Les Docks

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Yuimen
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Les Docks

Message par Yuimen » mer. 27 déc. 2017 14:14

Les docks

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Les ruelles qui avoisinent le port constituent un quartier qu'on appelle "les docks", c'est le quartier le plus mal-famé de la ville. Dedans se côtoient ivrognes, rats et chats errants, prostituées, voleurs de bas-étage et autres choses encore plus suspectes...On y trouve de nombreuses gargotes où l'on boit divers alcools bon marché en mangeant du poisson grillé. Ici vous ne serez jamais dérangés par la milice... mais plus facilement par l'odeur et les bandits en tous genres !

Pour ceux qui ont des contacts et des adresses, vous pourrez même vous faire mener à un vendeur de magie assez spécial dans cette ville blanche. Il vend des fluides et des sorts de magie noire que les gens n'aiment pas beaucoup par ici, il est toujours entouré de deux ou trois confrères, tous vêtus d'une cape ne dévoilant jamais leur visage. La milice sait qu'il existe, mais elle n'a jamais réussi à mettre la main dessus.

><

Items vendus par l'homme :

Divers :
  • Objets RP.
  • Carquois et munitions.
  • Gourdes magiques.

Fluides magiques d'éléments :
  • Fluide 1/16e (50yus), 1/8e (110yus) de l'élément obscurité.
L'homme ne reprend aucun objet.

Fonctionnement :
  • Achat :
    • Objets personnalisables : Choisir le type d'objet dans la liste, lui donner un nom, un niveau, un rang de qualité et en calculer le prix via la règle des équipements.
    • Objets uniques : Choisir l'objet dans la liste présentée.
  • Calcul des prix de vente, achat, réparation : via la Règle sur les équipements
  • La demande doit être postée, avec le lien du post, dans le sujet d'Interventions GM.

Leidenstein
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Re: Les Docks

Message par Leidenstein » ven. 25 janv. 2019 20:00

Deux silhouettes progressaient à pas lent dans l'aube naissante, la lumière rasante projetant leurs ombres comme de massifs prédateurs les poursuivant plus lentement encore. Parfois, l'obscurité les engouffraient et les recrachait une rue plus loin. Les passes couvertes étaient autant de tunnels pittoresques et labyrinthiques qui les menaient vers le coeur malade de la ville : Les Docks. Le pas lourd du Docker semblait éclater les flaques d'eau tandis que celui de Leidenstein, léger, glissait dessus sans fracas. L'homme massif avait brisé ses habitudes en enfilant un vieux manteau de marin rapiécé, qui lui donnait soudainement un air de vieux loup de mer endurci. Il paraissait cependant vieilli d'un siècle en le portant et donnait une sensation miséreuse à Leidenstein, qui n'était pourtant pas mieux paré. Vainqueur, il avait récupéré l'arme de son défunt adversaire et cette dernière trônait à sa ceinture en contrepoids de ses deux camarades à sa dextre.
Loin d'un air d'épéiste victorieux, la meilleure prise de guerre du pâle bretteur fut un attirail de haillons qui le couvrait désormais. Tel un ermite, un mendiant ou tout autre paria dépourvu des moyens de s'habiller convenablement, il errait dans ce milieu avec le meilleur des camouflages. Evidemment, les locaux se doutaient qu'il ne s'agissait pas d'un des leurs à la vue de ces belles lames dont l'onction restait secrète. Cependant, la sagesse des rues conseillait de ne pas se frotter à un homme si bien armé et les rares gredins croisés si tôt le matin les laissaient tranquille. Les lames, et surtout le gorille à ses côtés, faisaient leur effet.

D'autant que le Docker aussi était chargé. Malgré son air impassible, son fardeau laissait apparaître quelques points brillants sur son front, à mesure que leur marche se poursuivait. Le plan initial était de jeter le corps en mer, mais une contre-ruelle plus sombre encore que d'autres ferait tout à fait l'affaire. Le Docker lâcha un grondement sourd en laissant choir le linceuil lourdement, qui s'étala de tout son long sur le pavé irrégulier, humide et puant.


- "Voilà la glorrieuse sépulturre d'un guerrrier tombé en duel honorrable." ironisa Leidenstein, récoltant un grognement peu satisfait en retour.
- "Tu m'fais rire 'vec ton duel honorable, mignon. L'avais pas envie d'se batt' en face. 'T'aurais ouvert en deux 'vec un peu d'volonté, mais l'aut' s'est dit qu'te laissait en vie valait le coup." claqua son camarade, crachant par terre, et donc sur le cadavre emmitouflé.

Un silence gênant s'installa, alors que Leidenstein attendait de savoir la suite du plan.

- "M'regad' pas 'vec des yeux d'poisson mort. On doit attend' que l'soleil soit haut pour l'suite. L'rues sont vides là." brisa finalement le Docker.

- "Marrcher jusqu'à la mi-jourrnée, ça ne me tente pas trrop. Pourr quelqu'un qui s'est laissé fairre, il a failli me sectionner la jambe." soupira Leidenstein, sur un air d'enfant gâté.

Le gorille grogna, autoritaire, et ouvrit la marche, suivit de son complice quelques instants plus tard.

- "C'ta nouvelle vie. D'grands projets pour toi, t'devrais être heureux, c'pas tout le monde qui s'trouve une destinée manifeste." soupira finalement le géant.

Leidenstein marcha en silence le temps de la réflexion. Le langage, bien que châtié, qu'utilisait le Docker était d'un niveau assez élevé.

- "Vous ne donnez jamais vos noms entrre vous. Comment tu t'appelles ?"
- "C'dépend des époques. 'vant, on m'aurait vouvoyé, salué. Respecté. Même quand j'bosse au Port, on m'traite dignement. Pas d'noms pour toi en r'vanche. Mais j'emmerde l'zôt', alors siffle moi "Tilo", et si t'as envie d'lécher des culs c's'ra Tiloën."

Les deux arrivèrent près d'une maison à la porte défoncée, depuis longtemps à la vue de la mousse qui couvrait le cratère où se tenaient autrefois des gonds. Tiloën donna un généreux coup de pied dans un sac de déchet humain qui lui répondit par un grognement faible. Le géant haussa les épaules et alla finalement s'asseoir contre le mur, tandis que Leidenstein se plaçait à l'exact opposé, séparé d'un bon mètre et demi dans l'étroit taudis.

- "Les noms que j'ai rreçu n'étaient générralement pas glorrieux. Tu étais imporrtant ?" reprit le sanguinaire.

Une lueur éclata subitement dans le visage morne du docker, et les émotions semblèrent couler en cascade dessus, prenant un temps avant de se former en phrases :

- "Tu parles ! J'gueulais sur des douzaines de gaillards et pas un qu'bronchait, fils ! J't'ai tiré plus d'aussières qu't'en tendrais entre ici et Tulorim ! Des vagues comme la mâchoire d'un dragon que j'tenais ferme sur le pont les plus belles prises qu'on n'ait jamais vu ! Et on f'sait pas que pêcher, y'avait la bagarre, le commandement impitoyable ! Lof pour lof à l'abordage ! A la gaffe pour rien lâcher !" enchaîna Tilo, emporté par le flot de souvenirs.

- "Et te voilà." ironisa Leidenstein.
- "La vie est c'qu'elle est. Mon navire a trouvé un meilleur commandant, et une autre femme que lui a pris mon coeur."
- "Tu es devenu poète alorrs ?" poursuivit le jeune homme, sur sa lancée.
- "J'ai pas lâché la brise, mignon. Ma Selära, ma sirène. Un capitaine hors pair, une femme 'vec plus de noix qu'un paquet d'hommes. On a passé du temps sous les étoiles, j'peux te l'dire. Mais voilà, l'problème c'est qu'elle, elle a jamais sû faire d'la place pour deux dans son coeur à elle. Et les embruns l'emportent toujours."

Un sourire nostalgique fendit la face de Tilo, qui lança un rapide regard par dehors, reprenant alors même que Leidenstein ouvrait la bouche pour lui poser la question.

- "L'a pas voulu entendre parler de gosses, d'mariage. Elle m'a fait l'amour comme jamais on l'avait fait, pis l'est partie à l'aube. J'mais eu d'nouvelles d'c'te pirate. Parfois, j'entends quelques conneries mais rien d'plus qu'des rumeurs d'fond d'cale. L'est jamais rev'nue."

Son regard se tourna plusieurs fois vers la rue, et le clochard tourna brièvement la tête, saluant la belle histoire qu'il venait d'entendre. Tiloën lui infliga un léger coup de pied et le mendiant reprit vite son sommeil, engloutissant le contenu alcoolisé d'une gourde en peau râpée par l'âge.

- "Je n'ai jamais aimé la merr. L'eau me rrend malade. Tu penses qu'elle est morrte ?" détona finalement le jeune bretteur, vérifiant distraitement le bandage propre à sa jambe blessée.

Tiloën tourna la tête vers lui, choqué, mais ce fut au tour de Leidenstein de le couper :


- "Je me contrrefous de ta rromance, Tilo. Tout le monde a des êtrres aimés. Et tout le monde meurrt un jourr. Souvent, c'est de ma faute, et quand ça ne l'est pas, on me l'attrribue tout de même." Péniblement, il se redressa dos au mur et glissa vers la porte, vaguement surveillé. "Alorrs je me contente de conclurre que tu n'es pas idiot et que je vais te parrler comme un homme et non une bête. poursuivit-il, se tournant dramatiquement de trois-quart, en contrejour. A sa façon, il parvenait à se rendre terrifiant donné la bonne scène.

- "Je tue depuis aussi longtemps que je puisse m'en rrappeler. Il suffisait qu'un enfant meurrt pour que la faute soit mienne. Et petit à petit, je m'y fais. Je n'ai jamais été quelqu'un de mauvais, mais on ne peux pas espérrer de moi d'êtrre quelqu'un de bon non plus. Je sais -à peu prrès- quel genrre d'homme tu es, et n'espèrre pas de parrdon. Je vais la tuer, je vais te tuer, et je m'occuperrais même du plus agrréable d'entrre vous. Vous pensiez avoirr attrrapé un coq blessé à emmener dans vos combats. Vous avez embarrqué un loup. Aujourrd'hui, il me manque peut-êtrre une patte, mais je vais fairre ce que vous vouliez. Je vais tuer, je vais me battrre, je vais même porrter vos foutues commissions si vous me le demandez. Mais un soirr où la lune serra aussi haute que chaque soirr, au moment où te te doutes le moins, je viendrrais à toi. Non pas en ami, non pas en rrevanche. Je viendrrais t'infliger le jugement que tu t'es donné toi même en t'en prrenant à moi.

Un pas rapide fit réagir les deux hommes. Légèrement abasourdi par le monologue soudain du taciturne jeunôt, le docker se releva néanmoins et s'approcher à son tour de la porte pour accueillir celui qu'il attendait. Leidenstein, lui, assombrissait ses propos à mesure que la soif de sang donnait à sa salive le goût de la mort et l'abreuvait de belligérance :

- "Ce jourr là, tu ne connaîtrras que le soulagement. Tu lèverras les yeux surr cette lune clairr, léger de tes péchés. Et je t'accompagnerrais au bateau que tu attends. Je t'offrrirrais ta rrécompense. Ton éterrnelle rrécompense."

D'un mouvement brusque, le docker perturbé entraîna Leidenstein en dehors, le sang glacé malgré sa supériorité. Un doute s'immiscait en lui. La profanatrice avait vu juste. Et pour la première fois depuis leur association, il s'inquiétait véritablement de ses propos. Il n'y avait que la mort en bout de chemin, et cette dernière paraissait lointaine jusqu'à ce qu'elle lui parle aujourd'hui en face.

Un enfant les attendait dehors, et reçut presque aussitôt dans sa main tendue une pièce brillante.


"Il n'est pas l'heure de déjeuner." s'appliqua soigneusement Tiloën, tâchant de masquer le trouble dans sa voix.

"Elle a quand même faim." répliqua le gosse sur un ton d'écolier. Une autre pièce vint le féliciter malgré un grognement du docker.

Tilo pivota légèrement vers son otage -ou était-ce son complice, son camarade peut-être ?- lui sussurant rapidement :


"Tu le suis. On saura si tu dérives trop." puis, après un temps de réflexion, un poing serré et une injure muette, au gosse cette fois : "Dis lui qu'il n'y a plus de poissons. Je pose pied à terre."

Bousculant de sa large épaule le jeune homme en haillons, le docker remonta la contre-ruelle et disparut plus vite que Leidenstein ne put le suivre du regard. Docilement, il accepta la poigne du jeune enfant qui n'avait cependant, par son intelligence dans le regard, pas une once d'innocence. Les deux marchèrent doucement sous les regards des quelques prostituées qui commençaient à étendre leur linge, des ivrognes se réveillant d'une mauvaise nuit de débauche et des quelques petites frappes qui déjà lui jetaient des regards de requins.

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Relonor
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Re: Les Docks

Message par Relonor » sam. 15 juin 2019 08:09

Chapitre 5 - De retour chez Gonk (suite).

VI.6 Arcanes noires.


Relonor suit le semi-homme dans le dédale des docks. Enfuis au plus profond de ce quartier malfamé, il est préférable de savoir où l’on va pour éviter d’aller où l’on ne veut pas savoir. L’elfe noir est loin d’être un amateur en ce qui concerne l’art de répandre le sang par le biais d’une lame, cependant la dernière rixe lui a laissé quelques souvenirs douloureux. Il se demande même pourquoi il n’a pas cherché à venir ici plus tôt ou s’il n’aurait pas mieux valu se procurer des potions de soins. Or la personne qu’il recherche ne vent pas de produits légaux et il n’est pas impossible que le prix soit un peu plus élevé que la moyenne. Vendre au détriment des lois est un risque et le risque ça se paye !

Les rues se ressemblent les unes aux autres, toutes aussi miteuses et l’odeur putride qui règne n’a pas à rougir des relents des égouts. Après un énième corps encore vivant issu d’un bar ne servant que trop ses clients en boissons, le Shaakt commence à s’impatienter.

"C’est encore loin ?" Grogne l’elfe noir.

"Malheureusement nous ne sommes plus très loin !" Il passe dans une dernière rue, plus sombre et s’y engouffre en ralentissant drastiquement le rythme. On y est. Lâche-t-il enfin.

Face à eux quelques hommes apparaissent, sortant d’on ne sait où. Leurs longs vêtements ne permettent pas de distinguer les traits de visage ou même s’ils cachent des armes. Des gardes certainement. Le semi-homme fait des signes avec sa main et avance toujours aussi lentement. Finalement, un dernier individu sort du groupe.

"J’ai un client pour vous !" Déclare simplement le Sinaris avant de laisser la place à l’elfe noir.

Relonor fait quelques pas et s’arrête brusquement lorsque des bruits de lames conseillent aux Shaakt de ne plus avancer davantage.

"Je cherche des produits de magie noire et mon serviteur m’a gentiment montré le chemin. Je suis en quête de sortilèges qui me permettraient de me débarrasser de mes blessures avec une grande efficacité. Ainsi qu’un autre plus prompt à faire couler le sang, mais je préfère qu’on évite tous quiproquo d’entrée de jeu, je veux quelque chose qui fasse mal, très mal. Qu’avez-vous à me proposer ?" Demande l'elfe noir sur un ton peu aimable.

Chapitre 6 - Arcanes noires (suite)
Modifié en dernier par Relonor le jeu. 27 juin 2019 16:27, modifié 2 fois.

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Re: Les Docks

Message par Gamemaster5 » lun. 17 juin 2019 15:28

Intervention GMique pour Relonor

La silhouette marmonne quelque chose puis, sans que Relonor ne puisse réagir, une nuée de mains squelettiques apparaissent tout autour de lui. Des murs, des tonneaux, du sol, elles surgissent et s'agrippent à l'enchanteur et à son serviteur qui commence tant bien que mal à se débattre. Loin de faire quel que dégât que ce soit, elles sont si nombreuses qu'elles font rapidement chuter le Shaakt et son acolyte avant de les maintenir au sol. Une voix obscure surgit alors de sous la capuche de l'homme qui s'est avancé.

"Tu me sembles bien impatient, petit impertinent. Et ce n'est pas le respect qui semble t'étouffer. Peut-être que si je laisse mes mains s'occuper de le faire, cela te permettra de l'apprendre ?"

D'un geste de main parcheminée par l'âge, le mage noir révoque les mains tout autour du Shaakt, avant de pointer un doigt squelettique nimbé d'une aura malsaine.

"De plus, je ne sens aucune présence des fluides d'obscurité dans ton corps. Qu'est-ce qu'un blanc-bec comme toi veux savoir des arcanes obscures ? Etre assoiffé de sang ne suffira pas à les maîtriser."

Se reculant pour être de nouveau entouré par ses hommes, le mage marchand replonge une nouvelle fois dans l'ombre, attendant la réponse de son "client".
Allez, viens mon copain ! Si tu as des questions n'hésite pas !



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Re: Les Docks

Message par Relonor » jeu. 27 juin 2019 16:20

Chapitre 6 - Arcanes noires

VI.6 Arcanes noires (suite)


Si Relonor pense pouvoir intimider son interlocuteur, il comprend vite à qui il a affaire. L’homme marmonne quelque chose d’incompréhensible, puis rapidement de nombreuses mains apparaissent au sol et sur les murs, cherchant à agripper tout ce qui se trouve à commencer par le Shaakt et son semi-acolyte. Trop nombreuses pour les arrêter, Relonor est contraint de ployer le genou et tombe au sol.

(Misérable, tu m’as forcé à m’agenouiller devant toi ! Je te ferais payer cet affront au centuple !)

Impérieux le vendeur clame que Relonor est impatient, impertinent et que le respect ne risque pas de l’étouffer. Il lui propose de laisser ses mains s’occuper du Shaakt avant de les révoquer l’instant d’après libérant ce dernier. Il ajoute que l’elfe noir ne possède pas de fluide sombre et que son désir de répandre la mort ne suffira pas à user une magie sans le précieux fluide.

Lentement la colère du Shaakt laisse place à une réelle envie. L’utilisation du sort lui a donné un bref aperçu des possibilités que procure la magie noire. Forcer ses adversaires à ployer le genou avant de les achever est une délectation sans pareil.

(L’orgueil c’est pour les morts ! Je dois absolument me procurer cette magie. Malheureusement pour moi il ne semble pas vouloir me vendre ses produits. Peut-être dois-je la jouer différemment !)

Relonor se lève lentement et péniblement avec les douleurs infligées il y a peu. Il toise le gars en face et délaisse complètement la garde de son arme au profit d’une autre : le rire.

"Hahahaha !" Ricane-t-il à gorge déployée puis reprend d’un ton plus en harmonie avec la transaction secrète. "Excellent, c’est tout simplement parfait ! Veuillez me pardonner mon attitude, mais je devais m’assurer de n’avoir affaire à des guignols et ce que vous m’avez démontré est au-delà de mes espérances ! Vous êtes même capable de détecter on absence de fluide noir, ce qui est très intéressant. Comme vous vous en doutez, j’ai également besoin de fluide obscur. Votre plus grosse fiole fera l’affaire en plus des sortilèges."

Evitant de bouger trop rapidement il sort une bourse et l’ouvre pour laisser tomber de nombreuses pièces d’argents. Largement de quoi payer son vendeur, enfin c’est ce qu’il espère encore.

"Voyez, je ne suis pas venu les mains vides ! En revanche je ne suis pas venu ici pour me faire détrousser. Alors, on fait affaire ou pas ?" Termine-t-il en tendant sa main garnie de pièces d’argents à l’homme.

Chapitre 6 - Arcanes noires (suite 3)
Modifié en dernier par Relonor le mer. 7 août 2019 19:30, modifié 1 fois.

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Re: Les Docks

Message par Gamemaster5 » ven. 28 juin 2019 13:13

Intervention GMique pour Relonor

Après la tirade du jeune homme arrogant, le vieillard ne peut s'empêcher de pousser un soupir de découragement. Les jeunes d'aujourd'hui le débordent, toujours pressés, à tout vouloir toujours trop vite. Néanmoins, les affaires sont les affaires.
"A défaut d'avoir un tant soit peu de jugeote et de respect, tu as les poches pleines. Tu désires faire souffrir tes victimes ? Les voir ramper devant toi ? Tsss..."


Se retournant vers un de ses acolytes, le mage noir lui parle à voix basse et après un court instant, son interlocuteur sort d'un sac laissé derrière eux une brassée de parchemins ainsi qu'une bouteille contenant un liquide à peine discernable dans l'obscurité, mais qui semble visqueux et liquoreux.

"Tu veux acquérir des fluides obscures ? Voilà ma plus grosse bouteille. Elle t'en coûtera 250 yus." Il pose la bouteille dans un sac en toile grossière, puis tend un à un les parchemins en expliquant leurs fonctions et les sorts qu'ils contiennent. "Chacun de ces parchemins te conférera un sort en particulier, et chacun d'eux te coûtera 500 yus. Et autant te prévenir tout de suite gamin, le prix est non négociable. Ce premier sort te permettra de pouvoir transférer tes blessures à tes alliés. Pourquoi uniquement tes alliés ? Car ce sort se base sur la confiance que la cible te voue pour faire passer la souffrance, et peut cibler plusieurs personnes pour fragmenter la blessure. Mais si tu veux cibler quelqu'un en particulier, il y a ce sort qui le fait sur une seule personne, tout en la rendant moins grave. Le sort que j'ai utilisé sur toi s'appelle les mains de la mort, tu le trouveras dans ce parchemin. Et quant à faire des dégâts... A voir ton arme à la ceinture, c'est avec elle que tu comptes te battre. J'ai quelques sorts pour ça. Le premier convoque des âmes dans ta lame pour frapper avec plus de force. Cela sera d'autant plus efficace contre ces mages de lumières ou les paladins, consumant une âme à chaque frappe. Ce sortilège te fera avoir une force encore plus grande,mais au détriment de ta défense. Enfin, ce sort te fera être posséder par une âme. Si tu en as les tripes, elle te permettra de déchaîner une puissance supérieure... Mais chaque coup manqué sera chèrement payé."

Déposant chacun des parchemins dans le sac, il tend ce dernier à son acolyte qui invite Relonor à les consulter, tout en annoncant le prix : 3750 yus le tout. Il tend alors la main pour récupérer la somme dû, en dardant un regard peu amical sur son client.
Allez, viens mon copain ! Si tu as des questions n'hésite pas !



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Kassar le laid
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Re: Les Docks

Message par Kassar le laid » dim. 7 juil. 2019 10:32

Précédemment depuis le port...

Malgré la férocité de ses rayons éclairant la ville, Je ne peux pas m'empêcher d'avoir l'impression qu'ici, dans les ruelles des docks de Kendra Kâr, l'ambiance même des lieux fait barrière à la lumière. Tout ici y semble plus morne, sombre, et je ne peux pas m'empêcher de réprimer un frisson et de hâter le pas aussi calmement que possible. Cet endroit me rappelle trop Exech, et trop vite, pour que j'ai envie de m'y attarder.

La seule population que j'y croise semble être composé de miséreux et de coupe-jarrets, heureusement trop occupés par quelques affaires pour s'intéresser à moi. Par Jerì, je suis bien heureux de n'être qu'un malheureux dans un quartier de malheureux, au moins on me laisse tranquille. Et pas de traces d'une quelconque milice, à mon immense soulagement...

Je passe au niveau d'un croisement quand un individu en surgit à toute vitesse! Je crois à une attaque, et redresse mon bâton en signe de défense avant de me faire heurter par la personne, nous entraînant tous les deux à la renverse.

Immédiatement, elle se relève, et je distingue les traits d'une femme humaine, habillée de manière bien plus exquise que la bienséance en ces lieux le voudrait pour passer inaperçu.

Sans m'adresser plus qu'un grognement menaçant, la femme se relève et disparaît dans une autre ruelle avant même que je finisse de me redresser.


( Cela sent les ennuis, une femme aussi bien habillée, ici, qui part à grande vitesse... Je ne devrais pas traîner!)

Mon regard est alors attiré par quelque chose par terre. Une petite boîte de bois noir. Sans détails ou gravures. Je l'observe un instant, interdit.

( Est-ce que c'est cette femme qui vient de le faire tomber? )

Inquiet, j'observe la ruelle d'où venait la femme, m'attendant à voir débarquer des poursuivants pleins de muscles et d'envie de sang. Mais rien, la rue est même étrangement vide alors que tous ses habitants ont fui par précaution, craignant la même chose que moi.

Mon regard retourne sur la boîte.


( Est-ce que... je devrais la ramasser?)

Finalement, cédant à la curiosité mais avec une lenteur inquiète, je me penche et ramasse la boîte. Elle n'est pas très lourde, mais je constate surtout qu'elle est verrouillée par une petite serrure. Malgré l'inutilité de mon geste, je la glisse dans un repli de mes vêtements, celui où je gardais mes yus avant qu'on me les vole, poussé par un inattendu instinct de tire-laine... ou la promesse d'assez d'argent pour pouvoir dormir au chaud, peut-être?

Puis, sans plus demander mon reste, je me mets en route vers les ruelles de la ville.


La suite vers le temple des plaisirs...
---
"Un beau visage est un masque pour un cœur scélérat"

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Relonor
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Re: Les Docks

Message par Relonor » mer. 7 août 2019 19:28

Chapitre 6 - Arcanes noires (suite)

Finalement le magicien sombre semble abdiquer, peut-être plus à cause de la bourse pleine que de la tirade de Relonor. Il ne semble cependant pas comprendre le plaisir à voir ses ennemis ramper, suppliant de les achever. L’homme se tourne vers l’un de ses acolytes et après un bref échange inaudible, son interlocuteur sort d’un sac non loin de lui plusieurs parchemins ainsi qu’une grosse fiole contenant un liquide difficilement cernable, même pour un elfe noir tant il est aussi noir que ces lieux.

Le vendeur détail ses produits et commence par le prix de sa plus grosse fiole. Pas moins de deux cents cinquante yus. Un prix un peu élevé, mais qui en dit long sur la qualité, ou alors il faudra revenir pour discuter du service après vente à l’aide d’une lame et de quelques camarades. Il enchaîne avec les précisions concernant les différents sorts pour la somme de cinq cents yus.

(Un prix identique à ceux de Moboutou au moins !)

Le premier sortilège permet de transférer toutes ses blessures à un ou plusieurs alliés et uniquement des alliés car il base son pouvoir sur la capacité de confiance de l’individu. Il en existe un autre qui permet de transférer une blessure sur une cible tout en la réduisant pour l’utilisateur. Le sort qu’il a utilisé pour me mettre à genoux s’appelle « les mains de la mort ». Bien que je ne le lui aie pas demandé il me le laisse à disposition. Il m’examine rapidement et oriente ses explications sur les sorts offensifs. Possédant une lame, il comprend mon intention d’user de la magie pour renforcer mes coups. Un premier convoque des âmes dans la lame permettant de frapper avec plus de force, consumant une âme à chaque coup. Le sortilège est d’ailleurs particulièrement efficace contre les porteurs de lumière et titille l’intérêt de l’enchanteur. Le second inflige quant à lui une force bien plus grande au détriment de sa propre défense. Finalement un troisième sortilège permet d’user d’une âme. Bien qui similaire au premier, il permet d’augmenter sa force en insufflant une âme non pas à l’arme, mais à l’utilisateur lui-même. Cependant le sort possède un contrecoup important car à chaque coup manqué, celui-ci sera durement payé.

Finalement il dispose tous les parchemins dans le cas pour le donner à son acolyte qui lui-même le dépose au pied de l’elfe noir. Trois mille sept cent cinquante yus ! C’est le prix pour le tout explique le maître des lieux en tendant la main pour récupérer la somme de l’ensemble.

(Mmm ! Que fait-il ? J’ai pourtant bien expliqué ne vouloir que deux sortilèges et pas toute sa panoplie ! Non il a même rajouté le sort qu’il a utilisé sur moi. Il cherche à me faire sortir de mes gongs, à moins qu’il ne désire me faire contracter une dette ? Mais c’est clairement pas le moment, j’ai déjà une épée au-dessus de ma tête mieux vaut ne pas en rajouter une seconde.)

Réprimant sa colère, le Shaakt s’incline et répond poliment à son interlocuteur.

"Vos marchandises sont tout ce qu’il y a de plus intéressant. En revanche, je crains qu’il n’y ait méprise. Comme je vous l’ai signalé, je ne souhaite obtenir que deux types de sorts en plus de votre fiole et bien que vos prix restent raisonnables au vu de leurs illégalités, je ne puis me permettre d’en prendre davantage. Si vous me le permettez, pouvez-vous m’en dire plus sur certains de vos sorts ? Le tout premier par exemple, celui reposant sur la confiance. A quel point la confiance est-elle suffisante pour pouvoir l’utiliser ? Une alliance temporaire est-elle suffisante ? Et votre dernier parchemin, il est question d’un contrecoup. De quel genre parle-t-on ? Vais-je avoir une transformation physique ou peut-être psychologique ?"

Chapitre 7 - Le rituel
Modifié en dernier par Relonor le mar. 10 déc. 2019 14:50, modifié 1 fois.

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Gamemaster5
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Re: Les Docks

Message par Gamemaster5 » lun. 12 août 2019 12:29

Intervention GMique pour Relonor

L'homme de main du mage qui s'était rapproché de Relonor retourne alors vers son son employeur et compte sur l'ordre de ce dernier 1250 yus, venant d'une bourse ressemblant étrangement à celle de l'enchanteur. Il les retire et la renvoie d'un geste à Relonor : la dextérité dont l'homme a fait preuve pour lui subtiliser sa bourse sans qu'il s'en rende compte en dit long sur ses capacités. Dans un sourire édenté, le vieux mage noir reprend alors la parole.
"Eh bien, on dirait que nous avons réussi à nous entendre. Tu veux le premier et le dernier sort dont j'ai parlé ? Qu'il en soit ainsi. Rupest, enlève tout les autres parchemins à l'exception d'amitié sacrifiée et âme possessive." Le dénommé Rupest s'exécute pendant que le mage se rapproche de son client : il lui as posé des questions sur ses sorts, il va donc lui répondre. S'il peut se montrer violent et acariâtre, il a cependant un certain sens du marchandage. Et puis, mine de rien, l'elfe en face de lui lui plait bien... Quand il reste à sa place.

"Amitié sacrifiée est le sort de transfert de blessure. Il passe par ce lien très particulier que deux âmes forment lorsqu'elles ont partagé assez d'expériences ensemble pour se rapprocher. C'est par ce vecteur que les blessures dont tu te débarrasseras iront frapper tes "amis". Quant à la quantité de confiance nécessaire... Lorsque tu auras appris ce sort et que tu seras plus familier avec le concept d'âme pour un mage noir, tu sauras instinctivement si tu peux ou non lancer ce sort.
Quant à Âme possessive... Le contrecoup est simple : l'âme que tu convoques entre par ta poitrine et sur son passage, elle laisse une marque noire au niveau du plexus solaire, juste ici. Pour chaque coup que tu rateras, la blessure se nécrosera et empirera à chaque manquement à la règle. Les âmes damnées n'aiment pas les incapables... Et tenteront de prendre possession de ton corps si elles te voient échouer de manière répétée, te prenant pour un bon à rien.
Mais je sens que tu as du potentiel. Apprend donc tes sortilèges ici, je te guiderai si besoin. Mais si j'estime que tu n'es finalement pas digne de mon enseignement ou que tu tentes quoi que ce soit contre moi... Alors là gamin, je te montrerai qu'il existe des destinées pire que la mort."


Dans un sourire maléfique, le vieux mage se retourne et escorté par ses gardes du corps, fait signe à Relonor de le suivre, laissant le sac à ses pieds.


HRP :
- 1250 yus sont retirés de ta bourse.
- ajout dans ton inventaire RP :
  • Parchemin d'apprentissage "Âme possessive"
  • Parchemin d'apprentissage "Amitié sacrifiée"
  • Fiole de fluide d'obscurité 1/4

- Tu vas pouvoir effectuer le reste de l'écolage de tes sorts de manière RP avec le mage. Seul ou sans l'aide d'un mage maîtrisant les fluides obscurs, tu n'arriveras pas à déchiffrer et comprendre correctement les parchemins qu'il t'as laissé.
Allez, viens mon copain ! Si tu as des questions n'hésite pas !



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Ulric
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Re: Les Docks

Message par Ulric » jeu. 22 août 2019 21:22

Les ruelles étroites et humides des Docks étaient toujours calmes et il faudrait encore quelques heures pour que les dockers, marins, prostituées et mendiants qui infestaient habituellement ces quartiers ne les emplissent à nouveau de leur brouhaha quotidien. La nuit recouvrait tout d’une chappe de silence que seuls brisaient deux chats de gouttières, se disputant à grands renforts de leurs feulements rauques quelque part sur les toits, et la respiration saccadée du seul homme arpentant cette ruelle aussi tard dans la nuit.

Ulric n’avait jamais autant couru de sa vie : après avoir tué Wilifrid, il avait dû prendre la fuite pour sauver sa peau de ceux qui le considéraient comme un des leurs il n’y a encore que quelques heures de cela. Il avait couru, zigzagué dans les boyaux des docks, trop pressé de se sauver pour ne serait-ce que lancer un regard en arrière. A vrai dire, il avait bifurqué à de si nombreuses reprises sans savoir où il allait qu’il n’avait aucune idée de la partie des docks dans laquelleil se trouvait à présent

Il était maintenant bien trop épuisé pour continuer sa folle course. Il scruta la ruelle derrière lui : personne. Le cœur au bord des lèvres, il appuya son dos contre la façade de la bicoque défraichie devant laquelle il se trouvait, avant de se laisser glisser jusque par terre. Il reprit son souffle un instant avant de prêter oreilles aux sons environnants, toujours pas convaincu d’avoir semé ses poursuivants. Il entendit les chats continuer leur joute verbale, un chien aboyer au loin, mais aucune voix ni aucun bruit de pas qui pourraient trahir ses anciens compagnons à sa recherche. Au moins une bonne nouvelle.

(Foutu Wilifrid !), pensa Ulric.

Pourquoi s’était-il mêlé de ça ? Ce n’était pas la disparition d’un unique grimoire qui ruinerait leurs petites affaires. Il aurait pu le laisser filer, et l’apprenti mage d’ombre aurait disparu dans la nuit. Les autres contrebandiers auraient pensé qu’il était parti se saouler en pleine nuit et qu’il s’était fait suriné en chemin. Ce n’est pas comme si ce genre de choses n’arrivaient jamais dans le milieu. Maintenant, Jan voudra sa peau et il ne sera plus en sécurité dans les docks (s’il ne l’avait jamais été).

Peut-être devrait-il mieux quitter Kendra Kar ? Ulric repoussa cette idée : il avait passé suffisamment de temps sur les routes, dormant dans les fossés ou dans des granges, à son goût. Qui plus est, il risquerait de détruire son grimoire à la première pluie, sans un toit sur sa tête. Il lui faudrait également un endroit calme pour l’examiner. Il avait risqué sa vie pour cet ouvrage et il avait à peine eu le temps d’y jeter un coup d’œil !

Peut-être qu’il pourrait rester quelques temps à Kendra Kar, si, du moins, il évitait les docks et faisait profil bas. Il serait absurde que les contrebandiers aillent quérir la garde ou la milice pour se plaindre d’un meurtre, eux qui se livraient à leur propre petite guerre entre bandes rivales ! Oui, sans doute qu’il pourrait rester hors d’atteinte de leurs représailles s’il se cantonnait aux quartiers plus sûrs de la ville. Après tout, il était à Kendra Kar, la Cité Blanche, pas à Darhàm.

Ulric se releva péniblement. Le combat et sa fuite, en plus des troubles de ces derniers jours, l’avaient épuisé. Il pourrait passer quelques jours planqué dans une auberge pas trop chère, le temps de se refaire et de commencer l’étude de son grimoire mal acquis. Mais soudain, il se rendit compte qu’il avait un problème un peu plus pressant : en tuant Wilifrid, il avait souillé une bonne partie de sa tunique de sang. Il devait nettoyer tout ça rapidement ou alors, pour faire profil bas, ça commencerait déjà mal !

Vers le port
Modifié en dernier par Ulric le lun. 15 févr. 2021 14:30, modifié 1 fois.

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Relonor
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Re: Les Docks

Message par Relonor » mar. 10 déc. 2019 14:48

Chapitre 6 - Arcanes noires (suite 3)

Un des hommes de mains du marchand noir qui s'était rapproché de Relonor se retourne finalement vers son maître. Comptant l'argent d'une bourse qui rappelle quelque chose à l'elfe, ce dernier ne comprend qu'il s'agit de la sienne que lorsqu'on la lui renvoie. Il a été délesté de sa propre bourse dans avoir remarqué quoique ce soit. Rangeant celle-ci, il tâche de vérifier le reste de ses effets personnels mais tout semble à sa place.

(Ces fumiers doivent bien se marrer à regarder leur p'tit copain me détrousser ! J'espère que cela en vaudra le coup.)

Le marchand satisfait de voir qu'un accord est conclu, fait ranger tous les autres parchemins hormis ceux qui ont suscité l'intérêt du Shaakt. Un autre individu du nom de Rupest s'occupe de cette tâche tandis que le mage noir s'approche de Relonor et détail les caractéristiques particulières. Celui qui permet de guérir les blessures passe par un lien créé entre deux âmes, qui ont tissé un lien de confiance l’un envers l’autre. La création de ce lien réciproque est donc vitale et ne peut être évité. Avec le temps et l'habitude du concept dames, l'elfe noir sera en mesure de savoir si le sort est utilisable ou non. Le contrecoup du second sort est simple d'après le marchand. L’âme convoquée laisse une marque noir sur le torse. A chaque coup manqué, la marque devient une blessure qui s'aggravera systématiquement lorsque cette règle ne sera pas assouvie. Les âmes damnées n'aimant pas les incapables tentant de prendre possession de leur corps. Il termine en estimant l'elfe noir d'un bon potentiel et qu'il en prêt à le guider sur la voie de la magie noir. En revanche si le Shaakt ne s'avère pas à la hauteur de ses attentes ou s'il tente quoique ce soit contre lui, alors il apprendra qu'il existe pire que la mort.

Alors qu'il s'éloigne de Relonor, le mage noir lui adresse un sourire maléfique mais pleins de promesses si l'elfe accepte de le suivre, laissant ce qu'il a acheté dans un sac au sol. Relonor ne sait comment réagir. Est-ce un guet-apen ? Peu probable, il n'a rien à offrir qui vaille cet intérêt alors qu'il a tout à gagner en prenant le risque de le suivre. Prenant le sac au sol il décide d'emboîter le pas du mage et de ses hommes pour pénétrer dans une série de bâtiments, lui faisant perdre tout repère s'il voulait revenir une prochaine fois.

P'tit George sur les talons, ils arrivent tous deux dans une pièce sombre, à peine éclairée par des bougies ici et là pour le commun des mortels. Cependant Relonor est un elfe noir et en tant que telle, l'obscurité est une amie fidèle lorsqu'elle n'est pas totale. Il perçoit de nombreux cercles qu'il estime posséder un pouvoir magique. Reste à savoir quoi !

"Tu t'apprêtes à embrasser les ténèbres, mais tu as un rituel à passer avant d'être toi aussi un adepte des arcanes sombres. Place toi ici et bois le fluide obscure si tu en as le cran !" Clame le magicien noir en désignant un cercle magique au sol, bien plus grand que les autres.

L'elfe noir hésite un peu à obéir. Il est clair que ce n'est pas auprès du semi homme qu'il va obtenir un soutient, lui qui se cache espérant se fondre dans le décor et fuir à la moindre occasion. Pourtant ces hommes avaient la possibilité de lui faire du mal bien avant, ils l'ont d'ailleurs déjà démontré. Malgré tout, il confie à p’tit George la lame qu’il a obtenu en battant le Worran, espérant que cela aide le semi-homme à ne pas se faire dessus. Relonor s’avance dans le cercle et saisit la sombre fiole magique et la boit d'une traite. Il sent la puissance de l'obscurité pénétrer ses entrailles et son esprit s'éclaire à un monde nouveau. Un monde où les ombres même sont malléables et où les émotions comme la terreur sont de nouveaux jouets qui peuvent être aisément manipulés. Dans son esprit, une porte se dresse face à lui. Immense, sombre et pleine de désespoir. Alors que celle-ci s'ouvre très légèrement, une plainte déchirante se fait entendre. Puissante, provenant de millions d'âmes et saisit le Shaakt d’effrois. La porte vers le royaume des morts s'est ouverte à jamais pour Relonor. Seul le temps déterminera s'il maîtrisera ces nouveaux pouvoirs ou s'il rejoindra le royaume des damnés.

La vision se ferme et Relonor revient à la réalité. Alors que le cercle au sol réagit d'une lueur verte malveillante, des volutes de fumée émeraudes s’extraient du sol et englobent l'ensemble de son être pour s'immiscer à l'intérieur et saisir quelque chose en lui, quelque chose de profondément ancré. Dans un hurlement de souffrance, Relonor vomit cette même fumée qui se rassemble et se condense en un être parfaitement similaire à l'elfe noir. Quelques détails en revanche s'imposent à la vue de tous à commencer par l'accoutrement. Son bouclier à têtes de mort a été remplacé par le symbole d'une tête de lion majestueuse, sa rapière est désormais immaculée, loin des traces de sang d'origine, les protections sont du même type, mais encore la décoration est plus simple tout comme elle est mieux ouvragé. L'être en lui même est différent. Les cheveux sont soigneusement coiffés, le regard est droit et franc et la posture parfaite d'un soldat montre un être juste et noble. Tout le contraire de Relonor.

"Qu'est-ce que cela signifie ?" S'insurge l'elfe noir.

"On ne joue pas impunément avec la magie noire !" Déclare le mage sombre. "Si tu souhaites arpenter ce chemin, tu vas devoir le prouver. Cet être que tu vois, est la matérialisation de ton meilleur côté. Loyauté, honnêteté, courage, abnégation, générosité...Tout ceci fait partie de toi que refoulé au plus profond de ton être que tu l'accepte ou non. Maintenant, tu vas devoir prouver que tu es digne de la magie des ténèbres en les embrassant pleinement !"

Il fait un geste de la main et les yeux de la matérialisation de l'elfe noir s'illumine d'un éclat blanc brillant. Sans prévenir, il assène un terrible coup de haut en bas pour en finir rapidement avec le Shaakt. Poussé par son instinct de préservation, Relonor lui oppose son bouclier et le coup puissant fait reculer l’elfe noir.

(Il est putain de réel !)

La matérialisation attaque de nouveau, repoussant davantage Relonor. Celui-ci atteint le bord du cercle magique et le fait réagir. Une violente douleur le foudroie dans le dos, forçant l'elfe noir à rester au contact.

"Tu ne pensais tout de même pas pour échapper à ton propre combat non ?"

De rage, Relonor porte un coup de taille et changeant de cible pour viser finalement la jambe gauche. Cependant son homologue aux yeux blancs contre non seulement avec facilité, mais aussi de la même manière que Relonor dans une telle situation. La matérialisation profite de la faiblesse engendrée par l'échec de l'assaut pour porter un coup d'estoc. Relonor parvient à éviter une blessure fatale, mais une estafilade est tout de même présente. Soudainement, des images étranges viennent l’harasser. Il se voit, il y a peu, avec le jeune couple qu'il avait surpris dans les docks. Plutôt que de les tuer, il les a aidés à vivre une nouvelle vie et à arrêter cette mise en scène de kidnapping pour partir avec l'argent de la rançon.

(Non, tout cela est faux ! J'ai pourfendu le gosse et violé sa copine sous ses yeux. Pourquoi je vois ces trucs ?)

"Qu'est ce qui m'arrive ?" Hurle Relonor au marchand alors qu'il force son opposant à prendre de la distance.

"Tu l'as sentie hein ? Ce que tu vois devant toi c'est celui que tu aurais pu être si tu avais suivi un chemin...pas bon, mais...différent on va dire !" Lui répond le mage.

(Mais qu'est-ce que c'est que ces sornettes encore ?)

"Tu ne me crois pas n'est-ce pas ? La magie noire n'accepte pas les faibles. Avant de te servir de sa puissance, c'est elle qui se servira de toi. Montre ta valeur ou péri !" Renchérit-il.

Loin de se laisser faire, Relonor passe concrètement à l'offensive. Il commence par désarmer son adversaire, mais celui-ci contre admirablement le coup, comme s'il avait lut dans son esprit. Chaques attaques portées par l'elfe noir reçoivent une réponse parfaite en opposition.

(Il connaît toutes mes techniques ! En même temps cela paraît évident dans l'éventualité où il s'agit de moi-même. Pourtant dans une telle situation, j'aurais déjà usé de mes sorts de vents si j'avais assez de mana, alors pourquoi ne les utilise t'il pas ? A moins qu'il manque lui aussi de magie pour l'utiliser. Peut-être que dans ce cas...)

Relonor mobilise la magie noire qu'il possède pour l'insuffler à son arme. Celle-ci d'enrobe d'un voile noire démoniaque. De son côté, l'être de lumière reste de marbre, ne montrant aucune inquiétude alors que sa lame ne subit pas le même sort.

(Tu ne peux pas utiliser la magie noire, ou alors tu le refuses ?)

Les coups s’abattent de nouveau. Les échanges se font féroces et les blessures s'enchaînent. Relonor subit plusieurs coups à lui faire grincer des dents aux jambes et au bras armés. Dans son esprit sont projetés des images de lui, oeuvrant en accord avec la milice pour faire tomber le groupe de malfrat qu'il a en réalité rejoint. Ses actions lui ont valu une renommé ainsi qu'un regard bienveillant de la part de la population kendranne. En face son homologue aux yeux blancs semble également affecté. Les blessures physiques s'accompagnent de douleurs magiques nécrosant les tissus et de la même manière qu'il reçoit des visions d'un côté de la balance, il en perçoit le côté sombre lorsqu'il fait mouche face à l’avatar blanc. Relonor a évincé le chef de l'organisation criminel dont il est membre et assoit sa domination dans le sang et les larmes contre ceux qui se sont opposés à lui. Son réseau grandissant, il possède une influence notable dans la société criminelle de Kendra Kâr ou point où il en fait trembler les fondations solides du pouvoir officiel du roi et obtient les faveurs d'Omyre par le biais d'offrandes.

Malgré cela, l'elfe noir n'a clairement pas l'avantage. Les blessures qu'il génère ne sont pas comparables avec celles qu'il subit et la perte de sang commence à être dangereuse. Combien de fois il s'est vu mener des troupes sur le champ de bataille pour l'honneur et la liberté des peuples soumis à la reine noire ? Tout simplement écoeurant. Sa vision se trouble déjà par moment et ses forces lui manquent. Un coup rapide de son avatar et voilà la lame de Relonor qui lui échappe des mains. La matérialisation, clairement en position de force contre un ennemi à peine capable de tenir son bouclier, préfère lâcher son arme au lieu de l'achever. Ils se retrouvent désormais tous deux à armes égales.

(De la pitié ? Non tu souhaites un combat dans les règles, montrer que même avec de la bonté c'est toi le plus fort ! A l'inverse j'aurais agi autrement avec plus de lâcheté car seule les morts ont de l'honneur !)

"Alors comme ça tu veux m'achever à la loyale hein ! Prouver que tu vaux mieux que moi ? Voyons ce que tu vaux véritablement." Crache le Shaakt peu convaincant alors qu'une gerbe de sang s'extirpe par la bouche.

Relonor jette son bouclier au loin et son adversaire fait de même. Les voici complètement désarmés, prêt à finir le combat à s'en saigner les phalanges. Mais un combat honorable n'est pas utile dans un duel. Seule la victoire finale compte. Relonor prépare dans son dos une surprise qu'un combattant loyale n'ose envisager. Ils se ruent l'un vers l'autre prêt à en découdre lorsque Relonor, ricanant, abat une dague créée par la magie noire. Celle-ci se plante dans la main de l'avatar venue pour la bloquer, mais elle finit sa course en tranchant une partie de la gorge du noble guerrier. Il n'en faut guère davantage à l'elfe noir pour achever son adversaire, ne prenant pas le luxe de lui laisser la moindre chance de se défendre. La lame se plante complètement dans la tête en passant sous le menton, clôturant le combat. L'avatar disparaît dans une gerbe de lumière en même temps que la magie qui anime le cercle magique. Alors qu'il fait face au marchand et à ses hommes, Relonor sent soudainement ses forces revenir et les blessures récentes de son combat contre son côté lumineux s'estompent d'elles-mêmes.

"Somptueux ! Absolument splendide ! Tu as massacré avec brio ton humanité et ses soi-disant bonnes valeurs avec toi ! Tu es désormais pleinement capable d'accepter le pouvoir sombre que tu as obtenu. La magie noire n'accepte pas la demi-mesure, soit on la refuse soit on l'embrasse complètement en se baignant dans les ténèbres ! Du moins, c'est ainsi que je vois les choses et la raison de tout ceci : déterminer si tu es digne de ce pouvoir qui est à ta portée. Maintenant ta récompense. Je t'ai vu insuffler la magie dans ton arme, le procédé est similaire pour obtenir la magie qui se trouve dans ce que je t'ai fourni. Sache qu'il te suffit de faire de même avec tes parchemins et le savoir qu'ils renferment s'ouvrira à toi !" Termine le marchand dans une gestuelle presque théâtrale.

Relonor hésite. Est-ce là un nouveau piège qui s'apprête à recevoir ? Bien qu'il en doute, une petite voix dans sa tête lui intime la prudence. Non, il n'a que faire de l'hésitation. L'heure est à la prise de risque et surtout à la récompense qui lui est due. Il saisit les parchemins et y insuffle sa sombre magie. L'écriture bouge et se mêle aux schémas dans une danse de lettres et de schémas tournoyant jusqu'à une nouvelle organisation du parchemin. Désormais inerte, l'écriture luit d'un éclat malveillant et s'insinue aux travers des yeux du Shaakt, distillant au passage le sombre savoir de la magie noire qu’il renferme. L'elfe fait de même avec le second parchemin, provoquant de nouveau une tornade de mots et de dessins jusqu'à ce qu'encore le tout s’interrompt et pénètre l'esprit du Shaakt.

Désormais Relonor comprend mieux les explications du marchand. L’âme qui pénètre le corps de l'utilisateur pour accroître sa capacité à répandre le sang et le contre coup si l’âme n'obtient pas son dû. De même pour le sort de transfert de blessures qui nécessite un lien particulier avec la ou les cibles. Plus compliqué à réaliser, les conditions restent cependant réalisables même avec un étranger à condition d'avoir établi un minimum de lien entre Relonor et au moins une cible. Pour le reste, il a toujours ses propres hommes sous la main et l'un deux est d'ailleurs présent.

(Voyons ce que donne cette magie si particulière !)

Il s'avance vers le semi-homme, resté en retrait depuis leur arrivée ici, cherchant à se faire oublier.

"Alors, comment... comment vous sentez vous ?" Gémit-il face à l'expression sadique du Shaakt.

Pour toute réponse, l'elfe noir le plaque contre un mur proche. Une main sur la poignet armé et l’autre sur la gorge du petit être, il use de sa nouvelle magie. Il rassemble son fluide noir et l'associe à ses blessures alors que la magie coule à travers le bras qui les unit. Une volute de fumée sombre passe de l'elfe au semi homme et l'atteint en provoquant un cri de souffrance inimaginable pour celui-ci. Alors que la magie s'estompe, les blessures de l'elfe noir se sont résorbées, tandis que p'tit George s'est laissé tomber au sol, après la soudaine accumulation de blessures.

"Je vais très bien à présent. Merci de t'en soucier !" Clame Relonor entièrement satisfait.

"Tu sembles t'être familiarisé avec ta nouvelle magie. Je crois que nous en avons fini toi et moi. Mes hommes te raccompagneront là où tu seras capable de reconnaître ton chemin. Et n'oublie pas cette chose au sol, c'est déjà assez sale comme cela !" Déclare-t-il en désignant le semi-homme prostré au sol.

Trois des hommes du marchand raccompagnent l'elfe noir dans la ruelle de leur première rencontre, en passant et repassant dans un dédale de rue, faisant perdre complètement l'orientation de l'elfe noir.

Chapitre 8 - Bottes sur mesure.

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Ulric
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Re: Les Docks

Message par Ulric » mer. 24 févr. 2021 19:36

Les rues

La nuit était finalement tombée quand Ulric arriva dans les docks. Ici, l’air salin de la mer se mélangeait aux odeurs de la crasse qui embaumait constamment les lieux.

L’apprenti mage rabattit la capuche de sa cape elfique sur sa tête, espérant se faire plus discret. Tentative peut-être vaine, pour quelqu’un qui dépassait la plupart des gens d’une tête ou deux, mais ça ne faisait pas de mal d'essayer.

Il se dirigea d’un pas nerveux vers le bâtiment que Furet lui avait indiqué. Il passa devant la fameuse gargote « Chez l’gros Mirchaud » qui sentait encore le poisson grillé et la pisse d’âne, bien qu’elle eût fermé pour la nuit. Non loin, une grande bâtisse se dressait, sa façade sale et couverte de graffitis obscène. Une étroite ruelle s’ouvrait juste à côté.

(Ce doit être celle-là.)

Ulric remonta la ruelle, jetant de temps à autre un regard par-dessus son épaule. Quelques badauds parcouraient encore les rues, mais il ne vit aucune tête qu’il connaissait.

Il arriva bientôt au niveau d’une petite boutique devant laquelle se trouvait encore un étal, malgré l’heure. Toute une collection d’amulettes de pacotille était exposée là : des pendentifs en os de poulets peints, d’immondes bracelets de métal tordu, des chapelets de perles de verre coloré et autres babioles sans intérêt.

Un homme se tenait à côté. Ses épaules larges lui donnaient un air puissant, malgré son bide à bière, et sa peau était tannée par le soleil. Il s’appuyait sur une canne de bois pour soulager une de ses jambes mutilées. Il avait d’avantage l’air d’un ancien marin que d’un vendeur de babioles prétendument magiques.

Ulric s’approcha, espérant que Furet ne lui avait pas refilé un mot de passe bidon. S’il lui avait raconté n’importe quoi, ce serait une dague dans les tripes qu’il gagnerait, pas un nouvel associé.

« Je cherche quelque chose pour ma grand-tatie. »

« Rien pour le reste de vôt’ famille ? »

Devait-il répondre quelque chose en particulier ? Est-ce qu’il s’était juste trompé d’homme ?

« Non. », répondit le jeune mage, espérant qu’il ne venait pas juste de rater une sorte de test.

« Z’étes sûr ? Vraiment sûr ? »

« Oui. »

« Okay, entre alors. »

L’homme entra alors dans la bicoque, laissant son stand sans surveillance. Qui voudrait voler ce tas de déchets, de toute façon ?

Ulric lui emboita le pas. L’intérieur était pratiquement vide, mis à part quelques breloques et un vieux tapis sur le sol. L’homme referma la porte derrière lui avant de lui faire face, les poings sur les hanches.

« Je ne t’ai pas encore vu, toi. Qui t’envoie ? »

« Un sinari qui se fait appeler Furet. »

L’homme sembla réfléchir un instant, avant de reprendre :

« Ah, oui, celui-là… C’est bon, alors. »

Il se pencha alors et souleva le tapis, révélant une trappe.

« Tu descends, tu achètes et tu te casses. Okay ? »

Ulric acquiesça avant de descendre l’échelle. Il arriva dans une cave mal éclairée et chargée de caisses. Un homme encapuchonné se tenait derrière une petite table, entouré de gardes du corps au visage également dissimulé. Sur la table, plusieurs fioles contenant une substance sombre étaient disposées, les unes à côté des autres : le produit phare de la maison, et ce qu’il était venu chercher.

« Je vais vous prendre une de ces fioles », commença l’apprenti mage.

Il scruta les autres caisses autour de lui. Elles contenaient divers équipements qui pourraient lui être utile. Il pointa un lot de quatre torches, ainsi qu’un briquet et un peu d’amadou.

« Ainsi que ça. »

Là-dessus, il tendit une poignée de yus au contrebandier. La somme devrait y être.


(((HJ: Achat d'un fluide d'ombre 1/16, de quatre torches et d'un briquet pour 67 yus)))
Modifié en dernier par Ulric le lun. 1 mars 2021 13:32, modifié 2 fois.

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Gamemaster6
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Re: Les Docks

Message par Gamemaster6 » sam. 27 févr. 2021 13:20

Intervention pour Ulric
Scrutant Ulric d'un œil à la fois soupçonneux et impatient alors qu'il se décidait, le contrebandier haussant un sourcil en voyant qu'il choisissait une fiole de fluide d'ombre. Ne faisant pourtant aucun commentaire, il s'empara de la fiole qu'il déposa devant lui, avant d'y ajouter les quatre torches et le briquet qui allait avec.

- Rien d'autre ? 67 yus mon gars.

Il compta les pièce méthodiquement, vérifiant même l'un d'elle en la mordant.

- Ouais, y'a le compte. Fais gaffe avec ça - dit-il en pointant la fiole du doigt- Si on te chope avec ça dans ton sac, tu peux être sûr que ça finira mal pour ton cas.

Il rangea l'argent et, alors que le jeuuhomme allait sortir.

- Oh, et une dernière chose. Tu n'es jamais venu ici. Si tu mouchardes après ta capture, sois sûr que j'ai de quoi te le faire payer. Que tu sois en prison ou non...

Il regagnera son étal après cela, sans accorder à Ulric ne serait-ce qu'un regard.
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Quand on l'appelle, il apparaît !!
Et il reste, alors gare !

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Ulric
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Re: Les Docks

Message par Ulric » lun. 1 mars 2021 13:32

L’homme encapuchonné haussa un sourcil lorsqu’Ulric désigna la fiole de fluide, bien qu’il ne fît aucun commentaire.

(C’est quoi, son problème ? Il faut porter une robe noire et un bâton à crâne, pour faire affaire ici ?)

Le contrebandier réunit cependant les marchandises qu’il avait désignées et les déposa devant l’apprenti mage, avant d’annoncer son prix. Il s’empara des pièces que le jeune homme lui tendait, avant de les vérifier une à une, croquant dans l’une d’elles.

Une fois qu’il eut inspecté chacune des pièces, ce qui sembla durer une éternité au mage, il parut enfin satisfait. Il prit toute fois le temps d’avertir Ulric que si on le chopait avec la fiole dans son sac, ça finirait mal pour lui. Peuh ! Comme s’il ne le savait pas ! Depuis qu’il était arrivé à Kendra Kâr, il s’était associé à des contrebandiers, des voleurs et avait trempé dans leurs affaires louches, sans se faire prendre une seule fois. Il était largement capable de faire profil bas !

« Je sais ce que je fais. »

Ulric plongeât ses nouvelles acquisitions dans son sac et s’apprêta à ressortir. Alors qu’il allait poser le pied sur l’échelle de bois qui le mènerait hors de la cave, le contrebandier derrière lui émit un dernier avertissement :

« Oh, et une dernière chose. Tu n'es jamais venu ici. Si tu mouchardes après ta capture, sois sûr que j'ai de quoi te le faire payer. Que tu sois en prison ou non... »

Ulric ne répondit rien. Le contrebandier s’était déjà désintéressé de lui, et la réciproque était également vraie. Le jeune mage ne pensait plus qu’à se trouver un endroit tranquille et isolé, où il pourrait absorber la fiole en toute tranquillité. Ce serait une expérience inédite, pour lui ! Il ignorait à quel point la petite fiole augmenterait ses capacités, mais il était impatient de le découvrir.

Une fois sorti de la cave, l’ancien marin le dévisageait, appuyé sur sa canne.

« Fini ? »

Ulric acquiesça, sans un mot. La question avait été plus rhétorique qu’autre chose. L’homme referma la trappe derrière lui avant de repasser le vieux tapis miteux par-dessus., Une fois fait, il se redressa avec un grognement :

« J’me souviendrais d’ta tête. »

Mais Ulric était déjà sorti de la vieille bicoque. Ses pas le portèrent vers le port, qui devait être désert à cette heure-ci. Il aurait tout le loisir d’absorber le fluide à l’abris des regards.

Le port

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Ulric
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Re: Les Docks

Message par Ulric » lun. 2 mai 2022 00:03

Précedemment

Sa bourse à présent lourde d’un peu plus d’une centaine de yus, les pas d’Ulric le conduisirent à nouveau vers les Docks. Il devait bien avoir assez pour une nouvelle fiole de fluides. Probablement que tout son argent y passerait, mais peu lui importait. Ses pouvoirs, bien que grandissant, lui paraissaient encore si limités. S’il voulait pouvoir les explorer davantage, il aurait besoin de les renforcer.


L’idée de déjà réabsorber des fluides faisait naître en lui un mélange d’impatience et de nervosité. La première fois avait été une expérience intense, aussi enivrante qu’agonisante. Ressentirait-il la même chose cette fois-ci, ou son corps s’y habituerait-il jusqu’à ce que cet acte devienne aussi anodin que de boire de l’eau ? Ou serait-ce une expérience différente, à la fois unique et puissante, à chaque fois ? Qui pouvait le dire, quand on parlait de magie ?


Cependant, avant de penser à absorber de nouveaux fluides, toujours fallait-il se les procurer. Ulric tenta de retrouver le chemin qu’il avait pris quelques jours plus tôt pour trouver le repaire des contrebandiers au milieu du dédale fétide des Docks.


Comme à leur habitude à cette heure-ci, les ruelles serpentant entre les taudis et bordels décrépis qui poussaient comme une sclérose autour du port étaient infestées de vagabonds, de mendiants, de putes et de matelots venus vider leur maigre salaire dans quelque gargote minable sans nom ni enseigne. Sans oublier, bien sûr, les autres résidents qui donnaient à ce quartier tout son charme : bandits, coupe-gorges et voleur à la tire. Se demander lequel de ces rustres aux visages patibulaires n'était qu’un docker revenant d’une journée de travail éreintant, ou lequel allait sortir une dague effilée de sa manche pour la mettre sous la gorge de la première proie alléchante qui passerait par là était une préoccupation de tous les instants, ici-bas. Ainsi, Ulric avança-t-il prudemment au milieu de cette racaille qu’il n’avait que trop côtoyé. Une main sur sa bourse, l’autre prête à dégainer, il balayait du regard la ruelle devant lui, guettant un traquenard. Cependant, cette prudence était davantage le fruit de l’habitude que de la peur, après tout le temps qu’il avait déjà passé ici. Et puis, contrairement à tous ces badauds, sa dague était bien loin d’être sa seule arme.


Évitant de marcher sur un chien errant qui prenait un bain de soleil sur les pavés – ou qui était juste mort, c’était dur à dire - Ulric parvint enfin devant la bâtisse dans laquelle il avait rencontré les contrebandiers la dernière fois. Leur vigie, un vieux marin aux bras aussi énormes que sa panse et à la jambe mutilée, se tenait devant la porte, appuyé sur une canne. Ulric alla se présenter devant lui pour demander le passage.


« Toi. » , fit le marin d’un air bourru, « J’reconnais ta tête. »


« Bonne mémoire. » , ne put s’empêcher de commenter l’apprenti mage de façon méprisante.


« M’prend pas pour un con, gamin. Je vous ai tous à l’œil, et j’me souviens de chacune de vos tronches. »


Le ton du vieux était acide, mais il ne se laissa pas émouvoir plus que ça par les sarcasmes du jeune homme. Il en avait vu d’autres. C’est d’une voix toujours aussi bourrue, mais à présent indifférente qu’il reprit :


« Mais t’t’es pas fait choper par la garde. C’est bien, tu ne dois pas être si con que ta grande gueule le laisse penser. Mais ça fait que quelques jours, on verra dans dix ans si tu ne t’es pas balancé au bout d’une corde d’ici-là. »


« Moi ? Je sais me faire discret. Toi, en revanche, j’espère que la garde ne te tombera pas dessus, parce qu’avec cette jambe… »
, commença-t-il en pointant la jambe atrophiée du vieux marin sur laquelle une immonde cicatrice semblait avoir emporté toute une portion de chaire, « Ils n’auront pas à te courir après très longtemps. Mais tu as de la chance, je ne pense pas qu’il y ait une seule corde dans tout le royaume assez épaisse pour porter le poids de toutes les chopes que tu dois te vider sur une seule journée. »


Le visage du portier devint rouge de colère. Il leva la main gauche, la droite toujours sur sa canne, comme s’il s’apprêtait à décocher sa plus belle mandale, avant de finalement arrêter son geste.


« Espèce de sale gosse insolent ! Je n’ai pas servi vingt ans dans la marine pour qu’on me parle sur ce ton ! »


« Bien, laisse-moi passer et t’auras le silence, alors. »


« Là-dedans ? », demanda le vieux en désignant la vieille bicoque derrière lui du pouce, « Vas-y si tu veux, du con, il n’y a que des rats, là-dedans. On a déjà bougé. »


Voilà qui était gênant. Il aurait mieux valu découvrir l’emplacement de la nouvelle cache des contrebandiers avant de couvrir leur vigie d’insultes, mais le vieux l’avait piqué au vif et il n’avait pas pu s’empêcher d’entrer dans cet échange d’une grande maturité et élégance. Il était trop tard pour revenir à un ton cordial et, de toute façon, ça ne marchait pas avec ces gens-là.


« Bougé où ? Ou tu préfères faire perdre de l’argent à ton patron ? »


La vigie cracha par terre, juste aux pieds d’Ulric, dans un son glaireux dégoutant.


« C’est vraiment parce que le boss veut ses clients. Si ça ne tenait qu’à moi, je te latterais la tronche. », répondit-il toujours avec colère avant de pointer une ruelle du bras.

« Remonte ce boyau jusqu’au bout, tourne à gauche, fais-toi enculer par un morse et, quand t’arrives à la porte marquée d’une croix, remonte encore de neuf, et t’y es. Avec un peu de chance, ils voudront bien de ton pognon. »


Une fois l’information mémorisée, Ulric se retourna sans demander son reste. Il avait assez perdu de temps comme ça. Cependant, alors qu’il allait s’engager dans la ruelle, il entendit la voix du vieux marin tonner dans son dos :


« Et tant qu’t’y es, demandes les coups de ceintures au cul que ton père a oublié de te donner ! »


Ulric se raidit. Le vieux réflexe d’un gamin solitaire qui, jadis, s’imaginait que n’importe quel homme aux cheveux noirs dans les rues de Luminion était son géniteur. Ça faisait bien longtemps qu’il en n’en avait plus rien à foutre, mais les remarques sur sa bâtardise, voulue ou non, le faisaient toujours tiquer. L’espace d’un instant, il pensa retourner sur ses pas, balayer la canne de ce gros porc d’un coup de pied et lui en décocher un autre dans la face, mais, s’il voulait encore traiter avec les contrebandiers à l’avenir, tabasser un de leurs associés n’était pas la meilleure des idées.


(Allons, t’es au-dessus de ça.), se dit-il à lui-même en reprenant sa route, les poings serrés.


Il ne lui fallut pas longtemps après cela pour trouver une porte dans laquelle une croix avait été gravée à la dague. Il continua de remonter la ruelle, comptant celles qui suivaient. À la neuvième, il se retrouva devant une vieille bicoque qui avait l’air désaffecté. Il entra.


L’intérieur était complétement vide, excepté pour les nombreuses toiles d’araignées qui ornaient le plafond. La pièce était carrée et les murs étaient faits de briques nues, à l’exception de celui en face de lui qui, lui, était un amalgame de planches vermoulues, solidement cloutées entre elles.


Ulric regarda autour de lui. Il était seul et il semblait que personne n’eût utilisé cette bâtisse depuis des années. S’était-il trompé d’endroit ?


Soudain, une faible lueur apparut entre deux planches de la paroi en face de lui, comme si une personne qui l’épiait s’était déplacée. Il entendit un grincement, puis un passage se révéla dans le mur de bois. Une sorte de porte, ou plutôt une trappe, qui s’ouvrait de bas en haut et trop basse pour y passer debout. Nul doute qu’un garde se tenait derrière, près à matraquer la tête de tout invité non désiré.
Il n’y eut pas d’invitation, mais Ulric ne voulait pas faire attendre les contrebandiers. Il franchit le passage et, de l’autre côté, découvrit plusieurs hommes aux visages dissimulés par d’amples capuches dans une pièce faiblement éclairée à la bougie. L’un d’entre eux était assis derrière un ensemble de caisses de marchandises pendant que les autres, armés, montaient la garde.


Sans se faire attendre, Ulric, qui avait repris son sang-froid, lança sa bourse au contrebandier derrière les caisses.


« Il me faudrait une nouvelle fiole de fluides. Une des plus grandes. » , annonça-t-il en pointant du doigt les contenants de verre dans une des caisses.



(((HRP: achat d'une fiole de fluides 1/8 pour 110 yus)))

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Gamemaster8
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Re: Les Docks

Message par Gamemaster8 » lun. 2 mai 2022 03:09

Intervention gmique pour Ulric

Le contrebandier ramassa la bourse, l'ouvrit et compta les yus. Puis, il désigna une caisse à un de ses subalternes. Ce dernier l'ouvrit, retira de la paille servant sûrement à éviter que les fioles s'entrechoquent puis en sortie une fiole. Une petite fiole sombre en forme de larmes. Il te la tendit et disant:

"Pour 110 yus, c'est ce que tu as. Si tu veux plus grand, c'est plus de yus." d'un voix rauque et caverneuse.

L'homme derrière assis derrière les caisses ne prononça aucun mot, mais te fit signe de la main de partir.

Deux hommes près de la petite porte, attendait que tu passes par l'ouverture avant de la refermer aussitôt derrière toi.
Image
À votre service, pour le plaisir de rp !

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Ulric
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Re: Les Docks

Message par Ulric » jeu. 9 juin 2022 23:35

Le contrebandier ramassa la bourse que lui avait envoyé Ulric et prit son dû. Ensuite, un de ses subalternes farfouilla dans une caisse, ses mains plongeant dans la paille qui empêchait leurs précieux et dangereux produits de se briser, et en sortit une fiole en forme de larme avant de la lui tendre.

Ulric s’empara de la fiole. Son contenu, mis liquide mis gazeux et, en même temps, aucun des deux, semblait flotter et onduler en des volutes d’un noir pur qui semblait assombrir l’air autour de lui par sa seule présence. Pas de doute, c’était bien ce qu’il lui fallait et pas une contrefaçon.

« Parfait. », commenta-t-il davantage pour lui-même que pour les contrebandiers qui n’avaient sans doute que faire de ses louanges.

La fiole était également plus grande que la dernière qu’il avait achetée, comme il l’avait requis. Il se sentait fébrile à l’idée de regoûter à l’étrange substance mais, pour l’instant, il se contenta de la faire rapidement disparaitre dans son sac. Là-dessus, il quitta la pièce par la même ouverture et les deux gardes refermèrent le passage derrière lui.

La transaction n’avait pris qu’un court instant mais Ulric avait déjà passé la plus grande partie de la matinée à courir aux quatre coins de la ville et il commençait à avoir la dalle. Ainsi, après être sorti de la bâtisse, il reprit sa route dans les ruelles sordides des Docks en quête de la première gargote qu’il trouverait.

Ce ne fut pas long avant que l’odeur du poisson grillé ne se mélange aux effluves habituels du quartier dans un amalgame peu ragoutant. Ulric remonta la piste olfactive et se retrouva rapidement devant un groupe de marins réunis autour de quelques tables. Derrière eux se trouvait un bar opéré par un manchot qui lavait des verres sans grande conviction de sa seule main, ainsi qu’un braséro au-dessus duquel se trouvait une grille pour griller les aliments.

Ulric aborda le manchot pour lui acheter un de ses mets raffinés lorsqu’une voix l’interpella derrière lui :

« Hey, l’grand dadais, j’t’ai jamais vu dans le coin. Ça fait longtemps qu’t’es là ? »

Ulric se retourna pour découvrir son interlocuteur. Un marin, la quarantaine bien entamée, était assis à une table ronde sur laquelle s’empilait déjà de nombreuses chopes en compagnie d’un de ses collègues. La peau tannée comme du vieux cuir par le soleil et le vent et les mains larges comme des pelles, il avait le nez aplati par de nombreuses fractures ainsi que les oreilles en choux-fleurs. Un ancien bagarreur, ça ne faisait aucun doute, cependant Ulric ne vit aucune marque de coups récents. Peut-être l’âge l’avait-il assagi, ou cela faisait-il justement trop longtemps qu’il n’avait pas échangé quelques coups de poings ? Mais, surtout, de quel droit se permettait-il de l’interpeller de la sorte ? S’il voulait remettre en cause sa présence ici, c’était raté : s’il y avait bien une personne qui n’avait pas à craindre toute la racaille des Docks, c’était Ulric.

« Plus longtemps que toi, sans aucun doute ! », cracha l’apprenti mage qui manquait de répliques percutantes.

« Plus longtemps que moi ? Peuh ! Tu crois qu’j’ai pas entendu ton accent de merde des duchés ? Je suis né ici, moi, mon grand ! »

« Et qu’est-ce que ça peut te faire ? Tu comptes taxer tous les gens dans le quartier qui ne sentent pas assez le rat à ton gout pour te sentir mieux en comparaison ? »

« Oh, calme, là ! Je ne fais que causer moi, merde ! », s’offusqua le marin avant de se retourner vers son compagnon, « Non, mais t’as vu ça ? »

« Laisse couler, Ric’, tu connais les jeunes de nos jours. », fit son compagnon.

Ulric n’en revenait pas ; c’était lui qui venait le faire chier, et voilà qu’il jouait maintenant la victime ! Au moins, il n’avait pas l’air de chercher à se battre, c’était déjà ça. Ulric se mit à avaler sa pitance le plus vite possible pour pouvoir partir faire quelque chose de plus intéressant, quoique ce soit, pendant que les deux marins continuaient de parler dans son dos.

« J’étais tout content d’enfin être d’retour au bercail, et v’là qu’ce con i’ m’gâche mon humeur à m’traiter d’rat ! »

Il beuglait à moitié alors qu’il disait ça, sans aucun doute pour être sûr qu’Ulric l’entende geindre. S’il cherchait à ce que le jeune homme perde son sang froid et engage les hostilités, il pourrait bien obtenir ce qu’il voulait.

(Mais pas ici.), pensa-t-il en balayant les personnes présentes du regard.

« … traversée de merde, en plus ! Juste deux jours avant qu’on jette l’encre à Henehar, on tombe dans une de ces tempêtes et le nouveau mousse qui tombe à l’eau ! »

A force de gueuler comme un goret tous les détails de sa vie insignifiante, il allait bien finir par lui donner mal de crâne.

« … c’pour ça qu’j’le dit à tous les mousses : " Apprends pas à nager, c’est un piège à con ! Si tu tombes à l’eau, on sait pas te repêcher de toute façon, alors ‘vaut mieux crever vite ! " »

C’était décidé : dès que ce gros tas s’éloignerait avec son pote, il s’occuperait de lui et le balancerait dans le port. Il verrait bien si lui savait nager.

« Et en plus, on reste à quais jusqu’à chais pas quand ! Et tu crois que je suis payé tant que j’suis à terre, moi ? Ben non ! »

A moins qu’il ne les tue ici, devant tout le monde ? Ce n’était pas comme si la garde se préoccupait de ce qu’il passait au milieu des docks, de toute façon.

« Tout ça parce que l’cap’taine prend tous les pots de vin de cette bande de mages… »

« Quoi, quels mages ? », ne put s’empêcher Ulric en se retournant.

Autant la vie du marin l’indifférait, autant si ça commençait à parler de magie… Il pourrait bien mettre ses envies de meurtre de côté s’il pouvait glaner une quelconque information intéressante de ces deux-là.

« Eh ben, j’croyais qu’tu voulais pas parler, mon cochon ! Qu’est-ce que ça peut bien t’ foutre et pourquoi tu nous écoutes causer, déjà ? »

C’était vrai que la conversation n’avait pas commencé du meilleur pied mais, voyant les nombreuses chopes vides sur leur table, Ulric eut une idée pour calmer le jeu :

« Hey, le manchot, deux bières pour ces messieurs ! », ordonna-t-il au propriétaire de l’établissement qui se hâta de répondre à la demande, portant deux nouvelles pintes aux marins.

« Ah bah voilà, c’est mieux, on est entre amis, maintenant ! », fit le marin, satisfait.

Là-dessus, il tapota la place en face de lui d’une large main, invitant Ulric a s’y installer avec un grand sourire. Cet homme changeait d’attitude plus vite qu’une girouette. Un des coups qu’il avait pris à la tête avait dû lui endommager le cerveau, ce n’était pas possible autrement ! Ulric ne tergiversa pas, cependant, et pris la place qui lui était offerte en espérant qu’il tirerait quelque chose d’intéressant de la pénible discussion qui s’annonçait.

« Alors, tu vois, on s’apprêtait à lever l’ancre d’Henehar quand l’cap’taine nous dit qu’on allait prendre des mages avec nous pour la traversée. », commença-t-il en entamant sa chope.

« D’abord, on n’en a rien pensé, parce qu’on le fait souvent et on est toujours content d’avoir un d’ces gars en cas de pirates, mais eux, ils étaient bizarres. Enfin, ils le sont tous, mais eux, ils étaient vraiment, vraiment bizarres. »

« Bizarres ? Comment ça ? », demanda Ulric, curieux.

« Bah, déjà, y en avait toute une bande. D’habitude, on en a un ou deux mais, là, si l’un d’eux m’avait dit qu’ils étaient une armée partie se conquérir un royaume, j’l’aurais cru ! »

« C’est tout ? »

« Nan, ils avaient tous des masques, aussi. Je pose pas de questions à ces gens-là, mais c’était bizarre. »

« Et ils sont ici, à Kendra Kâr ? »

Le marin regarda au fond de sa chope qu’il avait vidé à une vitesse éclair tout en parlant.

« Chais pas. Peut-être que j’pourrais m’rappeler si on m’aidait. »

Ulric poussa un soupir avant de recommander deux pintes au manchot. Le marin regarda Ulric avec un grand sourire, comme s’il venait de se trouver une oie aux œufs d’or. Après une longue et bruyante gorgée de sa nouvelle pinte, il reprit.

« Ouais, ils sont descendus ici il y a deux jours après avoir payé l’cap’taine pour attendre leur retour. Mais c’qu’ils foutent ? Bah, va leur demander ! »

« Il n’y en a aucun qui est resté à bord ? »

« Euh… J’crois qu’ils ont laissé un d’leurs gusses pour surveiller leurs affaires, mais j’crois qu’c’était surtout parce qu’il les faisait chier. »

Les yeux d’Ulric s’agrandirent suite à cette information. S’ils avaient laissé des « affaires » à bord avec seulement un garde, peut-être pourrait-il s’y introduire pour fouiller. Il trouverait forcément quelque chose d’intéressant ! Des armes magiques, de nouveaux grimoires, ou juste des notes, n’importe quoi qui l’aiderait dans son propre apprentissage.

« Et il y a-t-il d’autres personnes qui gardent le bateau ? », osa-t-il en espérant que le marin ne trouverait pas la question trop suspecte.

Là-dessus, au lieu de répondre, de s’offusquer ou d’afficher une mine méfiante, le marin se contenta de vider sa chope aussi vite que s’il en avait juste jeté le contenu au fond d’un puis, avant de la poser à l’envers sur la table, faisant bien comprendre qu’elle était vide.

(Fils de pute.), pensa Ulric qui commençait à douter qu’il pourrait réellement payer toutes ces bières.

« Le manchot, une nouvelle tournée ! », ordonna-t-il à contre-cœur.

« Alors, ya la garde du port qui surveille le quai en permanence. Après, à bord, il doit rester le cap’taine, le second, p’t-être. Et leur gars, bien sûr. Le reste est à terre. Après presque deux mois en mers, t’as envie d’un peu de terre ferme, tu comprends ?»

Cela ne faisait donc pas grand monde. Ça ne devrait pas être trop compliqué de se faufiler à bord. Après tout, ce n’était pas la première fois qu’il faisait ce genre de choses.

« Et il s’appelle comment, ce bateau ? »

« Le Roi Jaune. Une grande flûte, tu peux pas le louper ! »

Ulric avait à présent bien assez d’informations comme ça, il ne lui restait plus qu’à faire un peu de repérage et élaborer un plan. Il se releva de sa chaise en faisant comprendre à son interlocuteur qu’il en avait fini mais celui-ci l’interpella à nouveau :

« Une dernière chose : s’il devait se passer quoique ce soit de louche près du bateau dans les jours qui viennent, y s’pourrait qu’j’ai vu quelqu’un poser des questions vachement bizarre, s’tu vois c’que j’veux dire. »

(Cet enfoiré va me vider ma bourse juste pour cette pisse d’âne !), ragea l’apprenti mage intérieurement. Cependant, il devait bien admettre que, une fois de plus, il s’était montré bien imprudent.

« Le manchot, tu connais la chanson maintenant ! »

Le marin, lui, était hilare :

« Avec ça, j’devrais bien pouvoir oublier ! »

Suite

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