Les Bois Sombres

Répondre
Avatar du membre
Yuimen
Messages : 2483
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 19:17

Les Bois Sombres

Message par Yuimen » mar. 2 janv. 2018 15:05

Les Bois Sombres

Image

Entre Oranan et Omyre vous passerez obligatoirement par ces bois sombres qui s'étendent sur les collines. Le danger y est permanent, y résident orques et gobelins sauvages des plus hargneux. On dit que des fanatiques auraient trouvé refuge au fin fond de ces bois, mais bien fou est celui qui ira vérifier !

  • Le bosquet des chants perdus :

    Au cœur des bois sombres de la forêt d'Omyre se trouve un endroit qui est régit par étrange poésie. Un endroit où l'obscure végétation brille d'un noir enchanteur, d'une peine infinie, d'une tristesse épouvantable. Où les arbres pleurent les feuilles tombées de manière sempiternelle, où les fleurs vous regardent avec les foudres du désespoir, où les rares animaux vivant sur place ne sont que mort éthérée qui hante avec morosité ce sinistre lieu. Mais, dans ce bosquet où la mélancolie s'est ancrée, on peut entendre un chant, un bref chant différent selon la personne mais toujours envoûtant, entraînant et omniprésent ; ce chant, nul ne sait qui le chante mais bon nombre de légendes se sont créés à partir de celui-ci.

    Certains disent que Phaïtos lui-même vous invite à mourir, d'autres parlent d'un couple de magiciens des ténèbres, mais la plus grande des spéculations est que c'est notre esprit lui-même qui parle et qui nous invite à nous témoigner sa tristesse. Quoiqu'il en soit, si les orques et les gobelins sauvages n'osent y aller, c'est que cet endroit est louche et franchement mystérieux.
  • Tanière du souvenir éternel

    Loin dans la forêt sombre de l'Omyrhie, à l'écart de tout, se trouve un passage, étroit, au pied d'un arbre. C'est au bout de ce fin passage que se trouve la tanière du souvenir éternel. De nombreux mystères tournent autour de cette grotte, mais une chose est sûre, vous sortirez de là différent de ce que vous étiez... mieux ou pas? Tout dépend de vous... mais encore faut-il déjà sortir...

Avatar du membre
TheGentleMad
Messages : 152
Enregistré le : jeu. 30 août 2018 10:38
Localisation : Vers Omyre

Re: Les Bois Sombres

Message par TheGentleMad » mer. 9 janv. 2019 14:25

-----K-----


Lorsque Kurgoth eut fini de poser ses questions, Khynt hocha la tête et consentit à y répondre. La lieutenante d'Oaxaca expliqua qu'Alskabât était le nom de la planète, ce qui laissa le garzok perplexe puisqu'il lui semblait que ce monde était appelé Izurith. Il ne chercha pas plus à comprendre que cela, d'une part, car ce monde semblait à présent annihilé et, d'autre part, car la suite des réponses n'attendrait pas qu'il finisse d'y réfléchir. La modifié expliqua ensuite que la femme apparue devant eux se nommait Zarha'Eïla et qu'elle était devenue la déesse improvisée d'Alskabât après y être venue d'une civilisation bien plus avancée. Le garzok n'ayant aperçu de la technologie d'Izurith que le camp proche de Bouhen et l'intérieur de l'entrepôt où il rencontra Khynt, il était totalement incapable de comprendre ce que pouvait réellement impliquer de tels faits et se contenta d'écouter la suite. La Modifiée se tourna ensuite vers un des œufs géants et, tout en le caressant, déclara que ceux-ci contenaient des créatures provenant du même monde que la déesse et que, s'ils n'étaient pas la technologie recherchée sur Izurith, ces créatures possédaient la capacité de créer pour la reine des armes bien plus destructrices et de manière bien plus importante. Kurgoth réfléchit un instant et vint rapidement à la conclusion que si ces œufs pouvaient permettre à Oaxaca de posséder des armes capables de détruire un monde, l'Antre de Balmor était une bien maigre récompense en comparaison de ce qu'il apportait à son peuple.

Mais un bruissement sur le sol humide derrière lui, provoqué par les mouvements de Krel'Ka se réveillant lentement, attira son attention. Khynt expliqua alors que la garzok était une de ses subalternes officiels et qu'elle l'accompagnerait à la Tour Noire pour qu'il obtienne les troupes nécessaires à la réussite de sa mission. La lieutenante de la reine noire affirma également qu'elle chargerait la garzok de donner son armure au barbare s'il revenait avec une logistique suffisante pour acheminer les œufs. L'idée de dérober l'armure en chemin lui traversa alors l'esprit, mais elle fut aussitôt chassée par celle d'être traqué dans tout l'empire oaxien et même au-delà par l'un des treize, ce qui suffit à le dissuader de toute désobéissance durant la mission. Le barbare entreprit alors de compter les œufs, en trouvant exactement vingt-et-un. Vingt-et-un œufs d'environ deux mètres cinquante à transporter et probablement aussi lourds qu'ils le laissaient penser, telle était la tâche qui attendait Kurgoth. Alors qu'il se répétait mentalement ce nombre pour l'ancrer dans sa mémoire, Krel'Ka se leva, marquant pour eux deux l'heure du départ. Le prêtre de Thimoros s'inclina alors respectueusement devant Khynt puis, d'un signe de tête invitant à le suivre, intima sobrement à la femelle garzok:

"En route, on part pour Omyre."

S'éloignant déjà du groupe, il entendit sa compagne de voyage le rejoindre quelques instants plus tard, laissant suggérer qu'elle attendit un signe de sa supérieure pour lui obéir et le rejoindre. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur, Kurgoth ne put s'empêcher de reluquer son armure; elle était là, devant lui, cette relique pour laquelle il avait voyagé par delà les mondes et bientôt, elle serait sienne et il pourrait laisser à jamais derrière lui son passé avec Olur. Remarquant l'air gêné sur le visage de sa compagne, je lui glissai alors par nos esprits liés:

(Euh Kurgoth? Peu de femelles humanoïdes, quel-qu’en soit la race, n'apprécient vraiment se faire observer ainsi le torse lorsqu'elles sont seules dans les bois... D'autant plus que là, avec l'armure, il n'y a pas grand-chose à voir... Ce qui rend ton regard d'autant plus dérangeant, même si c'est l'armure que tu observes.)

Le mâle corrigea aussitôt son comportement, preuve qu'il était moins idiot que son physique ne pouvait le laisser penser. Le voyage ne se fit pas moins pensant pour l'un comme pour l'autre. En effet, les souvenirs des bois sombres assaillirent l'esprit de la brute et, après quelques bruissements de branches provoqués par de quelconques oiseaux, il décida de garder en main son arme pour le reste du voyage. Alors qu'ils avançaient lentement en direction du Nord-Est, enjambant les racines glissantes dans l'odeur d'humus omniprésente, le barbare marquait régulièrement certains troncs de puissants coups de kitranche dans le but de retrouver son chemin au retour. A chaque fois qu'il s'arrêtait pour marquer un végétal, Krel'Ka, elle, ramassait quelques branches en prévision d'un futur feu de camp. Celle-ci sursauta d'ailleurs la première fois que son compagnon s'immobilisa pour lacérer un arbre sans lui donner d'explication, mais elle le comprit assez vite, plus vite en tout cas que lui ne comprit ce qu'elle comptait faire des branches et brindilles qu'elle ramassait.

Bien qu'il n'eût aucune envie de rester plus longtemps que nécessaire dans ces bois lugubres, laisser des repères le rassurait et il en avait bien besoin. Derrière chaque bruissement de la forêt, qu'il vienne de la cime des arbres aux troncs sombres ou des bosquets redevenant touffus en ce début de printemps, le garzok imaginait un liykor noir, semblable à celui qu'il avait combattu et ceux de ces cauchemars, profiter des épines jonchant le sol et étouffant les pas pour leur sauter à la gorge sans prévenir. Son angoisse, à chaque pas un peu plus palpable, finit pas contaminer sa compagne qui se mit à marcher toujours un peu plus près de lui. Plus d'une fois, en se retournant brusquement vers l'origine d'un son, Kurgoth asséna par accident des coups du manche de son arme dans l'armure de la femelle. Bien qu'à chacun de ses accidents, Krel'Ka reprit ses distances avant de se rapprocher progressivement, la proximité d'un allié diminuant l'angoisse des deux voyageurs, elle ne semblait pas souffrir de ces coups répétés, au point que le prêtre se demandait si elle était d'une constitution plus robuste qu'il n'y paraissait ou si l'armure qu'elle portait était véritablement d'une qualité justifiant les sacrifices d'Olur. Tandis que la lueur du soleil déclinait lentement entre les branches sombres, les longues et harassantes heures de marche se succédaient, régulièrement entrecoupées du marquage d'un tronc ou d'un coup dans le ventre de Krel'Ka suite à un bruit proche ou lointain.

1121mots

Avatar du membre
TheGentleMad
Messages : 152
Enregistré le : jeu. 30 août 2018 10:38
Localisation : Vers Omyre

Re: Les Bois Sombres

Message par TheGentleMad » jeu. 10 janv. 2019 14:35

-----K-----


Lorsque la nuit arriva enfin, engloutissant dans ses ténèbres menaçants ces bois obscurs et inquiétants, bien que les garzoks possédassent une vision leur permettant se repérer aussi bien en plein jour qu'à la lueur distante des étoiles nocturnes, la servante de Khynt proposa de faire un feu de camp avec le bois recueilli et de s’arrêter jusqu'à l'aube. Je sentis mon maître hésiter, une part de lui voulant profiter de l'endurance naturelle de son peuple pour sortir au plus vite de ce lieu qui l'angoissait tant, l'autre se sentant d'avance réconfortée par la chaleur et la lumière des flammes. Après quelques secondes, il accepta et tous deux parcoururent les quelques dizaines de mètres qui les séparaient d'une énorme souche récemment croisée. Il s'agissait d'un sapin titanesque qui semblait avoir été fracassé par la foudre, son tronc immense allongé sur le sol avait emporté avec lui des arbres plus modestes tandis que sa souche large de plus d'un mètre trônait au milieu du chaos. Pendant que Krel'Ka entreprit de coincer le petit bois qu'elle avait ramassé dans les fentes parcourant la souche brisée, Kurgoth ramassa une branche bien fournie en épine et s'en servit comme balais pour nettoyer un peu le sol autour de ce qui serait leur feu de camp. Il prêta ensuite son silex et un peu d'amadou à la femelle pour qu'elle puisse allumer le feu tandis qu'il dressait sa tente. Il ne s'agissait certes que d'une tente à une place, mais cela serait bien suffisant s'il en restait constamment un pour monter la garde. Quelques instants plus tard, le camp était dressé et Kurgoth avait récupéré son silex. C'est alors qu'il rompit le silence de voyage taciturne, proposant de prendre le premier tour de garde afin que Krel'Ka apparemment exténuée, puisse se reposer. Celle-ci accepta l'offre avec un soulagement sincère, mais avant qu'elle ne disparaisse dans la modeste tente en peaux, son compagnon de voyage l'interpela.

"Krel'Ka? Tu crois qu'il y a quoi dans ces œufs? Khynt m'a parlé de créature capable de nous fournir une technologie dépassant de loin celle d'Izurith. Ça te semble possible à toi?"

La garzok réfléchit un instant, puis, avec un sourire amusé, répondit:

"Nous avons voyagé sur un autre monde possédant une technologie qui dépasse de loin l'imagination des gens de Yuimen. Dommage pour toi, d'ailleurs, que tu n’aies pas eu le temps de le découvrir, mais pour moi, rien n'est impossible concernant la technologie et Khynt en sait plus sur le sujet que tous les habitants de Yuimen réunis. Alors pourquoi ne pas la croire?"

Songeant au sens de ces paroles, Kurgoth la laissa rentrer sous la tente et s’assit devant la souche pour monter la garde l'ouïe à l'affût. A mesure que la nuit avançait, le crépitement du feu s'amplifiait. Les flammes, au début limités à une simple fissure de l'énorme souche, s'étendirent peu à peu en profitant de l'air pouvant circuler dans les crevasses du bois déchiqueté. Sous les yeux du garzok, elles se mirent à lécher une partie toujours plus vaste de la souche, noircissant celle-ci et grandissant sans cesse. Leur chaleur, toujours plus intense, vacillait avec la brise nocturne apportant tour à tour une vague de fraicheur ou une bouffée d'air brûlant, selon le sens du vent. Bien que le garzok fasse de son mieux pour rester alerte, la danse hypnotique des flammes et leur crépitement ronronnant commencèrent à le bercer. Le regard perdu dans leur danse endiablée, il aperçut le visage de son ancien mentor et, pour la première fois, il ne ressentit pas de haine. Le barbare était même plutôt heureux, heureux de savoir qu'il le surpassait en tous points. Non seulement il avait réussi à le tuer malgré sa magie, mais il allait à présent réussir sa quête d'une vie avec une facilité déconcertante. Il allait enfin pouvoir tourner cette douloureuse page du grand livre de sa vie. Devant lui, le visage dans les flammes se déforma. Il regardait à présent son propre faciès, à l'époque où il possédait encore sa crinière sombre. Un sentiment d'amertume se fit alors ressentir, puis de colère lorsque les flammes rongèrent sa tête pour la déformer en ce qu'elle était devenue. Se relevant soudain, il attrapa une branche et la jeta avec vigueur dans ce qui était devenu un brasier. Il avait terrassé son mentor et allait maintenant accomplir sa dernière volonté! Le lien qui les unissait serait rompu et jamais plus cette ordure n'aurait d'impact sur sa vie! Kurgoth fulminait alors que les aiguilles crépitaient de leur son si distinctif.

Alors qu'il s'apprêtait à explorer les proches environs du camp, afin de s'assurer que rien ne rôdait alentours, un tintement parvint à ses oreilles. Levant les yeux au ciel, il vit une ombre filer dans la nuit, accompagnée du même son métallique, mais également d'un cri animal. Se retournant dans la direction du grand tronc tombé, il vit un attelage volant se poser sur la colonne de bois à terre. Tout un attelage de cervidés semblait tirer un traineau, semblable à ceux utilisé par bûcherons en hiver, duquel descendit un individu vêtu de rouge et de blanc. Ramassant son arme il réveilla sa camarade d'une voix puissante.

"Krel'Ka! Debout! On a de la compagnie!"

Celle-ci sorti la tête de la tente pour voir de quoi il s'agissait, puis, sans son armure se dirigea calmement vers l'inconnu.

"Père No-Hell? C'est bien vous?"

Le barbu en armure, qui semblait humain, mais de très bonne constitution par rapport à l'âge avancé que lui donnait sa barbe abondante couleur neige, lui répondit avec le sourire.

"Et qui veux-tu que ce soit avec un tel accoutrement? Venez donc tous les deux! Je sais que je suis en retard, mais je vous apporte vos cadeaux."

Le vieillard sorti alors deux sacs de l'arrière de son véhicule et les tendit aux voyageurs. Krel'Ka s'empressa de récupérer le sien et pris dans ses bras l'humain, le remerciant d'un câlin. Plus prudent, Kurgoth s'approcha l'arme en main et, après avoir arraché le sac des mains du généreux individu, le vida au sol d'un air méfiant.

"Holà doucement, tu vas casser quelque chose! Ce serait dommage tu ne crois pas?"

"Kurgoth, c'est le père No-Hell! De quoi as-tu peur? Tu ne le connais pas?"

Devant l'air circonspect du garzok, le concerné se présenta, déclarant qu'il parcourait Yuimen une fois l'an pour récompenser les sages. Cela ne manqua pas de surprendre le barbare qui n'avait jamais, loin s'en faut, été qualifié d'un tel adjectif. Lorsqu'il se tourna vers la servante de Khynt, celle-ci confirma ses dires et les deux interlocuteurs du garzok s'étonnèrent de sa méconnaissance de cette légende. Hochant les épaules Kurgoth s'agenouilla pour ramasser et inspecter ses présents, les comparant du coin de l’œil avec ceux de la femelle. Chacun reçu un bon pour de l'équipement à prix réduit ainsi qu'un bonnet semblable à celui du vieil homme. Ils reçurent également une fiole et une graine, lesquels étant respectivement censés, selon l'humain, être capable de faire tomber la neige pendant une semaine et faire pousser n'importe quel arbre lorsqu'on les mettait en contact avec le sol. Il y avait aussi chacun une bouteille de champagne provenant de Blanchefort, chacun une petite canne rouge et blanche au goût sucré et chacun une gemme de couleur mauve, le vieillard refusant cependant d'en révéler les pouvoirs. Comme avec tout ce qui touche à la magie, le garzok se montra prudent en manipulant la gemme, tandis qu'il ne leur restait plus qu'un objet chacun.

"Une armure toute neuve, père No-Hell? Pourtant nulle ne prend soin de la sienne comme je le fais, vous êtes certain de ne pas avoir confondu nos sacs?"

"Ho ho ho, non. Crois-moi, ma petite Krel'Ka, tu en auras besoin plus vite que tu ne le crois."

Tandis qu'elle serrait à nouveau l'humain contre elle en le remerciant, Kurgoth ouvrit la bourse qui était son dernier cadeau. A l'intérieur, il trouva trois runes et esquissa immédiatement un mouvement de recul.

"Ho ho ho, ne soit pas si craintif, grand gaillard. Je vais te dire à quoi ces runes servent."

Il pointa alors du doigt la première rune dont symbole comportait un grand trait droit, un demi-cercle et trois traits plus petits, bien qu'en la tournant sur le côté , l'on puisse y voir un coucher de soleil grossièrement simplifié, cette rune appelée "Bu" signifiait "Lune". Bien qu'il ne vit aucun lien entre le symbole et l'astre, Kurgoth fit de son mieux pour retenir l'information tandis que l'humain pointait déjà la pierre suivante. Celle-ci, composée d'un trait droit et d'un autre, cette fois-ci sinueux, s'appelait "Mu" et signifiait "Rivière". La dernière, que Kurgoth cru d'abord marquée de deux traits parallèles, était en réalité gravé d'un trait et d'une flèche, le père No-Hell expliquant qu'elle signifiait "Arbre" et s'appelait "Zu". Pendant que le barbare observait les runes en tentant de mémoriser à la fois leurs noms et leurs significations, sa compagne de voyage relâcha enfin l'énigmatique humain qui, après les avoir cordialement salués s'envola dans le ciel nocturne sur son traîneau bicolore.

"Je ne sais pas quelle heure il est, mais, avec tous ces cadeaux, je n'ai plus du tout envie de dormir. Autant que je prenne mon tour de garde maintenant, au plus tôt tu seras levé, et au plus tôt nous repartirons."

Le prêtre acquiesça presque machinalement avant de ranger tous ses nouveaux biens dans son paquetage. Dans le même temps qu'il ôtait son armure, Krel'Ka s'équipait de la sienne et il fut rapidement allongé sous sa tente. S'il n'était pas très à l'aise pour s'endormir dans un endroit qu'il redoutait autant que les bois sombres, l'ombre de la lieutenante de Khynt, postée assise devant l'ouverture de la tente, le rassura et il put lentement s'endormir, bercé par le crépitement et la chaleur du brasier proche.
1763mots

Avatar du membre
TheGentleMad
Messages : 152
Enregistré le : jeu. 30 août 2018 10:38
Localisation : Vers Omyre

Re: Les Bois Sombres

Message par TheGentleMad » ven. 26 avr. 2019 13:35

-----K-----


À la mi-journée, le convoi militaire s'était déjà bien enfoncé dans les bois sombres arrivant au bout des chemins praticables par les chariots et devant les dernières entailles laissées par le barbare dans les troncs. Celui-ci fut presque heureux de mettre pied-à-terre, tant les sursauts des véhicules, autant sur les racines que sur les pierres de la route elfique, lui avaient tassé les fesses. Suivant son exemple, descendirent également des charriots, des haches et des cordes entre les mains. De cet instant et jusqu'au soir, tous les garzoks présents s'affairèrent, comme l'auraient fait des fourmis à tailler dans cette sombre forêt une immonde balafre. Suivant les marques laissées par le prêtre de Thimoros, ils abattaient et dessouchaient tous les arbres devant eux pour créer un couloir de six à sept mètres de large. Lorsque les troncs étaient trop lourds pour qu'ils puissent les dégager seuls, ils n'hésitaient pas à utiliser les loups des charriots, ceux-ci n'avançant que par à-coups d'environ cinquante mètres lorsque le chemin était enfin dégagé sur cette longueur. Krel'Ka, en bon officier, supervisait la tâche, indiquant quels arbres abattre pour suivre au mieux le chemin tout en contournant les troncs les plus massifs qui demanderaient bien trop d'efforts. De son côté, Kurgoth trouva un rôle correspondant à sa force hors normes. Il était en effet, au prix d'intenses efforts, capable de déraciner un arbre de taille moyenne à lui seul et, même, de le porter jusqu'au bord le plus proche du sentier tracé par la lieutenante d'après ses marques. Chacun de ces exploits herculéens avait la conséquence de le forcer à se reposer pour dix à trente minutes, selon la longueur de l'effort, mais sa contribution restait très apprécié, car il effectuait seul et en quelques secondes ce que les autres garzoks faisaient en plusieurs minutes en groupe de trois ou quatre.

Lorsque la nuit arriva, le convoi avait atteint la clairière de l'immense souche où ses meneurs s'étaient arrêtés à l'aller. En peu de temps, celle-ci fut agrandie pour y installer des tentes. Pour gagner de la place, une bonne partie de ses dernières utilisèrent les charriots arrêtés comme structure, certains dormant sous le charriot avec juste des toiles tendues entre les roues pour les isoler de la lumière du feu, d'autres dormant sur le charriot et dont la toile servait à les protéger des intempéries. Pour les autres garzoks, leurs tentes se situaient entre le cercle de véhicules et l'immense souche centrale transformée en nouveau brasier grâce au bois issu des arbres abattus en périphérie de la clairière ou du gigantesque tronc qui avait si longtemps reposé sur elle. Les grands loups utilisés pour le trait furent répartis, comme sentinelles et premiers remparts à toute intrusion dans le camp, au-delà du cercle des charriots qu'ils avaient tirés durant la journée, chacun attaché à un arbre suffisamment éloignés les uns des autres pour éviter toute bagarre risquant de les rendre inaptes à la tâche pour le reste du voyage. Kurgoth suggéra également à Krel'Ka d'instaurer des patrouilles entre les charriots et les loups, au cas où ces derniers ne soient pas suffisamment dissuasifs, mais elle lui rappela assez sèchement, sans doute à cause de la fatigue de la journée :

"Si une rangée des loups de la taille d'un cheval ne suffit pas à effrayer quiconque soit assez fou pour les attaquer, ce n'est pas une sentinelle épuisée en patrouille qui changerait la donne. Mes troupes sont épuisées par ce bucheronnage et nous avons la même somme de travail colossale qui nous attend demain."

Kurgoth choisit alors stratégiquement l'emplacement de sa tente. Selon lui, le cœur du campement, lieu regroupant les officiers, serait la première cible d'éventuels agresseurs. S'il n'était pas un grand stratège militaire, il avait déjà expérimenté, avec les pillards parmi lesquels il avait grandi, cette stratégie qu'il jugeait particulièrement efficace. S'attaquer en priorité aux meneurs et les tuer rapidement afin de créer le désordre et le désespoir chez ses ennemis étaient devenus pour lui la stratégie de base pour les attaques surprises. Ainsi, pour sauver sa peau, il décida de s'installer sous un charriot, pariant sur le fait que cette place, en première ligne et à même le sol, serait la plus épargnée dans un premier temps dont il pourrait profiter pour s'équiper. Bien qu'il se méfiât toujours de ces bois, la présence d'autant de soldats ainsi que son choix stratégique d'emplacement de tente le rassurèrent suffisamment pour qu'il trouve rapidement le sommeil.
783mots

Avatar du membre
TheGentleMad
Messages : 152
Enregistré le : jeu. 30 août 2018 10:38
Localisation : Vers Omyre

Re: Les Bois Sombres

Message par TheGentleMad » mer. 8 mai 2019 12:04

-----K-----


Lorsque Kurgoth sortit de sa tente au milieu de la nuit, mû par une envie pressante, il ne remarqua pas l'obscurité inhabituelle. Le ciel d'encre ne laisse transparaître ni la lueur de la lune, ni celle d'aucune étoile, probablement cachées par de lourds nuages. Le brasier au centre du campement, pourtant fort généreusement alimenté par les soldats, semblait s'être éteint alors que la terre, bien qu'humide, n'était pas détrempée comme l'on pourrait s'y attendre après une pluie diluvienne nécessaire pour éteindre naturellement le foyer. La situation était pour le moins étrange, mais pas suffisamment pour interpeller le prêtre léthargique qui ne souhaitait que se soulager avant de retomber dans le profond sommeil dont il n'avait pas encore vraiment émergé. Sortant du camp, il s'immobilisa lorsqu'un grognement lupin se fit entendre à quelques centimètres de ses pieds. Observant la bête un instant, il supposa que celle-ci était probablement en train de rêver, ne voyant luire aucune pupille dans la nuit. Avant même qu'il ne reprenne sa route, des couinements et d'autres faibles grognements semblèrent confirmer son hypothèse. Il passa donc précautionneusement à côté de l'animal, prenant soin de ne pas lui marcher dessus malgré la pénombre si sombre que lui-même ne distinguait guère son environnement qu'à quelques mètres. Alors qu'il se rapprochait d'un buisson, un bruissement attira son attention. En d'autres temps et d'autres lieux, il aurait songé à un rongeur ou une quelconque autre créature trop petite pour représenter le moindre danger, or Kurgoth se trouvait dans les bois sombres, où il avait déjà croisé des créatures de cauchemar. Le plus inquiétant n'était d'ailleurs pas le bruissement, mais bien l'odeur omniprésente autour de lui. Une odeur lupine qui se distinguait de celle des loups du convoi par une intensité sauvage certaine. Cette odeur, qui l'entourait à présent et semblait comme collée sous son nez, il la reconnaîtrait entre mille, c'était celle d'un liykor noir.

Kurgoth ouvrit alors les yeux, trouvant à quelques centimètres de lui un long museau au bout duquel luisaient deux iris rouges. Pendant presque une seconde, les deux bêtes se fixèrent en silence puis, se saisissant de son arme au moment où les babines se retroussèrent devant lui, le barbare se releva brusquement en reversant le charriot qui le surmontait. Devant lui, une multitude de paires d'yeux rouges le fixait tandis qu'il hurlait à plein poumons:

"Aux armes ! On nous atta- ..."

Une pointe de métal pénétra subitement la chair de son abdomen, lui coupant ainsi le souffle tandis qu'à l'unisson tombèrent sur le camp militaire de multiples voiles de ténèbres rendant impossible toute visibilité à plus de quelques centimètres. La blessure profonde déchirait les entrailles du chevalier qui grimaçait de douleur, cette dernière commençant à le faire chanceler. En réponse à cet ennemi trop près pour être touché par la grande kitranche, Kurgoth envoya son poing en avant et senti les os du museau et de la mâchoire se briser contre ses phalanges massives. Alors que des cris commencèrent à résonner autour de lui, indiquant le début du combat, mon maître arracha le pieu de ses entrailles, conscient qu'il allait saigner abondamment, mais qu'il ne pourrait manier son arme avec un godendac lui sortant du ventre. Il ne conserva cependant pas l'arme en main longtemps, choisissant plutôt de la lancer tel un javelot dans la direction où il pensait avoir vu ses ennemis. Aveugle, il le chercha pas à viser et lança à l'aveugle, mais se réjouit d'entendre un couinement de douleur dans la direction de son attaque. Pendant un court moment, le garzok resta immobile dans les ténèbres, comme tétanisé, serrant sa kitranche à s'en faire blanchir les jointures. Il n'avait aucun moyen de se repérer, tous ses sens étant brouillés. Les ténèbres dans lesquelles il était plongé n'offraient à sa vue pas le moindre détail à distinguer. Son ouïe monopolisée par les cris et coups environnants le lui permettait pas plus de pouvoir localiser la moindre menace. L'un des cris, plus aigu que les autres et venant de son dos, le sortit de son immobilisme. Pour lui, il ne pouvait appartenir qu'à Krel'Ka et il ne voyait pas annoncer à Khynt sa disparition dans ce que le modifié pourrait considérer comme une embuscade alors qu'il était resté dans les bois pour défendre les œufs, seul avec Erkra.

Sans plus réfléchir, il se précipita dans la direction du cri. Après quelques mètres, seulement, le barbare percuta une paroi de bois devant lui ; il s'agissait du fond du chariot qu'il avait renversé en se relevant. Emporté par son inertie, il traversa les planches avec fracas, mais se prit les pieds dans les restes de la tente qui était dressée sur le chariot et s'étala au sol de tout son long. Tandis qu'il tentait de se relever, un coup lui parvint sur le côté du crâne et lui fit lâcher son arme. Ne distinguant toujours rien autour de lui, il agita les bras pour trouver le misérable qui lui avait asséné un coup de genou par accident. Ses larges mains finirent par se saisirent d'un mollet. Il maintint alors de sa main gauche son agresseur, qui se débattait avec des grognements de protestation, en commençant à le marteler de son poing droit. La douleur qu'il ressentait à l'abdomen, bien que rendue totalement supportable par les terribles épreuves et tortures qu'il avait subit dans sa vie, restait assez intense pour insuffler en lui une rage féroce qu'il exprimait dans chacun de ses coups dévastateurs. Dès son premier coup, qui atteignit sa cible à la cuisse, il sentit celle-ci se dérober et en profita pour l'attirer au sol et remonter le long de son corps jusqu'à lui marteler le crâne. Lorsque les ténèbres se dissipèrent, Kurgoth se figea, surplombant sa dernière victime. Juste devant lui était étendu un garzok dont la cervelle dégoulinait d'un casque écrasé portant les traces de ses phalanges moulées dans le métal. Réalisant ce qu'il venait de commettre, le chevalier se redressa sur ses pieds, fixant un instant ses mains dégoulinantes de sang et de cervelle avant de regarder autour de lui. Des créatures, semblables à celle qu'il avait terrassé en se rendant à Bouhen, affrontaient furieusement les troupes de Khynt qui commençaient seulement à se réorganiser.

Au milieu des combats, il reconnut Krel'Ka qui semblait en bien mauvaise posture. Celle qu'il pensait être demi-humaine était en effet à trente centimètres au-dessus du sol, maintenue entre les griffes d'un monstre dont le pelage de jais commençait à grisonner. Le prêtre de Thimoros ramassa alors la kitranche qui était à ses côtés et se rua en hurlant dans leur direction. Un jeune liykor tenta de lui barrer la route, mais il fut projeté au sol puis piétiné par la brute enragé qui se comportait comme un troupeau de brok'nud à lui tout seul. Voyant la menace très peu discrète arriver, il jeta la lieutenante de Khynt dans les restes d'une tente et esquiva d'un pas sur le côté, laissant le garzok traverser le brasier dans sa course. Kurgoth ne réalisa ce qui venait de se passer qu'à après être ressorti des flammes et se jeta aussitôt au sol pour éteindre celles qui s'étaient accrochées à lui. À peine avait-il fini de les éteindre qu'il sentit une main l'étrangler. Portant ses mains à son cou, alors que ses forces semblaient être drainées, il comprit qu'il n'y avait rien et que tout cela n'était que sortilège. Le responsable apparu, contournant calmement le feu de camp avec un sourire carnassier. Le barbare se mit aussitôt en position de combat, sa kitranche séparant les deux ennemis, alors qu'en réponse, le liykor anima son ombre qui quitta le sol pour se déployer au-dessus de sa tête tel un esprit maléfique. Kurgoth cracha au sol de dégoût, il détestait la magie au plus haut point et pourtant Thimoros continuait de parsemer son chemin des manieurs de fluides.

Le chevalier se rua une nouvelle fois sur son ennemi, mais retint son coup, perturbé par un nouveau sortilège. Au dernier instant, le visage de la créature lupin se modifia, perdant soudainement toute vie pour sembler venir d'outre-tombe. Avant qu'il ne réalisât qu'il ne s'agît que d'une illusion, la bête en profita frappant de son gourdin le flanc du garzok qui reçut un second coup, cette fois-ci à la tête de la part de l'ombre animée. Kurgoth tituba, luttant pour ne pas lâcher son arme. Cet adversaire le surpassait manifestement et il le savait. Le liykor était plus rapide et il pouvait s'aider de sa magie, si le combat s'éternisait, il finirait par vaincre en tuant la brute à petit feu. S'apprêtant à lancer sa prochaine attaque, le prêtre se remémora un autre ennemi qui le surpassait sur bien des points : Olur. Lui aussi maîtrisait la magie et était plus agile que Kurgoth, mais il avait été vaincu par la force brute et implacable de son élève. Il lui suffisait de faire de même pour l'emporter ici, porter un unique coup qui se révélerait fatal. La rage qui coulait dans ses veines lui avait permis d'écraser un crâne et un casque sans s'en apercevoir, le moindre faux pas du liykor, le moindre coup porté par le garzok signerait la fin du combat. Il ne lui restait plus qu'à attaquer, attaquer jusqu'à enfin toucher et l'emporter, et c'est ce qu'il fit. L'immense kitranche se mit à fendre l'air, faisant presque trembler le sol lorsqu'elle s'y écrasait. Son porteur ignora les attaques de l'ombre qui le couvrirent de blessures sans pourtant en causer d'assez graves avant qu'elle ne se dissipe. De son côté, la créature lupine consacra toute son attention sur ses esquives et ses parades, ignorant la dissipation de ses sorts. Il finit cependant par perdre son équilibre en marchant sur un cadavre et l'arme du garzok en profita pour lui entailler profondément les cuisses.

Kurgoth jubilait, la victoire lui tendait les bras. Par excès de confiance, il jeta son arme et s'approcha de sa victime, déterminé à lui broyer le crâne de ses seules mains. Lorsque ses mains se posèrent sur la fourrure de la bête, une vive douleur s'empara de lui. Baissant les yeux, il vit la chair de ses cuisses s'ouvrir pendant que se refermait celle du loup qui ricanait. Ce dernier se releva en hurlant pour attirer l'attention de ses troupes et les encourager. Accroché aux poils de son poitrail, Kurgoth pendait, transi de douleur. Alors que tous les combattants, liykors et garzoks, observaient la fin du combat entre le plus puissant de chaque camp qui déciderait de la victoire en sapant le moral et pousserait à la fuite les vaincus, Kurgoth concentra ses forces dans un ultime geste. Comme il l'avait fait plus tôt avec un soldat allié qu'il avait pris pour un ennemi, il attira à son niveau de liykor de sa main gauche et lui fracassa le crâne d'un coup-de-poing qui manqua de le décapiter, s'effondrant avec lui l'instant suivant dans une flaque de leurs sangs mélangés.

Un long hurlement marqua la fin des combats et le repli des liykors qui venaient de perdre leur meneur. Allongé aux côtés de sa dernière victime, Kurgoth se vidait rapidement de son sang, aussi bien des blessures de ses cuisses que de la première des affrontements, à l'abdomen. Alors qu'il luttait pour garder conscience, étalé dans une flaque écarlate grandissante, il vit Krel'Ka s'approcher au pas de course en fouillant dans son sac. Arrivée à son niveau, elle lui fourra dans la gueule le sucre d'orge qu'elle avait reçu du père No-Hell, ne lui laissant pas le temps de dire quoi que ce soit, et ordonna :

"Tais-toi et suce!"

Outre le goût addictif du sucre, la confiserie était d'autant plus agréable que ses blessures se refermaient à mesure qu'il la dégustait. Autour de lui, les autres survivants pansaient également leurs blessures et faisaient cuire les cadavres pour les dévorer avant le départ. Lentement mais sûrement, Kurgoth se rétablit de ses blessures et eut le temps de rassembler ses affaires avant le festin de chair précédant la suite du trajet. Le repas lui fit d'ailleurs le plus grand bien, son hémorragie l'ayant en partie affaiblit. Les restes de viande non consommée furent chargés dans les chariots dont une partie fut d'ailleurs perdue, mais qui restèrent d'ailleurs suffisamment nombreux pour transporter les œufs géants. Les garzoks se partagèrent également l'équipement des défunts, ce qui arrangea bien le barbare dont la qualité des protections laissait à désirer. Lorsque le convoi repris la route, le chevalier, bien qu'affaibli, continua d'aider en déracinant des arbres, même s'il avait besoin de plus grands temps de repos. Bien que ralentis par une diminution de ses effectifs, les garzoks parvinrent à rejoindre la clairière où les attendait leur chef dans l'après-midi. Kurgoth laissa alors aux soldats le soin de dégager les derniers troncs et d'approcher les véhicules et s'avança vers le lieutenant d'Oaxaca, suivi de près par Krel'Ka.

"Seigneur Khynt, voici de quoi transporter les œufs, comme vous l'aviez demandé."

Kurgoth désigna alors le convoi en approche en attendant la réponse du modifié et, il l'espérait, sa récompense.
2310mots

Avatar du membre
Gamemaster9
Messages : 347
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 18:43

Re: Les Bois Sombres

Message par Gamemaster9 » mer. 8 mai 2019 22:49

Intervention pour Kurgoth

Les yeux lumineux de Khynt restèrent fixés un instant sur Kurgoth après son intervention. Plusieurs longues secondes s’écoulèrent avant que sa voix métallique, froide et impérieuse, ne résonne dans la clairière.

« Et qu’attends-tu ? Tu crois que les œufs vont se charger tous seuls sur ces charriots ? »

Un air éminemment provocateur siégeait sur le visage du lieutenant d’Oaxaca. Ce visage si surprenamment féminin, pour un homme. Si étonnamment masculin, pour une femme. Un visage androgyne, mais au regard empli d’une détermination froide. Provoquait-elle Kurgoth ? Avait-il oublié sa récompense promise ? Tout cela n’était-il qu’un test ?
Image

Avatar du membre
TheGentleMad
Messages : 152
Enregistré le : jeu. 30 août 2018 10:38
Localisation : Vers Omyre

Re: Les Bois Sombres

Message par TheGentleMad » ven. 10 mai 2019 16:38

-----K-----


Alors que Kurgoth espérait une réponse, Khynt se contenta de le fixer en silence de ses yeux lumineux. Après plusieurs secondes malaisantes pour le garzok, le lieutenant d'Oaxaca déclara d'une voix froide, métallique et impérieuse :

"Et qu’attends-tu ? Tu crois que les œufs vont se charger tous seuls sur ces charriots ?"

Le barbare resta un instant béa de surprise pendant que la voix de l'androgyne résonnait dans la clairière, cherchant à comprendre la raison de cette remarque.

(Euh, rassure-moi, j'ai jamais été accepté dans ses troupes et ses soldats ne sont pas censés m'obéir, non?)

(Non jamais, mais il va quand même falloir que tu t'occupes du chargement des œufs.)

Durant notre échange mental, le regard de mon maître à l'égard de Khynt devint de plus en plus interrogateur, comme s'il s'attendait à ce qu'il précisât que son ordre fut adressé à Krel'Ka. Après un moment durant lequel aucun des deux êtres n’eut dit mot, Kurgoth hasarda une objection, avant de se raviser au milieu de celle-ci.

"Seigneur Khynt, vous savez bien que je ne suis pas... Hum, vos ordres seront transmis."

Il inclina alors la tête puis tourna les talons pour se diriger vers les soldats en approche. Tout en leur faisant signe d'approcher les charriots des œufs géants, il cria ses instructions :

"Amenez les charriots par ici. Ces œufs contiennent les futurs atouts de nos armées alors prenez en soin!"
248mots

Avatar du membre
Gamemaster9
Messages : 347
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 18:43

Re: Les Bois Sombres

Message par Gamemaster9 » ven. 10 mai 2019 17:13

Intervention pour Kurgoth


Khynt, à la réponse de Kurgoth, resta de marbre. D’acier même, plutôt. L’androgyne laissa le barbare se tourner vers ses troupes et leur donner l’ordre d’amener charriots et d’y jucher les œufs. Si pour le premier ordre, ils s’exécutèrent tous, étant déjà en train d’avancer les carrioles vers la clairière initialement, et certains commencèrent même à s’approcher des œufs pour les charger… Quand Khynt leva un poing fermé vers les cieux. Tous s’immobilisèrent, la regardant, incrédules. Quelques secondes passèrent à nouveau, le temps sans doute laissé à Kurgoth pour se tourner vers Khynt à nouveau, qui le toisait toujours. Sa voix de métal résonna une fois encore dans la clairière.

« Il me semble avoir dit : tu crois que les œufs vont se charger tous seuls sur les charriots ? Penses-tu mériter pour l’heure ta récompense, Kurgoth ? »

La question était rhétorique. Khynt poursuivit sans attendre.

« Exécute-toi. Montre-moi de quoi tu es capable. »

Puis, plus lentement, avec une étincelle de cruauté.

« Toi, seul. »

[HJ : si tu obéis, tu peux RP jusqu’à avoir chargé la plus grosse partie des œufs sur les charriots (endurant vraisemblablement quelques difficultés malgré ta compétence de barbare et de force surhumaine). Si tu n’obéis pas, donne-moi ta réponse uniquement.]
Image

Avatar du membre
TheGentleMad
Messages : 152
Enregistré le : jeu. 30 août 2018 10:38
Localisation : Vers Omyre

Re: Les Bois Sombres

Message par TheGentleMad » sam. 11 mai 2019 16:02

-----K-----


A ses ordres, les soldats approchèrent les charriots, et se dirigèrent vers les œufs. Ayant sont attention portée sur les troupes garzoks, Kurgoth ne vit pas Khynt, à qui il tournait alors le dos, lever son poing. Lorsque tous s'immobilisèrent en la regardant, une grimace de surprise et d'incompréhension apparu sur le visage du barbare. Ce dernier, suivant les regards, se retourna et observa le lieutenant de la reine noire d'un air incrédule.

"Il me semble avoir dit : tu crois que les œufs vont se charger tous seuls sur les charriots ? Penses-tu mériter pour l’heure ta récompense, Kurgoth ?"

Sans attendre de réponse à la question rhétorique, à laquelle le chevalier n'aurait pu répondre tant ce qui se passait ne lui paraissait pas logique, la voix métallique de Khynt poursuivit.

"Exécute-toi. Montre-moi de quoi tu es capable. Toi, seul."

Voyant que mon maître tournait déjà son regard dépité vers le chargement, je fis de mon mieux pour le dissuader.

(Tu vas pas faire ça quand même? Avec tout le sang que tu as perdu, ça va te tuer! Tu as bien vu à quel point tu était affaibli quand tu as forcé avec les troncs!)

(Regarde autour de moi. Je n'ai pas le choix.)

Sentant qu'il allait accepter verbalement l'ordre du modifié, je hurlai ma réponse dans sa tête pour embrouiller son esprit.

(Non! Non! Non! Non! Non! Non! Non! Non! Non! Non!)

"Non."

Sa réponse surprit tous les garzok, lui y compris.

(Grishnûrz, je te déteste.)

(Et je viens de te sauver la vie. Maintenant tu n'as plus qu'à expliquer ta réponse.)

Alors que de grosses gouttes de sueur froide perlaient sur son front et son dos, Kurgoth chercha ses mots en se frottant le cou. Finalement, après s'être éclairci la voix afin de chasser le trac, il articula une excuse.

"Je ne suis pas en mesure d'accomplir cet exploit. J'ai perdu bien trop de sang en protégeant ce convoi, vos troupes et... votre lieutenante, laquelle confirmera qu'elle me doit la vie."
349mots

Avatar du membre
Gamemaster9
Messages : 347
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 18:43

Re: Les Bois Sombres

Message par Gamemaster9 » sam. 11 mai 2019 16:35

Intervention pour Kurgoth


Quelques murmures parcoururent l’assemblée des soldats de Khynt face au refus de l’orque, puis à son aveu de faiblesse. Le lieutenant d’Oaxaca resta fixe, immobile, dardant de ses yeux lumineux le garzok plaintif.

« Je n’ai que faire de tes actes de bravoure si tu es incapable de répondre à un ordre. »

Elle leva de nouveau la main, et la fit tourner d’un geste de poignet, signal que semblèrent comprendre les troupes, qui commencèrent à s’échiner pour jucher les œufs sur les charrettes. Khynt s’éloigna avec sa lieutenante, semblant ne plus prêter attention à Kurgoth. Quelques longues minutes après, pourtant, elles revinrent vers l’orque. Krel'Ka était allégée de son armure, que Khynt portait entre ses mains. Elle lâcha celle-ci au sol aux pieds de Kurgoth, sans respect ostensible pour l'objet.

« Je te pensais fort, mais tu n’es que faiblesse. Tu es indigne de ma présence. Fais en sorte de ne plus te trouver sur ma route : je ferai preuve de moins de clémence qu’aujourd’hui. »

Puis, elle se détourna complètement de lui, le laissant seul avec sa récompense, pour aller superviser le chargement des œufs. Lorsqu’ils furent tous montés sur les carrioles, Khynt prit la tête du convoi et ses sbires la suivirent, sans un regard pour Kurgoth. Seule Krel’Ka se tourna pendant quelques secondes pour l’observer, semblant regretter ce qui venait de se passer. Et petit à petit, ils s’éloignèrent de la clairière, en direction d’Omyre. Le garzok n’était pas le bienvenu en leur compagnie.

Kurgoth était désormais doté d'un nouveau bien. Une armure de légende : l’Antre de Balmor. Une armure lourde de torse faite d’un métal unique. Aucune lame, aucune pique ne semblait pouvoir passer outre ses défenses… Et désormais elle était sienne. Un don, une récompense de Khynt, qui venait de le désavouer.

[Intervention terminée.]
Image

Avatar du membre
TheGentleMad
Messages : 152
Enregistré le : jeu. 30 août 2018 10:38
Localisation : Vers Omyre

Re: Les Bois Sombres

Message par TheGentleMad » jeu. 16 mai 2019 11:24

-----K-----


En réponse à ses propos, des murmures se firent entendre dans le dos du barbare, mais, face à lui, Khynt resta impassible quelques instants avant de déclarer :

"Je n’ai que faire de tes actes de bravoure si tu es incapable de répondre à un ordre."

Après un geste de la main indiquant à ses soldats de reprendre le travail, le lieutenant d'Oaxaca s'éloigna avec ses officiers. Kurgoth observa les soldats s'échiner à la tâche pendant quelques minutes avant que le modifié ne réapparaisse, s'approchant de lui. Krel'Ka avait retiré son armure, l'antre de Balmor pour laquelle le chevalier avait accepté de voyager au-delà de Yuimen. Khynt, qui la tenait entre ses mains, la jeta dédaigneusement au sol en arrivant devant le chevalier, et lui lâcha avec mépris :

"Je te pensais fort, mais tu n’es que faiblesse. Tu es indigne de ma présence. Fais en sorte de ne plus te trouver sur ma route : je ferai preuve de moins de clémence qu’aujourd’hui."

Le prêtre de Thimoros se pétrifia de désespoir. Une immense vague de tristesse et de honte, dont je me sentis en grande partie responsable, déferla et ravagea l'esprit du garzok qui resta incapable de bouger durant les très longues et nombreuses minutes. Alors que les troupes s'affairaient autour de lui, Kurgoth restait immobile, debout, tous ses muscles contractés, la tête baissée, les yeux rivés sur sa nouvelle armure. Cette dernière était réellement magnifique, resplendissante sous les rayons du soleil. Mais cette splendeur ne rendait que plus douloureux le désaveu dont le garzok fut victime. Lui qui vénérait Thimoros, lui qui servait loyalement les intérêts de sa fille Oaxaca, lui qui était si fier d'être sous les ordres directs de l'un de ses treize lieutenants, il venait d'être rejeté par ce lieutenant et le monde semblait s'effondrer autour de lui.

Ce n'est que lorsque que le convoi quitta la clairière, abandonnant derrière lui le garzok, et qu'il se retrouva seul au milieu des bois, que les muscles de Kurgoth se détendirent, faisant choir le colosse sur ses genoux. Lui dont la force physique était le principal atout, celui qui l'avait maintenu en vie dans les situations les plus critiques, il venait de se faire traiter de faible. Sa force, l'utilité qu'il avait de celle-ci, tout cela venait d'être nié. Ce ne fut que lorsque le soleil disparu sous l'horizon qu'il laissa échapper toute sa frustration et sa rage par rapport à la situation en un long hurlement sauvage et terrifiant qui se répandit dans les bois alentours en renvoyant tous les petits animaux dans leurs terriers et glaçant le sang des plus grand. Kurgoth était maintenant seul et sans but. Il avait acquis l'antre de Balmor qui, il l'espérait, le libérerait des chaînes de son passé, mais, pour abandonner son passé, il lui sembla avoir inconsciemment sacrifié son avenir. Il resta ainsi recroquevillé sur son nouveau bien jusqu'au matin, cherchant à donner un sens à sa vie, puisque la reine noire, via son lieutenant, l'avait abandonné.
526mots

Avatar du membre
TheGentleMad
Messages : 152
Enregistré le : jeu. 30 août 2018 10:38
Localisation : Vers Omyre

Re: Les Bois Sombres

Message par TheGentleMad » ven. 27 sept. 2019 23:33

-----K-----


La soudaine motivation de Kurgoth commença à se dissiper dès qu'il eût franchi les portes de la ville. À chaque pas sur l'ancienne voie elfique le menant aux bois sombres, les souvenirs de ses mésaventures envahissaient son esprit. Qu'il s'agît des liykors peuplant tout autant les recoins noirs de la forêt que ceux de ces cauchemars, ou le rejet humiliant de Khynt, rien de bien ne lui était arrivé en ces lieux. Alors qu'il avançait machinalement, perdu dans ses pensées, ce ne fut qu'en traversant le grand pont des bois qu'il réalisât qu'il n'avait aucune idée de l'emplacement du camp. Se sentant particulièrement idiot, il alla demander aux garzoks travaillant au port s'ils pouvaient l'aider, mais, si tous avaient bien entendu les rumeurs de recrutement et les promesses de gloire, aucun ne put lui indiquer une direction fiable. Dépité, il s'assit sur le bord du pont et attendit. Il espérait ainsi, en tendant l'oreille, repérer un groupe de soldats ou de mercenaires ayant la même direction que lui. Dans le même temps, afin que son attente ne soit pas vaine, il pria.

(Oh Thimoros, puissant dieu de la guerre.
Oh Thimoros, entend cette prière.
Pour que le sang coule au cœur de ces bois sombre,
Guide moi, envoie moi, un messager des ombres.
Pour que se répandent le mal et la douleur,
Puissant dieu, guide ton serviteur.
)

Malgré sa prière, le garzok attendit encore longtemps assis sur son pont. Une créature étrange apparu soudain dans son champ de vision. Une sorte de shaakt cornu et ailé, traversa le pont monté sur un loup. N'ayant jamais rien vu de tel, même à Omyre, Kurgoth supposa qu'il s'agissait d'une monstruosité créé par l'un des treize lieutenants de la cheffe de guerre suprême et l'associa à la "mission spéciale" dont lui avait parlé Baronk. Le chevalier décida donc de la suivre à distance en espérant qu'elle le menât au lieu qu'il recherchait.
341mots
Modifié en dernier par TheGentleMad le sam. 28 sept. 2019 08:49, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Endar
Messages : 47
Enregistré le : dim. 30 déc. 2018 20:47
Localisation : Forêt d'Ynorie

Re: Les Bois Sombres

Message par Endar » sam. 28 sept. 2019 08:41

Dirigé Ter'Rol le long de la route menant à Omyre s'avéra être une épreuve de tous les instants. La bête avait déjà tenté de le dévorer rien qu'à la sortie de sa cage et ses doigts avaient manqué de peu d'être arrachés par la force brute du massif loup noir lorsqu'il eut installé et réglé la selle en cuir. Pour l'instant, Endar se maintenait fermement sur sa monture, ses cuisses enserrant le dos du lupin et ses mains enserrant le pommeau de la selle. Sa première chevauchée, il y a de cela une éternité selon lui, avait été périlleuse et les prochaines en compagnie de sa nouvelle monture s'avéraient l'être tout autant. Continuant sa route, sa monture grognant à de nombreuses reprises lorsqu'ils virent les Bois Sombres, il vit un garzok près d'un pont et le dépassa sans se presser.

Quelques heures plus tard, il décida de donner plus de mou à sa monture et le fit galoper à travers les bois, avant de le faire s'arrêter de nouveau. Il y avait quelque chose qui le suivait et ce n'était pas le garzork qui semblait l'avoir pris en chasse depuis le pont et dont l'armure de plates alertait sans nul doute tous les animaux et monstres aux alentours.

Endar fit s'arrêter Ter'Rol, pris soudain de vertiges, et remarqua que sa vue s'aggravait avec le temps. Une main sur ses tempes, cherchant à faire passer cette soudaine migraine, il ouvrit à nouveau grand les yeux et là son monde se métamorphosa. Il n'y avait plus arbre, plus de terre. Il n'y avait plus que les ténèbres qui l'entouraient et au coeur de ces ténèbres, de légères lumières semblaient danser. Plus il se concentrait, plus sa vision s'affinait. Si au départ, il n'avait vu que des lumières, il discernait à présent quelques silhouettes lumineuses. Elles l'entouraient toutes pour les plus proches. Certaines étaient petites, d'autres d'une taille plus moyenne. C'est en rappelant des rêves récurrents qu'il faisait sur Aliaénon qu'il comprit ce qu'elles étaient : des âmes. Plus précisément, il s'agissait de celles des créatures de cette lugubre forêt.

Néanmoins, il ne put continuer à admirer toutes ces âmes, car sa vision, loin de disparaître petit à petit, revint à la normale lorsque son loup grogna avec virulence contre une énorme araignée qu'il n'avait guère vu juste que lors. Cette dernière, bien que trop grosse pour une araignée, décampa et courut en direction de l'endroit supposé du campement. En la suivant, il remarqua finalement un camp d'une taille modeste où travailleurs garzorks et guerriers se côtoyaient pour l'instant. L'organisation qui régnait dans ce campement pouvait être décrite comme le règne du chaos le plus total.
Modifié en dernier par Endar le jeu. 3 oct. 2019 22:49, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Gamemaster9
Messages : 347
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 18:43

Re: Les Bois Sombres

Message par Gamemaster9 » sam. 28 sept. 2019 10:31

De Fer et de Sang – Promenons-nous dans les Bois.

I.I

Les deux aventuriers arrivèrent finalement en vue de l’arrière poste des troupes Omyriennes à la lisière des Bois Sombres. Le camp semblait s’afférer, être en mouvement. Là où Endar ne vit sans doute qu’un groupe d’orques désorganisés, amassés plus ou moins les uns avec les autres, Kurgoth repéra vite une troupe de chasseurs garzoks, une unité mobile et légère d’une cinquantaine d’orques, armés tant d’arcs que de haches et autres kikoups déroutants, et armurés de cuir. Ils semblaient prêts à partir, ce que leur confirma une voix rude et rauque qui les apostropha de loin, sans amabilité :

« Par ici, rameutez vos sales tronches, on part dans la minute ! »

Image

Près d’une tente du campement, un garzok imposant gueulait dans leur direction. Il avait la sale tronche de ceux qui n’accepteraient aucune réponse à ses propos sinon l’obéissance aveugle. Une mine renfrognée, une tête patibulaire, un bouc long et épais maintenu en pointe par une boite crânienne humaine. Un monstre, en soi. Il posa son postérieur sur un sanglier géant bardé de fer et fit signe à ses troupes, car il semblait les diriger, d’avancer vers la forêt.

« Allez, allez, bande de limaces. Et au pas de course. Ceux qui partent crèveront dans l’honneur et dîneront à la table de Thimoros, ceux qui reviennent seront couverts de gloire, mais en attendant, z’êtes tous des puceaux, alors fermez vos clapets et avancez ! »

Les ordres étaient beuglés avec assurance, tant pour les troupes que pour les deux arrivants, apparemment. Ils n’auraient pas droit, pour l’instant du moins, au moindre traitement de faveur. Sur le campement restaient pas mal de personnes, des garzoks non combattants, mains-d’œuvre nécessaire pour assurer l’intendance. Ils regardèrent partir la cohorte massive, qui n’attendraient pas les deux retardataires si ceux-ci choisissaient de ne pas partir avec eux. Mais tel était leur choix, leur premier choix : suivre ces ordres et ces chasseurs, se mêler à eux, ou rester sur le camp pour en apprendre davantage sur la mission… à moins que déjà, ils n’aient une autre idée en tête.

La troupe marcha ainsi d’un pas rapide pendant près de 7 heures. Ils traversèrent une grande partie des bois sombres, si bien qu’ils étaient sans doute fort proches désormais de la partie ynorienne de cette forêt ancestrale et inquiétante. Le rythme rapide avait permis de rattraper ce qui semblait être une ligne de front bien plus conséquente. Plusieurs troupes garzoks, lourdement armées ou mobiles comme celle qu’ils avaient suivie, des tribus de gobelins des bois semblaient avoir rejoint l’armée, plus ou moins officiellement. Ils seraient là pour piller, massacrer et détruire ce qui dépassait. Plus loin sur leur gauche, ils purent entendre de lointains jappements, grognements étouffés, cris bestiaux, sans en voir l’origine de leur position. C’était un rassemblement assez inédit, bien plus important que pour un simple raid. Un rassemblement pour la guerre, un rassemblement visant à dominer, éliminer, détruire. Le garzok barbu à la tête de la troupe de chasseurs descendit de son sanglier de guerre et s’approcha d’Endar et Kurgoth.

« Bon, les deux rigolos là. Z’allez pouvoir décider c’que vous allez foutre dans tout c’merdier. Première vague d’assaut, avec moi, seconde vague, avec les troupes lourdes et les bêtes, ou jouer les fiottes à l’arrière pour aller impressionner les noirauds des bois avec le ponte d’la déesse. »

Il cracha par terre, puis reprit.

« Et prenez pas trois plombes à vous décider, j’ai pas que ça à foutre ! »


[HJ : vous pouvez avoir des apartés entre vous ou avec les différents soldats pendant la longue marche. Votre RP doit se terminer par votre choix de direction, rapporté à ce charmant capitaine de troupe qui vous chérit de ses quolibets délicats.]
Image

Avatar du membre
TheGentleMad
Messages : 152
Enregistré le : jeu. 30 août 2018 10:38
Localisation : Vers Omyre

Re: Les Bois Sombres

Message par TheGentleMad » ven. 4 oct. 2019 15:27

-----K-----


La créature finit par mener Kurgoth jusqu'à un campement où est rassemblée une troupe d'une cinquantaine de chasseurs garzoks équipés d'arcs, de kitranches et autres kikoups aux formes variées que l'on trouvaient habituellement dans les clans de chasseurs et pillards. Alors qu'il s'avançait vers les troupes habillées de cuir pour avoir des renseignements, un garzok au bouc maintenu par un crâne humain et aux crocs proéminents leur gueula, à lui et le monstre qu'il avait suivi, de se ramener, car ils quittaient justement le camp. Dès lors qu'il fut monté sur son sanglier géant bardé de fer, monture qui donna à Kurgoth l'envie d'en apprivoiser un à son tour pour le monter, il beugla l'ordre d'avancer au pas de course à ses troupes, ne lésinant pas sur les insultes pour rappeler sa position hiérarchique dominante. La cohorte armée se mit alors en marche, ne laissant derrière elle que les non-combattants s'occupant de l'intendance du camp qui semblait, d'après la main d’œuvre restante, avoir accueilli bien plus de troupes que celles le quittant alors.

Le barbare, qui avait suffisamment vécu avec des pillards, savait qu'il n'eut alors comme choix qu'obéir et suivre les chasseurs ou rester dans le camp et rater les combats qui constituaient probablement la mission spéciale dont il avait entendu parler. Il ne fallu qu'un court instant au prêtre de Thimoros pour se décider à suivre le mouvement et il se mit donc en marche, rejoignant rapidement la queue de peloton qui quittait seulement le camp. Rattrapant celle-ci, mon maître voulut toutefois s'assurer qu'il s'était bien joint à la mission évoquée par Baronk et au passage en apprendre un peu plus sur celle-ci. Voulant cependant éviter de s'attirer les foudres du chef monté sur son porc géant, il s'adressa à voix basse aux peaux-vertes les plus proches de lui.

"Psst... C'est bien ici pour la "mission spéciale" dont on m'a parlé à Omyre ? Pouvez m'en dire plus sur ce qu'il se passe et ce qu'on doit faire."

Un archer se retourna alors vers lui sans s'arrêter d'avancer pour lui apprendre qu'ils allaient rejoindre d'autres troupes pour attaquer des ynoriens. Un manieur de kitranches ajoutant d'un ton rieur que l'un des treizes avait déployé ses créatures. Kurgoth pensa instantanément à celle qu'il avait suivi pour atteindre le camp et se demanda lequel des généraux l'avait créé et supervisait donc la bataille à venir. Une bataille, oui, pas une simple escarmouche. Kurgoth le pressentait déjà en ayant appris qu'il y avait d'autres troupes, et même l'un des treize qui soient impliqué.

En jetant un coup d’œil à la créature ailée pour deviner qui l'avait engendrée, le garzok s'aperçut qu'elle chevauchait à côté de lui sur son loup et semblait le regarder avec insistance, ce que d'autres rapides coup d’œil confirmèrent. Ne sachant vraiment comment réagir face à cette chose, qu'il pensait liée aux plus hautes personnalités de l'empire et donc tout autant capable de faire de lui un parié recherché par tous ses pairs ou un haut gradé respecté bien plus vite que par n'importe quel autre moyen, il se contenta d'attendre qu'elle lui adresse la parole en premier. Elle ne tarda d'ailleurs pas à le faire, le complimentant sur son armure et lui demandant si c'était sa première guerre, arguant que cela était bien différent des raids qu'il avait pu connaître. C'était en effet le cas, mais Kurgoth n'avait aucune envie de se dévaloriser devant un être si important et nuança sa réponse maladroitement.

"Je... Merci. C'est ma première grande bataille, mais je suis prêtre de Thimoros. Ce sera simplement un nouveau moyen de vénérer mon dieu, la douleur n'ayant plus de secrets pour moi."

Pour se donner un peu de crédibilité, il dévoila un court moment son crâne et son visage ravagés par les flammes lors de son combat contre Olur. Si son argument sembla attirer l'attention de son interlocuteur, la réponse de celui-ci ne manqua pas de piquant, rappelant au garzok que personne, pas même lui, hormis son dieu ne pouvait prétendre avoir percé tous les secrets de la douleur. Le barbare haussa un sourcil lorsque la créature lui conseilla, s'il voulait servir "son maître", de parvenir à survivre et montrer ses compétences au combat. Qui était donc ce maître ? Thimoros ? Son créateur ? Quel qu'il soit, le conseil restait valide et correspondait tout à fait ce que le barbare avait en tête, aussi répondit-il simplement :

"C'est bien ce que je comptais faire."

Loin d'avoir fini de poser des questions au chevalier qui, contrairement à lui, n'avait pas de monture et devait courir en armure lourde, l'être ailé lui demanda ce qu'il espérait gagner dans cette guerre hormis servir le dieu sombre. La réponse était évidente pour Kurgoth, aussi répondit-il du tac au tac :

"Servir la Cheffe de Guerre Suprême et me faire remarquer par l'un de ses lieutenants... Quelle autre raison y aurait-il ?"

Cela fit réfléchir la créature qui avoua ne servir que Thimoros et n'être nullement au service des treize. Le barbare la dévisagea alors sans même essayer de le cacher. D'où pouvait venir ce genre de monstre si ce n'était du laboratoire de l'un des seigneurs d'Omyre ? Oubliant toute la déférence dont il avait fait preuve jusqu'alors, et n'y ayant plus aucun intérêt puisque son interlocuteur n'était manifestement pas aussi important qu'il le crût au départ, il demanda :

"T'es pas une de leurs créations? T'es quoi alors ?"

Après un bref ricanement que le chevalier ne sût interpréter, la chose dodelina de la tête en expliquant que ce corps avait bien été créé par Vallel, mais qu'il n'était pas son corps d'origine, précisant que, comme pour les treize, son âme possède ce corps qui n'est pas le sien. Encore des histoires de magie... Rien de très rassurant pour Kurgoth qui préférait éviter tout cela comme la peste. Cependant, le changement de corps l'intriguait et il se demandait s'il ne pourrait pas, pour une fois, utiliser la magie à son avantage en transférant son âme dans un corps bien plus puissant et endurant que le sien ne pourrait jamais le devenir. Tout en réfléchissant à cela, le chevalier se rendit compte qu'il commençait à avoir des difficultés, notamment à cause du poids de son équipement, à suivre le groupe habillé de cuir. Il répondit donc de façon à terminer la conversation, pour économiser son souffle, ne sachant pas combien de temps cette course durerait encore.

"Si tu le dis... Tant que t'es dans mon camp et que t'as pas l'intention de me trahir, le reste peut bien attendre la fin de cette bataille... Mais cette histoire de corps m'intéresse, alors arrange toi pour survivre, toi aussi !"

Kurgoth put se féliciter de cette décision puisque la troupe avança pendant près de sept heures en gardant ce rythme effréné qui mit à l'épreuve son endurance garzok. Lorsqu'ils s'arrêtèrent enfin, ils avaient sans doute traversé la plus grande partie des bois sombres pour arriver en territoire ynorien et avaient rattrapé un rassemblement de troupes variées ressemblant d'avantage à une armée de conquête qu'a un simple pillage. Tout prenait donc sens. Il ne s'agissait plus de ravager les campagnes pour affaiblir les humains, mais de se déverser hors des bois telle une marée verte emportant tout sur son passage et anéantissant toute résistance éventuelle. Autour d'eux, le barbare reconnu des troupes semblables à celle qu'il avait rejoint - légères, mobiles, principalement composées de pillards ou de chasseurs - mais aussi des troupes plus lourdement armées et des clans de sektegs des bois attirés par le pillage facile derrière le passage de l'armée. Loin sur sa gauche, il entendit des jappements, des grognements et des cris bestiaux qui le laissèrent penser que Karsinar, était à la manœuvre.

Cette intuition s'en trouva grandement renforcée lorsque le chef de la troupe descendit de son sanglier pour s'adresser à lui et à la créature ailée. Il leur expliqua qu'il était temps pour eux de choisir quelle partie de l'armée rejoindre. Il y avait tout d'abord la première vague d'assaut, composée de troupes légères semblables à la sienne. Puis suivraient comme deuxième vague les troupes lourdes accompagnées des bêtes tandis que le "ponte de la déesse", qui ne pouvait donc être que Karsinar, mènerait un troisième groupe chargé d'impressionner les "noirauds des bois". Après sept heures de course en armure, Kurgoth n'en pouvait plus et se savait incapable de suivre les troupes légères dans la charge héroïque qui devrait être la leur. Quant aux noirauds des bois, le barbare ne sut que trop bien qu'il s'agissait des liykors qui hantaient ses cauchemars à chaque traversée de ses bois et n'avait aucune envie de se ridiculiser une deuxième fois devant l'un des treize. Ne restait pour lui qu'une seule option, loin des yeux de celui qu'il fallait impressionner et loin de la glorieuse première ligne menant la charge pour toute l'armée, une place dans le gros des troupes où les actes héroïques sont dilués dans la masse en échange de la sécurité apportée par la multitude. Après cette réflexion qui lui permit de récupérer son souffle, il annonça son choix par défaut :

"Ma place est parmi les troupes lourdes."
1632mots

Avatar du membre
Endar
Messages : 47
Enregistré le : dim. 30 déc. 2018 20:47
Localisation : Forêt d'Ynorie

Re: Les Bois Sombres

Message par Endar » ven. 4 oct. 2019 21:39

L'araignée qu'il suivait jusqu'au campement avancé des forces d'Oaxaca n'était plus visible, elle avait simplement disparu. Peut-être n'était-elle qu'une simple illusion, un tour de son esprit épuisé par les épreuves encore récentes qui l'affligeaient ou peut-être était-ce un signe de Valshabarath. Peu importait en réalité ce qu'elle était, la seule chose qui avait de l'importance s'avérait qu'Endar pénétrait à présent le camp des garzorks qui lui jetèrent à peine plus d'un regard. Ce campement était un bordel sans nom, cela blessait ses yeux tellement les garzorks étaient des êtres désorganisés et trop prompts à user de leur force physique pour abattre n'importe quel ennemi devant eux. La force seule ne suffisait pas toujours et il n'y avait aucun honneur à avoir lorsqu'il fallait partir à la guerre. A ses côtés, un garzork engoncé dans une armure de plates avait atterri dans le camp à la recherche sans doute d'un supérieur. Ce n'est qu'en le détaillant, qu'il s'aperçut l'avoir déjà vu près du pont en bois. L'avait-il suivi jusqu'ici ou faisait-il parti d'un groupe d'éclaireurs ?

La question allait devoir attendre, puisqu'une puissante peau verte aux crocs proéminents qui lui sortaient de sa gueule, dépourvu de pilosité mis à part sa barbe tressée qui accueillait un crâne humain ou tout du moins humanoïde se mit à beugler. Le campement devint encore plus bordélique à la suite de ses ordres puisque tous se dépêchèrent de rentrer dans le rang qui se formait envers et contre tout. Leur désorganisation risquait d'être la clef de leur échec si cela se produisait également sur le champ de bataille.

Endar aurait pu s'enquérir de plus amples informations sur leur mission auprès d'une peau verte, mais il préférait rester discret. Ce n'était pas tant la crainte des orques ni qu'il éprouvait un dégoût prononcé pour leur espèce, mais l'être ailé ne préférait guère tenter sa chance au risque de se faire démasquer. Sa présence au sein des forces d'Oaxaca constituait une situation périlleuse et il ne savait pas si certains n'étaient pas au courant de sa nouvelle forme. Tranquillement, il rejoignit la cohorte et suivit le mouvement, son loup étrangement calme obéissant à ses ordres. Cela n'allait sans doute pas durer. Une fois la bataille commencée, le sang allait couler à flot et les bêtes commenceraient à s'agiter. Il était hors de question de combattre sur le dos de Ter'Rol, il n'était pas fait pour la guerre et la perte de son premier loup avait déjà été difficile à digérer.

(Maudits garzorks ! J'aurais dû tous les massacrer dans les mines d'Artim'Olth rien que pour cela !)

En parlant de garzorks, ses yeux jaunes analysèrent ses désormais compagnons d'infortune. La plupart était soit des chasseurs comme l'orque qui beuglait les ordres du haut de son sanglier, soit des troupes lourdes. La plupart était à pied, il était vrai que monter une créature s'avérait être un certain privilège. Au cours de cette longue marche, il vit également l'état peu reluisant des équipements de la troupe, à l'exception du chasseur et de l'orque qui l'avait suivi jusqu'ici. Avisant ce dernier, il chevaucha à ses côtés, jetant de nombreux regards indiscrets dans sa direction.

- Jolie armure... Elle te servira sans doute plus vite que tu ne le crois. La guerre c'est bien différent des raids, je peux te l'assurer. C'est ta première fois ?"

L'orque se tourna vers lui pour lui répondre qu'effectivement c'était sa première guerre, mais qu'il connaissait intimement la douleur. Il voulut bien le croire lorsque celui-ci lui révéla sa face atrocement brûlée. Les garzorks avaient une manie d'être plus laids les uns que les autres, à croire qu'il s'agissait d'une compétition entre eux. Endar ne put s'empêcher d'éprouver du dégoût, mais il surpassa rapidement cette première impression, ayant rencontré des êtres plus laids que lui. A la mention de Thimoros, l'orque monta dans son estime, mais il avait besoin d'une leçon, si bien qu'il la lui donna librement.

- Ne sois pas présomptueux. Je suis certain que tu as une large connaissance de ce qu'est la douleur, mais personne, pas même moi, ne peut dire avoir percé tous ses secrets. Seul Thimoros pourrait s'en vanter.

Après une légère pause, il reprend :
- Si tu veux tant servir mon maître, alors survis et montre tes compétences au combat.

C'était le meilleur conseil à lui donner s'il désirait servir Thimoros. Il sentit d'ailleurs à ce propos une étrange puissance obscure tapie au fond de son corps qui commençait à se réveiller. Etait-elle là depuis le début ? Son corps en prenait-il maintenant seulement conscience ? Quoiqu'il en soit, le garzork prit son conseil avec sagesse, peut-être n'était-il pas une âme inutile pour servir son maître. Voulant creuser encore plus, il s'enquit davantage sur sa présence.

- A part servir Thimoros, qu'espères-tu gagner après cette guerre ?

La réponse du guerrier avait été immédiate, sans doute de trop à son goût. Il ressentait une certaine déception, mais son discours tenait la route. Lorsqu'il lui retourna la question, il fut un peu pris au dépourvu. Il n'avait pas vraiment réfléchi à tout cela.

- J'imagine que de nombreux d'entre vous recherchent cela. Pour ma part, je ne sers que Thimoros donc j'imagine que mes raisons ne concordent pas avec les vôtres. Quant aux lieutenants, hum... je ne suis nullement leur serviteur, mais après tout je ne connais que Vallel, peut-être qu'un des 13 sera plus malin que lui.

Sa réponse provoqua une vive réaction de la part du guerrier garzork qui ne se priva pas de lui demander qu'est-ce qu'il était alors s'il n'était pas l'une des créations d'un des treize.

l ricana légèrement en pensant qu'il avait été l'ennemi d'un des treize et occupait à présent un corps créé par son pire ennemi, puis il reprit son sérieux et dodelina de sa tête cornue cherchant visiblement ses mots.

- e suis et ne suis pas leur création, c'est compliqué... Pour faire simple, mon corps a été conçu par Vallel ou l'un de ses sbires, mais il ne s'agit pas de mon corps d'origine. Disons simplement que j'ai fait comme les treize, mon âme a possédé un corps qui n'était pas le mien, l'âme qui devait habiter ce corps était anéantie depuis longtemps.

L'explication suffit pour lui, précisant toutefois que tant qu'il ne le trahissait pas tout irait bien. Il n'avait rien à craindre là-dessus, sa vengeance lui dictait de tuer des ynoriens pour le moment. Endar finit par dépasser son nouveau compagnon qui peinait à suivre la marche effrénée qui leur était tous imposée. C'était stupide d'épuiser les troupes avant l'assaut, mais il n'avait aucun pouvoir de commandement pour contester cette décision, si bien qu'il se décida de suivre les ordres jusqu'à ce qu'ils arrivent au point de rendez-vous, près de sept heures plus tard. Là son loup s'agita, grognant en direction des créatures qui hurlaient à la mort. Il ne savait pas ce que c'était mais Ter'Rol ne les appréciait pas. Endar le fit taire usant d'un ton sévère et réprobateur avant que l'orque en tête de cohorte les exhorta de choisir où ils allaient officier. Il précisa également qu'un des treize étaient présents en compagnie des "noirauds des bois". En plus des garzorks, des sektegs des forêts, il fallait donc ajouter les likyors noirs. Son nouvel allié répondit qu'il irait avec les troupes lourdes. Si le prêtre de Thimoros combattait dans la seconde vague, autant qu'Endar le surveille de près et le protège au cas où quelques champions de Gaïa auraient la mauvaise idée de s'inviter à la fête.

- J'irais également avec les troupes lourdes, autant enfoncer les lignes ennemies le plus rapidement possible.

( Sache par contre garzork que si tu me traites de nouveau une fois de rigolo, je te donnerai à bouffer aux likyors...)

Avatar du membre
Gamemaster9
Messages : 347
Enregistré le : mar. 26 déc. 2017 18:43

Re: Les Bois Sombres

Message par Gamemaster9 » sam. 5 oct. 2019 12:17

De Fer et de Sang – Promenons-nous dans les Bois.

II.I


Le garzok au crâne cracha une nouvelle fois sur le sol à l’écoute des réponses de ceux qu’il avait appelé les deux rigolos.

« Ahah, ça m’va. Z’aurez qu’à nous regarder ramasser tous les honneurs de votre planque ! »

Et il s’en alla rejoindre, plus loin, hors de leur vue, le commandement. Quelques minutes plus tard, des trompes sonnèrent la mise en route. Les différentes troupes s’organisèrent : les légères dont ils faisaient partie jusque-là se mirent en mouvement en premier, puis les troupes lourdes desquelles ils allaient faire partie, sous le commandement d’un nouvel orque, plus… bardé de métal que le précédent. Il avait la gueule d’un vétéran qui a vu cent batailles, des cicatrices marquant tout son vsage émacié. Il était plus mince que le précédent, moins tout en muscle, même si sa carrure restait celle d’un guerrier. Il n’était cependant pas moins impressionnant, et c’est en silence, lui, qu’il dirigeait son unité lourde, de garzoks bardés d’armures lourdes, de kikoups impressionnants, de piques épaisses, de haches larges… Des combattants de fond. De ceux qui pouvaient rester dans une mêlée une heure et y survivre.

Image

Des Bois Sombres, ils passèrent à la forêt de l’Ynorie… La bataille approchait, à mesure qu’ils approchaient de leur cible. Nulle nouvelle en revanche des bâtes censées accompagner les troupes lourdes, ni de Karsinar et de ceux qui devaient aller à la rencontre des Liykors.


(Suite dans la màj II.II, dans la forêt d’Ynorie.)


[Kurgoth : 0,5 (trajet rapide dans la forêt) + 0,5 (discussion avec Endar) = 1XP
Endar : 0,5 (trajet rapide dans la forêt) + 0,5 (discussion avec Kurgoth) = 1XP]
Image

Avatar du membre
Ezak
Messages : 175
Enregistré le : mar. 22 déc. 2020 06:18

Re: Les Bois Sombres

Message par Ezak » ven. 8 janv. 2021 17:43

J’arrivai bien vite dans les bois sombres suivi de mes troupes. C’était la troisième fois que je me retrouvais dans cette forêt. La première fois, j’avais dû rebrousser chemin après mettre fait attaquer par un groupe de Garzok et un Lykior. La deuxième fois, j’avais fait la route accompagner d’un jeune nécromant nommé Azra avec qui j'avais combattu contre des fanatiques de Brytha. J'avais fini par me brouiller avec lui sur Aliaénon. Cette fois, il ne se passa absolument rien. J’imaginai que cinquante-et-un homme traversant les bois devaient éloigner toute velléité. Les jours ne furent donc qu’une succession de marche silencieuse. J’eus voulu forcer le pas, mais j’étais obligé de tenir compte des conditions. Je ne voulais pas que l’un de mes hommes se blesse à cause du terrain accidenté par les racines et les branches des arbres. Je n’avais ni le loisir ni l’envie de pouvoir perdre du temps. J’en avais déjà perdu bien trop durant mon long coma. C’est donc sans incidents notables que se passa la route. Néanmoins, sur les derniers jours, les choses se firent plus dures. Les vivres commençaient à manquer et il fallut rationner pour être sûr d’arriver à destination. Les hommes fatigués traînaient donc un peu plus des pieds que d’habitude. La lassitude du voyage, couplé à la faim commençait à se faire sentir quand nous quittèrent enfin les bois. Les plaines de Kôshii n’étaient plus très loin.

La dernière fois que j’avais fait ce voyage, j’étais heureux de revenir sur mes terres natales malgré la situation. Il fallait dire que j’éprouve un attachement tout particulier pour elles. J’y ai grandi, une partie de mes racines s’y trouve. Cette fois, les choses étaient différentes. Mon cœur saignait, et les sentiments que je m’efforçais d'étouffer depuis de nombreux mois menaçaient de faire rompre mes défenses. Qu’en étaient-ils de ceux d’Oranan ? Je n’allais pas tarder à le savoir.

Avatar du membre
TheGentleMad
Messages : 152
Enregistré le : jeu. 30 août 2018 10:38
Localisation : Vers Omyre

Re: Les Bois Sombres

Message par TheGentleMad » dim. 10 janv. 2021 15:49

-----K-----


Pendant une longue journée de voyage avec le jeune humain dans les sinistres bois sombres, les deux voyageurs eurent l'occasion de faire connaissance. Kurgoth se présenta comme un vétéran de la bataille du nord de l'Ynorie, qui avait eu lieu quelques mois plus tôt, et retournait au front pour cette seconde bataille. L'humain, lui, venait du peuple Hafiz sur le lointain continent du Naora et se nommait Mikkah-El. Lorsque la nuit commença à tomber, la charrette s'arrêta enfin dans une clairière, Kurgoth la positionnant près d'une zone d'herbes très touffues dont Vagun'kal pourrait se régaler. Au moment de dresser le camp, il intima à l'humain :

"Plante ta tente pas trop loin de la charrette. Ça sera plus simple pour sécuriser le camp. Et raconte donc une histoire d'un héros de chez toi pendant que je prépare à manger. Vous avez sûrement des héros dont je n'ai jamais entendu parler."

Le barbare dressa ensuite sa propre tente sur sa charrette pour rassembla de quoi allumer un feu. Tout en écoutant l'histoire du jeune barde, il entoura le camp de chausses trappes et, un peu à l'écart, installa son piège à ours qu'il recouvrit aussitôt de feuilles. Mikkah raconta l'histoire d'un membre de son peuple, nommé Revan, qui vécut pendant l'ère obscure. Celui-ci aurait trahi son peuple pour rejoindre Oaxaca et obtenu d'elle un masque d'Olath le faisant dans une rage aveugle décuplant ses forces. Intéressé par un artefact pouvant décupler sa force, provenant qui plus est de la Cheffe de Guerre Suprême, le chevalier demanda plus d'informations sur l'objet. Malheureusement, la relique avait, selon le barde, disparue en même temps que son possesseur et nul ne savait qui la possédait aujourd'hui. Au moment de faire réchauffer la viande séchée au-dessus du feu, il fit chauffer davantage de nourriture que nécessaire et alla déposer le surplus sur le piège à ours tandis que l'humain finissait son histoire.

Bien que la nourriture autour du piège disparut cette nuit-là, aucun animal ne fut prit. Kurgoth n'était pas inquiet. Il savait que Ter Zignok n'offrait pas si facilement ses animaux sauvages. Le voyage jusqu'en Ynorie étant long, Kurgoth eu à nouveau l'occasion d'organiser son camp et son piège de la même façon la nuit suivante. Cette fois-ci, il fut réveillé en pleine nuit par des hurlements bestiaux. En sortant la tête de sa tente, il aperçut un ours pris dans le piège. Saisissant sa hache avant de se diriger vers l'animal, il ordonna à l'humain :

"Reste où tu es et dors. Je m'en occupe. Tu auras besoin de repos pour conduire la charrette demain pendant que je récupère."

Le prêtre de Thimoros se montra prudent pour la mise à mort. Il jugeait, en effet, stupide de se blesser juste avant une bataille. Ainsi bien qu'immobilisé par sa patte dans le piège, l'ursidé restait dangereux. Le barbare opta alors pour une mise à mort lente, préférant couvrir l'animal de blessures jusqu'à l'agonie tout en restant hors de portée de ses griffes, utilisant pour cela la longueur de son arme, plutôt que de tenter un corps-à-corps plus risqué. Coup de hache après coup de hache, l'animal finit par succomber sous les coups de la peau-verte. Cette dernière passa ensuite le reste de la nuit à cuire la montagne de viande qui nourrirait les voyageurs pendant le reste du voyage. Il mit toutefois la tête et la peau de côté, comptant les offrir à Karsinar.
611mots

Avatar du membre
Mikkah-El Sôdehbek
Messages : 39
Enregistré le : sam. 2 mars 2019 14:11

Re: Les Bois Sombres

Message par Mikkah-El Sôdehbek » lun. 11 janv. 2021 00:18

Finalement, le Garzok était assez loquace - et ne semblait point trop inamical. Il se présenta en premier et, comme tu t'y attendais, c'était un guerrier. Il te dit revenir d'une autre bataille et être prêt à en découdre dans une deuxième. Naturellement, tu pris un air impressionné quoique tu ne susses rien de cette bataille au nord de l'Ynorie - ni même celle vers laquelle il t'emmenait. Puis ce fut à ton tour de te présenter. Tu la fis courte.

"Je m'appelle Mikah-El. Je viens de Kers. C'est, euh, au Naora. Nous aussi nous sommes un peuple très guerrier et très fier."

Même si ta silhouette disait le contraire. Même si ce "nous" ne t'incluait plus depuis que tu t'étais auto-exilé par peur de subir pire de la part des autres Hafiz. Tout cela, Kurgoth n'avait pas à le savoir. Personne d'autre n'avait à le savoir en fait. Tu avais toujours l'idée d'accomplir le vol du siècle qui ne pourrait que te rendre le respect que tu avais toi-même dérobé à tes parents, mais la nouvelle voie dans laquelle tu t'engageais te convenait tout autant.

Le soir vint et Kurgoth arrêta la charrette dans une clairière située au beau milieu de la forêt que vous aviez commencé à traverser des heures plus tôt. Sautant à bas, Kurgoth t'intima de dresser ta tente et pas trop loin, "pour sécuriser le camp". Comme si quiconque aurait peur de toi. Quelques secondes, tu restas sur ton perchoir, avant d'avouer :

"Je n'ai pas de tente."

Piètre banni que tu faisais, qui préférait dormir dans un lit payé de quelques ballades et badineries. D'ailleurs, le garzok te demanda de raconter quelque chose. Un héros de chez toi. Il y en avait beaucoup. Ton choix se porta sur un qui aurait été vu comme provocateur voire irrévérencieux s'il eût été chanté à la cours de Kers : c'était la chanson de Revan le Revanchard, celui qui s'était retourné contre son propre peuple. Mais tu pensais que Kurgoth obéissait à Oaxaca et comme elle y jouait un rôle important, tu croyais que c'était une bonne idée. Tu replaças ton luth contre ton ventre et commença par deux notes, deux notes sur le pouce et l'index, qui se répétaient, se répétaient. De base, la chanson faisait partie de celles qu'on racontait pour faire peur. Tu avais donc décidé de t'inspirer plutôt de l'air d'une chanson plus épique, dédiée à un vrai héros Hafiz. Certains vers ne tomberaient pas très justes, mais pour oreilles ignorantes, cela ne se remarquerait pas. Sur ces notes, tu bâtis ta mélodie, sourde, mystérieuse.

"Écoutez... Au coin du feu, écoutez.
Cette histoire attirera les larmes - au coin du feu écoutez."


Premier accord ; la voix éclate.

"C'est l'histoire d'un Hafiz nommé Revan
Un Hafiz grand et fier et maître d'armes
Nul n'a jamais vu un sabre si léger
Une main si alerte et un pied aussi droit.
Mais dans son cœur grondait l'âpre danger,
Celui de l'âme, d'une conquête sans loi."


Tandis que tu chantais, tu regardais agir Kurgoth, le suivant quelques pas en arrière. Il installa sa tente et disposa des pièges dont l'un qui semblait trop large pour ne viser qu'un lapin. À un moment, alors que tu décrivais le Hafiz déchu, passé du côté d'Oaxaca et qui paraissait pour la première fois sur le champ de bataille avec l'équipement fourni par cette dernière - "Dans sa main droite était une épée de foudre piquante / Et dans sa gauche, sa sœur jumelle, l'infernale / Sur son crâne brillait le noir du casque rouge / Cette visière qui aveuglait son porteur / Réconforter sa rage et l'agrandir" - le Garzok t'interrompit pour en savoir plus sur le casque. Tu bafouillas un instant, ta corde sonnant à faux. Tu avais quasiment oublié qu'il était là - et tu détestais les interruptions. Tu bredouilleras quelques accords et quelques rimes.

"Du masque révanite, ou de ses autres objets,
Ils disparurent d'ici, suivirent le corps dans son secret.

La, hum, chanson ne dit rien sur les possessions de Revan après sa mort."


Là dessus, il fut l'heure de manger. Tu ne te fis pas prier. Alors que tu te battais avec la viande séchée, tu vis Kurgoth se lever pour en déposer sur le large piège. Décidément, ce n'était pas un herbivore qu'il attendait - et tu te demandas pourquoi attirer ainsi les prédateurs. Mais si la viande disparut comme attendue, cette nuit-là, le visiteur ne resta pas jusqu'à votre lever et tu oublias toute cette histoire jusqu'au lendemain soir. Les cris raques d'une bête enragée te levèrent prestement de ton sommeil. Ta main se porta par réflexe à ton luth avant que ton cerveau mal réveillé ne t'avisât qu'une arme serait de meilleur conseil. En jurant, tu saisis une de tes dagues et te précipitas. Mais Kurgoth était déjà prêt au combat et t'ordonna d'aller te recoucher parce que ce serait à toi de conduire la charrette le lendemain, argua-t-il. Tu fus terrifié de cette idée, mais sans demander ton reste, tu retourna sous la charrette où tu dormais. Pendant de très longues minutes, tu entendis les combattants. Puis enfin, un râle. Et tu finis par t'endormir, bercé par la chaleur du feu et le doux fumet qui s'en dégageait. Le lendemain, comme voulu par le garzok, tu étais en charge du voyage. Tu regardas le cheval et serras les dents.

"J'espère que tu sais où tu vas, digne destrier, parce que moi pas."
Mikkah - Voleur Haffiz

Multi : Kay de Kallah

Avatar du membre
Eldros Rougine
Messages : 108
Enregistré le : lun. 7 janv. 2019 14:57

Re: Les Bois Sombres

Message par Eldros Rougine » ven. 7 janv. 2022 21:09

<<<


La lumière du jour perce à travers les feuilles, effleurant mon visage. J’entrouvre un œil puis ouvre grand les deux yeux en me souvenant où je me trouve. Un rapide examen m’indique que je suis en vie, en possession de tous mes membres et que personne ne m’a touché cette nuit. Toujours adossé à mon tronc alors que le camp s’active autour de moi. Les feux sont étouffés, les abris de fortune démontés et chargés dans les chariots que les plus costauds se préparent déjà à traîner sur le sentier accidenté. Les camarades d’Uthurg en font partie, chauffant déjà leurs membres en tapant dessus comme des sourds, poussant des grognements à la fois d’efforts et de colères.

Les premiers groupes se mettent déjà en marche, en compagnie de Khynt, tenant toujours ses machines proches de lui. Taillant et broyant la flore qui gêne le passage. Je me redresse alors qu’Uthurg se rapproche pour me tendre un morceau de pain que j’accepte.

« Pourquoi être ainsi avec moi ? »

« Le respect. »

Rétorque-il d’une voix clair avant de vérifier les sangles de mon bouclier. Je le laisse faire, mordant à pleine dents le repas de la journée. C’est comme arracher un morceau de viande cru à un os. Je me sens reposé après avoir enfin réussi à dormir quelques heures sans interruption. La pause était en effet plus longue que d’habitude. Sans doute que ceux qui dirigent la troupe souhaitaient s’éloigner le plus rapidement des plaines pour éviter les représailles. Le Garzok me fait signe que mon bras est paré pour poursuivre ce à quoi je réponds d’un hochement de tête avant que l’ordre clair de se mettre en route est sonné. Un lourd grognement d’effort retentit dans les bois lorsque les mules se mettent à traîner les charrettes de matériel.

Au bout de plusieurs heures la pluie se met à tomber. Des nuages sombres surplombent la forêt déjà obscure. L’ambiance avait déjà changée depuis plusieurs kilomètres. D’un bois tout ce qui avait de banal nous étions maintenant dans un amas d’arbres sombres, aux branches menaçantes dont les feuilles peinent à pousser. Il y fait plus froid, plus humide que dans la partie plus au sud. Les grognements des mules se font plus forts et hargneux pour avancer malgré l’alliance de la boue et du dénivelé. D’autres bras apportent leur aide, même les machines du Modifié agissent pour pousser et tracter les chariots les plus lourds du convoi. A la pluie s’ajoute les éclairs et le tonnerre dont les lumières éblouissantes menacent la cime des arbres. Je patauge, glisse, peste, jure, alors que soudain un cri d’alerte retentit. Devant moi, plus haut sur la colline, rugissent plusieurs voix qui hurlent de s’écarter. Je comprends pourquoi quand une charrette déboule avec fracas de la pénombre, éjectant les moins rapides hors de son chemin. Elle fonce droit vers moi et j’ai fort heureusement le temps de m’écarter avant qu’elle ne me percute de plein fouet. Je la sens frôler ma hanche, menaçant de l’emporter. Un simple crochet de métal et j’aurais pu lui dire adieu. Je chute dans la boue, ma main restante glisse alors que je tente de me rattraper et je m’étale de tout mon long, salissant mon plastron, mes jambières, même mon visage va à la rencontre du sol alors que l’objet de mort s’écrase contre un tronc.

Grognements, cris et insultes se font entendre alors que l’alerte est passée. Je me redresse difficilement en jurant alors que les responsables de la charrette s’approchent d’un pas tranquille, jaugeant d’un œil méprisant ceux qui sont au sol, dont moi.

« Bande de crétins ! Vous n’êtes que des incapables ! »

Vociférais-je après avoir craché la boue qui s’était infiltrée dans ma bouche. Le groupe de Garzok cesse son avancé pour se tourner vers moi sous les regards surpris des autres aux alentours. Pensaient-ils que j’allais m’écraser comme une larve face à ces êtres inférieurs ? Devant ces résidus de débiles porcins ! Ces engeances venu d’ailleurs ! Comment osent-t-ils me regarder ainsi ?! Moi !
L’un d’eux s’avance d’un pas; plus grand que moi, plus large que moi, bien plus laid que moi. Un crâne chauve, un visage dur aux nombreuses balafres, une mâchoire carrée, un nez aplati, deux petits yeux enragés, le corps marqué au fer de différents symboles, hache lourde à la main. Je le défie du regard, nullement impressionné. J’ai tenu tête aux Lieutenants d’Oaxaca, survécu au cœur de la bataille entre le dragon noir et deux Déesses. Qui croit-il être pour penser ne serait-ce qu’un instant me faire peur ?

« Tiens ta langue avorton ! Ou je t’arraches les bras pour te les carrer dans le cul ! »

Crache t-il la bave aux lèvres. C’en est trop. Je dégaine mon arme, générant une vive réaction de l’Orc face à moi et de ceux aux alentours qui s’écartent pour ne pas subir un coup du duel qui s’annonce. Mon adversaire réagit rapidement, tout comme ce sac à balafre de Kurgoth; sang vif, esprit lent. Dans un rugissement tonitruant il pivote en élevant sa hache pour l’abattre sur mon bouclier dressé contre l’acier et la pluie alors que tonne l’orage. Je me demande à cet instant si un bras de chair aurait pu encaisser ce coup alors que je sens mes pieds s’enfoncer dans la boue. Le flanc offert, je frappe, taillant son ventre alors qu’il appuie encore de son poids sur mon bouclier. Il grogne et me repousse d’un coup de pied en pleine poitrine. Je me baisse, évitant un coup de hache qui passe au dessus de mon casque avant de faire un pas de côté pour éviter un coup vertical plutôt hasardeux à cause d’une glissade dans la boue de la part de mon adversaire. Glissade dont je ne peux profiter, étant moi aussi victime du sol glissant. Une seconde de reprise d’équilibre pour nous deux avant de se relancer à l’assaut et alors que nous échangeons quelques coups sous les encouragements des Garzoks aux alentours je me rends compte que mes compétences de combattants se sont nettement améliorées. Il est loin le bretteur ridicule lors de son premier abordage. Phaïtos m’a guidé vers La Baliste puis vers la guerre où j’ai pu au fil des mois être un guerrier au nom de mon si grand Dieu. Capable de tenir tête à un Garzok qui fait le double de mon poids, de bloquer, parer, esquiver et riposter face à ses assauts. Des assauts d’une brutalité typique de la part de ce genre d’animal. La hache s’abat encore sur mon bouclier, je le dirige pour que sa force le mène vers le sol en faisant remonter mon arme le long de ses bras pour lui toucher le visage. Cette fois ce n’est pas un simple râle ou grognement mais bien un cri de rage que je lui arrache. Mais la riposte est immédiate, il balance une main imposante qui percute mon crâne suivi d’un coup de manche qui me déséquilibre. Mon casque s’envole et je vois le ciel gris se troubler quelques secondes alors qu’un éclair se dessine à nouveau au dessus des arbres. Un flash qui me remet les esprits en place alors qu’à nouveau la hache file vers moi. Je dresse mon bouclier, m’évitant de finir tranché comme une bûche mais je ne parviens cependant pas à éviter la main qui me saisit à la gorge et me soulève alors que je suffoque.

« Voilà ! Nabot ! Je vais te regarder étouffer comme une truite hors de l’eau ! »

Mais il déchante vite quand ma magie d’ombre agit, se libère de sous ma peau sous son regard soudainement effrayé. Une terreur qui me ravi malgré l’air qui se raréfie. Effroi qui se mue en douleur pendant que je sens sa poigne s’affaiblir et que les volutes sombres du don de Phaïtos lui recouvrent le bras en arrachant toute vie. Je ne vois que son épaule qui s’assèche et s’amaigrit pour finalement tomber quand ma lame vient lui sectionner le bras.

Je tombe à genoux et cherche à reprendre mon souffle plus rapidement qu’il ne se remette de la perte de son membre. Je raffermis la prise sur mon arme et charge sans attendre, lame en avant pour lui percer le torse puis j’écrase mon bouclier contre son crâne alors qu’il darde un regard meurtrier vers moi, l’étourdissant assez pour lui faire lâcher son arme. Etourdit, presque inconscient, il ne peut réagir quand d'un geste vif je lui tranche la gorge.

« Voilà ! Je vais te regarder te vider de ton sang comme un porc ! »

Il s'écroule et mon pied frappe son groin alors qu’il est allongé dans la boue, agrandissant la plaie à sa gorge. Je laisse échapper une quinte de toux avant d’inspirer profondément pour remplir d’air mes poumons. Le temps semble s’être figé autour de nous, personne ne bouge. Immobiles sous la pluie, comme des statues révélées par les éclairs qui grondent au dessus de nous. Une colère qui s’ajoute à la mienne. Je suis furieux d’être ainsi couvert de boue. La gorge, la poitrine et la tête douloureuse. D’avoir été considéré comme un être faible. Mon regard noir se darde vers les Garzoks qui accompagnaient celui qui se vide de sa vie sur le sol.

« Un autre veut-il me voir suffoquer comme une truite ? »

Tonnais-je après l’orage alors que passent à côté de nous en râlant les autres Orcs du convoi. Aucun n’ose répondre. Je poursuis, d’une voix forte, autoritaire, il est temps de dresser ces Garzoks:

« Alors dépêchez vous de ramasser vos merdes et de les mettre dans cette charrette ! »

Je pointe de ma lame encore sanglante le chariot tiré par les compagnons de Uthurg qui m’observe avec les bras croisés, patient et attentif.

« Et vous prendrez leurs places. Evitez cette fois de perdre une autre cargaison. »

Les deux amis d’Uthurg me regardent, ainsi que les autres mules, d’un air surpris et satisfait de se défaire d’un tel effort. Si je veux garder le contrôle, je dois me faire des alliés. La pièce de théâtre que j’ai construite sur La Baliste doit recommencer ici sauf qu’il s’agit maintenant de Garzoks et que je vais devoir faire preuve de plus d’autorité et de force que de bienveillance. Je vois le visage d’Uthurg se fendre d’un sourire satisfait, donnant un étrange aspect à sa gueule balafrée tandis que les Garzoks s’exécutent sans rechigner. Ses deux amis s’approchent de moi et m’interroge sur ce qu’il faut faire du cadavre à mes pieds. J’y adresse un regard méprisant avant d’essuyer ma lame sur sa peau.

« Faites en ce que vous voulez. »

Je rengaine et reprends la marche en intimant aux autres de me suivre. Si ces imbéciles peuvent penser que je suis dans les bonnes grâces de Khynt, alors autant m’en servir.


>>>
Modifié en dernier par Eldros Rougine le lun. 10 janv. 2022 21:21, modifié 2 fois.

Avatar du membre
Eldros Rougine
Messages : 108
Enregistré le : lun. 7 janv. 2019 14:57

Re: Les Bois Sombres

Message par Eldros Rougine » dim. 9 janv. 2022 21:29

<<<


Le convoi poursuit son chemin et les regards méprisants se sont fait de plus en plus rares. Au contraire même, j’y vois plus de respect, voir de crainte. La défaite de ce Garzok il y a quelques jours a visiblement calmé les ardeurs des plus téméraires. Mieux encore, il a rallié les plus dociles. Je suis désormais constamment entouré d’Uthurg et de ses deux camarades portant le nom de Nàkhzog Urad pour le vert et Obei Grimgor pour le gris, plus quelques autres Orcs alors que des clans semblent de plus en plus se former au sein des troupes, présageant le pire, bien qu’attendu, une fois que nous serons arrivés à Omyre.

Ces quelques jours plus tranquilles me permettent de préparer mes plans pour la suite. Il est trop risqué pour moi de rester à Omyre, Khynt pourrait changer d’avis et simplement décider de s’emparer de mon bras, la seule chose qui l’intéresse pour l’instant chez moi. Je dois faire mes preuves ailleurs et donc je dois trouver autre chose qui peut l’intéresser. Qui doit prouver mon utilité. Ce soir encore, ma prière à Phaïtos reste sourde. Je commence à comprendre qu’auprès de lui aussi j’ai encore des choses à prouver. Au fond ce n’est qu’une épreuve de plus.

(Je ne vous décevrai pas Ô Phaïtos.)

« Vous êtes préoccupé. »

Uthurg venait de briser le silence autour du feu crépitant. Tous le camp est d’ailleurs étrangement calme malgré les tensions qui s’épaississent de jour en jour. J’ai moi même un mauvais pressentiment. Alors que je dirige mon regard vers le sien il poursuit:

« Mais je pense que vous n’êtes pas préoccupé par la bonne chose. »

« Que veux tu dire ? »

Demandais-je sèchement. Je n’ai pourtant pas besoin qu’il me l’explique pour remarquer la différence flagrante qu’il y a par rapport aux autres soirs. J’étais bien trop préoccupé comme il l’a souligné. Autour des flammes les Garzoks ont gardés leurs armes près d’eux. Uthurg a sa hache à deux mains posé sur ses genoux, Nàkhzog ses deux haches courtes prêtes à servir et Obei ne s’est pas éloigné de sa rondache d’acier et de sa masse. Il en va de même pour les autres Orcs aux alentours qu’ils se soient montrés amicaux, autant que cette engeance puisse l’être, ou hostiles. Chaque petit groupe surveille un autre à travers des regards soupçonneux.

« Les Garzoks suivaient Oaxaca. Rien ne dit qu’ils suivront celui ou celle qui prendra sa place, surtout après ce qu’il s’est passé. Des Clans Orcs vont renaître de cette défaite. »

Assure Uthorg, ponctué par l’acquiescement des Garzoks à ses côtés. Instinctivement je reprends en main le fourreau qui contient ma lame et dégaine lentement alors que le soleil termine de se coucher, plongeant les bois obscurs dans une pénombre encore plus épaisse, éclairée par les rayons de la pleine lune et des feux scintillants du campement qu’un silence pesant vient englober. Plus rien ne bouge pendant quelques instants avant que le hurlement d’un loup ne brise le silence, suivi des premiers grognements et des clameurs au loin qui se répercutent jusque ici, comme un cri contagieux rependant fureur et hargne.

Un hurlement plus proche fait bondir notre groupe alors que nous sommes chargés par un autre. La mêlée est brutale, sanglante, rapide. Au tranchant de l’acier se mêle la précision des projectiles; un combattant à côté de moi en fait les frais, percuté par un javelot en pleine poitrine qui le soulève du sol malgré son poids, laissant une idée de la force de l’impact. Ma lame trouve un ventre à éviscérer, provoquant couinements et gerbes de sang, sang qui recouvre déjà le sol de la forêt teinté de la lumière rougeoyante des flammes qui éclairent la boucherie. Les corps tombent et j’avoue ne même pas savoir si il s’agit d’alliés ou d’ennemis, trop occupé à voir d’où les coups pourraient venir. Un Garzok surgit d’ailleurs face à moi en brandissant sa masse qui s’écrase contre mon bouclier. J’avise mon adversaire, déjà doté d’une plaie béante à la poitrine, je m’avance d’un pas pour me rapprocher de lui, avançant mon bouclier au niveau de son bras armé pour bloquer son geste avant de mettre un coup de manche d’épée dans sa blessure, lui arrachant un grognement de douleur avant qu’une flèche ne lui traverse le crâne. Je me sers de mon bouclier pour faire dévier sa chute et éviter de me faire écraser sous un tas de chair.

Je n’ai pas une seconde de répit avant de me faire violemment bousculer et de tomber au sol. Je lâche mon arme pour m’éviter une chute trop douloureuse, mon visage atterrissant tout de même à proximité du feu de camp. Je sens la chaleur lancinante fouetter mon visage alors qu’une silhouette se dresse au dessus de moi, un autre Orc révélé par la danse des flammes. Une monstruosité aux yeux noirs et aux cheveux blancs, une gueule capable d’engloutir ma tête. Un amas de muscles qui brandit une épée au dessus de sa tête. Je me protège derrière mon bouclier, encaissant le gargantuesque coup en poussant tout de même un râle de douleur mêlé d’effort pour ne pas finir écrasé. Un second coup puis un troisième s’abattent encore sur moi alors que la peau de mon visage devient de plus en plus brûlante. Je vois les gros doigts saisir le morceau de métal qui me protège de la mort pour le soulever, impossible de m’en défaire, je suis soulevé avec lui. Dans la précipitation je parviens à saisir une bûche enflammée de ma main squelettique et supporte suffisamment la douleur pour l’enfoncer dans la gueule ouverte de mon adversaire jusqu’à la gorge quand je me retrouve à sa hauteur. Son hurlement n’est que bref alors que ses cordes vocales sont entrain de fondre, il me relâche et je m’empresse de ramasser une autre bûche enflammée mais avec une extrémité encore saine avant que lui ne retire celle qui est dans sa bouche. Je brandis les flammes et mets le feu à son pagne de fourrure, transformant le mastodonte en torche vivante et silencieuse avant qu’il ne s’effondre à l’instar de beaucoup d’autres qui ont eu la malchance de tomber dans les flammes, éclairant d’avantage la scène de chaos qui se déroule sous mes yeux. Des Garzoks, des Sektegs et des Hommes qui s’entretuent pour quoi ? Je ne suis même pas en mesure de le dire avec exactitude. L’indépendance ? Le pouvoir ? La rivalité ? La haine ? Par vengeance tribale peut être ? Que ces idiots périssent si ils ne peuvent se contrôler, plus de morts signifie plus d’âmes pour le puissant Phaïtos.

Une âme de plus quand ce gobelin tente de me poignarder, je dévaste son visage d’un coup de bûche assez violent pour le faire valdinguer contre un tronc. Je ramasse mon épée pour cueillir un autre Orc qui ne me regardait pas, transperçant son buste du bas du dos jusqu'à la poitrine. Deux ennemis s’approchent, je dévie l’attaque du premier, l’envoyant sur le second avant d’abattre mon bouclier sur le crâne de l’attaquant et alors que celui blessé lève son arme pour me frapper un éclair jaillit de nulle part pour le foudroyer sur place tandis qu’à côté une créature de Khynt découpe en quartiers deux combattants qui s’affrontent. Je baisse mon arme, bien conscient que la lutte ne durerait pas. Le Modifié reprend le contrôle de ses troupes et alors qu’il charge une autre boule de magie il me fixe avec une certaine perplexité, me jaugeant un court instant avant d’abattre son sort sur un autre Garzok qui tenait à poursuivre le combat en me chargeant. Il poursuit ensuite sa route sans m’accorder un autre regard, suivi de ses créations qui ramènent l’ordre. Je balaie les alentours d'un rapide coup d'oeil, constatant qu’Uthurg, Nàkhzog et Obei sont encore en vie.

Très rapidement, l’ordre est donné de se préparer pour le départ et que plus aucun écart ne sera toléré. La marche reprend en silence après quelques minutes, le temps de remettre les affaires sur les chariots. Avec une information clair, Omyre sera atteinte demain en fin de journée. Enfin le voyage s’achève, encore une épreuve de traversée.

>>>

Répondre

Retourner vers « Terres Sauvages de l'Omyrhie »