IV.5 Chasse et entraînement.
IV.6 Voyager au-delà des frontières.
Après une bonne nuit de repos, je me prépare pour un long voyage. La forge du Fenris se trouve par delà les montagnes et je pars avec des vivres pour plusieurs jours. Grand’Ma et Gärähm m’ont d’ailleurs préparé de la viande fumée, qui pourra être conservée durant une bonne partie de mon périple. Refusant mon départ si loin, j’ai même retrouvé Gärähm au bord de mon lit, espérant que je la réveille en me levant. Cependant, entre sa fatigue et mon expérience pour être discret le matin, elle n’aura pas le loisir de me voir partir. Se dire au revoir en partant si loin, revient à faire des adieux et je n’ai pas la force de le supporter. Rassemblant sans bruit mes effets personnels, je quitte la yourte, jusqu’à ce qu’une main usée par le temps attrape la mienne.
"Sois prudent et que Fenris t’accompagne dans ton voyage !" Prie Grand’Ma.
Pour toute réponse, je préfère prendre sa main entre les miennes et l’embrasser, avant de la poser sur elle. Un geste simple, mais qui porte en lui toute l’affection que j’ai pour cette femme.
Je retrouve le renne à l’extérieur du village et l’éloigne de celui-ci. Il a tendance à être nerveux lorsqu’il est près des hommes. Lorsque je le sens plus tranquille, je regarde sa plaie. Bien qu’une cicatrice soit présente, celle-ci est complètement fermée. Je passe donc un peu de temps à la caresser, à prendre sa tête entre mes mains, renforçant ainsi le lien qui nous unis. Puis, après avoir le sentiment qu’il m’accepte davantage, je tente de la monter. Ma première tentative est un échec. Le renne ne comprend probablement pas ce que j’essaie de faire. J’ai beau m’y prendre à plusieurs reprises, il bouge trop pour que je puisse trouver mon équilibre. Il faut dire que je n’ai rien pour m’asseoir et le guider, comme l’éclaireur de Faërlom. Finalement, c’est en prenant appui sur une grosse roche, que je trouve le moyen de le monter avec plus de douceur. J’attends un peu en le caressant, pour lui signifier que je ne compte pas m’en prendre à lui, malgré cette nouvelle expérience entre lui et moi. Il finit par avancer après lui avoir tapoté l’arrière-train et je parviens à le guider en inclinant les bois de sa tête à l’aide du manche de ma lance.
Ainsi, notre premier voyage ensemble débute. Nous parcourons les étendues neigeuses, ramassant lorsque c’est possible de quoi nous sustenter. Chaque soir, j’établis un camp en creusant dans la neige, mais cela me prend du temps avec mes simples haches. Avant de me coucher, je m’exerce à cette technique. Je multiplie l’utilisation de mon énergie, je cherche à perfectionner la manipulation, mais je sens toujours que mes coups sont trop lourds et manquent de vivacité. C’est pratique face à des ennemis illusoires ou des branches d’arbres, mais contre de vrais ennemis, je n’ai aucune chance de toucher. A cause de cela, je m’endors systématiquement avec l’esprit morose, mais je retrouve mon entrain lorsque le museau du renne me réveille en me léchant le visage. Je prends soin de lui et m’assure qu’il n’ait reçu aucune blessure durant la journée.
Voyager à dos de renne me permet d’admirer le paysage de Nosveria. Ces immenses monts scintillants d’un blanc pur, ces nuages et ces brumes qui parsèment le relief et lui donnent un côté mystique. Même ces bourrasques de vent, emportant lorsqu’elles atteignent les cimes enneigées, des particules blanches, donnant l’impression d’un essaim d’esprit des glaces prenant son envol. J’atteins finalement le sommet de la chaîne montagneuse parcourant mon chemin. Sur les côtés, la Crête Hurlante et plus près de moi, le Croc de Fenris atteignent des hauteurs inimaginables et caressent le ciel. Alors que derrière-moi je délaisse le relief du village et les Plaines Gelées plus loin, devant, j’aperçois comme j’en ai rarement eu l’occasion le territoire étranger des humains. On dit que des Fenris y auraient également élu domicile, mais on prétend également que certains êtres vivraient des siècles voir des millénaires. Quelle absurdité !
Je poursuis mon chemin au-delà de mes connaissances. De ce que j’ai entendu dire, pour atteindre la fameuse forge, il faudrait atteindre un lac, bien plus vaste que le village de Gròòth Vallhü On dit même que ce lac serait la limite du territoire entre le Nosveria et celui des hommes. Cette étendue d’eau, encerclée au cœur même de la montagne est stupéfiante. Je m’y approche pour que l’on se désaltère et refaire nos réserves d’eau. Je me perds à contempler cette étendue d’eau sans fin, dont les reflets sur l’eau lui donne un effet hypnotique sur moi. Ensuite, il faut descendre la montagne jusqu’à atteindre une mer d’arbre infinie. Je reste sans voix en regardant le nombre infini d’arbre qui me fait face. Les nombreux pics vêtus d’un manteau blancs de cette forêt, ondulent au rythme des vents, comme une mer de conifères animée par les vagues. Avec de telles ressources, il n’y a aucune limite à ce qu’il est possible de construire. Je délaisse mon envie folle de m’attaquer à ces arbres, pour continuer ma route en les contournant. Il ne me reste plus qu’à poursuivre mon chemin en longeant une vaste étendue d’herbe glacée. Je suis étrangement moins dépaysé par cette vision qui me rappelle les Plaines Gelées, une vaste étendue blanche aux nuances de vert. La vraie différence avec ma terre natale reste la température, sensiblement plus chaude ici.
IV.7 Orglaf le forgeron.