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Je n’ai pas beaucoup de chemin à parcourir à travers la cité pour trouver l’habitation du guérisseur. Ça me prends en revanche un peu de temps car je suis régulièrement interpellé par les citoyens qui veulent me saluer. C’est avec plaisir que je discute avec eux, des jolies jeunes Ynoriennes aux vieux Oranais moustachus. Beaucoup me parlent d'un incident qui a eu lieu à la milice et me confient que je devrais y faire un tour, je promets alors d'y passer. Je profite également de la promenade pour faire le même exercice que j’ai confié à Amélie. Après tout c’est un sort que je désire apprendre moi aussi. Mais si je l’ai simplifié pour la barde je me mets pour moi en revanche quelques difficultés. Je ne me contente pas de former une simple bulle ronde mais plutôt une sorte d’armure qui épouse mes formes afin de réduire la quantité de magie nécessaire. Pour la faire la plus fine possible je me sers de la foule, réduisant son envergure pour ne pas que ma magie ne touche quelqu’un. Ainsi je suis forcé de recommencer quand je sens un passant toucher cette bulle protectrice et cela me prend bien une quinzaine d’essai avant que je trouve comment faire une protection assez fine pour être proche de ma peau tout en étant assez épaisse pour être en mesure de me protéger. Pour en être certain il ne manque plus que de mesurer mon bouclier à un sort.
Il faudra voir ça plus tard car à force d’indications je parviens à trouver la porte qui m’intéresse. Je frappe doucement d’abord, patiente une minute, frappe plus vigoureusement, patiente à nouveau et ainsi de suite jusqu’à ce qu’à un borgne à l’air sauvage n’entrouvre la porte. Cheveux longs, barbe hirsute, peau pâle, il plisse son oeil en m’observant longuement des pieds à la tête avant de déclarer:
« C’est pour une urgence ? »
« J’me suis pété le bras. »
Répondis-je simplement en le désignant. Il l’inspecte un court instant sans ouvrir puis me dévisage à nouveau:
« Je vous connais ? »
« Mon nom est Xël Almaran. »
« Ah. Oui. Je vois. Bien. D’accord. Entendu. Entrez. »
Dit-il finalement en s’écartant pour me laisser passer. Il m’invite à le suivre après avoir fermé la porte derrière moi. Sa demeure à le même aspect que lui, sauvage, désordonnée, des tas de grimoire trainant et s’empilant dans les coins, formants leurs propres étagères et même un fauteuil dans lequel il m’invite à m’asseoir. J’y pose mon derrière délicatement de peur que ça s’effondre sous mon poids tandis qu’il me demande comment je me suis fait ma blessure.
« Mon sort s’est retourné contre moi. »
Je perçois un fin sourire moqueur derrière sa barbe alors qu’il frotte ses mains.
« Ce ne sera pas long. »
En effet, ses mains se recouvrent d’une lumière blanche avant qu’elles se posent sur mon bras blessé qui devient rapidement moins douloureux et mobile à nouveau.
« C’était rapide. »
Il lève les yeux au ciel et m’indique la sortie, visiblement occupé. Un peu surpris je le remercie et me dirige vers la porte tout en lui demandant si je ne lui dois rien.
« Vous avez déjà fait beaucoup pour Oranan et je suis certain que ce bras servira encore. C’était un plaisir. Vous êtes quelqu’un d’agréable. »
« Mais je n’ai rien d… »
Je suis interrompu par la porte qui me claque devant le nez. Je reprends ma route après un haussement d’épaules pour trouver un coin tranquille où poursuivre ma construction magique. Je trouve finalement un banc où m’installer, à l’écart de la rue principale ou seul quelques passants passent en me saluant courtoisement. Je me concentre, médite, et passe le reste de la matinée à donner à mon bouclier magique la forme la plus parfaite en un minimum de temps avant de retourner à l’auberge pour le déjeuner.
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(Tentative d’apprentissage du bouclier élémentaire.)