Le Port des Pirates

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Capitaine Hart
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Re: Le Port des Pirates

Message par Capitaine Hart » mar. 24 sept. 2019 21:40

Les deux hommes cessèrent de s'agacer mutuellement, et Makkar, après s'être gratté le menton, fut le premier à parler :

- Eh bien... Je connais un ou deux navires auquel Sans-Pitié tient tout particulièrement. Le premier, vous l'avez déjà bien amoché. Le navire aux voiles rouges qui appartient au chef des Raies Sanglantes. Ces monteurs de raies sont la fierté de Sans-Pitié, ses soldats d'élite en quelque sortes. Le bateau doit être en train d'être rafistolé quelque part. Sinon... y'a Brisécume.

Le nom semblait avoir une certaine connotation, car Makkar risqua un regard dans la direction de Mouréna, qui regardait le sol d'un air sombre.

- Un vrai mastodonte. Rien à voir avec votre rafiot, sans vouloir manquer de respect, madame.

Il baissa son chapeau à l'adresse de la capitaine.

- C'est le navire que Sans-Pitié utilise pour ses pillages, quand il ne se repose par sur cette île. C'est suicidaire de l'attaquer en mer, mais là il est sans aucun doute amarré quelque part. Je mets ma main à couper qu'au moins un de ses bateaux est amarré pas très loin de la villa. Sous surveillance, bien sûr, mais rien d'insurmontable, à mon avis. Si on arrive à mettre la main sur au moins un des joyaux de sa flotte, il sera fou de rage, et nous, en possession d'une arme redoutable.

Eliwin, les bras croisés, reprit la parole, à la surprise générale :

- Quoi d'autre ?

Mouréna proposa une alternative :

- Mmmh... Si il y a bien une chose dont ce tyran s’enorgueillit sans cesse, c'est sa puissance militaire. Il arrache les jeunes Sang-Pourpres au village pour les emmener dans ses camps d'entraînement, au nord-ouest de l'île... C'est là qu'ils abandonnent tout scrupule et toute individualité. Attaquer directement un de ces camps serait un peu de trop, mais si il y a moyen de ridiculiser ses soldats aux yeux de tour, il sera sacrément contrarié. Et puis, j'ai entendu dire que c'était aussi là qu'il gardait ses prisonniers. Les chances sont minces, mais on pourrait bien tomber sur des membres de ton équipage, Leyna. J'espère que Moura les a protégés du pire...

Quant à la question d'une personne chère à Sans-Pitié, Makkar détourna la pensée d'un geste de la main :

- Vous l'avez bien regardé ? C'est un homme au cœur de pierre. Je doute qu'il accorde la moindre importance à quoi que ce soit d'autre que ses conquêtes.
- Il y a quelqu'un.
- Hein ?


Mouréna serra les poings. Il comprenait à quel point leur situation était désespérée, mais il ne supportait guère l'idée qui venait de germer dans son esprit.

- ... Il a une fille. Malyinn, je crois que c'est son nom.

La petite cave fut plongée dans un silence accablant par cette seule déclaration.

- Attends, quoi ?! C'est vrai, ce que tu racontes, l'ancien ?
- ... Je suis l'un des seuls à savoir. Je doute que même ses plus loyaux serviteurs ne soient au courant. Inutile de dire pourquoi il tient tant à garder le secret. Il la garde sans doute dans sa villa, bien à l'abri des regards et du monde extérieur. Elle est sans doute le trésor le mieux gardé de l'Île du Serpent, et la plus grande faiblesse de l'homme qui se cache derrière le nom de Sans-Pitié...
- Alors, si on trouve un moyen de la prendre en otage...


Mouréna grinça les dents quand Makkar épela l'acte haineux qu'ils étaient en train de planifier.

- Ce serait la pire des lâchetés. La fille est innocente. Mais avec elle, Sans-Pitié serait à notre merci, et on pourrait retourner toute l'île contre lui. Mais tout de même...

Ceux qui étaient regroupés dans ce petit endroit poussiéreux se lancèrent des regards pleins de doute et de sens. Il allait falloir prendre une décision. Il y avait peut-être aussi d'autres pistes qu'ils n'avaient pas explorées...
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Leyna
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Re: Le Port des Pirates

Message par Leyna » ven. 27 sept. 2019 13:14

Celle-ci ne tarda pas à abonder en son sens. Il était plus simple à ses yeux de tenter une action de résistance. Le vieux prêtre avant quelques idées en la matière : il avait connaissance des navires du Sans-pitié, et capturer le plus puissant d'entre-eux leur permettrait d'acquérir une arme sans pareil. Cependant, il était aussi possible de s'attaquer directement aux sites où ses soldats étaient formés, d'autant que c'était là que d'autres membres d'équipages de la Rascasse étaient détenus. En entendant ceci, Leyna ne douta pas que la capitaine allait privilégier cette option.

Il signala une autre possibilité : il savait que le sang-pourpre avait un secret, caché en sa demeure... une fille ! Le plus puissant des pirates du sang-pourpre cachait une fille ! Nul doute que si une telle chose était révélée, l'île se retournerait contre lui. Mais Leyna secoua la tête, catégorique :

« Cette... Malyinn doit être sauvée, et non jetée en pâture aux habitants de cette île. Même si la prendre en otage pourrait nous être d'une grande aide, je suis bien placée pour savoir le danger qu'il y a à savoir sa vie révélée au grand jour quand on est une fille du peuple marié à Moura. »

En revanche, elle une réflexion lui venait, qu'elle formula ainsi :

« Vous parlez de ses camps militaires... s'agit-il des endroits où il emploie la plante maléfique du temple ? Vous sembliez dire que nous ne pouvions attaquer les lieux de culture, mais si nous pouvions brûler les stocks dans ces camps, peut-être pourrions-nous retourner une partie de ses soldats contre lui, en plus de récupérer les nôtres. »

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Mythanorië
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Re: Le Port des Pirates

Message par Mythanorië » dim. 13 oct. 2019 11:06

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Il fallut une poignée de secondes pour que Makkar et Mouréna fassent silencieusement une trêve, le temps de répondre à mes questions. L'humain évoqua des navires, l'un que nous avions déjà amoché puisque vaisseau aux voiles rouges appartenant au chef des Raies Sanglantes. J'eus une brève pensée pour ce dernier, me demandant s'il avait été remplacé avec une férocité en adéquation avec son échec. J'eus un sourire en coin quand notre guide précisa que ces monteurs de raies étaient l'élite des soldats du tyran local. Uniquement parce qu'ils agissaient sous couvert de brume et préféraient se trancher la gorge que d'être pris, sans doute. En-dehors de cela, mon équipage de survivants les avait tenu en respect avec pas mal d'aisance.

Un nom survint, Brisécume, dont la venue fit s'assombrir le visage de l'éarion. Et pour cause. Je ne pris nullement ombrage de la comparaison entre ma chère Rascasse Volante et le bâtiment, car il s'agissait visiblement d'un vaisseau énorme, sous-entendu doté d'un armement à sa mesure. Imprenable en mer, accompagnant Sans-Pitié dans ses pillages, mais certainement en train de mouiller à proximité. L'idée de dérober ce que j'imaginais être un galion aussi massif m'intéressait, mais j'étais réaliste. Nous n'étions qu'une poignée. Si s'infiltrer à bord restait possible, pour peu qu'un équipage conséquent fusse de garde, nous allions avoir une lourde bataille à mener. Et après l'avoir possiblement dérobé ? Détruire aveuglément le reste de la flotte présente ? C'était inacceptable. Nous étions venus chercher des appuis pour la Confrérie, pas jouer les membres de la marine royale à leur place.

Une fois de plus, Eliwin prit la parole pour s'enquérir d'autres possibilités. C'était étrange. Mon protecteur n'était pas du genre à se faire remarquer de cette façon. Une intuition m'amena à penser que le sujet Sans-Pitié avait quelque chose de personnel à ses yeux. C'était fort probable. Les eaux de Yuimen avaient beau être vastes, les bâtiments voguants, les lieux de pillage et de repos restaient en nombre restreint. Une réputation se faisait assez vite parmi les marins de toutes écailles.

Mouréna enchaina, parlant de camps au nord-ouest de l'île où les futurs soldats étaient formés à oublier leur individualité et leurs scrupules. Déjà qu'un sang-pourpre n'était pas réputé pour sa compassion... Je laissai mes yeux clairs s'attarder sur la forme de l'elfe bleu en l'écoutant ajouter que certains prisonniers y étaient aussi gardés. Mes hommes s'y trouvaient peut-être. En mauvaise compagnie, si le tyran avait eu l'idée saugrenue de punir son chef des Raies sanglantes par une simple période d'emprisonnement post-bastonnade. Quant à la possibilité d'une personne chère, Makkar la rejeta d'emblée, mettant le caractère de l'homme au coeur de pierre en avant. Sauf qu'à la surprise générale, me laissant bouche bée, Mouréna le contredit. Il révéla l'existence d'une descendance. D'une fille. Au milieu de sang-pourpres, le scandale de ce savoir provoquerait certainement la colère de ce peuple ancré dans ses traditions. La chose semblait si bien gardée que même les serviteurs les plus loyaux du maître de l'île ne semblaient pas au courant. Malyinn. Quel âge pouvait bien avoir cette personne et pourquoi serait-elle encore en vie quand les moeurs voulaient son trépas à la naissance ?

Je jetai un regard sur la Prêtresse, faisant un petit rapprochement. Cela arrivait, après tout. La jeune femme, couvée du regard par son semi-elfe de compagnon, refusa tout net la possibilité de la prendre en otage, rappelant à juste titre la difficulté de la vie d'une descendance féminine au milieu de sang-pourpres. Nahöriel serra doucement les poings en l'écoutant et prit une inspiration lente. Leyna' enchaina, évoquant une certaine plante maléfique utilisée dans le temple. Nous en débarrasser pourrait peut-être aider à retourner une partie de ses soldats contre lui.

"Une plante maléfique ?"

Je fronçai les sourcils, curieuse d'en connaître les propriétés exactes. Une drogue peut-être, mais destinée à quoi ? Asservir ceux qui en consomment, peut-être ? Pour un peuple aussi farouche et respectant l'aspect force de Moura, être dominé par un moyen aussi perfide était plus que révoltant. Mon attention se porta brièvement sur Samrik. Je doutais qu'il eusse fait un rapprochement similaire, aussi examinai-je brièvement sa posture et son expression avant de reporter mon attention sur le reste de la pièce.

Plusieurs possibilités découvertes, d'autres encore auxquelles songer. Le temps pressait, mais se lancer sans plan n'allait arranger personne, sauf Sans-Pitié, évidemment.


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Capitaine Hart
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Re: Le Port des Pirates

Message par Capitaine Hart » lun. 21 oct. 2019 19:35

Il avait beau s'entêter à ne pas rendre ses émotions transparentes, Mouréna afficha tout de même des signes de soulagement quand il vit que la défense de Leyna semblait détourner l'équipage du plan le plus cruel. Cependant, à la mention de la drogue utilisée par Sans-Pitié, il montra à nouveau des signes d'inquiétude. Néanmoins, une réponse à cette question était bien méritée.

- La plante dont parle Leyna est ce qui permet à Sans-Pitié de s'attirer la loyauté de pirates venus des quatre coins du monde. Elle ne pousse qu'à un endroit bien particulier de l'île, et à petite dose, ses qualités relaxantes et hallucinogènes sont plus fortes encore que les opiums les plus chers de Yuimen. Parmi les pirates, certains la consomment pour oublier les horreurs d'une vie de pillage, d'autres la revendent à prix d'or par appât du gain. Et à forte dose, elle érode la volonté, rend la personne complètement passive et soumise. J'en ai fait l'expérience, Leyna ici présente peut le confirmer. L'Orchidée, c'est comme ça qu'ils l'appellent. Mais Sans-Pitié ne s'en sert pas sur ses hommes, il préfère les endurcir à coups de fouet. Nul ne sait où il l'entrepose, mais je suis l'un des seuls à connaître sa provenance.

Visiblement nerveux, il se gratta l'arrière de la nuque avant de continuer. Makkar restait silencieux. Mouréna marqua un temps d'hésitation.

- Un endroit reclus au nord de l'île, que les vieux pirates appellent le Paradis des Marins. Un endroit interdit, sous haute protection. Les Sangs-Pourpres qui le gardent sont triés sur le volet, encore plus que la garde personnelle de Sans-Pitié. Mais même ces soldats d'élite n'ont pas le droit d'y mettre pied. Je vous déconseille-

Un bruit de porte enfoncée à l'étage du dessus interrompit Mouréna dans son explication, et tous se figèrent sur place, la main posée sur leurs armes respectives. Même Makkar n'osa y aller de sa petite réplique. Un flot de poussière dégringola jusqu'à la cave où ils s'étaient cachés. Même si c'était une bicoque abandonnée, apparemment, les Sangs-Pourpres avaient décidé de passer le périmètre au peigne fin. Ils entendirent des bruits de pas faisant craquer le plancher de bois au dessus de leur tête. Ce n'était qu'une question de temps avant que quelqu'un ne les repère. L'identité et le nombre d'arrivants était inconnu, mais à en juger par les bruits de pas, au moins trois personnes venaient de pénétrer dans la maison en ruines, et ils ne tarderaient pas à descendre...

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Leyna
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Re: Le Port des Pirates

Message par Leyna » dim. 27 oct. 2019 18:39

Comme Myhanorië s'étonnait, Mouréna lui expliqua la nature de la plante, qu'il appelait l'Orchidée. Cependant contrairement à ce que pensait la prêtresse, il ne s'en servait que rarement, et uniquement sur ceux qu'il ne pouvait réduire à l'obéissance par d'autres méthodes plus brutales. Dans ces conditions, les gains à espérer de la destruction du stock ne valaient pas le risque d'affronter les gardes, qui étaient les plus puissants de l'île.

C'est alors qu'un grand fracas retentit au-dessus d'eux. Des soldats sang-pourpre les avaient trouvé ! Leyna les aurait bien affrontée, mais elle avait besoin de repos. Comme la capitaine décidait de partir vers le camp pour libérer leurs compagnons prisonniers, la prêtresse fit signe de partir en vitesse, restant en retrait le temps que tout le monde ait évacué.

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Mythanorië
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Re: Le Port des Pirates

Message par Mythanorië » dim. 27 oct. 2019 20:13

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*35*

Ma question reçut une réponse plutôt détaillée de la part de l'éarion. Une plante ne poussant qu'en un lieu précis de l'île et qui, à petite dose, mettait au rang des chiques les plus vulgaires les opiums les plus chers. En somme, une drogue. Consommée par les pirates à la conscience hantée par les pillages ou revendue sans doute à de pauvres hères ne pouvant plus s'en passer. De l'argent facile, gagné sur le dos de personnes trop désespérées pour se défendre. J'en plissai les yeux. Autant l'idée d'aborder des vaisseaux pour les délester de leur contenu ne me dérangeait guère, autant celle d'exploiter des gens rendus misérables et sans doute contraints de s'adonner à ce vice sous peine d'en souffrir grandement m'irritait bien davantage. À forte dose, la plante dite Orchidée, rendait la personne passive et soumise, mais le tyran local ne semblait pas l'employer sur ses hommes. Le fouet, voilà qui endurcissait apparemment ses troupes. Le règne par la terreur et la douleur. C'était à se demander comment il pouvait avoir encore des hommes capables de se tenir correctement, les sang-pourpres étant généralement si fiers qu'ils préféraient se battre jusqu'au trépas que de courber l'échine. Par Moura ! Si encore il avait démontré sa force au combat et gagné leur respect de cette façon... Mais il devait sans doute laisser à ses sbires le soin de briser les esprits jeunes. Méprisable. Il était plus que temps de faire choir cet indigne personnage de son piédestal.

Mon serpentin se serra, grinçant subtilement le long de mon corps. Mouréna continua, évoquant le Paradis des Marins, lieu gardé et interdit d'accès, même par ceux qui en assuraient la sécurité. La plante viendrait de là, et je haussai brièvement un sourcil, curieuse de savoir quelles étaient les conditions permettant à cette vie végétale de ne croître que là. Et qui parmi les présents sur l'île était en droit d'en faire la récolte.

L'elfe bleu commençait tout juste à nous mettre en garde quand, au-dessus de nos têtes, le bruit d'une porte enfoncée retentit. Mes yeux clairs se rivèrent au plafond, ma main effleurant la garde de mon arme. Au moins trois personnes venaient d'entrer dans la bâtisse abandonnée, et le poids des pas laissaient entendre qu'il s'agissait sans doute de gens bien armés. Ils allaient sans doute finir par descendre, et peut-être même pas tous ensemble. Je jetai un bref regard à la prêtresse, prenant note de l'expression pincée de Nahöriel à ses côtés. Se battre ici et maintenant était une mauvaise idée. Même si nous éliminions une patrouille, rien ne garantissait que notre petit contingent pusse esquiver tous les témoins. Mes canaux de sève se serrèrent brièvement dans mon torse à l'idée de scinder notre groupe, pour gagner en discrétion. D'un côté, je ne voulais pas perdre de vue les membres d'équipage qu'il me restait. De l'autre, mon esprit logique m'indiquait avec insistance que nos chances d'accomplir quelque chose ne pouvaient qu'augmenter si nous nous séparions brièvement.

Étant la plus proche du passage, je l'indiquai d'un mouvement de tête et pris vivement la parole à voix basse.

"Filons. Si séparés, direction nord-ouest. Les camps d'entrainement."

Implicitement, pour savoir si les nôtres s'y trouvaient. Pourvu que les forts caractères de certains ne les aient pas poussés à commettre quelque acte désespéré... Je regardai la zone proche de la sortie, cherchant à vérifier si la voie était libre. Je m'engageai en premier dehors, faisant au mieux pour calmer mon expression faciale et retrouver mon visage neutre. Qui pouvait dire s'il n'allait pas falloir que je fusse auteur d'une autre distraction en chemin ?


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Re: Le Port des Pirates

Message par Capitaine Hart » lun. 4 nov. 2019 19:22

En passant la tête par l'ouverture, Mythanorië put constater que la voie était libre... pour le moment. Des grondements s'élevaient déjà des allées poussiéreuses, et bien sûr, il y avait les pas hâtifs des soldats qui rôdaient près du bâtiment. Heureusement, les rues et chemins du village étaient assez étroits et nombreux pour permettre à quelqu'un d'habile d'échapper à la vigilance des poursuivants, mais pour tout un groupe, cela allait s'avérer difficile. D'un autre côté, les villageois s'étaient retranchés dans leurs demeures et ne semblaient plus arpenter les rues qui offraient pas mal d'endroits pour se cacher. Makkar et le reste de l'équipage de la Rascasse se plaça derrière Mythanorië, prêt à sortir à sa suite sans dire un mot, tous conscients qu'ils étaient du danger de leur situation. Elle pouvait constater que trois chemins distincts, cernés de bâtiments assez hauts pour cacher la vue, donnaient dans la direction du Nord-Ouest. Leyna s'assura que nul ne n'était laissé derrière tandis qu'elle surveillait l'escalier : personne en vue mais ça n'allait pas durer. La seule personne qui n'était pas encore montée au niveau de la capitaine était Mouréna, qui se sentait obligé de rester aux côtés de Leyna, même si il s'efforçait d'afficher un air désintéressé.

En attendant, qu'allaient-ils faire ? Se séparer en plusieurs groupes et prendre le risque de le diviser à nouveau, ou avancer ensemble tout en se rendant plus faciles à repérer par les soldats ?

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Mythanorië
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Re: Le Port des Pirates

Message par Mythanorië » ven. 8 nov. 2019 17:24

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*36*


Mes yeux clairs prirent très vite quelques informations cruciales. La voie était libre même si les sons de pas lourds des gardes résonnaient dans les environs.Nombre de témoins étaient partis et trois chemins distincts s'ouvraient dans la direction choisie. Les voies étaient assez sinueuses pour un déplacement en comité réduit, les hautes parois pouvant masquer les individus assez aisément. Effectif réduit... Ce qui signifiait devoir scinder ce groupe que j'avais tant redouté voir fondre encore en importance. Tout mon être était contre, mais ma raison prit le dessus. Je jetais un bref regard par-dessus mon épaule, un choix logique ne se formulant pas même en mots m'apparaissant de lui-même.

Émergeant de la cachette, je m'écartais sur la droite et fis un vif geste des serpentins.

"Nahö', Leyna', Mouréna et Samrik. À gauche, pas de précipitation. Les autres, avec moi."

Le groupe de la prêtresse, s'il se déplaçait sans avoir l'air de redouter quelque chose, avait moins de chance d'attirer l'attention, car il était certain que le sang-pourpre humilié plus tôt avait du concentrer son attention sur moi. Il ne pouvait qu'avoir retenu mon faciès d'écorce ainsi, peut-être, que la silhouette costaude de Eliwin à mes côtés. J'aurais sans doute du laisser Mercurio partir avec eux, mais il m'avait tellement l'air à côté de ses chausses en ce moment que je préférais garder un œil sur lui. Nahö' pouvait soutenir sa tendre moitié au cas où, mais un humoran aussi massif, sans doute pas. Et j'avais confiance en mon Maître d'armes pour respecter la Prêtresse, ayant fait une démonstration de sa force à son encontre auparavant. Je l'imaginai sans problème capable d'user de ses lames pour défendre une Leyna' visiblement éreintée. Les deux groupes ayant un habitué de l'île avec eux, nous devions pouvoir parcourir les ruelles du village assez rapidement.

En vérité, si l'attention s'était portée sur nous, cela aurait été préférable pour laisser le champ libre aux autres. Toutefois, je n'allais pas faire exprès d'attirer les regards dans la direction que nous allions emprunter ni tenter de leurrer les gardes à l'opposé. Trop risqué. Trop imprévisible. J'optai pour la ruelle opposée à celle de l'autre groupe, misant sur les angles cassant la ligne de vue et nous permettant de prendre un peu d'avance sur les possibles patrouilles sur nos talons. Mes serpentins se serraient par à-coup sur la garde de mon arme, tout comme ma mâchoire. Je refusai de poser mes yeux pâles sur les expressions des autres, redoutant un quelconque refus qui nous eusse causé des tracas supplémentaires.

S'il était une chose dont j'étais en train de me convaincre, à la fois pour garder la canopée froide et conserver un brin de fougue dans mon torse, c'était que je plaignais presque Mazhui. L'ynorien allait avoir les oreilles sifflantes un long moment, après que je lui eusse raconté l'intégralité des problèmes causés par cette simple prise de contact. Presque donc, car l'homme n'allait pas y couper, foi de Capitaine Mythanorië !


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Re: Le Port des Pirates

Message par Leyna » sam. 9 nov. 2019 21:54

Finalement, la jeune femme sortit avec l'aide de Mouréna. Une fois dehors, la capitaine insista pour former deux groupes afin de rendre toute poursuite plus difficile. Samrik, le maître d'armes Garzok, viendrait avec elle et le vieux prêtre. Et Nahöriel, bien sûr. Le semi-elfe se glissa près d'elle, se proposant de l'aider à avancer. En temps normal, elle l'aurait rembarré, car elle était assez forte pour se débrouiller seule, mais le sentir si proche avait quelque chose de rassurant. C'était un peu comme un retour à la normale... surtout, elle faillit sourire en sentant une main hésitante qui cherchait par où la prendre pour ne pas avoir l'air déplacée...

Le garzok leur dédia un regard teinté d'une pointe de mépris, mais il n'en dit pas plus. Il n'avait sans doute toujours pas digéré que la prêtresse l'ait vaincu en combat singulier, mais il avait trop d'honneur pour tenter de se venger, surtout alors qu'elle était affaiblie. Ils s'engagèrent dans les ruelles, avançant au plus vite en guettant partout autour d'eux, prêts à réagir en cas d'attaque...

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Re: Le Port des Pirates

Message par Capitaine Hart » mar. 19 nov. 2019 20:30

Le groupe fut scindé en deux, chacun empruntant une allée différente selon les instruction de Mythanorië. D'un côté, la capitaine, Makkar, Eliwin et Mercurio, de l'autre Leyna, Nahoriel, Mouréna et Samrik. Les deux groupes s'enfoncèrent dans les ruelles. Bien que l'atmosphère était tendue et qu'ils pouvaient entendre des ordres lancés et des pas rapides, le groupe de Mythanorië ne rencontra aucune patrouille et put effectuer la majeure partie du chemin nécessaire pour arriver à la sortie du village. Cependant, le groupe de Leyna ne fut pas aussi chanceux. Ils croisèrent au détour d'une intersection une patrouille de Sangs-Pourpres, et ce fut la surprise totale pour les deux groupes, qui ne s'attendaient pas du tout à se rencontrer. Cependant, la réaction des Sangs-Pourpres était conditionnée, et le groupe de six hommes envoya l'un des leurs appeler des renforts, tandis que le reste allait à la rencontre des intrus.

- Halte ! Rendez-vous ou mourez !

Tous se crispèrent, Mouréna en particulier, qui semblait en dehors de son élément, mais tous étaient en état de se battre, même Leyna, malgré sa blessure qui attendait encore un traitement correct. Samrik était impatient de se défouler. Quant à Mouréna, il ne manqua pas de faire remarquer au groupe :

- Il y en a un qui part ! Ne les laissez pas avertir les autres, sinon on est cuits !

En effet, le soldat qui s'était détaché du groupe filait à toute vitesse vers le nord du village, sans doute pour que les Sangs-Pourpres y resserrent leurs rangs. Par chance, l'autre groupe put entendre l'exclamation des gardes, et deviner par la même occasion ce qu'il venait d'arriver à leurs compagnons. Mais ça voulait aussi sûrement dire qu'une autre patrouille avait sûrement entendu la même chose... En tout cas, ils pouvaient risquer de s'immiscer dans une autre ruelle pour tenter d'intercepter le donneur d'alerte.

(Combat libre pour le groupe de Leyna, c'est un groupe que vous pouvez vaincre sans trop de mal, mais si vous voulez arrêter celui qui donne l'alerte, il va falloir spécifier la méthode pour faire un jet adapté)

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Re: Le Port des Pirates

Message par Leyna » ven. 29 nov. 2019 17:24

Les précautions se révélèrent utiles, car ils tombèrent presque nez à nez avec une patrouille ! Aussitôt, un homme se détacha pour aller prévenir ses supérieurs tandis que les autres leur ordonnaient de se rendre. Ils étaient décidément bien énervés...

Mais les pirates étaient prêts eux aussi. Samrik, en particulier, réagit comme l'éclair. Il bondit vers eux pour leur rentrer dedans, en renversant un et désorganisant leurs rangs. Serrant les dents, Leyna s'élança à sa suite, dague en main, pour poignarder un homme, avant de le laisser se tordre de douleur, empoisonné. Il fallait arrêter le fuyard ! Mais dans sa précipitation, elle négligea un des guerriers qui la braqua avec un trident. Les choses auraient pu mal finir si Nahöriel n'avait pas lancé un poignard d'une précision parfaite, frappant une main pour désarmer l'ennemi. La prêtresse en profita pour se dégager et invoquer un geyser sous les pieds du fuyard ! Alors que Samrik faisait un carnage, bientôt rejoint par Mouréna, que Nahö achevait de mettre sa cible hors de combat d'un poignard derrière le genou, Leyna fondit sur sa cible, irradiant de magie...

(((Leyna lance geyser pour arrêter le fuyard )))
Modifié en dernier par Leyna le dim. 4 juil. 2021 19:50, modifié 1 fois.

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Re: Le Port des Pirates

Message par Capitaine Hart » sam. 15 févr. 2020 15:03

Leyna concentra ses fluides et une éruption aquatique fit chavirer le donneur d'alerte, et Samrik ne se fit pas prier pour placer sa lame sous la gorge du fuyard. La crise semblait évitée, mais dur de savoir si cette petite altercation avait attiré l'attention du reste de la garde ou pas. Le Sang-Pourpre craignait manifestement pour sa vie, mais le mélange habituel de fierté et de crainte pour l'autorité était visible sur ses traits. Samrik semblait brûler d'envie d'en faire son affaire, mais il adressa tout de même un regard inquisiteur à Leyna. Que fallait-il faire de ce prisonnier ?

Du côté du Mythanorië, à part quelques bousculades avec des habitants terrifiés qui leur cédèrent bien vite le passage, pas de complications en vue, et ils arrivèrent bien vite au terme du dédale et en vue de la sortie du village, gardée bien entendue, mais par un régiment de faible envergure. Le groupe de Mythanorië était en avance. Allaient-ils prendre le risque de gérer seuls la menace pour libérer le passage plus vite ou attendre le reste de l'équipage en espérant qu'ils n'aient pas rencontré d'ennuis ? Ils étaient si proches de la sortie du village, tous les risques étaient bons à prendre.

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Re: Le Port des Pirates

Message par Mythanorië » dim. 16 févr. 2020 12:28

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Les locaux que nous avions croisés semblaient tendus ou dépités, mais à mesure que nous avancions à travers les ruelles, la peur prenait place sur les faciès croisés. Ou bousculés. J'ignorais quel type de bruit qui avait couru, mais il avait été assez particulier pour faire s'ouvrir le passage devant nous. J'imaginais qu'Eliwin et Mercurio pouvaient impressionner, mais à ce point-là ? Les habitants étaient-ils si coupés du reste de l'île que voir des non Sang-pourpres près des habitations engendrait une telle réaction ? Je ne m'en plaignais pas, cependant. Plus vite nous allions sortir de ce village, mieux cela aurait valu. Nous avions tout de même visite plus importante à faire que celle de quelque cachot, si le tyran local en avait encore à disposition.

Mes serpentins se serrèrent sur la garde de mon arme quand mes yeux clairs perçurent un contingent en travers du chemin, à proximité de la sortie des lieux. Nulle trace de l'autre groupe, faisant brièvement se serrer mes canaux de sève. Pourvu que rien ne leur fusse arrivé. Mais si cela avait été le cas, alors les forces leur restant allaient être destinées à les faire se mouvoir plus que combattre. Car je ne doutais pas de la combattivité de mes compagnons. Samrik en particulier avait été bridé trop longuement pour ne pas sauter sur l'occasion de faire jouer ses lames.

Je reportai mon attention devant nous. Un obstacle de plus, et qui n'allait sans doute pas accepter de parlementer pour nous laisser tranquilles. Je fronçai les sourcils, effleurai le grimoire présent dans ma sacoche, puis rivai mon regard aux formes présentes. Soufflant plus à moi qu'à quiconque, je laissai filer un brin de frustration.

"Assez usé de politesse envers des rustres..."

Je me concentrai, cherchant à éveiller puis manier ma magie aqueuse. Les gêneurs étaient à une certaine distance de nous, m'incitant à vouloir les prendre par surprise. Mon regard se posa sur un point derrière eux. Si nous devions nous battre, pourquoi les respecter à outrance et les laisser présenter leurs armes ? J'avais été patiente jusque-là. Trop, peut-être. Un besoin croissant de me défouler grimpait peu à peu, et je comptais bien y céder un instant.

Je fermai mes serpentins puis, les déroulant d'un coup, je libérai mes fluides. Mon idée ? Leur montrer que n'importe qui pouvait aisément finir à genoux quand pris par surprise ! Quoi de plus adéquat pour un peuple de Moura que de leur lancer une vague scélérate dans le dos ? Après tout, peu importe la protection portée, quand les flots se déchainent, la plus résistante des armures n'est au final qu'un fardeau de plus.



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- Utilisation de Raz-de-marée rang 2 contre la patrouille.
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Re: Le Port des Pirates

Message par Leyna » sam. 22 févr. 2020 16:32

Le garzok se précipita sur le sang-pourpre pour lui mettre sa lame sous la gorge. Il brûlait manifestement d'envie d'en finir une bonne fois pour toutes, mais Leyna ne pouvait se résoudre à le faire sans laisser une chance à cet homme de servir la déesse autrement que dans la mort. Alors, de sa voix ondulante comme les flots, elle demanda :

« Nous sommes tous les instruments de Moura. Celui qui redoute et respecte sa parole sera élevé, alors que celui qui parle à sa place tombera. Le Sans-pitié trahit la volonté de la déesse. Souhaites-tu mourir pour lui ou pour elle ? »

L'homme échangea un regard acide, partagé entre des émotions contradictoires. La vision impossible d'une femme de son peuple, la peur du chef pirate... et la peur de la mort. Leyna pouvait voir dans ses yeux les possibilités passer, disparaître et se succéder en un flot où la vie se disputait à la mort. Puis, enfin, il déclara :

« Je préfère mourir tard que tôt... »

La prêtresse releva sa dague, lui montrant bien l'arme qui avait appartenu à la déesse elle-même :

« La main de Moura s'éloigne. Ton choix était le bon. Nous ne mourrons pas. »

Samrik grogna, agacé, mais laissa l'homme libre de ses mouvements. Leyna fit signe à ce dernier de les suivre. Il était temps de rejoindre les autres.

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Re: Le Port des Pirates

Message par Capitaine Hart » mer. 26 févr. 2020 13:49

Lorsque les gardes se rendirent compte de l'incantation de Mythanorië, il était déjà trop tard. Une vague surnaturelle les plaqua au sol, et la première tête qui se redressa fut transpercée par un trait de Makkar, grand adepte du combat pragmatique qui avait déjà sorti son arbalète. Le groupe ne put cependant réprimer un cri d'alerte qui allait sûrement rameuter un autre régiment des soldats qui avaient investi le village. D'ailleurs, le régiment était un peu plus garni que prévu, car une poignée de Sangs-Pourpres surgit de l'autre côté de l'entrée du village pour réprimer les fuyards. Makkar préparait un deuxième carreau tandis qu'il se mettait à couvert.

- D'ici, on dirait qu'ils sont une demi-douzaine, non, huit. J'en ai vu deux avec des arbalètes.

Eliwin se mit lui aussi à couvert à l'opposé de Makkar, non seulement par crainte d'une riposte éclair à distance, mais aussi pour observer la manière dont le nouveau venu se défendait. Visiblement, le pirate n'appréciait guère son regard inquisiteur.

- Hé, l'armoire à glace. Tu voudrais pas passer devant et essayer de réceptionner les tirs ? T'es large d'épaules, tu ferais un bon bouclier.

Les Sangs-Pourpres, ayant désormais perdu un homme, commençaient à se relever tandis qu'il préparait son second tir. L'attaque surprise de la capitaine avait porté ses fruits, mais nul n'osait profiter de l'ouverture qu'elle avait créé pour affronter tant d'ennemis à la mêlée.

Cependant, cela allait bientôt changer, car le groupe de Leyna, ayant bravé ses propres obstacles, était arrivé sur les lieux. Rendus prudents par leur dernière altercation, ce deuxième groupe de pirates n'avait pas encore été repéré par les gardes de l'entrée et était libre d'évaluer la situation. Nahoriel remarqua que les hostilités avaient sûrement été lancées par la capitaine à en juger le raz-de-marée qui avait pris l'ennemi de court. Samrik, toujours ses armes en main et assoiffé de sang, commença à s'avancer sans perdre de temps, menaçant de livrer à tous la position du groupe avant de pouvoir élaborer un plan de bataille. Le reste du groupe semblait attendre le geste de Leyna qui, par son assurance et son zèle, s'était imposée comme une meneuse de choix.


(Alerte lancée. Un ennemi mort, trois en train de se relever, cinq qui entrent en scène, dont deux avec des arbalètes à répétition. Je vous laisse RP ce combat en libre)

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Re: Le Port des Pirates

Message par Mythanorië » mer. 17 juin 2020 23:02

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La vague frappa vite et puissamment, renversant la patrouille sans merci. Jadis, j'aurais peut-être pris en pitié ces individus, mais plus maintenant. J'avais été patiente et diplomate bien trop longtemps. Filant dans les airs, un trait siffla un court instant, allant se ficher dans la première des têtes qui avait eu l'arrogance de se relever. Cadeau de Makkar, dont le bras réarmait déjà son arbalète tandis qu'il se mettait à couvert le long d'une maison. Eliwin fit de même dans la ruelle opposée au pirate tandis que je me plaquai contre un tonneau alourdi d'eau. Mercurio devait aussi avoir trouvé refuge, mais j'ignorai exactement où, mon attention tournée vers le groupe gisant au sol. Mon regard clair happa un autre mouvement peu après qu'un cri d'alerte eut retenti. D'autres gardes vinrent se joindre aux réjouissances, dont deux armés aussi d'arbalètes. Dans mon dos, Makkar dénombra un total de huit hommes avant de lancer une pique énervée à Elivan, l'incitant à faire barrage de son corps contre les probables tirs de riposte.

Je fronçai les sourcils. Trois à terre en train de se relever et armés de lances ou d'épées, deux au loin avec moyens de blesser à distance, trois autres avec pour l'un des lames courtes, pour un autre une sorte de rondache, et pour le dernier une arme longue également. À proximité de moi ? Pas grand-chose pour m'abriter de tirs plus qu'évidents. Rester sur place ? Ce serait alors six hommes bien armés qui viendraient à nous. Difficile de voir une issue positive à ce déroulement des événements.

Les serpentins serrés sur la garde mon arme, j'entendais sans vraiment y faire attention le grincement de l'arme de Makkar. Il lui faudrait un petit moment pour recharger son arbalète. J'acquiesçai soudain pour moi-même. Une fois les armes à distance déchargées, un court laps de temps sans risques se serait présenté. Il fallait faire diversion, se montrer audacieux. J'avais porté le premier coup, la responsabilité de la suite m'incombait.

"Makkar, combien de temps entre chacun de leur tir ?"

J'entendis vaguement un grommellement dans une barbe, ironisant que je n'avais qu'à aller le demander comme une grande aux gars d'en face. Je roulai brièvement des yeux, dégainai mon épée et plaçai mon tricorne dessus. Je l'élevai en biais, hors de mon couvert et bloquai mon souffle. Bruit au loin. Choc. Vibration désagréable dans le bras. Mon chapeau gisait au sol, épinglé sur le bord extérieur part un projectile. Touché, mais pas du tout là où ma cime aurait du se trouver. J'entendis vaguement des sons surpris derrière moi, mais n'y prêtai guère attention. Tant que ce n'était pas lié à une blessure reçue, ce n'était en rien important.

(Un... Deux... Trois...)

Face à nous, l'arrivant au bouclier et celui à armes courtes progressèrent jusqu'à mes victimes, glissant presque sur le sol humide. Ils n'avaient pas du voir que l'un des corps était percé d'un carreau au beau milieu du front.

(Neuf... Dix...)

Je rengainai lentement, ne voulant pas fatiguer mon bras inutilement. Au-devant, une scène se déroula en une fraction de secondes. Penché pour aider l'un des sang-pourpres à se relever, l'homme à arme courte était en plein effort quand il vit soudain le premier mort et lâcha un cri colérique. L'instant d'après, il bondit derrière le porteur de rondache, évitant le trait que notre allié venait de lui décocher dans le dos. Raté. Ou presque. Car le carreau se ficha à la place dans la poitrine de l'homme qu'il remettait sur ses appuis. La nouvelle victime cracha sous l'impact, une main tremblante palpant le bois émergeant de son torse.

(Quatorze... Quinze... Seize ? Non, juste quinze. Quinze courtes secondes...)

J'avais ma réponse. Sans me tourner, je me fis entendre.

"Eliwin, je vais distraire les arbalétriers. Les gêner au mieux de mes capacités. Dès qu'ils auront utilisé leurs munitions, le champ sera libre pour rejoindre les autres. Faites-moi le plaisir d'aligner les gêneurs du fond, Makkar."

Mes oreilles m'amenèrent brièvement les protestations des uns et des autres, leurs raisons différant quelque peu. Aucun intérêt. Pas le moment. Serrant le fourreau de ma lame d'une main, je me concentrai pour faire une nouvelle fois appel à ma magie. De lumière cette fois. Inciter les adversaires à me prendre pour cible. Les surprendre au moment du tir. Gagner du temps. Rejoindre leurs camarades et les mettre entre eux et nous. Simple, rapide, rude à concrétiser sans dommages. J'exécutai mon plan.

Surgissant de mon abri de fortune, je fis à peine deux foulées, le regard rivé dans la direction de mes cibles. Elles me visèrent, je fis éclater un flash lumineux. Avec un cri combattif, je poussai mon protecteur à l'assaut. J'ignorai le carreau fiché juste devant ma botte et l'autre parti de travers et faisant résonner un mur proche. Au loin, des arbalétriers se frottant vigoureusement les yeux.

À mes côtés, Elivan bourrant d'une large épaule le sang-pourpre au torse percé, l'envoyant contre l'une de mes premières victimes. Retour des deux au sol. Tintement de lames. Parade d'un bouclier contre une épée. Mon grand compagnon en pleine lutte de force contre la protection de bois, soudainement flanqué par l'agile à lames courtes. Mon corps placé sur le chemin, mon fourreau déviant le coup sur le côté de justesse. J'engageai le combat contre lui, ma portée me donnant l'avantage.

Je repoussai ses lames à chaque tentative de contournement de ma garde. Il esquivait en retour habilement chacune de mes attaques. D'un pied sur l'autre, en se positionnant de profil, en faisant un petit saut. Aucun de nous ne prenait l'ascendant sur l'autre. Perte de temps faisant se rapprocher le moment fatidique attendu par les arbalétriers. Vif, mon opposant prit soudain un appui considérable au sol et bondit presque aussi haut que ma propre taille. Ma lame alla à sa rencontre. Il l'écarta d'un coup de dague, abattant sa seconde arme vers moi. Je relevai brutalement mon autre bras en protection. Intrusion du métal froid dans l'écorce sur le dessus de mon épaule. Choc de ce corps chaud emporté par son élan. Je fis un pas en arrière, tentant de garder l'équilibre. Ma botte dérapa ironiquement sur le sol trempé. Je chus, envoyant malgré moi mon assaillant rouler au sol derrière moi. Grimaçant, je fis jouer mes fibres pour me redresser en posture assise.

Une ombre. Un coup. Un crissement atroce de ma tenue et de mes fibres végétales. Surprise. Effroi.

Repoussée par terre. Clouée au sol par la longue lance de la dernière de mes victimes, plantée dans mon torse. Je pouvais sentir mon visage se tordre en une grimace alors que le sang-pourpre faisait lentement tourner le fer de son arme dans ma plaie. Une deuxième ombre. Mon autre adversaire, à genoux à côté de moi, l'une de ses dagues collée contre ma gorge. Son souffle erratique malodorant frappa mon visage un moment avant qu'il n'aboie l'ordre à Eliwin de cesser le combat, menaçant d'en finir avec moi sinon. Il réitéra sa menace en avisant le couvert où se tenait Makkar, laissant entendre qu'un carreau audacieux ne pourrait pas faire la victime qu'il souhaitait.

Frustration. Douleur. Colère. Je venais non seulement de me faire avoir, mais ma faiblesse au combat risquait tout bonnement de coûter la vie à mes compagnons. Eliwin émit un grondement courroucé, mais il ne fit pas le moindre geste pour baisser les armes ni continuer le combat. Un équilibre inconfortable se mit en place. Une tension palpable, laissant l'ensemble des combattants reprendre souffle sous le regard des arbalétriers et de leur chaperon à arme d'hast. Vils spectateurs du combat... Ricanaient-ils dans la distance ?

Le lancier m'épinglant comme un vulgaire insecte m'extirpa violemment de mes pensées. Il donna un coup de pied dans mon épée, écartant définitivement mon arme de moi, avant de reproduire le geste contre mon flanc. Il tourna encore sa lance, arrachant mes fibres avec lenteur et un sourire carnassier. Un nouveau coup, de talon cette fois, enfonçant mes serpentins déployés dans le sol meuble. Des injures. Un crachat tombant sur la dague menaçant ma gorge, causant un son irrité de son propriétaire. Encore un coup. Un autre. À chaque impact, ma capacité à serrer les dents faiblissait. Je finis par lâcher un râle peiné à la sensation de la botte frottant mes serpentins dans le sol, comme si elle cherchait à en retirer méthodiquement l'écorce.

Humiliation. Alors que tant des miens comptaient sur moi. Être ainsi rossée devant tous ces témoins, dans la fange. Comme si je ne valais rien... Une pauvre herbe foulée au pied par le premier quidam venu. La douleur coulait dans tant de canaux de sèves que j'avais du mal à concentrer mes pensées. Une seule, plus féroce et bruyante que le reste, se mit à tourner dans ma tête de bois, montant en puissance à chaque frappe et chaque souffle de souffrance arraché par celles-ci. Une voix me criait de me défendre. De réagir. De montrer à ces créatures que rien n'est plus imprévisible et dangereux qu'une bête acculée. Mais ce n'était qu'une voix à peine présente, dans une situation terrible.

Je fermai les yeux, me laissant partir peu à peu. Au rythme des coups qui se faisaient de plus en plus lointains à mes oreilles, je lâchai prise...

Regard soudain fixe. Cri bestial. Mon corps se fit écailleux. Stupéfaction et surprise chez mes assaillants. Mon long corps d'hippocampe s'arqua, se tordit, roula, ignorant les estafilades accidentelles et frappant les alentours de sa queue sans distinction. Je hurlai d'une voix stridente, accompagnant chaque son d'un mouvement brutal et désordonné. Je renversai quelqu'un, fis râler une autre personne, abattait ma queue aussi bien dans les airs que contre le sol, et brisant une poignée d'os. Tout sifflait et se brouillait autour de moi. Mon instinct voilé par la douleur poussant mon corps à se débattre sans cesse. À prouver que je n'étais pas vaincue ! Que j'avais toujours cette rage de vivre !

Moura m'en fusse témoin, jamais je n'allais abandonner si aisément la lutte !



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Modifié en dernier par Mythanorië le dim. 15 août 2021 11:53, modifié 1 fois.
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Leyna
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Re: Le Port des Pirates

Message par Leyna » jeu. 18 juin 2020 20:55

Le groupe se hâtait vers la sortie de la ville lorsque des bruits de lutte se firent entendre. Cette ville était décidément très inhospitalière... et très dévouée à Moura dans son aspect le plus guerrier ! La prêtresse guida le groupe vers l'affrontement, ils ne pourraient de toute façon pas les éviter.

Il s'agissait bien de leurs compagnons, qui se démenaient contre un groupe de sangs-pourpres puissamment armé. Deux d'entre eux étaient équipés de redoutables arbalètes, mais la capitaine tenta de les distraire. Ils arrivaient donc juste au bon moment ! Samrik se précipita en avant avec un hurlement, alors que Leyna faisait signe à Nahöriel de la suivre. Ils contournèrent plus largement, profitant de ce que les arbalétriers étaient en train de recharger. Les deux semi-elfes s'approchèrent discrètement, puis, au dernier moment, se ruèrent en avant ! La dague de Moura chanta, en même temps qu'un poignard de jet de Nahöriel. Le sang des guerriers était effectivement pourpre...

Plus loin, la lutte devenait féroce, alors que Mythanoriê était acculée. Tentant désespérément de s'en sortir face à deux brutes, elle se changea en hippocampe, ce qui fit reculer d'un pas les soldats. Leyna tituba un peu. Elle avait perdu trop de sang dernièrement ! Elle posa un genou à terre... ce qui lui donna une idée !

« Nahö ! »

Elle fit le dos rond, et le jeune homme compris. Il bondit, prit pied sur son dos et sauta ! Sous cet angle, il fit tomber deux poignards qui purent se glisser dans la nuque des guerriers. Gravement blessés, ils durent abandonner leur proie métamorphosée.

Leyna se serait bien félicité de cela, mais, déjà, un solide guerrier se ruait sur elle. Les dents serrées de douleur, elle fit l'effort de se lever. Elle esquiva un premier coup de hache, puis un deuxième. Elle tenta d'avancer sa dague, mais l'homme la tenait hors de portée. Sa maîtrise du combat au corps-à-corps était supérieure à celle de la jeune femme... Elle traça donc une arabesque de sa lame, faisant naître un serpent d'eau qui bondit et frappa férocement en direction de l'homme. Celui-ci esquiva et frappa de côté, l’éraflant légèrement. Elle recula de quelques pas, mais il pressait son avantage. Un autre se joignit à lui. Moura était décidément une maîtresse impitoyable...

Face à de multiples ennemis, Leyna se rabattit sur son fidèle geyser. Les hommes, qui s'attendaient à une nouvelle attaque frontale, furent surpris par l'eau qui jaillit sous leurs pieds. Pieds qu'ils avaient marins, hélas, de sorte qu'ils ne furent pas déséquilibrés. Néanmoins, la prêtresse trouva une ouverture pour glisser un coup de dague. Une blessure légère, sans gravité... mais suffisante pour inoculer le poison.

Le poison ! Voilà bien une arme qu'elle n'aimait guère, mais sur laquelle elle pouvait compter ! Elle invoqua donc ensuite son poison paralysant, qui gicla sur l'autre adversaire, le touchant au bras. Quelle mauvaise idée, de ne point porter de brassard... Les coups continuaient à pleuvoir, mais ils se faisaient plus lents. Leyna ne cessait de reculer, cherchant un répit qu'ils ne lui laissaient pas. Nahöriel poussa un cri en voyant sa situation et revint vers elle. Il lança un poignard qui tinta contre une cuirasse. L'un des deux hommes hésita, se demandant s'il devait s'occuper de ce nouvel adversaire ou se concentrer pour éliminer vite la jeune femme. Une hésitation de courte durée, hélas : Leyna était une hérésie aux yeux des hommes de la mer. Mais elle profita de cette hésitation pour invoquer cette fois le pouvoir des vents. L'homme fut projeté en l'air et retomba lourdement. L'autre profita de l'ouverture pour porter un coup de hache terrible que la jeune femme ne dévia que trop peu de sa dague. Il lui écorcha l'épaule. Encore du sang de perdu... mais le poison commençait à faire effet et ses mouvements ralentissaient. Bondissant de côté pour s'écarter du deuxième assaillant, elle avisa une flaque d'eau qu'elle changea en un nouveau jet d'eau sous pression. Cette fois, l'homme fut frappé de plein fouet, l'eau sous pression lui laissant le visage en sang.

L'autre attaqua aussitôt, mais la jeune femme, enivrée par sa première victoire, se mit à chanter férocement :

« Chante l'acier, chante la mer !
Moura frappe, la dame de fer !
Les vagues s'élèvent, mortelles lames de fond,
Face à l'adversité, elles font front !
Chante l'acier ! Chante la mer !
Moura frappe, la dame de fer !
Alors que le sang pourpre nous fait face,
Convaincu par le sang de leur race !
Mais la peur, de nos cœurs s'efface,
Battez-vous, gens de la Rascasse ! »


Et chacune de ses strophes était accompagnée d'un nouveau coup, d'un nouveau sort ! Nahöriel se joignit à elle, et il riait :

« Chante l'acier, chante la mer !
Moura frappe, la dame de fer ! »


Le sang-pourpre recula alors d'un pas, comme prit d'un doute. Désormais, c'était à lui d'être seul contre deux ! Leyna frappa, et il eut de la peine à esquiver. Son bras empoisonné ne répondait plus ! Elle se concentra sur ce point faible, sans cesser de chanter. Peu importait d'attirer plus d'ennemis ! Elle était prise dans la frénésie de la bataille et ses coups pleuvaient, dague et sortilèges mortels... Un deuxième coup toucha, alors que le sabre de son ennemi la ratait de justesse. Une ouverture, un dernier coup... un double coup. Leyna et Nahöriel frappèrent en même temps, et deux lames s'enfoncèrent. L'homme tomba, mort.

Plus loin, Samrik avait fait un carnage. Aidé de leurs compagnons, il avait terminé les autres pirates et brandit finalement son épée. N'avait-il pas chanté lui aussi, un instant ? Leyna n'en était pas sûre... Mais la fatigue revenait, et elle tituba sur ses jambes. Il fallait partir !

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Re: Le Port des Pirates

Message par Capitaine Hart » dim. 21 juin 2020 21:47

Tant bien que mal, l'équipage de la Rascasse était parvenu à briser le barrage des hommes de Sans-Pitié. Tous ceux qui leur barraient la route étaient désormais morts, inconscients ou paralysés. Mais il en viendrait d'autres s'ils ne se hâtaient pas. Personne ne semblait filer en courant, cependant, la plupart semblait se contenter de fixer Mythanorië, à la fois surpris par sa forme d'hippocampe qui, sans être un secret, n'était cependant pas un spectacle courant pour l'équipage, et encore moins pour les irréguliers.

- Donc euh... votre capitaine est secrètement une grosse bestiole magique ? fit Makkar avec un air ahuri.
- On dirait. répondit Samrik avec son flegme habituel.

Samrik, éternelle tête de mule, n'attendit personne pour se diriger d'un pas décidé vers la sortie du village, ôtant Makkar à sa stupéfaction. L'arbalétrier à la tête de macaque s'activa donc à son tour, car il ne voyait aucun intérêt à s'attarder ici. Cependant, Eliwin comme Mouréna avaient une raison de ralentir le groupe. Les deux hommes s'étaient hâtés aux côtés de Mythanorië dès la fin du combat, inquiétés par ses blessures et, dans le cas de l'homme-poisson, très intrigué par sa soudaine métamorphose.

Alors qu'il auscultait l'oudio du regard, il se permit une remarque :

- L'arbuste est donc métamorphe ? J'ai déjà assisté à des transformations, mais nulle semblable... Ils vous ont bien amochée. Vous pouvez continuer sans aide ?

Eliwin pesta sous sa barbe par rapport à la conduite du vieil éarion. Il n'avait jamais prêté d'attention particulière à sa capitaine jusque-là, mais dès qu'il avait vu sa forme d'hippocampe, elle valait soudain la peine de s'inquiéter ?

Au même moment, Samrik arracha une de ses épées plantées dans le torse d'un cadavre recouvert de sang, juste devant Leyna. Il lui adressa un regard sombre, comme si elle était sur le point d'être sa prochaine victime. Lorsque Nahöriel se rapprocha pour intervenir, il fut accueilli par le même regard froid. Le silence gênant dura un court instant, puis Samrik tourna les talons pour quitter le village.

- J'ai pas chanté.

Makkar, qui était sur le départ, regardait impatiemment le petit attroupement qui s'était formé autour de la capitaine blessée.

- Allez, si on se dépêche, on pourra les semer sans problèmes. On aura bien le temps de comparer nos bobos plus tard, non ?

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Re: Le Port des Pirates

Message par Mythanorië » lun. 22 juin 2020 12:53

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Sons embrouillés, contacts indéfinissables, air teinté d'une odeur sanguine. Je frappai sans distinction longuement puis, un coup de fatigue m'étreignant un instant, je posai un regard circulaire autour de moi. Un chant, une épée brandie et un silence soudain. D'instant en instant, je pris conscience que mon petit groupe avait été rejoint et épaulé par celui de Leyna'. L'escarmouche avait pris fin et j'en fus un moment interloquée, cherchant vainement quelque ennemi sur lequel passer cette rage de vivre qui m'avait étreinte. Mais rien. Plus personne, hormis ceux faisant partie de mon côté. Je laissai ma longue queue choir mollement, observant mes nageoires maculées de boue et de sang rouge, donc pas le mien, reposant au sol. Et tandis que des silhouettes s'approchaient de moi, je me rendis compte que ce défaut dans mon champ de vision était en réalité le reste de hampe de la lance fichée dans mon torse. Sous cette forme, je ressentais bien moins la douleur. Cela n'allait plus être le cas une fois redevenue moi-même, mais j'avais besoin de mes mains pour extraire la tête de l'arme. Je pris alors une profonde inspiration, percevant une pointe d'irritation au fait que Mouréna, le vieil éarion, se permît de m'examiner des naseaux à la dernière nageoire.

Entrant en contact avec ma bête intérieure, je changeai de place avec elle, ramenant ma forme familière d'oudio aux yeux de tous. Sans un mot pour rassurer l'éarion sur mon état, je basculai à genoux, empoignai la lance et l'arrachai de mes fibres. J'eus un bref moment de dégoût et de faiblesse en la voyant maculée de sève gluante, ma tête de bois refusant de réaliser la gravité de ce que mes yeux me transmettaient. Je m'en défis d'un geste brutal, la fichant presque dans un cadavre proche et plaquai mes serpentins d'écorce contre la béance.

"Cela ira. Rien de vraiment cassé, parce rien à casser."

Dans d'autres circonstances, j'aurais pu leur faire une petite leçon sur l'absence d'ossature chez mon peuple. Donc ici et maintenant n'était définitivement pas le moment de m'y atteler. Tout en allant récupérer ma lame puis mon tricorne, j'appliquai une dose basique de magie lumineuse. Pas assez pour réparer mon corps de bois, mais suffisamment pour colmater efficacement mes canaux de sève endommagés. Je serrais aussi la mâchoire, refusant de laisser paraitre la douleur qui parcourait mon corps à chaque pas. J'étais Capitaine, par Moura ! J'avais assez été humiliée en me faisant fouler au pied comme quelque fruit trop mûr, pour me laisser en prime supporter physiquement par d'autres ! J'allais souffrir, oui. Mais avec fierté ! Et pour bien le faire comprendre, j'extirpai le carreau de mon chapeau et m'en coiffai d'un geste assuré. Donner le change. Toujours.

Du coin de l’œil, je vis Samrik regarder froidement les deux semi-elfes puis se mettre en chemin. Makkar fit aussi connaître son avis, nous exhortant à filer et comparer nos bobos plus tard. Je plissai les yeux, lui lançant un regard mauvais puis acquiesçant brièvement. Il avait raison, même si sa façon de le dire avait été des plus énervante ! Je ralliai Eliwin et attrapai le bord de mon tricorne, grimaçant un peu mais lui faisant signe que je pouvais avancer sans béquille d'aucune sorte. Enjambant un corps sans lui prêter la moindre attention, j'emboitai le pas à mon Maître d'armes.

"Vrai. Assez trainé ici."

Un pas me fit tressaillir, ravivant un écho de douleur dans toute ma jambe. Une chance que mon visage de bois fusse incapable de prendre la moindre couleur traîtresse. Je me mis en quête de pensées et méthodes pour me distraire de ces sensations détestables, comme... Comment trouver quelqu'un d'assez doué de ses mains pour réparer une tenue dans un état pareil ? Et surtout, combien cela allait-il encore coûter à la Confrérie ?

Des réflexions superficielles, mais dont j'avais pour le moment bien besoin.


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Capitaine Hart
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Re: Le Port des Pirates

Message par Capitaine Hart » sam. 4 juil. 2020 04:48

Le groupe saisit sa chance de quitter le village sans verser davantage de sang, malgré les blessures de certains. Eliwin, second dévoué, voyait bien que sa capitaine éprouvait certaines difficultés à suivre la cadence, mais connaissant sa fierté, il ne proposa guère son aide. Les bois à l'orée du village permirent bien vite aux réfugiés de se soustraire à la vue de leurs poursuivants. Fatigués pour la plupart, le groupe ressentait l'envie de s'arrêter pour faire une pause, mais Mouréna insistait pour continuer un peu plus. Il s'avéra qu'il n'insistait pas par crainte des pisteurs, mais car ils se rapprochaient de leur objectif. Lorsque le groupe put enfin se reposer, ils le firent à une clairière qui leur permettait, en continuant un peu de poser les yeux sur le camp d'entraînement des soldats de Sans-Pitié.

Pour ceux qui n'avaient jamais vu cet endroit, il auraient été en droit d'être surpris par sa construction. Contrairement aux bicoques de bois du village, ce camp fortifié était cerné de murs de pierre, de miradors et de patrouilles. Entre ces murs, il était possible de vaguement distinguer des bâtiments sommaires et des cours d'entraînement avec quelques cibles et mannequins décrépis. Les lieus étaient bien habités cependant, car peu importe où l'on regardait, une ombre en armure semblait toujours y rôder. Mais même avec un œil alerte, nul observateur ne pouvait discerner la moindre cage, le moindre endroit qui pourrait servir de prison. Makkar se permit une déduction : la majeure partie du complexe devait s'étendre sous le sol. C'était bien le genre de Sans-Pitié de refuser la lumière du soleil à ses captifs comme à ses recrues. En parlant de soleil, celui-ci ne tarderait pas à se coucher.

- Bon ben... on y est, hein. lança nerveusement Makkar. D'ici, ce trou a l'air imprenable, mais si on tend l'oreille...


Le bruit des vagues.

- La mer est pas loin. Y's peut qu'ils s'en servent pour évacuer leurs déchets. Et par déchets, je veux bien sûr dire...

Il pointa du doigt ce qui ressemblait vaguement à une fosse commune. Des cadavres (de prisonniers, sûrement, mais il semblait y avoir aussi un certain nombres de recrues dans le tas) finissaient chargés sur des chariots et emmenés quelque part, on-ne-sait-où.

- Ou alors, je dis juste... On pourrait se faire la malle. Je veux dire, c'est un peu une forteresse du pauvre, mais on est pas non plus le haut du panier de la piraterie...

Cette remarque insolente semblait dirigée vers la capitaine, mais Makkar, peu confiant en ses chances de survie, semblait chercher l'accord de n'importe quel autre membre de l'équipage en espérant peser contre ceux qui seraient assez suicidaires pour prendre d'assaut un endroit aussi défendu.

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Leyna
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Re: Le Port des Pirates

Message par Leyna » dim. 5 juil. 2020 21:47

Le combat était bel et bien terminé, et la transformation de la capitaine avait fait sensation. Makkar, le sombre rôdeur, et Mouréna étaient très étonnés et le firent savoir. Devant le commentaire de l’arbalétrier, qui demandait si leur capitaine était secrètement une bestiole magique, Leyna pouffa pour elle-même :

« C'est peut-être la grosse bestiole magique qui est secrètement notre capitaine... »

Cela fit rire également Nahöriel, seul à être assez proche pour l'entendre. Rire avec lui faisait presque l'effet d'un médicament. Cela était fort agréable quoiqu'un peu perturbant. Mais avant qu'elle puisse se poser plus de questions, ils furent interrompu par Samrik, qui débarqua avec un regard noir. Toujours aussi laconique, et comme s'il avait lu les pensées de la jeune femme, il assura ne pas avoir chanté avant de se détourner. Appuyée sur le semi-elfe, elle garda un sourire discret. Elle ne saurait peut-être jamais le fin mot de l'histoire, mais se plaisait à l'imaginer.

La capitaine avait la mine sombre. Sans doute s'en voulait-elle de n'avoir pas su mieux se battre, et elle poussa le groupe à se mettre vite en route, comme pour chasser de mauvaises pensées. La prêtresse suivie avec l'aide de son compagnon. Elle avait tellement besoin de repos...

Ils marchèrent pendant un certain temps, s'enfonçant dans l'île avant d'arriver à leur destination : le camp d’entraînement du Sans-pitié. Une véritable petite forteresse, bien loin de ce qu'on pouvait trouver sur les continents, mais malgré tout lourdement gardée. Alors que le ciel descendait à l'horizon, Makkar expliqua nerveusement que la mer était proche et servait sans doute à évacuer les cadavres, ce qui pouvait donner un point d'entrée. Il pointa du doigt un sinistre charnier, qui en disait long sur le genre de pratiques qui avaient cours ici. Leyna serra les poings en pensant à la cruauté qui régissait les lieux. Si elle pouvait tenir le cou de ce barbare entre ses mains, elle le broierait sans hésiter ! Du moins si elle en avait encore la force...

Elle s'installa dos à un arbre et Nahöriel sortit quelques bandes de tissu pour l'aider à se refaire un bandage. Enfin la possibilité de se poser pour récupérer un peu. Elle ferma les yeux et prit quelques minutes tout en écoutant les inquiétudes du groupe. La nuit serait leur alliée, mais ils n'étaient pas une réelle force de frappe, même pour cette maigre place forte. Les défenseurs étaient bien présents et trop nombreux. Cependant, si leurs amis étaient bien prisonniers ici, il allait pourtant bien falloir entrer. Alors, la jeune femme prit la parole :

« Si la garde est plus faible la nuit, un petit groupe peut essayer de se faire passer pour des livreurs afin qu'ils nous ouvrent les portes. En neutralisant les gardes, nous pourrons garder les portes ouvertes. Mais, malgré la répugnance que cela m'inspire, nous pourrions passer par la mer souillée... Cela pourrait être moins risqué qu'un assaut en règle, mais il faudra faire preuve de discrétion. »

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Mythanorië
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Re: Le Port des Pirates

Message par Mythanorië » sam. 15 août 2020 11:03

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Chaque pas en direction de notre destination ravivait à la fois les souvenirs de ce que je venais de vivre et un violent sentiment d'humiliation. Une chance, à part un ou deux regards dans ma direction, personne ne me fit l'affront de proposer de me soutenir. Ou pire, de me porter durant le trajet. Toutes mes fibres de bois protestaient, mais le vieil éarion Mouréna semblait plutôt insistant pour que nous poursuivions notre chemin. Quand enfin le groupe cessa son avancée, ce fut pour se retrouver en vue du camp d'entrainement. Les membres du groupe se répartirent un peu dans la clairière, prenant un moment pour se reposer. Je jetais un bref regard au ciel, constatant que le jour tombait, puis reportai mon attention sur notre objectif.

Le camp était cerné de murs, de miradors, et par-delà ces protections, il était possible de distinguer des bâtiments et des espaces d'entrainement. Je plissai le front. Pour un endroit réputé comme une prison massive, le lieu paraissait des plus... modestes. Mais Makkar émit rapidement une hypothèse qui me fit revoir mon jugement, en indiquant qu'il était possible que le reste du complexe fusse souterrain. Et à la vue des ombres en armure s'y déplaçant régulièrement, l'endroit était bel et bien occupé.

Le pirate à l'arbalète fit alors plusieurs constats : le lieu avait l'air imprenable, mais au bruit des vagues que nous pouvions entendre d'ici, il était possible qu'un canal ou une voie d'eau le relie aux étendues marines. Afin de disposer des "déchets", que l'on pouvait deviner être le contenu d'une fosse commune. Je fis au mieux pour me contenter de serrer un serpentin. Par quel miracle le Sans-Pitié pouvait se permettre de perdre autant d'hommes dans un simple camp d'entrainement ? Par Moura, quel gaspillage de bras forts ! Et de chance de renouveau pour l'Île... Pourvu qu'aucun des nôtres ne fusse parmi ces victimes...

Alors que j'observai les lieux, mon attention fut attirée par Makkar qui, après avoir indiqué un possible moyen d'entrer, fit savoir à qui voulait l'entendre qu'après tout ceci, nous pouvions encore partir. Car nous n'étions pas le haut du panier de la piraterie. La pique raviva un élan d'irritation sous mon écorce. Il commençait à m'agacer à souffler le chaud et le froid, se montrant impitoyable au combat, mais lâche pour autre chose. Poli dans ses conversations et mesquin dans ses intentions. Fort heureusement, non loin, Leyna prit la parole. Elle proposa soit qu'un petit groupe se fasse passer pour des livreurs afin que les portes fussent maintenues ouvertes, soit de passer en groupe restreint et discret par le passage souillé. Je portai lentement une main encore endolorie à mon menton d'écorce et fermai les yeux.

"Nous manquons d'informations pour la première possibilité. S'ils ont déjà été livrés ou si c'est un contingent spécifique qui s'y emploie, aucune chance que cela fonctionne. Ou alors, il faudrait combiner les deux approches. Un groupe allant audacieusement toquer à la porte, l'autre s'infiltrant pendant ce temps. S'ils n'ont pas ordre de tirer à vue sur tout non sang-pourpre qui se présente, évidemment."

Je marquai une pause, rouvris les yeux pour regarder véritablement l'ensemble de mon groupe. La fatigue et la réticence étaient bien présents sur certains visages. Neutralité et impatience dans d'autres.

"Gardons un œil sur ce qui s'y trame, en attendant la pénombre. Puis le bas du panier sous tricorne ira ramper dans la fange pour entrer. Vérifier s'il y a bel et bien un accès. Et pas la peine d'espérer si fort qu'il n'y en ait pas, je l'entends d'ici."

Je jetai une œillade irritée à l'arbalétrier puis m'en détournai et croisai les bras. Il me fallait un peu de repos aussi, mais je fis l'effort de garder une oreille attentive aux possibles suggestions des autres, et un œil sur les éventuelles rondes prenant place dans la forteresse. Les soldats y étaient nombreux, mais étaient-ils du genre à s'attendre à une escarmouche dans un lieu aussi isolé ?



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Capitaine Hart
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Re: Le Port des Pirates

Message par Capitaine Hart » dim. 6 sept. 2020 00:20

Mouréna écouta attentivement les propositions de Leyna et de Mythanorië.

- Quoi qu'il en soit, il semble plus judicieux d'attendre la tombée de la nuit. Pour ce qui est d'une fausse livraison... je ne vois pas vraiment ce qui pourrait en être l'objet. Pour du ravitaillement en nourritures, par exemple, cela demanderait une mise en scène assez conséquente. Et pour de nouvelles recrues, il nous sera bien difficile d'avoir l'air convaincants.

Makkar, qui avait sorti une longue-vue en piètre état de son épais manteau, commenta sur la possibilité d'un déguisement.

- Quasi impossible, ouais. Que des Sangs-Pourpres dans les rangs de Sans-Pitié, à vue de nez. Si on avait une de leurs armures, on pourrait les berner de loin, mais c'est à peu près tout. Et j'ai du mal à croire qu'ils laissent des villageois s'approcher du camp.
- Dans ce cas l'approche maritime semble être notre seul plan.
- Hah, ouais. Bonne chance. Nager dans les cadavres et la fange pour se retrouver au beau milieu d'un camp armé. J'peux déjà voir ma tête au bout d'une pique.


Les autres membres du groupe semblaient avoir du mal à trouver une alternative, cependant. Tandis qu'un voile de pénombre recouvrait inévitablement l'Île du Serpent, la théorie selon laquelle la garde serait plus relâchée la nuit venue se confirmait. Des torches s'éteignirent, et les quelques lumières qui restaient mettaient en évidence les chemins de patrouille à la surface. Il n'était en revanche pas possible de jauger la surveillance souterraine de leur point d'observation.

Alors que le reste du groupe tentait d'élaborer des plans dans la pénombre tout se remettant des émotions de la journée et en se plaignant du froid ambiant, Mouréna approcha Mythanorië.

- En vertu de votre position, je vous déconseille de partir en éclaireur de votre côté. Si vous comptez jeter un œil du côté marin, il serait judicieux que je vous accompagne. La nuit est encore jeune, nous pouvons nous contenter de jeter un œil aux environs pour le moment. L'admettre ne me plaît guère, mais je suis de l'avis de cette tête de singe. Sans autre plan d'approche, nos chances sont minces. Qui plus est... Bien qu'ils soient nos ennemis, les soldats et recrues de ce camp de malheur sont des fils de l'Île du Serpent. Le Sans-Pitié est leur seul horizon, leur unique pêché est celui d'ignorance...

Il n'était pas dur de deviner le sens de ses paroles, surtout à en juger la tristesse dans la voix de l'éarion. Néanmoins, ils ne pouvaient pas se permettre de rester éternellement à l'ombre de cette clairière. L'heure était à l'action, ou dans le pire des cas, au repli.

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Re: Le Port des Pirates

Message par Mythanorië » dim. 25 oct. 2020 09:52

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Tour à tour, Mouréna et Makkar prirent la parole pour signifier que certaines suggestions n'avaient aucune chance d'aboutir. D'une parce qu'exigeant une mise en scène trop développée, de deux parce que seuls les Sang-Pourpres faisant partie des rangs du Sans-Pitié, les gardes n'avaient aucune raison de laisser approcher qui que ce fut dépourvu de leurs couleurs. Et l'abalétrier y mettait beaucoup du sien pour décourager l'approche par la voie fangeuse. Il commençait véritablement à me courir, celui-là. Mes hommes avaient de grandes chances d'être captifs à l'intérieur. Qui pouvait savoir s'ils seraient encore en vie si nous rebroussions chemin maintenant pour tenter autre chose ? Non, je voulais m'assurer qu'ils étaient bien là, et peut-être dénicher d'autres partisans retenus par le tyran de cette île. Si notre petit groupe s'avérait peu efficace maintenant, sans bras armés supplémentaires nous allions au-devant des mêmes difficultés.

Je jetai brièvement un regard au reste de mon groupe. Nahöriel se tenait proche de Leyna, l'abritant de la brise fraiche accompagnant la lente montée de la pénombre. Elivan et Samrik gardaient un oeil sur la forteresse, évaluant sans doute les sentiers de patrouille prenant lentement forme. Les gardes devaient sans doute avoir pris cette habitude par défaut, car je doutais que quiconque eût déjà tenté de s'en prendre à cette place-forte. Avec de la chance, cela signifiait une surveillance bien moindre encore à l'intérieur.

Nonchalamment, je resserrai ma couette de lianes et remarquai finalement l'éarion âgé s'approcher de moi. Il commença par me déconseiller de jouer les éclaireurs, avant de préciser vouloir m'accompagner. Il avait raison quant au manque de plan évident, ce qui n'avait rien pour me plaire. Mes yeux clairs examinèrent l'expression de mon interlocuteur lorsque celui-ci précisa que les ennemis à l'intérieur demeuraient des fils de l'Île du Serpent, simplement guidés par la seule autorité qu'ils connaissaient. Autrement dit, il était attristé à l'idée de perdre cette jeunesse embrigadée dans les forces du tyran. Je pouvais comprendre son point de vue, mais j'étais si offensée par tout ce qui nous était déjà tombé sur la cime que j'avais du mal à laisser cette déclaration peser sur mes décisions.

"Alors partons vérifier ce passage tous les deux, Mouréna. J'ai besoin d'une nouvelle perspective."

Je me détournai du groupe, leur intimant d'un geste de rester là pour le moment. Certains avaient encore besoin de repos, et d'autres étaient trop impatients de se bouger pour demeurer discrets. L'éarion avait raison sur un point : la nuit était encore jeune. Il me restait un peu de temps pour voir si cette cible était décidément trop costaude pour nous ou pas. Mais entre la voix me hurlant de protéger mes hommes et la frustration d'avoir du lutter pour arriver ici... Par la Déesse, il valait mieux que nous n'ayons pas fait tout ce chemin en vain !



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Re: Le Port des Pirates

Message par Leyna » dim. 25 oct. 2020 12:59

Le reste du groupe discuta longuement, alors que la prêtresse se reposait. La mission qui les attendait semblait impossible. Mouréna souhaitait éviter les morts inutiles, mais se rangea de l'avis de la capitaine pour ce qui était de lancer une opération de reconnaissance par la mer. Celle-ci se résolut à l'emmener en reconnaissance. Cette fois-ci, Leyna se leva :

« Je viens aussi. Mes pouvoirs ne sont pas épuisés et pourront vous être utile. »

Bien sûr, Nahöriel bondit aussitôt sur ses pieds :

« Je viens aussi ! Je sais être discret. »

Il dansait légèrement d'un pied sur l'autre, visiblement pressé de faire quelque chose. Tout le groupe était sous tension. Nul n'ignorait qu'ils allaient au-devant de grands dangers, et la prêtresse n'était pas pressée d'exposer le semi-elfe. Cependant, il avait raison : il savait se montrer discret et pourrait leur être utile...

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