Les Voies Médianes

[Cromax]

La Cité des Ombres
???

Jour 1 – début d’après-midi.

La porte passée donne sur une salle dont on dirait qu’elle est au sous-sol d’un bâtiment. Le sol et les murs sont de pierres épaisses, et le toit charpenté d’un bois brut et solide. Une seule torche allumée éclaire l’endroit, qui reste dans une pénombre approximative. Une arche de pierres donne sur le bas d’un escalier qui semble mener à l’étage.

Un homme se trouve là, en bas des escaliers, et regarde votre arrivée d’un air ébahi. Apparemment il ne s’attendait pas à vous voir en descendant à la cave. L’inconnu est un humain d’âge mur, au visage fortement marqué de cicatrices. Un bandeau ceint son front, retenant ses mèches négligées d’un blond passé tirant vers un cendré clair. Barbe mal taillée et sourcils broussailleux se joignent au coloris marquant son âge autant que les rides quarantenaires sur sa peau. Il a une stature correcte, imposant sans être un colosse. Un homme sans doute fendu au travail physique, mais qui semble en réalité bien inoffensif. Il n’est pas armé, et porte des habits de ville passés. Trop élégant pour un paysan ou un gueux, pas assez pour être un noble ou un bourgeois.

Son seul œil valide passe de vous aux autres personnes présentes, apparemment également inattendues. Dans un coin de la pièce, recroquevillée sur elle-même, une jeune elfe aux cheveux d’argent regarde l’inconnu d’un air effrayé. Elle entre à peine dans une adolescence propre à son peuple, chétive et tout juste sortie de l’enfance. Ses grands yeux céruléens sont embués de larmes qu’elle laisse couler sur ses pommettes claires, ne parvenant pas à les retenir d’une petite main fébrile. Elle est vêtue sobrement, d’une robe simple de tissu blanc-gris. Elle porte des bandeaux d’un tissu plus sombre aux poignets, et ses pieds sont nus, ramenés sous sa robe par ses genoux pliés et maintenus contre son buste en position de repli.

Adossé à un mur, comme si lui ne semblait pas du tout – ou pas trop – surpris d’être là, un elfe étrange observe la scène avec une expression narquoise et nonchalante. Sa peau pâle tranche avec la redingote noire qui couvre son corps, laissant apparaitre les saillances d’une armure métallique sans la révéler totalement. S’il a le physique élancé des siens, des particularités sont notables : ses yeux sont de la couleur du miel, si dorés qu’un nain aurait pu les lui convoiter. Et puis surtout, sa chevelure, longue et lisse, fine, est d’une couleur des plus inhabituelles : un violet tirant vers l’indigo. Nul doute possible sur la personne. Ceux qui le connaissent le reconnaissent.

Le barbu laisse, alors que la porte se referme derrière vous, une exclamation sortir de son gosier. Surpris, mais pas spécialement paniqué. Et surtout, très curieux.

« Ben ça… Comment êtes-vous arrivés là ? Et puis vous êtes qui ? Et… et pourquoi vous zonez comme ça dans mon cellier ? »

Un cellier bien vide en l’occurrence, s’il en est.



[HJ : Ne peuvent poster ici que les personnages inscrits à l’événement « La Cité des Ombres » et ayant reçu le feu vert sur le discord dédié. L’ordre d’arrivée y sera indiqué en détail. Cette scène est un prologue à l’événement, qui commencera une fois les inscriptions closes. Les premiers arrivés auront donc l’occasion de se renseigner sur l’endroit où ils se trouvent, voire sur les personnes présentes. Ou toute autre interrogation, commentaire ou action qui leur semblerait pertinent. On fonctionne de base sur un système de tours de jeu classiques : on attend que tout le monde ait posté pour répondre à nouveau. De mon côté, je répondrai dès que possible avec des entrefilets, afin de ne pas faire stagner la discussion. Sauf exception précisée alors au moment idoine.
Bref. Bienvenue dans la Cité des Ombres.]

[Xël]

Est-ce que je suis perdu dans l’espace et le temps ? Ou mort ? Ça pourrait être l’idée qu’on se fait de la mort, un tunnel sombre et interminable où les secondes pourraient être des heures sans même qu’on le remarque. Je me suis laissé emporter sans opposer une résistance inutile. Ce que les jumelles avaient invoqué n’avait rien d’un portail, c’était un fluide spatial. En un sens elle avait réussi sauf que nous n’avions aucune idée de la destination ni du temps que ça prendrait pour l’atteindre, ni même si j’allais atteindre quelque chose un jour. Et il y avait toujours cette possibilité que je sois mort.

Au début j’avais ressenti de la panique puis de la colère envers la régicide qui avait refusé de m’écouter. Puis avec le temps j’ai fini par m’apaiser quand je perçus une lumière blanche au fond du tunnel. Il y eut alors l’espoir de sortir de ce tourbillon infini, ça ne serait peut être pas Yuimen ou Aliaénon mais ce serait au moins une sortie.

Me voilà maintenant debout devant une porte. Une simple porte de bois usé. Une porte que je connais, que je connais bien même. C’est la porte de la maison de Méli, celle de quand j’étais encore enfant avant qu’il y ait l’orphelinat. Retomber sur l’entrée de cette vieille maison où j’ai pu trouver tant de réconfort, un toit et un repas me rassure. Je pose ma main sur la poignée et ouvre la porte pour découvrir ce qu’il se trouve de l’autre côté…

Une cave. Une cave en pierres épaisses éclairée d’une seule torche. En vérité je ne m’attarde pas trop sur l’endroit où je suis mais plutôt sur ce qui s’y trouve. Il y a une jeune elfe apeurée blottit dans un coin et un homme s’étonnant de ma présence ainsi que …

« Putain de merde. »

Lâchais-je abasourdi avant de poursuivre les sourcils froncés.

« Naral Shaam. Je suis à la fois étonné et pourtant pas surpris de tomber sur toi. C’est encore un de tes coup fourré ? »

Cette enflure de dragon rose semble pourtant surprit de me voir et il se crispe en m’apercevant. Méfiant sans me montrer hostile à son égard je m’écarte de la porte tout en gardant mes distances avec le dragon rose, le gardant à l’oeil tandis que je réponds, à priori, au propriétaire des lieux.

« Désolé c’est le sort imprudent d’une autre qui m’a conduit ici et c’est contre ma volonté. Ne l’avez vous pas aperçu d’ailleurs, deux jumelles Hinionnes ainsi qu’un Ynorien et une elfe noire ? »

M’inquiétais-je avant de finalement demander:

« Pourriez-vous me dire où nous sommes ? »

[Cromax]

[Entrefilet]

Naral Shaam, car il s’agit bel et bien de lui, pouffe en un rictus malicieux quand Xël le provoque, mais puisque ce dernier explicite la raison de sa présence ici, il ne rétorque pas, bien que ça lui brûle ostensiblement les lèvres. Il laisse le local s’expliquer. Ce dernier passe une main embarrassée derrière sa tête, ne comprenant visiblement pas trop ce qui se passe.

« Ben. Dans ma cave. Enfin… »

Il regarde autour, comme pour s’assurer qu’il est bien chez lui. Il se pince le gras du bras, cligne deux fois des yeux puis, se raclant la gorge, poursuit.

« Avant que ça devienne l’endroit far du moment, visiblement. »

Il guette l’elfe violet, la petite, puis revient sur Xël.

« Je ne comprends pas ce que vous dites. Vos histoires de Linniorien et de fleur noire, là. Mais j’pense que j’ai aussi le droit à des explications. »

L’elfe prend un air guindé pour répondre à l’homme :

« Mais bien sûr : excusez la rudesse de celui-ci. Les années ne lui ont apparemment pas appris le respect. Hihihi. Il se nomme Xël, toujours prompt à juger sans savoir, et je suis Naral Shaam, à votre service. Petite ? »

Il regarde la petite elfe dans son coin, en penchant la tête, puis hausse les épaules face à son retrait apeuré. Il se tourne ensuite vers le mage.

« Je suis plus surpris que vous, visiblement : vous vous attendiez à une autre visite que la mienne. Je ne remets pas en cause le hasard absurde de cette rencontre, en revanche. Vous avez toujours su vous entourer des meilleurs… »

Le ton pinçant et moqueur est clair. Et le borgne n’ose plus rien dire, coi devant la situation ubuesque.

[Silmeria]

Le grand vide ? C'est ça la mort ? Le néant ? La fin ? J'ai tourné au mauvais virage quand j'ai invoqué ce portail ? Ca ressemble pas à Omyre il n'y a rien... Bon à Omyre non plus il n'y a rien. Mais là ça ne sentait pas comme à Omyre. C'était différent, il n'y a rien, pas d'écho, pas de vent, juste cette nébuleuse qui était devant moi comme une porte que je devais franchir, quelle autre choix ? Si ça se trouve elle ne resterait pas bien longtemps ici et je me retrouverai conne coincée dans l'univers sans savoir si la prochaine auberge est à moins de huit siècles de marche.


Il fallait passer le pas. Et n'en faire qu'un.

Ainsi me retrouvais-je dans...

Une cave ?

Trois homme, Xël, un humain et un elfe aux cheveux violets à côté d'une petite fille en pleurs. J'avais tout de suite une horrible image me venant à l'esprit. L'enfant semblait terrifiée, elle était recroquevillée dans son coin sans le moindre égard de la part des hommes autour d'elle. L'un des hommes, l'humain, borgne annonçait que nous étions dans sa cave. Un échange entre l'Elfe aux cheveux violets qui s'annonçait comme Naral et Xël trahissait une ancienne histoire et visiblement pas quelque chose de très réjouissant, cependant Xël et son tempérament n'avaient pas encore commencé à pulvériser tout le monde à coup de tornade ou de particules destructrices ce qui était un grand bon en avant.

Je m'avançais encapuchonnée vers la petite fille, lui présentant mes deux mains pour lui montrer que je ne lui voulais aucun mal. " Du calme mon petit beignet, tout va bien, tout va bien. Je m'appelle Sissi. Pourquoi tu pleures ? "

Elle portait le regard tour à tour sur l'Elfe et sur le borgne et dit sur le même ton maternel : " Est-ce qu'un de ces hommes a voulu te faire du mal ? Sèche tes larmes, oooh pauvre amour. "

Elle posa une main très délicate pour sécher les larmes de la petite fille.

Derrière elle, Hrist se tenait derrière sa jumelle encapuchonnée qui gazouillait à la petite fille. Elle observait tour à tour Xël et Naral puis le vieil homme et dit simplement :

" Où sommes-nous précisément ? Dans quel monde ? Je ne ressens pas la magie d'Aliéanon. Quant à vous deux... Vous vous connaissez, n'est-ce pas ? "

[Mathis]

Je fus aspirer, impuissant face à ce puissant vortex qui m'entrainait je ne savais où, contre ma volonté. Entouré de toute cette obscurité, je sentais la colère monter. Quelqu'un avait décider à ma place que je devais partir alors que j'avais décider de rester. Un autre destin se proposait peut-être à moi et j'avais eu envie de tenter ma chance. Après avoir retrouvé Brytha, je serais probablement resté quelque temps auprès d'Eaerai. Seul Yuimen sait combien de temps notre aventure aurait duré, mais cela valait la peine d'essayer. Ce fut l'une des seules fois de ma vie que j'avais songé à rester un place et cet opportunité fut gaspillée par une écervelée. Ce serait faux d'affirmer que j'étais follement amoureux et que je ne m'en remettrais pas. Ce n'était pas de l'amour que je ressentais pour Eaeria, pas encore toutefois, mais une attirance qui semblait réciproque. Je savais bien dans le fond que je m'en remettrais assez vite et qu'il en serait de même pour elle.

Mis à part Eaeria, il y avait un autre aspect de la situation qui me mettait en rogne, celui de ne pas terminer ce que j'avais commencé. Je venais tout juste de m'engager à retrouver Brytha et voilà que je disparaissais sans donner d'explication... Faut dire que je ne pouvais en donner, même si je l'avais voulu car je n'avais aucune idée où j'allais me retrouver une fois ce vortex traversé...

( Ça c'est s'il se termine un jour... )

La magie des yuimeniens sur Aliéanon était si capricieuse que toutes les possibilités pouvaient être envisagées, dont celle de voguer ainsi dans le néant pour l'éternité.

(... )

Heureusement pour moi, avant que je ne sombre dans une dépression sans fin face à l'éventualité que je venais de supposer, je vis une lumière au bout de ce sombre vortex.

Une lumière intense et si éblouissante qu'elle chassa en un rien de temps la colère et les idées noires qui m'assaillaient depuis mon entrée dans cet obscur vortex. Puis, je vis une majestueuse porte de bois. Vraisemblablement de chême, elle semblait solide et résistante. Les nombreuses arabesques ciselées de main de maître rendaient cette porte, ou plus tôt cette oeuvre d'art très attirante... si on peut employé le terme attirant lorsque l'on parle d'un simple objet qui n'a que pour fonction d'empêcher les gens, le vent, les animaux d'y entrer ou d'en sortir.

Alors que je m'apprêtais à tournée la poignée pour voir ce qui se cachait derrière cette porte, je sentis quelque chose frôler ma jambe gauche. Quelque peu affolé, mes griffes sorties, je posai mon regard sur ce qui m'avait toucher ainsi.

"Praline ! Viens-là ma belle. "

Soulagé de la savoir à mes côtés, je la pris dans mes bras et de ma libre, je poussai la porte.

Je me retrouvai dans une pièce humide pas trop éclairée, mais principalement de pierres épaisses pour les murs et de bois brut pour le toit.

(Sûrement le sous-sol d'un bâitment... mais lequel et dans quel monde ? )

Je réalisai bien vite que je n'étais pas seule dans la pièce...Silmeria y était elle aussi. S'avançant dans la pièce, elle s'adressait à une petite elfe qui semblait
en larmes et apeurée.

J'explorai la pièce des yeux et j'y vis Xël et un elfe aux cheveux mauves arborant une grande assurance. Puis au pied de l'escalier, il y avait un homme qui semblait un peu surpris de nous voir tous là.

(Y de quoi à être surpris )

Supposant qu'il s'agissait du maître des lieux ou du moins un résident, je déposai Praline par terre et je m'approchai de lui, constatant discrètement par le fait même qu'il ne possède qu'un oeil.

" Bonjour. Je me prénomme Mathis et je viens de Yuimen. Pouvez-vous me dire dans quelle ville et dans quel monde nous sommes et aussi à quelle époque ? "

Silmeria avait mis le doigt sur un fait et avait donc répondu à une partie de ma question... nous n'étions pas sur Aliaénon, puisque nous ne ressentions pas la magie.

[Huyïn]

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La Cité des Ombres
-1-

Le Tigre garde ses yeux verts pâles bien ouverts quand la sensation de traction ralentit brutalement, la force du mouvement faisant riper sa hanche sur le sol qu'il macule de la neige accumulée lors de ses tentatives pour s'échapper. Une paroi, non, un battant de bois lui barre le chemin. Instinctivement, il tend sa patte arrière et pousse la porte d'un geste sec, ne s'attendant pas à la voir s'ouvrir sans résistance. Finissant de glisser, aidé par la matière froide, il franchit le seuil d'un bon mètre. Tremblant légèrement de l'effort pour se rebeller contre l'aspiration, son premier réflexe est de basculer puis pousser sur ses quatre pattes et bondir en posture quasi accroupie, une main au sol et l'autre relevée, son attention rivée sur son point d'arrivée.

Son second réflexe est de papillonner des oreilles et de regarder autour de lui en quête d'une menace. Cette force qui l'a amené ici est peut-être la même que celle qui a vidé le village de ses habitants. Il note immédiatement la présence de plusieurs individus, mais aucun qui semble immédiatement hostile à son endroit. Des rescapés du rapt ou des auteurs de ce dernier ? Doucement, il vérifie de sa main aux longues griffes que son luth a suivi sans dommages. Demeurant en posture basse, il s'ébroue, chassant la neige prise dans sa fourrure tout autour de lui. Il abaisse ensuite son regard sur la laisse, la cordelette intacte pendant encore à son cou. Il hésite, optant pour une attitude passive et la laissant en place pour le moment.

Ses pupilles s'écarquillent dans la pénombre, notant la présence d'une torche dans cette pièce aux murs de pierre. Un air frais, de cave possiblement. Une arche donnant sur un escalier, seule sortie perceptible où se tient un individu borgne. Le regard du Woran se promène lentement, cherchant trace des autres membres de son groupe de voyage mais aucun d'entre eux, pas même Arrluk, ne semble avoir suivi. Sa queue effectue un bref à-coup avant qu'il prête attention aux autres occupants de la pièce. Un individu jeune, elfique et vraisemblablement femelle, est recroquevillé dans un coin. En pleurs. Pas un des responsables du rapt, à première vue. Un autre, elfique aussi, adulte et mâle, avec armure sous tenue d'étoffe noire et à la chevelure d'un coloris singulier. Violacé ou mauve. Un autre homme proche de lui, deux silhouettes féminines près de l'enfant, et un dernier humain accompagné d'un félidé domestique.

Les oreilles en pointe du Tigre se tourne imperceptiblement vers ce duo, son attention attirée par les paroles délivrées. Étranges, car l'homme précise venir de Yuimen comme si être issu d'ailleurs était même une possibilité, s'enquérant non seulement de la ville mais aussi... De l'époque ? Huyïn conserve sa posture accroupie, reculant légèrement en direction du mur proche. Le discours incohérent de l'individu et le fait que les autres semblent déjà enclins à l'échange ne l'incitent pas à se manifester.

Après un bref mouvement brusque, sa queue sombre s'immobilise, son regard fixe embrassant la totalité de la salle avec attention.



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[Cromax]

La Cité des Ombres
???

Jour 1 – début d’après-midi.

La petite n’a pas l’air bien plus rassurée par la présence de Silmeria. Elle se cache le visage lorsque cette dernière s’approche et répond d’une petite voix faible :

« Je sais pas où on est. J’ai pas envie d’être ici… »

Elle guette les autres présents, et secoue la tête. Apparemment, ils ne lui ont causé aucun mal. Le propriétaire barbu, lui, est estomaqué à chaque fois que quelqu’un passe la porte au fond de son cellier. Il regarde encore plus bizarrement l’arrivée de Praline dans les bras de Mathis et de Huyïn. Avant toute réponse, il se tourne légèrement vers l’escalier et crie :

« Heu… Fanny ? Tu peux venir voir ? Genre vite. »

Une voix lui répond à l’étage, féminine et assez aigue, jeune sans doute :

« J’arrive, une minute ! »

Il entreprend alors de répondre aux assauts de questions.

« Je suis Bergeac Dantes et vous êtes chez moi. À Ashaar, la Cité des Ombres. En l’an 7891. Vous… vous dites que d’autres mondes que le nôtre existent ? Ils… Ils sont liés à ma cave ? D’autres vont arriver ? »

Il regarde avec inquiétude la porte, pinçant les lèvres.

« Vous parlez de magie comme s’il s’agissait de rien. Ici, il faudra que vous n’abordiez pas le sujet. Elle… elle est interdite, passible de condamnation à perpétuité par l’ordre du Soleil Noir. Éradiquée par les Chevaliers des Cieux, ainsi que tous ceux qui y sont mêlés. »

Il se rend compte de ce qu’il dit et la peur se lit dans son regard.

« Oh non… Vous allez apporter le malheur sur cette maison. »

Naral, lui, reste silencieux malgré la question de Hrist, ne s’abaissant pas à souligner l’évidence.

[Jorus Kayne]

(…magie de merde !)

Je suis emmené loin dans cet étrange portail, maudissant la magie et celui qui en est responsable en m’ayant arraché à mon recueillement auprès d’Ibn et de mon devoir envers Maïssa. Je ne sais pas encore où je vais arriver, mais je compte bien m’assurer d'analyser la situation avant de rejoindre les autres à la première occasion. Les pouvoirs de ma cape semblent fonctionner, j’aurais cet avantage sur mon environnement et mes kidnappeurs. Voyager au travers d’un portail à le mérite d’oublier la notion de distance, surtout s’il s’agit de voyager d’un monde à l’autre. En revanche, je n‘ai aucune notion du temps qui s’écoule. Vais-je arriver sur Aliaénon des années ou des siècles plus tard ? J’entrevois la fin de mon voyage. Une lumière blanche se fait de plus en plus puissante à mesure que je m’en approche, jusqu’à m’éblouir complètement.

Lorsque je parviens à ouvrir les yeux, la lumière s’est fortement tarie, au point de se réduire à une aura blanche, entourant une porte tout ce qu’il y a de plus banale. Rien d’autre. Le néant englobant le reste et m’offrant deux possibilités. Soit je tente ma chance en ouvrant la porte, soit j’essaie de trouver un autre chemin au travers des ténèbres. Cette dernière option ne m’enchantant guère, ma main vient se poser sur la poignée, l’ouvrant délicatement, dans le plus grand silence. Je l’entrebâille pour voir à l’intérieur et vois qu’elle dessert sur une pièce faite de pierre du sol au plafond, faiblement éclairée. Personne ne semble présent. Je jette un dernier regard aux abysses de mon côté, ramasse mon sac qui s’est enroulé autour de ma jambe pour m’en équiper, laisse ma cape par-dessus et pénètre finalement par la porte.

Ce n’est qu’au bout de quelques pas que j’aperçois un homme, au pied d’un escalier que je détaille un instant. Un âge mûr, des cicatrices sur le visage, un seul œil valide et une bonne stature. Tout me porte à croire qu’il s’agit d’un ancien soldat, ou alors un travailleur qui n’a vraiment pas de chance. Il n’a pas l’air inoffensif et à voir ses habits corrects, mais sans extravagances, la possibilité d’un ancien soldat semble se confirmer. En-tout-cas, j’arrive à cerner trois choses. La première, ce n’est pas un ravisseur, sinon il serait sur ses gardes. La seconde, c'est que nous ne sommes plus sur Aliaénon, la magie n'est plus présente en moi. La troisième, c’est que je suis totalement invisible et ça, c’est une bonne chose. D’autant plus qu’il y a d’autres personnes que moi. Une très jeune elfe aux cheveux d’argent, les yeux emplis de larmes et vêtue sobrement. Je n’aime pas voir une enfant en position de repli, les genoux contre sa poitrine, mais pour l’heure je dois comprendre où je me trouve.

Et puis il y en a un autre. Un elfe. Reconnaissable immédiatement à sa couleur de cheveux. Je pensais ne plus le revoir après notre fuite de la Tour d’Or. Force est de constater que Naral Shaam se porte bien. S’il est là, c’est qu’on est probablement de retour sur Yuimen. Le sachant capable de sentir les faéras, je préfère me tenir éloigné de lui. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne me trouve, même dissimulé par ma cape. Cependant, je préfère rester invisible le plus longtemps possible. Contrairement à l’elfe mauve, qui observe les lieux de son expression habituelle narquoise et nonchalante, le vieil homme ne semble pas aussi calme avec tant de monde en ce lieu. D’autant plus qu’un autre être s’approche : Xël.

Si nous sommes tous deux présents, on peut s’attendre à voir le reste de notre petit groupe. Que nous est-il arrivé ? Et pourquoi d'autres personnes hors d'Aliaénon sont présents ? Je n’ai pas le temps de réfléchir en amont que les hostilités débutent entre lui et l’elfe mauve. Tous ceux restés avec le Sans-Visage auraient subi le même sort que moi.

Je n’ai aucun intérêt à me dévoiler pour l’instant, alors je reste dans mon coin, observant en silence les autres personnes qui arrivent à commencer par les jumelles cintrées ainsi que Mathis et sa chatte. Puis c’est au tour d’un Woran noir, tout aussi inconnu que la petite elfe qui semble intéresser les deux assassines. Néanmoins, j’apprends des choses intéressantes. Tous hormis l’homme, ne semblent pas de ce monde. Nous serions dans une cité du nom d’Ashaar en l’an 7891. Au-dehors, l’usage de la magie est prohibé et passible d’une peine de perpétuité par un certain ordre du Soleil Noir.

(Merveilleux ! Entre la magie de Xël, la capacité de Naral à se transformer en un immense dragon et les jumelles qui n’en font qu’à leur tête, on va difficilement passer inaperçu !)

Adossé contre un mur, loin de l’elfe mauve, j’attends en silence l’occasion d’en apprendre davantage sur notre situation.

[Xël]

Il aime toujours autant parler et surtout s’écouter. J’ignore ce trouduc’ de Dragon Rose qui visiblement n’est pas venu plus que moi de son plein gré. J’incline poliment la tête à l’attention du propriétaire de la cave qui m’a conforté dans mon premier sentiment: nous ne sommes pas sur Yuimen et la sensation retrouvé de ma magie m’indique que nous ne sommes plus sur Aliaénon non plus. Au moins le fluide spatial m’a mené quelque part et j’imagine que les autres ne tarderont pas à arriver.

Comme pour répondre à mon attente la porte s’ouvre et laisse entrer les jumelles régicides dont la première se préoccupe de la fille apeurée tandis que l’autre interroge le propriétaire des lieux qui semble trop surpris pour parler avant de s’inquiéter de la relation entre moi et Naral qui ne prend pas la peine de répondre.

« Une vieille connaissance. »

Répondis-je sarcastique tandis que la porte s’ouvre pour laisser entrer Mathis et son animal de compagnie à l’apparence qui ne me donne pas envie de lui faire des caresses. Celui-ci se présente et demande aussi à savoir sur quel monde nous sommes. Si il est là ça veut dire que le sort n’a pas touché que ceux qui étaient avec nous. Tous ceux sur Aliaénon alors ? Mais Naral ne l’était pas, pas à ma connaissance en tout cas. Et concernant cette jeune elfe, a t-elle un lien avec Aliaénon également ?

Une nouvelle fois la porte s’ouvre et mes poings se crispent un instant car je distingue une silhouette féline et mon esprit en faisant le lien avec le monde d’où j’ai atterri me fait immédiatement penser à Sirat. Mais il n’en est rien, il s’agit d’une tête inconnue, mais Yuiménienne c’est quasi-certain. Le nouveau venu reste silencieux est se contente de nous observer après s’être approché d’un mur.

L’homme borgne qui nous « accueille » se présente sous le nom de Bergeac Dantes et nous explique que nous sommes dans la Cité des Ombres portant le nom d’Ashaar. Un lieu où la magie est interdite sous peine d’être enfermée à vie par l’Ordre de Soleil Noir. Excellente nouvelle. J’interpelle Silmeria:

« Tu dois être fière de toi ce n’est pas à la portée du premier venu de créer un fluide spatial temporaire menant à un monde inconnu. Qui plus est à plusieurs endroits du monde voir … de l’univers. »

J’interroge Naral.

« C’est un vortex sombre qui t’a aspiré ici ? Tu n’étais pas sur Aliaénon quand ça c’est produit n’est-ce-pas ? »

Je m’adresse finalement au borgne qui commence à paniquer:

« Nous ne voulons pas semer le trouble ici. Je pense que chacun veut retourner chez soi. Le problème c’est que sans la magie d’Aliaénon nous ne pouvons pas créer un portail pour retourner chez nous et nous ne savons pas combien de personnes vont encore passer le portail… »

Je m’interromps un instant et reprend avec un air navré:

« En vérité il y a trop de problèmes pour qu’ils soient tous listés et les chances de rentrer un jour chez nous sont, je pense, plutôt minces... Alors pour l’instant il faudrait se concentrer sur le plus urgent. Silmeria, est-ce que tu l’as encore sur toi ? »

Demandais-je avec une pointe d’inquiétude.

[Silmeria]

Je ne me concentrais pas vraiment sur les conversations que les autres aventuriers tenaient entre eux. Je posais une main, la plus douce possible sur les cheveux de la pauvre petite visiblement terrifiée.

(" Dis, peut-être qu'elle aussi a été aspirée par le vortex.")
(" Merdouille... Pourquoi elle aurait été happée de la sorte ? ")
(" Attends un peu, que je réfléchisse... COMMENT JE POURRAIS LE SAVOIR ?! ")
(" Ca va ! Ca va... Je vais essayer de la rassurer, Hrist va s'occuper du blabla pour moi. ")
(" Tu as de quoi la distraire ? ") La voix de Cèles venait de s'apaiser, comme si elle partageait ma compassion pour la petite en larmes.

(" Un oeil plein de vers, elle va s'éclater avec ça... ")
(" Elle va gerbouler ! Pourquoi pas la tête du Gragon tant qu'on y est. ")

" Du calme petit amour. Du calme. Je vais t'aider, je te le promets. C'est quoi ton nom, mon petit beignet ? " Je faisais ma voix la plus douce afin de ne pas l'affoler, caressant juste ses cheveux pour ne pas la brusquer.

Derrière moi, Hrist échangeait avec les autres. Elle s'était tournée vers Dante le borgne et avait dit simplement : " Personne n'apportera le malheur dans cette maison car personne ne veut attirer l'attention. "

Puis à Xël elle dit : " Nous l'avons toujours. " Elle n'avait pas révélé l'objet incriminé. Mais elle savait qu'il était trop tard, que cette question allait attirer la curiosité des occupants de la pièce. Elle jette un regard à Mathis et au Woran et interpelle ce dernier :

" Qui es-tu ? " Espérant sans trop y croire que ça détournerait l'attention.

[Mathis]

Affichant une mine inquiète, l'homme nous apprend être le propriétaire de ce bâtiment dont nous occupons présentement la cave. A ma demande, il se présente également et nous informe que nous sommes à Ashaar, la cité des Ombres en l'an 7891. Bien qu'il n'indique pas si nous sommes sur Yuimen, je suppose que non, sinon nous aurions fait une bond incroyable dans le futur. Si ce n'était que pour me rassurer, je tentai de faire comme si nous étions sur un autre monde.
Comme il avait répondu sans attendre à mes questions, il était de mon devoir de faire de même pour les siennes.

"Je ne connais que deux mondes: Yuimen et Aliaénon. Je ne saurais vous dire s'il en existe d'autres. Je ne sais pas pourquoi nous sommes arrivés dans votre cave, nous étions sensés partir un peu plus tard sur Yuimen. "

Après avoir jeté un bref coup d'oeil au woran discret qui venait de passer aussi la porte je rajoutai.

Il manque encore quatre de mes compagnons, mais je ne peux affirmer qu'ils arriveront ainsi. De même que je ne connais pas tous les gens de cette salle. " Dis-je tout en saluant le Woran et l'elfe aux cheveux mauves.

"Comme mon compagnon Xël vous l'a expliqué, il nous est présentement impossible de partir d'ici. Mais je vous promets que je vais faire mon possible pour ne pas vous causer d'ennui. Au contraire, si nous pouvons vous rendre service, ce serait la moindre des choses puisque vous nous accueillez, bien malgré vous, dans votre demeure."

[Cromax]

[Entrefilet]

La jeune elfe finit par regarder silmeria sans fuir son regard et lui répond :

« Itulë. Snif. Comment allez-vous m’aider ? Vous êtes coincée ici comme moi. »

Naral, lui, répond à Xël d’un ton revêche :

« J’étais sur Yuimen, à régler des problèmes personnels agaçants, quand ce vortex sombre m’a aspiré, comme vous dites. Mais c’est plus simple de considérer que je vous fais un coup fourré, n’est-ce pas ? »

Le propriétaire de la cave réagit après les interventions de Xël, Hrist et Mathis.

« Vous avez beau ne pas vouloir semer le trouble – ce que j’apprécie cependant – votre apparition en ce monde a peu de chance de passer inaperçue. Surtout si de nombreux autres arrivent encore. Hmf. Rien qu’en cherchant à rentrer chez vous, vous pourriez attirer sur vous le malheur. »

Il n’a pas l’air plus rassuré que ça, mais tente de le faire paraître. Il se tourne vers Mathis :

« Le meilleur service que vous pourriez me rendre, c’est de ne dire à personne que vous êtes apparus ici. Excusez mon trouble, ça fait… beaucoup à accepter en une fois. Je… je croirais presque à une plaisanterie ? » s’essaie-t-il, comme pour se rassurer.

[Akihito]

Un flash. Une explosion de lumière ténébreuse. La terrible sensation que quelque chose n'allait pas alors que mes sens engourdis reprenais peu à peu connaissance de l'environnement qui m'entourait. Une légère odeur d'humidité; des pavés, murs et arches de pierre taillées rustiques visibles tout autour de moi ; des sons étouffés qui finissaient peut à peu à devenir plus clair, appartenant à des silhouettes -certaines connues, d'autres non; la sensation électrisante de sentir ma magie de nouveau couler dans tout mon corps, rendant la pleine mesure de mes capacités; l'absence cruelle de poids dans mes mains.

« Yli... Yliria ? Yliria ! »

Le déboussolement et mes jambes flageolantes me firent choir sur un genou. Lutant contre un vertige et une angoisse qui me prenaient aux tripes, je regardai autour de moi, désespérément à la recherche de celle que je tenais il y a quelques instants contre moi. Elle n'était pas là.

(Amy ! Tu sens Alyah quelque part ?!)

(Non... Aki, je ne sais même pas où on est !)

(Comment ça ? On est pas sur Yuimen ?!)

Apparemment non. La voix mi-angoissée, mi-abasourdie de ma Faëra tenta de m'expliquer que bien que la présence de fluides élémentaires permettaient le retour de ma magie et de ses capacités, elle avait la conviction que nous n'étions pas sur Yuimen. Sur un monde inconnu. Avec des gens inconnus. Et Yli n'était pas là.
Je tendis une main pour m'appuyer sur une colonne à proximité de moi. La surface rugueuse et froide était trop réelle pour que je sois dans un rêve. La douleur qui traversa mon bras alors que je frappai du poing la roche était elle aussi trop vivace. Le rouge carmin qui teintait la fiole et les lettres dorés de Dracaena et Yliria flottant dedans s'imprimaient dans ma rétine quand tout autour de moi devenait flou.

« Ça veut dire que tu devras passer la nuit avec moi ? je te plains, mon pauvre... Veillons à ne pas trop espacer tes venues, sinon je ne donne pas cher de ma peau... »

C'était les derniers mots que nous avions échangés. Ce matin même. On plaisantait, pensant que malgré tout ce qui allait nous tomber dessus, quoi qu'il allait arriver, nous allions pouvoir compter l'un sur l'autre. Trouver un peu de répit dans ce monde de fou furieux avec l'affection de l'autre. Et j'étais là. Elle non. Pourquoi ? Est-ce que je l'avais laissé s'échappé de mon étreinte dans ce foutu portail ? Je l'ignorai. "Heureux les ignorants, la vérité ne peut les blesser" ? J'aurais tout donner pour savoir ce qui était arrivé : j'aurais pu me maudire de tout mon saoul, puis commencer à chercher une façon de la retrouver. Là, je n'avais que...

Que...

Silmeria.

Elle, encore elle, toujours elle. Je sentis les muscles de mon cou se contracter, se raidir tandis que tout mon corps se mettait à trembler de rage. Elle était là, tranquillement comme si de rien n'était, à se préoccuper d'une jeune fille visiblement terrifiée prostrée dans un coin. Sa "jumelle" infernale papotait elle avec un Woran et un homme d'âge mûr borgne : trop bien habillé pour être un homme du peuple, pas assez pour être un noble.

Ici, j'avais accès à ma magie. J'avais même accès à une magie encore plus puissante qu'avant -mes dons avaient progressé sur Aliaénon ?- et l'envie de foudroyer cette connasse me faisait frémir. Elle me tournait le dos, elle ne verrait pas le sort lui fondre dessus. Assassin ou pas, elle ne pouvait pas esquiver ce qu'elle ignorait. Un flash, l'odeur de sa peau grillée pendant que sa saloperie de clone disparaissait, et ce serait terminé. Le 2ème Précepte de Valyus ? Je n'allait pas me gêner pour l'ignorer. Surtout que je l'avais déjà suffisamment prévenu que je ne lui pardonnerai plus rien. Le 4ème Interdit ? Qu'est ce que je me fichais de l'honneur, quand elle n'en avait jamais eue...

« Xël... Donne moi une raison, une seule bonne raison de pas la faire frire sur le champ. Sinon, je suis pas sûr de pouvoir me retenir de lui balancer tout ce que j'ai. »

Sans trop savoir comment, j'avais réussi desserrer suffisamment mes mâchoires crisper pour lâcher ça entre mes dents serrés. Lui était là. Mathis aussi. Sans oublier les autres inconnus. Peut-être avais-je encore un peu d'honneur, au fond de moi : je ne voulais pas les entrainer dans ma vengeance.
La vengeance...

L'ironie voulait qu'à chaque fois que je pense à Nizzre' , la semi-shaakte que j'aimais était toujours impliquée d'une façon ou d'une autre. J'en aurait rit jaune, si je n'étais pas trop occupé à retenir ma main de voler à mon Marteau runique.

[Huyïn]

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-2-

Demeurant immobile dans sa posture accroupie, le Tigre laisse ses oreilles tourner çà et là pour glaner les échanges. Les mots ont beau parfois s'aligner, ils ne font aucun sens. Ash-a-ar ? Pas un nom entendu sur Nosvéris. Soleil noir ? Chevaliers des Cieux ? Fluide spatial temporaire ? A-lia-é-non ? Portail ? Sil-me-ria ? Un lien relationnel évident et un passé qui l'est bien moins. Sont-ils tous frappés de folie ? Ont-ils avalé quelque décoction hallucinogène ensemble ? L'idée même d'être sur un monde différent est absurde, percluse d'indices sous-entendant le contraire. Une cave qui n'a pas l'air d'être faite de matériaux inconnus. Le borgne censé en être issu parle une langue compréhensible aisément. Un calme de sa part étrange, pour qui n'aurait jamais croisé de woran de sa vie.

Le Félin perçoit la question concernant son identité lancée par l'une des femmes à son endroit, mais il fait mine de ne pas comprendre que la chose lui est adressée. Encore une qui pense que tout lui est dû, exigeant sans donner en contrepartie. Ne prenant pas même la peine de mouvoir son regard vers elle, il se contente d'orienter ses oreilles dans sa direction, indiquant clairement avoir entendu mais ne laissant absolument pas paraître qu'il a saisi le sens de la question. Le regard fixe et luisant dans la pénombre, il conserve son attitude féline et animale, tendant ses pavillons auditifs vers l'humain blond accompagné du quadrupède. Huyïn ne répond pas à sa salutation, feignant de ne pas comprendre le sens du geste. Encore un discours étrange, mais laissant entendre que d'autres de ses connaissances peuvent arriver dans cette cave. Un nom de plus, Xël, celui qui invective l'elfe à la crinière mauve.

Les yeux du Woran se déplacent subrepticement dans la direction de ce dernier. Le 'Xël' tutoie, l'elfe vouvoie et l'ensemble laisse deviner un passé de duperie et de trahison entre les deux. Tous ici ne sont donc pas en bons termes, mais la majorité semble se connaître. Le plus prudent est donc de demeurer en retrait, Huyïn se doutant que commettre l'imprudence de favoriser l'un peut pousser l'autre vers une conclusion qui lui serait défavorable. Car même sans vision nocturne, il n'est pas difficile de voir qu'ils ont les aptitudes de qui a déjà du se sortir de situations délicates, et suffisamment de griefs pour en faire usage. Le Tigre décide de s'asseoir en tailleur, de poser ses avant-bras sur ses genoux et de s'immobiliser totalement, ramenant sa queue autour de ses pattes rassemblées en une attitude distante mais attentive, la laisse pendant de son cou et reposant mollement devant lui.

Il plisse les yeux à l'arrivée d'un autre individu, également connaissance de ce 'Xël', et à en juger par le regard meurtrier lancé, qui a des comptes à régler avec l'une des femmes présentes. Décidément, l'endroit est rempli d'êtres sur le qui-vive et aux émotions palpables. L'instinct du Tigre lui somme d'évaluer la situation davantage avant de s'engager dans quelque chose de passablement dangereux.



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[Cromax]

La Cité des Ombres
???

Jour 1 – début d’après-midi.

L’arrivée haute en couleur d’Akihito fait aussitôt tressaillir le borgne, qui rétorque vivement :

« Vous êtes dans ma cave et ça nous condamnerait tous ! Voilà une bonne raison. Personne ne frit personne, par la Lumière. Oh, misère… dites-moi que c’est un cauchemar… »

Sur ces entrefaites, une jeune femme rejoint le dénommé Bergeac, descendant sereinement les escaliers en parlant d’une voix qui chante :

« Voilà voilàààà, j’arrive. Qu’est-ce qui se… Oh. »

Lorsqu’elle aperçoit les personnes en présence et leurs apparences diverses et inquiétantes, elle se pare d’une expression de surprise non feinte, sa bouche formant un rond presque parfait, tout comme ses yeux grands ouverts. Elle porte un carré long marron, a des traits plutôt fins et jeunes, bien qu’elle paraisse adulte. Elle lorgne chacun ici présent de ses yeux noisette.

Bergeac Dantes, qui voulait sûrement lui montrer la curiosité dans un premier temps, se permet maintenant d’être plus pressant :

« Ils n’arrêtent pas d’affluer. Ils sortent de nulle part. Enfin si, de la porte du fond. Mais… ils disent venir d’un autre monde, par magie… On est dans la mouise jusqu’au coup, si tu veux mon avis. Remonte et ferme la boutique : il ne faut pas que quiconque puisse les apercevoir ici… »

Mais elle reste interdite face à ces gens venus de nulle part.

[Xël]

Elle l’a encore. Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle, dans les deux cas il faut s’en occuper. Je prends tout de même le temps de répondre au ton revêche du dragon rose.

« J’essaie de trouver un lien entre ceux qui se sont fait aspirer ici. Je ne pense pas que tu en sois la cause, je t’ai accusé parce que tu es d’ordinaire un spécialiste des coups fourrés. »

Rétorquais-je avec un sourire exagéré avant de m’adresser au borgne.

« Nous ferons le tout notre possible pour ne pas vous apporter de problèmes mais nous allons avoir besoin de votre aide… »

Je suis interrompu par une nouvelle apparition. Celle d’Akihito, sans Yliria remarquais-je, visiblement tendu et dont les premiers mots sont de me demander une bonne raison de ne pas faire frire les jumelles. Une tension qui ne semble pas perturber le Woran sombre qui s’installe. C’est le borgne qui répond à l’Ynorien, expliquant que nous sommes dans sa cave et que son action nous condamnerait tous. Je hausse les épaules à cette remarque qui je l’espère suffira à le convaincre. Je salue alors Fanny d’un signe de la main alors qu’elle s’est figée dans une grimace d’étonnement en nous apercevant. Dantes lui conseille de fermer la boutique avant que quelqu’un d’autre nous découvre et je me permets de lui adresser la parole pour la faire réagir.

« Vous devriez l’écouter. Je pense qu’au moins trois autres personnes vont passer cette porte. »

Jorus, Drac et Yliria. Ceux qui étaient avec nous sur Aliaénon.

« Et si vous aviez l’amabilité de nous apporter une carte de votre monde ou au moins de votre cité s’il vous plait, nous allons faire en sorte de quitter les lieux sans nous faire remarquer. »

L’urgence, se débarrasser du crâne.

« On doit s’en débarrasser. On devrait partir sur ta première idée finalement. Avant qu’il soit trop tard. »

Dis-je finalement à Silmeria.

« Vous n’auriez pas un océan aux profondeurs insondables ou un volcan dans le coin ? »

Demandais-je finalement au borgne.

[Silmeria]

" Dis-moi Itulë, où étais-tu et que faisais-tu avant d'apparaître ici ? Je vais trouver une solution pour te conduire chez toi, sois sans crainte. "
Ma voix avait été d'une grande douceur, pas la moindre animosité. Derrière j'entendais Akihito menacer ouvertement de me faire rôtir et demandait à Xël de lui trouver une raison valable de ne pas le faire. J'en avais plusieurs à lui proposer, la présence de la petite fille ou la promiscuité avec les autres dans une cave, je pense que rien que ça était suffisant pour ne pas se montrer borné et suicidaire. Mais je me concentrais sur la petite, laissant à Hrist le loisir de répondre avec toute la délicatesse dont je la savais capable.

Son regard las se posait sur un Akihito crispé et elle s'en approcha d'un pas de louve et tout en plongeant ses deux yeux violets dans ceux de l'Ynorien elle dit avec une douceur étonnante " Parce que la magie est interdite ? Pas ce qu'il y a une petite fille ? Parce que la tête pourrait réagir et reprendre sa taille et tous nous écraser ? Donc ta menace n'a ni queue ni tête. "

Le toisant cette fois-ci avec mépris elle ajouta " Tout comme toi. "



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Hrist (insaisissable rang 5)

[Jorus Kayne]

Dans mon coin, j’observe en silence les différents échanges et je dois dire que je regrette. Je regrette très franchement de ne pas avoir agi plus tôt ainsi, car des choses on en apprend. Parmi les premières : rien de plus que l’origine du portail. C’est Silméria seule qui en est à l’origine et de ses propos, je déduis que Xël a été présent, mais sans chercher à l’arrêter visiblement. Il l’a félicite, alors qu’elle n’a pas attendu que nous soyons tous présents pour partir ? Mathis étant arrivé lui aussi et pointe d’ailleurs ce problème épineux. Je peux comprendre l’admiration pour la création d’un fluide spatial, même temporaire, même vague, même moche, mais que serait-il advenu de nous ? Agir ainsi aurait pu engendrer la colère du Sans-Visage qui se serait abattu sur nous. J’ai pu le voir à Esseroth, il peut, ne pas être aussi neutre qu’il le dit. Silméria interroge la jeune elfe sur son identité et la voix douce qu’elle prend à de quoi me glacer le sang. Elle me donne l’impression d’un prédateur prêt à fondre sur sa proie. Alors que la jeune elfe se présent sous le nom d’Itulë, Hirst répond à Xël qu’une certaine chose se trouve dans son sac. De mémoire, rien n’attirait plus l’attention que la tête du Dragon Noir.

En tout cas, le sort de Silméria n’a pas touché que nous, Naral présent sur Yuimen aussi et de notre joyeuse bande de gais lurons, voici au tour d’Akihito de débarquer. L’absence d’Yliria me trouble, mais pas autant que lui et dès sa venue, il s’en prend à Silméria pour la création du portail, cherchant auprès de Xël une raison de ne pas la faire frire.

(Quelque chose m’interpelle.)

(Quoi donc ?)

(Aucun des deux n’évoque la tentative d’empêcher Silméria d’user de sa magie.)

(Tu veux dire qu’ils l’auraient sciemment laissé agir ? Akihito ? Sérieusement ?)

(Je sais pas. Rappelle-toi lorsqu’on a voulu s’éparer Alériia de Kith. Il semblait…détaché, comme s’il n’était qu’un outil dont on se sert. Passer d’outil à spectateur…il n’y a qu’un pas ! Qu’importe, ce qui est fait est fait et il nous faut à présent trouver un moyen de retourner chez nous.)

(Ca va être compliqué sans la magie d’Aliaénon.)

(On verra ce qui est possible ou non de faire en ayant plus d’informations sur ce monde et cette fameuse troupe anti-magie. En tout cas j’aime bien le Worran !)

(Ha oui ? Une raison particulière ? Il te rappelle quelqu’un ?)

(Non, c’est juste qu’il snob totalement la question de Hirst sur son identité. Cela suffit pour moi.)

(J’te jure.)

L’arrivée en grande pompe d’Akihito et sa gueule ouverte ne semblent pas être du goût de notre hôte et ça, c'était avant que Hirst ne le menace ouvertement. Voilà que sa femme arrive et nous dévisage tous. Enfin nous…eux. Néanmoins, à sa présence, son mari se fait plus pressant et lui ordonne de fermer la boutique. Xël les y encourage, estimant que trois autres personnes vont arriver. Mettons plutôt deux, puisqu’il doit estimer que tous les Yuiméniens présents sur Aliaénon vont débarquer et que je suis déjà sur place. Enfin, il soulève une proposition de Silméria, ou de sa jumelle, de jeter la tête du Dragon dans un océan profond ou dans la lave d’un volcan. Rien de ce qui avait été convenu lorsque nous étions tous réunis.

(Donc si je résume, une fois que nous avons été déplacés par le Sans-Visage, vu que Mathis ne fait pas mention du portail je suppose que c’est le cas, Silméria s’est mise en tête de changer le plan initial en emmenant la tête du Dragon ailleurs.)

(Ca n’explique pas la raison du portail !)

(De mémoire, Akihito comme Xël préféraient voir la tête du Dragon confiée aux Dieux. Avec moi ça fait trois, plus Mathis quatre. Une majorité donc. Si elle n’a finalement pas eu gain de cause, la seule explication que j’entrevoie, c’est qu’elle a agi pour obliger tout le monde. C’était plus facile sachant que presque la moitié du groupe n’était pas présent à ce moment-là.)

(Une explication qui se tient. Mais est-ce la seule ?)

(Tu penses à autre chose ?)

(…Non. Reste un dernier point : Que faire ?)

(Nos hôtes semblent bien gentils, mais je commence à me fier de moins en moins aux membres de notre groupe, alors pour ce qui est de Dantes et sa femme... Si lui ne veut pas attirer l’attention sur sa boutique, elle pourrait bien l’inciter à nous dénoncer pour sauver sa peau et celle de son mari !)

Ainsi, avant que la femme de fasse demi-tour et tout en évitant autant que possible le rayon de détection des faéras et dans l’idéal, celle de Silméria et Naral, je me déplace jusqu’à atteindre l’escalier et guette l’opportunité de l’emprunter sur les pas de la dénommer Fanny, afin d'accéder à l’étage supérieur.

[Mathis]

Laissant Silmeria faire conversation avec la jeune elfe apeurée, j'écoutai plutôt les propos de l'elfe mauve , de Xël et du propriétaire.
Le premier répondit à Xël qu'il était sur Yuimen à s'occuper de ses affaires lorsque le vortex l'a aspiré, refutant ainsi l'accusation que Xël portait contre lui. Non seulement il se connaissait, mais ils semblaient se détester. Enfin, Xël semblait se détester. Pour ma part, cet elfe mauve au sourire narquoi me rappelait vaguement quelque chose, mais je ne réussissais pas à mettre le doigt dessus.
Ma réflexion fut interrompu par l'intervention du propriétaire des lieux. Même si nous étions de bonne foi, il craignait que nous ne passions pas inaperçu. Et puis, il me répondit plus précisément que la meilleure façon de l'aider serait de ne pas mentionner d'où nous arrivions. Notre apparition soudaine lui causait des soucis. Il aurait préférer être la victime d'une mauvaise plaisanterie.

Ce fut à ce moment qu'apparu Akihito (Sans Yliria). En colère, il demanda à Xël de trouver une raison de ne pas s'attaquer à Silemeria. S'il me restait des doutes, ils furent immédiatement dissipés. Silmeria était belle et bien la responsable de se vortex qui nous avait conduit je ne sais où.

L'homme chat ne répondit pas aux questions de Silmeria et pas davantage à ma salutation. Il se contenta de s'assoeir sur le sol, laissant bizarrement une longue corde pendouillée devant lui. Elle semblait attachée à son cou, mais pas trop serrée. De sort que je supposai qu'il aurait pu l'enlever lui-même s'il l'avait voulu.

Ce fut le propriétaire des lieux qui répondit le premier à Akihito. Lui expliquant que nous étions dans sa cave et qu'il nous condamnerait tous s'il utilisait la magie. Ce fut à ce moment là qu'une jeune femme arriva, sûrement la dénommée Fanny qu'il avait interpellé plus tôt. Cette jeunne femme qui devait sans doute être la fille de Dantes, ne répondit pas à son père. Muette, les yeux ronds la bouche ouverte, elle se contentait de nous regarder, figée sur place.

Devant l'air abasourdie de Fanny, Bergeac lui expliqua brièvement que beaucoup de gens étaient entrées par la porte du fond de sa cave et que nous prétendions être arrivés là grâce à la magie.

Xël tenta alors de rassurer le borgne une fois de plus. Puis il lui demanda une carte de la ville afin de nous orienter et de quitter ces lieux le plus rapidement possible. Il parlait de se débarrasser quelque chose, à mot couvert. Je devinai qu'il s'agissait de la tête, surtout lorsque Xël demanda si un océan profond ne se trouvait pas loin d'ici.

Lorsque l'homme demanda à Fanny de remonter et de fermer boutique, je lui demandai.

"Et que vendez-vous dans votre boutique ? Des vêtements ?"

En m'approchant de l'homme je poursuivis :

" Est-ce que nous vêtements sont appropriés... ou allons-nous nous faire remarquer ? Et aussi avez-vous une monnaie locale ou bien vous faites plutôt du troc ? "

[Huyïn]

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-3-

Les oreilles du Woran tournent en direction du borgne puis de la nouvelle venue Fanny qui se fige devant la cave remplie de monde. De monde, mais guère d'objets maintenant que le Félin y prête attention. D'autres paroles sont échangées, qui se veulent rassurantes pour certaines, curieuses pour d'autres, intéressantes pour les dernières. Le dénommé Xël demande une carte des environs, promettant de quitter les lieux discrètement. Étrange attitude. Vouloir quitter un terrain à peine découvert pour quelque chose de complètement inconnu ? Le lieu est dénué d'ouvertures vitrées donnant sur l'extérieur, et deux personnes peuvent répondre à toutes leurs interrogations sans risque, si elles tiennent à leur paix et leurs existences. Si ce Soleil noir et ces chevaliers existent, à moins d'utiliser de la magie pour détecter la magie, ils n'ont aucun motif pour visiter cette cave particulière. Rien n'incite à l'empressement, donc.

Et encore d'autres paroles qui n'ont pas de sens pour lui, évoquant de se débarrasser de quelque chose. Il n'a cependant nul besoin de se fatiguer les méninges longuement ou de se perdre en hypothèses. La femme qu'il a ignoré s'avançant vers l'ynorien irrité et se protégeant derrière plusieurs raisons pour éviter son courroux. Dont... La réaction d'une tête à la magie, qui pourrait croître en taille et écraser les occupants ? Soit l'herbe hallucinogène est d'une incroyable efficacité, soit quelque chose de dangereux est bel et bien entre leurs mains. L'extrémité de la queue du Tigre effectue un mouvement bref au ton employé par la femme, une moquerie pas même déguisée. Comportement aussi intriguant que dément. Elle le met en garde contre ce qui pourrait se produire et l'incite à l'erreur juste après ? Soit son instinct de survie est inexistant, soit elle est suffisamment confiante en ses capacités pour ne rien craindre.

L'humain blond s'enquiert des articles vendus dans l'échoppe et du type de négoce qui a lieu dans les environs. La chose étonne le Félin qui n'en laisse rien paraitre. Tous ont l'air d'accepter la situation sans se poser de questions et sont visiblement persuadés qu'il va falloir aller de l'avant. Les yeux vert pâle du Tigre glissent vers la femme et l'ynorien, la fillette et l'autre femme, le blond et son félin domestique, le dénommé Xël puis l'elfe à la crinière mauve. Il attarde son attention sur ce dernier, qui ne semble pas pressé de s'adresser aux locaux. Prudent ou gardant ses questions pour lui, de crainte qu'elles n'aident ceux qui l'ont en grippe ? Une attitude que le Tigre ne peut qu'approuver. Il amène sa patte droite griffue à sa crinière et chasse les derniers flocons de neige pris dedans. Il s'ébroue une nouvelle fois puis avise la porte par laquelle il est venu. D'autres sont censés arriver par cet accès, selon leurs dires. Peut-être est-il possible d'emprunter le passage en sens inverse quand ce sera le cas ?

Lentement, le Woran déplie ses membres et se redresse de toute sa taille, son mètre quatre-vingt ne dépassant pas un grand nombre des individus, même avec les quelques centimètres octroyés par ses pavillons auditifs. Pas après pas, ignorant la laisse toujours pendue à son cou, il retourne vers la porte et se penche dessus, évitant de se trouver dans son sens d'ouverture au cas où quelqu'un ferait jouer le battant aussi vivement que lui l'a fait. Ses doigts tapent un rythme lent contre la paroi, visiblement dénué de sens ou d'objectif. Il grattouille, amenant progressivement ses griffes à proximité de l'emplacement de la poignée, comme par accident. Il doit savoir si elle peut s'ouvrir, et si elle donne sur la même étrangeté qui l'a mené ici, ou non. S'il peut quitter les lieux avant que les choses dégénèrent en un affrontement général dans ce lieu clos, autant tenter sa chance.


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[Akihito]

Quelque part, au fond de moi, je savais que ce que je m'apprêtais à faire était dangereux. Stupide. Déraisonnable.

Mais je m'en fichais.

J'aurais voulu que Xël me secoue, m'engueule, que Mathis me fasse la moral, que quelqu'un détourne ma colère sur quelque chose d'autre. Que l'on comprenne la rage bouillonnante qui me poussait à menacer d'aller aussi loin -que l'on me la pardonne aurait été trop demandé sans doute, mais je ne voulais pas être seul. Je ne voulais pas être le seul à trouver l'attitude de Silmeria ignoble et insultante, dangereuse au delà de tout le reste. Nous étions là par sa faute, et j'étais le seul à m'insurger ? Après toutes les situations merdiques dans laquelle elle nous avait poussé ?

J'avais moi aussi mes casseroles, je ne le niais pas. Mais je m'en étais excusé. J'avais voulu me faire pardonner. Me racheter.

La Régicide n'avait jamais éxprimé le moindre remord.

(Aki, ne fais pas ça.)

Le sang battant mes tempes, j'entendis à peine la réaction alarmé du borgne : il n'avait pas l'air de vouloir que j'use de ma magie. Pourquoi ? Je l'ignorai. Et je l'ignorai lui aussi. J'ignorai de la même façon la nouvelle venue. Je ne me raccrochais qu'à une chose : Xël. Il allait m'aider, non ? Me gifler, me sermonner, essayer de m'apaiser, n'importe quoi ?

Une carte.

Il demandait une PUTAIN de carte.

(Aki, arrête-toi.)

Amy pouvait bien me parler, cela n'aidait pas les bouffées de chaleur qui gonflait de plus en plus dans mon estomac alors que je constatais que Mathis aussi se fichait royalement de la détresse dans laquelle je me trouvais. MONSIEUR voulait être à la MODE du quartier, visiblement ! Oh non, pardon, pas "visiblement", puisqu'il voulait ne pas se faire remarquer ! Bien sûr !

Tendu comme un arc, je vis finalement se dessiner la scène quelques instants avant qu'elle ne se déroule avec les deux dernières protagonistes de cette sombre mascarade : Silmeria et Hrist. La première allait m'ignorer, car elle considérait que je n'étais pas une menace pour elle. Et c'est exactement ce qu'elle fit, non sans jouer les bonnes samaritaines avec la jeune fille pour je ne savais quelle lubie tordue.
La seconde allait me menacer, ou me moquer. D'une voix glaciale aussi froide que ses yeux, du même regard hautain que si j'étais une merde écrasée sur un pavé. Et j'eus presque raison, quoi qu'un peu tort : son intimidation avait le ton doucereux de la matronne s'adressant à l'idiot du village.

« Parce que la magie est interdite ? Pas ce qu'il y a une petite fille ? Parce que la tête pourrait réagir et reprendre sa taille et tous nous écraser ? Donc ta menace n'a ni queue ni tête. »

Mais ce n'était que pour mieux asséner son ultime moquerie.

« Tout comme toi. »

(Akihito, NON !)

La voix de ma Faëra ne m'atteignait plus. Libéré du dernier filin de retenu qui m'empêchait de m'enfoncer dans une spirale que je regretterais sans doute amèrement, tout devint limpide devant mon regard. Le crépitement des torches. Le déplacement furtif du Woran qui devait se douter que les choses allaient mal tourner. Le léger raidissement dans les épaules de Hrist et l'inflexion de ses genoux.

Personne ne jugeait utile d'arrêter le pauvre fou qui semblait sur le point d'exploser ? Tant pis pour eux.

« Et depuis quand tu suis les règles, Régicide ? »

Je crachai ces mots tout en attrapant le marteau suspendu à mon épaule. Hrist pouvait bien dire que ma menace était creuse, elle s'était pourtant mise sur ses gardes. Se brusque mouvement allait sans aucun doute engager un mouvement de défense de sa part : un petit pas de recul, une dérobade, n'importe quelle manœuvre d'évitement contre mon arme. Ce qu'elle ignorait, c'est qu'elle n'avait jamais été ma cible. Elle n'était qu'une invocation : je n'avais qu'à me débarrasser de celle qui la conjurait pour la faire disparaître aussi.

Et ce qu'elle ignorait aussi, c'était le regain de mes pouvoirs et leur puissance. Elle allait désormais subir le sort que j'avais lancé des centaines de fois, ma toute première manifestation magique. Une attaque que je sentais plus puissante que jamais. La foudre afflua dans mon corps jusqu'à la paume de ma main ouverte, faisant danser cinq étincelles incandescentes aux extrémités de mes doigts. Cinq étincelles se muant en autant d'éclairs qui, pour une des rares fois dans ma vie, je souhaitai meurtrier.

Quelque part, au fond de moi, je savais que ce que je faisais était indigne.


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Lance Choc des Eclairs Rang 5 sur la partie la plus visible de Silmeria (son dos ?) : 1 jet de touche, 5 jets de blessures.

Arme magique à deux mains : +1 aux jets de blessure.
Classe magique principale : + 5 à la touche.
Bon de Ponctualité utilisé pour relancer le jet de touche si inférieur à 50.

[Leyna]

La guerre avait laissé bien des traces en Ynorie. Le temps était passé comme l'eau d'un ruisseau de montagne pour la prêtresse. Leyna avait travaillé jusqu'à l'épuisement pour aider les blessés, donner les derniers sacrements aux morts et reloger les sans-abri. Tout devenait lointain dans son esprit, jusqu'au jour où elle se permis enfin de laisser aller à un peu de repos. Le capitaine Hart était partie pour gérer ses propres affaires et elle avait un peu de temps pour prier et se ressourcer.
Du moins, c'était ce qu'elle pensait.
Alors qu'elle était en train de prier à genoux devant une vasque d'eau de mer, elle se sentit comme tiré en avant, aspiré par un maelstrom qu'elle n'eut même pas le temps de voir. Lorsque ses yeux s'ouvrirent, elle était ailleurs. Dans un cave en pierre, faiblement éclairée. Par un réflexe absurde, elle leva les yeux vers le plafond en se demandant si elle n'était pas passée à travers. Mais non, il n'y avait aucune ouverture.
Alors que ses yeux s'habituaient à l'obscurité, elle regarda autour d'elle. Cette cave était... étonnamment peuplée. Il y avait là un homme borgne qui semblait être un commerçant, et qui était le seul qui ne semble pas hors de propos ici. Mais il y avait aussi une enfant elfe, un elfe plus grand aux étranges cheveux violets. Akihito, le mage de foudre ynorien qui avait combattu avec elle sur les rempart était là aussi. Cela faisait au moins une figure connue, car les autres lui étaient totalement étrangers.
Elle fronça les sourcils. Les discussions étaient déjà animés, et tout le monde semblait se demander ce qu'il faisait là, tandis que le probable commerçant s'inquiétait apparemment pour sa vie et celle d'une jeune femme qui venait apparemment de descendre.
Elle s'assit et écouta ce qui se passait. Apparemment, leur présence risquait de poser problème au tenancier des lieux. La tension était palpable et plusieurs personnes, dont Akihito, étaient énervés. Tout au plus, se permit-elle un commentaire à mi-voix :

« Quel étrange phénomène en vérité. Une volonté divine à l’œuvre ? »

Avant d'ajouter plus fort :

« Je vous salue par le nom de la déesse des océans. Quelqu'un aurait-il l'amabilité de me dire le nom de la ville où nous nous trouvons ? »

[Cromax]

La Cité des Ombres
???

Jour 1 – début d’après-midi.

La jeune femme qui vient de descendre à la cave finit par réagir, et après quelques clignements vifs de paupières se rue vers l’étage alors qu’un Jorus invisible la suit de près. Loin de sortir pour prévenir d’éventuels gardes, elle verrouille bel et bien la porte de la boutique. Car oui, c’est bien dans une boutique que se retrouve Jorus. Une boutique de tailleur, à en croire les patrons et mannequins présents, les nombreux tissus sur les étagères et les différents outils de couture ou de tissage. Il y règne un désordre maîtrisé. La pièce est assez sombre, éclairée seulement par quelques lampions.

Image pour l’ambiance générale, ne représente pas avec exactitude l’endroit

Dans la cave, et malgré les questions qui lui sont posées, le propriétaire des lieux n’a cessé de fixer Akihito dont bien peu ont eu l’air de prendre ses menaces au sérieux. Des questions sur les lieux, des demandes de cartes, de précisions sur la boutique ou des tentatives de fuir l’inévitable… qui se résout d’ailleurs assez mal, pour cette dernière : Huyïn a mal choisi son moment pour rouvrir la porte : elle s’ouvre à la volée sur Leyna qui rentre dans la pièce, bloquant sa fuite en refermant la porte derrière elle. Va falloir retenter. Si tant est que ce soit possible.

Et ce qui doit arriver arrive. Le dérapage, sitôt arrivé sur ce monde inconnu dans lequel la magie semble proscrite. Dont il a été dit à Akihito qu’elle les condamnerait tous. Mais la haine est plus forte, et la raison ne parvient pas à le calmer. Il lance son sort… Et le sort touche. Les cinq faisceaux électriques partent de son martel pour aller frapper non pas celle qui lui fait face, prête à se battre, mais celle qui lui tourne le dos pour consoler la jeune elfe.

Et ça marche. Si le premiers rayon à l’atteindre ne fait guère plus que la chatouiller, le second et le troisième sont douloureux. Et les deux derniers… ils sont teintés de toute la haine d’Akihito. De toute sa patience mise à mal. De toute cette confiance trahie, de toutes ses tentatives de mettre de l’eau dans son vin n’ayant obtenu que des résultats de pire en pire de la part de sa cible… Ils frappent, ces rayons électriques. Ils frappent fort, font se cambrer Silmeria quelques secondes alors que sa peau blanche se strie de forme d’éclairs, comme si elle était frappée par la foudre de Valyus elle-même. Hrist disparaît aussitôt dans une marre de corruption noire. Puis Silmeria tombe au sol, sur le dos, devant les yeux atterrés de la jeune elfe adolescente. Curieusement, elle n’est pas inconsciente. Juste… sonnée. Son corps fume, les marques sont rudes, douloureuses, engourdissent ses mouvements au point qu’elle ne peut plus bouger, mais elle est consciente.

Elle sent une chose, cependant. Une chose inquiétante, alors qu’elle ne peut ni parler, ni bouger : ça remue dans sa besace. Ça remue bien. Dantes est livide. Il se précipite dans les escaliers en leur criant :

« Soyez maudits ! Vous ne nous emmènerez pas dans votre chute ! »

Naral, lui, regarde la scène d'un air dépité, poussant un soupir résigné en se dirigeant calmement vers les escaliers.



[HJ :
Akihito : bon utilisé. Nouveau tour.]

[Xël]

Je ne m’attendais pas à ce qu’il aille au bout. J’ai sous estimé sa rage envers la régicide. C’est vrai que le Sans-Visage était allé jusqu’à séparer le groupe, il y a bien un passif entre eux que je ne connais pas. Mais tout de même, un sort de foudre si puissant alors que nous sommes tous si proches, alors que nous sommes dans un lieu inconnu, dans une situation inconnu, avec un danger imminent dans le sac d’une assassine qui n’a aucune limite. Je comprends Akihito en un sens, moi aussi je suis en colère qu’elle ne m’ait pas écouté et invoqué ce portail. Si elle avait attendu nous serions encore sur Aliaénon oui, mais avec une chance de rentrer chez nous.

Je la ressens à présent, maintenant que notre hôte nous maudit et que le corps de Silmeria s’écroule. L’angoisse, l’angoisse de ne jamais rentrer à la maison, de ne jamais revoir ceux que j’aime. Kendra Kâr me manque et chaque secondes c’est une hypothèse pour réussir à rentrer qui part en fumée. Magie interdite, pas de magie aussi malléable que sur Aliaénon. Suis-je ici pour toujours ?

Coincé ou non ma volonté de vivre est encore présente et donc l’urgence est toujours la même. Il y a un crâne de dragon qui menace toujours de nous écraser en reprenant sa taille normale.

« Putain de merde. »

Jurais-je encore en m’élançant vers le corps étendu et immobile de l’Hinionne pour attraper son sac et en vider son contenu.

« Ne restez pas là ! Allez-vous en avant qu’elle reprenne sa taille normale et qu’on soit tous écrasées ! »

Ordonnais-je alors que le crâne réduit du Dragon Noir roule sur le sol et s’agite comme si il était en vie. Un mouvement à la fois rassurant et inquiétant. Rassurant car je dirais que ce n’est pas un signe que la tête va reprendre sa taille normale. Inquiétant car comme l’a dit le Sans-Visage ça veut dire que la bête n’est pas morte.

« Putain de merde. »

J’attrape la tête à deux mains en prenant soin de ne pas me faire mordre et dirige la gueule à l’opposé de moi et vers personne pour éviter qu’un souffle morbide fasse une victime. Je l’inspecte attentivement pour m’assurer qu’elle ne prenne pas du volume et m’adresse plus calmement à l’elfe apeurée et étourdie.

« Itulë c’est ça ? Je suis Xël. J’ai besoin de ton aide. Tu vois la gourde à ma ceinture ? Est-ce que tu pourrais la prendre et en donner à l’elfe par terre ? Ça va la remettre sur pied. »

Puis j’ajoute tout en conservant le crâne loin de nous.

« Silmeria si tu m’entends. Je ne te soigne pas pour que prenne ta revanche. Tu devrais admettre que tu l’as bien mérité. Nous sommes sans doute coincé sur ce monde alors c’est peut être l’occasion de te recommencer à zéro une nouvelle vie. Ce serait bien qu’elle ne commence pas par un assassinat dans la maison d’un inconnu qui a déjà assez de problèmes. Je t’accorde cette confiance, brise la et la prochaine potion de soin dont tu aurais besoin je la garderai pour moi. Je n’ai plus aucune envie de te tuer ou de te laisser mourir alors ne me donne pas une deuxième raison de le faire. »

((Renverse le sac pour prendre la tête du dragon et m’assurer qu’elle ne grossit pas.
Demande à Itulë d’utiliser ma gourde pour donner une dose d’énorme potion de soin à Silmeria))

[Jorus Kayne]

Craignant qu’elle ne rameute de l’aide et des problèmes, je me dépêche de suivre de près la femme, faisant tout mon possible pour ne pas m’approcher des faéras des autres, ce qui révélerait ainsi ma présence. Comme une ombre dans la nuit, le bruit de mes pas déjà rompus par mon habileté à la discrétion, profitent d’un chaos ambiant et d’une atmosphère orageuse entre Akihito et Silméria. Qu’importe, je dois monter à l’étage pour m’assurer qu’aucun danger ne nous guette et quelques pas discrets suffisent pour me glisser jusqu’à l’étage suivant.

Je débouche sur une boutique un peu sombre, malgré l’éclairage de quelques lanternes. Je ne sais pas vraiment ce qu’ils y vendent dans cette boutique, mais c’est un véritable foutoir. Il y en a littéralement partout. Ça traîne au sol, ça pendouille du plafond. Je douterais presque de l’utilité de verrouiller l’établissement, tant il m’est difficilement concevable qu’un client y trouve du charme ou veuille acheter quoi que ce soit.

Suis-je trop paranoïaque ? C’est la réflexion que je me fais lorsque la femme verrouille la boutique comme il lui a été demandé. Rien de plus. Du moins…rien à l’étage. Au sous-sol, un événement inattendu prend naissance. Un tumulte se produit. Quoi ? Comment ? Qui a volé l’orange du marchand ? Une chose est sûre, la situation n’est plus au goût dudit marchand qui beugle encourant dans l’escalier :

"Soyez maudits ! Vous ne nous emmènerez pas dans votre chute "

(Notre chute ?)

(Depuis que vous êtes là, sa seule crainte c’est les soldats anti-magie. Ils n’en ont quand même pas fait usage ? Si ?)

(Les autres semblaient calmes mais...entre Akihito et les deux timbrées...ça avait l’air bien tendu entre eux et on connaît la capacité des jumelles à adoucir la situation.)

(En jetant un tonneau d’huile pour éteindre une torche ?)

(Tout juste ! Mais Dantes ne semble pas les laisser faire. Enfin nous, ou plutôt eux. Une chose est sûre, on ne peut pas le laisser alerter les autorités !)

Imaginant que notre hôte un peu forcé par la situation, ne souhaite plus prendre de risque avec nous, je cherche à m’interposer devant la porte qui vient de se faire fermer et l’empêcher d’appeler à l’aide. Dans l’optique de garder ma présence encore secrète, je tâche de faire attention où je mets les pieds dans ce foutoir, où trébucher sur un truc qui traîne n’est clairement pas inconcevable. Je fais sortir mes fouets, les enroulant autour de mes bras prêts à agir et espère simplement que quelqu'un empêchera les jumelles de cuisiner Akihito en un sushi sanglant.

Se place devant la porte pour empêcher Dantes de sortir en faisant rempart de son corps invisible.