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par Tanaëth Ithil » mar. 3 sept. 2019 21:41
Yliria et Jabhal'Yr semblent aussi surpris que moi lorsque je leur révèle que nos adversaires sont des Sindeldi. Mais cela ne change rien. Du moins pour eux car je ne peux m'empêcher de repenser à ma rencontre avec Sithi et au rôle qu'elle m'a confié : protéger et guider mon peuple. Et pourtant, voilà que je m'apprête une fois de plus à user de mes lames contre des Elfes Gris... mon père, Maëren, Averenn et quatre de ses gardes, le mage sombre qui l'épaulait, combien des miens devrais-je encore anéantir sous prétexte qu'ils se dressent entre mes buts et moi? Et dans le cas présent, mes objectifs justifient-ils vraiment que je prenne la vie de deux dizaines de Sindeldi parce qu'ils s'en sont pris à des Eruïons, peuple avec lequel nous sommes en guerre depuis des millénaires? Je n'approuve pas ce conflit, ni la manière dont nous traitons les Elfes Bruns, mais cela me donne-t-il pour autant le "droit" de massacrer des Enfants de Sithi? Que ferait-elle à ma place, notre Créatrice? Se rangerait-elle aux côtés de ses fils malgré leurs actes odieux? Considérerait-elle seulement ces actes de la même façon que moi ou, au contraire, trouverait-elle simplement normal qu'ils aient agi de la sorte contre des êtres qui sont, du point de vue de nos dirigeants, des ennemis de notre nation?
Nulle voix divine ne s'élève pour répondre à mes interrogations, bien sûr, comme toujours je suis seul décisionnaire de ce qu'il convient de faire, seul face à mon destin. Même Sindalywë s'abstient d'intervenir, comme si elle n'avait pas non plus de réponse à ces questions. C'est par ma seule volonté que mes lames se meuvent, clame notre devise, mais parfois j'aimerais ne pas avoir à décider, n'être qu'un simple soldat suivant bêtement les ordres qu'on lui donne. Tout serait tellement plus simple...
"Je ne devrais pas avoir de soucis pour des sorts offensifs. Par contre pour les soins… ce sera plus limité."
La réponse d'Yliria me sort sans douceur de mes amères pensées. Allons, puisque décider il faut, décidons :
"Bien. Alors allons-y."
La semi-Shaakte prend encore le temps de lancer un sortilège qui nous pare tous trois d'une sorte d'aura lumineuse, un pouvoir qu'elle a déjà employé sur le navire qui nous a amené dans cet enfer et qui, si je ne m'abuse, sert à renforcer la puissance de nos coups. Elle annonce ensuite être prête, si bien que nous grimpons discrètement jusqu'au sommet de la dune dont je viens tout juste de redescendre afin d'observer une nouvelle fois nos ennemis. Plissant les yeux de concentration en tentant d'échafauder un plan, je m'interroge tout de même sur la pertinence de nous lancer à l'assaut, ne vais-je pas risquer inconsidérément la vie de mes compagnons? Sommes-nous vraiment capables de venir à bout d'autant d'adversaires? S'il n'y avait pas ce foutu mage et le type qui a mis à mal Sëraya je n'en douterais pas vraiment, j'ai affronté seul de plus fortes troupes du côté d'Omyre, mais le fait est qu'ils sont bel et bien là.
(Tu en penses quoi Sindalywë?)
(J'en pense que c'est téméraire, pour changer.)
(Mais encore?)
(Eh bien, je doute que la piétaille puisse vraiment te mettre en danger, mais si le mage a l'occasion de s'en prendre à toi pendant que tu affrontes leur chef, ça va être ta fête...) grommelle-t-elle d'un ton quelque peu indécis.
(On est d'accord.)
Me tournant vers Yliria et Jabhal'Yr, je murmure tout en saisissant ma relique de glace :
"Il y a deux types vraiment dangereux dans le tas : le guerrier qui a blessé Sëraya et, surtout, le mage. Alors voilà comment je vois les choses : je flèche les deux types qui sont entre nous et ce mage pour dégager un peu le passage. Ils vont probablement réagir en se regroupant pour le protéger et, là, tu balances ton sort explosif au milieu d'eux, Yliria. Jabahl'Yr et moi, on profite de la confusion pour leur tomber dessus et essayer d'atteindre le chef. Si nous sommes assez rapides le mage n'osera plus nous attaquer de peur de toucher ses alliés. Là il faudra que tu essayes de le neutraliser au plus vite, Yliria, il est déjà blessé mais ne prends pas de risques inutiles, j'ai surtout besoin que tu me donnes le temps d'éliminer le chef sans me prendre un sortilège dans le museau. Jabhal'Yr, ton rôle c'est de m'aider à frayer un passage jusqu'au chef puis d'aider Yliria une fois que je l'aurai atteint. Prêts?"
Mes compagnons opinant à cette question, j'encoche un trait sur mon arc et me relève vivement pour le décocher avec une précision chirurgicale sur le Sindel le plus proche du mage. Mon projectile s'enfonce dans son aisselle, assez profondément pour avoir atteint ses poumons, sans doute, mais le bougre a largement le temps de pousser un hurlement de souffrance avant de s'effondrer au sol. Je jure sourdement de dépit, personne ne le saura jamais mais c'est sa gorge que je visai! Nos ennemis réagissent plus vite que je ne l'espérai et se précipitent pour adopter une formation défensive tout en dégainant leurs armes, ce qui me fait grogner intérieurement :
(Merde, jamais vu de simples pillards réagir comme ça!)
Seraient-ce en réalité des soldats de l'armée Sindel en mission? J'espère que non parce que, si c'est le cas et que l'un d'eux parvient à s'échapper, nous risquerions de sérieux ennuis. Une simple description de mon équipement suffira pour que n'importe quel soldat de Nessima m'identifie, et là... bonjour Raynna. Quoi qu'il en soit le vin est tiré et il nous faut le boire, aussi décoché-je immédiatement une deuxième flèche sur l'un des adversaires en train de se positionner pour protéger le magicien. Avant même qu'elle n'ait atteint sa cible, en pleine tête cette fois, je remise ma relique de glace et m'empare de mes lames en rugissant :
"Maintenant Yliria!"
La jeune femme n'a pas attendu mon injonction pour agir, visiblement, car déjà une puissante sphère embrasée vole dans les airs en direction de nos ennemis qui achèvent de se regrouper. Suivi de près par Jabhal'Yr, je dévale le flanc de la dune, moitié courant moitié glissant, pour atteindre le rang adverse juste après le sort d'Yliria. Ce dernier explose bruyamment dans la ligne ennemie, projetant plusieurs Sindeldi à terre et provoquant un gros nuage de poussière qui achève de semer la pagaille chez nos adversaires. Mais là encore ils démontrent de solides capacités militaires car, lorsque j'arrive au contact une poignée de secondes plus tard, ils ont déjà resserré les rangs!
(Bon, au temps pour la dentelle...)
Abandonnant toute notion de subtilité, je défonce leur belle organisation d'un enchaînement brutal qui ne leur laisse aucune chance ; ils sont compétents, certes, mais de loin pas assez pour rivaliser avec ma science des armes. Mes terribles reliques m'ouvrent un sanglant chemin dans leurs rangs avant même qu'ils ne réalisent vraiment ce qui leur arrive, fracassant os et protections, fendant les chairs avec autant d'aisance qu'une lame de boucher découpe une tranche de gigot. Dans mon sillage, Jabhal'Yr manie ses katars avec une redoutable sobriété, achevant froidement les blessés et s'efforçant d'empêcher ceux qui ont été épargnés par mon assaut de m'attaquer par derrière. Malgré ce carnage, les Sindeldi restants tentent de s'interposer entre leur chef et moi avec un courage qui, en temps normal, susciterait mon admiration et me pousserait peut-être même à épargner leurs vies. Mais, alors que ma Vorpale éventre atrocement un adversaire et qu'une hache ripe sur mon armure sans m'infliger le moindre dommage, la fureur du combat s'empare de moi et, ivre de sang et de mort, je me laisse emporter par un délectable sentiment de puissance mêlé d'une macabre exultation. Je n'ai plus conscience d'affronter des Enfants de Sithi, ils ne sont plus que des adversaires sans visages que j'aurais oublié dès le lendemain et, tout ce qui importe, c'est que ceux qui se mettent en travers de ma route meurent. J'entends vaguement Sindalywë me hurler mentalement de ne pas me laisser entraîner sur cette pente ténébreuse, mais ses paroles ne trouvent aucun écho dans mon esprit envahi de pulsions meurtrières. Peut-être cela fait-il trop longtemps que j'accumule de la rancoeur envers les exactions de mon peuple, à moins que je n'aie perdu l'habitude de participer à une véritable bataille après les mois passés à Nessima? Je n'en sais rien et je m'en fous, sur l'instant ce ne sont que de fugaces pensées dépourvues de sens et c'est en poussant un féroce rugissement de satisfaction que j'étête un nouvel ennemi.
(Attention à droite) hurle soudain ma Faëra!
Mû par mon instinct autant que par l'absolue confiance que j'ai en ma petite compagne fluidique, je relève précipitamment mon Ardente en position de parade, juste à temps pour contrer un puissant coup de taille que me porte le chef de nos ennemis. Je jure atrocement en parant un coup de sa deuxième lame au moyen de ma Vorpale : je ne l'ai pas vu arriver le saligaud, voilà qui m'apprendra à me laisser dominer par un factice sentiment d'invincibilité! Profitant de ce que son attaque m'ait pris par surprise et légèrement déstabilisé, le maudit enchaîne aussitôt avec un dangereux coup d'estoc qui me contraint à reculer d'un bond hâtif. Seulement, je n'ai pas vraiment l'habitude de combattre sur un sol de sable et je frémis en le sentant se dérober sous la forte poussée que je lui inflige. Ma retraite s'en trouve fortement raccourcie et le cadavre que j'aurais dû enjamber sans problème devient soudainement un obstacle contre lequel bute mon talon! Je récupère sans trop de mal mon équilibre d'une contorsion frénétique mais, aussi preste qu'un serpent, la deuxième lame de mon ennemi s'insinue dans ma garde malmenée et s'enfonce dans mon épaule gauche, pile à la jonction entre mes brassards et les épaulières de mon armure de torse.
Lâchant un jappement de douleur, je recule d'un pas incertain, autant pour retirer l'arme de ma plaie que pour me dégager de mon adversaire, mais ce dernier ne l'entend pas de cette oreille. Me collant aux basques avec un art consommé, il tente de m'asséner un rude coup de taille dans les côtes, que je ne parviens à parer que d'extrême justesse au moyen de mon brassard droit, fort heureusement suffisamment renforcé par les runes qui y sont incrustées pour résister au choc brutal. Surmontant la douleur qui m'assaille d'un difficile effort de volonté, je lui balance férocement ma Vorpale dans la figure, un coup très approximatif qu'il esquive sans peine mais qui le contraint à reprendre un peu de distance.
(Baisse-toi!!!)
Là encore je réagis sans me poser la moindre question, et heureusement car quelque chose me frôle le crâne de si près que j'en sens le déplacement d'air sur mes cheveux.
(Rhâaaa, ils s'y mettent à deux maintenant! Fait ch...!)
Accroupi, je pivote rageusement sur moi-même en tendant mes lames à l'horizontale, si le nouvel arrivant a commis l'erreur de se mettre à portée ses genoux vont déguster... et de fait ils trinquent salement à en juger par l'ignoble fracas d'os brisés produit par mon Ardente lancée à toute volée. Je n'ai pas le loisir de m'en assurer, cependant, alors même que le bougre hurle de douleur mon adversaire principal profite de ma position basse pour tenter de m'asséner un coup brutal de haut en bas, du genre qui fend un type jusqu'au sternum... je me jette fébrilement de côté avec la ferme intention d'effectuer une rapide roulade qui me permettra de me relever à quelques distance du maudit, mais il semblerait que rien ne doive se passer comme prévu aujourd'hui! J'atterris droit sur le ventre d'un corps odieusement pourfendu, sans doute lors de mon premier assaut, une "surface" bien trop molle dans laquelle mon coude s'enfonce au lieu de servir de point d'appui comme je l'espérai pour entamer ma roulade. Je manque vomir, autant en réalisant que je me suis littéralement enfoncé dans ses tripes qu'en humant bien contre mon gré l'abjecte odeur qui en émane, mais un nouvel avertissement de ma Faëra m'incite à dégager de là en urgence. Empêtré dans le cadavre, je suis malheureusement un rien trop lent cette fois et je glapis de douleur en sentant la lame de mon ennemi s'enfoncer profondément dans ma cuisse droite! L'enfoiré a visiblement le don de trouver les failles de mon armure et, si je ne trouve pas très vite un moyen de l'abattre, les deux blessures qu'il m'a infligées saignent tant qu'il n'aura aucun mal à m'achever.
Mais pour l'heure l'urgence est déjà de parvenir à me remettre debout et, pour cela, rien de tel que la menace des flammes de mon Ardente pour inciter mon ennemi à reprendre ses distances. Il recule comme prévu lorsque je taillade les airs de ma flamboyante dans sa direction, ce qui n'a rien de bien étonnant : il ne peut ignorer que chaque seconde qui passe m'affaiblit et le rapproche de la victoire... Je discerne d'ailleurs un sourire malveillant dans ses prunelles, le reste de son visage étant toujours dissimulé par un voile, qui me fait frémir des pieds à la tête. Je n'en parviens pas moins à me relever vivement en grimaçant de douleur et à me remettre en garde sous le regard goguenard de mon ennemi.
(Ah ça te fait marrer, vermine? Attends un peu...)
Mais encore faudrait-il que je parvienne à reprendre l'initiative et à l'attaquer ce qui, pour l'instant, ne semble pas gagné car il fond sur moi en utilisant une technique que je reconnais aussitôt : la Danse des sabres, risquée mais ô combien dévastatrice lorsqu'elle réussit. Bien déterminé à ne pas me prendre un nouveau coup, je lui oppose la non moins redoutable Danse de Moura, priant Sithi pour qu'il ne la connaisse pas. Nos lames s'entremêlent et se séparent au gré de cet échange de haut vol, les lames de mon adversaire me frôlent à plusieurs reprises sans pour autant parvenir à franchir ma défense, fort heureusement. Mais si la Danse marine est d'une rare efficacité en défense, elle ne permet pas d'attaquer et ne résoudra donc pas mon problème. J'ai néanmoins la satisfaction de voir toute trace d'amusement quitter le regard de mon ennemi, remplacée par une lueur de méfiance teintée d'une certaine incrédulité. Aussi, lorsque j'arrive au dernier pas ondulant qui me permet d'esquiver ses assauts, j'enchaîne immédiatement avec la plus difficile des techniques que j'ai acquises: la Danse de l'éclipse. Tournoyant de toute ma vélocité, j'utilise aussi bien mon corps que l'insoutenable éclat du soleil pour dissimuler mes attaques et tenter de le prendre au dépourvu. Il parvient à parer mes deux premières attaques, esquive adroitement la suivante, une autre encore puis, enfin, ma Vorpale trouve la brèche dans sa garde et trace un sanglant sillon sur sa face! Le Sindel beugle de souffrance et, lâchant ses armes, porte instinctivement les mains à son visage ruiné. Un geste qui signe son arrêt de mort car j'en profite sans la moindre hésitation pour lui planter de toutes mes forces mon Ardente dans le ventre, appuyant dessus jusqu'à ce que la garde vienne buter contre son corps. Je la retire néanmoins vivement en voyant ses vêtements prendre feu et, indifférent aux terribles hurlements de souffrance de mon ennemi en train de se consumer, jette un froid regard aux alentours.
Le combat est presque terminé, Yliria a visiblement terrassé le mage et Jabhal'Yr achève son dernier adversaire avant de s'effondrer sur le derrière, visiblement à bout de forces. Mais ce "presque" me fait frémir car un survivant, armée d'une énorme épée, est en train de se précipiter vers Yliria qui, assise pour je ne sais quelle raison, ne parait pas réaliser le danger. Réalisant qu'il est bien trop loin pour que j'aie la moindre chance de l'intercepter à temps, je lâche mes reliques en jurant et m'empare aussi vite que je peux de mon arc pour lui décocher une flèche. Mon tir arriverait bien trop tard si le sol était de pierre, mais il n'est guère aisé de courir dans le sable et mon trait se plante profondément entre les omoplates de l'assaillant avant qu'il n'ait pu atteindre mon amie! Le guerrier s'écroule au sol juste devant la jeune femme en train de se relever, spectacle que cette dernière contemple d'un air abasourdi avant de relever le regard vers moi et de réaliser d'où est venu le projectile. Je lui adresse un pâle sourire puis range mon arc, récupère mes reliques et les essuie sur le premier cadavre venu en frissonnant de tout mon être. Non de froid bien évidemment, il fait une telle cuite que je ruisselle littéralement de sueur, mais parce que c'est à cet instant que je commence à réaliser ce qui vient de se passer.
(Ô Mère... qu'ai-je fait...)
(Oh! Ce qui est fait est fait, te morfondre là-dessus ne sert à rien! C'est avant qu'il fallait réfléchir!)
(Merci, mais alors pour ce qui est de me réconforter, on repassera...)
J'avise alors Yliria qui se dirige vers moi et, peu soucieux de lui laisser voir la honte qui m'envahit, me recompose un visage neutre alors qu'elle me dit :
"Je suis désolée pour vos compatriotes… vous allez bien ?"
Je hausse les épaules et lui rétorque d'une voix atone :
"Ils ont choisi le mauvais camp. Mais ça va... et toi?"
Saisi de vertiges, je m'empare rapidement de ma gourde magique et avale une grande potion de soin pour stabiliser la blessure de ma cuisse, la plus grave des deux, avant de la tendre à la jeune femme :
"Il me reste une grande potion de soin, si tu en as besoin."
J'entreprends ensuite de panser soigneusement mes plaies, puis celles d'Yliria et de Jabhal'Yr si besoin, avant d'aller récupérer mes flèches puis fouiller le corps de mon adversaire en quête d'un indice pouvant m'apprendre qui il était et d'où il sortait. Je récupère au passage tout ce qui me semble intéressant, mais ne trouve rien qui puisse me renseigner ainsi que je l'espérais. Ce n'est qu'en examinant ses épées longues, de très belles armes, que je découvre un symbole qui me fait frémir. Je le montre sans tarder à Yliria en lui précisant à mi-voix :
"Tu vois ce symbole gravé, une lune devant un bouclier? Ce type appartenait à la garnison de Nessima... or les soldats de ma ville natale n'ont rien à faire là, ce sont les troupes de Raynna qui ont la charge du Domaine de Charlùm. Et vu sa manière de se battre, ce n'était certainement pas un simple troupier... Je n'aime pas ça du tout. Ça pue à plein nez la machination, si ces mecs étaient là, c'est qu'ils en avaient reçu l'ordre, et il n'y a pas dix personnes qui ont le pouvoir d'ordonner à des soldats de Nessima de venir dans le coin alors qu'ils n'ont rien à y faire. Surtout pour s'en prendre aux Eruïons en dissimulant leurs visages..."
Peut-être est-ce ce dernier point le plus suspect, d'ailleurs, pourquoi se cacher s'ils avaient réellement l'autorisation d'agir ici? Et pourquoi une telle autorisation aurait-elle été donnée? Si l'armée avait voulu mettre à mal les Eruïons, ce sont les redoutés Fils du Dragomélyn, les troupes d'élite de Raynna, qu'elle aurait envoyé. Plissant les yeux de concentration, j'ajoute après un bref instant :
"Il faut que nous retournions au plus vite à Nessima. Il n'y a que là-bas que nous aurons une chance de découvrir qui état ce gars et ce qui se cache derrière tout ça. Et puis, suivant de quoi il s'agit, Sylënn pourrait bien être en grand danger, je doute beaucoup qu'elle cautionne une telle action, celui qui est derrière ça aurait tout intérêt à l'éliminer sans tarder. Je vais faire revenir un navire au plus vite..."
Tout en rangeant les deux lames dans mon paquetage, je complète en dévisageant la jeune femme :
"Rien ne t'oblige à revenir à Nessima avec moi, mais... je pense tout de même que ce serait plus sage. Nous ignorons tout de ce qui se trame dans le coin, d'autres unités ont pu être envoyées et je préférerais de loin te savoir accompagnée que seule au milieu d'une tribu d'Eruïons susceptible de se faire massacrer n'importe quand."
Une discrète amertume transparaît dans mes derniers mots, mais mon regard déterminé devrait aussi lui indiquer que cela n'arrivera pas s'il est en mon pouvoir de l'empêcher. Et notre meilleure chance d'éviter que cela n'arrive, à mon sens, c'est de couper la tête du serpent, laquelle ne peut se trouver que dans les hautes sphères Sindel. Je m'entretiens rapidement avec Jabhal'Yr afin de m'assurer qu'il est encore en état d'aller chercher les siens pour récupérer la marchandise volée qui est entassée là, puis sors mon nécessaire d'écriture télépathique de mon sac et y rédige un court message à l'attention de Llyann, sachant que cette dernière a l'habitude de ce moyen de contact et qu'elle prêtera donc toute l'attention nécessaire aux pensées qui envahiront son esprit :
(Llyann? C'est Tanaëth! J'ai besoin que tu m'envoies au plus vite un Danse-Lame au point de rendez-vous habituel avec les Eruïons, c'est vraiment urgent. Dis aussi à ma garde personnelle de protéger Sylënn jusqu'à mon retour et sois prudente!)
Le message envoyé, je tourne un regard interrogatif vers Yliria afin de connaître sa décision.