Cratère d'Apocalypse

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Yuimen
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Cratère d'Apocalypse

Message par Yuimen » lun. 12 sept. 2022 17:12

Cratère d'Apocalypse

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Cromax
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Re: Plaine d'Or

Message par Cromax » jeu. 15 sept. 2022 13:07

Cauchemar en Aliaénon : Cratère de l'apocalypse I


La traverse du fluide fut surprenante pour ceux qui n’en avaient jamais empruntés. Plus paisible pour les autres, habitués. Une sensation de perdre toute consistance physique. Tout devenant noir ou blanc, brumeux en tout cas. Le monde autour n’existait plus, tous étaient dans le néant. Enchaînés pour la traversée, ils avaient tous conscience les uns des autres, sans pourtant les décerner clairement. Rien n’existait : ni la matière ni le son. Pas la moindre sensation. Puis, tout redevint normal. Ils se retrouvèrent tous de l’autre côté. Tout autour d’eux s’étendait à perte de vue une plaine d’or. Littéralement d’or. Le moindre rocher, le moindre brin d’herbe, la moindre poussière ou végétal étaient d’or. D’or pur.



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Une personne leur faisait face, debout, déterminée. Une jeune femme à la peau pale, cheveux fuchsia et yeux vairons, vêtue d’une simple robe corsetée.



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Derrière elle se dressaient plusieurs statues, toutes d’or, elles aussi, arborant sur leur socle des noms plus ou moins connus. Les Sauveurs originels d’Aliaénon. Celle de Xël, bras levés et poings fermés, mine rageuse et combattive, entouré de morceaux d’or expédiés, explosés. Eva, debout, droite et fière, entourée de cristaux glacés faits d’or. Mathis, tenant en ses mains une pique d’or coincée dans un engrenage. Azra, le visage mi-humain, mi-squelettique, tenant dans sa main, plongée dans son propre cœur, la dague qui a vu sa vie périr sur la Lande Noire, dorée. Sa statue est couronnée d’or. Kiyoheïki, ensuite, arborant dans sa main un écu d’or frappé d’une trinité. Autour de son autre bras, tendu vers le haut, poing fermé, un dragon d’or s’enroule. Heartless, ensuite, brandissant d’une main son trident d’or, de l’autre une tête d’orque tranchée. Serpent, aussi, au masque d’or, et brandissant fièrement, droit et fier, une lyre dorée. Sirat, ensuite, brandissant d’une main un marteau d’or, et de l’autre un épais grimoire d’or, symbole de connaissance et de sagesse. La dualité de l’humoran était ainsi représentée. Silma, ensuite, un rapace nocturne, un harfang doré, posé sur l’épaule, fière et droite, elle aussi. Alistair, portant à bout de bras un drapeau doré, Reposant à ses pieds, une grande épée, dorée, vaincue. Endar, ensuite, l’air concentré, tenant entre ses doigts une boule d’or, symbole de sa magie. Charis, aussi, altière, tenant dans ses mains tendues un oeil schématisé, d’or, à la pupille incrustée d’une pierre étincelant d’un bleu magnifique. Elle arborait au cou une clé d’or. Et puis la dernière, des plus réalistes : Lothindil, une main tendue vers les cieux.

Glanaë, car c’était le nom de la jeune femme qui les attendait, pour ceux qui la reconnaissaient, n’eut guère le temps de dire un mot que son visage se figea d’une heureuse surprise. Arthès accourut vers elle avec une impatience non feinte, et la prit dans ses bras avec ferveur, l’embrassant avec passion. Des retrouvailles amoureuses essentielles, car chacun d’eux ignorait la survie de l’autre. C’est là que ceux qui la connaissaient reconnurent une autre personne, debout sur leur côté. Une elfe de Yuimen, à la réputation sulfureuse : Silmeria en personne. Comment était-elle arrivée là ? Qu’est-ce qu’elle y faisait ? Déjà deux mystères à résoudre avant même d’avoir commencé.

Les habitués des lieux remarquèrent tout de même un détail majeur et ENORMISSIME : aucune trace de la Tour d’Or. Pas plus du Bourg d’Or qui entourait cette dernière. Pas la moindre ruine, pas le moindre débris, pas le moindre cadavre. Comme si leur existence avait été totalement effacée. Glanaë, reprenant possession de sa bouche, parla alors.

« Merci d’être venus, revenus, d’avoir répondu à l’appel. Je m’appelle Glanaë, je viens d’Esseroth. L’heure ici est grave, et plus que jamais nous avons besoin de vous. Aucune armée, cette fois, mais une puissance inconnue, terrible, étrangère à ce monde. Elle est apparue il y a peu, tellement puissante qu’elle a fait vaciller la magie d’Aliaénon. Profondément. Une entité qui semble vouloir se nourrir des plus fortes énergies de ce monde pour gagner encore en force. Le monde entier, dans son essence, est en danger. Vous devez résoudre, gens de Yuimen, cet inquiétant mystère. Je vous en conjure. »

Egregor Carminès, le grand black aux cheveux blancs et aux yeux rouges ouvrit sa main vers les cieux, l’air satisfait. Il commenta, ferme.

« Je dois me rendre à Esseroth sans plus tarder. C’est ma patrie, je dois la protéger. Chacun de nous devrait rejoindre sa région d’origine, d’ailleurs. Laissons les Yuimeniens l’occasion de voyager entre chacune pour récupérer les informations que nous leur aurons dégotées. »

Simaya, la belle blonde en robe sombre, renchérit.

« Je peux, via le pouvoir de Xël – si tu es d’accord – créer de multiples portails pour mener chacun vers une cité de ce monde, si c’est ce que nous faisons. Xël pourra ensuite mener son groupe à travers les différentes zones du monde. Il faudra que vous restiez ensembles, soudés, pour ne pas être contraints de voyager par vos propres moyens, prenant un temps que nous n’avons visiblement pas. »

Le silence retomba. Glanaë reprit la parole.

« Vous connaissez les plus puissants de ce monde. Les Titans. C’est vers eux qu’il faudrait diriger vos recherches. Mais pas sans préparation : leurs landes sont dangereuses. Voyez vous-mêmes par où commencer. »

Les yeux se croisèrent. C’était aux aventuriers de parler.



[HJ : Bon, va falloir préciser quelques trucs, forcément.
  • Déjà, bienvenue à tous dans cet événement. J’espère que vous prendrez du plaisir à parcourir Aliaénon et que vous vivrez des moments épiques.
  • Merci d’accepter au plus vite l’invitation sur le serveur discord dédié à l’événement.
  • Concernant la magie d’Aliaénon, ceux qui ne la connaissent pas ne savent pas son fonctionnement, bien entendu. Ni leurs faeras. Mais tous avez un point commun : elle vous affecte. Les mages comme les full physiques. Vous sentez son pouvoir en vous. La possibilité de l’utiliser. (Hé ouais. Plus de possibilités, plus de dangers !)
  • Ceux qui possèdent des faeras, elles vous préviendront que leurs pouvoirs ici sont limités : elles ne peuvent prendre forme sous peine d’être instantanément pulvérisées. Elles sont donc intimement liées à vous. Elles ne peuvent discerner les pouvoirs des êtres d’Aliaénon, ils ne sont pas élémentaires. Elles peuvent vous signifier qu’ici, d’ailleurs, la magie n’a rien d’élémentaire.
  • Les mises à jour se feront du samedi au samedi. Ainsi, chaque semaine, je vous demande d’avoir RP pour le samedi 10h maximum. Les retardataires et absents ne seront pas pris en compte, considérés comme suivants inactifs (mais risquant ce que la situation implique, sauf s’ils préviennent à temps dans le discord adapté)
    Pour vos réponses : Vous devrez faire deux posts d’ici le samedi 24 septembre (date de la prochaine màj)
    • La première devra être postée dans le sujet de la milice d’Oranan, suite à la première partie de la màj, et prenant en compte les événements y étant décrits. Rien ne peut y être ajouté de ma part, aussi si vous questionnez les pnj, ils ne vous répondront pas, trop pris par la situation tendue. (À part un salut de la tête pour ceux qui les connaissent, bien sûr). L’ordre d’entrée dans le fluide n’a pas d’importance, passez-le donc sous silence. SI votre personnage refuse de participer à la chaine ou de passer le fluide selon les conditions proposées, prévenez-moi et je préciserai ce qu’il adviendra de lui.
    • La seconde devra se faire à la suite de ce post. Attention, la présente situation amène à une discussion de groupe. Celle-ci devra être menée sur le channel « Discussions générales » en suivant les règles suivantes : Chaque intervention devra être suivie d’une réponse de ma part, ou de la part du personnage ciblé par ladite intervention. Pas de cumul de posts entre joueurs, donc. Un même personnage ne peut pas intervenir deux fois de suite autour d'une réponse de ma part, pour laisser à chacun la possibilité de s’exprimer et réagir. Outre ça, l’ordre des interventions n’a pas d’importance.
  • Si vous devez vous arranger entre vous pour une chose ou l’autre, le sujet de Coordination vous est ouvert sur le discord. Merci de ne pas y flooder, que les informations ne se perdent pas. Si vous avez des questions, le sujet de questions est là. JE réponds, sauf si vous êtes certains de la réponse que vous pourriez amener (notamment si la question porte sur un élément écrit dans la màj). N’hésitez SURTOUT PAS à les poser, même si elles vous paraissent idiotes. Je préfère ça que vous faisiez n’importe quoi dans votre post ^^
  • Il se peut que j’aie oublié des trucs à vous dire. Si c’est le cas, j’indiquerai ça dans le discord d’informations.

Merci de votre lecture attentive, et que le jeu commence !]

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Mathis
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Mathis » dim. 18 sept. 2022 15:20

La traversée du fluide me sembla pénible. Non pas, par crainte de ma propre personne puisque je n’en étais pas à ma première expérience, mais plutôt à cause de l’inquiétude que j’éprouvais pour la santé de mon animal de compagnie. Il m’était impossible de savoir ce qu’elle ressentait, ainsi je la collai contre ma poitrine pour qu’elle sente bien ma présence et je la tenais assez fermement pour ne pas l’échapper. Comme à l’accoutumée, j’eus l’impression de ne plus posséder de corps, je perdis la vision de ce qui m’entourant, mes yeux semblant voilées. Et j’eus l’impression d’être dans le néant, nulle part, dans le vide. Puis, mes sens refirent surfaire, j’eus conscience de mon corps. Nous étions traversés.

La première chose que je vis de l’autre côté fut la plaine d’Or. Elle était aussi resplendissante sinon mieux que mes souvenirs. Le champ de blé en or, minéral qui ne servait pas de monnaie d’échange sur Aliaénon, se répandait à perte de vue. Bien que le capitaine de la milice m’ait déjà informé de l’effondrement de la tour d’Or, son absence et celui du Bourg d’Or me paraissait étrange. Je tenais toujours ma Praline dans mes bras et je caressai tendrement sa fourrure afin de la rassurer.
Puis mes yeux se posèrent la jeune femme qui se trouvait devant nous. Je reconnus immédiatement ce visage plein de caractère, ces cheveux de feu, ces magnifiques yeux dont la couleur s’avérait indéfinissable, c’était Glanaë. Celle-ci n’accorda aucun regard pour les aventuriers, son enthousiasme soudain était destiné à Arthès qui lui-même accourait dans sa direction. Arthès enlaça celle qui s’avérait son amoureuse et ils s’embrassèrent avec passion. Je ne savais pas combien de temps, ils avaient été séparés, mais je comprenais comment leur situation avait pu être pénible et je me réjouissais pour eux de ces retrouvailles. Et j’espérais secrètement que Glanaë ne nourrisse plus de rancune à mon égard dû à mon comportement inapproprié lors de la guerre de Fan Ming.

Bien que leurs retrouvailles fussent touchantes, je m’intéressai aux statues qui se trouvaient juste devant nos yeux. Elles représentaient les sauveurs d’Aliaénon, et j’en faisais partie. Il y avait Xël bien sûr. Eva, la jeune femme qui m’avait accompagné entre autres au sauvetage sur Nagorin tentant avec moi de négocier avec le dragon mauve. Ensuite, moi, fière allure tenant le pic qui avait coincé l’engrenage empêchant les orques de pénétrer dans l’enceinte. Et puis Azra, Kiyoheïki et Heartless. J’avais connu ce dernier dans la dernière partie de la mission sur ces terres, mais nous avions travaillé de concert lors de la défense de Fan Ming. Puis je l’avais revu sur Kendra Kâr, il avait également participé à la mission pour le roi de la cité blanche pour résoudre l’énigme des feux du ciel. J’aurais aimé le voir en ces lieux en notre compagnie sur ces terres, et je fus déçu de ne pas le voir. Il y avait six autres statues représentant : Charis, Lothindil, Silma, Endar, Alistair et Sirat. Ce dernier avait reviré sa veste à deux reprises, pour finalement revenir dans notre camp à la toute fin, si toutefois mes souvenirs étaient exacts.

Puis je portai mon attention sur une autre femme qui se trouvait là. Une hinionne élancée et athlétique aux longs cheveux blancs, de ravissants yeux violets qui exprimaient malheureusement une certaine lassitude ainsi des lèvres pulpeuses exprimant un air boudeuse. Je fouillais dans ma mémoire, mais je ne parvins pas à me souvenir de cette jolie femme.
Glanaë se détacha de son amoureux afin de nous accueillir et de nous informer des faits.

Elle nous remercia d’abord de nous être rendus jusqu’à elle. Une de fois de plus, le peuple d’Aliaénon avait besoin de nous. Nous n’avions pas d’armées à affronter cette fois, mais plutôt une terrible puissance inconnue provenant d’un autre monde. Cette puissance avait fait vaciller la magie d’Aliéanon et semblait se nourrir de l’énergie de ce monde. Le monde entier d’Aliaénon se trouvait encore en danger. Elle termina en nous suppliant de résoudre ce terrible mystère.

Ce fut mon ami Egregor qui enchaina. Il voulait se rendre sur Esseroth sans tarder, c’était sa patrie et il voulait la protéger, comme tous les autres Aliaénonniens présents parmi nous devraient faire. Il proposa que nous, les aventuriers de Yuimien, parcourions les régions une à une afin de glaner de l’information.

Simaya ajouta alors son grain de sel, un grain fort important puisqu’il permit de résoudre le problème de transport d’un lieu à l’autre. En fait, elle proposa d’utiliser le pouvoir de Xël.

(Et quel est ce pouvoir ? ) Me demandai-je les sourcils froncés.

Pouvoir qui consistait à créer de multiples portails pouvant nous mener d’un endroit à l’autre sans perdre de temps dans de longs voyages. Je me souvins alors de la longue expédition dans un endroit glacial en compagnie de Honoka et sa garde du cours. Puis la navigation sur le long fleuve. Mais pour la suite, nous avions pu bénéficier de sifflets magiques. Cet instrument appelait un cheval ailé qui nous menait instantanément à l’endroit désiré.

La voix de Simaya me ramena au présent. Elle nous recommandait de demeurer groupés, afin de ne pas être obligés de voyager par nos propres moyens.

Puis, Glanaë reprit la parole en nous parlant des titans, les êtres les plus puissants de ce monde. C’était vers eux que nous devions poursuivre nos recherches. Mais elle insista que nous devions être préparés avant de nous aventurer sur leurs landes. Puis elle se tut, nous laissant choisir quelle ville nous visiterions en premier.

Le jeune homme aux yeux en amande se présenta le premier Ahikito originaire d’Oranan. Il demanda à se faire présenter tous les habitants d’Aliaénon en notre présence. Puis d’un ton contrarié, que je jugeai légèrement agressif, il pointa la jolie hinionne demandant ce qu’elle faisait là.

(Ce n’est donc pas une habitante d’Aliaénon.)

À la demande de Akihito, Simaya fit les présentations et termina par la dénommé Silmeria, apparemment aventurière de Yuimen qui s’était également portée volontaire.

Xël prit la parole à son tour s’intéressant principalement aux gens qu’il avait connu lors de son dernier voyage sur Aliaénon, demandant quels avaient été leurs sorts respectifs. Simaya lui répondit, ne connaissant pas ses gens, je ne portai pas grande attention à leur conversation. Accroupi, je déposai délicatement Praline au sol, m’assurant qu’elle se portait bien suite à la traversée du fluide. Ce ne fut que lorsqu’elle qu’elle parla de l’effondrement de la tour d’Or que je repensai à Honoka.
Silmeria adoptait une attitude décontractée et répondit même de façon moqueuse aux questions de Xël. Si l’attitude de Xël, s’était avérée neutre. Akihito semblait plutôt hostile à l’arrivée de la nouvelle venue.

D’une grande politesse, il posa des questions sur Aliaénon, sur les titans, les sorciers de vision. Il voulait en connaître plus sur ce monde et c’était tout à son honneur.

Mais je n’écoutais plus leurs questions ni les réponses qui m’arrivaient par bribes, je pensais à Honoka. Ce fut donc avec une voix teintée d'inquiétudes que je m'adressai à Glanaë qui était demeurée sur Aliaénon.

« Et qu'en est-il de Honoka ? »

Ce fut Simaya qui me répondit d’un air compatissant. Elle les accompagnait lors de l’écroulement de la tour, mais elle n’avait pas passé le fluide.

Simaya poursuivait ses explications à l’Oranien au sujet des titans, lorsqu’un jet de flammes d’au moins dix mètres jaillit du doigt de la jeune femme rencontrée dans le cynore. La jeune femme s’éloigna et reprit ses essais. Ce fut à ce moment que je compris certaines paroles de Simaya. Elle avait expliqué que sur Aliaénon, nous yuimeniens avions des pouvoirs et que même eux n’avaient pas sur leur propre monde. Des pouvoirs qui pouvaient être très puissants… jusqu’à être très risqués.

Si je ne m’intéressais pas à toutes les questions, l’une d’elles attira mon intention. Xël fit la remarque que si tout avait été détruit sur les plaines, pourquoi alors nos statues avaient résisté ? Je sentis une nervosité dans la voix de Glanaë qui ne savait pas trop quoi répondre et finit par dire que nous étions leur sauveur et leur seul espoir.

Praline se sentant mieux, je me relevai. Triste devant la disparition de Honoka je ne dis mot pendant un petit moment, alors que la jeune femme testait sa magie sur Aliaénon au grand désarroi de l’Oranien.

M’étant ressaisi, je pris la parole,

« C'est une bonne idée que de rester tous ensemble, nous avons apparemment des capacités très différentes les unes des autres. Nous allons ainsi nous compléter. »

Puis m'adressant à tous :
« Si vous n'y voyiez pas d'inconvénient, je proposerais de commencer par Esseroth...nous connaissons déjà plusieurs résidents et ils vont nous faciliter notre enquête au début. »

Ma remarque était logique et en plus, je respectais ma parole donnée à Egregor qui s’empressa d’approuver ma proposition.

Xël était du même avis, et avoua vouloir proposer la même chose aussi. Puis il eut le bon réflexe de demander qui surveillerait le fluide. Glanaë et Arthès se portèrent immédiatement volontaires, ce qui venait de régler un point important.

La jeune femme prénommé Yli, enfin c’est ainsi que Akihito l’appelait, continuait avec sagesse à tester les pouvoirs de sa magie dans ce monde nouveau. Alors que l'oranien tentait de la raisonner par la douceur, Jorus, apparemment étroit d’esprit, ne cessait de la sermonner, allant même jusqu’à la menacer. Mais non dépourvue de moyens, elle savait lui donner la réplique. J’intervins donc pour donner mon opinion, non pour la défendre, elle savait apparemment le faire seule. Ma remarque n’avait que but de l’appuyer, et tenter de cesser ces remontrances de gamins.

« Moi, je pense au contraire que c'est le moment idéal pour tester la magie ici. Il y a ici des plaines à perte de vue... À Esseroth, il y aura risque d'endommager les bâtiments ou autres, ce que les Esserothiens, avec raison, n'apprécieront pas... Mais libre à toi, Akihito, d'attendre comme tu le suggères. Mais la magie étant imprévisible, et elle pourra se manifester en toi, d'une manière ou d'une autre sans que tu le veuilles, alors que tu seras dans une zone habitée, je ne pense pas que tu puisses la contrôler. »

J’avais émis mon opinion d’un ton calme, de ma belle voix de ténor.

Cela dit, je sentais bien la magie en moi. Mais contrairement à Yli, je ne possédais pas de fluides élémentaires sur Yuimen. Il me fallait donc agir, avec ce qui m’appartenait. Je décidai donc de voir si cette magie était en fait un catalyseur et puis si elle était liée qu'à moi ou aussi à mon équipement. Puisque mes jambières me permettaient d'aller plus vite, je décidai de me mettre à courir, le plus vite possible afin de voir si ma vitesse serait augmentée ou pas.

Je pris donc la direction Nord et commençai à courir, tel que mes jambières me permettaient de faire. Puis peu à peu, je sentis une magie intense, puissante m’envahir. Je ressentis d’abord une euphorie, mais ce fut de très courte durée, car la magie m’envahissait et je ne pouvais plus la contrôler. Ma vitesse augmentait si rapidement que je ne voyais plus le paysage défiler, tout était trop rapide. En à peine, un cillement je me retrouvai devant un paysage glacial. Devant moi se dressait un immense mur de roches et de glaces, mais bien dans la neige. Mes souvenirs me revenaient et le froid m’envahissait. Je me situais exactement devant le Mur du Raa’saakska, la frontière qui menait au pays des dragons.

Je devais rebrousser chemin. Cette fois par contre, je pensais avoir compris, je devais mesurer mes souhaits lorsque je voulais utiliser cette magie. Je tente donc de courir à peine plus vite que la marche rapide. Puis, avec parcimonie, je forçai un peu la magie, mais à peine afin d’augmenter ma cadence, ce qui fonctionna. Avec prudence, j’augmentai légèrement ma vitesse étant précis dans mes désirs, tentant d’atteindre la vitesse du cheval tel que me permettait mes jambière, puis deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois. J’apprenais peu à peu à apprivoiser cette magie, à la doser selon mon désir. Et puis, en peu de temps, je revins à la plaine d’Or, courant avec élégance et contrôle, diminuant ma vitesse à souhait en arrivant à destination en douceur.

Avant d’expliquer ma brève expédition, je pris le temps de me ressaisir et de jeter un coup d'œil à Praline. Désormais je savais que si je faisais un exercice d’emprunt, je me garderais bien d’utiliser la magie. Praline était trop précieuse à mes yeux pour que je prenne le moindre risque. Je savais par contre, pour l’avoir testé lors de mon retour, qu’il m’était possible de doser la magie et même ne pas l’utiliser du tout.

Pour le moment je sentais de la fatigue dans mes jambes, ce qui était tout à fait normal vu la distance que je venais de parcourir. Une fois remis de mes émotions, je m'adressai aux autres.
« Cette magie est très accessible, mais il est important d'être très précis dans notre désir.
J'ai fait l'erreur la première fois de penser courir le plus vite possible. »


Je me retourne vers les Aliaénonniens qui pourraient peut-être confirmer le nom de l'endroit que j'ai vu.

« Je me suis rendu jusqu'au pied d'un immense mur de glace et de pierre. C'était glacial. »

Réalisant que je ne m'étais pas encore présenté, j'ajoutai:

« Et je suis Mathis Demarcus. »

Me tournant en direction de la plaine, m'assurant que personne ne se trouvait devant moi, j'annonçai mes intentions.

« Cette fois je vais tenter d'exécuter un saut acrobatique vers l'avant. En choisissant de faire appel à la magie, mais de façon tempérée, je veux pouvoir sauter que deux fois plus haut que ma capacité actuelle. »

Cela dit, je m'exécutai, faisant fi de la moquerie de Silmeria.

Mon saut, bien qu’impressionnant, puisque fait avec grâce et souplesse, ne fut pourtant pas plus spectaculaire qu’à l’habitude. Je ne pus en dire autant de l’atterrissage.

Lorsque je mis les pieds au sol, une tempête se déclencha, abruptement sans les moindres signes précurseurs.

L’ombre s’abattit alors sur nous tous puis un vent violent se déchaina. Si violent que tous ceux qui comme Arthès, possédaient des couvre-chefs durent bien les tenir. Ne prenant aucune chance, je pris Praline dans mes bras, la tenant fermement. Au vent se joignirent les éclairs et le tonnerre et même un tremblement de terre. Il ne s’agissait pas d’un petit orage électrique survenant les étés chaud. Nous étions sur Aliaénon et tout semblait prendre des proportions gigantesques.
Allions-nous tous périr dans cette tempête avant même d’avoir entamé notre mission ?

Je n’avais pas le temps de répondre à cette question, pas même de la poser, nous devions tous penser à nous sauver de ce cataclysme qui venait de s’abattre sur nous.

J’entendis alors un « NON » catégorique, mu par l’espoir de sauver le monde. Cette fois, c’était celle de Simaya qui, les mains levées au ciel, tentait de calmer la tempête. La sueur perlant sur son front, elle peinait à la tâche qu’elle s’était donnée.

Puis un autre cri retentit.
« STOP »
Cette fois, c’était la voix d’Arthès qui s’était fait entendre. Un ordre simple, précis et qui suffit à arrêter le temps, capacité bien utile que possédait cet Esserothien.

Le temps fut en suspension, le vent, l’orage, les éclairs avaient suspendu leur mouvement… pour un temps. Grâce à ce répit, Simaya put reprendre ses esprits et lever de nouveau ses bras au ciel, nous enveloppant tous dans une zone sombre que je déduisis comme étant un bouclier, nous protégeant et nous empêchant de toute magie. Aussitôt le ciel s’éclaircit, le vent cessa et les tremblements du sol cessèrent. La situation était enfin sous contrôle… mais… rien n’était plus comme avant. Simaya baissa les bras, et le bouclier protecteur disparu, nous laissant le nouveau décor de ce qui était la plaine d’Or.

La plaine d’Or n’était plus. Nous nous retrouvâmes dans un terrible chaos, dans un cratère de ce lieu désormais dévasté. De cette plaine ondoyante de blé doré, il ne restait plus que de la roche stérile… et le fluide.
Au centre sous la forme d’un long faisceau lumineux prenant naissance au sol et s’élevant indéfiniment dans les cieux, vibrant d’un rythme régulier, tel le cœur de ce monde désormais blessé.

Autour, d’imposants rochers rouges défiaient les lois de la gravité, suspendus dans les airs.
Puis je cessai de regarder le sol dévasté et je levai les yeux vers le ciel pour enfin le voir, immense, rocheux, métallique, borgne, nous surplombant, mais malheureusement immobile : Le Titan de la magie.


Pour avoir tenté de le contrôler à la fin de ma mission sur Aliaénon, je n’avais aucun doute, il s’agissait bien de lui. Notre combat nous avait valu, les sauveurs d’Aliaénon, plus d’un an dans le coma. Et là devant moi, devant nous, il était figé, la poitrine trouée comme si son cœur avait été arraché,… mort…

Ce fut Shaela qui confirma ma quasi-certitude, il s’agissait bien du titan de la magie,

J’étais figé, comme tous les habitants d’Aliaénon ainsi que la plupart des aventuriers.

Mon atterrissage… aurait causé cela ? Aurait causé la destruction des plaines d’Or ? Même si je possédais une confiance absolue en mes capacités, j’en connaissais les limites et je savais que j’étais incapable d’un tel désastre. Par contre, je sentais bien que c’était la magie que je n’avais pas contrôlée qui avait déclenché la tempête. Puis je jetai un coup d’œil vers Glanaë et la lumière se fit dans mon esprit.

Avant de parler à la belle, je décidai d’abord de remercier Simaya et Arthès.

« Un merci ne peut exprimer, toute la reconnaissance que j’ai envers vous de nous avoir tous sauvés…. Je me sais responsable du déclenchement de cette tempête, et je m’en sens honteux. »

Je pris un air solennel, la tête haute, je rajoutai.

« Je m’engage non seulement à vous venir en aide, comme je l’ai déjà fait, mais je m’engage aussi à y laisser ma vie afin de sauver vos cités et votre monde. »

Je m’avançai ensuite vers Glanae, lui parlant d’une voix douce.

« Je suis responsable de cette tempête, je l’ai déclenché en tentant de comprendre comment nous pouvions, yuimeniens contrôler cette magie, ici. J’espère Glanaë, que vous me pardonnerez d’avoir brisé l’illusion que vous avez créé. »


Pour avoir côtoyé Glanae lors de ma précédente mission sur Aliaénon, je la savais capable de créer de puissantes illusions. Les pièces du casse-tête se mettaient en place. Je compris alors son malaise lorsque Xël se questionnait sur la présence de nos statues intactes. Je compris pourquoi nos essais la dérangeaient et qu’elle avait dit à Jorus qu’il était sage de vouloir cesser les essais et de rajouter que la plaine d'Or était fragile, alors qu’en réalité, c’était son illusion, bien que puissante, qui l’était.
Puis m’approchant encore, la regardant avec compassion et tendresse je rajoutai.

« C’était gentil à vous de nous épargner ce qui était arrivé, mais vous ne pouviez le cacher indéfiniment. »

Et me tournant vers les autres, jetant un regard vers le corps rocheux du Titan décédé.

« Je pense que notre enquête commencera ici. »

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Akihito
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Akihito » mar. 20 sept. 2022 18:12

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

1.2 : Aliaénon.

Voyager à travers le fluide spatial était une expérience des plus étranges, bien qu'assez semblable à celle du voyage vers une marque du Tonnerre volant. Cette sensation d'être désincarné, complètement décomposé dans la magie qui l'entourait. La perte de son corps physique n'était donc pas une découverte pour le mage, mais l'expérience restait troublante car il était cette fois-ci privé de ses sens. Pas de crépitement ni de bourdonnement de la foudre, pas de peau parcourue de picotements, pas de paysages défilant à grande vitesse sous ses yeux. Rien que le blanc, partout autour de lui. Et pas la sensation familière de la foudre qui l'enveloppait, mais une autre.

(Amy ?)

(Mmmh. J'ai suivi les conseils d'Ysolde, la Faëra de Jorus. Nous autres pouvons évoluer librement dans ce genre de fluide parce que c'est notre nature, mais pour les mortels comme vous c'est extrêmement dangereux.)

(Ah, j'imagine que je dois te remercier de pas me laisser être réduit en morceaux ?) ironisa le jeune partagé entre soulagement et nervosité.

(Ysolde plutôt. C'est la première fois que je fais ça et même si c'est venu naturellement, ca a été plus efficace parce qu'elle m'a prévenu en amont. Sans ça et tes précédents voyages par la foudre, le passage aurait sans doute été plus... Mouvementé.)

Le trajet dura un temps indéfini. Sans repère autre que le fil de ses pensées et sa discussion avec Amy, il lui fut impossible de quantifier le temps qu'il mit avant de sentir brusquement tous ses sens revenir, dans une plaine couverte de champs de bl- d'or.

"... Wouah."

La vue était somptueuse. Autour de lui, le paysage s'étendait à perte de vue dans toutes les directions et était couvert d'une mer d'or. D'une herbe haute qui était faite d'or pur, ou en avait l'apparence. Au début, il douta qu'une étendue aussi vaste ne soit réellement composée d'or : après tout, n'importe qui pouvait devenir richissime en fauchant ne serait-ce qu'une brassée de ces tiges. Mais la vue de treize statues d'or trônant devant lui le fit douter. Parmi ces statues, il reconnu Xël, Kiyoheiki et plusieurs personnes ayant participé à la bataille contre Oaxaca. Le kendran blond était là aussi. Sans aucun doutes les précédents aventuriers qui avaient aidés Aliaénon par le passé.

Cela lui donna une information importante sur Aliaénon : ici, l'or n'était pas visiblement pas rare. Donc pas précieux. Donc les quelques pièces qui étaient dans sa bourse n'avaient probablement aucune valeur. Comment marchait l'économie sur ce monde, alors ? Le troc, une autre monnaie ? Akihito avait grandit avec les yus comme seule monnaie d'échange, alors il n'avait pas penser à demander à Xël ce qu'il en était sur Aliaénon.

(Plutôt que d'avoir des pensées géo-économiques, regarde devant toi.)

Devant les statues d'or, l'homme au chapeau s'écarta. Dans ses bras se tenaient une femme à la chevelure rose, jusqu'alors cachée dans son embrassade. Trop émerveillé par le paysage, il n'avait pas fait attention au couple... Pas plus qu'à l'autre personne qui se tenait non loin, se curant les ongles avec une brindille de manière nonchalante. Une femme qui n'était pas d'Aliaénon. Une femme qui s'était présenté comme la fiancée de Cromax. Silmeria.

(Mais qu'est-ce qu'elle fout là ?)

Il n'avait pas vu l'Hinïonne passer le fluide avec eux. Et elle ne pouvait pas être venue en éclaireur, sinon pourquoi le capitaine aurait-il eu besoin de faire son test ? C'était invraisemblable. Elle était peut-être venue par un autre fluide, ou bien-

"Merci d’être venus, revenus, d’avoir répondu à l’appel, déclara la jeune femme aux cheveux fushia, interrompant son fil de pensées. Je m’appelle Glanaë, je viens d’Esseroth. L’heure ici est grave, et plus que jamais nous avons besoin de vous. Aucune armée, cette fois, mais une puissance inconnue, terrible, étrangère à ce monde. Elle est apparue il y a peu, tellement puissante qu’elle a fait vaciller la magie d’Aliaénon. Profondément. Une entité qui semble vouloir se nourrir des plus fortes énergies de ce monde pour gagner encore en force. Le monde entier, dans son essence, est en danger. Vous devez résoudre, gens de Yuimen, cet inquiétant mystère. Je vous en conjure."

Le colosse aux yeux rougeoyants pris à son tour la parole, annonçant qu'il était temps pour lui de retourner à Esseroth. Esseroth était donc une ville, s'il comprenait bien. Ou un pays. Simaya Sombreroc intervint elle aussi, assurant pouvoir emprunter les pouvoirs de Xël pour créer les portails pouvant renvoyer chacun chez lui, puis de laisser le petit groupe mener son enquête.

"Il faudra que vous restiez ensembles, soudés, pour ne pas être contraints de voyager par vos propres moyens, prenant un temps que nous n’avons visiblement pas.

- Vous connaissez les plus puissants de ce monde. Les Titans. C’est vers eux qu’il faudrait diriger vos recherches. Mais pas sans préparation : leurs landes sont dangereuses. Voyez vous-mêmes par où commencer."

(Oula, oula.)

Tout allait bien trop vite. Ces personnes avaient l'air très pressés de retourner chez elles, ce qu'il pouvait comprendre; mais elles semblaient également un peu trop prompt à laisser le groupe venu les aider se débrouiller seuls. Certes, Xël et le Kendran avaient déjà mis les pieds ici, comme l'attestaient les statues. Mais ce n'était pas son cas, ni celui d'Yliria. Et peut être pas de l'Oudio ou de Jorus Kayne.

Secouant la tête pour se remettre du léger vertige qui avait accompagné son passage dans le fluide spatial, il s'avança d'un pas pour se démarquer. S'il voulait des informations, le plus simple était de d'abord commencer savoir à qui il s'adressait.

"Je suis Akihito Yoichi, d'Oranan. C'est dans ma ville natale que le passage vers votre monde est ouvert, croyez moi bien que je suis concerné par cette menace potentielle. Alors pardonnez ma question peu cavalière, mais... Qui êtes-vous ? Certains ici comme Xël vous connaissent sans doute, mais ce n'est pas mon cas. Et autre chose..."

Il pointa du doigt Silmeria : il était à la fois étonné et suspicieux qu'une Yuiménienne (et elle qui plus est) soit là avant eux. Et l'interruption de Glanaë n'avait pas effacé ses questions.

"Que fait cette femme ici ?"

C'est Simaya qui lui donna les réponses, tout en lui donnant les origines de chacun. Le compagnon de Glanaë s'appelait Arthès Raisonvive et venait d'Esseroth, tout comme l'homme à la peau sombre prénommé Egregor Carminès. L'homme en robe rouge était un sorcier de feu et de vision portant le nom d'Ibn Al Sabbar, venant d'un désert. Sheeala était le nom de la femme à la peau pâle et représentait ironiquement -ou à juste titre- le Royaume Pâle. Enfin, Triman était le prénom du dernier personnage aux cornes d'ébène, et s'avérait être un homme puisqu'il était le "représentant" du royaume d'Ouessie. Peu physionomiste et avec une mémoire assez lamentable pour les prénoms, Akihito laissa le soin à Amy de retenir tous les prénoms, s'intéressant d'avantage à ce qu'ajouta Glanaë sur Silmeria.

"Silmeria de Yuimen est venue plus tôt que vous, et comme vous se porte volontaire pour résoudre cette affaire. Elle fera partie de votre groupe."

Ce n'était pas une nouvelle qui rassurait spécialement le mage. Silmeria était célèbre sur Yuimen sous le titre infâmant de "Régicide". Ni plus ni moins que l'assassin du roi Solennel IV, lors du Charnier des Âmes. Donc la voir présente pour aider la ville alors qu'elle avait fait partie du camp qui avait voulu la raser de la carte... C'était difficile à croire. Xël semblait lui aussi concerné, et cherchait à savoir comment elle était venue.

"Sois rassuré, mon petit Xël, lorsque je me suis présentée aux abords de la Milice, personne n'a cherché à me retenir, pas même... Atsoukito ?"

Elle venait bien d'Oranan. Alors qu'on répondait à Xël sur le sort de nombreux groupes dont il ne connaissait rien, Akihito se demandait s'il pouvait vraiment faire confiance à l'assassin d'Omyre. D'un côté, elle s'était infiltrée dans la capitale clandestinement car aucun garde n'aurait laissé entrer une criminelle aussi notoire. D'un autre côté... Elle avait au dernier moment combattu Oaxaca et était la fiancée du demi-dieu de la liberté, soit le personnage le plus moralement gris de tout Yuimen.

"Qui se ressemble s'assemble, alors j'imagine que je peux tout attendre de la part de la fiancée de Cromax, même son aide. On peut compter sur vous ? Ou vous avez vos propres objectifs sur Aliaénon ? demanda-t-il, un sourcil haussé et amusé pour cacher l'appréhension qui s'agitait en lui.

- Divorcée. Quant à ma présence, c'est pour ma Faera, elle s'inquiète de milice qui disparaissent subitement. Du coup, me voici. Quant à nos objectif, commençons par en trouver un, le tout dans une position presque théâtrale, le doigt dressé vers les cieux.

- Je me disais bien que le mariage et Cromax, ca faisait deux. et j'avoue préférer vous savoir de notre côté -au moins, pour le moment."

Ca confirmait l'hypothèse la plus favorable pour Akihito : Silmeria était une originale qui n'hésitait pas à invoquer les Faëras devant des personnes qui n'en possédaient pas. Une chaotique, qui agissait dans le sens de ses envies et objectifs du moment.

(Bonne nouvelle, elle n'a pas l'air foncièrement contre nous ou Oranan. Mauvaise nouvelle, elle pourrait changer d'avis à n'importe quel moment.)

(Cette cinglée parle des Faëras ! Celle qui l'accompagne lui a pas appris que notre existence doit rester secrète ?!)

Amy, dans la conscience d'Akihito, avait de nouveau enfilé les gants rembourrés rouge qu'elle n'avait pas sortis depuis longtemps. Preuve de sa colère, ses cheveux étaient teintés de la même couleur alors qu'elle faisait pleuvoir un déluge de coups sur un mannequin à l'effigie de Silmeria.

( SI ! ON ! RESTE ! CACHEE ! C'EST ! POUR ! UNE ! BONNE ! RAISON !)

Sachant pertinemment que dans cet état sa Faëra mettrait un moment avant de se calmer, le mage se reconcentra sur ses interlocuteurs. Et commença par s'incliner à l'intention de Simaya.

"Merci de la présentation, dame Simaya. Et merci par ailleurs de votre aide contre la Reine noire. répondit-il en s'inclinant à son encontre. Mais pour quelqu'un comme moi qui est complètement étranger à votre monde, il y a beaucoup de choses que je ne comprend pas. Qu'est ce qu'un sorcier de vision ? Et que sont les titans ? Si nous devons diriger nos recherches sur eux, pourquoi ne pas aller à leur rencontre tout de suite ? Je veux dire, en quoi consiste les préparations dont nous aurons besoin ? La plupart d'entres nous sommes venus préparés aux défis auxquels Yuimen nous a habitué. Ce n'est pas suffisant ?


- Les sorciers de vision, Cadi Yangin comme nous nous appelons entre nous, sommes des mages du désert spécialisés dans l'utilisation du feu dans la magie. Notre côté 'vision' nous permet de voir des possibles : dans le passé, dans le présent ou dans l'avenir. Mais ce pouvoir dépend d'une pierre puissante gardée à Neo-Messaliah, la Tour des sorciers. Une pierre dont nous devons le retour à l'une des vôtres. répondit l'intéressé, d'une voix assez profonde et aux accents chantants.

- Les Titans sont les êtres les plus puissants de ce monde. Des entités qui ont formé les montagnes, les mers, les lacs et les plaines. Les forêts et les déserts. Ils ne considèrent pas les peuples de ce monde comme autre chose que des insectes. Il est presque impossible de communiquer avec eux. Moi seule y suis parvenue, partiellement, pour former un arrangement : ils nous laissent des territoires, nous leur laissons les leurs. Et c'est là que ça se complique : chez eux, ils peuvent détruire et créer tout ce qu'ils souhaitent sans tenir compte des imprudents qui y passent. Les préparations... j'ignore quelles elles pourraient être. S'allier avec des personnes qui comprendraient mieux leur nature ? Qui sauraient tenter une communication ? Du matériel spécial, adapté à une région ou une autre où ils vivent. Ainsi que des informations sur celles-ci. Mais si vous vous sentez d'y aller au plus vite, nul ici ne vous retiendra. Vous, yuimeniens, avez des pouvoirs que nous n'avons pas, ici. Des pouvoirs qui peuvent beaucoup, même s'ils sont risqués.

- Donc les Titans sont des équivalents de Dieux, si je comprend bien. Et comme vous avez parlé du Titan de Magie, les autres doivent être associés à d'autres concepts ou des phénomènes ? Vous auriez réussi à leurs parler : lequel serait le moins... Hostile à notre encontre à votre avis ?"

Simaya lui expliqua que sur Aliaénon, le concept de divinités n'existaient pas. Les Titans, à l'exception du TItan de Magie et d'un autre appelé le Sans-visage, étaient des manifestations brutes de la nature. Non pas dénuées d'intelligence, simplement sauvages. Pour Akihito, cela ressemblait à la description d'élémentaires qu'on avait dopé dans des proportions dantesques. Et si puissants que les mortels sous leurs pieds n'étaient simplement que des existences insignifiantes, comme des insectes. Pas vraiment hostiles, mais ils n'avaient pas de remord à écraser ceux qui les ennuyaient.

Ce fut ce moment que choisit Yliria pour faire ce qu'elle savait faire de mieux : provoquer le chaos. Personne ne semblait avoir remarqué qu'elle s'était éloignée, mais tout le monde la vit quand une puissante déflagration de feu surgit dans le ciel. Un jet de flammes infernales de plus de dix mètres de haut et à en voir le visage surpris de la pyromancienne, ce n'était pas vraiment l'effet recherché. Le pire, c'est que le geyser de feu qui sortait de son doigt ne semblait pas vouloir faiblir et il rappela brutalement l'environnement d'Aliaénon à Akihito. Ici, sa magie était instable. Et maintenant qu'il y faisait attention, il sentait bien que son environnement en était saturé. Dans son corps il sentait bien ses fluides mais ils étaient distants, comme inaccessibles. Coupé de Yuimen, il ne pouvait plus en appeler les forces élémentaires. Mais la magie ici était plus volatile : peut être serait-il capable de projeter de tels jets ardents, lui aussi.

"Vous occupez pas de moi, j'ai pas fini. Je gère."

(Comment ça, elle gère ?)

(Comment ça, elle a pas fini ?)

Faëra et mage eurent la même réaction incrédule devant ce qui était tout sauf un acte géré proprement et qu'il fallait poursuivre. Xël semblait du même avis et demanda à Simaya si elle pouvait faire quelque chose; de son côté, Akihito se rapprochait prudemment d'Yliria, son manteau en main. S'il n'était pas sûr pour ses flammes solaires, ces flammes semblaient tout à fait "banales" : la protection élémentaire devrait dès lors suffire pour le protéger un minimum, ou étouffer les flammes. Du moins, il l'espérait.

"Euuh Yli, t'es sûre que tu gères vraiment, là ?"

La jeune femme ne lui répondit pas, levant déjà une autre main avec un air concentré. Elle comptait vraiment en rajouter alors que son premier sort ne semblait pas être contrôlable ? Se tournant vers celui qui avait été présenté comme un mage de feu, Akihito l'apostropha.

"Votre spécialité c'est le feu non ? Vous pouvez pas faire quelque chose ?"

Ibn Al Sabbar fixa Yliria et s'avança vers elle, sa main orné de l'oeil d'or dressé dans sa direction. Le jet de flammes décroit en réponse presque instantanément, avant de rapidement diminuer pour disparaitre complètement en emportant avec lui le rugissement ardent. Le sorcier baissa ensuite un bras tremblant, le visage couvert de sueur. L'effort déployé avait été important, semblait-il, mais il avait réussi à contenir entièrement le sort d'Yliria qui projetait dans le même temps une sphère de lumière de la taille d'une pastèque. Heureusement inoffensive, cette dernière ne fait que flotter en projetant sa lumière dans la plaine. Ce qui n'est pas sans soulager le jeune homme qui pousse un long soupir et se retourne vers Al Sabbar.

"Merci."

Les frasques d'Yliria auraient pu tous les blesser.

(Elle a peut être grandi en taille, mais ca reste une gosse dans sa tête.)

(Heureusement qu'elle ne t'entend pas.)

De leur côté, le Kendran comme Xël proposèrent de rejoindre la ville d'Esseroth, choix soutenu avec enthousiasme part Egregor, le colosse aux yeux rouges.

"Oui, oui, Esseroth ! C'est là que tout se passe."

Akihito ne connaissant pas Aliaénon fut soulagé de voir qu'une direction allait finalement être prise, et qu'elle semblait faire consensus pour tous ceux qui étaient là. C'était sans compté sur la passe d'armes entre Jorus et Yliria.

"Yliria, cesse un peu tes bêtises ! La magie ici est… hasardeuse et son utilisation dangereuse. Ne crois pas que tu puisses l’utiliser à ta guise ici. Un simple sort nous mettrait tous en danger ! Pour avoir vécu un certain temps ici, Xël pourra t’en apprendra plus à ce sujet. Même si je pense que certaines choses ont changé depuis la dernière fois. Et si vraiment, tu veux faire mumuse avec ta magie, je te conseille la Lande Noire, tout y est mort... Sauf les morts !

- C'est pas en restant à rien faire que je saurais de quoi il en retourne et mieux vaut voir dès maintenant à quoi j'ai à faire plutôt que dans un moment critique. Je ne fais pas "mumuse", je vérifie les possibilités et complications inhérentes à la magie de ce monde qui m'est inconnu et qui n'est pas composé de la même façon. Rien ne vaut l'expérience pratique à la théorie et au moins je sais qu'allumer un feu avec mes flammes risque de causer plus de dégâts qu'autre chose. Tu n'aurais pas voulu que je mette le feu par hasard à toute une forêt en essayant d'enflammer un fagot de bois, pas vrai ?

- Yliria pourquoi tu t’obstines à ce point ? A chaque utilisation de ta magie, tu cours le risque de tous nous entraîner dans une catastrophe. Qui te dis que tu ne provoqueras pas un incendie, ou même un tsunami qui ravagera les récoltes ? Si je dois te le faire comprendre alors soit. Sache qu’ici résidait la Tour d’Or, son Conseil, mais aussi un grand nombre d’être, avant que le Titan ne vienne et annihile toute vie. Si pour toi ce lieu est propice pour tester ta magie, il est pour moi une source de recueillement pour ceux qui ne s’en sont pas sortie, un cimetière. Il y a bien d’autres endroit en ce monde où tu pourras faire rugir ta magie, mais je t’empêcherais de saccager cette terre soit en certaine !"

Yliria, qui venait d'enflammer sa lame, regardait Jorus qui s'était placé devant lui avec défi. Jorus confirmait par ses dires qu'il avait déjà été là et malgré l'apparence idylliques de ces plaines, un terrible affrontement avait ravagé le lieu, avec de nombreux morts. Le fulguromancien tenta tout de même de raisonner son amie, avant qu'elle ne pousse ses expérimentations plus loin.

"T'as raison Yli de vouloir tester notre magie, mais c'est peut être pas le meilleur moment avec tous le monde autour. Attendons d'avoir pris nos marques sur Aliaénon et Esseroth, ensuite on pourra revenir ici avec Xël et ses portails. Il nous aidera à limiter les accidents dans nos tests, vu que c'est pas sa première fois ici. Si ça te vas, Xël.

- Moi, je pense au contraire que c'est le moment idéal... intervint le Kendran. Ici, il y a des plaines à perte de vue... A Esseroth, il y aura risque d'endommager les bâtiments ou autres, ce que les Esserothiens, avec raison, n'apprécieront pas... Mais libre à toi, d'attendre comme tu le suggères. Mais la magie étant imprévisible, et elle pourra se manifester en toi, d'une manière ou d'une autre sans que tu le veuilles., alors que tu seras dans une zone habitée, je ne pense pas que tu puisses la contrôler."

Comme pour appuyer ses dires, l'homme se mit à courir vers le nord, prenant rapidement de la vitesse. Beaucoup de vitesses. Les lourdes jambières qu'il portait semblait enchanter de la même façon que les bottes de Foudre... Mais en plus violent. Car subitement, sa célérité explose et une poignée de secondes plus tard, il n'était qu'un point noir à l'horizon qui disparaissait. A tel point que l'Ynorien en vint à douter que ce ne soit pas une autre manifestation de la magie d'Aliaénon. Xel, quant à lui, informa qu'il n'était pas en mesure de gérer une perte de contrôle, d'autant plus qu'il n'avait lui-même pas un contrôle parfait sur sa magie ici. Mais il semblait aller dans son sens et celui de Jorus en s'adressant à Yliria.

"Il n'a pas tort. Une catastrophe a eu lieu ici et a causé beaucoup de morts. Nous même nous nous en sommes sortis de peu. C'est aussi le lieu où c'est déroulé une bataille décisive quand Oaxaca a tenté d'envahir ce monde. Il ne me viendrait pas à l'idée de m'entraîner sur les plaines de Kôchii désormais..."

Avant de commenter sommairement le départ éclair du Kendran : les plaines Ynoriennes au nord étaient visiblement sans danger pour le Kendran.

(Ynoriennes ?)

Plus il en apprenait sur ce monde, plus il était perdu. Entre les groupes dont ils ne savaient rien, la géographie du continent, et les titans... Heureusement que Xël était déjà venu ici.

Simaya annonça elle pouvoir annuler n'importe quelle magie si elle en avait le temps. Ce qui était une bonne chose, au final. Si d'autres sorts autre que de feu venait à exploser, on pourrait compter sur elle plutôt que sur Al Sabbar. Ce qui n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde, vu qu'Yliria persiste et signe en disant qu'il n'y avait pas de meilleur endroit et que c'était justement pour éviter des écueils comme celui du Kendran qu'il fallait tester leurs limites ici et maintenant.
En parlant du Kendran, ce dernier réapparu au milieu de leur groupe aussi rapidement qu'il était parti, avec en prime de la neige sur les bottes.

"Cette magie est très accessible, mais il est important d'être très précis dans notre désir. J'ai fait l'erreur la première fois de penser courir le plus vite possible," déclara-t-il avec flegme. Akihito pouvait bien lui reconnaitre ça : il ne semblait pas plus perturbé que ça par l'expérience vécu. Plus étonnant encore, il annonça qu'il allait recommencer avec cette fois-ci un saut périlleux renforcé de magie après s'être présenté sous le nom de Mathis Demarcus.

(A ça place, j'aurais peur de m'envoler après ce qui vient de se passer.)

(Ceci dit, c'est finalement le meilleur moment pour tester ta magie, Aki. Simaya pourrait ne pas être libre de vous servir de garde-fou très longtemps.)

(Certes, certes. Mais entre Mathis et Yliria qui reste obstinée à faire ses tests, ça me parait pas prudent de commencer à mon tour. On ignore si elle pourrait gérer plusieurs crises en même temps. Une fois que ces deux là seront satisfaits, ça sera mon tour.)

Se souvenant de l'Oudio qui était lui aussi rentré dans le fluide, Akihito jeta un oeil dans sa direction. L'être végétal n'avait pas décroché un mot jusqu'à présent. Trop intimidé ? Observateur ? Son silence le rendait d'autant plus intrigant. L'intonation narquoise de Silmeria le ramena à la situation, et il la vit regarder avec intérêt ses poignets auxquels étaient fixés. Des Bracelets noirs, délicatement ouvragés. Très probablement des artéfacts donc.

(Si elle s'y met aussi...)

Mathis s'apprêtait à sauter; Silmeria était sans doute lunatique; Yliria têtue; qui était le plus susceptible de l'écouter quand il préconiserait de pas tous s'y mettre en même temps ? D'autant plus que les sombres nuages qui s'étaient amassés subitement au dessus des plaines n'étaient pas pour le rassurer. Personne ne semblait avoir fait appel à la magie, pourtant. Peut être que la météo d'Aliaénon était capricieuse, elle aussi. Visiblement le ciel couvert n'inquiétait pas Mathis : il venait de faire son action, qui s'était avéré un peu impressionnante pour la prouesse physique mais tout à fait banal comparé à son aller retour express sur la montagne la plus proche. La magie pouvait donc aller du tout au tout et autant être bégnine...

Que cataclysmique.

A l'instant où les pieds de l'acrobate touchèrent le sol, la tempête se déchaina. Un vent furieux se mit à souffler, plus puissant que tout ce que le mage avait pu vivre. Le tonnerre éclata à en faire trembler les os d'Akihito, la foudre s'abattit avec violence sur le sol. Mu par un réflexe, Akihito décrocha son pavois et le brandit au dessus de sa tête, maigre protection contre la fureur des éléments. Tout aussi naturellement, son regard balaya son côté gauche et accrocha celui angoissé qui déformait les traits délicats de Sheeala d'Argentar, à quelques pas de lui. Luttant contre le vent, il rejoignit la jeune femme et d'une main autoritaire la rapprocha contre son torse avant de la forcer à se mettre au sol avec lui. Son bras libre passé au dessus de ses frêles épaules, l'Ynorien planta dans le sol son pavois pour ne pas se laisser emporter par le vent et offrir ce qu'il pouvait de protection à sa compagne d'infortune et lui-même.

"NON !"

Par dessus le bord de son bouclier, l'enchanteur vit la blonde esserothienne brandir ses mains dans les airs, un air terrifié sur le visage. Elle avait dit pouvoir annuler tout pouvoir, si elle en avait le temps. Elle arrivait à peint à tenir debout et ne semblait pas arriver à interrompre quoi que ce soit. Le vent soufflait toujours plus fort et un éclair fracassa le sol à une vingtaine de mètres de là, avec une violence bien supérieure à ce qu'il était capable de produire lui même. Sheeala se pressait contre lui, terrorisée, qui n'en menait franchement pas plus large. Puis tout s'arrêta dans un cri.

"STOP !"

C'était Arthès qui venait de hurler. Tout autour d'eux venait de s'arrêter, comme si le monde avait été figé. Le maelström de nuages ne grondait plus, un éclair au loin s'était arrêté à quelques mètres du sol, des brins d'or restaient en suspension dans l'air où plus un souffle de vent ne venait battre les cheveux du mage. Ce répit surnaturel permit à Simaya de reprendre sa contenance et de déployer une sombre sphère autour d'eux, comme elle l'avait fait dans les Plaines de Kôchii. Akihito sentit tout lien avec la magie se rompre, comme effacé. A l'exception de la présence d'Amy dans son esprit, il se sentait démuni d'une énergie qui l'avait accompagné toute sa vie. Et autour de lui, le monde changea brusquement telle une brume qui disparaissait devant ses yeux pour révéler sa vraie nature. Plus de plaines d'or, plus de masse menaçante d'un orage de fin du monde; le groupe se trouvait au centre d'un cratère s'étendant à perte de vue couvert de roche calciné, stérile, sous un ciel sombre et obscur. En son centre, le fluide spatial du quel partait un faisceau rougeoyant de lumière, pulsant lentement tandis qu'il s'élevait vers les cieux qu'il perçait d'une lueur morbide. D'immenses échardes de roche ocres flottaient dans les airs, comme figées au milieu de l'explosion qui avait pris place à l'emplacement du fluide. Certaines faisaient la taille d'un bras; d'autres pouvaient être aussi longues que le Conseil de l'Ynorie.

Le dôme sombre se rompit, le temps reprit son court. Un vent sec se remit à souffler mais les blocs de roches, eux, restèrent en suspension dans les airs. Dans ce décor de désolation, chacun reprenait peu à peu ses esprits, à commencer par les gens d'Aliaénon. S'aidant de son bouclier pour se relever malgré ses jambes tremblantes, l'Ynorien aida délicatement la jeune femme avec lui à se relever.

"Vous allez bien ?

- ...Le Titan de Magie..."

Ce fut la seule réponse d'une Sheeala encore au sol, qui braquait son regard vers le ciel. Tout comme les autres gens d'Aliaénon, suivis peu à peu des Yuiméniens et d'Akihito.

(Par les Dieux... C'est ça, un Titan ?!)

Ce que le tatoueur avait d'abord prit pour la voute céleste était en fait une silhouette gigantissime de pierre et de métal. Haute de centaines de mètres, la seule créature qu'il pouvait comparé à cette entité, c'était le Nidhogg qu'il avait fuit lors de son Ordalie. Humanoïde au dessus de la ceinture, ses jambes étaient un amas de tentacules figées. Figées car même pour un être si puissant, l'immense trou béant qui perforait son torse semblait avoir été fatal.

Toute couleur avait déserté le visage d'Akihito. Entre la magie cataclysmique, les Titans, le décor qui avait brusquement changé... C'était pire que tout ce qu'il avait pu imaginer. L'origine de l'explosion qui avait rasé la milice n'était pas bien dure à trouver. Alors qu'est-ce qui ce passerait si la chose qui avait abattu le Titan de Magie passait le fluide spatial ?

(Oranan... Non, l'Ynorie toute entière serait rayée de la carte en un instant.)

Nirtim suivrait probablement un destin aussi funeste, même avec l'intervention des Dieux.

La nécessité de s'entretenir avec les Titans survivants devenait limpide.

Ce fut Mathis qui rompit le premier le silence, remerciant Arthès et Simaya, s'excusant d'avoir provoqué pareil tempête. Se déclarant prêt à mettre sa vie en jeu. Avant d'ajouter :

"Je suis responsable de cette tempête, je l’ai déclenché en tentant de comprendre comment nous pouvions, yuimeniens contrôler cette magie, ici. J’espère Glanaë, que vous me pardonnerez d’avoir brisé l’illusion que vous avez créé."

C'était donc ça. Si le mage comprenait bien, c'était la tempête que le Kendran avait créé qui avait forcé Simaya annuler toute magie, rompant par la même occasion le charme de la mage aux cheveux roses. Mathis semblait traiter avec douceur Glanaë, lui pardonnant d'avoir voulu leur cacher la vérité. Ce qu'Akihito n'était pas près de faire. Le Kendran conclut en désignant le Titan mort du regard, déclarant que leur enquête aller débuter par sa dépouille.

"Un instant, Mathis, dit l'enchanteur d'une voix encore marqué par la peur tout en terminant d'aider une Sheeala tremblante à se relever. Glanaë, qu'est ce que vous nous cachez..."

Sentant la peur et la colère remonter en lui, il se mordit l'intérieur de la joue pour s'interrompre, et reprendre d'une voix plus calme, mais toujours teintée de ressentiment.

"Vous avez peut-être été bien intentionnée en nous cachant la vérité, pour ne pas nous choquer. Mais nous sommes ici pour mettre nos vies en jeu afin de sauver votre monde et le nôtre. Et vu le danger que nous nous allons affronter, continua le mage en pointant le cadavre de l'entité quasi divine transpercée de part en part, l'heure n'est plus au ménagement. S'il y a d'autres choses que vous avez omis de nous dire sur le Titan, ce qui l'a abattu ou quoi que ce soit en lien avec cette explosion, j'aimerai les entendre maintenant. Nous méritons la vérité."
Modifié en dernier par Akihito le mar. 27 sept. 2022 02:56, modifié 1 fois.

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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Jorus Kayne » jeu. 22 sept. 2022 15:46

Oranan I

Cratère d'Apocalypse I




Le voyage est similaire à la dernière fois. Avec une sensation de ne plus être dans mon propre corps, je ne discerne rien qui ne soit clairement visible. Tout n’est que brume dans des nuances de noir et blanc. J’arrive cependant à distinguer, ou plutôt sentir ceux qui sont proches de moi, sans pour autant les voir. La traversé du fluide me laisse un souvenir au goût amer. : celui de notre fuite face au Titan. C’est avec soulagement que j’arrive de l’autre côté, découvrant une Plaine d’Or. Sauf que ce n’est pas qu’une impression, tout est fait d’or pur, du rocher au loin, à l’herbe que nous foulons et bien entendu, les fameuses statues d’or des sauveurs d’Aliaénon. Parmi elles, une en particulier me saute au visage : celle du blondinet qui discutait avec Xël.

(Je me disais bien que sa frimousse ne m’était pas inconnue.)

C’est tout. Pas de trace de la Tour d’Or, du Bourg, ni même de l’atrocité commise en ces lieux. C’est comme ils n’avaient jamais existé. Devant les effigies d’or, deux femmes sont présentes nous attendant. L’une aux cheveux fuchsia et à la robe corsetée, s’habille en plus d’une surprise bienvenue, accueillant un homme qui a fait le voyage avec nous. Tous deux se retrouvent dans un enlacement passionné qui fait plaisir à voir, sachant ce qui s’est produit en ces lieux. Lorsqu’enfin elle peut prendre le temps de respirer, elle se met à parler.

« Merci d’être venus, revenus, d’avoir répondu à l’appel. Je m’appelle Glanaë, je viens d’Esseroth. L’heure ici est grave, et plus que jamais nous avons besoin de vous. Aucune armée, cette fois, mais une puissance inconnue, terrible, étrangère à ce monde. Elle est apparue il y a peu, tellement puissante qu’elle a fait vaciller la magie d’Aliaénon. Profondément. Une entité qui semble vouloir se nourrir des plus fortes énergies de ce monde pour gagner encore en force. Le monde entier, dans son essence, est en danger. Vous devez résoudre, gens de Yuimen, cet inquiétant mystère. Je vous en conjure. »


Puis c’est au tour d’un des nôtres aux cheveux blancs et aux yeux rouges, de clamer qu’il doit se rendre à Esseroth, sa patrie pour la protéger et invite ceux d’Aliaénon, à faire de même dans leur ville région d’origine, laissant aux yuménien la possibilité de voyager à notre guise pour rechercher les informations qu’ils obtiendront. A cela, Simaya propose d’user du pouvoir de Xël pour créer des portails pour rendre cela plus rapide. Glanaë reprenant la parole et nous invite à orienter nos recherches vers les Titans, les puissantes entités de ce monde. Quant à la seconde personne, elle est autre que la fameuse régicide et sa présence étonne beaucoup, à commencer par l’Ynorien et Xël. Simaya en profite d’ailleurs pour nommer les différentes personnes présentes :

"Je suis Simaya Sombreroc, d'Esseroth comme Glanaë. Arhès Raisonvive et Egregor Carminès viennent également d'Esseroth, loin au Sud-Est du continent. Voici Ibn Al Sabbar, Sorcier de Feu et de Vision originaire du Désert du Raa'ska, à l'Ouest. Sheeala d'Argentar représente le Royaume Pâle, directement au sud d'ici et plus particulièrement la Forêt d'Emeraude où se trouve la capitale : Treeof. Et enfin Triman, représentant le Royaume d'Ouessie et la Cité Interdite de Nagorin."

Quant à la présence de la régicide, elle fera visiblement partie de notre groupe de recherche.

Les échanges se suivent et avec, son lot d’informations. Le Sans-Visage ne serait plus, durant la destruction de la Tour d’Or, laissant les chevaliers sans bannière sans but non plus. Tous ceux présents dans la Tour sont également considérés comme morts. Les Titans sont toujours présents, du moins pour ceux qui restent, car le Titan de la magie, responsable de l’effondrement de la Tour, a été absorbé par une force inconnue.

De mon côté, je m’inquiète d’une chose. Depuis notre arrivée, je sens un pouvoir nouveau en moi. Une chose qui n’était pas présente durant ma précédente venue. Il serait bon de savoir dans quelles mesures ce pouvoir affecte nos capacités et le mieux serait d’essayer, de faire des tests, mais pas maintenant, ni ici. Nous venons d’arriver, il serait mal venu de jouer avec ces étranges pouvoirs. La question qui se pose est comment vont réagir les autres, avec cette puissance qu’ils sentent certainement.

Et mes craintes finissent par se justifier. Alors qu’Akihito demande de plus amples renseignements sur ce monde, que le blondinet s’occupe d’un chat qu’il a emporté avec lui en demandant des nouvelles d’Honoka et que la régicide évoque ouvertement l’existence des Faéras, un puissant jet de flamme, long de plusieurs mètres attire notre attention. Yliria, s’est éloignée discrètement de notre groupe et use de sa magie, sentant très certainement un changement dans sa magie. Loin de s’arrêter, la flamme ne paraît pas faiblir non plus et soit Yliria est en mesure de contenir à la perfection sa magie dans un monde qui altère la maîtrise, soit elle ne contrôle plus rien. Elle s’éloigne de nous avant de crier :

"Vous occupez pas de moi, j'ai pas fini. Je gère."

(Ho non ! De toutes les personnes présentes, pourquoi a-t-il fallu que ce soit celle avec les pouvoirs les plus cataclysmiques, qui use de sa magie, sans la moindre expérience de ce monde !)

L’Ynorien s’inquiète pour Yliria et demande à Al Sabbar, maître dans la manipulation du feu, s’il est en mesure de lui venir en aide. Alors que voir Yliria manier une magie incontrôlable m’effraie, ce n’est certainement pas son cas. Une énorme flamme quittant un de ses mains, de l’autre, elle envoie une boule de lumière éclairant la zone. Une sphère lumineuse qui, comme la flamme, perdure dans le temps. Il faut l’intervention du mage du désert pour voir la puissance flamme décroître enfin, jusqu’à son extinction. Cette seule intervention le met dans un état de fatigue important et impose donc l’arrêt des expériences magiques. Il ne sera pas en mesure de contrôler une puissance débordante.

Il est grand temps de partir et Esseroth semble être notre meilleure destination. Nous pourrions prendre le temps de comprendre la situation, ce qui nous arrive et d’expliquer aux adeptes de la magie, l’importance de connaître les risques avant toute tentative.

"Yliria, cesse un peu tes bêtises ! La magie ici est… hasardeuse et son utilisation dangereuse. Ne crois pas que tu puisses l’utiliser à ta guise ici. Un simple sort nous mettrait tous en danger ! Pour avoir vécu un certain temps ici, Xël pourra t’en apprendra plus à ce sujet. Même si je pense que certaines choses ont changé depuis la dernière fois." Je dis ces derniers mots en regardant mes deux mains, comme si quelque chose d’invisible s’y trouvait, puis revient à la Danseuse d’Opale. "Et si vraiment, tu veux faire mumuse avec ta magie, je te conseille la Lande Noire, tout y est mort..."

Je porte mon attention sur celle qui nous a accueillis, avant de finalement me retourner vers Yliria.

"...sauf les morts !"

Je reviens définitivement vers Glanaë, pour me présenter.

"J’ai été présent lors du dernier appel de la Tour d’Or et j’ai assisté à son effondrement. Je me nomme Jorus Kayne, natif de la cité d’Eniod. Je suis venu, car je craignais que les Titans ne provoquent un nouveau cataclysme, mais finalement, j’aurais presque préféré que cela soit le cas. Je n’ose croire qu’une puissance soit capable et cherche à acquérir leurs pouvoirs. Je n’ai que peu arpenté ce monde, mais j’ai toute confiance en Xël et en son jugement. Nous vous aiderons face au danger qui vous guette. Avant de partir pour Esseroth dites-moi, combien de temps s’est écoulé depuis notre départ, depuis la destruction de la Tour et du Conseil d’Or ?"

Glanaë pointe du doigt la sagesse dont je fais preuve, en protégeant la fragile Plaine d’Or et pour répondre à ma question elle l’ignore complètement, déclarant avoir mis plusieurs semaines pour venir ici, sentant qu’un événement avait eu lieu.

Je suis soulagé lorsque je vois Yliria revenir vers nous. Hélas, ce n’est que de courte durée car elle n’a aucune intention de s’arrêter là, ni même de s’excuser.

"C'est pas en restant à rien faire que je saurais de quoi il en retourne et mieux vaut voir dès maintenant à quoi j'ai à faire plutôt que dans un moment critique. Je ne fais pas "mumuse", je vérifie les possibilités et complications inhérentes à la magie de ce monde qui m'est inconnu et qui n'est pas composé de la même façon. Rien ne vaut l'expérience pratique à la théorie et au moins, je sais qu'allumer un feu avec mes flammes risque de causer plus de dégâts qu'autre chose. Tu n'aurais pas voulu que je mette le feu par hasard à toute une forêt en essayant d'enflammer un fagot de bois, pas vrai ?" Clame-t-elle avec un haussement de sourcil interrogatif, avant de repartir armes en main cette fois-ci.

Usant de nouveau de sa magie, sa lame se met à briller comme l’astre solaire, avec une chaleur semblable, sans que la moindre flamme ne soit présente. Je commence à craindre le pire.

(Comment peut-on jouer avec une chose incontrôlable ? Il est effectivement important de savoir en quoi nos capacités sont altérées, mais il y a d’autres lieux plus propices à cela et d’autres moments aussi. Nous venons d’arriver et elle use de ses fluides comme bon lui semble, pensant qu’une simple distance suffira à éviter le pire. Et toi, tu trouves que j’en fais trop n’est-ce pas ?)

(Honnêtement ? Non. Pour une fois, je suis totalement d’accord avec toi. On a vu ce que la magie pouvait faire. Se lancer comme ça, sans avoir d’information, juste pour voir et tester les limites c’est…inconscient !)

Heureusement, je trouve un écho en la présence d’Akihito. Lui aussi est d’accord pour tester la magie sur ce monde, mais tout comme moi, il trouve que le moment n’est pas bien choisi et propose de prendre nos marques avant d’essayer à nouveau. Puis il soumet l’idée d’utiliser les portails de Xël pour nous rendre à des lieux plus propices à cela, en demandant à l’intéressé si cela lui convient.

Hélas, l’idée n’est pas partagée. Un des sauveurs d’Aliaénon, connaissant pourtant les risques de la magie en ce monde, propose d’user la magie immédiatement.

C’est avec désarrois que je regarde Yliria n’en faire qu’à sa tête, venir chercher une arme pour la faire briller de sa magie plus loin. Fort du soutien de ma faéra, c’est d’un pas décidé, je me dirige vers elle tout en l’apostrophant.

"Yliria pourquoi tu t’obstines à ce point ? A chaque utilisation de ta magie, tu cours le risque de tous nous entraîner dans une catastrophe. Qui te dit que tu ne provoqueras pas un incendie, ou même un tsunami qui ravagera les récoltes ? Si je dois te le faire comprendre alors soit !" Je me place devant elle, pile dans l’axe de sa lame flamboyante. "Sache qu’ici résidait la Tour d’Or, son Conseil, mais aussi un grand nombre d’être, avant que le Titan ne vienne et annihile toute vie. Si pour toi ce lieu est propice pour tester ta magie, il est pour moi une source de recueillement pour ceux qui ne s’en sont pas sortie, un cimetière. Il y a bien d’autres endroits en ce monde où tu pourras faire rugir ta magie, mais je t’empêcherais de saccager cette terre soit en certaine !"

Malgré ma détermination, le blondinet sape mes efforts en disparaissant subitement, courant à une vitesse prodigieuse. Je n’ai que le temps de voir une trainée derrière-lui lorsque j’entends les pas d’une course démentielle. Au moins, Xël est à mes côtés dans ma lutte contre le camp favorable à une utilisation de la magie immédiate.

"Je ne suis pas certain de pouvoir agir en cas de perte de contrôle. Tout comme vous il peut m'arriver qu'elle m'échappe." Puis s’adresse à Yliria. "Il n'a pas tort. Une catastrophe a eu lieu ici et a causé beaucoup de morts. Nous même nous nous en sommes sortis de peu. C'est aussi le lieu où s'est déroulé une bataille décisive quand Oaxaca a tenté d'envahir ce monde. Il ne me viendrait pas à l'idée de m'entraîner sur les plaines de Kôchii désormais... Ce sont les plaines Ynoriennes au nord d'ici, il devrait s'en sortir. Je suis prêt à partir pour Esseroth quand vous le serez aussi."

Nous perdons davantage d’opposant à l’utilisation de la magie, avec l’intervention de Simaya. Bien qu’elle paraisse un peu perturbée, elle propose d’utiliser la magie, non pas en raison du lieu, mais parce qu’elle est présente pouvant annuler la magie si elle en a le temps. Loin de s’inquiéter de l’effet de ses expériences, Yliria ne semble n’écouter qu’elle-même, pointant la direction d’où est partis le coureur.

"C'est exactement pour cette raison qu'il faut tester maintenant et pas quand ce sera nécessaire d'agir. Ne commence pas à me jeter des menaces à la figure, Jorus, on sait tous deux que tu ne les mèneras pas au bout. Je suis navrée pour les pertes qui ont été subies ici, mais ça ne change rien au fait qu'il est impératif d'avoir une idée de ce qui nous attend ici et toutes les meilleures explications du monde ne rivaliseront jamais avec une expérience concrète." Termine-t-elle en posant une main sur mon épaule.

(Mais comment peut-on n’avoir aucune considération pour autrui, ni respect pour les morts ?)

(Elle n’était pas là, tu ne peux pas lui en vouloir. C’est comme si tu t’attaquais à quelqu’un ayant foulé les plaines de Kochii, sans savoir la gravité de ce qui s’y est passé.)

Survient ensuite le blondinet, revenant de sa course folle en petites foulées contrôlées, avec un peu de neige sur les bottes.

"Cette magie est très accessible, mais il est important d'être très précis dans notre désir. J'ai fait l'erreur la première fois de penser courir le plus vite possible. Je me suis rendu jusqu'au pied d'un immense mur de glace et de pierre. C'était glacial." Puis il ajoute simplement qui se nomme Mathis Demarcus.

(Ha ba oui, il était temps de se présenter aussi !)

Puis il annonce vouloir exécuter un saut acrobatique avec le fameux pouvoir en notre possession. Dans le même temps, Yliria use de pouvoirs que je ne lui connaissais pas et disparaît partiellement de ma vue, dans un jeu de lumière légèrement perceptible.

"Fous que vous êtes !" Fais-je dans un murmure avant que l’apocalypse ne se déclenche.

Un amas de nuage noirs se rassemblent autour de nous, à la vitesse de mouettes affamées devant un unique quignon de pain. Puis d’un coup, une ombre, noire et oppressante, nous surprend tous. Un vent inouï se lève, manquant de tous nous ôter le luxe de sentir le sol sous nos pieds. Les éclairs d’un orage inexistant quelques instants plus tôt, zèbre la noirceur ambiante et le sol lui-même tremble engendrant un "NON !" grave. Simaya use de ses pouvoirs salvateurs pour arrêter ce déclenchement de pouvoirs. Chacun tente de lutter à sa façon contre les éléments et n’ayant rien à quoi m’accrocher, je me couche au sol pour offrir le moins de prise au vent possible, courbé vers un sol qui se refuse à moi. Tandis que mon regard se porte sur la seule personne capable d’arrêter cette catastrophe, je vois dans son visage la peine qu’elle éprouve à contrôler ce déferlement de puissance, elle se trouve à un point d’équilibre entre le contrôle et la rupture. Il suffirait d’un rien pour qu’elle perde le contrôle, que tout se termine ici, avant même d’avoir pu commencer. Cependant, il en est de même pour basculer dans l’autre sens et c’est l’intervention d’Arthès qui change tout.

Hurlant "STOP !", tout s’arrête autour de nous. Le vent, le bruit, le temps lui-même s’est arrêté. Nous faisons face au même pouvoir qui nous a valu notre survie face au terrible Titan et qui nous sauve aujourd’hui. Cette intervention offre la chance à Simaya de reprendre le dessus sur ce maelström infernal et enveloppe tous notre groupe d’une zone sombre, faisant disparaître cette sensation de pouvoir. Tout s’arrête. Les nuages disparaissent, le sol reprend son immobilité et le vent redevient brise. Tout est redevenu comme avant, si ce n’est que la Plaine d’Or est dévastée. La Plaine n’est plus qu’un chaos sans nom, au paysage surnaturel ravagé. Là où s’étendait les brins d’or à l’infini, un immense cratère tient place, dans lequel nous sommes au centre. Simaya rompt sa magie, son dôme se désagrège, laissant cette sensation de pouvoir revenir. Là où se tient le fluide par lequel nous sommes venus, un puissant faisceau se dirige vers le ciel, pulsant comme une entité vivante ; comme si nous étions face au cœur brisé d’un monde littéralement vivant. Autour de nous, des roches rouges flottant dans les airs, derniers vestiges arrêtés dans le temps, d’une catastrophe sans nom. Voici ce qui est resté après le passage de la fureur du Titan, voici ce qui reste de la Tour d’Or, de son Bourg, de ses habitants.

(Nul n’aurait pu survivre à cela !)

Voici ce qui arrive lorsque la fureur d’un Titan se dirige sur des êtres que nous-mêmes définirions comme inutile, comme de vulgaire fourmis. Et voici ce qui arrive à la fourmilière. Non loin de tout cela, mon visage se peint d’une frayeur sans nom. Comme si je vivais un cauchemar vivant, l’immense présence du Titan se dresse de toute sa domination physique impitoyable. Un être de pierre, de métal aux longs membres tentaculaires énormes. Pourtant, s’il a ravagé la Tour d’Or, il reste neutre à notre présence. Pour cause, un trou béant tient place au milieu de sa poitrine, ne laissant de lui qu’une carcasse morte. Incapable de baisser le regard, j’entends Sheeala le nommer le Titan de la magie. Celui-là même que Glanaë nous avait prévenu de la mort.

(Finalement, est-ce le Titan qui a provoqué de paysage effrayant, ou celui qui lui a ôté la vie ?)

Le dénommé Mathis vient à s’excuser ensuite, attirant autant mon regard que ma curiosité sur cette déclaration.

"Un merci ne peut exprimer, toute la reconnaissance que j’ai envers vous de nous avoir tous sauvés…. Je me sais responsable du déclenchement de cette tempête, et je m’en sens honteux."

(C’est lui qui a provoqué tout ça ?)

(C’est maintenant qu’il s’inquiète des conséquences possibles ?)

(Mieux vaut tard que jamais !)

(Je suis pas sûr que tu aurais affirmé la même chose si Arthès et Simaya n’avaient pas été là !)

"Je m’engage non seulement à vous venir en aide, comme je l’ai déjà fait, mais je m’engage aussi à y laisser ma vie afin de sauver vos cités et votre monde."

(Y laisser sa vie ou la nôtre à défaut !)

Il fait ensuite une déclaration à Glanaë, trop basse pour que je ne la comprenne entièrement, avant de déclarer que notre enquête débutera ici, mais l’intervention d’Akihito me permet de saisir ceci n’était qu’une illusion provoquée par la rouquine et la somme de révéler tout ce qu’elle sait.

Devons-nous rester, partir, laisser chacun rentrer chez lui ou juger le comportement de tous, Glanaë comprise ? Je ne sais quoi faire. La présence du Titan et de son trou béant m’inquiète, mais la possibilité qu’Yliria recommence son affreux jeu magique aussi. Je m’assure qu’elle reste près de moi, persuadé qu’elle ne tentera rien de stupide en ma présence. Car si je sais être incapable de l’arrêter, c’est bien par ma seule présence que j’espère l’empêcher. Je me garde pourtant de tout commentaire à ce sujet. Si ce n’est pas le lieu de tests magiques, ce n’est non plus le moment pour un « Je te l’avais bien dit ! ».

"Beaucoup sont natifs de ce monde et n’ont vu les leurs depuis longtemps. Je ne sais pas ce que vous comptez faire, ni comment vous espérez avoir des indices sur les événements, mais il serait bon de permettre à chacun de rentrer chez soi. Je vous propose de partir et de prendre le temps d’assimiler l’horreur qu’un être plus puissant qu’un Titan soit présent sur ce monde. Nous Yuiméniens, devons également comprendre ce pouvoir en nous et nous préparer à en saisir les possibilités. En ce sens, la présence de Simaya comme Arthès seront très appréciées. Mais avant cela, je rejoins mon camarade, des explications doivent être données avant tout !"

Modifié en dernier par Jorus Kayne le jeu. 29 sept. 2022 22:16, modifié 2 fois.

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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Yliria » jeu. 22 sept. 2022 21:01

Aliaénon

Blanc. Noir. Silence. L’impression de flotter dans le vide, de ne plus être dans mon propre corps, de voguer au gré d’une force incontrôlable. Seule la présence d’Alyah me permit de garder contact avec la réalité avant que la sensation d’un sol dur sous mes pieds ne me fasse revenir au présent. Inspiration brutale, nausée immédiate. Je fermai les yeux, expirai lentement. Je sentis ma tête bourdonner avant d’ouvrir les yeux face à un spectacle qui me coupa la respiration pendant un instant. Une immense pleine baignée de lumière. Partout, à perte de vue, de vastes étendues dorées, comme si tout était fait d’or. Non loin, de grande statue, tout aussi dorées, se tenaient fièrement face à nous et je ne pus retenir un haussement de sourcil en reconnaissant certains des visages, notamment Xël et l’autre kendran humain qui nous accompagne. Ça doit être étrange de s’observer en statue.

Nous étions visiblement attendu car, bientôt, une femme aux cheveux fuchsia prend la parole en nous souhaitant la bienvenue et nous parla aussitôt d’un mal nouveau ayant bousculer la magie de ce monde. Et je pus enfin remarquer qu’une sensation étrange m’envahissait. Les fluides semblaient… éteints, inaccessibles et cela ne me plut pas du tout. Même la voix d’Alyah semblait distante alors qu’elle m’en expliquait justement la raison.

(Il n’y a pas de fluides sur ce monde, aussi je ne quitterais pas ton serre-tête, je le sens pas.)

(Je vois… Tu te sens mal ?)

(Pas vraiment, mais entre le voyage bizarre dans ce fluide et cette sensation de vulnérabilité, ça me pèse un peu… Mais savoir que je ne peux pas sortir pour te taquiner me gêne encore plus.)

Je levai les yeux au ciel, comprenant qu’elle allait finalement très bien, et fis quelques pas sur le côté, m’accroupissant pour examiner le sol. Il n’était pas simplement doré, mais semblait réellement fait d’or. Xël nous avait dit que l’argent n’existait pas sur Aliaénon, contrairement à Yuimen, donc cela faisait sens que ce soit encore là. Je pouvais déjà imaginer ce qu’il serait advenu d’un tel endroit si cela était arrivé sur Yuimen. Tout el monde aurait voulu sa part. je repris juste le fil de la discussion lorsqu’ils commencèrent à parler des titans, des enjeux et, pour les habitants, rentrer chez eux. Lorsqu’Akihito demanda à ce que tout el monde se présente, je perdis l’envie de tout écouter. Ces gens avaient clairement envie de rentrer chez eux au plus vite, les retenir pour satisfaire sa curiosité me semblait quelque peu superflu. Je m’éloignais un peu, une autre idée plus utile en tête.

(Fais tout de même attention, la magie ici n’est pas la même que sur Yuimen.)

(C’est exactement ce qui m’inquiète. Xël connait ce monde donc il n’est pas inquiet, Akihito est trop occupé par son envie de tout savoir sur tout le monde et l’Oudio…)

(Est un arbre ?)

(C’est ça. De tous les Yuimeniens présents, excepté peut-être l’Oudio justement, c’est moi qui utilise la magie depuis le plus longtemps, j’aurais peut-être des choses à dire pour les aider. Je préfère ne pas voir Akihito se pulvériser avec un de ses éclairs…)

(Raisons compréhensibles. Commence doucement quand même. Que tu t’enflammes pas toute seule.)

(Je ne suis pas cinglée, je n’allais pas déchainer ma magie n’importe comment. Une petite flamme pour démarrer…)

La sensation de ne plus sentir mes fluides me laissa perplexe au début, mais je finis par tendre le bras en tentant d’allumer une flamme. Une toute petite flammèche de rien du tout. Le rugissement de la langue de feu géante qui vrombit vers le ciel me fit sursauter et observer mes doigts avec un mélange de surprise, de panique et un peu de dépit aussi. Ce n’était pas exactement ce que j’avais en tête. J’entendis quelques exclamations surprises derrière moi et criai à leur intention, histoire qu’ils n’essaient pas d’approcher.

- Vous occupez pas de moi, j'ai pas fini. Je gère.

J’entendis Akihito me demander si je gérais vraiment alors que le rire hystérique d’Alyah résonnait dans ma tête, ce qui ne m’aida pas vraiment à me concentrer pour la suite, et fis un vague signe de la main pour assurer que oui, je gérais. Je tendis cette même main, essayant d’utiliser la lumière cette fois, avec bien plus de contrôle et de succès puisqu’un simple globe prit forme et lévita dans le ciel, comme cela avait l’habitude d’être sur Yuimen. Pas si aléatoire que ça cette magie, finalement…

(Ouais sauf la cascade de flammes sortant de ton index.)

Flammes qui d’ailleurs s’éteignirent bien vite tandis que j’entendais Jorus commencer à faire le fier-cul, me parlant comme si j’étais une demeurée inconsciente. Je levai les yeux au ciel. Il n’avait jamais utilisé la magie, ce n’est pas comme s’il pouvait comprendre le besoin que je ressentais de comprendre ce qu’il se passait. Je revins néanmoins vers le groupe, histoire de mettre les choses au clair et qu’on me laisse faire mes expériences en paix. Je voyais mal quel meilleur endroit et moment pouvait miraculeusement se profiler ensuite. Nous serions perpétuellement occupés à tenter comprendre ce qu’il se passait et à traquer le responsable de ce qu’il se passait ici. Entre les villes, les villages et autres endroits habités que nous ne manquerions pas de visiter, et les portails que Xël allait évidemment utiliser pour nous transporter, je ne voyais pas ce qu’il y avait de mieux qu’une grande plaine vide comme lieu d’expérimentation. Surtout que plus nous tardions à comprendre comment les choses fonctionnaient, moins nous aurions de chances d’être prêts au moment crucial.

- C'est pas en restant à rien faire que je saurais de quoi il en retourne et mieux vaut voir dès maintenant à quoi j'ai à faire plutôt que dans un moment critique. Je ne fais pas "mumuse", je vérifie les possibilités et complications inhérentes à la magie de ce monde qui m'est inconnu et qui n'est pas composé de la même façon. Rien ne vaut l'expérience pratique à la théorie et au moins je sais qu'allumer un feu avec mes flammes risque de causer plus de dégâts qu'autre chose. Tu n'aurais pas voulu que je mette le feu par hasard à toute une forêt en essayant d'enflammer un fagot de bois, pas vrai ?

Je haussai un sourcil interrogatif après ma question rhétorique, mais même Akihito semblait de son avis, ce qui m’énerva un peu plus. Lui mieux que bien d’autres devrait comprendre l’intérêt de ce que je faisais. Il avait dû sentir ses fluides être comme éteints, mais visiblement essayer de comprendre comment se servir de la magie passait au second plan alors que c’était justement ce dérèglement magique qui nous amenait ici. Je ne les comprenais vraiment pas. Je haussai les épaules, sortis mes armes et tournai les talons, bien décidée à voir si mes capacités habituelles étaient elles aussi affectées. Autant être paré au pire. Si un monstre titanesque surgissait soudainement, ils seraient bien contents de me voir en pleine possession de mes moyens et pas à chercher quoi faire en bidouillant la magie dans mon coin comme une débutante. Au moins l’autre Kendran semblait de mon avis, même s’il n’était pas mage. Et je fis bien, parce que, les habituelles flammes solaires qui entouraient ma lame n’apparurent pas. IL y avait toujours de la lumière et de la chaleur, mais l’effet semblait… différent. Ce qui ne m’empêcha pas de rapidement la baisser pour ne pas embrocher Jorus qui n’avait rien trouvé de mieux à faire que se mettre pile devant moi. Et après c’était moi l’inconsciente ?

- Yliria pourquoi tu t’obstines à ce point ? A chaque utilisation de ta magie, tu cours le risque de tous nous entraîner dans une catastrophe. Qui te dit que tu ne provoqueras pas un incendie, ou même un tsunami qui ravagera les récoltes ? Si je dois te le faire comprendre alors soit ! Sache qu’ici résidait la Tour d’Or, son Conseil, mais aussi un grand nombre d’être, avant que le Titan ne vienne et annihile toute vie. Si pour toi ce lieu est propice pour tester ta magie, il est pour moi une source de recueillement pour ceux qui ne s’en sont pas sortie, un cimetière. Il y a bien d’autres endroit en ce monde où tu pourras faire rugir ta magie, mais je t’empêcherais de saccager cette terre soit en certaine !

Il commençait gentiment à me les briser, le Jorus. Respecter les morts ? Et lui qui avait osé me dire que tuer mon père avait été une chose bénéfique après qu’on l’ait relevé d’entre les morts ? Tu parlais d’un putain d’hypocrite ! Même si Xël semblait d’accord et que je comprenais sans mal leurs réticences, cela me mit les nerfs à vif. J’ouvris la bouche pour une réplique bien sentie lorsque le Kendran qui m’avait apporté son soutien… disparu. Il se mit à courir si vite qu’il disparu de nos vues en quelques instants et je cillai une seconde avant de le pointer du doigt. Enfin pointer du doigt la direction qu’il avait prise. Le Nord… sans doute, si la course du soleil avait la même logique que sur Yuimen.

- C'est exactement pour cette raison qu'il faut tester maintenant et pas quand ce sera nécessaire d'agir. Ne commence pas à me jeter des menaces à la figure, Jorus, on sait tous deux que tu ne les mèneras pas au bout. Je suis navrée pour les pertes qui ont été subies ici, mais ça ne change rien au fait qu'il est impératif d'avoir une idée de ce qui nous attend ici et toutes les meilleures explications du monde ne rivaliseront jamais avec une expérience concrète.

Rejoindre les morts de ce monde ne m’intéressait pas et je me fichais pas mal de leur sensibilité mal placée dans un tel moment. Depuis quand s’assurer de ne pas mourir était un manque de respect envers les morts ? Non mais quelle connerie ! Et Simaya, une des habitantes, semblait de plus d’accord avec moi. La plupart des locaux partageaient mon avis ou, au moins, semblaient ne pas être complètement opposés à l’idée, au vu des regards que j’avais capté. Il leur fallait quoi de plus ? Le retour du Kendran – Mathis – mit fin à la discussion et j’écoutai d’une oreille attentive ce qu’il avait ressenti. Une utilisation contrôlée et précise. Cela faisait sens, mais j’imaginais mal que cela soit aussi simple. Je n’avais pas demandé qu’un dragon crache du feu par mon index, mais c’était le résultat que j’avais obtenu.

(Sur Yuimen aussi la magie fait parfois des bizarreries.)

(Certes, mais je ne me souviens pas avoir jamais fait un truc pareil.)

(Une fois t’as enflammé ta robe pourtant…)

(J’avais vingt ans ! C’était un accident !)

Je l’entendis ricaner, mais l’ignorais pour poser une main rassurante sur l’épaule de Jorus, plutôt que de lui coller la deuxième mandale de sa vie. Je comprenais bien sa peine, mais notre survie importait davantage que le reste. Je mis mon masque sur le visage et disparus presque totalement, comme d’habitude. Rien ne sortit de l’ordinaire. Jusqu’à ce que le temps change drastiquement alors que Mathis, qui avait expliqué son attention de sauter, fit une cabriole qui bouleversa le monde connu. Le vent se mit à souffler, des éclairs zébrèrent le ciel et je me tournai vers Akihito qui... n’y était visiblement pour rien, ce qui me tira un léger soupir de soulagement. Je manquai alors de tomber alors que le vent se déchainait, le cri de Simaya résonnant dans la plaine avant qu’un autre, plus fort ne fasse tout cesser. Le temps lui-même semble s’être figé et une zone d’ombre nous entoure, annulant tout ce que j’avais créé. Je retire mon masque pour contempler ce qui était juste avant une magnifique plaine d’or. Il n’en reste qu’un immense cratère au-dessus duquel flotte des roches en grand nombre et surtout, un immense être dont le poitrail présente un trou béant. Je serrai la main sur ma rapière, mais compris sans peine que ladite créature est morte.

Le murmure affolé de l’un des locaux me renseigna sur l’origine de ce qui est apparemment le Titan de magie. Xël les avait décrits comme des êtres immenses, mais je ne pensais pas que c’était à ce point-là. IL ne fallut pas longtemps pour que Mathis se confonde en excuse et je lançai un regard à Jorus, le défiant de dire quoi que ce soit. S’il croyait que j’allais éviter d’utiliser la magie pendant tout notre séjour ici, il se mettait salement le doigt dans l’œil. Et je doutais que l’état de la plaine soit le résultat de son saut, sinon nous été tout bonnement pulvérisé au vu de l’état de la zone. L’hypothèse de l’illusion qui était avancée semblait la plus crédible et je tournai mon regard vers Glanaë, la femme aux cheveux roses, qui semblait mortifiée par ce qu’il venait de se passer. Je m’accroupis sur le sol, passant ma main sur ce qui ressemblait à de la terre tout ce qu’il y avait de plus banale, avant de remarquer que les craquelures luisaient. Je m’époussetai les mains en me relevant, observant le cratère où nous nous trouvions. L’orbe qu’était le fluide spatial projetait un immense faisceau vers le ciel, brillant comme les craquelures de la terre. Tout ça additionné avec les pierres flottantes… Est-ce que c’était le fluide lui-même qui avait explosé ?

(Tout semble possible ici, difficile à dire. Je te déconseille de le toucher…)

(Pourquoi ?)

(Mauvaise impression… Je saurai pas trop te dire pourquoi, mais je préfère que tu t’abstiennes, c’est louche.)

Je haussai les épaules. L’officier ynorien avait pu sans problème retraverser le fluide et, si tout cela était bien une illusion, cela voulait dire que le fluide fonctionnait normalement. Enfin je l’espérais, sinon nous étions coincés ici… Je levai le nez vers le Titan mort, observant ce colosse immobile, attendant d’avoir les réponses aux questions qu’on se posait tous.

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Xël
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Xël » ven. 23 sept. 2022 22:16

Le voyage se passe comme les fois précédentes, une sensation de n’être plus qu’une pensée qui plane dans l’espace. J’en avais même un souvenir moins agréable, plus brutal, plus violent. Je remets le pied sur Aliaénon avec le coeur léger, retrouvant cette présence magique qui est omniprésente sur ce monde et forcé de contenir les fluides magiques à l’intérieur de moi qui veulent s’y lier.

Je contemple les environs et reconnais les plaines d’or. Le fluide n’aurait donc pas bougé et serait simplement redescendu vers le sol pour patienter de s’ouvrir à nouveau. Pas de débris de tour ni de ruines du bourg qui se tenait à sa base, en revanche, j’ai la surprise de voir nos statues se tenir derrière la femme qui est devant nous, peau pale, cheveux fuchsia et yeux vairons, qui semble heureuse de retrouver Arthès car il ne tarde pas à s’embrasser pour fêter leurs retrouvailles. J’ai alors la surprise de découvrir une deuxième femme, une Hïnionne, assez belle, et que je sais agréable à regarder nue. Pour cause il s’agit de la régicide avec qui j’ai pris un bain sur l’île des Dieux. C’est une surprise, une surprise qui amène bon nombres de questions mais qui pour l’instant ne provoque chez moi qu’un regard perplexe et une grimace étonnée.

Je n’ai pas le temps de poser une question que la compagne d’Arthès nous remercie d’être là et nous explique ce qui nous attends. Une puissance inconnue, étrangère à Aliaénon et qui semble avoir le désir de se nourrir de sa magie. Elle nous conjure donc de résoudre ce mystère. Egregor répète son souhait de vouloir rejoindre Esseroth et conseille également à chacun de regagner sa région pour trouver des informations qui pourront nous servir. Simaya renchérit, proposant d’emprunter le pouvoir des portails avec mon autorisation pour pouvoir mener chacun à bon port. Glanaë que je me souviens maintenant avoir rencontré pendant la bataille d’Esseroth ajoute que c’est vers les Titans qu’elle décrit comme les êtres les plus puissants de ce monde, description qui me fait hausser un sourcil, que nous devons concentrer nos recherches. Mais elle rappelle que nous devons d’abord nous préparer car leurs territoires sont dangereux.

Les premières questions commencent à tomber et c’est bien normal, Akihito veut savoir avec qui il a passé le portail et aimerait, tout comme moi, savoir ce que Silmeria fait ici. Moi même j’en pose à Glanaë, voulant en savoir plus sur ce qui s’est passé après la destruction de la Tour d’Or et j’ai également une question pour Triman.

« J’ai compris que ceux de Nagorin sont tous un peu liés entre eux par je ne sais quel magie. Peut être que tu peux nous donner quelques informations venant des sages de Nagorin avant d’y retourner ? »

J’apprends alors que le Sans-Visage n’est plus de ce monde, à priori sacrifié lorsque il a retenu le Titan de la magie pour ne pas que nous soyons brisé par sa force. De ce fait l’Ordre des Chevaliers n’avait plus de but. Sans surprise, j’apprends également que les conseillers qui n’ont pas réussi à passer le fluide sont tous morts, ainsi que tous ceux qui habitaient le bourg d’Or. Mes yeux se ferment un instant et je peine à retenir ma tristesse ainsi que ma colère, surtout que Glanaë poursuit en annonçant que les Titans se portent bien sauf pour celui qui a détruit la tour. La fameuse force inconnue l’aurait absorbé lui et son pouvoir. Je réouvre les yeux avec effroi. Une créature assez puissante pour vaincre un Titan arpente donc Aliaénon et c’est ça que nous devons arrêter.

Silmeria me répond alors que j’appréhende sur ce qui nous attends tous, prenant un ton moqueur, bien plus sûre d’elle maintenant qu’elle est habillée. Elle est bien passée par Oranan et m’assure que personne n’a cherché à la retenir. Les discussions commencent à se croiser, répondant aux interrogations de ceux qui ne connaissent pas ce monde. Quant à la réponse de Triman m’informant qu’il doit recréer le lien avec les siens et supposant qu’ils n’ont rien à nous dire, je préfère rester silencieux, me contentant de rouler des yeux. Une chose m’interpelle cependant, la présence de nos statues intactes alors qu’elles se trouvaient au coeur de la ville. Glanaë, un peu nerveuse s’apprête à répondre mais Yliria semble avoir en tête de mesurer la magie de ce monde et elle ne doit pas être déçue car un torrent de flamme jaillit de sa main alors qu’elle s’était écartée pour plus de sécurité. Une fois la surprise passée je demande à Simaya si elle peut faire quelque chose mais Yliria semble sûre d’elle et avoue même qu’elle n’a pas terminé ses tests. Je hausse alors les épaules et me tourne vers Glanaë qui répond finalement à ma question:

"Je... Je l'ignore. Elles sont là, c'est tout ce que je sais. Vous êtes les sauveurs. C'est... C'est au moins autant divin que ne pourraient l'être les Titans. Vous, vous êtes notre seul espoir."

Étrange mais je ne m’y attarde pas, le Titan nous avait bien épargné à Fan-Ming. Le blond propose alors de se rendre d’abord à Esseroth ce qui fait la joie d’Egregor.

« J’allais vous proposer Esseroth aussi. Nous pourrons y préparer notre voyage et il me tarde de découvrir ce qu’est devenu cette cité. »


Il adresse un sourire aux Esserothéens avant demander, l’air plus grave.

« Personne ne garde le fluide spatial ? »

Il ne faudrait pas que n’importe qui puisse le traverser. Glanaë se porte volontaire et Arthès se propose de rester avec elle, les coquins. Pendant ce temps la tension monte au sujet de la magie d’Yliria qui ne s’arrête pas dans ses essais, Jorus soulève un point qui me touche rappelant qu’ici sont morts beaucoup de gens et qu’on ne s’entraîne pas dans un cimetière tandis qu’Akihito l’encourage à revenir plus tard en ma compagnie pour pouvoir les aider à se maîtriser.

"Je ne suis pas certain de pouvoir agir en cas de perte de contrôle. Tout comme vous il peut m'arriver qu'elle m'échappe."

Je m'adresse ensuite à Yliria après la morale de Jorus.

"Il n'a pas tort. Une catastrophe a eu lieu ici et a causé beaucoup de morts. Nous même nous nous en sommes sortis de peu. C'est aussi le lieu où c'est déroulé une bataille décisive quand Oaxaca a tenté d'envahir ce monde. Il ne me viendrait pas à l'idée de m'entraîner sur les plaines de Kôchii désormais..."

Dis-je avec sincérité sans avoir un ton de reproche, simplement de tristesse. Je soupire ensuite en voyant disparaître le blond dont je ne me souviens pas, voulant aussi expérimenter la magie d’Aliaènon, ll file à toute allure jusqu’à disparaître d’un coup en partant vers le nord.

"Ce sont les plaines Ynoriennes au nord d'ici, il devrait s'en sortir. Je suis prêt à partir pour Esseroth quand vous le serez aussi."

Je n’allais tout de même pas lui courir après mais ce n’est pas nécessaire, il revient de lui même, satisfait de son expérience. Il en profite pour se présenter sous le nom de Mathis Demarcus. Je cache mon désarroi, non vraiment je n’ai aucun souvenir de ce type qui veut maintenant essayer une cabriole. Mais alors qu’il saute, le temps se couvre, prévoyant le pire. Une sueur froide me coule le long du dos avant que le vent se déchaîne et que le ciel nous tombe sur la tête. La terre tremble, les éclairs strient le ciel et avant que nous soyons arrachés du sol par la tempête et que je puisse utiliser ma magie pour l’éviter j’aperçois Simaya lever ses poings sans que rien ne se passe avant que le temps s’arrête, se fige. Un pouvoir que je reconnais comme étant celui d’Arthès. Sim’ peut se concentrer pour nous envelopper d’une zone sans magie qui dissipe l’ouragan pour dévoiler un chaos encore plus effrayant.

Un cratère de dévastation que l’on devine fait par un choc trop intense pour pouvoir l’imaginer. Plus d'or, uniquement de la roche, des débris, de la poussière, flottant autour de nous comme si la magie destructrice avait été trop intense pour permettre aux roches de retoucher le sol. Au dessus du fluide, un faisceau de lumière qui se dirige vers les cieux en pulsant avec intensité, me rappelant la boule lumineuse dans la caverne des Landes Noires. Je lève les yeux pour suivre cette lumière et me rends alors compte de ce qui nous surplombe. Le cadavre du Titan qui a tant hanté mes nuits, inerte, un trou béant dans la poitrine. Je reste interdit alors que les premières réactions se font. Puis je m’approche du monstre qui a prit tant de vies à Fan-Ming puis tant de vies ici. Pourquoi est-il venu ici ? Proche du fluide ? Pour mourir ? Cherchait-il à s’échapper ? A absorber la puissance de Yuimen ? A ouvrir le passage pour que nous venions à son aide ?

Doucement, j’approche une main d’un tentacule immobile, touchant du bout des doigts celui que je considérais comme un ennemi. J’aperçois Ibn, tendre son œil de paume vers le titan, que cherche t-il à voir ? Une vision de ce qui s’est passé ? Est-ce possible ? Je me laisse aller à l’exercice. Je ferme les yeux et imite le Cadi Yangin, levant une main ouverte vers l’imposante divinité, cherchant à voir ce qui a pu lui arriver. Je sais que je dois être prudent dans la volonté de le faire. Je ne dois pas chercher à ressentir sa douleur ou sa peur, sans doute que mon esprit ne le supporterait pas. Non. Je veux juste voir, être témoin de ce qui l’a tué et de quelle façon.

((Tentative de vision pour voir ce qui s’est passé.))

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Dracaena Paletuv
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Dracaena Paletuv » ven. 23 sept. 2022 23:05

Blanc.

Blanc.

Blanc blanc blanc blanc blanc blanc blanc gris blanc gris noir noir blanc blanc gris noir.

Jaune.

Jaune brillant.

Doré....




Apès ce qui m'avait semblé être une éternité, après avoir eu l'impression que l'on m'arrachait de mon corps pour me remettre de dans, mais dans une autre position, je voyais enfin quelque chose de nouveau, de différent, de plus agréable que cette brume bizarre et dénuée de vie.

De l'or !

De l'or à perte de vue. Les plantes, les roches, tout était d'or. Et, au milieu de cette plaine tout droit sortie d'un rêve érotique d'alchimiste, face à nous, des statues. Et des gens. Des humains, visiblement, de diverses tailles et couleurs. Enfin, peut être pas, je n'étais pas sur, ma tête tournait encore après le voyage.

...J'me sentais bizarre...

Je pris le temps de m'immobiliser, de respirer un bon coup. Je me tâtai même un coup, pour être sur qu'un de mes bras ou une de mes branches n'avaient pas changé de position avec tout ça. Non, tout avait l'air d'être à la bonne place. Un petit coup d'œil autour de moi et je pu voir toutes les têtes qui étaient dans la salle avant de traverser la brume. Certains semblaient aussi déboussolé que moi, d'autres avait un air nostalgique dans le regard, mais à la recherche de quelque chose, d'un élément manquant. A croire qu'ils étaient déjà venu ici.

Dans l'autre monde...

La sève me monta à la tête d'un coup ! Mais oui, bon sang, j'étais dans un autre monde. Aliaénon qu'ils avaient dit ! C'était... surréaliste. Un monde entier qui existait comme ça, et jamais je n'en avais entendu parler. Mais à bien y réfléchir, au vu de ces trucs dorés qui étaient un peu partout, j'imagine qu'il valait mieux que l'endroit reste secret, histoire de pas attirer de touriste trop avide.
Y avait tout de même des gens qui nous attendaient à la base : deux femmes, l'une dont la moitié avait sauté dans ses bras pour l'embrasser, et l'autre, une elfe, avec la peau assez pâle, dont le nom me disait vachement quelque chose. Presque sur de l'avoir entendu à Oranan ou dans les alentours... Y avait aussi un grand noir aux cheveux blanc et aux yeux de feu, ce qui, niveau colorimétrie, me faisait un peu penser à ma personne. Pourtant, d'habitude, les humains brulés ne ressemblaient pas trop à ça...Faudrait que je lui pose la question.

Mon attention se porta sur les statues gigantesques se trouvant derrière eux : en or, bien évidement, il y en avait deux qui se démarquaient un peu des autres. Elles représentaient des gens que j'étais sur d'avoir déjà rencontrer...Ma tête se tourna lentement en direction de l'un des humains brun, puis vers le blond, puis, vers les statues.

C'était les même.
Oh...

Bon, vraiment, j'avais saisi que parmi nous, y'en avait qui connaissaient déjà l'endroit, mais visiblement, y z'étaient pas passé en simple touriste. Des foutues statues de trop-de-mètres de haut, en or massif et tout. J'essayai d'aller lire ce qu'il y avait de marqué sur les plaques aux pieds des monuments 24 carats, mais le trio d'accueil commença à déblaterer.


« Merci d’être venus, revenus, d’avoir répondu à l’appel. Je m’appelle Glanaë, je viens d’Esseroth. L’heure ici est grave, et plus que jamais nous avons besoin de vous. Aucune armée, cette fois, mais une puissance inconnue, terrible, étrangère à ce monde. Elle est apparue il y a peu, tellement puissante qu’elle a fait vaciller la magie d’Aliaénon. Profondément. Une entité qui semble vouloir se nourrir des plus fortes énergies de ce monde pour gagner encore en force. Le monde entier, dans son essence, est en danger. Vous devez résoudre, gens de Yuimen, cet inquiétant mystère. Je vous en conjure. »

...Okay, tout doux madame en chair et en os, une « entité » qui casse des trucs chez vous et pompe votre énergie ? Pourquoi vous avez besoin de nous pour régler ça ,z'avez pas d'armée ou de soldat dans ce monde chelou ?

...J'me sentais toujours bizarre, moi...

« Je dois me rendre à Esseroth sans plus tarder. C’est ma patrie, je dois la protéger. Chacun de nous devrait rejoindre sa région d’origine, d’ailleurs. Laissons les Yuimeniens l’occasion de voyager entre chacune pour récupérer les informations que nous leur aurons dégotées. »

Ah, d'accord, du coup « bonjour, bienvenue dans cet endroit que certains d'entre vous connaissent absolument pas, réglez nos problème s'il vous plait, moi je dois aller repasser mon chier.

« Je peux, via le pouvoir de Xël – si tu es d’accord – créer de multiples portails pour mener chacun vers une cité de ce monde, si c’est ce que nous faisons. Xël pourra ensuite mener son groupe à travers les différentes zones du monde. Il faudra que vous restiez ensembles, soudés, pour ne pas être contraints de voyager par vos propres moyens, prenant un temps que nous n’avons visiblement pas. »

Parce qu'on avait un temps limité en plus ? MAIS ILS POUVAIENT PAS PARLER DE CA DANS LA FOUTUE LETTRE ?!

« Vous connaissez les plus puissants de ce monde. Les Titans. C’est vers eux qu’il faudrait diriger vos recherches. Mais pas sans préparation : leurs landes sont dangereuses. Voyez vous-mêmes par où commencer. »

Oh, super, oui, bien sur : « y a des trucs appelez titans à qui vous allez devoir rendre visite, mais c'est super dangereux et on vous aidera pas à avoir plus d'infos! ». Bien entendu, sans aucun problème, vous voulez pas mon bras pour votre cheminée la nuit tant qu'on y est ?!

Mais c'était quoi encore cette histoire ?! L'autre monde, ok, pourquoi pas, j'veux bien, mais la, on débarque, et les locaux nous apprennent qu'on a été plus ou moins engagé pour affronter une super créature qui leur pose problème ? C'est genre habituel de faire ça ici ? C'est en résolvant ce genre de bêtise qu'on a sa statue en or massif dans les champs ?


….J'avais besoin d'un verre !


En tout cas, de boire un truc. Ptet que ça m'aiderait à encaisser tout ça. Ou au moins arrêté de me sentir aussi bizarre... Sans trop changer de position, je me mis à enfoncer les racines sous mes pieds dans le sol. Mais, à ma grande surprise, le sol était en réalité plutôt sec. Alors, okay, ça faisait un ptit moment que je m'étais pas désaltéré, mais ça c'était vraiment de la terre dégueulasse. Franchement, un endroit aussi brillant que ça, avec du gazon en or et tout, et c'est pas foutu d'humidifier un peu le sol ?! Cet endroit était bling bling jusque dans ses nappes phréatiques...

Un peu frustré, et toujours avec cette étrange sensation qui me parcourait, je prêtais à moitié attention à ce qui se passait. Visiblement, y avait un peu d'animosité qui se manifestait entre l'elfe et l'une des personnes ayant passée la brume avec moi. La seule chose que je retins dans leur blabla, c'était que l'elfe disait avoir une Faëra. C'était surprenant d'entendre quelqu'un lié à une Faëra en parler à voix haute comme ça. Ces ptit machin magique préféraient pas que leur existence reste secrète ? En tout cas, ça m'amena à me demander si c'était la seule accompagnée d'une de ces créatures... Vu le niveau de n'importe quoi qu'on avait atteint, si on m'annonçait que tout le monde ici sauf moi avait une Faëra, ça me surprendrait même plus...

Par contre, une discussion plus intéressante, et plus informative débutât : quelqu'un avait fini par demander plus d'information sur l'immense foutoir dans lequel nous nous trouvions . Ça se mit à parler de vision, de pouvoir voir les choses à travers le temps... Mais surtout, passé le temps ça se mit un tant à parler... de titans.


- Les Titans sont les êtres les plus puissants de ce monde. Des entités qui ont formé les montagnes, les mers, les lacs et les plaines. Les forêts et les déserts. Ils ne considèrent pas les peuples de ce monde comme autre chose que des insectes. Il est presque impossible de communiquer avec eux. Moi seule y suis parvenue, partiellement, pour former un arrangement : ils nous laissent des territoires, nous leur laissons les leurs. Et c'est là que ça se complique : chez eux, ils peuvent détruire et créer tout ce qu'ils souhaitent sans tenir compte des imprudents qui y passent. Les préparations... j'ignore quelles elles pourraient être. S'allier avec des personnes qui comprendraient mieux leur nature ? Qui sauraient tenter une communication ? Du matériel spécial, adapté à une région ou une autre où ils vivent. Ainsi que des informations sur celles-ci. Mais si vous vous sentez d'y aller au plus vite, nul ici ne vous retiendra. Vous, yuimeniens, avez des pouvoirs que nous n'avons pas, ici. Des pouvoirs qui peuvent beaucoup, même s'ils sont risqués.

Des entités de puissance pure ? Des sorte... de dieu ? Hrmf, je n'aimais pas les dieux. Les dieux étaient fermé d'esprit. Les dieux campaient sur leurs positions et leurs visions du monde, préférant punir ceux qui le « méritaient » plutôt que d'essayer d'attaquer le cœur des problèmes. Les dieux vous laissaient seul aux milieu des cendres de vos compagnons, ignorant les prières, supplication et appels à l'aide. Non, je n'aimais pas les dieux. Et savoir que les dieux locaux étaient du genre plus actif que sur Yuimen ne m'enchantait absolument pas...

Ils commencèrent à parler de la dangerosité de ces fameux titans. De leur fonctionnement, de si on pouvait interagir avec. J'essayais de me concentrer un minimum, d'écouter, après tout, ça restait des informations sur ce monde nouveau. Mais un grand bruit capta d'un seul coup toute mon attention. Un bruit qui ne m'était que trop familier.

Des flammes.

Des flammes gigantesques, s'élevant jusqu'aux cieux, flamboyante, rougeoyante, tournoyant sur place, comme prisent d'une vie propre, dansant avec vigueur , dans un mouvement frénétique et destructeur.

Des flammes.

Des flammes.

Des flammes.

Je n'arrivais pas à détourner le regard. Elles étaient la, si proche, dégageant une chaleur intense, insoutenable.

Des flammes.

Je n'arrivais pas à détourner le regard, elles m'aveuglaient, brillant plus qu'un soleil bien trop loin dans le ciel.

Des flammes.

Je n'arrivais pas à détourner le regard, mes instincts me disant de ne pas les perdre de vue, de peur qu'elles décident de bondir, jaillir, sauter dans mes bras et m'enlacer d'une étreinte mortelle.

Des flammes !

Je n'arrivais pas... Non. Au fond de moi, je savais.

Je ne voulais pas détourner le regard. J'étais surpris, angoissé, sur mes gardes, mais aussi... Captivé. Hypnotisé. Comme un papillon de nuit, comme un capitaine en train de couler avec le navire, comme une personne en manque d'amour : je savais que je faisais une bêtise. Pourtant, je n'arrivais pas à m'en empêcher. Je ne pouvais m'éloigner de cette erreur qui allait me consumer.


"Vous occupez pas de moi, j'ai pas fini. Je gère."


Peut être une bonne, peut être une mauvaise chose, mais cette simple phrase me sortie de ma transe.
Pas pour son contenu, mais pour sa contenante : ce petit bruit qui avait réussi, entre les crépitements, à atteindre mon ouïe, me fit réaliser quelque chose de magistral : les flammes. Les terrifiantes, captivantes flammes. Elles ne sortaient pas de nul-part : elles jaillissaient du doigts de la sorte de petite elfe. La réalisation me frappa : c'était un sort. UN SORT!!!

Jamais je n'avais vu un sort faire....ça !

L'un des gars présent réussi à étouffer les flammes de sa magie, tandis qu'un autre, un de ceux qui avait prit le portail, commença à s'engueuler avec la petite.


"Yliria, cesse un peu tes bêtises ! La magie ici est… hasardeuse et son utilisation dangereuse. Ne crois pas que tu puisses l’utiliser à ta guise ici. Un simple sort nous mettrait tous en danger ! Pour avoir vécu un certain temps ici, Xël pourra t’en apprendra plus à ce sujet. Même si je pense que certaines choses ont changé depuis la dernière fois. Et si vraiment, tu veux faire mumuse avec ta magie, je te conseille la Lande Noire, tout y est mort... Sauf les morts !

La magie est hasardeuse? Non, attendez, je veux dire, j'avais bien saisi qu'il y avait un truc avec les fluides ici d'étrange, mais comment ça hasardeuse ? Genre, instable ? Nan parce qu...
MAIS OUI C'EST CA EN FAIT !
La chose, LA chose qui me dérangeait depuis mon arrivée ici, la sensation bizarre que j'avais : c'était mon fluide ! Mon fluide du feu blasphématoire  ! Depuis que j'étais arrivé dans ces terres dorées, il était... différent. Je ne le ressentais plus de la même façon... Et donc, la magie bizarre de la région serait responsable de ces colonnes de feu ? C'était pas sensé faire ça à la base ?

Ah, et, comment ça « sauf les morts » ?!

- C'est pas en restant à rien faire que je saurais de quoi il en retourne et mieux vaut voir dès maintenant à quoi j'ai à faire plutôt que dans un moment critique. Je ne fais pas "mumuse", je vérifie les possibilités et complications inhérentes à la magie de ce monde qui m'est inconnu et qui n'est pas composé de la même façon. Rien ne vaut l'expérience pratique à la théorie et au moins je sais qu'allumer un feu avec mes flammes risque de causer plus de dégâts qu'autre chose. Tu n'aurais pas voulu que je mette le feu par hasard à toute une forêt en essayant d'enflammer un fagot de bois, pas vrai ?

Pour le coup, j'étais d'accord avec la petite Yliria. Si lancer un sort à des résultats aussi aléatoires, autant qu'on essaie tout de suite pour voir ce qui risque de se passer. Pas envie de me prendre un éclair perdu ou je sais pas quoi !

- Yliria pourquoi tu t’obstines à ce point ? A chaque utilisation de ta magie, tu cours le risque de tous nous entraîner dans une catastrophe. Qui te dis que tu ne provoqueras pas un incendie, ou même un tsunami qui ravagera les récoltes ? Si je dois te le faire comprendre alors soit. Sache qu’ici résidait la Tour d’Or, son Conseil, mais aussi un grand nombre d’être, avant que le Titan ne vienne et annihile toute vie. Si pour toi ce lieu est propice pour tester ta magie, il est pour moi une source de recueillement pour ceux qui ne s’en sont pas sortie, un cimetière. Il y a bien d’autres endroit en ce monde où tu pourras faire rugir ta magie, mais je t’empêcherais de saccager cette terre soit en certaine !"

Lâche. Lâche! Le chaos du monde et de la nature est entre nos mains, et il ne faudrait pas essayer d'en apercevoir l'étendu ? Et alors, si un incendie se provoque ? Et alors, si un tsunami se provoque ? Comment est on sensé contrer un problème en ne lui faisant pas face ?


- C'est exactement pour cette raison qu'il faut tester maintenant et pas quand ce sera nécessaire d'agir. Ne commence pas à me jeter des menaces à la figure, Jorus, on sait tous deux que tu ne les mèneras pas au bout. Je suis navrée pour les pertes qui ont été subies ici, mais ça ne change rien au fait qu'il est impératif d'avoir une idée de ce qui nous attend ici et toutes les meilleures explications du monde ne rivaliseront jamais avec une expérience concrète.

OUAIS ! Vas y, dit lui Yliria ! Fait lui comprendre qu'on ne change pas le monde avec de l'hésitation ! Cloue lui le bec !

Tiens ? V'la un troisième participant.

"T'as raison Yli de vouloir tester notre magie, mais c'est peut être pas le meilleur moment avec tous le monde autour. Attendons d'avoir pris nos marques sur Aliaénon et Esseroth, ensuite on pourra revenir ici avec Xël et ses portails. Il nous aidera à limiter les accidents dans nos tests, vu que c'est pas sa première fois ici. Si ça te vas, Xël.

Comment ça pas le meilleur moment ? Faudrait essayer quand ? Lorsqu'on sera face à l'un de ces fameux « titans » ? Non, il fallait y aller tout de suite, comprendre comment maitriser nos pouvoirs, comprendre comment plier notre magie à notre volonté. Comprendre comment refaire des flammes comme ça !!!

- Moi, je pense au contraire que c'est le moment idéal...

L'humain blondinet venait ajouter son grain de sel à la discussion.

Ici, il y a des plaines à perte de vue... A Esseroth, il y aura risque d'endommager les bâtiments ou autres, ce que les Esserothiens, avec raison, n'apprécieront pas... Mais libre à toi, d'attendre comme tu le suggères. Mais la magie étant imprévisible, et elle pourra se manifester en toi, d'une manière ou d'une autre sans que tu le veuilles., alors que tu seras dans une zone habitée, je ne pense pas que tu puisses la contrôler."

Et, à peine termina-t'il sa phrase qu'il se mit à courir dans une direction, ses drôles de jambières semblant être soudain habitées d'une énergie nouvelle. Il se mit à accélérer, accélérer...et PAF ! Il devint si rapide que j'eu du mal à le voir clairement. Il arriva à l'horizon, puis, au bout de quelques instant, revint vers nous, avec une vitesse un peu moins intense.

« Cette magie est très accessible, mais il est important d'être très précis dans notre désir.
J'ai fait l'erreur la première fois de penser courir le plus vite possible. »


C'était... Incroyable. Hallucinant. Hors du commun. Depuis que j'avais commencé à étudier la magie, dans l'espoir de libérer mon peuple du poids imposé par la création, j'avais pu découvrir, théoriquement, toute sorte de choses impressionnantes. Mais la... La, c'était encore mieux. Et, sentant une forme d'excitation monter tout le long de ma sève, je me mis face à la question qui me trottait en tête depuis un moment :

Et moi ?

Moi aussi, je pouvais faire des choses comme ça ?

Il avait parlé de précision dans nos désir... Si je le pensais assez fort, de la bonne façon, est ce que je pouvais créer une flamme gigantesque, mais qui ne brulerait pas le bois ?

Je voulais savoir. Je devais savoir. Mon écorce ce mit à craquer un peu de par les tremblements qui me prenaient. Était-ce de l'excitation ? De l'impatience ? De la peur ?
Probablement les trois à la fois.

Mais alors que je me concentrais, réfléchissant à comment donner forme à mon désir profond, j'entendis un grand bruit à coté de moi : le blondinet, Mathis Jesaispasquoi, c'était amusé à bondir très haut dans le ciel. Mais en atterrissant, une sorte de choc parcouru les environs. Puis, du vent. Violent, le vent. Une tempête.

Ceux qui nous avaient accueilli se mirent à réagir au quart de tour, tentant de stopper le cataclysme en train de naitre sous nos yeux. Entre les mugissements du vent et les hurlements des vivants, un « NON » distinct surplanta tout le reste, suivit d'un puissant « STOP ».

Une sorte de bulle sombre, de bouclier probablement, se mit à nous recouvrir. Tout se calma rapidement. Le vent. Les cris. La panique. Pourtant, quand le bouclier s'abaissât, quand la bulle se brisa, les choses se révélèrent... différentes.

Plus d'or. Plus de brillance. Juste la mort, et la désolation. Nous étions soudainement dans les restes d'un endroit détruit. Dans un cratère gigantesques, parcouru d'étrange pierres flotantes. Et en son centre, un faisceau lumineux.

C'était le résultat de la tempête ? C'était donc ça, l'un des extrêmes que permettait l'instabilité magique locale ?

...Non. Non, je connaissais bien les lieux dévasté, par la nature, et par l'homme. La, c'était...Différent. Derrière moi, j'entendais la mention d'illusion. Incoryable. De la simple poudre aux yeux nous avait caché un tel spectacle ?

Mon attention se porta sur le faisceau lumineux. Et lentement, le remontant du regard, la, dans le ciel, je le vis: un être. Immense, gigantesque, bien plus que les flammes d'avant. Plus haut que le plus haut de tous les arbres, de tous les oudios que j'avais rencontré. Fait de pierre, de racine et de terre, avec un trou béant en plein milieu. Un être, faisant beaucoup-trop-de-mètre de long, flottait, la...Mort.

Et la phrase qui s'éleva derrière moi me fit frémir.


- ...Le Titan de Magie..."


C'était ça ? C'était ça l'un des fameux « titans » ? C'était...c'était tellement plus...plus TOUT ce que j'avais pu imaginer. Pour la première fois depuis mon arrivée dans ce monde, j'ouvris la « bouche », inconsciemment, pour laisser s'échapper un murmure, contenant la première pensée traversant mon esprit fatigué par tous ces évènements:

« C'est comme un dieu...mais qui peut mourir... » 

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Silmeria
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Silmeria » sam. 24 sept. 2022 04:13

La traversée était... Surprenante. Je me souviens y avoir vu un noir si profond qu'il me rappelait la Mort elle même. Puis un blanc si éclatant, si vif mais à la fois si doux qu'il n'avait en aucun cas blessé mes yeux. Etaient-ils seulement ouvert ? Je n'avais pas la moindre idée de ce qu'était mon corps, comme si je n'étais qu'une âme, un esprit libéré de son enveloppe charnelle qui me semblait déjà si lourde. Expulsée sans ménagement de cette matrice d'éther, je fis un premier pas, décontenancée, puis un autre. Le monde s'ouvrait alors à mes yeux, d'abord meurtrie, ma pupille se rétractait douloureusement, mais peu à peu, je découvris la terre, je découvris le ciel. Tout semblait d'un doré éclatant, comme si cette terre était vierge de l'avidité des Hommes et de cet amour criminogène qu'ils portent à l'or.

De mes mains, je vérifiais que rien ne s'était échappé de mon attirail tandis que Cèles, ma Faera m'alarmait déjà sur quelque chose. " Heu... Bon. La bonne nouvelle c'est que tu es entière. La mauvaise c'est que moi... Nettement moins. "

Un frisson parcourait alors mon échine, ma petite boule de fluide était-elle blessée ? Je la croyais immortelle, intangible. " Vois-tu... Si je m'amuse à sortir pour prendre forme... Je vais passer un sale quart d'heure. Ce monde ne contient pas de fluide, pour cause, ils ne semblent pas... Bref, pour faire simple, le fluide n'existe pas ici, si je sors, je n'existe plus. Toi ça y en a comprendre ma grosse ? "
" Du tout. Tu veux me faire un cas pratique ? "
" Et risque de rater ta mort ? Tu peux rêver. "

Mais notre joyeuse chamaillerie fut interrompue par une troisième voix, une voix douce, la voix d'une femme qui se trouvait derrière nous.

" Qui êtes-vous, entité de Yuimen ? "

A cette voix, je me retournais et rencontra alors une jeune femme aux yeux de différente couleur, elle portait des atours qui n'étaient pas ceux d'une voyageuse, cependant, sa présence à côté du portail me laissait clairement entendre que ce n'était pas une curieuse qui se demandait ce que faisait ce portail ici, sans quoi elle aurait probablement paniqué de me voir en sortir, et surtout, par dessus tout, elle savait qu'il conduisait à Yuimen.

" Je... Suis seule. Mon nom est Silmeria, quel est le vôtre ? Vous n'avez rien d'une voyageuse, j'imagine que vous attendiez quelqu'un ici. Et ce quelqu'un... Il est peu probable que ce soit moi. " Avais-je dit en montrant bien mes mains pour lui paraître la plus inoffensive possible.

"J'attends. Je vous attends vous, j'en attends d'autres, car ce monde est en danger. Je suis Glanaë, d'Esseroth. Que connaissez-vous de ce monde, Silmeria de Yuimen ? Pourquoi ne vous attendrais-je pas, vous ?"

" Parce que vous connaitriez mon prénom. " Disais-je comme pour sentencer sa phrase.

La femme m'observait de haut en bas et de bas en haut, il fallait dire que j'avais oublié depuis quelques jours de retirer la boue, la poussière, les feuilles mortes de ma tenue. J'avais un aspect négligé et sale par ces heures d'errance sur les chemins boueux et déglingués par la guerre.

" Ma Faera. C'est elle qui m'a conduit jusqu'ici, je ne sais pas où nous sommes, mais je suppose que nous ne sommes plus sur Yuimen. "
(" Bah ? Comme ça, à une inconnue ? ")

"Je ne sais pas ce qu'est une Faera. Vous êtes sur Aliaénon, mon monde. Un monde que certains héros du vôtre ont déjà sauvé, par le passé. C'est eux que j'attends, que je les connaisse ou non. Êtes-vous de ceux-là ?"

" Mes excuses. Ce sont des créatures composées de fluides, à l'image d'un petit familier qui vit dans votre esprit et vous prodigue des conseils. Elles se lient à votre âme, elles finissent par faire partie de vous. Elle m'a fait savoir que les flui... Quelque chose l'inquiète grandement, si une créature immortelle craint pour le monde, je pense qu'il est juste que je mène une enquête pour en savoir plus. "

Je m'approche d'un pas, gardant les mains en évidence.

" Merci pour votre réponse. Je ne connais pas ce monde, je ne connais pas non plus les aventuriers dont vous me parlez, mais peut-être mon humble personne pourrait se montrer utile ? "

"Si vous avez pour objectif d'enquêter sur ce qui se passe ici, et que vous possédez les traits aventureux des vôtres, alors vous serez utile. Pour ce monde, comme pour le vôtre, car je crains que ce qui nous frappe puisse vous atteindre, un jour."

Elle fait une pause, contemplant la plaine dorée autour de nous.

"Ici se dressait autrefois la Tour d'Or, symbole de l'union des peuples de ce monde. Elle a été détruite suite à une crise sans précédent parmi les Grandes Puissances de ce monde. Vos pairs étaient là, y ont assisté. Autour de la tour s'étendait le Bourg d'Or. Il n'y a plus désormais ni tour, ni bourg. Il n'y a plus désormais que le chaos, semé par une puissance étrangère à ce monde, tellement forte qu'elle en a fait vaciller la magie. Profondément."

" Du coup... Vous l'appelez la plaine dorée ? Chez nous l'or attire les convoitises, c'est un métal assez criminogène si je puis dire. "

Je sortais une pièce de ma bourse pour la lui montrer. " Voyez, notre monnaie. C'est une pièce d'or. Si j'ai besoin des services d'un guide pour m'assister dans cette enquête, comment puis-je procéder ? "

"Nous n'avons rien de tel, ici. L'or n'est qu'esthétique. C'est un Sauveur d'Aliaénon venant de Yuimen qui en a fait don à ce monde, autrefois, changeant toute cette plaine en cette matière étincelante. Je pourrai vous conseiller, sur les routes à prendre, sur les hauts-lieux de ce monde, mais pas vous accompagner : je dois rester ici. Attendre d'autres volontaires. Peut-être serait-il prudent que vous en fassiez de même ? Aliaénon est dangereux. Il l'a toujours été, mais les derniers événements en ont fait un endroit plus inhospitalier que jamais. Surtout pour qui ne sait s'y repérer."

" Ce sauveur, il a un nom ? Les rumeurs vont bon train sur Yuimen, peut-être ai-je entendu parler d'un de ces dits aventuriers. "


Un frisson parcourait mon corps, comme si je ressentais encore des symptômes de ma traversée à travers les mondes.

" Sinon, votre monde ? Vous avez un Roi ? Un panthéon de Dieux ? Autant que j'en apprenne un peu le temps que les autres... Enfin, ceux que vous attendez apparaissent. Qu'est ce qui fait que votre monde est plus dangereux ? Vous êtes envahis ? "

"Karz."


Elle lève une main, et du sol monte une statue d'or représentant un être étrange aux bras mécaniques sur un socle portant son nom. Bras mécaniques, penché sur le sol, mains d’or plaquées sur celui-ci

"Et voici les autres Sauveurs d'Aliaénon."

Tandis que la première statue terminait de surgir du sol, d'autres firent leur apparition, il y avait un nombre interminable de héros à jamais figés dans l'or, tous arborant des poses honorables, peut-être même celles qui marqueraient à jamais un acte de bravoure ayant contribué à sauver ce monde et par conséquent, le mien. Comme s'il ne s'agissait que d'un tour de passe-passe de débutant, Glanaë continuait ses explications sur ce monde. A mes yeux, vint un nom que je reconnaissais, celui de Xël, ce mage qui grâce à ses portails magiques avait grandement contribué à la victoire des forces de Kendra Kâr et d'Oranan.

"Ce monde est composé de Cités indépendantes. De Royaumes, parfois. Chacun y vit de son côté, sans trop de contact. Les vôtres nous ont unis contre la menace de Vallel, à l'époque, ce qui a créé le Conseil d'Or, représentant chaque peuple. Mais le Conseil a été détruit, et ses membres tués. Depuis, les liens sont rompus."

(" Hm, pour une fois, ce n'est pas de ma faute, ça. ")

Elle me semblait pensive, comme absorbée par quelque chose dont j'ignorais tout.

"Il n'y a pas de... dieu à proprement parler. Il y a des entités supérieures, si puissantes qu'elles ont façonné le monde. Les Titans. Autrefois endormi par l'un d'eux, le Sans-Visage, ils se sont éveillés. C'est le Titan de Magie qui a détruit la Tour d'Or, ensevelissant avec le Sans-Visage. Et ce Titan de Magie est désormais mort. Tué, détruit et assimilé par la nouvelle menace qui pèse sur ce monde. Une menace sans forme, pour l'heure, car nul ne l'a aperçue. Ou ne l'a jamais dit, en tout cas. C'est récent."

Puis, après une pause, elle continuait à m'expliquer les choses.

"Par la simple présence de cette source inconnue, le monde est devenu dangereux. La magie est plus puissante, plus instable que jamais. Les bêtes ont pu muter, les esprits devenir soupçonneux. Surtout envers des visages inconnus."

" Donc... tous sont des sauveurs. Les sauveurs de ce monde. Et bien... si je m'étais doutée. " Disais-je en pointant du doigt les nombreuses statues. (" On a bloqué le passage, j'espère que personne ne va passer avec sa charrette de poules... ")

Après une pause.

" Le conseil a été dissout et ses membres tués ? Est-ce la un quelconque lien avec cette... Corruption magique qui vous accable ? "

"Seuls ceux qui ont assisté à la destruction de la tour savent ce qui s'est réellement passé. Certains en ont réchappé, via ce portail vers votre monde. Portail qui vient seulement d'être rouvert. Ceux qui n'ont pas pu fuir sont morts. Tués par la destruction de la Tour. Tués par le Titan de magie."
Puis, elle relève le regard vers toi.

"C'est eux que nous attendons."


" Ce qui me rassure, c'est que Xël, pour ne citer que lui, j'ai pu croiser sa route. Au moins le temps semble s'écouler de la même façon ici que sur Yuimen. Quand... " Je n'osais pas ajouter un ' si ' " je reviendrai sur Yuimen, au moins 8000 ans ne seront pas passés "

Une mini pause.

" Sur quoi repose les bases de votre commerce si l'argent n'a aucun cours ici. "

Puis me reprenant : " Je veux dire. L'or. "


"Je... je crois qu'au sein du Royaume Pâle, il se passe des genres d'échange. Une sorte de... troc ? Objets, services, matières. Mais à ma connaissance il n'y a qu'eux qui ont ce genre de pratique. A Esseroth, tout est à tout le monde, et tous œuvrent pour le bien de la cité et de notre peuple."

Elle semblait réfléchir quelques instants, je ne savais pas encore pourquoi, mais elle était très distraite, comme si elle ne souhaitait pas réellement participer à la conversation que nous avions.

"Quant au temps qui passe... J'ai cru comprendre que c'était l'inverse. Le temps passe plus lentement sur votre monde que sur le nôtre. Mais j'ignore comment le quantifier."

" Ces titans dont vous parlez. En reste-il un vestige ? Sont ils de chair comme l'est l'homme ou sont-ils différents ? Je veux dire... "

Elle pointa la plaine dorée.

" Pour qu'une tour se soit effondrée ici, ça a été plutôt bien arrangé. "

"Ils sont d'une taille que l'on ne peut décrire. Ils vivent sur Aliaénon, ont des zones entières du monde comme territoires. Ils sont de pierre, de bois, de chair, d'eau... Chacun a sa spécificité. Mais nous ne les connaissons que trop peu."

Elle regarde autour d'elle et pince les lèvres.

"C'est... oui. Sans doute."

Elle me semblait vraiment ennuyée par la question.

" Et donc, jamais une dépouille de Titan n'a été étudiée ou approchée ? " Demandais-je naïvement

" Et vous, chère Glanaë, à part faire apparaître des statues en or, chose qui serait très lucrative sur Yuimen, soit dit en passant, quel est votre rôle. Vous repressentez une autorité pour venir chercher ces anciens sauveurs ? "

"Les événements dont je vous parle sont récents. Aucun titan n'a été tué avant cela."

Elle fronce les sourcils.

"Le terme d'autorité n'a aucune signification chez moi. Je ne représente que moi, et parle humblement au nom des miens. Je suis venue retrouver ceux qui manquent à ce monde. Et les Sauveurs, pour les guider."

" Et bien justement, celui qui a été tué, il est passé où ? Une créature aussi grande, ça ne doit pas se déplacer avec une brouette et une mule. "

Face à son mutisme, je n'avais pas vraiment d'autre choix que de battre en retraite et laisser mes questions pour plus tard.

" J'imagine que je verrai en temps voulu "

"Vous le verrez en temps voulu, oui. Exactement." Elle était de plus en plus stressée, son regard se portait à gauche, à droite, comme si elle avait vu quelque menace aux alentours. J'observais également, essayant de trouver la source de ses craintes mais je ne vis rien de suspect, je demandais à voix basse : " Dites.. vous allez bien ? Vous avez vu quelque chose ? "

"Non. non. Vous verrez. Je ne veux pas les effrayer. Vous effrayer."

" Oh, vous savez, j'ai vu Xël dans son bain, pas grand chose de plus pourrait m'effrayer. Des indésirables attendraient-ils nos sauveurs ? " Ma main avait naturellement trouvé le manche de mon arme.

"Non. Non. Juste un spectacle qui pourrait les effrayer."

Elle leva alors une main aux cieux et le monde entier fondit comme neige au soleil. C'est peut-être une comparaison étrange, mais je n'avais jamais rien vu de tel, la magie qui émanait de cette mage - car il n'y avait pas de doute à ce sujet - disparu et la face de ce monde changea pour le pire. Ce portail innocent aux fluides ondulants se mua en un rayon blanc et rouge, solaire, inconnu qui fendait l'air jusqu'à perte de vue dans le ciel. Nous étions à l'épicentre de ce souffle incroyable qui laissait la terre morte comme figée dans le temps et l'espace.
Cèles s'affola, elle avait devant elle la mort, la sienne, je me mettais à sa place, car c'était une créature magique, immortelle et infinie et se trouver ainsi face à ce qui pouvait provoquer sa perte devait être une expérience déplaisante. Je sentais ma petite pelote de fluides d'ombre et de foudre se lover au plus profond de mon âme.

J'avançais alors d'un pas, les yeux plantés au ciel car celui qui obscurcissait le ciel se tenait devant nous, comme si le vent qui se heurtait contre cet immense corps grognait pour lui. Une immensité, une étendue incalculable de pierre, de métal, de tentacules... Tout se rassemblait sous la forme d'une colonne menaçante qui portait en son sein un trou béant.

"Le Titan de Magie. Le plus puissant d'entre eux. S'ils le voient ainsi sans que je les prévienne, ils fuiront. Sans aucun doute." Avait-elle dit en plantant ses yeux dans les miens. D'une main encore, elle annula cette vision apocalyptique et de nouveau, chassa ce monstre pour ne laisser qu'une plaine dorée et silencieuse apparaître. Un frisson parcouru mon être, elle continua en prétextant que si c'était cette vision qui accueillait les autres aventuriers, ils fuiraient sans doute.

Etait-ce une sorte de ménagement à leur encore ? Xël et sa clique avaient-ils été témoins de ce monstre en action ? Je me demandais bien ce qui avait pu tuer pareille créature. Je me doutais qu'avec les lames, il n'y aurait pas eu beaucoup de résultat...

Nous nous étions mise d'accord, avec Glanaë pour que je ne raconte rien aux aventuriers, de toutes façons, quelle était mon option ? Déjà si Xël était encore dans le coin, il y avait de forte chance que je le retrouve au pied de ce portail, j'espère juste qu'il portera autre chose qu'une serviette et une brosse. Quant aux autres, j'aviserai, mais à mon avis, il était peu probable qu'il s'y trouve un Garzok.

J'avais eu le temps de faire les cents pas, de trouver une brindille dorée et pointue, assez fine pour virer le noir que j'avais sous les ongles. En me grattant le nez, je m'étais rendue compte que je parlais à Glanaë avec un énorme machin visqueux dans ma narine droite, je parvins à l'extraire du petit doigt pour le coller à la statue de Xël en poussant un petit rire idiot.

Et puis enfin. Enfin, ils arrivèrent. Et parmi eux il y avait bien Xël. J'étais heureuse de le voir, je crois. Après ces semaines à tuer des partisans et les soldats du Roi, voir cet homme qui aurait pu être mon ennemi mais que j'avais quitté en assez bon terme me rassurait. Il ne fallait pas se voiler la face, il y aurait bien quelqu'un pour me reconnaître... Je n'avais pas eu le temps de changer de couleur de cheveux ou d'habits... Si l'un de ces magnifiques héros venait à me reconnaître et chercher le conflit... Je ne savais que faire.

Au final, bien qu'un de ces hommes, un Ynorien je crois, me pointais du doigt pour connaître la raison de ma présence, il n'y avait pas tant d'animosité que ça, je crois même que c'était plus de la curiosité. Bien que je me curais toujours les ongles d'un air détendu, je n'en restais pas moins sur la défensive et prêtais une oreille et un regard attentif à ceux qui m'entouraient. Seul Xël me parla directement, je lui répondis comme d'une fausse promesse que personne n'avait cherché à me retenir de traverser ce fluide, pas même ce Capitaine dont il parlait. Avais-je menti ? Pas le moins du monde, c'est juste que sa question était trop ouverte et manquait de précision. D'autres précisions méritaient d'être instaurées tout de suite, déjà cette allusion venant du dénommé Akihito, l'Ynorien malpoli-qui-montrait-du-doigt, il me connaissait sous le statut de la femme de Cromax. Je ne pus m'empêcher de contester, déjà il n'était plus là, par dessus ça c'était notre couverture pour un autre monde encore et pour finir je n'avais pas vraiment à me cacher puisque notre groupe bien qu'hétéroclite allait être mon nouveau cercle d'amis pour les jours à venir. Au moins aussi longtemps que l'enquête durera.

Différents dialogues suivirent, tandis que Glanaë se faisait baver dans la bouche par un illustre inconnu qui visiblement aimait lui sucer la langue, les aventuriers reprenaient leurs esprits, essayaient des sortilèges qui ne donnèrent pas grand chose si ce n'était qu'un splendide festival pyrotechnique, une femme à l'air vaguement familier crachait autant de feu qu'un Gragon rien qu'avec son petit doigt, quand mon regard se portait sur le plus exotique des aventuriers, une vieille souche sur patte encore fumante de son dernier incendie, je me disais que c'était probablement à cause de cette femme.

Un homme élégant à la chevelure blonde entama une course à l'aide de ses bottes qui, contre toute attente le conduisirent... Et bien loin. Très loin puisque j'eus à peine le temps de me retourner pour tâcher de suivre son sillage qu'il était déjà hors de portée.

(" Un de moins ?)"

Un jeune homme, un humain houspillait la jeune femme tout feu tout flamme et se fit souffler sans ménagement par celle-ci qui faisait déjà briller son arme d'une lueur hypnotique, comme si elle était restée dormir dans un lit de braises ardentes. Lorsque notre blond bondissant du nom de Mathis revint, les bottes encore enneigées, il nous fit savoir qu'il était allé jusqu'à un mur de glace. Après le point météo, tout heureux d'avoir déjà maîtrisé ses bottes il dit à tous :

"Cette fois je vais tenter d'exécuter un saut acrobatique vers l'avant. En choisissant de faire appel à la magie, mais de façon tempérée, je veux pouvoir sauter que deux fois plus haut que ma capacité actuelle."

" Moui... en redescendant, pense à nous ramener un souvenir de la lune. " Avais-je sifflé. Je me trouvais ici, au milieu de ces aventuriers, j'observais tour à tour ceux qui étaient illustrés dans l'or de ces statues et me disais, non sans une certaine déception que tout ça était quand même cruellement désorganisé, il n'y avait aucun chef, aucune hiérarchie dans ce groupe, ils ne se connaissaient même pas et n'avaient pas pris le temps de faire connaissance avant de traverser le fluide, à mon avis, ils étaient envoyés à la hâte jusqu'ici pour remplir au plus vite cette mission. Donnée par qui d'ailleurs ? Une question de plus à ma déjà trop longue liste.

Lorsque Mathis retomba, je ne sais pas trop ce qui venait de se produire mais je crois que Glanaë avait perdu le contrôle. J'entendis un éclat de voix, quelqu'un criait, le monde fondit de nouveau, laissant apparaître le Titan de Magie.

(" Voilà... Quand je parlais de ramener un souvenir de la lune, je ne parlais du climat mais soit. ")

Les aventuriers se turent un moment, certains réalisaient pour la première fois, d'autres pour la seconde de quoi ce monde était réellement fait. Quant à moi, je ne m'étais pas tout à fait habituée au spectacle, mais il fallait quand même admettre... Si on avait eu un Titan pour la bataille face au Roi, ça aurait été plus avantageux, sans doute plus qu'un Gragon. Surtout quand on sait comment il a terminé.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Cromax
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Cromax » sam. 24 sept. 2022 11:01

Cauchemar en Aliaénon : Cratère de l'apocalypse II



Le sort lance par Mathis avait finalement été contrôlé. Tant bien que mal. Mais le spectacle face à eux avait plus que troublé les aventuriers et résidents d’Aliaénon présents. A raison. Glanaë, prise à parti par Mathis et Akihito, par deux attitudes opposées, jaugea les deux hommes et baissa les yeux d’un air coupable.

« Je suis désolée. Sans doute était-ce une erreur. Je… je croyais qu’en voyant ce spectacle affreux directement, vous auriez tous pris peur et seriez retourné dans votre monde sans nous aider. Peut-être… peut-être que j’espérais que vous découvriez vite par vous-mêmes la terreur qui plane sur Aliaénon. »

Elle va redresser le regard vers l’Ynorien.

« Je vous assure que je n’ai pas menti : la chose a détruit le Titan et a absorbé son pouvoir. Tous nous l’avons senti. C’est ce qui m’a fait venir ici. Ce qui m’a pressé de constater… l’irréparable. Mais je ne sais rien de plus, je vous l’aurais dit. Vous devez me croire, à part ce… spectacle horrible, je ne vous ai rien caché. »

Elle regarda Silmeria, subrepticement. Comme pour chercher un témoin de ses dires. Puis vers Jorus, afin de voir si les explications, ou leur manque, le satisfaisaient. La voix de Triman résonna en réponse au commentaire de l’oudio.

« Et qui n’est pas censé le faire. Les titans sont liés à ce monde, indestructibles et éternels. Je sens ici des résidus de la plus sombre des magies. De la mort. Comme si un Titan jusqu’ici caché s’était éveillé pour détruire ses semblables. »

Arthès écarquilla les yeux, commentant d’une réflexion à voix haute :

« Un titan de mort ? Les Landes Tanathéennes ? Se pourrait-il que ce soit son origine ? »

Triman haussa les épaules, silencieux. Apparemment peu convaincu par l’hypothèse de l’esserothéen. Ou trop fier pour l’admettre. Ibn prit alors la parole à son tour, rouvrant ses yeux d’or et baissant la main d’un air défait.

« Cela fait trop longtemps que je n’ai plus senti la magie de la Pierre de Vision. Elle me laisse aveugle. Je dois absolument m’y référer, ainsi qu’aux miens, à Methbe-El ou Neo-Messaliah. »

Xël, de son côté, gardait la main levée vers le Titan, vers les cieux. Comme pris dans une sorte de transe… Et après de longues secondes, il en sort. La sueur coulait sur ses tempes, son front. Il était harassé par ce qu’il venait de faire. Cela avait-il marché, au moins ?

Simaya s’approcha de lui d’un air inquiet.

« Xël ? Tout va bien ? »

Elle posa une main sur son épaule et regarda Jorus. Il était temps pour chacun des gens d’Aliaénon de rentrer chez eux. Elle darda Ibn en priorité, et créa un portail. Il y pénétra sans tarder. Elle en créa un autre pour Egregor, qui s’y engouffra. Puis Triman. Puis Sheeala. Il ne resta bientôt plus que trois esserothéens avec les aventuriers. Arthès, Glanaë et bien entendu Simaya elle-même. Elle prit la parole en regardant le groupe.

« Dites-moi quand vous souhaiterez partir, je créerai un portail vers la destination que vous aurez choisie. Xël n’en est actuellement plus capable. Je ne pourrai vous y accompagner : je dois sonder la Lande Noire. Si magie de mort il y a, elle vient peut-être de là-bas. »

Elle se tourna vers Arthès et Glanaë. Le premier répondit :

« Nous resterons ici pour garder le fluide. Sauf si les aventuriers requièrent notre présence absolument. »

Le silence retomba. C’était à eux de jouer. Enquêter sur place ? Se rendre dans l’une des désormais nombreuses destinations envisageables ? Esseroth, leur premier choix. La savane tanathéenne, la lande noire, pour enquêter sur la magie de mort ? Le désert de feu, pour retrouver Ibn Al Sabbar et sa vision retrouvée ? Ou une zone habitée par un titan, peut-être, à l’aveugle ? Ou tout autre endroit qui leur semblerait pertinent. Qui sait ? Les avis divergeraient sans doute : peut-être était-ce le moment pour le groupe de dénicher un décisionnaire. Un chef ?




[HJ : à vous de jouer. Les apartés ne sont pas autorisés. Je rouvre la Discussion Générale du Discord, mais les règles changent : chacun devra y poster UNE fois, suite à quoi je donnerai moi-même une réponse. Je vous dirai alors si nous pouvons nous permettre un autre tour de parole ou si ça suffira pour la mise à jour.
Si d'aventure quelqu'un s'oppose à la téléportation des différents habitants d'Aliaénon vers leur contrée, dites le moi dès que possible sur le discord, avec la manière avec laquelle vous vous y prenez.
Pour toute question, vous savez où demander ^^]



[XP :
Mathis : 0,5 (aparté) + 0,5 (discussion générale) + 1 (situation générale) + 0,5 (expérimentations)
Akihito : 0,5 (discussion générale) + 1 (situation générale)
Jorus : 0,5 (discussion générale) + 1 (situation générale)
Yliria : 0,5 (discussion générale) + 1 (situation générale) + 0,5 (expérimentations)
Xël : 0,5 (aparté) + 0,5 (discussion générale) + 1 (situation générale) + 0,5 (tentative de vision)
Dracaena : 0,5 (discussion générale) + 1 (situation générale)
Silmeria : 0,5 (aparté) + 0,5 (discussion générale) + 1 (situation générale)]

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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Mathis » mar. 27 sept. 2022 02:24

Alors que je tentai de rassurer Glanaë, l’ynorien, qui ne voyait pas la situation du même œil que moi, lui fit ses reproches sur un ton que je jugeai un peu trop autoritaire. Il craignait sans doute qu’elle lui ait caché autre chose. Les yeux baissés, la jolie esserothienne, s’excusa tout en m’expliquant qu’elle voulait nous épargner de ce spectacle de désolation, craignant qu’il nous fasse fuir. Puis s’adressant à Akihito, elle lui assura qu’elle n’avait pas menti, et je la croyais sur parole. Puis nous expliqua, que tous sur Aliaénon avaient senti la destruction du Titan par l’absorption de son pouvoir par la chose. C’était ce qui l’avait décidé à se rendre sur ce qui jadis était les plaines dorées.
Je répondis à Glanae d'un même ton calme.

« Tu pensais faire pour le mieux, nous préserver, c'est gentil de ta part... Et tu n'as plus à douter, nous sommes là pour rester... enfin, jusqu'à ce que nous ayons rempli notre mission. »


A ma remarque de commencer l’enquête ici, Jorus rétorqua qu’il était préférable de laisser les natifs se rendre chez soi. Affirmation à laquelle j’étais complètement d’accord. Jorus n’avait tout simplement pas compris que je parlais de nous, les aventuriers et non des résidents d’Aliaénon.

Du coin de l’œil, j’aperçus Xël tendre sa main vers l’un des tentacules immobiles du Titan, le touchant du bout des doigts. Ibn sembla faire de même avec la paume de sa main. Ne comprenant pas de quoi il en retournait, je me désintéressai d’eux pour porter mon attention à Triman. Ce dernier répondit à l’oudio, précisant qu’en effet, les titans n’étaient pas censés mourir. Il précisa sentir des résidus d’une magie des plus sombre… la mort, comme un Titan jusqu’alors caché avait entrepris de tuer ses semblables.

Cette remarque me laissa sans voix. Il en fut de même pour Arthès qui demanda s’il s’agirait d’un titan de la mort ayant pour origine les landes tanathéennes. Triman se contenta d’un haussement d’épaules peu convaincu. Bien que je ne connaissais pas bien leur monde, je trouvais que l’hypothèse d’Arthès tenait la route.

Je reportai mon attention sur Xël lorsque j’entendis Simaya s’informer de son état. Il avait le front et les tempes en sueur.

Simaya posa une main sur son épaule et répondant à la demande de Jorus, elle créa des portails. Un pour Egregor, puis un autre pour Triman, puis Sheeala. Chacun d’eux y pénétrant sans hésitation plus que pressée, et avec raison, de retrouver les leurs. Des Aliaénoniens, il n’en restait plus que trois. Elle, Ibn, Arthès et Glanaël. Arthès réitéra son offre à garder le fluide en compagnie de sa bien-aimée, à moins que nous eussions besoin d’eux pour notre mission.
Je répondis à Arthes:

« Je crois qu'il est plus sage que vous restiez garder le fluide tous les deux comme vous l'aviez suggéré. »


Simaya nous demanda quelle serait notre destination, annonçant vouloir pour sa part retourner dans les landes noires.

Le premier à se prononcer fut Akihito, qui suggéra de se rendre à Esseroth comme il était prévu avant que l’illusion disparaisse. Mais avant qu’elle ne parte, il demanda à Simaya de rester le temps qu’il teste lui aussi la magie d’Aliaénon. Ce qui me fit décrocher un sourire approbateur. C’était plus sage de le faire ici en effet.

Xël reprit ses esprits et interpella Ibn juste à temps avant que ce dernier ne franchisse le portail que Simaya avait créé pour lui. Xël lui raconta alors ce qu’il avait vu, et curieux, je l’écoutai très attentivement. Il avait ressenti la présence d’une très belle conseillère à la peau pâle, originaire des montagnes. J’écoutai attentivement sa description, il ne s’agissait pas d’Honaka. Au milieu des ruines de la tour d’Or, la conseillère se tenait là, une silhouette blanche portant une couronne, observant le Titan de la magie qui veillait sur les lieux. Puis la vision de Xël s’accéléra et il vit une ombre recouvrir toutes les plaines et une silhouette immense, sombre traverser le Titan de la magie, le pulvérisant. S’écrasant au sol, le Titan libéra le faisceau de lumière. Il présenta ensuite les pierres de visions au sorcier qui affirma qu’elles ne seraient désormais plus d’aucune utilité ne pouvant plus les recharger.

Yliria accepta la proposition de se rendre sur Esseroth. Et sans discourir davantage, elle se mit un peu à l’écart du groupe, sans doute pour faire d’autres essais de magie.

Jorus décida alors de se dissocier du groupe en affirmant vouloir accompagner Simaya dans les landes noires, ce qui me fit froncer les sourcils. Silmeria alla dans le même sens que lui, désirant accompagner Jorus et Simaya dans les landes noires, affirmant qu’elle y sera à sa place, puis proposa un point de rencontre sur Esseroth pour s’y retrouver ensuite.
Le choix de Jorus et de Silmeria me surprit grandement. Je pris donc la parole à mon tour.

« De mes souvenirs les titans sont des êtres très très puissants. Lors de notre attaque, nous avons été près d'un an dans le coma. Et s'il se trouve dans les landes noires, je pense qu'il serait plus sage d'attendre d'être prêts avant de s'y rendre. On risquerait de nuire Simaya que de l'accompagner. »

Je les regardai tous puis rajoutai toujours sur le même ton calme,

« Je pense aussi que se rendre à Esseroth en premier est une bonne idée. De mémoire, et corrigez-moi si je me trompe, mais la magie d'Aliaénon part de là, ou en était plus riche.. »

Je me tournai ensuite plus précisément vers Jorus et Silmeria.

« Je ne veux pas vous contredire, et encore moins vous donner d'ordres, mais je crois que la suggestion de Simaya était avisée. Nous devrions au moins au début, demeurer tous ensemble. Nous apprendrons ainsi à nous connaître et nous serons plus aptes à nous entraider le moment venu ou nous devrons affronter cette sombre menace. »

Puis après leur avoir laissé un petit moment de réflexion, je leur adressai un sourire tout en leur demandant:
« Donc allez-vous accepter de vous joindre à nous sur Esseroth ou conservez-vous toujours votre première idée explorer d'abord les landes noires ? »

Et puis l’oudio dit désirer demeurer là où nous étions afin de tester lui aussi la magie d’Aliaénon.
Ibn reconnut la conseillère que Xël avait aperçue dans sa vision, et la nomma : Fasiehl. Il s’étonna qu’elle ait survécu à la destruction de la tour. Puis affirma que si c’était le cas, elle était très puissante et s’avérerait une alliée pour notre mission. De mon côté, je me demandai si Xël n’avait pas plutôt vu le fantôme de cette conseillère… mais en tant que telle, elle pouvait peut-être quand même nous venir en aide. Je préférai cependant garder cette réflexion pour moi-même.

Ce fut avec soulagement que j’entendis Simaya expliquer que nous devions demeurer tous ensemble vers la même destination. Seul Xël pourrait désormais créer des portails, et ceux dans un autre lieu devaient revenir par leur propre moyen, donc impossible de se donner rendez-vous.

Puis se tournant vers moi, elle rectifia mes dires. Je m’étais trompé. La magie d’Aliaénon ne venait de nulle part d’autre que d’Aliaénon même et que c’était dans les landes noires qu’elle était la plus puissante et la moins stable. Elle nous précisa que notre choix de destination devait correspondre à des objectifs clairs.

Akihito avait demandé la présence de Simaya pour contrôler ses possibles excès de magie et avec raison. Alors qu’on ne s’y attendait pas, il apparut un double de lui d’une quinzaine de mètres de haut. Cet ynorien géant leva son immense masse dans les airs et l’abattit avec puissance sur le sol. Le choc fut si intense que j’en perdis pied, moi qui possède d’ordinaire un excellent équilibre. Simaya et Arthès se retrouvèrent au sol comme moi, les autres eurent plus de chances et demeurèrent debout. Il y eut une autre apparition suite aux essais de Yliria… un poisson volant… Heureusement ce dernier ne semblait point agressif, contrairement au double d’Akihito. Nous devions le combattre et le neutraliser avant que ce dernier nous écrabouille.

Je réfléchis un instant en regardant ce géant. Puis tout en me relevant, je m'adressai particulièrement à la version originale de l’ynorien, mais assez fort pour que tous comprennent.

« Akihito, si mon hypothèse est bonne, cet immense double possède les mêmes caractéristiques que toi... Je sais que ce ne sera pas facile pour toi de l'admettre, mais pour qu'on puisse t'aider à le combattre, tu dois nous dire tes points faibles, les points sur lesquelles nous devons l'attaquer. »


L’oudio se releva en panique. Jorus et Xël de leur côté aidèrent Simaya à se lever, alors que Akihito fit de même pour Arthès. Étant à proximité de Simaya, Xël en profita pour lui faire comprendre qu’il ne la laisserait partir seule dans les landes noires lui rappelant qu’il avait failli la perdre la dernière fois. A mon soulagement, il lui proposa de venir avec nous sur Esseroth, et une fois bien préparés, nous irions tous ensemble dans les landes noires.

Pendant ce temps, Akihito frappa avec force la cheville du géant. Celle-ci éclata en milles morceaux forçant le double à tomber à genoux. Yliria pour sa part, se changea en glace, alors que le poisson nous enveloppa d’une bulle d’ombre nous empêchant de voir ce qui se tramait à l’extérieur entre les deux Akihito, l’ancien et le nouveau. Heureusement, Simaya une fois debout intervint en créant une bulle anti-magie qui annula les sorts d’Yliria. La bulle d’ombre disparut, et Yliria redevint en chair et en os.

Sans se consulter, mais avec beaucoup de détermination, nous attaquâmes le colosse.
Silmeria fonça sur le flanc gauche de l’énorme Akihito agenouillé, portée par un vent violent et rapide grâce à la contribution de Xël. L’ynorien attaqua une fois de plus son image agrandie immobilisant son bras grâce à un marteau de pierre. Jorus voulut filer à toute allure, mais le sol se ramollit sous lui, le ralentissant. Alors que moi, voulant enfin prendre part au combat, me mit à courir vers le géant utilisant mes jambières de Grunfitt pour accélérer. Ce faisant Akihito répondit à ma question, précisant que le feu sera inutile sur lui. Je lui fais un signe de tête pour montrer que j'avais bien enregistré l'info. Une fois à proximité du géant, je fis appel à la magie que je sentais en moi et je m'élançai pour un gigantesque saut, atterrissant agilement en un atterrissage parfait sur le casque ynorien.

Et pendant ce temps, Dracaena attaqua en lançant un sort de feu, malgré les conseils le prévenant de ne pas le faire, sort qui n’obtient pas les résultats espérés.

Puis Simaya fit un second dôme anti magie sur le géant et celui-ci disparut alors que j’étais en son sommet. J’atterris alors brutalement sur les fesses. En autre circonstance j’aurais pu me sentir gêné, mais ce n’était pas le cas, puisque mon équilibre n’étant aucunement en cause, je contrôlais pleinement la situation si ce n’était de cette soudaine apparition.
Akihito me tendit la main pour me relever et je l’acceptai de bon cœur.

« Merci »

Xël avait réussi à convaincre Simaya de nous accompagner sur Esseroth, si nous acceptions de l’accompagner ensuite dans les landes noires. Elle ouvrit donc un portail nous demandant si nous étions prêts.

Je ramassai prestement Praline qui était à mes pieds, et m’avançai vers elle, prêt à traverser le portail lorsqu’elle le matérialiserait.

« Oui, je suis prêt. » Me contentai-je de dire, tenant bien Praline dans mes bras.
Modifié en dernier par Mathis le mar. 27 sept. 2022 03:56, modifié 1 fois.

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Akihito
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Akihito » mar. 27 sept. 2022 02:56

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

2 : Le mieux est l'ennemi du bien.

A l'exception de Jorus Kayne, personne n'ouvrit la bouche. Assertion silencieuse ou simple attente des réponses qu'il demandait, le cratère désertique fut balayé par un silence gênant avant que Glanaë ne prenne finalement de nouveau la parole. Elle semblait des plus gênée. Coupable. Ce n'est qu'alors qu'il remarqua le regard particulier de l'illusionniste. Tout comme lui, elle avait les yeux vairons. Un détail insignifiant mais comme c'était bien la première fois qu'une personne autre que son reflet partageait cette singularité, il faillit manquer le début de ses excuses.

"Je suis désolée. Sans doute était-ce une erreur. Je… je croyais qu’en voyant ce spectacle affreux directement, vous auriez tous pris peur et seriez retourné dans votre monde sans nous aider. Peut-être… peut-être que j’espérais que vous découvriez vite par vous-mêmes la terreur qui plane sur Aliaénon."

Cependant, elle lui assura qu'elle n'avait pas caché d'autres informations. Elle avait senti la mort du Titan de Magie et était venue voir ce qu'il en était, tout simplement. L'Homme au bandeau prit alors la parole, pour la première fois. Une voix masculine, grave, contrairement à son apparence.

« Et qui n’est pas censé le faire. Les titans sont liés à ce monde, indestructibles et éternels. Je sens ici des résidus de la plus sombre des magies. De la mort. Comme si un Titan jusqu’ici caché s’était éveillé pour détruire ses semblables. »

Ce qui fit réfléchir à voix haute le stoppeur de temps, évoquant une possibilité qui était venu à Akihito naturellement. Un titan de Mort. Si les Titans étaient si puissants, si colossaux, alors il fallait bien un autre Titan pour le terrasser. Sur Yuimen, Phaïtos était un des dieux principaux et le gardien des morts, dans un panthéon pratiquement composé uniquement de dieux élémentaires. Cela plaçait bien l'importance de ce concept. Amy lui fit en revanche remarquer que selon les légendes, il était né du Fluide d'obscurité comme son frère jumeau Thimoros : il était en quelque sorte lui aussi un dieu élémentaire.

(Certes, mais... Bon oublions, c'est pas le moment de s'épancher en débats théologiques.)

Car déjà, Simaya prenait les devants. Aux côtés d'un Xël qui semblait pris d'un violent maux de crâne -vu ce qu'il se passait, il ne pouvait pas lui en vouloir- la blonde magicienne faisait apparaitre une série de portails devant chacun des habitants d'Aliaénon. Egregor et Triman s'engouffrèrent dans les leurs sans hésiter. Sheeala d'Argentar avait elle fini par reprendre ses moyens.

"Merci, dit-elle sincèrement et d'une voix mélodieuse, en posant doucement une main sur son bras gantelé d'écailles.

- Je vous en prie," répondit Akihito tout aussi simplement, en hochant la tête.

Un bref échange qui vit ensuite la disparition de la jeune femme dans son propre portail. Le sorcier de feu s'apprêtait lui aussi à quitter le cratère quand Xêl le retint, visiblement en train de retrouver ses moyens.

"Dites-moi quand vous souhaiterez partir, je créerai un portail vers la destination que vous aurez choisie. Xël n’en est actuellement plus capable. Je ne pourrai vous y accompagner : je dois sonder la Lande Noire. Si magie de mort il y a, elle vient peut-être de là-bas.

- Nous resterons ici pour garder le fluide. Sauf si les aventuriers requièrent notre présence absolument."

Akihito fronça les sourcils : Xël n'était plus capable de créer ses portails ? En s'approchant de lui, il le vit visiblement épuisé, mais pas en danger. Avait-il fait usage de magie ? Peut être. Mais si Simaya n'avait pas l'air de s'inquiéter plus que ça... Ce n'était peut-être rien de grave.

(Et maintenant, quoi ?)

Que devaient-ils faire ? Le fluide était gardé par deux mages dont les pouvoirs, si leur étendue lui était inconnue, étaient indéniablement puissants. Ils n'avaient pas à s'inquiéter pour ça. Que restait-il à faire ici, dans cette lande stérile ?

(M'est avis que la magie ici, c'est pas de la rigolade.)

(Et ? Viens en aux faits.)

(Yliria manque peut être de finesse, mais elle a raison sur un point : vu comment la magie déraille, il serait plus sage de la tester ici.)

Akihito y réfléchit, pensif. Provoquer une tempête de cette envergure était tout simplement impensable, sur Yuimen. Il doutait même que Frans en soit capable. Alors s'il ne voulait pas mettre en danger tout le groupe lorsque viendrait l'idée de lancer un sort à grande échelle, il devait avoir une idée de la puissance qu'il pouvait déployer.

"Et vu ce qu'on va être amené à rencontrer, marmonna l'enchanteur en regardant du coin de l'oeil le Titan de magie, ça serait pas de trop de pouvoir sortir la grosse artillerie."

Ayant pris sa décision, il s'avança vers la mage blonde, sortant du groupe.

"Je serais pour aller vers Esseroth, vu qu'il y avait un consensus global pour cette ville avant que tout... parte en vrille. Mais avant ça," s'arreêta-t-il en la regardant tour à tour avec Arthès, "si Dame Simaya compte partir vers les Landes noires, j'aimerai profiter de votre présence à tous les deux pour essayer à mon tour la magie. Si vous en avez encore la force bien sûr, et... je préfère prévenir que je ne compte pas y aller de main morte, si on doit affronter ce qui a abattu le Titan autant savoir la puissance que je peux générer."

C'était le meilleur moment. Avec un mage capable de stopper le temps et une autre capable d'annuler toute manifestation magique, au beau milieu de nul part, il était difficile de trouver une situation plus propice. Ses deux garde-fous acceptèrent silencieusement, aussi s'éloigna-t-il du groupe. Si ça devait échapper à son contrôle, mieux valait que ce soit à une distance raisonnable de ses alliés.

A une bonne vingtaine de mètres, Akihito ferma les yeux et se concentra sur lui-même. Ignorant les voix des autres membres de son groupe, ou des Esserothiens, il réfléchit au meilleur moyen de tester sa magie. Le mieux était de rester dans sa zone de confort, de faire intervenir des forces et des concepts qu'il maîtrisait lui. Peut-être serait-il capable de pyromancie comme Yliria, sur Aliaénon; mais lui voulait voir ce dont il était capable à pleine puissance. Alors il se restreindrait à la magie de foudre.
Il avait pu voir que la magie affectait aussi les capacités physiques : or son corps était quelque chose qu'il maîtrisait évidemment à la perfection. Comment pouvait-il combiner les deux ? Une question épineuse, qu'il mit de côté temporairement.

(Cherchons d'autres idées.)

La fulguromancie était, quand on y réfléchissait, très limité dans ses choix. Il pouvait lancer différents types d'éclairs, ou générer des nuages d'orage, mais c'était à peu près tout. Il y avait aussi le magnétisme, aussi, mais pas assez puissant pour être utiliser de manière offensive. Encore que, sur Aliaénon...

(Reste sur ta zone de confort.)

Que lui restait-il, alors ? Les sorts omni-éléments. L'obus était là aussi une forme de foudre, pas très original. Le transfert magique, peu intéressant. Arme magique...? Peut être tenait-il quelque chose. Il savait créer autre chose, avec sa magie. Créer des armes de foudre. Mais avec la puissance d'Aliaénon, pourquoi ne pas doper cet aspect là ? Créer une lame de foudre de cinq, dix, vingt mètres ? L'idée était séduisante, mais peu pratique. Il faudrait pour ça que lui même mesure une taille absurde pour manier une arme aussi imposante.

(Ah. Ca, ça pourrait marcher.)

La foudre. Arme magique. Son propre corps. S'il parvenait à grandir suffisamment tout en gardant son corps, il pourrait alors déployer plus de force, d'énergie, et manier une arme gigantesque. Amy, elle, n'aimait pas vraiment l'idée de modifier son corps même. Si cela ratait, disait-elle, les conséquences d'un échec seraient alors internes et pas externes. Il lui donna raison, et vint avec une autre solution : fabriquer un double de lui-même, en magie. Un double à son image qui reproduirait ses mouvements et décuplerait sa puissance. Comme une extension de son corps, comme un reflet de lui-même.

Peu à peu, le sort qu'il imagina prit forme dans son esprit, et il prit le temps de le peaufiner. Se représenter le plus fidèlement possible, s'imaginer créer une arme de foudre à l'image de son marteau, le manier par l'intermédiaire de sa relique et l'abattre sur le sol... Puis, une fois satisfait de l'image qu'il avait en tête, il s'ouvrit à la magie d'Aliaénon. La laissa traverser son corps pour donner vie à sa magie. Et il le fit sans retenue.

Au dessus de lui, une copie de lui-même apparut : son jumeau parfait, jusqu'aux habits qu'il portait. Il semblait presque réel, physique. Quand il finit de prendre forme, c'était un Akihito de plus de quinze mètres de haut, marteau à la main, qui le surplombait. C'était à la fois impressionnant... Et terriblement insuffisant. La chose qui avait tué le Titan de magie pouvait très bien être dix, quinze fois plus grande que son clone.

(Tu fais vraiment la fine bouche toi. Monsieur créé un colosse haut comme le temple de Rana, et c'est pas suffi... Mais, qu'est-ce qu'il fait ? AKI !)

Comme convenu, le double d'Akihito mimait le geste que lui avait insufflé son créateur. Le problème, c'est qu'au lieu de frapper dans la direction de la lande vide, le colosse s'était tourné vers ses alliés. Qui ne purent que constater l'imposant marteau qui s'abattait sur eux.

"NON !!!"

L'impact fut terrible. L'onde de choc qui en résultat, tout autant. Par miracle, Akihito s'était suffisamment éloigné de Xël et des autres : le marteau les manqua, mais en jeta un bon nombre au sol par la simple force du coup sur le sol. Livide, le mage réalisa qu'il n'avait plus le contrôle sur son double; que lui, le protecteur, venait de lâcher une menace de quinze mètres sur ceux qui devaient défendre sa ville natale, sauver un monde en détresse.
Honte et colère se mêlèrent en lui. Pourquoi, pourquoi, POURQUOI, sa magie finissait-elle toujours par s'en prendre à ceux qui l'aidait ? D'abord le capitaine Heartless, puis Xël, et maintenant eux ? Sa magie n'était bonne qu'à blesser ceux qu'il voulait protéger ? A quoi avait servi tous ses efforts pour maîtriser une force qui, au final, le trahissait dès que possible ? Et maintenant que même les lois de la magie n'avaient plus court, il était devenu un danger. Une menace. Une...

(AKIHITO !)

Serrant son poing libre, l'enchanteur s'envoya un coup de poing en pleine joue. La douleur bien réelle lui remit les idées en place, un temps. Il aurait tout le temps de se morfondre plus tard : il avait fait une terrible erreur, et c'était à lui de réparer ses conneries. Et comble de la malchance, la droite qu'il s'infligea et fit saigner sa lèvre n'eut aucun effet sur son clone. Ils étaient désormais totalement distincts : auraient-ils partagé un destin pareil qu'il n'aurait pas hésité un seul instant à se pulvériser lui même une rotule sur le champ, si c'avait pu immobiliser la menace. Une voix, derrière lui, lui demanda qu'elle était sa faiblesse, qu'est ce qu'on pouvait exploiter contre lui. Jorus, ou peut être Mathis ? Il ne prit pas la peine de répondre.

L'immobiliser. Son hostile clone ne devait pas s'approcher plus près des autres. Aussi Akihito visa ce qui était le plus simple pour arrêter la marche infernale avant qu'elle ne démarre. Bandant ses muscles, le mage envoya dans un cri de rage et de frustration la tête blindée de son Marteau Runique frapper la malléole de son lui plus grand. Comme il pensait qu'il ne pouvait pas empirer plus la situation, il laissa une nouvelle fois la magie couler dans son corps, renforcer chacun de ses mouvements. Et provoquer l''impact terrible de son arme sur la "fragile" articulation.

Il en était certain : sa simple force n'aurait pas suffit à faire autant de dégâts. Au mieux aurait-il abîmer la cheville à travers la botte. Mais pas la pulvériser comme s'il avait frapper une statuette en verre. Alors quand il vit le colosse s'écrouler sur un genou, main à terre, dans un grondement de douleur puissant, il fut le premier surpris. Une surprise plaisante, qu'il n'eut pas le temps de savourer : Alyah, la Faëra d'Yliria, l'interpella mentalement dans un état de panique intense. Sa maîtresse allait mourir, et elle l'implorait de faire quelque chose, n'importe quoi. Puis la supplique mourut aussi vite qu'elle était arrivée : Alyah avait subitement quitté sa conscience.

(Quoi ?)

Les échos du chaos qu'il avait débuté finirent par l'atteindre. Il ne savait pas ce qui se passait dans son dos alors qu'il faisait face au clone, mais ça avait l'air de chauffer. La situation d'Yliria le préoccupait, mais il se força à faire face à son adversaire : la semi-shaakte n'était pas la seule en danger s'il laissait ce monstre avancer d'un pas de plus. Bon sang, que faisaient Arthès et Simaya ?
La cheville en miettes lui avait fait gagner un peu de temps et sans doute que le reste du groupe, une fois sur pied, allait lui venir en aide. Quelqu'un lui avait demandé un peu plus tôt ses faiblesses : honnêtement, il n'y avait jamais réfléchis et n'avait pas vraiment le temps de le faire maintenant. Il savait en revanche ses points forts, et ce qu'il ne fallait justement pas faire contre lui. Si son double le copiait dans les moindres détails, alors...

"A part la poisse, j'en sais rien là de suite ! Évitez juste le feu, j'y suis insensible !"

Une phrase succincte qu'il espérait suffisante, car il n'allait pas s'embarrasser de plus de mots : une cheville brisée n'avait jamais rendu un adversaire inoffensif, surtout un de la taille d'un bateau de guerre. Lui détruire son deuxième pied était tentant, mais il avait peur que le colosse ne lui tombe dessus. Sa main au sol, en revanche... Faire subir le même sort à son poignet empêcherait en plus de se servir de son arme. Ce fut donc sa seconde cible. D'un bond, il franchit les quelques mètres qui le séparaient de la main surdimensionnée qui ressemblait à la sienne. Une nouvelle fois, il banda ses muscles. Une nouvelle fois, il laissa la magie d'Aliaénon couler en lui. Et une nouvelle fois, il frappa.

Pour faire bonne mesure, Akihito avait profité de l'occasion pour enduire son arme de foudre, comme il faisait si souvent depuis qu'il était devenu un enchanteur. Le "problème", c'est qu'au lieu de voir son arme parcourir des éclairs pourpres habituels, ce fut une couche rocailleuse qui entoura son marteau. Une modification qui ne le rassurait pas, mais qui était bienvenue pour ce qu'il voulait faire, à savoir briser un poignet géant. L'assaut ne fut pas aussi efficace que le précédent, mais le distinct craquement qu'il entendit fit comprendre au mage que son adversaire l'avait tout de même senti passer.

La catastrophe qu'il craignait avait l'air de se faire peu à peu maitriser, en fin de compte. Du coin de l'oeil, il voyait ses alliés venir en renfort : Mathis avait même fait un bon prodigieux pour sauter sur la tête du géant, prêt à en découdre. La chute ne fut que plus grande quand l'onde sombre d'anti-magie de Simaya balaya finalement le colosse, le faisant disparaître comme si c'était un un nuage de fumée. la voix de la mage retentit dans son dos.

"J’ai failli vous laisser œuvrer contre lui : c’était un bon exercice pour vous, une première action d’équipe. Mais je ne souhaitais pas vous voir blessés."

(Et heureusement qu'elle l'a fait,) se disait Akihito en tendant une main au Kendran qui avait chuté au sol.

"Merci.

- Pas la peine. Sans moi et ma poisse, personne n'aurait eu à...'

Risquer sa vie.

(Yli...!)

Finissant à peine sa phrase, le jeune homme se retourna, à la recherche de son amie. Il l'aperçut à genoux, au sol, entourée du couple d'Esseroth visiblement soucieux et d'un poisson flottant dans l'air qui ne pouvait qu'être Ssussun mais ne lui ressemblait pas. Elle semblait en vie, mais... Presque en état de choc. Il courut vers eux tout en se saisissant de sa gourde magique, prêt à lui faire boire une potion de soin. Mettant un genou à terre, il se mit à son niveau.

"Eh Yli, tu m'entends ? Est-ce que ça va ? avant de se tourner vers les deux mages. Qu'est ce qui s'est passé, bon sang ?"

Une fois l'adrénaline du combat retombé, sa voix n'arrive plus à cacher son inquiétude. La profusion d'excuses qu'il allait servir pour avoir faillit tous les tuer allait attendre : la seule et unique fois où Alyah s'était adressé à lui directement, c'était lors de ce terrible moment sur le bateau de Kisp. Quand certains de ses sbires s'en étaient pris à la semi-shaakte menottée et à moitié droguée et avait essayé d'abuser d'elle. Alors pour forcer la Faëra à intervenir une nouvelle fois... Quelque chose de grave avait dû se produire.
Modifié en dernier par Akihito le jeu. 13 oct. 2022 17:22, modifié 2 fois.

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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Yliria » jeu. 29 sept. 2022 17:17

<< Précédemment


La situation actuelle n’augurait rien de bon quant à la suite des événements. Les informations distillées après la révélation de l’illusion n’eurent rien de bien réjouissante. Qu’on essaie de nous cacher la vérité ne me plaisait guère, bonne intention ou non. Je croisai les bras, écoutant avec attention les hypothèses d’un des locaux. Un Titan de Mort, manquerait plus que ça… On avait déjà eu fort à faire avec un lézard géant de la même trempe, pas besoin d’un colosse de plusieurs centaines de mètres de haut avec une magie du même acabit. Je me demandais vaguement ce que nous étions censé faire de plus que les habitants de ce monde. Leur magie semblait plus opérante que la nôtre et ils connaissaient les lieux. A part des ennuis, je voyais mal ce que nous apportions.

(Un regard neuf ? Une magie plus puissante ?)

(Simaya est littéralement capable de copier et amplifier la magie. Et l’illusion de Glanaë couvrait une plaine entière, c’est autre chose que faire des flammes.)

(Peut-être qu’en voyant plus grand tu feras plus grand toi aussi.)

C’était une idée, mais vu la réaction de certains, j’allais attendre un peu avant de me lancer dans des tests cataclysmiques. Jorus serait bien capable de se faire péter une veine du front s’il me voyait faire. J’observai les locaux rentrer chez eux un à un alors que l’idée de partir pour Esseroth se dessinait. La ville était apparemment un haut lieu de la magie, alors cela semblait être un point de départ des plus logique, surtout si on voulait avoir la moindre idée de comment le fluide avait pu littéralement exploser et devenir ce qu’il était actuellement.

Entendre Akihito finalement se décider de faire des essais me fit presque lever les yeux au ciel. Enfin ! Je lui jetai un regard approbateur avant de vivement détourner le regard. Ne rien laisser transparaître. Je soupirai et, voyant que Jorus - le preux chevalier casse-couilles - avait décidé de coller Simaya plutôt que moi lorsqu’elle parla de partir dans les Landes Noires, cela me semblait être le bon moment pour tenter quelque chose. Le nom des Landes Noires me disait rien qui vaille et je préférai nettement l’autre option. Aussi, j’enchainai.

- Va pour Esseroth, difficile de se prononcer sans plus d'informations pour le moment. Il me reste un dernier essai à faire. Je ne vois pas comment ça pourrait dégénérer, mais sait-on jamais.


Je m’écartai à mon tour, une idée bien précise en tête. Les fluides n’existaient pas sur Aliaénon et Alyah restait sagement dans mon serre-tête, certaine que les choses ne se passeraient pas bien pour elle si elle venait à en sortir comme elle en avait l’habitude sur Yuimen. Je sentis un regard sur moi et tournai la tête pour voir l’Oudio me fixer de son regard orangé et cillai une seconde. Etait-il curieux ? impossible de déchiffrer la moindre expression sur son visage, alors je me contentai d’un hochement de tête à son intention. Tant qu’il n’essayait pas de me lancer du petit bois, ça irait. Je tentai alors d’appeler Ssussun, un peu inquiète de ce qui allait advenir de lui. Il nous serait sans doute utile, il l’avait toujours été depuis qu’il m’était apparu. Si la magie ne le faisait pas imploser.

- Ssussun.

Aucune explosion, torrent de flamme ou vague de magie maléfique. A la place, Ssussun… version Aliaénon, je présumais. Il avait perdu cette aura de lumière et les couleurs chatoyante au profit d’écailles d’or et ressemblait davantage à un vrai poisson survivant, Gaïa savait comment, dans l’air. Je le fixai, me demandant brièvement pourquoi j’avais accepté cette mission avant de m’ébrouer. Il était bien là, c’était l’essentiel. Je tendis la main et touchai son ventre qui, au lieu d’offrir cet apaisement et cette douceur habituelle, était dur et écailleux, mais il ondulait comme d’ordinaire. Restait à savoir s’il faisait de la magie…

Magie qui avait décidé de faire un peu des siennes du côté d’Akihito. Je ne m’attendais pas à ce qu’une ombre surgisse lorsqu’un géant, parfaite reproduction du fulguromancien à l’exception de sa taille démultipliée et de sa très claire intention de s’en prendre à nous. J’eus à peine le temps de stabiliser mes appuis que l’immense marteau s’abattit, créant une onde de choc envoyant bouler quelques-uns. Je me protégeai le visage d’un bras avant de lancer un regard éberlué à Akihito qui semblait encore sous le choc de ce qu’il venait de créer. Les choses venaient de dramatiquement se corser et je tirai ma lame avant que la voix de Jorus ne me parvienne.

- Yli, lâche tout !


Je lui jetai un regard un peu surpris, bien vite remplacer par un sourire. Enfin il comprenait. Bien. Je pointai le géant du doigt, formant dans mon esprit un faisceau de lumière brûlante destiné à lui percer le crâne et ordonnai à Ssussun de créer une barrière magique protégeant le groupe et… le monde devint noir et glacial. L’air se vida de mes poumons, mon corps ne me répondait pas, je le ne ressentais même plus. Seules mes pensées persistèrent et je paniquais, incapable de comprendre ce qu’il se passait. Où étaient les autres ? Où étais-je ? Qu’est-ce qu’il m’arrivait ?

(Alyah ! Aki ! Pa…)

La lumière revint brusquement et me brûla les yeux. L’air qui emplit mes poumons me brûla et mes jambes me lâchèrent. Je chutai douloureusement sur le sol rocailleux, cherchant à reprendre mon souffle alors que le sang battait furieusement à mes tempes. J’entendis des voix, lointaine, confuses, s’approcher, m’entourer. Je fermai les yeux, essayant de mettre un sens sur tout ça sans y parvenir.

(YLIRIA !)

La voix d’Alyah résonna dans mon esprit, tambourinant dans mon crâne et je pressai mes mains contre mes tempes, essayant vainement de juguler la migraine qui s’amorçait. Les sons devinent plus audibles, mon cœur commença à se caler sur un rythme plus apaisé et je levai les yeux, le souffle toujours saccadé, apercevant le visage d’Akihito tout proche du mien. Trop proche. Je m’écartai, mes genoux râpant sur le sol, faisant crisser les écailles de mon armure et je grimaçai au son désagréable. Je murmurai à un peu tout ceux autour de moi.

- Je sais pas. Ça va, je crois. Juste… ça va.

(Yliria…)

(Il s’est passé quoi ?)

(Je t’expliquerai plus tard, tu peux te lever ?)

Je hochai la tête et, malgré mes jambes flageolantes, me redressai en regardant autour de moi. Le géant avait disparu et tout le monde semblait en un seul morceau. Je titubai avant de me stabiliser et fis signe que tout allait bien. Je pris de grandes goulées d’air, redressai le dos et me préparai à suivre le groupe. Tout allait bien. Tout allait parfaitement bien. Je jetai un œil à Akihito et seule l’image de son expression inquiète me vint à l’esprit, avec une sensation de légèreté dans la poitrine, suffisante pour alléger ce que je venais de vivre au point où je sentis le coin de mes lèvres se redresser avant que je ne me reprenne et ne garde une expression aussi neutre que possible.

Et merde.

- On y va ?

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Xël
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Xël » jeu. 29 sept. 2022 21:39

Je suis comme projeté dans un autre monde à nouveau où tout semble fou hormis ce que je désirais voir. D’une netteté impeccable, comme si je regardais dans un télescope en me sentant à la fois proche et éloigné. Je me retrouve devant les ruines de la Tour d’Or, effondré sur le village à ses pieds. Un mouvement attire mon attention et je distingue alors une lueur blanche, une silhouette pâle et couronnée, portant une longue robe blanche. Si je ne reconnais pas son physique j’ai pourtant l’impression de reconnaître sa présence. Aussi clairement que si elle se présentait devant moi. Il s’agit de la conseillère venant des montagnes des géants. Je ne connais pas son nom, ou en tout cas je ne me souviens pas. Je me souviens en revanche qu’elle était belle, très belle.

Elle lève ses yeux vers le ciel et je suis son regard, découvrant la présence du Titan de la magie. Il est là. Immobile. Jouit-il de son spectacle ? S’assure t-il que personne n’a survécu ? Non, ce n’est pas ce que je ressens. Il semble veiller sur l’endroit comme une sentinelle. Pourquoi ?

Et alors que cette question traverse mon esprit, la reine des montagnes disparaît et ma vision se trouble. J’ai l’impression que le temps défile, me dévoilant ce qui s’est passé des semaines, des mois, voir des années peut être après l’effondrement de la Tour. Puis soudain le temps reprend son cours normal alors qu’une ombre immense recouvre la plaine. Ma vision se concentre sur le Titan, immense, indescriptible, à la fois terrifiant et fascinant. Il ne bouge toujours pas tandis que l’obscurité se fait plus pesante. Et d’un coup un rayon de ténèbres lui transperce la poitrine pour s’écraser sur le sol en provoquant une explosion à la puissance inqualifiable, détruisant tout, donnant sans doute aux plaines d’Or l’apparence qu’elles ont désormais et semblant altérer le fluide spatial qui a visiblement lui aussi souffert de cette magie sombre. Puis subitement un faisceau sort du sol comme si il s’échappait des profondeurs de la terre. Le Titan est mort, Aliaénon en souffre, à travers le trou béant dans la poitrine du Titan, j’aperçois une immense silhouette sombre s’éloigner dans les cieux avant que je revienne à la réalité.

Je me sens épuisé, le contre-coup d’avoir utilisé tant de magie. Simaya se tient proche de moi, la main sur mon épaule, l’air inquiète. J’incline la tête, lui indiquant que je vais bien. Elle se met alors à générer des portails pour que chacun puisse retourner chez lui. J’interpelle Ibn pour décrire ce que j’ai vu avec le souffle court sans en oublier une miette avant de fouiller dans mon sac pour lui montrer la pierre de vision et demander si elle fonctionne encore. Le sorcier de feu manque de s’étouffer en m’entendant, reconnaissant la silhouette comme étant Faseilh et que si elle a survécu elle serait puissante et pourrait faire un allié de poids. Il répond ensuite que la pierre est déchargé et qu’il doit la recharger à la pierre originelle. Je décide de lui confier, lui donnant rendez-vous à Methbe-el pour la récupérer pendant que Simaya nous encourage à ne pas nous séparer, elle qui veut ce rendre seule dans les Landes, je tente de l’en dissuader:

« Je ne vais pas te laisser partir pour les Landes seule, la dernière fois j’ai faillis te perdre. Viens avec nous à Esseroth. Préparons nous correctement et partons pour les Landes tous ensemble. Ce qui est certain c’est que tu n’iras pas là-bas sans moi. »

Un peu à l’écart se déchaîne alors un nouveau essai magique, un double d’Akihito qui nous surplombe de sa hauteur. Je trouve qu’ils prennent beaucoup de risques. J’avais pourtant dit qu’ici, pour nous, la magie est incontrôlable. Ce n’est pas avec quelques tentatives qu’elle le deviendra. Ils devraient plutôt retenir qu’il faut s’en servir quand c’est nécessaire. De tous mes sorts lancés sur ce monde, je n’ai pas le souvenir d’en avoir fait un pour essayer. A chaque fois j’y avais été poussé. Je n’ai pas envie de faire la morale, j’espère simplement qu’ils comprendront que la magie ici n’est pas un jeu avant que quelqu’un soit blessé.

D’ailleurs… le double du fulguromancien échappe à son contrôle et abat son marteau dans notre direction. Le sol tremble, beaucoup d’entre nous en sont renversés, Simaya y compris. Par chance je tiens debout et l’aide à se relever avec Jorus et la régicide, la remettant rapidement debout. Elle se sert à nouveau de sa magie pour faire disparaître la notre alors que je m’étais servi de la mienne pour aider l’Hïnionne à atteindre plus vite sa cible, elle qui s’était élancée vers le géant.

Grace à l’Esserothéenne le danger est écarté, le géant disparaît et les sorts qui se sont retournés contre nous sont dissipés, laissant Yliria dans un état de choc. Je pousse un profond soupire tandis que Simaya accepte de nous accompagner à Esseroth en me faisant promettre de l’accompagner ensuite dans la Lande Noire.

« Faisons comme ça. Il y a aussi quelque chose que je veux voir là-bas. Je veux savoir si le Sans-Visage a bien disparu. »

Comprenait-t-elle de quoi je voulais parler ? De cette boule de magie qu’elle protégeait la dernière fois. Si j’ai bien compris, il s’agissait de sa source de magie, si elle est encore là, alors lui aussi. J’incline la tête vers Simaya et lui fait signe que je suis prêt à voir sa cité.

« Allons-y. Nous soignerons nos blessures à Esseroth. »

Déclarais-je en m’assurant que tous étaient en mesure de suivre.

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Jorus Kayne
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Jorus Kayne » jeu. 29 sept. 2022 22:14

Cratère d'Apocalypse I
Cratère d'Apocalypse II




Ciblé par tant de questions, Glanaë avoue sa culpabilité en baissant les yeux, avant d’expliquer sa crainte à nous voir débarquer dans un paysage dévasté. Pour autant, elle affirme ne pas avoir menti sur ce qui aurait tué le Titan. Puis c’est Triman qui commente que les Titans sont une force liée à ce monde, indestructible et éternel. Il prétend également qu’il sent d’infimes émanations d’une magie particulièrement sombre : celle de la mort. De son point de vue, c’est comme si un Titan s’était dissimulé jusqu’alors et prévoyait de tuer les siens. A ces mots, Arthès exprime sa réflexion et pense à un Titan de mort, potentiellement originaire des Landes Tanathéennes. Contrairement à lui, Triman ne semble pas convaincu par l’hypothèse. Ouvrant ses yeux et baissant la main, il rétorque que cela fait trop longtemps qu’il n’a plus senti la magie de la Pierre de Vision et qu’il a besoin de retourner à Methbe-El ou Néo-Messaliah.

Entre la présence du Titan, dont la blessure mortelle est assez large pour faire passer un navire, et les déclarations concernant l’illusion, ainsi qu’un potentiel Titan de mort, me font presque manquer l’attitude de Xël. La main toujours portée vers le Titan, il paraît pris dans une sorte de transe. C’est comme si son corps était présent, mais que son esprit était parti visiter la région. Il reprend finalement le contrôle être, rejoignant mental et physique dans un corps au visage trempé de sueur, parvenant cependant à convaincre Ibn Al Sabbar de rester avec nous. Un état suffisamment inquiétant pour Simaya pour s’approcher de lui demander comment il se sent. Xël n’étant plus en mesure d’user de son pouvoir unique, c’est elle qui créée plusieurs portails pour les natifs des différentes cités de ce monde. Quant à Simaya, elle ira sonder la Lande Noire.

"Si magie de mort il y a, elle vient peut-être de là-bas."

Le couple d’amoureux reformé explique qu’ils resteront là à garder le fluide, sauf si nous désirons leurs présences. J’ai pour ma part un avis méfiant concernant Glanaë. Même si elle a expliqué les raisons de la mise en place de son illusion, c’est aussi d’elle que nous tirons les seules informations récentes. Rien ne nous dit qu’elle ne fait pas double jeu. Malheureusement pour l’heure, j’ai d’autres préoccupations. L’Ynorien compte partir pour Esseroth comme convenu, mais voyant Simaya prendre un autre chemin, il souhaite profiter de sa présence pour tester lui aussi sa magie dans ce monde. Voilà qu’un autre Yuménien semble vouloir lui aussi s’essayer à la magie. En un sens, ils ont raison de profiter de la présence de Simaya, cependant, à force de jouer avec une magie imprévisible, il va forcément y avoir un moment où cela va nous tomber dessus. La question n’est plus de savoir quand, mais si nous pourrons y faire face.

Je me détourne du nouvel apprenti sorcier pour m’intéresser aux propos de Xël.

"J’ai vu… Ou plutôt j’ai ressenti, la conseillère, celle à la peau pâle, très belle, venant des montagnes. Elle ressemblait à une silhouette blanche couronnée, au milieu des ruines de la Tour d’Or. Elle observait le Titan de la magie qui veillait sur l’endroit comme une sentinelle et il n’y avait plus de trace du fluide vers Yuimen." Il s’arrête un instant, le temps pour lui de reprendre son souffle. "Le temps m’a semblé s’accélérer. La silhouette a disparu, le Titan est resté puis une ombre est apparue, recouvrant toutes les plaines et quelque chose à traverser le Titan de la Magie. Un rayon de ténèbres, noir comme la nuit, a pulvérisé son buste avant de s’écraser au sol, causant ce que nous avons sous les yeux et libérant ce faisceau de lumière." Continue-t-il en désignant le rayon pointé vers les cieux. "La dernière chose que j’ai vue à travers le buste du Titan c’est une silhouette, immense, sombre, disparaître au loin dans les cieux."

Puis enfin, il se tourne vers le sorcier de feu et lui propose une pierre qu’il a en sa possession, une gemme aux reflets bleu et violet, capable de faire frémir les chercheurs d’or d’Eniod. Hélas, celle-ci semble être dénuée de pouvoir. Pour autant, la femme dans sa vision semble se nommer Faseihl et aurait un immense pouvoir si elle est parvenue à survivre à ce qui s’est déroulé. Une alliée de choix face au danger qui nous guette.

Pour ma part, je vois le départ de Simaya d’un mauvais œil. Non pas que je me méfie d’elle, mais je sais de quoi elle est capable, tout comme je sais qu’elle peut se faire capturer si elle fait face à un adversaire trop puissant. Nul n’est invincible et c’est la raison pour laquelle je me porte vers elle.

"Vous avez démontré à maintes reprises votre dévouement que ce soit pour votre monde ou le nôtre et à chaque fois, vous y avez joué votre vie. Cependant, s’il y a bien quelqu’un dont nous ne pouvons nous passer, c’est bien vous ! Si vous comptez vous rendre à la Lande Noire, alors je serai à vos côtés !"

Une proposition qui semble être du goût de la régicide. Proposant un retour pour Esseroth d’ici deux jours, pour ceux allant dans la Lande Noire, pour un rapport des deux groupes. Puis elle vient à moi et rétorque que si la mort y réside, elle y sera à sa place.

(Que voilà une bien charmante compagnie !)

(Je sais que tu ne la garde pas en grande estime, mais elle s’est également battu contre Oaxaca.)

(Je n’oublie pas non plus qu’à cause d’elle, Ybélinor s’est rapproché un peu plus du pouvoir !)

De son côté, Yliria continue de vouloir tester sa magie, mais lorsque j’entends le nom de son invocation, je suis obligé d’admettre que cette fois, cette vérification me paraît raisonnable. L’oudio exprime son souhait de tester la magie à son tour et observe Yliria le faire. Pour ma part, je suis ramené à notre conversation part le blondinet qui traverse sans prévenir une partie non-négligeable de ce monde et provoque des cataclysmes en sautant.

"De mes souvenirs, les titans sont des êtres très très puissants. Lors de notre attaque, nous avons été près d'un an dans le coma. Et s'il se trouve dans les landes noires, je pense qu'il serait plus sage d'attendre d'être prêt avant de s'y rendre. On risquerait de nuire Simaya que de l'accompagner." Il continue en se rangeant du côté du départ pour Esseroth, prétextant que la magie y serait plus riche, avant de se trouver vers moi et l’affreuse Hinïonne qui a mis Ybélinor à une marche du plein pouvoir Kendran.

"Je ne veux pas vous contredire, et encore moins vous donner d'ordres, mais je crois que la suggestion de Simaya était avisée. Nous devrions au moins au début, demeurer tous ensemble. Nous apprendrons ainsi à nous connaître et nous serons plus aptes à nous entraider le moment venu ou nous devrons affronter cette sombre menace."

(Personnellement, je n'ai pas envie d’apprendre à connaître un type qui connaît les problèmes que rencontrent les utilisateurs de magie et les utilise à la première occasion venue, et ce, avant de se présenter. Et toi ?)

(Moi j’le trouve plutôt mignon !)

(Merci de ton soutien indéfectible Ysolde.)

"Donc allez-vous accepter de vous joindre à nous sur Esseroth ou conservez-vous toujours votre première idée d'explorer d'abord Les landes noires ?"

(Mmm voyons, laisser la seule personne qui pourrait empêcher un désastre d’arriver si les tests magiques venaient à foirer, dans un lieu particulièrement hostile, sans avoir le pouvoir revenir avec les portails ? Si Simaya était aussi puissante pour faire face à la menace, il n’était pas nécessaire pour nous d’être présent.)

Simaya précise que son utilisation des portails dépend de la présence de Xël, ainsi, nous ne pourrions revenir rapidement comme le prévoit l’ancienne Omyrienne, enfin dans l’éventualité où elle ne porte plus d’intérêt pour cette sombre cité. Elle précise ensuite que c’est au sein de la Lande Noire que la magie y est plus puissante et plus instable.

(Un vrai paradis pour les curieux de la magie hasardeuse !)

Puis elle termine ainsi :

" Votre destination dépend de vos objectifs, et ceux-ci doivent être clairs. Pourquoi iriez-vous à tel ou tel endroit ?"

(Alors ?)

(Alors j’irais où Simaya sera, qu’importe si c’est dans ce magnifique lieu où tout ce qui vis ne ressent pas le besoin de respirer !)

Alors que j’allais lui exprimer ma décision, j’en suis empêché par un phénomène particulier, se situant proche du "C’est de ça que je parlais avec vos expérimentations magiques !". Un double d’Akihito s’est manifesté magiquement. Identique tant dans la silhouette que dans la tenue vestimentaire. Comme si des jumeaux s’étaient amusé à jouer de leur apparence pour se moquer des personnes présentes. Heureusement, je note un petit détail qui me permet de faire la différence : un des deux fait une bonne quinzaine de mètres. Bien que j’ai averti tout le monde du danger que représente la magie ici, j’ai hélas raison. Le plus grand des jumeaux arme son marteau et l’abat au sol si violemment, que la terre est pris d’un tremblement. J’arrive à rester sur place comme d’autres, mais tous n’ont pas cette chance, à commencer par Simaya.

Loin de se dissiper, le géant reste et aurait été d’une grande d’aide dans notre entreprise sur ce monde, s’il ne semblait pas être une menace imminente pour nous. Afin de le vaincre, Mathis, le blondinet, demande à la version réduite s’il possède des faiblesses à exploiter. Hélas, hormis se frapper au visage avant de s’en prendre physiquement avec son marteau, il ne répond pas. On fait face à un adversaire qui nous fait passer pour des lutins. Dans un tel cas de figure, je ne vois que la magie pour nous sortir d’un tel pétrin, même si c’est cette même magie qui est à l’origine de ce problème. S’il y a bien un moment pour utiliser ma magie, c’est maintenant et je ne tarde pas de le faire savoir à celle que je considère comme étant la plus compétente dans ce domaine pour tout péter.

"Yli, lâche tout !" Fais-je, hurlant à l’intéressé.

"Viens pas te plaindre ensuite !" Me lâche-t-elle en retour.

(Honnêtement, si je peux me plaindre, c’est que je suis encore en vie et c’est pas plus mal vu la situation !)

Puis, j’opte pour un plan B, légèrement plus sûr, en aidant Simaya à se relever, craignant une éventuelle possibilité d’une hypothèse incertaine où la situation pourrait étrangement se dégrader. Et ça, ce n’est même pas le premier jour sur ce monde. Au moins, je suis rejoint dans mon entreprise par l’hinïonne et Xël. Ca fait toujours deux personnes qui ont compris l’atout que représente cette femme. Dire qu’à ma première rencontre j’ai voulu la tuer, je suis heureux que nous en étions tous incapables à ce moment-là.

Comme une lutte fratricide, les versions grande et mini d’Akihito se frappent l’un l’autre. C’est Minikito qui prend le dessus et vient frapper avec puissance le genou de Grankito, explosant l’articulation comme du verre, obligeant le colosse à ployer devant son homologue à la taille de lutin, dans un déchaînement vocal, exprimant rage et douleur. Puis, le noir. Point de crépuscule pour annoncer le déclin de la lumière, l’ambiance tombe nette et me fige sur place, le temps de comprendre ce qui arrive. Heureusement, ce voile ne dure qu’un temps, avant l’action salvatrice de Simaya. Je fixe toute mon attention sur notre adversaire, avec la détermination de mettre fin à cette mascarade.

Mû par la même détermination, Silmeria, Mathis se joignent à moi, ou du moins à mon envie de prêter main forte à Minikito. Ou alors, est-ce là une opportunité d’user également de la magie d’Aliaénon. C’est certainement le meilleur moment pour ce faire et à l’image de mes camarades, je fais de même, puisant dans cette force nouvelle que je sens en moi. M’étant habitué à des techniques de combat d’esquives donnant, à mes combats précédents, l’impression que je me déplace avec la fluidité du vent, je mobilise ce pouvoir pour porter l’intégralité de mon corps. Plus encore qu’une simple posture agile du corps, j’use de cette force pour me rendre encore plus insaisissable que l’air, plus imprévisible que le souffle du vent qui change brutalement de sens. Je file vers mon adversaire, avec la volonté de ne faire qu’un avec le vent qui m’entoure, armes en mains.

Malheureusement pour moi, cette magie se dérobe à ma volonté. Plutôt que de me porter avec la grâce et l’aisance du vent, c’est la terre qui se lie à moi. Là où le sol était solide comme la roche il y a quelques instants, le socle terrestre sous mes pieds devient mou et humide, une mélasse de terre qui provoque l’effet inverse désiré et me ralentit considérablement. Contrairement à moi, la régicide semble avoir réussi là où moi j’ai échoué, filant comme le vent et poussée par une force prodigieuse jusqu’à Grankito, un sentiment mitigé de colère et d’envie m’oppresse. Ce sentiment qui s’accroît lorsque je vois le blondinet atterrir d’un unique bond sur le casque du colosse, alors qu’il était à mes côté il y a peu.

(Mignon et adroit !)

Seul au contact avec son double et malgré un rapport de taille d’un homme face à un lutin, Lutinikito frappe avec une masse faite de roche au niveau du poignet. La force fait trembler sa version agrandi, à tel point que celui-ci n’arrive plus à bouger.

Fort heureusement pour nous, l’intervention de Simaya met fin à la présence magique de Grankito grâce à un nouveau dôme brisant la magie. Sans support, le blondinet finit le cul au sol, m’offrant le plaisir de jouir de cette vision gênante de lui, après les commentaires de ma faéra le concernant.

"J’ai failli vous laisser œuvrer contre lui : c’était un bon exercice pour vous, une première action d’équipe. Mais je ne souhaitais pas vous voir blessés." Clame Simaya avant de se tourner vers Xël. "J’accepte de vous accompagner dans ma patrie originelle, si vous me promettez de venir avec moi dans la Lande Noire ensuite. Dois-je ouvrir le portail ? Chacun est-il prêt ?"

Ce n’est qu’après, lorsque je vois le dernier Ynorien se précipiter vers Yliria, que je constate que quelque chose s’est mal passé. Peut-être devrais-je aller à sa rencontre à mon tour et lui demander comment elle se porte, mais avec notre brève altercation sur l’utilisation de la magie, je ne suis pas le plus avisé pour cela. D’autant plus que la simple présence de l’Ynorien semble la guérir plus que ses mots.

Finalement, grâce à la présence de Simaya, les choses se sont calmées aussi rapidement qu’elles avaient commencé et voyant que notre protectrice consent à nous laisser la suivre dans la Lande Noire, il n’y a aucune raison de ne pas l’accompagner au préalable à Esseroth comme elle le propose.

"Ma seule craindte est que vous n'alliez pas seule dans la région la moins chaleureuse d'Aliaénon. Mais peut-être les choses ont-elles changées depuis. Sait-on jamais, les morts pourraient avoir eu envie de le rester indéfiniment cette fois-ci !" Lui dis-je pour signifier mon accord.

(Un problème ? Je sens que quelque chose te tracasse !)

(Rien c’est juste…un mauvais pressentiment concernant Simaya. Je pense que je vais devoir m’entretenir avec Xël rapidement une fois à Esseroth. Juste au cas où.)

Modifié en dernier par Jorus Kayne le jeu. 13 oct. 2022 21:19, modifié 2 fois.

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Silmeria
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Silmeria » ven. 30 sept. 2022 15:40

Alors que j'observais les différents aventuriers, je poussais un profond soupir, il fallait leur accorder la victoire précédente face à Oaxaca et alors que je n'étais entourée que de partisans de la couronne, il était assez évident que tôt ou tard, l'un d'eux viendrait me demander des comptes. Lequel ? Allait-il s'agir de ce jeune homme moustachu ? Cette Shaakte ardente tout feu tout flamme ? Ce grand homme à la blonde chevelure ? Cet homme qui m'avait pointé du doigt pour demander les raisons de ma présence, il me connaissait pour sûr, mais j'ignorai encore de qui il s'agissait. Il faut reconnaître que passer sa vie à se cacher pour laisser retomber la pression ne m'a pas laissé beaucoup de temps pour me renseigner, mais il semblait tous être des héros de ce gigantesque charnier, ceux dont le Gragon n'avait pas voulu absorber les âmes. Quant à cet Oudio, je dois reconnaître qu'il me rend très curieuse, il sent bon la sève et le bois toasté, comme ces fûts que l'on brûlait à Tulorim pour y laisser reposer du magnifiques vins blancs qui se chargeraient au long d'une vinification des leurs arômes de beurre et de fumé. J'avais bien envie de m'approcher de cet Oudio, de l'examiner de plus près, pourquoi était-il brûlé ? Un homme n'aurait pas survécu à une telle blessure mais lui semblait s'en accommoder. Je voulais vraiment sentir son écorce calcinée sous mes doigts, regarder s'il laissait de la cendre sur ma peau, savoir si la sève coulait toujours quand on l'entaillait. S'il était possible de retirer son écorce et savoir s'il souffrait ou si ce n'était qu'une simple mue pour lui. Cet être était fascinant, peut-être fleurira-t-il pendant notre expédition sur ces terres. J'attendrai de voir mais j'aurai ce vestige de jardin à l'oeil.

Il y avait aussi Xël, mon cher et tendre ami Xël... Lui qui avait fait un saut dans mon bain, je crois que c'était un atout inespéré. Il s'était par mégarde infiltré dans ma chambre et tous deux, entièrement nus, n'avions eu d'autre choix que de discuter de notre passé et des raisons qui nous avaient alors conduit jusqu'à cette bataille. Il disait ne pas être né pour devenir un soldat mais avait pour trophée la mort de plusieurs des Généraux d'Oaxaca, j'avais pour trophée la tête de son Roi et une lignée Royale laissée meurtrie par une régence incertaine. Et pourtant, nous nous sommes quittés sans haine. Je tâcherai d'employer ce moment en ma faveur, si ce puissant Aéromancien avait jugé bon de ne pas m'en tenir rigueur, il pouvait en être de même pour les autres. Mais je devais leur montrer au plus tôt qu'ils ne pourraient pas me prendre pour une cible facile, pour ça, rien de tel qu'un petit combat amical sous couvert d'un entrainement pour leur faire entendre que s'ils cherchaient à se venger, ils perdraient des plumes.

Notre groupe envisageait alors de se séparer, certains parlaient de la lande noire, d'autre de la ville où il faudrait établir un quartier général, de manière objective, je trouve qu'on sous-estime trop souvent l'importance d'établir un quartier avant toute chose, un endroit privilégié où on conserve et échange les informations pour mieux se préparer à partir faire nos enquêtes, de petits groupes avaient une plus grande chance de glaner davantage d'informations et de faire progresser nos objectifs. Mais quelque chose interrompit mes pensées. La petite voix piailleuse de Cèles :

" Sissi... Regarde le. "

J'observais Xël, visiblement bouleversé par la vision qu'il tentait plus tôt. Il raconta dans une synthèse admirable avoir vu une sentinelle veiller sur le gigantesque Titan de magie que nous avions au dessus de nous. Que plus tard, l'ombre ayant recouvert la plaine d'or, porteuse de malheur, avait fait jaillir de ses entrailles un faisceau magique pourfendant le Titan de magie, le laissant ici, tel quel, arborant un trou béant. Que la vision se terminait en laissant un présage néfaste, celui d'une ombre disparaître au loin dans les cieux.

(" Au loin dans les cieux ? Un Gragon ? Si ça se trouve c'est le Gragon d'Oaxaca. ")

De leur côté, certains aventuriers envisageaient de se rendre dans la Lande Noire tandis que d'autre préféraient établir un quartier à Esseroth, chose qui était la plus logique et très vraisemblablement le meilleur mouvement que nous puissions faire à cette heure.

(" Je parlais pas de Xël l'exib' je parlais de moustache ! ")

J'observais le jeune homme qui proposait à la femme du nom de Simaya de l'accompagner dans la Lande Noire. (" Là ! Juste là, devant ton groin. ")

La dague et l'arbalète de Xenair. Alors c'était lui ? Je me trouvais en face de ce jeune homme finalement bien mystérieux, il ne semblait pas particulièrement terrible ni être une menace de taille, mais comment avait-il récupéré ces objets ?
(" Oooooh... Le petit fils de...")
(" Chat. Fils de chat. ")
(" Il arbore ces armes comme des trophées... ")
(" Tu sais, si tu lui dis quoique ce soit, tu vas t'exposer inutilement, si tu lui reproches d'avoir défait Xenair, ils pourraient te reprocher d'avoir carrément tué leur Roi. Sauf Branchouille, les arbres ne doivent pas trop considérer le Roi comme le leur. Mais ça nous exposerait bêtement. ")

Je m'approchais alors de lui, adressant à ce jeune homme du nom de Jorus un petit sourire. Je fis savoir que je rejoindrais Jorus pour l'accompagner et l'assister dans cette enquête, peut-être trouverais-je un moment pour en parler ou...

Un peu plus loin, je vis un spectacle des plus cocasse, l'Ynorien grossier avait invoqué un double, un double gigantesque qui se dressait dans le ciel, aussi haut qu'une tour de garde, il brandit dans les cieux un marteau prêt à l'écraser sur le sol, mais dans son geste, le colosse fit volte face.

Crotte...

Je sursautais au choc et fermais les yeux pour éviter de prendre de la poussière. L'onde de choc avait résonné dans mes cuisses mais j'étais toujours debout, ce n'était pas le cas des autres, le Blond, la Branchouille, la Blonde Simaya et l'autre dont j'ignorai le nom mais qui aimait lécher les amygdales de Glanaë avaient terminé à terre.

Avec Jorus, nous nous précipitions pour aider Simaya qui avait dit plus tôt que son pouvoir pouvait supprimer la magie, au lieu d'affronter inutilement un colosse, il était plus sage de le faire disparaître. Lorsqu'elle fut redressée, elle envoya un dôme d'ombre pour balayer la magie mais celui qui fut lancé était tout autour de nous, c'est alors que je compris que la Shaakte qui nous accompagné était couverte d'une pellicule de glace. Mon regard se porta de nouveau sur le monstre titanesque qui était alors tombé à genoux, dans la précipitation, je ne comprenais pas tout ce qui venait de se produire, mais si Simaya ne pouvait pas lancer un sort immédiatement, il fallait bien que je fasse quelque chose pour retarder l'assaut de ce colosse qui pourrait tous nous balayer. Autour de nous, un poisson ornemental voguait dans les airs comme si de rien n'était, plus bas, un gros chat velu se léchait tranquillement la papatte arrière avec une concentration déconcertante.

A mon bras, la Murène magique s'éclaira, mon corps comme s'il fondait comme neige au soleil semblait être constitué de volutes éparses et l'argenté de la Tueuse de Mage vit alors la lumière du jour. Le plus vite possible, il me fallait atteindre le Colosse, Blondinet de son côté avait trouvé un sens plus martial à ses bottes qu'un saut périlleux et avait terminé sur la tête du double de l'affreux Ynorien, dans ma course, je sentais comme un vent marin portait mes mouvements, je me sentais vive, acérée, rapide et plus mortelle que jamais. Mais un dôme d'ombre apparu de nouveau et le géant disparu tout simplement, comme un écran de fumée, laissant Mathis le traverser et s'échouer lourdement au sol pour être relevé par Akihito, le responsable de ce chaos.

Je lui lançais un regard mauvais, il était impensable que ce soit eux qui aient gagné la guerre, comment avaient-il fait avec si peu de discipline et de rigueur ? Je rangeais ma lame lentement pour écouter son chuintement, le Muutos était toujours activé, il me donnait l'air d'être irréelle, comme si je n'étais qu'une apparition évanescente. J'approchais de Simaya et d'un signe de tête, signait mon accord pour ce qu'elle venait de proposer.
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Dracaena Paletuv
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Dracaena Paletuv » sam. 1 oct. 2022 00:47

« Et qui n’est pas censé le faire. Les titans sont liés à ce monde, indestructibles et éternels. Je sens ici des résidus de la plus sombre des magies. De la mort. Comme si un Titan jusqu’ici caché s’était éveillé pour détruire ses semblables. »

Ma petite remarque avait visiblement été entendue. Sans détacher les yeux du colossal cadavre, je m'apprêtais à répondre à celui qui m'avait parlé, avant de me raviser : au vu de la situation, j'n'étais pas sur que lui dire que c'était tout de même rafraichissant de savoir qu'un dieu pouvait mourir ne serait pas bien prise. Ce gros machin aurait donc été tué par un autre gros machin, du genre a avoir été oublié de tout le monde et de retour pour défoncer des gueules, tel un ours sortant de l'hibernation pour faire régner la terreur sur ruches et saumons... Amusant.

Dieux, Titans, oudios, humains, elfes, animaux : au final on était tous un peu les même, on fonctionnait tous sous les mêmes logiques, juste... Pas à la même échelle. C'était... rassurant, quelque part, de voir que la mortalité n'était pas une fatalité mise sur le dos des plus petits uniquement.

« N'était pas sensé le faire » ? Ha ! Tant mieux, tant mieux si ça n'était pas sensé le faire. Une fois de plus, j'avais la preuve que « l'ordre naturel des choses » n'était pas un principe ancré dans le marbre. Si un dieu pouvait clamser, alors tout était possible !



Enfin, non, pas tout, j'imagine. Genre, les gens à l'égo mal placé resteraient toujours un peu débiles, et les saumons se feraient quand même bouffer par des ours. Mais le point principal de ma pensé était que l'on pouvait changer le statu quo en se bougeant le tronc ! Un saumon trouvant la bonne façon de faire pourrait bouffer un ours un jour, et un égocentrique pourrait trouver l'absolution dans un nouveau hobby, et c'était bien ça !

Tandis que je m'emportais dans des métaphores bien de mon cru, je réussi à attraper un bout de conversation venant des autres : ça parlait de cailloux et de vision. L'un des gars ayant traverser la brume avec moi, et qui avait sa statue illusoire, Sel, ou Pel, un truc comme ça...

« Xël ? Tout va bien ? »

Ouais, voilà : « Xël » ! Merci à la bonne dame, dont le nom m'échappait aussi complètement. Oui, donc, le fameux Xël avait utilisé ses pouvoirs pour expliquer ce qui c'était passé, et confirmant ma pensée : un gros machin avait tué l'autre gros machin. Une grande silhouette sombre qu'il disait. On était bien avancé avec ça. En tout cas, vu la description de la mise à mort que Xël donnait, ce prédateur divin avait visiblement le sens de la mise en scène. Prédateur divin, j'aimais bien ce nom, ça serait une bonne idée de le retenir...

Sincèrement, j'avais aucune envie de rencontrer un truc capable de tuer des montagnes vivantes. MAIS , pour des raisons scientifiques, et un peu beaucoup personnelles, ça serait tout de même bien de réussir à le voir en action. Après tout, si ce machin attaquait les Titans, nous, on était juste des fourmis pour lui. Donc tant qu'on s'arrangeait pour pas se faire remarquer , devrait pas y avoir de soucis, non ?



Sérieusement Dracaena ? «Y a qu'à ce faire tout petit pour pas que le tueur de dieu nous voit » ?! Mais il m'arrivait quoi la ? Y a une heure je paniquais à l'idée de me retrouver dans un autre monde, et la, j'étais prêt à aller joueur aux ornitologues chasseur de tueur de titan... D'ou me venait ce courage insensé ? Ah, oui : du fait d'avoir vu un mec déclencher une tempête en sautant sur place. La magie de ce monde était effectivement trèèèès instable, et la mort du truc appelé le « Titan de magie » ne devait clairement pas aider, mais, c'était un énorme avantage pour nous ! Après tout, on rigolerait tous moins si les fourmis pouvaient tirer des boules de feu de la taille de nos têtes !

Et mon flot de pensée tombait à pique, parce que de ce que j'entendais, ça discutait de la prochaine destination : une ville nommée Esseroth, que je ne connaissais pas, et les « Landes noires », que je ne connaissais pas non plus, mais qui avait un nom vachement plus inquiétant. De ce que j'entendais, c'était surtout la madame d'un peu plus tôt qui comptait s'y rendre ,tandis que les autres essayaient de la convaincre de nous accompagner en ville.

Je n'en pensais pas grand chose : avoir quelqu'un ôriginaire de ce monde pour nous guider serait clairement un avantage, mais vu les habitués qui semblaient être dans ce groupe, quelque chose me disait que la visite touristique se passerait aussi très bien sans elle. Et la, entre le blabla de la madame, Xëlophone et le blondinet tempétueux, monsieur... Machintruc, et Yliria firent tous les deux une très bonne remarque :

"Si Dame Simaya compte partir vers les Landes noires, j'aimerai profiter de votre présence à tous les deux pour essayer à mon tour la magie. Si vous en avez encore la force bien sûr, et... je préfère prévenir que je ne compte pas y aller de main morte, si on doit affronter ce qui a abattu le Titan autant savoir la puissance que je peux générer."

" Il me reste un dernier essai à faire. Je ne vois pas comment ça pourrait dégénérer, mais sait-on jamais."


Entre la tempête, l'illusion, le Titans immortel mais pas trop et toute la réfléxion que ça avait ammené, j'en avais presque oublié que je devais aussi tester ma magie. Fourmis, boule de feu , tout ça. Je me moquais de la prochaine destination, mais sur ça, par contre, je savais ce que je voulais !


 « Je possède des pouvoirs... on va dire « particuliers » pour quelqu'un de mon espèce. Je vais donc plutôt me joindre à l'équipe « On teste des trucs ici et maintenant pour pas que ça nous explose au visage plus tard » ! »

Après tout, de toutes les personnes ici présente, j'étais clairement celui qui se mettait le plus en danger si sa magie échappait à son contrôle. Et puis... J'espérais aussi revoir une gerbe de flamme indécente d'Yliria. Elle semblait clairement plus apte à manipuler les fluides de feu que moi, et c'était assez intéressant de voir ce que la magie des flammes pouvait donner à plus haut niveau. Et pour une fois que les dit sort de flamme n'étaient pas sensés me viser moi !

Je la fixais du regard, intensément, ne cherchant pas particulièrement à cacher l'attention que je lui portais. De toute façon, personne ne semblait trop me préter attention pour le moment, donc c'était l'occasion d'en protiter un peu...Enfin, je disais ça... mais depuis que j'étais arrivé dans ces plaines, il y avait comme... un regard, aussi posé sur moi. Peut être qu'on formait une chaine d'observateur, et que quelqu'un d'autre scrutait abondamment la personne qui m'observait.

Malheureusement, je n'eu pas le temps de voir de superbe flamme jaillir des doigts de l'elfe. Ou même de commencer à réfléchir à quel sort je m'apprétais à lancer. Car un étrange bruit derrière moi attira mon attention. C'était un bruit...pas naturel. Et en me tourant, je pu constater qu'il ne s'agissait que de Machintruc...

Qui était... Différent ? Il s'était peut être lâché les cheveux pendant que je ne regardais pas, ou alors il avait changé de vêtement ? Mmmh, non, c'était autre chose....

Ah, oui, probablement le fait qu'il était tout brillant et qu'il faisait QUINZE FOUTU METRES DE HAUT !!!

A coté de lui, une version miniature de lui, aux teintes moins flashy, qui semblait tout aussi perdu que moi. C'était quoi ça ? Un sort, encore ? Quand il avait dit «j'voudrais essayer à mon tour la magie ! », j'pensais qu'il comptait faire un truc un peu contenu quoi, vu l'accident précédent, pas UNE REPRESENTATION VIVANTE DE SON EGO !!!



Non, en vrai, j'étais mauvaise branche. S'il arrivait à créer un double magique de lui aussi imposant en si peu de temps, c'était cool ! Mais clairement, le « bas niveaux » de ces gens n'étaient pas le miens. Qui sait, ptet même qu'il était capable d'en créer un de la taille du titan. Z'imaginez ? Un machintruc lumineux de la taille d'une montagne, se battant vaillament contre le Prédateur Divin ! Epique ! Soulevant son marteau, un peu comme il était en train de faire la, lentement devant nous, prêt à l'abattre, en regardant la bête, mais la, c'était nous qu'il regardait, haha.

Haha.

Hahaha.







Il ne le controlait absolument pas, son double dantesque, pas vrai ?

 « Eeeeeeet mer... »


BAM!!!


Je fus coupé court par le bruit du marteau frappant violemment le sol, générant une puissante onde de choc m'envoyant valser au loin. Atterissant avec fracas sur le sol, j'étais étalé sur le dos, mon expression, toujours trop dure à comprendre pour les non initiés, mélangeant choc et dépit. Je me demandais ce que je foutais la, repensant à tous les évènements qui m'avait conduit ici, dans un monde séparé du mien ,avec des gens que je ne connaissais pas, et sur le point de me faire écrabouiller pas la version taille adulte d'un type dont je n'arrivais même pas à retenir le nom. Tout ça parce que j'avais décidé de lire unefoutue lettre...

Et la, dans ce moment étrangement calme, mes yeux remarquèrent que le corps du titan de magie était toujours la, à flotter dans le ciel. Et cela me remis mes précédentes réflexions en tête : si je n'avais pas envi de finir comme lui, j'avais intérêt à me bouger le tronc si je ne voulais pas finir comme lui. C'était pas en laissant tomber maintenant que j'allais chopper un Prédateur divin !

Fourmis !

Boule de feu!


Je me redressai, tout en panique. Il n'y avait pas une minute à perdre. Je me mis à balayer la scène du regard, histoire de faire une estimation de la situation, et surtout, de voir si les autres étaient en été de se battre contre ce truc ! Yliria avait déjà prouvée qu'elle était une puissante magicienne, alors, je me mis à la chercher du regard, et quand, enfin, je l'apperçu, plein d'espoir, mes yeux restèrent bloqués sur...

Un poisson.

Un poisson totalement normal. Une sorte de poisson rouge. Qui flottait à coté d'elle. C'était pas un esprit ou une Faëra, c'était vraiment juste...Un poisson.


 « Mais qu'est ce que... »

Je n'eu pas le temps de me questionner. Car Yliria, canalisant clairement un sort, relacha sa puissance magique, tout en ordonnant à son poisson de nous protéger.

Et elle se retrouva changée en glace.

Mais genre, en glace. Son corps, sa peau, était devenue de la glace.

Quand à son poisson, il nous enferma dans une bulle d'ombre.

Et j'étais la, à coté d'un glaçon elfique, incapable de voir quoi que ce soit à cause de l'ombre, à me dire que je devrais ptet mieux chosir en qui je plaçais mes espoirs. Mais, heureusement, la madame de plus tôt, celle qui voulait aller aux landes noires, fit quelque chose qui méritat que je retienne enfin son nom : elle annula tout ce foutoir. Tout comme elle et ses collègues l'avaient fait pour la tempête, elle réussi à faire disparaître le dome d'ombre qui nous entourait, tout en rendant à Yliria sa nature de chair et de sang.

Je n'avais pas de temps à perdre en soulagement ou remerciement : tous ceux qui étaient en état se mirent à foncer sur le méchant Machintruc, et le blondinet reussit même à le frapper au niveau de la tête. Il fallait être efficace, il fallait être rapide, et il fallait surtout, éviter les débordements ! En observant le géant, je compris assez vite que si on ne pouvait pas forcément le battre, le mieux était d'essayer de l'empêcher de nous attaquer.

Je me mis à me concentrer, visualisant le géant en feu...sa tête, puis ses pieds, puis son bras...C'était ça ! Son bras ! Si je lui enflammais le bras, il ne pourrait plus se servir de son marteau. Je me concentrait sur ce que je voulais faire : enflammer son bras. Juste son bras. Pas le sol, pas le monde, pas les autres, et surtout, pas moi : son bras. Le bras du géant. Rien que le bras.
Je sentais mon fluide réagir bizarrement : ne t'étais pas encore très habitué à le contrôler, mais la, c'était vraiment différent des fois précédentes. J'essayais d'y mettre de ma puissance, de ma magie, mais pas trop, vraiment pas trop. Comme d'habitude. Non ! Moins que d'habitude. Un simple jet de flamme, en ligne droite, vers le bras de ma cible.

Et, alors que je m'apprétais à relacher ma puissance, à lancer mon sort, une phrase, au loin, vint briser ma concentration :

"Évitez juste le feu, j'y suis insensible !"



 «Attendez, il a dit quoi la ? »


Mais c'était trop tard. Le jet de flamme jaillis de mes doigts de bois, filant vers la cible, comme prévu. Mais que voulais dire Machintruc par « évitez le feu » ?! Ca risquait de faire quoi ?Soigner le double ? Le rendre plus fort? Le transformer en géant de feu ? Ok, ça je voulais bien le voir...Non, pas le temps de fantasmer sur des flammes, j'avais peut être commis une terrible erreur en lançant ce sort !

Mais, lorsque mon attaque atteint le méchant Machintruc... Rien ne se passa.

Et, de façon presque anticlimatique, la mada...Simaya, la femme nous ayant déjà tiré d'une mauvaise situation, créa de nouveau un de ses domes pour « étouffer » le géant, le faisant disparaître pour de bon, nous sauvant pour la troisième fois.


Et soudain, le calme revint.


Une fois de plus, mon regard parcouru la scène, pour constater la situation : des blessés, mais pas de mort. Des gens secoués, mais encore vivant. Plus important encore, notre sauveuse, bien que visiblement épuisée, semblait aller bien. En tout cas, elle n'avait visiblement pas été frappée ou blessée pendant l'affrontement. Yliria se remettait de sa transformation en glace, et pour ce qui était de Machintruc, je m'inquiétais plus de la blessure à son égo qu'à celle de son dos.

Je regardais une nouvelle fois le titan mort au dessus de nous.

Tout ça...c'était...c'était...


E
X
C
E
L
L
E
N
T



Un monde où la magie est différente ! Où les règles sont différentes ! Un monde où l'ombre attaque le vivant, où le feu change en glace ! Un monde où le divin est mortel, comme nous tous!

Un monde où le feu ne brûle pas...

Si je voulais attendre mes objectifs, si je voulais battre le statu quo de la création, c'était ici que j'allais trouver les armes ! Ou au pire, que j'allais trouver de quoi grandement m'avancer !
Mes doutes s'envolaient, mon hésitation était partie : oui, j'étais laché dans le grand inconnu, et oui, j'étais clairement face à d'innombrables danger, mais ici, les choses pouvaient être différentes !

Il me fallait suivre les autres. Avec eux, j'avais beaucoup plus de chance de m'en sortir, et autant apprendre à leurs cotés un maximum de chose sur ce merveilleux endroit! Pris d'une volonté nouvelle, je m'approchai d'eux, et déclarai d'un air dynamique :


 «Prêt à partir ! Quelqu'un à besoin d'être porté ? »

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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Cromax » sam. 1 oct. 2022 13:46

Cauchemar en Aliaénon : Cratère de l'apocalypse III



Une fois ces derniers événements mis de côté, premier combat inattendu (même du GM) géré de main de maître avec quasiment pas de gens ayant frôlé la mort, tous furent d’accord sur la destination : Esseroth. Simaya s’y rendant désormais également, sans doute pour reprendre aussi un peu de forces. Arthès et Glanaë resteraient là comme convenu, protecteurs du fluide et du cratère.

Simaya, opinant du chef au sous-entendu de Xël concernant le Sans-Visage, se tourna vers Dracaena.

« Soutenue, oui. Ouvrir ce portail risque de me prendre mes dernières forces. J’accepte de bonne grâce votre aide, arbre parlant. »

Et elle rassembla l’énergie qui lui restait pour ouvrir un large portail à destination des personnes présentes. Destination : Esseroth. Comme elle l’avait indiqué, elle fut trop faible pour le traverser lui-même, vacillant sur le point de tomber. Par chance, l’oudio était là. Et tous traversèrent le portail.


[HJ : Suite à Esseroth]


[XP :
Mathis : 0,5 (papote) + 1 (combat facile)
Akihito : 0,5 (papote) + 1 (combat facile)
Yliria : 0,5 (papote) + 1 (combat facile) + 1 (événement traumatisant)
Xël : 0,5 (papote) + 1 (combat facile)
Jorus : 0,5 (papote) + 1 (combat facile)
Silmeria : 0,5 (papote) + 1 (combat facile)
Dracaena : 0,5 (papote) + 1 (combat facile)]

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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Cromax » sam. 2 déc. 2023 15:11

Cauchemar en Aliaénon : Cratère de l'apocalypse – Le Retour des Titans I




Le Portail donne, tel que convenu, dans le Cratère de l’Apocalypse. Juste devant Glanaë et Arthès, tous deux concentrés, visages fermés en plein effort. Si le Cratère est aussi chaotique qu’ils l’ont laissé : terre dévastée aux rocs éclatés immobiles dans les cieux, rayon pulsant des tréfonds de la terre vers un ciel tourmenté, fendant le roc en crevasses lumineuses, une chose a drastiquement changé : le Titan de Magie est indemne. L’immense créature de roc est là, immobile, sans aucun trou au sein de son corps. Glanaë, vous voyant arriver, grince difficilement :

« C’est une illusion : s’ils voient leur frère mort, nous ne pouvons prédire leur réaction. »

Autour, il est difficile de ne pas apercevoir de qui elle parle : cinq silhouettes immenses et immobiles. Terrifiantes de leur taille gigantesque, semblable à celles qu’ils ont constaté des deux titans croisés jusque là. L’un d’eux semble fait de bois, comme un arbre immense aux mousses et lianes denses, à l’écorce solide. Le second tout de roc clair, comme si le sol d’une région s’était soudain soulevé, emportant roche et végétation sur son dos vouté. Le troisième parait fait de lave liquide et solide, noircie. Des flammes immenses terminent ses cornes rougeoyantes. Le quatrième semble fait de vents et de nuages tournoyants, personnification de la tempête, strié d’éclairs. Le dernier parait de chairs boursouflées, putréfiée et à vif, muni de dents tranchantes et semblant couvert d’un sinistre cimetière.


Arthès prend la parole, paniqué :

« Si l’un de nos pouvoirs cesse, ils se rendront compte de la supercherie. Nous avons agi dans l’urgence. C’est une situation inextricable. Et vous tombez bien : nous ne tiendrons pas longtemps. »

Le moindre mot des deux semble être un effort de volonté surhumain. Les alliés des yuimeniens semblent terrassés par la vision de ces êtres ridiculement énormes, regards perdus vers leurs formes impressionnantes. Zaria, tournant le regard vers le groupe, énonce :

« Et maintenant ? »

Le Sans-visage, à l'apparence telle que vous l'aviez quitté, se tient dans les airs, à côté du Titan de Magie. Il semble... lui aussi affecté par l'illusion et l'arrêt du temps. Ou tout du moins apparait-il comme ça.


[HJ : j’ouvre un chan discord pour la discussion. N’y postez que si vous avez traversé. Attention, prenez en compte le fait que vous êtes dans une situation qui semble urgente.]

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Mathis
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Mathis » jeu. 7 déc. 2023 23:41

Une fois de plus nous parvinrent à nos fins créant exactement le portail souhaité presqu’identique à la vision projetée dans notre esprit. Habileté, unicité, ou tout simplement le hasard. Je décidai de croire que la chance n’y était pour rien et que nous commencions enfin à travailler ensemble à l’unisson.
Zaria, Visselion et Maïssa avancèrent vers le portail, alors que le sorcier Ibn n’en fit rien. Bien que ce n’était pas nécessaire, il tenait à justifier sa décision à demeurer dans sa cité. Il avait une confiance totale en son apprenti et il craignait nous ralentir en cas d’urgence. Je me contentai de hocher la tête en geste d’assentiment. Il fallait un certain courage pour avouer ne pas se sentir à la hauteur d’une certaine tâche, courage que ce sorcier ne manquait pas.
Je traversai à mon tour le portail et poussai un soupir de soulagement lorsque je constatai que nous étions bel et bien là où nous l’avions souhaité.

Devant nous se tenaient Glanaë et Arthès, visiblement concentrés à arrêter le temps pour un et à maintenir l’illusion de titan de la magie intacte pour l’autre.

Je levai alors davantage ma tête pour prendre la pleine mesure des êtres gigantesques qui nous entouraient. Au nombre de cinq, ils étaient tous réunis auprès de leur compère.

Ressemblant pour la plupart aux divers éléments, il serait facile de ne pas les percevoir et passer à côté ou même dessus pour autant qu’ils restent immobile. L’un représentait le monde végétal, sa peau fait en écorce brun sombre, un autre à un roc, un troisième tout en feu en l’intérieur rappelant un volcan sur le point d’entrer en éruption, un autre tout en vent, nuage et foudre, et le dernier représentant le monde animal en décomposition.


Arthès nous expliqua l’urgence de la situation. Ils les dupaient à l’aide de l’illusion et tout en arrêtant le temps. Ils étaient contents de notre arrivée, épuisés, sans notre aide, ils ne tiendraient pas longtemps. Si les titans venaient à découvrir la supercherie, la situation deviendrait catastrophique. J’admirais le courage de ces deux esserothéens. Je venais tout juste d’arriver dans ce monde et je ne souhaitais que repartir. Comme des insectes, ces créatures géantes nous écraseraient sans même s’en rendre compte.


Je ressentais une grande peur.. différente de celle vécue auprès du cauchemar des landes, mais une grande peur tout de même. Une peur qui cette fois me figeait sur place.

Trop obnubilé par la vision des cinq titans, je n’avais même pas remarqué le sans-visage qui se tenait non loin de l’illusion du titan de la magie.

Akihito réagit le premier en demandant au couple de mage de se rapprocher du portail pour une fuite éventuelle. Jorus proposa plutôt d’utiliser la magie d’Aliaénon afin de renforcer les pouvoirs d’Arthès et Glanae afin de les soutenir. Nous n’avions pas de temps à perdre à trouver une meilleure idée. Je répondis donc sans délai.

" Oui, bonne idée Jorus. Donc soyons précis. Notre sort consisterait à renforcer la maitrise et le pouvoir de Arthès et de Glanae... Si rien de mieux est suggéré, vous donnerez le signal, Jorus."

Yliria s’y opposa, protestant que nous manquions de temps pour ça.

Il était important de faire vite et d’être du même avis… mais ce n’était pas le cas.
Comme à son habitude Silmeria agit à sa manière sans daigner consulter les autres. Elle prit le bras de Arthès pour le diriger vers le portail. Mais cette agression, même si peu violente, fut suffisante pour déconcentrer le concerné et le temps reprit pour les titans.

Ce fut le commencement de la fin.

Les titans alors immobiles reprirent vie. Il s’approchèrent lentement de la vision créée par une Glanae exténuée. Arthès refusa de partir, tout en espérant que nous soyons venu les rejoindre, un plan en tête.

La panique commençait à m’envahir. Je n’étais pas un lâche, je voulais agir. Mais je n’étais pas inconscient, je savais bien que je ne pouvais rien faire contre ces titans. Après avoir juré, Akihito fit une suggestion.

L'air inquiet et nerveux, je regardai la scène avant de m'adresser à tous.

"Nous n'avons plus le temps de discuter sur le plan qui serait le mieux qu'un autre. Akihito vient d'en suggérer un qui ressemble à ce que Jorus avait proposé, mais plus précis et qui a des chances aussi de marcher. Donc on fait ça, nous y mettons tout notre coeur et nous travaillons en équipe.... "

Me tournant vers Akihito je rajoutai:

"Lorsque tu en donneras le signal, ceux qui sont d'accord feront le sort. " Dis-je en espérant que tous obtempéraient..

Jorus précisa un peu plus le sort que nous devions faire, Yliria obtempéra cette fois.

Mais Silmeria continua à faire à sa tête, et cette fois ce fut Glanae qu’elle déconcentra en lui prenant le bras. Déjà exténuée, il n’en faut pas davantage pour que Glanae perdit le contrôle et que la vision d’un titan de la magie vivant s’évanouissent.

Ensuite, ce fut le CHAOS !

(NON, NON, NON…. )

Les titans en colère firent entendre leur mécontentement, grognement, cris… aucun autre son que les leurs ne pouvait nous parvenir.

Arthès et Glanae refusèrent de fuir. Leur courage m’épatait, mais la peur m’envahie, je me sentais incapable de les imiter. Une seule personne pourrait nous venir en aide… comme elle l’avait fait pour ceux qui étaient allés dans le désert. Ils nous avaient rapporté qu'elle était partout, alors je tentai le tout pour le tout.

Toujours possédé par la peur, je posai un genou à terre, ma main gauche au sol. Je fermai les yeux.

(Symaya, puisque vous êtes partout, venez-nous en aide svp ! )


Les cris provenaient de toute part. Venant tout juste de formuler ma pensée, j’entendis Akihito me crier de me relever. Sorti de ma torpeur, je m’apprêtais à lui obéir lorsque Yliria me pris par le col, tentant de me soulever. Je me levai aussitôt et tentai moi aussi de me diriger vers le portail.

Alors que nous allions tous nous précipiter vers la sortie, une voix sensuelle, posée, envoûtante, prononça: No-Hell. Maïssa venait de décider que personne ne quitterait cet endroit. Et même si je savais qu’elle venait de signer notre arrêt de mort, j’étais incapable de lui en vouloir. Elle possédait trop de qualités pour que je lui reproche quoi que ce soit.

Le portail se referma et les titans ayant terminé de gémir assaillèrent le cadavre du titan de la magie et le réduisirent en bouillie… ou plutôt en éclat. S’il ne s’agissait que de petits gravillons pour eux, il en était autrement pour nous. Pire que la pire avalanche d'énormes rochers arrivaient de toutes les directions, impossible de les éviter.

Je ne le vis pas venir,... il me prit par surprise, cet énorme rocher me cloua un sol et me coupa littéralement le souffle tellement la douleur fut intense.

“ …”

Des larmes coulaient sur mes joues, la douleur ressentie dans mes jambes explosait, ce fut atroce un certain moment…puis plus rien, aucune douleur sous mon bassin.

(Qu’est-ce qui m’arrive ? )

La douleur au ventre et aux autres membres toujours présente, je baissai malgré tout mon regard sur cette immense roche qui avait écrasé tout le bas de mon corps.


(Normalement… je devrais ressentir quelque chose là… qu’est-ce qui se passe !? )

J’aurais dû ressentir un soulagement de ne souffrir de ces membres complètement pulvurisés. Mais même si je me posais la question, je refusais de voir la vérité… mes vertèbres écrasées,... j’étais désormais handicapé, je ne pourrais jamais plus combattre, danser, etc.

(Resaisis-toi… pour le moment, il y a plus pressant… tu dois survivre ! )

J’en étais là dans mes réflexions, lorsque sans prévenir, quelqu’un m’enfonçait le goulot d’une gourde dans la bouche. Je me débattis, jusqu’à ce que je comprenne que c’était Akihito qui tentait de me guérir à l’aide de la salive d’Aetheris.

(Et ça va fonctionner ? )

Un mince espoir, mais un espoir tout de même, et je m’y accrochai. Le guerrier de foudre nous demanda de faire un sort afin qu’il atteigne la taille d’un géant. J’hochai difficiement la tête, pour signifier que j’étais d’accord. Si ma volonté était là, mes capacités ne l’étaient pas, j’étais incapable d’invoquer quoique ce soit, c’était à peine si je réussissais à rester conscient, au prix de beaucoup d’effort et de douleur.

Puis ce fut avec surprise que je vis Praline arriver vers moi et se coller contre mon épaule.

(Mais que fais-tu là pauvre petite chatte ? Tu n’aurais jamais dû me suivre dans le portail.)

Mais je savais bien qu’il était trop tard… et qu’elle refuserait de s’éloigner de moi. Je pris alors une décision et j’en prévins d’abord mes compagnons.

Avec difficulté, et tout en haletant je dis:

"... inquiétez vous pas pour moi, je transfère.... mon esprit.... dans Praline. ."

Je déglutis et avec grand peine je rajoutai:

"Dans mon sac,... plume de phenix... pour ... pour .. ressussiter Arthes."

Contrairement à moi, ce dernier était complètement enseveli sous les rochers, j’avais vu un immense éclat de pierre l’écraser tout juste avant d’être moi-même victime d’un morceau du titan de la magie. Vu l’état de mon bassin et de mes jambes, je me doutais qu’il n’avait pas survécu à l’impact.

Épuisé, je m’abandonnai dans le corps de Praline qui m’accueillit sans résistance. Elle se montrait être une hôte accueillante, et de mon côté, je tâchai de ne pas être trop envahissant.

J’étais là, félin, regardant mon corps outrageusement blessé, lorsque je vis que le sort demandé pour faire d’Akihito un titan fonctionnait. Mais dans l’empressement, personne n’avait pensé s’éloigner suffisamment, pas même le principal concerné. Tous les compagnons tombèrent au sol. Pour ma part, j’eus juste le temps de m’éclipser sous la forme féline. J’assistai, par contre, impuissant, à l'aplatissement de mon corps d’humain par un énorme pied, un corps magnifique, entretenu avec soin.

Sous le choc, je ne m’occupai pas de ce que faisait le titan Akihito, curieusement, je me préoccupai plus du sort de Maïssa. Pas de celui de mes autres compagnons, seulement de celui de Maïssa. Je savais bien qu’il s’agissait d’un envoûtement qui s’opérait dès qu’elle parlait, mais il était impossible de me raisonner… et puis, pour le ferais-je, elle était si magnifique.

Sissi me vit et m'invita sur son épaule, mais je l’ignorai. J’étais plus en sécurité au sol que dans les bras d’un humain. En tant que chat, je me déplaçai plus facilement.

Alors que je tentais de repérer Maïssa, une voix monstrueuse, grave et trop forte, me vrilla les oreilles. C’était Akihito qui nous expliquait ses intentions. Il demandait le soutien de la magie d’Aliaénon pour partager un souvenir aux titans.

J’aurais bien voulu l’aider, mais je ne sentais aucune magie courir dans mes veines, comme lorsque j’avais emprunté d’autres corps que le mien.

J’étais triste d’avoir perdu mon corps. J’étais triste de la mort d’Arthès, mais je ne pouvais rien faire pour le moment. Ma plume de phénix aurait pu l’aider, mais elle se retrouvait dans mon sac qui était je ne sais où dans les débris.
Lorsque mon regard se porta sur Maïssa, je courus vers elle pour la protéger… mais Drac, l'arbre vivant, y est déjà, ainsi que Jorus... Insulté de pas être le premier et jaloux que ma dulciné ait d’autres prétendant, le poil de mon dos s'hérissa. Sans retenue, je feulai dans la direction des deux malvenus.

Puis, j'en aperçus une autre,.. Glanae, celle que je connaissais depuis ma premiere venue sur Aliaénon. Elle venait de perdre son amoureux. Agenouillée au sol, elle était anéantie. Je me dirigeai alors vers elle. Je grimpai sur ses genoux et me roulai en boule pour lui donner de la chaleur. Dépossédé du don de la parole, c’était tout ce que je pouvais lui offrir et c’était tout ce dont qu'elle avait besoin pour le moment, de la chaleur féline. Dans cette position que je voulais réconfortante pour Glanae, je gardais tout de même les yeux ouverts au cas où qu'un titan bougerait et mettrait Maïssa en danger.

((( -utilise la capa: Emprunt félin pour transférer ma conscience dans le corps de Praline.
- va sur les genoux de Glanae pour la réconforter à ma manière.
-garde un oeil sur Maïssa. )))

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Jorus Kayne
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Jorus Kayne » ven. 8 déc. 2023 20:00

De nouveau, notre magie se réunit pour ne former qu’un seul et même sort, formant avec perfection le portail imaginé dans nos esprits. Comme l’a suggéré Ibn, de notre cohésion à tous viendra notre réussite et il faut avouer que pour le moment, rien ne semble aller contre ses propos. Nous prenons tous le passage menant, normalement, là où se tenait autrefois la Tour d’Or. Tous, n’est cependant pas le terme exact, car Ibn préfère rester en retrait, craignant d’être un poids si une situation d’urgence, plus urgente que la présence de plusieurs Titans réunis, devait arriver. S’il n’en dit mot, je pense comprendre que son âge y est pour beaucoup. Je ne serais moi non plus pas aussi fringuant que maintenant passé mille années de vie.

Comme prévu, le passage mène à la destination désirée, même si sa vision m’est toujours douloureuse. Tant de vis ont été perdues ici. Glanaë et Arthès sont présents eux aussi et peine sous l’effort conjoint de leurs magies. L’illusionniste craint la réaction des Titans s’ils voient leur frère mort. En effet, bref coup d’œil nous montre que le Titan de la magie est non seulement présent, mais aussi indemne, son image préservée par la magie de l’esserothéenne. Tout autour de nous, cinq autres Titans sont présents, chacun différent les uns des autres. Un arbre immense, fait de lianes et d’écorce solide. Une masse de roche claire, comme si une montagne avait soudainement envie de revêtir une forme humaine, rivière et forêt toujours présentes sur son corps. Un amas liquide de flammes, formant un être terrifiant et doté de cornes dont l’extrémité brûle d’un feu incandescent. Un autre plus étrange encore, né d’un ouragan et d’une tempête foudroyante, composé de nuages malmenés par des vents tournoyants et constellé de terribles éclaire. Et enfin, celui certainement le plus immonde, un être de chair certes, mais de chairs mortes. Il se présente comme ses frères, laissant pour lui, transparaître l’image d’un cimetière à ciel ouvert ou les charognards y voient un buffet pour les millénaires à venir. La seule présence rassurante est celle du Sans-Visage, lui aussi à plusieurs mètres de nous, contemplant le corps de son frère faussement vivant.

Voir un Titan est déjà une épreuve en soit, surtout lorsqu’il vous fonce dessus et si la vision des Titans réunis elle aussi faisait frémir, tous réunis autour de nous prêt à nous annihiler pour un pas de trop, les voir en vrai est une tout autre histoire. Mon tremble de légers spasmes de peur incontrôlable, mais ma plus grande crainte vient de mes fouets, capables de se mouvoir par ma volonté, mais également par des émotions trop fortes. Je me focalise sur eux, tâchant de les garder enfermés dans leur cage de chair, à l’abri des regards.

Tout comme sa compagne, Arthès use de sa magie et précise que si l’un d’eux interrompt son sort, ils se rendront compte de la duperie dans laquelle ils sont tombés. Akihito est le premier à réagir se portant près de Glanaë et les invitant à se rapprocher du portail, avant de se tâter le pouls. Mais ils sont éreintés et toute interactions avec eux pourraient nuire à leur concentration.

(Ils ne le seraient pas s’il avait accès à un pouvoir et une maîtrise supérieure. Cela nous donnerait même plus de temps pour communiquer avec les Titans !)

"On peut user de notre magie pour renforcer leur pouvoir et leur maîtrise. Ça nous laissera plus de temps ! Si vous avez d'autres suggestions je suis toute ouïe, mais soyez bref, on n'a pas le temps !" Fais-je les poings serrés.

Si Mathis semble d’accord, Yliria s’y oppose. Ce n’était effectivement pas prévu, mais cela pourrait nous donner un temps précieux et éviter surtout une mauvaise réaction des Titans. Qu’importe, ce n’était là qu’une suggestion et si le groupe dans son entièreté ne suit pas il n’y a pas de raison de persévéré. Sauf qu’un événement imprévu fait son apparition. Imitant Akihito, Silméria va attraper le bras d’Arthès et lui ordonner de rompre son sort. S’il n’obéi pas, l’attitude brusque de Silméria a raison de sa concentration. Le temps reprend son cours pour les Titans qui semblent reprendre vie, mais pour le moment encore dupé par l’illusion.

Jurant sur l’intervention de l’hinïonne, Akihito relate ensuite une conversation privée avec le Sans-Visage et explique que ses frères ne seront pas bernés longtemps par l’illusion, avant de proposer la même idée que moi, à savoir renforcer sa magie pour qu’elle créée l’image du Dragon Noir tuant le Titan. Une proposition vite portée par Mathis, mais à laquelle ils ne comprennent pas tous deux un détail crucial.

"Il faut rendre son énergie et renforcer ses pouvoirs, ainsi que la maîtrise de ceux-ci. Sans cela, on risque un débordement de puissance ! Et ajouter au sort en plus de Glanaë, un mage capable d’empêcher le pied d’un Titan de nous écraser ne me paraît pas non plus une mauvaise idée." Puis je me tourne vers Zaria. "Une fois le sort fait, pourriez-vous transmettre l’image du Dragon Noir dans son esprit ? Il est totalement différent des dragons de ce monde et avec sa maîtrise elle devrait être en mesure de garder son illusion intacte tout en recevant l’image !"

Ainsi, tout sera mis en place pour maintenir un semblant de contrôle sur une situation qui peut déborder à tout instant. Yliria se joint à nous, pour générer le sort, même si en invitant Arthès à fuir, elle nous enlève un allié de poids. Cependant rien n’est perdu. C’est de notre cohésion que viendra notre réussite et lorsque le sort prendra forme, nous pourrons toujours continuer sur le plan initial. Tout repose sur notre cohésion et à peine née au milieu d’une dont l’urgence est son ennemie jurée, elle se brise comme une chaloupe projetée sur des récifs. Silméria fait encore parler d’elle et faisant fi de la colère déjà émise, après avoir interrompu Arthès, c’est Glanaë qui se voit être la cible de ses gestes brusques. Son illusion est complètement brisée, même avec la tentative de Dracaéna de retenir la mage, emportée par celle qui a assassiné le roi et notre plan.

Le Titan de la magie revêtu d’une illusion se dévoile à ses frères. Libres des chaînes du temps et de la duperie des deux mages, les Titans réagissent. Tout autour de nous l’air tremble et des sons surréalistes le transpercent de toute part, dans un mélange de cris, de grognement, de bruits impossible à identifier, le tout mélangé formant une musique cacophonique qui vrille nos oreilles. Alors que Mathis pose un genou à terre, le mot d’ordre général est la fuite, incité par le Sans-Visage via la magie de sa bague.

"Non attendez on peut..."

User de noter magie comme prévu, renforcer Glanaë pour montrer la menace du Dragon Noir ? De rendre Arthès capable de stopper le temps d’un Titan qui aurait la mauvaise idée de nous marcher dessus ? D’user de nos pouvoirs unis contre le Dragon Noir qui approche, avant que celui-ci ne parvienne à assimiler la puissance de cinq Titans et le rapprochant de l’invincibilité ? Non. Pour ce faire, il faudrait un seul facteur, l’unique source de notre réussite dans notre objectif : la cohésion et pour le moment, elle est orientée vers la fuite du portail. Tous s’y rendent prestement, tirant ceux au sol ou ne pouvant bouger d’eux-mêmes et ce n’est pas la promesse de Silméria de refermer le portail sur les retardataires qui va aider à retrouver cette union contre le Dragon Noir. Il ne me reste plus qu’à faire de même puisque seul, je ne serais pas de taille, dans tous les sens du terme. Je ne peux que m’assurer que tout le monde quitte le portail indemne : Vissélion, Glanaë, Arthès, Zaria et Maïssa. Et justement, c’est de cette dernière que vient un terrible retournement de situation. Usant du mot-clef pour refermer le portail, celui-ci se referme sur nous, supprimant toutes chances de suivre les conseils de fuite du Sans-Visage.

Pourtant, alors que notre situation se présente très mal, en moi, une paix intérieure refait surface. La même qu’à Néo-Messaliah, lorsque je posais mon regard sur Maïssa, celle d’être à nouveau enfin moi-même, fidèle dévot à la sublime Maïssa. J’attendais ce moment avec impatience, celui de mon retour au contrôle de ce corps, contrairement à cet autre moi qui ne jure que par cette semi-shaakt. J’ai de nouveau la possibilité de prouver à la ravissante Maïssa que je suis prêt à tout pour la servir, la protéger et pour l’heure, il me faut trouver un moyen d’éviter que les Titans n’osent profaner son corps de leurs pieds.

Pour l’instant, ces menaces titanesques projettent leur bras sur leur frère mort. Simple vérification qu’il est bien réel cette fois-ci ou étrange coutume de ces êtres, le corps sans vie explose par les coups réunis des Titans. Le choc est si puissant qu’il en fait trembler l’air, en plus de secouer brutalement la terre à nos pieds. Les morceaux de roches sans vie qui composaient le Titan de la magie sont propulsés dans tous les sens et j’évite l’un d’eux par chance, ne gardant en guise de souvenir qu’une légère plaie qui décore à présent ma joue. Hélas, tous n’ont pas eu autant de chance que moi et dans ce tumulte, Yliria est gravement touchée, Arthès disparaît sous une énorme roche et Mathis termine lui avec la moitié du coup brisé. S’il est en vie, il ne lui reste plus que quelques instants. Aucune potion ne sera en mesure de le délivrer du sort qu’il l’attend.

Le premier à réagir est de nouveau Akihito qui tente de réunir ce qu’il reste de cohésion de notre groupe pour user d’un sort sur lui et agrandir son corps à la taille d’un Titan. Tous nous usons de notre magie pour générer ce sort et permettre d’interpeller les Titans avant qu’eux ne nous piétinent pas mégarde. Notre magie œuvre à nouveau comme on l’entend et au travers de l’oranais qui se voit contraint de se dévêtir complètement, il atteint une taille assez conséquente pour être remarqué par les colosses. S’il tente de s’éloigner de nous pour ne pas nous porter atteinte à cause de son gigantisme, cela ne nous empêche pas d’être projetés au loin lors de son changement de taille.

Au sol, je l’entends parler avec les autres êtres de sa taille et la mention d’être un potentiel ennemi me faire craindre le pire. S’il est pris pour une menace, nous sommes perdus. Le pire serait d’être écrasé par son imposant postérieur.

"Maïssa…"

Ma première pensée est pour mon tout, mon univers. Que ferais-je s’il lui arrivait malheur ?

"…le Dragon…"


Puis c’est la menace imminente que représente l’approche du dragon qui me revient. Il nous faut trouver une solution de montrer aux Titans la menace qu’il représente et, peut-être, espérer une union inespérée contre lui.

"…Glanaë !"

De tous les êtres capables de quelque chose de significatif, c’est bien sa capacité à générer des illusions qui peut changer la donne, peut-être même au-delà de la nouvelle taille d’Akihito. Mais non, je me dois d’être présent avant tout pour mon unique et c’est vers elle que je me porte, devancé par Dracaéna, tandis que j’entends Vissélion prétexter que c’est une chance inespérée de créer un contact avec les Titans.

Mon cœur se rassure en voyant qu’hormis une blessure légère, la raison de mon existence se porte bien. Peut-être est-elle aussi intriguée par l’union inattendue entre le yuménien à la taille de montagne et les Titans, reliés entre eux par les bras qu’ils tendent, les mains unies dans un seul contact. Le premier véritable échange de toute l’histoire de ce monde. Cherchant à faire comprendre qui nous sommes et le but que nous poursuivons, d’une voix assez lente pour être compréhensible, il nous demande notre aide pour l’aider à lancer une magie lui permettant de partager ses souvenirs. Un sort, une unique réussite pour enfin réussir ce qu’on pensait impossible. Si nous nous réunissons tous pour y parvenir, nous aurons des alliés de choix et de poids, à condition que même s’ils comprennent, qu’ils s’∾cordent à nous prêter main forte.

Presque tout mon être est focalisé sur ce qu’il se passe au-dessus de nos têtes et le reste, est concentré vers Maïssa dont la perte serait plus terrible encore que de perdre à nouveau mon âme dans cet abîme. Tendant la main vers l’oranais, j’use de mon pouvoir pour l’aider à manier son sort avec facilité sur les Titans, avant de porter mon regard rassuré sur mes camarades, joignant leurs efforts dans ce même objectif, ou pas.



Sort de soutien au lancement du sort d'Akihito

+15 jeu de mot
Bon de relance si un jet inférieur à 21
Modifié en dernier par Jorus Kayne le sam. 9 déc. 2023 14:44, modifié 2 fois.

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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Akihito » sam. 9 déc. 2023 03:33

Dans le chapitre précédent...

Evénement : Cauchemar en Aliaénon.

55 : « Sept fois à terre, huit fois debout. »

En passant le portail qui avait été créé avec succès, nous avions troqués une colonne magique pour une autre. Du rayon verdâtre blafard symbolisant la magie de la Lande et pervertissant ceux y étant exposés, nous retrouvions celui carmin du cratère. Quelle était sa signification, à lui ? Ses risques ? Je n’avais pas vraiment envie de le savoir. Enfin, le plus correct était de dire que si, j’en avais envie, mais que n’étais pas sûr d’apprécier la réponse.

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(Heureux les ignorants, l’avenir leur appartient,) pensai-je sardoniquement en levant les yeux vers les hautes statures nous entourant. Le rictus qui déforma ma bouche ne pouvait pas mieux traduire l’absurdité de la situation dans laquelle nous nous étions fourrées une nouvelle fois.

(Ahah… C’est ce que voient les fourmis quand on passe ?)

Voir un Titan au loin était déjà terrifiant, mais se trouver encerclé par cinq d’entre eux et presque à leurs pieds, c’était une autre expérience. J’eus mal au cou de pencher la tête en arrière pour apercevoir les contours du visage gigantesque nous surplombant. J’avais un jour parlé à Camille du Dragon Noir comme d’une catastrophe naturelle vivante ; si je revoyais un jour, je pourrai lui parler des Titans comme étant la personnification de ce terme. Une montagne vivante, un golem de lave noircie obèse aux cornes de feu incandescentes, une goule tout aussi bedonnante mais de six cents mètres de haut, un Oudio de la même taille mais avec un air bizarrement niais, et ce qui s’apparentait le plus à la fusion d’une Sylphe de Rana et d’un Djinn de Valyus – toujours dans des proportions tout aussi stupides que celle de ses confrères. Des forces de la nature, au sens littéral. Ne manquait qu’un Titan de glace et d’eau ou même des deux en même temps pour compléter le tableau d’intimidation. Et parfaitement immobiles, tournées vers la stature imposante du Titan de Magie qui surplombait le groupe et… n’avait plus le trou béant au centre de son torse ?

Je baissai finalement les yeux pour voir le couple de mages Esserothéens, le visage crispé sous l’effort, maintenant une illusion et une stase temporelle qui forçaient mon respect. Affecter des êtres aussi puissants et colossaux, je n’étais pas capable de seulement approcher un exploit de la même ampleur sur mon monde natal.

« C’est une illusion : s’ils voient leur frère mort, nous ne pouvons prédire leur réaction.

- Si l’un de nos pouvoirs cesse, ils se rendront compte de la supercherie, ajouta entre ses dents le mage. Nous avons agi dans l’urgence. C’est une situation inextricable. Et vous tombez bien : nous ne tiendrons pas longtemps. »

Pas longtemps, c’était une notion un peu vague : mais c’était sans doute suffisant pour savoir quoi faire, et demander au Sans-Visage de nous filer un coup de main. Il était où, lui, d’ailleurs ? Un bref coup d’œil me permit me le trouver : flottant à une dizaine de mètres au-dessus du sol, le visage -enfin, la tête- tourné vers ce qui avait été son frère. Parfaitement immobile. Est-ce qu’il était figé, lui aussi ?

(Si le sort d’Arthès a pour cible les Titans, alors lui aussi doit être touché, non ?)

(Ou alors il est figé par la stupeur, comme moi.)

(J’en doute,) répondit ma Faëra.

(Et quand on est figé dans le temps, est-ce qu’on peut penser ?)

(Tu peux toujours essayer.)

Ca valait le coup de tenter le coup mais en attendant…

« Glanaë, Arthès, commencez par vous rapprocher du portail, il mène à Elscar'Olth. Si ça tourne au vinaigre, vous ne posez pas de question et vous sautez dedans. En attendant si vous pouvez exclure le Sans-Visage de votre magie, c'est mieux : on a besoin de lui pour communiquer avec les Titans. »

Me rapprochant de la femme, je la pris doucement par le bras. Elle paraissait concentrée sur sa tâche, chaque mot qu’elle avait prononcé était une épreuve. La perturber pourrait modifier son illusion ou pire, l’arrêter : un scénario catastrophe que je n’avais pas hâte d’explorer. Mon autre main vint se poser sur ma gorge, là où la bague du Sans-Visage avait laissé sa marque.

("Sans-Visage, vous pouvez me répondre ? Vous êtes sans doute sous l'effet d'un sort temporel et d'une illusion qui vous montre le Titan de Magie encore vivant, tous deux lancés pour retenir vos frères.")

Une bouteille à la mer : restait à savoir s’il allait me répondre. Dracaena, lui, restait silencieux, tout comme Visselion ou les femmes du désert.

« On peut user de notre magie pour renforcer leur pouvoir et leur maîtrise. Ça nous laissera plus de temps ! Si vous avez d'autres suggestions je suis tout ouïe, mais soyez bref, on n'a pas le temps ! »

L’idée n’était pas mauvaise, mais je pensais plutôt que ce dont il avait besoin était avant tout d’énergie plus que de puissance. Mais si tout le monde était du même avis, j’allais pas chipoter pour des détails aussi futiles. Mathis approuvait l’idée, déjà. Mais pas Yliria.

« Pas le temps pour ça non plus d'ailleurs, et c'était pas le but de notre venue ! »

Je n’arrivai pas à suivre Yli sur ce coup-là. Oui, on n’était pas là pour prolonger le statu quo, mais gagner quelques minutes supplémentaires pouvait permettre de savoir quoi faire. Ce qui s’était passé, depuis combien de temps ils étaient là, comment faire pour s’adresser aux Titans… J’imaginai déjà une approche permettant de jauger et d’entamer des négociations avec quelques précautions : si Arthès pouvait les stopper, il pouvait aussi simplement les ralentir. De quoi nous laisser le temps de…

« Cessez votre magie, passez le portail, Ibn vous attend. »

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J’aurai agoni d’insultes Silmeria si j’avais eu plus de temps. Et c’était pas les idées qui manquaient ; mais comme la situation venait de subitement devenir dramatique, je fis simple et efficace.

« Bordel de merde, Silmeria ! » rugis-je tandis qu’Yliria choisissait un vocabulaire nettement plus fleuri, à base de « couilles marinée de Meno ».

Cette abrutie de Régicide avait tiré le bras d’Arthès sans la moindre subtilité, tout en lui ordonnant d’arrêter de faire de la magie. Et évidemment, le sort s’était rompu : le temps avait repris son court. Les roches en suspension avaient repris leur lente dérivation dans les airs, le rayon recommencé à pulser d’énergie, et… les masses titanesques au-dessus de nous se remirent en marche. La maigre fenêtre de réflexion qu’ils avaient pu se dégager était refermée.

« Nous ne partirons pas sans vous : nous avons promis de protéger cette faille, et nous le ferons quoiqu'il en coûte ! Vous avez un plan ? »

C’était là le problème, on en avait plus. Et si je pouvais qu’apprécier sa dédication à sa mission, il ne servait à rien qu’il meurt dans un combat perdu d’avance quand il pouvait être utile plus tard. Au moins, la bourde de Silmeria eu un avantage : j’étais assuré d’avoir une réponse du Sans-Visage, qui se contenta d’enfoncer des portes ouvertes avec une laconique placidité.

("L'illusion ne tiendra pas, maintenant que le temps est réactivé. Ils sentiront la supercherie et vous écraseront sans même se demander ce que vous pourriez leur vouloir. Oui, je vous vois, si petits et faibles face à eux.")

On n’allait pas pouvoir compter sur lui, visiblement. Je me mis donc à réfléchir rapidement à un nouveau plan. On avait pas beaucoup de temps devant nous, alors qu’elle était la meilleure chose à faire ? Relancer le sort d’Arthès ? Pas sûr qu’il ait toujours la force de le faire. Lui redonner des forces ? C’était faisable, mais ça allait rajouter des étapes. Non, notre meilleure chance résidait dans la personne que je tenais par la main et qui m’avait suivi sans discuter : Glanaë.

« Le Sans-Visage nous dit que les Titans vont pas être bernés longtemps et nous écraser sans même parlementer. Glanaë, si on vous rend votre énergie et renforçons vos pouvoirs avec notre magie, vous pensez être capable de projeter l'illusion d'un gigantesque dragon noir tuant le Titan de Magie ? »

C’allait rendre le contact avec les Titans compliqués, forcément. Mais s’ils voyaient leur frère « mourir » sous leurs yeux tout en voyant le réel coupable, au moins nous nous assurerions qu’ils allaient savoir où était la menace. Au moins Mathis était prompt à se ranger derrière moi. Jorus chipota sur la maîtrise plutôt que la puissance, mais me pris de vitesse pour la suite de ce que j’avais imaginé : Glanaë n’avait sans doute jamais vu le Shinigami, mais…

« Une fois le sort fait, pourriez-vous transmettre l’image du Dragon Noir dans son esprit ? Il est totalement différent des dragons de ce monde et avec sa maîtrise elle devrait être en mesure de garder son illusion intacte tout en recevant l’image ! »

… Zaria pouvait remédier à ça.

« Pas le choix j'imagine ! Arthès, prenez le portail, maintenant ! Drac, explique au sans visage ce qu'on fait et dis-lui de faire en sorte que ses frères l'écoutent et se calment s'il veut pas les voir, eux et son monde, réduit à l'état d'un caillou stérile par un putain de reptile volant ! »

La fureur d’Yliria ne faisait aucun doute et j’espérai très sincèrement ne jamais avoir à la faire me regarder de la sorte. Ca impliquerait bien trop de choses désagréa-

« Vous avez tenu autant que possible, allons nous réfugier derrière le portail. »

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En revanche, je n’avais aucun problème à emprunter le même regard et à le diriger vers la même personne. Silmeria, qui non contente de vouloir emmener Arthès, se saisit aussi du bras de Glanaë. Elle s’était plainte du manque d’initiative, du manque de cohésion qui régnait au sein du groupe, moins de mots plus d’actions, et dans une situation où tous s’accordaient ensemble rapidement, elle n’en faisait qu’à sa tête ?!

(Yliria a raison, c’est quoi son putain de problème ?!)

Elle était en train de saboter volontairement et avec minutie tout ce qu’ils essayaient de faire. Et malgré l’intervention de Dracaena qui essaya d’intercepter la Régicide pour la retenir, le mal était déjà fait.

« NON ! »

Dans un cri, ce fut à son tour de voir sa concentration brisée et avec elle, l’illusion qui camouflait l’état du Titan. Comme une vitre qui se brise, brouillant l’autre côté de ses myriades de craquelures, la peau de roche du colosse abattu fit place à l’ouverture béante qui trouait son corps de part en part. Je n’eus pas le luxe de m’interroger sur la réaction des Titans : un concert de son discordants, aigus comme sifflants, graves comme crissant, firent vibrer tout mon être. Leur simple voix était un maelstrom qui allait me rendre sourd et n’était pas annonciateur de quelque chose de bien réconfortant. Sans surprise, les Titans n’appréciait pas vraiment la mort de leur frère.

« Non, nous ne fuirons pas : nous devons leur expliquer, ils doivent savoir. »

Les deux mages d’Esseroth s’évertuaient à vouloir rester, à s’accrocher à leur mission. C’était bien beau, mais je commençais à manquer d’idées. Amy avait beau essayer de me calmer, la situation devenait dramatique à vue d’œil. Mais elle ne l’était pas suffisamment.

« OKAY LES GENS, MAUVAISE NOUVELLE, BRYTHAGON ARRIVE! ON NOUS INCITE FORTEMENT A FOUTRE LE CAMP !

- OH BAH OUI, ENCORE PLUS ! »

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Je hurlai ma frustration. En une petite trentaine de secondes, tout s’était effondré. Et même si l’arrivée du Dragon Noir aurait tout de même précipité les choses, je ne pouvais plus excuser Silmeria. Elle était aller trop loin.

(T’as d’autres choses à penser, Aki ! BOUGE TOI !)

Ravalant une nouvelle insulte qui brûlait mes lèvres, je me tournai vers le groupe et commença à faire de larges moulinets de mes mains tout en beuglant pour couvrir le son des Titans.

« ON SE REPLIE ! ON VA CREVER SI LE DRAGON ET LES TITANS SE FOUTENT SUR LA GUEULE AVEC NOUS AU MILIEU ! MATHIS LEVE TOI ! ALLEZ ! MAÏSSA, S’ILS REFUSENT DE BOUGER, ORDONNEZ-LEUR DE LE FAIRE ! »

Ce fut une cohue brouillonne. Yli et moi essayèrent de relever Mathis qui venait de mettre un genou au sol, les yeux fermés. Peu importe ce qu’il voulait faire, nous n’avions pas l’intention de lui laisser cette opportunité. Jorus, Dracaena et la connasse se dirigeait eux aussi vers le portail. Tant pis pour les Titans et la raison de leur présence : notre survie passait avant tout.
Une victoire en demi-teinte, mais un retour sain et sauf. C’était ce qui était prévu.
Mais Zewen avait probablement décidé que nous n’avions pas encore assez côtoyé les abîmes du désespoir.

« NO-HELL ! »

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Quoi ? Non…. Non non non non…

Pourquoi ?
Pourquoi, Maïssa ?

Je sentis mon cœur se déchirer en deux, malmené par le profond ressentiment et l’incompréhension que j’avais pour elle en nous condamnant à rester ici, qui s’opposait complètement à l’amour factice mais bien réel qui m’habitais. Je maudissait le type qui avait un jour dit « Le cœur a ses raisons que la raison ignore », car j’étais en plein dedans. Malgré tout ce que mon bon sens pouvait penser, mon cœur ne pouvait pas s’empêcher de chercher des excuses à Maïssa. Elle n’avait pas pu fermer le portail et user de son pouvoir qu’elle détestait sans une bonne raison… Si ? Non, ne c’était pas possible, mais laquelle alors ? Quelle raison pouvait justifier un pari aussi risqué ?

Mon être me poussait à être en colère contre l’archère du désert. Mais son foutu pouvoir en décidait autrement, et le profond malaise et la tristesse que ce ressentiment causait me forçait à l’excuser. A pardonner, à me battre, pour protéger ces glorieux yeux d’ambres. J’étais impuissant, et je détestais ça. Mais quelque part, je comprenais aussi un peu mieux pourquoi elle cherchait autant à se débarrasser de ce pouvoir.

Un bruit sourd, celui d’un impact démesurément puissant, retentit loin au-dessus de nos têtes. Les malheurs n’avaient pas prévu de s’arrêter là car pris d’un violent excès de rage, de tristesse ou de je ne savais quelle raison, les Titans se mirent à marteler le cadavre de leur frère décédé. Une pluie apocalyptique de pierres se mit à tomber tout autour de nous et rajouta une nouvelle couche de chaos à notre situation. Et sans mon bouclier, je ne pouvais que me jeter au sol en entrainant Glanaë avec moi, et prier pour que mon corps soit miraculeusement épargné. Le sol trembla. Une cacophonie de sons discordants des titans, de la pierre se fracassant au sol dans un tonnerre rocailleux de fin du monde. De ma position, je vis des morceaux gros comme des tables à manger s’écraser à quelques mètres de moi, comme je sentis de petits débris grêler mon dos. Puis tout se calma. Il fallait se relever, voir qui allait bien, relancer un sort et…

Image

Les jambes de Mathis disparaissaient sous un roc, broyant sans pitié tout le bas de son corps. Il était là, à quelque pas de moi. C’aurait pu être moi. C’aurait pu être Glanaë. C’aurait pu…

(Par Valyus, reprend toi !)

Je me forçai à sortir de cet état d’hébétude et me relevai pour me jeter aux côtés de Mathis. Il perdait beaucoup de sang et je voyais déjà ses yeux s’assombrir du pâle voile de la mort : je ne comptais pas laisser ça arriver. Sans cérémonie, j’enfonçai ma gourde magique dans sa bouche, malgré ses faibles mouvements de refus. Qu’il le veuille ou non, il allait avaler la salive d’Aetheris : il était temps de voir si elle était si efficace que ça. Je n’étais pas dupe pour autant : tant que la moitié de son corps restait écrasée par la roche, il ne pourrait pas s’en sortir. J’essayais juste de faire en sorte qu’il survive.

Mon regard se porta sur le spectacle de désolation tout autour. Je ressentais un soulagement notable en constant qu’en dépit de tout, Mathis était le seul visiblement grièvement blessé. Je sentis mon regard naturellement s’appesantir plusieurs secondes sur Maïssa, soucieux de m’assurer que la longue estafilade qui meurtrissait son bras droit était plus vilaine que dangereuse. Yli se relevait difficilement en se tenant le bras, sa protection salement enfoncée par un débris. Sérieusement touchée, mais je savais qu’il en fallait plus pour en venir à bout d’elle. Factuellement, on s’en sortait bien. Je m’efforçai de voir le positif, le bon côté des choses… Et de ne pas penser à l’absence d’Arthès de ma vue. Pas plus qu’à cet énorme rocher tombé non loin de là où je l’avais vu avant de plonger au sol. Il était juste derrière. Sonné. Oui, ça devait être ça. Je voulais que ça soit ça.

Ignorant ma propre naïveté, je me relevai. On avait plus le temps pour les demis mesures, pour avoir l’avis de tout le monde et palabrer. Si je voulais tous nous protéger, si je voulais protéger Maïssa, quelqu’un devait prendre les devants. J’allais être ce quelqu’un. Ma voix résonna à travers le cimetière de roches.

« Vous tous, votre magie, sur moi ! Si je fais leur taille, ils nous écouteront peut-être alors donnez-la moi ! »

Un plan stupidement simple, mais qui avait toutes les raisons de rater comme de fonctionner. Un pari quitte ou double. J’étais désespéré à ce point. Sans même écouter ce que les autres pourraient bien me répondre, je me mit à courir, à m’éloigner le plus rapidement possible tout en appelant la magie à moi.
« On discute pas et on fait ça MAINTENANT ! »

Multiplier ma taille par cent ou plus n’allait pas être sans conséquences si je le faisais ici : j’allais écraser tout le monde, ou mon sort allait foirer et j’allais exploser et emporter tout le monde avec moi. Ou j’allais rapetisser à une taille de patte de fourmi et être pulvérisé par un de mes compagnons incapable de savoir que j’étais là. Alors je couru, sentant la magie se déverser en moi. Puis sentant d’autres magies venir, se mêler à la mienne. Une sensation grisante de puissance qui me rappela un instant mon Ordalie. Toute cette magie en moi, de quoi j’allais être capable ? Quelle taille allais-je atteindre ? Est-ce que nous allions enfin arrêter d’aller de catastrophe en catastrophe ?

« Ah… Ah, non ! »

Tout. TOUT, mais pas ça. J’avais pourtant été clair dans mon intention du sort, je voulais que tout mon être grandisse, mais aussi ce que je portais. Pour ne pas me retrouver dans cette situation précise. Celle de sentir mon corps enfler, mais rapidement être bloqué par mes vêtements, mon armure. L’angoisse commença à me ronger les entrailles et je jurai entendre le rire de Justice résonner dans mes oreilles. Je ralentis ma course pour jeter casque, sacoche, ceinturon. Je faillis ne pas retirer ma botte droite tant mon pied était douloureusement comprimé à l’intérieur et je m’arrêtai pour presque l’arracher. La sueur froide cascadait dans mon dos, j’entendis gémir le métal de ma cotte d’écailles, étirée et soumise à une force inarrêtable. Ma peau s’imprima du motif de chaque écaille jusqu’à ce que je parvienne à trancher les liens de cuir de mon armure, dans une panique étouffante. L’armure fut jetée au loin, et je crus devenir fou d’angoisse en sentant mes muscles et ma peau remplir pleinement mes braies et ma tunique, pourtant ample pour m’éviter ce calvaire.

La délivrance vint quand le tissu déchiré en plusieurs endroits par l’explosion du Rempart des Innocents s’ouvrit brutalement, ne pouvant en supporter d’avantages. Mes vêtements explosèrent en lambeaux de tissus. Le soulagement brouilla ma vue de larmes. Et comme si la magie n’avait attendu que ce moment précis, ma transformation s’emballa. Je grandis. Encore, et encore, et encore.

Et encore.

Au bout de deux secondes, je dépassais le Sans-Visage flottant dans les airs.
Au bout de quatre secondes, je pouvais enjamber les murailles d’Oranan comme on enjambait une barrière de pâturage.
Au bout de six secondes, j’apercevais les contours du cratère.
Au bout de huit secondes, je tutoyais les nuages. Le Dragon Noir de l’époque de la bataille de Kochii n’était plus qu’un chaton à côté de moi. Les Titans qui étaient si colossaux étaient désormais à ma taille.

(Ca a marché…)

(C’est incroyable, Aki.)

C’était une sensation de puissance incomparable. Ma force avait dépassé tout ce qu’un mortel pouvait imaginer. Sur Yuimen, j’aurais été une existence inarrêtable, peut-être seulement par les Dieux. Mais Cromax, les annedotis, les rois des marais… Des insectes. Agaçants, tout au plus, mais jamais une menace. C’était… Enivrant. Rien ne m’était plus impossible.

Mais je n’étais pas sur Yuimen. J’étais sur Aliaénon. Et autour de moi, j’avais cinq entités qui étaient au moins aussi fortes physiquement que moi. Faites de matériaux durs comme la pierre ou le bois, ou intangibles comme le vent. Moi, j’étais nu. Sans rien pour me protéger, ou pour attaquer. Me battre n’était pas une option, sauf si je souhaitais mourir et entraîner les autres avec moi. Peut-être arriverais-je à abattre l’immonde Titan de chair, qui ne disposait d’aucune protection naturelle. Mais les autres auraient rapidement raison de moi.
Non. L’entente était ma seule option.

("Ils vous voient comme une menace, ils sont à rien de vous considérer comme le responsable de la mort de leur semblable. Il va falloir que vous la jouiez fine !")

Le Sans-Visage, toujours aussi prompt à expliquer des choses que je pouvais constater par moi-même. Les titans étaient tous tournés vers moi, leurs grondements sourds altérés par mon arrivée. Ceux qui avaient des yeux ou des orifices qui s’en rapprochaient me jaugeaient, avec des attitudes très suspicieuses à mon égard. En prenant cette taille, je m’étais exposé à un nouveau risque.

("Ils comprennent ma langue ?")

("Non.")

C’était trop demandé d’être, pour une fois, aidé ?

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Et puis, comment je devais considérer les Titans ? Etaient-ils semi intelligents, ou plus proche de la bête ? Ils semblaient être doué d’empathie, au moins. Mais à quel point leur conscience était éveillée ? Je devais me faire comprendre, mais je n’avais pas le temps de prendre mon temps pour construire cette relation. Le Dragon arriverait bientôt, selon le Sans-Visage.

(La télépathie ?)

(S'ils ne comprennent pas mes mots, leur parler ne servira à rien.)

(Et les émotions ça sera trop vague…)

(Et imagine qu’ils prennent ça pour une attaque psychique. Non, je dois avant tout établir un lien avec eux.)

Les mots n’étaient pas le seul moyen de communiquer : j’avais bien compris qu’ils se méfiaient de moi à leurs sifflements, grognements et postures différentes. Je levai donc les mains devant moi, coudes légèrement fléchies et paumes inclinées vers le sol : un geste d’apaisement qui semblait universel puisque je l’avais vu chez des dresseurs et les différents animaux qui évoluaient autour d’eux.

« Du calme. »

Ma voix tonna calmement, amplifiée par des cordes vocales et des poumons des centaines de fois plus gros que d’habitude. Prendre un ton assuré et calme malgré la peur n’était pas simple, et quand je posa ma main sur ma poitrine au niveau du cœur pour l’écarter en un arc de cercle lent pour englober mes interlocuteurs, je sentis mon cœur tambouriner avec force. Toucher son cœur et l’étendre… Un Titan de bois avait-il un cœur ? Ce geste particulier ne parlerait peut-être qu’au Titan de chair.

« Je ne suis... pas... votre ennemi. »

Chaque mot se fit plus maîtrisé. Ils ne devaient surtout pas me trouver menaçant, hostile. J’étais de leur côté. Il devait le comprendre, et il fallait qu’au moins l’un d’eux le comprennent. Mais lequel ?
De ma main non tendue, je tapotai le coté de ma tête de l'index puis le fit suivre le long de mon autre bras jusqu'à ma main ouverte en une invitation à la saisir. Et naturellement, je la tendis vers le Titan de tempête. La foudre et le vent était deux éléments auquel j’étais lié, surtout le premier. Ils étaient familiers, ils étaient des forces que je comprenais, qui me rassuraient. Alors si je voulais me montrer le plus sincère possible, c’était le meilleur candidat. Et, qui sait, peut-être serait-il réceptif aux fluides de foudre contenus en moi ? Ou à Amy, Faëra d’air ?

« Laissez-moi vous montrer. »

Je sentis les regards dubitatifs se poser sur ma main. D’interminables secondes s’écoulèrent, puis la cible de mon geste leva un bras semblable à une tornade et la posa sur ma main. Loin d’être un pur contact physique, c’était une présence, une pression continue et tumultueuse exercée sur ma peau. Un vent condensé. Les grincements sourds des Titans tout autour de moi se modulèrent et devinrent plus ronds, moins coupants. De la curiosité ? De l’intérêt ? franchement, ça m’importait peu : le résultat était quand même que ma tentative fonctionnait : les Titans se réunirent et tendirent à leur tour une main vers notre « poignée de mains ».

Je retins un bref cri jubilatoire : enfin, ENFIN les choses allaient dans le bon sens. Et le Dragon n’était toujours pas là. Il y avait quelque chose à faire. Comme le disait le proverbe Ynorien, « Sept fois à terre, huit fois debout ». j’avais persévéré, et j’étais enfin récompensé. Tout n’était pas gagné, cependant. Si les mots leurs étaient incompréhensibles et les émotions trop vagues, il me restait les images. Mes souvenirs, que je pouvais leur partager, comme les visions de Zaria ou Ibn. Une magie qui allait être cruciale. Baissant les yeux, je vis à mes pieds les silhouettes indistinctes de mes compagnons, qui étaient toujours là. Ils n’avaient pas fui, pas encore. Ils pouvaient peut-être m’aider. Mais pas comme les autres fois : ils ne savaient pas quels souvenirs je voulais leur transmettre, et je n’avais pas le temps de les détailler. Mais nous n’avions pas que les sorts collectifs à disposition.

« Je vais partager mes souvenirs aux titans. Vous ne pouvez pas savoir lesquels, mais vous pouvez m'aider à avoir un contrôle sûr de ma magie. »

Ma voix était volontairement lente et basse : je les rendrait sourds si je parlais normalement, et un chuchotement serait trop léger pour couvrir une telle distance. J’espérai avoir dosé suffisamment pour me trouver entre les deux.

Je leur laissai le temps de se concerter, quelques secondes que je passai à trier et choisir minutieusement les souvenirs que je voulais partager. Pas trop, pour ne pas les noyer d’informations inutiles. Et surtout, certains ne devaient pas être vu : notre bref affrontement contre le Titan ailé, bien que nous n’ayons rien contre lui, ne passerait probablement pas.
Je pris une grande inspiration et je fermai les yeux. L’opération allait être délicate, j’espérai qu’en bas, on avait compris mon intention. Puis j’usai de la magie pour partager avec les Titans qui m’accordaient leur attention une série de souvenirs.
D’abord, mon arrivée sur Aliaénon avec les autres et Simaya, que les Titans pouvaient reconnaître.
Le second souvenir, je le mêlai de ma stupeur en découvrant le cadavre du Titan de magie. Les Titans devaient comprendre que nous n’étions pas derrière cette mort.
Ensuite, l'effroi en voyant le Dragon Noir infliger une blessure identique au titan ailé et son âme presque dévorée avant d'être sauvé de justesse. J’aurais pu imaginer la scène avec le Titan de magie, mais l’effroi lié à ce souvenir et à l’apparence cauchemardesque du Shinigami était trop ancrée dans ce souvenir pour que je puisse correctement l’émuler.
Puis, je voulu transmettre ma haine, ma volonté de combattre le Dragon Noir en leur partageant mes affrontements avec lui. Si les précédents souvenirs les poussaient à avoir du ressentiment envers le Messager de la Mort, les Titans comprendraient ensuite que nous n’étions pas de son côté. Que nous pouvions être des alliés.
Enfin, je partageai la résurrection du Titan ailé, en me focalisant sur l’âme extraite qui réintégrait son corps et son éloignement à travers les cieux. Pour qu’ils sachent que leur frère était toujours en vie, malgré ce que j’avais pu leur montrer au début.

(Nous connaissons Simaya. Nous avons aussi découvert l’état du Titan. Nous savons qui est le responsable. Nous le haïssons. Nous ne sommes pas vos ennemis, au contraire.)

Tout ce que je souhaitais, c’était ne pas avoir à me relever une neuvième fois.


HRP : lance un sort pour communiquer avec les Titans en contact avec lui et leur montrer ses souvenirs.
+15 Points "les mots c'est la Puissance"
+5 Point classe magique principale

30 points utilisé pour un sort et 1 bon "Roi de la Négoce" utilisé pour obtenir la coopération du Titan d'orage.
Modifié en dernier par Akihito le sam. 9 déc. 2023 18:30, modifié 4 fois.

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Silmeria
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Silmeria » sam. 9 déc. 2023 03:48

A peine venions-nous de passer le portail qu'une vue d'apocalypse s'offrait à nous. Un Titan globuleux lardé de pierres tombales qui semblait être fait de corps gonflés de putréfaction, un nuage électrique qui crépitait et sifflait d'un vent assourdissant. Un colosse de roc blanc, un Dracaena gigantesque qui ferait mourir de jalousie le notre qui semblait face à lui à peine plus vaillant qu'un flageolet en train de germer.

Devant nous, Arthès et Glaë tenaient difficilement leur magie, ils semblaient avoir figé les titans dans le temps. C'était un sortilège puissant, pouvoir arrêter la course de ces gigantesque colosses qui cachaient les nuages, j'aurai pu être envieuse d'un tel don si je ne me sentais pas si petite - déjà qu'en temps normal, je ne dépassais pas souvent les épaules de mes compagnons de voyage - mais là, face à ces titans, j'étais particulièrement reléguée au rang de simple particule insignifiante.

Akihito s'en alla directement vers Glaë, la gentille Glaë et lui pris doucement le bras pour la conduire vers le portail afin de les préserver et qu'ils puissent s'éloigner de ce danger imminent. Je l'imitais sur la personne d'Arthès mais celui-ci cessa alors sa magie, probablement épuisé et faible. C'est alors que les Titans se mirent à bouger, à avancer, à progresser jusqu'à notre position. Face à l'ire de mes compagnons, je levais un oeil circonspect, Akihito n'avait-il pas fait la même chose que moi deux secondes plus tôt ? Des coups de dague se perdent, visiblement. Face à cette menace, je pris Glaë par le bras pour la conduire jusqu'au portail, Dracaena quant à lui interrompit le mouvement pour la saisir de l'autre bras et essayer de la forcer à rester sur place, face à ce tiraillement, la jeune femme elle aussi, cessa sa magie et c'est alors que le chaos total retomba comme un soufflé mal cuit. Le Titan mort réapparu pour se faire instantanément détruire dans un acces de colère par ses congénères. Un nuage épais comme une purée de pois retomba sur nos tête, mes yeux me piquaient à cause de la poussière, mes narines me chatouillaient mais je fis face, ne recevant qu'une myriade de petites particules à peines plus grosses que du gravier.

Un choc lourd frappa à mes côtés, éclaboussant mes bottes de terre battue. C'était là où Arthès se tenait plus tôt. Visiblement le brave homme avait joué à pierre feuille ciseau avec un Titan et avait perdu son coup. La pierre battant le ciseau, le brave homme avait connu la mort et l'inhumation la plus rapide du continent.

Mais là où les aventuriers avaient pour l'ensemble eu assez de chance, il y eut la vilaine Yliria qui se prit un roc dans l'épaule et Mathis qui entreprenait un coït avec un roc plus gros que lui. Le pauvre avait manifestement ses jambes et son bassin broyé. A coup sûr les reins allaient cesser de fonctionner d'ici quelques minutes et il en mourrait en passant par tous les affres. Mathis...

J'avais une grande peine pour lui, c'était un homme gentil, il s'était montré bon et honnête, je m'en voulais de l'avoir mal jugé et j'étais déçue de le voir ainsi. J'aurai préféré cent fois voir la vilaine Shaakt en souhaitant que ce soit plutôt sa tête que ses jambes qui soient écrasés. Au moins avec une tonne de roc sur les dents, le vilain roquet beuglerait moins fort.

Mais Akihito alors soutenu par notre magie commune enflait, grossissait à vue d'œil, jusqu'à exploser, devenir distendu et pousser jusqu'aux cieux, nous cacher de son ombre et écrasant Mathis, le tartinant sur plusieurs mètres dans la foulée.

Akihito était alors un Titan, un de plus, le fessou à l'air. Visiblement le gueux était poilu du fessou, mais on ne lui en tiendra pas rigueur, Mais ce qu'on disait sur les Ynoriens était peut-être vrai, en fin de compte...

Finalement c'est Xël qui jusqu'à présent avait la plus grosse.

J'allais pour relever la vilaine Shaakte en espérant que celle-ci se calme mais elle gesticulait comme une girouette sous la tempête et me repoussa en crachant un fiel que mes oreilles d'elfes ne surent comprendre sous le grincement incessant des titans au dessus de nos têtes. Akihito cherchait à communiquer avec eux, usant de geste primaires, presque sommaires, il parvint à se faire plus ou moins comprendre, mieux encore, passer pour un individu pacifiste. Là où entre cinq titans en colère, il était apparu sous une forme inconnue, de nul part, au lieu de tabasser la menace à cinq, les titans s'étaient mis à le saluer, suivant son geste de paix.

La Shaakte beuglait, j'espèrais vraiment que le gros barbu de l'année passée lui apporterait une muselière. Là où les aventuriers liaient des forces conjointes pour soutenir Akihito, je tendais ma main, engageant la magie pour tenter à mon tour quelque chose.

-------------------

Sort vu en mp avec Cromax

Insaisissable rang 5
Muutos activé
La petite plume de la Mort.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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Yliria
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Yliria » sam. 9 déc. 2023 07:42

Post squelette

- Insulte Silmeria
- Essaie de regrouper tout le mone
- Ordonne à Ssussun de lancer le sort avec Akihito
- Fouille son sac à la recherche de sa longue vue et cherche le dragon

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Dracaena Paletuv
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Re: Cratère d'Apocalypse

Message par Dracaena Paletuv » sam. 9 déc. 2023 16:32

La scène se déroulant face à moi était surréaliste, impressionnante. Je regrettais de ne pas avoir de toile et de peinture avec moi, car ça méritait d'être immortalisé. Cinq titans qui nous encerclaient, le temps autour d'eux complètement stoppé. Ils semblaient tous composé de matières différentes: un uniquement fait de vent, un autre de roc et de terre. Mais ceux qui attirèrent plus mon attention furent les trois autres: un fait de bois, semblable à un oudio déformé et gargantuesque, qui me rappelait les oudios géants des légendes que les anciens appréciaient tant. Il y avait aussi, à coté de lui, une masse de chair immense et immonde, mais qui était, quelque part, satisfaisante à voir ici: auprès de ce qui est trop souvent classé comme simple matière et non vivant, tel le bois, voir la chair ainsi ramené au même niveau était agréable. Juste retour des choses.
Enfin, il y avait le dernier, et lui, lui, c'était... quelque chose. Son corps semblait dur comme de la pierre, mais aussi, noirci. Cendreux. Et sous les crevasses et plis de sont ventre, on pouvait voir des braises briller de plus belle. Il me rappelait mon propre corps, terni, noirci, saupoudré de blanc, habité d'un feu intérieur, plus ou moins littéral. Et en parlant de feu, des flammes jaillissait des cornes de la créatures, s'élevant si haut dans le ciel que je n'arrivais pas à en voir la fin. Cet être n'était pas un titan du feu, mais plus un titan des volcans, de part son corps de basalte, et son magma suintant.

Une petite partie de moi était légèrement déçu, et aurait à la place préférée voir un titan composé de flammes pures, défiant toute logique, , tel la tempête vivante qui se tenaient non loin de moi.

Une autre partie de moi, plus grande, était terrifiée par la situation dans laquelle nous nous trouvions, encercler par des créatures si grandes, si grandes, et capable de nous écraser juste en ce déplaçant. S'n'était pas les premiers titans que je voyais (grands titans, j'voulais dire, Vakkar-titi ne comptait pas vraiment (non pas qu'ça soit un problème, hein, d'être petit. S'pas la taille du titan qui compte ,c'est la façon de s'en servir)), mais les deux précédents étaient... mort, et loin. La, ils étaient bien vivant, et bien, bieeeen plus proche. J'avais fait l'analogie d'la fourmi plus d'une fois, mais jamais elle ne m'avait semblée aussi adaptée qu'en cet instant présent. Entouré par ce divin que je maudissais tant ne m'mettait guère en confiance.

Et cette partie la se battait avec la dernière. Le dernier morceau de moi, tout aussi grand, qui lui, était... comment dire?

...

En extase!


C'était incroyable! Vivifiant! Fascinant! Des êtres hors du commun, sensé être l'incarnation de la nature, mais dont l'existence même était contre nature!!! Un paradoxe insensé mais captivant, un spectacle que seul si peut d'être vivant avait eu la chance de voir! Comment fonctionnaient ils? Quelle était l'étendue de leurs capacités? Pouvait il, comme le Sans-visage, faire de l'absurde du réel? Faire parler les chiens, faire ramper les oiseaux, faire voler les poissons, il peut! Rendre l'impossible possible. Peut être que... peut être que l'un d'entre eux était la solution à tous mes problèmes?
Recourir à une aide divine pour atteindre mon but serait horripilant, mais j'étais un pragmatique, et je prenais les solutions où elles venaient. Peut être était il possible d'acquérir une once de leur pouvoir? De récupérer un morceau de leur être? Un bout de pierre de ce titan volcanique serait peut être l'une des choses les plus intéressantes à étudier que je pourrais acquérir?
Et ce temps immobile, arrêté? Était-ce la capacité naturelle d'un des mages que nous d'vions chercher? C'était fascinant ça aussi! Peut être que...

Non! Non non non! Je devais me concentrer. Je n'était pas la pour ça. ON était pas la pour ça. Je l'avais dis, je devais mettre mes objectifs en pause, de coté pour le moment, il y avait plus urgent à faire, bien plus urgent.

Mais... c'était si...tentant...

Mon corps tremblait. Des clics et des clocs montant progressivement, s'intensifiant, bruit de mon écorce charbonneuse s'entrechoquant sur celle encore en bon état, des petits nuages de cendre s'échappant de moi. Peur? Frustration? Excitation? Oui, oui, tout ça à la fois, tous ces sentiments que j'contenais très difficilement.
Mon visage restait impassible, pourtant, je sentais un rictus se craqueler sur la base de ma bouche. Crick, crack, crock, clic clac cloc, bois qui s'entrechoque, corps vibrant pour tant de raison.

Me calmer! Me calmer! Il me fallait m'concentrer sur aut' chose, un truc qui m'occup'rait l'esprit...


("Sans-Visage, vous pouvez me répondre ? Vous êtes sans doute sous l'effet d'un sort temporel et d'une illusion qui vous montre le Titan de Magie encore vivant, tout deux lancés pour retenir vos frères.")

La voix d'Akihito qui venait d'retentir dans ma tête m'aida à me centrer: Le Sans-visage! Lui! Oui! Lui parler, prend' de ses nouvelles, s'assurer qu'le temps c'était pas stoppé pour lui, ça c'était utile, et c'était différent! Me concentrant pour activer la bague, je me mis, par la pensée, à m'adresser à lui:


"(M'sieur Sans-visage? Vous m'recevez? On est la, vous arrivez à nous voir?)"


Mais tandis que je passais ce message, et que je voyais les autres discuter ,s'adresser aux deux mages, Silmeria attrapa l'un d'entre eux, et soudain'ment, quelque chose dans l'air changea. Quelque chose mais quoi?
Et mon tremblement me donna la réponse. La cendre s'échappant de moi, s'envola, virevol'tant vers l'avant, et je la suivis du regard, pour la voir s'en aller du coté des titans... et s'écraser sur l'un d'entre eux. Elle... bougeait. Elle avait fait tout son chemin, ininterrompu. Et la, ça me frappa: les particules dans l'air, elles aussi dansaient. Au lieu de rester complètement figées.

Le temps reprenait son cours...


....

Aïe.


("L'illusion ne tiendra pas, maintenant que le temps est réactivé. Ils sentiront la supercherie et vous écraseront sans même se demander ce que vous pourriez leur vouloir. Oui, je vous vois, si petits et faibles face à eux.")
, me dis le Sans-visage par la pensée, avait que j'n'eu le temps de réellement réaliser. Autour de moi, je sentais le ton monter, l'agressivité et la panique monter. L'action de Silmeria avait affaiblit l'illusion, et la colère se ressentait, était elle justifiée ou pas, je n'arrivais pas à... "Par les testicules marinées de Meno, c'est quoi ton putain de problème Silmeria ?! "

...

Okay, okay celle la elle était vraiment pas mal. Il fallait qu'je la r'sorte!

J'en étais où moi...? Ah, oui!

Les deux mages, eux, voulaient rester, protéger l'endroit à cause d'une promesse faite ou je n'sais pas quoi. Je n'arrivais pas à les distinguer clairement, tremblant toujours autant. Qu'allait il se passer?
Fallait il fuir de suite? Pouvait on relancer l'illusion?

Akihito semblait penser que oui, lui. Il nous demanda de renfoncer la magie du dénommé Glaglanez-truc, afin de restopper les titans. Yliria, elle, me d'mandait de marchander avec le Sans-visage pour qu'il les calme.
Bon plan? Mauvais plan? Stupide plan? Aucune idée? Je n'arrivais pas à réfléchir correctement. La curiosité prenait le pas. Comme les autres fois... Mort et destruction flânait autour de moi, mais j'étais dévoré par la curiosité. Le désirs de voir où ça pouvait mener! Gagner du temps pour potentiellement gagner plus, tellement plus...


"(Ouais... Ouais j'me vois aussi comme ça la. Et s'pas ça qui va nous arrêter! M'sieur Sans-visage, on va essayer d'utiliser nos pouvoir pour leur montrer s'qu'y est arrivé ici à l'autre titan, histoire qu'ils comprennent le danger qu'ils courent. Vous pouvez essayer d'leur parler pour les calmer en attendant? Ou d'les endormir, j'ai cru comprendre qu'vous aviez déjà fait ça dans l'passé.)"


Mais une voix se mis à résonner dans ma tête. Toute proche de moi: douce, mais ferme à la fois: Silmeria!


" Vous avez tenu autant que possible, allons nous réfugier derrière le portail."

Elle attrapa le bras des deux mages et commença a les tirer vers le portail. Hein? Pourquoi faire ça? C'était à l'opposé de s'que l'reste du groupe essayait de faire. A l'opposé de s'que les deux mages demandaient...
Pourquoi faire ça? Quel était le but? Non... Non, je n'pouvais pas la laisser agir, même si elle avait de bonnes raisons. Personne ne semblait avoir remarqué. Je devais faire quelque chose! Attrapant la main de l'un des deux magiciens (j'ai déjà oublié son nom), j'enfonçai mes racines dans le sol afin de m'immobiliser complètement, et d'être sur de n'pas m'laisser entrainé.


"Minute mon p'tit gars, on en a pas encore finit avec vous. M'dame Silmeria, vous vouliez briser l'ennui, non? Z'avez pas envie d'voir comment tout ça va tourner? "


Ma voix, comme mon corps, tremblait. Elle dégoulinait d'un étrange mélange d'excitation et de peur. Mes vrais sentiments c'étaient un ptit peu évadé bien malgré moi. Mais, peut être était-ce s'qu'il fallait? Silmeria semblait comme moi, intéressé et fasciné par l'hors du commun. Peut être que ça la décid'rais à rester, observer l'évolution d'une situation sans précédent?


"NON !"

Le cri perçant était tout proche. Il venait du mage que j'avais saisi. Sa voix était... plus aiguë que ce à quoi j'm'attendais. Chez les humains, c'était pas les femmes qui avaient la voix plus aiguë? Attendez... C'était une femme? Je... pensais qu'j'arrivais à bien faire la différence pourtant... Non...non, à bien regarder son visage, son corps entier, elle (il?) m'apparaissait floue: je n'arrivais juste pas à me concentrer assez pour faire l'effort de discerner des traits ou caractéristiques particulières.

Mais pour le moment, c'était ptet pas l'plus important. Car l'illusion venait visiblement d'se briser. Les titans commençaient à se redresser, à bouger, à ... "parler"?
Des grognements, grondements et mugissements étaient en train de s'élever dans l'air, assourdissant. Moi qui percevait le son par vibration, j'avais l'impression que mon corps allait éclater en mille morceau.

Et au milieu de cet horrible vacarme, la voix du Sans-Visage retentit dans ma tête:


("Oubliez vos subterfuges et fuyez tant qu'il est temps : le Dragon approche. Et je ne pourrai les endormir comme alors : ils se méfient de moi.")


"(...........................................................................Oh.)"


"OKAY LES GENS, MAUVAISE NOUVELLE, BRYTHAGON ARRIVE! ON NOUS INCITE FORTEMENT A FOUTRE LE CAMP! "



Je m'étais mis à crier sans même réaliser. Il fallait prév'nir tout l'monde. Il fallait qu'on se casse. Brythagon était en route, c'était, comme disaient les anciens d'la forêt: "GRAVE LA MERDE!".
Nous venions à peine d'arriver. Qu'est s'qui avait pu provoquer tout ça? Comment est s'que les choses avaient pu aussi vite s'envenimer? Était juste l'action de Silmeria qui, tel un domino entrainant la chute d'une construction, avait déclencher cette situation catastrophique?
Ou était-ce mon action à moi?
...
Non, sur'ment plus celle de Silmeria.

Qu'importe, on s'amus'rait à pointer du doigt plus tard, la il fallait agir et vite. Réfléchir, réfléchir... Erk, pas facile, tout autour c'était le chaos, j'entendais hurler à droite, hurler à gauche, paniquant, vociférant Réfléchir, réfléchir...réfléchiiiiir... Ah! Ah! Oui, oui, une solution! L'Sans-visage, il avait vanté ses compétences, la puissance d'un titan et tout et tout! Et si on utilisait ça a notre avantage? Entre ça et nous, les fourmis aux boules de feu, on avait ptet une chance de, non pas éliminer Brythagon, mais au moins lui faire passer un sale quart d'heure!


"(Info transmise, mais question trèèèès rapide avant d'se barrer: vous m'aviez dit à l'époque que l'Dragon n's'en sortirais pas aussi facil'ment sans prenDre les titans par surprise. Et j'vous ai vu lui t'nir tête.
5 titans, plus vous, plus not' magie, vous pensez pas qu'c'est possible d'le repousser?)"



("Vous ne devriez pas faire confiance à ce qu'on vous dit, surtout pas moi. Les enjeux sont divers, dans cette bataille. Allez, maintenant. Et survivez à cette apocalypse.")

Okay, pas la... réponse à laquelle je m'attendais. Donc tout s'qu'il avait dit pour l'moment, c'était du vent? Il voulait juste s'la jouer d'vant les ptits mortels qu'on était? Erk, typique des divins ça... Et définiti'vment très paradoxal le coco: "écoutez moi, mais m'écoutez pas, j'suis vot' seul allié, mais m'faite pas confiance"... Entre ça, la situation, les tremblements, les cris, ça m'donnait mal à la tête.

J'dirais pas non à n'importe quoi qui puis m'détendre un peu...



"NO-HELL !"


Ouais du genre la voix d'Maïssa, un peu comme ç...

....

Hein? Que? Quoi? Mais? Hein? Qu'est s'que? Hein? HEIN? HEIN?

Image

Maïssa... venait de hurler. Pire encore, elle venait de hurler le mot de passe pour refermer le portail. Notre... filet de sécurité. Notre plan B. Notre sortie d'secours.
Pire encore, les titans, désormais libres, se mirent à fracasser le cadavre du titan d'la magie, projetant des rochers de toutes les tailles autour de nous. Je vis des pierres frapper plusieurs de ges gens ici présent, à la tête, au jambes... et plus grave encore, je vis Mathis et l'un des deux mages se faire aplatir tout bon'ment par un rocher.

Oh.

...Ils étaient sur'ment mort du coup.

...Zut.


C'était le chaos. Des cris, des vibrations, des éclats, une pluie solide et mortelle, de la panique. Tout autour de moi le monde éclatait. Et j'étais la, au milieu de toute cette tempête, les shrapnels minéraux sifflant tout autour de moi et m'évitant par je n'sais pas quel miracle. Je savais s'qui allait se passer. J'avais entendu sa voix. Je savais qu'il faudrait pas longtemps pour qu'elle devienne la plus précieuse personne au monde à mes yeux, et que je voudrais juste agir pour son bien et pour lui faire plaisir.
J'aurais pu essayer de résister. Connaissant le truc, j'aurais pu me concentrer, penser à autre chose, tenter de minimiser les effets. J'l'avais déjà fait dans l'passé. Mais la, avec tout s'qui se passait, je pu juste me tourner vers elle, les yeux écarquillé, toute l'incompréhension du monde affichée sur mon visage. Et un mots s'échappa de ma bouche, presque silencieux au milieu de ce chaos:


"Pourquoi?"


Elle avait l'air paniquée. Déboussolée. Mais elle restait pourtant si magnifique, si digne, tellement... Impressionnante! La, comme ça, au milieu des débris, une petite blessure sur la tête, qui ne gâchait en rien le tableau vivant qu'elle était. Oh, Maïssa, douce Maïssa, une des rares personne dans ce groupe qui avait gagné mon affection, de la part la tragédie de sa nature, de par la gentillesse de ces actions, de par la détermination dont elle faisait preuve. Et elle avait fait ça! Elle avait refermé le portail, nous coinçant tous ici avec les titans. Pourquoi? P'tet qu'elle voulait être sur qu'on s'enfuit pas? Ptet qu'elle pensait qu'on avait une chance contre Brythagon? Oui, oui c'était sur'ment ça. Elle avait forcément raison. Elle pouvait pas s'tromper. Impossible, impossible!

Enfin, si, ptet qu'elle se gourrait complèt'ment! J'pouvais pas lui en vouloir, même si j'le voulais, pars'que j'étais désormais sous son charme! Et le savoir n'm'aidait pas plus que ça a y résister! Hahaha, quelle cocasse situation quand même!

Mais, tout autour de moi, ce chaos, ce chaos qui venait d'arriver, ce chaos dans lequel nous étions tous embarqué... Cris, pleurs, mort, ça me rap'lait tant d'souv'nir! Des images commençaient à r"monter dans ma tête, et entre les visions de Maïssa assise sur un throne qui envahissait mon esprit, je revoyais des flammes tout autour de moi. Et des oudios morts. Hahaha. Des oudios morts, c'était cocasse ça aussi!
C'était mon second feu d'forêt! L'second qu'j'avais vécu. J'étais si jeeeeune à l'époque, si naïf. J'vois encore tout et tout l'monde en train d'cramer autour de moi. Et moi, qui essaie de me reprendre... qui essais d'me calmer. Mais face à un fiasco pareil... j'eu une réaction à l'époque qui m'avait surprise... Qui n'm'avait plus quittée depuis... J'me revoir encore, au milieu des flammes et des corps...

Hahaha, j'avais ris, tel'ement ris s'jour la. Le visage en larme, j'avais tel'ment ris! Hahaha, rire au milieu d'l'horreur, comme c'était cocasse!




"Kéhé...héhéhé...héhéhéhééééhéhéhéhé, hahahahaha, KAHAHAHAHAHAHA, HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA, HAAAAAAAAAAAAAAAA HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA!"


Rire, rire, rire. J'n'arrivais plus à m'arrêter. En même temps, que faire d'autre que rire? Voix de Maïssa ou pas, c'était juste hilarant comme situation. On c'était autant prit la tête pour v'nir ici pour sauver deux gugusses, et deux ptites actions ont saborder tout l'bousin, au point qu'un des gugusses en était mort. Ou une? J'savais pas, j'savais plus, qu''importe après tout! Et dans tout ça, l'gugusse était probabl'ment toujours parmi nous! Après tout, les âmes se prom'naient où elles voulaient désormais! Hahahahaha!

Et Mathis, Mathis lui aussi avait fait sprotch! Et de s'que j'comprenais, il s'étais transféré dan son chat! Du coup, ou pouvait dire que lui aussi était PAR MINOU! HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA
HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA, AAAAAAAAAHAHAHAHAHAHAHAHA HAHAHAHAHAHAHAHA!!!

Absurde, absurde, tel'ment absurde comme situation! Mais il valait mieux en rire qu'en pleurer, oui mieux en rire qu'en pleurer! Après tout, j'avais toujours Maïssa, et ça valait tout l'feu du monde! Le CHAOS, les CATACLYSMES me suivaient partout, paaaartout, hahahahahahaha!

Et Akihito, lui, voulait dev'nir géant, titanesque qu'il disait. Qu'on l'fasse grossir, comme un ballon, qu'il soit aussi grand qu'un titan! Qu'la fourmi sois si grosse qu'on la r'marque forcément.

Y avait... Plein d'problème avec ce plan: la langue des titans, l'fait qu'ils allaient ptet voir Akihito comme en'mi, mais qu'importe, qu'IMPORTE! L'image mentale d'Akihito gigantesque était suffisamment captivante pour que j'veuille participer! J'le voyais déjà dans ma tête, autant en faire réalité! HAHAHAHAHAHAHAHAHAHHAHAHAHAHA!

J'me concentrai le plus possible sur cette image, avant de relâcher la magie en moi en direction de mon compagnon humain! Et il commença à grossir. Pas ses vêt'ments par contre. Pas grave, il s'ra mieux au naturel comme ça! Les vêt'ments s'bon pour les humains qu'on peur de tout! Sauf Maïssa. Elle, tout lui allait super bien!

Un ptit problème que j'avais pas envisagé, néanmoins, et visiblement personne d'autre: c'est qu'il était tout près d'nous le ptit Aki... J'veux dire, l'grand Aki. Du coup, son expansion rapide nous projeta tous au sol.


("Ils vous voient comme une menace, ils sont à rien de vous considérer comme le responsable de la mort de leur semblable. Il va falloir que vous la jouiiez fine !")

Sans déconner? HAHAHAHAHAHA! Le pire, c'est qu'j'y avais pensé! Mais... Mais quelque chose clochait... Quoi donc...

OH!

Oh non... Maïssa! Maïssa! Est s'qu'elle allait bien? Où était elle? J'me redressai en urgence, cherchant partout autour de moi pour la retrouver. J'l'aperçu rapid'ment, au sol entre les débris, toujours aussi classieuse, même le nez dans la boue et le (parfait) cul en l'air! Je fonçai vers elle pour essayer d'la redresser! Elle devait aller bien! Qu'importe le reste il fallait qu'elle aille bien! L'inquiétude que j'portais pour elle finit par prendre le dessus, et je me calmai progressiv'ment, attrapant sa main. Avec la grace d'une fleur portée par le vent, elle appuya sur moi!



"Haha....Tout...Hahahaha....Tout va.... Tout va bien? T'es pas blessée?"

Mais avant même d'entre... ou plutôt, de voir une réponse, une réaction de sa part, je levai la tête pour voir qu'Akihito... était en train de toucher les mains d'un autre titan, tel un couple perdu dans leur propre monde... C'était...fascinant... Un peu mignon...Et franch'ment...franch'ment... HILARANT!!!

"....KRAAAAAAAAHAHAHAHAHAHAHAHAHA, HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA!!!"


C'ETAIT UN GRAND N'IMPORTE QUOI! C'ETAIT AUTANT HORRIBLE QUE GE-NI-AL! HAAAAAAAAAAAAA HAHAHAHAHAHAHAHAHA!
Si j'survivais...Si j'survivais à tout ça.... J'écrirais un bouquin! Une histoire d'amour entre un homme et un titan! Qui s'touchent les mains avant l'mariage, les dégénérés! ça s'ra super! HAHAHAHAHAHAHAHAHA!
Et entre tous les rires, toutes les idées, tout le bordel dans lequel on s'trouvait, Akihito perdait pas l'nord, et nous d'mandait d'l'aider à partager ses souv'nir avec les titans! Les souv'nirs de Brythagon.


Pointant fébril'ment du doigt en direction d'Akihito. J'visualisais les souv'nirs d'nos rencontre avec Brythagon... Le fait de pouvoir montrer aux autres s'qu'on voit, comme avec Ibn et l'aut' fanatique. Oui... OUI... Akihihihihihihito! TU DEVAIS LEUR MONTRER LES CHOSES COMME TU LES AS VU! MONTRE LEUR LE DANGER QU'ILS ENCOURENT! MONTRE LEURS L'HORREUR QUI LES ATTENDS! FAIT LEUR COMPRENDRE QU'ON VEUT LES AIDER! LANCER UN SORT, UN SORT POUR LUI PERMETTRE DE PARTAGER SES SOUVENIRS DE BRYTHAGON, FAIRE COMPRENDRE SES INTENSIONS AUX TITANS! DIVINS OU NON, ILS ETAIENT JUSTE DES GENS PLUS GRANDS, ILS POUVAIENT COMPRENDRE! ILS DEVAIENT COMPRENDRE!

ET FRANCH'MENT, CA S'RAIT JUSTE HILARANT QU'AKIHITO, DONT LES SORTS AVAIENT TANT RATE, LUI SI FRUSTRE PAR SES POUVOIRS, REUSSISSE SON COUP ICI! PITIE, PITIE PITIE, POUR LE COTE UTILE, POUR LE BIEN DE TOUS, ET POUR LA GENIALE IRONIE DE LA CHOSE: FAITE QU'AKIHITO PUISSE COMMUNIQUER SES SOUV'NIRS AVEC LES TITANS!!!!



[Utilise un bon: le créatif.]

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