Lande Noire

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Jorus Kayne
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Re: Lande Noire

Message par Jorus Kayne » jeu. 31 août 2023 23:50

Mon réveil est à l’image des récents événements : désastreux. Je n’ai pas eu l’intention de dormir et donc, je n’ai pas pris le temps de me faire un petit nid confortable. J’ai mal partout. Littéralement partout, même à des endroits que je ne pensais pas possible. Mon premier réflexe est de m’étirer tout le corps avant de retrouver les autres. D’ailleurs est-ce qu’ils me cherchent ? Est-ce que…Yliria me cherche ? Mes pensées vont vers elle et la déclaration que je lui ai faite la veille, faisant monter le sang aux joues. Que pense-t-elle de moi ? Qu’est-ce que cette déclaration va changer entre nous ? Qu’est-ce que cela va changer en moi ? Mon comportement va-t-il changer au point de ne plus être moi-même ? Cette pensée m’effraie. Je n’aime pas cette idée de ne pas être fidèle à moi-même, plus encore, la possibilité qu’Yliria puisse m’aimer sans être moi-même.

(Boujour toi !)

(Salut mon mignon ! Ca va je te sens troublé !)

(Mon mignon ? Je devrais mourir plus souvent je c…)

(Ha non, c’est pas drôle ! Tu commences pas avec des remarques de ce genre qui portent l’œil ! T’es pas assez mort comme ça ?)

(D’accord, d’accord. Je te taquine.)

(Je te surveille attention !)

(Bien reçu madame !)

Les petits échanges avec ma faéra m’offrent des moments d’évasions toujours agréables. Un vent de fraîcheur avant d’entamer les étirements habituels. Ayant l’impression d’avoir un dos de vieillard après ce sommeil terrible sur des rochers, je fais quelques exercices d’assouplissement du dos. Je n’ai pas de poisson volant, de portail magique ou de bouclier lourd. Pour me battre, je n’ai que mon corps et son agilité pour me battre. Céder au pire moment, parce que je n’ai pas assez pris soin de moi n’est pas concevable.

Alors encore une fois, une fois parmi tant d’autres, je ne néglige aucune partie de mon être et pousse mon corps dans ses limites. Après mon dos, c’est toute la partie inférieure qui subit ce que beaucoup nomme : une torture inconcevable. Pourtant, c’est cette discipline qui me permet encore aujourd’hui d’avoir des jambes souples. Mes acrobaties ne sont pas réalisables sans cette capacité à bouger sans contrainte. Les petits pas simples mais maîtrisés qui évitent les attaques d’un poil de cul ne sont permis que par cette tonicité dans les chevilles. Je connais aussi peu de personnes qui sont en mesure de réaliser un grand écart, ou même brandir une jambe droite au-dessus de la tête. Après avoir souffert de nouveau, je passe aux bras. De la fulgurance de mes bras à la souplesse de mes poignets, rien n’est à oublier si je veux être en mesure de frapper comme j’en ai l’habitude.

J’ai bien senti dans mes exercices précédents que le passage de plusieurs jours inerte, n’a pas été sans conséquence. Plus je passe de temps sans m’exercer et plus il m’est difficile de conserver ce niveau d’exigence que je m’impose. Etirant mes bras, je sens comme une douleur à l’intérieur. Quelque chose de nouveau dont je porte la responsabilité sur cette période dans la cuve. Ainsi, je force davantage sur eux, accroissant au fur et à mesure cette étrange douleur. Mieux vaut ne pas provoquer de déchirure inutilement, alors je préfère ne pas forcer, juste un dernier mouvement avant de m’arrêter. Mais ce mouvement est de trop.

Alors que mon bras est tendu derrière-moi, je suis surpris par une vive douleur de la naissance de l’avant-bas, près du coude, jusqu’au creux de ma main, mais plus encore par ce qui suit. Une force venant de derrière-moi me tire violemment. C’est comme si, mon bras tendu avait saisi quelque chose et tirait de toutes ses forces. Chose totalement impossible, car il n’y a rien à moins de deux mètres dans cette direction. Pourtant, me voilà projeté contre un mur. J’ai au moins la chance, grâce à mon bras que j’étirais à ce moment-là, de pouvoir amortir le choc. Néanmoins, ma tête frappe contre des débris, faisant résonner l’ensemble de ma tête.

(Ca va mon Jojo ?)

(Ho punaise, je sens que je vais avoir un mal de tête moi ! Oui, tout va bien. Je…j’ai juste pas compris ce qu’il s’est passé.)

Je prends le temps de me relever, ainsi que d’observer ce qui m’entoure. Rien. Personne n’est présent. Y aurait-il quelqu’un en mesure de cacher sa présence, d’être totalement invisible ? Je pense d’entrée de jeu à la régicide qui doit cacher des secrets, ou même Akihito qui aurait pu user de ses pouvoirs de foudre. Cependant, je trouve cette dernière idée sotte. Je ne le connais peu, mais je doute fortement qu’il soit ce genre d’homme. Mais alors qui ou quoi ?

Je frotte mes mains l’une contre l’autre pour enlever la poussière qui s’y trouve, avant de sentir quelque chose de nouveau encore. Sur le creux de ma main, une cicatrice en forme de croix y est présente. Du moins, deux sillons sont tracés comme des coupures, mais pas de trace de sang visible. Cette croix me rappelle mon rêve dans lequel j’avais arraché les fouets de mon double. Il avait les mêmes marques dans le creux de ses…

(Deux mains ! J’ai ces trucs sur les deux mains !)

(C’est…c’est peut-être rien !)

Pas vraiment convaincu, je me fais la réflexion de voir Zacara dès que possible. En-tout-cas, un léger mal de tête arrive rapidement, m’empêchant de penser à ce problème pour le moment. De toute façon, c’est pas comme si j’étais capable de faire quoi que ce soit. Alors je ramasse mes affaires, tâchant de ne pas aggraver mon mal de tête, avant de partir rejoindre les autres.

En chemin, je ne cesse de ressasser le rêve de cette nuit. Mon double et ses fouets m’ont laissé un souvenir désagréable. La main droite portée à la tempe à cause de la blessure plus qu'au mal de tête, c’est la gauche que j’observe encore et encore. Particulièrement cette croix dans la paume de ma main. L’avais-je déjà hier ? Est-ce que sa présence à un rapport avec mon rêve ? Je n’en sais fichtrement rien et en plus de n’avoir aucun moyen d’y répondre, je me suis encore perdu. Bordel ! Bon cette fois-ci j’arrive à retrouver mon chemin un peu plus rapidement et après avoir erré dans ce dédale, je retrouve la salle commune, où un espace semble nous avoir été réservé. J’y retrouve du monde déjà présent : Teruki bien entendu, Vissélion, Ibn et Maïssa. Je déplore donc la présence agréable de la belle semi-shaakt. Tant pis. Je salue les personnes déjà présentes levant la main et par réflexe, je préfère ne pas dévoiler les marques sur mes paumes. Puis je m’en vais prendre une chaise, me permettant de voir venir les prochains intervenants, guettant la venue d’une personne en particulier.

J’ai mal à la tête, j’ai encore mal au dos de ma nuit et j’ai ce maudit rêve encore en tête. Pourtant, mon visage s’éclaire lorsque je vois Yliria arriver. Je regarde sa douce silhouette, sa démarche, son allure, le regard qui se pose sur moi avec un soupir. Hein, un soupir ? Mon cœur se met à battre la chamade en la voyant venir jusqu’à moi. A-t-elle réfléchi ? Souhaite-t-elle s’ouvrir à moi et m’offrir son cœur ? Non, pour le moment juste un tissu propre et un regard curieux me concernant. Tant pis. Cependant, elle semble attendre une réponse et tandis que tout le monde pose déjà les bases des sujets à venir, mon monde ne tourne qu’autour d’elle et de ses yeux envoûtants. Je perçois toujours de qui se passe, comme la venue des uns après les autres, ou même la présence de la régicide derrière-nous.

Je me saisis de son tissu et remarque que ma main est tâchée de sang. Du sang ? Je fais rapidement le rapprochement avec ma blessure et la curiosité de la belle enchanteresse. Que devrais-je lui dire ? Je ne sais pas comment l’expliquer moi-même ! J’ai été projeté soudainement contre le mur. Ce n’est pas quelque chose d’anodin et encore oins explicable.

(Si j’en parle on va encore m’accuser d’avoir voulu utiliser la magie ! Non faut que…que je trouve autre chose !)

"C’est rien. Tu devrais voir l’autre gars d’en face !" Fais-je en souriant, avant de reprendre. "Non j’ai juste eu un réveil…mouvementé !"

Je prends un peu d’eau avec moi et m’essuie la main ainsi que le visage. M’amusant de la réplique d’Yliria sur le fait de confondre un oreiller avec un rocher. Pendant ce temps, tout le monde parle de sujets divers. Silmeria affirme que Trifalgin n’a plus de raison de se venger de la mort de Vallel, Xël rétorque qu’il n’était que curieux du sceau et s’il est resté en dehors de la ville, c’est que la brume qu’il produit dévore la chair. Contrairement à toute attente, c’est Xël qui évoque son intérêt de partir pour Messaliah et s’il ne dispose plus de ses pouvoirs, Ibn se joindra à nous pour nous servir de guide ou même tenter de ramener ses apprentis à ma raison. De plus, il faudra un Cadi Tangin pour réactiver la pierre. Yliria elle, toujours aussi charmante même lorsqu’elle s’agace, s’offusque en évoquant notre mort, sujet important pour elle et que tout le monde semble éviter. Mathis la remercie de porter le sujet sur la table et en plus d’excuses, il explique en détail ce qui l’a poussé à agir et invite même à Silmeria à en parler, comme cela vient d’elle. Hélas, nulle explication ne viendra. Dracaéna porte d’autres sujets sur la table comme la possibilité des ouessiens à communiquer entre eux. Capacité que moi-même j’ignorais. Cependant, je tâche de garder en mémoire son étrange appellation du fléau qu’il nomme : Brythagon.

Enfin, Vissélion répond aux inquiétudes du sceau, minimisant les craintes et les réduisant aux seules connues actuellement. Une simple étude serait préférable, mais je pense que s’est surtout sa curiosité qu’il met avant tout, avant même les risques. Puis à la question de l’oudio sur la présence d’un sorcier ayant participé à la création du sceau, il évoque la vieille Lamiria Guéryick, mais qui n’aurait plus assez sa tête pour être de bon conseil. Akihito cherche et je dois l’admettre, avec raison, à recentrer le débat sur un même sujet à la fois, à commencer par le problème actuel du sceau. Poussé par Mathis, Vissélion déclare que nous pouvons aider aux défenses, mais sous-entend que cela nuirait à notre lutte contre le dragon. Cependant, l’étude du rayon et la reconstruction des défenses restent prioritaires. Yliria, qui s’intéresse aux renforcements de la cité devra rencontrer Alossarh le responsable actuel des travaux. A Silmeria qui propose d’offrir le produit particulier d’Aetheris à l’ancienne, Vissélion doute que cela puisse calmer les effets secondaires du temps sur son esprit.

Je regarde le groupe, presque sidéré par ce que j’entends, ou n’entends pas. Jusque-là, nul n’a évoqué la disparition de Silmeria. A croire qu’au final, c’est une bonne chose. Mais ce n’est certainement pas mon avis.

"Je suis d’accord avec Akihito, il y a beaucoup de choses à voir. Des points essentiels comme notre passage au royaume des morts, le sceau principal ainsi que le gros problème ailé. Il y en a d’autres comme les ouessiens qu’il faudra évoquer. J’ai cru comprendre avant cette réunion que ce que je prenais pour prioritaire semblait secondaire, mais pourrions-nous ne pas oublier Simaya ? C'est la première fois qu'on la mentionne ! Elle est portée disparue, pas morte !"

Je m’arrête un bref instant, durant lequel je me gratte la paume des mains sous la table, avant de reprendre.

"Mais un sujet à la fois ! Le sceau donc. J’ai eu l’occasion de rencontrer l’âme de l’ancien archisorcier Thensoor Val’Crooh. Lorsque j’ai évoqué la situation du sceau et la régression de la corruption, il l’a trouvée inquiétante. Selon lui, si la Lande Noire cherche à s’étendre, elle ne peut se résorber. Et si le cœur de ce monde venait à être purifié, cela perturberait l’entièreté de la magie." Je poursuis en portant mon attention à Vissélion. "Des possibilités que vous-même Vissélion avez émis, dont également l'éventualité que rien ne se passe, ou que le monde explose, mais personnellement, je n’ai pas vraiment envie de prendre les paris et risquer la vie de toutes les âmes de ce monde."

Je regarde ensuite les autres dans les yeux en enchaînant, sauf Silmeria qui est toujours dans mon dos et ne fait nullement l’effort du contact visuel.

"Eriger des défenses de la ville est une bonne chose, mais cela ne réglera pas l’absorption de la corruption et nous seuls pouvons agir avec notre magie. Magie dont on ne sait rien de son origine et si on la perd, pour une raison ou une autre, on aura plus le moyen d’agir sur elle. Je pense donc qu’on ne peut se permettre d’attendre pour rétablir le sceau, comme il était prévu, mais avec la menace du Titan en moins."

Xël offre une magnifique porte de sortie à Vissélion, déclarant que c’est aux sorciers d’agir sur leur sceau, puisque nul autre ne possède de connaissance à ce sujet, quand bien-même j’avance l’argument de la fin du monde ou de la perte de la magie, unique arme contre le dragon actuellement. Vissélion consent au préalable que la disparition de Simaya est préoccupante, trouvant pertinent de savoir ce qui s’est déroulé, il maintient que l’étude est primordiale avant toute action, arguant que la désactivation du rayon pourrait être tout aussi catastrophique. Il est certes connu pour son imprudence, mais il prétend que la sagesse est mère de sûreté. S’appuyant sur l’affirmation de Xël, il clôt ainsi le sujet sur le sceau.

(Merveilleux ! Comment balayer des arguments de fin du monde d'un revers de la main ! Bon et bien il a plus qu’à s’occuper du dragon, avant que tout ne nous pette à la gueule ou que la magie ne nous fasse défaut ! Vu notre vitesse, c’est pas gagné ! Et dire que Mathis espérait le fameux lien entre Xël et Simaya pour retrouver cette dernière. Quelle blague !)

J’ai beau essayer de prendre la chose du bon côté, je ne peux m’empêcher d’être frustré. Laisser le sceau et probablement le destin du monde entre les mains de Vissélion ne me plaît guère. D’autant plus que personne ne semble relever mes avertissements et les craintes portées par Thensoor. Vissélion a beau être le sorcier le plus compétant, il est en partie parce que beaucoup sont morts. Ca et cette démangeaison qui ne cesse de…Mais c’est quoi ça ? Une sensation étrange et particulièrement inquiétante est perceptible en me grattant. Portant un regard pour confirmer qu’il y a bien quelque chose, je constate qu’il y a non seulement une intrusion qui n’a rien à faire ici, mais que cela me rappelle mon double dans le cristal avec ses trucs ignobles dans les mains. C’est tout de même pas…

"Ho non !" Fais-je dans un murmure, refermant mes mains l’une sur l’autre d’un coup sec, alors qu’un sentiment de panique commence à naître.

(Par les tentacules des annedoti, c’est…c’est…c’est ces maudits fouets ! Je les reconnaîtrais entre mille ! Ca me pousse dans les mains comme celui qui se prétendait être moi dans le cristal. Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Suis-je en train de devenir comme mon double ? Cette espèce de monstre dont la seule envie était de me faire subir des souffrances pour l’éternité ! Vais-je avoir les mêmes pulsions sadiques ? Bon sang, que va penser Yliria si elle voit ça ? Allez, ça va, c’est rien, il y a quoi quatre ou cinq centimètres pas plus…hooo merde ça pousse encore, comme si ça voulait sortir en entier !)

(Essaye de te calmer ! J’ai l’impression que plus tu paniques et plus ils sortent. Essaye de penser à autre chose ! Pense à Yliria !)

Mais la panique se fait de plus en plus forte et les questions arrivent plus inquiétantes les unes que les autres.

(Que va-t-il se passer si ces choses sortent là comme ça, d’un coup ? Que vont penser les autres ? Que va penser Yliria de moi ? BORDEL, JE DEVIENS QU…)

Interrompu dans mes pensées, c’est un relent de bile noire comme l’encre d’un calamar qui me sauve de mon état. Sauf que ce n’est pas un mollusque qui vient de rependre ses fluides, mais Silmeria. Je suis stupéfait de me savoir sous une fontaine à l’eau plus que douteuse. Pourtant, loin du dégoût que cela pourrait provoquer, je prends plaisir à ne plus ressentir la pression qu’exercent ces horreurs dans le creux de mes mains. En les ouvrants, un profond soulagement m’étreint, comme si mon monde venait d’être sauvé. Yliria et Akihito m’invitent à me rendre à l’infirmerie et d’emmener avec moi l’outre à gerbe noire. Je ne sais si c’est à cause du liquide ignoble sur moi, ou si elle a remarqué mon état particulier, mais je m’en moque complètement à présent. J’ai non seulement l’envie d’aller voir Zacara, mais j’ai une opportunité en or pour m’éclipser d’ici immédiatement, avant que ces choses ne refassent surface et je vais pas me faire prier.

"Oui, oui ! Tout de suite !"

Je me lève et fais de même pour l’elfe qui a fini à genoux, se rattrapant à moi pour ne pas finir au sol. Cherchant comment je pourrais m’y prendre, je commence à hésiter. Le plus logique serait de passer un bras par-dessus mon épaule pour la soutenir, mais elle pourrait voir mes mains. La porter sur mes bras ? Il ne manquerait plus que ces choses sortent et se baladent sur son corps, lui faisant croire à un abus de ma part, et sur elle se surcroît ! Non, je ne peux clairement pas me permettre ça, pas tant que ces choses sortiront d’elles-mêmes ! Au bout de quelques secondes d’hésitations durant lesquelles j’ai regardé les paumes de mes mains, je finis par la prendre par les jambes, faisant basculer le haut de son corps par-dessus mon épaule. C’est sûr, c’est pas la meilleure position pour quelqu’un qui vomit, mais vu la gueule du truc, mieux vaut dehors que dedans. Sans demander mon reste, je quitte notre petite réunion pour finalement rejoindre l’infirmerie et Zacara.

Fort heureusement pour moi, la fontaine ambulante se laisse faire. J’ai donc le loisir de la transporter dans les couloirs de la cité, tout en m’assurant que rien ne soit visible pour elle. Il ne manquerait plus qu’elle balance à tout le monde ces machins dans mes mains, alors que j’étais en train de la transporter et…

(Par les griffes des Drakarns elle reviennent !)

Comme deux vers sortant de terre, ces odieux machins refont surface. Heureusement que l’autre cinglée n’est pas en mesure de voir ça. Croisant des sorciers sur mon passage. Je cache mes bras dans les manches opposées. Ainsi, pas de problème. Même si je sens ces choses se répandre dans mes manches, grandissant encore et encore.

(Il faut que tu te calmes ! C'est la panique qui les fait ressortir.)

(Facile à dire quand on se trimbale pas un danger ambulant crachant de la bile noire !)

(Honnêtement, je suis pas sûr que ce soit elle le problème !)

(On arrive à l’infirmerie ! Faut que je les fasse rentrer à nouveau !)

(Ton double avait l’air de les manier à la perfection, je pense que tu devrais en être capable ! C’est comme le jet de flamme du dragon, faut trouver le truc.)


(Le truc hein !)

Faire rentrer quelque chose dans son propre corps, y a pas à dire, le seul exemple qui me vienne ne m’inspire rien de glorieux. Pourtant, c’est la seule chance qui me reste si je veux éviter de montrer mes paumes de mains à tout le monde. Alors, me concentrant sur mes mains, je fais comme si j’étais accroupi le cul à l’air, aspirant par les fesses ce qui refuse de lâcher prise depuis plusieurs longues minutes. Etrangement, je sens un changement s’opérer. Se baladant dans mes manches, ces choses font le chemin en sens inverses et disparaissent à l’intérieur de mes mains.

(Sauvé !)

(Aspirer de la merde par le cul ? C’est tellement…toi !)

Arrivant à l’infirmerie, je cherche Zacara et son attention, de même qu’un lit ou un table disponible.

(Une planche à clous aurait tout aussi bien fait l’affaire !)

(Avec des trucs bien pointus !)

"Zacara ! On a... Elle est... Voyez vous-même !"

(Tu voulais pas voir Zacara aussi ?)

(Ca me fais chier, mais pour le moment faut s’occuper d’elle. S’il lui arrive quelque chose on va me le reprocher !)

Ne comprenant pas, il demande si elle regrette d’avoir mangé de la poussière. Il ne semble pas inquiet par la gerbe noire qui se trouve sur ma nuque. La régicide s’assoit avant de s’essuyer la bouche et de me tendre une gourde d’eau en s’excusant, pour que j’en use afin de me nettoyer. Provoquant une réelle surprise.

(De quoi ?)

(Elle…)

(…a dit…)

(…qu’elle…)

(…s’excusait ?)

(Visiblement oui !)

(Je rêve pas ?)

(Alors on serait deux à faire le même rêve ! Nom d’une belette si on m’avait dit que j’entendrais un truc pareil ça me…)

(Ca me coupe le sifflet !)

"Heu...merci mais c'est plus qu'une gourde qui me faut." Fais-je en repoussant gentiment sa proposition. "Mais y a... Y a pas d'lézard, j'avais justement d'autres chats à fouetter ! Ou(Si…Non !i...non, mauvaise image !"

(Ha ba pour le coup non, l’image est bien venue ! Bon il n’y a pas de chat !)

(Si, il y a la chatte de…)

(Nom d’une belette tu as raison ! Vas lui fouetter les patounettes de la minette à ce fichu blondinet !)

J’ignore si elle feint la comédie, mais elle paraît triste en gardant sa gourde avec elle. Elle explique qu’elle a commencé à pleurer des larmes noires, il y a plusieurs heures de cela, avant de vomir cette chose ignoble. Puis elle termine en terminant qu’elle-même ne sait pas ce qui lui arrive. C’est étrange, mais la voir comme ça c’est…on la croirait presque fragile.

"Pour info, sur notre monde c'est pas quelque chose de très normal. A mi-chemin entre l'inquiétant et le franchement flippant !" Dis-je. Des fois qu’il existe un peuple ici adepte des relents particulièrement immonde.

Réfléchissant au premier abord, il pose une main sur la gorge de Silmeria qui, alors que je m’attendais à ce qu’elle sorte ses lames pour lui couper les doigts, se laisse faire. Après un bref instant de concentration, il clame qu’elle est cependant en forme. La noirceur est présente en elle, comme l’est la corruption de la Lande Noire et il se demande si elle est infectée.

(La corruption de…Ho, on est pas dans la merde !)

Silmeria confirme avoir été sous l’effet de la corruption, mais elle précise que c’est principalement à cause de l’effet de bracelets qu’elle porte. Sachant la dangerosité que possèdent déjà ses objets personnels, je regarde la source de son état avec une certaine inquiétude.

"Encore un truc dont il faut se méfier, comme les cauchemars ?"

Elle me répond franchement, du moins je l’espère, qu’ils lui permettent de disparaître dans les ombres, me remémorant la scène où elle disparaît, juste avant qu’on ne meurent à cause du sort de Mathis. Zacara porte son attention sur eux, loin de se méfier comme je le fais. Rien ne lui arrive, mais s’il confirme qu’il y a bel et bien de la magie à l’intérieur, il ne l’a comprend pas. Puis il s’intéresse à ce qu’ils sont et comment ils l’affectent. Elle explique qu’il s’agit d’une relique et qu’elle a longtemps été épargnée par ses effets, mais qu’aujourd’hui, elle se déclare fatiguée. Elle ignore s’ils réagissent à ce monde, la corruption de la Lande Noire ou la magie, mais un phénomène se déclenche à chaque fois qu’elle les utilise. Elle le prouve sous nos yeux. Disparaissant sur le lit d’en face, ses yeux débordent d’un liquide sombre, deux sillons noirs se forment lorsque ses larmes se mettent à couler sur ses joues.

"Du coup...mieux vaudrait éviter de les utiliser non ?"

Zacara va plus loin et propose même de se débarrasser de ces choses. Cependant, elle a déjà tenté de le faire, mais ils l’appellent sans relâche. De même, si elle les retire, elle subit toujours les effets, comme s’ils étaient à présent une part d’elle, ou elle une part d’ombre.

" Ça n'a aucun sens." Se lamente-t-elle.

"Il y a bien des choses qui n'ont pas de sens !" Dis-je dans un murmure, regardant les croix dans la paume de mes mains, à l'abri des regards indiscrets.

Ignorant quoi faire, Zacara propose une idée surprenante : un exorcisme. Une idée qui semble donner un peu d’espoir à l’hinionne qui demande si cela pourrait purger son corps de cette corruption.

(Si seulement ça pouvait purger bien plus, comme sa folie passagère !)

(Ses penchants pour les actes dangereux !)

(Ses cauchemars !)

(Son double !)

(Sa folie !)

(Tu l’as déjà dit.)

(Oui mais c’est parce qu’elle est vraiment dingue !)


(…Pas faux.)

(Ses aptitudes au trouble de groupe !)

(Ses allégeances douteuses !)


(Sa capacité de se faire insulter par ses supérieurs !)

(Sa capacité à se faire influencer par le premier esprit tordu !)

(Ses attitudes en public !)

(Son amour pour les belettes !)

(De quoi ?)

(Folle comme elle est, je suis sûr qu’elle les adore !)

(…Sûrement !)

En tout cas de leur côté la situation stagne et la mention des ouessiens pouvant posséder le savoir nécessaire me ramène à la conversation.

"Les Ouessiens ? Sérieusement ?" Fais-je en soufflant. "Quand bien même ils sauraient quelque chose, ils ne divulgueraient rien ! Ils gardent le savoir de ce monde pour eux !"

Alors que Silmeria m’invite à venir la voir, m’offrant une mauvaise impression de vouloir s’occuper de l’autre côté de ma nuque, elle remercie le sorcier et en gage d’héritage confie ses maudits bracelets à Vissélion. Zacara lui secoue la tête à mes propos, critiquant mon raccourci et justifiant qu’aucun de nous n’auraient été présent à Elscar’Olth s’ils avaient de même nous concernant.

(Ainsi donc Zacara en sait plus sur les ouessiens ! Je suis curieux de connaître son avis les concernant.)


"Ha ! Dans ce cas je serais ravie d'en savoir plus, mais..." Je me rapproche de lui sur le ton de la confidence. "Pourrais-je également vous voir pour..." Je regarde Silmeria et invite du bras Zacara à s'éloigner d'elle. "C'est... comment dire...le mieux serait de vous montrer directement...enfin si j'y parviens !"

Je montre la paume de mes mains dans lesquelles des cicatrices en forme de croix sont présentes.

(Bon heu…comment on fait pour les faire ressortir maintenant ?)

(Je dirais une bonne dose de stress ! T’as pensée à ce qu’Yliria va dire quand elle te verra avec des horreurs ?)

Il ne faut pas plus de temps pour que de mes mains, un fouet de quelques centimètres commence à s'extraire, gigotant comme un ver à la découverte d’un monde nouveau. Déjà pas à l’aise avec ces choses, le sursaut du sorcier ne m’aide en rien pour me sentir mieux. S’interrogeant sur ce qu’il m’arrive, il se met à plaisanter que l’air de la Lande ne semble pas être à notre goût, à moi et l’elfe.

(Encore son humour ! Autant avec l’ouessien c’était drôle, là je suis trop en panique pour apprécier.)

"Je sais que vous êtes un adepte des jeux de mots et d'un humour particulier, mais j'ai vraiment besoin de vous Zacara ! Je...ces choses me terrifient ! Qu'est-ce que c'est ? C'est magique, ou un parasite peut-être ?"

Ma panique s’accroît avec les différentes possibilités envisagées et avec elles, les fouets s'agitent et grandissent au fur et à mesure, transformant les petits vers en grands lombrics déchaînés. Zacara pose une main sur un de mes poignets et reprend sérieusement qu’il est incapable d’expliquer ce qui m’arrive. Je suis en parfaite santé, sans présence de parasites de sa connaissance. En-tout-cas cela n’affecte en rien ma santé et il insiste sur le sérieux de son hypothèse quant à l’influence de la magie de la Lande Noire.

"D'accord. Très bien ! Et du coup comment on procède pour enlever ces machins ?" Fais-je loin d’être rassuré par les propos du sorcier.

Mon inquiétude commence rapidement à se transmettre à ces choses qui sortent de mes mains. Elles commencent à prendre plus d'ampleur, me forçant à devoir me contrôler. Je visualise cette crotte que je cherche à faire revenir à l’intérieur, cette sensation d’aspiration qui je transmets jusqu’à mes mains. Plus calme, je finis par les faire disparaître dans mes mains, ne laissant que la cicatrice en forme de croix comme seule preuve de leur présence. Si le sorcier me propose de les couper pour m’en débarrasser, il suggère qu’au lieu de voir une malédiction, je porte une vision optimiste, bénéfique, comme un pouvoir qui me serait propre. Je le regarde presque effaré.

"Un pouvoir ? Mais en quoi faire sortir des espèces de vers de mes..." Mon ton ayant été trop haut, je porte mon regard sur Silmeria et me déplace pour l'empêcher de voir mes mains, plus efficacement. Puis je reprends en murmurant à nouveau. "Comment ça pourrait être un don ?"

Il l’ignore. Bien sûr qu’il l’ignore. Il n’a jamais vu un truc pareil alors comment il pourrait savoir. Cependant, orientant l’échange sur ma capacité de les faire sortir et rentrer, plus ou moins volontairement, il me demande si je peux contrôler les mouvements avec plus de précision.

(Plus de précision ? Comme…lui…moi ?)

"Je...je ne sais pas, je...je n'ai pas vraiment essayé ! C'est arrivé juste avant de venir en fait !" Puis je porte mon regard sur mes mains. "C'est le stress qui les fait sortir et pour les faire rentrer... disons que ça ne m'aidera pas pour les bouger !"

(C’est sûr qu’imaginer un étron gigoter sur tes mains ça va pas aider mais…il marque un point. Ton double maniait ses fouets avec une grande habileté. Tu pourrais être en mesure de faire pareil !)

(Mais…c’est que…)

(Tu aurais l’impression d’être lui et ça t’effraie ? Ecoute-moi bien mon jojo : Tu n’es pas lui ! Tu m’entends ?)

(…Et si…)

(Tu ne deviendras pas comme lui non plus !)

De son côté, le sorcier réfléchit de nouveau sur la mention du stress. Cependant, c’est Vissélion qui est lui semble le plus à même pour étudier le phénomène dont je suis le porteur. Quand bien même il aime les bizarreries, moi je ne suis pas un grand adepte de ses méthodes. Il termine néanmoins sur la nature magique de mon changement, voir même divin, avec une potentielle bonne impression auprès du Sans-Visage qu’ils nomment ici Marcheur de Mort.

"Bizarrerie hein ? C'est tout ce dont j'avais besoin d'entendre !" Fais-je reprenant son terme avec une pointe de sarcasme, alors qu’il me demande comment je pourrais appeler cela. Mais plutôt que de m’inquiéter de la nomination, j’oriente mes pensées sur la possibilité divine. "Non rien de bien ou de mal que je sache. Cependant...j'ai déjà vu ces... j'ai déjà vu cela dans le cristal, sur...sur mon double, celui qui nous a jugés pour nos crimes ! Sur lui, ça avait l'air...presque naturel !"

Réfléchissant à ce fameux juge dont il a dû entendre parler, il me questionne sur la possibilité que cela puisse venir de ses pouvoirs, même par-delà son trépas.

(Le juge ? Non. Les autres ne semblaient pas avoir eu d’expériences similaires. Mathis en tout cas. Ca paraissait…presque normal pour mon double !)

"Non, de ce que j'en sais, le cristal n'a généré que des copies conformes, tant dans les souvenirs que dans les techniques de combat."

(C’est vrai qu’en y réfléchissant, il y avait le rêve de cette nuit. Est-ce qu’il y a un lien à tout cela ?)

"Cette nuit j'ai... j'ai fait un rêve ! J'ai rêvé de mon double, d'un affrontement contre lui. Il avait enfoncé ses choses dans mes mains et j'ai fini par lui arracher les siens. Et...mon rêve a débuté avec une vision du sceau, de sa puissance et...c'est comme si, dans mon rêve, j'avais réagi à son pouvoir !"

Cela aurait pu confirmer des hypothèses et émettre de nouvelles si j’avais des dons divinatoires, mais cela peut tout aussi bien être l’influence des événements dans les cristaux. Une théorie qui prend son sens, sachant qu’il y avait aussi la présence du veilleur dans l’histoire. Puis évoquant nos copies, Zacara explore une nouvelle possibilité : celle d’un pouvoir enfuis en moi. Je n’aurais qu’à peine découvert ses possibilités, mais que cela vienne de moi et non d’un effet extérieur, ne me rassure pas non plus.

"Ce qui m'arrive n'aurait donc aucun lien avec ce monde ou la magie de la Lande ? Si tel est le cas, peut-être que quelqu'un sur mon monde sera en mesure de m'expliquer ce qu'il m'arrive !"

Une possibilité parmi tant d’autres valable pour le sorcier, mais il lui semble important que peu importe la nature, il est important de les contrôler ces appendices, d’en connaître les possibilités qu’elles m’offrent.

(J’ai déjà eu un aperçu dans le cristal : répandre plus de sang !)

"Donc selon vous, il n'y a...pas de raison de... s'inquiéter ?" Dis-je en résumant ma situation le plus positivement possible.

Jusqu’à ce que ces choses s’en prennent à moi ou à l’elfe présente contre ma volonté.

(Attends…c’est…c’est possible ça ?)

"Vous... vous êtes sérieux ?" Dis-je inquiet, alors que je ressens de nouveau le besoin de cacher mes mains.

"Je pense qu'il faut que vous les maîtrisiez plutôt que l'inverse. Ca, j'en suis convaincu, qu'importe leur origine."

(Alors ça oui ! C’est un conseil auquel j’adhère complètement !)

"Très bien je...je vais m'atteler à cette tâche !"

Je rentre de nouveau mes fouets et me tourne vers Silmeria.

"Vous pensez que son état est inquiétant ?"

Il me répond à sa façon que oui. Hélas, s’il ne semble pas être en mesure de pouvoir lui venir en aide, mieux vaut ne pas le déranger davantage et rester à ses côtés.

"Si vous ne pouvez rien pour elle, je...je vais rester à ses côtés pour la surv...pour veiller sur elle. Au moindre changement inquiétant je vous appelle, si vous avez à faire ailleurs !" Puis après un bref moment. "Merci de vos conseils Zacara et de ne pas m'avoir donné l'impression d'être un monstre !" Avant qu’il ne s’éloigne après avoir opiné de la tête, je l’arrête une nouvelle fois. "Heu...accessoirement, vous auriez de quoi se laver ici ?"

J’apprends qu’il y a de quoi faire dans la salle commune. Une étape importante avant la suite des événements. Je laisse enfin Zacara pour aller m’asseoir en face de Silmeria.

"Comment tu te sens ? Ça empire ?"

Malgré ses larmes noires et sa nervosité à se bouffer l’index, elle cherche à me rassurer qu’elle va bien, s’excusant de nouveau de m’avoir vomi dessus. Encore une fois, son attitude à l’excuse répétée est…troublante de sa part.

"Ya pas de problème vraiment. J'avais justement... besoin de voir Zacara. Au final, ton intervention est venue au bon moment, quand bien même c'est répugnant !" Fais-je en débarrassant une partie de gerbe de mon épaule.

Je la regarde se lever, poussant ma méfiance lorsqu’elle cherche à enlever ce qui reste sur mon épaule, m’invitant à ne pas la craindre, qu’elle ne fera rien contre moi. Pourtant, les événements des cristaux montrent qu’il vaut mieux être vigilant.

"La dernière fois que tu as été aussi proche de l'un de nous ça s'est pourtant mal fini !" Puis voulant éviter les sujets sensibles par souci de diplomatie, j'enchaîne avec autre chose. "Donc ça fait un moment que tu vas pas bien ?"

Ne comprenant pas mon allusion avec Mathis, elle prétexte que c’est sa jumelle Hirst qui me fait face dans la pyramide. Cependant, non seulement elle n’est plus présente depuis qu’elle a réintégré son corps, mais sa faéra reste avec elle.

(De quoi ? L’autre givrée avait conclu un lien avec une faéra ? Je croyais les faéra plus, perspicaces dans leurs choix !)

(Pourquoi ? Tu en as bien une toi !)

(Tu veux dire quoi par là ?)

(Rien, rien.)

(bref. C’est étrange à dire mais…j’ai l’impression de me retrouver dans ses paroles. Ton absence entre le corps de dragon, ton mutismes de retour à Elscar’Olth et enfin ma mort. Je crois savoir ce qu’elle vit !)

Pendant ce temps, Silmeria m’explique que son changement date de la bataille de Kochii avant de me demander la même chose me concernant. Le trouble commence à m’atteindre et je commence à me sentir assez mal.

"Moi ? Moi...quoi ?"

Elle répond qu’elle a une ouïe parfaite grâce à ses oreilles d’elfes.

(Ha ? Les elfes ont ça ?)

L’agitation se fait ressentir dans mes mains, m’obligeant à cacher mes paumes contre mes cuisses.

"Et tu as...entendu quoi... précisément ?" Fais-je alors que je lutte intérieurement contre cette crotte que je fais rentrer.

Elle rétorque qu’elle l’ignore et qu’elle n’a pas cherché à comprendre par soucis d’intimité. Si sa réponse me permet de me détendre un peu, je ne suis pas totalement confiant. Si vraiment elle a une bonne ouïe, elle sait tout ce qu’on s’est dit.

"Et donc...Hirst est ta jumelle c'est ça ? Comment vous avez réussi à partager le même corps ? Les âmes défuntes sont pas censées rejoindre Phaïtos ?"

Triturant ses doigts, elle m’explique qu’elle n’a pas le souvenir précis, sa présence remontant d’aussi lui qu’elle s’en souvienne. Et pour une elfe, ça remonte assez loin. Cependant, elle termine que parfois, sa jumelle prend le contrôle de son corps.

(Ha oui ? Très charmant ! Ceci dit, ça explique certaines choses !)

"Je comprends du coup les changements de personnalité. Mais, la dernière fois que vous étiez ensemble c'était quand ? La pyramide ?"

Après la pyramide plus précisément. C’est d’ailleurs elle qui a cherché à me tuer et a failli réussir, laissant sous-entendre que je lui en veux pour ça. Puis elle me demande pourquoi je me suis détourné de ce qui était convenu dans la pyramide.

(Donc elle pensait à tort que j’étais d’accord avec Vallel. Prêt à tout pour revivre comme l’a fait précisément Mathis !)

"Tu sembles avoir l'impression que je vous ai trahi n'est-ce pas ? Mais je n'ai trahi que l'image que tu t'es faite de moi. A aucun moment je n'ai eu aucune envie d'aider Vallel, bien au contraire ! Libérez les âmes c'était...pas une bonne idée ! Et t'en fais pas pour Hirst. C'est pas la première à vouloir me tuer et pas la dernière. Je suis plus coriace que j'en ai l'air !" Puis je m'arrête un instant pour dévisager Silmeria et reprendre plus sérieusement. "Son absence te pèse c'est ça ?"

Elle comprend que l’un comme l’autre on ne se connaît pas. Elle moi voyant comme un pilleur avec les armes de Xenair sur moi et moi, ne voyant que son célèbre titre de régicide. Puis après une courte pause, elle me confirme qu’effectivement son absence est lourde à porter.

(Donc j’avais raison. On a vécu la même chose elle et moi !)

La tête baissée au souvenir de cette lourde perte, je m’ouvre sur le même sentiment que j’ai éprouvé.

"Tu sais, je crois que je suis celui qui comprends le mieux ce que tu ressens, cette absence. J'ai été dans le corps d'un dragon loin de..." Je regarde autour de moi pour vérifier si quelqu'un n'est pas présent pour m'écouter "...ma faéra. Ensuite, j'ai perdu tout contact avec elle en revenant à Elscar'Olth et je ne l'ai retrouvé qu'une fois de retour dans mon corps après notre mort. Elle représente énormément pour moi et ne plus l'avoir à mes côtés c'était...dure, très dure. Je n'ai pas ta jumelle dans mon cœur, mais...je connais ce vide. J'espère qu'elle te reviendra !"

(Allez tant qu’on est lancé sur les révélations !)

"Il est vrai que n'ai de cesse de te voir comme la régicide, je dois l'avouer, cependant...me concernant c'est plus complexe que cela. J'ai commis une faute que je ne me pardonne pas. Je me méprise moi-même autant que je méprise un autre homme et par l'acte qui t'a rendu si célèbre, il a gravi une nouvelle marche du pouvoir et ça...ça m'irrite au plus haut point ! Mais ça, t'en es pas responsable !"

Selon elle, on ne sera plus les mêmes en quittant de monde dans la version la plus optimiste ou on reviendrait chez nous vivants. Puis curieuse, elle me demande le nom de cet homme. Je préfère ne rien rajouter pour éviter de passer pour un faux optimiste, mais à sa question, je la regarde dans les yeux avant de répondre après quelques secondes d'hésitations.

"Le compte Ybelinor !"

Ce nom lui est familier, apparaissant pendant une réunion de guerre avant Kochii. Elle me demande ensuite pour quelle raison je voudrais le tuer. Me poussant à la surprise.

(Le tuer ? C’est…c’est vrai que j’ai dû dire ça mais…c’était sous le coup de la colère. Je doute réellement le tuer de sang-froid.)

"Je n'ai pas parlé de tuer, mais voir une personne aussi méprisable à une telle fonction ça ne me plaît pas. Enfin, j'suis pas Kendran et il n'y a aucun roi pour dicter mes actes." Puis je dévisage l'elfe avant de poursuivre. "Comment t'as fait pour atteindre le Roi malgré l'armée présente ?"

Ma réaction la pousse à s’excuser de nouveau. Visiblement, à Omyre, c’est ainsi qu’on règle les différends. Quelle ville charmante. Puis elle évoque que les autres cités comme Kendra Kar emploient des assassins et laisse entendre qu’ils ne croupissent pas dans un coin à être payé sans rien faire. Enfin, elle m’explique dans les grandes lignes sa chute des cieux, transportée par Xenair et un poulet à trois yeux. Ensuite, c’est Hirst qui a pris la relève, usant de l’ombre noir pour apparaître sur le destrier royal. Sa garde personnelle n’a pas eu le temps de réagir tant tout s’est déroulé rapidement. Elle termine, ses yeux plantés dans les miens, qu’elle est parvenue à disparaître au sein même des soldats. Ma stupéfaction est totale devant ces propos.

"Eh bien ! Je pense que je serais admiratif devant un tel exploit, si je n'avais été dans le camp opposé ! C'est Xenair qui t'as donné l'ordre de tuer le roi ? Il a dû être fier de toi !"

Xenair n’est pas ce genre d’homme à montrer sentiments, affection et encore moins de l’admiration, bien qu’il l’ait recueilli. Il a quitté Omyre, sans révéler où il se trouvait à présent. Me révélant que Xël voudrait sa peau, ainsi que celle des anciens lieutenants d’Oaxaca disparus, elle me demande ce que je ferais si je devais croiser sa route. Il me faut un petit moment pour assimiler le tout.

(D’accord. Donc Xenair est libre ! D’accord. Les hinion ont donc pas été foutu de le garder captif ! C’est du beau !)

"Aucune idée. Jusqu'à maintenant, je croyais qu'il était toujours en détention, comme les hinions ont survécu au pouvoir du Dragon Noir !"

Puis elle me surprend encore en me demandant pourquoi je le déteste tant.

(Moi le détester ? Mais…mais elle va chercher ça où ?)

"Détesté qui ? Xenair ? Je le déteste pas, je l'ai combattu car il était dans le camp d'en face ! Avant la guerre, je n'avais pas de grief contre lui, ni contre aucun des autres lieutenants. Vallel c'est un peu particulier ! Pourquoi tu penses cela ?"

Elle l’ignore, justifiant ses propos par le fait qu’il lui semble normal de détester celui qui est en face, probablement pour justifier la violence qu’on s’apprête à générer.

(Oui enfin du coup…on devrait tous la détester et inversement non ?)

(Oui, moi aussi je commence à perdre un peu le fils.)

(Fil !)


Elle poursuit en expliquant que c’est elle accompagnée d’Aerq qui l’ont secouru. L’ayant sauvé par le passé, elle avait une dette à rembourser. L’honneur des assassins dit-elle en fixant le vide.

(Elle avait pas mentionné les assassins de Kendra Kar ?)

(Ha oui, c’est vrai ! Je suis curieux de ça.)

"Tu as mentionné que Kendra Kar avait des assassins. Tu as déjà eu affaire à eux je suppose !"

Malheureusement, elle ne fait que des suppositions, puisqu’ils sont raisonnablement assez malins pour ne pas se présenter. Cependant, la princesse doit bien avoir poussé certains à lui rapporter sa tête pour quelques pièces d’or.

(Des suppositions ? Elle établit ce qui ressemble à des faits avérés sur des suppositions ? Bref. Mais ça pose une autre question.)

"C'est très certainement le cas et d'ailleurs ça me pousse à une question : qu'est-ce que tu fais là ? Je veux dire que tu es recherché par Kendra Kar, quand bien même tu t'es retournée contre Oaxaca ! Tu cherches quoi en venant ici à risquer ta peau avec nous ?"

(Quelle sens de la diplomatie !)

(Je sens comme une odeur d’ironie !)

(Tu as du flair dis donc ! Je suis sûr que tu as été un chien renifleur dans une autre vie !)

(Je…merci ? Je crois ?)

Elle répond tout simplement qu’elle n’est pas à Kendra Kar et pour ce qui est des potentiels profiteurs de situations, elle clame qu’elle estime mieux valoir faire bande à part ou s’associer avec Vallel, plutôt que de rester avec des gens qui la méprisent.

(Mais elle a pas dit que tu détestais Xenair parce qu’il était dans le camp d’en face ? Comme elle quoi !)

(Si…si. Moi aussi je…c’est dur de suivre quelqu’un qui se contredit !)

Elle explique enfin que c’est Celès, sa faéra, qui a senti les perturbations de ce monde et qui l’a poussé à enquêter. De plus, l’enjeu dépasse la mort du roi et la prime sur sa tête et ça, je suis on ne peut plus d’accord avec elle. Raison principale qu’on ne s’est pas mis sur sa tronche. Puis haussant les épaules, elle me demande si récupérer la prime m’intéresserais.

(La prime de cette femme qui ne voit que par la noblesse du sang ? Et puis quoi encore ?)

"Désolé mais je ne suis pas le toutou de la princesse ! Et si on retourne sur Yuimen, j'ai bien d'autres préoccupations qui m'attendent." Dis-je en souriant à la proposition. Puis je m'arrête plus sérieusement. "Mais je crois que tu fais erreur. On ne te méprise pas, on te craint et avec raison, si je puis me permettre. Il y a peu, on était dans des camps ennemis, donc faut pas s'attendre à se faire une confiance totale. En plus de cela, t'as pas eu l'attitude adéquate pour te permettre de te faire accepter. Tu as activé le sceau principal avec Xël, agissant hors du plan initial. Tu t'es moqué de nos actions individuelles juste avant de partir sur un coup de tête, en voulant mettre l'orbe du Titan dans la dent de dragon. Résultats, on a fini mort parce que Mathis a subi un cauchemar venant de toi. Tu as participé à la destruction de la pyramide séparant le monde des vivants et celui des morts. Tu as, devant moi, juré allégeance à Vallel, qui est sur ce monde pas des plus appréciés pour les morts qu'il a semés, ainsi qu'aux treize qu'on a combattus il y a peu. Et ça, c'est uniquement ce dont je suis au courant !" Je m'arrête pour résumer aussi calme que possible pour ne pas la froisser. "Tout ça pour dire que si tu veux qu'on travaille ensemble, sans se méfier de toi, tu vas devoir changer tes façons d'opérer. On est pas à Omyre à régler les problèmes à coups de lame ! Tout dépend de toi, mais on peut te tendre la main, ne serait-ce que pour abattre le Dragon Noir. D'ailleurs, Akihito a déjà commencé à te redorer une meilleure image, avec plus ou moins d'insistance."

(Oui, insistance est même un euphémisme !)

Elle ne semble pas apprécier la remarque et si elle admet les conséquences de ses actes, elle demande ce qu’il en a été des décisions de notre groupe. Trouver Maïssa et son aigle a été la seule vraie réussite pour le moment. Puis elle explique qu’elle compte jouer de son allégeance pour obtenir ses bonnes grâces au moment opportun, plutôt que de m’envoyer négocier, moi qui ai été jusqu’à user de notre magie contre les membres de notre propre groupe, pour m’opposer à lui. Elle fait ensuite référence à la magie que Mathis a employé et prétexte que lui comme moi, avons le luxe du pardon.

(Je pense qu’il va falloir clarifier une ou deux choses…ou trois !)

Elle se lève ensuite, fais un pas vers moi pour venir placer son visage en face du mien. Je la regarde venir à moi sans broncher, ne réagissant pas à ce que je perçois être une provocation. Elle laisse sous-entendre que si elle avait à régler ses problèmes comme à Omyre, elle m’aurait éliminé, de même que Mathis et Yliria. Elle poursuit, clamant qu’elle a fait preuve de plus d’adaptation que beaucoup d’entre nous, alors qu’on continue à nous voiler la face. Elle n’a pas peur et ne voit que par un unique objectif, la mort du Gragon…Dragon ! Elle ne reculera rien pour parvenir à ses fins, qu’importe si pour cela il faut détruire la pyramide, s’opposer à nous ou même activer le sceau principal. Puis elle me prend en exemple, m’intimant à réfléchir à ce que je serais capable de faire pour ce même objectif, me leurrant sur le pouvoir de l’amitié qui nous sauvera des dommages collatéraux. Il y aura la mort, la destruction, des villes à feu et à sang durant les terribles affrontements avec le monstre et ça en vaudra la peine.

(Je…je sais pas quoi en penser là ?)


(Oui moi non plus. C’est tellement sens dessus dessous ! Son allégeance alors que Vallel l’appelle la putain des treize. Penser qu’éliminer ceux qui vont pas dans son sens permettrait une meilleure cohésion d’équipe. Ses actions contraires à son objectif. Croire vainement que détruire la pyramide était la seule et unique chose à faire. Supposer que j’ai besoin d’un quelconque pardon et que Mathis a obtenu le sien. Il y a trop à dire et c’est déjà la merde à la suivre ! Si je me lance dans des arguments point par point, je vais perdre le peu de…de…bordel je sais même plus ce qu’elle cherche à faire !)

(Je…essaie de te contenter de l’essentiel !)

(Faisons ça ! L’essentiel !)

"J’ai tellement de trucs qui me passe par la tête, mais je vais pas m’enliser dans un argumentaire qui n’aurait pas de sens. Saches cependant que je n’éprouve pas le besoin d’un quelconque pardon concernant la pyramide. Selon moi, il y avait d’autres possibilités que notre magie nous offrait, mais que Mathis a trop rapidement balayé et pour ça, je lui ai moi-même dit qu’il n’avait pas ma confiance. En ce qui concerne les décisions graves à prendre, j’ai déjà assez en tête pour m’imaginer en plus tous les pires scénarios et comment y réagir." Je m’arrête un bref instant avant de poursuivre, sans chercher à rompre le contact visuel. "En revanche, je suis totalement d’accord avec toi sur nos actions de groupe. Pour le moment, c’est un échec cuisant. Notre plan contre le Titan ne s’est pas déroulé comme prévu et alors qu’on n’avait pas encore défini comment s’occuper de l’orbe, il y a eu des précipitations. Dans le premier cas, ça a coûté la vie inutilement à des sorciers, ça les menace encore maintenant et il se pourrait bien que tout ce monde soit en danger. Dans le second, on a non seulement perdu la vie, mais aussi quatre jours, à présent cinq sur les actions de notre ennemi commun. Des conséquences qui ne font qu’agir en faveur du Dragon et dans les deux cas, le dénominateur commun : c’est toi ! Mais ce n’est que mon avis sur la situation. Si j’ai tort, je suis tout ouïe !"

(Ho punaise ! Que je n’aime pas ce petit sourire tout guilleret qu’elle affiche là !)

Elle rétorque que ce n’est pas elle qui a engendré notre mort via l’invocation du juge et suppose qu’il n’a pas eu droit au même discours. Elle dégaine une de ses armes pour venir la plaquer contre moi, m’invitant à mettre un terme au problème principal de notre groupe. Puis elle tapote la dague de Xenair que je porte et m’invite à être digne de la lame du plus grand assassin d’Omyre, en agissant avec froideur et détermination.

"Je suis un fardeau à porter Jorus ? Le suis-je ?" Fait-elle d’une voix différente, plus froide et cinglante qu’auparavant.

(Est-elle sûre que Hirst est vraiment partie ? Je commence à avoir un doute !)

Je ne fais aucun commentaire cependant sur ce changement soudain, prenant la lame qu’elle me force à saisir.

"Concernant le juge, non pas vraiment. Pour la simple et bonne raison qu’à sa place, j’aurais agis pareil si j’avais vu tout notre groupe périr par ta lame, sauf que le résultat aurait pu être pire ! Toi-même tu appelles ça : une décision lourde de conséquence !" Puis je porte la lame près de nos visages, déjà proches, la prenant par la lame. "Je suis au regret de te décevoir, mais je ne suis pas un assassin. Tu veux savoir si tu es un fardeau, un obstacle en faveur du Dragon ? Il n’y a qu’une seule personne qui peut se targuer d’avoir un tel jugement…" Je repose la dague sur elle en poursuivant. "…c’est toi-même ! Poses-toi cette question. En quoi tes actes et leurs conséquences t’ont rapproché de l’objectif que tu t’es fixé ?"

Elle reprend son arme et la rangeant, calme qu’elle ne regrette pas son geste. Si elle et sa jumelle partageaient le même corps, elles n'ont pas forcément les mêmes avis sur la façon d’agir. Mais maintenant qu’elle n’est plus ici, on a plus ce problème, quand bien même ce duo était naturel chez elle. Puis après un petit rire, elle me demande qu’elle est ma spécialité, moi qu’elle pensait être un assassin. Elle va même me proposer un duel amical, prétextant ainsi renforcer les liens et créer une excellente dynamique. Une pratique à laquelle elle aime s'adonner.

(Un duel ? C’est…il n’y a rien de mortel rassure-moi ?)

(Franchement, je commence à croire qu’on parle pas la même langue alors…tout est possible ! Cependant, son absence me met toujours mal à l’aise. Je me revois quand elle en parle.)

"Je ne vais pas nier que l'absence de Hirst ne va pas m'empêcher de dormir. Mais je connais ce vide que tu ressens. J'espère que tu parviendras à le combler." Fais-je avec une note de tristesse dans la voix. "Et pour ce qui est de ta proposition, avec les différences de compréhension et de point de vue, j'ai peur de ce que tu appelles un : duel amical !"

Il ne s’agit selon elle que d’un échange sans entailles plus ou moins profondes, ne laissant les armes que dans les fourreaux.

(Ben voyons !)

(…)

(Quoi tu n’envisages pas d’accepter tout de même ?)

(Si…Non ! Si. C’est juste qu’elle est très douée au combat et que, même si je me sais pas aussi habile qu’elle, je pourrais en tirer avantage avec un duel de la sorte. Ne serait-ce qu’en appréhendant l’écart entre nous !)

"Pourquoi pas ! Mais pas maintenant, j'ai vraiment pas la tête à ça !"

Il en est de même pour elle. Cependant, elle met l’accent sur la crainte que je ne devrais pas avoir avec elle. Si sa jumelle a voulu me tuer, elle sait faire abstraction des erreurs des autres. Me tournant le dos pour s’asseoir, elle prétexte qu’elle est probablement la seule à le faire. Je profite qu’elle ne me voit pas pour lever les yeux au ciel comme jamais.

(Oui par contre le fait qu’on soit dans la merde à cause d’elle et que l’on ne la mette cependant pas sur le pilori, ou que Akihito s’acharne à la défendre, ça…c’est secondaire !)

"Tu m'as fait comprendre qu'il y aurait eu moins de monde si tu avais eu recours à quelques coups de lames. Je suppose que pour Mathis c'est d'avoir généré le juge, mais pour Yliria ? Il y a une raison particulière ?"

(Oui c’est vrai, j’ai pas relevé d’agissements contre ta petite chouchoutte !)

(C’est pas ma…Passons !)

"Hrist n'a ni ma patience ni ma retenue, en effet. Yliria, c'est une Shaakte. Les Elfes noirs sont responsables de la mort de mes trois sœurs."

(Pardon ?)

"Je suis la seule survivante d'une mission commanditée par le Roi de Kendra Kar."

(Attends, de quoi ?)

"On devait avoir des renforts pour faire face aux Shaakts et l'état major a préféré nous laisser tomber. Hrist a juré de tuer le Roi et les matriarches de Caix. Le sang des Shaakt coule dans ses veines aussi, elle n'aurait pas eu besoin de beaucoup plus qu'un regard de travers. Mais je suis plus... souple."

(Mais elle…)

Je sais pas quoi dire, ni quoi penser pour le coup. J’arrive plus à savoir le vrai du faux quand elle parle que j’en reste bouche bée, mes yeux clignant plusieurs fois tout au long de ses explications. Loin de savoir que je lutte intérieurement pour garder un semblant de cohésion dans mon esprit, elle me demande si cette conversation, ce premier échange entre elle et moi a pu m’apaiser. Encore une fois, je cligne des yeux de stupeur.

(…)

(Pfff hahahahah ! Elle est sérieuse ?)

(Mais comment elle peut croire à ce qu’elle vient de dire et après tout ce qu’elle m’a déballé ?)

(Tu sais quoi ? Plutôt que de chercher un démêlé le sac de beuh de son esprit, j’aurais mieux fait de m’installer et profiter du spectacle !)

(Attends s’il te plaît ! Ne m’égare pas, c’est moi qui dois faire le tri et…bordel j’aimerais tellement être à ta place !)

"Heu…on peut revenir sur tes derniers propos. Non parce qu’entre Yliria que tu pourrais éventuellement tuer parce qu’elle ressemble à quelqu’un que tu as connu, tu as également déclaré que tu n’avais que des suppositions concernant les assassins à Kendra Kar et maintenant j’apprends que tu as été l’un d’eux. Tu dis aussi que Hirst est ta jumelle, mais elle a également du sang shaakt que…ben que tu n’as pas ! Donc là, apaisé c’est pas le terme précis que j’aurais employé !"

(Tu m’étonnes ! J’aurais dit anéanti, égaré, coulé, désemparé, désorienté, décontenancé, déboussolé, désespéré…)

(Oui merci, j’ai…j’ai saisis !)

Silmaria explique la méprise. Le sang shaakt faisait référence à Yliria et malgré le grand ressentiment pour cette race, elle ne compte pas la tuer. Quant au roi, il passait via un intermédiaire du nom de Lune. Elle ignorait donc à ce moment qu’il s’agissait du Roi. D’ailleurs, elle ne travaillait pas directement pour le Roi ou Oaxaca. C’est par le biais de Xenair qu’elle recevait ses missions, et par extension, Omyre a joui davantage de ses capacités.

(Donc si je comprends bien, elle était globalement neutre. Elle a juste œuvré en tant qu’assassin, qu’importe la mission. Cela explique pourquoi elle en veut au Roi pour l’échec de la mission qui a valu la mort de trois des siens.)

"D'accord donc de ce que j'en comprends, tu n'étais pas vraiment affiliée à Omyre par le passé, mais tu faisais plus partie d'un groupe d'assassins, aux ordres de Xenair qui lui, œuvrait pour ceux qui payaient bien. C'est ça ? Mais si ce que tu dis sur le roi de Kendra Kar est vrai, je comprends pourquoi tu as voulu sa tête !"

Elle poursuit que si la princesse lui propose une mission, plutôt que de lui envoyer des assassins se tuer à la tâche elle y réfléchira, même s’il y a peu de chance qu’un tel événement se réalise. De plus, elle précise que peu importe le commanditaire, sous les ordres de Xenair, elle tuait bien plus de Garzocks que de Kendran.

"Et juste par curiosité, les services d'un assassin de ta renommée s'élèvent à combien ?"

Cela dépend bien entendu de la cible et de son entourage. Un officier ou un noble, il faut compter entre cinq et dix pièces d’or. Un groupe de soldats armés autour d’un politicien ? Plus de dix pièces. Bien entendu, ce n’est pas à l’assassin de gérer la transaction, mais il lui est déjà arrivé de se faire payer deux œufs durs par une femme qui avait perdu fille et époux par le fil de l’épée. Cependant, maintenant qu’elle a une renommée mondiale, il est temps de prendre sa retraite, laissant sous-entendre des tarifs exorbitant à présent. Néanmoins, après un petit temps de réflexion, elle pourrait me vendre ses compétences pour mille yus en citant un certain comte.

(Mille yus ? Ce n’est pas cher payé je trouve !)

"Je t'ai dit que je ne comptais pas tuer le comte. Cependant, si d'aventure je devais réviser mon jugement, je suis du genre à vouloir gérer le problème moi-même ! Je ne suis pourtant pas aussi doué que toi, donc je garde ça en tête." D'un coup, une petite interrogation amusante me vient en tête.

(Ho toi ! A quoi tu penses là ?)

"Et moi ? Combien je vaux ?" Dis-je en souriant, tendant le bâton pour me faire battre.

Disparaissant sans prévenir, je sens l’une de ses armes titiller amicalement une de mes côtes, avant de l’entendre que je ne vaux guère plus que cinq yus. Elle éclate d’un rire amusé, comme celui d’une petite fille charmante après l’une de ses farces, même si après sa disparition, une nouvelle larme noire coule le long sur sa joue. Je l’écoute sans rien dire, profitant de ce moment que j’estime privilégié et surtout, très rare.

(Si je puis me permettre, il y a un autre événement rare auquel tu devrais porter de l’intérêt ! Un bain !)

(Oui, c’est vrai que j’ai toujours une bonne partie…d’elle, sur moi et je ne sais pas ce que va donner l’étrange liquide dans lequel on m’a plongé. Ha ! Que ne donnerais-je pas pour retourner à l’île des elfes dorés ! Leurs bains, leurs parfums, cette eau chaude si agréable !)

"Je pense que tu n'as pas besoin que je reste, ton état semble s'être stabilisé pour le moment. Je vais en profiter pour aller me nettoyer plus en profondeur !"

"Faites donc mon cher. Je vais les laisser terminer leur réunion. J'ai a penser de mon côté."

Un peu surpris par sa réponse et entre les tensions de nos multiples échanges verbaux, terminer par une note d'humour ne fera pas de mal, surtout qu'on est ammené à travailler ensemble. Je me laisse porter par l'ambiance actuelle, visiblement plus agréable pour un et pour l'autre. Je me lève et fais une révérence à Silméria, avant de quitter les lieux pour me rendre à la zone commune, évitant aussi d’être repéré par les autres pour profiter d’une tranquillité agréable.

(Dommage ! Yliria aurait pu te rejoindre !)

Qu’importent les taquineries de ma faéra, je me déshabille pour entreprendre de laver mon corps, grâce au seau d’eau et à des savons à la graisse de bête.

(Houuuuuuuu qu’elle est froide !)

(Oui. Et finalement, c’est peut-être pas plus mal qu’Yliria ne soit pas là, vu à quel point elle est froide !)

A défaut de ma faéra, j’ai toujours ma précieuse broche pour me réchauffer. Je fais au plus vite cependant pour me laver, craignant d’être rejoint pas quelqu’un de mal avisé, juste un peu trop curieux, ou simplement ayant eu la même idée que moi. Ensuite, c’est sur mes vêtements que j’enlève les morceaux de bile noirâtre. J’inspecte ensuite mes armes, prenant grand soin à elles. Après cela, il reste un dernier point à voir et de taille. Demandant un espace libre de regard indiscret, j’arrive dans une pièce qui me semble correspondre aux attentes. Du moins, je l’espère.

Je regarde mes mains avec une certaine fébrilité. Les paroles de Zacara résonnent encore en moi en contemplant les croix qui sont présentes dans le creux de mes paumes.

"Je pense qu'il faut que vous les maîtrisiez plutôt que l'inverse. Ca, j'en suis convaincu, qu'importe leur origine."

Le sorcier a toujours été de bons conseils, éclairant mon chemin dans un brouillard insondable. Alors soit. Si je dois maîtriser ces choses, autant commencer maintenant. Je sais faire rentrer ces...appendices, comme le dis Zacara, au prix d’un effort de volonté. Ce qu’il me faut, c’est savoir comment les faire sortir et les rentrer plus facilement. Une main à la fois pour plus de simplicité. Je regarde ma main droite et tente de faire sortir cette espèce de vers. J’essaie plusieurs façons, plusieurs images dans ma tête, comme cette façon si particulière de les faire rentrer dans mes mains. Hélas, rien ne semble vouloir sortir.

(J’y ai déjà songé. Je crois que la première fois qu’ils sont sortis, c’est lorsque tu as voulu t’étirer. Tu devrais, essayer quelque chose de similaire !)


Il est vrai que hormis le stress, ce n’est qu’au premier matin de mon retour dans le corps qu’ils sont sortis pour la première fois. Cependant, je n’ai pas envie de répéter l’erreur de finir dans un mur. Je tends ma main devant moi, laissant ma paume bien ouverte droit devant. Je n’ai certes pas de visuel ainsi, mais dans l’idée que j’ai, cela me paraît…plus naturel.

(Voilà, maintenant…tu dois les faire sortir !)

(Oui, c’est un peu le but de la manœuvre !)

(Non ce que je veux dire c’est…pour toi, ton double semblait les manier de façon naturelle, comme s’il respirait. Je me trompe ?)

(Non c’est ça !)

(C’est donc une partie de toi, capable d’aller au-delà de ta propre main !)

(Je ne vois pas où tu veux en venir.)

(Ecoutes ! Imagine que ta main est posée sur la surface d’un objet. Maintenant, sans bouger, essaie de repousser cet objet !)

(Je crois que je comprends ce que tu veux me pour à faire !)

Suivant les directives de ma faéra, je mets ma main droite, simulant un objet et me retenant d’avancer, pousse cet objet illusoire. Je sens quelque chose s’agiter dans ma main…non, dans mon avant-bras même. Cette sensation se répercute jusqu’au creux de ma main, jusqu’à cette impression déjà trop bien connue, que cette chose en sort. Je tourne la main pour le contempler, craignant que cela ne l’arrête, mais la progression se poursuit lentement mais sûrement, du moins tant que je garde ma concentration. Je m’arrête, reprends ma progression, m’arrête de nouveau.

(Ca marche je…je le contrôle !)

(Oui t’arrive à sortir ce…t’arrive à le sortir tout seul ! C’est loin d’être une maîtrise parfaite, utilisable en combat comme ton double, mais c’est clairement un très grand pas en avant ! Essaye de les faire rentrer à présent, mais sans ton truc de crotte qui rentre s’il te plaît !)

(J’ai fait ce que j’ai pu avec les moyens du bord !)

(A présent tu as le temps, donc plus d’excuses ! Répète le même geste mais au lieu de pousser, essayer de…tirer à toi, comme si c’était collé.)

De nouveau, je m’exécute sans broncher et tandis que cet appendice sort de plus d’un mètre je crois, gesticulant de façon totalement libre de ma volonté, je tends la main et cherche à visualiser un objet que je tirerai à moi. Déjà capable de les rentrer, l’exercice est encore plus simple que le précédent et le contrôle plus fluide qu’avec ma première version.

(Et c’est moins dégueulasse !)

C’est presque euphorique que je m’exerce à sortir et rentrer cette chose de ma main. A mesure que je répète le geste, les vas-et-viens sont plus en plus rapide. Même s’il y a un temps d’arrêt pour passer de la poussée au mouvement contraire.

(Oui bon ça va aller là ! Tu passes de répugnant à salace. Je te reconnais bien là !)

Laissant tomber cet enchaînement que moi, je qualifie d’exercice pratique de rapidité, je recommence en poussant fort et tirant de même. Evitant ainsi les remarques désobligeantes. Cependant, un imprévu fait irruption.

(Mais…c’est…normal…que…ça…aille…si…loin ?)

Tout aussi surpris que ma féra, ce qui ressort de mon bras commence à prendre une longueur assez surprenante. Bien plus loin que dans mon souvenir. Par réflexe je le retire, mais Ysolde voit différemment.

(Non, non ! Pousse-le au maximum !)

(Quoi mais si jamais...je sais pas…)

(Si quoi ? Au pire il va peut-être sortir de ton bras !)

L’argument est tellement le bienvenu qu’une seule seconde de réflexion me suffit pour brandir mon bras et pousser aussi loin que possible. Hélas, il semble y avoir une limite à ce que je peux faire et ce qui ressors de ma main refuse de s’extraire complètement. Je ne me laisse pas abattre et tire plusieurs dizaines de centimètres, avant de pousser plus fort, espérant qu’un peu plus de force suffise. Toujours pas et étrangement, j’ai l’impression que la distance semble similaire à chaque fois, pour ne pas dire complètement identique.

(Bordel mais il est particulièrement long non ?)

(Oui en effet ! Mon double ne pouvait, ou ne voulait pas en faire de si long !)

(Essaie de faire pareil avec ton autre main !)

Poussé dans mon désir de les dominer plutôt que l’inverse, j’ai complètement oublié que mes deux mains sont affectées par le même problème. Laissant plusieurs mètres sortir de ma main droite et se promener comme il l’entend, je tends mon autre main et pousse comme précédemment. Mais rien.

(Tu es sûr de bien le faire ?)

(Pour être sûr oui ! C’est…c’est comme si ça refusait de sortir. Un peu comme mon autre main qui semble atteindre une limite !)

(Mais on est bien d’accord que tes deux mains peuvent en sortir ?)

(Ha ça je te le confirme ! Je me revois encore à la réunion et ces choses sortant de mes deux mains, les cachant pour qu’Yliria ne les voient pas.)

(Ha ce propos, sa faéra est juste derrière-toi !)

(Que…quoi ?)

Je me retourne vivement pour la regarder complètement paniqué, mais encore une fois, Ysolde s’est jouée de moi. En revanche, j’ai un nouveau problème. Sous l’effet de ma frayeur, plusieurs mètres de ce qui ressort de ma main s’agitent dans tous les sens et ce, nerveusement. Ca frappe, ça claque contre tout ce qui est à portée et ça fouette sans les airs. Je suis moi-même attaqué et reçois des coups qui blessent davantage mon égo que mon corps.

(Rentre-le ! Mais rentre-le !)

Sans plus attendre, je fais tout rentrer dans ma main, avant d’avoir d’autres problèmes.

(C’était pas bien malin ça !)

(Peut-être, mais on sait une chose grâce à moi !)

(Ha oui et laquelle ? Que si je perds le contrôle je pourrais m’étrangler moi-même ?)

(Disons deux choses alors ! Même si tu as paniqué rien n’est sortie de ta main !)

Elle dit vrai. Là où mon autre main aurait dû réagir, rien n’est sortie. Comme si…

(Comme si tu ne pouvais pas systématiquement les sortir ensemble !)

(C’est étrange non ?)

(Pas forcément, faut juste comprendre pourquoi. Trouver ce qui différencie l’usage à deux mains et une seule ! En revanche faut qu’on parle d’une chose là !)

(Laquelle ?)

(J’en ai marre d’entendre parler d’appendices, de trucs, de machins…Nomme-les une bonne fois pour toutes !)


(Quoi mais…)

(Si tu le fais pas, moi je les appelle Jean et Jaques !)

(De quoi…)

(Rox et Rouky ? Tic et Tac ? Je sais, je sais ! Perte et fracas !)

(Bon d’accord. Quitte à nommer ces ch…quitte à les nommer, autant que ce soit quelque chose que je comprenne. Mais pas tes noms sortis de je ne sais où !)

(Bien, c’est mieux ! Alors quoi ? Des lianes ? Des tentacules ? Des poils dans la main ?)

(Des fouets !)

(Des fouets ?)

(Oui c’est…de ce que mon double m’a montré, c’est l’impression la plus naturelle qui ressort.)

(Très bien, va pour les fouets du carnage et du vice !)

(Non, juste fouet. Pas la peine d’en faire des caisses !)

(Pfff quel rabat-joie ! Allez, essaie de voir avec l’autre. Il est peut-être différent ! Qui sait si des épines vont pas pousser !)

Etrangement, cette idée ne me rassure en rien, mais il n’y a qu’un moyen de le savoir. Je tends mon bras et fait sortir cette ch…le fouet qui est présent. Tout comme son frère, il est parfaitement identique, à mon grand soulagement. Et lorsque je fais sortir celui de ma main droite : rien. Alors que c’est celui que j’ai le plus pratiqué.

(Et les deux en même temps ?)

(Essayons !)

Je rentre tout dans ma main et tends les deux bras devant moi. Les deux sortent sans problème, même si simultanément est un peu plus difficile qu’en s’exerçant sur une seule main. Je les pousse encore et encore, mais je ne parviens pas à atteindre la même distance. C’est deux à trois fois moins grand.

(Deux fois seulement je dirais !)

(Ha ? Madame est une experte en calcul des distances ?)

(Tu veux parier ? Moi je peux déterminer la taille avec une bonne précision.)

(Je suis curieux de voir comment tu as t’y prendre !)

(Si j’y parviens, tu m’appelleras sa sainte beauté resplendissante!)

(Paris tenu et si c’est pas le cas ?)

(Laisse-moi rire ! Bien, prend ta lame la plus affûtée et trace une marque au sol. Mets-toi devant l’espace le plus large possible.)

J’ai un moment d’hésitation à sortir la lame de dragon, mais ce n’est qu’une marque au sol. Puis suivant les directives de ma faéra, je vais sortir mes deux fouets, cherchant à les tirer le plus possible en longueur. Ils sont encore indisciplinés, mais moyennant une marge d’erreur avec le chef d’étude, je plante la lame là où il m’a semblé être la limite. Puis, sortant le fouet d’une main et l’attrapant de l’autre, je fais le tour du manche. Je force le fouet à sortir de ma main lentement, tout en le tirant de l’autre, reculant jusqu’à la première marque. A quelques centimètres près, je suis incapable de pousser davantage.

(Ho yeaa ! Ho yeaa !)

(Ca va, fais pas gonfler tes chevilles maintenant ! Le pari c’est de déterminer la longueur des fouets. Pas le rapport une main/deux mains !)

(Tu es tellement naïf ! Allez, allonge-toi au sol et mets tes pieds au niveau de la marque. Pas de triche hein !)

Je m’exécute et une fois cela fais, je dois faire une autre marque avec ma dague de glace.

(Attention de pas te couper avec !)

(Merci je connais mes propres armes !)

(Je connais mes propres armes, sa sainte beauté resplendissante !)

(Tu n’as pas encore remporté le pari !)

(Une question de temps mon p’tit !)

Je m’allonge au sol, fais une marque et comprends enfin ce qu’elle a en tête.

(Combien tu mesures ?)

(Heu…un mètre quatre-vingt quinze et un p’tit chouya !)

(Pheu quelle blague ! Ou avec les cheveux dressés alors ! Non, toi tu dois faire un bon mètre quatre-vingts de mémoire ! Allez, recommence à partir de la nouvelle marque et oublie pas d’enlever ta dague, ça pourrais gêner d’avoir un truc pareil dans le dos.)

Je suis les indications d’Ysolde que je suis sur le point de devoir nommer autrement. Je fais une autre marque là où s’arrête ma tête et regarde ce qu’il en est.

(Bien alors mon Jojo. Si la première marque il y a de la marge, la seconde est plus proche, même si elle dépasse un peu. Alors il y a quoi, cinquantes, soixantes centimètres, un peu plus peut-être ? Allez mettons cinquante, c’est plus facile à calculer. Donc mon Jojo tu fais un quatre-vingts, trois soixante pour la seconde marque et si on enlève ce qui dépasse, trois dix, sachant qu’il y en a un peu plus. On a compté au plus bas. A mon avis, tes fouets doivent faire dans les trois mètres et si tu n’en utilises qu’un seul, tu arrives à six mètres. Voilà !)

(Heu…je…je sais pas quoi dire là !)

(Moiii…je saiiis !)


(Merci ?)

(Merci, sa sainte beauté resplendissante !)

(Merci, sa sainte beauté resplendissante !)

(Pardon ?)

(Merci, sa sainte beauté resplendissante !)

(Excuse-moi je suis un peu dure de la feuille, tu peux répéter…bien, bien plus fort pour les gens du fond ?)

(Merci, sa sainte beauté resplendissante !)

(Ha ! Voilà qui est mieux ! Bon on passe à la suite !)

(La suite ?)

(Il est temps de passer à l’exercice pratique ! Ton double était capable de pas mal de choses avec. Maintenant, tu vas devoir t’entraîner à fond pour atteindre son niveau.)

(C’est vrai. Hormis les sortir et les rentrer, jusque-là on n'a pas vraiment fait de progrès. Bien !)

Mon double était capable de non seulement frapper avec mes fouets, mais il était également en mesure de manier une arme à son extrémité, lui faisant gagner une allonge hors norme. Laissant sortir le fouet de ma main droite, je le fais sortir de quelques centimètres et l’enroule autour de la garde de ma pourfen’dent. Il me faut du temps et de la concentration pour réaliser cette simple prise, mais j’arrive à extraire mon arme et étends mon fouet à son maximum.

(Je…je sais pas si c’est une bonne idée !)

Grâce à mes réussites précédentes, je suis assez confiant et surtout, j’ai envie de savoir si je suis capable des mêmes exploits. Sans attendre, je fais quelques mouvements simples avec mon arme et mon fouet, sans vouloir immédiatement tenter d’attaquer des adversaires imaginaires. Le fouet m’obéit avec difficulté. Non, disons qu’il se déplace parce que je lui en donne l’ordre, mais pas vraiment là où je le désir. J’essaie de le forcer à ma volonté, mais en agissant trop prématurément, il se met à s’agiter dans tous les sens vivement. Trop vivement même. Mon fouet commence à devenir incontrôlable, frappant ce qui m’entoure et fouettant l’air avec une lame dont je connais que trop dangerosité. La panique qui commence à monter graduellement n’est pas vraiment pour me porter secours.

(Faut que tu lâches ta dague mon Jojo !)

(C’est déjà ce que j’essaye de faire !)

Evidemment, lâcher une arme lorsqu’elle est liée à vous et devient incontrôlable, c’est l’évidence même, mais c’est une tout autre paire de manche lorsque vous la maniez via un fouet incontrôlable, long de plusieurs mètres, que vous avez découvert la présence le matin même et que vous tester pour la première fois votre maîtrise à le manipuler. J’en arrive donc à devoir éviter les attaques aléatoires de ce qu’on peut appeler : mon propre membre. J’arrive, je ne sais comment à desserrer la prise sur ma dague, mais cette-ci arrive au pire moment. Relâchant la pression alors que le fouet cingle l’air, ma propre dague se voit projeter dans la direction. Contrairement à ces nouvelles excroissances, j’ai eu beaucoup plus de temps à maîtriser mon corps, le façonnant et appréhendant ses limites. Avec vivacité, je me laisse choir au sol, pliant mes jambes je brise la tension musculaire qui me retient debout. J’évite ainsi de me faire trancher par ma propre arme, perdant au passage une petite touffe de cheveux. Je finis ainsi dans une position inconfortable, dos au sol et les jambes tellement pliées que mes pieds arrivent à hauteur de mes fesses, nécessitant un changement rapide de position si je veux que mon sang continue de circuler de nouveau en dessous de mes genoux. Au moins, je suis toujours en vie et ça, c’est très appréciable.

(Je propose d’éviter de sauter les étapes !)

(Je vote pour ! Des conseils pour apprendre les bases du coup ?)

(Laisse-moi réfléchir ! Avant de manier tes fouets de la sorte, il faut déjà savoir si tu peux les contrôler avec facilité avec une petite longueur. Un petit exercice ludique en quelque sorte !)

(Ha je sais ! Sur les bateaux, j’ai souvent vu un jeu intéressant avec des lames qui se déplacent rapidement sur une main écartée !)

(Wow, wow, wow ! Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée après ta dernière expérience !)

(Je vais juste faire une variante beaucoup plus sûre.)

Joignant le geste à la parole, je commence à écarter la main droite, paume face à moi et sortant le fouet sur une dizaine de centimètres, je le pousse à se déplacer selon ma volonté et visiblement, ma volonté paraît faire la sieste. Même avec si peu de longueur, j’ai l’impression de bouger les doigts d’une autre personne. Il me faut de la patience pour saisir comment le déplacer uniquement pour le passer de l’espace entre mes doigts à un autre.

(Je crois que ça va être long. Trèèès long ! Mais c’est le meilleur chemin pour apprendre sans finir empalé sur sa propre lame !)


Découverte de mes fouets, apprentissage de ceux-ci et tout premier apparté avec Sissichtouille qui ne se finit pas avec du sang, c'est à marquer comme il se doit !
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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » ven. 1 sept. 2023 01:05

Lorsque j’appris qu’une réunion aurait lieu dans la grande salle, je m’y rendis aussitôt. Certains locaux s’y trouvaient déjà, Visselion, Maïssa, Ibn et Teruki, ainsi que Jorus, Yliria et Silmeria. Comme à son habitude, l’entrée de Dracaena ne fut pas discrète, puisqu’il crut bon d’effectuer quelques pirouettes. Ce qui arracha un sourire à mes lèvres. Mon expérience sans corps et loin des autres m’avait marqué, je ressentais plus qu’avant le besoin d’être entouré et de prendre part à la vie. Arriva ensuite Xël, se pencha vers Yliria, il lui fit remarquer, à voix suffisamment haute pour que les autres convives comprennent que nous étions en vie grâce à elle, à sa persévérance. Et ce n’était pas par hasard. Il avait raison, Yliria méritait notre reconnaissance.

Puis s’adressant à Visselion, il s’inquiétait de la patrouille à l’extérieur, se demandant si la présence de Trifalgin seulement serait suffisante.

Vint en tout dernier Akihito. Toujours le torse nu recouvert par son manteau, il s’arrêta à la hauteur de Silmeria et s’excusa de n’avoir pu discuter avec elle. Sans perdre de temps, il parla immédiatement du rayon de magie qui attirait les bestioles et se proposa, en compagnie de Yliria, à étudier le seau en compagnie de Visselion et à canaliser la magie. Visselion n’était pas de cet avis, il considérait trop dangereux de tenter de modifier le rayon lui-même. Il croyait qu’une fois les défenses rétablies, les bestioles ne les embêteraient plus et il pourrait étudier le rayon afin d’en comprendre la nature et le fonctionnement. Il rectifia aussi les dires d’Akihito, en précisant qu’il n’avait pas créé le rayon. Le seau déjà en place avait été réactivé par Silmeria et Xël. Pour sa part, il avait canalisé la magie afin qu’ils n’en perdent pas le contrôle.

Silmeria craignait que Trifalgin puisse se venger au nom de Vallel. Hypothèse qui fut rejeté par Xël d’abord puis Visselion.
À la question de Akihito, Xël expliqua que sous sa forme draconique Trifalgin générait une brume qui dévorait la chair. Ceci expliquait la raison pour laquelle il avait gardé ses distances pendant la bataille.

Xël poursuivit ensuite en précisant qu’il comptait se rendre à Messaliah afin de réactiver les pierres de vision, demandant par le fait même l’aide de l’archi sorcier Ibn. Ce dernier accepta de se joindre à Xël. Bien qu’il ne possédait plus de pouvoir, il allait être utile par sa connaissance de la cité et aussi à assister ses anciens apprentis pour qu’ils réactivent les pierres.

Yliria qui était demeurée silencieuse jusque-là prit la parole. Elle suggéra d’abord d’aider à rebâtir les défenses de la cité. Puis avant de parler de nos objectifs, elle tenait à parler de ce qui s’était passé. De la mort de tous. Elle précisa qu’elle ne faisait pas confiance à ceux d’entre nous qui utilisaient la magie pour des raisons puériles. Elle ne m’avait pas nommé, mais il était clair que c’était de moi qu’elle parlait. D’autres auraient pu s’en offusquer, mais pas moi. Au contraire, elle me donnait ainsi l’occasion de m’expliquer à tous. Elle refit une liste des conséquences que mon geste avait engendrées, mis à part la mort, entre autres le retard de notre mission.
Je comprenais ce qu’elle avait vécu, mais je trouvais cependant qu’elle me jugeait trop sévèrement, comme si la vie des autres n’avait aucune importance pour moi.

Lorqu’elle eut terminé, je pris une grande inspiration avant de me retourner vers Yliria pour lui répondre d’un ton calme et avenant.

« Tu as entièrement raison Yliria. Il faut parler de la mort qui est survenue et je suis particulièrement concerné par tes propos. Mais avant tout, je te remercie d’avoir fait le nécessaire pour maintenir nos corps en vie en collaboration avec Visselion et sans doute d’autres sorciers dont je ne connais pas l’implication de près ou de loin. »

Je m’arrêtai quelques secondes jetant un coup d’œil à Silmeria avant de reporter mon attention sur le reste de la petite assemblée.

« Il est important que je précise ce qui s’est vraiment passé. Loin de moi l’intention de diminuer la responsabilité de mes actes où de reporter la faute sur quelqu’un d’autre, mais je tiens à que vous sachiez que je n’ai pas fait appel à la magie pour une raison futile. Silmeria voulait utiliser son éclat de dent de dragon comme réceptacle. Nous nous y sommes tous opposés et comme elle allait passer à l’action, j’ai récupéré l’artéfact. Je lui ai rendu par la suite, cependant lors de cette remise Silmeria m’a effleuré. Alors je fus aussitôt victime d’un affreux cauchemar qui était à mes yeux aussi réel que votre présence actuelle. »

Je m’adressai brièvement à Silmeria :

« Je vais dire ce que j’en sais au sujet des cauchemars que vous pouvez nous infliger, vous pourrez nous en parler davantage par la suite si vous en ressentez l’envie. »

Je poursuivis donc à l’intention de tous :

« Je tiens à vous décrire ce cauchemar. Je sentis d’abord une horrible douleur dans le ventre créé par une lame qui traversait mon armure. Puis je vis des ombres de la forme de Silmeria vous tuer l’un après l’autre. Vous étiez tous morts, j’agonisais. Pendant qu’une ombre de Silmeria s’apprêtait à manger le cœur de ma chatte Praline, je fis appel à la magie. J’ai souhaité qu’elle soit emprisonnée dans une cage et qu’elle ne soit libérée que lorsqu’elle aurait été jugée pour ses actes meurtriers. Mais comme vous savez, la magie a agi de façon beaucoup plus étendue. Et je m’en excuse encore auprès de tous. Je sais que certains d’entre vous éprouvent de la rancune envers moi. Mais soyez honnête avec vous-même, si vous vous étiez retrouvé dans cette situation, vous auriez probablement souhaité pire qu’un jugement. Et avec du recul, je remercie le ciel de ne pas avoir souhaité sa mort à ce moment-là. Dans la situation où j'étais, où vous étiez tous mort et moi sur le point de l'être, ça aurait été légitime de souhaiter sa fin. »

Je me tournai alors vers Yliria et lui dit personnellement sur le même ton calme.

« Vous n’avez pas à craindre que j’utilise la magie pour éloigner une mouche de mon oreille. Je ne le ferai point. Mais merci de m’avoir donné l’opportunité de m’expliquer. Cela dit, vous pouvez compter sur moi pour travailler en équipe afin de mener à bien nos missions. »

Je m’étais exprimé calmement, mais le ton de ma voix me trahissait. N’importe qui pouvait y sentir que je ne prenais pas la situation à la légère et que j’étais plus que conscient de ma grande responsabilité dans la mort de chacun.

Puis Dracaena prit la parole. Grand volubile, il énuméra tous les points dont il voulait discuter. En premier lieu venait l’étude du rayon magique, puis la réactivation des communications, ensuite de la mort des yuimeniens, puis la présence de Vallel, et enfin il questionna sur un plan d’attaque contre le dragon. Il termina en brandissant une bague. Celle-ci lui avait été donnée par le sans-visage afin de nous permettre de communiquer avec lui en cas d’urgence.

Akihito prit alors la parole pour proposer une réorganisation de la discussion. Afin de ne pas se disperser d’un sujet à l’autre, il proposa qu’on en discute qu’un à la fois, commençant par le rayon de magie.

Je portai mon regard vers Akihito tout en répondant.

"Votre idée est bonne Akihito. "

Puis m'adressant tout spécialement à Visselion je lui demandai:

" Donc en ce qui concerne le rayon, si j'ai bien compris, pour le moment vous ne souhaitez que l'étudier. Pendant ce temps, serait-il nécessaire de rebâtir des défenses telles que l'a suggéré Yliria ? En bref, avez-vous besoin d'aide de notre part en ce qui concerne le rayon ? "

Visselion me répondit que ses priorités consistaient à reconstruire leurs défenses. Il ne refusait pas notre aide, c’était à nous de décider de nos priorités.

Yliria accepta aussi la proposition de Akihito et se proposa son aide pour les réparations et la reconstruction des défenses.
Silmeria suggéra alors d’administrer la salive guérisseuse de l’un des habitants d’Esseroth afin de l’aider à rendre la vieille … plus lucide. Puisqu’elle faisait partie de ceux qui avaient érigé les seaux, son aide pouvait être appréciable. Visselion lui répliqua que la salive ne pouvait guérir de la vieillesse. Il ne s’opposa tout de même pas à ce qu’elle essaie. Il fallait tenter avant de crier à l’échec.
Après nous avoir rappelé de mettre l’absence de Simaya à l’ordre du jour de la réunion, Jorus émit quelques hypothèses quant à la façon de gérer le rayon magique. Réfutant l’idée de Jorus, Xël eut la justesse de proposer de laisser les magiciens d’Elscar’Olth s’occuper de leur rayon magique puisque nous ne connaissions rien en la matière.

Visselion clôt le sujet du rayon magique en affirmant qu’il accepterait notre aide, mais qu’ils ne feront aucune action sur le rayon tant qu’ils ne jugeront pas avoir assez d’informations à ce sujet.

Le second sujet discuté fut Simaya. Akihito prit la parole le premier résumant les faits au sujet de Simaya. Nous ne savions pas où elle pouvait être et il était peu probable qu’elle se soit fait enlever. Et puisqu’utiliser la magie d’Aliaénon pour la retrouver était à exclure pour le moment, l’ynorien proposa de mettre sa recherche en second plan en attendant de trouver un moyen de la localiser. Bien que je tienne à cœur la recherche de Simaya, je ne pouvais qu’être d’accord avec les propos d’Akihito.

Je me résignai donc à passer à autre chose lorsqu’Yliria fit une proposition. Elle possédait une de ces petites roches magiques appelées runes. La sienne portait une inscription qui signifiait : localiser en langage commun. Elle suggéra alors de tenter le coup. Le sourire me revient alors, nous avions là une chance de la retrouver.

À l’énonciation des runes, Xël se leva et remit les runes qu’il avait apparemment empruntées afin de canaliser l’âme du titan et de conserver nos corps. Son geste était censé et justifié, il n’avait pas selon moi à s’excuser.

Personne ne semblait s’opposer à l’utilisation de la rune.Je répondis à mon tour:
« C'est en effet une bonne idée d'utiliser cette rune Yliria. .. Avec toutes les bestioles qui ont piétiné la place, j'aurais probablement été incapable de trouver une piste. »

L’archi sorcier Ibn regrettait ses pouvoirs qui lui auraient permis de retrouver Simaya sans peine. Si la rune ne la localise pas, il proposa de faire appel à un Cadi Yangin lorsqu’il serait à Messaliah.

Suite aux paroles de l’archi-sorcier, Akihito résuma la deuxième étape, celle qui suivrait la reconstruction des défenses. Il évoqua aussi les sans-bannières, précisant qu’on devait les avoir à l’œil afin d’éviter le pire de leur part. Il précisa que les Cadi Yangins n’aimaient pas les étrangers, ni les femmes, ni Ibn. Se débarrasser des chevaliers sans bannière pourrait nous attirer leur faveur.
Mon attention se porta ensuite sur Jorus et Sissi. Tous les deux semblaient être mal en point. Peut-être avaient-ils trop mangé pour le petit déjeuner. Silmeria prit de violentes nausées, prétexta la grossesse avant de régurgiter une substance noire sur le cou et le dos de Jorus. Je me retins de faire une grimace de dégoût et reportai mon attention sur la discussion et commentai.

« Si j'ai bien compris, la bague, que possède Drac, sert plutôt à appeler le Sans-Visage si urgence et non un moyen de communication... Et je suis d'accord pour que Messaliah soit notre deuxième étape. »

Dracaena expliqua que la bague que le sans-visage lui avait confiée permettait de communiquer avec celui qui avait l’anneau en main et avec le sans visage si l’anneau avait été préalablement appliqué contre la gorge. Le sans-visage avait prévenu que s’il était utilisé à outrance, les pouvoirs de l’anneau seraient annulés.

Yliria conseilla à Jorus de se rendre à l’infirmerie et d’y emmener Silmeria. Ce qui s’avérait être une très bonne suggestion. Ces deux compagnons n’étant vraisemblablement plus aptes à demeurer attentifs à la réunion.

Il fut ensuite question des chevaliers sans bannières. Après quelques discussion, il sembla plus prudent de ne pas les provoquer. Se faire discret, prévenir les locaux, récupérer les pierres de vision et revenir semblait la solution la plus adéquate.

Yliria mentionna qu’il était hors de question qu’il se passe la même chose qu’à Nagorin. Ne sachant de quoi il s’agissait, je fronçai les sourcils en signe d’incompréhension. Xël parlant à son tour de Nagorin, rajoutant que les ouessiens s’étaient rangé du côté du dragon noir.

(Ouessiens… ce sont les habitants de Nagorin, ça ? Et le Sans-Visage était captif de Nagorin ? Victoire en terme militaire ?)

Finalement, Xël était aussi d’avis d’éviter les chevaliers sans-bannière. Rappelant que l’arme qu’ils recherchent ne semble pas exister. Nous avons un allié de force en la personne de Maïssa. Elle vaut plus que toutes les armes du désert selon les dires du Sans-Visage.
Visselion suggéra de marquer de l’anneau les personnes à tous les endroits où nous allions nous rendre afin de pouvoir les contacter en cas d’urgence. Suggestion que Dracaena approuva.

Aki rappela que la pierre de vision principale s’avérait être une arme puissante. Il préconisa d’essayer de nouer une alliance avec les Cadi Yangins.

Après cela, Jorus se leva, porta Silmeria sur son épaule et prit la direction de l’infirmerie.

Yliria approuva le plan de se rendre sur Messaliah, mais annonça qu’elle ne désirait pas faire partie de cette expédition, elle avait autre chose à faire ici même. Elle crut bon de prévenir Xël de contenir sa haine contre les sans-bannière. Cela dit, elle lui remit la rune localiser. Elle proposa alors qu’on profite du temps que Jorus et Silmeria passent à l’infirmerie pour nous reposer également, signalant la mine fatiguée de Akihito. Elle aurait aimé ramener le sujet de la mort, mais compris que la présence de Silmeria aurait été nécessaire pour cela.

Xêl ramassa la rune et prit la parole. Il considérait que nous étions trop différents les uns des autres pour travailler facilement en équipe.

(Alors là, je suis en total désaccord.)

Il suggéra de former plusieurs groupes par affinité de personnalité. Il souligna que cela aurait pour avantage de m’éloigner de Silmeria, craignant les représailles d’un l’un de nous.

J’avais écouté attentivement les explications de chacun sur ce qui s'était passé ultérieurement et particulièrement les événements où je n'étais pas présent afin de mieux cerner la situation. Mais il restait des points nébuleux pour lesquels je demandai des explications:

"Sans entrer dans les détails, j'apprécierais si l'un de vous pouvait me résumer ce qui s'est passé à Nagorin... Pour la suite, je suis d'avis de nous séparer en quelques groupes s'il le faut, mais pas vraiment par affinité de personnalité, mais plutôt par affinité selon les tâches à accomplir. Par exemple, pour la première étape je n'ai aucune aptitude pour l'étude des rayons, mais je serais utile pour la reconstruction. En ce qui concerne Messaliah et pierre de vision, j'aimerais en être. Mes capacités de pistage, de marcher sans bruit, d'espionner furtivement par l'intermédiaire de Praline, ou de fuite le cas échéant pourraient être de bons atouts. Si je suis habile pour me défendre dans un combat rapproché, je n'ai aucune aptitude aux armes de lancer ou à la magie. "

Je pris une pause afin de porter mon attention tout particulièrement sur Xël.

"Ne craignez pas de représailles de ma part envers Silmeria. J'ai eu ma leçon. Je ne chercherai pas sa compagnie à tout prix, mais si la situation l'exige, je pourrai travailler de concert avec elle. Nous avons d'ailleurs fait équipe, elle et moi, à l'intérieur de la pyramide. "

Puis me tournant vers Yliria.

"Je vous remercie une fois de plus d'avoir veillé sur nos corps, je vous en suis extrêmement reconnaissant. Je comprends votre besoin d'en parler, mais comme vous dites, il serait préférable que Silmeria soit présente elle aussi."

Akihito, contrairement à Yliria, ne souhaitait pas revenir sur l’épisode de Justice. Par contre, par son argument, je compris qu’il considérait, contrairement à d’autres, que Silmeria avait sa part de responsabilité dans le drame de nos morts.

Le guerrier de foudre considérait qu’il ne serait pas utile sur Messaliah. Il poursuivit la réunion en abordant le sujet de Vallel. Il avait entendu dire que ce dernier comptait rester neutre et resterait dans son coin pour faire ses expériences.

Puisque j'étais entré en relation avec Vallel, je leur fis part ce que je savais.

"Comme vous dites, Vallel demeure à Orsan afin de construire ce qui a été détruit. Si nous avons besoin de son soutien pour combattre le dragon, il sera disponible. Je crois que c'est une aide à ne pas négliger.... Sa seule condition c'est de ne pas se faire attaquer par Xël."

Ce fut sur un ton froid, dans lequel je supposai une certaine rancune qu’Yliria me résuma leurs actions sur Nagorin. Ils avaient libéré le Sans-Visage, ce qui avait déplu aux habitants de la cité. Ces derniers s’étant alliés au Dragon noir. Ils n’avaient d’ailleurs pas apprécié qu’ils pénètrent dans leur lieu sacré sans leur permission. Une fois libéré, le Sans-Visage leur a permis de revenir sur Elscar’Olth.

Xêl en conclut qu’il ne restait plus qu’à attendre le retour de Jorus et Silmeria. Il partirait ensuite avec les volontaires pour se rendre sur Messaliah.

Dracaena demeura silencieux un bon moment. Lorsqu’il prit la parole, il exprima son avis sur notre groupe. Il considérait que nous avions qu’à contrôler nos égos,qu’à cesser d’agir comme des gamins, qu’à comprendre que notre ennemi était puissant et à faire les efforts pour travailler en équipe.

Contrairement à Akihito, Dracaena rejoignait l’opinion de Yliria de discuter des événements ayant précipité notre mort à tous.
Puis il se tourna vers moi, trouvant étrange que je fasse confiance à Vallel… considérant qu’il n’avait pas rempli sa promesse de nous ressusciter, rappelant que j’étais plutôt fantomatique. Décidément, il n’avait rien compris. J’ouvris la bouche pour lui expliquer, mais il jugea qu’il serait plus approprié que nous en discutions en privé. Je partageai cet avis.

Il s’inquiétait de la présence du type de Nagorin, parmi nous, craignant de l’espionnage de sa part. Yliria dévoila alors son projet de s’entretenir avec lui afin de mieux comprendre comment ils avaient pu entrer en contact avec le dragon noir.

Visselion rappela à Xël, que nous nous étions d’abord engagés à étudier le seau protecteur et à rétablir les défenses de la cité avant de partir à la recherche des pierres de vision. Yliria le rassura à ce propos, expliquant qu’Akihito l’assisterait dans l’étude des seaux et que pour sa part, elle aiderait à la reconstruction des défenses. Xël partageait cet avis.

Ibn, quant à lui, fit la réflexion que les alliés du dragon n’étaient pas nécessairement nos ennemis. En fait, nous ne connaissions pas ses objectifs. Yliria considérait elle aussi que connaître les objectifs du saurien nous serait profitable. Pour sa part, Xël considérait que les objectifs du dragon étaient clairs: Dévorer ce monde et les autres ensuite.

Draceana et Xël étaient visiblement en désaccord. Le premier considérant que certains d’entre nous agissaient dans le propre intérêt, puisqu’ils passaient à l’action sans consulter les autres. Alors que Xël niait ce fait. Draceana avait conversé avec le dragon noir. Ce dernier considérait Aliaénon comme un vaste territoire de chasse. Le Sans-Visage avait tenté lui aussi de communiquer avec le dragon sans succès.

Ne voulant pas entrer dans la discussion de Xël et Dracaena, je poursuivis sur nos objectifs.

« Je croyais aussi que nous partirions pour Messaliah après la reconstruction. Je n'ai pas de connaissance logistique, mais j'aurais suivi les consignes. Par contre, si la décision est de se séparer, je désire être du départ pour Messaliah. »

Puis me tournant vers Draceana

« Vous ne cessez de dire Brythagon.... Pourquoi ? Brytha et le dragon ne font désormais plus qu'un ou bien ce n'est qu'une hypothèse de votre part ? »

Ce fut Akihito qui me répondit. Brytha et le dragon avaient bel et bien fusionné. Et il expliquait ce fait par l’utilisation de terme: nous. De son côté, il était intéressé de rechercher le lieu où il était apparu sur Aliaénon.

L’emploi du: Nous de la part du dragon, ne me convint nullement que ce dernier avec fusionné avec Brytha. Les dragons étaient en général assez imbus d’eux-mêmes pour parler à la première personne du pluriel sans qu’aucune fusion n’eut lieu. Je gardai cependant cette réflexion pour moi, jugeant inutile d’en parler pour le moment. Dracaena ajouta alors le dragon avait affirmé qu’il était plus que Brytha ou le dragon, qu’il était à un stade supérieur. Cet argument me convint davantage.

Consciente que le dragon n’était pas une bête stupide, Yliria s’interrogeait sur les motivations de celui-ci. Si elle ne rejetait pas l’utilité de trouver où le dragon noir était arrivé, elle considérait trop complexe de le trouver.

Cette dernière conclut que Dracaena, Akihito et moi-même devrions prendre un peu de repos et nous rendre à l’infirmerie, craignant sans doute que nous subissions également des effets inattendus.

Ce fut à ce moment que Xël nous rappela la vision de la reine des montagnes.
Me tournant vers Yliria.

"Je me sens très bien, sans aucun souci apparent. Je ne vois tout de même pas d'inconvénient à me faire ausculter par prévention. Mais pour le moment, Zacara semble assez débordé. Je peux attendre qu'il examine ceux qui ont des symptômes visibles, je vais tout de même demeurer vigilant. Et j'ai bien l'intention d'accompagner Xël, lorsqu'il sera prêt à partir."


Puis me tournant vers ce dernier...

" En effet, votre vision n'est pas à négliger, ce ne serait pas une mauvaise idée que de se rendre à l'endroit où cette reine se trouvait. "

À la demande de Dracaena, Xël précisa sa vision. Il n’y avait aucune parole prononcée, elle était juste là.

Je me tournai vers Xël,

" Vous avez localisé l'endroit où elle se trouvait dans votre vision ?"


Yliria préféra, avec raison, qu’on se concentre d’abord sur Messaliah,avant de tenter de percer le mystère de la vision de la reine.
Akihito décida de nous faire part de ses réflexions au sujet de la magie. Il nous expliqua que s’il faisait appel à sa magie sans utiliser les fluides, qu’il n’y avait aucun incident. Cela dit, il voulut nous faire une démonstration en dégainant une de ses armes, mais il se brûla. Il ne comprenait pas ce qui venait de lui arriver puisqu’il avait fait les tests à plusieurs reprises la nuit avant.

Puisque je n’étais pas porteur de fluides, ces propos me concernaient moins. Sauf que ça signifiait que je pourrais utiliser une partie de mon équipement qui est doté de pouvoir magique, telles mes jambières.

Dracaena demanda un volontaire afin de tester l’anneau reçu du sans-visage, mais personne ne répondit présent.

Pour ma part, tout avait été dit, je me contentai donc d'un signe de tête négatif à la question de Xël à savoir s’il y avait un autre sujet à discuter. Mais j'attendis la réponse des autres avant de me lever.

((( Voici le lien vers le rp enfin complété )))

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Xël
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Re: Lande Noire

Message par Xël » ven. 1 sept. 2023 11:26

La réunion se promet comme d’habitude longue et pénible. De longues minutes où chacun y va de son avis et développe des possibles réponses à des questions qui ne sont même pas la priorité. Je prends sur moi, saluant d’un geste tout le monde avant de m’approcher d’Yliria pour la féliciter de sa perserverance pour ramener à la vie les autres. Sans elle je serais passé à autre choses, habitué désormais à voir les gens mourir autour de moi. Je m’inquiète ensuite auprès de Visselion de savoir si la protection de Trifalgin sera suffisante le temps qu’ils remettent en place des défenses efficaces. Il rétorque que l’ancien disciple de Vallel le prétend en tout cas.

Comme promis la discussion part vite dans tous les sens. Heureusement Akihito essaie de remettre de l’ordre, proposant de gérer un sujet à la fois en commençant par le sceau d’Elscarl’Oth. Chacun y va de son avis voulant le désactiver, l’altérer ou l’étudier. Pour ma part je préconise de laisser le choix aux sorciers de la cité et Visselion tranche donc qu’il sera étudier avant de faire quoi que ce soit. Cependant il accepte notre aide pour la reconstruction des défenses de la cité.

Nous survolons ainsi les sujets, Simaya, Messaliah, Vallel … J’écoute l’avis de chacun et donne le mien bien que certains connaissent déjà mon avis. Je suis satisfait de voir que tous s’entendent sur le sujet de l’ancien Treize sans que j’ai besoin de trouver une justification pour le faire, celui-ci n’étant pas une préoccupation prioritaire, aucun ne semble se douter qu’un pacte de non agression, voir une alliance a été conclue durant leur sommeil. Je profites de la conversation sur Simaya pour rendre les runes que j’ai emprunté tout en justifiant l’utilisation de celles qui ont disparus. Je récupère la rune « localiser » que me confie Yliria, celle-ci devant servir à retrouver l’Esserothéenne. Je remarque l’état préoccupant de la corruption de Silmeria qui la fait degueuler une gerbe noire sur la nuque de Jorus qui est étrange depuis le début de la réunion, à commencer par sa gueule en sang.

Je m’écarte pour éviter la projection de gerbe tout en rattrapant Silmeria avant qu’elle ne s’effondre. Je prends un instant avant de faire part de mon avis et de mon plan concernant Messaliah: nous infiltrer grâce à mes portails pour activer la pierre. Ibn fait savoir qu’il désire m’accompagner ainsi que Mathis.

Je commets une maladresse en citant le Sans-Visage à propos de Maïssa, que Drac ne manque pas de relever. Ce bosquet commence à m’agacer et je ne manque pas de lui faire comprendre par sarcasme et cynisme avant qu’Akihito nous appelle au calme alors que Jorus et Silmeria s’absente pour rejoindre l’infirmerie. Cette réunion a été assez longue et même si je parle à nouveau de ma vision eu au portail de l’ancienne Tour d’Or pour une piste pouvant être utile, nous décidons de ne pas plus spéculer et de nous concentrer sur les deux objectifs principaux, les défenses d’Elscarl’Oth et l’activation des Pierres de Vision. La réunion se conclut ainsi après qu’Akihito nous parle de ses observations concernant notre magie qui serait propre à nous, prenant en exemple mes portails. J’avoue que je pensais que mes portails étaient plus stables grâce à l’origine de ceux-ci. Cependant sa démonstration se passe mal étant donné qu’il prend une décharge en voulant activer sa magie. Je pousse un dernier soupire en entendant Drac voulant des volontaires pour tester sa bague et rappelle qu’il ne faut pas en abuser.

Yliria demande à me voir pour discuter entre nous et m’invite à la suivre pour être plus à l’abri des oreilles indiscrètes. Un fait étrange pour quelqu’un qui râle si souvent du manque de partage d’informations.

"Tu penses que vous serez assez nombreux pour l'opération à Messaliah ?"

« Je pense. Messaliah est une cité en ruine enfouie sous le sable du désert. Je compte nous mener directement dans les profondeurs donc nous devrions éviter en grande partie les Sans-Bannières. Pas besoin d’être trop nombreux. »

Ce qu’elle me demande ne manque pas de me surprendre car elle demande si c’est possible de ramener un prisonnier Sans-Bannière pour l’interroger. Quand je demande ce qu’elle espère tirer de l’un d’eux elle répond qu’elle voudrait connaître leurs motivations, leurs plans, leurs effectif, leurs opinions ainsi qu’un tas d’autres choses.

« Je pense qu’un prisonnier refuserait de parler. Mais … un invité peut être … Je vais voir ce que je peux faire. »

Dis-je en me grattant le crâne. Une discussion pourrait être possible si ils ignorent encore que nous avons libéré Ibn, ainsi que le Sans-Visage. J’hésite avant de poursuivre.

« Mais petite spéculation tout de même. Leur motivation est de détruire le Sans-Visage. Beaucoup d’entre eux sont des Ouessiens, j’ignore si ils ont toujours cette … « connexion » avec les autres. Mais je partirais du principe que si le Sans-Visage est l’ennemi du Dragon Noir alors l’ennemi de leur ennemi… Tu vois où je veux en venir j’imagine … »

"Je ne t'en demandes pas plus. Essaie, mais sans risquer plus que nécessaire. C'est ce que je pense aussi, raison pour laquelle il vaudrait mieux en avoir le cœur net. J'en ai marre d'être dans le flou total dans cette histoire."

Elle fait une courte pause et ajoute.

"Pas un mot aux autres pour le moment, s'il te plaît. Surtout pas Akihito. Je n'en ai pas parlé parce que certains seraient contre, lui en particulier. Et on a autre chose à faire que de palabrer sur le sujet pendant des éons. Si tu arrives à en ramener un, je prendrai le relais, tu n'auras qu'à dire que c'est moi qui te l'ai demandé s'ils commencent à montrer leur désaccord."

Je souris et commente sur le ton de la plaisanterie.

« Des cachoteries. Très bien. »

Puis plus sérieux.

« En vérité ça me va très bien, j’en ai marre des longues conversations qui ne mènent nulle part. Et si quelqu’un me dit quelque chose je l’enverrais chier comme j’ai dit que je le ferais lors de la dernière réunion. »

Puis plus préoccupé je poursuis.

« Comment tu te sens ? »

Elle soupire et avoue que c’est compliqué et qu’elle aimerait que ce soit plus simple. Je lui rappelle que nous faisons face à une des créatures les plus puissantes qui existe et que ça ne pouvait pas être facile. Je garde pour moi le fait de parfois penser que nous devrions renoncer à le combattre et plutôt trouver une façon d’évacuer Aliaénon avant que tous ne périssent de son souffle.

"Tu as sans doute raison... espérons qu'on trouve une piste au plus vite. Et.. Xël..."

Elle hésite à nouveau, avant de se lancer.

"Je sais qu'on a nos différends et que j'ai pas été très.. cordiale... pour le dire gentiment. Je suis désolée."

Je lui offre un sourire sincère bien que je ressens la tristesse que j’ai ressenti à chaque fois que j’ai perdu quelqu’un.

"C'était un moment difficile. Je connais. Tout va bien."

Je dépose doucement mes mains sur ses épaules.

" On se souviendra de ce moment la prochaine fois qu'on s'engueulera."

Déclarais-je pour nous détendre. Elle secoue la tête mais je parviens tout de même à lui arracher un sourire. Elle confie qu’elle préférerait qu’on ne s’engueule pas et je me garde de lui dire que ce sera inévitable étant donné son fort caractère. Elle me demande d’être prudent et je fais de même avant que nous nous séparions.

Je profite du reste de la journée pour préparer l’expédition, cherchant des vivres et de l’eau potable. J’aimerais également m’excuser de ma maladresse auprès de Maïssa mais j’aurais je pense tout le temps de le faire, pensant qu’elle nous accompagnera à Messaliah. Enfin, je profite de la relique confiée par le vieux barbu pour tenter de voir directement la salle de la pierre en me concentrant dessus.

(( Utilisation du collier de l’oeil nostalgique en me concentrant sur la salle de la pierre de vision.

Dernier rp complété : ici))

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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » sam. 2 sept. 2023 00:48

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

42 : Un semblant de cohésion

Combien de temps durait une nuit à Elscar’Olth ? Si sur Yuimen ou même dans d’autres régions d’Aliaénon la réponse était simple, à savoir autant de temps que durait l’absence du soleil, la question était plus compliquée dans la Lande Noire. Tout juste était-il possible de percevoir que l’obscurité au loin se faisait moins marquée. Cela rappelait à Akihito son passage à Mertar, la cité des Thorkins enfouie sous la montagne. Là aussi, la lumière des astres ne parvenaient qu’à travers les puits de lumières creusées ça et là dans la ville, mais pas partout.

(Au moins, il y avait l’activité de la ville pour m’aider à me repérer.)

Les Thorkins avaient l’habitude d’un tel rythme de vie, donc il s’était callé sur eux. Sauf qu’aucun sorcier n’était là pour lui servir d’horloge vivante ; et après plusieurs jours de combat, il ne pouvait pas leur reprocher de dormir quelques heures de plus.

« Vos amis sssssssont pressssssque réveillés. Je vais vous ssssssssupléer dans la ssssssssssurveillance, s’éleva soudainement une voix grincante dans son dos.

- Putain de ! Mais vous êtes qui ?! Et votre visage, qu'est ce qui vous est arrivé ?! »

L’individu s’était glissé dans son dos silencieusement, sans que l’enchanteur ne puisse le voir ou l’entendre venir. Et s’il n’avait pas les sens aiguisés des races elfiques, il avait fait preuve de beaucoup d’attention dans sa garde. Il bondit sur ses pieds et fit face au nouveau venu qui avait le visage affreusement mutilé : quadrillé par de profonds sillons sanglants semblant ne vouloir se refermer, les yeux enfoncés au milieu d’un visage glabre et pâle firent parcourir un frisson sinistre à travers son corps. Qui que pouvait être le sorcier, il ne lui inspirait pas confiance. Pas du tout.

« Je fus Trifalgin d'Andel'Ysssssss. Je sssssuis maintenant Trifalgin de la Lande Noire. Vous m'avez aperççççççu hier, me tenant ccccccccccci dessssssssssus, répondit-il simplement en pointant le ciel d’un doigt magrichon. Quant à mon visssssssage ? Je ne me ssssssssuis pas vu depuis des lusssssssstres. Mais je sssssuis mort, et l'on m'a ramené.

- Le... l'immense dragon... c'est vous ?

- Hm ? Vouiiii. Vous n'aviez pas z'encore compris ?

- Pas vraiment. Je me souviens que vous aviez disparu à la fin de la bataille mais les instants qui ont suivis sont... flous. »

Il était sensé savoir tout ça ? Maintenant qu’il y pensait, il croyait se souvenir que l’homme était présent à la fin de la bataille, aux côtés de Xël. Ou ceux de Bellarien ? Sa mémoire n’était pas vraiment bonne et ne conservait avec précision que le brouillard de douleur qui avait été son monde.

« Et… donc maintenant, vous nous aidez ? Pourquoi ne pas l'avoir fait avant, contre les hordes qui attaquaient la ville ?

- Parcccccce que j'obsssservais. Curieux, j'ai été attiré iccccccci comme les autres créatures. Mais je n'étais ni allié ni ennemi, jussssqu'à ccccce que votre ami vienne me parler.

- Qui. Quel ami ? Non, ça n'a pas d'importance, se ravisa l’Ynorien. Mais est ce qu'on peut vous faire confiance ? »

S’il avait cru tout ceux qui lui avaient demandé de lui faire confiance, l’enchanteur serait mort depuis longtemps. Trifalgin ne nia pas l’absence de preuve qu’il avait pour montrer patte blanche, mais assura qu’il n’en voulait pas aux habitants d’Elscar’Olth, aussi n’avait-il aucune raison de ne pas être leur gardien.

« Pas de rancœur, mais pas d'obligations non plus ?

- Effectivement.

- Alors pourquoi vous le faites ? Pas seulement parce qu'on vous l'a demandé gentiment ?

- Ssssssi. Et parccccccce que je n'ai rien de mieux à faire. »

(Cette discussion est lunaire.)

(Pragmatique, je dirais. Certaines choses ne s’expliquent pas ?) tenta Amy, même s’il percevait sa circonspection.

(Ca n’enlève pas son côté absurde.)

« Donc si vous trouvez quelque chose de plus intéressant à faire, vous pouvez changer d'avis et partir.

- Non, je ssssssuis ssssérieux dans les misssssssssions que l'on me donne. Demandez à Xël, demandez à Mathissssss. »

Evoquer le nom de ses compagnons ayant déjà visité Aliaénon poussait l’enchanteur à le croire. L’homme -le dragon squelette de quatre cent mètres de haut ?- n’avait pas l’air de vouloir cacher quoi que ce soit, mais c’était aussi le cas des bons menteurs. Après un long moment d’hésitation, Akihito soupira et lui accorda le bénéfice du doute : il allait vérifier tout ça avec Xël et Mathis. Tout en remettant son manteau par-dessus ses épaules, il se baissa pour ramasser son harnais posé à côté de la pierre qui avait été son siège.

« Et combattre le Dragon Noir, ça vous intéresserait comme mission ?

- Je ne sssssssssais pas encore. Je vais me transsssssformer, maintenant. Ne resssstez pas, vous en mourriez. »

Sans laisser le temps à Akihito de partir, Trifalgin enclencha sa transformation et se mit à enfler. Les failles suintantes son visage s’agrandirent, s’ouvrirent, sous l’effet du corps qui se gonflait et augmentait en volume.

« Bordel de... »

Les cicatrices recouvraient tout son corps sous ses vêtements et enflaient comme celle de son visage tandis que la silhouette prenait des proportions grotesques. Quelle que soit son processus pour reprendre son apparence draconique, l’Ynorien n’avait pas envie d’être à proximité quand cela se produirait. Il déguerpit sans demander son reste, ses jambes ankylosées de délassant rapidement de toute tension alors qu’il dévalait la colline. Des volutes de brume grisâtre s’éparpillaient à sa gauche et sa droite, comme autant de langues paresseuses prenant possession du territoire. Faisant appel à ses bottes, il accéléra le pas pour ne pas se laisser engloutir dans la mer de brume qui lui inspirait tout, sauf confiance. Heureusement, le phénomène n’accéléra pas et au contraire ralentit pour se cantonner à une zone plus ou moins fixe. Loin, très loin au-dessus, la tête du dragon et ses yeux luisants sinistrement posèrent un regard sous les environs. Sans bouger. Sans esquisser le moindre geste agressif.

(J’imagine qu’on a plus trop le choix que de prier pour que ce soit réellement un allié.)

(Pas un ennemi, plutôt.)

(T’as décidée d’être à cheval sur les mots, aujourd’hui ?) répondit l’enchanteur en claquant de la langue et en ralentissant le pas, apercevant une figure connue en bordure de la ville : Yliria. La jeune femme le regarda approcher en ralentissant le pas, tandis que ses pensées étaient bousculées par des pensées parasites.
Yliria était belle.
Naturellement, sa forme adulte la rendait bien plus attrayante que lorsqu’il l’avait connu. Même équipée comme lorsqu’elle partait au combat, armure de Xiuhl sur elle et lame chitineuse à la ceinture, il exultait d’elle une beauté sauvage, indomptée. Comme si la jeune femme ne se rendait pas compte de l’apparence qu’elle avait, se comportant comme si de rien n’était et l’attendant alors qu’il approchait, un sourcil haussé, ses yeux de lapis-lazuli allant de lui à la forme monstrueuse de Trifalgin prenant forme dans son dos.

Il savait très bien que la jeune femme, ou la jeune fille à l’intérieur, se fichait éperdument de son apparence. Cela jouait beaucoup dans son charme naturel, franc, quelque chose qu’il avait apprécié au fur et à mesure de leurs aventures ensembles. C’était quelqu’un d’entier, de remarquable, d’intègre. Il avait eu beaucoup de respect pour son courage à affronter ce que la vie n’avait cessé de lui envoyer au visage, sans compter tout ce qu’il ne savait pas comme l’origine des cicatrices de fouet qui avaient lacérées son dos. Et maintenant ? Était-ce toujours du respect ? De… L’attirance ?

Avec l’absence d’Anthelia, le coeur d’Akihito était de nouveau libre. Il avait fallu du temps pour qu’il accepte que quelqu’un d’autre puisse avoir la chance de la remplacer. Et Yliria… Yliria était quelqu’un qu’il avait connu alors qu’il aimait Theli. Avoir des sentiments pour quelqu’un d’autre était incongru pour lui à l’époque et Yliria n’avait jamais pu faire partie d’un quelconque avenir sentimental ; mais plus maintenant. Yliria l’aimait, il le savait. Et elle était belle. Loyale. Attentionnée. Têtue. Dévouée. Courageuse.

« Tu ne crois pas que tu devrais mettre tout ça à plat par crainte que tu n'en ai pas le temps ? »

Il chassa les paroles de Xël de son esprit alors qu’il approchait la semi-shaakte en ralentissant le pas. Qu’il ait du temps ou pas, Akihito ne voulait pas blesser la jeune femme plus qu’il ne l’avait déjà fait. Ce qui était certain, en revanche, c’est que la mort lui avait apporté un regard différent sur tout ce qui l’entourait. Sur ce qui n’était pas important… Et ce qui l’était.

« Yli ? Qu'est ce que tu fais là ?

- Je te cherchais, j'ai déjà rassemblé les autres pour parler de la suite. Il se passe quoi ?

- Rien de grave... Je crois. Xël ou Mathis pourront le confirmer. Je te suis. »

Il avait essayé d’éluder, aussi bien pour éviter de se perdre dans des explications trop pointues que pour aller à l’essentiel. Mais voyant son regard dubitatif et en imaginant le spectacle d’un dragon squelette se dresser dans son dos, il se rendit à l’évidence qu’un brin d’explication supplémentaire ne serait pas de refus.

« En deux mots, il est venu pour me dire qu'il me remplace pour surveiller les environs d'Elscar'Olth. Xël et mathis pourront attester de sa bonne fois. »

L’explication sembla la convaincre temporairement, et elle hocha brièvement la tête avant de le guider d’un pas vif, entrant dans les ruines de la ville. Marcher dans les vestiges de cette dernière restait toujours dérangeant, la seule différence était le temps qui resta dedans : plus à même de retrouver son chemin avec son amie comme guide, il se rendit rapidement à la salle où ses compagnons avaient résidé. Nul doute que certains voudraient des réponses, et qu’une nouvelle réunion allait se tenir. Akihito espérait que cette dernière se passe sans accroc, pour une fois… Même s’il n’avait pas grande foi dans ce projet.

Comme il le prévoyait, tous étaient là. Dans un cercle au centre de la pièce, près de celle de Visselion. A l’intérieur, une dizaine de chaises de fortune, dont beaucoup étaient occupées quand d’autres restaient debout. C’était le cas de Silmeria, qui restait debout derrière Yliria et Jorus, la semi-shaakte tendant un mouchoir au second pour essuyer un filet de sang coulant sur son visage. Le regard de l’enchanteur passa du blessé à l’assassin postée derrière lui, se demandant si quelque chose s’était passé entre les deux.
En plus des Yuiméniens, plusieurs figures d’Aliaénon étaient présentes : Visselion évidemment, mais aussi Maïssa, Ibn et une quatrième personne qui devait être Teruki, à en voir ses traits ynoriens sans l’ombre d’un doute. Le gouverneur et mari d’Himeka arborait l’expression dure et sévère qu’Akihito avait vu sur de nombreux hommes de pouvoir de son peuple, notamment les conseillers. A l’exception notable, évidemment, du conseiller Sirius Gale.

A son entrée, l’assemblée silencieuse venait tout juste d’être troublé par l’aéromancien demandant au chef des sorciers si la présence de Trifalgin suffirait à donner assez de temps pour rebâtir les défenses.

(Il le connait, et à l’air de ne pas se méfier de lui. C’est déjà ça.)

« J'ignore si il compte le faire longtemps, intervint l’enchanteur, mais ça va être dissuasif. Et apparemment, toi et Mathis devriez être en mesure de le savoir. »

Sa voix était un peu plus traînante que d’habitude : sauter une nuit n’était pas un problème si elle était calme, mais il avait passée une large partie de cette dernière à fixer l’horizon pour ne pas se battre avec les cauchemars tapis dans ses souvenirs. Il salua néanmoins les personnes présentes, puis pris la parole puisque tous semblaient présents.

« J'ai essayé de parler avec chacun de vous pour savoir quoi faire -désolé Silmeria, je vous ai pas trouvé hier- et j'ai l'impression qu'on est tous plus ou moins d'accord sur la première chose à faire, à savoir s'occuper du rayon de magie. Problème, personne a l'air de savoir ce que c’est exactement et pourquoi ça attire toutes les bestioles du coin. Yli, toi et moi on pourrait à la limite essayer d'en apprendre plus mais le plus simple reste quand même de laisser Visselion faire. Vous l'avez "créé" et vous pouvez canaliser notre magie. On aura qu'à vous fournir l'énergie suffisante en combinant nos efforts pour limiter les risques : si vous avez une idée sur comment l'employer, c'est le moment de la partager.

- Comme j'en ai discuté hier avec Jorus, toucher à l'essence de ce rayon ne va pas être simple. Personnellement, je ne le ferais pas, au risque de revenir au même point de mise en danger d'Aliaénon qu'avant notre intervention. Une fois les défenses de la ville rebâties, les créatures ne tenteront plus d'attaquer. En revanche, je suis pour comprendre sa nature et son fonctionnement. Et mesurer les risques qu'il peut faire courir à la cité et... à Aliaénon. »

Pour une fois, l’archisorcier semblait être plus prudent, plus mesuré sur ses affirmations. Et il eut une phrase que l’enchanteur n’aurait pas crut entendre de sa bouche.

« Hors donc, j'ai réfléchi cette nuit, et il me semble qu'il vaut mieux d'abord le comprendre avant de vouloir l'altérer. Et en l'état, toute altération devrait être mineure et concentrée sur le fait de... lui ôter ce côté attractif. Uniquement. »

Visselion, raisonnable ? Est-ce qu’il avait bien entendu ? Est-ce que tout ce qui s’était passé récemment avait fini par lui retirer son côté impulsif ? Dans tous les cas, il n’allait pas s’en plaindre, et précisa sa pensée.

« J'ai mal dû me faire comprendre, mais c'est ce dernier point que je voulais dire. Rebâtir vos défenses va vous prendre beaucoup de temps et cette altération serait la solution la plus rapide pour vous laisser le temps de vous remettre des dernières semaines. C'est ce que je pense. »

Ensuite, tout dérapa. Tout le monde se mit à parler en même temps, à aborder les sujets qu’ils pensaient importants. Et la plupart l’étaient, ce n’était pas le problème. Ce qui l’était, c’était d’aborder sans aucune direction claire, dans tous les sens et avoir au moins trois discussions croisées qui commençaient en même temps. Yliria voulait remettre sur le tapis les raisons de la mort du groupe, Mathis expliquait pourquoi, Dracaena lançait quatre sujets simultanément… Se frottant les tempes, Akihito attendit qu’une accalmie se présente pour prendre la parole et recadra la réunion.

« Écoutez, je sais qu'on a beaucoup de sujets à aborder comme Vallel, Messaliah, la m... disparition du groupe, le Dragon noir et j'en passe, mais on pourrait pas traiter un sujet à la fois, s'il vous plaît ? On part déjà dans tous les sens et je me sens pas capable de tenir quatre discussions en même temps. Donc si vous voulez bien, on peut terminer de statuer sur ce qu'on veut faire ou non vis à vis du rayon de magie ?

- Votre idée est bonne Akihito, acquiesça le Kendran avant de s’adresser à Visselion. Donc en ce qui concerne le rayon, si j'ai bien compris, pour le moment vous ne souhaitez que l'étudier. Pendant ce temps, serait-il nécessaire de rebâtir des défenses tel que l'a suggéré Yliria ? En bref, avez-vous besoin d'aide de notre part en ce qui concerne le rayon ?

- Etudier le rayon et reconstruire nos défenses sont nos priorités. A vous de voir si vous voulez nous épauler ou non dans ces tâches, par rapport à votre objectif de destruction de ce dragon. »

Les autres finirent par se positionner et Visselion répondit à chacun : Yliria se sentait plus utile pour supporter l’établissement des défenses, qui étaient sous la responsabilité d’Alossarh ; Silmeria proposa de donner une dose de bave d’Aetheris pour soigner Lamyria, mais Visselion déclara qu’il ne pensait pas la sénilité d’une vieille femme soignable ; Dracaena resta silencieux, pour une fois ; Xël décida de s’en remettre à la décision des sorciers d’Elscar’Olth ; Quant à Jorus…

« J’ai cru comprendre avant cette réunion que ce que je prenais pour prioritaire semblait secondaire, mais pourrions-nous ne pas oublier Simaya ? »

… Il aborda le sujet de Simaya, avant de revenir sur ce qu’il savait du Sceau, notamment appris par sa rencontre avec l’âme du précédent Archisorcier d’Eslcar’Olth à Jesuir. Ce fut finalement Visselion qui, comme l’avait suggéré Xël, trancha.

« Ainsi, je conclus le sujet du rayon par cette décision, puisqu'elle nous revient de droit : J'accepte votre aide pour la reconstruction ou l'étude du sceau. Et action sur le rayon il n'y aura que lorsque nous aurons assez d'informations pour les mener. »

Restait à savoir qui allait pouvoir aider où. Ce qui dérangeait Akihito, c’était la partie sur la reconstruction des défenses. Ca consistait en quoi, exactement ? Réaménager le centre de la ville et sécuriser les différentes ouvertures des souterrains prendraient des jours, et les murailles étaient hors de question avec un effectif aussi réduit.

(A moins que l’un des sorciers dispose d’une magie de lévitation ou de terraformation.. Ca s’annonce compliqué.)

« Simaya est une puissante alliée, dans ce combat qui vous oppose au dragon. Trouver ce qui lui est arrivé semble pertinent. Quant au sceau, j'ai émis tout ça, oui. Mais sans l'avoir analysé le moins du monde. Je suggérais surtout de ne pas agir par empressement, le concernant. J'approuve l'idée d'Akihito de l'étudier avant de tenter toute chose. Je suis connu pour mon imprudence, mais... parfois, sagesse est mère de sûreté. Et l'on ne sait pas ce qu'une désactivation du rayon pourrait engendrer non plus, maintenant qu'il est élevé.

- Merci, remercia l’enchanteur, une nouvelle fois surpris de la prudence bienvenue de Visselion. Notre groupe pourra se séparer pour aider Alossarh ou vous, et vous aider le temps que nous pourrons nous permettre de rester ici.
Et puisque le sujet a été abordé, passons à Simaya. Ses pouvoirs nous seraient très utiles, je suis d'accord. Mais nous ne savons ni où elle est, ni pourquoi elle est partie -car je doute qu'elle ait été enlevée en plein milieu du camp sans que personne ne soit attaqué ni le voit. Alors à part utiliser la magie d'Aliaénon, je n'ai aucune idée de comment nous pourrions la retrouver. On pourrait passer des jours ou des semaines à la chercher, et c'est du temps qu'on a clairement pas. »

Il prit une inspiration et son visage se ferma un peu, pas très heureux de dire ce qui suivit.

« A moins que tout le monde soit d'accord pour utiliser la magie pour la retrouver, ou ait un moyen à peu près sûr de la localiser, je suis d'avis que sa recherche passe en second plan. Et je dis pas ça de gaieté de coeur.

- J'ai peut-être une solution pour Simaya, intervint Yliria en sortant une rune de son sac. Hi, "Localiser", ce sera sans doute plus simple que d'essayer au hasard un sort qui a toutes les chances de nous péter à la figure. Rien ne dit que ça va fonctionner, mais ça peut valoir le coup d'essayer.

- Avec mes pouvoirs, il n'eut guère été complexe de la retrouver. De trouver des pistes, en tout cas. Si nous n'avons pas avancé dans sa recherche quand nous serons à Messaliah, il sera pertinent de demander l'aide d'un Cadi Yangin sur place. »

Pour une fois, tout le monde tomba rapidement d’accord sur la solution proposée. Xël sauta sur l’occasion pour redistribuer les runes qu’il avait emprunté pendant leur absence, disant qu’il en avait utilisé quelques unes et s’en excusant. Akihito regarda tout de même du côté de Jorus puis de Silmeria, les deux à ne pas s’être prononcé. Si ce n’était pas spécialement étonnant pour l’assassin, pour le deuxième ça l’était. Ils avaient l’air d’être en proie à des préoccupations plus personnelles et après avoir vu Xël et Dracaena s’enquérir de leur état, il avait continué.

« Pas mal ton idée Yli, répondit l’enchanteur en souriant. Je t'aurais bien aidé, mais... J'ai pas grand chose qui pourrait être utile. Plus qu'à espérer que la rune marche.
Belle transition, sire Ibn. Messaliah, donc. Nos intérêts y sont multiples, commença l’enchanteur en soulevant un doigt au fil de son énumération.
-Récupérer les pierres de visions pour pouvoir communiquer entre nous sur de longues distances -et y a ta bague pour ça aussi Drac, si j'ai bien compris ?
-Chercher à localiser Simaya si la rune ne marche pas
-Empêcher les Sans-Bannieres de faire quoi que ce soit de stupide.
Si la ville est pas déjà assiégée, l'accueil sera quand même pas chaleureux. Les Cadi Yangins actuellement au pouvoir n'aiment pas les étrangers, les femmes et Ibn. L'idéal serait d'entrer dans leurs bonnes grâces en les débarrassant des Chevaliers. Si ça marche pas... une approche plus furtive sera peut-être à envisager, mais ça me plaît moins.
Ça me semble être un choix judicieux de prochaine étape après avoir fait ce qu'on peut faire ici : qu'en pensez vous ? »


Soudainement prit d’une mauvaise intuition, l’enchanteur se tourna vers le sorcier du désert.

« Une dernière chose, Ibn... Est ce que ce serait envisageable que les Cadi Yangins aient décider de s'allier- non, se soumettre au Dragon Noir ? Nagorin l'a fait, d'autres ont peut être acceptés...

- Les sorciers de feu sont fiers, je doute qu'ils aient cédé à la tentation d'une telle créature. »

Akihito aurait bien rétorqué que la fierté ne vaut pas grand-chose contre une créature de cette taille, mais il s’abstint. Lui avait bien tenu tête au Dragon Noir…
Son fil de pensée et l’acquiescement de Mathis fut presque étouffé par le bruit et la vision répugnante d’une Silmeria vomissant abondamment sur un Jorus déjà mal-à-l’aise pour il ne savait quelle raison.

(Je suis pas experte en vomi, mais…)

(Non, c’est pas normal de vomir un truc noir comme la nuit.)

(Ca me fait un peu penser à ses larmes noires, tu crois que ça a un lien ?)

(Peut-être. Sans doute. Dans tous les cas, elle a l’air sacrément malade, même si ça l’empêche pas de balancer des blagues de grossesse.)

Akihito était certain que même le torse séparé des jambes, elle trouverait le moyen de lancer une boutade, comme « Ah bah je vais moins bien marcher maintenant. » ou « Eh Akichou, tu crois que Dracaena acceptera que je me taille des jambes de bois dans son tronc ? ». Le dit Oudio était d’ailleurs tombé dans le panneau, mais sa méconnaissance du fonctionnement des corps de chair jouait contre lui. Il tendait un de ses seau à l’Hinïonne d’un air concerné, avant de se tourner vers le reste du groupe.


« Euh... et pour s'qui est de la bague...De ce que m'a expliqué le Sans-visage, je peux "marquer" quelqu'un avec, s'qui donne le pouvoir de communiquer avec lui et avec le porteur de l'anneau. Il m'a aussi dit d'pas en abuser, sinon il le r'prendrais...

- L'anneau du Sans-Visage est une bénédiction. Son utilisation doit être réduite, mais je vous suggère de marquer des personnes où que vous alliez. Ne fut-ce que pour les contacter en cas d'urgence ou de rassemblement pour... la bataille finale contre notre ennemi commun.

- Quand à se débarrasser des chevaliers en premier pour se chopper leurs "bonnes grâces", ça part du principe qu'on peut les gérer... A 50 ils tenaient une ville comptant des centaines de soldats, alors j'imagine pas s'que ça va donner leur armée complète... Bref, aller à Messaliah, ouais, se faire les Sans-mannières en premier, j'suis un peu moins chaud...
M'sieur Xël, concrètement, c'était quoi vot' plan une fois là-bas ?


- Etant donné que les Ouessiens se sont alliés au Dragon Noir nous étions déjà leurs ennemis en arrivant à Nagorin. En revanche en libérant le Sans-Visage nous avons sans doute porté un fort coup à leur camp. Il est pour l’instant le seul être qui a été capable d’annihiler son souffle et d’établir une conversation avec lui. La dernière fois qu’on a vu une chose capable de tenir tête au Dragon c’était à Kôchii avec Brythe et on sait comment ça a fini. Notre passage à Nagorin est, en terme militaire, une victoire totale. Concernant les Sans Bannières c’est la même chose, nous avons avec nous Ibn qu’ils ont capturés et roués de coup. Je ne crois pas un seul instant qu’ils accepteront de parlementer avec nous, surtout maintenant que nous avons libérer le Dieu qu’ils traquent. Ils nous attaqueront à vue sans se soucier de nos motivations. Surtout si celles-ci consistent à demander de l’aide au Cadi-Yangin, leurs ennemis, pour activer la pierre et aider à localiser Simaya.
Heureusement je pense pouvoir les éviter en nous amenant directement au coeur de la cité. On les évite, on fait ce qu’on a à faire et on repart. On sait maintenant qu’ils ne trouveront pas d’armes antiques dans les ruines. Le Sans-Visage nous a confié que l’arme la plus puissante du désert est déjà avec nous.


- Il est pas question de se battre contre les sans-bannières, intervint Yliria après avoir conseillé à Jorus d’aller à l’infirmerie en emmenant Silmeria au passage. Si on se rend à Messaliah, on prévient les locaux en espérant qu'ils évacuent et en les aidant à le faire, on trouve comment récupérer des pierres de vision et on revient ici. On a assez d'ennemis sans en plus ajouter un groupe armé visiblement puissant. On n'est pas assez nombreux ni suffisamment au courant de leurs objectifs pour se battre contre eux de front. je n'ai pas envie de rejouer la scène de Nagorin, alors allez-y doucement avec les comportements va-t-en-guerre. Notre objectif est le Dragon Noir, pas les Sans-Bannières.

- Les Sans-Bannière ne sont pas au courant que Vakkar Ti a été ranimé. Et effectivement, les attaquer de front serait une erreur. Quand bien même nous parviendrions à les vaincre, ça ne sera qu'au prix de risques inutiles pour chacun de nous. Il faudra la jouer plus fine : infiltration, persuasion, tromperie... Vous avez eu un contact correct avec eux, à Methbe-El : ça pourrait servir de partir de là. »

Ibn jeta regard à Silmeria et Jorus, avant de secouer la tête d’un air dépité.

« Il semble vraiment complexe d'avoir une réunion convenable, avec ce groupe. Peut-être devriez-vous créer entre vous un état major stratégique avec... ceux qui sont intéressés par votre avancée en ce monde. Les autres n'auront qu'à suivre vos décisions. »

C’était une proposition qu’Akihito était prêt à accepter, qu’il fasse partie de l’état major ou non. Les discussions trop nombreuses étaient infernales à tenir, même lorsqu’il s’efforçait de les cadrer. Comme là, où Dracaena commençait à mal prendre que Xël utilise le mot « arme » pour parler de MaÏssa.

« Effectivement, selon le Sans-Visage nous avons avec nous la personne la plus puissante du désert à, défaut de "l'arme".

- Restons calmes, s'il vous plait, tempéra Akihito en regardant Dracaena, Xël et Maïssa. Jorus, Yliria a raison. T'as pas l'air en grande forme. Et Silmeria.... aussi. »

Après leur accrochage, il était difficile pour lui de l’envoyer s’occuper de Silmeria, mais c’était la meilleure chose à faire et malgré sa voix un peu hésitante, il maintint son avis.

« On prendra pas de décision finale sans vous : le conseil stratégique, on verra ça plus tard même si ça me semble pas une mauvaise idée.

- Oui, oui ! Tout de suite ! »

Pendant que Jorus s’exécutait, Dracaena continua sur ce qu’il savait des Sans-Bannières, et que tout comme Yliria, il n’était pas partant pour s’opposer à une troupe qui a seulement une cinquantaine de membres, avait pu menacer toute une ville.

« Bon, résumons. La bague du Sans-Visage comme solution de secours, ça me va. Pour les Sans-Bannières, tout le monde est à peu près d'accord pour qu'on évite le plus possible de prendre le risque de les affronter. Mais ces faquins sont pas devenus une force crainte en jouant les chemineaux et en étant mal informés : même si Maïssa est effectivement la personne la plus puissante du désert, Messaliah peut quand même receler une arme puissante : la pierre de vision principale, qui sait. Et j'ai pas envie de les laisser mettre la main sur cette potentielle arme, pas plus que j'ai envie qu'ils interagissent avec la pierre si on a besoin qu'elle soit fonctionnelle.
Après, on peut aussi entrer à Messaliah de manière furtive avec un portail et une escouade discrète. Mais je préfèrerai quand même essayer de nouer une alliance avec les Cadi Yangins et garder cette option comme plan de secours. On a tout à gagner à les avoir avec nous, surtout si les Chevaliers deviennent vraiment menaçants.
Alors voilà ce que je propose : on évite un maximum les Sans-Bannières en se tenant prêt à agir, on va à Messaliah pour tenter la coopération avec les sorciers et s'ils veulent pas, on s'infiltre. Ca vous va ? »


- Objectif Messaliah et pierre de Vision, donc. Bien. Je ne viendrai pas, j'ai d'autres idées qui requièrent mon attention ici. Xël, essaie quand même de réfréner tes pulsions, et pas seulement contre les Sans-Bannières, on est là pour vaincre le dragon avant tout, essaie de ne pas l'oublier au lieu de parler de victoire militaire qui n'en a ni la portée, ni même le nom. Pas de vendetta personnelle contre les peuples de ce monde, peu importe ce que tu ressens. On n'est pas là pour jouer les justiciers biaisés ou les soldats zélés, mais pour éviter la destruction de ce monde et l'anéantissement de ses peuples. TOUS ses peuples.
Attendons de voir comment vont Jorus et Silmeria avant de lancer l'expédition. Ça vous permettra de vous reposer.... Aki, surtout toi, t'as vraiment une tronche de six pieds de long. Tachez de préparer un plan, cette fois, s'il vous plaît, je n'ai pas envie de devoir à nouveau passer des heures à réparer vos corps et à les maintenir en état à cause d'une bêtise facilement évitable. Et concernant la bague du Sans-Visage... ce sera sans moi. J'ai passé l'envie d'être marquée par des êtres surpuissants aux intentions nébuleuses. »

Xël ne pipa mot, même si c’était écrit sur son visage que tout ce que pouvait dire Yliria ne lui plaisait pas. Il accepta néanmoins la rune que lui tendait la jeune femme : quant il s’agissait des pierres magiques, l’aéromancien avait l’air toujours impliqué de près ou de loin. Et il avait l’air d’en connaître un rayon dessus.

« Puisque Silmeria n'est pas là, j'imagine qu'il est inutile d'aborder en profondeur le sujet primordial de "Tout le monde est mort parce que certains sont pas fichus d'écouter quand on leur parle" ? »


(Elle a l’art et la manière de mettre les pieds dans le plat. Avec les bottes lestées. Elle la veut, sa discussion.)

« Ne craignez pas de représailles de ma part envers Silmeria. J'ai eu ma leçon. Je ne rechercherai pas sa compagnie à tout prix, mais si la situation l'exige, je pourrai travailler de concert avec elle. Nous avons d'ailleurs fait équipe, elle et moi, à l'intérieur de la pyramide.

- Yli, je suis pas sûr que revenir sur l'épisode Justice soit nécessaire. Provoquer sa propre... Disparition devrait être une leçon suffisante, même pour Silmeria. Mais si t'y tiens, je préfère ne pas être là.

- Yliria, si vous voulez r'parlez de not' mort, maintenant ou plus tard, en tête à tête ou en groupe, j'suis tout ouïe en tout cas. S'pas en f'sant comme si c'était jamais arrivé qu'les conséquences disparaitront... »

Deux sons de cloches différents, mais là encore, la réaction de Dracaena n’était pas pour étonner l’enchanteur. Il ressemblait par bien des aspects à Visselion… Les moyens de ses ambitions en moins. Xël, lui, après être resté silencieux, finit par donner son avis sur un point encore passé sous silence.

« Aucun de nous n’a le pouvoir ni la prétention de pouvoir exercer l’autorité sur les autres. Je répète encore que nous sommes trop différents les uns des autres pour pouvoir fonctionner correctement. On pourrait faire une liste de ce qui faut faire et ne pas faire que certains estimeraient tout de même qu’il faut faire autrement. Il faudrait changer la nature de chacun pour que ce soit different, autant chier dans le Kenaris. Voilà pourquoi je préconise de former plusieurs groupes aux mentalités plus proches. Cela aura aussi l’avantage d’éloigner ceux qui ont manqué de tous nous tuer. Qui de nous à envie de surveiller constamment Mathis et Silmeria dans la crainte de représailles ? »

Sans surprise, cela attira l’ire de Dracaena. Les deux commencèrent à s’écharper, tandis qu’Yliria racontait à la demande de Mathis ce qui s’était passé à Nagorin : ils étaient venus réveiller le Sans-Visage, et ça n’avait pas plut aux locaux qui s’étaient alliés au Dragon Noir. Ibn, lui, s’étonna qu’Yliria préconise une séparation quand elle avait été une ardente défenseuse du « il faut rester groupé ». Regardant le mage d’air et celui de feu s’opposer sur ce qui faisait ou non un bon groupe, Akihito ne put s’empêcher de soupirer à voix basse : il était d’accord globalement avec Dracaena tout comme l’était Yliria, la coopération demandait de mettre son ego de côté. Dans une armée, tout les soldats et sous-officiers avaient leur propre idée de la marche à suivre. Et pourtant, ce n’était qu’une poignée de personnes qui décidait : non seulement parce qu’ils étaient mieux formés -ou devaient l’être, se corrigea l’enchanteur-, mais aussi et surtout pour simplifier la prise de décision.

« Plutôt de la discipline qui nous manque... murmura le jeune homme avant de reprendre d’une voix plus forte. Par les dieux, Xël, Dracaena, arrêtez de vous battre. On a autre chose à faire, là. »

il secoua la tête, se tapa les joues pour se reconcentrer : la conversation n’était pas finie, et il devait la mener à bien.

« Parce que je pensais que ce serait plus efficace. Force est de constater que non, au vu du fiasco récent, donc j'ai revu mes positions. Xël a en partie raison, personne n'est légitime pour commander les autres du groupe et à moins d'un vote auquel tous se tiendront sous serment, je vois mal comment parvenir à quelque chose. Croyez-moi, je préfèrerais largement qu'on se coordonne entre nous et qu'on agisse comme un groupe uni, mais je suis réaliste et je sais que ce ne sera pas possible avec certains. Pas dans ces conditions, en tout cas.

- Nous n'avons pas besoin d'être tous présent sur toutes nos actions, Ibn. Moi par exemple, je suis pas vraiment nécessaire si on décide d'infiltrer Messaliah et je serai sans doute plus utile autre part. Et si ça peut éviter de s'écharper sur les prises de décision... »

Pour cela, ils avaient largement de quoi faire : Mathis venait de se proposer, Silmeria était une assassin discrète et Xël avait ses portails. Jorus avait l’air lui aussi de savoir se débrouiller, donc sa présence n’était pas nécessaire. Et puis… Il était conscient de son état.

« De toute façon, mon départ à Messaliah sera possible que si j'arrive à enfiler mon armure. Je resterai ici en attendant, pour le Sceau ou les défenses, dit-il en jetant un regard entendu à Yliria qui continuait de s’inquiéter pour lui, à juste titre. Ne reste plus que deux sujets à aborder, il me semble : Vallel et le Dragon Noir. De ce que j'ai compris, Vallel compte rester neutre à faire ses expériences dans son coin, donc il ne devrait pas nous emmerder. A moins qu'on ait une bonne raison d'interagir avec lui, on peut le laisser tranquille.

- Comme vous dites Vallel demeure à Orsan afin de construire ce qui a été détruit. Si nous avons besoin de son soutien pour combattre le dragon, il sera disponible. Je crois que c'est une aide à ne pas négliger.... Sa seule condition c'est de ne pas se faire attaquer par Xël.

- Tant qu'il nous laisse en paix, tout ira bien. Faisons ce que nous avons à faire dans l'immédiat, nous verrons son cas plus tard, ce n'est pas la priorité, selon moi.

- Je suis d’accord, Vallel n’est pas une priorité pour le moment. »

Akihito regretta que la plupart des discussions ne se passe pas comme ça, où tout le monde tombait rapidement d’accord. Xël semblait d’ailleurs très pressé de finir la conversation, puisqu’il annonça que si personne n’avait rien à ajouté, il irait prévenir Jorus et Silmeria.

(C’est pas comme si j’avais annoncé deux autres sujets…)

« Enfin, bref, avant d'conclure tout j'aim'rais bien qu'on m'rassure concernant le cas de main d'airain, le type de... Nagorin, c'est ça? On est bien sûr qu'il n'est plus "connecté" avec ses autres copains aux yeux bandés, hein? Si lui et sa ville se sont rallié à Brythagon, pourquoi il nous a aidé en fait? »

(Connecté ? Comment ça, connecté ?)

Se souvenant de la ville, de ce qu’il avait pu observer ce jour-là et du rapide échange qui s’ensuivit, l’enchanteur supposa que les habitants de Nagorin étaient tous reliés et pouvaient communiquer les uns avec les autres, ou quelque chose de similaire. Ce qui était définitivement pratique, surtout quand toute la population était incapable d’utiliser sa vue.

« Je comptais m'entretenir avec lui, c'était une des raisons que me faisaient rester ici. J'ai besoin de comprendre comment ils ont réussi à entrer en contact avec le dragon noir, dans quel but et avec quel niveau de coopération, s'il s'agit bien de ça. Rien ne dit qu'ils ne sont pas simplement terrorisés par le méga squamate des enfers, mais ils ont affirmé qu'ils survivraient et seraient ceux qui... porteraient l'histoire du monde pour le futur ou quelque chose comme ça. On manque d'informations et je comptais bien tirer tout ça au clair. Calmement, précise-t-elle avant que quelqu'un ne fasse une remarque. Si on peut comprendre l'objectif du Dragon, on pourra trouver une parade et agir en conséquence. Cela vous convient ?

- Je pense qu’il faut partir du principe que tout ce qu’il voit et entend, les autres en seront témoins aussi et de mon expérience, on ne tire pas grand chose d’une conversation avec eux.

- Je suis pour le fait de l’interroger et en tirer le maximum. D'ailleurs, s'il a été téléporter avec nous, c'est qu'il avait l'âme d'un des « notre » à l'intérieur de lui, non ? C'était qui ? M'sieur Jorus ? Ptet qu'il en sait plus sur le sujet ? »

Akihito hocha la tête : si l’homme à la main d’airain l’avait aidé en extirpant son âme du Golem, il en savait trop peu sur lui pour avoir un avis très différent de ceux de ses compagnons. Il laissa ensuite un sourire étirer ses lèvres. « Méga squamate des enfers »… Un titre terriblement littéral, mais également si peu glorieux.

(Elle a le chic pour trouver les surnoms qui vont bien.)

Visselion se montra concerné, lui, quand il constata que la conversation parlait un peu trop en détail de ce qu’il convenait de faire à Messaliah, et qui irait ou non. Yliria se chargea de le rassurer en étant appuyé par Mathis, non sans se montrer très légèrement agacée.

« Visselion, il y a au moins Akihito qui va rester pour travailler sur le sceau et je vais vous aider pour les défenses tandis que ceux volontaires iront à Messaliah. Nous ne vous laissons pas livré à vous-mêmes.

- Et si... et si être allié au dragon ne signifiait pas être votre ennemi. notre ennemi ? Que savons-nous de ses objectifs, sinon qu'il tue des titans ? demanda soudainement Ibn, après avoir réfléchis aux paroles de Dracaena, avant d’être soutenu par le gouverneur de Fan-Ming qui ouvrait pour la première fois la bouche.

- Et détruit des cités.

- Yliria a raison, ajouta Xël. Elle et Akihito sont plus érudits que moi, je ne serais pas d’une grande aide étant donné que Trifalgin monte la garde dehors. Quant aux Ouessiens, ils ont changé plusieurs fois de camp, Vallel pourrait vous en parler et le Sans-Visage aussi. Avec des alliés comme eux pas besoin d’ennemi. Je suis d’avis de les considérer comme ennemi.
Il me semble que le dragon a déjà avouer ses objectifs. Dévorer ce monde et les autres…


- Pour ce qui est de Brythagon, j'ai conversé avec. Marchandé, même. C'est pas une bête assoiffée de sang. Mes ses objectifs sont clairement de traiter ce monde comme un immense terrain de chasse. Et quand vous êtes aspiré, vous êtes terminé. Le Sans-visage a essayé de discuter avec et en a conclu que c'était aussi une ennemie. Je ne pense sérieusement pas qu'une solution diplomatique existe avec. Quant aux alliés de Brythagon... ça n'est pas forcément nos ennemis, c'est sur, mais il faudrait savoir ce qui les poussent à le suivre...

- Je ne pense pas qu'une solution diplomatique soit possible, abonda Yliria. En revanche, je pense qu'il y a plus que la bête destruction irraisonnée et irréfléchie. Sinon, pourquoi a-t-il communiqué avec Nagorin ? Pourquoi s'arrêter à la destruction de Fan-Ming ? Il aurait pu raser ce monde vu que le Sans-Visage n'était pas capable de l'arrêter, enfermé comme il était et on a tous vu qu'un Titan n'est qu'une proie pour lui. Nous n'avons pas à faire à une créature stupide ou qui agit par instinct. Son objectif final est sans doute de dévorer ce monde, mais pour se faire, il a visiblement besoin de quelque chose, que ce soit du temps, de la puissance, ou que sais-je encore. Il faut qu'on comprenne ce qu'il cherche à faire, pas seulement spéculer. Si on sait ce qu'il compte faire, on pourra essayer de le contrer.

- Vous ne cessez de dire Brythagon.... Pourquoi ? Brytha et le dragon ne font désormais plus qu'un ou bien ce n'est qu'une hypothèse de votre part ?

- Oui, intervint l’enchanteur, Brytha et le Dragon noir ont fusionnés. C'est une certitude, il a employé le nous, et n'a pas nié leur fusion. Et faute de mieux comme piste, je pensais me mettre à la recherche du lieu où ils sont apparus sur Aliaénon. Leur arrivée à forcément laissé des traces, des témoins. »

Revenir à la source du problème pouvait les aider à savoir quoi faire. Et si Brytha avait survécu, par exemple ? Si une partie d’elle était restée indépendante, dans son corps d’origine, et était affaibli quelque part ? Un tel scénario était complètement improbable, mais Akihito partait aussi du principe qu’il n’avait aucune expérience en ce qui concernait les combats mortels entre deux entités immortelles. A partir de là… Tout était possible. Roulant son cou pour défaire les nœuds qui s’étaient formé durant la nuit, son regard tomba sur le marteau posé non loin de lui. Il devait aussi parler de ça, avant que tout le monde se disperse.

« Et j'aurais quelque chose à montrer vis à vis de la magie , mais c'est secondaire. On attendra la fin des sujets pressants.

- Dans l'idée, oui, on pourrait chercher où il est arrivé, mais comment ? Il a très bien pu débarquer au milieu de l'océan, dans d'immenses plaines vides ou dans une montagne si haute que personne ne se risque à l'escalader, sans laisser de témoins. On n'a pas les ressources pour quadriller l'entièreté de ce monde, mais si une idée concrète vient à quelqu'un, c'est une piste à suivre. Et en attendant.. Je vais essayer de comprendre ce que Nagorin a à gagner à s'allier avec le Dragon en discutant avec notre invité. Mais je ne demanderais à Jorus que quand il ira mieux. Et je pense d'ailleurs que toi et Mathis, sans parler d'Akihito, vous devriez tous prendre un peu de repos et vous faire ausculter. Visiblement votre... séjour vous a affecté de manière assez différente. Je préfère que vous n'ayez pas à subir d'effets inattendus au mauvais moment, ça pourrait vous coûter cher... »

(Et c’est moi qui sur trop protecteur ?)

(Elle a raison, tu sais.)

(Oui, tout comme je peux avoir raison quand elle me dit que je devrait arrêter de m’occuper des autres.)

Xël parla ensuite d’une vision qu’il avait eu, au sujet du fantôme d’une reine des montagnes. Il semblait à l’Ynorien que cela faisait partie de la première vision qu’il avait eu en arrivant sur Aliaénon. Tant de choses s’étaient passé en si peu de temps qu’il en avait oublié cette partie.

« Disons que ça nous donne au moins une chose à chercher. Puis si la pierre de vision peut nous aider à retrouver Simaya -et cette fameuse reine au passage-, on peut peut-être l'utiliser pour trouver le lieu de leur arrivée ? termina-t-il en regardant Ibn, avant de regarder Visselion. A moins qu'Elscar'Olth ou Aliaénon ait une idée de moyen de transport efficace pour fouiller et couvrir de longues distances. »

Aigles g"ants, cercles de téléportations, poertails... Akihito aurait été prêt à considérer n'importe quelle option.

- Le fantôme vous a dit quelque chose où vous l'avez juste aperçu ? demanda Dracaena après avoir précisé la nature de « nouvelle entité » de « Brythagon ». C'est... qui cette reine du coup ?

- Elle n'a rien dit non, elle était juste... présente. Elle était la reine des montagnes de Colomir'Thu. Je ne la connaissais pas très bien. »

La piste était maigre, là aussi. Même si, comme le disait Mathis , la vision n’était pas à négliger.

« Pour s'qui est de... mon histoire de d'énergie intérieure bizarre, m'sieur Akihito à trouvé une ... "piste" sur le sujet. Le fameux truc dont il veut parler plus tard. J'sais pas si c'est la même pour m'sieur Jorus et m'dame Silmeria par contre...

- Je pense pas que ce soit ça, non. Mais comme dit, j'en parle juste après.

- Je me sens très bien, sans aucun souci apparent. Je ne vois tout de même pas d'inconvénient à me faire ausculter par prévention. Mais pour le moment, Zacara semble assez débordé. Je peux attendre qu'il examine ceux qui ont des symtômes visibles, je vais tout de même demeurer vigilant. Et j'ai bien l'intention d'accompagner Xël, lorsqu'il sera prêt à partir. »

La discussion arrivait tout doucement à son terme, et les choses finissaient par se dessiner. Yliria tempéra les plans tracés sur la comète concernant la reine, rappelant que la retrouver était sans doute conditionné par l’expédition dans Messaliah et qu’il fallait d’abord régler ça avant tout. Dracaena hocha la tête, et sorti une bague ornée d’un losange d’obsidienne : la fameuse bague du Sans-Visage, arguant qu’il fallait la tester. L’enchanteur était pour : si le Sans-Visage avait prouvé qu’il était de leur côté, ils ne pouvaient pas se permettre d’user d’un artefact pareil sans le connaitre un minimum. Sa capacité d’analyse allait sans doute permettre d’en savoir un peu plus.

« Explique toi, Aki, pas la peine de nous faire languir. De quoi tu parles ? Tu as découvert quelque chose concernant la magie ?

- Une chose à la fois. Oui. On pourra essayer Dracaena, je pourrai même essayer d'en apprendre un peu plus à son sujet. Comme j'ai dit, j'ai quelques capacités en ce qui concernent les artefacts. Pour la magie. »

Il prit une inspiration : le mieux était avant tout de faire une démonstration pour étayer ce qu’il voulait montrer. Refermant ses doigts autour du manche du Marteau de Valyus, il intima à la magie de recouvrir son arme. Un geste qu’il avait fait des dizaines de fois et qui bien souvent, s’activait sans qu’il y prête attention tant c’était devenu un réflexe. Et pour la première fois depuis son arrivée sur Aliaénon, ce fut un courant de foudre qui parcourut son heurtoir. Une satisfaction qui fut de courte durée car telle une porte ouverte sur un brasier, la foudre reflua violemment vers le manche. Sa main se tordit d’une fugace et vive douleur causée par le choc électrique, et le força à lâcher son arme dans un sifflement de douleur frustré. Qu’est ce qui c’était passé ?!

« ... ET évidemment, faut que ça foire maintenant. Bordel de merde, ça a marché une vingtaine de fois cette nuit. J'avais arrêté en sentant ma magie devenir fébrile, et ça allait mieux ce matin. Bah visiblement, c'était pas le cas. »

En sentant sa magie bouillonner en lui comme contrainte à faire quelque chose contre nature, il s’était naturellement arrêté dans ses expérimentations. La nuit avait progressée et avec elle, le sentiment d’instabilité qui secouait sa magie s’était apaisé ; il fallait croire que ce n’avait été qu’un sentiment de surface.

(Je passe pour quoi, moi…) pesta l’enchanteur en regardant sa main, pliant et dépliant ses doigts pour s'assurer que tout marchait.

(Tu ne t’es pas reposé cette nuit. Tout comme sur Yuimen, ta magie a besoin de se recharger.)

(J’espère bien, parce que si j’ai grillé toutes mes chances de faire appel à ma magie sur Aliaénon, je l’aurai dans l’os,) maugréa le fulguromancien avant de continuer avec un air dépité.

« Pour faire simple, j'ai remarqué que si la magie a tendance à nous échapper, il y en a plusieurs manifestations qui ne nous ont jamais faits défauts. Ca par exemple, pour Yliria et moi. Les portails de Xël. Mes marques. Ssussun. Pourquoi ? Pourquoi eux, et pas les autres manifestations magiques ? J'en suis venu à une hypothèse : ils marchent car ce sont des dons qui nous sont propres. Des capacités qui ne puisent pas dans nos fluides qui sont scellés à l'intérieur de nous, et qui donc n'ont pas besoin de se servir de la magie d'Aliaénon comme substitut. Ca en fait donc des magies "fiables"... Tant qu'on en abuse pas.
Bref, tout ça pour vous prévenir de ne pas paniquer si en combat je fais usage de magie "modérément". Sur Yuimen, je suis capable de projeter ma foudre sans puiser dans mes fluides, juste une simple projection de magie pure sans forme. Je n’en maitriserai pas l'élément ici mais tant que je n'abuse pas, ça devrait aller. Dracaena semble partager une capacité similaire, même si je suis pas encore sûr et pas non plus certain que ce soit une bonne idée de le vérifier. Yli, Xël, si sur Yuimen vous avez des capacités propres qui n'utilisent pas de fluides, vous devriez être en mesure de les utiliser "sans risques".


- Intéressant, Je pensais que mes portails étaient plus stables à cause de leurs origines.

- Hmm... ça se tient. Ssussun est un élémentaire de Lumière, mais ici... il est différent. J'imagine que nos capacités magiques innées s'adaptent à ce monde. A étudier... et à user avec modération. »

Malgré son échec, il pouvait quand même savourer cette petite victoire : Xël et Yliria semblaient adhérer à sa théorie, et cette dernière ne l’avait pas incendié pour son utilisation de la magie. Alors qu’elle demandait à Xêl une aparté en privé, Akihito s’avança vers Dracaena.

« Drac, tu me laisses la bague un instant ? Je vais essayer de savoir ce que je peux apprendre dessus. »

Drac va hésiter un peu, avant de retirer la bague et la tendre à Akihito.

"Z'allez utiliser vos fameuses "capacité" pour l'analyser ? demanda-t-il après un instant d’hésitation, tendant la bague. ..Faites gaffe avec, et vous la collez pas sur la gorge surtout. »

Une dernière phrase ajoutée avec une pointe d’humour, mais qui était tout de même trop pointue pour être anodine.

(Ca a sans doute à voir avec l’activation de l’anneau.)

(Tu as pas écouté quand tu étais avec Yli ?)

(Je partage tes sens, pas ceux d’Yliria. Alors non, à part ce que pouvait me retransmettre Alyah, j’ai aucune information.)

(La gorge…)

La gorge vibrait avec la voix, et était une partie essentielle de la parole. Qu’elle ait un rapport avec la transmission de paroles ou la communication avec le Sans-Visage n’était pas dénué de sens. Néanmoins, il accepta les conditions et saisit délicatement l’anneau que lui tendit l’Oudio. Passant une mains dans sa nuque et sur ses paupières, il massa ces zones pour chasser la fatigue, et murmura à voix basse tout en se focalisant sur l’objet.

« Titan Sans-Visage, si vous percevez mes paroles, n’en prenez pas compte de ces momeries. J’essaye de comprendre l’objet que vous nous avez généreusement confier pour que nous l’utilisions du mieux que nous pouvons. »



-----------

HRP : Utilisation prudente de la capacité "Identification magique" sur "Anneau du Sans-Visage".
Les Mots, c'est la Puissance : Chemineaux, faquins, momeries
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Dracaena Paletuv
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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 2 sept. 2023 01:53

Kerf, la nuit avait été... une nuit. Pas des masses reposante, mais pas non plus épuisante. Juste moi et mes habituels cauchemars... Enfin, celui la semblait un ptit peut trop palpable à mon gout, mais bon, probablement l'résultat de tout s'cumul.

Fallait bien avouer, j'me sentais quand même mille fois plus frais qu'la veille. Equipez de mes deux seaux (il faudrait ptet que je remette le second près du puit... Plus tard.), je m'en allai vers la salle où la réunion était prévue. Pirouettant de plus belle, en entrant, je saluai un peu tout le monde, et beaucoup plus Maïssa, Akihito et Ibn. Après tout, ces trois la m'étaient plus que sympathique.
Quant aux autres... ils m'étaient sympathique aussi... Enfin, tolérable pour certains. D'ailleurs, quelques un des gens présent semblaient déjà fatigué d'la situation. Ptet qu'ils avaient pas eu l'occasion d'se reposer? Quelque part, j'espérais presque que ça soit ça plutôt que d'l'agacement parce qu'on devait se réunir...

Nan par's'qu'à un moment, fallait accepter le fait que si on parlait pas des choses on allait pas s'en sortir, hein...

En tout cas, après que la politesse et l'étiquette ait été appliqué par tous (chose que j'approuvais, on était pas des malappris, nom de nom!), la réunion débuta enfin.
Divers sujets furent abordé, dont le fait que le dragon déguisé en humain (ou humain déguisé en dragon? Dans quel sens ça marchait?) montait la garde pour la ville. Aussi, ça parla de la grosse colonne d'énergie magique, et des risques mais aussi avantages qu'elle pouvait représenter. ça parlait de rebâtir les défenses de la ville, Xël qui annonçait son désir de partir à Messaliah pour la pierre de communication, et Jorus et Silmeria semblait pas dans leur assiette.
J'écoutais attentivement, avant que finalement, Yliria prononça les mots que j'espérais entendre.



"Suis-je la seule à ne pas avoir perdu la mémoire, ou dois-je rappeler que presque tout le monde est MORT ?"


Ah, bah quand même! Quelqu'un se rap'lait de ça!


"Pardon, c'est peut-être juste moi qui suis trop sensible, mais il me semble qu'on devrait quand même parler de ce qu'il s'est passé. Parce que je n'ai guère confiance en certains en sachant que leurs actions puériles ont coûté la vie à presque l'entièreté du groupe, nous a fait perdre un temps précieux, sans compter que nous avons eu le bonheur de nous créer des ennemis en essayant de trouver une solution pour les ramener à la vie avec en bonus pas mal d'interrogations sur la manière dont vous vous y êtes pris pour fuir les Enfers de ce monde. Si vous voulez faire comme s'il ne s'était rien passé, très bien, mais c'est pas mon cas, parce que je n'ai pas envie que ça se reproduise et d'être la prochaine victime de la stupidité de quelqu'un qui invoque la magie lorsqu'une mouche vole un peu trop de son oreille, en connaissant pourtant les risques tout en choisissant de s'en foutre royalement."


Comme toujours, j'approuvais pas forcément... "l'agressivité" de la ptite dame, mais bon sang d'bonne sève j'étais content qu'elle s'énerve sur ce sujet. On avait tous vécu une expérience assez unique en son genre, et si c'était super intéressant, c'était clairement pas à refaire... En tout cas, pas si on voulais s'débarrasser d'Brythagon.
Aussi, y avait toujours le truc bizarre que mon corps faisait depuis la résurrection, et au vu d'la tronche que tirais Jorus et Silmeria, j'étais ptet pas le seul à subir des "effets secondaires"...

Bref, fallait qu'on parle des trucs qui fâchent! Et en parlant d'ça, le "responsable" de notre mort à tous se manifesta: Mathis le beau blond.
Paraissait qu'toutes les roses avaient des épines... Celle la en avait visiblement bien plus qu'elle n'en avait conscience. Le pauv' gars... J'écoutais son explication, et perso, j'le blâmais pas. C'était un accident malencontreux, presque amusant même (chose que j'oserais jamais dire à voix haute vu la sensibilité du sujet).

J'pouvais sentir la rancune chez certains, mais franch'ment: s'que Mathis avait fait, n'importe lequel d'entre nous aurait pu l'faire...
C'était autant sa faute que celle de Silmeria qui n'en avait fait qu'à sa tête, ou Yliria qui avait magouillé dans l'dos de Xël, que ce dernier qui c'était vexé, ou de moi qui aurait du moins m'agacer d'la dispute avec la ptite, et j'en passe, et j'en passe...
Mathis décida de décrire son cauchemar et ça me rendait juste plus curieux d'en subir un. A quel point connaitre les effets à l'avance permettait de garder le contrôle, tiens? Me faudrait en r'parler avec Silmeria d'ça... Elle était vachement pâle d'ailleurs...

Enfin...

Plus pâle que d'habitude quoi.

En tout cas, après avoir tranquillement écouté tout le monde, il était temps pour moi d'parler!



"Mes salutations à tout ceux et celles qu'j'ai pas vu depuis notre résurrection.
Bon, faire court s'pas mon fort, mais vous f'rez avec. Quelques points:

-Premièrement: Je suis aussi pour étudier et comprendre cette colonne d'énergie. M'sieur Visselion, est s'que vous savez qui l'a créée à la base? En tout cas, si l'un des créateurs/créatrices est encore en vie pour nous aider à mieux capter son fonctionnement?

-Deuxièmement: réactiver les pierres de communications, ok, juste, est ce un bon plan de se séparer pour ça? Vaudrait il pas mieux qu'on y aille tous?

-Troisièmement: je r'joins m'da... Yliria sur s'quelle dit: 80% d'entre nous on claqué sur un accident. J'ai pas les détails du pourquoi du comment s't'arrivé, et j'suis pas la pour pointer du doigt des gens. Mais ça s'rait bien qu'on s'organise un peu pour pas qu'ça recommence.

-Quatrièmement: Avec tout s'qui s'est passé j'ai pas trop été mit au courant mais qu'en est il de Vallel? Vous autres qui aviez interagit avec lui, z'auriez des infos? Puisque bon, j'ai cru comprendre qu'il serait un problème, et ça semblait être une priorité pour vous m'sieur Xël. Pourquoi on a un de ses sous-fifres, si j'ai bien saisi, qui nous aide?

Tant qu'on est sur ce genre de sujet: on a aussi un des types aux yeux bandés de l'aut' ville de toutous de Brythagon qui est la et qui nous aide. Z'avez conscience que tout ce qu'il voit et entends, ses copains bandés le voient et l'entendent aussi, hein?
Z'avez prit les mesures nécessaires et on peut lui faire confiance, hein?

-Enfin, cinquièmement: quelqu'un a t'il un plan ou quoi que ce soit comme info concernant notre objectif principal: Brythagon? S'pas un reproche ou du passif agressif, c'est une vraie question.

D'ailleurs, pour ceux qu'étaient pas au courant..."


Je retirai la bague du Sans-visage de mon doigt afin de bien la montrer à tout le monde.

"Le Sans-visage m'a donné ceci pour communiquer avec lui. Pour les urgences."

Comme ça, tout le monde savait.
Et si Visselion m'expliqua sans problème que tout le système du rayon magique était en réalité très vieux, et qu'il ne restait qu'une croulante complètement sénile du nom de Lamiria Guéryick qui avait participée à sa construction (sérieux, les trucs de chair ça vieillissait si mal...), Akihito, lui, manifesta clairement un certain agacement:

On s'éparpillait trop.
On parlait trop.
JE parlais trop.

...Non, non, il ne m'avait pas ciblé particulièrement, mais j'avais parfaitement compris que j'étais l'une des principales source du problème qu'il évoquait. Et en temps normal, je me serais vexé, agacé, ou autre, mais...

Pas cette fois. Non. Je devais faire des efforts. On devait tous faire des efforts. Alors, j'allais mettre mon égo de coté, ne pas m'agacer pour si peu, et accepter le fait que OUI, il fallait que cette réunion soit plus fluide.
Je restai ainsi silencieux un bon moment, écoutant attentivement ce que tout le monde avait à dire. Quitte à parler peu, autant que je parle bien.

Jorus s'emballa mais le groupe essaya de rester sur un sujet à la fois, il fut décider de laisser la question de "que faire du rayon" aux habitants de la ville (logique), quant à la question "Où est Simaya et comment la retrouver", Yliria proposa d'utiliser une de ses runes pour ça. Et en parlant de runes, Xël se manifesta et nous rendit celles qu'il nous avait apparemment prisent après notre mort. C'était d'bonne guerre, après tout, elles allaient pas trop nous servir vu l'état dans l'quel on était à l'époque, kéhéhé... Il prévint que certaines avaient été utilisée, et...


"Merci pour les runes... Hey, il m'en manque non?
Qu'importe, qu'importe. Et je suis pour essayer la rune d'Yliria."


Je remarquai que lorsqu'il s'approcha de Silmeria, Xël se mit à lui chuchotter quelque chose. Et à bien la regarder... elle semblait vraiment, mais alors vraiment pas dans son assiette. Je m'approchai d'elle, un peu inquiet, faisant attention à ne pas la toucher (parce que visiblement faut pas toucher les êtres de chair malade).

"M'dame Silméria, ça va? Vous voulez ptet aller vous reposer un peu plus?"


[Post incomplet, je complèterais dès que possible.]

[actions squelettes:

-Drac parle de la bague et demande des volontaires pour essayer une fois ses effets.

-Drac est perturbé par l'échec du test d'Akihito.

-Drac prête la bague du Sans-visage à Akihito pour son analyse, et reste à ses cotés, sans quitter l'objets des yeux.]
Modifié en dernier par Dracaena Paletuv le sam. 2 sept. 2023 12:25, modifié 1 fois.

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » sam. 2 sept. 2023 02:39

Ce réveil, cette réunion... Cette migraine. Je ne ressentais aucun besoin si ce n'était celui de m'étendre nue dans une source chaude, de laisser la chaleur apaiser mon corps et les volutes de souffre me chauffer les narines. Mais j'étais là, sous terre, dans le noir et l'humidité à assister avec une affreuse migraine à une réunion comme celle qui avait quelque jour plus tôt précipité une affreuse catastrophe. Tous étaient présent, ceux qui étaient restés en vie et ceux qui avaient marché avec la Mort. Je m'étais traînée maladroitement derrière Jorus et Yliria tout en me dissimulant sous ma capuche, mon mal de crâne me froissant le visage, mes sourcils renfrognés, mes yeux rouges et mes lèvres pincées donnaient une piètre image de ma condition. Les conversations allaient et venaient, j'arrivais avec une certaine concentration à répondre lorsque j'estimais que mon tour était venu mais je n'avais guère la force d'écouter les réponses, à vrai dire, j'essayais de me concentrer pour ne pas vomir, je chassais ces affreux relents de fiel et d'acide qui gagnaient ma gorge, harcelaient mes sens et me poussaient peu à peu à l'expulsion que je préférais éviter le plus longtemps possible. Ne pas se montrer faible, pas devant eux. Ils me méprisaient déjà, il était impensable de leur donner un semblant d'ascendant sur moi.

Xël et Dracaena furent les premiers à témoigner de mon malaise mais malgré ma retenue, ma volonté, le mal était plus fort et ma gorge lubrifiée par la salive grandissante, je ne pu m'empêcher, mes mains devant la bouche, le vomis remonta par le nez, retirant mes mains le flot de gerbe jaillit pour tomber jusque sur la nuque de Jorus. Je défaille.

Je tombe à genoux, retenue par Xël qui avait adroitement évité le jet de corruption mais ce fut Jorus qui s'occupa de me conduire à l'infirmerie. La façon qu'il avait de me trimballer comme un vulgaire sac de victuailles ajoutait beaucoup à mon malaise, qu'il soit physique ou mental, mais peu importait. J'étais malade. Peut-être mourante.

L'infirmerie était vide, ne se trouvait que Zacapa qui s'entretenait avec Jorus après qu'il ne m'ai laissée sur une paillasse. Je me relevais sans attendre, je ne voulais pas paraître aussi faible que je l'étais réellement.

" Je te prie de m'excuser. Tiens. " Disais-je en tendant ma gourde d'eau. Il semblait interdit devant mon excuse, peut-être ne s'attendait-il pas à ce que je sois polie, il me voyait peut-être comme une vilaine moqueuse qui ricanerait en secret de lui avoir ainsi gerboulé sur le dos, mais il était peut-être temps de jouer carte sur table et de montrer l'un à l'autre qui on était vraiment, trop longtemps on avait vécu l'un dans l'esprit de l'autre comme un fantasme, comme un reflet des actions supposées et entr'aperçues qui n'était au final qu'une pâle image de ce qu'on était vraiment.

"Heu...merci mais c'est plus qu'une gourde qui me faut. Mais y a... Y a pas d'lézard, j'avais justement d'autres chats à fouetter ! Oui...non, mauvaise image !"

" Je vomis depuis quelques heures cette matière. D'abord j'ai pleuré des larmes noires et pour être franche... je ne sais pas ce qui est en train de m'arriver. ''

"Pour info, sur notre monde c'est pas quelque chose de très normal. A mi-chemin entre l'inquiétant et le franchement flippant !"


Zacapa s'approchait pour m'osculter, il soulevait mon menton et après une analyse de mes narines, de ma bouche et de mes yeux parvint à cette conclusion :


"Vous semblez... en forme, pourtant. Mais une noirceur est présente en vous. Comme... comme la corruption de ces terres. Pensez-vous être infectée ?"

" J'ai été en contact avec la corruption mais... c'est surtout à cause d'eux. " disais-je en tapotant du doigt les bracelets de l'ombre sur mon poignet droit. Il semblaient si lourds, si durs et presques... Affûtés. Comme s'ils me meurtrissaient à chaque minute sans jamais laisser apparaître la moindre entaille.

"Encore un truc dont il faut se méfier, comme les cauchemars ?"

Zacapa à son tour s'y intéressa, je n'avais jusqu'à présent jamais vraiment dévoilé ce genre de chose à quelqu'un qui pourrait être un ennemi, aussi il faudrait faire de Jorus un ami ou un mort.

"C'est bien de la magie qui les habite, mais je ne peux rien contre elle. Ni ne la comprendrai. Qu'est-ce que c'est, exactement ? Et comment peuvent-ils vous affecter à ce point ?"

" Non, ils me permettent de disparaître et d'apparaître dans les ombres.. " Disais-je simplement. Mais Zacapa n'était pas de Yuimen et n'avait probablement jamais entendu parler de l'ombre noire.

" Une relique, j'ignore d'ou elle vient. J'ai longtemps été épargnée par ces effets mais... aujourd'hui je suis fatiguée. Je ne sais pas s'ils réagissent à la corruption de ce monde ou sa magie mais chaque fois que je l'utilise... voyez plutôt. "

Je clignais sur la paillasse d'en face pour apparaître assise à les regarder subjugués. Sans tarder et comme je l'attendais, les larmes noires coulaient le long de mes joues. Inutile de les essuyer, il en viendrait bien davantage.

"Du coup...mieux vaudrait éviter de les utiliser non ?" Commentait simplement Jorus, je crois que comme Xël, il faisait un grossier raccourci, une réaction aussi honnête que de dire " j'ai une flèche plantée dans le genou, ça me fait souffrir et je ne sais pas quoi faire. " Dire de retirer la flèche serait une idée en soi, mais ce n'était pas la même chose, on ne pouvait pas espérer que la situation se serait arrangée en une minute après m'être débarrassée des bracelets, j'aurai pu avoir cette idée toute seule.

"Au vu de l'effet qu'ils ont sur votre corps, je vous suggérerais même de vous en débarrasser."

" J'ai déjà essayé. Ils m'appellent à eux. Tout le temps. Et quant bien même, je sens toujours les effets même quand je ne les porte plus. Comme si j'étais devenue un... un peu d'ombre ? Oooh. " Je prenais ma tête entre mes mains, consciente d'être probablement allée trop loin et qu'il était trop tard pour inverser la tendance. Ce qui était fait était fait et désormais, il était trop tard.


" Ça n'a aucun sens. '

"Il y a bien des choses qui n'ont pas de sens !" murmurait Jorus en regardant ses mains. J'observais brièvement la paume de ses mains tout en ignorant mon intuition qui me murmurait qu'il les cachait depuis un certain temps.

"Je ne pense pas pouvoir vous aider davantage, hélas. Peut-être auriez-vous besoin d'une sorte de... d'exorcisme ?"

" Un exorcisme... je dois reconnaître n'avoir jamais eu l'occasion. Ça purgerait mon corps de cette corruption ? "

"Je ne suis pas un spécialiste, ni n'en ai jamais vu. J'ignore même si quiconque en ce monde est capable d'une telle chose. Je ne sais pas."

" Oh... vous me faites une fausse joie. "

"Peut-être... Peut-être les Ouessiens de Nagorin pourraient vous en dire plus. Ils sont savants, connaisseurs de nombreux secrets. Enfin. S'ils pardonnent un jour aux vôtres."

"Les Ouessiens ? Sérieusement ?" Clamait Jorus.

"Quand bien même ils sauraient quelque chose, ils ne divulgueraient rien ! Ils gardent le savoir de ce monde pour eux !"

" Calme toi Jorus. Viens plutôt me voir. " Je me sentais fatiguée, entendre quelqu'un crier m'était désagréable, bien que je n'appréciais pas particulièrement ce garçon, je souhaitais sa présence pourvu qu'elle soit calme et mesurée à mes côtés.

" Merci Zacapa. Si jamais je venais à défaillir à cause de ces bracelets, seriez-vous assez gentil pour les confier à Visselion tout en le gardant de ne pas les mettre ? Je crois que ce genre de curiosité lui ferait plaisir. " J'aurai bien voulu les retirer pour les confier à Zacapa et tant pis s'il refilait cette malédiction à un inconscient qui aurait voulu faire le malin et les enfiler " juste pour voir " franchement, j'aurai bien aimé être témoin de ça, juste en gardant mes distances pour profiter du spectacle de loin. Jorus et Zacapa s'entretenaient au sujet de Jorus, je n'écoutais pas vraiment mais il montrait quelque chose qu'il venait de trouver et manifestement Zacapa en resta interdit. Est-ce qu'il avait un objet de vision comme une de ces fameuses pierres dont parlait Xël ? Un lézard, un fruit, une chenille ? Quoique ça puisse être, ça tenait dans la main. Je m'occupais l'esprit autrement, je regardais mes bracelets en silence, les écouter était une nouvelle occupation, j'avais le sentiment étrange mais familier d'entendre leur coeur battre. Comme si j'avais deux coeurs, deux palpitations, deux échos. Comme si ces bracelets prenaient vie en moi.

"Comment tu te sens ? Ça empire ?" Une petite voix maladroite me tirait de mes songes. Ils avaient déjà terminé de bavarder ? A en juger sa tête, Jorus n'avait pas récolté beaucoup plus d'informations que moi. Quelque part on était aussi mal lotis qu'au départ et devions avancer avec l'incertitude d'être rongés par un mal dont on ne connaissait rien et dont les locaux ne connaissais pas tripette, mais bon... On avait toujours les affreux glaires d'Aesmermix et ça pouvait bien nous aider à un moment ou un autre.

" Ça va. Ça va. Je suis désolée d'avoir gerboulé sur toi "

"Ya pas de problème vraiment. J'avais justement... besoin de voir Zacara. Au final, ton intervention est venue au bon moment, quand bien même c'est répugnant !"

Je me relevais et aidait Jorus à se débarrasser du gerboulage que j'avais craché sur ses épaules. Une mélasse noire et opaque comme un mauvais rêve qui collait aux doigts et sentait la bile.

" Ne crains rien, je ne vais pas te faire de mal. " Lui soufflais-je comme pour le rassurer.

"La dernière fois que tu as été aussi proche de l'un de nous ça s'est pourtant mal fini !"

De nouveau, je m'asseyais. Lourdement, comme si mon corps était tombé plus qu'installé sur cette paillasse.


" La dernière fois, c'était ma Jumelle, Hrist à qui tu faisais face. Elle est beaucoup plus... Mais pour une raison que j'ignore, elle n'est plus là depuis que j'ai repris vie. Pourtant il reste sa Faera, c'est elle qui l'avait nommée et elle est toujours avec moi. "

"Donc ça fait un moment que tu vas pas bien ?"

" Depuis longtemps, bien avant la bataille de Kochii. Et toi ? "

"Moi ? Moi...quoi ?" Cette question avait manqué de l'étouffer, je crois bien qu'il s'en voulait ou se sentait particulièrement honteux, il ne voulait pas que ça se sache mais.. De là à savoir ce qu'il cachait, j'aurai peut-être dû me montrer plus curieuse.

" Et bien... J'ai des oreilles d'elfe tu sais, une excellente ouïe. "

"Et tu as...entendu quoi... précisément ?"

" Je ne sais pas. Tu voulais de l'intimité, je n'ai pas trop cherché à comprendre. " Avais-je dit en haussant les épaules. Il avait de secrets, qu'il les garde. Au moins on ne m'accusera pas d'écouter aux portes, c'est déjà ça de pris.

"Et donc...Hirst est ta jumelle c'est ça ? Comment vous avez réussi à partager le même corps ? Les âmes défuntes sont pas sensées rejoindre Phaïtos ?"

" Pas en ce monde visiblement " J'avais dit ça sans trop de conviction, en triturant mes doigts comme si je n'étais moi même pas sûre et certaine de ce que j'avançais.

" Je ne sais pas, d'aussi loin que je me souvienne, elle a toujours été là. Elle m'a toujours accompagnée et parfois elle prend le contrôle "

"Je comprends du coup les changements de personnalité. Mais, la dernière fois que vous étiez ensemble c'était quand ? La pyramide ?"

" Oui, plutôt à la suite de la pyramide. D'ailleurs Hrist a essayé de te tuer. Elle a presque réussi. Tu dois m'en vouloir. Mais pourquoi t'être retourné ainsi contre nous ? "

"Tu sembles avoir l'impression que je vous ai trahi n'est-ce pas ? Mais je n'ai trahi que l'image que tu t'es fait de moi. A aucun moment je n'ai eu aucune envie d'aider Vallel, bien au contraire ! Libérez les âmes c'était...pas une bonne idée ! Et t'en fais pas pour Hirst. C'est pas la première à vouloir me tuer et pas la dernière. Je suis plus coriace que j'en ai l'air !"


Il marqua une pause, comme s'il cherchait quelque chose de plus doux à dire que ses railleries de coq quant à l'échec de Hrist.

"Son absence te pèse c'est ça ?"

" Je ne sais pas, on a jamais pris le temps de faire connaissance. On a que des rumeurs pour se forger une image bien floue. Je pensais que tu avais pillé le corps de Xenair, toi tu ne devais me voir que comme une régicide complètement folle. On a tous fait des erreurs l'un envers l'autre. Et maintenant on en paie le prix. "

A sa dernière question, moi aussi je pris le temps de réfléchir et dit le plus simplement du monde.

" Oui. Beaucoup. "

"Tu sais, je crois que je suis celui qui comprends le mieux ce que tu ressens, cette absence. J'ai été dans le corps d'un dragon loin de..." Je regarde autour de moi pour vérifier si quelqu'un n'est pas présent pour m'écouter "...ma faéra. Ensuite j'ai perdu tout contact avec elle en revenant à Elscar'Olth et je ne l'ai retrouvé qu'une fois de retour dans mon corps après notre mort. Elle représente énormément pour moi et ne plus l'avoir à mes côtés c'était...dure, très dure. Je n'ai pas ta jumelle dans mon cœur, mais...je connais ce vide. J'espère qu'elle te reviendra !"

Je levais les yeux vers Jorus, je crois que j'étais assez surprise. Je ne m'attendais déjà pas à partager quelque chose d'aussi intime avec lui ni qu'il cherche à me réconforter, il n'a en aucun cas cherché à me diaboliser ni à m'abaisser au rang de folle furieuse, au contraire, il semblait voir et entendre mes mots comme des révélations qui l'aidaient à mieux comprendre qui j'étais.

"Il est vrai que n'ai de cesse de te voir comme la régicide je dois l'avouer, cependant...me concernant c'est plus complexe que cela. J'ai commis une faute que je ne me pardonne pas. Je me méprise moi-même autant que je méprise un autre homme et par l'acte qui t'a rendu si célèbre, il a gravi une nouvelle marche du pouvoir et ça...ça m'irrite au plus haut point ! Mais ça, t'en es pas responsable !"

" On ne sera plus les mêmes en quittant ce monde. Et c'est la version la plus optimiste, si ca se trouve, on aura pas l'occasion de le quitter. "

Sans m'en rendre compte, j'avais reocmmencé à me triturer les cuticules, aussi par soucis d'intérêt pour ce brave garçon, je relevais les yeux sur lui.
" Qui est cet homme ? J'ai peut-être déjà entendu son nom quelque part. "


"Le compte Ybelinor !"

" Oh, je crois que j'ai entendu parler pendant la réunion de guerre avec Karsinar et Xenair. Tu voudrais le tuer ? Pour quelle raison ? "

Il ouvrit deux grands yeux comme si la perspective de vouloir tuer quelqu'un lui était inconnue.

"Je n'ai pas parlé de tuer, mais voir une personne aussi méprisable à une telle fonction ça ne me plaît pas. Enfin, j'suis pas Kendran et il n'y a aucun roi pour dicter mes actes."

Face aux révélations vint alors le prix de la curiosité :

"Comment t'as fait pour atteindre roi malgré l'armée présente ?"

" Oh pardon. C'est comme ça qu'on règle un différent à Omyre. Mais Omyre n'est pas la seule cité à avoir des assassins. Kendra Kar en a aussi. Ce n'est pas pour rien. " C'était vrai, à Omyre quand on avait un poste politique, il y avait deux choses à faire. La première, se construire une garde rapprochée digne de ce nom. La seconde, ne pas déplaire aux chefs de clans qui avaient de quoi payer quelqu'un qui ferait fi de ladite garde rapprochée. J'hésitais quelques secondes avant de lui dévoiler la façon dont le roi était mort mais quelque part, ce n'était pas une surprise ni un secret, je pense même que c'était de notoriété publique.

" Xenair m'a laissé tomber des cieux, de son poulet à trois yeux. J'ai laissé le contrôle à Hrist et elle a employé l'ombre noire pour apparaître sur le cheval du roi. Sa garde n'a pas eu le temps de le protéger, tout est allé très vite. J'ai ensuite pu disparaître au sein des soldats. "

"Eh bien ! Je pense que je serais admiratif devant un tel exploit, si je n'avais été dans le camp opposé ! C'est Xenair qui t'as donné l'ordre de tuer le roi ? Il a dû être fier de toi !"

" Non pas Xenair. Disons qu'il m'a recueillie. Quant à la fierté... Xenair ne montre pas ses sentiments, ni son affection ou son admiration. Il a d'ailleurs quitté Omyre, j'ignore où il se trouve. Je sais que Xël voudrait le tuer d'ailleurs. Comme beaucoup des anciens généraux d'Oaxaca aujourd'hui disparus. Que ferais-tu si tu venais à recroiser sa route ? "

"Aucune idée. Jusqu'à maintenant, je croyais qu'il était toujours en détention, comme les hinions ont survécu au pouvoir du Dragon Noir !"

" Mais ça n'explique pas pourquoi tu le déteste tant. ''

"Détester qui ? Xenair ? Je le déteste pas, je l'ai combattu car il était dans le camp d'en face ! Avant la guerre j'avais pas de grief contre lui, ni contre aucun des autres lieutenants. Vallel c'est un peu particulier ! Pourquoi tu penses cela ?"

" Et bien je n'en sais rien. J'ai l'impression qu'on déteste toujours celui qui est en face en temps de guerre. Peut-être est-ce pour justifier notre violence ? Quant à Xenair c'est Aerq et moi même qui l'avons secouru. Il m'avait sauvée par le passé, je ne pouvais pas le laisser tomber. Appelons ça, le fameux honneur des assassins... "

"Tu as mentionné que Kendra Kar avait des assassins. Tu as déjà eu affaire à eux je suppose !"

" Je ne peux que supposer. Ces gens là sont assez discrets et ne se présentent pas vraiment. Je ne serai pas surprise que Satinette place deux trois pièces d'or sur ma tête. " C'était assez vrai, j'ai déjà eu le droit à deux encapuchonnés qui me suivaient pour me faire la peau, mais je n'ai jamais vraiment su s'il s'agissait de malandrins ou d'assassins. J'ai bien ma petite idée car j'ai pu inspecter brièvement leur matériel et ils n'avaient vraiment pas l'air de vivre de menu larçins, d'autant plus que je ne me promène pas avec des bijoux, de l'or, des parures, pourquoi s'en prendre à une femme comme moi alors ? Il devait bien y avoir par ci, par là, le dessin d'une elfe blanche à la longue chevelure blanche sur les murs d'une citée avec une coquette somme sous le nom.

"C'est très certainement le cas et d'ailleurs ça me pousse à une question : qu'est-ce que tu fais là ? Je veux dire que tu es recherché par Kendra Kar, quand bien même tu t'es retournée contre Oaxaca ! Tu cherches quoi en venant ici à risquer ta peau avec nous ?"

" Et bien... je ne suis pas à Kendra Kar. Quant à notre groupe, j'aurai peut-être mieux fait de faire bande a part ou de m'associer avec Vallel plutôt que de rester au sein d'un groupe qui, je pense, me méprise. Mais je m'en moque. Je le fais pour ma Faera, Cèles. Elle a senti les perturbations de ce monde et m'a demandé d'enquêter. De toutes façon l'enjeu dépasse la mort d'un roi et la prime posée par une régente revancharde. "

Je haussais encore les épaules

" Après si quelqu'un veut me conduire à Kendra Kar pour récupérer la prime... ça te tenterait d'essayer ? "

"Désolé mais je ne suis pas le toutou de la princesse ! Et si on retourne sur Yuimen, j'ai bien d'autres préoccupations qui m'attendent."

C'était assez méchant pour Xël ça...

"Mais je crois que tu fais erreur. On ne te méprise pas, on te craint et avec raison, si je puis me permettre. Il y a peu on était dans des camps ennemis, donc faut pas s'attendre à se faire une confiance totale. En plus de cela, t'as pas eu l'attitude adéquate pour te permettre de te faire accepter. Tu as activé le sceau principal avec Xël, agissant hors du plan initial. Tu t'es moqué de nos actions individuelles juste avant de partir sur un coup de tête, en voulant mettre l'orbe du Titan dans la dent de dragon. Résultats on a fini mort parce que Mathis a subi un cauchemar venant de toi. Tu as participé à la destruction de la pyramide séparant le monde des vivants et celui des morts. Tu as, devant moi, juré allégeance à Vallel, qui est sur ce monde pas des plus appréciés pour les morts qu'il a semés, ainsi qu'aux treize qu'on a combattu il y a peu. Et ça c'est uniquement ce dont je suis au courant !"


Je voulais bien pousser un profond soupire, parler de camp ennemi quand on fait face à quelque chose qui n'a pour seul camp que son appétit et que celui-ci est insatiable, on serait bien bêtes de faire la fine bouche et de ne pas sauter de joie au cou du premier venu prêt à aider pour la seule raison que celui-ci ne souhaite pas mourir physiquement et savoir son âme boulottée par un Gragon haut comme une tour et large comme trente Aynores.


"Tout ça pour dire que si tu veux qu'on travaille ensemble, sans se méfier de toi, tu vas devoir changer tes façons d'opérer. On est pas à Omyre à régler les problèmes à coups de lame ! Tout dépend de toi, mais on peut te tendre la main, ne serait-ce que pour abattre le Dragon Noir. D'ailleurs Akihito a déjà commencé à te redorer une meilleure image, avec plus ou moins d'insistance."

" C'est vrai. Mes actions personnelles ont eu des conséquences. Et les décisions collégiales ? Ah oui, chercher Drac et trouver la dame avec son aigle. Sinon je ne vois pas en quoi notre esprit de groupe a été utile. Vallel a mon allégeance et quand le moment sera venu, il sera bon de jouer avec pour obtenir ses bonnes grâces plutôt que d'envoyer négocier un Jorus qui s'est opposé à lui au point d'utiliser la magie contre nous. Magie qui plus tôt avait causé notre perte, mais toi comme Mathis avez le luxe du pardon, chose que je n'ai pas. "

Visiblement, Jorus avait des choses sur le coeur à dire et à partager, mais je n'allais pas le laisser me faire une leçon de morale sans le confronter un peu dans ses idéaux.

" Nous ne sommes pas à Omyre, c'est vrai. Mais nous ne sommes pas non plus à Kendra Kar. Et je ne crois pas avoir réglé mes problèmes à coup de lame, sinon la réunion se serait faite avec Xel, Akihito et Dracaena. J'ai fait preuve de plus d'adaptation que bon nombre d'entre vous et pourtant... vous continuez à vous voiler la face. Je n'ai pas peur, je n'ai qu'on objectif : la mort du Gragon. Et je ne recule devant rien. Détruire la pyramide, m'opposer à vous, allumer le glyphe. Et toi Jorus ? Vas-tu être capable de prendre des décisions lourdes de conséquences pour venir à bout de la bête ? Crois-tu que le pouvoir de l'amitié va nous servir sur un plateau d'argent une arme capable de le tuer sans dommage collatéraux ? On va provoquer la mort, la destruction, mettre des villes à feu et à sang lors de terribles affrontements avec la bête et tout ça, ça en vaudra la peine. "

"En revanche, je suis totalement d’accord avec toi sur nos actions de groupe. Pour le moment c’est un échec cuisant. Notre plan contre le Titan ne s’est pas déroulé comme prévu et alors qu’on n’avait pas encore défini comment s’occuper de l’orbe, il y a eu des précipitations. Dans le premier cas ça a coûté la vie inutilement à des sorciers, ça les menaces encore maintenant et il se pourrait bien que tout ce monde soit en danger. Dans le second, on a non seulement perdu la vie, mais aussi quatre jours, à présent cinq sur les actions de notre ennemi commun. Des conséquences qui ne font qu’agir en faveur du Dragon et dans les deux cas, le dénominateur commun : c’est toi ! Mais ce n’est que mon avis sur la situation. Si j’ai tort, je suis tout ouïe !"

" Ah oui ? Je ne me souviens pas avoir invoqué le juge qui nous a tous tués. N'était-ce pas Mathis ? Il a eu le droit au même discours ? "


Je m'approchais de lui après m'être levée d'un trait, sans crier garde.

" Et bien, si je suis le dénominateur qui pose tant de litige dans ce groupe, tu serais bien avisé d'y mettre un terme. Allez, va rejoindre tes confrères, tes amis, dis leur non seulement que tu as tué la Régicide mais qu'en plus, grâce à ton geste tu as su gagner la tranquillité dans ce groupe. N'hésite pas. " Je lui collais la Tueuse de Mage entre les mains tout en sachant qu'il n'aurait jamais le cran de l'utiliser contre moi. De l'autre main, je tapais de l'index sur la garde de sa dague, celle qui appartenait à Xenair, il avait trouvé là un butin rare et épique et il avait le comportement d'un vilain couard incapable de prendre des décisions un temps soit peu coûteuses en sang frais.

" Sois digne de ce que tu portes, une lame du plus grand assassin d'Omyre, quelqu'un qui fait ce qui doit être fait avec froideur et détermination. Je suis un fardeau à porter Jorus ? Le suis-je ? "

"Concernant le juge, non pas vraiment. Pour la simple et bonne raison qu’à sa place j’aurais agis pareil si j’avais vu tout notre groupe périr par ta lame, sauf que le résultat aurait pu être pire ! Toi-même tu appelles ça : une décision lourde de conséquence ! Je suis au regret de te décevoir, mais je ne suis pas un assassin. Tu veux savoir si tu es un fardeau, un obstacle en faveur du Dragon ? Il n’y a qu’une seule personne qui peut se targuer d’avoir un tel jugement… c’est toi-même ! Poses-toi cette question. En quoi tes actes et leurs conséquences t’ont rapproché de l’objectif que tu t’es fixé ?"


Comme il est agaçant avec sa morale à trois yus. J'ai l'impression qu'on me verse des litres de miel dans les oreilles à entendre tant de mièvreries. C'est sûr que le parfum de la testostérone ne risque pas de me rendre malade.

" Je ne regrette rien. Hrist et moi avions des différents quant a la façon de faire. Elle n'est plus là maintenant. Ça sera plus facile désormais. Vous n'aurez peut-être plus à faire a cette dualité qui est depuis toujours une sorte de... seconde nature. "

J'accompagnais ça d'un petit rire sincère. Il était gentil, il ne fallait pas non plus lui faire trop peur.

" Je croyais que tu étais un assassin. Quel est ta spécialité alors ? Voudrais-tu un petit duel amical a l'occasion ? Ça renforce les liens et créée une excellente dynamique ! J'aime beaucoup faire ça. "


"Je ne vais pas nier que l'absence de Hirst ne va pas m'empêcher de dormir. Mais je connais ce vide sur tu ressens. J'espère que tu parviendras à le combler. Et pour ce qui est de ta proposition, avec les différences de compréhension et de point de vue, j'ai peur de ce que tu appelles un : duel amical !"

" Un affrontement sans lésion ni perforation. Un duel au fourreau pour faire simple. "

"Pourquoi pas ! Mais pas maintenant, j'ai vraiment pas la tête à ça !"

" Bien sûr que non et pour être franche, moi non plus. Tu n'as pas à craindre quelque chose, Jorus. Hrist a voulu te tuer, mais je sais faire abstraction des erreurs des autres. "

Je tournais le dos pour retourner m'asseoir.

" Je dois bien être la seule, d'ailleurs. ''

"Tu m'as fait comprendre qu'il y aurait eu moins de monde si tu avais eu recours à quelques coups de lames. Je suppose que pour Mathis c'est d'avoir généré le juge, mais pour Yliria ? Il y a une raison particulière ?"

" Hrist n'a ni ma patience ni ma retenue, en effet. Yliria, c'est une Shaakte. Les Elfes noirs sont responsables de la mort de mes trois sœurs. Je suis la seule survivante d'une mission commandité par le Roi de Kendra Kar. On devait avoir des renforts pour faire face aux Shaakts et l'état major a préféré nous laisser tomber. Hrist a juré de tuer le Roi et les matriarches de Caix. Le sang des Shaakt coule dans ses veines aussi, elle n'aurait pas eu besoin de beaucoup plus qu'un regard de travers. Mais je suis plus... souple. "

" Alors Jorus. Est-ce que cette conversation, cette première, a su apaiser ton esprit ? "

"Heu…on peut revenir sur tes derniers propos. Non parce qu’entre Yliria que tu pourrais éventuellement tuer parce qu’elle ressemble à quelqu’un que tu as connu, tu as également déclaré que tu n’avais que des suppositions concernant les assassins à Kendra Kar et maintenant j’apprends que tu as été l’un d’eux. Tu dis aussi que Hirst est ta jumelle, mais elle a également du sang shaakt que…ben que tu n’as pas ! Donc là, apaisé c’est pas le terme précis que j’aurais employé !"

" Hrist n'a pas de sang Shaakte. Je parlais de Yliria. Mais je ne compte pas la tuer. Quant à notre bon Roi, nous recevions des informations via un état major secret du nom de Lune. A l'époque on avait aucune idée qu'il s'agissait de Kendra Kar. Je ne travaille pas vraiment pour le Roi ou pour Oaxaca. Disons que c'est Xenair et par extension Omyre qui ont su profiter de mes humbles capacités. Avec le résultat qu'on connaît. "

"D'accord donc de ce que j'en comprends, tu n'étais pas vraiment affiliée à Omyre par le passé, mais tu faisais plus partie d'un groupe d'assassins, aux ordres de Xenair qui lui, œuvrait pour ceux qui payait bien. C'est ça ? Mais si ce que tu dis sur le roi de Kendra Kar est vrai, je comprends pourquoi tu as voulu sa tête !"

" Si demain Satinette préfère s'acheter mes services plutôt que d'envoyer des gens se suicider à chercher ma tête, je pourrai y réfléchir. Bien entendu les chances que cela arrive sont faibles. Mais Omyre, Kendra Kar, Oranan... peu m'importe au final. Je tuais plus de Garzoks que de Kendrans sous la coupe de Xenair tu sais. " C'était assez vrai en plus, je n'ai jamais tué aussi peu d'humains que sous la tutelle de Xenair, par contre des chefs de clan Garzok qui semaient la pagaille dans les rues d'Omyre pour un bout de terrain ou un rat bien juteux, ça c'était monnaie courante, mais les raisons qui poussaient Xenair à m'envoyer tuer untel ou un autre, je m'en moquais éperduement. C'était du travail facile, les garzoks sont des brutes épaisses, combien de fois il suffisait de tuer un chef de clan, brandir sa tête et laisser sa garde rapprochée s'incliner parce que j'avais été plus habile que leur chef. Au moins c'était facile, c'est nettement moins revanchard, le Garzok.

"Et juste par curiosité, les services d'un assassin de ta renommée s'élèvent à combien ?"

" Tout dépend de la cible. Si c'est pour un soldat, un milicien, un civil tout dépend du commanditaire. Quand il s'agit d'un officier ou d'un noble je pense que c'est entre 5 et dix pièces d'or. Un politicien gardé par des soldats plus de dix pièces d'or. Je ne gère pas les tarifs, l'assassin ne rencontre pas le client par mesure de discrétion. J'ai déjà facturé deux oeufs durs à une paysanne qui avait perdu sa fille et son mari par l'épée, j'avais géré le paiement moi même cette fois-ci. Mais maintenant que tout le monde me connaît comme la régicide, je dois prendre ma retraite. Sauf si tu as... disons pour le Comte... hm. "

Je réfléchissais... Je n'avais jamais vraiment pris de contrat pour un notable toute seule, généralement c'est Katalina ou Xenair qui se charge de l'entretien avec le client, mais disons que pour un comte, on pouvait jouer la carte d'une pièce d'or, ce n'était pas non plus la mer à boire et rien ne m'obligeait à aller tuer ce type pour une pièce d'or et une tape sur le fessou, j'aurai pu dire dix yus que ça ne changerait rien.

" 1000 Yus. "

"Je t'ai dit que je ne comptais pas tuer le comte. Cependant, si d'aventure je devais réviser mon jugement, je suis de genre à vouloir gérer le problème moi-même ! Je ne suis pourtant pas aussi doué que toi, donc je garde ça en tête."


Il hésitait à demander quelque chose, mais son visage naïf laissait paraître la question avant qu'il ne la pose, je me doutais qu'il allait vouloir comparer le prix de cet homme qu'il détestait à sa petite personne, la vanité était si délicieuse. Jorus était vraiment charmant à sa manière, si mièvre que j'étais maintenant persuadée que ses larmes avaient un goût de sucre.

"Et moi ? Combien je vaux ?"

J'en étais sûre. J'avais toujours la Tueuse de mage en main, je n'avais qu'à cligner sur la gauche de Jorus, ma lame déjà collée à ses côtes, proche de son coeur, une petite pression et le métal allait croquer sa dernière palpitation et mon oreille serait le réceptacle de son dernier souffle. C'était si poétique.

" Hm... 5. "

Un éclat de rire vint alors échapper à mes lèvres, j'avais envie de rire, d'un rire d'enfant face à une bêtise amusante. J'aurai pu dessiner des moustaches sur un portrait de femme et en rire, c'eut été le même éclat cristallin. J'avais besoin de rire, ça me soulageait. La conversation avec Jorus avait été douce comme du miel sur une blessure, mais je ne voulais pas creuser ce qu'il pensait de moi pour éviter de transformer ce sucre en sel, je l'appréciais autant que Hrist le détestait. Je comprenais pourquoi elle avait tant de mépris pour lui, il vivait dans des camps, ne voyait que par l'adversité et ne comprenait pas que les gens puissent ne pas avoir envie de choisir. Il était persuadé que j'étais d'Omyre et avait employé le " nous " en parlant de ce groupe qui avait cherché à me rejeter, allaient-ils apprendre à me connaître comme Xël et Akihito ? J'espérais, mais je ne le souhaitais plus. La corruption coulait déjà de mes yeux, me rappelant à l'urgence de ma situation.

"Je pense que tu n'as pas besoin que je reste, ton état semble s'être stabilisé pour le moment. Je vais en profiter pour aller me nettoyer plus en profondeur !"

" Faites donc mon cher. Je vais les laisser terminer leur réunion. J'ai a penser de mon côté. "

Il salua d'une révérence insolente et je souriais alors qu'il tournait le dos pour disparaître. Il me ressemblait un peu, mais je crois que jamais je ne le lui dirai. Il aurait pu avoir un peu plus de jugeotte, je suis sûre et certaine qu'il part en conquérant, ravi d'avoir dominé la conversation car il était animé de tant de bonne volonté là où j'avais la lassitude certaine de ne pas avoir à convaincre quelqu'un qui n'écouterait que lui. Au moins ne lui ai-je pas menti. Il voulait m'entendre, j'espère qu'il a su écouter.

Je m'allongeais sur cette paillasse, j'étais épuisée, faible, malade, mourante. Je voulais fermer les yeux en espérant que d'affreux cauchemars ne viendraient pas tourmenter ce sommeil nécessaire.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Re: Lande Noire

Message par Yliria » sam. 2 sept. 2023 11:54

Réunir tout le monde ne fut pas une tâche très ardue, finalement. Tut le monde avait compris qu’il fallait se remettre à agir au plus vite, et ce malgré les événements récents qui étaient sans doute dans toutes les mémoires. Dans la mienne, en tout cas. Je fis passer le mot et tentais de directement informer le plus possibles de mes compagnons de l’urgence et l’importance d’une réunion. Akihito, lui, restait introuvable et je tournai un moment avant de finalement l’apercevoir alors qu’il descendait au pas de course une colline alors que le dragon se redressait et s’entourait de cette brume qui ne semblait jamais le quitter sous cette forme. J’eus un bref instant de doute, mais il ne sembla pas être sur le point d’attaquer Akihito et je fis signe à ce dernier. Sans surprise, il était surpris de ma présence, mais comprit très vite qu’il fallait se réunir. Je sentais bien qu’il cachait quelque chose, mais je n’insistai pas concernant le dragon. J’avais beaucoup de choses en tête et il n’était pas dans mes priorités les plus immédiates. Ma tête allait exploser à force…

Je laissais Akihito rassembler ses affaires et me hâtai vers la salle prévue pour la réunion ; En entrant, je vis que Jorus était déjà là… du sang coulant de sa tête. Allons bon… Il tourna son regard vers moi et, pendant une brève seconde, j’hésitai sur la marche à suivre. Comment le traiter après ce qu’il s’était passé ? Je choisis la solution de facilité. Rien n’allait changer et j’allais el traiter comme je le faisais avant. Je soupirai et approchai de lui en tirant un tissu propre de mon sac avant de le lui tendre pour qu’il s’essuie le visage et compresse la petite plaie qu’il avait. Je haussai un sourcil, intriguée, mais il se contenta de plaisanter, comme s’il avait eu la bonne idée de se battre. Je me retins de justesse de lever les yeux au ciel et répondis sur le même ton alors qu’il expliquait avoir eu un sommeil agité.

- Hmmm... Essaie de ne pas confondre ton oreiller avec un roc, la prochaine fois.

Son explication était douteuse au possible, mais je n’avais ni l’envie ni la force d’insister. Surtout quand une Silmeria suspicieuse et encapuchonnée se plaça pile derrière Jorus et moi. Je n’aimais pas l’avoir dans mon dos et une de mes mains ne quitta pas ma hanche, au cas où je sentirai la moindre chose émanant d’elle. Je faillis carrément me retourner pour lui dire clairement de ne pas rester là sous peine de se manger un coup de rapière si elle se mettait à respirer trop fort, mais Xël me coupa l’herbe sous le pied avec quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas. Il passa près de moi, se pencha et m’offrit quelques mots qui firent l’effet d’une décharge.

- Tu avais raison de vouloir persévérer. C’est grâce à toi s’ils sont en vie et de retour dans leurs corps.

Je me tournai vers lui et pu simplement lui offrir un sourire pincé au souvenir que LUI avait décidé d’abandonner, mais je n’ajoutai rien. Les autres n’avaient pas besoin de le savoir, il y avait déjà assez de tension sans ajouter de l’huile sur le feu. Et la réunion démarra et partit très vite sur des sujets que je n’avais pas spécialement prévu d’aborder. Le rayonngique qui posait problème, Xël qui voulait toujours partir pour Messaliah, l’aide de Trifalgin et le besoin pour la ville de rebatir ses défenses. Je restai silencieuse, attentive, mais frustrée qu’une fois de plus, on me coupe l’herbe sous le pieds alors que j’avais demandé à tout le monde de se rassembler avec l’idée de tirer les choses au clair concernant leur mort. Mais, visiblement, j’étais la seule inquiète à ce sujet alors que les fauteurs de troubles étaient bien là et ne semblaient pas exprimer le moindre remords.

(Tu as promis d’être patiente et diplomate.)

(Je sais… et ils ont bien de la chance parce que si ça ne tenait qu’à moi, ils seraient repartis aussi sec pour Yuimen avec des zones du corps avec de jolies couleurs…)

- Je n'étais pas au courant que le rayon de magie posait problème, mais si c'est si dangereux de tenter de le modifier, je suggère d'aider à rebâtir des défenses solides plutôt que de risquer de tout faire exploser pour le moment. Et avant que tu partes dans tes pérégrinations, Xël, il y a un problème qu'on doit adresser. Suis-je la seule à ne pas avoir perdu la mémoire, ou dois-je rappeler que presque tout le monde est MORT ?

J’insistai bien sur ce dernier mot, avec un résultat mitigé. Bien peu semblait en avoir vraiment quelque chose à foutre… Sérieusement ?

- Pardon, c'est peut-être juste moi qui suis trop sensible, mais il me semble qu'on devrait quand même parler de ce qu'il s'est passé. Parce que je n'ai guère confiance en certains en sachant que leurs actions puériles ont coûté la vie à presque l'entièreté du groupe, nous a fait perdre un temps précieux, sans compter que nous avons eu le bonheur de nous créer des ennemis en essayant de trouver une solution pour les ramener à la vie avec en bonus pas mal d'interrogations sur la manière dont vous vous y êtes pris pour fuir les Enfers de ce monde. Si vous voulez faire comme s'il ne s'était rien passé, très bien, mais c'est pas mon cas, parce que je n'ai pas envie que ça se reproduise et d'être la prochaine victime de la stupidité de quelqu'un qui invoque la magie lorsqu'une mouche vole un peu trop de son oreille, en connaissant pourtant les risques tout en choisissant de s'en foutre royalement.

Et de toutes les personnes qui auraient prendre la parole, ce fut l’architecte du désastre qui l’ouvrit et qui offrit ce qu’il imaginait sûrement être des excuses. Je me fichai complètement des raisons de son action, je ne voyais que le résultat. A lui seul, il avait infligé plus de souffrance et de dégâts à notre équipe que n’importe quel ennemi que nous avions rencontré jusqu’ici. Et c’était une faute que je n’allais pas pardonner de sitôt. Même Silmeria n’avait créé autant de problème alors qu’elle semblait la plus erratique du groupe. Je me fichai clètement que ce soit un accident, parce qu’il avait us de magie de manière stupide sans penser une seconde aux conséquences alors qu’il avait été répété de ne pas faire n’importe quoi. Ce type ne méritait pas de clémence. Mais visiblement, personne ne sembla vraiment lui en tenir rigueur. Je ravalai mes remarques assassines et fis avec. Mathis était un problème à surveiller désormais. A la moindre incartade, je m’occuperai de lui dans les délais les plus brefs.

Le reste de la réunion fut plus prolifiques que les précédentes, en tout cas. Une opération à Messaliah fut organisée, même si je n’avais pas l’entière satisfaction de voir tout le monde se séparer. Je comprenais l’intérêt et l’expliquai quand on me demanda pourquoi je changeai d’avis, mais alors le discours de Xël sur notre incapacité à travailler ensemble… S’il pouvait simplement mettre un peu son égo de côté, tout serait plus simple. Etonnamment, il n’y eut aucune réelle prise de bec… malgré un léger souci venant de Silmeria. La voir déverser de la bile noire comme la nuit était déroutant et absolument immonde. Et Jorus qui n’allait visiblement pas beaucoup mieux… entre ces deux-là, la faiblesse de Dracaena et la fatigue d’Akihito… je commençai à me dire que leur séjour dans les Enfers de ce monde avait laissé des séquelles. Mais quand je soulevais le problème, personne ne sembla vraiment inquiet. Et Mathis.. je me retins de lever les yeux au ciel. Lui pouvait se mettre à gerber du sang que ça me ferait une belle jambe.

(Je te trouve dure avec lui… Il a expliqué pourquoi il avait agi ainsi.)

(Je m’en fous. Il n’a jamais eu accès à la magie avant, sur Yuimen et là, après une expérience étrange et terrifiante, son premier réflexe, au lieu de sortir ses armes, ça a été d’utiliser la seule chose qu’on a défini comme ne devant pas être utilisée seule ou n’importe comment. Il connaissait les risques, avait d’autres alternatives, mais il a choisi la pire solution et on connaît le résultat. Il est en faute et je n’ai pas entendu de remords satisfaisants venant de sa part.)

Je sentis le désaccord d’Alyah, mais elle n’insista pas davantage alors que la discussion reprenait son cours après le départ de Jorus et Silmeria. Akihito allait rester pour tudier le sceau, moi pour préparer les défenses et discuter avec notre invité Ouessien. Personne ne s’y opposa, Dracaena étant même d’accord avec moi. Un jour à marquer d’une pierre blanche. Il le serait sans doute moins pour ce que j’avais comme idée pour le reste... Je jetai un regard à Xël, décidant de le prendre à part à la fin de la réunion. On avait nos différends, mais il était pragmatique, bien plus que d’autres ici. Je lui donnai d’ailleurs ma rune pour localiser Simaya, dont la disparition demeurait inquiétante. Avec un peu de chance, les choses s’arrangeraient pour elle également. Le sujet de Vallel fut rapidement abordé, mais nous avions plus important à traiter et fut vite écarté, de même que le sujet d’une visionde Xël concernant une reine des Montagnes… Je restai dubitative, mais sans les pierres de vision et l’opération à Messaliah, inutile de prévoir autre chose. Il fallait déjà réussir ça avant e penser à la suite. Une chose à la fois.

Pour terminer, Akihito proposa la théorie que certains d’entre nous pouvaient user de magie sans appeler les fluides, rendant cette utilisation moins dangereuse sur Aliaénon. Sussun ou les portails de Xël en tête de liste, sans compter notre capacité enchanter nos armes. Tout cela aurait été plus convaincant si sa magie ne lui avait pas cour-cicuité les doigts au beau milieu de son explication, mais je voyais là où il voulait en venir. Ssussun était une élémentaire de lumière de Yuimen et sa présence sur Alianenon était un peu étrange. Surtout sous cette forme.

- Hmm... ça se tient. Ssussun est un élémentaire de Lumière, mais ici... il est différent. J'imagine que nos capacités magiques innées s'adaptent à ce monde. A étudier... et à user avec modération.

Visiblement il était temp de clôturer la discussion. Et les choses plus délicates et concrètes allaient commencer sous peu…

- Je pense qu'on a terminé. Soyez tous prudents, d'accord ? Xël, un mot s'il te plaît. En privé.

Personne, pas même lui, ne sembla s’affoler de ma demande et je le conduisis un peu à l’écart, hors de portée des oreilles des autres. Si j’avais attendu la fin de la réunion, ce n’était pas pour que quelqu’un finisse par nous entendre. Le sujet était épineux, après tout. Mais je voyais mal comment nous en passer sur le long terme. Enfin, je n’allais pas lui jeter la patate chaude à la figure…

- Tu penses que vous serez assez nombreux pour l'opération à Messaliah ?

- Je pense. Messaliah est une cité en ruine enfouie sous le sable du désert. Je compte nous mener directement dans les profondeurs donc nous devrions éviter en grande partie les Sans-Bannières. Pas besoin d’être trop nombreux.

- C'est plus sage en effet...

Avait-il compris les dangers des affrontements de front ou bien se contentait-il de suivre l’avis général ? dans tous les cas, c’était une bonne nouvelle. Mais cela rendait ma requête un peu étrange…

- Dans... l'hypothèse, ou les Sans-Bannières seraient sur place et que vous n'ayez aucun autre choix que de les affronter - éviitez au maximum, mais on sait tous les deux que parfois rien ne se passe comme prévu ... Si ça arrive, essaie d'en capturer un et de le ramener ici. Vivant. Et en état de parler. Ne va pas risquer ta vie ou celle de qui que ce soit pour ça, mais si c'est possible, tu penses pouvoir le faire ?

Certains, dont un certain mage de foudre, auraient sans doute refusé sans même trop y réfléchir, mais Xël se montra curieux de mes raisons et c’était une bonne chose. Parce qu’il y en avait beaucoup.

- Leurs motivations, leurs plans, leur effectif, leurs cibles, leur opinion vis à vis du Dragon, vis à vis de nous et tout un tas d'autres choses que je doute d'obtenir si je ne peux pas parler à l'un d'entre eux. On peut spéculer, mais ça ne va pas beaucoup m'avancer pour définir nos priorités pour nos actions à venir.

- Je pense qu’un prisonnier refuserait de parler. Mais … un invité peut être … Je vais voir ce que je peux faire.

Et je doutais qu’un invité accepte de venir, mais nos choix d’actions étaient limités.

- Je ne t'en demandes pas plus. Essaie, mais sans risquer plus que nécessaire.

- Mais petite spéculation tout de même. Leur motivation est de détruire le Sans-Visage. Beaucoup d’entre eux sont des Ouessiens, j’ignore s’ils ont toujours cette … « connexion » avec les autres. Mais je partirais du principe que si le Sans-Visage est l’ennemi du Dragon Noir alors l’ennemi de leur ennemi… Tu vois où je veux en venir j’imagine …

- C'est ce que je pense aussi, raison pour laquelle il vaudrait mieux en avoir le cœur net. J'en ai marre d'être dans le flou total dans cette histoire.

On nageait en plein délire, sans informations concrètes ni objectifs réalisables. Autant dire que c’était pas demain qu’on arriverait à quelque chose… restait cependant un détail…

- Pas un mot aux autres pour le moment, s'il te plaît. Surtout pas Akihito. Je n'en ai pas parlé parce que certains seraient contre, lui en particulier. Et on a autre chose à faire que de palabrer sur le sujet pendant des éons. Si tu arrives à en ramener un, je prendrai le relais, tu n'auras qu'à dire que c'est moi qui te l'ai demandé s'ils commencent à montrer leur désaccord.

- Des cachoteries. Très bien.

Je me retins de lever les yeux au ciel. Si j’avais pu, tout le monde serait au courant, mais j’étais réaliste et mieux valait faire ça discrètement. Je me fichai pas mal d’attirer le mécontentement, tant que le boulot était fait. Et puisque Xël était de mon avis, j’avais au moins l’assurance d’un allié dans cette histoire.

- Comment tu te sens ?

Je ne m’attendais pas à cette question. Ni à cet air préoccupé. Et je ne savais pas trop quoi lui dire. J’avais encaissé beaucoup trop avec la mort du groupe et mon incapacité à les ramener, sans compter l’histoire avec Jorus qui se superposait au bordel qu’était celle avec Akihito… Ne pas mélanger le personnel avec la mission devenait de plus en plus difficile et ça n’allait pas en s’arrangeant.

- J'en sais rien c'est... compliqué. J'aimerais que ce soit plus simple. Qu'on ait une route toute tracée pour aller tuer ce satané dragon... Au lieu de ça on avance à l'aveugle et je m'arrache les cheveux à essayer de trouver une solution. S'ils n'étaient pas déjà blancs ils auraient blanchi.

- On a face à nous sans doute la créature la plus puissante de tous les mondes. Ca ne pouvait pas être simple.

- Tu as sans doute raison... espérons qu'on trouve une piste au plus vite. Et.. Xël...

Je soupirai, toujours mal à l’aise dans ce genre de moment. Reconnaître ses fautes n’était jamais agréable… Et j’avais vraiment abusé avec lui..

- Je sais qu'on a nos différents et que j'ai pas été très.. Cordiale... Pour le dire gentiment. Je suis désolée.

- C'était un moment difficile. Je connais. Tout va bien.

Jez ne savais pas si ça ma rassurait ou non. Son sourire était sincère, tout comme la tristesse qui transparaissait sur ses traits. Il posa les mains sur mes épaules et je m’attendais à un monologue, mais au lieu de ça..

- On se souviendra de ce moment la prochaine fois qu'on s'engueulera.

Quel crétin… ça me tira un sourire.

- Essayons quand même de ne pas nous engueuler, hein ? Merci Xël... Et sois prudent, veux-tu ?

- Toi aussi.

Je le regardais s’éloigner avec le sentiment que j’avais fait ce qu’il fallait. Restait à voir comment les choses allaient évoluer. Et j’espérai vraiment que ça n’allait pas empirer… Je soupirai, puis me mis en quête d’Alossarh. Il fallait que je lui propose de discuter des défenses de la ville et de sa reconstruction. Restait à voir s’il allait accepter mon aide.


***

HRP
Don de la rune Hi à Xël
Se met à chercher Alossarh pour discuter.

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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 2 sept. 2023 13:04

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) XII



La réunion était finie, et chacun se tourna vers ses actions ou inactions pour mener à bien leurs nouvelles missions.

En saisissant l’anneau du Sans-Visage et en l’analysant modérément, Akihito put sentir que l’artefact, malgré son apparence bien ancrée dans le monde, était un objet dont l’existence était neuve. Très neuve. C’est le Sans-Visage qui l’avait créé de toutes pièces pour le donner à Dracaena, et non un objet ancien. Il ne put guère comprendre énormément de la magie l’imprégnant, si ce n’était sa capacité à relier entre eux plusieurs esprits. Et celle de marquer invisiblement la chair d’autrui, copiant ses pouvoirs pour l’être touché. Lorsqu’il l’utilisa, une voix résonna dans son esprit. Celle du Sans-Visage, qui était à la fois ferme et mécontent.

« Le Porteur a reçu des consignes précises sur son utilisation, fiez-vous à celles-ci. Et l’une d’elle était de n’en pas user pour de telles billevesées. Rendez-lui, et n’usez-en qu’en cas de nécessité. »

Au moins avait-il pu intégrer quelques informations supplémentaires sur son utilisation, sous les yeux d’un Dracaena qui n’avait rien entendu à la réponse de l’être supérieur.

Mathis se leva, Silmeria se recoucha, Jorus se laissa aller à quelques expérimentations de ses nouveaux pouvoirs.

Xël, lui, usa du pouvoir de son bijou. Il put apercevoir une salle immense, semblant souterraine. Le sol était jonché de sable en grande quantité, et des ouvertures de nombreux couloirs se joignaient aux murs de la salle. Des formes sombres erraient ci-bas : des sortes de morts-vivants du désert. Des momies et squelettes animés. Une plateforme impressionnante était construite. De nombreux êtres s’y trouvaient, vêtus de robes d’une teinte ocre rouge tissée d’or. Ils discutaient, se reposaient, vivaient sans sembler se soucier de quoique ce soit. Au centre de cette plateforme, flottant au-dessus du sol, un cristal bleu d’une intensité rare, aux proportions humaines en taille. Plusieurs Cadi Yangin l’observaient, échafaudages grimpant jusqu’à sa hauteur.

Yliria fut rapidement menée vers Alossarh. Il lui fut indiqué sa couche, et ce dernier se réveilla lorsqu’elle approcha. Il lui lança un regard vaseux avant de se frotter les yeux.



[HJ : Attention à tous, mais à Xël particulièrement, j’ai pas dit que le reste de la journée passait. La timeline de votre précédent RP se résumait au temps de la réunion + une action.
J’attends de votre RP votre prochaine action. Soit sur place, soit pour aller mener vos objectifs ailleurs. Concertez-vous si besoin dans le chan de coordination. Pas d’aparté ou de trucs à long terme possibles, sauf pour Yliria avec Alossarh (vu que c’est son action du tour).]


[XP :
Jorus : 1 (péripétie de découverte), 0,5 (réunion), 1 (discussions), 0,5 (autres) (L’émotif : 6XP !)
Mathis : RP1 : 0,5 (discussion), 3 (événement global)/ RP2 : 0,5 (réunion).
Xêl : RP1 : 2XP (discussions), 0,5 (autres)/ RP2 : 0,5 (réunion), 0,5 (discussion).
Akihito : 0,5 (discussion), 0,5 (réunion), 0,5 (autres)
Dracaena : Noté quand complété
Silmeria : 0,5 (réunion), 0,5 (discussion)
Yliria : 0,5 (réunion), 0,5 (discussion), 0,5 (autres)



[Jeu des mots :
Akihito : 15 points]


[Les bons :
Jorus : Le Ponctuel !
Xël : Le Roi de la Négoce ! (rp précédent)]

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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » jeu. 7 sept. 2023 01:27

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

43 : Apprendre pour connaître, connaître pour comprendre, comprendre pour maîtriser.

L'anneau était un artefact comme il n'en avait jamais vu. Tout ceux qu'ils avaient pu tenir entre ses mains jusque là étaient imprégnées d'une puissance plus ou moins discrète qui s'était comme fondue dans le matériau. Après des décennies, des siècles d'existence, leur pouvoir n'était plus qu'une vague ondulation tranquille, persistante, constante, irradiant de l'objet. Mais ce n'était pas le cas de l'anneau : la magie qu'il contenait s'épanchait du métal luisant et flambait d'une puissance nouvelle, intarissable. Là où les artefacts anciens étaient placides, l'anneau était fougueux. Cela ne le rendait pas plus simple à comprendre car s'il était moins avare en informations sur sa fonction, il était du même coup bien plus brouillon à déchiffrer.

Et alors qu'il essayait de comprendre tant bien que mal ce qu'il avait dans sa main, une voix retentit dans sa tête. Celle du Sans-Visage... Et a son intonation, il n'était visiblement pas content.

« Le Porteur a reçu des consignes précises sur son utilisation, fiez-vous à celles-ci. Et l’une d’elle était de n’en pas user pour de telles billevesées. Rendez-lui, et n’usez-en qu’en cas de nécessité. »

Akihito s'apprêtait à répondre, mais se ravisa. Il avait murmuré sa phrase par précaution, mais la simple volonté d'adresser ce message en cas de problème avait suffit pour activer le pouvoir de l'anneau. Faisant rouler l'objet entre ses doigts, sourcils froncés à mesure qu'il prenait conscience de ce qu'il tenait, il finit par apposer l'objet sut sa gorge en fermant les yeux et une fois qu'il eut constaté ce qu'il pensait, rendit la bague au "Porteur".

« Il est... Soupe-au-lait, le Sans-Visage. Qu'est-ce qu'il a dit au sujet de l'utilisation de la bague et son fonctionnement ?

- Si je me souviens bien... commença l’Oudio en enfilant le bijou, avant de prendre une voix grave pour singer le Titan : "Vous pourrez marquer les personnes de ce signe en l'appliquant contre leur gorge. Ils auront alors la capacité de communiquer avec moi et avec le porteur de l'anneau. N'abusez pas de ce pouvoir, ou je l'annulerai."
Presque sûr que c'était ça. Et comment ça soupe au lait? Vous lui avez parlé ?


- Oui, sans faire exprès. Je pensais pas qu'ouvrir la... Connexion serait aussi aisé. »

Comme il l’avait compris, la bague permettait bien de lier les personnes marquées entre elles. Pour préciser auprès de Dracaena, il continua en se frottant la nuque pour chasser une raideur persistant après une nuit blanche.

« La marque sur la gorge permet de dupliquer les pouvoirs de la bague. Et en activer son pouvoir permet d'accéder à cette connexion, qui lit au porteur de la bague et au Sans-Visage. Comme une sorte de conscience partagée, de communication par la pensée collective. N'importe qui marqué peut décider de l'ouvrir et les autres sont intégrés par défaut. »

La sensation était difficile à décrire, mais c’était les meilleurs mots qu’il arrivait à poser pour décrire cette salle mentale que semblait ouvrir la bague et inviter de force tout ceux qui y avait accès, et ce à la moindre invitation.

« Et ça ne semble pas pomper dans notre magie, donc on peut l'utiliser sans crainte.

- Bon à savoir... Mais si j'comprends bien comment ça marche, on a pas de moyen de savoir si on va contacter le Sans-visage, le proprio de la bague, ou un marqué ? J'voulais qu'on l'utilise pour garder le contact constant entre les groupes séparés, mais si ça marche comme ça, impossible de pas en "abuser"... Il vous a dit quelque chose, m'sieur Sans-Visage ?

- Il m'a demandé de me tenir à carreau et de te rendre la bague. Je pense pas qu'on puisse choisir à qui s'adresser, le pouvoir se résume simplement à ouvrir ou non la connexion pour tous. Ou alors il faudrait essayer, mais... Il nous faut un autre cobaye que toi comme porteur de la bague et si on se plante, notre ami Titan risque de pas apprécier. »

(Et comme tout le monde semble se disperser… Ah non, Xël indique que lui part à Messaliah et que ceux qui l’aime, le suivent.)

(De toute façon, la bague n’aura sans doute plus d’autre utilité que de contacter le Sans-Visage une fois que vous aurez retrouvé les pierres de Vision.)

(J’espère…) se dit l’enchanteur en écoutant Dracaena déclarer que lui non plus n’était pas sûr que faire des tests supplémentaires soient nécessaires, avant de lui demander ce qu’il comptait faire.

« Je reste ici pour jeter un oeil aux défenses et au Sceau. Je suis pas en état de partir et Yliria me laisserait probablement pas le faire, dit-il dans un haussement d'épaules et en riant légèrement. D'ailleurs je dois aller rejoindre Visselion avant qu'il ne parte sans moi.

- Bonne chance pour vot' mission! Et j'ouvrirai l'contact si nécessaire ! »

Comme pour souhaiter un bon voyage à l’Oudio et son groupe de manière moins formelle et plus fraternelle, Akihito tendit sa main ouverte vers l’Oudio. Puis il avisa la taille de la main qu’il souhaitait serrer et se fit la réflexion qu’une poignée de main serait surtout ridicule, tant les doigts noueux de l’arbre calciné pouvaient sans mal se refermer sur sa main ET son poignet. Il ferma le poing et le cogna contre celui de Dracaena, qui avait compris son intention.

« Faites gaffe à vous. »

(T’as rien de mieux que des belles paroles pour l’aider à faire attention ?)

(Euh… ? Ah !)

« Drac, attend une minute. »

Fouillant la bourse de rune nouvellement récupérée, il ne mit pas longtemps à refermer sa prise sur une rune bien particulière, fort à propos vis-à-vis de l’Oudio. Il ignorait si elle allait lui servir, mais Akihito avait sa jumelle depuis des mois, récupérée à Nessima.


« "Corde"... Et "Arbre"...

- "Arrêter" et ... "Toujours". »



Le fou rire de la pilote d’Aynore devant La combinaison de runes cocasse résonna un bref instant dans ses souvenirs, et un fin sourire nostalgique flotta sur ses lèvres alors qu’il traçait sur la seconde rune Arbre une Marque de Tonnerre.

(Dire que je suis allé sur l’île des Dieux sans elle.)

(Votre accord, c’était de l’emmener si tu avais la boussole. Là, vous avez été emmené sur l’île directement par un Dieu… Et je pense que Koushuu avait autre chose à faire que d’attendre que tu appelles une connaissance.)

(Faudra que j’essaye de prendre de ses nouvelles dans un comptoir d’Air Gris, quand on sortira d’ici.)

« Une rune "Zu", ou "Arbre". J'ai posé ma marque dessus donc si besoin, je pourrai rejoindre la rune en un clin d'oeil. Et si tu veux bien... Il va me falloir une goutte de sève. Pour cette fiole, ajouta-t-il en sortant d’une poche intérieur de son manteau la fiole de surveillance. Si jamais t'es en danger -et donc les autres aussi-, elle m'avertira en changeant de couleur. Si t'es d'accord.

- Euh... merci pour la rune, je la garde au chaud. Euh... quand à une goutte de sève, euh... »

Il observa l’Oudio sortir d’un des nœuds de bois un curieux éclat d’ivoire ressemblant à un croc, puis le regarda s’entailler le torse pour en faire sortir quelques gouttes de sèves. Akihito essuya le sang d’Alossarh qui imbibait toujours une des extrémités, tout en se demandant si la sève pouvait vraiment être considéré comme du sang.

« Servez-vous. Ah, et conseil, la goutez pas, paraît qu'elle a... de drôles d'effets.

- Ca se mange, la sève d'Oudio…? Ne réponds pas, je préfère pas savoir. »

Confirmant que la fiole réagissait bien à la résine collante, l’Ynorien hocha la tête.

« Voilà, on est bon, » déclara-t-il avant de faire un dernier signe de main, se dirigeant vers Visselion qui attendait toujours non loin de sa tente.

« Visselion, on rejoint le Sceau quand vous le souhaitez. Enfin, laisser moi manger un morceau, et je vous suis. »

La faim commençait à se faire sentir : avisant son sac qu’il avait posé non loin des autres affaires des Yuiméniens, il fouilla et finit par trouver un peu de viande séchée et des miches sèches comme du bois qui avait un jour été les brioches d’Esseroth. Une fois son repas peu savoureux engloutis, il hocha de la tête à l’intention du sorcier.


-----------

HRP : Don d’une rune Zu à Dracaena et explication de sa signification.
Plaçage d’une marque du Tonnerre volant sur la dite rune.
Va suivre Visselion.

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » jeu. 7 sept. 2023 19:27

Avec le recul, c’était assez agréable de voir que la réunion s’était aussi bien passée. Si on omettait l’épanchement noirâtre et olfactive de Silmeria, rien ne provoqua de réels heurts et tout le monde savait ce qu’il avait à faire. Plus ou moins. Je me doutais bien que personne ne resterait ici, excepté Akihito et moi, mais ce n’était peut-être pas plus mal. Il fallait bien quelqu’un pour éventuellement régler les catastrophes que certains allaient peut-être causer…C’était épuisant, de tout le temps devoir y penser. Sur Yuimen, je n’avais plus eu de problème avec bien des choses, grâce à la magie. Froid ? un peu de chaleur magique. Blessé ? Soin magique. Quelqu’un ne voit rien dans le noir ? lumière magique. Besoin de cuire le repas du soir ? feu magique. C’était tellement facile et évident au quotidien que c’était frustrant de devoir sans cesse se retenir ici. Ma magie me manquait. Yuimen me manquait.

En acceptant la mission, je m’attendais à jeter un œil sur ce monde, faire un rapport à la commanderie la plus proche et quelqu’un se chargerait de mettre des gens compétents sur le coup s’il s’avérait que c’était un problème magique ou technique lié aux fluides. Au lieu de ça, nous voilà en pleine chasse au Dragon avec une équipe tout sauf soudée, des alliés qui se font de plus en plus restreints et déjà des morts à vau l’eau sans qu’aucun ennemi n’ait vraiment eu à intervenir. Un long soupire m’échappa avant que je ne me ressaisisse. Tergiverser là-dessus n’allait pas m’aider, il fallait juste avancer, trouver des solutions et essayer de contenir les écarts de certains. Le reste n’était pas que de mon ressort.

Raison pour laquelle je demandais à voir Alossarh, visiblement désigné comme le chef ici. Peut-être qu’on allait pouvoir parvenir à quelque chose pour protéger ses gens des créatures qui avaient déferlé sur eux. Ou bien de toute autre menace potentielle. J’étais un peu choquée que personne de notre groupe ne se soit porté volontaire pour m’aider. A croire que j’étais la seule à me soucier des pauvres hères dont les vies avaient été mises en jeu par l’action de certains d’entre nous. Je secouai la tête. C’était injuste de ma part, il fallait qu’on ait ses pierres de vision, mais le moment était compliqué et quelques jours n’auraient sans doute pas changé grand-chose de leur côté…

(Inutile de s’en soucier maintenant…)

(Peut-être que si tu avais proposé l’idée…)

(Je ne devrais pas avoir à le faire ! Sauver des vies ça devrait être suffisamment important pour tout le monde !)

(Peut-être que tout le monde ne le suivra pas.)

J’avais des doutes. Seul Akihito avait admis sa volonté de rester ici pour essayer de trouver une solution pour le sceau et le rayon de magie. Et pour les deux absents, j’étais persuadée que Silmeria allait suivre le mouvement vers Messaliah, juste parce que la voir aider des gens dans el besoin me paraissait être la chose la plus anormale du monde. Voir une deuxième tête me pousser était plus probable que ça… Et Jorus… Je ne savais pas trop, mais je le voyais mal rester, lui aussi. Et je préférais ne pas l’avoir ici. C’était déjà assez compliqué comme ça sans ajouter les regards qu’il m’a lancé plusieurs fois au début de la réunion. J’allais finir par être mal à l’aise s’il continuait.

(Ah… l’amour…)

(Pas besoin de faire ce genre de regard.)

(Rappelle moi de te décrire précisément la façon dont tu as fait des yeux de biche à Akihito.)

(Quoi ? N’importe quoi !)

(Le déni…)

Après avoir ignorer Alyah et ses commentaire désobligeants, je parvins enfin à trouver quelqu’un qui put m’amener à Alossarh, lequel… se réveillait à peine. Merde… Je ralentis le pas et hésitai un instant avant de me lancer. Il en allait de la survie de son peuple, sans doute qu’il allait réagir sans me dire d’aller me faire voir.

- Hum... je voulais vous voir, mais je ne pensais pas que vous étiez en train de dormir.. vous préférez que je repasse plus tard ?

- Grm. Non, non. Bordel, combien de temps j'ai pieuté ? V'vouliez m'voir pourquoi ?

En voyant ses yeux vitreux et son air à peine réveillé, j’aurai sans doute pu lui laisser el temps, mais maintenant que c’était lmancé… autant aller jusqu’au bout.

- Vous êtes sûr ? Je voulais vous proposez mon aide pour l'organisation de la défense de votre ville. Pour l'instant les choses se sont calmées, mais on est à l'abri de rien...

- L'organisation des... putain oui. J'imagine que j'ai été désigné d'office, c'est ça ? Bon... Là y'a votre copain malsain qui répand son acide partout, mais on peut pas lui d'mander de faire ça sans arrêt. Le but ici c'est de dresser des défenses de base, en dur, pour permettre de reconstruire dans un environnement plus ou moins sécurisé des structures plus solides et définitives. Erection de palissades, tours de gardes, ce genre de trucs.

Je le regardai se lever et s’étirer. Il ne semblait pas particulièrement ravi de cette nouvelle position, ce que je pouvais comprendre. Tout ça leur était tombé dessus et il n’avait pas eu le choix. Pas plus que les autres. Et dans des situations de crises, diriger voulait dire prendre des décisions qui pouvait coûter des vies sans certitude d’en sauver. Je ne l’enviai pas.

- Hmmm. Purée, ça tire, trois jours de combat. Même après une bonne nuit d'sommeil.

(Tu m’étonnes… mais trois jours ? J’ai raté quelque chose ? On n’est pas parti si longtemps.)

(Le déplacements du Sans-Visage n’a sans doute pas été instantané.)

(Hmmm… ça expliquerait la faim, la fsoif et la fatigue peu après. Mais quand m^me… trois jours…)

- On m'a envoyé vers vous directement oui... Quand au copain malsain... ah le dragon étrange ? je ne sais pas trop quoi en penser, mais il n'a pas monté d'hosilité au moins... Et oui, c'était l'idée, et organiser les défenseurs volontaires, voire les former si besoin. Vous pouvez quand même prendre le temps de vous réveiller, de manger et faire une toilette, vous savez ? ça vous fera sans doute du bien.

- Ouais, ouais. Faudra des volontaires pour faire des tournantes de garde, des types prêts à construire, et puis du matos. Pour bâtir et pour se battre. Tout le monde ici ne maîtrise pas la magie de combat, nous sommes avant tout des chercheurs. Vous croyez qu'on pourrait faire appel à votre magie pour un de ces trucs ?

C’était mal parti, tout ça. Et utiliser la magie… Je ne pus retenir une grimace. Vu le fiasco récent, c’était tout sauf quelque chose que je voulais voir arriver. Mais mieux valait essayer de ne pas trop le froisser… qu’il comprenne que ce n’était vraime,nt pas dans leur intéét que ça nous pète à la gueule une fois de plus.

- C'est... possible, mais dangereux et il serait bon de s'en passer sauf si extrême urgence. Je n'ai pas envie de prendre le risque d'empirer les choses, je pense que vous comprendrez pourquoi... Pour le reste, je peux vous aider à organiser tout ça, et voir au cas par cas pour certains détails. Vous avez des armes ici ? ou de quoi en fabriquer ?

- Des armes ? Pas vraiment. Nous habitions sous une carapace énorme et manions la magie. Ça suffisait jusqu'ici à maintenir la défense. Il nous faudrait limite une armée. Mais bon, avec le nombre de survivants... Vous savez, j'vois pas trop comment ça pourrait moins être une situation d'extrême urgence. Une nouvelle attaque comme celle qu'on a vécue, et on y passe tous.

Je comprenais ses arguments et l’urgence de la situation, mais dans l’immédiat.

- Je sais, mais je ne sais pas si mettre la vie de tous les survivants en jeu est la meilleure chose à faire dans l'immédiat. Je peux en discuter avec les autres, mais il y aura toujours un risque que quelque chose se passe mal. Nous avons un répit, je voulais le mettre à profit pour justement éviter ce risque.

- Bien, bien. On verra ce qu'on peut faire là-haut, alors. J'vous y retrouverai quand j'aurai l'esprit plus clair et l'estomac plein.

- Très bien. Navrée d'être frileuse sur le sujet, mais je n'ai pas envie de voir notre magie amonceler les cadavres à nouveau. Que ce soit ceux des miens ou ceux des vôtres... Je vous attendrai là-haut.

- J'sais bien. Et j'sais que vous avez raison. Mais j'refuse de voir le reste des miens crever parce qu'on aurait été trop prudents.

A voir son air résigné et le soupir qui l’accompagnait, je sus que ça ne lui plaisait vraiment pas, mais qu’est-ce que je pouvais faire ? j’avais prévenu tout el monde de ne pas faire n’importe quoi, alors utiliser la magie directement pour les aider… Peut-être avec de vraies précaution…

- Je reste ici pour faire en sorte que ça n'arrive pas. Et Akihito aussi. Si les choses n'avancent pas ou qu'on a épuisé nos solutions, on verra ce qu'on peut faire avec notre magie. Cela vous convient ?

- Ouais. Ouais ça m'convient. Merci d'votre aide, en tout cas. On vous doit un peu tout, ici. Tout ce qui nous reste, du moins.

- Ne me remerciez pas trop vite, vous changerez peut être d'avis si notre magie fait des siennes.

Je ne plaisantais qu’à moitié, mais il fallait être réaliste. Ça pouvait arriver et il fallait en tenir compte. Encore une fois, Yuimen me manquait. Certes je ne pouvais pas me faire pousser ses ailes bien pratiques et agréables, mais au moins ça ne me pétait pas à la figure une fois sur deux.

- Pour ma part, vous ne me devez rien. Je fais ce que je pense être juste. Les autres vous doivent la vie, à vous et aux vôtres, alors merci à vous. Sincèrement.

Je m’inclinai respectueusement. Lui et les siens avaient protégé les corps de ceux tombés et sans eux, je ne sais pas si on aurait réussi à les ramener. On leur devait beaucoup et je n’étais pas prête de l’oublier.

- Prenez le temps dont vous avez besoin.

Je le laissai seule et remontai avant de me rendre dans la salle de réunion en indiquant à celui qui m’avait conduit jusqu’à lui que je l’attendrai là-bas. J’espérai vraiment qu’on arriverait à quelque chose, mais sans arme ou manière d’en faire.. je jetai un œil à mon bras. Les écailles de mes armures étaient complétement détruites et il allait falloir que je trouve un forgeron compétent. J’espérais que quelqu’un ici en serait capable, mais au vu des dires d’Alossarh… J’allais devoir trouver autre chose.

Et ça ne m’enchantait guère.

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Xël
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Re: Lande Noire

Message par Xël » jeu. 7 sept. 2023 20:59

J’aperçois une salle immense que j’imagine enfouie sous les ruines de Messaliah, au sol sableux où errent des formes sombres qui patrouillent entre les nombreux passages qui mènent jusqu’ici. Plus impressionnant encore que cette salle, une plateforme impressionnante se dresse au dessus du sol, hors d’atteinte des gardiens squelettiques ou couverts de bandages. Sur celle-ci je distingue d’autres individus, plus vivants, vêtus de robes rouges et or. Je déduis que ce sont les Cadi-Yangin, réfugiés ici pour lutter contre les Sans-Bannières et veillant sur le cristal. Je le vois également, flotter au centre de la plateforme, énorme, bleu, à l’intensité hypnotisante. La vision s’estompe mais j’en ai vu assez pour ce que je compte faire.

Je me redresse et vagabonde dans les couloirs, prévenant qui je croise de donner le mot aux autres Yuiméniens que ceux qui veulent se rendre à Messaliah pourront me trouver dans la salle où a eu lieu la réunion. Ainsi je m’y rends sans tarder et attends que les volontaires se désignent. Je ne sais pas trop qui je vais retrouver, j’ignore si Silmeria est en état de se lever, pas plus que Jorus. C’est donc avec une légère surprise que je les vois me rejoindre. Je suis également rejoins par Drac et Mathis. Au final seul Aki et Yliria resteront ici. Cela me rassure, je sais qu’Elscarl’Oth pourra compter sur eux. J’accueille avec un sourire Ibn et Maïssa, commençant pas m’excuser sincèrement auprès d’elle.

« Excuse moi pour ma maladresse tout à l’heure. En aucun je ne te considère comme autre chose qu’une personne. Je tiens autant à ta vie qu’a celle des autres. »

Je prends ensuite la parole une fois que tous sont là.

« Avant de partir je voudrais vous prévenir. Je vais ouvrir un portail nous menant directement au portail. Il est au centre d’une plateforme suspendu dans une salle immense qui se trouve sous terre et… cette plateforme est habité par des mages de feu et de vision, des Cadi-Yangin. Vous pouvez imaginer la réaction de sorciers en plein conflit en voyant des types débarquer de nulle part alors ne faites ni ne dites rien de stupide. Nous devons leur donner la raison de notre présence, notre lien avec le Sans-Visage et notre passif avec les Sans-Bannières. J’imagine qu’ils sauront entendre raison. Si vous êtes prêts… »

Je prends une lente respiration avant de rajouter en me tournant vers Marthis.

« Ah et j’ai failli oublier. Evitez de tuer les trois quarts du groupe cette fois. »

Je me concentre et visualise la plateforme en question, cherchant un endroit assez proche du cristal pour être à proximité des mages de feu sans en être trop éloigné et faire croire à une attaque surprise. Je laisse la magie s’échapper de mes doigts pour générer le portai qui nous mènera dans les profondeurs du désert.

« Je passe en premier. »

Je m’avance alors en levant les bras en l’air, loin de mon bouclier et mon bâton et pénètre dans le portail en déclarant que nous venons en amis.

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Jorus Kayne
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Re: Lande Noire

Message par Jorus Kayne » jeu. 7 sept. 2023 21:45

(Franchement c’est une très mauvaise idée ! La pire que tu aies jamais eue !)

(Mais pas du tout, tu n’écoutes même pas !)

Cela fait un bon moment que ma faéra cherche à m’obliger un acte que je refuse complètement. J’ai déjà trahi des camarades, des frères d’armes, mais là, c’est au-dessus de mes forces. J’ai accepté beaucoup de choses, même son comportement si particulier.

(C’est ce qui fait mon charme !)

J’ai même suivi ses conseils en me confessant à Yliria et voilà la situation où j’en suis.

(Ha ba ça va être de ma faute maintenant si tu l’aimes !)

Comment un être qui se dit le plus proche de soi, celui qui vous comprend le mieux au monde, peut vous pousser à une telle barbarie ?

(Tu exagères ! Ecoutes moi à la fin ! Il faut que tu désacralises ta douce ! Tu perds tes moyens à chaque fois qu’elle est là, ou simplement en pensée ! C’était pas génial en temps normal, maintenant faut compter non seulement sur tes sentiments, mais aussi sur tes fouets qui sortent dès que tu perds le contrôle ! Si tu veux éviter qu’ils sortent au mauvais moment, c’est le moyen le plus simple et rapide !)

(Avoue que ça t’amuse !)

(C’est pour ton bien que je fais ça ! Je n’ai certainement pas envie qu’on se fasse prendre non plus ! Même s’il est vrai que l’entreprise en soi est assez drôle, je l’avoue !)

(…)

(Aller ! C’est juste toi et moi !)

(…)

(Comme au bon vieux temps !)

(Bon très bien !)

(Youpiiis !)

(Rappelle-moi ce qu’on doit faire déjà ?)

(On va se focaliser sur le lien qui nous unit. Faut vraiment qu’on ne fasse plus qu’un toi et moi. On va se mettre à deux pour trouver les rimes grâce à notre union. Toi, tu as juste à te laisser guider par le rythme de la musique et chanter. Simple non ?)

(Si tu le dis !)

(Prêt ? Aller un, deux, t…)

(Attends ! Attends !)

(De quoi attends ?)

Je sors de ma pièce pour vérifier que personne n’est présent et pourrait éventuellement nous entendre. Je n’ai certainement pas envie que la principale concernée m’entende. Une fois rassuré, même si ce n’est qu’un peu, je retourne dans la pièce.

(C’est bon, on peut y aller ?)

(Je pourrais aussi rejoindre les autres et…)

(Aller, c’est partiiie !)



C’est par un ciel dénué de gris
Que j’ai retrouvé mon Yli.
Un cirque venant ce jour-là
Créatures, danseurs, chanteur, il présenta
Nous étions deux êtres innocents.
Face à un animal au pelage blanc.

La créature au corps d'albâtre
On ne r'gardait que son gloître
Mon Yli, aussi
Un cheval d'chez les shaakts
Couinait en posant la patte.
Mon Yli, aussi
Une cantatrice dans la foule
Offrait une horrib'voix de poule
Mon Yli, aussi
Puis un homme en farandole
Avait l'allure d'une cagole
Mon Yli, aussi

Comme nous avions tous les deux faims
Nous sommes allés à l'auberge avec entrain
Attiré par les femmes distinguées
Un ivrogne vint la palper
Et comme elle était fine et délicate
Elle lui brisa l'entre-patte

Et la chose dans son assiette
Avait une tête de belette
Mon Yli, aussi
Je savourais mon poiscaille
Et sa belle peau d'écaille
Mon Yli, aussi
Le pressant d'un geste habile
Mon poisson suintait de l'huile
Mon Yli, aussi
Puis la sauce oranaise
La voir m'faisait des malaises
Mon Yli, aussi

Le ventre enfin rassasié
Un autre besoin, il fallait combler
Nous avons pris une pension
Avec le peu en notre possession
Et avec la fougue de deux adolescents
Nous nous sommes rendu dans la chambre en courant.

Peu souvent utilisée
Elle sentait le renfermé
Mon Yli, aussi
Les pieds des meubles étaient immondes
A la jonction y'avait du monde
Mon Yli, aussi
La literie n'était pas moelleuse
Elle était même très osseuse
Mon Yli, aussi
La couette n'était pas changée
Il fallait qu'elle soit souillée
Mon Yli, aussi





Et à force de caresses
Dans mon froc ça se dresse
Mon Yli, aussi !



(Ouiiiii ! C’était génial mon Jojo ! Merveilleux ! Sublimissime ! Du grand art ! Je savais que tu en étais capable !)

(J’ai honte de moi !)

(Mais non arrêtes un peu tes bêtises ! C’était super ! Tu te sens mieux ?)

(J’suis qu’une merde ! Pourquoi je t’ai écouté bordel ?)

(Aller ! Aller ! Respire un bon coup ! Je suis que tu iras mieux à présent. J’ai pas raison ?)

(Je dirais que oui…)

(Ha ba tu vois !)

(Oui...tant que je ne croise personne dans les cinquante prochaines années !)

(Pfff rabat-joie !)

J’ouvre la porte pour m’assurer que personne n’est présent aux alentours. Un soulagement profond m’étreint quand je ne vois aucune âme vivante dans les parages. Pressons le pas. Quittons cet endroit avant qu’il ne hante mes nuits prochaines. Je retrouve le reste du groupe et apprends que si certains souhaitent se rendre à Messaliah pour aider Ibn et les Cadi Yangin à retrouver leurs pouvoirs, d’autres préféreront rester à Elscar’Olth pour aider à formation de défense. N’ayant aucune compétence pour la protection de la cité, je me vois mal rester les bras croisés à regarder les autres travailler. Ce n’est pas que je refuse d’aider les sorciers, mais sachant que la source de la menace vient du sceau et que l’autorité actuelle refuse d’agir en ce sens, je ne m’imagine pas être ici à attendre le prochain assaut. Du peu que j’ai été présent de la réunion, la présence du sceau principal et ses risques ne posent problème à personne. Au moins, en aidant les sorciers du désert à retrouver leurs pouvoirs, je participe à un moyen pour retrouver Simaya. Ca au moins, ça me motive.

J’arrive ainsi au lieu du rendez-vous, là où a eu lieu la précédente réunion. Par réflexe, je me gratte la paume des mains et si rien ne semble vouloir se présenter, c’est un manque d’éducation que je pardonne d’une grande mansuétude. Xël nous avertit de son intention d’ouvrir un portail et de la situation possible de l’autre côté. Pour faire court : on ferme nos gueules et on évite de se mettre sur la tronche avec nos futurs alliés. Simple dans les faits, mais avec notre groupe, rien n’est jamais simple. Avec nous, Maïssa est présente, de même qu’Ibn. Ce dernier est dénué de pouvoir, devenant ainsi notre principale faiblesse, comme notre atout majeur pour déjouer un quiproquo et nous permettre d’obtenir les fameuses pierres. Je me place donc juste avant lui en traversant le portail, me préparant à devoir le protéger au péril de ma propre vie. Celle de Simaya en dépend.

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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » jeu. 7 sept. 2023 22:36

Malgré la désorganisation au tout début, la réunion s’était assez bien déroulée, et ce grâce à la proposition d’Akihito de parler d’un sujet à la fois, partant du plus pressant.

J’avais bien senti un peu de rancune de la part de mes compagnons à mon égard et je le comprenais très bien. Par contre, si la plupart avait compris la situation dans laquelle je me trouvais lorsque j’avais fait appel à la magie, d’autres m’en tenaient toutefois rigueur. Tout particulièrement Yliria qui avait adopté un ton froid lorsqu’elle m’avait adressé la parole. Je n’avais pas tenté de me disculper de ma responsabilité dans ce drame, mais Yliria resta tout de même sur sa faim. Elle aurait aimé qu’on en discute davantage et le départ impromptu de Silmeria avait mis un terme à ce sujet de discussion.

Après m’être assuré que Praline avait mangé et bu à satiété, je me rendis au lieu de rendez-vous proposé par Xël. Des sept aventuriers en provenance de Yuimen, nous étions cinq à partir pour Messaliah.

Dès que Xël ouvrit le portail et nous donna les consignes, je le traversai, Praline sur mes talons, traversa également.

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » ven. 8 sept. 2023 03:12

Il n'y avait pas beaucoup de repos en ce lieu, je n'avais pas pu trouver un sommeil réconfortant ni réparateur. J'avais cette corruption dans le corps et je me sentais... En crue. Elle cherchait à déborder, à s'étendre et je craignais de ne pas pouvoir la contenir davantage. Je ne savais pas ce que ça donnerait, si ça allait me rendre folle et agressive envers les autres aventuriers ou si au contraire elle aurait raison de mon cerveau et me rendrait aussi molle et affable qu'une courgette.

Je me levais sans trop de motivation et restais longtemps assise au bord du lit à lutter contre les maux de tête. Ma gorge était sèche et ma langue parcheminée, je la remuais dans ma bouche pour tenter de provoquer assez de salivation pour chasser cette sensation désagréable. Mon dos collait et j'avais l'impression de sentir comme une fosse commune. Il n'était pas question de me présenter devant mes alliés ainsi pouilleuse, un peu de toilette était nécessaire, quant bien même je serai mourante et condamnée.

Il n'y avait qu'un bassin d'eau froide, probablement déjà utilisée mais... au point où j'en étais, je m'en aspergeait un peu les épaules et la nuque tout en évitant de m'en prendre dans les cheveux, faute d'avoir de quoi m'essuyer. Je restais longuement, encore, inlassablement, je restais à observer mon reflet dans l'eau dont l'onde troublée s'était tue. Rassemblant mes forces, je me relevais, m'étirais en poussant un miaulement de chat écrasé et me dirigeais vers les aventuriers. Il me fallait trouver Xël, il avait l'intention d'aller à Messaliah pour trouver des réponses sur les pierres de vision et la présence d'Ibn était nécessaire pour procéder à leur réactivation, à supposer qu'on les trouve.

Un peu d'infiltration, ça au moins c'était quelque chose que je connaissais, je ne me sentais pas complètement en état d'affronter une dizaine de soldats, mais rester silencieuse et discrète, ça c'était peut-être quelque chose où je pourrais briller par mon silence.

-------------------------

Rejoins Xël et passe le portail avec les aventuriers.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Dracaena Paletuv
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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 9 sept. 2023 01:35

"Il est... Soupe-au-lait, le Sans-Visage. Qu'est ce qu'il a dit au sujet de l'utilisation de la bague et son fonctionnement ?"

Après de longues secondes de silence, Akihito c'était enfin r'mit à parler, me rendant ma bague, l'air contrarié. Au vu d'sa réaction, avait il activé un système de sécurité du Sans-visage, ou un truc du genre?

"Si je me souviens bien..."

Tandis que je récupérai ma bague, et me la repassai au doigt, je fouillai un moment dans ma mémoire, afin de bien me rap'ler de s'que le titan sans tronche m'avait sortis... Me redressant d'un coup, j'essayai de faire la meilleure imitation possible:

" "Vous pourrez marquer les personnes de ce signe en l'appliquant contre leur gorge. Ils auront alors la capacité de communiquer avec moi et avec le porteur de l'anneau. N'abusez pas de ce pouvoir, ou je l'annulerai." "

Kéh! L'avantage d'être rancunier, c'est qu'on ça donnait une bonne mémoire pour beaucoup d'chose!

Presque sur que c'était ça. Et comment ça soupe au lait? Vous lui avez parlé? "

"Oui, sans faire exprès. Je pensais pas qu'ouvrir la... Connexion serait aussi aisé.

...La marque sur la gorge permet de dupliquer les pouvoirs de la bague. Et en activer son pouvoir permet d'accéder à cette connexion, qui lit au porteur de la bague et au Sans-Visage. Comme une sorte de conscience partagée, de communication par la pensée collective. N'importe qui marqué peut décider de l'ouvrir et les autres sont intégrés par défaut." [/color]

L'humain s'interrompit un moment avant d'ajouter:

"Et ça ne semble pas pomper dans notre magie, donc on peut l'utiliser sans crainte."

"Bon à savoir... Mais si j'comprends bien comment ça marche, on a pas de moyen de savoir si on va contacter le Sans-visage, le proprio de la bague, ou un marqué?

J'voulais qu'on l'utilise pour garder le contact constant entre les groupes séparés, mais si ça marche comme ça, impossible de pas en "abuser"...


Facheux. Moi qui pensait que cet anneau allait nous faciliter la tache... Finalement, c'était vraiment juste pour faire un rapport au proprio pour les urgences... Kerf... Il avait déjà fait beaucoup pour moi, j'pouvais pas non plus trop lui en d'mander...

Il vous a dis quelque chose, m'sieur Sans-visage?"

"Il m'a demandé de me tenir à carreau et de te rendre la bague. Je pense pas qu'on puisse choisir à qui s'adresser, le pouvoir se résume simplement à ouvrir ou non la connexion pour tous. Ou alors il faudrait essayer, mais... Il nous faut un autre cobaye que toi comme porteur de la bague et si on se plante, notre ami Titan risque de pas apprécier."

"Okaaaay... Ouais, non, on va éviter dans ce cas. Pas de test comme s'que j'prévoyais. J'vais juste marquer une personne qui ne va pas au même endroit que moi, et "j'ouvrirais" la connexion que pour les vraies urgences."

En temps normal, et pour n'importe quel aut' dieu, j'en aurais pas eu grand chose à faire, mais la, j'étais sensé faire des efforts, et surtout, j'lui en devais une grosse au Sans-visage. Hors de question d'être malpoli avec quelqu'un m'ayant rendu service.

C'était l'minimum, nom de nom!

Bon, restait plus qu'une chose à confirmer...

"...Vous comptez faire quoi vous? Rester ici ou partir pour Messaliah?"

"Je reste ici pour jeter un oeil aux défenses et au Sceau. Je suis pas en état de partir et Yliria me laisserait probablement pas le faire," dit-il dans un un haussement d'épaules en riant légèrement. D'ailleurs je dois aller rejoindre Visselion avant qu'il ne parte sans moi."

Bon ,bah ça réglait la question.
J'avais hésité longuement à rester ou partir, mais si Akihito restait, autant que je m'en aille vers le désert.

Déjà, parce que j'avais une dette à payer, envers Ibn, Maïssa et Bassem. Ainsi que le désir d'accomplir ma mission originale.
Ensuite, parce que pourrir les plans des sans-manières était une optique très satisfaisante.
Aussi, pouvoir rencontrer les Cadi Yangins, LES mages de feu de ce monde, j'allais pas passer à coté. Ca n'était pas n'en faire qu'à ma tête, je joignais juste l'utile... au plus utile.
N'oublions pas aussi que mon corps n'avait pas vu de soleil depuis des jours, et ça m'ferais surement du bien d'aller photosynthéser un peu. Contrairement au reste du groupe, le soleil avait un impact bien plus important sur ma santé...
Et bien sur, j'avais un peu envie de laisser Akihito et Yliria tranquille dans leur coin, profiter du "calme", et de l'un et l'autre. Le meilleur cadeau que je pouvais leur faire c'était de leur épargner ma présence.
Mais surtout...
Surtout...
Il fallait bien que quelqu'un aille avec les autres malpolis qui m'avaient ignoré quand j'avais proposer de marquer des gens. Non, parce que bon, que ça agace le Sans-visage, c'était une chose, mais hors de question de se séparer de nouveau sans vrai moyen de communication longue distance...

Imaginez qu'il faille contacter le Sans-visage une fois la bas... Ils auraient l'air bien débile sans moi...

En tout cas, c'était décidé. Ne voulant pas retarder Akihito, je lui fis une petite courbette avant de tourner les racines.

"Bonne chance pour vot' mission! Et j'ouvrirais l'contact si nécessaire!"

Il me tendit la main, visiblement voulant me la serrer, mais sans que je ne comprenne trop pourquoi, il se ravisa, me brandissant plutôt son poing fermé. J'avais déjà vu cette coutume chez certains humains, et j'étais juste content de voir enfin un acte de politesse, un acte de sympathie dirigé vers ma personne par quelqu'un du groupe.
Je serrai mes doigts noueux avant de cogner mon poing contre le sien, essayant de ne pas lui faire trop mal. J'eu un petit rire intérieur en voyant la marque de cendre que l'acte avait laissé sur ses phalanges.

"Faites gaffe à vous."

Ajouta-t'il, avant de changer brusquement d'expression, comme prit d'une réalisation. Il fouilla dans ses affaires, et me tendit un petit cailloux marqué: une rune. Ainsi qu'une fiole contenant un liquide inconnu.

"Drac, attend 1 minute. Une rune "Zu", ou "Arbre". J'ai posé ma marque dessus donc si besoin, je pourrai rejoindre la rune en un clin d'oeil. Et si tu veux bien... Il va me falloir une goutte de sève. Pour cette fiole : si jamais t'es en danger -et donc les autres aussi-, elle m'avertira en changeant de couleur. Si t'es d'accord."

Se téléporter sur une rune? Il pouvait faire ça? Décidément, j'avais vraiment pas tout vu des gens d'se groupe. Intéressant, si intéressant! Son cadeau, bien que pragmatique, était touchant (le choix d'une rune "Arbre" était surement une tentative de se montrer "ouvert d'esprit" envers ma nature... Un peu maladroit, mais plein d'bons sentiments, et bien plus bénin que ce à quoi j'avais été habitué. Pis, un cadeau c'était un cadeau!)

Sa demande, par contre...


"Euh... merci pour la rune, je la garde au chaud. Euh... quand à une goutte de sève, euh...."

Son histoire de savoir si quelqu'un était en danger grâce à sa sève c'était... original. J'avais plein de question à poser, comme toujours... Et j'n'avais pas l'temps pour le faire, comme toujours...
Probablement qu'c'était un truc qui marchait au sang.
...Le problème... C'était qu'j'avais pas ce ptit truc que les êtres de chairs possédaient. Des...comment ils appelaient ça déjà? Ah, oui, des "capillaires".
Un être de chair, ça saignait ultra facilement. Un oudio c'était... un chouilla plus résistant.

Le derme, c'était dépassé, l'écorce, c'était ça la peau d'l'avenir!

Dans tous les cas j'étais pas contre sa d'mande, mais pour réussir à chopper une goute de ma sève, me fallait...Un couteau, ou une pique, un truc du genre...
Ou encore...Oh! Oui, bien sur! Il me restait une option!
Fouillant frénétiquement dans mon baluchon, je sortis le (magnifique) croc du roi loup, qui était long et aiguisé comme jamais! Puis, je le pointais vers un endroit de mon torse qui n'était pas brulé. C'était les zones où il y avait encore facilement d'la sève...

"...ça d'vrais faire l'affaire. S'bien parce que c'est vous hein."

Puis, sans hésitation, je plantai le croc dans mon corps, sentant mon écorce se percer, avant de le retirer d'un geste brusque. Pas assez profond pour me mettre en danger, mais suffisamment pour couler. Heureus'ment qu'j'en étais pas à mon coup d'essais pour ce genre de chose.
Et dire que certains m'avaient traité d'fou pour m'être un peu mutiler par moment...

Les gens dépourvu d'curiosité, j'vous jure...

"Servez-vous. Ah, et conseil, la goutez pas, paraît qu'elle a... de drôles d'effets."

"Ca se mange, la sève d'Oudio ?"
Question très intéressante, et la réponse l'était tout autant. Mais, comme s'il avait entendu mes pensées malsaine pleine d'enthousiasme, il ajouta rapidement:

"Ne réponds pas, je préfère pas savoir."

Le flashback d'un lit, de gémissement et d'ongles raclant le bois me revint en tête... Bah, tant pis pour lui, il venait d'rater une histoire très marrante. De toute façon, on avait pas l'temps pour que j'puisse lui rendre hommage. Il recueillit une goutte de sève sur mon torse, l'ajouta à sa fiole, puis hocha la tête.

"Voilà, on est bon."

Il me fit un dernier signe de main avant de s'en aller rapidement. Moi même, je tournai (réellement cette fois) les racines afin de se rendre au lieu de rendez vous qu'avait donné Xël, essayant sur le chemin de stopper avec mes doigts la sève qui s'écoulait sur mon torse.

"Karg, j'en ai plein les doigts."

Kerf, pas grave, de toute façon ça allait bien finir par sécher. Une fois d'plus, j'étais content d'être habitué à la douleur.
Une fois arrivé sur place, je vis que tout le monde était déjà arrivé. Comme prévu, seul Yliria et Akihito restait donc. Je fis un petit salut à tout le monde, et un plus grand, plus chaleureux à Ibn et Maïssa, avant de retourner boucher le trou sur mon torse avec un doigt.

Xël fit le topo général: on allait atterrir sur une plateforme au milieu des sorciers de feu, et il fallait à tout prit éviter de faire les andouilles afin que la visite surprise ne tourne pas à l'abatage par surprise. L'humain se permit aussi d'envoyer une pique à Mathis concernant le mortel accident dont il était l'une des causes...

J'appréciais Xël, sincèrement, mais il enchainait de plus en plus les réflexions qui m'énervait. C'était presque comique de voir comment l'un des seuls survivants de se tragique évènement semblait plus en rogne de l'histoire que les victimes directes...
Mais bon, passons, j'avais pas l'temps de m'attarder sur ce genre de gamin'rie... Oh, non, c'est vrai, il n'y en avait pas dans le groupe selon lui...

...Quoi? J'avais bien l'droit d'être sarcastique dans ma tête non? S'pas comme s'il allait m'entendre de toute façon...

Dans tous les cas, si les mecs de Messaliah était comme s'qu'on m'avait décrit... On avait aussi de sacrées chances de tous finir cramer dès notre arrivée.

En soit, ça s'rait une belle façon d'finir tout ça!


Bon ben, m'sieur dame, prêt à partir! Espérons qu'on s'fasse pas tout d'suite pétuner!

Et, ricanant, je passai le portail.





Jeu de mot: pétuner

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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 9 sept. 2023 15:14

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) XIII




La surface que rejoignit Yliria ne faisait pas plaisir à voir. D’innombrables cadavres de créatures gisaient alentours et dans les ruines de ce qui fut la corolle d’Elscar’Olth, de sa Tour Noire de sorcellerie, demeure du dernier Archisorcier. Rocs et métaux brisés, débris inutiles, fendus, rendus caillouteux par la hargne du Titan ailé. Des volontaires s’amassaient là, et faisaient bien pâle figure. Épuisés, malingres. Pas des maçons, pas des guerriers. Juste des sorciers fatigués. Des chercheurs désespérés. Le Dragon à tête carmin s’était éloigné de sorte que sa brume acide ne touche pas les êtres présents, mais veillait toujours au grain depuis la hauteur de son être. Les visages étaient fermés, émaciés, absents. Ils se dressaient vers Yliria comme si elle était la source d’un ultime espoir pour leur vie, pour leur cité. D’autres plus rétifs, parfois même haineux, comme ceux des frères. Teruki, le Gouverneur de la cité en ruine de Fan-Ming, était là aussi, vaillant et déterminé à aider. Alossarh ne tarda pas à la rejoindre et soupira face à ce spectacle désolant. Il se tourna vers celle qui avait proposé son aide, désemparé.

« Alors… Une idée ? »

Akihito fut mené par Visselion à travers les couloirs effondrés de la cité souterraine. Bellarien s’était empressé de les suivre également, soupçonneux. Si leur destination était claire, le passage y menant l’était bien moins. Éboulis, passages obstrués ou si fragilisés qu’il eut été dangereux de s’y aventurer. Ils tournèrent ainsi longtemps dans les différentes voies pour dénicher le passage idéal. Mais ils ne le trouvèrent guère. Plusieurs choix s’offraient à eux, tous plus désastreux les uns que les autres : Le chemin principal était effondré, tonnes de rocs le fermant à tout passage. Ils avaient découvert également un puit creusé par un effondrement, sombre et visiblement profond, instable. Il avait l’air de mener vers des étages inférieurs, sans doute moins touchés par les tremblements. Des voies à moitié effondrées passant par des corniches fines et friables surplombant un chaos de pierres sans issue demanderait sans doute équilibre et prudence pour les franchir vers d’autres voies d’accès… si tant est qu’elles étaient dégagées elles aussi. Visselion se tourna vers Akihito, grimaçant :

« Aucune ne mène vers la Salle du trône de manière sécure. Je crains qu’il faille user de votre magie. »

Et Bellarien de s’insurger.

« Ou de remettre à plus tard cette entreprise, lorsque tout sera dégagé, et que nous aurons assuré des voies sûres. La magie ne fera qu’empirer les choses. »

C’était visiblement à l’ynorien de décider : un passage risqué, une remise à plus tard, l’usage de magie. Et si oui, lequel ?

Tous les autres s’étaient rassemblés pour rejoindre la cité détruite des Cadi Yangin, antique ruine du désert rouverte voici à peu près quinze ans par une yuimenienne du nom de Charis. C’est là-bas que se poursuivraient leur destin, une fois le pas franchis à travers le portail de Xël. Maïssa et Ibn les accompagnaient. Enfin. Du moins fut-ce leur intention. Xël passa le premier, suivi de Maïssa. Jorus sur leurs talons, suivi par Ibn. Mais sitôt qu’il eut traversé, le portail se referma derrière lui. Xël se retrouva face aux limites de son pouvoir. Il n’était pas infini, même en ce monde. Mathis et sa chatte, Silmeria et Dracaena se retrouvèrent là, penauds. Car seuls ceux qui les précédèrent avaient pu passer vers leur objectif.




[HJ : Aki, on voit en privé tes intentions et leurs résultats. Yliria, pareil. Mathis, Silmeria, Drac, vous pouvez papipoter dans le channel de discussion générale « Abamerdalor ». Xël et Jorus, ça se passe à Messaliah.]



[XP :
Akihito : 0,5 (analyse, brefs échanges)
Yliria : 0,5 (aparté)
Xël : 0,5 (départ)
Jorus : 0,5 (départ), 0,5 (chanson)
Mathis : 0,5 (départ)
Silmeria : 0,5 (départ)
Dracaena : 0,5 (échange, départ)]



[Bons :
Akihito : Le Ponctuel !
Yliria : Le Ponctuel !
Xël : Le Ponctuel !
Jorus : Le Ponctuel ! Le Créatif !
Mathis : Le Ponctuel !]


[Les mots :
Dracaena : 5 points !]

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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » jeu. 14 sept. 2023 22:04

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

44 : Prioriser la vie.

post squelette
Discussion avec les sorciers
Remontée, test de la magie
Redescente
Rediscution avec les sorciers


-----------

HRP : Va suivre Bellarien.

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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » jeu. 14 sept. 2023 23:22

Nous étions sept réunis au même endroit avec l’intention de rejoindre la cité en ruine des Cadi Yangin. Sans discuter inutilement, Xël ouvrit le portail et le franchit. Maïssa le franchit à son tour suivi de Jorus et puis du sorcier Ibn. Je m’apprêtais à lui emboîter le pas, mais le portail se referma. Il s’était refermé automatiquement sitôt le sorcier passé.

Surpris, je restai là immobile à observer l’endroit où s’était trouvé le portail quelques instants plutôt. Silmeria fut la première à briser le silence déclarant que le portail était cassé.

Dracaena pour sa part se confondit en conjecture laissant supposé sans le dire clairement que Xël aurait fermé volontairement le portail.
Les sourcils froncés, sans quitter des yeux l’emplacement d’où les autres étaient partis, je commentai à mon tour.

“Attendons une minute ou deux voir si le portail ne s’ouvre à nouveau...sinon, il y a du travail qui nous attend ici. "

J’étais vraiment déçu de ce qui venait d’arriver, partir dans le désert était la tâche qui correspondait le plus à mes aptitudes. C’était donc dans l’espoir qu’il s’ouvre de nouveau que je restais là.

Mais rien ne se passa. La seule chose qui s’ouvrit ce fut la bouche de Silmeria pour émettre l’hypothèse que Xël se serait fait tuer dès son arrivée dans le désert. Même s’il s’agissait d’une possibilité, j’écartais cette hypothèse, Xël était un combattant d’expérience et il était bien accompagné, Maïssa aurait été là pour le seconder.

A l'hypothèse de Silmeria, je répondis:

" J'espère bien que non "

Puis à Dracaena

" Avez-vous marqué Xël de votre anneau ? "


Impatiente, Silmeria n’avait pas l’intention de demeurer là, ou du moins pas en restant inactive. Ainsi, elle proposa à Dracaena de répondre sur-le-champ à sa demande d’expérimenter un cauchemar.

En entendant le mot cauchemar, je reculai discrètement de quelques pas, m'assurant de ne pas être à portée de l’hinionne.

Dracaena refusa poliment l’offre de Silmeria, considérant que nous avions autre chose plus urgent pour le moment.

Il me répondit ensuite qu’il n’avait pas marqué Xël. Seuls, Yliria et Akihito avaient répondu positivement à sa demande de marquage.

Après un petit moment, Dracaena suggéra qu’on nous retournions voir Yliria et Akihito.
Nous étions tous les trois contrariés de ne pas être partis pour le désert avec les autres, mais ce fut Silmeria qui l’exprima le plus fort en jurant et en bottant un petit caillou. Elle insista sur le fait qu’ils étaient sûrement tous morts. Pour ma part, je ne tenais pas à imaginer tout ce qui avait pu arriver. Dracaena réfuta lui aussi l’hypothèse de la mort, il suggéra plutôt que Xël s’était épuisé à faire des portails et qu’il les contrôlait moins bien.

J'emboitai le pas à Silmeria, ne pouvant m’empêcher de conserver une distance sécuritaire entre elle et moi, puis je m’adressai à Dracaena:

" Puisque nous avons apparemment le temps , je peux répondre à vos questions tout en nous rejoignant les autres "

Répondant positivement à mon offre, Dracaena questionna sur les événements qui s’étaient déroulés suite à notre promenade dans la savane des âmes mortes.

Tout en m’engageant dans les tunnels, je répondis de bon cœur.

" Jorus, Sissi et moi avons rejoint Vallel. Ce dernier nous a expliqué que notre âme ne pouvait retrouver notre corps tant que nous étions dans cette savane. Et la seule façon de sortir de la savane était d'entrer nous-mêmes dans la pyramide et de la détruire de l'intérieur. Si nous ne l'avions pas fait, nous serions encore dans cette savane et pour l' éternité ! "

Jetant un regard à Silmeria je rajoutai à son intention

"Avez-vous autre chose à rajouter ou à nuancer ? "


Du tac au tac, Silmeria mentionnant la tentative de Jorus à nous transformer en créature immonde dans le but de nous empêcher de détruire la pyramide. Puis, elle rajouta la riposte de Hrist, qui transforma Jorus en pelote à épingles.

Dracaena fut surpris de nos réponses, et demanda plus de détails, demandant entre autres quel avait été l’implication de Vallel dans tout ça. Il bombarda ensuite Silmeria de questions à propos de la jumelle en elle et de la possibilité qu’elle soit elle aussi enceinte.

Silmeria, pince sans rire, poursuivit ses boutades lui déclarant que c’était lui le père.

Pour ma part, je tentai de donner une réponse complète à Dracaena:

"En fait, c'est Vallel qui nous a permis d'entrer dans la pyramide. Et il nous a aussi expliqué comment y arriver. Une fois dans la pyramide, nous avions l'impression de posséder un corps. Nous étions la pyramide. Et donc nous avions accès à la magie d'Aliaénon. Au centre de la pyramide se trouvait un cube... Le coeur de la pyramide... nous l'avons détruit, ce qui a détruit la pyramide et libéré toutes les âmes."

Je m'arrêtai un moment le temps de lui laisser digérer ça ainsi que la boutade de Silmeria, puis je repris.
" Vallel croyait que nos corps ne seraient plus disponibles puisqu’en état de décomposition. Il nous a donc proposé de nouveaux corps, ses créatures. Comme nous, il ne savait pas qu'Yliria et les sorciers d'Elscar'Olth avaient oeuvré afin de conserver nos corps. "

Notre promenade dans le couloir ne nous mena à rien, nous ne trouvâmes ni Akihito, ni Yliria. Puis Silmeria questionna un habitant d’Elscar’Olth, décrivant les deux yuimeniens au cas où il ne connaissait pas leur nom. Il nous répondit qu’Akihito se trouvait en compagnie de Visselion et Bellarien en exploration. Alors qu’Yliria était en surface en compagnie de Allossarh.

J’informai alors mes compagnons de mon intention.

“ Je choisis la surface, et vous ?"

Puis à notre interlocuteur:

"Pourriez-vous nous indiquer le chemin pour la surface ?"


Surpris de ma question, il me montra le bout du corridor. Distrait, je ne m’étais pas rendu compte que nous étions si près de la surface.

Une fois à la surface nous aperçûmes Allossarh et Yliria. Cette dernière vient dans notre direction.

Soit Dracaena s’amuse à entrer dans le jeu de Silmeria, soit il est assez naïf pour croire qu’elle est sérieuse. Je ne mêle pas à cette discussion que je considère sans intérêt.

Dracaena reporta son attention sur moi, pour me demander pourquoi je n’avais pas de corps lorsque nous nous sommes retrouvés.

Tout en souriant, je répondis à Dracaena.

"Non, ce n'est pas vous. J'ai emprunté plus d'un corps tout en participant au combat contre les bestioles. Lorsque le premier est mort, j'en ai pris un second, une espèce de poisson volant et aveugle. Puis lorsque tous ses congénères ont été tués, j'ai provoqué sa mort. Je pensais pouvoir réintégrer un autre corps, plus adapté. Mais ils étaient soit morts, soit qu'ils avaient pris la fuite."

Dracaena constata que Vallel avait tenu promesse et se demanda si on pouvait lui faire confiance.

Et je me contentai de sourire à Silmeria et à Yliria qui s’approchait de nous. Je pressentais que cette dernière souhaitait discuter tout en refaisant les défenses.

Intriguée par notre présence dans les landes, elle nous questionna sur ce qui s’était passé et où étaient les autres.
Silmeria s’empressa de répondre sur un ton normal que le portail s’était refermé soudainement et qu’elle croyait que Xël avait été tué. Dracaena ajouta sans délai qu’on ne savait pas pourquoi le portail s’était refermé.

Je rajoutai à ce que les autres avaient dit.

"Au moins il n'est pas seul. Ibn, Maïssa et Jorus ont aussi traversé le portail avant qu'il ne se referme. "

Après avoir poussé un long soupir, elle résuma la situation.Il était loin, mais sans qu’on sache s’ils étaient morts ou pas. Elle rajouta qu’elle avait déjà vu des portails se refermer et couper les êtres en deux. Elle nous questionna ensuite sur nos intentions.

Silmeria se proposa pour la défense, se demandant de quoi, l’on se défendait.

Je répondis d'abord à Silmeria.

« Il s' agit de reconstruire les défenses de la cité contre toutes les invasions potentielles. Donc entre autres contre les bestioles cette fois-ci, jusqu'à ce qu' éventuellement la lumière du seau ne les attirera plus. »

Puis à Yliria

« À défaut de pouvoir être pisteur auprès de Xël, je propose mon aide pour la reconstruction des défenses. Je n'ai aucune expertise dans le domaine, mais je peux faire un bon exécutant, le travail manuel ne me fait pas peur.»

Yliria me proposa de chercher l’origine des créatures. Indiquant que si on pouvait les éliminer à la source, cela leur enlèverait une épine du pied.

En ce qui concernait les ruines, et dépendamment de comment les choses se dérouleraient, elle voulait en discuter ensemble afin que l’on prenne des décisions. Allossarh souhaitait qu’on utilise la magie pour diminuer les délais. Bien que contre au départ, elle croyait plus envisageable d’utiliser de la magie en groupe. Elle observe les ruines puis annonce.

Elle termina en nous ordonnant de ne pas faire de blague, de ne pas prendre d’initiative, de ne pas utiliser la magie. Si une idée nous passait par la tête, nous devrions en parler en groupe avant d’agir.

Au tout début de nos aventures, cette attitude dictatrice m’aurait offensé. Je n’aurais pas aimé qu’elle nous considère comme des gamins. Mais depuis que l’utilisation du cauchemar et de la magie nous avait conduits indirectement à la mort de plusieurs d’entre nous, je compris son attitude à notre égard. C’était à moi de regagner sa confiance et celle des autres. Pour Jorus cela allait s’avérer plus difficile, mais avec le temps, j’avais confiance que cela allait s’arranger.

La proposition d'Yliria me plut, étant plus dans mes cordes.

" Pister est dans mes cordes, je peux m'y mettre dès maintenant. Par contre, je doute que les bestioles proviennent de la même source. Et je pense qu'il ne s'agit pas des créatures de Vallel. Pour les avoir vus, elles n'ont pas cette attitude et ne seraient pas venues ici. Je trouve très bonne l'idée de savoir d'où elles proviennent, cela nous permettrait de pouvoir nous préparer à un éventuel assaut."


Je m'arrêtai un moment avant de reprendre.

" Pour ce qui est de les éliminer, on en reparlera... les empêcher de venir ici pourrait être suffisant."

Je n’aimais pas l’idée d’éliminer des êtres vivants sous prétexte qu’elles étaient des créatures difformes. J’étais prêt à les éliminer seulement lorsqu’elles représenteraient un danger.

Silmeria souhaita se joindre à moi pour pister les créatures. Cela ne m’enchanta pas, mais je n’en fis rien paraître.

Dracaena pensait plus rejoindre Visselion et Akihito.Yliria savaient qu’ils étaient dans les souterrains, mais ignorait où exactement.

Silmeria simula son ignorance face aux avertissements d’Yliria.

Contrairement à Silmeria, je ne fis aucun commentaire,suite aux remarques d'Yliria.

"Après vous chère dame."

Dis-je tout en la laissant passer devant à une distance raisonnable pour ne pas qu'elle me touche. Je me doutais bien qu’elle m’avait infligé un cauchemar parce que je lui avais pris momentanément un objet lui appartenant, mais je ne pouvais m’empêcher de redouter une récidive de sa part. Comme j’avais déjà entendu par le passé: Chat échaudé craint l’eau froide.

Cela dit, nous parfîmes tous les deux, nous éloignant de l’entrée et scrutant le sol. Je ne cherchais tout particulièrement les traces qui se rendaient ici, mais je faisais aussi attention au cas où je pourrais retrouver les traces de Simaya.

((( Utilisation du trait raciaux: Pistage afin de trouver la source des bestioles et aussi de voir si Simaya aurait laissé des traces. )))

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » ven. 15 sept. 2023 00:37

" C'est cassé. "

Je crois qu'il n'y avait pas besoin d'intellectualiser ce qui venait de se passer. Ce satané portail avait bien failli me fendre en deux dans le sens de la longueur. Ca aurait fait désordre et je pense que le Sans Visage aurait séché sur la façon de me ramener. Je sais que j'ai toujours été assez plurielle mais de là à me partager en deux, ça serait complètement impensable. Aussi improbable que de voir Hrist se séparer de moi et d'avoir son propre corps.

"Que....quoi? Hein? Y vient d'se passer quoi la?"

Le Ficus fou aussi, venait de sécher. Bon sang de bonne sève, comme cette grosse souche était intrigante, je n'ai jamais vraiment fréquenté des Oudios, mais celui-ci était amusant. Sa façon d'être empêtré dans ses pensées m'amusait profondément.

"Attendons une minute ou deux voir si le portail ne s ouvre a nouveau...sinon, il y a du travail qui nous attend ici. " Mathis avait un côté plus pragmatique, il ne s'embarrassait pas pendant longtemps avec ce qui lui échappait, il préférait aller de l'avant et s'occuper plutôt que de rester oisif.

" Si ça se trouve Xël a été tué dès son arrivée... ça pourrait expliquer la fermeture du portail. "

Je jetais cette idée en pâture à mes deux camarades sans trop y croire, c'était une idée, une hypothèse mais il fallait bien l'évoquer et je ne pensais pas que ces deux là puissent être particulièrement pessimistes, du moins pas au point d'aborder cette idée de prime abord.

"Ou alors il.... Non, non, j'suis sur que j'me fais des idées...M'sieur Mathis à raison, attendons une ou deux minutes..."

Mais rien ne s'ouvrit. Les minutes passèrent et j'exprimais mon mécontentement bientôt imitée par Dracaena qui paraphrasait mon agacement face à cette situation. Il ne restait pas grand chose à faire, il s'agissait de ne pas rester errer comme des âmes en peine autour de ce qui était l'emplacement du portail, maintenant il fallait faire quelque chose. Mathis avait mentionné que les défenses auraient bien besoin d'être érigée autour de la ville et qu'une expertise pouvait être une aide valable. Akihito et Xël pendant la réunion juste avant le geyser avaient parlé d'analyser le glyphe pour éviter d'attirer toute la faune hostile à des lieux à la ronde. D'un côté, la réussite d'une de ces tâches allait contredire les efforts qu'on mettrait à en exécuter une autre.

Si plus de glyphe, plus vraiment besoin de défense et si les défenses tiennent bon, le glyphe pouvait attendre, quoique c'est toujours plus facile de prendre des décisions que il ne s'agit pas de sa ville natale ou de ses habitants.
Tandis que nous parlions de ce qui était arrivé lors de notre mort, l'histoire de la pyramide avec Jorus, Mathis donna quelques détails tout en épargnant son acolyte et minimisant ses actions mais comme il me demanda poliment si j'avais quelque chose à ajouter, je ne me privais pas d'épicer la conversation de quelques détails sordides, comme la tentative de nous entraver à coup de magie et la contre attaque de Hrist. Dracaena semblait quelque peu désabusé mais comme ça semblait être une seconde nature chez lui, je ne m'inquiétais pas plus que ça.

Un habitant des lieux nous indiqua la sortie empruntée par Yliria que nous ne tardions pas à trouver en compagnie d'un de ces mages dont le nom m'échappait encore. Belassaryen ou un truc du genre, à moins que je ne fasse un mélange de deux noms.

La Shaakte semblait assez surprise de nous voir et comme elle n'était pas naïve au point de croire qu'on avait tous les trois eu une soudaine envie d'aider nos prochains en ce bas monde, elle nous questionna immédiatement sur la raison de notre présence ici. Je lui dit de but en blanc que Xël avait canné et que Jorus, la muette au poulet et le grand chauve enveloppé dans son rideau avaient probablement une conversation avec Akouba en ce moment même.

Nos choix se reposaient donc sur la défense ou le glyphe mais Mathis dit quelque chose de modérément sensé et vaguement intelligent, parlant de sa capacité à pister. L'idée vint alors d'elle même, pister les traces des créatures pour en déterminer l'origine afin de pouvoir déterminer l'endroit où elles se rassemblaient et partir en éclaireur. C'était pas une mauvaise chose, j'avais moi même un petit faible pour la traque.

Mathis me laissa passer devant en m'appelant " Dame ". Quelle naïveté tout de même. J'ai bien compris qu'il faisait ça pour me regarder dandiner du fessou. J'allais donc pister des monstres inconnus pour nous diriger on ne savait où avec un blondinet que je ne connaissais que depuis quelques jours. C'est pas parce que ces missions sont variées depuis notre arrivée en ce monde qu'elles n'ont pas toutes l'air d'être suicidaires, mais bon...

A défaut de grive, on mange du merle.

-------------------------------------

Utilisation du talent : pistage pour déterminer une piste à suivre en compagnie de Mathis
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 16 sept. 2023 04:15

" C'est cassé. " Avait déclarée une Silmeria stupéfaite, face à un portail... Non ,une absence soudaine de portail.

La, comme ça, devant nos yeux, le portail de Xël venait de se refermer, après le passage de m'sieur Sabbar. Tout aussi confus que les autres, je lachai un:


"Que....quoi? Hein? Y vient d'se passer quoi la?"

Mathis, qui était encore la, ne semblait pas plus comprendre ce qui c'était passé. Je regardai autour de moi, remarquant donc qu'il ne restait que le beau blond, Silmeria et moi même... Pourquoi donc? Pourquoi nous? Est ce que le portail n'avait plus d'énergie? Ou alors, nous qui étions resté derrière, avions quelque chose en commun qui avait provoqué la fermeture du portail?

Mais qu'est ce qu'on pouvait avoir en commun sur ce sujet, Mathis, Silmeria et moi...

Mathis....Silmeria...Moi.... Donc ceux qui étaient parti c'était Jorus, m'sieur Ibn, Maïssa et Xël lui même...

Mathis....

Silmeria...

Moi...

Mathis... le meutrier...

Silmeria...L'aléatoire dangereuse...

Et moi... Le traitre....

...

"...Attends un peu...non, il aurait quand même pas...."

Il aurait tout d'même pas refermé volontairement le portail sur nous hein? Pour nous empêcher d'venir, hein? Il s'y croyait pas à ce point, HEIN?!
Non... Non non non non... Comme par hasard, les trois laissés derrières par Xël, c'est les trois à qui il avait manifesté ouvertement de l'agressivité et de l'agacement...

Non...Non non et non... Je refusais de croire que Xël, le type qui semblait si obsédé à l'idée de sauver ce monde, puisse prendre une décision aussi STUPIDE! Mais... il avait déjà montré qu'il avait ses propres œillères Et qu'il était très extrême dans ses réactions.... Non, non non, par la mousse de mon menton! Il devait y avoir une autre explication... Ptet de la fatigue, de l'épuisement, un accident, ptet? Ou encore...


" Si ça se trouve Xël a été tué dès son arrivée... ça pourrait expliquer la fermeture du portail. "

Oui! Enfin, j'voulais dire, NON! Non, ça n'avait pas d'sens que sa mort ferme le portail comme ça. Au moins un des autres aurais reculé, retraversé le portail, on aurait reçu des giclées de sang au visage... Et puis de toute façon on était même pas sur que Xël avait besoin d'être "vivant" pour que ses portails subsistent. Ptet qu'ils tenaient sur un temps donné, ou un truc du genre. La magie était complexe et permissive, et il n'y avait que dans les romans aux histoires très conv'nues que les effets des sorts d'un magicien disparaissaient à la mort de ce dernier...

Mathis, lui proposait d'attendre un peu. Je pris le temps de répondre, toujours en pleine réflexion:


"Ou alors il.... Non, non, j'suis sur que j'me fais des idées...M'sieur Mathis à raison, attendons une ou deux minutes..."

Ce à quoi le séduisant blond répondit rapidement:

" Avez vous marqué Xël de votre anneau ? "

Et j'eu à peine le temps de commencer à m'agacer de cette question que Silmeria me reparla d'essayer un de ses cauchemars. L'idée était alléchante, mais la, c'était pas le moment... Et le fait que ça n'était pas le moment ne faisait que m'agacer encore plus. J'voulais le vivre moi, ce cauchemar horrible!


"Marquer Xël? Non, pour ça il aurait fallut que quelqu'un daigne me répondre quand j'ai proposé... Ah, si, deux personnes m'ont répondues: les deux qui sont resté ici! "

Et je pointai les tunnels derrière nous , histoire qu'ils comprennent que je mentionnais Akihito et Yliria. Mais ouais, une fois de plus, on m'avait ignoré avec cette foutue question, et c'était pour ça que je voulais les accompagner, afin d'éviter ce genre de fichu problème et imprévu qui ne poserait pas de soucis si les gens de ce foutu groupe de bras cassé accordaient trente secondes d'attention à ce que je disais!

Mais leur foutu sang il irriguait pas bien leurs foutues oreilles et leur foutu cerveau ou quoi?!

Non, non, calme, caaaaaaaaaalme Dracaena, rappelle toi ce que le docteur t'avais dis:

"Ici on vend des des vases monsieur, on soigne pas vos état d'âme, sortez de mon magasin ou j'appelle la garde!"

Donc, pas la peine de s'énerver. Je me mis à me masser les branches pour essayer de me détendre.


"Excusez... Cette situation est un tantinet énervante! Et non m'dame Silmeria, pas de cauchemar pour l'instant. J'adorerais, mais on a d'abord cet imprévu à gérer...

Gmblblmbm fesses de Fearadhach gmblbmblbm...

Bon, m'sieur dame, visiblement on est parti sans nous. Accident, action volontaire, j'sais pas. Et bien sur, aucun moyen d'communiquer avec les autres.
On d'vrait r'joindre m'sieur Akihito, Yliria et m'sieur Visselion. Ptet qu'ils auront une idée de s'qui s'est passé...."



Silmeria croisa les bras devant moi, un air très sérieux sur le visage, avant de lacher un long, plaintif, presque gamin:
" Mais c'est chiiiiiant ! "

Elle se mit à shooter dans des cailloux trainant par terre, avec un coté capricieux un ptit peu amusant:

" Je persiste, si ça se trouve, ils ont été tués. Si il a mal placé son portail ou s'il s'est trouvé sous un Titan en colère ou pire, le Gragon.

" Tu as raison, mon Dracounouille, on devrait prévenir les autres, de toutes façons, s'ils nous voient les bras ballants, on va avoir le droit à des tas de questions et puis on pourrait peut-être se rendre utile. "


Et elle me tapota l'épaule en concluant: " N'empêche que c'est chiant. "


Cette femme était autant intrigante que fascinante, vraiment. Il me fallait absolument avoir quelques discussions en tête à tête avec elle!
Aussi, personne m'avait jamais appelé Dracounouille. C'était mignon. A réutiliser à l'occasion! Dracounouille, le plus choupi de tous les oudios! C'est qui? C'est moi!


"Nan, nan, j'pense pas qu'ils soient mort. Trop soudain, trop incohérent. J'suis sur (j'espère) que c'est un truc du genre que m'sieur Xël c'est épuisé à faire des portails et qu'il les contrôle moins bien maint'nant...

Mais sinon, ouaip, j'suis d'accord avec vous: c'est chiaaaaaaaaaaaaant!


Mes bras tombèrent lourd de lassitude. J'étais complètement d'accord avec Silmeria: c'était chiant. Dans tous les sens du terme: ça ruinait mes plans, ça ruinait les plans du groupe, ça rendait plus difficile nos objectifs, et pour nous qui étions prêt à débarquer au milieu d'une guerre, bah on allait vite s'ennuyer...

Sans oublier, dans mon cas...

"Et j'vais flétrir moi à force si j'revois pas le soleil..."

Mais combattons la chiantise, cherchons une solution à s'te situation! Directions: les autres qu'étaient resté sur place! "

Essayant de me rebiffer un peu, je commençai à m'en aller vers les tunnels à la recherches de nos autres compagnons, qui auraient ptet des infos ou un coup d'main à nous filer. Entretemps, Mathis me proposa de profiter du moment pour discuter de Vallel et du reste.

"On parl'ra en ch'min m'sieur Mathis. Vous v'nez? Vous pourrez m'racontez s'qui s'est passé après vot' prom'nade dans la savane des âmes crevées!"


L'humain et l'elfe emboitèrent le pas, et le grand homme commença à me raconter son épopée mortuaire.


" Jorus, Sissi et moi avons rejoint Vallel. Ce dernier nous a expliqué que notre âme ne pouvait retrouver notre corps tant que nous étions dans cette savane. Et la seule facon de sortir de la savane était d 'entrer nous même dans la pyramide et de la détruire de l'intérieur. Si nous ne l'avions pas fait
Nous serions encore dans cette savane et pour l éternité ! Avez vous autre chose à rajouter ou à nuancer ? "
demanda t'il à Silmeria, l'air méfiant.

" Que Jorus a voulu employer la magie pour nous amalgamer sous la forme d'une créature siamoise et que ça s'est retourné contre lui ? Que ma Jumelle lui a enfoncé des centaines d'aiguilles incandescentes dans la chair ? Non mis a part ça, la routine. J'ai juste oublié d'acheter du pain en rentrant des courses. "

Que...Quoi? L'intérieur de la pyramide?Un amalgame de Silmeria et son autre "elle"? Des aiguilles incandescentes? ....ET J'AVAIS RATE TOUT CA?!

"...Attendez, quoi?!
Et j'ai raté ça... Donc pendant qu'm'sieur Akihito et moi on était fasse à Brythagon, vous vous viviez... tout ça?


J'étais...Tellement...jaloux!
La rencontre avec Brythagon avait pas été inintéressante hein, mais sérieux, ça avait l'air tellement plus fun ce qu'ils avaient fait d'leur coté!

....Tellement de question, tellement de question...

Mais d'abord... il vous est arrivé quoi après? Parce que jusqu'à nouvel ordre s'pas Valelel qui vous a remit dans vos corps, et me semblait qu'c'était ça l'marché. Ou j'ai mal compris....


...D'ailleurs, , tant qu'j'y pense, m'dame Silméria, votre "jumelle", elle est en vous, c'est ça? ...Ca veut dire qu'elle aussi elle est enceinte?!"


Nan, c'est vrai ça, on en avait pas r'parlé de ça. PERSONNE en avait r'parlé de ça. Je m'y connaissais pas parfait'ment en reproduction de mammifère, mais j'avais lu des trucs à s'sujet dans des bouquins (pure curiosité et fascination biliaire, rien de pervers, j'vous rassure), et c'était genre... DANGEREUX pour une femme enceinte de faire des activités physiques avant d'avoir planter sa graine... Non, attendez, c'était pas ça l'terme... C'était... Pondu? Non, ça c'est les piafs... Ah, oui, "mit bas"!

Et ça marchait comment cette histoire de "jumelle qui partage son corps"? La jumelle (qui était très malpolie je rappelle), elle partageait aussi la grossesse? C'était aussi son enfant? C'était super intéressant à étudier comme cas... Puis, ça m'inquiétait aussi un peu l'état de la Silmeria.

Elle se tourna vers moi, d'un air un peu perplexe, et me répondit le plus sérieusement du monde:


" Dracouille... tu es bien au courant que c'est toi le père, rassure-moi ? "

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Quoi?!

Quoi?!

Quoi?!

Quoi?!

Quoi?!

Quoi?!

Quoi?!

Quoi?!

Quoi?!

QUOI?!


"Moi?! Le père?! Mais non mais je... s'pas possible...Y avait même pas d'pollen et...Nan mais ça marche pas comme ça avec vous...si?! Non?!"

Comment ça aurait pu arriver? A quel moment? On avait pas tant interagit que ça! Et puis non on était physiquement pas compatible! Enfin, pas compatible, pas dans le sens d'une relation intime physique hein... Encore que, non, vraiment, c'était pas un monstre de sensualité la Silmeria, si au moins sa peau faisait un peu plus écorce... Non, attendez j'me perds, j'disais quoi? Oui, compatibilité! Selon les bouquins ça pouvait pas faire d'gosse une elfe et un oudio!!! Et j'avais jamais entendu parler d'un cas d'hybride entre oudio et espèce de chair. Une romance impossible à la limite, mais un hybride, non, jamais... Et ça marcherait comment d'abord? De toute façon moi j'avais rien fait! Mon pistil était resté bien rangé, et c'était pas avec le climat du coin que j'aurais pu fleurir, encore moins faire du pollen...

J'avais pas fait d'pollen, hein? Nan mais j'l'aurais su si j'en avais fait hein, j'étais pas un oudio 80 ans qui découvrait ses premières fleuraisons quand même!

ça avait aucun sens, je comprenais plus rien, c'était quoi cette histoire?! C'était quoi cette blague?! C'était quoi ce...


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Blague... C'était... C'était une blague... Une blague littérale. Elle se moquait de moi. Elle se fichait ouvertement de moi. C'était tellement ridicule que ça pouvait être que ça... Et moi, la, j'étais en train de me retourner l'esprit pour donner du sens à une blague évidente...

....Ké...

Kéhé.....Kéhéhéhéhé...HéhéhéhéhahahahahahahahahahahahahahahahahahahahHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA!!!!


Bon sang d'bonne sève qu'est s'que j'pouvais être débile moi parfois! C'était... excellent, juste excellent. Suffisamment absurde comme situation pour devenir géniale!

"Ah... Ah nan mais j'suis long à la détente la...Hahaha.....S'pas...hahahaahahahaha.... S'pas sympa d'profiter d'ma faiblesse....RAHAHAHAHAHAHA!!!
.... De... De toute façon j'pense pas qu'vot' corps pourrait supporter le pollen d'un morceau comme moi."


J'allais pas insister plus que ça sur cette histoire de grossesse. Visiblement elle voulait pas en parler, et un peu d'humour, c'était la meilleur façon d'détourner l'sujet. Nan, vraiment, j'l'aimais bien cette femme, héahahahaha!

Un Mathis un peu amusé en profita pour continuer de raconter les péripéties de l'outre monde:

"En fait, c'est Vallel qui nous a permis d'entrer dans la pyramide. Et il nous a aussi expliquer comment y arriver. Une fois dans la pyramide, nous avions l'impression de posséder un corps. Nous étions la pyramide. Et donc nous avions accès à la magie d'Aliaénon. Au centre de la pyramide se trouvait un cube.. le coeur de la pyramide... nous l'avons détruit, ce qui a détruit la pyramide et libéré tous les âmes. Vallel croyait que nos corps ne seraient plus disponible, en état de décomposition. Il nous a donc proposé de nouveaux corps, ses créatures. Comme nous, il ne savait pas qu'Yliria et les sorciers d'Elscar'Olth avait oeuvré afin de conserver nos corps. "

Alors comme ça le Valli-Vallel avait tenu promesse et leur avait filé des corps d'emprunt. De la bestiole bizarre, visiblement...

.... Zut de flute!

"Z'aviez pas d'corps pourtant quand on s'est r'trouvé.... Oh, merde, me dite pas que quand j'ai explosé j'ai pourri l'votre?!"

"Non, ce n'est pas vous. qu'il me répondit, presque en rigolant. J'ai emprunté plus d'un corps tout en participant au combat contre les bestioles. Lorsque le premier est mort, j'en ai pris un second, un espèce de poisson volant et aveugle. Puis lorsque tous ses congénères sont morts, j'ai provoqué sa mort. Je pensais pouvoir réintégrer un autre corps, plus adapté. Mais ils étaient soient morts, soient qu'il avait pris la fuite."


Je senti une main se poser sur moi: Silmeria, visiblement très amusée de mes réaction, me dit:

" Dracouille, tu es gentil, vieillle branche. Je suis contente que tu n'ai pas terminé en bois de chauffage.

L'une des réactions les plus naturelles et sympathiques auquel j'avais eu droit depuis mon arrivé. Définitiv'ment, vieux chêne Ezekiel avait tort: ils peuvent être sympa les êtres de chair!

Allez, on va se rendre utile, paraît qu'il y a des défenses à faire ! Et bien crois-moi, je suis une vilaine peste en matière d'attaque, alors mon expertise pourrait être utile en matière de défense. Tu te sens d'attaque, mon gros ficus ? "

"J'ai mon ptit lot de connaissance sur la magie et les énergies, ça d'vrait aussi aider. Donc oui, j'me sens d'attaque, m'dame pleine d'organe!"

Ouais, ouais ça semblait un bon plan! Il était temps de faire comme ça! Je redemandai à Mathis s'il faisait bien confiance à Vallel, malgré le fait qu'il ait tenu parole, avant de reprendre la marche, ne recevant pas de réponse de la part de l'humain.
Nous continuâmes à tourner dans les tunnels pour finalement demander notre chemin à quelques habitants, qui nous indiquèrent qu'Yliria était partie à la surface, avec d'autres sorcier. Nous dirigeant vers cette dernière, j'aperçu au loin le grand homme de peau d'ébène et de flamme bleutée en train de discuter avec la métisse aux cheveux blanc. Quand ils nous remarquèrent, le sorciers au feu bleu s'en alla auprès des siens, et Yliria vint rapidement nous rejoindre.


"Vous n'étiez pas partis pour Messaliah ? Il y a eu un problème ? Où sont les autres ?"

" Le portail s'est fermé soudainement. Je pense que Xël a été tué dès son arrivée à Messeliah, il n'aurait pas scindé le groupe sans prévenir. "


"] ....Pas si sur.... Et rebonjour m'da... Yliria! M'dame Silmeria dit vrai pour le portail qui s'est r'fermé d'un coup, mais j's'rais très surpris qu'ça soit à cause d'la mort de Xël ou autre.
Vous savez s'il avait d'ja eu ce genre de soucis? Ses portails qui arrêtent de marcher sans prev'nir?
J'avais lu qu'ça arrivait à un homme sur cinq s'genre de truc...Bien not' veine...



"D'accord, donc ils sont tous loin, peut-être morts, et on peut pas le savoir... Merveilleux..."

J'étais quasiment sur qu'elle réagirait comme ça. Et cette fois ci, j'pouvais VRAIMENT pas le lui reprocher...

"Non je n'en ai aucune idée. Peut-être qu'il s'est surestimé, ce serait pas là première fois... Au moins vous êtes tous entier, je l'ai déjà vu couper des gens avec ses portails, quand ils se referment."

"]"Oui, couper des gens, il a essayer d'me faire le coup chez les bandés..."

Ouais, il était définitiv'ment extrême le Xël dans ses réactions... Et Yliria pouvait pas m'confirmer ma théorie que c'était juste un accident ou due à de la fatigue magique.... Kerk... P'tet qu'Akihito en saurait plus, j'ai souv'nir d'une mention qu'il avait bossé avec Xël pendant la guerre de l'aut' déesse tarée...


Tandis que je me plongeai dans de profondes réflexions, essayant de me convaincre que Xël ne nous avait pas laissé derrière volontair'ment, Yliria, Mathis et Silmeria, eux, commencèrent à discuter de ce qu'ils allaient faire. La petite métisse leur proposa d'utiliser leurs compétences de traqueurs/pisteurs pour remonter jusqu'à l'origine des créatures ayant attaquées la ville. Pas idiot du tout. Elle en profita pour (re)demander à ce qu'on n'utilise pas la magie sauf réelle urgence, et qu'on ne fasse pas de bêtises ou d'actions stupides sur un coup de tête comme fermer un portail sur le nez des gens . Et j'étais aussi assez d'accord avec elle... Enfin, en partie.

Par contre, je me retrouvais face à un petit problème:

"Je me tiendrais à carreaux. En parlant d'Akihito, il est avec m'sieur Visselion pour étudier la colonne de magie, c'est ça?
Pour s'qui est de pister les créatures, j'ai hélas pas grand chose de plus à vous offrir, la partie où on les élimine à la limite j'ai des idées si les barbecue géant c'est vot' truc, mais j'm'y connais déjà plus pour s'qui est d'étudier la magie. Si vous avez pas d'idée d'mission pour moi, j'me dis que j'devrais les r'joindre."


"Oui il est avec Visselion, mais seul Meno sait où. Je sais seulement qu'il est dans les souterrains. Je ne peux pas t'aider plus que ça."

"Merci d'l'info, j'vais essayer d'régler ça Mano à(vec) Mano!
M'sieur Mathis, m'dame Silmeria, bonne chance dans vot' chasse! Si vous trouvez des bestioles incendiaires ou ignifuges, ram'nez m'en un morceau, héhé!

M'dame Yliria, j'vous laisse bosser sur la protection d'la ville. Si j'trouve pas les deux autres, j'reviendrais vous aider. Contrair'ment à s'qu'on pense, j'suis plus doué pour construire que détruire, héhéhé!"


Je leur fis une de mes traditionnelles courbettes d'au revoir, avant de m'enfoncer dans les tunnels, à la recherche du dénommé Mano. Histoire de pas perdre de temps, j'allais demander à tout ceux qu'je crois'rais en route s'ils ne l'avaient pas vu passer: après tout, aucune idée de la tronche qu'il avait le Mano...
Et ils pouvaient êt' dur à différencier les êtres de chair par moment... Enfin, sans vouloir dire qu'ils se ressemblaient tous hein. C'est l'vieux chêne Ezekiel qui disait ça, pas moi...

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Re: Lande Noire

Message par Yliria » sam. 16 sept. 2023 13:23

Post squelette (en cours)

Au dehors, les ruines formaient un agglomérât erratique dont je doutais de pouvoir en tirer quoi que ce soit. De nombreux survivants étaient rassemblés là, semblant attendre, les yeux hagards pour certains clairement épuisés, ou plus vivaces, surtout ceux qui semblait haïr ma présence. Je serrai la mâchoire et les ignorai. Etonnant comme j’avais l’habitude maintenant. Ça n’en devenait pas plus facile, mais au moins je n’avais plus à essayer de me cacher. J’étais là pour les aider, qu’ils le comprennent ou non, qu’ils me remercient ou non. J’avais encore l’impression de payer les erreurs des autres avec cette haine irraisonnée des yuimeniens, mais je ne pouvais pas y faire grand-chose pour le moment. Peut-être qu’avec le temps, ils allaient comprendre que j’étais de leur côté. Je soupirai et observai les ruines en essayant de faire quelque chose de constructif plutôt que de ressasser ce problème ingérable en l’état. Avec tout ce que m’avait Alossarh, je voyais mal comment créer de défenses efficaces, mais on allait essayer, une chose après l’autre. J’entrevoyais déjà des possibilités.

(Ce sera sur du moyen terme, vu ce dont on dispose…)

(L’essentiel c’est qu’ils soient en sécurité)

(Oui, c’est sûr, mais pour combien de temps ?)

Une ville en ruine, quelques dizaines de survivants avec aucune arme ni aucun moyen d’en fabriquer. Ça partait vraiment mal. Lorsqu’ Alossarh me rejoignit finalement, je me démêlait encore avec cet état de fait. Le plus urgent était d’établir des défenses, même basique, mais il allait leur falloir des outils et des armes, dans tous les cas… Et si j’avais des idées ? S’il savait…

- Plusieurs... mais beaucoup sont visiblement épuisés, je vous conseillerai de les envoyer se reposer pour le moment. Qu'ils profitent du répit qu'on est parvenu à avoir.

Puis, plus bas, histoire que certains n’entendent pas, notamment ceux qui me regardaient avec haine et colère.

- Je vais être honnête, je doute que beaucoup apprécient que je donne des directives. Je vais vous aider du mieux que je peux, mais ce sera à vous de prendre les décisions finales. Et de remotiver tout le monde. Et, à tout hasard, vous auriez quelque chose qui s'apparente à une carte ou un plan de la cité?

Il me dit clairement que renvoyer certains étaient hors de question. Je n’allais pas insister, mais ça ne me plaisait pas. Un homme épuisé risque de davantage causer une catastrophe que de faire les choses correctement. Pas pour rien que même un esclave on le laisse dormir. J’en savais quelque chose…

- Laissez-moi donner les directives, alors, et prodiguez moi conseils avisés. Vous dites avoir des idées ? Quelles sont-elles ? Pour un plan de la cité souterraine... je crois que le seul endroit où il pourrait y en avoir un est dans les quartiers du Roi. Heu... adjacents à la salle du Trône, tout en bas. Il devait y en avoir dans la tour de l'archisorcier mais...

- Je vous donne mes conseils, c'est vous qui voyez. On se passera de plans, vu la situation. Pour ce qui est de la surveillance, formez des équipes de six avec un référent, idéalement choisi par le groupe. Soit vous définissez les groupes par affinité de compétences, soit ils se groupent eux-mêmes, mais l'idéal c'est qu'il y ait une synergie, qu'ils s'entendent bien. Vous leur attribuez un point de surveillance et ils font des tours de garde, idéalement par paire, avec roulement toutes les deux heures. Dès que chaque paire a fait sa ronde, vous remplacez le groupe par un autre et ainsi de suite, ça évite qu'ils passent leur temps à observer le même coin et s'y habituent et ça permet à chacun de faire d'autres taches ou de se reposer.

C’était la première fois que je ppvais mettre en pratique les leçons de Sorinion. Je ne m’attendais pas à devoir le faire ici, mais ce n’était pas plus mal. Au moins je les aidai et je savais ce que je faisais. C’était mieux que certains…

- Une fois ça en place, on pourra assurer la sécurité de tous et commencer à déblayer un peu... Vous avez une magie capable de bouger ce genre de gravats d'une manière ou d'une autre ?

- Des tours de garde, oui... Sont-ils vraiment nécessaires, pendant le travail ? La nuit, j'entends bien, mais si nous sommes à la surface, ne serait-ce pas contreproductif ? J'veux dire... une putain de horde de monstres, ça se voit arriver de loin, quoi. Et une magie de... Vous nous prenez pour des esserothéens avec des pouvoirs uniques et spécifiques ? Nous fabriquons nos propres sortilèges en étudiant la magie, et je doute que parmi les survivants, il y en ait un qui ait songé à se diriger sur de la magie de... déblaiement. Je crains que sans votre aide, il nous faille nous y mettre à la main.

- Je n'ai aucune idée du genre de créature qui peuplent votre monde, alors j'ai juste pris l'option la plus sûre. Et même si on est à la surface, si vous êtes en train de déblayer des gravats, est ce que vous allez vraiment regarder les alentours ? Plus tôt on est prévenu, plus vite on peut réagir et organiser les défenses.

Simple bon sens, mais ce monde ne semblait pas connaître de guerre perpétuelle, alors forcément… Par contre ils étaient champions du mépris. J’étais supposée le savoir ça, que la magie variait d’une ville à l’autre. Quel bazar…

- Je ne savais pas... La magie sur votre monde est vraiment très différente de celle à laquelle je suis habituée. Désolée. Il faudra le faire à la main pour le moment, le temps que je vois avec Akihito.

- C'est vrai. C'est vrai, oui. Je propose de diminuer les guetteurs de jour, et de faire comme vous le suggérez lorsqu'on ne sera pas là. Quant à organiser des défenses... Auriez-vous des suggestions sur ce point ? Nous avons pris le parti de défendre le périmètre, mais nous avons subi de nombreuses pertes. Devrions-nous nous retrancher davantage, au risque de compromettre l'entrée de la ville ?

Et étonammebnt, il s’excusa. Come quoi je parlais parfois trop vite.

- Ouais, désolé. Moi non plus j'fais pas trop attention à votre manque de connaissance sur notre magie. J'voulais pas paraître condescendant.

- Ce n'est rien, vous avez bien d'autres choses en tête... Pour la surveillance, ça me convient, je vous laisse voir ceux qui en auront la charge. Pour les défenses, cela dépend si l'enceinte extérieure tient le coup ou non. Si des créatures sont passées durant le dernier assaut, il vaudrait mieux réduire le périmètre pour concentrer les défenses. En temps normal j'aurai proposé de poser des pièges, mais si on doit déblayer ensuite, ce serait dangereux... Peut-être à l'extérieur de l'enceinte... Vous connaissez mieux le terrain que moi. Est-ce que la ville est défendable même si on ne bloque pas l'entrée ?


- Les ruines ne proposent aucune protection. C'est là que nous nous trouvions pour défendre les entrées vers les souterrains. Parmi les décombres. Plusieurs failles donnent vers la cité sous terre, et nous devons éviter tout animal nocif d'y pénétrer. Magiquement, seuls les esprits défunts sont repoussés.

En résumé, une passoire protégée contre les esprits… ça n’aidait pas beaucoup…

- Je vois... Condamner provisoirement certaines entrées moins importantes permettraient de concentrer les défenses, mais là aussi ce sera un travail important..."
Il devait bien y avoir un moyen… et puis merde, d’autres pouvaient leur filer un coup de main, non ? Les alliances c’est pas juste pour faire jolies.


- A tout hasard, avez-vous demandé une aide à d'autres cités ou royaumes ?

- Une aide ? Par quelle voie ? Nous n'avons pas le confort de portails de téléportation. Les cités sont à des semaines de voyage, et nous avions besoin de toutes les mains ici. Smarag'Din pourrait aller à Arthim'Olth, ceci dit... Ce n'est pas si loin. Mais rien de plus.

- Comme pour la magie, je ne suis pas particulièrement au fait de votre géographie ou votre politique, donc c'était une possibilité. Si vous pensez pouvoir obtenir une aide, peu importe laquelle, je pense que vous devriez y allouer une part de vos forces. Nourriture, armes, médicaments ou outils, tout ce qui peut servir est bon à prendre. Peut-être même que certains pourraient venir nous aider à défendre la ville ou la reconstruire, ça peut valoir la peine d'essayer. Vous n'aviez pas de relations avec vos voisins avant la catastrophe ?

- Je doute que quiconque veuille nous aider... Les cités les plus proches de la Lande Noire sont celles d'Esseroth et de Neo-Messaliah. Les sorciers du désert ne viendront jamais. Ceux d'Esseroth... Peut-être, depuis que nous avons pu arrêter la propagation de la Lande.

- Et j'imagine que vous n'avez pas de pigeons voyageurs dans le coin... On va devoir attendre le retour de Xël, mais si c'est possible, essayez de voir qui pourrait s'y rendre en temps que délégation, si ce n'est pas vous-même qui vous y rendez.

Il y avait tant à faire, si peu de moyens… Je commençai à regretter d’avoir laissé Xël partir avec les autres. Obtenir le spierres de visions était essentiel, mais il fallait aussi protéger ce qui pouvait l’être… Il allait falloir gérer tant de choses…

- La priorité ce serait de déblayer suffisamment pour fabriquer des barricades et un poste d'observation. Il n'y avait que des chercheurs ? Pas de maçon, charpentier ou artisan qui pourrait avoir une idée en ce qui concerne la construction en elle-même ?

- Hé bien... j'suis celui qui pourrait se rapprocher le plus d'un messager. Comme vous le savez je peux me déplacer à grande vitesse. Mais vous avisez pas à me traiter de piaf. Puis tout le monde ici vous rirait au nez de songer m'employer comme diplomate. Et je leur donne pas tort.

Cela me tira un bref sourire, même si le souvenir de sa vitesse me retourna l’estomac juste à son évocation.

- Je me souviens oui... Mon estomac aussi. Essayez de voir qui serait le plus à même de remplir ce rôle. Si une opportunité se présente ça peut changer bien des choses.

- Le Marcheur de Mort a bâti cette cité il y a longtemps. Comme toutes les autres. Nous n'avons aucune maîtrise de la construction. Pour le reste, on se débrouille comme on peut. Déblayer, ça peut se faire. Un poste d'observation... en empilage des tas de gravats ?

(Le quoi ?!)

(Sympa comme nom)

(j’espère que ce n’est pas ce que je pense…)

- Le marcheur de mort ? C'est quoi ça encore...?

- Oh, pardon. Le Sans-Visage. Marcheur de Mort, c'est le nom qu'on lui donne, ici. A cet avatar sombre qu'il incarne, pâle silhouette aux ailes noires et à la faux de ténèbres. Quant à un émissaire, s'il y en a de plus éloquents, aucun ne file à ma vitesse et... vous l'aurez constaté, je peux difficilement la faire partager.

Bien… bien bien bien… je commençai de plus en plus à me dire qu’on n’avait peut-être pas forcément bien fait de le libérer le Sans-Visage. Il nous avait remercié, certes et je ne pouvais pas m’en plaindre, mais entre le discours des gens de Nagorin et ça… il allait falloir que je parle avec notre invité sous peu. Je soupirai… on verrai ça plus tard, l’heure était aux réparations.

- Je pense qu'on pourra pas faire mieux sans magie, donc oui, empiler des gravats. Ou se servir d'une structure qui tient encore debout et la renforcer, mais rien n'est sans risque. Je vous laisse choisir et former les équipes.

- Bon. Je vais organiser ça. Vous aurez... d'autres choses à gérer.

Je haussai un sourcil alors qu’il pointait derrière moi. Je me retournai et vis Mathis, Silmeria et Dracaena sortir du sous-sol. Qu’est ce qu’ils fichaient là ? où étaient les autres ? Je n’aimais pas ça, mais alors pas du tout.


Je retournai vers Alossarh après que chacun soit parti faire ses pérégrinations. j'espérai vraiment qu'on en tirerait quelque chose, même si j'en doutais.

"Alossarh ? J'ai envoyé deux des nôtres en éclaireur, histoire de prévenir une éventuelle attaque et peut-être avoir une opportunité d'action préventive. Je reste là vous filer un coup de main, où est ce que vous avez besoin d'aide en priorité ?"


***
Propose son aide dans les défenses de la ville.

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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 16 sept. 2023 15:56

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (bis) XIV


Mathis et Silmeria avaient beau être des pisteurs d’exception, selon leurs propres termes, il ne fallait pas être bien doué pour conclure que des traces de bestioles, il y en avait des milliers autour de la cité. Au milieu de leurs cadavres pourrissants, venant de toutes directions. Des grosses, des petites, des profondes ou plus légères. Ils parvinrent, dans tout ce foutoir, à retrouver leurs propres traces en provenance du Comté d’Orsan, à l’Ouest. Celles des corps qu’ils abandonnèrent si vite. Au milieu des traces de créatures nombreuses, ils perçurent celles des êtres uniques, aussi : celles du Chien-Roi venant de l’Est. Du Dragon-Trifalgin venant du Sud. Et Mathis, dans sa recherche approfondie, perçut même des traces s’éloignant de la cité, vers le nord. Deux paires de traces de pas qui pouvaient sans peine être associées à celle qu’il cherchait. Et son double.

En tout cas, tel que l’avait déjà constaté Mathis, ils ne purent distinguer aucune trace d’êtres approchant après leurs quelques heures de pistage. Tout juste la lande noire et morne. C’est du moins ce que leur apprit le sol.

Dracaena eut beau questionner les sorciers qu’il croisa, aucun d’eux ne semblait connaître ledit Mano. Un diminutif, peut-être ? Y’avait bien un Manu-Macaron, qui veillait sur les réserves du camp, mais rien d’autre approchant. Et alors qu’il cherchait, il vit Visselion revenir des tréfonds de la cité. Ce dernier s’approcha de lui d’un air pressé :

« Vite, il faut des volontaires. Nous avons dégagé une voie vers les niveaux inférieurs, où résident peut-être d’autres survivants. Il faut des volontaires pour dégager un passage praticable. Et nous pourrons alors atteindre le sceau, une fois l’assurance de la sauvegarde de ces miraculés éventuels. Akihito semblait retors à l’idée d’user de votre magie seul, mais à plusieurs… Je vous invite à me suivre, et à quérir les vôtres qui seraient disponibles. »

Il ne pouvait guère plus atteindre qu’Yliria, s’il le souhaitait : les deux autres étaient trop loin à s’occuper des traces de monstres. Ou choisir de deviser avec Visselion, voire le suivre dans sa quête de volontaires pour rejoindre les étages inférieurs.

Yliria, à l’extérieur, fit son rapport à Alossarh. Ce dernier répondit :

« J’ai organisé les troupes : certains déblaient et rassemblent les morceaux réutilisables, d’autres utilisent ceux-ci pour construire un mur circulaire autour des failles, et une tour d’observation. Quelques-uns patrouillent désormais aux alentours en attendant. Il y en a pour des jours de travail. Je doute que vos mains seules puissent aider, ici. Sans votre magie, j’entends. »

Il paraissait un peu insistant, et laissa la phrase planer.

Akihito et Bellarien explorèrent les détours de l’étage découvert, et les inférieurs, ne trouvant rien pendant près de deux heures. Puis, ils furent attirés par une lueur flamboyante. Ils arrivèrent dans une salle où brillaient plusieurs feu : campement et bougies. Au centre de la salle, une rune creusée sur le sol luisait chaleureusement.



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Bellarien s’exclama :

« Une rune protectrice : ils l’ont réactivée ! »

Qui ? Réponse aisée : autour de la rune se tenaient toute une myriade d’enfants. Des dizaines et des dizaines, tous concentrés sur les paroles calmes d’une femme d’âge mur, qui maintenait leur attention et les rassurait.



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Le spectacle était presque rassurant par rapport à ce qui se dévoilait petit à petit à leurs yeux. Sortant des ombres, innombrables, encapuchonnées silhouettes sombres eurent leur attention attirée vers les deux nouveaux arrivants. Ils avançaient comme des morts-vivants vers la source d’un espoir perdu, faibles et émaciés, aux visages invisibles dans les ombres de leurs habits. Ainsi venaient-ils, ainsi vivaient-ils, les survivants d’Elscar’Olth, les sorciers de l’Ombre.



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[HJ : Sil et Mathis, je vous laisse RP ces recherches et conclure votre post par une nouvelle décision d’action. Un aparté est bien sûr possible entre vous. Drac, aparté possible avec Visselion, ou autre action à me préciser en MP. Yliria, aparté possible avec Alossarh, ou autre action à me préciser en MP. Aki, aparté avec ces joyeux drilles découverts.]

[XP :
Akihito : Noté quand complété.
Mathis : 1 (discussions), 0,5 (errances dans la cité)
Silmeria : 1 (discussions), 0,5 (errances dans la cité)
Dracaena : 1 (discussions), 0,5 (errances dans la cité)
Yliria : noté quand complété.]


[Bons :
Mathis : Le Ponctuel !]

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Re: Lande Noire

Message par Mathis » jeu. 21 sept. 2023 03:25

À première vue, n’importe lequel d’entre nous aurait pu voir que les traces des bestioles se comptaient par milliers. Je pus même retrouver la trace de la femme insectoïde dont j’avais emprunté le corps. Je poursuivis ma recherche cherchant également celles de Simaya. Je commençais à penser que je ne les retrouverais jamais dans cet amas de traces, lorsque j’en aperçus deux paires qui se dirigeaient vers le nord. Deux traces de pas, qui n’avaient rien à voir avec celles des bestioles. Tout d’abord, il s’agissait de traces de bipèdes, puis ensuite, il ne s’agissait pas de pieds nus, mais des pieds chaussés. Des traces délicates, étroites, et pas trop profondes dans le sol. Sans trop vouloir m’emporter, j’avais de très bonnes raisons de penser que Simayas étaient passés par là.
Ce fut tout de même avec un certain enthousiasme que je partageai ma trouvaille avec Silmeria.

"Regarde ici, ces deux traces pourraient bien être celle des Simaya. Comme tu vois, elle se dirige vers le nord, j'aurais bien envie de les suivre, qu'en dis-tu ? "

Haussant les épaules, ne semblant pas plus enchantée que ça de la situation, elle exprima d’abord que nous nous trouvions dans un désordre. Elle parlait sans doute de toutes les traces laissées par les bestioles et par les combattants. Puis elle ajouta ensuite qu’elle était prête à me suivre.

Sans quitter sa piste des yeux, je lui demandai:

“As-tu une idée de la raison qu'elle a choisi de se diriger vers le Nord ?”

Sans hésiter, elle me répondit qu’elle n’en savait pas plus que moi. Je fis donc un effort pour me rappeler ce qui se trouvait au Nord.

" De mémoire, sur la carte improvisée que nous avait gribouillé Simaya, il y a longtemps à marcher avant d'arriver à la civilisation, si on va vers le Nord... il y a des Monts dont je ne me souviens plus du nom et un peu à gauche, une région réservée aux Titans..."

Elle semblait se moquer légèrement du flou des informations que je possédais, mais finit par conclure tout simplement que le plan était parfait, que nous devions y aller.

Je n’en demandais pas plus. Esquissant un sourire, je tentai de me remettre à suivre les pistes ressemblant à celle de Simaya.

Ce fut à ce moment qu’elle dévoila le fond de ses pensées. Elle considérait qu’on ne pouvait aller comme ça au hasard sans savoir où nous allions et elle était persuadée qu’Yliria nous avait fait cette suggestion dans le seul but de se débarrasser de nous.

Je regardai Silmeria surpris, et je lui répondis sur un ton calme,

"Non, je n'avais pas remarqué. Je n'ai pas l'habitude qu'on veuille se débarrasser de moi.... mais vu le ton de réprimande qu'elle a employé, ce serait fort possible oui. "

Je jetai un œil sur les traces au sol avant de reporter mon attention sur Silmeria.
"Par contre, si les traces des bestioles n'ont rien donné, nous avons celles, enfin je crois, de Simaya... et ça, c'était pas prévu, mais c'est une bonne chose."

Elle n’était pas convaincue, loin de là, qu’il s’agissait des traces de Simaya. Elle rappela que cinq jours s’étaient écoulés et qu’après le combat qui avait eu lieu ici, on ne pouvait être certain de rien et que la piste semblait trop maigre pour la suivre.

"Je comprends ton hésitation et je la respecte. Si tu penses que suivre cette piste est une perte de temps libre à toi de retourner auprès des autres pour leur dire que la piste des bestioles n'a rien donné. Tu pourrais les informer par le fait même que je vais poursuivre la piste que je crois être celle de Simaya. "

Cela dit sur un ton aimable.

Les yeux baissés, regardant le sol tout en frottant le sol de sa botte, elle me dit d’un air triste, comprendre que je préférais être seul que d’être avec elle compte tenu de ce qui était arrivé. Et que les autres non plus ne souhaitaient pas plus que ça sa présence auprès d’eux.

Voulant éviter tout malentendu, je la regardai dans les yeux et je lui expliquai.

"Ne te méprends pas. Ce n'est pas que je ne veux pas être avec toi. C'est que je tiens à poursuivre la piste de Simaya et que je ne veux pas t'obliger à me suivre."

Je poussai un long soupir avant de reprendre.

"J'avoue me méfier de toi, le cauchemar m'a été très pénible et les conséquences de ma riposte furent désastreuses. Ce serait mentir de dire que je ne conserve pas une certaine rancune à ton égard, ainsi qu'une méfiance. Mais je suis assez intelligent pour reconnaître ton potentiel dans l'équipe et je ne vois pas d'inconvénient à travailler avec toi."

Elle rétorqua alors que le cauchemar était le fait de Hrist. Elle était toutefois consciente qu’aucun de nous ne savait les distinguer. Elle ne m’en tint donc pas rigueur.

Suite à mes explications, elle décida de m’accompagner. Elle considérait qu’à deux, nous pouvions échanger et apprendre à nous faire confiance. Retourner à Elscar’Olth ne ferait que monter sa colère envers Yliria.

"Je ne connaissais pas la présence de ta jumelle avant l'expérience de notre mort. Mais à présent que vous êtes réunis, dites-moi, quel est le moyen pour moi de savoir à laquelle des deux je m'adresse ? "

En guise de réponse, elle m’informa que sa jumelle avait disparu. Surpris, je ne sus que dire.

Puis, pour meubler ce silence embarrassant dans lequel je la sentais troublée, j'enchaînai:

"Ta présence est la bienvenue à mes côtés, et comme tu dis, rien de mieux qu'une recherche ensemble pour apprendre à se connaître et à se faire mutuellement confiance. "

Ce que j’avais d’abord perçu comme trouble n’était que tristesse, réelle non feinte. Ses joues parcheminées de traces noires en étaient témoins. Elle me dévoila alors la détresse qu’elle vivait. Chassée, rejetée, isolée. Elle n’avait plus désormais sa jumelle pour la protéger contre les moqueries, contre les méchancetés à son endroit. Elle nous accusait tous d’être responsables de son départ. Je comprenais son désarroi. Séparée de la seule personne qui la comprenait, elle ne sentait plus le courage d’affronter le regard, les gestes des autres. Moi qui la croyait forte avec ses répliques sanglantes ou étranges, moi qui croyais qu’elle était froide et sans émotion, voilà qu’elle se dévoilait à moi, désarmée, montrant à nue toute sa vulnérabilité.
Être rejeté. c’était l’un des pires sentiments que l’on pouvait ressentir. Je le savais que trop bien, puisque c’était ce que j’avais éprouvé à l’extérieur de la cité, alors qu’aucun des mes compagnons d'aventure ne s’était soucié de mon absence ou avait tenté me retrouver. Je me sentais la gorge serrée par l’émotion, une boule naissait à l’intérieur de mon estomac, et mes poils se dressaient sur mes bras.

Malgré toute l’empathie que j’éprouvais à son égard, je n’allais porter le blâme de son malaise, je me devais de lui rappeler la vérité.

"Pour ce qui est de vous chasser... D'après les dires de Jorus, qui te surnomme la régicide, j'ai cru comprendre que tu as tué le roi de Kendra Kar... cette action est amplement suffisante pour attirer les foudres de tous, moi y compris. "


J'avais prononcé ces paroles avec douceur, sans aucune agressivité. Même si je la considérais comme meurtrière, je n'étais pas insensible à sa grande tristesse, la gorge nouée, un grand frisson parcourait tout mon corps. Ce fut d'une voix douce que je poursuivis

"Cependant, je comprends ce que tu ressens... comment elle peut te manquer... Mais au lieu de nous blâmer, réfléchis plutôt au moment de son départ et ce qui aurait pu le causer... Si elle te manque à ce point, si elle était là pour te protéger, je suis persuadé qu'elle ressent la même chose pour toi. Son départ est probablement involontaire, et elle va revenir vers toi dès qu'elle en aura l'occasion. "

S’approchant encore plus près, elle prit mon col entre ses frêles mains, et ce fut les yeux mouillés qu’elle me dit, entrecoupé par ses sanglots, que notre mission n’était que désastre, qu’elle avait tout perdu par notre faute, qu’elle était morte sans sa jumelle. J’hésitai une fraction de seconde, par crainte de la toucher, puis de mon pouce, j'essuyai délicatement une larme noire qui coulait sur ses joues rosies. Nous étions si proches l’un de l’autre que ma voix n'était plus qu'un chuchotement lorsque je tentai de la rassurer.

"Elle va revenir, bientôt, elle ne t'a jamais laissé tomber, et c'est pas aujourd'hui qu'elle va le faire,... sois un tout petit peu patiente."

Puis elle me relâcha et tomba à genoux, m’affirmant se sentir enterrée vivante. Je m'accroupis à sa hauteur et je lui répondis:

"Oui, j'ai une bonne idée de ce que tu vis....” Je n’allais pas plus loin. Déverser à mon tour mon trop-plein m’empêcherait d’être là en soutien.
je rajoutai:
"Cette expédition n'est pas un désastre, nous avons stoppé la corruption, nous en savons un peu plus sur les titans. Vallel a été libéré et le Sans-visage aussi... Certains de nos compagnons sont plus bornés que les autres, mais pas tous. "

Je me relevai, tout en lui tendant la main.

"Venez, nous allons retrouver Simaya et montrer notre valeur à ceux qui doutent de nous"


Elle accepta ma main tendue et se releva. Appuyant son frêle corps contre le mien, elle m’enlaça de ses bras, puis hisser sur le bout de ses orteils, elle me susurra un remerciement à l’oreille. Elle s’écarta ensuite, s’essuya le nez et les yeux du revers du poignet puis se dit prête à retrouver Simaya.

Je lui offris alors mon sourire compréhensif, puis je regardai au sol pour retrouver la trace des jumelles Simaya.

((( Mathis se concentre sur les traces qui lui semblent celles de Simaya et tente de les suivre )))

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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » ven. 22 sept. 2023 01:28

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

45 : Famine.

Bellarien n'était assurément pas la personne la plus loquace d'Aliaénon, c'était un fait. Mais au bout de la seconde heure à chercher des survivants, Akihito commença à regretter de ne pas avoir insisté pour que ce soit Visselion qui l'accompagne. Ses quelques tentatives de discuter avaient vite tournées courts et rapidement c'était le claquement de leur bottes sur la pierre taillée qui avait été son seul compagnon auditif. Ne restait plus qu'à observer tout autour de lui pour déceler les éventuelles traces de survivants, en vain. Les rares détails qui accrochaient sa vue, l'enchanteur n'était pas capable de savoir si c'était des témoins manifeste d'une présence ou un énième vase brisé depuis l'affrontement contre le Titan ou son assaut initial. La lumière blafarde n'était pas pour arranger quoi que ce soit, sa lueur n'éclairant qu'au mieux les contours des objets les plus irréguliers et les parois des tunnels.

(Et merde... On est de nouveau retour sur nos pas,) jura l'enchanteur, apercevant que la petite salle servant de carrefour aux boyaux souterrains portait déjà la flèche gravée indiquant leur passage.

(Au moins, vous ratissez bien la zone ?)

(Ouais, mais c'est pas à deux qu'on va arriver à quoi que ce... Oh ?)

Akihito comme Bellarien s'arrêtèrent dans leur marche, se regardèrent, puis se mirent à accélérer le pas. Au loin, un coude de couloir dégageait une faible lumière oragnée, tranchant nettement avec l'ambiance verdâtre. La lumière s'intensifia, tout comme l'odeur de brûlé et de cendres Le duo ne débarqua dans une pièce haute de plafond, semblable à celle du campement. En contrebas d'un large escalier d'une cinquantaine de marches, une dizaine de feu de camps modestes et de regrappes de bougies étaient éparpillées autour d'un cercle brillant et lumineux, composé d'une série de symboles inconnus en entourant un plus grands.

« Une rune protectrice : ils l’ont réactivée ! »

Ce "ils", Akihito finit par les apercevoir alors qu'il descendaient les marches d'un pas pressés ; des ombres encapuchonnées émergèrent par dizaines des alentours et ce qu'il avait eu du mal à identifer autour du Glyphe était en fait une myriade d'enfants, qui se regroupèrent autour d'une figure plus grande, se relevant. Une femme au visage émacié et aux cheveux noirs méchés de gris dévisageant d'un air aussi incrédule que méfiant les deux nouveaux arrivants.

(Ils sont... Nombreux ! Des dizaines, deux cents... Peut être plus !)

(Ca tient du miracle qu'autant aient pu survivre ainsi), acquiesça Amy, impressionnée comme lui.

Voyant les regards craintifs de plusieurs enfants, Akihito se reprit et se pencha à l'oreille du sorcier l'accompagnant.

« Bellarien, je vous laisse leurs parler, un visage connu sera toujours plus rassurant mais... Elscar'Olth a-t-elle de quoi nourrir toutes ces personnes ? Je ne veux pas les abandonner, mais... les nourrir est un point à considérer en prenant en compte leurs réserves... et les vôtres. »

Le sorcier acquiesça, non sans esquiver sa question sur les ressources alimentaires de la cité. Après des jours à survivre sous terre, trouver de la nourriture avait dû être compliqué, non ?

(A moins qu’ils aient des entrepôts souterrains, pour conserver au frais ?)

(Ou faire de la culture de champignons ?)

Alors que Bellarien s’entretenait avec plusieurs silhouettes encapuchonnées, le regard d’Akihito croisa celui de la femme gardant les enfants. Une grossière erreur.

« Vous. Vous, là. Vous venez d'ailleurs, n'est-ce pas ? »

Des paroles qui ne rassurèrent pas les enfants qui furent parcourus d’un frisson, murmurants entre eux. Imitant Bellarien, Akihito leva les mains lentement et parla doucement.

« Je ne suis pas d'Elscar'Olth, non. Mais je viens vous sortir de là, vous aider. Je me nomme Akihito. »

(Ne pas nier, mais se focaliser sur ce qui va les rassurer. Les mettre en confiance en me présentant.)

« D'où, alors ? Et pourquoi maintenant ? Je suis Tarja Vandran, protectrice de ces enfants.

- On peut dire que je suis de Fan-Ming, répondit l’enchanteur pour éviter de la perdre en évoquant un monde dont elle n’avait sans doute jamais entendu parler. En apprenant que des choses terribles s'étaient déroulées partout sur Aliaénon, je suis venu. Les pas de mes compagnons et moi nous ont menés ici, et sur ce qui est arrivé à votre cité. Êtes-vous en état de vous déplacer ?

- Fan-Ming... Je ne connais pas cette cité. Ce doit être lointain. Je vois que sa Seignerie d'Assamoth vous accompagne. Y en a-t-il d'autres qui aient survécu, ou vous et les vôtres avez parcouru ces couloirs vides de toute vie, avant de nous trouver ? Et je ne peux aller nulle part sans ces enfants. Je suis leur protectrice. »

L’enchanteur haussa très légèrement un sourcil quand il entendit la sorcière donner du « seigneur » à son compagnon. Le sorcier semblait plus important qu’il ne le laissait paraître. A moins que ce ne soit un titre donné aux sorciers respectés ?

« Le seigneur d'Assamoth a survécu, comme d'autre à l'instar du seigneur Alossarh. La surface est calme pour l'instant et de nombreux sorciers ont survécu. Elscar'Olth n'est pas perdue, mais les souterrains sont sans doute plus sûrs pour les enfants. Je laisserai le sorcier d'Assamoth décider de la marche à suivre. »

il rajouta avec un sourire confiant, tout en se rapprochant :

« Quoi qu'il se passe, vous n'êtes pas seule, dame Vandran. Nous ferons en sorte de vous aider du mieux que nous pouvons.

- Bien. Ils seront nécessaires. Je doute en revanche que vous puissiez... nous aider à la mesure de ce qui nous touche, hélas. »

L’Ynorien arrêta son pas quand il vit la femme et ses protégés se tendre, le craignant visiblement.

(Je suis pourtant pas si effrayant que ça… Si ?)

(Tu veux qu’on demande à Yliria ?)

(Très drôle.)

(Ton absence de chemise mise à part, ils devraient quand même être content de vous voir. Et si ce n’est pas toi qui est un inconnu, au moins Bellarien,) reconnut Amy après sa raillerie. (Il doit y avoir autre chose.)

« Nous avons repoussé le Titan responsable de cette catastrophe, si c’est ce qui vous inquiète.

- Un Titan ? Ainsi est-ce ce qui a causé l'effondrement ? Que faisait-il ici ? Pourquoi s'en est-il pris à nous ? Et... ce rayon de magie venant des tréfonds, en est-il aussi responsable ?

- Nous ignorons la raison de sa venue, reconnut l’enchanteur avec dépit. Pour ce qui est du rayon, il s'agit du Sceau de votre cité : la venue du Titan l'avait endommagé, alors nous l'avons réactivé avec l'aide du sorcier Visselion. Nous descendions au début pour étudier cette nouvelle forme mais en voyant que des étages étaient encore intacts, nous avons décidé de nous mettre en quête de potentiels survivants.

- LE sceau ? Il y en a plusieurs, celui-ci est l'un d'eux, et nous l'avons réactivé. Voyez vous-mêmes, il ne produit aucun rayon corrupteur. »

Il fronça les sourcils à la mention du mot « corrupteur », alors qu’elle cherchait à identifier le Sceau en question, elle fut aussi soulagée de savoir que Visselion était encore en vie.

« Le Sceau de la salle du trône. Pour ce qui est du rayon, pour faire simple notre magie est très puissante mais un peu capricieuse, d'où ce rayon inhabituel. Mais... Un rayon "corrupteur" ? Qu'est ce que vous entendez par là ?

- La salle du trône ? Mais comment auriez-vous pu l'atteindre... Oh, le fluide !? Vous venez d'un autre monde ? »

Un cri interrompit son regard fuyant et ses aveux gênées sur le rayon. Se retournant alarmé vers la source du cri, Akihito constata avec horreur que Bellarien hurlait à plein poumons, plaqué au sol par plusieurs sorciers encapuchonnés qui plongeaient leurs dents dans sa chair avant d’en arracher des lambeaux entiers. Le sorcier d’Assamoth était en train de se faire dévorer vivement.

« Bordel, BELLARIEN ! hurla Akihito en attrapant le Marteau de guerre dans son dos. Dame Vandran, il pourra nous protéger votre Sceau ?! »

Sans attendre qu’elle ne lui réponde, il commença à foncer vers le malheureux.

« NON ! Ne les blessez pas ! »

Porté par ses bottes, Akihito rejoignit le festin macabre bien avant toutes les autres silhouettes dont les visages restaient toujours camouflés. Il ne voulait pas non plus blesser les survivants, mais il ne pouvait pas non plus rester à ne rien faire.

(Je peux les frapper avec la hampe, mais je vais être submergé !)

Les cris de Bellarien étaient effroyables, autant que son expression maintenant qu’il pouvait la voir. Si se battre était impossible, il ne restait plus qu’à les priver de leur repas. Repoussant sans ménagement un cannibale en glissant la tête de son marteau entre lui et son « repas », l’enchanteur plongea une main dans la sacoche et plaqua la seule et dernière rune qui pouvait aider quelqu’un en danger.

« Ni ! »

Cela avait marché pour Silmeria, aussi espérait-il que cela marcherait pour Bellarien. Et en effet : en une petite seconde, la peau du sorcier se durcit, se brunit, et prit l’aspect et la teinte solide et certainement incomestible du granit. La réponse ne se fit pas attendre et les silhouettes s’éloignèrent en lorgnant sur l’Ynorien, sous les vociférations du sorcier.

« Bordel ! Ils sont devenus complètement cinglés !

- Non, pas cinglés. La magie du rayon nous a traversé de plein fouet. Nous y sommes liés plus que jamais. Et sommes liés entre nous au-delà de tout. Mais nous n'agissons désormais que par instinct primaire, par besoin : la faim nous tenaille. Ils n'ont pas voulu faire de mal. »

(Ca ressemble furieusement aux types de-)

« Et vous pensiez me le dire quand, au juste ?! »

(… De Nagorin.)

Tout en aidant l’homme de pierre à se relever, Akihito darda un regard encoléré sur la sorcière. Pourquoi les personnes qu’il venait aider avaient la fâcheuse tendance à garder pour elles les informations les plus cruciales ?

« Combien êtes-vous ?

- J'espérais que vous n'ayez pas à le découvrir. J'ignorais et ignore encore vos possibles réactions. Nous sommes des miraculés, assez pour faire revivre Elscar'Olth. Des centaines. Mais pour cela il nous faut survivre à... au jugement de ceux qui ne sont pas comme nous.

- Parce que vous pensiez que vous auriez réussit à garder secret quelque chose d'aussi énorme ?! Par les dieux, ne pas nous le dire c'est... »

C’était frustrant, car il comprenait un peu leur peur, leur désir de cacher ça. Mais…

« Quelque chose d'aussi énorme... ça ne fait pas de nous des monstres, nous sommes ceux que nous étions. Juste... plus intenses. »

(Bon sang, je dois faire quoi pour qu’on arrête de me balader à tout bout de champ…)

Prenant une profonde inspiration, L’enchanteur reprit quelque peu son calme, mais ne parvint pas à cacher complètement son agacement.

« Bon. Calmons nous, C'est pas grave, c'est pas le plus urgent. Votre lien, il va jusqu'où ? Vous partagez vos pensées ? Ce que je vous dis, tous les autres sont au courant ?

- Non, aucune pensée partagée. Nous sommes juste proches de chacun ici. Intimes. Nous avons partagé l'apocalypse : ça rapproche. »

(J’ai vécu l’apocalypse moi aussi, et j’ai pas eu de lien sentient avec les autres,) se retint de railler Akihito.

(M’est avis qu’Yliria n’aurait pas forcément été contre…)

(Alyah, sors de ce corps.)

« Alors venez me voir. J'ai à vous parler. En privé, avec Bellarien. »

Les deuc concernés acceptèrent et il prit la parole une fois à l’écart : ce qui allait se discuter pouvait créer un vent de panique chez les affamés, et c’était la dernière chose dont il avait besoin.

« Bellarien pourra m'interrompre si je me trompe car je ne suis pas au courant de tout, mais je vais être honnête, dame Vendran. Si les principales menaces à la surface d'Elscar'Olth sont écartées, l'état de la ville n'est pas très reluisant. Et sans doute avec lui, ses réserves de nourriture. C'aurait été gérable si vous étiez moins nombreux, mais... Il va falloir rapidement trouver une solution. Les sorciers à la surface ne vous abandonneront pas, j'en suis persuadé ; mais ça serait vous mentir que de dire que tout va s'arranger et que chacun pourra manger à sa faim, dans l'immédiat en tout cas.

- On a assez de viande fraîche a la surface pour nourrir la cité pendant des semaines, avec ces satanées bestioles. On manquait juste de mains pour... hé bien... nettoyer les carcasses. Mais ces monstres ont l’air tout à fait aptes à se nourrir...

- Par les dieux, Bellarien. Des jours sans manger quoi que ce soit, vous croyez que ça vous rendrait pas fou ? tiqua l’enchanteur en l’entendant les traiter de fou, avant de froncer les sourcils en voyant son cou. Evitez d'envenimer les choses et montrez moi votre cou. »

Un des sorciers affamés ne l’avait décidément pas loupé et si la blessure s’était stabilisée avec la rune, il n’avait aucune certitude quant à la durée de l’effet. Débouchant sa gourde d’un coup de pouce, il versa une puissante potion curative qui a défaut de le guérir complètement, allait lui permettre d’atteindre Zaraca sans risque.

« La nourriture ne sera pas un problème, alors. S'il vous reste des provisions, donnez-les aux plus faibles, et à une vingtaine de personnes qui savent dépecer des animaux ou préparer de la nourriture : les avoir en forme nous aidera à préparer rapidement de quoi nourrir tout le monde. Bellarien, je vous panse les plaies et on remonte pour organiser le tout avec Visselion. C'est bon pour tout le monde ?

- Il ne nous reste rien, regretta Tarja, ce qui fit grimacer l’Ynorien.

- Remonter, c'est vite dit. Je doute qu'ils soient assez agiles et en forme pour une partie d'escalade. Et puis pas sûr de vouloir les voir parmi les autres survivants : ils m'ont sauté à la gorge bordel ! Qu'est-ce qui nous dit qu'ils ne reitereront pas une fois parmi nous. Elle ?

- Moi.

- Alors nous n'avons pas de temps à perdre, enchaina rapidement Akihito pour éviter que la situation entre les deux sorciers ne dégénère. Dame Vandran, gérez les vôtres. Annoncez que les choses vont s'arranger, mais restez vague sur le "comment". Dites-leur de tenir encore un peu. Nous faisons au plus vite. »

il se pencha près d'elle et dire à voix basse, pour éviter que Bellarien ne l'entende.

« Et ne nous suivez surtout pas. Bellarien est sur les nerfs -à raison-, et d'autres sorciers aussi : vous voir tous arriver ajouterait une confusion qui n'aidera personne. Alors restez ici et attendez nous, d'accord ? »

La sorcière ne répondit rien, mais sembla comprendre le message. Akihito s’éloigna alors en posant la main sur l’épaule minérale du sorcier pour l’inciter à le suivre, ce qu’il fit.

« Venez Bellarien. »

Sortant de la salle, le retour fut d’un silence encore plus assourdissant : Bellarien était d’une humeur massacrante et le son amplifié de son pas rocailleux n’était pas plus arrangeant. Tout juste put-il savoir ce dont ils avaient parlé avant qu’il ne lui saute dessus.

« J'ai simplement demandé s'ils avaient besoin de quelque chose, leur ai dit qu'on allait les aider. C'est quand je leur ai demandé s'ils avaient encore de la nourriture qu'ils... se sont rués sur moi. »

Heureusement, le chemin fut bien plus bref que la recherche : en ligne droite, ils mirent tout au plus un quart d’heure à retrouver le couloir où les attendaient toujours la corde. La pensée du temps qu’ils avaient perdu à fouiller quand un groupe se trouvait si proche l’agaça un temps, mais fut balayé par la voix de Visselion qui résonna alors qu’ils arrivaient à la corde.

« Vous êtes là ! J'ai amené de l'aide.

- Restez là haut, on monte ! On doit parler ! »

De l’avis d’Akihito, il serait plus aisé de parler là-haut si des choses étaient à ramener, et il préférait que Bellarien remonte le plus vite possible. Jetant un œil à son état et à sa mine peu confiante alors qu’il regardait la corde se balancer lentement, l’enchanteur se saisit de l’extrémité de la corde et y fit une solide boucle.

« Attendez là, je monte et on vous tractera pour vous ménager avec vos blessures. Vous aurez qu'à mettre le pied dans la boucle. »

Le sorcier acquiesça silencieusement et l’Ynorien se mit à grimper en glissant ses pieds dans les prises artificielles ou non présentes sur la route. L’exercice était assurément plus fatiguant que la descente et Akihito remercia le destin qui avait poussé à ce qu’il ne puisse prendre avec lui son bouclier et son armure. Arrivant en haut, un accueil singulier l’attendait : Visselion et une demi-douzaine de sorciers, bien évidemment, mais il y avait aussi Yliria et Dracaena. Leur présence et surtout celle de l’Oudio qu’il était certain d’avoir vu se diriger vers le portail de Xël l’étonna, mais il remit ça à plus tard.

« Aidez moi, il faut remonter Bellarien. »

Ignorant la remarque narquoise sur la « magnifique vue offerte à Yliria », il se défit de son manteau et le plia pour le glisser sous la corde. Les frictions contre le bord irrégulier du trou pouvaient sectionner la corde pendant qui tractait Bellarien, sur un coup de malchance. Mais ce ne fut pas le cas et avec dix personnes pour tirer, remonter l’homme minéral ne prit pas longtemps.

« Alors, vous avez trouvé quelque chose ?

- Ouais, des survivants. Nombreux. Mais ils sont devenus complètement fous ! »

Aki posa une main sur l'épaule de Bellarien à la fois pour le calmer mais aussi pour l'intimer de ne plus s'emporter, puis il prit une grande goulée d'air et s'essuia le front d'un revers de la main.

« Pas fous... Juste... Désespérés, commença-t-il en levant une main pour indiquer qu’il n’avait pas fini, avant de continuer. On a retrouvé des survivants. Plusieurs centaines, à une quinzaine de minutes du puits. J'ai parlé avec Tarja Vandran et elle m'a raconté qu'ils ont survécus notamment en réactivant un des sceaux d'Elscar'Olth. ils sont affamés et n'ont plus rien à manger depuis des jours, raison pour laquelle ils s'en sont pris à Bellarien. Ils ont aussi pris de plein fouet la réactivation du Sceau de la salle du trône, mais... c'est pas le plus important dans l'immédiat : il faut les aider et leur apporter de la nourriture en dépeçant des bestioles qui vous ont attaqués par exemple.

- Tarja Vandran... Hmmm. Et vous dites qu'ils ont eux-mêmes rallumé un sceau ? C'est un exploit.

- La faim... Ça a tendance à pousser à certaines extrémitées... »

La jeune femme semblait en savoir quelque chose, et ce n’était pas un sujet qu’il était pressé d’aborder avec elle.

« Il faudrait que certains aillent prévenir Alossarh, qu'il rassemble des volontaires, de l'eau et des vivres pour venir en aide aux survivants, quitte à ralentir le déblayage pour le moment. Il faut des gens capables de gérer des débordements, au cas où. Moi et les miens allons dégager un passage aussi sûr que possible avec l'aide de Visselion, mais on ne sera pas assez nombreux... Ssussun ! »

L’invocation apparut près d’elle, toujours sous son apparence plus naturelle mais moins habituelle de poisson non fait de lumière. La solution d’Yliria était simple : creuser un escalier. Dracaena était dans tous les cas partant.

« Y z'auront plus de chance de se casser les dents sur mon écorce que sur la vôtre !

- Vous n'êtes pas très appétissant, faut dire, commenta Bellarien avant de retourner son attention sur Akihito. Désespérés ou pas, ils ont perdu toute humanité, et je doute qu'ils la retrouvent. C'est un danger que nous devrons gérer tôt ou tard. »

La furieuse envie de hurler sur Bellarien traversa l’esprit de l’enchanteur suffisamment longtemps pour qu’il s’apprête à le saisir au col, mais il revint à la raison et suspendit son geste. Ce qu’avait vécu le sorcier n’était aucunement simple et sa colère plus que compréhensible. Il avait simplement besoin de temps pour se calmer.

« Vous ne pouvez pas être très objectif vu ce qui vous est arrivé, mais gardez à l'esprit que ce sont les vôtres, Bellarien. Des histoires de régions frappées par la famine qui arrivent à ce genre d'extrémités, il en existe. S'ils n'étaient plus "humains", ils n'auraient pas pris le temps de discuter avec vous ou moi, appuya-t-il avant de pointer l’extrémité du couloir. Allez vous faire soigner par Zacara, vous aurez encore trop de griefs si vous nous accompagnez et ma potion a peut-être arrangé votre plaie, mais elle peut s'aggraver.

- Ouais. Plus j'me tiendrai loin d'eux, mieux ça vaudra pour tout le monde, apparemment. Si on vous voit pas revenir, on sait où vous aurez fini... »

Bellarien grommela mais finit par accepter la proposition de l’enchanteur. De leur côté, les trois autres s’accordaient sur la manière de lancer le sort : Yliria allait lancer le sort, Visselion le stabiliser au cas où et les autres allaient l’alimenter en puissance.

« Désolé Yliria, mais à veiller toute la nuit et à faire mes tests, j'ai pas pu reposer ma magie. Elle est trop instable, donc faudra faire sans moi.

- Pas faute de t'avoir dit de te reposer. »

Il haussa les épaules. Lui faire remarquer que ni lui ni elle ne savait que cela allait l’empêcher d’user de la magie sous toutes ses formes, ou qu’elle se montrait aussi protectrice envers lui que ce qu’elle lui avait reproché n’allait aider personne.

« Du coup, m'si..Akihito, z'allez chercher d'l'aide auprès des autres en attendant ?

- Non Drac, répondit l’enchanteur un peu surpris de voir le ‘’m’sieur’’ finalement disparaitre, je vous suis. J'ai pas ma magie avec moi, mais je ne suis pas encore trop fatigué physiquement. Et vous avez besoin que je vous montre le chemin. »

Il ne comptait pas pour autant rester les bras ballant et sorti une rune de sa bourse et la montra à Yliria en passant se placer un peu en arrière : il s’agissait de la rune Tao, « Magie ».

« Si ca tourne au vinaigre, ou si y a besoin d'un deuxième coup de magie avec plus de puissance. »

Il fit rouler ses épaules, puis vérifia que son marteau comme sa Kizoku étaient prêts à être dégainés. Sans sa magie, c’était tout ce qu’il lui restait si l'incarnation des Escaliers venait leur rendre visite.


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HRP : Sort une rune "Tao" et s'apprête à l'utiliser si ça tourne mal.
Bon du Ponctuel engagé, relance si en dessous de 50.

Consommation d'une grande potion de soin, d'une rune Ni.
Echange temporaire dans l'inventaire des positions du Rempart des Innocents et de la Kizoku-Rana.

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » ven. 22 sept. 2023 18:55

C'était un désordre incroyable. Les cadavres venaient d'être charriés ailleurs, on avait les bottes dans le sang, la terre, la boue, la pierre, le sol était cousu à points serrés d'une myriade de traces plus ou moins profondes. Mathis et moi avions su trouver dans ce ramassis de traces quelque chose qui pouvait s'apparenter à des traces de bottes, des bottes fines avec un enfoncement assez léger signifiant qu'elles étaient portées par quelqu'un de léger, la démarcation était nette et donc relativement fraîche. Si ça se trouve j'avais tourné en rond et on s'extasiait sur mes traces de pas... Mathis me demandait si je savais par où aller, je levais les épaules un peu bêtement en grimaçant.

" Bah... non. Je ne suis jamais venue sur Alieanon. Je ne saurai même pas où trouver des fraises. "

" De mémoire, sur la carte improvisé que nous avait gribouillé Simaya, il y a long à marcher avant d'arriver à la civilisation, si on va vers le Nord... il y a des Monts dont je ne me souviens plus du nom et un peu à gauche, une région réservée aux Titans..."

" De mémoire... plan improvisé... gribouillé... "

Je posais mon index sur ma bouche, faisant mine de réfléchir avant de m'exclamer toute contente, à peine en exagérant :

" Ça me paraît être un plan parfait. Qu'attendons-nous ? "

N'ajoutant rien, Mathis m'adressa un sourire et se mit en route devant mon regard médusé. Il n'avait pas compris mon ironie pourtant si grossière qu'elle se verrait de la lune ?

" Hey mais hey ! Il est pas du tout parfait, on ne sait pas du tout où on va. La Shaakte se débarrasse de nous, tu as remarqué au moins ? "

"Non, je n'avais pas remarqué,.. je n'ai pas l'habitude qu'on veuille se débarrasser de moi.... mais vu le ton de réprimande qu'elle a employé, ce serait fort possible oui. "

Et bien, c'était la meilleure. Je ne savais pas ce qui était le plus surprenant, elle n'avait pris aucune pincette pour nous éloigner mais il ne l'avait pas compris ? Quant à ce qu'on ne veuille jamais se débarrasser de lui et bien... Il ne faut pas perdre espoir, ça viendra bien un jour avec le talent. En attendant, je me retrouve là, avec un grand blondinet qui attend visiblement que je me décide pour continuer. Alors, que faire ? Ca me revenait subitement sur les épaules et je n'avais pas spécialement envie de me mouiller dans cette histoire, aller chercher sans aucun renfort possible des monstres dans leur tanière ou une Simayamachin quelque part, on ne sait où, on ne sait comment, je trouvais ça pauvre.


"Par contre, si la trace des bestioles n'ont rien donnés, nous avons celles, enfin je crois, de Simaya... et ça, c'était pas prévu, mais c'est une bonne chose."

" Je pense pas. Enfin... "

Je me pinçais l'arrête du nez, vaguement fatiguée. " Simaya a disparu il y a quatre. Non. Cinq jours. Il y a eu un combat ici et on ne peut pas espérer que ces traces soient fiables. Est-ce une bonne chose de perdre notre temps, déjà précieux, à suivre une piste aussi maigre ? "

"Je comprends votre hésitation et je la respecte. Si vous pensez que suivre cette piste est une perte de temps, libre à vous depouvez retourner auprès des autres pour leur dire que la piste des bestioles n'a rien donné. Vous pourrez leur informer par le fait même que je vais poursuivre la piste que je crois être celle de Simaya. "

" Oui, je comprends, mais eux non plus ils veulent pas trop de moi. Je comprends que tu préfères être seul qu'avec moi avec ce qui est arrivé. " Disais-je en baissant la tête, un peu contrariée d'être sans cesse envoyée à gauche à droite sous prétexte que les gens ne veulent pas faire d'effort. Est-ce que c'était si compliqué que ça ? Et Hrist qui ne se manifeste toujours pas. Je me sentais de plus en plus seule et Mathis me semblait être une girouette, plein de bons sentiments et de bonne volonté mais j'aime bien avoir quelque chose de concret à me mettre sous la dent, surtout pour une mission en petit comité.

"Ne te méprends pas. Ce n'est pas que je ne veux pas être avec toi. C'est que je tiens à poursuivre la piste de Simaya et que je ne veux pas t'obliger à me suivre."


Mathis semblait comprendre mon malaise soudain. Je me sentais pousser comme une boule dans le ventre, j'étais fatiguée et triste.

"J'avoue me méfier de toi, le cauchemar m'a été très pénible et les conséquences de ma riposte furent désastreuses. Ce serait mentir de dire que je ne conserve pas une certaine rancune à ton égard, ainsi qu'un méfiance. Mais je suis assez intelligent pour reconnaître ton potentiel dans l'équipe et je ne vois pas d'inconvénient à travailler avec toi."

" C'est ma jumelle. C'etait pas moi. Mais de toutes façons personne ne fait la différence, alors je t'en veux pas. "

Je rajoutais simplement, le nez commençait à me chatouiller.

" Je préfère venir avec toi alors. Au moins a deux on a pas trop le choix que de se parler ou de se faire confiance, si c'est pour être mise a part là bas, j'ai peur de me mettre en colère contre la Shaakte. "

"Je ne connaissais pas la présence de votre jumelle avant l'expérience de notre mort. Mais à présent que vous êtes réunis. Dites-moi, quel est le moyen pour moi de savoir à laquelle des deux je m'adresse ? "

" Elle a disparu. Je ne pense pas qu'elle revienne. " Je n'avais pas su contenir le trémolo dans ma voix. Je venais de détourner la tête, trop tard pour qu'il ne puisse pas voir mes yeux brouillés de larmes.

"Votre présence est la bienvenue à mes côtés, et comme vous dites, rien de mieux qu'une recherche ensemble pour apprendre à se connaître et à se faire mutuellement confiance. "

Il parlait de confiance... Alors qu'il venait de nous massacrer d'un coup de tête à cause de sa satanée magie. Et il osait parler de confiance ? Je n'avais confiance qu'en Hrist, elle seule était à la hauteur de mes espérances et elle seule a toujours été là pour moi, me protéger, m'encourager, me défendre. Et voilà qu'on osait parler de confiance avec autant de légèreté qu'une envie de pisser derrière un buisson.

" Vous m'avez toujours chassée. Vous savez pas ce que ça fait d'être comme ça. Elle m'a toujours protégé quand vous étiez moqueurs et méchants et elle est plus là à cause de vous. De vous tous. Et qui va me protéger maintenant ? Qui va m'aider à faire face maintenant que j'en suis privée ?! Elle a toujours été là pour moi et elle est morte. Par votre faute à tous. Ça vous aurait coûté quoi d'être gentils ? "

J'avais le visage balafré de larmes noires, cette saloperie de corruption allait avoir ma peau et vraiment, je m'en fichais. Je n'avais plus envie de quoique ce soit, j'avais tellement compté sur elle tout ce temps que maintenant je n'aspirais qu'à la mort et au silence. Je m'étais approchée de lui, j'avais eu le temps d'une fraction de seconde envie de le tuer, de lui faire payer le prix de son insupportable insolence, son fiel, sa cruauté. Je me voyais déjà frapper à sa gorge pour lui fendre la trachée et perdre mon regard hypnotisé dans ses yeux jusqu'à cueillir la dernière étincelle sous la douce musique d'un dernier souffle. Mais au lieu de ça, je saisis son col pour le secouer.

" Elle est partie. C'est a cause de vous. Cette expédition est un désastre, j'ai l'impression d'être morte, d'avoir tout perdu. Tu sais pas ce que ça fait. "

"Elle va revenir, bientôt, elle ne vous a jamais laissé tomber, et c'est pas aujourd'hui qu'elle va le faire, soyez un tout petit peu patiente." Avait-il murmuré tout en essuyant de son pouce une larme sur mes joues tremblottantes.

Je me sentais faible, fatiguée comme privée d'une partie de moi. Quelque part, c'était le cas, il me manquait ma meilleure moitié, mais aussi la pire. Nous étions un tout et sans elle... Je me sentais différente, comme si je ne pouvais pas respirer complètement, comme si un magnifique panorama ne m'apporterait pas toute la joie de vivre que j'aurai dû ressentir...

Je me sentais étouffée, ici avec eux, il étaient tous là, je sentais du fiel, des moqueries, même en conversant avec eux je n'étais pas tranquille, je ressentais toujours quelque chose comme un doute, une crainte... Ils avaient bien raison d'avoir peur de Hrist mais moi...

" Ensevelie vivante parmi les vivants... voila ce que je ressens. "

Je sentais mes tempes battre des flux de sang dans ma tête, comme si l'adrénaline chassait une migraine. Mathis avait été surprenant, il n'avait pas eu peur, il avait cherché à réconforter quelqu'un comme moi, hostile, cruelle, assassine et pourtant il a pris le temps de me réconforter alors que j'étais en détresse, il aurait pu me tuer, me chasser ou simplement m'ignorer et me laisser sombrer dans la folie... Ensevelie vivante parmi les vivants.


"Venez, nous allons retrouver Simaya et montrer notre valeur à ceux qui doutent de nous" Disait-il en tendant une main amie. Je m'appuyais dessus pour gagner un peu de hauteur et lorsque je me trouvais face à lui, les hocquets de pleurs qui hantaient encore ma poitrine, je le pris dans mes bras.

" Merci, Mathis. Je n'en crois pas un mot mais merci de ne pas t'être moqué de moi. " Avais-je pu murmurer au creux de son oreille, j'espérais que ce triste moment resterait un secret qu'il emporterait jusque dans la tombe sans jamais le divulguer.

" Allons trouver Six-mayas. " Disais-je en reniflant un glaire de corruption et essuyant sans trop y croire les strilles noires de corruption sur mes joues. De toutes façons, à la première utilisation de l'ombre noire, ça recommencerait.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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