure. Reste à savoir si nous aurons l’effet escompté. Je jette un bref coup d’œil au sol et parle assez fort pour que Kivan m’entende.

"J’espère qu’Arianne a trouvé un refuge. Elle est la seule que je ne parviens pas à voir et si nous faisons chuter le dragon, prions pour qu’elle et son lion ne se trouve pas en dessous. Car dans ce cas on n’aurait même pas le temps de compter à rebours. Cinq, quatre, trois, zéro et paf pastèque !"

Propose à Simaya de se poser de tout son poids sur la queue du dragon noir.

[Xël]

Le dragon noir relâche Naral sous les assauts répétés de Sibelle qui parvient à entailler la chair du lézard volant. Celui-ci ne perd pas son temps pour contre attaquer, se jetant sur la gorge de son adversaire pour le blesser. Sibelle a le réflexe de se décrocher du cou du monstre pour ne pas subir de choc tandis que je m’agrippe de toute mes forces et plaque mon visage contre le plumage en implorant de ne pas prendre un malencontreux coup de griffe qui m’arracherait la tête. Je relève à nouveau la tête quand je sens le vent souffler à nouveau sur mon dos à forte vitesse. La guerrière a pris de la hauteur et me permet d’examiner la situation qui a changée. C’est maintenant Naral qui tient le dragon noir entre ses pattes, sans pour autant prendre l’avantage, celui-ci cherche à se dégager en agitant la tête et j’entends de là-haut sa gorge gronder de colère plus que de douleur.

Sur son front, la jeune Yurlungur attaque à coups de dague une sorte de corne dorée. Pourquoi suis-je si inquiet pour elle ? Autour d’eux voltige toujours le dragon inconnu, sur son dos j’aperçois Jorus et Kivan mais je ne vois pas Simaya. Où est-elle ? Le cœur serré je scrute le sol à sa recherche sans pouvoir vraiment déceler quoi que ce soit avec notre altitude à travers la poussière qu’a soulevé la tour et qui ne s’est pas encore tout à fait dispersée.

Je m’accroche instinctivement plus fort quand je sens Sibelle redescendre vers le dragon pour attaquer son aile. Je ne peux plus attendre, je dois agir.

“Sibelle ! Tiens-toi prête à récupérer Yurlungur !”

Chaque seconde que je passe à rester inactif est une chance pour le saurien sombre de faire une victime. Il faut le forcer à se poser pour prendre le dessus. Impossible de s’échapper avec Simaya et Ariane au sol. Je saisis mon bâton, le tenant fermement à m’en faire mal à la main pour ne pas qu’il me soit arraché en cas de secousse. Je me concentre sur le dragon d’ébène avant de pointer mon bâton vers sa nuque pour laisser l’effet de mon arme faire effet, laisser la magie étreindre sa gorge pour le forcer à se poser.

((Utilise son arme pour forcer le dragon noir à atterrir.))

[Endar]

La flèche ne put partir qu'Endar reçut une violente claque de la part de l'aile du dragon noir, ce dernier n'avait semble-t-il aucune indication de ce qui se tramait derrière son dos ou plutôt sur son dos. Le vent eut tôt fait de l'emporter comme un brin d'herbe, son corps carapacé de l'armure des géants de glace de Colomir'Thù frottant lourdement contre les écailles aussi dures que la roche du saurien. Le vide semblait l'appeler à lui, tout comme la mort depuis un moment déjà. Son esprit n'était même plus capable de raisonner clairement tellement la sensation de danger le prenait aux tripes.

En apercevant le vide, il eut une ultime chance pour agripper la queue du dragon noir qui ondulait dans les airs. De sa main valide, il parvint de justesse à agripper fermement l'épine dorsale qui se prolongeait le long de ce qui ressemblait plus à un fouet d'une taille monstrueuse et potentiellement destructeur qu'à une queue d'un animal. Sa main gauche serrait son arc, cadeau de ses alliés Illuminés de Nagorin, avec une force insoupçonnée, bien décidé à ne pas laisser tomber un artéfact si précieux. Sa position était précaire et il manqua de trembler de peur en sentant le vide qui l'attirait inexorablement vers sa mort. Tout était perdu et il se sentait responsable de ce chaos...

Alors qu'il perdait espoir en un avenir radieux pour Aliaénon, ses cheveux couleur onyx battus par les vents, malmené par les mouvements erratiques du saurien ailé qui se battait contre Naral et ses alliés d'un jour, il se rappelait ce qu'il avait été et ce qu'il était désormais. A l'origine un simple mage shaakt chassé de Khonfas suite aux meurtres de prêtresses, il était aujourd'hui le Sauveur d'Aliaénon. Il aurait dû s'en enorgueillir et pourtant ce titre sonnait faux. Ils n'étaient plus les Sauveurs d'Aliaénon, simplement des pions entre les mains malhonnêtes de Naral Shaam, du Sans Visage et du Conseil d'Or. Cette mascarade devait prendre fin aujourd'hui. Il se refusait de servir ses maîtres. Il se refusait de laisser ce monde péricliter et tomber entre les mains et tant pis s'il devait tous les trahir pour accomplir sa volonté.

Avec un sursaut de volonté, il ramena son bras droit pour mettre son arc en bandoulière et ainsi avoir les deux mains libres pour saisir l'appendice du dragon noir. Il était prêt à survivre et il ne lâcherait pas.

[Gamemaster9]

Lande Noire – Comté d’Orsan.

Dans les cieux de la Lande, les actions des aventuriers se trouvèrent finalement presque toutes coordonnées vers un but unique : la chute du dragon noir. Les griffes de Sibelle déchiquetèrent des pans de l’aile membraneuse du saurien d’ébonite, manquant toutefois de peu de se faire bousculer par lesdites ailes battant les ailes avec amplitude. L’attaque de Kivan, un fin trait lumineux, alla également en ce sens, ébréchant un peu plus ce qui semblait être un point faible de l’immense créature. Le Noir dut augmenter la cadence de ses battements pour se maintenir à flot. Endar, de son côté, s’accrochait tant bien que mal à la queue du mastodonte : sa vie en dépendait, la survie de son nouveau corps. Sur la tête du monstre, Yurlungur tentait de décapsuler cette inconnue protubérance dorée. En vain, pour l’instant : parcourant de sa lame les contours de la chose, elle compris que ce n’était pas une simple plaque posée là, mais un morceau profondément incrusté dans la tête du dragon, probablement de forme quasiment conique à l’intérieur de son crâne.

Simaya, sous sa forme draconnienne, écouta la consigne de Jorus et alla se placer à la base de la queue du saurien géant, pesant de tout son poids dessus. Le coup final de cette stratégie vint de Xêl, qui usa des pouvoirs anti-aériens de son bâton pour contraindre finalement le dragon noir à abandonner tout espoir de rester maître des cieux pour ce combat. Blessé, contraint, il dut se résoudre à descendre, et à atterrir lourdement, dans un grognement terrible de colère, sur la lande ornée de morts, parmi les débris de la tour d’Orsan, qui n’était plus même une ruine tant elle avait été réduite en miettes.

Naral ne tarda guère, dans cette nouvelle position, à se repositionner, bondissant toutes griffes dehors sur la nuque du dragon noir et la maintenant au sol, empêchant le monstre de réaliser le moindre mouvement de la tête sans craindre de se faire mortellement tuer. Endar chut au sol au moment de l’impact, mais il s’en tira sans autre maux que quelques contusions supplémentaires. La gorge de Naral, comme celle du dragon noir, enflèrent d’une lueur, bien que différemment colorée. Le noir d’un orange vif et brûlant, menaçant quiconque se trouverait désormais devant son museau, et le mauve d’une lueur violette mortelle, semblable à celle qu’il avait usée pour mettre fin aux jours de la créature de Trifalgin.

Les aventuriers devaient décider quoi faire, devant cette double menace : épauler Naral pour tuer le noir ? Ou profiter de leur vie à tous deux pour affaiblir et peut-être vaincre celui que beaucoup considéraient comme un ennemi, Naral Shaam, l’objectif de leur mission ?

Simaya, de son côté, abandonna sa forme draconique une fois au sol, reprenant son apparence humaine, entre les bras de Jorus et non loin de Kivan. Elle semblait assez faible, éprouvée par les récents événements.

[Xël]

Nos attaques répétées et coordonnées parviennent finalement à mettre le dragon noir à terre. Agrippé fermement d’une main au plumage de Sibelle et de l’autre à mon bâton. Celui-ci semble lui donner le coup de grâce pour le faire chuter vers le sol. Le combat tourne à notre avantage, surtout à l’avantage de Naral et cela me procure un sentiment d’insatisfaction désagréable.

L’hippogriffe redescend vers le sol et reprend la forme de la splendide guerrière aux cheveux roux. Dommage que le tableau soit entaché par le mage perché sur son dos, serrant ses jambes autour de son ventre, un bras autour de son cou et l’autre tenant un bâton pointé vers le lézard aux écailles noires. Ce mage ce n’est personne d’autre que moi. Sans me décontenancer je libère d’abord la guerrière de la pression de mes chevilles pour regagner le sol, une fois assuré d’être sur la terre ferme et de ne pas sombrer sous le poids de mes jambes molle je retire mon bras de son torse.

" Merci Sibelle... "

Le bâton toujours pointé vers le dragon je me déplace prudemment pour me mettre hors de portée d’un coup d’aile, de queue ou de griffes, sans trop m’approcher de la gueule des sauriens ni me mettre dans un angle où un souffle dévastateur me réduirait en poussière.

" Assez ! "

Criais-je à l’attention des deux lézards.

" Il y a eu assez de dégâts ! On peut éviter d’avoir des cadavres en plus ! "

Je m’adresse ensuite plus particulièrement au dragon noir.

" Vous saviez qu’il était ici. Qui a enfermé Naral dans cette tour et dans quel but ? "

Puis je darde mon regard vers le mauve.

" Et toi, est-ce que tu vas un jour te décider à nous expliquer ce qu’il se passe et ce que tu trames sur ce monde où est-ce que tu vas simplement à chaque fois sacrifier la vie des autres pour arriver à tes fins ? "

J’ajoute à son attention avec une colère amer dans la voix.

" Ne te crois pas sorti d’affaires ! Tu vas nous devoir à tous des explications. Comme pourquoi tu en veux tant au Sans-Visage, lui-même se pose la question ! Ta vengeance personnelle fait bien trop de victimes !"

[Sibelle]

L’attaque de Sibelle porta ses fruits, mais pas de la façon prévue. Qu’à cela ne tienne, l’important était d’affaiblir la bête noire. Et ce fut ce qui arriva. Tout d’abord, ses griffes acérées déchirèrent les ailes membraneuses, rendant le vol du saurien plus difficile. À cela se rajouta le sort du brave Kivan. Sur le dos du magnifique dragon argenté, le guérisseur utilisa sa magie de lumière pour déchirer encore davantage l’aile blessée de leur ennemi commun. Battant des ailes plus rapidement afin de conserver son altitude, le dragon noir manqua de peu de bousculer Sibelle qui dut par prudence prendre un peu de recul. Tous s’acharnaient sur cette grosse bestiole, d’abord Sibelle, puis Kivan, puis Yurlungur qui tenta de lui extirper une pierre dorée, le dragon d’argent qui s’assit sur sa queue, à tel point qu’une âme sensible aurait pu le prendre en pitié, mais pas Sibelle qui n’éprouvait aucune compassion pour cette arrogante créature. À toutes ces attaques s’ajouta celle de Xël. Après avoir prévenu Sibelle de se préparer à récupérer Yurlungur en plein vol, il brandit son bâton et le pointa vers la nuque du dragon. Sibelle ne comprit pas de quelle façon, le sort de Xël agit, mais elle vit que la stratégie du mage fonctionna puisque le dragon noir se posa au sol, et par la rage qui l’animait, il était évident que c’était contre son gré.

Naral ne perdit pas un instant et se positionna sur la nuque du géant noir, maintenant celle-ci au sol sur les gravats de ce qui avait été jadis une tour. Et puis les gorges de deux des trois sauriens s’enflèrent, d’un orange vif pour le noir, et d’un violet pour le mauve. Pour ce qui était de l’argent, il se posa au sol pour prendre une forme humaine. Il s’agissait en fait de Simaya, qui affaiblie, se laissa porter par le frêle Jorus, Kivan près d’eux.

Sibelle se posa à son tour au sol et reprit sa forme humaine avant même de déposer Xël. Elle se retrouva donc dans son corps d’hinionne portant sans difficulté le mage sur son dos. Ce dernier, les jambes autour de la taille de la rouquine, son bras gauche autour de son cou, pointait, de son bras droit, son bâton vers le dragon noir. En gardant toute sa contenance, ce mage ne craignant le ridicule regagna facilement le sol, remercia rapidement Sibelle et se positionna non loin des dragons.

De sa naïveté qui exaspérait Sibelle, il tentait une fois de plus d’entamer une discussion avec les deux sauriens afin, sans doute, de mieux comprendre la situation. Il leur demanda de faire la trêve, prétextant que les dégâts avaient été suffisamment importants. Il interrogea d’abord le dragon noir, il voulait savoir qui avait enfermé Naral dans la tour et quel était son but. Puis sans attendre de réponse, il sermonna le dragon mauve, lui reprochant de sacrifier des vies sans expliquer ce qui se passait, lui demanda aussi pourquoi il en voulait tant au sans-visage.

Sibelle avait elle aussi écouté attentivement et malgré sa préférence pour les combats, elle trouvait les questions du mage fort pertinente. Cependant, non convaincue qu’ils allaient sagement répondre, Sibelle s’approcha du dos du dragon noir et effectua une cabriole afin de grimper sur son dos. Ses armes en main, elle les approcha de l’aile encore intacte et menaça :

« Répondez aux questions du mage, si vous voulez vos ailes sauves. »

Puis à Naral.

« Répondez-vous aussi, je pense que vous me devez bien ça »

((( Sibelle effectue sa capacité rp Saut accrobatique )))

[Jorus Kayne]

Nous nous concentrons tous autour du dragon noir. Sibelle s’attaque à l’une des ailes du saurien, Kivan fait de même avec sa magie et forcent tous deux notre ennemi à battre des ailes plus vigoureusement. Alors que Yurlungur est toujours sur sa cible dorée, de nouveau Simaya écoute ma proposition, mieux elle l’exécute dans la foulée et se pose de tout son poids sur le dragon.

Loin de me douter des agissements de Xël, le dragon noir entame un atterrissage brutal avec nous à sa suite. Naral en bon opportuniste, profite de cette position de faiblesse pour sauter à la nuque de son homologue noir et l’empêcher de bouger au sol. Pourtant le problème est loin d’être fini. Le dragon noir reste toujours aussi dangereux, malgré sa position difficile. Il Commence à gonfler sa gorge et le dragon rose fait de même en réponse. Assis sur le dragon d’argent, devrais-je ordonner à ma monture de faire de même ?

(Maintenant que j’ai un dragon à mes ordres, que puis-je en faire ? Capturer Naral et voler seul triomphalement jusqu’à la belle Onoka ? Faire pondre des œufs géants à Simaya pour une omelette géante ? Ha c’que j’ai faim ! Tiens j’y pense, un œuf de dragon d’argent sera aussi en argent ? Il faut que j’en parle au dragon d’or !)

Alors que je fais des plans sur la comète, quelque chose d’étrange survient alors que SImaya atterrit à son tour. Assez rapidement, avec une inquiétude mélangée à de la tristesse, je vois ma monture rétrécir et prendre sa forme qui m’avait fait peur dans la grotte, à notre arrivée dans la Lande Noir. Alors que quelques instants plus tôt j’étais sur un dragon d’argent, me voilà désormais à recevoir le dragon sous sa forme humaine dans mes bras. Les œufs d’argents ne seront pas pour tout de suite. Alors que tous entourent le dragon noir, je reste auprès de Simaya dont l’état de fatigue m’inquiète. Visiblement la transformation la particulièrement affaiblie. Bien que j’entende la voix de Xël, je me détache du reste du groupe pour trouver un espace pour nous protéger du souffle des dragons et m’inquiéter de son état en détail.

"Si on m’avait dit que je vous porterais dans mes bras alors qu’il y a quelques jours vous avez faillit nous tuer, je lui mettrais mon pied au cul ! Bref. Je crois qu’il me reste des provisions d’Elscar’Olth. Ce n’est peut-être plus de première fraîcheur en revanche. Comment vous sentez-vous ? D’ailleurs, comment avez-vous fais pour arriver si vite, vous êtes venu à dos de Sibelle ?"

Je me déplace avec Simaya pour trouver un espace permettant de nous protéger un minimum.

[Yurlungur]

...

Son acharnement sur la protubérance dorée ne semblait guère donner de résultats intéressants. D'une part, le dragon noir ne manifestait aucune gêne à cette intrusion dans son épiderme : il semblait qu'elle ne s'enfonçait pas suffisamment loin dans la chair et que, pour l'heure, elle ne parvenait pas à toucher de nerfs, cantonnée au superficiel écailleux. D'autre part, la protubérance était visiblement profondément ancrée dans la chair du saurien : sa tentative de la retirer à coups de dagues était vouée à l'échec. Le trésor doré devrait donc être abandonné, songeait-elle en se mordant la lèvre ; quand soudain, le dragon sembla basculer légèrement sur le côté. Ce n'était pas un ample mouvement, et il réussit rapidement à rétablir son vol, mais un rapide coup d'œil de l'assassine vers l'aile noire lui fit comprendre que les autres Yuiméniens l'attaquaient à cet endroit. C'était plutôt malin, plus malin que sa propre tentative, reconnut-elle à contrecœur : cette portion de l'anatomie du dragon était non seulement vulnérable, car dépourvue de protection écailleuse, mais également d'un intérêt stratégique manifeste. Cloué au sol, il serait certes toujours un adversaire de taille, mais perdrait un avantage conséquent.

Mais à l'arrière, le dragon argenté vint de plus se poser sur le postérieur de son homologue noir et Yurlungur sentit à nouveau sa monture vaciller, cherchant tant bien que mal à se maintenir dans les airs malgré les efforts conjugués de ses adversaires à le faire choir. Il commença à perdre de l'altitude, ses ailes frappant vigoureusement les airs, sans grand succès, et la jeune fille s'accrochait aussi fermement que possible à la corne dorée qu'elle tentait quelques instants plus tôt de décrocher. Il finit par se poser sur le sol de la Lande noire, non sans un grognement funeste. Il s'abattit de tout son poids au milieu des cadavres et le claquement mat de cette masse contre le sol se répercuta au-dessus des ruines de la Tour d'Orsan.

C'est alors que Naral, encore sous forme draconique, se précipita vers la nuque du dragon noir, la saisissant de ses griffes pour la maintenir au sol. Sa gorge luisait d'un éclat mauve et inquiétant, et celle du dragon noir se mit à flamboyer d'un feu aux teintes orangées.

Il n'en fallait pas plus pour que Yurlungur sente que sa position était difficilement tenable. Profitant de l'immobilité temporaire du dragon noir, elle se précipita en avant pour retirer sa dague du front de celui-ci - qui sait, cela le distrairait peut-être et leur donnerait un avantage infime dans cette bataille épique -, puis se laissa prestement glisser sur le côté. Pendant un instant, son dos frottait contre la tempe du dragon ; puis, brutalement, elle se propulsa au loin en poussant de toutes ses forces contre cette paroi avec ses deux jambes, visant un tas de cadavres non loin. La chute serait rude, sans doute, quoiqu'elle profitât grandement du fait que le dragon noir fût au sol, mais elle comptait sur les chairs morts pour amortir sa culbute. La suite, si elle s'en sortait sans trop de dégâts, était claire dans son esprit : se carapater à une distance suffisante de l'affrontement pour éviter d'en devenir une cible collatérale. Ce faisant, elle s'approcherait certes de la Tour d'Orsan, ou plutôt de ses restes : mais elle trouverait probablement des cachettes nombreuses entre tous ces débris.

...

[Kívan]

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La magie fuse de mes paumes et un trait lumineux vient percuter l’aile du sombre saurien, aidant les attaques répétées du volatile au corps de cheval à déchirer la peau membraneuse de ces organes volants. Simaya réoriente alors son vol pour venir se positionner à l’arrière du corps du reptile, se posant à la base de la queue de tout son poids pour forcer le dragon noir à se poser au sol. Ce dernier, contraint par l’ensemble des attaques dirigées contre lui est désormais forcé de descendre et d’atterrir lourdement sur le charnier qui sert de décor en ce lieu. Naral, toujours sous sa forme de dragon aux écailles violettes, saisit alors immédiatement l’occasion et, s’extirpant du ventre de son ennemi, vient se positionner au niveau de la tête du dragon pour l’immobiliser au sol. Les gorges des deux lézards volants commencent alors à s’illuminer d’une lueur, rouge-orangée pour le noir et mauve pour le violet, et il ne faut pas être devin pour imaginer que les deux s’apprêtent à cracher très prochainement leurs flammes destructrices. Simaya se pose au sol à son tour, puis reprends forme humaine avant de s’écrouler dans les bras du jeune humain, visiblement affaiblie par cette transformation.

Non loin de notre trio, je vois l’étrange volatile se poser, Xël toujours fièrement juché sur son dos, pointant visiblement son bâton en direction des deux dragons. La créature mi-cheval mi-aigle, commence alors elle aussi à changer de forme pour laisser place à la guerrière elfe aux cheveux de feu, Sibelle, qui porte toujours le mage sur son dos. Le léger ridicule de la situation m’arrache un sourire, malgré la situation actuelle. L’humain descend alors du dos de l’Hinïonne puis se rapproche des dragons, menaçant toujours le noir du bout de son bâton. Il les apostrophe tous deux, les sommant de répondre à ses questions portant sur les véritables intentions des deux sauriens, sans pour autant se soucier des potentiels retours de flammes qu’il pourrait obtenir comme unique réponse. La fière guerrière, quant à elle, ne se laisse pas non plus démonter, et à la suite d’une jolie pirouette, vient se positionner sur le côté de l’aile encore indemne du noir, l’incitant de cette façon à répondre aux interrogations du mage Kendran.

Si le dragon noir semble désormais maîtrisé, ce n’est clairement pas le cas de Naral qui peut toujours sévir sous cette forme, et, de ce que j’ai pu en comprendre, la loyauté de cet être est aussi longue que l’espérance de vie d’un tonneau de bière dans une taverne de Thorkins assoiffés. Le voir récupérer sa forme d’elfe fragile me rassurerait énormément. Je jette un rapide coup d’œil à Simaya, mais cette dernière semble épuisée et je pense qu’il ne nous faudra pas compter sur sa magie pour régler ce conflit. Dommage, profiter de ces connaissances sur les transmutations physiques aurait pu m’être utile pour ce que je compte faire, mais je vais devoir me débrouiller sans elle. Je tente de faire le vide dans mon esprit et focalise à nouveau toute mon attention sur Naral sous sa forme draconique. La dernière fois que j’ai tenté ce sort, j’étais à cheval sur un dragon, avec une épaule déboîtée. Maintenant, je suis sur mes deux pieds, en pleine possession de mes deux bras, en train de viser une cible immobile, tout devrait être plus simple… en théorie. Car c’est toujours sans compter mon absence totale de maitrise sur la magie qui habite ce monde, étant toujours capable de l’utile comme du totalement inutile. Les quelques volutes blanches encore présentes dans le ciel sont là pour me le rappeler. Mais cette fois, j’y crois. Après tout, il va bien falloir un jour que ça fonctionne. Et je me sens désormais comme pleinement impliqué dans ce conflit, puisque coupable d’avoir relié à nouveau le corps et l’esprit de l’elfe aux cheveux mauves. Et Simaya le considère comme une plaie pour ce monde. Il est donc grand temps de réparer ma faute, et tant pis pour le Conseil d’Or et la mission. Après tout, Simaya en fait bien partie de ce conseil, je pense qu’elle pourra justifier ce qui risque de se dérouler ici… J’envoie mes fluides en direction du dragon violet puis tente, toujours les yeux fermés, de me figurer l’aspect physique de Naral sous sa forme de bipède, et libère ma magie, n’ouvrant mes yeux qu’au dernier moment, de crainte d’un résultat encore une fois en deçà de mes espérances…

>>>

[C’est donc de manière un peu têtue que je relance le sort Délivrance sur Naral : le sort de lumière lancé par l'utilisateur libère les cibles (objets, alliés, ou ennemi) de tous les sorts qui agissaient sur eux. Condition : Pour que la libération s'opère, le sort de délivrance doit être de rang égal ou supérieur au sort éradiqué. Lancé au Rang 2.]

[Endar]

Accroché à l'appendice du dragon noir, Endar ne put voir grand chose de ce qui se passait devant lui. Il savait que les autres aventuriers tentaient ardemment de blesser sérieusement le dragon, mais il était bien trop occupé par sa propre situation pour prêter attention à leurs vaines tentatives de sauver Naral Shaam de son destin. En se répétant que Naral allait mourir, qu'Aliaénon allait enfin être débarrassé de cette pourriture qui se servait des peuples pour atteindre ses propres objectifs égocentrés, il commença à sentir que le vol du lézard ailé se faisait de plus en plus chaotique, qu'il perdait en altitude et que le sol se rapprochait inexorablement et dangereusement.

Un léger cri de surprise sortit des lèvres de son nouveau corps surmonté de pics et de cornes lorsque le dragon dut se poser à cause des autres aventuriers. La descente se faisait par à-coup et il eut le cœur au bord des lèvres . Il paniqua en voyant le sol rocailleux et aussi noir que l'onyx n'être qu'à plus d'une dizaine de mètres de son corps, la vitesse finissant par l'envoyer valdinguer contre le sol lorsque la créature fut forcée de rester au sol. Endar se releva avec quelques contusions, si bien qu'il se demanda pourquoi il avait changé de corps si c'était pour l'abîmer de nouveau. Mû par un fort instinct survie, il s'éloigna des deux dragons qui s'affrontaient encore, Naral semblant avoir la maîtrise de la situation en se repositionnant sur le dos du dragon noir, l'obligeant à ne pas se mouvoir s'il tenait un tant soit peu à la vie.

Le discours naïf de Xël soutenu par l'acrobatie de Sibelle qui n'était autre que l'hypogriffe, révélant de ce fait un pouvoir qu'elle s'était bien gardée d'en faire l'étalage jusqu'à présent, ainsi que la couleur rougeoyante du cou du dragon noir et mauve de la gorge de Naral Shaam n'inspiraient nullement la confiance. Ils étaient tous devenus fous, tous prêts à prendre des risques insensés pour accomplir une mission qui mettrait certes à mal le Sans Visage mais qui signerait le début de l'ère de terreur voulu par Naral et la fin de l'Aliaénon tel qu'il était désormais. Autant dire qu'Endar n'en avait pas terminé avec ce misérable et pathétique elfe aux cheveux mauves. Pour l'instant, toutefois, il jugea plus prudent de s'écarter de la zone de combat et des souffles dévastateurs des deux dragons, pour se diriger en courant vers la base de la Tour. Celle-ci était certes détruite mais elle s'enfonçait sous plusieurs mètres sous la terre et cette partie là l'intéressait tout particulièrement pour récupérer son équipement.

[Gamemaster9]

Lande Noire – Comté d’Orsan

Les paroles de Xël et Sibelle eurent sur les dragons l’effet de brises printanières sur une carapace de tortue : elles glissèrent sur le mur de leur indifférence. Il fallait dire qu’à la moindre relâche de l’un, l’autre en profiterait sans doute pour le défoncer sans pitié. Et puisque Naral Shaam avait l’avantage sur le noir, il sembla préférer le conserver, et d’un coup de gueule rageur mordit la gorge du noir en y laissant se déverser un souffle violet loin d’être du feu. De la magie noire, cruelle, mortelle, qui sembla se répandre dans tout le corps du saurien géant, qui se débattit pendant quelques secondes… Mais en vain. Le flux violet sembla le consumer de l’intérieur, et bientôt toute vie abandonna le géant noir.

Kivan, de son côté, lança une nouvelle fois un sort… Et cette fois, celui-ci eut précisément l’effet escompté. La lumière frappa Naral Shaam alors que celui-ci continuait de déverser son sombre pouvoir dans le dragon noir. Et la métamorphose se fit. Alors que le noir mourait sous lui, le violet reprit une forme humanoïde, elfique. Son apparence initiale. À quatre pattes sur le cou percé du noir, dans un premier temps, ses mains continuant de déverser un flux violet puissant, puis, lorsque ce fut fini, à genoux, pâle, bras ballants et tête baissée, ses cheveux formant comme une cascade de part et d’autre de son visage fermé. D’une voix faible, tant et si bien que seuls les plus proches, Sibelle et Xël, purent l’entendre, il hésita :

« Vous… vous ne pouvez pas comprendre. »

Yurlungur, Jorus et Simaya étaient à l’abri. La belle blonde avait regardé Jorus en souriant, puis avant répondu à sa question, tout en se saisissant avidement des provisions qu’il lui tendait.

« Non. Non, c’est Thensoor Val’Crooh. Il… il nous a fait voyager dans ses ombres… »

Endar, lui, parvint jusqu’à ce qui fut la base de la tour d’Orsan, qui n’était plus qu’un amas de ruines. Même pas. Juste des blocs de roche brisés écroulés là sur un semblant de fondations encore visible, le sol du rez-de-chaussée. Le trou des escaliers menant vers les profondeurs des sous-sols était complètement bouché par les débris de roche. Tout devait s’être effondré, là-dessous. Tout ? Peut-être pas : quelque chose vivait encore, résistant encore et toujours face à l’effondrement. Alors qu’il arriva à portée, il vit les blocs… se soulever. Et bien vite, tout le monde put voir la roche proche de la base de la tour se soulever de terre comme si elle flottait, n’avait plus aucune masse. Endar fut le premier à en voir l’origine, grimpant des tréfonds obscurs et effondrés. Le Sans-Visage, le Marcheur de Mort, débarrassé de sa sanglante épée, tenait entre ses bras un corps. Il attendit d’être totalement à la surface, sa silhouette tranchant sur ces cieux d’ombres et de lumière, sur ces rocs flottant dans les airs, pour poser au sol son fardeau. Un corps sans vie, nappé d’ombres…

Prés de Jorus, Simaya fut la première à réagir.

« Thensoor ! »

Le corps que le Sans-Visage posait doucement au sol était bien celui de l’ancien archi-sorcier. La blonde se dégagea des bras de Jorus pour s’encourir à sa rencontre, s’effondrant à genoux à côté de lui alors que le Sans-Visage annonçait de sa voix neutre et puissante, marquant les esprits de tous :

« Ainsi sont morts les deux derniers Archi-sorciers de cette Lande où le chaos règnera bientôt. L’un emporté par la folie d’un esprit dérangé par la haine et la vengeance, l’autre héroïquement, plus conscient qu’un dieu des dangers d’Orsan. Avec eux périssent les secrets bravant jusqu’à la Mort elle-même. »

Il posa un instant son regard invisible sur Endar, non loin. Puis redressa la tête, contemplant la Lande et poursuivant.

« Deux êtres puissants et sages, sacrifiés par la haine. Pour la haine. Il est temps que tout cela cesse. Définitivement. »

Sur le dos du Dragon noir éteint, Naral Shaam n’avait pas bougé, toujours prostré, tête baissée. À peine étaient perceptibles de légers tremblements… Peur ? Colère ? Tristesse ? Quelle émotion pouvait bien l’habiter, maintenant ?

[Xël]

Une fois de plus, Naral ne révèle rien. Il mord avec rage dans la gorge de son adversaire pour y déverser son souffle mortel qui prend la vie du dragon noir et emporte avec lui les réponses à nos questions. Une aubaine sans doute pour ce trou du cul de dragon rose qui a tant à cacher. Touché par un jet de lumière, il semble forcer de reprendre une apparence humanoïde. Affaibli, à genoux, les bras ballants il se permet de souffler que nous ne pouvons pas comprendre. Mes poings se serrent alors qu’il ose encore se servir de cette excuse. S’en est trop cette fois, je concentre mes fluides en m’approchant pour lui faire payer tous ses écarts mais un bruit derrière moi m'en détourne.

Au-dessus de ce qu’il reste de la tour se met à flotter les roches qui bloquait le passage vers le sous-sol. La crainte prend le pas sur la colère en constatant qu’il y a encore de la vie là-dessous et qu’elle a réussi à se frayer un passage jusqu’à la surface. Je m’en approche avec prudence, prêt à déverser ma magie sur la première créature qui s’échapperait de sa prison souterraine. Mais c’est avec surprise que je reconnais le Sans-Visage qui s’extirpe des escaliers, portant dans ses bras le corps sans vie de Thensoor. C’est donc là-dessous qu’ils étaient. Je vois Simaya réagir en se précipitant vers le corps de son ancien maître que la divinité dépose au sol.

Il s’adresse ensuite à nous, déclarant que les deux derniers Archi-sorciers de la Lande sont morts et qu’avec eux périssent les secrets et que ces sacrifices pour la haine doivent cesser définitivement.

Je laisse mes fluides s’évaporer, conscient qu’il n’y a pas de danger immédiat. Je m’approche du Sans-Visage en m’exprimant à voix haute pour que tous m’entendent.

" Il a raison ! Assez de vies ont étés sacrifiés sans raisons ! Les aventuriers venus de Yuimen ont causé trop de dégâts sur ce monde. Par la guerre, par la magie qui a réveillé les Titans, par l’aide que nous voulons apporter. Mais je comprends maintenant que nous ne pouvons pas aider alors que nous sommes sur une terre que nous ne connaissons pas, ne comprenons pas. "



Arrivé à hauteur du Sans-Visage je plante mes yeux là où devrait être les siens avant de me tourner pour me mettre à ses côtés et poursuivre.

" Nous devons quitter ce monde et laisser ceux qui vivent ici décider de ce qu’ils veulent. Une trêve doit débuter entre le Conseil d’Or et le Sans-Visage et un conseil exceptionnel doit avoir lieu. "

La discussion que j’ai eu avec Charis à Arothiir me revient, celle où nous nous disions que c’était pour les peuples de ce monde que nous devions nous battre.

" Un conseil qui doit avoir pour but de mettre un terme aux conflits avant que tout ne dégénère. Ce n’est donc pas au Conseil d’Or de représenter les peuples, ni au Sans-Visage, ni au Titans, ni à nous et encore moins à Naral qui ne doit pas avoir son mot à dire. Il doit avoir lieu dans une cité neutre en présence des dirigeants de toutes les cités. De Neo-Messaliah à Ouesseort, de Fan-Ming à Elscar’Olth en passant par Andel’ys, Treoof, Arothiir, Sansarth, Esseroth. Tous sont victimes de ce qu’il se passe et il est temps qu’ils donnent leur avis. Une solution doit être trouvée et la première est d’éloigner Naral et les pions que nous sommes pour lui de son plateau de jeu qu’est Aliaénon. "

Je relève les yeux vers le Sans-Visage, cherchant un signe d’approbation et demandant plus bas :

"Vous avez dit que le chaos allait bientôt régner sur cette Lande... Est-ce qu’il y a encore quelque chose de vivant là-dessous ?"