Un silence de mort tombe sur l'assistance. Gaël est effondré et Kieran se prépare déjà à défendre chèrement sa vie. Alors que Heartless s'avance, tous les adrydes apprêtent leurs armes, prêt à tirer en réaction à un ordre de leur chef... ordre qui ne vient pas. Les réactions totalement opposées du groupe le laissent perplexe, et démontrent bien malgré elles qu'il n'a pas affaire à une armée d'invasion unie !
Puis, un sourire se forme sur son visage, un sourire complexe, presque indéchiffrable et chargé d'émotions contradictoires. Comme face à Shada'iss, il semble à la fois déterminé et prêt à faire un massacre, et fier de ce qu'il voit.
« Même si j'avais de la peine à y croire, j'ai toujours su que cette période serait difficile... » murmure-t-il comme pour lui-même.
C'est Kieran, alors, qui prend la parole :
« Vous ne savez pas que faire, hein ? Normal, vous ne comprenez rien au monde extérieur. Nous pouvons vous aider, mais il va falloir faire un geste et, comme l'ont demandé plusieurs de mes compagnons, nous donner des explications. »
Nouveau silence. Shada'iss en profite pour lancer un regard lourd de sens à Nessandro, et Daer'on lui-même en est mal à l'aise : l'insulte, incompréhensibles pour beaucoup, est dure envers celle qui l'a lui-même libéré de l'esclavage. Puis, la princesse déclare :
« Je pourrais répondre à leur question, à présent, père. Mais si quelqu'un doit le faire, c'est toi... ou mère. »
Il hoche la tête et lève son épée. Un éclat de lumière flamboyante vous éblouit un instant, puis, apparaît une femelle aldryde. Blanche, irradiante de lumière comme le roi irradie de flamme, elle porte un regard aiguisé à l'assemblée.
« Je suppose que tu as tout suivi de loin, Vala'iss... » fait remarquer Javan'stir.
« Bien sûr. Mais ainsi que l'a dit ma fille, je pense qu'ici, le choix te revient. Mon choix, tu le connais déjà. »
Il soupire et baisse son arme, et ainsi fait le reste de l'armée. Puis, il déclare :
« Ainsi ont parlé les prophéties, ou du moins ce qu'on en comprend encore après des millénaires : Tous les cinq-cent cycles du calendriers céleste, soit tous les onze-mille ans environ, le feu dans le ciel réapparaîtra. Il annonce le retour du Phénix vers son nid, mais aussi la venue du Mal qui tentera de le détruire et celle des étrangers portés par les hasards du destin. Dans la fête et la joie, mille flammes s'élèveront pour consumer à mort l'oiseau du feu de la vie, et dans les ombres il errera, en quête de renaissance, afin qu'un nouveau cycle débute. Le Mal aux millions de visages viendra pour l'anéantir. En ce jour, les gardiens de la ruche devront être prêts à se lever pour défendre le cycle, aidés des étrangers tout en se gardant de leurs possibles trahisons. À la fin, la fontaine de jouvence viendra, le Phénix renaîtra et les anciens accords seront renouvelés. Prenez garde à ce que le Mal qui rampe à travers les millénaires et ne meure jamais ne triomphe pas, car la fin du cycle et l'extinction du Phénix, feu de la vie, serait la pire horreur qui puisse subvenir. »
La femme blanche complète :
« Et alors, un nouveau calendrier sera forgé, de nouvelles tablettes seront gravées et, à nouveau, la ruche du Phénix s'enfoncera dans l'oubli en attendant la fin de ce nouveau cycle, assurant par sa garde vigilante que la vie perdure jusque dans les profondeurs du vide. »
Un silence étrange s'installe, tandis que chacun cherche à comprendre ces étranges paroles. Personne n'a jamais vu de Phénix, mais certains d'entre-vous le savent : ils existaient par le passé... avant d'être tous exterminés. Mais l'histoire se répète, comme au temps jadis : comme plusieurs aventuriers des temps anciens, dont Darion, vous êtes venu ici, et cette prophétie vous donne un rôle aussi ambiguë que celui de vos prédécesseurs. Vala'iss lâche alors ceci :
« Ainsi, vous êtes venu, vous, les étrangers qui nous aideront ou nous trahiront. Mais vous n'êtes pas seul : le Mal arrive, du moins je suppose que c'est lui. Une armée s'assemble au pied de la montagne et nous devrons être prêts. »
Javan'stir laisse échapper une exclamation de colère et distribue aussitôt ses ordres, dispersant ses troupes pour parer à la menace qui approche. La reine Vala'iss conclut :
« Mon époux prend à cœur son rôle de guerrier. Je suis la reine Vala'iss, gardienne des traditions. Vous avez bien des questions et, pour être honnête, nous aussi. Venez avec nous. Si nos calculs sont bons, la fin du cycle aura lieu cette nuit, et nous aurons nos réponses. »