Lande Noire

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Jorus Kayne
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Re: Lande Noire

Message par Jorus Kayne » ven. 3 mars 2023 21:22

Passé la tension du moment, avec la présence du dragon noir et sa menace sur Esseroth, mon état, sans avoir empiré, n’est plus aussi supportable qu’avant. Le mutisme dans lequel est plongée ma faéra ne fait qu’accroître la douleur ressentie. Je me laisse porter par les événements, suivant le groupe sans vraiment prendre conscience de ce qui m’arrive. C’est donc autour d’une table, assis sur des chaises sans confort, que nous nous retrouvons tous. Si les prises de paroles s’enchaînent et les informations se passent de l’un à l’autre, je ne me sens pas à l’écoute, plongé dans une bulle que j’ai moi-même érigée, tenant mon bijou entre les mains, guettant le moindre signe d’activité de ma faéra.

Le temps passe sans que je ne m’en rende compte, jusqu’à ce que finalement, le premier qui s’inquiète de mon état soit Vissélion, pensant qu’il s’agit-là d’un effet secondaire dû à une utilisation massive de la magie. Pourtant, loin de ressentir une forme d’empathie de sa part, je me méfie de son attitude et fixe la table devant moi en me prenant la tête.

"Pardon excusez-moi je…je ne me sens pas très bien depuis que je suis…revenu ici. J’ai réussi à un peu passer outre avec…l’urgence, mais…je…je ne saurais pas expliquer ce qui...m’arrive, ni comment faire passer cet…état. Mais…je ne crois pas que cela soit en rapport avec la magie…du moins, pas son accumulation. Teruki et…sa femme…sont dans le même état."

Puis j’entends Xël proposer de se rendre ailleurs, avant de s’inquiéter à son tour de mon état. S’il est le premier des aventuriers, Yliria est la première à venir jusqu’à moi, posant une douce main sur mon front, cherchant un signe de fièvre, sans que je n’oppose aucune résistance.

"Je me disais bien que t'étais trop silencieux. Si tu veux rester te reposer ici, tu peux, d'accord ?"

(Finalement elle aura succombé à mon charme !)

Puis elle demande aux sorciers si l’un d’eux possèdent des aptitudes de guérisseurs. Les maux qui m’affligent, semblent visiblement hors de la portée de ses sorts magiques. Zacara est spécialisé dans la magie curative, mais ses pouvoirs semblent particuliers. La Lande Noire demande parfois une contrepartie pour les soins majeurs.

(Zacara ? Ha non par pitié, pas lui ! Le guérisseur sera pire que le mal qui m’atteint !)

"Trop silencieux ? Je suis censé le prendre co...comment ?" Fais-je en retour à Yliria, retenant de justesse un haut-le-cœur.

"Comme la vérité. Va te reposer. Si tu vas pas mieux à notre retour, on trouvera une solution." Dit-elle avec un petit sourire moqueur.

Les échanges ne cessent pas malgré l’inquiétude de mon état, mais plus alerte, je comprends que tous sont décidés à partir.

(J’ai navigué durant de nombreuses années, je vais pas me laisser dicter ma conduite par un petit mal de mer !)

"Vous partez ? Je...je viens. J'ai tenu tête à un dragon, je suis...sûr d'être utile..." Fais-je en me levant difficilement. Puis un étrange sentiment de malaise le force à s'asseoir. "...ou pas !"

(Ha non, c’est pas qu’un mal de mer ça !)

"Et...vous allez où au juste ? J'ai pas été...hyper attentif !"

(C’est là qu’Ysolde m’aurait sermonné un truc du genre : Pas attentif ? Comme d’habitude quoi ! »)

Yliria me propose à boire, avant de m’expliquer qu’ils savent que notre camarade à l’allure de vieil arbre cramé et le sorcier Ibn, sont détenus en cellule, grâce à une vision de Xël. Puis elle m’encourage à aller voir Zacara, avant de m’autoriser à les accompagner.

(Et voilà Yli qui m’envoie vers ce bourreau de Zacara !)

De ces dernières informations, je me dis que finalement, ma mission avec les dragons s’est peut-être pas si mal déroulée au vu de la situation de l’Oudio.

"La prison ? Finalement je crois que...que je m'en suis mieux sortie en...en envahissant le corps d'un dragon ! Même si lui n'a guère app...apprécié !"

Puis mon regard tombe sur l'étrange manège. Plusieurs yuiméniens semblent s’intéresser à l’identification de runes en leur possession. Si j’ai peut-être moi aussi de tels objets dont la nature devrait requérir leurs savoirs, il y a une chose sur laquelle je n’ai pas de réponse.

"Tant que...tant qu'on y est, il y a quelqu'un qui pourrait jet...jeter un œil ou deux sur ma...cape ?"

C’est Akihito, l’oranais qui vient à moi, proposant ses services. Il prend la cape que je lui tends et fronce les sourcils.

(Ha ça y est ! Je suis sûr que je suis tombé sur une copie ou un vieux truc miteux !)

"Mmmh. C'est pas commun." Commence-t-il, attisant mon intérêt, avant de l’enfiler et de disparaître sous mes yeux, ne laissant qu’un très léger un cliquetis de métal que j’ai du mal à percevoir. "Je sais pas ou vous avez trouver ça, Jorus, mais votre cape est enchantée d'un puissant sort de camouflage. J'ignore exactement combien de temps il peut durer, mais au moins plusieurs dizaines de minutes." Déclare-t-il en apparaissant dans mon dos.

Je me tourne lentement vers lui pour lui faire face, alors qu’il approche pour me rendre la cape.

"L'enchantement se déclenche par la pensée, mais son utilisation est très limitée : ce type de magie demande du temps avant qu'elle soit réutilisable. Vous en saurez plus en l'utilisant."

"Vraiment ?" Fais-je en écoutant les détails de la cape. "Je comprends mieux à présent !" Dis-je pour moi seul, avant de recroiser le regard de l’homme qui me rend son bien. "Moi qui ne pensais avoir trouvé qu’un brimborion. Je vous remercie Akihito, vous et votre sapience." Fais-je en ne m’inclinant que légèrement à cause de mon état.

Puis je me décale vers le reste du groupe, sans pour autant offenser Akihito en lui montrant le dos. Il me semble avoir compris que la situation de l’arbre est due à cause des Sans-Bannières.

"Vous allez à l’encontre des Sans-bannière c’est...cela ? Faite attention à vous. Egregor m’a expliqué qu’ils ont...commis des actes impardonnables à Esseroth lorsqu’ils y étaient présents. Ils semblent...prêts à tout pour éliminer toutes traces du Sans-Visage de ce monde."

Tout le monde n’a pas l’air de m’écouter, ou alors c’est mon état qui me le fait croire. Il me faut trouver Zacara. Si vraiment il peut faire quelque chose pour mon état, allons voir ce sorcier dont la parole suffit à me faire frémir. Or le sorcier se trouve à l’extérieur. J’ai la chance de pouvoir compter sur Yliria et ses ailes. C’est une fois sur place que je retrouve le sorcier. Une fois sur la terre ferme, je vais me diriger vers lui d’un pas chancelant.

"Zaca...zaca...za..., za...ca...ra pardon, je ne suis pas en...très bonne forme en ce moment. On dit que vous...pourriez peut-être guérir mon...état actuel. Savez-vous ce qui...m'afflige actuellement ?"

Devant ma difficulté à prononcer son nom, il m’invite à l’appeler de la façon la plus simple pour moi, sans craindre de l’offenser. Ce à quoi j’accepte d’un simple : "Entendu." Il accepte volontiers de se pencher sur mon état et me demande ce que je sais de ce qui m’arrive et les diverses sensations ressenties.

"Je n'ai pas le moindre idée de ce qui...m'arrive à dire vrai. Je suis dans cet...état, tout comme les deux surv... vivants de Fan-Ming. Nous so... sommes ainsi depuis notre arrivée...sur la Lande Noire."

"Vous étiez plus tôt sur la Lande, pourtant, et ne sembliez pas en souffrir alors." Dit-il avec un air indescriptible, avant de poser le revers de sa main sur mon front. "Vous n'êtes pas fiévreux, et ne semblez souffrir d'aucune blessure physique. Votre court séjour à la montagne n'a pas pu vous faire contracter si vite une maladie, et je n'en connais aucune qui possède aussi peu de symptômes clairs. Est-ce de la fatigue ? Cela pourrait ressembler à l'épuisement ressenti lors d'une trop vive utilisation de la magie."

Je me perds déjà dans ses propos, mais je tâche de comprendre l’essentiel.

"Visselion a déjà... pensé à une utilisation de la ma...magie, mais cela n'explique pas... l'état des survivants. Un effet se...se... secondaire de la magie vous pensez ?" Je m'arrête un instant avant de reprendre. "Mais comme vvvvous dites, j'allais très bien hier avant de pppartir."

Si ma proposition attise son intérêt, il m’invite à décrire les différentes sensations ressenties, qu’il s’agisse de mes émotions, des troubles physiques, comme de la sensation de moi et de mon environnement.

"Vous expliquer ? D'accord. Alors, je me sens... comment dire, divisé. Je me sens terriblement fatigué, mais en...en même temps avec la sensation d'avoir plein de...force. Je suis assis, inerte, tout en...ressentant une... une immense liberté de mouvement. Je ressens une colère qui n'est pas...mienne, qui n'a nulle...source. Je ressens une gêne lorsque je veux...m'asseoir, comme s'il y avait quelque chose dans....mon dos."

"Ce que vous dites n'a pas beaucoup de sens... Laissez-moi tenter ceci."

Il pose ses mains sur mes tempes, et une sorte de chaleur me s’invite à l’intérieur de mon être. Une chaleur assez agréable. Puis à un moment, il s’arrête la tête pensive.

"Vous... C'est curieux. Vous semblez être ici, mais pas entièrement. Comme si votre âme avait trouvé un moyen de partiellement sortir de votre corps pour s'en aller ailleurs. Êtes-vous coutumier des projections astrales, yuimenien ? Mais cela n'explique pas votre état. Je pourrais essayer ceci..."

Il pose sa main cicatrisée sur mon torse et use de nouveau sa magie. Cette fois-ci, la chaleur est plus forte, plus profonde et plus intense que précédemment. Or, loin de me transformer en un brasier vivant, elle me donne une force renouvelée, tandis que mal qui m’accable depuis mon retour s’est grandement dissipé, bien que toujours présent.

"Vous... devriez vous sentir... mieux. Mais... mais votre âme est... toujours morcelée. Je... je ne comprends pas."

"Effectivement, je me sens bien m…" Puis je remarque son état. "Je suis désolé. Lorsque les vôtres ont mentionné que votre magie pouvait vous demander une contrepartie, je ne pensais pas que cela vous coûterais tant ! Votre magie est véritablement remarquable, il est regrettable d’en subir de tels retours. Comment-vous sentez-vous ?"

"Ca ira, j'ai l'habitude, ne vous inquiétez pas." Commence-t-il pour me rassurer. "Mais sachez que rien n'est gratuit, dans la vie : tout a des conséquences, directes et visibles ou indirectes et pernicieuses. Gardez cela en tête quand vous agirez."

A ces mots, le souvenir des corps de Fan-Ming fait écho en moi, de même que la vue du dragon, quittant la cité avec la mauvaise impression que je lui ai laissée.

"Je tâcherai de faire preuve de prudence ! Souhaitez-vous que je vous raccompagne ?"

Il clame vouloir rester ici, n’appréciant pas que les siens le voient dans un tel état de fatigue. Il préfère aller s’asseoir sur un roc à sa hauteur. Sa respiration trahit une fatigue bien plus importante qu’il ne le laisse paraître.

"Dans ce cas, je vais rester avec vous un peu." Dis-je en m’asseyant à ses côtés. "C'est de ma faute si vous êtes dans un tel état. Cependant, votre attitude pique ma curiosité. Si vous me le permettez, pourquoi crainte le regard de vos pairs ?"

Il répond que c’est leur attitude protectrice qu’il préfère éviter. Ils ne voient de ce pouvoir que le coût qu’il réclame, plutôt que la bénédiction que Zacara éprouve pour sa propre magie.

"Je pense que vous avez tous raison. Votre pouvoir est une bénédiction. Cependant, au vu de ce qu'il vous coûte, prendre soin de vous c'est aussi conserver ce pouvoir." Puis je regarde l'orbe. Cette sphère dont l’étrangeté et la nature me dépassent. "Que s'est-il passé ici au juste ? J'ai pas suivi tous les détails à cause de mon état ? Du moins, si vous vous en sentez la force bien sûr !"

Il explique qu’il a déjà connu pire et montre sa main abimée par le feu. Puis il m’explique ce qu’il sait des événements.

"Ce qui s'est passé... Nous ne sommes sans doute pas, vous comme moi, assez éclairés pour comprendre la totalité de ce qui a eu lieu. Un miracle des profondeurs qui a rétabli l'équilibre de la Lande et énervé le Titan. Une défense héroïque des vôtres qui ont créé leur propre titan pour contrer l'ailé. Puis le chaos, cette créature venue de nulle part, arrachant vie et pouvoir aux deux entités titanesques. Mais c'était plus que ça : les enjeux, les puissances à l'œuvre. Nous ne sommes que fourmi face à l'infiniment grand."

J'écoute la version qu'il me narre en plissant les yeux.

(Oui, je suis sûr que Vissélion aura une tout autre version de ce qui s’est produit.

"Oui, je pense qu'il y a plusieurs versions des faits en fonction des personnes qui l'expliquent. C'est une chance que les choses se soient miraculeusement bien passées. Visselion n'aurait jamais dû inciter à agir contre le plan initial, mais nous en resterons sur le résultat final." Puis je m'inquiète de sa main. "Est-ce arrivé à cause ou en raison de votre pouvoir ? Qu'elle est sa nature exactement ?"

Zacara m’explique que la Lande reprend ce qu’elle lui donne, lorsqu’il se sert de sa magie pour soigner, dans un équilibre parfait. Contrairement aux autres sorciers qui utilisent la magie pour créer des sortilèges, lui a créé un lien puissant qui lui permet de jouer avec les préceptes de la vie et de la mort. Chaque usage de la magie affecte son corps, mais également sa psyché dont l’équilibre doit être complet pour éviter de sombrer dans les travers de l’esprit, tandis que les stigmates physiques et la douleur perdurent. Le contrecoup de sa magie, ce lien harmonieux qu’il entretient avec la Lande, le pousse à la réflexion et à se questionner de tout. Puis il plonge mon regard dans les yeux, m’offrant une image de son demi-visage un reflet malsain, avant de me demander si je crois au destin et si toutes actions est déjà écrite.

(Ha ! Je retrouve ce bon Zacara, à poser des questions existentielles. Avant, j’aurais été gêné par ce genre d’interrogation, mais maintenant que je comprends comment il en est à se questionner ainsi et qu’il m’a pratiquement guéri au détriment de son propre être, je lui dois au moins une réponse franche et une réflexion sincère.)

Fixant l’horizon devant moi, je tente d’exprimer mon ressenti à ma manière, avec mes propres mots.

"Le destin ? Est-ce que tout ce qui nous arrive est fixe ou sommes-nous les maîtres de nos vies ? Voilà une question que peu se posent, moins encore se targuent d'avoir la réponse et qu'aucun ne détient réellement. Nos vies sont écrites selon moi. Nous naissons, nous mourrons. Rien ne changera ce destin, un peu comme une chanson déjà écrite. Chacun la chante à sa manière, mais de la première à la dernière note, toutes sont les mêmes au final." Je m’arrête un instant avant de terminer. "Le destin existe-t-il ? Est-ce la vraie question à se poser ? Car si tel est le cas, cela changerait-il réellement les choses ? Si nous connaissons déjà la chanson, le vrai plaisir n'est-il pas de la chanter ?"

"Ces questions sont précieuses, et trouver leur vérité peut prendre toute une vie. Et pourtant... cette vérité est-elle un but en soi ? La connaître ne gâcherait-il pas l'existence ? Je crois qu'il est sage de se poser ces questions. Moins d'y répondre." Me dit-il en souriant.

"Je suis d'accord avec vous. La vérité est un but, une course qui nous fait avancer, mais dont l'arrivée doit s'éloigner au fur et à mesure que l'on s'approche, pour que jamais, nous ne cessions d'avancer. Elle est un horizon, visible mais incertaine, un besoin égoïste mais impalpable, elle pousse l'imaginaire et force à progresser vers l'avant."

Puis sans chercher à aller plus loin dans la réflexion, nous observons tous deux la Lande Noire, son paysage chaotique, qui pourrait bien ne plus l’être avec la chance scandaleuse dont certains joueurs ont fait le pari fou. Au bout d’un moment, je me lève. Non pas que je me lasse de ce silence, mais en étant rétabli, je me dois d’être présent et d’agir. Je fais quelques pas pour me dégourdir mes jambes, ankylosées par la roche, avant de faire face au sorcier.

"Lorsque je suis arrivée ici, j’ignorais si nous aurions été capable ou non de venir à bout du Titan. Mais lorsque j’ai su que les sorciers d’Elscar’Olth, qui faisaient de nombreuses recherches sur la magie de la Lande, étaient toujours en vie, j’ai commencé à penser à l’avenir. J’ignore si la cité va renaître de ses cendres, mais ceux qui en étaient son essence, sont encore en vie et perdureront ce pourquoi la cité était : ses recherches sur la magie. Or, il faut quelqu’un à la tête des sorciers. Vous pourriez vouloir un chef. Vissélion pourrait très certainement remplir le vide laissé et je pense qu’il est capable de beaucoup, même si sa vision ne m’inspire guère confiance. Il portera la magie là où nul n’a jamais osé le faire avant. Cependant, je crois que c’est d’un guide que les sorciers ont le plus besoin et c’est ce que je vois en vous Zacara. J’aime ce lien que vous entretenez avec la Lande, cette harmonie que vous nourrissez, que vous chérissez et que nul ne semble comprendre. Avec un guide tel que vous, le souvenir Elscar’Olth mourra, de même que sa terrible réputation, laissant à la place quelque chose…d’unique, à façonner."

Je m’arrête un instant avant de reprendre.

"J’ai craint nos premiers échanges, aujourd’hui j’en suis presque avide. J’espère que ce renouveau, touchera Aliaénon, comme vous avez su le faire pour moi. Il ne tient qu’à vous de faire naître cette vision que j’aperçois. Merci pour le coût que vous avez accepté de payer pour moi et si les prochains événements m’empêchent de vous retrouver, je vous dis à bientôt, en espérant que vous serez toujours présent pour échanger quelques mots et réflexions en ma compagnie à l’avenir."

Sur ces mots, je m’incline devant le sorcier et m’en vais retrouver les autres, pour partir en quête de problèmes à l’odeur de bûches fumantes.

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » sam. 4 mars 2023 01:16

- Réunion dans la grotte
- Emmène Jorus voir Zacara
- Discussion avec Silmeria en prenant un bain
- Rapide échange avec Akihito.
- Laisse Xël faire son portail et l'emprunte sans hésitation.

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » sam. 4 mars 2023 02:20

« Je deviens un putain de sorcier de vision ou quoi ? » S'était exclamé Xël. Je m'étais installée à côté de lui parce que nous avions fait un assez bon duo dans la tâche qui nous était confiée. Mais je venais de le voir tourner de l'oeil comme s'il était victime d'une attaque d'apoplexie. Je venais tout juste de disposer une petite serviette de tissus sur la table, prête à entamer le miam qui m'avait été donné par Astérix-le-baveux quand Xël tournait de l'oeil.

Il prit une profonde respiration avant de continuer brièvement :

« Je viens de voir une vision d’Ibn et notre ami feuillu. Je pense qu’il faudrait songer à les récupérer. Rapidement. »

Yliria fut la première à s'intéresser à notre ficus vagabond en s'inquiétant d'une menace, d'une blessure - ça saigne, un sapin cramé ? - mais Xël n'avait pas de mauvaise nouvelle à ce sujet, ils étaient enfermés, probablement dans une des villes mentionnées par la gentille Simaya plus tôt, la ville de Ibn, ce curieux enturbané qui avait participé au comité d'accueil lors de notre venue sur ce monde. On envisageait déjà qu'il était grand temps d'aller secourir notre courageux camarade, au petit matin - ON ATTAQUE !

Tandis que l'ébauche d'un plan de sauvetage se profilait, je tenais à préciser un simple détail :

" Orbe qu'il faudrait envisager de récupérer, soit dit en passant. Je le vois pas rester là, aux quatre vents à attendre. "

Ylira commençait à prendre le rôle du chef de groupe, elle rassemblait les informations, les renseignements et dispersait les aventuriers comme ses forces sur l'échiquier que représentait ce monde. Etions-nous en train d'assister à l'éveil d'une figure émergeante de notre aventure ? Avait-elle pris le temps d'observer, d'analyser les personnages, les caractères, les capacités ? J'en doutais, elle n'avait pas l'air d'avoir parlé à beaucoup de monde malgré que je supposais qu'elle connaissait déjà la quasi totalité des aventuriers.


" La diplomatie pourrait-elle être employée à sortir Drac de là ? Je ne pense pas que, aussi maladroit qu'il puisse être, il ait pu faire quoique ce soit de grave. L'usage de la force devrait être utilisé en dernier recours. On peut aussi envisager d'y aller de nuit et de l'extraire de sa cellule furtivement. "

Elle me répondit que l'affiliation à Xël aurait pu être une des raisons pour laquelle notre flamboyante fougère avait été mise aux fers, je trouvais ça cher payé pour ce grand feuilli maladroit aussi inoffensif que ses cousins inanimés. Par ailleurs, elle insistait - non sans me regarder dans les yeux - sur l'importance d'éviter les initiatives foireuse.

" D'initiative foireuse, c'est à dire, je dois demander l'autorisation avant de mettre un cauchemar à quelqu'un ou le tuer ? "

J'avais parlé un peu trop vite, j'ignorais si elle était au fait de ma capacité à plonger les gens dans des cauchemars ou des stupeurs, mais tôt ou tard il fallait bien se dévoiler, ce n'était qu'en mettant en commun toutes nos capacités que l'on pourrait tisser un plan suffisamment solide pour être exécuté sans " initiatives foireuses ''

" Des actions irréfléchies comme tuer quelqu'un sans sommation ? Si jamais ça met l'un des notres en danger, je n'hesiterai pas une demi-seconde. " J'avais envie de la taquiner, elle était assez ferme avec les aventuriers mais je sentais une certaine réserve comme si elle ne me rentrait pas totalement dans le lard. C'était curieux mais amusant. Mais je suis assez bonne joueuse, si la Shaakte veut se montrer digne du rang de cheffe, peut-être allait elle me montrer une facette des Shaakts autre que ce qui me faisait littéralement vomir de dégoût. Je m'inclinais avec amabilité, comme pour lui céder.

" Si tu souhaites prendre les choses en main pour ce sauvetage, je serai sagement à côté de toi en attendant d'avoir une menace à éliminer. "

J'avais envie de voir ça de près, ne dit-on pas qu'il faut être proche des gens ? J'avais terriblement envie de m'approcher d'elle, de la sentir à côté de moi, allait-elle être à l'aise de me savoir systématiquement derrière elle ?

" J'ai besoin de me préparer avant. " Avais-je dit à tous, il ne fallait pas négliger l'importance d'une bonne hygiène et d'une excellente préparation avant une mission, qu'elle soit de sauvetage ou... De carnage.

On m'avait indiqué la fameuse source qui traversait ses ruines, à travers les galeries de pierres mal éclairées. Je suivais un minuscule cours d'eau qui rampait plus qu'il ne coulait sur les pierres lissées par son onde. A mesure que je m'enfonçais, le cours se fit plus large, devenant presque un petit ruisseau glacial qui coulait dans les entrailles de la terre. Pour toute intimité, un ballot de linge usé jusqu'à la corde, je n'y trouvais rien de bien intéressant si ce n'était qu'un ancien drapé que je roulais en boule sous mon bras avant de l'étendre plus loin.

Personne. Je détachais ma cape et laissais la robe filer le long de mon corps. Le tissus s'était accroché, presque collé par mon propre sang à ma peau glacée. J'avais froid. J'étais... Fatiguée ? Je sentais mon humeur me fuir, comme pour me plonger dans une étrange mélancolie. J'enveloppais mon corps dans ce linge blanc usé et me penchais pour nettoyer cette ancienne plaie béante sur ma gorge, le ruisseau se teintait de sang. Je sentais mes doigts s'engourdir, malgré ça, je continuais, mes cheveux alourdis par l'eau pendaient dans le vide, je troublais ce miroir qu'était la surface de l'eau à chacune de mes plongées dans laquelle je perdais toujours plus de sang. De la crasse. De la sueur. Une présence se fit sentir, je me tournais pour observer cette femme se dévêtir de son armure. C'était Yliria.

Elle avait les cheveux aussi blancs que les miens, c'était là le seul point commun que j'acceptais de reconnaître. Je ne pense pas que Hrist tolère l'espace d'une demi-seconde que je concède quelque chose d'aimable à son sujet, c'était juste que... Dévêtue, elle n'avait pas l'air si farouche, on devait avoir à peu près le même âge. Je détournais le regard, m'occupant de ma toilette, malgré notre caractère, je pense qu'il est important de bien préserver des moments " démilitarisés ". Je repensais par extension aux Garzoks. A Graal, Kurgoth, ce troupeau d'imbéciles heureux de Pohélis. Ces brutes épaisses et maladroites, malgré ça, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il y a bien de temps en temps des nourrissons Garzoks, des berceuses Garzoks, des biberons Garzoks et qu'on ne mouline pas la hache de guerre en poussant des hurlements bestiaux aussitôt pondu. Qu'est-ce qui fait que le monde devient fou ? Qu'est-ce qui arriverait si on mettait un enfant Garzok dans une famille d'humains aimants, allait-il retrouver ses instincts guerriers et égorger son père avant de pendre sa mère avec ses propres entrailles avant de sodomiser copieusement le chat en poussant des hurlements guturaux à la gloire de je-ne-sais-quel-totem-tribal ?

Celle que le Cornu avait appelé " peau noire " pestait de la froideur de l'eau. J'étais pourtant persuadée que les Shaakts étaient habitués à vivre sous terre comme les taupes et qu'un peu d'eau fraiche n'était pas un obstacle pour eux. Je toussottais légèrement, lui désignant du menton une marmite qui plus loin chauffait de l'eau.

L'eau froide a un côté très vivifiant. Autant avoir l'esprit affûté pour ce qui nous attend. " Je ne faisais que constater l'évidence, je me sentais toujours mieux après m'être gelé le corps, je respirais mieux, je me sentais plus... eveillée.

- Je préfère quand même ne pas grelotter en tenant ma rapière.

Elle m'observait sans s'en cacher. Je ne savais pas si c'était là du jugement ou de la curiosité, nous aurions pu être deux mortelles adversaires et pourtant nous voici, nues à nous laver dans une grotte. Si Tal'Raban me voyait...

- J'ai été surprise de t'entendre dire que tu allais me suivre.

" Il n'y a pas de quoi être surprise, tu sembles vouloir prendre les choses en main. J'ai toujours connu Xenair et ses directives, je n'ai pas l'habitude de travailler seule. Enfin si mais... sans aucune supervision. "

"J'aurais préféré ne pas avoir à le faire, mais au vu de la situation... Si Xel et compagnie donnait leurs informations je n'aurais pas eu à faire ça."

Elle commence à s'essuyer, sa toilette avait été rapide, là où je prenais mon temps pour rester dans l'eau glacée comme si sans m'en rendre compte, j'aimais me faire souffrir. La morsure du froid engourdissait totalement mes doigts et bientôt, je le savais, je ne pourrais plus les fermer entièrement comme si la rigueur de la mort m'avait frappée plus tôt que prévu.

- Je te pensais plus du genre à agir selon tes envies. Que ce soit pas le cas c'est... Rassurant. Tu es ici sur les ordres de Xenair ? Après qu'on l'ai vaincu je pensais qu'il ferait profil bas.

" Xenair s'est retiré. Laissant derrière lui sa place vacante, de mon côté je voulais me retirer de la vie d'Omyre et faire profil bas comme lui. Mais ma Faera a senti une grande perturbation et j'ai commencé à enquêter. J'ai infiltré la milice d'Oranan, passé les gardes et suis arrivée ici. Quelque part ça correspond un peu à ce que tu imaginais. J'ai écouté les petites voix dans ma tête. " C'était peut-être ça, elle devait me prendre pour folle. Comment pourrais-je la blâmer, je m'entêtais à systématiquement me rendre complexe à appréhender, sans parler de mes changements d'humeurs. Etait-ce quelque chose de naturel ? Avais-je su me confectionner ce mécanisme de défense ou... Suis-je simplement folle à lier ?

- Une grande perturbation... maintenant qu'on sait ce que c'est, ça fait sens.

Elle s'étire et commence à se rhabiller.

- Je ne t'imaginais pas non plus avoir une faera. J'imagine que j'en sais trop peu sur toi, au final.

" Exactement ce qu'on attend de deux personnes qui discutent pour la première fois, quoique je sais deux trois choses à ton sujet quand même. C'est bien la moindre des choses de se renseigner sur les personnes qu'on doit tuer. "

J'étouffais un petit rire, après tout, ça faisait parti de mon personnage, n'avais-je pas dit sur le même ton à Akihitochounou que je devais tuer la Peau noire ? Si seulement j'avais pu voir sa tête, si Falafel a pu être témoin de son expression, il a dû bien rire.


" Mais Tal'Raban a levé l'ordre à la défaite d'Oaxaca. C'est de l'histoire ancienne. "

- Tal'Raban voulait ma mort au point de te l'ordonner ? il devait l'avoir mauvaise...

Elle ne semblait pas en tirer de la crainte, plutôt une grande satisfaction. A vrai dire, elle avait fait assez forte impression dans les rizières, même Kurgoth voulait sa peau, s'il était tombé sur elle, ça aurait pu moins bien se passer. J'aurai probablement profité de leur affrontement pour la prendre à revers et la tueur plus ou moins proprement.


- Et que sais-tu à mon sujet ?

" Que ce qu'il a bien voulu le dire. Tu es adroite à la lame, tu peux employer de la magie solaire, tu as vaincu Xenair et participé à sa capture. Lui par contre... il doit l'avoir mauvaise. Je ne sais pas trop s'il attendait la bonne occasion pour se retirer ou s'il s'est senti vaincu et que son honneur lui a dicté qu'il était temps de se retirer. " C'est quand même fort compliqué de trouver des informations en plein champ de bataille, en réalité, il faut procéder à une filature, connaître sa cible, savoir où elle vit, ce qu'elle mange, ce qu'elle ne mange pas, qui sont ses amis, où ils vivent, qui sont ses ennemis, pourquoi le sont-ils ? Sur un champ de bataille, c'est plus ou moins facile, on mange tous de la terre, du sang et des larmes, les amis sont tous autour d'elle, les ennemis tous devant, et pourquoi le sont-ils, c'est uniquement parce qu'ils sont devant. Une fois aussi grossièrement simplifié, prenez toutes vos forces, mélangez le tout, ajoutez un soupçon de magie noire à travers un Gragon de mauvaise humeur et... Vous obtenez du riz au sang.

" Tal'Raban m'a même confié un Gentâme pour te traquer. "

Xenair peut s'estimer heureux. Si je n'avais pas stoppé Xël, il l'aurait tué alors qu'il était désarmé.

C'était vrai que ce petit fils de chat a voulu fumer mon ancien maître... J'avais presque oublié ce détail.

- On a eu affaire à son gentâme. Etrange créature... Ravie qu'il ne soit pas sur mon dos.

" On a eu l'occasion d'en discuter avec Xël, en effet. Mais c'était la guerre, j'imagine que ca fait partie du jeu. "

J'alignais mes lames dans le petit cours d'eau et laissait le sang s'écouler doucement. La Tueuse de Mage brillait à la lueur des faibles lumières dans cette eau qui déformait les reflets éclatant de cette lame argentée.

" En effet, il s'est retourné contre moi quand j'ai essayé de tuer Léona, cette morue. " C'était une petite façon de lui faire comprendre que oui, je m'étais retournée contre Oaxaca, d'une certaine façon et que bien que loyale à Xenair et Tal'Raban, j'avais participé à cet effort de guerre... A ma façon. Je n'étais pas tellement fière de ce qui pourrait être jugé comme une trahison, mais j'étais encore plus déçue de ne pas avoir pu atteindre le coeur de Léona, j'aurai bien essayé le cerveau, mais le coeur était probablement plus gros.



- J'appellerai pas ça un jeu... Et je sais même pas qui est Léona, mais si elle était dans son camp c'est pas si étonnant.

Comme quoi, j'aurai bien pu la tuer, je n'en aurai tiré aucune gloire.

- Enfin, ravie de savoir qu'il n'y a aucune animosité à ce niveau-là. On a assez de problèmes...

" Nul besoin d'animosité en fait. C'est mon travail. Je n'ai pas de haine envers les personnes que je chasse, c'est juste des noms sur une liste "

Je frottais les dagues avec un chiffon usé, l'entretient de la lame et du fourreau est trop souvent sous-estimé, je n'ai jamais connu que les Ynoriens pour vouer un culte à l'entretien de son arme.

" Quel est ton plan une fois sur place. Tu comptes faire un repérage ou demander immédiatement leur libération ? Je pourrais être utile pour espionner, je peux envoyer mon ombre espionner les alentours sans risquer de me faire prendre, ça me laisse cependant assez vulnérable puisque c'est comme si mon corps dormait pendant ce temps. "

- Le plan ? Trouver où est détenu Dracaena et, en fonction des forces sur place, la jouer fine ou bourrine. J'ai comme le pressentiment que négocier va être impossible, au vu du peu d'informations que j'ai concernant le rapport avec Xël. Mais si j'ai besoin d'une espionne, je saurai à qui demander.


" La jouer bourrine face aux forces d'une ville n'est pas la meilleure idée, je ne pense pas que nous ayons quoique ce soit d'impressionnant. On est même pas une équipe soudée, alors certes on verra sur place, mais j'ose espérer que face a la menace d'un énorme Gragon corrompu, ils estiment que notre Ficus cramoisi ne vaut pas le coup. "

Je soufflais comme déçue d'avance de ce plan.

' Mais compter sur le côté pragmatique des gens... "

- On avisera. Je préfèrerais éviter un bain de sang, dans tous les cas, mais c'est parfois la seule solution. Et puis peut-être que Xël a tout simplement prit un coup sur la tête et Dracaena va en fait très bien. Je trouve ses visions un peu trop pratiques et arrivant au bon moment...

Je n'y croyais pas une seconde, tout le monde était prêt à organiser le sauvetage à la seconde où il en avait parlé sans le remettre en question, je pense bien qu'elle y croyait ferme, que c'était juste une question de trouver un semblant de doute dans ce qui était un nid de certitudes. Elle aussi entretenait son arme avec soin.

- Avec un peu de chance, il y aura un type un peu moins crétin que les autres qui nous écoutera sur place.

" Comment tu fais pour les adversaires en armure lourde avec cette arme ? " Je trouvais admirable, cette longue lame fine, elle me semblait un peu souple mais j'étais curieuse de voir ce que ça donnait en combat. J'en avais déjà croisé quelques unes parmi mes victimes, mais la providence a fait qu'aucun n'eut le temps de la tirer de son fourreau.

- Soit je passe dans les jointures, soit je fais fondre le métal et le perce pour les embrocher. Et ça a le mérite d'avoir plus d'allonge que des dagues.

" Oh, intéressant. Ça demande une excellente dextérité en combat. C'est vrai que les dagues manquent d'allonge, mais ce n'est pas vraiment pour les combats à la loyale. L'une est empoisonnée, l'autre est enchantée et passe à travers les armures sans laisser la moindre trace. Mais il faudrait que je trouve mieux pour notre enquête. "

- Je m'entraine beaucoup, il faut bien que ça paye.

Elle semblait observer les dagues avec une certaine circonspection, comme si elle cherchait à savoir laquelle était enchantée et laquelle était empoisonnée. J'avais omis de préciser que j'avais également le Serpent qui offrait une excellente arme de secours

- Passer à travers les armures ? On dirait de la triche... De toute façon, si on doit sortir les armes ce ne sera pas pour faire joli, inutile de chercher à les remplacer pour le moment. Je préfère avoir tout le monde au meilleur de ses capacités, au cas où ça tourne mal.

" De la triche.. oui peut-être. De toutes façons c'est toujours mieux de ne pas laisser trop d'opportunités a son adversaire. Mais je ne suis pas rompue dans le combat a la loyale, c'est sûr. Ça ne dispense pas d'entraînement pour autant. "

J'arrange ma ceinture, m'assurant que toutes les fioles soient bien enveloppées. Ca serait vraiment catastrophique que la corruption se retrouve ici dans le ruisseau, si ça se trouve c'était un coup à empoisonner tout le monde et ne retrouver que des êtres corrompus à notre retour - si on revient, comme je l'espère.

" De toutes façons, la dague n'est qu'une façon de travailler. Pour le reste, les poisons sont d'excellents alliés. Rien de bien intéressant face à un Gragon... j'en ai peur. "

Les combats à mort sont rarement loyaux, quoi qu'en dise les chevaliers. C'était vrai, je pensais à Duval, son combat à la loyale était vaguement biaisé par son bouclier et sa lance, nous aurions dû nous battre à arme égale mais soit... Au moins il m'avait offert une mort assez plaisante, presque romantique, je crois que je l'aime bien. J'irai lui rendre visite peut-être, pas pour le tuer, juste lui faire un joli sourire et voir sa réaction. J'ai tellement hâte.

Elle rengaine son arme propre et met son bouclier à sa ceinture en haussant les épaules, elle avait fait assez vite, je n'étais toujours pas habillée.

- Je doute qu'une seule de nos armes soit efficace contre le Dragon. Seule notre magie aurait une chance et je pense savoir comment faire, mais il nous faut en discuter tous ensemble.

Soit. Je lui fit signe que je resterai ici un moment. J'avais envie de sentir l'eau froide encore, elle n'avait plus d'effet sur ma peau, je ne la sentais plus s'hérisser, je n'avais plus froid, au contraire, je sentais même une chaleur envoutante au bout de mes doigts qui se réchauffaient. Je me demandais pourquoi j'en étais là. Je me laissais faire facilement, je suivais en silence. Est-ce que j'étais destinée à ça ? Il y a toujours eu une certaine noblesse à servir Xenair et Oaxaca, c'était une situation bien plus enviable que les tire-laine et les autres bandits de grand chemin, tout juste bon à fuir devant la milice. Mais aujourd'hui, n'était-il pas grand temps de faire le point et d'envisager de nouvelles choses ? Je rêve toujours de cette maison perdue à la campagne, un petit jardin, des légumes, des ruches et des fleurs pour faire plaisir aux abeilles. Je voudrais avoir une petite maison, couverte de glycine, ne pas avoir peur des araignées qui s'inviteraient chez moi en hiver. Me contenter d'une soupe chiche pour le seul plaisir de tenir un bol chaud entre mes mains et de savoir qu'elles ne sont pas couvertes de sang. Oublier un peu l'odeur de la mort que je sème au profit de fleurs et de parfums plus légers.

Oui, ça serait une vie heureuse.

----------------------------------------

Va remonter et emprunter le portail de Xël.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » sam. 4 mars 2023 04:10

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

21 : Yliria prend les choses en main.

Déjà prêt à partir, Akihito pu observer les autres se préparer à leur tour, mais chacun à son rythme. Par exemple, Xël évoquait la possibilité de fractionner l’orbe rouge dans plusieurs objets, pour éviter de le laisser à l’air libre. L’idée n’était pas foncièrement mauvaise, mais pour contenir la toute puissance d’un dieu, cela allait demander des réceptacles dignes de ce nom et un processus magique qui pouvait facilement leur revenir à la figure. C’était le cas de beaucoup de choses sur Aliaénon, mais elles impliquaient rarement l’âme d’un Titan qui irradiait suffisamment la destruction pour affecter toutes les personnes autour de lui.
Simaya rassura tout le monde en ajoutant que grâce à la magie de Mathis, elle était désormais capable de maintenir le dôme tant qu’elle était à proximité. Et par proximité, elle entendait la région, ce qui était pratique pour qu’elle puisse les accompagner à l’abri de la grotte. En plus, Alossarh, Belarien et Zacara -l’homme au masque doré, comprit l’enchanteur- allaient garder un œil dessus. Si Bellarien n’avait pas eu l’occasion de montrer de quoi il était capable, les deux autres avaient prouvés leur compétence.
La semi-shaakte était un peu plus remontée, en revanche. Las elle aussi d’avancer à tâtons dans un monde qu’elle ne connaissait pas, elle demanda à l’Esserothéenne une carte, des informations sur la situation géopolitique sur Aliaénon, qui étaient puissants ou non. Akihito était à peu près sûr d’avoir formulé une demande similaire à son arrivée deux jours plus tôt, aussi s’attendait-il à ce que sa demande soit à peine répondue.

Peut-être n’avait-il pas demandé assez clairement.

Car une fois autour d’une table avec Visselion, Simaya et l’homme cornu d’Arthim’Olth, la mage se munit d’un parchemin, d’une plume et se lança dans un bref mais complet résumé des forces qui régissaient les différentes cités-états d’Aliaénon. Le tout en traçant en même temps une carte rudimentaire, mais fonctionnelle, du continent. Une pointe d’agacement passa sur le visage de l’enchanteur en constatant qu’ils auraient pu avoir ce qu’il estimait basique dès le début, mais il chassa vite ce sentiment. Ca n’aurait rien changé, de toute façon. Le seul participant dont Akihito n’avait pas le nom parla alors de sa ville d’Arthim’Olth. Une ancienne cité esclave, propriétaire de mines extrayant un métal dit indestructible. Cela intéressa naturellement l’enchanteur qui avait toujours sa curiosité pour les métaux exotiques, même si aux réactions des habitués d’Aliaénon, l’argent noir n’était pas simplement indestructible et quelque chose de moins reluisant y était associé. C’eut été trop facile.
Xël, de son côté, fut pris d’un mal soudain et ce qu’il annonça fut assez surprenant pour qu’Akihito se détourne de la carte de Simaya et des explications de l’homme cornu.

« Je viens de voir une vision d’Ibn et notre ami feuillu. Je pense qu’il faudrait songer à les récupérer. Rapidement.

- Les détails, Xël. Où sont-ils ? On les attaque ? qui les attaque, combien, comment ? Sont-ils blessés ? »

Yliria était elle aussi exaspérée par la rétention d’informations du mage, qui s’en excusa pour préciser son alerte : les deux concernés étaient emprisonnés, et l’Oudyo s’entretenait avec un Chevalier de Naral, un de ceux qui avaient juré de se débarrasser de tout ce qui avait un lien de près ou de loin avec le Sans-Visage. Une situation qui était étrange, pour qu’Ibn soit visiblement emprisonné dans sa ville natale dont il était un de ses membres imminents. Akihito aurait bien été sceptique sur la vision, s’il n’avait pas fait les frais lui-même des pauvres capacités relationnelles de Dracaena. Il était tout à fait probable que ce dernier ait parlé sans langue de bois.

(Très drôle, Aki.)

(Ose me dire que j’ai tort.)

(T’as pas tort, mais pourquoi tu l’as laissé y aller, si tu étais sûr que ça allait capoter ?)

(Je savais pas qu’il y aurait ces fameux chevaliers. Et eux, ils ont pas l’air de faire dans la demi-mesure.)

Si Dracaena avait tendance à ne pas savoir quand se taire, Akihito estimait que ce dernier avait au moins un instinct de survie. Et comme il ne connaissait rien des Chevaliers de Naral, il avait peut-être eu un mot malheureux au sujet du Sans-Visage ce qui l’avait condamné.

« Si les Sans-bannière sont présents, ils en sont sans doute responsables. Je crois savoir que les Cadi Yangin défendaient ardemment le Sans-Visage. Pas... ceux d'Ibn, mais ceux de Messaliah. C'est peut-être lié. »

Et Simaya donna immédiatement raison à l’enchanteur après avoir donné sa carte à Mathis pour que ce dernier puisse annoter certaines choses dont il se souvenait de ses précédentes missions sur Aliaénon.

« Oh si, ça va vous rendre dangereuse, peau noire. »

Akihito haussa un sourcil. S’adresser à Yliria de la sorte était risqué. Alors certes, le natif d’Arthim’Olth ne le savait évidemment pas, mais ça restait rude de s’adresser à quelqu’un en le réduisant à une caractéristique physique. Et surprenamment, elle ne le prit pas mal. Pas en apparence, du moins.

« Ça peut être utile alors, Monsieur le Cornu. Vous pouvez en faire des armes de siège ? Baliste, scorpions, avec les munitions qui vont avec, ce genre de choses ?

- L'argent noir n'est réellement efficace que s'il se nourrit de l'énergie de son porteur. Et il sert davantage à la protection qu'à l'offense. En faire des armes est possible, mais pas vraiment effectif. »

Voilà le point où l’argent noir révélait sa faiblesse. Yliria voulut en savoir un peu plus sur la potentielle létalité du métal, mais se ravisa avant d’aborder le sauvetage de Dracaena. Xël, Mathis et lui allait être envoyé sur place pour exfiltrer les deux prisonniers, le tout en évitant « de foutre le bordel ou de tuer quelqu’un » pour conserver des relations cordiales avec les mages du désert. Pendant ce temps, elle et les autres allaient rester sur place pour étudier l’orbe et savoir quoi en faire. Et s’il avait décidé de ne plus s’imposer dans les décisions du groupe, Akihito n’était pas idiot : s’il avait une remarque, il allait la formuler.

« Aller porter secours à Dracaena me dérange pas, en cas de problème je peux m'enfuir, mais sans Mathis. Et devoir traiter avec ceux qui ont juré de tuer ceux liés au Sans Visage avec Xël qui porte un de ses fragments me paraît dangereux. »

La voix et le ton neutre qu’il s’efforçait d’adopter fluctuèrent un peu quand il se tourna vers Xël, mais il reprit rapidement le contrôle dessus.

« Je t'ai appris le transfert magique : je peux t'aider à enchanter un portail vers ici dans un de mes objets subséquemment on aura un moyen de revenir sans toi dans les parages.

- Nous pouvons essayer mais plus qu’un sort, ce pouvoir est un don unique que l’on m’a confié. Je ne sais pas si ça peut marcher il vaudrait mieux faire un essai avant. »

Tout ou presque était possible ici avec la magie, mais le plus expérimenté des mages yuiméniens semblait l’avoir oublié. Il précisa aussi à Yliria que ses portails ne pouvaient être manifestés qu’en des lieux qu’il avait lui-même visité : une vision n’était pas suffisante pour qu’il puisse utiliser son pouvoir directement sur les prisonniers.
Yliria, puis Mathis déformèrent alors ses propos. Ils pensaient qu’il voulait aller libérer le duo seul, quand il ne faisait que rappeler que son pouvoir ne marchait que sur lui. L’enchanteur ne s’acharna pas à se justifier, ç’aurait été futile. Et puis de toute façon, la semi-shaakte semblait avoir pris le contrôle des opérations. Il lui découvrait une facette qu’il ne connaissait pas, plus affirmée, décisionnaire. L’ordre militaire de Tanaëth et son poste de vice-commandeur y était sans doute pour quelque chose, pour que même Silmeria et son aversion pour les shaaktes se range sans broncher à son avis d’y aller tous pour le sauvetage. Mais toujours avec une des remarques désarçonnantes qui la caractérisaient.

« Je peux tâcher de me faire discrète même si des morts fâcheuses ne sont pas à exclure. »

(Du pure Silmeria.)

(Pas Hrist ?)

(Hrist ne se serait pas exprimée au conditionnel. Elle aurait dit que les morts SONT à prévoir.)

Tout le monde avait l’air de vouloir aller sur place, sauf Jours qui n’avait pas décroché un mot depuis un moment et Xël qui n’était pas conseillé pour les négociations, mais qui était nécessaire. Même la raisonnable Simaya était partante pour y aller ‘en force’. Alors quand Mathis argua qu’il fallait au moins un Yuiménien pour rester à côté de l’orbe, Akihito leva la main.

« Ça peut être moi. Ça me dérange pas.

- Si on doit les libérer par la force, on y va tous les six. Pas besoin de nous pour garder l'orbe pour le moment, on trouvera une solution une fois la situation réglée. Si on doit le faire diplomatiquement... vaudrait mieux laisser Xël en dehors de ça pour éviter d'ajouter de l'huile sur le feu, mais ça risque du prendre un temps qu'on a pas. Seront-ils ne seraient qu'un instant enclins à discuter, de toute façon ? S'ils ont emprisonnés Dracaena pour son acoquinage avec Xël, venir demander sa libération nous mettra immédiatement dans la même catégorie. Autant gagner du temps et passer directement à la partie où on passe en force. Un assaut surprise ce serait le plus efficace.

- Je vois pas pourquoi on est pressé par le temps au point de risquer de se mettre une ville à dos sans tenter de savoir ce qui s'est passé avec Dracaena et Ibn. »

Tout le monde arriva peu ou prou au consensus de rester tous ensemble, et d’aviser une fois sur place, en laissant Simaya sur place pour continuer d’isoler l’orbe. La discussion n’alla pas beaucoup plus loin car beaucoup finirent par s’inquiéter du mutisme de Jorus. Ce dernier finit par dire qu'il ne se sentait pas bien mais il ne connaissait pas l'origine de son mal, et encore moins comment s'en remettre. L'enchanteur regarda tout ce petit monde se précipiter à son chevet, avant d'avoir son regard attiré par ce que sorti de sa bourse Mathis : des runes. Et il ne savait visiblement pas ce que c'était, puisqu'il les désigna comme des "cailloux". L'aventurier expérimenté ne l'était peut-être pas tant que ça, en fin de compte. Mais l'Ynorien pouvait l'aider, néanmoins.

« Ce sont des runes, des lettres-mots du Dieu Zewen. Enchâssez les dans un objet pour le dôter d'un pouvoir qui est associé à la rune de manière permanente, ou dites leur nom à haute voix et libérez leur puissance d'un coup.. La deuxième se nomme Tez, et signifie "Endurance". C'est avec elle que j'ai stabilisée Silmeria lors du combat contre les corneraures en stimulant son endurance. Les autres, je les connais pas. Mais je peux essayer de les identifier. »

Xël intervint en comblant les deux runes qu'il ne connaissait pas, les runes Xegu "Porte" et Aru "Soleil". Et à peine les nommait-il qu'elles se dédoublaient, reposant à côté de double rigoureusement identiques.

« Ah bah marrant. C’est la première fois que ça arrive. »

Akihito n'avait jamais vu de chose pareil, lui non plus. Encore, que... Il fouilla dans sa poche de runes, et confirma qu'il avait bel et bien les runes doublons qu'il avait trouvé sur lui, le lendemain de la nuit dans les collines oniriques. Il avait pensé que c'était un mauvais tour de son cauchemar avant de réaliser qu'il ne rêvait plus. Et la présence des runes doublons en était la preuve. Un effet d'Aliaénon ? Mais alors pourquoi la rune Tez ne s'était pas dédoublée, elle ? Il écouta et hocha distraitement de la tête aux remerciements de Mathis, tout à ses réflexions.

« Je te remercie Akihito... j'avoue que sans la présence de gens s'y connaissant, je me serais peut-être débarrassé de ces petits cailloux. »

Il releva à peine le Kendran alors qu'il donnait les doubles de ses runes à Xël qui les empocha sans broncher. Un paiement très généreux, car si la rune "Porte" allait difficilement être utilisable, la rune "Soleil" pouvait être bien plus puissante.
De son côté, Jorus était en plein délire. Tout en buvant difficilement dans la gourde que lui tendait la semi-shaakte, il raconta avoir envahi un corps de dragon. C'était sans doute possible, mais l'enchanteur pensait -espérait très fort, surtout- que c'était un geste trop stupide et dangereux, même pour une tête brûlée comme Jorus. Mieux valait pour lui que ce soit une divagation.

« Tant que...tant qu'on y est, il y a quelqu'un qui pourrait jet...jetter un œil ou deux sur ma...cape ?

- Je peux voir ce que je peux faire. »

A force de voir des artéfacts en tout genre, l'oeil d'Akihito s'y était habitué et la cape écarlate surpiqué d'or avait tout de suite retenu son attention quand l'enchanteur avait vu le jeune homme à Oranan. Enfin, si il était honnête avec lui-même, il l'avait surtout remarqué car elle détonnait beaucoup sur son propriétaire. Maintenant, il avait la chance de vérifier si son intuition était correcte.
La cape était faite d'un tissu très coûteux, même lui put le sentir. Et ce qu'il sentit aussi, ce fut l'enchantement qui était profondément incrusté dans le tissu. Fronçant les sourcils, il suivit du doigt les très légers motifs réhaussant le col. Le temps avait effacé les caractères, mais l'enchanteur pensa reconnaître les runes Aob et Tem, entre autre. La maîtrise de la lumière. Mais dans quel but ?

Le procédé lui rappelait l'enchantement présent sur ses propres bottes de Foudre. L'Ynorien en déduisit que la cape avait été enchanté par un enchanteur très doué, et qu'elle devait avoir un fonctionnement similaire.

« Mmmh. C'est pas commun. »

D'un geste, il passa la cape par dessus ses épaules. Si elle avait été créée de la même façon que les Bottes de Foudre de l'enchanteur Silverberg, alors il suffisait de penser, faire appel au pouvoir de l'artéfact mentalement pour le manifester. Utilisant ses sens aiguisés et particuliers d'enchanteur, il sonda l'artéfact.

(La maîtrise de la lumière. Bon, On peut faire quoi, avec ? En produire ? Non. L'absorber ? La lueur des bougies n'a pas l'air de s'affaiblir... La rediriger ? Visiblement pas ça. Ah. Visiblement.)

Une légère ondulation parcouru le vêtement, et il vit autour de lui le visage des personnes autour de lui marqué par la surprise. Regardant ses mains, il constata qu'il avait visé juste : il ne voyait plus son corps.

(L'enchantement permet à la cape de faire glisser la lumière sur le tissu, la dévier autour d'elle pour que le regard de quiconque voit ce qui se trouve derrière. Comme si le porteur était transparent. C'est astucieux,) reconnut la Faëra.

Après avoir fait quelques grands gestes juste devant le visage d'Yliria et Jorus pour confirmé les capacités de la cape, Akihito se déplaça pour voir à quel point l'enchantement restait viable en mouvement. Et elle l'était. Quand il retira la cape en s'étant mis de l'autre côté de la table, il constata que personne ne semblait savoir qu'il se trouvait là.

« Je sais pas ou vous avez trouver ça, Jorus, mais votre cape est enchantée d'un puissant sort de camouflage. J'ignore exactement combien de temps il peut durer, mais au moins plusieurs dizaines de minutes. »

C'était difficile de quantifier la durée d'un enchantement, simplement en sentant la magie circuler dans l'artefact. En tout cas, la petite vingtaine de secondes qu'avait duré son tour n'avait visiblement pas entamé la puissance encapsulé dans le vêtement. Il rendit la cape à son propriétaire en ajoutant d'un ton neutre et détaché.

« L'enchantement se déclenche par la pensée, mais son utilisation est très limité : ce type de magie demande du temps avant qu'elle soit réutilisable. Vous en saurez plus en l'utilisant.

- Moi qui ne pensais avoir trouvé qu’un brimborion. Je vous remercie Akihito, vous et votre sapience.

- Il n'y a pas de sapience là dedans. Juste un don que j'ai la chance d'avoir. Rien de plus, » répondit laconiquement l'enchanteur.

Le groupe se sépara ensuite, certains ayant besoin de préparatifs. Akihito n'était pas de ceux là. Avec lui, Mathis était resté lui aussi s'occupait de son chat; malgré l'apocalypse et les divers événements tous plus délirants les uns que les autres qui se passaient autour d'eux, l'animal était encore présent. Absence totale d'esprit de conservation ? Absolue dévotion envers son maître en dépit d'être un chat ? Toujours est-il qui sorti une tête et jeta un long regard curieux à l'enchanteur, présent à l'autre bout de la table. Peu désireux de faire la conversation, Akihito enfouit sa tête dans ses bras et ferma les yeux un temps. Une micro sieste la était la bienvenue et il ne rouvrit les yeux qu'un peu plus tard. Mathis n'était plus présent.

(Un peu moins de vingt minutes,) lui répondit Amy, anticipant sa question.

L'ynorien s'étira un coup. La nausée était passée, la colère et le ressentiment envers ses coéquipiers aussi, ou au moins apaisé. Il ne comptait pas pour autant revenir sur sa décision : ça n'allait pas être facile, mais il allait devoir se faire violence pour se tenir éloigné des décisions du groupe. Déjà dans la précédente discussion, il n'avait pas pu s'empêcher d'intervenir, pour un résultat très limité. Il se rendait peu à peu à l'évidence qu'il n'était pas un bon meneur, tant il était loin de faire l'unanimité. Et ce n'étaient pas ses coéquipiers qui étaient particulièrement indisciplinés ou individualistes : Yliria n'avait pas ou peu eu de problème dans la réunion précédente.

Posant sa sacoche sur un rocher-siège à côté de lui, il remit un peu d'ordre dedans regarda la fiole que lui avait donné le marchand la veille, qui n'avait pas encore trouvé sa place dans son paquetage. Quelque part, c'était un peu lui au sein du groupe. Il devait encore trouvé sa place, trouvé la distance à adopter avec les autres. Comme lui avait dit Silmeria.

Des pas résonnèrent dans son dos et l'enchanteur se surprit à savoir qu'il s'agissait d'Yliria sans avoir à se retourner. Malgré l'écho de la caverne, il reconnaissait la cadence volontaire de son amie, comme le léger bruit de sa rapière battant sa cuisse. Toujours avec l'artéfact dans la main, il se tourna vers elle. Ses cheveux encore légèrement humides témoignaient d'une toilette dont il devrait lui aussi songer à prendre.

(J'espère pour toi que tu sens pas le bouc.)

(Je doute que ce soit le genre de chose qui gêne Yliria,) se défendit mollement le mage.

(Ca t'empêches pas d'être un peu présentable pour elle.)

(... Tch.) Ils allaient allé dans un désert : il se laverait après avoir sué et été balayé par le sable, pas juste avant.

« T'as une minute ?

- Bien sûr. Tout va bien ? répondit-elle en lui jetant un regard curieux.

Il hocha légèrement la tête pour éluder la question, et lui présenta la fiole. De toutes les personnes présentes ici et malgré tout ce qui se passait, elle restait celle qu'il voulait le moins perdre.

« C'est un artefact qui réagit en changeant de couleur quand une personne choisie est en danger : c'est le cas, il aura une nitescence rougeâtre et son nom apparaîtra. Je peux désigner deux personnes, et j'aimerais que tu sois l'une d'elle. Juste pour le temps de notre voyage sur Aliaénon, je l'effacerai à notre retour.

- Pour être franche, çe me plaît moyennement... D'accord. Je dois faire quoi ? la boire ?

- Il me faut simplement une goutte de ton sang, à déposer là, » dit-il en pointant une extrémité de la fiole. Elle sortit sa dague et s'entailla le doigt pour y faire perler une goutte de sang, qu'elle déposa sur l'emplacement que lui avait indiqué l'antiquaire. Elle suçota son doigt tout en lui demandant comment il faisait pour tomber sur ce genre d'objet. Coinçant la fiole dans son baudrier à côté de la fiole d'hiver, il ferma sa sacoche et la remit sur son épaule.

« Aucune idée. A quia. Mais quitte à l'avoir, autant que ça serve à quelque chose, répondit-il évasivement en balayant la caverne du regard.

- Tu cherches quelqu'un ?

- L'un de ceux qui va monter la garde de l'orbe. J'ai pas envie de savoir rapidement si ce truc marche vraiment, mais si l'orbe échappe au contrôle de Simaya pour une raison ou une autre, j'ai envie de le savoir avant de revenir ici.

- Demande directement à Simaya, non ?

- Ou elle, oui. Peu importe qui.

- Tu es sûr que ça va, Aki ? »

Elle l'observait d'un air suspicieux. Il hésita à lui partager ses états d'âme, son décalage avec le reste du groupe. Et avec elle, bien que les raisons étaient différentes.
Il haussa son épaule valide et trouva une réponse qui allait faire écran, car ayant un bon fond de vérité.

« Aussi bien que ça peut aller après avoir appris que le Dragon noir était encore en vie.

- On va faire en sorte de s'en débarrasser pour de bon cette fois. »

Elle réussissait à trouver le moyen d'être compatissante, malgré tout. Peu fier de lui cacher ses réelles tracas, il s'éclipsa rapidement, en direction de la sortie de la grotte. Alossarh et Bellarien n'étant toujours pas revenu, ils étaient en toute logique encore à côté du massif globe rouge. Et il les y trouva, avec un peu plus loin le sorcier Zacara et Jorus. Ce qui n'était pas plus mal : des sorciers d'Elscar'Olth, ces deux là étaient ceux qu'il estimait le plus. Au milieu de nul part, son arrivée n'eut pas de mal à être remarqué et le duo se retourna vers lui; Bellarien était légèrement en retrait, ayant encore du mal à digérer les évènements de la matinée.

« Vous gardez l'orbe jusqu'à ce qu'on trouve d'autres personnes pour le faire, ou l'un de vous compte rester quoi qu'il arrive ?

- L'orbe est proche de notre grotte, nous la surveillerons en permanence, même si vous deviez vous barrer ailleurs pendant un moment. On n'aura qu'à se relayer.

- C'est un artefact qui me permet de savoir si quelqu'un qui y met une goutte de son sang est en danger, expliqua l'enchanteur en ressortant sa fiole. Je pensais à avoir l'un d'entre vous pour que si ça dégénère ici, je sois au courant. Parce qu'on quitte le coin : on va voir ce qui se passe à Metbe-el.

- Vas-y, j'ai pas d'arme sur moi. »

Loin de la défiance et l'accueil brutal de la veille, le sorcier tandit sa main sans sourciller et laissa Akihito entailler la pulpe de son annuaire sous le regard circonspect de Bellarien.

« Merci. C'est une précaution que j'espère inutile.

- Vaut mieux prévenir que guérir, répondit-il avant de continuer. Vous partez, donc ?

- Xël dit avoir eu une vision d'Ibn Al Sabbar et de Dracaena -l'arbre vivant qui nous accompagnait- en mauvaise posture. On va voir ce qu'il en est. »

Acquiesçant, le pyromancien assura qu'ici tout était sous contrôle et qu'ils étaient prêts à participer à l'effort de guerre pour abattre le dragon. Akihito soupira à la première partie de sa phrase.

« Il va nous falloir plus qu'un coup de main contre cette abomination, croyez moi. Et la situation est "gérée" oui... Vous vous souvenez des réserves que j'avais à propos de Visselion ?

- Je vous avais prévenu, intervint finalement Bellarien, tandis qu'Alossarh Crath' se contentait d'hausser un sourcil interrogateur.

- Et vous aviez raison. Vous parliez de plusieurs sorciers, d'un rituel complexe, de temps, Alossarh. C'est miraculeux si à trois seulement, ils ont pu remettre en place un seul sceau de cette manière. Tout aurait pu arriver avec ce sceau, y compris sa destruction. »

Rangeant sa fiole, il conclut.

« Je serais vous, je le surveillerais de près. Des fois que ce coup de chance insensé lui donne d'autres idées peccamineuses.

- Des fois, les risques paient : ça a été le cas ici. Sans son initiative, nous en serions encore au même point, sans savoir si nous pouvons agir réellement, ou réussir notre plan. Des fois, il faut passer par-là, et ne pas tergiverser cinquante ans pour rien.

- Aliaénon n'était pas à quelques heures près. Qu'est ce que ça aurait coûté de revenir avec un portail de Xël chercher d'autres sorciers ou nous pour sécuriser le rituel ? 5, 10 minutes ? Mieux vaut prévenir que guérir, non ? »

il secoua la tête de dépit, lançant un regard désolé à Bellarien qui semblait de son avis. Cet homme si suspicieux et réfractaire à la présence des Yuiméniens semblait le tenir en un peu plus haute estime... Et Akihito n'était pas certain que son approbation allait avoir un quelconque poids, même s'il avait décidé de continuer à participer aux décisions. Il avait été le premier sorcier d'Elscar'Olth avec qui il avait discuté, et avait naturellement pris sa philosophie prudente comme celle dominante de la ville. A tort : le résultat importait plus que la méthode, ici.

« Mais visiblement, nous sommes trop peu à nous préoccuper de comment ça aurait pu finir. Je ferai avec.

- C'aurait pu tout aussi mal tourner, même en étant nombreux. Et rien ne dit que toutes les salles des glyphes étaient accessibles. Une autre entreprise aurait pu être longue et fastidieuse, voire vouée à l'échec. Mais bon, de fait c'est derrière, et tant mieux. Ca fait du bien de voir que vous avez quelqu'un de prudent parmi vous : garder le sang froid peut parfois être également la solution, conclut Alossarh.

- Le sang-froid. J'aurais aimé le garder. »

Sur ces mots amers, il salua brièvement le duo et retourna en direction de la grotte. A son entrée, il déposa une marque du Tonnerre : il ne pourrait l'utiliser aujourd'hui, mais ça ne servait à rien de savoir Alossarh en danger si il ne pouvait pas le rejoindre. Sa fiole en main, il profita du chemin pour l'observer un peu plus en détails : un peu plus grosse que son majeur, il devait désormais savoir ce qu'il allait en faire. C'était bien de savoir que quelqu'un était en danger ; le remarquer suffisamment vite pour qu'intervenir ai encore une utilité, c'en était une autre. D'autant plus que si elle luisait quelque peu, c'était loin d'être remarquable si il était au beau milieu d'un combat et qu'elle était à sa ceinture.

(Et pourquoi pas la porter autour du cou ?)

(Mmh. C'est un peu lourd, mais ça sera toujours mieux que rien, si j'arrive pas à trouver une autre idée.)

En combat, son champ de vision se portait toujours devant lui. Toujours en première ligne, consulter quelque chose à sa ceinture ou à son cou était un luxe qu'il n'avait pas toujours le temps d'avoir. Ce qu'il avait en permanence dans son champ de vision, en revanche, c'était son bouclier. La face intérieure était en cuir, y amémager une cavité pour la fiole pourrait être possible. Sa Faëra lui fit remarquer qu'il n'avait pas toujours son bouclier à la main, et que les ennuis n'allaient pas attendre qu'il ai son bouclier devant lui pour se présenter.

(En revanche, tu as ton bras qui tient ton bouclier qui est aussi toujours dans ton champ de vision.)

(Oh.)

Jetant un oeil à son avant-bras, Akihito passa le pousse sur l'intérieur de son avant bras droit. Un espace protégé tant qu'on ne visait pas délibérément cet endroit, qu'il pouvait vérifier du coin de l'oeil et qui ne manquerait pas d'être remarqué. Sa cotte d'écailles en Drakarn était sanglée à cet endroit, et glisser la fiole entre les lanières de cuir se révêla assez dérangeant. Il lui fallait quelque chose de plus pratique, qu'il pourrait porter par dessus ses protections.
Alpaguant un des sorciers rescapés, il lui demanda si parmi les survivants se trouvait un tailleur, un forgeron, ou tout autre artisan capable de travailler tissu ou cuir. On lui pointa une femme non loin de là, assise sur un tabouret et entouré de dizaines de chaussettes, braies et autres habits en tout genre. Elle maniait l'aiguille et le fil avec adresse, malgré des traits tirés par la fatigue. Deux tresses blondes s'échappait de sa coiffe et encadrait son visage concentré. Et comme elle ne semblait pas remarquer sa présence alors qu'il venait de se mettre devant elle, il eut le temps d'observer son travail : à en voir sa dextérité, le travail du textile n'était pas simplement une tâche qu'on lui avait donné faute de personne qualifié, mais un artisanat qu'elle maîtrisait.

L'enchanteur, au bout d'une longue minute, se racla la gorge.

« Herm. Pardonnez moi, vous auriez une minute ?

- Hmm.

- J'aurais besoin de vos services. Vous pouvez prendre une... commande ? » dit il après un temps de réflexion, faute de mot plus approprié.

Akihito avait connu des commerçants plus chaleureux : quand elle soupira pour lever finalement ses yeux noirs vers lui, il eut vraiment l'impression de la déranger. Il attira néanmoins sa curiosité quand il la vit pencher la tête le côté. Son ton, lui, resta aussi froid que son attitude global.

« Vous êtes avec ces étrangers, n'est-ce pas ? Qu'est-ce qu'il vous faudrait de plus urgent que mon travail actuel ?

- ... Un service. Qui n'est en rien urgent, alors je vais pas vous importuner plus longtemps. Pardonnez le dérangement.

- Dites. Je jugerai c'est urgent ou non, rétorqua-t-elle, et l'enchanteur s'exécuta, n'ayant pas grand chose à perdre.

- J'ai besoin d'une gaine. Pour sangler solidement cette fiole sur la face intérieur de mon avant-bras, en laissant la partie bleuté visible. »

Regardant la fiole, elle posa la chaussette qu'elle était en train de repriser et se retourna vers une table derrière elle où trônaient plusieurs sachets, couteaux, fils et autres ustensiles de coutures. Elle se saisit de deux lacets de de cuir et sans vraiment demander l'avis du jeune homme, noua le bout d'un des lacets à chaque extrémité de la fiole. Puis après plusieurs tours, elle fixa la fiole à son avant bras dans un assemblage rudimentaire, mais solide; son expertise se révéla même à travers l'attention qu'elle eut lors de l'attache pour que les liens ne soient pas trop serrés et passés entre deux écailles de Drakarn pour ne pas entraver la circulation du sang. Une fois le tout fait, elle lui jeta un regard interrogatif.

« ... Merci. Comment je peux vous payer ? Vous rétribuer ? »

D'un haussement d'épaules, elle lui demanda en retour s'il avait participé à la chute du Titan. Ce qu'il avait fait... En partie.

« Mon groupe, oui. Je n'ai pas été d'une grande aide.

- Ben dites-leur merci. Ca vous va ou je peux faire mieux ? »

L'enchanteur ignorait s'il la dérangeait, ou si elle était simplement inamicale.

(Probablement les deux. N'oublie pas qu'elle a perdu sa cité.)

« L'idée était de faire quelque chose de plus permanent, une manchette que je pourrai enfiler, un brassard à sangle. Donc oui, vous pouvez faire mieux. Mais est ce que vous en avez le temps, expliqua finalement l'enchanteur.

- Hm. Je pourrais vous en tricoter un, mais je doute que ce soit ce que vous attendiez. Si vous aviez des matières premières, du cuir en l'occurrence, je pourrais faire quelque chose... mais là. Va falloir attendre de trouver un artisan avec son atelier.

- Je n'ai que du cuir de cochon. pas ce qu'il y a de plus pratique à travailler, de ce que je sais. »

Le matériau aurait pu faire l'affaire selon elle, mais elle aurait eu besoin d'être plus outillé. En regardant ce qu'elle avait avec elle, il prit conscience que pour une rescapée, elle restait décemment bien équipée. La chance, ou des sorciers qui l'avaient aidés car soucieux d'avoir des vêtements présentables et des chausses sans trous.

« Tant pis. icelui fera l'affaire en attendant. Inutile de s'opiniâtrer, répondit-il d'un ton égal avant de sortir le cristal des collines oniriques. Parmi les rescapés, il y a quelqu'un qui pourrait m'en dire plus sur ce cristal ?

- Pas une couturière, en tout cas. Ca ressemble à ces pierres qui existent en nombre dans les souterrains de la Lande. Doit y avoir un lien avec la magie, j'imagine.

- C'est ça. Du peu que je sais, c'est de la magie solide. Donc, vous ne connaissez personne ?

- Devait y avoir des sorciers qui étaient spécialisés dans les gemmes, oui, répondit la couturière d'un ton pincé, le forçant à éluder.

- Je verrai de mon côté, alors. Merci quand même, dame...?

- Zelneth. Vous l'aurez oublié demain.

- J'espère que non. Akihito. Portez vous bien, dame Zelneth. »

Elle le salua distraitement, déjà de retour à ses reprisages. L'Ynorien rejoignit le groupe au grand complet, n'attendant plus que lui. Vérifiant que son pavois ne gênerait pas sa fiole, il se posta à côté de Xêl, et jette un regard à la cheffe de l'expédition.

« Je peux servir d'avant-garde, au besoin. Qui sait si on aura pas un accueil musclé. »


-----------
« »
Mots placés : peccamineux, icelui, s'opiniâtrer, nitescence, subséquemment, sapience
A découvert les Runes Aru "Soleil" et Xegu "Porte"
A placé une marque du Tonnerre à l'entrée de la grotte d'elscar'Olth
A activé sa fiole de surveillance avec le sange d'yliria et Alossarh (à marquer sur la fiche)
Se prépare à être l'avant garde dans le portail et à avoir un comité d'accueil.
Modifié en dernier par Akihito le ven. 24 mars 2023 01:23, modifié 3 fois.

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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 4 mars 2023 04:49

Cauchemar en Aliaénon : Lande Noire (Xël, Yliria, Silmeria, Mathis, Akihito et Jorus) VI






Hop-là boum tous les aventuriers dans le portaillinou de Xëlito, sans aucun pnj les accompagnant. La suite dans le Désert du Raa’ska.



Image






[XP :
Mathis : 0,5 (discussion)
Xël : noté quand complété.
Jorus : 0,5 (discussion) + 0,5 (aparté)
Yliria : noté quand complété.
Silmeria : 0,5 (discussion) + 0,5 (aparté) + 0,5 (bain).
Akihito : 0,5 (discussion) + 0,5 (identifications) + 1,5 (apartés)



[Jeu des mots :
Jorus : 10 points.
Akihito : 30 points.]

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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 18 mars 2023 01:09

Cauchemar en Aliaénon : Elscar’Olth I




Arrivant sur le seuil de la grotte des sorciers d’Elscar’Olth, tous purent voir qu’en une grosse dizaine de minutes, rien n’avait réellement changé. Alossarh’ et Bellarien surveillaient toujours l’orbe rouge gigantesque sous le dôme de protection de Simaya, absente. Zacara n’était plus là, Jorus se doutait qu’il avait sans doute besoin de repos, tout comme Xël et Silmeria le savaient pour Visselion. Pour Dracaena, forcément, c’était un choc : le corps du titan ailé et noir se tenait debout non loin des ruines de la cité souterraines, transpercé de part en part de la même manière que le Titan de magie sur les anciennes plaines d’Or. Un ennemi qu’ils avaient cru invincible, et qui s’était fait tuer en un clignement d’œil.

Ibn, sur l’épaule de Dracaena, était toujours totalement inconscient. Xël, lui, prit également conscience qu’il ne saurait plus utiliser le moindre portail avant un bon repos, les clouant sur place pour le moment. L’ambiance semblait pesante, dans l’équipe. Une ambiance délétère, très en inadéquation avec leur tâche commune.

Alossarh Crath’ approcha, curieux. Il posa les yeux sur Maïssa et son faucon et demanda :

« Hey, c’est qui ça ? Cette grotte est censée être secrète ! »

Il n’avait pas l’air totalement ravi de la venue d’inconnus. Maïssa, bien entendu, resta totalement silencieuse, lui faisant face d’un air de défi. Qu’ils répondent, arrangent la situation ou quittent la scène sans un mot, les aventuriers étaient désormais livrés à eux-mêmes, au moins jusqu’au lendemain. Ibn Al’Sabbar, l’âme furieuse du titan, il y avait encore quelques soucis à régler ici, mais comment ?





[HJ : La discussion générale est ouverte pour ceux qui restent sur la scène de sortie du portail. Pour les autres (et ces premiers s’ils finissent par la quitter), les actions sont libres : discutez avec les PNJ, entre vous, râlez dans votre coin, tentez de trouver des solutions et expérimentez-les. Je vous demande de vous servir du sujet de ‘Coordination’ pour indiquer vos intentions personnelles, y compris les apartés entre vous. Selon ça, j’interviendrai ou non en MP avec vous.]

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Re: Lande Noire

Message par Xël » jeu. 23 mars 2023 21:09

En arrivant dans la Lande mon seul désir est de m’écarter du groupe. Je me sens vidé, autant de mon énergie que de l’espoir de pouvoir aider les habitants de Methbe-el. Je retire mon casque, voulant respirer plus librement, même si il s’agit de l’air lourd de la Lande Noire. Je pose une main sur l’épaule de Maïssa avec un regard à la fois désolé et sincèrement compatissant. Je pense que tous les deux nous savons qu’il est déjà trop tard.

Finalement je m’écarte du groupe pour m’asseoir plus loin contre un rocher, reposant mes jambes et mes oreilles pour ne plus entendre je ne sais quelle leçon. J’en ai assez de ça, je veux être tranquille ce soir. Je profite de cette solitude pour me reposer, pour méditer, pour réfléchir. Je crois même que je parviens à m’endormir pendant un temps jusqu’à ce que je sente une présence toute proche. Akihito, ayant laissé son armure au profit d’une robe noire ressemblant à ce que porte les gens à Oranan. J’ouvre les yeux, dardant un regard sévère vers lui alors qu’il me fixe sans bouger.

« Je peux t’aider ? »

"Oui. Ça fait 4 jours qu'on court partout et on a jamais pris le temps de se parler entre yuiméniens. Savoir ce qu'on veut faire, comment. Et là, on a un peu de temps devant nous, donc je pensais faire cette discussion ce soir."

« Comme tu le dis on court partout et ouvrir des portails à travers le monde me coûte beaucoup d’énergie. J’ai besoin de repos. Vous savez le nécessaire, vous n’aurez qu’à me dire demain matin où vous voudrez vous rendre. »

Il rétorque que la question n’est pas de savoir où on va mais avec qui avant de me jauger du regard. Comment suis-je censé le comprendre ? Est-ce une menace ? Veut-il m’exclure du groupe ? Ils auront le temps de discuter quand il devront traverser la région à pied. Il poursuit, déclarant qu’il se rend compte qu’il ne me connait pas aussi bien qu’il le pensait avant de soulever le fait que les tensions entre les aventuriers risquent de ne pas s’arranger.

« Nous avons infiltré un manoir pour tuer deux des personnes les plus puissantes de Yuimen mais à part ça nous ne nous connaissons pas, comment on pourrait prétendre tout savoir l’un de l’autre. »

Répondis-je d’abord avant de poursuivre.

« Et les tensions ne s’arrangeront pas parce que certains décident d’être les mieux placés pour faire la morale et donner des leçons. J’ai compris que nous avions un objectif commun mais moi je me refuse à abandonner les cités et les peuples de ce monde avec comme seul prétexte que de toute manière le Dragon Noir les tuera tous si nous ne nous concentrons pas sur lui.  »

Il répond avec un haussement d’épaule que c’est justement parce que nous ne nous connaissons pas qu’il faut parler et que le minimum devient primordial.

"Je suis le premier à admettre que je suis pas du tout accorder avec vous. La majorité de ce que j'ai proposé ne vous a jamais convaincu. Sauf que si on continue de se disputer et de se monter les uns contre les autres, on court à la catastrophe. Methbe-El sera pas libérée et le Dragon Noir pas inquiété. Je te forcerai pas à venir, mais tu sais comme moi qu'on en a besoin. Tous."

« Il est sans doute déjà trop tard pour Methbe-El. La tête du père de Maïssa roule sûrement sur le sol avec celles de citoyens interrogés au hasard pour répondre à des questions auxquelles ils n’ont aucune réponses. Tu l’as dit toi même, tu préfères savoir que tu n’auras pas à compter sur moi plutôt que de t’inquiéter à savoir quand ma prochaine « lu-bie » va me faire vriller. Une chance que mes lubies m’ont poussés à me rendre devant Oranan dans une bataille qui nous marquera à jamais pour lui éviter un sort terrible. »

Je n’ai aucune envie de discuter avec tous le monde. Encore moins dans le but de leur expliquer qui je suis malgré tout l’effort que met Akihito pour me convaincre. Il commence par se servir de Maïssa, prétextant qu’elle n’aurait pas fuit sa cité et laissé son père si il était vraiment en danger. Elle l’a fait parce que son père l’a sans doute convaincu mais j’ai senti dans son regard qu’elle m’a traîné vers le portail l’inquiétude et la résignation qu’elle porte en elle. Il poursuit, mettant en cause la raison pour laquelle j’ai participé à la bataille de Kôchii, arguant que je n’étais pas là pour aidé Oranan mais pour me battre pour mon pays et vaincre les Treize et prétextant que j’aurais trouvé la chute d’Oranan comme un sacrifice lourd mais nécessaire pour arrêter Oaxaca et avoue qu’il pense pareil. Un aveu qui me révolte et m’écoeure mais je n’ai pas le temps d’y réagir qu’il m’interroge sur l’influence de l’âme du Sans Visage.

« Je sais que son influence est moins forte parce qu’à l’époque ça a poussé Simaya à essayé de nous tuer alors que nous n’avions aucune idée de ce qui se cachait dans la grotte. »

Expliquais-je en observant mon sac avant de relever les yeux vers lui.

« Je n’aurais pas supporté qu’Oranan disparaisse. C’est quelque chose que j’ai vécu trop de fois. Je n’ai pas rejoins l’armée de Kendra Kâr pour défendre le royaume. Je l’ai fait pour être capable de défaire la menace qui planait sur Yuimen et sur Aliaénon. Quant à Maïssa je pense qu’elle ne voulait tout simplement pas que cela dégénère. »

Il n’a pas l’air de me croire et me demande si j’ai vu beaucoup de ville de la taille d’Oranan se faire raser.

« Trois. Quatre si je compte Elscarl’Oth, même si pour celle-ci je n’en ai pas été témoin. »

Il incline légèrement la tête mais ne semble ps plus convaincu. Voilà pourquoi il y a un tel décalage entre nous. Il n’a pas vu Esseroth être mise à sac par Vallel, le Bourg-d’Or rasé par un Titan et Fan-Ming être submergé par des Garzoks fuyant le réveil d’une créature endormie depuis longtemps. Je n’attendais que qu’il s’en aille pour avoir à nouveau la paix mais au lieu de ça il s’accroupit pour me demander si il peut tenir l’âme du Sans-Visage.

« Tu sais bien que non. »

Répondis-je en posant une main protectrice sur mon sac.

"Essaye de me comprendre, Xël. Tu ne dis pas que tu *contrôles* le fragment, tu dis que son influence est moins forte que celle qui a poussé Simaya a tous vouloir vous tuer, à l'époque. Ca, plus ce qu'on a vu avec l'orbe du titan, plus ton comportement qui a changé... Qu'est ce qui t'empêcherait de me le laisser, un court instant seulement ? Tu as peur que je le détruises ? Que je fuis avec ? Que je ne te le rende pas ?"

« Ce n’est pas comme si tu me demandais d’expliquer comment appâter une poule… Je ressens que je dois le protéger et pour ça je dois le garder sur moi. Tout simplement, donc non je ne peux pas te le confier. »

Il rétorque qu’on pourrait le protéger à deux. Plus il l’ouvre, plus il m’agace, je me montre alors plus sec pour clore la conversation.

« Non ça ne fonctionne pas comme ça. Je pense que la seule alternative c’est que je le cache dans un endroit que je sois le seul à connaître. Alors son influence fonctionnerait sur celui qui tombe dessus par hasard, comme c’était le cas avant. »

Il m’observe longuement avant de se redresser en poussant un soupir déçu, demandant si je comprends au moins qu’il soit méfiant.

« C’est évident. »

Je m’en tape ! Lâches moi maintenant ! Mais il ne s’arrête toujours pas, réitérant sa demande sur ma présence à sa réunion.

« Non. Je pense que je vais en rester à ma première décision et prendre un peu mes distances pour l’instant. »

Pour un moment même car si son but était de me convaincre de mieux connaître le groupe c’est tout l’inverse que je ressens. Je n’aime pas la façon qu’il a de se montrer protecteur, voir paternaliste, comme si j’étais un enfant. Il grimace et insiste encore, demandant simplement que j’y assiste. Je ne daigne même plus répondre et secoue simplement la tête. Nouveau soupir, le prochain pourrait être celui de trop. Puis nouveau commentaire sur ce que je dois faire, me reposer dans ma tente. J’incline la tête pour lui faire plaisir afin qu’il se barre pour de bon. Je peux maintenant rajouter l’agacement à la liste de choses qui agite mes tripes.

Je reste encore un moment assis dehors à ruminer ma colère et chercher à nouveau une certaine forme de sérénité jusqu’à ce que je décide d’entrer dans la grotte pour prendre des nouvelles d’Ibn qui devrait être plus tranquille maintenant que les Yuiméniens papotent entre eux.

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Re: Lande Noire

Message par Akihito » ven. 24 mars 2023 01:22

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

24 : Moulin à paroles.

La transition entre les deux climats fut aussi rude que lors de l’arrivée dans le désert, mais la différence restait que l’environnement de la Lande était bien plus appréciable. Le portail avait été ouvert sur la colline qui surplombait les hauteurs de la ville en ruines, à proximité de la grotte. Akihito repéra les deux sorciers qui étaient resté monter la garde, haussant un sourcil surpris de les voir revenir aussitôt. Leur visage se durcit cependant quant à mesure que le groupe débarquait, Maïssa passa le portail en tirant d’une main autoritaire Xël.

« Hey, c’est qui ça ? La grotte est sensée être secrète ! »

(Merde.)

Les sorciers n’avaient jamais évoqué ce point, mais maintenant qu’il était énoncé il était évident. Pour ne rien arranger, Maïssa ne se laissa pas impressionner et défia du regard le sorcier, toujours silencieuse. Celui qu’elle avait traîné se releva et après avoir retiré son casque, s’était éloigné. Dépité ? En colère ? Fatigué ? Probablement un peu des trois, même si la dernière option semblait prédominer à en voir ses traits. Akihito retira kyu aussi son casque pour profiter de l’air plus frais et s’avança dans le même mouvement. Il fallait apaiser les tensions le plus rapidement possible, en commençant par des présentations. De sa voix neutre, il se tourna tour à tour vers les deux belligérants.

« Alossarh, je vous présente Maïssa, fille de Bassem, un des dirigeants de la ville de Methbe-El. Nous l'avons emmené avec nous car pour sa participation à l'évasion de Dracaena et du sorcier Ibn Al Sabar, sa vie est en danger. Nous aurions dû vous consulter avant, c'est vrai, et nous nous en excusons. La situation ne nous a pas vraiment permis de prendre ce temps.
Maïssa,
dit-il en se tournant cette fois vers elle, voici les sorciers Alossarh Crath' et Bellarien d'Assamoth, originaires de la ville d'Elscar'Olth qui se trouvait ici. Je vous prie de comprendre leur méfiance quand une étrangère arrive dans une situation compliquée comme celle-là.
Aucune aide ne sera de trop dans la traque du Dragon Noir et Maïssa pourrait servir d'émissaire pour acquérir à notre cause la coopération de Methbe-El. Si cela vous convient. Dracaena pourra vous en dire plus, ayant été sur place. »


- Livraison spéciale... Un Vieux Valétudinaire à Vision, où est l'infirmerie...la...plus...proche ? »

La voix râpeuse de l’Oudio mourut peu à peu tandis qu’il contemplait le monolithique cadavre. Réaction normale, mais c’était celle des sorciers qu’Akihito attendait.

« Je le savais qu'ils finiraient par nous causer du tort : Voyez, ça commence.

- Comprenez que vous nous exposez dans une position de faiblesse inédite. Il y en a qui sauteraient sur l'occasion pour nous buter, tous. Alors si vous vous portez garants d'elle, ça passe pour cette fois. Mais n'emmenez plus personne ici. »

Akihito grimaça légèrement au commentaire de Bellarien, qui était plus que légitime. Mais il accueillit la décision d’Alossarh d’un hochement de tête soulagé et fit un pas en arrière. La médiation avait porté ses fruits. Il laissa Dracaena et Jorus s’occuper d’Ibn, puisqu’ils devaient le laisser aux bons soins de Zacara qui avait déjà soigné l’homme de Wiehl. Akihito, lui, n’avait qu’une envie : se laver.

(Pas trop tôt. Je suis bien contente de pas avoir de nez pour te sentir.)

(Au cas où t’aurais pas remarqué, on a été pas mal occupé ces derniers temps.)

(Yliria a trouvé le temps, avant de partir dans le désert,) pointa Amy.

(Oui, et moi j’ai trouvé plus intéressant de me nettoyer APRES être passé dans le désert.)

(Haaan.)

La Faëra resta silencieuse quelque temps, comme étonnée de la réflexion de son maître. Avant de revenir avec une pique qu’il n’avait pas vu venir.

(Donc tu sous entends qu’Yliria est pas assez intelligente ?)

(Mais ? Non, ça n’a rien à voir. Si on était resté coincé dans le désert, c’est moi qui aurais été embêté.)

(Donc c’est toi qui a pas assez réfléchi.)

(Tu files un mauvais coton. C’est Alyah qui t’apprends tout ça ?)

(Qui sait,) ricana la Faëra.

Bien qu’agacé par sa Faëra, Akihito senti le coin de ses lèvres tressaillir. La situation bien que stable, n’était pas reluisante ; Amy essayait à sa manière de lui faire garder le moral en le stimulant et en le taquinant. L’intention restait louable.
Sur le chemin de la petite grotte où il savait qu’un courant passait et où il pourrait faire ses ablutions, l’enchanteur reconnu le réseau d’abri de fortune : l’atelier de Zelneth se trouvait non loin. Jetant machinalement un regard à ses vêtements, il se fit la réflexion que ses habits avaient bien vécu. Il n’avait pas eu le temps d’en acheter de nouveau à Oranan et ceux qu’il portait avaient vécu ses errances dans la campagne ynorienne. Savoir jouer de l’aiguille lui avait permis de repriser correctement le tout, mais il ne disait pas non à une nouvelle tenue. Il fit donc un crochet et retrouva la couturière dans la même position qu’il l’avait trouvé. Seuls changeaient la pile de vêtements qu’elle recousait et la chaussette sur laquelle elle travaillait.

« Rebonjour, dame Zelneth. Vous auriez des vêtements à me vendre ?

Une fois de plus coupée dans son travail, elle va lever vers toi un regard d'abord agacé, puis compréhensif.

- Vous ne deviez pas partir ? J'ai quelques réserves, oui. Que souhaitez-vous ? répondit la femme après que son regard agacé d’être de nouveau dérangé ne s’adoucisse. Un peu.

- Notre voyage a été plus court. Et il me faudrait une tenue complète, chausses braies tunique. »

Se retournant, elle fouilla dans une malle placée derrière elle et une trentaine de seconde plus tard, en tira une série de vêtements noirs. Si les braies et les chausses noires n’était pas différentes de ce qu’il portait d’habitude, la chemise en soie et la tunique de laine -toutes deux noies- étaient plus dans le genre des habits locaux. Le col haut et les épaules plus rigides lui rappelait quelque peu les kimonos traditionnels d’Ynorie, mais en plus sobre et plus cintré. Collant les vêtements à son propre corps, l’Ynorien hocha la tête : la couturière n’avait eu besoin que d’un coup d’œil pour estimer ses mensurations et lui sortir une tenue à sa taille.

« Merci. Et si vous avez un linge pour m'essuyer après un bain, ce serait parfait, ajouta l’enchanteur en étant rapidement récompensé d’une longue chute de tissu ocre. Je peux faire quelque chose pour vous remercier ?

- Rien, non. Je vous aurais bien dit d'en laisser pour les miens, mais la mort de ce titan signifie qu'on rejoindra bientôt la ville. Et mes réserves. Grâce aux vôtres. Mais peu à vous, tel que vous me mi dîtes lors de notre dernière rencontre.

- Si vous changez d'avis, n'hésitez pas. »

Il la salua rapidement de la tête, et elle lui rendit son salut avant de replonger sans tarder dans sa tâche. Sa nouvelle tenue sous le bras, il reprit le chemin de la cavité contenant le ruisseau. Plutôt éloigné du reste du campement des réfugiés, une simple planche de bois brisée était posée contre le mur à côté. Marqué sur une face d’une croix et sur l’autre d’un rond, Akihito retourna la planche sur la croix pour signifier que quelqu’un était présent et s’enfonça dans le court tunnel à peine éclairé par la torche fixée à son entrée et celle à l’intérieur. Le doux chuintement de l’eau sur la roche l’accueillit et l’air se rafraichit notablement. Devant lui, un cours d’eau souterrain coulait paresseusement. Quelques marches inégales naturelles permettaient d’y accéder et de profiter de l’eau assurément froide, mais claire. Avec un soulagement manifeste, il déposa son équipement, défit son armure et se mit torse nu, ne gardant que ses braies. Il posa ses nouveaux habits à côté du tissu ocre et entra dans l’eau.

« Lsssh ! »

L’eau n’était pas froide, elle était glaciale. La dernière fois qu’il avait pris un bain aussi froid, c’était dans les Cimes Sifflantes. Et là, c’était à son tour de siffler. Il mit une bonne vingtaine de secondes à s’immerger au-dessus du bassin, passant la délicate limite de ses bijoux de famille. Une fois cette épreuve franchie, l’eau devint plus supportable. Loin d’être vraiment agréable, mais certainement vivifiante. Frottant ses bras, il retira progressivement la crasse avant de se décider à plonger la tête dans l’eau. Le brusque contact froid lui fit ouvrir les yeux sous l’eau et lâcher une bordée de bulles sous la surprise, mais il maintint sa tête sous l’eau et passa plusieurs fois la main dans ses cheveux. Quand il n'en put plus, il jaillit hors de l’eau pour reprendre une goulée d’air bienvenue, qui resta longuement dans ses poumons. Car devant lui venait d’apparaître dans une volute de fumée noire Silmeria, assise sur l’autre rive du ruisseau.

« Tu ne m'avais pas dit que tu étais chatouilleux Akichou. »

La vue de l’assassin fit sursauter l’Ynorien. Instinctivement, il fit un pas en arrière et ramena sa main gauche au niveau de ses côtes supérieures, paume tournée vers l’Hinïonne. Prêt à relâcher sa magie sur cette femme… Qui l’aurait presque fait rougir, s’il ne savait pas qui elle était. De sa tenue habituelle déjà plutôt féminine, Silmeria n’avait gardé qu’une légère robe de lin blanche élimée se confondant avec sa peau d’albâtre, se terminant sur des jambes nues trempant légèrement. Le fin tissu laissait suggérer des courbes sensuelles sans pour autant les dévoiler ; l’absence de claire démarcation entre ce qui était sa peau et le tissu était trompeur ; son imagination aurait donc pu s’enflammer, mais la voir jouer tranquillement avec ses dagues acérées empêcha tout départ de feu. Quelque part dans son esprit, il sentit aussi Amy se crisper.

« Bordel. Silmeria. Qu'est-ce que. Vous foutez. Là, dit-il en articulant lentement, essayant de reprendre le contrôle de son calme.

- Ooooh il parle. Ça grandit si vite à cet âge. » Le sarcasme évident perçait dans sa voix, faisant visiblement référence à sa décision de l’ignorer. Elle ajouta ensuite en pointant sa posture d’un geste vague que cela pouvait être dangereux.

(Sans blague ? Et pourquoi je réagis comme ça, à ton avis ?)

« Quand une assassin notoire apparaît devant vous avec deux lames en main, se sentir menacer est légitime.

- Quand on sort d'un environnement sableux, on doit polir ses lames et les entretenir.

- Polissez les, alors. »

La réplique sèche du jeune homme avait pour but de couper court à la conversation, et il s’éloigna de quelque pas pour continuer à se frotter, tout en gardant l’assassin dans son champ de vision.

(Elle est pas gênée, elle !)

(Encore une fois, on parle de Silmeria. La voir ici ne me choque qu’à moitié, et c’est en partie dû à la surprise,) maugréa l’enchanteur avant de se figer : débouchant une fiole contenant un liquide noirâtre, elle la plaça au-dessus de l’eau en déclarant qu’il l’agaçait. Il en aurait d’habitude tiré une fierté s’il n’avait pas réalisé ce qu’était le contenu noir : de la corruption qu’elle avait récolté dans les collines oniriques. Une si petite quantité ne pouvait à son avis pas contaminer une rivière, mais… Si c’était le cas ?

Akihito frissonna. Non pas à cause de l’eau, mais à cause de la situation. Il n’allait pas pouvoir l’ignorer, cette fois. Se tournant vers elle, il fut surpris de voir ses contours flous, comme si les limites de son corps étaient un gaz troublé par un faible vent. Et à son poignet, une marque luisait faiblement désormais : une Murène. Un TATOUAGE de Murène. Avec beaucoup de difficulté, il écarta la nuée de questions qui l’assaillit et se focalisa sur son interlocutrice forcée.

« Si vous répondiez à ma question, ça serait plus simple de pas vous ignorer, Silmeria.

- Nous sommes censés avoir une conversation. Tu n'avais pas l'air de vouloir t'y résoudre.

- Une conversation à propos de quoi ? L'hallucination cauchemardesque que vous m'avez envoyée ? demanda-t-il en refoulant le ton ironique qui ne demandait qu’à sortir.

- Admettons.

- Et… ?

- Et manifestement tu as oublié notre première conversation. »

Ils n’avaient échangé que quelques mots, et déjà son caractère sibyllin l’agaça. Mais autant par fierté que par volonté de ne plus se laisser avoir par l’assassin à lui faire confiance, il garda son ton distant.

« On a beaucoup parlé, sur Falafel.

- Qu'il ne fallait pas s'opposer à mes objectifs. Tu aurais écouté ce que j'avais à dire peut-être ? Tu comptais éteindre le glyphe de quelle façon ? Et si Xël avait voulu te retenir, toi qui avais déjà commencé à hausser le ton. Tu aurais cédé à la violence ?

-J’aurais écouté, oui. Mais vous aussi vous vous êtes opposé à mes objectifs. Vous nous avez tous mis en danger, sans nous consulter. Tout aurait pu mal se passer. Et venir pour vous avertir que vous êtes sur le point de crever à cause de vos actes, donc venir pour vous sauver, ça justifiait le cauchemar ?

- Crois-tu qu'on ignorait que le Titan avançait ? Je veux dire... il pèse quand même plus lourd que ton égo, c'est le genre de chose qui s'entend. »

La réplique fit mouche, alors qu’elle rajoutait que si elle avait voulu le tuer, elle n’aurait pas pris la peine de le tirer dans le portail. Était-il vraiment si imbu de lui-même, à être intervenu comme il l’avait fait ? Quelque part, il savait que oui et qu’elle avait raison. Une réminiscence de son syndrome du Héros. Ce n’était cependant ni la seule raison, ni la plus importante : il était avant tout descendu les chercher car il s’inquiétait de leur sort.

« D'accord, concéda-t-il calmement, vous avez votre point de vue, j'ai le mien. Je reconnais que j'ai été agressif, pas que me faire vivre l'enfer était mesuré. Mais bon. J'ai voulu vous faire confiance, et j'arrive plus à le faire maintenant. Donc je préfère limiter mes contacts avec vous.

- Te faire ce cauchemar était une excellente façon de te faire taire sans trop te brusquer.

- Sans trop me brusquer ? Je suis chanceux alors. »

Avec réticence, l’Ynorien reconnu que son point de vue se défendait. Même, il faisait sens avec le personnage qu’il avait découvert au fils de leurs rares mais longs échanges. Alors qu’elle murmurait une nouvelle fois que personne ne lui criait dessus, le voile nébuleux altérant ses contours se dissipa en même temps que son tatouage s’éteignit. Une nouvelle fois, l’enchanteur réprima l’envie de lui demander pour en savoir en plus et planta son regard las dans le sien.

« Et maintenant, on fait quoi ?

- Ce pourquoi nous sommes là. Quelle question.

- Je me lave, et vous polissez vos lames ? ironisa légèrement le jeune homme avant de continuer en soupirant, voyant son air se durcir. Vous pouvez commencer par ranger vos dagues ?

- Tu penses m'avoir assez agacée pour que je puisse te tuer dans ton bain ? N'as-tu rien appris ?

- Non, mais je préfère. Question de principe et de politesse. »

L’assassin se décida à lâcher sa lame -s’il se souvenait bien, elle l’avait appelé la « Tueuse de mage »- sans pour autant reboucher la fiole de corruption. La notion de discussion désarmée lui échappait visiblement, mais il s’en contenta.

(De toute façon avec cette tarée, on peut pas s’attendre à mieux.)

Akihito prit une brève inspiration et plongea la tête dans l’eau avant de la remonter. La tension ne lui faisait plus ressentir l’engourdissement causé par le froid, mais le contact glacé sur son visage redonna un peu d’énergie à sa voix. Il ne perdrait rien à discuter franchement avec l’assassin et quoi qu’il veuille, ça restait le moyen le plus simple de la faire décamper.

« Bon ! Silmeria, laissez-moi d'abord vous poser une question. Pourquoi vous tenez autant à vous expliquer avec moi ? Ce que je pense de vous vous importe tant que ça ?

- Mais... Un Gragon haut comme la tour noire vagabonde en fauchant des Titans sans se fouler, et je me retrouve ici à devoir t'expliquer l'importance du travail en commun ? Comment on peut accomplir quoique ce soit si tu fais la tronche à chaque contrariété ? demanda-t-elle, comme honnêtement surprise. À Omyre celui qui me contestait, je pouvais le tuer moi-même ou le faire éplucher et épingler quelque part pour l'exemple, là je suis obligée de faire avec toi et ton égo, il serait bon que tu comprennes que toi aussi, il te faudra faire avec moi.

- Oui, je me suis emporté et j'ai commencé à hurler. J'en suis désolé. Mais vous vous trompez sur un point : je ne fais pas "la tronche". Je ne suis pas aveugle et j'ai constaté que je suis pas en phase avec le reste du groupe. Mes initiatives sont marquées du sceau de la poisse et mes idées et plans n'ont que rarement votre approbation. Alors plutôt que de m'obstiner à essayer de vous convaincre, je ravale maintenant mon égo et ne fait plus que suivre le groupe parce que si c'est ce qui permet d'abattre ce dragon, c'est pas cher payé. »

Il écarta les bras, comme pour énoncer une évidence.

« Et dans ce groupe, y a vous. Et si je dois coopérer avec vous, je le ferai. Point. Je pensais bien faire en vous tendant une main et en essayant de mieux vous connaître, pour ne pas être deux inconnus forcés de travailler ensemble. Mais visiblement nous sommes trop différents : j'ai donc préféré limiter les contacts pour ne pas créer d'autres accrochages. Voilà pourquoi je vous ai évité.

- Nous sommes trop différents... Quelle vaine excuse d'être aussi puéril. Tu crois que tu ressembles à cette Shaakte que tu observes à la dérobée dès que tu en as l'occasion ? Tu crois que tu ressembles à Mathis ? À Xël ? »

(Qu’est-ce qu’Yliria a à faire là-dedans ?) se demanda le jeune homme un peu déstabilisé tandis que Silmeria lâchait un léger rire en ajoutant à la liste des comparaison Dracaena, le ‘Ficus fou et cendré’.

(Ca, j’en sais rien. Mais c’est vrai que tu la regardes souvent.)

(Pas plus qu’avant, c’est toujours mon amie,) se défendit-il.

(Une amie qui est maintenant un très joli brin de femme.)

L’enchanteur balaya mentalement la remarque d’Amy comme la question de Silmeria, et se reconcentra sur la conversation et ce qui l’intéressait réellement.

« Tu n'as pas ravalé ton égo, je pense juste qu'il est froissé. Si tout le monde venait à faire comme toi, le Gragon aura de beaux jours devant lui.

- Il a été froissé oui. Mais je le ravale aussi. Si vous ne me croyez pas, je sais pas ce que je peux dire de plus pour vous convaincre. »

Dans un bruit étouffé, Silmeria se laissa glisser dans l’eau. Le tissu de sa robe s’imbiba d’eau se colla rapidement à sa peau, moulant un peu plus un corps qu’il ne pouvait qu’admettre qu’il était séduisant. Il adressa une prière silencieuse à Valyus, Yuïa ou qui que pouvait être la divinité suffisamment miséricordieuse à son égard pour avoir rendu l’eau si froide. La situation était suffisamment délicate sans qu’il ait à en plus gérer la réaction peu gracieuse de son bas-ventre.

Silmeria s’approcha de lui, imperturbable, regard vissé dans le sien.

« Peut-être que c'est parce qu'il n'y a pas d'argument, répondit-elle.

- Et vos arguments à vous, ce sont lesquels ? A part affirmer que vous connaissez mieux mes états d'âmes que moi et que je mens ?

- Du factuel, uniquement du factuel. Tu fuis, tu t'isoles, tu boudes, tu es presque résigné et ça je ne peux pas le tolérer bien que j'en sois en partie la cause. On en revient à la conversation avec Hrist aux Collines Oniriques. Le poids que tu mets sur tes épaules est si lourd que tu ne peux supporter la moindre contrariété.

- J'ai fuis et je me suis isolé sous le coup de la colère. Je l'ai reconnu. Mais je ne boude pas, ni ne me suis résigné, je vous l'ai déjà dit. »

Les phrases de Silmeria reposaient sur un fond de vérité. Mais elles occultaient toujours le plus important.

« As-tu peur de quelque chose ou tu ne t'attendais pas à une conversation ?

- Je n'ai pas peur de cette conversation ou de quelque chose. Simplement, vous... il chercha un mot avant d'en choisir un honnête : ... Vous me perturbez. Me retrouver dans un ruisseau gelé avec une belle femme assassin notoire légèrement vêtue mais armée, c'est pas quelque chose dont j'ai l'habitude. »

Avec sa remarque qui était à moitié un compliment, Akihito espéra remettre la main sur le rythme de la conversation… En vain. Silmeria assura que ce n’était pas dans ses habitudes non plus, et encore moins quand il s’agissait de ses proies.

« Mais je me disais que te prendre au dépourvu sans te laisser une option de fuite était la meilleure chose à faire.

- Donc je suis proie ? Eh bien. Dans tous les cas, ça a marché. »

Il la dévisagea longuement, avant de lui demander lentement quelque chose qui avait germé lentement dans sa tête au fil de la conversation.

« Vous parliez de notre première discussion : vous vous souvenez de la partie où je vous parlais d'être une ‘porte d'entrée’ vers le groupe ?

- Groupe avec lequel tu dis ne pas être en phase et que tu ne fais plus que suivre ?

-Lui-même. Depuis qu'on est arrivé, on passe d'un problème à l'autre, sans temps mort ou presque. Et au final, on ne se connaît pas ou peu. On fait des erreurs, j'ai fait des erreurs. On n’a jamais pris le temps de parler tous ensemble. C'est pas une solution miracle mais de la même façon que cette discussion a mis à plat les choses entre nous, le faire avec le groupe entier rendrait les choses plus simples et le climat moins délétère. »

S’il s’était emporté le matin même, c’était après avoir craqué sous l’enchainement ininterrompu de dangers, d’actions, dans un flou semi-opaque. Et il était là, à discuter avec Silmeria, et devait reconnaître que la discussion l’avait apaisé vis-à-vis d’elle. Il ne lui pardonnait pas aussi vite, mais l’hostilité qu’il avait eu s’était éteinte au fil des mots.
Leur groupe n’était pas stable et beaucoup ne se connaissaient pas ou ne s’étaient presque jamais parlé. Akihito lui-même n’avait presque pas parlé à Jorus et Mathis. La coopération naissait difficilement dans un groupe d’étrangers.

« Comprendre que je ne pense pas en phase avec les autres, c'est bien. Mais si je ne sais pas ce que je vais suivre, alors ça ne sert à rien.

- C'est normal. Depuis que nous sommes arrivés, nous restons dépendants des portails de Xël et passons rapidement d'un point à un autre sans en savoir beaucoup plus. Je pense même qu'au aurait eu intérêt à supprimer les derniers soldats pour protéger le père de Maïssa. On s'est pressés pour revenir pour au final quoi ? Prendre un bain et discuter ? De quoi ? De ce qu'on sait déjà ? Il y avait bien quelque chose à apprendre, quelque chose à savoir. C'est dommage de se fixer à un objectif lointain, manquer d'informations finira par nous coûter énormément.

- Je suis d'accord, approuva le jeune homme. Alors on pourrait profiter de cette accalmie pour arrêter de courir à gauche à droite sans savoir pourquoi, avec des personnes dont les motivations nous sont au mieux flou. Je vais le proposer aux autres pour ce soir. Ça vous intéresse ?

- Bien. Ravie qu'on s'entende là-dessus.

- Je viendrai vous chercher alors. »

La discussion s’apaisa aussi brutalement qu’elle avait commencée et, comme satisfaite, Silmeria se retourna et revint à ses dagues. L’Ynorien releva rapidement les yeux qui s’étaient laissé hypnotiser un instant par le balancement des hanches de la jeune femme. Qu’elle ait des yeux derrière la tête et lui lance une pique narquoise était possible ? Comme beaucoup de choses avec la Régicide.

« Pour le reste, ménage tes humeurs, je détesterai avoir à me répéter, je préfère nettement mes humeurs plus légères.

- Ménagez les vôtres aussi. Votre cauchemar, d'autres y aurait répondu par la violence, répliqua-t-il sur le même ton de constat, sans animosité.

- Si j'avais voulu te faire du mal, je t'aurai fendu la gorge pendant que tu vomissais tes dents... Akichou. »

D’un clin d’œil et avec un sourire espiègle plaqué sur le visage, l’assassin disparut et laissa enfin le jeune homme tranquille, qui sentit ses épaules se détendre brusquement. La discussion avait été stressante mais enrichissante. Le marasme qui l’avait gangrené s’éloignait peu à peu, tout en laissant des séquelles.

Il plongea une nouvelle fois la tête sous l’eau. Le contact froid le fit frissonner et son corps se rappela à son bon souvenir : s’il ne voulait pas tomber malade, il ne devait pas traîner. Couper de tout son, il organisa ses pensées et décida de rester sur ses décisions : voir le monde avec un œil plus positif n’empêchait pas de voir la vérité en face : Silmeria restait un électron libre peu fiable et lui restait un leader médiocre, aux initiatives discutables et à la magie le plus souvent capricieuse.

(Pourtant rassembler les autres est une bonne initiative, et le genre d’idée d’un chef de groupe.)

(Je suis un mauvais stratège, si tu préfères.)

(Mmmh. Oh. Ça, ça va être intéressant.)

(De ?) interrogea l’enchanteur en sortant finalement la tête de l’eau.

(Tu verras.)

La Faëra s’obstina à ne pas lui répondre tandis qu’il finissait de frotter les zones de son dos qu’il pouvait atteindre et le visage en frissonnant, quand il entendit un raclement de gorge derrière lui. Il sursauta et dans un premier temps, pensa à un retour de Silmeria. Il écarta immédiatement cette solution : l’assassin n’aurait pas la délicatesse de se signaler, et la voix ne collait pas.

(Alors, qui…) se demanda l’enchanteur en se retournant. A quelques pas de là, se trouvait nulle autre qu’Yliria.

(Surprise !)

La jeune femme se tenait droite comme un piquet, à quelque pas du bord, les yeux affolés regardant partout sauf dans sa direction. Le malaise qu’elle ressentait ne faisait aucun doute.

« Yliria ?!

- Je voulais te parler mais j'ai vu... Enfin... tu vas bien ?

- Mais qu'est-ce que tu fiches là ? » demanda-t-il, aussi incrédule que gêné.

Son teint pris la drôle de teinte pourpre qu’elle avait lorsqu’elle rougissait. Elle bredouilla avant de finir par laisser échapper quelques mots.

« Je te cherchais et je... enfin avec Silmeria tu... je pensais pas te déranger, désolé. »

L’Ynorien se passa la main sur le visage. D’abord Silmeria, et maintenant Yliria.

« Bordel de bon dieu de… on peut plus être tranquille pour se laver. »

Narquoise, Amy lui fit remarquer que se faire approcher par deux jolies femmes dans son bain pour discuter, beaucoup auraient donné cher pour être à sa place. Il la rabroua, agacé, et n’eut en réponse que son rire amusé. La semi-Shaakte lui tournait désormais le dos, mortifiée.

« Au point où on en est... tu voulais parler de quoi ?

- Je... Je voulais juste... m'excuser et ... qu'on parle de ce qu'il se passe et... on peut le faire quand t'es habillé, plutôt ? Je suis pas à quinze minutes...

- Attends-moi dehors. » dit-il après quelques secondes. La jeune femme ne se fit pas prier et fila hors de la grotte, tendit que l’enchanteur se hissait hors du cours d’eau. L’air extérieur lui donnait presque chaud après ses longues minutes dans l’eau glacée et il se dépêcha de se sécher après avoir retirer ses braies détrempées. Il enfila les habits nouvellement acquis, essora son vêtement et après l’avoir enroulé dans le tissu qui lui avait servit à s’essuyer, l’accrocha à la l’extérieur de sa besace. Il ne voyait pas l’intérêt de se rééquiper intégralement, aussi ne garda-t-il que la Kizoku Rana à la ceinture et ses bottes de Foudre. Ses cheveux encore humides furent noués comme à leur habitude et il se dirigea vers la sortie.

(M’est avis qu’Yliria a apprécié ce qu’elle a vue.)

(Et c’est bien ça le problème.)

(C’en est un que si tu continues de la repousser.)

Akihito claqua de la langue, ennuyé. Il ne savait pas à quoi jouait sa Faëra et ça ne lui plaisait que peu. Il ignora donc ses ricanements quand il finit par sortir du boyau pour retrouver Yliria.

« Je suis à toi.

(Magnifique choix de mots.)

- Je pensais pas te déranger avec Silmeria.

- Moi non plus, commenta-t-il en roulant des yeux aussi bien à l’évocation qu’au commentaire mental d’Amy.

- Ecoute, j'ai... Je suis désolée d'avoir posé cette distance entre nous... Pour être honnête je suis complètement perdue dans ce monde et les réactions des autres m'aident pas à garder la tête froide et je... J'y arrive pas et j'ai besoin qu'on... soit sur la même longueur d'onde ?

- Oui, je suis pas bien à l'aise non plus. On n’a pas arrêté de se balader d'un bout à l'autre d'Aliaénon sans vraiment se poser. C'est pour ça que ce soir, je vais réunir tout le monde pour qu'on soit au moins au clair. Avec Xël, entre autres. Pour ce qui de juste nous deux... »

Il hésita un peu, puis soupira. C’était une discussion nécessaire, ils n’allaient pas pouvoir y couper longtemps.

« Ça risque de prendre du temps. On en parle dans un endroit plus confortable ? Avec un truc à manger ? »

La semi-Shaakte acquiesça à ses deux propos, bien qu’elle ne semblât pas plus emballée que lui sur ce qui allait venir.

« Tu as un endroit en tête ? J'ai monté ma tente mais je sais pas si... non rien, oublis. »

(J’entends de là les ricanements d’Alyah. Regarde là à tiquer de la lèvre, elle ne doit pas lui mener la vie facile avec ses lapsus.)

(Toi non plus tu m’aides pas. Alors si tu pouvais te taire dans les minutes qui vont suivre, je te saurai gré.)

Vu les sujets personnels et sensibles à évoquer, aller dans sa tente ou la sienne était une mauvaise idée. La grotte n’allait pas leur offrir beaucoup d’intimité, aussi ne restait plus que…

« Les Landes et Elscar'Olth en ruines ne sont pas un décor très joyeux, mais on sera tranquille à l'extérieur ? » dit-il en grimaçant un peu.

Elle hocha la tête silencieusement, et ils se mirent tout deux en marche. Sans dire un mot, sauf quand il lui indiqua qu’il allait déposer une partie de son paquetage dan sa tente pour ne pas être encombré. Il hésita un instant à laisser sans surveillance son précieux équipement, mais il finit par se convaincre : personne ne le regardait et fouiller la tente d’un de ceux qui les avaient sauvés ne viendrait surement pas à l’idée d’un des réfugiés. Dans le doute, il laissa une de ses marques sur son marteau accroché à son pavois, et rejoignit Yliria à l’extérieur. Comme annoncé, le décor était loin d’être idéal, mais après s’être éloigné à l’opposé de l’orbe du Titan et de ses gardiens, ils étaient bels et bien seuls. Trouvant un rocher à peu près plat, il invita la jeune femme à s’y asseoir et à faire face à la Lande Noire. Un spectacle bien morne, mais toujours plus agréable que celui attristant d’un colosse mort surplombant une ville en ruine. Le ciel couvert et la puissante colonne de lumière verdâtre empêchait toute notion du temps par rapport au soleil et à la nuit, mais le corps de l’enchanteur lui indiquait qu’ils étaient en train d’entamer la soirée.

« Je crois bien que je déteste cet endroit.

- On a rien de mieux sous la main, malheureusement, dit-il en la regardant un instant, puis s'asseyant en laissant son regard dans le vide. T'avais pas à t'excuser pour la distance. T'avais- non, t'as toujours le droit d'en mettre. Je sais pas à quel point, mais j'ai bien reçu que je t'ai pas facilité la vie... »

Le regard perdu dans le lointain elle aussi, elle finit par lâcher :

« J'ai essayé de te détester. »

Il sentit son regard peser sur lui, et la laissa continuer.

« Sur l'île des dieux... Tu es parti. Je sais que c'est idiot mais, sur le moment, avec tout ce qui m'est arrivé, je t'en ai voulu. Je me disais que c'était tout ce que je valais à tes yeux et j'ai vraiment essayé de te haïr. Je pensais avoir réussi. Et il a simplement fallu te revoir à Oranan pour que ça s'évapore comme par magie. Je peux juste pas t'ignorer ou te détester et je sais que... Que c'est juste.. Moi. Je ne suis vraiment pas faite pour ça... Ce que je veux dire... Je crois... C'est que... On peut juste faire comme s'il ne s'était rien passé ? »

Les pieds étaient mis dans le plat, Akihito devait donc aussi le faire. Il se sentait frustré par la peine qu’il avait pu lui infliger et dont il ne prenait vraiment conscience que maintenant, et peiné par ce qu’il allait dire. S’il avait surmonté la disparition d’Anthelia, ça n’en restait pas moins un souvenir douloureux. Il serra, desserra les poings, avant d’entrelacer ses doigts à mesure qu’il se confiait lui aussi.

« J'ai eu un beau discours sur Nyr, mais je savais pas que la perte d'Anthelia allait autant me toucher, commença-t-il. J'ai passé des semaines à me perdre et à vouloir oublier en parcourant la campagne d'Ynorie, à ne plus pouvoir évoquer son nom même en pensée. Ça me bouffait de l'intérieur, je devais ressembler à un purotin. Puis j'ai rencontré Camille. Une Chevalier de l'écu, un ordre de Valyus errant. Elle m'a bien secoué et m'a remis les idées en places. Ça a pris des mois, mais quand nous nous sommes croisés à Oranan, j'avais tourné la page. J'étais simplement heureux de te revoir et... »

Il détacha enfin son regard du paysage morne pour le poser sur la jeune femme.

« ... Et j'ai compris que j'avais pas été là alors que j'avais dit que je le serai. Ce que j'ai vécu n'est pas une excuse valable pour t'abandonner. Je suis désolé, Yliria. »

La voix neutre se teintait peu à peu de remords et d’émotions. Ne sachant si son ire pouvait l’embarrasser, il finit par détourner de nouveau les yeux.

« Si tu veux faire comme si tu ne m'avais pas... comme s'il ne s'était rien passé, je le ferai. C'est la moindre des choses. Et pour ce que ça vaut... Si tu veux me parler de ce qui s'est passé pour toi sur Nyr, avec quelques mois de retard, je le ferai avec "plaisir", ajoute-t-il prudemment en mimant les guillemets.

- Tu n'as pas à t'excuser. Je t'ai imposé ça sans me mettre à ta place et je sais pourtant ce que ça fait de perdre quelqu'un... »

Après ça, Yliria lui avoua son malaise, le fait qu’elle ne savait pas quoi faire de ce qu’elle pouvait ressentir et de l’ambiance étrange qui régnait désormais entre eux. Elle était perturbée. Akihito la laissa parler, simple oreille attentive à ce qu’elle disait. Le savoir et l’entendre dire n’avait pas le même impact, comme pour Yliria qui devait se sentir libéré d’un grand poids.
Elle resta aussi assez évasive sur la raison de sa transformation physique, à Nyr. Il se doutait qu’elle ne lui disait pas tout et il n’insista pas. Si elle voulait lui en dire plus tard, elle le ferait.

« Tu vois la cicatrice que j'ai sur le nez ? je me la suis faite en explosant un miroir à force de taper dedans et de mettre des bris de verre partout... en y repensant, c'est mieux que t'ait pas été là, je sais pas comment j'aurai réagi si tu... enfin si t'avais été là. »

Il ne put s’empêcher de sourire à cette anecdote.

« C'est tout à fait toi ça. Et si j’avais été là, je t'aurais sans doute tendu une potion en râlant. Mon fameux syndrome du héros.

- Je l'aurais pas refusé, je pense, répliqua-t-elle en lui rendant son sourire. Au final j'aime bien l'avoir, cette cicatrice. Comparé aux autres que j'avais c'est rien et au moins celle-là j'ai choisi de la garder... D'accord, dis comme ça c'est stupide, mais sur le moment ça l'était moins. J'aurais dû venir te parler beaucoup plus tôt. Je me sens idiote, maintenant.

- On pas vraiment eu le temps d'avoir cette conversation, faut dire. Puis les cicatrices, c'est fait pour se souvenir, » dit-il en lui agitant son bras marqué et dévoilant une partie de sa cicatrice. Regardant les nervures gravées sur sa peau, il se rappela avoir eu l’idée à un moment de tatouer par-dessus sa cicatrice. Pas pour l’effacer, mais pour la rendre plus harmonieuse. Comme il le disait, le but était de se rappeler de la folie qui avait faillit le tuer, pas l’occulter sous l’encre.

(Yliria voulait quelque chose de similaire.)

« D'ailleurs, en parlant de cicatrices... tu voulais que je m'occupe de ton dos avec un tatouage, mais c'était avec ton ancien... corps. C'est toujours d'actualité..?

- On dirait un éclair... Le tatouage ? AH ! Je dois t'avouer que je n'y ai pas vraiment repensé... L'idée me plaît quand même, au final.

- Je l'ai eu en me faisant à moitié foudroyé. Sauf que ça n’a pas été sans conséquence comme à Oranan, je te raconte pas l'état de mon bras sur le moment. »

L’image de son bras en charpie flotta un instant dans sa tête, mais il le chassa et se concentra plutôt sur l’envie de son amie, qui arquait un sourcil en s’inquiétant à juste titre sur sa dangereuse tendance à se faire foudroyer.

« C'est l'essentiel, que ça te plaise. Là actuellement, je peux faire que de simples tatouages puisque les fluides ne sont pas trop... accessibles. J'ai bien idée pour faire un tatouage arcanique avec des matériaux d'Aliaénon et de la magie d'Aliaénon, mais ça va me demander des recherches en plus.

- Je vais me contenter d'un tatouage de chez nous, si tu veux bien. Je dois réfléchir au dessin, de toute façon...

- Bien sûr, bien sûr. Et je pourrai te conseiller pour le dessin. »

Son estomac se rappela à lui et il mordit avec hésitation dans son pain désormais un peu dur d'Esseroth. Le goût fort des épices se répandit dans sa bouche et s’il eut un instant un haut-le-cœur, il finit par faire refouler l’envie. Les maux de ventre de la matinée s’estompaient peu à peu, et avoir de nouveau quelque chose de solide dans le ventre lui fit le plus grand bien.

« Et toi raconte-moi ton retour à Tulorim ? Tu as pu retrouver... Nyllyn, c'est ça ? » demanda l’enchanteur en fouillant dans sa mémoire le nom de la jeune fille dont lui avait parfois parlé Yliria. Acquiesçant, elle lui raconta alors son retour en Imiftil : les Danseurs d'opale qui la croyaient morte, son commandant Sorinion qui avait commencé à lui apprendre les ficelles du commandement… Elle avoua avec un peu de difficulté que son nouveau corps avait compliqué sa reprise de l’entrainement physique tant il lui semblait étranger. Elle hésitait dans un premier temps mais à mesure qu'ils parlaient, elle se détendit et se montra plus bavarde. Evoqua quelques anecdotes amusantes. Elle eut même un ou deux éclats de rire sur certaines, puis conclut sur son changement de mission pour venir à Oranan quand elle se préparait à aller rejoindre la résistance taurionne.

Après leur longue discussion, il leva le nez en l'air, ferma les yeux et se senti mieux. Parler de sujet plus léger lui avait fait du bien. Cela le conforta dans son idée qu’une discussion était ce qui manquait à leur groupe.

« Ça fait du bien d'avoir une discussion plus simple, comme ça.

- Ça aurait dû rester simple, dit-elle finalement après un long moment de silence.

- Ce qui est fait est fait. Alors le mieux qu'on puisse faire, c'est qu'on oublie ce qui s'est passé sur le, euh... dos de Cromax. Et on repart sur des bases saines. Et si ça arrive de nouveau, on... »

(On…)

On quoi ?

La bouche ouverte, Akihito resta figé. « On avisera », voilà ce qu’il s’était apprêté à dire. Comme si dans une situation similaire à venir, les choses allaient pouvoir être différentes. Et la vérité était que les choses étaient différentes : Anthelia n’était plus là, et Yliria n’était plus une adolescente. Il savait pertinemment que même quand ils s’étaient rencontré, elle avait déjà plus du double de son âge et pour les standards des métisses humains elfiques, cela correspondait plus ou moins à l’état de maturité pour un humain de son âge. Mais il était difficile de ne pas la considérer comme une adolescente alors que c’est à quoi elle ressemblait.

(… Mais maintenant, c’est une jeune femme,) intervint sa Faëra d’une voix douce.

(Je croyais que tu ne voulais pas t’impliquer dans les histoires de cœur de tes Porteurs, Amy.)

(Même si je serai toujours de ton côté, j’ai moi aussi commencé à apprécier Yli. Et ça m’ennuie de la voir en peine.)

(Et tu comptes me pousser dans ses bras ?) demanda-t-il avec une subtile pointe d’indignation et de colère. La Faëra ne répondit pas, laissant le jeune homme seul à ses pensées. S’il était parfaitement honnête, il appréciait le caractère d’Yliria et sa nouvelle apparence, bien que très loin des femmes qui l’avaient attirée jusque-là, lui plaisait beaucoup aussi. Mais il avait bâti son affection pour elle comme envers une jeune fille qu’il ne pouvait même pas considérer comme une potentielle amante. Et pour tomber amoureux d’elle, il faudrait qu’il se débarrasse de cette image qu’il avait d’elle. Devait-il lui dire ça ainsi ? Cela risquait de lui donner l’espoir d’une relation qu’il n’arriverait jamais à lui donner, et il se refusait à lui mentir pour satisfaire ses sentiments. Si elle l’apprenait, ni lui ni elle ne pourrait lui pardonner.

« ...On avisera, » finit-il par lâcher, évitant soigneusement son regard. C’était le mieux qu’il pouvait faire selon lui. Il ne voulait ni lui mentir en lui disant que ça ne pourra jamais arriver, ni lui donner de faux espoirs.

« Ça n'arrivera pas, j'ai retenu la leçon. Tu n'as rien à craindre. »

La dernière partie de sa phrase le peina, et il grimaça. Pour elle, il voyait son affection comme un danger. Il la regarda et vit que son regard s’était fermé.

« N’en parlons plus.

- N'en parlons plus, acquiesça-t-il, n’ayant pas envie lui aussi de prolonger cette discussion. On rameute tout le monde pour arrêter de se mettre des bâtons dans les roues ? »

Elle hocha la tête sans rien rajouter et se leva à sa suite. Descendant dans le même silence qu’ils étaient montés, Akihito aperçu au loin l’orbe rouge du Titan un peu à l’écart, la silhouette de Xël. Le Kendran n’avait pas bougé depuis leur arrivée.

« Entre sans moi, Yli. Je vais aller voir notre mâtin de Xël.

- Et bien je te souhaite bon courage. »

Yliria semblait vraiment remontée contre l’aéromancien : une preuve de plus qu’ils courraient au désastre si un point n’était pas rapidement fait avec le reste du groupe.
Se séparant de la bretteuse, Akihito se dirigea vers Xël. A mesure qu’il approchait, il vit plus en détails ses yeux mi-clos et sa bouche légèrement entrouverte. Jugeant qu’il ne devait dormir que d’un œil, il se posta devant lui et attendit qu’il le remarque. S’il ne réagissait pas, il allait le…

« Je peux t’aider ? »

Dit-il en ouvrant des yeux sévères. L’enchanteur comprit rapidement que faire des ronds de jambes n’allait être d’aucune utilité avec une personne aussi aigrie que lui. Il ne se départit cependant pas de son ton neutre : braquer une personne quand on voulait sa coopération n’était pas une bonne idée.

« Oui. Ça fait quatre jours qu'on court partout et on n’a jamais pris le temps de se parler entre Yuiméniens. Savoir ce qu'on veut faire, comment. Et là, on a un peu de temps devant nous, donc je pensais faire cette discussion ce soir.

- Comme tu le dis on court partout et ouvrir des portails à travers le monde me coûte beaucoup d’énergie. J’ai besoin de repos. Vous savez le nécessaire, vous n’aurez qu’à me dire demain matin où vous voudrez vous rendre.

- La question c'est pas de savoir aller, c'est savoir avec qui on va, répliqua l’enchanteur en mettant l’emphase sur les mots ‘qui’ et ‘où’. Et je me rends compte que je te connais pas aussi bien que je le pensais, Xël. J'ai à peine parler à Mathis ou Jorus, et je pense pas que tu en ait fait plus. Et les tensions ne vont pas en s'arrangeant.

- Nous avons infiltré un manoir pour tuer deux des personnes les plus puissantes de Yuimen mais à part ça nous ne nous connaissons pas, comment on pourrait prétendre tout savoir l’un de l’autre. »

Il se montra ensuite particulièrement acerbe en pointant du doigts sans les nommer des personnes du groupe qui se plaçaient en moralisatrice, quand lui ne pouvait se résoudre à abandonner des peuples et cités en danger. Même si c’était pour aller s’occuper d’un danger plus grand.

« Et c'est pour ça qu'on doit parler. On doit pas tout savoir les uns sur les autres, mais le minimum devient primordial. »

L’Ynorien haussa les épaules avant de continuer.

« Je suis le premier à admettre que je suis pas du tout accordé avec vous. La majorité de ce que j'ai proposé ne vous a jamais convaincu. Sauf que si on continue de se disputer et de se monter les uns contre les autres, on court à la catastrophe. Methbe-El ne sera pas libérée et le Dragon Noir pas inquiété. Je ne te forcerai pas à venir, mais tu sais comme moi qu'on en a besoin. Tous.

- Il est sans doute déjà trop tard pour Methbe-El. La tête du père de Maïssa roule sûrement sur le sol avec celles de citoyens interrogés au hasard pour répondre à des questions auxquelles ils n’ont aucune réponse. Tu l’as dit toi-même, tu préfères savoir que tu n’auras pas à compter sur moi plutôt que de t’inquiéter à savoir quand ma prochaine ‘lu-bie’ va me faire vriller. Une chance que mes lubies m’aient poussés à me rendre devant Oranan dans une bataille qui nous marquera à jamais pour lui éviter un sort terrible.

- Si Maïssa et Methbe-El étaient si en danger que ça, est ce qu'elle aurait fui, vu le caractère qu'on lui connaît ? Est ce qu'elle t'aurait traîné de force dans le portail, si son père était en danger de mort imminente ? Est ce qu'elle aurait désigné le désert et les Chevaliers en route pour Messaliah et pas les types qui sont encore en ville ? Est-ce que la ville que tu as aperçue avait l'air sous le joug d'une armée capable de massacrer au hasard des habitants ? »

Face au cynisme du mage, Akihito lui opposa une énumération de faits qui, selon lui, prouvait que la cité n’était pas en danger imminent. Xël lui connaissait son amour prononcé pour sa patrie, et c’était sans doute pour ça qu’il avait abordé le sujet d’Oranan. Autant parce qu’il n’appréciait pas cette manœuvre que pour montrer qu’il se voulait parfaitement objectif, Akihito continua.

« Je pense pas que tu ais aidé Oranan, Xël. Tu voulais te battre pour ton pays avant tout et faire la peau des Treize. Oranan n'est qu'une conséquence de tout ça. La preuve, tu n'as pas défendu ses remparts, tu as rejoint l'armée de Kendra-Kâr après notre raid échoué. Et je ne te le reprocherai pas. Tu t'es battu pour ce qui était important pour toi. Oranan aurait été détruite que tu aurais sans doute trouvé ce sacrifice lourd, mais nécessaire pour arrêter Oaxaca. Ça me fait mal de le reconnaitre, mais je pense la même chose, déclara-t-il avant de pointer du doigt la sacoche où l'orbe du Sans Visage était rangé, puis l’Orbe du Titan. "je vous déconseille vivement d'essayer de m'en séparer", "son influence est encore forte". Ça, et ce globe qui a rendu Silmeria cinglée. T'as changé depuis qu'on a commencé à se pencher sur l'âme du Sans Visage et que tu l'as ramassé. A quel point ça a une influence sur toi, Xël ? L'âme d'un quasi-dieu dans le creux de la poche ça ne peut pas être sans conséquence.

- Je sais que son influence est moins forte parce qu’à l’époque ça a poussé Simaya a essayé de nous tuer alors que nous n’avions aucune idée de ce qui se cachait dans la grotte. »

(C’est précisément le genre de chose qu’on aimerait savoir, Xël,) grogna intérieurement l’Ynorien. Quand le Kendran avait annoncé qu’il ne fallait mieux pas le séparer de l’âme du Sans -Visage, Akihito avait pensé que la raison était une sorte de relation symbiotique ou fragile et qu’il était simplement plus prudent que lui s’en occupe, d’autant plus qu’il avait visiblement par le passé été en contact avec l’ex-Titan. Maintenant, il découvrait que c’était surtout parce qu’il risquait de riposter s’ils tentaient de les séparer.

« Je n’aurais pas supporté qu’Oranan disparaisse. C’est quelque chose que j’ai vécu trop de fois. Je n’ai pas rejoint l’armée de Kendra-Kâr pour défendre le royaume. Je l’ai fait pour être capable de défaire la menace qui planait sur Yuimen et sur Aliaénon. Quant à Maïssa je pense qu’elle ne voulait tout simplement pas que cela dégénère.

- Sans vouloir être vétilleux, tu as vu beaucoup de villes de la taille d'Oranan se faire raser ? demande-t-il, un peu circonspect.

- Trois. Quatre si je compte Elscarl’Oth, même si pour celle-ci je n’en ai pas été témoin. »

Il n’était pas très convaincu par de tels propos. Aucune ville de Yuimen n’avait à sa connaissance été rasée récemment. Peut-être qu’il parlait de villes sur Aliaénon ?

(On est d’accord qu’il a une âme dans sa poche, non ?) intervint Amy.

(Oui ?)

(Et si c’était le Sans-Visage qui avait vu ces viles rasées ?)

(… Oh.)

L’idée qu’il ne s’adresse pas à Xël, mais à une entité ayant pris son corps ou une sorte d’union entre les deux âmes ne lui plaisait vraiment pas. Il devait le vérifier, et pour ça, il s’agenouilla pour être plus proche de son compatriote de monde et continua de sa voix qu’il souhaitait calme, inoffensive.

« Xël, tu peux me laisser tenir l'âme du Sans Visage un petit moment ?

- Tu sais bien que non, répondit le mage du tac au tac en posant une main protectrice sur son sac.

- Essaye de me comprendre, Xël. Tu ne dis pas que tu contrôles le fragment, tu dis que son influence est moins forte que celle qui a poussé Simaya a tous vouloir vous tuer, à l'époque. Ça, plus ce qu'on a vu avec l'orbe du titan, plus ton comportement qui a changé... Qu'est ce qui t'empêcherait de me le laisser, un court instant seulement ? Tu as peur que je le détruises ? Que je fuis avec ? Que je ne te le rende pas ?

- Ce n’est pas comme si tu me demandais d’expliquer comment appâter une poule… Je ressens que je dois le protéger et pour ça je dois le garder sur moi. Tout simplement, donc non je ne peux pas te le confier.

- On peut le protéger à deux. C'est même ce que fait tout le groupe déjà. »

Rien n’y faisait, Xël restait intraitable et refusait catégoriquement de lui laisser approcher le fragment. Il le regarda longuement, avant de pousser un petit soupir déçu en se relevant.

« Très bien. Tu comprends quand même qu'on puisse être méfiant ?

- C’est évident. »

(C’est déjà ça…)

« On s'est un peu éloigné du but de ma venue. Tu comptes nous rejoindre ?

- Non. Je pense que je vais en rester à ma première décision et prendre un peu mes distances pour l’instant.

- Même pas simplement y assister ? insista l’Ynorien une ultime fois en grimaçant avant de se heurter à un nouveau refus et d’abandonner. Tant pis. Mais quitte à te reposer, fais ça bien : dans ta tente. Reste pas là. »

Il hocha vaguement la tête, se désintéressant de l’enchanteur, qui s’éloigna de lui. Sans Xël, la réunion perdait un peu de son sens. La contrariété qu’il vivait était compréhensible, mais frustrante. La méfiance qu’il provoquait n’allait que s’amplifier et s’il préférait évidemment la version qu’il présentait, c’était sa parole contre la sienne. Et sa parole était peut-être influencée par l’âme du Sans-Visage.

En laissant son regard glisser sur l’orbe et les sorciers qui le gardaient, l’enchanteur se rappela d’une question qu’il voulait poser à des sorciers, Zelneth n’ayant -à raison- pas pu le renseigner. S’approchant d’Alossarh et Bellarien, il sorti le cristal de magie et le leur présenta.

« Ça vous dit quelque chose, ça ?

- Ça ressemble aux cristaux des souterrains de ce monde. Il y en a dans des grottes profondes ou si l'on creuse suffisamment. C'est... assez commun je dirais. Je crois que les Cadi Yangin les utilisent, une fois raffinés, répondit Bellarien tandis qu’Alossarh ne semblait pas savoir grand-chose à leur sujet.

- De ce que j'avais compris par moi-même, ce serait de la magie cristallisée. Parmi les sorciers d'Elscar'Olth, l'un de vous sait les raffiner ?

- Pas que je sache. A Arthim'Olth, ils le font peut-être. Chez les sorciers du désert, c'est certain. Il y avait peut-être des groupes de recherche sur elles, à Elscar'Olth, mais... Bon. Il n'y en a plus, vraisemblablement. »

(Arthim’Olth… Ah oui, lui.)

Le sorcier aux cornes et à la peau blafarde, qui avait appelé Yliria ‘Peau Noire’, était de cette ville. Ou du moins, il semblait bien la connaitre. Aller s’adresser à lui pouvait être pertinent.

« Si nous devons passer par Arthim'Olth ou les Cadi-Yangin, j'essaierai d'en apprendre plus, alors. Merci. »

D’un rapide signe de tête il les salua avant de repartir d’un pas vif vers la grotte. Le cornu, puis Simaya au sujet de Xël et du Sans Visage… En s’enfonçant dans le tunnel faiblement éclairé, il marmonna.

« Pour quelqu’un qui tient à rester à l’écart des décisions, je m’implique vachement. »

(Un vrai moulin à paroles,) approuva Amy, de laquelle émanait malgré sa plaisanterie une certaine forme de soutien et peut-être, de fierté. La Faëra approuvait ses actions.

L’homme qu’Akihito cherchait ne passait pas inaperçu, heureusement. Aussi quand il demanda où il pouvait trouver un homme avec des cornes, on eut pas de mal à lui indiquer une tente plus large que les autres où il serait. S’en approchant, il passa la tête dans l’embrasure de la toile entre-ouverte, à la recherche du sorcier. L’intérieur était un bric à brac de plusieurs objets et coffres débordants de choses qu’il arrivait à peine à identifier : les restes d’une fuite précipité. Une table à tréteaux était aussi dressée et recouvertes de différents papiers à côté d’un lit de camp, sur lequel Visselion était allongé. A son chevet, l’homme cornu.

« Mmmh, pardon, vous avez une minute ? »

Si perturber quelqu’un en convalescence n’était pas dans ses habitudes, il fit une exception pour Visselion. L’homme qu’il avait appelé se fit excuser auprès du sorcier et sorti de la tente, enjoignant l’Ynorien à le suivre. Une fois à distance respectable, il l’interrogea du regard. En réponse, Akihito lui présenta la pierre.

« J'ai appris d'Alossarh que le Cadi-Yangis raffinait ces pierres et il a évoqué la possibilité que les sorciers d'Arthim'Olth s'y soient aussi intéressés. Vous venez de là-bas, non ? Vous pouvez m'en dire plus ? demanda-t-il avant d’ajouter : Et comment je dois vous appeler ?

- Smarag’Din, répondit-il en examinant la gemme. Hm oui nous en trouvons tellement dans nos mines que nous avons bien fini par les utiliser. Incrustées sur des armures en argent noir, elles permettent d'en canaliser la magie sombre.

- Vous leur connaissez d'autres utilisations ? Et j'en ai vu de différentes couleurs, ça change quelque chose ?

- Leur couleur ne change pas grand-chose, de ce que je sais. Enfin pour nous en tout cas. Ces machins sont des petits concentrés de magie, ils ont sans doute d'autres utilités, mais je ne les connais guère.

- Mmmh. »

Les Yuiméniens pouvaient exploiter librement la magie de ce monde : s’ils pouvaient utiliser ces cristaux pour amplifier leur puissance, ce serait un atout non négligeable pour le combat à venir. Smarag’Din ne semblait pas en connaitre beaucoup sur les pierres, mais il avait encore quelques informations à tirer de lui. Faisant distraitement rouler la pierre entre ses doigts, il continua ses questions.

« Smarag’Din, vous en savez plus sur l'incrustation dans vos armures ? J'imagine qu'il faut altérer d'une manière ou d'une autre ces cristaux pour qu'ils "canalisent la magie sombre" et ne fasse pas autre chose.

- Oui, nous lissons leurs imperfections et ne gardons que les plus purs. Et puis, bon... c'est mieux si ça en jette, non ? J'suis pas expert dans les enchantements utilisés pour les armures. Je suis davantage lié à la conception de ces dernières et à leur entretien qu'à cette option.

- Celle-ci est considérée comme "pure" ? »

L’homme cornu ne mit pas longtemps à rendre son jugement : la pierre comportait de nombreuses fêlures et brisures sur toute sa surface. Elle avait été extraite par « un bourrin » selon lui, en plus d’avoir été ternie par le soleil.

« Et une gemme pure sera plus efficace qu'une gemme comme la mienne ?

- Sans aucun doute, oui. Vous avez déjà essayé de faire une paire de botte avec un vieux morceau de cuir tout corné ? Ben là ça doit être pareil. »

(Donc une bonne gemme de magie doit être extraite en souterrain et comporter le moins de défaut possible.)

(Pas d’extraction au fluide pour nous, alors.)

(Et je vais pas m’en plaindre.)

Il rangea la pierre et repensa à son objectif initial : moudre un cristal pour la transformer en encre et tatouer une magie d’Aliaénon. C’était une application de la magie et un enchantement qui était complexe, et il doutait que son interlocuteur puisse lui répondre.

« Je suis moi-même un enchanteur sur mon monde, et j'ai quelques idées qui pourraient être exploitées avec ces cristaux. Si nos pas nous mènent à votre cité, qui est ce que je pourrais aller voir pour en savoir plus sur la méthode d'enchantement ?

- Hmm. Meyr'Lhun pourra vous aider. C'est notre enchanteur en chef.

- Et je vais pouvoir rencontrer une personne aussi importante facilement ? questionna le fulguromancien, dubitatif.

- Pas sans moi. Mais ne considérez personne comme important à Arthim'Olth. Nul ne l'est : ni vous, ni nous. Nous étions esclaves, il y a peu.

- Alors plutôt qu'importante, disons plutôt une personne "occupée". Et si nous y allons sans vous, vous avez un autre nom ? »

Smarag’Din lui répondit simplement que sans sa présence, personne ne pourrait entrer dans la cité. Couplé à sa précédente déclaration sur l’absence de personne importante et le passé d’ancienne ville esclave, Akihito se fit la muette remarque que la ville risquait d’être délicate à aborder. Il remercia néanmoins l’homme d’une brève inclinaison.

« C'est bon à savoir. Merci des renseignements, je ne vous dérange pas plus longtemps. »

Ne restait plus qu’une seule personne à aller voir, Simaya. Se souvenant vaguement de la partie du camp où elle avait résidé, il s’y aventura et ne mit qu’une poignée de minutes avant d’entre-apercevoir sa chevelure blonde. La rejoignant, l’Ynorien vit Mathis s’éloigner d’elle. Espérant qu’elle n’était pas fatiguée d’être abordée par les Yuiméniens, il l’aborda prudemment.

« Dame Simaya. Vous avez un instant à m'accorder ?

- Oui ? Des nouvelles d'Ibn ? Vous voulez aussi me parler de l'arme de Messaliah ? De l'âme du Titan ?

- Non, non et presque. »

Akihito s'installa face à elle et après avoir vérifié que personne n'était à proximité, il se mit à parler plus bas : le sujet était sensible.

« Je viens de m'entretenir avec Xël. Et il m'a parlé de votre... expérience, au contact de l'âme du Sans Visage lors de ses premiers voyages ici. Quelque chose de similaire à ce que nous avons vécu avec Silmeria et l'âme du Titan. Est-ce que c'est vrai ?

- Vous voulez parler de la possession qui m'a contrôlée lorsque je me suis approché de celle-ci la première fois ? J'ai été jusqu'à attaquer des amis pour la protéger, tant elle prenait de place dans mon esprit. »

L’âme du Sans-Visage était bien similaire à l’âme du Titan, la différence étant que l’un poussait à un besoin impérieux de le protéger, quand l’autre exacerbait la violence.

« Et comment vous ont-ils libérés ?

- Je... je ne me rappelle plus. En me rendant inapte à agir, et en m'écartant de l'âme.

- Cette influence de l'âme est un peu similaire à celle qu'exerce l'orbe du Titan, non ? voulu confirmer l’enchanteur, ce que Simaya fit. Donc, si nous mettons l'âme du Sans-Visage sous la même coupole, elle serait probablement neutralisée aussi ?

- Je... doute qu'elles puissent interagir entre elles. »

Ce n’était pas vraiment ce à quoi il pensait, mais l’information était bienvenue.

« Très bien. Parce que si l'influence de l'âme du sans visage semble moindre, la manière dont elle affecte Xël m'inquiète.

- Moindre, ce n'est pas ce que j'utiliserais comme terme. Il l'a avec lui, c'est ça ? Comment... Comment s'y est-il pris ?

- Aucune idée, répondit Akihito en haussant les épaules. Mais toujours est-il que je trouve que son comportement a changé dernièrement, et que ça ne me plait pas. »

Il la regarda un peu plus en détail, comme pour déceler des traces de fatigue.

« Vous êtes lié à la magie d'Elscar’Olth et ça ne vous épuises pas. Mais pour combien de temps ? Notre magie dure rarement plus d'une journée. Si le lien se rompt brusquement, combien de temps pensez-vous pouvoir maintenir votre dôme ?

- Je crois que le sort de Mathis me permet de faire perdurer mon dôme indéfiniment si je ne quitte pas les alentours. Les quitter signifierait la résorption du sort. C'est... curieusement passif, comme maintien. »

(Enfin une bonne nouvelle.) Cela forçait Simaya à rester sur place, mais c’était un moindre mal, assurément.

« C'est déjà ça. Concernant Xël... Vous pensez que nous devrions lui retirer l'âme du Sans-Visage ?

- Il est celui de vous qui le connait le mieux. Peut-être est-ce une force. Peut-être une faiblesse. C'est difficile à dire. Qu'en pense-t-il ? demanda l’Esserothéenne, ce à quoi il répondit avec un haussement d’épaule.

- Comme quelqu'un qui a reçu pour priorité absolue de le protéger. S'en défaire même quelques secondes n'est pas envisageable. Et je n'ai pas envie que dans un moment critique, ils décident de faire passer leur survie avant nos objectifs. Ou que le Sans-Visage ait ses propres plans dans notre dos. »

Visiblement elle n’était pas convaincue et lui demanda s’il pensait que quelqu’un serait plus apte à porter le fragment, dans ce cas.

« Non, mais la mettre en quarantaine comme l'autre âme me rendrait plus tranquille. Le temps de savoir quoi en faire.

- Ne serait-ce pas un risque ? Elle est convoitée, cette âme. Vous le savez. Et... En ce sens, Xël voudra la protéger.

- Ca ne me plait pas, mais nous pouvons lui prendre par la force. Par surprise. Vous pouvez manifester un autre dôme d’anti-magie en plus de celui que vous maintenez ?

- Non, je ne peux créer qu'un dôme à la fois. Et... je ne suis pas pour l'usage de la force contre un allié. Ce serait créer la discorde dans ce groupe qui semble déjà si peu soudé. »

Akihito grimaça. Lui non plus n’était pas enjoué à cette idée. Mais l’idée que Xël ne soit pas complètement maître de lui-même et puisse être un danger lui plaisait encore moins. Autant pour le groupe que pour l’aéromancien lui-même. Et sans le dôme de magie de la magicienne, Xël pourrait riposter avec la magie.

« Je ne veux pas en arriver là, mais la discussion que j'ai eu avec Xël n'est pas pour me rassurer. C'est une option que je ne peux pas écarter, pas quand on affronte un danger comme le Dragon Noir. Pour ce qui est de la cohésion de notre groupe... J'espère y remédier ce soir. Un tant soit peu.

- Son instinct protecteur envers l'orbe n'est-il pas identique à celui que vous avez pour protéger votre monde ? Ou moi le mien ? En quoi serait-ce négatif ?

- Parce que vous avez fait le choix de protéger votre monde, répondit calmement l’Ynorien. Et que vous aurez le choix de prendre des risques. Xël, lui, n'a pas l'air de l'avoir.

- Il a choisi d'emmener cet orbe en sachant pertinemment ce dont il est capable. Il s'est rendu vers lui pour aller le chercher, sans influence de sa part. Ou du moins je l'espère.

- Peut être. Mais là, a-t-il encore le choix ? »

Simaya l’ignorait, comme l’attesta son haussement d’épaules. Il aurait préféré qu’elle soit plus catégorique dans ses affirmations, choisir la manière forte ou non aurait été plus simple qu’avec ces réponses en demi-teinte. Pour l’énième fois de la journée, il soupira.

« Merci pour votre avis. On essayera de faire un choix en nôtre âme et conscience, dit-il en partant avant de penser à une dernière chose et de revenir vers elle. Vous avez une suggestion à nous donner sur la prochaine chose à faire, peut-être ?

- Trouver que faire de l'orbe du Titan. Je dois me rendre à Esseroth pour les prévenir du danger du Dragon. Et si je m'en vais... vous savez ce qui arrivera. A moins que vous n'y alliez à ma place, mais cela vous ferait perdre un temps précieux. Quels sont vos objectifs actuellement visés ?

- Pour Esseroth, c'est plus sage de laisser quelqu'un d'autre que vous le faire. Tout le monde peut servir de messager, mais vous seule pouvez contenir l'âme du Titan. Pour le reste, je ne sais pas trop ; et je suis pas un très bon décisionnaire. Je laisserai les autres décider. »

La magicienne répondit qu’en plus d’être l’oiseau de mauvaise augure, elle voulait rentrer chez elle pour défendre sa cité.

(C’est pas moi qui vais lui jeter la pierre, mais…)

« Ça sera votre choix, mais vous en connaissez aussi les conséquences. Enfin, connaître est un bien grand mot. Disons que vous vous doutez de ce qui pourrait arriver. Et rien de très réjouissant en l'état.

- C'est pourquoi je préconise de trouver une solution pour l'orbe.

- J'avais proposé de le confiner dans les profondeurs d'Elscar'Olth. Loin des regards avides, loin de toute personne influençable. Personne n'avait l'air d'adhérer à cette idée, alors espérons que les autres seront plus sages que moi, éluda dans une moue l’enchanteur, ce qui la fit hausser un sourcil.

- Dans la salle du trône ? Et comment comptiez-vous l'emmener là-bas ? Sans compter que les Sorciers voudront sans doute rejoindre leur cité, maintenant que le Titan est mort.

- Avec un portail. Et avant d'avoir accès à leur salle du trône, les sorciers vont avoir les mains déjà bien prises avec la reconstruction de leur ville et le déblaiement des décombres. Le confiner dans la salle du trône ne réglerait pas le problème, je sais, mais on gagnerait un peu de répit le temps régler le reste. Et Valyus sait qu'on en a des problèmes plus urgents à régler. »

La mage ne semblait pas convaincue de sa proposition, mais elle opina du chef. Il lui rendit son salut et s’éloigna sur les pas de Mathis. Il était temps que les Yuiméniens aient une discussion.

(Espérons que ça ne finisse pas en pugilat.)

(Tu es bien optimiste, Akihito.)

(Moi ? Toujours.)


-----------
« »
Mots placés : Mâtin, vétilleux, purotin.

Rameute le peuple pour la grande discussion.
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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » ven. 24 mars 2023 11:50

À notre retour dans les landes, je constatai avec soulagement qu’il ne s’était rien passé de fâcheux en notre absence. L’orbe rouge se trouvait toujours sous le dôme de protection de Simaya, Alossarh’ et Bellarien le surveillant toujours.

Alors que j’aurais dû m’en attendre, Alossarh n’apprécia pas du tout la présence d’une inconnue parmi nous. Sans aucune délicatesse, il demanda de qui il s’agissait, nous répétant que l’existence de la grotte était censée être secrète.

Ce fut Akihito qui intervint le premier. Il présenta Maïssa, précisant ses origines. Il précisa qu’on lui devait l’évasion de Ibn Al Sabar et de Dracaena et qu’en agissant ainsi, elle avait mis sa vie en danger.

Bellarian exprima son désaccord non seulement à la présence de Maïssa, mais également à la nôtre. Il était persuadé que nous n’allions que leur causer du tort.

Alossarh fut beaucoup plus compréhensif. Il nous prévint par contre qu’en amenant des étrangers dans les landes, nous les rendions plus vulnérables. Il nous somma donc de ne plus recommencer. Il termina en indiquant à Dracaena où il trouverait Zacara.
Alors que Maïssa allait suivre Dracaena, je l’interpellai :

« Maïssa, j'aimerais vous parler une petite minute avant que vous suiviez Dracaena, si vous le voulez bien. »

Malgré le regard soupçonneux qu’elle me rendit, elle accepta de m’écouter. Dracaena dit qu’il l’attendrait, puis me prévint qu’elle ne pouvait me répondre que par un oui ou par un non. A cette intervention, je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils et pour deux raisons. Tout d’abord, il me prenait pour un idiot. J’avais de moi-même constaté que la jolie jeune dame ne disait mot et ne répondait que par des signes. Et puis, il n’avait pas besoin de l’attendre, j’étais une personne de confiance et pour sa part, il devait se rendre au plus vite auprès du sorcier guérisseur.

Conscient du peu de temps dont je disposai, j'allai droit au but:

« Tout comme vous, j'ai un compagnon (compagne dans mon cas) à qui je tiens beaucoup. »

Ce disant, je sortis Praline de mon sac dans mon dos. Et lui présentai.

« Voici Praline. Je trouverais dommage que ma chatte serve de repas à Alsaqr ou encore que Praline n'attaque ce splendide faucon. Êtes-vous d'accord pour que l’on soit vigilant vous et moi afin d'éviter les conflits entre eux d'eux ? »


Pour ma part, ce n’était pas la présence de Maïssa qui me troublait, mais celle de son immense faucon. Ce dernier volant au-dessus de nous, Maïssa accepta ma requête d’un signe de tête.
Soulagé de sa réponse, je déposai Praline au sol. Cette dernière fut bien contente de se dégourdir les jambes. Mais à peine deux pas de franchis, elle alla se frotter contre une des jambes de Maïssa.

Cette dernière ne sembla pas savoir comment réagir aux avances de Praline, m’interrogea du regard.

« Je suis désolé de son attitude, je crois que vous lui plaisez »

Dis-je avec un sourire sincère et nullement déplacé. Tout en haussant les épaules.

« Si vous en avez envie, vous pouvez lui caresser le dos, sinon, juste déplacer votre jambe et elle comprendra le message et poursuivra son chemin. »

Curieusement, elle continua à m’interroger du regard sans s’intéresser au chat.
Voyant qu'on l'ignorait, Praline n'insista pas et continua son chemin. Pour ma part, je voyais bien qu'elle se posait des questions à mon sujet, mais je ne devinais pas ce que ça pouvait être.
Alors dans le doute, j'en dis plus que moins.

« J'ai adopté Praline alors qu'elle était un tout petit chaton. Puis un jour alors que je la caressai, mon esprit sortit de mon corps pour lui tenir compagnie dans le sien. Ne sachant, comment survient ce phénomène, je l'appelle personnellement : emprunt. Lorsque je le désire, Praline me fait une petite place dans son corps. Ce qui me permet d'explorer des lieux sans semer le doute d'éventuels ennemis... qui se méfierait d'un chat ? »
Après un court moment, je rajoutai:

« Est-ce que j'ai répondu à votre interrogation ? »


Pour toute réponse, elle leva les yeux au ciel et souffla par le nez et repartit en direction de Dracaena.
Je compris bien que trop tard qu’elle était pressée de rejoindre Draceana. Je la trouvai tout de même malpolie. Au lieu de me questionner du regard, elle aurait pu simplement faire un acquiescement de la tête et poursuivre son chemin, et j’aurais compris. Par ailleurs, un petit sourire en plus n’aurait pas été du luxe.

Je me tournai vers le dôme de protection et m’approchai d’Alossarh. Sans surprise, Bellarien s’éloigna en se plaçant de l’autre côté du dôme, ce que j’ignorai.
Je m'arrêtai aux côtés de Alossarh, j’observai l'orbe un petit moment, avant de me tourner vers lui pour lui demander :

« Du nouveau au sujet de cet orbe ? Aucune manifestation ? »

Il confirma que la protection de Simaya n’avait pas faibli.

« C'est bien. Je vous remercie d'avoir accepté de le surveiller. Auriez-vous besoin de prendre une pause ? Je peux prendre la relève. »

Il refusa poliment mon offre, tout en soulignant que nous étions partis qu’un court moment. Il n’avait pas eu tort. Je ne m’attendais pas à retrouver Dracaena et le sorcier dès notre arrivée. Son attitude à notre égard, à mon égard du moins, avait changé. Il se rendait sûrement compte que nous étions plus utiles qu’il ne l’avait cru au départ.


Je lui souris avant de répondre:

« Il est vrai que nous avons été chanceux. Nous sommes tombés sur Dracaena dès notre arrivée, il quittait la cité avec Ibn sur son épaule... »

Je m'arrêtai quelques secondes puis je lui demandai:
« J'aimerais connaître votre avis sur les chevaliers sans bannières... Nous les avons rencontrés et j'avoue m'être fait vite mon opinion, mais la première impression n'est pas toujours la bonne, ce pour quoi je vous demande ce que vous pensez d'eux ? »

Il ne les avait jamais vus dans les landes. Il supposa qu’ils les craignaient. Il me précisa que sur le territoire, ils employaient le terme de Marcheur de Mort pour parler du Sans-Visage.

« Ce qui est clair, c'est qu’ils veulent détruire l'âme du... Marcheur de Mort. Ils ont décapité devant nos yeux, un des leurs qui s'apprêtait, je pense, à dévoiler innocemment leur plan. Ils sont partis dans le sud dans le but de trouver une arme antique qui pourrait nous être utile pour détruire le dragon noir, mais qu’eux voudraient obtenir pour autre chose... Ils nous ont affirmé également qu'il n'y avait plus de mages sur Methbe-El. »


Il ne connaissait pas Methbe-El et ne voulut pas juger le comportement des chevaliers entre leurs propres compères. Tant qu’ils ne s’intéressaient pas à Elscar’Olth, le comportement des chevaliers lui importait peu. Il rajouta que Bellarien aurait un point de vue différent.

Ce à quoi je répondis :

« Je devine qu'ils ne les aiment pas... de la même façon qu'il n'apprécie pas notre présence, moi et mes compagnons, sur Aliaénon. Ai-je raison ? »

Il m’expliqua que Bellarien vivait dans le passé et n’acceptait pas que les croyances anciennes fussent remises en question. Par contre, il pensait que la colère contre les Yuimeniens avait une tout autre source.

« Vous en savez plus sur cette colère à notre endroit ? »

Jugeant que ce n’était pas à lui d’en parler, il me précisa seulement qu’il y avait un lien avec la mort de son frère.

J'opinai de la tête.

« Vous m'en avez dit suffisamment pour que je comprenne en gros son attitude envers nous. Je n'ai pas besoin d'en savoir davantage. »

Il me répéta ses doutes envers Maïssa et nous somma de la surveiller de près. Il ne voulait pas qu’elle communique avec des gens de l’extérieur. Il craignait sans doute qu’elle ne dévoile leur position.

« Tout ce que je sais d'elle, c'est qu'elle a grandement participé au sauvetage du sorcier Ibn... Eh oui, je vais la surveiller, l'on vous doit bien ça. »

Après qu’il eut acquiescé, je pris congé de lui.

« Je ne vous importune pas davantage, je retourne dans la grotte pour planifier avec les autres notre prochaine étape. »


Il me confirma que je ne l’ennuyais pas. Je le saluai puis je pris la direction de la grotte.

Une fois dans la grotte, je cherchai Simaya du regard. La trouvant seule dans un coin, je la rejoignis.

« Nous voici de retour avec Ibn. Et vous ? Comment vous sentez vous ? »
Tout en soulignant notre rapidité, cette jolie et élégante dame blonde répondit à ma question par une autre question, s’informant de Dracaena et du sorcier. Pour sa part, elle n’avait rien de particulier à raconter.

« Le sorcier est inconscient. Draceana a dû le cacher dans des vêtements et le porter sur ses épaules pour le sortir de la cité. Il a réussi à en sortir grâce à l'aide de Maïssa, la fille de Bassem. Ils se dirigent en ce moment tous les trois vers Zacara afin qu'il puisse s'occuper du sorcier. »

Elle ne connaissait ni Maïssa, pas plus que Bassem. Inquiète de l’état du sorcier, elle m’en demanda la cause.

« Ça, je ne le sais pas trop. Je sais qu'il avait été fait prisonnier par les chevaliers sans bannière et que Dracaena a réussi à l'évader de sa cellule, aidé de la fille de Bassem. »


Que Ibn soit prisonnier de Methbe l’inquiétait avec raison. Ainis elle s’informa de ce qu’on y avait appris.

« Les chevaliers sans-bannières semblent contrôler la ville... Ils ont affirmé de leur côté, qu’il n'y avait plus de mages à Methbe-El. Nous sommes arrivés face à une cinquantaine de chevaliers sans bannière. Ils m'ont fait immédiatement une mauvaise impression... Bref, ils se dirigeaient vers le sud d'Aliaénon, dans le but de rechercher une ancienne arme... Messa ? Masse ?... La connaissez-vous ? Cette arme serait assez puissante pour détruire le dragon noir, mais je pressens que les chevaliers veulent s'en servir pour détruire l'âme du sans visage... Désolé, je ne me souviens plus du nom de l'arme... »

Après quelques secondes d'hésitation, je me repris:
« Messaliah ! Mais c'était le nom de la ville et non le nom de cette puissante arme ! »

Elle ne voyait pas de bon augure la présence des chevaliers sans bannière à Messaliah. Les habitants des lieux, les Cadi Yangin était leur ennemi. Lorsqu’elle siégeait au conseil d’Or, il avait déjà été question d’une arme à Messaliah… mais il s’agissait peut-être de rumeurs. Elle croyait se souvenir que Xël avait déjà visité cet endroit. Puis elle termina que si les chevaliers disaient vrai et qu’il n’y avait plus de mage à Methbe-El, cela signifiait qu’ils les avaient massacrés.

« Xël semblait être assez au courant à propos de cette arme, il a même pensé y aller, mais il était plus urgent de rentrer ici pour faire soigner Ibn. Croyez-vous que Zacara y arrivera ? »


Simaya ne connaissait Zacara que depuis notre arrivé, mais il lui avait fait l’impression d’être un soigneur de qualité. Comme dans toute situation, je pensai à une solution alternative :

« Et si il échouait, qui pourrait le guérir ? Dans les landes ou sur Aliaénon ? »

Après une courte réflexion, Simaya m’appris qu’Aetheris à Esseroth était le meilleur. Il l’avait remise sur pied en moins de deux. Elle me précisa que les soins n’étaient pas la spécialité de la lande noire.

« Ça pourrait être une bonne solution, si Zacara ne réussit pas.... Et pour l'orbe, j'avoue ne pas avoir pris le temps d'y réfléchir... Auriez-vous une idée ? Nous ne pouvons vous imposer d'user votre magie pour le conserver sous le dôme, ça va finir par vous épuiser. »

Reconnaissante, il m’assura que grâce à moi, elle ne s’épuisait pas. Je ne fis aucun commentaire, mais j’étais fière de moi. Bien entendu, elle était de mon avis, son dôme de protection n’était qu’une solution temporaire, nous devions trouver une solution à plus long terme. Tout comme moi, elle n’avait pas de solutions.

« Il faudra régler ce souci avant de passer à autre chose. Et puis, si on va à la recherche de cette arme, votre présence nous sera bien utile. »

Si elle était d’accord pour qu’on trouve une solution de remplacement au dôme de protection, elle ne pensait pas nous suivre à Messaliah. Elle considérait que sa place était à Esseroth aider les siens, et aussi les prévenir du dragon qui rôde sur Aliaénon.

Sa réflexion était légitime.
« Oui je comprends. »

Cela dit, je pris congé d'elle tout en lui annonçant mes intentions.

« Je vous laisse pour le moment, je m'en vais voir comment s'en sort le sorcier Ibn. »


Je ne vis pas Praline dans la grotte, mais je ne m'en souciai pas trop. Je m'inquiétais pour la santé du sorcier et je décidai donc de me rendre directement au lieu qui leur servait de lieu de guérison.

A mon arrivée, je vis le sorcier Sabbar allongé sur un matelas de mousse végétale, un Zacara fatigué à son chevet.

«Bonjour, je venais voir l'état de Ibn... »

Dracaena m’informa qu’il n’y avait pas de changement. Zacara l’avait examiné et considérait que la magie du sorcier était instable. Je restai muet un moment écoutant la conversation avec Dracaena, Jorus et Zacara. Je compris que guérir le sorcier Ibn demandait beaucoup d’énergie à Zacara et que ça pouvait mettre sa vie en danger.

Ce fut à ce moment que j'intervins:

« Je partage l'avis de Jorus. J'ai discuté avec Simaya et il y a à Esseroth un sorcier qui pourrait guérir Ibn sans s'affaiblir... Il s'agit d'Aetheris ... On pourrait l'apporter à Esseroth.. et je pense même que certains d'entre nous ont conservé de sa salive dans une fiole... si il y en a, ça pourrait le stabiliser. Qu'en pensez-vous ? »

Il avait déjà envisagé la salive d’Aetheris, mais puisque Ibn Sabbar était inconscient, il était dangereux qu’il s’étouffe avec le liquide épais.

Bien qu’il souhaitait vraiment guérir le sorcier, Zacara compris le bon sens et accepta de retirer ses mains du corps du sorcier. Nous voulions qu’il guérisse Ibn, mais pas au prix de sa vie.

« Il faut agir vite alors..Je me propose d'aller chercher Simaya, pour qu'elle l'apporte à Esseroth. Xël est sûrement trop épuisé pour ouvrir un portail mais Simaya pourra s'il est à ses côtés... à moins que vous ayiez un meilleur plan ? »

Jorus semblait avoir une autre idée à nous proposer. Il commença cependant par expliquer comment la magie de Zacara fonctionnait. Lorsqu’il guérissait quelqu’un, il en accusait un contrecoup afin de préserver l’équilibre dans les landes. Je compris alors que ce que voulait dire lorsqu’elle m’avait affirmé que la guérison n’était pas la spécialité de la lande noire. Jorus racontait ensuite ce qui lui était arrivé après son départ d’Elscar'Olth. Il nous affirma être partie plus d’une journée. Cette affirmation me fit hausser les sourcils de surprise. Dracaena répondit le premier, que Jorus nous avait bel et bien quitté en matinée et non pas la veille.
Puis Dracaena eut l’excellente idée de proposer que Zacara boivent lui-même la potion baveuse. Lui, étant conscient, il ne risquait pas de s’étouffer et puis il aurait plus d’énergie pour soigner le blessé.

Je me tournai vers Jorus pour lui répondre:

« En effet, nous sommes partis seulement aujourd'hui.... le temps semble s'être déformé pour vous.... et je pense qu'il vaudrait mieux utiliser notre magie en dernier recours. »

Puis je poursuivis pour Dracaena,

« Je pense que vous avez une bonne idée Dracaena.»

Puis vers Zacara:
« La potion que vous tend Dracaena ne peut que vous aider. »

Non sans hésitation, Zacara consentit à boire la potion. Il ne put retenir une légère grimace avouant qu’il la trouvait visqueuse. La potion ne tarda pas à faire effet. Je vis toute de suite la différence. Zacara visiblement plus en forme infusa sa magie sur le sorcier. Cela dura un peu moins d’une minute avant qu’il ne s’effondre sur la mousse. Al’Sabbar pour sa part s’asseya subitement sur son matelas. Regardant autour de lui, il demanda où il se trouvait.

Jorus répondit à ses questions rajoutant que nous devions sortir afin de le laisser récupérer.
Dracaena entreprit de tout donner les détails, précisant la contribution de Jorus, Zacara et de Maïssa.
Je souris au sorcier tout juste éveillé:

« Bon retour parmi nous !... Dès que vous irez mieux, nous pourrons rejoindre les autres, on a beaucoup de choses à discuter et vous nous saurez d'un grand secours. »

Je regardai Jorus et Dracaena et Zacara:

« Vous n'auriez pas une autre dose de salive pour Zacara ? Je pense que ça pourrait l'aider. Pour ma part, je peux vous offrir une potion de soin ou d'énergie de Yuimen, mais je ne sais pas si ce type de potion fonctionne ici. »

Jorus se rapprocha de moi, me regardant dans les yeux avec la probable intention de m’intimider, précisant que Zacara avait besoin de repos, balayant de la main mon offre. Il se plaça ensuite devant Zacara comme pour faire un bouclier.

Je comprenais ses intentions et elles étaient nobles, mais si je les trouvais exagérées. Je lui souris, aucunement impressionné et je sortis sans hésiter.
Modifié en dernier par Mathis le sam. 25 mars 2023 04:39, modifié 3 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Lande Noire

Message par Jorus Kayne » ven. 24 mars 2023 21:18

Le portail nous mène jusqu’à l’entrée de la grotte des survivants et n’étant partis depuis guère plus d’une dizaine de minutes, il n’y a aucun changement à noter. Le corps du Titan est toujours présent, aussi inerte que troué, tandis que Alossarh’ et Bellarien surveillent encore l’orbe. Seul peut-être Zacara n’est plus là où nous étions et je me doute qu’il doit être en train de se remettre des soins qu’il m’a prodigués. En revanche, l’attitude d’Alossarh’ me rappelle presque notre première rencontre il y a deux jours. Celui-ci est visiblement peu ravi de voir qu’une totale étrangère connaît l’emplacement de la grotte secrète des survivants. La dénommée Maïssa garde le silence, mais entre sa tenue guerrière et son attitude étrange, nous pourrions être au seuil d’un échange de coups. Heureusement, nous pouvons compter sur Akihito et son sens inné de la diplomatie pour rétablir la situation. Alossarh’ consent même à ce que Dracaena emporte Ibn vers Zacara pour se faire soigner.

(Zacara ? Il n’était pas en pleine forme lorsque je suis parti, je ferais mieux d’aller m’inquiéter de son état.)

"Les pouvoirs de Zacara requièrent un contrecoup. J'ai déjà eu recours aux services de Zacara et il avait l'air particulièrement épuisé. Je vais venir avec vous et m'assurer qu'il n'en fasse pas trop. De plus, il y a un point qui m'interpelle depuis mon arrivée à Methbe-El."

Je jette un regard bref et discret à Yliria et Akihito.

(Il y a cette histoire disant que nous sommes partis ce matin qui n’est pas clair !)

Mathis demande un instant pour parler à Maïssa en privé, ce à quoi l’oudio lui donne un petit conseil.

"...J't'attends ici, Maïssa... Et vous, m'sieur beau blond, préconisez les questions qui s'répondent par oui ou non." Sans quitter la femme du regard, il va ensuite s’adresser à moi. "...M'sieur... Jorus. Si vous vous inquiétez aussi et qu'vous avez des trucs à vérifiez, vous pouvez v'nir. Enfin, attendre avec moi, pour l'moment."

Yliria ne m’aurait pas menti et Akihito n’aurait pas non plus pris ce risque inutilement. Je ne peux qu’admettre cette possibilité qui me paraît inconcevable, alors que j’étais dans le corps d’un dragon il y a peu : ils disent la vérité ! C’est à peine croyable, mais c’est la seule explication que je trouve pour le moment. Je dois en parler à Zacara. Il sera, je pense, en mesure de me confirmer si oui ou non, une telle chose est possible et si cela explique mon état.

(D’ailleurs, n’a-t-il pas dit que j’étais divisé, que mon âme lui semblait être ici et ailleurs en même temps ? Cela expliquerait même pourquoi je me sentais à la fois fatigué et plein d’énergie, à la fois inerte et libre comme si je volais !)

"Hum hum !" Fais-je simplement en attendant, encore un peu dans mes pensées.

Voyant que l’échange avec Mathis s’étant mal passé, je vais avoir un discret sourire en coin en voyant venir Maïssa.

"Ha ! L’échange avec le beau blond ne s’est pas très bien passé. Ta copine me plaît déjà !"

Puis je profite de l’occasion pour parler avec l’arbre durant notre marche.

"Tu devais revenir avec un moyen de communication, mais tu es revenu avec deux personnes. Sur ce coup, on a obtenu le même résultat toi et moi !"

Ma remarque le tire de ses pensées. S’excuse avant de croire que j’ai réussi à rallier les dragons à notre cause. Je ne détourne pas les yeux, scrutant droit devant moi et surtout, je veux éviter de croiser son regard lorsqu’il entendra le récit bref de mon échec.

"Les dragons ? Non on peut faire une croix dessus. D’ailleurs, s’ils viennent, c’est que celui à qui j’ai parlé a pas trop aimé que je possède son corps ! Mais je doute qu’ils osent venir là où pourrait se trouver le Dragon Noir. Néanmoins, je comprends le point de vue qu’on m’a…comment dire…expliqué de force !" Fais-je d’un sourire crispé.

"Vous................avez...................fait QUOI avec le corps d'un dragon?!" S’étonne-t-il.

(Hein quoi qu’est-ce que j’ai dit ? Ca pourrait signifier autre chose chez les hommes-arbres ? Houlà, je sens déjà l’allusion salace.)

"Oui, non…non…non…c’est pas ce que tu crois, y’a rien de perv…."

Voyant la réaction de Drac, je vais expliquer un peu plus en détail la scène.

"Bon, déjà, il faut savoir que Fan-Ming est détruite. Le Dragon Noir y est passé et a tué tout le monde, enfin sauf deux rescapés. Du coup, pour rechercher des indices, j’ai escaladé les lieux. Je veux dire littéralement, la cité est…était, bâtie sur une falaise. J’ai fini par trouver deux rescapés qui se trouvent actuellement non loin de là où nous nous dirigeons. Comme prévu, j’ai utilisé l’appeau à dragon. Comme prévu, un dragon est venu à notre rencontre. Il m’a agrippé dans ses serres et m’a sauvagement balancé dans un escalier, et ça…c’était pas vraiment prévu. J’ai tenté d’expliquer notre situation, demandant leur aide contre le Titan. C’est là que j’ai appris que ce n’était pas un Titan, mais un dragon qui avait ravagé Fan-Ming et qu’en aucune manière les dragons ne nous soutiendraient. Apparemment, à chaque fois qu’ils ont œuvré avec les hommes, ils ont perdu les leurs. Du coup, ils s’enferment dans leur territoire et ne comptent pas en sortir."

Je m’arrête un bref instant avant de reprendre.

"Les dragons sont comme nous, chacun à ses propres opinions. J’ai déjà eu l’occasion d’en rencontrer deux et j’ai participé à la mort de l’un d’eux. Ha ! C’est justement ce que m’a reproché celui que j’ai vu. D’après lui, je sens le dragon mort et ça ne lui a pas vraiment plus. Pour finir, j’ai eu droit à une grosse papatte dragonique sur moi et je m’en suis sorti grâce à la magie d’Aliaénon, en inversant les âmes de nos corps. Chose qui, aussi folle que cela puisse paraître, a marché. J’étais dans son corps et lui dans le mien !"

Après avoir expliqué la situation, je termine mon histoire.

"Malheureusement, les choses ont mal tourné. Il a utilisé le même pouvoir que nous, celui qui nous permet tout et n’importe quoi, pour m’empêcher de parler. Comme il avait juré de s’en prendre aux deux survivants que j’avais retrouvé, il m’a fallu l’éloigner d’eux pour les protéger avant qu’il ne se rende compte des pouvoirs qu’il possédait, le temps de retrouver ma voix. Tout comme notre perte de magie durant notre présence dans la Lande Noire, j’ai donc patienté en dormant, pensant que le sommeil m’aiderait à me tirer de ce mauvais pas. Sauf que je me suis retrouvé dans mon propre corps, très loin du dragon qui avait retrouvé le sien et des survivants. Heureusement, je les ai retrouvés vivants le lendemain matin et j’ai de nouveau utilisé la magie pour créer un portail similaire à Xël pour revenir, apprenant que mon voyage n’avait servi à rien, si ce n’est d’avoir sauvé deux vies !"

Contrairement à mon imagination, l’oudio n’avait aucune pensée malsaine. J’ai raté l’occasion de me taire moi. En revanche, mon récit concernant l’échange de corps entre moi et le dragon attise sa curiosité, comme un feu de dragon sur une forêt en pleine sécheresse.

"...Charbon chaud et brindilles brisées, cette histoire, mazette, CETTE HISTOIRE! Vous étiez devenu le Dragon?! ...C'était comment? ça a été compliqué à faire? ça f'sait quoi d'être dans le corps d'une bestiole comme ça? Genre, s't'un pouvoir que vous aviez de base et qu'à été amplifié, ou détourné ?"

Puis il comprend alors qu’avec cette même magie, il aurait pu s’échapper de sa prison depuis longtemps. J’avoue que sa réaction de mon altercation face au dragon gonfle mon égo.

"Etre un dragon ? C’est…un sentiment de puissance sans pareil ! Au début, je me sentais pataud, mais j’ai pris le temps de m’habituer à ce corps. A mesure que je volais, je me sentais plus à l’aise, débordant d’une force et d’une énergie que j’ignorais jusqu’alors. Je te parle pas du souffle de dragon. Il m’a fallu un moment pour comprendre comment l’utiliser, mais dès que j’ai compris le truc ça sortait tout seul, même si j’avais toujours du mal à doser la puissance."

Je m’arrête un instant avant d’expliquer ce que j’ai tiré de mon expérience.

"En revanche, ce n’est pas une chose que je referais, ni ne recommanderais. D’une part pour des raisons personnelles, mais surtout, le dragon avait le contrôle de mon corps tout comme il avait accès à la magie qui m’a permis cet échange. Imagine un être possédant à la fois une telle puissance et la détermination de l’utiliser pour nuire à tout son entourage ! De plus, il y avait un lien particulier entre nous. D’instinct, je savais que je ne pouvais prendre le risque de le tuer sans me tuer également !"

Puis enfin, je réagis à sa dernière remarque.

"Je pense que la seule limite que nous ayons avec cette magie est notre simple imagination. Je sais maintenant que chaque sort que nous utilisons n’est ni inaltérable, ni éternel. Alors oui, tu aurais pu utiliser cette magie pour t’échapper, mais sans avoir la certitude du résultat. J’ai ouvert un portail menant à la Lande Noire, alors que je voulais aller me rendre à Essertoh. De plus, moi comme les deux survivants, avons subi un contrecoup singulier. Zacara est parvenu à me guérir en grande majorité, mais je me sens toujours comme…divisé, comme si tout mon être n’était pas totalement ici. Sauf que celui que nous allons voir ne se porte pas très bien, je doute qu’il puisse guérir Ibn dans l’immédiat. Que lui est-il arrivé au juste ?"

Drac semble être ravi de l’utilisation que j’ai fait de la magie, même si j’ai effectivement omis de mentionner la disparition des corps morts de Fan-Ming, ainsi que la danse du dragon-poule, mais je trouve que ces détails ne sont pas…nécessaire, à la question posée et ne feraient que semer le trouble dans l’explication. Il évoque ensuite l’état du sorcier qui a puisé dans sa force, par le biais d’une technique secrète, en envoyant une vision pour les aider. L’oudio explique également qu’il a déjà utilisé le remède miraculeux d’Aetheris, pour le remettant d’aplomb, après avoir reçu de copieux arguments frappant de la part des gardes. Il termine enfin en évoquant son trouble lorsque Maïssa l’a arrêté lorsqu’il a voulu lui en redonner une nouvelle dose suite à son évanouissement, le problème étant que les êtres de chairs ne peuvent rien ingurgiter lorsqu’ils dorment.

"De ce que j'en déduis pour l'instant, ça m'a l'air d'être une trop forte utilisation de ses pouvoirs. Un peu comme pour Simaya lorsqu'elle a utilisé sa magie lors de notre venue en ce monde il y a quelques jours. Il lui a fallu du repos pour s'en remettre. Utiliser la...potion...d'Aerheris ne nous sera d'aucune utilité. Zacara devrait être en mesure de confirmer mes soupçons, mais si tel est le cas, il serait préférable de ne pas trop en demander au sorcier. Le traitement que j'ai reçu l'a très éprouvé ! On en profitera pour trouver de quoi étancher votre...soif... après cela."

Tandis que Dracaena pense à voix haute, croyant que la potion aurait permis de régénérer l’énergie de celui qui l’a boit, il me demande si nous sommes encore loin du sorcier.

"Non, nous devrions rapidement le trouver." Fais-je brièvement.

Grâce aux personnes présentes, nous trouvons la tente de fortune où Zacara s’est allongé pour se reposer. Il n’a que pour matelas un tas de mousse séchée. Il ne se redresse que du coude lorsqu’il nous voit arriver, ne posant la raison de notre présence par une question muette, posée par son regard, toujours à moitié recouvert. Connaissant l’ensemble des parties présentes, je m’approche du sorcier pour faire les présentations.

"Zacara, voici Maïssa et le sorcier Ibn de Methbe-El. Je vous sais fatigué du traitement que vous m'avez procuré, mais avez-vous au moins la force d'examiner le sorcier ?"

Si Maïssa reste muette, l’homme-arbre de son côté le salue de la main. Il s’excuse de le déranger, sachant l’effort qu’il a subi pour mon propre traitement et explique comment le sorcier en est venu à cet état particulier. Soucieux du bien-être d’autrui, Zacara accepte de l’examiner et nous demande de le déposer près de lui, ce que nous faisons sans attendre. Il sonde l’état du corps d’Ibn Al Sabbar en posant une main sur son torse et ferme les yeux pour sonder son corps à l’aide de sa magie. Lorsqu’il rouvre de nouveau son unique œil visible, il nous donne un diagnostic.

"Il subit un épuisement total, mais ce n'est pas tout : la magie en lui semble... instable. Curieusement instable. Je... je crois que je peux l'aider, même si..."

Il n’en dit pas plus, craignant certainement que s’il explique plus en détail le contrecoup qu’il va subir, nous refuserons son aide. Une chose qu’il n’apprécie pas selon moi. Actuellement, il doit être tiraillé entre l’envie d’aider quelqu’un dans le besoin et les conséquences s’il venait à effectuer le traitement. Selon moi, si nous forçons Zacara ou du moins, si nous l’incitons à agir, non seulement il en prendra un choc très fort, rajouté à son état de fatigue, mais les autres sorciers d’Elscar’Olth ne nous verraient plus d’un très bon œil. Ils s’inquiètent tous de son état lorsqu’il prodigue ses soins, alors le pousser à franchir cette limite serait nous mettre à dos tous les sorciers que nous nous sommes évertués à aider.

(Il ne dit rien, mais il n’a pas besoin de le faire. J’ai pleinement conscience de la gravité de son cas s’il vient à soigner son homologue du désert. Peut-être que son état n’est pas si grave, mais s’il le faut, j’emploierai la magie d’Aliaénon pour lui prêter main forte !)

Posant une main sur son épaule, je vais m’inquiéter de la gravité de l’état dans lequel se trouve le sorcier du désert.

"Vous n'êtes pas en état actuellement pour lui procurer des soins, je le crains. Son cas est-il grave, est-il en danger si nous n'agissons pas immédiatement ?"

J’entends quelqu’un approcher. Je reconnais là la voix de Mathis qui vient s’inquiéter de la santé d’Ibn, tandis que Dracaena comprend la gravité de la demande à Zacara. Celui-ci souhaite intervenir malgré son état, pensant comprendre que nous avons besoin de lui dans l’immédiat. Il place ses deux mains sur son torse et commence à inspirer pour se plonger dans l’usage de sa magie, avant que je ne l’arrête et hausse le ton.

"Non Zacara ! Si cela doit mettre votre propre vie en jeu, cela ne vaut pas le coup !" Puis je poursuis plus calmement. "Écoutez, ce n'est pas que je refuse de le soigner, mais vous n'êtes actuellement pas en état. Nous vous l'avons apporté parce que nous avons craint pour sa santé. Moi je suis venu parce que je craignais pour la vôtre. Si l'état est préoccupant, j'utiliserai la magie qui coule en moi pour équilibrer la balance que vous seul supportez. Mais cette magie est instable. Je préfère me référer aux autres avant de l'utiliser. Ils auront peut-être une approche différente et plus efficace que la mienne. Donnez-moi le temps d'en discuter avec eux et promettez-moi que vous ne ferez rien tant que JE ne serais pas revenu !"

Mathis partage mon avis, proposant l’idée de l’oudio en usant des capacités à soigner d’Aetheris, avant que l’homme-arbre ne lui explique qu’il faut être éveillé pour être en mesure de boire la…le…le remède miraculeux. Comprenant que j’ai déjà une idée en tête, il me pousse à agir, mais les choses ne sont pas si simples. Puis il demande à Zacara ce qu’il entend lorsqu’il fait mention de la magie instable du sorcier inconscient.

"Oui... Vous avez raison, cela me coûterait sans doute cher. Un peu trop cher." Consent-il à mon intervention avant d’expliquer qu’il pourrait s’étrangler en ingurgitant la potion dans son état. Puis il oriente son regard vers l’oudio. "Je dirais qu'elle bat comme un cœur. Une fois présente, une fois absente. Elle est duelle, un peu comme la mienne." Il montre son visage à moitié découvert pour imager ses propos et continue. "Tout comme lui, elle est entre la vie et la mort. Entre l'existence et l'absence. Dissonante dans notre réalité."

La réponse da Zacara va me faire frémir. Si effectivement la vie d’Ibn Al Sabbar est entre la vie et la mort, alors nous devons agir au plus vite. Je me tourne vers mes camarades pour expliquer l’idée que j’ai en tête, en commençant par l’explication de la magie de Zacara.

"Zacara est en mesure de le soigner. Cependant, sa magie le relie à la Lande Noire et elle à lui, formant entre eux un équilibre, une harmonie. A chaque utilisation de ses pouvoirs, cet équilibre penche et naturellement, le lien qui l’uni à la Lande cherche à retrouver cette harmonie, en lui affligeant un contrecoup physique et psychique."

Puis je me tourne vers le sorcier de la Lande Noire pour lui expliquer comment nous pourrions tout de même agir.

"Le problème n’est pas si vous pouvez ou non soigner, il réside dans ce contrecoup, bien trop lourd à supporter. Vous-même l’admettez. Ce que je propose n’est pas non plus de rompre cette harmonie, mais de faire pencher la balance avec quelqu’un d’autre, en utilisant la magie d’Aliaénon qui nous anime. J’ai ouvert un portail, j’ai fait naître une vision du passé, j’ai échangé mon esprit avec celui d’un dragon, je ne doute pas que cela puisse être possible !"

Je m’arrête un instant avant de reprendre.

"Sauf qu’en plus de craindre une perte de contrôle de la magie, alors que des survivants déjà affligés par la destruction de leur cité sont présents, je n'ai pas utilisé cette magie depuis mon retour et mon état…divisé. J’ai d’ailleurs entendu quelque chose qui m’a particulièrement dérangé en arrivant à Methbe-El. Je suis parti à Fan-Ming et j’y ai passé la nuit, ne me faisant revenir que le lendemain de mon arrivée. Pour moi, je suis partie hier. Or, il semblerait que les expéditions n’aient été réalisées que ce matin !"

Je me tourne vers Mathis et Drac pour confirmer les dires.

"Vous pouvez confirmer ce dernier point l’un comme l’autre ?"

Si mes deux camarades Yuiméniens me confirment ce point, Zacara émet des réserves concernant l'utilisation de la magie et avec raison. Cependant, l’oudio lui propose de boire la pot…le remède d’Aetheris pour essayer si cela le soigne. Je regarde le sorcier guérisseur et lui réponds.

"C'est en effet un risque, mais si comme vous le dites, il est à l'image de sa magie entre la vie et la mort, c'est un risque à prendre !"

Je m'arrête un instant avant de reprendre.

"Je ne connais pas les effets précisément que procurent Aetheris. S'il guérit tous les maux du corps ou s'il fait de même avec la force vitale. Nous l'avons évoqué, parce qu'il est le seul guérisseur que nous connaissons, mais peut être que d'autres existent à Esseroth, ou des êtres capables de vous redonner de la force à vous Zacara ! Si la potion ne fait pas l'effet désiré, autant suivre l'idée de base du bl...de Mathis et de demander l'avis à Simaya."

Moi qui pensais qu’une telle potion ne ferait que soulager les maux physiques, elle redonne une plus grande force au sorcier, suffisamment pour lui permettre de soigner son confrère du désert. Alors que Zacara affiche un sourire de satisfaction, teinté d’une douleur qu’il ne connaît que trop, il se couche face au mur, pour que nul ne le voit, alors qu’Ibn se relève s’inquiétant de notre localisation.

"Vous êtes là où résident les survivants d'Elscar'Olth. Zacara vient de vous soigner, mais il a besoin de récupérer pour l'instant. Venez avec nous si vous avez d'autres questions."

Je les invite tous à sortir de la tente de Zacara, pour le laisser se reposer et laisser Zacara loin des regards indésirables, préférant dans ces moments-là, la solitude. Dracaena va malheureusement aller à l’encontre du désir du sorcier de la Lande en lui demandant comment il se porte, après avoir expliqué brièvement la situation à d’Ibn Al Sabbar. Mathis, lui, est ravi de retrouver le sorcier du désert et lui propose de retrouver les autres yuiméniens lorsqu’il se sentira assez bien. Connaissant l’efficacité du traitement de Zacara, cela ne saurait tarder. Je me prépare donc à partir avec eux dans l’instant, m’assurant que personne ne viendra déranger le sorcier de la Lande dans son sommeil bien mérité.

Tandis qu'Ibn remercie le sorcier et que celui-ci répond avec peine qu'il va aller mieux, je m'assure que tout le monde parte pour le laisser tranquille, mais un perturbateur vient s'en mêler. Nous regardant moi et l'oudio, il nous propose d'offrir une nouvelle dose du remède d'Aetheris. Si efectivement cela lui permettrait d'aller mieux, Zacara connaî les effets de sa magie, ce n'est pas la première fois qu'il le ressent et il en a fait sa compagne après ses nombreux traitement. Même si je possède de quoi soulager sa peine, cela m'enlèverai la possibilité plus tard de soigner quelqu'un aux portes de la mort, comme je l'ai fait avec Teruki. Voulant mettre fin aux agissement autour de Zacara qui ne demande que la solitude en guise de compensation pour ses services, je me rapproche de Mathis, le regardant dans les yeux avant de répondre d'un ton qui se veut impérieux, sans aucune réponse en retour.

"Zacara a surtout besoin de tranquillité. Alors du balais le blondinet ! Ca vaut pour tout le monde ici présent ! Notre présence ne fera que le gêner, vous comme moi !"

Faisant rempart de mon corps, je me place entre eux et Zacara, m'assurant que tous quittent les lieux pour le laisser tranquille. Puis je pars à mon tour pour retrouver les autres.

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » sam. 25 mars 2023 00:30

Sitôt la grotte atteinte, Ibn fut amené vers un soigneur et chacun alla c’occuper de ses petites affaires. Moi y compris. Je sortis de la grotte et, profitant d’avoir encore mes ailes, décollai pour aller m’installer un peu en hauteur, mon regard balayant le paysage dévasté, la cité en ruine et l’immense cadavre de Titan. J’inspirai lentement, me craquant la nuque avant de fermer les yeux, laissant la tension lentement couler hors de moi.

Tout ça m’emmerdait prodigieusement.

(Tu n’as guère été conciliante.)

(Je l’aurai été s’ils y mettaient du leur. Xël n’a eu qu’une envie, c’est faire ce qu’il voulait dans son coin.)

(Il voulait sauver des gens, Yliria.)

(Comme nous tous ! Mais il a pas réfléchi une seule seconde ! il aurait tué quatre ou cinq personnes et peut-être libéré la ville, merveilleux. Les types seraient revenus, auraient vu ce qu’il s’est passé et aurait sans doute été se venger sur la population, tuant plus de monde et torturant d’autres pour savoir qui avait fait ça. Mais non, le grand Xël, héros d’Aliaénon, pense qu’il peut régler tous les problèmes en jouant aux chevaliers solitaires. Quelle grosse blague.)

Ça me mettait en rogne, son comportement. Il croyait quoi ? Qu’on était heureux de voir la situation actuelle ? Que l’âme du Sans-Visage l’influence était une chose, qu’il ne prenne même pas une minute pour réfléchir aux conséquences que ses actions peuvent avoir en est une autre. Et je restai persuadée qu’il avait été prêt à utiliser sa magie contre nous et ça…

(Mais il ne l’a pas fait.)

(Une chance pour lui, je ne lui aurais pas fait de cadeau, quitte à le trainer inconscient jusqu’ici.)

Plus les heures passaient et moins j’avais envie de rester sur ce foutu monde. J’avais techniquement rempli ma mission : trouver l’origine de l’explosion qui avait rasé la milice d’Oranan. Le Dragon Noir. Rien que je puisse faire contre ce squamate des enfers, et aux vues de l’anarchie qui régnait dans le groupe… Silmeria était cinglée, Xël avait son complexe du héros mal placé, Jorus était mal en point, Akihito n’ouvrait plus la bouche, Mathis disait oui à tout et changeait d’avis sans cesse et Dracaena était carrément mis de côté, involontairement certes, et semblait plus intéressé par découvrir de la magie que régler les problèmes. Et moi… Je soupirai, consciente que j’avais passé mes nerfs sur l’entièreté du groupe, n’arrangeant absolument pas la situation.

(C’est déjà bien que tu t’en rendes compte par toi-même.)

(Ils sont tous tellement… énervants ! De toute façon, parler ne sert à rien, ils n’écoutent pas, peu importe ce qu’il se dit. Qu’ils aillent se faire foutre, je vais les regarder se disperser et en profiter pour me tirer d’ici. Quitte à perdre mon temps, autant l’utiliser pour rentrer sur Yuimen.)

(Tu les laisserais se débrouiller ?)

(Quand je vois Xël et Silmeria plus intéressés pour tuer quelques personnes pour un effet limité au lieu de faire ce qu’ils peuvent pour sauver l’entièreté du monde, franchement j’ai pas envie de continuer à travailler avec eux.)

(Et Akihito ?)

Si je pouvais la fusiller du regard, je l’aurais fait. C’était bas, comme coup, et elle le savait très bien. Je me contentai de soupirer, incertaine. La situation le concernant me pesait et je ne savais absolument pas comment arranger les choses. J’avais bien compris que ce que je ressentais à son sujet n’était pas réciproque, mais m’éloigner de lui n’avait rien fait pour calmer les choses. A la place, poser mes yeux sur lui me serrai la poitrine.

(Va lui parler, mettez les choses au clair ?)

(Tu as raison…)

Je me levai. Quitte à foutre tout en l’air, autant y aller en mettant les deux pieds dans le plat.

(Oh, wah… je m’attendais pas à ce que tu m’écoutes. Ça change.)

Je levai les yeux au ciel avant de décoller pour paner tranquillement jusqu’à l’entrée de la grotte. Je repérai la silhouette de Xël, visiblement occupé à se reposer, mais l’ignorai. Si j’allais le voir, ça ne risquait pas d’arranger les choses. Je passai mon chemin, atterrissant souplement devant la grotte avant d’y entrer, commençant à chercher Akihito du regard, sans succès. La grotte n’était pourtant pas très grande. Peut-être était-il allé chercher de l’eau … Je me dirigeai vers la rivière souterraine sans penser une seule seconde qu’il pouvait aussi y être pour une raison bien différente.

(Oh par Meno…)

Au détour d’un mur de roche, je trouvai Akihito… en train de prendre un bain. Je détournai aussitôt le regard, tombant au pire moment. Et avec lui se trouvait Silmeria ? C’était quoi ce bordel ? J’avais cru apercevoir une lame… Partagée entre l’envie de ne pas le laisser seule avec elle et celui de ne pas approcher plus, je me retrouvai à me cacher stupidement derrière un morceau de paroi, me demandant comment j’en étais arrivée là. Et aussi pourquoi il fallait toujours que ce soit les pires moments qui se produisent.

(Oh non, ça aurait pu être pire.)

(En quoi ?)

(TU aurais pu être nue dans la rivière.)

Vu comme ça… Par chance, je n’eus pas besoin d’attendre longtemps à me demander quoi faire, Silmeria quittant la rivière peu après, laissans Akihito seul… Et visiblement suicidaire, merde. Le voir plonger sous l’eau et ne pas remonter me fit un instant me demander ce que Silmeria avait pu lui dire ou faire. Je sortis de ma cachette et me rapprochai pour me retrouver bêtement à fixer son dos lorsqu’il émergea à nouveau… Je me sentais stupide.

(Ah et puis tant pis, au point où j’en suis !)

Je me raclai la gorge, le faisant réagir et se retourner. Je fixai en toute hâte un point loin sur la gauche, pas vraiment prête à lui parler alors qu’il ne portait rien. Tout en me demandant sans cesse comment j’en étais arrivée là et pourquoi, par tous les dieux du panthéon, je n’avais pas juste attendu qu’il sorte de là une fois habillé, j’essayai de savoir si tout allait bien. Prendre un bain avec Silmeria, quelle idée..

- Je voulais te parler mais j'ai vu... enfin.. tu vas bien ?

(Discussion avec akihito)

(Se rend à l’endroit de la réunion et attend que les autres arrivent.)

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Dracaena Paletuv
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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 25 mars 2023 03:27

"Livraison spéciale... Un Vieux Valétudinaire à Vision, où est l'infirmerie...la...plus...proche?"

Haaaa, Elscar'Olth! Ses cailloux. Ses ruines. Ses grottes planquant des survivants. Son putain de cadavre de titan flottant à l'horizon. Ca m'avait manqué tout ça...

Et ouais, j'avais traversé le portail plein de pensée guères joyeuses, j'avais essayé de mettre un peu d'humour dans mon message de r'tour (okay, d'accord, ptet pas avec mon ton dynamique habituel, plus avec un coté pince sans rire), mais sérieux, le PREMIER truc que je voyais en arrivant, c'était le cadavre du titan ailé.

Le titan ailé qui avait clamsé pendant que j'étais pas la.

L'évènement d'une vie que j'avais raté. Tout ça pour rendre service (et satisfaire des désirs personnels qui n'ont finalement pas été satisfait.). Rendre service à des gens, qui au final s'en foutait pas mal de ma personne.

Ma voix ralentissait au fur et à mesure que je prenais conscience de tout ce que ce macchabé monstrueux représentait... Et finalement, elle laissa place à des grommèlements. Des marmonnements. Des râles. Pensées compressées qui s'échappaient bien malgré moi de ma bouche ,sans réussir à former un véritable sens.
Frustrant, si frustrant...
Et histoire d'en rajouter une couche, j'entendais le sorcier aux flammes sexy, monsieur braise bleue, rallant sur Maïssa qu'elle était un potentiel danger pour sa bande de planqué ou je sais pas quoi. Pauv' Maïssa qui avait abandonné sa ville et son père pour venir nous aider... Merci beaucoup, allumeur ingrat, ça veut avoir de l'aide pour régler ses problème mais ça se plaint quand on lui en ramène... J'vous jure... J'espérais presque que l'archère craque et ouvre sa bouche pour l'envoyer bouler, le transformant au passage en une carpette suppliant la p'tite dame de s'essuyer les pieds sur sa tronche...

Mais qu'elle était cette autre voix qui retentissait? Oh, mais oui, c'était celle d'Akihito, Diplomate, héros et problème d'égo, qui visiblement participait aussi à cette discussion. Super, une raison de plus de ne pas m'y intéresser... Manque de pot, mon nom finit par être prononcé, me forçant à rediriger l'attention que je portais au colossal cadavre vers les p'tits gens à prise de tête. Et c'était le bon moment pour visiblement, vu que monsieur flammes bleues se tourna vers moi pour me sortir un:


"Zacara est à l'intérieur de la grotte. Voyez avec lui s'il peut vous aider."


Zacoqui? Zacoquoi? C'était qui ça? M'aider? Comment ça? Il pourrait me libérer de cette horrible frustration qui me dévorait?

...

Ah....Oui, bien sur... Ibn. Il pourrait aider à soigner m'sieur Ibn. La personne dont ce groupe avait REELLEMENT quelque chose à faire...
Je sentais le poids du vieil homme sur mon épaule, mais aucune pensée négative ou mauvaise à son égard ne remontait en moi. Il s'était montré sympathique avec moi. Il avait sincèrement essayé de m'aider, même dans sa situation plus tragique. Il était prêt à rester derrière pour me permettre de m'évader. Hé, il a carrément utilisé sa technique secrète qui met dans l'coma pour moi. Alors, oui, c'est sur, on pourrait penser qu'il avait fait ça pour lui avant tout, car si les secours débarquaient ils pourraient l'aider aussi, mais non, il savait que son action allait lui couter cher. Il nous avait bien dit à Maïssa et moi de le laisser derrière!

Non, vraiment, j'n'avais pas d'raison de lui en vouloir à lui. Au contraire, j'lui étais reconnaissant. Et si j'devais ravaler ma fierté et mes mauvaises pensées pour l'aider à aller mieux, j'le f'rais. J'étais égoïste, pas ingrat! Pis, je f'sais aussi un peu ça pour Maïssa, envers qui j'étais aussi reconnaissant, même si c'était un peu différent. Et justement, en parlant d'la dame au faucon, je vis que l'autre malpoli mais sexy c'était éloigné, me permettant ainsi de la rejoindre.


"Il est comme ça avec tout le monde, fait pas attention. Heureusement qu'il a ses flammes bleues pour lui cet allumer de mes krmgmgmgmm".

...J'sais qu'tu t'inquiète pour m'sieur Sabbar, tu veux m'accompagner jusqu'à ce Zacatruc?"


De toute les personnes présente c'était visiblement celle qui connaissait le plus personnellement m'sieur Sabbar, c'était plus que normal de lui proposer d'rester à son chevet. Et puis bon, sa compagnie silencieuse me semblait sur le coup plus agréable qu'une discussion avec l'un des faux-cul du coin.

Elle me fit un oui de la tête, et commença à me suivre alors que je m'engageais dans la grotte. Mais la, quelqu'un m'interpela. Jorus, l'autre type envoyé à des kilomètres via portail par le groupe, mais qui avait visiblement été considéré comme suffisamment important pour qu'on vienne le chercher sans appel à l'aide via vision du désespoir...

"Les pouvoirs de Zacara requièrent un contre-coup. J'ai déjà eu recours aux services de Zacara et il avait l'air particulièrement épuisé. Je vais venir avec vous et m'assurer qu'il n'en fasse pas trop. De plus, il y a un point qui m'interpelle depuis mon arrivée à Methbe-El."

Hmph. Alors comme ça le type sensé soigner le vieux comateux sur mon épaule était un vieux au bord du coma. Sérieux, la gratitude des gens du coin... En tout cas le Jorus semblait savoir où le trouver, et s'inquiéter pour le bonhomme. En tout cas pour s'qui était de rester tranquille avec la fausse muette, c'était raté. Et histoire d'en rajouter une couche, à peine eu-je le temps de commencer à répondre, qu'une autre voix nous interpela. C'était l'beau blond, qui visiblement voulait discuter d'un truc avec... Maïssa.

"Maïssa, j'aimerais vous parler une petite minute avant que vous suiviez Dracaena, si vous le voulez bien."

Mais sérieux c'était quoi leur problème à tous? Laissez la pauv' fille tranquille bon sang. Je regardais le blondinet de haut en bas, me demandant s'il allait mettre les pieds dans le plat ou pas? J'avais pas passé beaucoup de temps avec l'archère, mais j'avais ironiquement bien plus interagit avec qu'elle avec le Mathis ici présent. Et une chose que j'avais compris avec l'archère vénère, c'est qu'elle était pas patiente, et que l'agacer au point de la faire parler allait faire chier à tout le monde, elle incluse.

Mathis, lui, j'en savais pas grand chose au final, à part qu'il était impressionnant, flamboyant, et qu'il m'semblait un peu trop rentre-dedans... Je voyais déjà le drame venir...


"...J't'attends ici, Maïssa... Et vous, m'sieur beau blond, préconisez les questions qui s'répondent par oui ou non."

Il me regarda avec un air presque... vexé. Qu'il le prenne mal s'il le voulait, mais ce conseil était autant pour lui que pour elle: reste simple dans tes questions et la saoule pas. Maïssa, elle, accepta de suivre le beau blond, et je restai à les regarder, me tenant prêt à réagir au moindre truc bizarre qui se passerait. Sans les quitter du regard, je répondis à Jorus.


"...M'sieur... Jorus. Si vous vous inquiétez aussi et qu'vous avez des trucs à vérifiez, vous pouvez v'nir. Enfin, attendre avec moi, pour l'moment."


Il ne fallut pas longtemps pour voir une Maïssa plutôt courroucer revenir dans notre direction. Erk...Y pouvait pas dire que j'l'avais pas prévenu...


"Ha ! L’échange avec le beau blond ne s’est pas très bien passé. Ta copine me plaît déjà !"

Te plaire? Oh, mon gars, si tu savais...

En tout cas, une fois l'humaine du désert revenue auprès de nous, nous nous mîmes en route vers le fameux Zacara. Au début, nous marchions juste dans le silence, me laissant m'enfoncer dans mes pensées, positives ou pas trop, repensant à tout ce qui c'était passé, au fait de n'avoir finalement rien vu des sorciers de feu, au cas de Bassem, s'il avait réussit à s'en sortir ou pas, au titan, à ce satané dragon noir... Une fois de plus, inconsciemment, des mots mâchés et incompréhensible s'échappèrent de ma bouche, devenant une sorte de marmonnement constant rythmant mes pas.

Et j'aurais pu continuer à tranquillement marmonner si Jojo Jorus n'eut pas décidé de faire la causette.


"Tu devais revenir avec un moyen de communication, mais tu es revenu avec deux personnes. Sur ce coup, on a obtenu le même résultat toi et moi !"

Le même résultat? Il essayait de me provoquer la? Il était aller voir des dragons avec un sifflet fait pour, et avait pu être rentrer tranquillement au bercail, tandis que moi on m'avait lâché sans rien dans une ville sous occupation de fanatiques, et j'avais du faire des pieds et des mains pour pas me faire exécuter. Il avait surement ramené deux dragons et moi j'avais ramené un vieux dans les vapes et une introvertie dangereuse pour la santé. Et avec tout ça, j'avais complètement raté mon objectif principal, qui était de recharger ces fichues pierres de vision, qu'on ne m'avait pas confié de toute façon!

Tout ça ne fit que changer mes marmonnements en grommellements.

Mais bon, j'imaginais qu'il fallait au moins maintenir un semblant de façade avec cette troupe d'énergumènes, alors autant discuter avec lui. D'une part, il valait mieux que je me renseigne sur ce qui c'était passé durant mon absence, et de l'autre, fallait avouer qu'j'étais curieux d'en savoir plus sur les dragons qu'il avait rencontré.


"Kré? Hein?.... OH! Oui, les portails, les dragons, j'oubliais... S'cuzez, j'suis ailleurs... Donc, z'avez ram'né du monde? ...En fait ça c'est passé comment pour vous? Z'avez vu les dragons?

...Z'étiez déjà rev'nu donc j'imagine qu'ça c'est mieux déroulé que d'mon coté..."



-Les dragons ? Non on peut faire une croix dessus. D’ailleurs, s’ils viennent c’est que celui à qui j’ai parlé a pas trop aimé que je possède son corps ! Mais je doute qu’ils osent venir là où pourrait se trouver le Dragon Noir. Néanmoins, je comprends le point de vue qu’on m’a…comment dire…expliqué de force !" Fais-je d’un sourire crispé.


...Il... Il venait de dire quoi la?


-Vous................avez...................fait QUOI avec le corps d'un dragon?!"


"Oui, non…non…non…c’est pas ce que tu crois, y’a rien de perv….


Bon déjà il faut savoir que Fan-Ming est détruite. Le Dragon Noir y est passé et a tué tout le monde, enfin sauf deux rescapés. Du coup pour rechercher des indices j’ai escaladé les lieux. Je veux dire littéralement, la cité est…était, bâtie sur une falaise. J’ai fini par trouver deux rescapés qui se trouvent actuellement non loin de là où nous nous dirigeons. Comme prévu, j’ai utilisé l’appeau à dragon. Comme prévu, un dragon est venu à notre rencontre. Il m’a agrippé dans ses serres et m’a sauvagement balancé dans un escalier, et ça…c’était pas vraiment prévu. J’ai tenté d’expliquer notre situation, demandant leur aide contre le Titan. C’est là que j’ai appris que ce n’étais pas un Titan mais un dragon qui avait ravagé Fan-Ming et qu’en aucune manière les dragons ne nous soutiendraient. Apparemment, à chaque fois qu’ils ont œuvré avec les hommes, ils ont perdu les leurs. Du coup, ils s’enferment dans leur territoire et ne compte pas en sortir.

Les dragons sont comme nous, chacun à ses propres opinions. J’ai déjà eu l’occasion d’en rencontrer deux et j’ai participé à la mort de l’un d’eux. Ha ! C’est justement ce que m’a reproché celui que j’ai vu. D’après lui je sens le dragon mort et ça ne lui a pas vraiment plus. Pour finir, j’ai eu droit à une grosse papatte dragonique sur moi et je m’en suis sorti grâce à la magie d’Aliaénon, en inversant les âmes de nos corps. Chose qui, aussi folle que cela puisse paraître, a marché. J’étais dans son corps et lui dans le mien !


Malheureusement les choses ont mal tourné. Il a utilisé le même pouvoir que nous, celui qui nous permet tout et n’importe quoi, pour m’empêcher de parler. Comme il avait juré de s’en prendre aux deux survivants que j’avais retrouvé, il m’a fallu l’éloigner d’eux pour les protéger avant qu’il ne se rende compte des pouvoirs qu’il possédait, le temps de retrouver ma voix. Tout comme notre perte de magie durant notre présence dans la Lande Noire, j’ai donc patienté en dormant, pensant que le sommeil m’aiderait à me tirer de ce mauvais pas. Sauf que je me suis retrouvé dans mon propre corps, très loin du dragon qui avait retrouvé le sien et des survivants. Heureusement, je les ai retrouvés vivants le lendemain matin et j’ai de nouveau utilisé la magie pour créer un portail similaire à Xël pour revenir, apprenant que mon voyage n’avait servi à rien, si ce n’est d’avoir sauvé deux vies !"



Plus il parlait, et plus je sentais un tumulte d'émotion remonter en moi. De la surprise, de la curiosité, une pointe d'admiration, et une cascade d'intérêt. Son histoire était tout simplement invraisemblable, et chaque fois que je me disais que ça ne pouvait pas être plus farfelu, la phrase d'après me prouvait le contraire. Me dérouillant au fur et à mesure, je me senti le besoin de regarder plus d'une fois en direction de Maïssa, cherchant dans son regard la confirmation que oui, le type qui marchait avec nous la disait bien s'qu'il était en train de dire.

Oui, j'étais frustré. Oui, j'étais blasé. Oui, j'étais méfiant. Mais par les fesses de Fearadhach c'était pas tous les jours que j'entendais l'épopée d'un mec piquant son corps à un dragon et brisant les règles de la magie et de l'espace temps par sa détermination. Moi qui était un bourgeon bougon depuis mon retour, je me retrouvais finalement complètement emballé par la situation.


"...Okay, donc deux choses:

Premièrement: Je sais pas s'que vous avez imaginez m'sieur Jorus, mais NON mais réaction par défaut n'est pas de penser à des pratiques intimes bizarres dont seul les êtres de chair ont le secret.


Nan parce que sérieux, ils avaient un problème à ne penser qu'à ça à chaque fois...


Secondement: ...Charbon chaud et brindilles brisées, cette histoire, mazette, CETTE HISTOIRE! Vous étiez devenu le Dragon?! ...C'était comment? ça a été compliqué à faire? ça f'sait quoi d'être dans le corps d'une bestiole comme ça? Genre, s't'un pouvoir que vous aviez de base et qu'à été amplifié, ou détourné?

Ou alors la magie de ce monde éclate vraiment toutes les limites...


Tant de question! Tant de détail! Tant de possibilité que je n'avais même pas effleuré d'envisager!

Mais...à bien y réfléchir, s'il avait réussit à faire ça, est ce que ça voulais dire que...

...Par les fesses de Fearadhach, j'réalise... J'aurais... J'aurais pu créer un portail depuis le début si j'avais essayé?"

J'aurais... J'aurais potentiellement pu me sortir du désert de moi même? Sans avoir à marchander et faire le diplomate? Peut être même... payer ma dette et rester aider les gens de la bas contre les sans-manières?
...Je m'étais pour l'instant raté avec mes sorts, qui n'avaient toujours pas eu le moindre effet, mais est ce que le problème, c'était que j'avais été... trop sobre? J'avais manqué d'imagination, j'avais montré trop de retenue?

...

Une fois de plus, l'ironie de la situation ne m'échappait pas...



-Etre un dragon ? C’est…un sentiment de puissance sans pareil ! Au début je me sentais pataud, mais j’ai pris le temps de m’habituer à ce corps. A mesure que je volais, je me sentais plus à l’aise, débordant d’une force et d’une énergie que j’ignorais jusqu’alors. Je te parles pas du souffle de dragon. Il m’a fallu un moment pour comprendre comment l’utiliser, mais dès que j’ai compris le truc ça sortait tout seul, même si j’avais toujours du mal à doser la puissance.

En revanche, ce n’est pas une chose que je referais, ni recommanderais. D’une part pour des raisons personnelles, mais surtout, le dragon avait le contrôle de mon corps tout comme il avait accès à la magie qui m’a permis cet échange. Imagine un être possédant à la fois une telle puissance et la détermination de l’utiliser pour nuire tout son entourage ! De plus, il y avait un lien particulier entre nous. D’instinct, je savais que je ne pouvais prendre le risque de le tuer sans me tuer également !


"Je pense que la seule limite que nous ayons avec cette magie est notre simple imagination. Je sais maintenant que chaque sort que nous utilisons n’est ni inaltérable, ni éternel. Alors oui, tu aurais pu utiliser cette magie pour t’échapper, mais sans avoir la certitude du résultat. J’ai ouvert un portail menant à la Lande Noire, alors que je voulais aller me rendre à Essertoh. De plus, moi comme les deux survivants, avons subi un contrecoup singulier. Zacara est parvenu à me guérir en grande majorité, mais je me sens toujours comme…divisé, comme si tout mon être n’était pas totalement ici. Sauf que celui que nous allons voir ne se porte pas très bien, je doute qu’il puisse guérir Ibn dans l’immédiat. Que lui est-il arrivé au juste ?"



"J'ai...TELLEMENT de question en plus à poser, mais..."

Je jetai un coup d'oeil rapide à Maïssa, histoire de jauger son niveau d'agacement.
...Mouais, difficile à dire, mais j'pense qu'il valait mieux s'assurer que ma curiosité ne me desserve pas auprès d'elle une fois de plus...

"ça attendra. En tout cas, bravo pour l'idée, essayer de faire l'impossible c'est le genre de chose qui m'plait!

Et j'étais sincère. C'était toujours un plaisir de voir un gars aller jusqu'à déchirer son âme en deux pour atteindre ses objectifs. Détermination, imagination, et rejet de la nature et d'sa cohésion. Tout ce que j'pouvais aimer chez quelqu'un.

Quand à ce pauvre m'sieur Sabbar... Il a utilisé un truc...un technique secrète ou je sais pas quoi, pour puiser dans ses forces et vous envoyer une vision d'appel à l'aide. Il s'est évanoui juste après.
....Ah, oui, j'précise que j'l'avais déjà soigné un peu avant, avec la....potion miracle d'Aetheris. Vous savez, quand j'disais qu'les sans manières l'avaient tabassé. Ouais, bah il était vraiment dans un piteux état. Mais une fiole de s'truc et woooooup! Il était de nouveau sur pied.
...Enfin, non, il était toujours enchainé au fond d'une cellule incapable de s'mettre debout, mais niveau santé ça allait mieux quoi.

J'devais lui donner une deuxième dose de potion miracle pour l'aider à se remettre de sa technique secrète, mais Maïssa m'a fait comprendre qu'apparemment, les êtres de chair peuvent vraiment pas boire quand ils sont dans les vapes. Genre, même pas un tout ptit peu. J'ai toujours cru l'contraire pourtant... Quand j'y pense s'pas pratique, vous pouvez pas vous nourrir en dormant et tout... En parlant d'ça moi j'dirais pas non à un peu d'eau. La terre de la bas était sèche, pas terrible en minéraux...


C'est vrai qu'ça f'sait un certain temps que j'm'étais pas vraiment restauré moi. Trois jours sans boire, j'avais fait pire, mais après la chaleur du désert, j'me sentais tout d'même déshydraté.

Bref! Dans tous les cas on sait pas si c'est juste un gros dodo qu'il nous fait la ou si c'est plutôt un coma, alors autant aller voir un pro du soin pour l'ausculter. "

-De ce que j'en déduis pour l'instant, ça m'a l'air d'être une trop forte utilisation de ses pouvoirs. Un peu comme pour Simaya lorsqu'elle a utilisé sa magie lors de notre venue en ce monde il y a quelques jours. Il lui a fallu du repos pour s'en remettre. Utiliser la...potion...d'Aerheris ne nous sera d'aucune utilité. Zacara devrait être en mesure de confirmer mes soupçons, mais si tel est le cas, il serait préférable de ne pas trop en demander au sorcier. Le traitement que j'ai reçu l'a très éprouvé ! On en profitera pour trouvez de quoi étancher votre...soif... après cela."

-Me semblait que cette...potion marchait aussi pour s'qui était d'la régénération d'énergie. Mais bon, ça sert à rien de spéculer dans l'vide, plus on verra ce m'sieur Zacara, plus vite on s'ra fixé. S't'encore loin d'ailleurs? "
Jorus Kayne/Ehök — 21/03/2023 12:57

-Non nous devrions rapidement le trouver."

Et effectivement, quelques instants après, nous nous retrouvâmes face à une tente, avec à l'intérieur le fameux Zacara, qui ne semblait pas dans le meilleur des états. Par contre, le tas de mousse sur lequel il était allongé ressemblait à ceux sur lesquels j'avais l'habitude de dormir avant. Très confortable, me faudrait essayer la mousse du coin.

Jorus commença à faire les présentation, et expliqua pourquoi on était la. Voyant clairement la fatigue du pauvre soigneur en face de nous, je me dis que l'allais un peu lui macher le travail. Il ne m'avait rien fait de mal (pour le moment) ce pauvre gars, alors autant se montrer sympa. Je me mis à le saluer de la main avant de compléter les propos de Jorus:


" D'solé d'vous déranger, m'sieur Jorus m'a expliqué qu'vous avez déjà beaucoup donné d'vot personne.
Si vous avez l'énergie pour ça, et qu'ça peut aider, j'vous fait un résumé rapide: m'sieur Sabbar s'est fait passé à tabac, j'l'ai soigné avec un super remède revigorant, et pas longtemps après il a utilisé un gros morceau de ses pouvoirs et d'son énergie, avant d's'évanouir. Si vous voulez plus de détail, d'mandez."



"Posez-le ici, près de moi. Je dois pouvoir l'examiner.

Je m'exécutai, ressentant un certain soulagement à ne plus avoir le poids du vieil homme sur mon épaule (pour un truc majoritairement fait de peau et d'os, il était pas si léger qu'ça...).

...Il subit un épuisement total, mais ce n'est pas tout : la magie en lui semble... instable. Curieusement instable. Je... je crois que je peux l'aider, même si..."


Si mes connaissance sur les humains et les êtres de chair étaient parfois incomplètes, je savais que pour un oudio, je les connaissait plutôt bien. Surtout quand il s'agissait de comprendre leurs expressions faciales.
Mais une grimace comme ça, c'était la première fois que j'en voyais. Ce type avait peut être plus besoin d'un médecin qu'Ibn en fait...

Jorus semblait plutôt d'accord, demandant à Zacara de ne pas se forcer à utiliser ses pouvoirs pour soigner le Cadi Yangin. Mais si le cas de ce dernier était plus grave que prévu, il nous fallait bien trouver une solution...
Et à défaut de solution, un potentiel avis supplémentaire pointa le bout de son nez: Mathis, qui venait prendre des nouvelles du sorcier de feu. Erk, pas la personne la plus adapté sur le moment, mais ça aurait put être pire: ça aurait put être Akihito.

Voyant le visage de Maïssa se raidir à son approche, je me plaçai entre le blond et la brune, au cas ou. On aurait du mal à soigner le vieux Sabbar si ces deux la finissait par décider de se crêper le chignon.


" Bonjour, je venais voir l'état de Ibn..."

-Pas de changement, m'sieur Zacara ici présent dit qu'sa magie semble instable."

Et en parlant de ça, mon attention se redirigea vers Zacara.

"Même question que m'sieur Jorus: c'est grave et urgent son cas ou pas?... Et le votre de cas? Z'allez vraiment pas l'air bien..."

Nan, vraiment, il faisait peine à voir la...

"Vous semblez avoir besoin de lui urgemment. Et j'ignore si son état s'améliorera vite, si je n'interviens pas. Il a l'air dans une sorte de... coma."


"Non Zacara ! Si cela doit mettre votre propre vie en jeu cela ne vaut pas le coup !"

Écoutez, ce n'est pas que je refuse de le soigner, mais vous n'êtes actuellement pas en état. Nous vous l'avons apporté parce que nous avons craint pour sa santé. Moi je suis venu parce que je craignais pour la vôtre. Si l'état est préoccupant, j'utiliserai la magie qui coule en moi pour équilibrer la balance que vous seul supportez. Mais cette magie est instable. Je préfère me référez aux autres avant de l'utiliser. Ils auront peut-être une approche différente et plus efficace que la mienne. Donnez-moi le temps d'en discuter avec eux et promettez-moi que vous ne ferez rien tant que JE ne serais pas revenu !"


"Je partage l'avis de Jorus. J'ai discuté avec Simaya et il y a à Esseroth un sorcier qui pourrait guérir Ibn sans s'affaiblir... Il s'agit d'Aetheris ... On pourrait l'apporter à Esseroth.. et je pense même que certains d'entre nous ont conservé de sa salive dans une fiole... si il y en a, ça pourrait le stabiliser. Qu'en pensez-vous ? "

"On a déjà considéré la ba...potion miracle d'Aetheris, mais tant que m'sieur Sabbar est évanoui, impossible de lui administrer...

Si au moins on arrivait juste à le réveiller...

Quand à s'que vous proposez m'sieur Jorus, si vous connaissez quelqu'un qui peut aider, et qui n'met pas sa vie en danger pour ça, allez y. J'promet de rien essayer d'insensé. On va pas s'risquer à faire de bêtises si vous avez une solution..."

La situation semblait plus compliquée que ce que j'avais imaginé. Un mal magie difficile à gérer, difficile à soigner, le seul vrai médecin au bord de l'évanouissement...

Je m'approchai du corps d'Ibn, m'accroupissant à son niveau, et posant ma main sur lui, l'air pensif.

"Quel truc farfelu z'avez bien pu faire comme ça pour nous m'aider, mon pov' gars...."

Hors de question de le laisser dans sa mouise comme ça. Il fallait déjà comprendre exactement la source de son problème pour réussir à le régler.

"M'sieur Zacara, z'entendez quoi précisément par "la magie en lui est instable"?

"Je dirais qu'elle bat comme un cœur. Une fois présente, une fois absente. Elle est duelle, un peu comme la mienne."

Il montra tour à tour les deux coté de son visage, l'un masqué l'autre non, pour illustrer son propos.

"Tout comme lui, elle est entre la vie et la mort. Entre l'existence et l'absence. Dissonante dans notre réalité."


"Il faut agir vite alors..Je me propose d' aller chercher Simaya, pour qu'elle l'apporte à Esseroth. Xël est sûrement trop épuisé pour ouvrir un portail mais Simaya pourra s'il est à ses côté... à moins que vous ayiez un meilleur plan ?

"Zacara est en mesure de le soigner. Cependant, sa magie le relie à la Lande Noire et elle à lui, formant entre eux un équilibre, une harmonie. A chaque utilisation de ses pouvoirs, cet équilibre penche et naturellement, le lien qui l’uni à la Lande cherche à retrouver cette harmonie, en lui affligeant un contrecoup physique et psychique.

Le problème n’est pas si vous pouvez ou non soigner, il réside dans ce contrecoup, bien trop lourd à supporter. Vous-même l’admettez. Je que je propose n’est pas non plus de rompre cette harmonie, mais de faire pencher la balance avec quelqu’un d’autre, en utilisant la magie d’Aliaénon qui nous anime. J’ai ouvert un portail, j’ai fait naître une vision du passé, j’ai échangé mon esprit avec celui d’un dragon, je ne doute pas que cela puisse être possible !


Sauf qu’en plus de craindre une perte de contrôle de la magie, alors que des survivants déjà affligés par la destruction de leur cité son présents, je n‘ai pas utilisé cette magie depuis mon retour et mon état…divisé. J’ai d’ailleurs entendu quelque chose qui m’a particulièrement dérangé en arrivant à Methbe-El. Je suis parti à Fan-Ming et j’y ai passé la nuit, ne me faisant revenir que le lendemain de mon arrivée. Pour moi, je suis partie hier. Or, il semblerait que les expéditions n’aient été réalisées que ce matin !

"Vous pouvez confirmer ce dernier point l’un comme l’autre ?"


"Oscille entre la vie et la mort hein... Comme si elle essayait de ne pas cesser d'exister...
M'sieur Sabbar m'avait dit que son action risquait de lui couper sa magie pour un temps, allant de quelques heures à quelques...années...."


Il savait que son pouvoir serait le principal impacté. Mais peut être que ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que son pouvoir aurait en retour un impact sur lui? Après tout, dans ce monde, la magie ne venait pas de fluide élémentaire, elle semblait faire partie à part entière d'une personne. Peut être qu'avec cette vision ultime, il avait poussé son pouvoir à bout, et épuisé son âme au passage.

Je me plongeais dans les réflexions autour des propos tenu et de la situation, jetant de temps en temps des coups d'oeil en direction de Maïssa, en espérant la voir proposer une solution, avant d'émerger pour répondre aux remarques de Mathis et Jorus.

"Ptet qu'on peut s'amuser à ouvrir des portails, j'me demande...
Quand à ce que vous m'demandiez m'sieur Jorus, j'suis parti une bonne journée la bas au moins, mais j'ai pas passé de nuit la bas. Après, j'ai passé un certains temps en cellule, et après avoir raté un sort, ptet que le temps est passé plus vite que s'que j'pensais..."


Visiblement le Jorus avait voyagé dans le temps. Ca ne me semblait pas plus farfelus que d'aller dans un autre monde ou voler le corps d'un autre être vivant, alors à ce prix la...
Peut être que si on pouvait voyager dans le temps, on pourrait revenir en arrière, à un moment où Ibn serait en état d'nous expliquer comment marche exactement son pouvoir, ou alors revenir à un moment ou Zacara serait encore en état de le soigner, et pas complètement vidé de son énergie et...


..................

Une petite minute....

On a pas arrêter de penser à faire prendre la bave magique du faux vieux à m'sieur Sabbar...

Ne me dite pas que.... personne n'a pensé à s'en servir... autrement...Pas vrai?


"J'y pense...M'sieur Zacara... Vous l'avez essayez, vous, la "potion miracle"? "

(nan c'correct niveau tempo, jorus est bien fucké de fou 😄 )

Il ne sembla pas avoir compris la question. Ni lui, ni les deux autres gus. Je sortis l'une de mes deux fioles restante et je la tendis à Zacara, me demandant sérieusement si la solution était aussi simple.

"Non. Je proposais d'essayer de vous soigner vous, la ,de suite, avec la dite potion. ça a remit un Sabbar en sang sur pied, peut être que ça vous redonnera assez d'énergie pour essayer s'que vous vouliez faire sans risquer d'y passer?"

"Je pense que vous avez une bonne idée Dracaena. La potion que vous tend Dracaena ne peut que vous aider."

...Sérieusement?

"Je ne connais pas les effets précisément que procurent Aetheris. S'il guérit tous les maux du corps ou s'il fait de même avec la force vitale. Nous l'avons évoqué, parce qu'il est le seul guérisseur que nous connaissons, mais peut être que d'autres existent à Esseroth, ou des êtres capables de vous redonner de la force à vous Zacara ! Si la potion ne fait pas l'effet désirée, autant suivre l'idée de base du bl...de Mathis et de demander l'avis à Simaya."

Sérieusement?!

ça serait aussi simple que ça?

L'homme au demi masque attrapa la fiole et l'avala d'un air un peu hésitant, mais à peine eu t'il finit de boire que son visage commença à se montrer plus...vivant.

"C'est plus... visqueux que je n'aurais cru. Oui, oui ! Ca peut marcher ! On ne le saura pas sans essayer, et maintenant le risque est moindre."


Il posa ses mains sur les corps du sorcier de feu pendant de longue seconde, avant de s'effondrer sur son matelas de mousse. Son visage affichait un sourire satisfait, mélangé à un rictus de douleur. Et, tandis qu'il se tourna pour nous donner le dos, probablement pour ne pas nous inquiéter, Ibn Al'Sabbar, lui, s'éveilla brusquement, et surtout, à première vue en pleine forme. Il balaya la salle du regard, confus au possible, avant de me fixer et de lacher:

"Cela a réussi ? Où sommes-nous bon sang ?"


Oui, c'était aussi simple que ça. Ils étaient tous tellement obsédé à l'idée de soigner m'sieur Sabbar, que personne n'avait envisagé de simplement... soigner d'abord le soigneur du coin.

De l'égoïsme, de l'oublie, du manque de jugement, ou de la bêtise pure, je ne savais pas quelle était la raison derrière cette situation ridicule, mais pour sur ça m'blasait pas mal...

Mais bon, il fallait se concentrer sur le principal: notre comateux était désormais de retour parmi nous!

"Vous êtes là où résident les survivants d'Elscar'Olth. Zacara vient de vous soigner, mais il a besoin de récupérer pour l'instant. Venez avec nous si vous avez d'autres questions."

Je plaçais ma main sur l'épaule du mage de feu, un grand sourire sur le visage (non pas que quelqu'un dans la pièce réussisse à lire ça sur mon visage):

"Kéhéhéhé, mon bon m'sieur Sabbar, j'vous avais bien dit que j'vous aiderais. Mais ouais, comme dit m'sieur Jorus, si vous voulez remercier quelqu'un, c'est ce brave m'sieur qui vous as soigné au péril de sa vie."

Je pointai Zacara du doigt, rendant l'honneur à celui qui le méritait vraiment. Et sur ce sujet la, je me dirigeai vers Maïssa, les jambes fléchies, les bras au dessus de ma tête, pointant cette dernières des doigts, dans une pose digne de moi même.

"Ah, et remerciez aussi Maïssa qui vous a fait sortir d'vot sale cellule. Et ouais, vous avez réussi vot' coup: Xël et les autres ont débarqués pas longtemps après qu'vous soyez tombé dans les vappes pour v'nir nous chercher.

Bon, comme vous la dit m'sieur Jorus, on est à Elscar'Olth. Y s'est passé pas mal de chose, va falloir qu'on vous mettes au jus. Quand vous vous sentirez bien dans vot' robe et prêt à décoller, faite signe!"


Je me tournai vers Maïssa, et plutôt que de la fatiguer avec un long discours, je me contentai de lever le pouce vers elle, en signe de victoire. Quelque part, j'me disais qu'elle préférait probablement plus ce genre de message sobre et silencieux.

Mais je ne voulais pas laisser le vrai héros du moment seul dans son coin. Je me rendit auprès de Zacara, m'accroupissant à son niveau, voulant m'assurer que même avec la super salive, il n'en avait pas trop fait.

"M'sieur Zacara, on vous dois une fière chandelle. Vous tenez l'coup?"

"Gnnh. Ca... ça ira. Hmmmf. Sans... sans cette potion je.... aahh. Je n'y serais pas parvenu."


"Vous n'auriez pas une autre dose de salive pour Zacara, je pense que ca pourrait l'aider. Pour ma part, je peux vous offrir une potion de soin ou d'énergie de Yuimen, mais je ne sais pas si ce type de potion fonctionne ici.""

Et c'était la question que je redoutais. Zacara avait l'air d'être revenu à son précédent état (le "appelez un médecin pour ce médecin), et je me sentais redevable envers ce qu'il venait de faire.

Mais...

Mais j'avais bien vu, par deux fois désormais, l'incroyable effet de cette salive. Je repensais à la tête de l'aubergiste et à son sourire narquois, et si ça m'agaçait terriblement, il fallait bien le reconnaitre: il avait eu raison. Il ne m'avait pas menti sur la marchandise: sa bave était belle et bien un remède miracle.
Je regrettais le fait de ne pas avoir pris plus de fiole quand j'en avais eu l'occasion... Erk, une fois de retour à Esseroth, je prendrais en tout cas le temps d'aller le voir pour m'excuser d'avoir douté de lui. J'savais admettre quand j'avais perdu.

Dans tous les cas, il ne me restait plus d'une fiole, et je ne savais pas si je devais l'utiliser maintenant, ou la conserver pour un problème plus grave, et qui cette fois ci, me concernerait peut être. Car pour le moment, cette potion miracle, je n'en avais pas particulièrement profité moi même... Quand à la gratitude envers m'sieur Zacara, si elle était la, ça n'était pas exactement la même chose que m'sieur Sabbar ou Maïssa qui c'étaient mis en danger pour me sauver la vie.

Conserver la potion pour moi, ou l'utiliser maintenant pour remercier Zacara... Je réfléchissais, mais je n'arrivais pas à savoir lequel était le bon choix...

Finalement, ce fut Jorus qui décida à ma place, bien qu'indirectement:


"Zacara a surtout besoin de tranquillité. Alors du balais le blondinet ! Ca vaut pour tout le monde ici présent ! Notre présence ne fera que le gêner, vous comme moi !"

En nous forçant à partir maintenant, je n'étais pas obligé de révéler que j'avais une troisième fiole. Et si le besoin (ou la culpabilité) se ferait sentir, je pourrais toujours revenir voir Zacara plus tard pour la lui donner.
De toute façon, il avait ptet vraiment besoin d'repos! Paraissait qu'les êtres de chair se remettaient de presque tout après une bonne nuit de sommeil!

Ah, et ne pas oublier d'avoir l'air surpris, surtout!


"Okay, okay, pas la peine d'être agressif. L'impatience, j'vous jure...
M'sieur Zacara, s'fut un plaisir, reposez vous bien."



Un problème à régler plus tard, et pour le moment, une bonne chose de faite! Une fois sorti de la tente, je me tournai vers les personnes présentes pour tout de suite leur proposer la suite:

"Bon, j'pense qu'on a tous besoin d'une p'tite mise à jour de la situation d'part les gens qui étaient sur place, mais est s'qu'on pourrait s'faire tout ça autour d'un point d'eau, j'dis pas non. J'pense qu'on appréciera tous de s'rafraichir un peu et pour ma part j'ai rien bu d'puis trois jours ."


Et puis bon, si on allait parler du Dragon noir... J'allais avoir besoin d'un verre...





Jeu de mot: Valétudinaire
Modifié en dernier par Dracaena Paletuv le sam. 25 mars 2023 12:47, modifié 2 fois.

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Silmeria
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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » sam. 25 mars 2023 05:20

Nous étions à peine rentrés que déjà le groupe se séparait comme si tout le monde ne parvenait plus à supporter l'animosité qui y régnait. Les aventuriers s'en allèrent simplement sans plus de convenances et vaquèrent tous à leurs occupations. J'aurai bien pu aller faire une petite sieste pour tuer le temps en attendant la prochaine lubie d'un compagnon qui nous conduirait à l'autre bout de monde - à supposer que Xël ne se soit pas tiré à Essroth pour picoler des litres de vin plongé jusqu'au cou dans un bain chaud et moussant avec deux nymphes qui lui frottent le dos en gloussant. Je le vois bien regarder par delà son balcon, alcoolisé à faire des doigts d'honneur dans le vide en songeant à la triste troupe d'aventuriers au rabais se taper des centaines de kilomètres pour rejoindre péniblement un point jusque là inconnu dessiné sur une carte en vitesse par Simaya. Il avait la une occasion de bien se marrer et je dois dire qu'à sa place, je n'aurai pas hésité une demi seconde à laisser crever tout ce petit monde pour revenir quelques semaines plus tard leur demander de ramper à mes bottes pour s'excuser de leur incroyable assurance.

Mais faute d'un tel pouvoir, je pouvais faire ce que je faisais de mieux, la filature, la traque et mon jambonneau serait ce bêta d'Akihito. Il voulait éviter de discuter de ce qui était arrivé en publique, je comprends, mais il n'avait pas non plus fait des merveilles d'imagination pour venir me parler lorsque nous étions seuls, non, vraiment, j'avais le sentiment de devoir tout faire pour simplement lui faire entendre raison et que mes réserves de patience étaient à peine plus fournies qu'un grenier de maraud en plein hiver. J'allais peut-être devoir faire abstraction de ma sympathie pour une fois et me montrer quelque peu menaçante, après tout... Il l'a dit lui même. Je suis une personne hostile qui pourrait très bien être son ennemie, je me demande ce que ferait un avant-goût de cette sensation dans sa caboche étriquée.

Il conversa brièvement avant de se mettre en quête du fameux ruisseau où j'avais discuté plus tôt avec Yliria, c'était une assez bonne chose, l'endroit était assez isolé et l'eau glacée faisait que les gens ne s'y attardaient pas particulièrement. Et si on prenait en compte l'infâme fumet disgracieux de certains aventuriers, on était pas nombreux à connaitre l'existence de la toilette sommaire ici.

Je suivais donc discrètement Akihito, il n'avait pas l'air de se rendre compte que je le filais, il faisait ses petites affaires avec une sorte d'insouciance qu'on reconnaît chez les personnes qui ignorent qu'on les observe avec attention. Je détournais le regard lorsqu'il se séparait de son armure, préférant faire de même. S'il allait s'immerger, je comptais bien lui tomber dessus à ce moment, il serait occupé à lutter contre l'eau glacée et ça ajouterait comme un petit air de torture à cette ambiance que je devinais déjà délicieuse.

Je me débarrassais de la robe noire, des bottes, de ces gardes qui lui avaient fait voir un horrible cauchemar qu'il ne puisse me le reprocher. Ne gardant que les bracelets, mon collier, la fiole de corruption ainsi que mes deux dagues. J'avais pris soin de mettre au clair la Tueuse de Mage, son éclat a quelque chose d'hypnotique, j'avais toujours un sentiment d'émerveillement lorsque mes yeux contemplaient cette lame longue et rigide sans le moindre accroc, sans la moindre rayure. Elle me rappelait les Murènes, Katalina qui me l'avait offerte avant mon départ pour les terres enneigées. Je poussais un petit soupire nostalgique et tendit la tête pour voir Akihito s'immerger complètement. C'était le moment.

J'observais le bord de la cuvette dans laquelle il se trouvait pour y apparaître assise, hors de question d'apparaître dans l'eau, s'il se trouvait sur une grosse pierre et que je finissais dans un creux de deux mètres de profondeur, mon entrée aurait été quelque peu...

" Tu ne m'avais pas dit que tu étais chatouilleux Akichou. " J'étais assise sur le bord de l'eau claire, tenant mollement la Tueuse de Mage à la main, ça n'avait rien de bien menaçant mais sa simple présence au clair aurait de quoi lui montrer que cette fois-ci, il n'aurait pas l'occasion d'éluder notre conversation.

"Bordel. Silmeria. Qu'est ce que vous foutez là." Il avait mentionné ces mots avec une certaine précaution, comme s'il s'attendait à un second clignement sur lui, il tenait son point armé d'une drôle de façon, paume tendue vers moi. S'il utilisait la foudre, ça aurait vite de drôle de conséquences, est-ce que l'ombre allait plus vite que l'éclair ? Est-ce que mon coup serait retenu avant que la foudre ne me tétanise ?

Elle mine l'air étonnée et dit d'une voix aiguë " Ooooh il parle. Ça grandit si vite à cet âge " Je chassais ces questions pour me plonger dans la moquerie caustique.

Il était manifestement en train de ce défendre, c'était amusant de voir à quel point son côté défensif et si peu sûr de lui voyait cette ouverture à la conversation comme une menace létale, mais franchement, j'ai plus de finesse qu'un Garzok. " Ça pourrait être dangereux " Disais-je en pointant du menton sa position défensive.

"Quand une assassin notoire apparaît devant vous avec deux lames en main, se sentir menacer est légitime."

" Quand on sort d'un environnement sableux, on doit polir ses lames et les entretenir. "

"Polissez les, alors."

Il détourna l'attention, préférant se frotter le cuir que de m'écouter ou simplement de dire ce qu'il avait sur le coeur. Je n'en revenais pas que ce soit à moi, la Régicide, la Plume de Xenair, d'avoir à faire dans le social pour délier les langues sans même pouvoir user de la torture. Mais tout ici m'inspirait, l'eau glacée allait probablement agresser son corps et mettre ses nerfs à vifs, un petit soupçon de poison serait le bienvenue également pour accroître son malaise.

" Tu sais, ton indifférence m'agace. "

Je laissais le Muutos envelopper mon corps dans une volute évanescente qui rendait chaque mouvement, bien que lent, plus difficiles à observer. Le petit " plop " du bouchon de liège enveloppé de cire résonna à mes oreilles comme une douce menace. La corruption présente dans la fiole était inoffensive, j'avais moi même participé à l'activation du Glyphe qui était sensé repousser toute trace de corruption, ce n'était pas ces trois goutes d'encre de chine dans le bain de pied qui allaient changer grand chose, mais ça, Akihito ne le savait pas, et s'il n'était pas tout à fait sûr, ça suffirait à le faire douter et par conséquent, me craindre.

"Si vous répondiez à ma question, ça serait plus simple de pas vous ignorer, Silmeria." Disait-il l'air vaguement tendu tout en me faisant face. Je crois que j'adorais le torturer moralement, tellement que ça me donnait envie de venir à lui faire des sévices corporels par pur caprice.

" Nous sommes sensés avoir une conversation. Tu n'avais pas l'air de vouloir t'y résoudre. "

"Une conversation à propos de quoi ? L'hallucination cauchemardesque que vous m'avez envoyé ?"

" Admettons "

Avais-je laissé échapper tout bas tout en observant la magnificence des reflets bleutés de cette corruption prisonnière de sa petite fiole en verre.

"Et ?"

" Et manifestement tu as oublié notre première conversation. "

"On a beaucoup parlé, sur Falafel."

J'avais l'impression qu'il utilisait le nom de Falafel pour m'amadouer, me rappeler au moment où j'avais moi-même baptisé ce vilain poney de ce sobriquet ridicule pour me repousser dans mes humeurs légères et vite se débarrasser de ma curiosité mesquine.

" Qu'il ne fallait pas s'opposer à mes objectifs. Tu aurais écouté ce que j'avais à dire peut-être ? Tu comptais éteindre le glyphe de quelle façon ? Et si Xël avait voulu te retenir, toi qui avait déjà commencé à hausser le ton. Tu aurais cédé à la violence ? "

"J'aurais écouté, oui. Mais vous aussi vous vous êtes opposé a mes objectifs. Vous nous avez tous mis en danger, sans nous consulter. Tout aurait pu mal se passer. Et venir pour vous avertir que vous êtes sur le point de crever a cause de vos actes, donc venir pour vous sauver, ca justifiait le Cauchemar ?"

" Crois-tu qu'on ignorait que le Titan avançait ? Je veux dire... il pèse quand même plus lourd que ton égo, c'est le genre de chose qui s'entend. Et tu m'as crié dessus. Ça justifiait complètement mon geste. Et sur le point du sauvetage, je t'ai fait passer le portail sinon c'etait dans tes tripes que tu baignerai à cette heure. "

"D'accord, vous avez votre point de vue, j'ai le mien. Je reconnais que j'ai été agressif, pas que me faire vivre l'enfer était mesuré. Mais bon. J'ai voulu vous faire confiance, et j'arrive plus à le faire maintenant. Donc je préfère limiter mes contacts avec vous."

" Te faire ce cauchemar était une excellente façon de te faire taire sans trop te brusquer. "

Je m'amusais à renvoyer le faible éclat de la lueur des torches vers ses yeux grâce à la lame. Il semblait monter légèrement son ton, il fallait lui rappeler qu'il n'était clairement pas en position de force, que j'étais là pour le dominer.

" Personne ne me crie dessus. " Avais-je murmuré. Je n'aime pas qu'on crie, je n'aime pas les gens qui le font, pour moi, ils sont attardés, bas de plafond. Il y a tellement à dire sans passer par les beuglements de putois décérébrés.

"Sans trop me brusquer ? Je suis chanceux alors."

Il ne détournais pas son regard du mien, visiblement désemparé et fatigué d'avance du peu de conversation que nous avions eu.

"Et maintenant, on fait quoi ?"

" Ce pourquoi nous sommes là. Quelle question. "

"Je me lave, et vous polissez vos lames ?"

Je poussais un profond soupire tout en lui envoyant un regard plein de mépris, c'aurait été une de mes répliques insensées pour provoquer un adversaire, mais je n'acceptais pas qu'on sous estime mon envie de régler un problème par quelques pitreries, c'était plutôt mon rôle.

"Vous pouvez commencer par ranger vos dagues ?"

" Tu penses m'avoir assez agacée pour que je puisse te tuer dans ton bain ? N'as-tu rien appris ? "

"Non, mais je préfère."

De nouveau, il plongea la tête dans l'eau, probablement pour se rafraîchir les idées ? Quoiqu'il en soit, la voix qu'il avait été vaguement plus ferme comme s'il avait trouvé dans le fond de son bassin l'inspiration pour finalement entretenir une conversation cordiale.

"Bon ! Silmeria, laissez moi d'abord vous poser une question. Pourquoi vous tenez autant à vous expliquer avec moi ? Ce que je pense de vous vous importe tant que ça ?"

" Mais... " Quelle question à la con franchement, un petit signe de la main manifestait à lui tout seul toute ma surprise ainsi que la candeur de sa question.

" Un Gragon haut comme la tour noire vagabonde en fauchant des Titans sans se fouler, et je me retrouve ici à devoir t'expliquer l'importance du travail en commun ? Comment on peut accomplir quoique ce soit si tu fais la tronche à chaque contrariété ? "

Armant un poing fermé sous mon menton, je continuais mollement, presque dans mes pensées : " À Omyre celui qui me contestait, je pouvais le tuer moi même ou le faire éplucher et épingler quelque part pour l'exemple, là je suis obligée de faire avec toi et ton égo, il serait bon que tu comprennes que toi aussi, il te faudra faire avec moi. "

"Oui, je me suis emporté et j'ai commencé à hurler. J'en suis désolé. Mais vous vous trompez sur un point : je ne fais pas "la tronche". Je suis pas aveugle et j'ai constaté que je suis pas en phase avec le reste du groupe. Mes initiatives sont marquées du sceau de la poisse et mes idées et plans n'ont que rarement votre approbation. Alors plutôt que de m'obstiner à essayer de vous convaincre, je ravale maintenant mon égo et ne fait plus que suivre le groupe parce que si c'est ce qui permet d'abattre ce dragon, c'est pas cher payé."

Il ouvrit les bras, envoyant une rafale de gouttelettes autour de lui.

"Et dans ce groupe, y a vous. Et si je dois coopérer avec vous, je le ferai. Point. Je pensais bien faire en vous tendant une main et en essayant de mieux vous connaître, pour ne pas être deux inconnus forcés de travailler ensemble. Mais visiblement nous sommes trop différents : j'ai donc préféré limiter les contacts pour ne pas créer d'autres accrochages. Voilà pourquoi je vous ai évité."

" Nous sommes trop différents... Quelle vaine excuse d'être aussi puéril. Tu crois que tu ressembles à cette Shaakte que tu observes à la dérobée dès que tu en as l'occasion ? Tu crois que tu ressembles à Mathis ? À Xël ? " J'éclatais comme une bulle de savon un petit rire cristallin.
" Ou encore de ce Ficus Fou et cendré ? "

Je me laissais glisser lentement dans l'eau glacée pour lui faire face.
(" BWAAAAAAH... Elle est froiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiide. ")

" Tu n'as pas ravalé ton égo, je pense juste qu'il est froissé. Si tout le monde venait à faire comme toi, le Gragon aura de beaux jours devant lui. " J'espère que ce sinistre ahuri ne va pas entendre le trémolo dans ma voix qui trahit que je me suis givré la pêche en faisant la maligne à lui faire face comme si de rien n'était.

"Il a été froissé oui. Mais je le ravale aussi. Si vous ne me croyez pas, je sais pas ce que je peux dire de plus pour vous convaincre."

" Peut-être que c'est parce qu'il n'y a pas d'argument. "

Je gardais un regard ancré dans le sien, sans ciller une seule fois, tentée de secouer la tête de dépit.

" As-tu peur de quelque chose ou tu ne t'attendais pas à une conversation ? "

"Et vos arguments à vous, ce sont lesquels ? A part affirmer que vous connaissez mieux mes états d'âmes que moi et que je mens ?"

" Du factuel, uniquement du factuel. Tu fuis, tu t'isoles, tu boudes, tu es presque résigné et ça je ne peux pas le tolérer bien que j'en sois en partie la cause. On en revient à la conversation avec Hrist aux Collines Oniriques. Le poids que tu mets sur tes épaules est si lourd que tu ne peux supporter la moindre contrariété. "

"J'ai fuis et je me suis isolé sous le coup de la colère. Je l'ai reconnu. Mais je ne boude pas, ni ne me suis résigné, je vous l'ai déjà dit."


A dire vrai, ça commençait à devenir intéressant, je commençais presque à trouver amusant de le pousser dans ses retranchements afin de le faire douter ou simplement le voir essayer de se justifier tout en ayant la conviction que quoiqu'il dise, je ne le croirai pas.

"Et je n'ai pas peur de cette conversation ou de quelque chose. Simplement , vous..." il cherche un mot avant d'en choisir un honnête.... Vous me perturber. Me retrouver dans un ruisseau gelé avec une belle femme assassin notoire légèrement vêtue mais armée, c'est pas quelque chose dont j'ai l'habitude."

" C'est pas dans mes habitudes non plus. Généralement je traque mes proies pour les tuer, pas pour discuter avec. Mais je me disais que te prendre au dépourvu sans te laisser une option de fuite était la meilleure chose à faire. " Il avait presque su me désarçonner. Ca me rappelait comment Xël avait réagi, avec plus de décontraction cependant, mais aucune menace ne pesait sur lui à l'époque. Je dois dire que pour un humain, il n'avait rien de bien repoussant, il fallait avouer qu'il avait su s'entretenir et au moins il tâchait de rester propre, même si sa peau était froide et humide et qu'elle avait un aspect de chair de poule à cause de la fraicheur du bain... Mais qu'est-ce que je raconte moi ?


"Donc je suis proie ? Eh bien. Dans tous les cas, ça a marché."

Manifestement nous étions tous deux quelque peu mal à l'aise, mais j'avais l'ascendant sur la conversation que j'avais moi même imposé et m'efforçais de le cacher le plus possible.

"Vous parliez de notre première discussion : vous vous souvenez de la partie où je vous parlais d'être une "porte d'entrée" vers le groupe ?"

" Groupe avec lequel tu dis ne pas être en phase et que tu ne fais plus que suivre ? "

"Lui même. Depuis qu'on est arrivé, on passe d'un problème à l'autre, sans temps mort ou presque. Et au final, on se connaît pas ou peu. On fait des erreurs, j'ai fais des erreurs. On a jamais pris le temps de parler tous ensemble. C'est pas une solution miracle mais de la même façon que cette discussion a mis à plat les choses entre nous, le faire avec le groupe entier rendrait les choses plus simples et le climat moins délétère."

"Comprendre que je ne pense pas en phase avec les autres, c'est bien. Mais si je ne sais pas ce que je vais suivre, alors ca ne sert a rien."

" C'est normal. Depuis que nous sommes arrivés, nous restons dépendant des portails de Xël et passons rapidement d'un point à un autre sans en savoir beaucoup plus. Je pense même qu'au aurait eu intérêt à supprimer les derniers soldats pour protéger le père de Maïssa. On s'est pressés pour revenir pour au final quoi ? Prendre un bain et discuter ? De quoi ? De ce qu'on sait déjà ? Il y avait bien quelque chose à apprendre, quelque chose à savoir. C'est dommage de se fixer à un objectif lointain, manquer d'informations finira par nous coûter énormément. "

"Je suis d'accord. Alors on pourrait profiter de cette accalmie pour arrêter de courir à gauche à droite sans savoir pourquoi, avec des personnes dont les motivations nous sont au mieux flou. Je vais le proposer aux autres pour ce soir. Ça vous intéresse ?"

" Bien. Ravie qu'on s'entende la dessus. " Je lui tournais le dos, à dire vrai, il aurait très bien pu m'attraper le bras pour me retenir ou encore essayer de m'étrangler, je crois qu'il n'avait pas fait attention au serpent argenté qui se lovait contre mon ventre sous la chemise de lin... Mouillée jusqu'à la poitrine. Il avait peut-être pu m'observer par transparence ? Noon, il était bien resté regarder mes yeux. Ou alors j'ai pas fait attention. Et puis qu'importe, je n'allais pas entrer là avec la Robe des Sylphes, c'était pas le genre d'apparat qu'on porte dans un bain. Je récupérais mes lames, je serais bien remontée à la surface moi même mais j'avais peur que la chemise n'accroche ou ne dévoile quelque chose qu'il n'aurait pas voulu oublier.

" Pour le reste, ménage tes humeurs, je détesterai avoir à me répéter, je préfère nettement mes humeurs plus légères. "

"Je viendrai vous chercher alors."

Il me suivait du regard tandis que je longeais le bord du bassin pour trouver un endroit convenable où disparaître.

"Ménagez les vôtres aussi. Votre cauchemar, d'autres y aurait répondu par la violence." Petite menace contre une menace, mais que c'est mignon. Mais il avait raison, je suis sûre que la Shaakte a toujours des vestiges arriérés de sa race et des traits bestiaux qui la feraient réagir comme une bête sauvage face à une étincelle.

" Si j'avais voulu te faire du mal, je t'aurai fendu la gorge pendant que tu vomissais tes dents... Akichou. " Je lui envoyais un petit sourire moqueur, celui que je fais d'ordinaire quand je tourne quelqu'un en bourrique, histoire de lui rappeler à quel point j'aime me montrer insaisissable. D'un côté, ça aurait pu être contre-productif de laisser croire que toute cette conversation n'était qu'une vaste farce, mais il avait aussi besoin de se rassurer, de savoir que lorsqu'il viendrait me chercher, il trouverait une personne aimable et docile et non pas une mégère revêche et grossière prête à lui beugler des propos disgracieux tels que " Donne tes bijoux, le drôle ! " tout en agitant devant son nez une lame et un fumet de mauvaise haleine.

L'ombre me porta plus loin, j'y retrouvais mes affaires tout en laissant derrière moi une flaque d'eau glacée qui tombait telle une pluie cinglante sur le sol froid et humide. Ce n'était pas particulièrement discret...
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Complètement vêtue et séchée, je m'étais échouée dans une paillasse pas trop malodorante et y fermais les yeux, jouant du bout des doigts avec les bracelets de l'ombre. Je me serai bien levée pour aller voir les autres aventuriers, mais je n'avais pas envie de me confronter à des personnes qui seraient trop pressées d'aller courir à gauche à droite sans raison à la manière d'un poulet sans tête, je préférais mille fois attendre la conversation orchestrée par Akihito, il avait là une occasion merveilleuse de se montrer digne d'être écouté et suivi. Mais quelque chose me chiffonnait...

La Shaakte était montée au créneau il y a peu, aujourd'hui c'était au tour d'Akihito de faire ainsi, il se pourrait que les deux cherchent à se partager l'autorité de ce groupe pour essayer de soumettre Xël avec qui ils ont eu tous deux des différents exprimés à plusieurs reprises. L'ennemi commun est une excellente façon de rallier les troupes mais je craignais quelque peu pour Xël. Face au sentiment d'impuissance rencontré face au Gragon, ils pourraient très bien jeter leur dévolu sur Xël et ainsi essayer de le dominer par des objectifs communs et probablement une bonne dose de bon sentiment. Mais sans les portails de Xël, l'exploration de ce monde sera un véritable calvaire et nous manquerons aussi nos objectifs et toute possibilité de faire des enquêtes.

Je laissais mon ombre sortir.

Il fallait réfléchir, il fallait prendre un coup d'avance. Mais le faire avec Xël ? Avec Akihito ? Avec ce Ficus Fou ? Simaya ? L'horrible Aigre-Gor ? La conversation se tournerait, je le devinais, vers une sorte de procès pour Xël. Si celui-ci assiste à la réunion et que tous se liguent contre lui, je devrai probablement choisir un parti, le plus logique et le plus efficace. Ca ne faisait aucun doute pour moi.

Mon ombre gambadait joyeusement dans les galeries jusqu'à trouver par surprise Mathis, le Ficus Fou et l'abominable Jorus. Tous étaient avec un mage étendu, Ibn, que le Ficus Fou avait finalement renoncé de trimballer sur son épaule comme un tapis jusqu'à la fin de notre aventure. Un autre magie du nom deeee... Bacarat.

Tous parlaient de soigner Ibn inconscient mais le petit groupe s'heurtait à un détail, celui de faire avaler la salive d'Asterix à Ibn sans que celui-ci ne s'étouffe. Selon Bacarat, sa magie était instable et cela n'était pas de bon augure à en juger les mines graves qu'ils tiraient.
Je me demandais bien pourquoi ils ne s'étaient pas contentés de mettre de la salive sur un doigt pour en frotter la bouche d'Ibn, après tout, c'était comme l'horrible salade de glaviot que nous avaient offert Aigre-Gor et Asterix.

Mais la fiole de bave arriva dans les mains de Bacarat pour qu'il puisse y puiser la force nécessaire de soigner Ibn à l'aide de sa propre magie. Je m'étais demandé ce que ferait un Brise magie sur un sorcier de ce monde. Chez nous, la magie répondait à un sorcier grâce aux fluides qui l'occupaient, mais est-ce qu'en ce bas monde, la logique était la même ? Allait-il offrir un effet different ? Et est-ce que le Gragon utilisait la magie ? Un fluide inconnu issu des enfers ? Par la barbe de Xenair, je n'aurai jamais assez de poison pour un si gros lézard.

Le résultat que cherchait ce troupeau maladroit fit finalement mouche et Ibn se releva devant un publique aussi hétéroclite que niais. Je rappelais mon ombre ne trouvant personne d'autre à écouter en silence, n'ayant pas trop notion du temps, je préférais ne pas m'éterniser, Akihito a dit qu'il viendrait me chercher, j'aime autant qu'il ne me trouve pas inconsciente.

L'ombre embrassa de nouveau mon corps, reprenant pleinement possession de mes moyens je sentais des larmes noires couler le long de mes joues, plus nombreuses qu'à l'accoutumée.

(" Merde, ça empire. ")
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 25 mars 2023 15:49

Cauchemar en Aliaénon : Elscar’Olth II



Akihito avait prévenu tout le monde d’une petite réunion nécessaire pour poursuivre l’aventure « sereinement ». Sans courir partout comme une poule sans tête à quatorze pattes, en tout cas. Viendrait qui voulait, mais l’endroit était tout choisi : la table où ils avaient été précédemment accueillis pour cette même raison… avant de partir de nouveau vers une destination sans prendre le temps de se poser les bonnes questions. Et d’en payer le prix par une ambiance de groupe délétère. À chier, pour ceux qui aiment les choses claires.

Ainsi furent-ils réunis autour du héros ynorien, comme des disciples autour d’un maître unificateur. Ou pas. D’autant que chacun ne viendrait peut-être pas. Simaya et Ibn étaient là, eux. Mais aucun sorcier de la Lande n’ayant été convié, aucun ne vint. Le sorcier de feu du désert semblait un peu perdu, mais avait définitivement l’air plus vivant que dans les bras de Dracaena quelques instants avant. Maïssa aussi était là, collée à l’arbre comme s’il était un tuteur pour cette belle plante silencieuse. Les rôles s’inversaient.

Les choses allaient pouvoir être mises à plat, enfin. Peut-être.


[HJ : Petite particularité pour la réunion, vue avec Aki pour plus de facilité : AVANT de commencer la discussion générale, Akihito se propose de faire un petit discours d’accueil (qu’il postera dans ladite discussion générale). Suite à ça, nous allons ellipser totalement la partie « don d’informations » pour ne pas se perdre en réponses exagérément longues et infos croisées. A ce titre, je vous demanderai de créer CHACUN une liste synthétique (par tirets, idéalement) des informations que vous donnez au groupe. Si vous en donnez. Je créerai un channel discord spécialement pour ça.
APRES que tout le monde se soit manifesté sur ce channel, la discussion générale pourra commencer, chacun ayant été mis au courant des infos partagées. Et on fera des tours classiques de parole, ponctués chacun d’une réponse de ma part.]




[XP :
Xël : 0,5 (aparté)
Akihito : 2,5 (apartés), 0,5 (situations diverses et rencontres)
Mathis : 1,5 (apartés), 0,5 (rencontre)
Jorus : 1 (apartés)
Yliria : noté quand complété.
Dracaena : 1 (apartés)
Silmeria : 0,5 (aparté), 0,5 (espionnage)]



[Jeu des mots :
Aki : 15
Drac : 5]

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Re: Lande Noire

Message par Mathis » mer. 5 avr. 2023 01:34

Aux yuimeniens réunis dans la salle s’ajoutait Simaya, Maïssa et le sorcier Ibn. Akihito prit la parole nous expliquant ce qu’il attendait de nous. Après trois jours sur Aliaénon, nous avions parcouru les plaines, traversés des portails, mais nous n’avions pas pris le temps de se connaître ou d’échanger les connaissances que nous avions recueillies. Nous acceptâmes sa proposition et chacun tour à tour partagions nos découvertes. Si j’en connaissais plusieurs, j’appris tout de même plusieurs choses.

Notamment sur les habitants de la cité d’Elscar’Oth. Si Bellarien détestait tant les yuimeniens c’était en partie parce que Xël avait tué son frère, ce dernier étant l’ancien archichancelier (Thensoor Val’Crooh )de la cité possédé par Vallel. La vieille qui avait voulu égorger Praline se nommait Lamiria Géryick. Jadis à l’origine des sceaux, cette ancienne sorcière était désormais trop souvent délirante. Smarag'Din est originaire de la ville d'Arthim Olth. Anciennement l’esclavage y régnait, ce qui n’était plus le cas. Cette ville minière exploite de l’argent noir, un métal presqu’indestructible, mais néfaste à son porteur. Cette cité possédait un fluide spatial menant à Yuimen.

Les cristaux de magie retrouvés dans les collines sont utilisés par les Cadi Yangins.

En ce qui concernait le dragon noir. Il était actuellement plus grand et puissant que lorsqu’il était sur Yuimen où il n’était pas doté de parole. Sur Aliaénon, il avait détruit Fan-Ming. Il n’y avait désormais que deux survivants : le seigneur Teruki et sa femme Himeka. Ce fut Jorus qui les ramena dans les landes noires. Il était arrivé une étrange expérience à Jorus, celui-ci ayant laissé son corps au dragon afin d’habiter le sien. Le sort n’ayant que duré une nuit, il utilisa la magie pour fabriquer un portail pour revenir parmi nous.
La pierre de vision originelle se trouve à Messaliah, ville farouchement gardée par un groupe de Cadi Yangin.

Contrairement à ce que j’avais cru. Le mutisme de Maïssa est volontaire de sa part et non pas un handicap. Selon les dires de Dracaena, elle semble posséder de grands pouvoirs.

Pour ma part, je répondis aux questionnements de Akihito concernant la raison de la présence de Praline à mes côtés. Je partageai également le fonctionnement des habitants d’Essseroth et des pouvoirs non négligeables d’Eaeria.

Après ce premier partage d’informations, nous établîmes nos priorités. Akihito mettait l’orbe du sans visage en possession de Xël et les sans-bannières en priorité. Jorus fit remarquer que l’orbe du Titan sombre s’avérait également une priorité. Soulignant la courte durée des sorts.

Silmeria semblait s’inquiéter surtout sur ce que Xël pouvait faire de l’âme du sans-visage. Elle craignait que l’orbe envoûte le mage d’air. Afin de régler ce possible souci, elle proposa de demander à Xël qu’il lui confie ce fragment d’âme. Cette dernière remarque me rendit perplexe. Je pris donc la parole à mon tour.

« Bien que je sois d'accord que Xël soit la première priorité, je pense, par contre, que nous avons d'autres chiens à fouetter avant de nous occuper des sans-bannières. Tout comme Jorus le mentionne, nous devons trouver une solution pour contrôler l'âme du Titan sombre afin de permettre à Simaya de retourner sur Esseroth, ce qui sera notre seconde priorité. Pour la troisième, je pense qu'il faut trouver où se trouvent les autres titans et combien ils sont. Il faut arriver à eux avant le dragon noir..S'il absorbe trop d'âme de Titans, je crains que nous ne puissions le vaincre, même avec cette arme légendaire dont nous ne sommes pas certains de son existence. »

Je regardai Simaya:

« Existe-t-il sur Esseroth une bibliothèque ou des archives ou des érudits pouvant nous renseigner sur les titans habitants Aliaénon ? »

Puis me tournant vers Silmeria:

« Et si Xël accepte de vous confier le fragment, serez-vous davantage capable d'y résister ? »

Yliria enchaina, ayant le courage de s’excuser pour son comportement plutôt agressif des dernières heures. Cette dernière partageait à peu près le même avis que moi, quant aux priorités.

Dracaena prit ensuite la parole. Mais au lieu d’apporter ses idées de solution pour établir nos priorités, il se fit méprisant, jugeant nos paroles et nos actions alors qu’il n’était pas vraiment au courant de ce que nous avions fait pendant son absence. Il avait vite oublié que nous nous étions unis afin de le retrouver et de le ramener avec nous dans les landes noires. Je trouvais son attitude ingrate. Répondant à tout un chacun, il finit par m’informer qu’il était passé à l’archive d’Esseroth et qu’il y avait très peu d’informations sur les titans.

Puis à ma grande surprise, Simaya se leva, la contrariété se lisant sur son visage. Ce fut sèchement qu’elle nous reprocha de voir les choses qu’en surface. Elle reprochait aussi le chaos et la tension qui régnait dans notre réunion. Défendant bec et ongles, Xël, elle nous reprocha de prendre des décisions à sa place. Sa position me déçut grandement, quoique je comprenais que contrairement à nous, elle le connaissait depuis longtemps et qu’il avait fait beaucoup pour Aliaénon. Cela dit, elle sortit de la salle au moment où Xël en entrait.

Puisqu’il avait commandé la réunion, Akihito tenta de ramener le calme. Se tournant vers Xël, il le remercia de s’être joint à nous.
Xêl se montra insulté que l’on se préoccupe de l’âme du sans-visage. Suffisant, il nous parlait comme si nous étions des moins que rien à ses yeux. Je ne l’avais pas revu depuis ma première aventure, mais il avait beaucoup changé depuis. Je m’avouai que je le préférais plus bohème, mais sérieux et plus sociable.

Yliria n’accepta pas de se faire parler ainsi, mais contrairement à moi, elle explosa, rappelant en terme limpide la condescendance de ce dernier à notre égard. Puis se tournant vers Dracaena, elle le pria de se mettre à l’action au lieu de se contenter de juger les autres. Cela dit, elle ramassa ses choses et se dirigea vers la sortie. Ne comprenant pas les paroles d’Yliria, Dracaena reprit son discours de moralisateur.

Jorus supplia Yliria de demeurer dans la salle. Plus tempéré, il voulait qu’Yliria comprenne que Xël était tout de même le mieux placé pour s’occuper de l’âme du sans-visage. Puis il expliqua à Xël que nous avions aussi l’envie de nous occuper des chevaliers sans-bannières. Avec diplomatie, il demanda à Xël de prendre du recul afin de discerner si le sans-visage avec ou pas une influence sur lui. Il conclut en affirmant que nous avions besoin d’être unis. Au moins ce dernier, ne portait pas le blâme sur les autres.
Toujours debout depuis le début de la réunion, je m'approchai de la table improvisée.

« Je suis du même avis que Jorus, restez avec nous Yliria. »

Puis me tournant vers Simaya:

« Vous aussi, demeurez avec nous. »

Puis à tous,

« Chacun d'entre nous est important pour vaincre le dragon noir. Malgré tous nos différends, nous sommes d'accord un point, il est important que nous travaillions en équipe. »

Je m'adressai particulièrement à Xël :

« Sachez que nos intentions n'étaient pas de vous sous-estimer, mais de vous venir en aide. Vous nous dites que vous pouvez gérer l'orbe, d'accord, je vous fais confiance. Mais sachez que si vous éprouvez une difficulté quelconque, vous devez nous en faire part, et nous allons vous porter main forte… »

M'adressant de nouveau à tous:

« Et c'est pareil pour chacun de nous. Nous devons demander de l'aide aux autres, si on voit qu'on y arrive pas. Il faut se faire confiance. »

Je m'arrêtai quelques secondes avant de poursuivre:

« Notre priorité : l'Orbe du Titan noir. J'ai utilisé la magie d'Aliaénon afin de fournir l'énergie nécessaire à Simaya afin qu'elle puisse maintenir son dôme de protection sans s'épuiser. Je propose d'utiliser une fois de plus la magie d'Aliaénon afin de rendre le dôme de protection autonome sans la présence de Simaya. Mais Jorus a raison, cette magie a une durée limitée... Avez-vous d'autres idées ? »

L’esprit d’équipe ne régnait vraiment pas dans la salle. Comme si elle n’avait pas entendu ma proposition, sans même la commenter, Silmeria l’ignora et en proposa une beaucoup plus dangereuse. Celle de faire canaliser la magie par l’intermédiaire de Visselion dans un réceptacle.

Le sorcier Ibn prit enfin la parole et expliqua qu’il avait perdu toute sa magie, tous ses pouvoirs.
Yliria, qui était toujours parmi nous, bouillonnait de rage. En vain, elle tenta d’expliquer à Xël la dangerosité de l’action qu’il voulait accomplir à Methbe-EL.

Silmeria annonça qu’elle s’en allait trouver les mages et faire des essais sur l’orbe avec l’aide de Visselion. Alors que j’avais la bouche ouverte pour intervenir, celle-ci disparut en un clin d’œil.

Une fois de plus Akihito tenta de ramener l’ordre. Il rappela à tous que malgré nos réticences, nous devons travailler ensemble contre le dragon noir. Puis, tout comme moi, il était inquiet du départ de Silmeria, seuls les dieux savaient ce que cette tête de linotte était partie faire.

Sitôt que Akihito eut terminé de parler, je répondis :

« Je suis entièrement de votre avis... Nous devons rejoindre l'orbe au plus vite afin d'éviter le pire. »

Cela dit, je quittai la salle à la course afin de rejoindre l'orbe et m'assurer qu'il était toujours sous le dôme de protection. Alors que je sortais, j’entendis Jorus dire qu’il était mon avis.

Je venais à peine d’atteindre l’orbe que je vis Jorus et Dracaena nous rejoindre.


Une fois dehors, je me dirigeai vers l'orbe et je fus soulagé de voir que le dôme était toujours présent et que Simaya y était aussi, ainsi que Bellarien et Allosarh. Je les saluai d'un signe de tête, mais Bellarien s’éloigna rapidement de nous. J’exprimai alors mes pensées à tous ceux dans les environs de l'orbe.

« Je crois qu'il est temps de trouver un moyen de s'occuper de cet orbe du titan. Je me disais que je pourrais utiliser la magie d'Aliaénon, pour faire en sorte que ce dôme de protection devienne autonome et vous libère Simaya... mais nous ne connaissons pas la durée de ces sorts... Que pensez-vous de mon idée ? Avez-vous une autre solution en tête ? »

De son côté, Jorus pensait que plusieurs utilisateurs de magie pourraient peut-être contenir l’orbe. Il posa ensuite l’hypothèse qu’une source permanente tel le sceau principal pourrait maintenir une telle protection.

Sans dire un mot, Simaya se contenta de hocher la tête, apparemment en accord avec mes propos.
Alossarh nous reprocha d’avoir déserté la rencontre alors que Xël venait tout juste de la rejoindre. Il trouvait risquer d’utiliser cette magie que nous appelions Aliaénon, alors que seuls les yuimeniens pouvaient utiliser. Pour sa part, il ne savait que faire de l’orbe du titan noir. Il émit alors l’hypothèse que les titans sauraient quoi en faire. Mais déplacer l’orbe s’avèrerait délicat. Simaya répondit qu’elle n’avait pas plus d’idée que nous à propos de l’orbe.


Jorus répondit le premier aux reproches d’Allossarh, lui expliquant que nous laissions certains d’entre nous s’expliquer. Mais en fait, nous étions plutôt inquiets des intentions de Silmeria qui était soudainement disparue.

(Régicide ! ? Elle a tué un roi ? … Ce qui explique le drôle d’accueil que les autres lui avaient fait à notre arrivée sur Aliaénon. )

Selon son expérience personnelle, Jorus estima que la magie que nous utilisions sur Aliaénon n’avait qu’une durée limitée à au maximum une journée.

Afin de compléter les dires de Jorus, je rajoutai:

« Certes il y a bien des différends au sein de notre groupe, mais pendant cette courte réunion, si une chose nous unissait, où nous étions unanimes, c'est de nous occuper de l'orbe du Titan. »

Je me tournai ensuite vers Allossarh.

« Vous venez sans doute de mettre le doigt sur une piste de solution ! Les Titans savent quoi faire de ces orbes contenants leurs âmes. Le Titan sombre tenait celui du sans-visage et demeurait ici... Il devait sans doute attendre le dragon noir.. La question est pourquoi il attendait justement assis sur l'entrée de votre cité... pour empêcher le dragon d'y entrer ? Répondre à cette question nous aidera peut-être à trouver comment éliminer ce dragon... Mais si nous ne pouvons déplacer l'orbe jusqu'au Titan... y aurait-il moyen de faire venir les Titans jusqu'à nous ? »

Avec sagesse, Allosarh me rappela qu’il serait dangereux et risqué de ramener un autre titan sur leurs terres. Il croyait que la présence de l’âme bleue était un accident, et que Xël pourrait nous en dire un peu plus… nous reprochant une fois de plus de ne pas l’avoir écouté.

(Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à le prendre pour un martyr ?)

Me détournant la tête, je vis Silmeria, Akihito et Visselion nous rejoindre. Aussitôt arrivée, Silmeria nous demanda de nous écarter, car la magie pouvait être capricieuse.

Je regardai Silmeria perplexe et lui demandai:

« Avant que nous nous écartions et que vous vous mettez à l'action. Je vous prierais de nous expliquer vos intentions afin que l'on puisse se préparer à toute éventualité. »

Jorus partageait la même opinion que moi. Il ne laisserait Silmeria et Visselion prendre des initiatives sans l’accord de tous. La situation du sceau ne devrait pas se répéter.

Une fiole bleue à la main, Akihito nous expliqua leur plan. Contrairement à Silmeria, lui et Visselion tenaient à nous partager leur idée et attendre notre avis avant de se mettre à l’action. Visselion prit la relève et nous expliqua qu’il avait réussi à canaliser la magie de deux yuimeniens. À l’aide de ses collègues, ils pourraient œuvrer de concert afin de canaliser cette magie. Il précisa tout de même que cela était possible si seulement nous avions un but commun et précis.

Bellarien ne partageait décidément pas l’avis de Visselion, tentant de lui expliquer que notre magie n’était pas contrôlable, le rétablissement du sceau n’était qu’un coup de chance à son avis. Il rajouta qu’il était risquait de détruire davantage leur cité. Il proposa plutôt d’abandonner l’orbe et d’attendre… peut-être qu’il ne se passerait rien. Décidément, ils n’avaient pas davantage d’esprit de groupe que nous. Visselion maintint donc son opinion argumentant qu’ils devaient s’approprier cet orbe pour l’étudier.
Refusant d’en expliquer plus, Silmeria dévoila un fragment noir et nous dévoila qu’il s’agissait d’un fragment de la dent du dragon noir. Elle termina en me sommant rudement de me joindre à la magie de Visselion ou de reculer.

Après les avoir tous écouté et pesé le pour et le contre, je levai la main en l'air pour faire signe à Silmeria d'attendre.
« Je pense qu'il y a du vrai dans ce que dit Bellarien... Nous avons isolé l'orbe craignant le pire, mais peut-être que rien ne se produira si on enlève le dôme de protection... »

Je ne fis aucun pas en arrière comme l'avait demandé Silmeria. Je fis plutôt une proposition:
« Je propose donc que tout d'abord, nous reculions tous afin d'éviter que notre haine l'alimente, comme la mentionné Bellarien. Ensuite Simaya retire le dôme de protection et que nous attendions de voir ce qui se passe... Si jamais il se manifeste de façon négative, alors on remet le dôme de protection et vous nous expliquez vraiment ce que vous voulez faire Visselion. »

Jorus craignait que le dragon ne revienne pour récupérer l’orbe. Pour avoir été en présence du dragon noir, je croyais qu’il allait plus tôt se contenter d’aller cueillir d’autres orbes.

Dracaena était partant pour tenter l’expérience de Visselion.

Akihito pour sa part craignait que la dent de dragon annihile l’âme du titan. Il suggéra de l’isoler dans une caverne isolée avec un sceau similaire à celui qui retient la corruption. Voulant l’avis de Xël, il jugea qu'il devait aller le chercher.

Aucunement reconnaissant que j’approuve une partie de son idée, Bellarien, en colère, ne me permit pas de l’appeler pas son nom, je devrais utiliser son nom de famille :Assamoth… Monsieur d’Assamoth.

Les diverses propositions semblaient plaire à Visselion, mais il avoua ne pas posséder les techniques pour créer les sceaux de protection, et la seule pouvant le faire n’avait plus toute sa tête. Ce fut trop pour Bellarien qui quitta les lieux de la même humeur égale.. en colère.
Impatiente, Silmeria ne voulut pas attendre le retour de Xël et d’Yliria. Elle s’approcha à deux mètres du dôme et y planta sa dent puis recula. Une fois de plus, elle nous pria de nous joindre à elle ou de fuir.

À la course je m'approchai du fragment de la dent de dragon et je le ramassai. Après l’avoir enveloppé de mon foulard rouge, je le ramenai.
Je répondis à Silmerai d'une voix forte et ferme:

« Non, nous attendons Xêl et Yliria. »


Puis à Simaya,
« Conserver encore le dôme de protection, je vous prie. »

Je fis signe à Akihito de poursuivre, ce qu'il avait proposé de faire... aller chercher les deux autres. Mais avant de quitter les lieux, il prévint Visselion puis se plaça face à Silmeria et la gronda de façon autoritaire. Il partit ensuite dans la grotte.
Jorus se plaça derrière Silmeria prêt à agir.

Malgré son évident désir de faire mumuse avec la magie, Visselion réprimanda également Silmeria. Avec justesse, il lui précisa qu’il ne fallait pas confondre action et précipitation. Il suggéra que nous en discutions tous et si nous n’avions pas l’unanimité, il prendrait lui-même la décision. Ce qui semblait convenir à Alossarh.

Ce fut avec soulagement que je constatai que je n'étais pas seul à m'opposer aux agissements de Silmeria. Akihito, Jorus, Simaya et même Visselion étaient de mon côté.

Lorsque Silmeria réclama son bien, je m'approchai d'elle et je le lui tendis (tout en récupérant mon foulard que je renouai dans mon cou)

« Avoir voulu le voler, je l'aurais fait plus discrètement. » Lui dis-je d'un ton radouci, avant de rajouter:

« J'avais simplement l'intention de vous empêcher de faire un acte irréfléchi. »

Une fois l'éclat de dent remis à sa propriétaire, je me tournai vers Visselion, d'un ton calme:

« Je ne connais rien de la dent de dragon, mais Akihito a dit un peu plus tôt qu'elle détruisait les âmes... Je me demande alors s'il n'y aurait pas de meilleurs réceptacles... J'ai en ma possession quelques cristaux des collines oniriques, pensez-vous qu'ils pourraient convenir comme réceptacle ? »

Ce disant, je lui montrai ce que j'avais recueilli, la journée précédente.

Mes cristaux présentés à Visselion, je me tournai vers Silmeria juste à temps pour la voir disparaître dans une espèce de tourbillon obscure. Alors que je plissai les yeux afin de tenter de la discerner, je sentis une pointe de lame traverser ma souple armure et pénétrer ma chair. Je me pliai en deux, grimaçant de douleur, portant mes deux mains à mon ventre à l’endroit même où était plantée la dague. Je regardai avec effroi mon précieux sang quitter mon corps, laissant la lame en place craignant d’aggraver mon cas en la retirant.

Surpris d’un tel geste de violence, je m’écriai:

« Silmeria pourquoi me poignardes tu ainsi ? »

Mes mains, toujours sur mon ventre, mais désormais maculées de sang, je relevai la tête pour apercevoir plusieurs silhouettes d’ombres, toutes identiques à Silmeria.

Je m' écriai encore: « Yliria, Akihito, Jorus, Dracaena, Xël, éloignez-vous avant qu'elle ne vous… ! »

L’une après l’autre, répondant à une macabre chorégraphie, elles s’attaquaient à mes compagnons. Yliria scalpée eut la gorge tranchée, Akihito les jambes amputées, Dracaena découpé en bois de chauffage et Xël les yeux crevés, la langue arrachée et le cerveau éclaté. En quelques secondes à peine, elles les avaient tous tués.

Mes yeux s'agrandirent d'horreur, les larmes coulèrent sur mes joues, je m'écriai : « Assassine ! Pourquoi les avoir tous tués ? »

En guise de réponse, elle attrapa Praline par le cou de la main gauche et l’éventra de sa lame tenu dans sa main droite. Extirpant le cœur du félin, elle le porta à sa bouche.

Je m'écroulai au sol, mes mains encadrant inutilement le poignard traversant mon ventre.
De rage, je sortis mes griffes et tentai de me relever, en vain. Trop affaibli, de tout le sang perdu, je retombai au sol.
Je n’eus la force que de relever ma tête en direction de la maudite assassine. Et je criai à nouveau d’une voix que je voulais forte et déterminée:

«Magie, magie qui coule dans mes veines, emprisonne Silmeria dans une cage dont elle ne saura se libérer tant qu'elle n'aura pas été jugée pour ses actes meurtriers ! »

Et puis, les arabesques d’ombres disparurent, ma douleur au ventre se dissipa de même que ma blessure puisqu’aucune dague ne me transperçait le corps. Mon armure était intacte et tout mon sang se trouvait à sa place circulant dans mes nombreux vaisseaux sanguins. Mon rythme cardiaque élevé diminuait peu à peu.
Sans m’en rendre compte, j’avais agrippé mon attrape-rêve et ce dernier me fut sans doute salutaire pour faire disparaître la peur qui m’avait envahi.

Lorsque je me relevai, je vis des pierres précieuses rouges envelopper les yuimeniens et les habitants d’Aliaénon, les recouvrant au complet comme les enfermant dans une cage translucide. Puis, apparut un être étrange affublé d’un chapeau qui l’était encore plus; une espèce de balance à plateaux sur lesquels se dégageaient des volutes de fumées et qui lui recouvrait le haut du visage, les yeux y compris. Ses épaules nues arboraient des épaulettes noires qui s’agençaient avec sa peau mate et grise. Le bas du corps, apparemment dépourvu de jambes était recouvert d’une jupe noire flottant à quelques centimètres du sol.
Je l’observai quelques secondes perplexe, puis tout s’éclaira. Je me souvins alors de mes dernières paroles sous l’emprise de ce sanglant, sinistre et horrible cauchemar.

(Magie.... Silmeria.... cage dont elle ne saura se libérer ... jugée pour ses actes meurtriers ! … Emprisonne dans une cage… jugée pour les actes meurtriers. Oh ! qu'est ce que j'ai fait !)

Je constatai horrifié ce qui avait résulté de mon utilisation de la magie.

(Mais je ne voulais qu’emprisonner Silmeria... pas les autres ! )

Malheureusement, Bellarien avait vu juste… cette magie était incontrôlable… ou plutôt, nous, yuimeniens, étions incapable de la contrôler. Alors que dans mon état second, j’avais demandé une juste conséquence pour les actes de Silmeria, voilà que tous ceux qui m’entouraient en avaient écopé.

Lorsqu’Akihito, Xël et Yliria arrivèrent, j’étais encore en état de choc. Les yeux tout écarquillés, les mains en l'air en gestes d’impuissance, je leur répondis énervé :

« Tout est de ma faute, j’étais à l’agonie, un poignard dans le ventre, Silmeria vous avait tous tués de sa dague, sans que vous ne puissiez riposter. Elle a ensuite éventré Praline et a mangé son cœur. Alors de rage et de peine j’ai invoqué la magie d’Aliaénon afin qu’elle emprisonne Silmeria jusqu’à ce qu’elle soit jugée adéquatement… Et puis ensuite, j’ai constaté que tout ça, c’était un cauchemar… tellement réél, vous n’avez pas idée…. Mais j’ai réalisé ça trop tard… la magie avait non seulement emprisonné Silmeria, mais tous les autres ici présents. »

Dépassé par les événements, je regardai mes compagnons.

« Je vous ai vu mort, j’étais à l’agonie, je devais la neutraliser. »

La tête entre les mains, je regardai mes trois compagnons, impuissant.
Modifié en dernier par Mathis le ven. 7 avr. 2023 01:54, modifié 7 fois.

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Yliria
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Re: Lande Noire

Message par Yliria » jeu. 6 avr. 2023 20:24

La réunion commença finalement, avec un absent, évidemment. Xël n’était visible nulle part, cela ne présageait rien de bon. Qu’il ait refusé de venir ne me surprenait même plus, à ce stade. Il avait visiblement décidé de se la jouer solitaire, compromettant nos chances à tous, mais ça non plus, ce n’était pas surprenant. Il avait visiblement plus à cœur de régler ses problèmes personnels que ceux de ce monde… Au moins la réunion fut utile, chacun partageant ses informations avec les autres. Je devais avouer être surprises par certaines d’entre elles. Cette réunion était essentielle pour la suite et chacun y mit du sien, c’était une bonne nouvelle. Peut-être qu’on allait réussir à avancer.

Il était évident que notre prochaine action allait tourner autour de Messaliah et de cette étrange arme tueuse de dieu dont les Sans-Bannières avaient parlé, mais je craignais un peu que ça ne devienne un gigantesque exutoire. Dracaena aussi avait l’air d’avoir une dent contre eux. Je ne pouvais nier la vilénie de leurs actions sur Ibn, mais de là à s’en prendre ouvertement à eux… Peut-être que je me trompais, mais il allait falloir la jouer finement. On ne pouvait se permettre de se mettre un groupe armé puissant sur le dos. Pas alors que nous n’étions que sept avec une magie des plus aléatoires et aucune idée des motivations véritables des Sans-Bannières.

Suite à ces échanges, la réunion dériva vers une discussion plus... houleuse. L’arrivée de Xël n’arrangea pas grand-chose, plutôt l’inverse même. Cela m’énervait qu’il puisse arriver comme une fleur et faire comme s’il avait une espèce d’immunité à travailler en équipe en obligeant les autres à accepter ce qu’il disait comme si c’était parole divine. Entre lui et dracaena qui passait plus de temps à se plaindre qu’à essayer de foncièrement trouver des solution, je commençais en avoir marre. Sans la demande de Jorus, je les aurais laissé se démerder, je n’étais pas là pour jouer la garde-chiard et brosser tout le monde dans le sens du poil. Certaines choses devaient être faites, d’autres devaient être évitées et j’avais expliqué pourquoi, mais autant parler à un mur de briques. A croire que seuls la réaction instinctive comptait dans cette mission.

Tout fut interrompu par Silmeria qui disparu après avoir décidé de s’occuper seule de l’orbe. Je reniflais dédaigneusement. Voilà qui allait simplement empirer les choses, mais puisque tout le monde voulait faire les choses dans son coin, je les laissais faire. Je haussai les épaules face aux paroles de Dracaena qui me promettait d’une discussion par la suite. Il m’avait demandé de dire ce que je pensais et je ne m’en étais pas privé, je n’avais rien d’autres à ajouter et je les laissais donc partir un à un à la poursuite de Silmeria, ne m’embarrassant pas de ne serait-ce que l’idée de le faire. Avaient-ils oublié le dôme d’anti-magie protégeant l’orbe ? Sans l’accord de Simaya, Silmeria pouvait tout aussi bien souffler sur l’orbe, pour ce que ça allait changer… Ne restaient que Maïssa, Ibn et Xël dans la pièce, les deux derniers commençant à échanger sur un nom inconnu au bataillon. Il était temps de tirer ma révérence. Au moins on avait appris beaucoup de choses dans cette réunion, elle n'avait pas été inutile, même si l’absence de Xël nous amputaient sans doute d’une grande partie des connaissances que nous aurions pu obtenir. Et en parlant du loup.

- Parlez-nous un peu des Sans-Bannières. Yliria comprendra peut être pourquoi je fais autant de zèle à leur sujet.

Ah, voilà qui était intéressant, en effet. Je le jaugeais du regard un instant avant de hocher la tête. Je n’allais pas manquer une telle occasion, surtout lorsqu’il faisait un effort pour expliquer son point de vue, ce qu’il n’avait pas fait jusqu’ici, rendant ses actions complètement insensées. Je m’assis donc à côté de lui, attendant les explications d‘Ibn. Ce qu’il me raconta ne me plut pas du tout. Un groupe armé fanatisé grâce aux manipulations d’un certain Naral Shaam… nom qui ne m’était d’ailleurs pas inconnu, il faudrait que je me penche sur la question.

(Euh… Le dragon Mauve ?)

(Dragon Mauve ? Le propriétaire de ma cape ?)

(Lui-même.)

Je retins une grimace. Voilà qui ne présageait rien de bon. Je n’avais pas envie de me mettre un dragon à dos… dragon qui avait apparemment monté les Sans-Bannières contre le Sans-Visage et ses adeptes, les Cadi Yangin, menant à leur massacre. Une partie du moins, celle dont Ibn était le chef. Un autre groupe résidait près de Messaliah et était visiblement tout autant des fanatiques que les Sans-Bannières. De quoi compliquer encore un peu plus tout ce bordel…

- Je vois, ça commence à faire sens... A croire que les dragons de Yuimen adorent foutre le bordel sur ce monde.

Le mauve puis le noir. Sans compter les dragons déjà présents ici qui décidaient de se la couler douce en observant sans agir. Je me frottais le visage, réellement lasse de tout ça. Combattre les shaakts me semblait réellement moins compliqué et plus direct que jouer avec la diplomatie d’un autre monde…

- Je suis navrée pour les vôtres, Ibn, sincèrement...

Et cela expliquait, au moins en partie, la réaction de Xël. Ça ne justifiait pas qu’il essaie de nous la mettre à l’envers et empire la situation, mais au moins je comprenais sa réaction. Le lui faire savoir pouvait quelque peu faire retomber la tension, surtout s’il avait pu se rendre compte de la dangerosité de la moindre de ses décisions. Qu’il le veuille ou non, tout ce que nous faisions risquait d’avoir de graves conséquences, même avec la meilleure volonté du monde. Si seulement tous pouvaient s’en rendre compte et réfléchir un minimum…

- Il n'y aucune chance que certains des vôtres aient pu survivre et se cacher quelque part ?

C’était peut-être une piste pour mettre tout le monde d’accord et faire vraiment quelque chose pour aider. Malheureusement l’idée tomba à l’eau. Visiblement les Sans-Bannières était efficace et particulièrement enclin à massacrer les suivants du Sans-Visage. Ibn n’en était pas entièrement sûr que personne n’avait survécu, mais il allait être difficile d’avoir des informations à ce sujet. Rien de tout ça n’arrangeait nos affaires pour la suite. Surtout pas lorsque Xël parla d’une Cadi-Yangin qui aurait aidé les Sans-Bannières par le passé. Ibn n’était pas certain de son implication, ni si la cité de Messaliah contenait vraiment l’arme tueuse de dieu dont nous avions entendu parler, après que Xël l’en ait informé.

- Leur nombre ne peut signifier qu'une chose : ils souhaitent passer à l'offensive. Mais... je crains que l'intervention de votre collègue, Dracaena, ne soit pas étrangère à leur départ de Methbe-El vers Messaliah. C'était... son intention. Pour me libérer. Pour libérer la cité de leur présence.

Je réfléchissais à toute allure. Si les Sans-bannières étaient vraiment aussi dangereux et impitoyables, il allait forcément arriver un moment où notre groupe allait devoir traiter avec eux. Diplomatiquement ou avec plus de hargne, surtout si Xël ne se calmait pas à leur sujet. Il nous manquait énormément d’information à leur sujet.

- Dracaena a probablement pensé bien faire en les poussant par ici à l'origine. S'ils vont à Messalia, ça leur prendra tout de même au moins quelques jours. Et ils n'étaient que quelques dizaines à Methbe-El... Je ne suis pas une experte en siège de ville, mais quelques dizaines de types armés ça ne suffira pas à attaquer une cité entière. Vous avez une idée de leur nombre ? A moins qu'ils n'aient des moyens qu'on ignore... Ou quelqu'un de l'intérieur.

Les réponses apportées ne m’apprirent globalement rien de tout ça et ce n’était pas encourageant. Ibn eut un étrange moment d’absence en mentionnant quelqu’un, un certain Tufan, apparemment responsable de l’était de Messaliah, mais je me gardais bien poser des questions à ce sujet. S’il se confiait à quelqu’un, ce ne serait pas à moi.

- Donc en résumé, on sait pas combien ils sont, ce dont ils sont capables, s'ils ont des gens infiltrés ou ce qu'ils comptent faire exactement. Et sur place, les Cadi Yangin sont peut-être pas les plus accueillants, s'ils s'y trouvent, on sait pas où peut être cette fameuse arme, si elle existe, mais si on fait rien les Sans-Bannières peuvent s'emparer de la Pierre de Vision et posséder un avantage certain pour continuer leur épuration et potentiellement nous mettre des bâtons dans les roues... Le tout en ayant la possibilité d'acquérir une arme capable de tuer la divinité qu'il haïssent, laquelle est présentement aux côtés de Xël...

Je soupirai en me frottant les yeux d‘une main. Et moi qui pensais que la mission d’aide à la rébellion taurionne allait être compliquée…

- J'ai déjà connu des situations merdiques, mais là ça se tient quand même dans le haut du panier... Xël, toi qui as l'air adepte des visions depuis qu'on a débarqué, ton ami le Sans-Visage t'as pas donné des infos qui pourraient nous aider ? Quitte à se trimballer une divinité dans un sac, autant que ça serve...

Ça ne m’enchantait guère, mais au point où on en était… Suprenemment, Xêl avait eu trois visions. J’en avais apparemment loupé une, mais la dernière venait d’Ibn. Les deux autres étaient intéressantes. Une montrait l’endroit où le Sans-Visage était enfermé et la dernière était peut-être Brytha… voilà qui n’était pas inintéressant. Ibn était évidemment intéressé, mais la question e la suite de nos actions finit par sortir. Cela n’était pas trop dur à déterminé, heureusement. J’y avais déjà réfléchi.

- Visions mises à part, je pense que la priorité c'est trouver comment s'occuper de l'âme du titan. Puis, sans doute Messaliah, dépendant de ce qu'en pense les autres, puis on avisera ensuite, j'imagine. Difficile de se projeter quand on sait pas ce qu'il va se passer ne serait-ce que le lendemain. L'idéal serait que les visions de Xël soient des pistes solides, mais je préfère ne pas me prononcer là-dessus, ça peut aussi être des pièges.

Si Ibn pouvait induire des visions à Xël, peut-être que d’autres le pouvaient. Il fallait rester prudent. Et visiblement le fait d’être d’accord avec moi semblait étonner Xël à qui je lançais un regard entendu. Peut-êre qu’il allait comprendre que j’avais l’intérêt de tous à cœur… Y compris Ib et Maïssa qui nous proposèrent leuude pour Messalia. Maïssa ayant visiblement décidé de nous accompagner pour la suite du voyage.

- Toute aide est la bienvenue, mais soyez conscients des risques que cela représente. Sur Yuimen j'aurais été moins... disons prévoyante, mais avec notre magie aléatoire sur Aliaénon, c'est toujours un facteur imprévisible difficile à appréhender. Quant à l'âme et bien...

Je haussai les épaules. Je ne savais pas vraiment quoi en faire, il fallait l’avouer. Cela dépassait de loin ce qu’on connaissait, alors toruver la meilleure chose à faire…

- J'espérais la renvoyer chez les Titans dans le meilleur des cas, la sceller ou la détruire sinon. C'est trop dangereux pour être laissée à l'abandon ou entre les mains de qui que ce soit.

Xël avait une vision différente et prévoyait plutôt de la scinder, ce qui n’était pas vraiment une bonne idée, à mon avis..

- Je préfère que personne n'ait la puissance, même fractionnée, de l'âme d'un titan. Rien ne nous dit que les effets sur le long terme ne sont pas néfastes et qui sait qui pourrait s'en emparer plus tard, quand la garde aura forcément baissé avec les années ? Quoi qu'on fasse, de toute manière, ce sera à toi, Xël, de gérer nos magies combinées, t'es le seul à avoir touché une âme d'une puissance au moins similaire.

Je jetai un œil vers la sortie, par où les autres étaient partis courir après Silmeria.

- Enfin ça, c'est si personne n'a eu la mauvaise idée de faire mumuse avec en attendant...

C’était peu probable, mais si Simaya se mettait à les laisser faire… Xêl en tout cas ne penchait pas pour que quelque chose se soit déjà produit. Et il n’avait pas tort, sur le principe. Là où je n’étais pas d’accord, en revanche, c’était l’idée de donner les éventuels fragments de l’âme aux sorciers, sous prétexte qu’on était chez eux.

- Si on suit ton raisonnement, c'est aux titans de décider du sort de l'âme, pas aux sorciers, puisqu'elle ne leur appartient pas. L'important c'est de faire en sorte qu'elle ne soit pas néfaste pour qui que ce soit et le mieux serait que personne n'ait la mainmise dessus…

Mais je doutais que les autres partagent cet avis. Certains semblaient prendre les mots de Xël pour paroles divines, c’était un peu inquiétant… Et Ibn avait une idée des plus difficiles à réaliser.

- La désignation d'un chef qui a la confiance de la plupart peut être nécessaire, du moment que ses décisions puissent être discutées si elles sont trop extrême. Je n'aime pas l'autorité absolue, mais c'est ainsi que les groupes fonctionnent le mieux. Explosé, vous disiez ? Il serait peut-être bon de prévenir vos pairs, alors. Qu'ils ne tentent pas semblable expérience avec quelque chose de précieux.

- Faudrait déjà former un groupe au lieu de tous se séparer en permanence, avant de songer à en faire un groupe efficace. Et il suffit de décider à la majorité, non ? Personne n'acceptera un chef dans ce groupe, moi la première, parce que personne n'est capable de diriger ses membres. Quant à les prévenir... ils savent tous que c'est dangereux. Il n'y a que Silmeria qui m'inquiète. Cette elfe a un réel problème...

Elle semblait changer du tout au tout sans raison et ça ne présageait rien de bon. Et même si on désignait un chef d’équipe, qui était en mesure de diriger ? Je voyais mal Jorus s’en charger, je ne l’en pensais pas capable. Silmeria c’était hors de question. Mathis semblait plus du genre à suivre et Dracaena plus porté sur l’idée de tirer tout le monde vers le bas qu’autre chose. Xël était trop porté sur ses sentiments et ses émotions directes pour que je lui fasse confiance pour prendre une bonne décisions et Akihito allait davantage essayer de faire des compromis satisfaisant pour tout le monde pour au final ne satisfaire personne.

(Et comme toi ce n’est pas ton truc et que t’es incroyablement chiante)

(Exactement… Hey !)

Je n’eus pas l’occasion de répondre à l’insolente car Xël se mit soudainement à convulser, ses yeux révulser. Je me levai en vitesse et le soutint pour lui éviter de s casser la tronche sur le sol. Cela ne dura que quelques secondes avant qu’il ne reprenne u état normal, mais ce n’était pas vraiment rassurant. La coïncidence était trop évidente pour ne pas voir qu’il avait eu une vision, mais je ne m’attendais pas à une réaction pareille.

- Xël ? ça va ?

Il agrippa mon bras et me fixa comme s’il essayait de s’ancrer à nouveau dans le réel. Je le laissais faire alors qu’il reprenait son souffle et expliquait ce qu’il venait de voir. Et ça n’avait apparemment pas été une promenade de santé. Imaginer se voir se faire presque écraser par le titan dont l’âme était juste à côté… Il finit par me lâcher et j’en fis de même, vérifiant quand même qu’il n’allait pas s’effondrer.

- Sans avoir vu la vision, j'ai l'impression que le Sans-Visage dit " Laisse-moi te filer un coup de main ou l'âme du titan va te botter le cul". Je paraphrase, mais je pense pas être loin.

Xël n’en était pas certain, mais Ibn pensait comme moi, ce qui était plutôt bon signe. Peut-êre que si le Sans-Visage voulait apporter son aide, on pouvait réussir à faire quelque chose de vraiment efficace concernant cette âme. Et, sur ces entrefaites, Akihito arriva. Seul. Je haussai un sourcil en le voyant débarquer avant de lui expliquer ce qu’il se passait. La scène devait étrange, pour sûr.

(Mieux vaut ne pas le laisser se faire de fausses idées…)

(Alyah…)

- Xël a eu une vision. Il y a un problème dehors ou ils ont décidé d'arrêter de faire n'importe quoi ?

- Pour faire simple, Silmeria a remis sur pieds Visselion et tout le monde a l'air de vouloir agir sur l'orbe pour se débarrasser du problème, sauf qu'ils ne sont pas encore mis d'accord sur le "comment".

Rien d’étonnant, c’était à prévoir. Par contre je n’appréciais pas la suite. Il venait me donner des leçons maintenant ? Comment ça les ménager ? On avait le temps de se ménager face à la potentielle fin du monde ?

- Ménager ? Je suis pas là pour ménager leur fragile petit égo, mais pour tuer le Dragon Noir et ramener tout le monde en vie. Ce sont les seules choses qui m'importent et que je m'efforce de faire, quoiqu'ils en pensent.

- J'essaye aussi de te ménager toi, Yliria. Et moi également, qui aimerait hurler depuis une demi-heure sur des choses que je trouve absurde. Sauf que c'est pas qu'une question d'ego, c'est une question de compromis. Si on attend d'être tous parfaitement d'accord, on n’avancera jamais et le Dragon noir aura le temps de faire des barbecues sur la moitié des cités d'Aliaenon qu'on se sera pas décidé sur quoi faire de cet orbe à la con. Ils veulent agir maintenant dessus ? Très bien, mais ce sera à nos conditions.

S’il pensait que ça marcherait, il allait aux devants d’une sacrée déception. Surtout s’il se mettait à me dire quoi faire. Qu’ils évacuent les habitants, bonne idée, mais s’il croyait que j’allais juste les regarder faire, il se mettait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. D’autant que Xël avait toujours l’intention de scinder l’âme, quoique j’en dise, de toute façon.

- Je suis toujours d'avis que transférer l'âme c'est prendre le risque d'un effet néfaste plus insidieux, mais bon, faites ce que vous voulez.

J’en avais marre de ce sujet, alors autant en finir au plus vite. Je commençai à avoir une migraine et me massai els temps, lasse.

- Débarrassons nous de cette âme. Ce sera au moins une merde de réglée.

- Merci, Yliria.

Je jetai un regard à Xêl alors qu’il posait un bras sur mon épaule. Il était sincère, mais ça ne me plaisait qu’à moitié. Il disait ça parce que je m’inquiétais pour lui ou parce que j’allais finalement dans son sens ? Difficile à savoir, mais je n’étais pas convaincue qu’il aurait dit la même chose si je n’avais pas cédé. Je me contentais de hocher la tête et de les suivre jusque dehors. Et ce fut surtout en silence, akihito se contentant de demander si on avait des runes utiles si on devait agir dans l’urgence. Seul Xël en avait une. « Détruire » me semblait extrème comme rune, mais ça pouvait être une bonne idée.

- Si on veut la détruire cette âme, on a déjà suffisamment de croc du Dragon Noir entre le mien, celui de Jorus et celui de Silmeria pour le faire.

- Le croc du dragon noir ? C'est sensé nous aider contre l'âme d'un titan ?

je voyais mal comment. J’en possédais un, mais l’avais mis de côté, pas certaine de vouloir utiliser une chose pareille. La magie noire ce n’était pas trop mon truc, après tout.

- Silmeria pense que comme c'est un objet quasi divin, il peut contenir l'âme du Titan. Ce qui serait pas faux, si la propriété de cette saloperie était pas de précisément détruire des âmes. Alors l'injecter dedans me semble pas une bonne idée. Mais si faut la détruire finalement, c'est une autre histoire.

- Mouais... je préfère ne pas trop me fier à ce que "pense" Silmeria. Elle a pas l'air seule dans sa tête. De toute façon, séparer l'âme me semble une mauvaise idée, où qu'on la scelle ensuite.

Le problème vint pourtant d’ailleurs que l’âme.

- C’est quoi ce bordel ?

En sortant de la grotte, ce qui nous attendait était des plus… étrange. Tous nos camarades, à l’exception de Mathis, étaient enfermés dans des espèces de cristaux bizarres, rouges et translucides, et un être encore plus étrange se tenait là, un casque portant une balance couvrant son visage jusqu’à son nez. La connexion entre cette créature et les espèces de cages de cristal était plutôt évidente et je sortis mes armes sans même réfléchir.

- Mathis ! Il se passe quoi, d’où sort ce truc ?!

Pourquoi était-il le seul à être libre, d’ailleurs ? J’avais un mauvais pressentiment concernant la réponse à cette question…

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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » ven. 7 avr. 2023 13:19

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

25 : Etre au four et au moulin.

Autour de la table, six furent les paires d’yeux à se tourner vers l’enchanteur et Simaya, qui avait décidé de l’accompagner. Cette dernière n’avait pas décroché un mot de plus depuis leur départ et le tour des aventuriers pour tous les convier à assister à la réunion qu’il organisait. Yliria était présente, bien entendu, tout comme Jorus qui n’avait pas hésité à venir quand il lui avait parlé. Mathis, Dracaena, Maïssa et Ibn étaient eux aussi là. Le premier n’avait pas été difficile à convaincre, quand le second avait longuement semblé hésiter avant de consentir à venir. Quant à Ibn, il était encore hagard mais en bien meilleure forme qu’ils ne l’avaient trouvé à Methbe-El. Akihito n’avait convié ni lui ni l’archère, mais tout comme Simaya, il ne voyait pas plus de raison de les exclure que de les inviter. SI ça leur plaisait de les voir mettre les choses au clair et peut-être laver leur linge sale… C’était leur problème.

Silmeria aussi était là, également. Elle avait approuvé son initiative avant de quitter son bain, mais…

(Silmeria reste Silmeria.)

L’Hinïonne avait eu le temps de changer quinze fois d’avis, entre temps. Et au final, elle ne l’avait pas fait. Tout comme l’aéromancien, qui restait absent. Le jeune homme soupira ; Xël n’allait pas lui faciliter les choses, mais il allait faire avec. Balayant la pièce du regard, il sentit un mélange d’appréhension, d’ennui, de méfiance flotter au-dessus de la pièce. Les premiers mots allaient devoir être capitaux, s’il voulait avoir la coopération de tous. Il soupira, avant de rassembler sa détermination. L’exercice oratoire n’était pas son fort, mais il allait essayer de faire au mieux.

« Merci à vous d'être venu. Certains d'entre vous savent déjà la raison pour laquelle nous sommes là, alors je vais l'expliquer pour les autres.
Ça fait trois jours que nous sommes arrivé sur Aliaénon. Pour beaucoup comme moi, c'est un monde inconnu et nous n'avons pas vraiment eu le temps de prendre nos marques qu'on a été entrainé dans une série d'événements à un rythme infernale. La découverte de la mort du titan de magie, l'arrivée à Esseroth pour partir directement pour les collines, puis retour à Esseroth avant de rejoindre la Lande... Et j'en passe. Pas la peine de vous faire le résumé, vous le connaissez comme moi. Ce qu'on ne sait pas, c'est nous.

Jorus, je crois pas qu'on ait échangé plus de quelques mots depuis notre arrivée. Tu es revenu de Fan-Ming et on ne sait même pas ce que tu y as fait, ni pourquoi tu es revenu dans cet état.
Mathis, je ne connais rien de ce qui vous anime, ni de ce qui vous motive. J'ai aucune idée de pourquoi vous transportez avec vous un chat dans un environnement aussi dangereux.
De ce que je sais, Dracaena n'a pas été mieux lotit niveau communication puisqu'on l'a successivement laissé se débrouiller à Esseroth avant de l'envoyer seul dans un désert.
Même constat pour Silmeria : sa réputation la précède et certains d'entre vous doivent se demander ce qu'elle fait là et si vous pouvez lui faire confiance.
Et pour finir, Xël n'est pas là. Il a refusé de participer, et l'ambiance délétère qui règne dans notre groupe ne doit pas y être étrangère après ce qui s'est passé à Methbe-El. Et je dis "groupe", mais est-ce qu'on peut vraiment se qualifier comme ça ?
Je n'essaye pas de faire la morale parce que je suis loin d'être irréprochable : la preuve, je nous ai mis dans la merde à quelques reprises et je me suis brouillé avec certains d'entre vous. Sauf que si on veut avancer, si on ne fait rien ça ne va faire que dégénérer. »


Tout en énumérant les faits, il regarda les personnes concernées par ses propos. Silmeria, en retrait quelques pas derrière l’Oudio qui avait un pied dans un seau encore remplis d’eau, écoutait d’une oreille distraite ce qu’il racontait.

« On n’a pas arrêté de subir les événements qui nous tombaient dessus, sans prendre la peine de mieux se connaitre ni même de s'écouter. Pourquoi Xël est aussi concerné par le sort de Methbe-El ? Pourquoi Bellarien nous dévisage chaque fois qu'on le croise ? Pourquoi je suis silencieux depuis hier, ce que plusieurs ont pris pour du repli sur moi-même ?
On sait à peine avec qui on voyage, et on veut prendre des décisions sur quoi faire avec la survie d'un monde et du nôtre en jeu ? A mon sens ce qu'il nous manque, c'est le partage d'informations. On n’arrivera pas à créer un semblant de cohésion si on ne sait pas ce qui anime les autres, tant sur leurs convictions que sur ce qu'ils savent ou ont appris.

Alors ce que je vous propose, maintenant qu'on a passé 3 jours à tous opérer dans notre coin, c'est de repartir à zéro. On arrête de subir et courir partout, on occulte nos rancœurs des derniers jours et on recommence sur des bases saines. Avec les mêmes connaissances partagées, pour évoluer comme un groupe un peu plus uni.
Vous trouvez peut-être mes paroles melliflues, optimistes et je ne dis pas que c'est une solution miracle -si ça se trouve c'est même pas une bonne solution : l'expérience a prouvé que j'étais rarement le couteau le plus affuté du tiroir. Je pense juste que c'est la première marche menant à l'objectif final que j'espère partager avec vous : stopper une bonne fois pour toute le Dragon Noir. »


Akihito senti un poids légèrement descendre de ses épaules. Il avait pu dire ce qu’il avait à dire : le reste, ce devait être aux autres d’accepter de coopérer. Pour se rassurer, il jeta d’abord un œil à son amie : Yliria hochait légèrement la tête, en signe d’assentiment. Puis un à un, les autres acquiescèrent, de plus ou moins bon gré. L’enchanteur avait réussi à convaincre tout le monde, visiblement, du bien-fondé de sa démarche.

(Bien joué, Aki. Maintenant, continue sur ta lancée.)

(Ouais…)

Motivé par ces premiers retours plutôt positifs, Akihito montra l’exemple et commença à partager tout ce qu’il avait appris sur Aliaénon, depuis le début. Il se concentra essentiellement sur ce qu’il avait vécu et appris au cours de ses discussions avec les habitants de ce monde, tout en ajoutant par moment des avis personnels. Visselion, Bellarien, Artim’Olth, la vieille Gériyck, les cristaux de magie… Il resta le plus factuel possible, laissant les autres Yuiméniens agréger comme bon leur semblaient les informations. Voyant l’air perdu de Dracaena lorsqu’il aborda le point du Dragon Noir et la crainte de l’Ynorien qu’il ait fusionné avec Brytha vu sa présumée nouvelle capacité à parler, il prit le temps de résumer à l’Oudio les événements ayant mené à la mort du Titan et le rétablissement du sceau. Puis une fois qu’il eut terminé, il laissa la main aux autres pour qu’ils ajoutent leur pierre à l’édifice. Akihito y appris, entre autres, la présence de Praline -Mathis pouvait investir son corps et le contrôler- mais aussi ce qu’avait fait Jorus à Fan-Ming. La ville ancienne colonie Ynorienne rasée par le Dragon Noir, la rencontre avec le Dragon hostile, l’échange de corps, puis son retour… LE tout qui avait duré une journée entière, quand ici il s’était passé bien moins de temps.

(Il aurait voyagé… Dans le temps ?)

(Difficile à dire, mais à moins qu’il mente… C’est la seule explication plausible. Il est accompagné d’une Faëra, je te rappelle.)

(Donc la magie d’Aliaénon permet aussi ce genre de prouesse…) pensa Akihito, songeur, tout en écoutant Silmeria parler à son tour.

(Sans doute, mais je te le conseille pas. Jouer avec le temps est extrêmement délicat… Et tu as constaté dans quel état il est revenu.)

(Bien sûr. Mais savoir jusqu’où on peut aller, en cas d’urgence, c’est toujours bon à prendre.)

Amy acquiesça avec une moue contrite, et l’échange d’informations continua, entre précisions et demandés par les uns ou apportées par les autres, avant de se terminer. Akihito se frotta un instant les yeux, avant d’essayer de synthétiser tout ce qu’il avait appris.

« Donc... de ce qui a été dit, voilà ce que je pense qui peut être résumé.

Nous avons deux priorités : Xël et les Sans Bannières. Le lien de Xël avec le Sans Visage est au mieux préoccupant, et il faut le clarifier ; les Sans Bannières risquent eux de mettre le foutoir s’ils mettent la main sur l'arme de Messaliah, quelle qu'elle soit. Problèmes : ni l'un ni les autres ne vont gentiment nous écouter, et l'endroit dans lequel se rendent les Sans Bannières n'a pas l'air des plus accueillants.

De ce que je comprends, Dracaena, Methbe-El est pour l'instant hors de danger puisque libéré de ses occupants Sans Bannières, tourne la tête vers Maïssa pour avoir sa confirmation, donc on peut la mettre de côté pour l'instant. Pareil pour Elscar'Olth : le danger immédiat est écarté et faire de l'ingérence politique me plaît pas vraiment, ni ne me semble urgent. Arthim’Olth est-elle une destination qu'on envisagera peut-être plus tard.

Simaya, Ibn -rassuré de voir que vous allez mieux-, vous avez des précisions à apporter ?


- Rajoute l'orbe du Titan à nos priorités ! La magie qui permet à Simaya de la contenir ne sera pas éternelle, » ajouta Jorus, provoquant un hochement de tête chez l’enchanteur. Il reçu un signe similaire de la part de l’archère de Methbe-El, confirmant qu’il n’était pas nécessaire d’aller sur place pour l’instant.

Tour à tour, les autres participants commencèrent à donner leur avis, sur ce qui était la meilleure chose à faire. Tout le monde s’accorda à dire qu’il fallait s’occuper de l’orbe du Titan et de Xël rapidement, afin de libérer Simaya de ses contraintes et s’assurer que le Sans-Visage ne représentait aucune menace ; Yliria prit même le temps de s’excuser de son ton un peu brutal, ce qu’il encouragea d’un signe de tête. La jeune femme avait sa fierté, et semblait la ravaler pour le bien commun. Une belle preuve de maturité, de l’avis de l’enchanteur.
Puis vint Dracaena.

« … J'avoue qu'entendre ces histoires d'"équipe" m'a bien fait rire. »

Médusé, Akihito regarda le semblant de calme et de cohésion qu’il s’était évertué à mettre en place voler en éclat sous le sarcasme et le monologue de l’Oudio qui parlait calmement, mais dont le cynisme n’était pas atténué. Reprochant notamment le fait que l’équipe n’était pas complète et que c’était hypocrite de parler d’équipe sans un de ses membres. Un long discours qui fit tambouriner les doigts d’Yliria sur la table, l’impatience et l’exaspération grandissant rapidement sur son visage. Puis Simaya vint en rajouter une couche, les traitant de « comploteurs à la petite semaine ».

(Mais… Elle est sérieuse, elle ?)

Xël refusait de venir, et on les accusait de comploter dans son dos ? Alors qu’il avait reconnu comprendre que son attitude était suspecte ? L’enchanteur jeta un regard ébahi à l’Esserothéenne clairement partiale qui quittait la pièce en signe de protestation. Il avait suffi de deux interventions pour plonger la discussion dans une tension crispante. Akihito qui était resté debout tout du long, s’avança pour se placer au centre du groupe les paumes vers le bas en un signe d’apaisement. Il ne comptait pas laisser la réunion qui était quelque part sous sa responsabilité se déliter par des discours provocateurs. A plus forte raison quand les deux attiseurs de discorde se revendiquaient être favorable à l’unification du groupe.

« Calmons-nous, on repart sur de mauvais travers. Comme l’a dit Simaya, un seul problème à la fois. »

Il aurait pu -et voulait- lancer quelques répliques cinglantes, mais il prit sur lui et se retourna en direction du dernier membre manquant à la tablée, Xël. Son arrivée avait s’arrêter Simaya : son regard restait dur. Il sentait que le mage n’était pas vraiment de meilleure humeur qu’il l’avait laissé, aussi se porta-t-il à sa rencontre.

« Xël, merci de finalement nous rejoindre. On te partagera ce qu’on a mit en commun plus tard parce qu’il y en a beaucoup, et j’imagine que tu as des choses à dire. »

Akihito se voulait cordial et accueillant envers le mage, et il s’effaça pour l’intégrer au cercle de la discussion. En se replaçant, il se positionna derrière la semi-shaakte. La colère qui montait en elle était presque palpable et il posa doucement sa main sur son épaule, de légères secondes, avant de la retirer. Elle détestait qu’on lui dise quoi faire, mais l’enchanteur souhaitait par ce geste l’inciter à garder son calme, prendre son mal en patience. Peine perdue.

« J’entends que vous avez fait de l’âme du Sans-Visage un sujet préoccupant alors que je vous avais dit que c’était sous contrôle. Autrement dit je pourrais chier dans une outre ce serait la même chose. Je ne vais donc pas plus m’étendre dessus. Je vais me montrer clair sur d’autres sujets : je n’accepterai plus qu’on me fasse la leçon, pas par des comploteurs à la petite semaine. Je ne suis ni votre enfant, ni votre soldat, ni votre larbin, ni votre moyen de transport. Je n’ai aucun compte à vous rendre. L’autre chose : je ne tournerai plus le dos à une cité ou un peuple qui a besoin d’aide, encore moins si pour cela on m’argumente que nous avons mieux à faire, ou pas les moyens de le faire. Maintenant que je pense avoir mises les choses à plat je vous écoute, inutile de m’interroger encore sur l’âme du Sans-Visage. Sortez-vous ça de la tête. Mon avis est qu’il vaut mieux penser à l’orbe qui flotte au-dessus de nos têtes pour que Simaya rentre chez elle. Je vous rappelle qu’elle n’a pas vu ses proches depuis qu’elle est coincée sur Yuimen.

- Xël, j'allais ignorer ta stupidité, ton hypocrisie et ton égo, mais puisque tu veux ABSOLUMENT en faire étalage devant tout le monde, laisse-moi te dire un truc : t'es pas meilleur que qui que ce soit ici, tes paroles valent pas plus que les autres, donc si j'ai pas envie de croire à ce que tu dis, je le ferai pas si j'ai pas un minimum de preuves. Non seulement tu nous reproches exactement ce que tu es en train de faire, mais en plus c'est à nous de faire avec ton comportement ? T'es putain de sérieux ? Ta vendetta contre les Sans-bannières, ça nous concerne pas et t'as pourtant failli tous nous entrainer dedans sans penser aux conséquences ! Tu veux faire les choses comme tu l'entends ? Mais c'est pas ça, travailler en groupe, cracha une Yliria en claquant la table devant elle du plat de la main, avant de se tourner vers Dracaena. Tu veux une équipe ? Tu veux de la cohésion ? c'est facile, faut juste arrêter de rester dans son coin et faut penser à ce qui est le mieux pour le groupe au lieu de ce que tu penses être le mieux pour toi ou faire comme si l'avis des autres ne compte pas, mais, visiblement, c'est trop dur à comprendre pour certains d'entre vous. Bon courage avec ça. »

Dracaena, évidemment, ne trouva rien de mieux que de répondre à tout ça en tournant en ridicule Yliria tout en ayant une attitude de connivence avec Xël qui frisait la provocation. Il incitait à ce que tout le monde s’emporte mais parvienne à s’écouter aussi. Comme s’il pensait vraiment qu’on pouvait s’écouter tout en se criant dessus. Mathis et Jorus tentèrent bien de calmer les ardeurs d’Yliria et de recentrer le débat, mais rien n’y fit : l’enchanteur la regarda prendre son sac et prendre le même chemin que Simaya qui après un ultime « Courage » dépité, avait quitté pour de bon la scène. Silmeria continuait de se gratter le dessous des ongles avec une de ses dagues, tout en restant appuyée sur l’Oudio. Elle proposait de s’occuper de l’orbe en le scellant dans des objets avec l’aide de Visselion, mais le capharnaüm qu’était devenu leur réunion noya complètement sa prise de parole.

« Mais… » commença Akihito, avant de se faire couper par une Yliria remontée comme rarement il l’avait vu et qui n’avait pas apprécié la réplique de Dracaena et la pris au pied de la lettre : elle vida son sac et dit tout le mal qu’elle pensait de l’attitude irréfléchie et dangereuse de Xël, de l’hypocrisie de Dracaena qui pointait du doigt ce qu’il ne faisait pas lui-même en partant seul de son côté. Elle conclut enfin sur ce qu’elle avait laissé derrière elle pour venir ici, à savoir réprimer une insurrection, et qu’elle n’avait pas le temps de composer avec l’égo de chacun.

« Je… voulut reprendre la parole l’enchanteur, avant de se faire de nouveau interrompre par Silmeria qui décida de prendre les devants et lui glissa à l’oreille une phrase bien loin du caractère frivole habituel.

- Ta petite réunion n'aura pas l'effet voulu malheureusement, mais si un jour j'ai besoin de me rappeler en quoi les Shaakts sont d'abjectes créatures, il me suffira de repenser à ce moment. »

Avant de disparaitre dans sa volute d’obscurité habituelle, l’Hinïonne annonça qu’elle irait chercher Visselion pour tester quelque chose sur l’orbe. Le ton froid et détaché de l’assassin fit monter un frisson le long de sa colonne vertébrale.

(Par Valyus, c’est Hrist aux commandes.)

Là où Silmeria était une femme au caractère enfantin, puéril même, et impulsif, Hrist était tout son opposé du peu qu’il avait vu : froide, méthodique, radicale. Il n’avait aucune idée de comment elle comptait faire, mais il avait la certitude qu’elle allait le faire. Et c’était la dernière chose à laisser faire.

(Faut reprendre la main, Aki !)

(Raaah, et merde !)

« WOH, EH ! »

A son tour, Akihito tapa du plat de la main sur la table. Mais là où le geste d’Yliria était motivé par la colère, l’enchanteur le fit pour faire le plus de bruit possible et accaparer l’attention, jusque là centré sur un Xël détaché, indifférent, qui affirmait qu’ils ne pouvaient pas travailler en groupe car trop différents. Les regards de chacune des personnes encore présente se posa sur lui, dans un mélange d’indifférence, de colère et d’incompréhension. Le ton qu’il adopta fut plus dur, plus fort. Il n’aimait pas imposer son choix, mais il n’avait pas le choix s’il voulait éviter le pugilat et qu’Hrist ne face quelque chose de regrettable. Et si ça ne tenait qu’à lui, il serait allé de sa propre réplique assassine adressé à chacun. Mais s’il voulait fédérer un minimum le groupe, il allait devoir arrondir les angles.

(J’essaye de réunir tout le monde, alors arrêtez de faire les gamins qui essaye de dorloter leur ego parce qu’on a une menace qui va tous vous buter si vous continuer de faire les pères-la-vertu.)

« J'ai essayé de faire en sorte que tout le monde puisse se comprendre au mieux, mais ça a l'air impossible. Sauf que y a un truc qui vous a échappé, à certains. Il s'agit pas de savoir si on PEUT travailler en groupe, mais comment on VA le faire. Le Dragon Noir est pas une menace qu'on peut gérer sans unir nos forces : Yliria et moi avons mis tout ce qu'on avait dans l'éclair qui a frappé le Dragon, une puissance qui aurait couché un Drakarn sans problème ; sur lui, c'était à peine une nasarde. Alors qu'on le veuille ou non, si on veut que ce monde et le nôtre ne soit pas ravagé par un putain de lézard haut comme une montagne -car je n'ai aucun doute qu'il peut revenir sur Yuimen avec suffisamment de puissance et un fluide spatial- on va devoir se serrer les coudes. Chaque personne qui voudra faire le loup solitaire fera que diminuer nos chances.

On n’est pas là pour devenir amis, mais on est pas là pour devenir ennemis non plus. Alors arrêtons le sarcasme, les remarques assassines et autres menaces voilées. Crever l'abcès, oui, mais sans se sauter à la gorge. »

Après avoir jeté un regard entendu et soutenu à Dracaena qui était le principal ciblé et qu'il savait sur le point de répondre aux invectives d'Yliria, il s'approcha de Xël et le fixa.

(T’es un gros con Xël, à venir nous jeter tes conditions à la gueule et à penser qu’on va t’obéir comme des petits chiots. C’est pas parce que t’as un morceau de divinité dans la poche que ça m’empêcherais de te meuler la tronche, à toi et tes conneries. Ça te passerait peut-être l’envie de nous prendre pour des abrutis.)

« Xël, tu veux rien nous dire sur le Sans visage ? Très bien, j'abandonne. Comme t'as dit, t'es pas à notre service ; mais le contraire est vrai aussi. Tout seul, t'arriveras à rien, aucun de nous n'y arrivera. Alors autant qu'on a besoin de ta magie, t'as besoin de la nôtre pour sauver Aliaénon, Methbe-El ou qui tu veux. Cette dernière, comme je te l'ai dit plus tôt, est hors de danger avec le départ des Chevaliers. Demande à Maïssa. Mais comme on risque de les croiser à Messaliah, tu pourras t'en donner à cœur joie. Et on sera ravi de te filer un coup de main à ce moment-là. »

C’était le meilleur compromis qu’il pouvait faire à Xël. Il essayait de ménager les égos et les convictions de tout le monde, mais ils devaient aussi apprendre à céder du terrain pour avancer. Et il n’était pas sûr que le Xël en face de lui soit assez raisonnable pour accepter de le faire.

« Si notre magie est temporaire, alors nos solutions magiques le seront tout autant. Les sorciers d'Elscar'Olth seront sans doute ravis de nous aider à trouver une solution pour l'orbe et de donner leur avis sur la question, c'est eux qui vont devoir le gérer après notre départ. Avec Lamyria et Visselion, on dispose de deux experts en sceaux : sceller ce truc à l'abri des regards peut être dans leurs cordes. Sauf que là, Silmeria est partie faire je ne sais quoi, avec Visselion qui se repose encore. Mettons de côté cette discussion pour l'instant et allons la chercher avant qu'une catastrophe de plus n'arrive, voulez-vous ? »

Mathis comme Jorus se rangèrent de son avis, chacun à leur façon. Mathis dans une économie de mots qui le caractérisait souvent, et l’autre dans une profusion idéalisée.

« Je suis entièrement de ton avis... Nous devons rejoindre l'orbe au plus vite afin d'éviter le pire.

- Je suis d’accord avec toi, sauf sur un point. Si à deux vous avez réussi à égratigner un être qui a vaincu un Titan, c’est peut-être ça la clef ! La magie qui retient l’orbe peut céder, mais elle ne tient que par la magie d’un seul : Mathis. On doit faire de même, mais ensemble cette fois-ci. On doit agir vite, d’autant plus que maintenant, on a une cinglée notoire qui s’en va chercher un mage dont les yeux s’écarquillent comme un enfant de quatre ans lorsqu’on lui parle de jouer avec des puissances magiques. Je vous ai dit que j’irais seul s’il le fallait, mais je préfère cent fois qu’on soit tous ensemble devant cette chose horrible, sachant qu'il y aura aussi Visselion et l’orbe du Titan ! On s’est tous balancé nos remarques sur l’esprit de groupe aux uns et aux autres. On a chacun l’occasion de prouver que l’autre à tort en agissant en groupe cette fois-ci ! Akihito est déjà d’accord, de même pour Mathis. Dracaena, tu voulais de la cohésion, c’est le moment de donner des actes aux mots. Xël, t’es le seul à avoir agis sur une âme d’une telle puissance. T’es avec nous mon pote ? Yli, on a besoin d’être tous ensemble pour réussir. Je te laisserais même ta main broyer la mienne avec un gantelet si ça peut te permettre de te détendre. T’es avec nous ? »

Dracaena, après avoir échanger quelques mots avec les deux habitants du désert, laissa sous-entendre à Yliria que leur conversation n’était pas terminée avant de se lever, seau à la main, pour se mettre à la suite de Jorus. La Semi-Shaakte ne semblait pas décolérer pour autant : quand il la regarda pour l’interroger silencieusement sur ce qu’elle comptait faire, elle se contenta d’hausser des épaules.

(Bordel, Yliria, tu m’aides pas là.)

Ni elle, ni Xël n’avait l’air d’avoir envie de bouger. L’envie de les secouer un peu plus violement le traversa, mais il refoula cette idée. L’aéromancien se conforterait dans son choix et la Semi-Shaakte ne se priverait pas de lui en coller une tout ami qu’il était pour elle. Mais cette dernière ne lui facilitait pas la vie. Toute légitime que sa colère pouvait être, son agressivité les desservait plus qu’autre chose.

(Laisse la, et va t’occuper de Hrist plutôt. Les autres ont l’air de se diriger vers l’orbe, donc…)

(Je vais voir Visselion.)

Hrist était réfléchie, et savait que sans le sorcier pour guider sa magie, s’y essayer toute seule était une entreprise dangereuse. Marchant d’un pas vif, il se dirigea vers la tente où il avait laissé le sorcier et Smarag’Din. D’un pas rapide, il parvint à rejoindre la tente du chef des sorciers pour le voir se relever avec une étonnante facilité, un air satisfait et radieux sur le visage. Toute trace de fatigue avait disparue de ses traits et à ses côtés, Hrist rangeait une fiole. Le repos était trop court pour que Visselion ait put se remettre aussi vite de son contrecoup de fatigue… Quel genre de tonus avait utilisé l’assassin ? Il espérait simplement que ce n’était pas la salive de l’aubergiste d’Esseroth : une telle panacée aurait été du gâchis pour simplement donner un coup de fouet à une personne fatiguée.

« Allons voir l'orbe. J'ignore si ce que vous voulez tenter est possible, mais... hey. Qui ne tente rien n'a rien !

- Transférer la puissance d'un Titan dans un artefact d'origine Divine, vous seriez idiot de rater ça mon cher.

- Désolé Visselion, mais il va falloir attendre encore un peu avant de faire quoi que ce soit avec l’orbe. Silmeria a été un peu trop enthousiaste et est partie vous réveiller sans que nous ayons décidé de ce qui était le mieux à faire.

- Vous avez déjà terminé vos disputes ? » répliqua mollement Hrist en le voyant arriver en trottinant, quand le sorcier réaffirmait son intérêt pour l’âme tout en assurant qu’il allait mieux.

(Bien sûr que ça t’intéresse, une source de magie aussi dangereuse. Espèce de malade, c’est justement pour ça que je suis là.)

- On a décidé de mettre nos différends de côté parce que le Dragon noir est trop menaçant pour qu'on perde du temps à la jouer solo, répondit l'enchanteur en se mettant légèrement sur la trajectoire d’Hrist qui voulait le dépasser : Suffisamment pour la gêner, pas assez pour la bloquer ; puis il regarda Visselion. Avant d'enfermer l'âme du titan dans quoi que ce soit, vous autres sorciers avez sans doute une idée sur quoi faire de cet orbe, non ? Le sceller et le garder telle qu'elle dans un espace sécurisé serait l'opportunité de l'étudier. »

Hrist ironisa sur l’utilité toute relative qu’avait eu la discussion, une nouvelle fois, et finit de le dépasser. Akihito ignora la réplique et se concentra sur l’homme en face de lui. L’idée d’étudier l’orbe avait capturé son attention, et sans lui l’Hinïonne ne pourrait pas faire grand-chose.

« Précisément. Personne ici n'a de magie pour gérer des âmes divines et si notre magie peut faire des miracles, elle peut aussi provoquer des catastrophes. Plus souvent même. Alors risquer votre vie et celle de tous ceux qui vous suivent mérite bien de prendre un peu le temps de réfléchir la question, vous croyez pas ? Ce serait dommage que le monde se souvienne de Visselion comme du dernier chef d'Elscar'Olth parce que vous avez été trop impatient. Je parle pas de sempiternelles débats mais d'au moins faire les choses proprement. Pas précipitamment.

- Aller voir l'orbe ne signifie pas agir avec précipitation, répondit avec une étonnante lucidité le sorcier. Vous avez raison : rien ne doit se faire sans un minimum de réflexion. Mais des fois, l'attente n'apporte tout simplement rien de plus. Voyons ce que nos deux sorciers étant restés à côté auront à dire sur ce sujet, voulez-vous ?

- Dans ces conditions, je vous suis. »

Akihito le laissa passer, étonné de l’entendre si raisonnable. Est-ce que c’était des paroles en l’air pour qu’il ne l’embête plus ? Ou le pensait-il vraiment ? Dans tous les cas, il avait gagné un peu de temps pour que les autres puissent atteindre l’orbe, aussi suivit-il le duo que beaucoup qualifierait d’instable, gardant un œil particulièrement attentif sur Hrist. Il n’avait pas envie de se laisser surprendre par une autre de ses initiatives.

(C’est moins probable parce que c’est pas Silmeria qui dirige, mais on sait jamais.)

(… Tu sais, Aki, tu devrais apprendre à te taire, de temps en temps.)

(Comment ça ?)

(Célès. La Faëra de Silmeria… Silmeria et Hrist. Elle veut te transmettre un message.)

Akihito se tendit inconsciemment, en sentant la tension de Faëra, qui ne tarda pas à lui révéler le message en question.

(" Ne t'inquiètes pas. Elle ne va... Pas te faire de mal. Sois sans crainte.
Sans.
Crainte.")


(Amy… J’aime pas ça du tout. Qu’est-ce qu’elle compte faire ?)

Il laissa sa Faëra transmettre le message dans le sens inverse, peu rassuré. Ayant rattrapé l’assassin qui avait quelques pas d’avance, il tenta de voir une quelconque réaction, quelque chose dans sa démarche. Rien. Puis il senti une fureur poindre dans son esprit.

(CES TROIS PÉTASSES SONT CINGLÉES !)

(Quoi, quoi ? Qu’est-ce qui se passe ?!)

(ELLES VEULENT MENACER DE TE TUER !)

(PARDOOOOON !?)

("C'est tout à fait normal.", "Sois sans crainte. " MON CUL ! Akihito, cette femme est dangereuse ! Tu ne dois PAS lui faire confiance ! C’est définitif !) s’emporta Amy, remontée comme rarement elle l’avait été. Tout outré qu’il était de la situation, l’enchanteur chercha néanmoins à calmer sa Faëra devenue des plus vindicative. Vouloir et pouvoir, encore une fois, ce n’était pas la même chose.

(Aki, elle dit que Hrist veut tenter quelque chose. Je sais pas ce que c’est, mais tu ne dois pas accepter. Sous aucun prétexte !)

(Et je dois faire quoi, alors ? L’attaquer avant ? J’ai pas mon armure, et elle me surclasse probablement en combat singulier. Refuser ? Je pense pas qu’elle va me laisser le choix. Le dire aux autres ? Je n’arrive déjà pas à garder tout le monde uni, tu crois que j’ai le temps d’en plus rajouter plus de bordel ? Et ça l’empêchera pas de me menacer ensuite. Ça peut même le précipiter.)

(Mais… Mais !)

(Crois moi, j’ai pas envie d’entrer dans son petit jeu, parce que ça ne peut que mal finir. Je vais rester vigilant, et me garder une carte dans la manche.)

Sa compagne fluidique n’était pas plus rassurée que ça, et le suivit avec appréhension glisser la fiole de fluide de foudre pour la garder dans sa manche. Si jamais elle le menaçait, elle allait sans doute vouloir lui glisser sa lame sous la gorge, ou se trouver à proximité de lui. Elle avait vu comme lui les effets d’un fluide libéré à l’air libre, alors elle serait sans doute moins jouasse à l’idée qu’il brise la fiole alors qu’elle se trouvait aussi proche. Un coup de bluff dont il n’était lui-même pas très sûr… Mais à défaut d’avoir une meilleure idée, il composerait avec ce qu’il avait sous la main.

Ils ne mirent pas longtemps avant de finir à l’air libre, et de retrouver aventuriers comme sorciers autour de l’orbe. Simaya était présente également, mais la présence d’Yliria et de Xël se faisaient remarquer.

« Évidemment, ni Xël ni Yliria ne sont là... maugréa l’enchanteur un peu pour lui-même, jetant un œil à sa fiole qui restait de son bleu inchangé.

- Peut-être devriez-vous vous écarter. Nous savons tous ici que la magie peut se montrer capricieuse. »

Hrist ne s’embarrassa pas de prendre des gants et mit directement les pieds dans le plat, sans se préoccuper de la discussion qui était encore en cours entre Jorus et les sorciers. L’humain de Wiehl se défendait de vouloir agir maintenant, et qu’il était justement là pour empêcher ce type d’initiative. Et s’il ne citait pas Silmeria directement, c’en était pourtant évident. Mathis regarda lui l’Hinïonne avec perplexité.

« Avant que nous nous écartions et que vous vous mettez à l'action. Je vous prierais de nous expliquer vos intentions afin que l'on puisse se préparer à toute éventualité. »

Du groupe, le dandy Kendran était celui qu’Akihito pensait le plus capable de faire preuve de diplomatie, et il le prouvait une nouvelle fois.

« Je ne sais pas si vous en avez parlé avant notre arrivée mais Visselion et moi souhaiterions l'avis de ceux qui l'ont gardé jusque-là avant de faire quoi que ce soit. Vous avez observé des changements, ou avez un avis sur ce qu'il faut faire de l'orbe Bellarien, Alossarh ?

- Vous avez une piste pour régler… ça ? demanda l’Oudio, et ce fut Visselion qui répondit.

- On est justement là pour décider quoi faire ! J'ai réussi à canaliser la magie de deux d'entre vous concentrés sur une même tâche, mes collègues et moi pourrions essayer d'œuvrer de concert si vous vous y mettez tous. Mais il faut avoir un but commun, un objectif précis. Il faudra agir vite, car le dôme devra alors être baissé. »

Cette affirmation, Simaya la confirma silencieusement d’un hochement de tête, le visage toujours fermé. La réponse à sa question vint d’Alossarh qui après avoir toisé Hrist en lui demandant si elle était la Régicide, lui confirma que rien n’avait changé, bien qu’il semblait hésiter sur un point… Qui s’expliqua peut-être par lui-même quand Bellarien, jusque là caché par l’orbe, en fit le tour pour surgir plein de colère.

« Vous ne comprenez rien ! Leur magie n'est en rien contrôlable, c'était un coup de chance. Tout ce que nous risquons, c'est de détruire ce qui reste de notre cité, et d'en tuer les derniers habitants. Le seul moyen, c'est de retourner dans la ville et d'abandonner ce truc-là. De voir ce qu'il devient avec le temps, sans personne autour à qui alimenter la haine. Nous devons nous approprier cet orbe pour l'étudier, qui sait si elle peut être utile ? La fractionner, l'isoler, la transporter en Elscar'Olth. Voilà ce que nous devons faire. »

Le sorcier au flammes bleues soupira alors que son confrère le défiait du regard. Il chercha du soutien dans les Yuiméniens, mais il n’en aurait pas trouvé dans les yeux de l’Ynorien, qui partageait son avis. Sceller l’orbe loin de tout et tous était ce qui lui semblait le plus sûr, mais les deux hommes étaient bien les seuls à penser ça. L’Hinïonne ignora royalement Mathis et Alossarh, avant de dévoiler un fragment d’ivoire long comme son bras qui dressa les poils des avant-bras de l’enchanteur : le malaise qui s’échappait par vagues de l’éclat blanchâtre était celui de la mort, celui du Shinigami. C’était un des morceaux de croc du Dragon Noir, que l’assassin avait sans aucun doute ramasser sur le Charnier des Âmes.

« La dent du Dragon Noir. Je pense que son essence divine en fera un réceptacle adapté. Soit vous vous joignez à ma magie canalisée par Visselion, soit vous reculez. »

L’idée n’était… Pas dénuée de bon sens, quand on y pensait. Un catalyseur divin pour une âme divine. Le fragment n’était peut-être pas suffisant, mais Jorus dégaina une lame dont l’éclat était étrangement similaire. Un lointain souvenir lui rappela que le jeune homme avait aussi fait partie des aventuriers à voyager sur l’Ile des dieux et que son forgeron aveugle avait mentionné un Yuiménien venir lui demander de forger une lame avec le même croc que lui avait incrusté dans son pavois. Le client était donc Jorus. Sa dague, le croc de Silmeria, le fragment dans le bouclier d’Akihito… Ils avaient actuellement trois réceptacles potentiels, pour fragmenter si possible l’âme en autant de parties comme le suggérait Jorus. Dracaena, lui semblait fidèle à lui-même et par bien des aspects, assez semblable à Visselion : plus intéressé par l’expérience magique que par le résultat en lui-même, ce qui ne l’empêchait pas de jeter une pique ou deux au passage, notamment à Bellarien.

« Donc... Vot' solution c'est d'faire du rien et prier ? »

Akihito se surprit à imaginer frapper l’Oudio, pour lui apprendre les bonnes manières. Pour lui apprendre les bases de la discussion avec une autre personne, qui pouvait être blessée par ses paroles, se mettre en colère, et se venger. Il réfréna cette envie, la sachant contre-productive sur le moment. Et après que l’arbre vivant se soit fendu d’une idée qui était elle bien plus pertinente -ramener les Yuiméniens manquants en renfort- Akihito apporta une information qu’Hrist n’avait probablement pas, et qui avait son importance.

« Alors je doute pas qu'un croc du Dragon Noir soit assez résistant pour contenir une telle puissance magique. Sauf que j'en ai un moi aussi et j'ai pu l'analyser : ces saloperies peuvent annihiler les âmes. Purement et simplement. Donc enchâsser l'âme du Titan dedans soit la détruirait, soit... provoquerait une réaction à laquelle je n'ai pas envie d'assister de près, appuya-t-il en secouant la tête. Le fractionner ne me semble pas prudent non plus. Ça multiplierait le nombre de trucs auxquels faire attention, sans être sûr que ça diminuera leur influence. L'isoler, oui. A l'abri des regards et des personnes trop cupides, ou du Dragon Noir. Une caverne isolée avec un sceau comme ceux d'Elscar'Olth pour juguler son influence magique pourrait être possible à votre avis, Visselion ? Ça vous fournirait un sanctuaire pour l'étudier et le contenir. »

Rejoignant l’idée de Bellarien, il essaya d’appâter Visselion en lui proposant un espace dédié où il pourrait faire toutes les expériences qu’il voudrait, une fois Simaya libérée et les Yuiméniens partis. Enfin, il termina en acquiesçant aux dernières paroles de Dracaena.

« Xël est celui qui a le plus côtoyé une âme de Titan, que ce soit maintenant ou avant. Son avis sera sans doute pertinent : je vais aller le chercher. »

La suite de la conversation, Akihito aurait pu -aurait dû- la prévoir. Visselion argua d’abord que la sorcière Gériyck n’était plus assez claire pour pouvoir conduire un projet de scellement, d’autant plus qu’ils avaient perdu un grand nombre de savoir sur les sceaux. Cela, Akihito pouvait l’entendre. Par contre, il s’emballa aussi à l’idée de fractionner l’âme, trouvant l’acte plus direct, plus audacieux. Cela, Akihito ne pouvait pas l’entendre.

(Audacieux ? Il croit que c’est un jeu ?)

De leur côté, Bellarien et Alossarh s’enfoncèrent dans les provocations des Yuiméniens, et le second finit par craquer et quitta d’un pas rageur la scène.

« Vous êtes tous tarés, Visselion comme Yuiméniens. Hors de question que j'assiste à ça. »

(Ils commencent tous à me les briser, à partir comme ça. Et à se provoquer.) pensa l’enchanteur, sentant peu à peu ses réserves de patience toucher le fond. Malheureusement pour lui, Hrist continua elle aussi ce travail de sape en persévérant dans sa joute verbale avec Alossarh, avant de s’adresser directement à l’Ynorien dans un ton à mis chemin entre le reproche et la menace.

« Reste ici. On aura besoin de ta magie et pas de deux gueulards supplémentaires. Vous aviez décidé d'ignorer Xël jusqu'à présent, ça ne devrait pas vous gêner plus que ça. »

Puis sans demander l’avis à qui que ce soit, l’assassin alla planter le Croc à deux petits mètres du dôme, dans une volonté claire de sceller l’orbe dans le croc une fois que le dôme était levé par l’Esserothéenne.

« Joignez-vous à moi ou fuyez.

- Non, nous attendons Xël et Yliria, » répliqua le Kendran en se saisissant de la dent fraichement plantée pour la soustraire à Hrist et l’empêcher de faire toute magie. Sentant qu’une nouvelle fois, la situation lui échappait, Akihito intervint. Sur un ton plus sec, qui traduisait la patience qui était toujours plus largement entamée par ses compagnons et des sorciers inconscients comme le chef des réfugiés d’Elscar’Olth.

« Non, Visselion. On n’est pas là pour jouer aux apprentis sorciers avec une âme divine et faire des choses parce qu'elles sont "audacieuses". Notre magie est instable et si vous comptez dessus plus on se précipitera, plus on aura de chance que ça foire. Et foirer avec ce machin, ça sera une autre affaire que votre petit coup de barre. »

Il se mit ensuite devant Silmerist et la fixa droit dans les yeux. Son ton ne se montrait pas autoritaire, mais ferme. Il avait été conciliant un temps, maintenant il devait aussi faire comprendre à la femme qu’elle ne pouvait pas s’imposer pour le simple fait qu’elle trouvait que les choses n’avançaient pas assez vite à son goût.

« Ça vaut aussi pour vous, Hrist, déclara Akihito en l’appelant à dessein par sa seconde identité, souhaitant marquer ainsi le sérieux de sa remarque. Vous vouliez qu'on arrête de se bouffer le nez et qu'on agisse, c'est ce qu'on est en train de faire. Donc ne venez pas tout gâcher en voulant précipiter les choses. On n’est pas à dix minutes près, que je sache : Xël est le seul qui a réussi à altérer l'âme d'un Titan pour passer d'un globe de plusieurs mètres à quelque chose qui tient dans sa poche. Alors si, ça me gêne qu'il soit pas présent, comme ça me gênait qu'il ne vienne pas à notre réunion. Prenez votre mal en patience. »

Un instant, il hésita à rester sur place, pour entendre sa réponse et constater comment les choses allaient évoluer. Mais il y renonça rapidement et pris la route de la grotte, marchant d’un pas vif. derrière lui, il entendit Visselion protester, blessé par la réplique d'Akihito. Il n'était pas un "magicien de pacotille".

(Non, t'es juste un gland. Un gland très compétent, mais un gland quand même. Bon, si je reste sur place, ça serait donner la possibilité à d’autres débats d’émerger, certains de protester… Et j’ai plus le temps pour ça.)

(Moi, plus loin tu te tiens éloigné d’elle, mieux je me porte,) renchérit sa Faëra.

Dans le tunnel menant au campement, Akihito ne tarda pas à rattraper le sorcier qui malgré son pas énergique, marchait plus lentement que le mage. La différence d’entrainement physique se marquait aussi dans ce genre de petits détails.

« J'étais de votre avis de planquer l'orbe au fond de la salle du trône le temps de régler tout ce bordel. Mais je dois jouer avec les cartes qu'on me donne et ni les miens, ni les vôtres ne sont de notre avis. Alors serrons les dents et essayons de limiter les dégâts.

- Cette situation est stupide, et ils le sont tous aussi. Je vais rassembler les miens et évacuer la grotte sans plus tarder, avant qu'ils ne finissent par y rester, répondit Bellarien en serrant les dents de frustration et d’effort.

- Il y a une autre sortie, plutôt que celle proche de l'orbe ?

- Non.

- Besoin d'aide ? offrit l’enchanteur.

- Ouais. D'une manière ou d'une autre : faire sortir tout le monde, ou empêcher ces débiles de faire quoique ce soit avant qu'on soit à l'abri.

- Je dois remonter avec Xël, mais je verrai avec mon amie Yliria pour qu'elle vienne vous aider, » conclut-il avant de forcer le pas, se dirigeant vers la table de la réunion où il espérait retrouver les deux Yuiméniens manquants.

Tout en progressant vers le lieu de la réunion, Akihito repensa aux paroles de Xël, lui qui pensait que la coopération n’était pas possible dans leur groupe. Même si l’enchanteur avait beau agiter la menace du Dragon noir, certains comme Silmeria, Xël ou Dracaena restaient du genre à préférer agir seul qu’en groupe. En un mot, la coopération ne pouvait aller que dans leur sens et les compromis, irréalisables. Si le bon sens et la pression ne marchait pas sur eux, que lui restait-il ? La menace ? La coercition ?

(Silmeria, avec ou sans la magie d’Aliaénon, je ne suis pas sûr de pouvoir l’affronter au corps à corps. Xël serait un redoutable adversaire sur Yuimen mais comme pour Dracaena, sa seule arme serait la magie d’Aliaénon.)

C’était un facteur qu’il ne pouvait pas ignorer, et que ses adversaires n’allaient pas se priver d’utiliser. Avec une magie qui peut faire absolument tout ce que l’on désire, l’expérience du combat ou la maîtrise du corps à corps ne pesait pas grand-chose. Dracaena pouvait tout aussi bien décider de le faire disparaitre de la réalité qu’il en serait capable, si tant est que la chance était avec lui.

Akihito réajusta son baudrier dans un mouvement agacé, replaçant correctement le sabre battant son flanc. La coercition était difficilement envisageable, et ce n’était pas une méthode à laquelle il avait envie de recourir. Pas plus que la manipulation qu’il pourrait exercer avec un sort d’Aliaénon. Il aurait honte de voir son reflet à partir du moment où il utiliserait un tel moyen.

(Mais que pèse ma conscience si la survie de deux mondes est en jeu, au final.)

(Si Jorus a raison, les effets des sorts ne durent qu’une journée. Tu devrais relancer ton contrôle mental tous les jours, avec les risques que ça implique.)

(Tu ne me dis pas que ce serait une mauvaise chose ?)

(… Je te fais remarquer que ce serait très compliqué. C’est tout.) esquiva Amy alors que la table de réunion entrait finalement dans son champ de vision. Autour d’elle, Ibn et Maïssa portaient les marques de la stupeur et de la surprise sur leur visage, fixant un Xël à moitié effondré au sol et soutenu par le bras par Yliria, elle aussi interloquée.

« Sans avoir vu la vision, j’ai l’impression que le Sans-visage dit « Laisse-moi te filer un coup de main ou l’âme du Titan va te botter le cul ». Je paraphrase, mais je pense pas être loin. »

(Allons bon, encore des visions…)

Dans le léger bruissement des majestueuses ailes qui ornaient toujours son dos, Yliria se tourna vers le nouvel arrivant en haussant un sourcil… Charmant. Balayant les pensées parasites qui lui passaient par la tête, Akihito ralentit le pas à mesure qu’il arrivait à leur niveau avec une expression à mi-chemin entre la curiosité, l’inquiétude et le pressement.

« … Qu’est ce qui se passe, ici ?

- Xël a eu une vision. Il y a un problème dehors ou ils ont enfin décidé d’arrêter de faire n’importe quoi ?

- C’était deux visions distinctes et il y avait ce jeu de couleurs … Difficile de dire ce que ça signifie. C’est peut-être un appel à l’aide du Sans-Visage et une menace des Titans sans que l’une est un lien avec l’autre. »

Il jeta un œil au mage, encore un peu absent et ne semblant même pas remarquer l’arrivée du mage. Ibn, lui, était plus de l’avis que les deux visions étant arrivées en même temps, il était plus probable que la source soit commune : le Sans-Visage.
Akihito se désintéressa un temps de Xël : arriver en cours de discussion sur quelque chose d’aussi cryptique que des visions allait forcément mener à des incompréhensions… Et il avait ses propres raisons d’être ici.

« Pour faire simple, Silmeria a remis sur pieds Visselion et tout le monde a l'air de vouloir agir sur l'orbe pour se débarrasser du problème, sauf qu'ils ne sont pas encore mis d'accord sur le "comment". »

Se frottant l’arête du nez, il sentit Yliria soupirer après avoir validé l’avis d’Ibn. Sentant qu’elle allait râler, il chercha à prendre les devants et à la calmer.

« Je suis de ton avis, Yli, mais je fais de mon mieux en ménageant tout le monde pour que ça ne parte pas en pugilat. Et j'essaye de gagner du temps pour qu'ils ne se précipitent pas, en venant chercher Xël, ajouta-t-il en se tournant vers lui. Xël, tu es le plus calé sur les âmes de Titans et tu as déjà réussi à altérer celle du Sans-Visage. En plus, t'as l'air d'avoir reçu une vision qui pourrait aller dans ce sens. Tu peux venir nous aider à régler le problème de l'orbe ?

- Ménager ? Je suis pas là pour ménager leur fragile petit égo, mais pour tuer le Dragon Noir et ramener tout le monde en vie. Ce sont les seules choses qui m'importent et que je m'efforce de faire, quoiqu'ils en pensent.

- Vous me surestimez. J’ai essayé quelque chose et ça a fonctionné, j’ai surtout eu de la chance. Et quoi que vous en pensiez c’est ce dont nous aurons besoin pour réussir, de l’audace et de la chance. Car même avec de la prudence, de la bienveillance et même de l’expérience, le moindre sort peut ensevelir une cité sous un désert brûlant. »

(Il se fait désirer maintenant ?) tiqua nerveusement l’enchanteur en le regardant. Il avait vraiment l’impression de se trouver face à quelqu’un qui refuserait catégoriquement tout ce qu’on lui dirait de faire parce que « personne ne lui donne d’ordre », et qui déclinerait tout ce qu’on pourrait lui demander gentiment s’il n’en avait pas envie. Dans un certain sens, Yliria était faite du même bois, mais était légèrement plus souple tout en partageant ses avis. La plupart du temps.

Néanmoins, Xël eu un instant de grâce et daigna partager son avis, qui était similaire à celui de Jorus : plusieurs réceptacles pour l’âme. Ibn se lança dans une série de louanges à la gloire de Xël, ce qui expliquait en partie l’ego du mage et le comportement de Simaya. Si les deux le mettaient sur un tel piédestal…
Akihito ignora tout ça. Les paroles conciliantes ne marchaient pas ; la menace ne lui plaisait pas ; il adopta donc une approche entre les deux, comme il avait fait pour Hrist plus tôt : un ton plus ferme.

« J'essaye aussi de te ménager toi, Yliria. Et moi également, qui aimerait hurler depuis une demi-heure sur des choses que je trouve absurde. Sauf que c'est pas qu'une question d'ego, c'est une question de compromis. Si on attend d'être tous parfaitement d'accord, on n’avancera jamais et le Dragon noir aura le temps de faire des barbecues sur la moitié des cités d'Aliaénon qu’on ne se sera pas décidé sur quoi faire de cet orbe à la con. Ils veulent agir maintenant dessus ? Très bien, mais ce sera à nos conditions. »

sur un ton qu'il s'efforçait de garder calme, il appuya ses paroles et indiqua vaguement de la main le reste de la grotte, en direction de là où se trouvait probablement Bellarien.

« Si tu veux sauver des personnes, il y a Bellarien d'Assamoth qui est en train d'évacuer les réfugiés au cas où notre magie foire. Et il crachera pas sur un coup de main. Xël, rejoins-nous dès que possible. Même si je t'accorde que la chance est un gros facteur, t'as réussi à diminuer la taille du Sans Visage, t'as déjà utilisé ta magie avec Visselion, t'es un mage expérimenté et t'as même reçu des visions pour te proposer de l'aide à juguler cet orbe. Franchement, je sais pas ce qu'il te faut de plus. »

Ça ne plut pas à Yliria, évidemment, qui réitéra son avis que transférer l’âme était une mauvaise idée avant d’abdiquer et d’accepter de suivre Akihito, non sans tiquer lorsqu’il avait parlé d’elle. Xël, lui, ignora presque complètement Akihito. Tout guilleret des compliments du sorcier, remerciant Yliria pour une raison qu’il ignorait, il répondit enfin seulement à Akihito.

« Je vais voir ce qu’il se passe dehors. »

« Je ». Pas de « nous », ou de « on ». Est-ce qu’il était vraiment autant imbu de lui-même, quand Akihito venait le chercher pour régler le problème ensemble ? Ou est ce qu’il surinterprétait un simple choix sémantique ?

(… Tss.)

Xël venait, c’était l’essentiel. D’un geste, il ramassa le marteau et le pavois qu’il avait laissé sur place et les passa par-dessus son épaule. Le premier allait être utile pour la magie, le second s’ils décidaient d’utiliser le fragment de dent qui le composait. Marchant d’un pas vif, il mena ses deux acolytes vers la sortie de la grotte. Il perçut dans le lointain des éclats de voix : Bellarien commençait à rassembler les personnes pour les évacuer. L’enchanteur regretta qu’Yliria n’ait pas choisis d’aller l’aider, mais l’avoir avec eux pour agir sur l’orbe n’était pas une mauvaise chose pour autant. Sentant la bourse de ses runes taper contre sa cuisse, il se demanda si une rune ne pouvait pas les aider. Dressant un inventaire rapide de celles qu’il avait identifié, il se tourna vers ses deux alliés qu’il savait connaitre la puissance et l’utilité des runes.

« Histoire qu'on ait une solution de secours... vous avez des runes qui pourraient être intéressantes ? J'ai "coffre" "magique" qui pourrait peut-être servir à sceller l'âme, mais ça me semble un peu léger.

- Non, rien d'intéressant.

- J’ai une rune détruire. »

Rien de très exploitable, malheureusement. C’eut été trop parfait que l’un d’eux révèlent une rune « Enfermer », si tant était qu’elle existait.

« Si on veut la détruire cette âme, on a déjà suffisamment de croc du Dragon Noir entre le mien, celui de Jorus et celui de Silmeria pour le faire, dit-il déçu en coinçant les runes sous une sangle de son baudrier pour avoir les runes à portée de main. Tant pis pour plus de runes, j'utiliserai les miennes en dernier recours.

- Le croc du dragon noir ? C'est sensé nous aider contre l'âme d'un titan ?

- Silmeria pense que comme c'est un objet quasi divin, il peut contenir l'âme du Titan. Ce qui serait pas faux, si la propriété de cette saloperie n’était pas de précisément détruire des âmes. Alors l'injecter dedans me semble pas une bonne idée. Mais si faut la détruire finalement, c'est une autre histoire.

- Mouais... je préfère ne pas trop me fier à ce que "pense" Silmeria. Elle a pas l'air seule dans sa tête. De toute façon, séparer l'âme me semble une mauvaise idée, où qu'on la scelle ensuite. »

(Elle ne l’est pas, non,) pensa Akihito en se demandant s’il devait leur parler de la seconde personnalité de l’Hinïonne. Elle était déjà assez suspecte comme ça, était-il nécessaire d’en rajouter une couche ? D’un autre côté, si ça permettait de mieux les faire comprendre l’assassin…

« A propos de Silmeria…

- C’est quoi ce bordel ? »

Ils étaient déjà dehors, et Yliria ne semblait pas être très contente de ce qu’elle voyait. Akihito, qui s’était tourné vers elle pour lui parler d’Hrist, se retourna sur le qui-vive. La scène qui l’accueillait était… Surnaturelle. Six formations cristallines se dressaient, d’un rouge sang, hautes comme des hommes. Et à l’intérieur, des formes bougeaient, comme si elles emprisonnaient des personnes. A proximité de l’orbe exultant toujours cette impression de malaise, seules deux individus étaient présents : Mathis, prostré alors qu’Yliria tentait de savoir ce qu’il se passait, et un autre homme. Enfin… Pouvait-on dire que c’était un homme ? Le torse nu couleur cendre, un long pagne noir flottant à quelques centimètres du sol et ne révélant aucun pied, aucune jambe. Un casque épais noir corbeau orné de part et d’autre de deux plateaux fumants, formant une sorte de balance. Ses yeux étaient cachés par le casque et là où devait se trouver son front, une gemme rouge sang comme les cristaux était sertie.

« Par Valyus… »

Il ne lui fallut pas longtemps pour faire le lien entre les six personnes manquantes et les six cristaux. Et la seule raison qui pouvait expliquer un tel phénomène… C’était une magie employée par Mathis, qui se prenait la tête entre les mains, se confondant en excuses.

« Tout est de ma faute, j’étais à l’agonie un poignard dans le ventre, Silmeria vous avait tous tué de sa dague, sans que vous ne puissiez riposter. Elle a ensuite éventré Praline et a mangé son cœur. Alors de rage et de peine j’ai invoqué la magie d’Aliaénon afin qu’elle emprisonne Silmeria jusqu’à ce qu’elle soit jugée adéquatement…. Et puis ensuite, j’ai constaté que tout ça, c’était un cauchemar… tellement réel, vous n’avez pas idée…. Mais j’ai réalisé ça trop tard… la magie avait non seulement emprisonné Silmeria mais tous les autres présents. Je vous ai vu mort, j’étais à l’agonie, je devais la neutraliser. »

(Hrist, par tous les dieux.)

(Cogne la.)

(Avec plaisir, mais d’abord je vais la sortir de ce cristal.)

Mathis avait été victime d’un cauchemar de l’assassin. S’il avait été réticent à partager les secrets de Silmeria pour garder le semblant de confiance qu’il s’efforçait de construire avec elle, il n’allait plus avoir aucun scrupule à le faire. S’ils sortaient tous en vie de cette affaire : car en apercevant la lueur rouge à son poignet, Akihito vit sur sa fiole le nom d’Alossarh apparaître. D’un discret coup de coude, il attira l’attention de la semi-shaakte et lui exposa son poignet. Puisqu’il lui avait expliqué le fonctionnement de la fiole, elle pourrait comprendre la gravité de la situation. Les personnes n’étaient pas juste enfermées dans les cristaux, ils étaient aussi en danger. S’approchant de Mathis, il le saisit et le secoua énergiquement par le bras pour le tirer de son état.

« Réveillez vous, Mathis. Vous n’y êtes pour rien, et vous pourrez vous excusez plus tard. On a des problèmes plus urgents. »

Il chercha en forçant un peu son regard à travers ses doigts pressé contre ses tempes, et lui intima d’une voix forte.

« Allez prévenir Bellarien qu’on a un problème, et que les civils ne doivent pas sortir. Vite. »

Le lâchant, il se dirigea vers la créature mystérieuse. Juge ? Jury ? Bourreau ? Les trois à la fois, sans doute. Quoi que pouvait être cette entité, Akihito chercha d’abord à en savoir plus sur elle.

« Qui êtes-vous ? » demanda-t-il avec tout le calme dont il put faire preuve.


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Modifié en dernier par Akihito le mar. 9 mai 2023 11:52, modifié 6 fois.

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Re: Lande Noire

Message par Silmeria » ven. 7 avr. 2023 15:39

Après une longue concertation, Akihito qui nous avait rassemblés en ce pièce fit un point avec les aventuriers. Il marquait des aspects essentiels, l'absence de communication, d'entraide, de connaissance. Tout plein d'aspects qui pourraient tôt ou tard nous porter un rapide préjudice. Mais je trouvais regrettable que la faute soit quasiment portée sur Xël, même si ce n'était pas clairement dit et affirmé, on mettait en avant le passé - jusque là inconnu - de Xël avec les Sans-manière comme le soulignait notre vilain Ficus Fou. Mais c'était bien Xël qui avait clairement le plus d'informations sur ce monde, sur son histoire et sur les Titans, je trouvais ça regrettable qu'il ne soit pas là et je regrettais encore plus de ne pas être au courant des raisons qui le poussaient à ne justement pas venir.

Je présentais ça comme un point de vue pragmatique, peu important nos prochains objectifs tels que l'arme secrète recherchée par les Sans-manière, Xël était clairement notre guide pour ce monde, lui seul pouvait ouvrir des portails sans risquer de déclencher l'apocalypse ou d'éteindre le soleil. Il fallait forcément passer par lui pour arriver à nos fins et malheureusement, beaucoup d'aventuriers ne semblaient pas prêts à accepter ce genre de concession. Je ne sais pas ce qu'ils avaient contre lui, était-ce une question d'égo ? Mais crotte, j'ai envie de dire, à la guerre comme à la guerre, Xël est un mage des portails, en matière d'intervention rapide et de prise de position et de connaissance, on peut difficilement faire mieux, même les locaux n'avaient pas forcément à nous offrir autant que lui et malgré ça, on a quand même réussi à le faire exclure.

Je m'étais proposée de récupérer le fragment incriminé auprès de Xël, nombreux étaient-ceux qui pensaient que Xël était ensorcelé par celui-ci tout comme je l'avais été par l'orbe du Titan. Mais Mathis avait raison en un certain point, et si moi même je venais à tomber sous l'emprise de ce sort, je n'avais pas montré une grande résistance lors de la dernière fois, et il y avait fort à croire que ça pourrait recommencer. Cette idée fut vite abandonnée, préférant alors garder Xël tel qu'il était actuellement; chose qui ne l'empêchait pas de travailler avec nous.

La conversation laissa peu à peu place à la dispute et à la discorde. En voulant exposer les faits, chaque aventurier commençait à lancer de petites offenses à d'autres qui ne se gênaient pas pour s'en saisir et à leur tour envoyer des attaques verbales qui conduisit immanquablement à une discorde totale. Notre Ficus fou sur lequel j'étais appuyée se plaignait du manque de cohésion tandis que Yliria lui reprochait d'être celui qui s'était le plus éloigné du groupe - plutôt à vrai au final - et celui-ci se défendit en prétextant que personne ne l'avait retenu. Tous allèrent aux reproches et à la provocation, Yliria qui s'étranglait dans sa colère répondait maintenant par la hargne, au milieu de ça, Ibn regrettait probablement sa captivité et devait bien se demander pourquoi on l'avait éveillé si c'était pour se foutre sur la tronche sans même le mettre à contribution. J'veux dire, il sort d'une période difficile, si c'était pour faire ça, autant le laisser dans sa paillasse à dormir. Comme quoi, la petite réunion d'Akihito nous échappait complètement.

Simaya reprit le contrôle de la conversation. Elle rappelait à tous que nous étions ici pour le Gragon Noir et non pas pour nous mêler de politique ou de quoique ce soit de sensible ou critique en ce monde, que seul le Gragon et son anéantissement étaient la fin qui justifiait notre présence sur Aliéanon. Elle n'appréciait pas non plus que les gens crachaient sur Xël alors même qu'il n'était pas là. Je ne me sentais pas trop concernée, je voulais voir avec lui pour récupérer son fragment afin de faire taire les suspicions hasardeuses à son sujet. Mais d'autres devaient le jalouser.

Xël venait de nous rejoindre, il était venu mettre les choses à plat et visiblement avait vu assez juste. Il savait que le groupe que nous étions s'inquiétait outre mesure pour son fragment, encore une fois il informa de façon assez péremptoire que ce n'était pas nos affaires et que nous ferions mieux de nous intéresser à l'orbe que j'avais tenté d'absorber et qui flottait toujours au dessus des galeries. Que notre groupe n'avait pas à lui faire la morale ni même à le considérer comme ce que nous avions tous fait jusqu'à présent, de le prendre pour un accès rapide à nos objectifs. Je pense qu'il avait tout à fait raison de se manifester. Mais Yliria reprocha à Xël beaucoup de chose, déjà d'avoir voulu nous entraîner dans une vendetta contre les sans-manière. Encore une fois, elle râlait, criait et reprochait. Au fond de moi, je sentais Hrist s'irriter de voir pareil spectacle.

Si ma patience envers les Shaakt était très maigre, celle de Hrist était clairement inexistante. Je sentais sa colère grimper, peu à peu, mes oreilles bourdonnaient et ma vision semblait se réduire pour laisser place à un mal de tête grandissant. Hrist prenait le contrôle par la force. D'une main, je commençais à retirer doucement les bracelets de l'ombre pour l'empêcher de faire l'impensable mais Yliria s'apprêtait à quitter la pièce en pestant.

Le Ficus Fou sur lequel je posais un bout de fesse pour contenir mon malaise n'appréciait pas vraiment que Yliria lui reproche de s'être " isolé " du groupe et lui remet ça dans les dents alors qu'elle s'en allait. Il avait tout à fait raison, la Shaakte avait un comportement.. le mal de tête me gagnait avec une force considérable.

(" Quel affreux personnage.")

Je m'accoudais sur Drac pour souffler que j'avais déjà proposé d'absorber l'âme du Titan mais que ça m'avait été refusé sur l'instant faute d'information. Maintenant qu'on avait toujours pas plus d'information, je me retrouvais là à écouter d'autres personnes dire à quel point il était important de l'absorber pour libérer le dôme de protection de Simaya. Je m'énervais doucement, expliquant que j'avais déjà proposé de le faire mais qu'on ne m'avait pas écouté. Puis à Xël, je fit savoir que s'il le désirait, on pourrait aller purger la ville des Sans-bannière, je pensais réellement qu'une bonne expédition punitive sur des minorités sacrifiables serait une excellente façon de passer nos nerfs en premier lieu et ensuite de forger des liens plus solides que ceux qu'on obtient lors d'une balade au clair de lune sur un dos de Falafel.

" Vous devez regretter d'avoir été sauvé pour assister à ça. Je vous comprends. " Avais-je envoyé à Ibn qui avait le regard dans le vide. Mais il était trop tard, ma vue s'était complètement troublée et je me retrouvais plongée dans mon esprit, comme à demi-endormie. J'étais restée trop longtemps en éveil et Hrist n'eut aucun mal à me chasser pour prendre ma place. Elle voulait quelque chose, je le sentais. Si ce groupe ne parvenait pas à trouver une entente cordiale avec de beaux discours, elle allait leur donner un argument de poids.

Elle se dressait, je ne pense pas que quelqu'un ici puisse deviner le changement qui avait eu lieu, peut-être Akihito ? Après tout, c'était le seul à avoir pu parler à Hrist jusqu'à préesent.

" Bien, je vais plutôt aller voir nos amis les mages, en espérant qu'ils ne soient pas sur le départ pour un autre monde. C'est ce que je ferai à leur place si un troupeau tel que le notre était sensé les sauver de quoique ce soit. "


S'approche d'Akihito et lui dit plus bas

" Ta petite réunion n'aura pas l'effet voulu malheureusement, mais si un jour j'ai besoin de me rappeler en quoi les Shaakts sont d'abjectes créatures, il me suffira de repenser à ce moment. " C'était tout à fait sa façon de penser. Hrist ne maîtrisait pas beaucoup son aversion envers les Shaakts, elle savait qu'un bon Shaakt était un Shaakt sous terre, par là elle entendait plus qu'il soit dans une tombe que dans ces cavités dans lequels ils vivaient comme des taupes.

Puis vers Xël.

" Je vais essayer quelque chose sur l'Orbe avec Visselion. Et tant mieux s'il m'explose à la face, je n'aurai plus à être témoin de ce frasques ridicules. "


Elle observait un point de la grotte et l'ombre noire fit le reste, l'enveloppant dans une volute évanescente.



Hrist venait de cligner. Je crois qu'elle détestait clairement les disputes, je ressentais en elle comme une profonde colère, celle d'être témoin d'un tel spectacle et la frustration de savoir ne rien pouvoir y faire était pour elle un insupportable poison à avaler. Elle marchait d'un pas décidé jusqu'à la tente où se reposait le mage que j'aimais appeler " Vaisselier ". Celui-ci était à bout de force lorsqu'on l'avait quitté avec Akihito plus tôt, il se reposait encore et je dois reconnaître que je ne m'attendais pas à le trouver en grande forme. On avait eu plusieurs occasions de se rendre compte à quel point la magie de ce monde pouvait affecter Simaya et qu'à plusieurs reprises elle a eu besoin de repos pour se remettre de ses émotions.

Hrist posait doucement sa main sur celle de Visselion, lui demandant s'il pouvait de nouveau lui accorder son aide. Il semblait être surpris de la voir, du moins, il savait qu'elle était sensée être ailleurs et se demandait s'il n'était pas resté dans le brouillard trop longtemps. A dire vrai, les portails de Xël avaient grandement réduit notre mission et le fait que Drac se soit déjà échappé de ses ravisseurs et croise notre arrivée a su clairement se montrer à notre avantage, ce qui devait être une mission de plusieurs heures a finalement été accompli en l'espace d'une heure tout au plus. Et en si peu de temps, on a quand même pu être témoin de ce groupe qui s'entre-déchirait.

Je tendais à Visselion la fiole de salive d'Asterix afin qu'il puisse reprendre sa force et qu'il puisse canaliser la magie que nous portions en nous. Hrist était sûre de son coup puisqu'elle avait vu Mathis, Drac et Joris faire de même pour réveiller Ibn

Akihito cherchait à raisonner Vaisselier, je pense qu'il savait que ça serait plus simple, il en savait assez à mon sujet pour savoir que Hrist ne l'écouterait tout simplement pas et qu'elle serait même hostile s'il cherchait à la retenir, mais au final, je dois avouer que j'étais la première surprise, elle était plutôt docile, elle ne l'avait pas menacé ni neutralisé.
(" Akihito est un bon garçon, mais il manque de force dans ses convictions, il aurait dû faire taire son affreux roquet avant de convier tout le monde.")
(" Tu parles de Yliria ?")
(" Non, je parle de cette abominable vermine à la grande bouche.")
(" Oui oui, elle parle bien de Yliria. ")
(" Vous avez la faiblesse de nommer ces êtres. Je vais te demander quelque chose Cèles, passe un petit message à Akihito pour moi. Je voudrais marquer un peu les esprits avec son concours. Le prendre en otage, rappeler à ces braves gens que la menace peut venir n'importe quand et que seul un esprit de groupe fort et soudé y viendra à bout. Ils oublient le Dragon, ce n'est parce qu'ils en parlent de temps en temps qu'ils le prennent totalement au sérieux, et ce malgré le fait que tous ici nous l'ayons vu à l'oeuvre. ")
(" Prendre Akihito en otage devant tout le monde ? C'est pour... Leur rappeler qu'on est folle ?")
(" Pour leur rappeler que la force d'un groupe qui ne s'entend pas peut se trouver dans la quête de destruction d'un ennemi commun, on ne pourra pas s'entendre on a pu le constater. Si tous se mettent d'instinct en position pour nous arrêter sans même se concerter dans d'interminables réunions, je pense qu'on tiendra là le début de quelque chose qui pourrait nous aider plus tard. ")
(" Tu ne crois pas que ça viendrait naturellement quand on se trouvera face au gragon ? ")
(" Il ne coûte rien de s'en assurer en avance. ")

Hrist venait de se présenter à l'extérieur, déjà bien motivée à procéder sans attendre à l'absorption de cet orbe maléfique, je préférais la laisser faire, elle avait clairement besoin de concentration et nos voix avec Cèles ne feraient que la perturber. Hrist avait placé la dent de Dragon Noir devant le dôme, prête à canaliser sa magie et laisser Visselion faire office de garde fou pour réussir à absorber pour de bon cet orbe maléfique mais Mathis en décida autrement, les aventuriers trop inquiets d'un débordement s'étaient mis en tête de l'en empêcher et le blond avait même accourru pour récupérer le croc de Hrist, un objet Ô combien précieux. Elle ouvrit grand les yeux et observa l'homme qui enveloppait le précieux artefact dans son écharpe. Je ne sais pas trop comment décrire ça, mais je crois que Hrist était subjuguée par un tel acte. Derrière elle, on entendait l'affreux Jorus se placer comme pour la menacer si elle persistait dans cette voie.

J'avais estimé avec ma jumelle que ce type de stratégie ne fonctionnait tout simplement pas avec ces aventuriers, ils n'avaient pas la psychologie qu'on peut trouver à Omyre, il n'y avait aucune crainte pour mon titre de Régicide ni aucun intérêt à brandir les différents titres honorifiques donnés par les Treize.

" Et bien.. vous avez énervé ma jumelle avec toutes ces disputes. J'ai repris le contrôle, je ne lancerai pas le sort. J'ai confiance en vous Visselion, je me remets à votre jugement. "

Derrière moi, se trouvait le petit Joris, il tenait la main sur ses armes prêt à m'attaquer de dos. Un assassin ? Un soldat peureux mais opportuniste ? En tout cas il porte la dague de Xenair, je pense qu'il sait un minimum y faire avec les armes courtes mais est-ce qu'il a vraiment vaincu mon maître ? Xël avait bien expliqué comment tout ceci s'était déroulé, que c'était lui et la vilaine Yliria qui en étaient venus à bout, ce cafard de Joris n'a fait que se servir, voyant là une arme bien magnifique même si jamais il n'aurait pu caresser l'espoir de porter un tel objet.

" Vraiment mon chou, tu es si mignon. Mais tu ne crois pas que je serai morte d'une main aussi pathétique que la tienne ? "

Balayant d'un revers de la main l'image de Jorus, je me tournais vers Mathis et lui dit affichant un grand sourire.

" Soit. Je m'incline, mais vous ne voudriez pas passer pour un voleur, assurément. Je vous prie donc de me la rendre, on ne se connaît pas assez pour que je puisse vous confier pareil trésor. "


Mathis effleura ma main au moment où il me rendit la dent. Je lui adressais un sourire sincère, comme celui d'une mère aimante à son fils. Mais il avait mal agit en s'opposant à ma Jumelle, j'aime Hrist. Et je ne saurai supporter qu'on s'oppose à elle en lui dérobant quelque chose, quand bien même les intensions fussent bonnes. J'amorçais une cauchemar pour Mathis et celui-ci en resta figé.

Il bredouillait quelques propos incompréhensibles pour quiconque n'avait pas connaissance de ce qu'il vivait, je préférais mentir au groupe leur laissant croire que ce maléfice était dû au vol de mon chicot à moi que j'ai afin de dissuader d'éventuels voleurs au sein de ce groupe. C'est quand même fou, je viens d'Omyre et je me retrouve dans un groupe d'aventuriers de Kendra Kâr et d'Oranan et c'est moi qui doit craindre les voleurs. C'est franchement agaçant, non ? Mais je ne pense pas qu'Akihito ait déjà parlé des cauchemars à qui que ce soit, aussi ce petit mensonge devrait pouvoir me disculper pour la suite. De plus, Mathis avait dit que s'il devait voler quelque chose, il le ferait plus discrètement, ce qui était bien une petite pavanerie de voleur, j'en avais fréquenté assez pour le savoir.

L'affreux Joris se pencha sur lui pour contenir ses mouvements comme on le ferait lors d'une crise d'épilepsie ou un malaise quelconque. Visselion quant à lui ne semblait pas dérangé, quoique curieux par ce sort que je commençais à apprécier. Dracaena en revanche semblait intrigué au point de demander sans détour à ce que je le fasse essayer une de ces stupeurs cauchemardesques. Mais il avait vraiment un souç' ce Ficus.

Et d'ailleurs, ça a peur de quoi un arbre siphonné ? Manifestement pas du feu puisqu'il était encore couvert de braises et laissait des cendres partout, mais je pourrais lui faire voir d'horribles termites ronger son bois jusqu'à ce qu'il tombe en poussière ou le faire transformer par un menuisier en un énorme objet de " plaisir " qu'une énorme gueuse disgracieuse et vérolée emploirait à des fins de massage et qu'au bout de ce jouet se trouverait son oeil afin qu'il ne rate rien de la spéléologie humaine. J'espère qu'il ne prendrait pas de plaisir avec un tel cauchemar, je ne pourrai plus jamais le regarder sans ricaner. Mais cet interlude fut de courte durée.

Quelque chose tremblait. Ou quelque chose avait bougé, était-ce la magie qui vibrait ? Le sol se refermait autour de moi comme un piège à ours et des cristaux rouges apparaissaient comme des vitraux autour de moi sans que je ne puisse cligner hors de ce piège. J'avais eu le temps de voir les autres subir le même sort, je touchais la paroi de cristal rouge sans y trouver de faille, je tâchais d'observer à travers mais je ne pouvais que distinguer des formes grossières.

(" Mais... Vl'a autre chose. ")
(" Pendant que vous faisiez les cons, Mathis a bredouillé un sort pour te faire enfermer dans une cage jusqu'à ce qu'on te juge, et manifestement il a plutôt bien réussi son coup. On est tous coincés. ")

« Voici venue l’heure de votre Jugement Dernier. Confessez vos péchés, sans tenter de me berner et vous serez jugé. »

Je restais silencieuse un moment, à tâcher de comprendre si la voix venait de ma tête ou d'en dehors. Manifestement on était en présence de quelque chose de... Divin. Qui d'autre pourrait nous entraver de la sorte et nous juger ? Et surtout selon quelles lois ? Techniquement si je me base sur les deux trois règles poussiéreuses d'Omyre je n'ai pas transgressé grand chose, par contre si on sort les ouvrages de loi de Kendra Kâr, je pense que je vais clairement passer un sale quart d'heure. De toutes façons, je n'ai jamais caché mes crimes et jusqu'à présent je m'en étais plus vanté qu'autre chose, à Omyre, l'infâmie est une carte de visite reluisante qu'il faut présenter à toute heure.

(" Il va falloir se repentir on dirait. ")
(" Laquelle de nous se présente pour prendre la fessée ? ")
(" Comme si ça allait changer quelque chose. Je dois dire que... Si il veut la liste de tout ce qui a été fait, on aura pas la sanction. ")
(" Comment ça ? ")
(" On sera morte de vieillesse avant la fin. ")

Tu parles, foutu pour foutu, je n'allais quand même pas me présenter devant un juge la morve au nez, la larme à l'oeil à implorer son pardon en me fouettant le fessou avec des orties, il fallait tout de même être digne.

Prenant une grande respiration, je posais les mains ouverte sur le cristal, fermant les yeux et baissant légèrement le visage, je parlais d'une voix claire et lente.

" Mon nom est Silmeria. Ma Jumelle s'appelle Hrist. Nous sommes connues depuis peu sous le nom de la Régicide. Nous avons longtemps travaillé pour un Maître Assassin, nos tâches étaient le sabotage, le meurtre, la torture. J'ai tué des hommes, j'ai tué des femmes. Le plus souvent quand je devais le faire pour le bien de mes missions et de mes ordres, j'ai torturé ceux qui me faisaient du mal, j'ai tué ceux que je méprisais, j'ai enlevé la vie, persécuté et ce pendant de longues années. Mais ce portrait n'est pas si noir que je le laisse paraître. J'ai aussi sauvé de la folie de mes confrères des humains auxquels j'ai offert asile et argent pour démarrer une vie nouvelle, j'ai torturé un marchant de la guilde des marchands que j'ai fait démembrer et manger à ses sbires pour les punir d'avoir voulu vendre des esclaves sur mes terres. J'ai persécuté une Matriarche Shaakte et ses agents que j'ai tous pendus à mon navire, les entrailles à l'air pour noircir le ciel d'une nuée d'oiseaux charognards pour avoir voulu me faire du mal. J'ai tué le Roi d'un autre monde, me laissant tomber des cieux pour fondre sur ma proie comme un Milan, j'ai fait choir la couronne du roi des hommes et entreprit d'affronter son protecteur qui a eu le dessus lors d'un duel à la loyale, la Mort elle même est venue m'embrasser tendrement pour au final me rejeter. Et j'ai fait voir des horreurs à Mathis pour le punir d'avoir pris quelque chose qui m'appartenait mais plus encore... "

Je sentais mon nez picoter, comme si des larmes de colère gagnait peu à peu mes yeux.

" J'ai voulu le punir parce qu'il représentait ce que je déteste le plus. La noblesse, le sens du devoir, le courage de s'opposer à un compagnon. Je déteste ces aventuriers de valoriser ce genre d'actes chez l'un et le fustiger chez moi. Et surtout. Je crois que je me déteste plus encore. J'ai perdu mes amies, mes soeurs, mon Maître, mon Pays que je n'ai pas vu depuis des lustres. Et me voilà en quête de rédemption dans un monde inconnu où chasse un Dragon Divin qui fauche les Titans avec la certitude constante que je suis complètement impuissante, et malgré ça, je m'entête à chercher l'aboutissement de cette quête, peut-être la dernière, par ma mort ou celle du Monstre. Alors qu'il me suffisait de rester chez moi, trouver une petite maison et cultiver des fleurs et avoir des ruches, abandonner totalement la voie de la lame au profit d'une vie plus simple. Et pourtant, je suis ici. Et maintenant je suis sur le banc des accusés et je dois justifier mes actes passés devant une entité dont j'ignore le nom. Alors mes exactions sont nombreuses, le poids des morts que j'ai fauchés incommensurable, qu'il s'agisse de la loi des Hommes ou des Dieux, j'en connais la punition. Si je puis toutefois demander à ce que la Mort me prenne dans un endroit moins désolé que ces terres. Un petit point d'eau qui chante, un oiseau peut-être, un peu de verdure et le chant des feuilles au grés d'une petite brise matinale. Toutes ces voix dans ma tête ont besoin d'un air plus doux avant de s'envoler. "
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Jorus Kayne
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Re: Lande Noire

Message par Jorus Kayne » ven. 7 avr. 2023 16:09

Je parviens à repousser les autres loin de Zacara. Si le blondinet ne semble pas apprécier que je les repousse de la sorte, il ne montre pas le moins du monde menacé par mon attitude. Qu’importe s’il cache ou non de vraies émotions, mon but est de les éloigner du sorcier par n’importe quel moyen, même si cela m’attire une mauvaise réputation ou leurs foudres. Nous rejoignons le reste des Yuiméniens, ainsi que Simaya, Ibn Al Sabbar et Maïssa, rassemblés ensemble par le souhait d’Akihito. Seul Xël est absent et visiblement, il ne compte pas être simplement en retard. Visiblement, l’oranais souhaitait que tous soient présents pour rassembler les informations que nous possédons et surtout déterminer l’objectif à atteindre. J’apprends ainsi beaucoup de choses que j’ignorais, à commencer par les événements durant mon absence sur le territoire la Lande Noire. Il y a beaucoup à retenir et j’aurais apprécié que ma faéra soit là pour m’aider dans cette tâche. D’autant plus que l’une des interrogations générale reste de savoir ce qu’il s’est passé avec les dragons à Fan-Ming.

(Bon ben j’me lance, vu que les regards sont braqués sur moi !)

"Un tour de table des informations ? Soit, je vais également vous narrer ce que je sais et crois savoir, quand bien même la majorité des personnes sont déjà au courant. Elscar’Olth a été mentionnée et la réputation de la cité n’est pas très bonne au-delà des frontières de la Lande Noire. Sa destruction, le changement majeur du sceau principal et la présence de survivants sont un tournant majeur qui sera orienté par le prochain meneur. La magie de la Lande est très puissante, l’avenir de ce lieu aura un impact important pour Aliaénon."

Je prends une brève pause avant de poursuivre.

"Vissélion, le « meneur » des survivants, est réputé pour n’avoir aucune limite tant que cela fait progresser les recherches magiques. Je pense que vous l’avez constaté avec l’activation du sceau principal sans prendre en considération ce dont nous étions d’accord quelque temps avant. J’ai discuté avec Simaya et elle m’a appris qu’il a fait partie d’une caste de sorciers qui se sont rebellés contre des siècles de pratiques sensés de la recherche magique. Offrant une perspective peu agréable de ce que pourrait être Elscar'Olth sous son administration. Ce qu’il semble vouloir obtenir au vu de ses agissements et son désir de montrer que les survivants le sont grâce à lui. Il est assez loquace, mais il s’est vite renfermé lorsque je lui ai évoqué ses orientations lorsque la cité était encore présente. Il est attiré par les sources de magies variées et puissantes et la présence d’un tout nouveau sceau va attiser sa curiosité. Selon moi, c’est un homme dangereux dont il faut se méfier voir le surveiller de près."

Je prends une pause avant d’évoquer Zacara.

"Le sorcier guérisseur Zacara est bien différent. Il possède de grands pouvoirs de guérisons, dont il tire sa puissance au travers d’un lien harmonieux avec la magie de la Lande Noire. Si ma première rencontre avec lui m’a laissé un léger mal de tête, ce n’est qu’un adepte des questions et réflexions philosophiques. Un homme de confiance dont j’apprécie à présent les discussions et un candidat intéressant pour diriger l’avenir des survivants d’Elscar'Olth. Il pourrait mener Elscar'Olth vers un renouveau intéressant pour Aliaénon."


J’enchaîne ensuite avec la Tour d’Orsan que nul ne connaît, si ce n’est éventuellement Mathis et l’absent de service.

"La Tour d’Orsan était un lieu d’intérêt pour les sorciers de la Lande Noire. Un lieu où il y a eu des expériences sur la vie et la mort. Il y a, ou avait, des créatures que je ne définirais ni comme vivantes, ni comme mortes, c’est différent de ce que j’ai connu. Une armée de créatures était présente lorsque le frère de Bellarien était possédé par Vallel. Elle a été défaire par Le sans-Visage et l’archisorcier Thensoor Val’Crooh qui y a perdu la vie. De mon avis, c’est franchement mieux qu’il n’y ait plus rien. Quand bien même, c’est une perte pour les sorciers de la Lande."

De nouveau, je m’arrête pour mentionner brièvement la cité d’Arthim'Olth avant de passer à la magie qui nous anime.

"Pour ce que j’en sais, ou crois savoir sur Arthim'Olth, c’était un bastion dirigé autrefois par les shaakts du temps de l’emprise d’Oaxaca par Vallel. La cité possédait un fluide spatial vers Yuimen. Mais il faudra vérifier ces points.

Si elle est limitée en puissance, la magie ne l’est pas dans les possibilités. De plus, elle est imprégnée dans nos propres corps. Changer de corps nous ferait perdre ce pouvoir et les sorts finissent par s’estomper au bout d’un certain temps. Quelques heures ou le lendemain maximum. J’en détaillerais un peu plus tard, mais ils ne sont pas éternels, j’en suis quasi certain. Contrairement aux réticences d’Akihito, il ne faut pas hésiter à utiliser la magie lorsque cela est nécessaire. De plus, je crois qu’on avait envisagé la possibilité de faire un sort conjoint, mais si vous l’avez tenté face au Dragon Noir, nous pourrions tenter de faire ces expérimentations."


Encore une fois, je m’arrête pour parler de choses plus personnelles.

"Nous avons évoqué le Dragon Noir et c’est bien lui qui a détruit Fan-Ming. Du moins, il s’agit d’un dragon étrangé à ce monde et beaucou plus grand que ses pairs d’Aliaénon. Peu de chance d’avoir un doute à ce sujet. Il a ravagé la cité, peut-être à cause de son rapprochement avec Oranan, question de vengeance, ou est-ce parce que la cité possédait un fluide spatial menant à Yuimen autrefois. Simayaa évoqué la possibilité que la personne derrière les attaques voulait isoler Aliénon. En tout cas, nous devons trouver un moyen d’en finir avec lui, avant qu’il ne trouve un moyen de revenir sur Yuimen."

"Nous avons plusieurs fois évoqué le Sans-Visage, sous ce nom ou d’autres. Il s’agit-là d’un être divin, possédant des fidèles. Il est un frère des Titans et est parvenu à endormir ces derniers grâce à une puissante magie et ce, en les prenant par surprise. J’ai par de nombreuses fois orientées mes échanges avec les mages d’Aliaénon, ils ne pensent pas que les Titans puissent se faire avoir à nouveau. Bon, ça, c'était avant de savori que la menace venait de ce maudit Dragon. Je n’ai pas remarqué d’actes malveillant direct de sa part, si ce n’est que lorsqu’on lui a demandé de prévenir tous les peuples pour être représenté lors d’un grand conseil à la Tour d’Or, il l’a fait, et par là même, les Titans et celui de la magie qui est venu pour tout détruire. Hormis cela, il est presque plus loquace et à l’écoute que beaucoup. Rien à voir avec les dieux de Yuimen."

Je prends encore le temps d’une pause pour évoquer un être que je n’apprécie pas vraiment.

"Je ne peux évoquer le Sans-Visage sans faire mention de Naral Shaam. Un elfe à la peu pâle, des cheveux roses, des yeux d’or un rire glaçant, provenant de Yuimen. Je me dois de l’évoquer, car il s’agit-là d’un ennemi particulièrement dangereux pour la divinité. Naral Shaam est responsable d’un massacre sans nom dans le but de réveiller les Titans, éveil qui a également provoqué le chaos à chaque utilisation de la magie. Il détient les connaissances sur les Sans-Bannière qui a permis de les utiliser pour le compte du Conseil d’Or. Il a le pouvoir de se transformer en dragon, même s’il n’est pas aussi grand que ceux d’ici. Il a également permis un lien entre les dragons et les hommes. C’était un membre de première importance, car il assurait la présence des Sans-Bannière et des dragons auprès du Conseil d’Or, malgré le massacre qu’il a orchestré. La dernière fois que je l’ai vu, c’était à la milice d’Oranan, lorsque le fluide menant à Aliaénon s’est refermé. Je le considère comme très dangereux, maniant aussi bien la magie que les mots. Xël partage mon avis à son sujet et le connaît mieux que moi, mais d’autres Yuiméniens semblent de son côté comme Sibelle." Dis-je en fixant Yliria dans les yeux.

"Evoquons à présent nos charmants amis des Chevaliers Sans-Bannière. Vous l’aurez compris, il s’agit-là d’un groupe dont le but est d’éliminer toute trace du Sans-Visage. S’ils ont œuvré pour le Conseil d’Or, ils ont commis des actes impardonnables à Esseroth par exemple, ce qui a provoqué la fureur d’Egregor. Et visiblement, ils portent un intérêt particulier à cette arme pouvant tuer une divinité. C’est la première fois que j’ai eu affaire avec eux et je les trouve assez dangereux. Néanmoins, je suis curieux de connaître les motivations qui les poussent à tant d’agissements contre le Sans-Visage."

Je prends encore une pause pour parler de mes nouveaux amis ailés.

"Les dragons d’Aliaénon. Charmantes créatures similaires dans l’apparence au Dragon Noir, mais plus petit que ce dernier. Capable de voler sur de grandes distances, ils ont été une aide précieuse pour le Conseil d’Or, comme le Dragn d’Or. Le seul dragon que j’ai rencontré à Fan-Ming s’est montré particulièrement hostile à tous nouveaux liens entre les hommes et les dragons. Ma mission à Fan-Ming m’a fait comprendre qu’il ne faut rien attendre d’eux, ou du moins rien de positif."

Je regarde l’assemblée dans un grand silence, avant de poser à plat mes deux mains sur la table.

"Le meilleur pour la fin : Fan-Ming ! C’était autrefois une colonie oranaise grâce au fluide spatial qui s’y trouvait. Un véritable bastion fondé sur le flanc d’une falaise. Comme je l’ai déjà dit, la cité a été ravagée par le Dragon Noir de Yuimen, qui n’a laissé que deux survivants : le seigneur Teruki et sa femme Himeka. Grâce à l’appeau à dragon, j’ai été en mesure de faire venir un dragon, mais il a immédiatement montré des signes d’hostilité. Il m’a offert de nombreuses blessures sévères en me balançant brutalement dans un escalier. Les trop nombreuses pertes des dragons lors de conflits en venant en aide aux hommes et l’odeur de dragon mort que je semble porter sur moi en sont les causes. J’ai vainement tenté de plaider notre cause, sacantque parmis les dragons, il y en a qui accepterait de nous prêter main forte. Cependant, l’échange verbal est devenu un échange physique, où j’ai eu l’avantage, en échangeant mon âme dans le corps du dragon. Une chose qu’il n’a pas du tout appréciée. S’il s’est vu affligé un petit corps d’homme au charme ravageur, il était également en possession de ma magie. Ayant au préalable juré de s’en prendre à Teruki et sa femme et étant parvenu, sans le savoir à me faire taire grâce à la magie, j’ai été contraint de laisser mon corps humain loin des survivants, pour qu’il ne s’en prenne pas à eux, le temps que la magie qui m’empêchait de m’exprimer ne fasse plus effet. A ce moment-là, Teruki ne savait pas que j’étais parvenu à changer de corps et se méfiait de moi.

J’ai donc patienté, volant dans les airs pour me familiariser avec ce nouveau corps, me préparant à devoir m’en servir pour protéger Teruki et sa femme. Je suis même parvenu à cracher du feu ! Il m’a fallu un bon p’tit moment pour ça, c’était franchement pas évident. Mais quand on a compris le truc ca partait en jet, on aurait dit un chat volant qui crachait d’énorme touffes de poils en brûlant dans les airs. Toute la ville était saccagée, même les voies d’accès. Il m’a donc fallu grimper à la force des bras pour l’atteindre. Je doutais que le dragon puisse faire de même, c’était assez périlleux, mais j'ai préféré éloigner tous doutes possibles. Finalement, je me suis posé au sol, bloquant l’unique accès jusqu’à la demeure seigneuriale et à mon réveil, j’étais dans les ruines, au pied de Fan-Ming dans mon propre corps. La magie s’est tue et avec, mes chances de rencontrer les dragons. J’ai retrouvé les survivants et pour repartir, j’ai créé un portail qui m’a amené jusqu’à Xël. La suite, vous la connaissez.

Il n’y a plus rien à trouver à Fan-Ming à présent. Même les corps de ceux qui sont tombés face au Dragon Noir. Une de mes tentatives de magie les as tout simplement fait disparaître. En plus, si on n’est pas bien équipé, attendez-vous à un froid particulièrement mordant !"


Le tour de table continue pour rassembler toutes les informations qu’elles soient utiles ou non. En un sens, il est intéressant d’avoir l’avis, le point de vue, ou la version de chaque personne sur un même sujet. A la fin du tour de table, Akihito résume deux points essentiels : l’influence de l’orbe sur Xël et le danger si les Sans-Bannières mettent la main sur l’arme.

"Rajoute l'orbe du Titan à nos priorités ! La magie qui permet à Simaya de la contenir ne sera pas éternelle. Au plus tard demain matin, il lui faudra être de nouveau sur place pour la contenir. Nous devons donc trouver une solution d’ici là. Vous avez évoqué vouloir utiliser la magie de façon conjointe, c’est peut-être là l’occasion idéale. A moins qu’il n’existe un moyen que j’ignore, entre le savoir de Simaya, Ibn, Maïssa, ou les sorciers d’Elscar’Olth. ?"

Je regarde les intéressés, particulièrement ceux venant du désert qui n'ont pas eu l'occasion de nous parler de leurs savoirs. La régicide remet le problème de Xël sur la table et propose d’aller lui demander l’orbe pour constater son comportement.

(Visiblement, cette histoire d’influence leur tient bien à cœur !)

Plus intéressé par les orbes que le reste, le blondinet semble d’accord avec moi sur notre priorité première et pousse même l’idée à trouver la localisation des Titans avant le Dragon Noir, allant même jusqu’à chercher dans une bibliothèque ou des archives d’érudits. Contrairement aux autre, la prise de parole d’Yliria me scie les pattes.

"Avant de... passer au vif du sujet, je tenais à vous présenter mes excuses pour mon comportement récent. Changer de monde, ne rien comprendre et devoir jongler avec la magie foireuse et les constants allers-retours avec en prime le manque de communication de chacun, moi comprise, ça m'a frustré et énervé et j'ai passé mes nerfs sur vous, j'en suis désolé. Je vais... essayer d'être moins... plus... enfin meilleure. Voilà..."

Après avoir nerveusement trituré ses ongles et soupiré, elle enchaîne.

"Pour en revenir à ce qui nous intéresse. La priorité pour l'instant reste l'orbe du Titan. Jorus a raison,…"

(Pardon ? Elle a dit quoi là ? Et Ysolde qui n’est pas là pour l’entendre !)

"…on peut pas demander à Simaya de rester à son chevet indéfiniment et il faut trouver une solution au plus vite avant que quelqu'un ne tombe sous son emprise. A plusieurs on pourrait trouver un moyen plus permanent en utilisant la magie, mais il faut faire des tests avant. Concernant les Sans-bannières, ils ne sont absolument pas essentiels pour le moment, quoiqu'en pense Xël. Il a clairement une dent contre eux, justifiée ou non, peu m'importe, mais nous n'avons pas de raison de nous en occuper pour le moment. On verra en temps voulu. Et en parlant de Xël..."

Puis comme les autres, elle mentionne ses craintes vis-à-vis de l’influence de l’orbe sur Xël.

Puis l’oudio intervient à son tour. A sa façon, il met l’accent sur l’absence de cohésion et l’intérêt à partir rapidement de Methbe-El, si au final on traîne ici. Encore, l’influence de l’orbe retombe sur le tapis.

"J'peux comprendre que m'sieur Xël soit pas v'nu à cette p'tite sauterie. Et pour être honnête : j'ai faillit pas v'nir non plus. Après tout, vous parlez d'lui et de « l'influence de l'âme du Sans-visage » sur sa personne. Mais... Et s'il avait juste raison concernant Methbe-El et l'reste ? Est s'que c'est vraiment l'âme qui parle à sa place ? Ptet que les sans-manières sont vraiment plus dang'reux qu'on l'imagine? De s'qu'il m'avait dit, il a eu l'occasion de voir des villes de ce monde se faire dévaster, qu'il est arrivé "trop tard" plus d'une fois. Est ce que c'est pas juste un traumatisme (justifié) et l'expérience qui parle? Après tout, de s'que j'sais, de tous les Yuimenien c'est celui qui connaît mieux ce monde au final, qui y a passé l'plus de temps."

Je trouve qu’il parle beaucoup pour un arbre, mais il attire mon attention en évoquant l’intérêt de trouver une solution au Dragon Noir, avant de le trouver. Puis Simaya prend également la parole en rajoutant à l’ambiance un froid glacial, sur un ton particulièrement sec.

"Il y a bien trop de raccourcis dangereux et faciles dans les conclusions que vous faites des informations que vous détenez. Dans la plupart des cas, vous ne voyez que la partie émergée de la situation. Nous comptons tous sur vous, ici sur Aliaénon, pour votre secours sur la situation du Dragon Noir, mais il est des sujets sur lesquels vous ne devez pas intervenir, ou conclure trop vite des sentences inappropriées. Les raisons des Chevaliers sans-bannière, la politique d'Elscar'Olth... Je suis contente que certains l'aient compris. J'approuve le but de cette discussion, mais elle ne peut se mener dans un tel chaos et dans une telle tension. Réglez les soucis entre vous avant de vouloir vous attaquer à des problèmes externes, sinon jamais rien ne marchera.

Ce que je n'accepte pas, en revanche, c'est que vous pensiez pouvoir décider pour Xël sans même qu'il soit présent, comme des comploteurs à la petite semaine. Pour bien des raisons, c'est grâce à lui que nous sommes tous ici, aujourd'hui. Et pas que par ses portails. Vous craignez une influence sur Sans-Visage sur lui. Mais qui mieux que lui pour la subir ?

Je me retire donc : ma place n'est pas à cette table avec vous. Si vous avez des questions précises à aborder avec moi, j'y répondrai. Mais en attendant, vous poursuivrez sans moi."


Quittant la table sous les regards surpris de l’assemblée, ou du moins déjà les miens, elle finit par s’arrêter lorsqu’elle fait face à Xël qui nous rejoint. Invité par Akihito de prendre la parole, il prend un peu de temps avant d’exprimer ses sentiments.

« J’ai des choses à dire en effet. Même si ce ne sont pas celles que je pensais dire en venant…»

Commence-t-il en restant debout.

« J’entends que vous avez fait de l’âme du Sans-Visage un sujet préoccupant alors que je vous avais dit que c’était sous contrôle. Autrement dit, je pourrais chier dans une outre ce serait la même chose. Je ne vais donc pas plus m’étendre dessus. Je vais me montrer clair sur d’autres sujets : je n’accepterai plus qu’on me fasse la leçon, pas par des comploteurs à la petite semaine. Je ne suis ni votre enfant, ni votre soldat, ni votre larbin, ni votre moyen de transport. Je n’ai aucun compte à vous rendre. L’autre chose : je ne tournerai plus le dos à une cité ou un peuple qui a besoin d’aide, encore moins si pour cela on m’argumente que nous avons mieux à faire, ou pas les moyens de le faire. Maintenant que je pense avoir mis les choses à plat je vous écoute, inutile de m’interroger encore sur l’âme du Sans-Visage. Sortez-vous ça de la tête. Mon avis est qu’il vaut mieux penser à l’orbe qui flotte au-dessus de nos têtes pour que Simaya rentre chez elle. Je vous rappelle qu’elle n’a pas vu ses proches depuis qu’elle est coincée sur Yuimen. »

Je porte des regards sur Yliria qui paraît s’agacer de plus en plus à mesure que Xël parle. Il va en falloir de peu avant que tout ne parte en une explosion solaire. Finalement, le pire ne vient pas enfin, Yliria s’apprête à lui répondre, on peut toujours finir en surcuisons.


"Xël, j'allais ignorer ta stupidité, ton hypocrisie et ton égo, mais puisque tu veux ABSOLUMENT en faire étalage devant tout le monde, laisse-moi te dire un truc : t'es pas meilleur que qui que ce soit ici, tes paroles valent pas plus que les autres, donc si j'ai pas envie de croire à ce que tu dis, je le ferai pas si j'ai pas un minimum de preuves. Non seulement tu nous reproches exactement ce que tu es en train de faire, mais en plus c'est à nous de faire avec ton comportement ? T'es putain de sérieux ? Ta vendetta contre les Sans-bannières, ça nous concerne pas et t'as pourtant failli tous nous entrainer dedans sans penser aux conséquences ! Tu veux faire les choses comme tu l'entends ? Mais c'est pas ça, travailler en groupe."

Puis c’est au tour de l’oudio de prendre une remarque concernant la cohésion de l’équipe. Elle termine en lâchant une dernière pique à Xël sur son statue de héros, avant de prendre la direction de la sortie. Il n’en faut pas plus à l’homme-arbre pour répliquer à son tour, moquant la pseudo-cohésion alors qu’elle quitte la réunion. Les tensions prennent un tournant inquiétant. Simaya est partie, mais si d’autres part, cela va briser le peu qui reste de lien au groupe.

"Yli !" Fais-je assez fort pour que ma voix couvre le bruit ambiant. "Reste s’il te plaît !"

(Voilà, et là je dis quoi maintenant ? Essayer de faire comprendre les points de vue de chacun ? Pointer ce qui accroche les esprits pour apaiser les tensions ? Quand bien même j’y arrive, il faut aussi orienter le groupe sur un autre sujet, comme l’orbe du Titan et le Dragon Noir.)

Je me frotte la tête entre les mains et poursuis.

"Je n’ai pas donné mon avis sur l’âme du Sans-Visage, mais je rejoins Simaya, il n’y a pas meilleur gardien que Xël pour le moment. Seul lui avait le désir de protéger d’aider le Sans-Visage, avec ou sans cette fameuse influence. Yli, Aliaénon est comme un second foyer pour Xël. Je ne te dis pas de le suivre aveuglément, mais au moins de comprendre ce qu’il ressent quand les habitants d’ici sont tabassés ! "

Puis je me tourne vers Xël.

"Xël, tu fais fausse route si tu crois que nul n’a envie de botter le cul des Sans-Bannières. J’aimerais que tu prennes le recul pour savoir si l'orbe altère ton jugement ou pas. Je suis sérieux ! Ne me réponds pas maintenant, demain, mais pose-toi cette question, même si cela ne changera pas mon opinion sur son porteur. Pour l’heure, notre priorité c’est le Dragon Noir et sécuriser les orbes ! Je sais pas comment tu as fait pour cacher un truc aussi gros, mais si c’est avec la magie d’Aliaénon, ça ne durera pas ! Tu l’aurais su si tu avais été présent un peu plus tôt. Notre magie n’est pas éternelle, du moins seul. Dis-toi que tu aurais même entendu les excuses d’Yliria !"

Je m’arrête un instant en regardant tout le monde.

"Que ce soit le dragon ou les orbes, on a besoin d’être unis. Sans, c’est l’échec quasi-assuré. Alors j’invite à tous ceux qui ont des différents avec telle ou telle personne, d’en parler en privé. Sortez ce que vous avez sur le cœur. Au moins la personne comprendra mieux votre point de vue. On évitera de se chamailler au lieu de trouver des solutions ! Et si certains veulent partir qu’ils le fassent. Moi après, j’irais vers l’orbe pour essayer de résoudre ce problème ce soir, seul ou en groupe !"

(Voilà, on termine par une dernière petite pique pour essayer de les recentrer sur le sujet !)


Mathis appuie mes propos. C’est une bonne chose. Cela va montrer que le groupe n’est pas désuni. Silméria évoque sa proposition d’absorber l’âme du Titan, mais face à son échec de le contenir dans l’esprit d’une personne, elle oriente une autre possibilité en usant d’un réceptacle et propose à Xël de la concrétiser avec l’aide de Vissélion. Puis elle l’invite à une petite purge-partie face aux Sans-Visages.

(Silméria, Xël et Vissélion. Ba voyons !)

Malgré les demandes et les tentatives d’apaisement, Simaya s’en va en laissant un dernier mot à Xël. Désormais plus loin, Yliria va profiter de l’occasion pour exposer ses arguments. A sa façon.

"As-tu une seule seconde penser aux conséquences que ton coup d’éclat aurait pu provoquer ? J’en doute, vu ta réaction sur place, donc je vais t’expliquer pourquoi ton idée était stupide, dangereuse et contreproductive. Tu aurais assassiné quelques types dans le dos puis serais reparti en te félicitant de ta bonne action, laissant derrière toi la population qui, au retour des Sans-Bannières, aurait subi leur vengeance face aux leurs que tu aurais assassiné. Hommes, femmes et enfants auraient payé pour TON action. Mais ça, tu n’y as pas pensé. Ils auraient découvert qui était responsable, sans doute par la torture, faisant souffrir des innocents, mais ça, tu n’y as pas pensé. Et ensuite, ils auraient fait de ce groupe entier leurs ennemis, mettant nos vies à tous en jeu par TA seule action, nous entraînant dans TA vendetta sans nous laisser le choix, par la force des choses. Mais ça non plus tu n’y as pas pensé. Alors avant de vouloir jouer aux héros, réfléchis aux conséquences. Défendre une ville, un village ou des voyageurs attaqués par des créatures ? Bien sûr ! Aider des blessés, les protéger et les soigner ? Evidemment ! Assassiner des types en risquant de provoquer des représailles sur des innocents ? Non ! C’est pour ça que ça me fout en rogne que tu oses te donner le beau rôle alors que tu allais littéralement empirer les choses, juste pour avoir bonne conscience. Et si ça te plaît pas, et bien tant pis, mais c’est la réalité ! Trouve une solution sur le long terme et je viendrai volontiers t’aider, mais là, c’était la pire chose à faire et il faut que tu t’en rendes compte. Parce qu’à vouloir à tout prix tenter de régler chaque petit problème sur le tas dans l’urgence, tu vas juste finir par en ajouter d’autres et laisser le plus gros gagner en force.
Et c’est incroyable que ce soit MOI qui doive te dire ça !"


Elle enchaîne avec Dracaena sur ses deux départs qui l’ont séparé du groupe, à la Lande Noir et à Esseroth. Je préfère me taire, évitant ainsi une boule de feu majeur dans la tronche, vu que moi aussi je suis parti aller taper la causette avec un dragon. Ce n’est peut-être pas plus mal d’avoir oblitéré la danse du dragon-poule ! Yliria termine en évoquant des prisonniers qu’elle a abandonnés pour venir aider ici.

(Heu…évitons aussi de lui dire que personne ne l’a forcé à venir. J’espère que personne n’aura la bêtise de dire une telle chose tout haut ! Oui évitons.)

L’hinionne fait de nouveau parler d’elle en se moquant de l’intention d’Akihito en voulant réunir tout le monde. Enfin, elle déclare vouloir tenter quelque chose avec l’orbe et l’assistance de Vissélion, espérant que cela lui saute à la gueule, ce qui lui permettra de ne plus avoir à être témoin d’un tel déballage. Sans le moindre indice sur ses intentions, elle disparaît l’espace d’un clignement d’œil.

(Qu’est-ce que…? Bon sang ! Il faut croire que sa réputation d’assassin doit provenir de cet étrange pouvoir et peut-être d’autres d’ailleurs !)

Savoir que celle femme s’apprête à jouer avec la magie d’Aliaénon sur un être d’une grande puissance, à l’aide d’un sorcier apte à tout pour tirer la magie à son extrémité, quitte à ce que cela nous claque tous à la gueule comme un gros élastique explosif, fait montrer mon trouillomètre au-delà des limites de l’imaginable. Xël est le premier à agir après cela et, aussi calmement qu’il le peut, pense haut et fort que notre groupe, donc les membres sont trop différents les uns des autres, n’est pas capable d’être assez unis pour être efficace. Si c’est ce qu’il ressent, il laisse entrevoir la possibilité de se tromper.

(Il pense se tromper ? C’est une porte à prendre !)

Malheureusement, Akihito me devance et frappe un bon coup sur la table, haussant la vois pour bien se faire entendre.

(Si Ysolde était là, elle dirait que la porte risque de se prendre un coup de vent !)

Rappelant le but de la réunion, il précise que c’est uni que nous triompherons et que chaque action individuelle, ne fera que diminuer les chances de tous. Le dragon noir est la menace absolue et il pourrait même ravager Yuimen lorsqu’il se sera assez gavé de magie.

"On n’est pas là pour devenir amis, mais on est pas là pour devenir ennemis non plus. Alors arrêtons le sarcasme, les remarques assassines et autres menaces voilées. Crever l'abcès, oui, mais sans se sauter à la gorge."

Puis il continue avec Xël, abandonnant l’idée d’en apprendre plus sur l’orbe du Sans-Visage. Il lui lance sa réplique, expliquant que nous non plus, nous ne sommes pas à son service. Nous avons autant besoin de ses pouvoirs, qu’il a besoin de notre magie collective pour sauver Aliaénon. De plus, s’il souhaite taper du chevalier, il le pourra si on se rend à Messaliah. Enfin, il évoque les effets temporaires de notre magie, préférant se tourner vers les sorciers de la Lande Noire pour trouver une solution au problème de l’orbe. Puis, il pointe le problème de Silméria et nous invite à l’empêcher de provoquer une catastrophe.

(Les sorciers ? S’ils en sont capables, je crains qu’ils ne veuillent jouer avec les pouvoirs de l’orbe. Un peu comme Vissélion !)

Tentons de profiter de l’occasion pour rassembler une dernière fois autour d’un même problème. D’autant plus que Mathis est d’accord et compte rejoindre l’orbe au plus vite.

"Je suis d’accord avec toi, sauf sur un point. Si à deux vous avez réussi à égratigner un être qui a vaincu un Titan, c’est peut-être ça la clef ! La magie qui retient l’orbe peut céder, mais elle ne tient que par la magie d’un seul : Mathis. On doit faire de même, mais ensemble cette fois-ci. On doit agir vite, d’autant plus que maintenant, on a une cinglée notoire qui s’en va chercher un mage dont les yeux s’écarquillent comme un enfant de quatre ans lorsqu’on lui parle de jouer avec des puissances magiques. Je vous ai dit que j’irais seul s’il le fallait, mais je préfère cent fois qu’on soit tous ensemble devant cette chose horrible, sachant qu'il y aura aussi Vissélion et l’orbe du Titan !"

Je m’arrête une dernière fois avant de reprendre et laisser au plus lent la petite remarque pour détendre l’atmosphère.

"On s’est tous balancés nos remarques sur l’esprit de groupe aux uns et aux autres. On a chacun l’occasion de prouver que l’autre à tort en agissant en groupe cette fois-ci !"

Tour à tour, je regarde mes camarades.

"Akihito est déjà d’accord, de même pour Mathis. Dracaena, tu voulais de la cohésion, c’est le moment de donner des actes aux mots. Xël, t’es le seul à avoir agi sur une âme d’une telle puissance. T’es avec nous mon pote ?" Je m’arrête en croisant le regard d’Yliria. "Yli, on a besoin d’être tous ensemble pour réussir. Je te laisserais même ta main broyer la mienne avec un gantelet si ça peut te permettre de te détendre. T’es avec nous ?"

Tout le monde partant un peu dans son coin et la menace de la régicide, accompagnée de Vissélion, planant sur nous, je quitte à mon tour cette « réunion » pour me rendre vers l’orbe. Drac semblant nous suivre avec Mathis, nous arrivons face à la sphère de pouvoir, gardée par Bellarien, Allosarh et rejoint par Simaya. Mathis propose d’utiliser la magie pour faire du dôme de protection autonome en magie, libérant ainsi Simaya.

(Autonome en magie ? J’ai tendance à croire que plus on utilise les éléments à notre disposition et plus il est facile de réussir un sort. En un sens, il est plus aisé de fabriquer un objet avec des matériaux déjà présents qu’à partir de rien ! Cela me rappelle les propos de Zacara. Qu’il est différent de ses pairs, car il ne crée pas à partir de rien, que son lien repose surtout sur l’harmonie qu’il entretient avec la magie de la Lande Noire. C’est peut-être ça la solution !)

"Le dôme de protection contient l'orbe grâce à la magie insufflée par Mathis. Pensez-vous que l'utilisation conjointe de plusieurs utilisateurs de magie serait en mesure de le contenir, ou devons-nous utiliser une source permanente, comme le sceau principal, pour maintenir une nouvelle protection ?"

A notre présence réduite, et probablement à des propos relatés par Simaya, Alossarh critique notre venue.

"Votre compagnon vient d'arriver, et vous désertez votre fameuse réunion ? C'est une décision commune, de venir là, ou une lubie de trois renégats ?"

S’il évoque notre magie comme n’étant pas celle d’Aliaénon, mais la nôtre, il remet en doute l’utilisation d’une magie aussi peu contrôlable, préférant une solution plus sûre. Puis, s’il semble préférer déplacer l’orbe ailleurs, là où les créatures s’attaquent déjà entre elle ou chez les Titans, il ignore comment les déplacer. Cependant, ma proposition fait face à un refus non pas catégorique, mais clairement annoncé. Le sceau principal n’est pas prévu pour supporter le poids que représente déjà la puissance magique de l’orbe. De plus, il a déjà en charge de contenir l’influence dangereuse de la Land Noire.

Le sorcier flamboyant a déjà montré sa capacité à être imposant. Il serait idiot de s’en faire un ennemi ou même d’attirer ses foudres, ou ses flammes. C’est donc avec calme que je lui réponds.

"Il n'y a aucune volonté de rébellion à notre présence. Les tensions entre deux d'entre nous sont vives et ils ont besoin de se parler l'un l'autre. Notre présence se ferait que semer plus de chaos. Mais encore ce n'est pas la raison principale qui nous a poussés à venir. Sans concerter qui que ce soit, la régicide a subitement disparu, ayant déclaré au préalable vouloir chercher Vissélion et faire mumuse avec cette fameuse magie et l'orbe."

Puis, je prends le temps de répondre concrètement à sa question.

"Nous sommes ici pour nous assurer qu'eux deux ne provoquent pas quelque chose qui nous sera tous préjudiciable."


Fixant l’orbe, le refus d’user le sceau principal résonne comme un échec. Une solution qui aurait pu autant garder l’orbe sous protection, que de le cacher en étant dissimulé sous la magie de la Lande Noire.

"Il nous faut également trouver une solution à l'orbe. Trouver un moyen de ne plus recourir aux pouvoirs de Simaya, car selon ce que nous savons de notre magie, d'ici peu, quelques heures tout au plus, ce qui lui permet d'user de sa magie avec moins de contraintes, va se dissiper. Je pensais qu'en utilisant une source de magie déjà présente pour alimenter un dôme similaire à cela de Simaya serait plus simple, mais si vous jugez que cela porterait un risque, je me fie à vous." Dis-je avant de me tourner vers le sorcier, un rappel venant à moi.

(J’y pense, n’avons-nous pas déjà évoqué la possession potentielle de l’orbe pur plus tard ?)

"Vous avez perdu énormément à cause du Titan. Maintenant, qu'il est soumis à cet état, avez-vous des prétentions sur la possession de l'orbe, quitte à attirer l'attention de celui qui l'a rendu dans cet état ?"

Le sorcier s’offusque rapidement lorsque j’ai critiqué les actes de Vissélion, critiquant ouvertement mon désir de contrôler ses actes. Puis il explique qu’il n’est pas contre l’utilisation de notre magie, mais simplement nous préparer à son utilisation, l’arrêt du dôme de protection, entraînant la rupture avec la magie qui l’aide à son alimentation. Enfin, il estime que l’âme appartient à celui qui l’a en sa possession, tout simplement. Puis il enchaîne à la remarque de Mathis de faire appel au Titans, d’une certaine manière. De plus, le blondinet émet la possibilité que le Tian ailé attendait le Dragon Noir. Alossarh, pense que faire venir une telle monstruosité ici ne provoquerait que plus de destruction et sa présence n’était justifiée que par la destruction de la cité.

Tandis que je m’apprêtai à répondre, concernant le malentendu sur le contrôle des actes de Vissélion, celui-ci arrive justement en compagnie d’Akihito et de la régicide. Cette dernière nous conseille froidement de nous écarter à cause des répercussions possibles de la magie, sous-entendant par là qu’elle compte en faire usage dans les plus brefs délais.

(Merveilleux ! Elle qui se riait de notre incapacité à être un groupe, la voilà à agir de son côté. Espérons que l’oranais fasse usage de sa diplomatie, à moins que sa présence ne soit justifiée par son intérêt à suivre les souhaits de cette femme !)

Tout comme moi, Mathis craint de la voir arriver d’un pas décidé et lui demande ce qu’elle compte faire avant toute utilisation. De mon côté, je tiens à clarifier mes propos à Alossarh, sans obéir le moins du monde à cette femme.

"Je ne me targue de contrôler qui que ce soit. Je compte juste empêcher toute utilisation de magie sur cette Orbe, sans avoir au préalable concerté tout le monde, aventuriers comme sorciers. En gros l'exact inverse de ce qui s'est produit avec le sceau principal ! Nous en avons encore le temps. Si vous avez quoi que ce soit à dire, je vous écoute avec plaisir."

Puis je cherche du regard l’oranais, en quête d’une réponse. Celui-ci déplore la présence d’Yliria et Xël, avant de calmer la situation, expliquant que lui et Vissélion souhaitent l’avis des gardiens de l’orbe avant d’agir et leur demandant leur avis. La réaction qui me surprend le plus, et qui me satisfait, vient d’Alossarh. Celui-ci se place devant l’hinïonne, lui demandant si c’est bien elle qui est affublé du titre de régicide. Une posture protectrice pour l’orbe, mais avant tout, je pense pour protéger les siens. En un sens, il me ferait presque penser au dragon rouge de Fan-Ming. Tous deux se placent en protecteurs des leurs. Vissélion explique qu’il a été en mesure de canaliser la magie de deux yuiméniens. Si nous nous mettons tous en œuvre pour agir ensemble, l’intégralité des sorciers seraient en mesure de contrôler de potentiels débordement. Cependant, il faudra se mettre d’accord avant de retirer le dôme. Des propos que réfute ouvertement Bellarien qui justifie cela par une chance inouïe et que toute tentative se solderait par la destruction du peu qui reste, matériel et humain. S’il veut abandonner l’orbe et retourner en ville, Vissélion est particulièrement intéressé par son étude en l’apportant à la cité, sous forme fractionnée s’il le faut. De ce fait, la tension entre les deux sorciers grandit au moins où son homologue se tient prêt à en venir aux mains, ou aux sorts, enfin à ce qu’il veut pour le faire taire.

De son côté, Silméria explique qu’elle voudrait utiliser un fragment de dent en sa possession pour contenir le pouvoir de l’orbe. Mathis lui rebondit aux propos de Belarien et semble curieux de voir l’influence que peut avoir l’orbe lorsque celle-ci sera libre. Intrigué par l’utilisation des célèbres morceaux de dents, je sors ma dague pour l’observer.

(Ce ne sont que de petits morceaux d’une dent de dragon. Rien à avoir avec la capacité de celui-ci à assimiler le pouvoir des Titans dans son intégralité. C’est déjà un échec avant même d’avoir pu commencer !)

Je murmure à moi-même à cette idée folle.

"Le mettre dans les dents de dragon ? Ou bien..."

(La régicide a tenté d’assimiler le pouvoir de l’orbe, mais elle l’a faite seule. Peut-être qu’unis, nous serions en mesure de tous l’absorber et de fragmenter son influence. Peut-être même que nous pourrions la réduire davantage !)

Puis parle plus haut à l'attention des autres.

"Garder l'orbe pourrait faire venir le dragon, gardez bien cela en tête. C'est pour lui qu'il est venu. Il y a une chose qui a été tentée, mais que nous pourrions reproduire autrement ! On sait par le dragon que l'orbe est assimilable. On sait qu'une personne n'en est pas capable et on sait que notre magie est bien plus puissante en étant plusieurs. Dans ce cas, pourquoi ne pas s'unir pour l'assimiler ensemble ? Non seulement son pouvoir sera fractionné, mais notre magie décuplée pourrait être en mesure de contenir son influence ! Si cela marche, nous serions peut-être même assez puissants pour rivaliser avec le dragon !

Qu'en pensez-vous vous sorciers ?"


L’oudio semble intéressé par la proposition de la régicide, voyant là une solution pour transporter le problème de l’orbe loin d’ici. Il est cependant plus enclin à la prudence, et souhaite que tous les yuiméniens soient présent pour être prêt en cas de danger. Contrairement à lui, Akihito est moins enclin à la proposition. Non pas qu’il doute de sa capacité à le contenir la puissance de l’orbe, mais dans l’effet particulier de la dent de dragon, capable de tuer une âme, expliquant que cela pourrait tout simplement tuer l’âme du Titan. Chose dont je doute un peu. Il est question d’un être particulièrement puissant. A l’image du Sans-Visage dont les chevaliers ont besoin d’une arme antique pour en venir à bout, je crains que nos petits fragments de crocs, aussi nombreux puissent-ils êtres, n’en seront pas capables. Néanmoins, je comprends à présent l’effroi que j’ai ressenti la première fois que le forgeron me l’a présentée. Il termine en voulant aller chercher Xël, celui qui en sait plus sur les orbes à l’heure actuelle.

(Tuer une âme ? Par les dieux, mais combien d’être vivants ai-je ainsi frappés, quand bien-même j’ignorais les pouvoir de cette arme ?)

Je suis interrompu dans mes pensées par Bellarien qui exige qu’on ne le nomme que par « Monsieur d’Assamoth ». Je sais pas si c’est un trait de caractère ou simplement la rancune qui le lie à nous, mais il commence sérieusement à me courir sur le haricot sa sainteté d’Assamoth avec son attitude. Vissélion lui ne sait plus où mettre son enthousiasme débordant, que ce soit dans ma proposition de diviser l’orbe dans nos êtres, dans les morceaux de dents, ou dans la proposition de l’oranais de déplacer l’orbe pour que les sorciers puissent l’étudier tout en contenant sa puissance. Une excitation qui pousse Bellarien à partir, ne voulant pas être présent lorsque nous aurons décidé de quoi faire.

Silméria, dont je ne remarque le changement d’attitude que maintenant, invite Akihito à rester, voulant éviter de faire venir deux gueulards comme elle les appelle.

"Reste ici. On aura besoin de ta magie et pas de deux gueulards supplémentaires. Vous aviez décidé d'ignorer Xël jusqu'à présent, ça ne devrait pas vous gêner plus que ça." Dit-elle dans un mélange glaçant de reproche et de menace.

(Quel beau travail de groupe, quelle cohésion d’équipe !)

Puis, surprenant tout le monde, elle plante le fragment de dent à deux mètres de l’orbe avant de se reculer. Puis tournant son attention sur Simaya, elle nous invite à nous joindre à elle ou à fuir, canalisant la magie en elle pour son sort.

(Hein ? Quoi ? Mais que de chie oui !)

Mathis est plus prompt à réagir et s’en va ramasser la dent pour l’empêcher d’agir, invitant Silméria à garder le dôme intact et Akihito à poursuivre son chemin pour quérir Yliria et Xël. Il s’exécute, sans avoir au préalable interdit à Vissélion de jouer aux apprentis sorciers et d’avoir critiqué l’action solitaire de la régicide qu’il nomme Hirst.

(Hirst ? Mais c’est quoi encore cette histoire ?)

Quant à moi, voyant Alossarh devant cette femme dont je ne comprends plus le nom, je me place derrière elle, pommeau sur mes armes par réflexe.

"A la différence de votre action solitaire, ma proposition nécessite de concert de tous et donc l'approbation unanime ! Et je préfère la troisième option, celle où l'on vous empêche de nuire et de semer plus de discorde et de chaos !"

Puis il s'adresse à Alossarh.

"Alossarh, je n'aime pas l'idée d'utiliser une magie aussi incertaine, alors excusez-moi par avance s'il s'avère que c'est le seul moyen de l'arrêter !"

L’utilisation de la magie n’a jamais été aussi improbable que depuis notre dernière venue sur Aliaénon. Si les effets ont été puissants par moment, néfaste de temps en temps et contrôlable, aussi souvent qu’on arrive à se gratter la tête avec les doigts de pieds, il y a un facteur commun à chaque canalisation de magie, que j’en sois la source ou non : je serre des fesses et m’attends au pire. Je m’attends déjà à une horde de petites créatures, armées de crocs et de griffes, s’en prenant à nous. Or, rien. J’ignore si c’est l’orbe de Simaya, le croc dérobé ou un sursaut d’esprit d’équipe dans la tête de cette elfe, mais la magie n’opère pas. Ainsi, je n’ai pas à user de ma magie contre elle, alors qu’Alossarh s’y attendait. Vissélion lui, invite la régicide à plus de patience, attendant que nous soyons tous ensemble pour agir. Une déclaration qui me scie littéralement les pattes venant de sa part, alors que l’elfe s’exprime de nouveau avec un changement de voix notable, plus aigüe, plus jovial et donc plus flippante, prétextant qu’elle a repris le contrôle, alors que nous avons énervé sa jumelle. Vraiment flippante.

(D’accord. Alors ou je comprends rien, ou cette femme est complètement folle…ou les deux !)

Puis elle se tourne vers moi, critiquant ma prise de position.

"Vraiment mon chou, tu es si mignon. Mais tu ne crois pas que je serai morte d'une main aussi pathétique que la tienne ?"

(Pathétique ? Oublie-t-elle que j’ai participé à la mort d’Oaxaca, de Gadory, de la capture de Xenair et que j’ai soumis un dragon à ma magie il y a peu ? Ou alors elle se croit juste au-dessus de tous ces êtres ? Dans un sens, ce n’est peut-être pas plus mal.)

Avant de lui répondre, je réagis au préalable au mage flamboyant, qui attendait mon intervention pour empêcher un débordement de magie.

"Nul besoin. Non seulement le dôme de protection aurait annulé la magie de cette femme d’agir comme elle l’aurait voulu, mais lui avoir ôté la dent l’a empêchée de concrétiser ses idées dangereuses. Utiliser la magie aurait été plus néfaste qu’inutile. Je tenais à vous mettre en garde de mes intentions, au cas où sa magie aurait échappée à son contrôle !"

Puis je porte mon regard sur notre problème ambulant. Je n’ai ni l’envie de céder à sa petite menace, ni le souhait de me faire plus dangereux vis-à-vis d’elle.

"Merci. Merci de me sous-estimer. Vous me rendrez la tâche plus facile la prochaine fois !"

Tandis que Vissélion se targue de pouvoir contenir des débordements magiques, un échange se fait entre la régicide et Mathis, concernant le croc dérobé. Le blondinet le lui rend, avant de se plier en deux, par une douleur inexplicable au ventre. Il s’offusque que la régicide l’a poignardée, avant de nous intimer tous à la fuite, même des personnes qui ne sont pas présentes, avant de finalement demandé pour celle-ci les a tués. Il s’écroule au sol, puis de nouveau en voulant se relever. Clairement dans une hallucination que l’elfe justifie d’une malédiction contre les voleurs de ses biens, je vais me pencher vers lui et éviter qu’il ne se fasse mal.

" Magie, magie qui coule dans mes veines, emprisonnes Silmeria dans une cage dont elle ne saura se libérer tant qu'elle n'aura pas été jugée pour ses actes meurtriers !" Déclare-t-il dans une plainte réclamant justice, qui me glace le long du dos.

Il n’en faut pas plus pour que mes craintes se justifient. Poussée par son illusion cauchemardesque, il use de sa magie dont il perd rapidement le contrôle ou l’abandonnant tout simplement à la vengeance qu’il exige. Presque immédiatement, je suis figé dans un étrange cristal qui m’isole de mon environnement. C’est à peine si je perçois d’autres cristaux, vraisemblablement similaire aux miens, ainsi qu’un être dont la forme que je distingue s’extirper du sol, ne m’inspire rien de bon. Ce n’est qu’à son apparition, qu’une voix sortie de nulle part m’atteint, unique indice de ce qui pourrait se passer en dehors de ma prison de cristal.

"Voici venue l’heure de votre Jugement Dernier. Confessez vos péchés, sans tenter de me berner et vous serez jugé."

(Ha merde ! Bordel que faire ? Utiliser la magie ? Le risque est grand, car si je me foire, je sens que les répercussions vont faire mal. N’ai-je d’autres choix de confesser mes crimes et lesquelles ? Je ne suis pas un homme de vertu, mais faut pas déconner tout de même !)

Tant pis. Je dois me résoudre à obéir. S’il y a bien une chose que je redoute plus que d’être atteint par un être et une magie sortie d’on ne sait où des tréfonds de la Lande Noire, je ne peux me permettre que ma faéra soit atteinte. Si je sens toujours sa présence depuis, même après le portail que j’ai ouvert pour revenir ici, elle n’est clairement pas dans un état qui lui permet de me parler. Alors soit. Pardonnez-moi mon père, car j’ai pêché !

"J’ai volé des personnes dont je ne me souciais pas du sort après mon larcin. J’ai tué des êtres que je définissais comme mes ennemis, même si ceux-ci, encore dans le royaume des rêves, étaient incapables de se défendre. J’ai menti, un nombre incalculable de fois et même omis des détails à mes camarades, comme ma danse du dragon-poule qui a provoqué mon incapacité à poursuivre ma mission. J’ai empêché ces mêmes camarades de faire usage de la magie, alors qu’ils étaient bien plus aptes que moi à la comprendre. J’ai fait disparaître des corps morts et les chances qu’ils aient un enterrement décent, à cause de cette même magie. Enfin, je n’ai nulle envie, ni intention, de faire de la régicide, un membre à part entière de notre groupe, pour avoir permis à un pseudo noble, dont j’ai juré la mort, d’avoir gravis une marche de plus dans l’ascension du pouvoir Kendran ! Et je vais avoir à confesser bien plus si je ne suis pas libre d’ici peu !"

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Xël
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Re: Lande Noire

Message par Xël » ven. 7 avr. 2023 16:58

En entrant dans la caverne je remarque que Ibn pénètre dans le lieu de la réunion d’Akihito. Je suis content qu’il soit à nouveau sur pied mais je ne change pas d’avis sur mon désir de discuter avec les autres. Je retourne à l’extérieur et décide de m’approcher de l’orbe pour discuter avec ceux qui l’a gardent. Celui qui gardait la cité en ruines ainsi que ce type qui n’a pas l’air de m’apprécier. Je perçois une tension quand je m’approche mais je ne sais pas si ça vient de moi ou si c’est simplement que j’ai affaire à deux rabats joie. Bien qu’il n’y a pas vraiment de raison d’être de bonne humeur.

« Rien de neuf sous le soleil de la Lande Noire j’imagine ? »

Lâchais-je pour briser la glace, provoquant un soupire et le départ du rageux du coin qui s’en va de l’autre côté de l’orbe. Alossarh lui répond qu’il n’y a rien de neuf et s’en réjouit.

« Vous arriverez à reconstruire votre cité ? J’ai fait de mon mieux pour conserver la salle du trône … »

Il renifle et admet qu’ils sont trop peu nombreux pour reconstruire et que si personne n’est là pour les rejoindre alors s’en est fini pour Elscarl’Oth. Il soupire avec hargne tandis que son aveu me secoue mais je n’en laisse rien paraître alors qu’il me demande de garder ça pour moi, expliquant que l’espoir est tout ce qui leur reste. J’incline la tête pour lui faire comprendre que je garderai le secret mais répond tout de même qu’ils ont raison de garder espoir, donnant comme exemple Esseroth que malgré le peu de survivant après la guerre, la cité s’est reconstruite et est désormais florissante.

"Esseroth... Ils ont ces réfugiés de la guerre. Ici, à part des morts, qu'aurons-nous ?"

J’observe le rayon vert qui s’élève vers le ciel.

« Une nouvelle source de magie à étudier ? Je croyais qu’Elscarl’Oth formait les mages de tout Aliaénon ? Puis si la corruption se résorbe peut être que la région aura plus d’attraits. »

"Les mages de tout Aliaénon ? Ahah, vous nous connaissez moins que je croyais. Nous n'avons pas bonne réputation dans la plupart des villes : les chercheurs d'ici sont vus comme des reclus, des gens dangereux et peu fréquentables. On vit dans une lande sombre, vous savez. Ca fait peuuuur."

Il grimace en levant les mains sur la dernière phrase, mais je vois que malgré sa tentative, son coeur n'est pas au rire.

« Je le pensais comme Simaya et Vallel ont apprit ici. »

M’expliquais-je quant à ma dernière question et il me raconte que l’un a été banni de sa cité et l’autre ne comprenait pas la partie de ses pouvoirs. C’est vrai je me souviens de cette histoire, les deux prodiges qui cherchaient à pouvoir apprendre avec Thensoor et c’est Simaya qui a eu ce privilège, plongeant Vallel dans une rancoeur qui l’a amené à finir sous les ruines d’une tour maudite. Il poursuit, expliquant qu’ils sont réputés pour leur maîtrise et leur connaissance de la magie mais que ça fait peur à certains.

« Est-ce que cette crainte a tenu les chevaliers sans bannières à l’écart ? Je n’en ai pas croisé ici la dernière fois. »

"Allez savoir. Ils sont peut-être venus, sans parvenir à nous rejoindre."

Rétorque t-il avec un sourire moqueur.

« Vous en pensez quoi vous de tout ça ? Des chevaliers, du dragon, de l’orbe ? A chaque fois que je viens sur ce monde c’est comme si c’était à nous de décider pour tout et la dernière fois qu’on a voulu rassembler les dirigeants de ce monde pour qu’ils puissent prendre une décision ça a mené à la mort de la plupart et la destruction de la Tour d’Or. »

"La tour d'Or était une putain d'utopie : personne y croyait, ici. Vous vous êtes pas demandé pourquoi c'était Simaya notre 'diplomate' ? Evidemment qu'on ne voit pas plus loin que le putain de bout de notre nez, ce monde est rempli de dangers, le moindre voyage peut amener à une mort certaine. Pourquoi on irait se mêler aux autres peuples ? Pour faire du tourisme ?"

Rétorque t-il en levant les yeux. Je commente qu’il ne répond pas la question et il m’invite à lire entre les lignes. Que rassembler les peuples n’a fait que causer du trouble et Bellarien nous voit comme le point commun des catastrophes qui ont touchés Aliaénon. Alossarh lui, avoue simplement penser qu’il faut arrêter de vouloir les unir et qu’une réunion des peuples est vaine, que chacun à sa voie et les siens.

Ses mots résonnent en moi avec intensité car c’est ce que je ressens quand je vois le groupe venant de Yuimen. Un sentiment que je délivre au sorcier.

« Il y a quelques années j’aurais soutenu le contraire mais maintenant… même quand je regarde notre groupe, je me dis que vous avez raison. J’ai compris que même avec des objectifs communs il y a de trop grandes différences entre nous pour que cela se passe bien. Pour être honnête j’hésite à faire deux trois choses dans mon coin pour ne pas avoir à expliquer pourquoi il faut le faire et me retrouver confronté à un mur. On me reproche de ne rien raconter de ce que je sais, comme si je pouvais mettre facilement des mots sur ce que j’ai vu et vécu ici alors que je n’ai connu Aliaénon qu’à travers le prisme de la guerre et des conflits… »

"Vos pairs veulent bien faire, je crois. Mais ils le font maladroitement. Ramener une étrangère ici, mais quel risque pour nous ! Je suis garant de votre présence, et je redoute maintenant de le regretter. Vous ne nous connaissez peut-être que par nos guerres et mésententes, mais je vous conjure de les mener à la raison et à la connaissance, fut-elle restreinte. Vous savez l'expérience d'un nouveau-venu sur ces terres, vous savez quelles questions ils peuvent se poser. Prévenez-les au moins des dangers, des maladresses à ne pas commettre. Des erreurs que vous avez pu faire et dont vous avez tiré des leçons."

Il soupire.

"Mais ouais, ils n'ont pas l'air beaucoup à l'écoute non plus, j'le concède. Aucun n'est venu me demander quoique ce soit après votre arrivée en tout cas. Moi qui ai pris le parti de vous accueillir ici."

Il est amer et je rétorque sur le même ton qu’ils sont trop occupés à donner des leçons et faire la morale.

« Je crois qu’ils ont un regard plus hostile envers moi maintenant, je ne pense pas qu’ils m’écouteront et le fait que je ne me sois pas pointé à leur petite réunion n’arrangera rien. »

"Entre eux, c'est ça ? Ca a l'air de bien leur ressembler : se réunir pour décider de grandes choses en en connaissant si peu. Ils devraient nous supplier, vous, les sorciers et moi, de leur donner toutes ces informations qui leur manquent."

Il pose une main sur mon épaule.

"Allez. Il ne s'agit pas d'un jeu : rejoignez-les, et soyez confiant en vos jugements et savoirs. Ca a plutôt bien fonctionné jusque là, non ?"

Il retire sa main, et regarde l'horizon.

"Puis s'ils ne vous écoutent pas, j'leur pète la gueule."

Je lâche un rire et rétorque que je pourrais bien le faire avant lui avant de reprendre mon sérieux pour l’interroger sur l’attitude de son compère qui s’est éloigné à mon arrivée. Je n’oublie pas non plus le commentaire qu’il a lâché à notre rencontre. Il répond que c’est surtout à moi qu’il en veut car il me tient pour responsable de la mort de son frère, Elurien d’Assamoth. Il me déconseille cependant d’aller le voir pour en parler, justifiant avec raison que ça n’apporterait rien de bon et de toute manière ça ne m’a pas traversé l’esprit. En revanche cette information me secoue à nouveau, réveillant des souvenirs que je préférerais oublier. Je reste un instant silencieux en ressassant ce moment passé dans la chambre d’Elurien, luttant contre Vallel qui cherchait à s’emparer de son esprit puis dans la Tour d’Orsan quand je me suis retrouvé face à un autre homme. J’ai reconnu à ce moment là les yeux du Lieutenant d’Oaxaca. Je confesse finalement avec tristesse et colère:

« Je me suis proposé pour entrer dans son esprit et tenter de le débarrasser de celui de Vallel. J’aurais vraiment voulu pouvoir le sauver… Mais quand mon sort l’a frappé pour l’ensevelir sous la Tour d’Orsan ce n’était plus Elurien. C’était bien Vallel et je ne pouvais pas permettre qu’il revienne avec les choses qui dormaient dans les sous-sols de la tour. Je regrette que ça ce soit passé de cette façon. Thensoor a aussi perdu la vie ce jour là. »

"C'est pas moi qu'il faut convaincre... Notre archisorcier avant tendance à être comme ça oui. Héroïque. Il était très aimé. Elurien aurait été un bon successeur. Visselion le sera aussi."

« Visselion semble un peu à contre courant de vous autres. »

Il répond que non et qu’il le suivrait quoiqu’il se passe, se réjouissant de ses idées innovantes. J’ajoute qu’il ne manque pas d’enthousiasme avant de diriger la conversation vers l’orbe, lui demandant ce qu’ils pourraient en faire. Il avoue qu’il ne sait pas, qu’il aimerait s’en éloigner mais que ça ne va pas être simple de le bouger de là en précisant que Simaya ne pourra pas le couvrir de sa magie indéfiniment.

« Non je pense qu’elle aimerait retourner à Esseroth … J’avais proposé aux autres de tenter de dissiper le pouvoir de l’orbe dans plusieurs objets mais l’idée n’a pas été retenue. »

Plutôt étonné, il demande si je pense que l’âme est fractionnable. Je hoche la tête.

« Je pense que l’orbe n’est que le contenant d’une énorme quantité de magie que l’on peut séparer pour atténuer son influence et diminuer sa taille. Comme pour l’âme du Sans-Visage. »

"Ah, vous avez réussi à séparer cette orbe bleuté qu'il avait en main ? C'est une bonne nouvelle alors. Nous pourrions même cacher les morceaux de cette âme rouge dans divers coins des ruines de notre cité, pour éviter qu'on les trouve."

« J’ai essayé d’en transférer la magie dans une bague mais elle a explosé. Je n’ai réussi qu’à en diminuer la taille et l’influence. C’est pour ça que je pense qu’il faudrait essayer avec plusieurs objets, pour diviser la puissance. »

"Je vois. Vous usez donc de votre magie pour ce faire. Ca pourrait mal tourner, du coup ? Mieux vaut qu'on soit loin quand vous le ferez."

J’admets que je doute que les autres aventuriers soient d’accord, avouant qu’ils n’ont sans doute pas confiance en moi. En vérité je ne suis sans doute à leurs yeux qu’un moyen pratique de se déplacer.

"Je me répète peut-être, mais vous devriez vous joindre à eux. J'entends que ça puisse vous être pénible, mais tout ça passe au-dessus de le fierté de chacun de nous. Ils doivent écouter ce que vous avez à dire. Ce n'est pas en leur tournant le dos qu'ils vous feront davantage confiance."

Il toussote.

"Enfin, à moins que vous souhaitiez le faire dans leur dos."

Je soupire. Après tout c’est déjà ce que je pensais faire à Methbe-el.

« Ce serait sans doute plus facile… »

Je réfléchis un instant, pesant finalement le pour et le contre et les contres se dévoilent assez rapidement. Je suis fatigué et je ne pourrais pas utiliser ma magie à son plein potentiel et surtout si ça foire, cela pourrait bien transformer toute la lande en endroit bien plus dévasté.

« Allez. Vous avez sans doute raison. Je vais les rejoindre. J’ignore si nous nous reverrons un jour alors faites attention à vous. »

"Oh, mais nous nous reverrons : je reste ici, et il vous faudra bien vous occuper de cet orbe. Et puis, je vous ai dit : s'ils ne vous écoutent pas, je leur casse la gueule."

Il me lâche un clin d'oeil tandis que je lui adresse un sourire avant de me diriger vers la grotte. Je ne pensais pas ce sorcier si sympathique, il faut dire qu’il s’est montré plutôt dur à notre première rencontre mais finalement je vois que c’est tout simplement quelqu’un de droit dans ses bottes et qui dit simplement ce qu’il pense comme il le pense. Le genre de gars que j’apprécie.

Après tout il a raison, ce n’est pas le moment de tourner le dos à tout le monde. Je dois prendre sur moi et comprendre ce qu’ils peuvent ressentir tout comme me l’a expliqué Alossarh. Faire un effort, c’est tout.

Mais alors que je m’approche de la réunion avec une volonté de mieux faire, la voix et le ton sec de Simaya qui parvient à mes oreilles me fait changer d’humeur. Il est question de décider à ma place comme des comploteurs et encore de cette histoire d’âme du Sans Visage. Mais merde ! Qu’est-ce qu’il leur faut pour comprendre ?! Toute ma rancoeur remonte d’un coup, prête à exploser. La seule chose qui me retient est la réaction de Simaya qui s’est interposé pour me défendre, pour s’indigner du coup bas qu’ils me préparaient. Elle se fige en me remarquant et je lui adresse un sourire réconfortant et reconnaissant. Je sais plus que jamais que je peux compter sur elle et que jamais elle ne me trahira. Des vagues d’émotions différentes et opposées me submergent. J’ai à la fois envie de la prendre dans mes bras et de hurler ma rage sur ceux qui se prétendent mes compagnons d’aventures. Bande de faux culs. Je darde mon regard neutre vers l’Ynorien qui se relève pour m’inviter à table et discuter l’air de rien tout en posant sa patte sur l’épaule de sa complice. Quel genre de crasse ont-ils encore proférés sur moi pendant mon absence ? Je ne m’installe pas, loin de là. Je reste debout à l’endroit même où je me tiens. Mon corps envoyant ses signaux clair sur ma colère et mon refus de me lier à cette troupe:

« J’ai des choses à dire en effet. Même si ce ne sont pas celles que je pensais dire en venant… J’entends que vous avez fait de l’âme du Sans-Visage un sujet préoccupant alors que je vous avais dit que c’était sous contrôle. Autrement dit je pourrais chier dans une outre ce serait la même chose. Je ne vais donc pas plus m’étendre dessus. Je vais me montrer clair sur d’autres sujets: je n’accepterai plus qu’on me fasse la leçon, pas par des comploteurs à la petite semaine. Je ne suis ni votre enfant, ni votre soldat, ni votre larbin, ni votre moyen de transport. Je n’ai aucun compte à vous rendre. L’autre chose: je ne tournerai plus le dos à une cité ou un peuple qui a besoin d’aide, encore moins si pour cela on m’argumente que nous avons mieux à faire, ou pas les moyens de le faire. Maintenant que je pense avoir mis les choses à plat je vous écoutes, inutile de m’interroger encore sur l’âme du Sans-Visage. Sortez vous ça de la tête. Mon avis est qu’il vaut mieux penser à l’orbe qui flotte au dessus de nos têtes pour que Simaya rentre chez elle. Je vous rappelle qu’elle n’a pas vu ses proches depuis qu’elle est coincée sur Yuimen. »

Je retiens une bonne partie de ma rage pour ne pas exploser ou tout simplement me barrer et les laisser découvrir le plaisir de traverser la région à pied. Ma réaction ne manque pas d’en provoquer d’autre, à commencer par la bretteuse qui se défoule sur la table pour recommencer le même discours sur mon égo alors que je ne vois même pas le rapport. Elle provoque même chez Sim’ un soupire d’agacement avant qu’elle ne s’en aille en m’adressant un signe et un mot d’encouragement. Il en faut. Parce que la semi-Shaakt déblatère une chiasse verbale qui m’irrite les sens. Ses quelques années prises trop rapidement lui ont peut être décalquer la caboche et alors qu’elle termine son énième discours moralisateur et qu’elle s’apprête à se tirer en se moquant d’un titre que je n’ai pas réclamé je me retiens de l’envoyer se faire foutre. Elle peut se barrer et emmener son amant avec elle.

Les autres retournent leurs vestes, me causant d’avantage d’agacement. Ils osent maintenant déblatérer des paroles amicales, apaisantes, mais qu’est-ce qu’ils se racontaient entre eux quand j’étais trop loin pour entendre ? Qu’ils aillent se faire foutre aussi !

Ce qui est étrange c’est que je ne suis pas surpris de la réaction de la Régicide. Fidèle à ce que j’ai vu d’elle. Elle ne perd pas le nord, recentrant la priorité en proposant une chose semblable à la mienne. Putain mais pourquoi ! Pourquoi j’ai l’impression que je peux me fier à une personne qui a assassiné celui que j’ai juré de protéger. Pourtant je ne suis pas naïf, si c’était dans son interêt elle tenterait de me tuer sans hésiter, un trait de caractère que tous ne semblent pas avoir compris ici. Un gros détail qui me force à la fois à la respecter mais également à montrer que je suis capable de me défendre et que je ne me laisse pas berner. D’ailleurs tandis que la dispute se poursuit et que je fixe Yliria sans ciller pendant un autre laïus, Silmeria décide de s’en aller pour essayer quelque chose sur l’orbe avec Visselion. Une idée louable étant donné que ça a fonctionné pour le sceau.

Je m’efforce de garder mon calme malgré l’agacement que sa voix me provoque, notamment parce que l’âme du Sans-Visage revient encore sur le tapis. Ma colère se mue en lassitude, peut être parce que j’ai finalement dit ce que je pense et que j’en suis maintenant convaincu.

« J’ai dis ce que j’avais à dire. Je ne pense pas que nous puissions former un groupe soudé et efficace. Plusieurs peut être mais nous sommes trop différents pour pouvoir fonctionner comme un groupe uni. Peut-être que je me trompe mais c’est ce que je ressens. »

Déclarais-je las mais sincère. Une nouvelle personne écrase sa main sur la table. Sans surprise il s’agit d’Akihito. Ils se sont bien trouvés ces deux là. Je lève les yeux au ciel, dépité d’entendre encore une fois le même discours et ce jugement faux sur ce que je pense. Ils ont l’air de croire que je souhaite tout contrôler. Ils ne comprennent pas que ce qui me ronge depuis Methbe-el c’est que j’ai abandonné une bataille pour la première fois de ma vie. Je n’ai pas abandonné à Esseroth, ni à Fan-Ming, ni à la Tour d’Orsan, ni dans la Tour d’Or, ni même à Luminion ou à Oranan. J’ai toujours refusé de fuir en laissant derrière moi quelqu’un et aujourd’hui je me suis laissé convaincre du contraire, fatigué de me retrouver harcelé par d’autres qui EUX sont convaincus de penser de la bonne façon !

Je les laisse partir, je leur souhaite bien du courage avec l’Elfe blanche. En d’autres termes: qu’ils se démerdent. Je soupire et m’assois sur une chaise en posant mon casque sur la table et massant mes tempes avant d’observer Ibn qui est resté effacé avec Maïssa pendant la dispute. Il y a autre chose qui me ronge l’esprit depuis que je sais que les Chevaliers se dirigent vers Messaliah.

« Je suis inquiet pour Zaria. Vous la connaissez ? »

Cette Cadi-Yangin restée à Messaliah avec les Chevaliers. Charis est avec eux aussi, en tout cas, elle avait fait ce choix quand je suis parti pour la forêt d’émeraude. Là non plus, face au Titan, je n’avais pas abandonné. Prenant exemple sur Sheeala qui s’était battue pendant plusieurs jours alors que nous étions immobiles, figés par la magie de ce géant. Sans surprise il la connait et m’apprend même que c’était son apprentie et qu’elle est à l’origine de la séparation des sorciers de feu.

"Les Sorciers de Feu de Methbe-El ont été massacrés. Sans exception. Elle était proche de Messaliah, pour sa part, mais la grande présence de Chevaliers sans Bannière a pu lui être fatale. Oui, il y a de quoi être inquiets."

Mon inquiétude est donc légitime et elle s’accroit mais je poursuis, m'adressant à Ibn tout en observant Yliria:

"Parlez nous un peu des Sans Banières. Yliria comprendra peut être pourquoi je fais autant de zèle à leur sujet."

Yliria hoche la tête et s’installe calmement, visiblement ouverte à une discussion plus sereine. Je me retiens de répondre à sa question sur les raisons qui poussent les Chevaliers à agir de la sorte, laissant Ibn répondre. Je les laisse échanger quelques mots, tout en écoutant attentivement une histoire que je connais mais également où je comprends entre les mots du Cadi-Yangin. Je sais pourquoi Messaliah est sous le sable parce que Charis me l’a raconté alors que nous étions à Arothiir.

Calmement, Yliria admet comprendre ma réaction mais garde son avis, Methbe-el ne devait pas devenir le champs de bataille de ma colère. En soi, je peux le comprendre, même si mon but était de rendre la cité à ses citoyens. J’ajoute mon grain de sel à la conversation, donnant des informations qu’aucun d’eux ne doit connaître.

« Il y a autre chose que les Chevaliers cherchent dans Messaliah. Une arme antique capable selon eux de détruire le Sans-Visage. Lors d’un précédent voyage j’ai commencé l’exploration des ruines avec d’autres aventuriers, Zaria et deux Sans-Bannières. Zaria et eux coopéraient pour accomplir chacun leurs objectifs. Nous avons dû nous arrêter, les pièges sur notre route devenant trop puissants. Mais si ils se déplacent en nombre là-bas c’est qu’ils ont trouvés quelque chose… »

Je marque une pause, puis reprend m’adressant plus personnellement à Ibn.

« Je ne pense pas qu’ils aient laisser partir une Cadi-Yangin capable de défaire les visions qui protègent la cité et je ne sais pas quel forme a pu prendre leurs coopération… »

Nous échangeons encore à propos de Messaliah avant que la conversation se dirige vers mes visions. Yliria demande si le Sans-Visage ne m’aurait pas dans une vision transmis des choses utiles.

« Il m’a juste montré où il est enfermé. J’imagine qu’en insistant je pourrais en savoir plus mais on ne s’improvise pas mage de vision. Et en parlant de vision je n’oublie pas que j’ai aperçu la reine des montagnes dans ma première vision et je me demande si ça n’a pas un lien avec Brytha. »

Je soupire.

« Un mystère de plus. »

Le fait que j’ai eu d’autres visions surprend Ibn qui se montre curieux et me pose plusieurs questions sur ce que j’ai vu et quand. je réponds:

« J’ai eu celle en arrivant sur Aliaénon où je voulais savoir ce qui s’était passé. Celle que j’ai eu au contact de l’âme du Sans-Visage où j’ai vu qu’il était enfermé dans le temple de Nagorin et celle où je vous ai vu enfermé avec notre ami végétal. »

"La première, vous l'aviez cherchée par la magie en vous, de manière risquée. Un mystère à résoudre. La seconde, il semble que c'est le Sans-Visage qui vous l'a transmise. Un objectif auquel songer ? La troisième, c'est moi qui vous l'ai induite. Une aide apportée. Quels seront vos prochaines actions ?"

Il nous observe et c’est Yliria qui répond:

« Visions mises à part, je pense que la priorité c'est trouver comment s'occuper de l'âme du titan. Puis, sans doute Messaliah, dépendant de ce qu'en pense les autres, puis on avisera ensuite, j'imagine. Difficile de se projeter quand on sait pas ce qu'il va se passer ne serait-ce que le lendemain. L'idéal serait que les visions de Xël soient des pistes solides, mais je préfère ne pas me prononcer là-dessus, ça peut aussi être des pièges. »

Je plisse les yeux, plutôt surpris que nous ayons les mêmes priorités.

« Je … Je suis d’accord. C’est ce que j’avais prévu de faire. »

"Sans une maîtrise parfaite de l'art de la vision, l'on ne saurait dire s'il s'agit ou non de pièges. Je crains n'être de peu d'utilité sur cette âme dont vous parlez, sauf si vous voyez une piste. Et si vous vous rendez à Messaliah, je viendrai avec vous. Maïssa, je crois, est présente pour vous épauler où que vous alliez, si vous acceptez sa présence."

Elle opine sobrement du chef et je remarque à nouveau sa présence. J’incline la tête dans sa direction puis répond à la bretteuse qui souhaite décider du sort de l’orbe si nous parvenons à stabiliser l’orbe à l’extérieur.

"J'ai déjà proposé d'essayer d'en scinder le pouvoir grâce à notre magie, transferant sa puissance dans plusieurs objets. Si ça fonctionne comme pour l'âme du Sans-Visage alors nous n'aurons plus un immense orbe impossible à déplacer. Une fois fait je considère que c'est aux sorciers d'Elscar'Olth de choisir quoi en faire."

« Je préfère que personne n'ait la puissance, même fractionnée, de l'âme d'un titan. Rien ne nous dit que les effets sur le long terme ne sont pas néfastes et qui sait qui pourrait s'en emparer plus tard, quand la garde aura forcément baissée avec les années ? Quoi qu'on fasse, de toute manière, ce sera à toi, Xël, de gérer nos magie combinées, t'es le seul à avoir touché une âme d'une puissance au moins similaire. »

Elle jette un œil vers la sortie de la salle avant de conclure que c’est à condition que personne ne tente quelque chose pendant que nous discutons.

« Je n’ai pas réussi à transférer la puissance de l’orbe dans un seul objet, il a explosé. Mais ça a suffit à diminuer la taille et l’influence de l’âme. Si nous y parvenons avec celle du Titan, c’est aux sorciers d’Elscarl’Oth de décider quoi en faire, pas à nous. Ce ne sont pas des enfants et rien ne nous appartient sur ce monde. »

Dis-je sans ciller avant de suivre le regard d’Yliria.

« A mon avis, il sont encore en train de peser le pour et le contre et ce n’est pas prêt de s’arrêter. C’est pour ça que nous ne pouvons pas former un groupe efficace. Chaque décision va devoir passer par l’accord de chaque personne. »

Ibn prend alors la parole mais soudain deux visions courtes mais intense me traversent l’esprit. La première me montre le Sans-Visage, mains tendues vers moi gracieusement, une aura bleutée autour de lui. La seconde, plus violente, me montre le Titan ailé, auréolé de rouge, qui lève le pied pour me piétiner. Je reviens à moi, un peu perdu, m’agrippant à ce qu’il y a de plus proche. Yliria en l’occurence, à qui je tiens le bras tout en perdant mon regard dans ses yeux inquiets qui me fixent.

« On dirait que ma première vision à débloquer une nouvelle compétence sur moi. Ça n’a rien d’agréable, je sais pas comment vous faites. »

Dis-je en quittant finalement le regard de la bretteuse pour observer Ibn et décrire ce que j’ai vu. Il hoche la tête et demande ce que je déduis de mes visions qui avaient l’air brutal.

« C’était deux visions distinctes et il y avait ce jeu de couleurs … Difficile de dire ce que ça signifie. C’est peut être un appel à l’aide du Sans-Visage et une menace des Titans sans que l’une est un lien avec l’autre. »

Je reste dubitatif, ne réagissant pas vraiment alors qu’Akihito apparaît, faisant abstraction de l’Ynorien pour écouter plus attentivement Ibn pour qui l’origine des visions est clair, ça a un lien avec l’âme du Sans-Visage. Je remarque qu’il se ravise alors qu’il s’apprête à en dire plus. Je m’apprête à l’inviter à poursuivre mais l’Ynorien m’interromps après avoir fait un point sur la situation dehors et tenter je ne sais quoi envers Yliria. Il m’interpelle, justifiant que je suis le plus calé sur les âmes de Titans et que je suis le seul à avoir réussi à altérer celle du Sans-Visage. Ça me ferait rire si je n’étais pas encore si remonté envers lui. Moi, calé en âme de Titan ? Je ne sais rien d’autre que ce que j’ai pu en voir et entendre. Des créatures à la taille démesurée, ne se préoccupant pas des humains qui peuplent ce monde, les voyants au mieux comme des insectes. De ce fait, communiquer avec eux est impossible et de ce que je sais, seul Simaya y est parvenu. Il me demande ensuite si je veux bien venir les aider avec l’orbe.

« Vous me surestimez. J’ai essayé quelque chose et ça a fonctionné, j’ai surtout eu de la chance. Et quoi que vous en pensiez c’est ce dont nous aurons besoin pour réussir, de l’audace et de la chance. Car même avec de la prudence, de la bienveillance et même de l’expérience, le moindre sort peut ensevelir une cité sous un désert brûlant. »

Dis-je en observant Ibn sans jugement, sachant que le responsable de la dévastation de Messaliah c’est lui, avant de demander.

« Dites ce que vous pensez Ibn, je suis prêt à tout entendre. »

Puis je poursuis:

« Visselion a déjà réussit à canaliser notre magie une fois, je pense qu’il peut recommencer. Transférer la magie de l’âme dans plusieurs réceptacles, c’est la seule solution qui me vient en tête pour résoudre ce problème et passer au suivant. »

Ibn s’étonne également des propos du mage de foudre.

"Altéré ? Êtes-vous sûr que l'âme du Sans-visage a été altérée par Xël ? Cela relèverait d'une puissance quasi-divine : même pour vous ça serait impressionnant."

Un peu mal à l’aise par cette dernière phrase, je me racle la gorge alors qu’il s’adresse à moi plus personnellement.

"Vous semblez être atteint d'une sagesse que je ne vous connaissais pas. Je serais presque tenté de dire que l'influence de Vakkar Ti vous est favorable."

Et plus sérieusement :

"Vous disiez que le Sans-visage vous tendait les mains, dans la vision. Il semble plus proposer de l'aide qu'en demander. Et le Titan rouge était agressif : ne serait-ce pas un indice sur l'essence des âmes que vous comparez comme si elles étaient pareilles ?"

J’entends pendant ce temps Akihito qui veut encore imposer sa façon de faire à ceux qui veulent agir sur l’orbe, Visselion y compris sans doute. Bellarien semble vouloir évacuer les réfugiés et invite Yliria à vouloir l’aider. Puis il me demande de les rejoindre à l’extérieur en me flagornant sur mes capacités. Est-ce le vrai visage d’Akihito ? Un faux cul qui veut tout contrôler, vantant les mérites de quelqu’un quand il en a besoin avant de comploter dans son dos ? Il avait raison, on se connait peu et plus je le connais moins je l’apprécie. Pour Yliria c’est différent, elle fait simplement partie de ces personnes, comme Alossarh, qui ne cachent pas ce qui pensent. Mais au final elle a visiblement accourue vers moi pour m’aider quand j’ai eu mes visions et mon corps à dû réagir de façon violente à en croire l’inquiétude dans son regard. Je pose une main sur son bras avec un regard sincère.

"Merci Yliria."

Je me relève et adresse un sourire à Ibn.

"Je ne sais pas comment le prendre. Peut être que je n'ai pas besoin du Sans Visage pour avoir de la sagesse."

Plaisantais-je en récupérant mon casque.

" Je vais voir ce qu'il se passe dehors."

Dis-je à Akihito d’un ton neutre avant de me préparer à sortir, suivi par les autres à l’exception d’Ibn. C’est bien, qu’il en profite pour se reposer, il aura besoin de toutes ses forces à Messaliah. En marchant vers la sortie la discussion se poursuite, Akihito voulant savoir si nous avons des runes qui peuvent servir au cas où les choses tournent mal. Je réponds simplement que j’ai une rune détruire ce à quoi qu’il rétorque que nous avons assez de crocs de dragon noire si nous décidons de détruire l’âme du Titan. Je reste silencieux pendant qu’ils poursuivent leur conversation et nous arrivons finalement à l’extérieur où un spectacle inattendu m’attends. Un être ténébreux à la peau grise et portant un casque étrange, ressemblant à une balance fait face à Mathis, sans rien dire, immobile.

Derrière eux je remarque des cristaux rouges dans lesquelles des silhouettes s’agitent en ne produisant aucun son. Je devine qu’il s’agit des autres personnes qui étaient dehors et mon regard se tourne alors vers cette créature étrange. Une chose est sûre ce n’est pas le Sans-Visage même si son aura est semblable au Porteur de Mort. Est-elle responsable de l’emprisonnement des autres et pourquoi Mathis a échappé à ce traitement, lui qui semble en pleine détresse ? J’ai rapidement la réponse car il s’en explique, victime d’une hallucination il a invoqué cette créature en usant de magie qui s’est révélée, comme souvent, incontrôlable. Akihito cherche à le ramener sur Aliaénon pour qu’il retourne à l’intérieur prévenir les réfugiés de ne pas sortir. Puis il s’avance vers la créature toujours immobile et silencieuse pour demander ce qu’elle est. Je reste attentif, attendant la réponse de ce porteur de balance.

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Dracaena Paletuv
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Re: Lande Noire

Message par Dracaena Paletuv » sam. 8 avr. 2023 02:58

J'étais la, assis sur un semblant de chaise, face à un semblant de table, plutôt un gros caillou aplatit et surélevé, avec un pied dans un seau d'eau.
Tout autour de moi, des gens: Mathis le beau blond, Jorus corps de dragon, Simaya la sympa, Yliria l'enflammée, Silmeria la rigolote, Maïssa la muette et Ibn le pauvre gars qui aurait bien besoin de vacances. Et, en face, président cette assemblée pleine de joie et de bonne humeur, Akihito le faux-cul.

Je jetai un coup d'oeil rapide au seau dans lequel trempaient mes racines, me demandant encore si j'avais bien fait de venir la. Après avoir quitté Zacara, j'voulais juste aller me désaltéré un bon coup ,mais Akihito nous avait mit le grapin dessus pour nous demander de se réunir afin de discuter des récents évènements et problème. J'ai beaucoup hésité. Beaucoup. Si c'était pour que ça se passe comme la "réunion" juste avant mon départ, pourquoi perdre mon temps? Tout le monde allait s'engueuler sans s'écouter, quatre conclusions différentes allaient être tirées, puis trois personnes changeraient d'avis en cours de route.

Non, vraiment, pourquoi s'embêter?

....

Parce que si personne ne se bougeait pour faire changer les choses, bah les choses ne changeraient pas. Ces gens s'en foutait de moi, et ça m'incitait pas à en avoir quelque chose à faire d'eux en retour, mais... Mais on était coincé dans la même galère. On était la, tous dans la même mouise, embarqué dans un monde différent, qu'on ne connaissait pas pour la plupart, à devoir bosser avec des gens que l'on ne connaissait pas forcément bien au passage.

A la base, j'étais venu ici pour aider, dans l'espoir que ça me débloque, que ça me fasse trouver de nouvelles pistes, de nouvelles idées, de nouvelles possibilités pour arriver à mes fins. Si au passage, je pouvais rendre service, c'était d'une pierre deux coups.

Et tirer la gueule dans mon coin ça rendrait service à personne.

Alors à ce prix la, autant les suivre. Autant les rejoindre, et au passage en profiter pour me mettre à jour sur tout ce qui c'était passé durant mon absence. Je comptais aller me renseigner de toute façon, donc autant le faire dès maintenant. De toute façon, ça ne servait à rien de m'énerver ou de me laisser accabler par la mauvaise humeur qui allait à coup sur dégouliner de partout avec cette rencontre. ça n'en valait pas le coup. Mais, peut être qu'avec les bons efforts, ça pourrait le valoir.

Erk, de toute façon, c'était mon truc de tester les trucs risqué. Alors, que ça soit socialement ou pas...

J'eu juste le temps de remplir mon seau (clairement le cadeau le plus utile qu'on m'ait fait depuis le début de cette histoire... enfin ,ça et les fioles de salive miracle), et de suivre les autres jusqu'au lieu donné.

Et donc ,j'étais la. En train de boire, tranquillement, sans chercher à m'énerver, juste à attendre de pouvoir poser mes questions, et dire ce que j'avais à dire.

Akihito engagea les hostilités avec une grande présentation, un rappel de notre situation: 3 jours que nous sommes arrivé, on a vu passer beaaaucoup de chose peu classique, tout le monde manque d'info, on a du mal à communiquer...


Très sincèrement, je m'attendais à ce qu'il parte dans un discours à base de désir d'aider le monde, d'auto flagellation, de pointage de doigt vers les autres saupoudré d'un petit désir de tout contrôler, mais... non. Tout ce qu'il disait était plutôt honnête, j'étais globalement d'accord avec lui. Il prenait le temps de parler des soucis autours de chacun, lui inclut, sans animosité. Bon, il prenait clairement un peu trop de gant à mon gout et c'était agaçant, mais sinon, ce qu'il disait était correct.

Et à ma grande surprise...


"De ce que je sais, Dracaena n'a pas été mieux lotit niveau communication puisqu'on l'a successivement laissé se débrouiller à Esseroth avant de l'envoyer seul dans un désert."

A défaut d'avoir un sourcil à lever, un de mes yeux changea de taille sur le moment. L'entendre me citer comme ça, sans dédain ,sans agacement, et reconnaitre qu'on m'avait effectivement laisser me débrouiller seul sans chercher à vraiment communiquer avec moi, c'était... ouais, surprenant.
Où était passé ce petit homme dévoré par la frustration qui me menaçait de me frapper pour avoir oser parler de façon sèche avec lui? Cette personne qui semblait incapable de se remettre en question, qui laissait ses émotions le dominer, qui était désespérément à la recherche d'un coupable pour ses problèmes, que ça soit lui ou le premier non conforme à ses yeux qui passait à porté?

Etait-ce bien la même personne qui, dans le désert, m'avait prouvé à reprise qu'il n'était pas prêt à écouter ou a essayer de comprendre mon point de vue?

Comme quoi... J'avais raison de penser que tout le monde pouvait changer pour le mieux. Et rapidement en plus. A croire que tous les évènements récents l'avaient assez secoué pour qu'il envisage de voir les choses d'un autre point de vue.

Certes, je n'allais pas lui faire de câlin ou le laisser me caresser l'étamine pour ça, mais vraiment, j'appréciais la différence.

Il continua sur ça lancé en parlant aussi de la réputation de Silméria, qui... bah, ne me disait rien, mais je m'y connaissais pas trop en star et célébrité. Faudrait que j'en demande plus à l'occasion.

Il finit par conclure sur un point que je ne pouvais qu'approuver: on a une horreur comme le dragon noir à affronter, et on va devoir apprendre à se gérer les uns les autres si on veut y arriver! Je pris même le temps d'hocher la tête, pour manifester mon accord avec l'objectif....C'éééééééééééééétait juste un peu beaucoup dommage qu'on soit pas tous au complet pour parler de ça.

A l'appel, manquait Xël, et... bah y avait aussi des choses à voir avec lui, que ça soit niveau relationnel, évènement récent ou pétage de dragon noir. Selon Akihito, il n'avait pas voulu venir à cause de l'ambiance du groupe, et je comprenais pourquoi, mais ça aurait été bien de chercher à le convaincre à plusieurs à la limites, plutôt que de faire ça sans lui.
J'avais envie de croire à cette action, mais déjà, ça commençait mal. M'enfin, je mentionnerais ça lorsque ça sera le moment pour. Car la, après le discours d'Akihito, on enchaina sur la transmission d'information manquante.

Et par les fesses de Fearadhach, il y en avait, des choses à raconter!

J'en appris plus sur la situation Elscarl’Oth, même sur sa politique. J'eu quelques infos aussi sur le dragon noir, la bataille avec le titan ailé, mais ça ne rentrait pas trop dans les détails, comme s'ils avaient oublié que quatre d'entre nous n'étaient pas présent pour voir tout le spectacle. En tout cas la grosse bête aurait fusionnée/bouffé avec une déesse du nom de Brytha, déesse qui avait réussi à lui faire bobo dans le passé avec son épée. Aussi, la magie de ce monde était puissante, mais visiblement plusieurs Yuimeniens pouvaient se canaliser pour la rendre encore plus puissante. C'était intéressant tout ça, mais encore une fois pas très précis. Un bout de l'âme du Sans-visage était désormais aussi en possession de Xël, me faisant réaliser l'ironie du fait qu'il ait parlé avec les sans-manière un peu plus tôt.

S'ils avaient su qu'un bout de la source de leur haine fanatique se dandinait devant eux...

Je notais dans un coin de ma tête tout ce qui me semblait vraiment le plus important, et j'en profitai pour mettre tout le monde au jus concernant Methbe-El et ce que j'avais appris la bas, sur les sans bannières et sur les Cadi Yangin. J'en profitai aussi pour faire une présentation plus poussée de Maïssa, sans trop rentrer dans les détails de ses capacités. Elle me tapa un peu le bras, me faisant signe qu'elle était visiblement okay pour que j'explique clairement son pouvoir... enfin, ce que j'en avais compris. Mais, je n'eus pas le temps d'engager sur le sujet, car déjà, la suite de la discussion s'engagea:


"Donc... de ce qui a été dit, voilà ce que je pense qui peut être résumé.
Nous avons deux priorités : Xël et les Sans Bannières. Le lien de Xël avec le Sans Visage est au mieux préoccupant, et il faut le clarifier; les Sans Bannières risquent eux de mettre le foutoir si ils mettent la main sur l'arme de Messaliah, quelle qu'elle soit. Problèmes : ni l'un ni les autres ne vont gentiment nous écouter, et l'endroit dans lequel se rendent les Sans Bannières n'a pas l'air des plus accueillants.
De ce que je comprend, Dracaena, Methbe-El est pour l'instant hors de danger puisque libéré de ses occupants Sans Bannières, tourne la tête vers Maïssa pour avoir sa confirmation, donc on peut la mettre de côté pour l'instant. Pareil pour Elscar'Olth : le danger immédiat est écarté et faire de l'ingérence politique me plaît pas vraiment, ni ne me semble urgent. Arthim Olth est elle une destination qu'on envisagera peut être plus tard.
Simaya, Ibn -rassuré de voir que vous allez mieux-, vous avez des précisions à apporter ?"



Jorus parla de contenir l'âme du titan... mais je ne comprenais pas bien, cette dernière n'était donc pas entre les mains de Xël? Ou il s'agissait d'autre chose? Silméria, elle, parla justement du risque que l'humain se fasse hypnotiser lui aussi par le fragment, comme Simaya l'avait été dans le passé. Simaya qui... était bien silencieuse d'ailleurs. Son regard me rappelait un peu celui qu'elle avait eu à l'auberge d'Esseroth... Peut être qu'un des (nombreux) sujets mentionné avait touché une corde sensible?


"Si celui-ci est néfaste comme l'est l'âme, le fragment devra rester en sécurité jusqu'à ce qu'on puisse trouver un moyen de le contenir. Je touche du bois. "

Silméria venait de tapoter bruyamment mon épaule en déclarant ça. Ce qui était... très drôle. Réellement. La blague me fit lâcher un ricanement complètement sincère, et un signe d'approbation envers la blonde. Elle était rigolote la Silméria. On pourrait penser qu'à faire des blagues sur mon statut de végétal, elle n'était pas très respectueuse, mais au contraire. J'avais pu l'observer un petit peu, et elle était visiblement comme ça avec tout le monde: joueuse, cabotine, à ne pas se prendre la tête sur ce qu'une personne est, juste constater et s'amuser de cela. Et elle ne semblait pas en avoir grand chose à faire des regards agacé ou méfiant qui lui était régulièrement lancé.

J'appréciais vraiment ça, le fait d'assumer ce qu'elle était, et d'accepter qu'un peu de légèreté n'était jamais de trop!

Elle était aussi très tactile, et ça c'était aussi plaisant. Les oudios hésitaient à me toucher à cause de mes brûlures, les êtres de chair avaient tendance à vite me tripoter sans mon accord, poussé par la curiosité. Silméria, elle, collait visiblement ses doigts sur tout et tout le monde, sans exception ni distinction. C'était sympa d'être traité au même niveau que les autres, par moment.


En tout cas, la discussion continua, et prit une direction quelques peu... dérangeante. ça s'attardait sur Xël, son fragment du Sans-visage, comment le lui prendre, le sceller, le fait qu'il voulait absolument aller en guerre contre les sans-manières, et que c'était pas bien, que c'était pas nos affaire, etc, etc.
Yliria en particulier, qui avait pourtant débuté par des excuses concernant son comportement trop agressif et autoritaire, semblait la plus persuadé qu'on ne pouvait pas l'écouter, et qu'il fallait uniquement se concentrer sur le dragon noir pour le moment.


C'était....dérangeant. Je repensais à la petite discussion que j'avais eu avec le mage aux portails, quand on marchait dans les landes noires. Il s'étalait pas dans les paroles, pour sur, mais il semblait très sincère quand il s'agissait de ce monde. On sentait son affection pour Aliaénon , quelque chose qui m'avait rassuré à l'époque, vu que j'avais l'impression d'être le seul à apprécier cet endroit. Ou en tout cas ne pas le considérer comme juste "Pas Yuimen". Un monde est un monde après tout, les gens sont des gens, et le bois brûle partout pareil...

Entre les discussions avec Simaya, l'archivistes d'Esseroth, tout le tintouin, j'avais bien compris que le Xël avait trimé pour cet endroit. Et qu'il avait pas mal interagit avec les titans. Je repensais aux excuses qu'il m'avait fait, plus tôt, au fait qu'il avait l'air de bien connaitre les sans-manières...

ça devait être dur tout ça pour lui... Voir les titans avec qui il avait interagit mourir, voir des fanatiques l'ayant attaqué dans le passé proliférer, voir des villes risquer la destructions...

Quand j'écoutais les autres, j'avais vraiment l'impression que son avis à lui, personne ne l'avais prit. Ou en tout cas écouté. Alors, oui, c'est sur, l'âme du sans-visage avait ptet une influence sur lui... Mais la, le Xël, on le voyait pas les yeux vitreux contempler son fragment d'âme tout en attaquant tous ceux qui essayaient de s'approcher non? Et puis même, l'âme du sans-visage, si elle veut survivre, pourquoi elle voudrait aller confronter les sans-manières? Ces derniers veulent la tuer non, donc à la place elle devrait plutôt chercher à se planquer, ou rameuter une plus grosse aide pour lui permettre de les éliminer...

Non, vraiment, j'étais pas sur que l'âme l'influençait tant que ça. Et les autres répétaient "il a l'air de leur en vouloir, il veut se venger, blablabla"... Bah... Y avait ptet une raison? Plus j'y pensais, et plus l'absence de sa présence dans la pièce me frappait...

Les mots d'Yliria dans le désert se mirent à résonner dans ma tête. "Une équipe". Ouais, j'y croyais pas à cette histoire d'équipe, mais j'étais venu dans l'optique, l'espoir d'aider vers une mise en place d'un vrai principe de travail en groupe. Dire ce qu'on à a dire, de bien ou de mal, le régler, puis passer à la suite ensemble. Mais la, plutôt que de voir tout le monde parler de ses soucis avec les autres présent, ça parlait uniquement des soucis avec... Xël. Qui n'était pas la.

...

Akihito avait de bonnes intentions avec cette réunion. ça, j'avais pu le constater. Mais clairement, l'exécution, la direction que ça prenait, c'était mauvais. ça allait juste être ça? On met en place des plans dans le dos des absents en partant du principe qu'ils ont torts? Sans vraiment chercher à leur demander avant? S'ils pensaient que Xël était zinzin juste parce qu'il voulait se concentrer sur une menace potentiellement plus immédiate que le dragon (qu'on ne savait pas comment affronter d'ailleurs), alors bon sang bonne sève, heureusement que je leur avais pas parlé de mes objectifs à moi!

Je savais ce que c'étais d'être le "fou de service". D'être le bizarre, celui qui pense pas comme tout le monde. Est ce que ça voulait dire que j'avais tort?

Non, bien sur que non.

Si l'avais de la masse était forcément celui de la vérité, alors l'existence serait vraiment plus injuste qu'elle ne l'est déjà.

Je n'allais pas laisser cette réunion continuer sans qu'on parle des choses qui fâchent. Ce groupe avait une chance de pouvoir se reformer, renaitre de ses cendres et partir sur de meilleures bases, comme le disait Akihito. Quelqu'un allait devoir jouer les rabat-joie. Et clairement, j'étais le seul à avoir assez consciences de la situation pour le faire.Avec de la chances, ils comprendraient tous vite.

Sans hausser le ton, ou quoi que ce soit, je parlai de la façon la plus détendue qui soit. Quitte à dire des choses qu'on veut pas entendre, ça valait pas le coup s'égosiller en le faisant.


"...J'avoue qu'entendre ces histoires d'"équipe" m'a bien fait rire. Pas de cohésion, pas de vraie organisation, tout le monde sautant vers ce qui lui semble le plus important et le plus urgent, sans réellement s'attarder sur l'avis des autres... "On a pas le temps", "On a pas le temps", qu'est ce que ça a été répété, mais au fond, qui sait vraiment le temps qu'on avait pour quoi que ce soit... Pas'que bon, si on avait pas l'temps d'rester une heure de plus mettre à l'abri Bassem ou autre à Methbe-El, mais du coup, on s'est pressé de revn'ir pour quoi? Parler du fait qu'on a pas de plan? Soigner m'sieur Sabbar, ça c'est sur, il fallait pas tarder, mais on aurait pas pu s'organiser un minimum ?

Nan, sans mentir, quand j'vois qu'au final les gens qui étaient les plus pressé d'rev'nir sont pas particulièrement venu s'intéresser à l'était du pauvre homme, et ont pas vraiment expliqué s'qu'il y avait d'si urgent à faire ici...


C'était important de leur faire réaliser ça. Ce sentiment d'urgence, il nous avait déjà pas mal pourri. Techniquement, c'est à cause de lui qu'on m'avait laissé derrière à Esseroth, c'est à cause de lui qu'on avait finit par prendre aller dans des portails sans prendre le temps de vraiment se préparer. Il n'y avait même plus la menace d'un titan à proximité pour justifier le fait de se presser. Faire vite, oui, mais parfois pour faire bien les choses on doit accepter de prendre du temps.

Et pour m'sieur Sabbar... J'avais de la peine pour lui. Il était la, assis au milieu de nous, un peu paumé, sans que personne n'ait vraiment prit le temps de s'attarder sur son cas. Tout ce tintouin pour aller le chercher lui, et finalement le laisser seul dans son coin...

J'peux comprendre que m'sieur Xël soit pas v'nu à cette p'tite sauterie. Et pour être honnête : j'ai faillit pas v'nir non plus.

Après tout, vous parlez d'lui et de « l'influence de l'âme du Sans-visage » sur sa personne. Mais... Et s'il avait juste raison concernant Methbe-El et l'reste ? Est s'que c'est vraiment l'âme qui parle à sa place ? Ptet que les sans-manières sont vraiment plus dang'reux qu'on l'imagine?
De s'qu'il m'avait dit, il a eu l'occasion de voir des villes de ce monde se faire dévaster, qu'il est arrivé "trop tard" plus d'une fois. Est ce que c'est pas juste un traumatisme (justifié) et l'expérience qui parle? Après tout, de s'que j'sais, de tous les Yuimenien c'est celui qui connaît mieux ce monde au final, qui y a passé l'plus de temps.

M'sieur Akihito, il vous a dit quoi précisément quand il a refusé d'venir? C'était quoi ses raisons? Ses arguments?


Puisque bon, finalement, à part "il n'a pas voulu venir", on ne savait rien des raisons de son refus. Ptet qu'il avait refusé d'en parlé, mais je trouvais ça un peu... surprenant. Il ne semblait pas cacher ses raisons ou ses motivations à Methbe-El, pourquoi changer d'avis maintenant?


Bref, j'approuve l'idée qu'si on veut s'en sortir, on doit essayer de r'partir sur de bonnes bases. De vraies bases. Mais pour l'moment, on peut tergiverser , s'excuser ou s'expliquer autant qu'on veut, tant qu'on aura pas réussi à réunir "l'équipe" complète, on arrivera à rien. Pour moi, la priorité c'est d'aller régler le problème de m'sieur Xël, AVEC monsieur Xël. Qu'il siphonné d'la tête par l'âme du Sans-visage, ou qu'il est de bonne raison d'faire la gueule...

En parlant d'l'âme Sans-visage d'ailleurs, z'êtes pas vraiment rentré dans les détails à ce sujet, mais si j'comprends bien, la saleté suceuse d'âme en a bouffée un morceau et Xël à l'reste, c'est ça ?

Autre truc sur qui manque de détail : les seaux la, ici, à Elscar'Oth, ça c'est réglé comment s't'affaire ? Y a un nouveau sceau qui fait l'boulot des anciens, c'est ça ? On est sur qu'c'est sans danger s'te solution ?


Autre preuve qu'on prenait pas le temps de s'écouter: on avait essayer de faire la liste des infos manquantes, mais au final, personne n'avait réellement expliqué ce qui c'était concrètement passé durant mon absence et celle de Jorus.
Je marquai une petite pause, afin de réorganiser mes idées. L'eau du seau était agréable, très minérale, avec un petit gout de je ne sais quoi, ça m'aidait à ne pas m'emballer. Pas de raison de trop s'étaler sur ce qui ne va pas, fallait aussi participer au fait de faire avancer notre objectif principal:


« Bon, concernant la source d'une bonne partie d'nos emmerde, c'est à dire le Dragon noir : avant d'chercher à se rendre la où s'ront ses prochaines cibles, ça s'rait ptet bien de trouver d'abord une façon d'l'atteindre. Concrètement, quelqu'un sais s'qui peut l'blesser, en dehors de l'épée mentionnée par m'dame Silméria et potentiellement d'l'arme des Cadi Yangins ? Un type de matériaux particulier ? ...Ptet des morceaux de titan ? On en a un gros paquet qui traine d'vant la grotte...

Et m'sieur Mathis, j'suis passé à l'archive d'Esseroth. Ils avaient pas plus d'info qu'ça sur les titans, fautes de vraies interactions avec ces derniers. »


Puisque bon, courir après le dragon noir, c'était bien mignon, mais si on y allait les mains dans les poches, on aurait tous l'air bien bête face à la bête, incapable de lui faire quoi que ce soit. Ironiquement, tout plein de vengeance et siphonné qu'il était sensé être le Xël, c'était le seul à avoir proposer une solution concrète pour ça avec l'arme de Messaliah. Si le seul truc connu pour avoir blessé la bestiole c'était l'épée d'une déesse, alors se faire des armes en titan c'était ptet pas déconnant.
J'en savais suffisamment sur le dragon noir pour savoir à quel point cette horreur ne voulait pas mourir. Quelque part, c'était bien dommage que le titan ailé n'ait pas réussi à lui couper une patte ou autre: j'étais presque sur que la meilleure arme contre ce truc suceur d'âme c'était son propre corps.

Peut être que son on réussissait à le faire se mordre lui même...

Kreh, ouais, ça me semblait un peu compliqué...

Dans tout ça, Akihito prit rapidement le temps de m'expliquer l'ordre des évènements de la batailles contre le titan, éclaircissant vachement plus ma lanterne, un grand merci à lui. Je réalisai que je n'avais même pas répondu à la question qu'il m'avait posé au tout début:

"Pour répondre à vot' question m'sieur Akihito, nan, ça m'étonnerais qu'Methbe-El soit hors de danger. Comme j'ai dis, y a sûrement des sans-manières qui traînent encore la bas, et suffit qu'ils aient la possibilité d'envoyer un message à leurs copains concernant la p'tite évasion organisée la bas et j'pense que la ville prendra chère.

Mais ça, c'est qu'm'on avis. Maïssa, toi tu pense qu'on devrait vite r'trouner à Methbe-El ?


Je me tournai vers Maïssa, attendant sa réponse. Après tout, ça restait elle la plus concernée par tout ça. Mais, au milieu de ce silence, je remarquai quelque chose. Les visages autour de moi s'étaient... fermé. Yeux écarquillés, froncement de sourcils, doigt sur les tempes... ou doigts dansant. Ceux d'Yliria pour être précis, qui frappaient en rythme la table de pierre ,l'un après l'autre. Un tic marrant, que je connaissais bien. Et qui voulait dire... agacement. Colère. Enervement. Et effectivement, vu la tête qu'elle tirait, elle bouillonnait la petite.

Forcément, vu mes propos, elle allait se sentir visée, ça je m'y attendais. Je n'avais rien contre elle et je ne la visais pas plus qu'une autre, mais elle était la plus vocale concernant l'opposition à Xël et le fait de le mettre à part. Elle allait probablement s'énerver, maaaais vu qu'elle s'était excusée de son coté agressif et impulsif juste avant, y avait des chances qu'elle se contienne juste et accepte de répondre calmement à tout ça. Enfin, le plus calmement possible en tout cas.

Mais de la colère vint bien briser le silence.

Juste... pas de l'être de chair auquel je pensais.

"Il y a bien trop de raccourcis dangereux et faciles dans les conclusions que vous faites des informations que vous détenez. commença à dire Simaya, d'un ton sec et tristement familier. Dans la plupart des cas, vous ne voyez que la partie émergée de la situation. Nous comptons tous sur vous, ici sur Aliaénon, pour votre secours sur la situation du Dragon Noir, mais il est des sujets sur lesquels vous ne devez pas intervenir, ou conclure trop vite des sentences inappropriées. Les raisons des Chevaliers sans-bannière, la politique d'Elscar'Olth... Je suis contente que certains l'aient compris.

Paaas forcément d'accord sur tout mais bon.

J'approuve le but de cette discussion, mais elle ne peut se mener dans un tel chaos et dans une telle tension. Réglez les soucis entre vous avant de vouloir vous attaquer à des problèmes externes, sinon jamais rien ne marchera.

Sur ça, par contre ,on était d'accord.

Ce que je n'accepte pas, en revanche, c'est que vous pensiez pouvoir décider pour Xël sans même qu'il soit présent, comme des comploteurs à la petite semaine. Pour bien des raisons, c'est grâce à lui que nous sommes tous ici, aujourd'hui. Et pas que par ses portails. Vous craignez une influence sur Sans-Visage sur lui. Mais qui mieux que lui pour la subir ?

Sur ça aussi on était d'accord. Franchement, ça faisait plaisir de voir que j'étais pas le seul à voir le coté dérangeant de la situation.

Je me retire donc : ma place n'est pas à cette table avec vous. Si vous avez des questions précises à aborder avec moi, j'y répondrai. Mais en attendant, vous poursuivrez sans moi."

Ah, ouais, non ça j'étais moins pour. Au lieu de partir, il valait mieux rester, essayer d'aider le problème à se régler. Mais elle n'eut pas le temps de s'en aller que Xël arriva, avec un timing théâtralement parfait.

Et il ne semblait... pas de bonne humeur non plus.

« J’entends que vous avez fait de l’âme du Sans-Visage un sujet préoccupant alors que je vous avais dit que c’était sous contrôle. Autrement dis je pourrais chier dans une outre ce serait la même chose. Je ne vais donc pas plus m’étendre dessus. Je vais me montrer clair sur d’autres sujets: je n’accepterai plus qu’on me fasse la leçon, pas par des comploteurs à la petite semaine. Je ne suis ni votre enfant, ni votre soldat, ni votre larbin, ni votre moyen de transport. Je n’ai aucun compte à vous rendre. L’autre chose: je ne tournerai plus le dos à une cité ou un peuple qui a besoin d’aide, encore moins si pour cela on m’argumente que nous avons mieux à faire, ou pas les moyens de le faire. Maintenant que je pense avoir mises les choses à plat je vous écoutes, inutile de m’interroger encore sur l’âme du Sans-Visage. Sortez vous ça de la tête. Mon avis est qu’il vaut mieux penser à l’orbe qui flotte au dessus de nos têtes pour que Simaya rentre chez elle. Je vous rappelle qu’elle n’a pas vu ses proches depuis qu’elle est coincée sur Yuimen. »


Ha. Pour sur, c'était sec. Froid. Mais incompréhensible? Non, pas des masses. Je réalisai sur le coup qu'il avait probablement refusé de venir à cette "réunion" de peur de se retrouver seul contre tous accablé de reproche. Au final, il était venu prouver mes dires. Si j'étais du genre à sortir "j'vous l'avais bien dit", je l'aurais surement fait.

...

Bon, ok, j'étais du genre à sortir "j'vous l'avais bien dit", mais la, ça sera malvenu.
Dans tous les cas, il avait dit ce qu'il avait à dire, mais il était la, donc, au moins on pouvait faire avancer les choses. En tout cas c'est ce que j'aurais cru. Mais ce fut le moment où Yliria finit par exploser. Frappant la table avec violence, elle vocifera, hurla sur Xël, lui reprochant... tout ce sur quoi on avait pas son avis au final. Critiquant ses raisons, ses actions, encore une fois sans lui demander ses raisons...Et, dans la plus grande ironie, en lui reprochant de ne pas travailler en groupe.

Elle semblait du genre à vite s'énerver, à pas toujours réfléchir avant de parler, et la je le voyais bien. Tous ces efforts pour s'excuser au début pour retomber dans les même mauvais travers. Mais c'était une erreur, et tous les débiles de dieux savent bien que tous les êtres vivants en font. A force, je me demandais s'il n'y avait pas eu autre chose entre Xël et Yliria, qui aurait pu attiser toute cette colère? Un passé commun? Une discussion en aparté ayant mal tournée, comme celle que j'avais eu avec Akihito? Ou peut être qu'il lui rappelait quelqu'un? Ou ses propres erreurs?

Mais je n'eu pas le temps de m'attarder sur ces réflexions, car soudainement, le regard plein de colère de la femme aux cheveux blancs se dirigea... Sur moi.


- Tu veux une équipe ? Tu veux de la cohésion ? c'est facile, faut juste arrêter de rester dans son coin et faut penser à ce qui est le mieux pour le groupe au lieu de ce que tu penses être le mieux pour toi ou faire comme si l'avis des autres ne compte pas, mais, visiblement, c'est trop dur à comprendre pour certains d'entre vous. Bon courage avec ça.

Au final, j'avais juste été utilisé comme base pour tacler tout le reste du groupe sans donner de réel nom. ça n'était ni très sensé, ni très pragmatique, ni très mature comme réaction. Evidemment qu'il fallait mettre ses avis de coté pour le bien du groupe, mais il y avait une façon de faire les choses. Et son avis a elle n'était pas l'avis du groupe jusqu'à nouvel ordre.

Elle ne voulait pas qu'on s'embête avec Methbe-El par exemple, tout comme Mathis, mais Xël et moi pensions que c'était important. Du coup, c'est lequel qui est "l'avis du groupe" dans ce cas? Il fallait en parler en discuter, sérieusement, comparé le point de vue de chacun, essayé de trouvé un foutu compromis! Mais pas juste dire "C'est vous qui aidez pas le groupe pas moi" en hurlant.

Bon, elle était en colère, mais ça va c'était pas comme si elle allait se barrer maintenant que tout le monde était...

.........

Oh, bon sang de bonne sève, elle était en train de se barrer. La, comme ça, après avoir balancer une énorme pique (verbale heureusement) au visage de Xël, elle se mit à ramasser ses affaires, et s'en aller.

A la limite, Simaya, j'approuvais pas, mais elle était pas directement concernée par nos problèmes de Yuimeniens.

Yliria si par contre...


Sérieusement? Il fallait juste ça pour qu'elle craque et laisse tomber? Que UNE personne ne soit pas d'accord avec elle? Mais... C'est pas possible, elle avait réellement un truc avec Xël, il lui rappelait son père ou je sais pas quoi, mais... SERIEUSEMENT?!

Tous ces discours, tout ce blabla, toutes ces excuses, pour juste... s'en aller de rage à la première complication?!

....

Et c'était "ça" qui reprochait aux autres de pas savoir mettre son avis de coté pour le groupe?!

Oh, je détestais ça. Le genre de personne à l'ouvrir, à agir "pour le bien de tous", mais à refuser de mettre les mains dans la mélasse sociale, à accepter de faire face à ses propres défauts et confronter les autres. Yliria avait l'occasion de s'énerver, hurler tout ce qui lui posait problème dans l'équipe, afin de faire avancer les choses, et elle choisissait la fuite. Elle choisissait l'abandon.

Mais elle espérait quoi en fait? Que du coup, tout serait réglé quand elle reviendrait? Qu'elle pourrait gérer le dragon noir à elle seule? Qu'elle retournerait sans conséquence tranquillou sur Yuimen?

Que j'allais la laisser partir sans rien dire?!

Soit! Elle voulait agir comme une enfant.

J'allais la traiter comme tel.


"Et la, vous me donnez donc un super exemple de "cohésion" et "d'agir en équipe" en vous barrant pleine de colère au premier propos qui vous dérange pour aller "dans votre coin". C'est "mieux pour le groupe" ça? J'imagine donc que s'excuser pour un mauvais comportement et reprendre le même comportement immédiatement après, ce n'est pas "faire ce que tu pense être le mieux pour toi"?

Si vous avez un problème avec m'sieur Xël
je pris le temps de lui faire coucou de la main, moi, ou avec qui qu'se soit d'autre, réglez ça maintenant! Tous, parlez, vociférez, dites s'que vous avez sur le cœur, mais surtout , pour l'amour du dieu débile de votre choix: essayez un peu d'écouter les autres en retour! "

Mon ton était calme, car ça ne méritait pas que je le hausse. Mais le coté accusateur dans mes propos, lui, était clair. J'aurais pu aller plus loin, mais du coin de l'oeil, je remarquai que Maïssa commençait à se crisper, la tension ambiante l'affectant plus que je ne l'imaginais.

"Désolé Maïssa, s'pas agréable, mais y a un tas d'abcès à éclater la. Tu tiens le coup?"

J'étais sincèrement embêté pour elle, mais je n'allais pas faire machine arrière. On allait régler tout ça, et on allait le régler maintenant. Si Yliria restait et assumait ses actions, on pourrait tous aller de l'avant. Si elle décidait de tout de même partir, alors elle prouverait juste à tous l'hypocrisie dans laquelle elle allait s'enfermer.
Vous imaginez un peu? Qu'on lui dise un mot de travers devant le dragon noir et qu'elle décide de tourner les talons? Il fallait que je sache si elle avait assez de recul envers elle même pour lui faire confiance ou non.

Et, fort heureusement, elle fit le bon choix: Elle resta. Mieux encore: elle suivit mon conseil. Elle répondit. Elle déversa toute sa haine, tout ce qu'elle avait sur le ventre, envers et contre Xël. Elle donna ses raisons sur son désaccord concernant le potentiel assassinat des sans-manières, sur un manque de réflexion de sa part... Puis, elle se tourna vers moi.

Ce regard...

Ooooooooh, ce regard.

Je le connaissais bien.

De la colère. De l'agacement. Du mépris.

De la sincérité. De l'honnêteté. Une colère pure, réelle, pas limité par une stupide étiquette sociale. Juste ce qu'elle pense, purement et durement.

J'étais prêt à tout recevoir.


- Et toi si t’étais aussi investi à participer qu’à lancer des répliques cinglantes, peut-être qu’on aurait une cohésion de groupe. Parce que, à ce que je sache, t’es le premier à être parti dans ton coin, deux fois. Ici et à Esseroth. Plusieurs fois j’ai exprimé mon désaccord concernant l’idée de vous envoyer seuls, mais est-ce que vous avez ne serait-ce qu’écouté ? non, t’étais trop occupé à hurler que c’est trop bien les mages de feu, alors viens pas me dire d’écouter quand t’es pas capable d’ouvrir tes esgourdes et que t’arrives à te plaindre du manque de cohésion quand t’as pas aidé à en créer en premier lieu. Tu sais pointer du doigt, mais t’as pas l’air de savoir admettre tes propres lacunes. Mes excuses étaient sincères, parce que j’admets mes erreurs et que mon comportement n’a pas aidé, mais je vais certainement pas me laisser marcher dessus par une bande d’hypocrites pas foutu d’utiliser leur cervelle tout en se permettant de blâmer les autres pour des choses dont ils sont également responsables !

Khéhé....Khéhéhé....Khéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhéhé!
Oh, cette voix!

Oh, ce cri!

Oh, ces reproches!

Oh, ce CULOT!

Voila, elle avait enfin parlée, elle avait enfin arrêter de prétendre que je ne la dérangeais pas. Je m'en doutais, je le savais, maintenant, j'avais les détails. Et Fearadhach, oh, grand, stupide, sectaire Fearadhach , que cette femme était culoté de me faire de tel reproche.
Je n'avais pas participé à la cohésion de groupe? Je n'avais rien fait de mon coté? Je parlais juste et je restais dans mon coin?
Sérieusement?
SERIEUSEMENT?
KAHAHAHAHAHAHAHA!

J'étais le seul à avoir penser à demander si on était bien équipé et si on avait de quoi soigner à Esseroth. J'avais essayé d'aller vers les membres qui semblaient isolés ou déprimé durant notre voyage, m'inquiétant pour eux. J'avais participé aux réunions, mise en place de plan et autre pour faire avancer l'équipe. J'avais accepté de venir à CETTE réunion précise, alors qu'elle me dérangeait, pour faire avancer l'équipe. Je lui ai demandé de dire ce qu'elle pense pas pour le plaisir de me faire engueuler mais pour qu'on puisse avancer sur des bases saines, sans non dit, sans hypocrisie!

J'avais dit tout haut ce que les autres pensaient tout bas.

Par contre, s'il y a un truc que je n'avais jamais fait, c'était reprocher aux autres ce qui m'était arrivé à Methbe-El. J'avais blamer Akihito et les autres de m'avoir ignoré jusqu'aux collines oubliés, et c'était vrai. Est ce que je leur en ait tenu rigueur? Non? Est ce que j'ai essayé de les faire payer pour? Non. J'ai laissé mon excitation prendre le meilleur de moi même pour mon voyage à Methbe-El, et je m'en suis excusé. Mais ça, elle ne s'en souvient probablement pas.

Ou elle ne s'en rend pas compte.

Car s'il y a bien une chose que je réalise dans toute cette beuglante, c'est qu'au final, il y a beaucoup d'interprétation à mes actions, à mes pensées, à ma personne... Yliria parle de chose que je n'ai pas dit, pas faite, comme si c'était la réalité. Plutôt que d'écouter le fond de mes propos, elle retiens surtout le coté reproche. Plutôt que de remarquer que j'ai reconnu mes erreurs, elle me les frotte au visage comme si je m'en cachais.

Tiens, c'est marrant. On dirait presque que c'est EXACTEMENT ce que je reprochais à cette "équipe".

"Tu sais pointer du doigt mais tu n'admets pas", si très chère, si si. Et je fais même un truc de plus: quand je m'excuse de quelque chose, j'essaie de ne pas refaire la même bêtise.

Pas comme vous très chère, qui vous excusez de sauter à la gorge des gens, pour sauter à la gorge des gens.

C'est amusant non.

La tignasse blanche continue de s'égosiller, parlant du coté tragique de son passé, des choses qu'elle a sacrifié pour être ici. Dure vie qu'est la sienne, pour sur. Quelle dommage qu'elle ne semble pas considérer que d'autre ont aussi une vie tragique.


Quel est donc cet être qui s'agite sous mes yeux au final? Une enfant dans un corps d'adulte? Une guerrière épuisées par trop d'horreur? Une personne qui veut bien faire mais détruit plus qu'elle ne répare?

Une hypocrite?

Oui. Une hypocrite. Qui blâme, hurle, pousse les autres, vers l'avant, mais ne peut pas s'arrêter deux secondes pour s'assurer qu'il n'y a pas de précipice en face.
Une personne qui visiblement, hiérarchise la souffrance, la douleur des gens.
Est ce vraiment ça? Est ce vraiment juste ça Yliria? Quelqu'un qui préfère beugler, hurler, blâmer, mais qui ne supporte pas qu'on lui fasse la même chose.
Quelqu'un qui pense que son "bien pour tous" est LE "bien pour tous"?

Quelqu'un de perdu. Quelqu'un de triste. Quelqu'un qui est à bout. Quelqu'un qui est victime de ses propres émotions, consommé par les flammes de sa colère et de son impuissance.

Comment réagira t'elle si je réponds? Va elle m'attaquer? Me frapper, me brûler pour me faire taire. Nier tout ce que j'ai pu faire de bien avant, ne pas chercher à le découvrir, et me détruire comme un obstacle de plus sur sa route? Ou va t'elle bouder, m'ignorer, et ignorer tout ce que je pourrais apporter à cette équipe, car elle pense que je ne lui apporte rien à elle.


Au final, nous sommes similaire: mes émotions aussi me dévorent, mon impuissance aussi me désole, mon passé aussi m'accable.

Mais je n'ai jamais minimiser les efforts des autres.

Je suis beaucoup de mauvaises choses. Je ne suis pas parfait. Peut être même que dans tout ça, dans toute cette réflexion, je me trompe. Peut être qu'Yliria a raison, qu'on aurait pas du chercher à écouter Xël, que je suis juste un élément inutile qui n'essaie rien. Peut être que je ne suis que ça: un curieux, égoïste, lâche, et centrer sur lui même et ses intérêt. Un hédoniste partisan du moindre effort, parasitant les autres sans jamais leur apporter quoi que ce soit en retour.

Mais même si je suis tout ça... J'ai toujours essayé d'aider les autres. Même en me ratant, j'ai toujours pensé à eux en premier. Et j'ai toujours accepté le fait que peut être, dans cet univers, j'avais tort.

J'a accepté depuis bien longtemps mes propres faiblesses. Et accepter le fait qu'essayer de les changer ne servait peut être à rien, mais que ça n'était pas une raison pour arrêter d'essayer.

Je n'ai plus rien à me prouver.

Et clairement, vu son comportement, je n'ai pas envie de lui prouver à elle quoi que ce sois.

Mais juste exploser sur elle, lui donner raison, l'ignorer, ça serait être quelqu'un de mauvais.

Et je sais que je vaux mieux que ça.

Reste à voir si elle pourra me prouver qu'elle aussi.



Mon flot de pensée fut finalement interrompu par un Ibn Al'Sabbar bien embêté, m'annonçant que ses pouvoirs n'étaient pas revenu. Je lui fis comprendre que je n'avais pas cherché à le sauver pour ça. Pas juste pour ça. Certes, c'était frustrant, mais sur le moment, juste savoir que le vieil homme qui était prêt à mettre sa vie en danger pour la mienne aille bien, ça me suffisait. Et puis, dans tout ce qu'elle avait dit, Yliria avait raison sur un point: on devait mettre nos désirs perso de coté pour le bien des autres. Je le faisais déjà, et je pouvais continuer à le faire. Quand tout ça serait finit, j'aurais largement le temps d'aller gambader auprès des Cadi Yangin pour découvrir tous les secrets de leur art.

Je préparais ma réponse à Yliria, cherchant une bonne façon de lui faire comprendre à quelle point son comportement était hypocrite, tout en lui faisant saisir que je n'étais pas la pour l'antagoniser mais pour l'aider, sauf que Silmeria, qui s'était assise sur moi depuis un petit moment, disparue soudainement.

Comme ça.

En un clin d'oeil.

Un certain vent de panique s'installa dans la pièce: visiblement, la blonde c'était téléportée auprès de Visselion avec l'intention de s'en prendre à l'autre âme de titan que Simaya retenait. Mathis et Jorus décidèrent de se rendre auprès de l'âme pour s'assurer qu'elle n'ait rien, tandis qu'Akihito parti à la poursuite de Silméria.
J'avais très, très, TRES envie de répondre à tignasse blanche, après tout, si j'avais donné un coup de pied dans la fourmilière, c'était pas pour écraser les fourmis dans deux semaines. Mais Akihito demanda avant de partir de diminuer l'agressivité ambiante. Jorus en rajouta une couche, me demandant de prouver mes propos par des actes en venant l'aider.

C'était... Agaçant. A croire qu'aucun d'entre eux n'avaient prit le temps d'écouter ce que je disais. Qu'il pensait tous que je balançais des piques sur tout le monde à droite à gauche sans raison.
Que je n'essayais pas DEJA d'agir pour aider ce foutue groupe.

Mais soit.

Qu'on ne m'écoute pas, qu'on ne prête pas attention à moi, j'avais l'habitude. Ils voulaient des actes? Ils allaient en avoir.

Je ramassai mon seau, qui contenait encore une moitié d'eau. Puis, j'adressai une simple phrase à Yliria:


"Z'avez dit des choses pertinentes. D'autre foutrement culotées. On en reparlera."

Oh, oui on en reparlerait. Et personne, pas même le dragon noir, ne m'empêcherait de donner une conclusion satisfaisante à une dispute.
Je m'en allai en sautillant, mon seau au bras, chantonnant un vieil air de mon village natal, suivant Jorus et Mathis. Au bout de quelque minutes, nous nous retrouvâmes face à la fameuse âme, que je voyais pour la première fois de mes propres yeux. C'était... Impressionnant, pour sur. Voir quelque chose d'aussi unique, une âme d'un niveau divin, la, en face de moi, presque à porté de main...

Incroyable. C'était incroyable.

Allossarh, Simaya et un troisième dont je n'avais plus le nom se trouvait sur place, et n'étaient pas forcément très heureux de nous voir. Il n'y avait aucune trace de Silmeria ou de Visselion.
Ni d'Yliria, Xël, Ibn et Maïssa, qui étaient resté derrière.
J'avais proposé à Maïssa de venir, mais elle avait préférée demeurer au coté du vieux mage. Un peu dommage, mais quelque part pas plus mal. On l'avait suffisamment ignoré le pauvre. L'absence de Xël et Yliria était plus frustrante. Surtout après tout ces beaux discours. Au final ça ne faisait que me prouver encore plus leur coté hypocrite.

Et en parlant d'hypocrite, ça se critiquait pas mal sur le coté. Visiblement, Allossarh avait pas trop apprécié qu'on discute des âmes de titans sans eux. Je les écoutais tranquillement, à moitié fasciné par le spectacle sous mes yeux, à moitié perdu dans mes pensées, réfléchissant à tout ce qui avait été dit avant, pesant le pour et le contre de tous les arguments donné.
M'dame Silméria finit par pointer le bout de son nez, suivit du fameux Visselion et d'un Akihito plutôt déconfit. M'dame Silmeria se faisait appeler la "régicide" d'ailleurs, ce qui m'amenait à me demander pourquoi. Elle aurait donc occis un roi?

Classe.

Faudrait que je lui demande les détails plus tard.

En tout cas, elle semblait plus... sérieuse que d'habitude, avançant d'un air déterminé vers l'âme, expliquant qu'on devait choisir entre l'aider et se barrer. Allossarh, avec sa tendresse habituelle, commença vite à se prendre le chou avec elle, prévenant des risques qu'on encourait sans la barrière protectrice de Simaya, et demandant si on avait prit le temps d'écouter Xël à ce sujet.

Je ne pu m'empêcher de rire.

Toute cette situation était... ridicule. Au final, les gens qui semblaient le plus d'accord avec moi, c'était ceux d'Aliaénon. Et pas les plus agréable.
Manquait plus que l'approbation d'Aigre-gore....

En tout cas, l'approche de la blonde donnait des idées aux deux autres que j'avais accompagné. Et pas des bonnes, vu que ça commençait à parler d'histoire de "ramener un titan ici".

"Ramener plus de titan ici s'rais une idée bien stupide. Surtout si on peut pas réellement communiquer avec. Vous avez une piste pour régler...ça?" demandais-je à Visselion.

Il rentra dans des élucubrations bizarre, et semblait avoir plein d'idée en tête mais rien de bien précis. En soit, je l'appréciais ce Visselion, du peu que j'avais vu de lui, il était très curieux, et toujours emballé à l'idée de redécouvrir la magie. Je m'étais déjà fait la réflexion, mais il faudrait à un moment que je discute avec lui de mes plus grands... projet. Peut être que lui ne me prendrait pas pour un fou.

à l'inverse, l'autre gus présent, dont je ne me souvenais plus du non, la...Serarien, ou un truc du genre, était moins... intéressant. Il ne faisait que se plaindre, dire qu'on était foutu, qu'il fallait pas faire confiance au Yuimenien et à leur magie, que nos réussite précédente c'était juste un coup de bol. Il disait aussi qu'il fallait juste évacué l'endroit, retirer le dôme de protection autour de l'âme et le laisser la.

....

Vraiment mec? C'était ça ton plan génial? Laisser le truc sans surveillance dans la nature, pourrir dans son coin?

Alors, j'voulais bien faire des efforts et êtres moins "accusateur et sarcastiques" dans mes propos, mais la il méritait.

"Donc... Vot' solution c'est d'faire du rien et prier?

Le regard noir qu'il me lançait m'amusa. Petit sac d'organe plein de haine et mettant en danger tout le monde par sa lâcheté... S'il espérait m'intimider c'était raté.
Dans tous les cas, la l'objectif semblait être le suivant: être plusieurs Yuiménien à "canaliser" notre magie avec l'aide de Visselion pour sceller l'âme dans une...

....

Une...

....

Une dent du dragon noir. Un bout de dent du dragon noir que Silméria venait de sortir, la, tranquillement devant nous.


"...On avait un truc comme ça sous la main donc?"

C'est le genre de chose qu'il aurait été intéressant de savoir avant ça... Quand j'ai parlé des types de matériaux qui pourraient servir contre le dragon noir, au lieu de râler sur mon "pointage de doigt sans acte derrière" ou râler sur Xël, ça aurait ptet été plus utile de parler de ça?! Je lachai un grand soupire avant d'enchainer:


"Que l'orbe soit dans une dent ou dans un dôme, qu'est ce qui empêchera le dragon de se ramener de toute façon? Autant avoir le machin sous une forme facile à transporter et qui libérerait m'dame Simaya de ses contraintes. Et j'vois pas en quoi le laisser à l'air libre, même temporairement c'est un bon plan. L'observation c'est bien, mais imaginez qu'le machin nous rendent tous cinglés au bout de 10 minutes sans protection...

Bref, si l'idée vous va * Drac pointe Simaya et Alossarh* j'vous suis dans la canalisation m'dame Silmeria. Mais pas d'précipitation, f'sons les choses biens.
M'sieur Visselion, donnez des détails sur s'qu'il faut faire concrètement.
Ceux qui la sentent pas évacuent les civils et autres.
Qu'on ait un groupe prêt à rattraper le coup si ça ne marche pas, que ça soit en soutient magique ou pour nous assommer si on devient zinzin.

Enfin, rameuter les deux Yuimenien manquant, histoire d'voir s'qu'ils en pensent de tout ça. Qu'ils puissent servir de renfort aussi..."



Akihito se montra moins d'accord lui, expliquant que les crocs du dragon noir risquaient de détruire l'âme au lieu de la sceller. Ce qui était... largement possible, mais il faudrait au moins réussir à faire le test pour être sur. Peut être si on trouvait le moyen de fractionner cette âme la... Et en parlant de fraction, Jorus, lui, voulait carrément diviser l'âme en plusieurs morceaux et qu'on l'absorbe tous pour gagner en puissance.

Chose que Visselion approuvait. Sans surprise.

Pour ma part, j'étais... Mitigé. Non pas que plus de puissance me dérange, bien au contraire, mais ajouter une âme, même incomplète, par dessus une autre déjà existante, ça ne me semblait pas être un bon plan. Est ce que l'une des deux âmes allait absorber l'autre? Allaient elles fusionner? Se rejeter et se détruire? Les âmes, c'était déjà un sujet pas simple, alors s'il fallait rajouter le coté divin par dessus...

J'étais un oudio curieux, mais j'aimais bien tester les choses avant.

En tout cas, Akihito approuva mon idée de rameuter Xël et Yliria et parti à leur recherche. Silmeria, elle, ne semblait vraiment pas d'humeur à attendre, et comme commença à s'avancer vers l'orbe, demandant à Simaya d'abaisser la protection. Mathis et Jorus ne furent pas du tout d'accord, lui prenant sa dent de dragon noir, et se mettant en travers de sa route.

Je fis quelque pas en arrière.

J'avais la gueule suffisamment cramée pour savoir reconnaitre une situation de merde quand elle arrivait. Et la, sous mes yeux, je voyais qu'un combat allait éclater.
Ou...Pas. Silmeria changea soudainement de comportement, reprenant son coté cabotin habituel, et acceptant d'attendre que les autres nous rejoignent.

Mathis rendit son bout de croc à cette dernière, mais il commença à se comporter... bizarrement. Silmeria expliqua que ses affaires étaient enchantées et que toute personne les touchants sans autorisation se voyait accabler d'horrible vision.

...

C'était trop cool! Cela piqua ma curiosité.

"Oh, j'ai entendu parler de ce principe mais j'ai jamais eu l'occasion d'voir ça en vrai. Quand tout ça s'ra fini j'sais curieux que vous m'en disiez plus à ce sujet m'dame Silmeria. Voir m'faire essayer!

Et pour s'qui est d'cette histoire de gemmes magiques, j'imagine qu'il n'y en a pas de pure, pas cassée ou adaptée à nos besoin qu'on peut aller récupérer facilement?"


Une sorte d'illusion, sensé analyser nos peurs les plus profondes, et les rendre plus vraies que nature... J'avais envie de voir ça, j'avais envie de vivre ça, au moins une fois. Voir si avoir conscience de la chose diminuait l'effet. Voir comment je réagirais face à ma peur la plus pure. Voir si une illusion pouvait m'affecter physiquement. J'avais lu pas mal de chose à ce sujet dans le passé, avoir l'occasion de pouvoir l'essayer en vrai, c'était une aubaine. Alors, c'est sur c'était pas agréable, mais c'était pas comme si ça affectait réellement mon corps.
Pourquoi se priver dans ce cas.

Cette m'dame Silméria était définitivement pleine de surprise. Une fois qu'on serait tous tranquille, j'avais tant de choses à lui demander. En fait, de façon générale, une fois que l'on serait tranquille, j'avais tant de gens à qui j'avais tant de chose à demander!

Hate, j'avais si hate...


Mais bien évidemment......... L'ironie frappa encore encore une fois. Sans trop que je comprenne ce qui se passe, une sorte de cristal commença à se former rapidement autour de moi. En quelque secondes, je fus complètement emprisonné, voyant du verre rouge de partout, distinguant des semblants de forme à travers.

Et une voix angoissante, plus rauque que la mienne, retentie soudain.


« Voici venue l’heure de votre Jugement Dernier. Confessez vos péchés, sans tenter de me berner et vous serez jugé. »


Jugé? J'allais être jugé? Comment ça? Etait-ce l'effet de l'âme du titan? Malgré la protection elle pouvait nous atteindre? Ou alors il s'agissait d'une des illusions de Silmeria? Wow, c'était plus vrai que nature. Je sentais complètement le cristal autour de moi, comme s'il était la!

Mais, pourquoi un cristal? Pourquoi un jugement et des péchés? Quel rapport avec une de mes plus grande peur? J'essayais d'atteindre mes branches pour les masser afin de mieux réfléchir, mais c'était dur de bouger correctement la dedans. Mais petit à petit, un souvenir me remonta. Des yeux. Des yeux brillants, partout autour de moi, pointé dans ma direction, m'encerclant. Et des voix.

"Coupable."

"Coupable."

"COUPABLE!"



Des oudios.

Des oudios, partout autour de moi.


"COUPABLE! COUPABLE! COUPABLE! COUPABLE! COUPABLE! COUPABLE! COUPABLE!"


...Taisez vous.


"COUPABLE! COUPABLE! COUPABLE! COUPABLE! COUPABLE! COUPABLE! "


Taisez vous!


"COUPABLE! COUPABLE! COUPABLE! COUPABLE! COUPABLE! COUPABLE!"


"Taisez vous!"


J'avais hurlé, sans m'en rendre compte. Ils n'étaient pas la, je ne les voyais pas, mais je les entendais. Je les entendais trop bien. Tous. Tous autour de moi, à répéter la même chose, à m'accuser. Coupable. Coupable. Coupable!

"JE NE SUIS COUPABLE DE RIEN! MON SEUL CRIME, C'EST D'AVOIR VOULU VOUS AIDER! "


Je sens une volée d'émotion monter en moi. Mon corps tremble, ma vue se trouble, mes branches craquent. Mes doigts se tordent et s'enroulent frénétiquement.

"J'ai menti, j'ai triché, j'ai volé! Comme vous tous... COMME VOUS TOUS! On l'a tous fait pour survivre! Mais ça... ça... "


"Le pire des crimes! Le pire des crimes! Le pire des crimes! Le pire des crimes! Le pire des crimes! "


"Ce n'est pas le pire des crimes!"


"Le pire des crimes! Le pire des crimes! Le pire des crimes! Le pire des crimes! Le pire des crimes! "


"Ca ne devrait pas être un crime!"


"Le pire des crimes! Le pire des crimes! Le pire des crimes! Le pire des crimes! Le pire des crimes! "


"J'AVAIS DE BONNES RAISONS DE LE FAIRE!"

"Le pire des crimes!"


Mes mains s'écrasent contre la paroi de cristal, les lueurs de mes yeux recouvrant presque tout mon visage, de la cendre tourbillonnant autour de moi, de la sève perlant de mon crane. Comme à l'époque. Comme lorsque c'est arrivé. Comme la première fois. Et comme toutes les autres fois, la terrible vérité finit par s'échapper de ma bouche.


"OUI, J'AI ABSORBE DES FLUIDES DE FEU! "



De tous mes plus horribles souvenirs, il fallait que ça soit celui la...

...

Vraiment balèze cette illusion!

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Cromax
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Re: Lande Noire

Message par Cromax » sam. 8 avr. 2023 04:48

Cauchemar en Aliaénon : Elscar’Olth II



Hors des cristaux, Mathis, Akihito, Yliria et Xël faisaient face à cette nouvelle créature inconnue, cet être invraisemblable qui paraissait les jauger de ce qui semblait être son œil unique, presque au sommet de ce couvre-chef pour le moins inhabituel.


Image



Il pencha la tête vers Akihito lorsque celui-ci parla. L’être le dépassait d’une bonne tête, même sans compter sa lévitation ou son casque-balance. Une voix sombre résonnant comme une sentence répondit à l’ynorien.

« Je suis Justice. Et Justice a été demandée. »

L’être inspira, reniflant l’air, et se tourna vers Mathis.

« Hmmm. La douce odeur de la culpabilité. Parlez, homme, libérez votre cœur de ce poids. Avouez, confessez votre émoi. »

Curieusement, ces paroles dans un autre cadre empathiques sonnaient ici comme une menace. Un ordre donnant à conséquence. Dans les cristaux rouges, l’ambiance était toute autre. Impossible à percevoir de ceux qui n’en étaient pas prisonniers.


Image



[HJ : Pour les "prisonniers", je vous prends en MP individuellement. Les autres, la discussion générale est ouverte à vos interventions. Tours classiques.]


[XP :
Mathis : 0,5 (réunion), 0,5 (partage d’informations), 0,5 (discussion dehors), 0,5 (cauchemar)
Yliria : 0,5 (réunion), 0,5 (partage d’informations), 0,5 (discussion Ibn/Xël)
Akihito : 0,5 (réunion), 0,5 (partage d’informations), 0,5 (discussion Silmeria/Visselion), 0,5 (discussion dehors), 0,5 (discussion Xël/Yliria), 0,5 (autres papotages)
Silmeria : 0,5 (réunion), 0,5 (partage d’informations), 0,5 (discussion Visselion/Aki), 0,5 (discussion dehors), 0,5 (aveux et autres)
Jorus : 0,5 (réunion), 0,5 (partage d’informations), 0,5 (discussion dehors), 0,5 (aveux)
Xël : 0,5 (aparté Alossarh), 0,5 (réunion), 0,5 (discussion Ibn/Yliria)
Dracaena : 0,5 (réunion), 0,5 (partage d’informations), 0,5 (discussion dehors), 0,5 (aveux)



[Jeu des mots :
Akihito : 10 points]

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Mathis
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Re: Lande Noire

Message par Mathis » mar. 11 avr. 2023 03:16

Leur raconter ce qui venait d’arriver m’avait soulagé d’un grand poids, mais ce n’était pas assez, je me sentais douloureusement coupable d’avoir impliqué tous les autres dans cette riposte contre Silmeria. J’étais encore plus énervé en pensant que ça aurait pu être pire, dans de telles circonstances, ou le cauchemar représentait pour moi la réalité, il aurait été légitime de réclamer sa mort. Sachant que dans un tel cas, les autres auraient été aussi condamnés, je m’en serais voulu toute ma vie. Trop énervé, j’étais comme dans un état de choc.

Heureusement Akihito, me saisit par les bras et me secoua avec suffisamment d’énergie pour me ramener à la réalité. Ses paroles furent rassurantes, au lieu de m’accuser, il me rassura, m’affirmant que je n’y étais pour rien. Mais pour le moment, nous avions d’autres chiens à fouetter.

Me regardant droit dans les yeux, il m’intima d’aller chercher Bellarien et le prévenir de ne pas laisser d’autres gens venir ici.

À la question d’Akihito, l’étrange créature répondit qu’il était Justice et que justice avait été demandée. Puis se tournant vers moi, il soupçonna la culpabilité que je ressentais et m’invita à vider mon cœur, à m’exprimer.

Même si ma première idée était de répondre à la demande d’aller quérir Bellarien tel que me l’avais demandé, je n’en fis rien. Justice venait de me poser une question et je voulais y répondre. Je pris d’abord une grande respiration puis je me lançai :

« C'est moi qui a demandé jugement, mais pour une seule des personnes que vous avez emprisonnées. Pour Silmeria seulement, vous pouvez libérer les autres.» Dis-je d’un ton calme.

Justice confia être le juge de la vérité et qu’aucun jury ne s’avérait utile. Puis m’adressant une fois de plus la parole, il dit que tous méritaient un jugement et me demandait si je voulais faire obstruction à la justice. Puis, puisque j’avais réclamé un jugement pour Silmeria, il me demanda d’expliquer ce que je lui reprochais.

Jouer cartes sur table étant le plus approprié, je répondis honnêtement.

« Lorsque j'ai fait ma demande de jugement, j'étais sous l'emprise d'un cauchemar infligé par Silmeria. Dans ce dernier, elle me poignardait, tuait mes cinq compagnons yuimeniens et ma compagne féline. Puisque c'était un cauchemar et non la réalité, je propose qu’elle subisse elle aussi un cauchemar et que je sois désormais immunisé de ses cauchemars. »

Je me trouvais ainsi assez clément envers cette femme qui m’avait fait passer d’atroces minutes. Mais j’avais demandé réparation, croyant que l’immunité me préserverait de toute vengeance de la part de l’hinionne.

Justice ne considérait pas que les témoins étaient nécessaires puisque les accusés avaient apparemment avoué leur crime. Puis se tournant vers moi, il considérait que je ne parlais qu’avec rancune et vengeance. Puis me faisant face, de toute sa grandeur, il me somma de confesser mes péchés. Il n’avait pas compris mes arguments. Me considérant innocent, je ne résistai point et je dévoilai mes péchés.

« Je suis voleur depuis ma tendre enfance. J’aime tout ce qui est beau et je me l’approprie sans remords. Je sais aussi mentir sans difficulté afin d’obtenir ce que je veux. Mais je suis suffisamment rusé et intelligent pour n’user de mensonge qu’avec mes ennemis. On dit aussi que je suis orgueilleux et prétentieux. En ce qui concerne les meurtres, j’ai tué oui, mais en légitime défense ou pour protéger et défendre mes compagnons. Il m’est arrivé de manquer de jugement dans mes stratégies d’attaque. Je serais prêt à tuer le dragon noir ou tout autre ennemi. »

Je me croyais sorti d’affaire, mais à ma grande déception il s’écria :

«Coupable ! La condamnation prend lieu dès maintenant, et la sentence est irrévocable. »


Dès que son dernier mot fut prononcé, je vis un cristal rouge se former autour de moi. Impuissant, je ne pus rien faire pour contrer cet injuste emprisonnement.

Au lieu de me sentir à l’étroit dans un cristal rouge translucide, je me retrouvai dans une vaste pièce obscure. Si vaste que j’avais la nette impression qu’elle ne contenait ni murs ni plafond, seulement pourvu d’un sol noir, lustré sans aspérité. Je relevai la tête et je vis un homme de belle stature. Lorsqu’il s’approcha, je remarquai avec surprise qu’il s’agissait de moi…ou plutôt de mon reflet dans un miroir. Mais lorsque je vis que cette image de moi-même me jaugeait et qu’elle dégainait ses armes alors que je n’avais pas bougé, je conclus facilement que je ne faisais pas face à mon reflet, mais à un sosie de moi-même. Une copie qui ne demandait à en découdre.

Sans attendre, je me débarrassai de mon sac et le balançai plus loin derrière moi. Je sortis ensuite mes griffes. Une fois à proximité, je fis mine de au visage de ma main droite. De son côté, il tenta de riposter de sa dent de la liberté, mais ma feinte le berna et il rata son coup. Je pus donc prendre l’offensive en plantant avec violence les griffes de ma main gauche dans son plastron de cuir en plein torse dans le but précis de lui déchirer ses entrailles. Mais alors que MES griffes pénétraient dans SA chair, c’était moi qui ressentais une lancinante douleur. J’écarquillai mes yeux de surprise alors qu’il me sourit avec arrogance et fierté. Lorsque mon regard se porta sur ma blessure, je vis quatre stries profondes ainsi que le sang qui s’écoulait.

J’en conclus rapidement qu’il n’était inutile de le combattre, si mes attaques se retournaient contre moi. Ce fut donc après un très court moment de réflexion que je lui proposai une trêve :

« Cessons le combat et faisons la paix. » Lui dis-je tout en lui tendant ma main, espérant qu'une poignée de main scellerait notre entente, s'il acceptait.

Il rengaina aussitôt ses armes me tendant la main en souriant. Puis au dernier moment, sa main dévia sa trajectoire et pour me griffer la joue.
(Aaaïe !)

D’orgueil, je retins mon cri. Il m’avait atteint à la fois au visage et à ma fierté. M’inspectant avec un certain dédain, il se permit un maigre commentaire : « Décevant. »

Faisant abstraction de cette arrogante remarque, je le fixai gravement puis lui répondis :

« Je te pardonne de tes offenses, oublions nos hostilités »

Désormais plus méfiant, je me préparai à esquiver une de ses sournoises attaques.

Prenant un air méprisant, il m’insulta : « Décevant et lâche ! » Après quoi, il enfonça ses griffes dans mon épaule gauche, appuyant avec force, tentant sans doute de m’obliger à me soumettre.

De rage, devant une telle mauvaise volonté, je compris que les paroles étaient inutiles. Je ripostai alors, profitant de sa proximité pour lui affliger un violent coup de tête. Je ratai mon coup et lui également.

Je grimaçai de douleur lorsqu’il enfonça ses griffes plus profondément dans mes deltoïdes. De rage, je l’agrippai de ma main droite griffée et je tentai de planter mes griffes dans son épaule. En vain, non seulement, mes griffes ne transpercèrent pas sa protection d’épaule, mais mon index se tordit à tel point que je sentais mes ligaments se déchirer. Pour me narguer, il me gifla.

Moins habile que moi, il rata son attaque sur mon épaule.

Puisque je ressentais la douleur des attaques contre mon adversaire, je lui assénai un violent coup de tête en vue de l’assommer. J’espérai ainsi qu’une fois en perte de connaissance, je me réveillerai hors de ce cristal, le combat ayant été ma pénitence. Mon coup fit mouche, je le savais sans aucun doute puisque c’est moi qui ressentais une violente douleur à l’arête de mon nez, heureusement intacte. Alors que je m’attardai sur une blessure, il en profita pour me griffer à la gorge. Mon précieux liquide carmin se répandit alors sur mon foulard rouge.

Poursuivant ma stratégie, je fonçai sur mon sosie, bien décidé à lui donner des coups de tête jusqu’à ce que je l’assomme mettant ainsi fin au combat. Je ratai ma première attaque et ma seconde. Mais lorsqu’il esquiva cette dernière, il perdit l’équilibre et tomba au sol

Profitant que ma pâle copie soit à terre, je pris ma Dent de liberté et je la plantai dans son cœur aussi profondément que je pus. Espérant mettre un terme à ce combat. Me considérant comme dans un purgatoire, mes souffrances dans ce combat comme mes pénitences me permettant d’expier mes péchés.

Lorsque ma lame traversa son cœur, je sentis le mien faiblir. Je tombai à genoux, je pus brièvement voir son sourire mesquin avant de mourir….

Puis je repris connaissance. J’ouvris les yeux pour constater que je me retrouvais dans la même pièce obsure…Jetant un œil à mes blessures, je constatai que j’étais intact. Face à moi se tenait la même silhouette qui dégaina ses armes… Nous repartions à zéro !

Bien conscient cette fois de l’inutilité de combattre, je tentai d’entamer une conversation.

« Qui es-tu ? »


Il me répondit avec arrogance qu’il était moi. Sans me démonter, je poursuivis :

« Et pourquoi je voudrais me battre contre moi, il n'y a aucune raison à ça. ? »

Il me répondit alors que si moi je ne voulais pas combattre, ce n’était pas son cas.

J'attendis patiemment, il n’était pas question que j’attaque le premier.

« Et pourquoi voudrais-tu ça, toi ? »

Tout en s’approchant, il me répondit que me combattre était la raison de sa présence

Lorsque je le fis s’avancer de trop près, je pris la poudre d'escampette. Mais quelques secondes plus tard, il se retrouva de nouveau près de moi et me prévint qu’il ne me servait à rien de fuir mon destin.

« Et quel est ce destin ? Et bien que tu me ressembles physiquement, tu n'es pas moi... »

Je compris alors la situation. Il déclara être mon bourreau et que mon destin consistait à mourir encore et encore, et ce pour l’éternité, termina-t-il, s’avançant une fois de plus se positionnant pour m’attaquer.

« Et tu crois que je vais te donner ce plaisir ? »

Cela dit, avec souplesse, je fis une cabriole arrière afin d'éviter son attaque.

Il rata de nouveau son attaque ce qui lui arracha une grimace de frustration. Évidemment contrarié, il clama que je finirai bien par souffrir.

Alors que mon sosie grimaçait, moi je souriais tout en activant mes griffes de la main gauche seulement. Puisque je refusais de l’attaquer et ainsi de me blesser, j’évitai ainsi de graves blessures et je retardais mon éventuelle mort. Il ne me restait qu’une solution, attendre que mes compagnons me délivrent du cristal.


Je tentai d’attaquer une feinte à son épaule gauche, mais cette fois il ne fut pas dupe et esquiva sans peine. Ce que je fis aussi lorsqu’il tenta de m’atteindre de sa dent de liberté.

Je souris à mon vis à vis puis je m'élançai vers lui. Je pris appui sur mes mains au niveau de ses pieds, puis je me redressai et dans l'élan pour lui coller un coup de pied dans la figure, mais pas trop fort, juste pour le narguer. Ma tentative échoua puisqu’il m’attrapa les pieds.

Suspendu par les pieds, je n’abandonnai pas pour autant. En appuyant bien ses mains au sol, Je poussai mes jambes vers l'arrière et fit une cabriole afin de renverser ma copie. Puisqu’il avait hérité de mon agilité. Nous effectuâmes une roulade à deux jusqu’à ce que nos positions fussent inversés.

Je lâchai doucement les pieds de mon sosie, pour ne pas me faire mal à la tête, puis je courus vers mon sac et le mis a l’épaule.

Ensuite je fouillai dans le sac de mon sosie, je pris sa clé du maraudeur et en la manipulant dans une serrure imaginaire pour tenter s’ouvrir le cristal et de sortir

(((Dernières action : Mathis relâche son sosie. Ramasse son sac et celui de son sosie. Vole la clé du maraudeur et puis tente de sortir du rubis, en insérant la clé dans un serrure imaginaire. )))
Modifié en dernier par Mathis le sam. 15 avr. 2023 04:49, modifié 7 fois.

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Jorus Kayne
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Re: Lande Noire

Message par Jorus Kayne » mer. 12 avr. 2023 21:01

Lorsque j’ai fini d’avouer mes crimes, même si selon moi, il est plus question de survie et de légitime défense d’un point de vue discutable, le silence tombe. Un léger moment sans acte ni parole, laissant sous-entendre l’écoute, la réflexion, puis le jugement d’une voix dénuée de toute clémence.

"Coupable. La condamnation prend lieu dès maintenant, et la sentence est irrévocable."

Puis la sentence. Tout mon environnement disparaît, tant le cristal qui m’enfermait que les silhouettes visibles depuis l’intérieur de ma prison. Il n’y a plus rien, le noir absolu. Seul mon corps avec encore visible, preuve que mon environnement n’est en rien naturel. Plutôt qu’un espace dans une obscurité écrasante, c’est comme si j’étais dans une pièce dénuée de mur et de plafond, mais au sol lisse, brillant et surtout visible, lui. Il n’y a d’ailleurs pas que cela qui attire mon regard. Une simple silhouette, très familière et un charme sans pareil, puisqu’il s’agit de moi. Mon sosie se tient face à moi, droit, presque fière d’être présent pour mon jugement. Tout est similaire, tant dans les armes équipements qu’il dispose, que dans la posture déployée. Armes en mains, ma seule chance de rédemption viendra d’une victoire sur moi-même.

(Voyons voir s’il est identique en tout point ?)

Actuellement désarmé, il me faut prendre de la distance avec mon double, observer ses réactions et sortir moi aussi mes armes. D’un salto arrière pour éviter une attaque surprise, je cherche néanmoins à désamorcer la situation.

"Tu préfères pas qu'on règle ça à pierre-feuille-ciseaux ?"

Sans prendre la peine de répondre, à moins qu’il en soit incapable, mon double me présente une chose hideuse : un sourire sadique sur mon si joli minois. Un tel acte qui lui vaudra une condamnation pour abus sur visage d’autrui, par la suite. Pire encore, sans se laisser surprendre par mon acrobatie, il laisse apparaître deux étranges lianes sortir de ses mains, enserrant ses lames pour lui offrir une portée scandaleuse. Plutôt que de répondre verbalement, il frappe. Du moins, il tente de m’atteindre, mais son coup, aussi surprenant qu’il puisse être, ne m’atteint pas.

Si j’avais la certitude qu’il s’agissait d’une copie conforme, j’ai actuellement la preuve qu’il n’en est rien. Ces lianes en sont la preuve. Mais la surprise de ces choses est tout de même présente et me désarçonne. Moi qui pensais me battre contre un double parfait, il cache peut-être encore d’autres atouts que j’ignore, comme une pilosité de poitrine, aussi bien manipulable que ceux deux lianes. Cette idée de moi voir ainsi, avec des poils se mouvant comme de petits serpents, me pousse à un haut-le-cœur que je réprime par un autre salto et une reprise du monologue, afin de chasser la panique qui me gagne un peu.

"Ha ! Ça c'est une variante du jeu que je ne connais pas !"

J’ai beau faire le malin et avoir une bonne confiance en mes capacités, elles ne sont pas infaillibles et mon sosie m’en donne la preuve. A l’aide de sa liane armée de ma dague de glace, enfin la sienne, ou plutôt la réplique de la mienne, il parvient à m’atteindre. L’arme pénètre dans mon bras gauche, affligeant ma chair de la morsure du gel. La lame ayant touché, son effet va rapidement être un danger si je n’agis pas rapidement. S’il s’agit bien de moi, il va en profiter pour prendre l’ascendant. Tout en adoptant une posture plus propice à l’esquive, en usant de mon énergie interne. Puis, histoire d’en rajouter une couche, j’exécute une nouvelle cabriole, me permettant de voir l’attaque de mon opposant frapper dans le vent.

(Il est temps de passer aux choses sérieuses !)


Soignant ma plaie à l’aide d’une de mes potions de soins, je frappe mon adversaire qui se dérobe à mon coup. Ce fieffé filou a adopté la même posture d’esquive que moi, de même que mon habileté à frapper loin de sa cible. Je ne sais comment agir face à un adversaire qui me singe à la perfection, si on ne prend pas en compte ces étranges lianes. Je bondis sur le côté pour m’offrir une opportunité d’attaque dans une énième cabriole, que mon adversaire fait usage de ma capacité à disparaître dans les ombres.

(Une occasion en or !)

Inspirant profondément, à mon tour je ne fais qu’un avec les ombres disparaissant, tandis que mon adversaire apparaît. Incapable de me voir, il ne peut frapper, affichant sur mon beau visage une attitude un peu bête. Je retourne ainsi mon coup face à un être démuni. Ma dague de glace atteint sa cuisse afin de réduire considérablement sa capacité à se mouvoir. Pourtant, loin de voir un rictus de douleur sur son visage, enfin le mien, c’est moi qui reçois le coup, l’horrible douleur à la cuisse, l’effroi de subir une incapacité à me déplacer, la crainte de l’effet mortel qui va s’en suivre et ce n’est pas tout. Forçant son avantage, mon double s’en va m’asséner encore une fois ma lame de glace en plein ventre, refroidissant autant mes ardeurs que mes entrailles. La douleur me submerge le ventre, me faisant finalement regretter mes derniers maux de ventre et la position prolongée s'accroupit, le cul à l’air, me vidant allègrement. Les coups que mon sosie me porte me font mal, ceux que je reçois en retour de mes frappes sont à la limite du supportable, mais ce n’est rien comparé à l’ignoble sourire satisfait que mon visage opposé affiche.

(Bon sang ! Pourquoi il n’y a que moi qui se fait saigner comme un veau ? Me soigner ne sert plus à rien et mes propres armes ne me sont même plus fiables !)

Ce propre aveu est aussi poignant qu’un coup au cœur, m’obligeant à les abandonner. Pour autant, une profonde colère vient me prêter main forte. Une rage, puisée dans tout mon être, m’aide à mobiliser mes forces contre mon adversaire. Je m’élance vers lui, les deux bras en avant, les mains visant la gorge, souhaitant y enfoncer mes doigts et lui faire perdre son ignoble grimace souriante de mon visage. Un assaut totalement vain. Evitant peut-être trop facilement au goût de mon ego, il me laisse passer sans me frapper et se contente d’une humiliante bousculade pour me faire choir. Bien qu’il ne parvienne pas à me faire perdre ma stabilité, je sens le rire moqueur de mon double dans le dos.

(Un double ? Non, impossible. Je ne possède en rien ces…ces lianes. Il ne peut être moi. Il s’agit certainement d’un jeu de cet être que j’ai aperçu.)

Plus que des possibilités, j’y vois des certitudes. Ces lianes, l’absence de la magie qui m’a animé depuis mon retour qui aurait pu me sortir d’un piège pareil et le retour de mes coups, n’ont rien de normal, ni même de juste. Je n’ai pas de moyen de vaincre un tel être. Mes potions ne feront que retarder l’inévitable. Alors s'il faut en finir...

"Allez ! Finissons-en, bourreau ! Viens !" Fais-je en écartant les bras.

Bien qu’une partie de moi commence à abandonner, je refuse de mourir ainsi, ni même de sa main. Mes armes ne peuvent rien contre lui, mais peut-être que les siennes le pourrait. J’attends donc que vienne l’attaque, guettant la chance de les lui dérober pour tenter ce dernier espoir. Hélas, j’en suis tout bonnement incapable. La douleur au ventre est vive et m’empêche d’être suffisamment habile, ou rapide, ou les deux, pour arrêter ma pourfen’dent qui m’arrache la chair à droite de la gorge. Une blessure bien plus douloureuse que dangereuse et qui me fait un mal de chien. D’autant plus que l’homme en face de moi ne cesse d’arborer un sourire mesquin, particulièrement détestable.

"Alors, on abandonne ?" Demande-t-il, ouvrant pour la première fois sa bouche pour parler.

Une intervention qui me désarçonne. L’incompréhension totale me gagne.

(Non, c’est…c’est impossible ! C’est…c’est ça ma…c’est ça ma voix ?)

"Mais t'es qui putain ?" Fais-je en colère face à lui, me tenant aussi droit que possible, une main sur la blessure de la gorge.

"Quoi, tu te reconnais pas ? Ca fait si longtemps que t'as pas croisé de miroir ?" Déclare-t-il en ouvrant ses bras pour m’inviter à l’attaquer.

"Un miroir ?" Fais-je en riant. "Vire-moi ce sourire sadique de mon visage et peut-être que tu pourras juste espérer prétendre être aussi beau que l'original ! En plus, j'ai jamais eu ces machins-là qui me sortent des mains. J'suis pas du genre à me faire pousser un poil dans la main. Enfin pas à ce point. Donc non, t'es clairement pas moi !"

"Ca ?" Déclare-t-il en remuant ses lianes, avant de reprendre. "Dommage."

Puis il les utilise pour me frapper à la joue. Une douleur légère, mais une humiliation profonde, comme une gifle. Plus que des lianes, on dirait des sortes de fouets, à la texture de cuir. Il faudrait que je prenne le temps de les examiner correctement et de tester leur solidité en entourant son cou, serrant encore et encore, à m’en épuiser totalement. Ma tête ayant tourné par la force de l’impact, je lâche un juron en retour.

"P'tit con !" Je lève la main à sa proposition, comme pour l’accepter et lui tend lentement un fier majeur. "Si j'étais capable d'un truc pareil, t'en aurais un autour du coup !"

"Là, t'as pas l'air capable de grand-chose, mon vieux. Allez, ramène-toi."

Une provocation. Pourquoi agit-il ainsi ? Cette question me hante soudainement, comme s’il derrière cette situation, se cachait une mise en scène précise. Alors bien entendu, je n’obéis pas. La violence ne résout rien. J’agis autrement.

"J'ai bien compris que ça rimait à rien de me battre contre... moi-même. Alors c'est quoi ma sentence ? M'entendre être désagréable jusqu'à la fin de l'éternité ? C'est un peu extrême comme sentence, je trouve. Faudrait être responsable d'un génocide pour subir une telle chose !"

Soupirant de lassitude, il me rétorque que c’est ça ma sentence, sans préciser quoi. Son fouet agite la lame à dent de dragon et d’un mouvement vif de la tête, il manque de peu de me la planter entre les yeux, ne m’arrachant que le sourcil droit et prolongeant la blessure le long de mon arcade. Cependant, les résidus de mon combat ont raison de moi. La perte de sang est devenue trop importante. Mes forces se dérobent à moi, prolongeant l’humiliation en m’obligeant à ployer le genou malgré moi. Je n’ai plus que mes yeux pour atteindre mon opposant. C’est vain j’en conviens, mais mes forces me manquent pour faire davantage. Bientôt, mon corps m’abandonnera pour mon dernier voyage. Cependant, je refuse de l’entamer maintenant. Il est beaucoup trop tôt pour cela.

"Une sentence pour quoi, avoir menti ou omis la vérité ? J’en doute fort. Le vol peut-être, à moins que ce ne soit le meurtre d’individu dans leur sommeil ? Si tu es vraiment moi, tu connais le destin des pauvres et des orphelins à Eniod. Quant à ces pirates, oublie pas les crimes qu’ils ont perpétrés, ce qu’ils s’apprêtaient à faire et le nombre de personnes que mon acte a sauvées. Alors pourquoi ce petit jeu ? Il n’y a ni chance de repentance dans cette condamnation, ni exécution directe. Cet être qui prétend servir la justice, cet avatar lui-même est coupable ! Coupable d’avoir mis en place un jeu pervers pour le plaisir sadique d’une pseudo-justice. Pourquoi cette mise en scène, à quoi ça rime s’il n’y a aucune compréhension dans la sentence ?"

"La sentence est claire, ses raisons tu les connais mieux que moi. Regarde..."

Il s’approche de moi, impartial, impérial. Dans ses yeux, je ne perçois pas la résolution d’en finir, mais il brandit le sourire pincé, me plantant la lame dans la gorge. Un vent de fraîcheur s’invite à ma respiration suivante et à la délivrance de cette mascarade. J’ai déjà trop souffert, il est temps pour moi de partir. Mon esprit vacille, perdant peu à peu les dernières bribes de conscience qui me retenaient à cette cruelle réalité. Ma vue s’éteint, comme une bougie qui se consume pourtant bien trop tôt. J’aurais bien aimé mettre une nouvelle mèche, continuer ce petit bout de chemin, même seul. Tant pis. Mes forces m’abandonnent à un corps bien trop lourd désormais, tombant au sol, presque sans bruit. Les dernières sensations me quittent. Même la chaleur du liquide qui me réchauffe la joue n’est plus perceptible. Je n’ai plus mal. Enfin. Je m’arrache à cette souffrance et part pour mon dernier voyage. Je meurs, mais je serais resté fidèle à moi-même, me battant jusqu’aux dernières parcelles de forces en moi. Jusqu’au bout, j’aurais lutté et vécu pour ma liberté, de mon enfance orpheline jusqu’à ce moment. Je laisse derrière-moi des camarades, des rancœurs, des amis, un amour probable. Mes pensées, mes dernières pensées vont à eux. Pardon. Je ne serais pas là pour la suite. Je prends une autre route, à laquelle j’espère ne pas vous croiser de sitôt. Puis mes pensées, elles aussi, dernières bribes de mon existence, me quittent et les accompagnant, un souffle. Un ultime souffle qui se meure. Tout comme moi.



Un noir presque absolu m’entoure. Seul mon corps avec encore visible, preuve que mon environnement n’est en rien naturel. Plutôt qu’un espace dans une obscurité écrasante, c’est comme si j’étais dans une pièce dénuée de mur et de plafond, mais au sol lisse, brillant et surtout visible, lui. Il n’y a d’ailleurs pas que cela qui attire mon regard. Une simple silhouette, très familière et un charme sans pareil, puisqu’il s’agit de moi. Mon sosie se tient face à moi, droit, presque fière d’être présent pour mon jugement. Tout est similaire, tant dans les armes équipements qu’il dispose, que dans la posture déployée. Armes en mains, ma seule chance de rédemption viendra d’une…

(…Wow wow wow wow stop ! Qu’est-ce que ? Je ne suis pas mort ? Je suis…revenu au point de départ ? Est-ce là ma sentence, ma vraie sentence ? Etre enfermé dans cet espace, subissant sans fin des souffrances, des tortures physiques comme mentales, jusqu’à me tuer puis recommencer, le tout ne cherchant qu’à engendrer une éternelle agonie ? Est-ce là, le jugement de mes actes que j’estimais pourtant juste ?

Non, je le refuse !)


Je refuse de me soumettre à ce jugement que je ne reconnais en aucune manière. Je refuse de subir un châtiment que j’estime inacceptable. Je refuse de mourir par ma pseudo propre-main. Un être qui se targue d’être moi, mais qui n’en a ni l’apparence ni le cœur. Je refuse cette cage aux murs impalpables, plus sombre encore que le pire des cachots. Je refuse tout simplement cette vie d’agonie qui m’est imposée et me fait le serment de m’en libérer. Qu’importe le moyen.

Ma liberté est ma raison d’être et l’enfermement un poison particulièrement vicieux. Je sais que pour le moment, je n’ai pas d’échappatoire, mais au moins je vais savourer ce maigre plaisir à transpercer ma lame au travers de sa gorge. Quand bien même je le regretterais peu après. Il me suffira de recommencer, encore et encore.

Je fonce donc sur mon adversaire, ma plus dangereuse arme en main, pour une frappe qui ne désire nul retour contre possible. Plus rapide, il me frappe d’un coup de manche de cette même lame. Qu’importe les coups, la force et la précision qu’il souhaite y mettre, qu’importe si aucun des miens ne l’atteint. En retour, mue par la rapidité de ma propre force interne ma lame atteint sa cible, m’arrachant une partie non-négligeable à défaut de la sienne. Mon sang dégouline allègrement sur ma protection de torse, qui n’a pas vraiment d’intérêt dans ce jeu pervers qui se poursuit oralement.

"Oui, vas-y. Tue-toi avant que je ne le fasse." Déclare mon double.

Je n’ai pas besoin de parler pour savoir qu’il me sera difficile de lui répondre et il est hors de question que je lui face ce plaisir en tentant un borborygme incompréhensible. Lui n’a nulle blessure et aucune marque sanglante ne recouvre un torse dénué de cœur.

(Le cœur ? Et si c’était ça la solution ? Comme une source de magie qu’il faut supprimer !)

Ainsi, voulant tant essayer cette possibilité que de passer à la résurrection suivante, je frappe le cœur de mon adversaire avec le plus de force possible, usant de ma lame la plus acérée, oubliant sur le moment à cause de la rage qui m’anime, l’effet pourtant terrible que l’on m’a présenté un peu plus tôt. Atteignant mon but, la lame s’enfonce au travers de la protection et vient se ficher dans le cœur de mon adversaire. La douleur m’est vite transmise et si je tombe genoux au sol, mon double fait de même, visiblement affecté par le même mal que moi. C’est presque avec satisfaction que je le vois le souffle court, délaissant son ignoble sourire de mon visage.

"Pou...pourquoi ?" Demande-t-il dans un dernier souffle.

Nous tombons, l’un en face de l’autre, emportés par une mort certaine. Je le sens déjà, cette mort est différente de la précédente. Plus sombre, plus froide et terriblement irrémédiable. Nous tombons, l’un dans les bras de l’autre. Un dernier enlacement. La mort vient, prenant de plus en plus de pas sur ma vie qui s’amenuise. Là où je sentais un chemin, une destination à suivre, il n’y a plus rien. Plus de chemin et plus rien pour me guider. Une sensation terrible m’envahit, brisant chaque parcelle de mon être. Comme un édifice pourtant inébranlable, qui ne sera même pas l’ombre d’une ruine pouvant être rebâtie. Mes dernières émotions s’éteignent à l’instant où elles sont ressenties. Mes pensées se désagrègent à la moindre notion de ceux que je portais en mon cœur. Je ne ressens plus. Je ne pense plus. Je ne meurs plus. Car plus qu’une mort,…

…c’est une fin.







Chaque élément présent existe avec une version opposée à lui-même. Le feu et la glace, la terre et l’air, la foudre et l’eau, les ténèbres et la lumière. Ces éléments sont autant opposés, de par leur nature profonde qui les repousse, qu’ils sont aussi attirés l’un à l’autre, à la recherche d’un équilibre parfait. Issus d’un tout, ensembles, ils forment une harmonie précieuse. Et si la mort est connue pour être implacable, la vie elle aussi, sait se montrer d’une force et d’une ténacité à tenir malgré tout, prouvant qu’impossible n’est pas un vain mot. Nulle montagne n’est assez haute, nulle mer assez profonde, nul champ de bataille assez dangereux, comme il n’existe nul lieu qu’il n’est possible d’explorer. Car revenant, plus loin que le royaume de la mort elle-même, sans en avoir conscience, je revis.

Ma conscience vacille, mais elle est présente. Mon corps m’est étranger, mais il est vivant. Mon âme est brisée, mais elle n’est pas morte. Mes sens me reviennent partiellement. Comme un écho lointain, c’est à peine si je perçois ce qui m’entoure, me laissant l’impression de les vivre au travers d’un autre. Je sens une chaleur venir à moi. La compassion d’un être et l’ardeur de ses émotions m’envahissent. Comme un insecte faisant face à une lumière aussi puissante qu’insondable, je suis attiré par l’énergie vivante de cet être, une main cherchant la source pour s’y abreuver. Autour de moi, les choses s’agitent, sans pour autant être en mesure de les discerner. Cela pourrait autant être une fête culturelle avec chants et danses, qu’une montagne qui se brise sous son propre poids. Seul cet être, au plus près de moi me paraît plus tangible que la réalité même. Une réalité où je me sens porté par un nuage. Emportée par le mouvement, ma tête se porte sur le côté et mes yeux, ne s’ouvrant que très légèrement, perçoivent une vision incroyable. Un être, à l’allure charmante qui semble avoir des ailes, se mouvant derrière-lui. Ma vision se trouble à nouveau. Des images et des sons me parviennent encore un peu avant que mes yeux ne se ferment. Soudain, comme arraché à la lumière qui m’était mon seul repère, l’être me quitte, m’abandonne. Je suis de nouveau seul avec des sens complètement brouillés, me rapportant encore des choses, mais plus lointain encore. Mon corps entier cherche à nouveau à retrouver cette présence, en vain. Je suis seul. Complètement isolé, dans un état que je ne distingue pas, pas mort, mais pas vivant non plus. Du moins, jusqu’à ce qu’une violente agression me rappelle l’importance de vouloir rester en vie. Mon corps lutte, provoquant de terribles chocs qui se répercutent dans tout mon monde. Tout est brouillé, sans dessus-dessous. Plus rien n'a de sens. Mon corps semble sur le point de se briser à chacune des violentes ondes dont je suis la victime. Mon esprit est complètement perdu, n’arrivant plus à faire la distinction en le réel et l’irréel.

J’aimerais tellement que tout se calme.

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Akihito
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Re: Lande Noire

Message par Akihito » ven. 14 avr. 2023 18:42

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

26 : Tribunal injuste.

« Je suis Justice. Et Justice a été demandée, déclara l’entité avant de se pencher vers Mathis, humant l’air. Hmmm. La douce odeur de la culpabilité. Parlez, homme, libérez votre cœur de ce poids. Avouez, confessez votre émoi.

- Justice ? Et vous êtes là pour... juger nos compagnons ? Vous êtes juge, jury et bourreau ?

- Je suis Juge de la Vérité, et nul jury ne peut se targuer de la détenir. La sanction applicable, c'est eux-mêmes qu'ils se l'octroient. »

Si Valyus s’incarnait le plus de ce qui était une représentation de la justice sur Yuimen, le monde natal d’Akihito ne possédait pas à proprement parler d’une incarnation de cette valeur. Mathis ne partit pas à la recherche de Bellarien, de son côté. Il avait l’air d’avoir repris ses esprits et cherchait à libérer dans un premier temps les personnes autres qu’Hrist. Mais Justice ne l’entendait pas de cette oreille.

« Toutes méritent un jugement, souhaitez-vous faire obstruction à la Justice ? Vous êtes partie plaignante pour l'une d'eux : j'attends votre réquisitoire à son égard.

- Alors pouvons-nous appuyer leurs plaidoyers comme témoins ? »

Il n’était pas sûr de savoir s’il pourrait ajouter quoi que ce soit ; au moins en sauraient-ils un peu plus sur ce que vivaient les personnes prisonnières. Avisant qu’Yliria, bien que silencieuse, était sur le qui vive et prête à attaquer, l’enchanteur se tourna vers elle.

« Mathis peut pas partir visiblement, tu veux bien aller prévenir Bellarien ? J'essayerai de gagner du temps ici.

- J'y vais, mais au moindre problème, tu cries. Je fais vite. »

Il hocha la tête, acquiesçant silencieusement et la laissant partir au pas de courses vers la grotte. La jeune femme était trop agacée par tout ce qui se passait autour d’elle pour rester calme dans une situation qui allait demander du sang-froid et de la diplomatie. Il jeta un œil à Xël, toujours silencieux.

(S’il ne dit rien, c’est déjà ça de gagné.)

« Lorsque j'ai fait ma demande de jugement, j'étais sous l'emprise d'un cauchemar infligé par Silmeria, expliqua Mathis. Dans ce dernier, elle me poignardait et tuait mes cinq compagnons yuimeniens et ma compagne féline. Puisque c'était un cauchemar et non la réalité, je propose qu’elle subisse elle aussi un cauchemar et que je sois désormais immunisé de ses cauchemars.

- Œil pour œil, dent pour dent. Il n'y a aucune Justice dans ce que vous proposez, tout juste une basse vengeance, et une quête de récompense. Voici venue l’heure de votre Jugement Dernier. Confessez vos péchés, sans tenter de me berner et vous serez jugé. »

Le juge domina de toute sa stature le Kendran, narquois, avant de prononcer calmement une phrase qui glaça le sang d’Akihito.

« Vous ne pouvez être témoins de tous leurs péchés. Et nul besoin : tous ont avoué. Défiants, méfiants, confiants, aucun n'est innocent. La sentence est appliquée, dure et éternelle.

- Éternelle...? Sans vouloir être présomptueux en m'appropriant vos prérogatives, Justice, puis-je vous soumettre une autre forme de sanction pour les personnes jugées et sanctionnées ici présentes ?

- J’ai également une question. Jugez-vous seulement les humains ou considérez-vous que toutes les créatures méritent de se plier à la justice ? »

L’aéromancien prit finalement la parole, avec une question qui fit oublier un temps à Akihito l’inquiétude qui avait germé en entendant un mot aussi absolu qu’éternel, pour qualifier une sentence. Il pensait savoir où voulait en venir Xël : le Dragon Noir avait largement de quoi être jugé et sanctionné. Justice ne suffirait pas, sans doute ; mais avoir un soutien de plus n’était jamais de trop. Mathis, lui, finit par lentement ouvrir la bouche et comme lui avait ordonné l’entité, se confessa.

« Je suis voleur depuis ma tendre enfance. J’aime tout ce qui est beau et je me l’approprie sans remords. Je sais aussi mentir sans difficulté afin d’obtenir ce que je veux. Mais je suis suffisamment rusé et intelligent pour n’user de mensonge qu’avec mes ennemis. On dit aussi que je suis orgueilleux et prétentieux. En ce qui concerne les meurtres, j’ai tué oui, mais en légitime défense ou pour protéger et défendre mes compagnons. Il m’est arrivé de manquer de jugement dans mes stratégies d’attaque. Je serai prêt à tuer le dragon noir ou tout autre ennemi. »

L’Ynorien grimaça et attendit de voir comment Justice allait rendre son jugement.

« Coupable ! La condamnation prend lieu dès maintenant, et la sentence est irrévocable. »

D’un geste de la main, il fit s’élever à une vitesse fulgurante des cristaux rouges qui emprisonnèrent en deux petites secondes le blond guerrier.

(Merde ! Merde, merde, merde !) jura intérieurement le mage, crispant ses mains sur ses armes avant de lentement relâcher la tension, de peur que Justice interprète mal son geste. Ce dernier se tourna ensuite vers les deux mages restants, répondant à leurs questions calmement.

« Comment pourriez-vous proposer une sanction autre si vous ne savez rien de l'actuelle ? Présomptueux, vous l'êtes. Devriez-vous également passer au jugement ? déclara-t-il avant de se tourner vers Xël. Justice juge quiconque doit être jugé.

- Vous avez raison, Justice. Je ne sais rien des sentences que vous imposez, et j'aimerais si possible les connaître. Puis-je appeler quelqu'un d'autre pour qu'elle assiste à la suite de notre conversation ? »

Le ton d’Akihito était prudent, comme le fut celui de Xël qui avait lui aussi compris qu’ils devaient manier prudemment les mots en présence de l’entité cyclopéenne.

« Et pouvons nous savoir pour quels crimes ils sont jugés ? Après tout je connais une créature qui a commis bien plus de méfait que cette troupe là. Je peux en témoigner.

- Justice ne peut se tromper, et le huis clos n'est réservé qu'aux cas délicat. La séance est publique, appelez donc qui vous voulez. Les suspects, quels qu'ils soient, sont jugés pour les crimes qu'ils ont commis et avoué. Il n'y a pas de gradation, un crime est un crime. Témoignez, et celui dont vous parlez sera jugé.

- Et qu'en est-il de la rédemption ? dit l’enchanteur en balayant les cristaux autour d’eux. Expier leurs fautes par l'accomplissement d'une mission périlleuse, pour le bien des innocents, ne serait-ce pas une forme de châtiment valable que vous pourriez utiliser également, Justice ? Et même si ça ne rachète pas tous leurs méfaits, cela pourrait peut-être alléger leur sentence ?

- La rédemption est possible, elle fait partie du processus. Par la mort ou le remords. Nulle sentence ne peut être allégée si elle ne respecte pas ces conditions.

- Vous devriez également prendre en compte que nous tous désirons arrêter un dragon noir qui tue, détruit et vole la puissance qui ne lui appartient pas. Venant d’un autre monde où il a déjà commis l’innommable. Si vous enfermez ces gens de façon éternelle, il nous sera plus difficile de traquer ce criminel.

- Les justiciers sauvages ne représentent en rien la justice. Je vous interdits de faire obstruction, et vous suggère une plainte en bonne et due forme. A moins que vous n'ayez tous deux quelque chose à confesser ? »

Son unique oeil rouge brilla, impérieux, au sommet de son chapeau, semblant guetter avec une attention oppressante les deux mages. Il n’attendait visiblement qu’une chose, c’est que l’un deux commence une confession. Amy pressa son maître de faire attention à ses mots, ce qu’il avait bien l’intention de faire.

« Et quand seront-ils libérés de leur sentence ? Votre juridiction s'applique-t-elle également aux êtres originaires d'un autre monde ?

- Ma juridiction n'a aucune limite, et j'ai déjà répondu à votre première question : par la mort ou le remord. Je ne sais donc pas quand. »

L’aéromancien tenta lui de formuler une « plainte » à l’encontre du Dragon Noir ; Justice accepta de le juger… A la simple condition qu’il soit mené à lui.

« De votre silence, je déduis que vous n'avez rien à confesser. J'espère que vous ne cachez rien à la Justice.

- Non, je n'ai rien à confesser. »

Il avait lui aussi son lot de morts sur la conscience, des actes répréhensibles par bien des lois. Mais l’entité ne semblait pas se préoccuper du contexte, et ne jugeait que les faits : la légitime défense ne semblait pas avoir infléchit plus que ça sa sentence lorsqu’il avait engoncé Mathis dans un cristal rouge.

« Mais en nous ne sommes pas des justiciers sauvages. Nous sommes mandatés par le Conseil d'Ynorie et la Milice d'Oranan pour mettre un terme à la menace qui pèse sur Aliaénon. En emprisonnant ces personnes, Justice, vous nous empêchez d'accomplir une mission et de faire ce qui est juste. Tout pêcheur qu'ils sont, ils ne devraient pas être restreints ici car nous avons besoin d'eux tous pour sauver d'innombrables innocents

- Nous ne parlons pas d’un lézard inoffensif, c’est une bestiole capable de vaincre les Titans de ce monde. Sans ces personnes, aucune chance de l’amener jusqu’à vous. Alors à moins d’avoir une façon facile de vous contacter quand nous l’aurons retrouvé, nous aurons besoin d’eux pour amener le dragon devant la justice. »

Une nouvelle fois, Justice balaya les dires des deux hommes.

« Nul ne peut se substituer à la Justice, quelle que soit son allégeance. Je n'ai cure des moyens : ils ne sont pas mon domaine, comme le vôtre n'est pas le Jugement. N'ayez crainte, cependant : la Justice triomphe toujours. »

Akihito jeta un œil à son poignet : le prénom d’Alossarh brillait toujours au milieu de la lueur rouge de la fiole, et ils n’étaient pas plus avancés. Fallait-il forcer les cristaux ? De ce qu’il avait pu constater, les cristaux ne figeaient pas leurs prisonniers dans la matière cristalline comme une ambre, mais les entouraient d’une simple paroi. La force brute pourrait alors briser la paroi sans trop blesser la personne derrière.
Entendant des bruits de pas derrière lui, Akihito vit Yliria revenir avec Bellarien et deux autres hommes qu’il avait aperçu la première fois qu’ils étaient arrivés dans la grotte. Ils ne leur avaient pas parlé, et aucun de ceux qui avaient participé à la réunion avec lui non plus s’il se souvenait bien. Le jeune sorcier, encore en colère, s’approcha du groupe en fixant Justice.

« Qui que vous soyez, libérez ces êtres sur le champ, et quittez ces terres qui sont les nôtres !

- Outrage à la cour. En voilà un beau spécimen.

- Sorcier d'Assamoth, gardez votre calme s'il vous plaît, Justice n'est pas une entité dont vous voulez être un ennemi.

- Et vous savez comment régler le souci, j'imagine ? »

(Non, mais je sais à quel point ce type peut te faire enfermer pour un oui ou pour un non. Et on a déjà assez de personnes à sauver comme ça.)

« Pardonnez ses mots malheureux, il ignorait ce qui se passe ici et la nature de la cour, déclara le jeune homme à Justice. Mais il a cependant raison sur un point : nous avons besoin d'eux. La justice doit prendre en compte les circonstances pour appliquer son jugement, non ? Serait-il possible de les libérer temporairement le temps d'accomplir notre mission, pour reprendre jugement et sentence une fois cela fait si c'est nécessaire ?

- C’est vrai que si vous n’aidez pas à l’attraper et si vous ne libérez pas, même de façon temporaire, les personnes aptes à arrêter ce criminel de grande envergure alors c’est que vous cautionnez qu’il y ait d’autres victimes. Je me vois donc forcé de formuler une nouvelle plainte contre vous pour obstruction à la justice. Si je disposais de quelques preuves je vous soupçonnerai même de complicité voir de corruption. N’avez vous vous même rien à confesser ? Dans tous les cas nous ne pouvons faire un procès équitable sans la présence de tous les témoins. »

(C’est risqué ! Mais…)

La provocation marcherait peut-être là où les paroles plus mesurées n’avaient eu que peu d’impact.

« Et de vos propres mots vous ne pouvez vous soustraire à la Justice. Ce serait vraiment… Injuste.

- Leurs crimes, nombreux et jusqu'ici impunis, ne permet aucune libération conditionnelle, même avec de telles circonstances atténuantes. Nul ne peut les soustraire à leur sentence, désormais. et vous blasphémez, je mets par chance cela sur le compte de votre ignorance mortelle : Justice est implacable et impartiale, elle jouit d'une immunité totale à toute plainte judiciaire. D'une incapacité à être corrompue ou remise en cause. Vos tentatives pour tirer vos complices de leurs sanctions pénales sont vaine, en plus d'être ridicules et insultantes. Cessez-les séant, ou vous serez sanctionné d'une amende pour outrage. »

Un bruit de fendillement emplit l’air, avant qu’un des cristaux ne finisse par se briser et répandre sur le sol fragments rouges et un corps inerte : ce lui de Jorus.

« Comment ? Comment est-ce possible ? bafouilla Justice, alors qu’Yliria qui était restée silencieuse après son retour, se précipitait sur lui.

- Jorus ?! Jorus ?! Est-ce que ça va ? »

Jorus, complètement hagard, ne put répondre à l’enchanteresse. Elle darda un regard furieux sur la créature.

« Visiblement votre justice est soit faillible, soit au-delà de votre propre compréhension, alors libérez les autres, puisque ça n'a pas lieu d'être si le traitement n'est pas juste pour tout le monde.

- Libérez les prisonniers Justice. Vous n'êtes plus en mesure d'appliquer votre jugement impartial.

- Oui franchement là. C'est pas très sérieux.

- Vous essayez de me berner, de me tromper, de gagner du temps. Et ce dans le seul but de sauver vos amis du châtiment qu'ils ont mérité. Vous trichez ! Nul ne se rit ainsi de la Justice. Vous allez payer le prix de votre insolence ! »

Levant ses deux bras, une lueur rougeâtre se mit à émaner du sol et l’instant d’après, toutes les personnes autour de lui, Yuiméniens comme sorciers, commencèrent à voir leurs pieds et tout ce qui était au contact du sol se faire recouvrir de cristal rouge. Comme une gangrène recouvrant peu à peu leur corps.

(Les négociations sont finies.)

(Pourquoi on pouvait pas régler ça proprement, pour une fois…)

La priorité était d’abord de se libérer de ces entraves. Yliria tenta bien de frapper de son bocle ce qui essayait de l’avaler, mais le coup manquait clairement de puissance. Tout le monde, manquait de puissance. La magie d’Aliaénon allait devoir entrer en action, comme Akihito. Levant son arme, il convoqua la magie à son extrémité avec la ferme attention de propager à l’impact une onde de choc suffisamment puissante pour pulvériser les cristaux aux alentours.

« Les juges qui abusent de leurs droits pour des fins personnelles et par fierté sont des trotte-menus. »

La tête de l’arme frappa le sol et pour une des rares fois depuis qu’il était arrivé sur Aliaénon, la magie lui obéit. Tout autour de lui, les formations rouges se brisèrent et tombèrent en scories écarlates, ce qui ne parut pas plaire à Justice qui fusilla l’enchanteur du regard et lança sa main dans sa direction, comme pour lancer un sortilège. Mais… Rien ne se passa. Au même moment, une aura vert d’eau l’entoura telle une membrane protectrice. L’enchanteur ne se posa pas la question de faire le lien entre les deux événements et se précipita à l’aide de ses bottes de foudre en direction de l’entité. Laissant le manche glisser dans sa main pour profiter plus facilement de l’amplitude de son arme, Akihito prépara son attaque et vit une nouvelle ondée rouge partir de Justice pour s’écraser contre l’aura qui entourait son corps. La colère qui fusa dans son regard fut rapidement remplacé par la douleur de l’impact du Coup colossal qui frappa son torse nu, vidant l’air de ses poumons.

« Merci ! cria l’Ynorien, ne sachant pas qui remercier pour la protection dont il était doté.

- Tricheurs ! Ce n'est pas possible ! Pas possible ! »

Visiblement, ce qu’on faisait dans son dos ne plaisait pas à l’entité. Akihito ne comptait pas pour autant lui laisser le temps de se préoccuper de ce qui se passait autour de lui : lui et son marteau était une menace bien plus sérieuse.
Comme face aux Corneraures, le revêtement élémentaire qui enveloppa le marteau fut celui d’un mélange aqueux, visqueux., alors que l’enchanteur usait de son bouclier pour empêcher le recul de l’arme de trop emporter l’enchanteur. Du bord du pavois, il fit levier sur l’extrémité du manche du marteau pour accélérer le retour de l’arme qui vint frapper une nouvelle fois Justice.

« Relâche mes compagnons, manant ! »

Son ordre ne fut visiblement pas entendu, car la seule réponse qu’il eut fut un large mouvement de la tête pour envoyer l’un des plateaux de sa coiffe en direction du visage d’Akihito. Il ne s’attendait pas à un combat ici, aussi n’avait-il pas enfilé ses pièces d’armures les plus encombrantes qu’étaient ses gantelets et son casque. Il put esquiver l’attaque d’une torsion du buste contraire au sens de son attaque, et cela affecta la puissance de son coup qui toucha avec bien moins de puissance.

« Allez, bordel ! Encore ! »

Faisant un pas de recul, le jeune homme put prendre connaissance de ce qui se passait derrière lui : les deux frères sorciers venaient d’extraire par un moyen qui lui était inconnu Alossarh ; Xël se relevait d’un vomis qu’il avait lâché plus tôt ; Yliria fonçait arme au clair en direction de Justice, depuis les airs. Aucune trace de Jorus : la semie-shaakte l’avait sans doute mis à l’abri.

(Prenez-le en tenaille, attire son attention !) conseilla Amy, ce qu’il approuva.

« Raté, jocrisse ! » provoqua l’enchanteur en armant un second Coup colossal qui après une nouvelle esquive anticipé d’un plateau, vint se fracasser contre le plexus solaire de Justice qui fut jeté au sol, hurlant de colère et de douleur.

« Vous me le paierez ! Cet affront ne restera pas impuni ! »

Yliria fondit sur lui et d’un coup d’estoc violent, ripa sur sa coiffe visiblement très dure et lui ouvrit la lèvre. Ce qui provoqua un nouvel éclat de colère de l’entité qui se faisait dominer par l’enchanteur. Il songea un instant à lancer un nouvel assaut et un nouveau Coup colossal pour achever Justice, mais une pensée le retint.

(Il peut sans doute libérer plus aisément les autres que nous. Les sorciers ont l’air de galérer.)

De plus, l’un des préceptes de Valyus poussaient ses croyants à laisser une chance à leurs adversaires. A gronder tel l’orage avant d’abattre définitivement et sans pitié leur courroux. Alors au lieu d’enchaîner avec une attaque, Akihito usa de son marteau en appuyant sur la poitrine meurtrie de Justice pour l’épingler au sol et posa son pied sur son coude droit, le maintenant à terre.

« Libère nos alliés, Justice. Dernière sommation, » déclare l'enchanteur en grondant, furieux.

Une tentative de rompre le combat qui ne fut pas suivit par ses alliés, malheureusement. Xël tenta de retirer la coiffe de justice à l’aide d’un portail en vain, et Yliria se posa à ses côtés et brandit sa rapière, prête à trouer pour de bon son adversaire immobilisé.

Akihito n’aima pas le rictus mauvais qui orna les lèvres de l’entité à ce moment-là. Et il eu raison : d’un geste de la main valide, il lança un maléfice à la semi-shaakte qui vit son bras se recouvrir de cristaux rouges.

« Tente quoique ce soit, et elle perdra son bras. »

Une demi-seconde, Akihito sentit son esprit se vider. On le menaçait ? On prenait Yliria en otage ? Non, non non. C'était ridicule. Et pourtant...

(Je vais me le faire.)

Une fureur inconnue se réveilla chez lui, révolté de voir qu'on menaçait son amie de la sorte. Révolté qu'une soit disante incarnation de la Justice en vienne à ce genre de procédé. Révolté qu'on utilise Yliria pour l'atteindre lui. Et quelque part, ça marchait. Posant la main sur le bras cristallisé de son amie, Akihito fit une nouvelle fois appel à la magie. Ses doigts se refermèrent prudemment sur un éperon rougeâtre près de l'épaule de la Semi-Shaakte et d'un coup vif, il mima d'arracher toute la pellicule de cristal. Le cristal lui obéit et forma un amalgame dans sa main qu'il modela en une fraction de secondes dans la forme d'un fer de lance aiguisé, formé de deux lames entrelacées. Il jeta un regard courroucé à Justice : il lui avait laissé une chance, et il avait refusé de la prendre.

« Mauvaise cible, tête de vit ! » rugit Yliria en lui écrasant son talon sur le front, visant l'œil rougeâtre. Akihito enchaîna dans la foulée et lança son fer de lance, visant la bouche qui ne devait plus menacer quiconque. Surtout pas Yliria.

« Mauvaise cible, radeuse de bas étage ! »

A travers le sang noir charbon qui coulait de la lèvre fendue par la rapière chitineuse, l'enchanteur vit un sourire. Le même sourire narquois. Il sur que quelque chose allait mal tourner... et le constata rapidement. D'un mouvement du poignet, Justice tordit la trajectoire du fer cristallin pour filer directement vers son torse. Les écailles de Faerunne comme de Keraunos sautèrent les unes après les autres et un jet incandescent de douleur le traversa avant de disparaître.

« Ah.

- Aki ! »

(Aki !)

Le choc le repoussa en arrière et le fit chuter, tandis qu'une peur enfouit chez Akihito se réveillait. La dernière fois que pareille douleur physique l'avait assaillit... C’était là aussi à la poitrine. Dans le Palais de la Roseraie de Soie, lorsqu'il avait senti ses os se briser un à un dans sa cage thoracique sous le coup de boutoir de Crean Lorener. Il avait faillit y laisser la vie, cette nuit là. L'Hinïonne Aenaria l'avait sauvé, à l'époque, en le faisant sucer son sucre d'orge.

Le bruit jusque là étouffé autour de lui revint petit à petit, et il baissa les yeux sur sa poitrine, voyant l'extrémité de sa propre "arme" dépasser de son armure éventrée. Son cœur devait se trouver... trois... non, peut être à deux centimètres de la pointe effilée. Il avait échappé de justesse à un coup mortel, mais il n'allait pas s'en sortir s'il ne soignait pas rapidement cette plaie béante.

« Vous... Occupez pas... de moi ! » haleta l'enchanteur en saisissant la lame de ses deux mains. Justice devait être abattu, c'était la priorité. Lui... passa de longues secondes à retirer le plus lentement possible la source de sa douleur. Contrairement à un projectile plus fin comme une flèche où le retirer d'un coup sec rendait la douleur intense mais brève, faire la même chose ici pourrait aggraver la plaie dans des proportions plus catastrophiques. Une souffrance insupportable l'accompagna, tandis qu'il serrait les dents, bloquait sa respiration et que sa vision se voilait peu à peu de rouge.

Puis enfin dans un râle, il retira la pointe de sa poitrine. Dans un ultime pied de nez, cette dernière se dispersa en particules écarlates. Se saisissant d'une main tremblante de sa gourde, il la porte à ses lèvres et but avidement l'immense potion de soin et il crut pleurer de joie quand il sentit la blessure se résorber, petit à petit. Malheureusement, pas assez pour le soigner complètement, loin de là. Mais désormais, il se sentait capable de se relever, ce qu'il fit en trmblotant, aidé de son marteau.

(Justice menace de tuer Simaya et les autres si on l'attaque de nouveau !) L'informa Amy. En regardant le cristal rouge dans lequel la magicienne était enfermée, il constata avec inquiètude que des vénales noires commençaient effectivement à le recouvrir. Il fallait détruire sa prison... et Akihito n'était pas sûr de pouvoir utiliser sa magie maintenant. Portant la main à sa blessure dont le sang continuait de couler, il sentit les runes qu'il avait calé là, en prévision de l’orbe du Titan.

« Xël...! Ta rune, sur le cristal de... Simaya, ça marcherait ?! » demanda Akihito après avoir craché une gorgée de sang. La rune "Détruire"... allait sans doute pouvoir faire venir à bout de la prison, non ? Xël acquiesça et posa sa main sur le cristal, mais utilisa une rune différente.

« Xegu. »

(Porte. La rune qu'il a eu de Mathis !)

L'idée était peut être meilleure que celle qu'avait en tête l'enchanteur, mais le résultat ne fut pas celui escompté. Une ouverture s'ouvrit dans le cristal et révêla... un monde noir où deux femmes se déficient du regard, l'une entourée d'un dôme de lumière, l'autre de ténèbres. Deux Simaya, comme les deux facettes de son pouvoir. Le type de sentence auquel soumettait Justice devint un peu plus clair... comme son désir d'emporter tout les autres cristal dans la folie qui le consummait. L'entité juge était dans un piètre état : un bras arraché, le corps meurtrie de toute part et en plus de ça, il était noyé dans les flammes bleutées d'Alossarh. Et pourtant, il riait. Riait d'un rire fou, en regardant Yliria prisonnière d'une sphère translucide. Il fallait en finir.

« Xël, fait moi un portail derrière lui ! »

Le cri d'Akhito fut entendu, et Akihito lâcha ses armes avant de serrer dans sa main une rune saisie dans sa main droite.

« Tev ! »

Le bras gauche tendu vers Justice a travers le portail gonfla subitement, tendant le tissu et son armure sous la soudaine croissance des muscles de l'enchanteur grace a l'effet de sa rune "Force". Avec, il était sûr de pouvoir tirer avec lui Justice dans le portail, et le décapiter en demandant à Xël de refermer le portail. Mais tout se compliqua quand la créature folle se tourna vers lui et s'agrippa à son bras, lui transmettant ses flammes.

La douleur, atroce, ravageait le bras de l’enchanteur.

(Aki, ton… Ton manteau ! Pourquoi il ne te protège pas ?!)

(J’en sais rien ! Mais ça fait un mal de chien !)

Le rire dément de Justice résonnait dans ses oreilles, tandis que les flammes bleutées se répercutaient sur les parois de cristal rouge tout autour d’eux. Un cristal avait été construit autour d'eux, reduisant drastiquement la marge de manœuvre de l'Ynorien. Les flammes surnaturelles que sa protection runiques n'arrivaient pas a l'en protéger produisaient une chaleur ardente asséchait ses yeux, les larmes de douleur n’arrivant même plus à hydrater ses yeux qui commençaient à lui piquer. Il n’allait pas pouvoir tenir une telle souffrance longtemps, alors il prit la décision d’en finir. De sa main droite, il attrapa le bras du plateau droit de Justice ; de son bras gauche, il crocheta avec son poignet pour atteindre son épaule par dessous son aisselle. Puis dans un cri de rage, il tira de toute sa force surnaturelle nouvellement acquise vers le bas pour le mettre à genoux au niveau du portail en se reculant.

(Dit à Yliria d’ordonner à Xël de fermer son portail, maintenant !)

(Et ton bras ?!)

(Pose pas de question et fait le !)

« XËL ! FERME TON PORTAIL ! » s’époumona l’enchanteur en appuyant de tout son poids sur la tête de la créature hilare et essayant d'extraire au dernier moment son bras de l'étreinte enflammée, quitte à arracher le bras de Justice au passage. Il se fichait de savoir en combien de morceaux la fermeture du portail allait découper Justice ; il devait l'arrêter maintenant.


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Mots placés : Jocrisse, Manant, Radeuse, trotte-menu.

Utilise la force de la rune Tev pour tirer sur le balancier de Justice et son épaule pour le mettre à genoux sur le portail en se reculant. Essaye de retirer son bras gauche au dernier moment (quand il hurle) pour maintenir le plus longtemps possible sa prise.
Modifié en dernier par Akihito le mar. 9 mai 2023 11:51, modifié 8 fois.

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