Les Ruelles

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Yuimen
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Les Ruelles

Message par Yuimen » ven. 5 janv. 2018 10:38

Les ruelles

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De nuit comme de jour, bon nombre des ruelles de Tulorim sont inquiétantes, sombres et propices aux mauvais coups. Ne marchez jamais au milieu car les seaux d'eau voltigent à tout va, et encore serez vous étonnamment chanceux s'il ne s'agit que d'eau... Dans les bas-quartiers, autour des maisons les plus pauvres, les immondices jonchent le sol, quand il ne s'agit pas d'un agonisant voire d'un cadavre. Partout, des ombres se faufilent en rasant les murs, simples citoyens craintifs ou truands en quête de bourses à dérober, la différence est loin d'être toujours évidente.

La Milice passe peu, toujours en force et armée jusqu'aux dents, éclairant prudemment les moindres recoins lorsqu'elle le fait de peur de croiser une guilde anti-Milice ou toute autre bande de voyous sadiques et cruels. Le métier de milicien à Tulorim est loin d'être une sinécure, nombreuses sont les bandes criminelles bien organisées qui rôdent, ce qui a bien souvent pour effet de rendre les gardiens de l'ordre aussi dangereux et paranoïaques que leurs bourreaux. Mieux vaut ne pas trop compter sur eux pour vous tirer d'un mauvais pas.

Vous qui parcourez ces rues, surveillez bien votre bourse et gardez l'oeil ouvert, le cimetière est plein de voyageurs imprudents, les égouts également, pour le plus grand bénéfice des rats qui y pullulent.

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Adam Von Demorlys
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Message par Adam Von Demorlys » dim. 24 févr. 2019 22:11

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Le duo remonta d'un pas rapide l'ensemble de ruelles menant au marché. Cette nuit-là ces dernières semblaient très peu fréquentées. Ca n'empêcha pas Adam d'être sur ses gardes, il était bien content d'être accompagné d'un colosse comme Jonas. Sa simple présence dissuadait les quelques silhouettes solitaires qu'ils apercevaient parfois. Le jeune mage murmura :
« Tu as ce qu'il faut ? »

En réponse, l'interpellé sortit une petite bourse qu'il lança et rattrapa adroitement.
« Tout y est, un assortiment de bijoux appartenant à cette chère Madame Misit. »

Adam laissa échapper un petit rire. La vieille bourgeoise, d'un tempérament aigri et insupportable, s'était faite dérobée un ensemble de biens il y a maintenant quelques semaines de ça. C'était l'oeuvre d'une petite équipe composée de 4 voleurs, nouveaux venus sur Tulorim. En peu de temps, les avides et habiles lascars s'en étaient pris à une dizaine de belles demeures. Parmi elles, celle de Mordred Von Demorlys, le père d'Adam. Grâce à ses contacts, ce dernier avait réussi à remonter jusqu'au repaire du petit groupe en quelques jours. S'en était suivi un règlement de compte propre, à savoir sans témoins, ni prisonniers. Ils avaient ainsi mis la main sur un agréable pactole, dont cet ensemble de bijoux. Madame Misit avait passé tellement de temps à les exhiber qu'Adam les avait reconnu sans peine. Ils avaient alors décidé de garder les parures, pour une occasion comme celle qui allait se présenter.

« Un de mes hommes va nous rejoindre sur le port. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi agile avec ses doigts, un vrai artiste. Un coffre comme ceux d'Yzrouel ? Il en viendra à bout en quelques minutes et aura même le culot d'arriver à le refermer après. »

« Je ne doute pas de ses capacités mais c'est autre chose qui me chiffonne. »

Adam continua en croisant le regard interrogateur de son acolyte.

« Après qu'un de ses coffres ait été forcé, je doute qu'Izrouel laisse son étal sans surveillance. On risque de devoir trouver un moyen pour éloigner suffisamment longtemps le garde qu'il risque d'avoir placé, pour que ton artiste ait le temps de faire son travail. De toute façon on arrive, on va vite voir ça.  »

Le vent frais qui leur souffla au visage, amenant avec lui des effluves de poissons, d'épices et d'une multitude d'autres arômes, leur annonça qu'ils venaient effectivement de déboucher sur le marché.


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Adam Von Demorlys
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Message par Adam Von Demorlys » dim. 24 févr. 2019 22:20

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Les deux compères suivirent la jeune femme aussi discrètement que ne permettait la cadence de cette dernière. Elle rasait les murs, marchant d'un pas rapide, cherchant visiblement à ne pas être remarquée. Quoi de plus étonnant pour une femme se baladant seule la nuit en plein Tulorim ? Mais Adam supposa qu'il s'agissait d'une raison autre que celle liée à la sécurité.

Ils arrivèrent au bout de quelques courtes minutes pas loin des docks, plus précisément dans un quartier où se trouvaient un grand nombre de baraquements pour matelots.
Le duo vit la jeune femme frapper discrètement à une porte. Une porte s'ouvrit et elle s'engouffra sans perdre de temps dans la petite bâtisse. Tandis que la porte se referma, Adam et le colosse se rapprochèrent et distinguèrent le bruit d'un rire rauque d'homme, mêlé à des gloussements.

« Eh bien, on dirait que la donzelle profite de ce voyage sur Imiftil pour passer du bon temps avec la populace locale. »
Remarqua Jonas en se poilant.

Adam répondit par un même rire.

« Pour combien de temps elle en a tu crois ? »

« Aucune idée, peut-être une heure, peut-être la nuit... Passe moi les bijoux, je vais attendre là et faire le nécessaire. En attendant vas chercher tes deux anciens compagnons d'armes, que tout soit prêt le moment venu. »

Par « deux anciens compagnons d'armes » il pensait à deux miliciens qui étaient restés assez proches de Mordred et Jonas. Moyennant finance leur aide s'était plusieurs fois avérée bien utile et précieuse.
Jonas hocha la tête, lança la petite bourse au jeune mage et tourna les talons :
« Fais attention à toi en attendant, ton père m'arracherait la tête s'il t'arrivait quelque chose. »

« Fais-moi confiance. »
Adam s'adossa à un mur qui faisait le coin d'une ruelle. La lueur de la lune, qui peinait à percer d'imposants nuages était si faible que cela l'aida à se dissimuler un minimum dans la pénombre.
Il patienta, se faisant plus discret quand il entendait des pas approcher. Le temps passa, peut-être une heure. Enfin, au bout de longues minutes qui avaient paru une éternité, il vit la porte de la petite bâtisse se rouvrir. La jeune femme en sortit en gloussant. Elle rabattit son capuchon tandis qu'un solide gaillard lui assena une fessée en guise d'au revoir. Riant de plus belle, la donzelle tourna les talons et emprunta le chemin inverse, tandis que la porte se referma.

Elle arrivait droit sur Adam, toujours dissimulé dans l'ombre d'une ruelle. Sentant son rythme cardiaque s'accélérer sensiblement, le jeune mage se prépara.

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Adam Von Demorlys
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Message par Adam Von Demorlys » dim. 24 févr. 2019 22:24

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Alors que la jeune femme n'était plus qu'à quelques mètres, Adam sortit de l'ombre, regardant dans une direction opposée. Ils se heurtèrent alors de plein fouet, la donzelle poussa une exclamation et manqua de tomber à la renverse.
Le jeune mage la rattrapa de justesse.
« Oups ! Toutes mes excuses dame, j'avais la tête ailleurs et ne vous ai pas vu arriver. »

Se redressant en lissant sa cape, la jeune femme darda sur lui un regard furieux mais se ressaisit un minimum.
« La prochaine fois regardez où vous marchez, vous pourriez tomber sur bien moins commode que moi ! »

(Ca je ne te le fais pas dire, d'ailleurs se serait bien que tu baisses le ton.)
La minette n'avait pas l'air de saisir la dangerosité que pouvait revêtir ces quartiers en pleine nuit. Adam lança un regard machinal autour de lui et leva un index près de ses lèvres

« Si je peux me permettre faites moins de bruit dame, ces rues ne sont pas sûres à cette heure tardive, surtout pour une dame avec votre classe. »

La flatterie sembla faire son petit effet. Visiblement elle prit un peu conscience qu'elle pouvait faire de mauvaises rencontres en ces lieux, et sembla presque soulagée d'être tombée sur quelqu'un avec l'allure et le charme d'Adam, plutôt qu'une brute épaisse et sans cervelle.
Semblant un peu calmée, elle répondit néanmoins avec une pointe de défi.
« Je suis tout à fait capable de me défendre seule vous savez. »

« Je n'en doute pas, me permettez-vous quand même de vous raccompagner jusque chez vous ? »
Répondit-il avec une légère révérence.

La greluche essaya de retenir un sourire flatté, en vain. Elle battit les paupières, fit semblant de réfléchir quelques secondes et tendit son bras.
« Et bien soit. Je ne suis pas originaire de Tulorim mais je loge en ce moment pas loin dis marché. Donc si c'est sur votre chemin... Sire ? »

« Adam, appelez-moi juste Adam. »
Le jeune mage enroula son bras autour de celui de la donzelle avec un mince sourire. La jeune femme n'était pas laide, mais n'était pas belle pour autant. Elle semblait bien en chaire, sûrement un héritage direct de son père Yzrouel, sans pour autant tomber dans l'excès de ce dernier. Le contact avec elle lui laissait une légère impression désagréable mais il passa outre en n'en montra rien.

« Enchanté Adam, moi c'est Nirza. »

Le jeune homme répondit par un sourire. (Je m'en contrefous). Il engagea ensuite la marche vers la vaste place du marché.
« Enchanté Nirza, c'est un plaisir de vous rencontrer. Parlez-moi de vous. »

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Adam Von Demorlys
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Re: Les Ruelles

Message par Adam Von Demorlys » dim. 24 févr. 2019 22:28

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Adam en vint presque à regretter sa question, la jeune femme lui assena un monologue tout aussi assommant qu'insupportable. Il retint cependant les informations lâchées sur Izrouel. Ils marchèrent ainsi quelques courtes minutes. Soudain, le jeune mage repéra un mouvement non loin. Une silhouette chancelante se dessinait à l'ombre d'une ruelle, rapidement suivie d'une deuxième, un peu plus grande. Les deux se dirigeaient à leur rencontre.

Nirza sembla également les remarquer car son monologue perdit subitement en intensité. Elle releva cependant légèrement le menton, décidée à ne pas laisser transparaître une quelconque crainte.
Adam quand à lui ne ralentit pas leur marche et se contenta de poser ouvertement la main sur la poignée de l'épée qui battait son flanc.

Il ne savait pas s'en servir, mais ça les deux inconnus qui arrivaient n'étaient pas sensés le savoir. Arpenter certaines rues avec certains vêtements et sans armes visibles était juste un appel au larcin, voir au meurtre. L'arme avait donc un usage plus dissuasif qu'utilitaire.

Alors que les deux duos se rapprochaient, Adam distingua un sekteg et un humain. Il n'y avait pas besoin d'être un fin observateur, pour deviner que les deux énergumènes étaient deux mendiants miséreux. Seulement vu leurs démarches, ces derniers étaient visiblement alcoolisés. Très alcoolisés. Ce qui pouvait rendre les choses un peu plus compliquées.

Décidé à passer en les ignorant, Adam sût que les choses allaient peut-être se corser quand il distingua le duo fixer Nirza en émettant sifflements, ricanements et remarques désobligeantes.

Plus que deux mètres les séparaient, et comme il s'y attendait les deux gueux se placèrent devant eux, les obligeant à s'arrêter.
Adam sentit la jeune femme, soudain devenue muette, se raidir comme un bout de bois.

« Bonsoir bonsoir. Dis-moi c'est une jolie poupée qu't'as là ! »
Le sekteg s'exprimait avec une voix très nasale. Quelques dents lui manquaient et les deux énergumènes empestaient la gnôle de basse qualité. Son compagnon, un kebakeri décharné et tout aussi édenté se mit à rire bêtement :

« Viens avec nous ma belle, on a d'quoi faire la fête ! »
L'homme leva une bouteille de gnôle sale et poussiéreuse, mais pas entamée. Le duo était vêtu de haillons, mais Adam distingua un vieux gourdin pendouillant à la ceinture du kebakeri.

« Vous permettez on est pressé. Visiblement vous avez de quoi vous occuper tous les deux, alors laissez nous passer et tout se passera bien pour tout le monde. »

« Ohhhh mais c'est qu'il joue les coqs devant sa poulette dis moi. Et si t'arrêtais d'faire ton rabat joie et que j'te faisais fermer ton clapet d'merde. Peut être que ça nous aidera à finir la soirée en beauté avec ta nana non ? En plus c'est de jolies affaires qu't'as là, ça coûte combien tout ça ? »

Le miséreux se rapprochait, menaçant. Adam prenait toujours garde à ne pas revêtir de beaux habits lorsqu'il se rendait dans certains coins de la ville. Mais même ses vêtements lambdas pouvaient s'avérer luxueux pour des énergumènes de cet acabit.

Le kebakeri saisit son vieux gourdin. Adam recula prudemment de quelques pas histoire de maintenir une certaine distance. Il glissa un œil vers Nirza, cette dernière commençait à paniquer, et acculée contre un mur, essayait de maintenir à distance le sekteg qui se rapprochait en se léchant les babines. En fait non, visiblement cette femme ne savait pas se défendre seule.
« Adam bon sang faites quelque chose !... Vous ne m'approchez pas ou je.. Je vous rosse malotru !»

Mais Adam n'en menait pas large pour autant. Son truc lui c'était l'intellect, il aidait son père en faisant preuve de stratégie, de duperie et de diplomatie. Ce n'était pas un gros bras, il avait jusqu'à présent toujours réussi à éviter l'affrontement. Il aurait pu donner de l'or aux deux misérables. Mais leur état d'ébriété leur faisait perdre toute raison et ils ne se seraient visiblement pas contenté de ça.

(Zut, ces deux idiots vont tout faire rater. )

Mais à l'instant présent il y avait d'autres priorités. A savoir le kebakeri qui se dirigeait vers lui en se gaussant. Bouteille de gnôle dans une main, gourdin noirci de sang séché de l'autre.

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Adam Von Demorlys
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Re: Les Ruelles

Message par Adam Von Demorlys » dim. 24 févr. 2019 22:31

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Aucune diplomatie n'était possible, Adam n'avait pas le choix. Il continua à reculer au fur et à mesure que le misérable approchait et retira l'épée de son fourreau. L'arme était plus lourde que ce à quoi il s'était attendu. Il pointa malgré tout le bout vers son adversaire.
« Un pas de plus et je t'assure que je vous pourfends, toi et ton ami. »

Le kebakeri se contenta de s'esclaffer :
« Si t'en es capable pourquoi tu l'as pas fait plus tôt, tu sais te servir de ce truc au moins ? Regarde-toi on dirait que tu tiens un hochet. Haha mon pauvre, vous les nobles z'êtes tous les mêmes. Remplis de frime et d'artifices, mais rien derrière. »

L'alcool avait complètement désinhibé son adversaire. Ce dernier était gonflé d'assurance. Il ralentit toutefois devant la pointe de la lame, essayant de la contourner, mais Adam le gardait en joue. Certes il ne savait pas se battre avec une telle arme, mais au moins il parvenait à maintenir grâce à cette dernière une certaine distance de sécurité. Cependant il devait arrêter de perdre du temps. Plus loin il vit le sekget agripper le bras de Nirza, cette dernière lui envoya une claque retentissante. Loin de se décourager le gobelin revint cependant à l'assaut de plus belle.

Adam se concentra alors sur son adversaire, tous deux se tournaient autour. Le jeune mage repéra un endroit où un mur formait un grand angle. Il continua à tourner de manière à ce que le mendiant y tourne totalement le dos. C'était l'occasion. Il allait charger, mais le miséreux le devança. C'est alors que le jeune mage déclencha son sortilège. Un petit tourbillon de feu l'entoura subitement dans un grondement, éclairant subitement la sombre ruelle. Son adversaire recula précipitamment en glapissant. Les sourcils roussis, il trébucha et chuta en arrière. Le gueux se releva plus vite qu'Adam n'aurait pensé vu l'état d'ébriété de ce dernier, et se rendit compte qu'il se retrouvait acculé dans l'angle que le jeune mage avait repéré.

Le jeune mage ne lui laissa cependant pas de répit. Trop ignorant des techniques d'escrime, il ne se hasarda pas à tenter des frappes avec le tranchant de la lame. Il essaya donc de planter son adversaire avec la pointe de la lame, tout en l'acculant dans l'angle. Adam viendrait au bout de son adversaire en le brûlant et en le saignant comme un porc. Des flammes l'entouraient, ne demandant qu'à lécher la chair de celui qui approcherait.

Le gueux, coincé, une brûlure à son bras, essayait à son tour de maintenir une certaine distance en multipliant les moulinets avec son gourdin et en beuglant.
Adam réussit à lui entailler légèrement la cuisse. Hélas, l'aura de feu prit subitement fin. Profitant de l'occasion, le kebakeri se rua sur le jeune mage. Ce dernier, n'ayant pas les réflexes d'un combattant, et encore moins la dextérité d'un bretteur, reçut la charge de plein fouet et fût projeté à terre. Un premier coup de pied lui coupa le souffle. Un second lui rentra dans les côtes et lui arracha une exclamation de douleur. Se ressaisissant rapidement, Adam roula sur lui-même, esquivant ainsi le gourdin qui s'abattit alors sur les pavés. En même temps il vit traîner à quelques centimètres la bouteille de gnôle qu'avait lâchée le mendiant en chutant. Adam s'en saisit de sa main libre.

Se relevant, le jeune noble vit le sekget sur le dos de Nirza, cette dernière essayant de s'en débarrasser en braillant.
(Aplatis le contre un mur idiote !)

Mais il n'avait pas le temps de se mêler de cet autre affrontement, son adversaire revint déjà à la charge. Adam changea alors de stratégie, plutôt que d'essayer de maintenir une certaine distance comme il avait fait jusque-là. Le jeune mage décida de surprendre son adversaire en chargeant également. Cette initiative sembla avoir l'effet escompté. Le gredin sembla ralentir, hésitant, et reçu en plein torse l'épaule d'Adam. Un coup comme ça n'aurait eu aucun effet sur un combattant ayant un minimum d'expérience. Mais sur un miséreux décharné et alcoolisé, ce fût suffisant pour projeter ce dernier au sol.
Le kebakeri se releva tant bien que mal, et s'appuya dos au mur, cherchant à reprendre ses esprits. Il brailla ensuite :
« Tu vas m'rendre ma bouteille et t'laisser rosser, merde hein !»

Adam, un peu essoufflé se contenta de répondre :
« Si tu veux tellement ta bouteille... Tiens, rien que pour toi. »

Le jeune mage la jeta de toutes ses forces sur le mur, juste au-dessus de son adversaire. Ce dernier glapit et se couvrit la tête, se protégeant ainsi des débris de verre, mais pas de l'alcool qui se répandit sur lui.
Il releva ensuite la tête, furieux :
« Comment t'as osé... J'y avais mis tout ce que j'avais gagné ! Enfant de truie !! »

Adam ne se donna pas la peine de répondre. Il attendit que le mendiant le charge à nouveau, et pour la deuxième ainsi que dernière fois, déclencha son sort. Un petit tourbillon de flammes l'enveloppa au moment où le gredin allait attaquer. Ce dernier, les traits crispés et les yeux fermés à cause de cette brusque luminosité, leva ses bras pour se protéger. Cependant c'était tard, il s'était déjà trop rapproché. Les flammes léchèrent les haillons et la peau recouverts d'alcool. Le kebakeri poussa un hurlement à glacer le sang alors que les flammes s'étendirent le long de ses vêtements, de son visage et de sa tête.

Le jeune mage recula rapidement. Le miséreux se frappa contre le mur comme pour essayer d'éteindre les flammes se mit alors à courir en direction du port. Il trébucha dans sa course et s'étala de tout son long. Le gueux roula alors sur les pavés, essayant vainement d'étouffer la source de ce supplice. Mais rien n'y faisait.
Adam jeta un regard vers Nirza. La jeune femme était à terre et le sekget se trouvait sur elle. Il tenait les bras de cette dernière, mais son attention était pleinement tournée vers son compagnon dont les cris faisaient part du supplice qu'il traversait.

Comme un fidèle ami, le gobelin lâcha Nirza, leva les mains en signe de reddition et prit la poudre d'escampette. 

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Adam Von Demorlys
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Re: Les Ruelles

Message par Adam Von Demorlys » dim. 24 févr. 2019 22:34

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Adam rejoignit Nirza au pas de course. La jeune femme, toujours au sol, semblait en état de choc. Le jeune noble l'examina rapidement du regard. Elle ne portait aucune trace de blessure.
« Cet immonde cloporte... Mettre ses pattes sur moi de la sorte.. »

Nirza tremblait, essayant de garder bonne figure. Mais ce fut plus fort qu'elle, la jeune femme fondit en larmes et agrippa Adam. Ce dernier se serait bien passé d'une telle marque de détresse. Il jeta un regard à son ancien adversaire. Les cris de ce dernier s'étaient mués en de faibles gémissements. Toujours allongé sur les pavés, les flammèches avaient disparu et avaient laissé place à de minces volutes de fumée. Ils s'en étaient bien tirés. Adam avait conscience que les choses auraient pu très mal tourner, même vu les piètres adversaires qu'ils avaient eus en face d'eux. Les côtes toujours douloureuses, il se maudit de propre faiblesse. Quelle honte cela aurait été de tomber face à un tel misérable, mais il fallait se rendre à l'évidence, il s'en était fallu de peu.
(Père je t'aime bien, mais désormais il va falloir me laisser le temps de me consacrer à l'étude de la magie.)
Il respira profondément, calmant son cœur qui battait toujours la chamade. Le jeune noble se recentra, et passa une main sur la tête de Nirza. Oui ils avaient eu chaud, mais tout n'était pas fini. La donzelle pleurait toujours à chaudes larmes, accrochée à son cou.

« Adam heureusement que vous étiez là, je n'ose imaginer ce qu'il se serait passé sans vous. »
(Tu aurais passé un moment bien moins agréable qu'avec ton matelot).

Le jeune mage se contenta de caresser la tête de Nirza en signe d'apaisement.
« Tout va bien, prenez le temps de pleurer et ça ira mieux. Je vous ramènerais ensuite à votre auberge. »
Tandis que la greluche sanglotait toujours, Adam saisit lentement de sa main libre la petite bourse qui se trouvait dans une de ses poches. Cette dernière, contenant un ensemble de bijoux volés, changea de propriétaire sans que la jeune femme ne le remarque. 
« Tout va bien aller. »

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Re: Les Ruelles

Message par Adam Von Demorlys » dim. 24 févr. 2019 22:49

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Quelques minutes plus tard, Adam quitta la grande place du marché, baguette à la ceinture. Un homme imposant sortit de l'ombre et lui emboîta le pas. Tous deux se dirigèrent vers les beaux quartiers de la cité. Jonas prit alors la parole :
« Tout s'est bien déroulé ? Parait que t'as failli te faire amocher. »

« Rien de grave on s'en ai bien tiré. Mais concernant notre affaire oui, tout s'est bien déroulé. »

Le colosse éclata de rire et frappa dans ses mains.
« C'est Mordred qui va être content... De jolis bénéfices en perspective. »

C'était on ne peut plus vrai. Yzrouel était maintenant redevable aux Demorlys. De plus tout ce qui s'était passé appuiera les arguments de Mordred, lorsque ce dernier viendra dîner chez eux le sur-lendemain, pour que le commerçant cède enfin à leur proposition et leur céde ainsi un quart de ses bénéfices. Le poisson était ferré. Un poisson se débattant dans une mare grouillante d'opportunités et d'affaires juteuses. Mais le pêcheur qu'était Adam avait désormais d'autres priorités, d'autres ambitions. Le temps était maintenant venu le temps de se détourner de tout ça, et de faire face à l'océan qui l'attendait. Un océan grouillant de mystères, de pouvoir, de magie, de découvertes, d'aventures et d'intrigues.

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Re: Les Ruelles

Message par Adam Von Demorlys » jeu. 28 févr. 2019 22:32

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Adam quitta leur demeure, sac sur l'épaule. Il vit un homme avec une queue de cheval et une barbe brune, l'attendre non loin et lui emboîter le pas. Il s'agissait d'un enchanteur au service de Mordred.

« Tiens Zack, j'imagine que tu es toi aussi du voyage ? »

« Bien sûr ! J'connais bien Exech, je suis originaire de cette ville. Du coup c'est principalement à moi que ton père fait appel quand il a des choses à régler là-bas. J'ai un gars qui nous attend sur le port. Normalement niveau temps on devrait avoir de la chance. Les nuages commencent à se lever et à annoncer un beau temps, espérons que ça dure jusqu'à notre arrivée. »

« Tant mieux, si le trajet s'avère tranquille tu auras le temps de me décrire ce que tu connais de la ville. »

Les deux hommes remontèrent les ruelles jusqu'au port.

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Selen
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Re: Les Ruelles

Message par Selen » mer. 20 mars 2019 11:17

Le dénommé Fromritt, après s’être plaint des dieux et de son épaule, accepta sans plus de difficultés ma proposition, doutant cependant de ma résilience ou de ma capacité à le supporter très longtemps. Restait, comme il l’affirma, à sortir de ces bois et à se fournir en vivres.

« Pour ça, direction Tulorim ! »

L’humain tourna sur lui-même quelques instants, suffisamment pour paraitre un peu ridicule et perdu, et avoua être complètement perdu dans la sylve. Pour toute réponse à ma nomination officielle de guide, je rétorquai un sourire moqueur à l’épéiste et pris la direction du nord. Je ne connaissais guère le chemin exact pour sortir de la forêt aux aiguilles, mais la direction était claire, et facile à suivre dans des bois : il suffisait de regarder la mousse sur les bases des troncs des arbres. L’endroit où elle poussait en abondance était à la fois l’endroit le plus humide et le plus abrité du soleil : le nord. Je conduisis la marche à travers la futaie jusqu’à son orée sans un mot, ni donner le moindre indice sur ma science à mon partenaire apparemment peu fendu à l’art du repérage ou de l’aventure en milieu naturel et sauvage.

Une fois sortis des bois, la route était plus évidente : la garrigue restait à traverser, vaste et sauvage, peuplée de quelques bosquets d’épineux et autres touffes de buissons plutôt secs, mais trop bas pour masquer réellement la vue. Au loin, les contours flous de Tulorim, à peine masqués par le dénivelé peu prononcé de cette partie de la Lande de Whiel, nous donnaient une direction toute tracée.

Le trajet se poursuivit dans un silence relatif, dans le sens où je ne pris pas la peine de commencer une conversation, ni ne donnai suite aux éventuels commentaires de Fromritt. Je n’étais pas du genre loquace, dans les longues marches, préférant à la fois garder ma respiration pour ladite marche, et écouter les bruits alentours, qu’ils soient appréciables comme les chants d’oiseaux, ou inquiétants comme de subits craquements. Sans être en permanence sur mes gardes, j’avais tout de même appris à être attentif à mon environnement, et préférai marcher dans un silence relatif que de pérorer inutilement en devenant moi-même la plus audible source de bruit des alentours.

Nous finîmes par rejoindre les ruelles de Tulorim, certainement aussi familières pour lui que pour moi. Le constat d’une journée trop avancée pour prendre la route le jour-même était évident, aussi ne le fis-je pas tout haut : il nous faudrait trouver de quoi nous loger et quémander à notre hôte des provisions pour la route à venir. Là, plusieurs options étaient envisageables : l’auberge du Pied Levé était la plus populaire et la moins mal famée, mais si mon compagnon voulait se faire discret en ville, mieux valait lui proposer des logements moins irréprochables, comme l’Auberge de Grigwig le Beau, qui n’avait de beau que le nom. Voire même des planques plus personnelles encore, comme le Purgatoire de l’éternel Ivan Lomet, où j’avais mes entrées pour y avoir travaillé une bonne partie de ma vie. À ce titre, sans présumer de ses envies, je le laissai choisir :

« Alors, où allons-nous passer cette dernière nuit de confort ? »

Mais je ne pus mener plus loin la réflexion : un attroupement autour d’une affiche attira mon regard, et les commentaires des badauds sur la riche prime offerte par la famille Belmont séduisit mon ouïe. Je me détournai de Fromritt un instant et allai lire l’affiche en question. Il s’agissait d’un recrutement de mercenaires pour une mission délicate dans le Nord-Ouest imiftilien, non loin d’Exech. Le domaine d’une prestigieuse famille, les Belmont, avait été mis à mal par des créatures et ses dirigeants offraient un sérieux pactole à ceux qui étaient prêts à les aider à arranger leurs affaires. Je me tournai vers mon condisciple, le jaugeant de haut en bas, et commentant :

« Nos plans pourraient peut-être changer, après tout… Que dirais-tu de remplir un peu cette bourse tristement vide que tu transportes, avant d’aller quérir quelque légendaire divinité ? »

Je laissai la décision à sa faveur… Personnellement, je me voyais mal cracher sur des yus. Je savais reconnaître les bonnes opportunités.

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Koriah
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Re: Les Ruelles

Message par Koriah » mar. 24 mars 2020 10:11

Les pas du colosse résonnaient dans la sombre ruelle. Les premiers rayons du soleil surplombaient la cité, annonçant le début d'une nouvelle journée parmi tant d'autres. Cette dernière avait cependant une saveur toute particulière pour le gaillard. En effet, il venait de remettre les clefs du commerce de son père à un ami de longue date. Le vieil homme avait rendu l'âme il y a maintenant une petite semaine de cela, et Koriah ne se voyait pas du tout prendre la suite. Il avait accompagné le vieux forgeron jusqu'au bout dans sa lutte contre la maladie, et cette dernière avait fini par l'emporter. Le grand gaillard sentit à nouveau son cœur se serrer lorsqu'il repensa aux derniers jours d'agonie de son paternel. Ceux-ci avaient été relativement éprouvant, mais malgré cela il ressentit également une pointe de soulagement. Enfin le vieil homme était en paix, et sûrement aux côté de sa défunte femme et mère de Koriah.

(Repose en paix, père. Tu l'as bien mérité. Et sois moins casse-couilles avec Phaitos que tu l'étais avec moi parce que j'pense qu'il sera bien moins sympa. )

A vrai dire il ressentait tout un maelstrom d'émotions, toutes aussi contradictoires les unes que les autres. Peine, joie, excitation, appréhension... Enfin il partait à l'aventure, mener sa propre vie tout en bravant l'inconnu, ce dont il avait toujours rêvé. Mais il ressentit également un gros pincement au cœur en tournant le dos à ce lieu qui l'avait vu naître et grandir pendant trente ans. Quitter ce quotidien, ces sources, avait quelque chose d'aussi enivrant que déstabilisant.

Le voici donc qui se dirigeait vers les quais, son baluchon sur l'épaule avec de bien maigres possessions, le strict minimum à vrai dire, et son espadon sur le dos. Il aperçut soudain un corps un peu plus loin, celui d'un homme ramassé sur lui même, dans un caniveau. Koriah fronça les sourcils et ralentit légèrement ses pas.

(Hmm?)

Une forte odeur d'urine et de vomi assaillit ses narines au fur et à mesure qu'il approchait. L'homme n'était pas mort, il respirait. Visiblement il avait passé une soirée très arrosée ! Trop arrosée. Et ben... Ce type avait eu du bol, aucune trace de sang. Être ainsi vulnérable en pleine nuit dans les ruelles de cette cité, équivalait à se rendre dans un temple de Thimoros avec le symbole de Gaïa tatoué sur le front. Un détail sauta toutefois à l'oeil du colosse lorsqu'il baissa le regard sur la ceinture de l'ivrogne. On voyait clairement deux lanières tranchées, peut-être pas si chanceux que ça en fin de compte.

(Enfin si, s'il s'était réveillé pendant que le lascar tranchait les liens de sa bourse alors la dague ne se serait sûrement pas arrêtée là... Un coup de lame est si vite arrivé ici, et pour rien.)

Koriah donna alors un coup de botte dosé dans les hanches du cuitard.

« Allez pourceau ! On s'réveille, à moins que tu préfères finir à poil dans la rue. »

Certains gens d'ici étaient en effet prêts à dérober tout et n'importe quoi. Ca ne serait pas la première fois qu'un individu trop peu prudent finisse ici délesté de toutes ses possessions, je dis bien toutes. Le vomi qui tapissait la tunique de l'ivrogne pouvait toujours en dissuader plus d'un... Mais Koriah en avait déjà tellement vu dans ces sombres ruelles...
Il fallut un deuxième coup un peu plus appuyé pour tirer le bonhomme de sa torpeur.

« Gnnéééé qu'esssse qu'c'est ?! »

L'individu d'une quarantaine d'année leva vers Koriah un visage marqué, bégaya une suite de mots incompréhensibles puis :

« BWAAHHHhhhh. »

Le colosse s'écarta à temps pour éviter un nouveau flot des plus répugnant, et continua son chemin en secouant la tête, dépité. Il y avait certaines choses dans cette cité qui ne lui manqueraient pas.

« Tu ferais mieux de rentrer chez toi et de prendre un bon bain froid au passage, ça te remettras les idées au clair. »

->

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Yliria
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Re: Les Ruelles

Message par Yliria » ven. 5 juin 2020 17:05

<< Précédemment
Une certaine mélancolie

- Je vois... Il est libre alors ?

Je hochai la tête et Dyvlan s'affala sur une chaise, sa femme lui massant gentiment le dos. Sitôt que le rituel avait été fait, les prêtres avaient emporté le corps de mon père et j'étais restée un moment dans le cimetière sans rien faire. Je me sentais vidée, lasse aussi et étonnamment soulagée. Le revoir de cette façon avait été comme un coup de poignard. Le voir partir paisiblement en lui disant au revoir avait comme comblé quelque chose, guérie une blessure qui ne cicatrisait pas jusque là. Je n'avais plus envie de pleurer, la culpabilité ne me broyait plus la poitrine comme elle le faisait lorsque je pensais à lui. Il était en paix et je pouvais espérer, à mon tour, l'être aussi.

- Tu viendras à la cérémonie ?

Je fis signe que non. Je n'avais pas besoin de le faire. Je n'avais pas à lui dire au revoir, je l'avais déjà fait, je lui avais dit tout ce qui était resté enfoui depuis sa disparition. J'avais pu m'excuser et il m'avait rassuré. Je n'avais de toute façon pas envie de voir les visages graves et les regards mauvais que sa famille ne se gênerait pas pour me lancer. C'était mieux ainsi, pour tout le monde. Dyvlan l'avait compris et il n'ajouta rien alors que je me levai pour sortir. Arianne m'enlaça doucement et une boule se forma dans ma gorge.

- Tu seras toujours la bienvenue chez nous, Yliria.

Je hochai la tête, enfouissant mon visage contre elle pour chasser les larmes qui risquaient finalement de tomber, malgré toutes celles que j'avais déjà versées. Elle comprit, n'ajouta rien, passant une main réconfortante dans mon dos encore crispé.

- Merci.

Elle me serra brièvement un peu plus fort en m'entendant. Je ne pouvais pas vraiment masquer ma voix faible. J'avais la gorge sèche depuis des heures, les yeux probablement rougis, ce n'était pas difficile de voir que j'avais pleuré. Je me dégageai néanmoins, un léger sourire reconnaissant aux lèvres. Si les choses avaient été différentes, peut-être que j'aurai pu mener une vie simple avec eux et leur fille. Vivre avec un oncle et une tante c'était mieux que seule dehors, mais rien ne se passait jamais aussi simplement. Je finis par sortir et je repris le chemin de la commanderie, d'un pas moins vif que d'ordinaire. La nuit était paisible, aussi je me surpris à avoir envie de passer du temps dehors, sous les étoiles, loin des questions et des regards qui ne manqueraient pas de fuser à mon retour.

Avisant un banc, je m'installai, posant ma rapière sur mes genoux. Elle était sale, souillée, pleine de sang. J'y étais habituée à vrai dire. Comment ma vie avait-elle pu prendre ce tournant ? Aller de ville en ville, d'aventures en aventures, d'une tuerie à une autre. Je ne savais pas ce qui était le pire. De savoir que je ne pouvais plus vivre autrement ? Ou de me rendre compte que, quelque part, cela me convenait de plus en plus ?

(Tu n'as toujours vu que les mauvais côtés. Les morts, les combats, la survie. Tu ne prend pas le positif en compte. Pas assez.)

(Le positif?)

(Les voyages, Fyly et les autres, l'Ordre, Nyllyn, tout ce que tu découvres jour après jour. Moi. Tu ne penses pas que ça valait le coup?)

(Si... j'aurai juste aimé perdre moins...)

J'inspirai en levant la tête, me perdant un instant dans la voûte céleste. Je le faisais souvent étant plus jeune. Quand avais-je arrêtée de profiter de ce qui m'entourait ? Quand étais-je devenue méconnaissable pour moi-même ?

(Vrai qu'avant tout ça tu étais joyeuse et tu riais souvent. Mais tu peux encore...)

(Je sais...C'est juste... difficile de ne pas toujours avoir quelque chose qui me revient en tête. Quand ai-je arrêté d'être une enfant?)

(Tu es une jeune femme, c'est normal.)

(Tu vois très bien ce que je veux dire.)

(Oui, mais c'est idiot, donc ma réponse est adaptée. Tu devrais rentrer. Il sont probablement inquiets)

(Je sais... juste quelques minutes, j'aime bien les étoiles d'ici...)

D'aussi loin que je pouvais me souvenir, j'avais toujours levé les yeux vers le ciel. Cette immensité claire ou obscur, bleu ou noire, brillante ou semblant absorber la lumière, m'avait toujours fascinée. J'avais peur de la nuit et des horreurs qui grouillaient en son sein, mais, étrangement, contempler la Lune et les étoiles avait toujours été agréable, calme, apaisant. C'était amusant de remarquer qu'elles étaient différentes de Gwadh ou de celles que j'avais pu apercevoir à Nessima, comme si quelque chose de nouveau nous attendait à chaque fois.

(Tu es bien poétique ce soir...)

(Tu ne peux pas juste profiter avec moi?)

(J'ai eu des milliers d'années pour observer la voûte céleste, Yliria.)

(C'est vrai... Tu feras quoi quand je serai...)

(Je pense qu'on va rentrer, d'accord ? Réfléchir maintenant ça te fait penser à des trucs stupides!)

La façon dont elle m'avait coupé me suffit et un sourire tendre illumina tout de même mon visage. Je me levai finalement, rengainant ma rapière avant de prendre la route vers la commanderie. Moi qui espérais passer quelques jours au calme avant de partir, ça n'avait pas vraiment été le cas. Et dire que j'allais embarquer avec des pirates pour l'autre bout du monde. Quelque part, ça allait me forcer à penser à autre chose, j'allais de nouveau découvrir plein de choses. J'avais peut-être besoin de me tenir éloigné de tout pour un moment. Ou de prendre un nouveau départ. Si seulement le passé pouvait rester là où il était et cesser de venir me hanter ou continuer à me poursuivre où que j'aille.

Je ne pus m'empêcher de lever la tête à nouveau, me perdre dans les étoiles, juste quelques instants. J'exhalai un léger soupir et finis par me claquer les joues. La brûlure de la douleur sur ma peau me raccrocha au présent et je m'ébrouai intérieurement. Il m'avait fait promettre de vivre et c'était ce que j'allais faire. J'allais vivre, longtemps et prouver que je n'étais inférieure à personne, que je n'étais pas un pion dans un jeu de complots aux enjeux obscurs, que mon père avait eu raison de m'élever et d'être fière. J'allais anéantir cette famille qui ne cherchait qu'à m'utiliser. J'allais la retrouver, elle, et enfin comprendre.

(Et après?)

Je haussai les épaules, ne pouvant pas répondre à cette question. Qui pouvait savoir combien de temps cela me prendrait ? Peu importait au final, j'avais toute la vie devant moi. Pourtant la réponse me vint finalement, évidente.

(Après ? Je profiterai. Je lui ai promis.)

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TGM
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Re: Les Ruelles

Message par TGM » lun. 11 janv. 2021 20:58

-----E-----


Le marchand commence par examiner les pierres, expliquant qu'il s'agit de runes signifiant respectivement "Eau", "Vie" et "Esquive". Il faudra que je me renseigne un peu plus sur ces runes, mais pour l'instant, je les récupère ainsi que les fioles à mesure qu'il les identifie. Selon lui, les blanches servent à contrer les sorts diminuant la vision ; les vertes sont des potions permettant de récupérer d'un étourdissement alors que les violettes contiennent un poison assoiffant la cible. Quant à l'écaille, tout a-t-il le temps de m'indiquer qu'elle vient d'une créature nommée Dommon et que je devrais la revendre à un collectionneur, que nous sommes interrompus par des gardes se lançant à ma poursuite. Satanés gardes, maudits soient-ils ! Je lui arrache alors l'écaille des mains et la jette dans mon sac tout en enfonçant mes talons dans les flancs de Blanchette qui part en galop à travers la foule.

Bien que la foule s'écarte, je sens que ma monture n'ose pas aller trop vite à cause de ce mur mouvant qui s'ouvre juste devant elle tandis que les gardes nous poursuivant, eux, n'ont plus personne sur leur chemin pour les ralentir. C'est au moment où je parviens enfin à sortir du marché, lorsque je vais pouvoir enfin tenter de distancer ces gardes, que je me fais violemment tirer en arrière au point de chuter au sol. Comprenant immédiatement que je n'ai aucune chance de m'en sortir à un contre trois contre des gardes, je me relève immédiatement et, repérant une porte entrouverte, fonce dans la direction de cette dernière. Prenant par surprise la commère qui observait de quoi ragoter, je la bouscule en rentrant l'épaule en avant dans la porte qu'elle tenta de refermer. Tandis que la vieille roule au sol en s'insurgeant, je cherche déjà un escalier alors que j'entends les gardes mettre pied à terre à l'entrée du bâtiment. Une fois les marches montées quatre à quatre, je m'engouffre dans la première porte et la referme derrière moi. L’œil posé sur la serrure, je vois les gardes monter l'escalier, harcelés par la mégère rendue furieuse par mon intrusion.

"HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !"

Je sursaute, tous les poils de mon corps hérissés en entendant le cri strident juste dans mon dos. Me retournant, je remarque une jeune femme terrifiée de voir un intrus dans sa chambre. Je suis alors fait comme un rat. Sans son cri, j'aurais pu me cacher sous le lit en voyant un garde approcher, mais maintenant... Alors que mon cœur bat si fort qu'il semble presque sortir de ma poitrine, je ne vois comme seule issue à cette situation que l'étroite fenêtre à travers laquelle je dois tout juste pouvoir passer. Le temps de me précipiter vers ladite fenêtre, les gardes sont tous entrés dans la salle, arme au clair. Je n'ai plus le choix. Prenant un pas d'élan, je plonge à travers la fenêtre juste avant de me faire attraper une nouvelle fois par la cape, agrippant au passage la boite à bijoux posée sur la table de chevet.

Ma chute du premier étage se finit sur la croupe d'un cheval des gardes qui m'envoie aussitôt au sol avec une ruade avant de s'enfuir paniqué au triple galop, effrayant ses congénères qui firent de même. Le cul par terre, les bijoux éparpillés au sol, je vois les gardes pester depuis la fenêtre brisée. Voyant que Blanchette ne s'est pas enfuie, mais a simplement fait un écart, j'agrippe une poignée de bijoux et cours la rejoindre en tenant mes côtes douloureuses de l'autre main. Me voyant m'éloigner, les gardes disparurent dans la maison, se précipitant sans doute à travers les escaliers pour venir m'attraper. Malheureusement pour eux, j'atteins ma monture au même instant qu'ils émergent du bâtiment. Brandissant fièrement mon maigre butin, je les nargue une dernière fois.

"Haha ! Faudra vous montrer plus malin si vous voulez attraper un omyrien !"

Je ne m'attarde cependant pas me lance à toute allure dans une ruelle pour les semer tout en me dirigeant droit vers l'extérieur de la ville.

712mots

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Kitaï
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Re: Les Ruelles

Message par Kitaï » mar. 2 févr. 2021 18:41


Première Mission : Le tour du proprio

I. L'appel d'Aendel

Ou comme quoi, les convocations du patron, ça peut avoir du bon.


Pour le meilleur comme pour le pire, Tulorim était une ville scindée en deux. Les rutilants pavés et les petits manoirs des hauts quartiers contrastaient avec les taudis des bas-fonds.

(Deux salles, deux ambiances.)

C'est le genre de pensées qui me traversait tout le temps la tête quand je marchais dans ces rues, plus ou moins propre. Une ville que je connaissais comme ma poche pour l'avoir arpenté en long, en large et en travers. Je pouvais presque citer une anecdote dans chacune des ruelles qui entraient dans mon champ de vision. Tiens, celle-là, par exemple, c'était la Grande eau. Baptisée pour sa vieille mégère qui avait l'habitude de jeter ses seaux d'eau par-dessus la fenêtre quand des enfants comme moi passaient en braillant. À croire que cette vieille peau attendait ça chaque jour... Et même morte, sa fille, sa cousine ou quel que soit le lien qu'elle avait avec la bonne femme qui l'avait remplacée, se faisait un devoir de perpétuer cette tradition.

Je m'arrêtai en entendant le cri des enfants dans mon dos, les laissant me dépasser. Puis j'attendis avec un sourire narquois l'eau se déverser avec une précision d'horloger sur les garnements. Des braillements de protestation s'élevèrent, et j'en profitai pour les rejoindre au pas de course. L'un d'eux me vit les rejoindre, et ils détalèrent tous en courant. J'accélérai, et ils tentèrent de me semer en se séparant, ce qui était inutile : prenant la petite rue sur ma gauche, je rattrapai sans mal un jeune garçon d'une douzaine d'années. Un petit brun, aux yeux verts et au visage recouvert de crasse, qui cria de surprise quand ma main se posa sur son épaule pour le retenir. Interrompu dans sa course, il te retourna et tenta maladroitement de se défendre avec un petit couteau, que je neutralisai là aussi sans grande difficulté : typique des voleurs à la tire.

« Allez gamin, rend-la moi.

- J’sais pas d’quoi vous parler, mamzelle…

- À d’autres. J’ai grandi ici comme toi avec un père qui m’a appris à voler des bourses quand j’avais à peu près ton âge, alors ne me fais pas me répéter. »

D’un air penaud, il tendit la petite poche de cuir contenant les quelques yus qu’il me restait. Pas une petite fortune, mais j’en avais quand même besoin.

« La prochaine fois, fais attention quand tu voles à la tire. Ce n’est pas parce que c’est une femme que c’est une cible facile, mmh ? dis-je en le relâchant, avant de lui faire un signe de tête sur le côté. J’espère que ça te servira de leçon. Allez, file maintenant. »

Le concerné déguerpit sans un mot, disparaissant dans le dédale de ruelles. Je soupirai avant de glisser mes maigres ressources dans la poche intérieure de ma veste. Sans cordon, difficile de l’attacher autre part. Puis je repris tranquillement ma route.

Les types qui me suivaient depuis déjà quelques jours ne mirent pas longtemps à de nouveau me retrouver. Jusque-là, les deux gros bras s’étaient tenus à l’écart car je me débrouillais toujours pour rester dans des rues où un règlement de compte était peu recommandé. Mais dans cette partie de la ville, les meurtres et les agressions étaient courants. Aussi, quand ils commencèrent à se rapprocher dangereusement de moi, je poussai un soupir de fatigue. Ils me gonflaient et j’avais prévu de m’en débarrasser bientôt, mais la course-poursuite du gosse avait précipité mes plans.

Bifurquant dans une rue, je profitai du fait qu’ils ne me voyaient plus pour brusquement me mettre à courir. Mes pas s’enfoncèrent dans plusieurs flaques de liquides plus ou moins troubles alors que je descendais le sol en terre battue. Une poignée de secondes plus tard, mes poursuivants poussèrent un juron avant de se mettre eux aussi à courir, leurs lourds pas peu subtils résonnant dans la rue. Je savais que le prochain passage sur ma droite mènerait à une ruelle avec plusieurs vieilles bâtisses en ruine, l’endroit parfait pour tendre une embuscade. Une fois dans cette dernière, j’avisais une des maisons : en bois, avec un pan de son toit écroulé dévoilant un petit grenier. Les murs, un mélange de torchis et de grosses pierres irrégulières, formaient un terrain d’escalade aisé pour quelqu’un comme moi.

(J’ai une dizaine de secondes… Ca devrait aller.)

Poussant sur mes jambes, je posais mon pied sur une pierre ressortant du mur, me propulsant d’un petit mètre en haut. Une hauteur risible, certes, mais qui me permit d’attraper le bord de la charpente donnant sur le toit éventré. Je me hissai prestement, m’aidant aussi bien de mes bras que de mes jambes, avant de me coller à la façade dans le grenier, calmant ma respiration et mon souffle. Un instant après, les bruits de pas de mes poursuivants se firent entendre alors qu’ils pénétraient dans la rue.
Voyant que je les avais semés, ils grognèrent et jurèrent de frustration. Une insulte en particulier, me fit sourire. Pétasse borgne ? Il y avait de la recherche dans le choix des mots, indéniablement. Glissant un œil par-dessus le morceau de mur qui m’abritait, je constatai que les deux sbires continuaient néanmoins de me chercher, progressant dans la rue à pas lent, leurs coutelas au clair. Trois mètres, deux mètres… Quand celui le plus à gauche se trouva juste en dessous de ma position, je me laissai tomber sur lui, ma lame discrètement sortie de son fourreau. L’éclat de l’acier brilla sur son visage, et je me réceptionnai sur son corps. L’impact fut rude pour mes genoux, mais une roulade me permit de me relever de mon assaut dans la foulée, dos au mur. En face de moi, les deux hommes de mains, dont l’un poussait un râle de douleur.

« Alors, Gorth, c’est qui la borgne, désormais ?


- Espèce de grognasse, je vais te crever !

- Un peu comme ton œil, non ? »

Mon trait d’humour ne le fit pas rire, évidemment. Et il se jeta vers moi, brassant l’air de sa courte arme en se tenant l’œil de l’autre main. Un assaut aisément évitable… Mais qui m’offrit à la portée de l’autre sbire, qui me décocha une belle droite en plein visage. Titubant sous l’impact, je pris mes distances alors que je sentais déjà mon œil gonfler sous l’impact. Encore un œil au beurre noir.

Crachant au sol une glaire, j’inversai la prise sur mon sabre d’une habile rotation de l’arme dans ma main. Mes jambes se fléchirent, prêtes à me faire fondre sur mes adversaires. Je les reconnaissais : c’était Gorth et son comparse, un Farq ou Ferq, quelque chose dans le genre. Deux voyous qui vendaient leurs services aux plus offrants, et leur employeur actuel était lord Freymont. Un nobliau à qui j’avais rendu une petite visite, récemment… D’où la présence de ses deux molosses ici. Normalement, une fois une Récupération effectuée, la victime lésée de sa babiole se pliait aux règles de la Corporation et à ses traditions : une nouvelle demande à la Ruche de Tulorim, et cette dernière s’occupait d’envoyer un autre Récupérateur faire changer une nouvelle fois la babiole de propriétaire. Mais Freymont avait semble-t-il mal digéré le vol, aussi avait-il envoyé ses toutous récupérer la marchandise. Et manque de bol, c’était moi qui m’étais chargé de ce contrat. Dans un soupir, je tentai de désamorcer l’affrontement.

« Bon, les gars. Allez voir votre patron, dites lui de faire une demande de Récupération, et il récupérera son bibelot. Simple comme bonjour.

- Connasse, monsieur Freymont veut ta peau. Une gonzesse qui lui chourre sa statuette, et puis quoi encore ?

-Ouais, raboule-la, et on te prendra qu’une ou deux fois après l’avoir récupérée. »

Mon sourcil se haussa de manière plus prononcée encore. Ces types étaient sérieux ? Je n’étais pas assurée de les vaincre tous les deux, mais j’étais sûre d’une chose : soit je sortais victorieuse de cet affrontement, soit j’en sortais morte. Mais certainement pas violée par deux infâmes soûlards. Un sourire féroce accompagna mon sourcil. Sans crier gare, j’accouru vers Gorth, sabre au clair. Il leva précipitamment sa garde, voulant encaisser mon coup. Mais je feintai, préférant m’attaquer à Far… Fer… bref, F. F, donc, fut surprit par mon attaque, et tenta de me porter de nouveau un coup au visage. Je l’esquivai d’un cheveu, avant de contrer avec ma lame. Le coup manqua de puissance et ne fit qu’entailler le tissu, s’arrêtant à l’épaisse couche de cuir sous cette dernière. Un pas en arrière évita une nouvelle frappe, cette fois accompagnée de l’acier du coutelas.

Je devais me rendre à l’évidence, je n’étais pas encore assez bonne pour m’occuper des deux en même temps. Aussi adoptai-je la seule stratégie qui avait toujours marché jusque-là : en massacrer un suffisamment pour ôter toute envie à ou aux autres de poursuivre le combat. Et avec son œil en moins et son angle mort, je pouvais me débarrasser de Gorth plus facilement que l’autre. Enfin, facilement.

(C’est un bien grand mot.)

Car Gorth avait l’air particulièrement pressé de m’éventrer. Je contrai son arme avec la mienne, mais sa force brute l’emporta et sa lame perça lentement le cuir de ma veste, faisant perler le sang sur ma peau d’albâtre. Pour éviter de voir mes viscères se répandre sur le sol, je levai ma jambe pour décocher un coup de pied dans sa rotule. Ma jambe du côté de son œil aveugle, bien évidemment. Son tibia céda sous l’attaque et il ploya, interrompant sa tentative d’éviscération. Mais déjà enchaînait-il avec une nouvelle série d’attaques et je profitais une seconde fois de son angle mort, mettant en application ce que tentais de m’apprendre Odar. Une parade de ma lame, une roulade qui me glissa derrière lui, puis un revers d’estoc pour planter la cible qui me tournait le dos tout en me relevant. L’action fut fluide, sans accroc, et je sentis distinctement l’acier pénétrer cuir et chair. D’un geste sec, je retirai la lame pour faire de nouveau face à F, qui récompensa ma manœuvre d’une belle et longue estafilade le long du bras. C’était ma tunique préférée, bordel de merde !

Autant énervée par le sang qui parlait par deux fois à cause du même type que de la taillade qui ruinait un de mes vêtements préférés, je dardai un regard meurtrier vers le deuxième homme. Je me sentis épuisée, autant après mon entraînement que ce bref mais court affrontement. Mais je devais montrer les crocs. Montrer que m’abattre ne sera ni facile, ni sans douleur. Une dissuasion qui marcha, puisque F et moi finirent par nous jauger du regard, avant que le sien ne se porte vers le corps inanimé de son comparse. Mort, mourant ? Je ne pouvais moi-même pas le dire mais il ne restait pas grand-chose pour qu’il passe du second au premier cas. Une ultime bravade assura alors ma survie.

« Embarque ton pote, et dis à Freymont que c’est la règle de la Ruche. Il veut récupérer sa foutue statuette ? Qu’il passe un contrat. »

Un regard noir fut sa seule réponse, alors que je m’éloignai lentement, la pointe de mon arme toujours orientée dans sa direction. Quand enfin je disparus dans le dédale des ruelles, je m’autorisai à souffler un peu. L’estafilade à mon bras était superficielle, mais douloureuse. A regret, j’arrachais la manche de ma chemise pour en faire un bandage de fortune, arrêtant partiellement le saignement.

(Kitaï, ma grande, va falloir que tu retournes voir Aendel.)

Aendel. C’était un des Guides de la Corporation des Chasseurs de trésors, ainsi que le dirigeant de la Ruche et de la Ligue. Une vraie pointure dans son domaine, mais aussi mon supérieur. Je détestai entendre ses sermons, mais mon bras me faisait un mal de chien : ses fluides de lumières allaient s’avérer une nouvelle fois utiles.

Mais bon, je n’allais visiblement pas avoir besoin de me pointer comme une fleur…

(Kit’, j’ai du nouveau pour toi. Viens à la Ruche fissa, ça va forcément te plaire.)



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Kitaï
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Re: Les Ruelles

Message par Kitaï » mer. 22 sept. 2021 16:20


Première Mission : Le tour du proprio

II. Carte au trésor

Ou la meilleure façon de s'attirer des ennuis pour un bout de papier.



La chance semblait me sourire aujourd'hui. Ma discussion avait porté ses fruits, et Iram et Marv m'avait abreuvé d'informations : la Volante était à quai car sa quille, ce qui ressemblait le plus à une colonne vertébrale pour une embarcation, était en sale état. Les travaux étaient lourds et longs et son capitaine semblait encore chercher un chantier naval qui accepterait de se charger des réparations. La rumeur disait qu'il était un poil fauché et voulait qu'on répare son bateau à crédit, assurant qu'il pourrait payer une fois la Volante de nouveau capable de flotter. Il m'avait pas fallut longtemps pour comprendre que ce fameux paiement miraculeux était la carte au trésor.

Marv avait alors mentionné la fameuse visite précédente : un type avait apparemment cherché à pénétrer dans la cabine du capitaine en pleine nuit, mais le coup du sort avait voulu que le capitaine ai oublié sa bourse dedans ce soir là, le forçant à revenir et tombant nez à nez avec le voleur. Le plus étrange, c'est qu'il était bien incapable de dire quoi que ce soit au sujet du mystérieux intrus. C'était à peine s'il se souvenait de lui, alors qu'il avait poussé des vociférations tonitruantes, criant au voleur.

Brusquement, je me plaquai contre le mur de l'allée que j'arpentai. Ma cible s'était retournée, peut être suspicieuse ou se doutant que quelqu'un la suivait. Moi. Après de longues secondes à retenir mon souffle caché dans ma capuche rabattue, j'entendis de nouveau le pas hésitant claquer le pavé, et je jetais un oeil : l'homme ivre poursuivait son chemin.

(Sacré coup de chance, quand même.)

Le type était sans nul doute possible le type qui avait volé la statuette de chat, celle de Manzallin. Alors que je discutais avec mes deux nouveaux amis dockers, je l'avais aperçu seul à une table, à faire rouler entre ses doigts une statuette de chat, dans un bois marron mat. Le genre de babiole qui n'attire pas l'attention des larrons et des faiseurs de poches tant elle était banale, mais pour moi, c'était l'occasion de faire d'une pierre deux coups : la carte au trésor, puis la statuette. Et j'aurais même pas eu à aller fouiner du côté du Purgatoire ! L'heure était cependant à la filature. J'ignorais à quel point ce type était fort, ni quelles étaient ses atouts, mais pour avoir réussi chaparder un objet à un mage comme Manzallin, il fallait pas être la moitié d'un branque. Le plus sûr, c'était de trouver où il créchait, et me faufiler en douce pour lui récupérer son machin. Plus prudent.

J'eu alors la vague impression, soudaine, que je n'étais pas la seule à filer le voleur. Au détour d'une rue, une ombre fugace qui semblait disparaitre derrière une cheminée, sur les toits. Je pensais que c'était ma vue qui me jouait des tours, un peu endommagée par les quelques verres bus dans la soirée. J'avais beau avoir une sacrée descente, j'étais pas insensible à l'alcool. Je me mis donc à faire attention aussi bien à ma cible qu'aux toits, mais après quelques minutes sans rien voir, j'avais décidé de ne plus m'en préoccuper. Et tout s'était enchaîné très vite.

Un discret sifflement fendit la nuit, et quelque chose percuta les jambes du voleur qui s'écroula au milieu de la rue déserte dans un demi cri de surprise. Quelque chose c'était emmêlé autour de ses jambes, et il grognait en essayant de libérer ses membres. Puis un, deux, trois, quatre éclairs de lumière tranchèrent la nuit, se figeant dans le torse du type, qui s'écroula. Complètement surprise, je me planquai pour ne pas me faire repérer, mais risquait tout de même un oeil dehors. Une silhouette entièrement vêtue de noire tomba depuis le toit, se réceptionnant souplement sur le sol dans un silence absolu, et ce malgré les presque cinq mètres de chute. Sa démarche féline la guida rapidement jusqu'au corps chaud, sur lequel elle se pencha, ramassant les divers projectiles qu'elle avait utilisé pour refroidir le voleur. Qui que pouvait être cette personne, c'était une assassin redoutable. Avais-je vraiment envie de récupérer cette statuette de chat, finalement ? Et de me frotter à quelqu'un d'aussi dangereux ?

(Foutre dieu non.)

C'était regrettable pour mon double contrat, mais mieux valait me barrer en vitesse. Prudemment, je me retournai pour prendre la poudre d'escampette, quand mon pied percuta quelque chose, ce qui roula au sol en faisant un léger bruit. Je me crispai, sur mes gardes. Un bruit aussi faible n'avait pas pu alerter le tueur, non ? Mon regard se tourna avec appréhension vers la rue... Qui ne contenait plus qu'un corps étendu au sol, se vidant de son sang. Le soulagement envahi mon corps, pour une courte durée quand une douleur perça ma cuisse. Incrédule, je baissai les yeux sur ce qui était figé dans ma jambe : XXI, Le Monde. Un cinglé venait de me jeter dessus une putain de carte de tarot divinatoire ! La retirant avec rage, je senti rapidement que ce n'était pas une carte normale : primo, elle ne se tordait pas comme une simple carte de jeu, parce qu'elle était en acier; secundo, les bords étaient tranchants comme des rasoirs et avaient lacérés sans la moindre difficulté mes doigts. Je maudis alors mon état incapable de faire le simple constat qu'une carte de tarot qui se plantait dans ma cuisse en me faisant sacrément mal était tout sauf normal. La lâchant dans un tintement métallique sur la rue à demi pavée, je pris mes jambes à mon cou sans demander mon reste, ni faire attention à être discrète. Je devais me barrer d'ici, et vite.

Je me mis à courir d'une manière effrénée, l'adrénaline tambourinant dans mes veines et me donnant des ailes. Gauche, droite, ce petit passage couvert entre deux maisons, cette ruelle qui sentait la pisse juste en face : mes jambes me portèrent aussi loin et aussi vite qu'elles le pouvaient, prenant instinctivement le chemin le plus tortueux possible. Mais arriva le moment fatidique où je déboulais dans une grande artère de Tulorim et je pris deux secondes à ralentir, ne sachant que faire : rebrousser chemin, et risquer de rencontrer mon poursuivant, ou continuer à découvert jusqu'à la prochaine ruelle, une cinquantaine de mètres plus loin ?

Le sifflement qui fendit l'air fit bouger mon corps en toute urgence, et je plongeai sur le côté, roulant au sol en grimaçant à cause de ma jambe blessée. C'était toujours mieux que de me faire toucher par ce qui frappa le sol à l'endroit où j'étais, un jeu de boules reliées par des filins qui n'auraient pas manquées de s'enrouler autour de mes jambes et me faire chuter comme le voleur juste avant moi. Une belle saloperie, mais j'avais autre chose à faire que de me préoccuper d'une arme pareille. Je me remis à courir comme une dératée.

(Son machin à l'air de venir d'en haut, donc il doit être remonté sur les toits je ne sais comment. A moins que cet enfoiré puisse voler, il pourra pas traverser cette grande rue !)

Belle optimisme que j'avais, alors que je recevait une nouvelle lame de tarot dans le dos, perçant sans soucis ma protection de cuir. J'avais pas le temps de me préoccuper de savoir si c'était le Pendu, le Fou ou je ne savais qu'elle autre carte, et je me jetais dans ladite ruelle vue plus tôt. Le souffle court, je regardais dans la rue pour tenter de repérer mon assaillant justement pour le voir fondre sur moi. Cet enfoiré était descendu du toit et me chargeai comme un malade !

(Kitaï, ma grande, va falloir te battre.)

Et c'était pas une perspective qui m'enchantait, loin de là. Mais mieux valait tenter ma chance que de me faire tirer comme un lapin par ses foutus lames divinatoires qui ne me destinait à rien d'autre que ma mort. Me plaquant contre le mur, je dénudais mon sabre court et en inversait la prise, prête à frapper d'un coup d'estoc au moment même où il se présenterait devant la ruelle. J'aurais aimé grimper un peu pour l'attaquer de puis les hauteurs, mais le temps me manquait. Je jouais avec mes cartes.

(Ah. Mes cartes.)

Un trait d'humour ironique qui mourut rapidement : ce salaud était rapide et s'il était parfaitement silencieux, je pu le voir arriver grâce à son ombre projetée sur le sol se rapprochant de ma ruelle, et je frappai sans hésiter de ma lame. L'attaque échoua, bien entendu. Muni de deux cartes de tarot, Le Monde encore rouge de mon sang et une autre qui devait être, je pense, le Bateleur, mon agresseur dévia mon sabre sur le côté et la lame ne fit que déchirer le tissu de sa manche alors que je visais son ventre. Entraîné par mon élan, je trébuchai et il lacéra d'un revers de Monde mon dos, récupérant du même geste la carte logée dans mon omoplate. La double douleur fini par m'arracher un cri de douleur, et je balayais de ma lame rageuse l'air derrière moi, tentant de me venger à l'aveuglette. Pieu voeu que le mien qui ne rencontra aucun succès, mon sabre ne trouvant que le vide.

Je saignai sacrément, et ça faisait un mal de chien. Essuyant rageusement les larmes qui perlaient aux coins de mes yeux, je pu détailler le peu que je voyais de mon adversaire, qui était définitivement un homme. Ou une femme sacrément baraquée et avec une mâchoire carrée. J'apercevais quelques poils de barbe brun et une peau blanche en dessous, et avec son mètre quatre-vingt, le type était un homme de Wiehl. Super, ça ne concernait que la moitié des personnes vivants à Tulorim. Le reste de son visage était camouflé par sa capuche, tandis que le reste de son corps était d'un noir profond, avec une tunique qui avait l'air coûteuse mais sombre comme la nuit et des bottes de cuir souples renforcées à leur extrémité par une coque d'acier. Voilà qui devait rendre les coups de savates sacrément douloureux.

Glissant une main à sa cuisse, il ouvrit un étui et en sortit plusieurs autres lames de tarot. Le saligaud avec la collection complète, et il avait envie de me la montrer avec beaucoup d'envie. Si je me prenais comme le voleur plusieurs de ses lames en simultané, j'allais y passer.

"Je t’assure qu’une Dérobade, c’est une arme redoutable entre de bonnes mains.

- Si je me fais pas attraper, pas besoin d’attaquer mon adversaire, hein ?

- Pas faux, mais mieux vaut toujours avoir une solution de secours. »


Et voilà que les paroles d'Odar me revenaient en tête. Il avait raison, là j'avais pas le choix que d'affronter mon adversaire. Et il était d'un autre calibre que l'autre pochtron de ce soir. Je me remémorai les étapes : feinte, chute, roulade. Et c'était la feinte qui me posait souci. Et avec ma capuche, mon champ de vision était plus que limité...

Ca fit tilt dans mon esprit. S'il ne voyait pas mes yeux, il aurait du mal à anticiper ma feinte. Il était armé des deux mains, donc rouler sur la gauche ou la droite reviendrait au même. Sauf qu'avec mes blessures, je préférai cent fois rouler sur mon épaule gauche que droite. Ma lame passa en prise normale se dressait, une garde haute pour maintenir un maximum de distance entre moi et ses armes tranchantes.

(Je charge avec mon centre de gravité bas. Taillade verticale en profitant de l'allonge et en tordant mon buste dans le même mouvement. Je me laisse tomber, roule sur mon épaule gauche. Me retrouve dans son dos, et là j'attaque.)

Et le tout, en profitant de ma capuche pour cacher ma cible. Et pour une fois, tout s'exécuta parfaitement. Mon regard était trop révélateur de mes intentions, et il était la raison pour laquelle Odar lisait mes mouvements si facilement. Sans doute. C'est ce que je supposai. Et ca avait l'air de se vérifier. Ma feinte pour l'empêcher de m'attaquer fonctionna, le tueur ne s'attendant pas à mon assaut soudain. Ma roulade fit passer mes jambes par dessus moi et fit hurler mes plaies en les étirant, mais je tint bon. Une main sur le sol, ma lame au clair et mes jambes gainées, j'étais semblable à ces prédateurs s'apprêtant à se jeter dans un sprint effréné sur leur proie. Et je bondit, mon sabre accrochant un éclat de lune.

Ma capuche ayant glissée lors de mon passage au sol, je vis avec netteté le mystérieux assassin souplement reculer d'un pas en se retournant vers moi, esquivant in extremis mon attaque. Il semblait surpris. Mais il se montra quand même impitoyable. Quatre lames se plantèrent dans mon corps, en un double balayement de ses deux mains. Mon armure de cuir ne me protégea presque pas, et je m'écroulai au sol, foudroyé par la douleur. Le salaud s'approcha alors de moi, et...

Ce qui s'ensuivit disparu mystérieusement de ma mémoire, en partie. Ma fuite devint flou également, tout ce qui impliquait ce mystérieux agresseur... Un homme, une femme ? Il me semblait bien que c'était un homme, mais tout se mélangeait dans ma tête. Tout ce qui concernait l'Assassin au Tarot disparu de ma mémoire, ne me souvenant que vaguement comme dernier souvenir la silhouette rabattre le fouloir sur son visage, nettoyant mon esprit dans le même geste. Seul souvenir vraiment vivace de ce qui s'était passé et que mes brides de souvenirs n'étaient pas des illusions : mon corps lacéré qui se fit ramasser par une troupe de miliciens.




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Relonor
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Re: Les Ruelles

Message par Relonor » lun. 6 juin 2022 14:42

Chapitre 1 - Un retour remarqué sur la terre des mortels

VIII.2 Un pouvoir plus terrifiant que la mort.



"Ainsi voilà la fameuse Tulorim !" Tels sont les premiers mots de l’elfe noir en passant les portes.

Contrairement à Kendra Kâr, Tulorim accepte toutes les races à pénétrer ses murs. A la capitale du Nirtim, elle est décrite comme une cité décadente à vouloir commercer avec les races les plus viles comme les segteks et les garzocks. De tous les êtres qu’il croise, dont la majorité est humaine et les représentant des autres espèces étant légèrement moins important que ce qu’il imaginait, respectant l’idée qu’il avait d’une cité ouverte, il reste choqué par un point stupide, mais tellement marquant dans son esprit : il n’attire pas l’attention. A Kendra Kâr, les gens le regarderaient passer, s’assurant qu’il ne fasse rien de suspect et dont beaucoup s’éloigneraient de son chemin dans la rue. Ici, il se promène dans les rues, comme s’il faisait déjà partie du décor. A plusieurs reprises, il se fait bousculer sans ménagement par les travailleurs pressés et si aucune partie n’a la politesse de s’excuser, le shaakt ne ressent aucune agressivité particulière. Autrefois, il aurait suivi la personne jusqu’à une ruelle sombre pour la laisser discuter avec son arme en plein cœur, mais il se sent tellement bien ici qu’il commence même à penser qu’il pourrait appeler Tulorim son foyer.

Observant les races particulières commercer avec les humains en toute décontraction, cette cité respecte bien l’idée qu’il en avait de son ouverture avec les races méprisées, tant que celles-ci ont de l’argent à dépenser. Voilà tant d’arguments qui donnaient, à l’époque où il vivait à Kendra Kâr, l’envie d’y vivre une fois qu’il aurait suffisamment de fond. Aujourd’hui, c’est largement le cas après la récompense des elfes dorés. Encore pour cela faut-il garder son pécule près de lui. Lorsqu’il sent quelque chose le toucher de trop près, il est déjà trop tard. Une petite ombre noire file au travers des passants et laisse à Relonor un goût amer lorsqu’il vérifie sa bourse soudainement disparue avec l’intégralité de ses richesses.

(Ha non certainement pas !)

Sans plus attendre, il se précipite à la suite de la petite ombre. Bien plus habile qu’un homme en armure, l’elfe noir compense en partie ses difficultés à se déplacer, en mobilisant sa magie aérienne pour accroître ses mouvements. Utile pour prendre l’initiative durant les combats et lui octroyant un petit coup de pouce dans ses mouvements, la furie zéphyrienne lui permet dans ce cas de figure d’avoir des mouvements plus fluides au milieu de la foule.

(Je vais avoir besoin de Baalsameth pour l’arrêter, mais… comment vont réagir les habitants si j’utilise une magie touchant tout le monde ?)

Finalement, le voleur choisi pour lui. Tournant dans une petite ruelle, il coupe court à l’idée d’utiliser sa magie dans la rue. Sa proie se dissimule dans un milieu aussi sombre que ses vêtements, cherchant certainement par habitude, à user de son environnement pour mettre fin à la course-poursuite. Hélas, pour les êtres dotés d’une vision comme les elfes noirs, cette ruelle est aussi claire qu’en plein soleil. A l’intérieur, il y a de nombreux individus assis contre les parois des bâtiments. De vulgaires mendiants, des miséreux dont le destin s’est joué de leur sort. Pourtant, ce n’est pas ce qui attire l’attention du shaakt, qui fixe l’individu courir droit devant lui. Si certains traîne-patins l’évitent, trop effrayés d’être mêlé à un quelconque danger, d’autres plus désespérés, tendent des mains fragiles vers le voleur pour l’attraper en vain. Ne voyant aucune porte sur les côtés, le shaakt estime que le seul chemin de sortie est une barricade en bois tout au bout. Un peu haute, elle est cependant accessible à quelqu’un capable de sauter un peu plus que les standards habituels. Au lieu de prendre en chasse le voleur, Relonor a une tout autre idée. Un sabre elfique en main, il mobilise ses fluides, attendant patiemment le bon moment pour frapper. Lorsque sa cible saute sur la barricade en bois, il use de sa magie aérienne pour créer un courant d’air, capable de guider une lame selon sa volonté. L’arme traverse la ruelle à vive allure et transperce le voleur au niveau de l’épaule, choquant les résidents de la ruelle et les obligeant à s’éloigner du passage de l’elfe noir. D’une marche impérieuse, il réduit sans un mot, l’espace qui le sépare d’un gibier littéralement cloué au mur. Il tente bien de s’extraire de l’emprise de la lame, mais en vain. Il ne fait que ruisseler son sang en gémissant.

(Et si j’essayais les étranges pouvoirs de mon arme ?)

L’idée d’user les pouvoirs de son épée faite avec un morceau de la dent du dragon noir d’Oaxaca lui a titillé l’esprit, depuis que le forgeron l’a mis en garde contre sont étrange aura. Relonor a bien identifié une capacité à tuer l’âme, si la lame venait atteindre le cœur d’un être, mais reste à savoir quels genres d’effets cela peut-il bien avoir. Arrivé à destination, il dégaine lentement l’épée pour que sa proie sente que sa vie est sur le point d’arriver à son terme. Un petit caprice qu’il s’accorde maintenant que ses projets vont devoir l’éloigner du plaisir personnel que lui procure les massacres, pour faire de même l’échelle d’une guerre entre les peuples. Les pas lourds de l’elfe noir en armure de guerre, résonnent dans la ruelle. Plus qu’un bruit régulier, c’est une menace grandissante à son approche. En réaction, la future victime gesticule davantage, commençant presque à déloger le sabre avec lequel elle est immobilisée. Le sang continue de ruisseler et malgré la douleur, le voleur ne cesse de lutter pour sauver sa vie.

Finalement, une arme maudite vient la transpercer en plein cœur. Plus que sa vie, son âme, une chose invisible et impalpable est mortellement blessée. La tête de l’individu se braque en arrière, faisant tomber sa capuche noire et dévoilant le visage d’un sekteg. Les gémissements de la victime prennent une légère fluctuation aigüe, perceptible qu’aux personnes les plus proches d’elle, tandis qu’au travers de ses yeux, un étrange voile translucide apparaît et semble se déchirer, comme un fragile tissu. Le gobelin termine ainsi la fin de son existence, ainsi que le cycle de réincarnation de son âme.

(Mmmm quelle mort délectable !)

La présence de l’elfe noir terrorisant les mendiants de la rue, nul n’ose le déranger lorsqu’il fouille le cadavre épinglé. Il retrouve sa bourse de yus dont il vérifie le contenu et fait de même avec celle en possession du sekteg. A peine quelques dizaines de yus, que le shaakt emporte malgré tout. Rien d’autre n’ayant attiré son attention, il déloge son arme et laisse le corps vert gisant au sol.

Au bout de simplement quelques pas, les miséreux les plus proches sautent sur le gobelin encore chaud pour lui voler toutes ses affaires. Les individus se battent les uns contre les autres pour une vulgaire possession, qu’ils pourraient revendre plus tard. Au bout de la rue, Relonor observe la scène avec un intérêt malsain. Tenant la bourse du sekteg encore dans sa main, il l’agite et fait sonner les nombreuses pièces à l’intérieur. Comme une mère s’alerte aux cris de son enfant, comme un lapin se dresse subitement en entendant un bruit suspect, ce son familier fait immédiatement arrêter la cohue. Tous regardent non pas Relonor, mais la bourse qui gigote. Ils attendent, comme un chien à l’alerte des ordres de son maître. Le shaakt ouvre en partie la bourse et la jette au milieu de la rue, dévoilant une partie de son contenu.

Tous, sans exception, se jettent sur le butin gratuit. Personne ne cherche à sauvegarder ses propres possessions pour avoir une part du gâteau, où tous les coups sont permis. Les plus faibles sont balancés sans ménagement, les plus forts sont pris par les plus nombreux, liés par une sorte de fraternité. Pour les aider, l’elfe noir lance un morceau de bois qui traînait près de lui. Une arme de fortune qui offre à son propriétaire la chance de s’imposer face à plusieurs individus. Les coups pleuvent, les dents volent, le sang jonche le sol, mais cela ne suffit pas encore pour satisfaire le shaakt. Il mobilise sa magie pour générer une épée qu’il lance dans la mêlée. Son nouveau propriétaire s’en saisit et blesse ceux qui l’entourent. Un seul reste encore près de lui, visiblement lié entre eux par une forme de camaraderie, criant de joie en voyant qu’ils sont les derniers près de la bourse de yus. Une joie qui se termine lorsque le possesseur de l’arme magique la dresse contre son compagnon afin de l’abattre. Pourtant, l’épée ne touche pas sa cible. Elle disparaît de la même façon qu’elle est apparue, laissant à l’incrédule homme désarmé, le plaisir de voir le visage de rage son précédent compagnon qui se jette sur lui, ainsi que d’autres encore à peu près apte à se battre.

Relonor quitte finalement les lieux, satisfaits de voir que par moment, il suffit d’un petit coup de pouce aux hommes pour semer eux-mêmes la discorde.


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Cecilia Von Holsen
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Re: Les Ruelles

Message par Cecilia Von Holsen » jeu. 21 juil. 2022 15:42

Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire d’elle… Aaliah.
La question persiste à me tarauder pendant qu’elle dévore littéralement son plat, qu’elle tient comme si quelqu’un allait le lui voler. À ce rythme, celui-ci ne fait évidemment pas long feu. Après une telle voracité, je m’attends presque à la voir s’essuyer d’un geste vigoureux la bouche avec sa manche, mais j’en suis pour mes frais. Il semble qu’elle ait eu une bonne éducation, à moins qu’elle ne fasse attention à ne pas salir de trop son vêtement.

Soudain, j’ai une brusque envie de me dégourdir les jambes. Rester assise durant des heures n’a jamais été mon fort et au vu de la récente situation, ce n’était pas en stagnant à l’auberge que les choses avanceraient.
« Attends-moi là un instant, si tu veux bien. À mon retour nous irons faire le tour de la ville. Ce sera toujours ça que tu connaîtras un peu mieux. »
Initier mon rôle de guide par une visite de Tulorim me semble la chose la plus pertinente, si ce n’est la plus ridicule. Je ne lui laisse pas le temps de me répondre car je suis à peu près certaine de la retrouver à mon retour.
Je rejoins rapidement ma chambre pour y récupérer mes affaires. Même si je n’ai pas grand-chose de valeur, je préfère toujours avoir mon sac sur moi. Je note l’absence du seau salvateur et de son contenu guère réjouissant et je remercie en mon for intérieur les domestiques zélés de cette auberge.
Quelques minutes plus tard, je suis de retour dans la salle et me dirige vers le comptoir où Talic s’affaire comme à son habitude. Je lui règle la chambre pour la nuit précédente, ce que je n’avais pas encore fait. Au moment de le quitter, celui-ci me glisse une fiole dans la main, en murmurant : « Petit cadeau de la maison. Il y a de quoi abuser deux fois, voyez ? Alors vous laissez pas entraîner trop souvent sur des ch’mins instables…» Il conclut d’un clin d’œil entendu.
Touchée, je le remercie et lui adresse un franc sourire de sympathie. Sourire que je sais être charmant, l’ayant usé à quelques moments délicats de ma vie. Le brave homme cille deux ou trois fois, signe que je n’ai pas trop perdu la main, avant de me rendre la pareille.

Je me dépêche de retrouver Aaliah et d’un seul mouvement de la tête lui indique à la fois, la porte et de me suivre. Elle obtempère et nous nous retrouvons rapidement à l’extérieur où, par habitude, je me sens bien mieux.

«Bien… Voilà… *Je regarde autour de moi.* Prenons plutôt vers la gauche…» dis-je sans perdre plus de temps et en me dirigeant dans la direction indiquée avec la même assurance que si je savais où j’allais. Une chose est toutefois certaine, quand j’en aurai fini, je connaîtrai ma ville sur le bout des doigts…
Mon acolyte est étrangement silencieuse, plus intéressée à regarder autour d’elle qu’à faire la conversation. Ce n’est pas gênant.
Nous passons tout d’abord entre plusieurs maisons modestes mais correctes. Puis nous débouchons dans une rue assez grande, au niveau d’une énorme bâtisse toute en longueur, dont je comprends avant même d’en avoir confirmation, la nature.

« Tu sens ce doux fumet dans l’air ? *Je plisse mon nez* Eh bien, c’est l’odeur du crottin de cheval et donc, de l’écurie. *Je l’informe.* Pas très agréable, pas vrai ? Certains s’en servent pour nourrir leurs légumes, que nous-mêmes mangeons après ça… Comme quoi même la chose la plus misérable peut être d’une grande utilité. Prend cela comme une première leçon de vie… *Nous avançons jusqu’au niveau d’un grand enclos.* Et en voilà les responsables, les chevaux.
Son expression, tandis qu’elle observe les animaux, est de façon indéfinissable étrange. Ce qui me pousse à préciser :

» Ils nous servent de monture pour nous déplacer plus rapidement, pas chez vous ? *Comme elle ne réagit pas à ma question, je poursuis.* Et au sol, c’est le crottin. C’est… oui bon, tu as compris… enfin, sauf si chez vous… non, oublie. Les montures sont en vente, il faut donc avoir des yus, bien évidemment. Ce n’est donc pas quelque chose d’accessible dans l’immédiat, mais qu'il est bon de savoir.
Pendant que je parle, nous arrivons au bout du bâtiment où je prends l’initiative de bifurquer à droite. Je prends mon rôle au sérieux et lui indique les choses à mesure qu’elles apparaissent. Même celles qui semblent les plus insignifiantes tant elle semble étrangère à tout.
Nous traversons un important pâté de maisons aux rues assez peuplées avant de débouler près de l’arène.

» Ah… voilà un endroit, où l’on peut vraiment gagner de l’or ! Sauf que l’on peut aussi, et de façon plus certaine, y perdre la vie… Si tu sais bien te battre, c’est pour toi, bien que je te le conseille en aucune façon… Tu devrais y affronter des monstres très, très aguerris… et qui n’ont rien à perdre, ce qui les rend d’autant plus dangereux... Si tu gagnes, tu remporteras des yus et tu seras adulée pendant quelques instants par toute une foule de gens dont le seul plaisir est de voir le sang couler du haut de leur gradin…
Je m’arrête un instant pour regarder cet énorme bâtiment ovale, mais ce qui s’en dégage me met mal à l’aise. Je préfère m’en éloigner.
» Que ce soit ta deuxième leçon : tout honneur et tout or ne sont pas bons à prendre. Continuons, il n’y a vraiment rien de bien par ici…

Je l’entraine à travers un labyrinthe de ruelles qui séparent une multitude d’habitations. L’endroit semble plus populaire que dangereux. Il est bruyant, les gens s’interpellent et les odeurs me font regretter le voisinage de l’écurie.
Tout à coup, en passant devant une venelle sombre, je l’arrête net en lui barrant le passage de mon bras…

» Tu as vu ? *Je montre du doigt un amas grouillant dans un coin* Des rats ! Ça pullule par ici, on dirait… Certains racontent que c’est le début de la fortune… Qu’il suffit de les chasser, les tuer et de les ramener à la bonne personne pour que gloire et or s’amoncellent sous tes pas… Quand j’étais jeune, on m’a raconté que tout individu en quête de voyages et d’aventures commençait à se financer ainsi et qu’en prime, les plus habiles en recueillaient une solide réputation… *Je la regarde et soupèse sa crédulité.* Et je t’avoue que sur cette seule foi j’ai, moi-même, bel et bien tiré quelques flèches…
Je me remémore cette malheureuse et épique époque en contemplant cette masse vivante et en évitant soigneusement de me demander ce qu’il y a en-dessous.

» Ce sera ta troisième leçon du jour. Tu ne dois pas prendre tout ce que l’on te raconte pour argent comptant. Jamais, dans aucun monde de ma connaissance, un rat n’a apporté la richesse ou la gloire à qui que ce soit… Saurait-il cuisiner que ce serait tout de même impossible… Il n’y a rien de glorieux à chasser le rat et crois-moi si je te dis que ta réputation en pâtirait plutôt… En conclusion, réfléchis toujours par toi-même car il est très facile de tomber sur des menteurs patentés par chez nous. *Je regarde avec attention les alentours.* Et comme il s’agit du moindre des dangers qui rodent, nous allons à présent accélérer notre promenade.»

Je reprends la marche d’un pas vif à travers ce dédale dont nous voyons avec soulagement la fin en arrivant sur une grande place. Un endroit coloré et odorant où la moitié de la population semble s’être donné rendez-vous et où une flûte et un tambourin parent l’air de leur joyeuse musique.
Je reconnais ce lieu pour y être allée à quelques reprises, le grand marché de la ville.

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Relonor
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Re: Les Ruelles

Message par Relonor » dim. 19 févr. 2023 15:55

Chapitre 2 - Retrouvailles.
IX.3 Sur le chemin de la nouvelle demeure.


La chaleur comme la lumière sont accablantes pour l’elfe noir. Ses pairs ont l’habitude de vivre à l’intérieur de grottes fraîches et sombres, c’est bien un des endroits où les shaakts prospèrent le moins. Guidé par le renard, il suit son homme de main dans les rues de la ville.

"Tâchez de garder vos effets personnels près de vous. Ne laissez rien se promener librement et garder toujours une main sur la garde de votre arme, prête à servir. Dites-vous qu’à défaut de l’utiliser, c’est un moyen dissuasif !" Explique l’homme endimanché.

Comme à son habitude, le renard est paru de ses plus beaux atours. Il a certes revu sa garde-robe pour coller au climat local, mais essentiellement à la mode en cours. Sans mot dire, l’elfe noir suit ses instructions à la lettre.

"Vous avez fait parler de vous à l’arène ! Le piétineur était assez connu et avait même une sorte de spectateurs qui l’admiraient. Acclamer une bête, voilà bien quelque chose de saugrenu !" Puis il s’arrête un instant pour ralentir et revenir au niveau de Relonor, avant de parler plus bas. "Vous êtes plutôt du genre à être discret. Pourquoi avoir agi de la sorte ?"

"Il était plus simple pour vous de me trouver que l’inverse. Il a juste fallu d’une petite réputation pour que mon nom pénètre dans la ville et arrive jusqu’à vous." Répond-il sur un ton neutre, avant d’enchaîner sur un autre sujet. "Rien à propos du vaisseau par lequel je suis venu ?"

"Le vaisseau ? Non je… le magnifique anyor ? C’est dont vous qui en êtes descendu ! Heureusement que personne n’a eu vent de votre nom, cela aurait fait de vous le centre d’une grande attention. Mais d’où cet engin venait-il ?" Demande le renard.

"Une grande attention ? Dommage d’être passé à côté. Je tâcherais d’y remédier lorsque je reviendrai de nouveau de l’île des dieux !" Déclare simplement l’elfe noir.

"D’accord je vois…pardon ? Vous avez dit, l’île des dieux ?" S’interloque l’homme.

"En effet. Peut-être t’y emmènerais-je la prochaine fois. Où allons-nous ainsi ?" Interroge Relonor.

"Là où nous avons élu résidence à notre arrivée. Les autres doivent d’ailleurs être déjà présents !"


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Re: Les Ruelles

Message par Relonor » sam. 22 juil. 2023 15:29

Chapitre 7 - Ferrer la ligne.

IX.8 Combat inégal.


Menacé par la dague que P’tit George dissimulait sans sa tunique, Harti se laisse emmener. Mais son accord pour obtempérer semble trop facile pour Relonor. Son attitude donne à l’elfe noir, l’impression qu’Harti s’attendait à ce que la situation tourne ainsi, peut-être part habitude. Les deux hommes disparaissent peu de temps avant que trois autres ne surgissent. A peine ont-ils mis le pied à l’intérieur, que d’eux d’entre eux se placent en avant-garde et le dernier en retrait. Les deux hommes possèdent des équipements de bonne facture, comparables à ceux du shaakt. Dépareillés, ils donnent l’impression de pilleurs de cadavres. Entièrement affublés d’équipements légers et d’une simple épée longue, ce style de combat de ces hommes est orienté sur l’habileté de mouvement, à l’opposé de l’elfe noir, protégé dans son ensemble d’armure lourde.

(Je ne peux me permettre d’exposer tous mes pouvoirs, au cas où ces derniers viendraient à m’échapper. Il va me falloir me contenter de l’essentiel !)

La capacité du shaakt à sortir de ce combat seul, va reposer sur sa magie aérienne, ainsi que sa terrible lame. Malgré l’expérience qu’il a acquise durant la bataille de Kochii, les choses ne vont pas être faciles. Trois contre un et l’homme qui se tient derrière, équipé d’un bâton et d’une tenue de mage ne lui augure rien de bon.

(Tant que je ne connais pas son ou ses éléments magiques à disposition, je ne sais pas à quoi m’attendre. Espérons qu’il n’utilise que la glace !)

"Où se trouve Harti ?" Interroge l’un d’eux.

"Harti ? Harti qui ? Harti-chaux ?" Se moque l’elfe noir.

"Fait le malin, oreilles noires ! On mettra la main sur lui c’est pas un problème. Toi en revanche, tu vas vite perdre ta bourse ainsi que ton sourire. Quoi que je lui en dessinerais bien un avec ma lame !" Tonne l’autre.

"Trois contre un ? Invitez quelques copains pour équilibrer un peu, sauf si vous préférez que je me déplace à cloche-pied pour vous aider ?" Continue de railler Relonor.

Bien qu’il affiche un calme serein, le shaakt intériorise une véritable colère contre lui-même. S’il y a bien une chose qu’il a apprise avec la bataille de Kochii, c’est qu’il est primordial de se préparer. Or, dans une ville comme Tulorim, où il est fort possible de croiser le fer comme maintenant, il peut être utile et même sage, d’offrir à ses armes et protections, des sorts utilisables sans avoir besoin de mana lors de la libération de la magie. Pourtant, s’il n’y a pas de risque à prendre le temps face à un guerrier, il est dangereux de laisser un ennemi doté de capacités magiques sans l’inquiéter. Ainsi, l’enchanteur possède le temps nécessaire pour user de ses fluides aériens. Des flux d’air qui portent ses mouvements avec une vivacité supérieure.

"Mais c’est quoi ça ?" S’inquiète un des hommes.

(Parfait ! Cela ne va pas durer alors faisons vite !)

Sans plus attendre, l’elfe noir prend l’initiative et gorge son épée sa magie aérienne. Afin de garder l’avantage de son bouclier en main gauche, il s’occupe en premier de l’homme situé sur sa droite. Grâce à sa magie, le coup prend son adversaire de court, mais ne lui arrache qu’un léger morceau de chair. Celui-ci riposte, mais manque de peu de toucher l’elfe noir. Son camarade lui ne trouve que la résistance du bouclier sur son chemin. Le problème vient de celui resté en retrait. Incantant sa magie, la poigne de l’épée commence sérieusement à chauffer et brûle le shaakt, même au travers de son gant.

Grinçant des dents, l’elfe noir continue d’harasser le même adversaire qui s’en trouve plus agile cependant que le coup précédent. L’épée fend l’air, sans trouver de quoi sustenter sa soif de sang. La chaleur de l’arme se rappelle au souvenir de l’enchanteur qui grince encore les dents, se forçant à tenir le coup. Les deux hommes parviennent à toucher cependant. Même si une première frappe ne rencontre que la résistance de l’armure, une seconde parvient à se ficher dans une faille de la protection lourde. Le mage confirme son affiliation au feu en lançant une boule infernale, qui ne rencontre que le bouclier, se dissipant en l’air.

Cherchant à tout prix à reprendre l’avantage, le shaakt fait une erreur en refusant de libérer son arme. La chaleur est si intense qu’elle le brûle bien au-delà de ce qui est imaginable, au point d’enflammer le gant et de lâcher l’arme. La brûlure est telle qu’il ne peut plus se servir de sa main. Une odeur de poulet trop cuit se répand dans l’air. Ses adversaires en profitent pour inverser la tendance. Même avec son sort aérien, l’elfe noir encaisse coup sur coup. Une lame se plante dans le flanc, une autre atteint sa jambe et enfin, une boule de feu lui brûle allègrement le visage.

"Alors, on rigole moins maintenant hein !" Déclare un des hommes.

Acculé, Relonor recule. Sa magie se dissipant, ses chances de réussite diminuent à vue d’œil. La situation est particulièrement dangereuse à présent. Il atteint la porte, là où est sortie P’tit George. La poignée ne semble pas fermée, mais la porte ne s’ouvre pas pour autant. Un problème dans le mécanisme en est probablement la cause. Pourtant, cela va donner une idée aux hommes prêts à le tuer.

"Il est coincé ! Ferme la porte, qu’il n’ait aucune chance de sortir !" Hurle l’un d’eux.

Il n’en faut pas plus pour que le magicien de feu obéisse et ferme la porte près de lui, mettant même une chaise devant pour éviter tout renfort pour le shaakt qui regarde sans agir. Une action aux conséquences funestes.

(Nous sommes tous enfermés ici ? C’est peut-être plus que je ne l’espérais.)

Ainsi, sachant qu’il n’y aura plus de témoin et qu’il faudra plus de temps pour sortir d’ici, Relonor dévoile d’une de ses cartes maitresses. Il use de ses fluides sombres et invoque un tout nouvel allié.

"Viens à moi Baalsameth !"

La magie noire opère et sortant de volute de fumée obscure derrière l’elfe noir, une étrange créature cornue de la tête à sa longue queue, en passant par un dos, tout aussi bien chargé. L’apparition de la créature surprend les hommes qui ne s’y attendaient pas.

"Fait tomber les ténèbres !" Clame-t-il avec un sourire macabre sur le visage.

A la différence des créatures de nécromants qui survivent même après la mort de leur maître, les invocations disparaissent si tôt l’invocateur tué. Relonor a pu voir qu’elles sont particulièrement faibles. Le premier coup durant la bataille de Kochii a immédiatement terrassé la créature. Cependant, si elles sont faibles, les invocations sont des alliés de poids lorsqu’elles sont protégées. Raison pour laquelle Baalsameth se trouve derrière son maître. Pour atteindre la créature, il faudra au préalable bousculer le guerrier à la lame de dragon. Un être qui a connu l’enfer de Kochii, la terrible bataille et le chant funèbre du dragon. S’il peut rester en vie face à ces adversaires, cela dépendra uniquement de sa capacité à employer les pouvoirs de sa créature et à la protéger. Les deux hommes foncent sur le shaakt. Une lame frappe lourdement le casque, sonnant un bref instant le guerrier noir et l’autre plantant sa lame dans le corps, faisant couler un sang aussi rouge que celui d’un porc. Le mage derrière, manque lui son sort. Probablement à cause de la trop forte proximité de ses camarades.

Si les coups l’obligent à serrer les dents, Relonor tient bon malgré la douleur. Les yeux de l’invocation s’illuminent d’un rouge flamboyant alors qu’elle lève les mains au plafond pour répandre sa magie, tandis que l’elfe noir absorbe le contenu d’un liquide d’une de ses gourdes. Une écrasante obscurité englobe toute la pièce, plongeant toutes les personnes présentes dans une noirceur profonde. Tous, sauf l’elfe noir qui y voit toujours aussi bien. Protégé des effets grâce à sa potion, il n’est aucunement affecté par le sort de son invocation.

Un bruit de chute interpelle les deux soldats. Ils ne voient rien, mais leur magicien est tombé sur la chaise à vouloir reculer.

"Mais bordel c’est quoi ça, j’y vois plus rien !" Gémis l’homme à la droite de l’elfe.

"Je suis là j’ai pas bougé ! Concentre-toi ! On est toujours en surnombre, rien n’a changé ! Le sort se dissipera à sa mort !" Commande l’autre pour garder la cohésion de leur groupe.

"Fait venir le plus de serviteurs possibles !" Ordonne l’invocateur qui recule pour prendre ses distances.

Se protégeant des assauts adverses, l’elfe noir parvient à se prémunir de coups supplémentaires. S’il est résistant grâce à son armure, il n’est pas invulnérable, surtout s’il continue à se vider de son sang. Pour ce faire, il a besoin de serviteurs pour se soigner de toutes ses blessures. Hélas, nul allié squelettique n’est là pour lui. Il lui faut attendre un nouvel assaut des adversaires, dont un fait mouche à la jambe, pour que le sort fonctionne. Perçant le sol, des mains squelettiques apparaissent dans la pièce, avant que le reste du corps ne suivent quelques instants plus tard, suivit pas des ossements en grand nombre et tout particulièrement des rongeurs. Leur nombre est tellement important qu’ils se trouvent partout. La vision est terrifiante. Tous ces morts réunis autour d’un seul être, prêts à obéir au moindre désir de leur maître.

(Dommage qu’eux ne les voient pas aussi bien que moi ! Cela aurait été amusant.)

"Tuez-les tous !" Ordonne l’invocateur à ses tandis qu’il oblige son invocation à s’accrocher dans son dos. Une position qui lui sert à la protéger et la garder près de lui, tout en lui permettant d’agir par-dessus son épaule.

Tous se ruent sur les ennemis de l’elfe noir qui de son côté, use de sa magie pour aspirer l’énergie vitale d’un de ses nouveaux serviteurs. Alors que ses alliés d’outre-tombe se bousculent pour obéir à l’ordre de leur maître, ceux-ci se gênent les uns les autres, provoquant plus de raffut qu’une réelle efficacité au combat. Les trois hommes sont pris de panique, mais ils parviennent pour le moment à repousser les squelettes qui se brisent au moindre choc. S’il est avantageux de posséder des serviteurs particulièrement soumis en grand nombre, le désavantage malheureux réside dans leur faiblesse flagrante. Cependant, les bruits de déplacement et l’obscurité ambiante sont des armes terribles pour le moral. Le cliquetis des os sur le sol et le choc entre eux dans cette noirceur, laisse présager d’une nuée de morts terrifiante. Une multitude d’esprit venant de l’au-delà, en quête d’êtres vivants, comme cherchant à s’abreuver de cette vie qui leur fait défaut.

De son côté, l’elfe noir use de sa magie sur l’un deux pour recouvrer sa vitalité, cependant, ils bougent tellement vite et se cognent les uns aux autres, qu’il échoue à canaliser sa magie. L’instant suivant, il fait de même avec un squelette humanoïde, mais il se fait pulvériser par la lame d’un de ses adversaires, pour le moment occupé à débroussailler tout ce beau monde. Petit à petit, le nombre de soldats de la mort diminuent. Une situation qui commence à devenir périlleuse pour l’elfe noir, qui parvient enfin à user de sa magie pour soigner ses blessures au travers de la mort. Hélas, si cette magie ne fait que guérir les blessures déjà existantes, elle ne résout en rien les effets secondaires liés à la perte de sang. Ses forces lui manquent pour soutenir tout son équipement. Son armure lourde est un poids devenu une gêne majeure, plus encore que la protection que cela lui octroie. Malheureusement, s’en défaire en plein combat est un luxe qu’il ne peut se permettre, contrairement à son écu. Son bouclier est aussi lourd à porter qu’un gros morceau de roche. Un fardeau encombrant qui l’empêchera d’agir à sa guise. Cependant, il serait ainsi totalement démuni.

Ses ennemis commencent à reprendre largement le dessus sur les futiles invocations squelettiques, de même pour ce qui est du moral. Comprenant la faiblesse évidente que cachent les créatures éphémères, ils se sont remis à se battre avec ardeur. Le pyromancien commence même à retrouver l’accès qui mène à la sortie. Une chose que l’elfe noir ne peut tolérer.

"Envoie une ombre sur lui !" Ordonne-t-il à sa créature de fluide, tandis qu’il se saisit d’une de ses armes elfiques.

"Fait chier, je l’avais presque oublié celui-là ! Faite gaffe, il prépare un sale coup !" Hurle l’un des hommes près de lui.

Hélas, cet avertissement n’est d’aucun recours face à la magie. Obéissante, la créature de l’invocateur use des fluides qui la compose pour lancer sa magie avec bien plus de facilité que le shaakt. Elle parvient à lier, malgré la noirceur dont elle est également touchée, à lancer son sort sur la cible. Seul Relonor est capable de voir distinctement une ombre venir accabler celui qui se tient prêt à s’enfuir. L’elfe noir use de sa magie, concentrant ses fluides pour former un courant qui entoure son arme et la projette au loin pour empaler le magicien avec l’arme, contre le montant de la porte en bois. Le hurlement qu’il cède alerte immédiatement ses deux autres camarades qui sentent tous les serviteurs retomber dans leur état inanimé d’origine. Bien que la noirceur soit profonde, il reste tout de même possible de distinguer les êtres présents. De ce fait, maintenant que l’armée d’os n’est plus, les deux adversaires de l’elfe noir cherchent à reprendre le dessus sur ce combat. Pourtant, si une des frappes ne crée qu’un tourbillon de poussière dans l’air, celui à droite du shaakt rencontre la solidité du bouclier et pour cause, Relonor s’en sert pour repousser son adversaire, aidé par un nouvel ordre à la créature d’ombre pour voiler le visage de sa cible. Repoussant l’homme, l’elfe noir en profite pour ramasser rapidement sa lame à dent de dragon de dragon. Il s’oblige à encaisser cependant un coup au bras porteur du bouclier, protégeant ainsi son invocation d’un coup terrible.

Le pyromancien planté plus loin, un adversaire atteint par le voile noir et une ombre masquant davantage sa vision, il ne reste qu’un réel adversaire au shaakt dans l’immédiat. Il lui fait face, ordonnant à sa créature d’infliger la même ombre. Si le sort ne fonctionne pas dans l’immédiat, Relonor parvient cependant à éviter un coup d’épée et infligeant un contre au thorax. La blessure ne semble pas profonde, car son assaillant n’est pas gêné par le coup. Pire, il va même ordonner à ses hommes d’agir.

"Mais vous allez vous battre oui ?" Hurle-t-il.

Joignant le geste à la parole, il frappe l’elfe noir, ne rencontrant que la solidité de son bouclier, avant de se faire finalement atteindre par le sort de l’invocation. Trois cibles, toutes affligées par un sort d’obscurcissement dont Relonor s’est prémuni. Une est plantée près de la porte hurlant de douleur et deux autres atteints par une ombre d’obscurité, accroissant leur peine. Acculé depuis le début de l’affrontement, l’elfe noir compte bien mettre à profit ce brusque changement dans le rapport de force. Il tire sa dernière lame et ordonne à son fidèle serviteur :

"Tues-les tous !"

Un ordre qui s’ensuit d’une lueur sombre dans les yeux, synonyme d’un usage de la magie. L’invocation use du même sort que durant les elfes blancs à la bataille de kochii. Plus habile qu’une attaque ciblée et subtile qu’un sort de zone, Baalzameth use de ses pouvoirs pour attaquer en même temps plusieurs cibles. Relonor en est témoin, la chair des victimes se flétrit à vue d’œil. Hélas, tous ne sont pas atteints par l’attaque. Seuls les deux guerriers, proches du shaakt et atteint par le deuxième sort d’ombre subissent l’effet du sort. Ils tentent tout de même de frapper et si l’un percute encore le bouclier, Relonor manque de peu de se faire ouvrir la tête en voulant parer le coup, par un bras manquant de force. Pour manier son arme et ressortir vainqueur de ce combat, il va avoir besoin de ses deux bras. Il laisse donc son bouclier tomber lourdement au sol et soulève son arme des deux mains, pourtant si légère qu’un seul bras chétif est suffisant pour la manier correctement en temps normal.

L’elfe noir ressert la garde de son arme et l’abat avec force sur le guerrier à sa droite. Le sabre atteint la cible à la jambe si profondément que le malheureux tombe au sol dans un horrible hurlement, mais tellement appréciable dans les oreilles du shaakt. Hélas, sans son bouclier, il est plus vulnérable aux attaques adverses. Il encaisse d’ailleurs un coup au bras, mais bien amorti par son armure lourde faites pour ce genre de situation. Ce dont elle n’est pas faite, c’est contre les attaques magiques. Une boule de feu vient justement l’agresser à sa main droite et rappeler la présence du pyromancien. Incapable de s’extraire lui-même de l’arme qui le maintien cloué, il a compris qu’il lui fallait lutter contre la douleur pour sortir d’ici vivant.

Relonor force son dernier opposant au corps-à-corps en le repoussant pour qu’il soit dans la ligne de mire, cherchant le couvert de sa protection. Mais l’homme n’est pas idiot. Il comprend l’intention du shaakt et l’empêche de se protéger, quitte à ouvrir sa garde. Un risque payant puisque le mage lance sa boule de feu, atteignant la protection sur l’épaule de l’invocateur sans le blesser lui, mais continuant sa course et touchant la créature d’ombre, la faisant disparaître sur le coup. Relonor vient de perdre un allié précieux dans ce combat.

Mû par la rage, l’elfe noir va accentuer le poids sur l’arme qui l’empêchait de passer pour accroître l’ouverture dans la garde. Il pivote sur lui-même pour prendre de l’élan, quitte à se faire blesser à la cuisse, mais présente son arme avec vélocité et frappe, ôtant la tête de son support. Il ne reste plus qu’un dernier adversaire encore debout : le mage. Le shaakt regarde le pyromancien avec fureur, juste avant de s’élancer. Après avoir perdu son avant-garde, l’assaut fait trembler le magicien qui manque sa cible. Relonor a plus de réussite et son arme vient se planter dans le cœur, le tuant dans le même instant, corps et âme.

Il ne reste plus qu’un dernier parasite pour en finir. L’elfe noir range le sabre qui embrochait le magicien. Il se dirige vers le dernier survivant, la pointe de la lame crissant sur le sol, d’un hurlement rageur de vengeance pour son maître, rythmé par la marche sur le plancher jusqu’à sa proie. L’homme tente bien de se débattre, mais un simple coup de pied envoie voler son arme en main. Trop affecté par la blessure qui ne cesse de saigner, sa mort arrive à grands pas, mais le shaakt à un autre désire. Il place sa lame au-dessus du cœur, coupe les mains qui cherchaient à orienter la lame ailleurs, ne laissant que des moignons sanglants et un hurlement à damner les morts. Il pose ensuite sa lame au niveau du cœur et pousse lentement, puis de tout son poids. L’homme se voit affliger des terribles pouvoirs de la lame maudite et un voile translucide se déchire dans ses yeux. Un acte marquant une fin aussi irrémédiable que terrible.

Enfin. Enfin cette lutte, cet acharnement pour sa survie prend fin. Il lui a fallu le recours à la chance pour pouvoir être en mesure de vaincre, sans laisser de témoin. Hélas, la chance est traîtresse et change d’orientation comme une fumée balayée par un vent plus fort. L’usage du voile de ténèbres et la potion contrant ses effets sont particulièrement dévastateurs. Mais parce que cette potion reste abordable, d’autres adversaires pourraient également en posséder. Relonor manie sa magie, mais se combat lui a fait comprendre que s’il ne veut dépendre de son invocation et la tenir secrète, il va devoir s’entraîner davantage avec sa lame. Pour l’heure, il a besoin de repos et avant de partir, il se saisit du casque en cuir du meneur de cette troupe, le brandissant au-dessus de lui en guise de trophée. Un bien bel objet dont le cuir a été travaillé avec soin, protégeant sans faille son porteur, du moins, jusqu'à la présence de l'elfe noir. Il déleste également les mort des deux lames en leurs possessions. L'une proche des kanatas oranais, avec sa poignée ronde, son froufrou en bout de garde et la partie tranchante incurvée, ainsi qu'une épée à la lame droite plus solide, nécessitant une prise ferme à une main.


Morrigane
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Re: Les Ruelles

Message par Morrigane » mar. 10 sept. 2024 19:08

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Morrigane sortit de la maison, furieuse, son grimoire de magie élémentaire de flammes sous le bras. Bien que dénuée d'empathie – pour ne pas dire totalement insensible –, ses émotions n'étaient pas absentes. La peur, la colère, ces instincts primaires, avaient une fâcheuse tendance à la submerger. Et, comme à chaque fois, la magie devenait son échappatoire. Elle chercha un coin tranquille, loin des regards indiscrets, où elle pourrait se concentrer.

Le lieu qu'elle choisit était une ruelle isolé de Tulorim, derrière une maison abandonné L'endroit, déserté depuis longtemps, n'attirait guère l'attention. Le lieu, entre ruine et abandon, avait un calme presque surnaturel, un parfait refuge pour celle qui cherchait la solitude. L'air y était lourd, imprégné de l'odeur de bois humide et pourri, mais Morrigane aimait cette tranquillité, loin des perturbations de la ville.

Elle ouvrit son grimoire à une page aléatoire, cherchant un sort pour canaliser sa rage. "Cuisson", lut-elle. Un sort qui, comme son nom l’indiquait, grillait littéralement la cible. Parfait. Elle imagina un instant Rodryk se consumant sous ses flammes. Il avait osé la vexer, la mettre de côté comme si elle n’était rien. Il allait bientôt découvrir combien il se trompait.

La méthode pour maîtriser ce sort était inscrite juste en dessous : "Concentrez votre fluide, ressentez sa source en vous. Et déplacez cette source mentalement vers un point distant." Morrigane soupira. Cela lui paraissait abstrait. Jusqu’à présent, sa magie se manifestait toujours au creux de ses paumes, là où elle percevait le mieux l'énergie. Alors, comment la projeter ailleurs, à distance ? Cette idée semblait impossible.

Les yeux fermés, elle se concentra. La flamme élémentaire en elle répondait plus rapidement, peut-être à cause du fluide absorbé la veille. Ses mains se mirent à chauffer, comme à leur habitude, le feu prenant naissance dans ses paumes. Elle rouvrit les yeux et chercha une cible. Un papillon voletait devant elle. Parfait.
Elle tenta de déplacer sa magie vers l'insecte, mais la flamme qu'elle projeta se transforma en boule de feu, brûlant le papillon avant de s’élever dans le ciel. Un couple de passants s’écria à sa vue.

“Mais vous êtes complètement folle ! s'écria la femme. Vous allez incendier les bâtiments ! Ce n'est pas l’Université ici !”


Morrigane lui lança un regard indifférent, comme si elle n’avait rien entendu, et s’éloigna. Peu importaient leurs réprimandes, elle était déjà plus calme, la magie ayant apaisé ses émotions comme à chaque fois. Elle reprendrait son apprentissage une autre fois.

Elle retourna vers l’habitation d’Ardur. Arrivée à proximité, elle vit ses frères, Ardur et Rodryk, quitter la maison. Ardur, avec ses habits citadins parfaitement ajustés, paraissait dans son élément. Rodryk, en revanche, semblait mal à l’aise, vêtu de ses vêtements de campagne. Ils allaient probablement exécuter une de ces missions dont elle avait été écartée. Mais Morrigane comptait bien les suivre, discrètement.

Avec la capuche rabattue sur son visage, elle les suivit dans les ruelles. Rapidement, ils atteignirent la taverne où ils avaient eu une altercation la veille. Elle sentait la colère monter en elle. Ardur n’avait jamais eu l’intention de la mêler à cette mission, préférant faire équipe avec Rodryk, sans doute plus manipulable et malléable. Elle les regarda entrer dans le lieu, mais préféra rester au dehors pour plus de discrétion. Elle s’assit non loin de l’entrée et attendit qu’ils ressortent de la bâtisse pour les suivre à nouveau, veillant à rester suffisamment éloignée pour ne pas être repérée. Ils s’enfoncèrent dans les ruelles de Tulorim, et Morrigane, attentive essayait d’anticiper leur prochaine action. Si Ardur voulait garder ses secrets, elle allait s’imposer dans son jeu. Il finirait par comprendre qu’il avait besoin d’elle, même s’il ne le savait pas encore.

Ils prirent une ruelle qui menait à un quartier non loin du port, jusqu’à un vieil entrepôt abandonné, isolé et délaissé par le temps.L'endroit qui devait en un autre temps abriter une activité intense, n'était plus que l'ombre de lui-même. Les poutres en bois qui soutenaient la structure étaient tordues, rongées par l’humidité. Des caisses entassées ici et là témoignaient de son passé révolu. À l'intérieur, l'air était moite, saturé de l'odeur de moisissure, mais aussi étrangement paisible, comme si cet espace abandonné avait fait vœu de silence.

Elle se glissa à l'intérieur, prenant soin de rester cachée derrière les piles de caisses. Ardur et Rodryk étaient déjà en pleine conversation avec une silhouette massive au fond de la salle, baignée dans un faisceau de lumière. Morrigane, à l’abri des regards, écoutait, prête à agir. Cette mission, c'était désormais aussi la sienne. Et elle prouverait à tous qu’elle était bien plus qu’une simple magicienne écartée.

Elle les suivit à l’intérieur, discrètement. Cette mission, c’était aussi la sienne maintenant, et elle allait prouver qu’elle méritait bien plus que d’être mise à l’écart.
Ardur pouvait manigancer tout ce qu’il voulait, mais Morrigane n’était pas du genre à se faire mettre sur la touche. Et elle n’avait aucun scrupule à faire ce qu’il fallait pour que ce ne soit pas le cas. Le monde ne se divise que selon les prédateurs et les proies, et elle ne serait jamais du côté des perdants.

Morrigane pénétra dans l'entrepôt sans un bruit, ses sens en alerte. Seuls quelques volutes de parfums lavande trahissaient son passage furtif entre les caisses et les piliers de bois qui parsemaient le bâtiment abandonné. Devant elle, Ardur et Rodryk s’avançaient vers une silhouette massive qui se tenait au fond de l'entrepôt, dans un halo de lumière filtrant par une fenêtre brisée.

L'homme qui les attendait portait une longue cape grise et un chapeau à larges bords qui cachait son visage. Il était accompagné de deux grands gaillards aussi costauds que lui. Morrigane plissa les yeux, cherchant à percer son identité. Elle se doutait qu’il s’agissait d’un homme important de la pègre locale, un homme de pouvoir que même Ardur ne pouvait manipuler facilement.

« Ardur, » dit la voix grave de l'inconnu, « tu es en retard. »

Ardur haussa les épaules, feignant l’indifférence. « Des imprévus, ça arrive. Tu sais comment c’est, dans ce business. Il fallait d’abord que je présente ma nouvelle recrue membre à mon associé, Vallen. »

Rodryk, silencieux, regardait son frère, visiblement mal à l'aise. Morrigane, elle, scrutait la scène, ses doigts jouant distraitement avec son orbe. Elle sentait l'opportunité se dessiner. Si Rodryk échouait à plaire à cet homme, elle pourrait intervenir, prouver qu’elle avait plus de ressources qu’eux deux réunis.

L’inconnu jeta un coup d'œil à Rodryk, comme s'il pesait l’homme du regard. « C’est lui, le nouveau ? Il a l’air un peu tendre pour ce genre de boulot. »

Rodryk tiqua, mais Ardur intervint rapidement : « Rodryk est capable. C'est un gars solide. Il saura se montrer à la hauteur. »
Morrigane ricana intérieurement. (Tendre, oui. Incapable de saisir la brutalité du monde dans lequel il vit.)

L’inconnu sembla peu convaincu mais continua : « Bien. Ce que je veux, c’est simple. Une cargaison de gemmes rares quitte la ville demain soir, par voie d’eau. Des petits malins ont soudoyés des gardes pour s’occuper du transfert vers le navire. Vous deux, vous allez l’intercepter avant qu’elle n’atteigne le port. Les gardes seront discrets, mais il y aura du monde. Ne me décevez pas. »

Ardur hocha la tête, sa mâchoire serrée. « Considère ça fait. »

Une cargaison de gemmes rares… Voilà exactement le genre d’opportunité qu’elle attendait. Ces deux idiots allaient être en première ligne, prenant tous les risques, tandis qu’elle s’assurerait que la récompense lui revienne.

Une fois l’inconnu parti, Ardur et Rodryk s’éloignèrent de l’entrepôt. Morrigane les suivit un moment, la colère grondant en elle. Ardur n’avait pas fait mention d’elle, pas même une allusion. Il pensait vraiment pouvoir la tenir à l’écart de ce coup ?

(Ridicule.)


HRP :
Début d'apprentissage du sort élémentaire de flamme "Cuisson"

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Modifié en dernier par Morrigane le mar. 1 oct. 2024 04:32, modifié 1 fois.

Morrigane
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Re: Les Ruelles

Message par Morrigane » mar. 10 sept. 2024 23:17

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Morrigane avait laissé ses frères retourner à leurs occupations. Elle avait assez d’informations pour leur jouer un sale tour et elle comptait bien le faire. Elle était retournée dans cette petite ruelle calme dans laquelle elle s’était retrouvée quelques heures plus tôt pour exprimer sa magie..

La lumière du jour s'amenuisait, et l'air devenait plus frais. Elle aimait ce moment de la journée, elle le trouvait agréable, propice à la concentration. Elle savait qu’elle n’avait pas beaucoup de temps. Elle avait bien compris que le soir, la ville de Tulorim devenait dangereuse, surtout pour une femme seule, mais c’était la raison pour laquelle elle s’exerçait. Pour ne plus être vu comme cette faible femme, bien que, dans certaines situations, cela pouvait être très utile. Mais elle n’était pas dans ce cas de figure, elle devait s’imposer à Ardur et à son monde. Un monde de pègren un monde dur, et sans pitié. Finit la campagnarde, la Mère du village. Elle deviendrait une marraine sans pitié à Tulorim.

Le grimoire ouvert devant elle, ses doigts effleurèrent une fois de plus la page du sort qu'elle peinait à maîtriser : "Cuisson". Ce nom résonnait en elle, un écho à la colère qu’elle avait ressentit, brûlant d'une promesse de destruction. Mais cette fois, elle était calme. Terriblement calme même, froide comme à son habitude quand tout allait dans son sens. Son mal avait l’avantae de vite lui faire passer à autre chose.

“Cette fois, je vais y arriver,”
murmura-t-elle entre ses dents.

Elle s'accroupit, ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Elle savait que sa magie répondait assez facilement, mais cette maîtrise à distance lui échappait encore. Pourtant, elle ne comptait pas laisser un simple mode d'emploi la dépasser. Le texte était clair : "Concentrez votre fluide, ressentez sa source en vous. Et déplacez cette source mentalement vers un point distant." Plus facile à dire qu’à faire.
Elle se força à visualiser l’énergie de la flamme en elle, la source même de son pouvoir. Comme toujours, la chaleur naquit dans ses paumes, brûlante et familière. Mais aujourd'hui, elle devait la pousser plus loin. Pas dans ses mains, mais hors de son corps, vers une cible invisible. Un point précis dans l’espace, là-bas, plus loin.

Ses mains tremblèrent légèrement alors qu'elle essayait de retenir l'énergie en elle sans la libérer comme elle en avait l’habitude. Elle se concentra, les sourcils froncés, ressentant chaque particule de magie qui bouillonnait en elle. Son but cette fois était un vieux tonneau posé à une dizaine de mètres, rongé par les années et l'humidité.

" Allez, murmura-t-elle. Transfère cette énergie..."

Elle tenta de déplacer la chaleur de ses paumes vers le tonneau, s'efforçant de suivre les instructions du grimoire. Visualiser un lien entre elle et la cible, étirer ce fil invisible jusqu’à ce qu'il touche l'objet.

Mais la chaleur dans ses mains devint trop forte, trop rapide. Elle perdit le contrôle. Une vague brûlante monta brusquement, incontrôlable, lui brulant presque les mains. Avant qu’elle ne puisse retenir le flux, une flamme éclata de ses paumes, déviant dans une direction totalement opposée à celle qu’elle visait.
Une boule de feu jaillit, traversant l’espace devant elle à une vitesse incontrôlée. Morrigane regarda, impuissante, le sort frapper un tas de vieilles caisses non loin. Elles prirent feu immédiatement, s’embrasant dans un crépitement sinistre. L’odeur de bois brûlé envahit rapidement l’air.

— Merde ! siffla-t-elle entre ses dents.

Elle se précipita vers les caisses enflammées, tentant de maîtriser l’incendie avant qu'il ne devienne trop dangereux. Elle tenta de l’étouffer en s’aidant de sa cape, mais rien n’y faisait, le feu commençait à prendre. Par chance, elel remarque un vieux sot un peu pourri et couvert de mousse rempli d’une eau sale de pluies accumulés et dans lequel s’épanouissait des œufs de moustiques. Elle attrapa le sol qu’elle envoya sur le feu qui prenait et s’amenuisa, lui permettant de l’éttoufer avec quelques coups de bottes. Elle, qui cherchait à maîtriser la magie du feu à distance, se retrouvait à éteindre son propre échec.
Une fois les flammes maîtrisées, elle se redressa, le visage crispé par la frustration. Chaque tentative de maîtriser ce sort se soldait par le même échec : un déchaînement d'énergie brute, incontrôlable. Elle savait qu'elle avait la puissance, mais la subtilité lui échappait.

" Pourquoi je n’y arrive pas ?" gronda-t-elle frustrée.

Le grimoire était resté ouvert à ses pieds, comme pour la narguer. Elle le fixa un instant, puis le ramassa en le fermant sèchement. La magie n'était pas juste une question de force brute, elle le comprenait, elle avait tant de mal à la canaliser.
Elle s’agenouilla, reprenant son souffle. Elle avait l’impression que des flammes dansaient en elle, dans ses veines. L’échec la consumait autant que ses propres flammes. Pourtant, elle savait qu’elle ne pouvait pas abandonner. Ce sort, elle devait le maîtriser, même si cela devait lui prendre des jours, des semaines, des mois.

Morrigane regarda le ciel. Le crépuscule était bien avancé, et les premières étoiles apparaissaient.

(La prochaine fois, j’y arriverai. Je le dois,) se promit-elle avant de se relever.

Mais pour l'instant, elle rentra, laissant derrière elle l'odeur persistante de bois brûlé et de magie déchaînée. L’odeur de l’echec…


HRP : Suite de l'apprentissage de sort "Cuisson".


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Message par Morrigane » mer. 11 sept. 2024 22:23

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Le soir suivant, Morrigane se préparait. Elle avait passé la journée à écouter à la porte su bureau d’Ardur qui préparait son coup avec ses hommes. Elle pouvait lui reconnaître une chose, il avait l’air de savoir ce qu’il faisait. Ils avaient parcourus des plans de la ville pour identifier les points de passage clés où la cargaison serait la plus vulnérable. Ardur devaient croire qu’il avait tout prévu, mais il ne l’avait pas compter dans l’équation. Des années à cacher sa véritable nature lui avait appris, à cacher ses intentions avant de frapper là où ça faisait mal.

Le soir, sous un habit sombre et discret, elle quitta la demeure d’Ardur, quelques heures avant eux, se glissant dans la nuit noire, son esprit focalisé sur son objectif; les gemmes…

Arrivée à l'endroit où la cargaison devait passer, elle trouva rapidement une position avantageuse. Ardur et Rodryk n’étaient pas encore arrivés, mais elle savait que cela ne tarderait pas. Elle s’installa dans l’ombre d’une arche, observant en silence. Quelques instants plus tard, elle aperçut les gardes escortant un chariot. Ils étaient au nombre de huit. Les gemmes, à l’évidence, étaient sous bonne protection et bien cachées sous une couverture épaisse.

Quand enfin elle aperçut Ardur et ses hommes approcher, Morrigane se redressa, prête à agir. Elle observa bien la scène qui se déroulait sous ses yeux, une lueur froide et calculatrice dans le regard. Rodryk était resté en retrait, arc en main et semblait faire le guet.

Ardur lui, accompagné de six hommes de mains tentait de négocier avec les gardes autour du chariot, tandis que la tension montait progressivement. Elle devina qu’il essayait de les conrompre quand il sortit une petite bourse . Morrigana pensait qu’ils allaient échouer, ou du moins qu’ils allaitent y laisser quelques plumes, c’était évident. Ardur avait six hommes avec lui et Rodryk en retrait. Soit autant d’hommes que les miliciens, ce ne lui assurait pas un surnombre suffisant pour s’en sortir indemne face à des bien équipés et qui semblaient connaître leur metier. Impossible qu’ils maîtrisent la situation.

Morrigane avait déjà prévu quelque chose. Elle savait que créer un chaos plus grand détournerait l’attention des gardes et donnerait à ses frères l’opportunité de frapper plus efficacement. Surtout, cela lui permettrait d’agir à sa guise, dans l’ombre.

Sans hésiter, elle se détourna de la scène principale et s’éloigna en direction d’une petite maison en bois située non loin de l’endroit où se tenait le convoi. C’était une habitation modeste, abandonnée depuis des années. Personne n’en serait affecté, pensa-t-elle, et de toute façon, la pitié n’était pas dans sa nature.
Elle s’approcha discrètement de la bâtisse, jetant des regards furtifs pour s’assurer que personne ne la voyait. Elle sortit une bouteille d’alcool fort qu’elle avait piquée chez son frère et en aspergea un des mur. Elle s’appretait à l’enflammer de sa magie quand une tête d’homme édenté sortis sa tête par l’une des fenêtres de la batisse.

“Heyps ! Z’vous faites quoi là ? C’est sé moi ifi !”

Elle fut surprise ! Elle n’avait pas imaginée une seule seconde que cette bâtisse pouvait abriter des squatteurs. Elle recula de quelques pas… Jetant un regard à la situation au chariot où les voix commençaient à monter et les membres se raidir. Ils étaient sur le point de se battre. Elle n’avait pas le temps de trouver un plan B. Alors elle concentra ses fluides dans sa paume de main et envoya une boule de feu là sur le pan de mur où elle avait lâcher l’alcool. Le sans-abri hurla à la mort comme sil c’était lui-même qui prenait feu et il sortit en vitesse, suivi de deux autres qui n’avaient pas l’air plus nets. Edentés et titubant sous l’effet de -elle ne savait quelle substance.

Le cri détourna un moment l’attention des hommes autour du chariot, mais ils revinrent à leurs affaires qui montaient en tension.
Les trois sans abris tentèrent d’éteindre des flammes qui s’éleverent lentement, puis se propagerent de plus en plus rapidement sous le regar de Morrigane qui reculait de la scène. Le bois sec s’embrasait à une vitesse fulgurante. En quelques instants, la maison était en feu, illuminant la nuit d’une lumière vive. Rapidement ce n’était plus seulement les cris des sans-abris rententirent mais ceux de la rue voisine.

“AU FEU ! AU FEU ! “

Les gardes, occupés avec Ardur et Rodryk, furent immédiatement alertés par la lumière des flammes et le grondement du bois qui brûlait. Certains d’entre eux se tournèrent vers l’incendie, hésitants entre leur devoir de protéger la cargaison et la nécessité de réagir face au danger imminent.

« Feu ! » cria l’un des gardes, avant que plusieurs d’entre eux ne courent en direction de la maison en flammes.

Morrigane, qui était retournée se dissimuler dans les ombres, observa avec satisfaction les gardes se disperser. Le chaos était toujours un allié précieux.

Elle voyait déjà que le convoi, désormais moins protégé, était vulnérable. Seul quatre gardes sur les huit étaient restés pour tenter de protéger le convoi. Alors Ardur et ses hommes les attaquèrent. Le combat était rude et bientôt, entre la maison en flamme et échauffourée la situation était devenue illisible.

Ils n’allaient pas tarder à s’emparer des gemmes mais Morrigane n’avait aucune intention de leur laisser toute la gloire. Alors que les flammes continuaient à dévorer la maison derrière et que les miliciens s’empoignaient avec Ardur et des hommes dans un combat sanglant, elle s’approcha du convoi, se fondant dans l’obscurité et profitant de la confusion. Elle leva la couverture. Dans le chariot, il y avait divers objets, des jarres de boissons, des denrées perissables et quatre petites caisse pleines de gemmes.

Sans un bruit, Morrigane s’empara de l’une des caisses, profitant de la confusion. Miliciens et bandits étaient bien trop occupés pour remarquer quoi que ce soit.. Avec une rapidité et une discrétion calculées, elle disparut à nouveau dans la nuit, quittant la scène, le poids de la caisse dans ses bras, en se délectant de la tournure des événements.

(Ils n’ont même pas remarqué), se dit-elle avec un sourire satisfait.

Ardur et Rodryk allaient penser qu'ils avaient récupéré toute la cargaison, alors qu’en réalité, une belle part se trouvait entre ses mains.
L’incendie, maintenant une véritable fournaise, accélérait la panique dans les ruelles avoisinantes. Des citadins et des gardes criaient, cherchant des seaux d’eau pour contenir les flammes. Mais Morrigane ne s'attardait pas. Elle savait que cet incendie était une distraction qui l’aiderait à couvrir à sa retraite et mettrait un point final à cette soirée chaotique.

Alors qu’elle atteignait les abords d’une ruelle sombre, elle s’arrêta pour reprendre son souffle et jeter un dernier coup d’œil derrière elle. Dans la confusion, Ardur et ses hommes qui avaient vaincu les gardes, non sans mal, commençèrent à trainer le chariot ailleurs.

« Ils n’ont jamais su comment être efficaces, » murmura-t-elle en caressant la surface rugueuse du coffre rempli de gemmes. Elle rangea soigneusement la caisse sous sa cape, camouflant son contenu précieusement.

Mais au fond d’elle, un sentiment nouveau émergeait. Ardur avait voulu la tenir à l’écart, il avait choisi Rodryk pour cette mission, pensant qu’elle ne pouvait pas suivre. Il la sous-estimait. Pire, il la traitait comme une bonne à rien.

Les flammes dévoraient le bâtiment derrière elle, mais son esprit était déjà loin de ce lieu en ruine. Ce soir n’avait été qu’un test pour elle, un premier pas. Elle avait prouvé qu’elle pouvait jouer leur jeu, mais maintenant, elle voulait plus.

« Ce sera la dernière fois qu’ils me mettront de côté, »
murmura-t-elle avec un ton glacé.

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Message par Morrigane » jeu. 12 sept. 2024 04:47

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Le jour suivant, Morrigane continua de feindre l’indifférence. Rodryk ne cessait de parler de leur prochaine mission, les yeux brillants d'excitation. Il avait l'air si fier de lui, comme un enfant qui venait de découvrir un nouveau jeu. Ardur, de son côté, restait silencieux, le regard pensif, probablement déjà en train de calculer les prochaines étapes et les risques à venir. Morrigane, elle, observait tout cela avec froideur. Elle les écoutait distraitement, son esprit déjà ailleurs.Rodryk bien entendu avait tenté de lui adresser la parole, mais elle ne l’avais pas une seule fois répondu. Pas qu’elle boudait, ce n’était en rien son genre. Mais elle n’en avait pas envie et elle savait très bien que ça affectait son frère qui l’aimait tant, alors pourquoi ne pas le faire souffrir de ne pas l’avoir assez soutenue. De toute façon, son esprit était bien loin de ces futilités.

La frustration de la veille la rongeait encore. Échouer à utiliser un sort aussi simple la hantait. Et comme à chaque fois que quelque chose lui échappait, cela devenait une véritable obsession pour la magicienne. Elle avait besoin de s’isoler, de retrouver ce coin tranquille où elle pouvait pratiquer sans être dérangée. Quand elle quitta la maison, personne ne lui prêta attention, sauf bien sûr Rodryk qui la regarda s’en aller avec un regard de chien battu.

Elle retourna dans le lieu qu’elle connaissait bien, cet entrepôt abandonné derrière les docks. C’était son refuge, un endroit où elle pouvait laisser libre cours à sa magie sans risquer de causer trop de dégâts – du moins, elle l’espérait. Les caisses qu’elle avait brûlées la veille étaient encore là, réduites à un tas de bois noirci, témoin silencieux de son échec.

Elle s'installa à nouveau, reprenant son grimoire. Cette fois, elle ne laisserait pas la magie lui échapper. Elle devait comprendre comment maîtriser ce sort. La page du grimoire semblait presque se moquer d’elle, le mot "Cuisson" scintillant légèrement à la lumière du jour.

“Concentration,"
murmura-t-elle pour elle-même. "Concentre-toi sur la source.”

Elle ferma les yeux et se mit à respirer lentement, tentant de faire le vide dans son esprit. Elle sentait déjà la chaleur naître dans ses paumes, comme d’habitude, mais cette fois, elle devait la projeter plus loin. Le tonneau devant elle serait sa cible.

Elle commença à canaliser l’énergie, ressentant la chaleur se répandre dans son corps, comme une vague brûlante qui montait de son centre. C’était puissant, presque trop puissant. Mais elle serra les dents, refusant de céder comme la veille.

“ Pas dans les mains,” murmura-t-elle. “Pas cette fois.”

Elle visualisa la chaleur se déplaçant, non pas vers ses paumes, mais au-delà, vers le tonneau. Lentement, elle sentit la chaleur se déplacer, quitter ses mains, comme une fine corde de feu qui s'étirait entre elle et la cible. Son souffle devint plus court, mais elle tenait bon.
Le tonneau commença à vibrer sous l'effet de la magie. De fines volutes de fumée s’élevèrent, signe que quelque chose se passait enfin.
Morrigane ouvrit un œil, puis l’autre. La surface du tonneau crépitait, et des petites braises commençaient à apparaître. Une excitation intense monta en elle. Elle était à deux doigts de réussir, elle pouvait presque sentir la victoire à portée de main.

“Oui”, murmura-t-elle avec un sourire en coin. “J’y suis presque…”

Mais à cet instant précis, une décharge soudaine traversa son corps. La chaleur, qu’elle avait si soigneusement contrôlée, sembla exploser de l’intérieur. La corde de feu se rompit, et une boule de flammes jaillit de ses mains, frappant le tonneau de plein fouet. Il s’embrasa instantanément, les flammes dévorant le bois avec une fureur incontrôlée.

Morrigane recula d’un pas, son souffle saccadé, le cœur battant à tout rompre. Le tonneau n’était plus qu’un brasier.

"Non, non, non ! "s’écria-t-elle, la colère revenant comme à chacune de ses frustrations quand elle n’avait pas ce qu’elle voulait.
Elle avait été si près du but, si près de maîtriser ce sort. Mais au dernier moment, la magie lui avait encore échappé. Elle regarda les flammes consumer ce qui restait du tonneau, les poings serrés. Elle n'avait pas totalement échoué cette fois, mais elle n'avait pas non plus réussi. Elle sentait qu'elle était sur le point de comprendre, mais la maîtrise totale lui échappait encore. Ses mains tremblaient, de frustration. Ses yeux brûlaient d'une nouvelle détermination.


"La prochaine fois, ce sera la bonne."


Morrigane resta là, à observer les flammes danser devant elle, un éclat de rage dans le regard. Elle n’avait pas encore maîtrisé ce sort, mais elle savait qu’elle n'était plus très loin. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne parvienne à contrôler cette puissance qui grondait en elle.

HRP : Suite de l’apprentissage du sort cuisson.

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Re: Les Ruelles

Message par Morrigane » dim. 3 nov. 2024 02:49

Ils avaient été convoqués peu de temps après dans les docks. Morrigane crut reconnaître l’endroit ; c’était jusqu’à cet entrepôt qu’elle avait suivi ses frères quelques jours auparavant. La première fois où elle avait aperçu Kibarg. Il faisait sombre et la lumière de la lune projetait des ombres inquiétantes sur les murs fissurés. Morrigane, Ardur, Vallen et Rodryk attendaient en silence l’arrivée de Kibarg. Ce dernier, voulant probablement ménager son effet dramatique, finit par entrer, flanqué de deux gardes. Il s’avança sans dire un mot, son regard calculateur balayant le groupe.

Kibarg prit enfin la parole, sa voix grave résonnant dans l’entrepôt.

« Merci d’être là. Vous savez tous que vous avez une dette envers moi… et j’ai trouvé un moyen pour que vous la remboursiez. »

Les regards d’Ardur et Vallen, rompus aux codes du milieu, se croisèrent brièvement. Ils savaient que ce genre de propos n’annonçait jamais une mission simple. Morrigane, quant à elle, resta impassible, ses yeux glacés fixés sur Kibarg, prête à entendre la suite. Kibarg poursuivit, sans se laisser interrompre.

« Dans quelques jours, un artefact d’une rare puissance sera vendu dans cette ville. Un collier. Il renferme une magie puissante et ancienne, et attire toutes les convoitises. Des figures de la pègre, des marchands influents, et même des éminents mages de l’Université cherchent à l’acquérir. »

Il laissa un silence s’installer, scrutant leurs visages pour mesurer leur réaction.

« Ce que je veux, c’est simple. Vous allez me rapporter ce collier. Et vous allez le faire gratuitement. »

« Gratuitement ? C’est une mission risquée, surtout avec autant d’intéressés. Normalement pour ce genre de mission, la prime est belle. » répondit Ardur, qui maîtrisait les règles tacites de ce monde, fronçant légèrement les sourcils.

Kibarg le fixa, un sourire glacial aux lèvres.

« Risquée, oui. Mais c’est le prix de votre dette. Si vous ne me le rapportez pas, alors nous réglerons les comptes autrement. »

Morrigane, attentive et calculatrice, sentait que cette mission allait exiger bien plus qu’une simple infiltration. Elle leva un sourcil, prête à en savoir davantage.

« Où se tient cette vente ? » demanda-t-elle d’un ton direct.

Kibarg haussa légèrement les épaules, savourant visiblement l’idée de leur confier cette part de l’enquête.

« C’est à vous de le découvrir. Ce genre de vente est organisée dans des lieux bien cachés, réservés à une poignée d’initiés. Je n’ai pas de détails, mais je sais que l’information circule dans certains cercles discrets de Tulorim. »

« Nous devrons donc sonder le marché noir. Les commerçants, les intermédiaires habituels, peut-être même les informateurs des quartiers riches. Quelqu’un doit bien savoir où et quand cette vente aura lieu. » ajouta Vallen, qui écoutait attentivement, d’une voix posée, comme s’il réfléchissait à voix haute.

Kibarg acquiesça, l’air satisfait.

« Vous commencez à comprendre. Cette vente attire un certain type de personnes, et ceux qui gravitent autour des grands marchands, ou même des figures de l’Université, en savent probablement quelque chose. Vous devrez user de persuasion. »

Le poids de la mission pesait déjà sur le groupe. Morrigane, néanmoins, restait impassible. Pour le moment, elle prenait cela comme une sorte de défi, et elle devinait qu’un tel collier renfermait des secrets qui pourraient être tout aussi utiles à elle qu’à Kibarg. Il se réservait le droit de tirer parti de cette affaire.

Kibarg, satisfait de leur silence attentif, conclut :

« Alors, c’est clair. Trouvez cette vente, prenez le collier, et rapportez-le-moi. Nous serons quittes. Mais si vous échouez… » Il laissa la menace en suspens, son regard lourd de promesses, et après un dernier regard appuyé à chacun d’eux, il tourna les talons, ses gardes sur les talons, les laissant seuls avec la mission à accomplir.

Un silence pesant s’installa, et ce fut Ardur qui le brisa en se tournant vers Vallen.

« Il va falloir mobiliser nos contacts. Tu connais quelques personnes qui pourraient nous renseigner sur les ventes secrètes ? »

Vallen hocha la tête, déjà dans l’action.

« Oui. Il y a quelques marchands qui pourraient parler s’ils sentent qu’ils ont quelque chose à gagner. Et je connais des gars qui traînent dans les cercles de l’Université… Je pourrais sonder de ce côté. »

Ardur hocha de la tête tandis que Vallen semblait réfléchir profondément avant de tourner sa tête vers Morrigane et Rodryk.

« La vente, c’est bientôt et il faudrait mieux ne pas perdre de temps. Séparons-nous ! Vous deux, vous pourriez peut-être sonder le Tripot de Franche Saurette. Il pourrait très bien avoir ce genre d’information. Les langues se délient beaucoup là-bas. Dites-lui que vous venez de ma part… »

Rodryk, resté silencieux, prit la parole, l’air préoccupé.

« Pourquoi vous n’envoyez pas des hommes à la pêche aux infos… »

Ardur répondit de sa voix tonitruante.

« Parce que, en général, on avance les frais pour une mission. En général, ça ne pose pas de problème, mais là vu qu’on doit faire les choses gratuitement, va falloir qu’on se charge de tout nous-mêmes. »

Vallen surenchérit.

« Dis merci à ta sœur… »

Morrigane, le regard froid et calculateur, ne réagit pas. Cette petite pique lui passa au-dessus. Ardur reprit alors :

« Bien ! Alors si tout le monde sait ce qu’il a à faire, on y va. On se retrouve au QG dans trois heures. »

Sans un mot, Morrigane tourna les talons, prête à se lancer, Rodryk la suivant de près. Le défi, malgré les risques, promettait de tester ses compétences et de lui en apprendre davantage sur ce mystérieux collier.

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