Les Habitations

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Yuimen
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Les Habitations

Message par Yuimen » sam. 6 janv. 2018 14:42

Les habitations de Kers

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Les habitations de Kers sont formées de bâtiments qui pourraient paraître hétéroclites pour un regard non averti, mais qui s’agencent de façon agréable à l’œil avec, en réalité, un certain ordre. Elles sont toutes construites en pierre et s’ornent bien souvent d’une coupole colorée, qu’elle soit verte, turquoise, rouge ou encore parme et ces vives couleurs se marient avec les fleurs qui en décorent les murs. Il n’est pas rare de voir un petit jardinet de taille modeste agrémenter une habitation ou une colonnade grignotée par le lierre. Quelques plans d’eau viennent également rafraîchir cette ville autrement chaude et bien souvent illuminée par un soleil tapant.

Il n’y a pas de quartier pauvre, mais il est dit que les habitations situées à proximité des plans d’eau ou des jardins sont des plus convoitées.

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Yliria
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Re: Les Habitations

Message par Yliria » mar. 23 avr. 2019 19:39

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- Je m’ennuie tellement…

Cela faisait trois jours que nous étions arrivées en ville et Nyllyn commençait à répéter ça en boucle depuis ce matin-là. Penchée sur un énorme grimoire retraçant l’histoire de la région et de l’archipel, je levai le nez des pages jaunies par le temps pour rencontrer les prunelles ennuyées de mon amie. Retenant de justesse un soupir, je refermai le livre en plaçant une plume à la bonne page, pour ne pas avoir à retrouver la page ensuite. Bras croisés et nonchalamment appuyée sur le dossier de sa chaise penchée, Nyllyn me regardait avec une expression démontrant un ennui profond. Je l’avais prévenu pourtant.

- Je t’ai dit que ça n’allait pas forcément être très intéressant pour toi.

- J’espérais un peu d’action, des visites d’endroits inconnus, ce genre de choses.

- C’est toujours possible, mais pour ça, je dois trouver des informations et c’est pas en fouillant au hasard que ça va me tomber dessus.

- Oui, mais je m’ennuie !

Cette fois-ci je soupirai en roulant des yeux. La bibliothèque, de taille modeste, dans laquelle nous étions était relativement déserte donc nous ne dérangions personne, mais j’aimerais qu’elle ne parle pas si fort. C’était grâce aux indications de Batrem que nous avions réussi à la trouver et depuis je ne cessais de chercher des informations dans toutes sortes d’ouvrages, avec l’aide plus ou moins efficace de Nyllyn dont la lecture n’était clairement pas l’activité préférée. Mais au moins elle essayait au début. Au début seulement, visiblement visiter la ville quelques heures par jour ne lui suffisait pas comme distraction et la soif d’aventure qu’elle avait toujours dû contenir commencer à prendre le pas sur tout le reste.

- Et bien, je ne sais pas moi… Tiens, renseigne-toi sur le volcan, peut-être qu’on peut aller voir de plus près.

- Oui mais ça n’a rien à voir avec les recherches.

- On dira que c’est pour souffler un peu d’accord ? Demande à Batrem si des gens seraient susceptibles de nous y emmener, combien ça coûte, ce genre de chose. Et si c’est faisable, on ira voir.

- Super, merci Yli !

Son entrain revenu, elle fila en dehors de la bibliothèque, me laissant seule tandis que je me replongeais dans la lecture de l’épais livre contant les événements des derniers siècles. Il y avait certes beaucoup d’informations, mais aucune ne semblait avoir un rapport de près ou de loin avec ce que je recherchais. J’eus beau feuilleter l’entièreté de l’ouvrage, rien d’intéressant n’en ressortit. Quelque peu déçue, je rangeai le livre à sa place avec un soupir, attirant l’attention du bibliothécaire, un Hafiz d’un certain âge arborant une imposante barbe grisée, qui haussa un sourcil en s’approchant.

- Et bien jeune demoiselle, pourquoi tant de soupir ? Ne trouvez-vous pas ce que vous cherchez ?

- Hélas non. Les livres sont très intéressants, mais je n’ai aucune information sur ce que je cherche.

- Peut-être puis-je vous être d’une aide quelconque ? C’est mon métier après tout.

Il me dit cela avec un large sourire aimable que je lui rendis. Les gens d’ici étaient vraiment charmants et accueillants. Je lui expliquais donc mon problème, que je recherchais des informations sur un artéfact ancien susceptible de protéger de la magie de l’obscurité, qu’il avait été créé par un être puissant appelé Dragon Mauve et qu’il aurait été laissé dans un temple perdu sur une île tout aussi perdue. Les sourcils de l’Hafiz se froncèrent au fur et à mesure.

- Et pourquoi cherchez-vous cet… objet ?

- Et bien… J’ai été attaqué par un mage de l’ombre et… comme je sens que ce ne sera pas le dernier, je préfère pouvoir m’en prémunir. Je ne sais même pas si l’objet existe réellement cela dit.

Le front de l’Hafiz se plissa encore un peu plus et il se retourna sans un mot, disparaissant dans les rayons de la bibliothèque. J’avais comme l’impression qu’il était quelque peu énervé, ou du moins inquiet pour une raison qui m’était inconnue. Je continuai donc de chercher des livres susceptibles de contenir quelques informations lorsque le bibliothécaire revint avec un autre ouvrage plus petit et peu épais, qu’il me tendit.

- Je ne saurai trop vous conseiller de ne pas prendre au pied de la lettre les informations contenues dans cet ouvrage, mais son histoire fait écho à ce que vous semblez rechercher, peut-être trouverez-vous ce qu’il vous faut.

Je remerciai l’Hafiz qui retourna à son travail tandis que je m’installais de nouveau sur ma chaise pour me pencher sur l’ouvrage qu’il m’avait donné. Il était bien plus petit que les grimoires habituels et après quelques lignes, je compris pourquoi. C’était un journal, pas un livre écrit par un chercheur ou écrivain, un journal personnel empli de souvenirs. Le début racontait des choses banales, des anecdotes. Jamais le nom de l’auteur ne fut mentionné, que ce soit au début ou à la fin, et cela me perturba un peu. Pourquoi laisser un journal si ce n’est pour laisser une trace, qui ferait ça ? Je poursuivis néanmoins la lecture, curieuse de connaître la raison qui avait poussé le bibliothécaire à me donner ceci plutôt qu’autre chose. Il y avait parfois des pages manquantes ou encore des passages rendus illisibles par le temps, du sang ou de l’encre qui avait bavé, comme si le journal avait subi énormément de dégâts lors de son écriture. Mais un passage en particulier retint mon attention.

C’était une erreur de croire que nous aurions pu ainsi fouler le sol de cet endroit sans conséquences. Roy et Flay sont morts, puis se sont relevés aussitôt. Longtemps j’ai couru, serrant dans mes bras ma compagne, Haria, pour la protéger. La chaleur étouffante n’arrange rien. Après la jungle, nous pensions être sortis d'affaire, mais ce temple est encore pire, la magie malsaine qui règne en ces lieux est si forte qu’elle est presque palpable. Cette île portait bien son nom finalement, jamais nous n’aurions dû y mettre les pieds. Tout ça pour une histoire d’artéfact ! Si je survis à tout ça, je ferai de mon mieux pour dissuader ceux qui souhaitent se rendre dans ces lieux, sur cette île maudite. Personne ne doit approcher du temple de Mongoor Vlash. Je dois rentrer à Kers au plus vite.

Le récit me tint en haleine un moment, racontant l’échappée au cœur de la jungle, la mort de la fameuse Haria, dévorée par une créature inconnue. Ce passage fut très difficile à lire tant l’homme semblait être en train de perdre la raison en écrivant. Puis le récit s’arrêta brusquement, comme si l’écrivain avait cessé d’écrire soudainement. La raison de ce soudain arrêt ne me laissait guère de doute. Je retournai voir le bibliothécaire pour essayer d’en savoir plus.

- Personne ne connaît le nom de celui qui a rédigé ce journal. Quelqu’un a retrouvé son corps sans vie quelque part dans les plaines du sud et ce journal a été vendu à plusieurs reprises avant d’atterrir ici. Vous a-t-il été d’une aide quelconque ?

- En quelque sorte. Le nom de Mongoor Vlash vous dit-il quelque chose ? Il le mentionne plusieurs fois.

- Mongoor Vlash ? C’est celui que vous appelez Dragon Mauve jeune fille et c’était un être mauvais et dangereux d’après ce que l’on raconte de lui.

Je le regardai avec un intérêt non dissimulé et il soupira, visiblement ennuyé.

- Vous comptez toujours la trouver alors ?

- Oui. S’il s’avère que la piste mène bel et bien à l’objet que je recherche, je ne peux pas abandonner comme ça. Cela concorde avec mes informations. Un temple sur une île, dans la région, le Dragon Mauve. Ça m’aide beaucoup.

- Je ne saurai trop vous recommander d’être prudente et d’éviter cet endroit…

Je fis de mon mieux pour ne pas afficher un large sourire. Faisant fi de la mise en garde, je me disais simplement que les perspectives venaient brusquement de s’élargir grâce à cette découverte. Souhaitant une bonne soirée au bibliothécaire et après l’avoir sincèrement remercié, je sortis de la bibliothèque après avoir laissé un mot à l’attention de Nyllyn pour qu’elle rentre à l’auberge sans moi, au cas où elle repasserait par là. J’avais quelque chose à faire dans une boutique magique.


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Yliria
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Re: Les Habitations

Message par Yliria » lun. 6 mai 2019 07:59

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L’expédition


Le lendemain, Nyllyn et moi suivîmes donc Izar’tho lorsqu’il vint nous demander notre réponse. Il sembla ravi de notre accord et nous proposa de nous conduire immédiatement auprès de son maître afin de négocier les « détails » de l’expédition avec le principal concerné. Le suivant à travers le dédale des larges rues bondées de la ville, je me demandai quel genre de personnage pouvait bien vouloir mener ainsi une expédition sur une île que tout le monde semblait vouloir éviter à tout prix. J’avais à plusieurs reprises douté, me disant que le risque était peut-être trop grand, que cela n’en valait pas la chandelle, mais sans réussir à me résoudre à abandonner pour autant. Je trouvais égoïste d’embarquer Nyllyn là-dedans malgré qu’elle affirmait qu’elle était pleinement consciente des risques et qu’elle ne ferait pas marche arrière. Un duo de têtes de mules, voilà ce que nous étions. Cela fit rire Alyah qui me chuchota que nous faisions la paire.

Après une vingtaine de minutes de marche au travers des rues pavées, nous arrivâmes devant une bâtisse richement décorée, ornée de magnifiques décorations murales de fleurs chatoyantes et d’une coupole typique, d’un vert émeraude. Une grande double porte ornée de tête de griffon avec un anneau dans le bec nous faisait face. Le faste du lieu était évident et les deux gardes à l’entrée ne faisaient que renforcer ce sentiment. Je m’attendais effectivement à quelqu’un de riche, mais c’était visiblement au-delà de ce que j’imaginais. Si l’extérieur montrait une certaine aisance financière, l’intérieur transpirait la richesse. Tapis hors de prix aux motifs complexes sur le sol ciré et presque miroitant, tableaux dans des cadres doré accrochés aux murs d’où des gravures étaient visibles, escaliers de marbre et ornements nombreux dans des métaux précieux. Autant dire que Nyllyn et moi n’avions jamais vu une telle chose. Izar’tho s’amusa de notre surprise et nous invita à le suivre à travers les luxueux couloirs de la bâtisse. Ouvrant une double porte d’un bois massif et probablement précieux, il nous fit pénétrer dans une large pièce.

Il nous demanda de patienter ici et je pus observer un peu l’endroit après son départ. D’une curieuse forme hexagonale, l’un des murs comportait une grande cheminé surmontée de décorations guerrières, une épée et une hache croisées sur un bouclier. Les autres murs étaient décorés de divers tableaux et un buffet était collé à celui de gauche. Le centre de la pièce semblait prévu pour recevoir des invités. Quatre fauteuils d’un rouge sombre fait d’une matière douce au toucher faisaient face à un immense divan de la même matière, une table basse d’un bois verni séparant les différents meubles. Il y régnait une douce odeur de bois et de fleurs qui n’était pas désagréable. Nyllyn et moi nous installâmes sur le divan, examinant la pièce avec curiosité. Nous avions refusé poliment qu’on nous débarrasse de nos manteaux et armes, par principe, et nous nous en délestâmes à ce moment, la chaleur agréable de la pièce devenant quelque peu trop importante avec tout l’attirail.

Nous patientions depuis quelques minutes seulement lorsque la porte s’ouvrit pour laisser entrer un Hafiz qui semblait bien plus jeune que les guerriers qu’il avait envoyé. Le trait fin et délicat, il avait la peau sombre et des cheveux d’un noir de jais. Ses yeux en amande, d’un vert saisissant, se posèrent sur nous et sa bouche dessina un sourire, dévoilant une dentition blanche et impeccable. Il était vêtu d’une chemise blanche surmonté d’une veste noire, assortie à son bas de la même couleur. Une chevalière était visible à sa main droite et, détail amusant, il portait des pantoufles qui dénotaient beaucoup avec le reste de sa tenue. Il chuchota quelque chose à Izar’tho et celui hocha la tête avant de s’éclipser, refermant la porte derrière lui après un bref salut de la tête. Le maître des lieux s’intalla donc en face de nous, dans un des larges fauteuils où il croisa les jambes d’un air décontracté, ses mains se joignant sur ses genoux. Il parla alors, d’une voix grave mais claire.

- Je suis ravi que vous ayez accepté ma proposition. Je tiens donc à me présenter, Théodore Joraquin. J’imagine que ce nom vous est inconnu puisque vous venez seulement d’arriver aussi je vous laisserais faire vos recherches si cela vous intrigue. Et vous êtes ?

- Yliria, et voici mon amie, Nyllyn. Et j’imagine que vous avez déjà fait vos recherches sur nous, je n’en dirais donc pas plus.
Un sourire de connivence s’afficha sur son visage et il acquiesça.

- Izar’tho m’a dit que vous étiez maligne, je vois qu’il avait raison. Si je vous ai cordialement invité aujourd’hui, c’est pour que nous voyons ensemble les détails concernant l’expédition que je compte mener. Il m’a été rapporté que vous souhaitiez vous y rendre pour trouver un objet, c’est bien cela ?

- C’est exact, une cape plus précisément. C’est la seule et unique chose que nous souhaitons récupérer sur cette île.

Je ne précisai pas de quelle cape il s’agissait ni pourquoi nous la recherchions, il n’avait nullement besoin de savoir cela. Il décroisa ses jambes et ouvrit un tiroir sous la table, sortant un petit carnet et de quoi écrire, prenant des notes quelques instants.

- Fort bien, j’imagine que vous souhaitez récupérer cet objet si nous le trouvons, voire partir à sa recherche pendant notre expédition ?
- C’est en effet ce que nous espérons.

- Ma foi, cela ne devrait pas être un problème si c’est la seule revendication que vous avez. Vous serez bien évidemment payées à la hauteur de vos actions et des risques encourus durant notre expédition. Vous devrez amener votre propre équipement, mais la nourriture et l’eau vous seront fournies et nous nous servirons une fois sur place si cela venait à manquer. Avez-vous des questions ?

- Une seule. Pourquoi cette expédition ?

- Simplement parce que j’aimerais laisser mon nom dans l’Histoire et que j’ai soif d’aventures depuis tout jeune. Découvrir des contrées lointaines inexplorées est difficile de nos jours, mais pourquoi traverser la moitié du monde alors qu’une île si proche de nous n’a pour ainsi dire jamais dévoilé ses secrets.

- Mais d’autres ont déjà exploré l’ile, il y a des histoires et légendes. Quelqu’un a forcément dû en revenir.

- Evidemment, mais aucun d’eux n’a marqué l’Histoire. Car aucun d’eux n’a pu trouver ce que je recherche : une Licorne. Je sais qu’elle existe et je sais qu’elle est sur cette île et je ferai tout pour la trouver. Et c’est l’un des objectifs de cette expédition, si ce n’est l’objectif principal.

Ni Nyllyn, ni moi ne nous attendions à cette réponse. Une licorne ? Animal magique des contes et légendes que Père me racontait quand j’étais petite, je n’avais jamais cru qu’une telle créature puisse réellement exister. On disait que seuls les cœurs purs pouvaient l’apercevoir. J’étais légèrement dubitative quant à la capacité de cet homme à posséder un cœur pur, mais soit, ce n’étaient que des légendes après tout, peut-être qu’il était possible de la trouver autrement. Une fois qu’il termina sa réponse, il nous expliqua nos rôles. Nous devions protéger le convoi jusqu’à ce que nous arrivions à l’endroit où nous traverserions le bras de mer qui séparait l’île des côtes, puis nous serions ensuite chargé de protéger les membres de l’expédition contre d’éventuelles attaques. Il se voulut rassurant, affirmant que notre groupe, au vu de sa taille, ferait probablement fuir les animaux et que seuls les Worans seraient un réel problème. Lorsque Nyllyn souleva l’idée de simplement engager le dialogue avec les natifs, il s’esclaffa.

- Voyons, il est impossible de parler avec de tels animaux. Non, il vaut mieux rester à l’écart. Nous n’attaquerons pas, mais nous saurons nous défendre.

L’entretien dura un moment. Le salaire présenté – environ 1500 yus sans compter les primes et les bonus liés aux éventuelles découvertes – me semblait correct et Nyllyn était d’accord avec moi. Lorsque tout fut réglé, il nous fit raccompagner, nous donnant rendez-vous trois jours plus tard à la sortie Sud de la ville à l’aube où nous retrouverions le reste de l’expédition. Trois jours avant le départ me semblaient un peu court, mais puisqu’il certifia qu’ils avaient tout prévu de longue date, j’assurai notre présence pour cette date. Nous quittâmes donc la bâtisse avec la certitude que nous partions pour un long périple.

- T’y crois à cette histoire de licorne ?

- J’en sais trop rien… Est-ce que ça existe déjà ?

- J’espère que oui… j’adorerais en voir une !

Le ton enfantin et enjoué de Nyllyn me fit sourire et je me pris à rêver, moi aussi. Une licorne… ce serait incroyable d’en trouver une.

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