Le Conseil de la République d'Ynorie

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Gamemaster9
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Gamemaster9 » sam. 30 nov. 2019 13:44

Intervention pour Shirel Benevent.

Les regards des conseillers s’agrandirent distinctement aux nouvelles apportées par Shirel. Le militaire, Shen Muri, frappa de son poing ganté sur la table.

« Bon sang ! Et comment cela se fait-il que nous ne soyons pas déjà au courant ?! »

Le Conseiller Gale, ajustant son monocle d’un air défait, scrutant Shirel avec attention, secoua la tête.

« Hélas, il dit la vérité. Et je crains connaître la réponse à votre question, Instructeur Muri. Même si j’espère me tromper. »

Le milicien se leva aussitôt, prenant les choses en main.

« J’en avise aussitôt nos généraux : il faut qu’une escouade d’éclaireurs aille là-bas pour rendre compte de ce qui s’est passé, et retrouver les éventuels messagers qui nous auraient été envoyés. »

Il regarda Shirel avec un air soupçonneux, puis quitta la salle d’un pas militaire. Le Conseiller Gale reprit la parole pour s’adresser au jeune kendran.

« Dites-moi, jeune homme. Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce que vous avez vu, sur les raisons de votre présence dans un de nos camps avancés ? Nos troupes avaient-elles la moindre chance de vaincre cet ennemi surprise ? »

Il s’éclaircit la gorge, précisant :

« Vous parlez d’un assaut plus important qu’un « simple » raid. Connaissez-vous les raids garzoks, pour ainsi les quantifier ? Et quel nombre placeriez-vous derrière cet assaut… important ? »
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Shirel Benevent
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Shirel Benevent » mar. 3 déc. 2019 18:58

Lorsqu'il eut délivré son rapport, Shirel sursauta alors que l'un des conseillers militaires frappait du poing sur la table. Il exprima la rage de n'être pas déjà au courant, et Shirel baissa les yeux, rougissant un peu. Était-ce un reproche qui lui était adressé ? Il avait un peu badiné en route : il s'était arrêté, il avait pris le temps de déjeuner chez les villageois qu'il avait croisés, puis s'était endormi sur le dos du soldat qui l'avait guidé. Le conseiller Varrockien affirma que c'était bien la vérité et Shirel lui adressa un regard quelque peu terrifié. C'était donc lui, celui qui savait déceler les mensonges ? Il frissonna. Il ne fallait pas commettre la moindre erreur. S'ils l'interrogeaient encore, ils se rendraient compte qu'il n'était qu'un lâche, un faible qui n'avait guère sa place au milieu des troupes ynoriennes. Pourtant, son récit, jusqu'alors, était effectivement sincère...

L'autre militaire indiqua qu'il allait aussitôt en informer les généraux ynoriens et envoyer des éclaireurs pour trouver d'éventuels messagers ultérieurs autant que s'aviser de la situation finale de la bataille, bien que celle-ci ne semblât pas faire de doute aux yeux de certains des conseillers. Après tout, Shirel l'avait décrite avec un subjectivisme assez avancé... Juste avant de partir mettre en place ces escouades, l'Ynorien dévisagea néanmoins le jeune homme avec une méfiance non feinte dans son regard rogue.

Il espérait que l'interrogatoire se terminerait ici : les conseillers étaient des gens d'importance et ils ne pouvaient lui accorder davantage d'attention alors qu'un danger sans pareil menaçait leur capitale. Ils devaient à présent partir organiser la défense de la ville et le laisser libre... non ? Ce n'était visiblement pas l'avis du conseiller Gale qui, réajustant son monocle, lui posa quelques questions supplémentaires, naturellement sur les raisons de sa présence dans un tel camp, ainsi que sur les chances de victoire de leur camp. C'était une question assez directe, à laquelle Shirel ne pouvait rien répondre de bien précis : ses connaissances en stratégie étaient issues de contes ou d'histoires romancées qu'il avait dégotées dans la Bibliothèque de Kendra Kâr, aussi étaient-elles dans l'ensemble inapplicables. Il savait qu'un preux chevalier avait l'avantage contre à peu près n'importe quel ennemi et désignait le camp vainqueur dans une bataille, mais il n'avait pas eu la chance d'en croiser la veille. Mais le monocle du conseiller l'apaisait presque : il brillait d'une lumière douce et Shirel, en réfléchissant, cherchait davantage à exprimer sa pensée le plus justement possible qu'à mentir à son interlocuteur - qui, de toute façon, aurait probablement décelé une telle manœuvre.

Mais le conseiller Gale n'en avait pas fini. Il s'enquit sur les connaissances de Shirel en matière de raids Garzoks et sur les forces en présence. Shirel écarquilla les yeux et demanda d'une voix blanche :

« Parce que... lors des raids Garzoks, il y a des créatures, des fauves comme ceux-là ? »

C'était inimaginable. Les Ynoriens avaient déjà bien du courage de se battre contre les terribles Garzoks : mais Shirel croyait entendre le conseiller sous-entendre que ce n'était pas si extraordinaire. En y réfléchissant, il n'avait vu aucun d'entre eux frémir lorsqu'il avait évoqué les bêtes oaxaciennes qui avaient sévi sur le champ de bataille, et il se demandait si c'était parce qu'ils étaient habitués à de tels rapports ou parce qu'ils n'avaient pas saisi l'horreur de la situation. Il avait ramené ses mains devant lui, recroquevillées l'une sur l'autre et s'efforçait de contenir un tremblement, pour garder la face devant ces hauts magistrats de la République.

« Je... je ne sais pas... Vous pensez que c'était un raid... normal ? »

Il baissa les yeux.

« J'ai vu... des dizaines de Garzoks sur notre camp. Il y en avait visiblement également qui s'attaquaient à tous les camps voisins... Puis ils ont sonné la retraite et sont repartis sous le couvert des arbres de la forêt. Je n'ai... je n'ai pas pris le temps d'observer leur fuite pour déterminer leur nombre. »

Il déglutit et chercha immédiatement à se justifier :

« J'essayais de soigner les blessés. »

C'était peut-être sa seule contribution notable à la bataille, aussi avait-il besoin d'en rendre compte, au moins une fois.

« Je viens de Kendra Kâr, comme je vous l'ai dit... Le Temple m'a envoyé à Luminion et, là, j'ai reçu la mission de venir servir comme messager en Ynorie. Ah, tenez... »

Il sortit le vieux papier froissé et tavelé, son ordre de mission, pour le tendre au conseiller Gale. Si ce n'était pas là la preuve qu'il était honnête ! Il observait le Varrockien avec une mine pleine d'espoir, attendant son verdict. Il crut bon de préciser, en attendant :

« Je venais d'arriver dans le camp, le matin même, lorsque l'assaut a eu lieu... Je suis désolé, mais je ne saurais pas trop estimer vos chances de victoire. Il faisait déjà sombre... La défense était bien organisée, pourtant, il y avait cette grande flamme au milieu du camp pour prévenir les voisins... »

Il ne savait pas trop comment continuer. Il n'avait pas vu grand-chose, à vrai dire, et donnait ces quelques éléments de bonne foi, espérant que cela informerait suffisamment ses interlocuteurs, ou qu'ils y trouvent des questions ultérieures à lui poser.

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Gamemaster9
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Gamemaster9 » dim. 15 déc. 2019 10:22

Intervention pour Shirel Benevent.


Les trois conseillers restants écoutèrent avec attention le moindre des mots de Shirel. Alors que Gale parcourait le parchemin tendu par le jeune homme, le militaire murmura d’horreur lorsqu’il entendit parler du grand feu…

« Le signal… Rana ait pitié… »

Gale se détourna du parchemin, le rendant à son propriétaire en arborant un air grave.

« Il est fort à parier que vous ayez raison et qu’il ne s’agisse pas d’un simple raid. Ceux-ci peuvent prendre bien des formes, et contenir les plus terribles horreurs des Treize de la déesse noire. Mais là… ça semble plus conséquent. Plus urgent. Le fait que vous soyez seul ici ce jour n’augure rien de bon. »

Il secoua la tête, un peu défait, et poursuivit.

« Nous nous chargeons de prendre le relais, jeune messager. Merci de ces informations cruciales. Nul doute que Luminion dans son haut col sera ravi d’avoir ces informations également. Priez-les, s’il vous plait, de venir à notre secours : nous enverrons un de nos messagers ce jour-même pour Kendra Kâr et une demande officielle d’aide au Roi Solennel IV, mais je crains que tout cela ne soit trop long, aussi appuyez, si vous le voulez, sur l’urgence de notre appel auprès du Duc de Luminion. »

Il tripota un instant sous la table et sortit une bourse qu’il tendit à Shirel.

« Voilà pour votre paiement, messager. Merci de votre célérité. »

La bourse contenait 5 pièces d’argent, 500 yus au total. Shirel, s'il n'avait plus rien à dire, fut aussitôt congédié.


[HJ : yus validés sur la fiche]
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Shirel Benevent
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Shirel Benevent » jeu. 2 janv. 2020 18:35

Ce fut lorsqu'il évoqua la grande flamme allumée que les conseillers finirent par donner du crédit à son récit. Le conseiller Gale, ensuite, lui rendit l'ordre de mission de Luminion, tout en constatant que le fait qu'il soit le seul survivant indiquait bien l'urgence de la situation. Shirel sentit le bout de ses joues rosir. Sous-entendait-il qu'ils avaient à faire à un couard ? Il baissa les yeux, rangeant rapidement le papier dans son sac. Mais le conseiller Gale ne s'arrêta pas là : en le congédiant, il lui demanda d'appuyer leurs demandes à Luminion d'envoyer des renforts pour protéger l'Ynorie, craignant que ses propres messagers, qui s'adresseraient notamment au roi lui-même, ne mettent trop longtemps à les convaincre, puis il lui tendit une bourse.

Le jeune homme récupéra la bourse, qu'il trouva d'un poids équivalent à celle qu'il possédait déjà. C'était heureux : cinquante yus de plus, ça lui servirait bien. Il s'inclina devant les conseillers, gauchement certes, mais en essayant de respecter l'usage - il avait lu que c'était la façon avec laquelle les Ynoriens se saluaient et, bien que cela lui semblât très étrange, il n'était pas en mesure de le reprocher aux Conseillers d'Ynorie. Puis il sortit.

Dehors, rien n'avait changé. La nouvelle avait éclaté au sein du palais, mais pas dans les rues, qui restaient animées d'une joie douce, atténuée par la fraîcheur de l'automne qui faisait rentrer les gens chez eux plus tôt. Il ouvrit alors la bourse récupérée en marchant sur les pavés, pour la déposer dans sa propre bourse, et s'aperçut que l'éclat de ces pièces-là était légèrement différent. Des pièces d'argent.

Il s'arrêta net en plein milieu de la rue, les yeux écarquillés. Des pièces d'argent.

Il les mit tranquillement dans sa bourse et reprit sa route, l'air toujours aussi éberlué. Il était devenu riche, d'un seul coup, sur le bon vouloir de la République d'Ynorie. Après tout, ces Conseillers étaient l'équivalent du Roi de Kendra Kâr, songeait-il : il était naturel qu'ils voient une telle somme comme une bagatelle, alors que lui y voyait de longs mois de dur labeur au Temple de Kendra Kâr.

Pourtant, il sentait que cela n'était pas si bon. Tant d'argent, ça attirerait les voleurs et les tire-laines ; tant d'argent, ça attiserait la convoitise de ses camarades au Temple ; tant d'argent, ça risquait de faire naître chez lui une tentation pour l'avarice et la luxure qui déviaient dangereusement de la voie de Gaïa. Il ne savait qu'en penser. C'était une belle récompense, mais il fallait l'employer à une fin honnête. Curieusement, le souvenir des soldats ynoriens qu'il avait abandonnés sur le champ de bataille lui revint en mémoire et il songea que la récompense, si elle était belle, n'en était pas moins sale.

Il avait honte de lui. Pourtant, ses pas continuaient à l'éloigner du siège du Conseil d'Ynorie. S'il avait été courageux, ou même seulement honnête, il serait revenu en arrière, il aurait avoué qu'il avait fui la bataille, qu'il avait eu peur et qu'il avait cédé à la panique... mais il sentait qu'il n'en avait pas la force. C'était un remords qui s'installait, comme un chancre qui se creuse un nid. Il continuait donc sa route, la bourse plus lourde et la conscience aussi.

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Akihito
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Akihito » dim. 10 janv. 2021 16:46

Dans le chapitre précédent...

Troisième Arc : Encre de feu, Ancre de sang.

Chapitre XXI.3 : L'appel du devoir.

La traversée de la ville se fit dans un silence entre les deux hommes, et sous les épais nuages d’un printemps orageux. Il ignorait ce que pouvait bien penser le milicien, mais lui était en proie aux multiples suppositions qui pouvaient mener les dirigeants non seulement de la capitale, mais aussi de la République tout entière, à les quérir. Il écarta rapidement le cas d’Yliria de l’équation : si sa présence gênait réellement, ils l’auraient fait expulser manu militari au lieu de le faire venir lui. De plus, il doutait qu’une convocation par le Conseil nécessitant la présence d’un des membres les plus éminents de la milice se fasse pour un événement aussi « trivial ». Quels choix restaient-ils ?

(Le siège… Ca aura sûrement un rapport avec la guerre contre Omyre.)

En sa qualité de Porteur de la Kizoku-Rana, il avait un devoir de protection envers la République. Et s’il était conscient et volontaire pour aider les siens et protéger sa patrie, il émettait quelques réserves quant à son poids dans une bataille engageant des milliers de combattants. Une mission spéciale ? De reconnaissance ? Un objectif ciblé était envisageable, mais les possibilités étaient tellement nombreuses… En fin de compte, il décida d’enfin s’adresser à son silencieux compagnon, en quête de réponse. Car il apercevait déjà la pierre éclatante et massive du siège du Conseil s’élever au-dessus des toits, au bout de la rue.

« Excusez-moi, Sergent… Est-ce que vous savez pour quoi le Conseil nous convoque-t-il ?

- Non, je l'ignore. Probablement des directives liées à la situation actuelle, déclara après un instant de réflexion le milicien, avant de rajouter : plus concrètes que de jouer les messagers pour les miliciens sous ma responsabilité, je l'espère. »

Akihito acquiesça. Le Dragon ne semblait pas avoir plus d’informations que lui, mais en était venu au même point. Il vit aussi son regard s’arrêter sur son équipement, sans qu’il puisse savoir lequel. Mais il n’eut pas le temps de s’interroger plus longtemps car la le caractère majestueux du bâtiment abritant le Conseil se dévoila enfin devant ses yeux. Même malgré le ciel noir d’orages, il restait imposant et fort d’un symbole marquant l’indépendance et la ténacité dont les Ynoriens avaient dus faire preuve pour bâtir leur nation indépendante. Akihito n’était venu qu’en de rares occasions dans ce lieu, et la plus récente était sa rencontre avec Hatsu Okâmi, lorsqu’il l’avait intercepté après le procès de Talabre pour le mener à son frère. Un événement récent mais qui lui semblait si loin…

(Concentre toi Akihito.) le rappela à l’ordre sa Faëra.

Les grandes marches menant à l’entrée du bâtiment furent gravies en de rapides enjambées par les deux hommes, qui passèrent les gardes postés sans difficulté. Le prestige du duo n’était pas à sous-estimer, raison pour laquelle ils furent exempts de contrôle. Ou alors avaient-ils été prévenus de leur arrivée ?

Une nouvelle fois, Akihito chassa de sa tête les pensées et les questions superflues. Elles étaient nombreuses et causées par la nervosité grandissante en lui, aussi se focalisa-t-il sur son environnement. L’intérieur du bâtiment était empli d’une ambiance lourde, et d’une activité frénétique dans un silence de chuchotements et de cliquetis d’armures. Il n’en était pas sûr, mais Akihito jugeait qu’il devait y avoir au moins deux fois plus de soldats que d’ordinaire. Quelque chose se préparait.
Puisque le milicien était celui qui avait été mandaté pour les mener tous deux au Conseil, il le laissa s’exprimer avec la jeune femme aux prunelles noisette chargée de l’accueil des personnes souhaitant s’entretenir avec le Conseil -s’il avait bien saisit sa fonction. Celle-ci fit un signe à un Samouraï posté en retrait, et lui demanda de les escorter jusqu’à la chambre du Conseil. Dans un signe de tête, il les invita à le suivre, ce que firent les deux hommes. Ils montèrent un des deux grands escaliers de marbre menant à l’étage supérieur, avant de prendre le couloir central qui s’enfonçait rapidement dans les profondeurs du bâtiment. Au bout, une double porte d’un bois argenté frappée du blason de la ville, attestant de l’importance de la pièce qui se trouvait derrière. Le Samouraï, après un regard jeté en arrière, frappa à la porte deux coups lents, puis trois coups rapides, avant d’ouvrir les doubles battants en les annonçant.

« Honorables Conseillers, le sergent D'Esh Elvohk Kiyoheiki, de la Milice d’Oranan et Dragon d’Or d’Ynorie, accompagné du Porteur de la Kizoku Rana, Akihito Yoichi. »

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Kiyoheiki
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Kiyoheiki » dim. 10 janv. 2021 19:44

~Auparavant~

~3~


Après une poignée de minutes, le jeune homme et moi nous dirigeons vers le bâtiment du Conseil. Je jette brièvement un coup d’œil au ciel nuageux. Le temps est grisé, comme se préparant à peindre un sombre voile sur mes terres natales. Pourvu que le temps n'empire pas trop, les conditions sont déjà suffisamment difficiles comme cela.

Nous progressons en silence, et je ne m'étonne pas vraiment de la chose. Ce Cherock O'Fall m'a rendu mon salut militaire de la même manière et m'a respectueusement appelé par mon grade. Cela ne m'étonnerait guère qu'il fréquente des miliciens et connaisse les us de l'organisation. Toutefois, alors que nous voyons poindre notre destination, mon interlocuteur rompt ce silence et me demande si je sais pour quelles raisons le Conseil nous convoque. J'ai bien une petite idée à mon endroit, ayant participé à nombre de conflits de grande ampleur par le passé. Mais lui ? Mes yeux violets l'intègrent à mon champ de vision, s'attardant sur sa tenue et plus particulièrement sur ses armes. J'ai la sensation qu'une idée est sur le point de me venir, mais elle demeure floue.

Je reporte mon attention devant nous, fronçant légèrement les sourcils.

"Non, je l'ignore. Probablement des directives liées à la situation actuelle."

La guerre est à nos portes, mais je n'ai pour le moment eu comme consignes que de faire passer le message et m'assurer que les combattants sous mon commandement soient prêts au combat, voire de rappeler leur devoir à qui semblerait frileux. Certains de ceux que je considère encore comme mes apprentis se sont même montrés plus résolus que leurs aînés. Je me demande encore quelle est la part d'imprudence et celle de courage dans leur attitude. Lentement, mes doigts resserrent leur étreinte sur un pan de mon heaume.

"Plus concrètes que de jouer les messagers pour les miliciens sous ma responsabilité, je l'espère."

Aussitôt ces paroles émises, je serre la mâchoire. De quel droit suis-je en train de me plaindre ? Mes supérieurs doivent avoir une bonne raison de ne pas m'avoir fait connaître d'autres ordres que ceux-ci. Je tente de raisonner posément, mettant cette absence d'instructions sur la nécessité d'organiser les forces armées avant la celles de la milice. Et si je suis ici, à gravir les marches de l'édifice, c'est pour une bonne raison.

Les gardes aux portes nous laissent passer, certainement informés de notre venue. Je leur adresse brièvement un signe de tête en avançant puis me dirige vers une jeune femme, la saluant avant de décliner nos identités respectives. Après lui avoir exposé les raisons de notre venue, elle fait signe à un samouraï présent un peu plus loin. Pendant un court instant, je revois une autre pièce où un nombre impressionnant de ces guerriers d'élite étaient postés. Je chasse vivement ce souvenir, me concentrant sur la direction prise par l'homme dans le bâtiment.

Le samouraï nous conduit à une double porte sur laquelle il tape une série de coups lents puis rapides, avant d'ouvrir et de nous annoncer. Quelque part, entendre l'homme me désigner par mon titre de Dragon me laisse perplexe. C'est ce que je suis, je le sais, mais j'ai encore un peu de mal à m'y identifier totalement. Mon regard se dirige presque impoliment sur mon voisin quand il est présenté ensuite en tant que Porteur de la Kizoku Rana. Je comprends mieux la raison de sa venue. Qui d'autre que celui maniant une lame de légende serait plus à même d'être reçu par le Conseil ? J'espère toutefois pour lui qu'il a les épaules pour jouer de cette arme si symbolique aux yeux de mon peuple et, qu'en parallèle, il n'alourdit pas son fardeau par un besoin de prouver en être digne. Les attentes de ceux plaçant leurs espoirs en des symboles peuvent s'avérer bien lourdes à ne pas décevoir.

Cela me rend toutefois curieux à son endroit et de la façon dont Kizoku Rana est entrée en sa possession. Mais ce sont là des considérations pour plus tard. Qu'il possède un objet aussi célèbre ou non, j'attends de le voir agir et raisonner avant de me faire une opinion. L'histoire et la notoriété d'un artefact ne sont pas celles de son détenteur et ne sauraient décemment s'y substituer.

Je reporte mon attention devant moi, jette un bref regard à la pièce puis salue les présents respectueusement.


Modifié en dernier par Kiyoheiki le lun. 11 janv. 2021 13:33, modifié 1 fois.

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Cromax
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Cromax » dim. 10 janv. 2021 20:50

Intervention pour Kiyoheiki et Cherock

Les deux « célébrités » d’Oranan furent donc accueillies dans la vaste salle du Conseil de la République. Vaste, et passablement vide, au passage. Il n’y avait là pour tous conseillers que deux d’entre eux, sur la petite vingtaine qui le constituait. Mais pas n’importe lesquels, et cela put donner la puce à l’oreille des deux visiteurs. Il s’agissait de nul autre que Hoga Tirama, haut capitaine de la milice de la ville, et la non moins célèbre Nora Shimi, combattante émérite de l’armée ynorienne. Tous deux responsables prioritaires de la protection de la cité et de ses alentours. Dame Shimi prit la parole en premier, avenante malgré la situation, ce que n’était en rien son comparse du jour, sévère et impénétrable.

« Merci d’avoir répondu si rapidement à notre convocation, Hīrō. Soyez tous deux bienvenus dans l’Antre du Conseil d’Ynorie. »

Elle salua posément les deux invités, puis poursuivit.

« Comme vous le savez, cela fait des semaines que les troupes d’Omyre ont encerclé la cité, menaçant d’un siège notre capitale. Seul l’accès maritime est préservé, mais nous attendons sous peu l’armada ennemie qui tentera de nous couper du reste du monde. »

Son sourire avait disparu sous une mine plus grave, soucieuse.

« Les rapports récents indiquent que l’armée terrestre de la Déesse Noire gonfle encore ses rangs sur nos terres, dévastées et pillées. Oranan subira bientôt le courroux d’une nouvelle bataille, sur deux fronts cette fois. Le Royaume de Kendra Kâr et ses alliés seront heureusement présents. Leur flotte est actuellement en cheminement vers la capitale, et leurs troupes se rassemblent au Sud, près de Viskori. Une lueur d’espoir à laquelle nous devons tous nous raccrocher en ce jour sombre… »

Le Capitaine Tirama toussota de la gorge pour empêcher sa collègue de s’étendre davantage. Il prit la parole d’un ton plus sec, quoique toujours poli.

« Ce qui nous amène à la raison de votre présence ici. Sa Majesté le Roi Solennel IV fait appel à des aventuriers indépendants pour des missions spéciales tenues secrètes. Nous ne pouvons nous départir du moindre soldat dans nos rangs, nécessaires pour la défense de la ville. Ainsi, vous avez été désignés, si vous acceptez cette mission pour le bien de la République, pour représenter Oranan et l’Ynorie au sein de cette force indépendante. Afin de veiller sur nos intérêts et notre sauvegarde. »

Nora Shimi reprit la parole.

« C’est une nécessité qu’Oranan y soit représenté, et nous plaçons énormément de confiance en vous en vous attribuant cette tâche. J’espère de tout cœur, au nom de l’Ynorie, que vous accepterez cette tâche. »

Et tous deux observèrent les « élus », dans l’attente de leur réponse.

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Akihito
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Akihito » dim. 10 janv. 2021 23:03

Dans le chapitre précédent...

Troisième Arc : Encre de feu, Ancre de sang.

Chapitre XXI.4 : L'appel du devoir.

La salle qui s'offrit à Akihito et au milicien n'était autre que la salle du Conseil lui-même. Pour en avoir entendu sans jamais la voir, il reconnaissait sans mal cette longue table en arc de cercle qui faisait face aux personnes venant quérir les Conseillers, qui siégeaient à cette même table. Mais aujourd'hui, seules deux des têtes pensantes de l'Ynorie étaient présentes. La première était Hoga Tirama, chargé de la sécurité de la ville et de sa défenses. Un homme droit, fier et faisant de l'honneur Ynorien et le peuple sa priorité. Non moins célèbre, Dame Shimi était elle à la tête des opérations de défense sur tout le territoire en dehors des murs de la capitale. En un mot comme en cent, c'était les Conseillers qui en temps de guerre, avaient le plus de poids.

Akihito pénétra dans la salle et fut soudainement pris d'un doute : comment devait-il saluer ces imminents personnages ? C'était une situation sans précédent pour lui, et il doutait qu'une simple courbette suffirait. Imiter le sergent ne lui semblait pas une bonne idée non plus, car si lui était un gradé de la milice, l'enchanteur n'était pour sa part qu'un citoyen lambda, Kizoku ou non. C'était des militaires, aussi décida-t-il de marquer son respect de la manière qu'il jugea la plus appropriée : renouvelant le salut militaire effectué plus tôt envers le Dragon d'or, il y ajouta également une légère inclinaison du torse et posa un genou à terre. La voix claire et emprunte de politesse de la célèbre archère résonna dans la salle, une fois le claquement discret de la porte dans son dos.

« Merci d’avoir répondu si rapidement à notre convocation, Hīrō. Soyez tous deux bienvenus dans l’Antre du Conseil d’Ynorie. »

Prenant ce salut comme une invitation à se redresser, Akihito s'exécuta et prêta une oreille attentive au discours de la jeune femme. En l'observant alors qu'elle expliquait la situation d'Oranan qui se dégradait de jour en jour, il comprit pourquoi son père racontait que ses sorties sur le champ de bataille faisait souvent des émois parmi les Samouraïs et les patrouilles frontalières : elle était d'une saisissante beauté. Puis ce fut au tour du capitaine Tirama, qui avait été le supérieur de son Samouraï de père, d'entrer dans le vif du sujet.

« Ce qui nous amène à la raison de votre présence ici. Sa Majesté le Roi Solennel IV fait appel à des aventuriers indépendants pour des missions spéciales tenues secrètes. Nous ne pouvons nous départir du moindre soldat dans nos rangs, nécessaires pour la défense de la ville. Ainsi, vous avez été désignés, si vous acceptez cette mission pour le bien de la République, pour représenter Oranan et l’Ynorie au sein de cette force indépendante. Afin de veiller sur nos intérêts et notre sauvegarde.

- C’est une nécessité qu’Oranan y soit représenté, enchaîna dame Shimi, et nous plaçons énormément de confiance en vous en vous attribuant cette tâche. J’espère de tout cœur, au nom de l’Ynorie, que vous accepterez cette tâche. »

Ayant fini d'exposer leurs attentes, les conseillers posèrent un regard attentif sur les deux guerriers, attendant une réponse. La main d’Akihito se serra autour de la lame Ynorienne pendant à sa taille. Il fit un pas en avant, se collecta, avant de déclamer sa résolution d'une voix profonde, affirmée.

« Honorables membres du Conseil, vous dire que j'accepte en ma qualité de Porteur de la Kizoku-Rana serait tronquer la vérité. Si je suis conscient du devoir qui m'incombe pour être en possession de cette lame, je reste avant tout un Ynorien. Et si mon coeur me pousse à vouloir défendre la ville qui m'a vu grandir et les personnes qui me sont chères, j'irai là où ma présence sera la plus nécessaire. Je m'en remets à vous pour la défense de notre cité et représenterai de mon mieux la fierté Ynorienne dans cette force indépendante. »

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Kiyoheiki
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Kiyoheiki » lun. 11 janv. 2021 13:32

~Auparavant~

~4~

J'aurais du m'y attendre, et pourtant je suis un brin surpris que des membres du Conseil, seuls deux soient présents. Le premier est mon supérieur hiérarchique, le respecté Hoga Tirama, Haut Capitaine de la milice. C'est la première fois que je le rencontre, et il cause une impression plus forte encore que celle du Capitaine Atsuhiko. Le gigantesque espadon et l'armure de samouraï qu'arborent son impressionnante taille y sont certainement pour beaucoup. À ses côtés se tient son pendant en lien avec les armées ynoriennes, la reconnue Dame Nora Shimi. Elle passe son vif regard entre les présents, se montrant aussi ouverte que son voisin est sévère.

Elle nous souhaite la bienvenue dans l'Antre du Conseil, puis nous fait un résumé de la situation actuelle. Les troupes d'Omyre encerclant la cité une nouvelle fois depuis des semaines, se préparant à un siège. La voie terrestre est coupée, et si celle des eaux ne l'est pas encore, la noble Dame indique la venue d'une armada ennemie sous peu. Si d'aucun se bercerait encore d'illusions quant à une issue pacifique, force est de constater que les chances sont des plus minces. La Conseillère Shimi partage ensuite les informations récentes, indiquant que les troupes terrestres continuent de se rassembler sur nos terres, tout comme celles de Kendra Kâr. En résumé : la menace d'un siège, et une bataille regroupant une partie non dérisoire des forces de tout Nirtim. Quoi qu'il advienne, aucun camp n'en sortira indemne.

La Dame se laisse aller à exprimer ses sentiments, en misant sur la lueur d'espoir que les troupes de Kendra Kâr représentent. Il est vrai que, cette fois, nos voisins et régents ancestraux vont se battre ouvertement à nos côtés. Ils auraient pu abandonner la République à son sort, mais je ne suis pas entièrement dupe. Sans ma Patrie pour faire grandement barrage, le royaume kendrain devra encaisser les assauts lancés depuis des terres bien plus propices. Ils agissent aussi bien par conviction contre la Demie-Déesse que par logique pragmatique. Je n'exprime nullement cette pensée, mais ne me voile pas pour autant la face à son sujet. C'est un simple fait, et je l'accepte.

Le Capitaine Tirama se manifeste, interrompant d'une toux discrète les paroles un peu trop sentimentales, pour donner la raison de notre présence. Le Roi Solennel IV fait appel à des aventuriers pour effectuer des missions tenues secrètes. Les soldats de la cité ne pouvant être dépêchés, ce sera à nous de représenter Oranan et ma Patrie au sein de ces éléments. Je fronce légèrement les sourcils, écoutant la Conseillère ajouter qu'il est nécessaire que la Capitale soit représentée. Et je le comprends. Des voix au nom de la ville qui pourrait, si la guerre tend vers notre défaite, servir de monnaie symbolique dans la négociation d'une reddition, sont indispensables.

À côté de moi, le jeune Cherock donne sa réponse, insistant sur la conscience du devoir lié à sa lame légendaire et à son ascendance. Il est donc, comme moi, en partie ynorien. Il s'exprime avec assurance, se montrant prêt à représenter au mieux notre fierté. Il a grandi ici, et son cœur y a ses racines, ce qui est une pensée rassurante. Mais cela ne me conforte pas dans l'idée que je puisse me fier totalement à lui. L'expérience. J'ai déjà vu des individus se retourner contre les leurs malgré des racines communes, sans parler des traîtres vivant et servant pourtant l'Ynorie depuis des années.

Après son petit discours dont j'ai l'impression que j'aurais pu en être à l'origine moi-même, je pince légèrement les lèvres avant de m'exprimer.

"Honorables Conseillers, je vous suis également gré de votre confiance à mon endroit et comprends vos intentions."

Je lisse un pan de mon casque du pouce en parlant, laissant mon regard se faire un brin plus froid.

"Ainsi que la nécessité de se trouver à proximité des indépendants dans des situations aussi complexes. Être l'une des voix des ynoriens est un très grand honneur pour cet humble citoyen. En tant que fils de l' Ynorie, pour notre Peuple, la République et notre Patrie, j'accepte cette tâche."

Je ponctue ma réponse d'un respectueux signe martial, me montrant plus déterminé que jamais. L'Ynorie m'a accordé ma chance et sa foi, elle n'aura pas affaire à un ingrat.

Modifié en dernier par Kiyoheiki le mar. 12 janv. 2021 23:14, modifié 1 fois.

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Cromax
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Cromax » lun. 11 janv. 2021 15:39

Intervention pour Kiyoheiki et Cherock

Si l’attitude du Haut capitaine ne laissa rien transmettre, une expression de soulagement souligna les traits de Nora Shimi. Elle s’adressa d’un ton soulagé aux deux représentants de l’Ynorie dans la bataille qui allait venir.

« Soyez honorés de cette décision. Le Conseil compte sur vous, serviteurs de l’honneur et d’Oranan. Puisse le sort vous être favorable. »

Et elle plaça deux doigts sur le cœur avant d’en saluer les deux aventuriers. Hoga Tirama commenta, lui, plus sombrement :

« Tâchez d’être dignes de votre serment, et de ces armes et titres que vous portez. Un navire marchand a été affrété pour vous transporter jusqu'au camp kendran. Il partira ce soir au plus tard. »

Le rendez-vous était prêt. Il les salua d’un signe de tête poli, inclinant sommairement celle-ci, et laissa les visiteurs repartir avec une mission en poche… A moins qu’ils n’aient d’autres interrogations.

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Kiyoheiki
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Kiyoheiki » ven. 2 juil. 2021 23:05

~Auparavant~


Après avoir pris quelques heures pour méditer, je me rends dans la salle du Conseil, me demandant brièvement comment s'en est sorti le Ser Cherock de son côté. Casque sous le bras, j'entre dans la pièce et effectue un salut de milicien, poing dans la paume opposée.

"Conseillère Shimi, je reviens auprès des nôtres après ma mission aux côtés des kendrains."

Si son salut est aussi militaire que le mien, elle arbore cependant un sourire et m'invite à lui faire mon rapport. Je me redresse, acquiesce et réponds.

"J'ai pris part à une mission sous la responsabilité du Comte Ybelinor, en compagnie de trois autres personnes. Deux indépendants et un soldat kendrain. Des lueurs suspectes aux environs des ruines de Nayssan avaient été signalées et une escouade d'éclaireurs y avait été dépêchée. Seul le capitaine en était revenu... À l'état de non-mort.

Sur place, nous y avons découvert la présence des nécromants Gadory et Herle Krishok, se livrant à un rituel destiné à lier les esprits elfiques prisonniers des ruines à eux afin de les adjoindre à leurs troupes. Toutefois... "

Je marque une brève pause, me remémorant la scène.

"Il a été possible de résoudre cette situation par la diplomatie. En échange de la transmission d'une demande concernant la reconnaissance et la légitimité de la pratique des arts sombres par le roi de Kendra Kâr, Herle Krishok s'abstiendra de participer à la bataille. "

Je ferme brièvement les yeux, frottant mon poignet marqué, hésitant à poursuivre. Mon interlocutrice met en doute cette abstention de la part du nécromant puis me demande si la requête a été transmise, ainsi que la réaction engendrée.

"Herle Krishok s'est presque offusqué lorsque nous avons laissé entendre qu'il ne voulait ces esprits qu'à des fins égoïstes. Il veut faire la preuve que la magie d'obscurité peut aussi servir à libérer et apaiser les morts. Il m'a semblé quelque peu lassé d'être au service de la Sombre Dame. Son apprenti n'avait de cesse de mentionner qu'ils devaient lui être loyaux mais se faisait intimer le silence en permanence.

Malgré l'obstruction du Comte, la demande a été transmise. Le Roi a pris le parti de la mettre en suspend, la situation n'étant pas la plus appropriée pour prendre une décision définitive. Pour l'heure, rien n'est acté mais il n'est vraisemblablement pas fermé à la discussion."

La Conseillère doute fortement que le Roi accède à cette requête car cela irait à l'encontre de lois ancestrales. Son opinion personnelle est que la magie obscure est néfaste et que le Ser Krishok demeure un puissant ennemi. J'acquiesce sobrement mais n'approuve ni ne réfute son opinion.

"Il me faut également vous faire part de quelque chose d'important. Des informations concernant certains mouvements lors du conflit à venir."

Je continue de légèrement masser mon poignet en poursuivant.

"Des troupes d'importance et de natures variées renforceront les armées d'Oaxaca. Celles de Karsinar et ses liykors à l'ouest, de Khynt à l'opposé. La Sombre Dame mènera ses forces au nord, et les non morts sont censés être déployés au sud. Des renforts shaakts devaient intervenir, mais les matriarches ne comptent pas risquer leurs combattants dans cette bataille."

Après avoir un instant hésité, je fais un lent mouvement de tête décidé et retrousse légèrement ma manche, lui montrant les marques de l'entité noire.

"Si les paroles d'un gentâme à ce propos sont réellement dignes de foi."

Son visage s'assombrit à la mention de l'entité obscure et faisant partie du monde des esprits, demandant quel prix a pu être payé pour cela. À la vue de mes marques, elle mentionne ces créatures incapables de mentir et savantes en bien des choses même si terriblement dangereuses. Elle souhaite savoir si je pense que cela valait le risque pris.

Je lui adresse un regard et esquisse un sourire.

"C'est là l'une des rares questions que nous n'avons pas posé, Conseillère. Mais en faisant appel à son savoir, nous avons pu contourner les monstres gardant les ruines, apprendre que le rituel est expérimental et basé sur la connaissance d'un Parchemin de Gaia, ainsi que ces mouvements de troupes dont je viens de vous faire part."

Serein, je maintiens mon léger sourire.

"Veuillez pardonner mon impertinence, mais en ces lieux où la pression des âmes se faisait tangible et à la veille d'un conflit où nombreux seront ceux à tomber, sacrifier une partie de mon essence ou de mon être pour le bien du plus grand nombre m'a semblé en valoir la peine."

Peut-être a-t-elle entrevu quelque chose dans mes paroles, car elle me rappelle que c'est en étant vivant que je serai le plus à même de protéger notre peuple et que nul n'attend de moi un sacrifice. Je joins mes mains et me tiens avec détermination.

"Je n'ai aucune intention de délibérément opter pour cette option, Conseillère. J'ai d'autres moyens pour lutter que d'offrir ma vie en vain."

Je me laisse aller à un sourire amusé.

"Ma jeune épouse m'a aussi sagement rappelé que je protège des êtres doués de sentiments et qui tiennent à ce que je leur revienne. Je ne négligerai pas mon devoir mais je n'oublierai pas vos paroles non plus."

Après lui avoir assuré demeurer à la disposition du Conseil, je quitte la salle. Une fois dehors, je lève le regard vers les cieux, percevant les clameurs portées par la brise.

Une nouvelle fois, je vais activement prendre part à une guerre. La troisième en une poignée d'années. La seule différence est que celle-ci est à nos portes et que je ne suis pas dans un autre monde quand nos murs sont assiégés.

Je pense longuement à mes proches puis, résolument, me coiffe de mon casque.


~Suite~

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Hatsu Ôkami
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Hatsu Ôkami » ven. 2 juil. 2021 23:07

Vêtue de sa toute nouvelle armure dans l’optique de bien montrer qu’elle n’était pas là pour faire une mauvaise plaisanterie, Hatsu se présenta devant le bâtiment du Conseil en demandant à voir quelqu’un qui pourrait lui indiquer comment aider à l’effort de guerre en tant qu’aventurière. Elle préférait nettement ce terme à celui de mercenaire, n’aimant pas l’idée qu’on puisse croire qu’elle défendait son pays contre de l’argent. Se remémorant la dernière fois qu’elle était entrée ici, pour sa participation à l’Erementarifoji, elle patienta avant qu’un garde ne vienne pour lui dire que la conseillère Shimi allait la recevoir, Hatsu haussa un sourcil surpris, mais suivit le garde sans broncher. La conseillère Shimi était la raison principale pour laquelle Hatsu s’était tournée vers l’archerie plutôt qu’un autre style de combat. Elle avait été subjuguée par une démonstration des talents de l’archère alors qu’elle était enfant et avait longtemps nourri l’idée d’être sa disciple lorsque celle-ci lui avait tapoté la tête en lui disant qu’elle avait du potentiel alors qu’elle touchait une cible avec un arc à sa taille. Depuis, les choses avaient bien changé, elle avait grandi et ses espoirs avec elle, mais le respect qu’elle avait pour celle qui était devenue une conseillère n’avait pas faibli. Lorsqu’elle entra dans le bureau et que le garde referma la porte derrière elle, elle s’inclina respectueusement avant de se présenter.

- Conseillère Shimi, je m’appelle Hatsu Ôkami. C’est un honneur pour moi de vous rencontrer. Je me présente devant vous afin d’offrir mon aide à la défense de notre cité et de notre pays. Comment puis-je me rendre utile ?

Avant que la conseillère ne puisse ouvrir la bouche, la porte s’ouvrit. En se retournant, Hatsu reconnut aussitôt celui qui entra avant même qu’il ne se présente. Voir Cherock O’Fall lui rappela bien des choses et elle répondit à son sourire par un simple hochement de tête poli. Il se présenta à son tour à la conseillère qui leur offrit à tout deux un sourire et les remercia pour leur aide. La conseillère leur laissa le champ libre quant à leurs actions pour la bataille à venir, arguant que leur flexibilité était ce qui serait le plus utile, si tant est qu’ils ne ruinent pas les efforts de la république concernant la guerre ou la diplomatie. Quelque peu surprise par cela, Hatsu resta muette, évaluant déjà ce qu’elle pouvait faire avec ses simples compétences d’archère, ne perdant pourtant pas une miette de la suite de l’entretien. Que la conseillère lui accorde assez de confiance pour la laisser assister à un rapport d’une mission visiblement secrète la laissa pantoise. Après tout, elle n’avait jamais fait ses preuves en dehors de l’Erementarifoji. Une vague de fierté l’enveloppa doucement en sachant cela.

Elle écouta avec diligence les explications du fulguromancien. Kendra-Kâr avait apparemment fait appel à de nombreux aventuriers, dont le sergent D'Esh Elvohk qu’elle connaissait de réputation, pour tenter de s’occuper des généraux d’Oaxaca, Crean Lorener en tête. Ayant aperçu le tristement célèbre général en chef à la bataille de Luminion, elle ne put que jeter un regard en coin à Cherock lorsqu’il avoua avec amertume avoir tenté de le vaincre, hélas sans succès. La simple idée d’aller affronter un seul des treize ne lui avait jamais traversé l’esprit en dehors de quelques fantasques rêves de gloire, étant plus jeune, et elle respecta profondément les aventuriers qui avaient tenté une telle chose, bien que la conseillère trouvât le risque prit par Kendra-Kär quelque peu exagéré. Hatsu ne pouvait lui donner tort. Cela nuisait fortement à toute tentative d’une quelconque solution plus diplomatique à ce conflit, bien qu’elle doutât que quiconque essaie d’instaurer une paix sans s’affronter avant, vu l’animosité que chaque camp avait envers l’autre.

Le fulguromancien semblait décidé à aider la République, allant jusqu’à demander à être traité comme un soldat des forces régulières. Hatsu se demanda s’il avait compris ce que la conseillère attendait de lui. C’était la flexibilité de ce genre de personne qui faisait leur force, alors les laisser être commandé sans exploiter leur plein potentiel relevait d’un manque de jugement que Hatsu ne voyait pas la conseillère commettre. Elle se racla la gorge afin de prendre la parole.

- Tout comme le Sieur O’Fall, votre confiance m’honore, conseillère. Je me porte volontaire si d’ordinaire vous auriez besoin de faire passer un message à travers les lignes ennemies à destination de l’état-major Kendran. Sinon je ne doute pas de trouver un lieu approprié pour défendre notre cité face à Omyre. Savez-vous quels généraux commandent les forces qui assiègent notre cité ?

Hatsu resta parfaitement stoïque, écoutant avec attention les détails donnés par la conseillère concernant leur plan et leurs ennemis. Un plan simple : défendre la ville face à Karsinar et Perailhon. Hatsu se raidit lorsque la conseillère s'adressa à elle et elle s'inclina légèrement.

- Je me tiendrai prête à transmettre un message au plus vite si besoin.

Elle devait probablement être la seule à pouvoir franchir rapidement les lignes ennemis. Pas une promenade de santé, mais elle risquait moins en volant à dos de griffon qu'en fonçant à pied en espérant ne pas se faire repérer. Cherock se proposa pour la défense du port et l(idée qu’il puisse rejoindre aussi vite les murailles comme ille disait laissait hatsu Perplexe. Mais peut-être qu’elle n’était pas la salle à avoir une monture un peu exotique. Elle s’inclina avant de partir, suivant Cherock jusqu’à l’extérieur. La guerre était proche et elle ferait son devoir, comme elle aurait dû le faire bien avant.
Hatsu Ôkami, Chasseuse Ynorienne
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Sibelle
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Sibelle » ven. 2 juil. 2021 23:11

Si l’élément de Sirius s’avérait l’eau, pour Sibelle c’était la voie des airs. Elle y avait accès depuis relativement peu de temps, mais si réfugiait dès qu’elle se sentait contrariée et en colère, ou encore les deux.

Elle vola à haute altitude près de deux heures avant de descendre un peu. Suffisamment pour voir ce qui se tramait en bas, mais pas assez pour être vue. Lorsqu’elle approcha Oranan, elle vit que l’entière partie terrestre de la cité était encerclée par des troupes.
Même au port, des navires aux voiles noires bloquaient toute arrivée par la mer. De sa position, elle put voir des troupes d’ennemis à perte de vue qu’elle estimait grossièrement à quelques dizaines de milliers.

Dès qu’elle fut au-dessus de la zone habitation, Sibelle ferma ses ailes et descendit en piquée. Elle ralentit ensuite et se posa en douceur au cœur d’une rue qui devait être paisible avant son arrivée impromptue.

Bien vite, les soldats l’encerclèrent, piques en avant, prêt à se dépendre contre cet hippogriffe qui avait bizarrement quitté son habitat sauvage pour atterrir en pleine ville. Évitant toute agressivité Sibelle inclina sa tête en signe de salutation, puis posa ses genoux au sol. Les soldats surpris avec raison de cet étrange comportement se consultèrent du regard, puis un plus hardi que les autres s’approcha de l’hippogriffe pour lui caresser les plumes de la tête. Bien que cela ne l’enchanta guère, Sibelle ne réagit point, consciente qu’elle ne devait faire aucun geste brusque. Elle devait gagner leur confiance avant d’effectuer sa transformation. Ayant retiré son casque, le soldat dévoila sa tignasse rousse et s’agenouilla pour mieux caresser ce majestueux volatile au corps de cheval. Devant ses pairs étonnés, il se permit un commentaire :

« Brave bête. Je me demande ce qu'elle fait ici. »

Tentant en vain d’entrer en communication avec le soldat amadoué, sans pour autant reprendre sa forme elfique, Sibelle émit un léger cri, en douceur afin de ne pas effrayer le jeune homme.

Les autres soldats semblent enfin détendus. Et le jeune soldat s’adressa à la fierté de l’Azur :

"Faut pas rester ici, toi. C'est la guerre."

Sibelle crut naïvement qu’il voulait l’emporter dans une écurie. Elle fit donc un signe de tête affirmatif, se leva lentement et avec douceur, puis se positionna comme si elle voulait le suivre.
Le soldat rouquin insista :

« Allez, allez, vole. »

Elle comprit alors que si elle voulait participer à cette guerre, même sous sa forme d’hippogriffe, elle devrait reprendre d’abord sa forme elfique. Elle recula d'un pas, baissa la tête, mit ses genoux par terre. Et amorça sa transformation. Avec le temps, elle avait appris à la maitriser et n'y alla pas trop rapidement. Mais peu à peu, ils purent tous voir l'hippogriffe devenir Elfe. Elle se redressa ensuite, ne regardant que le soldat qui l'avait accueilli, laissa passer un peu de temps afin qu'il puisse se remettre de son choc, puis lui parla:

"Je suis venue ici pour la guerre justement, pour venir en aide à votre ville assiégée. "

Le soldat sursauta et ses collègues reprirent leur position du départ, lance et pique devant eux.
Le rouquin pour sa part, se contenta d’un petit commentaire.

"Oh par Rana, ne refaites jamais ça !"

Le capitaine s’approcha alors et s’adressa à Sibelle.

"Et qui êtes-vous pour venir ainsi nous apporter votre aide ?"

Sibelle répondit d'abord au soldat:

"Je vous remercie pour votre accueil... j'ai tout fait pour diminuer le choc de la transformation."

Puis se retournant ensuite vers le capitaine, elle répondit à la question:

"Je m'appelle Sibelle . Avec d'autres aventuriers et sous les ordres du Général Bogast, j'ai fait une mission au castel Vandrak. Celle-ci terminée, j'ai survolé Oranan et j'ai vu l'état de siège et j'ai pensé vous être utile. J'aimerais donc être conduit vers un dirigeant de la ville."

Alors que le rouquin lui sourit tout en commentant : "Pfiou. Bien. Quel pouvoir !" , le capitaine lui rétorqua "Le Général Bogast... De Kendra Kâr ? J'ai entendu parler de ces aventuriers, oui. La Conseillère Shimi va vous recevoir, si vous voulez bien nous suivre jusqu'au bâtiment du conseil..."

Sibelle les suivit. Et sous escorte de plusieurs soldats, elle pénétra dans le bâtiment des conseillers d’Oranan. Dans le corridor, elle croisa deux aventuriers, dont l’un qu’elle avait croisée au tout début de la mission. Elle se contenta d’un hochement de tête à l’intention de celui-ci. Il hésita d’abord, puis lui rendit sa salutation silencieuse.

Sibelle entra dans la pièce salua d'une signe de tête la conseillère. Comme bien des femmes ynorienne, elle s’avérait de petite taille, d’une peau blanche et d’un visage délicat. Ses yeux noisette en amande s’agençaient bien à sa longue chevelure.


"Je me prénomme Sibelle, j'arrive d'un mission au Chateau Vandrak sous les ordres du général Bogast. J'ai survolé Oranan et j'ai décidé de pénétrer dans votre cité afin d'y apporter mon aide."


Conservant un air fier tout en restant très accessible, elle accueillit la guerrière comme il se doit :

« Vous êtes la bienvenue, Sibelle. Je suis la Conseillère Nora Shimi, et je suis le contact des aventuriers qui souhaitent se joindre à notre cause pour la bataille à venir. Vous êtes libre de nous aider, bien entendu... Quelles sont vos aptitudes ? »
La conseillère avait fait trève de bavardage et était allée droit au but, ce qui plut à Sibelle qui répondit sans hésitation.
" Ma force est le combat rapproché avec ou sans armes... Je peux aussi me transformer en hippogriffe et combattre sous cette forme sur terre ou dans les airs... C'est par la voie des airs que je me suis retrouvée ici. Et que j'ai pu constater les armées qui encerclent Oranan."

La conseillère confirma que la ville était assiégée depuis déjà quelques semaines et rajouta qu’ils prendraient toute l’aide qui se présenterait à eux.

Sibelle réfléchit un peu, puis proposa.

"Sous ma forme d'hippogriffe, je peux porter facilement un cavalier. Un archer qui n'a pas de souci avec l'altitude pourrait faire équipe avec moi... mais je vous préviens, je n'accepterai pas n'importe quel archer sur mon dos, je dois m'assurer d'abord que je puisse faire équipe avec. "

La conseillère refusa l’offre, expliquant avec tact que ses archers n’étaient pas entrainés pour se battre sur une monture volante.
Sibelle se contenta d'un acquiescement d'un signe de tête. Pour sa part, elle n'avait plus rien à rajouter. Elle attendait que la conseillère la congédie avant de quitter les lieux, ce qua la conseillère fit sans tarder.

XP : 1 (Discussions) + 1 (Arrivée dans Oranan)

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Akihito
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Akihito » ven. 2 juil. 2021 23:39

Dans le chapitre précédent...

Evénement : La fin d'une ère.

29 : Flèches et loup.

"Soyez tous deux bienvenus. Votre aide pour la défense de la cité sera précieuse. Cependant, vous ne faites pas partie de l'armée : comme électrons libres, Oranan et son Conseil compte surtout sur vos initiatives et votre flexibilité pour prendre vos propres décisions en fonction de la situation. A la condition que vous ne desserviez pas Oranan en la mettant en danger ou en contrecarrant sa diplomatie, le cas échéant."

Elle le pria également de délivrer son rapport, même en présence d'Hatsu. L'enchanteur faisait relativement confiance à la jeune femme, mais il trouvait surprenant que la conseillère l'enjoigne à ignorer sa présence. Néanmoins, il obtempéra.

"Le sergent Kiyoheiki et moi-même avons rejoint le campement de Kendra Kar, il a plusieurs semaines de ça. Une grosse vingtaine d'aventuriers attendaient déjà, la royauté Kendrane ayant fait appel à un grand nombre de combattants indépendants. Tous d'un niveau conséquent. Là, une entrevue avec le roi nous a assigné plusieurs missions, dont les buts étaient de purement et simplement neutralisés les Généraux de l'armée d'Oaxaca, les Treize. J'étais dans l'équipe chargé d'abattre Crean et Khynt, Ser Kiyoheiki dans celle se chargeant d'enquêter sur de mystérieux phénomènes liés à des nécromants se situant près de ruines dans la Mer Verte. J'ignore quel est le résultat de son opération. La mienne..."

Akihito se collecta. Si l'échec, après coup, était la seule fin possible dès le départ, il lui restait tout de même en travers de la gorge.

"... Nous avons échoué. A quatre contre Crean au coeur du Palais de la Roseraie de Soie, il nous a tenu tête et même dominé le temps que sa garde arrive. Nous avons été faits prisonniers, et c'est par miracle et avec l'aide d'un espion que nous sommes tous sortis en vie.
Conseillère, c'était présomptueux de ma part de me penser capable d'affronter Crean, je le sais désormais. Et je compte racheter la confiance que le Conseil a pu placé en moi en défendant la cité sur ses murs.


- J'espère qu'il n'est rien arrivé de malheureux au Sergent Kiyoheïki. C'est pour vous une chance d'avoir réchappé à une entrevue si mouvementée avec Crean Lorener. Un risque de Kendra Kâr que le Conseil n'aurait sans doute pas approuvé. Vous avez fait au mieux selon les circonstances, je n'en doute pas. Et votre loyauté vous honore. Jamais vous n'avez bravé cette confiance placée en vous, Porteur."

Aux mots de l'archère, Akihito s'inclina profondément. Il était touché de la confiance et de l'estime qu'on lui donnait.

"Nous nous sommes tous engagés dans les différentes missions en connaissance de cause, et n'avons aucunement été forcé. Il y a également eu un groupe envoyé affronter Karsinar et Perailhon. j'ignore également ce qu'il est advenu d'eux."

Il se redressa avant de reprendre.

"Vos mots me touchent, Conseillère Shimi. Et malgré le fait que je ne fasse aucunement partie des forces régulières de l'Ynorie, j'aimerai que vous me traitiez comme telle pour la bataille à venir, et me placiez là où vous estimez que ma force et ma magie seront les plus profitables à la ville."

Akihito n'était pas un conscrit. Il était donc en dehors de toute hiérarchie militaire. L'inclure mettrait en péril une machinerie bien huilé, ce fut ce que la conseillère invoqua pour justifier son poste de force de frappe détachée. Hatsu, de son côté, se proposa comme messagère si le besoin s'en faisait sentir. Akihito ignorait comment, mais ca ne sembla pas inquiéter Nora Shimi, insistant sur la portion défensive de la cité prise entre deux armées.

"Dans ce cas, je me tiendrai près de la défense du port. Mes dons de fulguromancien pourraient s'avérer redoutables contre un ennemi dans l'eau, ou les saloper... monstruosités que Perailhon nous enverras. Mais comme je peux traverser la ville plus rapidement que n'importe qu'elle personne, n'hésitez pas à me réquisitionner pour aller défendre les murailles si besoin."

le tatoueur allait apposer deux de ses marques au port et sur les murailles, pour pouvoir rejoindre un des deux fronts instantanément si le besoin était urgent.

"Bien. Puis-je encore vous être utile ?

- Non, je vous remercie, Conseillère."

Akihito s'inclina devant l'archère, avant de prendre le chemin du retour et sortir du bâtiment, non sans adresser un bref hochement de tête à Hatsu. En sortant du bureau, il croisa une hinïonne qui entrait à son tour dans le bureau. S'il eu un peu de mal à remettre où il avait pu la voir, il finit par se rappeler : elle faisait partie des aventuriers partant à la traque de Karsinar et Perailhon. Son visage grave n'annonçait pas grand chose de bon, aussi ne se risqua-t-il pas à lui demander comment ça s'était passé. il se contenta de la saluer, salut qu'elle lui rendit avant de disparaitre dans la pièce de Nora Shimi.

Oranan avait une apparence différente, maintenant qu'il savait ce qu'il avait à faire. Elle semblait plus fragile. Plus belle. Plus précieuse à ses yeux. Tout comme son père avant lui, il allait désormais défendre la ville contre les forces d'Oaxaca. Comme pour la mission précédente, mourir était une des options qu'il envisageait. La dernière sur sa longue liste, bien entendu, mais il aimait à penser que se préparer à toutes les éventualités, même les plus terribles, l'aidait à appréhender les épreuves plus sereinement. Et alors qu'il descendait les marches en contemplant les toits de tuiles s'étendant à perte de vue vers la mer, la voix d'Hatsu résonna dans son dos.

"Sieur Yoichi ? Auriez-vous un instant à m'accorder ? Ce ne sera pas long.

- Je vous en prie, appelez moi Akihito. Nous allons être sur le champ de bataille ensemble, alors laissons tomber les formalités. Du moins, avec moi."

Il lui répondu tout en allant récupérer Brume, qui jeta un regard curieux à l'archère avant de tenter une nouvelle fois de lécher son cavalier, qui esquiva habillement avant de la prendre par la bride.

la Jeune femme lui demanda des nouvelles sur Volh. Le jeune Ynorien qui les avait fait se rencontrer, il y a des mois de cela. Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, les deux étaient même des amants. Ou du moins, c'est ce qu'il avait deviné.

"Désolé Hatsu, Mais je n'ai pas plus de nouvelles que vous sur Kage. J'ai vécu des semaines très mouvementés et je ne suis resté que peu de temps ic..."

Visiblement désireuse de goûter à la nouvelle venue, Brume commença à s'avancer vers la jeune femme dans un geste qu’Akihito avait appris à connaître pour l'éviter. D'un petit coup sec, il tira sur la bride et la langue rata de peu la noble. Akihito foudroya du regard sa monture qui se contenta de le regarder avec ses grands yeux noirs innocents avant de secouer la tête, faisant dodeliner son pompon.

"Herm... Désolé. Brume est une monture assez... spéciale. Et elle a son petit caractère," dit le jeune homme en un sourire gêné.

loin de s'offusquer, Hatsu s'approcha et passa sa main sous la tête de la cervidée, et se mit à la gratter. Au plus grand bonheur de Brume qui grogna de satisfaction.

"Je me demande où vous avez pu trouver pareille monture.

- Honnêtement Hatsu, vous ne me croiriez pas si je vous le disais."

Elle s'amusa, assurant qu'elle pensait qu'un griffon pour monture était encore plus étrange.

"Ma famille vous est toujours redevable, si d’ordinaire vous aviez besoin de quelque chose, n’hésitez pas à me le faire savoir. Et Ryö serait probablement ravi de vous revoir, s’il vous prenait l’envie de lui rendre visite.

- Ce serait avec plaisir. Il avait l'air d'apprécier les tatouages d'Anthelia, alors j'ai peut être quelque chose qui risque de l'intéresser encore plus - et lui être utile au passage, tant qu'à faire. Et si pour vous un petit bonhomme de feu qui descend du traîneau du Père No Hell pour vous donner des cadeaux et un renne du père no hell en pleine nuit a Oranan ce n'est pas étrange... attendez, comment ça un griffon ?"

Son histoire eu le mérite de faire glousser la jeune femme, avant qu'elle ne se reprenne. Quand elle avoua à demi mot qu'elle était là propriétaire d'un griffon qui était dans son jardin et visiblement aimait les repas sur le pousse à base de renne, il lui rendit son sourire.

"Il faut croire que dans la catégorie monture originale, je ne suis pas le grand gagnant d'Oranan. Et maintenant que vous le dites... j'ai pas beaucoup d'endroit où laisser Brume. Et les écuries de la ville sont dehors alors pour le moment..."

il se tourna vers le palefrenier qui lui fit un signe de tête : la renne pourrait rester là, le temps que les envahisseurs soient repoussés. Le regard presque offusqué de la renne quand il la quitta de nouveau l'amusa, d'autant plus qu'il disparu bien vite quand un morceau de carotte dans la main du garçon d'écurie passa devant ses yeux.

"Si ça vous va, nous pouvons aller voir Ryo tout de suite. Je n'ai pas vraiment d'obligation pour le moment, ni personne qui m'attende en ville.

- Et bien… je n’y vois pas d’inconvénients. Mon frère sera heureux de vous revoir et je doute que mes parents soient contre l’idée d’accueillir le Porteur de la Kizoku-Rana dans leur demeure ou à leur table.

- Oh euh, je ne pensais pas à un repas, simplement une visite de courtoisie."

(Akihito, sombre crétin, dans ce genre de situation on accepte !)

(Mais pourquoi ? Je les connais même pas !)

(C'est une question de politesse ! Et ça se dit Ynorien ?)

"... Mais ce serait quand même avec grand plaisir."

Il lui emboita le pas, parcourant les rues décidément vides d'Oranan. Les rares personnes croisées étaient les patrouilles de la milice, particulièrement sur le qui-vive. Jetant un regard en coin a la jeune femme à ses côtés, son oeil désormais expert ne put s'empêcher de remarquer la peau ferme et souple de l'archère. Une peau qui ferait des miracles pour un tatouage.

"Si vous le souhaitez, je peux aussi vous tatouer Hatsu, qu'en pensez vous ?

- J’en pense que si Ryo sera ravi d’en avoir un, cela ne m’emballe pas plus que ça pour le moment. Je ne remets pas en cause votre talent, mais je ne suis pas spécialement attirée par l’idée de porter un dessin à vie incrusté sur ma peau.

- Je peux le comprendre. Ce n'est pas une décision à prendre à la légère, d'autant que les miens sont particuliers, puisque j'y mêle un peu de magie."

la réponse ferme d'Hatsu ne lui posait pas de problème. C'était une raison plus que valable, et il n'allait pas forcer une personne a se faire tatouer simplement parce qu'il jugeait sa peau particulièrement adaptée à son art. Il continua donc à la suivre sans aborder plus le sujet.


HRP :


XP : 1xp (Rapport à la conseilleère) + 0,5 (discussion avec Hatsu)

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Akihito
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Re: Le Conseil de la République d'Ynorie

Message par Akihito » dim. 23 janv. 2022 05:01

Dans le chapitre précédent...

Interarc : Le rempart des innocents.

Chapitre I : Le rapport amère, l'avenir incertain.

Akihito, bras appuyés sur les genoux, attendait dans un couloir en face de la chambre du Conseil. Cela faisait plus d'une heure qu'il attendait, heure qu'il avait passé à retourner encore et encore ce qu'il comptait présenter au Conseil. Les paroles de Rana, son rapport sur la guerre, le fiasco de sa mission... Un soupir lui échappa. Son attitude était toujours morose et ne s'était pas arrangée quand il était revenu dans sa ville natale : autour de lui, les passants et les rares soldats survivants avaient poussé des cris de surprise et de peur quand il était arrivé comme la foudre au milieu de la place, à l'emplacement de sa marque. Cependant, la terreur s'était rapidement calmée, alors que les gens reconnaissaient le fulguromancien. Il était désormais connu de tous et non plus uniquement par la lame légendaire qu'il avait à la ceinture. Les gardes du Conseil qui s'étaient rué vers la potentielle menace avaient donc baissé leurs armes et l'avaient interrogé du regard : il n'était pas une menace, mais sa venue avait tout de même soulevé des questions dans leurs esprits.

"Je dois m'entretenir avec les Conseillers Shimi, Muri et TIrama. Ils attendent ma venue."

On l'avait escorté peu de temps après, et il patientait depuis. L'attente lui avait permis de réorganiser ses esprits, balayant temporairement ses considérations personnelles. Il était le Porteur de la Kizoku Rana. Il avait un devoir. Ses problèmes ne pesaient pas grand-chose, d'autant plus qu'il n'était pas le seul à avoir perdu un être aimé. Loin, très loin de là.

"Akihito-dono ? Le Conseil est prêt à vous recevoir."

Le Samouraï qui assurait la garde près de la chambre vint le chercher, l'extirpant de ses pensées. Il se releva, faisant tinter son armure rutilante. Aer'Nystral avait fait un travail irréprochable, en assemblant le Keraunos et la Faerunne en écailles d'acier semblables à celles de sa cotte de Drakarn. Elles formaient ainsi des rangées écailleuses alternant entre le gris de l'air et le doré du métal de foudre. Il ne sentait pas aussi protéger qu'avec sa cotte de mailles quand elle était encore en un seul morceau, mais le forgeron aveugle avait assuré avoir fait son possible. Le bouclier qui ornait son dos alors qu'il passait les lourdes portes de la salle du Conseil était aussi une pièce dont l'Ermansi avait déclaré être fier. Le mélange de Faerunne qui en composait le centre allégeait grandement l'égide quand son revêtement et sa partie externe étaient elle en Keraunos, donnant une teinte dorée sombre au bouclier. Une égide dans le plus pur style elfique, avec ses courbes élancées et ses renfoncements latéraux. Et c'était sans oublier l'ivoire blanc qui parcourait le centre du bouclier pour en former la pointe inférieure : le croc du Dragon noir avait été enchâsser dans la protection, avec un sens esthétique que même lui pouvait apprécier. Mais quand on l'observait dans l'ensemble...

(Un sabre Ynorien, un bouclier elfique, un marteau Thorkin, une armure de métal et d'écailles... L'ensemble reste vraiment à désirer.)

Se moqua de lui-même l'enchanteur. Pas étonnant qu'il ne passe pas inaperçu dans les rues de sa ville.

Foulant le sol de la salle du Conseil, Akihito était déjà plus ou moins familier avec la salle et ses tables disposées en arc de cercle tournées vers lui. En revanche, c'était la première fois qu'il voyait le Conseil au grand complet siégé en même temps. Tous étaient présents, même le fameux Alen Kapono. Le prétendu dirigeant de la pègre Ynorienne n'arborait pas le sourire narquois et désinvolte qu'on lui prêtait : sans doute que la situation était trop grave, même pour ses affaires, pour qu'il puisse se permettre de prendre les choses à la légère. Le Samouraï l'ayant escorté se retire alors, et les regards se posèrent tous sur lui : ceux amicaux des Conseillers qu'il connaissait, et ceux plus emplis de curiosités de ceux qui ne l'avaient jamais rencontrés.

"Akihito'dono Yoichi, survivant au Carnage, héros d'Oranan. Que nous vaut l'honneur de votre visite ?"

Héros d'Oranan. Akihito réprima le goût de bile qui lui monta quand on le qualifia d'un titre qu'il ne pensait pas mériter, surtout pas après un tel désastre. Avec difficulté, il s'inclina à l'attention des grands de sa nation, avant de prendre la parole d'une voix forte, mais monotone.

"Noble conseil de l'Ynorie, je me présente ici pour vous faire mon rapport de la bataille de Koichii, ainsi que de mon entrevue avec la Déesse Rana sur Nyr'Tel Ermansi, annonça-t-il en jetant un regard en coin à la Conseillère Chitoge, représentante du culte au sein du conseil. Par quoi souhaitez-vous que je commence ?"

Si Nora Shimi l'informa qu'ils étaient tous bien trop au fait de ce qui s'était passé, mais ouverts à toute information supplémentaire, la prêtresse de Rana commenta elle aussi sa parole.

"Toute parole de notre vénérée déesse sera accueillie avec respect et sagesse. Vous êtes chanceux d'avoir pu la rencontrer, l'écouter.

- Pas à ma connaissance, Conseillère Shimi. Ce que j'ai pu vous communiquer avant de monter dans l'Aynore Ermansi était plus ou moins tout ce que je savais, mais peut-être d'autres conseillers avaient des questions à me soumettre. C'est également un grand soulagement de voir que le Conseil dans son intégralité a réchappé à la catastrophe...

- Tout le conseil vit, oui. Mais que dire de ces milliers de morts en nos rangs. De tous ceux qui, combattants ou citoyens, ont laissé la vie dans cette folle guerre ? En cela nous ne représentons que trop peu notre peuple, même si désormais nous devrons tout mettre en œuvre pour le servir avec honneur et compassion. Tout reconstruire, ne laisser personne derrière ou en besoin."

Le Conseiller Aya. Le Vénérable, le doyen du Conseil. C'était la première fois que l'Ynorien l'entendait et le voyait, et il était à la hauteur de sa réputation, indubitablement. Un homme sage et mesuré, dont la voix parcheminée reflétait des dizaines d'années de présence et d'expérience au Conseil.

"Vous avez raison, Conseiller..."

Se tournant vers la Soeur, il continua.

"Ce fut un grand honneur et privilège. J'essayerai de retransmettre le plus fidèlement possible ses paroles.

- Faites donc, Akihito d'Oranan.

- La déesse Rana m'a accueillie dans son temple aérien, en m'assurant avant tout qu'elle compatissait à la souffrance qui nous affligeait. Dans l'épreuve que nous affrontons, elle a assuré que la... La sagesse qui habitait chacun des nôtres serait notre plus grande force. Ne rien négliger, utiliser et accepter l'aide de tous ceux émus par le massacre de notre peuple... Y compris venant de la part de nos ennemis d'hier."

Evidemment, son discours ne plut pas à tous. Shen Muri fut le premier à se lever brusquement à ces paroles :

"Quoi ?! Faire confiance à ces peuples qui nous massacrent et nous pillent depuis des générations ?! Ils sont fondamentalement mauvais, et tout signe de faiblesse de notre part, ils en profiteront pour nous causer du tort !"

La Grande prêtresse de Rana se leva à son tour, pointant un doigt accusateur vers l'Impénétrable.

"Vous osez remettre en doute la parole sacrée de notre Déesse ? Elle est la voix de la sagesse, et nous devrions suivre ses divins conseils."

La tempête de discussions, de cris et de déclarations argumentées qui se déchaîna laissa un peu Akihito pris de court : la tension était palpable entre beaucoup des membres, et certains n'hésitaient pas à s'invectiver. Puis Daïgo Genkishi prit la parole plus fort, d'un ton solennel, pour imposer le silence.

"Cessez. Cette attitude n'est en rien celle d'un conseil républicain soucieux de ses citoyens. De l'aide, nous en aurons besoin, de toutes les sources qui voudront bien nous en donner. Il n'est pas question de quémander à un ennemi, mais bien de faire connaître nos besoins à des êtres qui peuvent comprendre notre détresse. Je vous invite à reléguer cette discussion du Conseil au moment où chacun aura pris la peine de réfléchir pleinement aux tenants et aboutissants d'une telle demande, déclara-t-il avant de poser son regard noble et perçant sur le jeune homme. Merci, porteur de message, de ce rapport précieux et de ces conseils avisés. Pour cela et pour vos actes lors de cette bataille, nous vous remercions. Une bourse vous sera remise à la sortie de ce conseil, gage de notre gratification. Aviez-vous autre chose à dire au Conseil ?

- Je ne suis que l'humble messager des paroles de la déesse Rana, mais j'aimerais vous faire part de mon avis sur la question si vous me le permettez."

Le jeune conseiller lui donna la parole, et il fit bien attention à choisir soigneusement ses mots : il avait bien vu comment la colère avait rapidement pu saisir certains des conseillers.

"Omyre ne sera sans doute jamais notre alliée, mais je veux croire qu'il est envisageable de ne plus en faire une ennemie. Du moins, le temps que nous soyons en mesure de nous défendre. Pardonner, mais ne pas oublier : on ne pourra pas effacer d'un revers de la main la haine millénaire qui nous oppose aux Garzoks, peut être même jamais. Mais je pense que si nous disions à nos ancêtres d'il y a mille ans que les Kendrans se sont battus avec nous et ont payé un tribut aussi si ce n'est plus lourd que le nôtre pour nous aider et nous défendre... Ils n'y croiraient pas. Omyre pourrait changer, et je ne veux pas léguer un autre millénaire de guerre et de souffrance aux générations futures car la rancoeur, toute légitime qu'elle soit et que je partage, nous a aveuglé."

Akihito mit ensuite un genou à terre.

"Comme pour l'effort de guerre, je mets mon bras et la Kizoku Rana au service du Conseil d'Ynorie. Je ne suis pas doué d'un sens aigu de la diplomatie, mais je suis prêt à me faire la voix du Conseil si vous le souhaitez, ou escorter cette dernière.

- Nous vous tiendrons au courant le cas échéant, Porteur. Nous apprécions votre dévouement."

Le Conseiller Tirama venait de prendre à son tour la parole. Il faisait partie de ceux qui, visiblement, étaient convaincus par son discours et partageait ses idées. Mais il était difficile de dire vers quel avis penchait le Conseil dans sa globalité, tant les avis semblaient partager.
Sa proposition de diplomatie, Akihito la faisait plus par devoir qu'autre chose pour libérer et soutenir les Conseillers qui allaient avoir bien trop à faire dans les mois à venir. Il n'avait rien d'un diplomate, n'ayant même pas le bagage nécessaire à cette tâche. Il pensait avoir le recul et la patience nécessaire pour mener des négociations, mais les connaissances lui manquaient sans doute... Au moins savaient-ils qu'il était disposé à les aider. Ne restait qu'un dernier point le dérangeant.

"Conseiller Genkishi, concernant la bourse... Est ce que je la mérite vraiment ? Je n'ai pas pu empêcher quoi que ce soit, et la recevoir alors que la ville peine à se relever...

"Ne rejetez pas la main qu'on vous tend, Porteur., l'interrompit d'un geste son interlocuteur. Vous méritez cet argent plus que quiconque ici."

- Je... Très bien, Conseiller. Noble Conseil de l'Ynorie, si vous n'avez plus besoin de moi, je vais me retirer."

Son rapport fini, il s'inclina une nouvelle fois avant de sortir de la salle par là où il était entré. Comme l'avait annoncé le Conseiller, le Samouraï lui glissa une petite bourse de cuir contenant près de cinq mille yus. Une petite fortune qui pouvait être mieux investie pour réparer la muraille, dédommager les innombrables morts... En proie à un dilemme moral, il manqua presque les remerciements un peu maladroits du militaire. Lui voyait dans le jeune homme un héros. Ce même jeune homme ne voyait qu'un imbécile qui s'était débattu en vain dans une guerre qui s'était jouée sans lui quand l'Ynorie avait subi ses coups les plus terribles.

"... J'ai seulement fait ce que j'ai pu, ce que je devais faire. Rien de plus.

- Notre Ordre pourrait avoir besoin de gens comme vous, Porteur. Rana sait que les Samouraïs ont payé le prix fort dans la défense d'Oranan, et avoir un guerrier comme vous ou le Dragon d'Ynorie ne serait pas de refus pour regonfler le moral des troupes."

Ne sachant trop quoi dire, Akihito remercia le militaire. Un des innombrables soldats d'élite que composait le corps sous les ordres directs du Conseil, et l'un des trop rares survivants qui avaient eu la chance d'avoir été affecté à la défense du port. Pendant qu'il avait patienté, Akihito s'était renseigné sur l'état de la ville : le sortilège du Dragon noir n'avait balayé "que" la première moitié de la ville, laissant la partie ouest et nord épargnée, dont la zone portuaire. Une large partie des civils s'y étaient regroupé, le plus loin des combats principaux, ce qui faisait que les pertes ynoriennes étaient moins importantes que ce qu'il craignait. Pas cataclysmiques, mais néanmoins bien trop terribles.

Penser aux morts Ynoriens mena inévitablement son esprit à penser à Elle, et au jeune garçon qu'il avait promis d'enterrer lui-même dans le Bôchi. Nora Shimi était celle qui devait s'en charger : perturber de nouveau le conseil pour quelque chose d'aussi trivial n'était pas envisageable aussi préféra-t-il attendre la fin de sa réunion.

(Tu comptes vraiment l'enterrer toi même ? Et pour sa famille ?)

(Evidemment, je me substituerais pas à sa famille. Mais si je peux aider, y participer...)

(Akihito... Je comprends ce que tu ressens. Je ne l'ai jamais vécu, mais j'ai accompagné bien des Porteurs qui se sont sentis responsables de la mort d'autrui. Je ne t'empêcherai pas de le faire, mais ais bien conscience que tu n'es rien la cause ni responsable de la disparition, si tragique soit-elle, de ce garçon.)

La voix douce de la Faëra tourna longtemps dans l'esprit morne du jeune homme. Était-il légitime ? S'il enterrait personnellement cette malheureuse victime, quid des innombrables autres personnes qui n'étaient pas plus que le garçon pour lui ? Cet archer qu'il avait sauvé d'un carreau garzok ? Ce fantassin qui avait hurlé à ses côtés sur les remparts, face à l'armée de Karsinar ? Devait-il les enterrer eux aussi ?

En proie aux doutes, Akihito attendit que le Conseil termine de délibérer, ce qui arriva vers la fin de journée. Il se leva et s'inclina à leur encontre quand les conseillers sortirent un par un. Et si certains lui adressèrent un léger signe de tête comme la Soeur Chitoge ou le conseiller Sirius, d'autres l'ignorèrent tout simplement, Alen Kapono en tête. Lorsque son regard croisa celui de la conseillère Shimi, il s'avança alors qu'elle se dirigeait vers son bureau personnel.

"Conseillère Shimi pardonnez moi, mais pourriez-vous m'accorder un peu plus de votre temps ? C'est au sujet du... Service, que je vous avais demandé..."

D'un signe d'acquiescement, elle l'invita à la suivre dans son bureau. Toujours aussi sommairement meublé, l'arc posé soigneusement sur un râtelier à côté de son armure, mais avec une table noyée sous les parchemins. Le désordre était à la hauteur de la fatigue sur le visage de la femme : son teint avait perdu la couleur d'antan, rappelant avec plus de force que la Faucheuse, même si elle ressemblait d'habitude à une jeune femme dans la vingtaine, approchait en fait de la quarantaine.

"Nos transporteurs de corps sont surchargés de travail... Il y a eu tant de morts... Nous avons facilement trouvé le vendeur de potions, près des portes, mais nous n'avons aucune nouvelle de la tatoueuse dont vous parliez. Les rangs kendrans sont laissés aux leurs, et malgré une demande explicite de notre part, ils n'ont donné aucune réponse concernant cette jeune dame."

- C'est... Je comprends."

Un silence s'installa, alors que l'archère baissait les yeux et qu’Akihito sentait son coeur se déchirer en deux. Il luttait pour ne pas fondre en larmes à l'idée de ne pas pouvoir honorer Sa dépouille, mais il sentait un soulagement malsain l'envahir. Il était heureux, rassuré de ne pas avoir à voir Son visage délicat déformé par la terreur la plus pure, ou mutilé par les combats. Et il se haïssait à la simple idée qu'une telle pensée puisse traverser son esprit et même perdurer.

Elle avait été sa muse, Elle avait été sa vie. Son amante, la première à le voir comme personne n'avait jamais pu le considérer. Celle qui avait connu ses faiblesses et les avait acceptées, Celle qui avait rit de ses bonheurs, soutenus ses chagrins. La plénitude et la sérénité qu'il avait ressenti chaque nuit avec Elle à La regarder dormir paisiblement dans ses bras, les innombrables moments passés à ronger son sommeil pour sentir Son souffle sur sa peau, la douceur de Ses cheveux sous ses doigts quelques minutes de plus avant de sombrer dans l'inconscience.
Une raison de se lever le matin, pour le plaisir simple mais si chaleureux de voir le coin de Ses lèvres s'étirer quand leurs regards se croisaient pour la première fois de la journée. De sentir sa propre bouche s'arquer en réponse, avant que son corps ne se meuve pour venir chercher avidement le contact qui ne l'avait quitté que le temps de son propre réveil. Un besoin impérieux de La savoir proche de lui quand c'était possible, presque organique.
Un besoin qu'il ne pouvait plus combler. Un amour qu'il ne ressentirait plus, car personne ne pouvait l'aimer comme Elle l'avait fait. Les yeux verts forêt dans laquelle il s'était noyé des milliers de fois prirent l'espace d'un instant les accents de l'océan, et il se détesta d'autant plus pour ça. Les mots rassurants et plein de soutien d'Amy ne furent qu'une goutte dans l'incendie désespéré qu'était son coeur. Il avait beau être reconnaissant de son attention pleine de bonnes attentions, sa gratitude était étouffée par la compression sourde de sa poitrine et le gouffre sans fond qui y avait pris place.

Sa voix prit des accents rauques tandis qu'il s'efforçait d'enterrer la peine dévorante qui enflait dans son être.

Penser.

Penser à autre chose.

A tout.

Sauf à Elle.

"La famille du vendeur s'est-elle manifestée ?

- Hélas non : les registres indiquent qu'ils y sont tous passés. Toute la famille. Ils habitaient près des murailles... Pour votre compagne, vous... Vous pourriez aller demander directement aux transporteurs kendrans. Ils brûlent toujours les corps, à leur endroit du champs de bataille. Ou la chercher directement, si vous êtes certain qu'elle a trépassé et si vous connaissiez sa position. C'est la seule chose que je puisse faire pour vous la concernant.

- Vous avez déjà bien fait assez, conseillère... Merci énormément d'avoir pris le temps d'écouter ma requête égoïste malgré la situation...

- Courage, Porteur. Je prie Rana pour les défunts de cet abominable charnier. Tous autant qu'ils sont.

- Je ne vais pas vous importuner plus longtemps. Je reste à la disposition du conseil si vous avez besoin de moi... Oh et si vous pouviez m'indiquer où trouver le corps du garçon...

- Il se trouve avec les cercueils en attente de crémation, à l'extérieur des portes. Les techniciens sur place l'identifieront facilement pour vous."

La Conseillère semblait sincèrement peinée. Akihito, l'esprit embrumé par le combat intérieur qu'il menait pour ne pas sombrer dans la dépression, ne parvint pas à savoir si c'était par compassion pour lui ou par honte de ne pas avoir pu accéder à sa requête. Rester plus longtemps n'allait faire qu'accentuer cette gêne, aussi prit-il congé. Il n'avait pas non plus envie de rester en compagnie de celle qui lui avait annoncé la mauvaise nouvelle. Elle n'y était pour rien, et pourtant... Le simple fait de la voir alors qu'il fermait la porte lui rappelait le son de sa voix, annonçant qu'Elle n'avait pas été retrouvée. Nora Shimi allait longtemps si ce n'était éternellement être associée à la sensation qui consumait actuellement son âme.

Le Conseil de l'Ynorie était d'un vide angoissant. Les doléances qui s'étaient enchaînées n'étaient plus, et alors que le soleil déclinait les habitants qui avaient survécu ou qui avaient pu revenir avaient arrêter les réparations pour la journée, rentrant chez eux.

(Chez eux...)

L'Ynorien manqua de vomir, sentant son estomac se tordre à la simple idée de devoir rentrer chez Elle. Une partie de ses affaires y était, mais il y avait aussi les Siennes... Il y avait toute Sa vie. Il ne pouvait pas se résoudre à y aller. Pas maintenant. Cherchant désespérément un moyen de s'extirper de ce marasme et de cette spirale de pensées, son regard fiévreux se posa alors sur un groupe de miliciens en pleine discussions avec Hoga Tirama. L'homme avait de multiples postes et rôles, dont celui de capitaine de la milice, mais également de Shogun. Le chef officieux des Samouraïs. Le père d’Akihito avait servi sous ses ordres... Et comme l'avait dit le guerrier devant les portes, le corps avait subit de lourdes pertes. Son aide serait... Son devoir...

Les pas du Conseiller l'éloignèrent de ses hommes de la milice, alors qu'il descendait les marches du Conseil. Akihito le rattrapa.

"Conseiller Tirama, avez-vous du temps à me consacrer ?

- Sieur Yoichi ? Je n'ai que peu de temps, accompagnez-moi un instant, vous pourrez alors me parler."

L'homme était occupé, sans surprise. Mais il était prêt à donner un peu de son précieux temps au jeune homme. Son ton neutre le jugeait indifféremment, mais Akihito savait que leurs avis s'accordaient sur plusieurs points. Ses paroles suivantes le confortèrent dans son avis.

"Vous avez fait forte impression au conseil. Pour le meilleur comme pour le pire..."

- J'en ai conscience, mais la situation dans laquelle nous sommes ne laisse pas de place aux ronds de jambe pour ménager tout le monde. La survie de l'Ynorie en dépend. Mais je suis là pour une raison plus personnelle : Conseiller, dans quel état se trouve le corps des Samouraïs ?

- Quasiment annihilé. Mes hommes étaient tous au combat, ce jour-là. Seuls ceux qui défendaient le port ont survécu. Bien peu. Bien trop peu.

- J'ignore si vous le saviez, mais mon père servait sous vos ordres. S'il n'était pas mort quelque temps avant le siège, il l'aurait sans doute été durant la bataille."

Autre souvenir douloureux. Mais peut-être allait-il noyer tout cela dans le devoir, l'action. La perpétuation d'un héritage en suivant les traces de celui qui l'avait élevé.

"Vous avez peu de temps, et moi beaucoup trop désormais. Je vais donc faire court : je souhaite rejoindre les Samouraïs.

- Hmm. Vous pourriez en être, vous avez maintes fois prouvé votre valeur au combat et votre loyauté envers l'Ynorie. Seulement... Êtes-vous prêt à obéir au moindre ordre que vos supérieurs pourraient vous donner ? N'êtes-vous pas plus libre en tant qu'aventurier ?

- Suivre les ordres n'est pas un problème. Et si je regretterais de perdre ma liberté d'aventurier, je... Je n'arrive pas à trouver un autre moyen d'aider Oranan là, maintenant. Mes capacités martiales sont tout ce que j'ai et je n'ai pas actuellement la légitimité d'en faire usage..."

Ses armes, ses pouvoirs. C'était tout ce qui lui restait, avec sa mère. Elle était en sécurité avec Frans, mais il voulait faire d'Oranan de nouveau un endroit où sa mère pourrait revenir et y vivre, comme elle l'avait toujours fait. N'étant ni maçon, ni architecte, ni quoi que ce soit d'autre qu'un homme sachant se battre, la milice ou les Samouraïs étaient les seules options qu'il voyait pour aider au mieux ses concitoyens. On lui prêtait le titre de héros. Il ne se sentait pas digne, mais devait se montrer à la hauteur des attentes qui pesaient sur lui. De son côté, Hoga Tirama semblait plus partagé.

"L'engagement dans l'ordre des samouraïs n'est pas une chose à prendre à la légère. Oui, ça aiderait Oranan, au vu de vos aptitudes, mais est-ce vraiment ainsi que vous pourriez aider le mieux l'Ynorie ? En devenant la main armée du Conseil ? Qu'entendez-vous par "légitimité" ?

- Si je n'agis pas dans le cadre d'une organisation comme l'ordre, est ce que je suis vraiment en droit d'utiliser ma force avec mon seul raisonnement pour justification ? Et devenir la main armée du conseil me semble la meilleure façon pour moi d'aider l'Ynorie... Je ne vois pas comment employer ma force autrement.

- Avez-vous si peur de votre discernement, jeune homme ? demanda avec une pointe de surprise le Conseiller. Si vous êtes prêt à abandonner votre liberté pour servir sous mes ordres, alors vous avez votre place parmi nous."

- Pas du mien, non. Seulement en des temps troublés, un blason officiel fait force de loi auprès des civils. Intervenir en mon propre nom sera plus facilement remis en question que si j'agis sous vos ordres.

- N'oubliez pas que vous êtes le Porteur de la Kizoku Rana. Bien. Suivez-moi si vous êtes décidé. C'est un engagement à la vie à la mort, que nous devons officialiser."

Le bastion d'Oranan, quartier général des Samouraïs, se trouvait non loin du Conseil. Le rejoindre ne prendrait qu'une poignée de minutes et il serait dès lors un véritable Samouraï. Prenant la suite de son père. Oubliant son chagrin dans la protection des autres.

(La protection des autres, hein ? Akihito, ça fait maintenant plus de deux ans que je te suis, alors je pense pouvoir dire que je te connais. Et je crois que tu te trompes. Lourdement.)

La voix d'Amy résonna dans sa tête alors qu'il s'apprêtait à répondre à l'invitation du Shogun. Consciente de la situation, l'être d'air enchaîna rapidement.

(C'est vrai. Les Samouraïs, cela te permettrait d'honorer ton père. Honorer ta famille. Honorer ton peuple. Mais ce n'est pas ce que tu veux : l'Ordalie, les préceptes de Valyus, ils ne concernent pas que l'Ynorie. Ceux que tu veux protéger, ce ne sont pas que les Ynoriens : ce sont tous ceux qui sont dans le besoin. Accepter cette proposition t'éloigneras de ta Voie, de ce en quoi tu crois.)

(Mais je suis faible, Amy. A quoi bon vouloir protéger tout le monde si je n'en suis pas capable ? Je ne veux plus ressentir le même sentiment d'impuissance. Je ne veux plus de tout ça...)

(Intégrer les Samouraïs ne te permettra pas de protéger tous les Ynoriens. Tu n'es qu'un homme, Akihito ! Tu es faillible, tu n'es PAS parfait ! Tu n'es PAS omnipotent ! Tu échoueras, parfois, mais tu continueras de te relever, comme tu l'as toujours fait. Mais les Samouraïs... Tu regretteras de les avoir intégrés si tôt. Alors qu'il te reste tant à faire. Orphal, les reliques de Valyus, Yliria... En embrassant la cause d'Oranan, si honorable soit-elle, c'est sur toutes ces choses que tu fais une croix.)

Akihito marqua un arrêt. Perdu qu'il était dans sa tristesse, il n'avait que trop de mal à concevoir ce qu'il pouvait perdre, ce qu'il pouvait sauver. Il voulait juste... Oublier. Oublier tout ce qui l'accablait, à travers une tâche qui épuiserait toute son énergie. Mais malgré son état psychologique des plus déplorables, Amy éclaira en partie sa lanterne. Il se précipitait vers quelque chose qui pouvait lui laisser quantité de remords... Il fonçait tête baissé, sans réfléchir aux conséquences. Ironique, quand lui-même avait tancé une certaine personne pour un tel comportement impulsif...

"Vous avez raison, Conseiller. Être un Samouraï serait un grand honneur, mais je ne suis pas sûr d'être prêt à donner ma liberté à l'Ynorie dès maintenant, sous le coup de l'impulsivité. Ça ne serait pas sage, ni raisonnable. Ça ne rendrait pas honneur à la mémoire de mon père, ni à l'ordre en général."

Des mots lâchés du bout des lèvres. Il serait tellement plus simple de juste s'abandonner à la cause des Samouraïs... (Mal ?)Heureusment pour lui, il savait que le choix le plus simple n'était jamais le meilleur pour lui.

"L'ordre vous restera ouvert, si d'aventures vous vouliez l'intégrer. Vous êtes jeune, Ser Yoichi. Vous êtes déjà le bras armé de l'Ynorie, qu'importe votre statut. Ne doutez jamais de ça."

Les deux hommes se saluèrent respectueusement, puis Akihito observa le dos du Shogun disparaître dans la pénombre grandissante. Et maintenant... Quoi ?

Son corps répondit pour lui : manger, et dormir. C'était ses priorités, le reste pouvait attendre. Son pas le guida alors vers l'Auberge des Hommes libres : là, peut-être trouverait-il un semblant de sommeil plutôt que dans les draps de Celle qu'il voulait oublier.


HRP :
5 000 yus déjà distribués par Cromax (intervention RP via Discord Post event)

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