Douces paroles, dure réalité
La pièce où Marcy suit Yerek n’en est pas vraiment une. C’est un simple corridor qu’une torche illumine d’une lumière dansante. Yerek referme la porte derrière eux après avoir offert un signe de la main aux jeunes voleurs qui les observent. Lorsqu’il se tourne vers Marcy, il affiche toujours un sourire qui se veut bienveillant et qui commence à taper sur les nerfs de la rouquine. Adossée à un mur, les bras dans le dos, elle attend. Ce qu’elle n’a pas à faire longtemps. Yerek se place face à elle.
- Eleanore ne tarit pas d’éloge sur toi, Marcy. Selon elle, tu serais exceptionnelle.
Marcy ne peut empêcher son jeune égo de résonner chaleureusement à ces mots. Que quelqu’un reconnaisse son talent est une des rares choses qu’elle espère et attend. Elle se demande quand même ce qui peut tant impressionner Eleanore. Elle ne l’a littéralement rien vu faire, si ce n’est se débarrasser péniblement de leur agresseur. Et ce questionnement doit se lire sur son visage, car Yerek enchaîne.
- Cela fait quelques temps que mes jeunes amis t’ont remarqué. Tu es apparemment très douée de tes doigts.
- Je me débrouille.
Elle fait de son mieux pour ne pas se laisser embobiner par les paroles mielleuses, malgré la satisfaction qu’elle ressent. Le sourire de Derek ne diminue pas, bien au contraire.
- Modeste, avec ça.
- A trop l’ouvrir, on se crée des problèmes.
Elle n’est pas du genre fanfaron, même si elle sait parfaitement frimer quand le moment est opportun. Mais elle sait aussi que, dans ce monde, crier ses exploits, surtout illégaux, à qui veut l’entendre est le meilleur moyen de terminer en prison. Ou pire. Et, visiblement, cela plaît à Yerek qui pointe un doigt dans sa direction.
- Exactement. Tu es très lucide et observatrice. C’est rare. Et précieux.
Elle se demande comment il peut déduire tout ça après seulement quelques minutes depuis leur rencontre et encore moins de temps à parler avec elle. Il semble sincère, mais elle n’arrive pas à ne pas imaginer un stratagème. Elle n’a pas oublié le mensonge lâché aux enfants, un peu plus tôt.
- Tu pourrais grandement nous aider, si tu te joignais à nous.
Ah, enfin. Elle commençait à se dire qu’il n’allait jamais en venir là. Elle pourrait dire oui tout de suite, mais elle imagine que ce serait un peu suspect. Donc elle tente de jouer la difficile. Ce qui n’est pas très compliqué, étant donné le peu d’envie qu’elle a de vraiment les rejoindre.
- Je ne sais pas trop. Je ne comprends pas vraiment ce que j’ai à y gagner.
- Des alliés. Une famille et, quand nous aurons assez d’argent, un endroit où vivre, loin d’ici. En sécurité.
De belles promesses qui auraient sans doute pu la convaincre, si elle n’avait les informations provenant de Jean. Cet elfe ment. Et les autres gobent tout ce qu’il dit, guidés par l’espoir d’une vie meilleure. Elle comprend l’attrait. Ce qu’elle ne comprend pas, c’est ce que Yerek cherche à faire, réellement. Elle n’imagine pas qu’il emmènera vraiment la trentaine d’enfants en sécurité, mais il va bien finir par y avoir de l’impatience chez les voleurs. Qui sait depuis combien de temps dure son manège ? Elle doit en savoir plus.
- C’est… tentant.
- Je me doute. Tu peux m’aider. A éviter des tragédies inutiles. A protéger ces enfants.
- En leur faisant croire que tout va bien ?
Sa réplique, lancée d’une voix cinglante, lui échappe et elle pince les lèvres. Elle n’est vraiment pas faite pour jouer un jeu comme celui-là. Mais cela ne semble pas perturber Yerek qui continue sur le même ton calme et posé.
- S’ils paniquent, ils commettront des erreurs et les tragédies s’enchaineront. Je souhaite les protéger, pas les alarmer.
- Mais tu leur mens ! Alors qu’ils te font confiance.
- Je leur dis ce qu’ils ont besoin d’entendre.
Cela fait hausser un sourcil à la rouquine. Elle s’attendait à une certaine animosité, maintenant qu’elle a montré une partie de ses cartes, mais il n’en est rien. Comme s’il savait déjà qu’elle était au courant.
- Je ne te demande pas d’apprécier, simplement de comprendre. C’est pour ça que je voulais te parler. Tu es lucide, tu connais les risques. Tu peux les aider.
- Comment ? En faisant le sale boulot ?
- Non. Je ne te demanderai ni loyauté, ni obéissance. Ça ne semble pas être quelque chose que tu apprécies.
Elle n’aime pas la manière qu’il a de lire en elle comme dans un livre ouvert. Il en sait beaucoup trop sur elle. Peut-être qu’il ne fait qu’émettre des hypothèses, mais le voir faire mouche systématiquement commence à tendre Marcy.
- Fais le bon choix, c’est tout ce que je peux te dire, Marcy. Tous ces enfants dépendent de toi, d’une manière ou d’une autre. Nous gagnerions beaucoup à t’avoir parmi nous. Mais cela doit venir de toi.
- Je… vais y réfléchir.
- Je n’en demande pas plus. Merci, Marcy
Elle ne sait plus trop quoi penser, à vrai dire. Elle n’était déjà pas vraiment certaine de ses options, et cet endroit, ainsi que cette conversation, ne l’aide pas à voir plus clair sur ce qu’elle doit réellement faire. Yerek, toujours souriant, la raccompagne dans la pièce principale, une fois la conversation terminée. Il est rapidement happé par des enfants et Marcy observe l’interaction avec un air partagé. Il a l’air de vraiment vouloir le bien de tout ce groupe. Mais elle ne peut ôter ce sentiment qui s’est installé dans sa poitrine. Quelque chose la gêne. Profondément. Comme si un élément lui manquait. Peut-être qu’elle devrait le suivre. Juste pour être sûre…
Eleanore et son petit groupe s’attroupent rapidement autour de la rouquine prise au dépourvu. Les questions pleuvent et elle s’efforce de ne rien laisser filtrer de sa gêne. Eleanore, persuadée que Marcy va les rejoindre, est tout excitée et ne cesse de babiller. Tant et si bien que Marcy perd Yerek de vue. Elle peut alors oublier son idée de filature. Elle soupire sans pouvoir s’en empêcher. Eleanore, qui vient de bailler, pense que Marcy est fatiguée, elle aussi et se propose de la raccompagner à l’extérieur, elle qui doit rentrer chez elle. Marcy accepte, appréciant l’idée de ne pas se balader seule dans les couloirs sombre qui s‘étendent au-delà de la cachette des voleurs. En sortant, elle croise le regard d’Edouard fixé sur elle. Un regard qui ne lui dit rien qui vaille.
- Eleanore ne tarit pas d’éloge sur toi, Marcy. Selon elle, tu serais exceptionnelle.
Marcy ne peut empêcher son jeune égo de résonner chaleureusement à ces mots. Que quelqu’un reconnaisse son talent est une des rares choses qu’elle espère et attend. Elle se demande quand même ce qui peut tant impressionner Eleanore. Elle ne l’a littéralement rien vu faire, si ce n’est se débarrasser péniblement de leur agresseur. Et ce questionnement doit se lire sur son visage, car Yerek enchaîne.
- Cela fait quelques temps que mes jeunes amis t’ont remarqué. Tu es apparemment très douée de tes doigts.
- Je me débrouille.
Elle fait de son mieux pour ne pas se laisser embobiner par les paroles mielleuses, malgré la satisfaction qu’elle ressent. Le sourire de Derek ne diminue pas, bien au contraire.
- Modeste, avec ça.
- A trop l’ouvrir, on se crée des problèmes.
Elle n’est pas du genre fanfaron, même si elle sait parfaitement frimer quand le moment est opportun. Mais elle sait aussi que, dans ce monde, crier ses exploits, surtout illégaux, à qui veut l’entendre est le meilleur moyen de terminer en prison. Ou pire. Et, visiblement, cela plaît à Yerek qui pointe un doigt dans sa direction.
- Exactement. Tu es très lucide et observatrice. C’est rare. Et précieux.
Elle se demande comment il peut déduire tout ça après seulement quelques minutes depuis leur rencontre et encore moins de temps à parler avec elle. Il semble sincère, mais elle n’arrive pas à ne pas imaginer un stratagème. Elle n’a pas oublié le mensonge lâché aux enfants, un peu plus tôt.
- Tu pourrais grandement nous aider, si tu te joignais à nous.
Ah, enfin. Elle commençait à se dire qu’il n’allait jamais en venir là. Elle pourrait dire oui tout de suite, mais elle imagine que ce serait un peu suspect. Donc elle tente de jouer la difficile. Ce qui n’est pas très compliqué, étant donné le peu d’envie qu’elle a de vraiment les rejoindre.
- Je ne sais pas trop. Je ne comprends pas vraiment ce que j’ai à y gagner.
- Des alliés. Une famille et, quand nous aurons assez d’argent, un endroit où vivre, loin d’ici. En sécurité.
De belles promesses qui auraient sans doute pu la convaincre, si elle n’avait les informations provenant de Jean. Cet elfe ment. Et les autres gobent tout ce qu’il dit, guidés par l’espoir d’une vie meilleure. Elle comprend l’attrait. Ce qu’elle ne comprend pas, c’est ce que Yerek cherche à faire, réellement. Elle n’imagine pas qu’il emmènera vraiment la trentaine d’enfants en sécurité, mais il va bien finir par y avoir de l’impatience chez les voleurs. Qui sait depuis combien de temps dure son manège ? Elle doit en savoir plus.
- C’est… tentant.
- Je me doute. Tu peux m’aider. A éviter des tragédies inutiles. A protéger ces enfants.
- En leur faisant croire que tout va bien ?
Sa réplique, lancée d’une voix cinglante, lui échappe et elle pince les lèvres. Elle n’est vraiment pas faite pour jouer un jeu comme celui-là. Mais cela ne semble pas perturber Yerek qui continue sur le même ton calme et posé.
- S’ils paniquent, ils commettront des erreurs et les tragédies s’enchaineront. Je souhaite les protéger, pas les alarmer.
- Mais tu leur mens ! Alors qu’ils te font confiance.
- Je leur dis ce qu’ils ont besoin d’entendre.
Cela fait hausser un sourcil à la rouquine. Elle s’attendait à une certaine animosité, maintenant qu’elle a montré une partie de ses cartes, mais il n’en est rien. Comme s’il savait déjà qu’elle était au courant.
- Je ne te demande pas d’apprécier, simplement de comprendre. C’est pour ça que je voulais te parler. Tu es lucide, tu connais les risques. Tu peux les aider.
- Comment ? En faisant le sale boulot ?
- Non. Je ne te demanderai ni loyauté, ni obéissance. Ça ne semble pas être quelque chose que tu apprécies.
Elle n’aime pas la manière qu’il a de lire en elle comme dans un livre ouvert. Il en sait beaucoup trop sur elle. Peut-être qu’il ne fait qu’émettre des hypothèses, mais le voir faire mouche systématiquement commence à tendre Marcy.
- Fais le bon choix, c’est tout ce que je peux te dire, Marcy. Tous ces enfants dépendent de toi, d’une manière ou d’une autre. Nous gagnerions beaucoup à t’avoir parmi nous. Mais cela doit venir de toi.
- Je… vais y réfléchir.
- Je n’en demande pas plus. Merci, Marcy
Elle ne sait plus trop quoi penser, à vrai dire. Elle n’était déjà pas vraiment certaine de ses options, et cet endroit, ainsi que cette conversation, ne l’aide pas à voir plus clair sur ce qu’elle doit réellement faire. Yerek, toujours souriant, la raccompagne dans la pièce principale, une fois la conversation terminée. Il est rapidement happé par des enfants et Marcy observe l’interaction avec un air partagé. Il a l’air de vraiment vouloir le bien de tout ce groupe. Mais elle ne peut ôter ce sentiment qui s’est installé dans sa poitrine. Quelque chose la gêne. Profondément. Comme si un élément lui manquait. Peut-être qu’elle devrait le suivre. Juste pour être sûre…
Eleanore et son petit groupe s’attroupent rapidement autour de la rouquine prise au dépourvu. Les questions pleuvent et elle s’efforce de ne rien laisser filtrer de sa gêne. Eleanore, persuadée que Marcy va les rejoindre, est tout excitée et ne cesse de babiller. Tant et si bien que Marcy perd Yerek de vue. Elle peut alors oublier son idée de filature. Elle soupire sans pouvoir s’en empêcher. Eleanore, qui vient de bailler, pense que Marcy est fatiguée, elle aussi et se propose de la raccompagner à l’extérieur, elle qui doit rentrer chez elle. Marcy accepte, appréciant l’idée de ne pas se balader seule dans les couloirs sombre qui s‘étendent au-delà de la cachette des voleurs. En sortant, elle croise le regard d’Edouard fixé sur elle. Un regard qui ne lui dit rien qui vaille.