Mon bras tendu à l’horizontale, je tournai ma clé d’un demi-tour à gauche, puis à droite, mais rien ne se passa, aucune serrure, ne se matérialisa. J’entendis le ricanement de mon double derrière moi, je l’ignorai. J’avais fait une tentative et elle s’était soldée par un échec, soit. Il ne me restait qu’à tenter autre chose puisque j’avais l’éternité devant moi, je finirais par réussir.
Suite à cette réflexion, je me retournai vers mon double, le scrutant intensément, cherchant en vain une autre solution. Puis, cette salle sombre s’obscurcit instantanément… tout devint noir…d'un noir absolu. Je ne sentis plus mes muscles endoloris ni la pesanteur de mon équipement sur mon corps… rien.
(Étrange.)
Puis, peu à peu ma vision revint, l’obscurité faisant place à une lumière bleutée. Une porte s’ouvrit devant moi et je réalisai que j’étais à l’intérieur d’un cristal bleu, et qu’il en était de même pour Silmeria, ainsi que mes compagnons, Dracaena, Jorus et Akihito. Je fus tout de même surpris de voir ces deux derniers à mes côtés, puisqu’ils n’y étaient pas lorsque le cristal rouge m’avait enseveli.
Je sortis donc du réceptacle bleu, descendis les quelques marches menant au sol formé d’étranges et rochesbleutées et plates, jointes ensemble par une sorte de mortier noir. Levant mon regard en hauteur, je vis des arches travaillées ici et là, mais je ne pus distinguer de plafond.
Je touchai mon corps pour me rassurer que j’étais bien là, intact, mais je ne sentis rien. Je jetai un regard aux autres et je constatai que tout comme moi, ils n’étaient que des silhouettes floues, translucides. Je regardai mes mains, songeur… je correspondais à l’image que je m’étais toujours fait des fantômes. Par contre, même si mon corps n’était plus, je me sentais bien là, présent… en ch… en esprit.
Alors que je m'interrogeais à ce qui m'arrivait, je vis deux personnages venir à notre rencontre. Le premier, armé d’une longue lance, portait une robe noire munie d’une capuche. Un masque couvrait l’endroit où aurait dû se trouver un visage. Cependant seule une lumière bleutée, similaire à celle de nos cristaux, en ressortait. Le second était entièrement dissimulé sous une armure or et noire. Son visage ressemblait à celui d’un squelette qui aurait troqué les os pour une substance métallique.
D’une voix caverneuse et obscure, il s’adressa à nous tous, même à Silmeria. Sans préambule, il nous informa que nous étions dans la Savane Tanathéenne et que nous étions décédés.
(DÉCÉDÉ ! Moi ? )
Ce fait expliquait la transparence de mon corps et l’absence de sensation. Mais malgré tout ça, j’arrivais à peine à croire que j’étais mort, car je me sentais là. Malgré mes croyances envers Gaïa et Yuia, j’avais toujours imaginé la mort, comme la fin de tout, la fin du corps et de l’esprit, le néant. Mais mon esprit avait survécu et cela me suffisait… pour le moment. Doté de mon esprit, j’allais tout faire en mon pouvoir pour retrouver mon corps et vivre à nouveau. Je ne lâcherai pas le morceau, je m’accrocherai à tous les espoirs possibles pour arriver à mon but. Lorsque j’abandonnerai, alors là seulement je serai
MORT.
Alors que nous digérâmes tous à notre façon la nouvelle de notre mort, le maître de l’endroit dénommé Akouba tentait d’entretenir la conversation et s’interrogeait sur ce que nous tentions de faire pour nous retrouver dans son monde aussi nombreux en même temps.
Ce fut l’assassine qui s’approcha la première du maître des lieux, déblatérant des inepties telle son habitude, tout en posant des questions futiles.
Alors qu’Akouba nous expliqua reconnaitre l’âme des yuimeniens par sa consistance différente, je remarquai qu’Akihito et Jorus n’étaient pas encore aptes à participer à la conversation.
Je me dirigeai à mon tour vers le maître des lieux. Bien que je fusse conscient de ne plus avoir de corps, je pris tout de même bien soin de me tenir loin de l’hinionne. Celle-ci n’existait plus à mes yeux.
Je répondis à la question posée par le maître de lieux, après l'avoir salué d'un signe de tête.
« Je me prénomme Mathis. Notre but premier était de venir en aide à votre monde dont une corruption noire provenant des landes noires s’étendait à une vitesse folle vers d'autres régions, dont Esseroth. La corruption stoppée, nous avons été confrontés à un Dragon noir qui tentait de s'accaparer de toutes les âmes des titans d’Aliaénon dans le but d'augmenter sa puissance et de dominer ce monde et sans doute les autres. Le dragon noir était trop fort pour nous. Nous avons cependant réussi à conserver dans un orbe l'âme d'un titan sombre. Nous étions en train de tenter de trouver comment le contrôler lorsque les événements se sont précipités. Sur Aliaénon, une certaine magie parcourt notre corps de Yuimeniens, même si, comme dans mon cas, nous ne possédions aucun fluide magique sur Yuimen. Malheureusement, nous sommes peu compétents à l'utiliser. Et plus souvent qu'autrement, elle échappe à notre contrôle. C'est ce qui s'est passé et qui explique notre mort.... Mais il manque deux de nos compagnons. Je suppose donc avec soulagement que ceux-là ont survécu. »
L’oudio prit ensuite la parole qui se résumait à une série de questions concernant sa mort, il cherchait comment cela avait pu arriver et ce qui s’était passé.
Je réalisai alors que je ne m’étais pas posé la question du comment, ni du pourquoi, ce qui m’intéressait, c’était de trouver le moyen de retourner dans mon corps.
Akouba me confirma que pour le moment Yliria et Xël étaient toujours en vie. Tentant de convaincre Dracaena d’accepter sa mort, il rajouta qu’il était possible aux morts de s’amuser.
(Il faudra encore me convaincre.)
Reportant son attention sur moi, Akouba me précisa que le dragon noir était arrivé dans les savanes Tanathéenes peu de temps avant nous. Ce qui s’avérait curieux puisqu’aucun être vivant ne pouvait pénétrer les brumes de la savane et y survivre. C’était à peu près les mêmes mots qu’avait employés Simaya lorsqu’elle nous expliquait la géographie d’Aliaénon. Non seulement, la brume ne l’affectait point, mais il semblait s’y reposer.
J'écoutais attentivement le maître des lieux, mon cerveau fonctionnant à plein régime en quête de réponses. Je lui demandai.
« Mais en tant que morts, pouvons-nous nuire aux vivants ? Possédons-nous des facultés qui pourraient nous permettre de neutraliser le dragon noir ? Y aurait-il un moyen quelconque d'entrer en communication avec nous deux compagnons encore vivants ? »
Avant que mon interlocuteur ne me réponde, Jorus prit la parole demandant plutôt si les habitants de Fan-Ming s’y trouvaient.
(Et à quoi cela nous avance-t-il puisqu’ils sont morts aussi ? )
Fan-Ming avait été complètement détruit par le dragon noir.
(En fait, oui, cela pourrait nous aider à comprendre ce qui s’est passé, car c’est bien le dragon noir qui est responsable de la destruction du village.)
La réponse d’Akouba ne tarda point, mais me déçût grandement. Le monde des vivants et des morts ne pouvaient se rejoindre, les morts demeuraient dans la brume et les vivants n’y avaient pas accès. Aucun lien n’était alors possible entre les uns et les autres. Bien qu’il ne connaissait pas le dragon et ne comprenait pas comment les âmes pouvaient lui permettre d’être là, il sentait une aura néfaste autour du saurien. Il nous déconseilla fermement de tenter d’aller à sa rencontre. En ce qui concernait les âmes des habitants de Fan-Ming, ils étaient en effet ici eux aussi.
Alors que je tentais de garder la tête froide, demeurer dans le présent et même me projeter dans le futur où je serai de nouveau vivant, Dracaena, lui, « vivait » dans le passé, cherchant inutilement à comprendre comment notre mort avait pu survenir.
Considérant sûrement lui aussi que les explications s’avéraient utiles, ce fut un Akihito tout frissonnant qui répondit à Dracaena. Il parla de Justice, celui-là même que j’avais invoqué, qui nous avait enfermés dans un cristal rouge, jugé coupable. Le regard hagard, il expliqua avoir tenté de négocier notre liberté, puis en être venu au combat. A l’issu de ce dernier, il était enfermé avec Justice dans un cristal. Il semblait encore voir les murs, les flammes et les rires qui le hantaient. C’en était trop pour lui, il s’accroupit et prit sa tête entre les mains tout en gémissant.
L’histoire qu’il venait de nous raconter ne me surprit guère, je l’imaginais facilement tenter par tous les moyens de nous rendre notre liberté. Akihito était un homme honnête, juste et courageux.
J’eus un frisson lorsque je vis Silmeria tenter de toucher Akihito à la nuque, suivi d’un soupir de soulagement devant son incapacité à le faire.
Pour la première fois depuis notre arrivée dans ces savanes, le garde tout de noir armé d’une lance prit la parole, expliquant qu’Akouba était le chef ici et qu’il s’agissait de notre dernière demeure.
(Ça, c’est pas encore fait.) M’entêtai-je.
Akoubas en bon hôte nous demanda comme il pouvait nous être agréable. J’aurais apprécié cette hospitalité en d’autres lieux.
Je l’observai sérieusement, comprenant le pouvoir qu’il détenait, aussi tentai -je la diplomatie afin de ne pas le froisser.
« J’apprécie votre hospitalité, mais j'avoue me sentir coupable envers les gens pour qui j'ai promis de mener la mission et aussi envers mes compagnons de route... Existe-t-il un moyen de retourner dans le monde des vivants ? Ou bien temporairement le temps de payer ma dette ? »
Je me souciais certes de mes compagnons, mais je me souciais davantage de me retrouver à leur côté, c’est-à-dire, vivant.
Une fois de plus, je reçus une réponse négative à ma requête. Autrefois, il existait des nécromanciens qui auraient pu nous ramener dans le monde des vivants, mais ce n’était désormais plus possible.
L’assassine tenta une manœuvre afin de le faire changer d’idée proclamant que nous pourrions trouver un plan pour détruire le dragon… si nous revenions en vie. Cette idée se serait avérée bonne si prononcée par une autre personne.
Akihito balbutia quelques mots, il était enfin sorti de son état de torpeur. Il semblait prêt à se battre lui aussi, à trouver un moyen de revenir en vie… puisque le dragon y vivait, pourquoi pas n'en serait-il pas de même pour nous.
Apparemment sorti lui aussi de son état de transe, Jorus interrogea l’homme voilé sur les savanes tanathéenne, voulant mieux comprendre son peuple, son histoire, cette brume qui nous sépare des vivants, les lois et les interdits.
Dracaena en était encore à réaliser la non-matérialisation de son corps.
Répondant à Akihito, Akouba répondit que nul mort de sortait des souterrains depuis la présence de la brume. Il rajouta que la plupart des morts préféraient s’isoler dans les cristaux pour un repos éternel. Il mit un terme à la conversation en expliquant qu’il était préférable de se rendre dans un autre lieu pour parler de tout ça. Il en profita pour énoncer la principale loi qui consistait à demeurer dans les souterrains sans jamais avoir accès à la surface. Si nous sortions de Jesuir pour errer dans la brume, il nous serait impossible d’y revenir. Puis j’eus l’impression qu’il s’adressait tout particulièrement à Jorus lorsqu’il lui dit que l’âme de Vallel souhaitait le rencontrer. Jorus semblait très intéressé à rencontrer Vallel et voulut prendre immédiatement la direction pour le rencontrer. Avant de partir, Jorus posa une question des plus pertinentes : comment faisaient-ils pour porter armes et armures si nous étions dans l’impossibilité de toucher quoi que ce soit ?
Attentif à tout ce qui se disait, je tentai par tous les moyens de trouver une solution, de ne pas abandonner la mission, la promesse que j'avais faites à Egregor, il en tenait à ma réputation. Et ça, c'était important pour moi.
Afin de ne pas manquer une opportunité de nous en sortir, je posai de nouveau des questions au maitre Akouba:
« En tout début de la conversation, vous nous avez dit que même mort, nous pouvions nous amuser... pouvez-vous nous en dire plus ?... Et dites-moi pourquoi nul mort ne sort plus des souterrains depuis la présence de la brume ? Est-elle nocive pour les morts ? Qui risque-t-on vu que nous n'avons plus de corps ? Et puis, vous être aimable de nous demander ce que vous pouvez faire pour nous être agréables, mais j'avoue ignorer ce que vous être en mesure de nous proposer ? Pardonnez-moi, mon flot de questions, j'en ai une dernière, je suis très intéressé à rencontrer Vallel... mais ensuite serons-nous condamnés à demeurer là où nous pourrons revenir ici ? »
Ce fut le garde qui répondit à la question de Jorus… Une réponse qui me laissa perplexe : « Ils n’étaient pas nous »
(qu’est-ce que cela signifie ? Ils ont un corps ? Ce qui ne semble pas le cas du garde en tout cas. )
Et puis, il rajouta qu’il fallait bien qu’ils maitrisent les esprits fourbes. Ces derniers mots semèrent quelques doutes dans mon esprit…étions-nous des prisonniers ? Une chose était claire, il nous était interdit d’aller en surface. Pour sa part, Vallel était à Jesuir, nous pouvions aller le voir sans risque d’être banni. Nous les suivîmes hors du couloir de la mort pour apparaitre dans une énorme caverne dont même le plafond semblait être qu’un ciel étoilé, puis nous franchîmes deux immenses colonnes.
A ceux qui voulaient rencontrer Vallel, Akouba leur indiqua une grotte, dont l’intérieur d’où surgissait une lumière bleutée.
Jorus, Silmeria et Akihito prirent la direction les menant à la grotte. Pour ma part, je préférai m’éloigner de Silmeria et trouver des réponses à mes nombreuses questions. Dracaena m’emboîta le pas effectuant une petite pirouette.
*****
Salle du trône
Nous arrivâmes donc dans une salle ne contenant qu’un seul meuble : un immense, sombre et lugubre trône. Alors que le garde demeurait à l’entrée, Akouba prit place sur son siège « royal ». Il nous informa que nous nous trouvions dans le centre des pouvoirs et qu’il était temps de lui poser nos questions. Je regardai de tout côté et je ne vis aucun siège pour les invités… Je réalisai quelques secondes plus tard, que cela aurait été superflu puisque nous ne pouvions sûrement pas prendre place sur une chaise. Dracaena demanda pourquoi il s’était déplacé pour nous accueillir alors qu’il ne le faisait pas d’ordinaire. Comme l’oudio l’avait deviné, c’était notre origine de Yuimen qui l’avait incité à venir nous rencontrer. Silmeria ayant sans doute changé d’idée, nous avait finalement rejoint. À sa question, Akouba expliqua que les Ol’Toga étaient le peuple à qui appartenait Akouba. Autrefois les gardiens de la mort, ils étaient à présent les maîtres du royaume des morts.
Je posai à mon tour quelques questions :
« Quels sont les lois que nous devons respectés ? Pour quelles raisons sont-elles là ? ... par exemple, pourquoi l'interdiction d'aller en surface ? Qu'arrive-t-il si nous ne les respectons pas ? »
Le maître Akouba n’appréciait pas le flot de questions que je lui posais. Il me rappela que nous avions l’éternité pour les poser et qu’il serait plus opportun d’en poser une seule. Il n’avait pas l’intention de nous expliquer la raison des règles, cela ne nous concernait pas, nous n’avions qu’à les respecter. Tant que nous n’importunions pas les autres résidents, nous étions libre d’aller où nous voulions.
(Je ne resterai pas ici une éternité, je ferai tout pour partir le plus tôt possible. )
J'inclinai la tête en guise d'excuse.
« Pardonnez mon impolitesse...Mais puisque j'ai fait ma part de questions, je vais à présent vous donner des réponses et des explications. Je connais assez bien Azra. J'ai participé à la première expédition des yuimeniens sur Aliaénon. Moi et Azra faisions partie de l'équipe qui accompagnait la princesse Honoka...Mais j'avoue ne plus l'avoir revu depuis. »
Je m'arrêtai quelques secondes, puisqu'en gesticulant tout en parlant, je n'ai pu faire autrement que d'observer mes bras désormais translucide. Après quelques secondes d'hésitation, je repris de plus belle.
«Mais si je ne semble pas aussi troublé par ma mort que certains de mes compagnons, c'est que j'ai toujours l'espoir de retrouver mon corps... d'où entre autre ma tendance à poser pleins de questions. Et la raison pour laquelle que je veux rejoindre mon corps, c'est pour honorer ma parole. J'ai promis à Egregor ainsi qu'à Simaya et aux autres d'Aliaénon que je les aiderai à combattre la menace qui s'abat sur Aliaénon. Cette menace n'est nulle autre que le dragon noir qui risque d'anéantir tout Aliaénon, ou du moins l'assouvir. J'avais d'abord pensé venir en aide à mes amis sous ma forme d'esprit, mais vous m'avez expliqué qu'aucune communication n'était possible avec les vivants... Je sais que mes deux compagnons survivants sont courageux, intelligents et vaillants... mais à eux deux, la tâche ne sera que plus ardu. Donc, si nous pouvions leur venir en aide, vous seriez également gagnant... Accepterez-vous de nous aider ? Ça aussi ça peut être amusant, non ? »
Bien qu’il me répéta une fois de plus que nous ne pouvions quitter la savane et qu’il ne pouvait nous rendre la vie. Si lui ne le pouvait pas, je demeurais persuadé qu’il existait un moyen de retrouver la vie. Il était de plus en plus évident qu’il était notre geôlier et nous ses prisonniers. Elle répondit d’ailleurs à Silmeria que la lance du gardien pouvait en effet être assez dissuasive en cas de rébellion.
Les dernières réponses de Akouba me perturbèrent légèrement, l'espoir que j'avais depuis le début commençait à s'étioler... je m'éloignai donc un peu de lui et du trône... sans pour autant quitter la salle, je m'approchai de l'entrée, mais demeurai à une certaine distance du gardien, au moins je l’espérais hors de portée de sa lance.
Je ne voulais pas abandonner, je fermai les yeux, je me concentrai, une idée bien précise en tête. Je savais que Xël avait été déjà victimes d’au moins deux visions. Étant désormais un esprit, je tentai d’entrer en communication avec lui. Je l’imaginai sur les landes noires, une fois fait, je tentai de lui transmettre les images de Jésuir, l’image des autres compagnons.Puis je formulai un message:
(Dragon noir dans les brumes des savanes Tanathéennes )
Je me doutai bien, que j’échouerais dans ma tentative, mais je me devais au moins essayer. Lorsque j’ouvris les yeux, j’entendis Jorus demander à Silmeria comment elle avait fait pour arriver avant lui. Elle répondit simplement qu’elle avait concentré son esprit pour arriver là. J’ouvris alors tout grand mes yeux.
(Elle est un génie... mais jamais je ne lui dirai)
« En fait Jorus, nous n'avons plus de corps. Par habitude, nous pensons marcher d'un lieu à l'autre, comme si nous en avions un... mais ça n'a plus de sens et ce n'est plus nécessaire, car de toute façon notre silhouette fantomatique passe au travers des choses et donc ne s'appuie pas sur le sol pour avancer... En théorie peu importe la direction, nous pourrions nous déplacer... juste en y pensant....car il n'y a plus de sol, ni de mur, ni de plafond pour nous. »
(… comme vient de le dire Silmeria )
Cela dit, je regardai vers le haut et je décidai de me déplacer en haut, de m'approcher du plafond, si plafond il y avait. Même si je ne contrôlais pas bien mon ascension au départ, je finis par prendre le contrôle et je volai ainsi jusqu’au plafond.
Satisfait de mon expérience, je redescendis, je saluai d'un signe de tête les gens occupant la salle et je retournai dans l'endroit où nous sommes arrivés et je vais de nouveau monter, monter jusqu'à ce que je trouve le plafond. Ce qui n’arriva point. Plus je montais, et plus j’apercevais des cristaux, ceux-ci s’avéraient innombrables. Comprenant que je n’atteindrai jamais le sommet, je redescendis puis me dirigeai vers la grotte aux trois cristaux.
*****
Grotte des trois cristaux
Lorsque j’arrivai à la grotte de cristaux, Vallel se tourna immédiatement vers moi, me disant qu’il me reconnaissait, qu’il m’avait vu à la bataille de Fan-Ming, dans le camp opposé.
« Oui, c'est bien moi. Je me rappelle de vous avoir vu aussi... »
Bien que je n’avais pas encore l’habitude de voir les gens sous cette forme, je l’avais effectivement vu à la bataille de Fan-Ming, au moment où il s’était fait tué par les gardes noirs.
Je jetai un regard vers les trois cristaux avant de porter mon attention sur lui.
« J'avoue être surpris, je m'attendais à y trouver beaucoup d'âmes ici... Et ces trois cristaux, ils ne sont pas comme les autres ? »
Je m'arrêtai un instant avant de reprendre.
« Cette question vous a surement été posé et vous n'avez sûrement pas demandé à nous voir afin de répondre à nos questions... donc je vais aller droit au but, j'aimerais aller en surface dans la brume. Par quel moyen peut-on s'y rendre ? »
Apparemment très troublé, Akihito quitta la salle des trois cristaux ayant eu vraisemblablement toute l’information qu’il avait demandé.
Vallel plus enclin à répondre à mes questions qu’Akouba, me répondit que ces trois cristaux étaient différents des autres. Et puis les autres morts se rassemblaient dans la nécropole, il était le seul à s’intéresser à ces cristaux en particulier. Sans réticence, il me montra un large passage, me demandant mes intentions, s’assurant que je savais que si je partais, je ne pourrais revenir.
D'autres questions me venaient en tête, mais par politesse, je répondis d'abord à la sienne.
« J'ai l'impression que nous sommes ici prisonniers et que nous ne pouvons rien y faire, encore moins communiquer avec les vivants. Le maître des lieux m'a bien dit que si nous allions dans la brume nous serions bannis. Mais c'est là que le dragon noir se repose...et je me demandais si je pouvais rencontrer d'autres âmes errantes... Je veux communiquer avec nos deux compagnons vivants. Je veux revenir à la vie, j'ai une mission à accomplir, et je dois la mener à bien. »
Jugeant avoir répondu adéquatement à son interrogation, je lui fis part de la mienne.
« Qu'ont-ils en particuliers ces trois-là ? »
Satisfait de ma réponse, il pensait que nous allions bien nous entendre. Il dit posséder la meilleure ou plutôt la seule solution de revenir à la vie. Il avait pour cela besoin de l’intervention des membres de mon petit groupe. Il songeait à monter une expédition à la surface et demanda si j’en serais. Il expliqua ensuite que l’ancienneté de ces trois cristaux étaient bien plus grande que les Ol’Toga.
Son offre était alléchante, mais je devais me méfier.
« Si cette expédition en surface pourrait me permettre à moi et à mes compagnons de retrouver la vie, j’avoue qu’elle m’intéresse. Cependant, j’aimerais savoir pourquoi le maître Akouba nous interdit d’y aller sous peine de bannissement. Qu’arrive-t-il à nos âmes si on va à la surface ? Elles sont altérées, souillées ? »
Je m’arrêtai quelques secondes pour l’observer avant de rajouter.
« Mais comme vous le disiez à mon arrivée, lorsque nous nous sommes rencontrés, nous n’étions pas dans le même camp. Je ne veux pas vous insulter, mais il est normal de penser que vous êtes toujours dans le camp ennemi. Mon retour à la vie n’aura plus de sens, si le vôtre concoure à aider le dragon noir et à détruire Esseroth par exemple. »
Sans le quitter des yeux, toujorus sur le même ton calme, je rajoutai.
« Je voudrais donc en savoir plus sur vos plans avant de m’engager avec vous. »