Lac Andel et Andel'Ys

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Jorus Kayne
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Jorus Kayne » ven. 15 mars 2024 16:13

"On est rentrééééés !"

La voix enjouée d’Alériia se fait entendre dans l’auberge, suivie de près par celle de Sally qui nous offre à la voix la puissance de son coffre vocal, ainsi qu'un timbre de voix à sonner les mouches. L’appel est lancé et les premiers pas se font entendre dans le couloir et quittent l’espace des chambres. Je termine de ranger mes affaires, planque mon fouet dans mon sac et fait de même en descendant au rez-de-chaussée. Une table ronde, assez de chaises pour tous et la demande d’un pichet de vin, il ne reste plus qu’à écouter nos camarades.

Hélas, c’est chou blanc. Si je préfère le résumé d’Ahikito à la minutie du détail de Mathis, il y a un point que je retiens de ce dernier, c’est les mâles de notre groupe pourraient bien finir en repas pour une certaine Harpie dépourvu d’aile. Ca et le souvenir du régime alimentaire des Harpies, je crains le pire. Toujours est-il que le Sans-Visage n’est pas bien vu ici et étant notre principal allié face au Dragon, je crains le pire si notre association avec lui se fait savoir en ville. Je ferme les yeux et espère qu’une telle chose ne se fera pas, nous laissant dans ce cas de figure, à la merci de la bienveillance de Guigne. De l’entrevue qu’ils ont eue, au mieux les individus présents seront aptes à affronter les suivants du Dragon, mais pas notre ennemi lui-même.

Puis Yliria relate son entrevue avec Guigne. Celle-ci nous aidera tant que nous protégeons la cité et le Titan. En soit, pas de changement dans notre plan initial. En revanche, il est mention des sœurs de Guigne. Réunies, elles sont capables de rivaliser avec un Titan et donc un soutien face à notre ennemi. Yliria compte partir à leur recherche dans deux jours à Arothiir et Treeof, lorsque ses équipements seront réparés. Il n’est nulle mention du tourment qu’à subit Zaria et qu’importe, si le plan parait très intéressant, il y a un problème notable.

"Oui j’ai une question. Il se passera quoi si on n'arrive pas à retrouver ses sœurs ? Si je ne me trompe pas, il y avait trois harpies lors de la destruction de la Tour d’Or. Deux ont emprunté le fluide sans guide. La dernière, Sable je crois, elle l’a passé avec nous et aux dernières nouvelles elle devrait être encore présente sur Yuimen. Je crois bien qu’elle avait mentionné les deux autres Harpies comme ses sœurs. Ca va rendre les choses plus compliquées du coup. Mais peut-être arrivera-t-on au moins à retrouver la dernière. A-t-elle évoqué ce qui lui est arrivé après avoir pris le fluide ? Ca pourrait nous aider à retrouver la dernière disparue."

Si Guigne est parvenue à réapparaître après l’utilisation du fluide sans faéra, on ignore si sa sœur qui l’accompagnait a fait de même et de plus, la dernière sur la liste est présente sur Yuimen et donc inatteignable pour l’heure. Ce qui est sûr c’est qu’il n’y aura pas de trio des Harpies pour nous aider.

Evoquant l’aide que dois nous apporter Guigne concernant des êtres pouvant nous aider en ville, elle est interrompue par Sally et son respect du titre honorifique de la reine ainsi qu’un cruchon de vin. Réagissant à la précision des mots de Mathis, la harpie fait de même en nous expliquant que sans elle, nous aurions retrouvé nos camarades vidés de leur sang. La question est de savoir ce que nous allons faire dans les prochains jours.

Concernant la question que j’ai soulevée, Yliria explique que l‘accord n’engage qu’elle et qu’elle échangera avec la reine si la recherche est impossible. D’ailleurs, la mention des retrouvailles des sœurs devrait pousser sa majesté à parler. Puis elle fait mention que nous avons besoin de mage et non de force de frappe. Hélas, cela va être compliqué d’en trouver ici, alors que la magie est proscrite. Puis elle confirme à Vissélion qui le demande qu’elle ne partira pas en excursion sans son équipement au complet. Mathis demande à Zaria si elle peut user de ses pouvoirs de vision pour savoir où sont Xël et Silméria, éventuellement le passé et le futur du Titan et enfin, tenter d’appeler le Sans-Visage pour lui demander ce qu’il sait du Titan et s’il peut entrer en contact avec lui.

J’écoute tout ça en portant un verre de vin à mon visage, sentant un arôme peu agréable au premier abord. Cependant, je sais qu’il ne faut pas se fier aux apparences avec Sally. Je goûte donc une gorgée du breuvage, avant d’en être dégoûté. J’ignore s’il y a du soleil dans le coin, mais le raisin qui a engendré ce vin n’a peut-être eu qu’une notion très vague de la lumière de l’astre.

"Ce qui est sûr c'est qu'on ne risque pas la ribote avec ce truc !" Dis-je assez bas pour que Sally ne m’entende pas, avant d’enchaîner aux propos de Mathis. "La question n'est pas s'il le peut, mais plutôt s'il le fera ! Et tant qu'à faire des demandes auprès de Zaria, on ignore toujours où se trouve Maïssa. Il faudrait aussi chercher à savoir où se trouve notre charmant ennemi ailé et porter notre attention sur les Titans restants. Il y en a un entre le royaume d'Ouessie et le royaume Pâle, au nord des Montagnes de Sansarth. Le second à l'est du Raa'ska, au sud du royaume Pâle. Aléria, je connais mal la géographie de votre monde, on se trouve à l'un de ces deux endroits ?"

Jusque-là resté silencieux depuis le rapport de sa sortie, Akihito s’agace de voir plusieurs sujets évoqués à la fois. Il évoque l’intérêt de communiquer avec le Titan, par nos propres moyens ou par l’aide de quelqu’un dont la reine a connaissance, avant de se faire réprimander par Vissélion. Une remarque qui m’oblige à retenir le sourire qui naît en moi. Cité précédemment, Zaria évoque ses dons de vision qui lui permettent effectivement de voir le passé et le futur de Titan, mais il est très complexe de retrouver quelqu’un sans indice. Cependant, ses pouvoirs sont liés à la Pierre de Vision et son pouvoir est absorbé par les Cadi Yangin de Néo-Messaliah. A présent, elle n’en a plus l’accès. Puis Aleriia reprend les localisations que j’ai données des Titans. En vérité, il s’agit de Pays des Titans nommés le Chaos d’Ethel’Ar près du désert et les Landes Arcaniques à l’est de notre position. Finalement, Andel'Ys serait située au milieu de ces deux endroits, bien que plus proches des Landes Arcaniques. Elle met cependant l’accent sur la dangerosité de ces régions où la réalité physique diffère d’ailleurs.

(Des noms et descriptions très accueillants pour le tourisme !)

(Menteurs ! Derrière ton sarcasme, je sens déjà ton excitation à aller y fourrer ton nez même si ça paraît dangereux !)

Vissélion lui pointe du doigt l’improbable aide du Sans-Visage après le traitement qu’il a eu de notre part dans sa propre demeure, avant de s’interroger sur notre position actuelle, située à égale distance des pays des siens, ou alors sur la puissance potentielle de ce lieu. Aleriia enchaîne en mettant l’accent sur l’aide que nous requérons et que s’il s’agit de magie, ce n’est pas en ce lieu que nous allons la trouver. Malheureusement, sans aide magique ou en dehors des limites physiques, rien ne nous sera utile contre le dragon. C’est en tout cas l’idée que confirme Akihito et Yliria, avant que celle-ci consent comme nous qu’il y a une raison valable qui a poussé le Sans-Visage à nous avoir amené ici.

Mathis poursuit le débat concernant la recherche d’aide en visant des êtres singuliers ici, dissimulant ses propres pouvoirs. Il poursuit ensuite sur la possibilité de contacter avec le Titan, malgré les craintes du Sans-Visage à parler avec les siens, bien différents de lui. Je profite de l’occasion pour appuyer ses premiers propos.

"Il y a une différence entre être un mage et user de sa magie. Dis-je en évoquant le mot tout bas. "Cela pourrait être quelqu'un qui possède des dons, mais ne les utilise pas. Durant notre quête, on a rencontré une personne capable d'affecter les autres au son de sa voix. Incapable de maîtriser cette aptitude, elle s'enferme dans le mutisme pour n'atteindre personne. S'il y a quelqu'un comme ça ici possédant une magie proscrite, il serait particulièrement discret et un peu à l'écart des habitants. Quand on aura déterminé quoi faire, j'aimerais bien connaître la raison derrière ce rejet de la magie ! Mais tu vois quelqu'un qui pourrait coller à la description dans cette cité ?"

Il y a effectivement quelqu’un qui colle à la description : son frère. Un être très puissant, quelque part dans le royaume, qui aurait hélas perdu la raison. Puis, guettant Akihito du regard, Aleriia me murmure que les hommes pâles n’ont jamais eu de magie. Ils la haïssent autant qu’ils en ont peur. Tandis que je hoche la tête pour signifier que j’ai fait attention à ses propos discrets, Akihito résume notre action à venir, à savoir communiquer avec Andi. A moins d’user d’artéfact particulier. Il nous faudra user de nos pouvoirs et la présence de Xël pour lancer le sort lui paraît importante. Or, j’ai été dans le corps du Titan des tempêtes. J’ai perçu au travers de ses sens. Ce que disait le Sans-Visage concernant la différence entre lui et eux m’est plus compréhensible à présent.

"Le véritable problème n'est pas de savoir si on sera assez nombreux, mais comment on va procéder. On ne communiquera pas si on pense comme nous. Ils sont...les éléments eux-mêmes ! Si Simaya est parvenue à communiquer avec le Titan de la magie c'est peut-être parce qu'il était question de magie. Je l'ai vu au travers du Titan des tempêtes, ils perçoivent le monde autrement." Dis-je en jouant des mains devant moi pour accentuer les propos. "J'ai vu les vents, les courants d'air chaud et froid, j'ai perçu...j'ai perçu tes fluides !" Fais-je en regardant Akihito. "Faut se poser la question de comment... comment on parle à une tempête ? On projette notre esprit au risque de se le mettre à dos comme les autres ? Et on ne sait pas de quel élément est lié Andi !"

Puis je me tourne vers Visselion.

"Vous étiez dans l'un d'eux. Qu'en pensez-vous ?"

Selon lui nous rendons les choses beaucoup trop compliqués. Il suffirait, en lançant le sort pour communiquer avec Andi, d’y incorporer un traducteur Titan-humain et le tour serait joué. Tellement simple qu’on n’y avait pas pensé. Une autre conversation se poursuit et si elle met de côté ma présence de Xël pour communiquer avec le Titan, il s’oriente sur le frère d’Aleriia. Un être qui aurait laissé sa Bête intérieur prendre le dessus. Violent et sauvage, nous risquons au mieux la mort au pire dévoré et vu la description qui m’est faite, il pourrait être adepte de chairs encore vivantes.

Si Akihito s’inquiète de la situation de Xël, mais rapidement Yliria lui rappelle qu’il connaît ce monde et sait se débrouiller. Qu’importe le mage donc, demain lorsque le soleil sera levé et les habitants cloîtrés chez eux, sera le moment propice pour aller voir le Titan. Changeant de sujet ou le pensant clôt, il demande à la belle enchanteresse si Guigne accepte la présence d’homme dans la recherche de ses sœurs. Cependant, le problème est que si la reine apprécie de voir des hommes, elle les préfère crue. Qu’importe si Yliria affirme ne vouloir aucun homme auprès de Guigne, cette révélation sur le régime alimentaire me suffit amplement. Je la regarde un instant avant de reporter mes yeux sur Aleriia et le questionnement de Mathis sur son régime alimentaire revenant encore en mémoire.

"Ha ! Charmant tout ça !" Puis je profite que le frère de la harpie soit toujours d’actualité pour penser à autre chose. "Concernant votre frère, nous avons la capacité je pense de l'aider à résister à ses démons intérieurs. Reste à savoir si cela vaut le coup !"

(Oui il serait dommage qu’on le calme et qu’au petit matin, une fois le sort à son terme, qu’il nous saute dessus pour le petit-déjeuner !)

Cependant, Aleriia semble regretter de nous avoir parlé de lui au vu du danger encouru. Surtout qu’il faudra le retrouver. Je regarde sur moi, tâtant mon propre corps de mes mains en quête de mon monocle, histoire d’être fixé sur le sort de Xël. Hélas, je l’ai laissé avec le reste de mes affaires.

"Fichtre, j'ai laissé mon monocle dans la chambre. J'irais voir comment se porte Xël une fois en haut !"


Soulevée par Mathis, la conversation se porte sur la bague du Sans-Visage et l’utilité à tous se faire marquer pour communiquer les uns avec les autres. Mais rapidement Akihito s’y oppose rappelant que le créateur de la bague a clairement signifié qu’il s’agit d’un moyen de communication exceptionnel et le reprendra s’il nous en juge indigne. Mieux vaut de pas l’utiliser pour le moment, vu l’opinion qu’il a de nous. Puis il s’intéresse à moi ou plus particulièrement à mon monocle, me demandant comment cela fonctionne.

"Que je sache, la bague devait servir à communiquer d'un marqué au porteur et inversement, ainsi qu'au Sans-Visage. Tant qu'on ne le dérange pas, c'est notre meilleur moyen de communication pour des groupes séparés. Néanmoins, je n'aime guère l'idée d'être marqué ainsi ! Peut-être que la nécessité s'imposera à moi, mais pour l'heure, ce n'est pas nécessaire." Dis-je, mes propos faisant écho à ceux d’Yliria.

Puis je porte mon attention sur Akihito pour répondre à sa question.

"Ben...je le mets, je demande à voir quelqu'un et je vois la personne. C'est tout ! Après ça ne devrait marcher que sur les personnes que je considère comme proches. J'ai ainsi pu voir Maïssa et Sim...Simaya." Dis-je en terminant avec tristesse, au souvenir de ce que j’ai vu.

Akihito s’interroge sur les possibilités du monocle et si je ne comprends pas, ma faéra me l’explique.

(Je crois qu’il essaie de l’utiliser pour communiquer par son biais. Mais c’est peine perdu, il faudrait que la personne porte constamment sur elle un message en espérant qu’il soit lu.)

Inquiète de l’état de Simaya, Glanaë nous demande comment elle va. Peut-être a-t-elle été trop affectée par la mort de son époux pour entendre les révélations du Sans-Visage. C’est Akihito qui évoque les événements qui l’entourent avant de finalement dire qu’on ne sait pas vraiment, même si son décès a été déclaré.

"J’ai utilisé mon monocle pour la voir et…je l’ai vue, chose qui ne devrait pas être possible si on est mort normalement. Sauf si le monocle peut aller au-delà de ce qui est invisible. Son corps n’est plus, mais elle subsiste toujours dans une autre forme. Comme l’a dit Akihito elle a été capable d’user de ses pouvoirs de la Lande Noire jusqu’au désert du Raa’ska avec une puissance bien supérieure à ce qu’elle n’a jamais pu faire, j’en ai été témoin. Le Sans-Visage lui-même ne comprend pas comment cela est possible."


La nouvelle bouleverse Glanaë qui préfère s'en aller dans sa chambre. C'est compréhensible et personne ne tente de l'en empêcher. C'est même le moment pour mettre fin à notre petite réunion et aller nous-même nous reposer. Espérant que les habitants ne provoquent pas un raffut inimaginable. Je fais de même et m'en vais retrouver ma couche. J'examine encore mon bras meurtrie par la coupure de mon fouet. Les lésions sont encore un peu douloureuse et pour éviter de mal dormir, je déverse une autre dose de potion de soin dessus, puis tâche de trouver le sommeil.
Les termes en italique sont évoqué bas pour que seuls ceux à table les entendent.
Utilisation d'une potion de soin moyenne.
Jeu de mot : ribote
Modifié en dernier par Jorus Kayne le sam. 16 mars 2024 09:30, modifié 2 fois.

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Yliria
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Yliria » ven. 15 mars 2024 23:50

post squelette

- Participe à la discussion
- Emboite le pas de Glanaë après qu'elle ait quitté la table

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Cromax
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Cromax » sam. 16 mars 2024 15:13

Cauchemar en Aliaénon : Andel’Ys VI



Chacun alla se coucher, prêts pour une nouvelle nuit dans ce monde pour le moins hostile. Quand le lendemain sonnerait, ils devraient choisir leur objectif, chacun.




[HJ : Puisque personne a lancé d’objectif pour le lendemain dans son post, seule la nuit est accessible. Reposez-vous, rêvez si vous avez envie. Faites des apartés entre vous ou avec les PNJ.]


[XP :
Akihito : 0,5 (discussion)
Mathis : 0,5 (discussion)
Jorus : 0,5 (discussion)]




[Jeu des mots :
Akihito : 5 points.
Jorus : 5 points.]

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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Yliria » jeu. 21 mars 2024 22:01

Je suivis Glanaë à l’étage, un peu perturbée par sa réaction. Je ne savais pas qu’elle connaissait Simaya et était visiblement proche d’elle et je craignais un peu ce qu’elle allait faire. Je ne voulais ps la brusquer, mais elle ne devait pas se lamenter seule, ça n’apportait jamais rien de bon. J’en savais quelque chose. Alors je la rattrapai et posai ma main sur son poignet avant qu’elle ne puisse ouvrir la porte de sa chambre. Son regard me serra la poitrine quand j’y vis toute la détresse qui y était enfermée.

- Glanaë... Je sais que c'est beaucoup à encaisser, mais on ne sait pas vraiment ce qu'il en est. Elle est toujours là, d'une certaine manière. Ne te renferme pas sur toi-même, d'accord ? Je connais ce sentiment et je sais que tu as tout sauf envie d'en parler mais... prend le temps dont tu as besoin, mais ne t'isole pas.

Même sans vraiment la connaître, je l’appréciais suffisamment. Et je m’inquiétais pour elle. Elle avait trop perdu trop vite et n’importe qui aurait el droit de vouloir tout abandonner pour se lamenter. Et avec ses yeux embués et ses paroles pleines de détresse, j’étais convaincue qu’elle risquait de glisser vers ce gouffre.

- Je... tous ceux qui ont porté ma ville, qui nous ont montré l'exemple par le passé meurent les uns après les autres, ou disparaissent. Je perds courage. J'ai du mal à y croire encore.

Ma main glissa de son poignet à son épaule et je la serrai doucement. Elle avait semblé si forte quand on l’avait rencontré la première fois, et là…

- Je suis vraiment désolée, Glanaë, j'aimerais que ce soit différent. Je comprends et j'ai ma part de responsabilité dans tout ça... Mais on ne peut pas laisser leurs sacrifices avoir été vains... Si tu as besoin de temps, personne ne t'en voudra.

- Je n'ai pas besoin de temps, j'ai besoin que les causes de tout ça soient défaites. Que ce dragon de malheur périsse pour de bon.

Au moins elle n’avait pas tout abandonné, mais une autre pente toute aussi glissante que la première risquait fortement de l’entraîner également. J’allais veiller sur elle dans les deux prochains jours et probablement en parler à quelqu’un d‘autre après ça. il ne fallait pas qu’elle se perde dans sa tristesse ou sa colère. L’une comme l’autre pouvait être dévastatrice si on s’y abandonnait trop longtemps. Restait que je ne pouvais pas faire grand-chose dans l’immédiat, simplement lui assurer qu’on allait faire ce qu’on pouvait.

- On va faire tout ce qu'on peut pour qu'il disparaisse à jamais. Je te le promets.

Je la regardai partir après qu’elle ait demandé à rester seule. Je ne pouvais pas m’imposer ou la forcer à rester auprès des autres. Je ne comprenais que trop bien comment elle devait se sentir. Akihito pourrait sans doute également. Les autres… difficile à dire. Je soupirai en la regardant disparaître dans sa chambre et rejoignis la mienne, le cœur un peu lourd. Etait-ce à cause de ce que nous avions vécues avec Guigne ? Difficile à dire, mais je n’arrivais pas laisser ça de côté et à me concentrer sur autre chose que la vision de son visage déformée par la tristesse. Fermer le syeux n’aida en rien, alors je fis de mon mieux pour m’occuper, ettoyant un peu la chambre franchement pas terrible et faisant un peu d ‘exercice, chose que j’avais trop négligé jusque là. Cela me fit du bien au moins, même si je n’arrivais pas à me sortir Glanaë de l’esprit. Alors quand mon ventre grogna, je me rendis compte que je n’avais rien mangé de la journée et sortis de ma chambre avec l’intention de trouver un truc à manger dans cette auberge. Seulement, je ne m’attendais pas à tomber sur qui que ce fusse à cette heure…

- Salut Yli ! Comment se porte Glanaë ?

Jorus venait de débarquer dans le couloir en même temps que moi et s’approcha aussitôt. Je marchai sur des œufs avec lui depuis quelques temps et tout un tas d’interrogations se bousculaient dans ma tête, mais il me donna une porte de sortie sans même le savoir. Mon regard se porta vers la porte de la chambre de Glanaë et un léger soupir m’échappa.

- Aussi bien que c'est possible, vu les circonstances. Elle préfère être seule pour le moment.

- C'est compréhensible. Entre la perte d'Arthès et maintenant Simaya, ça fait beaucoup en peu de temps.

Je n’avais jamais douté de l’empathie de Jorus, mais il sembla plus au courant que moi concernant Glanaë. Peut-être que lui pourrait veiller sur elle quand je ne serai plus là pour le faire. Il pouvait être subtil quand il el voulait, après tout…

- J'ai rencontré Zaria et Glanaë de leurs retours de chez ...la reine. Je sais qu'il s'est passé quelque chose. Quoi je ne sais pas, mais Zaria avait l'air particulièrement affectée. Pourtant c'est quelqu'un d'assez solide. Selon elles tu es la seule qui pourrait me dire ce qu'il s'est passé !

… Mais pas systématiquement, comme il venait de me le prouver. Au moins il ne tournait pas autour du pot, mais je ne pus retenir une grimace. Zaria était censé ne rien dire, pas me désigner comme personne à contacter pour en savoir plus ! Jorus savait qu’il s’était passé quelque chose, maintenant…

- On a juste signé un accord avec Guigne, mais la Reine est à l'image de sa ville. Je ne plaisantais pas quand j'ai dit qu'elle aimait les hommes crus...

- Ce n'est pas la réponse que j'attendais !

C’est qu’il me crierait presque dessus, ce sagouin ! Et le voir se rapprocher autant n’était pas pour me rassurer non plus. Je n’avais pas peur de Jorus, mais depuis qu’il avait annoncé ses sentiments à mon égard, je faisais de mon mieux pour conserver une certaine distance. Et voilà qu’il venait me souffler dans les bronches à moins d’un mètre de moi. Ce n’était vraiment pas la situation idéale…

- Tu ne souhaites pas en parler soit, je ne vais pas insister. Mais je vais te poser une question, une seule, et j'aimerais que tu y répondes avec sincérité. Ai-je une raison de m'inquiéter ?

je cillai un instant, un peu surprise. Je m’attendais à ce qu’il insiste, mais il était étonnamment… mature. J’en découvrais tous les jours… Jorus semblait plus du genre à forcer quelqu’un à parler en appuyant sans cesse… soit ma vision de lui était faussée par quelques événements, soit… il faisait différemment parce que c’était moi... Difficile à dire. Au moins, il m’offrait une porte de sortie sans que je n’aie à faire quoi que ce soit.

- Absolument pas. S'il y en avait une, vous seriez au courant. Et le côté intimidation ne te sied guère, Jorus.

Clairement, il était bien plus dans son élément quand il fallait désamorcer une situation.

- J'aurais plus de chance d'intimider un Brok'nud qui charge que toi Yli ! Pardon si c'est l'impression que je t'ai donnée. J'ai posé la même question à Zaria et sa réponse...ne m'a pas rassuré sur le moment.

Ou alors pour servir de sac de frappe…

- Tu viens de me comparer à un Brok'nud ? Je sais pas comment le prendre...

- Mais non, t'intimider, c'est clairement pas l'idée qui me vient quand je suis avec toi...et seul !

Ah… On y était… allait-il revenir à la charge ou bien était-ce un très mauvais choix de mots et d’intonation complétés par une posture quelque peu intrusive ?

- Humm....Et quelle idée te vient, alors ?

Pourquoi je posais cette stupide question moi ? Je n’avais pas envie de savoir… probablement…

- Tu as cru que je t'intimidais alors quoi, tu penses que si mes mains s'approchent de ta nuque c'est pour t'étrangler ? Si elles effleurent ta veste c'est pour réajuster ton col ? Que si j'attrape tes mains c'est pour les ligoter ? Quoique... cette dernière n'est pas totalement à exclure !

Mais qu’est-ce qu’il racontait cette andouille ? Et pourquoi il se rapprochait ainsi en me forçant à lever les yeux ? Je commençai à me sentir un peu mal à l’aise avec cette histoire. Comment ça m’étrangler ? Il plaisantait non ? ou alors il y avait une métaphore qui me passait complètement au-dessus de la tête. C’était sûrement ça. Jorus ne souhaiterais pas sciemment ‘attacher et m‘étrangler, ça n’avait pas vraiment de sens.

- Tu n'as envie de faire aucune de ces choses, crois-moi. Viens-en aux faits !

- Je... Tu connais pourtant mes sentiments à ton égard ! Tu sais parfaitement de quoi je parle !

Je me doutais bien que ça allait revenir… Mais ça ne m’aidait pas vraiment à comprendre ce qu’il voulait dire…

- Quel rapport ? tu parles de me ligoter, qu'est-ce que ça a à voir avec tes sentiments ?

- Tu...tu l'ignores ? Quelle naïveté touchante !

J’avais envie de lui en coller une là, histoire de lui montrer qui était la plus « touchante » entre moi et ma main percutant son visage orné de son sourire un peu trop paternaliste.

- Je serais plus qu'heureux de d'approfondir tes connaissances, mais pas avant que l'on ne soit plus intime l'un envers l'autre j'en ai peur ! Je peux cependant te donner un bref aperçu, là, maintenant !

- Intimes ? Mais de quoi parles-tu...?

OH… Ce genre d’intimité… Je sentis mon visage devenir cramoisi. Je savais que ça allait dériver sur un sujet délicat de ce genre. Mieux valait éviter de trop s’y engouffrer. Même si j’avais un meilleur aperçu de tout ça après avoir vécu un moment des plus… intense avec Guigne et Glanaê, j’étais loin d’avoir l’esprit penché de ce côté-là… contrairement à lui, visiblement.

- Jorus... hrm... je suis désolée... Je t'ai dit que je ne ressentais pas la même chose que toi...

- Mais je le sais ça ! C'est toi qui m’as demandé quelle idée me venait en étant seuls. Je n'ai simplement fait que répondre à ta question Yli ! Tu vas bien ?

J’étais complètement perdue, c’était définitif.

- Et c'était quoi ton aperçu, alors ? Sois clair, Jorus, je ne suis pas la plus douée pour lire entre les lignes, tu devrais le savoir.

- Tu veux savoir ce que ça fait d'avoir les mains liées ? Quand bien même je ne franchirais pas la ligne, tu es... sûre de toi ?

Les mains liées ? Je fixai les siennes qui semblaient vouloir prendre les miennes. Des souvenirs remontèrent. Un poteau en bois sous un soleil écrasant. Une cale de bateau face un sourire énervant. Une autre cale, face à trois visages d’humains devenant des monstres. Toute chaleur déserta mon visage et je secouai la tête vivement. Pas question qu’on m’attache à nouveau. Jamais.

- Non.. non. Je... je sais ce que ça fait.

Je fis de mon mieux pour contrôler et cacher les tremblements de mes mains rien qu’à cette diée. Je me doutais bien que Jorus ne me voulais pas de maL. Il voulait mon bien, en quelque sorte, de ce que je pouvais imaginer, mais je ne pouvais me dire que quoi que ce soit me nécessitant attachée pouvait vraiment être une bonne chose. Trop de mauvaises provenaient de cette situation particulière. Et pas question que je la vive avec Jorus, peu importait ses réelles intentions.

- Ha oui ? Vu ta réaction ce n'est visiblement pas un souvenir plaisant ! Dommage !

- Non... rien de plaisant..

Il se méprenait complètement sur moi… j’étais certaine qu’il imaginait bien plus que ce qu’il ne s’était réellement passé. Ou bien moins, difficile à dire. Et attendez une minute !

- Comment ça dommage ? pourquoi voudrais-tu m'attacher exactement ?

Il ne répondit pas, préférant m’ébouriffer les cheveux de sa main. Je plissai les yeux. Même s’il était vraiment gentil à ne pas vouloir ramener de douloureux souvenirs, ce n’était que ça : des souvenirs. Je voulais savoir. J’attrapai son poignet d’un geste vif, mais sans le serrer. Je voulais juste qu’il arrête de ruiner ma coiffure.

- Tu ne pouvais pas savoir. Mais j'ai quand même envie de savoir. Répond à ma question s'il te plaît. Et laisse mes cheveux en paix, malandrin !

Je pus lire qu’il se retenait de rire face à ma réaction, mais e n’avais pas prévu qu’il se mette littéralement aussi proche de moi qu’il el pouvait, son torse se collant au mien et son visage si proche que je pouvais sentir son souffle sur ma peau. Et mon cœur rata un battement face à une telle proximité avec une telle tension entre nous. Je n’aimais pas que mon corps réagisse ainsi, mais ce fut pire lorsqu’il ouvrit la bouche.

- Avoir les mains liées c'est s'abandonner à l'autre, à son désir, à son plaisir, sans être capable de s'en défaire. Ça peut paraître une position inconfortable, mais si on arrive à laisser ce sentiment de côté, cela permet de laisser tous ses sens en éveil ! Un simple souffle sur la peau devient une caresse, le contact charnel devient lui, plus intense. Plus rien d'autre n'a d'importance que le moment présent. On ne le ressent plus, on le vit totalement tout comme on s'y perd ! Le rôle de celui qui ligote n'est pas à prendre à la légère. S'il s'apparente à un prédateur, il ne doit pas se laisser dicter ses actes par son désir personnel, mais contrôler chez l'autre tout en faisant monter la tension ! Il y a autant de manière de faire que d'individus ! Moi je plongerais mon regard dans le tien jusqu'à en perdre la raison. Je t'embrasserais passionnément nos corps l'un contre l'autre, sentant nos cœurs battre à l'unisson. De ma bouche et de mes mains j'apprendrais tous les recoins de ta peau, chaque sillon, chaque forme, jusqu'à être capable de reproduire ton corps les yeux fermés. Tu voulais savoir ? Voilà un bref aperçu ! J'envie déjà celui qui pourra vivre ce moment privilégié avec toi !

Je restai tétanisée pendant tout son monologue et quelques instants encore après. J’avais du mal à vraiment être certaine d’avoir bien entendu. Une foule d’images me passèrent devant les yeux sans que je ne contrôle rien et mon cœur accéléra quelque peu alors que mon corps s’embrasait sans que je ne contrôle rien du tout. Il m’avait complètement prise par surprise et je me sentais stupide et n’aimais pas du tout ce que cela faisait à mon corps et à mon imagination. Cette dernière devenait soudainement un peu trop vive à mon goût.

- Oh.. je.. erhm.. tu.. Hmm... mais je...

J’enfouis mon visage dans mes mains pour cesser de el voir me fixer de cette manière. C’était presque plus facile quand les gens me regardaient avec dégoût, je n’avais à m’en soucier. Mais là…

- C'est ma faute pour avoir demandé, j'aurai pas dû...

Je libérai mon visage et passai mes mains dans mes cheveux, les rabattant vers l’arrière pour occuper mes mains qui ne savaient décidément plus quoi faire. Un peu comme tout le reste de mon être, en fait. Pourquoi tout semblait toujours revenir à ce genre de choses ces derniers temps ?

- Je n'imaginais pas... ÇA. Et arrête d'envier qui que ce soit, parce que ça n'arrivera jamais ! Être ligotée, et puis quoi encore ? Pourquoi les gens sont-ils obsédés par ça ?

- Je... j'avoue que je m'attendais pas à ce genre de...réaction ! Pourquoi dire jamais alors que ça t’est déjà arrivé ? Tu n'es peut-être pas juste tombé sur le bon partenaire ! Les mauvaises expériences arrivent, mais ce n'est pas une généralité soit en certaine ! Cependant, ce n'est pas une question d'obsession c'est juste que...je trouve ça...aussi naturel qu'agréable. Si c'est bien fait cela va de soit ! Je dirais même que c'est un besoin. Pas vital oui, mais si même les lapins s'ébouriffent le pompon c'est que c'est dans l'ordre des choses non ?

Ah… j’avais raison… il pensait que j’avais une quelconque expérience de ce genre. Je me demandais ce qui avait bien pu lui faire se dire que j’avais, ne serait-ce qu’une fois, vécu quelque chose comme ça avec un homme ? L’âge n’avait jamais été qu’un nombre surtout en tant que demi-elfe, mais tout de même…

- Jorus....Je n'ai pas... Tu m'as mal compris. J'ai été prisonnière, donc ligotée. Je n'ai jamais... Couché, d'accord ? Oublie tout ça, tu veux bien ? Ce n'est pas une conversation que j'ai envie d'avoir.

- Très bien je ne vais pas insister mais, si je puis le permettre avant de te laisser tranquille...dans ton malheur d'avoir été prisonnière, tu as eu de la chance. Il est rare que les hommes ne profitent pas de la situation en abusant de toi. J'ai... déjà vécu ça. Parfois j'entends encore leurs cris.

- Ils ont essayé d'en profiter... Au moins ils n'ont pas vécu longtemps après ça...

Je ne voulais pas en parler. Pas plus que je ne voulais parler davantage de coucherie avec qui que ce fusse. Lui était persuadée que c’était un moment important et quelque chose de normal, pur moi, c’était surtout le rappel douloureux que mes sentiments, comme les siens, ne trouvaient pas de réponse chez la bonne personne. Tout ça aurait été plus simple si je n’étais pas tombé amoureuse d’Akihito. Peut-être que j’aurai donné une chance à Jorus et que je me serai rendu compte que c’était la meilleure chose à faire. Impossible de savoir à présent. JE n’étais même pas certaine des raisons d ses sentiments envers moi. Nous n’avions pas passé tant de temps que ça ensemble…

- Sois honnête avec moi. Aurais tu les mêmes envies et m'aurais tu dis tout ça si j'avais toujours le corps d’adolescente avec lequel tu m'as connue ? Le corps que je devrais toujours avoir.

- Tu n'arrives toujours pas à accepter ce changement physique n'est-ce pas ?

Il n’avait pas complètement tort, mais l’entendre le dire à voix haute me rappela à quel point c’était dérisoire come problème. C’était quand même moi, mon corps, juste… plus vieux. Mais malgré toute l’acclimatation du monde, il restait quand même une toute petite part de moi qui aurait aimé vivre ces changements plutôt que de les subir.

- Je te l'ai déjà dit, ton corps n'est qu'une enveloppe. Une charmante enveloppe, mais qui dissimule le véritable trésor à l'intérieur. Peut-être aurais-je eu d'autres mots envers le corps d'une adolescente et sans... expérience. Si tu as changé physiquement, à l'intérieur tu es toujours la même et c'est cette Yliria qui me plaît et qui a fait naître cette flamme en moi !

Pourquoi savait-il trouver les mots, cet abruti ? Pourquoi ne pouvait-il pas les mâcher comme il avait l’habitude et sortir des réflexions qui m’aurait fait hausser un sourcil ou lever le syeux au ciel plutôt que bafouiller stupidement en essayant de trouver quelque chose à répondre à ça. Comment je répondais à ça ? Je détestais lui faire du mal en le repoussant. Par les dieux pourquoi c’était si compliqué ? Pourquoi avait-il fallu qu’il me dise tout ? Pourquoi avait-il fallu que ça se passe de cette manière ?

- Je n'ai jamais été très... j'ai toujours eu du mal avec mon apparence et la dernière facétie en date n'a rien arrangé du tout. Tes mots me rassurent un peu. J'aurai aimé pouvoir répondre à tes sentiments et, à défaut de rendre tes perversions réalités, te rendre heureux dans une certaine mesure. J'espère vraiment que tu trouveras quelqu'un qui le fera, Jorus, mais ça ne pourra pas être moi... Je ne peux pas nous mentir à tous les deux.

Peut-être que j’étais trop honnête…

- C’est tout ce que je te demande ! D’être honnête avec toi, avec moi et de ne surtout pas mentir à l’un ou l’autre, je ne supporterais pas une fausse romance. Reste fidèle à tes sentiments, c’est telle que je te connais et que je t’aime ! Mais fait-moi une promesse…

Je hochai la tête en relavant les yeux quand il croisa les bras.

- Si jamais tes sentiments devaient évoluer, n’attends pas que je devienne un vieil homme tout fripé ! Je ne pourrais probablement pas tenir la cadence que tu m’imposeras. Et qui sais, peut-être qu’avec moi tu apprendrais un côté de toi que tu ignores, une Yliria plus…perverse comme tu dis Tu sais, je sais aussi faire dans le traditionnel, sans… les mains liées !

Pendant un bref instant, à le voir là, avec son grand sourire et son air malicieux alors qu’il m’avait fait rougir et me poser des milliers de questions pendant tout ce temps, je ne pus m’empêcher de sourire aussi. Jorus était doué pour ça. Non, je ne pouvais décemment pas lui mentir. Il méritait mieux que ça. Tellement mieux que ça.

- Ne change jamais, Jorus. Et même quand tu seras un vieil homme tout fripé avec celle qui aura su te mériter, j'espère que tu seras toujours le même à l'intérieur.

Et la conversation s’arrêta là. Il se laissa tenter par un repas alors que moi, l’estomac noué, j’abandonnai l’idée en prétextant la fatigue. Lui prétexta avoir oublié quelque chose dans sa chambre, mais je sentais qu’il mentait, sans trop savoir pourquoi. J’hésitai, puis rentrai finalement dans la mienne après l’avoir vu réellement se diriger vers sa porte de chambre. Une fois la porte fermée, je restai adossée à cette dernière, glissant lentement au sol pour poser ma tête sur mes genoux. Rien de tout ça n’étais normal. Ce qu’il s’était passé avec Guigne, la conversation avec Jorus, tout ça… il se passait quoi exactement ? Je me frottai el ventre, là où une chaleur bienfaisante et tenace ne semblait pas vouloir me quitter. C’était étrange. Pas désagréable, mais une distraction dont je n’avais pas besoin. Tout comme les images que Jorus avait réussi à graver dans mon esprit, empirant encore plus la sensation.

(Qu’est-ce que je suis supposée faire ?)

(Aucune idée. Nous, les faeras, n’avons pas vraiment ce genre d’envie ou de besoin. Je ne peux guère te conseiller pour ça. Suis tes envies, Yliria.)

Plus facile à dire qu’à faire quand l’envie en question était incompréhensible et que sa provenance était aussi inaccessible qu’un coffre de mithril dans une cité naine. Je ne demandais pourtant pas grand-chose, mais c’était comme si tout s’alignait pour que ça le devienne. Parfois je me disais que j’aurai préféré ne jamais ressentir tout ça et n’être qu’un golem sans émotions pour ne pas avoir à subir le contrecoup de tout ce que je ressentais avec bien trop de force. Être en paix de cette manière me semblait être bien plus reposant que de vivre avec un fourmillement constant de questions et d’émotion.

- Yli ?

Oh par tous les dieux… A croire que c’était écrit qu’il devait venir toquer à ma porte à ce moment précis. Ça devait être dans l’ordre des choses, après tout. Je rejetais un homme qui m’aimait pour ensuite faire face à celui qui me faisait la même chose… l’ironie était tellement palpable que je pouvais presque l’entendre me ricaner dans les oreilles. Je me redressai et ouvris la porte sans vraiment y réfléchir et… le voir à cet instant évapora toutes les pensées un peu sordides que j’avais jusque-là. Même s’il était dans un état loin d’être idéal, j’eus du mal à décrocher mon regard de son visage et dû mentalement me secouer pour ne pas rester là à le fixer comme une ahurie.

(Ah oui… on en est à ce niveau-là... Quand même… t’es vraiment foutue ma pauvre.)

- Aki ! Tu veux entrer ? Tu t'es battu pour obtenir cette assiette ?

l’assiette en question semblait contenir une espèce de boue informe qui ne fumait même pas, el tout accompagné d’un broc d’une boisson à la couleur douteuse. Même en ayant tout le monde assuré que la nourriture ici était délicieuse, j’eus un doute en voyant le contenu. Et avec un Aki ébouriffé et avec la chemise déchirée dévoilant une griffure très récente, je me demandais franchement s’il fallait vraiment se battre pour obtenir de quoi manger ici. Je pris délicatement le repas qu’il avait visiblement apporté pour moi tandis qu’il racontait ses péripéties pour obtenir ce truc informe.

- C'était la dernière portion, et je savais que t'avais pas mangé. Alors j'ai dû un peu batailler, ouais. Y avait un type avec un troisième bras qui avait l'air d'avoir bien faim, et il a un peu ruiné la chemise. Mais bon, un coup de coude dans, euh, ce qui lui sert d'œil l'a un peu calmé. Comme il en a quatre autres, je me suis dit que ça irait.

- Tu en fais trop, j'aurais pu y croire au début, mais là...

C’était si facile de sourire… Il était vraiment adorable à penser à moi de cette manière.

- Merci, j'apprécie vraiment le geste. Je n'ai rien mangé depuis hier.

Je l’invitais à entrer en refusant poliment la bière qu’il me proposa. S’il y avait bien un truc que je n’aimais pas, c’était la bière. Je préférais la douceur et le sucre à l’amertume et au sel. Probablement à force de manger des racines avais-je été dégoûté de tout ce qui était amer. Le sucre était un luxe que j’appréciais bien au-delà du raisonnable, mais c’était si rare d’en avoir à portée. L’hydromel était largement au-dessus de la bière dans mon esprit. Pas de doute. Assise en tailleur sur le lit, je commençai à manger et ils avaient tous raison. C’était délicieux, à défaut d’être visuellement attirant.

- Par les dieux, j'ai l'impression de n'avoir jamais mangé quelque chose d'aussi bon...

j’exagérai peut-être, mais avec la faim que je venais de remarquer, el goût semblait encore plus accentué et c’était vraiment un délice. Sans doute le meilleur ragoût que j’avais pu goûter jusque-là. Je l’aurais sans doute dévoré d’une traite si je n’avais pas senti Akihito me fixer. Je me mis à ralentir le rythme en lui jetant un regard en coin.

- C'est un peu gênant que tu m'observes m'empiffrer...

- Je peux regarder ailleurs si tu veux. Moi quand j'ai faim, la parlote devient très secondaire.

Ce sourire… je repris mon repas avec un entrain plus mesuré. Et puis j’étais curieuse au sujet de quelque chose. De beaucoup de choses, mais un en particulier, là tout de suite.

- Et si tu me racontais ce qui est vraiment arrivé à ta chemise, le temps que je termine ?

- Basique histoire de remboursement. J'ai pas de shuriken en Olath pour payer mes achats ici, alors c'est Aleriia qui a avancé pour moi. Et les harpies se nourrissent de sang, donc c'est comme ça que je l'ai... Payé ? Et le col était un peu trop haut à son goût, faut croire.

- Avec du sang... ça... explique certaines choses. Ce n'était pas trop douloureux ?

- Plutôt, au début, comme si on... Bah, te mordait avec deux canines très pointues. Mais après c'était bizarrement agréable. Et ça laisse pas de marque, ni d'effet secondaire pour l'instant.

- Hmm... je vois mal comment se faire prendre du sang peut être agréable, mais soit. Tu as payé ta dette alors ?

Apparemment oui, même s’il avait encore besoin de faire des achats. Ça ne me plaisait pas vraiment cette histoire, mais je n’allais pas faire un esclandre après ce qu’il s’était passé avec Guigne. Je suis bien des choses, mais j’espère être l’opposée d’une hypocrite.

- D'ailleurs, je me débrouille demain pour laver tes affaires et je te les rends. Merci encore, Yli.

- Tu en aurais fait autant... J'espère.

- Evidemment, mais ça ne te prive pas de remerciements. Mais si on parle d'en faire autant que j'en ferais pour toi, j'ai un autre service à te demander. Quand t'auras fini de manger, hein.

- Un autre service ? Qui concerne tes vêtements ?

Je failli m’étouffer quand il annonça que c’était surtout concernant ce qu’il y avait en-dessous, même si voir ses blessures évacua tout quiproquo en un quart de seconde. Je maudis Jorus et les images qu’il avait mis dans ma tête et continuai mon repas sagement en mettant de côté tout ce qui n’était pas ledit repas ou les blessures d’Akihito. Impossible d’être ennuyé par ça.

- Il doit me rester quelque chose.. regarde dans mon sac, je te l'appliquerai après manger.

le voir fouiller nonchalamment dans mon sac avait quelque chose d’assez étrange… J’avais rangé le tout pour que tous les objets utiles ou nécessaire à de soins soient accessible rapidement. Je n’avais pas vraiment envie qu’il tombe sur ma vieille tenue de danse… il faudrait que j’en obtienne une autre d’ailleurs, pas question d’essayer de porte celle-là, j’aurai l’air ridicule... et passablement dénudée au vu de la différence de… gabarit. Je terminai de manger tandis qu’Akihito s’occupa de sa jambe. La brûlure était affreuse et je grimaçai un peu quand il commença à la rincer pour appliquer le cataplasme. Je me levai et m’approchai de lui, mon repas terminé poser sur la petite table de nuit branlante juxtaposant le lit.

- Si on était sur Yuimen, ça ne serait qu'un mauvais souvenir, mais bon... Montre-moi, je vais t'aider.

Il failli refuser, mais se ravisa rapidement et me laissa faire. La blessure était encore pire de près et j’étalai le cataplasme avec douceur. Je n’avais visiblement pas perdu la main à ce sujet, même si cela faisait des années que je ne l’avais plus fait de manière régulière ; la magie de Lumière était quand même bien plus efficace à ce niveau-là. J’entendis Aki siffler entre ses dents et m’enquérait de son état en continuant plus lentement.

- Urg. Ça pique, mais ça va. Tas l'air d'avoir l'habitude.

- Je suis pyromancienne. J'ai aussi été une enfant. Combine les deux et le résultat est un père qui apprend à sa fille à gérer les brûlures qu'elle cause sans le vouloir.

Il voulut me rendre la gaine mais je refusai. Comme si elle allait guérir en deux jours. Il n’avait pas conscience des dégâts infligés à sa jambe, visiblement. Et puis elle n’était pas à moi, c’est Dracaena qui l’avait reçu, à la base, je n’avais fait que la mettre sur sa jambe, rien de plus.

- Au moins, la foudre est moins douloureuse sur ce point-là.

- Certes, mais elle est bien moins utile.

- Ah non, pas de débat sur qui qui a la meilleure, hein,

- Pas besoin, je sais que j'ai la meilleure.

Il avait un sourire aux lèvres et un autre ourla mes lèvres avant qu’il ne retire sa chemise pour s’occuper de celle qu’il avait sur le torse. Je l’observai un instant avant de m’approcher un peu plus.

- Je peux ?

- Les blessures tranchantes, c'est mon domaine. J'ai aussi appris deux trois trucs de mon paternel. Mais j'aurais besoin de toi pour le bandage, comme dit.

Les blessures étaient davantage mon domaine que le sien. Je retins ma remarque et le laisser faire, ne regardant absolument pas ses muscles bouger à chacun de ses mouvements, ni le teint de la peau de son dos. Lorsqu’il me demanda finalement de l’aider à mettre le bandage, je n’hésitai pas commençai à enrouler le tissu autour de son torse. Je veillai à ne pas trop me presser contre son dos, sans trop être certaine de la raison derrière cette prudence quelque peu inutile. Une fois fini, je m’écartai un peu, satisfaite du résultat, mes mains vérifiant que tout tenait bien place. Le rôle de guérisseuse pourrait m’aller aussi, sans doute. Et d’un coup, mon cœur fit une embardée. Aki avait saisi ma main et s’était penché en arrière, se collant contre moi. Un peu hébétée, ej restai interdite une seconde, prise au dépourvue.

- Aki..?

- Quand je suis... arrivé dans la Savane Thanatéenne, j'ai eu beaucoup de temps -presque un peu trop- pour réfléchir. Sur moi. Ce que j'avais été. Ce que j'aurais voulu. Regrets, joies... un peu tout ça. Et j'ai pensé à toi. Tu.. me fais confiance, Yli ?

La tête tourné vers moi, ile me fiait avec une telle intensité que je ne savais pas quoi répondre. Je me trouvais encore une fois muette ce soir. C’était pénible d’être à ce point prise par surprise… je finis par hocher la tête et acquiescer d’une voix blanche, sans trop savoir dans quoi je m’embarquai. Encore plus lorsqu’il me demanda de fermer les yeux. Ce à quoi je consentis sans vraiment y réfléchir, l’obscurité m’envahissant aussitôt pour rapidement disparaître quand j’ouvrai les yeux, surpris par le geste d’Akihito qui venait de m’attirer à lui par la taille. Je déglutis, le cœur battant à tout rompre, menaçant de s’échapper de ma poitrine collée à son torse. Sa main releva mon menton et je plongeai mon regard dans le sien, la gorge serrée, à la fois impatiente et terrifiée par ses lèvres qui s’ouvraient.

- Je peux te rendre ce que tu m'as offert sur le dos de Cromax ?

(AH PUTAIN ENFIN !!!)

Le cri d’Alyah ne m’aida pas vriament à saisir toute l’ampleur de ce qu’il venait d’annoncer. Je restai là, hébétée et muette, m’attendant à un coup du sort, une blague, n’importe quoi. Mais non, rien. Rien de plus que ce qu’il avait dit et je me pris à hocher la tête, mon cœur bondissant dans ma poitrine. Son visage s’approcha du mien et je fermai les yeux. Ce fut bref, mais je sentis ses lèvres sur les miennes et la chaleur dans mon ventre enfla, accompagné de papillonnements nouveaux que je n’avais jamais ressenti jusqu’ici. Trop vite, il s’écarta et je clignai des yeux, un peu étonnée de tout ce qui était en train de se passer. Mon regard se fixa sur le sien et ma voix enrouée me sembla si fragile à mes oreilles.

- Je... tu es sûr ?

- Maintenant, oui. Mais je peux recommencer si tu as encore des doutes.

- Qu'est-ce qui a changé ?

- Par rapport à quoi ?

- Toi. Moi. Nous… Il n'y a pas si longtemps tu n'envisageais même pas de m'embrasser... Et là tu... J'essaie de comprendre.

Et malgré son explication, j’avais du mal à comprendre. A accepter. A réaliser. Je me laisser entrainer vers le lit et m’asseyais à ses côtés, écoutant ses explications et la manière dont il avait décidé de réfléchir à tout ça lorsqu’il était prisonnier des Landes. Un processus de deuil, d’acceptation et de réalisation… Et je craignais que ce soit pour les mauvaises raisons. Je ne pouvais pas m’empêcher d’imaginer que ce n’était pas vraiment moi qui l’attirais, mais simplement un ensemble de circonstances. Ça semblait trop beau. Avais-je vraiment le droit d’y croire aveuglément ?

- Je ne suis pas Anthélia, Aki... Je n'ai pas envie d'être sa remplaçante... Est-ce parce que je suis une femme maintenant ? Que je n'ai plus le corps d'adolescente que j'avais à notre rencontre ?

- Remplacer Anthelia ? Non non, c'est pas du tout ça. Tu as pris sa place parce que tu es toi, pas parce que je l'ai choisi. Pour ton corps... Évidemment, je peux pas l'ignorer, et je te trouve très attirante. Sauf que tu te résume pas à ça Yli.

Ses mains se saisirent des miennes et il en porta une à ses lèvres, y déposant un baiser si doux que j’en sentis à peine l’effleurement une fois ses lèvres détachées de ma peau. Je n’étais pas capable de vraiment bien réfléchir avec autant d’annonce à la suite. Cela faisait vraiment beaucoup à encaisser, beaucoup d’émotion à empêcher de sortir. J’avais envie e crier, de lui sauter au cou ou de le gifler pour tout ce que je ressentais en cet instant.

- Des jolies femmes, il y en a partout. Mais des jolies femmes courageuses, fortes, espiègles, têtues, qui ont mon respect et mon admiration... et que j'aime, il n'y en a qu'une.

Il m’aimait alors ? ce n’était pas juste une attirance soudaine ou physique, il le pensait vraiment ?

- Je...Je sais pas trop quoi dire... ou faire.

- Ris, embrasse-moi... repousse moi. Fais juste ce que ton cœur te dit de faire, et prend ton temps.

Le temps… Oui j’avais le temps. Rien ne pressait. Et pourtant, j’avais tellement envie de toucher ce qu’il promettait, de vivre véritablement ce que je n’avais jamais pu découvrir. Une courte inspiration, un regard vers son visage et le choix n’avait même plus lieu d’exister. Mes lèvres se déposèrent à nouveau sur les siennes, mimant son baiser précédent. Je m’écarte, sentant déjà l’envie de recommencer tout de suite. Et j’abandonne l’idée de résister à cette envie. Je me pressai contre lui, l’embrassai pour de bon, et ses mains m’enlacèrent alors qu’il me répondait. J’oubliais tout le reste pendant un moment. Pas de Dragon, pas de monde différent, pas de doute, de conflit, d’inquiétudes ou de plan. Juste lui, moi, la chaleur de son corps, la douceur de ses caresses et le goût de ses lèvres sur les miennes.

- Convaincue ?

Sa voix résonna doucement dans tout mon corps alors qu’on s’observait, nos souffles courts et si proches qu’ils effleuraient presque nos peaux respectives. Et les doutes disparurent. Je n’avais plus de raison de croire que ce n’était pas réel, que c’étai un malentendu ou un mauvais choix de mots. Non, tout était bien réel et je n’avais pas envie que ça se finisse si vite.

- Juste pour être sûre...

mes mains enserrèrent doucement son visage et je l’embrassai à nouveau, oubliant l’incertitude et la gêne qui m’habitaient précédemment. Ça me semblait soudainement si naturel, comme si c’était la bonne chose à faire. Et sentir Akihito m’enlacer et me souhaiter à ses côtés me suffit.

- Désolée si je ne suis pas douée.

- Tu te débrouilles très bien. Et c'est pas ce qui m'intéresse.

Son murmure me fit enfouir mon visage contre son épaule. Trop proche de mon oreille et provoquant bien trop de sensations pour que je puisse le regarder sans réagir.

- Qu'est ce qui t'intéresse alors ?

- Toi, le bien-être de te savoir près de moi, de te parler, tout ça. Les... plaisirs physiques, c'est secondaire. Intéressants, mais c'est pas pour ça que je veux partager ma vie avec toi.

Je le savais un peu, que ça faisait partie de ses envies. Qui n’en aurait pas envie avec la personne qu’il aimait, après tout ? Jorus m’avait mis de ces images en tête…

- Mais ça... Ça t'intéresse quand même.

- Qui ne le serait pas ? Ça fait partie de la vie d'un couple.

- Je n'y ai jamais vraiment pensé avant très récemment... J'ai l'impression que c'est surtout les hommes qui sont obsédés par ça. Tu... Aimerais?

Je fis de mon mieux pour le regarder en disant ça, malgré mon visage en feu et mon ventre empli de papillons trop vivaces. Est-ce que je devais avouer que l’idée ne me déplaisait pas. Que j’avais peur qu’on soit séparé sans avoir jamais eu la chance de découvrir ce genre de chose ? Non, c’était trop tôt. Je ne pouvais décemment pas exiger quoi que ce soit. Pas plus que je n’étais sûre de vraiment être capable d’aller jusque-là.

- Oui. Mais je compte aller à ton rythme vu que j'ai un peu... D'avance, sur ce sujet-là.

Pourquoi cela semblait si facile pour lui ? Oh par les dieux il était parfait… Aucune pression d’aucune sorte à ce sujet et il pouvait quand même avouer le vouloir sans que je n’ai à insister. Mais jke n’étais pas vraiment la meilleure personne pour ce qui était de savoir quand et comment le faire. C’était moins abstrait à présent, mais ça restait tout de même confus pour moi. Comment savoir si c’était le bon moment ? Lui saurait, non ?

- C'est si important ? Je veux dire... je n'en ai jamais eu envie et je ne sais pas comment je pourrais vouloir quelque chose que je ne connais pas... Comment je pourrais décider du moment ?

- Dis comme ça... On peut commencer par passer nos nuits ensemble, et on verra si ça nous y mène naturellement. Sinon, on prendra le temps de te faire découvrir quand on aura plus de temps pour nous.

Cela semblait si facile et évident pour lui. Pourquoi ça ne l’est pas pour moi ? Pourquoi avais-je ce sentiment de gêne qui ne voulait pas disparaître ? Depuis el temps que je voulait être à ses côtés, pourquoi est-ce que je ressentais tout ça quand il voulait enfin de moi ?

- Yli... Ca va ? Tu ne m'as pas l'air aussi... Contente que ce à quoi je m'attendais.

Bien sûr qu’il l’avait remarqué. Il me connaissait, il savait comment je réagissais et il savait déceler quand ça n’allait pas. Mais qu’il pense que je n’étais pas heureuse à cause de ça… je devais arrêter de m’inquiéter pour des idioties, je devais arrêter d l’inquiéter. Je devais vivre, profiter et avoir enfin la chance de vivre quelque chose que je désirais depuis si longtemps…

- Non c'est pas ça... je.. je suis vraiment heureuse, c'est juste.. je sais pas comment agir maintenant...

Le silence s’installe, gênant, mais moins gênant que le rire qui s’échappe des lèvres d’Akihito.

- C'est adorable.

Outrée, j’allais pour lui répondre, mais il m’entraina sur le lit, nous allongeant l’un à côté de l’autre avant de m’embrasser à nouveau. Je n’eux pas à réfléchir pendant ce temps, tandis que ses lèvres et les miennes se découvraient de nouveau, que ses mains caressaient délicatement le tissu qui me recouvrait. Je lui offris tout de même une moue une fois ce baiser terminé. Malgré toute la gratitude que je ressentais à ce moment-là pour me sortir de mes incertitudes, il se payait quand même ma tête.

- Cesse de te moquer..

- Je me moque pas, je trouve ça vraiment touchant.

Je soupirai et m’allongeai sur le dos, mes yeux fixés sur le plafond. Je sentais toujours sa chaleur juste à mes côtés et c’était enivrant. Tant de sensations que je découvrais en l’ayant simplement à mes côtés. Comment pourrais-je gérer le reste ?

- J'ai l'impression d'être légère et d'avoir quand même un nœud à l'estomac.... Et c'est entièrement ta faute.

- Eh, t'essayerai pas de me faire passer pour le méchant, des fois ?

- Le responsable de mon état en tout cas, pour sûr.

Finalement tournée vers lui, je caressai ses cheveux du bout des doigts. J’avais tellement de chance d’être là. Mais j’avais tellement de questions. Qu’étais-je réellement supposée faire ? Comment agir ? Qu’est-ce que c’était que d’être avec quelqu’un ?

- Et... Ça fait quoi un couple ? en dehors de l'évidente réponse de la débauche de plaisir physiques que tu as sûrement sur le bout de la langue.

- Ça se soutient. Ça passe de bons moments. Ça se dispute. Un peu comme avec un ami, mais en plus intense. En plus beau. Parce que c'est avec l'autre qu'on veut tout essayer, vivre, partager. C'est... ma définition du couple.

- C'est... plus simple que je ne le pensais, pour être franche.

Ma seule référence venait de mes parents… peut-être que le mot « couple » était un peu fort pour qualifier leur relation. Mais ils m’avaient eu moi, donc ils avaient forcément été intimes et partagé des moments qui se rapprochaient de ce qu’Akihito décrivait.

- Tu voyais ça comment ?

- Plus stricte, plus... demandant... je n'ai pas vraiment de point de référence...

Parler de mon père décédé et de ma mère accroc au pouvoir était sans doute l’un des pire tue l’amour du monde et je n’avais vraiment pas envie de rentrer là-dedans. Non, je voulais découvrir et vivre tout ce que cette nouvelle relation avait à offrir. Et puisqu’on était à ce moment to tout était permis, où je n’avais pas à rougir de quoi que ce soit parce que jamais Akihito ne me jugerait, je pris mon courage à deux mains pour lui demander une chose qui me semblait être une chose que seuls les couples faisaient.

- Tu... veux bien te mettre sur le dos?

Pas une interrogation, pas une hésitation, il le fit et je me retrouvais devant le fait accompli. Après une brève inspiration, je l’enjambais et m’installai à califourchon sur lui, lui faisant hausser un sourcil alors que je sentais mon visage s’enflammer dès l’instant ou je m’asseyais sur lui.

(Un peu plus bas et tu aurais sentis autre chose…)

Cela ne m’aida nullement à refroidir mon visage qui devait être vraiment cramoisie malgré ma couleur de peau, mais Akihito ne sembla pas désarçonné…. Il semblait même plutôt content et curieux et ses mains se posèrent sur mes hanches comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.

(Oh par les dieeeeuuux…..)

(Respire Yli, sinon tu vas hyperventiler ! Il a juste posé ses mains là ! Pas la peine d’en faire une montagne !)

- Je me demande d'où t'es venue cette envie, mais c'est pas pour me déplaire...

(Tu m'étonnes !)

Je commençais à me poser la même question…

- Je ne sais pas trop... Une idée que je me faisais et que je trouvais plaisante.

Et maintenant ? J’avais posé mes mains sur ses avant-bras et… je me retrouvais là, à le surplomber sans avoir la moindre iodée de ce que je devais faire. J’étais douée pour me mettre dans des situations désespérées, mais je ne pensais pas que ça s’appliquait aussi dans ce genre de moment pourtant tout sauf dangereux.

- Je me sens idiote, je sais pas trop quoi faire...

- Mais non Yli, c'est très bien. Laisse toi guidée par tes envies.

Lui en tout cas savait très bien ce dont il avait envie. Je sentis très nettement ses doigts se glisser sous l’ourler de ma tunique pour caresser la peau nue de mes hanches, envoyant des vagues de frisson dans tout mon corps.

- Tu dis ça comme si j'avais la moindre idée de ce dont j'ai envie...

(Ouh… je peux te dresser une liste si tu veux. Premièrement, lui arracher sa chem..)

(nejufgsksdkdk ! )

( Ce n’est même pas du shaakt, tu fais aucun effort. Oh, il est entreprenant cet Akihito. Brave garçon. Allez, encourage-le ! Qu’il mette ses doigts ailleurs là ! )


(Alyaaaaaaah….)

Qu’Akihito veuille me montrer quoi faire était déjà embarrassant avec toutes les images qu’un idiot m’avait mis en tête, mais si Alyah en rajoutai une couche je n’allais jamais tenir el coup…

(Bon sang, Yli ! C’est TON moment. Ça fait des mois que tu attends d’être avec lui, profite et arrête d’être gênée ! Tu l’as voulu, tu l’as, alors laisse toi aller un peu ! Tu risques rien à part passer un bon moment !)

(Mais si je suis pas capable…)

(Je te jure que je vais demander à Amy d’encourager Akihito à te gifler si tu me ressors cette excuse ! Il fait tout pour que tu sois à l’aise, fais lui confiance un peu !)

Elle avait raison... tellement raison… Je suivis l’invitation d’Akihito et me penchai sur lui. Tout mon corps sentis avec précision la fermeté et la chaleur du sien sous moi et les battements de son cœur résonnèrent dans ma poitrine lorsque je me collai contre lui. Impossible de faire abstraction de ce que je sentais plus bas, mais je me gardai de le faire le moindre commentaire. J’étais mal placée pour parler alors que tout mon corps était en feu… Sa main caressait l peau de mon dos en me plaquant contre lui tandis qu’il attrapa mes lèvres avec les siennes et ce baiser fut de loin le plus intense de tous ceux qu’ils m’avaient donné jusque-là. Ainsi pressée contre lui, je pris véritablement conscience de la situation et de ce que mon corps réclamait avec une vigueur que je ne pensais pas possible.

(Une chance que l’odorat humain ne soit pas très développé, il aurait senti ce qu’il se passe entre tes jambes sinon…)

(Je vais trouver un moyen de t’étrangler un jour espèce de…)

je ne terminai même pas ce que je voulais dire à Alyah. Akihito venait de changer de cible et ses lèvres dérivèrent jusque dans mon cou et les frissons reprirent avec plus d’intensité alors que je faisais de mon mieux pour garder les sons qui menaçaient de quitter ma gorge. Mais tout ça passa au second plan lorsque ses doigts commencèrent à relever ma tunique. Mon cœur rata un battement, mais mon esprit se concentra sur la seule et unique question qui allait compter dans les prochaines secondes : le laisser faire ou non ? Et la réponse tomba en même temps que am tunique sur le sol. Je restai pressée contre lui, mais il n’essaya pas de m’exposer à son regard et continua ce qu’il avait commencé, m’embrassant et me caressant doucement comme si de rien n’était. Puis il s’enfonça dans le matelas et observa mon visage avec une telle intensité que je faillis détourner le regard.

- Arrête de me fixer comme ça... On dirait que tu vas me manger...

(Je suis certaine qu’il dégusterait volontiers certains endroits… goulûment)

(Classe…)

- Arrête de me donner de mauvaises idées. Puis t'as qu'à pas être aussi belle, ce n’est pas ma faute.

- Comment ça de mauvaises idées ?

Je pouvais toujours m’asseoir sur la réponse, parce qu’il profita de mon inattention pour caresser la pointe de mes oreilles. La réaction fut instinctive et je me redressai en les couvrant alors qu’un spasme parcourait tout mon corps. Ma voix plus aiguë m’échappa sans que je ne réflechisse à ce que je disais ou faisais dans une telle situation.

- Arrête ça... C'est sensible !

- Ah bon ?

Il se payait ma tête. Je l’aurais bien rabroué si son regard ne s’était pas écarquillé et s’il ne s’était pas mis à fixer mon torse avec une telle intensité avant de bafouiller. On resta là, immobiles tous les deux, à se fixer l’un l’autre sans croiser nos regards, attiés par autre chose. Il semblait hésiter, ou fasciné, difficile à dire… et je compris que si lui hésitait, jamais je n’arriverais à faire plus. Alors j’inspirai doucement et pris sa dextre dans la mienne, la caressant doucement. Il était le premier homme dont le regard ne me gênait pas. Il n’y avait aucune mauvaises intentions… et c’était Akihito. Ça avait toujours été lui. Toujours. La raison de cette situation. Et la raison pour laquelle je ne me couvris pas aussitôt, mais décidais que son regard était le seul qui comptait vraiment. Et que je pouvais le laisser glisser sur moi sans avoir honte.

- Aki... Je vais pas m'enfuir si tu me touches ou me regardes...

- Je sais, c'est juste... pour moi. Te voir m'a donné très envie d'aller plus loin, mais j'ai dit que j'irais à ton rythme. Ça demande juste un peu d'effort pour me contrôler.

- Et je t'ai dit que je ne saurai pas décider... tant que je ne dis pas non... tu peux...

C’était si étrange de me dire que je venais de dire ça en le pensant vraiment sans avoir à y réfléchir. C’était la suite logique des choses. La suite logique de sa main qui caressait doucement mon ventre en effleurant mon dos, apportant une réflexion que je ne m’attendais pas à revivre dans une telle situation. Ni même vraiment un jour, pour être honnête.

- Je sais ce qu'elles représentaient pour toi... Mais je te préfère quand même sans tes cicatrices.

- J'ai fait mon deuil... elles m'emprisonnaient plus sûrement que les fers qui m'ont maintenu quand on me les a infligées. C'est du passé maintenant.

Et j’étais sincère. Beaucoup de choses s’étaient passées et j’avais compris qu’elles ne définissaient pas qui j’étais, même si elle rappelait un passé que je ne pourrai jamais effacer. J’avais cessé de vivre dans le passé et me concentrai sur le présent. Sur moi. Sur lui. Sur les sensations de sa main sur ma peau et son regard hésitant tandis qu’il n’essayait même pas de cacher le désir dans ses prunelles. Personne ne m’avait jamais regardé comme ça. Personne. C’était déroutant. Et j’avais chaud… il se mit à parler, pointant d’abord son entrejambe, puis son cœur pour expliquer lequel ressentais quoi en ce moment même.

- Même si lui en a très envie, lui préfère prendre son temps. Et t'offrir une première fois dans un lieu un peu plus... Charmant. Et propre.

Mon regard balaya brièvement l’endroit. Était-ce si important ? Je me fichais de ça, je voulais juste que ce soit lui. Le reste, qui s’en souciait ? Pensait-il que ce serait moins inoubliable quand dans un lit de soie et de plume ? Ou sous un ciel ensoleillé ? Ou dans un palais aux richesses superflues ? Tant que c’était avec lui, n’importe où ferait l’affaire. Dans une tente sous un blizzard, au cœur d’un désert ou dans cette auberge délabrée, je m’en fichais. Lui seul importait. Mais je ne voulais pas aller contre son vœu. Si vraiment ça comptait à ses yeux, alors.

- D’accord…

La légère teinte de déception dans ma voix me surpris moi-même et je cherchais à vite ajouter une raison plus logique à tout ça. Et elle était toute trouvée, car véritable, dans notre situation.

- Et puis... je n'ai pas envie de tomber enceinte pour le moment... Ce n'est pas vraiment la situation idéale...

- Ce n'est pas un problème ça, il suffit d'être prudent.

- Quoi, on peut refuser de tomber enceinte ?!

C’était nouveau ça ! C’était quoi cette histoire ? Et ça le fit rire, encore ! Comment je pouvais savoir ? Je n’avais pas eu une éducation sur ce genre de choses. Tout ce que je savais… le peu que je savais, venait de brides de conversation interceptées involontairement. Comment pouvais je deviner ce genre de chose. Il m’attira contre lui sans cesser de sourire, avant de redevenir plus sérieux, son regard déclenchant à nouveau ce brasier dans mon ventre.

- Je peux... essayer de te faire découvrir un peu quand même, si tu veux...

Le brasier s’amplifia et la sensation était si agréable. Et je ne voulais pas faire machine arrière. Peut-être que c’était trop tôt… mais ça me semblait tout sauf forcé. Il m’avait laissé le choix jusqu’au bout et le faisais encore, mais et si demain on était séparé à jamais ? Si on était incapables de vivre ce moment un jour ?

- C'est.... J'ai pas envie d'avoir de regrets, et qui sait ce qui peut arriver demain...

Il me fixa un instant avant de fermer les yeux et de prendre une grande inspiration, comme s’il essayait de se contrôler pour ne pas succomber à ses envies. Après tout ce qu’il m’avait dit sur le fait de laisser mes envies s’exprimer, s’il me faisait ce coup-là, je le cognais…

- Au moins, j'aurais essayé…

Et il renversa la situation me basculant sur le côté. Je me retrouvai soudainement sur le matelas, Akihito me surplombant. Je le fixai, prenant conscience de ce qui allait se passer et aussi d’une autre chose. Jamais il ne m’avait paru si… imposant. Il semblait m’envelopper entièrement et je me sentais presque… fragile, ainsi. Menue, entre ses bras alors qu’il descendait vers moi pour m’embrasser. Et je me laissais faire lorsque s amain cala ma nuque pour prolonger le baiser. Je m’abandonnai totalement sans même en avoir totalement conscience, savourant sa présence avec tous mes sens. Le souffle court, le papillonnai lorsqu’il s’écarta un peu, son visage juste au-dessus du mien, son corps manquant de m’écraser s’il ne le retenait pas. Ses mains parcouraient mon corps avec douceur et impossible de ne pas sentir celle qui remonta m ventre pour caresser ma poitrine. Elle me tira un soupir et je sus que je devais évacuer ce qui enflait dans ma poitrine avant de totalement lâcher prise.

- Aki... ?

- Yli... ?

Il s’était arrêté, ses doigts englobant un de mes seins, une de ses jambes entre les mienne et son torse se soulevant avec force, quelques cheveux tombant autour de son visage. Il était parfait… La gorge un peu sèche, je déglutis et affirmai enfin ce qui était une évidence mais que je devais dire à tout prix. Rien n’aurait de sens sans ça, après tout.

- Je.. je t'aime...

Silence. Il me fixa avec une intensité renouvelée et si je n’avais pas le haut de mon corps déjà nu sous lui, j’aurai pu croire qu’il aurait fait s’enflammer mes vêtements juste en les fixant avec la flamme qui semblait s’être allumée dans ses prunelles de ciel et de forêt. Une flamme qui me semblait à la fois passionnée et tendre. Quand il ouvrit la bouche, c’était comme si cette flamme prenait corps avec les mots qu’il m’offrit. Des mots que je rêvais d’entendre depuis tellement longtemps. Des mots, une promesse et un défi tout à la fois. Et je voulais les entendre chaque jour de ma vie tant ce que je ressentis en les entendant me fit de l’effet.

- Je t’aime aussi.

D’autres mots auraient été inutiles. Ses lèvres ne s’ouvrirent que pour goûter ma peau ou pour se lier aux miennes. Le temps disparut complètement, chaque seconde passée entre ses bras semblant être la durée idéale. Ce n’était en rien ce que j’avais vécu avec Guigne. La reine prenait, exigeait plus qu’elle ne demandait. Mais Aki… Aki me fit découvrir la douceur de ses mains lorsqu’elles parcoururent mon corps. Il embrassa chaque centimètre de peau qu’il put atteindre sans jamais que je ne le perde de vue. Il m’apprit à entendre ce que mon propre corps réclamait et aimait lorsque même ses dents faisaient jaillir un plaisir inattendu. Chaque soupir que je poussais semblait lui dire de continuer plus loin et il le fit avec une passion tendre. Lorsque sa main fut assez bas pour atteindre mes braies, il n’y avait plus aucun doute ni inquiétude dans mon esprit. Je collai ma bouche contre la peau de son cou alors que le plaisir remontait dans tout mon corps pour s’échapper par ma gorge. Chaque vague supplantait la précédente, rendant chaque instant plus intense encore.

Il me guida afin que j’arpente à mon tour son corps de ma main inexpérimentée. Un toucher hasardeux à un endroit qui m’avait paru si menaçant à plusieurs reprises, pour finalement me permettre de voir cette expression mêlant surprise et plaisir sur son visage. Quelques secondes n’allaient pas suffire à ce que je lui offre quoi que ce soit à la hauteur de ce qu’il m’offrait, mais la minuscule angoisse tapie dans l’ombre disparu dès que mes doigts l’effleurèrent.

Un bref regard échangé et l’univers bascula complètement. Un bref instant désagréable. Une douleur. Dérisoire. Un moment de silence et d’immobilité alors que je plongeai mon regard dans le sien. Et je pus enfin comprendre pourquoi c’était si important. Il n’existait plus rien d’autre que sa peau, son odeur, ses lèvres et la sensation de son corps ne faisant qu’un avec le mien. Je ne pensais à rien, me contentait de laisser l’instant m’envahir tandis qu’il m’offrait un moment unique et inoubliable. Le plaisir sembla enfler à l’infini, sans jamais redescendre mais sans jamais aboutir non plus, mais peu importait. Il était là et c’était tout ce qui comptait. Je m’accrochai à lui, enfouissant mon visage contre sa peau, enfonçant mes ongles dans son dos, refusant de partager ça avec qui que ce soit d’autre, ne serait-ce que par le moindre son trop. Il n’y avait que nous deux et personne d’autre. Mon nom franchit ses lèvres et mon regard plongea dans le sien, imprimant à jamais l’expression qu’il avait à cet instant précis. Juste pour ça, je l’aurai laissé me faire l’amour chaque jour.

Le front en sueur, le souffle court, je papillonnai un instant, laissant Akihito nettoyer mon ventre après qu’il ait utilisé sa technique de prudence. Je ne m’y étais pas attendu. Ni à ça, ni à la brusque fin de ce moment pourtant si parfait. Je m’accrochai aux dernières brides de plaisir qui s’évaporaient lentement tandis qu’Akihito m’invitait contre lui, lui aussi reprenant son souffle après ce moment intense. J’installai ma tête contre son torse et fermai les yeux, appréciant de le sentir contre moi tout en entendant son cœur lentement redescendre à un rythme normal. Je commençai à être épuisée, mais impossible de ne pas revenir là-dessus. C’était… c’était trop évident.

- C'était donc de ça dont tu parlais... la prudence...

- Oui, mais c'est pas toujours évident, t'as bien vu...

- J’ai senti, surtout…

J’avais enfin compris le fin mot de l’histoire, même si je ne m’attendais pas à ça, et pus en rire un peu tout en commençant à essuyer son front couvert de sueur avant qu’il n’embrasse le mien dans un état semblable. Ça avait quelque chose de terriblement satisfaisant de voir ça…

- T'es encore plus en sueur que quand on s'entraine au combat...

- C'est parce que j'ai fait tout le travail... On échangera de position la prochaine fois. Tu as "toujours eu envie de faire ça", non ?

- Très malin...

Je notai tout de même l’idée dans un coin de ma tête. Si l’expérience que je venais de vivre avec lui offrait chaque fois des sensations semblables et cette proximité si intense.. Je m’allongeais sur le ventre, gardant ma tête sur son torse et fermai les yeux un instant, savourant la sensation de sa peau brûlante avant que la réalité ne me rattrape avec la subtilité d’une harde de centaure. Nous n’étions hélas pas seuls ici et vivre le parfait amour risquait d’être compliqué… surtout avec quelqu’un en particulier.

- Est-ce qu'on peut garder ça entre nous, pour le moment ?

- Ils n'ont pas besoin d'être au courant, donc ça me va. Même si ça finira par se savoir...

C’était évident, mais si on pouvait retarder l’échéance de l’inévitable, je n’allais pas m’en plaindre. Je n’avais pas envie de vivre cette situation trop rapidement. Elle serait pénible quoiqu’il arrive, alors si je pouvais avoir le temps de m’y préparer… Mais pour l’instant, juste m’abandonner à la caresse des doigts d’Akihito dans mes cheveux me suffisait. Que c’était plaisant…

- Je sais... mais j'aimerais éviter des tensions supplémentaires...


- Des tensions ? Pourquoi ça ?

Il fallait qu’il sache, mais ça ne ma plaisait pas vraiment. Je doutais qu’il le prenne mal au point d’en vouloir à Jorus, mais bon… Il promit de ne pas s’énerver et je détestai voir cette expression inquiète sur son visage après un moment comme celui qu’on venait de passer. Autant crever l’abcès au plus vite.

- Il y a quelques jours, peut-être un peu plus d'une semaine, Jorus a ... admis ses sentiments pour moi... Et ce soir, il a ... disons qu'il a été honnête sur ce qu'il aurait aimé faire s'il était à ta place en ce moment...Je lui ai dit que je ne le voyais pas comme ça et il a compris mais... j'aimerais éviter qu'il y ait de la tension entre vous...

Evidemment qu’il était surprise, ni moi ni Jorus n’avions été très enjoués à l’idée d’ébruiter l’information, mais il le prit bien. Et s’il était évident que Jorus devait être mis au courant plutôt qu’il ne le découvre par lui-même, je n’avais aucune envie de le faire dans les prochains jours. J’avais besoin de temps pour trouver la meilleure façon de lui annoncer la nouvelle. Je n’avais aucune envie de le faire souffrir en lui balançant qu’Akihito m’avais rejoint dans ma chambre et que nous avions formé un couple dans l’instant alors que Joris m’avait abordé une heure auparavant et révélé bien trop de choses. Même quand je pouvais être avec celui que j’aimais, les choises étaient encore compliquées… a croire que ça n’allait jamais finir.

- J'espère juste qu'il ne va pas utiliser son monocle au mauvais moment...

- Si je suis le messager, il n'y a pas de raison qu'il ai besoin de le faire. Et en parlant de partir... Tu comptes toujours retourner sur Yuimen ? Après Guigne ?

- C'est vrai... Mon problème était surtout lié à Silmeria. Maintenant que cette connasse a foutu el camp, je n'ai pas de raison de partir. Et puis je n'ai pas vraiment envie de te laisser seul ici...

- Elle a pas foutu le camp, elle est juste plus avec nous... qui sait quand on la recroisera.

- Même résultat, on en est débarrassé.

Et ce n’était pas pour me déplaire. Bon débarras. J’inspirai et chassai cette chieuse de ma tête. Pas question qu’elle me gâche un moment pareil alors qu’elle n’était même pas là. Avec un peu de chance je ne la recroiserai jamais. On pouvait rêver…

- Dis Yli, si j'avais envie de partir mais que je me forçais à rester pour toi malgré le danger, tu le prendrais comment ?

- Je dirais que c'est une belle idiotie... et une belle preuve d'amour aussi...

On avait tous les deux nos raisons d’être ici. Encore plus maintenant, pas question que je l’abandonne ici. S’il ne rentrait pas sur Yuimen, alors moi non plus. On était sur la même longueur d'ondes à ce sujet, c'était rassurant.

- Je reste par devoir, si ça peut te rassurer. Ta présence est... un agréable ajout dont j'aurai du mal à me passer.

- Je serai ravi d'être ton agréable ajout si tu veux bien être le mien.

- Je ne l'étais pas déjà ?

J’étais nue contre lui, éclairée par la lueur d’une bougie et je commençai déjà à trouver ça parfaitement normal au point de me coller davantage contre lui lorsque sa main commença à caresser ma peau. La sensation était si douce et agréable que c’était impossible que je m’y dérobe à présent. Je n’en avais aucune envie. J'en voulais même plus.

- J'aimerais passer la journée entière comme ça...

- Je te propose toute une vie, et toi tu te contentes d'une seule journée ?

Je redressai la tête, surprise. Venait-il vraiment de… non, ce n’était pas vraiment son intention. Pas maintenant en tout cas. Mais je n’allais pas oublier ses mots.

- Il faut bien commencer quelque part... J'accepterai ta proposition si on survit à ce voyage... et que tu y mets la forme.

- Ça tombe bien, j'ai déjà quelques idées...

Il me pris au dépourvu une fois de plus. Comment pouvait-il déjà avoir des idées ? Et de quelles idées parlait-il exactement ? il n’élabora pas, préférant remonter la couverture sur nous et je laissai couler malgré que mon esprit commençât déjà à tourner pour imaginer mille et un scénarios avec plus ou moins de sens et de faisabilité. Il se colla à moi et je fus interrompu dans mes réflexions par une sensation qui me rappela la nuit précédente avec une précision redoutable. Et je n’eus pas besoin de demander pour savoir ce que c’était.

- Donc c'est ça que j'ai senti la nuit dernière... obsédé...

- Moi, Akihito Yoichi d'Oranan, plaide coupable le crime que même grelotant dans le froid en haut d'une montagne, je trouve la vice commandeur de la commanderie de Tulorim des Danseurs d'opale Yliria Varnaan'Tha absolument charmante.

Je pouffai contre son épaule, bien trop amusée par la situation et sa répartie pour rester de marbre. C’était incroyable à quel point tout était venu naturellement. Je n’étais même plus gênée de tout ça, me blottissant volontiers contre lui malgré notre absence totale de vêtements. Et un dernier baiser termina d’ancrer ce moment dans une réalité qui semblait pourtant si inatteignable il y a encore quelques heures. Le Destin était tout de même vraiment curieux, parfois…

Me réveiller dans les bras chauds d’Akihito était sans aucun doute possible une sensation surpassant toutes celles que j’avais connues jusque-là. C’était réconfortant, agréable et je me pris à souhaiter rester au lit toute la journée au lieu de sortir de là. Sentir Akihito sortir du lit pour s’habiller me fit grogner et soupirer. Et la perspective de devoir faire comme si rien ne s’était passé ne m’enchantait pas vraiment. Surtout quand il quémanda un baiser en précisant que ce serait le seul de la journée. Il fallait y remédier et je lui soufflai de me rejoindre cette nuit pour éviter ce destin horrible.

- La journée risque déjà d'être interminable, la rallonge pas non plus.

Je me contentais de sourire, de sortir du lit et de faire mes étirements matinaux, parfaitement consciente de son regard sur moi alors que je lui tournai le dos. Comparé à ce qu’on avait fait hier soir, c’était une broutille. Je le taquinais concernant mon départ prochain et il était clair que cela allait lui manquer. Qu’il ait trouvé une solution pour me rejoindre régulièrement était un sacré avantage, il fallait bien l’avouer. Je me demandais comment la Reine allait réagir… j’espérais que ça ne créerait pas de problèmes…

- Tu comptes faire des allers retours à quel intervalle ?

- Je peux me déplacer une fois par jour. Maaaaaalheureusement, je dois attendre une nuit pour que mon pouvoir soit réutilisable... Donc je passerai tous les deux jours au mieux, et je devrai rester dormir avec vous... Quel dommage.

- Ça veut dire que tu devras passer la nuit avec moi ? je te plains, mon pauvre... veillons à ne pas trop espacer tes venues, sinon je ne donne pas cher de ma peau...

je plaisantais à peine et le regardai disparaître par la porte après une caricature de courbette, mais j demandais sincèrement ce qu’il se passerait si nous étions séparés pendant une longue période, dorénavant…

(Oh tu aurais sans doute du mal à marcher le lendemain de vos « retrouilles »)

(Ohooh, elle est bonne celle-là, je l’avais pas vu venir tiens…)

(Ne me remercie pas, c’était un plaisir.)

Je m’habillai en secourant la tête, recoiffait mes cheveux et enfilai mon armure pour être présentable, effaçant toute trace de la nuit pour quiconque autre qu’Akihito. J’inspirai longuement et fis de mon mieux pour faire disparaître le sourire béat qui ne voulait pas quitter mes lèvres.

(Je suis heureuse pour toi, Yli.)

(Merci Alyah…. Et merci de ne pas être intervenue au pire moment hier.)

( C’était trop important pour que je fasse la maligne. Ne t’y habitues pas.)

Je’ouvris la porte en levant les yeux au ciel et descendis vers le rez de chaussée. Il était temps qu’on mette au point un plan pour aller contacter le Titan. Et, par les dieux, j’étais de sacrée bonne humeur ce matin.

(On se demande bien pourquoi, tiens…)


***
Utilisation d'un bon Émotif

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Jorus Kayne
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Jorus Kayne » ven. 22 mars 2024 22:12

J’ai beau être couché sur mon lit, mes pensées ne cessent de me harceler. Demain nous devrons aller voir le fameux Andi et tenter de communiquer avec lui. De plus, Glanaë avait réussi à faire une sorte de paix avec la disparition de son d’Arthès, le charme de Maïssa a probablement aidé dans ce sens. Cependant, l’annonce de la mort de Simaya l’a affectée, ravivant peut-être cette douleur de son aimé perdu. Xël avait raison, je ne peux empêcher la mort des autres, c’est inévitable mais c’est plus fort que moi !

(Ha punaise, Xël ! Je l’ai oublié !)

Je m’en vais chercher dans mes affaires mon monocle et demande à voir le mage. Je le vois vivant, mais ce n’est peut-être que temporaire. En plein combat, il use de sa magie luttant visiblement contre quelque chose. Ai-je raison de craindre pour sa vie ? Tant qu’il peut user de ses portails, il sera en mesure de se prémunir d’un danger mortel. Il est après tout, un mage particulièrement puissant. J’ai pour le moment d’autres préoccupations avec mon ventre qui réclame une attention. Je prends la direction du couloir pour descendre et croise Yliria. Elle qui avait emboîté le pas à Glanaë, elle a sûrement dû rester à ses côtés.

"Salut Yli ! Comment se porte Glanaë ?" Dis-je en l’abordant.

Portant un regard à la cambre où se trouve l’essérothéenne, elle tâche de me rassurer qu’elle se porte aussi bien que possible dans les circonstances actuelles et préfère rester seule. Mon regard suit le sien à la porte en répondant à mon tour.

"C'est compréhensible. Entre la perte d'Arthès et maintenant Simaya, ça fait beaucoup en peu de temps." Puis je reporte mon attention sur Yliria. "J'ai rencontré Zaria et Glanaë de leurs retours de chez ...la reine. Je sais qu'il s'est passé quelque chose. Quoi je ne sais pas, mais Zaria avait l'air particulièrement affectée. Pourtant c'est quelqu'un d'assez solide. Selon elles, tu es la seule qui pourrait me dire ce qu'il s'est passé !"

Avec un léger malaise perceptible, elle prétend qu’elles ont simplement signé un accord avec la reine, qui est d’ailleurs à l’image de sa cité, avant de préciser qu’elle était sérieuse concernant le goût des hommes qu’elle préfère crus. Sauf que cela ne répond en rien à ma question, bien loin de l’état dans lequel j’ai trouvé Zaria.

"Ce n'est pas la réponse que j'attendais !" Je me rapproche d’elle, la proximité pouvait l’aider à parler sur le ton bas de la confidence. "Tu ne souhaites pas en parler soit, je ne vais pas insister. Mais je vais te poser une question, une seule, et j'aimerais que tu y répondes avec sincérité. Ai-je une raison de m'inquiéter ?"

Après un instant d’hésitation, elle réplique que non et nous en aurait avertie si tel était le cas. Bien que n’ayant pas de réponse concrète, je me fie à ses propos, me rassurant par la même occasion. Puis elle me surprend, prétextant qu’une telle intimidation ne me va pas.

"Intimi...?" Fais-je un instant avant de pouffer un bref instant. L’idée m’étant tellement loin du moment. C’est avec un grand sourire et me retenant de rire que je clarifie les choses…à ma manière. "J'aurais plus de chance d'intimider un Brok'nud qui charge que toi Yli ! Pardon si c'est l'impression que je t'ai donnée."

Cependant, je repense à Zaria et mon sourire diminue de lui-même.

"J'ai posé la même question à Zaria et sa réponse...ne m'a pas rassuré sur le moment." Je poursuis ensuite, mon regard devenant plus attendri. "Mais non, t'intimider, c'est clairement pas l'idée qui me vient quand je suis avec toi...et seul !"

(Ho le coquinou ! Dommage qu’elle n’enchérisse pas dessus.)

Au moins, la comparaison avec le Brok'nud aura éloigné le spectre de l’intimidation par un léger sourire montrant son amusement. Puis c’est avec un léger malaise qu’elle me demande de préciser l’idée qui m’est venue.

(Que quoi ?)

(C’est quoi cette question ? Elle me demande vraiment d’aller sur ce terrain ?)

(J’en ai bien l’impression. Elle t’a dit qu’elle n’avait pas de sentiment pour toi cependant…ça a peut-être évolué. Vas-y à tâtons tout de même !)

Je me rapproche un petit peu en répondant. Un maigre petit pas, mais pour plus de proximité et d’intimité, quand bien même Yliria me paraît encore loin de moi.

"Tu as cru que je t'intimidais alors quoi, tu penses que si mes mains s'approchent de ta nuque c'est pour t'étrangler ? Si elles effleurent ta veste c'est pour réajuster ton col ? Que si j'attrape tes mains c'est pour les ligoter ?" Je tourne légèrement la tête pensive, imaginant déjà la scène et rajoute avant de laisser mon imagination prendre le dessus sur la réalité. "Quoique... cette dernière n'est pas totalement à exclure !" Dis-je moitié sérieux, moitié amusé. Pourtant, aucune réaction particulière ne se présente sur le visage de la belle. Elle ne fait que lever les yeux, nos regards se croisant de nouveau lorsque j'approche et prétexte que je ne souhaite pas faire ces choses, me demandant finalement d’aller droit au but.

(Je suis…perdue là !)

(Et moi donc !)

"Je..." J’expire un bref instant avant de reprendre sérieusement, clarifiant les choses en remettant le contexte. "Tu connais pourtant mes sentiments à ton égard ! Tu sais parfaitement de quoi je parle !"

Sauf que c’est la confusion. Non pas qu’énoncer mes sentiments la perturbe, mais elle ignore le rapport avec le fait de la ligoter. J’attends un bref instant qu’elle termine, mais rien. Pas de remarque supplémentaire, ni de boutade, pas même un petit clin d’œil pour m’inciter à révéler davantage.

"Tu...tu l'ignores ?" Fais-je en souriant devant l’évidence. "Quelle naïveté touchante ! Je serais plus qu'heureux d'approfondir tes connaissances, mais pas avant que l'on ne soit plus intime l'un envers l'autre j'en ai peur !"

(Moi à ta place j’aurais poussé un petit peu plus. Elle aime peut-être…qu’on prenne les rennes pour elle ?)

(Pourquoi ne pas lui laisser le choix ?)

"Je peux cependant te donner un bref aperçu, là, maintenant !" Dis-je finalement.

(Tu es…sérieux ? Là maintenant ? Alors que tout le monde pourrait vous voir juste en ouvrant une porte ?)

(J’ai…déjà mon idée en tête.)

Mon esprit projette déjà l’image de nous deux, lové l’un contre l’autre, tenant ses mains attachées dans son dos. Je n’ai pas de corde, ni de lien. En ce moment, c’est le creux de ma main qui demande à sortir et s’enrouler autour de ses poignets.

"Intimes ? Mais de quoi parles-tu...?" Dit-elle avant que ses yeux ne s'ouvrent avec rondeur de la compréhension.

Rappelant qu’elle ne ressentait pas la même chose que moi, je comprends que tout ça n’était qu’un malentendu. Un malentendu qui m’aura donné de faux espoirs. Pourtant, je ne comprends pas son cheminement. Pourquoi m’aurait-elle poussé à préciser la chose s’il n’y avait rien derrière tout cela ?

"Mais je le sais ça ! C'est toi qui m'a demandé quelle idée me venait en étant seuls. Je n'ai simplement fait que répondre à ta question Yli ! Tu vas bien ?" Dis-je, tandis que mes yeux se plissent ne sachant pas d’où cette curiosité vient.

Sauf qu’elle revient à la charge, curieuse encore et sous prétexte de ne pas comprendre les non-dits, elle demande plus de clarté. Je ne comprends pas ce qu’il se passe. J’ignore si c’est vraiment ce qu’elle veut ou si elle teste simplement de potentiels sentiments pour moi, plus intimes, même les plus infimes.

"Tu veux savoir ce que ça fait d'avoir les mains liées ? Quand bien même je ne franchirais pas la ligne, tu es... sûr de toi ?" Fais-je en tendant les mains pour qu'elle me confie les siennes. Je n’attends plus que son accord pour que les désirs que j’avais il y a peu se manifestent, deviennent réels. J’en viens même à me demander si, je serais en mesure de faire naître quelque chose en elle et dont je serais l’unique bénéficiaire. Mais elle pâlit. Plus encore, elle prétend qu’elle connaît déjà ce que je lui propose.

(Que quoi ?)

(Mais quoi ? Mais…non !)

(Calme-toi, tout doux ! Rien n’est joué !)

Ysolde n’a pas tort car de ce qu’elle me montre, Yliria n’en tire pas un moment agréable. Cependant, je ne serais pas en mesure de lui apprendre cette première expérience, de lui offrir un moment…juste elle et moi, comme je l’espérais. Mais horreur, sa première fois m’a été dérobée. Ma proposition n’a plus lieu d’être et en moi je tente d’étouffer le désir qui a animé mon geste.

"Ha oui ? Vu ta réaction ce n'est visiblement pas un souvenir plaisant ! Dommage !"

Elle me confirme ce que je pensais. Elle n’en a tiré aucun plaisir.

(Bordel si je choppe celui qui m’a brisé ce moment en agissant comme une merde je lui fais bouffer ses tripes !)

Mais alors que je pensais que notre conversation allait s’arrêter ainsi, elle insiste et persiste.

"Comment ça dommage ? Pourquoi voudrais-tu m'attacher exactement ?"

(Non ça suffit ! Je n’ai plus envie de m’emballer pour rien ! De sentir ce brasier en moi pour se faire éteindre immédiatement après être né. Il est temps d’en finir et de passer à autre chose !)

Je pose ma main sur sa tête, enfonçant mes doigts dans ses cheveux et l'ébouriffe, comme pour chasser les mauvaises pensées de sa tête.

"Oublie ça ! Je ne savais pas que tu avais déjà l'expérience de ceci, mais surtout je ne veux pas faire ressurgir de mauvais souvenirs !"

Soupirant, elle me trouve l’excuse de mon ignorance. Mais encore, encore, ne lâchant rien, persistant dans une quête de compréhension, elle insiste pour savoir. Qu’ai-je envie de lui faire comprendre ? Quelles sont mes intentions derrière ce que je prétends vouloir agir comme je l’ai proposé. Ma main se fait repousser de ses cheveux sans aucune forme de violence, me traitant même de malandrin. Cette dernière réaction me provoque un rire que je retiens assez facilement par un simple sourire sur le visage. Je n’ai pas souhaité me laisser aller. Je n’ai pas voulu laisser le feu en moi reprendre forme et vie. Mais c’est plus fort que moi. Elle est là devant moi, me demandant des détails sur ma façon de faire. Si l’autre énergumène s’est comporté comme un cloporte, j’ai la chance de donner le meilleur de moi-même. Pourtant, je me retiens. Je crains de franchir cette ligne. Les choses ne seront peut-être plus jamais pareilles entre elle et moi après cela. Dois-je me retenir ou répondre à ses attentes ? Incapable de parler, ma faéra est aussi dans l’attente de ma décision, de mon choix d’agir ou non. Mes yeux se lovent dans les siens. Mon désir pour elle brûle plus que jamais…et je me laisse aller en suivant mes pulsions primaires. Qu’importe si je ne peux passer ses mains derrière elle, lui offrant la sensation de soumission en l’attachant avec mon fouet. Je me rapproche d’elle, plongeant mon regard dans le sien comme jamais.

"Avoir les mains liées c'est s'abandonner à l'autre, à son désir, à son plaisir, sans être capable de s'en défaire. Ça peut paraître une position inconfortable, mais si on arrive à laisser ce sentiment de côté, cela permet de laisser tous ses sens en éveil ! Un simple souffle sur la peau devient une caresse, le contact charnel devient lui, plus intense. Plus rien d'autre n'a d'importance que le moment présent. On ne le ressent plus, on le vit totalement tout comme on s'y perd ! Le rôle de celui qui ligote n'est pas à prendre à la légère. S'il s'apparente à un prédateur, il ne doit pas se laisser dicter ses actes par son désir personnel, mais contrôler chez l'autre tout en faisant monter la tension !"

Je m'arrête un bref instant avant de reprendre. Car il est temps pour moi de chasser son expérience précédente et de la remplacer par une promesse plus qu’agréable.

"Il y a autant de manières de faire que d'individus ! Moi je plongerais mon regard dans le tien jusqu'à en perdre la raison. Je t'embrasserais passionnément nos corps l'un contre l'autre, sentant nos cœurs battre à l'unisson. De ma bouche et de mes mains j'apprendrais tous les recoins de ta peau, chaque sillon, chaque forme, jusqu'à être capable de reproduire ton corps les yeux fermés."

Elle n’a eu de cesse de s’empourprer tout au long de mes explications. Sentant le risque de perdre le contrôle, je me force à reculer, bien qu’un d’un demi-pas cependant.

"Tu voulais savoir ? Voilà un bref aperçu ! J'envie déjà celui qui pourra vivre ce moment privilégié avec toi !"

(Ce que j’ai chaud ma parole !)

(Je ne vois pas ce que je peux faire de plus. Seul le destin me dira si j’ai eu raison ou pas d’avoir dit tout ça et…de cette façon !)

Je suis perplexe quant à la réaction d’Yliria et pour cause elle déglutit, bafouille lorsque je m’arrête enfin, comme si elle était dans une position très inconfortable, loin, très loin de ce que j’espérais. Elle enfouit son visage dans ses mains en soupirant, s’excusant d’avoir insisté pour savoir. Ecartant ses mains du visage, elle rabat ses cheveux en arrière avant d’expliquer qu’elle ne s’attendait pas à ça. Qu’une telle chose n’arrivera jamais, réfutant même d’être ligotée pendant l’acte avant de se demander pourquoi les gens sont obsédés par le sexe, sans être capable de mentionner le mot.

"Je... j'avoue que je m'attendais pas à ce genre de...réaction ! Pourquoi dire jamais alors que ça t'es déjà arrivé ? Tu n'es peut-être pas juste tombé sur le bon partenaire ! Les mauvaises expériences arrivent, mais ce n'est pas une généralité sois en certaine !"

(C’est une obsession ? Comment on fait des p’tits sans faire l’amour ? Par la grâce divine ? Et tous les animaux, sont-ils aussi obsédés ? Ce ne sont que des bêtes ! Faire l’amour c’est juste…naturel !)

"Cependant, ce n'est pas une question d'obsession c'est juste que...je trouve ça...aussi naturel qu'agréable. Si c'est bien fait cela va de soi !" Dis-je en souriant puis poursuis. "Je dirais même que c'est un besoin. Pas vital oui, mais si même les lapins s'ébouriffent le pompon c'est que c'est dans l'ordre des choses non ?"

Elle soupire de nouveau, passant une main sur son visage comme pour chasser des idées impures avant d’expliquer la méprise. Je l’écoute silencieusement apprenant qu’elle n’a pas cette expérience que je lui prête, ne faisant que simplement mention d’une période où elle était prisonnière et donc ligotée. Puis, avant de me demander d’oublier cette conversation, ne souhaitant pas en parler, elle précise qu’elle est en réalité vierge. Mes yeux s’arrondissent à la révélation, de même que ma bouche qui lâche un "Hooooooo !" de surprise.

(Ha oui c’est plus qu’une méprise là !)

(Non, tu crois ? Bordel !)

"Très bien je ne vais pas insister mais, si je puis le permettre avant de te laisser tranquille...dans ton malheur d'avoir été prisonnière, tu as eu de la chance. Il est rare que les hommes ne profitent pas de la situation en abusant de toi. J'ai... déjà vécu ça. Parfois j'entends encore leurs cris." Dis-je le regard vide, entendant encore ces horribles voix dans ma tête. "Pardon je m'égards ! La première fois est précieuse. N'attends pas qu'on te la prenne de force et ne la gâche pas non plus comme je l'ai fait. Même si tu sembles bien partie !" Fais-je en riant, puis reprends plus sérieusement. "Cependant, ne dis pas que tu ne le feras jamais si tu ne sais pas de quoi tu parles. Dans le fond, ça reste un acte d'amour et ça peut être un moment de partage très, très unique !"

Avec des yeux qui laissent entrevoir que la scène semble se dérouler devant elle, j’apprends qu’ils ont essayé, mais que la vie leur a rapidement manqué. Ca c’est l’Yliria que je connais. Elle balais mes arguments sur le sexe, jugeant simplement que ce n’est pas à l’ordre du jour. Puis elle fixe mon visage un bref instant, avant de me demander si j’aurais de tels envies avec son corps d’adolescente. Celui qu’elle devrait encore avoir.

"Tu n'arrives toujours pas à accepter ce changement physique n'est-ce pas ?" Dis-je avec un regard désolé.

Nous avons déjà eu cette conversation. Si mes mots à ce moment-là ne l’ont pas marqué, je devrai peut-être essayer une autre approche. Je croise les bras et me penche pour le coller au mur avec l'épaule.

"Tu sais, j'ai connu de nombreuses femmes. Des belles, moins belles, mais seulement trois m'ont réellement marqué. Non pas par un physique de rêve, mais parce qu'elles avaient chacune quelque chose d'unique en elles. La première est morte, la seconde m'a fui..." Dis-je avec une tristesse visible dans les yeux, avant de chasser mes pensées. "...et la troisième change de couleur quand je parle de bistouquette !" Dis-je avec un sourire affectueux. "Je te l'ai déjà dit, ton corps n'est qu'une enveloppe. Une charmante enveloppe, mais qui dissimule le véritable trésor à l'intérieur. Peut-être aurais-je eu d'autres mots envers le corps d'une adolescente et sans... expérience. Si tu as changé physiquement, à l'intérieur tu es toujours la même et c'est cette Yliria qui me plaît et qui a fait naître cette flamme en moi !"

Ne sachant pas comment elle prend mes paroles, je reste aux aguets de ses réactions. Elle a du mal à trouver ses mots. Sa tête hoche et elle soupire faiblement avant de m’avouer qu’elle a toujours eu du mal avec son apparence et si la dernière facétie ne l’a pas aidée, j’ai au moins pu la rassurer par mes mots. Tandis que je me demande de quoi elle parle, elle poursuit.

"J'aurais aimé pouvoir répondre à tes sentiments et, à défaut de rendre tes perversions réalités, te rendre heureux dans une certaine mesure. J'espère vraiment que tu trouveras quelqu'un qui le fera, Jorus, mais ça ne pourra pas être moi... Je peux pas nous mentir à tous les deux."

(Bon sang ce que ça fait mal !)


Je prends sur moi. Même si mon cœur souffre à enttendre ces mots, ce moment en sa compagnie m’est précieux, unique même. Je ne compte pas la blesser en le lui montrant que ça m’affecte. Alors je réplique, cherchant dans mon registre une petite pointe d’humour pour palier à ça.

"C’est tout ce que je te demande ! D’être honnête avec toi, avec moi et de ne surtout pas mentir à l’un ou l’autre, je ne supporterais pas une fausse romance. Reste fidèle à tes sentiments, c’est telle que je te connais et que je t’aime ! Mais fais-moi une promesse,…" Je m’éloigne du mur et décroise les bras. "…si jamais tes sentiments devaient évoluer, n’attends pas que je devienne un vieil homme tout fripé ! Je ne pourrais probablement pas tenir la cadence que tu m’imposeras. Et qui sais, peut-être qu’avec moi tu apprendrais un côté de toi que tu ignores, une Yliria plus…perverse comme tu dis !" Dis-je avec un large sourire avant de reprendre. "Tu sais, je sais aussi faire dans le traditionnel, sans…" Fais-je en joignant mes poignets face à moi et les ouvrant. "…les mains liées !"

"Ne change jamais, Jorus." Me dit-elle en souriant. "Et même quand tu seras un vieil homme tout fripé avec celle qui aura su te mériter, j'espère que tu seras toujours le même à l'intérieur."

(Rester le même ? Si toutes les femmes que j’aime me rejettent, vais-je pouvoir demeurer la même personne ? Et comment…comment j’arrive à trouver du réconfort par ces propos tout en étant affecté intérieurement ?)

"Seul le temps nous le dira ! Mais merci." Dis-je en lui renvoyant son sourire avant d’être interrompu par le bruit de mon ventre criant famine.

(Sauvé par l’appel du ventre !)

"Je crois qu'il est l'heure de descendre !" Dis-je en posant une main sur mon ventre.

Me laissant passer pour ne pas mourir de faim, elle sourit en me demandant si l’on se voit demain.

"Bien sûr ! Sauf si tu comptes te débarrasser de moi !"
Dis-je avec un air malicieux. "Je pense que tu descends aussi, je te rejoins j'ai... oublié quelque chose dans ma chambre !"

Cependant, elle préfère aller se coucher. Le manque de sommeil accumulé devient trop important et elle baille sans retenue devant moi.

"Je ne te retiens pas plus alors. Dors bien !" Fais-je affectueusement.

(S’il te plaît rentre vite !)


"Merci Jorus... Toi aussi. Ne te goinfre pas trop." Dit-elle avant de disparaître dans sa chambre.

Je fais mine de partir, tandis que la belle enchanteresse disparaît dans sa chambre, me laissant tout le loisir de m’apitoyer sur mon sort, enfouissant ma tête entre les mains.

(Bon sang, mais qu’ai-je fais ?)

(Ha ça ! T’y es pas aller avec le dos du gruyère !)

(Je lui ai parlé de la ligoter et elle avant en tête une séquestration. Bon sang et en plus elle est vierge ! Tu m’étonnes que je passe pour un pervers !)

(On a découvert sa kryptonite : le sexe. Je pensais pas qu’elle serait autant affectée !)

(Une crypte aux mites ? C’est quoi ?)

(Non, crytpo…oublie ! C’est ça faiblesse en gros !)


Je finis par m’adosser contre le mur du couloir, me rappelant le long et terrible quiproquo.

(Et qu’est-ce qui m’a pris d’ajouter à la fin : "Je sais aussi faire dans le traditionnel !")

(Ha oui, le pire c’est qu’elle a même relevé que c’était une vraie proposition !)

(Quel con ! Mais quel con ! MAIS QUEL CON !)

Poussé par mes émotions, je finis sans le vouloir à frapper le mur derrière-moi, laissant une douloureuse marque derrière la tête.

(C’est malin ça ! Mais ça fera rien partir !)

Sauf que je n’ai pas fait attention à un détail qui a son importance. Trop perdu dans mes pensées, je n’ai pas fait attention qu’il ne s’agissait pas d’un mur…mais d’une porte. Je ne le comprends que trop tard lorsque celle-ci s’ouvre, mais laissant tomber à la renverse, incapable de me rattraper à temps. Je suis de justesse rattraper par la personne à l’intérieur et croise le regard de Mathis.

"Ha !" Fais-je malgré moi, ne cachant pas ma déception.

(Ha punaise ! Il fallait que ce soit lui !)


Parmi toutes les personnes présentes, il fallait que je tombe sur Mathis, qui a par pur égoïsme, faillit ôter une chance de ramener Simaya, alors que sa magie a finalement eu raison d’elle, qu’il n’a pas cherché à trouver une autre solution pour nous libérer de l’emprise qu’a la Savane Tanathéenne sur les esprits, œuvrant de concert et avec cœur avec Silméria en suivant le plan de Vallel. Ca fait beaucoup, quand bien même je ne peux lui en vouloir pour sa perte de contrôle en ayant subi la malédiction provenant des effets personnels de l’elfe.

"Ça va ?" Me demande-t-il.

"Oui ça va. Merci."

Visiblement d’humeur à rigoler, il me demande en souriant par qui j’aurais apprécié de me faire rattraper.

(Déjà pas toi, ni Silméria et Akihito non plus ! Oui bon pas grand monde à part Yliria je crois !)

L’agacement monte aussi rapidement qu’un bon piment. Le voir s’amuser et me titiller m’irrite, lui qui semble agir contre les personnes que je protège. Ma réaction ne se fait pas attendre.

"Et en quoi ça te concerne ?" Dis-je le fixant d’un regard froid.

Prétextant une boutade sans néanmoins réagir négativement à mon hostilité pourtant évidente, il enchaîne qu’hormis Sally, il apprécierait si le destin l’avait envoyé dans les bras des dames en notre compagnie. Tout particulièrement Aleriia qui est plus forte qu’on ne le croit. Une réponse qui me fait lever un sourcil de curiosité. Je doute que toutes soient d’accord avec ses désirs. Je ferme les yeux un instant avant de répliquer à mon tour.

"Demande toi si elles le veulent déjà ! Zaria n'est pas dans son meilleur état, tu risques au mieux un poing fermé d'yliria et Glanaë... Même Glanaë ?" Dis-je suspicieux ?

(Glanaë a perdu son époux il y a peu. Lui qui se vante d’être son ami, d’être leur ami à tous les deux, il sauterait sur l’occasion ? Si moi je suis un pervers, ça fait quoi de lui ?)

Non, ce n’est là qu’un humour dont il semble être le seul à comprendre. Aleriia n’était qu’un exemple pour souligner sa force supérieure, ne poussant pas plus davantage l’idée. Il suppose avec raison que si j’avais eu le choix, ce n’est pas vers lui que j’aurais jeté mon dévolu.

(Non vraiment ?)

"Non tu as raison, t'es tout en bas de la liste. Je dirais même que j'ignore entre Silméria et toi qui obtient la dernière place !" Fais-je peu convaincu de sa réponse, ne prenant pas de gants pour montrer l’agacement que j’éprouve envers lui.

(Jorus tu devrais te calmer !)

(Et pourquoi cela ? Tu prends sa défense maintenant ? C’est nouveau !)

(Ce n’est pas ça mais, la mention de Silméria me fait réfléchir. Si elle est la moitié de la menace que tu ressens, il vaut mieux avoir toutes les personnes du groupe de ton côté, tu ne trouves pas ?)

(J’ai pas besoin de lui ! Si je ne condamne pas la magie qui nous a envoyé à Jesuir, le voir suivre les plans de Vallel, travailler de concert avec les jumelles elfiques et prendre le risque de ne pas ressusciter Simaya par ce qu’il pensait à ses p’tits copains d’abord, je peux tout simplement pas tolérer ça !)

(Dans ce cas, à défaut de l’égorger pour qu’il ne recommence plus, le mieux ne serait-il pas de le surveiller et de l’empêcher de recommencer ? J’ai conscience que ça t’énerve, mais il est préférable de rester courtois avec lui. S’approcher pour mieux le surveiller. Ne dit-on pas qu’il faut garder ses amis porches et ses ennemis encore plus porches ? Sans qu’il soit une aussi grande menace, mieux vaut le surveiller non ?)

(…)

(Un problème ?)

(Non. C’est juste que c’est désagréable quand tu as raison comme ça !)

(Héhéhé !)

Je n’ai eu de cesse de l’observer froidement durant mon échange avec ma faéra, mais force est de constater qu’elle a raison à son sujet. Je ferme les yeux un instant, cherchant en moi la force de m’apaiser et de trouver les mots pour…ça m’irrite déjà, mais pour me rapprocher de lui.

"Je...je suis désolé ! En ce moment...mes émotions sont dans la houle et j'ai l'impression de pouvoir chavirer à n'importe quel moment !"

"J'accepte tes excuses. Et je comprends que tu sois bouleversé. Je le suis également. Je tente de garder tout ça pour moi en conservant le sourire, mais les émotions s'accumulent à l'intérieur, je crains que ça va finir par exploser.... Veux-tu entrer un peu pour que l'on discute ? "

Ainsi il ne montre rien, gardant tout pour lui. L’image que j’ai de cet homme est-elle loin de la réalité ? Derrière la proposition de ma faéra de me rapprocher de lui, peut-être que je vais apprendre quelque chose à son sujet, quelque chose capable de changer mon opinion le concernant.

"Pourquoi pas !" Dis-je en entrant après une brève hésitation.

(Oui ben garde à l’esprit que c’est un p’tit con pour t’avoir éloigné de moi !)

(Mais…et ton intention de se rapprocher de lui ?)

(Hé bien…fais ce que je dis, pas ce que je furet !)

Entrant, il s’en va chercher deux chaises pour discuter, s’excusant de l’inconfort du mobilier.

"Ca tient debout, c'est déjà pas mal dans cette auberge !" Fais-je avant de poursuivre. S’il y a bien une chose qui mesurprends, c’est sa capacité à garder la face, malgré le résultat de ses actes. J’ai en mémoire les déboires avec Ybélinor et ce qui a failli résulter. "Comment tu fais... pour tenir le coup ? Tu as déployé une magie qui nous a tous tués, qui a finalement eu raison de Simaya. A ta place je serais incapable de faire face aux autres et à moi-même ! Pourtant, tu sembles bien te porter."

Expliquant qu’il retient à l’intérieur son ressenti, je ne peux m’empêcher de faire le lien avec les quelques désaccords, les points que je préfère ne pas relever en groupe, de peur de troubler davantage notre cohésion si fragile. Ensuite, il explique plus en détail ce qui s’est produit notamment son cauchemar. Peut-être a-t-il oublié que j’étais présent à ce moment-là, avant d’être à mon tour figé dans le cristal. Encore unefois, ill relate la culpabilité de ses actes concernant la pyramide, dans laquelle il n’a répliqué à mes soi-disant attaques. Si je l’écoute sans l’interrompre, je tique un peu sur la fin et clarifie les choses.

"Tu n'as pas à te justifier, si...si nos rôles avaient été inversés, il y aurait pu avoir un véritable drame et moi je n'aurais pas été capable de m'en relever." Dis-je en baissant la tête. "Je savais...déjà ce qui t'était arrivé, j'étais présent et tu parlais durant ton... cauchemar. La véritable responsable c'est Silméria, elle aurait dû nous avertir de ce qui nous menaçait si on prenait ses affaires ! Mais tu te méprends, je ne vous ai pas attaqué toi et les deux autres folles. J'ai simplement tenté de vous entraver en vous liant les uns aux autres !"

Ma déclaration semble l’apaiser, car jusqu’à présent il ne comprenait pas mon geste agressif. Me poussant à m’expliquer davantage.

"Ce que je voulais c'était d'empêcher Vallel de revenir parmi les vivants. Il a déjà semé la mort, une première fois. Puis il est parvenu à revenir en possédant le corps du dernier archisorcier d'Esseroth, avec une armée sous la tour d'Orsan. Je n'ose imaginer ce qu'il est en mesure de faire, maintenant qu'il a l'emprise autant sur la chair que sur l'esprit !" Je frémis au souvenir de ses pouvoirs sous ma forme d'esprit.

Mathis rapporte des propos de Vallel, selon lesquels il ne penserait plus à la vengeance et se tient prêt à nous aider contre le Dragon Noir, attendant un signe de notre part dans le Tour d’Orsan, où ce qu’il doit y rester. Cependant, la méfiance est de mise le concernant. Pour ma part, il peut bien croupir jusqu’à ce que mort s’ensuive…enfin encore une fois, jusqu’à sa prochaine résurrection.

"Tu m'excuseras si j'ai du mal à croire en sa parole. Si le Dragon est une assez grande menace pour s'allier avec nous, qu'adviendra t'il si nous parvenons à le vaincre ? Lui qui cherche à atteindre le corps parfait, ne va-t-il pas imposer son "œuvre" à tout Aliaenon ?" Dis-je avec un sourire moqueur au soutien de Vallel.

Il réplique hélas que nous n’avons pas le luxe de choisir nos alliés. Forte heureusement nous avons des êtres aussi puissants que Vallel. Des alliés hein ? Je joins mes mains sur la tête et me mets à contempler le plafond.

"Tout comme nous avons des personnes comme Silméria et sa fichue sœur pour contrebalancer tout ça !"

Mathis semble consentir à mes propos et apprécie que le Sans-Visage l’a éloigné de nous. Rappelant l’échange houleux entre Silmérie et Yliria, il précise que la tension devenait trop forte au sein du groupe. Je baisse les yeux pour poser à nouveau mon regard sur Mathis.

"Trop forte ? C'est un euphémisme ! Sa prochaine connerie pourrait bien mener à un bain de sang interne ! C'est bien ce qui m'inquiète !"

En accord avec moi, il préfère changer de sujet et revient sur mon hurlement, s’inquiétant pour moi et me proposant même des potions pour me soigner.

"Ca...ça va, merci !" Dis-je hésitant. J’ai souffert le martyre, mais ce n’est rien en comparaison avec la réaction d’Yliria à ce moment-là. "Je me suis déjà soigné ! Comment est la faune locale ?" Dis-je préférant changer de sujet.

Comme l’a affirmé Aleriia, ceux à l’intérieur des portes sont plus civilisés, plus lucides. A mesure que la nuit s’est mise à tomber, les rues devenaient moins désertes. Cependant c’est vers un trio en particulier qu’Aleriia les a conduits, connus pour être les bourrins de la cité.

(C’est étrange tout de même cette différence !)

"Curieux cette histoire d'être civilisés et non civilisés. Aleriia a dit s'ils étaient comme ça d'origine ou s'ils le sont devenu ? Un peu comme son frère qui a succombé à sa bête intérieure !"

"D'après elle, cela est survenu avec l'arrivée du titan qu'elle surnomme Andie." Dit-il.

"La perte de contrôle serait d'Andie ?" Dis-je en lâchant mes bras et pousse ma curiosité. "Quoique ce n'est qu'une opinion et rien de vérifié. Et pour la transformation des habitants ? Tu étais déjà venu si je ne me trompe pas."

Effectivement ce n’est qu’une opinion de la harpie. La cité était militaire, gardée par des hommes entraînés et équipés pour. Les bâtiments eux étaient bien entretenus. Rien à voir avec maintenant en somme. Il évoque ses connaissances de l’époque, envisageant qu’ils soient eux aussi transformés en ces..choses.

"Et à l'époque ils avaient déjà ce rapport avec la magie ? Aleriia m'a confié qu'ils la haïssent autant qu'ils la craignent. Mais je pense que le problème vient qu'ils n'ont pas connaissance de ce qu'est la magie. Comme un truc dangereux auquel il vaut mieux ne pas se mêler !"

Effectivement, la magie était déjà mal vue à l’époque, tout comme l’addiction au Thiir. Une remarque qui m’inquiète un peu quant aux effets indésirables que j’ai entendus.

"Le...Thiir ? Tu as déjà...croisé des personnes atteintes de l'addiction au Thiir ?"


Plutôt que de me répondre, il me demande si je sais ce que c’est.

"Pour l'avoir goûté oui ! Les Cadi Yangins de Néo Messaliah l'utilisent d'une certaine manière. Ils en font une boisson énergisante, très énergisante ! Mais je n'ai pas décelé d'effet secondaire chez eux !"

Utilisé par les Homme Pâles qui la prenaient non diluée, le Thiir permet de décupler ses capacités physiques. L’addiction peut aller jusqu’à rendre les consommateurs très violents, voire trop.

"Une transformation physique des habitants, une altération psychologique qui les transforme intérieurement en la bête extérieure qu'ils sont devenue, un usage de produits qui les rend dangereux, un rejet total de la magie dont on a besoin, une reine qui dévore les hommes crus, voire peut-être vivants et enfin la présence d'un Titan qui peut attirer un fléau encore plus dangereux que tout ! J'ai oublié quelque chose ?"

Il rajoute une absence de soldats, d’entretien de la ville, du Titan protecteur qui ne l’est que pour Aleriia, Glanaë en deuil, Zaria sans ses pouvoirs et le seul groupe qui a le pouvoir de les sauver de la menace n’est pas foutu de s’entendre.

"Rajoute aussi à ça Akihito qui n'a eu de cesse de faire valoir l'intérêt de Silméria dans le groupe et maintenant qu'il parle d'avoir un chef devant assumer la responsabilité d'actes, il est pas foutu d'assumer les siens après le fiasco de sa protégée !" Dis-je avec un rire déplaisant, rapidement remplacé par la gêne et le regret d’avoir exprimé mon ressenti que j’ai préféré tenir muet dans l’intérêt du groupe. "Oublies ce que j'ai dit !" Fais-je avec fébrilité.

D’un regard souriant et un clin d’œil complice, il affirme avoir tout oublié, comme j’ai oublié qu’il partage mon opinion concernant Silméria. Si vraiment il tient ça secret ça me rassure. Si mon opinion se fait entendre, je préfère encore que cela vienne de moi.

"Toujours craintif quant à l'utilisation de la magie ?" Dis-je après un petit instant. "Face au Dragon Noir, nous ne pouvons pas nous permettre d’hésiter."

Mes craintes sont confirmées, mais la présence de Vissélion paraît le calmer un peu. Il est dommage que le sort que j’ai proposé au sorcier nécessite la présence d’un autre de ses pairs.

"J'avoue ne pas avoir eu trop confiance en lui, surtout après cette histoire d'ouverture du sceau principal. Cependant je crois que sortir de la cité a... changé sa façon de voir. J'ai évoqué l'utilisation d'un sort que j'ai usé sur moi-même pour accroître sa capacité à tenir malgré les débordements magiques. Malheureusement, il craint ne pas pouvoir contrôler une magie qui le cible. Un autre sorcier de la lande à nos côtés nous aiderait en cela. Reste à trouver quelqu'un qui accepte de prendre le risque que notre magie lui pète à la gueule !"

Il évoque le combat contre les monstres durant la bataille d’Elscar’Olth. Il a fini dans le corps de Vissélion qui lui a fait de la place et a gardé le contrôle de son âme, particulièrement puissante. Après un bref silence, il termine sur la prudence à user de notre magie sur des êtres. Même si de mon côté j’aurais tendance, au contraire, à vouloir l’utiliser pour mieux s’en passer.

"Je pense qu'il y a deux façons d'utiliser la magie de manière efficace. La première est un usage dont l'effet s'arrête immédiatement, comme le déplacement qu'Akihito envisageait lorsqu'on a croisé le comité d'accueil. le second est plus une capacité de contrôle ou heu...une altération physique. Le sort que j'ai réalisé à Neo-Messaliah était de la seconde catégorie et jusqu'au lendemain matin, j'en ai ressenti les effets. Un unique sort qui m'a permis de me passer de magie le reste de la journée tant j'étais puissant physiquement. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'étais en mesure de rivaliser avec le Dragon Noir, mais j'ai pu m'extraire de la rage de sable qu'exerçait Maïssa sur notre ennemi, sans trop de mal." Puis je termine résumant mon idée. "Je pense qu'il faut réfléchir en amont. Des usages possibles que l'on peut faire de notre magie pour s'en passer au maximum. Cela évitera surtout de perdre du temps !"

Il me demande ensuite de ce que j’ai retenu de mon voyage à Néo-Messaliah. Curieux, je lui demande s’il a un sujet précis en tête et il me laisse juge du plus important ou marquant selon moi. Peut-être est-ce le fait d’avoir mis de côté mon ressentiment envers lui, mais je suis d’humeur taquine.

"Il fait chaud dans le désert !" Dis-je avec un sourire en coin. Ne répondant qu’au travers d’un sourire, j’accède tout de même à sa demande. "Tu ne vas pas aimer Eleb et les siens, du moins ceux qui restent. Ils traitent les femmes comme...non je pense que même le bétail est mieux traité puis qu'utile. Les femmes ne servent même pas à procréer, vu que grâce à la Pierre de Vision, ils ne meurent pas de vieillesse !" Je m'arrête avant de poursuivre. "Ils utilisent leur Pierre autrement qu'Ibn le faisait, c'est à cause de cela que lui et Zaria perdent leur pouvoir après l'avoir utilisé ! Tant qu'ils l'auront, nous ne pourrons bénéficier des aptitudes précieuses d'Ibn et Zaria ! On pourrait probablement générer une source pour les aider, mais elle sera perdue dès le lendemain !"

Il fait l’analogie avec le traitement des hommes ici, il pense que le traitement des Cadi Yangins est pire que celui des harpies.

"Rejeter en bloc l'existence d'un genre ou l'accepter mais uniquement dans son assiette ? J'avoue être incapable de dire lequel est le pire. Cependant, si nous sommes amenés à ce que nos alliés se battent ensemble...certaines associations risquent de poser problème !"

Puis sur le tapis vient la façon dont nous avons trouvé Zaria.

"Tout Messaliah était en feu, on a essayé de transporter tout le monde en urgence à Néo Messaliah. C'est là que nous avons trouvé Zaria enchaînée. Comme elle était une des clauses de l'alliance avec Eleb, en protégeant Messaliah j'ai estimé qu'elle n'avait pas à être traitée ainsi et j'ai brisé ses chaînes !"

Puis il s’intéresse à la raison de son enfermement.

"C'est l'apprenti d'Ibn, elle a usé de pouvoirs qui lui sont interdits, mais je pense que la raison c'est qu'elle est née femme !"

(Bon il y a peut-être aussi le fait qu’elle a emmené les Sans-Bannière à croire qu’il y avait une arme à Messaliah pour reprendre possession de la Pierre de Vision. Cependant, je n’ai guère envie de pointer du doigt la manipulation de la femme. Je l’ai trouvé pour ma part…une habile stratège !)

"Je vais te laisser, j'ai une petite faim et je n'arrive pas à dormir quand mon ventre n'arrête pas de me parler !" Fais-je, voyant que son intérêt pour le désert semble assouvi et que ma faim me tiraille encore.

Se souhaitant mutuellement une bonne nuit, je quitte sa chambre pour redescendre en bas me chercher à manger.

(Oui parce que redescendre en haut est en soi une belle prouesse.)

Une fois descendu en b…me massant le ventre à cause de la faim, je n’ai pas de mal à trouver la grosse Sally qui accepte volontiers de me donner de quoi étancher ma faim. C’est avec plaisir que je retrouve un lit pour dormir. Un ventre plein est le meilleur allié pour passer une bonne nuit !

(Et dormir en de bonne compagnie non ?)

(Disons que…c’est…Oulà il se fait tard, allons vite se coucher !)

(Popopop ! Tu ne m’as pas répondu !)

(Bonne nuit Ysolde !)

(Tu comptes ne pas me répondre ? Dans ce lit rempli de trucs vivants ?)

(T’as entendu ?)

(Non quoi ?)

(On aurait dit une belette ?)

(Arrête, c’est pas drôle ! Tu sais que j’aime pas les belettes !)

(Arrête de parler, je crois que ça les fait venir !)

(Tu es méchant !)

(…)

(Tu dors ?)

(…)

(Jorus tu dors déjà ?)

(…)

(Je sais que tu fais semblant !)

(…)

(Arrête c’est pas drôle !)


(…)

(…)

Finalement ma faéra finit par se taire, me permettant enfin de fermer les yeux et de dormir en ayant la satisfaction d'avoir cloué le bec à Ysolde.

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Mathis
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Mathis » sam. 23 mars 2024 00:01

La discussion terminée, nous nous levâmes tous. J’avais fait quelques pas vers les escaliers lorsque j’aperçu Aleriia dans un coin de la pièce. Je rebroussai donc chemin et m’approchai d’elle.

“J'ai trop de choses en tête pour aller dormir immédiatement, ça vous importune si je discute un peu avec vous ? A moins que vous n'ayez autre chose à faire ? "

Tout en montrant la table qu’occupait Akihito et Zaria, elle m’annonça alors qu’elle allait bientôt se mettre à table tout en utilisant le terme proie au lieu de repas, ce qui me surpris. D’un sourire et d’un geste, elle m’invita à prendre place.

Je m'assis donc près d'elle et curieux, je demande sur le ton de la conversation :


"Pourquoi parlez-vous de proie ? Vous ne vous contentez pas de lui prendre du sang, vous faites une "sorte de chasse " “


Son sourire encore plus grand, elle m’avoue adorer jouer.

(Jouer avec son repas… comme les chats. )

Son instinct de prédateur joueuse me faisait plutôt penser à un comportement félin qu’à celui d’un oiseau. Quoique mes connaissances en oiseau prédateur étaient à peu près nulle, donc je ne pouvais pas vraiment comparer.

Un sourire apparut à mon tour sur mon visage:

"Et votre proie est au courant de la façon dont vous allez procéder ?"

La réponse fut négative, prévenir la proie gâcherait sa partie de plaisir… et puis de toute façon, il serait vite au courant de ce qui allait lui arriver.

Je souris de nouveau.

"Vu son côté impulsif, je pense que vous aurez une belle partie de plaisir."

Je jetai un bref coup d'œil à Akihito avant de reporter mon attention sur la jolie harpie violette.
.
"Mais d'un autre côté, il s'agit de mon compagnon d'aventure... Assurez-moi que vous ne l'affaiblisserez pas trop afin qu'il soit en forme demain matin."

Elle me rassura, elle avait fait la promesse à l’ynorien de ne prendre que ce qu’elle avait besoin pour assouvir sa faim.

Je souris de nouveau avant de changer de sujet.

"Je dois d'abord m'excuser d'avoir insisté pour en savoir plus sur votre frère. J'ai cru un moment qu'il s'agissait de Seok, le fils d'Astidenix... mais après réflexion, j'ai bien compris qu'il était trop vieux... Je me trompe ? "

Il ne s’agissait pas de Seok, même si ce dernier aussi avait sombré dans la folie. Elle considérait Soek comme un gros tas de muscles, ce qui correspondait au souvenir que j’avais de lui, alors que son frère s’avérait plus… rusé. Je ne compris pas dans quel sens elle employait ce terme, mais je poursuivis tout de même la conversation sur ce dernier.

"Puisque vous devez attendre avant de manger, acceptez-vous de me parler un peu plus de lui ? "

Son visage prit une expression sérieuse, ce qui n’enleva rien à sa beauté, au contraire, cela lui conférait une air légèrement plus adulte. Il s’agissait de son jumeau. Mais devenu un monstre, il ne faisait désormais partie de son passé, il n’existait plus pour elle. Bien que n’ayant jamais eu de frères ou de soeur, je comprenais tout de même ce sentiment… enfin, c’était ce que je croyais.

Je perdis le sourire à mon tour.

"Oh! Je ne pensais pas que cela était possible chez les harpies. Je suis désolée de vous avoir ramené de mauvais souvenirs. "

Je réfléchis quelques secondes avant de lui demander.

" Parlons plus de vous alors. A part la chasse, quelle est votre activité préférée ? "


Puis réalisant que ma question pourrait avoir un côté indiscret.


"S'il ne s'agit pas d'une activité trop intime, je ne veux pas être indiscret."


Elle me précisa que son jumeau n’était pas une harpie… toutes les harpies étant des femelles…

(Mais comment peut-il être son jumeau alors ? )

Je ne pus réfléchir davantage à cette question qu’elle répondit à mon interrogation. Elle aimait bien parler au titan, ou tout simplement le regarder, même si elle était consciente qu’il ne la comprenait pas. Elle aimait aussi flâner dans les rues de la ville, se faire des amis et papoter avec eux. Elle s’occupait aussi des habitants hors de la cité, veillant sur eux.

Curieux, je poursuivis:

" Et de quoi protégez-vous les habitants des Faubourgs ? "


Elle les protégeait des autres cinglés, tout en veillant à ce qu’ils ne soient pas fichus à leur tour.

"Mais leur vie n'est-elle pas déjà fichue ? Errer comme ça sans but..."

Elle m’affirma le contraire. Ils avaient encore conscience de qu’ils étaient avant et de ce qu’ils étaient devenus…. ce que je trouvais horrible.

"Etre conscient de qu'ils furent doit être pour eux une torture de tous les jours.... Et quels pourraient donc être leur but à présent ? "

Leur but consistait à ne pas aggraver leur cas et de vivre. Ils pouvaient encore se comprendre entre eux, se nourrir et vivre dans des maisons. Malgré ses explications je ne pouvais m’empêcher de trouver leur situation horrible et triste. Je me demandais si je pourrais vivre comme cela, me doutant que dans une telle situation, je tenterais peut-être de mettre fin à ma vie. Mais préférant ne pas songer à cette triste issue, je poursuivis mes questions.

"Et pardonnez-moi à l'avance si je vous ai déjà posé la question... mais parmi tous les hommes-pâles de la cité, en existe-t-il qui auraient garder leur forme originelle... J'ai de la difficulté à penser que TOUS sans exception aient succombé à leur bête intérieure."

Elle me précisa alors que ceux habitant à l’intérieur des murs de la cité n’avaient pas cédé à leur bête intérieure… ils n’avaient que subi des changement suite à l’éveil du titan.


"Aucun vivant... excepté les femelles ? Les harpies, Sally et la reine Carmin y ont échappés, non ? "

Selon Aleriia, ayant déjà leur forme finale, les femelles ne pouvaient subir d’autres changements.

"Et si j'ai bien compris... aucun autre type de femelle réside dans cette cité.. ou sur les eaux ? Lorsque je suis venue sur Andel'Ys, j'ai navigué en compagnie d'une très charmante capitaine. Et je me demande si je n'ai pas assisté à l'éveil de votre titan.. car à un moment donné, les eaux se sont mises à bouger, la navigation fut instable. "

Elle confirma que les résidentes de la ville n’étaient pas que des harpies, Sally en était un exemple… En ce qui concernait Andie, elle supposait qu’il n’avait pas dormi, mais attendait son moment… mais il s’agissait bien entendu des hypothèses provenant de sa jeune cervelle à l’imagination bien fertile.

"Mais à part Sally ? "

Le sourcil relevé, elle me rappela que dans ma courte visite, je n’avais pas vu toutes les femelles de la cité.

"Non, bien sûr, mais j'aimerais bien en voir quelques-unes... si je ne suis pas de la nourriture pour celles-ci bien entendu.... Au fait, j'avais oublié de vous remercier. Sans vous, nous aurions dû combattre pour sauver notre vie, Akihito et moi..... Et j'ai cru remarquer que vous aviez une certaine autorité sur celle-ci... y a t-il une hiérarchie entre vous ? Si oui, vous semblez pas loin du sommet... mais sous Guigne, bien entendu."

La jeune harpie infirma mon hypothèse de hiérarchie et justifia plutôt son autorité sur le fait qu’elle connaissait leur point faible. Elle rajouta que je pourrais servir de repas aux autres femmes et les hommes…qu’ils ne font pas les difficiles question repas. Mais que sans doute, ils me verraient autrement…. sauf Guigne

" Et commemt pourraient-elles me voir ? "

A cette question, elle suggéra: sauveur.

"Comme sauveur ca me va ! "

Ce à quoi, elle répondit que j’avais donc à faire mes preuves.

"J'en ai bien l'intention…Mais je suis conscient que c'est tous ensemble que nous allons réussir "

Elle me répondit alors que nous devions demeurer crédible dans nos discours.

"Ne vous inquiétez-pas, nous savons l'ennemi féroce et dangereux, c'est pourquoi nous tentons de réunir le plus d'alliés possibles de ce monde."

Et puis le regard de la jeune harpie se posa sur les escaliers où Akhito venait d’y monter les premières marches. Je compris que l’heure du repas avait sonné. Je lui fis un sourire et la laissai partir.

Dans le coin de la salle, Zaria y était toujours. Je décidai donc d’aller dans sa direction et de m'asseoir près d'elle.

Elle ne m’accorda un regard que lorsqu’elle eut terminé sa soupe.

« Comment allez-vous ? »

Elle allait mieux.

"Je comprends ce que vous pouvez ressentir de ne pas être au maximum de vos moyens, privé de vos pouvoirs. Si vous le désirez, je pense que nous pourrions, supervisés par Visselion tenter de vous les donner. Mais cela ne tient qu'à vous, notre magie comporte ses risques... "

Elle me dit qu’il était impossible de lui redonner ses pouvoirs de vision et elle possédait encore des pouvoirs. Ceux du feu.

Elle me raconta qu’elle périssait dans une goele dans laquelle elle aurait endurer encore les totures pendant plusieurs mois si mes compagnons ne l'avaient pas sorties de là. Et cette liberté, ils l’avaient obtenu en sacrifiant ce qui faisait partie d’elle même : la pierre de vision. Sans oublier qu’ils s’étaient alliés à ses goeliers. Bien que je n’étais pas présent à ce moment là, je n’eus pas l’arrogance de le mentionner. Il s’agissait de mes compagnons d’aventures, et ils avaient surement fait tous ce qu’ils pouvaient… je n’avais pas à les juger.

Les poings serrés, elle rajouta qu’elle ne pouvait profiter de cette liberté puisqu’Aliaenon fait

Je hochai de la tête en guise de compréhension, mais ne dit mot. Son plat terminé, elle dit vouloir se coucher, je lui souhaitai une bonne nuit et attendit un petit moment songeur.

Toujours dans mes pensées, je gravis les marches et me rendis dans ma chambre.

Je venais tout juste de ranger mon sac à côté de mon lit et retiré mes armes lorsque
j'entendis frapper à la porte, mais un seul coup...

Intrigué, je m’y rendis et je l'ouvris. Je me retrouvai alors face à face... ou plutôt face au dos de Jorus. Mes réflexes aidant, je l'attrapai avant qu'il ne tombe au sol et ne se blesse.

"Ça va ? " lui demandai-je aimablement.

Il m’assura alors que oui. En entendant la pointe de déception dans sa voix et voyant sa mine déçue, je lui demandai dans le but de le taquiner.

" Et par qui aurais-tu aimé te faire rattraper ? "

Ce fut alors d’un regard et d’un ton froid qu’il me répondit que cela ne me regardait pas.
Sans perdre mon calme, je le laissai se relever puis je lui dis d'un ton agréable:


"Ne prend pas mal cette remarque, je ne faisais que te taquiner..
Moi, à part Sally, ca ne déplairait pas de tomber dans les bras de l'une de ces dames qui nous accompagnent tout particulièrement Aleriia... elle est très forte...je ne risquerais pas de tomber au sol."


D’un ton acerbe, il répliqua que je devais d’abord me demander si elle aurait voulu de moi, rajoutant que je me serais mérité un poing dans le visage.

(Mais quelle mouche l’a piqué ? )

Soit qu’il ne comprenait pas le sens de mes mots, soit qu’il ne souhaitait pas les comprendre. Manifestement, il était contrarié. Je fis donc un dernier effort pour rétablir la conversation sur un ton plus adéquat.


"Je rigole bien entendu... c'est juste qu'à avoir le choix de tomber dans les bras de quelqu' un, je ne pense pas que ce soit moi que tu aurais choisi et c'est tout à fait normal...et j'ai nommé Aleriia car elle une force supérieure aux autres, je ne voyais pas plus loin que ça”

Toujours sur le même ton, il me répliqua qu’en effet, j’étais tout au bas de la liste et qu’il se demandait même qui entre moi et Silmeria obtiendrait la dernière place.

Après deux tentatives de détendre l'atmosphère, je décidai d'abandonner. Ce n’était pas qui l’avait abordé, il s’était adossé à ma porte et avait frappé sa tête… En déséquilibre ? Peu importe, je n’avais pas à écouter ses propos acerbes à mon égard. Silencieux, je le fixai un bref instant puis je reculai d’un pas afin de fermer la porte. Il baissa alors son regard, puis ferma ses yeux. Hésitant, j’attendis.
Lorsqu’il reprit la parole, son ton était plus posé. Il s’excusa de son comportement avouant qu’il n’était pas au maximum de sa forme et très émotif.

Je poussai alors un soupir de soulagement. Je n’étais certes pas venu en Aliaénon pour me faire des amis. Et en temps normal, j’aurais ignoré un comportement si enfantin de la part de Jorus ou d’un autre. Par contre, notre mission demandait une cohésion d’équipe, de l’entraide. Il était donc important que nous nous entendions le minimum et surtout que nous évitions de nous chamailler pour des pacotilles. Il aurait été légitime de ma part de lui fermer la porte au nez et de refuser ses excuses, mais je préférais être clément. Je savais que je ne deviendrais probablement jamais l’ami de Jorus, mais au moins, je devais faire l’effort pour que nous puissions travailler en équipe.


"J'accepte tes excuses. Et je comprends que tu sois bouleversé. Je le suis également. Je tente de garder tout ça pour moi en conservant le sourire, mais les émotions s'accumulent à l'intérieur, je crains que ça va finir par exploser.... Veux-tu entrer un peu pour que l'on discute ? "

Mes paroles étaient sincères. Même si je ne l’avais pas crié sur les toits, même si je n’avais pas fait de crises, il n'en demeurait pas moins que les événements passés s’étaient avérés difficiles pour moi.

Après une légère hésitation, il accepta mon invitation.

Je reculai donc d’un pas pour lui céder le passage, tout en lui désignant une chaise droite placée devant un petit bureau. Puis j'allai en chercher une autre qui était placée contre un mur et je m’assis.

"C'est pas très confortable, mais c'est tout ce que j'ai à t'offrir."

Il répondit que l’on ne pouvait s’attendre à bien plus dans cette auberge.

Sur un ton calme cette fois, il me demanda comment je faisais pour tenir le coup, me rappelant que je les avais tué et qu’à ma place il serait incapable de faire face aux autres.

Même si le ton était celui de la conversation, ses propos étaient accusateurs. Mais je n’en fis pas ombrage, je saisis plutôt l’occasion de m’expliquer… une fois de plus.

"Contrairement à toi, je garde tout à l'intérieur... Et puis, je pense qu'il est important de nuancer les faits... c'est ce qui me garde debout..."

Je pris une grande respiration avant de poursuivre.

"Il faut vivre les cauchemars de Silmeria pour bien saisir leur intensité... Dans ce dernier, je l'ai vu vous tuer froidement l'un après l'autre, couché sur le sol, à l'agonie, je vous voyais tous mourir l'un après l'autre, elle mangeait même le cœur de Praline... Alors pour la punir j'ai utilisé la magie... j'ai demandé à celle-ci que justice soit faite et de la punir pour ses actes.... Après coup, je me considère chanceux de ne pas avoir souhaité sa mort... ce qui aurait été légitime... et aurait donc pu tuer tous les gens.... ."

J'arrêtai un court moment avant de reprendre.

"Et Justice est apparu et j'ai paniqué, j'ai demandé de l'aide à Akihito, j'ai tenté de négocier avec justice pour qu'il libère les autres aventuriers, ne punissant que Silmeria... mais je me suis fait emprisonner à mon tour... J'assume le fait que mon utilisation de la magie à causé l'emprisonnement de nous tous dans les cristaux, mais ce n'est pas moi qui vous ai tous tué... il y a quelque chose qui s'est passé, mais je ne sais pas quoi."

Je m'arrêtai de nouveau avant de reprendre.

"Je me sentais très coupable et c'est pour ça que j'ai tout fait pour nous sortir de cette plaine des morts. Au risque d'y rester moi-même, j'ai tenté de vous en sortir. Lorsque tu m'as attaqué dans la pyramide, je n'ai qu'esquivé tes coups, je n'ai pas contre attaqué."


Alors que quelques secondes auparavant, il m’accusait indirectement de les avoir tué, voilà qu’il me dit que je n’avais pas à me justifier, avouant que si les rôles avaient été inversés, il y aurait eu un véritable drame. Ill rajouta ensuite qu’il savait ce qui m’était arrivé, me rappelant que j’avais parlé pendant mon cauchemar. Il jugeait que la véritable coupable était Silmeria et qu’elle aurait dû nous prévenir qu’elle ne tolérait pas qu’on touche à ses affaires. Sur ce point, il n’avait pas tort.Puis il rectifia mes dernières paroles m’expliquant que son intention n’était pas de nous tuer, mais de nous empêcher d’exécuter notre plan. L'expression de mon visage se détendit alors.

"Je suis soulagé d'apprendre que ton intention n'était pas offensive dans la pyramide. J'avoue que je ne savais plus quoi penser..."

Craignant le retour de Vallel parmi les vivants, il voulut tout simplement contrecarrer les plans de ce dernier. Il rappela que Vallel avait semé la mort une première fois, et une seconde fois dans la tour d’Orsan.


Pour ma part, j’avais vu un autre aspect de Vallel.


" Il m'a affirmé que son temps de vengeance était terminé et qu'il est prêt à nous aider pour combattre le dragon noir. Nous n'aurons qu'à lui faire signe le cas échéant et il nous aidera... D'ici là, il demeure à Orsan afin de reconstruire ses installations... Mais bien sûr, il faut demeurer vigilant, et même méfiant à son égard... donc rester sur nos gardes. "

Jorus m’avoua éprouver de la difficulté à croire les paroles de Vallel. Et craignait le pire une fois le dragon noir vaincu.

"Malheureusement,nous n'avons pas le luxe de choisir nos alliés.... cependant, nous devons demeurer vigilant... et nous avons heureusement avec nous des gens aussi voire plus puissant que Vallel..."

Ce à quoi il rétorqua aussitôt que nous avions aussi Silmeria et sa jumelle qui pouvaient sans prévenir semer le chaos.

"Oui... Et c'est une bonne chose que le Sans-Visage l'a éloigné de nous... la tension devenait trop forte à l'intérieur du groupe."

Il considérait mes propos trop modérés. Selon lui, les prochaines bévues de Silmeria pourraient mener à une guerre entre nous.

"Je ne peux qu'être de ton avis au sujet de Silmeria.... Mais partant sur un autre sujet, je t'ai entendu crier lors de mon retour à l'auberge. Ça va bien ? Je possède suffisamment de potions de soin pour t'en donner si tu en as besoin. "

Il refusa mon offre précisant qu’il s’était soigné. Mais il ne voulait apparemment pas s’étendre sur le sujet puisqu’il s’empressa d’en changer, me demandant comment étaient les habitants de la cité.

" Bon, n'hésites pas si besoin. "

Je repensai quelques secondes à notre exploration dans les rues.

"Comme nous l'avait dit Aleriia, les êtres à l'intérieur des portes sont moins transformés et semblent plus lucides que ceux à l'extérieur. Au début, on ne voyait que des rues désertes. Puis lorsque le soir arriva, nous en vîmes davantage. Par contre, nous ne nous arrêtions pas à tous les passants, laissant Aleriia nous conduire à un trio qu'elle considérait comme les plus bourrins de la cité. "

Jorus s’informa sur l’origin de la transformation des hommes pâles

"D'après Alleriia, cela est survenu avec l'arrivée du titan qu'elle surnomme Andie."

Il se questionnait sur la raison véritable de cette transformation, soulignant que j’avais déjà visité cette ville auparavant.


" En effet, ce ne sont que des suppositions de la part d'Aleriia... Lors de ma venue, la ville était tout autre. Une ville militaire. La porte était gardée par au moins deux soldats, bien mis, bien armés et bien équipés. Et les bâtiments étaient bien entretenus. Ça me fait bizarre de penser que ceux que j'ai croisé à ma première venue sont devenus des monstruosités. Et de voir la ville dans cet état m'a aussi fait un choc."

Il me demanda si leur rapport avec la magie était le même à l’époque. Il pensait que leur crainte de la magie venait de leur ignorance.

" Il me semble oui pour la magie... et aussi la même addiction pour le Thiir."

Il parut aussitôt inquiet et me demanda si j’avais croisé des gens qui en étaient dépendants. Ne sachant trop ce qui le turlupinait, je m’informai d’abord.

"Sais-tu ce qu'est le Thiir ? "

Il m’avoua y avoir goûté, dilué dans un liquide pour en faire une boisson énergisante chez les Cadi Yangins de Néo Messaliah. Cependant, il n’avait décelé aucun effet secondaire apparent.

" Les hommes pâles que j'ai vu.. la prenait non dilué. Le Thiir est surtout une poudre permettant de décupler les capacités physiques. Les consommateurs en deviennent accro. Ceux qui j'ai vu sous l'effet du Thiir étaient très violents, trop même."

Il résuma alors la situation à sa façon :

"Une transformation physique des habitants, une altération psychologique qui les transforme intérieurement en la bête extérieure qu'ils sont devenus, un usage de produits qui les rend dangereux, un rejet total de la magie dont on a besoin, une reine qui dévore les hommes cru, voir peut-être vivants et enfin la présence d'un Titan qui peut attirer un fléau encore plus dangereux que tout ! J'ai oublié quelque chose ?"

J’en rajoutai une petite couche:

" Non entretien de la ville, absence de soldats, ...quant au titan c'est Aleriia qui présume qu'il est protecteur.. je rajouterais Glaria en deuil, Zaria depourvu de ses pouvoirs de vision et un groupe d' aventuriers qui éprouvent de la difficulté à s'entendre..."

Il poursuivit:

"Rajoute aussi à ça Akihito qui n'a eu de cesse de faire valoir l'intérêt de Silméria dans le groupe et maintenant qu'il parle d'avoir un chef devant assumer la responsabilité d'actes, il est pas foutu d'assumer les siens après le fiasco de sa protégée !"

Puis le rouge monta sur ses joues, regrettant sûrement les paroles prononcées, il s’empressa de me demander d’oublier ce qu’il avait dit.

Je le regardai souriant.

"Pas de souci, j'ai tout oublié, comme que tu as oublié que je partage ton opinion au dernier sujet évoqué."

Dis-je après un clin d'œil discret. Au moins je savais ce qu’il pensait d’une partie de notre groupe.


Après un bref hochement de tête, il me demanda si je craignais toujours d’utiliser la magie.

"Oui quand même, mais l'implication de Visselion me rassure. J'ai confiance en lui "

Jorus avoua qu’il se méfiait de lui au départ, surtout lors de la réparation du seau principal. Il me parla ensuite d’un sort qu’il aurait utilisé sur lui-même pour contrôler les débordements et il avait proposé de faire de même pour Visselion. Ce dernier avait décliné l’offre de peur de ne pas pouvoir contrôler une magie dont il est la cible.

« Après le combat contre les monstres.... j’ai tué celui que j’habitais. Je suis devenue une âme errante ne pouvant pénétrer dans la cité et retrouver mon corps. Le sachant puissant, j’ai tenté d’entrer dans son corps. Il m’a généreusement fait une petite place. Et il s’est contenu car son âme étant plus puissante que la mienne, il aurait pu m’écraser. Donc grâce à lui j’ai réintégré mon corps »

Je l’observai quelques secondes avant de rétorquer
« oui vous avez raison,...nous devons être prudent avec la magie dAliaenonn surtout lorsqu on l’utilise sur quelqu’un »

Il me partagea ensuite sa vision de la magie. La première étant un usage ponctuel, le second serait la capacité de contrôle d’une altération physique. Ce qu’il avait fait à à Neo-Messaliah et qui l’avait rendu très puissant une journée entière. Il croyait qu’il fallait réfléchir aux différents usages de la magie afin d’en tirer le maximum.

Bien adossé à ma chaise, les jambes étendues et croisées, je lui demandai:

"Parles-moi de ton expérience à Neo-Messaliah, je suis curieux d'en savoir plus. "

Il me demanda de préciser ma demande.

"Ce que tu juges le plus important comme événement le concernant "

Il me dit d’abord qu’il faisait chaud dans le désert. Je lui souris, attendant la suite.

Après un moment de réflexion, il me parla d’un Eleb. Lui et les siens traitaient les femmes comme des moins que rien. Grâce à leur pierre de vision, ils vivaient très longtemps, et donc ne voyaient pas la nécessité des femmes pour procréer. Leur utilisation de la pierre de vision est différente de celle du sorcier Ibn. Depuis qu’ils possèdent la pierre, Ibn et Zaria n’ont plus accès à leur pouvoir.

Je commentai la relation que Eleb et ses hommes avaient avec les femmes.

"C'est un peu l 'inverse d'ici mais en pire ? "

Il avoua qu’il ne savait ce qui était le pire, mais réalisait que l’association des deux peuples contre le dragon était improbable.

" Oui, en effet.... et Zaria, vous l'avez trouvé où et comment ?"

Lorsque Messaliah fut en feu, ils ont tenté de transférer en urgence tous les gens à Néo Messaliah. C’est là qu’ils ont trouvé Zaria enchainée. Il l’a libéré et a brisé ses chaines.


"Je comprends mieux merci..
Et pourquoi était-elle enchaîné ? "


Apprentie d’Ibn, elle avait usé de pouvoirs qui lui étaient interdits. Mais il croit que la vraie raison était son appartenance au genre féminin.

Ayant fait le tour des sujets de conversation, Jorus se leva. Il allait se restaurer avant de se coucher.

Nous nous souhaitames bonne nuit et il partir.

Je m’étendis sur le lit réfléchissant aux différents événements de la journée, aux différentes rencontres et discussions. Je m’endormis ainsi sans même me rendre compte que Praline s'était enroulée à mes pieds.

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Akihito
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Akihito » sam. 23 mars 2024 01:31

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

65 : Félicité.

La réunion avait fini par se terminer sur un consensus : demain allait être le moment où ils allaient, d’une manière ou d’une autre, contacter Andie. Ça ne s’annonçait pas facile, loin de là : mais au moins avaient-ils un but clair. Les uns après les autres, tous avaient quittés la table. Tous, sauf Visselion : Akihito l’avait retenu.

« Oui ? »

L’enchanteur avait du mal à discerner correctement les émotions qui traversaient l’archi-sorcier : avec une mâchoire et une partie du visage en métal, ses traits ne bougeaient pas aisément.

« Soyons honnêtes, finit par commencer l’enchanteur, seul à la table avec lui. Vous pensez quoi, de notre groupe ?

- Qu'il a beaucoup de potentiel, mais que vous le gâchez par manque de communication et d'organisation.

- Et vous avez une idée de la raison de ce manque de cohésion ?

- Hm, sembla réfléchir Visselion, avant de finalement livrer le fond de sa pensée. Vous ne vous écoutez pas, ou trop peu. Chacun y va de son grain de sel sans retenir vraiment ce que dit l'autre. Et ça fait perdre patience à certains, qui se braquent et détruisent toute possibilité de communiquer. Je pense que vos pairs ont raison de signaler qu'il manque un meneur, parmi vous. Quelqu'un qui saurait se faire entendre, et écouter chacun pour résumer les situations et définir les objectifs. Mais là encore, vous ne semblez pas vouloir vous faire confiance l'un l'autre. Et l'un après l'autre, ça détruit votre groupe : Xël parti agir seul, Silmeria bannie du groupe, Yliria sur le point de craquer... »

Il avait l’air vraiment désolé de cet état de fait, comme lui. Il prit à son tour un instant de réflexion avant de vider son sac. Il essayait de mettre des mots sur les problèmes majeurs qui secouaient leur groupe, et entendre quelqu’un d’autre en parler l’aida.

« Vous devez aussi savoir comment notre "groupe" a été formé. Il y a deux semaines, j'ignorais l'existence de Mathis et Dracaena ; Jorus et Xël ont été rencontré dans une guerre contre Oaxaca et j'ai à peine vu le premier ; Silmeria était-elle dans le camp adverse d'Oaxaca, une assassin crainte et renommée et la tueuse du roi de Mathis et Xël. Je connais peut-être bien mieux Yliria qui elle connait Jorus et dans une certaine mesure Xël, mais c’est l'ensemble de nos relations. Et tout ce beau monde est sensé travailler de concert sans prendre le temps de se connaître, on a été baladé d'une crise à l'autre sans temps mort. »

Il se frotta les doigts, machinalement. L’arrivée sur Aliaénon, la progression de la Lande Noire dans les collines Oniriques, la marche vers Elscar’Olth, son sauvetage, la mort de leur groupe… Aucun lien autre que ceux qu’ils avaient avant n’avaient pu être réellement créé car il n’y avait pas eu le temps.

(C’est faux, t’as essayé de le trouver avec l’autre tarée.)

(Mais c’est justement une tarée, qui fonctionne pas comme nous.)

(Mais tu n’es pas resté les bras croisés.)

« J'ai peut-être merdé de mon côté, mais j'ai essayé de faire en sorte que tout le monde marche de concert. Tout le monde s'accorde à dire qu'on manque de cohésion et d'un leader, mais personne ne veut prendre cette responsabilité ou faire l'effort de mettre son ego de côté. »

C’était un comportement un peu lâche. Mais qu’est-ce qu’il y pouvait ?

« J'ai essayé, j'ai échoué. Maintenant, c'est vous qui avez l'air de pouvoir prendre les rênes de tout ça. Donc j'ai pensé que c'était nécessaire que je vous en parle.

- Comme je vous l'ai dit, je suis prêt à assumer ce rôle si vous me faites tous confiance pour le faire. Qu'il échoie à un résident de ce monde semble logique, face à vos hésitations, vos méconnaissances. Alors je ne prétends pas tout savoir de ce monde, loin de là. Mais j'en représente peut-être la sensibilité. Et effectivement, le terme de 'groupe' semble complexe dans ces conditions. Mais c'est communément que vous avez accepté de travailler ensemble. Vous auriez pu choisir d'agir seuls, ou en petits groupes d'affinité. Je crois néanmoins que l'effort d'œuvrer pour une cause commune, ensemble et en se coordonnant, est plus pertinent.

- Honnêtement, j'ai plusieurs fois réfléchi à partir de mon côté. Si je suis encore là, c'est parce que je pense comme vous que seul j'y arriverai pas. Surtout avec la magie... je finirai par me transformer en paon à caraco mi-gelée mi-verre, si je l'utilise tout seul. »

Était-il lui aussi lâche, à sa manière ? Ou avait-il le droit de baisser les bras après avoir essayé de faire ce qu’il pouvait ? Il pouvait toujours faire mieux. Au final, ce n’était qu’une question de volonté et de patience.

(Il y aura toujours des personnes pour critiquer ceux qui ont abandonnés, peu importe les sacrifices qu’ils ont faits, parce qu’ils pouvaient faire plus,) avisa la Faëra.

Il jeta un regard aux Yuiméniens encore présents, Jorus et Mathis. S’ils entretenaient des relations cordiales, cela s’arrêtait là.

« Tout ça pour dire qu'à part Yliria et peut être Dracaena, j'ai pas le respect ou la confiance des autres pour assumer le rôle de meneur. Donc je m'en remets à vous, désormais.

- L'usage de la magie semble effectivement plus sécure si vous vous y mettez à plusieurs, et avec mon aide ça permet d'éviter, au moins un peu, les désagréments les plus chaotiques. Même s'il m'en coûte.

- Et ça vous coûte quoi, à part de la fatigue ?

- Uniquement la fatigue, mais c'est déjà beaucoup. Car par prolongation, ça nous coûte du temps.

- Oui mais si ce n'est "que" de la fatigue... je préfère ça à des ressources limitées comme Zaria, ou un contrecoup dangereux comme Zacara. »

L’archi-sorcier acquiesça, ajoutant qu’il n’aurait de toute façon pas suivi leur groupe s’il n’avait pas été un atout majeur pour eux et leur magie. Cette marque de bon sens était une preuve de plus que l’enchanteur avait bien fait de réviser son jugement de lui. Au-delà du sorcier un peu trop intéressé par l’usage de la magie Yuiménienne, il y avait tout de même un homme qui savait être raisonnable. D’ailleurs, peut-être avait-il une idée sur ce qu’il convenait de faire désormais.

(On en a parlé, mais on a pas demandé l’avis de celui que les autres ont désignés comme meneur.)

« Une dernière chose. Andie mis à part, vous pensez qu'on devrait faire quoi, maintenant ?

- Hmm. Déterminer un lieu où nous combattrons le Dragon, y mener nos alliés et, lorsque nous en aurons assez, y attirer le dragon dans un piège. Avoir des alliés éparpillés ne sert à rien, et en avoir tout court non plus, si nous ne décidons pas nous-mêmes de l'endroit où le combattre. Le seul danger est qu'il découvre avant où nous pourrions être. »

Tout en se levant, l’Ynorien réfléchit aux paroles de Visselion. Choisir le lieu de l’affrontement leur permettrait de mettre un peu plus de chances de leur côté, et ils étaient déjà suffisamment dans une position délicate pour négliger le moindre avantage.

« J'avais pas vraiment pensé jusque-là, mais vous avez raison. J'ajouterai aussi qu'avoir des alliés c'est bien, mais des alliés capables de nous aider à abattre le dragon c'est mieux, répondit l’enchanteur en pensant aux « gros bras » d’Aleriia.

- Ça dépend si le dragon vient seul ou non. Je crois que votre magie peut venir à bout de lui, dans les bonnes conditions.


(Raisonnable, mais un peu trop optimiste…)

- Merci de votre temps, je vais vous laisser : j'aimerais échanger quelques mots avec Zaria. »

Les deux échangèrent un salut de la tête, et Akihito se mit à la recherche de la sorcière. La perte de ses pouvoirs de vision était un coup dur pour le groupe car même s’il ne connaissait pas leur étendue, il avait constaté à quel point ils pouvaient être utiles. Sauf que Zaria n’était pas qu’une sorcière de Vision : elle l’était aussi de Feu.

(Tu penses qu’elle tire aussi ses pouvoirs d’une pierre ?)

(Pierre, le Soleil, ou de potions, je m’en fiche. Ce qui m’intéresse, c’est si ses pouvoirs peuvent s’épuiser.)

Il trouva la femme à la peau caramel adossée à la rambarde de l’escalier qu’avaient empruntés Yliria et Glanaë., le regard perdu dans l’âtre. Il suivit machinalement son regard et tomba sur un chaudron posé non loin, ce qui rappela à l’enchanteur que malgré le copieux repas pris dans la matinée, la nuit était désormais tombée. Il avait faim et le trio de femmes n’avait pas eu l’occasion de manger avec eux avant de partir pour le palais de la Reine.

« Vous avez mangé ? demanda-t-il en s’approchant de la sorcière, qui nia en secouant la tête. La cuisine d'ici n'est pas vraiment appétissante visuellement, mais c'est une autre histoire en bouche. J'ai quelque chose à vous demander, alors je pensais le faire en mangeant un peu.

- Soit. Faisons ça. »

Le regard écœuré lancé au plat grouillant de la tenancière qui semblait ne jamais se vider depuis leur arrivée n’avait vraiment rien d’attirant, mais ce n’était pas ce qui intéressait l’enchanteur.

« Il vous reste de votre plat de ce midi, Sally ? On peut en avoir deux assiettes ?

- J'APPORTE CA ! VOULEZ ENCORE DU VIN ?

- Ça ira, mais s'il vous reste de la bière, je suis preneur.

- ET DE LA BINOUZE POUR LE P'TIT COUPLE. »

Zaria, qui s’était attablée à une autre table plus petite, roula des yeux. A cran, elle semblait l’être : Akihito commença donc prudemment en abordant un sujet qu’il espérait moins personnel… Et qui l’intéressait tout autant que ses pouvoirs magiques.

« Bon, euh... Pour commencer, vous avez pensé quoi de l'entretien avec Gui... La Reine ? »

C’était raté. Il la vit se tendre.

« J'en ai conclu que cette reine était extrême et imprévisible. Je ne ressens que malaise et danger en sa présence.

- Ah... Aleriia a laissé sous-entendre que votre entretien avait eu des conditions... Particulières. Laisser partir Yliria toute seule n'est pas pour me plaire, alors je pensais vous demander si vous pouviez l'accompagner.

- Elle refusera. De ma part plus que de quiconque. S'il en est une qui pourrait l'accompagner, c'est Glanaë. »

Plus il en apprenait sur cet entretien, plus le mystère s’épaississait. C’était désormais acté pour lui que quelque chose de... Non conventionnel s’y était déroulé. Une coucherie ? C’était bien le genre de situation que les participantes aimeraient passer sous silence. Mais ça pouvait être autre chose : ce n’était pas comme s’il était familier des mœurs et caprices des têtes couronnées. Encore moins celles d’Aliaénon.

« Je vois. Mais Glanaë passe à travers un sacré nombre de mauvais moments, c'est pour ça que j'ai d'abord pensé à vous.

- Glanaë est forte. Je vois en elle son besoin d'action, plus fort encore que son envie de vengeance. Sans ça, elle pourrait s'écrouler. Je respecte cela, chez elle, et le comprends.

- Mmmh. C'est peut-être une bonne chose de la laisser partir. »


Les illusions n’avaient pas la puissance offensive d’une magie de feu, mais elles pouvaient être utiles de bien des façons. Et niveau puissance, la mage avait pu tromper des Titans : elle en avait donc à revendre. Il espérait juste qu’elle irait mieux. Il fixa la sorcière, revenant à ce pour quoi il avait voulu lui parler en premier lieu.

« Vos pouvoirs de vision sont liés à la pierre de Néo Messaliah, si j'ai bien compris.

- La pierre de Messaliah, oui. Prise en otage et souillée par l'ordre traditionnaliste des Cadi Yangin de Néo-Messaliah.

- Si je me mêle de ce qui ne me regarde pas, dites-le-moi, dit Akihito prudemment, voyant qu’il touchait là aussi un sujet sensible.

- Non, vous devez connaître l'identité de vos nouveaux 'alliés'. Ceux qui m'ont tenue prisonnière pendant des mois juste parce que j'étais une femme dotée de pouvoirs semblables aux leurs. Parce que j'avais été formée par Ibn Al'Sabbar. Les responsables de la dégénérescence de la Pierre de Vision, et de la disparition des pouvoirs des Sorciers de Vision qui n'ont pas absorbé le pouvoir de celle-ci.

- Je ne sais pas si nous aurons l'occasion de repasser par Néo Messaliah prochainement, mais on essayera de faire quelque chose. Mais vous êtes une sorcière de Vision ET de Feu, non ? Est-ce que vous tirez vos pouvoirs d'une source similaire à cette pierre ?

- Mes pouvoirs de feu ne sont pas liés à la pierre, non. Ils sont la prédisposition à la sorcellerie de vision, en revanche.

- Vous y avez donc toujours accès, c'est déjà ça. Qu'est-ce qu'ils vous permettent de faire ?

- De tout cramer. »

La réponse, franche et terre-à-terre, fit sourire le jeune homme. Sally déposant les deux bocs de bière à ce moment-là, il se rafraichit un instant avant de préciser sa question.

« Ça j'en doute pas, Yli me montre très bien ce que sait faire une pyromancienne. Ma question était plus de savoir l'étendue de vos pouvoirs. »

Selon elle, la plupart des Cadi Yangins pouvaient créer et contrôler le feu, même déjà présent. Elle laissa sous-entendre qu’elle avait cependant atteint un niveau de maîtrise très élevé en étudiant avec Ibn.

« Ça a l'air très impressionnant. Vous pourriez faire brûler une auberge de cette taille avec facilité, donc ?

- Non. Parce que je ne suis pas une meurtrière chaotique et destructrice. Mais... j'en aurais la capacité, oui.

- Oui, évidemment. »

Il tendit le second boc remplit à la sorcière, voyant qu’elle n’avait toujours pas esquissé le moindre geste pour le récupéré. Zaria se révélait être une personne assez simple à comprendre, en fin de compte. Il lui manquait en revanche un peu d’humour ou de second degré.

« Vous connaissez peut-être pas trop notre monde et les nôtres, vous voulez peut-être poser des questions.

- Je sais qu'il y a beaucoup à en apprendre, car vos nations sont nombreuses. Je sais aussi que vous êtes fendus à l'art de la violence et de la guerre, ce que nous n'étions pas avant la venue des vôtres. Je sais donc que je n'apprendrai qu'une fraction si vous m'en parlez. Alors au lieu d'évoquer votre monde, si vous me faisiez un résumé de ce que vous savez sur celui que nous affrontons ? Et... de chacun des membres de notre expédition... »

(Ça donne presque l’impression que les méchants, ici, c’est nous.)

(Eh bien… Quelque part… De ce que je comprends de l’histoire de ce monde, une grosse partie des catastrophes qui leur sont arrivés récemment sont liées de près ou de loin à l’intervention de Yuiméniens.)

Devant bien admettre que c’était un point de vue défendable, Akihito essaya de résumer du mieux qu’il pouvait son groupe à la sorcière.

« Sur la Dragon noir, je vous ai déjà raconté tout ce que je savais à son sujet.
Pour les Yuiméniens, alors... Je ne peux pas vous dire grand-chose de Mathis ou de Dracaena, je les ai rencontrés juste avant d'arriver sur Aliaénon, il y a deux semaines. Dracaena est un Oudio, est-il est aussi rare d'en croiser que vous pouvez l'imaginer. De tous, c'est Yliria que je connais le mieux. Excellente bretteuse, pyromancienne et mage blanche, elle fait partie d'un ordre guerrier que je connais pas vraiment, les Danseurs d'Opale. Elle a son caractère, mais sera toujours animée des meilleures intentions. Jorus fait aussi partie des Danseurs d'Opale, mais c'est à peu près tout ce que je sais sur lui. Il a fait équipe avec Yli lors de la guerre contre Oaxaca et le Dragon Noir, il y a un an. Parmi les personnes qui ont affronté la Reine Noire, il y a également Xël. De ce que je sais de ses exploits, il y a très peu de gens sur notre monde qui peuvent se targuer de manier aussi bien l'aéromancie que lui. Mais vous devez déjà connaitre son caractère. Et puis... Il y a Silmeria. »


Il but une lampée de bière, un peu sombre, et conclut sur le dernier membre de la troupe. Sa colère s’était calmée, mais il doutait qu’il puisse jamais lui redonner sa confiance. Elle n’était plus là et il ne savait pas s’il devait être rassuré ou inquiet par cette absence.

« C'est une assassin. Aussi renommée que mortelle et efficace. Lors de la guerre dont je parlais, elle faisait partie du camp adverse. Elle a notamment assassiné un des rois de l'alliance contre Oaxaca dans les premiers instants de la bataille. Même si elle a finalement tourné le dos à Oaxaca à la toute fin. C'est une personnalité... Chaotique, désinvolte. Aller contre son avis, c'est prendre le risque de se faire menacer : J'en ai fait les frais, termine-t-il dans un soupir. Vous comprenez peut-être un peu mieux l'hostilité d'une partie du groupe à son égard.

- Xël a le cœur sur la main, et la main prête à aider ce monde. Il l'a déjà prouvé à de maintes occasions. Pour le reste... Il m'est difficile de concevoir qu'un groupe si disparate et désuni puisse vaincre une créature telle que vous la décrivez. Au moins étiez-vous tous - ou presque - liés à une même cause, par le passé. »

Xël confirmait une nouvelle fois l’excellente réputation qu’il s’était bâtit sur ce monde.

« Si vous avez une idée pour cimenter ce groupe, je suis tout ouïe. J’ai tenté tout ce que je pouvais, lança Akihito avec fatalisme.

- Unifier un groupe ? Hm, pas tellement ma spécialité. La sincérité et la confiance mutuelle seraient un bon début, je pense. Mais bon... c'est pas magique. Un enchantement, peut-être ? Qui sait... »

Le souvenir de l’emprise qu’avait eu Maïssa sur lui remonta à ces propos et il secoua la tête, catégoriquement.

« Manipuler les sentiments, émotions ou pensées des autres me plait pas vraiment. Si seulement on avait eu plus de temps pour se connaitre... On aurait pas été sur les dents à être baladés d'une crise existentielle majeure à une autre.

- Sauver le monde n'est pas de tout repos, et demande certains sacrifices. Mettre de côté vos contradictions ou vos caractères trempés ne serait-il pas pertinent ?

- Ce n'est pas à moi qu'il faut dire ça. »

Comme il l’avait reconnu à Visselion un peu avant, il avait peut-être fait des erreurs notamment lors de son coup de sang de la veille. Il pensait en revanche que si quelqu’un avait besoin de mettre de côté ego et contradictions, ce n’était certainement pas à lui de commencer. Quand Zaria demanda ensuite comment ils comptaient abattre le Shinigami, il haussa les épaules.

« Avec une puissance suffisamment terrifiante pour anéantir un Dieu. Unir les Titans pourrait être une piste. Si on arrive à communiquer avec eux. Notre magie rassemblée a beau être prodigieuse, je la vois mal mettre à terre le Dragon.

- L'union fait la force, oui. C'est sans doute l'issue favorable à tout ceci. Et les Titans ont sans aucun doute leur rôle à jouer. Je... je crois que nous devons compter sur Vakkar Ti, pour ce faire. Il est leur frère.

- Pour le Sans-Visage, il n'est pas très populaire pour le moment. Donc on aura besoin de lui, oui, mais pour les Titans, il va falloir réfléchir à une autre façon.

- Populaire ? Ici, vous voulez dire. Il a maints supports en ce monde.

- Sa popularité auprès de ses frères, j'entends. »

L’estomac de l’Ynorien se rappela à lui en grommelant discrètement. Est-ce qu’il commençait à avoir vraiment faim, ou est-ce qu’il avait senti les plats de Sally et que son estomac avait réagi avant même qu’ils ne prennent conscience de l’odeur ? Quel qu’ai été la réponse, il regarda avec appétit les écuelles fumantes dans les mains de la moins appétissante cuisinière.

« CA VA VOUS DONNER DES FORCES POUR LA NUIT, LES TOURTERAUX !! »

Akihito leva les yeux aux ciels devant le manque de gêne aberrant dont elle faisait preuve. S’il suffisait qu’un homme et une femme partage un repas pour qu’ils finissent la nuit ensemble, le monde serait décidément bien étrange. Zaria, elle, avait le visage plus fermé encore. Ne sachant si c’était dû à la perspective évoquée sous-entendu de Sally ou l’aspect répugnant du plat, il choisit de désamorcer les deux situations en plaisantant légèrement sur la première et en plongeant volontiers sa cuillère dans le contenu qu’il savait délicieux au-delà de son apparence.

« J'ignorais que l'idée de ma compagnie nocturne pouvait être aussi répugnante.

- L'idée de n'importe quelle compagnie nocturne me répugne. A jamais. »

(Merde… C’est vrai qu’elle est pas sensible à l’humour.)

« Je ne plaisanterai plus à ce sujet, alors. Mais mangez donc : vous devez mourir de faim. »

Ce qu’elle fit : après une première approche suspicieuse de la cuillère à ses lèvres, ses yeux suspicieux s’agrandirent nettement quand elle confirma que le goût était plus que correcte, et elle se mit à dévorer son assiette. Cela voulait dire que les deux autres femmes n’avaient probablement rien mangé.

« Vous devriez penser à monter une assiette pour Glanaë : si vous avez aussi faim, j'imagine qu'elle non plus n'a pas mangé.

- Vous avez raison. Même si j'ignore si elle a le cœur à ça.

- J'ai jamais eu le cœur à quoi que ce soit le ventre vide, » rétorqua simplement l’enchanteur avant de continuer à s’attaquer à son propre repas. Il ignorait de quelle manière la cuisinière se débrouillait pour rendre ses légumes aussi fondant sans les transformer en bouillis, mais c’était divin. La magie ne serait pas aussi détestée ici que c’est ce qu’il aurait soupçonné en premier lieu. Les deux firent un sort à leur repas, bien allongé de bière qui était décidément meilleure que le vin. Une fois fini, il rerempli son boc à l’aide du cruchon et se leva.

« Je vais prendre une assiette pour Yliria, elle doit être dans le même cas. Merci de m'avoir accordé de votre temps, Zaria.

- Merci à vous de faire ce que vous faites, pour notre monde ou pour le vôtre.

- C'est les ennuis qui me trouvent, je fais que les régler. Si ça peut aider des gens au passage, c'est encore mieux. Bonne nuit à vous. »

(Je lirais pas ce que tu as en tête, je pourrais presque penser que tu essayes de la charmer un peu.)

Akihito se leva et salua la jeune femme, qui le lui rendit. Dans une autre réalité, peu être aurait-il pu tomber sous le charme de la sorcière. Mais ça ne risquait pas d’arriver ici. Plus maintenant.

« Sally !

- J’AI PAS D'PROTECTION EN TRIPE DE PORC, SI VOUS VOUS D'MANDEZ. VA FALLOIR JUTER HORS DE LA DAME. »

Il aurait été bien naïf de seulement espérer que Zaria n’avait pas entendu, vu comment elle tonnait dans son établissement. Voyant qu’il avait définitivement à faire avec une cause perdue, il ne chercha même pas à se justifier.

« C'est pas au programme, Sally. Il vous reste un peu de votre ragoût ?

- POUR SÛR. MAIS ALLEZ PAS M'SALIR LES DRAPS ! ILS ONT PAS ETE LAVES DEPUIS DES MOIS, ET J'COMPTE QUE CA RESTE AINSI.

- Splendide. Merci. »

Ecuelle et boc rempli, Akihito commença à monter les marches craquantes de l’auberge. Là aussi, l’absence de ménage était un concept élevé au rang d’art, et maîtriser sur le bout des ongles par la Grosse Sally. Après sa déclaration sur les draps, cela n’avait rien d’étonnant. Il déboucha sur le couloir qui offrait une suite tout à fait classique de chambres : plusieurs étaient éclairées, attestant de la présence de leurs occupants. Laquelle était celle d’Yliria ? Il allait devoir trouver par lui-même : il n’avait aucune envie d’être en plus tancée à ce sujet par Sally. Mais avant qu’il puisse faire quoi que ce soit, il se raidit en sentant une pression se poser sur sa nuque : de longs doigts aux extrémités très pointues qui serrèrent son cou. Un instant persuadé que d’une manière ou d’une autre, la Reine Carmin était entrée pour lui faire payer leur joute verbale, il s’apprêta à se retourner pour se défendre quand une voix murmurante lui susurra à l’oreille.

« Il est l'heure de payer votre dû. »

(Aleriia.)

Il se détendit visiblement, mais n’était pas plus rassuré par le procédé de la Harpie.

« Tu me vouvoies maintenant ?

- Je vous ai toujours vouvoyé. »

C’était le cas ? Il aurait bien voulu prendre la peine d’y réfléchir si le corps menu de la Harpie ne s’était pas pressé contre son dos et sa main glissée sur l’avant de son torse.

« Allons dans une chambre libre, vous débarrasser de tout ce superflu. »

L’enchanteur espéra que la harpie n’avait pas senti sa crispation alors qu’il se mettait en marche vers la première porte non éclairée qu’il apercevait. Du pied, il poussa le battant qui s’avéra ouvert et révéla une pièce ténébreuse, plongée dans un noir d’encre. Sous son impulsion, il pénétra à l’intérieur presque aveugle et le peu de lumière que le couloir lui offrait fut coupée quand la porte fut refermée derrière lui. Non, derrière eux.

« Tch. »

Tâtonnant du bout du pied, l’Ynorien senti la pointe de sa botte percuter le pied d’une table basse -probablement une table de nuit- dont il avait discerné les contours. Prudemment, il posa écuelle et boc dessus.

« Ôtez vos protections, guerrier. Vous n'en aurez guère besoin avec moi.

- Sur quelle partie de mon corps vous voulez prendre votre due ? Le cou ? demanda le repas du soir en retirant tout de même ses protections, incapable de déterminer d’où venait la voix.

- Sur la veine qui me siéra le plus. Mais je vais devoir chercher, pour ça... »

Ses yeux désormais habitués à l’obscurité ne lui apportèrent rien de nouveau, tout juste le mobilier de la pièce. Et certainement pas la position d’Aleriia, qui semblait évoluer silencieusement autour de lui.

(Je…)

(Je le sens pas moi non plus, Amy. Mais on est pas vulnérable.)

Que savait-il de la Harpie, au final ? Elle était espiègle, jeune, occupait une position de pouvoir dans la ville, et se nourrissait de sang. Aleriia pouvait simplement s’être jouée de lui : il n’était pas là pour donner de son sang, mais pour être tué. Peut-être. Son aide pouvait être aussi bien un simple caprice, une main tendue désintéressée, ou un jeu tordu. Il connaissait peu de choses d’elle, en soi. Tout comme elle savait peu de chose sur lui, sur sa magie, sur ses capacités. Avec la conviction qu’il pouvait dans le pire scénario avoir suffisamment de répondant pour tenir le temps d’utiliser sa marque pour se téléporter, Akihito termina de se débarrasser de ses protections. Sangles après sangles, pièce après pièce, il se retrouva rapidement de nouveau vêtu simplement des affaires que Mathis lui avait prêté le matin même. Il posa le tout sur une chaise non loin et profita de l’occasion pour sortir l’éclat de San-Divyna de sa nouvelle sacoche. La faible lumière le rassura plus qu’il ne l’aurait admis, et il s’en servi pour délasser les cordons qui retenaient la manche de chemise de son avant-bras droit.

« Tu la trouveras mieux avec de la lumière. Et celles de mon avant-bras sont particulièrement seyantes.

- Je préfère le noir, » rétorqua la voix au-dessus de lui.

La Harpie avait beau être menue, elle pesait quand même suffisamment lourd pour rendre sa chute impactante. Il la sentit s’accrocher à son corps, le repousser, le faire basculer sur le lit derrière lui… Et une main griffue posé sur ses pectoraux pour le clouer au lit. L’enchanteur avait vu ces mêmes bras pousser sans efforts des portes épaisses qu’il avait eu du mal à déplacer : il devait donc renoncer à l’idée de s’échapper de sa poigne par la force.
Tout comme un prédateur humant sa proie, Aleriia parcouru de son souffle chaud et de son nez le bras de l’enchanteur, s’arrêtant finalement pour poursuivre ses… recherches avec la pointe humide de sa langue. Une sensation qui n’aurait pas été désagréable… Si la situation n’était pas ce qu’elle était.

« C'est un bon début. »

Une vive douleur transperça son poignet. Une morsure à la douleur supportable bien qu’amplifiée en deux endroits précis, suivi d’un bruit de succion peu réconfortant.

« Ah put... »

Le juron fut étouffé, à grande peine, quand en plus de son poignet ce fut le tour de son torse d’être meurtri par les griffes.

« Les griffes, c'est nécessaire ? » demanda l’enchanteur à voix basse quand étrangement, la douleur de son poignet reflua pour laisser place à une sensation presque… Agréable. Chaude, doucereuse. Presque stimulante. Ce qui l’était beaucoup moins, c’était la douleur à son torse. Akihito sentit les griffes labourer sa chair en descendant, laissant une trainée de feu. Sa chemise éventrée ouvrit la voix à la Harpie qui écarta un pan, le souffle court. Sous le tissu, il sentit la langue de nouveau serpenter, comme attirée par la blessure au plexus laissée par l’éclat de son bouclier quand il s’était fiché dans sa poitrine. Quelques coups de langue semblèrent ne pas lui convenir, et elle se jeta donc sur la suite de son repas pour mordre brutalement son téton droit.

La douleur le fait hoqueter et il tente de se relever sur ses coudes par réflexe, mais c’était peine perdue. Une main ferme s’abattit sur son épaule gauche pour le clouer de nouveau au matelas. Résigné, Akihito ferma les yeux et fit ce qu’il pu pour garder son calme, prenant de longues inspirations contrôlées pour continuer à se laisser faire sans paniquer. Et comprendre aussi, pourquoi, Aleriia semblait comme excitée par la situation. Le souffle court, les griffures, le tout allongé sur un lit… Sally n’aurait pas eu besoin de beaucoup plus pour les marier. Sa Faëra ne disait rien, mais il sentait qu’elle hésitait entre le soutien, l’indignation et l’incompréhension face à cette situation.

Tout comme lorsqu’elle avait commencer à le sucer au niveau du poignet, la douleur avait fini par se tarir et être remplacée par le même sentiment satisfaisant. Lui n’eut pas le temps de se terminer qu’Aleriia partait déjà en quête du nouvel endroit qu’elle comptait sucer, et se dirigea vers le cou. Pinçant de l’extrémité des lèvres chaque pli de peau à la recherche d’une veine saillante, elle ignora la question d’Akihito qui chercha à savoir si elle avait fini. Ses dents plongèrent de nouveau en provoquant cette fois une excitante douleur. Ses ébats avec Anthelia lui avait appris qu’il était particulièrement sensible dans cette zone, mais ça n’avait jamais été puissant à ce point-là. Ce fut une véritable décharge de plaisir brut qui envoya une nuée de décharges dans tous son corps, faisant frémir jusqu’à l’extrémité de ses doigts. Puis cette décharge revint au galop jusqu’à son cou avant qu’une nouvelle succion ne propage encore plus intensément la sensation. Il perdit complètement le compte des succions qu’il s’était presque mis à attendre avec impatience quand finalement, tout s’arrêta. Plaisir et jouissance le quittèrent aussi brutalement qu’ils étaient apparus, rendant ses sens à l’enchanteur qui se releva, groggy.

Cligner plusieurs fois des yeux lui permit de retrouver un semblant de vision pas trop flou, suffisamment pour prendre conscience qu’Aleriia venait d’allumer une chandelle à quelques pas de lui avant de retourner s’asseoir près de lui. Les yeux brillants comme ceux d’un chat, un filet de sang -son sang- aux lèvres… Et les joues rosies par l’effort et le souffle court.

Il déglutit difficilement.

« Je comprends un peu mieux "l'honneur" des hommes pâles à vous donner leur sang. »

Cela avait de quoi rendre accro, et la sensualité qu’avait mis la Harpie n’avait fait qu’amplifier cet effet.

« Hé ouais. Bon. Ben on va dire que la dette est payée. »

Il se redressa avec précautions, essayant de jauger les effets de la perte de sang. Sur son équilibre, sa fatigue, ou d'éventuelles douleurs là où il avait été mordu. Il ne trouva aucune trace de tout ça. Aucune fatigue, aucun vertige, pas même la moindre trace au poignet ou au téton : elle avait décidemment tenu sa parole formulée devant la Reine Carmin.

« Ça tiendra combien de temps, ce que tu m'as pris ?

- En nourriture, ça suffira pour une bonne semaine. En plaisir et gourmandise, on va dire que ça suffira pour ce soir. »

Le sourire presque enfantin qu’elle afficha contrastait violemment avec l’expérience qu’il venait de subir. Et visiblement, il n’avait pu que satisfaire un minimum la gourmandise d’Aleriia. Si Mathis voulait qu’elle les accompagne, il allait devoir prendre la responsabilité de la nourrir. Il jeta un œil ennuyé à son torse : les griffures étaient bégnines et cicatriseraient sans mal : mais il allait devoir rebander son autre plaie, et…

« C'était pas ma chemise... et merde, cette blessure doit encore être traitée. Tu pourras me conduire à un tailleur, demain ?

- Ah... Dommage pour la chemise, elle vous allait bien, rétorque-t-elle, malicieuse, ne lui valant qu’un tic agacé du jeune homme pour toute réponse. Vous allez régaler tous les artisans de la ville, de ce que je vois. Je pourrai vous emmener voir un soigneur, aussi. Enfin. Si vous n'êtes pas rebuté par ses méthodes.

- A qui la faute. Puis si j'ai besoin de voir tout le monde, c'est que j'ai aussi tout perdu. C'est quoi, ses méthodes de guérison ?

- Oh. Vous le verrez assez vite. Vous avez quelque chose contre la vase qui sent le poisson ?

- Euh... Je préfère utiliser ce que j'ai encore avec moi. Mais je garde ton option au cas où. Si tu me permets... Je vais y aller. »

Après avoir attrapé la boite métallique contenant le cataplasme qu’il avait confectionné avec Himeka, il posa le boc de bière dessus et se saisit de l'assiette, estimant si son contenu est encore tiédasse. Il lui était impossible de savoir combien de temps il avait passé là, mais le ragoût n’était pas encore froid alors il ne s’était pas passé tant de temps que ça.

« J'suis sûr que vous voudrez encore m'être redevable.

Nous verrons, » éluda-t-il en sortant. Il avait décidé que cette chambre serait la sienne, aussi n’avait-il pas pris toutes ses affaires. Il regarda la Harpie disparaitre dans l’escalier et une fois cela fait, il s’adossa à la porte de sa chambre, fermant les yeux.

(C’était pas facile…)

(Ça me semblait être pas une si mauvaise expérience, de mon point de vue.)

(C’en était pas une. Physiquement du moins. C’était pas des sensations que je cherchais à avoir.)

Sentir une extase proche de l’orgasme alors qu’on lui pompait le sang pour payer une dette n’avait rien de plaisant, après coup. Surtout que maintenant…

(C’est le moment ?)

(Oui.) répondit-il simplement, et il sentit la présence de la Faëra s’effacer de son esprit. Bien que toujours présent, elle s’était mise en retrait : elle n’avait pas prévu d’intervenir dans ce qui allait suivre, et il lui était reconnaissant. Akihito expira profondément… Et se mit à la recherche de la chambre d’Yliria.


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« Merci d’être là.

- Aki... ? »

La voix d’Yliria, vaguement inquiète ou surprise, résonna dans mes oreilles. Je ne répondis pas tout de suite. Il me fallait un peu de temps.

Trouver la chambre d’Yliria n’avait pas été très compliqué : j’avais tout simplement toqué à la première qui avait de la lumière, en l’appelant pour voir si elle allait me répondre. Je n’avais pas eu besoin d’utiliser l’excuse que j’avais prévu au cas où c’était Dracaena, Glanaë ou qui que ce soit d’autre qui ouvrait, puisque c’est le visage d’Yliria qui était apparu. Son regard, vague, avait pris du temps à redevenir clair.

« Aki ! tu veux entrer ? »

Bien sûr que j’avais voulu, mais son estomac s’était d’abord manifesté et avait attiré son regard sur l’assiette que j’avais en main. Comme sur la blessure qui transparaissait à travers ma chemise en pièce. Cela avait provoqué la réaction à laquelle je m’attendais : question…

« Tu t'es battu pour obtenir cette assiette ? »

… Et haussement de sourcil. C’était ce tic qu’elle avait à chaque fois qu’elle s’interrogeait sur quelque chose de bizarre, ou de stupide, ou les deux. C’était tout bête, mais j’avais prévu qu’elle ferait ça. Ça m’avait rendu heureux, alors j’avais décidé de l’embêter un peu.

« C'était la dernière portion, et je savais que t'avais pas mangé, avais-je commencé en lui tendant son repas. Alors j'ai dû un peu batailler, ouais. Y avait un type avec un troisième bras qui avait l'air d'avoir bien faim, et il a un peu ruiné la chemise. Mais bon, un coup de coude dans, euh, ce qui lui sert d'œil l'a un peu calmé. Comme il en a quatre autres, je me suis dit que ça irait. »

Elle avait pris l’assiette et un temps, avait commencé à me croire avant qu’une expression amusée ne traverse son visage. J’avais un peu trop exagéré mon histoire, apparemment.

« Merci, j'apprécie vraiment le geste. Je n'ai rien mangé depuis hier. »

Elle m’avait remercié, puis s’était écartée de la porte pour m’inviter à rentrer. Je ne m’étais pas fait prier, et j’avais rapidement compris que ça ne pouvait qu’être sa chambre : malgré le bordel et la saleté qui régnait partout en maître, cette pièce avait été rangée un minimum. C’était encore loin d’être propre, mais j’avais reconnu cet aspect d’Yliria.

« Je ne sais plus si tu es très bière ou non, mais je t'en ai pris au cas où. Comme le plat, elle paye pas de mine mais elle est très bonne.

- Non, je n'aime pas trop la bière, mais fais-toi plaisir. »

Tirant un tabouret pour m’installer à peu près en face d’elle, je l’avais regardé attaquer voracement sur son lit son repas, s’extasiant de son repas.

« Par les dieux, j'ai l'impression de n'avoir jamais mangé quelque chose d'aussi bon...

- Mmhmmh. »

Bière en main, je l’avais laissé manger tranquillement, me contentant de couver du regard une scène banale qui était devenue importante pour moi. Yliria était importante pour moi.

J’aimais Yliria.
Ma mort avait eu ça de bénéfique qu’elle m’avait permis d’ouvrir les yeux sur ce qu’elle représentait pour moi, en me donnant plus de temps que nécessaire pour regretter ce qui me manquait le plus. Yliria avait fait partie des choses dont la disparition m’avait le plus affecté. Alors quand j’étais revenu, je l’avais observé. J’avais fait attention à elle, à moi, à l’influence qu’elle exerçait sur mes choix, sur mes envies, sur ma vie. Et beaucoup de choses tournait autour d’elle. La décevoir m’avais attristé ; l’inquiéter m’avais énervé ; la voir sourire avait été une petite fête ; apprendre qu’elle comptait retourner sur Yuimen avait été source de soulagement et de manque ; me réveiller avec elle dans mes bras m’avait donné envie de me rendormir, juste pour avoir le plaisir de redécouvrir cette surprise en me réveillant à nouveau.

Alors constater que j’appréciai ingénument cette simple vue m’avait conforté dans mon choix de lui dire ce soir.

« C'est un peu gênant que tu m'observes m'empiffrer...

-Je peux regarder ailleurs si tu veux. Moi quand j'ai faim, la parlote devient très secondaire. »

Mon excuse n’avait pas eu l’air de la convaincre totalement, mais elle avait fini par demander que je lui raconte la vraie histoire derrière la chemise en lambeaux pendant qu’elle terminait son repas. Je m’étais alors exécuté.

« Basique histoire de remboursement. J'ai pas de shuriken en Olath pour payer mes achats ici, alors c'est Aleriia qui a avancé pour moi. Et les harpies se nourrissent de sang, donc c'est comme ça que je l'ai... Payé ? avait je résumé en reprenant une gorgée de bière et d’ajouter : Le col était un peu trop haut à son goût, faut croire.

- Avec du sang... ça... explique certaines choses. Ce n'était pas trop douloureux ?

- Plutôt, au début, comme si on... Bah, te mordait avec deux canines très pointues. Mais après c'était bizarrement agréable. Et ça laisse pas de marque, ni d'effet secondaire pour l'instant.

- Hmm... Je vois mal comment se faire prendre du sang peut être agréable, mais soit. Tu as payé ta dette alors ?

- Crois moi que moi non plus. Mais je vais devoir en contracter une autre, pour acheter des vêtements à moi, rembourser Mathis, et avoir de quoi me bander. D'ailleurs, je me débrouille demain pour laver tes affaires et je te les rends. Merci encore, Yli. »

Fidèle à elle-même, elle m’avait directement proposé de me donner certains de ses shurikens comme moyen de paiement avant de balayer de la main mes remerciements.

« Tu en aurais fait autant... J'espère.

- Evidemment, mais ça ne te prive pas de remerciements. »

Je m’étais acheté un peu de temps pour réfléchir à comment je comptai lui avouer mes sentiments en buvant de nouveau à mon boc, mais lever le coude avait aussi réveillé un élancement dans ma poitrine. Je ne pouvais pas ignorer plus longuement ma blessure.

« Mais si on parle d'en faire autant que j'en ferais pour toi, j'ai un autre service à te demander. Quand t'auras fini de manger, hein.

- Un autre service ? Qui concerne tes vêtements ?

- Ce qu'il y a en dessous, surtout, avais-je dis en écartant les tissus pour montrer la plaie encore vivace causée par mon bouclier. Je peux me mettre le cataplasme, mais serrer le bandage tout seul c'est pas évident. Et j'ai plus de bandage...

- Il doit me rester quelque chose... regarde dans mon sac, je te l'appliquerai après manger. »

Fouillant dans son sac posé dans un coin de la pièce, j’avais rapidement mis la main sur les fameux tissus.

« Si ça te dérange pas... je vais en profiter pour m'occuper de ma jambe. »

Je m’étais alors écarté pour tourner le dos à Yliria, ne voulant pas lui montrer une blessure aussi sévère alors qu’elle était en train de manger. La gaine magique autour de ma jambe avait elle plus que remplis son office puisque l’enlever m’avais tiré un sifflement de douleur. Privé de ses effets curatifs, la brûlure avait recommencé à mettre mes nerfs à vif.

« La vache... Y a pas à dire, elle marche bien, ta gaine.

- Si on était sur Yuimen, ça ne serait qu'un mauvais souvenir, mais bon... Montre-moi, je vais t'aider.

- Non, ça... »

J’avais été sur le point de refuser, mais je m’étais finalement ravisé. Refuser son aide l’aurait agacé aussi bien que cela m’aurait agacé si les rôles étaient échangés. Je lui avais donc tendu le morceau de chemise que j’utilisais pour retirer le cataplasme encore présent sur zone à vif, et elle s’était agenouillée devant moi. Ses gestes avaient été doux, délicats ; ses paroles, prévenantes.

« Urg. Ça pique, mais ça va, avais-je dit entre mes dents serrées. T'as l'air d'avoir l'habitude.

- Je suis pyromancienne. J'ai aussi été une enfant. Combine les deux et le résultat est un père qui apprend à sa fille à gérer les brûlures qu'elle cause sans le vouloir. »

Imaginer une Yliria enfant m’avait attendri.

« Au moins, la foudre est moins douloureuse sur ce point-là.

- Certes, mais elle est bien moins utile.

- Ah non, pas de débat sur qui qui a la meilleure, hein. »

Me chamailler avec elle m’avait amusé.

« Pas besoin, je sais que j'ai la meilleure.

- Aye aye. »

Lui donner raison n’avait été ni une défaite, ni une frustration.

Une fois ma jambe traitée, j’avais replacé la gaine magique dessus qui étouffa les dernières braises de douleurs, ne restant que celle de mon torse. Yliria avait refusé catégoriquement l’idée que je puisse lui rendre le bandage magique d’ici à son départ, même si de simples bandages avaient pu s’avérer suffisant. Elle avait alors voulu s’occuper de ma blessure, mais j’avais cette fois ci décliné.

« Les blessures tranchantes, c'est mon domaine. J'ai aussi appris deux trois trucs de mon paternel. Mais j'aurais besoin de toi pour le bandage, comme dit. »

Evoquer mon père avait brièvement étreint mon cœur, mais j’étais passé outre. Il m’avait un jour dit que les hommes mourraient quand plus personnes ne se souvenaient d’eux ; alors tant que j’entretenais son souvenir et tout ce qu’il m’avait transmis, il vivait un peu à travers moi. Une fois le cataplasme appliqué comme il me l’avait fait maintes fois et montré tout autant de fois, j’avais roulé des épaules pour dégager mon dos ; Yliria s’était ensuite posté derrière moi et avait commencé à bander ma blessure, passant aussi bien sous mes bras que sur mon épaule. J’avais serré les dents et m’étais fais violence pour rester en place : sentir quelque chose m’enserrer devenait chaque jour plus supportable depuis ma mort dans la prison de cristal, mais l’angoisse n’avait pas encore complètement disparu. Ce qui m’avait fait tenir, ultimement, c’était les mains d’Yliria : chaque contact avec ma peau nue avait été une goutte d’eau fraiche chassant les démangeaisons. Enfin délivré, je m’étais laissé aller en arrière, sentant son corps chaud contre mon dos nue.

« Aki… ? »

Et j’étais là, désormais. Convaincu qu’Yli était celle qu’il me fallait : apaisé par sa simple présence, éblouis par son sourire, attendri par ses moues.

Je recouvris sa main encore posée sur mon épaule de la mienne, glissant mon pouce à l’intérieur pour caresser l’intérieur calleux mais pourtant agréable.

« Quand je suis... arrivé dans la Savane Thanatéenne, j'ai eu beaucoup de temps -presque un peu trop- pour réfléchir. Sur moi. Ce que j'avais été. Ce que j'aurais voulu. Regrets, joies... un peu tout ça. Et j'ai pensé à toi. »

Je me tournai pour accrocher son regard, au-dessus de moi.

« Tu... me fais confiance, Yli ?

- Bien sûr. »

Ses yeux papillonnants montraient à quel point elle était perturbée, confuse. Je la prenais au dépourvu et je voulu lui rendre les choses plus simples. Peut-être que je voulais aussi les rendre plus simples pour moi également. Pour chasser cette crainte qui était tapie, dans le fond de mon estomac. Et si.

« Ferme les yeux, alors.

- Euh... d'accord... »

‘Et si elle refuse.’
‘Et si elle en aime un autre, finalement.’
‘Et si c’était trop tard.’
‘Et si c’était un rêve.’

Prenant mon courage à deux mains, je me levai. J’allais passer les trente prochaines minutes à me poser des dizaines de questions si je n’agissais pas. Et la réponse à tout ça se trouvait devant moi. Les yeux clos, quelques rides trahissant l’inconfort qui la parcourait. Son expression se figea quand je posai ma main sur sa hanche, l’attirant contre moi.

« A... Aki ? »

Je ne voulais pas flancher. Je voulais assumer mes sentiments, cette chaleur qui était de nouveau apparu en moi. Mais je n’étais pas si brave, finalement : un ultime doute m’habita. Je comptai être décidé, entreprenant ; pourtant, je dû me rassurer une ultime fois.

« Je peux te rendre ce que tu m'as offert sur le dos de Cromax ? »

(L’embrasser, bordel ! E-M-B-A-R-A-S-S-E-R ! Abruti ! Je lui soulève le menton, je lui demande de fermer les yeux et je la serre contre moi, et je suis obligé de passer par des trucs alambiqués pour un simple mot ?! Merde merde merde ! Mais qu’est-ce qui tourne pas rond chez moi ?!)

Yliria, pour ne rien arrangée, s’était figée. Me laissant seul avec mes voix intérieures pour me morigéner et blâmer le manque flagrant de colonne vertébrale qui m’avait frappé à l’instant. J’avais largement de quoi alimenter ces voix toute la nuit et j’étais bien parti pour quand je sentis une légère pression contre ma paume. Cela fit taire tout ce qui passait dans mon esprit et doucement, délicatement, je baissai mon visage pour déposer mes lèvres sur les siennes. Le contact pulpeux ne dura qu’un instant, mais me donna tout ce que j’avais envie de savoir. Au-delà même du simple plaisir intime qu’il m’avait procuré, c’était la brusque montée de chaleur qui m’avait envahi qui importait. Aleriia pouvait sucer jusqu’à la dernière goutte de mon sang qu’elle n’aurait pas pu approcher cette petite fête qui se répandait en moi, qu’Anthelia m’avait fait découvrir et qu’Yliria était désormais la seule à provoquer. Le genre de félicité qui me fit sourire sans pouvoir m’en empêcher pendant que je m’écartai d’elle, qui rouvrit des yeux un peu perdus allant de mes lèvres à mes yeux.

« Je... tu es sûr ?

- Maintenant, oui. Mais je peux recommencer si tu as encore des doutes.

- Qu'est-ce qui a changé ?

- Par rapport à quoi ? demandai-je.

- Toi. Moi. Nous, répondit Yliria en se triturant les doigts. Il n'y a pas si longtemps tu n'envisageais même pas de m'embrasser... Et là tu... J'essaie de comprendre. »

Je m’étais attendu à cette question, tant elle était évidente. Je n’avais plus qu’à ressortir la réponse que j’avais préparé, tandis que je la repoussai lentement vers le lit pour que nous assoyions côte-à-côte.

« Mmh. Pour faire simple, quand Theli était là, je pouvais pas te voir autrement que comme une amie. Je ne pouvais voir aucune femme plus que comme une amie. Donc quand tu m'as embrassé, c'était pas possible. Puis on s'est revu à Oranan. J'avais fait mon deuil, alors j'étais capable de te voir autrement. »

Je glissai une main dans son dos, frottant lentement ce dernier.

« Pour le changement... rapide des derniers jours, je ne plaisante pas quand je dis que j'ai eu beaucoup de temps pour réfléchir. Quand tu ressens plus rien du tout, la perception du temps est... très longue.

- Je ne suis pas Anthélia, Aki... Je n'ai pas envie d'être sa remplaçante... Est-ce parce que je suis une femme maintenant ? Que je n'ai plus le corps d'adolescente que j'avais à notre rencontre ? »

Je fronçai les sourcils. Si je m’étais aussi attendu à la deuxième partie de la question, la première me prenait au dépourvu.

« Remplacer Anthelia ? Non non, c'est pas du tout ça. Tu as pris sa place parce que tu es toi, pas parce que je l'ai choisi. »

La réponse fusa du tac au tac. Je n’avais pas besoin de réfléchir à quoi répondre pour ce qui me semblait évident. Et si j’étais capable de ça… Je n’avais pas besoin de tout ces scénarios, ces répliques, que j’avais prévu. Mes sentiments étaient bien plus honnêtes. Je posai mon autre main sur les siennes, sur ses genoux,

« Pour ton corps... Évidemment, je peux pas l'ignorer, et je te trouve très attirante. Sauf que tu te résume pas à ça Yli. »

Je saisis une de ces mains et la porta à mes lèvres, déposant un léger baiser sur son dos, espérant relever son regard.

« Des jolies femmes, il y en a partout. Mais des jolies femmes courageuses, fortes, espiègles, têtues, qui ont mon respect et mon admiration... et que j'aime, il n'y en a qu'une. »

La liste des qualités et des menus défauts aurait pu s’étendre bien plus, mais la voir rougir m’indiqua que je n’avais pas besoin de plus.

« Je...Je sais pas trop quoi dire... Ou faire. »

Je plongeai alors mon regard dans le sien, me noyant dans un océan moucheté d’or.

« Ris, embrasse-moi... repousse moi. Fais juste ce que ton cœur te dit de faire, et prend ton temps. »

Son hésitation dura jusqu’à ce qu’elle approche son visage pour m’embrasser à son tour, doucement. Je senti de nouveau mes lèvres s’étirer en un sourire irrépressible, heureux, quand elle se recula les yeux brillants. Puis elle revint m’embrasser, et je ne me privai pas cette fois pour lui répondre avec passion. La chaleur ronflante dans mon ventre guida ma main jusqu’à sa nuque pour prolonger le baiser jusqu’à ce que le souffle me manque.

« Convaincue ?

- Juste pour être sûre... »

Elle enserra tendrement mes joues entre ses mains et m’embrassa encore, avant de se retirer en s’excusant, la voix chevrotante, de ne pas être très douée. Attendrie, je la ramenai à moi pour la prendre dans mes bras.

« Tu te débrouilles très bien. Et c'est pas ce qui m'intéresse. »

J’entendis sa voix étouffée et sentis son souffle chaud contre ma peau, son visage enfouis dans mon étreinte.

« Qu'est ce qui t'intéresse alors ?

- Toi, le bien-être de te savoir près de moi, de te parler, tout ça. Les... plaisirs physiques, c'est secondaire. Intéressants, mais c'est pas pour ça que je veux partager ma vie avec toi.

- Mais ça... Ça t'intéresse quand même, répondit-elle avec une petite moue, ce qui me fit hausser un sourcil.

- Qui ne le serait pas ? Ça fait partie de la vie d'un couple.

- Je n'y ai jamais vraiment pensé avant très récemment... J'ai l'impression que c'est surtout les hommes qui sont obsédés par ça. »

Mon cœur manqua un battement quand elle se sépara un peu de moi en glissant sa main dans la mienne, me demandant si j’aimerais. La réponse était toute aussi évidente qu’elle demandait tout de même que je choisisse bien mes mots. Et je ne voulais pas lui mentir.

« ... Oui. Mais je compte aller à ton rythme vu que j'ai un peu... D'avance, sur ce sujet-là.

- C'est si important ? Je veux dire... Je n'en ai jamais eu envie et je ne sais pas comment je pourrais vouloir quelque chose que je ne connais pas... Comment je pourrais décider du moment ?

- Dis comme ça... »

Peut-être avait-elle raison sur l’obsession des hommes pour le plaisir de la chair : dans mon cas, l’envie de le découvrir était venue naturellement. Mais pour Yliria, ce n’était pas le cas apparemment. Appréciant les légères caresses de son pouce sur le dos de ma main, je pris le temps de réfléchir avant de hausser les épaules en souriant.

« On peut commencer par passer nos nuits ensemble, et on verra si ça nous y mène naturellement. Sinon, on prendra le temps de te faire découvrir quand on aura plus de temps pour nous, » dis-je en concluant d’un baiser dans ses cheveux.

Elle ne répondit pas, se contentant d’hocher la tête. Elle paraissait… Gênée. Est-ce que j’avais dis quelque chose de mal ? Est-ce que… Je m’étais trompé sur toute la ligne ?

« Yli... ça va ? Tu ne m'as pas l'air aussi... Contente que ce à quoi je m'attendais.

- Non c'est pas ça... je... je suis vraiment heureuse, c'est juste... je sais pas comment agir maintenant... »

La voir se dandiner timidement balaya rapidement les craintes qui avaient tentés d’émerger et je ris, à la fois de moi et de la vision attendrissante qu’Yliria m’offrait.

« C'est adorable. »

Puisqu’elle n’avait pas d’idée, c’était à moi de lui apprendre une ou deux choses. Basculant mes jambes sur le lit, je m’allongeai près du mur en entrainant la jolie semi-Shaakte avec moi. Le poids de son corps sur mon bras passé sous elle me fit tiquer, mais je noyais l’inconfort dans la douceur de ses cheveux entre mes doigts, la chaleur de son corps contre le mien, la caresse de mes lèvres sur les siennes.

« Tu peux réagir comme ça, par exemple...

- Cesse de te moquer...

- Je me moque pas, je trouve ça vraiment touchant.

- Hmmm… »

Sa moue adorable me donna presque envie de la retenir quand elle mit sur le dos, yeux clos.

« J'ai l'impression d'être légère et d'avoir quand même un nœud à l'estomac.... Et c'est entièrement ta faute.

- Eh, t'essayerais pas de me faire passer pour le méchant, des fois ?

- Le responsable de mon état en tout cas, pour sûr. »

Et elle sourit. Vraiment. Avant, ça n’avait été que de timides sourires, ou en coin. Là, c’était quelque chose de beaucoup plus solaire. Lumineux.

« Et... Ça fait quoi un couple ? En dehors de l'évidente réponse de la débauche de plaisir physiques que tu as sûrement sur le bout de la langue.

- Méchant ET obsédé ! De mieux en mieux. »

Yliria me posait beaucoup de questions et quelque part, c’était intéressant de mettre des mots sur ce que je considérais comme un couple. J’avais eu un merveilleux exemple avec mes parents, mais j’avais surtout eu l’occasion de l’expérimenter avec Theli. Ma vision changerait sans doute au contact d’Yliria, mais je répondis ce qui me semblait être la bonne chose, quoi qu’un peu vague.

« Un couple… Ça se soutient. Ça passe de bons moments. Ça se dispute. Un peu comme avec un ami, mais en plus intense. En plus beau. Parce que c'est avec l'autre qu'on veut tout essayer, vivre, partager. C'est... ma définition du couple.

- C'est... Plus simple que je ne le pensais, pour être franche, dit-elle en se redressant, son regard fixé sur moi. Elle se pencha sur moi, déposa un baiser sur ma joue et me demanda après un instant d’hésitation si je voulais bien me mettre sur le dos.

- Tu voyais ça comment ? dis-je en m’exécutant, un peu intrigué par sa demande.

- Plus stricte, plus... demandant... je n'ai pas vraiment de point de référence... »

Le sujet de sa famille devenait vraiment un point qu’il fallait aborder. Mais j’avais d’autres chats à fouetter, et notamment l’audace d’une semi-Shaakte se mettant à califourchon sur moi. Un peu ébahi, je vis son visage s’empourprer violemment alors qu’elle avouait avoir toujours eu envie de faire ça. Je cachais le brusque élan de désir qu’elle enflammait en moi derrière un sourire tandis que je surprenais mes mains être déjà posées sur ses hanches.

« Je me demande d'où t'es venu cette envie, mais c'est pas pour me déplaire...

- Je ne sais pas trop... Une idée que je me faisais et que je trouvais plaisante. »

En fin de compte, elle avait peut-être aussi des envies qui se réveillaient naturellement ? Bon, elle ne semblait pas quoi faire après et l’avoua d’elle-même, mais c’était un bon début. Je devais donc… La guider ? Je glissai lentement d’abord mes petits doigts, puis mes annulaires sous sa tunique et la peau ferme, légèrement chaude que j’atteignis m’envoya un frisson de plaisir et d’excitation, autant que je la fis frémir. Je voulais prendre mon temps avec elle, ne pas précipiter les choses. Mais elle ne m’aidait pas vraiment… Oh, et puis merde...

« Mais non Yli, c'est très bien. Laisse-toi guidée par tes envies, invitai-je d'une voix douce en plongeant mon regard dans le sien.

- Tu dis ça comme si j'avais la moindre idée de ce dont j'ai envie...

- Tu avais envie d'être là-haut, pourtant... »

Le majeur glissa lui aussi sous le tissu, mais de ma main gauche seulement. L’autre main quitta sa hanche et se dégagea doucement de celle d’Yliria avant de faire lentement remonter mes doigts le long de son bras, son cou, puis se lover sur sa joue, pour l'inviter à se pencher.

« Laisse-moi te montrer, alors... »

Son corps suivit ma main, s’appuyant toujours un peu plus contre le mien. Ses cheveux blancs cascadèrent, encadrèrent a vue et rapidement il n’y eu plus qu’elle. Mes yeux ne pouvaient que la voir, et mon être tout entier ne voulait qu’elle pour ciel à ce moment-là. Alors quand elle me demanda de lui montrer, je laissai brièvement la passion prendre le contrôle de moi. Sans un mot de plus, je terminai de l’attirer à moi pour l’embrasser, légèrement au début, puis progressivement de plus en plus passionnément. Ma main se retrouva à un moment main dans son dos complètement sous le tissu et caressa encore et encore chaque recoin de sa peau, découvrant avidement la moindre parcelle. Je la sentais réagir, réceptives à ma bouche comme à ma main. Le souffle court, je quittai à regret ses lèvres en mordillant très doucement sa lèvre inférieure pour lancer une traînée de baisers sur sa mâchoire avant de continuer dans son cou, plongeant le visage d'Yliria dans le mien. Ses soupirs à chaque fois que mes lèvres pincent tendrement sa peau, ses petits soubresauts et cris quand ma langue caresse sa peau sombre, tout cela me donna terriblement envie d’elle. A tel point que ma main désormais libre s’était dirigée vers les rebords de sa tunique pour la retirer, ce qu’elle facilita en se cambrant légèrement.

Le vêtement me ralentis quelque peu dans l’exploration de son cou, mais une fois complètement retirée et jeter négligemment sur le côté -l’endroit où elle atterrissait était le dernier de mes problèmes-, je repris mes caresses et baiser là où je les avais laissés. Je profitai simplement du contact avec la peau chaude et douce de la semi-Shaakte tout en continuant d'embrasser là où ma bouche se perdait.

La partie rationnelle de ma personne finie par reprendre le dessus, et je mis un peu de distance en m'enfonçant dans le matelas pour plonger un regard brillant, un peu fiévreux, dans celui de la jeune femme.

« Arrête de me fixer comme ça... On dirait que tu vas me manger...

- Et toi, arrête de me donner de mauvaises idées. Puis t'as qu'à pas être aussi belle, c'est pas ma faute.

- Comment ça de mauvaises idées ? »

Je dégageai l’unique mèche de cheveux sombre pour la passer derrière son oreille, dévoilant un peu plus un visage qu’il me tardait de regarder avec tendresse chaque jour. Me souvenant du massage de l’avant-veille, je laissai trainer le bout de mes doigts sur la pointe de son oreille. La réaction ne se fit pas attendre : un petit cri s’échappa de sa gorge, la faisant se redresser comme par réflexe.

« Arrête ça... C'est sensible !

- Ah bon ? » rétorquai-je d’un sourire narquois, avant que mon sourire se crispe.

Dieux, qu’elle était belle. La lueur de la chandelle allumée dessinait les contours de la jeune femme, surtout ses attributs les plus féminins qui maintenant qu’ils n’étaient plus comprimés par ses bandages, révélaient une rondeur qui fit manquer un battement à mon cœur. Anthelia avait un corps bien entretenu, mais celui d’Yliria était réellement athlétique : la taille fine, des abdos finement tracés comme tout l’ensemble de ses muscles dont les ombres projetés par l’unique source de lumière révélaient la présence. Mon corps réagit malgré moi, et j’espérai qu’Yliria ne sentirai rien depuis sa position sur mon bas-ventre.

« C'est... euh... »

J’avais le souffle coupé. Je bégayai, mes maigres capacités cérébrales encore actives peinant à savoir ce qu’il était bon de faire. Lâcher la bride ? Se contraindre ? Temporiser ?

« Aki... Je vais pas m'enfuir si tu me touches ou me regarde... »

Le contact de sa main dans la mienne appela intuitivement mes doigts à vouloir s’entrelacer avec les siens. Sa voix douce comme son regard me rappela à mes devoirs, à ce que j’avais décidé de faire.

« Je sais, c'est juste... pour moi. »

M’aidant de mon autre main, je me relevai pour lui faire face, à quelques centimètres d’elle, assise sur mes cuisses.

« Te voir m'a donné très envie d'aller plus loin, avouai-je, mais j'ai dit que j'irais à ton rythme. Ça demande juste un peu d'effort pour me contrôler. »

Mon regard glissa de nouveau sur ce qui m’étais offert. Son ventre, son dos… Immaculés. Vierges des horribles traces que j’avais vu, des mois auparavant, lors de notre première rencontre. Mon doigt suivi un tracé imaginaire d’où elles avaient pu être, marques d’horribles sévices qui m’avaient à l’époque poussé à la sauver. Comme je me bénissais d’avoir agis ainsi à l’époque.

« Je sais ce qu'elles représentaient pour toi... Mais je te préfère quand même sans tes cicatrices.

- J'ai fait mon deuil... elles m'emprisonnaient plus sûrement que les fers qui m'ont maintenu quand on me les a infligées. C'est du passé maintenant. »

Elle se cambrait sous mon toucher, mettant encore plus en avant les seins qui mettaient ma résolution à rude épreuve.

« Et je t'ai dit que je ne saurai pas décider... tant que je ne dis pas non... tu peux... »

C’était une invitation. Une invitation à quelque chose qu’Yliria ne connaissait pas. Il voulait l’initier à ce que l’union charnelle avait de mieux, mais est ce que c’était le bon endroit ? Le bon moment ? Est-ce que le faire dans une chambre d’auberge poussiéreuse, aux draps non lavés depuis plusieurs mois -la fierté de la tenante de l’établissement- au milieu d’une quête périlleuse était une bonne chose ? Je voulais lui offrir le meilleur. Alors après l’avoir embrassé une dernière fois, passionnément, je me reculai. Et Valyus savait ce que ça m’avait coûté.

« Même si lui en a très envie, dis-je en pointant d'un doigt mon entrejambe pour ensuite poser la main d'Yliria sur mon torse au niveau du cœur, lui préfère prendre son temps. Et t'offrir une première fois dans un lieu un peu plus... Charmant. Et propre.

- D'accord... » fit-elle en replaçant une mèche tombant devant ses yeux.

(Non, Yli... Si tu me dis ça comme si t’es déçue, comment je suis sensé résister…?)

« Et puis... je n'ai pas envie de tomber enceinte pour le moment... Ce n'est pas vraiment la situation idéale...

- Ce n'est pas un problème ça, il suffit d'être prudent, répondis-je avant d’ajouter, un peu hésitant : Je peux... essayer de te faire découvrir un peu quand même, si tu veux...

- Quoi, on peut refuser de tomber enceinte ? »

Elle me fit rire. Mais est ce que c’était pour mieux me prendre en traitre ? Les femmes étaient décidément terrifiantes, car ce qu’elle dit…

« C'est.... J'ai pas envie d'avoir de regrets, et qui sait ce qui peut arriver demain... »

… N’avait aucune chance de me laisser de marbre. Pas avec l’intense regard passionné qu’elle m’adressa en même temps. Je fermai les yeux, essayant de reprendre le contrôle sur le désir qui m’animait. Usant d’une stratégie vieille comme le monde, j’invoquai dans mon esprit les images de choses qui devaient étouffer mon désir. Des répugnantes, des grotesques, des bizarres. Rien n’y fit. Je sentis toujours l’extrémité de mes doigts trembler, impatients d’assouvir le feu que j’essayai de contenir. J’ouvris donc les yeux pour lui adresser le sourire le plus tendre et amoureux dont j’étais capable.

« Au moins, j'aurais essayé. »

D’une impulsion du bassin, je la fis basculer sur le dos et suivit le mouvement. Me trouvant désormais au-dessus d'elle, ma main agrippa sa nuque pour l'embrasser avec une intensité croissante allant de paires avec mes doigts découvrant les courbes féminines de la jeune femme. De sa gorge à la naissance de ses seins, de ces derniers à ses hanches… J’explorai de nouveau, sentant son corps se tendre sous chacune de mes caresses.

« Aki... ? »

Elle avait profité d’un moment de répit pour m’appeler. Sentant une tension dans sa voix, je m’étais stoppé.

« Yli... ?

- Je... je t'aime… »

Le savoir et l’entendre était deux choses différentes. Je me stoppai un instant, donc, savourant l’ampleur de cette révélation qui n’en était pas une. Je prenais une nouvelle fois conscience qu’esprit et âme n’étaient pas séparés sans raison. J’étais la personne qu’elle aimait. Elle était la personne que j’aimais. Elle me l’avait dit, alors je devais lui dire.

« Je t'aime aussi. »

Ce qui suivit ne fut qu’une tempête floue de souvenirs, de sensations et de murmures. Caresses et baisers n’avaient fait que s’amplifier, découvrant petit à petit son corps pour connaître les zones qui lui étaient sensibles. Ses doigts se crispaient dans mes cheveux, sur ma peau, répondant à mes attaques toujours plus passionnées. Les braies avaient fini par tomber sans que je m’en rende trop compte, ouvrant de nouvelles perspectives à moi comme à elle. J’avais mené la danse, mais l’avait invité à aventurer sa main dans des endroits qu’elle n’avait jamais touchés.
Puis vint Le moment. Tout ce dont je me souvins, ce fut le regard tendre que nous nous sommes échangés, avant de prendre l’innocence d’Yliria. Elle n’était pas expérimentée, aussi m’étais-je cantonné à ce qui était le plus simple, le plus doux. La première étape avait été délicate, mais la suite s’était bien passé. Ses doigts s’étaient enfoncés un peu plus dans mon dos, mes cheveux ; sa voix étouffée avait raisonné dans mon cou dans lequel elle avait enfouis son visage, diminuant cris et gémissements. Et même si la passion avait dominé cette première union, mon bon sens n’avais pas été complètement écarté. Lorsque je m’étais finalement laissé tomber sur le dos, transpirant, j’avais nettoyé le ventre d’Yliria avec un morceau de feu la chemise de Mathis.

« C'était donc de ça dont tu parlais... la prudence...

- Oui, mais c'est pas toujours évident, t'as bien vu...

- J'ai senti, surtout... »

Riant doucement en fixant mon visage, elle essuya une goutte coulant sur mon front.

« T'es encore plus en sueur que quand on s'entraine au combat... »

J’embrassai son front, l’attirant pour qu'elle pose la tête sur mon épaule. Ma poitrine comme mon cœur se calmait progressivement tandis qu’un sourire heureux, fatigué, ornait mon visage. Mais avec une pointe de malice s'insinuait elle dans ma voix.

« C'est parce que j'ai fait tout le travail... On échangera de position la prochaine fois. Tu as "toujours eu envie de faire ça", non ?

- Très malin... » dit-elle en posant la tête sur mon torse. A moitié sur le ventre, elle reprit son souffle comme moi avant de me demander de garder notre relation pour nous auprès des autres, ce qui ne me gênait absolument pas.

« Ils n'ont pas besoin d'être au courant, donc ça me va. Même si ça finira par se savoir... »

Machinalement, mes doigts allèrent d’eux même peigner lentement ses cheveux, démêlant grossièrement ces derniers. Il vit du coin de l’œil ses yeux se fermer de contentement.

« Je sais... mais j'aimerais éviter des tensions supplémentaires...

- Des tensions ? Pourquoi ça ? m’intriguai-je, avant qu’elle ne me demande de ne pas me mettre en colère, ce que j’acceptai tout naturellement bien un peu soucieux. Bien sûr ?

- Il y a quelques jours, peut-être un peu plus d'une semaine, Jorus a ... admis ses sentiments pour moi... Et ce soir, il a ... disons qu'il a été honnête sur ce qu'il aurait aimé faire s'il était à ta place en ce moment. Je lui ai dit que je ne le voyais pas comme ça et il a compris mais... j'aimerais éviter qu'il y ait de la tension entre vous...

- Oh. »

C’était… Une nouvelle qui à la fois me surprenait, tout en me paraissant normale. Yliria était une jeune femme très attirante, et Jorus était un homme comme les autres en plus d’être assez proche d’elle. C’aurait été injuste que je lui en veuille d’avoir des sentiments pour elle.

« C'est pas comme si je pouvais lui en vouloir, je suis bien placé pour comprendre son intérêt pour toi. Autant les autres ont pas d'intérêt à savoir pour nous, autant lui... Devrait être mis au courant.

- Tu es sûr ? Je... Je veux pas le faire souffrir... Je l'ai repoussé et d'un coup je lui annonce qu'on est ensemble ? Ça me semble cruel de lui dire de cette manière...

- Tu le connais mieux que moi, je te laisse décider si c'est mieux de le ménager ou d'être honnête avec lui. S'il l'apprend plus tard de lui-même, il pourrait t'en vouloir tout autant. »

La situation n’était pas facile, et je ne voyais pas de bonne façon d’annoncer la chose. Jorus, malgré son tempérament assez marqué, restait quelqu’un de sensé. Au final, il comprendrait que leur relation n’avait pas été décidé pour lui causer le moindre tort, mais il fallait quand même ménager la forme. Et pour Yliria, ce n’était pas quelque chose de simple à annoncer. Ma main se porta sur le flanc de mon amante, caressant du pouce son ventre.

« Je peux m'en charger aussi, si tu préfères, proposai-je, ce qui me valut une moue grimaçante.

- Non j'aimerais éviter que tu lui en parles... écoute, je pars dans deux jours, j'aviserai quand cette histoire avec Guigne sera terminée. »

Elle se tut un instant avant d’ajouter sur un ton mi-amusé, mi-inquiet.

« J'espère juste qu'il ne va pas utiliser son monocle au mauvais moment...

- Si je suis le messager, il n'y a pas de raison qu'il ait besoin de le faire. Et en parlant de partir... Tu comptes toujours retourner sur Yuimen ? Après Guigne ?

- Mon problème était surtout lié à Silmeria. Maintenant que cette connasse a foutu el camp, je n'ai pas de raison de partir. Et puis je n'ai pas vraiment envie de te laisser seul ici...

- Elle a pas foutu le camp, elle est juste plus avec nous... qui sait quand on la recroisera. »

Sa sollicitude me touchait. Mais il était peut-être temps que je lui introduise une autre facette du couple.

« Dit Yli, commençai-je d’une voix douce, si j'avais envie de partir mais que je me forçais à rester pour toi malgré le danger, tu le prendrais comment ?

- Je dirais que c'est une belle idiotie... Et une belle preuve d'amour aussi...

- On est d'accord, alors. »

Je posai un léger baiser sur ses lèvres.

« Si rester ici devient trop dur pour toi, je veux pas que tu te forces pour moi. J'aurai pas besoin que tu me prouves que tu m'aimes, d'accord ?

- D'accord... Je reste par devoir, si ça peut te rassurer. Ta présence est... un agréable ajout dont j'aurai du mal à me passer. »

Parler de « devoir » à un Ynorien était quelque part osé, mais je me contentai de sourire.

« Je serai ravi d'être ton agréable ajout si tu veux bien être le mien.

- Je ne l'étais pas déjà ? dit-elle en désignant son corps nue, que je ne put m’empêcher d’admirer.

- Mmmh... sous toute ton armure et tes bandages, je pouvais pas bien voir, moi.

- Profites-en tant que tu le peux alors.

- Il faudra pas me le dire deux fois. »

C’était une invitation attrayante, renforcée par un baiser sur la joue. Bien que tentante, je préférai garder le souvenir impérissable de ce qui c’était passé et m’arrêter là. Mon torse m’élançait par moment, et la présence d’Yliria ne pouvait pas me faire oublier et cette douleur et le malaise claustrophobique éternellement. Je ne pus cependant pas empêcher mon bras de descendre le long des ses courbes, aussi loin que mes doigts pouvaient aller. Sentir Yliria se coller plus à moi pour réclamer des caresses sur plus de sa peau était la meilleure des récompenses.

« J'aimerais passer la journée entière comme ça...

- Je te propose toute une vie, et toi tu te contentes d'une seule journée ? dis-je d’un ton faussement offusqué, ce qui la fit se relever et me scruter avec attention.

- Il faut bien commencer quelque part... J'accepterai ta proposition si on survit à ce voyage... et que tu y mets la forme. »

Ma boutade avait été prise au premier degré. Sur le coup, cela me prit un peu au dépourvu. Mais je me fis rapidement une raison : je n’étais pas le genre de personne à fréquenter une autre pour le plaisir d’une relation passagère. J’avais aimé Anthelia et j’aimais désormais Yliria dans l’optique de n’avoir personne d’autre à aimer. Le mariage n’était donc qu’une continuité normale.

« Ça tombe bien, j'ai déjà quelques idées... »

Au fond de ma sacoche, il y avait encore le cœur de golem qui ferait à n’en pas douter un bijou de grande qualité. L’offrir à Yliria ne pouvait que me faire plaisir.

Un brusque coup de fatigue me submergea soudainement, cumulation des événements survenu et de la plénitude que m’offrait la présence de mon amante. Du pied, j’attrapais le bord du drap qui était tassée au bout du lit et le ramenais sur nos corps entrelacés, tout en la serrant un peu plus contre moi. Son corps restait chaud et agréable : le sommeil n’allait pas tarder à me gagner, et pour rien au monde je ne l’aurais repoussé.

« Donc c'est ça que j'ai senti la nuit dernière... obsédé… »

Son ton amusé et sa virilité encore bien active le firent sourire, et il se préta au jeu bien que commençant petit à petit à sombrer dans le sommeil.

« Moi, Akihito Yoichi d'Oranan, plaide coupable le crime que même grelotant dans le froid en haut d'une montagne, je trouve la vice-commandeur de la commanderie de Tulorim des Danseurs d'opale Yliria Varnaan'Tha absolument charmante.

- Petit malin... »

La sentir pouffer contre son épaule provoquait en moi un sentiment de satisfaction et d’accomplissement. Je la faisais rire, je la rendais heureuse ; qu’est-ce que je pouvais demander de plus, à ce moment-là ? Je tournai la tête pour embrasser une dernière fois ce qui était à la portée de mes lèvres, les yeux clos, caressant lentement la crinière d'Yliria.

« Merci d'être là…

Se furent ses lèvres douces, aimantes, enivrantes, qui me répondirent et reçurent les siennes.

« Me remercie pas pour ça, voyons.... Bonne nuit Aki... »

Enveloppé d’un amour que je savais réciproque, je me laissai, pour la première fois depuis des mois, glissé dans un sommeil que je regrettai presque.


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Le réveil prit des airs de rêve éveillé pour Akihito. Serrer Yliria dans ses bras, sentir la chaleur de son corps nu contre le sien, c’était une des raisons qui l’aurait poussé à se rendormir avec la plus grande des joies. Malheureusement pour lui, la faible lumière s’échappant à travers les volets fermés indiquait que le jour se levait : s’ils voulaient que leur relation reste secrète pour l’instant, il lui fallait partir bientôt. Mais comment pouvait-il l’abandonner…

(Tu la reverras dans quelques minutes, tu sais.)

(Amy… Merci.)

(Y a pas de quoi. Tu sais que t’en as, de la chance ? Alyah s’est pas privée pour taquiner Yliria, elle. Avant, pendant ET après.)

(Je sais bien que t’es formidable,) s’amusa l’enchanteur, sachant la difficulté qu’avait sa Faëra à laisser ses maîtres s’attacher amoureusement à d’autres personnes. Embrassant tendrement la joue de la jeune femme, il se leva en essayant de ne pas la réveiller, ce qui fut peine perdue. Il quitta difficilement son étreinte, et enfila rapidement les quelques affaires qu’il avait encore d’intacte. Il devait vraiment passer par un tailleur, s’il ne voulait pas de balader torse nu sous son armure.

S’approchant de la porte, il tourna un dernier regard vers la belle somnolente. Gagné par ses courbes attrayantes, il ne put résister à l’envie de la rejoindre une dernière fois.

« Si on doit faire comme si rien ne s’était passé cette nuit… Je vais avoir besoin d’un petit quelque chose pour tenir la journée. »

Jouant le jeu, elle se retourna vers lui et passa un bras derrière son cou pour accepter son baiser, avant de lui souffler qu’il pouvait toujours revenir la voir le soir même pour éviter de ne le faire qu'une fois. Il dût se faire violence pour ne pas se redébarrasser de ses affaires pour la rejoindre de nouveau sous les draps.

« La journée risque déjà d'être interminable, la rallonge pas non plus.

- Qu'est-ce que ce sera quand je serai partie... ajouta-t-elle en s’étirant langoureusement, dos à lui.

- J'aurais pas ton joli minois sous le nez, ça sera plus supportable. »

Profitant de la vue, il rajouta avec un soupçon de regret bien visible.

« Mais pas de beaucoup.

- Hmmm. Tu comptes faire des allers retours à quel intervalle ?

- Je peux me déplacer une fois par jour. Maaaaaalheureusement, exagéra le jeune homme, je dois attendre une nuit pour que mon pouvoir soit réutilisable... Donc je passerai tous les deux jours au mieux, et je devrai rester dormir avec vous... Quel dommage.

- Ça veut dire que tu devras passer la nuit avec moi ? je te plains, mon pauvre... veillons à ne pas trop espacer tes venues, sinon je ne donne pas cher de ma peau...

- J'y veillerai, ma dame. »

Jouant de ce jeu qui lui plaisait, il fit une noble parodie de courbette à son intention avant de lui souffler un baiser bien plus personnel. La porte finit alors par se refermer, le séparant d’Yliria. Adossé au bois, il soupira. Ça y était. C’était fait. Gravant chaque souvenir de la nuit passée dans son esprit, Akihito alla jusqu’à sa chambre, le pas léger. Il avait une nouvelle raison de revenir vivant d’Aliaénon, et il comptait bien le faire.


Les Mots, c'est la Puissance ! : caraco
Rassemble les volontaires pour aller parler à Andie dont Visselion et Aleriia, demande à cette dernière de faire un crochet par un tailleur pour se prendre des fringues
Utilisation d'un bon "EMOTIF"

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Cromax
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Cromax » sam. 23 mars 2024 13:04

Cauchemar en Aliaénon : Andel’Ys VII



L’auberge s’éveilla d’une nuit mouvementée pour certains, reposante pour d’autres. Tous finirent par se retrouver dans la salle principale, sous l’œil inquisiteur de Sally, qui beugla pour les saluer :

« J’ESPERE QUE LES SALOPIAUDS QUI ONT BAISÉ COMME DES LAPINS OU SE SONT DEGORGÉ LE POIREAU ONT PAS SOUILLÉ LES DRAPS, CA SENTAIT LA VIEILLE BITE JUSQU’À TRAVERS LES MURS, C’TE NUIT. »

Quelques regards s’échangèrent, curieux, dégoutés, surpris. Dont celui mutin d’une Aleriia pimpante envers Akihito. Personne dans les gens d’Aliaénon ne sembla bon de relever, pour le moment. À la proposition d’Akihito d’aller taper causette au Titan local, la jeune harpie et le sorcier de la Lande Noire répondirent par la positive, initiant le mouvement vers l’extérieur. Glanaë et Zaria semblaient, elle, attendre les décisions du reste du groupe pour choisir leur voie du jour.

La jeune harpie, sous la demande de l’ynorien, mena ceux qui s’étaient montrés motivés à papoter avec Andie jusqu’à une boutique de tailleur. Les rues pavées étaient de nouveau désertes, détrempées des alluvions nocturnes. Ce matin, il ne pleuvait plus, même si le ciel restait menaçant. Arrivés au magasin, Aleriia accompagna Aki à l’intérieur, alors que Visselion restait dehors. Le tenancier avait un physique qui n’avait rien à envier à ceux précédemment rencontrés. Mais c’était une femme, cette fois, qui venait compléter ce musée des horreurs.




Image




[HJ : Plusieurs groupes pour cette màj : Aki et ceux qui l’accompagnent dans la boutique, ceux qui vont voir le Titan sans entrer dans la boutique, et ceux qui ont d’autres plans, restés à l’auberge.]




[XP :
Yliria : 1,5 (discussions), 0,5 (soins, repas, niquer dans des draps sales) *2 (l’Emotif) = 4XP !
Jorus : 1 (discussions)
Mathis : Noté quand complété.
Aklihito : 2 (discussions), 0,5 (soins, repas, niquer dans des draps sales) *2 (L’Emotif) + 1 (se faire manger) = 6XP.]



[Bons :
Yliria : L’Emotif
Akihito : L’Emotif, Roi de la Négoce !]


[Les Mots :
Akihito : 5 points]

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Jorus Kayne
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Jorus Kayne » mar. 26 mars 2024 22:05

Je n’ai pas souvenir d’avoir rêvé cette nuit. C’est une assez bonne chose, je pense que des cauchemars m’attendaient. J’ai pu dormi correctement. Au vu de la literie qui laisse à désirer, c’est déjà pas mal. Au final, seule ma "conversation" avec Yliria me reste en tête et cette terrible incompréhension mutuelle. Je me sens mal d’avoir dit de telles choses et qu’elle m’avoue qu’elle est non seulement vierge, mais qu’elle refuse le désir charnel, même en pensée. Je ne sais pas comment je vais lui faire face. Nous nous sommes certes séparés sans mauvaises ententes entre nous, mais ce que j’ai dit hier…

Passons ! Ressasser le passer ne sert à rien. Ce qui est dit est dit ! Je me lève et m’étire comme je le fais habituellement. Si j’ai un peu mal à certains endroits, j’attribue cela à la qualité du matelas. Je rassemble mes affaires éparpillées partout, jouant avec le fouet que je n’ai pas touché la veille. Depuis que j’ai mis de côté l’opinion que pouvaient avoir les autres, mon contrôle de mes fouets, enfin de mon fouet à présent n’a plus de rapport avec mes débuts. Moi qui avait manqué de me tuer avec ma propre lame, je n’ai aucun mal à présent à ramasser tout ce qui se présente à moi, même lorsqu’ils sont éloignés de plusieurs mètres, sentant ce petit point sauter lorsque je dépasse la limite d’un seul fouet…avant de le rentrer de surprise.

(Quoi ?)

Sauf que cela devrait être impossible. Hier encore après avoir tranché mon fouet, je n’étais pas capable d’aller aussi loin. Ca ne l’est que lorsque mes deux fouets étaient présents et je n’en ai plus qu’un maintenant. J’en ai plus qu’un non ? Forcément puisque j’ai coupé l’autre hier donc…

Je regarde mon bras avec ce qui reste des blessures de la veille. Puis c’est le creux de ma main que j’examine, en quête d’une marque nouvelle. Rien. En tout cas, rien de visible. Alors je teste la seule explication possible et me concentre sur ce qui ne devrait plus être là. Mon fouet sort de la croix, obéissant et bien présent. Il s’étire de toute sa longueur, atteignant cette petite sensation, ce petit point sauter, avant de poursuivre sa route ainsi que sa longueur maximale. Normal, comme si hier rien ne s’était passé.

(C’est…c’est…je sait pas quoi dire !)

(C’est génial, il a repoussé ! Même coupé il revient !)

(Heu…oui je…)

(Tu n’es pas content ?)

(Hé bien je…je suis un peu perdu. Au début j’étais terrifié par ça. Il m’a fallu du temps pour m’y faire, les admettre et enfin les accepter. Quand je l’ai coupé hier et je ne le revoyais plus, je me suis dit que ça pouvais n'être qu’un mauvais souvenir même si…)

(Même si ?)

(Même si J’avoue qu’ils sont pratiques maintenant que je les maîtrise !)

(Donc c’est une bonne chose ?)

(Je…oui c’est une bonne chose, une très bonne même ! C’est assez incroyable que je puisse en bénéficier de nouveau même s’ils se font couper. Je me passerais bien de la douleur cependant !)

Branle-bas de combat. Il est l’heure de se lever, de se réunir et quoi de mieux que Sally qui beugle qu’une odeur de vieille bite sente au travers des murs de l’auberge pour se réveiller. Déjà qu’elle a prétendu qu’on allait baiser, moi et Vissélion, je commence à croire qu’elle fait une fixette sur le sexe. Si nous sommes tous d’accord pour aller tenter notre chance avec Andi, nous devons faire un crochet vers un tailleur. Deux d’entre nous ayant besoin de faire le plein de vêtements. C’est ainsi que Mathis, Akihito et Aleriia troc dans une boutique, tandis que le reste du groupe attend patiemment dehors. Je n’ai guère envie de commercer un bout de tissus contre une lame de qualité, surtout si cela me permet de rester avec Yliria. Je suis encore gêné de la veille, les propos que j’ai dits… Je m’en veux et en même temps, j’aimerais bien que cette proposition, cette démonstration de ce dont je suis capable de faire se concrétise et de préférence en sa compagnie. Pour l’heure, je ne peux m’empêcher de la regarder de temps à autre, un sourire gêné venant à chaque fois que nos regards se croisent. C’est Vissélion qui m’offre un salut en voulant préciser le sort à venir pour communiquer avec le Titan. Qu’un ou tous nous ayons la capacité de communiquer avec lui. Cela semble évident pour Yliria, demandant si le sorcier aurait une autre idée à proposer.

"J'opterais pour tous, pour compréhension commune, mais oui." J'observe la rue et parle plus bas pour le sorcier. "J'en profite d'ailleurs Visselion. Aleriia m'a expliqué qu'ici craignent et haïssent la magie, mais je pense que le problème vient qu'ils en ignorent tout. Vous qui avez été marqué par ce rejet, pensez-vous que l'ouverture d'Elscar'Olth pourrait leur bénéficier, de sortir de cette ignorance ?"

La veille Vissélion avait montré des interrogations concernant cette cité et son mélange de refus et de haine envers la magie. Lui qui ne vit que pour elle, l’isolement d’Elscar’Olth l’a semble-t-il travaillé. Une ouverture de sa cité pourrait répandre ses connaissances et permettre aux habitants de changer d’opinion sur la magie. La refusant parce qu’il ne la comprenne pas, l’apprentissage par les sorciers pourrait changer l’opinion commune. Bien qu’il ne soit pas temps pour cela, il concède qu’à l’avenir diffuser l’apprentissage est possible, tout en respectant les habitants sans le leur imposer.

"Je suis absolument d'accord avec vous. Je vous savais simplement songeur à ce sujet."

D’ailleurs, Zaria fait remarquer que notre magie ne devra pas être voyante et Visselion réplique à la belle enchanteresse, intriguée par le sujet évoqué, que son intention n’était que d’accorder nos luths. La remarque de Zaria est pertinente et pose la réflexion de commet faire.

"C'est une bonne remarque oui. S'ils nous voient prendre la direction du Titan et qu'ils voient un torrent de magie, ils feront le lien facilement. Mais comment faire ? Il n'y a rien pour cacher notre présence ou celle de nos actions à venir sur un lac. Vous y avez déjà réfléchi ?"

Pour Yliria, s’agissant d’un sort de communication, il est possible qu’aucun effet visuel ne soit présent et quand bien-même ce serait le cas, nous avons la souveraine de notre côté, nous permettant de protéger Andi et la cité comme nous le souhaitons. Cependant, à évoquer un camouflage de notre sort, elle porte son intérêt sur les possibilités qu’offrent les dons de Glanaë. Si c’est dans ses cordes, cela pourrait aussi attiser la méfiance du Titan, lui qui semble le protecteur des habitants. Reste que Vissélion soulève un autre problème, du moins, affichant clairement une gêne à être dans au milieu de l’eau, il demande s’il est possible d’agir au bord.

"Apparemment, il ne serait le protecteur que selon Aleriia. Aucun acte ne semble aller dans ce sens. Voyez auprès de Mathis pour ces infos. Mais..." Dis-je tandis que l’attitude de Vissélion m’interpelle. "...vous avez des réticences à aller si loin du bord ? Il est vrai que la Lande Noire n'est pas vraiment connue pour ses étendues d'eau ! Si nous attirons son attention près de la plage, via une illusion suffisamment petite pour n'être vue que de lui, cela pourrait être suffisant !"

Des craintes de Glanaë, Yliria réfute l’idée de cacher notre magie. Le sort des habitants vaut mieux qu’une mauvaise opinion. Puis à la demande du sorcier, elle propose d’agir depuis la berge et craint même qu’un simple remous puisse accroître soudainement la surface du lac. Elle termine en envisageant de possibles usages à distances du sorcier. La raison de l’inquiétude de Vissélion provient du métal, un des plus lourds de ce monde, qui compose en large partie son corps, engendrant une noyade assurée, même s’il est le meilleur nageur d’Aliaénon. Pour ce qui est de la magie, il est en mesure d’agir sur elle une fois qu’elle émerge. Plus il sera près de nous et mieux il pourra la canaliser. Glanaë propose elle de sortir de la ville et de contourner le lac, nous assurant moins de visibilités sur notre sort à venir ainsi que de danger sur la cité.

"Faire un contour pour brouiller les pistes, utiliser vos dons pour camoufler nos actes et œuvrer sur la berge. Voilà qui me plaît ! A croire que moins il y a de yuméniens et plus les plans paraissent simples et efficaces !" Je porte ensuite mon attention sur Visselion, à qui un afflux massif d’eau lui serait préjudiciable. "Juste dans le doute, ne restez pas trop loin de moi. Si un torrent d’eau devait vous emporter, je serais en mesure de vous rattraper. Je crois avoir compris ce qui posait problème !" Dis-je en lui montrant la paume de ma main. "Plus vous serez prêt et plus il me sera facile de vous retenir." Fais-je alors que je vois un visage reconnaissant à mes paroles.

Yliria acquiesce à la proposition d’agir depuis la berge et l’idée de l’essérothéenne lui semble plutôt bonne. Aleriia sera en mesure de nous orienter dans cette idée, même si enchaînant, Zaria évoque le danger de ceux qui ont succombé à leurs bêtes intérieures hors de ces murs.

(Aleriia nous a déjà tirés d’affaire et elle connaît suffisamment bien la ville pour nous proposer un chemin.)

"Demandons à Aleriia. Elle connaît les alentours mieux que nous, de même que ceux qui y résident. Elle connaîtra sûrement un chemin sûr et à défaut, le moins dangereux !"

Alors que la discussion se termine sur un potentiel en empruntant la berge, je profite du moment pour informer Vissélion de mon acte de la veille.

"Histoire de vous informer, vous qui m'avez examiné, ce que j'ai coupé hier a réapparu ce matin. Intact, comme si rien ne s'était passé la veille !"

A ce moment, Mathis revient de ses achats, suivi peu de temps après d’Akihito qui semble avoir entendu des bribes de notre conversation et de la harpie qui paraît étrangement morose. Vissélion lui résume ce que nous avons établi, avant de demander à notre guide ailée quel côté de la berge serait le moins dangereux. Hélas, ils le sont autant l’un que l’autre. Hors de ces murs, le danger rôde partout. Tandis que nous avions un plan déjà établi, Akihito propose d’agir depuis l’intérieur, demande à Aleriia si cette alternative est plus sûre tout en profitant que les habitants soient moins présents le jour pour agir.

User de la magie au sein même de la cité. Après les nombreux débordements de notre magie, je crois bien que c’est la première fois qu’on émet cette dangereuse possibilité. Contrairement à notre rencontre au sommet avec les Titans, nous avons le luxe d’agir à notre gré, sans précipiter les choses. De plus, si le Titan vient à nous, afflux d’eau massif pourrait bien perturber nos plans, en plus de mettre toute la population en danger. Je sais bien qu’il est prêt à sacrifier des cités pour défaire le Dragon, mais c’est un peu excessif à mon goût.

"A l’intérieur ? Jusque-là nous avons évité les usages de la magie au sein même des cités lorsque cela était possible, Vissélion ou pas. Tâchons de ne pas déroger à cette règle. Si piqué par la curiosité le Titan venait à s’approcher de nous, on risquerait en plus un sacré raz-de-marée !" Je porte ensuite mon regard sur Aleriia. "L’idéal serait le point le plus proche d’Andi. Sauf si un tel endroit se trouve au cœur des murs je préfère ne pas prendre ce risque. Grâce à Glanaë nous pourrions sortir plus facilement, le vrai danger ne venant que de ceux capables de sentir plutôt que de voir !" Dis-je en posant mon intérêt sur l’esserothéenne.

Mathis prend aussi la parole et s’il semble d’accord sur la possibilité d’user de la magie de jour et à l’intérieur pour se prémunir de la menace de l’extérieur, il admet cependant qu’Aleriia est la mieux placée pour en juger, allant jusqu’à demander où elle se rend pour discuter avec lui. Au moins, je peux compter sur Yliria pour rappeler qu’il était déjà convenu d’user de la magie à l’extérieur, ne serait-ce que pour protéger la cité si les choses dégénèrent. Elle résume le plan au plus simple et termine que si danger il y a, nous devrions être en mesure de nous en occuper.

"Je vais finir par croire que dès que votre nombre dépasse deux, ça devient automatiquement moins 'simple et efficace', comme le disait Jorus." Déclare Vissélion las de voir le plan recevoir de nouvelles propositions.

Surtout que si nous agissons comme il a été proposé de jour parce que les habitants sont moins présents, Aleriia explique que rien ne les empêche de simplement regarder par les fenêtres. Puis elle répond à Mathis qu’elle se déplace en volant, se déposant sur son épaule ou ses tentacules. Une déclaration qui laisse entrevoir à Akihito, la possibilité que la harpie porte l’un de nous en volant. Jugeant l’échange plus simple avec une meilleure proximité.

Je ferme les yeux un instant pour répondre avant Aleriia. Je crois qu’il a déjà oublié son expérience de Titan humain et la grande difficulté à entendre quelqu’un d’aussi petit qu’une fourmi.

"C'est un Titan ! Qu'on soit sur son épaule plutôt que sur la berge, il ne nous entendra pas plus, à moins de s'arracher les cordes vocales et encore. Non, il faudra que nos voix l'atteignent directement, ou alors on crée un artefact pour lui parler, semblables aux pierres qu'a réalisées Ibn, par exemple !" Dis-je en regardant Zaria.

Aleriia et Vissélion répondent tous deux, l’une déclarant qu’Yliria serait la plus à même d’être portée en volant, l’autre que le sort prévu est de communiquer avec le Titan, pas de comprendre son langage. En ce sens, ni installation sur l’épaule ni artefact ne seront nécessaire si l’on utilise une simple télépathie. Au moins, cela met tout le monde d’accord.

"Va pour la télépathie alors !" Dis-je en regardant le sorcier avant de rajouter, car si la télépathie est une bonne idée viable, elle demeure un problème de taille avec nous. "Reste cependant qu'on avait conclu d'un sort visant tout le monde, si on se met tous à l'ouvrir, ça va compliquer les choses. Un peu comme là. Mais nous avons la route pour y réfléchir !" Je me tourne vers Aleriia, puisqu’il est temps de partir, résumons brièvement la situation à notre guide. "On te laisse donc nous guider là où nous serions le plus proche d'Andie sur la terre ferme. Un petit détour avant de bifurquer sur notre destination et s'il n'y a pas de chemin moins dangereux qu'un autre, à toi de prendre le chemin que tu désires. Enfin, un qui ne nécessite pas d'ailes !" Fais-je en souriant.
Je suis le groupe en restant à proximité de Vissélion.
Modifié en dernier par Jorus Kayne le sam. 30 mars 2024 10:20, modifié 1 fois.

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Mathis
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Mathis » jeu. 28 mars 2024 12:32

Je me réveillai au petit matin et découvris Praline lové contre mes pieds sur le lit. Je demeurai immobile quelques instants, regardant le plafond sans vraiment l’observer, perdu dans mes pensées. Je me rafraichis le visage grâce à la cruche d’eau fraiche et la bassine d’eau mise à notre disposition, puis je m’habillai. Mes armes en place et mes besaces sur les épaules, je descendis au rez de chaussée derrière quelqu’un de mes compagnons d’aventures. Au lieu, d’un “Bon matin” tout guilleret de la part de l’aubergiste, nous eûmes droit à une beuglante en bonne éduforme dans laquelle, elle reprochait à certains d’entre nous de s’être abandonnés au plaisir de la chair, ou de s'être masturbés. Bref, ne me sentant pas concernés par ces réprimandes, je fus toutefois surpris de l’acuité olfactive de cette sale créature nommée Sally.

L’auberge s’éveilla d’une nuit mouvementée pour certains, reposante pour d’autres. Tous finirent par se retrouver dans la salle principale, sous l’œil inquisiteur de Sally, qui beugla pour les saluer :

Sans tarder, nous décidâmes de se rendre au titan pour tenter d’entrer en communication avec lui. A la demande d’Akihito, Alleriia fit un petit détour par une boutique de tailleur. Bien que n’ayant au départ pas l’intention de m’acheter quoique ce soit, je révisai ma décision et accompagnai l’Ynorien. Avoir plus d’un ensemble de rechange n’était pas un luxe.

J’entrai donc dans la boutique en compagnie d’Akihito et Aleriia, les autres nous attendant dehors dans la rue détrempée et déserte.

Le propriétaire s’avérait être une femme portant une élégante robe mettant en valeur sa mince silhouette. Malheureusement le reste de sa personne n’était pas agréable à voir. Absence de traits et sur ce qui aurait dû faire office de visage, la chair mis à nus à quelques endroits et de longues mains aux griffes disproportionnées.

Akihito s’adressa le premier à la marchande lui demanda quatre ensemble de rechanges, une manteau et une couverture. Alors que je levai les sourcils surpris de l’achat d’autant de vêtements, il se tournai vers moi pour m’expliquer qu’Alleriia avait déchiré les vêtements que je lui avais prêté hier. La partie de chasse d’Alleriia s’était apparemment bien déroulée. Il m’offrit donc l’un des ensembles demandés. Après avoir remercié d’un signe de tête Akihito pour l’achat de remplacement qu’il faisait pour moi, je commentai.

" Il n'est pas toujours évident de donner un peu de soi." Répondis-je tout en faisant un léger clin d'oeil discret à Aleriia qui ricana de bon coeur.

Je saluai ensuite élégamment la marchande et lui demandai:

"Pour ma part, je prendrai un seul ensemble de rechange en plus de celle que mon compagnon m'offre."

D’un geste de la main, la marchande nous indique une étagère où l’on peut choisir les vêtements qui nous plaisent.

Je m'avançai vers les étagères et je choisis des vêtements plus fins et élégants que je déposai sur le comptoir.
"Je vais payer cette ensemble."

Puis je revins aux étagères et je pris un ensemble classique que je plaçai avec ceux qu'Akihito aura choisi.

"Celui-ci sera aux frais de mon ami." Dis-je tout en faisant un sourire à Akihito en guise de remerciement une fois de plus.

Devant la main tendue griffée tendue, je me tournai vers Aleriia

"Ai-je quelque chose qui peut l'intéresser ou bien vous payez et je vous rembourserai après ? "

Comme réponse la petite harpie me précisa que c’était une femme. J’en déduisis alors qu’elle n’accepterait pas le Thiir. Elle me précisa que je n’avais qu’à tenter de troquer quelque chose.

Akihito lui présenta alors un shurikan. Après l’avoir posé à plat dans sa main, elle leva deux doigts afin de signifier que ce n’était pas suffisant. Il rajouta alors deux pièces d’argent.

Pour ma part, je fouillai dans mon sac et en sortis un joli attrappe rêve que je tendis à la dame


"Est-ce que cela est suffisant ?

Ma question aurait plutôt dû être est-ce que cela convient… et la réponse était: NON. En fait, à peine eut-elle l’objet dans les mains, qu’elle le jeta violemment au sol. Puis avant que je n’eus le temps de réagir, elle se précipita sur moi, et me saisit à la gorge de ses longs doigts griffés. Des griffes qui menaçaient de me transpercer et qui m’empêchait de respirer. Avant même que je n’eus le temps d’esquisser un geste pour me défendre, Aleriia intervint. Malgré sa force surprenante, elle n’eut pas besoin de s’en servir, tout ce qu’elle eut à faire fut de gronder la marchande:

"Cesse tout de suite ! Méchante !!"

Cette voix tout autre que celle guillerette qu’on lui connaissait dégageait une tristesse à fendre l’âme. La femme me relâcha aussitôt, recula de quelque pas tout en se tenant la tête.

Je sentis alors une tristesse provenant du plus profond de mon âme m’envahir. Je constatai que non seulement mes yeux, mais ceux de tous ici présent étaient humides et débordant de larmes. Après avoir brièvement frottée l’emplacement meurtri de mon cou, je me dépéchai de ramasser l’attrape rêve et de l’enfouir dans mon sac. Cet objet devait renfermer de la magie alors que je l'ignorais.
Envahi par la tristesse d’Aleriia, je m'approchai d'elle et délicatement la pris dans mes bras pour la consoler, pour me consoler.
Je lui susurrai alors à l'oreille :

"Merci pour m'avoir secouru et désolé pour l'objet, je ne savais pas qu'il était magique."

Surprise par mon élan de tendresse, Aleriia, gênée de la situation, se dégagea tout en nous priant avec insistance de ne pas raconter ce qui venait de se passer. Cette fois, son ton était sérieux et assuré.

Je ne fis aucun geste pour la retenir, ressentant sa gêne.

"Pas de souci, je ne dirai rien, vous avez ma parole. "

Ayant remarqué comment Akihito avait complété son paiement, je plongeai ma main dans ma bourse et j’en ressortis quatre pièces d'argent. Tout en les tendant, je m'adressai à la fois à Aleriia et à la marchande, je demandai:

" Est-ce que ce sera suffisant pour mon achat ?"

Ce fut nerveusement que la marchande récupéra les pièces et accepta le paiement d’un signe de tête.

Mes achats terminés, je fis un signe de tête à la vendeuse tout en rangeant mes habits dans mon sac puis je m'adressai à Aleriia et Akihito.

"Je vous attends dehors près de la porte.”

Une fois à l’extérieur, je m’adressai brièvement à ceux qui étaient là.

"Merci de votre patience. Akihito a presque terminé son achat, ce ne sera plus long "

En effet, quelques minutes plus tard, Akihito sortit de la boutique vêtue de vêtements neufs qui lui allaient comme un gant.

À la demande d’Akihito, Visselion résuma la discussion qu’ils avaient eu pendant notre absence. Ils proposaient de tenter notre sort à l’extérieur de la ville. Les raisons étaient de mettre la ville hors de danger des représailles du titan s’il y avait lieu et aussi de nous préserver de la rancune des habitants s’ils nous voyaient utiliser la magie. Je n’avais pas l’intention de contester ce point, puisque je venais tout juste d’avoir un avant goût de leur manifestation de haine envers la magie. Il précisa aussi qu’il ne pouvait se permettre de naviguer dans une embarcation, vu de quoi il était constitué. Ce serait alors de la berge que le sort serait effectué. Puis vers Alerria, il demanda quelle berge serait la meilleure. Tout en haussant les épaules, elle répondant que c’était du pareil au même, le danger était partout en dehors des murs de la cité.

Suite à la réponse d’Aleriia au sujet de la dangerosité à l’extérieur, Akihito s’enquit auprès de celle-ci à savoir s’il était préférable ou non de tenter notre sort à l’intérieur.

Jorus intervint immédiatement, en expliquant que nous n’avions pas utilisé de magie à l’intérieur de la ville et que l’on devait s’en tenir à cette règle. Je commentai à mon tour.


"Mais n'oublie pas Jorus que le jour, c'est plutôt désert... Je pense comme Akihito, le jour serait le mieux...Et puis à l'extérieur les hommes pâles modifiés sont plus dangereux.."

Je regardai la harpie violette.

"Tu as raison Jorus, c'est Aleriia qui est le mieux placé pour trouver l'endroit le plus propice."

Puis à Aleriia directement.

"Tu me disais que tu aimais papoter avec Andie,... où vas-tu dans ces moments là ? "

Elle me rappela qu’elle savait voler et donc qu’elle se rendait sur son épaule ou sur ses tentacules. Je fus un peu déçu, je m’attendais à un endroit où l’on pourrait nous aussi nous rendre.

Aussi pragmatique qu’à son habitude, Yliria rappela qu’il avait été décidé que le sort serait exécuté à l’extérieur. Elle résuma alors l’action prévue: nous sortions guidées par Aleriia, nous lancions le sort, nous communiquons avec Andie, puis nous rentrions.

Visselion fit remarquer lui aussi que notre discussion se compliquait depuis notre sortie de boutique.

(Il a oublié que nous étions pas là nous, et ne savons pas ce qui a été discuté avant d’en arriver à un consensus.)

Mais je gardais cette réflexion pour moi et me contentai de froncer très légèrement les sourcils.

Aleriia expliqua que même si les gens demeurent chez eux pendant le jour, ils peuvent tout de même observer ce qui se passe en regardant par les fenêtre.

(C’est vrai, je n’avais pas pensé à ça.)

Elle répéta une fois de plus qu’à l’extérieur était à risque, concluant qu’elle nous aurait prévenu.

Akihito sauta sur la réponse d’Yliria pour lui demander si elle pouvait transporter l’un de nous jusque sur l’épaule du titan. Mais Jorus, impatient, considérait que le titan était tellement immense que cela ne changeait rien que nous soyions sur ses épaules ou sur la berge.
Cette fois, j’étais d’accord avec Yliria, la conversation s’étirait sans raison, il suffisait d’y aller et nous verrions bien sur place. Je pris Praline dans mes bras pour la caresser et j'écoutai la suite de ladiscussion sans faire de commentaire.

Visselion suggéra alors d’utiliser la télépathie afin de communiquer avec le titan.

Akihito n’ayant plus de questions, il proposa qu’on se mette en route.

Tout sourire, je fis signe à Aleriia:
"Nous vous suivons ! "

Nous partîmes donc tous à la suite d’Aleriia vers les portes de la ville. Nous avions à peine marché quelques mètres qu’Akhito intrigué, me demanda de lui prêter mon attrape rêve afin de l’analyser. Sans hésiter, je fouillai dans mon sac et tout en lui remettant l’objet, je lui dis:

" J'ai reçu cet objet en cadeau. On m'a dit que c'était un attrape rêve et qu'il éloignerait les cauchemars... Je ne croyais pas vraiment en ses facultés, donc je ne pensais pas qu'il contenait de la magie."

((( J'aimerais utilisé un bon émotif pour ce post squelette précédent à présent complété.)))
- Ajout de deux habits de rechange dans ma fiche
-retrait de 4 pièces d'argent.)))

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Akihito
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Akihito » ven. 29 mars 2024 09:42

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

66 : Nouvelle garde robe.

Descendant les escaliers, Akihito glissa les pouces dans les extrémités de son plastron au niveau de ses bras. Porter une armure sans vêtement en-dessous était plus désagréable qu’il ne le pensait : il allait vraiment devoir faire un détour par un tailleur ou quelque chose dans le genre. Dans la salle commune, tout le monde était rassemblé, Yuiméniens comme Aliaéniens. Et évidemment, au milieu d’eux… Yliria. Il eut beau faire de son mieux pour cacher le sourire qui ne voulait pas quitter ses lèvres, il n’arriva pas à le cacher complètement. Il allait prétexter être d’excellente humeur après une nuit dans un vrai lit, même s’il était sale.

(Je sais qu’on a dit qu’on devait garder notre relation secrète pour le moment, mais… J’ai très envie de la taquiner un peu.)

(Elle a l’air radieuse, ce matin. Pourquoi ne pas lui demander si elle a passé une bonne nuit ?)

(Ohoh, jolie celle là.)

(Remercie Alyah.)

« J’ESPERE QUE LES SALOPIAUDS QUI ONT BAISÉ COMME DES LAPINS OU SE SONT DEGORGÉ LE POIREAU ONT PAS SOUILLÉ LES DRAPS, CA SENTAIT LA VIEILLE BITE JUSQU’À TRAVERS LES MURS, C’TE NUIT. »

(… Et remercie Sally.)

Akihito sentit son sourire se figer sur son visage, alors qu’il échangeai un regard un peu inquiet avec la jeune femme. Est-ce que c’était du bluff par rapport à toutes ses allusions de la veille, ou est-ce que les sens de la tenancière étaient à ce point aiguisés ? En tout cas, personne ne sembla leur jeter de regard particulièrement suspect : quoi que pensaient les autres, personne ne les soupçonna de quoi que ce soit, du moins en apparence. L’Ynorien joua donc la carte du sourire amusé dans le prolongement de sa bonne humeur, et rassembla rapidement tout le monde pour aller traiter avec Andie. Aleriia en tête, celle-ci mena leur groupe à travers les rues de la ville toujours aussi peu peuplée. Le ciel, bien que toujours couvert et menaçant, ne répandait au moins plus son crachin irritant. Le bruit de leur pas dans les flaques et sur les rues pavées continua pendant quelques temps, jusqu’à une boutique dont la devanture était frappée du signe très évident de la bobine de fil et de l’aiguille.

L’enchanteur proposa à l’assemblée et à ceux qui le voulaient de le suivre à l’intérieur, mais à l’exception de Mathis, tous préférèrent rester dehors. Yliria, comme elle lui avait dit la veille, lui tendit sa sacoche de shuriken comme moyen de troc. Il l’accepta avec gratitude, laissant discrètement trainer ses doigts sur les siens en récupérant l’objet avant de pénétrer dans la boutique.

Contrairement à ceux visitée la veille, le magasin était relativement plus propre, bien que toujours dans un état déplorable. Et la personne le tenant avait la carrure plus élancée et gracile d’une femme, bien qu’affichant les mêmes stigmates que beaucoup d’autres. Absence de yeux, peau blâfarde et glabre, doigts comme écorchés vifs. Faisant fi de son apparence, Akihito s’approcha de la tailleuse et fit un rapide inventaire de ce qu’il cherchait.

« Bonjour à vous. Est ce qu'il serait possible de me faire ou me fournir quatre ensembles de braies-chemises ? Je cherche aussi un manteau et une couverture de voyage , si vous en avez, énuméra-t-il avant de se tourner vers Mathis. L'un des ensemble est pour toi, puisqu'une certaine personne a déchiré la chemise que tu m'a prêté hier.

- Il n'est pas toujours évident de donner un peu de soi, » répondit le dandy sous les ricanements de la responsable de la disparition de sa chemise, avant de demander lui aussi une tenue.

De sa main griffue, on leur désigna une série d’étagères sur lesquelles étaient posées et pliées quantités d’habits. Chaque étagère semblait adapter à une morphologie et plus on s’enfonçait loin dans ces dernières, plus le tissu était fin et de qualité. Après avoir grossièrement estimé celles qui correspondaient à sa taille, Akihito s’avança dans le rayonnage jusqu’à arriver sur des habits entre deux : pas de fioritures, mais pas le toucher rêche des vêtements à l’entrée de l’étagère. S’il devait voyager dedans, il préférait délaisser un peu la solidité au profit du confort. Il trouva en ce sens une tunique vert forêt et un pourpoint plus épais sur des teintes plus sombres, qu’il compléta avec deux pantalons solides et unis, bruns. Pour son troisième choix, il s’avança un peu plus profondément pour trouver un ensemble plus élégant : depuis leur arrivée sur Aliaénon, ils avaient rencontré beaucoup de beau monde : bien se présenter en leur présence pouvaient faire une première bonne impression.

(Oui, comme ça tu pourras venir emballé dans un beau paquet cadeau pour te faire manger par Guigne.)

(Je préférerais me faire manger par Yliria,) répliqua-t-il en jetant son dévolu sur une chemise gris clair et un pantalon noir.

(Ca devrait aussi lui plaire, c’est vrai.)

Un sourire en coin des lèvres, Akihito retourna devant la tailleur suivi de près par Mathis.

« Ca vous ira pour le paiement ? »

Il tendit un shuriken à l’artisan, avant de se tendre lui-même à la réaction d’Aleriia.

« Tchhh. C'est une femme ! »

Il avait oublié que les femmes Hommes Pâles semblaient, à l’instar de Sally, avoir une perception de leur environnement accrue. Et tout particulièrement pour les objets magiques. Mais heureusement pour lui, elle ne sembla pas sentir la présence des fluides d’obscurité imbibant le métal noir, et se contenta de dresser deux doigts. Il en fallait plus. Se rappelant que la tenancière avait accepté ses Yus, il finit par sortir deux pièces d’argent ; c’était cher payé pour de simples vêtements, mais Akihito avait conservé sa fortune reçu des Ermansi’ : deux cents Yus était une somme qu’il pouvait se permettre de dépenser. Et cela suffit visiblement à convaincre la tailleuse, qui se tourna ensuite vers le Kendran pour récupérer son dû. Ce dernier avait finalement choisi de sortir un collier assez curieux, dont la forme lui était vaguement familière.

Dans une scène rappelant un peu trop celle de la tenancière et de l’éclat de San-Divyna, la tailleuse jeta violemment le pendentif au sol. La différence majeure était que la femme était bien plus agile que Sally : elle avait donc les moyens pour fondre agressivement sur Mathis et enserrer ses mains griffues autour de sa gorge. Lâchant sa bourse au sol, Akihito porta vivement la main à la garde de la Kizoku Rana et s’apprêta à la dégainer quand la voix triste de la Harpie le surpris. Les surpris tous, en réalité.

« Cesse tout de suite ! Méchante !! »

Une sensation de tristesse frappa l’Ynorien, qui lâcha en tremblant la garde de son sabre. Il regarda sa main tremblotante, combattant vainement la mélancolie qui l’envahissait. C’était une émotion forcée, imposée, qui nouait sa gorge et floutait sa vision. Elle le forçait à plaindre la Harpie… Qui était peut être semblable à Maïssa, avec ce pouvoir dont elle ne voulait sans doute pas. Mais il détestait encore plus ce sentiment d’avoir ses émotions contraintes. Il se sentait faible, impuissant. Incapable de réconforter Aleriia, qui…

« Je... Je vais vous laisser... »

Il s’écarta du groupe, ne supportant pas la mélancolie qui y régnait. Il chercha à détourner son attention et ses pensées de la scène et chercha tant bien que mal parmi les rayonnages de la boutique ce que la tailleuse n’avait pu lui indiquer. Il entendit en passant près de la porte les voix étouffées de ceux restés dehors : ils étaient en train de discuter, mais n’eut pas le cœur à se préoccuper de ce qu’ils disaient.

Il ne trouva aucune couverture de voyage, ou quoi que ce soit s’y apparentant. Mais il finit néanmoins par trouver une penderie à laquelle étaient accrochées capes et manteaux, dans divers matériaux. Depuis qu’il portait son marteau de guerre constamment dans le dos en plus de son bouclier, Akihito avait décrété que les capes n’étaient pas faites pour lui. Il préférait l’utilité d’un manteau long, protégeant tout aussi bien des intempéries qu’une cape. Moins pratique d’un point de vue global comparé à une cape de voyage, mais plus adapté à ce qu’il portait constamment. Une pointe ardente de tristesse le frappa quand il finit par choisir un manteau gris sombre, très semblable à celui qui avait été incinéré par le torrent de lave.

Profitant de la relative solitude et intimité que lui offrait ce coin désert de la boutique, Akihito profita de l’occasion pour se changer et enfiler les vêtements qu’il avait acheté. Quoi que très légèrement trop grand pour sa carrure, il se réconforta dans le confort du tissu. Il rééquipa ensuite son plastron, choisit un manteau à sa taille et enfila ensuite spalières et baudrier par-dessus. Le tout demandait qu’il se réhabitue un peu à la sensation très légèrement différente, mais il sentit aussi au milieu de la morosité qui l’habitait un peu de satisfaction à pouvoir évoluer comme avant.

(Presque, comme avant…) pensa-t-il en roulant une épaule, incapable de sentir le bouclier alourdir son dos. Jetant un dernier regard aux alentours, il fut interrompu par un geste de la tailleuse : elle semblait lui faire comprendre qu’il n’y avait rien de plus à chercher, et Akihito se contenta d’accepter, n’ayant pas le cœur de s’opposer à elle. Il se contenta de lui tendre un second shuriken qu’elle empocha, avant de rejoindre Aleriia et Mathis. Ce dernier pris les devants pour partir, et Akihito ne tarda pas à le suivre, après s’être incliné face à la femme Homme Pâle.

« Merci. »

En se dirigeant vers la porte de sortie, il se pencha près d'Aleriia au passage qui semblait toujours morose. La mélancolie qu’elle avait provoquée ne semblait pas durer, mais il avait quand même un peu de pitié pour son air abattue -et la magie n’était peut-être pas la seul responsable, cette fois-ci.

« Tu n'as pas aimé utilisé ce... pouvoir, c'est ça ?

- Non. »

Sa courte réponse n’appelait pas une suite à cette discussion, et il n’insista pas. Sortant tout deux, ils retrouvèrent le petit groupe qui les attendaient patiemment. Désireux de passer à une atmosphère moins pesante et surtout curieux, il chercha à savoir ce qui s’était dit ici.

« Je me sens déjà mieux, je vais pas vous mentir. Je vous ai vaguement entendu discuté depuis l'intérieur du tailleur, mais j'ai rien compris. Vous avez décidé de quelque chose ?

- Nous nous disions qu'il serait bon de tenter notre sort hors de la ville. Non seulement pour qu'elle soit hors de danger si le titan réagit mal ou si le sort rate, mais aussi pour éviter de nous exposer à l'ire des habitants s'ils nous voient user de magie. De plus, nous devrons oeuvrer de la berge : je ne peux, de par ma constitution, vous accompagner sur une embarcation. Et je dois être proche de vous pour contrôler les effets chaotiques de votre magie, résuma Visselion avant de s’adresser à Aleriia. Nous voulions vous demander si vous aviez une préférence sécuritaire, entre la berge nord et la berge ouest...

- C'est la même. Y'a du danger partout, hors des murs.

- Mmmh. C'est pas une mauvaise idée, approuva l’Ynorien avant de se tourner lui aussi vers la Harpie. Vu que les habitants de la ville ne sont pas très actifs le jour, c'est plus risqué de tenter notre chance dans la ville ou dehors, selon toi ?

- Ouais enfin. Les maisons elles ont des fenêtres, et si y'a du grabuge, y'aura plein de zyeux à y reluquer. Dehors, c'est la merde, c'tout. J'le disais pour que vous soyez prévenus. »

Sa simple question provoqua immédiatement une levée de boucliers de la part d’Yliria et de Jorus, qui avançaient qu’ils avaient déjà pu se mettre d’accord sur un plan et qu’il fallait s’y tenir. Visselion entra lui aussi dans la critique, au grand désarroi d’Akihito.

« Je vais finir par croire que dès que votre nombre dépasse deux, ça devient automatiquement moins 'simple et efficace', comme le disait Jorus. »

(Eh, j'arrive après la discussion, je fais que donner mon avis.)

Ils avaient pris une décision, mais sans que Akihito n’ait pu donner son avis. L’Ynorien avait la mauvaise impression qu’on lui collait l’image de celui qui remettait volontairement en cause un plan déjà établis, comme s’il était déjà au courant et ralentissait volontairement les choses. Il garda sa réplique pour lui pour ne pas envenimer les choses, bien qu’il ne put pas retenir un regard indigné vers l’archisorcier. Puis il se concentra sur ce que Mathis avait mis en avant : la capacité de vol d’Aleriia et la possibilité de se poser sur l’épaule du Titan.

« Tu penses que tu serais capable de porter l'un de nous sur son épaule ? Pour lui parler ça sera peut être plus simple que depuis la berge. »

Jorus, de nouveau, s’opposa fermement à ce qu’il proposait. Et à le voir fermer les yeux avant de répondre, il devait sans doute ne pas avoir une grande opinion de son avis. Mathis et Yliria restant muets, Akihito avait le choix entre défendre sa position par principe et abdiquer pour faire avancer les choses.

« Je pensais surtout dans une économie d'énergie et de risque. Par la parole ou la télépathie, ne pas avoir à le faire sur une longue distance nous demanderait de lancer un sort moins complexe. Donc moins dangereux. Mais comme tout est déjà acté... »

il réajuste une spalière en soupirant, encore peu habitué à l'ensemble de son nouvel équipement.

« On y va ? »

Tout le monde se mit en branle, suivant la Harpie. Rendu un peu morose par le dernier échange, Yliria réussit à lui rendre un peu de baume au cœur.

« Merci, pour tes shurikens, dit-il en lui tendant la sacoche. J’en ai échangé deux.

- De rien, répondit-elle avant de murmurer de sorte à ce que lui seul puisse entendre. Ca te va bien. »

Son visage s’éclaircit alors un peu, et il lui rendit un sourire en hochant la tête. Sa silencieuse réponse à son compliment fut la nouvelle caresse de ses doigts sur les siens lors du passage de mains de la sacoche : il était conscient que sa tenue n’avait pas tant changé que ça mais ça ne l’empêchait pas de sentir un petit sentiment de contentement. Son regard dériva vers Mathis et les marques rouges autour de son cou : il avait faillit se faire arracher la gorge en ignorant que son collier était magique. Il s’approcha donc de lui.

« Mathis, tu peux me passer ton collier ? Si tu savais pas qu’il était magique, c’est que tu dois pas connaitre ses effets. Ca pourrait nous être utile de les découvrir.

- J'ai reçu cet objet en cadeau. On m'a dit que c'était un attrape rêve et qu'il éloignerait les cauchemars... Je ne croyais pas vraiment en ses facultés, donc je ne pensais pas qu'il contenait de la magie. »

(Un attrape-rêve, c’est ça.)

C’était donc ca qu’il avait reconnu. Il reçu le collier et l’examina un peu, tout en marchant. Il ne semblait pas fait de matériaux particulier, mais était indubitablement magique. Les amulettes et autres talismans dans le genre avaient tendance dans les légendes à avoir des propriétés protectrices : peut être en avait-il une aussi ? Ce qui était sûr, c’était qu’utiliser ses pouvoirs d’enchanteur tout en marchant n’allait pas être facile. Il se contenta donc d’essayer de sentir l’influence magique qui en émanait. Est-ce que c’était un pouvoir qui protégeait, d’une quelconque manière ? Qui amplifiait, au contraire ? Qui exsudait d’une capacité propre ? C’était une première approche de surface qu’il voulait conduire pour avoir une vague idée de ses capacités : ses effets précis, il pourrait ensuite les déterminer avec ces quelques indices et un peu de temps vraiment au calme pour l’analyse.

(Si ca se trouve, c’est une amulette de traduction universelle ?)

(Et qui pourrait nous faire parler avec Andie sans magie ? On peut toujours rêver.)


Suis le groupe et tente une analyse magique de surface sur l'attrape rêve de Mathis.
A ajouter : Manteau de voyage cardé (Qualité Artisan), 2 tenues de rechanges classique, 1 tenue élégante.
A retirer : 200 yus, 2 shurikens en Olath (inventaire d'Yliria), 3 doses de cataplasme (oublié de le faire dans les autres posts)
Modifié en dernier par Akihito le ven. 29 mars 2024 09:45, modifié 1 fois.

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Yliria
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Yliria » sam. 30 mars 2024 00:52

post squelette

-Discussion pour le plan
-Suit Aleriia en protégeant Glanaë et Zaria

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Cromax
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Cromax » sam. 30 mars 2024 13:23

Cauchemar en Aliaénon : Andel’Ys VIII




Finalement, il fut décidé de sortir de la cité pour aller à la rencontre du Titan terrible planté au beau milieu du lac Andel. Aleriia les mena jusqu’aux portes empruntées la veille, et ils se retrouvèrent dans les faubourgs. Il ne semblait y avoir âme qui vive, même si ceux qui y prêtèrent attention purent apercevoir des silhouettes difformes à la peau pâle les observer des recoins des ruelles boueuses ou derrière les planches masquant les fenêtres de certaines masures délabrées. Après les événements de la veille, ils ne semblaient pas vouloir se montrer.

Le petit groupe contourna la cité par le Nord, longeant les murs jusqu’à arriver en bordure de lac. les fondations des murs longeaient les rives sur quelques dizaines de mètres, semblant trouver racine dans les eaux profondes et vaseuses du Lac.Il y avait ensuite une sorte de forêt de roseaux trop hauts pour avoir la moindre vue sur la surface, même si l’immense stature du Titan dominait les cieux gris. Menés par la harpie, ils avançaient : elle leur promit un espace plus dégagé pour se faire apercevoir du Titan : une saillie rocheuse qui s’avançait sur le lac, prenant un peu de hauteur par rapport au sol.

Ils ne tardèrent pas à y arriver, sans encombre, et commencèrent à grimper aisément sur la pente douce et rocheuse, quoiqu’un peu glissante. Tout le long du trajet hors de la ville, Glanaë avait protégé le groupe d’une bulle d’illusions les faisant disparaitre aux yeux indiscrets. Mais ça ne suffit pas. Alors que le groupe progressait sur le piton de roc, des sons se firent entendre derrière eux. Les plus attentifs les repérèrent les premiers, prévenant les autres : une trentaine de silhouettes semblaient les avoir suivis, et se ruaient vers eux. Des êtres difformes et blancs, impressionnants par leur stature et leurs armes naturelles. Ils n’avaient aucune intention de discuter : ils n’avaient qu’une idée en tête, tuer ces imprudents. Et les dévorer ensuite, sans doute.



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Ils gardaient pour la plupart les traits de leur humanité déchue, et les stigmates d’une douloureuse transformation corporelle. C’étaient des ennemis dont le corps était des armes. Des ennemis puissants, en plus d’être en surnombre. Et ils semblaient se fier à davantage que leur vue pour se mouvoir et percevoir les aventuriers (insensibles aux illusions et aveuglements). Certains n’avaient d’ailleurs même pas d’yeux, comme beaucoup d’être rencontrés dans la cité. Ils auraient dû s’en douter…







[XP :
Jorus : 0.5 (discussion), 0.5 (promenade dans la cité)
Mathis :
Post 1 : 1,5 (discussions), 0,5 (nuit et repas)*2 (Bon de l’émotif) = 4XP
Post 2 : 1 (discussions), 0,5 (achats, promenade)
Akihito : 1 (discussions), 0,5 (achats, promenade)
Yliria : noté quand complété.]



[HJ: Pour les achats RP, les coûts ont été mis à jour. C’est à vous de mettre à jour votre fiche RP. C’est un combat libre que je vous propose. Difficile à plusieurs égards : le nombre d’ennemis, leur puissance notable (basée sur la moyenne des niveaux du groupe) et le terrain glissant qui risque à tout instant de faire choir les moins équilibrés dans les eaux froides du lac, alors que les ennemis ont l’air plus assurés sur leurs appuis. Arrangez-vous entre vous pour départager les victimes. J’ouvre un channel dans le discord pour l’organisation du combat. Les trois images sont des monstres présents, mais aussi des inspirations si vous voulez en ajouter d’autres ayant des caractéristiques physiques semblables. Le combat finit, selon votre choix, sur la fuite des survivants de vos adversaires ou leur trépas complet. Veillez à être réalistes dans les conséquences de la bataille : ce n’est pas un combat aisé, ils vous donneront du fil à retordre. Pour toute utilisation de la magie, qui pourrait évidemment vous faciliter la tâche, faites appel à moi en me notifiant dans le sujet (j’suis pas chez moi, je tâcherai de répondre au plus vite.). Au niveau des PNJ : Glanaë restera en retrait, appeurée. Zaria se battra fièrement à coups de boules, langues et zones de feu contraignant les passages des ennemis. Aleriia n’est pas la meilleure combattante contre eux, mais elle les harcèlera depuis les airs en plongeant sur eux, toutes griffes dehors. Si vous avez la moindre question, hésitez pas, le sujet est fait pour ça !]


[Bons :
Jorus : Le Ponctuel !
Mathis : Le Ponctuel !]

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Jorus Kayne
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Jorus Kayne » jeu. 4 avr. 2024 04:57

Nous nous mettons en route, traversant la porte qui garde l’intérieur de la cité et retrouvant nos charmants hôtes de la veille. Si ceux-là semblent présents, leurs silhouettes ne paraissent pas vouloir s’approcher de nous, préférant rester à couvert et loin de notre passage. Sous couvert des illusions de Glanaë et guidés par Aleriia, nous arpentons l’extérieure de la cité. Le paysage actuel se résume au mur d’enceinte, qui se poursuit le long de la rive et paraît posséder ses fondations dans les eaux profondes du lac. Plus loin, c’est une forêt de roseaux qui dissimule la surface et ce qui s’y trouve. Seul le Titan est présent et domine tout de son imposante stature.

Comme promis, Aleriia nous guide jusqu’à une saillie rocheuse, un espace dégagé qui prend de la hauteur. Il nous faut y grimper sans trop de mal, si ce n’est le terrain glissant propice à une glissade. Comme je l‘ai promis à Vissélion, je reste à ses côtés dans le cas où un événement fâcheux le confronterait à une importante masse d’eau comme…un lac, éventuellement à proximité. C’est à ce moment-là que notre attention se porte sur des bruits étranges dans notre dos. Des êtres tout aussi atteint par cette étrange malédiction qui modifie leurs corps, leur offrant une allure de cauchemars. Comme s’ils étaient effectivement nés de songes obscures, ils possèdent également toute une panoplie de crocs, griffes et autres moyens de nous éviscérer le bide. Dans le groupe, trois types d’êtres se distinguent. Des individus au corps tout en longueur, avec des corps fins, des crochets idéals pour cueillir les fruits des arbres en hauteur et une tête cornée, à l’avant et à arrière. D’autres êtres semblent plus proche d’une créature animale avec un corps félin quoique massif. Félin n’est peut-être pas la meilleure catégorie dans laquelle il faudrait le ranger. Le bas du corps jusqu’au tronc ressemble à un reptile dans une posture de chien et le reste…des bras humains aux griffes tranchantes et un coup de gros ver, très gros ver, se terminant par un visage vraisemblablement humain et orné de corne à l’arrière. Le dernier est ce qui ressemble le plus à un humain, ou plutôt une harpie avec ses ailes dans le dos, bien qu’il ne semble pas être à même de voler très haut cela dit, se contentant de planer au-dessus du sol, plutôt que de nous agresser par les cieux, là où on ne s’attend pas à une attaque.

(Heu… il n’y a personne hein ?)

Un bref regard dans le ciel me le confirme, mais j’ai également une autre confirmation, deux mêmes. La première est qu’ils possèdent des sens, autres sens que la vue, particulièrement bien développés. C’était une de mes craintes, mais nous n’avions aucun moyen non-magique à notre disposition. Cela rend du coup les illusions de Glanaë inefficaces et ma cape magique également. La seconde, et peut-être la plus évidente de toutes, c’est qu’à les voir se ruer sur nous avec des gueules ouvertes, c’est certainement pas pour nous donner la béquer comme pour un oisillon.

Dans notre stupeur et l’effrois glaçant que peut procurer une horde de cauchemars qui font sur soi, Akihito organise le groupe. Si à notre retour à la vie, mon échange avec Akihito a engendré un certain déplaisir envers lui qui perdure, je ne peux cependant pas lui reprocher cette efficacité au commandement. Ainsi, je me retrouve en compagnie d’Yliria sur le côté, Mathis et Vissélion de l’autre, tandis que l’ynorien reste en retrait vers une Glanaë apeurée ainsi que Zaria, dont il demande un mur de feu pour couper le flot en deux.

Une trentaine d’adversaires nous font face et il va falloir de tous les moyens possibles pour les mettre à mal, surtout quand dans notre groupe, nous comptons des individus habitués à user de leurs magies, mais se retiennent d’en faire usage ici. Du moins, Akihito semble être en mesure de lancer des projectiles magiques sur ce monde, tout comme Kivan le pouvait. Pour ma part, j’avoue que la possibilité d’user de mes fouets en situation réelle n’est pas sans me déplaire, même si une certaine appréhension me gagne. Je me suis entraîné à chaque occasion pour un moment comme celui-ci, il est temps de voir le fruit de mon travail. J’aurais peut-être juste préféré que de la résolution de cet affrontement ne dépende pas la fin d’Aliaénon.

Le sol où nous nous trouvons est accidentogène. Clairement, on n’est pas à l’abri de glisser et de se faire surprendre bêtement, la tête face au sol et le dos bien trop exposé. Heureusement que j’ai sur moi de quoi éviter des désagréments de ce genre. Je me saisis d’une de mes gourdes et y bois une potion de stabilisation. Rien de mieux pour rester sur ses jambes et éviter de tomber le cul par terre par un coup de pied, de queue, ou je ne sais quoi encore.

La horde d’individus moitié humains, moitié…on-ne-sait-trop-quoi, se précipitent dans notre direction, annonçant un combat inévitable pour notre survie. C’est une course qu’ils mènent vraisemblablement, pour savoir qui aura en premier le loisir de nous assimiler dans leurs tripes. Une promesse des plus réjouissante. Toutefois, nous avons d’autres projets en tête et finir dans le ventre de la population locale n’en fait certainement pas partie. Parmi les adversaires les plus rapides ou les plus affamés qui nous font face, c’est un type étrange avec des ailes qui fonce sur moi. De ses doigts comme des griffes acérées pointés vers moi, je perçois son envie de me les enfoncer dans le corps et fouillant dans mes entrailles en quête d’un mets d’exception. De tous, c’est moi qu’il a choisi. Cela va sans dire, il possède un sens inné pour déterminer les proies les plus savoureuses, mais pas la moins dangereuse.

J’attends le dernier moment pour user de mon énergie pour la déployer en moi, accentuant mon agilité et ma capacité à esquiver. Mes armes sont en place dans mes mains. Mais tous, alliés comme ennemis, ignorent qu’elles sont actuellement maintenues par mes fouets, dépassant juste assez du creux de mes mains où ils logent et s’enroulant autour de mes dagues. Peu connaissent leurs existences, mais je m’apprête à les dévoiler d’une manière plutôt surprenante, en particulier pour celui qui m’arrive dessus. De mes nombreux exercices, je connais à présent bien la longueur que je suis capable d’atteindre, si bien qu’avant que ma cible ne s’en prenne à moi, ma dague de glace s’éloigne de ma main et dirigée par le fouet qui la contrôle, s’en vient frapper l’aile droite de mon ennemi. Une surprise totale pour lui, une perte absolue de son vol qui le fait tomber au sol et une chance pour moi d’enchaîner. Pris de court, l’être volant ne parvient qu’à peine à reprendre pied en retombant au sol. Toujours face à moi, il m’offre la chance d’occulter mes fouets pour mes adversaires derrière lui. La perte de contrôle de son corps est une aubaine que m’assure de mettre à profit. Ma pourfen’dent singe sa consœur et mon fouet la propulse directement dans la gorge. Cependant, mon coup manque de précision. Pourtant, ce n’est pas de la malchance ou une erreur de calcul. Non, j’ai bien eu du mal à doser le geste précis. Plutôt que la gorge, c’est la seconde aile qui est atteinte et mon coup, bien que manquant de force, provoque un changement de direction chez mon ennemi. Cette fois-ci, mon adversaire bifurque sur le côté et s’il n’est plus un obstacle dévoilant ce qui arrive rapidement, il fait de même avec l’existence de mes fouets et mon allonge anormale à mes ennemis.

(C’est balo ! Il n’y aura plus cette chance de les surprendre à nouveau.)

C’est fâcheux en effet, mais il me reste d’autres cordes à mon arc et d’autres possibilités à mes fouets. Je n’ai que le temps d’un souffle qu’une créature hybride entre un chien et un reptile doté d’une corpulence de buffle et d’un cou de serpent fonce sur moi. Je frappe mon nouvel opposant comme le précédent, mais la surprise s’est envolée et avec elle, l’aisance à atteindre mes cibles. Mon coup file droit vers sa tête, bien en avant pour me mordre, mais la créature l’évite d’un simple mouvement souple du coup. Saleté.

Elle cherche à me mordre le cou. Musclé par mes années à voguer sur les bateaux et doré par le soleil d’Eniod, avant d’entamer mon long voyage, mon cou paraît donner l’impression d’un plaisir gustatif très juteux. Ouvert aux cultures étrangères, comme je l’ai fait avec le Thiir, je suis au regret de décevoir cette fois-ci. J’évite certes un bon coup de dents sur ma gauche, mais un de ses deux appendices cornus à l’arrière de la tête viennent percuter mon casque, ne me sonnant fort heureusement qu’un instant. Je vise sa tête avec ma lame draconique, mais encore mon geste n’est pas assez vif et manque sa cible. Son bras droit vient frapper là où ma tête se trouvait il y a peu. Soutenu par mes réflexes et mon agilité, je l’évite en basculant le corps en arrière. Une position qui m’offre le loisir de frapper le bras qui m’a manqué. Cette fois-ci, je fais mouche, mais je ne parviens pas à tenir fermement mon arme avec le fouet. Là où j’aurais dû engendrer une plaie, ma dague glisse presque sur le bras.

Il m’est clair à présent que je ne suis pas encore au point en termes de combat. Reste à choisir si je dois me battre avec l’allonge de mes fouets ou la maîtrise et la force de mes bras. La blessure va s’aggraver avec le temps, un temps que je n’ai peut-être pas ceci-dit. J’évite un autre coup de son puissant bras par une pirouette. Une acrobatie qui me permet de passer par-dessus ses griffes et m’offre une position avantageuse pour la suite. Ma pourfen’dent file vers sa gorge, guidé par mon fouet, mais encore une fois le coup manque et vient heurter en dessous de la naissance du cou, une partie visiblement plus résistante que le reste, vu le bruit que cela provoque, sans causer la moindre blessure.

Mon adversaire use de sa tête et me laissant l’habitude de frapper avec ses bras, cherche de nouveau à me mordre. Son cou agile lui permet une aisance de mouvement de la tête. Un atout de poids pour celui qui veut mordre dans toutes les positions. Malheureusement pour elle, je suis tout aussi flexible. Alors que son cou se dégage pour certainement me mordre, mon fouet gauche vient s’enrouler autour d’une de ses cornes arrière et force la tête à se diriger vers le bas, loin de ma chair découverte. Ne cherchant pas à se défaire de mon emprise, la créature se relève sur ses pattes arrières et parvient à bloquer mon bras gauche, tandis que le droit évite l’emprise, laissant cependant ce plaisir à mon flanc. La pression que mon adversaire exerce sur moi est forte et si mon plastron me prémunit pour le moment, mon bras gauche souffre de ses doigts qui s’enfoncent légèrement, au travers de mes protections.

Loin d’en finir, je vois sa queue venir à moi depuis l’arrière. Je déploie mon fouet, forme un cercle à la base de la main et stoppe l’attaque en tenant son appendice arrière. Mes mains sont prises, empêchant la créature d’user de ses crocs et de sa gueule comme elle le voudrait. Hélas, je suis encore à la merci de ses bras. Du moins c’est ce qu’elle croit, car mes fouets ne sont pas qu’une arme, mais une extension de mes bras capables de se mouvoir autrement que par un geste du bras. Alors que je me faisais malmener par mon adversaire, tirant sa tête d’un côté, mon autre fouet, s’est enroulé autour de son cou. Aussi souple qu’il soit, il ne pourra éviter ce qui l’attend. Ayant fait deux tours complets, ma pourfen’dent à son extrémité s’y enfonce, avant de tracer un large sillon en opérant le chemin inverse en le libérant de cette emprise. Deux tours de cou durant lesquels ma terrible dague s’enfonce avec de plus en plus de réussite dans la chair à force de cheminer sur la peau, jusqu’à sectionner quelque chose au centre du coup et mettre fin à l’affrontement. La créature gît au sol dans une flaque de sang rougeoyante.

(Fais attention ! Ils sont plus dangereux qu’ils n'y paraissent !)

En effet, il ne faut pas les prendre à la légère. Mes camarades souffrent comme moi de la rudesse du combat qui ne semble pas en finir. Je n’ai qu’un petit laps de temps durant lequel, je lance deux boomerangs sur un adversaire qui ne s’y attend pas. Mes armes de jet filent vers lui et l’atteignent, mais je ne peux faire mieux que de le blesser car déjà, le fil de ma vie va se jouer de nouveau. Une autre créature vient à moi, une unique corne sur le front et de grosses plaque osseuse sur le corps. Ses coups sont vifs et m’obligent à user de toute ma souplesse pour ne pas être touché. Je frappe à mon tour, l’atteignant à la gorge, mais le manque de maintien sur ma dague ne provoque qu’une maigre estafilade.

Une blessure que mon adversaire semble ne pas apprécier du tout. Cette touche, cette blessure, ce sang qui coule, engendre une sorte de frénésie en lui. Ses bras sont plus rapides que précédemment et je dois mon salut à une nouvelle acrobatie pour l’éviter. Je m’apprête à répliquer, mais je vois déjà le second coup en retour. Encore une fois j’évite l’attaque d’un salto, mais pour combien de temps encore. Eviter les attaques de la sorte me ponctionne trop de force, mon corps ne tiendra pas le rythme, alors que mon souffle commence à me manquer. Alors je contre-attaque. Plutôt que d’esquiver un nouvel assaut fulgurant, je déploie encore mon énergie pour frapper à l’épaule avec vivacité. Un coup qui je l’espère m’offrira un répit. Hélas, mon arme rate sa cible, ce qui n’est pas son cas. Son crochet vient m’atteindre douloureusement au bras et s’enfonce horriblement dans la chair. Dans mon malheur, j’ai encore la chance d’être en mesure de mouvoir mon bras, mais ma position est précaire. Déjà que j’ai du mal à l’atteindre sans me faire prendre, me voilà diminué et cette fois-ci, j’ignore comment m’en sortir.

La réponse vient d’elle-même et prend la forme d’une redoutable guerrière à la peau d’ébène. Elle charge mon adversaire qui y voit une menace plus coriace que je ne le suis. Elle l’attire jusqu’à lui, m’offrant le luxe de reprendre mon souffle. Je m’apprête à lui venir en aide, lorsqu’un autre adversaire surgir de nulle part et se précipite vers le groupe de derrière qui risque de ne pas le voir venir. Yliria est forte et dans un duel elle est probablement la plus dangereuse du groupe. Je sais qu’elle tiendra et plutôt que de frapper et de ne faire qu’une énième blessure superficielle, j’attrape une de ses jambes et le fait choir au sol. Une proie facile, un coup simple, mais un mouvement m’alerte.

Sur le côté, Yliria vient d’achever un autre ennemi, mais obnubilé dans son duel, elle ne voit pas la nouvelle menace qui lui arrive dessus. Mon corps réagit de lui-même, par pur instinct et le fouet s’échappe, filant vers le bras doté d’une protubérance osseuse. Il s’enroule autour du bras, mais la distance fait que je ne peux m’offrir le luxe de trop l’enrouler. Ainsi, je me dois d’être non seulement précis, mais cela ne servira à rien si je ne parviens pas à exercer assez de force, assez de maintien, une faiblesse qui semble me faire défaut depuis le début du combat. J’ignore pourquoi, ni même comment, mais mon fouet arrête net le coup et n’éprouve pas la contrainte des précédents coups maladroits. L’étrange lame de son bras s’arrêtant de peu, près de la gorge de l’enchanteresse, celle-ci prise de surprise, réagit rapidement et lui offre sa rapière en travers des côtes, avant d’enchaîner avec une vive présentation de son bouclier en pleine tête.

Mais cela ne finit pas. Les adversaires ont beau joncher le sol à nos pieds, d’autres viennent encore inlassablement, vague après vague. J’espère seulement que la marée basse va vite faire son apparition et nous donner le temps de souffler.

"Ha merde !" Fais-je en voyant non pas un, mais deux adversaires venir à moi simultanément.

Deux êtres longilignes arrivent sur moi et visiblement, ils ne comptent pas faire un détour ou profiter que je sois occupé pour s’en prendre à un autre. Quelle chance j’ai. Je n’attends pas, refusant le luxe de leur offrir le premier coup. Ma dague de glace file sur ce qui est proche d’une hanche, mais elle est repoussée par ces étranges bras, fins mais habiles. Tous deux profitent de mon échec pour cherchent à m’atteindre en pleine poitrine. J’évite de justesse les coups simultanés, craignant déjà cette espèce de crochet qu’ils ont au bout de leurs bras. S’ils m’atteignent, je les vois déjà m’ouvrir la poitrine, scindant ma cage thoracique en deux, comme on le ferait avec un cochon pour en extraire la poitrine. Une promesse peu alléchante, je dois avouer.

Je frappe ensuite mon second adversaire sur la droite, espérant que ma pourfen’dent aura plus de réussite. La lame acérée de la dent vient s’enfoncer dans la poitrine, laissant une marque ensanglantée, mais tous deux répliques. Encore une fois, ils frappent au même endroit. Je parviens à éviter un coup, mais le second manque de peu de me percer les boutons du nez et la tête qui suis sur sa trajectoire, ne laissant qu’une longue blessure sur la joue, presque miraculeusement, vu ce qui m’attendait.

J’ai besoin de les surprendre, d’avoir d’une position plus avantageuse pour contre-attaquer. Lorsqu’ils frappent de nouveau, j’esquive d’une nouvelle acrobatie qui commence à devenir presque plus handicapante que bénéfique. Le souffle me manque, de même que mes forces. Je commence à faiblir à cause de la perte de sang qui se cumule. Je crois même perdre la tête lorsque je pense les entendre discuter dans une langue incompréhensible. J’attaque encore une fois, touchant la poitrine rachitique de celui de droite. Si ma dague s’enfonce plus que la précédente fois, je suis surpris du retour. Alors qu’ils frappaient jusque-là au même endroit comme deux jumeaux qui refusent de s’entendre, les voilà me visant à deux endroits à la fois. J’évite un coup au bras, mais pas celui qui m’atteint au torse. Heureusement pour moi, mon plastron me protège plutôt bien et je n’écope que d’une petite blessure, mais qui n’augure rien de bon pour la suite.

Les premiers étaient-ils plus rapides, ou les retardataires ne sont-ils en réalités que plus malin que les leurs, attendant de nous voir à genoux pour mieux nous dépecer ? Ces salauds se sont mis d’accord pour m’atteindre plus facilement, visant là où je risque d’éviter les coups. Je frappe à mon tour et cette fois-ci, je vise les deux. Usant de mes forces, j’abats mes fouets armés à plusieurs reprises en un instant. Ma lame draconique touche une fois sérieusement à l’épaule, tandis que son homologue se voit atteint deux fois par ma dague de glace, une à la jambe et l’autre à l’avant-bras. Il ne me reste plus qu’à attendre qu’il se vide de son sang, avant que je ne me fasse écarteler. Rien de plus facile lorsqu’on est déjà aux portes de la mort. Encore une double attaque de leur part qui se solde par une coupure à la gorge. Ces salauds visent de mieux en mieux et moi, je fatigue de plus en plus. Pourtant, je me sens obligé d’une énième acrobatie pour éviter de me faire empaler. Je me réceptionne indemne, mais celle-ci était de trop. Mon souffle me manque, mes poumons sont en feu et j’ai toutes les peines du monde pour ne serait-ce rester debout. Frapper n’est plus possible, mais éviter la double charge est vitale. Les bras crochus fondent sur moi et je force sur mes jambes pour m’extraire de là.

Cependant, mes forces m’abandonnent. M’étalant au sol, un crochet se fiche dans ma jambe et m’arrache un beau morceau de chair. Le sang ruisselle autant que je crie de douleur. Je tente bien à nouveau de frapper mes deux adversaires, mais d’un geste vif, ils usent de leurs crochets pour attraper mes lames, enroulant jusqu’à mes fouets pour les y bloquer. Mon corps ne m’obéit plus et mes fouets ont tellement serré mes dagues que mon contrôle sur mes excroissances n’est plus suffisant pour me défaire de mes chaînes. Ma respiration me fait tellement défaut en cet instant. Que ne ferais-je pas pour une bouffée d’air, un simple appel de mes poumons ?

Comme une carcasse qu’on prépare à découper, ils lèvent leurs bras me tenant, soulevant mon corps qui dessine une croix parfaite en cet instant. Je sens la tension s’opérer sur mes bras qui se font tirer dans des directions opposées, cherchant clairement à m’écarteler. Mais étrangement, ce n’est qu’une impression. Nulle douleur ne vient m’atteindre, nulle pression ne se fait sur mon corps et dans le laps de temps qu’il faut pour le comprendre, mes poumons se remplissent de l’air nauséabond de la mort et du sang, mais qui en cet instant me fait un bien fou, presque revigorant. J’ignore comment, mais en cet instant mes épaulettes semblent réagir à ma situation. Mes adversaires ne parviennent pas à me déchirer en deux et l’effet de ma dague de glace se fait sentir. Une faiblesse notable joue sur mon adversaire de gauche tandis que je sais son homologue atteint par cette même épaule qui me retient. Alors qu’ils s’apprêtent à abattre leurs crocs en moi, je rassemble toute la force qu’il me reste, serrant les dents, hurlant devant les nombreuses blessures qui me martèle autant le corps de l’esprit. Si je suis exténué par mes combats, ils sont atteints là où il faut rassembler la force pour tenir en respect un adversaire. Tout se joue ainsi sur le physique et face à leurs corps rachitiques, j’ai l’avantage. Je tire sur mes fouets comme jamais je ne l’ai fait jusqu’à présent. Mes deux opposant faiblissent et cèdent physiquement face à moi. Leurs corps se voient projeter l’un vers l’autre. Tandis que la pression qui me retenait disparaît et me laisse tomber au sol, les têtes se percutent mutuellement avant de s’écrouler sonner.

Il me reste encore assez d’esprit en cet instant pour libérer mes fouets et mettre fin à ces menaces pour ma vie. Prenant mes armes en main pour m’assurer que je ne faillisse pas à la tâche, elles vont toutes deux trouver le chemin sous la gueule, direction l’intérieur de la tête avant que leurs corps ne se rendent leurs derniers souffles. Je m’écroule sur eux, guettant les alentours je vois qu'un mur de feu s'abat sur nos adversaires encore en vie.

Alors qu’autour de moi l’état préoccupant de tout notre groupe se faire ressentir, l’idée d’user de notre magie pour recouvrer notre santé commence à se répandre. Une proposition que je salue d’un pouce vers le haut, le temps de retrouver mon souffle correctement.

Blessures
Blessures graves au bras gauche et jambe droite
Blessures légères à la gorge, tête, torse et bras droit
Blessures bénignes à la tête et flanc.

4 victimes :
un être ailé
Un espèce de reptile chelou
Deux grands types avec des crochets à la place des mains.

Consommation : 1 potion de stabilité
Modifié en dernier par Jorus Kayne le lun. 15 avr. 2024 16:36, modifié 5 fois.

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Mathis
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Mathis » ven. 5 avr. 2024 15:02

En chemin vers les portes nous menant à l’extérieur, Akihito en profita pour analyser mon attrape rêve. Il put rapidement confirmer que ce joli objet pouvait me protéger des mauvais rêves.

(Dommage qu’il ne m’a pas protégé des cauchemars de Silmeria)

Je conservai le silence, le laissant se concentrer, assez surpris qu’il soit capable de non seulement sentir la magie contenu dans les objets, mais aussi d’en dévoiler la nature. Ce fut ainsi qu’après un court moment de réflexion, il rajouta que l’attrape rêve pouvait aussi me protéger contre les sorts de l’esprit, mais de façon sporadique. Donc valait mieux ne pas compter dessus.

"Je te remercie. Cet objet m'a été offert en cadeau, je ne pensais même pas qu'il pouvait m'être utile, donc une réussite même faible, c'est déjà ça de gagné." terminai-je en souriant.


Nous déambulâmes dans ces rues qui semblaient toujours désertes. Toutefois, en portant bien attention, je pus tout de même voir de temps à autre, des silhouettes pâles et difformes nous observant à travers les interstices des morceaux de bois qui placardaient leurs maisons en ruines. Nous longeâmes ensuite les murs de la cité en direction du Nord et nous arrivâmes en bordure du lac. Là, les roseaux s’avéraient trop hauts pour que nous puissions voir le titan. Alleriia nous pria de la suivre tout de même, nous expliquant que nous nous rendions jusqu’à une saillie rocheuse qui s’avançait vers le lac et qui avait une certaine hauteur, permettant ainsi de voir et d’être vu par le titan.

Malgré les avertissements de la jeune harpie à propos de la dangerosité hors de l’enceinte de la ville, nous ne fîmes aucune rencontre malencontreuse. Il en aurait été autrement sans l’intervention de Glanaë. Celle-ci nous ayant protégé par une illusion qui nous dissimulait de la vue des autres.

Cependant, ce subterfuge ne sembla plus effectif une fois que nous eûmes atteint le surplomb rocheux, puisque vers nous s’approchaient en grand nombre des hommes pâles transformés. Je vis d’abord de longues créatures si minces et de couleur si terne qu’il leur était facile de se camoufler dans la brume. Ces êtres filiformes de quelques dizaines de centimètres de plus de moi arboraient une tête en forme d’enclume et nous menaçaient de leur longues mains se terminant par un crochet. Il était sans doute impossible d’implorer leur pitié, car ils avaient un énorme trou à la place du cœur. Nous avions apparemment aussi attiré l’attention d’une sorte de quadrupède singulier. Muni d’une longue queue musclée, il possédait un long cou qui lui permettait de le tordre suffisamment pour que son visage humanoïde puisse nous observer de tout côté, ce qui s’avérait par vraiment nécessaire en fait puisqu’il était aussi doté d'un œil de grande dimension dans son dos. Et enfin, il y avait aussi un homme pâle ailé qui semblait se désintégrer peu à peu. Vu les réactions du peuple à l’intérieur de la cité, je n’avais aucun doute sur l’intention de ceux-ci, nous étions pour eux un buffet de qualité à volonté.

Sans faire de geste brusque et sans quitter des yeux les prédateurs qui s’avançaient, je déposai mon sac par terre. Praline consciente du danger se précipita vers ma besace et y entra pour s’y cacher.

Akihito demanda alors à Zaria d’ériger un mur de feu, ce qu’elle fit sans perdre une seconde en tuant deux bestioles sur le coup. La barricade de flammes ne faisait pas la largeur complète du pic rocheux, ce que je trouvai bizarre les premières secondes. Puis, je compris que sans les empêcher totalement de passer, il ralentissait nos ennemis, les obligeant à faire un détour pour passer par une étroite ouverture du côté droit ou du côté gauche où nous les attendions pour les massacrer. Lorsque je vis Jorus et Yliria se diriger vers la droite, je pris la gauche, accompagné de Visselion.

Le roc sous nos pieds s'avérait glissant et mouillé ne m'importunait pas outre mesure, je pouvais m'en accommoder, par contre, je ne savais pas s'il en était de même pour Visselion.

Alors que ce dernier essuyait l'attaque de deux longues bestioles aux longs membres, je me retrouvai face à face à la bête à quatre pattes et au visage humain. Celle-ci sauta sauvagement sur moi, les griffes dehors. J'esquivai une première attaque, puis une seconde. Elle était grosse et plutôt lente par rapport à moi, plus mince, rapide et souple. Je tentai de la frapper de mes dagues à quelques reprises, sans résultat. Mes armes trop courtes je ne pouvais m'approcher suffisamment sans risquer de me faire happer par ses longues pattes griffues. Ma dernière tentative de lui planter ma dague dans la gorge faillit bien me coûter la vie. Je pus heureusement esquiver à temps, récoltant seulement une estafilade à l'épaule droit.
Je choisis alors de changer de stratégie. Je reculai de quelques pas, puis je m'élançai vers mon adversaire. Une fois à sa hauteur, je me penchai rapidement, je pris appui ser mes mains au niveau de ses pattes avant, puis je me redressai avec force et puissance pour me donner suffisamment d'élan pour lui envoyer un coup de pieds en plein visage. Surpris par cette attaque hors de l'ordinaire, elle ne put esquiver et s'en trouva grandement étourdi. Je profitai donc de ce bref moment pour activer mes griffes et lui planter mesdans son long cou. Espérant percer une artère principale, je m'acharnai à planter et retirer encore et encore mes similis griffes. Puis le sang coula à flot et la bête s'effondra lourdement au sol.


Nous n’eûmes pas le temps de nous attarder sur ce premier cadavre que quatre créatures à la tête d’enclumes fonçaient sur nous. Alors que Visselion demeurait presque immobile absorbant les coups sans broncher tout en répliquant avec force et violence, pour ma part, j’évitais les attaques en me déplaçant rapidement. Ainsi, j’esquivai brillamment les deux premiers assauts. Je m’apprêtais à en esquiver un troisième lorsque son acolyte m’attaqua dans mon angle mort derrière moi sur ma droite. Retenant un cri de douleur à mon mollet droit. J’effectuai un grand saut au moment ou mon attaquant voulu récidiver. Il ne put retenir son élan et empala son confrère qui mourut sur le coup. J’atterris alors derrière et le transperçai de ma dague torsadée, le frappant encore et encore jusqu’à ce qu’il s’écrase au sol.

Sitot mon ennemi décédé, un autre nous faisait face, il n’y avait pas de répit possible. Il s’agissait du gros quadrupède qui s’était tourné vers Visselion. J’en profitai donc pour lui planter ma dent de liberté dans l’œil, lui arrachant un terrifiant cri de douleur. Excédé, la bête se tourna vivement vers moi, sa longue queue fauchant les jambes de Visselion. Celui-ci, pourtant assez solide, fut déséquilibré et menaçait de tomber dans le lac. Sachant pertinemment que la lac risquerait de l’emporter dans le fond et le noyer, je me précipitai vers lui. Tout en effectuant un spectaculaire saut acrobatique, je m’approchai suffisamment de lui pour le pousser vers la terre ferme. Je n’eus le temps que de voir Visselion trancher la tête de son adversaire, que je tombai dans l’eau, poussé par l’homme gris ailé qui avait profité de la situation et avait agi avant que j’atterrisse sur le pic rocheux.

Ma première réaction fut de paniquer. J’avais certes de l’expérience dans les profondeurs marines, mais j’étais alors munie d’un masque, le masque acquis sur le navire portant le nom de l’Échangeur. Démunie de ma protection, je savais que j’allais mourir noyer. Sous l’eau je retint ma respiration, puis m’élançai vers la surface. J’ouvris la bouche pour reprendre de l’air, constatant avec désarroi que l’être ailé se tenait tout juste au dessus de moi et que ma besace contenant mon masque était hors d’atteinte. Avant qu’il ne m’atteigne, je retournai la tête sous l’eau. Pouvant discerner vaguement la silhouette de mon ennemi au-dessus de l’eau. Je décidai de repousser mes limites et de retarder ma remontée. Curieusement, je réalisai que j’étais capable de demeurer plus longtemps que prévu sans ressentir le besoin de prendre une goulée d’air. Mais j’étais tout de même conscient que je ne pouvais me cacher là éternellement. Mon bras gauche tendu vers le haut, je sortis de l’eau et agrippai un pied décharné et déformé. Râlant de rage, il se débattait tentant de me faire lâcher prise. N’étant pas suffisamment puissant pour me sortir de l’eau, il voletait avec peine. De mon coté, je tirai sur sa jambe de toutes mes forces. Puis je cessai de battre des jambes afin de couler davantage et l’entraîner avec moi. Épuisé, il n’eut plus la force de se maintenir hors de l’eau et me rejoignis enfin. Penché sur ma main, il tentait de se libérer, me griffant, me mordant. Ne souffrant nullement de manque d’air, je tins bon ignorant la douleur des blessures qu’il m’infligeait. Puis ses assauts diminuèrent, sa bouche ouverte, les bulles d’air ne sortait plus. Lorsque lorsqu’il fut complètement immobile, je le lâchai et il coula à pic.

Je revins a la surface et sortis ma tête de l’eau. A ce moment, une autre créature fonça sur moi tentant de me défigurer. J’eus juste le temps de replonger. Chaque fois que je sortais la tête de l’eau, elle m’attaquait. Je n’éprouvais pas de difficulté à respirer, mais je me doutais bien que j’aurais des limites et que je devais trouver une solution rapidement, ne pouvant rester dans l’eau éternellement. Lorsque je cru l’apercevoir très près de la surface de l’eau, j’en sortis rapidement, tentant de l’attraper, en vain. Je fis une autre tentative, mais sans effet de surprise, je n’avais pas de chance de réussir, elle esquivait à temps. À mon dernier essai, elle tenta meme de m’agripper par le panache de mon casque. Ce qui me donna une idée. J’attendis un petit moment et je ressortis toute ma tête de l’eau. Lorsqu’elle tenta de m’agripper le casque, je l’activai et il s’embrasa. Sa main prit en feu et il prit la fuite.

Je me hissai alors sur le rocher, Visselion me couvrant en faisant barricade de son corps pour empêcher les bestioles de profiter de ce moment de vulnérabilité.


Rapidement, je m’essorai. Voyant que Visselion s’attaquait à un quadrupède, je voulus lui venir en aide.

“Sur vos épaules” Ce disant, je pliai mes genoux, et je bondis sur les épaules de Visselion et j’atterris debout, mon poids ne semblant l’importuner aucunement. Il poursuivait ses attaques sans être incommodé de ma présence. De cette position, j’effectuai une cabriole afin de passer par dessus la tête du quadrupède et bondis sur son dos. Alors que Visselion l’attaqua par devant, je plantai mes griffes dans son cou, tentant de trouver l’artère principale qui le ferait saigner et agoniser. Alors que Visselion l’attaquait au poitrail, je m’acharnais sur son cou. Il ne savait plus ou donner de la tête, il hurlait puis succomba aux attaques répétées.



((( Blessures :
  • blessure légère à l'épaule droite
  • blessure légère au mollet droit.
  • légère griffure à la main gauche.
  • morsure grave à la main gauche.
Bestioles tuées dans l'ordre (certaines en complicité avec Visselion, d'autres tout seul) :
  • 1 quadrupède
  • 2 longues créatures à tête triangulaire.
  • 2 créatures ailées (une tuée et l’autre en fuite)
  • 1 quadrupède
)))

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Yliria
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Yliria » sam. 6 avr. 2024 01:44

Traverser la ville fut aussi silencieux que ce fut étrange. Ne pas voir la moindre âme qui vive donnait à l’endroit des allures de ville fantôme, largement renforcé par l’état de décrépitude de certaines masures, par les ruelles boueuses et le temps toujours aussi incertain qui planait au-dessus de nos têtes. Je n’aurais pas été surprise de voir un mort-vivant sortir d’une des ruelles sombres, cela ressemblait fort aux endroits qu’ils appréciaient : vides et décrépits. Au moins nous n’eûmes pas à nous attarder où que ce fusse. Aleriia nous mena rapidement près des murs, puis aux portes de la ville, laissant cette dernière derrière nous, non sans un certain soulagement pour ma part. Je n’aimais pas l’endroit. Nous n’allions pas nous en éloigner beaucoup, mais tout était mieux que de patauger dans la boue stagnant dans les ruelles délabrées de cette ode à la moisissure.

Nous nous dirigeâmes vers le lac, cachés par les pouvoirs de Glanaë et guidés par la harpie. Je restai non loin de la première, surveillant tout de même les alentours avec un mauvais pressentiment. J’avais l’impression que l’illusion n’était pas aussi efficace qu’elle le devrait… ou bien était-ce le simple fait de quitter des murs sûrs et durables qui me faisait craindre le pire ? Je restai vigilante dans tous les cas, refusant de me faire surprendre dans un tel moment. Je n’avais aucune inquiétude concernant les yuiméniens avec moi, mais je n’étais sûre de rien concernant les autres. Aleriia pouvait facilement s’enfuir en volant, mais pour le reste… Sans savoir ce dont ils étaient capables dans une situation de combat, je privilégiai leur sécurité sur le reste. Il y avait eu bien assez de morts comme ça…

Finalement, Aleriia nous conduisit vers une grande saillie rocheuse qui s’avançait en profondeur au-dessus des eaux du lac. Un coin dégagé avec une belle vue sur le colosse qui faisait trempette au milieu du lac. Chaque fois que je l’observai, je me demandais ce qu’un être de ce genre pouvait ressentir et penser. Il n’avait pas bougé d’un iota depuis que nous étions arrivés. Avait-il vraiment conscience de quelque chose, de la présence de la ville ou même du lac ? Aleriia affirmait s’être posée sur son épaule pour lui parler, mais avait-t-il ne serait-ce que remarqué sa présence ? Avait-il remarqué le passage du temps depuis son arrivée ? Tant de questions dont j’étais certaine de ne jamais obtenir la réponse. Sauf peut-être si le sort fonctionnait et qu’il appréciait de s’entretenir avec nous…

(T’es bien curieuse à son sujet …)

(Pas toi ? C’est pas tous les jours qu’on peut communiquer avec un être comme ça.)

(Je te signale que les faëras sont des êtres uniques, vivant des millénaires et nées du fluide le plus pur.)

Voilà qu’Alyah était jalouse que je m’intéresse à un titan plutôt qu’à elle… c’était nouveau. J’avais un peu du mal à la voir comme un être quasi divin, éternel et dont la perception des choses était radicalement différente. Elle était trop proche de moi, sans doute. Elle n’avait jamais parlé d’elle, de son passé, des précédents êtres qu’elle avait choisi et guidé, mais j’avais toujours pensé qu’elle n’en avait simplement pas envie. Peut-être que j’aurais dû poser ce genre de question, si j’avais vraiment voulu obtenir des réponses. Plus tard, j’en aurai l’occasion.

Sans trop de surprise, la saille rocheuse, si elle n’était pas trop difficile à gravir avec sa pente douce, était tout de même glissante. Je n’avais aucun souci à marcher dessus, j’avais connu bien plus instable comme endroit où je posais les pieds. Ce que je n’aimais pas, par contre, c’était qu’elle nous laissait complètement exposés et vulnérables. Nulle part où fuir où vraiment bouger en cas d’attaque. Il n’y avait qu’un moyen d’y accéder, le reste était juste des roches surplombant les eaux du lac. Et impossible de savoir ce qui nous attendait sous la surface. En résumé, un bien bel endroit pour une embuscade…

Je détestai avoir raison dans ce genre de moment. Des choses nous avaient suivi, masquées par la végétation et les abris naturels. Il y en avait bien une trentaine à vue de nez et même sans considérer leurs allures qui n’avaient rien de réjouissantes malgré leur diversité, elles ne semblaient guère enclines à discuter paisiblement. Elles se ruaient vers nous et il y avait peu de place à autre chose qu’une défense rapide, à défaut d’être coordonnés efficacement. Pourtant, un plan fut rapidement dressé et tout allait se jouer sur si oui ou non, on pouvait retenir autant de saletés sans qu’aucun des Yuimeniens puissent utiliser de magie. Je me battais rarement sans, c’était el moment de voir si juste ma rapière et mes techniques allaient suffire contre un tel nombre. Je tirai ma rapière et mon bouclier, jetant un dernier regard à Akihito qui restai en arrière pour protéger Zaria et Glanaë. Je murmurai quelques mots inaudibles, mon regard dans le sien, avant de mettre mon masque et de courir directement vers les créatures.

(Elles sont vraiment bizarres ces choses, regarde les jambes de celle-là)

(Ils ont muté de manière biz.. ah merde !)

La créature en question avait sauté droit vers moi d’un bond prodigieux, évitant sans mal le mur e flammes. Je glissai sur le sol rocheux et bondis en arrière, armant mon bras en sautant sur le côté pour lui enfoncer le côté de mon bouclier dans la tronche quand il atterrit sur le sol. Le choc fit craquer quelque chose et l’envoya au tapis. Un autre truc avec de grande cornes sur le côté de sa tête prit sa place en balançant ses bras de manière erratique, toutes griffes dehors. Forcée de reculer, je jurai intérieurement en esquivant ses assauts, déviant un ou deux coups avec Solarhyss. Cette saleté étai rapide, mais ses longs bras rendaient toute approche difficile. Mais du coin de l’œil, je vis l’autre bestiole resauter vers moi et mon corps agit tout seul. Je me jetai vers lui, l’empalant sur Stelarhyss. Un cri strident lui échappa avant que sa tête ne vole, décapitée par l’autre créature. Je restai derrière le corps sans tête avant de le pousser en avant. L’autre monstruosité el réduisit en charpie en un instant, mais je vis une ouverture cette fois. Je fonçai en avant, puis me jetai au sol, glissant sur la roche humide pour passer sous ses bras pour me relever d’un saut carpé et lui balancer mon pied dans le genou. Le choc n’était pas très rude, mais une rotule n’aime guère être cognée, peu importe celui qui la possède. Le genou flancha, lui faisant perdre l’équilibre. Un de ses bras me frôla, laissant une estafilade sanglante sur mon front, mais je feintai sur le côté avant d’enfoncer ma rapière dans ses côtés, perforant chair, muscles et cœur d’un coup net. Il s’effondra et je reculai, haletante.

(Par les dieux… sans magie de soutien, c’est beaucoup plus difficile.)

La magie avait tendance à accompagner tous mes combats sur Yuimen. Elle compensait largement mon manque de force et je craignais moins chaque blessure avec Ssussun habituellement focalisé sur le fait de me soigner ou d’attirer l’attention. Mais là, pas de magie de renforcement, pas d’aura de flamme faisant hésiter, pas de soin en pagaille ou d’éclat lumineux pour désorienter. Juste mon corps et ma technique. Et contre autant d’adversaire, je n’avais pas le meilleur équipement. La blessure sur mon front saignait abondamment et gênait ma vue, le vide empêchait que je me déplace comme je le voulais, tout comme le mur de feu. Et ses saletés n’en finissaient pas d’arriver. Jorus maniait ses dagues en utilisant ses fouets d’une manière étrange, ce qui lui donnait une belle allonge et je vis quelques tirs magiques venant de derrière, sans doute Aki… Je fonçai vers une créature avec une unique corne sur le front et de grosses plaque osseuse sur le corps qui donnait du fil à retordre à Jorus. Je lui rentrai dans le flanc, mais ma rapière ne perça pas sa carapace. Au moins j’attirai son attention. Je bondissais en reculant, évitant ses charges et ses coups, puis me baissai en faisant un grand écart quand un fouet entra dans mon champ de vision. Encore une autre bestiole avec une queue immense… super. Je poussai sur mes bras pour me projeter sur le côté et roulai avant de me relever d’une pirouette. Ah ils voulaient jouer ? On allait jouer…

(Le gros est lent, l’autre bien plus rapide… )

(Ça me rappelle quelque chose, tiens.)

(Le petit en premier donc.)

J’inspirai , bandais mes muscles pour sprinter et me ruer vers le gros. Sa masse allait me soustraire à la vue du plus petit. Je me fendis sur le côté, évitant sa charge d’un pas chassé rapide, amis j’avais un peu sous-estimé ses choses. L’autre plus rapide avait réagit aussi et s’était déplacé sur le côté. Son fouet fendit l’air, cognant mon bouclier avec assez de force pour que mon bras parte en arrière. Je sautai en reculant, me réceptionnant d’une roulade. Le gros chargeait à nouveau alors que le plus rapide courrait vers ma droite. Si j’esquivai à gauche, je risquai de laisser le gros charger l’arrière… Je fonçai donc directement vers lui. Mon souffle se faisait de plus en plus court et ma vision ensanglantée n’aidait pas vraiment, mais ce truc était moins vif que moi. Je l’esquivai sur le côté pour me ruer vers l’autre à fouet. Son attaque frappa mon épaule droite en contournant mon bouclier et je serrai les dents en accélérant. Ce truc était trop malin pour nous, je devais le dégager de là. Je sautai, pieds en avant et le percutai violemment directement dans le torse. J’entendis un craquement et il fut projeté en arrière et chuta en dehors de la plateforme dans un hurlement.

(Et encore un de moins…)

Mais le combat n’était pas fini… je me redressai en grimaçant, mon épaule me faisant un mal de chiant maintenant. L’attaque n’avait pas percé l’armure, mais le choc se faisait sentir. Les autres semblaient s’en sortir, donc je me focalisais sur le gros qui avait toujours son attention tournée vers moi. Une nouvelle fois, je l’évitai d’une feinte, mais était incapable de percer sa carapace, trop épaisse. Puis un mouvement sur ma gauche attira mon attention une fraction de seconde trop tard. Je me sentis être bousculée et plaquée au sol alors qu’une bouche bardée de crocs s’ouvrai au-dessus de moi. Quelque chose le heurta et la voix d’Akihito retentit, attirant son attention. Je repoussai la créature d’un coup de bouclier et roulai sur le côté, mais elle avait déjà foncé vers Aki… et j’en avais un autre sur moi, le grand avec sa jolie corne ne semblait pas vouloir me lâcher. Je devais le laissr se débrouiller et croire en lui.

Il tentai sans relâche de me donner des coups avec sa corne et j’esquivai, ripostai, mais était incapable de percer sa fichue carapace. Il y avait bien des défauts, mais je commençai à fatiguer. Je n’étais pas taillée pour les longs combats d’attrition de ce genre. Pas sans magie, en tout cas. Ma technique était rapide et jouait sur le fait de prendre rapidement l’avantage pour mettre fin au combat au plus vite, pas de lentement affaiblir l’adversaire. Je manquai d’endurance pour ça. Il fallait en finir vite. J’attaquai à nouveau, tentant de frapper les points faibles de sa carapace au niveau des articulations, mais elle balaya mes coups de sa corne. Elle n’avait pas vraiment besoin de me regarder, juste balancer sa tête à droite ou à gauche suffisait à me faire risquer gros dès l’instant où je tentai quelque chose. La poisse… Mais j’avais une idée.

(C’est risqué. )

(Moins que laisser ce truc continuer à m’occuper, j’en vois déjà un autre arriver.)

Je me mis en posture, rapière cachée par mon bouclier pointé vers l’ennemi. C’était risqué, mais si ça fonctionnait… Je me ruai vers la créature qui me vit venir, rapière en avant. Comme prévu, sa tête s’apprêta à repousser ma rapière, alors je changeai de posture, rabattant ma rapière et propulsant mon bouclier vers la tête. Solarhyss absorba le choc qui se répercuta tout de même dans tout mon bras et je sentis mes pieds quitter le sol un bref instant. J’en profitai pour plonger et faire une roulade, me retrouvant sur son flanc. De là, j’armai mon coup et plantai ma rapière dans la jointure de son épaule. Stelarhyss prouva une nouvelle fois qu’elle était faite pour ça et je l’enfonçai jusqu’à la garde, faisant ressortir sa pointe presque dans la gorge de la bestiole. Elle hurla alors que je reculai pour prendre de l’élan et frapper sa corne de mon bouclier. Il y eut un craquement et une fissure apparut sur l’appendice. La créature dut le sentir car elle recula finalement et commença à s’enfuir. Et je l’aurai poursuivi si je n’avais pas manquer de me faire arracher la tête. Une protubérance osseuse semblable à une lame s’arrêta à quelque centimètre de ma gorge, retenu par un des fouets de Jorus. De justesse, mais arrêté tout de même. Je lui revaudrai ça plus tard. Vulnérable, la créature tenta de se libérer de Jorus, mais je ne lui en laissai pas le temps et lui enfonçai ma rapière dans les côtes avant de lui éclater le crâne d’un coup de bouclier pour faire bonne mesure. Je me redressai et repris mon souffle, regardant aux alentours. Le mur de flamme avait disparu et le sol comptait de nombreux corps un peu partout, mais tout le monde était encore en vie, donc cela devait aller.

Et je retrouver soudainement à ne plus toucher le sol.

(Qu’est-ce que… ?)

Le choc fut brutal et un hurlement m’échappa alors que je sentis mon bras être comme arraché de mon corps. Quelque chose m’avait agrippé et avait si violemment tirée sur mon bras qu’il me l’avait sans doute déboité. Impossible de tenir ma rapière et mon dos heurta le sol brutalement. Quelques lumières dansèrent devant mes yeux alors qu’une masse se dressa au-dessus de ma tête. Je cillai, quand une forme percuta la masse et je roulai sur le côté en essayant de remettre de l’ordre dans mes idées. Ma main droite ne répondait plus vraiment, mais la gauche allait bien. Et c’était Aki qui s’était interposé cette fois et luttai désespérément contre ce truc avec des bras énormes. Je lachai mon bouclier et empoignai ma rapière de la main gauche. Ce n’était pas vraiment mon bras fort, mais pas le choix. Une fois debout, je courus sur le côté pour prendre la créture à revers et, voyant son dos exposé, prit appui sur le cadavre d’un autre truc pour sauter en avant. Elle n’était pas protégée comme l’autre cornu et aki la distrayait, alors je n’eus aucun mal à lui atterrir sur le dos en lui plantant ma rapière dans la nuque. Sous peu, elle s’effondra, Akihito l’ayant aisément éventré. Je tombai presque dans ses bras en grimaçant lorsque mon épaule heurta la sienne.

« Tu me revaudras ça » qu’il disait. Il était malin lui… Mais en même temps, il n’avait pas tort.

- Avec plaisir…

Plaisir qui était loin d’être au rendez-vous vu la douleur que je ressentais dans mon épaule, mon front, mes jambes… un peu partout, il fallait l’admettre. J’étais couverte de sueur et de sang, pas le mien principalement, ce qui était plutôt uen bonne chose. Tout le monde semblait avoir dégusté en tout cas, alors la proposition d’Akihito n’était pas dénuée de sens.

- Pour cette fois, je suis d’accord, ça pourrait éviter des jours de convalescence et je manque de potions… faisons ça.

Avant que mes jambes ne me lâchent, je m‘assis sur le sol et retirai mon masque pour m’essuyer le visage. Ma magie me manquait vraiment…


*Résumé des bobos*

Une blessure grave à l'épaule
une bressure légère à la tête

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Akihito
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Akihito » sam. 6 avr. 2024 03:11

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

67 : L'affrontement du promontoire.

Contrairement à d’autres objets, l’attrape-rêves de Mathis n’opposa pas une grande résistance à l’enchanteur. Alors qu’il marchait, il concentra ses pensées sur l’artefact et laissa son corps machinalement suivre ses alliés. Les subtiles vibrations magiques qu’il sentait émaner de l’objet était répulsives, une constante qu’il avait découvert sur la plupart des objets magiques permettant d’offrir une quelconque protection à son utilisateur. Restait à savoir contre quoi, et Akihito invoqua donc l’idée d’un rêve peu agréable, puis d’un cauchemar, et sentit les vibrations pulser plus intensément.

« Mmmh... ton attrape rêve protège bien des mauvais rêves, mais l'effet est définitivement magique. Par contre, il y a plus... »

Les pulsations magiques étaient trop fortes pour avoir un effet aussi réduit et spécifique. Mais elles étaient aussi très régulières et simples : l’effet supplémentaire devait être une protection supplémentaire et toucher à un domaine relativement proche des cauchemars. L’enchanteur prit donc quelques minutes de plus à explorer différentes pistes en soumettant ses idées et intentions à l’objet pour le faire réagir, et finit par cerner la seconde capacité.

« Il a l'air de protéger aussi contre certains types de sorts ciblant l'esprit, expliqua-t-il en lui rendant son collier. Pour le manipuler, ou le troubler, ce genre de chose. Pas vraiment une école qui m'est familière. Mais la protection me paraît clairement moins fiable, ne t'attends pas à ce qu'il fonctionne tout le temps. Peut-être... une fois sur dix ? Ou sur huit ? C'est mieux que rien, tu me diras.

- Je te remercie. Cet objet m'a été offert en cadeau, je ne pensais même pas qu'il pouvait m’être utile, donc une réussite même faible, c'est déjà ça de gagné. »

Akihito acquiesça, sans rien ajouter de plus. Si la protection de cet objet avait pu être efficace au moment du cauchemar de Silmeria… Bien des choses auraient été différentes.

(Yliria, entre autres.)

(Mmhmmh.)

(Roooh, regardez-moi ça, les yeux collés à son amoureuse. On dirait toi quand tu as commencé à coucher avec Anthelia.)

(Je pense avoir mûri un peu quand même !) protesta l’enchanteur en décollant son regard de la jeune femme marchant quelques pas devant lui.

(Mais oui, mais oui.)

Son regard se porta sur leur environnement, qui changeait peu à peu. Les bâtiments se firent plus miteux à mesures qu’ils s’approchaient des remparts, et la figure titanesque d’Andie devenait à chaque moment un peu moins ignorable. Il avait beau avoir brièvement communiqué avec les Titans du cratère, la mission qu’ils s’apprêtaient à accomplir ne le mettait pas spécialement à l’aise pour autant.

Les murailles franchies, un dédale de faubourgs s’ouvrit à eux et vu le parcours que leur fit prendre la Harpie, ils auraient perdu au bas mot une belle heure à chercher à s’en extirper. L’Ynorien se fit aussi la remarque que la désorientation venait probablement aussi du léger flou qui entourait tout ce qui s’éloignait de leur groupe : Glanaë avait déployé une bulle d’illusion pour masquer leur présence à l’instant où ils avaient quitté la ville. Peut-être pour le mieux : les habitants à l’extérieur, à l’instar de ceux qu’ils avaient croisés à leur arrivée à Andel’Ys, ne semblaient vraiment pas amicaux.

L’objectif d’Aleriia se montra comme une évidence : un promontoire rocheux, grimpant en pente douce, surplombait une partie du lac et semblait pointer en direction du Titan. Dans une invitation à lui parler. Cela ne sembla pas déranger outre mesure Jorus, qui ne voyait dans le même moment aucun intérêt à porter quelqu’un sur l’épaule d’Andie. Il ne dit rien, cependant : la pique n’aurait amené qu’un débat stérile de plus.

Le pied d’Akihito se posa sur un caillou et il manqua de perdre l’équilibre, prenant appui sur son autre jambe qui glissa un bref instant avant que son pied ne se bloque dans une saillie. L’honneur était sauf, mais la roche détrempée annonçait une progression prudente. Il porta son regard au loin vers le lac, s’approchant un peu du bord.

(Ouais. La moindre chute risque d’être la dernière, vu la hauteur.)

(J’ai déjà vu des Earions sauter depuis plus haut que ça. Avec Olino, un précédent Porteur. Ils lui ont même proposé de sauter avec eux, dans une sorte de compétition rituelle amicale.)

(Ah ? Et il a accepté ?)

(Non. Il aurait pu y survivre, surtout qu’il était un aéromancien plutôt doué qui aurait pu ralentir sa chute sans trop de problème. Mais il a jugé que les Earions l’auraient remarqué et l’auraient mal pris, et que prendre le risque d’y laisser sa peau ne valait pas le coup juste pour rouler des mécaniques. Et faciliter des négociations qu’il a pu gérer autrement.)

Akihito aimait beaucoup les histoires que racontaient la Faëra au sujet de certains de ses prédécesseurs. Avec le temps, il avait appris que certains d’entre eux étaient tabous et que l’humeur de son amie jouait aussi beaucoup dans son envie de dévoiler des brides de ces passés ou non. C’est pourquoi il ne demandait jamais qu’elle lui en parle, mais ne se privait pas de l’écouter quand elle abordait le sujet.

Il ne sut pas vraiment qui fut le premier à le remarquer, ni comment cela avait pu arriver avec le charme maintenu par Glanaë. Mais toujours est-il qu’il entendit quelqu’un dire « Derrière nous ! » : reconnaitre la voix passa au second plan quand il entendit les accents alertés. Il fit volte-face et porta une main à son marteau dans son dos, pointant sa paume en contrebas. Une horde créature hideuse se ruaient sur eux : difformes, grotesques, hurlantes. Tout à fait hostiles. La magie se concentra dans la pointe de sa paume et une sensation de froid l’envahi, sentant une pointe de glace longue comme une plume se former devant. Il ne chercha pas à comprendre plus que cela et projeta sa munition élémentaire dans la masse grouillante ; parce que la chance se décidait enfin à lui sourire, la stalactite mortelle se ficha dans le crâne glabre et dépourvu d’yeux d’un colosse en pagne de jute. Si les mutations les avaient privés d’organes sensoriels et dotés de nouveaux membres, leur cerveau semblait lui ne pas avoir changé de place puisque la créature s’écroula au sol. Morte ou achevé par la cavalcade des autres qui n’eurent aucune considération pour la perte d’un des… Leurs ? Considérant que la masse se ruait sur eux avec l’objectif de les tuer, les manger ou autre, savoir s’ils étaient alliés de circonstances ou organisés ne l’intéressait pas outre mesure sur le moment.

Un bref regard lui confirma que le combat était inévitable : soit ils passaient à travers la horde qui avait déjà investis la base du piton rocheux, soit ils faisaient tous le grand plongeon. Ne restait qu’une troisième option : les affronter en se préparant un maximum.

« Ecoutez moi ! On va les attendre ici, c’est la meilleure solution ! »

Akihito ponctua sa déclaration d’une nouvelle munition élémentaire, qui pris la forme d’un souffle d’air qui vola vers les assaillants. Trop faible ou tout échoué, il ne vit aucune créature être affecté d’une quelconque manière. Autour de lui, ses compagnons tournèrent vers lui leur attention. Intrigués, anxieux, impatients : les regards montraient qu’ils allaient l’écouter. C’était un bon début. Akihito fit fonctionner ses méninges et sorti le meilleur plan qu’il pu avec le peu de temps qu’on lui donnait.

« Zaria, un mur de feu en plein milieu pour les forcer à passer sur les bords de la corniche, près du bord ! dit-il en traçant une ligne imaginaire partant d’une extrémité de la corniche à l’autre. Le premier encaisse, l’autre soutient : Visselion, Mathis, à gauche ! Yli, Jorus, à droite ! Je protège Glanaë et Zaria ! »

Le hasard élémentaire choisit une nouvelle fois de doter sa munition élémentaire de propriétés venteuse, qui se montrèrent cette fois convaincante : une créature humanoïde avec une deuxième paire de jambe ralentit sous l’impact. Bien moins efficace, mais c’était mieux que rien. De leur côté, personne ne discuta ses ordres et tous se mirent en position. Yliria, avant de rabattre le masque de bois sur son visage, murmura à son encontre quelques mots qu’il n’entendit pas, mais qu’il lut sur ses lèvres.

« Sois prudent. »

C’était lui qui restait en arrière, mais elle prenait quand même le temps de s’inquiéter pour lui. Il lui répondit d’un simple hochement de tête, et se focalisa sur la masse qui n’était plus qu’à une trentaine de mètres d’eux.

« Glanaë, vous… ! »

Il s’interrompit : la mage esserothéenne était tremblante, presque terrifiée. Il n’avait pas le temps de la réconforter, aussi se désintéressa-t-il d’elle. L’orbe d’obscurité qu’il forma pour frapper une dernière fois les assaillants se dispersa à mi-distance, le faisant tiquer. S’il avait eu accès à l’intégralité de son arsenal magique, il aurait pu infliger des dégâts encore plus lourds. Un torrent de flammes ardentes s’abattit alors du ciel, isolant la pointe du promontoire de sa base et ne laissant qu’un petit espace de chaque côté. Akihito ignorait à quel point les flammes pouvaient les blesser, mais bêtes comme créatures sensées évitaient instinctivement le feu. Même lui, s’il avait encore sa protection runique de feu, aurait naturellement choisi en premier de passer par les côtés qu’à travers la fournaise.

« Aleriia, aide-les comme tu peux depuis les airs, et tiens-moi au courant de ce qui se passe derrière le mur de feu ! lança-t-il à la Harpie, qui décolla avec un hochement de tête. Zaria, vous pouvez maintenir votre mur et faire autre chose ? Lancer des boules de feu ? »

Concentrée, la Sorcière du feu secoua la tête. Akihito ne rajouta rien et dégaina sa Kizoku-Rana. Bien que quelques-unes des créatures paraissaient plus pataudes, la plupart étaient élancées et donc rapides : son sabre était plus indiqué que son marteau de guerre. De plus, manier une arme aussi lourde nécessitait de transférer son poids sur ses appuis, ce que le sol glissant rendait compliqué. Il regretta l’absence de son bouclier et infusa sa magie dans son arme. Cette dernière se couvrit d’une fine pellicule d’eau, qu’il sut rapidement inoffensive. Le mieux qu’il aurait pu en tirer, c’était d’éclabousser les yeux… D’adversaires qui n’en avaient pour la majorité pas. Agacé, il rompit le charme.

(Manquerait plus que j’éteigne les flammes des saloperies qui vont me tomber dessus…)

Il reporta son attention sur ses compagnons, qui avaient déjà engagés le combat. L’archi-sorcier se battait relativement bien, comme il avait déjà pu l’apercevoir : les katars d’argent noir luisaient à l’éclat des flammes et les coups qu’il encaissait sans pouvoir les parer ne le faisait pas broncher. Mathis dansait quant à lui tout autour de la tour qu’était Visselion, jouant de sa lame droite courte et de sa dague avec une dextre impressionnante. C’était la première fois qu’il voyait le Kendran réellement se battre et c’était assez impressionnant : s’il n’atteignait pas la célérité et l’habilité de Silmeria, Akihito n’était pas sûr de ses chances contre lui dans un duel.
De l’autre côté, Yliria et Jorus se débrouillaient plutôt bien aussi. Les deux étaient des Danseurs d’Opale et avaient combattus côte-à-côte lors de la guerre : il avait semble-t-il vu juste en supposant que les deux étaient habitués à agir de concert. Le problème était qu’ils étaient aussi des combattants misant davantage sur l’agilité : ce n’était pas le plus idéal pour défendre une position, et Akihito aurait été plus indiqué pour remplacer l’un des deux s’il avait eu son bouclier. Son poids aurait permis de raffermir sa prise au sol, mais comme il ne l’avait pas…

S’attardant un peu trop longuement sur les étranges tentacules qui sortaient des paumes de Jorus et maniaient deux dagues avec une précision effrayante pour des excroissances aussi grotesques, Akihito faillit ne pas apercevoir la créature qui avait sauté par-dessus le mur de flammes. Dotées d’ailes atrophiées mais suffisamment larges pour passer la barrière incandescente, sa peau pâle était parsemée de larges crevasses brunâtres. L’une d’elle coupait presque son visage en deux, et cette apparence effrayante manqua de coûter la vie à l’Ynorien. Il monta sa garde au dernier moment et para les griffes longues et dures qui fonçaient vers sa gorge. D’une torsion du buste, il repoussa sur le côté l’indésirable avant d’intimer à la mage de protéger la sorcière et elle-même d’une illusion.

En voyant la créature tourner sa tête dépourvue d’yeux dans la direction de Glanaë, Akihito comprit : le voile de la mage trompait la vue, et la majorité des créatures les attaquant n’en possédaient pas -ou plus. S’ils les avaient quand même repérés initialement c’était grâce à un autre sens, peut être l’odorat. Ou cette capacité qu’avaient les femmes à sentir la magie, comme Sally ou la tisserande. Quelle que pouvaient être ce moyen, il ne changeait rien au fait qu’il allait devoir faire rempart de son corps s’il voulait empêcher l’assaillant de fondre sur les sorcières. Le sol glissant lui fit perdre une précieuse demi-seconde qui le força à arrêter l’attaque non pas avec son arme de nouveau, mais avec son bras : les pointes kératineuses lacérèrent le métal poli de sa protection toute neuve et entaillèrent sa tunique tout aussi récente, laissant une trainée sanglante sur sa peau.

« Bordel… Je vais devoir vraiment me mettre à la couture ! » jura l’enchanteur en plaçant sa deuxième main sur son arme. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas saisi son arme ainsi, mais il savait qu’en l’absence du soutien de la partie inférieure de son corps, il allait devoir se reposer essentiellement sur ses bras pour frapper. La bête ailée fonda sur lui, cherchant à l’éviscérer par le bas. Il répondit avec sa propre attaque ascendante croisant le chemin de la main griffue, qui se rétracta promptement. La lame Ynorienne inversa sa trajectoire grâce au poignet gauche tournant autour du poignet droit : la pointe trancha l’extrémité de l’aile gauche en une blessure superficielle mais certainement douloureuse à entendre le sifflement de douleur de son adversaire. D’un bond, elle se déporta sur sa gauche pour fondre sur son flanc et un nouveau coup large permit de la tenir en respect. Malheureusement, son pied dût reprendre appui et glissa sur une plaque de mousse qui abaissa l’épéiste dans une position inconfortable, jambes trop écartées. Plusieurs coups plurent sur lui jusqu’à ce que ses pieds retrouvent des fentes ou des excroissances rocheuses suffisamment large pour que ses pieds s’y posent. Il n’avait pu que se défendre comme il pouvait, encaissant notamment une méchante plaie au tibia.

De nouveau en position de riposter, un violent échange se mit en place entre les deux belligérants. Conscient de son manque de mobilité, Akihito attendait avec une patience inquiète chaque attaque pour tenter de la contrer en frappant de la Kizoku-Rana. Ne pouvant suivre le regard de son adversaire, il se concentra sur les mouvements de ses articulations pour essayer d’anticiper les attaques et les intercepter. Cela s’avéra bien plus compliqué qu’il ne l’aurait pensé, surtout avec la célérité de son adversaire. Les estafilades s’accumulèrent des deux côtés, avec une légère avance pour l’Ynorien qui avait réussi à trancher pour de bon une des ailes. Mais derrière son adversaire, il entre apercevait des brides des combats autour du mur de feu : il était difficile de bien comprendre ce qui se passait du côté de Visselion et Mathis, mais il était clair qu’ils avaient plus de créatures autour d’eux qu’avant.

(Ils doivent perdre pieds… Et merde, pas le choix.)

Chercher un contre était une bonne idée, mais il manquait d’entrainement dans ce genre de manœuvre subtile. Mettre fin à ce combat nécessitait qu’il prenne des risques et il avait la technique parfaite pour ça, bien qu’elle lui coûtait : la même stratégie qu’utilisée contre Crean. Provoquer un coup, l’attendre, l’encaisser, et profiter de la proximité pour attaquer dans la foulée. Restait à savoir quoi abandonner. Le visage ? Trop dangereux. Les bras et les jambes étaient trop importants sur un terrain aussi désavantageux : il ne lui restait qu’à prier pour que son plastron d’écailles soit suffisamment solide. L’enchanteur arma un coup de taille large, prévisible même pour une créature à l’intellect limité : il frappa donc bien haut comme pour décapiter sa cible de droite à gauche de sa main directrice, laissant son ventre et son flanc droit exposé. L’Homme Pâle ne se fit pas prier, et jeta sa main griffue contre lui : Akihito avança d’un pas en réponse en tordant son buste réduire l’impact. Cela marcha plutôt bien, puisqu’il ne sentit qu’une cuisante douleur en sentant une partie de son flanc être arraché avec quelques écailles de Keraunos, au lieu d’être purement empalé.

La poigne d’Akihito se referma alors sur le poignet ensanglanté de son adversaire.

(Contrer quand l’autre à la main immobilisée… C’est quand même plus simple !)

Libéré lors de la feinte de taille, la main droite de l’enchanteur écarta le membre de la créature de lui en l’empêchant de s’enfuir : elle ne le lâcha que pour le jeter par-dessus le promontoire lorsque la Kizoku revint et trancha dans une lune d’acier azuré le bras. Handicapée, hurlante de douleur, la créature ne fut plus une menace et s’écroula après une paire de coups à la gorge. Akihito serra les dents et après un rapide regard derrière lui pour confirmer que les sorcières étaient indemnes, il reporta son attention sur les combats autour du mur de feu. Plusieurs monstres gisaient au sol ou finissaient de prendre feu après avoir chuté dans les flammes. Il vit même une des créatures tomber en hurlant de la falaise, propulsée en arrière d’un puissant coup de pied sauté en plein thorax par Yliria. La chorégraphie guerrière que la jeune femme lui avait présentée comme étant la Danse de l’Eclipse continuait de faire des ravages dans une furie de coups d’estoc. Le duo de danseurs n’était pas en mauvaise posture, contrairement à l’extrémité ouest qui commençait à se faire déborder. Aleriia surgit alors de derrière le rempart ardent en montant en flèche dans le ciel, poussant un sifflement aigu. Il la vit lui faire un signe, puis pointer la zone devant Visselion et Mathis. Pas plus d’explication, et Akihito n’en avait pas besoin. Il avisa du regard leur combat, et se focalisa sur une créature qui était plus éloignée que les autres de l’Homme Pâle qu’elle avait un jour été, sans doute. A part la peau blafarde et la plaque osseuse en forme de visage humain au bout de son cou, elle tenait désormais plus du lézard de chair que d’un quelconque humanoïde. Le fulguromancien cibla de l’index et du majeur le monstre et convoqua une nouvelle fois sa magie. Il sentit le picotement familier, rassurant de la foudre se former au bout de lui : un crépitement se condensa un instant à l’extrémité de ses doigts le temps d’une seconde, puis un trait de foudre parfaitement ajuster vint traverser le visage factice de part en part, faisant s’écrouler sur le sol la créature qui allait prendre en traitre un Visselion déjà aux prises avec une forme élancée à la tête triangulaire et au sourire presque moqueur qui évitait ses katars. Cela évita à leur côté de manquer de s’écrouler, mais ils n’étaient pas sortis d’affaire pour autant : deux autres projectiles fusèrent donc, un de glace et un de terre. Le premier, trop fragile et mal ajusté, éclata en une nuée de cristaux translucides contre le sol à un petit mètre de l’adversaire de Mathis ; le second trouva en revanche sa cible et c’est un caillou lancé avec la force d’une fronde qui frappa au coude la créature. Le sursaut de douleur donna un peu de répit au Kendran, qui put se recollecter pour repartir au combat.

« Le mur peut encore tenir longtemps, Zaria ?!

- Ça ira ! » répondit la sorcière de Feu, la voix néanmoins marquée par la concentration. Akihito profita de l’accalmie pour jeter un regard grimaçant à sa plaie au flanc : la douleur était intense et il allait avoir besoin de nouveaux bandages, mais il ne risquait pas dans l’immédiat de se vider de son sang. L’enchanteur reporta donc son attention sur le reste du combat. Bien lui en prit : il put ainsi voir un monstre renverser Yliria en passant sous sa garde depuis sa position quadrupède. La peau grisâtre, des membres effilés et écharpés en une multitudes de pointes anguleuse, un crâne démesurément large et grossis à l’arrière dans un bulbe de chair englobant ses yeux… Et une queue serpentine hérissée d’une crête acérée et segmentée se terminant en une pointe à l’apparence meurtrière. Tout dans son être respirait la prédation, la chasse, le meurtre. La paume d’Akihito fusa dans sa direction, lâchant coup sur coup deux munitions élémentaires qui prirent la forme de globes de ténèbres.

« EH ! »

Le cri de l’enchanteur, comme le deuxième orbe qui toucha son bras, attirèrent l’attention du monstre. Le second surtout : à l’impact, il vit très clairement la peau déjà sombre noircir violemment comme si elle avait été nécrosée à très grande vitesse. Cela fut suffisant : délaissant la semi-Shaakte, le monstre se jeta sur lui et réduisit à une vitesse affolante la distance. Akihito eut à peine le temps de lever son sabre quand elle bondit depuis sa position accroupit et referma ses doigts griffus sur ses épaules. L’impact l’entraina en arrière et le plaqua au sol. L’Ynorien fit alors face avec une gueule garnie de crocs effilés comme ceux des poissons de profondeurs que les pécheurs d’Oranan ramenait parfois, mais avec le double de la longueur. Une haleine fétide le frappa et il manqua de vomir quand la mâchoire s’ouvrit : elle claqua à une dizaine de centimètres de sa gorge, uniquement maintenue à distance par la Kizoku posée en travers de son torse et maintenue de ses deux mains.

(ATTENTION !)

Ayant vu le danger en même temps que sa Faëra, Akihito pencha violemment la tête sur le côté : une affreuse langue dotée de ses propres crocs avait jailli de la bouche cauchemardesque. Sa trachée fut ainsi sauvée, ne lui laissant qu’une douleur lancinante dans le cou laissée par l’attaque fulgurante. Et déjà la langue se rétractait pour un nouvel assaut : l’épéiste n’avait en revanche pas envie de lui laisser une nouvelle tentative ; il ramassa ses jambes contre lui et les calla contre le bassin du monstre, puis poussa violemment avec toute l’explosivité qu’il pouvait mobiliser. Il fit même appel à ses bottes de foudre dans l’espoir que leur célérité amplifierait le coup. Que cela ait joué ou non, il sentit tout de même le poids de la créature quitter ses épaules tandis qu’il la faisait basculer par-dessus lui. Il roula sur le dos et se remit difficilement sur pieds, pour être de nouveau jeté au sol. La queue de la créature s’était enroulée autour de sa cheville et l’avait fait chuter, le remettant à sa merci. Il releva sa jambe libre pour repousser la créature lui tombant dessus, ce qui lui coûta de profondes entailles dans la cuisse quand les griffes se refermèrent dessus pour lui labourer la chair. Il riposta dans un cri de douleur d’une coupure nette et profonde sur le front bulbeux et luisant de la créature. L’emprise de la queue se libéra, et il se dégagea d’une secousse avant de rouler de nouveau.

Les deux adversaires se relevèrent et se jaugèrent, un bref instant. Les jambes de l’enchanteur n’allaient pas supporter un long combat et lui faisait atrocement mal, aussi activa-t-il la Furie de Rana. La lame vibra légèrement entre ses mains en étant engouffrée dans une aura de vent, devenant aussi légère qu’une plume. Une plume mortelle et véloce qui surprit le monstre qui ne s’attendit pas à ce que son bras, non content d’être repoussé par un premier coup, soit également attaqué dans la foulée. Un sang épais et vert se mit à couler, volant en gouttelettes lorsqu’une seconde attaque vint, doublée par une seconde plus vicieuse de sa queue serpentine. La première fut déviée avec succès, mais le second coup de sabre se prit dans une des épines dorsales de l’appendice et ne put que ralentir le coup : une nouvelle entaille s’ajouta à sa jambe. Le pavois de l’enchanteur ne s’était jamais aussi cruellement fait sentir. L’enchanteur se lança donc dans un assaut furieux en profitant de la célérité de son arme pour imposer son rythme, malgré son immobilité. Elle chercha bien à le prendre à revers, mais Akihito avait trouvé une surface parfaitement plate et horizontale sur laquelle il reposait son pied. Elle lui permettait de tourner sur lui-même en gardant un point d’appui stable, bien qu’il ne pût pas faire plus que ça.

La furie de Rana s’acheva par un coup tranchant qui frappa la zone nécrosée par son attaque élémentaire. La chair du bras s’ouvrit comme un fruit mûr et si l’os résista au katana, il était à peu près certain d’avoir découpé tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un muscle. Un bras inutilisable, l’autre salement blessé, il ne restait qu’une seule arme viable pour son adversaire : sa queue. Elle darda à hauteur de ses hanches avant de foncer vers lui comme le coup d’estoc d’une rapière. Akihito balaya l’air de son bras protégé par la spalière d’acier, cherchant une nouvelle fois à prémunir une blessure grave en choisissant lui-même le mal qui allait le frapper. L’appendice s’enroula autour, lacérant la peau protégée uniquement par les lanières de cuir ceignant ses protections métalliques. Le bras remonté au niveau de son visage, l’épéiste inversa la prise sur lame de son arme et contre-attaqua. Il s’enroula autour de la queue en montrant son dos à la créature et dans un mouvement sec, attrapa la garde de la Kizoku à deux mains pour l’enfoncer sous son épaule, empalant la créature derrière lui. La gueule monstrueuse de créature pointa sur la gauche de son visage, menaçant de le mordre : il imprima plusieurs torsions à son arme dans la plaie, déchirant les entrailles. Le dernier râle fétide du monstre accompagna le desserrement de sa queue autour de son bras, puis fut suivit du bruit de son corps chutant au sol.

Le souffle court, Akihito prit une inspiration avant de s'époumoner.

« ALERIIA ! IL EN RESTE COMBIEN ?!

- UNE DIZAINE !

- Zaria ! Lève le mur et crame-moi le reste ! »

L’intéressée ne se fit pas prier : le mur de feu se résorba rapidement en une sphère de feu brûlante qui partit en rugissant telle une langue de feu infernal carboniser une créature. Sa disparition révéla un champ de bataille bien clairsemé : il ne restait effectivement qu’une petite poignée de créatures sur la trentaine qui les avait attaqués : certaines fuyaient même déjà. De leur côté, tous étaient encore debout, dans des états plus ou moins abîmés, et finissait d’affronter ceux qu’ils avaient en face d’eux. Les yeux d’Akihito furent cependant attirés par une scène en question, et il jura. Forçant ses jambes meurtries à le pousser en avant, l’enchanteur se rua en direction d’Yliria. La bretteuse était au sol, son bras d’arme enserré dans la poigne d’un colosse qui ressemblait presque à Requin-Blanc, la petite paire de bras en moins, mais avec l’énorme paire. La force avec laquelle il venait de tirer Yliria pour la jeter au sol était suffisante pour lui briser le bras. Levant un pied, il s’apprêta à l’abattre sur elle quand Akihito le percuta de plein fouet. Il aurait voulu lui porter un coup au passage, mais il avait perdu le contrôle de sa course : ça tenait déjà du miracle qu’il n’ait pas chuter avant. L’Homme pâle musculeux ploya sous l’impact et les deux roulèrent au sol dangereusement près du bord : l’Ynorien se remit sur pied avec difficulté et mis en garde son adversaire, tâtant du pied pour essayer de trouver une faille, une aspérité pour caller son pied. Il était sous son adversaire et n’avait plus l’avantage du terrain : alors contre un adversaire plus fort et grand que lui, les choses s’annonçaient mal.

Akihito dut improviser et se retrouva à mouliner l’air devant lui à l’aide de son sabre cédant peu à peu du terrain, essayant de trouver une solution pour se sortir de cette impasse tout en tenant en respect les bras qui essayait de le saisir. Il se résolu alors à lancer une nouvelle munition élémentaire quand la pointe de la rapière d’Yliria ressorti de sa gorge. L’Ynorien profita de la surprise et saisit son sabre à deux mains pour éventrer le géant qui tomba à genoux. Il fit un pas de côté pour le laisser s’écrouler au sol, et rattrapa d’une main la semi-Shaakte pour qu’elle ne soit pas entrainée dans la chute après lui avoir sauté dans le dos.

« Tu me revaudras ça, » dit-il d’une voix distraite avant de regarder autour de lui : les derniers monstres étaient en train de fuir sans demander leur reste, un dernier trainard se faisant brûler vif par une explosion de feu de Zaria. L’adrénaline reflua dans les veines d’Akihito, son corps tout entier se mit à le faire souffrir. Son flanc, en particulier, faisait peur à voir. Comme le bras d’Yliria qui était au mieux déboité au niveau de l’épaule. Comme Mathis, ou Jorus, qui avaient eux aussi dégusté.

« Je sais qu’on doit y aller mollo avec la magie, mais je serai pas contre qu’on l’utilise pour se soigner, là. »


Débu de l'apprentissage de la Posture Contre imparable
Compte des blessures :
  • Deux blessures légères à la jambe gauche
  • Deux blessures légères à la jambe droite (une brûlure sous la gaine magique)
  • Une blessure légère au bras gauche
  • Une blessure bénigne au bras droit
  • Une blessure grave au flanc, une blessure légère au torse (traitée par bandage)
  • Une blessure bénigne à la tête

Propose d'utiliser la magie pour soigner leurs blessures avec un soin de groupe.
Utilisation du bon "Le roi de l'action"

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Cromax
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Cromax » sam. 6 avr. 2024 14:44

Cauchemar en Aliaénon : Andel’Ys IX




Les adversaires fuyaient, disparaissant dans les abords buissonneux et sauvages du lac. Les cadavres de ceux qu’ils avaient détruits ornaient le piton rocheux, laissant s’écouler un sang carmin sur la pierre déjà détrempée. Visselion intervint à la demande d’Akihito :

« Bonne idée, mais n’oubliez pas une chose : je ne saurai vraisemblablement contrôler les effets chaotiques de votre magie qu’une fois. Essayez de vous contrôler dans la mesure du possible… »

Aleriia se posa près d’eux, essoufflée. Zaria regarda Akihito avec un air mi-figue, mi-raisin.

« Vous aimez bien donner des ordres, hein ? »

Mais le retour au calme fut de courte durée. Aleriia venait de s’interjecter d’une voix étouffée :

« Oh non merde… pas lui… »

Et effectivement, si le groupe regardait en bas de l’avancée de roche, ils purent vite apercevoir de nouvelles silhouettes arriver. Et pas des plus engageantes. Voire même carrément flippantes. Il y avait, le plus visible, une carrure énorme de deux mètres cinquante de haut. Une peau pâle, bien entendu, une bouche énorme munie de crocs offensifs, et une musculature à faire pâlir de jalousie n’importe quel barbare fenris.



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Il y avait également cette créature immonde, sorte de monstre insectoïde portant en cape les restant de sa nature humaine et laissant présager la douleur de sa transformation. Si certains n’avaient pas d’yeux, lui semblait en avoir trop. Beaucoup trop.



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Le troisième n’était pas moins horrible. Une sorte de chevalier dont l’armure noire lui couvrait toute la partie basse du corps. Il portait sur les épaules une cape qui aurait pu être élégante à une époque, mais qui n’était plus que chaos de mailles textiles déchirées. Son visage n’était déjà pas beau à voir, bouche déchirée en un sourire dentu, absence d’yeux et cornes dépareillées mais ses membres supérieur et torse étaient clairement les plus monstrueux. Ils semblaient pouvoir se diviser en mâchoires longues et solides, prête à trancher n’importe quelle chair se trouvent entre leur dents acérées.



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Le moins impressionnant de la bande, quoiqu’aussi dégueulasse que ses compagnons, était un être pathétique au torse déchiré en deux dans le prolongement de sa bouche, à la verticale. Comme s’il en avait une énorme prête à bouffer n’importe quoi, malgré le côté malingre de son corps difforme. Bon. Il se baladait avec une tête arrachée à un corps. Il ne devait pas non plus être sans défense.



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Il y avait une harpie dans le lot. Semblables à celles que le groupe put voir jusqu’ici, sinon son visage inquiétant aux yeux jaunes et à la bouche déchirées sur tout le long de ses inquiétantes mâchoires aux dents de prédateur. Akihito avait déjà eu à faire avec Aleriia. Celle-ci n’augurait bien de bon : ils seraient de vraies proies, cette fois.


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Et au centre de leur formation disparate, celui qui semblait les mener. Celui que paraissait craindre votre harpie violette. Une silhouette humanoïde au corps transformé, pointu de tous les côtés. Un sourire sadique, des yeux rouges et des cornes immenses se perdant dans une chaotique chevelure grise. Une queue de reptile balançait derrière lui.



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Il prit la parole, hélas. Confirmant sans doute pour Akihito (et Mathis ?) son identité : le frère jumeau d’Aleriia. Et le pouvoir de sa voix semblait identique. Il créa en chacun des aventuriers une peine immense, une tristesse irrépressible les plongeant dans les plus noirs affects de leur existence. Un poids de déprime oppressant, les menant aux larmes et aux sanglots.

« Vous voilà mûrs pour être cueillis, fruits d’un autre pays. »

Son regard se porta sur Aleriia, au loin. Un regard plein de haine. Il voulait la tuer. Il voulait sa peau. La jeune harpie s’envola, aussitôt prise en chasse par la harpie monstrueuse. Les ennemis chargèrent d’un pas calculé, sans prendre le risque de s’étaler. Toute discussion semblait vaine. Leur chef resta un peu en retrait, observant ses comparses. Derrière, le plus chétif resta également à sa place, mais entama en premier les hostilités, lançant avec force et précision la tête qu’il tenait en main. Elle atterrit avec force sur le visage de Zaria, qui fut projetée au sol. Sa tête cogna la pierre, la faisant choir dans l’inconscience. Un filet sanglant s’écoulait de l’arrière de son crâne.

Ces nouveaux ennemis avaient-ils été attirés par les bruits du combat ? Ou était-ce plus horriblement stratégique ? Avaient-ils envoyé au casse-pipe de la chair à canon afin de venir achever les blessés une fois l’avant-garde défaite ?



[HJ : Hé oui. Combat dirigé les p’tits poulets. Blessés et en pleurs, vous allez devoir affronter ces monstres impressionnants. Ca se passe sur discord, tours classiques de combat.]


[XP :
Jorus : noté quand complété.
Mathis : noté quand complété.
Yliria : 3 (combat complexe)
Akihito : 3 (combat complexe)*2 (Roi de l’action) = 6XP !]

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Akihito
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Akihito » jeu. 11 avr. 2024 18:04

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

68 : Lutte contre le désespoir.

Post squelette :
Use de la magie pour soigner tout le monde
Affronte le chevalier
protège jorus
Soigne Yliria
Aide Jorus à remonter Zaria
Prend Yliria dans ses bras pour la consoler et la protéger.


Compte des blessures :
  • Deux blessures grave au poignet gauche
  • Une blessure légère au flanc
  • Une blessure grave au torse

Prend Yliria dans ses bras pour la consoler et la protéger.
Utilisation du bon "Ponctuel"

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Jorus Kayne
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Jorus Kayne » ven. 12 avr. 2024 16:17

Vaincu dans la grande majorité, le groupe de survivants quittent les lieux sans demander leurs restes, ni même les corps des leurs jonchant le sol. Le sang qui se répand, offre à l’endroit une impression particulièrement morbide, là où la position avec le lac aurait pu être agréable pour se reposer. Ayant entendu notre souhait de nous remettre rapidement, Vissélion nous met en garde sur sa capacité à ne gérer qu’une seule fois un débordement magique. Alors que Zaria ne semble pas apprécier les ordres donnés par Akihito, Alériia se pose près de nous, s’exclamant après l’irruption d’un groupe aux intentions peu engageantes, mais dont elle semble connaître l’identité.

Dans le groupe se trouve une montagne de muscles vivants. A vue d’œil, il doit bien faire dans deux mètres quarante, si ce n’est plus. La peau pâle, des griffes de la taille de ma main et des crocs à n’en plus finir. Pour toute proposition de câlin, je passe mon tour. Il surplomb de sa haute taille d’autres individus tout aussi charmant. Une espèce de gros insecte avec en guide de cape des morceaux de peau qui se prolonge jusqu’à une capuche en forme de…tête. Je jurerais que c’est là les restes de sa peau humaine. Des doigts crochus qui ne jalouse en rien d’horribles antennes, mandibules, ou je ne sais quoi encore sur sa tête. Et des yeux…partout, sur l’intégralité de son corps. Un troisième, une sorte de chevalier en armure lourde de l’abdomen aux pieds, armés d’une étrange brindille dont le sanglant n’enlève rien à sa dangerosité, ainsi que son propre bras droit, ornés de pics et surtout d’une large gueule qui n’est pas seule, puisque d’autres sortes de bouches sont également présentes sur son corps. Que dire du type un peu en retrait, nu comme un ver, une bouche qui prend naissance au visage, comme tout être normalement constitué, mais se terminant…aux clochettes, laissant tout de même entrevoir ses tripes littéralement à l’air et se baladant avec une tête en main. Tout bonnement abjecte. L’avant-dernier, ou avant-dernière, est une harpie comme Aleriia, à la différence qu’elle a une sorte d’aura qui émane d’elle quelque chose de très…effrayant. Je ne sais pas si cela vient de sa coiffure, sa manucure un peu longue, ses yeux de prédateurs ou peut-être, je dis bien peut-être, son sourire qui se prolonge au-delà de ses joues. Petite précision, les joues sont munies de crocs. Charmant. Et puis enfin, le dernier de la bande et au centre de celle-ci tel un meneur, qu’Aleriia paraît craindre. Un être transformé, muni de pics de la tête aux pieds, blanc de corps et de cheveux, de même que ses deux cornes sur le front et sa queue reptilienne derrière-lui. Seuls ses yeux se démarquent de l’ensemble de son être : rouges et d’une froideur terrifiante.

"Vous voilà mûrs pour être cueillis, fruits d’un autre pays." Clame-t-il, tandis que bien plus que ses mots, sa voix nous transperce le cœur d’une tristesse profonde.

Des images me reviennent à l’esprit. De terribles images venues du passé qui me harassent l’esprit. Je me vois sur le bateau, qui devait me conduire à Eniod, qui devait me conduire à Castamir. Ce même bateau qui s’est fait aborder par des pirates et les atrocités qu’ils ont commises. Déjà un souvenir douloureux qui revient me hanter, je revis presque ces moments comme s’ils étaient en train de se dérouler sous mes yeux. J’entends les femmes se faire violer, j’entends les hurlements de ceux qui se font torturer, je revois même cet homme dont la rivalité m’a fait entrevoir ce que cela pouvait être d’avoir un frère, ce même homme perdre la tête sous mes yeux. Pire que tout, ce n’est que le commencement des retours de souvenirs si vifs, que mon cœur souffre et mes larmes coulent, sans pouvoir, ni même vouloir m’empêcher de m’arrêter. Comme un supplice, une torture, que j’estime mériter. Tel est le pouvoir qui m’affecte. Un pouvoir similaire à celui de Maïssa, mais dont l’orientation diffère grandement et n’est guère plaisante.

J’ignore comment, mais je trouve le moyen de me défaire de ces images. Loin de m’empêcher de les revoir, c’est comme si ma vision s’était doublée. Regardant toujours le présent, mais vivant toujours ces souvenirs douloureux. Aleriia s’enfuit en volant devant le regard haineux de cet homme au triste pouvoir. Elle est rapidement poursuivie par la harpie d’en face tandis que l’horreur visuelle que sont ces étrangetés de la nature viennent à nous et qu’une tête atterrit sur Zaria avec un bruit sourd lorsque celle-ci tombe au sol, visiblement inconsciente.

Nous sommes gravement blessés, après l’affrontement qui a eu lieu et voilà que Zaria tombe inerte. Difficile de croire que la première vague d’ennemis n’était pas calculée, maintenant qu’un nouvel ennemi venait de faire son apparition. Pour la protéger d’une attaque, Akihito se rapproche d’Yliria, dont les genoux ont ployé face au pouvoir qui nous accable, tandis que je reste près de Zaria, la seule à être gravement touchée pour le moment.

"Visselion, restez près de...(snif)...Glanaë." Dis-je en pleurant.

Alors que l’intéressé fait rempart de son corps pour protéger l’Essérothéene, je rassemble les forces magiques qui m’animent pour m’associer à un soin de groupe. Je touche Zaria du pied dans une tentative pour m’assurer qu’elle soit prise dans le sort et pour être en mesure de nous défendre l’un l’autre en cas d’attaque. La magie agit et sans avoir besoin de Vissélion, nous parvenons à la contrôler. Je ressens chacune de mes blessures se refermer, la fatigue s’évapore comme une feuille emportée par le vent et mon énergie refaire surface à son plein potentiel. Ne reste que cette tristesse qui m’accable toujours et me fait voir d’autres images de personnes que j’ai perdu et parfois même, celles que j’ai profondément déçue, comme mon intervention face à Ybélinor et ma tentative de suicide avortée par Yliria.

Je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur mon sort, ma vie et celle des autres en dépend. Chacun a droit à son propre adversaire et pour ma part, c’est l’insectoïde ignoble dont j’écope. Je le vois me regarder, percevant mon reflet dans chacun des yeux qui me scrutent et m’offre une sensation très désagréable. Cela reste cependant plus supportable que les nombreuses choses pointues qui sortent de son corps, comme une promesse de les enfoncer dans mon être de part-en-part. Mathis est visé par la brute épaisse et Akihito par le chevalier peut-être sans reproche, mais pas sans gueule. Seule Yliria n’a pas d’adversaire, si ce n’est la proposition d’un duel avec le plus dangereux de la bande. A l’arrière, le lanceur de tête s’arrache la sienne littéralement, sans éprouver la moindre gêne, si ce n’est peut-être de s’admirer sous un autre angle, tandis que dans le ciel, Aleriia est pourchassée dans un ballet aérien.

Alors que chacun y va de sa façon de se défendre, mes fouets serrent fortement mes armes. Tandis que j’adopte une posture propice à l’esquive de ces trucs horrible qui me visent, je déploie mes fouets avec force et rapidité sur mes adversaires, cherchant à atteindre les articulations de mon opposant direct et celui d’Akihito sur le côté au travers de son armure. Si mon fouet gauche se prend un coup qui me rate personnellement, mes attaques un plus ou moins de réussite. Mon premier coup sur l’insectoïde manque, au second je perds honteusement la lame de dragon, néanmoins mon troisième coup sur lui compense mes échecs. Même nue, mon fouet reste une arme redoutable. Pour preuve, il s’enroule autour du coude et le fait craquer, provoquant un horrible cri d’insecte. Je peux à présent dire quel genre de cri fait un homme-insecte qui hurle de douleur et il n'y a rien de plaisant. Quant au chevalier, seule une frappe touche. Bien que son armure le protège, un filet de sang s’échappe de son genou. Le pouvoir de ma dague va le mettre en difficulté, si Akihito parvient à tenir d’ici là, sans ses équipements habituels. Chose difficile vu qu’il vient de perdre sa lame, tout comme moi. A la différence que cette perte, me met en colère.

Ma maîtrise incomplète de mes fouets et le manque de force que j’y mets sont, je pense, responsables de cette perte d’arme. Une colère qui résonne et se mêlant à cette tristesse toujours en moi, devient une véritable rage, surtout lorsque je vois cette supériorité contre moi et Akihito. J’abandonne pour l’instant l’usage de mon fouet et le rentre, préférant assurer ma prochaine frappe.

"RHAAA SALETE DE MOUCHE A MERDE !" Fais-je en y mettant toute mon énergie dans le coup.

J’évite de peu l’attaque qui me vise, mais ma rage m’aveugle complètement. Mon coup ne rate pas, il me fait perdre complètement l’équilibre, la tête heurtant rudement le sol dans une promesse de mal de crâne sans passer par le meilleur d’une beuverie arrosée. Le pire, c'est que je ne suis pas sûr de jouir de ce mal de tête, ma position offrant le plaisir à mon ennemi de m’achever.

"Putain de...!" Fais-je au sol, larmoyant.

Je me relève rapidement, usant de la protection que m'offre Akihito pour éviter d'être une proie facile. Malheureusement, il paye le prix de sa protection. L’insectoïde enfonce profondément son bras dans le torse de l’ynorien, qui doit s’aider de son marteau pour tenir encore debout. La blessure est sévère et il ne jouit plus d’une partie de ses équipements, dont ses gourdes. Avec l’aide de mon fouet, j’attrape ma gourde contenant les potions de soins les plus fortes et déverse le contenu d’une énorme potion de soin sur la blessure d’Akihito.

"Ha non ! (Snif) C'est pas le moment de prendre une pause ! (Snif) Mais si ça continue, on va avoir besoin des talents de...(Snif)...Vissélion !"

Je ne m’arrête pas là. Si en amoindrissant la blessure au torse d’Akihito je lui permets de se battre à nouveau, il faut aussi s’occuper de nos ennemis. De mon autre bras, je frappe à nouveau l’homme-insecte à la base du cou, sans user de mon fouet. Cependant, L’insecte et l’être en armure me ciblent tous deux et avec un succès particulièrement désagréable. Tout comme l’ynorien, les doigts de l’insecte m’atteignent à la poitrine gravement, mais plus résistant qu’Akihito, ils ne s’enfoncent pas suffisamment pour m’empêcher de me battre. Son homologue en armure m’atteint à la jambe, son arme pointue s’enfonçant tout aussi gravement. Deux nouvelles blessures graves, mais qui sont davantage dangereuses par leurs nombres et la perte de sang que cela engendre. Accablé face à deux ennemis, des blessures qui s’accroissent en nombre, du sang qui s’échappent à en avoir la tête qui commence à tourner, je garde autant l’esprit clair que possible. Avec un peu de retard sur mes ennemis, mon coup parvient à trouver le chemin jusqu’à la chitine de la gorge, forçant ma cible insectoïde à reculer par la blessure et cela va bientôt s’empirer. Au moins, je suis parvenu à réduire temporairement le nombre d’adversaires sur moi.

Mais le pire semble être encore devant nous. Alors que Zaria et Glanaë sont à l’eau, j’entends un appel à l’aide, clamant mes tentacules pour l’aider à remonter. Je ne perds pas de temps pour aller aider Glanaë. Nous avons déjà perdu Simaya, je refuse de perdre quelqu’un de plus. L’insecte s’étant retiré de l’affrontement, je me permets d’abandonner Akihito face au chevalier et fonce vers les deux femmes.

"Bordel ! (snif) J'suis pas un poulpe !" Fais-je à moi-même, à l'évocation du tentacule.

Mon arme en main, je tends au maximum l’allonge du fouet de sa consœur pour attraper Zaria, mais c’est l’Essérothéenne qui l’attrape au vol. J’ai beau la tirer de toutes mes forces, rien n’y fait. C’est…comme si quelque chose la retenait, quelque chose que je ne verrais pas, dissimulé par le reflet du ciel sur l’eau. Cette résistance m’oblige à ranger mon arme en main pour mieux m’agripper au sol. Je vais avoir besoin de toutes mes forces pour la tirer et avec le sang déjà perdu, je dois mettre toutes les chances de mon côté. Surtout que pour m’accompagner dans ma démarche, j’ai toujours cette tristesse qui refuse de m’abandonner.

Je revois cette image qui a accompagné tant de nuits, tremblant à chaque fois que j’en rêvais. Je suis à l’intérieur d’une maison qui brûle. Rien n’est épargnée. La charpente s’effondre par endroit, le bois qui craque dévoré par les flammes, l’odeur de fumée m’envahit le nez et brûle mes poumons. J’en ai rêvé tant de fois que je sens déjà venir la poutre enflammée me tomber dessus et arrêter ce cauchemar. Mais il n’en est rien. La poutre en feu est arrêtée in extremis par une silhouette, celle d’un homme qui hurle de douleur en contact du feu. Alors que la peur m’avait guidé dans cette prison de feu, la tristesse, une profonde tristesse m’envahit lorsque je revois cette silhouette, sans en connaître la raison. Ce n’est pas le pouvoir des mots qui m’inflige cette vision, il ne fait que ressortir les images tristes qui m’ont le plus marqué. Visiblement cela en fait partie.

Je suis tiré de ces images, comme sur mes fouets. Glanaë est toujours là, dans l’eau et manque à chaque fois de se noyer.

"J’arrive pas à les tirer...(snif), quelque chose…quelque chose les retient dans l’eau ! (snif)" Fais-je, encore accablé par ces nouvelles images.

Je serre les dents, à la fois par la force que je déploie, mais aussi par la douleur venant de mes nombreuses blessures. L’effort fait davantage saigner mes plaies déjà graves et le temps m’est compté avant de ne plus être en mesure de pouvoir agir. Dans mon entreprise, je suis aidé par Mathis qui plonge dans l’eau pour aider les femmes à s’en sortir et Vissélion qui vient à mon aide, tirant sur le long fouet qui tient Glanaë. La force de traction est bien plus grande, mais Glanaë hurle de douleur et prétexte qu’elle va finir écartelée si nous tirons encore.

Emergeant de l’eau, Mathis déclare que des tentacules les retiennent et nous empêchent de les remonter à la surface. Je comprends à présent ma méprise vis-à-vis des tentacules évoqués par Glanaë et l’absence de réussite si nous ne nous débarrassons pas de ces choses. Il nous faut trouver une solution, mais comment aider Glanaë ?Elle porte déjà Zaria et est tirée dans deux sens opposés. Il faudrait déjà parvenir à libérer Zaria. Si Vissélion pouvait les tenir, je pourrais à mon tour user de mon fouet pour couper ce qui les retient, d’autant plus que la poiscaille d’Yliria vient nous prêter main forte.

"Vissélion, prenez ma corde et lancez-là ! Faut qu'on se débarrasse de ce qui les retient, mais je peux rien faire dans ma situation."

VIssélion lance la corde que seule Glanaë peut attraper. Je peux à présent lâcher l’illusionniste, mais en attrapant la corde, elle perd Zaria. Mon fouet s’accroche à elle et l’empêche de tomber de nouveau à l’eau. Empêchant Zaria de retourner s'y noyer, je suis coincé, incapable d’user de mes fouets pour couper les tentacules à distance. Mathis est le seul en mesure de les libérer, mais lui-même est capturé. Ma faiblesse physique empire de minutes en minutes de même que notre situation. La force de ma volonté commence à devenir le seul moteur de mon corps. Hélas, mon incapacité à sortir mes camarades hors de l’eau commence à me peser.

"Sans vouloir vous…presser, je sais pas combien de..temps je vais encore…pouvoir tenir !" Fais-je demandant de l’aide.

Ma tête se tourne vers le groupe et si elle s’arrête, ma vision continue son chemin. Je commence peu à peu à perdre l’esprit et la notion de réalité devient un mince voile prêt à se déchirer. A la différence de cette tristesse qui n’en finit pas. Les images défilent et s’imprègnent encore dans ma tête, les voyant sans avoir à les regarder. De terribles événements viennent de se produire et mes jours dans la cité sont comptés. Il me faut partir, il me faut fuir, il me faut abandonner celle qui fait battre mon cœur depuis tant de temps, sans jamais avoir osé le dire : ma douce Ysolde. Je la vois face à moi. Je sais que si je pars, je ne la reverrais plus. Je lui prends la main et la vois. Nul mot ne sort de sa bouche, ce n’est pas nécessaire. Son visage me supplie de rester. Des images qui me bouleversent. Cette fois-ci, elles sont fausses, tirées d’un mélange de mon passé et de la connaissance de ce que mon départ d’Eniod a engendré. Cependant, la cruauté que cela m’inspire donne à cette vision une horrible tangibilité. Elle est face à moi, nos mains se tenant l’un à l’autre, refusant cette séparation. Nous le savons tous deux, nous quitter signifie sa mort. Alors que nous le refusons, nos mains nous échappent l’un l’autre. Elle part, comme projetée en arrière dans une sinistre obscurité, agrippée par des griffes dans un gouffre noir qui n’a d’égal que la tristesse qui s’imprègne en moi.

Son visage reste gravé, alors que la réalité reprend le pas sur ces visions. Glanaë est toujours dans l’eau et je tiens Zaria par mon fouet, ce même bras qui tenait Ysolde quelques instants plus tôt. Les visages deux femmes se superposent. L’une et l’autre ont le même teint de peau, la même couleur de cheveux. Seuls les yeux diffèrent l’une de l’autre. Avais-je déjà remarqué cette ressemblance auparavant, mes sentiments pour Yliria m’ont-ils aveuglé à ce point ou…ai-je tout simplement oublié Ysolde ? Elle qui m’a tant marqué que j’ai donné son nom à ma faéra, je l’aurais tout simplement oublié ?

La perte de sang commence à avoir cruellement raison de moi et de ma lucidité. Je ne perçois plus Zaria, c’est Ysolde qui est en face de moi. Elle n’est plus dans l’eau, mais face au néant de ma vision et les tentacules deviennent les griffes qui l'ont emportée vers une mort certaine. Mais quelque chose se produit. Soudainement, cette force disparaît, ce qui la retient n'est plus et m’offre la chance inespérée de la sauver de la mort, de changer son destin funeste. Je commence à tirer, mais mes nombreuses blessures se rappellent à moi, hurlant le risque que je prends sur ma vie si je persiste dans ma démarche. Pour la sauver, il me faudra mettre ma propre vie en jeu. Un risque dérisoire face à ce que je peux réaliser : changer le destin d’Ysolde et la ramener auprès de moi. Alors, rassemblant toutes les forces qu’ils me restent, je donne tout, absolument tout et sans aucune hésitation, je mise ma vie pour y parvenir en tirant sur mon fouet comme jamais.

"Je t'ai déjà perdu, plutôt mourir que de te perdre encore !"

Je parviens à réaliser l’effort de ma vie, remontant celle que je crois être Ysolde jusqu’à moi. Les forces me manquent pour terminer ma tâche, mais je ne suis pas seul pour y mettre un terme. Les rescapés du lac retrouvent la terre ferme et le soulagement de la réussite met fin aux dernières parcelles de volontés qui me tenaient encore debout. Je tombe à genoux, mes forces me manquant pour tenir droit, je ne suis même plus en mesure de m’empêcher de m’écrouler complètement au sol. Je vois les êtres autour de moi. Je sens quelque chose couler sur ma tête, avant de percevoir les êtres qui m’entourent. Je vois Yliria, blottie dans les bras d’Akihito. Une scène qui aurait pu me marquer, qui aurait dû, mais affaiblit par la perte de sang massive, jamais elle ne trouvera le chemin jusqu’à ma mémoire.


Blessure : bénigne au lasso gauche, grave à la tête, grave au torse, grave à la cuisse droite.
Utilisation consommable : énorme potion de soin sur Akihito
Modifié en dernier par Jorus Kayne le ven. 19 avr. 2024 22:48, modifié 1 fois.

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Mathis
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Mathis » sam. 13 avr. 2024 01:43

Ce ne fut que lorsque Visselion et moi eûmes tué notre dernière adversaire, que je m’autorisai à regarder ce qui se passait autour de nous. Les créatures qui n'avaient pas rencontré la mort s’enfuyaient apeurées et blessées. Les cadavres, nombreux, tapissaient le pic rocheux. Comme nous, mes compagnons avaient combattu vaillamment afin de faire face à ces assoiffés de chair et de sang.

Devant nos faibles réserves de potions de soin, Akihito suggéra d’utiliser la magie afin de soigner nos blessures. Visselion accepta de tenter de la contrôler tout en nous prévenant de faire des efforts du nôtre.

Nous n’avions même pas commencé le sort de guérison qu’Alleriia, affolée, se posa près de nous. Quelqu’un arrivait, et ce n’était apparemment pas une bonne nouvelle. En portant mon regard plus bas, je les vis, des êtres plus impressionnants que ceux que nous venions de combattre. Ils semblaient frais et dispos alors que nous étions fatigués et blessés. Ils étaient tous plus laids les uns que les autres. Mais le plus monstrueux à mon avis, s’avérait le maigrelet décharné qui était carrément éviscéré, il nous fixait de son regard vide, tenant dans ses mains une tête humaine. En deuxième position d’atrocité, se tenait une espèce d’humane-insectoïde à la peau verte et donc la tête était recouverte d’un nombre incalculable d’yeux et de pseudo mandibules. Non loin derrière, un être vêtu d’une cape noire déchirée qui au premier coup d'œil semblait normal à l’exception de protection de corps plutôt singuliers. Lorsqu’il s’approcha davantage, je compris qu’il ne s’agissait pas d’équipements, mais de ses propres organes. À la manière d’un crustacé, il était pourvu de multiples pinces, garnies chacune d’innombrables dents. Dominant de sa taille, et d’une pâleur extrême, un géant aux membres disproportionnés tout en muscles les suivait. Sa tête se démarquait par la petite place accordée au cerveau et à l’emphase sur l’orifice buccal et ses dents acérées. La cinquième créature avait presque tout d’une harpie, elle aurait pu même être ravissante si ce n’avait été de son sourire qui s’étendait jusqu’à ses oreilles et qui dévoilait d’affreuses canines ensanglantées. Le moins dégoûtant, mais qui terrifiait le plus Aleriia, se tenait au centre et semblait être le chef de ce ramassis de bêtes de foire. D’un blanc terne, il semblait constitué essentiellement d’os dont les extrémités en pointes. Sa silhouette remarquablement proportionnée se terminait par une queue reptilienne. Sa tête petite, son visage anguleux, ses yeux rouges et sa chevelure grise cachant de longues cornes lui conféraient des airs de démon.

Lorsqu’il prit la parole, sa voix me transperça l’âme. Je ressentis une tristesse encore plus intense que lorsque la jeune harpie avait disputé la marchande. Je compris alors qu’il s’agissait du jumeau d’Aleriia, celui qu’elle n’avait pas souhaité nous présenter. Les larmes dans les yeux, le cœur battant la chamade, j’éprouvais de la difficulté à me concentrer sur les propos du jumeau à la voix tristement envoutante. Il était cependant facile de comprendre qu’il allait nous attaquer et prévoyait sûrement nous dévorer.

Le regard du jumeau envers sa frangine était sans équivoque, il la haïssait de tout son être. Consciente du danger qui pesait sur elle, Aleriia s’envola. Ce ne fut cependant pas son frère qui partit à sa poursuite, mais plutôt son chien harpie de chasse. Les hostilités avaient commencé.

L’être déchiré lança son projectile avec une effroyable précision. J’aurais aimé qu’il rate sa cible, peu importe qui elle était, mais malheureusement il fit mouche et la tête sans corps heurta le visage de Zaria. Déséquilibrée, elle tomba par terre et heurta sa tête contre un rocher. Inconsciente, elle perdait de son précieux liquide carmin.

Sans tarder, Akihito donna le signal pour lancer le sort de guérison. Et pour une fois, à l’unisson, sans discussion inutile, nous nous exécutâmes. Rempli de tristesse, les larmes coulant sur mes joues, je priai la magie de nous venir en aide.

(Magie, douce magie, soigne-nous tous afin de nous permettre de combattre de nouveau)

Une aura de magie nous envahit alors nous soignant tous sans exception. Ce fut avec un grand soulagement que je vis Zaria se relever. Cependant, je ne ressentis aucune joie, la tristesse étant toujours présente me rappelant de douloureux souvenirs d’enfance. Du temps où les gamins jaloux de ma beauté et de mon charisme voulaient me défigurer. Cette époque, bien que lointaine, revint en surface. Je réussis, non sans peine, à chasser ce souvenir de ma mémoire. Par contre, ma peine était toujours aussi présente et je devinai qu’elle serait présente sans que je ne puisse rien faire.

L’ennemi approchait et nous étions prêts… enfin, je croyais l’être. Le golem qui me faisait face était immense et probablement très puissant, mais j’avais l’agilité et la souplesse et aussi une intelligence plus vive que lui. J’étais armé alors que lui non. J’étais par contre conscient que d’armes, il n'en avait pas besoin. Ses poings énormes pouvaient m'aplatir sans peine. Le coeur lourd, les larmes rapidement essuyées, je m’élançait sur mon adversaire. Une fois à sa hauteur, je me penchai vers le sol, prenant appui de mes mains, pour me redresser rapidement. Dans mon élan, je lui envoyai violemment mes pieds dans son visage pour l’étourdir. Dans ma précipitation, j’avais oublié que mon adversaire faisait le double de ma taille. Résultat: mes pieds n’atteignèrent que son torse musclé qui absorba le coup sans broncher. Il voulut répliquer, mais heureusement pour moi, il fut trop lent. J’eus le temps de me remettre sur pied et d’éviter son poing fermé.

Je tentai alors une autre approche. Prenant une fois de plus mon élan, je tentai de sauter sur ses épaules pour ensuite lui perforer le cou à l’aide de mes lames… Ma tentative fut un échec. Ma peine était-elle trop grande pour que je puisse me concentrer suffisamment ? Avais-je perdu toute mon agilité ? Dans tous les cas, j’avais sous-estimé mon adversaire. Au lieu de saut et d’un maintien parfait sur ses épaules, j’atterris maladroitement, mon pied droit glissant sur son épaule arrondie par les muscles saillants, je glissai sans réussir à me rattraper. Alors que j’allais atterrir sur le sol, je sentis mon ventre s’écraser et rejoindre ma colonne vertébrale. Le colosse venait de m’asséner un violent coup de point. Les poumons vidés, le souffle coupé, je tombai sur mon arrière-train, ressentant une vive douleur à la poitrine.

Toujours au sol, je réussis par un terrible effort, à prendre une inspiration, forçant l’air à entrer de nouveau dans mes poumons. Ma respiration ne devint pourtant pas normale, mon sentiment de tristesse étant encore présent.

Visselion s’approcha alors du colosse afin de me protéger, tout en s’écriant que nous devions sauver quelqu’un qui se noyait. J’entendis ensuite Glanae répondre qu’elle s’en occupait.

Pour ma part, protégé par Visselion, je me relevai tout en tentant de reprendre une respiration normale. Visselion évite le puissant coup de poing du golem et réplique en lacérant le torse de son adversaire avec sa lame. Le sang gicle, le colosse est blessé. Observant la scène avec attention, je ne vis qu’au dernier moment une boule de feu se diriger vers ma tête. Sans que je n’eus besoin de faire quoi que ce soit, mon casque absorba une bonne partie de l’obus. Je sentis tout de même une chaleur intense au niveau de la tête et une étincelle s’échappa pour frapper ma joue droite.

“ Aïe”

La douleur était présente à mon visage, mais surtout à mon orgueil. Il m’était pénible de penser que je pouvais être défiguré. Le colosse s’en prit de nouveau à Visselion qui ne réussit pas cette fois à éviter le puissant poing de son assaillant. Un craquement sonore m’indiqua que Visselion était blessé, ce qui expliqua qu’il ne réussit pas à répliquer.

Avec la peine au cœur et la colère dans les veines, je m’attaquai au golem. Activant mes griffes je visai son torse déjà blessé dans le but de les aggraver. Mais le golem me repoussa sans peine. Je ne n’abandonnai pas pour autant et je revins à la charge. Visselion remis de son choc frappait le golem sans relâche. Ce dernier déconcentré par les attaques de Visselion ne put m’arrêter cette fois. À l’aide de mes griffes aiguisées, je m’acharnai sur le monstre désormais rouge de sang, déchirant ses chairs avec violence et frénésie. Notre adversaire abandonna lorsque Visselion lui planta un katar profondément dans la gorge. C’était fini pour lui. Bien que toujours en vie et tentant debout, il n’avait plus l’intention de nous attaquer. Avant que je ne décide de son sort, j’entendis Jorus appeler à l’aide.

Sans perdre une seconde j’accourus vers lui. Je le vis alors peiner à tenir les femmes hors de l’eau, nous expliquant que quelque chose semblait les retenir. Sachant à présent qu’il m’était possible de rester un moment sous l’eau, je n’hésitai pas un instant et je plongeai.

Une fois sous l’eau, je vis les immenses tentacules qui emprisonnaient les jambes de Zaria et de Glanaë.

(Andie ! ça ne peut être que lui… Et dire que Aleriia le voyait en protecteur. )

Voyant d’autres tentacules se diriger vers moi, je changeai de position. Puis je sortis ma tête de l’eau afin d’expliquer aux autres ce qui se passait.
“Des tentacules les emprisonnent"

Cela dit, je replongeai immédiatement, bien décidé à les libérer. Mais je n’eus pas le temps de rejoindre les dames que je sentis un tentacule agripper ma jambe.

Précipitamment je sortis de nouveau de l’eau pour dire, affolé à mes camarades

"Les tentacules m’ont emprisonné aussi… je tente de me libérer "

Je n’eus pas le temps de replonger dans l’eau que je vis un ange violet armé d’une longue épée volée à mon secours. Elle plongea dans l’eau et sans difficulté, elle trancha les tentacules qui retenaient mes jambes. Mais son geste salvateur ne s’arrêta pas là. Elle m’agrippa par les épaules tentant de me tirer vers le pic rocheux. De mon côté, je fis des mouvements de jambes afin d’accélérer notre avancée. Sans attendre d’être en sécurité sur la terre ferme, je lui fis part de ma reconnaissance.

"Je vous remercie infiniment, je vous dois la vie"

Une fois sur le piton rocheux, j’usai de toute ma force et de mon courage, pour l’escalader le plus rapidement possible. Jorus avait demandé de l’aide et je voulais répondre à son appel.

"J’arrive Jorus, tiens bon"

Je réussis à me hisser jusqu’au sommet, là où Aleriia m’attendait la main tendue. J’acceptai cet aide sans broncher. Une fois sur pied, je jetai un coup d’oeil aux alentours pour constater qu’Akihito avait pu se rendre jusqu’à Jorus pour lui venir en aide.

Je m’adressai d’abord à Visselion et Jorus.
“Je suis désolé, j’ai échoué. Je voulais couper les tentacules, mais je me suis fait prendre au piège moi-même par ces tentacules.”

Puis je me tournai vers Aleriia qui était encore tout près de moi. D’une voix douce et reconnaissante.

“Je vous suis redevable, vous m’avez sauvé la vie.”

Puis sur un ton plus bas.

“ Ces tentacules… c’était bien celle de Andies… vous croyez ?”

Je m’y étais pris avec tact, ne voulant pas trop brusquer cette jeune harpie qui s’était raconté des histoires au sujet de ce titan qui observait les créatures terrestres depuis son lac. Elle ;e nommait protecteur...Mais l’était-il vraiment. Je commençais à croire qu’il était plutôt un prédateur qui attendait patiemment que quelqu’un tombe dans l’eau avant de les capturer… et les manger ?

((( Et voici le lien du post squelette à présent complété et utilisation du bon créatif pour ce combat libre. )))

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Yliria
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Yliria » sam. 13 avr. 2024 03:32

Espérer le meilleur et se préparer au pire, c’est la règle immuable de la vie d’aventurier sur Yuimen. Et même si cela pouvait s’appliquer à tout le monde, dans une certaine mesure, je ne comptais plus le nombre de fois où j’avais pu voir cette règle s’appliquer. On espère que tout va bien se passer, que le combat est fini, les blessures soignées, tout el monde en bonne santé et que le chemin peut continuer tout en gardant une main crispée sur son arme alors qu’on observe les alentours en s’attendant à autre chose. Tout. Rien. N’importe quoi qui pourrait surgir de derrière un arbre, un rocher. Et on espérait se tromper. Et on détestait avoir raison.

Le combat nous avait lessivé. Personne n’en était sorti indemne et reprendre son souffle était un luxe que j’appréciai particulièrement en cet instant. Les bras d’Akihito était un support des plus agréable malgré la douleur. Hélas, en profiter allait devoir attendre parce que d’autres affreux débarquèrent. Et ceux-là n’étaient pas plus engageants que ceux qu’on venait de combattre. Akihito avait raison, on devait se soigner avant de les affronter, ils semblaient encore plus coriaces et vicieux que les autres. Puis ce que j’imaginais être leur chef ouvrit la bouche. Je ne me souvenais même pas de ce qu’il avait dit, simplement de la sensation de mes genoux heurtant le sol.

Je vis Nyllyn lâcher son dernier souffle contre un arbre. Je vis Papa sourire une dernière fois avant de disparaître. Je vis Akihito dans ce cristal. J’eus l’impression que mon cœur s’ouvrait en deux d’un coup et je pressai ma poitrine pour atténuer la douleur autant que possible. Même en sachant bien que ce n’était pas réel, c’était comme si tout l’était et qu’ils mourraient à nouveau tous devant mes yeux. Même en ayant la silhouette d’Akihito parfaitement discernable entre les larmes qui ne voulaient pas s’arrêter, je n’arrivais pas à me calmer. Comment ? Pourquoi est-ce que je ressentais ça à nouveau ? Je ne voulais plus ressentir tout ça. Ça faisait si mal…

(Respire Yli, ça va aller. Akihito est juste devant toi. Il a besoin de ton aide.)

L’effort qu’il me fallut pour lever le bras me fit presque abandonner mon geste à mi-chemin, mais pouvoir finalement sentir la présence d’Akihito, bien vivant, fut suffisant. J’inspirai lentement et appelai Ssussun avant de me joindre à sa tentative de sort commun. Je ne savais pas ce que les autres avaient en tête, s’ils se joignaient à nous ou non, mais en tout cas, cela sembla fonctionner. Toute douleur et fatigue physique disparut aussitôt et ce fut le soulagement qui prit la place de tout le reste, pendant quelques instants. Je me redressai pour voir nos adversaires approcher et leur chef… me faire un signe. Une provocation ? Si je pouvais le battre, peut-être que le combat serait rapidement réglé.

(Fais tout de même attention.)

(Toujours.)

J’essuyai mon visage et serrai doucement la main d’Akihito qui s’en était emparée. Je voulais le rassurer avant de me lancer dans un combat à mort. Je le lâchai avec regrets, l’envie de pleurer revenant en force. Même une fois mes larmes en main et marchant vers l’ennemi, je ressentais toujours la douleur dans ma poitrine. C’était comme avec Maïssa. Je détestai ça. Mais je ne pouvais qu’être triste. Malgré toute l’envie d’être en colère, rien ne ressortait à part le chagrin. C’était si fort que je ne pensai même pas à me mettre en garde et que l’étrange créature me griffa la joue, mon bons sens reprenant ses droits en voyant ses griffes filer vers mon visage. Pourquoi est-ce qu’on devait se battre ? C’était affligeant…

(Reprends-toi, abrutie, sinon tu vas y passer…)

Une inspiration et je fusai vers la créature. Ma lame rencontra sa chair en même temps qu’une douleur dans le vent ne me prenne violemment. Au moins elle m’aida à avoir les idées un peu plus claires pendant un instant. Je me fendis sur le côté, passant sous son bras après sa nouvelle attaque. Puis ma rapière fila, fidèle à elle-même. Les larmes redoublèrent quand je blessai cette pauvre chose qui demanda ensuite grâce. Si vite… elle devait avoir peur de mourir… comme nous tous. Alors pourquoi ? Je ne parvenais pas à réprimer les sanglots qui s’échappaient de mes lèvres. Je devais rester vigilante, mais comment je pouvais faire face à ce que j’avais sous les yeux ? Mais le suatres avaient besoin d’aide…

(Aki…)

- Ordonne à tous tes sbires de cesser le combat et de quitter les lieux sur-le-champ. Tu auras la vie sauve en échange, du moment que tous les nôtres survivent. Dans ton intérêt, ils feraient même mieux de sortir nos amis du lac.

- Je n'ai plus envie de combattre, mais je ne décide pas pour mes semblables, petite. Je ne souhaite que ma sœur : livre la moi, et je convaincrai mes amis de vous laisser la vie sauve. Ne considère pas avoir gagné.

Riend e tout ça n’avait de sens..je ne parvenais pas à comprendre ce qu’il se passait. Je devais aider les autres. Et lui refusait... mais pourquoi ? Merde, son foutu pouvoir !

(Sois ferme ! Ferme !)

- Tu n'es pas en droit de négocier et d'exiger quoi que ce soit. Voilà comment je vois les choses. Tu vas convaincre tes amis de reculer et de ne pas nous attaquer, puis tu vas m'expliquer pourquoi tu nous as attaqué et ce que tu veux à ta sœur. En échange, vous avez la vie sauve et peut être une occasion de régler le conflit avec ta sœur. Ou je te tue sur le champ et règle le problème. Définitivement. Tu as le choix. C'est plus que ce que tu nous a offert en nous attaquant...

Je n’en avais pas envie. J’avais trop pitié de lui pour mettre ces menaces à exécution. Je ne voulais pas le blesser. Je ne voulais pas me sentir coupable. Me sentir triste. Je voulais arrêter de pleurer pour rien.

- Vois : mes pairs ne se battent plus. Mais tes compagnons semblent en danger : tu ferais bien d'aller les épauler, je crois.

Et en voyant la scène… oh non… je rangeai mes armes, mes mains tremblant si fort que je dus m’y reprendre mon ranger Stellarhys correctement.

- Tu... Tu as raison... SSUSSUN ! Aide Glanae et Zaria à rester à flot.

J’avais les jambes presque aussi tremblantes que mes mains. Mais comment faisait-il ça ? y’avait-il un lien avec Maïssa ? Mais d’où ils sortaient ?

- Par les dieux, vous êtes quoi ?! C'est fatiguant vos pouvoirs impossibles à gérer, c'est come avec Maissa... Arrête de t'en servir... Je vais pas te faire de mal, je veux parler... Comprendre.

- Il sera temps de parler après.

Après quoi ? Voyant que tout était fini, j’abandonnai. J’en pouvais plus. Les larmes se mirent à couler toute seule et plus rien n’avait d’importance. Pourquoi est-ce que je m’infligeai tout ça, après tout ce qui était arrivé ? Je voulais tellement rentrer chez moi… Je voulais être sûre qu’ils allaient bien. Je sentis finalement quelqu’un et levai les yeux pour croiser ceux d’Akihito. Il avait bandé mon ventre.. Je me laissai aller contre lui, incapable de réagir autrement. J’étais tellement désolée d’être aussi fiable et pathétique, mais rien ne parvenait à quitter mes lèvres à part des sanglots. Combien de temps restai-je prostrée contre lui ? Aucune idée, mais le sentir s’écarter me força à me redresser aussi pour le suivre.

- Aki... Jorus !

il était si mal en point. Je débouchai ma gourde et version une potion sur sa tête pour au moins l’aider à avoir les idées claires. Puis je sentis les bras d’Aki contre moi et me laissai aller contre lui. Pas une seule seconde je n’avais arrêté de pleurer.

Je haïssais vraiment ces pouvoirs sur les émotions.


Utilise une énorme potion de soin sur Jorus

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Cromax
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Cromax » sam. 13 avr. 2024 14:06

Cauchemar en Aliaénon : Andel’Ys X


Les aventuriers, une fois encore, étaient fourbus par le combat qu’ils venaient de vivre. Blessés pour la plupart, certains gravement, émotions mises à vif par le pouvoir de la voix du frère d’Aleriia, fatigue physique et mentale de cette aventure sur Aliaénon. Mais ils étaient vivants. Tous. Mal en point, mais vivants. Y compris leurs compagnons d’Aliaénon, même s’ils faillirent perdre Zaria et Glanaë assez tragiquement.

La créature chevelue et sa compagne harpie monstrueuse qui avaient détruit les tentacules des deux femmes restaient là, à contempler le spectacle. Indemnes tous deux, contrairement à leurs comparses : deux blessés fortement et un mort. Ils ne semblèrent guère s’en soucier, et le frère prit la parole… sans aucun effet attristant dans sa voix, cette fois. Il s’adressa d’abord à ses comparses blessés, fermement.

« Fichez-le camp. On n’a plus besoin de vous. »

Sans se laisser prier, les deux survivants se barrèrent sans demander leur reste. Suivit le lanceur de tête, en arrière garde. Puis, à sa harpie de compagne :

« Tu feras passer mes remerciements à ton amie : ses informations étaient exactes. »

Et enfin, vers les aventuriers.

« Excusez de la méprise : voyez-vous, nous nous nourrissons des imprudents qui osent s’aventurer sur nos terres sans prêter attention. Mais nous n’aimons guère qu’ils nous mettent en danger, ainsi j’espère avoir fait amende honorable en sauvant deux des vôtres. Le trépas de l’un des nôtres ne vous sera pas reproché : ainsi vont les choses, dans le chaos des Landes Pâles. »

Aleriia, de son côté, chuchotait à Mathis :

« Oui, Andie. Il surveille les eaux du Lac, nul ne peut y pénétrer. N’écoutez rien de ce que ce fourbe a à dire, il vous manipulera. »

Mais le frère continua, se présentant.

« Je suis Kithmoë, mais vous pouvez m’appeler Kith. Que font ici de si vaillants combattants, accompagnés de ma sœur chérie que j’aspire à retrouver ? »

Visselion n’avait pas rangé ses Katar, prêt à intervenir si besoin. Il ne répondit pas, cependant. Et Zaria et Glanaë ne semblaient pas encore en avoir la force. La tristesse de la voix commençait à se flétrir, à disparaître. Plus rapidement que ne l’aurait fait celle de Maïssa, d’ailleurs. Était-ce lié au côté négatif de celle-ci ? A un pouvoir moindre ? En tout cas, contrairement à la femme du désert, Kith comme Aleriia semblaient pouvoir le contrôler.




[HJ : Discussion sur Discord.]



[Blessures :
Mathis : Blessure légère au torse, brûlure légère au visage.
Aki : blessure grave au poignet gauche. Blessure grave au torse, blessure légère au ventre.
Jorus : blessure bénigne au lasso gauche, blessure légère à la tête, blessure grave au torse, blessure grave à la cuisse droite.
Yliria : Blessure légère à la joue, blessure grave au ventre (stabilisée pendant le port de la gaine)]


[XP :
Akihito : noté quand complété.
Jorus : noté quand complété.
Mathis :
Post 1 : 3 (combat complexe)
Post 2 : 3 (combat complexe) + 3 (mésaventure) *2 (bon du créatif) = 12XP !
Yliria : 3 (combat complexe) + 0,5 (discussion)]


[Bons :
Yliria : L’Emotif !]

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Jorus Kayne
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Jorus Kayne » ven. 26 avr. 2024 15:42

Je n’en peux plus. Je suis éreinté, accablé par une immense fatigue autant mentale que physique. Mes forces me manquent, mais je sens la présence de ma faéra qui m’encourage à ne pas baisser les bras, que je dois tenir bon et ne pas abandonner. Ysolde, ma faéra reste mon unique encrage, moi dont l’esprit commence à se fragmenter, une structure de sable agressée par les vagues. Poussé par celle qui partage ma vie, je tente, tant bien que mal, de chercher mes gourdes pour me soigner. Mais je n’y parviens pas, quelque chose m’en empêche et j’abandonne même l’idée lorsqu’on vient me présenter quelque chose à la bouche et que ma faéra m’encourage à boire.

Je sens sa présence d’Ysolde m’accompagner, je l’entends me rassurer que c’est bientôt terminé et quelque chose surgit en moi. Une cascade de vitalité s’empare de mon corps et de mon esprit défaillant. Cette puissance jaillit de toute part, m’enivrant d’une vie qui commençait à se tarir. Mon corps me paraît plus fort, plus solide qu’un instant auparavant et mon esprit vacillant se fixe comme un mât au centre d’un bateau, portant tout le navire grâce aux voiles qui prennent le vent. Comme un appel, cette énergie est un retour à la réalité et j’ouvre les yeux inspirant à grands poumons.

Ma tête tente de faire le tri de ce qui s’est produit, mais je n’arrive pas à me souvenir de ce qui s’est produit, une véritable absence dans ma mémoire m’empêche de comprendre comment j’ai fini allongé au sol. Seul mon inquiétude pour Zaria et Glanaë perdure en moi.

"Les tentacules ! Zaria, Glanaë ! Comment vont-elles ?" Dis-je en les cherchant du regard avec inquiétude.

Akihito est présent et me rassure qu’elles vont bien toutes les deux, avant de s’inquiéter de mon état et de ma capacité à me relever. Effectivement, des choses se sont déroulées pendant que j’étais inconscient. Un de nos précédents adversaires est toujours présent et ne semble pas s’en prendre à nous. Plus rassurant, Zaria et Glanaë sont pleinement en vie.

"Oui je...je me sens parfaitement bien." Puis me relevant, je regarde d'un œil méfiant la présence de Kith en rajoutant. "Même si à cause de ma perte de sang, j'ai dû manquer deux ou trois choses visiblement. Merci !" Dis-je en posant une main chaleureuse sur les épaules d'Akihito et de Mathis.

L’ynorien me présente brièvement le meneur du groupe nous ayant agressé et me surprend grandement en évoquant ouvertement ma faéra et la laissant m’expliquer le reste.

(Il y a beaucoup à dire en effet. Le mec effrayant c’est le fameux frère d’Aleriia. C’est lui qui a coupé les tentacules qui retenaient Zaria et Glanaë. Pour Akihito une perte de sang massive et un état clairement grave c’est pas une situation de danger immédiat, donc si tu as un furoncle sur le pied faudra consulter ailleurs. Heureusement, Mathis t’as sauvé ! Il a utilisé une potion pour t’arrêter de saigner et aggraver ton état. C’est via la magie du groupe que vous avez tous pu retrouver la forme et accessoirement la fin de cette tristesse. Ha oui, l’autre timbré de frangin peut visiblement affecter les émotions sur commande, un peu comme Maïssa, mais façon larmes et compagnie.)

(Heu…d’accord.)

(Ha, encore une chose ! T’AS ENCORE FAILLI CLAQUER ENTRE MES DOIGTS BORDEL DE FLUTE ! MAIS C’EST QUOI CETTE MANIE HEIN ? TU PEUX PAS ESSAYER DE TROUVER DES SOLUTIONS POUR PAS SYSTEMATIQUEMENT METTRE TA VIE EN JEU ?)

(Ca va, ça va. Calme-toi. Je vais bien, je vais bien, tout le monde va bien ! D’accord ?)

(Tu m’énerves !)

(Bon, c’est tout du coup ? Rien à rajouter ? Pas d’insultes ou de remarques supplémentaires ?)

(...)

(Ha ! Donc tu me dis pas tout.)

(On en parlera plus tard, là c’est pas le moment. Tu n’es ni en état et moi je suis pas d’humeur ! Oublies pas que s’il t’arrive quelque chose, sur ce monde tu prends le risque de m’enfermer à jamais dans ce médaillon !)

Je m’apprête à répliquer, tenter de calmer ma faéra, mais les deux rescapées de la noyade viennent vers moi et Vissélion. En porte-parole des deux, Zaria s’avance et prétend qu’elle nous doit la vie. A ce titre, sa dette envers notre groupe, mais surtout nous est grande à présent. Elle se tient prête à sacrifier sa vie pour que nous puissions atteindre notre objectif. Une déclaration qui, si elle a pour vocation de démontrer son engagement absolu pour le but que nous poursuivons, la notion de sacrifice me renvoie à la perte de Simaya.

"Si vraiment vous éprouvez une dette envers nous, alors ne risquez pas votre vie je vous en prie ! Nous sommes un groupe dirigé vers un même but. On ne se sacrifie pas, on se protège mutuellement ! Du moins, c'est ainsi que je vois les choses. La preuve, je suis encore en vie non ?" Fais-je en terminant avec un sourire malicieux.

Au moins, je n’ai pas perdu cette notion d’humour qui me caractérise, même après avoir frôlé la mort. Une remarque qui fait tirer un sourire à la sorcière de feu, mais qui me titille l’esprit. Comme si un fait marquant m’avait frappé et dont je ne me souviens pas.

(Je te l’ai dit on en parlera plus tard. Tu ferais mieux de t’intéresser à l’autre conversation où il est question de communiquer avec le Titan !)

Tous semblent d’accord pour communiquer avec Andi et si Akihito se propose d’en être le porte-parole de notre groupe pour éviter des sujets multiples qui rendraient une conversation déjà difficile avec un Titan, encore plus compliquée, Vissélion précise tout de même que nous pourrions prendre ce risque si nous jugeons les sujets suffisamment importants pour les présenter.

"Pas de problème pour moi." Fais-je à la proposition d'Akihito pour être notre porte-parole, avant d’ajouter. "Je préfère avoir mon attention sur ces tentacules dans l'eau et empêcher d'autres captures. En revanche, il faudra envisager la possibilité qu'il réagisse mal à notre tentative. Un simple sort pour le calmer peut-être ? Par contre, faut pas qu'il soit dans le gaz si le Dragon Noir déboule."

Si ma remarque trouve écho auprès de Mathis, elle est rapidement rejetée par Yliria et Akihito qui y voit dans ma proposition, un moyen pour faciliter l’échange en manipulant les émotions d’Andi. Une réaction qui a de quoi m’agacer, d’autant plus qu’ils se préparent pour user de la magie, ne me laissant qu’à peine le temps de m’expliquer qu’ils se préparent à lancer le sort.

"Vous serez bien gentils de pas déformer mes propos. Je parle d'un sort contre une mauvaise réaction du Titan qui a la capacité de tout ravager en posant sa tête au sol, certainement pas de jouer avec ses émotions pour le manipuler ! Juste se mettre d'accord en cas de problème et agir rapidement, tout l'inverse de notre rencontre avec les Titans en sommes." Fais-je avant de préciser. "Et évitez d'incorporer Visselion dans le sort, il pourrait bien ne pas pouvoir contrôler une magie qui le cible."

Ne voulant pas risquer de tout faire foirer par mon absence de participation, j’utilise les pouvoirs en moi pour nous offrir la capacité de communiquer télépathiquement avec le Titan et permettant une compréhension mutuelle. Je mets de côté Vissélion qui ne doit pas être ciblé par le sort, ni le dénommé Kith dont je n’ai aucune confiance.

En moi, je sens la magie déborder et rapidement échapper à mon contrôle. Vissélion est bien en mesure de tenir le coup, mais si les choses dérapent par la suite, nous pourrions bien avoir besoin de son aide. Je mobilise mes forces mentales pour garder la maîtrise de ce flux magique et avec un gros effort, je parviens à en garder le contrôle. Notre magie fait son œuvre et nous nous retrouvons dans un paysage sous-marin. C’est un paysage fascinant, captivant et particulièrement beau vue de la sorte. D’autant plus que je ne ressens pas la pression de l’eau sur ma poitrine, que j’ai habituellement lorsque je nage. Ici, la respiration n’est même pas nécessaire. L’environnement est surréaliste, mais pas autant que l’être mi-humain, mi poulpe et possédant une couronne sur sa tête. L’être est vivant et nous scrute du regard. Nul doute en moi, Andi, ou sa représentation humain qu’a engendré notre sort est devant nous. Je déplore cependant que nous n'avons aucune visuel sur la éralité et ce qui s'y passe. Nul n'est en mesure de réagir si le frère d'Aleriia nous l'a fait à l'envers ou si Vissélion finit à l'eau. Comme prévu, nous laissons Akihito nous présenter et engager brièvement la menace qui pèse sur nous tous. Je ne dis rien, préférant observer la réaction du Titan et déplorer l’absence de Zaria, Glanaë, ainsi que d’Aleriia, qui aurait probablement apprécié être présente. Bien entendue, le Titan est surpris et s’intéresse autant à l’identité de la menace, de la nôtre et de ce que nous avons réalisé avec notre sort. Je note cependant une façon de s’exprimer très basique, même avec l’usage de compréhension de notre sort.

De nouveau, notre porte-parole évoque le danger et le décrit plus en détail, de même que les deux Titans, victimes de cet être. Je reste attentif à la réaction, portant mon attention sur une modification du décor pouvant potentiellement indiquer un changement d’attitude du Titan. Il semble surpris par l’évocation des dragons avant de préciser que les autres Titans sont différents de lui. Il les présente comme destructeurs, avides et empreint au chaos. Il évoque même l’avantage qu’a représenté le sommeil des Titans par celui qu’il nomme le Dernier pour les créatures qu’il présente comme les "petits". En revanche, il semble se méprendre sur nos intentions, laissant penser que nous le considérons comme un ennemi ou une menace au même titre que ses frères.

A la mention du dernier, Akihito demande s’il s’agit du Sans-Visage et se tourne vers moi dans une question muette. Je n’ai pas besoin d’en entendre beaucoup pour comprendre son intention et lui confirme qu’il est dans le vrai d’un simple hochement de tête. Je manque néanmoins d’intervenir. La mention des dragons m’inquiète assez. Le Titan pourrait se méprendre et confondre le Dragon Noir avec ceux d’ici. Or, il est totalement différent des êtres ailés natifs de ce monde. Avec une histoire et une culture qui leur sont propres et totalement différentes de ce foutu saurien de Yuimen. Je préfère attendre de voir si la méprise que je crains se confirme pour ne pas inutilement altérer la conversation. Il ne faut pas longtemps pour que cela se confirme. Andi, propose tout simplement de dire au Dragon Noir que le lac et les petits ne sont pas pour lui, comme si le problème pouvait se résoudre aussi simplement.

Si Akihito pointe du doigt cette impossibilité de dialogue, il ne fait pas la distinction avec les dragons d’ici et oriente le sujet sur une entente temporaire avec les autres Titans pour défaire la menace qui plane sur eux tous, ce qui semble possible. Je prends cependant le risque d’intervenir pour marquer tout de même la méprise qui est faite par Andi. Jusque-là, le Titan s’est exprimé de façon très simple et c’est tout aussi simplement, allant autant à l’essentiel que possible pour parler.

"Vous devez comprendre que cet ennemi, ce Dragon Noir, n’est pas comme les dragons de ce monde. Eux-mêmes préfèrent s’en tenir éloigné. Avec lui, pas de dialogue. Il n’écoute pas. Ce qu’il veut, il le prend. Il a déjà détruit une cité et tous les petits présents. C’est un prédateur et ce qu’il chasse…c’est vous et l’intégralité de vos frères. Il en a déjà vaincu deux. Nous désirons l’empêcher de tuer tout le monde : vous, vos frères et tous les petits sur son passage."

S’il a connaissance des dragons, il n’en a visiblement jamais rencontré dans les alentours du lac. Ce n’est peut-être pas plus mal, mais qui sait la connaissance qu’il en a, s’il n’en a jamais vu. Nous avions tous connaissance du Dragon Noir avant de le rencontrer en personne. Si Andi peut et veut aider, il demande où et quand, avant de préciser que cela ne sera possible qu’aux abords du lac. Nous ignorons bien entendu la réponse à ces questions, néanmoins Akihito demande s’il peut nous donner un moyen de le contacter ou d’utiliser une partie de ses pouvoirs.

L’usage des pouvoirs des Titans est intéressant, mais je doute que cela soit possible. Le pouvoir des Titans est…très particulier en plus d’être terriblement puissant. Nous avons pu jouir de ces capacités extraordinaires car nous étions dans leurs corps. Il nous faudrait notre magie pour en être capable avec nos enveloppes de chair et d’os de simples mortels. Pourtant, l’idée de communiquer me ramène à la bague du Sans-Visage et c’est tout en me tournant vers les miens que je demande au Titan.

"Pour communiquer, celui qui bâtit nous a offert un objet permettant de le faire. Nous pourrions laisser une marque sur vous. Se comprendre comme nous le faisons actuellement demande de la préparation, mais nous saurons ainsi que vous voulez nous parler. Cependant...pourquoi ne pouvez-vous quitter le lac ?"

Si effectivement nous pouvons parler aux eaux douces pour communiquer avec Andi, le marquer lui paraît acceptable, avant de répondre que s’il quitte le lac, les petits de la cité mourrons.

"La marque du Sans-Visage serait plus utile si nous n'avons pas d'eau douce à proximité." Dis-je presque pour moi-même.

Akihito évoque le sujet de la transformation des habitants de la cité. Je le regarde avec une désapprobation non dissimulée. Si l’idée est louable, je ne comprends pas cet intérêt soudain, lui qui n’a eu de cesse de constamment se focaliser sur la menace du Dragon Noir, marquant les sacrifices qu’il est prêt à faire, le voilà à s’inquiéter de la transformation des habitants. De plus, si Andi en est le responsable, nous ignorons sa réaction vu le côté protecteur qui semble visiblement faire sur les petits de la cité. Moi mes inquiétudes sont autres.

"Pourquoi craindre un départ, qu'est-ce qui vous lie aux petits près du lac ?"

M'ayant déjà averti quelques instants plus tôt, Yliria marque l’intérêt de contacter le Sans-Visage avant d’agir. Portant mon attention sur elle.

"Je suis d’accord, je ne faisais que réfléchir à voix haute. Pardon."

Elle m’adresse un simple geste de la main pour signifier qu’il n’y a pas de grief à cette mésentente. Nous apprenons de nouvelles choses de la part d’Andi. Premièrement, la transformation des habitants vient de l’Eveil des Titans. Si Xël en sait davantage à ce sujet, je présume que les perturbations de la magie en sont la conséquence indirecte. La magie est plus puissante et a réveillé la nature profonde au cœur des habitants. Je tâte l’intérieur de mes mains avant d’apprendre que les racines des maisons de la cité sont les appendices du Titan. Tout sera détruit s’il bouge.

"Donc vous êtes d’accord pour nous aider, mais uniquement en restant sur place. Cela ne nous arrange pas je l’avoue. Le Dragon noir se déplace et nous n’avons pas pour but de rester ici indéfiniment. Mais nous ferons notre maximum dans l’état actuel, pour vous et les petits." Dis-je en résumant la situation avant de réfléchir à un point.

(Il n’a pas pu être présent avec les autres Titans à cause de son implication physique avec la cité, mais cela n’explique pas comment les Titans se sont réunis au même endroit au même moment.)

"Quatre de vos frères se sont réunis il y a peu, réunis en un même endroit. Avez-vous senti quelque chose qui aurait pu vous attirer si vous pouviez vous déplacer ?"

Malheureusement, il n’en est rien et Andi pense qu’il n’a pas été convié par ses frères. Pareillement, Akihito n’obtient pas de réponse utile lorsqu’il demande comment le Titan peut nous prêter main forte sans bouger. Celui-ci a le contrôle sur les eaux du lac et la faune humide. Je perçois dans la question de l’ynorien une aide à distance, mais j’ai des doutes à ce sujet et le lui fais savoir.

"Du peu que j'ai eu l'occasion de voir, ils possèdent des pouvoirs incroyables, mais à leur échelle, cela reste dans un champ d'action qu'ils perçoivent. S'ils sont trop loin, ils ne pourront agir comme on l'espère." Puis je reviens vers le Titan dont la mention d’invitation m’intrigue. "Une invitation ? Vous seriez donc en mesure de contacter vos frères ?"

Encore une fois c’est un non, décidément. Parler à Andi s’avère plus simple qu’on ne le pensait, mais hormis une aide si le Dragon Noir attaque précisément ici, le bénéfice d’avoir le soutien d’un Titan tombe…à l’eau.

Alors que la discussion tourne autour du lien que les habitants trouveraient en Andi un protecteur, la question sur le pouvoir qui a affecté leurs corps et leurs esprits me fait réfléchi.

(L’Eveil des Titans a provoqué un bouleversement de la magie en ce monde et c’est ce qui aurait conduit les habitants à se transformer. Chercher l’effet inverse est… Même avec notre magie je doute que l’on y parvienne.)

D’ailleurs Andi pense pareil. Il est trop tard pour ceux qui ont déjà changé, mais la prochaine génération pourrait bénéficier d’un retour à la normal. De son côté, Yliria est parvenu à tirer une sorte de sourire à Andi en évoquant le nom qu’ils lui ont donné et l’affection que certains lui portent. Puis j’ai un certain doute s’empare de moi lorsque Akihito propose à Andi de se cacher sous l’eau.

"Je doute que se cacher dans l'eau soit aussi simple et une telle masse dans le lac ne sera pas sans conséquence sur le niveau de l'eau."

Même s’il était déjà sous le lac et que le niveau de l’eau a baissé, avec les précipitations qui ont suivi, il est probablement redevenu à un niveau d’origine. Ainsi, si le Titan replonge l’eau remontera forcément et une large vague va s’abattre sur la cité s’il le fait même avec la plus grande précaution. C’est également l’idée d’Andi, mais plus encore, s’il se cache il ne sera pas en mesure de protéger les habitants. Akihito s’obstine à ce que Andi se cache pour protéger les habitants, doutant avec raison de sa capacité à défaire seul le Dragon Noir. Néanmoins il tente de nouveau de pousser Andi à venir avec nous.

"Là d'où je viens, Andie, il existe un dicton : 'La meilleure des défenses, c'est l'attaque'. Pourquoi ne pas nous accompagner, si vous pouvez le faire sous une forme similaire à celle-ci en laissant votre vrai corps reposer au fond du lac ? Vous éloignerez le danger de vos petits tout en préservant leur maison et pourrez nous aider à contrecarrer cette menace. Vous n'aurez peut-être pas toute votre puissance, mais elle sera utile tout de même."

(Qu’il vienne sous cette forme, quelle forme ? Sa forme humaine, générée par notre magie ?)

C’est également ainsi que le Titan comprend la question, mais il attise ma curiosité et celle d’Yliria, lorsqu’il explique que seul le Dernier a été capable de diviser son corps en morceaux et que cette fragmentation explique sa ressemblance avec nous. Si partir n’est pas possible, il est en revanche capable d’agir sur le fleuve qui s’étend d’ici, jusqu’au-delà de la Lande Noire, étendre le flux du fleuve et permettre à ses créatures d’aller et venir. Lorsqu’Yliria s’intéresse de plus près à cette division du Sans-Visage, nous apprenons que son corps a permis de fonder les cités. Les explications me font réagir, non sans ironie.

"Donc si le Dragon Noir veut s’emparer de la puissance du Sans-Visage, il devra raser toutes les cités de ce monde. Youpis !" Fais-je en terminant avec une note défaitiste, avant qu’Andi ne réplique que tout son pouvoir réside dans sa forme actuelle. Puis je me tourne vers mes camarades car j’ai une petite idée qui me trotte en tête. "Bon on est parvenu à entrer en contact avec Andi. On n’a certes pas obtenu l’allié mobile que l’on souhaitait, mais je pense qu’on a probablement trouvé le lieu de l’affrontement. Si on peut attirer le Dragon Noir près du lac, Andi sera de la partie. Il ne nous reste plus qu’à rassembler plus d’êtres de puissances et parvenir à sceller cette maudite brume grâce à notre magie ! Vous en pensez quoi ?"

Yliria est contre, car cela viendrait mettre en danger la cité et ses habitants. D’autant plus que l’eau nous est un obstacle, tandis que le Dragon Noir peut simplement le survoler. Elle propose cependant un lieu plus simple d’accès comme le fleuve Andel et nous permettre plus de déplacement que le lac.

(Il suffirait d'aller à l'autre bout du lac pour minimiser l'impact ou de simplement évacuer la ville Avec sa réussite auprès de Guigne, c'est dans nos cordes. De plus, qu’il y ait un lac ou pas, on a clairement un problème de mobilité face au Dragon Noir. Je l’ai vu à Messaliah. Sans magie, on ne peut rien !)

Je m’apprête à répondre lorsque la vision du Titan se brouille. Lui aussi comprend que notre magie commence à faiblir, mais nous encourage à revenir au besoin.

"Merci pour cet échange, Andi. Nous allons contacter le Dernier pour savoir s’il est possible de vous marquer. En attendant, pourriez-vous tenir vos tentacules dans le lac ? Nous avons eu une mésaventure avec et certains ont manqué de peu de rester indéfiniment sous l’eau." Fais-je, espèrant qu'il entendra ma demande, tandis que je perçois l'image du Titan devenir de plus en plus flou, nous ramenant à la réalité.


Utilisation d'un bon ponctuel pour le sort de communication avec Andi.
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Dracaena Paletuv
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Re: Lac Andel et Andel'Ys

Message par Dracaena Paletuv » sam. 27 avr. 2024 02:00

Une fois de plus, je n'arrivais pas à dormir. Pourtant, j'avais l'impression d'avoir passé deux mois à ne rien faire, à ne rien dire... A reste la dans cette chambre, immobile, a regarder le mur...

Les événements récents repassaient encore et encore dans ma tête : tout le sauvetage des deux mages tournant au fiasco, la prise de contrôles des titans accompagnée de la perte de contrôle de mes pulsions, Akihito et son corps brûlé, Maïssa et sa colère, et Zaria et l'ombre terrifiante que je voyais planer au dessus d'elle.

J'essayais de ne pas laisser les mauvaises pensées prendre le dessus, mais... impossible. Peur et culpabilité me rongeaient tel des termites. Peur de ce que j'avais fait, et de ce que je risquais de faire. Peur que le manque de cohésion du groupe aille trop loin une fois de trop, et qu'on ne puisse vraiment rien rattraper . Peur que l'on ne puisse vraiment pas s'entendre, que mes principes bien enracinés s'effondre, et soit abattu par la bêtise de l'égo. Peur de Zaria, de son obsession religieuse, de son fanatisme, peur de ce qu'elle risquait de dire, d'engendrer, de provoquer. Peur de revivre les même horreurs que celles du passé, les horreurs qui, dans la longue liste de mes traumatismes, se plaçaient en haut du panier.

Et la culpabilité. Je me sentais coupable, coupable d'avoir cédé à mes désirs malsains et honteux. Coupable de posséder les dit désirs. Coupable d'avoir infliger à Akihito ce que je reprochais à tant d'Oudio de m'avoir fait. Coupable de ne pas avoir eu les bons mots face au Sans-visage. Coupable de ne pas avoir fait plus. Coupable de ne pas pouvoir aider plus. Coupable d'être un simple oudio esclave de ses sentiments.

Peur des autres, coupable d'être moi même.

Kerf...V'la qu'je commençais à sonner comme un d'ces poètes déprimants qui prétendaient porter tout l'mal du monde sur leurs ptites épaules chétives. Le manque de soleil ET de sommeil m’atteignaient un peu trop. Clair'ment, j'avais b'soin d'air frais.

Discrètement, je m'extirpai de ma chambre, avant de me rendre à l'extérieur, tout en croisant les bois pour ne pas tomber sur la proprio d'l'auberge, la... la Grosse Sale. C'était ptet pas exactement son nom, mais ça la décrivait assez bien. S't'espèce de grande malade couverte de fluides dégueu, qui hurlait sans cesse, et surtout, dépourvu d'tout once de politesse. Insupportable. Et vu comme les autres avaient réagit, j'étais pas l'seul à la trouver désagréable. Si elle me tombait d'ssus main't'nant, elle allait réveiller tout l'bâtiment. Et... j'avais vraiment pas envie d'voir les autres pour le moment.

La chance fut d'mon coté, et je réussi à sortir tranquillement, sans m'faire repérer. J'me mis à errer un peu sans but dans les rues, dégourdissants mes racines, profitant du sol encore humide, et très vite, quelque chose me frappa. La ville était... active. Très active. Bien plus que quand on était arrivé. Les rues étaient remplient d'individus de toute taille et de toute forme, allant de l'humain décoloré, à d'autres harpies, en passant par des sorte d'hybride homme poisson. En dehors des harpies, ils avaient majoritairement la peau pale, ce qui, si j'me souvenais bien de s'qu'on m'avait appris sur les êtres de chair, était cohérent avec une mode de vie nocturne. Toute cette variété d'individu me fit petit à petit sortir de mes pensées, et j'me surpris à avoir le regard qui se baladait, fasciné par toute cette nouveauté.

Au fond, c'était ce que je recherchais, de quoi me changer les idées ! Malheureusement... la curiosité n'allait pas que dans un sens, et je senti petit à petit des regards de plus en plus nombreux se poser sur moi. Têtes qui se tournent, yeux fuyants, murmures incessants, tout cela m'était plus que familier...

C'était comme dans toutes les villes d'êtres de chair où j'avais mis les racines : personne était habitué à voir un oudio. Et vu qu'en plus, ça n'existait pas dans ce monde, je devais être encore plus fascinant à leurs yeux.

Fascinant... Était-ce le bon mot ? Intimidant et inquiétant étaient peut être plus approprié. Ça aussi je savais le reconnaître, parce que je ne le connaissais que trop bien. Si vous pensiez que seul les sacs à boyaux ne pouvaient pas s'empêcher de me toiser, perdu : à cause de mes brûlures, les oudios aussi me dévisageaient à tout bout de champ. Mais eux, c'était clairement plus de la peur et du dégoût. Il faut dire qu'à leurs yeux, j'étais plus que défiguré. Et, de part le fait que c'était par le feu, beaucoup se mettaient à avoir des suspicions sur moi. Sur le fait que j'étais peut être « maudit », que j'étais peut être né avec des fluides de feu. Tous les imbéciles qui scandaient le nom de Fearadhach étaient terrifié, n'ayant pas la réponse.

Et, de bois et de sève, ou de chair et de sang, si les gens avaient bien un point commun sur une chose, c'est que quand ils n'avaient pas la réponse à quelque chose : ils cherchaient à l'inventer.
Rumeurs sur rumeurs s’empilaient, encore et encore, sans qu'aucun de ces minables ne daigne m'adresser la parole pour avoir ma version des faits.

Ma tête se baissa, mon pas s'accéléra. La douce et enfantine curiosité était partie, remplacé par les souvenirs douloureux qui faisaient leur grand retour. Et avec eux, tout le reste de la clique des Émotions Négatives. Kerf, moi qui voulait penser à autre chose, c'était raté. Je marchais, marchais ,essayant tant bien que mal de maintenir ma concentration sur quelque chose de plus intéressant, comme la boue sur le sol, mais rien à faire. Les mots et images tournoyaient dans ma tête, l'alourdissant encore et encore. Je sentais l'angoisse, le mal être parcourir mon écorce.

Les murmures des gens autour de moi, les bruits de la ville, les bruits de pas, les tintements de métal, les claquement de porte, tout cela était assourdissant, encore, et encore, et encore, et...
...Et...

Le vent.

Le mugissement du vent venait soudainement de remplacer le vacarme de la ville. Si mes pensées, elles, hurlaient toujours à tue-tête, c'était devenu plus supportable. J'arrêtai enfin de regarder le sol, afin de voir ce qui me faisait face, et je compris d'où venait ce brusque changement : en face de moi, il n'y avait plus que plaine et marécage. J'étais visiblement sorti de la ville, sans trop savoir comment.

Ce calme était plus agréable, mais il me forçait tout de même à être seul avec moi même. C'était... frustrant. Le désir de vouloir être entouré tout en voulant être seul... En fait, c'était juste le désir d'une présence qui ne me mettrait pas mal. Le désir de pouvoir m’asseoir avec une amie, avec quelqu'un de confiance, et parler de mes peines tout en l'écoutant parler des siennes. Et ensemble, penser à autre chose.

Hélas, ce genre de chose j'l'avais perdu il y a bien longtemps. Mais bon, des amis, ça se refaisait, non ? Mais... avec les autres ?

Après moult déboire, j'm'entendais bien avec Akihito, mais j'avais trop honte pour le regarder en face. Visselion était admirable, mais je n'avais guère passé assez de temps avec lui. Yliria était bien trop coincée par ses œillères, Mathis et Jorus, je n'en pensais rien de spécial, et Glanae, je ne la comprenais pas. Quand à Zaria...

Non. Juste non.

Peut être que je la jugeais trop vite... mais je ne voulais prendre aucun risque.

Mais, tout ça me faisait réaliser... Étais-je vraiment à ma place auprès d'eux ? Non, je veux dire, non, clairement pas, mais pour reformuler : eux, étaient ils à leur place auprès de moi ? Étaient il capable de me comprendre ? De me considérer ? D'envisager cette mélancolique discussion entre ami avec un gars comme moi, qui ne faisait clairement pas l'unanimité, et qui provoquait juste méfiance et curiosité chez les autres ?
Lequel d'entre eux me prendrait au sérieux si je me mettais à parler de mes rêves ? De mes ambitions ? De mon vrai objectif ?

Peut être... Peut être que c'était une erreur ? Peut être que je devais reconsidérer tout ça ? Après tout, ce groupe se fragmentait déjà de partout, et certains ne s'étaient pas priver pour partir de leur coté sans considérer les autres, alors... a quoi bon ? Pourquoi essayer de faire l'effort de maintenir tout ces gens ensemble ? Bien que désespérer d'en avoir, est ce que les interactions avec les autres valaient vraiment le coup si les dit autres ne pouvaient et ne voulaient pas essayer de se mettre dans mon écorce comme moi j'essayais de me mettre dans leur peau poreuse ?

Je n'arrivais pas à trouver de réponse satisfaisante à ces questions. C'était... compliqué, si compliqué. Je marchais, faisais les cent pas pour essayer de trouver une solution à ce dilemme, mais rien ne venait. A chaque argument pour, j'avais un argument contre, et à chaque argument contre, j'avais un argument pour. Le vent froid ambiant passait entre mes branches, encore et encore, me donnant au moins une petite sensation agréable au milieu de toutes ces réflexions pénibles, mais il se mit d'un coup à porter quelque chose d'autre...

Un grognement.

Levant les yeux, je vis qu'une personne me faisait face. Enfin, personne... Une créature plutôt. L'un des individus peu recommandable que nous avions rencontré plus tôt dans la journée.

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Prit par surprise, je fis un petit bond en arrière. Je croyais que ces bestioles ne s'approchaient pas des murs de la ville, pourquoi est ce que celle la...
Celle...la...
Regardant autour de moi, je venais de me rendre compte que j'étais au milieu d'un grand rien du tout. Une plaine boueuse, et c'était tout. Quand au fameux mur de la ville, il se trouvait touuuuuut au loin derrière moi.

Bon, bah...ceci expliquait cela.

Visiblement, je ne marchais pas autant en rond que je le pensais, plutôt tout droit. Kerk, j'vous jure, un jour, perdu dans mes pensés comme ça, j'allais finir par m'retrouver au pays des Kazuris. Je ne pu m'empêcher de rire, désolé par ma propre inconscience. Tout ça était si comique, vraiment.

Hélas, le monsieur machin qui me faisait face ne semblait pas comprendre l'humour de la situation. Il semblait plus intéressé par savoir quel goût j'avais, car il venait de faire un bond et d'attraper mon bras gauche afin de commencer à l'enfourner dans sa grande bouche. Le sensation soudaine de chaleur, et surtout, de MORSURE me fit reprendre mes esprits immédiatement. Prit de panique, je me mis à frapper les yeux du monstre de ma main droite, tout en agitant dans tous les sens mon bras à moitié avalé. Et j'avais du toucher l'un de ces organes bizarres que les êtres de chair avaient à l'intérieur, car le monstre recracha brusquement mon bras, et fit quelques pas en arrière, prit d'une quinte de toux.

Erk... Je pouvais supporter beaucoup de chose sur mon corps... Mais vraiment, la salive... c'était juste immonde. Je cherchai à me saisir de ma baguette avant de m'interrompre : de la magie ? La ? Maintenant ? Tout seul et paumé dans un coin perdu ? Non non non, si ça se passait mal, je n'avais pas envie de trouver un nouveau chien géant à posséder. Je regardai autour de moi, cherchant quelque chose pour me défendre, avant de réaliser : j'avais mon armure sur moi. Je l'avais enfilé dans le cas ou quelque chose de fâcheux me tomberait dessus. Comme quoi, j'avais bien fait. Mais surtout, si j'avais enfilé mon armure... ça voulait dire que j'avais aussi prit ma lance !

Dégainant l'arme, je la brandis en direction de la bestiole baveuse, prêt à en découdre ! J'étais ptet pas un maître de l'hast, mais je savais comment faire des brochettes ! Le monstre, lui, c'était enfin remit de sa quinte de toux, et me regarda, furieux, mais un peu plus hésitant. Il se déplaçait lentement, attendant le bon moment pour frapper. Je me mis à faire de même, tout en réfléchissant. On pourrait techniquement se toiser comme ça encore un moment, mais à ce jeu la, je risquais d'être perdant : j'étais toujours loin de la ville, et ses petits copains risquaient de débarquer pour rejoindre la fête. Et autant je ne m'attendais pas à ce qu'ils me trouvent comestible, autant ils m'avaient l'air d'avoir assez de jugeote pour me considérer comme une réserve de cure-dent géante.

Je ne pouvais pas plus attendre : tentant le tout pour le tout je décidai de brusquement charger, cherchant à assener au monstre un coup de lance. Il fut prit par surprise, mais pas assez pour que ma frappe l'atteigne complètement : la créature réussit à esquiver à la dernière minute mon attaque, et profita de ce moment pour se jeter sur moi.

Plantant mes racines dans le sol boueux, je m'en servis pour maintenir mon équilibre avant de pivoter le haut de mon corps vers le monstre, lui donnant ainsi un coup du manche de la lance juste avant qu'il ne m'atteigne. Relâchant mes racines, j'essayai de profiter de mon avantage pour le frapper de nouveau, mais la créature décida de jouer la carte de la confrontation de force physique : attrapant ma lance, elle commença à se redresser tout en me repoussant. Je perdis l'équilibre et me retrouvai à terre, ma lance soudainement devenu très encombrante. Le monstre s'abattit sur moi, et si au début il essaya de me frapper et me griffer, il finit par décider de revenir aux bonne vieilles méthodes et ouvrir son immense gueule avant de chercher à avaler ma tête.

Il se mit soudainement à faire... particulièrement noir. Et ça ne sentait pas très bon non plus. Je devais être la tête enfoncé dans la gueule de la bête jusqu'aux épaules. Non, plus précisément, jusqu'au dessus des épaules. Comment je savais ça ? Parce que c'était la que je sentais ses crocs s'enfoncer dans mon écorce!

Bon, ça faisait... Mal. Pas horriblement mal, mais assez pour que j'n'ai pas envie que ça dure. J'imaginais qu'avaler les gens la tête la première était le modus operandi de cette saleté, mais clairement, elle avait le même petit problème que les autres habitants de ce monde : elle n'avait jamais croisé d'oudio.

C'est pour cela que, de un, elle ne semblait pas comprendre pourquoi ses dents ne s'enfonçaient pas plus que ça, ni ne se dégageaient facilement de mon écorce ; et de deux , elle ne réalisait pas que je n'avais pas de cheveux sur ma tête : j'avais des branches.

Donnant un magistral coup de tête vers l'arrière, je sentis mes branches brûlées, cassés, et pointues de partout s'enfoncer dans le palais tendre et fragile du monstre. Le choc lui fit ouvrir brusquement la bouche, se dégageant ainsi les dents de mon bois, et roulant vers l'arrière, grognant douloureusement. Les râles du monstre, par moment, ressemblait presque à des mots. Libérer de cet immonde bondage buccal, je tentai d'ignorer les fluides tout aussi immondes qui couvraient ma tête, et je me redressai rapidement, lance en main, avant assainir un coup au flanc de la créature.
La pointe de l'arme s'enfonça... bien moins que je ne l'imaginais, et le monstre la dégagea d'un coup brusque, avant de se redressait, une main posée dans sa mâchoire, probablement la où je l'avais blessé. Du sang coulait de sa bouche et de sa hanche, mais étrangement, la créature n'avait pas l'air plus affaiblit que ça. De tout évidence, ce truc n'avait pas qu'une grande bouche, il avait aussi un grande résistance, et s'il voulait remettre le couvert, j'avais ma fourchette spécial dessert prête à l'utilisation.

Mais... rien ne se passa. La bête me regarda scrupuleusement de haut en bas, et, peut être parce qu'elle réalisa que moi aussi, j'étais plus coriace que ce que j'en avais l'air, elle décida que ça n'en valait pas le coup, et se mit à reculer petit à petit, pour disparaître dans le noir de la nuit.
Imitant son mouvement, sans relacher ma lance, je me mis à glisser sur mes racines vers l'arrière, porté par le sol boueux, et jetant de temps en temps des coups d’œil derrière moi pour être sur que rien n'arrivait dans mon dos. Une fois que le monstre sembla suffisamment éloigné, je me retournai brusquement avant de foncer le plus vite possible en direction de la ville que j'apercevais au loin.

Après ce qui sembla être d'interminable minutes, je fini par arriver au pied du mur, et je pénétrai dans la ville, cherchant à me repérer tant bien que mal pour retrouver l'auberge, m'arrêtant uniquement en route en apercevant une flaque d'eau afin de laver ma tête et mes bras de tout le sang et de la bave qui les recouvraient. Oui, les gens me dévisageaient encore, peut être même plus qu'avant, mais la, je n'en avais plus rien à faire.

Je me voyais dans le reflet de l'eau, de claire trace de griffure sur le bois qui n'était pas couvert par de l'armure, et mon bras gauche qui avait une belle marque de dent. Pas le genre de cicatrice auquel j'étais habitué, pour sur.

Non mais franch'ment Drac. S'enfuir ? Laisser les autres derrière parce que tu t'entends pas avec ? Parce que t'as trop merdé ? L'manque de soleil t'étais vraiment monter à la tête mon pauv' vieux. Comme si ce genre de fiaso ça t'arrêtait dans le passé.

Ces griffures et morsures, la, c'étaient ma punition pour avoir laisser les mauvaises pensées prendre le dessus, mais surtout, c'était des cicatrices. De nouvelles cicatrices. Qui venaient juste installer à coté des innombrables autres que j'arborais. Et elles n'étaient même pas particulièrement grave ou imposantes, ces nouvelles cicatrices. Tout ça, c'était juste un rappel que mon corps... non, que J'AVAIS déjà vu et vécu moult et moult soucis, horreur, fiasco et incarnation du chaos au cours de ma longue vie. Et j'en vivrais d'autre ! Mais je ne m'arrêterais pas tant que je n'aurais pas été aux bout de mes rêves ! Qu'importe les erreurs et accidents qu'on avait eu jusque la : c'était pas en me flagellant moi même que ça allait arrêter Brythagon, et tout les trucs hyper intéressants qui allaient en découler !

Cette petite bataille nocturne imprévue m'avait remise les idées en place ! J'allais prendre un peu de temps pour moi, pour être sur de bien me remettre, mais je n'allais pas lâcher cette bande de bras cassé de si tôt ! Et pour ce qui était du cas Zaria... aujourd'hui, j'avais le pouvoir d'arrêter les fanatiques ! J'irais affronter mes peurs. En pleurant et en hurlant comme un cochon peut être, mais j'leur f'rais la misère !!!







Le lendemain...

Une fois de plus, je n'arrivais pas à dormir. Le jour c'était levé, les autres c'étaient réveillé, mais moi, je n'avais pas réussi à dormir. Et au moment où j'avais cru trouver le sommeil, quelqu'un avait toqué à ma porte, emportant le début de somnolence que j'avais enfin atteint. Il s'agissait de Mathis, qui était venu m'annoncer que le reste du groupe comptais sortir faire des emplettes. J'étais épuisé, et pas du tout remis de la veille. Aussi, je n'avais pas envie de leur expliquer pourquoi je sentais l'halène de poisson. Non pas que j'avais honte de mon escapade nocturne, mais surtout que je n'avais pas la tête à écouter les sermons qui allait suivre ma petite histoire.

Après une discussion assez intéressante avec Mathis, je décidai de lui confier l'anneau du Sans-visage temporairement, le temps que je réussisse à réellement me reposer. J'avais trop peur que, dans un moment d'inconscience, quelqu'un réussisse à me le faucher. Je déclinai la proposition du beau blond de les accompagner en ville, et le saluant, je cherchai à dormir. J'avais tout essayé, mais ça ne venais pas. Debout, comme d'habitude, c'était bizarre, à cause du plancher dans lequel mes racines ne s'enfonçaient pas. Allonger sur un matelas, c'était... étrange comme sensation. Les êtres de chair que j'avais connu dans le passé insistait sur le coté agréable d'un bon lit « doux et moelleux », mais clairement, je ne comprenais pas l'attrait. Mon corps s'enfonçait trop profondément dans la literie, mes branches se prenaient dans les draps et les taie d'oreiller, et mes racines dépassaient du tout. De plus, le grand dessin en cendre que j'avais laissé involontairement sur les draps me fit quelque peu stresser en imaginant la réaction de la « charmante » propriétaire quand elle se rendrait compte que j'en avais mis partout sur un de ses lits.

Et en parlant d'elle... Sa voix portait encore et encore jusqu'à ma chambre, hurlant et vociférant sur tout et n'importe quoi. Après un (trop) long moment a essayé d'en faire abstraction (je regrettais de ne pas avoir d'oreilles à boucher), je fini par laisser tomber, et je décidai de descendre à mon tour. Quitte à ne pas réussir à me reposer, autant en profiter pour récupérer quelques babioles utiles. Les autres avaient visiblement déjà filé, mais ça n'm'empêchais pas de faire des emplettes pour moi même. Et puis, pour une fois que c'était moi qui les laissait se barrer dans leur coin, plutôt que les habituels abandons et oublis auquel j'avais eu droit...

J'allai à la rencontre de la Grosse Sale afin d'avoir quelques infos sur où me rendre. Elle était, comme je m'y attendais, d'une excellente humeur. Ah, pardon, mon accent à prit le dessus : je voulais dire qu'elle était d'une humeur merdique.

Je lui demanda si elle connaissait des endroits où m'acheter de l'équipement de combat, et des explosifs. Si la bataille de la veille m'avait faire comprendre des choses, c'était que j'avais besoin d'une arme plus pratique que cette grande lance, et j'avais besoin de quelque chose de puissant et pour frapper à distance sans avoir à recourir à la magie.

L'aubergiste me parla d'un forgeron en ville, fournissant du matériel de qualité. Pour ma deuxième demande, elle interpréta visiblement mes propos de travers, et commença à me parler d'un truc appeler le « Thiir », qui était assez explosif, mais dans un sens plus « revigorant » du terme. Il s'agissait visiblement d'un genre de poudre jaunâtre capable de donner un sacré coup de fouet à quiconque la consommait, directement ou à travers un liquide. C'était un peu rare et assez demandé en ville, et très apprécié des guerriers. Ça semblait très, très intéressant, mais même en manque de sommeil, j'étais pas né de la dernière pluie (qui était hier) : une sorte de fortifiant de combat comme ça ? Ça cachait forcément quelque chose. Et, sans grande surprise, dès que la phrase « Y a des effets secondaires ? » sorti de ma bouche, la patronne devint soudainement très évasive dans sa réponse, et encore plus acariâtre.

Ouais, un stéroïde magique (enfin, non, pas magique, ils n'aimaient pas la magie dans cette ville) qui devait avoir des contrepartie terrible, donc. Ça restait très intéressant néanmoins. Si j'arrivais à comprendre quels étaient exactement les effets secondaires, et comment les amplifier... peut être que ce fortifiant pourrait être reconverti en poison. Akihito avait l'air de s'y connaître en chimie, il faudrait que je lui en parle.

Ne voulant pas m'attarder plus que ça avec la Grosse Sale, je pris mes affaires et me rendit en ville, suivant les indications qu'elle m'avait donné. Tout d'abord, je me rendis chez le forgeront, qui était...

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A la pointe de la mode ? En tout cas, il avait pas froid aux yeux pour s'habiller comme ça.
Comme Plumage somptueux nous l'avait expliqué en arrivant en ville, ici, tout fonctionnait avec du troc. Une chance, car j'avais pas particulièrement d'argent sur moi, yus ou autre. Je demandai au forgeront une arme qui pourrait être pratique à utiliser à une main, et qui serait efficace contre la chair et le bois. Il ne semblait pas comprendre pourquoi je faisais ces précisions (ça se voyait dans son regard), mais s’exécuta néanmoins, et me ramena … une masse à pique. Une très jolie masse à pique. Comparé au reste de son étalage, celle ci semblait avoir eu droit à une attention toute particulière lors de sa fabrication. Je saisi l'arme en main, et elle était lourde, mais bien moins que ce que je n'aurais cru. Enroulant mes doigts autour de son manche, je fis quelques mouvements secs avec, ayant un peu du mal à la contrôler au début, mais prenant assez rapidement le coup de main.

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Avec ça, homme ou oudio, j'aurais de quoi assommer les gens tout en tenant ma baguette. Confirmant mon désir d'achat au vendeur, je réfléchis à quoi lui proposer en échange, et fini par me défaire de mes grèves : oui, protéger ses jambes, c'était important, mais je n'avais pas l'habitude de porter aussi souvent des vêtements, et encore moins une armure. Mon écorce me rendait déjà plus solide que le plus solide des sanguins, et franchement, c'était désagréable d'essayer de boire et bouger les racines en sentant un poids juste au dessus.

L'homme(?) était un forgeron, alors il serait probablement intéresser par acquérir du matériel venu d'ailleurs. J'avais remarqué que la plupart des objets dans sa boutique avaient le même style, mais que ceux qui étaient différent étaient placé vers le fond, bien à l'abri derrière le comptoir. Et je fus mouche : il me confirma le désir d'échange, et me demanda si j'étais intéressé par quelque chose d'autre.

Déclinant son offre, je me dirigeai vers la sortie, ma nouvelle masse en main. Il me faudra lui donner un petit nom. La boule à pique au bout ressemblait à une châtaigne, peut être la Chaude Châtaigne de Drac ?
…Bizarrement, j'avais l'impression que certains allaient mal interpréter ce nom...

Après cette première visite, je me dirigeai ensuite vers le port pour la suite. En cours de route, je pu remarquer que les rues étaient définitivement bien plus vide le jour que la nuit, et à part quelques traînards dans certaines ruelles, la ville semblait morte. Enfin, morte, non, je voyais bien des regards percer derrière les fenêtres, des yeux cachés derrières les portes qui étaient rivé sur moi. La même chose que la veille, mais en plus discret. J 'étais... dans un bien meilleur état que hier, et je ne me laissa pas accabler par ce comportement.

Une fois arrivé au port, je me mis à chercher la personne que la Grosse Sale m'avait décrite : une femme pale qui aurait probablement un poulpe sur le dos. Et, grâce à ce subtil indicateur, je mis bien vite la main sur ma mystérieuse marchande !

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Comparé à l'aubergiste, cette madame la faisait plus propre, et beaucoup moins bruyante. Ses yeux blancs me rappelait des confrères oudios, ce qui... était un peu agaçant, mais pas trop dérangeant. Essayant de lancer la conversation avec elle, je compris très vite qu'elle n'était pas du genre loquace. Sans prononcer le mot « Thiir », je lui demandais à voir son stock de poudre « explosive », et elle tendit la main, vide, en attente du paiement.

Kerk, contrairement au forgeron, cette madame la était pas du genre à faire tester le produit avant l'achat. J'avais déjà réfléchis à ce que je pourrais lui donner : vu que c'était du troc, elle voudrait quelque chose de très utile, ou de nouveau. Il était hors de question que je lui donne ma fiole de (beurk) salive miracle, et pas question non plus de lui donner mon croc de roi loup. Les objets magiques, c'était mort, donc pas de runes, et même si j'avais confiance en mon bagou, je ne m'attendais pas à réussir à lui refourguer mon oiseau mort des terres désolés. Il fallait que je pense plus simple, et plus astucieux : la solution la plus efficace était d'essayer de lui donner la petite potion de soin que j'avais sur moi. J'avais bien remarquer en me déplaçant en ville que l'alchimie était pas trop pratiquée dans le coin, mais qu'ils étaient aussi du genre à beaucoup se bagarrer.

Lui montrant la petite fiole de liquide rouge, je lui montrai les quelques feuilles que j'avais encore sur la tête avant de lui expliquer que c'était un « breuvage revigorant fait avec des plantes ».
Techniquement, il n'y avait rien de faux dans ce que je disais. C'était pas un mensonge.
Insistant sur le fait que ça pouvait aider à guérir les blessures, et faciliter la chasse au poulpe, je posai la fiole dans sa main. Elle la regarda avec méfiance, l'ouvrit, renifla, et, sans changer d'expression, sorti une sacoche de sa poche et la posa dans ma main, avant de se retourner et partir sans demander son reste.

J'ouvris discrètement le petit sac et je pu voir qu'il contenais une très fine poudre jaunâtre. Frottant une pincé de la poudre entre deux doigts, je constatai que ça correspondait à la description qu'on m'en avait fait à l'auberge. Refermant le sac et le rangeant précieusement, je pris le temps de faire une courbette à ma fournisseuse, la remerciant de vive voix (mais pas trop fort non plus), avant de moi aussi faire demi tour. Trafic ou pas trafic, la politesse n'était pas à oublier.

Une fois cet achat la terminé, je rebroussai chemin et retourna à l'auberge, sentant clairement que mon corps n'allait pas tarder à me lâcher. Les autres n'étaient visiblement pas encore revenu, je me dirigeai donc vers ma chambre, espérant passer une meilleure nuit.





Le surlendemain...




Cette fois ci, j'avais réussi à dormir ! Et pour cela, j'avais appliquer une solution toute simple : j'avais rempli mon seau de boue, et je m'étais planté un pied dedans, près de la fenêtre pour profiter de l'air. C'était loin d'être parfait, mais c'était beaucoup mieux que les autres options. Bien que pas forcément complètement remis du combat de la nuit d'avant, je me sentais déjà beaucoup plus frais et dynamique ! Il ne pleuvait pas aujourd'hui, mais la fraîcheur dans l'air me fit comprendre que la nuit avec été couverte. Aussi, bien que difficile à discerner avec tous les nuages, je pu sentir à la luminosité ambiante qu'on était déjà bien avancé dans la journée. J'avais visiblement fait une grace matiné. Fallait espérer que...

Non. Gagné. A peine sorti de ma chambre, et en allant toquer à la chambre des autres, personne ne répondit. Ils étaient visiblement déjà tous debout, et j'étais prêt à parier qu'ils étaient aussi déjà parti.
Aller, fallait pas s'énerver, fallait partir du principe qu'ils avaient vu que j'étais claqué et qu'ils voulaient juste que je me repose un peu. Ouais. Pensons comme ça.
Je descendis à l'acceuil afin de demandé à la Grosse Sale si elle savait où le reste du groupe était passé, mais à peine arrivé, je compris rapidement qu'elle était d'humeur merdique. Enfin, encore plus que la veille je voulais dire.

A peine arrivé face à elle, je me fis engueuler pour quelque chose de surprenant. J'en étais réellement bouche bée : elle me reprocha de « puer le sexe ».





Je...

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Je n'savais pas quoi dire. De toutes les choses dont j'avais été accusé, celle la était vraiment la plus...
chelou. Débile. Nawak. Ma sincère surprise à sa remarque ne la fit qu'en rajouter une couche, m'accusant maintenant de me « Pignoler dans ma chambre ».

Mais... J'étais pas un Pin moi...

Je...ne pouvais que supposer que d'autres clients c'était adonner aux... « plaisirs de la chair » et autre truc chelou dans une chambre proche de la mienne. Ou alors la patronne était vraiment juste folle. Ce qui était quand même super crédible.

Ayant réussi à glisser ma question entre deux beuglantes, elle m'indiqua que les autres étaient tous parti à la rencontre du titan tentaculé. Cool. Cool cool cool... Ouais, ils m'ont VRAIMENT pas attendu, hein...
Non. Non Drac, t'énerve pas. T'as pas été le plus accessible ces deux derniers jours, c'est ta faute aussi.

Ne voulant vraiment pas m'attarder plus que ça, je pris mes affaires et me quittai rapidement l'auberge (entendant au passage la Grosse Sale se plaindre du fait que les autres aussi « puait le sexe ». Tiens tiens tiens...), et je me rendis en ville. Il fallait retrouver mes compagnons d'infortunes, et la, y avait au moins un avantage : leur objectif était ASSEZ VISIBLE pour le coup.
Par contre, quel chemin précisément ils avaient emprunté ? Ça, c'était plus dur à déterminer. Réfléchissant un instant, j’eus soudainement une idée : il avait plu la veille, et la ville et ses alentours étaient couverts de boue. Il suffisait juste de suivre les traces d'un groupe de sept personnes quittant la ville et allant vers le titan. J'étais ptet pas un super pisteur comme m'sieur Mathis ,mais ça j'pouvais faire.

Faisant le tour des bordures de la ville, je fini par trouver les traces que je cherchais, et je me mis à les suivre. Le trajet dura un petit moment, mais rien de bien dramatique, et je fini enfin par apercevoir au loin des silhouette de gens. Si je fus rassurer au début, ce sentiment s'estompa vite quand je pris conscience de deux chose : la première, c'est que via mes racines, je sentais clairement un goût bizarre dans le sol. Quelque chose de très similaire à du sang. La deuxième, c'était l'odeur nauséabond qui s'élevait dans l'air aux alentours . Après un peu de repérage, je fini par apercevoir la carcasse d'une... créature de chair qui était à moitié mangée. Les autres c'était sûrement fait attaqué en cours de route !

Prit d'inquiétude, j’accélérai le pas,et mes doutes semblaient se confirmer de plus en plus : au fur et à mesure que j'approchais, je me rendis compte qu'il y avait plus que sept silhouette au loin. Une fois que je fus assez près pour distinguer clairement la scène, je du me retenir de lâcher un sursaut de surprise... et de me frapper le visage avec la main :

Au bout d'une fine falaise, se tenait Akihito, Yliria, Mathis et Jorus, et il semblait... en transe. Comment je pouvais le remarquer ? Probablement à cause du titan qui les regardait eu directement. Ou de l'espèce d'aura qu'ils semblaient dégager. Ou alors, plus simplement, parce qu'ils ne semblaient pas se rendre compte de l'espèce de FOUTUE PRISE D'OTAGE qui avait lieu à coté d'eux !

Sur la pointe de la falaise, Visselion tenait une sorte d'harpie difforme dans ses bras, une lame sous la gorge, arme en main. Glanae et Zaria, étaient derrière visiblement désemparé par la situation. En face, une autre harpie, moins difforme mais aux traits agressifs, tenait Plumage somptueux prêt d'elle, couteau sous la gorge.

Et entre tout ça, mes quatre bras cassés préférés qui se tenait la, debout, la bouche à moitié ouverte et les yeux révulsé. A tout les coups en train de blablater avec le titan.


La situation me semblait... Pas géniale. Je n'avais pas les détails, mais fallait pas être un génie pour comprendre que Plumage somptueux c'était faite capturé, et que Visselion essayait de l'échanger contre une bestiole bizarre, sûrement du camp du preneur d'otage. Personne ne bougeait, mais le moindre mouvement brusque et tout risquait de dégénérer.

Il me fallait faire quelque chose, et vite ! Lancer un sort ? Haha, non ! Essayer d'utiliser le feu inné en moi ? Pas une mauvaise idée, mais si je ratais mon tir, je risquais de toucher la mauvaise cible,et je préférais ne pas imaginer ce que briser l'espèce de transe des quatre autre pourrait provoquer.

Il ne me restait qu'une option : profiter du fait que j'étais dans le dos du preneur d'otage. Il ne m'avait pas vu arriver (faut dire, les trois autres non plus ne semblaient pas encore avoir remarquer ma présence), donc si je pouvais m'approcher discrètement...

Y aller en marchant, avec toute cette boue, ça fonctionnerait pas. Et j'étais pas forcément le dieu de la discrétion. Kerf, et Silméria la rigolote qui était pas la... Apparaître de nul part sans crier gare elle le faisait super bien ça...

Bon, il fallait que j'exploite mon plus gros avantage dans le coin, comme avec le combat contre la grande bouche : les gens ici ne savaient pas c'était quoi un oudio !
Massue en main, les bras un peu tendu sur les coté, je me mis à faire glisser mes racines sur le sol boueux, essayant de faire le moins de bruit possible. Je ne me déplaçais peut être pas à toute allure, mais au moins, je n'faisais pas de bruit.

Et si l'emplumé preneur d'otage décidait de se retourner soudainement, j'aurais juste à rester complètement immobile, comme à l'époque dans la forêt : dans le meilleur des cas, il ne capterais pas le subterfuge, et dans le pire, ça laiss'rais l'temps aux trois autres de faire quelque chose !


[Drac se déplace le plus discrètement possible vers le dos du preneur d'otage ennemi dans le but de lui donner un bon coup de masse sur la tête. Si le preneur d'otage se retourne, Drac s'immobilisera complètement, essayant de se faire passer pour un arbre. ]


[Utilisation d'un bon "Créatif" pour fêter le retour!]
Modifié en dernier par Dracaena Paletuv le sam. 27 avr. 2024 03:48, modifié 1 fois.

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